topic
stringclasses
573 values
text
stringlengths
168
100k
date
stringlengths
10
10
url
stringlengths
21
250
summary
stringlengths
38
964
title
stringlengths
1
209
livres
Jean-Jacques Schuhl, Gilles Leroy, Christian Gailly, Yasmina Khadra, James Ellroy, Amos Oz, V. S. Naipaul… Si la rentrée de janvier s'annonce sous les meilleurs auspices, force est de constater que, avec 491 romans (contre 558 en 2009), la tendance à la baisse enregistrée à l'automne s'accentue. Principale victime de cette glaciation : la littérature étrangère, qui enregistre un recul de 21 % avec 167 romans, contre 211 l'an dernier. Soit son plus bas niveau depuis 2001. Peut-être doit-on voir là le contrecoup de l'augmentation des droits d'auteur et de traduction, mais aussi le fait que les organisateurs du Salon du livre ont choisi de célébrer les trente ans de la manifestation en invitant non pas un pays mais des écrivains français et étrangers. Si la littérature française, de son côté, marque un léger fléchissement avec 324 livres, contre 347 l'an passé, les premiers romans après un automne en demi-teinte repartent à la hausse avec 73 titres, contre 61 en 2009. Loin de l'effervescence de septembre et de la tension des prix, cette rentrée hivernale est placée sous le signe de la décrue. Elle n'en offre pas moins un programme de belle qualité. Ainsi chez Gallimard, où le retour de Jean-Jacques Schuhl avec Entrée des fantômes, dix ans après son Goncourt pour Ingrid Caven, est déjà annoncé comme l'un des événements de la rentrée. Tout comme le nouveau roman de Patrick Modiano, prévu en mars. Autres têtes d'affiche : Philippe Sollers avec Discours parfait, le troisième tome de ses articles, chroniques et entretiens ; Richard Millet, qui propose un récit et un roman où le Liban tient une grande place ; Camille Laurens, qui narre, avec Romance nerveuse, la rencontre d'une romancière et d'un paparazzi, ou encore Philippe Djian, dont le nouveau livre, Incidences, paraîtra en février. Du côté des filiales de Gallimard, notons la présence d'un autre Goncourt, Gilles Leroy, qui propose, au Mercure de France, Zola Jackson. Chez Verticales, Arnaud Cathrine poursuit son exploration du roman-choral avec Le Journal intime de Benjamin Lorca, tandis que Céline Minard, chez Denoël, propose avec Olimpia, un portrait sulfureux de la belle-sœur du pape Innocent X. Enfin, chez P.O.L., l'essai de Marie Darrieussecq, Rapport de police : accusation de plagiat et autres modes de surveillance de la fiction pourraient bien susciter quelques polémiques. Face à cette escouade, Grasset n'est pas en reste, qui publie le dernier roman de Jacques Chessex (décédé le 9 octobre), Le Dernier Crâne de M. de Sade, "chesséien" en diable. Mais aussi Troisième chronique du règne de Nicolas Ier, de Patrick Rambaud, l'émouvant roman Le Premier Amour de Véronique Olmi ou encore deux recueils de poèmes de Charles Dantzig. La maison sœur Fayard n'a pas à rougir d'un programme où l'on retrouvera le délicat Dominique Fabre, mais également Claire Castillon, Frédéric Vitoux, Cyrille Fleischman, Morgan Sportès et un nouveau Pierre Pelot des plus sanglant. En cette rentrée, la palme du recrutement en masse revient incontestablement à Actes Sud, qui affiche, au côté de Claude Pujade-Renaud, une myriade de transfuges. A commencer par Anne Weber (ex-Seuil), Emmelene Landon, venu de Léo Scheer, Denis Baldwin-Beneich (ex-Denoël), Emilie Frèche (Flammarion) ou encore Véronique Bizot,qui, après des nouvelles chez Stock, publie son premier roman. Le Seuil, à l'inverse, joue la carte des auteurs maison avec François Emmanuel, Olivier Rolin, Maryline Desbiolles, Patrick Grainville, Michèle Gazier ou encore Catherine Clément. Tout comme l'Olivier, qui poursuit son travail de mise en lumière de jeunes auteurs tels Valérie Zenatti, Jakuta Alikavazovic ou le drolatique Martin Page. Chez Stock, outre l'arrivée de Catherine Vigourt avec le très autobiographique Un jeune garçon, sont également très attendus le dernier roman de Luc Lang, Esprit chien, ainsi qu'en février un volumineux et très singulier roman de Marie Billetdoux, C'est encore moi qui vous écris (1968-2008), composé à partir de ses écrits intimes (lettres, bulletins scolaires, critiques de livres…). Toujours aussi éclectique, Flammarion offre un programme où se côtoient Diastème, Laurent Seksik, qui évoque de manière romanesque les derniers jours de Stephan Zweig, Brigitte Fontaine ou Andrée Chedid. Eternel oublié des prix d'automne, non sans s'en plaindre, Yasmina Khadra, chez Julliard, a donc choisi janvier pour publier L'Olympe des infortunes, une fable philosophique qui rompt avec ses précédents romans. Autre grand auteur algérien de cette rentrée, aux éditions de l'Aube, Maïssa Bey. Sous forme épistolaire, la romancière aborde, dans Puisque mon cœur est mort, le thème du pardon et de la loi de réconciliation nationale. Ce bref tour d'horizon ne pourrait s'achever sans évoquer les Editions de Minuit, qui proposent, comme en septembre, un duo de choix avec Eric Chevillard et Christian Gailly. Christine Rousseau
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/01/01/la-rentree-litteraire-promet-un-programme-de-belle-qualite_1286666_3260.html
Jean-Jacques Schuhl, Gilles Leroy, Christian Gailly, Yasmina Khadra, James Ellroy, Amos Oz, V. S. Naipaul… La rentrée de janvier s'annonce sous les meilleurs auspices.
La rentrée littéraire promet un programme de belle qualité
proche-orient
Une semaine après l'attaque terroriste manquée à bord d'un vol à destination des Etats-Unis par un jeune Nigérian qui avait séjourné au Yémen, Gordon Brown a appelé, vendredi, à une réunion internationale sur le Yémen et la lutte contre le terrorisme le 28 janvier à Londres. Cette réunion doit se tenir en parallèle avec la conférence internationale sur l'Afghanistan déjà prévue à Londres à la même date. Selon Downing Street, ce projet a déjà reçu "un fort soutien de la Maison Blanche et de l'Union européenne", et la Grande-Bretagne s'attachera dans les prochains jours à obtenir l'appui de l'Arabie saoudite et des pays du Golfe. La tentative du jeune Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab de faire exploser, le jour de Noël, un avion de ligne américain en provenance d'Amsterdam qui s'apprêtait à atterrir à Detroit, souligne que la menace terroriste est toujours très présente, huit ans après les événements du 11 septembre 2001, avait rappelé, plus tôt vendredi dans un article, le premier ministre britannique. Le jeune homme de 23 ans a affirmé avoir été entraîné au Yémen par Al-Qaida, selon des responsables américains cités par les médias. Le ministère yéménite des affaires étrangères a confirmé que le Nigérian se trouvait encore, au début de décembre, au Yémen, peu avant l'attentat qu'il a tenté de perpétrer. La réunion devrait chercher à encourager et coordonner l'aide internationale au Yémen pour renforcer les capacité du gouvernement, qui ne contrôle pas l'ensemble de son territoire, et à contribuer au développement économique des zones les plus propices à la radicalisation des militants, selon Downing Street. Elle vise également à identifier les besoins du pays, afin que celui-ci puisse lutter, contre le terrorisme et à déboucher sur des engagements des Etats participants pour renforcer l'armée yéménite et coordonner les efforts contre le terrorisme dans la région.
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/01/gordon-brown-appelle-a-une-reunion-internationale-sur-le-yemen_1286665_3218.html
Cette demande intervient une semaine après l'attaque terroriste manquée à bord d'un vol à destination des Etats-Unis par un jeune Nigérian qui avait séjourné au Yémen.
Gordon Brown appelle à une réunion internationale sur le Yémen
asie-pacifique
Un juge américain a rejeté, jeudi 31 décembre, les accusations portées contre cinq employés de Blackwater – la plus grande entreprise privée de sécurité utilisée par les Etats-Unis en Irak – accusés d'avoir ouvert le feu à Bagdad sur la foule et tué quatorze Irakiens en 2007 lors d'une mission pour le département d'Etat. Une décision qui aussitôt suscité l'indignation en Irak : "J'ai été vraiment stupéfaite de la décision et j'attends de l'ambassade américaine une copie de la décision du juge", a ainsi affirmé la ministre des droits de l'homme irakienne, Wejdane Mikhaïl. "Ce qui s'est passé a été très mauvais, car tant de personnes innocentes sont mortes, des jeunes, des étudiants, tués par quelqu'un qui aimait tirer sur des gens non armés." Le juge fédéral Ricardo Urbina a argué dans sa décision que l'accusation avait violé les droits des accusés en utilisant des témoignages livrés alors que les agents de sécurité étaient protégés par l'immunité que leur conférait le gouvernement américain. "Tous les Irakiens vont être mécontents. Il y a eu tellement de travail de fait pour poursuivre ces gens en justice, je ne comprends pas la décision du juge", explique Mme Mikhaïl. Selon la ministre, les témoignages présentés étaient suffisants pour renvoyer les cinq agents devant la justice américaine. L'un des agents "a raconté ce qui s'était passé place Nousour, comment ils ont tué des gens innocents qui se trouvaient juste dans leur voiture sans aucune arme", insiste-t-elle. "CONTRECOUP" Cet incident avait provoqué la colère des Irakiens, qui n'ont eu de cesse d'accuser les agents de sécurité étrangers d'avoir la détente trop facile et d'agir sans retenue et en toute impunité. Après cet incident, le gouvernement a retiré la licence d'exploitation de Blackwater, dont les contrats s'élevaient à des centaines de millions de dollars par an. Au début de mars, le patron et fondateur de la société américaine de sécurité Xe – le nouveau nom de Blackwater –, Erik Prince, avait annoncé sa démission après la perte du contrat en Irak. Avec leurs convois sillonnant Bagdad à vive allure, leurs gardes ouvrant le feu en l'air pour se faire un passage dans les embouteillages et ses hélicoptères survolant sans cesse le ciel de Bagdad, Blackwater était devenu pour les Irakiens le symbole des agissements controversés des sociétés privées. Le porte-parole du gouvernement irakien a assuré que l'enquête menée par les autorités irakiennes indiquait sans l'ombre d'un doute que les gardes étaient responsables de la mort des civils irakiens. Le commandant des forces américaines en Irak, Ray Odierno, a dit craindre que la décision du juge américain ait des répercussions sur l'ensemble des sociétés privées. "Ce que je crains, c'est qu'il y ait un contrecoup contre les sociétés de sécurité qui continuent de travailler [en Irak]. Je ne souhaiterais pas être témoin de cela."
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/01/l-abandon-des-poursuites-contre-blackwater-indigne-l-irak_1286663_3216.html
Un juge américain a rejeté jeudi les accusations portées contre cinq employés de la société de sécurité, accusés d'avoir ouvert le feu à Bagdad sur la foule et tué quatorze Irakiens en 2007.
L'abandon des poursuites contre Blackwater indigne l'Irak
asie-pacifique
Un attentat a fait au moins 93 morts et plusieurs dizaines de blessés, vendredi 1er"Cinq personnes sont décédées pendant la nuit à l'hôpital (...), ce qui porte le bilan à 93 morts" janvier, au Pakistan selon un nouveau bilan fourni samedi par la police. Un kamikaze a fait exploser une bombe au milieu d'un terrain de volley-ball. , a déclaré le chef de la police locale qui précise que le kamikaze a précipité une voiture chargée d'explosifs sur le terrain autour duquel les villageois étaient rassemblés pour regarder le match. L'explosion a provoqué l'effondrement d'une maison située à proximité, d'où ont été extraites plusieurs victimes, femmes et enfants. L'attentat a eu lieu à Shah Hasan Khan, un village du district de Bannu, voisin des zones tribales frontalières de l'Afghanistan où l'armée pakistanaise combat actuellement les talibans alliés à Al-Qaida. En cette fin d'année, le pays est victime d'un regain de violence. Lundi, un attentat-suicide à Karachi, revendiqué par les talibans, avait fait quarante-trois morts. Une réunion d'un comité local anti-talibans se tenait dans la mosquée située juste à côté du terrain de volley-ball lors de l'attentat, a indiqué Mushtaq Marwat, un membre de ce "comité de paix", à la chaîne de télévision locale Geo. "Soudain, il y a eu une énorme explosion. Nous sommes sortis et avons vu des morts et des blessés partout", a-t-il raconté, en estimant que le bilan devrait s'alourdir. "COMBATTRE LA MENACE TERRORISTE JUSQU'À SON ÉLIMINATION TOTALE" Le premier ministre, Youssouf Raza Gilani, a condamné l'attentat en affirmant, dans un communiqué, que "de tels actes terroristes ne peuvent affaiblir la résolution du gouvernement à combattre la menace terroriste jusqu'à son élimination totale". Le nord-ouest du Pakistan est la cible privilégiée de la vague d'attentats islamistes qui secoue le Pakistan et a fait plus de deux mille huit cents morts depuis près de deux ans et demi. Cette sanglante série s'est accélérée depuis octobre, lorsque l'armée a lancé une offensive terrestre contre les talibans dans le Waziristan du Sud, fief du Mouvement des talibans pakistanais (TTP), allié à Al-Qaida. Le TTP et ses alliés, qui dénoncent l'alignement du Pakistan sur la "guerre contre le terrorisme" menée par les Etats-Unis dans la région, sont considérés comme les principaux auteurs des attentats perpétrés depuis deux ans et demi. Le TTP a également revendiqué un attentat contre une procession chiite, qui a fait quarante-trois morts, lundi dernier à Karachi, dans le sud du Pakistan, qui semble démontrer que sa capacité de nuisance s'étend bien au delà du Nord-Ouest.
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/01/au-moins-25-morts-dans-un-attentat-au-pakistan_1286661_3216.html
Un kamikaze a fait exploser sa voiture piégée vendredi, au milieu d'un terrain de volley-ball.
Au moins 93 morts dans un attentat au Pakistan
societe
Cinq personnes sont mortes, et treize autres ont été blessées à Nîmes, dans le Gard, dans un incendie qui s'est déclenché vendredi 1er janvier au petit matin. Le feu, dont on ignore l'origine pour l'instant, a pris au sixième et dernier étage d'un immeuble. "A l'arrivée des pompiers, trois personnes étaient décédées dans un appartement, et deux autres dans un appartement voisin par intoxication", a expliqué, sur i-Télé, le directeur de cabinet du préfet du Gard. On dénombre également "treize blessés, dont trois graves. Une personne dans le coma a été transférée à Marseille", a-t-il ajouté. Les secours ont été prévenus vers 5 heures du matin, mais "l'incendie avait déjà bien démarré", a-t-il expliqué. France Info précise que les victimes sont trois adultes et deux enfants. "L'origine de l'incendie est indéterminée mais a priori accidentelle", a déclaré le procureur adjoint de la République de Nîmes, cité par Europe 1.
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/01/cinq-morts-dans-un-incendie-a-nimes_1286657_3224.html
Cinq personnes sont mortes, et treize autres ont été blessées à Nîmes, dans le Gard, dans un incendie qui s'est déclenché vendredi 1er janvier au petit matin.
Cinq morts dans un incendie à Nîmes
culture
La décision a été un peu occultée par la censure de la taxe carbone. Dans le milieu du patrimoine, elle revêt pourtant une grande importance : le Conseil constitutionnel a rejeté, mardi 29 décembre 2009, la disposition de la loi de finances qui autorise le transfert de tous les monuments historiques aux collectivités territoriales. La haute juridiction a estimé que cet article 116 - anciennement 52 - constituait un "cavalier budgétaire qui n'a pas sa place en loi de finances". Autrement dit, la question de la dévolution du patrimoine national de l'Etat et de ses établissements publics aux mairies, conseils généraux ou régionaux leur est apparue comme excédant les simples questions financières et que, par conséquent, ce texte ne devait pas être noyé dans l'ensemble du projet de budget. Cette décision devrait satisfaire les nombreux opposants au projet, à gauche comme à droite. Ceux-ci dénonçaient, sur la forme, la procédure choisie, comme ne permettant pas un débat approfondi. Mais, plus largement, la censure repose le problème sur le fond. Depuis août 2004, la loi limite le transfert patrimonial à 176 monuments inscrits sur une liste établie par un décret du Conseil d'Etat. Procédure qui n'a pas connu un franc succès. Fallait-il élargir la liste ou décider que, par principe, tous les bâtiments étaient transférables ? Matignon a tranché, à l'automne, pour cette seconde hypothèse. Une rupture qui a fait réagir de nombreux défenseurs du patrimoine (Le Monde du 23 novembre 2009). Circonstance aggravante, la première mouture du texte, adoptée par l'Assemblée nationale, ne prévoyait de consulter que les seuls préfets avant cession. Exit, donc, le ministère de la culture. Passé par le Sénat, puis par une commission mixte paritaire, la dernière rédaction a rétabli l'avis du ministère. Mais, pour nombre de spécialistes, les garanties susceptibles d'éviter qu'à terme ces joyaux patrimoniaux n'atterrissent dans les mains du privé n'étaient pas données. Le Conseil constitutionnel ne s'est pas prononcé sur ce point. Mais sa décision rebat les cartes. Au ministère de la culture, certains reposeront sans doute la question de la philosophie du texte. Quant au ministère des finances, il devrait remettre en cause le principe de la gratuité de ces cessions, qui ne l'a jamais convaincu. Pour l'heure, toutefois, aucune décision n'a été prise, ni en termes de calendrier, ni sur le fond de la question, indique-t-on de source proche du dossier. Nathaniel Herzberg
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/01/le-texte-sur-le-transfert-des-monuments-censure_1286563_3246.html
Le Conseil constitutionnel a écarté l'article permettant à l'Etat de céder son patrimoine.
Le texte sur le transfert des monuments censuré
culture
Si le Cirque invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée fascine autant, c'est parce qu'il octroie une pause dans le parcours du combattant du spectateur. L'homme pressé est d'ailleurs superbement figuré par le pôle masculin de ce duo, embarqué dans une voiture décapotable. La longue chevelure, l'écharpe dénouée, le cornet de glace, tout de carton comme la voiture, sont abusivement rabattus en arrière sous l'effet d'un vent imaginaire et fixé, comme sur une vieille carte postale. C'est ainsi que les deux loustics traitent la vitesse : en la figeant. Ce n'est pas le moindre des paradoxes de ce spectacle, à voir jusqu'au 16 janvier au Théâtre du Rond-Point, à Paris. Et de ce cirque, transformiste, drôle, mélancolique, joué par une femme éduquée aux arts du corps et un homme enfant, né en 1937, qui prend les lapins pour des cafetières, et les cafetières pour des réalités. Le Cirque invisible a le succès qu'il mérite. Pour autant, il trimbale une appellation antinomique - cirque et invisible. Mais ce qu'on peut y voir, c'est le passage du temps. En ce sens, le spectacle est, et n'est pas, pour les enfants : ces derniers possèdent à la fois un sens très flou de la durée et du découpage calendaire, et une idée assez précise du merveilleux. Quant aux adultes, ils seront en mesure d'apprécier la nostalgie intrinsèque à la vie qui passe vite. Le temps pour Jean-Baptiste et Victoria est une étrangeté, sphérique et fléchée. Une petite balle rouge rémanente, une horloge, un rocking-chair, une marquise qui devient cheval (les transformations en bestioles sont la spécialité de Victoria Chaplin). C'est aussi la vie figurée par une chanson que l'on entend dans le spectacle - Les Trois Cloches (la naissance, le mariage, la mort), fruit de la collaboration entre Les Compagnons de la chanson et Edith Piaf. Jean-Baptiste Thierrée la chante en play-back en manipulant des marionnettes ; c'est parfait. ŒUVRE EN DEVENIR Le Cirque invisible, est né il y a presque vingt ans. Quand ils font un nouveau spectacle, les deux fiancés terribles changent de nom : Cirque Bonjour, Cirque imaginaire, et puis celui-ci (le fils du couple, James Thierrée, connaît aussi le succès en ce moment dans un autre lieu parisien, au Théâtre de la Ville). Pour autant, ces deux heures pleines développées dans une logique de la rapidité, par des tableaux qui jouent sur la brièveté, sont une oeuvre en devenir. Les Chaplin-Thierrée y ajoutent, y retirent. Ils enlèvent le gros lapin (vrai) à qui ils faisaient lire un exemplaire géant d'Alice au pays des merveilles, qui peut-être réapparaîtra demain. Ils adjoignent un lancer de carottes, un découpage de doigt ou un manger de bougie. Avec eux, prendre son temps devient une esthétique. Le Cirque invisible. Théâtre du Rond-Point. 2 bis, avenue Franklin-Roosevelt, Paris 8e. M° Franklin- Roosevelt. Du mardi au samedi, à 20 h 30. Le dimanche à 15 heures. Jusqu'au 16 janvier. De 10 € à 33 €. Tél. : 01-44-95-98-21. Véronique Mortaigne
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/01/les-incessantes-metamorphoses-du-cirque-invisible_1286562_3246.html
Le tandem formé par Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée est au Théâtre du Rond-Point.
