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Système de commerce international reposant sur l’absence de barrières douanières et non douanières à la circulation des biens et des services, le libre-échange est combattu par de nombreux économistes et hommes politiques africains qui voient en cette ouverture la perte de leur indépendance économique. Ils craignent de ne plus contrôler leurs marchés et d’en sortir fragilisés. Le libre-échange vu comme un danger ne serait-il pas en réalité la clé de voûte du développement ? La faillite du protectionnisme Les pays africains malgré un sous-sol riche et des ressources naturelles abondantes n’arrivent pas à sortir de la pauvreté. Ceci s’explique, en partie, par l’absence de liberté sur les marchés du fait d’une forte intervention des États très dirigistes. La plupart de ces pays vivent dans la peur de l’Autre, avec d’une part des barrières et des procédures administratives lourdes protégeant leurs marchés, ce qui freine fortement le commerce, notamment, les échanges intra-régionaux qui, ailleurs dans le monde, ont permis le progrès. À l’heure où la crise européenne fragilise les échanges de l’Afrique vers le vieux continent, cette logique de fermeture est d’autant plus préoccupante. D’autre part, cette peur structurelle de l’ouverture et de la compétition conduit les dirigeants africains à protéger des monopoles d’entreprises amies ou du moins proches du pouvoir. Ceci conduit à une réduction de la concurrence avec toutes les conséquences sur les prix des biens et services qui en découlent et ceci au détriment des populations. Le manque d’émulation (non amélioration des produits) du fait d’un manque de diversité sur les marchés est peu profitable au consommateur. L’exemple des secteurs de l’eau et de l’électricité en Côte d’Ivoire en est une illustration parfaite : ces secteurs souffrent d’un protectionnisme d’État qui donne le monopole à une seule société. Cela conduit à des coupures intempestives, des coûts élevés et un service client déplorable (files d’attente interminables, parfois de plusieurs jours pour payer une facture ou pour accéder à un guichet de renseignement). Ces aspects fâcheux du protectionnisme doivent impérativement nous conduire vers un nouvel ordre économique, celui basé sur le libre-échange. Échange qui ne peut effrayer tant il est naturel en l’Homme et a jadis fait la richesse du continent à l’époque des caravanes. Les avantages du libre-échange L’échange est, selon Pascal Salin, un principe universel. En effet, on a tous besoin d’échanger. Cependant, quand cet échange est entravé, cela génère la frustration et l’inégalité, tandis qu’il génère de la valeur, fondement du développement, lorsqu’il se fait dans un climat de liberté. Lorsque l’échange progresse, la richesse progresse parallèlement. L’échange est toujours bénéfique car chacun sort gagnant quels que soient les partenaires et cela se reflète aussi dans les relations entre les pays. En effet, l’histoire nous enseigne que le libre-échange a une forte vertu pacificatrice. En écartant le « favoritisme » d’État, la confiance s’installe et l’Autre n’est plus regardé comme un danger mais comme un partenaire. Toutes ces faces du libre-échange viennent ainsi montrer les limites des politiques keynésiennes car, contrairement à l’esbroufe de celles-ci, le plus important n’est pas forcément la demande mais l’incitation à créer des richesses et cela doit se faire dans un climat de libre concurrence. Ceci implique une rupture avec le protectionnisme souvent utilisé de manière démagogique par les dirigeants qui pensent rassurer leurs populations en leur promettant la sécurité, fermées à double tour dans un pays bien hermétique. La condition d’un bon échange, la libre concurrence La concurrence se définit, toujours selon Pascal Salin, comme la liberté d’entrer sur un marché. Elle réussit dans un cadre qui rend le pouvoir aux individus et cela se traduit par des mesures de dérèglementation et la levée des barrières qui vont favoriser la modernisation, la diversification et les investissements. L’exemple de la Côte d’Ivoire est intéressant dans le secteur de la téléphonie mobile. L’ouverture à la concurrence a engendré une diminution vertigineuse du coût de communication qui en dix (10) ans est passé de 1000 francs CFA la minute (avec un seul opérateur) à 25F la minute (avec 5 opérateurs). Outre la diminution des coûts de la communication, c’est la qualité, le désir d’améliorer les réseaux et les services qui guident les responsables de ces firmes au grand bonheur des populations. La concurrence comme le souligne Henry Lepage dans Demain le libéralisme est « la technique qui permet à la collectivité de bénéficier d’une qualité d’informations ou de compétences supérieures à celles rendues possibles par d’autres procédures de régulation sociale ». Il faut donc que la classe politique africaine crée un cadre d’action marqué par l’encouragement de la compétitivité avec des institutions fortes et crédibles. Au vu de tout ce qui précède, il est impérieux que les Africains sortent de leur outrecuidance qui empêche les talents de se libérer et qui éloigne leur continent du développement. Les pays les plus développés ont progressé grâce à l’essor du climat de liberté. Le tout étant de créer de bonnes incitations au développement. Au lieu de continuer à tendre la main, les États africains gagneraient à lutter notamment pour que les pays occidentaux puissent respecter les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en abaissant leurs barrières douanières et surtout en arrêtant de subventionner leur agriculture (exemple du coton). La Banque mondiale dans son dernier rapport intitulé « La défragmentation de l’Afrique : approfondissement de l’intégration du commerce régional des biens et services », publié le 8 février dernier, souligne l’importance pour les pays d’Afrique de dynamiser leur commerce intra-régional soulignant que les différentes entraves à ces échanges faisaient perdre des milliards de dollars en revenus commerciaux potentiels au continent. Au-delà même des tarifs douaniers, la banque pointe la lourdeur des démarches administratives sur fond de corruption, le manque de professionnalisme de certains fonctionnaires et surtout une règlementation excessive (interdictions d’exportation et d’importation ; procédures exigeantes et coûteuses relatives aux licences d’exportation et d’importation ; etc.) Martin Luther King disait, à juste titre, que « nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » Vivre ensemble ne veut pas dire se renier, s’ouvrir ne veut pas dire se perdre. L’Autre, n’est pas un danger mais bien une solution et plus l’ouverture sera grande, plus les opportunités commerciales se multiplieront, chaque pays gardant la force de sa spécificité. Conscient de cette voie de progrès, on peut se demander pourquoi les dirigeants africains se complaisent à maintenir leurs populations dans la pauvreté. —- Sur le web (*) Aquilas Yao est étudiant libéral ivoirien au sein d’Audace Institut Afrique.
fake
Alors que le monde a les yeux tournés vers Copenhague et refuse tout questionnement sur le réchauffement climatique, Olivier-Postel Vinay, directeur de la rédaction de la revue Books, présente la thèse de Freeman Dyson. Ce grand physicien américain, un des premiers à modéliser le climat, écologiste convaincu, estime que les climatologues défenseurs du « consensus » en savent beaucoup moins qu’ils le prétendent, et doute de l’urgence d’un tel combat. Le vilain néologisme « climato-sceptique », qu’on écrira bientôt « climatosceptique », sans trait d’union, fait désormais la manchette des moins mauvais journaux. Comme tous les mots véhiculant des idées chargées d’émotion, il prête à malentendu. Pour simplifier, je dirais qu’il existe quatre catégories de climatosceptiques. Il y a ceux qui sont payés ou instrumentalisés par les compagnies pétrolières, gazières, charbonnières et autres grandes entreprises ayant intérêt à calmer le jeu, avec la complicité passive ou active des Etats qui leur sont liés. Il y a ceux, citoyens ordinaires, que leur bon sens porte à douter (à tort ou à raison) et à penser que la planète connaît peut-être des priorités plus urgentes que le global warming. Il y a les climatologues qui en toute bonne foi pensent que le beau consensus présenté par ce machin nommé GIEC ou IPCC, sorte d’ONU de la science climatique, masque trop de failles et d’insuffisances pour justifier ce bruit et cette fureur. Et puis il y a ceux, les plus rares et les plus intéressants, qui, scientifiques de haut niveau sans être climatologues à part entière, formulent des objections relevant à la fois de l’épistémologie (science de la science) et de la psychologie individuelle et collective. Une stabilisation de la moyenne des températures pas prise en compte L’un d’eux est le physicien américain Freeman Dyson. Au soir de sa vie, cet immense esprit, qui fut l’un des grands physiciens de son temps et, incidemment, l’un des premiers à modéliser le climat, écologiste convaincu, s’est résolu à élever la voix. Le dernier numéro de Books, encore en vente pour une dizaine de jours, présente le portrait magistral de cet éléphant de la science et du combat « citoyen » (autre néologisme). Il y exprime les vraies raisons de douter. Ces raisons sont profondes. Elles tiennent pour l’essentiel à deux types d’arguments. Le premier relève de l’épistémologie. Simplifions-le en essayant de ne pas en dénaturer l’esprit. Il consiste à dire qu’en dépit des progrès réalisés ces trente dernières années, les climatologues savent pertinemment qu’ils ne connaissent pas toutes les variables à prendre en compte pour modéliser l’évolution du climat, et, à plus forte raison, qu’ils ne savent pas comment pondérer celles qu’ils connaissent. Un exemple entre mille ou davantage : révisant les observations faites sur la circulation des eaux océaniques, une équipe de climatologues sérieux a prévu en 2008 une stabilisation de la moyenne des températures à la surface du globe au cours des dix prochaines années. Par la force des choses, cette prédiction n’a pas été prise en compte dans le dernier rapport du GIEC, sur lequel repose le fameux consensus à propos du réchauffement climatique, puisque ce rapport date de 2007.
fake
La Convention pour la biodiversité biologique (CBD) propose de protéger au moins 30% de la planète d'ici 2030 pour lutter contre la dégradation accélérée de la nature, selon la première mouture d'un texte dévoilé lundi. La 15e réunion de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (COP15), qui se tiendra à Kunming, en Chine, en octobre, doit définir une feuille de route, pour les 200 membres de la CBD, pour mieux protéger les écosystèmes au cours de la décennie. L'objectif est de vivre "en harmonie avec la nature" d'ici 2050, rappelle la CBD. L'ébauche de texte, qui sera négociée lors la COP15, prévoit notamment de "protéger les sites d'importance particulière pour la biodiversité au moyen d'aires protégées et d'autres mesures efficaces de conservation par zone" couvrant "au moins 30% des zones terrestres et marines avec au moins 10% sous stricte protection" d'ici 2030, ces pourcentages étant à négocier. Une autre mesure vise à "réduire d'au moins 50% la pollution causée par l'excès d'éléments nutritifs, les biocides, les déchets plastique et autres sources de pollution" d'ici la fin de la décennie. Le texte reprend des conclusions des experts biodiversité de l'ONU (IPBES) : dans un vaste rapport publié en mai, ils soulignaient le rôle de l'agriculture, la déforestation, la pêche, la chasse, le changement climatique, les pollutions et les espèces invasives, dans la dégradation accélérée de la nature. Cette première mouture constitue "un grand pas" dans la définition d'objectifs pour protéger la biodiversité, mais le texte est "mince" en ce qui concerne leur mise en oeuvre et les moyens déployés, a estimé Li Shuo, de Greenpeace International. La COP15 devrait aussi acter l'échec des "objectifs d'Aichi", définis en 2010. Ils visaient, entre autres, à mieux prendre en compte la biodiversité dans les stratégies nationales, à étendre les aires de conservation terrestres et aquatiques, à prévenir l'extinction des espèces menacées ou encore à éviter la surpêche et à gérer les surfaces agricoles de manière durable d'ici 2020. La plupart n'ont pas été atteints.
true
Pour le moment, les émissions par tête sont environ 10 fois moindres dans les pays en voie de développement que dans les pays développés (environ 0,4 tonne de carbone par habitant et par an contre 3 dans les pays de l’OCDE). On serait donc tenté de dire que nous devons commencer. Mais une prolongation tendancielle de la situation actuelle donne la Chine comme plus gros émetteur de gaz à effet de serre dans quelques décennies, devant les USA. Certains pays occidentaux (dont les USA, responsables à eux seuls de 25% des émissions) sont donc tentés de dire que les réductions des pays occidentaux ne peuvent démarrer que lorsque les pays en voie de développement s’engageront dès maintenant à diminuer eux aussi leurs émissions dans un avenir qu’il importe de fixer (ce qui n’est pas le cas). Il est cependant évident que le monde « développé » devra donner l’exemple d’une réduction de grande ampleur de sa consommation énergétique, et le donner rapidement, compte tenu des délais de mise en oeuvre. Les pays dits « en voie de développement » n’ont que notre modèle à suivre : Ce sont les pays développés qui sont leur référence culturelle (voir les parts de marché d’Hollywood…), Ce sont les pays développés qui leur apprennent l’usage des technologies occidentales (énergivores pour le moment), Ce sont notamment les pays développés qui leur vendent voitures et Airbus, qui leur construisent leurs aéroports et une partie de leurs autoroutes, etc Ce sont les pays développés qui leur demandent – via les institutions financières internationales – la croissance économique qui aujourd’hui ne peut être basée que sur la croissance de la consommation énergétique fossile, (mais cela ne durera pas, hélas !) etc. Il est donc totalement illusoire (et illogique) de vouloir changer leur trajectoire sans changer nous-mêmes. On pourrait résumer la chose comme suit : demande-t-on à son voisin de ne pas faire de bruit quand son propre chien aboie toute la nuit ? C’est donc bien les pays développés qui tiennent le manche dans cette affaire.
biased
Par Stéphane Montabert, depuis Renens, Suisse. Les miracles existent. L’un d’eux vient de surgir dans les colonnes du Matin en ce mardi de septembre de l’an de grâce 2013. Le titre de l’article ? Le climat serait en train de se refroidir. Le premier avril, on aurait pu s’attendre à un gag de ce genre, se finissant avec une réplique amusante style « désolé les gars, en fait on avait bêtement tenu le thermomètre à l’envers ! » Mais nous ne sommes pas le premier avril et l’information n’a rien d’une plaisanterie : 60% de glace en plus. En une seule année. C’est énorme. Tant pis pour la Route de l’Arctique. En plus d’employer le conditionnel, Le Matin se contente d’une photo-alibi, sans oser aller jusqu’à mettre l’image d’illustration de l’article original du Daily Mail, la voici donc : Avant que les hystériques ne viennent crier à la manipulation, précisons que les données viennent de la NASA. Mais puisqu’il y a visiblement des pertes en ligne entre la version originale et sa reprise dans le quotidien romand, traduisons quelques passages : Au lieu de se réunir en grande pompe en octobre pour publier le cinquième volume de la bible des connaissances sur le changement climatique, un ensemble de trois volumes publié tous les six ou sept ans et censé établir l’état de l’art de la recherche, les climatologues sont contraints de se replier dans un pré-sommet à Stockholm pour apporter des révisions de dernière minute. Des documents révélés par les journalistes indiquent que le GIEC demande 1500 changements (!) au « résumé pour les décideurs », le chapitre sur lequel se basent les politiciens pour décréter leurs taxes anti-réchauffement. « La publication actuelle n’explique pas convenablement la pause », explique pudiquement le Daily Mail. Dans le brouillon du rapport, le GIEC affirme « avec 95% de certitude » que le réchauffement climatique est dû à l’activité humaine, en hausse d’un modeste « 90% de certitude » pour l’édition 2007 du rapport. Au vu du manque de coopération de l’arctique, il faudra peut-être revoir ces certitudes à la baisse et introduire un peu d’humilité dans les prévisions de température à l’horizon 2100. Bien sûr, il n’y aura là rien de nouveau pour les habitués de ce site et de beaucoup d’autres qui n’ont de cesse de dénoncer les mensonges et les manipulations autour d’un réchauffement climatique introuvable depuis quinze ans, mais prétexte à d’innombrables politiques interventionnistes. On comprend la panique s’emparant du milieu : la réalité, cette garce, n’est guère conciliante avec la théorie. Mais si nouveauté il y a, elle est dans le traitement de l’information. Il y a quelques mois de cela, voir apparaître un article aussi contraire au dogme dans la presse romande aurait été impensable. Lisez ce qu’ils en disaient en juillet ! La chape de plomb médiatique se fissure ; reste à savoir si cette humble dépêche de l’édition web du Matin fera son chemin dans la version papier du lendemain. Vu son importance elle devrait faire la couverture, mais qui sait ce qui se dira en salle de rédaction ? Le barrage ne cèdera pour de bon que lorsque des nouvelles de ce genre seront relayées par des citadelles réchauffistes comme la RTS, touchant enfin le grand public. Cela finira fatalement par arriver. Les citoyens songeront peut-être alors à demander des comptes pour ces années de panique organisée, et le retrait de taxes bien réelles sur des responsabilités imaginaires. Voyons le bon côté des choses : en ressortant tous les reportages apocalyptiques servis avec certitude au grand public depuis des années, il y a de quoi se monter une jolie soirée bêtisier. — Sur le web. — A lire aussi : Le GIEC reconnaît 17 ans sans réchauffement climatique
fake
La région Pays de la Loire compte neuf aéroports et deux aérodromes sur lesquels du trafic est enregistré. L’aéroport de Nantes-Atlantique est de loin la principale infrastructure aéroportuaire de la région. Plus de 95% des voyageurs transportés par avion en Pays de la Loire le sont sur cet aéroport (Explicit 2009), dont le trafic est en augmentation depuis 1990 (Direction Générale de l’Aviation Civile 2010). Il est prévu de transférer les activités de Nantes Atlantique sur un nouvel aéroport qui serait construit à Notre Dame des Landes, à 30 kilomètres au Nord de Nantes. Nous présentons d’abord les méthodes d’inventaire d’émissions de gaz à effet de serre (GES) du trafic aérien, puis la méthode choisie pour réaliser les projections des consommations d’énergie et des émissions attribuables au transport aérien des Pays de la Loire jusqu’en 2050. Après avoir présenté les résultats chiffrés des différents scénarios (figure 1), nous concluons que le trafic aérien régional devra nécessairement diminuer pour atteindre les objectifs de réduction des consommations d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Cette réduction n’impactera que la minorité de français(es) (20%) qui prend l’avion, essentiellement pour des motifs de loisirs, et sera d’autant plus facilement acceptée. Figure 1. Scénarios d’évolution des émissions de GES du trafic aérien attribuable à l’aéroport de Nantes entre 2010 et 2050 📨 Ne passez plus à côté des infos de l'écologie
true
Tourner la page. Pour marquer une rupture nette avec son prédécesseur à la Maison Blanche, en actes comme dans les esprits, Joe Biden s’est empressé, mercredi 20 janvier, de signer une série de décrets. Exactement comme Donald Trump l’avait fait quatre ans plus tôt. Sauf que cette fois, le menu a changé. Le 45e président des États-Unis s’était fait remarquer en stoppant le financement d’ONG soutenant l’avortement ou en encourageant les obstables réglementaires à la couverture santé mise en place par Barack Obama. Son successeur a redéfini les priorités nationales : retour des États-Unis au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), rétablissement du statut temporaire prévu pour les sans-papiers arrivés enfants sur le sol américain, arrêt du projet de construction d’un mur à la frontière mexicaine, et annulation du décret visant les ressortissants de pays musulmans (le très controversé muslim ban). Retour dans l’accord de Paris Mais c’est en matière environnementale que le nouveau président des États-Unis a surtout marqué le coup, entérinant dès son premier jour dans le bureau ovale le retour des États-Unis dans l’accord de Paris sur le climat, l’une de ses principales promesses de campagne. Un retour qui sera effectif le 19 février prochain. Le « retour aux affaires climatiques » des États-Unis doit se concrétiser par l’adoption, dans les prochaines semaines, d’un plan de 2000 milliards de dollars, prévoyant notamment d’importants investissements dans les énergies renouvelables et les infrastructures peu carbonées. Dès le mois de février, l’administration Biden doit présenter au Congrès les détails de ce Green New Deal censé permettre, selon les mots du nouveau président, « de faire face à la crise climatique, de construire une économie basée sur l’énergie propre, de s’attaquer à l’injustice environnementale et de créer des millions d’emplois syndicaux bien rémunérés. » Ce « plan climat » est censé remettre à terme les États-Unis sur une trajectoire de neutralité carbone à l’horizon 2050. Un objectif que beaucoup d’observateurs jugent aujourd’hui inatteignable, compte tenu du retard pris ces dernières années. Les États-Unis parviendront-ils à la neutralité carbone en 2050 ? À ce titre, Joe Biden entend réunir prochainement les dirigeants des États qui émettent le plus de gaz à effet de serre pour les convaincre de revoir à la hausse leurs engagements. Ce chantier sera piloté par John Kerry, 77 ans, ex-secrétaire d’État (2013–2017) et candidat démocrate malheureux face à George W. Bush lors de l’élection présidentielle de 2004, qui sera le représentant des États-Unis dans les négociations internationales sur le climat. « Toutes les nations doivent élever ensemble leurs ambitions, sinon nous échouerons tous ensemble. Et l’échec n’est pas une option », déclarait en novembre dernier sur Twitter le « monsieur climat » de l’administration Biden, dont le grand rendez-vous de l’année sera la COP 26 de Glasgow, qui se déroulera finalement du 1er au 12 novembre 2021. L’oléoduc Keystone XL de nouveau suspendu Deux autres décrets signés par Joe Biden pourraient avoir des conséquences importantes sur la politique énergétique américaine des quatre prochaines années. Le premier prévoit la réduction des émissions de méthane liées aux activités d’extraction de pétrole et le gaz, ainsi qu’un retour aux objectifs d’efficacité énergétique pour les véhicules, remis en question par son prédécesseur. Ce même texte prévoit également de réexaminer la réduction par l’administration Trump du périmètre de trois parcs naturels (le Bears Ears National Monument dans le Nevada, le Grand Staircase-Escalante National Monument dans l’Utah, ainsi qu’un espace marin situé au large du Maine). Enfin, Joe Biden a annulé l’autorisation de construction des derniers segments de l’oléoduc Keystone XL, censé raccorder les gisements de sables bitumineux du Canada au golfe du Mexique. Une décision saluée dans les pages du New Yorker comme « un événement dans la lutte contre le réchauffement climatique » par le militant écologiste américain Bill McKibben, mais qui pourrait crisper les relations diplomatiques avec le voisin canadien, dont la politique énergétique repose en grande partie sur l’extraction du pétrole issu de ces gisements de sables bitumineux. Bloqué par Obama, puis autorisé par Trump, le projet Keystone XL, emblématique de la lutte écologique outre-Atlantique, se retrouve en tout cas de nouveau dans l’impasse. « Rallier les Républicains » Si les premiers décrets signés par Joe Biden sont fidèles à ses promesses de campagne, leur contenu ne fait pas pour autant l’unanimité. Chez les Républicains, plusieurs voix se sont déjà élevées pour critiquer ces nouvelles orientations, notamment la suspension du projet Keystone XL. Or, pour parvenir à mettre son pays sur la voie de la neutralité carbone, Joe Biden devra convaincre au-delà de son propre camp politique, car le le parti démocrate ne bénéficie que d’une très faible majorité au Sénat. « Le défi sera de rallier les républicains à un projet d’infrastructure d’énergie propre qui pourrait considérablement réduire les émissions américaines », a déclaré à l’AFP Paul Bledsoe, conseiller climatique de l’ancien président Clinton, aujourd’hui à la tête du Progressive Policy Institute, un think tank spécialisé dans les politiques publiques. « Le monde a émis un quart de tout le carbone jamais produit dans son histoire au cours des douze dernières années » « Le monde a émis un quart de tout le carbone jamais produit dans son histoire au cours des douze dernières années » David Wallace-Wells, journaliste, auteur du livre « La Terre inhabitable »
true
A propos de l’image de couverture de l’article, ci-dessus : La photo en haut à droite avec les poissons correspond à Chine : fermeture temporaire d’une usine de panneaux solaires accusée de rejets toxiques La photo des boues rejetées à En Chine, les terres rares tuent des villages & En Chine, les terres rares anéantissent les cultures des paysans Ne me parlez pas de développement durable. Vous voulez remettre en question mon mode de vie, mon impact, mon empreinte écologique ? Un monstre se tient au-dessus de nos têtes, dont l’empreinte est si gigantesque qu’il peut écraser une planète entière sous son pied, sans même s’en apercevoir ni s’en soucier. Ce monstre c’est la Civilisation Industrielle. Je refuse de soutenir ce monstre. Si la Terre doit vivre, le monstre doit mourir. Ceci est une déclaration de guerre. [A propos du développement durable, les anglais utilisent le terme « sustainable », qu’il aurait fallu traduire par « soutenable » (la plupart des pays du monde parle de soutenable), mais en France, nous avons adopté le « développement DURABLE », pour en savoir plus sur ce choix de mots : http ://netoyens.info/index.php/contrib/09/06/2012/comment-traduire-sustainable-development] Que sommes-nous en train d’essayer de rendre durable ? La vie sur Terre ou la civilisation industrielle ? Nous ne pouvons pas avoir les deux. A un moment donné, le mouvement écologique — axé sur le désir de protéger la Terre — a été en grande partie dévoré par le mouvement du développement durable — axé sur le désir de préserver notre mode de vie confortable. Quand cela s’est-il produit et pourquoi ? Et comment se fait-il que personne ne s’en est aperçu ? Passer de la compassion à l’égard de tous les êtres vivants et à l’égard de la terre au souhait égoïste de se sentir satisfait de notre mode de vie intrinsèquement destructeur, représente un glissement fondamental des valeurs. Le mouvement du développement durable prétend que notre capacité d’endurance relève de la responsabilité des individus, qui doivent opter pour des choix de vie à l’intérieur des structures existantes de la civilisation. Il est impossible de parvenir à une culture vraiment soutenable par ce biais. L’infrastructure industrielle est incompatible avec une planète vivante. Si nous voulons que la vie sur Terre se prolonge, les structures politiques et économiques globales doivent être démantelées. Les partisans du développement durable nous disent que réduire notre impact, provoquer moins de dégâts environnementaux, est une bonne chose, et que nous devrions être fiers de nos actions. Je ne suis pas d’accord. Moins de dégâts signifie encore beaucoup de dégâts. Car tant que quelqu’un provoquera le moindre dégât, il ne pourra pas y avoir de durabilité. La fierté que nous procure l’accomplissement de petits gestes ne viendra en aide à personne. Un quart seulement de l’ensemble de la consommation est imputable aux individus. Le reste est dû à l’industrie, à l’agroalimentaire, à l’armée, aux gouvernements et aux corporations. Même si chacun d’entre nous mettait tout en œuvre pour réduire son empreinte écologique, cela aurait peu d’incidence sur la consommation globale. Si les changements de modes de vie préconisés ont vraiment pour effet de faire perdurer notre culture plus longtemps, cela nuira alors davantage au monde naturel que si nous n’avions pas agi. Car, plus une culture destructrice est soutenue longtemps, plus les dégâts qu’elle provoque sont élevés. Le titre de cet article ne vise pas seulement à retenir l’attention et à déclencher une controverse. Il énonce littéralement ce qui est en train de se produire. Lorsqu’on cadre le débat du durable autour de la prémisse selon laquelle les choix individuels de modes de vie sont la solution, alors ce sont les individus qui font des choix de vie différents ou qui n’ont pas le privilège de pouvoir choisir, qui endossent le rôle d’ennemi. Pendant ce temps, les véritables ennemis — les structures oppressives de la civilisation — sont libres de poursuivre leurs pratiques destructrices et meurtrières sans être inquiétés. Ce n’est absolument pas une manière efficace de créer un mouvement social sérieux. Divisez-vous et vous serez vaincus. Le développement durable a du succès auprès des corporations, des médias et du gouvernement dans la mesure où il répond à leurs objectifs. Rester au pouvoir. Prendre de l’ampleur. Se faire passer pour des gentils. Faire croire aux gens qu’ils disposent de pouvoir alors que ce n’est pas le cas. Dire à tout le monde de rester calme et de continuer à faire leurs courses. Contrôler le langage utilisé pour débattre des problèmes. En créant et en renforçant l’idée que voter pour des changements mineurs et acheter davantage résoudra tous les problèmes, ceux qui sont au pouvoir ont une stratégie hautement efficace pour maintenir la croissance économique et une démocratie contrôlée par les corporations. Ceux qui détiennent le pouvoir continuent à faire croire aux gens que la seule manière de changer quoi que ce soit se trouve au sein des structures qu’ils ont créées. Ils construisent ces structures de façon à ce que les gens ne puissent jamais rien changer de l’intérieur. Les élections, les pétitions et les rassemblements sont autant de moyens servant à renforcer les structures du pouvoir, et ne pouvant apporter des changements importants à eux seuls. Ces tactiques permettent aux corporations et aux gouvernements de disposer d’un choix. Nous donnons à ceux qui sont au pouvoir le choix de nous accorder les réformes mineures que nous demandons ou de ne pas nous les accorder. Les animaux qui souffrent dans les fermes-usines n’ont pas le choix. Les forêts détruites au nom du progrès n’ont pas le choix. Les millions de personnes travaillant dans les ateliers de fabrication (clandestins ou pas) des pays émergents n’ont pas le choix. Les espèces aujourd’hui éteintes ne le sont pas par choix. Et pourtant, nous donnons aux responsables de toutes ces morts et de toute cette souffrance, le choix. Nous exauçons les désirs d’une riche minorité au lieu de répondre aux besoins de la vie sur Terre. La plupart des actions populaires proposées pour parvenir au développement durable n’ont pas de véritable effet, et certaines entraînent plus de mal que de bien. Ces stratégies comprennent la réduction de la consommation d’électricité, de l’utilisation de l’eau, une économie verte, le recyclage, la construction durable, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Regardons de plus près les effets de ces actions. A lire aussi, une interview d’Ozzie Zehner, auteur de « illusions vertes : les vilains secrets de l’énergie propre et le futur de l’environnementalisme » On nous pousse à réduire notre consommation d’électricité, ou à l’obtenir via des sources alternatives. Cela ne changera absolument rien à la durabilité de notre culture dans son ensemble, parce que l’infrastructure électrique est intrinsèquement insoutenable. Aucune réduction ou aucune soi-disant énergie renouvelable ne changera cela. Les extractions minières nécessaires à la fabrication des fils électriques, des composants, des appareils électriques, des panneaux solaires, des éoliennes, des centrales géothermiques, des centrales de biomasse, des barrages hydroélectriques, et de tout ce qui connecte et est connecté au réseau électrique, sont toutes insoutenables. Les processus de fabrication de ces choses, avec l’exploitation humaine que cela nécessite, les pollutions, les déchets, les impacts sur le social et la santé, et les profits corporatistes. Les combustibles fossiles nécessaires au maintien de ces processus. Insoutenable. Aucun choix de vie individuel concernant l’usage et la génération d’électricité ne changera cela. L’électricité Off-Grid [hors-réseau] n’est pas différente — elle nécessite des batteries et des convertisseurs. Des douches plus courtes. Des appareils à bas-débit. Des restrictions sur l’eau. On prétend que cela fait une différence. Tandis que la totalité de l’infrastructure fournissant cette eau — les immenses barrages, les pipelines longues distances, les pompes, les égouts — est entièrement insoutenable. Les barrages détruisent la vie de tout un bassin versant. Comme bloquer une artère, empêcher le sang d’atteindre les membres. Personne ne peut survivre à cela. Les rivières meurent lorsqu’on empêche les poissons de les remonter et de les descendre. La totalité de la communauté naturelle dont font partie ces poissons est tuée, à la fois en amont et en aval du barrage. Les barrages entraînent une baisse des nappes aquifères, empêchant les racines des arbres d’accéder à l’eau. Les écologies des plaines d’inondations dépendent d’inondations saisonnières, et s’effondrent lorsqu’un barrage en amont les empêche. Des érosions en aval et sur les berges en résultent. La décomposition anaérobique de matière organique dans les barrages émet du méthane dans l’atmosphère. Peu importe votre efficacité au niveau de l’usage de l’eau, cette infrastructure ne sera jamais durable/soutenable. Elle doit être détruite, afin que ces communautés puissent se régénérer. Des emplois verts. Des produits verts. L’économie du durable. Non. Cela n’existe pas. La totalité de l’économie mondiale est insoutenable. L’économie se base sur — et dépend de — la destruction du monde naturel. La Terre est traitée comme un simple carburant pour la croissance économique. Ils appellent ça les ressources naturelles. Et quelques personnes choisissant de se retirer de cette économie, cela ne fera aucune différence. Tant que cette économie existe, il n’y aura pas de durabilité/soutenabilité. Tant que ces structures existent : électricité, eau courante, économie mondialisée, agriculture industrielle — il ne peut y avoir de soutenabilité / durabilité. Pour arriver à une véritable soutenabilité, ces structures doivent être démantelées. Quel est le plus important à vos yeux — faire durer un peu plus longtemps un mode de vie confortable, ou la continuation de la vie sur Terre pour les communautés naturelles restantes et les générations futures ? On nous fait croire qu’acheter un certain produit est bien parce que son emballage peut être recyclé. Vous pouvez choisir de le placer ensuite dans une poubelle hautement colorée. Peu importe le fait que des écosystèmes fragiles aient été détruits, des communautés indigènes déplacées, des gens dans des endroits très éloignés forcés de travailler dans des conditions dignes de l’esclavage, des rivières polluées, pour produire cet emballage en premier lieu. Peu importe qu’il soit recyclé en un autre produit inutile qui finira dans une décharge. Peu importe que son recyclage implique de le transporter très loin, au moyen d’une machinerie nécessitant de l’électricité et des combustibles fossiles, ce qui pollue et produit des déchets. Peu importe le fait que si quelque chose d’autre est placé dans cette poubelle, le lot entier finira dans une décharge en raison de la contamination. Les principes de la construction durable : construire plus de logements, bien qu’il y en ait déjà largement assez pour loger tout le monde. Dégager des espaces pour ces logements, en détruisant toutes les communautés naturelles qui y viv(ai)ent. Construire à l’aide de bois issu de plantations forestières ayant supplanté les forêts anciennes, qui ont été rasées et remplacées par une monoculture de pins où rien d’autre ne peut vivre. Utiliser des matériaux de construction légèrement moins nocifs que les matériaux conventionnels. Convaincre tout le monde que la Terre bénéficiera de tout ça. Les panneaux solaires. La toute dernière mode en termes de durable, qui est, et c’est la marque de fabrique du durable, incroyablement destructrice de la vie sur Terre. D’où viennent ces choses-là ? Vous êtes censés croire qu’ils sont faits de rien, une source gratuite et non-polluante d’électricité. SI vous osez demander d’où ils viennent et de quoi ils sont faits, ce n’est pas difficile de découvrir la vérité. Les panneaux solaires sont faits de métaux [voir l’excellente conférence de Philippe Bihouix à ce propos : https ://vimeo.com/126497350], de plastiques, de terres rares, de composants électroniques. Ils nécessitent de l’extraction minière, des processus de fabrication, des guerres, des déchets, de la pollution. Des millions de tonnes de plomb sont déversées dans des rivières et sur les terres agricoles environnant les usines de panneaux solaires en Chine et en Inde, causant des problèmes de santé pour les humains et les communautés naturelles qui y vivent. Le silicium polycristallin est un autre déchet toxique et polluant issu de la manufacture et déversé en Chine. La production de panneaux solaires entraîne des émissions de trifluorure d’azote (NF3) dans l’atmosphère. Un gaz à effet de serre 17 000 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Les terres rares viennent d’Afrique [mais surtout de Chine], et des guerres sont menées pour le droit de les extraire. Des gens meurent pour que vous puissiez bénéficier de votre développement durable et confortable. Les panneaux sont fabriqués en Chine. Les usines émettent tellement de pollution que les habitants des alentours tombent malades. Les lacs et les rivières ont péri à cause de la pollution. Ces gens ne peuvent pas boire l’eau, respirer l’air ou cultiver la terre en raison de la fabrication de panneaux solaires. Votre développement durable est si populaire en Chine que des villageois se mobilisent en masse pour manifester contre les usines de fabrication. Ils s’allient pour entrer de force dans les usines et détruire l’équipement, obligeant les usines à fermer. Ils estiment que leurs vies valent plus que le développement durable des riches. Les panneaux ont une durée de vie d’environ 30 ans, puis, direction la décharge. Toujours plus de pollutions, toujours plus de déchets. Certaines parties des panneaux solaires peuvent être recyclées, mais certaines ne le peuvent pas, et sont de plus (par chance !) hautement toxiques. Pour être recyclés, les panneaux solaires sont envoyés vers des pays de la majorité du monde (aussi appelée « Tiers-monde ») où des ouvriers aux maigres salaires sont exposés aux substances toxiques lorsqu’il les désassemble. Le processus de recyclage