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la vie d'un grimpeur
2015-01-01
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[ "michel rouger" ]
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CHAPITRE 1 : LE TEMPS DU SAINTONGEAIS, 1933 - 1955
# Chapitre 1 : Le TEMPS du SAINTONGEAIS, 1933 - 1955 ## 1933 - 1937 \| L'Enfant La conscience d\'exister est survenue très tôt, en décembre 1933, à 5 ans, (naissance le 8/12/28) par la conjugaison de trois faits déterminants: - Une longue indisponibilité de ma mère à la suite de la naissance de mon frère qui a fait que j\'ai été confié à ma tante, institutrice sans enfants, à la rentrée des classes 1933. C\'est elle qui m\'a appris à lire en quelques mois - La maladie de mon grand-père, retraité, qui a accompagné mes progrès en lecture en me familiarisant avec celle de deux journaux de l\'époque, le Matin de Paris et la France de Bordeaux - Une méchante scarlatine - cadeau du Noel 1933, qui imposait à l\'époque la mise en quarantaine à la chambre C\'est ainsi que début 34 j\'ai dévoré les articles sur l\'affaire Stavisky, puis ceux sur les émeutes du 6 février. C'est ainsi que je suis entré dans le fait politique dont le gout de l\'analyse ne m\'a pas quitté depuis 80 ans. Nota : depuis 20 ans je dispose de plus de 1 million de signes d'articles, publiés hors des médias parisiens, selon le choix de silence que je me suis imposé. Cet attrait pour la presse va révéler une situation ignorée, celle d\'une très forte myopie qui n\'altérait pas la lecture mais lui donnait une position qui avait intrigué mes grands-parents. À l\'époque les consultations en ophtalmologie demandaient de très longs délais d\'autant plus que les spécialistes étaient rares. Cette myopie a eu pour effet de m\'interdire tout retour à l\'école maternelle, jusqu\'à ce que les lunettes soient fabriquées, ce qui ne fut pas possible avant les vacances de juillet. La famille a donc décidé de me faire entrer à la grande école en octobre 34. C'est alors que les choses ont mal tourné. L\'administration a refusé mon entrée à l\'école primaire en raison de ce que je n\'avais pas six ans révolus. A mon tour, j'ai refusé le retour à l\'école maternelle, quitte à passer une année d\'attente avec la lecture de mes deux journaux auxquels se sont joints le journal de Mickey paru en octobre 34, et quelques exemplaires de la bibliothèque verte, complétés par Jules Vernes. Heureusement, la politique, a amplifié les mouvements engagés avec l\'affaire Stavisky et les émeutes de 1934. Elle a même gagné la famille qui a commencé à se déchirer sur les sujets que je connaissais, sans avoir droit d'en parler. Mon oncle et ma tante, fonctionnaires, pensaient déjà au fond Front populaire. Les autres oncles, petits commerçants sensibles à leur propagande nationaliste, penchaient vers les organisations fascisantes. Nota, l'histoire est toujours un eternel recommencement Coté distraction j'ai découpé les images de la nouvelle Traction avant, sortie des usines Citroën, en 1934, date de naissance d' une passion pour l\'automobile qui n'a fait que croître et embellir au cours des décennies suivantes. A l'été 1935 ce furent les premières vacances, avec mes grands-parents, à Royan, ville à laquelle je suis resté fidèle malgré sa destruction. A l\'automne, l\'entrée à la grande école, programmée sans avatars, se passe mal. Les instituteurs du cours préparatoire ne veulent pas d\'un élève qui sait déjà lire et écrire couramment et qui n\'hésite pas à parler politique. Ceux du cours élémentaire n\'en veulent pas non plus car ils n\'estiment pas admissible d\'en faire un privilégié bénéficiant d'une scolarité en quatre ans alors que tous les autres en font 5. Cette valse hésitation va durer trois mois. Elle me pénalisera à l'égard des autres élèves. Condamné à vivre ma singularité je cultive le plaisir de la discrétion dans ma relation avec mon environnement scolaire. Nota : 63 ans plus tard, entre 1998 et 2015, j'ai cultivé la même discrétion avec l'environnement médiatique qui avait été si pressant pendant la décennie 90, seul moyen pour éviter de raconter ce qui s'était passé dans les grands dossiers que j'avais eu à gérer à l'époque. Heureusement, pour moi, les circonstances politiques de 1936 provoquent un très fort regain d\'intérêt pour la politique lors des élections qui ont amené le Front populaire au pouvoir. Les déchirements politiques de la famille se sont aggravés entre ceux de ses membres qui défilaient le poing levé et ceux qui les traitaient de bolcheviks. J'écoutais sans rien dire, très surpris que personne, sauf mon père, ne parle de Monsieur Hitler qui avait récupéré la Sarre, pendant que les français ne parlaient que de congés payés. L'année 1937 est heureuse, la dernière avant la tempête. La famille se ressoude autour du mariage de l'ainée des cousines. Elle épouse un extra terrestre, un polytechnicien, le rêve de toutes les belles mères, dans un milieu de petits commerçants de sous préfecture. Au surplus il est très beau garçon. Après quoi, 3 mois de vacances à Royan avec les cousines sont plus occupés par les jeux que par la lecture des journaux. ## 1938 - 1940 \| L'adolescent précoce Tout le reste de la vie s'est jouée au cours de ces 3 années, sous la forme d'un accès très précoce à l'adolescence et à la conscience d'avoir à tout construire sur l'inné, l'intime, l'intérieur, puisque l'acquis universitaire ne serait pas au rendez vous de la vie. Les événements vont s'enchainer comme le font les tragédies dans une courte unité de temps, 3 ans, un lieu, la maison familiale, une action, l'organisation de la survie. Oublions le contexte politique, il est devenu tellement historique par les événements qui se sont accumulés que ma lecture personnelle des journaux alimente, non seulement la base de mes connaissances, mais permet d'intervenir dans les discussions des « grands » dont le trouble est tel qu'ils ne rejettent plus les remarques du « gamin » J'exprime ce que je ressens. La veulerie généralisée de la société française, même si je la comprends après avoir entendu les récits de mon père de ce qu'il a vécu, au front, entre 1916 et 1918, qui lui donne le droit de refuser le combat qui se profile à l'horizon. C'est Munich ! J'en ai conservé ce souvenir intact qui me fait, aujourd\'hui encore, détester cette période quand j'entends, clairement, les chansons des années 35/39 que serinaient les premiers postes de radio grésillants. ### 1938\. L'affaire de camionnage qui fait vivre la famille périclite. Elle ne supporte pas les négligences de mon père liées à son alcoolisme. Pour éviter la faillite les grands parents partagent leurs biens. Aux deux filles les immeubles, au fils l'argent qui permettra de payer les créanciers. L'humiliation s'ajoute aux chicanes. C'est le drame. Mon père quitte la maison après avoir averti la police de son intention de se suicider. Ce qu'il n'a pas fait. Le silence et la réflexion s'imposent. ### 1939\. c'est la bousculade des pépins. Auparavant, les vacances d'été avec les grands parents à Royan ont apporté une pierre à l'édifice de la vie à construire. En face de la villa louée, la gare routière est dotée d'un kiosque où je vais chercher les journaux. Rapidement, les propriétaires me proposent garde de leur kiosque pendant qu\'ils vont déjeuner. Avec les quelques pièces qu'ils me donnent, et la liberté que me laissent mes grands-parents, je prends le petit train du bord de mer, comme un grand. Sous les regards suspicieux des autres voyageurs à raison de mon âge, avec un sentiment de grande autonomie, de contrôle de soi et de responsabilité qui ne m\'a jamais quitté. En septembre, dans le désordre ambiant de la déclaration de la guerre, entrée au collège. A nouveau le passage du primaire au secondaire bute sur l'âge. Les règles d\'entrée à 11 ans révolus sont impératives. La demande de dispense pour passer le certificat d\'études a été rejetée. Le refus est catégorique. Après quelques semaines d'hésitation, j\'arrive à passer par la petite porte, en contournant les obstacles des bureaucrates, grâce à l'intervention de l'oncle secrétaire de la Mairie. En octobre, mon père est mobilisé et aussitôt renvoyé chez lui, réformé. Il est atteint d'une atrophie des poumons détruits par les gaz ypérites. Il n'a jamais rien fait, ni pour le révéler ni pour se soigner. Cette situation explique son alcoolisme et ses abattements. Les années de guerre ont été, pour lui, celles d\'une lente agonie, physique et morale. Il essayait de travailler grâce à l'aide que je lui apportais. J'ai du gérer ma scolarité avec la liberté née de ma propre autonomie et la contrainte de cette aide. En novembre le camion de l'entreprise a été réquisitionné pour l'armée. Il ne restait plus qu'a acheter un cheval et ressortir les vieilles charrettes, ce qui faisait revenir aux durs travaux manuels d'avant le machinisme. ### 1940\. le pays s'effondre, d'abord en vivant l'exode des millions de réfugiés dont les cohortes épuisées se bousculent, devant la maison, sur la route nationale, dans une situation d'angoisse qui m'est étrangère, tant mes lectures l'avaient rendu, hélas , prévisible. Le 20 juin, les Allemands entrent dans la maison en rudoyant mon père pour y réquisitionner une pièce, qu'ils occuperont jusqu'en 1944. C'est le comble de l'humiliation pour lui. De ce jour, il n'a plus existé, ni comme homme ni comme citoyen. Puis, le grand père meurt, mettant un terme à la lecture des journaux qu'il me passait. Conclusion. *J'ai appris qu'il faudrait que je me dirige seul, que je possédais, dans mon inné, une forte capacité d'apaisement, intérieur et extérieur, dans les crises traversées avec et par les autres, que je pouvais gérer, avec sang froid, les paroxysmes par lesquels les conflits se résolvent. Voire, les provoquer en acceptant les risques qu'ils entrainent*. Avoir conscience de cette capacité naturelle, à 11-12 ans, m'a permis d'envisager l'avenir avec ambition au cas, où la nature des choses étant, dorénavant, de mal tourner, il serait impossible d'acquérir les formations du niveau requis pour faire le chemin classique. La vision d'une autre voie, qui passerait par l'exploitation de l'inné, à défaut des acquis, s'est révélée claire et pertinente pendant 70 ans de vie au travail. ## 1941 - 1944 \| La guerre Curieusement, ce furent pour moi des années de très grande liberté à raison de l\'autonomie conquise dans la famille et de la conscience prise de la réalité des choses de la vie. Dans la société de l\'époque, l'enfant de mon âge physique est inoffensif, surtout s'il ajoute un air imbécile à sa vue basse. Cette attitude est le B A BA de la gestion des contraintes, multiples et risquées qui s'imposent à chaque instant de la journée. Jusqu\'à mi 42, l'occupation est présente, ne serait ce que par le couvre feu, mais la guerre ne l'est pas vraiment. Sauf à l'été 41 au cours duquel le brillant polytechnicien entré dans la famille, jeune officier envoyé en Syrie, est tué, bêtement, dans de brefs combats fratricides entre Français Pétainistes et Français Gaullistes. La famille est en deuil et en charpie. Entre temps, courant 1941 je discute souvent avec le jeune aviateur allemand qui occupe la chambre réquisitionnée. Il n'a que 10 ans de plus que moi, il parle parfaitement français. Ses propos remplacent la lecture disparue des journaux du Grand père. Il me passe les magazines de la Wehrmacht, dont le fameux *Signal*, panzers et jolies blondes. On discute politique. Le 8 décembre 1941, jour de mes 13 ans, il me souhaite mon anniversaire. Il a le visage préoccupé. Il m'explique que les Japonais ont attaqué les Américains dans le Pacifique, que Roosevelt les a laissé faire pour pousser l'Amérique dans la guerre, et que l'Allemagne la perdrait, faute d'avoir occupé Moscou avant l'hiver 41/42. Il ajoute qu'il partirait sur le front russe en 42 et que la vraie guerre allait commencer. Bien vu ! il va falloir se préparer. Depuis 2 ans St Jean d'Angély s'était habituée à vivre sans ses jeunes hommes prisonniers, elle commençait à mal supporter le rationnement alimentaire. Il ne fallait pas rater le passage à une vraie économie de guerre, et en tirer profit. Au cours de l'été, Hitler invente le service du travail obligatoire qui expédiera 600. 000 jeunes français dans les usines allemandes. Dans la foulée, il crée le mur de l'atlantique et fait construire les blockaus dont les plages de Royan ne sont toujours pas débarrassées. On se serre dans la maison pour loger un chef de chantier, français, de l'organisation Todt, sa famille, et deux jeunes gens qui ont évité l'Allemagne, les « Réfractaires ». Dans ce capharnaüm, personne ne s'intéresse à ce que je fais. J'entre donc en marché noir, toujours avec l'air bête et la vue basse, dans deux activités lucratives : le trafic de cigarettes et de petit matériel électrique. Les 2 business models sont simples. Avec un copain polack, plus vieux et beau mec, on fait, à vélo, le tour des communes voisines pour convaincre des jeunes femmes dont le mari est prisonnier de prendre leur carte de tabac, soi disant pour envoyer les paquets à leur mari. On les leur achète cash le double du prix. On les revend le quadruple à deux homos qui viennent de Paris chercher 2 pleines valises de cigarettes, 2 fois par mois, avec des paquets réduits à 19 pour assurer notre consommation personnelle. Pour l'électricité, c'est plus acrobatique au propre et au figuré. Avec un autre copain, on repère les maisons occupées par les allemands. A partir de l'automne 42, le turn over des occupants s'est accéléré et les temps de vide allongés. On entre, en général par les toits, on rafle tout, douilles, prises, interrupteurs, fils, que l'on revend à des électriciens amis de la famille. Enfin, en 1944, les allemands qui ne prennent plus le risque de loger en dehors de leurs casernes, ont installé 2 prostituées à la maison. Le capharnaüm devient bordel, et nos 2 hétaïres remplacent, dans le trafic du tabac, les homos parisiens coincés à Paris. Elles payent au sextuple des paquets complets. Tout s'est arrêté fin août quand elles ont été abattues, par des maquisards, devant la maison, juste avant la libération. Encore quelques jours et le dénouement paroxystique approche. Le Père décède le 22 septembre, libéré d'une interminable agonie. Il va falloir entrer dans la vraie vie. Sans appréhension, confiant, ne serait ce que pour apaiser l'angoisse de la Mère et du petit Frère. ## 1945 - 1948 \| L'après-guerre Les 30 mois qui vont de septembre 1944 à avril 1948 - service militaire -- vont imposer de sérieuses corrections aux certitudes forgées au cours des 10 années 1934- 1944. Ces corrections vont enrichir la bio personnelle sur 3 points importants. Le conseil de famille qui se tient, sans moi, l'après midi du 25 septembre 1944, après les obsèques de mon père, pendant que je fais mon 1^er^ camionnage, seul, en déménageant un grainetier, décide de nommer mon oncle, le fonctionnaire, subrogé tuteur, et de me faire passer, dés que j'aurais 16 ans, le concours d'employé de mairie. C'est aussitôt la révolte sous forme d'un paroxysme provoqué. La discussion avec le « Tonton René » tourne à l'orage : « je ne serais jamais fonctionnaire » «  eh bien débrouilles toi avec ta mère ». Suit l'apaisement par la promesse de rester dans le camionnage avec elle pendant 10 ans, jusqu'aux 21 ans du petit frère en février 1954. Ceci dit, le jugement de la tante, « il n'en fait qu'à sa tète », a porté ses fruits, adieu les perspectives d'émancipation à 18 ans. C'est la vraie mise sous tutelle dont je sortirais au retour du service militaire en créant un projet de développement de l'entreprise. Heureusement, ces années 45 - 48 vont favoriser l'acquisition d'une expérience unique, 3 années de travail avec une équipe de prisonniers allemands dont il est facile d'imaginer les conflits paroxystiques qui les agitaient, entre eux et avec la population, et les trésors d'apaisements dont il a fallu faire preuve. D'autant plus qu'aucun adulte du pays ne voulait prendre le risque d'aller les chercher au camp à la sortie de la ville, ni de les y ramener. Risque aggravé, lors du retour, chargé d'émotions, des déportés survivants. Il fallut alors les installer, pour qu'ils y dorment, dans une grange, pas trop loin de la gendarmerie. Auquel cas je fus désigné volontaire à 17 ans pour jouer au Kapo, sur la 24^ème^ lit en bois, au milieu d'hommes plus que perturbés, échelonnés de 19 à 38 ans. Cette expérience s'est révélée plus que déterminante pour la reprise de l'autonomie lorsque le mise sous tutelle serait levée. Celle du service militaire n'a rien apporté, si ce n'est la confirmation des difficultés entrainées quand on sort de la norme. Ma situation de soutien de famille reconnue, je dois faire mon service à la Rochelle dans un régiment de transport qui correspond au fait, plus que rare, que je dispose à 19 ans de tous mes permis. Hélas, il y a incompatibilité entre cette affectation et un service limité à 9 mois ; Expédié à Thionville dans un régiment d'artillerie, je choisis l'école de sous officiers de St Maixent pour me rapprocher de la famille. Ce qui me vaut d'être proposé pour l'école des officiers de réserve en Allemagne. Tout dérape. J'attends 3 mois, entre St Maixent et Oberstein, seul dans une caserne de Béziers vidée de ses troupes qui gardent les mines d'Alés en révolte. A la fin du parcours EOR, en janvier 49, j'exige l'application de la loi sur les soutiens de famille. Seul dans ce cas, je me fais virer, avec une solide engueulade du Général qui commandait l'école et qui me proposait un contrat pour partir en Indochine. Fin de l'adolescence, la bio personnelle se fond, dorénavant, avec la bio professionnelle. ## 1949 \| Année fondatrice C'est la grande année de la création, y compris dans le monde (voir page 111 du livre) Le retour du service militaire signifie, à 20 ans, l\'entrée dans une vie de responsable. Une opportunité se présente pour donner aux transports Rouger un vrai métier. La SNCF envisage de remplacer, par des camions privés, trois de ses lignes, liées à la liaison Niort Saintes, au départ de Saint-Jean-d\'Angély. Le dossier est explosif, suppression de 200 postes de cheminots. Après les grèves insurrectionnelles menées par le parti communiste en 1948, personne ne se présente pour prendre un tel dossier. La SNCF persiste, elle veut mettre l\'opération en route au plus tard pour le 1er janvier 1950\. Elle me propose de la monter avec l'aide, on dirait aujourd'hui le coaching, d'un personnage exceptionnel. C\'est un jeune parisien de 28 ans poliomyélitique depuis l\'âge de trois mois, fils d\'un grand entrepreneur de transport. Plus tard, il présidera la société Calberson - 1963 - puis le PSG en 1971 et combien d'autres dont SOS Amitiés. Avec lui, en six mois, tout est bouclé, les camions achetés avec les crédits de la Caisse des marchés de l\'État, les contrats avec la SNCF, les dépôts des colis hors des gares. L\'apprenti entrepreneur fête ses 21 ans. Trois ans plus tard ce sera l\'impasse. ## 1953 \| La rupture Le gouvernement de droite (dans lequel figure François Mitterrand) envisage de modifier l'âge de la retraite et le statut de la fonction publique. En pleine guerre froide, le parti communiste et la CGT déclenchent une grève générale qui bloque le pays. Le désordre va durer deux mois pendant lesquels il faut payer les chauffeurs et les crédits. À la reprise le système de messagerie SNCF a souffert de la concurrence du transport routier classique qui s\'est organisé pour répondre aux besoins de la population. Conserver cette activité avec les aléas de sa dépendance aux humeurs des cheminots, exigerait une fortune acquise, des réserves de trésorerie, qui ne peuvent exister dans une entreprise - *start up -* qui sort des ruines de la guerre. Il faut rompre le lien avec le secteur public et revenir au transport privé classique avec un seul camion lourd, après s\'être débarrassé de ceux qui servaient aux messageries. Il faudra quitter la famille, et sans doute Saint-Jean-d\'Angély, car une petite entreprise de transport avec un seul camion ne pourra pas faire vivre ces trois membres. Ce sera fait le 1er mars 1954, huit jours après que mon frère ait atteint ses 21 ans, date fixée pour l'échéance de la promesse, faite en 1944, de rester 10 ans en famille. ## 1955 \| Le crédit automobile à Bordeaux C\'est le grand saut dans l\'inconnu. Lors de la précédente opération avec la SNCF j'avais eu le sentiment d\'entrer par la grande porte puis d'en sortir par la petite. Cette fois-ci dans le travail que me propose un jeune agent d\'assurance de Saint-Jean, qui veut se transformer en courtier de crédit automobile, j\'ai le sentiment d\'entrer par la petite porte sans savoir si j\'arriverais à sortir par la grande. Il s\'agit d'un petit boulot d\'employé mal payé. C\'est le prix à payer pour organiser la survie dans ce qui sera la dernière étape du parcours saintongeais. Le quotidien consiste à faire signer des demandes de crédit aux acheteurs de voitures personnelles chez les concessionnaires de la ville. Le mode de distribution du crédit, balbutiant, rend les dossiers d\'une extrême lourdeur avec des chaînes de 12 à 24 traites à faire signer. Après quoi je porte les dossiers à Bordeaux, à la société de crédit, pour étude, puis je vais récupérer les chèques de financement destinés aux concessionnaires. Je fais deux déplacements par semaine, ce qui me laisse le temps de m\'occuper de la famille créée en 52, qui comporte 3 bébés, 2 à nous le 3^ème^ confié par une belle sœur. Rien ne se passe dans ce décor pendant un an. Mon correspondant bordelais est un tout jeune diplômé qui a la confiance de celui qu\'il appelle le Président. C\'est le patron emblématique d'une société parisienne qui a ouvert la filiale bordelaise. 20 ans plus tôt - 1934 - il a écrit le premier ouvrage qui a défini ce qu\'est devenu, après guerre, le crédit automobile, locomotive de la société de consommation. En juin 1955 coup de tonnerre. Le courtier local a réalisé le plus gros dossier jamais financé avec le crédit d\'un poids-lourd de 10 t. À peine avais-je ramené le chèque de financement de Bordeaux que je reçois sur mon bureau un dossier identique à celui que je viens de porter. Je n'y retrouve pas les mêmes caractéristiques des signatures des traites qu\'on a épluchées, une à une, avec mon correspondant bordelais. La secrétaire récupère sèchement le dossier en me disant, il est pour le Crédit Lyonnais ! DEJA Après quelques jours de réflexions je fais part de mes curieux sentiments à mon correspondant bordelais en l'incitant à passer par son président pour tenter de savoir quelles sont les relations entre le Crédit Lyonnais local et le courtier qui m\'emploie. Le pot aux roses est découvert début juillet. De multiples chaînes de traites ont été escomptées au Crédit Lyonnais en doublure de celles réellement souscrites et financées par la société bordelaise. Le courtier s\'enfuit. Je suis dans la situation de celui par qui le scandale est arrivé. Ce sera sans conséquence. Le président, victime de cette escroquerie, qui lui fera perdre son aura et son job, se souvient d\'avoir été prisonnier avec un autre officier devenu le Maire de Saint-Jean-d\'Angély. L\'homme me connaît et m'estime. Il m'ouvrira la confiance de ce dirigeant escroqué. Nous ferons équipe pendant 1 an pour préparer le dossier judiciaire, après quoi il me recasera à Paris, la société bordelaise fermant ses guichets . C'est la sortie par la grande porte. Il falloir quitter la Saintonge.