Les incessantes métamorphoses du Cirque invisible
culture
Un stand vide a frappé les esprits à la Foire d'art de Miami, début décembre 2009. L'occupant aurait eu des problèmes de transport. Officieusement, la galerie Christian Haye, qui se trouve sur la 57e Rue à Manhattan, avait fait brutalement banqueroute. Une preuve, parmi d'autres, que les marchands qui ont pignon sur rue dans la capitale mondiale de l'art contemporain sont frappés par la crise. Il suffit de se promener à New York et de pousser les portes, pour constater que les dizaines de galeries qui y sont installées font le dos rond depuis plus d'un an. Partout, le niveau des ventes a chuté, et le prix des oeuvres a baissé. Ce sont les petites et moyennes galeries qui souffrent le plus, celles qui représentent les artistes les moins bankables - les moins connus par les spéculateurs. Durant les six premiers mois de 2009, environ vingt-cinq galeries auraient fermé. Certaines s'étaient pourtant fait une réputation en défendant des artistes émergents : Roebling Hall, Rivington Arms, Clementine, Bellwether... Certains lieux, comme la jeune galerie Smith-Steward, ont "évolué pour devenir un centre d'expositions sans adresse permanente", apprend-on. Objectif : ne pas disparaître et attendre de dénicher un loyer moins cher. Dans le quartier de Chelsea, à l'ouest de Manhattan, haut lieu des galeries de la ville, "le trafic piétonnier s'est remarquablement amoindri là où les foules se bousculaient l'année passée", remarque le New York Times. Les traders qui aimaient à s'offrir des pièces à 10 000 dollars ont déserté. Désormais, les affaires se font avec les collectionneurs les plus riches. Ceux encore capables de dire, comme le rapporte un galeriste : "J'ai perdu 7 milliards de dollars dans la crise, mais il me reste 200 millions, largement de quoi me refaire." Selon le Baer Faxt, site Internet qui observe le marché de l'art international, "les affaires se sont amoindries de 50 % à 80 %" dans les six premiers mois de l'année, ce qui est vertigineux. Les plus puissantes des galeries, comme Paula Cooper, Luhring Augustine ou Cheim & Read, parviennent cependant à tenir. Mais elles ont dû réduire drastiquement les coûts : licenciement d'une partie du personnel, pression accrue sur les vendeurs d'oeuvres (payés à la commission) ou évincement des artistes dont les ventes sont les plus faibles. La galerie 303 (303Gallery) se concentre désormais sur un seul espace à Chelsea, contre deux auparavant. Certains artistes doivent aussi payer les frais de production de leurs oeuvres, auparavant couverts par les galeries. Si ce n'est Charles Cowles, lieu trentenaire et spécialisé dans la photographie, aucune grosse machine n'a mis la clé sous la porte. Larry Gagosian, considéré comme le marchand le plus puissant au monde, installé dans trois espaces à New York, deux à Londres et un à Rome, a même annoncé qu'il doublerait sa surface en 2010, en s'installant à Los Angeles. "Je dois travailler deux fois plus, mais j'ai réussi à attirer une douzaine de nouveaux clients", confie un de ses vendeurs. Autre signe d'un fossé grandissant entre petits et gros, la puissante et européenne galerie Hauser & Wirth, déjà installée à Zürich et à Londres, a ouvert en septembre un espace à New York, dans l'Upper East Side. "Tout le monde réduit les frais en ce moment, mais nous réfléchissons sur vingt ans", explique un des directeurs. New York entretient néanmoins sa réputation, son pouvoir d'attraction et sa folle énergie. Pendant que beaucoup se lamentent, les projets continuent d'y fleurir. Surtout venant d'institutions qui continuent de trouver des fonds et du mécénat. Ainsi le prestigieux Whitney Museum, dévolu à l'art américain, souhaite ouvrir une nouvelle aile dans le Meatpack, au sud de Chelsea, et à l'orée de la High Line, inaugurée à l'été 2009 et qui est une ancienne voie ferrée transformée en promenade verte par les architectes Diller et Scofidio - elle devrait être prolongée en 2010. De son côté, la Dia Art Foundation, qui joue un rôle primordial dans la conservation de chefs-d'oeuvre de l'art contemporain, comme la Spiral Jetty, joyau monumental du land art que Robert Smithson a imaginé au nord du lac Salé (Utah), projette de revenir à Chelsea cinq ans après y avoir renoncé. Mais son directeur, le Français Philippe Vergne, a annoncé "une architecture modeste", afin que l'essentiel de l'argent "soit dépensé pour les artistes". Pour l'instant, la Dia se contente de montrer de petites expositions dans les espaces de la Hispanic Society of America, au coeur du quartier d'Harlem. Alors que Chelsea décline ou se renouvelle, un autre quartier de l'art s'affirme dans le bas de Manhattan : le Lower East Side, longtemps populaire, réservé aux nouveaux immigrants, entre l'East Village et Chinatown. On y trouve désormais des parkas à 20 dollars comme des escarpins à 500 dollars. Depuis la création du New Museum, il y a deux ans, dévolu à l'art contemporain, le quartier attire les galeries. Une vingtaine se sont installées depuis un an, dont les Zürcher, un couple de Français. Une cinquantaine de petites structures viennent s'accoler aux restaurants chinois et agences de voyage. Un dernier lieu fait parler de lui, cette fois sur la très chic et chère Park Avenue : l'Armory. Ancien quartier général de la jeunesse dorée partant pour la guerre, ce magnifique bâtiment de la fin du XIXe siècle a été sauvé de la ruine par une association, pour en faire un lieu de culture. Elle a chargé les architectes suisses Herzog et de Meuron (la Tate Modern de Londres, c'est eux) de le restaurer. 40 millions de dollars ont déjà été investis. Opéra, théâtre et art contemporain trouvent leur place dans des salles superbes dessinées par Louis Comfort Tiffany, l'inventeur de l'Art nouveau américain. En mai, le Français Christian Boltanski installera dans les 5 000 m2 de l'armurerie l'installation qu'il dévoile au Grand Palais, à Paris, à partir du 3 janvier. New York aurait-elle trouvé son grand palais ? Emmanuelle Lequeux
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/01/a-new-york-les-galeries-depriment-et-guettent-la-reprise_1286561_3246.html
La capitale de l'art entretient son pouvoir d'attraction et sa folle énergie, malgré la fermeture de plusieurs galeries.
A New York, les galeries dépriment et guettent la reprise
planete
La duplicité peut être une qualité. Dans les règnes animal et végétal, les exemples de subterfuges et de faux-semblants sont multiples. Monocirrhus polyacanthus, un poisson d'Amérique du Sud aux teintes bigarrées, adopte les couleurs d'une feuille morte pour mieux approcher ses proies. Les oiseaux nocturnes de la famille des Nyctibiidae se confondent avec des souches d'arbres. Le papillon vice-roi (Limenitis archippus) revêt la parure orange veinée de noir du papillon monarque (Danaus plexippus), dont le goût répulsif tient à distance ses prédateurs. La blennie dévoreuse, petit poisson carnivore, prend la livrée d'une autre espèce se nourrissant de parasites, le labre nettoyeur, pour duper ses victimes. Certaines mouches bourdonnent comme des abeilles pour faire battre en retraite les araignées. Les lithops, ou plantes-cailloux, se font passer pour des minéraux... Ces stratégies adaptatives sont destinées à se protéger d'un prédateur ou, au contraire, à leurrer une proie. Les biologistes de l'évolution ont beaucoup étudié certains de ces travestissements. Comme le camouflage, ou mimétisme cryptique, grâce auquel une espèce se fond dans son environnement afin de ne pas être détectée. Ou comme l'aposématisme, faculté de certains animaux, notamment des insectes et des batraciens, à arborer des couleurs voyantes pour mettre en fuite leurs ennemis. Mais une forme particulière de mimétisme reste mal connue : celle où l'animal ne cherche pas à échapper à la vue, mais où il se grime en objet inanimé non comestible, tel qu'une brindille, une feuille, une pierre ou une déjection. Une équipe britannique décrit, dans l'édition de Science du 1er janvier, une expérience donnant à penser que ce comportement constitue une tactique de défense active. Les chercheurs ont utilisé comme cobayes des poussins de basse-cour et des chenilles de papillons de deux espèces, la citronnelle rouillée (Opisthograptis luteolata) et l'ennomos lunaire (Selenia dentaria), qui ont l'apparence de brindilles brunes et noueuses. TROMPER LES PRÉDATEURS Dans un premier temps, certains des poussins ont été mis en présence de rameaux d'aubépine, sur lesquels ils se sont fait le bec. Puis des chenilles ont été servies à tous les volatiles. Résultat : les poussins qui avaient précédemment goûté aux branchages ont attendu plus longtemps que les autres avant de s'attaquer aux larves, et s'en sont saisis avec davantage de précaution. Cette leçon de choses, qui aurait sans doute ravi Darwin, lui-même passionné par les vers de terre, prouve que le mimétisme sans camouflage - les chenilles, posées sur un sol nu, étaient parfaitement visibles - parvient bel et bien à tromper les prédateurs, concluent les auteurs. Et qu'il s'agit d'un système défensif à part entière. Cette étude apporte un nouvel éclairage sur les mécanismes évolutifs à l'oeuvre dans le couple prédateur-proie. Les biologistes mettaient jusqu'ici l'accent sur le développement des facultés sensorielles, permettant au mangeur de repérer le mangé sous son déguisement. Dans l'expérience relatée, l'hésitation des oisillons ayant mordillé du bois à se jeter ensuite sur une pitance de même aspect suggère que sont également en jeu les capacités cognitives. L'aptitude à déjouer les pièges du mimétisme pourrait constituer un facteur de sélection jusqu'alors négligé. (Skelhorn et al. in Science du 1er janvier) Pierre Le Hir
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/01/le-mimetisme-art-guerrier-animal_1286552_3244.html
Une étude britannique sur des chenilles et des poussins éclaire un processus évolutif.
Le mimétisme, art guerrier animal
planete
Une attaque de panique constitue un trouble de l'anxiété sévère, où les symptômes mentaux et physiques semblent se nourrir mutuellement : palpitations cardiaques, gêne respiratoire, transpiration, vertige, se combiner à une sensation de perte de contrôle de soi, à l'impression d'être en train de mourir. Si les origines biologique et psychologique de ces crises sont parfois difficiles à démêler, il a été démontré qu'elles peuvent être induites, tant chez l'homme que chez l'animal, par du lactate de sodium ou des inhalations de CO 2 . Des médicaments permettent de les juguler, mais ils ne sont pas sans inconvénients (risque de dépendance). Une nouvelle étude illustre le rôle d'une hormone dans ce trouble anxieux, pouvant ouvrir des pistes thérapeutiques. Une équipe américano-suédoise a en effet constaté que certaines molécules inhibitrices de l'orexine (aussi nommée "hypocrétine") pouvaient réduire les comportements de panique observés chez des rats sélectionnés pour présenter ces troubles d'angoisse. Philip Johnson (Université de l'Indiana) et ses collègues ont aussi montré que l'activation des neurones qui synthétisent l'orexine est nécessaire à l'apparition de la panique chez ces rats. Enfin, ils ont constaté que des patients sujets à l'anxiété panique présentaient des concentrations d'orexine dans le fluide cérébro-spinal plus élevées que dans un groupe contrôle. L'orexine a beaucoup été étudiée pour son rôle dans l'éveil et ses troubles : certains chiens narcoleptiques présentent des mutations de récepteurs à orexine, tandis que chez l'homme, c'est la molécule stimulant ces récepteurs qui fait défaut. Récemment, une équipe dirigée par Jian-Sheng Lin (unité Inserm 628, université Claude-Bernard, Lyon) a montré que des souris manipulées pour ne pas exprimer l'orexine entraient directement en sommeil paradoxal et en catalepsie. Concernant la panique, "corrélation n'est pas causalité", rappelle M. Lin, qui se demande si les antagonistes de l'orexine utilisés par ses confrères n'induisent pas simplement une somnolence chez les animaux. "Au contraire, les rats ainsi traités montrent plus d'interactions sociales et des comportements d'exploration accrus, ce qui va à l'encontre de l'hypothèse de la sédation", écrivent Philip Johnson et ses collègues. Antoine Pelissolo (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière) juge leur étude "préliminaire, mais sérieuse, dans un domaine où les pistes thérapeutiques sont assez limitées". (Johnson et al., Nature Medecine du 27 décembre) Hervé Morin
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/01/des-neurochimistes-identifient-une-molecule-de-la-panique_1286557_3244.html
L'orexine, un neuropeptide qui joue un rôle crucial dans l'éveil, semble impliquée dans certains troubles de l'anxiété.
Des neurochimistes identifient une molécule de la panique
planete
C'est l'un des êtres vivants les plus vieux de la planète, mais il ne paie pas de mine : le gland de chêne de Palmer dont l'arbuste est issu a germé il y a probablement plus de 13 000 ans sur une colline de Californie, alors que la dernière ère glaciaire touchait à sa fin. Il a survécu jusqu'à aujourd'hui aux sécheresses et aux coups de foudre, non sous la forme majestueuse qu'on prête aux arbres du genre Quercus, mais sous celle d'un modeste buisson de 28 mètres par 5, ne dépassant pas 1 mètre de haut. S'il a retenu l'attention des chercheurs, c'est parce qu'il était le seul de son espèce dans un environnement aussi sec, et à si basse altitude (336 mètres), alors que ses pareils s'épanouissent généralement entre 900 et 1 500 mètres. Les scientifiques ont fait l'hypothèse que l'ensemble des repousses émanait d'un clone unique. Une analyse génétique a montré que c'était bien le cas. Restait à déterminer son ancienneté. Impossible d'utiliser la datation au radiocarbone : les termites avaient dévoré tout le bois mort. Mais, en évaluant sa croissance annuelle à partir de cernes de branches, les chercheurs ont estimé à au moins 13 000 ans le laps de temps qui lui a été nécessaire pour coloniser le fragment de colline où il a pris racine. Il y a peu de chance qu'il y subsiste encore longtemps : la ville est à ses pieds et grignote les alentours. Le chêne de Jurupa (du nom de la colline) surclasse en ancienneté Prometheus, un pin Bristlecone du Nevada vieux de 5 000 ans. Mais, dans sa catégorie des arbres "clonaux", il reste un jeunot par rapport à des peupliers faux-trembles de l'Utah : couvrant 40 hectares de forêt, ils sont issus d'un même système racinaire évalué à plus de... 80 000 ans. (May et al., "PLoS One" du 23 décembre) Hervé Morin
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/01/un-chene-survit-depuis-13-000-ans-sur-une-colline-de-californie_1286556_3244.html
C'est l'un des êtres vivants les plus vieux de la planète, mais il ne paie pas de mine.
Un chêne survit depuis 13 000 ans sur une colline de Californie
actualite-medias
Dans l'immeuble jouxtant le siège social d'APTN, à Winnipeg, on travaille d'arrache-pied à transformer l'intérieur d'une ancienne banque en deuxième studio de télévision ultramoderne. C'est de là que seront retransmises, du 12 au 28 février, les émissions consacrées aux Jeux olympiques d'hiver qui auront lieu à Vancouver et Whistler, sur la Côte ouest du Canada. APTN en est, en effet, l'un des diffuseurs officiels, au sein d'un consortium de douze chaînes canadiennes, mais il oeuvrera à sa manière, c'est-à-dire en grande partie en langues autochtones. "Cette désignation est l'une de nos plus grandes réussites", se réjouit Jean LaRose, directeur général de cette chaîne nommée "premier radiodiffuseur autochtone officiel" des Jeux d'hiver. Le réseau proposera une couverture, en direct et en haute définition, des compétitions et cérémonies, ainsi que des reportages et des émissions d'information "olympique". Cette programmation spéciale, de quatorze à seize heures par jour, sera structurée en trois blocs "linguistiques" : trois à quatre heures en anglais, autant en français (avec la seule couverture vraiment nationale en français) et autant dans... huit langues autochtones, particulièrement aux heures de grande écoute. "Nous n'avions pas de journalistes sportifs innus, cris ou dénés, explique M. LaRose. Nous avons donc mis à profit les six derniers mois pour former une équipe d'une trentaine d'autochtones de différentes langues. Avec l'aide de journalistes sportifs, pour la plupart retraités de Radio Canada, ils ont appris les subtilités de chaque sport et la terminologie particulière qui y est associée. L'objectif est qu'ils puissent commenter les compétitions, dans une ou plusieurs langues autochtones, et ce de façon professionnelle autant que colorée." Pour la première fois, des Inuits ou des Cris pourront ainsi suivre un événement de cette envergure dans leur langue ! Le hic ? Bien des termes sportifs comme luge ou skeleton, n'existent pas en inuktitut ou en tlingit... APTN a trouvé la solution : à chaque "limite" linguistique rencontrée, l'équipe s'adresse à la communauté visée pour demander, par exemple, l'aide des aînés. Ensemble, ils trouvent alors un nouveau terme qui viendra "enrichir" cette langue. A. Ps
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/01/01/pleins-feux-sur-les-jeux-d-hiver-de-2010_1286506_3236.html
Dans l'immeuble jouxtant le siège social d'APTN, à Winnipeg, on travaille d'arrache-pied à transformer l'intérieur d'une ancienne banque en deuxième studio de télévision ultramoderne.
Pleins feux sur les Jeux d'hiver de 2010
actualite-medias
Mitho Makosi Kesikansi-Ke Khu We Meyo Ooske-Uskwinisse, Quviasuvvisiutsiarit ammalu Qitinngumarik, Merry Christmas and Happy New Year, joyeux Noël et bonne année !" Sur la chaîne de télévision APTN, le multilinguisme est une affaire entendue, non seulement pour célébrer l'année nouvelle mais dans toute sa programmation. Le Réseau de télévision des peuples autochtones (Aboriginal Peoples Television Network) a terminé 2009 en fêtant son dixième anniversaire, fort d'une expérience unique au monde : celle de donner parole et image aux quelque 633 "communautés" amérindiennes du Canada, sans compter celles des métis et des Inuits du Grand Nord, aux langues et modes de vie extrêmement variés. L'une des principales originalités du réseau est de diffuser ses émissions en une vingtaine de langues autochtones, du cri à l'inuktitut, en passant par le mohawk, le déné, l'innu, le gwichin ou le miqma'aq et bien sûr l'anglais et le français, les deux langues officielles du Canada qui permettent à tous les autochtones du pays de se comprendre entre eux. Car ce projet, explique son directeur général, Jean LaRose, lui-même Abénakis du Québec, a pour ambition de "faire connaître le parcours de nos peuples, célébrer nos cultures, inspirer nos enfants et honorer la sagesse de nos aînés", autrement dit d'être le reflet fidèle et positif des peuples autochtones du Canada, soit 1,2 million de personnes parlant 52 langues. Quoi de mieux, à cet égard, qu'un réseau télévisuel pour lier des communautés disséminées dans un immense pays comme le Canada ?, se sont dit ceux qui l'ont bâti. La tâche n'a pas été facile. Si le siège social d'APTN a aujourd'hui pignon sur rue en plein centre-ville de Winnipeg, capitale du Manitoba abritant la plus forte concentration d'autochtones au Canada, son ancêtre du Grand Nord, TVNC (Television Northern Canada), était, lui, au bord de la faillite quand le nouveau projet pancanadien a émergé. Soutenu par l'Assemblée des premières nations, instance politique des autochtones, APTN a obtenu sa licence de radiodiffusion, en 1999, sous une pluie de critiques, certains opposants du milieu de la télévision n'hésitant pas à la qualifier de "mauvaise expérience de transformation sociale", voire de "taxe de culpabilité" imposée aux Canadiens. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a tenu bon, lui accordant même une place de choix dans le service de base de chaînes "imposées" aux câblodistributeurs, au même titre qu'un canal météo et une chaîne sur les travaux parlementaires. A la clé de ce service, offert à dix millions de foyers canadiens, une redevance qui atteint aujourd'hui 0,25 dollar canadien (0,16 euro) par mois et par abonné. "Même après notre lancement, souligne toutefois M. LaRose, les câblodistributeurs n'ont pas désarmé, modifiant sans prévenir le numéro de la chaîne ou la repoussant très loin dans la liste des postes offerts à l'écran, en prétextant qu'elle n'était pas regardée. En fait, notre auditoire est très sous-estimé", ajoute-t-il en avançant le chiffre de deux millions de téléspectateurs réguliers, soit quatre fois plus que les estimations officielles. APTN a tout de même réussi à faire sa place dans l'univers de la télé canadienne, avec un budget plutôt modeste (42 millions de dollars canadiens, en 2009) et sans subvention gouvernementale. La "compagnie sans but lucratif" diffuse à partir de trois signaux régionaux - Est (de Terre-Neuve à l'Ontario), Ouest (du Manitoba à la Colombie-Britannique) et Nord (au nord du 60e parallèle) -, en plus d'avoir, depuis avril 2008, un canal à haute définition pancanadien. Chacun a sa part de production originale, adaptée à son public, avec, par exemple, davantage d'émissions en français, à l'est du Canada, et davantage en langues autochtones, au nord. Le réseau a sa régie centrale, à Winnipeg, mais aussi des rédactions et studios dans dix autres villes canadiennes, employant 140 personnes, dont 75 % d'autochtones. "Dans l'équipe de direction, nous sommes même 100 % d'autochtones", précise M. LaRose. Grâce à ses efforts pour la formation et la promotion interne, APTN a même figuré, en 2009, parmi les "25 meilleurs employeurs du Manitoba". Sur le petit écran, le réseau a ses programmes vedettes : bulletins d'informations, émissions de variétés, dramatiques comme le récent Blackstone (sur les dessous du pouvoir dans une réserve indienne) ou comédies comme "By the Rapids" (série sur l'arrivée d'un adolescent de la ville dans une communauté autochtone). "Wapos Bay" est la série fétiche des enfants, diffusée en anglais, français, cri et inuktitut, qui débute sa quatrième saison, avec les nouvelles aventures de trois enfants dans le Grand Nord. En dix ans, le réseau a relevé un véritable défi en élaborant une programmation à fort contenu autochtone (80 %), ce qui a permis de créer une réelle industrie nationale de production autochtone. Début 1999, ils n'étaient qu'une poignée de producteurs indépendants. "Les deux premières années ont été très difficiles, avoue Jean LaRose, alors qu'aujourd'hui il y en a plus de quatre-vingts, alimentant le réseau en émissions de toutes sortes" : comédies, téléréalités, dramatiques, documentaires, émissions de sport et de variétés, émissions pour enfants... L'organisme public Téléfilm Canada l'a aidé avec son programme de soutien aux scénaristes, "Place aux histoires autochtones". APTN a aussi misé sur les coproductions avec d'autres chaînes canadiennes ou étrangères. Chef de file du réseau World Indigenous Television Broadcasters Network (WITBN), il diffuse ainsi 20 % d'émissions autochtones produites en Nouvelle-Zélande, en Australie, aux Etats-Unis, en Amérique centrale ou en Amérique du Sud. Juste retour des choses pour APTN qui a servi, dans le passé, de modèle de télévision aux Maoris de Nouvelle-Zélande et aux autochtones australiens... Représenter dans sa programmation, au travers d'émissions d'information, de variétés ou de fiction, l'ensemble des communautés autochtones du Canada, dans leur diversité de cultures et de langues, est un autre élément fort de la mission d'APTN. Son ambition - affichée dans le slogan "APTN, c'est plus que de la télé" - est de les aider à mieux se connaître et à les faire connaître des non-autochtones. "Chaque émission, explique M. LaRose, est réalisée en deux versions au moins, une dans une langue autochtone, l'autre en anglais ou en français, pour être diffusée à différentes heures et comprises par le plus grand nombre." APTN multiplie aussi les émissions pour les jeunes dans leur langue d'origine. Et se prépare à demander, en 2012, lors de son prochain renouvellement de licence, le droit d'opérer deux chaînes supplémentaires, l'une pour les jeunes, l'autre strictement en langue autochtone, par blocs d'une journée complète de diffusion, par exemple en cri ou en inuktitut. Histoire de faire sa part pour contrer l'extinction accélérée des langues autochtones au Canada. Anne Pélouas
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/01/01/ke-khu-we-meyo-ooske-uskwinisse_1286505_3236.html
Depuis dix ans, la chaîne canadienne APTN, qui émet dans vingt langues autochtones, s'est imposée. Elle retransmettra même les JO de Vancouver.