lui-même requiert de l’énergie et du transport, et crée des déchets en sous-produits. L’industrie des panneaux solaires est possédée par Siemens, Samsung, Bosch, Sharp, Mitsubishi, BP, et Sanyo, entre autres. C’est vers ces compagnies que transitent les remboursements et les factures d’énergies vertes. Ces corporations vous remercient pour vos dollars durables. Pour aller plus loin sur les panneaux solaires et l’éolien : Les illusions vertes, le problème des énergies « renouvelables » ! from Deep Green Resistance France on Vimeo. Le traitement des terres rares nécessaires pour fabriquer les aimants des éoliennes a lieu en Chine, et les habitants des villages alentours peinent à respirer l’air lourdement pollué. Un lac de boue toxique et radioactive de 8 km se tient maintenant en lieu et place de leurs terres agricoles. Des chaînes de montagnes entières sont détruites pour en extraire les métaux. Des forêts sont passées au bulldozer pour ériger des éoliennes dont les pales tuent des millions d’oiseaux et de chauves-souris. La santé des gens vivant près des éoliennes est affectée par des infrasons. Étant donné que le vent est une source d’énergie irrégulière et imprévisible, une centrale d’appoint carburant au gaz est nécessaire. Étant donné que le système d’appoint tourne par intermittence, il est moins efficace et produit plus de CO2 que s’il tournait constamment, s’il n’y avait pas d’éoliennes. L’énergie éolienne sonne bien en théorie, mais ne fonctionne pas en pratique. Un autre produit inutile qui ne profite qu’aux actionnaires. Et si nous améliorions l’efficacité énergétique ? Cela ne réduirait-il pas la consommation et la pollution ? Eh bien, non. C’est tout le contraire. Avez-vous entendu parler du paradoxe de Jevon ? Ou du postulat de Khazzoom-Brookes ? Ceux-ci expliquent que les avancées technologiques améliorant l’efficacité énergétique entraînent une augmentation de la consommation énergétique, et non une baisse. L’efficacité fait qu’il y a plus d’énergie disponible pour d’autres usages. Plus nous sommes efficaces dans notre consommation, plus nous consommons. Plus nous travaillons efficacement, plus nous accomplissons de travail. Et nous travaillons efficacement à l’excavation de notre propre tombe. [Voir aussi cet excellent livre, un aperçu : Ampoules fluocompactes, voitures hybrides, trains rapides, frigos Energy Star : la réduction de notre empreinte écologique passe, dit-on, par l’utilisation de technologies moins énergivores. Est-ce bien sûr ? Selon David Owen, cette consommation que l’on souhaiterait « responsable » aggrave en réalité la crise environnementale planétaire. Tel est le paradoxe des effets rebond : chaque gain d’efficacité apporté par la science et l’industrie se traduit, en bout de ligne, par une consommation énergétique globale surmultipliée. Ainsi le transport aérien, moins énergivore qu’autrefois, est devenu accessible à tout un chacun et a décuplé. Idem pour la climatisation, ce luxe devenu omniprésent. Et l’éclairage de plus en plus économique transforme peu à peu l’obscurité en une denrée rare. Au fil d’un voyage captivant aux avant-postes du « développement durable », là où s’activent ingénieurs, inventeurs, urbanistes et économistes, l’auteur montre avec humour comment la recherche effrénée d’efficacité trompe nos meilleures intentions, et pourquoi le fait de modifier nos habitudes de consommation ne rendra pas la croissance capitaliste plus viable… à moins peut-être de modifier la plus mauvaise de ces habitudes, qui est la soif de consommation elle-même.] De nombreuses actions entreprises au nom de la soutenabilité peuvent avoir un effet inverse. Un point de réflexion : la décision d’une personne de ne pas prendre l’avion, par souci du changement climatique ou de la soutenabilité n’aura aucun impact. Si quelques personnes arrêtent de prendre l’avion, les compagnies aériennes réduiront leurs prix et boosteront leur marketing, et plus de gens prendront alors l’avion. Et parce qu’elles auront baissé le prix des vols, les compagnies devront effectuer plus de vols pour maintenir les profits à leur niveau. Plus de vols, plus d’émissions de carbones. Et si l’industrie connaissait des problèmes financiers en raison d’une baisse de la demande, elle serait renflouée par les gouvernements. Cette stratégie de « non-participation » ne peut pas gagner. Cette décision de ne pas voler ne fait en réalité rien pour réduire la quantité de carbone qui est émise, elle n’y participe simplement pas sur la distance. Et les simples réductions de la quantité de carbone émise ne fait rien contre le changement climatique. Pour avoir un véritable impact sur le climat mondial, nous devons empêcher tous les avions et toutes les machines carburant aux combustibles fossiles d’opérer, à tout jamais. Et empêcher toutes les machines carburant aux combustibles fossiles d’opérer est loin d’être aussi difficile que cela peut sembler de prime abord. Cela ne sera pas simple, mais c’est certainement dans le domaine du possible. Et c’est non seulement souhaitable, mais essentielle si nous voulons que la vie sur Terre perdure. La même chose est vraie pour tous les autres produits destructeurs que nous pouvons choisir de ne pas acheter. La viande industrielle, l’huile de palme, les bois de forêts tropicales, les produits alimentaires transformés. Car, tant qu’il y aura des produits en vente, il y aura des acheteurs. Tenter de réduire la demande n’aura que peu ou pas d’effet. Il y aura toujours davantage de produits arrivant sur le marché. Les campagnes poussant à réduire la demande de produits individuels ne pourront jamais suivre. Et à chaque nouveau produit, la conviction que celui-ci est nécessaire et non un luxe, ne fait que se renforcer. Parviendrai-je à vous convaincre de ne pas acheter un smartphone, un ordinateur portable, du café ? J’en doute. Pour stopper la destruction, nous devons définitivement interrompre l’approvisionnement de tout ce que la production requiert. Cibler des compagnies ou des pratiques spécifiques n’aura aucun impact sur l’infrastructure énergétique mondiale qui se nourrit de la destruction de la Terre. L’économie mondiale dans sa totalité doit être mise hors-service. Quel est le plus important – une énergie durable pour que vous puissiez regarder votre TV, ou les vies des rivières du monde, des forêts, des animaux et des océans ? Préféreriez-vous vivre très bientôt sans elles, sans Terre ? Même s’il s’agissait d’une option, si vous n’étiez pas solidement intégré à la toile du vivant, préféreriez-vous vraiment avoir de l’électricité pour vos lampes, vos ordinateurs et vos engins, plutôt que de partager l’extase d’être avec le reste de la vie sur Terre ? Un monde sans vie où règnent les machines, est-ce vraiment ce que vous voulez ? Si obtenir ce que vous voulez requiert la destruction de tout ce dont vous avez besoin — un air et de l’eau propres, de la nourriture saine et des communautés naturelles — vous n’allez alors pas durer bien longtemps, rien ne durera alors bien longtemps. Je sais ce que je veux. Je veux vivre dans un monde de plus en plus riche de vie. Un monde qui récupérerait de la destruction, où il y aurait chaque année plus de poissons, d’oiseaux, d’arbres, et de diversité, que l’année précédente. Un monde où je pourrais respirer l’air, boire dans les rivières, et manger grâce à la Terre. Un monde où les humains vivraient en communauté avec le reste du vivant. La technologie industrielle n’est pas durable (ni soutenable). L’économie mondialisée n’est pas durable (ni soutenable). La valorisation de la terre comme simple ressource destinée à être exploitée par les humains n’est pas durable (ni soutenable). La civilisation n’est pas durable (ni soutenable). Si la civilisation s’effondrait aujourd’hui, il faudrait encore au moins 400 ans pour que l’existence humaine sur la planète devienne véritablement durable (et soutenable). Si c’est donc un véritable développement durable que vous souhaitez, alors démantelez la civilisation dès aujourd’hui, et continuez à œuvrer à la régénération de la Terre pour 400 ans. C’est à peu près le temps qu’il a fallu pour créer les structures destructrices au sein desquelles nous vivons aujourd’hui, il faudra donc au moins ça pour remplacer ces structures par d’autres bénéficiant à l’ensemble du vivant de la planète, pas seulement à une minorité opulente. Cela ne se fera pas en un instant, mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’y mettre. Vous pourriez dire « alors retirons-nous, construisons des alternatives, et laissons ainsi le système s’effondrer puisque personne n’y prête plus aucune attention ». Cette idée m’a plu aussi. Mais elle ne peut pas fonctionner. Ceux qui sont au pouvoir utilisent les armes de la peur et de la dette pour maintenir leur contrôle. La majorité des humains de ce monde n’ont pas [ou ne voient pas] cette option de retrait. Leur peur et leur dette les maintiennent enchaînés à cette prison qu’est la civilisation. Votre fuite ne les aide en rien. Votre participation à l’assaut contre les structures de cette prison, si. Nous n’avons pas le temps d’attendre que la civilisation s’effondre. 90% des grands poissons des océans ont disparu. 98% des forêts anciennes ont été détruites. Chaque jour plus de 200 espèces s’éteignent, pour toujours. Si nous attendons plus longtemps, il n’y aura plus de poissons, plus de forêts, plus aucune trace de vie sur Terre. Diffusez le message. Remettez en question les croyances et préjugés dominants. Partagez cet article avec tous ceux que vous connaissez. Écoutez la Terre. Apprenez à connaître vos voisins non-humains. Prenez soin les uns des autres. Agissez collectivement, pas individuellement. Construisez des alternatives, comme les économies du don, les systèmes alimentaires en polyculture, les modes d’éducation alternatifs et les modes de gouvernance communautaires alternatifs. Créez une culture de résistance. Plutôt que de tenter de réduire la demande pour les produits d’un système destructeur, mettez hors service leur approvisionnement. L’économie, c’est ce qui détruit la planète, alors faites en sorte qu’elle cesse. L’économie mondialisée dépend d’un approvisionnement constant en électricité, alors l’arrêter est (presque) aussi simple qu’appuyer sur un interrupteur. Les gouvernements et l’industrie ne feront jamais cela pour nous, que nous le leur demandions gentiment, ou que nous les y poussions fermement. Nous sommes responsables de la défense de/Il nous revient de défendre la terre dont nos vies dépendent. Nous ne pouvons pas faire cela en tant que consommateurs, ouvriers ou citoyens. Nous devons agir en tant qu’humains, en valorisant la vie plus que la consommation, le travail et les plaintes contre le gouvernement. Renseignez-vous et soutenez Deep Green Resistance, un mouvement et une stratégie pour sauver la planète. Ensemble, nous pouvons nous battre pour un monde où il fasse bon vivre. Rejoignez-nous. Pour reprendre les propos de Lierre Keith, co-auteure du livre Deep Green Resistance, « la tâche d’un activiste n’est pas de naviguer au sein des systèmes d’oppression avec autant d’intégrité que possible; c’est de démanteler ces systèmes ». Kim | 28 août 2012
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Comment calculer son empreinte carbone, ou autrement dit, son empreinte climat ? Comment savoir si votre consommation est compatible avec un monde soutenable ? Si vous vous posez la question, c’est déjà que vous avez passé une étape et que vous êtes très certainement soucieux de l’environnement. Félicitations ! Pour vous faciliter le travail, j’ai testé plusieurs calculateurs et fait le choix du ‘meilleur‘. L’objectif est de pouvoir calculer son empreinte carbone en 5 minutes et de connaître rapidement les axes d’amélioration à mener. Avant propos : définitions et objectifs Qu’est-ce que l’empreinte carbone ? L’empreinte carbone est un calcul des émissions de GES associées à la consommation au sens large (demande finale intérieure) d’un pays, quelle que soit l’origine géographique de la production des biens et services destinés à satisfaire cette consommation. Cette approche se distingue de l’inventaire national du bilan carbone, qui mesure les émissions sur le territoire (appelée approche territoriale). Le gouvernement donne cette définition : “L’inventaire des gaz à effet de serre (GES) d’un pays donné est un tableau par grands secteurs qui présente les émissions sous une forme simple exploitable par toute personne qui souhaite un panorama objectif. Les inventaires sont réalisés en appliquant les principes méthodologiques définis par le GIEC.“ Illustration : en France, comme nous importons plus de produits que nous n’en exportons, notre empreinte carbone est supérieure à l’inventaire national. En 2014, avec 720 Mt CO2 éq, l’empreinte carbone présente un niveau supérieur de 66 % à celui de l’inventaire national (graphique 4). Elle se compose à 45 % d’émissions intérieures et à 55 % d’émissions importées : Source : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-01/datalab-essentiel-204-l-empreinte-carbone-des-francais-reste-%20stable-janvier2020.pdf Objectif : passer de 12 à 2t CO2eq/ an ! Si vous découvrez seulement ce chiffre, vous risquez d’être secoué : il va falloir en moyenne diviser par 6 vos émissions ! En d’autres termes, diviser votre confort énergétique par 6. Citons la stratégie nationale bas carbone, page 43 : Rapportée à l’habitant, en 2015, l’empreinte carbone des Français est légèrement supérieure à celle de 1995 : 11 tonnes de CO2eq par personne. En termes d’évolution, l’empreinte carbone des importations a augmenté de 2 % par an en moyenne lors des 5 dernières années, et les émissions du territoire métropolitain ont baissé de 2,5 % par an. Or, pour limiter l’augmentation des températures à + 2 °C, il faut viser dès les prochaines décennies une empreinte carbone à l’échelle mondiale de 2 tonnes de CO2eq par personne. Voici deux graphiques qui représentent bien les efforts à faire. Tout d’abord, l’évolution de l’empreinte carbone moyenne par habitant. Elle est relativement stable depuis 20 ans, comparée à l’inventaire national (évidemment, puisque nous avons délocalisé nos industries polluantes. Habile !) Source : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-01/datalab-essentiel-204-l-empreinte-carbone-des-francais-reste-%20stable-janvier2020.pdf Voici maintenant l’empreinte carbone moyenne des français, et l’objectif. Avec des chiffres de 2017, ce graphique de l’étude “Faire sa part” de Carbone 4 illustre bien l’effort à faire : Source : http://www.carbone4.com/wp-content/uploads/2019/06/Publication-Carbone-4-Faire-sa-part-pouvoir-responsabilite-climat.pdf NB : Selon les sources, vous verrez ce chiffre évoluer de 10.8t CO2eq à 12. Prenez en compte l’année de la source, et surtout, gardez bien en tête que ce qui est important ici, ce sont les ordres de grandeur. Libre à vous de creuser pour affiner et mieux comprendre les calculs. Pourquoi est-il important de calculer son empreinte carbone ? Connaître l’empreinte carbone de la France est une chose, connaître son empreinte carbone en est une autre. Sans surprise, il y a des disparités très fortes et ce sont les ménages français ayant les plus hauts revenus qui ont l’empreinte carbone la plus importante : Source : http://faere.fr/pub/PolicyPapers/Pottier_Combet_Cayla_Lauretis_Nadaud_FAERE_PP2020.02.pdf C’est donc en fonction de votre empreinte carbone que vous devrez ajuster votre quotidien et faire des efforts, afin d’avoir un mode de vie soutenable. 12t CO2eq n’est qu’une moyenne : le breton végétarien qui se déplace à vélo n’a pas la même empreinte carbone que le parisien qui part en week-end à Marrakech tous les mois. Il aura par conséquent beaucoup moins d’efforts à faire. Calculateur d’empreinte carbone : le verdict ! Après avoir testé plusieurs calculateurs, j’ai arrêté mon choix sur celui qui me paraît être aujourd’hui le meilleur : le simulateur Nos Gestes Climat de l’ADEME ! Vous pouvez obtenir votre empreinte carbone en cliquant sur ‘Faire le test‘ (et/ou aller en bas de cet article pour avoir le simulateur intégré dans l’article) . Voici mon résultat : Score de financier à la retraite Vous noterez que dans le simulateur, le poste d’émissions “services publics” est égal pour tout le monde (1 284 kgCO2e). Il prend en compte l’ensemble des émissions de CO2 qui résultent de l’ensemble des services publics (santé, routes, éducation, justice, défense…). Pour un végétarien qui se balade en vélib, je m’en sors pas trop mal ! Pourquoi ce simulateur plutôt qu’un autre ? Avant tout chose, il est public. Il n’appartient pas à une entreprise privée, qui va chercher à en faire son business. Calculer son empreinte carbone devrait être un service public afin d’aider tous les citoyens à baisser leur empreinte carbone. Ensuite, la transparence des sources est totale, le calculateur est open source. Vous pouvez les consulter ici, et joindre les développeurs si vous avez une suggestion. Ce calculateur est le digne successeur du formidable travail d’AvenirClimatique et son simulateur MICMAC. Pour info, j’ai également testé les calculateurs de GoodPlanet, WWF, Reforestaction, Footprintcalculator, CoolClimate, Selectra. Tous sont louables, mais je préfère celui d’ECOLAB. Limites et axes d’amélioration du calculateur Lorsque vous utiliserez ce calculateur (remarque valable pour tous les calculateurs), gardez bien en tête que ce n’est qu’un outil pédagogique qui a forcément certaines limites. En attendant d’avoir un meilleur algorithme pour calculer son empreinte carbone, ce simulateur utilise par exemple des ratios monétaires. Exemple avec le textile : le même ratio est utilisé pour un T-shirt Zara Made in Vietnam qu’un tee-shirt en lin Made in France. Autre exemple, l’avion : un Paris-New York qui fait escale à Amsterdam peut être 2x moins cher qu’un direct, mais émettre 1.3x plus. A ce stade, difficile d’affiner, mais cela viendra ! Il n’est aujourd’hui pas possible de connaître avec précision son empreinte carbone. Pour cela, vous devriez être capable de savoir d’où provient chaque produit consommé, comment il a été fait (quelles matières, énergies utilisées, selon le mix énergétique du pays)… Vous voyez bien la difficulté de l’exercice. A l’instar des créateurs de l’application North de Tomorrow qui ont dû arrêter l’aventure, faire un calculateur fonctionnel n’est pas à la portée du premier venu. L’utilité de calculer son empreinte carbone est surtout de donner des ordres de grandeur. C’est ce qu’il manque le plus aujourd’hui aux français, et les remarques et réponses (voire insultes) de certaines personnes seraient toutes autres avec les bons ordres de grandeur en tête. Ordres de grandeur, quand tu nous tiens… Maintenant que vous connaissez votre empreinte carbone, vous savez quels sont les postes d’émissions sur lesquels vous devez agir en priorité. Chaque geste compte, et si jamais vous pensez être seul(e) à faire ces efforts en vain, n’oubliez jamais le point de bascule afin de rester optimiste. Si vous souhaitez savoir comment agir rapidement et simplement pour baisser votre empreinte carbone, voici quelques excellentes lectures : L’étude Faire sa part, de Carbone 4 10 actions simples pour devenir écolo Pourquoi arrêter l’avion ne devrait plus être un débat Maintenant que vous êtes experts en ordre de grandeur, vous vous rendez bien compte que : Le parisien qui part à Bali 10 jours pour nettoyer des plages n’a rien compris Il est moins grave de prendre une douche 3 fois plus longue que de manger un morceau de viande rouge Trier ses déchets est une très bonne chose, mais aller les déposer dans la benne à bord de son SUV, c’est ridicule Le choix de la banque pour votre épargne a un impact : il est évidemment 10 fois pire d’avoir son épargne chez BNPP qu’au Crédit Coopératif Préférer le train à l’avion ou à sa voiture personnelle est une évidence Faire des allers-retours à Dubaï pour le week-end est une connerie. Le mot de la fin L’objectif de cet article était d’avoir la possibilité de calculer son empreinte carbone. Maintenant que vous l’avez fait, vous savez ce que vous devez faire pour l’abaisser facilement (moins/plus d’avion, moins/plus de viande…). Ne comptez pas sur la technologie pour vous sauver et garder votre mode de vie. Si votre empreinte carbone est 12t CO2eq, il va falloir réduire ce chiffre. En un mot : sobriété. J’anticipe déjà quelques remarques. ”C’est liberticide, pffff que des interdits“. Ma réponse est simple. Ce n’est pas interdit de prendre l’avion, c’est juste tout simplement IMPOSSIBLE de diviser vos émissions de GES par 6 sans diminuer drastiquement le transport aérien. Voir cela comme une interdiction, c’est que vous ne réalisez toujours pas ce que signifie d’avoir une empreinte carbone de 2T CO2eq. C’est également que vous ne comprenez pas les conséquences du Business as Usual, si nous ne changeons rien : réfugiés climatiques, famines, manque d’eau, conflits armés, guerres civiles, etc.. Si vous pensez que j’exagère, je vous invite à lire n’importe quel rapport du GIEC et à en tirer vos propres conclusions. En d’autres termes, changez, ou le changement viendra à vous. Aussi, évidemment, les actions individuelles ne suffiront pas. Voter avec son argent ne suffira pas. C’est un changement systémique dont nous avons besoin. Nous sommes si peu à avoir un mode de vie compatible à l’heure actuelle qu’il faudra un effort collectif, notamment des ménages les plus riches. A l’échelle européenne, c’est sans appel : Quant aux personnes qui vont me dire ”ouais mais les français c’est que 1% des émissions mondiales alors que les chinois c’est 27%”, vous tombez en plein dans le whataboutisme : excuse typique de l’inaction climatique. J’insiste, lisez cet article. Si vous souhaitez approfondir ces sujets : La comptabilité carbone – Cours des Mines 2019 – Jancovici Jancovici au Collège de France : L’habitat du futur Train vs avion 1 et Train vs Avion 2, threads de Laydgeur Qui pollue, Total ou le citoyen ? Imaginer l’économie de demain : la décroissance, par Timothée Parrique
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Grand pouvoir, grandes responsabilités. Du haut de ses 16 ans, la militante Greta Thunberg, figure de la lutte contre le réchauffement climatique, sera sous les projecteurs pendant son séjour aux Etats-Unis. Arrivée fin août à New York, elle a participé le 13 septembre à une petite manifestation de jeunes sur le climat devant la Maison Blanche, à l'extérieur des grilles, et lundi 16 septembre, elle recevait un prix remis par Amnesty International, avant plusieurs semaines de mobilisation. Si aucune rencontre n'est prévue avec le président US Donald Trump ou avec ses collaborateurs, la jeune Suédoise, moins connue aux Etats-Unis qu'en Europe, va être auditionnée par le congrès américain, à l'invitation d'élus démocrates, deux mois après être intervenue à l'Assemblée nationale française. Greta Thunberg va être entendue au cours d'une audition conjointe menée par un sous-comité de la chambre des affaires étrangères et un comité spécial sur la crise climatique. Elle fait partie d'un groupe de jeunes militants pour le climat que les démocrates ont invités à témoigner lors d'une audience intitulée "Des voix dirigeantes de la prochaine génération sur la crise climatique mondiale". "Nous sommes à un point où une génération entière a grandi dans la crise climatique", a déclaré la représentante démocrate de Floride, Kathy Castor, également présidente du comité spécial sur la crise climatique. "Ils connaissent la science, les enjeux et savent relever les défis. Nous devons nous améliorer avec eux." Les vendredis de grève pour le climat, c'est la spécialité de Greta Thunberg, qui se balade partout avec sa pancarte "Skolstrejk för Klimatet" (grève de l'école pour le climat). Pour la prochaine grande grève, vendredi 20 septembre, la ville de New York a donné sa bénédiction aux élèves qui voudront participer. Le 13 septembre à Washington, l'adolescente suédoise avait lancé aux centaines de jeunes rassemblés devant la Maison blanche : "N'abandonnez jamais. Nous continuerons, et rendez-vous la semaine prochaine, le 20 septembre". A New York donc, où est prévu un rassemblement massif, pour l'ouverture de la semaine internationale pour le climat (jusqu'au 27 septembre), et afin d'interpeller l'ONU, basé dans la ville de la côte est américaine. Le conseil municipal de la capitale économique américaine évoquait le chiffre de 30 000 élèves new-yorkais attendus le 20 septembre autour de la jeune égérie. Ça "va être la plus grande journée d'action pour le climat que le monde ait jamais vue", a affirmé l'un des coordinateurs de l'événement, l'Américain Bill McKibben, lors d'une conférence de presse téléphonique. Cette journée de mobilisation vise à pousser à l'action les dirigeants du monde entier, avant les sommets de l'Organisation des nations unies sur le climat qui démarre samedi : la position climatique des Etats-Unis, comme celle d'autres pays, sera dénoncée lors de sommets de jeunes et d'Etats-membres à l'ONU, du samedi 21 au lundi 23 septembre. Pendant toute cette période, Greta Thunberg restera omniprésente, dans la rue et sans doute parmi les chefs d'Etats et de gouvernements, qui n'ont jamais semblé l'impressionner.
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Le gouvernement veut ouvrir "un groupe de travail" pour voir avec Total s'il est possible de se fournir en huile de palme sans impact sur la forêt, a dit lundi la secrétaire d'État à la Transition écologique Emmanuelle Wargon. "Le sujet, c'est 'pas de déforestation à l'autre bout du monde'", a-t-elle déclaré sur CNews, après l'imbroglio à l'Assemblée nationale autour de l'avantage fiscal accordé à l'huile de palme. Les députés ont voté jeudi à toute vitesse un amendement prévoyant le report à 2026 de l'exclusion de l'huile de palme de la liste des biocarburants (qui bénéficient d'un avantage fiscal), avant de faire marche arrière le lendemain, devant le tollé suscité auprès des défenseurs de l'environnement et jusque dans la majorité. Le groupe Total en particulier est vent debout contre cette exclusion, qui remet selon lui en cause la viabilité de sa bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), ouverte en juillet. "Ce que dit l'entreprise est qu'elle veut un délai pour adapter ses pratiques. Je crois qu'il faut qu'on regarde avec elle si c'est possible d'acheter de l'huile de palme qui ne déforeste pas", a déclaré Emmanuelle Wargon lundi. "Il y a des certifications sur ces produits comme sur d'autres, données par des ONG, par des organisations internationales. On a donc dit qu'on allait ouvrir un groupe de travail avec l'entreprise pour voir si c'est possible, mais en tout cas pour moi le signal est clair: 'pas de signal à la déforestation'", a-t-elle ajouté. Le recours à l'huile de palme importée est dénoncé par les associations environnementales car sa culture extensive alimente la déforestation en Asie du sud-est. Selon Total, la bioraffinerie de La Mède doit traiter 650 000 tonnes d'huiles et graisses par an et s'approvisionner en huile de palme "durable et certifiée" à hauteur de 300 000 tonnes au maximum. Mais les ONG dénoncent l'inefficacité des labels de certification et jugent que les entreprises ne peuvent pas contrôler la déforestation indirecte.
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Aujourd’hui, l’ancien monsieur météo du service public a retrouvé du travail chez RT France, l’antenne parisienne de la chaîne d’information russe anciennement appelée Russia Today. Il avait été licencié par France 2 suite à la sortie de son livre, jugé « climatosceptique » et trop critique vis-à-vis du gouvernement à l’approche de la COP21 de Paris. Sur RT, Philippe Verdier animera quotidiennement une chronique sur la COP21 et ses coulisses, sujet qu’il lui était impossible de traiter sur France 2. C’est ainsi qu’il s’est dit « très heureux » de pouvoir évoquer ce sujet « en toute liberté » sur un média qui, comme d’autres, incarne aujourd’hui une vision alternative des sujets internationaux. Pour sa première à l’antenne, et à l’aide d’un impressionnant micro venu tout droit des grands froids de l’Oural, Verdier a donc pu aborder les prévisions erronées d’Al Gore et du GIEC, les experts officiels du changement climatique. Et aussi, au passage, faire remarquer que la COP21 arrive à point nommé : « Le climat est une occasion rêvée de terminer l’année en beauté en évitant de trop parler des sujets qui peuvent fâcher, dont le chômage dont les derniers résultats sont très mauvais. » Le ton est donné. Mais cette reconversion et cette liberté de ton ne sont visiblement pas du goût de ses anciens confrères. Déjà très peu solidaires de son éviction en octobre dernier, trois présentateurs météo se sont confraternellement retrouvés sur le plateau de « C à vous », sur France 5, pour dire tout le bien qu’ils pensaient de Philippe Verdier. Au micro d’Anne-Sophie Lapix, Catherine Laborde (TF1), Louis Bodin (TF1, RTL) et Laurent Romejko (France 3) ont ainsi été interrogés sur la COP21, organisée à Paris, et tout ce qui s’y rapportait. À cette occasion, la discussion s’est portée sur le rebond de Philippe Verdier sur RT France, et le lynchage en bande ne s’est pas fait attendre. Pour Catherine Laborde, les analyses de son confrère sont « dépassées ». « Ce qui compte c’est ce qui se passe maintenant avec tous ces gens qui sont venus et qui essayent, ensemble, de sauver la planète », a-t-elle ajouté, estimant sans doute cette déclaration moins creuse que les analyses de Verdier. Pour cette dernière, l’ancien monsieur météo de France 2 a tout simplement « dix trains de retard ». Sur quoi ? Cela reste à déterminer. Même constat du côté de Laurent Romejko, pour qui « il n’y a pas de contestation possible » car « les observations scientifiques qui sont effectuées depuis de nombreuses années sont incontestables ». La messe est dite. Quant à Pierre Lescure, présent également sur le plateau, c’est lui qui s’est montré le plus dur en revenant sur les propos de Verdier, lequel notait que la COP21 était une belle occasion de parler d’autre chose que du chômage. Pour Lescure, « le mec est un peu pathétique ». Tout simplement. L’avantage d’être du bon côté du manche, c’est que cela dispense de s’épuiser à avancer des arguments. OJIM, le 1er décembre 2015
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Au lendemain d'un déplacement mercredi dans les Côtes-d'Armor en compagnie du président Emmanuel Macron, au cours duquel a été annoncé que la protection de l'environnement pourrait finalement être inscrite dans l'article 1 de la Constitution française, le ministre de la Transition écologique et solidaire était l'invité de Franceinfo. Au cours de cette interview, Nicolas Hulot a tenu à affiner les contours de cette inscription, soulignant que l'article premier pourrait contenir la mention suivante: "La République assure un niveau de protection de l'environnement élevé et en constante progression, notamment pour la protection de la biodiversité et l'action contre le changement climatique". Pour lui, cette inscription serait un "pas important" pour l'adaptation du droit "à la réalité du XXIe siècle." Le ministre a également assuré que cette inscription dans le tout premier article - l'environnement devait initialement figurer en 34e place - serait "une base de réflexion" importante pour l'avenir. Le président de l'Assemblée nationale François de Rugy a, lui, plaidé pour "qu'on puisse dire dans cet article 1er qu'il y a la question de l'écologie, mais en étant précis sur la lutte contre le dérèglement climatique et la protection de la biodiversité". Pour être officialisée, une révision constitutionnelle doit être ratifiée par le Parlement, Assemblée nationale et Sénat, dont Nicolas Hulot a également assuré qu'il pourra "exprimer ses prérogatives."
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Communiqué de l’association des climato-réalistes Paris, le 23 juin 2021 Plusieurs médias (dont Le Point, Libération, Le Monde) se font aujourd’hui 23 juin l’écho d’un « projet de rapport du GIEC » annonçant une « accélération » des « dérèglements » climatiques d’ici 2050. Comme toujours le pire est pour demain, mais nulle possibilité n’est offerte à quiconque d’exercer son esprit critique puisque le texte lui-même du rapport n’est pas rendu public. Seule l’AFP l’a eu en main en exclusivité, et n’en a diffusé que quelques bribes, bien évidemment toutes orientées vers le catastrophisme. La validation par le GIEC de ce rapport n’étant prévue que pour 2022, il est aujourd’hui impossible de savoir ce qu’il contient, ni sur quoi se fondent les affirmations toujours plus inquiètes sur le «dérèglement» annoncé, ni si celles-ci subsisteront à l’issue du processus de validation. Nous avons donc affaire à un dévoiement du processus d’expertise à des fins de propagande. Ce n’est hélas que le dernier en date d’une longue série sur le climat, où il ne s’agit pas d’informer mais de faire peur et d’orienter l’opinion publique. L’Association des Climato-Réalistes demande donc au GIEC ou à l’AFP de dévoiler ce projet de rapport en intégralité. S’agissant d’un rapport financé sur fonds publics, il est indécent d’obliger le public à se fier servilement aux extraits sélectionnés dans la presse. Le public doit au contraire pouvoir exercer son droit à l’information et à la critique.
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A chaque étape de l’industrie nucléaire, des déchets radioactifs sont produits. Après plus de soixante ans d’exploitation nucléaire, le territoire français continue d’accumuler des tonnes de déchets radioactifs, dont certains sont extrêmement dangereux et le resteront pendant des milliers d’années. Aujourd’hui, il n’y a pas une région en France qui ne soit concernée par les déchets et rejets radioactifs : ils sont présents non seulement sur les sites nucléaires, mais circulent aussi sur nos routes et voies ferrées, parfois dans des zones densément peuplées. J'AGIS FACE À LA CRISE DES DÉCHETS NUCLÉAIRES Matières et déchets radioactifs : un enjeu public D’après l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), plus de 1 620 000 m3 de déchets radioactifs s’accumulent sur le territoire français, dont 59 % sont directement issus des centrales nucléaires et des activités de l’industrie électro-nucléaire. Et derrière ces chiffres, déjà colossaux, se cache un petit tour de passe-passe sémantique : ne sont pas comptabilisés comme « déchets nucléaires » tout un ensemble de produits radioactifs, générés par les activités d’EDF et Orano (ex-Areva), mais pour lesquels « une utilisation ultérieure est prévue ou envisagée ». Dans le jargon nucléaire, on appelle ça des « matières radioactives ». Dans les faits, ce sont par exemple des tonnes de combustibles usés qui sont entreposées et devraient être comptabilisées comme des déchets nucléaires, faute de valorisation. Pourquoi cela nous concerne-t-il toutes et tous ? D’abord parce qu’aucune région n’est aujourd’hui épargnée par la présence de ces déchets nucléaires. Ensuite parce que, depuis des décennies, leur volume ne cesse de croître sans qu’aucune solution pérenne n’ait encore été trouvée, jusqu’à la saturation. Gestion des déchets nucléaires : gare aux fausses solutions Il fut un temps où l’industrie nucléaire, pour cacher ces vilains déchets radioactifs, se contentait de les jeter à la mer. Aujourd’hui, elle propose à nouveau de dissimuler les déchets les plus dangereux en les enfouissant à 500 mètres sous terre, à Bure, dans la Meuse. C’est le projet Cigéo, qui pose en réalité plus de questions qu’il n’apporte de réponses aux enjeux des déchets hautement radioactifs : risque d’incendie et d’inondation, corrosion des conteneurs, incertitudes sur l’évolution des sous-sols et impossibilité de revenir en arrière si, enfin, une solution technique était trouvée par nos descendants au cours des siècles à venir. Retraiter les déchets nucléaires n’est pas recycler Et si on les recyclait, ces déchets nucléaires, alors ? C’est ce que voudrait faire croire EDF et Orano en maintenant à tout prix une filière dite de « retraitement du combustible usé ». Initialement mise en place pour extraire du plutonium (pour des besoins militaires), cette filière a perduré en entretenant le mythe d’un possible recyclage du combustible usé, sorti des réacteurs nucléaires. Techniquement, une partie de ce combustible usé peut être réutilisé pour créer du MOX, un autre type de combustible, ce que fait Orano. Dans les faits, ces opérations de retraitement ne permettent en réalité de recycler qu’1% du combustible usé. Et surtout, elles génèrent de nouveaux déchets radioactifs, dont certains sont extrêmement dangereux. Quand les déchets voyagent parmi nous En plus de produire des déchets supplémentaires, ces opérations de traitement génèrent aussi des transports de déchets dangereux : les combustibles usés quittent les 58 réacteurs français pour converger, par voie ferrée, vers la Hague (dans la Manche) ; les convois de plutonium traversent la France, de la Hague vers l’usine de Marcoule (dans le Gard) par camion ; le MOX est acheminé de Marcoule vers les réacteurs capables de tourner avec ; le MOX usé repart à… la Hague, où il est entreposé sans perspective de réutilisation. Vous avez donc sans doute croisé, à votre insu, l’un des quelque 19 000 convois de matières et déchets radioactifs qui circulent chaque année, dont une centaine de plutonium (l’une des matières les plus radio-toxiques qui, détournée, peut servir à la fabrication de bombes sales), que ce soit sur l’autoroute du Soleil, dans la gare RER de Versailles ou sur la rocade de Rennes. Face à la crise des déchets nucléaires, comment agir ? Face à ces enjeux colossaux que posent les déchets nucléaires, il est tentant de conclure : « on n’y peut rien ». Or, justement : il est possible d’agir pour limiter l’impact de ces déchets et cesser d’en produire, alors qu’un débat national s’ouvre sur le sujet des déchets nucléaires, jusqu’au 25 septembre 2019. Pour agir face à la crise des déchets nucléaires : Signez la lettre ouverte à Elisabeth Borne l’appelant à agir face à la crise des déchets nucléaires Sensibilisez votre entourage en l’informant sur la réalité des déchets nucléaires sur les réseaux sociaux, notamment via le hashtag#ZéroDéchetNucléaire Tournez-vous vers un fournisseur d’électricité qui soutient réellement les énergies renouvelables et ne finance pas les énergies fossiles et nucléaire. Nos demandes sur les déchets nucléaires : Renoncer au projet d’enfouissement profond Cigéo et privilégier d’autres options, comme le stockage à sec en sub-surface pour permettre aux générations futures de surveiller et d’accéder aux déchets radioactifs. Mettre un terme au retraitement du combustible usé qui aggrave le problème en générant des déchets hautement radioactifs et en multipliant les risques. Mettre fin aux transports nucléaires inutiles (notamment ceux liés au retraitement) et interdire les passages en zone de concentration urbaine. Inclure les « matières radioactives » non réutilisées dans la liste des déchets nucléaires d’EDF. En priorité : cesser de produire des déchets nucléaires en planifiant une sortie du nucléaire qui s’appuiera sur les économies d’énergie, l’efficacité énergétique et le développement d’énergies renouvelables, selon des scénarios compatibles avec la lutte contre le changement climatique.