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la vie d'un grimpeur
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CHAPITRE 2 : LE TEMPS DU FRANCILIEN, 1956 - 1985
# Chapitre 2 : Le TEMPS du FRANCILIEN, 1956 - 1985 ## 1956 \| Le crédit automobile à Paris J\'arrive le 1er août 1956 à Paris avec un contrat qui me conserve une présence en Saintonge. Après trois mois de stage, je dois devenir inspecteur commercial, d'une société, qui vient de changer tous ses dirigeants, pour créer ses réseaux de clientèle dans une vingtaine de départements de l\'Ouest de la France. en résidant à Saint-Jean d'Angély, dans la belle maison qu\'on est en train de faire construire. Pure théorie ! En attendant le jeune patron de mon nouvel employeur, à peine sorti de Sciences Po , je découvre avec le chef comptable, lui aussi nouveau, que la société est submergée par des monceaux de traites impayés. Je sais de quoi il s'agit. Nécessité fait loi, on me demande de proroger au 1er janvier 1957 mon retour vers le commerce et la Charente. Or voila, qu'en novembre, les aventure des armées franco-anglaises qui mettent la main sur le canal de Suez après sa nationalisation par Nasser entraînent une crise pétrolière majeure. La France retrouve les tickets d\'essence de la période noire de la guerre. Autant dire que le commerce de l\'automobile est anéanti et le crédit avec. Puis comme un malheur n\'arrive jamais seul, l\'assureur qui couvrait les impayés dénonce le contrat. « Mon petit Rouger, vous savez faire, aidez nous à nous éviter la faillite ». Il faut tout de suite créer les services qui géreront la marée des impayés. Adieu la Charente, il faut préparer la famille à monter à Paris, oublier la belle maison toute neuve que nous n\'occuperons jamais et envisager une autre vie. La situation est devenue rapidement convulsive. Le groupe financier qui a acheté la petite société de crédit automobile avec celle de financement de l\'équipement ménager déjà connue SOFINCO, tout aussi mal en point, décide de les fusionner. Nous nous retrouvons à 5 dirigeants -- entre 28 et 36 ans - presqu'inconnus les uns des autres. Je suis le plus jeune mais le plus expérimenté dans le business. Patience et sang froid. Parallèlement, l\'arrivée de la famille, en 1957, à Paris, est tout aussi convulsive à raison de l\'extrême crise du logement dénoncée par l\'Abbé Pierre dans tous les postes de radio. Il faudra galérer pendant deux ans dans des conditions de logement qu\'on ne supporte plus aujourd\'hui. Puis attendre juillet 59 pour s\'installer dans un HLM construit à la va-vite par la Caisse des dépôts, à Épinay-sur-Seine, ville symbole politique, dans le grand ensemble d'Orgemont dont j'ai présidé le Conseil des résidents en 1965, transformé 40 ans plus tard en cité de non droit. ## 1960 - 1963 \| Le professionnel et le citoyen se font la courte échelle Evoquant cette période, j\'aborde l\'autre face de l\'action qui me permet de s'installer, de concourir dans les compétitions de l\'argent, du pouvoir, de l'humain et du savoir. La Caisse des dépôts a entrepris de créer, à Epinay sur Seine, plus de 5000 logements destinés à trois catégories sociales différentes de la classe moyenne des familles du baby boom.. Les provinciaux dé ruralisés, les employés des administrations locales, les rapatriés d'Afrique du nord. Ce n'est pas le melting pot mais pas loin. L\'installation dans le grand ensemble a suivi de peu les élections municipales de 1959. Ceux qu\'on appelle les « résidents » n\'ont aucune représentation au sein de la commune. Le poids des femmes et des jeunes enfants dans la population nouvelle est déterminant. Les besoins sociaux sont considérables. Comme les besoins d\'éducation aux nouveaux modes de vie urbaine, au sein d\'une société de déracinés avides de posséder les biens durables destinés à leurs nouveaux ménages chargés d\'enfants. Engagé depuis plusieurs années dans le métier du crédit destiné aux biens de consommation durables, j'avais acquis la conscience forte du lien entre le commercial et le social. Comment le tisser au sein de la population des grands ensembles ? L\'homme qui comprendra cette nécessité a une forte image au sein des milieux politiques. Il est Président de la Caisse des dépôts et consignations. Le personnage est assez facile d\'accès. C\'est avec lui et un de ses directeurs que le projet sera lancé de créer des conseils de résidents sur lesquels il serait possible d\'appuyer les structures sociales offrant aux femmes chargées d\'enfants la découverte de leur nouvelle vie, dans la société de consommation née au cours des années 60. L\'affaire est rapidement réalisée avec un autre grand ensemble qui fait figure de locomotive, celui de Sarcelles. Chacun crée son Conseil de résidents, la Caisse ses centres sociaux et la structure qui les gérera, chaque Conseil fait naitre les associations féminines qui animeront l'ensemble. Spécialiste de la distribution des crédits je deviens animateur social pour l'apprentissage de la gestion des budgets familiaux. Jusqu'au Salon des Arts Ménagers où il faut donner des cours aux vendeurs et aux acheteuses. Voilà pour la micro-économie mais je dois me rendre à une évidence, la lecture des journaux, voire des magazines ne peut pas remplacer un minimum de formation théorique. Vivre dans les crédits, du crédit et dans le crédit, suppose avoir une bonne connaissance théorique de ce que sont les anticipations économiques. Il faut comprendre le Plan, l'ardente obligation qui encadre toutes les activités de l\'État surtout celles qui ont trait au logement et à la production de biens durables. Il faut découvrir les techniques de crédit scoring issues des statistiques et des calculs de probabilités. Tous ces enseignements se trouvent dans un Institut technique créé aux Arts et Métiers. Je vais participer pendant trois ans à ses travaux sans jamais y rechercher le diplôme, convaincu que je suis qu\'il est préférable de n\'en avoir aucun plutôt qu\'un seul de niveau inférieur. ## 1963 - 1965 \| La promotion des ventes à crédit Le changement d\'orientation et de responsabilité sont radicales. Pendant les trois années précédentes j\'avais fait mon travail classique de gestion des risques et du recouvrement au sein de Sofinco. Petit à petit, j\'ai raconté à mes collègues ce qu'était cet engagement social et citoyen que j'avais complété par trois ans de cours du soir. J\'ai expliqué l'utilité d\'aller faire de la formation et de la promotion du crédit dans toutes les manifestations où se réunissaient les acheteurs et les vendeurs. La réponse est venue aussitôt. Vous participez à une réunion de tous nos propres vendeurs, une soixantaine, ils sont trois jours en séminaire pour apprendre les rudiments du dialogue de vente sous la conduite du pape de la caisse enregistreuse, roi des formateurs dans les grandes surfaces de ventes. Me voila en terrain où je n'ai pas ma place. La matinée débute mal. Il faut noter 50 phrases issues des dialogues des nos propres commerciaux, enregistrés in vivo les semaines écoulées. Lecture faite je persiste et je signe il s\'agit d\'un tissu d\'inepties. Je risque à nouveau d'être celui par qui le scandale arrive, tant pis je mets 50 nuls. La dernière journée, le Maître donne ses 50 notes. 50 nuls. Je ne suis plus seul. Ouf ! Il n\'est pas très facile de gérer cette situation. 15 jours plus tard j\'ai quitté mon job pour prendre celui de la promotion des ventes de la société. Je ne peux pas refuser tout en étant conscient que j'ai l'esprit plus porté vers l\'analyse, le réalisme, la critique, et que de ce fait, il ne correspond pas à l\'enthousiasme factice qui doit prévaloir pour entraîner des commerciaux qui doivent d\'abord croire à ce qu\'on leur dit de faire. L\'affaire a duré deux ans avec le sentiment d\'être entré par effraction dans cette fonction promotionnelle, même si j'ai fait quelques pubs mémorables et inventé le *créditmétre.* J\'en ai profité, c\'était indispensable, pour étudier, par la lecture, les phénomènes psychologiques qui s'appliquent à la notion de temps, d'argent, de risque, aux profils caractérologiques, à leurs effets sur la quête du pouvoir. Comme il ne suffisait pas d'appliquer mes conclusions dans la vie courante, je me suis spécialisé dans la formation des commerciaux de nos clients prescripteurs de nos crédits, et dans celle, plus théorique, de la maîtrise des risques qu'on accepte de prendre, ce qui débouchera, plus tard, sur les techniques de gestion des crises. A cette époque, j\'ai fait reconnaître qu\'une formation polyvalente des vendeurs des magasins et des concessions, des récupérateurs de nos impayés, appuyée sur une bonne compréhension des mécanismes du crédit, apportaient à toute la chaîne de vente et de financement, une sécurité créatrice de valeur à tous les stades des opérations Cet acquis a été reconnu pertinent dans toutes les professions d\'argent qui utilisent des intermédiaires. Comme l\'a démontré, à contrario, la catastrophe des crédits subprime. ## 1965 - 1970 \| Fusions acquisitions et conflits Le marché du crédit à la consommation approche de sa consolidation. Deux établissements le dominent, Cételem et Sofinco, toujours présents, 50 ans plus tard, sur les écrans télévisés publicitaires. Pour accompagner ce passage vers cette maturité, le groupe Suez, à l'époque financier, va utiliser la Compagnie la Henin, maison mère de Sofinco, pour regrouper tout ce qu'il possède dans le crédit aux particuliers. 5 opérations de fusions ou de prises de contrôle de sociétés familiales sont menées en province. Leurs systèmes de gestion et de gouvernance sont transférés à Sofinco. Ce mouvement se termine en 1970 par l'absorption d'une banque parisienne. Elle dispose d'un réseau provincial performant d'une vingtaine d'agences, dans un métier le crédit-bail immobilier qu'il faut quitter faute qu'elle ait atteint la dimension critique. Cette situation entraine de sérieuses turbulences au siège de la banque. Une grève durable s'y installe. Les cadres, qui se considèrent comme grands financiers, n'admettent pas d'être soumis à la hiérarchie des « épiciers » de Sofinco. La petite équipe qui a hérité de ces gestions de crise, à Paris et en province est sur sollicitée. Trois sortes de conflits vont survenir, qui vont m\'occuper pendant ces cinq années et me détourner complètement de la fonction promotionnelle des trois années précédentes Une société languedocienne révèle des comptes et des pertes qui vont obliger de sortir la famille devenue minoritaire dans le capital, en la ruinant. Les négociations, dont on m'a chargé, vont durer des mois, dans une forte hostilité locale aux parisiens, accrue par la position de la famille au sein d\'une fédération sportive nationale. Pour arriver au but, il faudra gérer l'alternance entre périodes de paroxysme et d\'apaisement. Le 2^ème^ conflit, né dans une société voisine, bref et violent, se terminera par l\'incarcération de l\'escroc, personnalité de grande famille, dans les convulsions locales. Il avait purement et simplement dupliqué les mêmes opérations que celle qui avait mis par terre le crédit automobile de Bordeaux. L\'expérience des années 55 / 56 à facilité la gestion de l'opération soldée par une perte que personne ne voulait assumer. Le 3^ème^ conflit a résulté des hostilités engagées dés la prise de contrôle par Sofinco de la banque parisienne. J'ai hérité de cette 3^ème^ crise. il a fallu se consacrer à d\'innombrables opérations de dispersion des équipes parisiennes, soit par des licenciements négociés, soit par dés intégrations forcées à l\'intérieur des structures de gestion dominées par Sofinco, puis liquider l'activité au bout de deux ans. Ce fut une bonne école dans une période qui vivait encore les troubles des évènements de 1968. Ce fut aussi un poste clé. J'étais adjoint au directeur commercial. Il gérait les équipes de front office et les fonctions marketing. Je gérais le back office des agences, le réseau provincial et la maîtrise des risques du groupe. L'absence de diplômes est oubliée. ## 1970 - 1976 \| Sofinco change de métier Jusqu\'au début des années 1970, Sofinco a fait un métier simple. Elle achetait de l\'argent en gros pour le revendre au détail à des emprunteurs recrutés par les prescripteurs de la grande distribution de produits et de biens durables. A partir de 1970, le métier a évolué vers un ensemble de prestations de services multiples, offertes aux distributeurs comme à leurs clients emprunteurs par le prêteur. Il va s'agir : De l\'informatique, naissante, pour améliorer les conditions de gestion et de marketing des activités commerciales des distributeurs et plus généralement des prescripteurs qui envoient leurs clients à Sofinco. Des prestations de promotion commerciales pour améliorer les relations commerciales entre les distributeurs et leurs clientèles. Par exemple l\'introduction des cartes de crédit, des systèmes de gestion d\'un nouveau crédit sous une forme dite de revolving. De l\'ouverture d\'une activité de dépôts bancaires classiques pour améliorer les capacités de Sofinco d'obtenir, à meilleur prix, l'argent qu'elle achète en gros, out en fidélisant sa clientèle devenue indépendante des prescripteurs. Au moment où cette fringale de création agite Sofinco, il faut choisir ses d'objectifs et, sans doute jouer perso. Présent, hiérarchiquement, dans les agences au contact de la clientèle, connu chez les distributeurs, auto et produits ménagers, par la formation, il faut étendre la sphère d'influence dans 3 domaines peu convoités par les « banquiers ». La formation en allant vers les organismes professionnels, bancaires et commerciaux, créateurs de la notoriété du dirigeant qui veut être visible dans le microcosme parisien. Les voyages professionnels qui ajouteront des relations commerciales avec de nouvelles clientèles, dont les professions juridiques et judiciaires qui faciliteront, plus tard, l'accession au tribunal de commerce La location longue durée d'automobile, le leasing, auxquels personne ne croit car ils sortent de l'achat vente d'argent, pour passer à l'achat vente de voitures. Ce sera le grand succès des années 80 qui me permettra de quitter Sofinco. En 1976, j'ai laissé de coté les prestations d'informatique et conseil en marketing déjà convoités par les futurs grands spécialistes, je suis installé dans mes 3 niches. ## 1977 - 1982 \| Le triple éclatement de Sofinco Bien m'en a pris d'avoir choisi mon autonomie commerciale en ajoutant mes 3 niches à ma fonction de cadre sup. En 3 temps Sofinco éclate. D'abord la majorité des cadres se jette dans la nouvelle activité bancaire qui mobilisera des investissements, hélas, éphémères. Ensuite le déménagement à Evry casse les équipes. Enfin ce sera la nationalisation qui mettra fin à un demi siècle d'amitiés et de combats communs. Les choses ne seront pas faciles car si l\'équipe qui assure la gouvernance de l\'ensemble reste stable comme elle a réussi à le faire depuis plus de 20 ans, l\'encadrement moyen, les sous officiers, sont beaucoup plus affectés par les départs. Face à cette réalité je me suis trouvé dans une situation complexe. Le président veut me garder et me faire déménager d'Epinay sur seine où j'ai acheté un appartement. Je veux bien, car je ne crois plus à Epinay. Je ne crois pas plus à la pérennité de Sofinco. J'ai envie de prendre mes indemnités et de m'installer dans une profession judiciaire libérale. Il coupe court en me proposant de lui succéder au tribunal de commerce de Paris où Sofinco me gardera un pied à terre. Je déménage. C'est pour moi l'indépendance dans l'interdépendance. J'arrive à Evry le 1^er^ janvier 1979. J'entre au tribunal le 1^er^ janvier. J'installe la famille à coté de Corbeil le 1^er^ janvier 1981. Il suffit d'attendre les élections de 1981 pour se lancer à l'aventure. J'aborde le troisième éclatement né de la nationalisation avec le sentiment de bien dominer le kriegspiel qui se présente. Les cadres m'ont élu au conseil d'administration d'où ont été virés les anciens dirigeants amis. Mes rapports avec la nouvelle présidente, férue de consommation, sont empathiques à raison de mon passé en grand ensemble. Les 3 sociétés de services que je dirige sont sauves. Je suis convaincu que je quitterais Sofinco. Ce n'est plus qu'une question d'opportunité. Je garde en mémoire la discussion avec mon oncle 40 ans auparavant, je ne serais pas fonctionnaire. Plus que jamais jouons perso. ## 1982 - 1985 \| La séparation d'avec Sofinco Lorsque dans le courant de 1980 nous avons préparé le transfert à Evry, avec ma femme, nous avons vendu à la fois notre appartement et notre maison de campagne dans le Val de Loire. Il a été clairement établi, entre nous, que ce serait une situation provisoire et que le pavillon acheté, dans l'Essonne, se transformerait en résidence secondaire. Dès 1983 ce choix fut mis en œuvre. Elle a repris son travail de comptable à Paris où nous nous sommes installés dans le pied-à-terre affecté à l'office du juge. Il a fallu attendre 1984 pour que l'opportunité de quitter Sofinco se fasse jour. L'arrivée de L Fabius à Matignon à ouvert les tractations visant à laisser « respirer » les banques nationalisées, en leur permettant de se défausser des sociétés, restées privées, anciennement rattachées à leur mère nationalisée. Une convulsion paroxystique dans les rapports entre la présidente et son D G au sujet de l'archipel de banques dans lequel Sofinco trouverait sa place future, Suez ou les AGF, à permis de s'échapper par la toute petite porte avec le magot de la société de leasing dont l'étais le D G pour un grand retour à la Compagnie la Hénin. Sans aucune indemnité malgré 28 ans de présence. Comme je l\'avais ressenti bien longtemps auparavant, les Français allaient passer progressivement, surtout les entreprises avec leurs flottes, d\'un modèle de propriété à un modèle d\'usage et de location. En partant, j'ai emmené un parc de 25 000 voitures louées, assurant une rentabilité de haut niveau. L\'activité voyages, portée par une agence spécialisée dont j\'étais le gérant, n'a pas été poursuivie. Je n'avais plus le temps, je l'ai revendue à son personnel. Elle m'avait fait connaitre des milieux judiciaires, Cours et Chancellerie, par l'organisation de grands congrès internationaux dans une dizaine de pays de 1974 à 1985 Il fallait tirer un trait. Quant à la formation, j'ai gardé le centre en sommeil. Je l'ai utilisé pour structurer ma campagne électorale de 1991 pour la présidence du tribunal, puis je lui ai substitué, à Tours, le Centre de formation des juges consulaires. Ce qui s\'est passé entre 1982 et 1985, le passage de la période France à la période Euro Parisienne s\'apparente à la rupture avec la Saintonge entre 1952 et 1955.