Ke Khu We Meyo Ooske-Uskwinisse !
planete
Souvent citée en exemple lors des débats sur la taxe carbone, la taxe suédoise prévoit aussi de généreuses dérogations pour les entreprises. Cette taxe, qui, à compter du 1er janvier 2010, est à nouveau augmentée de l'équivalent d'un euro par tonne de CO 2 , a été introduite dès 1991 en Suède. D'ailleurs, le patronat suédois ne s'oppose plus à cette taxe carbone. "La taxe carbone n'est pas trop un obstacle à la croissance, mais il faut rappeler que c'est parce que l'industrie bénéficie d'une réduction de 79 % de la taxe carbone par rapport à ce que paient les foyers, dit Torbjörn Spector, expert de la fiscalité de l'énergie à Svenskt Näringsliv, l'organisation patronale. Il faut que les industries exposées à la concurrence internationale conservent cet avantage sous peine d'être pénalisées." Cet argument est particulièrement important pour la Suède, qui compte de très nombreuses multinationales par rapport à la taille de sa population et est donc très dépendante de ses exportations. La satisfaction est la même du côté du gouvernement de centre-droit où l'on répète que cette taxe ne gêne en rien la croissance : en vingt ans, les rejets de gaz à effet de serre ont été réduits de 9 % quand, dans le même temps, la croissance a augmenté de 48 %. D'après les estimations du ministère des finances, les émissions suédoises de CO 2 auraient été 20 % plus élevées en 2010 sans la taxe carbone. L'Etat suédois perçoit chaque année 15 milliards de couronnes (1,4 milliard d'euros) provenant de cette taxe. En 1991, lors de son lancement, la taxe sur le CO 2 était de 27 euros par tonne. Aujourd'hui, elle atteint 109 euros par tonne de CO 2 , soit six fois plus que le prix envisagé en France. FIDÈLES À LEUR PRINCIPE Outre son coût bien plus élevé et sa générosité pour les entreprises, la taxe suédoise n'introduit pas de différence tarifaire en fonction de critères sociaux et géographiques. A cet égard, les Suédois sont fidèles à leur principe général très peu favorable aux dérogations fiscales. Les hausses successives des taxes sur les carburants ont diminué les rejets de CO 2 liés au trafic de 1,5 à 3,2 millions de tonnes de CO 2 par an entre 1990 et 2005, essentiellement des voitures individuelles. La taxe carbone a provoqué la quasi-disparition des chauffages urbains au fioul. Le gouvernement suédois met en avant que la Suède compte parmi les pays de l'UE avec les plus faibles rejets de CO 2 (6,7 tonnes par habitant et par an contre 9,3 tonnes pour la moyenne de l'UE à 27). Durant sa présidence qui s'est achevée le 31 décembre, la Suède avait tenté de plaider en faveur d'une taxe carbone à l'échelle européenne. C'était pour Stockholm une façon parmi d'autres de tenter d'arriver au sommet de Copenhague avec une proposition forte et crédible. Les Suédois avaient pris soin de préciser qu'il ne s'agirait pas d'une taxe harmonisée et que chaque pays, sur le principe de la TVA, en resterait maître. La proposition est restée lettre morte pour l'instant. Olivier Truc (Stockholm, correspondance) et Olivier Truc
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/01/en-suede-la-taxe-carbone-est-passee-a-109-euros-la-tonne_1286512_3244.html
Instauré en 1991, l'impôt sur les énergies fossiles ménage la compétitivité des entreprises.
En Suède, la taxe carbone est passée à 109 euros la tonne
societe
Au 1er janvier, 33 nouvelles universités passent à l'autonomie. Sur les 83 universités françaises, elles sont maintenant 51 à avoir opté pour ce mode de gestion prévu par la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) d'août 2007. Le passage aux responsabilités et compétences élargies (RCE) autorise les établissements à gérer leur masse salariale aussi bien que leurs ressources humaines. Une révolution culturelle en marche depuis janvier 2009, date à laquelle une première vague d'établissements s'est lancée, rejointe aujourd'hui par 33 nouvelles venues. Concrètement, les 51 universités autonomes gèrent une masse salariale de 5,3 milliards d'euros et près de 100 000 emplois. "Le vrai changement, c'est que nos établissements ont appris à gérer, puisque ce transfert de compétences a triplé nos budgets", commente Lionel Collet, le président de la Conférence des présidents d'universités. Plutôt que de négocier leurs postes avec le ministère, ils peuvent recruter eux-mêmes. La commission de spécialistes, qui se réunissait à dates fixes, a donc laissé place à un comité de sélection qui offre bien plus de souplesse. De même, les rémunérations à offrir aux enseignants peuvent sortir du carcan de la traditionnelle grille des salaires. "Ce qui permet déjà à certains d'aller chercher des enseignants très pointus à l'étranger, se réjouit Lionel Collet. Même si tout ne change pas en un jour." Ou d'améliorer le quotidien des personnels. L'université de La Rochelle, autonome depuis la première heure, a pu dégager 350 000 euros - soit 1 % de sa masse salariale -, grâce à une gestion plus serrée des fonds qui lui étaient alloués. Elle a redistribué cette manne sous forme de primes à ses salariés, enseignants-chercheurs aussi bien que personnels techniques. Derrière cette évolution de gestion, c'est la "performance", chère à la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, qui est recherchée. Et Gérard Blanchard, président de l'établissement de La Rochelle, estime qu'un pas est bel et bien en train d'être franchi dans ce sens dans son établissement qui accueille 7 000 étudiants. "L'autonomie nous a permis de créer une fondation qui nous aide à améliorer notre démarche pédagogique. Ainsi, allons-nous ouvrir le 5 janvier un diplôme "maison" qui, en 130 heures de cours, formera nos étudiants de masters à une approche plus tranversale de leur futur métier d'ingénieur", résume le président de La Rochelle. Cette formation complémentaire a été bâtie avec les industriels présents dans la fondation. Elle devrait contribuer à améliorer le taux d'insertion des étudiants en master à qui elle est destinée. Un élément d'importance à l'heure où un cinquième du budget des universités sera corrélé à leurs performances. Parmi les 33 établissements qui rejoignent la liste des autonomes figurent essentiellement des universités pluridisciplinaires comme Paris-XII, Paris-XIII, Nantes, Dijon, Besançon, Avignon, Brest, Lorient. Mais aussi des universités plus spécialisées : en droit (Lyon-III, Paris-II) ou en sciences exactes (Rennes-I, Toulouse-III). A l'exception notable de Rennes-II, et plus marginalement de Bordeaux-II, très peu d'universités de sciences humaines sont pour l'instant passées aux RCE. Sur la trentaine d'établissements qui restent encore hors processus d'autonomie, soit parce qu'elles ne l'ont pas encore demandé, soit parce qu'elles ne l'ont pas obtenue, figurent des bastions des sciences humaines comme Lyon-II, Toulouse-II, Grenoble-III ou Paris-I, III, IV et VIII. Il leur reste jusqu'au 1er janvier 2012 pour s'y préparer. Deux ans pour que, selon l'expression de Valérie Pécresse, "l'expérience donne envie aux autres" Maryline Baumard , Philippe Jacqué et . Maryline Baumard et Philippe Jacqué
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/01/en-un-an-plus-de-la-moitie-des-universites-sont-passees-a-l-autonomie_1286534_3224.html
Les 51 établissements autonomes gèrent leur masse salariale et leurs ressources humaines.
En un an, plus de la moitié des universités sont passées à l'autonomie
planete
Les autorités russes n'ont pas voulu participer à l'étude menée par l'association Robin des bois, bien que - ou peut-être parce que - la situation environnementale du nord du pays est particulièrement dégradée. Le Grand Nord russe souffre en effet de plusieurs maux : pollution industrielle de l'air et de l'eau en raison de l'exploitation de matières premières, et radioactivité et pollution nucléaire là où des installations militaires ont été déployées. Le problème est d'autant plus grave que la région est assez peuplée : sur quatre millions de terriens vivant dans la région arctique, deux millions vivent en Russie. Mourmansk (300 000 habitants) et Norilsk (200 000 habitants) sont les plus grandes villes du monde établies au nord du cercle arctique. La ville de Norilsk constitue un exemple du désastre écologique en cours ; l'ONG américaine Blacksmith Institute en a d'ailleurs fait l'une des dix villes les plus polluées du monde en 2008. Centre d'extraction de nickel, mais aussi de cobalt, de cuivre et de charbon, la région rejette chaque année plus de 2 000 000 de tonnes de dioxyde de soufre. Le taux de maladies respiratoires, notamment chez les enfants, y est particulièrement élevé. Plus à l'ouest, la péninsule de Kola est, elle, doublement touchée : la région, au coeur du système de défense de l'URSS, compte un grand nombre de "cimetières" de sous-marins nucléaires, notamment autour de Mourmansk. Plus d'une cinquantaine d'appareils n'ont toujours pas été désarmés. Une ONG norvégienne, Bellona, a lancé en vain un signal d'alarme : les installations qui accueillent les vieux sous-marins sont également désuètes et pourraient facilement contaminer l'air et l'eau environnants. La région souffre également de pollution industrielle : la ville de Nickel, à la frontière norvégienne, crache 100 000 tonnes de dioxyde de soufre par an, soit quatre fois plus que l'ensemble des rejets norvégiens... NOUVELLE STRATÉGIE Enfin, la grande île de Nouvelle-Zemble, encore plus au nord, est un cas mystérieux : site de prédilection pour les essais nucléaires du régime soviétique, la région est inhabitée et difficilement accessible. Les taux de strontium et de césium y seraient astronomiques, et certains déchets nucléaires y auraient été entreposés afin de soulager des régions habitées, notamment la péninsule de Kola. Face à ce florilège de sites en danger, le gouvernement russe semble davantage préoccupé par le développement de ses régions nordiques. En 2008, le président Dmitri Medvedev a présenté sa politique pour le Nord : l'Etat russe entrevoit un programme en douze ans, qui s'appuie d'abord sur une réappropriation de la région, notamment en déterminant les frontières internationales, encore parfois floues. En 2007, la grande médiatisation de la pose du drapeau russe à 4 200 m au fond des mers glacées par une équipe d'explorateurs marins avait déjà laissé entrevoir cette nouvelle stratégie. Vers la fin de la prochaine décennie, Moscou entend faire du Grand Nord la "base stratégique de (ses) ressources naturelles", au risque de sacrifier encore davantage l'écosystème déjà affaibli de la région. Alexandre Billette
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/01/mauvaise-eleve-la-russie-n-a-pas-transmis-ses-donnees_1286511_3244.html
Les autorités russes n'ont pas voulu participer à l'étude menée par l'association Robin des bois.
Mauvaise élève, la Russie n'a pas transmis ses données
planete
L'environnement unique et fragile de l'Arctique est soumis à de multiples pollutions, qui, pour beaucoup, proviennent de l'extérieur : réchauffement climatique, substances toxiques transportées par les courants atmosphériques et océaniques vers le pôle... Mais la zone connaît aussi une pollution endogène, moins étudiée, dont l'association de protection de l'environnement Robin des Bois dresse, pour la première fois, dans une étude publiée en décembre, un tableau général. En compilant les données fournies par six des pays riverains de l'océan Arctique (la Russie n'a pas transmis ses données), l'association dénombre 2 750 sites pollués dans la zone. "C'est un nombre anormalement élevé par rapport à la densité de population sur place, qui est très faible", commente Jacky Bonnemains, président de Robin des Bois. Bases militaires et scientifiques, prospection, exploitation et distribution de gaz et de pétrole, stockage de carburants, complexes miniers et sidérurgiques, décharges de déchets ménagers sont responsables de ces pollutions. L'éloignement des sites de stockage et d'élimination des déchets, les coûts de transport, la faible densité de la population, ont incité les producteurs de déchets à les abandonner sur place. Les substances toxiques les plus présentes sont les hydrocarbures, les métaux lourds (plomb, mercure, cadmium), et les polluants organiques persistants (pesticides, PCB), potentiellement dangereux pour l'environnement et la santé des populations locales (les pollutions radioactives ne font pas partie de cet inventaire). Les Inuits du Groenland et du Canada présentent des taux de mercure et de PCB dans le sang parmi les plus élevés au monde. Cette contamination est en général attribuée au régime alimentaire des populations autochtones, qui se nourrissent de mammifères marins dans la graisse desquels les polluants organiques persistants s'accumulent. "La contamination d'origine locale pourrait également être importante", selon Jacky Bonnemains. Les sites pollués se situent en bordure de l'océan, de lacs ou de fleuves. "Ce sont des abcès environnementaux et des voies de transfert des polluants vers les eaux douces et marines", prévient l'association. Une menace accrue par le réchauffement climatique. "On a longtemps considéré le gel comme un mode de confinement des substances toxiques contenues dans les déchets, explique M. Bonnemains. Mais ils pourraient être remobilisés par la fonte du permafrost." LUTTE CONCERTÉE Parmi les pays interrogés, seule la Russie n'a pas fourni les informations demandées, bien que sa zone arctique soit notoirement polluée. Les autres pays disposent d'inventaires nationaux. L'objectif de l'association, en "décloisonnant" ces données, est d'inciter les pays à conduire une action de lutte concertée contre la pollution. Pour l'heure, ces dernières sont menées, à des rythmes inégaux, par les Etats. Les mesures consistent le plus souvent à regrouper les déchets et à les stocker sur place dans des fosses étanches. Les transferts vers des centres de traitement, très coûteux, sont rares. Les pays les plus avancés dans la mise en sécurité des déchets sont les Etats-Unis et le Canada, suivis des pays scandinaves. Le Groenland, qui vient d'accéder à l'autonomie, arrive en dernier - sans compter la Russie. Pour Robin des Bois, les Etats concernés doivent résorber les pollutions existantes, mais aussi prévenir l'abandon de déchets dans le futur. "Si tous les projets d'activité industrielle en Arctique gèrent les déchets de la même manière que les activités pionnières, on court à la catastrophe", affirme Jacky Bonnemains. Hydrocarbures, pêche, transports maritimes, tourisme : l'Arctique est aujourd'hui l'objet de toutes les convoitises, et les Etats riverains s'affrontent pour faire valoir leur souveraineté dans la zone. Les écologistes rêvent d'un statut protecteur comparable à celui de l'Antarctique, signé en 1959, qui interdit tant les activités militaires que l'exploitation des ressources minérales. Mais les Etats concernés y sont hostiles, car les projets d'exploitation sont légion : au Canada, par exemple, un consortium international espère y exploiter des champs de gaz, qu'il faudra relier aux réseaux existant par 1 200 km de pipelines. Mercredi 30 décembre, une commission a jugé le projet acceptable. Mais seulement à condition que les compagnies respectent 176 recommandations pour en minimiser l'impact. Gaëlle Dupont
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/01/l-arctique-est-souille-par-une-multitude-de-pollutions_1286508_3244.html
L'ONG Robin des Bois montre que des activités locales ont un impact sur l'environnement.
L'Arctique est souillé par une multitude de pollutions
societe
De Parisiens, il n'y en a guère. Sous les arbres ruisselant de lumières qui bordent l'avenue des Champs-Elysées, les fêtards déambulent en hordes chaloupantes, joyeuses, frigorifiées. On s'interpelle en italien, en russe, en turc, en anglais... Malgré quelques chapeaux pointus de carnaval, le bonnet de laine et la toque dominent dans le froid de gueux. Bien avant minuit, certains ont déjà sorti le champagne. D'autres se réchauffent un instant, massés sur les grilles du métro, avant de reprendre la marche moutonnière vers l'Arc de triomphe. A partir de 23 heures, plus aucune voiture. Une marée de deux cent mille badauds a envahi l'espace – chaussée incluse –, de la place de l'Etoile à celle de la Concorde. L'an dernier, ils étaient cinq cent cinquante mille. Un couple avec leur gamin de 11 ans, s'est retrouvé sur les Champs en sortant du Palais de la découverte. Ils sont restés dans le quartier "pour voir", mais le regretteraient presque. Comme une déferlante, la foule semble vouloir tout emporter. On est coincé, ballotté, pas moyen de s'échapper. Surgit une bande de Peaux-rouges : des garçons de 15 ans remontent l'avenue au pas de charge, scandant "Cergy !" – leur cri de guerre. Une fille enveloppée du drapeau portugais sourit. Plus loin, vers la rue de Washington, un Brésilien pose pour un objectif en brandissant l'étendard de son club de foot. Un groupe d'adolescents, filles et garçons, hurle "Viva l'Algérie !" Alentour, des patrouilles de policiers, gendarmes et CRS arpentent les trottoirs ; pas une rue qui ne soit jalonnée de fourgons de police. Une présence tellement lourde qu'elle "inquiète" ce père de famille. "On se croirait en guerre", observe-t-il. "Moi, au contraire, ça me rassure", lance une sexagénaire, venue de Nanterre avec ses sœurs, nièces et petits-enfants. Rassurer était bien l'objectif du ministère de l'intérieur en cette dernière nuit de l'année, occasion de traditionnels débordements. Le ministre Brice Hortefeux, s'y est employé, multipliant les visites sur le terrain dans la soirée, vérifiant avec les responsables policiers la bonne mise en œuvre des plans de sécurité. Pour que ce réveillon ne figure pas dans les annales comme un record d'insécurité, les forces de l'ordre réquisitionnées se sont largement déployées. Sur l'ensemble du territoire, selon le ministère de l'intérieur, on a compté quatre cent cinq interpellations, dont trois cent quatre-vingt-dix-huit gardes à vue : des flagrants délits de tentatives d'incendie de véhicules, de poubelles et de jets de projectiles incendiaires sur les forces publiques. Dans l'attente du bilan définitif du ministère de l'intérieur, qui devait paraître dans la journée du 1er janvier, les évaluations locales indiquent une nuit plutôt calme. "Comme un week-end ordinaire", estiment les forces de police de la cellule mise en place à Bordeaux, où une vingtaine d'interpellations a eu lieu, essentiellement pour incendie ou dégradation de voitures. Dans l'agglomération nantaise, le préfet, Jean Daubigny, estimait en milieu de nuit que "moins d'une dizaine de véhicules avaient été incendiés". Une tendance "à la baisse par rapport à l'année précédente",où trente-deux véhicules avaient brûlé, contre une quarantaine en 2007. Deux escadrons de gendarmes mobiles étaient cependant postés en renfort pour quadriller l'ouest et le nord de ville. Dans le quartier nantais sensible de Malakoff, leurs véhicules ont essuyé jets de pierres ou de bouteilles et tirs de pétards. Mais aucun affrontement n'a eu lieu. Dans la métropole lilloise, la prévention semble avoir porté ses fruits. Six interpellations de début de nuit – dont deux à Roubaix – de jeunes qui s'approvisionnaient en essence à pied ont marqué une soirée dont le bilan s'avère meilleur qu'en 2008. A l'autre bout du pays, l'atmosphère était à peine plus tendue. Vingt et un véhicules ont été incendiés dans les Alpes-Maritimes, contre vingt l'an dernier, selon le bilan la direction départementale de la sécurité publique à 3 heures et demie, vendredi 1er janvier. Là aussi, les incendies ont essentiellement eu lieu dans les quartiers sensibles : treize feux de véhicules dans le quartier de l'Ariane à Nice, huit à Vallauris, dans la cité de la Zaïne. A Strasbourg, ville traditionnellement phare en matière de voitures brûlées, les estimations indiquent une décrue des violences par rapport à l'an dernier. Cette comptabilité, dont l'enjeu majeur était de rester au-dessous des chiffres de l'an dernier, n'a pas entaché le réveillon des flâneurs des Champs-Elysées. "Vous pourriez nous prendre en photo ?", demandait une tribu de Drômois posant devant l'entrée du restaurant Le Fouquet's tandis qu'un gang en jupons et collants fluo – une Australienne, une Américaine et une Canadienne – espérait un feu d'artifice, ou qu'un couple de Brésiliens cherchait le chemin de la Tour Eiffel... Puis, d'un coup, une rumeur a suspendu gestes et conversations. C'était l'heure. De son cabas, une Russe gigantesque à parka jaune a tiré champagne et gobelets. Dans une explosion de rires, à la lueur de fusées rouges et vertes griffant joyeusement la nuit glaciale, les bouchons ont sauté, saluant l'an 2010. Catherine Simon, Patricia Jolly avec Paul Barelli (Nice), Claudia Courtois (Bordeaux), Geoffroy Deffrennes (Lille), Emmanuel Vautier (Nantes)
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/01/sous-haute-surveillance-policiere-la-nuit-du-reveillon-s-est-passee-dans-le-calme_1286533_3224.html
Le ministère de l'intérieur fait état de 405 interpellations qui ont entraîné 398 gardes à vue.
Sous haute surveillance policière, la nuit du réveillon s'est passée dans le calme
societe
De la revalorisation des prestations à l'augmentation des prélèvements, ce qui entre en vigueur au 1er janvier. Finances Niches fiscales Le plafond des niches fiscales baisse à 20 000 euros plus 8 % du revenu imposable. Prélèvements sociaux La taxe sur l'intéressement, la participation ou l'épargne salariale est doublée, passant à 4 %, comme les prélèvements sociaux sur les retraites chapeaux. Les plus-values mobilières sont désormais soumises aux cotisations sociales dès le premier euro. Les contrats d'assurance-vie, jusqu'alors exonérés de prélèvements sociaux au décès du bénéficiaire, perdent cet avantage. Retraite Pension de réversion Les 600 000 retraités, veufs ou veuves, qui touchent moins de 800 euros par mois et bénéficient d'une pension de réversion vont voir cette prestation revalorisée de 11,1 %. Durée de cotisation La durée de cotisation pour prétendre à une pension de retraite passe à 162 trimestres. Il faudra attendre le 1er avril pour une éventuelle revalorisation des pensions. Famille Les pères d'enfants nés à compter de 2010 pourront bénéficier en partie de la majoration de durée d'assurance (MDA) de deux ans par enfant qui était jusqu'alors attribuées aux seules mères salariées du privé. Santé Accidents du travail Les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale sont désormais soumises à hauteur de 50 % à l'impôt sur le revenu. Mutuelles Les cotisations des mutuelles santé devraient augmenter de 5 % en moyenne en 2010, pour tenir compte de la hausse des dépenses de santé et du budget de la "Sécu", a indiqué lundi 28 décembre le président de la Mutualité française, Jean-Pierre Davant, dans Le Parisien/Aujourd'hui en France. Hôpital Le forfait hospitalier journalier passe de 16 à 18 euros. C'est la dernière des trois augmentations décidées dans le cadre de la réforme de l'assurance-maladie de 2004. Transports Automobile La prime à la casse passe de 1 000 à 700 euros, et tombera à 500 au 1er juillet. TGV et taxi Les tarifs des TGV vont augmenter de 1,9 % en moyenne. La course en taxi de 1,2 %. Travail Smic Le salaire minimum va être porté à 8,86 euros l'heure, soit 1 343,77 euros mensuels brut pour 35 heures hebdomadaires de travail. A compter de 2010, la revalorisation automatique du smic aura lieu tous les 1er janvier. Chômage Le mode d'indemnisation du chômage partiel intègre désormais les primes et prend en compte toutes les périodes de chômage partiel. Cette décision fait suite à un accord entre patronat et syndicats. Contrat de travail Le contrat unique d'insertion, CUI, harmonisant et assouplissant les actuels contrats aidés destinés aux exclus du marché de l'emploi, entre en vigueur le 1er janvier. Solidarité Minima sociaux Le revenu de solidarité active (RSA) passe à 460,09 euros mensuels pour une personne seule et sans enfants. Il augmente ainsi de 1,2 %, comme l'allocation de solidarité spécifique (ASS).