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Une entrée en vigueur approuvée par le gouvernement malgré les promesses de campagne Quelques jours avant l’entrée en vigueur de cet accord, une commission d’experts nommée cet été par le gouvernement a confirmé les risques du CETA pour l’alimentation, la santé, l’agriculture et le climat. Ses conclusions sont sans appel : le CETA va augmenter les émissions de gaz à effet de serre, risquer d’affaiblir les normes sanitaires existantes au sein de l’UE, menacer la souveraineté des Etats par rapport aux pouvoirs des multinationales et investisseurs et ouvrir le marché européen à des produits qui devraient être interdits en vertu du principe de précaution. Emmanuel Macron avait promis pendant sa campagne de tenir compte de l’avis de cette commission. Faisant fi de cet engagement, le président ne s’est pas opposé à l’entrée en vigueur du traité tout en déclarant deux jours avant au micro de l’ONU vouloir défendre l’Accord de Paris. Quelle cohérence entre les décisions prises en France et les discours tenus à l’international ? Face à ce reniement des promesses, 52 organisations dont Greenpeace ont appelé le gouvernement à rejeter le traité. En février 2017, devant le Parlement à Strasbourg, les militants de Greenpeace se sont mobilisés pour dénoncer les dangers du CETA avec un message : « Couler le CETA, pas la justice ». Les risques que le CETA va faire peser sur le climat et notre alimentation Greenpeace et l’Institut de l’agriculture et de la politique commerciale (IATP) ont publié la même semaine quatre dossiers qui révèlent des problèmes majeurs en matière d’alimentation et d’agriculture soulevés par le CETA. L’accord pose des risques importants pour les normes européennes en matière d’environnement, de bien-être animal et de sécurité alimentaire. Le Canada a en effet des normes plus faibles en matière de sécurité alimentaire que l’UE et une économie agricole qui dépend beaucoup plus de l’utilisation d’intrants. Cet accord donne à l’industrie de la biotechnologie nord-américaine diverses occasions d’affaiblir les normes européennes. Le risque est grand de voir des denrées non désirées sur le marché de l’UE. Depuis 2016 par exemple, le saumon OGM est autorisé au Canada. Depuis lors, environ 4,5 tonnes de ce saumon a été vendu au Canada – sans que cela ait été mentionné sur l’étiquetage. Cela signifie que les consommateurs canadiens ne peuvent choisir entre le saumon OGM et le saumon ordinaire. Le CETA permet d’accroître les exportations de saumon du Canada, en réduisant les tarifs et en élargissant les quotas. On ne sait pas clairement comment l’UE veillera à ce que le saumon OGM ne se retrouve sur le marché européen. En France, la coalition de la société civile vient de publier également un rapport montrant les risques de ce traité. Il permettra notamment d’encourager la production et l’importation du Canada des énergies fossiles alors même que le gouvernement veut interdire la production en France. La mobilisation continue Il est encore temps d’arrêter le CETA. Il y a deux semaines, la Belgique demandait l’avis de la Cour de Justice de l’UE quant à la légalité du traité et plus particulièrement de son mécanisme d’arbitrage (ICS). De plus, des dizaines de parlements nationaux et régionaux doivent encore ratifier le traité. Les organisations du collectif en France demandent un référendum sur le traité et continuent à faire signer la pétition pour réclamer l’arrêt de la mise en œuvre du Ceta. En savoir plus ? CETA: coopération réglementaire et sécurité alimentaire Le CETA menace les normes alimentaires et agricoles en Europe CETA : une menace pour la mention obligatoire du lieu d’origine (COOL) CETA : opposition de l’Europe au clonage Lire le rapport de la coalition Stop Tafta – Ceta
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Greenpeace lance un appel urgent au Président Indonésien Sisilo Bambang Yudhoyono, au moment de sa réunion avec la nouvelle secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. L’Indonésie doit engager d’urgence le combat contre les changements climatiques et pour cela mettre un terme à la déforestation galopante. Le Président Yudhoyono s’est engagé devant la communauté internationale à réduire de moitié les émissions dues à la déforestation à partir de 2009. Cependant, la très récente décision du ministère des forêts et de l’agriculture d’ouvrir de vastes forêts et zones de tourbières à l’exploitation pour l’industrie de la pâte à papier et de l’huile de palme, rend cet objectif totalement inatteignable. Avec un tel décret, l’Indonésie ne pourra jamais remplir ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Autoriser la destruction de vastes zones de tourbières est un véritable désastre dans la lutte contre les changements climatiques, et va consolider durablement la bien triste 3ème place de l’Indonésie en terme d’émission de gaz à effet de serre. Avec des élections importantes en ligne de mire, cette décision ministérielle est suspecte et semble satisfaire les intérêts des très puissantes industries de l’huile de palme ou du papier » explique Bustar Maitar, chargé de campagne Forêts pour Greenpeace en Indonésie. La tournée qu’effectue la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton dans 4 pays asiatique doit lui permettre d’entamer des discussions avec ses homologues sur les questions des changements climatiques. Ces discussions sont d’une importance considérable puisque les USA et l’Indonésie sont respectivement le 1er et le 3ème pays émetteur de gaz à effet de serre de la planète. La grande majorité des émissions indonésiennes proviennent de la déforestation, du drainage et de la conversion des tourbières. « Nous demandons de façon urgente que la Secrétaire d’Etat Clinton envoi un message fort et positif en terme de stratégie pour combattre le changement climatique, tout spécialement en tant que membre de l’administration Obama” explique pour sa part Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêts pour Greenpeace France. « C’est un problème planétaire, qui nécessite des réponses planétaires et coordonnées. Cela implique une réduction radicale des émissions des pays développés, dont les USA,, et des financements globaux pour stopper la déforestation dans des pays en développement comme l’Indonésie ». Un développement économique durable de l’Indonésie ne peut se faire sur la base d’une prédation définitive de ses ressources, en détruisant de façon irréversible ce capital inestimable que constituent les forêts tropicales.. Les forêts sur pieds ne constituent pas seulement un réservoir de carbone essentiel : « vivantes », elles offrent beaucoup plus d’opportunités économiques que coupées et détruites à jamais. Greenpeace appelle les pays industrialisés à trouver les 30 milliards d’euros par an estimés nécessaires par les experts pour mettre un terme à la déforestation et ainsi réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre planétaires. Le leadership des USA et un étroit partenariat avec des nations comme l’Indonésie est indispensable pour atteindre un accord sur le changement climatique à Copenhague, au Danemark, au mois de décembre prochain. « Le président Indonésien devrait prendre la décision qui s’impose : décréter un moratoire immédiat sur la destruction des tourbières et des forêts indonésiennes et leur conversion en plantations commerciales» conclut Bustar Maitar.
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Une nouvelle étude de modélisation montre l’importance de limiter le réchauffement climatique pour éviter une fonte accélérée des glaces de l’Antarctique. La quantité d’émissions de gaz à effet de serre dans les prochaines décennies aura une incidence sur le niveau moyen de la mer pour les centaines d’années à venir, à travers une combinaison d’expansion thermique des océans et de perte de glace terrestre. L’élévation se poursuivra longtemps après l’arrêt des émissions de gaz à effet de serre. Une étude publiée dans Nature montre l’importance des effets de seuil qui interviendraient si les émissions de CO2 ne peuvent être maîtrisées au 21è siècle. Des mécanismes tels que l’hydrofracturation des plateformes et l’effondrement des falaises de glace risquent de rapidement augmenter le débit des calottes glaciaires marines. La calotte glaciaire antarctique est le plus grand réservoir de glace terrestre de la Terre avec l’équivalent de 58 mètres d’élévation du niveau de la mer. La majeure partie de l’inlandsis de l’Antarctique de l’Ouest est ancrée bien au-dessous du niveau de la mer, avec de vastes lignes d’échouage (grounding line en anglais, la zone située entre la partie où les glaces flottent et celle où elles reposent sur la terre) et de larges plateformes de glace directement en contact avec l’océan. Les données géologiques indiquent que le niveau moyen de la mer a fluctué sur au cours des 25 derniers millions d’années, atteignant parfois 20 mètres ou plus au-dessus du niveau moderne. Une telle élévation implique des variations substantielles de la taille de l’inlandsis de l’Antarctique. Comment le mouvement horizontal des lignes d’échouage des glaciers est détecté en utilisant les mesures par satellite du changement d’élévation.Crédit: Hannes Konrad et al, Université de Leeds. Des observations satellitaires récentes indiquent que la contribution de l’Antarctique à l’élévation du niveau de la mer a considérablement augmenté ces dernières années. La plupart des pertes de glace sont concentrées dans l’Antarctique occidental, où l’amincissement des plateformes de glace flottantes entraîne une accélération de l’écoulement des glaciers et le retrait des lignes d’échouage. Il n’en reste pas moins que des incertitudes demeurent dans la prévision de l’élévation future du niveau de la mer. Elles sont principalement dues aux mécanismes physiques qui pourraient amplifier la contribution de l’inlandsis antarctique. Il est donc primordial de pouvoir déterminer la sensibilité de l’Antarctique aux instabilités dynamiques et le risque d’assister à une retraite accélérée. L’étude publiée dans Nature et des explications fournies sur le site CarbonBrief par deux des auteurs, Pollard et DeConto, précisent les risques liées aux facteurs dynamiques de la plus grande calotte de glace du globe. Avec 1,5°C ou 2°C d’élévation de la température globale, la fonte des glaces en Antarctique se poursuivrait à des niveaux similaires à ceux d’aujourd’hui. Cependant, avec 3°C, il y a des risques importants d’élévation rapide et irréversible du niveau de la mer avant 2100. Le modèle utilisé intègre des processus glaciologiques qui pourraient s’avérer déterminants, comme l’impact de la fonte des plateformes sur les glaciers de sortie et les «falaises de glace» marines qui risquent de s’effondrer. Les auteurs de l’étude montrent que leur modèle est capable de reproduire avec précision les changements du niveau de la mer dans le passé ancien de la Terre, ce qui augmente leur confiance dans la simulation des impacts à long terme, au-delà de 2100. Ce modèle indique ainsi qu’un seuil serait franchi avec un réchauffement dépassant 2°C. Le dernier million d’années a connu une série d’âges glaciaires interrompus par des périodes relativement courtes de températures plus chaudes, appelées interglaciaires. Il y a environ 125 000 ans, la température globale était sensiblement la même qu’aujourd’hui, mais le niveau de la mer était d’environ 6 à 9 mètres plus élevé. De grandes sections de la calotte glaciaire du Groenland ont probablement résisté à ce réchauffement. Cela indique qu’une partie de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental a dû fondre pour obtenir une élévation de 6 à 9 mètres. Comme les températures mondiales ne sont pas encore stabilisées et pourraient dépasser +3°C par rapport à la période préindustrielle, il faut trouver un autre analogue pour avoir des indices de ce que nous réserve l’avenir dans des scénarios à concentration élevée de CO2. Le milieu du Pliocène, il y a environ 3 millions d’années, constitue une période de comparaison intéressante. Les géologues pensent que les niveaux de CO2 se situaient aux alentours de 400 parties par million (contre près de 420 ppm aujourd’hui), avec des températures comprises entre 2 et 3°C au-dessus des niveaux préindustriels . Des données suggèrent que la mer a probablement atteint des niveaux beaucoup plus élevés qu’aujourd’hui, impliquant une contribution d’environ 11 à 21 mètres de l’Antarctique. Cela signifie qu’une partie de l’Antarctique de l’Est a perdu de la glace, en plus du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest. Ces données géologiques indiquent donc que la calotte glaciaire antarctique serait fragilisée par une élévation de température d’environ 2°C. Il s’avère que le modèle employé dans l’étude ne peut reproduire ces observations géologiques qu’en incluant certains processus dynamiques. Il s’agit de la rupture soudaine des plateformes de glace recouvertes d’eau de fonte et de l’effondrement de hautes falaises de glace instables qui émergent au bord de la calotte glaciaire lorsque les plateformes de glace sont perdues. Une grande partie de la calotte de l’Antarctique de l’Ouest repose sur un substrat rocheux situé sous le niveau de la mer, jusqu’à 2,5 km sous le niveau de la mer par endroits. Aujourd’hui, les plateformes de glace flottantes dans les mers de Ross, Weddell, Amundsen et Bellingshausen fournissent des contreforts qui empêchent l’écoulement de la glace vers le large et stabilisent les zones d’échouage marines. Malgré leur épaisseur, un océan qui se réchauffe a le potentiel d’éroder rapidement les plateformes de glace par le bas. Plateforme de glace de l’Antarctique (Crédit : Georges Nijs) Bien que les plateformes de glace elles-mêmes ne contribuent pas directement à l’élévation du niveau de la mer, elles jouent un rôle crucial dans le ralentissement de la perte de glace de l’Antarctique. Les plateformes de glace dans un climat en réchauffement sont vulnérables à la fois à la fonte de l’océan en-dessous et à la fonte en surface par le haut. De plus en plus, les plateformes de glace s’amincissent, en particulier lors de pics de température soutenus au-dessus du point de congélation, lorsque l’eau de fonte peut s’accumuler à leur surface. Le processus appelé hydrofracturation est impliqué dans la désintégration de la plateforme glaciaire de Larsen B en 2002 dans la péninsule antarctique. Aujourd’hui, les températures estivales approchent voire dépassent légèrement 0°C à la surface de certaines plateformes. Il ne suffirait que d’un petit réchauffement atmosphérique pour augmenter considérablement la surface concernée par la fonte et les précipitations d’été. Les plateformes peuvent être déstabilisées par le dessus en raison des infiltrations à l’origine de crevasses. Une instabilité incluse dans de nombreux modèles est l’instabilité de la calotte glaciaire marine, qui concerne les zones de la calotte glaciaire reposant sur le substrat rocheux avec une pente inversée dite rétrograde, c’est-à-dire que le lit sous-jacent s’enfonce vers l’intérieur. Un retrait initial peut déclencher une boucle de rétroaction positive et auto-entretenue, provoquant une réaction de plus en plus rapide. Des chercheurs de l’Antarctique occidental ont déjà observé des preuves de ce phénomène, en particulier au glacier de Thwaites, connecté par des bassins intérieurs profonds au reste de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental. C’est là qu’un deuxième phénomène pourrait entrer en jeu. Si la glace d’un kilomètre d’épaisseur qui se jette dans l’océan perd entièrement sa plateforme de glace de soutien, la fraction de glace au-dessus du niveau de la mer peut former une falaise de glace massive exposée au-dessus de la surface de l’océan. Cette hypothèse émergente postule que les falaises de glace deviennent instables et s’effondrent si elles dépassent ~ 90 m au-dessus du niveau de la mer, facilitant le retrait rapide des calottes glaciaires. Ce processus peut avoir été important en Antarctique au cours des périodes de réchauffement passées. Le mécanisme des falaises de glace permet d’augmenter la sensibilité d’une modélisation, montrant ainsi qu’il est possible d’atteindre les niveaux de la mer très élevés du passé. Cependant, l’hypothèse de l’effondrement des falaises ne fait pas l’objet d’un consensus. Elle n’a pas été observée à grande échelle en Antarctique, et il n’est donc pas aisé de déterminer à quelle vitesse une falaise de glace serait susceptible d’être fragilisée. Certains chercheurs estiment que ces falaises de glace ne sont peut-être pas si instables. Heureusement, le phénomène n’est pas encore observé en Antarctique aujourd’hui, car la plupart des principaux glaciers de sortie de l’Antarctique se déversent vers les plateformes de glace qui agissent encore en contrefort. Mais cela pourrait changer avec un réchauffement futur. L’existence de fissures et de crevasses profondes pourraient fragiliser ces falaises. En résumé, l’effondrement des falaises de glace est un facteur clé qui pourrait accélérer la contribution de l’Antarctique à l’élévation du niveau mais il n’y a pas de certitude à ce sujet. Ces phénomènes dynamiques ont été testés grâce à un modèle pour évaluer leur capacité à simuler la contribution de l’Antarctique à l’élévation du niveau de la mer il y a 125 000 ans (la fin de la dernière période glaciaire, à environ 1°C de réchauffement) et il y a environ 3 millions d’années (le milieu du Pliocène, à 2-3 °C de réchauffement). Le modèle a bien reproduit ces conditions passées seulement lorsque la dynamique associée à la rupture des plateformes de glace recouvertes d’eau de fonte et l’effondrement des falaises ont été inclus. La conclusion de l’étude est qu’à mesure que les températures augmentent, la perte de glace de l’Antarctique accélère avec le risque d’atteindre des conditions irréversibles assez rapidement. Avec des températures de +1,5°C à 2°C, la perte de glace antarctique et sa contribution à l’élévation du niveau de la mer se poursuivent aux taux observés aujourd’hui, atteignant probablement de 6 à 11 cm d’ici 2100. Au-delà de ce siècle, la contribution se poursuit à un rythme similaire, ne s’accélérant que légèrement vers 2300. Même si le réchauffement climatique est limité à 1,1°C, le niveau actuel, l’élévation du niveau de la mer dû à l’Antarctique ne cesse pas. Au lieu de cela, elle continue lentement pendant des siècles, sans s’arrêter. Cela correspond à ce que nous savons du passé de la Terre. Dans le dernier interglaciaire, par exemple, lorsque le niveau de la mer s’est stabilisé à 6-9 mètres plus haut qu’aujourd’hui, il a fallu plusieurs milliers d’années pour atteindre ces niveaux. Dans des scénarios de 3°C de réchauffement, la modélisation suggère que l’Antarctique connaît une forte augmentation de son taux d’élévation du niveau de la mer, déclenchée par le retrait rapide de Thwaites, qui déstabilise une grande partie ou la totalité de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental. Les simulations suggèrent que cette accélération commence vers 2060, atteignant 5 mm par an à la fin de ce siècle. En comparaison, le taux actuel de toutes les sources (y compris le Groenland, les glaciers terrestres et l’expansion thermique) est d’ environ 3 à 4 mm par an. L’élévation totale du niveau de la mer (liée à tous les facteurs) pourrait alors dépasser 1 cm par an. Un saut encore plus net et plus catastrophique se produit avec un réchauffement au-dessus de 3°C. En utilisant le scénario d’émissions très élevées RCP8.5 entraînant un réchauffement d’environ 4,5°C en 2100, les auteurs de l’étude constatent que l’élévation du niveau de la mer liée à l’Antarctique est presque le double de celle des scénarios 3°C, atteignant au total 34 cm d’ici 2100 puis dépassant 6 cm par an d‘ici 2150, alors que la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental se désintègre. Dans ce scénario, l’instabilité de la calotte glaciaire est également déclenchée en Antarctique oriental ; et d’ici 2300, l’élévation du niveau de la mer liée à l’Antarctique atteint à elle seule près de 10 mètres. D’après le GIEC, l’élévation du niveau de la mer due à tous les facteurs dans un avenir à fortes émissions (RCP 8.5) se situerait entre 60 centimètres et 1 mètre d’ici 2100. L’instabilité des falaises pourrait cependant conduire à une élévation au-delà de 2 mètres dès 2100, disaient déjà Kopp, DeConto et Pollard en 2017. En revanche, cette instabilité n’aura pas beaucoup d’effet si nous atteignons l’objectif d’émissions de l’Accord de Paris. Ce dernier permettrait de contenir la hausse mondiale probable entre 30 et 90 centimètres. Projections d’élévation du niveau de la mer avec le scénario RCP 8.5 pour 2050, 2100 et 2300. Source : Kopp et al. Comme dans les scénarios 1,5°C et 2°C, cette perte de glace antarctique et l’élévation du niveau de la mer se poursuivraient pendant de nombreux siècles. A ceux qui jugeront ces conclusions alarmistes, il faut rappeler que les données du passé suggèrent de 2°C à 3°C se sont soldées par un niveau de la mer environ 20 mètres plus élevé qu’aujourd’hui. Il faut cependant ajouter que l’étude se base sur un seul modèle. D’autres modèles incluant les phénomènes physiques décrits précédemment pourraient constater une élévation du niveau de la mer inférieure ou supérieure.
true
"J'appelle aujourd'hui les responsables du monde à déclarer l'état d'urgence climatique dans leur pays jusqu'à ce que la neutralité carbone soit atteinte." Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclenché une alarme symbolique ce samedi, en ouvrant un sommet en visioconférence destiné à relancer les efforts de lutte contre le réchauffement climatique, cinq ans après l'Accord de Paris. Il y a un an, en novembre 2019, le Parlement européen avait décrété le même "état d'urgence climatique" par le vote d'une résolution qui affirmait l'engagement de l'UE pour "limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C et éviter une perte massive de biodiversité". La décision suivait des votes similaires dans plusieurs parlements nationaux de l'Union européenne, notamment en France, au Royaume-Uni et en Autriche. Si le geste vaut pour le symbole, cet état d'urgence climatique n'ayant pas de valeur juridique, il annonce quand même "un engagement, expliquait à La Croix Arnaud Gossement, avocat spécialisé en droit de l'environnement. Vous déclarez que le climat sera l'aiguillon de vos décisions, comme un discours de politique générale ". LIRE AUSSI >> Climat : cinq ans après l'Accord de Paris, avons-nous été à la hauteur ? La communauté internationale s'était engagée en 2015 lors des Accords de Paris à contenir le réchauffement "nettement" au-dessous de +2°C, et si possible +1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle. Mais les engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES) pris par les différents pays "n'étaient pas suffisants" et "n'ont pas été respectés", a souligné Guterres lors de la réunion ce samedi, avant de rappeler qu'il est nécessaire de "réduire les émissions mondiales de 45 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010". Des dizaines de chefs d'État et de gouvernement dont le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel ou le président chinois Xi Jinping doivent afficher ce samedi leurs ambitions pour lutter contre le réchauffement climatique. Des représentants d'entreprises comme Apple, de la société civile et de peuples indigènes doivent également participer à ce sommet organisé par les Nations unies, le Royaume-Uni et la France, en partenariat avec le Chili et l'Italie. A moins d'un an de la COP26 qui se tiendra en novembre 2021 à Glasgow, en Ecosse, le secrétaire général de l'ONU les a exhortés "à faire preuve d'ambition, à faire cesser les coups portés à notre planète, et à faire ce qu'il faut pour garantir l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants". Avant le sommet, plusieurs Etats ont annoncé des plans ambitieux pour réduire leurs émissions de GES. Vendredi, les 27 pays de l'UE se sont entendus pour réduire leurs émissions d'"au moins 55%" d'ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, contre -40% précédemment, afin d'atteindre en 2050 la neutralité carbone. La Chine, plus grand pollueur au monde, a récemment annoncé son intention d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060, tandis que le président élu Joe Biden s'est engagé à ce que les États-Unis atteignent cet objectif d'ici 2050. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé que le Royaume-Uni allait arrêter "dès que possible" de soutenir financièrement des projets d'énergies fossiles à l'étranger. Le gouvernement britannique s'est en outre engagé à réduire les émissions de CO2 d'au moins 68% d'ici 2030. "Mon message à vous tous est qu'ensemble, nous pouvons utiliser les progrès scientifiques pour protéger notre planète, notre biosphère contre un défi bien pire, bien plus destructeur, que la pandémie de coronavirus", a déclaré Boris Johnson lors du sommet. Canicules, ouragans en série, méga-feux de forêts, inondations... La multiplication des événements dévastateurs est un signe sans équivoque du réchauffement de la planète, qui vient de vivre la décennie la plus chaude jamais observée. Mais après l'élan historique de l'Accord de Paris, l'enthousiasme était retombé, douché un an plus tard par l'élection à la Maison Blanche de Donald Trump qui avait annoncé le retrait de la deuxième économie mondiale du pacte mondial contre le dérèglement climatique. "Nous avons manqué de réaliser les actions audacieuses nécessaires et, aujourd'hui, nous n'avons pas de temps à perdre", a reconnu ce samedi Joe Biden, dans un communiqué. Il a souligné que les États-Unis rejoindraient l'Accord de Paris dès "le premier jour de (sa) présidence" et réaffirmé sa volonté d'organiser un sommet international sur le climat dans les 100 jours qui suivront. Pour le directeur exécutif de Greenpeace, John Sauven, "il y a des raisons d'espérer". "Avec Donald Trump hors de la Maison Blanche et une action en faveur du climat plus forte de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon, nous avons maintenant une chance de rassembler le monde dans un énorme effort pour réduire les émissions de gaz à effet de serre", a-t-il souligné dans un communiqué en amont du sommet.
true
"C'est vraiment très beau mais tellement triste de voir à quel point le glacier a fondu". Avec sa classe de 5e, Lilja Einarsdottir arpente le Solheimajökull menacé de disparition par le réchauffement climatique. Chaque année, Jon Stefansson, un professeur à la retraite, accompagne des collégiens de Hvolsvöllur, dans le sud de l'Islande, au chevet du glacier pour suivre son évolution. Coincé entre deux flancs de montagnes, le Solheimajökull accuse un recul annuel d'une quarantaine de mètres depuis 2010, selon les relevés des élèves. En cette journée pluvieuse d'octobre, à l'aide d'un appareil GPS, d'un mètre déroulant et de deux drapeaux jaunes, les adolescents commencent par prendre des relevés sur la terre ferme. Puis des secouristes leur font traverser en Zodiac une lagune brunâtre formée par les eaux de fonte jusqu'à un mur de glace: là, le glacier atteint jusqu'à 200 mètres d'épaisseur. "Quand (les premiers élèves ont) commencé ici, (ils) ne voyait pas la moindre trace d'eau", rappelle Lilja, 11 ans. En contrebas du sentier qui mène au front du glacier se dresse une pancarte plantée dans le sable noir: l'inscription "Jöklamaelingar" ("mesures du glacier" en islandais) est entourée d'une série de nombres inscrits à la main --"24", "50", "110"-- qui représentent le recul annuel en mètres du glacier calculé par les élèves. Alors que le monde a connu en juillet son mois le plus chaud jamais observé, l'Islande a dévoilé en août une plaque à la mémoire de l'Okjökull, premier glacier de l'île volcanique disparu sous l'effet du réchauffement, un symbole pour alerter l'opinion. L'Okjökull a été déclassé par les glaciologues en 2014, et 400 autres sont en péril. LIRE AUSSI >> Après l'Islande, la Suisse commémore à son tour un glacier disparu Le Solheimajökull, qui s'étend sur dix kilomètres de long et deux de large environ, est une partie du Myrdalsjökull, quatrième calotte glaciaire d'Islande. La zone est hautement géothermique puisque en dessous de la glace sommeille Katla, l'un des cinq volcans les plus actifs et parmi les plus puissants du pays. Le glacier a reculé de 11 mètres en 2019, loin des 110 mètres record enregistré l'an passé. "Cela dépend plus ou moins du temps et de la façon dont le glacier se rompt (...), parfois une grosse partie du glacier se détache, tombe dans l'eau et vous obtenez une très très grosse mesure", explique Jon Stefansson. Au total, l'établissement scolaire a vu le front glaciaire se retirer de 380 mètres en presque dix ans. "Nous pensions que nous avions peut-être tort (à propos du réchauffement climatique, NDLR), mais quand on voit ça, c'est la preuve que non", clame Birna Björnsdottir, 12 ans. Même si les mesures ne sont pas parfaites et n'ont rien d'officiel, elles donnent une idée des changements en cours, qui semblent s'accélérer ces dernières années, et confirment la tendance observée par les scientifiques. En 2018, le Solheimajökull a en effet été parmi les trois glaciers du pays à détenir le record de recul annuel (environ 200 mètres), selon les données de l'Association de recherche sur les glaciers d'Islande. "Ce sont des changements assez subtils lorsque vous êtes ici tous les jours", concède Daniel Saulite, guide depuis cinq ans. "Mais le volume du glacier est beaucoup plus bas qu'auparavant. Il y a aussi beaucoup plus de crevasses sur le front et l'accès devient de plus en plus difficile", explique-t-il. La destination est très populaire chez les touristes. La compagnie Icelandic Mountain Guide, l'un des trois opérateurs à l'année, revendique 27 000 visiteurs en 2018. Les glaciers, qui recouvrent environ 11% de la superficie du pays, sont des caractéristiques distinctives des paysages de cette île colonisée il y a 1200 ans. Mais la fonte bouleverse le paysage. "Des lacs se forment devant plusieurs d'entre eux", note Hrafnhildur Hannesdóttir, glaciologue à l'institut météorologique d'Islande. Au total, les glaciers islandais ont perdu 250 km3 de glace depuis 25 ans, soit l'équivalent de 7% de leur volume total.
true
Par Rémy Prud’homme Rémy Prud’homme est Professeur émérite à l’Université de Paris XII. Il a enseigné aux Universités de Phnom-Penh, de Lille, de Paris XII, ainsi qu’au MIT (Massachusetts Institute of Technology). De 1974 à 1976 il a travaillé à l’OCDE comme Directeur-Adjoint de la Direction de l’Environnement. Le prix Nobel d’économie 2018 a été décerné à deux économistes américains très connus et très respectés : William Nordhaus et Paul Romer. Peut-être parce qu’il a été annoncé au moment de la sortie d’un nème rapport de la dernière chance publié par le GIEC, les catastrophistes officiels se sont empressés d’annexer ces économistes, en nous expliquant qu’ils étaient des spécialistes de l’environnement et d’ardents soutiens de l’alarmisme dominant. Il n’en est rien. Paul Romer n’a pratiquement rien écrit sur ce thème ; William Nordhaus a bien travaillé sur l’environnement mais les conclusions auxquelles il arrive sont très différentes du discours GIECien. Paul Romer, Professeur à New York University (NYU), qui a été un temps économiste en chef de la Banque Mondiale, a principalement travaillé sur la croissance économique. Il a contribué à dépasser la représentation classique, qui explique la production à partir du travail et du capital, et la croissance à partir de l’augmentation de ces deux facteurs. Le rôle essentiel, explique-t-il, est joué par la technologie, l’éducation, les institutions, le secteur public, etc. – des variables « endogènes » à la société. Son nom est associé à la notion de « croissance endogène ». Le hasard fait que j’ai passé quelques jours avec Paul Romer qui m’avait invité à NYU à un petit colloque sur la voiture autonome : à aucun moment il n’a fait référence au climat, ou au réchauffement ou même au CO2 ; et dans ses publications, je n’ai pas souvenir de travaux sur ces thèmes. Nordhaus, Professeur à Yale, a au contraire beaucoup travaillé sur ces thèmes. Il a synthétisé ses analyses dans un beau livre intitulé The Climate Casino publié en 2013. Il accepte, au moins provisoirement, la thèse du GIEC sur un réchauffement causé par les teneurs de l’atmosphère en CO2 anthropique. Il évalue le coût des dommages de ce réchauffement en fonction de son ampleur : coût réel pour un réchauffement de 1,5° (au dessus de la température de 1900), important pour 3°, très grand pour 5°. Et le coût des politiques de décarbonation en fonction de leur ampleur. La confrontation de ces deux courbes lui permet de définir un objectif optimal. Bien entendu, de tels calculs sont très difficiles à conduire, et Nordhaus, en savant honnête et prudent, est le premier à souligner la fragilité de ses évaluations. Si les alarmistes se donnaient le mal de lire l’auteur qu’ils s’approprient, ils seraient surpris, et furieux, de ses conclusions. L’objectif optimal, désirable pour l’humanité, varie de +2,5° dans le cas (peu réaliste selon Nordhaus lui-même) d’une politique universelle à environ +4° dans le cas (plus vraisemblable) d’une politique non universelle. On est loin du catastrophique +1,5° de la COP 21 ou de l’apocalyptique +2° décrit par le GIEC dans son rapport d’octobre 2018. Selon Nordhaus, un réchauffement de 1,5°-2° est insuffisant, et il faudrait viser un réchauffement deux fois plus important, de 2,5° à 4°. S’il présentait ses travaux à une réunion du GIEC, de l’IDDRI, ou d’un Climate Finance Summit, le Professeur Nordhaus serait accueilli à coup d’insultes et de tomates.
fake
Au moins 90% des matières radioactives présentées comme “valorisables” par l’industrie sont en fait des déchets radioactifs qu’elle refuse d’assumer. Soit près de 300 000 m³ qui s’ajoutent à l’inventaire officiel de l’ANDRA, et un surcoût d’au moins 18 milliards d’euros pour leur gestion. Telle est l’une des conclusions du rapport intitulé A quel prix? Les coûts cachés des déchets nucléaires, publié par Greenpeace France au cœur du débat public sur la gestion des déchets nucléaires [1]. « Nous démontrons dans ce rapport que la crise des déchets nucléaires est largement sous-estimée alors même qu’aucune solution n’existe pour s’en débarrasser. Dans les faits, la distinction entre “matières” et “déchets” n’a pas lieu d’être puisque seule une infime partie des matières radioactives est ré-utilisée. Aussi quand l’industrie parle de ‘recyclage’, c’est du pur greenwashing », décrypte Alix Mazounie, chargée de campagne Énergie à Greenpeace France. Le rapport déconstruit ce mécanisme rendu possible à cause d’une brèche dans la législation et détaille les conséquences qui en découlent en termes de volumes, de solutions de stockage et de coûts. « Nos calculs nous ont permis d’estimer que les volumes de déchets de haute activité à vie longue (HA-VL) sont cinq à sept fois supérieurs aux chiffres officiels. Or il s’agit des déchets les plus radioactifs et les plus complexes à gérer puisqu’ils supposent une solution de stockage fiable pour des dizaines de milliers d’années ou plus. Cela signifie qu’il faudrait à minima doubler les dimensions du projet Cigéo à Bure, ce qui gonflerait d’autant plus la facture de ce chantier contesté et creuserait davantage la dette d’EDF. A l’heure où on parle de renationaliser les activités nucléaires de l’exploitant, ces coûts cachés pèseront à terme sur l’ensemble des Français et Françaises », ajoute Florence de Bonnafos, chargée de campagne Finances à Greenpeace France. Alors que la Cour des comptes a pointé du doigt un chiffrage peu réaliste du projet Cigéo et l’opacité qui entoure la gestion des déchets, Greenpeace France réclame une opération transparence sur les coûts des déchets nucléaires. Plus généralement, dans le cadre du débat public qui se poursuit jusqu’au 25 septembre, Greenpeace continue de porter les demandes suivantes : Comptabiliser les « matières radioactives » non réutilisées dans la liste des déchets nucléaires d’EDF et prévoir plus de financements pour leur stockage. Mettre un terme au retraitement du combustible usé, qui multiplie les risques. Renoncer au projet d’enfouissement profond Cigéo et privilégier d’autres options, comme le stockage à sec en sub-surface. Mettre fin aux transports nucléaires inutiles (notamment ceux liés au retraitement) et interdire les passages en zone de concentration urbaine. En priorité : cesser de produire des déchets nucléaires en planifiant une sortie du nucléaire qui s’appuiera sur les économies d’énergie, l’efficacité énergétique et le développement d’énergies renouvelables, selon des scénarios compatibles avec la lutte contre le changement climatique. le rapport est disponible ici Notes aux rédactions : [1] Greenpeace participera à la réunion publique du mercredi 11 septembre 2019 organisée à Paris par la Commission nationale du débat public sur le thème “Économie des matières et déchets radioactifs : coûts, financement et garanties à long terme”. [2] En janvier 2019, Greenpeace a publié un précédent rapport intitulé La crise mondiale des déchets nucléaires, sur le risque de saturation en France et dans le monde. [3] En novembre 2016, une étude de l’analyste financier AlphaValue pour Greenpeace France alertait déjà sur le sous-provisionnement par EDF des charges liés au démantèlement et à la gestion des déchets.
biased
Qu’est-ce que cette conférence de DOHA ? Du 26 novembre au 7 décembre c’est la suite des conférences annuelles pour trouver un accord mondial sur le climat, après Copenhague en 2009, puis Cancun et Durban l’an dernier. A part le protocole de Kyoto, très insuffisant, il n’est pratiquement jamais rien ressorti de concret de ces conférences, sinon des vœux pieux. Le réchauffement climatique, mais ça existe encore ? C’est même en voie d’accélération. Cet été la banquise du Pôle Nord a battu un nouveau record de fonte, il ne reste que la moitié de ce qu’il y avait dans les années 80. Une fonte complète pourrait arriver dans les prochaines années (avant 2020), un évènement qui précédemment n’était pas prévu avant 2100. L’objectif de limiter le réchauffement à +2°C est-il maintenu ? Oui, mais c’est vraiment un vœu pieu. On en est aujourd’hui déjà à +0,8°C et on voit la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes à travers le monde. La Banque Mondiale vient de lancer une alarme car si on continue comme aujourd’hui on sera à +4°C en 2060, et là ce sera « une cascade de cataclysmes climatiques » qui risquent de détruire des grands pans de notre société et plusieurs centaines de millions de vies humaines. Pourtant, passer de +2°C à + 4°C, ce n’est pas la fin du monde ? L’évolution d’une température moyenne parait anodine, mais c’est trompeur. En fait, on pourrait traduire ce que nous dit la Banque Mondiale [1] de la façon suivante avec notre propre température. Avec + 2°C, vous avez tous les jours 39° de fièvre, ce n’est pas agréable, mais on survit et on peut encore essayer de faire baisser la température. Avec +4°C on atteint 41°C, et c’est rapidement mortel. Mais alors, quoi faire ? On sait très bien ce qu’il faut faire. Le CO2 est un gaz à effet de serre, qui est la cause du réchauffement en cours ; il faut rapidement arrêter nos émissions de CO2. Pour le monde entier, il faut commencer par les diviser par 2, ce qui pour nous français correspond à les diviser par 4. Comment diminuer ces émissions de CO2 ? Diviser par 2, par 4, ce n’est pas rien, c’est un changement profond. Le principe pollueur payeur est l’outil indispensable pour réduire cette pollution. Il faut mettre un prix sur le carbone. Aujourd’hui il coûte moins cher de prendre un avion low cost qu’un train, alors que l’avion est 10 fois plus polluant pour le climat. Il faut que ça change ! Le prix carbone incite chacun à moins consommer de carbone et fait payer les pollueurs. Que faire de l’argent ainsi récolté auprès des pollueurs ? Cet argent représente l’utilisation d’une ressource commune, d’un bien commun, l’atmosphère, et donc chaque être humain a droit exactement à la même part de ce bien commun. C’est la suite logique du principe pollueur payeur. Donc le principe juste c’est de partager également les revenus entre chaque citoyen du monde. Que donnerait au niveau mondial l’application de ces 2 principes ? A partir des données mondiales de consommation de carburants publiées par l’AIE [2] pour 2010, et en appliquant le prix de 32€ par tonne de CO2 (soit 8 centimes par litre de carburant) proposé par la commission Rocard, on obtient les chiffres annuels suivants : Dépense individuelle carbone moyenne par habitant et par an selon les pays : Américain du Nord : 600€, Européen de l’Ouest : 300€, Chinois : 130€, Indien : 50€, Sénégalais : 15€. Redistribution annuelle individuelle : 142€ Ce sont des chiffres moyens, chaque individu payant exactement selon sa quantité consommée de carbone, puisqu’il paie le prix du carbone à l’achat du carburant ou des produits en contenant, tandis que la redistribution, 142€, est la même pour tout le monde. Que disent ces chiffres ? Ceux qui vont payer ce sont ceux qui polluent le plus, ça tombe bien, ce sont les habitants des pays riches (et aussi les riches des pays pauvres). Par contre les pauvres, des pays riches et des pays pauvres, utilisent beaucoup moins de carbone, et la redistribution est bien supérieure à ce nouveau coût et pour une fois, ils seront favorisés. Ces chiffres disent aussi qu’avec un prix carbone modeste (8 centimes par litre de carburant) on arriverait à dégager des sommes gigantesques pour la redistribution : 300 millions d’américains vont contribuer en moyenne à hauteur de 458€ (600-142) ce qui représente plus de 130 milliards € par an. De même l’Europe de l’Ouest contribuerait à hauteur de 80 milliards €, des chiffres impressionnants et à la hauteur de l’enjeu. Va-t-on en parler à DOHA ? Probablement pas. Ceux qui négocient à DOHA font partie des classes dirigeantes, directement touchées par une telle mesure, c’est la seule explication pour laquelle le principe de prix carbone avec redistribution n’est pas immédiatement exigé par la majorité des pays pauvres, mais ils n’auront pas ce discours ! Ce que propose taca. C’est à nous citoyens de pays riches, et parait-il démocratiques, d’avoir le courage de regarder cette vérité qui nous dérange : au prix de quelques efforts financiers, nous pouvons mettre en mouvement l’ensemble des pays pour dé-carboniser l’économie mondiale et protéger notre atmosphère et l’avenir de nos enfants. Arrêtons d’agiter la responsabilité des charbons indiens et chinois qui en matière de pollution carbone sont des petits joueurs à coté de nous. Ces chiffres ne sont que le résultat de l’application basique du principe pollueur payeur et du principe que chaque être humain a droit à la même part ! Sommes-nous prêts à payer pour la pollution que nous émettons ? Sommes-nous prêts à payer notre part pour protéger le climat ? ................................