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la vie d'un grimpeur
2015-01-01
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CHAPITRE 3 : LE TEMPS DE L'EURO-PARISIEN, DEPUIS 1986
# Chapitre 3 : Le TEMPS de l'EURO-PARISIEN, depuis 1986 ## 1986 - 1991 \| Le chemin vers la présidence du tribunal de commerce L'Euro-Parisien est né fin 85 lorsqu\'a été accomplie la mutation précédente. Presqu'inconnu à Paris, au début de cette nouvelle période, je la terminerai président du tribunal de commerce de Paris, élu en avril 1991. C\'est ce qui a fait dire un avocat que j\'étais le seul individu né à 60 ans Les enchaînements sont intéressants : ## 1984 \| Le business perso Les trois amis qui ont quitté Sofinco et qui ce sont installés à la Compagnie la Hénin, ont adopté une organisation simple. Une société en nom collectif, possède les sociétés transférées avec un DG et un DGA. Le DG est président de la société de crédit de Reims, je suis 2 fois DGA, la holding et l'autre SNC de leasing. Le troisième, président la société de crédit de Clermont-Ferrand. Les sociétés de services d\'informatique et de marketing sont suivies par l\'ancien PDG de Sofinco, viré à la nationalisation. Ce dispositif bien accepté recèle des objectifs totalement différents entre ses membres. Mes collègues cherchent à poursuivre leur vie de cadre dirigeant jusqu\'à leur retraite. J\'ambitionne de m\'installer dans business parisien, dans son organisation judiciaire voire dans l'action politique. Cette divergence dans les objectifs entraînera des tensions fortes au sein de l\'équipe pendant toute la période 1984 - 1991 Après avoir retrouvé celui qui était mon correspondant à Bordeaux 30 ans plutôt, je fais un investissement dans l\'un des deux plus beaux marchés aux puces de Saint-Ouen, dont il assure la direction pour un groupe financier. Cette opération se révélera, à la sortie, sept ans plus tard, particulièrement juteuse. ## 1985 \| Le statut social Je loue un grand appartement à Paris, dans le 16e arrondissement, pour y développer une activité relationnelle professionnelle et j\'achète un appartement à Royan. ## 1986 \| La justice Premier juge à la chambre commerciale du tribunal de commerce de Paris je bénéficie d\'une ouverture sur le grand business. Je la complète vers la Justice en profitant d\'un congrès professionnel pour lequel j\'organise une grande manifestation au Tastevin de Bourgogne qui va rassembler toute la haute magistrature, Garde des Sceaux en tête. ## 1987 \| Le business et la finance Avec deux amis, issus d\'un grand groupe agroalimentaire, nous créons une société de leasing spécialisé dans les flottes de véhicules de direction. Le Groupe Suez en prend 48 % et assure le financement de nos parcs en acceptant cette auto concurrence. ## 1988 \| La rupture de l'équipe ex-Sofinco Alors que les tensions au sein de l\'équipe ont atteint leur paroxysme, à raison de mes actions autonomes, un jeune chef de cabinet de Bercy, qui a été mis dehors après l'élection de Mitterrand II, arrive chez Suez dans le but manifeste de remplacer l\'équipe dirigeante des transfuges de Sofinco. Le danger s'estompe vite pour moi, ce jeune énarque est séduit par les projets automobiles que je développe. Il s'avère que nos parents étaient voisins avant guerre. Néanmoins, par précaution, je regarde du coté politique à Royan ## 1989 \| Le projet automobile chez Suez Ensemble nous formons un important projet qui conduirait le groupe Suez à investir dans le secteur automobile par l\'achat de 50 concessions et de plusieurs sociétés de LLD. On met les sociétés héritées de Sofinco en vente. Je me retire de la politique. ## 1990 \| Marche arrière sur l'automobile La guerre dite du golfe vient tout bouleverser. Elle me conduit à recommander d\'arrêter les projets d\'investissement qui me sont confiés en raison des impacts prévisibles de la situation géopolitique sur les marchés de l\'automobile. C\'est le moment où le Crédit lyonnais achète les sociétés ex Sofinco. Je suis chargé d\'assurer l'après vente. C\'est pendant les six mois de cette opération que j\'ai compris pourquoi le Crédit Lyonnais risquait de finir au tribunal de commerce. ## 1991 \| A fond vers la présidence du tribunal Je n'ai plus d'autre choix, il me faut consacrer le premier trimestre à la campagne électorale visant la présidence du tribunal. Les choses sont très mal engagées, le fait de confier ce grand tribunal à un homme sans aucun diplôme, en chatouille plus d'un. La place est réservée à deux compétiteurs. Un ami de longue date, importateur automobile richissime, soutenu par le past président. Le juriste du groupe Suez, docteur en droit soutenu par le président en exercice. Il faudra contourner les méthodes usuelles des précédentes campagnes électorales, ne pas chercher à faire admirer le candidat par les électeurs, faire du porte à porte, ce qui ne s\'était jamais fait, leur parler de leurs projets, de la situation économique et géopolitique, et de l\'influence qu\'elles exerceraient sur l\'activité des juges. La réussite a été au bout de la démarche inédite. Suivront les 4 années de tension des 3 crises économique, financière et médiatique. ## 1995 - 2015 \| Le Crédit Lyonnais - CDR, le grand business et Michel Rouger Conseil La transition entre le tribunal et la période suivante sera pour l\'essentiel occupée par l\'aventure CDR, tant elle sera déterminante pour me permettre de m\'installer à mon compte début 98, et de développer les activités qui perdurent. En 1994, année où le tribunal connaît l\'apogée de son activité judiciaire économique et médiatique, il me faut penser à l\'avenir. Le président du Sénat et les Garde des Sceaux me proposent une sortie politique aux municipales de 1995. Ce sera la mairie de mon pays, petite sous-préfecture, en débouchant ultérieurement sur le Sénat. La mairie seule ne m'intéresse pas. Je ne crois pas à la promesse du Sénat. J'arrive trop tard dans le jeu local. J\'ai abandonné sèchement ce projet politique début 95. Survient alors la proposition de création du CDR. Je suis informé de cette nomination au téléphone, chez un ami banquier européen de référence. En reprenant ma voiture, j\'y trouve le Monde qui annonce la nomination par le premier ministre à la tête du CDR d'un haut fonctionnaire dont le neveu est à Matignon. Je propose de rendre les clés avant d\'avoir ouvert la porte. Le ministre me confirme, contre la décision du Premier. Les choses ayant ainsi débuté il faudra soigner les performances, rassembler une bonne équipe, recueillir le soutien de la haute administration, qui fut acquis. Il était impossible de bloquer les guéguerres politiques sur le Crédit lyonnais, on a fait avec. Il faudra vite penser à organiser la sortie avec le minimum de dégâts. Je la provoquerais dès le début de 97, une fois accumulées les opérations qui vont alléger le stock transféré au CDR par le Crédit Lyonnais d\'environ la moitié. L'arrivée de la troisième alternance en 4 ans me pousse à sortir. J'attendrai le ministre DSK jusqu'au début 1998. La sortie se fera sans dégâts, dans un silence conservé durant 17 ans, après que la Cour des Comptes a accordé à ma gestion un satisfecit éclairé par les griefs faits aux interventions des politiques dans les opérations. Dès le 1er février 98, au lendemain de mon départ du CDR je vais pouvoir accomplir les projets dont j\'avais rêvé lorsque j\'ai quitté Sofinco. J'installe Michel Rouger conseil avenue de Friedland. Le conseil apporte l\'essentiel de mes activités, administrateur indépendant dans trois groupes du CAC 40 et conseiller des dirigeants français d'une banque internationale. La justice retrouvera rapidement sa place dans le quotidien, sous une forme passionnante, au sein du marché très fermé de l\'arbitrage international La politique active est remplacée par les travaux de 2 think tanks, sur Justice et Société entre 1996 et 2011, sur Droit Economie Justice depuis 2002 avec l'Institut Présaje. Le triptyque est enfin reconstruit avec le Business, la Justice et la Politique réflexion. J'y ajouterai entre 2006 et 2012 une solide expérience sociétale dans la Santé qui me procurera, en 2014, un débouché professionnel original, le plus inattendu de cette liste.
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blog michel rouger
2020-06-01
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À GENOUX LE BON DIEU PASSE
# À genoux le bon Dieu passe Pour le meilleur et pour le Pire. À défaut de détenir la clé universitaire qui permet de s\'exprimer au nom de la pensée respectable, je découpe cette chronique en quatre réflexions construite sur l\'expérience, qui me fournit mon Passe partout. ## Printemps 1935, le Sauveur Commençons par ce personnage typiquement Français, le Sauveur. Avec le temps, j'en ai connu beaucoup, y compris au cours de ce printemps. Pour éviter d\'avoir à me prononcer sur le dernier modèle vers lequel les Français se portent, j\'extrais de ma mémoire et des journaux que je lisais à l\'époque, un personnage, Philibert Besson, le « Héros du Velay », le « Fou qui avait raison ». Déjà ! J\'ai posé la question à l\'ensemble de mon entourage, si instruit soit-il. Personne ne sait qui est Philibert Besson. Je vous le décris. L\'homme était député et il avait inventé la première monnaie européenne qu'il avait baptisé Europa. Il avait fait un bref séjour en asile psychiatrique et publié un pamphlet « Peuple tu es trahi ». Héros anti système, déjà, il s\'est fait sacrer au cours d\'un meeting de 20.000 personnes à Saint-Étienne. Fort de ce succès, il a tenté d\'échapper à des poursuites pénales, qui fragilisent ce genre d\'hommes. Il s\'est caché dans le maquis de sa région, puis en est sorti en accord personnel avec le Président de la République. La Justice a mis le holà et l'a enfermé à la prison de Riom où il est mort en 1941. Voici ce qui m\'avait intéressé en 1935, après Stavisky en 1934 et avant Mermoz en 1936, vivre avec des héros, faux ou vrais. C'était de mon âge. ## Avril 1945, Les Cogneurs En situation de survie, je fais des petits boulots qui vont m\'amener à prêter mes bras pour déplacer les gros meubles chez un assureur. Je suis aidé par un copain, un peu plus âgé que moi, issu de la seule famille musulmane de la ville, les Ben Azzouz. En fin de journée, les gendarmes viennent nous arrêter parce que l\'assureur s\'est plaint du vol d\'une enveloppe de billets de 5000 Frs. de l\'époque. Après une nuit passée au « Gnouf » mon oncle, mon tuteur, est venu me libérer. Le lundi suivant, il m'a informé que c\'était la fille aînée de l\'assureur qui avait pris l\'enveloppe, pour aller passer un week-end avec un beau lieutenant de la deuxième DB, qu\'elle avait connu en allant voir le quartier-maître Jean Moncorgé, alias Jean Gabin, qui avait débarqué à la gare pour aller participer à la libération de Royan. J\'ai lui demandé ce qu\'il était advenu de Ben Azzouz. Il m\'a répondu qu\'il avait pris une solide dérouillée par les gendarmes et qu\'il lui faudrait quelques temps pour se remettre de la casse. Chacun comprendra ce que je ressens aujourd'hui. ## 1985 Le Fleuron national industriel Après le Sauveur, Politique, j\'aborde le Sauveur économique recherché pour faire oublier les aventures politiques qui ont affecté l'économie des années 1980. Classique et répétitif ! Fin 1984, le Président du tribunal de commerce qui m\'a affecté à la première chambre, me demande, en absolue discrétion, d\'étudier comment le tribunal pourrait gérer, ou conseiller, l\'inévitable faillite d\'Air France et de la Régie Renault. La réponse sera simple, on ne peut plus rien faire pour la régie Renault sauf lui donner un vrai Patron. L'État le fera l\'année suivante avant que le pauvre homme, dans la force de l\'âge et de la compétence, soit assassiné pour répondre à l'idéologie ouvriériste de l\'époque. Alors que tous ceux qui travaillaient sur les chaînes de l'île Seguin à Billancourt demandaient simplement qu\'on améliore et garantissent leurs salaires. Pour Air France, il ne s\'agissait pas d\'ouvriers mal payés, mais de pilotes qui apparaissaient surpayés. Il fallait donc attendre de trouver une astuce capitalistique pour en sortir. Ça s\'est passé au tribunal. L\'année suivante lorsque Air France, ce que peu de gens savent, a été absorbée par sa filiale Air Inter. Curieux, mais favorable à une solution de courte durée. 35 ans plus tard, Renault et Air France cherchent une stratégie alors qu\'elles sont l\'une et l\'autre devenues des fleurons industriels menacés de conception originelle française, au premier niveau industriel international. Espérons que Renault, nationalisée comme en 1945, ne s\'orientera pas vers la fabrication de l\'ancienne Trabant de l\'Allemagne de l\'est avec moteur électrique, et qu'Air France n'entraînera pas Airbus vers les prédateurs des deux géants que sont l\'Amérique et la Chine. ## 2020 Le temps des Savants La crise sanitaire, réelle et dangereuse a imposé que les experts auxquels on a eu recours dans toutes les autres crises soient baptisés Savants. Ayant nommé et contrôlé des centaines d\'experts en économie, en finance, en commerce, puis opéré pendant 15 ans avec des savants dans la Santé publique, j'ai quelques observations à faire. Autant le personnel soignant, mal payé et courageux, est méritant, autant la bureaucratie la plus sectaire qui soit, au sein de notre État ne doit pas se cacher derrière les bienfaits des soignants. Elle a réussi à mettre le Pays à genoux. Les savants, comme tous les experts, ont le devoir de l'incertitude et de la division dans leurs propos. C\'est ce qui en fait des savants. Personne n'a le droit de se cacher derrière eux pour échapper à sa responsabilité, que ce soit avant, pendant ou après, soit en les approuvant, soit en les ignorant. Il est plus qu'intéressant de voir ce qui va se passer lorsque la France mise à genoux va se relever face à la deuxième vague économique et sociale. Pour la quatrième fois en 80 ans je vois notre Pays emporté par une spirale mortelle. Il s'est fait injecter une peur terrifiante, justifiée, pour les vieux inactifs, beaucoup moins pour les jeunes, privés de leur Présent, et pour beaucoup de leur Avenir. Cette peur du Présent a installé une Angoisse de l'Avenir dont on ne connait pas encore les points de fixations ni les modes d'action qui conduiront à se débarrasser du passé qui a enclenché ce cycle infernal. C'est ce qui m'a conduit à publier cet Essai sur la vie de nos Républiques qui ont péri dans cet engrenage. Ce n'est qu'un début, continuons le débat.
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2019-11-01
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LES DÉRIVES DE L'ADMINISTRATION ET DE L'ÉTAT
# Les dérives de l'administration et de l'État Dans ma première chronique, j\'ai évoqué l\'apparition au cœur du système financier de l\'État, dans les années 1988 1995, de pratiques de gestion dont j\'ai estimé les conséquences désastreuses. J\'ai mis en évidence le développement, observé au quotidien, d'une évolution qui s\'est installée dans l\'esprit de trop nombreux responsables de la gestion des affaires de l\'État, heureusement minoritaires. Céder aux tentations de l\'argent. Je prendrai le temps prochainement de publier deux livres sur la grande dérive d\'une banque d\'État, la plus grande, dont le coût final fut tel qu'il a affecté les discussions préalables à l\'intégration de la France dans le système monétaire européen. Ma publication sur les années fric portera essentiellement sur les professions originales qu\'elles ont fait naître, dans la Politique, l'Économie, et les Médias. Elles ont marqué non seulement le quotidien des Français mais ont aussi occupé celui des juges. Ces publications comme la série de celle qui figureront sur ce site feront simplement état des expériences vécues. Comment illustrer leur réalité et les conséquences dont à l\'évidence, les Français en payent aujourd\'hui le prix ? Concrètement, il faut que vous compreniez que les dix ans que j'ai passés, dont sept en service bénévole, pour traiter les sinistres de la crise financière et immobilière, puis bancaire, m\'ont permis d'observer ce que je décris, aujourd'hui, après vingt ans de silence. A l'époque, au cœur du secteur financier de l'État, qui avait été amputé par les privatisations opérées entre 1986 et 1988, des hauts responsables ont ressenti l'appel d\'air, qui, malgré le nouveau pouvoir de 1988, les entrainerait vers de nouvelles privatisations. Il leur fallait changer de comportement en attendant la fin du « Ni-Ni ». Il leur fallait conserver l\'apparente rigueur et le sérieux des responsables supérieurs qui administrent l\'État, les fameux grands commis des trente glorieuses. En même temps, il leur fallait éviter de jouer trop tôt les Has been, en montrant qu'ils savaient être des « money Makers » et préférer l'argent qu'on gagne à celui qu'on dépense. Certains n'ont trouvé qu'un seul moyen : confier à d'autres les opérations qu'ils ne voulaient pas faire ou qu'ils ne savaient ni ne pouvaient pas faire parce que leurs devoirs, ou leur éthique les leurs interdisaient. Ce principe a été appliqué à la lettre sans toujours apprécier la capacité des délégataires d'être à la hauteur de ces responsabilités. Je l'ai dénoncé dès mon arrivée au tribunal en 1992. Face à cette dérive, il est évident que les barrières, naturelles chez les hauts responsables respectueux de l\'intérêt de l\'État, n\'avaient plus la même solidité face à l\'attraction que pouvait exercer la séduction du fric. Toutes les spéculations immobilières et financières ont rapidement séduit ces opérateurs et conduit à installer le système simpliste et séducteur qui consistait à tirer le maximum d\'argent de l\'État banquier tout en n'en rendant que le minimum à l\'État percepteur. Le tour fut vite joué. Tout s\'est arrêté entre 1995 et 1998. Chacun sait que je me suis retrouvé dans cette galère à laquelle j\'étais totalement étranger au point qu\'un hebdomadaire satirique m\'a mis à la Une d\'un de ses numéros spéciaux en me qualifiant de Seigneur des Poubelles de l'État. Sans méchanceté. J'ai ri de la caricature, bien différente du caractère infamant de celle imposée à celui qui a eu sa poubelle à son nom, à la manière du sort réservé aux bannis de la ville de Padoue, au XIIIème siècle, installés sur la Pierre de la Honte. Je pense à Bernard TAPIE. J'ai observé, au CDR qu'il avait contribué, à minima, au remplissage de la grande poubelle dans laquelle l\'État, après deux rapports successifs, a accepté de prendre la charge des conséquences des catastrophes qu\'il avait laissées s\'installer en son sein. État qui, pour faire ce qu'il ne devait pas faire, a pris une inscription au registre du commerce que j'ai fait supprimer en arrivant. À ce stade, il faut mettre en évidence une autre conséquence qui tient au fonctionnement interne de ces équipes de soi-disant responsables qui se sont mises à gérer ce que l\'État et ses responsables institutionnels ne voulaient pas ne savaient pas ne pouvaient pas faire. Non seulement elles ont rameuté autour d'elles tous ceux qui étaient séduits par l\'aventure qui visait à tirer le maximum d\'argent de l\'État et à n'en rendre que le minimum à son percepteur. Puis, lorsque les choses ont mal tourné, elles sont allées chercher dans le portefeuille de leurs coopérateurs déchus l\'argent qu\'elles convoitaient. Je pourrais citer de nombreux cas, mais ils resteront à jamais oubliés. Par contre, je ne peux pas éviter malgré mon silence de vingt-cinq ans d\'aborder le cas de Bernard TAPIE. Et ce pour la simple raison que toutes ses ambitions politiques, essentielles, se sont effondrées devant moi. Avant de dire ce que je pense j\'entends respecter la souffrance et le courage d\'un homme avec lequel j\'ai eu de longs entretiens en tête-à-tête lorsqu\'il était sur le podium du pouvoir. Mon respect s\'étend, quel que soient les reproches que la société ait pu faire à l\'intéressé, à la famille qui souffre et lutte à ses côtés. La faillite qui a entraîné son élimination de la sphère politique a été provoquée par le dépôt de bilan début décembre 1994, confié à ses avocats, de la société en nom collectif qu\'il avait constitué avec son épouse. A ce jour, je n'ai pas compris pourquoi il l'avait fait, sauf à vouloir conserver l'immeuble qu'il occupe encore. La loi sur ce type de sociétés oblige les juges. Il a suffi que le Procureur produise la situation fiscale de la société obtenue de Bercy, pour qu'elle soit mise en liquidation, et avec elle, ses associés, directement sanctionnés par la Loi. Je n\'ai rien connu, comme juge, des conflits de Bernard TAPIE avec son banquier. Par contre, j\'ai retrouvé ses affaires dans les dossiers du CDR, au travers de montages compliqués, inaboutis, en particulier au Luxembourg, sans doute à la suite des opérations qui ont entrainé vingt ans de procès entre eux En raison de ma présence dans le jugement de décembre 1994, j\'ai refusé de m\'intéresser à ce dossier et j\'ai adressé, fin 1996, une note « blanche » à Bercy. Il ressortait déjà du dossier que celui qui était qualifié de «  Flambeur » s'était fait rouler par plus malin que lui, grâce à des moyens aux apparences légales. Je l'ai écrit. Le vent politique qui a beaucoup trop soufflé sur les dossiers transmis au CDR était mal orienté pour Bernard. TAPIE. La justice civile lui a donné tort. Puis le vent a tourné, et la justice arbitrale lui a donné raison. Enfin la justice pénale, saisie à la suite d'un nouveau changement de vent politique, lui a donné raison. Que dire de plus sur ce cas concret. Bernard TAPIE a été très adroitement roulé grâce au respect apparent des lois Françaises que permet l'usage astucieux des règles de la finance mondialisée. Le juge commercial a l'habitude et la compétence pour ne pas se laisser guider par ces apparences lorsqu'elles sont utilisées dans des conflits entre personnes privées. C'est impossible lorsque leur créateur est l'État lui-même, et encore plus lorsque la victime est un politicien provisoirement déchu, qui ne pèse plus rien dans la balance de la Justice. Il y a quatre-vingt ans Philibert BESSON a payé de sa vie, en prison, cette volonté de l'État de ne jamais avoir tort. Qu'on se le dise, comme le hurlaient, à l'époque, les crieurs de rue.
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2020-05-01
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DÉCONFITURE ET ÉCROULEMENT
# DÉCONFITURE ET ÉCROULEMENT La déconfiture est une défaite totale qui peut entraîner l\'écroulement de l\'organisation ou de l\'institution qui subira les conséquences de cette défaite. Il se trouve qu\'au terme d\'une très longue vie. Je vois se profiler le risque d\'une grave déconfiture qui provoquerait l\'écroulement auquel le Premier Ministre a fait allusion sans préciser où il se produirait. À ce jour, j\'ai vécu quatre déconfitures. Chacune a engendré l\'écroulement de quatre institutions. La troisième République, l\'État français, la quatrième République, et la cinquième dont il n'est resté, grâce au maintien d'institutions créées pour un Homme d'exception que le Dirigisme monarchiques et centralisateur. Comme tous les Français, je participe, que je le veuille ou non, à la pandémie qui affecte tous les pays du monde et provoque une véritable guerre mondiale contre le virus qui en est responsable. En outre, je vis une bataille spécifique menée par l\'État dirigiste avec l\'aide d\'une sphère sanitaire qui lui apporte non seulement ses moyens mais son courage et son engagement. Dans deux chroniques précédentes, je me suis intéressé à l\'expression sanitaire de cette bataille de France. J\'observe que cette sphère sanitaire, multiforme, a évité tout risque de déconfiture. Grand Merci. Par contre, je suis convaincu que, même sans déconfiture de l\'armée sanitaire qui a tenu son rôle, celle du dirigisme étatique qui n\'a pas tenu le sien provoquera l\'écroulement de nos institutions. Il faudra du temps, car les institutions qui abritent ce dirigisme ont la solidité des Bunkers du mur de l'Atlantique. Souvenez vous, il y a trente ans, lors de l'installation du modèle dirigiste, les Médias évoquaient cette image du Bunker dans lequel le Président vivait confiné. Déjà ! Si je n\'étais pas convaincu, Je n\'aurais pas entrepris l\'analyse sur la mort de tous nos régimes républicains. Sa publication arrivera le 11 mai, jour du déconfinement des idées. ## Les enseignements des déconfitures vécues ### La déconfiture du combat militaire de 1939 La littérature est abondante facilement accessible pour découvrir les deux périodes que chacune des déconfitures étudiées à reproduites. La France a été invitée à vivre avec la guerre entre septembre 1939 et mai 1940. Elle s\'en est satisfaite comme elle a vécu, en 2020, les deux mois d\'épidémie avant le confinement. Puis elle a été brutalement confrontée à la nécessité de vivre pour la guerre. Tout s\'est alors effondré en quelques semaines avec les horreurs cumulées de l\'exode, des privations et de l\'occupation. Je reviendrai plus tard sur les conditions et les conséquences de l\'écroulement provoqué par cette déconfiture militaire vécue. ### La déconfiture du combat totalitaire de 1940 À nouveau, après avoir été écrasée, la France a connu deux périodes. J\'ai eu a les vivre intensément. D\'abord entre juin 1940 et fin novembre 1942, la France a vécu avec l\'occupation et avec la collaboration. Elle conservait une zone libre qui limitait les mesures de confinement, couvre-feu, tickets d\'alimentation, restriction de circulation. Cette vie avec a été admise à part quelque rare, réfractaire, et les dirigeants vichystes soutenus. À partir du début 1943, alors que le vent de la guerre mondiale commençait à tourner, les Français ont été conduits, à vivre pour la collaboration. Dès le mois de janvier 1943, la création des milices et de multiples formes de traque a permis de ficher, pêle-mêle, les juifs qui avaient échappé aux rafles de 1942, les gaullistes qui n\'hésitaient pas à se faire parachuter en France occupée, les communistes qui commençaient à saboter les installations ferroviaires et tous les réfractaires de la déportation négociée baptisée service du travail obligatoire. Ce fut la grande traque. C\'est ce changement de comportement brutal de l\'État qui a amené très rapidement la déconfiture de ces organisations, le développement de la résistance et des Maquis qui ont pris leur part dans l\'écroulement de l\'État français. ### La Déconfiture velléitaire de la colonisation La guerre mondiale qui avait été refroidie par l'arme nucléaire a eu pour effet l\'émergence d\'un tiers-monde constitué de toutes les nations que les deux blocs de la guerre froide se disputaient. Cette situation imposait de mettre fin aux  principaux empires coloniaux, l\'Anglais et le Français. C\'est ainsi qu\'en 1956, après l\'aventure du canal de Suez, Franco-Britannique, les États-Unis et l\'Union soviétique ont menacé ces deux pays de punition nucléaire s\'il n\'arrêtaient pas immédiatement leur action militaire. Les Anglais ont compris. Les Français pas. Ils avaient vécu la quatrième République avec les conflits de la décolonisation au Maroc, en Tunisie et au Vietnam. Ils ont choisi de vivre pour la colonisation lorsque l\'Algérie a voulu se libérer. On connaît la célèbre réponse du ministre de l\'intérieur, c\'est la guerre. À nouveau, les Français ont montré que s\'il savaient vivre avec la colonisation, ils refusaient  pour. Jusqu\'aux bidasses rappelés en Algérie qui ont utilisé leurs transistors pour exprimer leur révolte. La France arrivant au bord de la guerre civile a trouvé l\'homme qui avait compris la situation face à ceux qui ne l\'avait pas comprise. Ce fut l\'écroulement de la  quatrième République. ### La déconfiture idéologique de la soviétisation En 1981, la France a été engagée dans une tentative de collectivisation de ses institutions. Certes, ce n\'était pas la soviétisation stalinienne pour la simple raison que le dictateur était mort depuis trente ans et que ses successeurs se préparaient à abandonner le modèle qui débutait ses déconfitures dans certains pays de son glacis. Pendant une courte période, à peine trois ans, la France a vécu avec cette soviétisation molasse. Elle a refusé de vivre pour lorsque sa liberté a été mise en cause par la guerre de l'école privée. Ce fut la déconfiture du combat révolutionnaire. L'écroulement a été reporté en faisant appel à un type de gouvernance dirigiste qui serait confiée à une dynastie de dirigeants de mouvements politiques adoubés par la Sainte École, comme les Capétiens oints par la Sainte Ampoule. Cette équipe de six dirigeants ont pris successivement possession de l\'Élysée et/ou de Matignon, d\'abord entre 1984 et 2007, puis de 2012 à 2020. Ainsi, ils ont pu appliquer le modèle politique et administratif de dirigisme monarchique et centralisateur. Durant trente et un ans sur les trente-six écoulés. Certes, ils ont rencontré des résistances multiples et de toutes les couleurs de l'ultra violent à l'infrarouge en passant par le jaune. Les Bunkers ont tenu. Bien que la pandémie virale soit venue affecter les rapports qu\'ils avaient avec le peuple qu\'ils dirigeaient, leur modèle technocratique s\'est imposé. On ne sait pas comment il sera jugé. La déconfiture de 1984 a conduit la France à vivre, grâce au institutions gaulliennes, un écroulement différé, à long terme, dont le terme sera fixé par les puissances influentes sur la Géopolitique mondiale. Comme d'habitude. La Pandémie vient ajouter l'angoisse sanitaire à l'incertitude que provoquent la domination technologique monétaire et linguistique des États Unis et la primauté industrielle de la Chine. Pour éveiller la jeunesse Française, si elle le veut, ces Millenials qui porteront les  futurs pouvoirs politiques, il va falloir faire beaucoup de pédagogie, en la construisant sur l'expérience vécue, le goût de la liberté, le sens de la responsabilité. Contre l'opposition des dirigeants en déconfiture qui résisteront dans les Bunkers qu'ils occupent. Vous comprendrez que dorénavant je quitte la guerre sanitaire actuelle. L\'État dirigiste à la française a sur abusé de la peur contre son peuple. C'est la dernière arme dont l'usage a été présent dans les quatre déconfitures que j'ai vécues. Deux fois jusqu'à l'usage de la torture. Je vais donc me consacrer pour le peu de temps qui me reste à analyser le processus de déconfiture de l\'État dirigiste et d\'écroulement des institutions de la cinquième République, en faisant reposer mes réflexions sur la réalité vécue.