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/01/1er-janvier-2010-augmentations-et-revalorisations_1286532_3224.html
Le smic passe à 8,86 euros de l'heure, le forfait hospitalier à 18 euros, le prix du TGV augmente.
1er janvier 2010 : augmentations et revalorisations
economie
La Lituanie a fermé jeudi 31 décembre 2009 le second réacteur de son unique centrale nucléaire d'Ignalina, au nord-est de Vilnius, non loin de la frontière avec la Biélorussie. Le pays balte, qui était jusque-là l'un des plus dépendants au monde du nucléaire, respecte ainsi la condition que Bruxelles lui avait imposée pour pouvoir adhérer à l'Union européenne (UE) en 2004. En dépit des nombreuses mises à jour de sécurité effectuées depuis la restauration de l'indépendance en 1991, cette centrale RMBK avait le tort d'être du même type que celle de Tchernobyl, c'est-à-dire sans enceinte de confinement. La fermeture de la centrale fut l'une des conditions préalables à l'adhésion à l'UE, et les Lituaniens s'étaient résignés à ce que certains avaient alors de qualifié de "diktat". Conformément au calendrier, le premier réacteur avait été fermé fin 2004. Depuis, de nombreux Lituaniens s'étaient battus pour tenter de prolonger la durée de vie de la centrale. En 2008, un référendum avait même été organisé dans ce sens. Faute de participation suffisante, il n'avait pas été validé, mais une écrasante majorité s'était exprimée en faveur d'un prolongement de l'exploitation. Finalement, l'Etat a choisi de tenir ses engagements internationaux. EVITER LA DÉPENDANCE Après avoir été exportatrice d'électricité, la Lituanie, durement frappée par la crise économique, se retrouve importatrice. Le gouvernement a annoncé qu'en conséquence le prix de l'électricité devrait augmenter de 30 %, ce qui pourrait contribuer à accroître l'inflation de 0,8 % en 2010. Les besoins lituaniens en électricité devraient s'élever, cette année, à 9,1 milliards de kilowattheures (kWh). Ce sont donc environ 4 milliards de kWh qui devront être importés. Pour cette ancienne république soviétique, l'inquiétude, hier comme aujourd'hui, est bien sûr d'éviter autant que possible la dépendance au gaz russe. Lietuvos Energija, l'opérateur du réseau lituanien, a annoncé que pourvoir le pays en électricité ne serait pas un problème, car la compagnie était déjà rodée à ce type de demande lorsque la centrale devait être fermée pour maintenance ou défaillance. A court terme, plusieurs solutions sont mises en oeuvre, qu'il s'agisse de solutions domestiques ou extérieures. "Un accord a été signé avec l'Estonie. Un accord général a été conclu avec la Biélorussie, et nous (discutons) avec l'Ukraine", a déclaré Arvydas Sekmokas, le ministre lituanien de l'énergie. Ce sont notamment les questions de transit par la Biélorussie qui doivent être réglées. Vilnius a admis que la question des importations ukrainiennes via la Biélorussie n'était pas réglée. Andrius Kubilius, le premier ministre lituanien, a déclaré que la Russie pourrait interférer dans ces importations. "Mais la Lituanie ne se retrouvera en aucun cas sans électricité", a-t-il affirmé. A plus long terme, les Lituaniens misent sur différentes alternatives. L'une d'entre elles est un câble électrique sous-marin qui les alimenterait en partie depuis la Suède. Dans un avenir plus lointain, le pays prévoit de remplacer la centrale soviétique par une nouvelle centrale nucléaire. Celle-ci sera partagée avec l'Estonie, la Lettonie et la Pologne. L'appel d'offres a été formellement lancé le 8 décembre 2009. Les discussions ont pris du retard, et son ouverture, originellement souhaitée pour 2015, ne devrait pas se faire avant 2018, au plus tôt. Olivier Truc (Stockholm, correspondance) et Olivier Truc
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/01/apres-la-fermeture-de-son-unique-centrale-nucleaire-la-lituanie-prevoit-une-hausse-des-tarifs-de-l-electricite_1286546_3234.html
Le pays, durement touché par la crise, va devoir importer près de la moitié de ses besoins.
Après la fermeture de son unique centrale nucléaire, la Lituanie prévoit une hausse des tarifs de l'électricité
economie
Dominant sur le marché français du gaz et détenu à plus de 35 % par l'Etat, GDF Suez doit prendre des engagements vis-à-vis du gouvernement - comme le faisait Gaz de France avant sa fusion avec Suez. L'Etat et le groupe d'énergie ont signé, fin décembre 2009, un nouveau "contrat de service public" (2010-2013) dans lequel GDF Suez s'engage en matière de protection des ménages démunis, de satisfaction des clients et de sécurité d'approvisionnement de la France. Le texte prévoit un nouveau mécanisme d'ajustement des tarifs du gaz vendu aux 11 millions de clients résidentiels du groupe. Les nouvelles règles prévoient que le gouvernement fixe chaque année, par arrêté, "les barèmes" déterminant le cadre général dans lequel évoluent les prix du gaz naturel. L'Etat pourra alors réviser les coûts liés à l'entretien des infrastructures (réseau et stockage) et à la commercialisation, qui représentent la moitié du montant de la facture de gaz. "Dépolitiser" l'ajustement L'autre moitié, correspondant au prix de la matière première, sera revue chaque trimestre en fonction des prix des fournisseurs (Norvège, Algérie, Russie, Pays-Bas...). GDF Suez saisira la Commission de régulation de l'énergie (CRE) d'une demande de hausse ou de baisse, et celle-ci sera quasiment automatique. La prochaine modification des tarifs (indexés sur un panier de produits pétroliers et les taux de change) interviendra le 1er avril en application du nouveau texte. Ce mécanisme permettra au gouvernement de "dépolitiser" en partie la décision sur l'ajustement - souvent à la hausse - des tarifs. Jusqu'à présent, un certain flou l'avait poussé à recourir parfois à des manoeuvres dilatoires pour ne pas augmenter les prix du gaz et contredire sa politique en faveur du pouvoir d'achat. Au grand dam de GDF, puis de GDF Suez. "Ce contrat clarifie et renforce les conditions des évolutions tarifaires à travers un système transparent, automatique et tenant compte de l'ensemble des coûts de l'entreprise", s'est félicité le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet. Le groupe estime avoir subi, ces dernières années, une perte de plus de 1,8 milliard d'euros en raison du refus des gouvernements d'ajuster les tarifs aux coûts réels d'approvisionnement. Avec ce nouveau contrat, le groupe assure également renforcer ses engagements en faveur de la sécurité des biens et des personnes - plusieurs accidents dramatiques ont causé de nombreux morts ces dernières années en France. Il va aussi doubler le fonds de solidarité en faveur des clients les plus démunis, pour le porter à 6 millions d'euros, une somme très modeste au regard des 6,5 milliards d'euros de bénéfices nets réalisés en 2008. Le gouvernement a aussi demandé au groupe un "renforcement de la sécurité d'approvisionnement" du pays : plus de 80 % de la consommation française devra être couverte par des contrats long terme (de 20 à 30 ans) ou par des ressources propres. GDF Suez investit dans l'exploration et la production de gaz (mer du Nord, Australie, golfe du Mexique, Libye, Azerbaïdjan...) pour sécuriser une partie de ses ventes. Ses dirigeants se sont fixé comme objectif de détenir l'équivalent de 1,5 milliard de barils de pétrole au cours de la prochaine décennie. Jean-Michel Bezat
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/01/le-prix-du-gaz-sera-revise-chaque-trimestre_1286545_3234.html
L'Etat et GDF Suez ont signé, fin décembre 2009, un nouveau "contrat de service public".
Le prix du gaz sera révisé chaque trimestre
vous
Olivier Roellinger, chef connu et respecté pour avoir, depuis Cancale, rendu à la Bretagne sa place dans la compétition gourmande grâce aux produits de la mer - poissons, coquillages et crustacés - vient de frapper un grand coup en faisant adopter par tous les cuisiniers des Relais et Châteaux - en France et à l'étranger - l'engagement de ne plus servir de thon rouge de l'Atlantique et de Méditerranée dans leurs établissements à partir du 1er janvier 2010. Cette décision a été prise à la mi-novembre, à l'unanimité, lors du dernier congrès de cette association hôtelière internationale, à Biarritz, en même temps qu'elle portait le chef breton à sa vice-présidence, aux côtés de son président, Jaume Tapiès, hôtelier à Andorre. "En vingt ans, 80 % des ressources de thon ont disparu !", s'exclame Olivier Roellinger. Capturés avant leur maturité sexuelle, ils sont élevés dans des fermes aquacoles et exportés vers les pays consommateurs, notamment le Japon. "Il y a 50 000 sushi bars dans le monde, indique encore le chef cancalais, mais il faut savoir que les thons, une fois capturés, sont nourris avec de la farine de poisson. Pour faire 1 kg de thon, il faut 15 kg de poissons sauvages péchés par des bateaux minotiers qui ramassent tout sur les côtes du Sénégal et d'Amérique du Sud et ruinent la pêche locale. C'est immoral." Une étude de la revue américaine Science Magazine l'avait annoncé sans grand ménagement : le XXIe siècle serait le dernier où l'on pourrait encore trouver du poisson sauvage, leur quasi-disparition étant annoncée à l'horizon 2050. Olivier Roellinger n'est ni le premier ni le seul parmi les chefs à avoir poussé un tel cri d'alarme. Mais c'est la première fois que le consommateur est pris à témoin par un ensemble de prescripteurs, au risque d'irriter certains pêcheurs. Car la charte adoptée à Biarritz va plus loin encore. "Nous nous engageons, au-delà du thon rouge, à ne plus servir d'espèces menacées, à nous approvisionner en produits de la mer durables." Ce qui implique des techniques de pêche respectueuses de l'environnement, appliquées à des stocks en bon état, une fois la taille de maturité sexuelle atteinte. Le nouveau vice-président des Relais et Châteaux insiste : "Il faut arrêter avec la sole, le turbot, comme avec le thon..." On a privilégié ces poissons parce qu'ils se conservent mieux que d'autres. Il faut réduire le délai moyen - dix jours actuellement - entre le moment de la pêche et celui où le poisson est dans les assiettes. "Réhabilitons le maquereau et le chinchard. Le lieu de ligne, aussi, c'est exceptionnel", assure le chef, qui, ayant obtenu trois étoiles au guide Michelin en 2006, décidait deux ans plus tard - attitude exceptionnelle - de renoncer à cette distinction, ne conservant qu'un établissement plus modeste, près de Cancale, affilié aux Relais et Châteaux. Présente dans 55 pays avec 475 établissements, cette association hôtelière semblait surtout, jusque-là, se préoccuper de stratégie commerciale et de questions d'image face à une concurrence internationale active dans le secteur du tourisme de luxe. L'initiative d'Olivier Roellinger, si elle montre qu'il y a une vie après le Michelin, n'est sans doute pas totalement exempte de visées marketing, à un moment où les instances maritimes internationales sont sollicitées de toutes parts pour suspendre la pêche au thon rouge. Mais la charte inspirée par l'ancien chef étoilé va bien au-delà d'une simple application du principe de précaution. Elle met en jeu des intérêts considérables et surtout des habitudes de consommation, même si le boycottage des sushi bars ou la substitution du maquereau au saint-pierre n'est pas pour demain. Olivier Roellinger a été soutenu activement par plusieurs chefs étrangers au sein de son organisation, notamment l'Australien d'origine japonaise Tetsuya Wakuda, installé à Sydney. De leur côté, Ducasse, Robuchon et Passédat ont entendu le message. Eric Ripert, l'excellent chef français du Bernardin, le numéro un du poisson à New York, partage les mêmes choix, bien qu'il vienne de quitter les Relais et Châteaux. Il est engagé dans les campagnes visant la protection de la légine australe ou le blue fin tuna (thon nageoire bleue). Il soutient la politique des quotas, très stricte selon lui, en vigueur sur la Côte est : "Si nous ne sommes pas proactifs il n'y aura plus de poisson." Son livre On the Line (Ed. Artisan Division of Workman, 2008) a obtenu le prix 2009 de la Commanderie de Rungis. Il y relate la quête passionnante d'un équilibre entre les plaisirs de la table et le respect de la nature. Jean-Claude Ribaut
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/01/les-grands-chefs-s-engagent-a-ne-plus-servir-de-thon-rouge-en-2010_1286566_3238.html
Les cuisiniers des Relais et Châteaux ont signé une charte à l'initiative du chef Olivier Roellinger.
Les grands chefs s'engagent à ne plus servir de thon rouge en 2010
economie
Une bombe atomique", "un tsunami social"... Les avocats d'entreprise ont bien du mal à digérer l'arrêt du 1er juillet 2009 de la Cour de cassation, qui appelle à respecter le principe de l'égalité de traitement entre salariés. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'elle affirme que tout avantage accordé à une catégorie de personnels, par exemple les cadres, doit reposer sur des "raisons objectives". Alors pourquoi cette tempête ? D'abord passé quasiment inaperçu, à la veille des congés d'été, cet arrêt a été peu à peu analysé par les juristes, le patronat et les syndicats. Tous ont alors découvert sa portée. Immense. Dans cette affaire, un démarcheur-livreur de la société DHL Express a saisi la justice de diverses demandes, dont un rappel d'indemnité compensatrice de congés payés. Non-cadre, il ne bénéficie que de 25 jours de congé par an, contre 30 pour les cadres, conformément à un accord d'entreprise de 1988. Pour justifier cet écart, l'employeur avait évoqué notamment "l'importance des responsabilités" confiées aux cadres. Argument qui n'a pas convaincu la haute juridiction. "Vu le principe d'égalité de traitement (...), la seule différence de catégorie professionnelle ne saurait en elle-même justifier, pour l'attribution d'un avantage, une différence de traitement entre les salariés (...) ", cette différence devant "reposer sur des raisons objectives dont le juge doit contrôler concrètement la réalité et la pertinence", indique cet arrêt. La Cour de cassation avait déjà statué ainsi concernant des avantages instaurés unilatéralement par des employeurs. Avec cette nouvelle jurisprudence, elle va plus loin, appliquant son raisonnement à un accord d'entreprise. Mais la "vraie bombe", estime Sylvain Niel, directeur associé du cabinet d'avocats Fidal, c'est que "cet arrêt a vocation à s'appliquer aussi aux conventions collectives de branche. Or, toutes contiennent des dispositions catégorielles favorables aux cadres, et la plupart du temps, on est incapable de les justifier objectivement". Indemnités de licenciement, mutuelle, capital-décès, etc. : ces avantages concernent la plupart des 700 conventions collectives. La cour d'appel de Montpellier, dans un arrêt du 4 novembre 2009, illustre d'ailleurs l'application de l'arrêt du 1er juillet 2009 aux textes conventionnels. Une salariée non cadre d'une cave coopérative agricole, licenciée économique, réclamait une indemnité compensatrice de préavis et une indemnité de licenciement alignée sur celles des cadres, plus généreuses (notamment un préavis de trois mois, contre deux mois pour les non-cadres). Cette différence de traitement est prévue par la convention collective des caves agricoles, mais "aucune raison objective et pertinente" ne la justifie, a estimé le juge, qui a donné raison à la salariée. La boîte de Pandore est donc ouverte. "Les non-cadres, vous pouvez prétendre aux mêmes droits que les cadres !", proclame l'avocat Eric Rochelave sur son site Internet. "On risque de voir se multiplier les contentieux individuels sur ce sujet, prévient M. Niel. Et s'il faut aligner vers le haut tous ces avantages, cela aura un coût faramineux pour les entreprises !" Pour l'éviter, estime l'avocat, "les fédérations patronales pourraient dénoncer les conventions collectives". Puis ensuite les renégocier, mais en alignant les avantages... vers le bas. A condition de trouver des syndicats pour les signer. Vaste chantier. Toutefois, l'inquiétude est loin d'être générale. Côté syndical, la CFE-CGC estime que "cette jurisprudence permet de secouer le corpus des textes négociés. Nous sommes en train de lister les conventions collectives où des avantages catégoriels n'ont pas de justification". Selon le syndicat des cadres, la Cour de cassation "envoie un message très sérieux : on ne peut pas négocier des avantages n'importe comment". Mais, ajoute la centrale, "la Cour de cassation doit aussi comprendre qu'un accord n'est pas une somme d'avantages. Il résulte d'un compromis" et doit donc être apprécié dans son ensemble. Côté patronal aussi, certains sont sereins. "Je ne pense pas que notre convention trouve matière à révision, estime Laurent Duc, président de la Fédération nationale de l'hôtellerie. Par exemple, les non-cadres travaillent 225 jours par an, les cadres 217, mais c'est une contrepartie à leur régime de forfait-jour." Mais l'autre point qui déchaîne les passions, c'est l'intervention du juge dans des textes négociés. "Tous les accords, estime Jean-Denis Combrexelle, directeur général du travail, sont le fruit d'un "donnant, donnant" entre syndicat et patronat, et il n'appartient pas au juge de s'en mêler. Une convention collective signée par les partenaires sociaux est présumée légitime, encore plus depuis la loi sur la représentativité syndicale du 20 août 2008. Mais trop de magistrats ne le comprennent pas." Francine Aizicovici
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/01/les-avantages-categoriels-doivent-reposer-sur-des-criteres-objectifs_1286544_3234.html
Un arrêt de la Cour de cassation appelle à respecter le principe de l'égalité de traitement entre les salariés. Certains avocats s'attendent à une multiplication des contentieux.
"Les avantages catégoriels doivent reposer sur des critères ""objectifs"""
economie
La Chine et six pays d'Asie du Sud-Est ont supprimé depuis le 1er janvier la quasi-totalité des droits de douane sur 7 000 produits et services couvrant 90 % de leurs échanges. Cet accord qui entre en vigueur dans ce qui est devenu, en volume, la troisième zone de libre-échange de la planète, va modifier le paysage commercial et industriel d'une région qui, de la Chine à Singapour, des Philippines à la Birmanie, couvre 13 millions de kilomètres carrés et totalise une population d'environ 2 milliards d'habitants. L'accord ne sera appliqué dans la totalité de la zone qu'en 2015 : au sein de l'Association des pays de l'Asie du Sud-Est (Asean), seuls la Thaïlande, l'Indonésie, Brunei, les Philippines, Singapour et la Malaisie sont pour l'instant concernés. Les derniers entrants, les plus pauvres - Birmanie, Laos, Vietnam et Cambodge -, bénéficient d'un "sursis" de cinq ans avant d'être soumis aux termes de cet accord qu'ils ont aussi signé. Négocié depuis 2002, ce projet a déjà permis la suppression, à partir de 2005, de droits de douane sur plusieurs centaines de produits. Pour la Chine, qui va pouvoir augmenter ses exportations de matières premières et inonder l'Asie du Sud-Est de ses produits bon marché, cet accord est une aubaine. Les échanges dans la région devraient doubler en 2010 par rapport au volume de 2005 : 200 milliards de dollars (140 milliards d'euros) contre un peu plus de 100 milliards de dollars. DE NOUVEAUX MARCHÉS Jusqu'à présent, les marchandises chinoises étaient taxées de 5 % en Asie du Sud-Est. La levée des barrières douanières sur la majorité des biens manufacturés - excepté sur certains produits textiles et électroniques, jugés sensibles - va permettre à Pékin de compenser la chute de ses exportations vers l'Europe et les Etats-Unis depuis le début de la crise mondiale. Les pays de l'Asean vont pouvoir accroître leurs exportations vers la Chine (riz, fruits exotiques, caoutchouc, huile de palme, gaz naturel). Mais cette nouvelle donne économique a aussi de quoi les inquiéter vu le "poids" du grand voisin du Nord. Selon Sothirak Pou, chercheur associé à l'Institut des études d'Asie du Sud-Est de Singapour : "Plus d'un pays de l'Asean ne voit pas cet accord de libre-échange comme un avantage." Certains industriels de la région ont déjà mis en garde leur gouvernement sur ses conséquences. Et notamment le fait que la Chine, dont la devise, le yuan, est sous-évaluée et dont les entreprises bénéficient de subventions, va tirer profit de la levée des droits de douane. Si la Malaisie devrait pouvoir bénéficier de cet accord, tel ne sera pas forcément le cas d'un pays comme le Vietnam, producteur de marchandises à faible valeur ajoutée, qui pourrait se retrouver désavantagé face au "rouleau compresseur" chinois. A Pékin, Song Hong, économiste de l'Académie des sciences sociales, estime cependant que la croissance des exportations de certains produits, notamment agricoles, d'Asie du Sud-Est vers la Chine, pourrait concurrencer les paysans des provinces chinoises frontalières de l'ancienne Indochine, le Guangxi ou le Yunnan. Les Cambodgiens ont, de leur côté, souligné que cet accord va permettre au royaume khmer, dont les exportations agricoles vers les Etats-Unis et l'Europe sont à la baisse, de trouver de nouveaux marchés en Chine. En Indonésie, l'heure est à l'inquiétude. "Si le gouvernement met en place l'accord maintenant, beaucoup d'industries vont mourir", a déclaré récemment Airlangga Hartarto, un député. Les responsables de l'Asean ne nient pas les conséquences pour leur région. Pushpanathan Sundram, secrétaire général adjoint chargé des questions économiques de l'Association, a déclaré dernièrement au New York Times qu'"il faudra parfois payer le prix" de cet accord. Mais, à terme, a-t-il ajouté, la Chine et l'Asean en "seront les mutuels bénéficiaires". Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) et Bruno Philip
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/01/la-chine-et-six-pays-d-asie-du-sud-est-suppriment-la-quasi-totalite-des-droits-de-douane_1286543_3234.html
Cet accord va permettre à Pékin de compenser la baisse de ses exportations vers l'Europe et les Etats-Unis depuis le début de la crise mondiale.