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Les dernières données satellites suggèrent que l’AMAS se divise L’agence spatiale américaine surveille étroitement une étrange anomalie dans le champ magnétique terrestre. Vaste région de moindre intensité magnétique, celle-ci s’étend entre l’Amérique du Sud et le sud-ouest de l’Afrique. Explications. Connu sous le nom « d’anomalie magnétique de l’Atlantique Sud » (AMAS), ce phénomène en constante évolution intrigue et préoccupe les ingénieurs de la NASA depuis des années. Ce, pour une raison simple : les satellites et les engins spatiaux de l’agence spatiale américaine sont particulièrement vulnérables à l’affaiblissement du champ magnétique au sein de cette région, et à l’exposition aux particules solaires très énergétiques qui en résulte. Comparé à une brèche dans le champ magnétique terrestre ou à une sorte de « nid-de-poule », ce phénomène n’affecte généralement pas la vie sur Terre, à l’inverse des engins spatiaux en orbite basse (y compris la Station spatiale internationale), qui sont amenés à traverser directement cette anomalie. Lors de ces incursions, l’intensité réduite du champ magnétique signifie que les systèmes et instruments à bord des satellites peuvent connaître des pannes ou des dysfonctionnements s’ils sont frappés par les protons à haute énergie émis par le Soleil. Bien que ces chocs aléatoires n’engendrent généralement que des problèmes mineurs, ils risquent de causer à terme des pertes de données importantes, voire des dommages permanents aux composants clés. Des menaces qui obligent régulièrement les opérateurs de satellites à arrêter les systèmes que ces derniers embarquent avant qu’ils ne pénètrent dans la zone. Pour la NASA, suivre activement l’AMAS constitue une opportunité rare d’étudier un phénomène aussi complexe et d’identifier des moyens d’atténuer les risques liés à l’exposition aux particules solaires dans le cadre de missions spatiales. « Le champ magnétique est en fait une superposition de champs provenant de nombreuses sources », explique le géophysicien Terry Sabaka du Goddard Space Flight Center. Décrite comme un océan tourbillonnant de fer en fusion à l’intérieur du noyau externe de la Terre, sa source primaire est localisée à des milliers de kilomètres sous la surface. Le mouvement de cette masse génère des courants électriques qui créent le champ magnétique terrestre, mais pas nécessairement de manière uniforme. Localisé à environ 2 900 kilomètres sous le continent africain, un large et dense réservoir rocheux perturbe la génération du champ, ce qui entraîne un effet d’affaiblissement spectaculaire, se trouvant favorisé par l’inclinaison de l’axe magnétique de la planète. « L’AMAS peut également être interprétée comme une conséquence de l’affaiblissement de la dominance du champ dipolaire dans cette zone », explique le géophysicien Weijia Kuang. « En d’autres termes, un champ localisé avec une polarité inversée croît fortement dans l’Atlantique Sud, ce qui a pour effet d’affaiblir largement l’intensité du champ magnétique par rapport aux régions environnantes. »
true
PODCAST. « Animal », le nouveau film de Cyril Dion : « Pour la biodiversité, c’est de pire en pire » Six ans après « Demain », Cyril Dion, réalisateur et écrivain, récidive avec « Animal », film qui sera en salle mercredi 1er décembre 2021. Un road trip écologiste qui pose la question de la préservation de la biodiversité. Un documentaire qui fait la part belle aux émotions, non moralisateur et porteur aussi d’espoirs, malgré un tableau plutôt sombre. Rencontre en podcast avec un citoyen du monde engagé. Newsroom est le podcast des invités de la rédaction d’Ouest-France. Dans cet épisode, nous accueillons le réalisateur, écrivain, poète et militant écologiste Cyril Dion. Auteur, avec l’actrice Mélanie Laurent, du documentaire « Demain », qui a reçu le César du meilleur doc en 2016, il récidive avec « Animal », en salle à partir de ce 1er décembre 2021. Écoutez le podcast depuis le player ci-dessous Ou via le Mur des Podcasts Ou depuis les plateformes Apple, Google, Deezer, Spotify Accompagné de deux jeunes ados, l’anglaise Bella et le Français Vipulan, Cyril Dion propose un nouveau road trip écolo, qui traite cette fois de la question de la biodiversité. Après avoir dressé un constat rude de la destruction des espèces, il s’en va, avec les deux jeunes militants écolos, à la rencontre de différents acteurs de ces questions : producteurs, scientifiques, lobbyistes politiques… « Depuis mon dernier film, les choses ne se sont pas améliorées, explique Cyril Dion dans ce podcast. Ce n’est pas une impression, malheureusement, quand on regarde les chiffres, que ce soit le rapport du GIEC qui vient de sortir, que ce soit les chiffres sur la biodiversité, c’est de pire en pire. Là, les climatologues pensent que la barre fatidique du 1,5 degré qu’on ne devrait pas dépasser d’ici 2100, on va la dépasser entre 2030 et 2035, ce qui est dramatique. On voit déjà les conséquences des changements climatiques depuis 2018. On a des étés qui sont de plus en plus terrifiants à la fois avec des canicules, des incendies géants dans plein de parties du monde qui ont aussi un impact sur la biodiversité d’ailleurs. » « Le film permet de traverser plein d’émotions » Un film qui dresse un panorama forcément un peu sombre mais qui se veut pédagogue et pas moralisateur. Il y a aussi des signes d’espoir. « On avait envie que le film permette aux spectateurs de traverser plein d’émotions différentes : à la fois la douleur et la colère de ce qu’on est en train de faire au monde vivant. Parce que la plupart des humains ont besoin de ça pour réagir. On a besoin de faire l’expérience des choses. Mais aussi l’enthousiasme, l’espoir, l’émerveillement par rapport à la beauté du monde sauvage et l’identification à ces deux ados formidables que sont Bella et Vipulan (les deux jeunes militants qui sont dans le documentaire). On a aussi voulu montrer, comme dans « Demain », des gens merveilleux pour montrer que l’humain est capable du pire, mais qu’il est capable du meilleur aussi. » Cyril Dion parle aussi dans ce long podcast de ses combats, de ses espoirs et désespoirs. De la politique et de ses déceptions. « C’est comme si on était dans un train qui va à 300 km heure, qui fonce sur une montagne. Ce qu’on veut, ce n’est pas ralentir le train à 200 km heure. On veut changer de train, donc on veut changer d’endroit où on va. L’endroit où on veut aller, c’est ne pas s’écraser sur la montagne, c’est défendre le vivant. Et pour le moment, les propositions qu’on nous a fait ou les actions que les responsables politiques conduisent, c’est ralentir le train. C’est continuer à aller dans le même sens, mais moins vite, en utilisant un peu moins de plastique, en faisant que les voitures polluent un peu moins… » Concernant la COP26 qui se tient à Glasgow, Cyril Dion « attend que les responsables politiques prennent des engagements contraignants à court et moyen terme. On a vu que l’accord de Paris avait vraiment marqué une étape et qu’il y avait une forme de consensus sur toute la planète pour dire : « bon, OK, on sait que le réchauffement climatique, c’est très grave, qu’il faut qu’on fasse quelque chose. Il faudrait qu’on reste en dessous de 1,5 degré. » Cinq ans plus tard, qu’est-ce qu’on se donne comme objectif ? À quelle échéance ? Et idéalement, il faut que les échéances soient plutôt à 2030. Et comment on s’assure qu’ils vont être respectés. » Un entretien audio à retrouver sur Le Mur des Podcasts d’Ouest-France. Cyril Dion est interrogé par Yves Gourmelon et Édouard Reis-Carona, journalistes à Ouest-France. Bonne écoute.
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Climat : l’Afrique du Sud peine à s’extraire du charbon L’ennemi de la Cop26 qui ouvre dimanche 31 octobre 2021 en Écosse a été désigné : c’est le charbon. Très dépendante, l’Afrique du Sud veut en sortir, mais cherche des sous et entame juste sa transition énergétique. L’Afrique du sud est connue pour ses réserves d’animaux. Beaucoup moins pour ses quinze centrales électriques. Celles-ci contribuent à faire de ce pays de 59 millions d’habitants le douzième émetteur mondial de gaz à effet de serre, premiers responsables du réchauffement climatique. 90 % de l’électricité y est produite à partir du charbon, alors que son ciel ensoleillé et ses côtes venteuses en feraient un paradis pour les énergies renouvelables. Mais comment financer la transition, quand les coffres publics sont vides, après des années de corruption et de mauvaise gestion ? C’est là que la France, la Grande-Bretagne, l’Union européenne et les États-Unis veulent intervenir, en accordant des prêts à très faibles taux d’intérêt. Un accord avant la Cop26, qui s’ouvre le 31 octobre, ferait du pays de Mandela un modèle de financement de la transition énergétique dans les pays du Sud. La ministre française, Barbara Pompili, est venue en discuter avec sa collègue sud-africaine, Barbara Creecy, et le patron de la compagnie sud-africaine d’électricité Eskom, André de Ruyter, vendredi 15 octobre, à Pretoria. L’électricien le plus polluant au monde Labellisé comme le producteur d’énergie le plus polluant au monde par le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur, Eskom estime avoir besoin de dix milliards d’euros pour se convertir à l’énergie propre. Lourdement endettée (23 milliards d’euros), l’entreprise aura de plus en plus de mal à emprunter auprès des banques, réticentes à financer des industries sales ». Les produits sud-africains risquent aussi d’être boycottés à l’avenir, selon le chef de l’État, Cyril Ramaphosa. Il faut agir avec urgence et ambition, a-t-il déclaré. Nous allons fermer les centrales électriques au charbon et investir dans de nouvelles capacités de production à faible émission de carbone, telles que les énergies renouvelables ». L’aide internationale – qui couvrira une partie de l’enveloppe – viserait aussi à promouvoir la production de voitures électriques et d’hydrogène vert. Reste à convaincre le ministre des Mines. Issu des syndicats, Gwede Mantashe craint une hémorragie : 91 000 emplois directs sont concernés. L’activité économique dépendant du charbon représenterait 70 % des recettes d’exportation, 60 % du PNB (Produit national brut) et 45 % de l’emploi, selon le Conseil sud-africain des mines. Nous ne devons pas provoquer l’effondrement de notre économie parce que nous sommes avides de financements verts », objecte Mantashe, qui a boycotté la visite récente d’une délégation internationale conduite par John Murton, représentant de la présidence britannique de la Cop26. Selon le ministre, l’avenir réside dans le gaz – Total est en train d’explorer un énorme gisement offshore au sud du pays – et le nucléaire. Mais le premier est polluant, le second très coûteux. Après avoir freiné le développement des énergies renouvelables pendant deux décennies, Pretoria a changé de cap. Mais la route est encore longue pour faire de l’Afrique du Sud un paradis vert.
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Le temps est donc venu de produire les narratifs de demain », écrivait Laurence Monnoyer-Smith, ici-même, dans sa tribune du 19 mai, qui annonçait le projet Narratopias. Elle précisait : « ceux qui sauront susciter le désir des femmes et des hommes pour un autre monde, soutenable celui-ci. » Cet appel à un ou plusieurs « nouveaux récits » retentit un peu partout. Au Forum Économique Mondial : « nous avons besoin de nouveaux récits afin de rassembler en faveur d’un monde plus inclusif et durable à un moment où, comme l’affirme Greta Thunberg, « notre maison brûle » ». Chez Pablo Servigne, pourtant assez éloigné de Davos : « L’enjeu, aujourd’hui, est de s’accorder sur un récit (ou plusieurs), et de le co-construire ensemble. De s’ouvrir de nouveaux horizons. » Chez la philosophe Isabelle Stengers : « S’il existe une post-anthropocène qui mérite d’être vécue, celles et ceux qui l’habiteront auront besoin d’autres récits, où aucune entité n’occupe le centre de la scène. » Ces récits sont convoqués pour faire face à un adversaire commun : la catastrophe écologique. Une catastrophe annoncée depuis longtemps, dont nous vivons déjà les prémisses, que la grande majorité de la population redoute mais qui, pourtant, ne suscite pas d’actions à la hauteur de la situation. Pourquoi la raison ne suffit-elle pas ? Parce que, selon les mots de la philosophe Isabelle Delannoy, « une civilisation, c’est un ensemble de techniques, de cultures et de représentations du monde. Aujourd’hui, si nous voulons raconter le nouveau monde, nous devons trouver de nouveaux mots. (…) Comment, avec des mots connus, raconter l’inconnu ? » La journaliste Naomi Klein ou encore le promoteur des « villes en transition » Rob Hopkins qualifient ainsi le changement climatique de « plus grand échec de l’imagination de l’histoire de l’humanité. » Comment quelque chose d’aussi fragile qu’un récit pourrait-il s’opposer à un phénomène aussi massif que le changement climatique ? Comment quelque chose d’aussi fragile qu’un récit pourrait-il s’opposer à un phénomène aussi massif que le changement climatique ?
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Une nouvelle enquête de Greenpeace International démontre que ni les certifications prétendument durables, ni les engagements volontaires unilatéraux des entreprises utilisant de l’huile de palme ne sont suffisants pour stopper la destruction des forêts. C’est la preuve que les Etats, notamment la France, doivent aujourd’hui prendre leurs responsabilités en mettant en place des régulations plus contraignantes dans le secteur de l’huile de palme. Concession PT Megakarya Jaya Raya (PT MJR) pour la production d’huile de palme en Papouasie, Indonésie. © Ulet Ifansasti / Greenpeace D’après des analyses satellites de Greenpeace, près de 4 000 hectares de forêts tropicales indonésiennes ont été détruits en Papouasie sur la concession de PT Megakarya Jaya Raya (PT MJR) entre mai 2015 et avril 2017 – une surface équivalente à plus de 5 500 terrains de football. La déforestation touche notamment à des zones de tourbières que le gouvernement indonésien avait identifiées comme « zones à protéger » suite aux feux de forêts dévastateurs de 2015 [1]. Toute activité de développement de plantations est censée être interdite dans ces zones. PT MJR est une entreprise de plantations contrôlée par le groupe HSA qui fait partie des fournisseurs de multinationales comme Mars, Nestlé, PepsiCo et Unilever [2]. Depuis presque 10 ans, ces multinationales prétendent faire le ménage dans leur chaîne d’approvisionnement d’huile de palme mais continuent à se fournir auprès d’entreprises qui détruisent les forêts [3]. Pour Greenpeace France, face au laxisme des multinationales, le gouvernement français doit agir et mettre sur pied une stratégie ambitieuse pour lutter contre la déforestation importée et ses effets catastrophiques sur le climat. « Puisque même les entreprises les plus transparentes ne tiennent pas leurs engagements, il y a urgence à ce que le gouvernement français prenne des mesures ambitieuses pour réguler les importations d’huile de palme. Les discussions en cours sur la Stratégie Nationale contre la Déforestation Importée portée par Nicolas Hulot sont cruciales : la crédibilité de la France dans la lutte contre le changement climatique est en jeu. », analyse Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts à Greenpeace France. Notes aux rédactions Photos disponibles pour les médias ici. [1] En 2016, le ministre indonésien des Forêts et de l’Environnement a adopté une nouvelle réglementation sur les tourbières (réglementation PP 57/2016) visant à redéfinir les zones de protection et de production. Sur les cartes de ce nouveau découpage, publiées en février 2017 (SK130/2017), on peut voir que certaines parties de la concession PT MJR ont été identifiées comme zones à protéger. [2] PT MJR est détenue par le groupe Hayel Saeed Anam (HSA), un important conglomérat privé yéménite, détenu et géré par la famille de son fondateur, Hayel Saeed Anam. Sur son site, HAS affirme qu’il vient « d’acheter 160 000 acres de terres en Indonésie pour cultiver de l’huile de palme durable », sans pour autant préciser le nom ou l’emplacement de la concession. Cependant, les statuts du groupe montrent que plusieurs membres de la famille Saeed Anam gèrent quatre concessions dans la province indonésienne de Papouasie, y compris la concessions PT MJR, pour une surface totale de 154 527 hectares. [3] Bien que la concession PT MJR ne soit pas encore en phase de production, deux autres filiales de HSA (le groupe Arma et Pacific Oils & Fats) ont fourni de l’huile de palme à Mars, Nestlé, PepsiCo et Unilever, d’après les informations publiées par ces marques plus tôt cette année. Chacune de ces multinationales a pourtant adopté une politique « zéro déforestation, zéro destruction des tourbières et zéro exploitation de la main d’œuvre », en vertu de laquelle elles ne devraient pas s’approvisionner auprès de fournisseurs qui détruisent les forêts tropicales.
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On s’en rappelle avec une émotion qui noue la gorge et embue les yeux ; c’était il y a un an : le féminisme de combat de Marlène Schiappa marquait enfin d’une pierre blanche une victoire décisive sur l’adversité et le monde méchant qui en veut à toutes les femmes en faisant adopter la loi contre « Le Harcèlement De Rue ». La France, propulsée dans une nouvelle dimension de citoyenneté duveteuse, avançait enfin dans la lumière. Un an plus tard, c’est le moment idéal de dresser un petit bilan, histoire de bien montrer à quel point nos secrétaires, nos armoires, nos guéridons et nos potiches d’État sont indispensables à la sécurité de nos compatriotes. Cela tombe bien, toute la presse frémit pour nous transmettre cette information capitale : plus de 700 contraventions ont été dressées. Malgré tout, s’il est vrai qu’il est toujours plus simple de dresser des contraventions que des individus à ne pas se comporter comme de parfaits crevards, et malgré le tour fanfaron donné par la presse et le gouvernement à ce bilan, force est de constater qu’un peu plus de 700 contraventions pour ce fléau moderne des cités françaises, cela fait franchement médiocre. Pourtant, tout avait commencé sous les meilleurs auspices : une secrétaire d’État au taquet, qui avait poli son texte de loi en le frottant aux plus abrasives des intelligences, une volonté claire et affichée par tout l’appareil d’État, le soutien inconditionnel de toute la classe jacassante véritablement au garde-à-vous pour bouter le sexisme, le fascisme, le libéralisme et les trottoirs trop étroits hors de France, une loi ciselée, une applicabilité sans faille grâce à une administration policière redoutable d’efficacité doublée d’une Justice irréprochable, vraiment toutes les bonnes fées s’étaient penchées sur cette œuvre schiappatesque. Manque de bol, la meilleure volonté du monde se heurte parfois au monde moderne, âpre, et à la réalité physique, intransigeante : outre une absence scandaleuse de volonté de la part des pouvoirs publics d’élargir les trottoirs, il faut reconnaître que 713 procès verbaux (soit pas tout à fait 2 par jour), cela semble intuitivement très, très, très en-dessous de la réalité tangible du Harcèlement De Rue ou, pour le dire en français courant, du nombre de tentatives de dragues lourdingues voire d’agressions sexuelles que certaines doivent subir tous les jours dans leurs quartiers animés. Manifestement, choper de l’impétrant en plein outrage sexiste n’est pas aussi simple que ce que Marlène laissait croire lorsqu’elle besognait sa loi entre deux grommellements gutturaux. Cet écart par rapport à la réalité n’a pas manqué d’être noté par les associations de féministes qui se sont donc fendues de grosses réserves suite à la publication des chiffres officiels. Pas étonnant : on leur avait vendu un outil enfin efficace pour faire taire les harceleurs, stopper les gestes déplacés et en finir avec les attitudes scandaleuses, on se retrouve avec un bricolage administratif approximatif dont l’impact est… nul. Tout porte à croire en effet que les auteurs de ces outrages et de ces harcèlements se débrouillent pour opérer loin de la police, ou, au moins, lorsqu’elle n’est pas là. Il faut dire qu’à côté du monde fantasmé par la loi, où le harcelé peut déposer plainte aisément contre son harceleur, et dans lequel ce dernier est facilement condamnable, le monde réel n’offre aucune facilité aux victimes. Ainsi, bien que les lieux où ces harcèlements se pratiquent de façon industrielle soient connus de tous, on n’y voit que très rarement des forces de l’ordre. Forces de l’ordre qui ont de toute façon reçu des consignes claires de ne surtout pas aller « provoquer des incidents » (lire « faire leur travail ») dans ces quartiers, la situation étant déjà tendue et la République ayant d’autres chats (généralement automobiles et solvables) à fouetter. Ce serait tout de même idiot de risquer une bordée d’insultes finissant en « phobes » et une flambée dans certaines banlieues en tentant d’y faire respecter l’ordre et le calme alors qu’aller brigander de la classe moyenne sur les routes du pays est nettement plus lucratif et foutrement moins dangereux. Ainsi, il est réputé particulièrement complexe de trouver des témoignages solides et concordants pour confondre les perpétrateurs. S’ajoute à cette difficulté le naturel besoin de la Justice de ne surtout pas stigmatiser les mauvaises personnes (« les hommes non blancs », selon Elsa Cardona ou Anaïs Bourdet), qui, bien que défavorablement connues des forces de l’ordre, ont toujours eu pour elles d’être en porte-à-faux avec la société méchante qui les martyrise ou — mode du moment — sont parfois aussi déséquilibrés que le climat. Bref, derrière les 713 condamnations, on comprend surtout que, comme prévu, la loi Schiappa se traduit par un flop mou dont on peut parier, les prochaines années, qu’on n’en entendra plus parler. La loi perdurera, avec la myriade de ces autres lois de circonstances pondues à la va-vite pour répondre par l’émotion législative à une émotion sociétale, le tout en ayant consciencieusement écarté non seulement toute analyse réelle du problème, mais aussi toute solution opérationnelle efficace. Pourtant, ni cette analyse ni les solutions ne sont complexes à évoquer. Pour l’analyse, est-il réellement nécessaire de revenir sur le manque total d’éducation et de tenue des individus qui s’adonnent à ces pratiques ? Est-il utile de détailler l’abandon complet de toute autorité, depuis les parents jusqu’aux administrations en passant par la Justice et les médias qui se relaient depuis 40 ans pour broder des tissus d’excuses à ces attitudes insupportables et à toutes les autres, y compris les plus criminelles ? Est-il vraiment nécessaire d’expliquer que ces attitudes de voyous et de prédateurs frustrés ne sont que le résultat de 40 ans de laxisme qu’on a fait passer, avec la décontraction caractéristique des hypocrites manipulateurs, pour une lutte contre le racisme, la xénophobie ou toute autre niaiserie sociétale destinée à camoufler le problème ? Quant aux solutions, en plus de celles connues (ne serait-ce que par contraposée de l’analyse précédente) et des évidents efforts en matière d’éducation et d’intransigeance de toutes les sphères concernées, tant privées que publiques, notons tout de même que les individus autonomes restent encore une fois les mieux placés pour résoudre le problème, bien avant l’État, ce véritable serpent obèse (très encombrant, une gueule immense toujours ouverte et affamée mais jamais de bras) : on peut signaler une solution comme Handsaway, proposée par une association loi 1901, pour signaler et localiser une agression avec son smartphone ce qui permet aux inscrits (40 000 à ce jour) proches du lieu de l’agression d’intervenir, de témoigner ou d’apporter son soutien à la victime. Néanmoins, ne nous leurrons pas : les citoyens français ont été châtrés de toute possibilité de légitime défense, consciencieusement honnie dans le pays, et de toute idée de Justice, constamment tordue et bafouée par des principes moraux dévoyés. N’en déplaise à Schiappa, tant que ces problèmes n’ont pas été résolus, les harceleurs et autres gouapes auront de beaux jours devant eux. —- Sur le web
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Alors que les pays du G 8 viennent de publier une déclaration sur les changements climatiques, Greenpeace déplore qu’encore une fois les principaux pollueurs de la planète envoient un signal déplorable au reste de la communauté internationale. « Au premier abord, on pourrait croire que cette déclaration constitue un pas en avant, mais à y regarder de plus près, il n’en est rien. La déclaration commune des pays du G 8 réunis à Toyako, au Japon, est tout simplement affligeante, et l’objectif à long terme avancé par les pays du G 8 est vide de sens », déplore Karine Gavand, responsable de la campagne Climat à Greenpeace France. Le 8 juillet, les dirigeants des huit pays les plus industrialisés ont déclaré qu’ils s’engageaient pour que les émissions mondiales de gaz à effet de serre soient réduites de moitié d’ici à 2050. Cette déclaration est volontairement floue et totalement inadéquate avec le défi climatique : – elle ne contient pas d’année de référence, élément fondamental pour juger d’une quelconque ambition ; – elle évoque un engagement global, mais aucun engagement précis et concret concernant les seuls pays du G 8, qui, sans aucune légitimité, s’expriment au nom de la communauté internationale ; – enfin, elle omet tout objectif de moyen terme, à l’horizon 2020, qui prouverait une véritable volonté d’agir. « La seule bonne nouvelle de ce G 8, c’est que c’est le dernier de Bush, reprend Karine Gavand. Chaque année, les pays du G 8 signataires de Kyoto continuent de faire le jeu de l’administration américaine, qui fait tout pour torpiller les négociations internationales. Rien n’oblige les autres membres du G 8, dont la France, qui vient de prendre la présidence de l’UE, à accepter un accord aussi déplorable, qui envoie un signal épouvantable au reste du monde. » Pour Greenpeace, les discussions sur le climat qui ont eu lieu durant la réunion du G 8 à Toyako constituent une perte de temps, tout comme celles qui vont commencer le 9 juillet lors de la réunion des « Major economies meeting » (MEM). Ce processus parallèle lancé par les États-Unis et regroupant le G 8 et les cinq grands émergeants (Afrique du Sud, Chine, Inde, Brésil et Mexique), ainsi que l’Australie, l’Indonésie et la Corée du sud. « Les Nations unies sont la seule et unique enceinte légitime pour lutter contre les changements climatiques, conclut Karine Gavand. Le G 8 ou les réunions des MEM nous font perdre du temps, alors qu’il ne nous reste que 100 mois pour inverser la courbe de nos émissions de gaz à effet de serre. Le monde a besoin que les huit pays les plus riches, qui n’hébergent que 13 % de la population mondiale et rejettent 40 % des gaz à effet de serre, montrent l’exemple dans la lutte contre le dérèglement du climat et s’engagent unilatéralement sur des objectifs précis, contraignants et de moyen terme de réduction de leurs propres émissions. »
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Au moment où ce papier est écrit, un premier texte de la présidence mexicaine est présenté comme ébauche de résultat final, dix minutes avant l’assemblée plénière de la conférence des parties, dans laquelle plusieurs délégations se sont inquiétées du manque de transparence de la négociation. Les objectifs de réduction des émissions réelles ne semblent plus être le sujet central des discussions. Ils sont abandonnés par tous ceux qui ne les atteindront pas et qui savent que leurs propositions cumulées, celles qu’ils ont déclarées sans engagement après « l’accord » de Copenhague, signifieraient un réchauffement global de la planète de de 3°C à 5°C. Mais ils sont aussi abandonnés, au nom du « pragmatisme » : ne pas parler des choses qui fâchent pour avancer sur des sujets précis, la lutte contre la déforestation et la création d’un fonds vert. Soit, mais de la même façon que le néolibéralisme a retourné le mot réforme, en faisant des causes des crises les solutions pour les résoudre, le « pragmatisme » conduit souvent à des solutions qui ne font que poursuivre la dégradation de la planète et de l’atmosphère : la planète réelle mène la vie dure aux bonnes intentions. Agrocarburants, séquestration du carbone, marchés du carbone, attestent les échecs successifs des fausses solutions. Le projet de texte, qui laisse ouvertes plusieurs options pour la négociation, est encore plus imprécis en matière de réduction que celui de Copenhague ; il ne fixe même plus de date pour atteindre l’objectif d’un réchauffement maximum de 2°C ! Le Venezuela et la Bolivie, applaudis par une part de l’assemblée, ont vivement dénoncé ce nouveau recul, relayés par les États insulaires et le représentant du G77 plus la Chine. L’ambassadeur de la Bolivie aux nations unies, Pablo Solon, a souligné qu’aucune négociation officielle n’avait porté sur les chiffres de réduction dans cette première semaine de négociations. Des marchés du carbone sans le protocole de Kyoto ? Paradoxalement, le Japon, suivi par d’autres pays de manière plus ou moins explicite, en annonçant clairement sa volonté d’en finir avec le protocole de Kyoto et de renoncer à toute idée de traité contraignant pour les pays industriels, a relancé la discussion. Les pays latino-américains regroupés dans l’ALBA, ont réagi vivement, en signifiant à la fois leur volonté d’avancer dans le processus de négociation et l’impossibilité de le faire sans un cadre qui délimite les responsabilités et les engagements et permette une nouvelle phase d’engagements pour les pays industriels après 2012. L’Union européenne manie toujours le double discours : une volonté affichée de s’engager dans une deuxième phase du protocole, d’« examiner » la poursuite du processus tout en demandant un accord contraignant engageant les « plus grandes économies du monde ». Autant dire, un renoncement au contenu du protocole, dans sa partie la plus politique : la reconnaissance de fait d’une dette écologique des pays industriels. La préoccupation européenne est ailleurs : sauver du protocole les mécanismes de flexibilité et le marché du carbone dont l’inefficacité écologique est pourtant attestée par de nombreux rapports. Le fonds vert en panne La bulle atteint précisément son comble en matière de financement de la lutte contre le changement climatique. La crise financière aidant, les négociations se poursuivent sans qu’un centime réel soit posé sur la table et sans rien ajouter de plus que ce qui était conclu à Copenhague. On parle donc de sommes virtuelles, qui en l’absence d’engagements des États, ne pourraient venir que de la réorientation d’aides déjà existantes ou du secteur privé, via les marchés du carbone notamment. Les pays du Sud demandent un engagement financier obligatoire et additionnel des États de l’ordre de 1,5% du produit national brut. Mais pour cela, des ressources nouvelles doivent être levées ; c’est pourquoi une taxe sur les transactions financières, qui ne fait pas partie des discussions du Moon Palace, permettrait à la fois la lutte contre la spéculation et la possibilité pour les États de retrouver des marges de manœuvre pour le financement de l’adaptation au changement climatique et de la réduction des émissions. La Banque mondiale aux avant-postes Et ce qu’on appelle le pragmatisme est soumis à rude épreuve face à l’intransigeance de la finance internationale, qui par des canaux divers, refuse de voir la création d’un fonds vert mondial sous la responsabilité des Nations unies : la Banque mondiale pourrait être définitivement promue comme administratrice de ce fonds. Autant dire que cette position est inacceptable pour plusieurs raisons : cette banque ne finance que des projets de grande taille financière, excluant donc les milliers de projets locaux sans lesquels la transition ne sera pas possible, elle est engagée dans des projets désastreux sur un plan écologique et social et constitue plutôt le problème que la solution ; enfin cette institution n’est qu’un canal financier qui pratique des prêts au lieu des dons pourtant essentiels pour tous les pays, déjà souvent très endettés et qui doivent de surcroît se battre contre les catastrophes climatiques, dont ils ne portent pas la responsabilité. À moins d’attendre l’éclatement de la bulle avec des catastrophes majeures, le retour du réel et celui d’un véritable pragmatisme ne pourront se réaliser que par la pression des sociétés et des mouvements sociaux, présents ici loin des négociations. Une présence paradoxale dans cette ville véritable enclave ou plutôt verrue transnationale. 📨 Ne passez plus à côté des infos de l'écologie
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Fionn Fereira a grandi sur la majestueuse côte sud de l’Irlande, mais à l’âge de douze ans, il a remarqué un étrange reflet dans l’eau. Il était causé par les microplastiques, de minuscules particules de plastique ne dépassant pas 5 mm de long, et dont personne ne savait comment se débarrasser. Ces microplastiques correspondent à la fin du cycle de vie connu des produits en plastique omniprésents dont nous sommes devenus dépendants : bidons de lait, récipients à condiments, emballages de bonbons, stylos, imprimantes, jouets, brosses à dents, sièges de toilettes, et ainsi de suite à l’infini. Nous sommes entourés de plastique. Il est imperméable, malléable et durable, et c’est pourquoi nous l’avons utilisé pour fabriquer à peu près tout depuis son invention au début du XXe siècle. Mais nous savons aujourd’hui que sa durabilité pose également de sérieux problèmes. L’INCONVÉNIENT DE LA DURABILITÉ Dans la plupart des cas, les plastiques mettent des centaines d’années à se dégrader, ce qui signifie que la plupart des 8,3 milliards de tonnes produites depuis le début des années 1950 existent toujours. L’étude la plus complète estime que seuls 12 % ont été incinérés et 9 % recyclés. Les 79 % restants se trouvent dans des décharges ou jonchent le sol quelque part. Une grande partie de ces déchets finit dans l’océan, soit quelque 8 millions de tonnes par an. D’où la grande plaque de déchets du Pacifique, un gigantesque tourbillon de microplastiques, de bouteilles, de sacs, de filets de pêche et d’autres déchets entre la Californie et Hawaï. Variant en fonction des vents et des conditions météorologiques, sa dimension est estimée entre celle du Texas et deux fois celle de la France. Certains disent que, d’ici 2050, il y aura plus de plastique dans l’océan que de poissons (937 millions de tonnes de plastique et 895 millions de tonnes de poissons). Il y a aussi l’île d’Henderson au milieu du Pacifique, à quelque 3300 miles de l’Amérique du Sud et 3200 miles de la Nouvelle-Zélande. Bien qu’elle soit isolée, inhabitée et de la moitié de la taille de Manhattan, les courants ont rejeté sur le rivage quelque 19 tonnes de déchets, donnant à ses plages de sable blanc une densité de débris supérieure à celle de tout autre endroit sur Terre. Partout dans le monde, des animaux sont pris dans les débris de plastique. Beaucoup sont mutilés ou tués par eux. Et beaucoup d’autres les prennent pour de la nourriture. Une étude a trouvé du plastique dans l’estomac de 90 % des oiseaux examinés, et une autre en a trouvé dans 100 % des tortues de mer examinées. Des expériences en laboratoire ont également démontré que le plancton consommé par toutes sortes d’autres créatures marines, ingérait du plastique. DU PLASTIQUE… POUR LE DÎNER ? Sans surprise, le plastique fait désormais partie de la chaîne alimentaire humaine. Dans une étude menée par des scientifiques de l’université Brunel de Londres et de l’université de Hull, des microplastiques ont été décelés dans toutes les moules analysées provenant de huit zones différentes du littoral britannique et de huit supermarchés différents. Sur la base de ces résultats, il est prévu que les consommateurs qui mangent ces coquillages, longtemps considérés comme les purificateurs de l’océan, ingéreront « 70 microplastiques pour 100 g de moules transformées ». Du plastique a également été retrouvé dans un tiers des poissons pêchés au Royaume-Uni. « La mer nous renvoie les déchets humains », écrit Philip Hoare dans The Guardian. Une petite étude menée auprès de personnes en Europe, en Russie et au Japon, a prouvé que les selles de chaque participant contenaient des microplastiques. Philipp Schwabl, chercheur à l’université de médecine de Vienne, qui a dirigé l’étude, a déclaré : UN DOGGY BAG, S’IL VOUS PLAÎT… La pollution plastique est un problème majeur. Décriant notre culture du tout jetable, certains se tournent de plus en plus vers le gouvernement afin qu’il réglemente d’une manière ou d’une autre la présence du plastique. Cent vingt-sept pays disposent aujourd’hui d’une réglementation sur le plastique, certaines plus strictes que d’autres. En 2017, le Kenya a adopté l’interdiction la plus sévère, qui punit ceux qui fabriquent, distribuent ou vendent des plastiques dits à usage unique d’une amende pouvant atteindre 40 000 dollars ou quatre ans de prison. Certains ont applaudi cette interdiction comme un succès, le gouvernement affirmant que 80 % des Kényans n’utilisent plus ces plastiques illicites. Pourtant, comme l’indique un titre de presse, « Malgré son interdiction pionnière, le Kenya se noie dans le plastique à usage unique ». Le professeur Judi Wakhungu, qui a instauré l’interdiction alors qu’il était ministre de l’Environnement et des ressources naturelles du Kenya, a déclaré en 2020 : Que cette interdiction et d’autres soient efficaces ou non, beaucoup reconnaissent aujourd’hui que de telles mesures ont des conséquences inattendues. Bien que les acheteurs thaïlandais aient commencé à utiliser des brouettes, des bagages et des seaux en plastique pour transporter leurs achats à la suite de l’interdiction des sacs en plastique dans le pays en 2020, ailleurs, les consommateurs optent généralement pour des sacs en papier. Mais, selon Wired : Selon une étude de 2011 de l’Assemblée d’Irlande du Nord, « il faut plus de quatre fois plus d’énergie pour fabriquer un sac en papier que pour fabriquer un sac en plastique » et « 91 % d’énergie en moins pour recycler une livre de plastique que pour recycler une livre de papier. » Une analyse du cycle de vie des sacs en plastique à usage unique et de leurs alternatives, réalisée par les Nations Unies en 2020, fait écho à ces conclusions, indiquant que les sacs en papier peuvent être plus performants que les sacs en plastique uniquement s’ils sont fabriqués à l’aide d’énergies renouvelables, réutilisés plusieurs fois, incinérés après usage au lieu de finir dans une décharge, et/ou s’ils sont comparés à des sacs en plastique plus épais que la moyenne. Les sacs en plastique biodégradables, souvent autorisés comme alternative, réduisent les déchets sauvages. Mais étonnamment, l’évaluation des Nations Unies a conclu que les sacs biodégradables « pourraient être la pire option en ce qui concerne les impacts climatiques, l’acidification, l’eutrophisation et les émissions toxiques. » Bref, ils ne sont pas la solution écologique que beaucoup espèrent. Les sacs en tissu sont la solution la plus énergivore, car ils nécessitent également du coton, donc des terres arables et des machines pour les entretenir. La culture du coton nécessite environ 5000 gallons d’eau par livre, ce qui, comme le note Wired, est supérieur « à n’importe quel légume et à la plupart des viandes ». Une étude a calculé que la distribution de sacs en tissu nécessite 80 fois plus de bateaux que pour les sacs en plastique et, de même, 80 fois plus de carburant, ce qui entraîne 80 fois plus d’émissions. Un sac en coton doit être utilisé 50 à 150 fois pour avoir moins d’impact sur le climat qu’un SUPB (sac plastique à usage unique), indique l’évaluation des Nations Unies. Pourtant, une étude canadienne a confirmé que « les sacs d’épicerie réutilisables peuvent devenir un habitat microbien actif et un terrain de reproduction pour les bactéries, les levures, les moisissures et les colibacilles », une des raisons pour ils ont été interdits en de nombreux endroits au plus fort de la pandémie de covid. Qui plus est, les plastiques dits à usage unique sont souvent réutilisés et leur interdiction dans les magasins a eu des résultats inattendus. Un récent sondage a montré que la plupart des Américains conservent et réutilisent les récipients et les sacs en plastique. Lorsque les magasins interdisent de fournir ces sacs à la caisse, les consommateurs finissent par acheter des sacs en plastique à la place qui ont tendance à être plus épais et donc à mettre plus de temps à se dégrader. Ma ville, Franklin, Massachusetts, par exemple, a interdit les sacs en plastique dans les épiceries et les magasins de détail. Avez-vous déjà vu quelqu’un ramasser une crotte de chien avec un sac en papier ? Moi non plus. Pour la première fois de ma vie, j’ai dû acheter des sacs en plastique pour nettoyer après mes chiens et pour les utiliser dans les petites poubelles de mon bureau et de mes salles de bains. Une étude de 2019 montre que dans les endroits où des interdictions comme celle de ma ville ont été mises en place, les ventes de sacs en plastique, généralement plus épais, ont bondi de 120 %. Globalement, conclut l’étude, « les interdictions de sacs orientent les consommateurs vers des sacs moins nombreux mais plus lourds. » LA RESSOURCE ULTIME POUR RÉSOUDRE LE PROBLÈME DU PLASTIQUE Les interdictions de sacs en plastique illustrent l’observation de Henry Hazlitt : C’est l’erreur de négliger les conséquences secondaires. C’est l’une des raisons pour lesquelles les solutions gouvernementales à la pollution plastique ont tendance à être maladroites. Une autre raison est que les gouvernements n’ont essentiellement qu’un seul outil à leur disposition, et particulièrement contondant : la contrainte. « Faites ce que nous disons, sinon… » Il ne s’agit pas exactement d’une résolution de problèmes créative et avant-gardiste. Pour des réelles solutions durables et puissantes aux problèmes de pollution, nous devons nous appuyer sur un outil différent. Nous devons puiser dans ce que Julian Simon nomme la ressource ultime : l’esprit humain. Nous devrions en particulier nous tourner vers les innovateurs qui s’enflamment pour trouver des solutions créatives à ces problèmes, des personnes comme Fionn Fereira. DE L’EAU MAGNÉTIQUE, DES ROBOTS NETTOYEURS DE PLAGES ET DES ROUTES EN PLASTIQUE, OH LÀ LÀ ! Intrigué, alors qu’il était adolescent, par le problème des microplastiques, Fionn Fereira a observé un jour qu’un rocher situé sur le littoral de sa ville natale de Ballydehob, en Irlande, était maculé d’huile et que, pour une raison quelconque, des microplastiques s’y collaient. Dans un cours de sciences au lycée, il a découvert le ferrofluide, un liquide magnétique composé de minuscules particules de fer en suspension dans l’huile. Il a fabriqué son propre ferrofluide en réalisant des centaines d’expériences pour déterminer l’huile la plus efficace (huile végétale légère), en l’utilisant pour attirer les microplastiques, puis en extrayant le mélange avec un aimant. Sa méthode permet d’éliminer 87 % des microplastiques de l’eau, ce qui est extrêmement satisfaisant à observer. Aujourd’hui étudiant à l’université de Groningue, Ferreira expérimente des dispositifs destinés aux usines de traitement des eaux. Il travaille également à la mise au point d’un appareil qui pourrait être monté sur les navires afin qu’ils puissent nettoyer l’eau en continu pendant qu’ils naviguent autour du globe. Ou encore Toby McCartney, dont la société MacRebur mélange des plastiques mis au rebut avec du goudron pour paver les routes. Selon M. McCartney, les tests montrent que ces routes sont jusqu’à 60 % plus durables que les routes standard et durent jusqu’à dix fois plus longtemps. En outre, chaque tonne de mélange MacRebur contient l’équivalent de quelque 80 000 bouteilles en plastique. La société québécoise Poralu Marine déploie des robots nettoyeurs de plage alimentés par l’énergie solaire qui ramassent les déchets trente fois plus vite qu’un être humain et récupèrent même les plastiques les plus minuscules qui leur échappent. Le BeBot télécommandé peut nettoyer 33 000 pieds carrés de plage par heure. Claire Touvier, de l’équipe chargée des solutions environnementales chez Poralu explique : Toutes les solutions ne nécessitent pas autant de science ou de technologie. Dans son exposé TEDx, M. McCartney raconte l’histoire d’un homme en Inde qui a collecté des bouteilles en plastique dans une décharge, puis les a utilisées pour fabriquer une sorte de climatisation du pauvre. Il a coupé les bouteilles en deux, en faisant passer leurs petits becs à travers une planche, et la planche devant une fenêtre. Tout comme le fait de pincer les lèvres refroidit l’expiration, le fait de pousser de l’air chaud à travers la petite partie des bouteilles refroidit une pièce jusqu’à 5 degrés Celsius. Dans un pays où les vagues de chaleur périodiques font des victimes, l’ingéniosité de cet homme sauve des vies. « Plus nous posions la question « Et si ? », plus nous trouvions de solutions », réfléchit McCartney. « En créant une culture cohérente de « Et si ? », vous pouvez transformer vos grandes idées en une merveilleuse réalité. » Expliquant ses techniques, Ferreira déclare : — Sur le Web
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Alors que s'achève la COP26 à Glasgow, quel bilan tirer de cette réunion présentée comme celle de la « dernière chance » ? Malgré les nouveaux engagements et les accords signés ici et là sur divers thèmes, le compte n'y est pas encore. Mauvaise volonté ou difficultés réelles de mise en œuvre ? D'où viennent les blocages ? Que faut-il espérer et quelles solutions concrètes peut-on engager pour avancer ? Jean-François Soussana, vice-président en charge de la politique internationale à l'Inrae et membre du Haut Conseil pour le climat, revient tout juste de la COP26 et nous suggère quelques pistes. Retardée d'une année pour raison de Covid-19, la COP26 était très attendue : elle devait renforcer les Accords de Paris signés en 2015, notoirement insuffisants pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d'ici 2050. Mais malgré les nombreuses déclarations d'intention sur les accords concernant par exemple la réduction des émissions de méthane ou la déforestation, le compte n’y est pas pour de nombreuses ONG. D'après le dernier rapport du Programme pour l'environnement de l'Organisation des Nations unies (Unep), les engagements actuels de la part d'environ 150 pays, s'ils étaient tenus, conduiraient à une réduction des émissions des gaz à effet de 7,5 % d'ici 2030, alors qu'il faudrait une baisse de 55 % pour que le réchauffement climatique soit limité à +1,5 °C. Le site Climate Action Tracker indique, lui, que les engagements des États pris à Glasgow nous mènent tout droit vers un réchauffement à 2,4 °C d'ici la fin du siècle. « Le point positif, c'est que de plus en plus d'États se sont engagés à arriver à la neutralité carbone », souligne Jean-François Soussana, vice-président en charge de la politique internationale à l'Inrae et membre du Haut Conseil pour le climat, qui revient tout juste de la COP26 où il a participé à plusieurs réunions en marge des négociations officielles. Trente-trois pays dont le Brésil, l'Argentine et l'Inde ont ainsi pris des engagements supplémentaires dans ce sens. « Le problème, c'est que les échéances sont beaucoup trop lointaines ; 2070 pour l'Inde par exemple, regrette Jean-François Soussana. Or, c'est la décennie à venir qui est cruciale, et il faut bien l'avouer, jusqu'en 2030, on n'a pas grand-chose ». De plus, les moyens pour parvenir à cette neutralité carbone restent très vagues, fait-il remarquer. « Il y a par exemple un vrai flou sur la façon dont les efforts des entreprises ou les villes sont intégrés ou pas dans la comptabilité des émissions des États. » Des engagements difficiles à faire respecter sur le terrain Mais au-delà d'un certain manque de volontarisme, il existe de vraies difficultés pour les États à mettre en œuvre leurs plans d'action. « En France, par exemple, on a un problème de gouvernance, souligne Jean-François Soussana. Les ministères ne sont pas toujours au courant des objectifs globaux et il y a une mauvaise coordination entre eux ». Autre problème : la réalisation concrète sur le terrain. Pour le secteur du bâtiment, par exemple, qui pèse 36 % des émissions de gaz à effet de serre dans l'Union européenne, de nombreuses subventions ont été versées pour des travaux d’isolation. « Or, ces travaux n'ont pas toujours été d'une bonne qualité, ce qui n'a pas entraîné les gains énergétiques attendus », indique Jean-François Soussana. Autre exemple : le fameux « effet rebond » qui fait que quand on achète une voiture plus sobre en énergie, on finit par faire plus de kilomètres avec. Une crainte légitime de décroissance Il existe aussi des résistances légitimes de certains gouvernements. « En matière d'agriculture, par exemple, certains États en fragilité alimentaire craignent que les objectifs de réduction de méthane n'aboutissent au final à une baisse de production et donc à des problèmes d'alimentation », met en garde Jean-François Soussana. Une étude du Coceral (Comité du commerce des céréales, aliments du bétail, oléagineux, huile d'olive, huiles, graisses et agrofournitures) estime ainsi que le fameux « Pacte vert » proposé par la Commission européenne, prévoyant notamment de convertir 25 % des surfaces agricoles européennes en bio, de diminuer de 50 % l'usage des pesticides de synthèse et de 20 % l'utilisation d'engrais, aboutira à une baisse de production de 15 % pour le blé, de 19 % pour le maïs ou de 17 % pour les oléagineux. Bref, tout cela est loin d'être simple. Jean-François Soussana se veut tout de même optimiste. « Il existe des solutions gagnant-gagnant, notamment dans le domaine de l’utilisation des sols sur lequel je travaille, cite l'expert. Il faut savoir que l'agriculture représente 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, c'est donc un enjeu considérable et sur lequel on a des marges de manœuvre. En intercalant des plantes intermédiaires ou des prairies entre les périodes de grandes cultures, on stocke 47 % de carbone en plus qu'avec un sol laissé à nu ». Et contrairement à la reforestation, qui nécessite un changement dans l'affectation de sols, pas besoin ici de modifier l'environnement. La société Soil Capital a par exemple lancé le premier programme européen de rémunération carbone pour les agriculteurs, qui seront payés 27,50 euros par tonne de carbone stocké. « Ainsi, la Politique agricole commune (PAC) pourrait non seulement prendre en compte la production mais aussi le service écologique pour verser ses subventions », avance Jean-François Soussana. L’engagement des entreprises et des collectivités Que retenir au final de tout cela ? « On sent qu'il y a une vraie mobilisation de tous les acteurs », juge le spécialiste. Mais ça n'avance pas assez vite. Une des solutions serait de revoir les engagements tous les ans plutôt que tous les cinq ans. Sinon, en 2025 lors de la prochaine révision, ce sera déjà trop tard ». C'est d'ailleurs le sens du premier projet de texte présenté mercredi. Sans attendre, les entreprises et les collectivités s'engagent déjà sur la bonne voie. Avant même le début de la COP26, une coalition de 778 entreprises, totalisant 2.700 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel, a ainsi envoyé une lettre aux leaders du G20 en les implorant d'agir pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. « Lors de cette COP26, les entreprises se sont mobilisées comme jamais. C'est important, car cela montre aux politiques qu'elles y croient », conclut Michel Frédeau, associé du BCG, un cabinet partenaire de la COP26.