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2020-11-01
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DUALITÉ HUMAINE. DUPLICITÉ POLITIQUE
# Dualité humaine. Duplicité politique Il y a quelques années j'ai engagé la rédaction du récit de mes 30 années, 1984-2015, de présence et d'action bénévoles, au cœur même de l'État dans la Justice, l'Économie et la Santé. Si j'ajoute trois années, non bénévoles, pour gérer la partie liquidative du plan de sauvetage du Crédit Lyonnais, l'expérience acquise mérite d'être publiée (en 2021) pour mieux comprendre ce que fut cet ancien monde destiné à se voir remplacé par le nouveau au cours des années 2020. ## Le Droit Européen et son homologue français Cette dualité entre le Droit Européen et son homologue français est reconnue par les juristes. Elle a été longtemps déniée, ou négligée, par les politiques, face à l'opinion des Français. Elle apparait, au grand jour. C'est un moment de vérité pour les peuples fondateurs de la communauté Européenne, la France plus que tout autre. La situation des 27 pays qui y adhèrent, révèle des divergences profondes, sur la notion d'État de droit, qui risquent de bloquer le mécanisme de solidarité destiné à relever chaque nation du coût des conséquences financières de la pandémie de 2020. En traitant récemment la question de la loi que le citoyen français entendait faire chez lui, j'ai voulu alerter sur l'urgence de voir reconnaitre, au-delà des seuls juristes, le fait politique de la soumission de chaque pays aux règles de droit des institutions européennes, comme je l'avais fait il y a 20 ans. Réfractaire aux conséquences juridiques et judiciaires de leur adhésion à la communauté, les Anglais ont choisi de la quitter. Les Français peuvent-ils en faire autant. La réponse est NON. Il est temps que nos dirigeants disent la vérité, exigée depuis le vote favorable au traité de Maastricht. En abandonnant leur Franc pour l'Euro les Français sont devenus Franco-Européens. ## Le temps de la Communauté Européenne Ce sera celui des années 2020. Après quoi, il ne sera plus aussi évident que la création de ces grands ensembles à vocation économiques prétendent à leur intégration politique par la monnaie, puis par le Droit. Ce sera aux rapports de forces de décider, le moment venu. D'ici là, les Français auront un besoin vital de la solidarité et de la puissance créatrices de la communauté. ### En raison de leur passé Ils ont signé tous les traités qui ont organisé leur dépendance. S'en retirer, demanderait des années d'efforts considérables ajoutés aux conséquences de la Pandémie de 2020. Restons lucides !. ### En raison de leur présent Il suffit de regarder en face la réalité par laquelle les Français, maltraités physiquement et moralement par la Covid 19, pourront en sortir par la vaccination pour laquelle l'Europe a la maitrise de l'achat et de la distribution de ces vaccins. ### Pour assurer leur proche avenir Les Français vont avoir besoin des années 2020, pour se sortir du marasme que tout le monde déplore, pour panser les plaies médicale et sociale de la Covid19, pour renouveler leur offre politique. Ces 10 années à venir excluent l'entretien de chicanes intra européennes dans un monde de plus en plus turbulent, et une défiance nationale qui a dépassé la ligne de flottaison du bateau France. Ce langage devrait être entendu par les dirigeants et leurs mouvements politiques, pour éviter aux citoyens de retrouver dans le monde à venir, les duplicités et les mensonges du précédent. Est-ce possible, OUI, probable, NON. ## Le Citoyen recto-verso Ces deux concepts, dualité humaine et de duplicité politique sont indissociables. Mais, pour comprendre quels effets ils produisent sur la société française, il est préférable d'écouter le philosophe, voire le psychologue plutôt que le politologue. La duplicité politique se développe chez les êtres humains, attirés par l'exercice du pouvoir et naturellement animés par leur propre dualité. Aucun des quatre Présidents de « l'Ancien monde » n'y a échappé. J'y reviendrais. Ce couple dualité /duplicité a subi une modification génétique irréversible, il y a une quarantaine d'années, lorsque chaque individu a été doté des instruments de communication qui ont transformé la vie en société. Ce fut d'abord le « personal computer », le fameux PC du milieu des années 1980, puis le réseau mondial Internet mi 1990, puis le Smartphone mi 2000, grâce auquel la voix, l'image, et la mémoire ont été mélangées au sein des mêmes « canaux ». Il ne manquait que la bibliothèque mondiale issue des banques de données, associée à celle, instantanée et tout aussi mondial, des Réseaux sociaux pour que la mutation génétique de la dualité et de la duplicité soit réalisée. C'est un fait historique. Dorénavant, chaque être humain pourra être l'auteur de ses histoires, en être le metteur en scène, le réalisateur, l'interprète tout en créant l'image de sa personne et de ses actes, afin d'en être le spectateur. C'est l'Homme, la Femme recto-verso. Un procès de Cour d'assise s'est inscrit dans ce processus, pour démontrer, de manière spectaculaire, la réalité de cette transformation de la vie quotidienne par l'image que chacun peut donner de lui-même. Heureusement, la Justice ne s'est pas laissé abuser. Sa décision a su dire le droit à l'apaisement en évitant l'image de la vengeance. Ensuite, le même jour que celui du prononcé du verdict, sans qu'il n'y ait aucun lien autre que l'étude de dualité humaine, le philosophe Roger Pol Droit a publié une chronique passionnante sur la duplicité des comportements dans l'Art des arts qu'est la politique. Faisant référence à l'humanisme de son collègue Paul Ricoeur, Roger Pol Droit rappelle le lien de quasi filiation du professeur avec son jeune élève de 20 ans, Emmanuel Macron, pour l'élaboration de l'ouvrage « Mémoire, Histoire, Oubli » En même temps, ce jeune élève brillant, travaillait sur un mémoire consacré au réalisme de Machiavel, versus l'humanisme de son maître Ricoeur. Ces réflexions expliquent, à mes yeux, pourquoi la duplicité reste attachée à la démarche politique qui conduit vers le pouvoir ou vers sa conservation. La situation politique actuelle des deux puissances qui s'affrontèrent de la guerre froide le confirme. C'est pourquoi, dans le monde demain comme dans celui d'hier, la duplicité politique restera la règle entre le Prince et l'Humaniste Sauf que les « Réseaux ouverts du nouveau monde » surveilleront les excès plus efficacement que les médias filtrés de l'ancien. Je reviendrai plus tard sur l'ancien monde et la Basse Époque, 1980-2020 qui a suivi la Haute Époque des trente glorieuses.
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2022-06-01
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EMMANUEL 1 EST MORT, VIVE EMMANUEL 2
# Emmanuel 1 est mort, Vive Emmanuel 2 Le titre de cette chronique comporte les mots que la foule amassée le 19 juin 2022 devant le palais de l'Élysée à Paris si la France était restée un royaume. Cela mérite quelques explications. En priorité pour le plus proche des royaumes fréquentés, vice et versa, par les Frenchies qui n'ont que la Manche à traverser, souvent dans l'histoire s'y réfugier, pour rejoindre les vergers du Royaume-Uni. Mon ami David Curry, ancien ministre de sa gracieuse majesté britannique lors de la fin du vingtième siècle, me permet, en évoquant son verger, de franchir le Channel pour y transporter les commentaires que je dédie sur ce que nous appelons, à l'excès, en France, un séisme qui conduit vers un drame. David a toujours parlé de son verger avec enthousiasme, comme de son potager. Je les connais bien l'un et l'autre. Il est fondé à le faire grâce à la qualité qu'il a su leur donner à l'un et à l'autre grâce à son travail. Lui ayant fait partager la vie d'un de mes amis français ministre parlementaire dans une circonscription à population identique, comportant quinze fois plus de communes et de monuments aux morts à visiter j'ai pu vérifier où était la différence en matière de vergers. Chez David, les phénomènes de la pollinisation de l'actuel printemps apportent leur trouble. Il les explique et les commente dans sa lettre 131 plaignants de la pollinisation qui progresse par bouffées printanières. Il a raison, car il me permet de commenter le printemps français et ses bouffées de politisation Plusieurs proches amis ou parents, résidant et travaillant dans plusieurs pays, y compris la Grande Bretagne, sont en train d'installer un « institut de la renaissance de la démocratie et de la citoyenneté », au sein d'une Europe qui rassemble des pays et des peuples qui guerroie entre eux depuis des millénaires. Cette Europe vient d'en remettre une couche le 24 février 2022. Ces chercheurs, souvent formés dans les hautes écoles, praticiens de l'économie mondialisée et de l'évolution de la géopolitique mondiale, connaissent la réalité citoyenne et démocratique française. Les Français laissent aux Britanniques la disposition des caractéristiques du flegmatique, aux Britanniques comme aux autres peuples européens les tendances qui leur sont propres. En politique, surtout en démocratie, l'éloquence tribunitienne du français peut le conduire à certains excès que récemment le politique spectacle à utiliser et développer. L'Image du meilleur et du plus érudit des tribuns français, qui, pour défendre sa cause, hurle avec violence « la république c'est moi » dans le nez d'un juge, collé le long d'une porte, est dans tous les esprits. Elle ne signifie pas pour autant que la France se prépare à de nouvelles journées révolutionnaires telles quelles figurent dans les livres d'histoire au 19^ème^, 20^ème^ voir 21ème siècles. Mais le risque est et reste latent au pays de Cyrano de Bergerac. Il est d'autant plus latent que personne dans l'électorat ne maîtrise l'abstentionnisme. Faire participer l'électeur aux votes collectifs est devenu une gageure dans un pays où les dirigeants centraux manifestent une grande indifférence à l'égard de leur peuple, sauf par le verbe et l'image. Les conséquences de cette situation sur les élections législatives du 19 mai 2022 étaient prévisibles. J'ai produit en juin 2021 sur la perspective de ces législatives une analyse qui prévoyait leurs résultats. Les votes blancs et nuls ajoutés à l'abstention sont comme prévu devenus la première force politique absente de l'assemblée nationale. Si l'électeur s'est abstenu de s'intéresser au mouvement politique, les partis politiques se sont abstenus de s'intéresser à ce qui était prédit. Cette insouciance assez naturelle chez l'électeur français aggrave les situations crées par le goût de l'affrontement et l'insouciance dans l'expression des suffrages. Bien au-delà du cours naturel des latins pour les effets de tribus, telles que relaté plus haut, celui de l'affrontement marque les structures et les comportements des mouvements politiques français. ## Siècle après siècle, deux fronts naissent et renaissent : le national et le populaire Au vingtième siècle, une fois débarrassés du nationalisme et du populaire, lesquels, l\'un et l'autre avait trahi avec le mariage à l'État les héritiers du marxisme et ceux du gaullisme, François Mitterrand et Jacques Chirac ont réussi à faire fonctionner pendant plus de 30ans une république a en dyarchie qui a été renvoyée aux oubliettes par « Emmanuel 1 », qui a bénéficié dans sa 1^ère^ élection de l'abandon de poste de son prédécesseur. Est-ce que le goût de l'affrontement dans le pays a été pour autant apaisé ? Loin de là. Lorsqu'« Emmanuel 2 » a réussi à succéder sans difficulté à « Emmanuel 1 » toutes les forces liées aux besoins affrontements des Français se sont retrouvées conjuguées lors du scrutin législatif en juin 2022. Il n'y avait pas besoin d'être bien malin pour prédire comment « Emmanuel 2 » perdrait les élections législatives résultant du séisme de la politique spectacle qui vient de se produire. ## Aujourd'hui, 1^er^ juillet 2022 personne ne sait vraiment comment s'en sortir ! Ayant prédit dès 2019 ce qui se préparait, 2 principaux scénarios sont envisageables. - Le 1^er^, possible, consisterait à crier dans les rues de Paris « Vive Emmanuel 2 » et de le voir recopier « Emmanuel 1 ». Je n'y crois pas car l'organisation géopolitique mondiale est en train de changer de nature. Peut-être l'accélération des travaux des chercheurs de l'institut de la renaissance démocratique et citoyenne aideront à faire la clarté. - 2ème scénario. C'est celui auquel je pense depuis plusieurs années. Il est construit sur la transformation régulière de la géopolitique européenne et probablement la perte d'influence des États-Unis sur la construction onusienne issue de la guerre froide. Dans cette hypothèse, plausible, le goût français de l'affrontement pourrait conduire vers l'équivalent de ce que fut l'affrontement sanglant entre les forces populaires de la Commune et le Front Nationaliste Versaillais. Certes la 6^ème^ République pourrait naître de ces affrontements apaisés mais à quel prix ! La France entrerait alors dans la période d'excès qui accompagnerait les temps de la soumission ou de la démission. La démission d' \"Emmanuel 2\" dans ce scénario, pourrait apaiser les Français après qu'il eut écrasé la révolte, comme en 1871. J'espère simplement que les hommes politiques vont enfin se réveiller avec vous sans le concours de la mer avec le risque de voir plonger notre société dans les horreurs que j'ai vécues enfant entre 1934 à l'école maternelle et 1949 avec le mur de Berlin. Je commence à croiser les doigts.
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2019-12-01
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ÊTRE FRANÇAIS
# Être Français Il y a pile soixante-quinze ans, Maman m\'a annoncé la mort de mon père en me disant que je devais me débrouiller tout seul en l'aidant à élever mon frère. Ce fut une brutale entrée dans la vie ! Soixante-quinze ans plus tard, j\'ai décidé de m\'adresser à vous pour vous faire part des interrogations que je me pose, pas seul, sur l'avenir de notre société au sein de laquelle j'avais exprimé, il y a vingt ans, mon dédit de rester citoyen Français. La réponse à ces interrogations, oblige à la recherche de cette identité Française, qui est au cœur du débat national actuel, à laquelle je cherche à rattacher ma propre identité. Il m\'a semblé que les débats en cours, entre les citoyens Français, peuvent se nourrir de l\'expérience que je porte en moi après avoir vécu quatre-vingt-cinq années d'une citoyenneté consciente, d'abord dix ans sur la société, puis soixante-quinze sur les réalités de la vie. En laissant chacun apprécier mes réflexions, je précise quel cadre identitaire les inspire. Les hasards d\'une longue vie m\'ont fait prendre quatre identités, trois citoyennes et culturelles, plus une identité familiale composite. Je passe vite sur l\'identité familiale. Elle est le produit du mélange opéré, au cours de soixante-dix années de vie commune, entre la culture saintongeaise, de l'extrême ouest de l'Europe et celle de l'extrême est, la Poméranie polonaise. Mélange fortement brassé au cours de quarante années de voyages, dans quarante pays, aux enseignements plus géopolitiques qu'aux agréments touristiques. Cette nouvelle ouverture vers le monde, après celle de 1934-1944, a permis de comprendre, entre autres, les fondements des guerres et des querelles religieuses, qui ont ensanglanté la France, et la Pologne, où vivent les trois religions du livre. L\'identité familiale, ainsi créée, a conduit à respecter, chez l'autre, sa religion, sa foi, ses engagements politiques ou philosophiques, sans pour autant les partager. Agir autrement aliénerait la chère liberté. ## Les trois identités citoyennes 1. L\'identité rurale à laquelle je rattache mes réflexions s'est construite pendant les années 1930-1950, au sein d\'une petite ville de Saintonge dans laquelle j\'ai appris et vécu, très jeune, une citoyenne consciente. J\'observe que cette identité est largement partagée par mes concitoyens de la ruralité, devenue « Territoires » 2. L'identité des cités banlieusardes du fameux 9-3, vécue pendant les années 1960-1970, identité perdue, tant ces cités, au béton sans âme, ont vu leurs populations, comme leurs cultures, renouvelées. Je me suis éloigné de ces nouvelles identités sans oublier ce qu'elles m'ont apporté. 3. L\'identité Euro métropolitaine, vécue depuis trente-cinq ans à Paris, au sein d\'un creuset culturel dans lequel la citoyenneté est secondaire, derrière la nationalité affirmée par des créations culturelles et intellectuelle de grande valeurs, et des puissances économiques qui classent le pays au 6/7^ème^ rang mondial. Identité citoyenne qui peine à trouver sa place dans l'hyper étatisme de la société de providence. Je parle avec ma langue naturelle, celles des « territoires », ni avec celle de mon passage dans les cités, ni avec ma langue d'adoption, la parisienne. Les Euro métropolitains sont assez grands pour le faire, d'autant qu'ils tiennent les leviers du Pouvoir. Je suis conscient que le tribunal de la nature m\'a accordé, à quatre-vingt-onze ans, le sursis dont je ne sais pas s\'il s\'exprimera en mois ou en années. Je ferai avec ! Je sais que rester Français suppose d'être très impatient quand il s\'agit d\'obtenir satisfaction et très lents pour engager toute évolution. C'est ainsi ! Passons à mon identité et à ses trois composantes. ## Le devoir de liberté Il n\'y a pas de citoyenneté sans liberté. Les expériences que j\'ai faites depuis quatre-vingt-cinq ans, dix ans d\'apprentissage de la vie en société et soixante-quinze ans dans la vie active, bénévole ou professionnelle, m\'ont vu tout le temps, lutter pour la liberté. Dans l'action, pas dans la pétition dénonciatrice ou charitable. Que ceux qui ont connu les temps de guerre et l'occupation se souviennent. Que les jeunes Euros métropolitains, qui ont la charge d\'organiser le pouvoir d'État, veuillent bien imaginer ce que fut la perte de toutes les libertés, en quelques jours lorsque l'État s'est effondré, si fort se soit il cru. Chacun comprendra à quel point les libertés toujours menacées, méritent d\'être défendues, quelles que soient la forme et les motivations des liberticides, présents partout. Chaque citoyen a le devoir de les combattre, grâce à sa culture et à son attachement à la liberté, deux mots détournés de leur expression humaine par le nazi Goebbels « quand j'entends le mot culture je sors mon révolver » et le SS Himmler qui a fait écrire sur le portail du camp d'extermination d'Auschwitz « le travail c'est la liberté ». Conclusion si le citoyen ne se bat pas toute sa vie pour la liberté, il devient un simple sujet, y compris dans le système étatique doucereux qui tend à le transformer en assujetti au règlement qui contraint plus qu'à la Loi qui libère. ## Le devoir de responsabilité C\'est à l\'évidence, l\'effondrement de ce sens du devoir de responsabilité, au sein du régime républicain Français, depuis une quarantaine d\'années, qui a provoqué les dérives accumulées. Le summum a été atteint lorsque le principe de précaution a été monté au niveau de la constitution pour mieux accabler les citoyens décideurs du bas de l\'échelle, au sein des territoires, afin de mieux exonérer de leurs responsabilités, ceux qui étaient installés au-dessus d'eux. Ce fut la grande victoire de l\'État politicien issu de cabinets anonymes, sur les simples citoyens élus du suffrage universel ou bénévoles du monde associatif Tant que le devoir de responsabilité des structures étatiques ne sera pas rétabli, le citoyen ne se réconciliera pas avec l'État et ceux qui l'incarnent. Le moment approche où les citoyens poseront la question de cette juridiction, qui au nom de la raison d'état, permet à l'État de se juger lui-même. ## Le devoir de rétablir un Droit citoyen Il ne sert à rien d\'être un citoyen libre qui respecte ses devoirs de responsabilité, si cette citoyenneté ne peut pas être vécue dans le cadre d\'un État de Droit à l'élaboration duquel elle a participé. J\'aborderai largement cette question par des réflexions et propositions concrètes ultérieures. Comment peut-on considérer vivre l\'équilibre des pouvoirs institutionnels, exécutifs, législatifs et judiciaires, quand l'État politicien, installé il y a quarante-cinq ans, a confisqué le droit pour le remplacer par des torrents de règlements ? Règlements parisiens, ajoutés aux directives bruxelloises, dont l'application a été confiée à des dizaines d'autorités, dites administratives et indépendantes, extérieures au suffrage universel, dont les élus sont, de fait, tenus à l'écart. Un mot sur l'État politicien. J'y reviendrai. Il est né, en 1974, le jour ou un grand administrateur désigné par son diplôme pour administrer l'État, a confondu sa fonction avec celle du Politique choisi par le suffrage universel pour diriger et contrôler l'État. C'était supportable durant un seul septennat. Ce ne l'est plus depuis la création de la dynastie qui entretient la confusion, au point que trois de ces dynastes, sur cinq, auront occupé le poste pendant vingt-deux ans sur les vingt-sept écoulées entre 1995 et 2022. C'est ce qu'on appelle, pudiquement, aujourd'hui, le malaise de la société Français qui a perdu le respect dont elle a besoin, pour éviter que les citoyens méprisent la démocratie. Ce malaise a ouvert les portes de la grande maison citoyenne aux experts de tous poils dont les savoirs juridiques, économiques, sociétaux, culturels, et politiques, permettent de faire vivre, dans les grands médias, les projets de réformes qui ne se réalisent jamais par la faiblesse des pouvoirs politiques gravement minoritaires, vite usés au bout d'un an. Chacun comprendra que je me sois tu pendant vingt ans et que j'utilise, le moment enfin venu, une voix autonome au cours des deux années qui viennent. Y compris pour défendre le Droit auquel j'ai tant apporté d'actions et de réflexions, gratuitement, en trente-cinq ans,1980-2015. Ce deuxième texte sur l'identité personnelle et Française est écrit au lendemain du quarante-cinquième samedi consécutif consacré aux rébellions hebdomadaires. Je plonge dans les notes éditées après la présidentielle de 2002 sur « la France rebelle » pour actualiser mes prochaines réflexions.