La Chine et six pays d'Asie du Sud-Est suppriment la quasi-totalité des droits de douane
economie
La Bourse est souvent accusée d'être déconnectée de l'économie "réelle", parfois trop en avance, parfois trop optimiste. L'année 2009 en offre sans doute une nouvelle illustration. Alors qu'un peu partout dans le monde, la crise inquiète encore les entreprises et les ménages, que le chômage continue de croître, les places de Paris, de Londres, de New York, ou de Shanghai, ont affiché, en 2009, des progressions spectaculaires : + 22,32 % en France pour le CAC 40, désormais proche des 4 000 points (à 3 936,33 points), + 22,07 % au Royaume-Uni pour le Footsie, + 18,82 % aux Etats-Unis pour le Dow Jones et + 79,98 % en Chine pour le Shanghai SE Composite. Selon Bloomberg, le MSCI World, l'indice des Bourses mondiales a enregistré cette année sa plus forte hausse depuis 2003 avec 28 % de gain. Et même s'ils sont encore loin de leurs sommets de 2007, les marchés ont presque entièrement gommé les pertes enregistrées depuis septembre 2008, date de la faillite de la banque Lehman Brothers. L'année avait pourtant mal démarré. De janvier à mars, les investisseurs redoutaient une explosion du système financier, une crise systémique. Les marchés plongeaient. Mais, progressivement, aidés par des plans de relance massifs et les politiques monétaires ultra-accommodantes des banques centrales, les indicateurs économiques ont commencé à se redresser en Asie, aux Etats-Unis et en Europe. Les green shots - lueurs d'espoir dans le paysage économique, évoquées par le président américain, Barack Obama - se sont multipliées avant de se transformer en preuves tangibles d'une embellie. L'un après l'autre les pays sont sortis de la récession. "La reprise était virtuelle, elle est devenue réelle à partir de l'été", confirme un gérant de fonds. Les investisseurs ont révisé leurs scénarios, passant de celui d'une crise sévère à celui d'une reprise légère. In fine, "les valeurs qui avaient été le plus massacrées ont été celles qui ont le plus progressé sur l'année", observe Vincent Durel, gérant du fonds actions françaises chez Fidelity. C'est ce qui s'appelle dans le jargon boursier "un marché Béta", indique-t-il. Les financières, des banques en particulier, dont certains redoutaient la faillite ont vu leurs cours s'envoler (+ 84 % pour l'américaine Morgan Stanley, + 184 % pour la française Natixis). L'ensemble des valeurs dites "cycliques", les plus sensibles à la conjoncture ont fait de même, comme celles ayant lien avec la construction, la consommation ou l'industrie automobile, aidées par la prime à la casse. Renault et Peugeot figurent parmi les plus fortes hausses du CAC 40, respectivement + 95 % et + 94 %. Mais le potentiel de hausse des actions n'est-il pas déjà entièrement consommé ? "Ce mieux" va-t-il se confirmer en 2010 ? Cette reprise fragile ne va-t-elle pas s'étioler avec la disparition progressive des soutiens publics ?, se demandent les investisseurs. "Nous sommes dans une course à étapes, et l'on ne sait pas qui prendra le relais des pouvoirs publics pour soutenir l'économie : les consommateurs ? Les entreprises ? Les Etats à nouveau ?", résume Gregori Volokhine, chez Meeschaert à New York. Pour l'heure, personne n'a de réponse. A court terme toutefois, la plupart des gérants n'anticipent pas de rechute. Les sociétés ont drastiquement réduit leurs coûts - via la baisse de leurs investissements et celle de leurs effectifs. Même une légère reprise de la demande suffirait selon eux à doper leurs profits. Le consensus des analystes mise sur un rebond des bénéfices des sociétés en zone euro de l'ordre de 30 %. Mais à un horizon de six mois, les inquiétudes sont vives. Les experts redoutent notamment le moment où les banques centrales, aux Etats-Unis et en Europe, vont commencer à éponger les liquidités injectées sur le marché avant de remonter leurs taux d'intérêts. Et celui où certains Etats, trop endettés, annonceront la mise en place de politiques de rigueur. Autrement dit, le moment où l'économie devra marcher sans béquille. "La reprise a été techniquement assistée, si l'emploi ne redémarre pas d'ici six mois, elle va mourir", redoute François Chevallier, économiste à la banque Leonardo. Selon lui, le scénario de 2010 pourrait être le même qu'en 1994, où la reprise n'avait duré qu'un an. Les Etats et les banquiers centraux, en Europe et aux Etats-Unis, conscients de ces inquiétudes se montrent prudents. "Personne ne veut casser le marché, reconnaît Teun Draaisma, chez Morgan Stanley, mais les changements de discours des politiques fiscales et monétaires, auront plus d'impact qu'on ne le croit". Selon lui, ce changement de ton des banques centrales et des Etats pourrait entraîner une chute des indices de l'ordre de 10 % en Europe comme aux Etats-Unis. Claire Gatinois
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/01/bourses-rebond-en-2009-doutes-pour-2010_1286539_3234.html
Les pertes enregistrées depuis la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008, ont presque été gommées
Bourses : rebond en 2009, doutes pour 2010
politique
En lançant à l'automne 2009 le débat sur l'identité nationale, à l'approche des élections régionales de mars 2010, Nicolas Sarkozy avait demandé en privé à ses ministres "du gros rouge qui tache". Jeudi 31 décembre, le président de la République en a appelé, lors de ses voeux aux Français, à la "fraternité". "Je souhaite que 2010 soit l'année où nous redonnerons un sens au beau mot de fraternité qui est inscrit dans notre devise républicaine", a déclaré le chef de l'Etat dans son allocution télévisée de sept minutes, costume et cravate sombres, plan serré et drapeaux tricolore et européen en arrière-plan. Sans jamais évoquer le débat sur l'identité nationale, qui a tourné à la stigmatisation de l'immigration et de l'islam, M. Sarkozy a adopté un ton rassembleur : "Respectons-nous les uns les autres, faisons l'effort de nous comprendre, évitons les mots et les attitudes qui blessent. Soyons capables de débattre sans nous déchirer, sans nous insulter, sans nous désunir", a souhaité le président de la République, accusé par ses détracteurs d'être parfois brutal et de dresser les Français les uns contre les autres. Le chef de l'Etat, qui s'inquiète en privé de la tournure du débat, était intervenu à deux reprises : le 12 novembre 2009 à La Chapelle-en-Vercors, où il avait à la fois fait l'éloge du terroir et du métissage ; dans une tribune au Monde, le 9 décembre, où il avait réduit le sujet à la religion et appelé les croyants, notamment musulmans, à un exercice humble de leur culte. Il réagissait à la votation suisse interdisant la construction de nouveaux minarets. La double intervention de M. Sarkozy était censée clore un débat délétère, où les ministres avaient multiplié les surenchères. Le ministre de l'immigration et de l'identité nationale, Eric Besson, avait organisé un charter vers l'Afghanistan. Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, avait prôné un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans. Le mot d'ordre était alors d'éviter toute résurgence du Front national alors que les régionales de mars auront valeur de test de mi-quinquennat. En réalité, le débat a continué de prospérer ainsi que les dérapages. A Charmes (Vosges), la patrie de Barrès, la secrétaire d'Etat à la famille, Nadine Morano, avait relancé la polémique en dressant un stéréotype du jeune musulman, souhaitant qu'il "ne mette pas sa casquette à l'envers" et ne "parle pas verlan". M. Besson s'est vu traiter de collaborateur et comparé à Pierre Laval, numéro deux du régime de Pétain, par le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, tandis que les anciens premiers ministres de Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé, Dominique de Villepin, ont tous dénoncé, avec plus ou moins de virulence, la dérive du débat. VOCABLE MITTERRANDIEN M. Besson fera un point d'étape, lundi 4 janvier, sur le débat sur l'identité nationale, que les préfectures ont eu pour mission d'organiser. M. Sarkozy a confié à ses proches qu'il ferait des "propositions" le 4 février, date initialement retenue de clôture du débat et qu'il y aurait des "surprises". Le chef de l'Etat compte aussi se rendre au cimetière de Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras (Pas-de-Calais), dont le carré musulman a été profané. La tactique a déjà été utilisée. Après avoir droitisé son discours pour rassembler son camp, M. Sarkozy entend maintenant donner des gages au centre gauche. A l'approche des régionales, qui marqueront le début du compte à rebours pour 2012, il adopte soudain le ton et le vocable mitterrandien, exhortant "ses chers compatriotes" à rester "unis" et la France à être "rassemblée". L'ancien président socialiste, qui l'avait emporté en 1981 en rassemblant toute la gauche, avait conquis son second mandat en 1988 sur le slogan de "la France unie". M. Sarkozy n'hésite pas non plus à reprendre le concept de "fraternité", scandé au Zénith en septembre 2008 par la socialiste Ségolène Royal. Ce mot est nouveau dans le langage du chef de l'Etat. Lors de son discours de Saint-Quentin, le 24 mars 2009 avant les élections européennes, il avait fait l'éloge des deux autres piliers de la devise républicaine, la liberté et l'égalité. Mais c'était pour vanter la sécurité ("la liberté, c'est de pouvoir prendre le métro sans se faire agresser par des voyous") et fustiger l'égalité lorsqu'elle se transforme en égalitarisme ("l'égalitarisme, c'est le nivellement par le bas"). Lors de ses premiers voeux, en décembre 2007, M. Sarkozy avait tenté de lancer un débat sur la "politique de civilisation", concept emprunté au sociologue Edgar Morin, mais sans jamais parvenir à lui donner un contenu. Au plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy, qui affiche un teint hâlé après une semaine de vacances où il fut l'hôte du roi du Maroc, revendique désormais la spécificité française. L'ancien chantre de la rupture vante aujourd'hui "notre modèle social qui a amorti le choc" de la crise. Il rend "un hommage particulier" aux partenaires sociaux et aux chefs d'entreprise qui ont cherché à sauver des emplois. Il appelle à exporter les idées françaises, alors que se met en place une nouvelle gouvernance mondiale avec l'émergence du G20, qui regroupe les principales puissances de la planète. "Les idées que la France défend vont pouvoir s'imposer dans la recherche d'un nouvel ordre mondial." TROIS CHANTIERS Aux Français inquiets des réformes, il promet des lendemains plus florissants : "2010 sera une année de renouveau. Les efforts que nous faisons depuis deux ans et demi vont porter leurs fruits." Le message s'adresse aussi à la majorité qui s'agace des réformes imposées sans vraie liberté de débat, parfois mal préparées et qui conduisent quelquefois à des camouflets, comme celui infligé mardi 29 décembre 2009 par le Conseil constitutionnel avec l'annulation de la taxe carbone qui devait entrer en vigueur au 1er janvier. Le président confirme qu'un nouveau texte sera présenté au conseil des ministres le 20 janvier. "Je ne suis pas un homme qui renonce à la première difficulté", a asséné M. Sarkozy. Il n'empêche, le calendrier des réformes à venir s'est allégé. Le président de la République a évoqué trois chantiers : les retraites et la dépendance ; l'organisation territoriale ; la justice. Mais il n'a fait aucune annonce nouvelle. L'an passé, il avait profité des multiples cérémonies de voeux de janvier pour multiplier les annonces, au point de créer un sentiment de confusion. M. Sarkozy avait dégringolé dans les sondages après sa présidence de l'Union européenne et sa gestion de la crise financière jugées réussies. Si le chef de l'Etat reconnaît "une année difficile pour tous", il persiste dans la défense de son bilan. Il nie l'échec du sommet de Copenhague en décembre. Il affirme que les Etats ont pris des engagements de réduction des gaz à effets de serre et décidé d'une taxation de la spéculation financière pour aider les pays pauvres victimes du réchauffement. C'est inexact. M. Sarkozy, qui n'a pas de grand rendez-vous international à son agenda, espère se rattraper en 2011, lorsque la France présidera le G20 et le G8. A quelques mois des élections présidentielles. Sophie Landrin et Arnaud Leparmentier
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/01/sarkozy-redonnons-sens-au-mot-fraternite_1286496_823448.html
Le chef de l'Etat s'efforce de corriger les dérives du débat sur l'identité nationale Il a promis au cours de ses voeux télévisés "une année de renouveau".
"Sarkozy : redonnons sens au mot ""fraternité"""
politique
Malgré l'appel à la fraternité et à l'unité lancé par le chef de l'Etat, l'opposition continue de réclamer l'arrêt du débat sur l'identité nationale, lancé par Eric Besson le 2 novembre 2009. La secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, aimerait l'arrêt d'une "machine à créer du conflit et de la violence". "Il ne faut pas seulement des formules pour dire qu'il faut être gentil quand on parle de ce sujet", a-t-elle estimé. Le député (PS) Pierre Moscovici voit dans le discours présidentiel les prémices d'une suspension du débat. "Sans parler de désaveu d'Eric Besson, je sens que ce débat ne sera pas repris du tout en 2010, ou il sera repris sur un autre ton, qui serait mieux que cette espèce de déchirure qui nous a été imposée." La veille, l'ancien premier ministre et rival de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin, dans ses voeux diffusés sur Internet, avait de nouveau fustigé ce débat, parlant de "confusion" et "d'égarement". Demandant que cessent les "illusions de la rupture et les divisions stériles", M. de Villepin avait réclamé un "retour aux enjeux fondamentaux", "au rassemblement", "à la justice" et "à l'équilibre". "L'enjeu, ce n'est pas de savoir qui nous sommes, mais d'être fidèles à ce que nous sommes", avait assené l'ancien premier ministre. L'UMP, au contraire, s'est félicitée de la volonté d'apaisement du président de la République. Le premier ministre, dans un communiqué, a salué "l'engagement pris par le président de construire en 2010 une France fraternelle". "Dans l'épreuve, comme dans le succès, a expliqué François Fillon, le rassemblement de la nation est un bien précieux et la condition de la réussite collective." Pour le porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, les mots "rassembleurs" et "respectueux" de M. Sarkozy étaient " indispensables". "Ils ne seront peut-être pas suffisants, mais je ne doute pas que le président prendra sur ce terrain d'autres initiatives", a-t-il lancé. L'allocution présidentielle a globalement suscité l'ironie hors le parti au pouvoir. "Indécent satisfecit" pour le Parti communiste, "méthode Coué" pour le MoDem, "catalogue de "grâce à moi"" pour le PS, "tout va bien Madame la marquise" ont ironisé les Verts. "Il a expédié en deux phrases les souffrances imposées aux Français par la crise et la politique de son gouvernement", a déploré le coordinateur national du PCF, Pierre Laurent. Pour le porte-parole du PS, Benoît Hamon, "le président de la République fonctionne désormais comme un disque rayé. Il se répète dans un exercice désormais lassant d'autocélébration, qui confirme qu'il est probablement coupé du monde réel." Le NPA, le mouvement d'Olivier Besancenot, partage également l'analyse. "Nicolas Sarkozy a montré qu'il vit dans un autre monde que celui de l'ensemble de la population. 2009 a été l'année de la crise, de l'explosion du chômage, de la précarité. Mais seul Sarkozy a le culot d'expliquer qu'ensemble nous avons évité le pire." Le MoDem regrette que le discours présidentiel n'apporte, malgré la crise, "aucune idée simple permettant de dessiner l'avenir". S. La.
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/01/pour-benoit-hamon-porte-parole-du-ps-le-president-de-la-republique-fonctionne-desormais-comme-un-disque-raye_1286531_823448.html
Malgré l'appel à la fraternité et à l'unité lancé par le chef de l'Etat, l'opposition continue de réclamer l'arrêt du débat sur l'identité nationale.
"Pour Benoît Hamon, porte-parole du PS, ""le président de la République fonctionne désormais comme un disque rayé"""
asie-pacifique
Des convois militaires, en provenance de Qom, la ville sainte, ou de Karaj, se dirigeant vers Téhéran ; plusieurs centres névralgiques de la capitale quadrillés par les miliciens bassidji et les forces de sécurité en civil (les lebaschahsi) ; des stations de métro à leur tour placées sous haute surveillance, selon un site Internet étudiant : la tension est encore montée d'un cran, en Iran, jeudi 31 décembre. Ces bruits de bottes annonçaient-ils une nouvelle escalade de violence ? Plutôt une démonstration de force dissuasive au moment où se préparaient dans la rue d'autres actions. De fait, dans la journée, des milliers de personnes se sont rendues, en dépit des interdictions, au grand cimetière de Behecht-e-Zarah, où avait été enterré la veille, sous contrôle policier, le neveu de Mir Hossein Moussavi, figure de proue de l'opposition tué par balles lors des manifestations de la fête de l'Achoura, le 27 décembre. D'autres rassemblements sporadiques auraient eu lieu également place Haft-e-Tir et place Mohseni à Téhéran, mais aussi dans plusieurs universités. Des heurts violents se seraient produits à Mashad où des centaines de miliciens auraient attaqué des étudiants faisant une dizaine de blessés. Toutefois, si la démonstration de force de jeudi était aussi destinée à rassurer un pouvoir, déstabilisé par l'ampleur de la contestation, elle a eu pour conséquence d'inquiéter aussi certains fondamentalistes. Ces derniers s'alarment d'un scénario à la pakistanaise, dans lequel les Gardiens de la révolution, qui assurent la sécurité, les renseignements et gèrent une bonne part de l'économie nationale, pourraient prendre totalement le pays en main. D'où les quelques voix qui se sont élevées appelant à la conciliation, y compris dans les cercles les plus conservateurs. Ainsi Assadolah Askaroladi, secrétaire des Motalefeh, le parti qui regroupe les confréries religieuses et politiques les plus influentes chez les fondamentalistes et qui est très écouté parmi les puissants négociants du bazar, a-t-il suggéré, jeudi, que le pays "se retrouve autour du Guide suprême Khamenei pour élaborer des solutions" au lieu de se déchirer. Dans la soirée, un communiqué de M. Moussavi publié sur le site Norouz (celui du principal parti réformateur, le Mocharekat) allait dans le même sens. Expliquant que si les manifestations de l'Achoura avaient atteint une telle ampleur, ce n'était pas parce qu'il avait, lui-même ou d'autres chefs de l'opposition, convoqué les gens dans la rue, M. Moussavi explique : "La population décide elle-même, nous ne faisons que l'accompagner. Les manifestants ne sont pas violents, c'est la répression qui fait tout pour les rendre violents." Et il ajoute : "Nous arrêter ou nous tuer ne changera rien, c'est une crise de confiance (...). Nous sommes des nationalistes, religieux et fidèles à la Constitution, on ne veut pas renverser le système, mais le réformer. des solutions politiques sont encore possibles." Lesquelles ? M. Moussavi propose un véritable plan de sortie de crise en cinq points. D'abord, que le gouvernement de M. Ahmadinejad accepte d'être responsable de ses actes devant le Parlement, le pouvoir judiciaire et la nation, sans plus avoir l'appui inconditionnel des plus hautes autorités. Ensuite, qu'une loi soit adoptée pour obtenir des élections claires, libres et équitables. La présidentielle de juin qui a vu la victoire de M. Ahmadinejad était entachée de fraudes aux yeux de Mir Hossein Moussavi, ce qui a été le point de départ de la contestation. Troisième point : la libération des prisonniers politiques et leur réhabilitation. Quatrième : la liberté de la presse et la réouverture des journaux fermés. Enfin, dernier point, reconnaître les droits des citoyens, notamment la validité de l'article 27 de la Constitution qui accorde la liberté de manifester. Conscient de la difficulté, le chef de l'opposition conclut en disant qu'il n'est pas nécessaire de négocier tout à la fois, mais qu'une discussion pourrait s'engager sur l'un des points, pour amorcer le dialogue : "Il n'existe pas un Iran coupé en deux, un Iran de Dieu et un Iran de Satan, mais un seul pays qui doit retrouver son unité." Marie-Claude Decamps
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/01/en-iran-mir-hossein-moussavi-propose-un-plan-de-sortie-de-crise-en-cinq-points_1286516_3216.html
Dans un climat très tendu, le chef de l'opposition lance un appel à l'unité.
En Iran, Mir Hossein Moussavi propose un plan de sortie de crise en cinq points
proche-orient
Le quotidien Yedioth Aharonoth de jeudi 31 décembre a fait état de la colère du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, contre la décision rendue par la Cour suprême d'Israël en autorisant de nouveau les Palestiniens à emprunter la "route 443", qui relie Jérusalem à Tel-Aviv. En octobre 2002, au plus fort de la seconde Intifada, le gouvernement leur en avait interdit l'usage à la suite de tirs contre des véhicules circulant sur la voie, qui avaient coûté la vie à six Israéliens. M. Nétanyahou aurait fait part de son incrédulité devant un arrêt risquant, selon lui, de mettre en danger la vie de ses concitoyens, et promis d'étudier la possibilité de corriger l'arrêt de la haute juridiction par une législation appropriée. Cette approche est celle des partis de droite et de l'armée, qui n'ont pas de mots assez durs pour qualifier une décision obtenue par deux voix contre une. La Cour suprême a accordé un délai de cinq mois au ministère de la défense pour faire appliquer cet arrêt sur une portion de 14 kilomètres située entre le check-point de Makkabim (près de la ville de Modi'in) et la ville de Givat Ze'ev, au nord-ouest de Jérusalem. L'armée devra également prendre des mesures permettant d'assurer la sécurité des quelque 40 000 automobilistes israéliens qui empruntent quotidiennement la route 443, un axe qui permet d'éviter la route "numéro 1", souvent très encombrée, reliant Jérusalem à Tel-Aviv. S'il faut s'attendre à des manoeuvres dilatoires de la part du gouvernement, les Palestiniens ont néanmoins remporté une indiscutable victoire politique, en obtenant un jugement favorable à propos de cette route partiellement construite sur des terres dont les propriétaires palestiniens ont été expropriés dans les années 1980. DÉMARCHES SIMILAIRES A l'époque, l'Etat avait justifié cette mesure en expliquant que la route 443 bénéficierait aussi à la "population locale" palestinienne. Depuis 2002 cependant, les quelque 55 000 Palestiniens habitant les villages situés de part et d'autre de la route se sont vu refuser le droit d'utiliser cet axe routier, et toutes les voies d'accès ont été bloquées. Les maires d'une demi-douzaine de villages, ainsi que l'Association pour les droits civiques en Israël, avaient entamé une procédure devant la Cour suprême, laquelle a émis dans le passé des jugements tantôt favorables, tantôt hostiles, aux Palestiniens : parmi les premiers figurent plusieurs modifications de la "barrière de sécurité" (le "mur") qui trace son sillon en Cisjordanie. Les juges ont estimé que "la liberté de mouvement est un droit fondamental", et que des dispositions qui "interdisent complètement le trafic palestinien sur la route ne sont pas conformes avec les règles du droit international". Inquiet de ce qu'il considère comme un dangereux précédent, le ministère de la défense fourbit sa défense juridique en prévision d'une multiplication de démarches similaires : il reste plus de 60 kilomètres de routes réservées aux seuls Israéliens en Cisjordanie. Laurent Zecchini et Laurent Zecchini
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/01/bataille-juridique-autour-de-l-usage-d-une-route-en-cisjordanie_1286517_3218.html
Le gouvernement israélien s'émeut d'une décision de la Cour suprême autorisant les Palestiniens à utiliser une voie traversant leurs terres.