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Le mois de juillet 2021 se termine doucement, et voilà qu’en ouvrant notre journal de ce 28 courant au matin nous lisons : « Les "signes vitaux" de la Terre s’affaiblissent, préviennent des scientifiques », accompagné d’une photo grandement anxiogène. Diantre ! Pourtant ce titre avait un goût de déjà vu, comme disent les Anglais. Nous plongeant dans les archives de ce même journal du Figaro, nous retrouvons le titre du 23 juin 2021 tout autant prophétiquement effrayant qui nous était revenu à la mémoire : « Climat : "Le pire est à venir", selon les experts du Giec. Un projet de rapport, dont des extraits ont fuité, dresse un tableau apocalyptique de l’avenir de notre planète ». Re-diantre ! Ainsi donc, à un mois d’écart nous avions deux titres tout aussi dantesques aux airs de fin du monde, comme une piqûre de rappel, une préparation des esprits. Mécanismes que l’œil critique et averti (ou le lecteur d’E&R) observe depuis des mois avec la crise sanitaire où les annonces (par exemple un pass sanitaire) sont toujours précédées de suggestions (peut-être faudrait-il envisager un pass sanitaire ?), de menaces (si cela continue il faudra envisager un pass sanitaire), de solutions catastrophiques adoucissant la solution adoptée (un confinement encore plus sévère que celui des mois de mars-avril 2020 ou bien... le pass sanitaire), etc. En à peine un bon mois, Le Figaro est donc revenu à la charge (nous aurions pu prendre n’importe quel autre organe de presse et refaire probablement la même expérience). Bien sûr, il y a la nécessité de remplir les colonnes, en utilisant le buzz par la peur ou bien ce qu’on appelle en journalisme des marronniers. Mais ici on ne traite pas du changement d’heure ou de la neige en avril. Le dérèglement climatique (puisqu’il ne réchauffe plus toujours) est une vaste affaire de gros sous et de larges intérêts. On peut donc soupçonner qu’il y a autre chose qu’un simple remplissage de colonnes. Oh, nous sommes parfaitement conscients que l’activité humaine (et pas toujours la plus utile ou la plus vitale) pollue notre Terre. Parfois même assez atrocement. Mais la pollution, qui est un phénomène bien réel et dont on parle peu (car traiter la pollution signifie baisser notre niveau de consommation, en plus de traiter un phénomène très complexe, protéiforme et pluricausal), n’est pas le « dérèglement climatique » et autres « gaz à effet de serre » dont on nous rebat les oreilles. Et si on doit supporter ces infinies et répétitives litanies climatesques, c’est parce qu’il s’agit d’un slogan simple qui permet des solutions simples et rentables : taxe carbone, bourse du carbone, ingénierie sociale de modification des comportements et des habitudes, justification de politiques mondialistes car la pollution peut être locale, mais le climat est nécessairement planétaire ! Etc. Alors, pour analyser notre degré de complotisme et découvrir si nous étions victimes d’un paranoïaque effet de loupe, nous avons listé les articles sur le thème du dérèglement climatique entre ces deux grands titres apocalyptiques sortis à un (seul) mois d’intervalle. Le résultat parle de lui-même. Préalablement, par taquinerie, rappelons que le 17 juin, Le Figaro s’inquiétait : « La sécheresse menace-t-elle l’été 2021 ? Après plusieurs jours d’une vague de fortes chaleurs sur l’ensemble du territoire, le spectre d’une pénurie d’eau dans les nappes phréatiques ressurgit à quelques jours de l’été ». Vu le mois de juillet pluvieux et pourri que nous avons connu, on peut légitimement être pris d’un sérieux doute sur toutes les futures analyses et prévisions de ces mêmes journalistes. Ha, mais c’est vrai, il ne faut pas confondre météo et climat. Voire... - 23 juin 2021 : Climat : « Le pire est à venir », selon les experts du Giec. Un projet de rapport, dont des extraits ont fuité, dresse un tableau apocalyptique de l’avenir de notre planète. - 23 juin 2021 : Climat : l’humanité sous la menace du « thermomètre mouillé ». Le rapport du Giec prévient que le réchauffement climatique nous exposera à davantage d’épisodes de canicule humide, excédant les capacités physiologiques humaines. - 23 juin 2021 : La santé humaine sous la menace du réchauffement climatique. Jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires seront menacées par la faim d’ici 2050, alerte un rapport des experts en climat de l’Onu. - 23 juin 2021 : Quand les canicules deviennent littéralement invivables. La fréquence des chaleurs humides extrêmes a plus que doublé depuis 1979, signalent les scientifiques. - 24 juin 2021 : Météo : les phénomènes d’orages violents vont-ils se multiplier ces prochaines années ? Après une semaine de forts orages et de pluies importantes, plusieurs villes comme Reims, Beauvais ont été inondées faisant un mort et de nombreux dégâts matériels. - 29 juin 2021 : Canicule aux États-Unis et au Canada : un « dôme de chaleur » probablement aggravé par le dérèglement climatique. Des températures exceptionnelles culminant à 49,5°C ont été enregistrées près de Vancouver, rappelant les pics de chaleur ayant touché l’Europe continentale à l’été 2019. - 29 juin 2021 : Réchauffement climatique : les efforts de la France sont insuffisants. Le Haut Conseil pour le climat dresse un bilan en demi-teinte des émissions de gaz à effet de serre de 2019. - 1er juillet 2021 : Climat : le Conseil d’État contraint le gouvernement à agir plus vite. Saisie par la commune de Grande-Synthe, la haute juridiction donne 9 mois au Premier ministre pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. - 2 juillet 2021 : « Dôme de chaleur » : la France pourrait-elle connaître des pics de température à 50 °C ? Le continent nord-américain connaît des records de chaleur exceptionnels frôlant les 50 °C au Canada. En France métropolitaine, le thermomètre a atteint une température record de 46 °C il y a deux ans. - 7 juillet 2021 : Juin 2021 a été le mois de juin le plus chaud jamais mesuré en Amérique du Nord. Selon le service européen Copernicus, les canicules vont se poursuivre car elles sont liées au réchauffement climatique. - 8 juillet 2021 : Le réchauffement climatique pourrait-il influer sur notre pratique sportive ? Un récent rapport du WWF France alerte sur le fait que l’augmentation progressive des températures pourrait faire perdre jusqu’à deux mois d’activité sportive par an aux Français. - 22 juillet 2021 : Catastrophes naturelles : « Nous faisons déjà face aux conséquences du dérèglement du climat ». Si les phénomènes extrêmes ne sont pas nouveaux, le réchauffement climatique les rend plus fréquents et plus intenses, alerte Fabio d’Andrea, directeur de recherche au CNRS. - 22 juillet 2021 : Inondations en Chine : des torrents dans le métro chinois. À Zhengzhou, capitale de la province du Henan, il est tombé en 3 jours l’équivalent d’un an de pluie. Un phénomène lié au changement climatique. - 26 juillet 2021 : En France, le siècle nous promet canicules, érosion et tempêtes. Une chose est acquise : les phénomènes climatiques extrêmes vont devenir plus fréquents et plus probables à cause du réchauffement, y compris en Europe. - 28 juillet 2021 : Les « signes vitaux » de la Terre s’affaiblissent, préviennent des scientifiques. Des chercheurs réclament des actions rapides : éliminer les énergies fossiles, restaurer les écosystèmes, opter pour des régimes alimentaires à base de plantes, s’éloigner du modèle de croissance actuel et stabiliser la population mondiale.
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L'action est symbolique, mais destinée à alerter la population. Dix-huit plaintes ont été déposées en Bretagne pour "mise en danger de la vie d'autrui, tromperie aggravée et atteintes à l'environnement" par des militants anti-glyphosate, a indiqué leur avocat. Quatre autres plaintes doivent également être déposées pour le même motif auprès du parquet d'Angers, selon Me Jérôme Bouquet-Elkaïm. Comme leurs comparses de l'Ariège, qui avaient déposé plainte mi-octobre, les 22 militants, membres des Faucheurs Volontaires, se sont soumis à des analyses qui ont révélé des taux de glyphosate variant entre 0,2 à 3,4 nanogramme (ng) par millilitre (ml), soit des taux particulièrement importants. "A titre d'exemple, la norme européenne fixe à 0,1 ng/ml la dose admissible dans l'eau de boisson", ont précisé les militants dans un communiqué rappelant que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a classé l'herbicide comme "cancérigène probable" en 2015. "C'est une action symbolique qui sert à marquer le démarrage de la campagne en Bretagne, où 500 personnes se sont inscrites pour réaliser des analyses d'urine", a expliqué à Me Bouqet-Elkaïm. De nouveaux dépôts de plaintes suivront, "par paquet de cent", a-t-il ajouté, affirmant que 160 plaintes avaient déjà été déposées en France. Les plaintes devraient être centralisées au pôle santé publique de Paris où une enquête a été ouverte. "Pour le moment, on a trouvé du glyphosate dans toutes les urines. c'est systématique alors que tous les gens qui ont fait une analyse sont assez regardants sur leur alimentation", a témoigné Aubéri Petite, éleveuse à Trémargat (Côtes-d'Armor), dont le taux de glyphosate s'établit à 2,20 ng/ml alors qu'elle mange essentiellement bio. "Je pensais être protégée mais la contamination de l'environnement est globale et massive", a-t-elle ajouté.
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Au fur et à mesure que la COP21 approche, les défenseurs de la théorie réchauffiste n’en finissent plus de montrer leurs biceps, et de menacer les sceptiques des foudres de leur colère. L’ancien ministre de l’Environnement de Jacques Chirac, Corinne Lepage, par ailleurs écologiste et avocate, vient de franchir, en ce domaine, un nouveau pas, en proposant tout simplement de ficher les climatosceptiques. C’était dimanche sur France Inter, où l’ancien ministre – entre autres – répondait à la question de savoir « Des lobbies ou du climat, qui l’emportera ? » Une question qui ne semblait s’entendre, d’emblée, qu’à sens unique. Néanmoins, en fin d’émission, évoquant le licenciement de Philippe Verdier de France 2 pour son livre dénonçant l’esprit de la COP21, le journaliste posait la question de savoir si on ne prenait pas le risque de créer des martyrs. Après s’être interrogée – sans apporter de réponse – sur le fait de savoir s’il s’agissait d’une « cause réelle et sérieuse de licenciement », Corinne Lepage a voulu évoquer la question de la liberté d’expression. « Moi, affirma-t-elle, je suis un grand défenseur de la liberté d’expression ; dès lors, si il y a des gens qui ont envie d’être climatosceptiques, c’est leur affaire. » Ça commençait plutôt bien. Mais aussitôt elle ajoutait : « Je pense quand même qu’à un moment donné du temps, il va falloir tenir un registre très précis de tous ceux qui se seront prononcés et qui auront agi dans un contexte climatosceptique, pour que dans quelques années ils portent la responsabilité au moins morale de ce qu’ils auront fait. »
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arrow_backward Revenir à Le dérèglement climatique Pourquoi parle-t-on de réchauffement "anthropique" ? Publié le 19 août 2021 PARTAGER email « C’est pas ma faute à moi » : La forte augmentation des GES provient bien des activités humaines La très forte croissance des GES que l’on peut observer sur le graphique ci-dessous (pour le CO2, le méthane et le protoxyde d’azote) nous montre : Une phase relativement stable avant 1850 Une phase d’accélération de plus en plus rapide à partir de 1850 Faisons un focus sur le CO2. Grâce au schéma suivant, on peut observer sur la période 1750-2020 : En bleu foncé, les émissions directes de CO2 par les activités humaines. Comme on le voit, avant 1850, ces émissions sont quasi-inexistantes et stables, inférieures à 1 Gigatonne de CO2. A partir de 1850, les émissions commencent à augmenter et accélèrent de plus en plus rapidement pour atteindre environ 15 Gigatonnes de CO2 émises en 1950 et plus de 30 Gigatonnes de CO2 aujourd’hui. En bleu clair, la concentration de CO2 dans l’atmosphère. On observe que la courbe n’est pas nulle avant 1850 mais relativement stable, ce qui confirme la présence de CO2 dans l’atmosphère, jouant son rôle naturel de gaz à effet de serre lors de l’ère préindustrielle. En revanche, on voit également une très nette corrélation entre la courbe des émissions directes de CO2 et la concentration du CO2 dans l’atmosphère. Ainsi, ces courbes montrent que le dérèglement de la concentration des GES et donc de l’effet de serre a commencé à partir de 1850. A cette époque, deux phénomènes ont débuté concomitamment : Premier phénomène : c’est le début de la croissance économique. On a du mal à l’imaginer de nos jours, mais le PIB n’a pas toujours augmenté ! Pendant des siècles et des siècles, la richesse des nations a stagné. Et le niveau de vie avec. Au XIXème siècle, grâce à la découverte par l’ingénieur James Watt de la machine à vapeur qui fonctionne au charbon, on assiste à la première Révolution industrielle. Le train et les nouvelles machines industrielles sont créés permettant de baisser très largement les coûts de production. A partir de 1850, certains pays notamment européens connaissent une croissance économique phénoménale. Cela enclenche une très forte hausse du niveau de vie des pays européens puis progressivement de tous les pays « industrialisés ». Cette courbe du PIB/ habitant est souvent décrite par la forme d’une crosse de hockey. Second phénomène : la croissance démographique. L’amélioration des conditions de vie, liée à la croissance, favorise une importante croissance démographique. Entre 1850 et 2019, nous sommes passés de 1,2 milliards d’être humains à 7,7 milliards en 2019 sur la Planète. En parallèle de cette croissance, plusieurs révolutions industrielles successives (vapeur, électricité…) ont eu lieu, permettant de transformer toujours plus de ressources naturelles en énergies ou matériaux. Lorsqu’on observe l’évolution du nombre d’habitants dans le monde et la croissance du PIB / habitant, il est aisé de comprendre pourquoi ces phénomènes de croissance couplés à la démographie ont largement bouleversé le niveau de consommation d’énergie sur la Planète. Faisons un petit focus sur le lien entre énergie et émissions de GES. Aujourd’hui, 80 % de l’énergie mondiale provient de ce qu’on appelle les combustibles fossiles ou hydrocarbures. Pour faire simple, il s’agit du pétrole, du gaz et du charbon. Ces hydrocarbures sont dits “fossiles” car ils proviennent de la fossilisation d’organismes vivants (algues, plancton, ou végétaux continentaux) qui ont vécu il y a fort longtemps ! On parle de temps géologiques, donc de millions d’années ! Ces organismes se sont sédimentés et se sont retrouvés stockés dans des roches ou des couches minérales. On comprend donc bien pourquoi ces ressources sont dites “non-renouvelables” ou “limitées” car elles mettent plus de temps que le temps de vie de l’humanité toute entière pour se former ! Impossible donc de se dire que dans les prochaines centaines d’années, du nouveau pétrole ou charbon va se former naturellement dans des quantités équivalentes à celles d’aujourd’hui. Ces hydrocarbures sont également appelés “combustibles” c’est essentiellement en les brûlant qu’on libère de l’énergie mais aussi… du CO2 ! En effet, ces organismes vivants fossilisés contenaient du carbone qui, au contact de l’oxygène, va donc former par sa combustion du CO2. Or aujourd’hui, l’énergie produite par les combustibles fossiles se retrouve dans tous les aspects de notre vie quotidienne et ce, dans le monde entier. Par raffinage ou autres traitements, on en tire des produits utiles pour fournir la chaleur domestique ou industrielle. On peut aussi la transformer en énergie mécanique ou encore en électricité grâce à des convertisseurs, des moteurs ou des centrales électriques. La première place pour...le pétrole Le pétrole est l'énergie la plus utilisée dans le monde, elle représente près d’un tiers de la consommation mondiale des énergies. Il sert de carburant pour les véhicules motorisés, de combustible et de matière première pour les industries chimiques et la fabrication du plastique. La seconde place pour… le charbon A la base de 27% de la consommation d’énergie mondiale, le charbon est encore une énergie très utilisée malgré sa mauvaise presse. S’il servait autrefois de carburant pour les trains et les machines à vapeur, le charbon est aujourd’hui principalement utilisé pour le chauffage et la production d’électricité. Il sert également pour de nombreuses industries, comme la métallurgie ou l'industrie plastique. La troisième place pour … le gaz naturel Pas bien loin derrière le charbon, le gaz naturel est à la base de 22,2% de la consommation mondiale d’énergie. Il sert majoritairement aux usages domestiques, aux industriels et à la production d'électricité. Ainsi, une très grande partie de notre économie est encore largement basée sur les combustibles fossiles et donc émettrice de CO2. Même si on parle depuis une trentaine d’année des énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien, elles restent encore malheureusement très minoritaires. Un réchauffement "anthropique" Ainsi, les énergies fossiles dégagent énormément de CO2 ou autres GES. L’ensemble de ces émissions de GES constitue la contribution dite « anthropique » (signifie d’origine humaine) à l’augmentation de la quantité des GES dans l’atmosphère. Les scientifiques ont par ailleurs analysé quelle est la part de la contribution anthropique au réchauffement climatique par rapport à l’ensemble des émissions de GES. Sur ce schéma, on peut observer différents éléments : Barre noire : le réchauffement observé entre 1951 et 2010 est de 0,7 degrés. Ce réchauffement est la résultante des barres bleu foncé et bleu clair. Bleu foncé : l’effet de la totalité des gaz à effet de serre, qui réchauffent la terre Bleu clair : l’effet d’autres forçages d’origine humaine (« jets d’aérosols ») qui au contraire ont tendance à diminuer l’effet de serre et refroidir le climat. Comme on le voit, ils sont largement inférieurs aux GES. Barre jaune : la somme de l’ensemble des forçages anthropiques, c’est-à-dire d’origine humaine. Comme on le voit, le résultat est très largement positif, ce qui explique le réchauffement planétaire observé. Barre verte : l’effet de l’ensemble des forçages « naturels », c’est-à-dire qui ne proviennent pas de l’activité humaine. Ils sont négligeables par rapport aux forçages anthropiques, et donc décorrélés du réchauffement climatique actuel. Évidemment, un grand nombre d’autres études validées par le GIEC viennent confirmer ce fait maintenant indiscutable. Le lien entre les activités humaines et le réchauffement climatique est aujourd’hui un fait scientifique avéré. Dans leur 5ème rapport d’évaluation, les experts du GIEC sont très clairs sur le sujet :“L’influence de l’Homme sur le système climatique est clairement établie et, aujourd’hui, les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) sont les plus élevées jamais observées.” Nos autres articles à propos de "Le dérèglement climatique" : Jean MarcJancovici : Indispensable pour comprendre les enjeux de l'énergie Critique équilibrée de la collapsologie Le réchauffement climatique est le résultat des activités humaines.
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Bruxelles, 2 juillet 2008 – Greenpeace a déployé aujourd’hui devant le siège de la Commission européenne une installation multimédia de l’artiste brésilien Siron Franco pour demander aux commissaires européens de se prononcer en faveur d’une réglementation sur le commerce de bois. Composée d’un tronc de 12 mètres de hauteur issue d’une région illégalement déforestée d’Amazonie, l’installation abrite neuf écrans vidéo qui projettent des images de la forêt amazonienne. Le commissaire européen à l’Environnement, Stavros Dimas, a prévu de visiter l’installation dans la journée. D’autres politiques européens sont également attendus. Une carte postale en contreplaquée leur sera remise et leur demandant d’« arrêter le massacre à la tronçonneuse et de mettre en place maintenant une réglementation européenne sur le bois. ». Cette action souligne le rôle et la responsabilité de l’Union européenne (UE) dans la déforestation. Chaque année, les Etats-membres achètent des millions de tonnes de bois notamment en provenance des forêts tropicales d’Amazonie, du bassin du Congo et d’Asie, où l’abattage illégal est considérable. La déforestation est responsable de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et contribue à l’érosion massive de la biodiversité. 13 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année dans le monde. L’exploitation illégale et abusive des forêts par l’industrie forestière constitue aujourd’hui, avec l’expansion du secteur agricole, un des principaux vecteurs de la déforestation. « Nous avons besoin urgemment d’une réglementation européenne sur le bois afin que les consommateurs ne continuent pas, malgré eux, à être complices de crimes forestiers. Il est inconcevable que des écosystèmes forestiers riches en biodiversité et déterminant pour l’équilibre du climat mondial continuent d’être détruits ou dégradés pour être transformés en papier, en matériel de construction jetable ou en meubles de jardins bon marchés », commente Grégoire Lejonc, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. « En Amazonie, comme dans le monde entier, les exploitants forestiers illégaux cassent les prix et rendent les produits durables moins compétitifs. Nous avons besoin d’un contrôle efficace du marché pour permettre aux producteurs de bois responsables de profiter pleinement de leurs investissements », explique Ruben Gomes, responsable du label de gestion durable Forest Stewardship Council (FSC) au Brésil. Au cours des trois dernières semaines, le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a reçu plus de 66 000 lettres de citoyens européens demandant que l’Europe se dote d’une réglementation sur le bois car ils veulent acheter des produits bois issus d’une gestion durable des forêts. Ce besoin est aussi largement ressenti par les compagnies forestières progressistes qui souffrent économiquement du commerce de bois illégal. « L’UE doit interdire la vente de produits en bois provenant d’opérations forestières illégales. Pour commercialiser du bois en Europe, des standards élevés sur le plan environnemental et social doivent être imposés aux compagnies forestières et un système complet de traçabilité doit être mis en place », poursuit Grégoire Lejonc. Au cours du mois de juillet, la Commission européenne doit décider si l’UE sera dotée à l’avenir d’une telle réglementation. Si c’est le cas, l’examen approfondi de la future réglementation européenne sur le bois débutera durant la présidence française de l’UE. La mise en place d’une réglementation européenne sur le bois est un des moyens préconisés par Greenpeace pour arriver à l’objectif de zéro déforestation en vue de lutter contre la perte de biodiversité et agir contre les changements climatiques.
true
C’est vrai que parfois, on se dit que la montagne est trop haute. Quand Dennis Meadows vous dit que c’est trop tard pour le développement durable, et qu’il faut se préparer à la résilience, vous pourriez laisser tomber. Vivre un peu égoïstement, profiter sans vous demander si vos activités nuisent à la planète. Faire comme une immense majorité des gens, qui par manque d’informations ou déni, vivent comme cela. Sauf qu’il y a une chose qui devrait vous permettre de garder espoir : le point de bascule, quand la prise de conscience écologique aura enfin un impact. Préalable à la définition du point de bascule Avant de définir exactement ce qu’est un point de bascule, il faut savoir qu’il trouvera son origine chez les citoyens, et non les politiques. Je travaille depuis plus d’un an sur le courage et l’éthique en politique, et je peux vous assurer une chose : depuis 50 ans, aucun politique n’a été capable d’entreprendre ce qui est vraiment nécessaire : la sobriété énergétique. Evidemment, ce n’est pas vendeur. Allez dire à Jean Mich qu’il doit baisser sa consommation énergétique par 6, pas sûr qu’il ait envie de voter pour vous. En tout cas, pour l’instant. Ce que nous devrions attendre du politique, c’est qu’il ait une vision. Qu’il voie sur le long terme. Même si l’urgence climatique provoque déjà des catastrophes depuis plusieurs années, dans l’imaginaire du politique, c’est encore trop loin pour être intéressant politiquement. Ce qu’il voit à court terme, ce sont les sondages, les prochaines élections. Le politique ne fait que de la récupération politique. Alors que tout acte de consommation est un acte politique, c’est notre devoir de faire en sorte que l’écologie devienne non pas un parti, mais le point commun de tous les partis. Qu’est-ce qu’un point de bascule? En sociologie, un tipping point, qu’on peut traduire par « point de bascule sociologique », se définit comme un point dans un système social où un petit changement quantitatif peut déclencher des changements rapides et non linéaires. Cela conduit inévitablement et souvent de manière irréversible à un état qualitativement différent du système social. Inventé par Morton Grodzins, l’expression a ensuite été démocratisée par Thomas Schelling, ou encore Jean Pierre Dupuy. Ce qui m’intéresse très exactement ici, c’est le point de bascule écologique, donc politique. Ce moment où le politique se dira ‘ok, je dois le mettre dans mon programme, ou faire passer des lois, car j’ai plus à y gagner qu’à perdre’. NB : attention à ne pas confondre avec les ‘climate tipping points’, ces points de non retour climatiques qui, si dépassés, seront irréversibles pour notre planète. https://www.carbonbrief.org/explainer-nine-tipping-points-that-could-be-triggered-by-climate-change Je le dis et répète, le politique fait de l’arbitrage permanent. C’est à nous, citoyens, d’atteindre le plus rapidement possible ce point de bascule. Mais que faut-il exactement pour l’atteindre ? Quel % de la population faut-il pour un point de bascule ? Il y a plusieurs chiffres avancés pour ce point de bascule. Il existe tout d’abord les 3.5% rendus célèbres par Erica Cheno­weth. En examinant des centaines de campagnes au cours du siècle dernier, Chenoweth a constaté que les campagnes non violentes ont deux fois plus de chances d’atteindre leurs objectifs que les campagnes violentes. Et bien que la dynamique exacte dépende de nombreux facteurs, elle démontre qu’il faut environ 3,5 % de la population participant activement aux manifestations pour assurer un changement politique sérieux. Bien que très décrié, notamment sur la méthodologie et les choix d’indicateurs, cela n’a pas empêché des mouvements comme Extinction Rebellion de mettre en exergue ces 3.5% comme note d’espoir. Et 10% ? Selon l’éditorialiste américain Malcolm Gladwell, ce fameux tipping point se trouve quelque part aux alentours de 10 % d’une population, seuil à partir duquel une minorité engagée et adoptant de nouveaux comportements peut changer la norme sociale et entraîner dans son sillage la majorité silencieuse. C’est également ce que pense Christophe Itier, Haut-Commissaire à l’Économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale. Il explique qu’un point de bascule est possible pour changer les comportements si on atteint une masse critique de 10% d’acteurs convaincus. Ces 10%, de nombreux politiques l’ont en tête. Je l’ai déjà entendu en débat politique, et surtout de la propre bouche d’un mec avec de gros sourcils, dont la femme s’appelle Pénélope… Mais non pas Javier Bardem, idiot ! PS : pour celles et ceux qui souhaitent pousser l’analyse, voici 2 liens 1 & 2. Les auteurs ont entrepris d’identifier un ensemble d’éléments de bascule sociale (Social Tipping Elements, STE), c’est-à-dire des sous-systèmes socio-techniques-économiques particuliers dans lesquels une quantité significative de gaz à effet de serre est en jeu. Pour être qualifiés, les systèmes doivent partager une caractéristique singulière : “Une petite modification ou intervention dans le sous-système peut entraîner de grands changements au niveau macroscopique et conduire le système dans un nouveau bassin d’attraction, rendant la transition difficile à inverser“. https://www.vox.com/energy-and-environment/2020/1/29/21083250/climate-change-social-tipping-points PS2 : ‘Amusant’ de voir que STE3 ‘Financial market : Fossil fuel divestment’ peut être extrêmement rapide. Voilà pourquoi j’insiste sur le rôle de la finance ! C’est très bien de trier vos déchets, mais si JP Morgan arrête de prêter des milliards aux groupes pétroliers, cela aura un peu plus d’impact ! Ordre de grandeur … L’Équation du nénuphar C’est à Marie-Véronique Gauduchon, femme brillante, passée entre autre par WWF et Carbone 4, que je dois ce parallèle. Dans son livre L’équation du nénuphar, Albert Jacquard raconte l’histoire du nénuphar que l’on plante dans un lac, qui a la propriété héréditaire de produire chaque jour un autre nénuphar. Au bout de 30 jours, la totalité du lac est recouverte par les descendants de ce nénuphar et l’espèce meurt étouffée, privée d’espace. Au-delà de la fameuse question ‘au bout de combien de jours les nénuphars couvriront-ils la moitié du lac‘, nous pouvons très facilement faire le parallèle avec les citoyens et le climat : à partir de quel % de la population allons-nous atteindre le point de bascule ? Pas de règle universelle pour le point de bascule écologique Le concept de point de bascule est appliqué à un vaste éventail de processus de changement, allant de la dynamique des calottes glaciaires aux transformations sociétales. Outre le fait que le terme ‘point de bascule’, d’un point de vue sociologique, soit plutôt récent, il n’y a pas de pourcentage exact qui soit aujourd’hui scientifiquement prouvé. Ces points de bascule écologique seront répartis de façon hétérogène dans le temps et dans l’espace. Autrement dit, cela peut-être 2, 5, 10 voire 15% selon les pays. Cela peut aussi dépendre de la force de l’événement. Si 1% de la population française s’assoit devant l’Elysée pour exiger des lois très strictes et progressives pour le climat, cela aura très certainement plus d’impact que 5% de la population qui râle derrière un pc sur Facebook. Jusqu’à aujourd’hui, ce n’est jamais arrivé : bien évidemment, une immense majorité des gens qui manifestent n’ont pas les moyens financiers de ne pas travailler pendant un mois ou deux. Mais quand la partie la plus riche de la population aura compris qu’elle sera également touchée par le changement climatique, peut-être qu’elle se mettra à agir, elle aussi. Le mot de la fin : C’est très exactement ces points de bascule qui font que je garde encore espoir. C’est très exactement pour cela que je travaille autant : je ne dormirai pas tranquillement tant que la sobriété énergétique ne sera pas au cœur des programmes politiques français. Peu importe que vous passiez pour un fou auprès de votre entourage : montrez l’exemple. Gardez en tête qu’un homme averti/convaincu en vaut deux. Sans aucune doute, la route sera longue, exigeante, dure et épuisante. Mais si vous avez la conviction qu’on fonce dans le mur si on ne change pas, ne baissez pas les bras, pensez à l’équation du nénuphar. Et puis avoir le rôle de Cassandre était beaucoup plus dur dans les années 80 qu’aujourd’hui ! Peu importe que le point de bascule écologique soit difficile à quantifier : une fois l’idée ou la rumeur lancée, rien ne peut l’arrêter. Si cet article vous a plu, pensez à soutenir Bon Pote sur Tipeee et sur les réseaux sociaux !