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2019-12-01
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L'ÉTAT. DIALOGUE AVEC SON FONDATEUR. MICHEL DE L'HOSPITAL 1507-1573
# L'ÉTAT. Dialogue avec son fondateur. Michel de L'HOSPITAL 1507-1573 - Michel de L'HOSPITAL Je suis bien chez Michel ROUGER, je suis Michel de l\'HOSPITAL, le chancelier statufié face au Pont de la Concorde et à la Place de vos discordes. Je m\'adresse à vous parce que j\'ai le souvenir que vous êtes venu vous recueillir sur ma tombe. C'est bien vous ? - Michel Rouger Oui Mr le Chancelier. What a surprise ! - Michel de L'HOSPITAL Parlez français, je vous en prie ! Que je sache, vous n'êtes pas encore colonie Anglaise. Mais de grâce, faites-le avec l'humour qui permet de rire de nos soucis. La félicité éternelle finit par ennuyer, j\'aimerais bien partager un instant avec vous tous les tracas qui sont le quotidien de ceux qui vivent dans notre beau pays. - Michel Rouger Veuillez excusez ma mauvaise langue. Je croyais que la City avait aussi racheté le Paradis. Préférez-vous le français officiel, la langue de bois ? Je suis à votre écoute, Monsieur le Chancelier. - Michel de L'HOSPITAL Surtout pas ! Je vous pose ma première question. J\'ai rencontré ce matin à la buvette du paradis votre ancien roi Louis XVI, celui qui est arrivé chez nous, en deux morceaux. Il m\'a raconté que votre actuel monarque Républicain venait de se faire élire avec 80 % des suffrages de vos concitoyens. Est-ce possible ? - Michel Rouger Je suis comme vous, Monsieur le chancelier, j\'ai observé, sans pouvoir vous donner d\'explication. Espérons que notre bien élu saura bien gouverner, pas seulement régner et comploter ce qu'ont fait toutes les monarchies. - Michel de L'HOSPITAL Je vous remercie jeune homme. Votre réponse m\'inspire une deuxième question : Comment cette situation est-elle possible alors que tous les échos qui nous sont apportés par les nombreux arrivants en provenance de la France, mettent en avant le grand équilibre né de l\'instauration de l\'État de droit. - Michel Rouger Monsieur le chancelier, ils ont raison. Il suffit d'évoquer votre époque, celle des guerres de religion, et leurs violences sanguinaires et destructrices. Il vous a fallu du courage pour créer un État qui deviendrait un jour État de droit. Deux siècles et demi plus tard, alors que les violences s\'étaient apaisées, un génie politique, du nom de Karl Marx a expliqué que « La religion était l\'opium du peuple », drogue dont, évidemment, il fallait éradiquer l'usage. Je passe sur les détails d'application du message universel du grand homme, pour vous dire que la mise en pratique de la pensée dite marxiste a conduit, insidieusement, à ce que l\'ÉTAT, spécialement en France, devienne, à son tour, l\'opium du peuple. - Michel de L'HOSPITAL Que reste-t-il alors de ce fameux État de droit si vos concitoyens sont revenus deux siècles en arrière. - Michel Rouger C\'est là qu\'est intervenue un autre génie politique, Français, exilé à Londres, comme Marx. À la fin de la guerre de trente ans 1914-1944, il a installé et garanti aux citoyens épuisés, la Paix et la Providence par l'État de droit. Il a construit son projet en créant une super école de super administrateurs, tels que furent les maires du palais, inspirés par la Sainte Ampoule, au temps des Rois fainéants. - Michel de L'HOSPITAL Quel rapport entre ces gentilshommes si compétents et si bien formés soient-ils avec l\'État de droit ? - Michel Rouger Quatre siècles après votre édit de Moulins en 1564. Ce génie politique a régné sur la France et l\'école qu\'il avait créée a commencé à installer ces supers serviteurs. Vous savez les difficultés que vous avez eues en cherchant à confier votre projet d\'État aux élites de la Renaissance. Ni la royauté ni la noblesse ni le clergé, ne vous ont aidé et le tiers a attendu trois siècles pour parler de Droits. - Michel de L'HOSPITAL Avec qui a-t-il pu construire ce type d\'État ? - Michel Rouger Ce n\'est pas compliqué, Monsieur le chancelier. Il a suffi que ces administrateurs estampillés avec ce que nous appelons le label des normes françaises, apparaissent au bon peuple comme étant eux-mêmes l\'État dont la nation a besoin. Il faut que vous compreniez Monsieur le chancelier, que grâce à ce génie politique l\'État dont vous avait rêvé, nous l\'avons fait après avoir remis l\'ouvrage sur le métier pendant quatre siècles. Il y eut d\'abord « l\'État c\'est moi » du monarque absolu. Çà a mal fini. Puis il y a eu « l\'État c\'est nous » des révolutionnaires qui s'est encore plus mal terminé. Enfin, quatre siècles après vos premiers travaux, on peut enfin dire « l\'État c'est eux ». - Michel de L'HOSPITAL Dites-moi, jeune homme, j'apprécie l'humour, et je veux bien admettre que leurs compétences les protègent des aléas se votre vénéré suffrage universel, pratiqué, avec des hauts et des bas, depuis plus de deux siècles, mais pouvez-vous m\'expliquer comment ils réussissent à créer et à gérer tout ce qui permet de faire vivre un État de droit. - Michel Rouger Monsieur chancelier, ces grands administrateurs sont tout à fait capables de créer par leurs réglementations, les conditions d\'existence de l\'État de droit dans la nation. L\'expérience prouve, hélas, qu\'ils ont quelques difficultés pour le faire vivre, car l\'administration de ces réglementations au bon peuple, réputé fautif par son inculture, entraîne quelques zizanies. C\'est pourquoi cette élection inattendue de 2002 a secoué les urnes du second tour avec l\'élection d\'un corrézien, né sur une terre qui vous est familière par sa proximité avec votre château Cantaloup d'Aigueperse. - Michel de L'HOSPITAL Jeune homme, c\'est quand même un vrai miracle, comme à Lourdes, peut-être le prénom de la grande dame y est pour quelque chose ? - Michel Rouger Monsieur le chancelier. Je vous rappelle que depuis quatre-vingt-dix-huit ans la séparation entre l\'Église et l\'État est consommée. Dans sa sacro-sainte laïcité, la République n\'admet que les miraculés, pas les miracles. - Michel de L'HOSPITAL Jeune homme tout cela est bien bel et bon mais pourquoi entend-on dire que trop de droit tue le droit ? - Michel Rouger Parce que plus personne ne maîtrise une production de règlements et de Lois dont le volume est à la mesure de celui de nos organisations étatiques et supers étatiques. - Michel de L'HOSPITAL Une réaction me vient à l\'esprit, comment ces gens qui constituent une caste, excusez-moi si ce n\'est pas le bon mot, sont-ils organisés entre eux ? - Michel Rouger Monsieur le chancelier. Ils sont organisés par un système de Corps selon leurs spécialités. Ils sont réunis une fois par an, pour les vœux, au Château du Président qui s\'appelle l\'Élysée à Paris. Le reste du temps ils vivent la vie de leurs Corps, les corporations ont disparu avec les privilèges. Ils s'accordent pour tout monopoliser. - Michel de L'HOSPITAL Dites-moi jeune homme, cette organisation par grands corps me fait penser qu\'il doit bien y avoir la même réservée au petit commis serviteurs des grands administrateurs. - Michel Rouger Monsieur le chancelier, la chose devient franchement compliquée car l\'État ne peut pas avoir de petits collaborateurs sauf au sein des provinces pour ceux que l'État central « limoge » - Michel de L'HOSPITAL Jeune homme, cela m'inspire une question de fond ? Avec ce système de grands corps ne risquez-vous pas de créer de véritables États dans l'État. - Michel Rouger Question à ne pas poser. La réponse est oui ! pour que ce soit révélé, il faut attendre la défaillance. - Michel de L'HOSPITAL Et alors, que se passe-t-il ? - Michel Rouger Une commission d'enquête est créée qui conclut de deux manières. Soit le pouvoir d'État est bien en place, et la commission dénoncera des dysfonctionnements qui permettront de sanctionner ceux que nous appelons les « sous fifres » qui ont eu tort d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Soit celui qui tenait le pouvoir d'État a été dégagé, et la commission conclut au Scandale d'État. 1958 en a fourni un, historique, pour accablé le « manchot qui touchait des deux mains ». - Michel de L'HOSPITAL Eh bien ! ce que vous me dites sent bon la Monarchie. Dernière question : Votre époque semble faire une grande place aux Femmes, y compris dans l'État. Comment y arrivent-elles ? - Michel Rouger Naturellement, Monsieur le Chancelier. Certaines de nos jeunes femmes ont préféré l\'austère robe noire de la magistrate, la blouse blanche du médecin ou la tenue bleue des gens d'ordre pour gagner leur place dans l'État. D\'autres ont choisi la séduisante tenue de l\'hôtesse de l\'air ou à la garde-robe du top model pour trouver leur place à côté des hommes de pouvoir, voire à prendre le micro baladeur qui les conduira vers les plateaux où sévissent les vedettes qui font trembler les politiques. - Michel de L'HOSPITAL Grand Merci. Bon courage. Faire vivre une République avec deux Chambres, basse et haute, ça me ramène au temps de Chenonceaux lorsque Catherine lorgnait par le trou de son Plancher les ébats de son mari le Roi Henri II avec la belle Diane. C'était le bon temps ! M.R Je vous comprends, Monsieur le Chancelier, j'ai souvent pensé à votre époque quand nous avons failli élire une Reine qui était aussi cocufiée que votre Catherine par son propre mari, futur Roi Républicain. - Michel de L'HOSPITAL Je suis désolé jeune homme, je vais être obligé d\'arrêter. Le Bon Dieu a besoin du téléphone. Au revoir et très grand merci. - Michel Rouger À plus tard Monsieur le Chancelier, le plus tard possible
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2022-05-01
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LA DOCTRINE ET LE MYSTÈRE GUERASSIMOV
# La doctrine et le mystère Guerassimov La Doctrine Guerrassimov est un des livres en pleine résonnance avec l\'actualité récente. Ecrit par une des relations amicales de l'écho des arènes, Patrick de Friberg, l'époux de Véronique Anger, elle-même partenaire du même écho et des dirigeants de Michel Rouger Conseil avec son mouvement « Changer d'Ere » publie régulièrement des romans d'aventures à connotation géopolitique. Il y a quelques mois il a fait connaître au grand public ce qu'était \"la doctrine Guerrassimov\", sous forme de roman policier, celle du chef d'état-major des armées russes qui entendaient rénover la doctrine soviétique du pouvoir dirigé par son ami Vladimir Poutine et les oligarques qui l'entouraient. Pareillement, le général Guerassimov souhaitait orienter la politique nucléaire de la Russie vers un nouveau modèle d'utilisation de la dissuasion tactique dans le cadre de la gestion politique de l'arme nucléaire et des frayeurs qu'elle entraîne. Quelques mois ont passé jusqu'à ce que la guerre du 24 février 2022 entre russes et ukrainiens ait pris la forme de cette opération, dite spéciale, sur le territoire ukrainien contre les populations qui y vivent et qui, bien sûr, ont décidé d'y résister. Le couple Poutine / Guerassimov est alors apparu comme possédant les leviers de commande politiques et militaires. Jusqu'à la disparition récente du militaire. Cette circonstance me fait revivre ce que j'ai vécu à la toute fin du vingtième siècle, il y a vingt-cinq ans, qu'il m'a paru suffisamment intéressant que je vous confie la narration. À l'époque, en 1997, magistrat commercial européen, je prépare l'élection à la présidence de l'union des magistrats commerciaux européens dont le siège a été installé en Autriche, pays d'accueil des présidences qui s'y succèdent. Longtemps les travaux ont été organisés à Kitzbühel, chaque mois d'août puis, lorsque j'ai été élu, contre un candidat français qui ne comprenait rien à l'Europe, j'ai été invité à transférer les travaux du mois d'août au sein des très beaux paysages de la Carinthie. Le dictateur Tito qui régnait sur la Yougoslavie venait de mourir en ouvrant une grande période de violence sur la rive gauche de la mer Adriatique. La concentration entre trois religions a tout de suite pris une allure guerrière destinée à libérer les multiples peuples de cette région confiée à la poigne de fer d'un des grands du Tiers-Monde, lequel à l'époque affirmait son autorité avec l'Égyptien Nasser et l'indien Nehru. Chacun comprendra ce que fut mon devoir de veiller à ce qui était en train de se produire. D'autant plus que la province autrichienne de la Carinthie, où nous siégions, comme organisation européenne était elle-même dirigée par un jeune politicien autoritaire qui ne cachait pas son attirance pour les personnalités fascinantes (y compris française). Enfin, pour ajouter au désordre ambiant, je préparais un ouvrage de droit comparé avec le président de l'université de Constance qui avait la particularité d'être le fils d'un général de la Wehrmacht, époux de la sœur de notre premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Cette configuration m'a conduit à les voir du côté des États-Unis pour apprécier les travaux qu'ils avaient entrepris pour sortir notre Europe de ces conflits qui ont ensanglanté la mer Adriatique. Je fus reçu, brièvement, par Monsieur Cyrus Vance senior, ancien vice-président américain de Jimmy Carter qui m'a décrit les complexités inextricables des hostilités entre les différentes nationalités et religions. Il m'a exprimé, à l'époque, en 1998, l'espoir qu'il avait de voir se terminer, avec beaucoup de patience, les manifestations de véritable haine entre ces différentes communautés. Il m'a fortement conseillé d'aller rapidement en Russie car il craignait que toutes ces haines renaissent, à l'identique, dans des communautés slaves déjà impliquées dans ce que le monde a appelé les guerres de Yougoslavie. C'est pourquoi, nous avons décidé avec ma femme de faire tous les 21 longs voyages en bateau pour visiter les sites religieux et les sites politiques de cette Russie, à la fois passionnant et séduisante, pour un couple franco polonais. Notre première visite, en descendant la Volga nous a conduit dans un site religieux de qualité exceptionnelle telle que le monde slave a su les créer. De retour à Moscou nous avons souffert la misère que nous ont inspiré les Afganski, ces jeunes militaires estropiés et abandonnés par tout le monde, le petit peuple qui montraient les jambes et les bras qui leur manquaient en mendiant les quelques roubles dont ils avaient besoin pour se nourrir. Ce fut un sentiment de honte ! Après l'horreur, le bonheur de voir ses toutes jeunes moscovites d'une vingtaine d'années, modèle de la tennis Woman Anna Kournikova, corps parfait, robe blanche transparente, aisance agilité et séduction dominatrice. La Russie de 1998, c'était ce contraste insupportable, comme aujourd'hui celui des massacres de Marioupol et les parades de Moscou. Une escapade dans les terres lointaines se rapprochait de la Finlande, le final, à nouveau passionnant et politique nous a ramené vers le fleuve la LENA et les merveilles de Saint-Pétersbourg. Nous y avons vécu une escapade à deux dans le restaurant réservé aux oligarques que nous avons retrouvés comme nous les avons vu vivre avec les belles jeunes femmes qui avaient l'âge de leurs filles et toujours la transparence de leur robe. Comme il fallait bien terminer par un final ouvrant sur l'avenir nous avons passé quarante-huit heures à courir les distributeurs de billets de banque avant de quitter un pays qui était en train de faire faillite. Ces années venaient de s'écouler entre la photo que j'avais pris de la porte de Brandebourg à Berlin en 1982, avant de m'échapper en courant, convaincu alors que 1982 entraînerait 1998. De la même manière qu'en quatre-vingt-dix-huit, convaincu que la guerre de 2022 était inévitable dès l'instant où les dirigeants russes avaient eu sous la main les souffre-douleur ukrainiens. Ils en avaient besoin pour entretenir au sein de leur peuple l'exercice d'une vengeance destinée à permettre la relance, conséquence des incuries dont il est régulièrement victime. Doctrine Guerrassimov ou pas, 1982 a entraîné 1998 qui a entraîné à son tour 2022 qui entraînera à son tour une revanche du peuple sur les dirigeants qu'il s'est donné et qu'il a toujours tendance à adorer. Comme certains maris qui croient en l'amour éternel de leurs femmes les dirigeants russes croient à la dévotion perpétuelle de leur peuple à leur égard. STALINE, KHROUCHTCHEV, BREJNEV, ELTSINE, GORBATCHEV, POUTINE.....et GUERASSIMOV y ont tout cru. Ils avaient raison. Ils sont à l'image de leur peuple. Ils font ce qu'ils attendent d'eux. Ensemble, ils restent attardés au dix-neuvième siècle. Aidons-les à en sortir.