Bataille juridique autour de l'usage d'une route en Cisjordanie
asie-pacifique
Deux journalistes français réalisant un reportage pour l'émission "Pièces à conviction" diffusée par France 3 et leurs trois accompagnateurs afghans auraient été enlevés, mercredi 30 décembre 2009, au nord-est de Kaboul, dans la province de Kapisa où sont stationnées les troupes françaises. Faute de revendication, le ministère français des affaires étrangères et France Télévisions préféraient, jeudi soir, indiquer que ces personnes "n'avaient pas donné de nouvelles depuis quarante-huit heures". Des troupes ont été positionnées sur les principaux axes afin d'empêcher leur éventuel transfert clandestin à l'extérieur de la province. Cette disparition est intervenue alors que le ministre de la défense, Hervé Morin, rendait visite, à l'occasion du réveillon, les soldats français sur la base de Nijrab, à 30 kilomètres de là. La France s'apprête, dans les semaines qui viennent, à modifier son dispositif sur le terrain. Les journalistes avaient passé deux semaines en compagnie des militaires français. Afin de compléter leur reportage, ils avaient quitté le giron militaire et emprunté un taxi en compagnie de leur traducteur afghan et de deux de ses parents, pour recueillir des témoignages près de la ville de Tagab, principale ville de la province de Kapisa. Selon les autorités françaises à Kaboul, ils auraient été interceptés non loin du village d'Omarkheyl situé sur la route entre Tagab et Saroubi lieu où ont péri, en août 2008, dans une embuscade, neuf soldats français. LA CIA EN DEUIL Le contact local des reporters aurait pu prévenir un groupe d'insurgés locaux. Il pourrait tout aussi bien s'agir de talibans, de membres du Hezb-e-Islami, mouvement radical islamiste très présent dans cette région, ou de malfrats locaux désirant monnayer le kidnapping. Mi-décembre, trois journalistes travaillant pour le Guardian, deux Afghans et un Irakien, avaient été libérés après avoir été brièvement pris en otages dans l'est du pays, près de la frontière pakistanaise. En novembre, un journaliste norvégien et son interprète afghan ont été retenus une semaine dans la même région avant d'être libérés. Début septembre, un journaliste britannique du New York Times avait été enlevé dans la province de Kunduz (nord). Il avait été libéré quelques jours plus tard par un commando de l'OTAN lors d'une opération qui s'était soldée par la mort de son interprète afghan. La région montagneuse de Kapisa se trouve sur l'axe reliant Kaboul et Jalalabad en direction de la frontière pakistanaise. Près de 700 des 3 000 soldats que la France compte en Afghanistan y sont déployés. L'armée française opère sous le contrôle des Américains en charge, pour le compte de l'OTAN, de tout l'est du pays. Selon une source militaire de l'OTAN à Kaboul, les Français réfléchissent actuellement avec les Américains à une extension de leur présence sur le terrain notamment dans l'est du pays. Il pourrait s'agir de forces spéciales qui remplaceraient des effectifs américains dans certains postes avancés situés à la frontière afghano-pakistanaise. Ce déploiement limité en nombre permettrait de tenir la promesse faite par le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, de participer aux côtés des Etats-Unis à la lutte contre Al-Qaida et l'insurrection talibane sur la frontière poreuse entre l'Afghanistan et le Pakistan. Fait rare, la CIA a reconnu officiellement, jeudi, avoir perdu, la veille, sept agents de premier plan dans cette même zone dans un poste avancé près de Khost. Six autres membres de l'agence de renseignement ont aussi été blessés lors de l'attentat-suicide commis par un homme revêtu d'un uniforme de l'armée afghane. Jeudi, les drapeaux ornant le quartier général de la CIA à Langley, en Virginie, étaient en berne. Ces morts et ces enlèvements concluent une année 2009 meurtrière avec 509 morts dans les rangs de l'OTAN. Ils témoignent aussi d'une situation sécuritaire de plus en plus détériorée. Alors que des membres de la coalition internationale, comme le Canada, les Pays-Bas et les Etats-Unis ont évoqué une date de retrait pour leurs troupes, la France n'a, à ce jour, jamais envisagé cette possibilité. Jacques Follorou
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/01/deux-reporters-francais-ont-disparu-en-afghanistan_1286515_3216.html
Avec les Etats-Unis, la France envisage d'étendre son intervention militaire dans une zone instable à l'est du pays.
Deux journalistes français ont disparu en Afghanistan
ameriques
La trêve hawaïenne de fin d'année de Barack Obama s'est transformée en chausse-trape politique. Tandis que les files d'attente s'allongeaient dans les aéroports, au lendemain de la tentative d'attentat du 25 décembre contre un avion de Northwest, le président américain a tardé à interrompre ses vacances pour s'adresser aux Américains. Le camp républicain s'est immédiatement engouffré dans la brèche, brossant l'image d'un Barack Obama moins préoccupé par la menace terroriste que par ses parties de golf au bord des plages de son enfance. L'ancien vice-président Dick Cheney a dénoncé le "profil bas" du président. "Il semble penser que s'il donne aux terroristes les mêmes droits qu'aux Américains, (...) s'il ferme Guantanamo et en libère les terroristes d'Al-Qaida les plus endurcis, nous ne serons pas en guerre", a déclaré, mercredi 30 décembre, M. Cheney au site Politico, ajoutant : "Mais nous sommes en guerre, et quand le président Obama prétend le contraire, nous sommes moins en sécurité." "Dans l'administration Obama, le respect des droits des terroristes pèse plus lourd que la vie des Américains", a aussi attaqué Newt Gingrich, un "poids lourd" républicain. Dans une lettre destinée à collecter des fonds, Pete Hoekstra, un élu du Michigan, affirme que M. Obama "et ses copains gauchistes sapent le travail des hommes et femmes courageux qui oeuvrent inlassablement à nous protéger". Pete Hoekstra accuse aussi le président, qui a promis de fermer la base de Guantanamo à Cuba, de "renvoyer chez eux, au Yémen, des prisonniers de Gitmo". Selon le Washington Post, d'ex-détenus de Guantanamo, dont certains ont été relâchés par l'administration Bush, ont aidé à développer la branche d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) qui a revendiqué la tentative d'attentat du 25 décembre. Ces critiques, qui rompent avec la tradition de réserve après une attaque terroriste, ravivent la tactique de la campagne présidentielle républicaine : faire passer les démocrates pour laxistes sur le terrorisme. Sur le blog de la Maison Blanche, le directeur de la communication, Dan Pfeiffer, a renvoyé la balle aux républicains, responsables selon lui de la concentration des forces nationales vers l'Irak - "un pays d'où Al-Qaida était absent", rappelle-t-il. Cette stratégie a permis à l'organisation de se regrouper à la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan et de "se régénérer dans des endroits comme le Yémen et la Somalie", ajoute-t-il. M. Obama n'a pas "besoin de bomber le torse", souligne M. Pfeiffer. Et s'il n'utilise plus l'expression "guerre contre la terreur", emblématique des années Bush, c'est qu'il considère que son administration n'est pas "en guerre contre une tactique (le terrorisme) ", mais "contre quelque chose de tangible : Al-Qaida". Selon le collaborateur du président, "sept années de rhétorique belliqueuse n'ont pas diminué la menace d'Al-Qaida" et il "est étrangement paradoxal, à un moment où (le) pays est attaqué, que l'architecte de ces politiques (Dick Cheney) attaque le président". En décembre 2001, George Bush avait mis six jours à réagir à la tentative d'attentat de Richard Reid, qui avait essayé de faire exploser une bombe dissimulée dans sa chaussure sur un vol Paris-Miami. "Les républicains sont tout simplement hypocrites", a lancé Brad Woodhouse, porte-parole du comité national des démocrates. Au-delà de ces attaques, l'attentat manqué de Noël a révélé des failles, sur lesquelles l'administration Obama enquête. Selon la presse, Londres avait rejeté en mai 2009 une demande de visa d'Omar Farouk Abdulmutallab, le suspect du 25 décembre ; en août 2009, les renseignements américains avaient intercepté des communications d'Al-Qaida au Yémen évoquant l'utilisation d'un Nigérian dans un complot. Si ces informations avaient été bien analysées, elles auraient peut-être permis d'éviter la tentative d'attentat. Philippe Bolopion et Philippe Bolopion
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/01/offensive-republicaine-contre-barack-obama-aux-etats-unis_1286518_3222.html
Après les révélations sur les failles de la sécurité dans l'attentat manqué du 25 décembre, les adversaires du président l'accusent de laxisme.
Offensive républicaine contre Barack Obama aux Etats-Unis
ameriques
Quand elle a quitté, avant Noël, son village de l'Etat de Puebla, dans le centre montagneux du Mexique, Esmeralda n'a pas dit à sa mère qu'elle allait jusqu'à la capitale, à de longues heures d'autocar de chez elle. Encore moins qu'elle allait y avorter. "Je ne suis pas mariée, j'habite avec ma famille et j'ai déjà un petit garçon", souffle cette douce jeune femme de 21 ans, qui en paraît à peine 18. Blottie sur une chaise longue dans la section spécialisée du centre de santé Beatriz Velasco de Aleman, un établissement public géré par la ville de Mexico, elle attend que le misoprostol, une pilule abortive, déclenche les contractions. Comme huit autres patientes ce matin-là, elle a dépassé le seuil des neuf semaines à compter des dernières règles, au-delà duquel un avortement nécessite une intervention. Esmeralda a de la chance : elle a eu droit à une interruption volontaire de grossesse (IVG) totalement gratuite, sous contrôle médical, dans de bonnes conditions psychologiques. Sur le territoire de l'Etat de Puebla, l'un des bastions du catholicisme mexicain, cela lui aurait été refusé. Dans l'ensemble du pays, 140 femmes sont poursuivies en justice, et 33 incarcérées pour avoir mis fin à leur grossesse. La petite villageoise a appris "par la télévision", dit-elle, que, depuis mai 2007, l'IVG est légale à Mexico, sans restriction jusqu'à la fin de la 12e semaine, et que les cliniques municipales y acceptent les résidentes d'autres Etats de la République. Maria, une association fondée par de jeunes féministes, aide les plus démunies à se loger et à se nourrir durant leur séjour dans la capitale. La crise économique ne peut que renforcer la demande. Le droit à l'avortement est devenu l'enjeu d'une bataille acharnée, au Mexique entre ceux qui le défendent et ceux qui y sont opposés. Gouvernée depuis plus d'une décennie par le Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), la capitale est un îlot de libéralisme dans un pays balayé par une vague de conservatisme : son Assemblée législative a même autorisé, le 21 décembre 2009, le mariage entre homosexuels. Mais l'Eglise catholique, dont se réclament plus de 85 % de Mexicains, a lancé une vaste contre-offensive depuis que Mexico a dépénalisé l'avortement jusqu'à douze semaines, fin avril 2007. On a vu alors s'ouvrir, non loin de la basilique de la Vierge de Guadalupe, un sanctuaire dédié aux foetus avortés. Des militants de l'organisation non gouvernementale (ONG) Pro Vida ("pro vie") montent la garde, à 20 mètres de la file d'attente qui s'étire dès 6 heures du matin à l'entrée du centre d'IVG Velasco. "Il y a eu quelques incidents, comme les pneus crevés de ma voiture, mais rien de grave, souligne le docteur Luis Jorge Arellano, directeur de l'établissement. Sur 26 médecins, trois seulement sont objecteurs de conscience, ainsi que cinq infirmières. A nous seuls, nous assumons le tiers des quelque 30 000 IVG pratiquées cette année dans la capitale. C'est seulement dans notre établissement que ce service est gratuit à 100 %." A Guadalajara, un avortement coûte 8 000 pesos (quatre fois le salaire minimum), le médecin risquant d'être radié, confie une patiente venue depuis la métropole de l'Ouest mexicain. Dans cet ancien fief des "Cristeros", les insurgés catholiques qui ont pris les armes contre le gouvernement fédéral de 1926 à 1929, la principale pharmacie du centre-ville refusait encore, il y a peu, de vendre des contraceptifs. Mais comment expliquer que les Etats de Veracruz, d'Oaxaca, de Puebla ou du Chiapas, contrôlés par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre), la vieille formation hégémonique issue de la révolution mexicaine, aient basculé dans le camp anti-avortement ? L'un après l'autre, 18 des 32 Etats mexicains ont adopté une Constitution qui protège la vie "dès la conception ". Presque toujours, les élus du PRI, pourtant héraut de la laïcité, y ont voté de concert avec ceux du Parti d'action nationale (PAN, droite), la formation du président Felipe Calderon, proche du clergé. Un tournant similaire se prépare dans six autres Etats. Cette lame de fond a douché les féministes, qui croyaient avoir remporté une victoire définitive en août 2008, lorsque la Cour suprême a refusé de casser la loi sur l'IVG adoptée en 2007 à Mexico. L'affaire provoque des remous au sein de l'Internationale socialiste, dont le PRI est membre, et dans les rangs de ce parti, majoritaire depuis juillet au Congrès. Sa présidente, Beatriz Paredes, se voit accusée de sacrifier ses convictions personnelles sur l'autel de la politique : elle voudrait éviter que l'Eglise ne favorise le PAN lors de l'élection présidentielle de 2012. L'un des prétendants du PRI pour cette échéance, le gouverneur de l'Etat de Mexico, Enrique Pena-Nieto, vient d'effectuer une visite très médiatisée au Vatican, préparant ainsi l'avenir. Car, au-delà des frontières du Mexique, la bataille aura des retombées en Amérique latine et dans la forte communauté d'origine mexicaine aux Etats-Unis. Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) et Joëlle Stolz
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/01/au-mexique-bataille-acharnee-sur-le-droit-a-l-avortement_1286520_3222.html
L'Eglise critique Mexico, qui a dépénalisé l'IVG jusqu'à douze semaines.
Au Mexique, bataille acharnée sur le droit à l'avortement
europe
C'est une première pour l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) : une ancienne république soviétique assure depuis le 1er janvier la présidence tournante de l'institution. C'est aussi la première fois qu'un Etat à majorité musulmane dirige l'organisation, créée en 1975 en période de dégel soviético-occidental et dont l'ambition initiale était d'instaurer un dialogue entre les membres du pacte de Varsovie et les pays d'Europe de l'Ouest. L'attribution de la présidence annuelle de l'OSCE au Kazakhstan, décidée fin 2007 par les 56 Etats membres, n'allait pas de soi. Epinglé pour ses nombreuses entraves aux libertés, dénoncé pour ses élections jugées frauduleuses, accusé d'entretenir un culte de la personnalité autour de son président, le Kazakhstan de Noursoultan Nazarbaïev n'avait jusque là pas pu obtenir la présidence de l'OSCE, en raison des réticences d'un trop grand nombre de membres. Après deux tentatives infructueuses, le Kazakhstan est parvenu à convaincre ses pairs de l'OSCE en promettant une série de réformes, qui devaient prendre place, "au plus tard", en 2008. Astana devait notamment simplifier l'enregistrement des partis politiques, alléger sa législation sur la presse et réformer son système électoral en suivant les recommandations faites par le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme de l'OSCE (Odihr). Pourtant, en dépit de quelques mesures adoptées, la situation des droits de l'homme se détériore au Kazakhstan, selon de nombreuses ONG, parmi lesquelles Human Rights Watch. Le plus connu des militants du pays, Evgueniï Jovtis, purge une peine de quatre ans de prison ferme pour homicide involontaire, à la suite d'un procès qualifié de "politique " par les opposants, et les manifestations publiques sont toujours encadrées par un arsenal législatif contraignant. Au niveau politique, le système est verrouillé par le réseau clanique développé autour de Noursoultan Nazarbaïev, qui a obtenu 91 % des voix aux élections présidentielles de 2005. Il pourra se représenter en 2012 à la faveur d'une loi qui limite à deux les mandats présidentiels, à l'exception "du premier président du pays". A la tête du Kazakhstan depuis l'indépendance en 1991, Noursoultan Nazarbaïev peut aussi compter sur le parti La Patrie, qui occupe la totalité des 98 sièges de l'Assemblée législative. Enfin, les réformes concernant la liberté de la presse semblent avoir produit l'effet inverse : une nouvelle loi sur la diffamation complique le travail des journalistes, surtout lors d'enquêtes sur la corruption. Pour le Web par exemple, une loi votée en 2009 - et décriée par l'Union européenne - assimile tout site Internet à un média, et rend le propriétaire pénalement responsable de l'information publiée - un coup dur pour les nombreux blogs politiques. Face aux inquiétudes, Astana botte en touche et répète à l'envi le credo de sa présidence : la "sécurité", notamment sur le dossier afghan. Selon Kanat Saoudabaïev, ministre kazakh des affaires étrangères et président en exercice de l'OSCE pour l'année, "toute discussion sur la sécurité européenne est prématurée tant que la question afghane n'est pas résolue ". Un credo salué par Moscou, qui entretient avec l'OSCE des relations compliquées. Le premier ministre Vladimir Poutine l'a souvent pourfendu, et déploré son "ingérence" dans les affaires intérieures, notamment à l'occasion d'élections où l'OSCE envoie des observateurs. Le président russe, Dmitri Medvedev, a, lui, salué la nouvelle présidence kazakhe, "qui permettra à l'OSCE de trouver une nouvelle place". Moscou souhaiterait certainement voir son voisin kazakh profiter de sa position pour limiter le rôle de l'organisation dans le monitoring électoral et les programmes de promotion de la démocratie. Selon certaines sources diplomatiques, Washington aurait donné son aval à la présidence kazakhe, à la condition que celle-ci ne modifie en rien les programmes de l'Odihr, chargé de l'observation des élections, notamment dans les ex-républiques soviétiques. Alexandre Billette
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/01/la-presidence-de-l-osce-represente-un-defi-pour-le-kazakhstan_1286519_3214.html
L'ex-république soviétique devra faire la preuve de sa volonté de réforme.
La présidence de l'OSCE représente un défi pour le Kazakhstan
europe
Après la tuerie qui s'est déroulée, jeudi 31décembre 2009 au matin, à Espoo, dans la banlieue d'Helsinki, la Finlande est à nouveau plongée dans le drame et la consternation. Six personnes sont mortes, dont le meurtrier, qui s'est suicidé. Le meurtrier a commencé à tirer avec un pistolet de 9 mm dans le supermarché Prisma à Espoo vers 10 heures heure locale, alors que des centaines de personnes étaient en train de faire leurs achats de nourriture pour le réveillon du Nouvel An. Des scènes de panique ont été rapportées. Trois hommes et une femme travaillant au magasin ont été abattus sur place. Une cinquième victime a été retrouvée plus tard dans un appartement. Il s'agissait de l'ancienne compagne du meurtrier, une Finlandaise avec qui il avait vécu pendant dix-huit ans, selon la presse. Celle-ci était également employée dans ce supermarché. Le meurtrier avait, par le passé, menacé de la tuer. La justice lui avait interdit d'approcher son domicile et son lieu de travail. La police semble attribuer le massacre à la jalousie, mais ignore encore pourquoi l'homme a abattu les quatre collègues de la jeune femme. L'auteur du massacre, Ibrahim Shkupolli, est un Albanais du Kosovo de 43 ans qui vivait en Finlande depuis 1990. Son ex-compagne, âgée de 42 ans, l'avait quitté en 2008 parce qu'il était violent. Selon un journal finlandais, Ibrahim Shkupolli s'était, depuis, marié avec une jeune femme du Kosovo dont il avait eu un enfant. L'homme a été retrouvé un peu plus tard dans son appartement, où il s'était donné la mort. Ibrahim Shkupolli était déjà connu des services de police. Il avait été condamné pour agression et pour infraction à la législation sur les armes. La tuerie a aussitôt provoqué de très nombreuses réactions en Finlande. Le pays a été traumatisé ces dernières années par plusieurs massacres collectifs. Règles plus strictes Le 23 septembre 2008, Matti Saari, étudiant dans une école professionnelle à Kauhajoki, tuait dix élèves avant de se suicider. Un massacre similaire s'était déroulé dans une autre école finlandaise, à Jokela, en novembre 2007, quand Pekka-Eric Auvinen, un élève de 18 ans, avait tué huit personnes avant, lui aussi, de se suicider. Des règles plus strictes pour la détention d'armes furent introduites en 2008, suite au drame de Kauhajoki, mais dans le cas des armes illégales, la police a reconnu avoir moins de possibilités d'agir. Le premier ministre, Matti Vanhanen, a ordonné dès jeudi une enquête sur les armes illégales. Il a également déclaré qu'il fallait à nouveau mettre en question le grand nombre d'armes en circulation en Finlande. Il y a à peine deux semaines, s'est achevé le procès d'un policier inculpé dans l'affaire de la tuerie de Kauhajoki car il n'avait pas confisqué l'arme de Matti Saari la veille du drame, en dépit de signes avant-coureurs. Durant le procès, les familles des victimes avaient crié leur révolte, considérant que rien n'avait été fait pour empêcher que de tels massacres ne se reproduisent. O. T.
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/01/une-tuerie-relance-le-debat-sur-les-armes-en-finlande_1286523_3214.html
Cinq personnes ont été tuées près d'Helsinki, après des drames similaires en 2007 et en 2008.
Une tuerie relance le débat sur les armes en Finlande
europe
Pendant tout l'automne 2009, Laiga Lidaka a préparé des conserves avec les légumes récoltés sur une petite parcelle de terre à Vaive, une commune de 1 700 habitants située à une centaine de kilomètres à l'est de la capitale de la Lettonie, Riga. "Le reste est à la cave. Cela me fait des légumes jusqu'au printemps. Sans cela, je n'aurais rien eu à manger pendant cet hiver." Cette parcelle de terre qui est son salut, elle l'a obtenue gratuitement de la commune, dernier recours pour les plus nécessiteux dans un pays frappé par la crise. Le chômage atteint officiellement 16 % parmi les 2,3 millions d'habitants tandis que le PIB a reculé de 17 % en 2009, faisant de la Lettonie le pays de l'Union européenne (UE) le plus touché. Les mécontents sont de plus en plus nombreux, comme à Riga où des Lettons campent depuis un mois en dépit d'un froid mordant devant le palais du gouvernement pour protester contre cette situation. A Vaive, depuis la mi-octobre, Laiga Lidaka, âgée de 55 ans, et ses deux enfants à charge ont le statut de famille pauvre. Elle a bénéficié d'un programme insolite mis en place par la commune, qui a décidé de distribuer des lopins de terre aux plus démunis. Sur les vingt familles concernées, neuf ont accepté l'offre. Bien d'autres seront concernées au printemps. Plusieurs communes ont suivi l'exemple tandis qu'au niveau national, 100 000 foyers bénéficient d'un quota d'électricité gratuite cet hiver. Auparavant, Laiga Lidaka avait travaillé pendant deux mois dans une école de Cesis comme femme de ménage. Elle faisait les allers-retours à pied. "C'était loin." Elle n'en pouvait plus. Elle a arrêté. Elle et ses enfants touchent 180 lats (255 euros) par mois. Elle reçoit aussi 100 lats d'une bourse européenne. Son plus jeune fils, Janis, récupère une petite pension comme orphelin de père. Son autre fils, qui vit avec elle, âgé de 30 ans, travaillait dans le bâtiment. Comme beaucoup d'autres ouvriers du secteur, il est au chômage. Mais comme il travaillait au noir, il n'a pas droit à des indemnités. Un troisième fils est parti en Angleterre. Il travaille aussi dans le bâtiment et vient d'avoir un enfant. "J'aime mon pays, dit Laiga Lidaka, et j'ai pleuré quand j'ai vu que mon premier petit-fils était né à l'étranger." Beaucoup de jeunes Lettons tentent ainsi, depuis des années, leur chance à l'étranger. Et en dépit de la crise dans les autres pays européens, le phénomène ne s'est pas tari. Au contraire, ce sont des familles entières qui émigrent. Une soixantaine de personnes ont quitté le village. Auparavant, c'était l'homme qui partait. Il envoyait de l'argent au pays, faisant rentrer des devises. Désormais, cette manne reste à l'étranger. D'autres se noient dans l'alcool. "C'est dramatique, dit Rudite Petrova, responsable de l'aide sociale à Vaive. Ils en oublient leurs enfants." Des enseignants n'ont plus d'emploi, les autres ont vu leur salaire diminué. Personne n'a encore perdu sa maison à Vaive, mais de nombreux huissiers ont déjà rendu visite aux plus endettés. Valda Zalaiskalna, directrice administrative de la commune de Vaive, qui, comme les autres fonctionnaires locaux, a vu son salaire réduit de 20 %, se veut toutefois optimiste : "Les Lettons peuvent survivre en enfer", lance-t-elle. "Nous avons de la terre et la terre nous nourrit. Nous pouvons nous nourrir par nous-mêmes. Mais notre législation sociale est boiteuse et le gouvernement ne pense pas à la population. La situation va continuer à se détériorer, or l'état de nos finances empire." Le 1er janvier, la législation a changé. Au lieu d'un paiement dégressif des allocations chômage (100 % du salaire les deux premiers mois, puis 75 % les deux mois suivants et 45 lats mensuels les cinq derniers mois), les chômeurs touchent maintenant 50 % de leur salaire pendant les neuf mois d'indemnisation. "Après ces neufs mois, les chômeurs deviennent nos clients", explique Rudite Petrova. Laiga Lidaka, elle, s'inquiète pour l'avenir. "J'ai dix ans à tenir jusqu'à la retraite. Dix ans à vivre comme ça ? Je ne veux pas y penser. Et pour quelle retraite ? Les retraités touchent 140 lats par mois." Pour elle, cette crise, c'est la faute du gouvernement. Et quand une émission politique passe à la radio, elle éteint désormais son poste. Olivier Truc (Stockholm, correspondance) et Olivier Truc
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/01/en-lettonie-des-lopins-de-terre-distribues-aux-plus-pauvres_1286529_3214.html
Le PIB letton a reculé de 17 % en 2009, ce qui en fait le pays européen le plus touché par la crise.