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Combien un Français émet-il de gaz à effet de serre? La réponse semble simple : on prend les émissions directes du pays, on les divise par la population, et le tour est joué. Les émissions directes du pays étant quasi-stables depuis 1990, et la population en hausse, les émissions par personne baissent, ce qui permet au Ministre de l’Environnement de souligner périodiquement que nous sommes de bons élèves dans la lutte contre le changement climatique. Sauf que… à l’heure de la mondialisation, les choses ne sont pas si simples. Une large partie des biens et services consommés en France ont été fabriqués dans d’autres pays, avec pour résultat que nous profitons de la consommation de ces biens sans que les émissions correspondantes soient visibles dans les émissions directes de la France. Cette édition de la Lettre du Carbone vous propose une autre approche : compter non pas les émissions directes du pays, mais les émissions nécessaires à la fabrication de tout ce que consomment les Français, que la production ait lieu en France ou ailleurs. Et là… surprise : il s’avère que le temps de l’effort est bien encore devant nous, en totalité. Mais sans en dire plus, place aux explications de l’équipe qui gère ECO2 Climat, et bonne lecture ! Télécharger notre publication
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Vous avez soutenu dans plusieurs articles récents qu’il faudrait éviter de confondre les dossiers du climat et de l’écologisme, d’une part, et du covid d’autre part. Quels sont, selon vous, ces points de confusion ? J’observe une posture intellectuelle fort répandue, parmi nos amis, consistant à considérer covid et climat comme deux aspects d’une même réalité, celle de l’abolition progressive de nos libertés. La principale porte d’entrée du covid au royaume du climat réside dans le fait que dans ces deux dossiers, nos gouvernements sont amenés à prendre ou favoriser des mesures qui nient, suspendent ou érodent les libertés élémentaires : réduction de la liberté de se déplacer, contraintes de plus en plus criantes sur la liberté de s’exprimer, collectivisation de pans entiers de nos économies. Cette identité de résultats, insistons-y d’emblée, n’est pas contestable, elle est vraie. Suffit-elle, pour autant, à considérer climat et covid comme les deux faces d’une même réalité, celle de la réduction de la liberté au nom de l’idéologie globaliste, celle du great reset préconisée par une certaine élite auto-instituée, à Davos et ailleurs ? Je ne le crois pas, car nous devons distinguer, dans l’histoire et notre actualité, la réduction substantielle et la réduction circonstancielle de la liberté. La réduction des libertés au nom du climat est substantielle, structurelle et se veut définitive ; la réduction des libertés au nom du covid est circonstancielle. Pourriez-vous nous donner un exemple de votre distinction entre réduction substantielle et réduction circonstancielle de la liberté ? Sans entrer dans des considérations abstraites sur le thème de la liberté, rappelons que la liberté pure et entière, absolue et sans frein, cela n’existe pas, n’a jamais existé dans l’histoire des Hommes, et ne peut exister. Dans son remarquable et crépusculaire ouvrage La présomption fatale, Friedrich Hayek rappelait que le droit de propriété pur et entier, immuable et sans réserve, est une vue de l’esprit, qui ne peut se concevoir parmi les Hommes : le droit de propriété a pris et prendra mille colorations juridiques divergentes, depuis les Grecs et les Romains jusqu’à nos jours. De même, la liberté, pure en concept, doit être saisie par un système de droit, pour régner parmi les Hommes. Or, depuis l’époque romaine, nos systèmes ont toujours comporté la possibilité de cantonner temporairement les libertés, en raison de circonstances exceptionnelles, c’est-à-dire en situation de crise grave. Nos libertés sont si bien susceptibles de souffrir des limitations temporaires que des mécanismes à cet effet sont expressément prévus dans les ordres constitutionnels de tous les pays occidentaux. Permettez-moi d’emprunter un exemple à l’ordre constitutionnel belge, défini par la Constitution de 1831 — apogée des constitutions libérales — toujours en vigueur. En période de crise, la Constitution belge prévoit que l’exécutif est susceptible de bénéficier d’une extension de ses pouvoirs. Concrètement, le gouvernement est habilité, durant cette crise, à modifier les lois en vigueur, sans passer par le Parlement. Cette habilitation est limitée en substance et dans le temps. En substance, les matières dans lesquelles le gouvernement intervient par des arrêtés royaux dits de pouvoirs spéciaux, ayant force de loi, sont en nombre limité. Dans le temps, généralement un an, les pouvoirs spéciaux investissent le gouvernement d’une manière de pleins pouvoirs, car se trouvent réunies entre ses mains, durant la période considérée, les deux principales fonctions du pouvoir au sens étatique : l’exécutif et le législatif. Aucune discussion parlementaire contraignante ne précède les mesures décrétées par le gouvernement en pouvoirs spéciaux. Le Parlement est réduit au rôle de spectateur. Cette concentration du pouvoir, temporaire et révocable, est la négation d’un aspect important de la liberté, soit la liberté au sens politique, et est totale : durant une période limitée mais pour le tout, le citoyen est privé de l’effectivité de sa représentation parlementaire. Le gouvernent décide seul et ne rend des comptes qu’à la sortie de la période des pouvoirs spéciaux. Cet exemple nous rappelle que des réductions circonstancielles de la liberté ont toujours existé et qu’elles sont problématiques, mais inévitables, aussi vrai que certaines formes aiguës de crise requièrent la rapidité dans l’action, et non la délibération. Les Grecs le savaient, les Romains l’avaient intégré, de même l’intégralité de la tradition du Rechtsstaat, état de droit, rule of law, constitutionnalisme américain. Nier la pertinence de ces réductions circonstancielles de la liberté revient à adhérer à une idée de la liberté aussi pure en concept qu’inopérante dans le monde réel. Qu’est-ce qui a fait naître cette confusion entre réduction substantielle et réduction circonstancielle de la liberté, à votre avis ? En Occident, la liberté est actuellement en état de siège, et l’est doublement. D’abord par l’effet de l’idéologie écologiste. Si le CO2 humain est le problème — mantra de l’écologisme contemporain — alors l’Homme est le problème, dans chacune de ses activités sans la moindre exception. On a longtemps abusé les gens en leur faisant accroire que le seul CO2 criminel est celui que produit l’industrie, ce qui était d’une certaine façon rassurant pour le commun des mortels. Rien n’est plus faux et il n’est que de parcourir un rapport du GIEC pour s’en convaincre : parvenir à la neutralité carbone suppose de réduire drastiquement la liberté de l’Homme dans toutes les sphères de l’activité : manger, se déplacer, entreprendre, voyager, mode de déplacement, industrie, bâtiments, systèmes de chauffage, fonder une famille, soigner les personnes âgées. C’est ce que j’ai nommé l’algorithme totalitaire de l’idéologie écologiste : par définition, rien ne lui échappe. Aucun totalitarisme n’avait ambitionné une mainmise aussi complète et intégrale sur l’Homme. Deuxième phénomène : nos sociétés sont collectivisées (au sens de ce qu’on nomme en allemand Sozialisierung, qui est un processus) par l’effet de la dépense publique, plus précisément l’endettement. Nos États se financent de deux manières, quel que soit l’habillage verbal qu’on leur donne : par l’impôt sur les actifs, et par l’impôt sur les futurs actifs. La dette publique est, en toute rigueur — ce n’est pas une image — un impôt sur les futurs actifs : nos enfants, les enfants de nos enfants. Or, nos enfants ne votent pas et ne sont en aucune façon représentés : des cibles faciles et même idéales pour des gouvernements en manque structurel et permanent de fonds. Évitons l’opposition facile et déresponsabilisante entre des États qui seraient devenus fous — tels Cronos dévorant ses enfants — et des populations-victimes : cette fuite en avant de nos gouvernements ne serait pas possible sans l’aval de nos populations. Il est plaidable que cette fuite répond aux attentes, expresses (vote) ou implicites, de nos concitoyens. Pour dire les choses crûment, rares sont les secteurs non seulement économiques, mais de l’activité en général, qui ne vont pas à la soupe du financement public. Le résultat de cet intéressant phénomène est que, finançant tout, l’État se trouve légitime à tout réglementer, ce qu’il fait en effet, sur le modèle françaissouvent s’inspirant de l’idéologie politique écologiste. Pourquoi pourrait-on être tentés de ramener climat et Covid dans un même ensemble ? Parce que les forces liberticides à l’œuvre dans nos États sont tentées de mettre la crise du covid à profit pour forcer les tendances déjà présentes dans nos sociétés : reconstruire mieux dans un sens écologiste, pérenniser la réduction des libertés, poursuivre et accroître la fuite en avant de la finance publique. Toutefois, cette confusion se fait au prix de la négation de la monstrueuse spécificité de la crise du covid, qui répond à des motifs tout aussi préoccupants mais radicalement distincts de la dérive des gouvernements en Occident. Que l’on s’en tienne aux faits avérés, on verra que le covid est une peste jetée sur le monde par le régime totalitaire chinois, par la suite d’expériences aberrantes consistant à accroître la transmissibilité humaine d’un virus naturel — à le rendre aussi contagieux que possible : mission accomplie — virus dont le gouvernement chinois a contesté la réalité, ensuite la transmissibilité humaine, pendant de précieuses semaines qui auraient permis d’en cantonner l’empire mondial. Ce faisant, le régime génocidaire de Beijing a perpétré un crime contre l’humanité au sens le plus descriptif de l’expression, qui a fait 4,5 millions de morts — souvent dans des conditions atroces — et des dizaines de millions de malades qui en conserveront des séquelles souvent handicapantes. Ramener le covid, par ethnocentrisme naïf, à sa seule gestion par les gouvernements occidentaux, conduit à manquer ce qui fait l’essence de la crise covid : le crime du régime communiste chinois. Ce crime est une réalité, le virus qui en est né est une réalité. Que des mesures devaient être prises — et l’ont été par l’intégralité des pays de la planète, sans la moindre exception — pour enrayer la contagion exponentielle jusqu’à la venue des vaccins, en est une autre. Comment mettre un terme à cette confusion ? « Nos démocraties sont fatiguées, corrompues, liberticides ; à maints égards, elles ont fait leur temps ; tandis que se lève à l’Est le régime du futur, qui excelle dans la technologie et qui a la capacité de privilégier le long terme, car il n’a aucun compte à rendre à des citoyens obsédés par le court terme. » Ce discours est celui que tenait une certaine intelligentsia en Europe occidentale durant les années trente. Le modèle, à l’Est, était l’Allemagne hitlérienne. La mémoire s’étant raccourcie en raison et proportion de l’effondrement de l’enseignement de l’histoire dans nos écoles, on oublie que dans les années trente, l’Allemagne hitlérienne était largement admirée, notamment en raison de ses prouesses technologiques (le pays de la technologie triomphante, à l’époque, était l’Allemagne, au moins autant que les États-Unis) Substituez à l’Allemagne nazie la Chine communiste et vous entendrez le discours d’une partie de nos élites. Des intellectuels autour de moi, pas nécessairement hostiles à nos idées, me tiennent régulièrement des discours du type « Certes, la Chine n’est pas une démocratie. Mais c’est un pays gérés par des ingénieurs, les ingénieurs sont au pouvoir en Chine. Par conséquent, ils réussiront là où nous échouons. » Ce discours n’est pas seulement d’une naïveté confondante, il est authentiquement sot, car la science dure par essence n’a rien à dire sur le gouvernement des Hommes. Quand des ingénieurs sont au pouvoir, ils ne le sont jamais comme ingénieurs, mais comme gouvernants donnant le primat à des valeurs et politiques qui sont du royaume du devoir-être, soit l’antithèse parfaite de la science (domaine de l’être). L’idéologie gouverne, la science, jamais. La science n’est pas au pouvoir en Chine et ne peut l’être. Est au pouvoir en Chine une idéologie totalitaire qui considère l’individu comme simple variable d’ajustement, néant de droit, sorte de mal nécessaire. Déplorer les mesures prises par nos gouvernements face au Covid sans rien dire du crime de la Chine communiste, revient à taxer le Premier ministre Churchill d’autoritarisme sans rien dire de la menace que représentait l’Allemagne nazie. Les dossiers du crime contre l’humanité perpétré par le régime totalitaire chinois — le covid — et de l’écologisme sont radicalement distincts, même si le premier est mis à profit pour accentuer les tendances et revendications du second. Nous devons retrouver le sens de l’impératif cartésien : pour passer d’une idée confuse et obscure à une idée claire et distincte, s’imposer de séparer le jugement de la perception. À propos de l’écologisme, le rapport du GIEC cette année est une fois de plus alarmiste. Qu’en penser réellement ? Les objectifs sont-ils réalistes ? Le rapport qui vient d’être publié est la première partie de l’AR6, sixième rapport général du GIEC, soit l’état de la science du climat. Il ne fixe aucun objectif en tant que tel. Pour cela, il faudra attendre la parution de la deuxième partie (impacts pour l’Homme) et surtout la troisième partie, la plus intégralement politique, celle qui détaille les mesures à prendre pour limiter l’impact négatif des changements climatiques observés. Je ne suis pas physicien et me suis toujours gardé de tenir le moindre propos ni parole publique sur la science du climat en tant que telle. Ce que je sais en revanche est que : Le climat est une réalité complexe et intéressante qui mérite une approche nuancée et modérée. Je déplore l’extrême politisation de ce dossier, qui favorise le fanatisme écologiste. Un mot de conclusion ? La liberté est un combat recommencé par chaque génération. Soyons braves et montrons-nous à la hauteur de nos glorieux devanciers. La liberté est le sel et la spécificité de l’incroyablement féconde civilisation occidentale. Elle est la condition de la morale (Kant). La liberté est ce qui fait de nous des Hommes. Nous la servons en usant de notre faculté de raisonner, distinguant des réalités — covid et climat — par essence hétérogènes.
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Le retour à la normale n'a pas tardé. En quelques semaines les niveaux de polluants dans l'atmosphère sont revenus à des niveaux proches ou similaires à ceux mesurés avant l'arrivée de l'épidémie de Covid-19 et la mise en place d'un confinement généralisé dans de nombreux pays. Ces interdictions de déplacements prises à travers le monde avaient provoqué une baisse sensible des polluants atmosphériques dans les grandes aires urbaines où ces mesures avaient été prises. Un des polluants caractéristiques du trafic routier et aérien, le dioxyde d'Azote (No2), a connu des chutes assez significatives dans les grandes villes ou le trafic s'est largement interrompu à partir de mars. A Paris, l'association de mesure de la qualité de l'air Airparif a calculé que ce gaz polluant a baissé de 20 % à 35% selon les semaines et jusqu'à 50 % le long du trafic entre le mardi 17 mars au 11 mai 2020. À Delhi, en Inde, une des villes les plus polluées au monde, la concentration de No2 a chuté de 46 microgrammes par mètre cube en mars à 17 microgrammes par mètre cube début avril, rapportait ainsi un article de The Economist. "En ville, il y a eu une baisse sensible et mesurable des oxydes d'azote, et cela est principalement lié au trafic véhiculaire", confirme Paolo Laj physicien au sein de l'Université Grenoble-Alpes, et directeur d'Actris, une structure de coordination des mesures européennes d'émissions à faible durée de vie. "En revanche à l'échelle régionale cette diminution est beaucoup moins visible, sauf en Chine où les observations montrent une vraie baisse des émissions de dioxyde d'azote". La Chine, précocement confinée au début de l'épidémie, avec des mesures très strictes a très rapidement cessé d'émettre ces polluants. Depuis le déconfinement c'est logiquement dans ces régions d'ordinaire très polluées que les taux de concentration de polluants sont remontés rapidement. Le dioxyde d'azote, comme les particules fines (issues du trafic mais aussi des modes de chauffage), ont une durée de vie dans l'atmosphère relativement courte, qui dépend des conditions climatiques notamment. "Les particules fines restent en moyenne cinq jours dans l'atmosphère, ce qui veut dire que quand on reprend les émissions on reprend les niveaux d'avant de façon rapide", note le physicien.
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Les activistes de Greenpeace étaient en action ce matin à Bruxelles pour envoyer un message aux chefs d’États réunis pour un Conseil européen. Sur le siège de la Commission européenne, les activistes ont projeté une image géante de la Terre transformée en bombe à retardement. Des mesures politiques radicales doivent être prises de toute urgence pour désamorcer la bombe climatique et éviter le pire de la catastrophe climatique. Les États européens en retard sur leurs objectifs climatiques Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre que s’est fixés l’Union européenne ont été définis avant la COP21 et l’Accord de Paris. Ils ne sont pas compatibles avec la limitation de la hausse des températures à 1,5°C. Climat: les Etats européens en retard sur leurs objectifs https://t.co/ABSm3EkLme pic.twitter.com/IJMkghWapz — Libération (@libe) June 18, 2019 La crise climatique constitue une menace existentielle qui contribue d’ores et déjà à l’effondrement du vivant et affecte les vies de millions d’êtres humains. Les engagements européens actuels nous placent sur une trajectoire de réchauffement global de plus de 3°C – un véritable chaos climatique qui promet d’être accompagné de conséquences dramatiques pour l’humanité et la biodiversité. Pendant que le @gouvernementFR multiplie les effets de manche sur le #climat, le Groenland fond 3 fois plus vite que lors des premières phases de l’ère des changements climatiques et atteint un point de basculement. #UrgenceClimatique https://t.co/BZ6o0JRlOB — Greenpeace France (@greenpeacefr) June 19, 2019 La neutralité carbone est définie dans la loi française comme « l’atteinte de l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et les absorptions anthropiques (c’est-à-dire les absorptions par les écosystèmes gérés par l’homme tels que les forêts, les prairies, les sols agricoles et les zones humides, et par certains procédés industriels, tels que la capture et le stockage de carbone) ». Bruxelles, 20 juin 2019 : les activistes de Greenpeace Greenpeace projettent une image de la Terre transformée en bombe à retardement sur le siège de la Commission européenne. Une majorité écrasante de gouvernements européens soutiennent aujourd’hui le projet de viser une neutralité carbone d’ici 2050. Mais les responsables politiques présents à ce sommet doivent maintenant montrer qu’ils sont préparés à aller plus loin d’ici l’important Sommet Climat des Nations Unies de septembre prochain. La Finlande vient d'annoncer la neutralité carbone en 2035. La date de 2050 est indécente quand on connaît la dette climatique de la France, l'une des plus élevées au monde. #DirectAN https://t.co/o30dEBGT8f — Clément Sénéchal (@ClemSenechal) June 19, 2019 C’est bien avant 2050 que l’Europe doit atteindre cette neutralité carbone pour éviter le pire de la crise climatique. Les objectifs de long terme tels que ceux-ci n’engagent pas les gouvernements actuels et ne sont pas en phase avec l’urgence. Les objectifs climatiques à 2030 doivent être drastiquement être revus à la hausse à court terme et des actions concrètes pour réduire les émissions doivent être entreprises dès maintenant : Greenpeace appelle l’Union européenne à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 65% d’ici à 2030 (par rapport au niveau de 1990) et à atteindre zéro émissions nettes en 2040. La France ne contribue pas assez à la rehausse de l’ambition européenne sur le climat Sur la scène européenne, Emmanuel Macron s’est posé en chef de file de la lutte contre le changement climatique. Mais il ne semble pas décidé à y mettre les moyens. La France rechigne toujours à contribuer davantage au budget européen pour soutenir les États membres les plus pauvres dans leur transition écologique. Cette solidarité est pourtant essentielle à une action européenne coordonnée et efficace contre le changement climatique. La crédibilité du président français dans les négociations européennes sur le climat s’effrite de plus en plus : au niveau national, la France se démarque par l’absence de politiques publiques à la hauteur du défi et le maintien d’un statu quo destructeur pour le climat. D’ailleurs, la Commission vient de critiquer cette même semaine les plans climat-énergie de la France pour les prochaines années. Elle note par exemple que la France continue de verser des subventions aux énergies fossiles et lui demande de faire la transparence sur l’ensemble de ces subventions à l’énergie, estimées à au moins 11 milliards d’euros de niches fiscales en 2019. Critiqué en France pour son inaction, Macron se pose en champion du climat au Kenya https://t.co/u3jYCGPk1v — Le Monde (@lemondefr) March 14, 2019 En 2018, la France a été de nouveau incapable de respecter ses propres objectifs en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Quant aux lois mobilités et énergie-climat, actuellement en cours d’examen, elles protègent encore beaucoup trop les intérêts des industries qui alimentent la crise climatique : date de fin de vente des véhicules diesel et essence trop tardive du côté de l’industrie automobile, maintien d’un niche fiscale sur le kérosène favorable à l’industrie aéronautique, etc.. Les institutions européennes doivent prendre la crise climatique à bras le corps Bruxelles, 20 juin 2019 : les activistes de Greenpeace envoient un message aux chefs d’États et de gouvernements en amont d’un sommet européen crucial pour le climat. Nous attendons de toutes les institutions européennes, y compris des nouveaux membres du Parlement européen, de la future Commission européenne et de tous les gouvernements des Etats Membres, qu’ils fassent de l’action climatique une priorité. Hier Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), l’Union européenne doit aujourd’hui se transformer en une Union climatique capable de faire front pour répondre à la crise en cours. L’Europe divisée face à l’urgence climatique https://t.co/Ot87vlGM6j — Le Monde Planète (@lemonde_planete) May 13, 2019 Réduction drastique des émissions à horizon 2030, révision du marché carbone européen, fin des subventions et investissements favorables aux énergies fossiles, application stricte du principe pollueur payeur (notamment via une taxation environnementale sur le secteur aérien), stratégie européenne de reconversion de l’industrie automobile, réécriture de la proposition de réforme de la PAC, révision de la politique commerciale européenne, mise en place d’une stratégie européenne pour les puits de carbone naturels, renforcement de la gouvernance climat de l’Union : autant de chantiers qui doivent être au cœur de l’action européenne de ces prochains mois et de ces prochaines années. TRIBUNE – Les représentants de sept ONG (WWF France, France Nature Environnement, Oxfam France, Greenpeace, Pacte Finance-Climat, CARE France, Réseau Action Climat) demandent à l'Union européennes un cap et des actions concrètes en faveur du climat. https://t.co/9eZwA8ZZMO — Le JDD (@leJDD) June 15, 2019 Le futur accord de coalition du Parlement européen doit faire de ces chantiers une priorité. Cela implique de porter des réformes communes pour faire baisser les émissions sur le court terme. Un tel accord permettra également d’influencer l’agenda stratégique européen pour les années à venir (2019-2024).
biased
Un pan de berge de la Seine transformé en "désert aquatique". Le géant du BTP Vinci, visé par une plainte déposée par une association de pêche et de protection de la nature, a reconnu mercredi avoir déversé des eaux chargées de résidus de béton sur les berges de Seine à Nanterre. Un garde-pêche a repéré l'écoulement le 19 mars, lors d'une promenade de routine, a rapporté l'Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA), confirmant une information d'Europe 1. Le déversement provenait d'une centrale à béton, propriété de Vinci Construction, servant à alimenter le chantier Éole d'extension du RER E vers l'ouest parisien. Le point de sortie des eaux sales "était bien caché" et facilité par "une ouverture dans le grillage", a déclaré Sandrine Armirail, directrice de la maison de la pêche et de la nature et présidente de l'AAPPMA 92. L'association a déposé plainte pour "abandon de déchet, rejet en eau douce de substance nuisible au poisson et destruction de frayère". Les eaux chargées de résidus de béton rejetées dans la Seine ont cimenté "tout un pan de berge", la transformant en "un désert aquatique", a déploré Sandrine Armirail. "Les berges, c'est l'endroit le plus intéressant pour la biodiversité, a-t-elle ajouté, là, vu que tout est bétonné sur le fond, il n'y a plus rien". Selon Sandrine Armirail, l'évacuation des eaux polluées a commencé "en 2018". Dans un communiqué, Vinci a assuré avoir "mis en oeuvre les mesures nécessaires pour stopper cet écoulement". "Après enquête interne, si des responsabilités individuelles venaient à être établies, des sanctions seront prises", a promis le géant du BTP. Il a également qualifié cet incident d'"exceptionnel" et a indiqué se tenir "à l'entière disposition des autorités administratives et judiciaires dans le cadre de l'enquête qui pourrait être ouverte". La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse s'est de son côté dite "scandalisée". "Je demande au groupe Vinci que toute la clarté soit faite dans cette affaire et des sanctions exemplaires contre ces pollutions sauvages !", a-t-elle twitté.
true
Superbes maisons autonomes mais, bien se renseigner avant de se lancer, ça sera cher si vous n’avez aucune notion en maçonnerie. « Si on ne sait pas faire, c’est très cher. C’est des maisons de luxe. » explique Manal Al Audat. Partagez ! Volti ****** L’architecte Michael Reynolds nourrissait le rêve de construire des écomaisons complètement autonomes et capables de subvenir aux besoins des habitants, les fournir en eau potable, énergie et nourriture. Son rêve est enfin devenu réalité. Ces écomaisons sont aussi appelées « Earthships », car les gens y vivent en harmonie avec la nature. Elles sont construites à partir de matériaux recyclés, sont alimentées par des énergies renouvelables et y sont aménagés des systèmes innovants pour traiter les eaux usées. En d’autres termes, les écomaisons assurent des conditions confortables sans nuire à l’environnement. Une équipe de RT a rencontré Michael Reynolds pour en apprendre plus, voir de ses propres yeux comment son projet a été mis en œuvre et parler à des membres de cette communauté Earthship. Des maisons bioclimatiques à base de matériaux de récupération Les earthships sont des maisons écologiques destinées à l’autoconstruction. Composées de matériaux recyclés (pneus, bouteilles, cannettes…) et naturels (bois, chaux, paille…), elles peuvent être 100 % autonomes. Imaginés par l’architecte utopiste Michael Reynolds dans les années 1970, les earthships(ou « géonefs » en français) sont des maisons écologiques qui respectent et s’intègrent à leur environnement. Cet Américain s’est construit une maison à base de pneus usés, de bouteilles en verres ou encore de cannettes en aluminium dans le désert de Taos, au Nouveau-Mexique. Cette communauté compte 70 maisons dispersées sur 640 hectares. Aujourd’hui, le mouvement earthship prend de l’ampleur, même s’il reste assez peu connu. En France, une petite dizaine de maisons passives de ce type sont en construction dans le Lot, en Alsace ou dans le Tarn. Après la construction de deux salles de classe au Sénégal, le fondateur de l’association Habite ta Terre, Manal Al Audat, a décidé de revenir en France. C’est en Dordogne, en mars 2015, qu’il débute le chantier participatif de sa maison earthship de 225 mètres carrés. Avant de se lancer dans une telle construction, « Il faut se rendre à la direction départementale. La réglementation pour les maisons earthship répond aux mêmes critères que pour une maison traditionnelle. », indique-t-il. Des maisons recyclées Ces constructions modulaires et évolutives sont destinées à être autoconstruites. Bien entendu, il sera compliqué de la bâtir entièrement si vous n’avez aucune connaissance en maçonnerie ou en architecture. Ce sont des logements bioclimatiques, qui se construisent en fonction de leur environnement, constitués de matériaux recyclés ou naturels. Les seuls composants qui ne sont pas des déchets, mais qui peuvent être récupérés, sont les portes et les fenêtres. L’architecture des earthship est basée sur des techniques anciennes comme des murs en torchis ou en chaux. De plus, elles ne nécessitent normalement aucune machine pour les bâtir, uniquement des hommes ! Des maisons autonomes Les géonefs sont conçues pour être autonomes des énergies fossiles. Ainsi, la façade principale, constituée de baie vitrée et de panneaux photovoltaïques (s’il y en a) est orientée vers le sud. L’autre façade, orientée vers le nord, est un mur de soutènement en pneus, semi-enterré dans la terre. Cette structure de base lui permet d’être autonome, notamment en chauffage. « Les baies vitrées forment un couloir qui met en relation toutes les pièces. En hiver, la serre chauffe, il suffit d’ouvrir les portes pour que l’air chaud circule dans les pièces. En été, il y a un système de ventilation, appelé puits canadien. Il s’agit d’un tuyau qui dessert toutes les pièces et qui est enterré sous la terre. La sortie est à 30 mètres de la maison. En ouvrant les fenêtres, il y a un courant d’air qui fait que l’air chaud sort. L’air qui passe par le tuyau, et donc prend la température de la terre (environ 10 degrés), entre dans la pièce. », explique Manal Al Audat. Sa maison en Dordogne sera également autonome en eau. « L’eau de pluie sera récupérée dans une cuve. Après avoir été filtrée pour devenir potable, elle sera utilisée pour la douche, le lavabo ou l’évier de la cuisine. » Mais là ne s’arrête pas son parcours ! L’eau usée est ensuite reversée dans les plantes présentes dans la partie serre. Il faut donc utiliser du savon ou du détergent écologique. Elle est récupérée une nouvelle fois pour les toilettes. Enfin, elle est déversée dans un bac de phytoépuration. En somme, la même eau de pluie est utile pour toute la maison ! « Je ne suis pas contre le réseau traditionnel, mais ce dernier n’est pour le moment ni propre ni intelligent. » En revanche, pour l’électricité, le fondateur de l’association a décidé de se raccorder au réseau. Il considère que les panneaux photovoltaïques « sont trop chers et pas assez efficaces », tout comme les batteries. Mais une maison de ce type peut tout à fait accueillir des panneaux solaires ou des éoliennes afin d’être totalement autonome. Pour cela, il faut accepter d’adapter sa consommation. Et le prix ? « Pour une maison autoconstruite, vous paierez environ 800 euros le mètre carré. Mais il faut savoir tout faire. », explique Manal Al Audat. Attention aux fausses informations : maison en matériaux recyclés ne veut pas dire économique. « Si on ne sait pas faire, c’est très cher. C’est des maisons de luxe. », précise-t-il. Même si, par la suite, vous ferez des économies sur le long terme en eau ou en chauffage. Selon le fondateur de l’association Habite ta Terre, ces maisons sont « plus durables que tout le reste. La structure ne bougera pas, il faudra juste refaire les enduis et entretenir la plomberie et l’électricité ». Si vous souhaitez vous lancer dans la construction d’une maison passive de ce type, de nombreux plans sont consultables sur internet. L’équipe d’Habite ta Terre compte bien développer l’accompagnement à l’autoconstruction. « Il n’existe pas de formation pour apprendre à construire sa maison. C’est ce que nous souhaitons faire, avec des artisans qui pourraient intervenir ponctuellement sur le chantier. » C’est l’expérience que sont en train de vivre Martin et Cécile, qui construisent leur earthship, « Vallée du Célé », dans le Lot avec l’aide de l’association. Un autre chantier a débuté du 17 juillet au 12 août 2017 à Biras, en Dordogne. C’est la première fois qu’un eartship officiel est en partie financé par une banque en France. Et aussi: Quand les océans crient : des sons effrayants venus des abysses océaniques [Vidéos] Pourquoi dit-on « Allô » quand on répond au téléphone ? [Vidéos] Les Frankenstein modernes : voyage au bout de l’horreur [Vidéos]
true
La presse économique a récemment rapporté la décision du fonds d’investissement privé Storebrand, qui gère 83 milliards d’euros d’actifs, de se désengager de 5 sociétés pour cause de non respect de l’accord de Paris sur le climat. LA NORVÈGE Storebrand reproche aux groupes pétroliers américains ExxonMobil et Chevron, au chimiste allemand BASF, au géant minier anglo-australien Rio Tinto et au producteur américain d’électricité Southern Company d’œuvrer contre l’Accord de Paris qui vise à limiter à 2°C, voire à 1,5°C, le réchauffement climatique. L’assureur s’est désengagé entre autres de BASF et Exxon Mobile. Il se trouve que Storebrand est un fond… norvégien ! Son homologue étatique, le fonds souverain du pays, le « Governement Pension Fund-Global » (ex-Petroleum Fund !) bannit lui aussi à tour de bras : l’exclusion du suisse Glencore et du britannique anglo-americain mais aussi des producteurs d’électricité allemand RWE, australien AGL Energy et sud-africain Sasol est motivée par leur présence importante dans le charbon, dont la Norvège a été longtemps un exportateur. Ils peuvent se le permettre. Les cinq millions de Norvégiens sont à la tête d’un bas de laine de 1000 milliards d’euros… gagnés en exportant du gaz, du pétrole et même du charbon. Si un débat a eu lieu ces dernières années dans la population pour savoir si c’était bien éthique de continuer, la décision a quand même été « Drill, baby drill » comme disent les Texans. Et l’exploration a repris. Le pays lorgne les gisements les plus au Nord, là où il y a des zones à l’écosystème un peu fragile ; mais bon, ils prendront des précautions. La production vise d’atteindre à nouveau les pics des années 2000. La Norvège est le troisième exportateur mondial de gaz, après les USA et la Russie. Mais selon les autorités, ils ont un gaz plus propre que les autres. Dont acte. Et c’est d’autant plus juteux de flatter la Vertitude pour la Norvège qu’elle possède aussi des possibilités importantes d’électricité d’origine hydraulique, et ainsi profite de la bêtise du Danemark et de l’Allemagne : elle achète à prix négatifs les jours de tempête, et revend très cher les nuits d’hiver sans vent. C’est tellement juteux qu’un câble sous marin d’interconnexion est prévu avec l’Angleterre. Bref, la Norvège gagne sur tous les tableaux. Les Norvégiens ont beau être luthériens en majorité, le jésuitisme leur va très bien : vertueux, mais en bon Nordiques, pragmatiques avant tout. ET LES AUTRES PAYS On ne peut guère partir en guerre contre l’hypocrisie norvégienne : quasiment tout le monde fait la même chose. Prenons les trois premières économies mondiales : L’Allemagne entraîne toute l’Europe dans une course folle aux ENR… mais rénove ses centrales au charbon, et négocie le gaz russe. La Chine a signé le protocole de Paris, qui n’exige rien d’elle avant 2035… Elle construit des centrales à charbon à tour de bras. Obama, lorsqu’il signait l’accord, permettait en même temps la plus formidable révolution énergétique depuis un siècle avec le gaz de schiste… En Californie, c’est le gaz et le charbon des centrales des États voisins qui sauvent un peu la sécurité d’alimentation électrique. L’ex-président des Maldives se posait en victime de la montée du niveau des mers, tout en équipant ses îles d’aéroports pour accueillir les touristes… ET LES PEOPLE… C’est sans doute chez les people qu’on trouve les excès les plus indécents : de leurs piscines du Lubéron, ou du cap Ferret, nos vedettes de cinéma hurlent à la Vertitude, entre deux allers-retours parisiens en hélicoptère. Tel ancien ministre de l’Environnement fait du hors-bord ultra puissant en Bretagne, après avoir dévasté des zones entières de paysage avec son équipe de tournage télévisuelle héliportée lorsqu’il était un homme de spectacle… Aux États-Unis c’est pire encore : le maître en la matière est évidemment Al Gore, avec ses manoirs, son penthouse sur les docks de San Francisco, lui qui alerte sur la montée des eaux… Mais Di Caprio n’est pas mal non plus, lui qui n’hésite pas à faire l’aller-retour Cannes New York pendant le festival pour aller recevoir un prix du meilleur ambassadeur de l’environnement… Récemment, Harrison Ford, fervent thuriféraire de Greta Thunberg, a fait juste un aller-retour dans son jet privé pour chercher son fils à l’école… Et Greta Thunberg va à New York en bateau à voile, mais change de skippers entre l’aller et le retour… et eux voyagent en jet… LA FRANCE IMPERTURBABLE La France, dans sa logique cartésienne excluant l’ambivalence, seule au milieu de tout cela, reste droite dans ses bottes : le nucléaire c’est mal, on l’arrête. Le pétrole c’est mal, on interdit les forages en Guyane. Les métaux c’est mal, on interdit les mines. Le plastique c’est mal, on vend notre industrie chimique. Mais nous serons fiers de laisser un pays si vertueux à nos petits-enfants.
biased
Le prix Nobel d’économie 2018 a été décerné à deux économistes américains très connus et très respectés : William Nordhaus et Paul Romer. Peut-être parce qu’il a été annoncé au moment de la sortie d’un énième rapport de la dernière chance publié par le GIEC, les catastrophistes officiels se sont empressés d’annexer ces économistes, en nous expliquant qu’ils étaient des spécialistes de l’environnement et d’ardents soutiens de l’alarmisme dominant. Il n’en est rien. Paul Romer n’a pratiquement rien écrit sur ce thème ; William Nordhaus a bien travaillé sur l’environnement mais les conclusions auxquelles il arrive sont très différentes du discours du GIEC. Paul Romer, Professeur à la New York University (NYU), qui a été un temps économiste en chef de la Banque Mondiale, a principalement travaillé sur la croissance économique. Il a contribué à dépasser la représentation classique qui explique la production à partir du travail et du capital, et la croissance à partir de l’augmentation de ces deux facteurs. Le rôle essentiel, explique-t-il, est joué par la technologie, l’éducation, les institutions, le secteur public, etc. – des variables « endogènes » à la société. Son nom est associé à la notion de « croissance endogène ». Le hasard fait que j’ai passé quelques jours avec Paul Romer qui m’avait invité à NYU à un petit colloque sur la voiture autonome : à aucun moment il n’a fait référence au climat, ou au réchauffement ou même au CO2 ; et dans ses publications, je n’ai pas souvenir de travaux sur ces thèmes. PRUDENT SUR LA THÈSE DU GIEC Nordhaus, Professeur à Yale, a au contraire beaucoup travaillé sur ces thèmes. Il a synthétisé ses analyses dans un beau livre intitulé The Climate Casino publié en 2013. Il accepte, au moins provisoirement, la thèse du GIEC sur un réchauffement causé par les teneurs de l’atmosphère en CO2 anthropique. Il évalue le coût des dommages de ce réchauffement en fonction de son ampleur : coût réel pour un réchauffement de 1,5° (au dessus de la température de 1900), important pour 3°, très grand pour 5°. Et le coût des politiques de décarbonation en fonction de leur ampleur. La confrontation de ces deux courbes lui permet de définir un objectif optimal. Bien entendu, de tels calculs sont très difficiles à conduire, et Nordhaus, en savant honnête et prudent, est le premier à souligner la fragilité de ses évaluations. Si les alarmistes se donnaient le mal de lire l’auteur qu’ils s’approprient, ils seraient surpris, et furieux, de ses conclusions. L’objectif optimal, désirable pour l’humanité, varie de +2,5° dans le cas (peu réaliste selon Nordhaus lui-même) d’une politique universelle à environ +4° dans le cas (plus vraisemblable) d’une politique non universelle. On est loin du catastrophique +1,5° de la COP 21 ou de l’apocalyptique +2° décrit par le GIEC dans son rapport d’octobre 2018. Selon Nordhaus, un réchauffement de 1,5°-2° est insuffisant, et il faudrait viser un réchauffement deux fois plus important, de 2,5° à 4°. S’il présentait ses travaux à une réunion du GIEC, de l’IDDRI, ou d’un Climate Finance Summit, le Professeur Nordhaus serait accueilli à coup d’insultes et de tomates. — Sur le web
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Les anti-écolos félicitent le Koleos de Renault. Samedi 14 juin, deux jours après le lancement sur le marché du premier 4×4 de Renault baptisé Koleos, les bénévoles de Greenpeace sont mobilisés. Dans une vingtaine de villes de France, ils sont allés rendre visite à leur concessionnaire pour « célébrer » avec humour la naissance d’une merveille anti-écologique et « féliciter » Renault comme il se doit pour son engagement en faveur du climat. Globalement, la mobilisation s’est déroulée dans la bonne humeur générale. Les responsables des concessions Renault ont réservé un bon accueil aux bénévoles, qui n’ont pas lésiné sur les moyens pour dénoncer avec humour le double jeu de Renault, qui, d’un côté, communique tous azimuts sur son label « Eco 2 » et, de l’autre, commercialise une arme de destruction massive du climat. Pour la plupart, les bénévoles se sont mis sur leur 31 pour jouer les pollueurs venus fêter, à coups de champagne sans alcool, la naissance du Koleos. Car cette véritable petite merveille anti-écologique affiche des mensurations impressionnantes : ce « crossover » pèse entre 1,5 et 1,7 tonne, présente un moteur très puissant (150 à 175 chevaux), donc très gourmand (7,2 à 9,9 litres/100 km). Résultat : les dix modèles émettent en moyenne 209 g de CO2/km, d’où un malus de 750 à 1 600 €. Ils s’étaient aussi munis de pancartes ou de banderoles aux slogans aussi drôles que provocateurs : « Koleos : le nouveau prêt-à-polluer de Renault » à Strasbourg, « Renault = partenaire officiel du réchauffement climatique » à Bordeaux, « 209 g CO2/km: Renault, koleoscopie positive » à Nantes, « Choisir entre la peste et le Koleos » à Grenoble, et bien d’autres ! Certains sont arrivés avec des ballons blancs marqués « CO2 », d’autres avaient confectionnés des « CO2 d’or » ou des « Pots d’échappement d’or » pour récompenser Renault de son engagement dans la lutte contre les changements climatiques. La preuve en images, avec ces photos prises un peu partout en France : Rien de tel pour faire passer les messages qu’un peu d’humour et de dérision. En témoigne le succès de la journée, auprès du public interpellé mais aussi des médias nationaux ou locaux : reportage au JT de 13h et de 20h sur France 2 dimanche, sujets sur BFM TV, reportages à France 3 Alsace et Côte d’Azur, sur France Inter, France Info, Radio Nostalgie, France Bleu (Alsace, Armorique, Bourgogne, Gironde, etc.), et articles dans Libération, Sud Ouest, Le Télégramme, Le Républicain lorrain ou encore la République du Centre !