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2020-04-01
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LA GENTILLE FÉE, LE MÉCHANT VIRUS ET LE VILAIN RENTIER
# La Gentille Fée, le Méchant Virus et le Vilain Rentier Les temps sont à l\'angoisse et aux affabulations. Le fabuliste y apporte un propos d'apaisement. « Il était une fois, en l\'an de grâce 2019, une gentille Fée, toute jeunette et toute mignonne, à la blondeur diaphane, qui parcourait le monde avec sa baguette magique. Pénétrant dans tous les palais et résidences golfiques des puissants de la planète, accompagnée de la cohorte médiatique dont elle était la mascotte, notre gentille Fée pointait de sa baguette ce qu\'il fallait transformer pour que les êtres humains ne soient pas maltraités, par la nature, à la mesure de leur propre maltraitance. Avec obstination et douceur, sa baguette magique pointait le transport aérien qui empoisonne le ciel, le transport maritime qui transforme les océans et les mers en poubelles, les cheminées d\'usine qui encrassent le ciel et la terre et les pesticides qui altèrent la nourriture et font tousser l'humanité. Force est de constater que ces pérégrinations n\'ont ni ému, ni bousculé les puissants. Quelle qu'ait été la conviction de cette adolescente, elle ne fut reprise, sans effet, que dans les grandes messes où ces puissants priaient à haute voix en choisissant de ne rien faire. Il lui restait à visiter l\'usine du monde. Rendez-vous fut pris pour le 31 décembre à Pékin. À peine posée sur le tarmac de l\'aéroport, notre gentille Fée, baguette à la main, a reçu dans l\'avion la visite de la commissaire à la Magie et aux Miracles, auprès du parti régnant sur son peuple millénaire. Elle a compris qu\'il faisait très froid et qu\'il serait préférable qu\'elle rejoigne la Chine du Sud, sa cohorte médiatique étant, elle-même, dirigée vers des rivages moins glacés que ceux de la Grande muraille. C\'est ainsi qu\'elle s\'est retrouvée dans le sud profond, dans une station thermale ou sa cohorte médiatique n\'a pas su arriver. Elle y a été reçue par un petit homme dont le visage disparaissait sous un énorme masque qui laissait apparaître deux petits yeux bridés. Il avait la surprenante allure d\'un masque avec des pattes. Après congratulations, elle a été conduite dans une salle où figurait une grande mappemonde sur laquelle elle a été invitée à pointer sa baguette sur une ville dont elle n\'avait jamais entendu parler WUHAN. Le petit homme masqué lui a demandé de donner un second coup de baguette pour faire apparaître le fameux marché de Wuhan, fréquenté par cette partie de la population chinoise, dite des minorités populaires, réputées, à tort ou à raison, pour pratiquer une alimentation millénaire, partagée avec de multiples animaux issus des profondeurs de la nature. Ces migrants de l'intérieur, saisonniers affamés, manifestaient la voracité des êtres humains, au risque de subir les multiples infections offertes en cadeau au monde entier. Un troisième coup de baguette a fait apparaître le Virus du Soleil Levant, offert généreusement comme étrennes de nouvel an 2020, qui a exaucé les vœux de la gentille Fée : les avions, les bateaux, les usines, les agricultures du Grand Satan occidental allaient rendre l'âme, la Chine éternelle allait enfin pouvoir polluer à tout va, toute seule en dominant le monde. C\'est alors que le petit homme à fait tourner la mappemonde en demandant à la gentille Fée de pointer sa baguette sur Paris. Il est parti dans une déclaration d\'amour à la France et à Paris qu\'il avait connu à la fin des années 1960, en y terminant ses études de médecine. Il a demandé un deuxième coup de baguette pour faire apparaître Montmartre et la rue Poulbot où il avait vécu en admirant l\'œuvre de ces Républicains communards qui avaient su faire vivre la Commune, après la déclaration de Clémenceau de mars 1871. Puis tel un amoureux déçu, le petit homme est reparti en diatribe contre les Français qui s\'étaient installés dans un système de double rente. Ils ne pensaient plus, selon lui, qu\'à trouver le meilleur argent dormant qui leur éviterait de prendre le moindre risque, et de soutenir leur industrie qu\'ils ont laissé partir sur les rives du Fleuve Jaune. Pire, ils ont installé la rente du diplôme qui permet de sauvegarder les bonnes places, en rejetant au pied de l'ascenseur social brisé, les sans Dents de 2012, anciens sans Culottes, promis à être les sans Masques de 2020. La gentille Fée, excédée, a pointé sa baguette sur la tête masquée pour faire disparaître cet attardé des Mao-spontex de 1968, qui ne représentait pas la Chine du bienveillant Monsieur XI. Moralité : les Européens ne doivent pas confondre la Route de la Soie avec l'Hymne à la Joie. »
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2021-11-01
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LA LOI, LA PUNITION, LA VENGEANCE
# La Loi, la Punition, la Vengeance C'était en l'an 2001, il y a vingt ans ! Et, déjà, la préoccupation de ceux qui craignaient que la vie démocratique à laquelle ils et elles contribuaient ne dépérisse par la dégradation de l'État de Droit. La maltraitance de la loi, l'ignorance de ce qu'elle était, ou de ce qu'elle aurait dû être, l'inexécution des condamnations pénales, l'émergence du droit à la vengeance, autant de sujets qui ont mobilisé, à l'ouverture du XXIème siècle, les esprits des amis Saintais, tous opérateurs dans les cercles parisiens du pouvoir. Dès 1995, les quatre premiers fondateurs, hélas tous disparus, X.de Roux, J.R. Farthouat, B. Delafaye et A. de Pracomtal, ont créé un centre de recherches sociétales, juridiques, économiques et judiciaires. Ils m'en ont confié la présidence et l'organisation. ## Les Entretiens de Saintes Ils ont fait vivre treize colloques\* successifs, entre 1996 et 2008, reçu près de 2000 participants, Avocats, Magistrats, Professeurs, Politiques, pour qu'ils partagent leurs réflexions avec celles de 300 grands « Référents » vivant au sein des structures du pouvoir central et familiers des règles de l'État de droit. Tous furent réunis entre les murs séculaires de l'Abbaye aux Dames de Saintes. *\* Les actes validés par les intervenants sont disponibles, en forme d\'ouvrages à découvrir sur le site de \"l\'Institut Présaje\"* À l'époque, les opinions exprimées sur les trois sujets essentiels pour la démocratie, la Loi, la Justice et l'usage de la Vengeance, ont été très négatives au point de conclure que l'État de Droit pouvait être remis en cause. ## L'État de droit Tout citoyen est fier de vivre au sein d'un État de Droit. C'est pourquoi j'ai choisi de rester Français, au moment de partir à l'étranger où j'avais mes activités. L'État de droit n'est pas un gargarisme pour discours pompeux. Fragile, il ne peut exister que s'il est entretenu par un État du Droit au sein duquel le Pouvoir exécutif fait vivre les lois en respectant ses devoirs à l'égard des citoyens qui lui ont confié cette responsabilité. La loi suprême, la Constitution, la loi nationale, les lois issues des traités, les lois civiles et pénales, les codes qui régissent le vivre ensemble, une fois proclamées, excluent le laisser aller, le laisser faire dans l'administration qui a la charge de les mettre à exécution. Or, il fut déjà évident, en 2000, que les querelles de pouvoirs propres au système bicéphale et dyarchique à deux dirigeants politiquement opposés, imposés depuis quinze ans, pousseraient vers la création d'une *Bureaucrature* qui remplacerait l'administration dévouée à la République. C'est ainsi que depuis quarante ans, l'État a soumis le pouvoir de ses ministres à une multitude d'Agences, de Conseils, d'Autorités, gardiennes du mur anti-vagues qui préserverait l'irresponsabilité des chefs. Hélas, ces sujets de fond n'intéressaient pas les médias qui, seuls, pouvaient les faire remonter à la surface. Ils sont restés enfouis selon la maxime d'Alphonse Allais. Concrètement, les 2000 pages de notes et réflexions compilées au cours de ces treize colloques ne sont pas perdues. Les circonstances évoluent. Elles ressortent en forme de chroniques sur ce blog. Puis, en 2021, elles figureront dans l'ouvrage grand public qui documentera les citoyens et tentera de faire remonter à la surface les problèmes de fond que sont les désordres administratifs qui détruisent notre démocratie. A ce titre, le moment est venu de révéler ce qui s'est passé entre 1984 et 1996, au cours des grandes « Années du FRIC » que j'ai vécues dans la Justice pour tenter d'en limiter les monstrueux dégâts. Enfin, pour compléter la collection, un ouvrage publiera les réflexions et les conclusions accumulées au cours des années 2006-2017, passées à traiter, au cœur de la Santé publique, les trois grands sujets de mortalité : l'alcool ; la drogue, et les maladies chroniques causes de morbidité. Chacun comprendra l'intérêt de ces publications dans la situation dramatique de la pandémie de 2020. ## Les LOIS en 2021 Il s'agit du premier sujet, les deux autres, la Punition et la Vengeance, qui se rejoignent, seront traités dans une seule et même chronique. La méthode qui consiste à utiliser des réflexions d'il y a vingt ans pour expliquer les interrogations d'aujourd'hui peut paraître bizarre. En fait elle ne fait que refléter l'immobilisme qui affecte la société française. Aujourd'hui, on ne fait pas plus la loi chez soi qu'il y a 20 ans, lorsque le colloque de 2001 a répondu non à la question posée aux 150 participants et aux grands référents réunis. Leurs réponses furent claires : *« Si agaçant que ce soit, il faut reconnaître que nous ne dirigeons plus notre maison, que la loi que nul n'est censé ignorer est dorénavant composé de 150.000 textes appliqués chaque jour, et de 7500 lois bavardes et très mal faites.* *Que les lois issues des traités sont supérieures aux lois nationales, qu'elles constituent un corpus juridique, un Droit, dont les juges de chaque pays peuvent aider à créer par leurs jurisprudences. En n'étant plus la « Bouche de leurs lois » comme le croit le Citoyen.* *Que la loi pénale, soumise à la Cour européenne des droits de l'homme, manquera toujours d'harmonie, à raison même des différences de cultures dominantes dans les décisions de cette Institution de caractère fédéral ».* ## Ce qui se relie à la question des lois en 2021 Le respect de la loi, l'application de punition que son irrespect introduit sous forme du droit à la vengeance pratiquée dans les sociétés primitives, sont des principes sur lesquels l'État de Droit doit être intraitable. Le fait qu'il ne le soit plus entraine la société vers une perte de son « vivre ensemble » brutalement dégradé par les effets sociaux de la pandémie de 2020. Ces réalités devraient tempérer le climat d'angoisse qui afflige la société française. Je pense à ceux qui, parmi la génération de nos petits-enfants, ruraux et urbains, non protégés par la situation de leurs parents. Leur avenir semble aussi sombre que celui que j'ai vécu, à leur âge, entre 1934 et 1946. A ces condamnés à subir l'indifférence dans la misère, je dis « Courage ». Vous redresserez la barre, quand les mains qui la tiennent l'auront lâchée. Pensez à vos futures « Trente courageuses » comme nous avons pensé à nos « Trente glorieuses ». N'attendez pas pour vous affirmer ! En attendant de redresser la barre, FERMEZ le BAN
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2020-01-01
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LA RETRAITE DE LA BÉRÉZINA, LA BÉRÉZINA DE LA RETRAITE
# La Retraite de la Bérézina, La Bérézina de la Retraite En terminant mon précédent propos sur la réforme des retraites, j\'ai évoqué la possibilité d\'une solution définitivement provisoire. Cette contradiction entre deux termes associés exprime ma certitude que la réforme de nos retraites, ne sera pas appliquée, en sa forme proposée. En effet, pour que la réforme votée soit appliquée, il est indispensable qu\'elle soit applicable, ce qui suppose une clarification des responsabilités des deux modèles républicains qui s'affrontent. Le *Parlementaire* et le *social* ne peuvent plus passer leur temps à se mépriser ou à se maudire. Il est vraiment injuste de clamer partout que les Français sont ingouvernables pour la seule raison qu\'on n'a pas su les gouverner ou qu\'on n\'a pas eu le courage de le faire, pendant plusieurs décennies. Les Français se sont révoltés parce que la faiblesse du pouvoir d\'État a laissé s'accumuler les dettes publiques depuis plus de quarante ans. Ce ne sont pas eux qui sont ingouvernables, c\'est l\'État, sans contrôle, qui a méprisé quarante rapports critiques de la Cour des comptes qui est responsable de leur déclassement social. Vous allez le comprendre lorsque je vais évoquer ce que j\'ai vécu il y a maintenant quinze ans. ## Les carences du système politique français Nous sommes en 2005. Trois ans plus tôt, le Président a été élu par 80 % des Français alors qu\'il n\'en avait séduits que seulement 20 % au premier tour. En fait c\'est son adversaire qui a été battu au second tour alors qu\'il avait fait jeu égal au premier avec lui. Ce président qui en était à son second mandat, installé dans la politique française depuis presque quarante ans, était énergique et séduisant. Il plaisait aux femmes, savait flatter ses compagnons avec la même dextérité que pour les croupes des vaches. Il entamait la fin de son parcours en ayant raté un référendum inutile dans le seul but de refiler aux électeurs la patate chaude, par lui, dite du « plombier polonais », héritée des engagements pris à Bruxelles. Ce raté a coûté sa place à un premier Ministre, de bonne volonté, tout en rondeurs, au profit d\'un politicien énergique et flamboyant. C\'est dans cet environnement politique que j'ai été invité à un séminaire de sociologie, durant trois jours, organisé pour traiter de la complexité des sociétés humaines, dans le cadre de l\'Association pour la Pensée complexe à laquelle j\'appartenais. Le thème à traiter portait plusieurs sujets. L\'usage des trois temps classiques, Passé, Présent et Avenir, dans l\'action politique et dans l\'exercice de la fonction judiciaire. Je précise que je renvoie tout ce qui concerne la justice à la prochaine chronique. J\'ai repris mes notes. Elles ont très bien vieilli. Je vous les livre à l'état brut. Elles montrent que les politiques qui ont occupé les plus hautes fonctions de l\'État n'ont pas répondu aux besoins du pays, parce ils sont restés accrochés à des institutions qui n'étaient pas faites pour eux. Quelles qu'aient été les invitations de toutes les oligarchies intellectuelles, sociales, économiques ou médiatiques qui ont tenté de faire évoluer ces pouvoirs successifs, elles ont toutes échoué. Le pouvoir exécutif n'a pas su adapter la France au monde moderne; une fois acquis les bienfaits des trente glorieuses, grâce au courage des Citoyens partagé par les \"Grands Commis\", l\'État devenu l\'acteur de l\'action politique a abandonné les pouvoirs publics à sa technocratie. Voilà les trois grands crus de l'État. Classement 2005. Actualisé 2017 ### Le pouvoir missionnaire : 1958-1974 Le pouvoir missionnaire ramène tout à l'être supérieur qu'il entend incarner le temps que durera leur communion. Il règne et gouverne en même temps, par sa seule personne, dans la vision de cette communauté de destins idéalisés dans le temps de l'histoire. Il est rétrospectif et historien, en même temps que prospectif et visionnaire. Il règne dans la lumière, comme il est de nature de le faire, dans la fonction régnante, même à base élective. Il gouverne dans le clair-obscur, pratique naturelle pour rendre possible, dans le présent, ce qui est souhaitable pour l\'avenir. Enfin il laisse aux subalternes le troisième élément du pouvoir, le complot, qui se développe dans une ombre incompatible avec la lumière de son règne. Ce type de pouvoir ne confond pas son temps personnel avec celui de sa communauté. Quand elle se sépare de ses idées ou de ses projets, son éthique de la décision le conduit à partir. ### Le pouvoir égocentrique : 1981-1995, 2007-2012 Il ramène tout à sa personne. Il règne, gouverne et complote, en même temps, par lui-même. Il vit dans le présent, il ne s'intéresse au rétrospectif que pour fustiger les concurrents qui l\'ont précédé dans un pouvoir qu'il fait tout pour ne pas leur rendre. Sa vision est cynique, avec une pointe de références idéologiques qui dissimulent la réalité de ses idées. Il utilise la lumière émise par sa fonction, plus pour éblouir que pour attirer. Il entretient le clair-obscur, avec l'adresse d'un éclairagiste de théâtre, dans sa fonction de gouvernant. Il adore les complots qui sont le régal de ceux qui, n'ayant aucune vision prospective, échappent au lendemain par le mensonge. Cet égocentrique ne s\'intéresse qu\'à son temps biologique personnel, jusqu\'à l\'obsession de sa propre fin, qui lui interdit l'angoisse de la rétrospective. ### Le pouvoir relationnel : 1974-1981, 1995-2007, 2012-2017 Le pouvoir relationnel ramène tout à sa relation du moment. Il ne connaît que le métier de politicien de l'instant. Incrusté dans le présent. Il règne et complote. Gouverner n'est pas son affaire, même s\'il s\'y trouve obligé après avoir démoli ceux de son entourage qu\'il soupçonnait de lui voler sa relation pour tenter de régner à sa place. Ce type de politicien se nourrit d\'une forme de présent éternel, sa pratique rétrospective est de nature passéiste. Le devoir de prospective auquel il est tenu lui échappe naturellement, il ne s'y prête que dans une succession d'attitudes ou d'expressions modernistes qui permettent de confondre le temps de sa personne avec un temps éternel qui l'exonérerait, à jamais, de toutes les conséquences de ses échecs. Ce besoin d'éternité crée des rancunes tout aussi éternelles lorsqu'il est contrarié. Il impose à celui qui le pratique le respect de la pensée d'Alphonse Allais selon laquelle les problèmes de fond ne remontent jamais à la surface. Ils y sont restés durant les vingt-quatre années des trois pouvoirs relationnels. ## Et maintenant C'est le temps du débat et des gilets, y compris les pare balles, enfilés par tous les opérateurs qui se disputent la possession de la Rue, à défaut de pouvoir partager l'élaboration de la Loi. Invoquer la Bérézina, aujourd'hui, n'a de sens que si on sait que les historiens se sont partagés, au fil des siècles, les uns qui ont considéré cette bataille comme une déroute payée au prix de 50.000 morts et prisonniers, les autres comme une victoire marquée par le franchissement du fleuve et le retour de 20.000 grognards à la maison. J'ai utilisé cette référence historique, ce qui en a découlé, pour comprendre les conséquences des guerres sociales qui se développe en janvier 2020. En novembre 1812, l'Empereur a perdu une guerre et gagné une bataille. L'inverse de juin 1940 contre le troisième Reich. En juin 1815 la première République a tout perdu et disparu pour soixante ans. En septembre 1870, la France a tout perdu face à la même coalition mais elle a gagné la bataille de la troisième République pour soixante-dix ans. En juin 1940 la France a perdu une bataille et la troisième République. A chaque fois, Paris a été occupé, son peuple révolté, martyrisé, ses dirigeants exilés ou exécutés. Le drame qui se joue en 2020 développe les mêmes enchaînements. Ils conduiront vers les mêmes issues. Sauf si la République monarchique laisse la place à un modèle démocratique rénové, par ceux qui veulent vivre ensemble. Sinon, la réforme ratée connaîtra sa Bérézina et Paris ses désordres destructeurs. J'expliquerai pourquoi à la sortie du projet de loi de l'Assemblée.
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2023-01-01
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LA RETRAITE, LE RÊVE DE 1945, LE CAUCHEMAR DE 2023
# La retraite, le rêve de 1945, le cauchemar de 2023 Au parlement, les débats sont très ouverts. Dans la rue les poings sont très fermés. Comme en 1871, lorsque le peuple exigeait que le gouvernement se soumette ou se démette. L'histoire a retenu comment cela c'était très mal terminé. La notion débattue de « retraite » issue du fondement d'un pacte de sécurité social sorti de la dernière grande guerre, devait permettre à la nation de solidifier un soutien aux efforts consentis par les anciens, payé par la solidarité des travailleurs plus jeunes. Cette vision altruiste a permis à toute une génération de rêver après 1945, mais devient quelques décennies plus tard, un lourd fardeau cauchemardesque en 2023. J'ai déjà exprimé mes craintes à ce sujet. C'est pour tenter d'éviter que cela se produise que je vous livre les expériences personnelles vécues pour que nos Arènes ne soient pas ensanglantées. Mon expérience la plus marquante sur ce sujet des retraites remonte à 2008 telles qu'elles ont été organisées par le programme du CNR (Conseil National du Résistance). Je suis entré dans la vie au travail le 1er juin 1943 (déjà), au temps des « assurances sociales », les ancêtres de la « SECU ». Lesquelles s'étaient un peu inspirées de la couverture sociale que le chancelier BISMARCK avait offert aux Allemands avant la 2ème guerre mondiale, je parle ici de couvertures maladies. Je n'ai toujours pas arrêté, ni de travailler ni de cotiser sur les revenus que je reçois alors que je viens de dépasser 94 ans. En 2008, mes 80 ans d'âge et mes 65 années d'activité diversifiées, tant en France qu'à l'étranger, intéressent les organisateurs d'une réunion qui durera une semaine à la villa Médicis à Rome. Il s'agissait d'organiser une réflexion collective entre sociologues, économistes et membres du C.O.R - Conseil d\'Orientation des Retraites - pour débattre des conséquences sur le modèle français de « couverture sociale ». 2008, c'est aussi les catastrophes financières survenues et diffusées partout dans le monde par la crise dite des « subprimes » générée par le système financier dominant américain existent, il faut les affronter.\ En France, le quinquennat que préside Sarkozy s'était ouvert dans une ambiance au sein de laquelle le « travailler plus » dominait, afin de faire gagner plus pour les besoins des Français qui subissaient encore un chômage de masse. Les travaux, comme les conclusions tirées par les personnalités réunis à la Villa Médicis ont établi la qualité des réflexions sur l'inquiétude d'une population française, spécialement les femmes et les jeunes, qui ont rejeté les méfaits de leur infortune, face aux bienfaits de la fortune des populations plus âgées qui dominaient le corps électoral courtisé par les politiques. 15 ans plus tard, je ne vois pas ce qui a fondamentalement changé en 2023. Je l'ai constaté très récemment lors d'un classique dîner en famille autour d'une galette des rois. Ce moment convivial a réuni autour de la table deux nonagénaires, un fils sexagénaire s'interrogeant sur cette fameuse retraite qui fait l'objet de tant de débats et pour finir sa fille, trentenaire, très consciente de la réalité des questions abordées en 2008. En 2023, elle reste fortement hostile au projet proposé par le gouvernement. Un bilan s'impose. 3 générations, 3 avis. Nos échanges le montrent, chaque génération a sa propre vision du débat sociétal forgée par son parcours, ses efforts consentis et ses aspirations futures. Ma seconde expérience est un peu plus ancienne. Elle remonte aux années 1990 desquelles je vais vivre différents statuts entre le public et le privé. C'est inutilement compliqué d'avoir à vous l'expliquer. J'ai pris ma retraite début 1991, c'est-à-dire perçu les différentes pensions auxquelles j'avais droit au regard des cotisations versées aux caisses des différents organismes de mes différents métiers. Ces pensions ont permis à ma famille de vivre durant mes quatre années de mandat judiciaire non rémunéré en tant que Président du Tribunal de Commerce de Paris. Lorsqu'en 1995, l'État décide de me confier la gestion du plan de sauvetage du Crédit Lyonnais il m'impose de devenir membre du secteur public comme patron d'une de ces entreprises. Ce fut inconciliable. Ce mélange de statut social entre le privé et le public a été compromis, pour moi, par un détail, la visite médicale à l'embauche. En acceptant de l'avoir supprimé, j'ai sorti notre chère administration d'un imbroglio inextricable. J'ai fait le job pendant trois ans en vivant au quotidien d'un statut social de retraité très informé sur la complexité des multiples modèles de couverture sociale des réformes instaurées en 1947. 30 ans plus tard, les régimes de retraites du public et du privé sont toujours incompatibles. Ma première expérience est beaucoup plus ancienne. Elle remonte à 1960. À l'époque, après avoir quitté la vie artisanale et rurale au sein de la Saintonge de mon enfance j'y revenais régulièrement pour les vacances d'été. Au cours de celles de 1960, ma mère (57ans) s'est ouverte auprès de moi de ses grandes difficultés qu'elle allait rencontrer lorsque se poserait, pour elle, la question de la retraite. Elle avait été privée à l'âge de 41 ans de toutes capacités de reversion de l'éventuelle retraite de son mari décédé en 1944, bien avant les bienfaits des couvertures maladies et retraites de l'après-guerre 39-45. Le sujet à traiter était très compliqué car il concernait un homme, mon père, emporté au cours des semaines très agitées de la libération de notre pays. Les démarches administratives à opérer auprès d'une administration récente, la fameuse « SECU », ainsi qu'auprès des administrations professionnelles des années 1940, celle de mon père, plus ou moins victime des épurations appliquées à la libération et de leurs conséquences sur les dossiers administratifs dont ils avaient la charge. Tout cela a demandé plusieurs années. C'est là que j'ai appris ce qu'était ce fameux « présent éternel » utilisé à l'excès dans le modèle administratif français avec lequel j'ai nourri, au début de 2000, une semaine de colloque entre sociologues. Au bout de quinze années d'efforts familiaux multiples, Maman a pu bénéficier, enfin, de sa retraite et s'installer, chez elle, en Saintonge. Ces expériences de vies relatées m'amènent aujourd'hui en 2023 à cette conclusion. La retraite est un sujet à la fois si collectif, si sociétal mais si personnel qu'il mérite des débats plus construits, collectifs et apaisés. Cependant il en revient une nouvelle fois à l'Etat français, législateur national et ses représentants, réputé « capable » de trouver toutes les bonnes solutions à apporter aux multiples problèmes des Français, de proposer une énième loi sur le pacte sociale des retraites. Il doit arriver à la fois à entretenir le « conte de fées » de 1945 en cherchant à bricoler ce qui est devenu une institution qui a perdu le sens de sa mission par l'excès de la diversification de ses objectifs tout en rassurant les plus ou moins jeunes que ce choix apporterait plus de justice sociale, d'équité et d'égalité. L'équation à plusieurs inconnues d'une telle réforme ambitieuse pour refaire nation devrait nous mobiliser aux débats apaisés, aux exigences citoyennes collectives pour cesser la vision du « émoi, hé moi ! et moi » et refaire vivre le « nous ». Ce sujet va s'entretenir dans les rues et les débats familiaux dans les prochains « mois » le tout alimenté par les très nombreuses agitations médiatiques. Je ne sais pas par quelle chanson finira ce débat comme c'est souvent le cas dans notre beau pays. Mais je suis sûre que l'on va écrire un nouveau couplet, une fois encore, d'ici l'élection présidentielle de 2027.