En Lettonie, des lopins de terre distribués aux plus pauvres
europe
L'année 2010 sera difficile pour l'Allemagne. Angela Merkel l'a dit sans détours à ses compatriotes lors de son allocution télévisée du 31 décembre. "Nous ne pouvons pas espérer que la récession soit rapidement surmontée", a souligné la chancelière chrétienne-démocrate, qui portait de fines lunettes pour l'occasion. La première économie de la zone euro a certes commencé à sortir de la plus grave récession qu'elle ait connue depuis la seconde guerre mondiale. Les prévisions de croissance ont été corrigées à la hausse ces derniers mois - le gouvernement table sur une hausse du PIB de 1,2 % en 2010 - et l'augmentation du chômage est restée limitée. Mais de nombreuses incertitudes planent sur l'avenir. "Il y aura d'abord une dégradation au cours de cette nouvelle année, avant qu'il y ait un redressement", a expliqué Mme Merkel. La chef du gouvernement allemand craint notamment une explosion du chômage. Jusqu'à maintenant, les entreprises ont pu éviter des licenciements massifs en recourant au système du chômage partiel. A long terme, cette mesure n'est pas rentable pour les sociétés. En outre, le dispositif de la prime à la casse, qui a dopé les ventes des constructeurs automobiles, est arrivé à échéance en septembre. Aussi, le chef de l'Agence fédérale pour l'emploi, Frank-Jürgen Weise, s'attend-il à d'importantes destructions d'emplois, notamment dans les secteurs-clés de l'industrie allemande, au cours des prochains mois. Autre menace qui pèse sur la conjoncture : l'aggravation des conditions de crédit pour les entreprises. Début décembre 2009, la chancelière avait convoqué des représentants des banques, entreprises et syndicats pour réfléchir à des mesures de lutte contre la pénurie de crédit. Lors de ses voeux, Mme Merkel a annoncé la mise en place de nouvelles règles pour les marchés financiers afin d'empêcher "l'accumulation d'excès et d'irresponsabilité". Pour la chancelière, 2010 sera un tournant. L'Allemagne doit "transformer son économie de manière à la rendre durable". La question qui se pose, selon elle, est de savoir "comment nous préservons notre prospérité, en changeant notre art de vivre et notre économie". "C'est maintenant que sont posés les jalons pour l'avenir des Allemands", résume l'hebdomadaire Der Spiegel, qui consacre sa "une" à la conjoncture allemande en 2010. En effet, certains économistes critiquent le modèle allemand tourné vers l'exportation et exhortent les responsables politiques à stimuler davantage la demande intérieure. Un emploi sur cinq dépend du commerce extérieur et la part des exportations dans le PIB atteint désormais 47 %. Une manière de répondre à ce défi est d'augmenter substantiellement les investissements dans l'éducation et la recherche. La chancelière souhaite faire passer les dépenses de ce secteur à 7 % du PIB d'ici à 2015. Mais l'urgence est d'abord de sortir le pays de la crise. L'Allemagne a été particulièrement touchée. En 2009, son PIB devrait afficher une baisse de 5,3 % contre 2,4 % pour la France ou 4,4 % pour le Royaume-Uni. "Nous, au sein du gouvernement allemand, devons faire tout ce que nous pouvons pour créer de la croissance", a-t-elle poursuivi. Pour relancer la machine économique, la nouvelle coalition de centre-droit, qui réunit les unions chrétiennes CDU-CSU et les libéraux du FDP, a décidé de baisser les impôts. Une première série d'allégements fiscaux d'un montant de 8,5 milliards d'euros est entrée en application le 1er janvier. D'autres réductions d'impôts sont prévues d'ici à 2011. En même temps, le gouvernement souhaiterait s'atteler à la réduction du déficit public, qui bat des records, pour respecter les critères du pacte de stabilité et le mécanisme de frein à la dette inscrit dans la Constitution allemande. De l'avis de nombreux économistes, les hausses d'impôts seront alors incontournables. Les négociations pour la prochaine loi sur le budget 2011 s'annoncent donc laborieuses. Mais d'ici au 9 mai, date des élections régionales en Rhénanie du Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé d'Allemagne, le gouvernement évitera d'aborder ce sujet délicat. De même, les autres dossiers lourds de la coalition, tels la réforme de la santé ou le nouveau concept énergétique, ne devraient pas être rouverts avant ce scrutin test. Cécile Calla
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/01/la-chanceliere-angela-merkel-prepare-les-allemands-a-une-annee-2010-difficile_1286524_3214.html
Les dossiers les plus délicats seront examinés après des élections régionales stratégiques en mai.
La chancelière Angela Merkel prépare les Allemands à une année 2010 difficile
idees
Inconstitutionnelle la taxe carbone... Cette position du Conseil constitutionnel paraît en première analyse brutale, conservatrice et même quelque peu anti-écologique. En fait, après lecture de la décision, le sentiment n'est plus le même ; il est même contraire et donne des raisons d'espérer à propos d'une prochaine consécration constitutionnelle de l'écofiscalité. 1. A deux reprises, le Conseil constitutionnel se réfère à la Charte de l'environnement. Ce n'est certes pas nouveau, il avait déjà déclaré en juin 2008 à l'occasion de la loi OGM que tous les articles de la Charte avaient pleine valeur constitutionnelle. L'examen de la loi de finances pour 2010 lui offre l'opportunité de réaffirmer toute la portée constitutionnelle de deux principes fondamentaux : le devoir de chacun de prendre part à la préservation de l'environnement et le principe de responsabilité environnementale. 2. Le Conseil constitutionnel tire l'inconstitutionnalité de la taxe carbone du fait qu'elle contrevient au principe d'égalité devant les charges publiques. Il formule notamment quatre critiques explicites : il regrette que l'énergie électrique produite par les centrales reste en dehors du dispositif ; il déplore les exonérations partielles accordées à de trop nombreux secteurs économiques : transport routier, transport maritime, agriculture, pêche... Le dispositif prévoyait dès son instauration une multitude de niches que j'avais moi-même vivement dénoncées au Sénat, au risque de paraître impopulaire ; il critique le système d'allocation gratuite des quotas au sein du marché européen de quotas carbone ; il va même jusqu'à constater (et regretter ?) l'exonération totale du transport aérien. Par sa décision, le Conseil constitutionnel va contraindre le gouvernement à revoir sa copie dans le sens d'un élargissement de l'assiette de la taxe carbone. C'est plutôt une voie de progrès, même si certaines évolutions ne peuvent être tranchées qu'au niveau international. Je salue le volontarisme du gouvernement, qui a d'ores et déjà déclaré qu'il présenterait un nouveau dispositif le 20 janvier 2010. Je resterai particulièrement vigilante, car les pressions exercées par les divers lobbies - voire une partie de l'opinion publique - seront très fortes pour affaiblir la taxe carbone et la vider de son sens. La décision du Conseil constitutionnel intervient après l'échec de Copenhague et fait courir le risque qu'un sentiment d'improvisation et d'impréparation se répande parmi nos concitoyens. Mais c'est tout le contraire ! La taxe carbone procède d'une analyse véritablement visionnaire. Elle ouvre la voie vers un modèle de développement plus respectueux de l'environnement. A chaque siècle sa grande révolution fiscale. La Révolution française a posé le principe de l'égalité devant les charges publiques. L'instauration de l'impôt sur le revenu au début du XXe siècle a précédé l'Etat providence. La TVA est consubstantielle aux "trente glorieuses" et à la société de consommation. La taxe carbone en ce début de XXIe siècle annonce une société consciente de l'impossibilité d'un développement infini sur une planète dont les ressources ne sont pas inépuisables. Mettre un prix sur une dégradation de l'environnement, ce n'est pas accorder un droit à polluer, mais intégrer le souci de la protection de la nature dans les règles du jeu de l'économie. Il n'est plus loin le temps où le Conseil constitutionnel consacrera définitivement cette grande idée ! Sénatrice du Bas-Rhin présidente du groupe de travail de la commission des finances du Sénat sur la fiscalité environnementale Fabienne Keller
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/01/taxe-carbone-l-avis-du-conseil-constitutionnel-est-un-progres-ecologique-par-fabienne-keller_1286560_3232.html
Il donne des raisons d'espérer à propos d'une prochaine consécration constitutionnelle de l'écofiscalité.
Taxe carbone : l'avis du Conseil constitutionnel est un progrès écologique, par Fabienne Keller
idees
Depuis six mois, l'Iran est pris dans la tourmente du "mouvement vert". Ce mouvement, né pendant l'élection présidentielle de juin, s'est déclenché après la fraude électorale massive en faveur du président sortant Mahmoud Ahmadinejad. Depuis, malgré la répression qui l'a pris pour cible et a fait plusieurs dizaines de morts, des milliers de prisonniers, de torturés et de blessés, il ne cesse de se répandre dans la société. Le simple fait qu'il perdure est un échec cuisant pour un pouvoir qui devient de plus en plus despotique et répressif à mesure qu'il perd de sa popularité et se sent vulnérable. La proportion de la population qui suit les conservateurs iraniens et dont une partie a peur de la modernité, de la promiscuité entre hommes et femmes et de l'émancipation de la jeunesse est aux alentours de 15 %. C'est la proportion des franges qui ont invariablement voté pour les conservateurs contre vents et marées dans les quinze dernières années. L'échec de Mohammad Khatami à réformer le système politique sous ses deux mandats successifs a induit une désaffection marquée pour les réformateurs. Mais depuis, la politique catastrophique d'Ahmadinejad et son incapacité à sortir d'une économie d'aumône (distribution des revenus pétroliers à ses partisans et aux "déshérités") ont induit une inflation et une désorganisation de l'économie que l'embargo international a empirées, sans en être la cause. Le mouvement vert est avant tout l'expression de la nouvelle société civile iranienne et de sa volonté démocratique. Sa faiblesse majeure est qu'il n'a pas su mobiliser les déshérités , ceux qui pâtissent le plus de la politique économique d'Ahmadinejad, mais dont une partie est prise en charge par son gouvernement et une autre partie se trouve prise dans des réseaux qui n'ont pas de communication avec les nouvelles classes moyennes dont est issu le mouvement vert. C'est que le mouvement n'a pas eu de mot d'ordre sur la justice sociale qui aurait pu attirer la sympathie des plus faibles. Une autre faiblesse du mouvement est qu'il n'a mobilisé que les grandes villes dans un premier temps et que le reste est resté en dehors de son champ d'action. Enfin, le mouvement a été dépourvu de leadership une fois que ses trois chefs, Mir Hossein Moussavi, Mehdi Karoubi et Mohammad Khatami, ont été placés en résidence surveillée, avec arrestation de leurs proches qui géraient le mouvement. Or ces six derniers mois ont paré en partie à ces faiblesses. La répression suivie de torture et quelquefois de viol et de violence inconsidérée a touché la fibre familiale et communautaire de nombreuses couches de "déshérités". Une partie de leurs enfants se trouvent au lycée et à l'université et ont participé au mouvement, subissant les sévices des forces de l'ordre. Le spectacle des morts et des blessés, filmé par les téléphones portables et relayé par Internet, a éveillé les souvenirs du temps du chah. Le mouvement, sécularisé dans ses aspirations, a gardé le lien avec l'islam avec, pour slogan essentiel "Allah est grand", et les voies de fait du régime ont vite fait de transformer la personnalité du Guide de la révolution et celle de son président en celle, honnie, de Yazid (calife omeyyade qui ordonna la mort d'Hussein, troisième imam chiite) dans les dernières manifestations de rue, à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Hussein. Enfin, les villes traditionnelles ont été atteintes par le mouvement, comme Qom, qui était restée silencieuse et qui se réveille pour dénoncer le régime en place. L'une après l'autre, les villes s'éveillent, remettant en cause la légitimité du régime. La rue échappe désormais au monopole du pouvoir, qui était son lieu de prédilection pour affirmer sa légitimité exclusive dans des manifestations organisées d'avance et que personne ne contestait avant l'élection présidentielle. Les jeunes se rejoignent dans la dénonciation du régime qui cherchait à éveiller le sentiment "islamique" de l'honneur masculin contre le "dévergondage" féminin. L'enjeu nucléaire qui aurait dû souder la population derrière le régime en flattant son nationalisme n'a pas joué le rôle escompté par le pouvoir et le problème nucléaire ne bénéficie d'aucune capacité mobilisatrice en Iran, au grand dam du régime. Aucun des symboles de légitimité du pouvoir ne demeure désormais intact. Un mouvement dépourvu de direction politique unifié, non violent idéologiquement et démocratique dans ses revendications ("où est mon vote ?"en est le slogan majeur) commence à faire tache d'huile dans la société iranienne. L'ambiguïté fondamentale en est que le trio qui constitue le leadership du mouvement s'en tient toujours à la révision de l'élection présidentielle de juin (donc la réforme au sein du régime actuel), alors que le mouvement, lui, est déjà dans la phase du changement de régime théocratique (on entend de plus en plus le slogan "mort au dictateur", visant le Guide suprême). Cette ambiguïté a aussi des aspects positifs : elle rend possible l'adhésion de ceux qui veulent dénoncer le pouvoir actuel sans aller jusqu'à un renversement dont ils craignent les conséquences imprévisibles. Ce qui est nouveau dans ce mouvement est qu'il est le premier mouvement démocratique de masse au Moyen-Orient, qu'il est anti-islamiste, ne se nourrit d'aucune utopie religieuse, qu'il est fondé dans son noyau dur sur une sécularisation profonde de la société et qu'il cherche non pas une "cité céleste", mais l'Etat de droit. Il a refusé jusqu'à présent la violence et cherche à construire une nouvelle société sur les ruines de l'islamisme politique. Son fer de lance est les étudiants (3,5 millions) qui forment au moins 10 % de la population adulte du pays. Mais le mouvement a su englober une nouvelle partie de la population et sortir du cercle étudiant où il était enfermé en 1999 où il a été réprimé par les milices du régime, devant un président Khatami velléitaire et impuissant. A présent, la peur du régime est brisée et le pouvoir est "nu", sans cette autorité morale que lui témoignait, il y a encore six mois, une partie importante de la population. Ne demeure que sa capacité répressive, le coup d'Etat de l'armée des pasdarans ou le bain de sang pouvant lui assurer un temps de répit mais sans garantir sa survie. Même dans les forces de l'ordre, on entend désormais des voix discordantes qui refusent d'obtempérer aux ordres de répression aveugle. Le pouvoir est en sursis et son avenir plus qu'incertain. L'ironie internationale veut que les Etats-Unis soient prêts à négocier avec ce pouvoir discrédité à l'intérieur, si celui-ci cède sur le dossier nucléaire. Sous George Bush, le président américain prônait la démocratie mais n'avait pas de crédibilité pour le faire et l'Iran n'était pas prêt à remettre en cause la théocratie islamiste. La société iranienne est prête au changement, mais le président Obama ne la suit plus. Lui qui a la crédibilité internationale pour prescrire la démocratie n'a plus le souffle nécessaire pour le faire. Pourtant, la société iranienne a un besoin urgent de soutien international, non pas tant pour faire avancer le dossier nucléaire, mais pour soutenir son mouvement démocratique. L'Occident comprendra-t-il les nouveaux enjeux avant qu'il ne soit trop tard ? Directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) Farhad Khosrokhavar
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/01/a-teheran-le-pouvoir-de-mahmoud-ahmadinejad-est-en-sursis-par-farhad-khosrokhavar_1286558_3232.html
Depuis juin, le "mouvement vert" a gagné la société tout entière.
A Téhéran, le pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad est en sursis, par Farhad Khosrokhavar
idees
C'est conforme aux usages. Ce qui l'est moins, c'est de consacrer toute cette chronique au taiseux. Autrement dit, de négliger Nicolas Sarkozy pour se consacrer au discret François Fillon. Il existe pourtant une bonne raison à cela : dans le couple exécutif, le personnage qui intrigue le plus en ce moment n'est pas le président de la République, mais son premier ministre. Ce qui arrive au chef de l'Etat est banal : Nicolas Sarkozy subit, comme tous ses prédécesseurs, le choc de la mi-mandat, accentué par les effets de la crise économique et une conduite toute personnelle des affaires, qui lui vaut notamment le sévère recadrage du Conseil constitutionnel sur la taxe carbone. Ce qui arrive au premier ministre est plus original : de souffre-douleur de l'hyperprésident, il est en train de passer, sans jamais élever la voix, au statut de possible recours. Dans la majorité, on ne tarit pas d'éloges sur cet homme aussi discret que secret. Les élus UMP vantent son "sens de l'équilibre", "ses qualités d'écoute". Beaucoup soulignent à quel point son discours sur l'identité nationale, le 4 décembre, était "digne". D'autres remarquent qu'il a fallu son déplacement en Chine, avant Noël, pour mettre fin à la brouille diplomatique qu'avait fait naître l'impétueux président, en 2008. Certains se souviennent que, sur la taxe carbone, sa position n'était pas exactement celle de Nicolas Sarkozy. En ce début d'année 2010, François Fillon ne songe plus à jeter l'éponge. Il est devenu un homme politique qui compte. En le marginalisant au début de son quinquennat - ah ! ce mot de "collaborateur" lâché, fin août 2007, devant la presse, alors que les conseillers de l'Elysée semblaient faire la pluie et le beau temps -, le chef de l'Etat lui a rendu un fier service ; il l'a préservé, tandis que lui s'est usé. Et maintenant, il n'a pas d'autre choix que de l'utiliser comme bouclier. En espérant que le bouclier ne se transformera pas en glaive... C'est la raison pour laquelle 2010 sera intéressante à observer. L'objectif de François Fillon est de durer le plus longtemps possible. Cinq ans si possible. Pour gagner ses galons de réformateur et se construire un avenir. C'est la carte qu'avait jouée Raymond Barre, entre 1976 et 1981, sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing, dans un contexte économique aussi difficile, sans d'ailleurs que celui-ci lui porte chance puisqu'il avait échoué à la présidentielle de 1988. Mais il existe, pour François Fillon, un autre scénario plus brutal mais pas forcément négatif : un limogeage post-régionales, qui pourrait, si la fin du quinquennat tournait mal, lui servir de tremplin. C'est ainsi que Georges Pompidou avait réussi à succéder au général de Gaulle, après Mai 68, et le référendum perdu de 1969. Durant sa traversée du désert, bien peu pensaient que l'ancien chef de cabinet du Général serait celui qui lui succéderait. Courriel : fressoz@lemonde.fr Françoise Fressoz
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/01/a-propos-de-l-absent-par-francoise-fressoz_1286503_3232.html
Comme chaque 31 décembre, l'un a parlé aux Français, l'autre s'est tu.