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La COP22 est officiellement lancée. Lors de ces négociations sur le climat qui se déroulent ces deux prochaines semaines à Marrakech, les gouvernements doivent passer des promesses de l’Accord de Paris aux actes. On the eve of UNFCCC COP22 to be held in Marrakech, Greenpeace unfurled #SunUnitesUs banners at the iconic Ait Ben Haddou in southern Morocco, sending a strong message to leaders about the potential of solar and renewable energy in the fight against climate change. Si les dirigeants ont pris conscience que la transition énergétique mondiale est inévitable pour limiter le réchauffement climatique en deçà de 1,5 degré, les contributions actuelles des États sont largement insuffisantes. Le Programme des Nations unies pour l’environnement l’a rappelé aux gouvernements jeudi dernier : même dans le cas où ces contributions étaient appliquées dans leur totalité, le monde assisterait à une augmentation moyenne des températures globales 2 fois supérieure à la limite fixée dans l’Accord de Paris. Les gouvernements doivent se mettre d’accord sur des mesures additionnelles pour renforcer leur engagement pour le climat avant 2020, en gardant toujours à l’esprit la cible de 1,5 degré de réchauffement. Oui. Nous sommes menacés par un réchauffement de +3°C : tout reste à faire en matière de #climat. https://t.co/DvWbYFHCg6 via @lemondefr — Greenpeace France (@greenpeacefr) November 5, 2016 2018 sera un moment clé : tous les pays doivent prévoir de mettre en œuvre leurs plans climatiques nationaux à cette échéance. Ils se réuniront alors à nouveau pour questionner la pertinence de leur action dans la lutte contre les changements climatiques et devront être préparés à de nouvelles cibles de réduction des émissions, plus ambitieuses, pour 2025 et 2030. La COP de Marrakech doit aussi être celle de l’adaptation : les pays du Sud sont les plus vulnérables et les plus concernés par les changements climatiques. Ils en subissent déjà les impacts de plein fouet. Ils doivent donc être assurés qu’ils auront le soutien nécessaire pour s’adapter à ces impacts, un soutien qui doit absolument se matérialiser par un financement supplémentaire des pays industrialisés. Les promesses faites à l’Afrique l’année dernière seront-elles honorées ? La question des pertes et dommages liés aux changements climatiques reste également centrale. Les États doivent accélérer leur action dans ce sens et absolument prendre en compte les pertes et dommages immatériels (pertes de vies, impacts sanitaires, héritage culturel, biodiversité, etc.). Dans le cadre de la campagne #LeSoleilNousUnit, le Rainbow Warrior ouvre ses portes au public à Tanger pour sensibiliser à l’énergie solaire dans le monde arabe. Afin de célébrer le pays qui accueille ces négociations et de rappeler l’urgence d’en finir avec le développement des énergies fossiles, Greenpeace sensibilise les Marocains au potentiel de l’énergie solaire, une mission notamment assurée par le Rainbow Warrior, navire amiral de Greenpeace. Un monde alimenté entièrement par les énergies renouvelables est possible. Tout comme est possible un engagement ambitieux pour le climat. Deux messages que nous devons crier haut et fort et que les chefs d’État doivent entendre. Le fossé entre les objectifs fixés et les actes doit d’urgence être comblé. Sans quoi, la limite d’augmentation des températures fixée lors de la COP21 sera inatteignable avant même que l’encre de l’Accord de Paris ne soit sèche.
biased
C’est en faisant mes deux minutes quotidiennes en enfer sur Twitter que je suis tombé sur un message du Réveilleur qui rebondissait sur un tweet de Greenpeace, dont le message était assez provocateur : ‘l’empreinte carbone de Total est égale à celle de la France’. https://twitter.com/greenpeacefr/status/1266014866646740992?s=20 Pour des raisons personnelles, j’adore quand on tape sur Total, je suis le premier à le faire. Même si cette communication de Greenpeace m’a mis une fois de plus mal à l’aise, c’est bien la remarque du Réveilleur qui m’a fait intervenir. Total ne serait pas responsable de l’utilisation de ses produits, et des émissions de CO2 qui en découlent ? Seuls les citoyens qui consomment le seraient ? Ce ne sont pas des questions auxquelles on peut répondre facilement, puisqu’elles touchent à la comptabilité carbone… Et à l’éthique. Sommaire Avant propos sur les protagonistes Qui pollue : Total, ou le citoyen ? Jouer avec les chiffres : un jeu d’enfant There is no such thing as society Le déni, le mal du siècle Ethique, droit et moral Le mot de la fin Avant propos sur les protagonistes Total n’a pas vraiment besoin d’être présentée : plus grosse entreprise du CAC 40, Total fait partie des six supermajors, des entreprises vertueuses où la morale n’est valable que le dimanche à 15H42. Total a toujours le mot pour rire, surtout récemment lorsqu’ils ont annoncé qu’ils atteindraient la neutralité carbone en 2050. On connaît le principe : on pollue, on achète 2-3 tonnes sur les marchés et on plante 2-3 arbres pour compenser. Faisons comme ça. https://www.total.com/fr/medias/actualite/total-se-dote-dune-nouvelle-ambition-climat-pour-atteindre-la-neutralite-carbone Ensuite, Rodolphe Meyer, Youtubeur plus connu sous le nom du Réveilleur, qui fait de la vulgarisation des connaissances scientifiques sur l’environnement. J’apprécie son travail, l’ai déjà recommandé plusieurs fois. Il a une qualité qui est rare de nos jours : quand il fait des erreurs dans ses vidéos, il revient dessus et les corrige ! Son travail est selon moi d’utilité publique, au même titre que les cours de JM.Jancovici aux Mines. Enfin, Greenpeace. J’en entends parler depuis ma naissance, suis leurs actions depuis 15 ans. J’essaye de prendre Greenpeace dans son ensemble : je crois que malgré leur communication maladroite, parfois mensongère, ils ont déjà fait bien plus pour l’environnement que ne feront jamais tous les Twitter Warriors qui passent leur temps à leur cracher dessus. Greenpeace existait et se battait déjà pour l’environnement que vous n’étiez même pas nés ! Alors, un peu de respect. En revanche, il est vrai que leur communication a évolué, et que je vois beaucoup plus de sensationnalisme, de putaclic dont je ne suis absolument pas fan. C’est très exactement le cas de ce tweet de Greenpeace, qui joue à merveille le coup marketing. Mais alors, qui a raison, qui a tort ? Greenpeace qui tape sur Total, ou Le Réveilleur qui tape sur Greenpeace ? Qui pollue : Total, ou le citoyen ? L’argumentation se présente en trois temps. Je vais d’abord aller dans le sens de Greenpeace. Total, avec sa neutralité carbone, indique elle-même qu’elle comptabilise les émissions liées à l’utilisation des produits. Les scopes (en l’occurrence le scope 3) sont des indicateurs faisant partie du Greenhouse Gas Protocol pour que les organisations puissent calculer leurs GES. Source : CDP Carbon Majors Report 2017 Ainsi, Total se fait prendre à son propre jeu : ce scope 3 va leur coûter très cher, s’ils veulent le respecter. Greenpeace soulève un point important : le gouvernement et les industriels doivent prendre leurs responsabilités, et mener la lutte contre le changement climatique. Les entreprises doivent être tenues responsables de leurs émissions et les gouvernements doivent mettre en place les législations permettant de le faire. Là où l’intervention du Réveilleur est juste, c’est lorsqu’il tape sur la communication quelque peu fallacieuse de Greenpeace. ‘Il faudrait expliquer clairement la démarche, parce que la majorité du public ne va pas comprendre ça mais va croire que Total pollue autant pour produire le carburant et pas avec sa combustion’. Il a raison, nous ne sommes pas beaucoup à aller lire les sources, creuser les sujets : beaucoup trop s’arrêtent au titre et ne vont pas plus loin, se confortant dans leur biais de confirmation. Jouer avec les chiffres : un jeu d’enfant Le problème avec les chiffres, c’est qu’on peut leur faire dire ce que l’on veut. Il y a un mois, je demandais innocemment au responsable RSE de BNP sur Linkedin, pourquoi il communiquait sur “BNP, un exemple vert“, alors qu’ils ont prêté 84 milliards de dollars aux industriels du fossile sur les 4 dernières années. Réponse de l’intéressé : ‘oui mais dans le classement truc machin bidule GREEN, on est premiers‘. T’es surtout premier à te foutre du monde, Antoine Sire, ceinture noire en flûte traversière. La comptabilité carbone est relativement complexe, assez pour qu’on puisse jouer avec et se montrer plus vert que vert. L’objectif de cet article n’est pas de donner un cours sur cette comptabilité, mais plutôt d’en comprendre la complexité et ses limites. Prenons par exemple une approche basée sur la consommation qui tient compte des échanges, attribuant à chaque pays les émissions dues à la production de ce qu’il consomme, en lui octroyant les émissions des produits qu’il exporte et qui seront consommés ailleurs. On appelle cela l’empreinte carbone. En France, comme nous importons plus de produits que nous n’en exportons, notre empreinte carbone est supérieure à l’inventaire national : Source, page 38 : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2018-12/datalab-46-chiffres-cles-du-climat-edition-2019-novembre2018_1.pdf C’est ainsi que la France communique depuis 30 ans en se faisant passer pour un pays ‘clean’, tout en rouspétant sur les chinois qui polluent avec leur charbon. Hey, MIRACLE ! L’empreinte carbone chinoise est inférieure à leur inventaire national. Comment ça, ils produisent les biens de consommation des occidentaux ? Je ne peux plus rejeter la faute sur eux ? Cela ne m’arrange pas du tout. Mais la responsabilité n’est pas exclusivement réservée aux entreprises, ou au ‘système’. There is no such thing as society There is no such thing as society. “Nous sommes arrivés à une époque où trop d’enfants et de gens (…) rejettent leurs problèmes sur la société. Et qui est la société? Cela n’existe pas! Il n’y a que des individus, hommes et femmes, et des familles.” Sacrée Margaret. J’ai pris l’exemple le plus connu (et provocateur) pour étayer ce qui mérite d’être souligné : la responsabilité des individus. Si nous devions évaluer le poids des responsabilités, elle est bien sûr moins importante que celle des entreprises et de l’Etat. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut sous-estimer son rôle. Je ne supporte pas les personnes qui se plaignent, qui passent leur temps à dire ”gneugneugneu de toute façon si j’ai pas réussi à faire X ou Y c’est de la faute des autres”. Si nous réfléchissons tous comme cela, personne n’est responsable. Oui, le climat est un problème systémique. Oui, tout seul, c’est impossible de changer les choses. Mais il n’est plus à prouver que nous avons notre part à jouer si nous voulons que cela change. Tendre vers l’exemplarité, afin d’atteindre les fameux points de bascule. Le déni, le mal du siècle C’est ici tout le problème de la communication de Greenpeace : en une affiche, sans en expliquer la profondeur, on incombe la faute à 100% à Total. Ce n’est pas comme cela que cela marche. Même si tous les employés de Total commencent à boire de l’essence avec une paille au petit déjeuner, je ne suis pas sûr qu’ils arrivent à consommer tout le pétrole produit. Si nous devions pousser la logique jusqu’au bout, je pourrais prendre l’avion 3 fois par semaine, mettre la clim à 35° dans l’appart avec fenêtre ouverte en plein hiver, laisser couler l’eau et accuser successivement Air France, EDF et Véolia de tous les torts ? Ce discours aide la déresponsabilisation des citoyens et continue à perpétuer le plus gros problème : le déni. Nous sommes responsables de notre présent et de notre futur, et si nous voulons voter efficacement, il va falloir voter avec notre argent. C’est ce que je fais tous les jours en boycottant par exemple Amazon. C’est un choix. Pas pratique, mais je le fais, par éthique. Ainsi, la responsabilité incombe aux deux protagonistes : Total et l’Etat ont leur rôle à jouer, nous avons notre rôle à jouer. Nous sommes tout simplement les deux faces d’une même pièce, et ces deux faces doivent toutes les deux changer. Ethique, droit et moral Au-delà des chiffres, sur lesquels nous avons tendance à trop nous attarder, il y a un sujet bien trop délaissé : l’éthique. Cette variable qui, à la création d’un produit ou d’un service, est bien trop souvent oubliée, car rarement rentable. Ce fut ma réponse sur Twitter au Réveilleur : un développeur créant un algorithme doit prendre de la hauteur et comprendre l’impact que pourrait avoir son travail, pas seulement penser à la rentabilité. C’est ce qu’explique très bien Cathy O’Neil dans Weapons of Maths Destruction. Je peux prendre un exemple en finance : quel est l’intérêt sociétal du trading haute fréquence ? Quel est son impact sur l’environnement ? Quand un structureur de JP Morgan crée des produits dérivés sur l’eau, pense-t-il un instant aux conséquences que cela pourrait avoir ? Il en est de même pour Total. Je ne crois pas un instant que les 100000 employés de Total ne se soient pas posés la question de l’impact sur l’environnement des produits qu’ils vendent. Je ne crois pas non plus un instant que ces 100000 employés soient des enfoirés finis et qu’ils ne souhaitent pas faire évoluer leur société vers un monde durable. C’est notre rôle à tous (à commencer par les employés de Total !) de vouloir changer le business model et d’accompagner leur entreprise vers un monde soutenable. PS : rien n’illustre mieux mon propos sur l’éthique que Will Hunting, qui explique aux recruteurs de la NSA, pourquoi il ne viendrait pas travailler pour eux. Magique. Le mot de la fin Vous savez comment ça marche. Quand une équipe gagne, tout le monde est beau, tout le monde est gentil. En revanche, lors d’une défaite, on commence à chercher des responsables, on se déresponsabilise et on accuse l’autre. L’équipe qui est en train de perdre, c’est nous : l’espèce humaine. A commencer par les occidentaux et leur propension à flinguer la planète. Nous sommes en train de perdre en marquant des buts contre notre camp, à consommer toujours plus, à vouloir toujours plus, plus vite, plus grand, plus. Nous sommes tous dans le même bateau et si on veut gagner le match, il va falloir jouer collectif. Pour beaucoup, c’est déjà foutu, on a déjà perdu. Pardon, mais moi j’y crois, à cette remontada climatique ! Déjà parce que jamais 2 sans 3… Et surtout parce que j’observe des changements de citoyens autour de moi qui en l’espace de quelques mois, sont passés des paroles aux actes. Alors restons positifs, communiquons, débattons le plus possible, et atteignons ensemble les points de bascule, que je puisse enfin dormir tranquille. 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Par F. William Engdahl pour Mondialisation.ca Le prix de l’énergie, toutes sources confondues, explose à l’échelle mondiale. Loin d’être accidentel, il s’agit d’un plan bien orchestré visant à faire s’effondrer l’économie mondiale industrielle qui a déjà été affaiblie de façon spectaculaire par près de deux ans de quarantaine ridicule due au Covid et les mesures connexes. Ce à quoi nous assistons, c’est à une explosion des prix des principales énergies que sont le pétrole, le charbon et maintenant surtout le gaz naturel. Ce qui différencie cette situation des chocs énergétiques des années 1970, c’est que cette fois-ci, elle se développe alors que le monde de l’investissement des entreprises, utilisant le modèle frauduleux d’investissement vert ESG, désinvestit dans le pétrole, le gaz et le charbon du futur, tandis que les gouvernements de l’OCDE adoptent des énergies solaire et éolienne horriblement inefficaces et peu fiables qui assureront l’effondrement de la société industrielle peut-être dès les prochains mois. À moins d’une remise en question spectaculaire, l’UE et les autres économies industrielles sont en train de se suicider économiquement de manière délibérée. Ce qui, il y a quelques années seulement, était considéré comme évident, c’est que la garantie d’une énergie abondante, fiable, efficace et abordable définit l’économie. Sans une énergie efficace, nous ne pouvons pas fabriquer de l’acier, du béton, extraire des matières premières ou tout autre produit qui soutient nos économies modernes. Au cours des derniers mois, le prix mondial du charbon destiné à la production d’électricité a doublé. Le prix du gaz naturel a augmenté de près de 500%. Le pétrole se dirige vers les 90 dollars le baril, son prix le plus élevé depuis sept ans. Il s’agit là d’une conséquence prévue de ce que l’on appelle parfois la Grande Réinitialisation de Davos ou la folie du programme vert zéro carbone. Il y a une vingtaine d’années, l’Europe a entamé une transition majeure vers les mal nommées énergies renouvelables ou énergies vertes, principalement le solaire et l’éolien. L’Allemagne, le cœur de l’industrie européenne, a mené la transformation avec l’Energiewende mal conçue de l’ancienne chancelière Merkel, où les dernières centrales nucléaires allemandes fermeront en 2022 et où les centrales au charbon sont rapidement éliminées. Tout cela s’est maintenant heurté à la réalité : l’énergie verte n’est pas du tout en mesure de faire face à d’importantes pénuries d’approvisionnement. La crise était entièrement prévisible. Avec le verrouillage généralisé de l’industrie et des déplacements en 2020, la consommation de gaz naturel de l’UE a chuté de façon spectaculaire. Le principal fournisseur de gaz de l’UE, le russe Gazprom, dans l’intérêt d’un marché ordonné à long terme, a dûment réduit ses livraisons sur le marché de l’UE, même à perte. Un hiver 2019-2020 exceptionnellement doux a permis au stockage de gaz de l’UE d’atteindre son maximum. Un hiver long et rigoureux a pratiquement effacé ce maximum en 2021. Contrairement à ce que prétendent les politiciens de l’UE, Gazprom n’a pas fait de la politique avec l’UE pour forcer l’approbation de son nouveau gazoduc Nord Stream 2 vers l’Allemagne. Lorsque la demande de l’UE a repris au cours des six premiers mois de 2021, Gazprom s’est empressé d’y répondre et même de dépasser les niveaux records de 2019, et ce même au détriment de la reconstitution des stocks de gaz russe pour l’hiver à venir. Alors que l’UE est désormais fermement engagée dans un programme d’énergie verte, Fit for 55, et qu’elle rejette explicitement le gaz naturel comme une option à long terme, tout en tuant le charbon et le nucléaire, l’incompétence des modèles climatiques des groupes de réflexion qui justifiaient une société électrique 100% sans CO2 d’ici 2050 s’est imposée. Parce que les investisseurs financiers de Wall Street et de Londres ont vu l’avantage des énormes profits de l’agenda de l’énergie verte, en travaillant avec le Forum économique mondial de Davos pour promouvoir le modèle d’investissement ESG risible, les compagnies pétrolières, gazières et charbonnières conventionnelles n’investissent pas les profits dans l’expansion de la production. En 2020, les dépenses mondiales pour le pétrole, le gaz et le charbon ont chuté d’environ 1000 milliards de dollars. Ces dépenses ne reviendront pas. Alors que BlackRock et d’autres investisseurs boycottent ExxonMobil et d’autres sociétés énergétiques en faveur de l’énergie « durable », un hiver exceptionnellement froid et long en Europe et un manque record de vent dans le nord de l’Allemagne ont déclenché un achat panique de gaz sur les marchés mondiaux du GNL début septembre. Le problème, c’est que le réapprovisionnement est arrivé trop tard, car la plupart du GNL normalement disponible en provenance des États-Unis, du Qatar et d’autres sources avait déjà été vendu à la Chine, où une politique énergétique tout aussi confuse, notamment une interdiction politique du charbon australien, a entraîné des fermetures d’usines et un ordre récent du gouvernement de se procurer du gaz et du charbon « à tout prix ». Le Qatar, les exportateurs de GNL américains et d’autres ont afflué vers l’Asie, laissant l’UE dans le froid, littéralement. Ce que peu de gens comprennent, c’est comment les marchés de l’énergie verte d’aujourd’hui sont truqués pour profiter aux spéculateurs comme les fonds spéculatifs ou les investisseurs comme BlackRock ou Deutsche Bank et pénaliser les consommateurs d’énergie. Le prix phare du gaz naturel négocié en Europe, le contrat à terme TTF néerlandais, est vendu par l’ICE Exchange basé à Londres. Il spécule sur ce que seront les futurs prix de gros du gaz naturel dans l’UE dans un, deux ou trois mois. L’ICE est soutenu par Goldman Sachs, Morgan Stanley, la Deutsche Bank et la Société Générale, entre autres. Le marché est constitué de ce que l’on appelle des contrats à terme ou des produits dérivés sur le gaz. Les banques ou d’autres acteurs peuvent spéculer pour quelques centimes par dollar, et lorsque l’on a appris que les réserves de gaz de l’UE pour l’hiver à venir étaient faibles, les requins de la finance ont commencé à se nourrir. Au début du mois d’octobre, les prix à terme du gaz néerlandais TTF avaient explosé de 300% en quelques jours seulement. Depuis février, la situation est bien pire, puisqu’une cargaison standard de GNL de 3,4 trillions de BTU (British Thermal Units) coûte désormais 100 à 120 millions de dollars, alors qu’à la fin du mois de février, son coût était inférieur à 20 millions de dollars. Cela représente une augmentation de 500 à 600% en sept mois. Le problème sous-jacent est que, contrairement à ce qui s’est passé pendant la majeure partie de l’après-guerre, depuis la promotion politique des « énergies renouvelables » solaires et éoliennes, peu fiables et coûteuses, dans l’UE et ailleurs (par exemple au Texas, en février 2021), les marchés des services publics d’électricité et leurs prix ont été délibérément déréglementés afin de promouvoir les alternatives vertes et d’évincer le gaz et le charbon sous l’argument douteux que leurs émissions de CO2 mettent en danger l’avenir de l’humanité si elles ne sont pas réduites à zéro d’ici 2050. Les prix supportés par le consommateur final sont fixés par les fournisseurs d’énergie qui intègrent les différents coûts dans des conditions de concurrence. La façon diabolique dont les coûts de l’électricité dans l’UE sont calculés, prétendument pour encourager les énergies solaire et éolienne inefficaces et décourager les sources conventionnelles, est que, comme le dit l’analyste français de l’énergie Antonio Haya, « la centrale la plus chère parmi celles qui sont nécessaires pour couvrir la demande (centrale marginale) fixe le prix de chaque heure de production pour l’ensemble de la production mise aux enchères ». Ainsi, le prix du gaz naturel d’aujourd’hui fixe le prix de l’électricité hydroélectrique à coût essentiellement nul. Compte tenu de la flambée du prix du gaz naturel, cela définit les coûts de l’électricité dans l’UE. Il s’agit d’une architecture de prix diabolique qui profite aux spéculateurs et détruit les consommateurs, notamment les ménages et l’industrie. Une cause aggravante fondamentale des récentes pénuries de charbon, de gaz et de pétrole en abondance est la décision de BlackRock et d’autres trusts financiers mondiaux de forcer l’investissement loin du pétrole, du gaz ou du charbon – toutes des sources d’énergie parfaitement sûres et nécessaires – pour accumuler des énergies solaire ou éolienne grossièrement inefficaces et peu fiables. Ils appellent cela l’investissement ESG. C’est la dernière lubie de Wall Street et des autres marchés financiers mondiaux depuis que le PDG de BlackRock, Larry Fink, a rejoint le conseil d’administration du Forum économique mondial Klaus Schwab en 2019. Ils ont mis en place des sociétés de certification ESG de façade qui attribuent des notes ESG « politiquement correctes » aux sociétés boursières, et sanctionnent celles qui ne s’y conforment pas. La ruée vers les investissements ESG a rapporté des milliards à Wall Street et à ses amis. Elle a également freiné l’exploitation future du pétrole, du charbon ou du gaz naturel dans la majeure partie du monde. La « maladie allemande » Aujourd’hui, après 20 ans d’investissements insensés dans l’énergie solaire et éolienne, l’Allemagne, autrefois fleuron de l’industrie européenne, est victime de ce que l’on peut appeler la « maladie allemande ». Comme le syndrome hollandais, l’investissement forcé dans l’énergie verte a entraîné un manque d’énergie fiable et abordable. Tout cela pour un réchauffement de 1,5°C (non prouvé par le GIEC) qui est censé mettre fin à notre civilisation d’ici 2050 si nous ne parvenons pas à atteindre le zéro carbone. Pour faire avancer l’agenda de l’UE sur l’énergie verte, les pays, à quelques exceptions près, ont commencé à démanteler le pétrole, le gaz, le charbon et même le nucléaire. Les dernières centrales nucléaires allemandes fermeront définitivement l’année prochaine. Les nouvelles centrales au charbon, équipées des derniers épurateurs de pointe, sont mises au rebut avant même d’avoir été lancées. Le cas de l’Allemagne est encore plus absurde. En 2011, le gouvernement Merkel a repris un modèle énergétique élaboré par Martin Faulstich et le Conseil consultatif de l’Environnement (SRU), qui affirmait que l’Allemagne pourrait atteindre une production d’électricité 100% renouvelable d’ici 2050. Selon eux, le recours au nucléaire ne serait plus nécessaire, pas plus que la construction de centrales au charbon avec captage et stockage du carbone (CSC). C’est ainsi qu’est née la catastrophique Energiewende de Merkel. Selon l’étude, elle fonctionnerait parce que l’Allemagne pourrait acheter par contrat de l’énergie hydroélectrique excédentaire, sans CO2, à la Norvège et à la Suède. Or, avec la sécheresse extrême et l’été chaud, les réserves hydroélectriques de la Suède et de la Norvège sont dangereusement basses à l’approche de l’hiver, avec seulement 52% de leur capacité. Cela signifie que les câbles électriques vers le Danemark, l’Allemagne et maintenant le Royaume-Uni sont en danger. Et pour aggraver la situation, la Suède est divisée sur la fermeture de ses propres centrales nucléaires qui lui fournissent 40% de son électricité. Et la France envisage de réduire d’un tiers le nombre de ses centrales nucléaires, ce qui signifie que la source d’approvisionnement de l’Allemagne sera également incertaine. Le 1er janvier 2021 déjà, en raison d’une élimination progressive du charbon imposée par le gouvernement allemand, 11 centrales électriques au charbon d’une capacité totale de 4,7 GW ont été fermées. Cela n’a duré que 8 jours, lorsque plusieurs de ces centrales ont dû être reconnectées au réseau en raison d’une période prolongée de vents faibles. En 2022, la dernière centrale nucléaire allemande fermera et d’autres centrales au charbon fermeront définitivement, tout cela pour le nirvana vert. En 2002, l’énergie nucléaire allemande était à l’origine de 31% de l’énergie électrique sans carbone. Quant à l’énergie éolienne qui comble le déficit en Allemagne, en 2022, quelque 6000 éoliennes d’une capacité installée de 16 GW seront démantelées en raison de l’expiration des subventions de rachat des anciennes turbines. Le rythme d’approbation des nouveaux parcs éoliens est bloqué par la rébellion croissante des citoyens et par des contestations juridiques concernant la pollution sonore et d’autres facteurs. Une catastrophe évitable est en train de se produire. La réponse de la Commission européenne à Bruxelles, plutôt que d’admettre les failles flagrantes de son programme d’énergie verte, a été de redoubler d’efforts comme si le problème était le gaz naturel et le charbon. Le tsar du climat de l’UE, Frans Timmermans, a déclaré de manière absurde : « Si nous avions eu l’accord vert cinq ans plus tôt, nous ne serions pas dans cette situation, car nous serions alors moins dépendants des combustibles fossiles et du gaz naturel ». Si l’UE poursuit cet agenda suicidaire, elle se retrouvera dans un terrain vague désindustrialisé dans quelques années. Le problème n’est pas le gaz, le charbon ou le nucléaire. C’est l’énergie verte inefficace issue de l’énergie solaire et éolienne qui ne sera jamais en mesure d’offrir une énergie stable et fiable. L’agenda pour l’énergie verte de l’UE, des États-Unis et d’autres gouvernements, ainsi que l’investissement ESG promu par Davos, ne feront que garantir qu’à l’avenir, il y aura encore moins de gaz, de charbon ou de nucléaire sur lesquels se rabattre lorsque le vent s’arrêtera, qu’il y aura une sécheresse dans les barrages hydroélectriques ou un manque d’ensoleillement. Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste des fusées pour comprendre que c’est une voie vers la destruction économique. Mais c’est en fait le but de l’énergie « durable » de l’ONU 2030 ou de la Grande Réinitialisation de Davos : la réduction de la population à grande échelle. Nous, les humains, sommes les grenouilles que l’on fait lentement bouillir. Et maintenant, les puissances en place font vraiment monter la température. F. William Engdahl The Green Agenda and the Plan to Collapse the Industrial World Economy La source originale de cet article est Mondialisation.ca Copyright © F. William Engdahl, Mondialisation.ca, 2021
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Pour étendre la réflexion sur le sujet précédent à propos du GIEC. Donnez votre avis. Partagez ! Volti ************* Si les négationnistes du climat se font de plus en plus discret face au poids des évidences et de la catastrophe écologique, certains font de la résistance et nagent dans un déni bien confortable. Face au flux incessant d’informations et de « désinformations » concernant les grandes questions de notre temps, « Le Réveilleur » sélectionne avec justesse les chiffres communicatifs et vulgarise les travaux d’experts afin d’éclairer ses abonnés. Ce Réveilleur, c’est un tout jeune scientifique alarmé par l’obscurantisme rampant qui gangrène plus que jamais la pensée et donc ralentit la transition écologique. Au sein de sa web série « MAP » (acronyme de « mise au point »), le vidéaste décortique et traite des sujets d’une importance capitale. Le « Réveilleur » est une jeune chaîne Youtube encore confidentielle avec une poignée d’abonnés. Si l’engouement autour de ses vidéos est moindre que celui provoqué par les ténors de la scène Youtube française, c’est parce que ses sujets de prédilection sont généralement plus graves et sérieux, traités d’une manière factuelle sans vraiment chercher à en faire un spectacle humoristique. En effet, le chercheur en ingénierie environnementale est guidé par le savoir et la raison. Convaincu que « les systèmes politiques actuels sont en fin de vie », et car nous n’avons pas tous l’opportunité de réaliser 7 ans d’études universitaires et de partir à l’autre bout du monde étudier des carottes de glace par -40°, il veut donner aux internautes les clés intellectuelles nécessaires à la compréhension des enjeux économiques , environnementaux, ou encore sociétaux actuels. Être témoin du glissement des débats politiques vers des « affrontements informations/désinformations » interminables l’a poussé à créer, sans prétention, sa chaîne qu’il qualifie d’utilité publique. Ainsi, le Réveilleur souhaite apporter « sa petite contribution à l’édifice » d’un monde de raison. Le format de ses podcasts est efficace, la durée des vidéos n’excède pas 10 minutes, c’est à dire suffisamment pour se familiariser avec le sujet, mieux le comprendre, sans s’assoupir. Cependant, contrairement à nombre de vidéos sur internet, chaque information prononcée est sévèrement sourcée. Et par source, le jeune homme parle de documents sérieux, d’études, de preuves, pas d’un quelconque article de blog inconnu ou quelques croyances de sites douteux. Ce climato-scepticisme qui surfe sur l’ignorance Par exemple, la MAP n°10 déconstruit, à travers des documents sérieux et scientifiques validés, la dangereuse rhétorique climato-sceptique. Le sujet est d’une importance capitale. Alors que les conclusions font consensus dans le monde scientifique, une part de la population continue de nier cette réalité, se réfugiant dans les thèses sceptiques d’une infime minorité de chercheurs. En dépit d’être une minorité, leur parole fait loi sur internet. En effet, en 2013, une importante étude publiée dans les Environmental Research Letters a passé au crible près de 12.000 résumés de recherches menées par plus de 29.000 experts entre 1991 et 2011 dans le monde entier, sceptiques inclus. Conclusion, 97,1 % des études valident le consensus selon lequel le réchauffement est dû à l’activité humaine. Et concernant ces 2,9% de sceptiques, si vous serriez tenté de les croire, on sait aujourd’hui que la plupart d’entre eux sont probablement influencés par l’industrie pétrolière. Ainsi, divers scandales ont émaillé le camp des climato-sceptiques ces dernières années, si bien qu’aujourd’hui on entend plus vraiment parler d’eux. On sait, par exemple, que le géant pétrolier américain ExxonMobil a versé plus d’1 million d’euros à des organisations de recherche qui s’opposent à l’idée d’un réchauffement causé par l’Homme. En 2015, une enquête a révélé que le chercheur américain Willie Soon, principal scientifique animant le scepticisme climatique aux USA, a reçu des fonds importants – plus d’1 million de dollars – de l’industrie pétrolière durant toute sa carrière. Ses travaux sont pourtant toujours brandis en exemple par les sceptiques du monde entier. Vincent Courtillot, référence du climato-scepticisme à la française, reconnait recevoir des fonds du pétrolier Total, mais estime que ça n’influence pas ses travaux… (Croyez-le sur parole!). Ainsi, en dépit de tout bon sens, la théorie d’une « cycle climatique normal » continue de polluer les esprits, la théorie d’un grand complot mondial « pour taxer les citoyens » confortant cette position. On ne s’étonnera donc pas de retrouver les pontes de la « fachosphère » derrière ces théories, dont Soral multipliant les articles conspiro-climato-sceptiques (La grande arnaque du réchauffement climatique ou encore Réchauffement climatique : « La thèse officielle ? Une foutaise ! ») et, naturellement, Marine Le Pen qui n’hésite jamais à exprimer ses doutes à grand renfort de lieux communs : « Je ne suis pas sûre que l’activité humaine soit l’origine principale de ce phénomène. Le monde a connu des changements climatiques qui n’avaient rien à voir avec l’activité humaine. » expliquait-elle candide au journal TerraEco. Surfer politiquement sur le « doute » légitime et humaine qui anime la population face à des tentatives gouvernementales de taxer les comportements polluants est sans aucune doute une excellente opération. Une opération largement profitable aux industries fossiles. Si les vidéos proposées par le jeune chercheur sont relativement courtes, elles requièrent beaucoup de travail en amont. Le vidéaste estime que près d’une quinzaine d’heures de recherche, d’écriture, de tournage et de montage sont nécessaires à la publication d’une « Mise Au Point ». Étant donné que du nouveau contenu est disponible toutes les deux semaines, la majeure partie de son temps libre est consacrée à la réalisation. Alors que les vidéos de chatons et les photos de stars dénudées sont « retweetées » à l’infini, monopolisant les attentions, certains internautes, à l’image du Réveilleur, savent mettre à profit le fabuleux outil qu’est Internet afin d’informer et de raisonner le monde. Soutenons-les. Aller plus loin avec la chaîne Le Réveilleur
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****** Charles Sannat pour Insolentiae Mes chères impertinentes, mes chers impertinents, Dis papa c’est quoi un « effondriste » ? Tu sais mon fils, pour moi un effondriste c’est un survivaliste qui se prépare à la fin du monde, un collapsologue qui se prépare aux terribles crises liées à la raréfaction des ressources, ou un écologiste tendance « Greta » qui est pris d’atroces angoisses climatiques et qui se prépare à cuire comme un œuf dans le four du réchauffement climatique qui nous tuera tous. Et toi papa, tu es effondriste ? Non fiston, je suis pragmatique et j’essaie de voir le monde tel qu’il est, mais pas pire. Pourtant je trouve que l’idée derrière le bouquin de Catherine et Raphaël Larrère intitulé « le pire n’est pas certain » est intéressante et qu’elle doit être discutée. Pour tout vous dire, je n’ai pas encore lu leur ouvrage, donc je vais en parler uniquement par rapports aux différents articles et interviews qu’ils ont pu donner à ce sujet. J’attends leur ouvrage, je vous en dirais plus plus tard… ou pas ! « Qu’ils le veuillent ou non, les collapsologues découragent les luttes collectives » Voilà l’idée qu’ils proclament. Les effondristes font même le jeu du vilain capital puisqu’ils ne veulent rien changer. Comme ils ne veulent rien changer ils ne représentent aucun danger politique et ne constitueront jamais une force ni un courant politique. L’effondriste, se prépare individuellement quelles que soient ses raisons à sa fin de monde à lui. Survivalisme, collapsologie sont pour les auteurs des idées problématiques parce qu’elles ferment les possibles. » elle ferme les possibles. La collapsologie – que l’on pourrait définir comme la certitude, prétendument scientifiquement prouvée, d’un effondrement global, uniforme et synchrone de la « civilisation thermo-industrielle » – est un trou noir des sciences sociales et du militantisme. C’est un attracteur qui tente d’aspirer une multitude de courants ou d’expériences, qui sont vidés de leur conflictualité politique et rendus totalement inoffensifs ». Et finalement si le plus important était effectivement ce refus de changer le monde ! Du haut de mon grenier, reclus et aussi un peu en dehors du monde, je contemple ce dernier. Qu’est-ce que j’y vois ? J’y vois en réalité un refus de changer le monde. Si la politique notamment chez les jeunes avait pour objet de changer le monde, cela fait bien longtemps que nous avons perdu collectivement cette envie-là, cette force-là. Les facteurs sont multiples, à commencer par le politiquement correct étouffant qui ne permet plus de ne penser quoi que ce soit sans se retrouver devant la chambre correctionnelle pour des délits d’opinions. Tous les effondristes ont ceci en commun qu’ils sont aussi des « à-quoi-bonistes ». C’est quoi un « à-quoi-bonistes » ? C’est quelqu’un qui pense au fond de lui-même que ce monde est foutu. Nous avons déjà connu des périodes dans notre histoire où les « à-quoi-bonistes » régnaient en maître. C’était le Royaume de France de Jeanne d’Arc. A quoi bon lutter contre les Anglais. C’était la France de juin 40 et celle du Maréchal Pétain. A quoi bon lutter contre les nazis. A quoi bon lutter pour ce monde pourri. Si l’idée de croire que les effondristes ne représentent aucun danger politique, je pense que cette analyse est erronée. Oui, les effondristes ne représentent aucun danger de création de force politique pouvant menacer les mamamcouhis du monde. En ce sens les auteurs ont raison. Là où ils ont tord, c’est que les peuples sont, à mon sens, entrés en grève. Et lorsque les peuples ne partagent plus une fiction imaginaire commune, alors, oui, l’effondrement est imminent, proche. Pourquoi ? Parce que les nations ne sont que des idées. Parce que les lois ne sont que des conventions. Parce que les Etats ne sont que des inventions. Parce que les « institutions » ne sont que des créations. Si les gens cessent massivement d’y croire, alors plus aucun levier de commande ne répond plus. L’effondrement peut évidemment être provoqué par un choc que l’on appelle pompeusement exogène (venant de l’extérieur) mais il peut aussi être la conséquence d’un choc endogène, venant de l’intérieur. Pensez à l’exemple de l’URSS. Elle s’est effondrée uniquement en raison de la grève de ses citoyens. Plus personne ne croyait plus à la fiction imaginaire de l’Union des Républiques Socialistes Soviétique. Les effondristes soviétiques étaient devenus majoritaires, les peuples soviétiques étaient tous devenus des « à-quoi-bonistes ». Surveillez le taux d’ »à-quoi-bonistes », surveillez le taux d’effondristes. Ils ne représentent pas une force politique qui fera la révolution. Ils représentent les joueurs qui ne veulent plus jouer un jeu qui ne leur convient plus et lorsqu’ils seront majoritaires, alors, la fiction imaginaire dans laquelle nous vivons prendra fin. Ce sera la fin des illusions. Et les périodes de fin d’illusions recèlent toujours un potentiel important de violences car la réalité est souvent cruelle et dure. Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous ! Charles Sannat