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2020-04-01
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LA SANTÉ, LA LIBERTÉ ET LA RESPONSABILITÉ
# LA SANTÉ, LA LIBERTÉ ET LA RESPONSABILITÉ Ces réflexions sont la synthèse des débats que provoque la crise sanitaire dans mon entourage familial et amical inquiet. Ce ne sont pas mes réflexions personnelles. Elles vous viendront en mai. Par l\'ouvrage qui traitera de la mort de nos régimes républicains passés, cinquième République comprise. Par la prochaine chronique qui traitera de la défaillance et des responsabilités de notre État. Auparavant, je repasse par la Chine et son virus. ## La Chine Politique, Médicale et Sociétale *La Chine a créé une tempête Géo-sanitaire qui ébranle les bases de la Géo-économie mondiale et transforme celles de la Géo-Politique, qui seront dorénavant construites sur la Raison du plus fort.* *L\'organisation politique* de la Chine est parfaitement identifiée. Communiste et totalitaire. En 2000, à Pékin, devant quarante banquiers, j'ai appris comment ils géraient leur crise financière. vingt ans après, j\'observe que la gestion de la crise sanitaire, a été identique *Motus et bouche cousue.* J'ai découvert *l'organisation médicale* de la Chine il y a quarante et un ans, sous sa forme rustique, moyenâgeuse. La table d\'opération était éclairée par deux ampoules, les liquides évacués par une rigole creusée dans le sol en terre battue. Un monde sépare cette découverte et celle, en 2015, des propos du Ministre de la santé de la Chine, ancien étudiant en France, resté proche d\'un immunologiste français professeur à Shanghai. Les ambitions planétaires des scientifiques rassemblés à Wuhan sont sans mesure. La France s'y est laissé prendre par Sino-béatitude. *L'organisation sociétale* de la Chine existe depuis des millénaires. Elle repose sur une très grande homogénéité ethnique que partagent les Chinois d'outre-mer, porteurs des actions géo Politiques. Ceci dit on peut aimer la Chine avec ses qualités en dénonçant ses défauts, c'est mon cas. ## La France Sociétale, Politique et Médicale J'inverse l'ordre des facteurs. ### *La France sociétale* Autant les Chinois sont homogènes ethniquement, autant les Français sont hétérogènes. Ce n\'est pas un défaut, c'est l'exigence pour l'État de respecter la République et la Liberté. Ce qu'il ne fait plus. ### *La France Politique* À l\'opposé de la Chine tenue par la main de fer du parti, la *France Politique*, telle qu'elle a été dirigée par l'Énarchie politicienne l'a été par des mains tremblantes dans des gants de papiers. C\'est ce qui vaut à nos classes moyennes de subir le déclassement qui a toutes chances de se transformer en déclin aggravé. La raison en est que le virus de la politique a contaminé l\'ÉNA en 1975, et a progressivement détruit la confiance entre l'État et les Citoyens. ### *La France Médicale* Cette part essentielle de la vie des Français est connue sous le nom de Santé Publique. Que dissimule cette énorme organisation étatique ? Pour répondre à une question aussi importante, je me suis engagé bénévolement pendant treize ans, de 2006 à 2019, au cœur du système de santé, pour y traiter de l'alcoolisme cinquante mille morts annuels, de la Toxicomanie les cités de non droit et des maladies chroniques causes de sur morbidité en Pandémie. Aucun intérêt rencontré dans les bureaux pour la Prévention. Seule la médecine scientifique et curative intéresse. Première Conclusion : cette organisation étatique en trois morceaux n'a pas résisté au poids de l'épidémie, ajouté à ceux de la RTT et du principe de Précaution. Car la santé est un lieu d'efforts et de risques à assumer. On le voit tous les jours. Deuxième conclusion la Santé Publique butte sur une difficulté, majeure, d'homogénéité nationale. Cette cassure naît du divorce entre Paris qui veut tout commander et la Province qui doit tout supporter. Concrètement, la gestion de notre Santé à une apparence politique, le Ministère de l\'avenue Duquesne à Paris. En treize ans, j\'y ai vu passer cinq ministres, dont quatre provinciaux. Aucune, aucun de ces Ministres n\'ont eu la durée de vie qui leur aurait permis de contrôler une administration tentaculaire. La technocratie qui a pris possession des corps de l'État a su les dominer. Le second pouvoir, la vénérable SÉCU, pilier de l\'État-Providence, est managée par les partenaires sociaux, qui n'échappent pas à l\'autoritarisme de la technocratie. On en connait le Trou. Bientôt, copiant Cyrano, et passant de Marianne aux Iles Mariannes, on pourra dire « ce n'est pas une Cavité, ce n'est pas un Gouffre, c'est une Fosse ». Le pouvoir réel, naît de la conjonction entre la Pandémie en cours et sa spectacularisation par les techniques de communication du XXIème siècle. C'est là qu'intervient l\'organisme de santé publique qui règne sur la région parisienne, L\'Assistance Publique et Hôpitaux de Paris. L'AP-HP, quarante hôpitaux, cent mille personnes, est un Ministère dans le Ministère. Créée par Louis Philippe en 1838, elle fut chargée de la santé des populations éprouvées par la dureté des conditions de vie de la révolution industrielle. Elle a été inspirée, dans son combat contre la misère et la maladie, par les idées du traité de Karl Marx publié à Paris (1867). Elle est aussi contemporaine de l'écrivain anglais R.L Stevenson dont le roman Dr Jekyll et Mr Hyde a fait le tour du monde. J'y fais référence. Les hôpitaux de Paris, à droite du tiret, rassemblent tous les bons Docteurs Jekyll, ces héros courageux dans leurs salles d'Op, que nous applaudissons tous les soirs, avec les soignants de leurs équipes, et tous les non soignants qui les aident Tous, parce qu'ils le méritent, vraiment. L\'Assistance Publique à gauche du même tiret, qui fait renaître le fantôme du malfaisant Docteur Hyde, bien masqué par la redingote du bon Dr Jekyll. L'AP entretient depuis des décennies, un travers dogmatique Antilibéralisme qui a la forme Asymptomatique du Marxisme Léninisme, lequel a entretenu le dogme de l'Impôt sur les fenêtres, maintenu plus d'un siècle malgré son inutilité. De tels dogmes échappent aux dirigeants qui se succèdent, qui ne peuvent en supporter la responsabilité. Le Virus chinois a réactivé ce dogme antilibéral qui était assoupi, et réveillé les théologiens de la punition divine et les Prédicateurs aux prêches glaçants d'effroi. La machine à faire peur s'est emballée. Le bon soignant Hippocrate, a dû laisser la place au méchant saignant Diafoirus, auréolé de sciences. Les « nouveaux pauvres », les précaires, les miséreux et les nouveaux malades de l'allongement de la vie, sont en surnombre, ils attendront sur un brancard, dans les ÉPHAD, voire chez eux, la fin de la pénurie. Le détournement de la mission originelle est patent, adroitement dissimulé derrière les paravents du salon du bon Docteur Jekyll. À l'opposé, la victoire dans le combat des idées défendues par les Théologiens et les Prédicateurs est incertaine. Tout le monde en est conscient, y compris chez la sœur jumelle, les hôpitaux de Paris. Mais personne ne sait comment arrêter cette dérive. Attendons, ce qui va se produire, qu\'on le veuille ou non, et que l\'actuelle pandémie, dangereuse, soit jugulée et régulée comme elle l'est déjà dans des pays voisins, si déniée soit elle. Sa forme spectaculaire commence à quitter les médias, qui relaient les frayeurs des prochaines vagues. Il est inutile de chercher à faire l\'inventaire des dommages et des souffrances subies. La place n\'est pas encore ouverte à l\'opinion publique et la liste des responsabilités du désastre est à peine engagée. C'est pourquoi il faut expliquer ce qui permettra, le moment venu, d\'aborder enfin les causes de la catastrophe. Lorsque les débats sur les conséquences auront été épuisés. La question n\'est plus de savoir quand les Français réagiront. Ils sauront se retenir, à condition que la raison des plus forts de la nouvelle Géopolitique ne vienne pas souffler sur le feu qui couve. Bon courage aux soignés et aux soignants.
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2020-10-01
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LE CITOYEN, LA CITOYENNE ET LES BUREAUCRATES
# Le Citoyen, la Citoyenne et les Bureaucrates La République vit d'une chère Liberté dont ses enfants admettent les limites avec peine. Le Bureaucrate vit des contraintes qu'il doit imposer à la liberté pour faire vivre la République. L'esprit Républicain se charge de réguler les conflits nés de cet antagonisme permanent qui détruit la qualité du Vivre ensemble. Les déconvenues que la société Française accumule depuis une trentaine d'années, du fait de ses excès bureaucratiques, viennent de trouver leur plénitude dans la double crise subie par son système de santé publique, printemps et automne 2020. Il va bien falloir, qu'un jour, l'esprit Républicain domine et contrôle les manifestations nuisibles de l'esprit bureaucratique. Tout le monde s'accorde pour réclamer cette régulation qui permettra l'adaptation de la société Française au XXIème siècle. La situation sanitaire ne le permettra pas. On va « cantonner » comme on l'a fait lors de la crise de notre système de Banque publique, il y a vingt ans. Responsabilité et solidarité républicaines obligent. Jusqu'à ce que la guerre des vaccins de l'automne prochain ranime les conflits entre les bureaucraties, et les citoyens. Après quoi la régulation républicaine s'imposera. D'ici là les Citoyens vont vivre une drôle de guerre, de neuf mois, comme en 1939-1940. Hélas ! Au moment de vivre ces convulsions, l'opinion publique porte un jugement très négatif sur l'état de cette République régulatrice. La Loi et les Institutions, la Justice civile et pénale, la Santé publique et l'Hôpital, voient leurs fonctionnements durement contestés. Je reviendrai sur les Institutions, la Loi et la Justice avant le début 2021. Je ne reviendrai pas sur la Santé publique. La situation est incompréhensible, trop expliquée pour être explicable. Après quoi la boîte de pandore de l'élection présidentielle sera ouverte, de laquelle sortiront, de gré ou de force, les multiples adaptations de la communauté Française à ce XXIème siècle en face duquel elle rechigne pour accorder à sa jeunesse ce qu'elle attend. Le 4^e^ sujet, celui de la place des Femmes, des Mères, dans nos institutions est grand ouvert, il sera au centre des années 2020. Il est temps de prendre en compte le fait historique que les citoyennes Françaises se battent depuis un siècle, génération après génération, pour réussir leur émancipation, avec succès. Elles l'ont d'autant plus méritée que c'est elles qui ont porté la France à bout de bras tout au long du XXème siècle ravagé par les guerres. Cinq générations d'entre elles ont été présentes durant les 90 années de ma vie de Famille. Mes Grands-mères (25 ans), ma Mère et mes Tantes (de 30 à 60 ans) ma Femme (70 ans de vie commune) nos filles (50 à 60 ans) Nos petites Filles (entre 25 et 40 ans).sans oublier la sixième^,^ des six arrière petites filles, qui pointe son bout de nez. Toutes, sauf 2, depuis ma grand-mère, sont nées en province, à la campagne ou dans les banlieues ouvrières. 1. Ma grand-mère a souffert les multiples conséquences de la guerre de 1914 - 1918, elle a perdu deux fils, connu les privations, fréquenté en silence les cimetières et fleuri les monuments aux morts, sans jamais oublier les devoirs d'une citoyenneté qui lui a été promise en 1919, ... et attribuée en 1945. 2. Ma mère et mes tantes ont dû tenir la maison France pendant que les hommes étaient enfermés - cinq ans - en Allemagne. Elles ont subi dans leurs villes, leurs villages, souvent leurs maisons, les servitudes d'une très longue privation de liberté. L'humiliation d'une occupation étrangère dominatrice, de plus en plus brutale pour elles et pour leurs proches. Sans se laisser aller à l'abandon. 3. La génération de ma Femme à retrousser ses manches pour faire vivre les trente glorieuses, malgré la perte de l'Empire colonial dont elles avaient glorifié la puissance à l'école primaire. Elles ont vécu avec les servitudes d'une déruralisation désordonnée, impréparée, négligée par la bureaucratie qui a géré une pénurie inacceptable. Elles ont assumé les conséquences migratoires, brutales, d'une décolonisation conflictuelle. Ces migrations simultanées les ont  fait vivre  dans  des cités sans âme, au sein desquelles il fallait élever les familles nombreuses du Baby-boom. Elles ont eu le courage d'exiger le respect du choix de leur maternité, de supporter les insultes et d'aller au bout de leurs idées dans un monde masculin qui portait encore, sur elles, ce regard d'un autre temps. 4. Nos filles, pas seulement celles nées au cœur de Paris, qui arrivent, au XXIème siècle à l'âge de la retraite, ont radicalement transformé le socle de leurs compétences professionnelles au point qu'elles se sont hissées au niveau, voire au-delà, de celui de leurs compagnons. Peu de gens ont compris que la révolte dite des « gilets jaunes », en 2018, venait des femmes de cette génération. Hélas pour elles, elles manquaient cruellement de toute pratique des combats politiques. Pas plus qu'elles n'avaient la capacité de créer un véritable mouvement d'opinion. Après quoi elles sont rentrées chez elles, laissant à leurs propres filles la charge de mener à bien une action revendicative inachevée. 5. Les Petites Filles, la cinquième génération, ont entre 30 et 40 ans. Elles ont mis, récemment, les pieds dans la chasse gardée des politiciens amis des bureaucrates.  Elles s'y démènent en y montrant des talents qui n'arrivent pas toujours à préserver leur autonomie citoyenne. Elles finiront bien par se faire reconnaître au cours de ces années 2020, comme l'on fait leurs aïeules, un siècle plus tôt. Elles ont dix ans pour y arriver. ## Conclusion provisoire La méthode de réflexion qui s'applique à de longues décennies, soit en rétrospectif soit en prospectif, ne correspond pas du tout au modèle instantané de la politique spectacle, grande conservatrice de l'esprit et du système bureaucratique qu'elle fait semblant de critiquer. Cette conclusion risque de ne jamais remonter à la surface, comme tous les problèmes de fond chers à Alphonse ALLAIS
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2020-03-01
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LE VIRUS ET LE CITOYEN
# Le Virus et le Citoyen « Nous sommes en guerre »  NON, sauf contre nous-mêmes. Nous sommes en danger. Comme tous les êtres humains qui s\'efforcent depuis des millénaires de domestiquer la nature qui leur permet de vivre sur la terre.  Elle se rebiffe de plus en plus fréquemment avec les moyens dont elle dispose. Le feu de ses entrailles, qui produit les séismes qui tuent et qui détruisent. L'eau de sa surface qui submerge les terres occupées par les humains. Le vent de ses tempêtes et ouragans qui détruisent les constructions humaines et attisent les feux qui les ravagent. Les infections naturelles de ses poisons, de ses venins et de tous ses micro-organismes tueurs. Face à ce danger, il n\'y a qu\'une réponse rester confinés là où on est le moins en danger. C\'est la décision de notre couple (180 années au compteur de la vie) depuis le 27 février. ## Comment Quel que soit le réel esprit de famille qui règne au sein d\'une petite communauté de 30 personnes, nous avons coupé les ponts avec les 3 générations qui nous suivent. Ni sorties ni rencontres, la vie matérielle est assurée par une aide qui fait 2 heures de courses par semaine. La totalité des relations est assurée par les moyens du télétravail. Les rendez-vous professionnels d\'une activité conservée depuis 75 ans ont été repoussée au 19 mai. ## Pourquoi faire Pour assurer par des contacts permanents, quoique distants, la solidarité intra familiale en cas de problème. Pour creuser les réflexions sur la transformation, entraînée par l\'épreuve, sur les comportements des Français. Voir la chronique « le printemps Républicain » publiée sur le site WEB TV L'Echo des Arènes. Enfin, la présente réflexion n\'a d\'autre but que d\'alerter sur le danger de l\'épidémie spectacle qui joue à la guéguerre, avec les polémiques qu\'entraîne la lutte d'influence  que mènent au sein de l'opinion, le pouvoir politique et le pouvoir médiatique dans les démocraties modernes. Nous allons vivre au moins 4 quinzaines pendant lesquelles le pouvoir politique et le pouvoir médiatique, chacun sur leur plateau vont faire vivre l\'épidémie spectacle, avec plein de nouvelles vedettes, poudrées et peignées comme les petits Marquis de Mr de Talleyrand au congrès de Vienne en 1815 . Le spectacle réservera ses ovations aux soignants qui feront face à leurs risques et périls. Je passe à la vraie guerre vécue, en 1940, dont personne ne viendra vous parler, si documentaire soit elle, pour ne pas troubler le spectacle. ## La Quatorzaine du 10 au 24 juin 1940 Au cours de ces deux semaines la France s\'est effondrée pour ne plus jamais retrouver la place qu\'elle occupait qui était la fierté des Français. Elle a choisi l'exode et la soumission. Elle a rejeté la résistance face au désastre. Je sais que la génération des petits-enfants qui gouvernent le pays n\'a pas grande conscience de ce qui s'est passé autrement que dans la compassion naturelle de ce qu\'ont vécu leurs grands-parents. J'ai déjà écrit pourquoi. Le lundi 10 juin, à St Jean d'Angély, écoles fermées, je joue à la guerre avec 3 copains, dans les tranchées creusées dans le square voisin sur la route qui voit défiler la France en plein exode. A midi on rentre écouter la radio dans la cuisine. Le jeune sous-officier aviateur qui est logé à la maison vient écouter le « poste ». Les Panzers Allemands qui occupent le quart nord-est de la France repartent pour conquérir le reste en modèle Blitz Krieg. On voit le virus de la 5^ème^ colonne partout  prêt à nous tuer avec les gaz. On réclame des masque. Paris est déclarée ville ouverte . On en voit les voitures  dans l'exode qui défilent devant la maison. A quoi rêvons nous ? la résistance sur la Loire, l\'arrivée des soldats américains, un sursaut FrancoBritannique dans la conférence de Briare ? En réalité, le gouvernement dirigé par celui qui avait affirmé que « nous vaincrions parce que nous étions les plus forts », n'avait plus en dehors de De Gaulle, aucune envie de résister. Ce fut le choix de la soumission actée par l'armistice du 24 juin, qui mettra un terme à cette horrible quatorzaine. Notre écoute a été troublée par une violente altercation entre le jeune mécano aviateur et l\'aîné de mes  copains, germanophile enragé à 15 ans, qui est allé mourir en 1944 sur le front Russe , dans la division Charlemagne  par détestation de son père communiste. Le mécano aviateur qui prônait la résistance à tout prix, est parti sans attendre vers Londres dans l'avion préparé pour cette fuite. Les 2 autres copains, 13 ans en 1940, ont attendu les débarquements de 1944 pour les rejoindre à vélo.  Le premier a été arrêté en Normandie et échappé au peloton d'exécution à 24 heures prés. Le second immédiatement blessé a passé plusieurs mois à l'hôpital. La guerre c'est ça.\ Du danger pour tout le monde qui peut entrainer des paniques.\ Il ne faut pas jouer avec ces mots, même si les solutions apportées ont des similitudes avec celles de l'actuelle épidémie.\ Une Pandémie, c'est un danger limité et variable qui peut générer des grandes peurs.\ Il ne faut pas confondre guerre et Pandémie. Regardons ce qui s'est passé en juin 1940 , sous la dictature Nazie. Les Anglais ont quitté l'Europe continentale pour résister chez eux. Les Français qui les avaient accompagnés sont rentrés chez eux pour se soumettre. Le couvre-feu a confiné les Français chez eux. La circulation des individus a été contrôlée par les Feld Gendarmes. L\'autorisation de déplacement s'est appelée Ausweis. Le rationnement par tickets a contingenté tous les produits raréfiés. Et il a été interdit d'aller sur les plages. Cherchez la différence Certes, l'histoire ne repasse pas les plats mais elle ressert les mêmes menus. Comme il est trop tôt pour savoir ce à quoi il faudra se soumettre et ce contre quoi il faudra résister, il faut attendre les quelques semaines utiles pour apprécier les conséquences de l'épidémie. J\'espère que les prémices de ce printemps républicain auront un effet au cours de l\'été.