A propos de l'absent, par Françoise Fressoz
asie-pacifique
Lorsque l'on parle de l'Afghanistan, les yeux du monde sont rivés sur sa capitale, Kaboul. C'est là que se concentrent les lieux de pouvoir et où se détermine, en principe, son avenir. C'est aussi là que sont réunis les commandements des forces civiles et militaires internationales envoyées sur le sol afghan pour lutter contre l'insurrection et aider le pays à se reconstruire. Mais, à y regarder de plus près, Kaboul n'est qu'une façade. Face à un Etat inexistant, une structure du pouvoir afghan encore clanique, des tribus restées puissantes face à une démocratie artificielle importée de l'extérieur, la vraie légitimité ne vient pas de Kaboul. La géographie du pouvoir afghan aujourd'hui oblige à dire qu'une bonne partie des clés du destin de la population afghane se trouve au sud, en terre pachtoune, dans une cité hostile aux étrangers, foyer historique des talibans, Kandahar. Kandahar est la terre d'origine du clan Karzaï et de sa tribu, les Popalzaï. Hamid Karzaï, président afghan, tient son pouvoir du poids de son clan dans la région. Mi-novembre 2009, dans la grande maison de son frère, Wali, à Kandahar, se pressaient des chefs de tribu venus de tout l'Afghanistan, les piliers de son réseau. L'objet de la rencontre : faire le bilan post-électoral après la réélection contestée de son frère à la tête du pays. Parfois décrié pour ses liens supposés avec la CIA et des trafiquants de drogue, Wali Karzaï joue un rôle politique méconnu. Il a organisé la campagne de son frère, et ce jour-là, à Kandahar, se jouait, sous sa houlette, l'avenir de ceux qui avaient soutenu ou au contraire refusé leur soutien à Hamid. Chef d'orchestre chargé du clan du président, Wali est la personnalité forte du sud du pays. Les Karzaï adossent leur influence à celle de Kandahar dans l'histoire de l'Afghanistan. Lorsque Ahmad Shah, le fondateur du pays, en 1747, conquit la ville, il en fit sa capitale. "Jusqu'en 1979, lors de l'invasion soviétique, Kandahar a incarné le mythe de la création de l'Etat afghan, les Kandaharis considèrent qu'ils ont un droit divin à diriger le pays", résume Mariam Abou Zahab, experte du monde pachtoune. "Kandahar, c'est l'Afghanistan, explique à ceux qui l'interrogent Tooryalaï Wesa, gouverneur de la province. La politique s'y fait et, encore aujourd'hui, la politique sera dictée par les événements qui s'y dérouleront." Cette emprise de Kandahar s'évalue aux places prises au sein du gouvernement par "ceux du Sud". La composition du nouveau gouvernement, le 19 décembre, n'a pas changé la donne. D'autant moins que les rivaux des Karzaï, dans le Sud ou ailleurs, n'ont pas réussi à se renforcer au cours du dernier mandat du président. L'autre terre pachtoune, le grand Paktia, dans le sud-est du pays, à la frontière avec le Pakistan, qui a fourni tant de rois, ne dispose plus de ses relais dans la capitale. Kandahar pèse aussi sur l'avenir du pays, car s'y trouve le coeur de l'insurrection qui menace le pouvoir en place. L'OTAN, défiée depuis huit ans, n'a cessé de perdre du terrain dans le Sud, où les insurgés contrôlent des zones entières. Les provinces du Helmand et de Kandahar sont les zones les plus meurtrières pour la coalition et l'OTAN semble dépourvue de stratégie cohérente. Kandahar est la terre natale des talibans. Ils sont nés dans les campagnes du Helmand et de Kandahar, et le mouvement taliban s'est constitué dans la ville de Kandahar, où vivait leur chef spirituel, le mollah Omar, et où il a conservé de profondes racines. La pression sur la vie quotidienne des Afghans est croissante. Les talibans suppléent même le gouvernement dans des domaines tels que la justice quotidienne. Ceux qui collaborent avec les étrangers sont stigmatisés, menacés, voire tués. En guise de premier avertissement, les talibans collent, la nuit, des lettres sur les portes des "collabos". "La progression talibane est un fait dans le Sud, relate Alex Strick van Linschoten, unique spécialiste occidental de la région et du mouvement taliban à vivre à Kandahar sans protection. L'insécurité, l'absence de travail poussent vers Kaboul ceux qui ont un peu d'éducation et de compétence, seuls restent les pauvres et ceux qui veulent faire de l'argent." En réaction à cette détérioration, les Américains ont décidé, sans l'assumer ouvertement, de reprendre le contrôle de situations confiées officiellement par l'OTAN aux Britanniques dans le Helmand et aux Canadiens dans la province de Kandahar. Le mouvement a été progressif, mais, depuis un an, les Etats-Unis n'ont cessé d'envoyer des renforts américains, au point d'exercer aujourd'hui de fait la direction des opérations dans cette région. Une tendance qui se renforcera encore avec l'arrivée des troupes supplémentaires promises par Barack Obama. L'histoire a montré que, pour gagner en Afghanistan, il fallait tenir les campagnes de Kandahar. Les Britanniques l'ont expérimenté de façon cuisante lors de la seconde guerre anglo-afghane à la fin du XIXe siècle et les Soviétiques n'en sont jamais venus à bout. "On sait comment cela s'est terminé pour eux, on va essayer d'éviter de faire les mêmes erreurs", observait, mi-novembre, optimiste, un officier supérieur américain. Service International Courriel : follorou@lemonde.fr Jacques Follorou
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/01/le-destin-de-l-afghanistan-se-joue-d-abord-a-kandahar_1286502_3216.html
Terre d'origine du clan Karzaï, la ville méridionale de Kandahar est aussi un bastion historique des talibans, où le mollah Omar a vécu et conservé de profondes racines. C'est sur cette terre pachtoune, plus qu'à Kaboul, que l'avenir à long terme du pays pourrait se décider.
Le destin de l'Afghanistan se joue d'abord à Kandahar
idees
Incomparablement moins importante que le 11-Septembre ou que la faillite frauduleuse d'Enron. Aujourd'hui, il en va de même avec l'accord historique que la Chine, toujours elle, va mettre en oeuvre avec l'Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est). Conformément à un processus lancé en 2002 et entré partiellement en application en 2005, Pékin et les six principaux pays de l'Asean (Indonésie, Philippines, Thaïlande, Malaisie, Singapour, Brunei) suppriment le 1er janvier les barrières douanières concernant 90 % de leurs échanges commerciaux. Cette zone de libre-échange est comparable à l'Union européenne ou à l'Alena en Amérique du Nord. Près de deux milliards de personnes sont concernées. L'Asean a été créée, en 1967, pour résister aux régimes communistes. Cet accord illustre, à sa manière, le basculement du monde intervenu depuis lors. Contrairement à ce que croyaient les dirigeants de l'Asean il y a quarante ans, ce ne sont pas les soldats de l'Armée populaire qui les envahissent, mais les produits made in China. L'Indonésie, qui représente à elle seule 40 % du PIB de l'Asean, a d'ailleurs été la plus réticente, et le patronat textile voit cet accord d'un très mauvais oeil. Deux chiffres résument la situation. Le déficit de l'Asean avec la Chine est actuellement comparable à l'excédent de l'Asean avec les Etats-Unis : environ 21 milliards de dollars dans les deux cas. On peut donc parier que, grâce notamment à la faiblesse du yuan, Pékin - premier partenaire commercial de ces six pays devant les Etats-Unis - conquerra encore plus massivement les marchés de Bangkok et de Djakarta. Mais l'Asean ne se jette pas dans la gueule du dragon sans raison : malgré son déficit commercial avec Pékin, elle peut d'autant moins se passer de la dynamique de son (trop) puissant voisin que son principal client, de l'autre côté du Pacifique, connaît une crise sans précédent. Bref, la Chine, qui est en passe de détrôner l'Allemagne comme premier exportateur de la planète et de supplanter le Japon comme deuxième puissance économique mondiale, exploite au mieux un rapport de forces qui lui est très favorable. Cela n'est évidemment pas sans conséquence sur le reste de la planète : la question des raisons d'être de l'OMC va finir par se poser, et il est plus que temps que la Chine prenne ses responsabilités mondiales et accepte de réévaluer le yuan.
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/01/pekin-et-l-asean_1286500_3232.html
En décembre 2001, l'adhésion effective de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) avait presque été perçue, à tort évidemment, comme un non-événement.
Pékin et l'Asean
societe
Le passage à la nouvelle année a été fêté joyeusement en France, dans une ambiance plutôt calme, le nombre des incidents semblant en retrait sensible d'une année sur l'autre. Seul incident notable de la nuit du jeudi 31 décembre au vendredi 1er janvier, en région parisienne, une intoxication au monoxyde de carbone a fait 65 blessés, dont six graves, à Pantin, en Seine-Saint-Denis, dans des circonstances qui n'étaient pas encore précisées vendredi matin. Le ministère de l'intérieur, qui avait mobilisé 45 000 policiers et gendarmes, a fait savoir que les forces de l'ordre ont procédé à 405 interpellations, principalement pour des tentatives d'incendie de véhicule ou pour des jets de projectiles sur les forces de l'ordre, mais qu'"aucun incident important n'a été constaté". TRÈS CALME EN ÎLE-DE-FRANCE, PAISIBLE EN PROVINCE Des informations parcellaires recueillies par l'AFP avant 8 h 30 semblaient confirmer que la nuit de la Saint-Sylvestre a été plus calme que la précédente (1 147 voitures brûlées l'année dernière). En région parisienne, dans les Hauts-de-Seine, une source syndicale policière parlait à 6 heures de 32 véhicules brûlés, dont dix à Colombes, mais pas d'affrontement entre jeunes et police. Dans le Val-de-Marne, selon la police, la nuit a été "très calme", "normale", avec "moins de voitures brûlées que d'habitude". En Seine-et-Marne, quelques véhicules incendiés et feux de poubelle ont été signalés par la sécurité publique. Et la situation était aussi calme en province. A Strasbourg, traditionnellement touchée par les incendies de voitures, on a compté entre 60 et 70 voitures brûlées, selon France Bleu Alsace, contre environ 90 fin 2008. "Il y a eu des tensions, mais les choses se sont globalement mieux passées" que les années précédentes, a résumé Olivier Bitz, adjoint au maire chargé de la sécurité. Dans le Nord, les pompiers ont signalé "124 interventions entre 17 heures et 5 heures du matin pour des feux de voitures, de mobiliers urbains et de poubelles confondus". Ce chiffre semble relativement faible par rapport à l'an passé, où les pompiers avaient dénombré 94 feux rien que pour les véhicules incendiés pour le Jour de l'an.
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/01/une-nuit-de-la-saint-sylvestre-bien-plus-calme-que-les-precedentes_1286488_3224.html
Le passage à la nouvelle année a été fêté joyeusement en France, dans une ambiance plutôt calme.
Une nuit de la Saint-Sylvestre bien plus calme que les précédentes
international
Margaret Thatcher ne savait pas où se trouvaient exactement les îles Malouines lors de l'invasion de l'archipel, par les forces Argentines, le 2 avril 1982 : c'est ce qu'affirme dans un entretien télévisé posthume Sir Denis Thatcher, l'époux de l'ancienne premier ministre, décédé d'un cancer au mois de juin. « Quand, entourée de quelques conseillers, Maggie m'a annoncé l'occupation, je ne parvenais pas à localiser ces îles. Mais, par peur de paraître idiot, je ne l'ai pas avoué. Par la suite, j'ai pris conscience que c'était le cas de tout le monde autour de moi », déclare le « prince consort » au cours d'une interview qui doit être diffusée le 3 août par la chaîne privée Channel Four. Mme Thatcher n'était d'ailleurs pas seule à ignorer l'emplacement de ces rochers désolés perdus dans l'Atlantique sud. A l'époque, la majorité de ses compatriotes n'étaient pas au courant de l'existence de ce territoire de la Couronne, grand comme un mouchoir de poche, peuplé de deux mille habitants. Les propos de Denis Thatcher ont été recueillis en octobre 2002 par sa fille Carol, journaliste à ses heures, dont il était particulièrement proche. A l'instar de la reine d'Angleterre, Sir Denis n'avait jamais donné d'interview aux médias. Depuis l'élection de « Mrs T » à la tête des conservateurs, en 1975, personne n'était parvenu à arracher la moindre confidence à ce personnage effacé qui évoluait le plus discrètement possible dans l'ombre de sa brillante épouse. CONFESSIONS SANS DÉTOUR Devant la caméra, ce Major Thompson grandeur nature manifeste une poignante amertume envers John Major, le successeur de Maggie. « Si John Major n'avait pas gagné [le scrutin de 1992], nous n'aurions pas eu le désastre qui a suivi. C'était un premier ministre atroce et encore plus de gens ont déserté le parti » , indique Sir Denis. Quant à Tony Blair, il en prend également pour son grade : « Epouvantable ! Regardez ce qu'il nous a fait... » « C'est mon roc », avait coutume de dire à propos de son mari Mme Thatcher, qui fut au pouvoir de 1979 à 1990. Il affirme lui avoir suggéré à plusieurs reprises de quitter le pouvoir dès l'été 1989, après la célébration de ses dix ans à la tête du pays. En vain. Le 20 novembre 1990, après la mise en ballottage de la Dame de fer lors de l'élection du chef des Tories, Denis aurait voulu qu'elle démissionne immédiatement. Mais, à l'écouter, par loyauté, il n'a pas eu le courage de le dire à celle qu'il décrit comme « le meilleur premier ministre que le pays ait eu depuis Winston Churchill ».
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/international/article/2010/01/01/maggie-ignorait-ou-se-trouvaient-les-malouines-dixit-denis-thatcher_1286387_3210.html
Margaret Thatcher ne savait pas où se trouvaient exactement les îles Malouines lors de l'invasion de l'archipel, par les forces Argentines, le 2 avril 1982 : c'est ce qu'affirme dans un entretien télévisé posthume Sir Denis Thatcher, l'époux de l'ancienne premier ministre.
Maggie ignorait où se trouvaient les Malouines, dixit Denis Thatcher
proche-orient
Le chef de file de l'opposition iranienne, Mir Hossein Moussavi, affirme, vendredi 1er janvier sur sa page Facebook et sur son site Internet, Kaleme.org, que la répression ne parviendra pas à briser les manifestations antigouvernementales et qu'il n'a pas peur de mourir pour son combat en faveur des réformes. Pour sortir de la "grave crise" que traverse l'Iran, il réclame la libération immédiate des personnes arrêtées après l'élection présidentielle contestée de juin dernier, demande le respect de la liberté de la presse et exige une réforme de la loi électorale. "Arrêter Moussavi, ou le tuer, arrêter ou tuer [Mehdi] Karoubi (…) ne calmera pas la situation. Je n'ai pas peur de mourir pour défendre les aspirations du peuple", affirme-t-il alors que, la veille, les autorités iraniennes ont ordonné à l'opposition de ne plus organiser de rassemblements ou de défilés. Après la mort de huit personnes – dont un neveu de M. Moussavi – dimanche, en marge de manifestations à l'occasion de la célébration chiite de l'Achoura, les autorités ont prévenu qu'elles ne toléreraient plus aucun défilé antigouvernemental. UNE VINGTAINE DE RÉFORMATEURS ARRÊTÉS Pourtant, selon le site Internet d'opposition Jaras, la police a dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser une foule de manifestants antigouvernementaux, jeudi dans le centre de Téhéran. Le chef de la police avait prévenu mercredi les partisans de Mir Hossein Moussavi qu'ils devaient s'attendre à une dure répression s'ils s'associaient aux rassemblements contre le régime. Une vingtaine de figures du mouvement réformateur ont été arrêtées cette semaine, dont trois proches conseillers de M. Moussavi, son beau-frère et la sœur de la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. Mercredi, des centaines de milliers de personnes se sont massées dans différentes villes d'Iran pour affirmer leur fidélité au régime, en proie à sa crise la plus grave depuis la révolution islamique de 1979. Certains manifestants ont réclamé durant ces rassemblements les exécutions de Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, adversaires malheureux du conservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle du 12 juin 2009. Le ministère du renseignement accuse les dirigeants de l'opposition d'être liés à "des ennemis étrangers et des groupes contre-révolutionnaires" et a averti que le gouvernement n'aurait aucune clémence pour eux s'ils ne s'amendent pas. Les autorités accusent régulièrement des forces soutenues par les puissances étrangères de conspirer pour renverser le régime.
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/01/mir-hossein-moussavi-exige-l-arret-de-la-repression-en-iran_1286486_3218.html
Le chef de file de l'opposition iranienne appelle le régime au compromis, assurant que la répression ne viendra pas à bout de l'opposition.
Mir Hossein Moussavi exige l'arrêt de la répression en Iran
international
LONDRES de notre correspondant "En 1979, la Grande-Bretagne était une nation hors de combat, qui avait encaissé les coups les plus graves qui lui avaient été portés depuis cent ans." Ainsi s'ouvre cet ouvrage qui aura fait couler un flot d'encre et nourri bien des polémiques longtemps avant sa parution. Sept cent douze pages plus loin, l'auteur dresse ce constat : "Ce gouvernement que j'avais dirigé pendant onze ans et demi (...) avait été l'initiateur du nouveau courant de liberté économique qui avait transformé le monde, de l'Europe de l'Est jusqu'à l'Asie australe. Il avait rendu à la Grande-Bretagne sa réputation et son rang de puissance mondiale. Et c'était ce même gouvernement qui avait décidé de se passer de mes services." Si l'amertume est perceptible dans les Mémoires de Lady Thatcher, ce sentiment s'efface cependant derrière l'expression des certitudes. Trois ans après un départ forcé du pouvoir (en novembre 1990), vécu comme une trahison, l'ancien premier ministre, pas plus aujourd'hui qu'hier, ne semble effleurée par le doute. Nul n'ignore le caractère fortement trempé de celle que l'agence Tass surnomma un jour la Dame de fer. Mais comment ne pas s'étonner de constater à quel point Lady Thatcher est persuadée d'avoir eu raison, si longtemps, et contre à peu près tout le monde... Cette assurance s'exprime dans une relation pointilleuse des grands événements internationaux, complétée par une succession de "portraits" acérés des chefs d'Etat et de gouvernement qui furent ses alter ego. Ainsi, de sommets européens en G-7, de la guerre des Malouines à celle du Golfe, de "l'insurrection" du syndicaliste Arthur Scargill à la "lutte pour désarmer la gauche", de la chute du mur de Berlin à la fin de la guerre froide, le récit prend parfois les accents d'une épopée politique. Femme courageuse, "traquée par les terroristes irlandais décidés à l'abattre", Mme Thatcher imposa son style combatif. Il n'est pas faux de souligner que depuis Winston Churchill, aucun autre chef du gouvernement n'a laissé une telle empreinte.
01/01/2010
https://www.lemonde.fr/international/article/2010/01/01/dans-ses-memoires-la-dame-de-fer-passe-en-revue-le-personnel-politique-europeen_1286247_3210.html
Dans cet ouvrage de 780 pages paru en 1993, l'ancien premier ministre brosse une série de portraits acérés des dirigeants politiques britanniques et étrangers.
Dans ses Mémoires, la Dame de fer passe en revue le personnel politique européen
europe
L'attentat manqué contre l'Airbus de Northwest Airlines le jour de Noël, dont l'auteur est un jeune Nigérian, fait ressurgir la très délicate question du contrôle au faciès. Le gouvernement britannique pourrait en effet autoriser des mesures de haute sécurité visant certaines catégories de la population, rapporte le Guardian, qui redoute que ces contrôles ciblés ne visent in fine des groupes ethniques en particulier. Le quotidien anglais, qui cite une source gouvernementale, affirme que le "profiling" de passagers fait partie des nouvelles mesures de sécurité envisagées dans les aéroports sur ordre du premier ministre Gordon Brown. Cette idée est apparue après que plusieurs hauts responsables aéroportuaires ont prévenu qu'il serait impossible de contrôler l'ensemble des passagers avec les nouveaux scanners corporels que le gouvernement veut introduire dans les aéroports. Ces scanners, qui ressemblent à des cabines, permettent de voir ce qu'un passager dissimule sous ses vêtements et notamment des substances invisibles pour les détecteurs classiques. Mais selon les responsables aéroportuaires anglais cités par le Guardian, ils seraient "trop volumineux, lents et chers pour que leur installation généralisée soit viable" et il s'agirait donc de "choisir" les passagers à scanner. Déjà à l'oeuvre dans dix-neuf aéroports américains, ces nouveaux scanners gagnent du terrain chez les Européens. Outre la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l'Italie ont annoncé vouloir les utiliser. "VOYAGEURS ORDINAIRES" De nombreux responsables de la sécurité aéroportuaire britanniques réclament depuis longtemps de pouvoir recourir au "profiling" des passagers afin de détecter d'éventuels terroristes. Ils affirment que cette surveillance accrue se concentrerait uniquement sur les comportements suspects, mais "il est à craindre que les voyageurs seront sélectionnés pour des contrôles approfondis en fonction de leur race, de leur religion ou de leur origine ethnique", estime le Guardian. Norman Shanks, ancien responsable de la sécurité de BAA, le principal opérateur aéroportuaire britannique, explique au quotidien : "Il s'agit de détecter ceux qui agissent différemment des passagers ordinaires. Néanmoins, cela reviendra à cibler un groupe particulier de gens parce que malheureusement, c'est ce groupe qui pose des problèmes actuellement". L'Association des opérateurs d'aéroports britannique (Airport Operators Association) et BAA sont tous deux en faveur du "profiling" de passagers. "Nous aimerions voir une combinaison de technologie, de renseignement et de profiling", résume un porte-parole de BAA. Aux Etats-Unis aussi, l'attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit devrait se traduire par une pluie de contrats pour les fabricants de scanners corporels et a fait ressurgir la question du contrôle au faciès. Les règles édictées par le gouvernement américain sont certes très claires en la matière : le contrôle au faciès est interdit. Pour autant, avec la taille des files d'attente allant crescendo dans les aéroports depuis l'attentat manqué, ce serait se voiler la face que de croire que les agents de sécurité font fi de l'origine ethnique des passagers lorsque vient le moment d'effectuer des contrôles, estiment des experts en sécurité. L'un des seuls élus à appeler les autorités à moins rechigner a publiquement défendu sa cause le lendemain de l'attentat manqué. "L'immense majorité des musulmans sont des gens fantastiques", a argué Peter King, représentant républicain de l'Etat de New York sur la chaîne Fox News, "mais 100 % des terroristes islamistes sont musulmans, et ce sont nos ennemis aujourd'hui". "Alors, même s'il ne faut pas adopter la religion comme critère de contrôle, nous ne devrions pas non plus reculer et exclure [les musulmans] des listes" des personnes surveillées, a-t-il conclu.
02/01/2010
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/02/l-idee-d-un-controle-au-facies-dans-les-aeroports-fait-son-chemin-en-grande-bretagne_1286963_3214.html
Conséquence inattendue de l'utilisation des scanners corporels, Londres envisagerait de cibler certaines catégories de la population.
L'idée d'un contrôle au faciès dans les aéroports fait son chemin en Grande-Bretagne
societe
Une trentaine de tableaux de maîtres, parmi lesquels des toiles de Picasso et du douanier Rousseau, dont la valeur totale pourrait atteindre un million d'euros, ont été volés dans une propriété de La Cadière d'Azur (Var), a-t-on appris samedi 2 janvier. Selon le parquet de Toulon, le vol est survenu entre mercredi et jeudi. Le ou les auteurs se sont introduits dans la résidence après avoir fracturé une porte-fenêtre, a précisé une source proche de l'enquête. C'est le gardien qui a découvert le vol jeudi après-midi et donné l'alerte. Le propriétaire, un Français en vacances en Suède au moment des faits, a été contacté pour confirmer l'authenticité des oeuvres dérobées et leur valeur. Il a regagné son domicile pour procéder à un inventaire de sa collection, qui permettra d'établir le montant exact du préjudice, a-t-on précisé au parquet. Une toile de Modigliani, initialement signalée disparue, a finalement été retrouvée dans la maison, selon le parquet de Toulon. La section recherches de la gendarmerie de Marseille et le groupement de gendarmerie du Var ont été saisis de l'enquête. L'Office central de lutte contre les trafics de biens culturels (OCBC) a également été informé. Ce vol intervient après la disparition à Marseille d'un pastel d'Edgar Degas, intitulé Les Choristes, prêté au musée Cantini par le musée d'Orsay le temps d'une exposition.
02/01/2010
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/02/une-trentaine-de-tableaux-de-maitres-voles-dans-une-villa-du-var_1286961_3224.html
Le butin, qui comprend des Picasso et des douanier Rousseau, pourrait atteindre un million d'euros.
Une trentaine de tableaux de maîtres volés dans une villa du Var

MLSUM-fr filtered with Aumiller et al. (1)'s library available at https://github.com/dennlinger/summaries/tree/main

16954 samples were removed from the dataset. Breakdown by filter category: 'compression_ratio': {'train': 45, 'validation': 2, 'test': 0} samples removed across splits. 'exact_duplicate': {'train': 138, 'validation': 0, 'test': 8} samples removed across splits. 'both_duplicate': {'train': 466, 'validation': 0, 'test': 0} samples removed across splits. 'summary_duplicate': {'train': 2088, 'validation': 99, 'test': 89} samples removed across splits. 'reference_duplicate': {'train': 13843, 'validation': 119, 'test': 57} samples removed across splits.

(1): Aumiller, D., Fan, J., & Gertz, M. (2023). On the State of German (Abstractive) Text Summarization. arXiv preprint arXiv:2301.07095.

Downloads last month
0
Edit dataset card