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2022-06-01
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LIVERPOOL 1 - PARIS 0
# Liverpool 1 - Paris 0 Deux matchs ont eu lieu au Stade de France à Paris Saint-Denis lors de la Finale de la Coupe de l'UEFA entre le Real de Madrid et Liverpool. - Le premier, qui avait fait le plein de ses 80 000 spectateurs a débuté avec retard, dans l'incertitude du règlement du problème posé par le second. - Le second, provoqué par la tentative de supporters qui revendiquaient la faculté d'entrer légalement dans le stade considéré comme déjà plein par un mélange de vrais et de faux billets, problème insoluble. Il se trouve que j'ai accompagné la naissance et le développement du Stade de France lorsqu'il est apparu livré d'une originalité, celle d'être un stade sans club. Cette originalité a privé les dirigeants de ce stade de l'assistance que leur rapporterait la structure opérationnelle d'un club avec ses instruments de gestion et ces troupes de supporters bénévoles. La Coupe du Monde de Football 1998 une fois organisée, lorsqu'il est apparu qu'aucun club ne rejoindrait le stade, il a fallu se rendre à l'évidence et se mettre autour d'une table pour améliorer les éléments de viabilités exigés dans le fonctionnement par un tel organisateur de spectacles sportifs ou culturels. Ce fut fait il y a une dizaine d'années. Depuis, les choses ont marché. Que s'est-il passé, à la lumière des événements réels dans lesquels des supporters de Liverpool qui sont restés à la porte et ont pu être maltraités par ceux qui les ont empêchés d'entrer ? D'abord la vérité une commission d'enquête parlementaire ne réussira pas à dissimuler que le Stade de France avait fait le plein de spectateurs pour la rencontre Real de Madrid - Liverpool. Malgré cette réalité, des milliers de supporters ont continué à affluer dans l'espoir fallacieux de négocier un titre permettant d'entrer et d'occuper une place alors que c'était impossible. Comme souvent en pareil cas, la tricherie s'est emparée de l'opérateur débordé par les faux billets qui ont permis d'escroquer les futures victimes. L'affaire s'est alors transportée vers les autorités publiques, celles en charge du maintien de l'ordre, qu'il était indispensable de solliciter pour rétablir un semblant d'ordre alors que le stade plein attendait le coup de sifflet initial. C'est là que peut intervenir pour des Anglais de Liverpool la difficulté de comprendre la maltraitance quand ils ont été l'objet selon des motifs propres aux manifestations se déroulant en France, spécialement sur le territoire de la capitale de notre république une et indivisible. D'abord, à première vue, des supporters de Liverpool étaient beaucoup trop nombreux, aussi bien pour espérer entrer que pour n'être pas maltraités. La région parisienne a connu des centaines de manifestations ne serait-ce en cours du quinquennat qui vient de se terminer. Elles ont plutôt, sur la longue durée, affiché 5 000 manifestants au compteur de la préfecture que les 40 000 supporters en déshérence affichées par Liverpool. Pire, ce n'étaient pas des manifestants, rompus à toutes les ruses échangées avec les spécialistes du maintien de l'ordre, c'étaient de simples supporters sportifs transformés en protestataires. Certes, leur protestation était sincère, comme leur indignation faite de l'escroquerie dont ils étaient victimes, mais qui peut croire qu'un responsable du maintien de l'ordre, du bas en haut de la hiérarchie, telle qu'elle fonctionne dans la région parisienne, vitrine du pouvoir en France, a le temps de s'arrêter au sentiment d'indignation. L'année 2018, a vu suffisamment de manifestations et de violences se multiplier pour que chaque français soit édifié. Le manifestant qui fait peur et qui sait s'imposer, est peu nombreux, quelques centaines, il ne cherche pas à avoir le bon droit pour lui, ni apitoyer le téléspectateur impatient en attente de son match de foot. Tout le contraire de ces malheureux supporters égarés comme manifestant dans leur bon droit avec ses faux billets face à un cogneur chargé de la sale besogne. Revenons un instant à la Plaine-Saint-Denis haut lieu des grandes festivités sportives. Ce n'est pas une morne plaine qui ferait penser à une autre : Waterloo Les bâtisseurs de la fin du vingtième siècle ont réussi à y implanter un ensemble de constructions vivantes, vivifiantes, facilitant l'accès de masse en apportant une industrialisation dans les technologies de la communication et des réseaux. Le passage des grands clubs de football, comme ceux de sport en général, de leurs supporters, ne peut pas être une occasion de mettre en route la machine à baston. Comme je parle aux amis anglais, je leur dois de parler de l' « entente cordiale », qui a liée nos 2 peuples depuis 1904. En 1912, la maison de Cognac -- FROMY - dont les futs d'eaux de vies étaient conduits au port de Tonnay-Charente par la famille APERCE avait embauché le footballeur PERHAM, citoyen anglais, pour installer un des premiers clubs français en Charente Maritime. Un footballeur de 18 ans qui deviendra international au sein du petit groupe de grands footballeurs d'avant la guerre de 1914. Ce fut mon père qui courrait le 100m en 11 secondes. 30 ans de guerre et de malheurs ont massacré cette génération. Les malheurs supporters de Liverpool peuvent savourer le bonheur qu'ils sont venus vivre à Paris, quel qu'ait été leurs désagréments. Que les supporters de Liverpool aient conscience de l'essentiel. Ils se sont déplacés librement en traversant la Manche pour leur plaisir et non par devoir et pour certains pour leur malheur il y a 78 ans.
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2021-08-01
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L\'URGENCE, LA NÉCESSITÉ ET L\'AUTORITÉ
# L\'Urgence, la Nécessité et l\'Autorité La 2^e^ semaine de juillet 2021 vient enfin éclairer l'opinion publique sur ces trois modes de relations entre les gouvernants et les gouvernés. Le 8 juillet, le jour de ses 100 ans, le philosophe Edgar Morin, l'homme de la méthode et de la complexité, répond, dans le journal le Monde, à de multiples interrogations personnelles dont celle-ci : « Celui qui choisit l'urgence contre la nécessité oublie l'urgence de la nécessité. » Cette pensée philosophique n'est pas abstraite. Le texte qui suit a pour objet de révéler ce qu'elle signifie dans la vie concrète des citoyens français de ce début du 21^ème^ siècle. Elle est directement confrontée avec celle exprimée 4 jours plus tard le 12 juillet 2021 par le président Macron en sa qualité de dirigeant élu par la nation, gardien des institutions dont il a la charge. « Celui qui rejette l'urgence et la nécessité de la vaccination en opposant l'urgence et la nécessité attachées à sa propre personne en subira les conséquences sociales. » Passés les flonflons du 14 juillet entrons dans l'explication concrète. ## L'État et l'urgence La société française est soumise, quinquennat après septennat, à différentes formes de lois d'état d'urgence, dont l'application est confiée aux pouvoirs administratifs, régaliens ou pas. Ces délégations législatives entrainent une réduction des libertés démocratiques, dans le but de mieux assurer les protections physiques, mentales sociales économiques et juridiques des citoyens. À l'époque des attentats terroristes, 2015, le pouvoir d'État très affaibli n'avait pas le choix\... La pandémie qui s'est abattue sur la planète il y a 18 mois a changé la nature des liens au sein de ce couple anxiété - sécurité. Les Français se sont brutalement installés dans un état d'urgence, cette fois sanitaire en vivant la réalité de 120 000 morts en 18 mois. Le 12 mars 2020, confiné comme tout le monde, j'ai retrouvé les contraintes d'enfermement des 4 années de la guerre de 39/45 et déploré la persistance des faiblesses de la République corrézienne, le laisser-aller, le mensonge et l'infantilisation des français, dénoncés dans les  « rois prodigues ». Je reviendrais sur l'évolution de ces sujets au cours de la compagne électorale qui débute. J'observe simplement qu'un pays, Israël, est présenté comme aussi efficient dans la lutte, contre les multiples terrorismes qui l'entourent, que dans la gestion de l'urgence sanitaire. Imposée par la pandémie. En 1996, Henry Kissinger, lorsqu'il a aidé Benyamin Netanyahu à s'installer au pouvoir en Israël, m'a expliqué, dans le cadre de nos relations privées, quels étaient les effets de ces politiques alternées d'anxiété et de sécurité qui permettent d'assurer la domination du fort sur le faible. Ces politiques alternées, anxiété sécurité, reposent sur 4 piliers administratifs : - Une organisation qui impose son modèle et ses structures aux citoyens « assujettis ». - Une mission qui préserve la mise en cause des responsabilités du pouvoir exécutif. - Des protocoles d'exécution écrits en langage administratif. - Des plannings et agendas à la seule discrétion de l'autorité administrative. L'opinion publique française semble avoir accepté ces règles du jeu en se retirant jusqu'aux 2/3 d'entre elle dans l'abstention lors des consultations du printemps 2021. ## L'État et la nécessité A l'évidence, le pouvoir exécutif, les institutions dont il dispose et dont il est le gardien, les différentes formes des pouvoirs administratif, ont su construire l'état d'urgence dont la pandémie exigeait la mise en œuvre. Le peuple français, celui qui aura pleuré les 120 000 morts sera-t-il convaincu, le moment venu de rendre les comptes, de ce qui a été fait et bien fait pour lui ? Je vais donner mon sentiment sur les 4 piliers de l'Etat d'urgence, comme je l'ai donné il y a 20 ans pour les 4 piliers de l'État afin de mieux comprendre sa situation et sa dégradation. - La tyrannie du guichet vers lequel il faut se rendre, a imposé, nous dit-on, à 20 % des citoyens de plus de 60 ans d'être exclus de l'indispensable vaccination du fait de leur éloignement du fameux guichet vers lequel l'assujetti doit toujours se rendre. - La mission de précaution, détournée de son sens vers l'irresponsabilité a conduit à justifier l'injustifiable par le mensonge sur l'inutilité des objets dilapidés, les masques, en organisant la pénurie de leur indispensable usage. - L'usage des protocoles écrits dans un langage qui oubliait celui de la nécessité, et des nécessiteux, celui du peuple qui connaît trop souvent l'analphabétisme que le système d'éducation nationale a laissé s'installer dans le pays. - Quant à la gestion de l'agenda par les services administratifs de l'État elle a montré les accumulations de reports et de retards qui ont conduit à l'émergence d'une solidarité de suppléance. Tout cela révèle la capacité d'oubli de l'urgence a nécessité évoquée par le philosophe. J'ai vécu il y a 60 ans les mêmes dérives administratives dans le département le plus affecté cette fois-ci celui de la Seine-Saint-Denis. Il ne s'agissait pas de sanitaire. Il s'agissait de services publics auxquels une jeune population migrante, majoritaire dans sa commune, n'avait pas accès, à la mesure de ses besoins. L'État était en situation d'urgence logement sous l'œil politique suspicieux de l'Abbé Pierre. Il était en situation de nécessité par les conséquences de la guerre d'Algérie et du baby-boom. Ce fut une expérience documentaire. ## L'État et l'autorité Emmanuel Macron, fin politicien, a compris que le variant Delta pouvait l'aider à sa réélection. Il a enfoncé le devoir de vaccination dans la tête des Français. C'est sans doute un bon coup double pour eux comme pour lui. Je garde mes commentaires sur E. Macron pour ma chronique de fin septembre. Depuis vingt ans, avec mes amis de l'Institut PRESAJE, nous luttons pour la renaissance du Droit. Voilà une belle occasion de l'affirmer en respectant l'urgence de ne pas oublier toutes les nécessités.
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2021-07-01
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MASCARADE ET DÉMOCRATIE
# Mascarade et Démocratie Au printemps 2018, l'édito sur la crise des Pouvoirs institutionnels, qui a été publié par l'Institut PRESAJE, alors qu'E. MACRON savourait son bonheur et ignorait encore les « Gilets jaunes », annonçait  déjà  « Quatre déséquilibres institutionnels provoquent une situation d'instabilité et de doute à laquelle les réformes entreprises devraient remédier, avec du temps, et beaucoup de pédagogie ». - Le taux d'abstention aux élections, - La présence des partis extrémistes dans les scrutins et les médias, - La personnalisation du pouvoir présidentiel, - La fracture qui sépare Paris des territoires. *Face à cette dérive, les réformes engagées éviteront-elles le divorce Nation-institutions ?* En fait, tous ces ennuis ont été au rendez vous électoral de juin 2021 et les français s'en sont sortis en évitant la séduction des pitres et des jongleurs dénoncés dans la fable sur l'aveugle et les saltimbanques, qui figure dans « Les Rois prodigues » en cours de parution L'acte 2 se jouera en 2022 lors de l'élection du Président qui a perdu sa République, phénomène répétitif depuis 2 siècles. ## Le temps des mascarades Depuis des siècles, les mascarades agitent les frayeurs des Françaises et des Français. La Fontaine y fit allusion en s'adressant aux législateurs et autres ambassadeurs en les invitant à tomber les masques. Depuis 40 ans les mascarades qui orientent l'opinion publique fabriquée par la société du spectacle, se sont multipliées, en prenant soin que les masques utilisés soient suffisamment hideux pour faire vivre les citoyens dans le film « *la* *Cité de la l'indicible peur,* de Jean-Pierre MOCKY* »*. Quand le citoyen électeur a compris, en 2021, que le spectacle politique allait échanger la peur du virus qui l'avait enfermé chez lui par celle du populisme qui l'enfermerait dans un seul choix électoral, le macronisme, il a cessé de participer à la mascarade et renversé la table avec les urnes. C'était prévisible dans un pays attaché à l'esprit républicain, que je partage, en rejetant autant le populisme construit sur les débris du pétainisme, que le gauchisme construit sur ceux du trotskysme. ## Le Président négociant voyageur Ce fut le dur métier des paysans auvergnats chers au Président Chirac. Emmanuel MACRON, jeune, intelligent, cultivé est au tout début d'une carrière internationale qu'il cherche à construire. Ce n'est pas cet avenir qui justifiera quelques mascarades. C'est la fin de sa carrière nationale qui l'y conduit. Il lui faut donc réussir la sortie, se faire réélire quitte à dégager en cours de second mandat, comme l'a fait Patrice de Mac Mahon, en sauvant son avenue vers l'Arc de Triomphe. Il lui faut faire face à ces jeunes concurrents issus de ce mouvement républicain qu'il croyait avoir « oblitéré », en 2017, et qui reste bien vivant comme le canard du fantaisiste Robert Lamoureux, dans les années 50. Plus que jamais il faut séduire en parcourant la France. Ce qu'il a entrepris avec la Reine Brigitte, comme le fit, avec la Reine Catherine, au milieu du 16^ème^ siècle, le Chancelier Michel de l'Hôpital, le créateur de l'Etat à la française. La royauté était en lambeaux, le pays démembré par les guerres entre religions, il fallait oser une création étatique. Le Chancelier en a été récompensé en siégeant à coté de Colbert, devant le Palais Bourbon, sans risquer les tags de la Cancel Culture. Je ne connais pas plus Emmanuel Macron, mais comme il a l'âge de l'ainée de mes petites-filles, je me permets de lui recommander la lecture de mon entretien imaginaire avec le Chancelier de l'époque, diffusé il y a une quinzaine d'années dans l'Echo des arènes (à l'époque journal papier) sur l'état de notre Etat, et, déjà, la situation de ces grands corps que notre Président bouscule. ## Le Citoyen indocile et le Président Au printemps 2022 les citoyens vont élire un président aux pieds nus, privé qu'il serait du confort des solides « godillot », dans une assemblée qui tenterait de reprendre la main sur l'action politique après l'avoir perdue durant 63 ans. Ce sera convulsif. Il faudra expliquer comment le Pays s'est enfermé dans cette impasse pendant si longtemps et comment il pourra en sortir. La bonne pédagogie reposera sur les expériences vécues, à long terme, porteuses de réflexions à moyen terme. Elle est en cours pour être disponible avant les 2 élections du printemps 2022. Trois mots pour terminer. Les masques vont tomber, tant mieux. La liberté revient avec le risque de voir réapparaitre le couteau entre les dents bien plus inquiétant que le masque sur le nez. « L'élection piège à cons » de 1968 est devenue « l'abstention piège à Macron » de 2021. Félicitations aux commentateurs qui déversent des torrents d'explications sur ce que pense l'abstentionniste qui, lui, n'en donne aucune.
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2020-11-01
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MES NUITS AMÉRICAINES
# Mes nuits américaines Il s'agit, bien sûr, de ces nuits passées à attendre le nom du Présidentiel américain destiné à être l'homme le plus puissant du monde. Depuis le 3 novembre, pour la vingtième fois, j'ai partagé, l'attente du monde entier. Jusqu'à l'annonce qui a désigné le bon élu, Joe BIDEN et le méchant battu, Donald TRUMP. La fin hollywoodienne fut respectée. ## Historique des 19 précédents scrutins Ma découverte de ce grand moment électoral fut celle du deuxième mandat F.D, Roosevelt, en 1936, par la lecture de deux journaux, le Matin de Paris et la France de Bordeaux. Elle fut laborieuse et répétée, entre deux « Mickey », afin de tenter de comprendre ce qui ne le fut qu'après de nombreux exemples ultérieurs. J'étais apprenti scolaire, déjà passionné, et déjà confiné dans ma chambre par une quarantaine rigoureuse liée à une méchante Scarlatine. Les 18 élections suivantes se sont situées dans des contextes familiaux et professionnels de plus en plus américanisés. De la deuxième élection de Truman en 1948 à celle de Trump en 2016, je les ai toutes vécues. La 20^e^ élection de mon vivant de citoyen Français, celle de Joe Biden se terminera le 8 décembre 2020. Je remercie le processus électoral américain de m'offrir ce petit cadeau. Ce sera le jour de mon anniversaire. I like ! A l'instant, je me remémore le cadeau de mon treizième anniversaire, en décembre 1941, offert par l'officier allemand qui occupait une chambre réquisitionnée. Nous avons eu une conversation prémonitoire. La veille le Japon avait attaqué Pearl Harbour et l'Amérique entrait en guerre. Il m'a dit : «* l'Allemagne nazie a perdu la guerre, mais elle la fera jusqu'au bout, ce dont les Français se sont révélés incapables en 1940* ». Cette vérité prend tout son sens le 10 novembre 2020 alors que l'on glorifie l'Homme du 18 juin pendant que j'écris cette chronique. ## Les sentiments inspirés par l'élection de 2020 Les sentiments et les réflexions que m'inspirent l'élection 2020 restent fidèles, dans leur expression, à toutes les précédentes. J'observe que depuis presque 90 ans les Démocrates américains ont occupé le pouvoir 48 ans, les Républicains 40 ans. Sauf aléas judiciaires, le président Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris ont une chance d'ajouter, successivement, 12 années aux 48 des précédents présidents démocrates. Cette répartition 60/40, sur un siècle, donne une bonne vision sur l'électorat américain face à l'offre des grands partis politiques. Ceci dit, il faut d'abord mesurer les influences qu'exerceront les phénomènes politiques mondiaux, plus spécialement de l'intérieur du monde occidental, sur le déroulement des années de présidence à venir. Cette question découle du fait indéniable que le corps électoral américain élit trois présidents en même temps. Le président des États-Unis, l'administrateur du monde occidental, le leader de la diplomatie mondiale. Il est probable que ni l'électeurs des Moines (Iowa) ni celui de Buffalo (New Jersey), en aient conscience. Mais c'est la réalité. Ayant eu l'occasion de fréquenter Henry Kissinger au cours des années Clinton j'ai pu vérifier le poids de cette triple responsabilité sur l'action du Président élu. À ce jour, il est évident que la situation des États-Unis est plus déséquilibrée qu'elle ne l'a jamais été. Certes ils disposent d'une prééminence technologie dont l'influence se réduit face à celle revendiquer par le monde chinois. Mais ils doivent faire face aux 3 grands maux que nous connaissons bien en France : - La Division qui s'exprime par la consolidation du vote républicain. (70 millions d'Américains se sont reconnus dans le Trumpisme). - La Défiance que ressentent les oublier du rêve américain qui ne connaissent que le cauchemar financier et industriel du déclassement. - L'Angoisse qui s'est développée avec la crise sanitaire aux effets démesurés. Si l'on ajoute les convulsions démographiques, climatiques et religieuses qui viennent compliquer tous les choix des dirigeants, les années 2020 ne seront pas faciles à gérer, nulle part. Tout dépendra, dans les grandes démocraties occidentales, de la fidélité de leurs bases électorales. Joe Biden et Kamala Harris ont rassemblé 74 millions d'électeurs avec l'espoir de gouverner pendant 12 ans. Avec l'appui inconditionnel des médias, ils ont vaincu un président dont l'expression politicienne construite sur les excès de son caractère, l'exposait à son exclusion du pouvoir. Cette réalité ne l'a pas empêché d'améliorer son score de 2016 en 2020. Il a été battu comme G.w. Bush en 1992 ce qui n'a pas empêché le fils d'être élu en 2000. D.Trump a construit son projet populiste en opposant la réhabilitation du rêve américain face aux cauchemars vécus par des populations qui se sont senties abandonnées par leurs élites. Il est très mode ! Peut il survivre ? La réponse ne pourra être donnée que dans 4 ans lorsque la nouvelle élection présidentielle fera fonction de clause de revoyure à la française. A l'évidence à 74 ans, il va tenter de faire avec son clan familial, s'il reste soudé autour de lui, ce qu'il n'a pas réussi à faire : Briser le plafond de verre imposé par le modèle de la démocratie médiatisée américaine. L'homme, très inattendu, venait du business et du show-biz, pas de la politique, au sens de la carrière de son challenger. Il a réussi à occuper l'espace électoral en se débarrassant de ses adversaires. Une fois élu, il n'a pas réussi à s'installer dans l'espace médiatique occupé par le spectacle politique. Il en avait les compétences. Il a préféré imposer une prestation solitaire et transgressive. Il a voulu jouer « Obélix à la Maison-Blanche ». Il lui a manqué Astérix pour lui éviter d'aller poser son menhir où il n'avait pas sa place. Il s'est trompé. Rendez-vous le 8 décembre, jour de mon anniversaire et le 20 janvier jour de celui de notre fille aînée.
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2019-12-01
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MÉTÉO-PINION
# MÉTÉO-PINION Pour l'opiniologue, amateur, qui rédige ce 86ème commentaire annuel de fin d'année, le premier à être publié, depuis 1934, l\'année 2019 a été banale. Au printemps, les giboulées provoquées par les bourrasques électorales, apportées par les vents des scrutins d\'origines différentes chaque année, furent au rendez-vous. Au cours de l'été, les chaleurs provoquées par le vent des réformes que le pouvoir a fait souffler sur la société ont été jugés caniculaires et fait souffrir les plus faibles. À l\'automne, les tempêtes qui se succèdent, provoquées par les vents de la révolte citoyenne qui ont traverse le pays, dépression après dépression, ont décoiffé les beaux chapeaux et les sévères képis. Jusqu'à ce début décembre qui voit la tempête Martinez secouer Paris comme il y a vingt ans l'ouragan Martin avait secoué la Côte de mon pays Charentais. Chaque saison apportant ainsi les troubles de la maladie d\'amour que subit le pouvoir et ceux de la maladie d\'État que subit la nation. Sans la sécu. Cette réflexion me ramène au temps de Catherine de Médicis et de ses peines d\'amour et de Michel de l\'hôpital de ses difficultés pour créer un État. C\'est pourquoi, à l\'approche de Noël, j\'ai pensé utile et agréable de vous faire le petit cadeau qui suit. Il s\'agit d\'un bref entretien avec Michel de l\'hospital lui-même, au cours duquel nous avons parlé de la maladie d\'État en évoquant avec discrétion la maladie d\'amour de la Reine Catherine. Par la faute de la belle Diane de Poitiers et de son Roi, le volage Henri II plus attiré par la chambre que par la salle à manger qui l'a fait entrer dans la postérité. Ce texte qui s\'affranchit du poids du temps passé, ouvre les deux chroniques de janvier 2020 sur la France rebelle et l\'état de son État.
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license: cc-by-nc-sa-4.0 language: - fr tags: - legal - finance pretty_name: MicRou size_categories: - n<1K

MicRou

Introduction

The documents that constitute the dataset were gathered for a RAG project in memory of Michel Rouger : the documents were part of his personal archives and include his own work as well as work produced by other authors during projects he ran.

Datasets

The MicRou repository includes 2 datasets in French:

  1. microu

This dataset includes approximately 850 documents in French (books, articles, minutes of debates) produced between 1998 and 2020. It covers justice and law, finance and economics, management, healthcare, education, sports, history and geopolitics... Overall it represents between 1.5m and 2m tokens depending on the tokenizer you use.

In many cases, the documents stem from a larger source that was broken down as parts could be considered independently (e.g. different chapters of a book or different articles of a newsletter). It is nonetheless possible to recombine the entire source : within a "dossier", you can group by date and, within each group, order by index. Documents that do not come from a larger source have an index of 0 by default.

  1. microu-chunked

As part of the RAG projet, we used an embeddings model, Solon, with a context window of 512 tokens so we had to split the MicRou dataset into chunks. This is the resulting dataset.

License (CC-BY-NC-SA-4.0)

The dataset is currently under restrictive license. We plan to convert it to an open license once we have finalized the review of the right holders. Some documents may be excluded following the review, but we also plan to add others over time.

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