fake
États, ONG, médias... En matière de climat, les regards sont déjà braqués sur la 21e Conférence des parties (« conference of parties to the convention », COP21) de la Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques, prévue en décembre 2015 à Paris-Le Bourget. A l’issue de ces négociations mondiales devrait voir le jour un nouvel accord international, visant à limiter le réchauffement climatique à 2°C à la fin de ce siècle. Alors que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) brandit la menace d’un réchauffement global de 4°C, si rien n’est fait... La COP20, qui s’ouvre ce lundi matin à Lima, joue un rôle important dans la préparation de cet événement. Du 1er au 12 décembre, les négociateurs venus du monde entier, membres des Nations Unies, représentants des 195 États-parties et de nombreuses ONG, vont s’efforcer de dessiner les contours du nouvel accord. Du Protocole de Kyoto à la conférence de Durban Pour comprendre les enjeux de cette conférence de Lima, un bref rappel historique s’impose. Le Protocole de Kyoto pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), adopté en 1997, ne couvre que la période 2008-2012. Mais en 2009, la conférence de Copenhague, censée définir les objectifs de l’après-Kyoto, est un échec. En 2011, lors de la conférence de Durban, les États-parties décident donc de reprendre le projet d’accord à zéro. Ils créent la Plate-forme de Durban pour une action renforcée (ADP), chargée de définir les grandes lignes du fameux accord de la COP21, celui-là même qui devrait être adopté à Paris en décembre 2015 et entrer en vigueur en 2020. - Obama avec les dirigeants européens lors du sommet de Copenhague en 2009. - Lima est donc « la dernière étape décisive avant la COP de Paris », résume Célia Gautier, chargée de l’Europe et des engagements de réduction d’émissions au Réseau Action Climat (RAC). « C’est lors de cette COP20 qu’on va pouvoir évaluer la volonté politique de chacun en vue d’une action urgente sur le climat, et plus particulièrement en vue d’un accord mondial ambitieux et équitable sur le changement climatique », estime pour sa part Tasneem Essop, chef de la délégation du WWF à Lima, repris dans un communiqué de WWF France. Objectif : zéro émissions de gaz à effet de serre en 2100 Principal « point chaud » des négociations, la préparation de la COP21 et de l’accord de Paris. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP), dans son Rapport Emission gap report, sur les réunions nécessaires d’émissions de gaz à effet de serre (communiqué de l’UNEP et rapport en anglais), rendu public le 19 novembre, préconise une réduction de 50 % d’ici 2050 par rapport à 1990, et une émission nulle d’ici 2100. Les émissions restantes devront être compensées par de la reforestation, les forêts étant capables d’absorber de dioxyde de carbone (CO2). Les négociateurs doivent trouver un terrain d’entente sur le contenu des « Contributions prévues déterminées au niveau national », sortes de feuilles de route nationales pour arriver, petit à petit, à cet objectif de zéro émission. « La conférence de Lima doit déterminer les informations que chaque pays devra mettre dans sa contribution, sous forme d’une nomenclature très précise, de façon à ce qu’on puisse comparer les contributions entre elles », recommande Célia Gautier, du RAC. « Dessiner les plans de la maison » De son côté, la Plate-forme de Durban devra définir les éléments de l’accord de Paris. « Pour nous, cette plate-forme doit dessiner les plans de la maison, en précisant le nombre de pièces, les fondations, constituées par les contributions nationales, le nombre d’étages, explique Célia Gautier. C’est cette maison qui sera construite à la conférence de Paris. » Mais Lima devra aussi trouver des solutions pour une réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre. « On ne peut pas attendre l’entrée en vigueur de l’accord de Paris, en 2020, pour agir, martèle la jeune femme. C’est une urgence pour les pays les plus vulnérables, qui subissent déjà les impacts du réchauffement climatique. » Le Fonds vert pour le climat dans le besoin Nerf de la lutte contre de réchauffement climatique, le financement du Fonds vert pour le climat (FVC), créé en 2010, sera également au cœur du débat. Lors de la conférence de Copenhague, en 2009, les pays développés avaient promis de mettre cent milliards de dollars par an sur la table d’ici à 2020, pour aider les pays en développement (Convention cadre sur les changements climatiques, pages 18 et 19). Quatre ans plus tard, alors que le FVC est déjà opérationnel, on est encore loin du compte. 2,3 milliards ont été promis, notamment par la France et l’Allemagne, lors du sommet pour le climat organisé par l’ONU le 23 septembre dernier à New York. Le 16 novembre, le Japon a annoncé vouloir ajouter 1,5 milliard de dollars à la cagnotte. En tout, 9,3 milliards avaient déjà été récoltés à la conférence des promesses de Berlin, le 20 novembre. « Il faut que les pays développés annoncent de quelle manière ils vont contribuer financièrement au Fonds vert, insiste Célia Gautier. L’objectif est d’atteindre les quinze milliards. C’est important pour envoyer un signal positif et rétablir la confiance dans les négociations internationales. » Comment se présentent les négociations ? Plutôt bien, à en croire le RAC. « Nous ne sommes clairement pas dans la même configuration qu’avant Copenhague, dit Célia Gautier. Il y a eu des annonces en amont, la volonté affichée de certains pays développés, la prise de conscience de la société civile et des acteurs économiques qui mettent les États sous pression... » Plusieurs annonces encourageantes ont déjà été faites. Le 28 octobre, l’Union européenne a affirmé son objectif de réduire les émissions de GES de 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990, et de 80 à 95 % d’ici 2050. Lors de la Conférence environnementale des 27 et 28 novembre, François Hollande a promis la suppression de tous les crédits à l’exportation du charbon - mais sans donner de précisions sur le calendrier. Tournant majeur, La Chine et les États-Unis, qui totalisent à eux deux 42 % des émissions de CO2 de la planète, se sont mis d’accord le 12 novembre pour réduire leurs émissions de GES. La Russie, l’Australie, le Canada... à contre-courant Quelques irréductibles comme la Russie, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande, revendiquent encore leur droit à polluer. Tony Abbott, le premier ministre australien, a ainsi annoncé le 4 novembre que « le charbon restera la base de [la prospérité du pays] dans un avenir prévisible ». Le Canada, très attaché à l’exploitation de sables bitumineux dans sa province de l’Alberta, sorti du Protocole de Kyoto en 2011, s’est fixé un objectif ridicule – diminuer de 17 % ses rejets de GES par rapport à 2005... La conférence de Lima devra quand même, vaille que vaille, aller le plus loin possible dans les négociations. « Les États-Unis et la Chine ont exprimé en langage diplomatique qu’ils étaient prêts à jouer le jeu du dialogue. Il va falloir examiner les contributions nationales de chacun et pousser les États à revoir leurs objectifs, insuffisants, à la hausse, décrypte Célia Gautier. Reste à observer comment les décisions vont se traduire sur le terrain, tout en restant très attentifs au jeu des lobbies. » C’est maintenant que tout se joue… La communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale et quotidienne dans le traitement de l’actualité. Reporterre est un exemple rare dans le paysage médiatique : totalement indépendant, à but non lucratif, en accès libre, et sans publicité. Le journal emploie une équipe de journalistes professionnels, qui produisent chaque jour des articles, enquêtes et reportages sur les enjeux environnementaux et sociaux. 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true
Qu’est-ce qui pourra obliger Macron à tenir ses promesses ? Il se fiche éperdument du climat et de la destruction de la planète, il n’est pas là pour ça. Rappelons nous ce qu’écrivait Ian Manook « Pourquoi Emmanuel Macron ne cédera pas« . Il ne reste plus qu’à espérer que sous la pression populaire ce psychopathe narcissique, qui se verdit avec des déclarations fumeuses, « Car pour lui, « la fin du quinquennat, après les retraites, c’est le régalien et l’écologie » prenne conscience de l’urgence. On peut toujours rêver !! Partagez ! Volti ****** Climat – L’Affaire du Siècle, c’est la réunion de quatre associations de protection de l’environnement et de solidarité internationale : Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France. Soutenu par plus de quarante associations, le collectif a assigné l’État français en justice pour son inaction criminelle face aux changements climatiques. Et dans cette bataille pour mettre le gouvernement face à ses responsabilités, chaque citoyen peut devenir un soutien en faisant entendre sa voix via le hashtag #TémoinDuClimat. Un an après le lancement de l’opération, plus de deux millions de personnes ont déjà rejoint la bataille. Voici un peu plus d’un an en arrière, le 17 décembre 2018, le collectif de l’Affaire du Siècle faisait parvenir à plusieurs ministres une demande préalable indemnitaire, une étape obligatoire avant toute procédure au tribunal. Cette lettre démontrait l’inaction de l’État & l’insuffisance de ses engagements depuis des décennies face aux changements climatiques et demandait une réparation des préjudices causés par cette inaction. Le gouvernement a répondu à cette demande le 15 février 2019 par l’intermédiaire de François de Rugy, ministre de la transition écologique et solidaire pour la rejeter et affirmer que l’action du ministère se trouve être suffisante contrairement à l’avis d’experts. Dès lors, suite à ce rejet, le début de la procédure judiciaire devant le Tribunal Administratif de Paris a été acté le 14 mars 2019. L’instruction, dont la durée ira de deux à trois ans, débute réellement le 20 mai 2019 avec le dépôt par l’Affaire du Siècle de leur mémoire complémentaire (soit l’ensemble des pièces et arguments en leur possession). Quant à l’évolution de la politique environnementale du gouvernement, qu’en dire si ce n’est qu’il n’a été lancé aucune action d’envergure depuis un an alors que les rapports scientifiques ne cessent de s’accumuler de manière alarmante ? Pour l’État, sous l’autorité du gouvernement d’Emmanuel Macron, tout est sous contrôle. Il y eut bien le vote de la loi énergie-climat en septembre 2019 qui fixe à l’horizon 2050 la neutralité carbone, mais celle-ci omet de rehausser l’objectif de moins 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030 en France (alors qu’Emmanuel Macron déclare viser les 55% au niveau européen). Non seulement ces deux objectifs sont inférieurs à ceux de l’Accord de Paris mais au rythme où sont constatées ces réductions depuis 2015, ils ne seraient atteints – théoriquement – qu’avec des décennies de retard : 2059 pour la réduction de 55 % des GES, et 2093 pour la neutralité carbone. La notion même de neutralité carbone reste vague quand il est observé aujourd’hui que mêmes les énergies alternatives et les solutions dites « vertes » comme les voitures électriques ont aussi un bilan carbone très loin d’être négligeable. Jamais les quantités consommées ou les structures de la croissance économique ne sont questionnées. Dans ces conditions, les quatre organisations-membres de l’Affaire du Siècle n’ont évidemment pas renoncé à leur combat plus que jamais d’actualité, d’autant plus qu’elles peuvent compter sur le soutien massif des citoyens. Lire la suite Mr Mondialisation Voir : « Partout enfants et adolescents se lèvent pour réparer un monde mis en danger » #lapireexcuse : et vous, quelle est votre excuse pour ne pas vous engager ? Sylvie Brunel et le « réchauffement bienheureux » : déconstruction d’une intox médiatique Pourquoi planter des arbres aveuglément ne nous sauvera pas du crash climatique
biased
En 2018, le monde a perdu 12 millions d'hectares de forêts tropicales, soit la superficie du Nicaragua, révèle le World ressources institute. Au total, ce sont 3,64 millions d'hectares de forêts tropicales primaires, essentielles pour le climat et la biodiversité, qui ont disparu. Selon ce rapport annuel mené par Global Forest Watch, 2018 est la quatrième plus mauvaise année en terme de déforestation de la forêt tropicale, après 2016, 2017 et 2014. Les pays les plus concernés sont le Brésil, l'Indonésie, la République démocratique du Congo, la Colombie et la Bolivie. "Il est tentant de saluer une deuxième année de baisse après le pic de 2016", commente Frances Seymour du World ressources institute. "Mais si on regarde sur les 18 dernières années, il est clair que la tendance globale est toujours à la hausse". La perte de forêts tropicales primaires représente une surface équivalente à celle de la Belgique. "Ce sont les forêts qui ont le plus grand impact en terme d'émissions de carbone et de biodiversité", souligne Mikaela Weisse, du World ressources institute, alors que ces espaces boisés stockent du carbone et abritent une faune et une flore importante. Le rythme de destruction des forêts primaires est particulièrement inquiétant en République démocratique du Congo, tandis qu'il a ralenti de 63% en Indonésie par rapport au pic de 2016, souligne cette étude. L'Indonésie a bénéficié de mesures gouvernementales et de deux années relativement humides, défavorables aux incendies, mais le phénomène El Nino pourrait changer la donne en 2019. Le Brésil est le pays qui a perdu la surface la plus importante de forêts tropicales primaires, devant la RDC et l'Indonésie. En Colombie, la perte de forêt primaire a augmenté de 9% entre 2017 et 2018, alors que l'accord de paix entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a contribué à rendre plus accessibles certains territoires, selon l'étude. Le World ressources institute pointe aussi du doigt la situation au Ghana et en Côte d'Ivoire, qui ont perdu le plus de forêts tropicales primaires entre 2017 et 2018 en pourcentage (60% et 26%).
true
Leonardo DiCaprio ne reviendra pas à Maya Bay de sitôt. La baie aux eaux cristallines, qui tenait lieu de décor au film La Plage, dont l'acteur était le personnage principal, reste fermée pour une durée indéterminée. 5 000 touristes se rendaient sur la plage thaïlandaise chaque jour. Ils ont causé d'importants dégâts environnementaux, qu'il est impossible de régler en quelques mois. Maya Bay ne devait fermer que de juin à octobre, mais les autorités en ont décidé autrement. Selon Songtam Suksawang, directeur du bureau des parcs nationaux thaïlandais, une étude a prouvé qu'il était "impossible" de remédier au problème dans ce laps de temps. La baie, située sur l'île de Koh Phi Phi Le, à proximité de Phuket, a subi une érosion sévère et perdu une grande partie de son récif corallien à cause de la fréquentation. Depuis quelques années, la plage était devenue une destination privilégiée des tours-opérateurs et plusieurs milliers de touristes s'y rendaient en hors-bord, le temps de quelques minutes. Le phénomène n'est pas nouveau dans les destinations touristiques comme la Thaïlande, qui accueille chaque année 35 millions de vacanciers. Régulièrement, les autorités ferment l'accès à certaines îles, coupant ainsi une partie des ressources des populations locales. "Cela peut être une bonne chose, surtout quand il s'agit d'environnement, de prendre son temps pour réparer les dommages [mais] le gouvernement doit réfléchir à la manière dont il peut [les] aider", a indiqué à l'AFP Paul Pruangkarn, de la Pacific Asia Travel Association (PATA). Même sur les plages protégées par leur statut de parcs nationaux, l'environnement se dégrade rapidement en raison du comportement des touristes. Certains n'hésitent pas à marcher sur les coraux, voire à les casser pour un souvenir. La pollution est aussi causée par les moteurs de bateaux, qui déversent chaque jour des hydrocarbures et de l'oxyde d'azote dans l'eau. Selon Arnaud Simons, de l'ONG Ocean Quest Global "la réhabilitation de Maya Bay devrait durer au moins quatre ans". "Au cours des derniers mois, la saison de la mousson et la mer agitée ont entravé les efforts de réhabilitation des coraux, mais nous ne doutons pas que les objectifs seront atteints à long terme", a-t-il ajouté. En effet, les coraux qui ont seulement blanchi peuvent récupérer rapidement si la pollution diminue. Toutefois, les coraux cassés ou morts mettent plus de temps à se régénérer en raison de leur croissance lente. Pour favoriser la restauration du récif, l'ONG crée donc des "nurseries" de corail, en "replantant" des coraux cassés encore vivants sur de nouveaux substrats.
true
L’affaire aurait pu, à l’époque, faire du bruit. Elle n’a finalement agité que les commentateurs de la blogosphère écolo. Claude Allègre reconnaissant sa corruption par les lobbies ! Le représentant médiatique des climatosceptiques en France enfin décrédibilisé autrement que par son style peu amène et ses affirmations à l’emporte-pièce. Seulement voilà, l’article de 2010 faisant cette révélation tonitruante avait paru un 1er avril et le buzz ne fit pas long feu. Cette fois-ci, c’est autrement plus sérieux. Des journaux aussi réputés que le Boston Globe, le New York Times et le Washington Post aux États-Unis, ou The Guardian au Royaume-Uni, s’en font l’écho. Et c’est en France notre « journal de référence », Le Monde, qui reprend ces informations : un climatosceptique de renom a été confondu. Il aurait perçu des centaines de milliers de dollars de la part d’industriels destructeurs de planète, en échange de travaux « scientifiques » orientés, dont la seule raison d’être est de nourrir le doute sur la réalité du réchauffement climatique anthropique. Wei-Hock Soon, plus connu sous le nom de Willie Soon, est docteur en ingénierie spatiale et chercheur au très réputé Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics. Il est un climatosceptique très connu. L’infâme se serait rendu coupable d’un manquement majeur à l’éthique scientifique en biaisant ses résultats pour de l’argent : le chercheur était stipendié par les industriels de la pétrochimie et des énergies fossiles. En une décennie, il aurait reçu 1,2 million de dollars. « Cela s’est traduit, explique le journaliste du Monde Stéphane Foucart, par la mise à la torture de toutes sortes de données, dans le but évident de leur faire dire n’importe quoi pourvu que ce fût un moyen de jeter le doute sur l’ampleur du changement climatique, ou sur ses causes humaines. » Et de préciser plus loin : « Les “travaux” climatiques de M. Soon n’ont bien sûr jamais abusé la communauté scientifique compétente. » C’est grâce à l’œil vigilant du monde associatif que l’imposture a pu être dévoilée, en l’occurrence les associations Climate Investigations Center et Greenpeace. Un membre de celle-là, très proche de celle-ci, s’est aperçu que Willie Soon, dans un récent article scientifique paru dans le bulletin de l’Académie des sciences chinoise, précisait, comme ses deux coauteurs, qu’il n’avait pas de conflit d’intérêt, autrement dit que ses sources de financement ne pouvaient potentiellement le conduire à orienter ses conclusions. Les deux associations ont alors eu recours à la loi sur la liberté de l’information (Freedom Of Information Act, FOIA) pour obtenir auprès du centre de recherche, soumis à cette obligation, la liste des donateurs se trouvant derrière Willie Soon. Les médias nous expliquent que c’est à un véritable business que s’adonnait le scientifique avec la complicité de son institution. Celle-ci transmettait ses demandes de financements auprès des industriels, trop heureux de contribuer modestement à la fausse information leur permettant de juteux profits. Les articles publiés représentaient la part du contrat remplie par le chercheur malhonnête, justifiant sa rémunération. Tout le contraire de l’éthique scientifique en somme, preuve, s’il en était besoin, de la vilenie des climatosceptiques. Cette belle histoire mettant en lumière la noire réalité n’est encore une fois qu’une affaire de propagande. Un recours au FOIA de la part de Greenpeace pour connaître les financements de Willie Soon avait déjà eu lieu en 2011. C’est donc très largement du réchauffé et ces informations présentées au lecteur comme nouvelles ne sont en rien des révélations. Le chercheur aurait plus d’une fois omis de mentionner ses conflits d’intérêt lors de la parution d’articles dans des revues scientifiques. C’est à coup sûr une faute, surtout aux États-Unis, où l’on est très strict sur ce point, même si cela ne présage en rien de la malhonnêteté de la recherche. Concernant l’article en question, les trois auteurs affirment avoir travaillé sur ce projet en dehors de leurs activités professionnelles respectives, sans recours à quelque financement extérieur que ce soit, seulement sur leurs propres deniers. Compte tenu de la teneur de l’article, c’est tout à fait plausible et l’explication, bien qu’un peu légère, est recevable. La somme perçue est importante, chacun en conviendra. Mais telle que l’affaire est rapportée, on est amené à croire que le chercheur décrochait son téléphone pour démarcher les industriels, puis empochait l’argent sur son compte personnel. Or, qu’en est-il ? Le Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, qui hurle dorénavant avec les loups en blâmant son employé par souci de respectabilité, est seul habilité à accepter les financements émanant d’entreprises. Dans de tels cas, qui sont légion, le centre récupère pour son fonctionnement environ un tiers, parfois plus, des sommes allouées. En l’occurrence, sur 1,2 million de dollars de subventions versées en une décennie, le directeur a admis que plus de la moitié était revenue au centre. C’est donc, chaque année, avec en moyenne moins de 60 000 dollars que Willie Soon devait mener ses recherche. Présenté comme cela, c’est tout de suite moins sensationnel. Les journalistes du Monde, suivant leurs confrères anglo-américains, expliquent que « les articles de M. Soon étaient annotés avec la mention “livrable”, lorsqu’ils étaient achevés, avant qu’ils ne soient rémunérés par ces organismes ». Sur ce terme assez dérangeant, Stéphane Foucart donne l’explication suivante : « L’institution rendait ensuite compte aux commanditaires de la tâche accomplie par le scientifique, leur présentant les papiers que M. Soon parvenait à faire publier comme des “produits finaux” (deliverables, en anglais), c’est-à-dire comme l’objet d’un commerce. » Diantre ! L’objet du délit serait-il écrit noir sur blanc dans les contrats ? Il suffit pourtant de se rapporter aux documents d’origine pour comprendre ce terme anglais et dégonfler la baudruche : « En contrepartie de la contribution financière au projet pour une durée d’un an par le SCS [Southern Company Services], le Smithsonian devra remettre à celui-ci un rapport d’avancement des résultats incluant un résumé et une analyse détaillés à la fin de la période. Le SCS aura droit à un accès gratuit, non exclusif et irrévocable aux données et résultats du projet pour ses besoins propres. » Autrement dit, comme dans tout cas de financement, le bailleur de fonds souhaite suivre l’avancement de la recherche par l’intermédiaire d’un rapport détaillé. L’incompétence côtoyant souvent, chez les journalistes, la malhonnêteté, on ne s’étonnera donc pas de l’écart entre les faits et la manière dont ils sont rapportés. Le quatrième pouvoir, si prompt à livrer à son lectorat, heureusement de moins en moins fourni, l’individu ayant prétendument fauté, et à coup sûr du côté des vilains, a non seulement la mémoire courte, mais aussi et surtout l’indignation sélective. James Hansen a souvent été appelé le « pape de la climatologie ». Celui par qui la menace du réchauffement climatique est entrée dans la sphère politico-médiatique, particulièrement après son audition au Congrès en 1988. Il a fait la totalité de sa carrière à la NASA, où il a dirigé dès 1981 le GISS, laboratoire en pointe sur l’étude du réchauffement climatique et les scénarios outrancièrement catastrophistes pour la fin du XXIe siècle. C’est pour le monde des associations écologistes une véritable icône. Que pourrait bien trouver un journaliste impartial qui se pencherait sur son cas ? James Hansen, aujourd’hui retraité, était soumis, comme tout autre employé de la NASA, à un certain nombre de règles, qu’il a toujours bafouées. À commencer par l’obligation de faire valider par ses supérieurs toute prise de position engageant l’agence. Comme beaucoup de personnalités prestigieuses invitées par des associations ou organismes, ses allocutions publiques étaient grassement rémunérées, jusqu’à 25 000 dollars (loin des 200 000 dollars que prenait Al Gore, toutefois). Ces sommes, perçues à titre personnel, mais en tant qu’employé de la NASA, n’étaient pas déclarées en sus de son salaire, comme cela aurait dû être le cas. Rappelé à l’ordre maintes fois par la NASA, Hansen a prétendu qu’on voulait le faire taire. En l’occurrence l’administration Bush, alors au pouvoir. Il l’a plus d’une fois clamé alors qu’il militait ouvertement pour l’opposant John Kerry, violant par là même la loi Hatch de 1939, qui interdit aux employés fédéraux l’engagement dans toute activité politique. Fort de ses recherches alarmistes et de son engagement citoyen, c’est-à-dire militant, politiquement orienté, Hansen a reçu un très grand nombre de prix, des plus modestes, chichement dotés, aux plus prestigieux. C’est ainsi qu’en 2004, un chèque de 250 000 dollars lui était remis par la fondation philanthropique Heinz, dirigée par une riche héritière, par ailleurs épouse de... John Kerry. Parmi les plus avantageux, citons le Sophie Prize, remis à Oslo et d’un montant de 100 000 dollars ; le Blue Planet Prize à Tokyo et le Dan David Prize à Paris, tous deux d’une valeur de 500 000 euros. Tous ces voyages autour du monde et dans les meilleures conditions étant bien sûr offerts. En l’espace de 5 ans, James Hansen aurait empoché 1,6 million de dollars de prix et avantages. Sans compter une obscure relation avec la fondation du milliardaire George Soros, d’une valeur de 720 000 dollars, dont Hansen aurait bénéficié « indirectement » sous forme de conseils gratuits (« pro bono legal advice and media consulting »). Notons aussi, par facétie, un prix de 10 000 dollars remis à Londres par la Shell Oil UK : Hansen stipendié par les lobbies pétroliers ?! Conseiller d’Al Gore pour le film qui lui a valu un prix Nobel de la paix aux côtés du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il l’a été aussi pour la banque Lehman Brothers, très engagée dans le juteux commerce des crédits carbone, lui-même conséquence de la mise en place du protocole de Kyoto. Or, c’est bien sûr très largement dans des prédictions comme celles de Hansen que celui-ci trouve sa raison d’être. N’y aurait-il pas là, comme pour l’ancien directeur du GIEC, un conflit d’intérêt certain ? Le problème est en fait plus global. En 2009, peu avant la conférence de Copenhague (une énième « dernière chance de sauver le climat »), puis en 2011, peu avant celle de Durban, des courriels et des fichiers illégalement obtenus ont été tout aussi illégalement rendus publics sur Internet. Leur authenticité a été reconnue. Hors de la sphère francophone, l’affaire a fait grand bruit, y compris dans les médias et auprès de scientifiques n’ayant pas vendu leur âme, car des pratiques fort peu orthodoxes ont été clairement révélées. Dissimulation de données, « corrections » de données permettant la mise en évidence d’un réchauffement marqué, intimidation et attaques ad hominem, etc. Plusieurs fois sont apparues, de la bouche d’un manipulateur ayant réécrit l’histoire climatique du dernier millénaire, Michael Mann, propulsé membre éminent du GIEC dès l’obtention de son doctorat, les expressions « aider » ou « soutenir la cause ». Comme manière d’appréhender dans l’impartialité son objet de recherche, on repassera. Les diverses enquêtes institutionnelles menées sur ces pratiques ont toutes soigneusement évité de se prononcer sur le fond, à savoir la validité des recherches, mais néanmoins pointé en termes policés des pratiques à changer. La presse n’a épluché en profondeur aucun de ces rapports, se contentant des dernières lignes de conclusions, celles permettant de blanchir les chercheurs sur la sellette et de clore un chapitre dérangeant pour tout le monde. Et par la même occasion de souligner la mauvaise foi des climatosceptiques. Pour comprendre comment on a pu en arriver là, il suffit de retourner aux fondamentaux, en l’occurrence le mandat du GIEC, créé en 1988, qui est très clair : « Le GIEC a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine [nous soulignons], cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents. Ses évaluations sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue. » Les cinq épais rapports publiés par le GIEC depuis 1990 ont beau affirmer en conclusion que le réchauffement est d’origine humaine avec un degré de certitude toujours croissant, désormais de 95 %, il est manifeste que c’est un point de départ : le réchauffement existe, il présente des risques pour les sociétés humaines et est d’origine anthropique. C’est sur ce constat a priori que l’on s’appuie pour financer à coups de milliards de dollars la recherche qui conclura a posteriori qu’il en est bien ainsi. Dans ces conditions, l’argent public comme financement de la recherche écarte-t-il le risque de conflit d’intérêt ? Il est permis d’en douter, chaque chercheur en science du climat ayant intérêt, pour lui-même et ses étudiants, à ce que perdure la situation actuelle. D’autant qu’avec le catéchisme « réchauffiste », dans les médias comme dans l’enseignement, le dogme du réchauffement anthropique et catastrophique est devenu une réalité sociale forte dont la remise en cause peut être dangereuse pour une carrière. Cette différence de traitement entre Willie Soon et James Hansen, ou n’importe quel représentant des scientifiques, minoritaires mais influents, impliqués dans le Climategate, montre qu’il y a donc clairement de la part des médias prétendant informer une volonté de faire accroire que le climatoscepticisme n’est affaire que d’idéologie, que des scientifiques corrompus ou tentant d’exister médiatiquement, servent de caution auprès d’idiots prêts à les croire, en habillant le scepticisme d’une apparence de science dans laquelle il se drape. Or, ce qui dérange réellement, c’est que, justement, des arguments solides existent aussi chez ceux qui s’inscrivent en faux contre les arguments du GIEC et que le consensus sur la question n’est qu’une illusion. Stéphane Foucart, du Monde, prétend que les travaux de Willie Soon n’ont jamais trompé qui que ce soit de compétent. Il a pourtant bien fallu que les articles incriminés passent la barrière de la revue par les pairs, c’est-à-dire une évaluation indépendante et anonyme par des scientifiques du comité de lecture de la revue, qui joue sa notoriété. Ce n’est certes pas un gage de grande qualité, sans quoi la recherche sur l’évolution climatique ne serait pas dans un tel état, mais cela invalide tout de même les propos diffamatoires de Foucart : si la piètre valeur et la malhonnêteté de ce travail étaient si évidentes, il n’aurait jamais passé ces barrières, dont le Climategate a plutôt révélé la porosité envers tout ce qui est mainstream. Qui plus est, Willie Soon n’est pas isolé, nombreux sont les scientifiques de par le monde qui partagent ses vues. Enfin, rien de nouveau dans les pseudo-révélations sur les financements du chercheur. Pourquoi donc un tel acharnement, une telle campagne de dénigrement ? Pour le comprendre, il faut s’intéresser d’une part à l’article paru et, d’autre part, au contexte dans lequel il paraît. L’article paru début 2015, dont Willie Soon est l’un des quatre coauteurs, s’intéresse à ce qu’on appelle la sensibilité climatique et à sa modélisation. Autrement dit, à quelle valeur la température moyenne de l’atmosphère se stabiliserait-elle dans les conditions d’un doublement de la concentration en dioxyde de carbone (CO2) par rapport au niveau qu’on estime être celui de la période pré-industrielle ? Leurs conclusions sont bien sûr beaucoup moins catastrophistes que celles du GIEC, puisqu’ils estiment que cette sensibilité est d’environ 1 °C et qu’en conséquence, compte tenu des scénarios d’émission de CO2, la température moyenne du globe augmentera de moins de 1 °C à l’horizon 2100. Les activités humaines ne sont pas pour eux une cause majeure de réchauffement climatique. On comprend aussi que, s’ils sont dans le vrai, l’objectif politique de limiter le réchauffement à 2 °C à grand renfort de mesures visant à (tenter de) « décarboner » l’économie n’a plus guère de raison d’être. Jusque-là, pourrait-on dire, rien d’extraordinaire, les auteurs sont dans leur rôle de climatosceptiques : minimiser le rôle des émissions de gaz à effet de serre dans l’évolution du climat, en l’occurrence de la température moyenne de l’atmosphère. D’ailleurs, de nombreux auteurs sont par le passé arrivés à une conclusion semblable : une sensibilité climatique nettement inférieure aux estimations du GIEC, qui, elles, n’ont pas changé depuis 25 ans, entre 1,5 °C et 4,5 °C comme fourchette la plus probable. Mais le contexte rend l’exercice extrêmement intéressant et d’actualité, ce qui explique que cet article a été particulièrement consulté. Au point, apparemment, d’inquiéter les tenants du dogme « carbocentriste », qui lie l’augmentation de la température moyenne de la Terre aux émissions de gaz à effet de serre. Il faut dire que depuis plus de quinze ans, alors qu’était relâché plus du tiers de toutes les émissions anthropiques de CO2 émises depuis le début de la révolution industrielle, la température moyenne, elle, stagne de manière inattendue par le GIEC. Ce qui est très embarrassant lorsque l’on a martelé que la variabilité naturelle était largement dépassée par l’effet de serre additionnel, qui devrait donc être plus fort que jamais. Cette pause est opportunément cachée au grand public grâce aux records qui se succèdent, 2014 ayant dépassé la précédente année la plus chaude d’une poignée de centièmes de degré Celsius (0,04 °C pour le GISS, 0,02 °C pour l’organisme britannique qui fait un travail similaire). Encore cela ne concerne-t-il que la température en surface, établie de manière contestable grâce aux enregistrements au sol ; rien de tel si l’on regarde l’évolution thermique de la basse atmosphère, que l’on obtient grâce aux satellites : l’année record reste 1998. Cette pause implique donc que les projections des modèles climatiques, utilisées par tous ceux qui prévoient un important réchauffement pour les décennies à venir, s’écartent chaque année un peu plus des enregistrements, même ceux qui sont les plus critiquables et « poussent » à la hausse. L’article de Willie Soon souligne ce fait bien connu et propose un modèle simple qui évite cet écueil. C’est donc dans ce contexte qu’a commencé l’actuelle campagne de dénigrement à l’encontre de Willie Soon, qui comme beaucoup de ses collègues, cherche plutôt l’explication de l’évolution récente du climat du côté de l’activité solaire. L’intérêt contemporain pour le rôle du Soleil dans la marche du climat remonte à la publication en 1991 d’un article des Danois Friis-Christensen et Lassen mettant en évidence une bonne corrélation entre activité solaire et température moyenne globale. Dans son livre Le Populisme climatique, Stéphane Foucart écrit (p. 52) : « La communauté scientifique observe d’abord avec intérêt ces résultats mais, dans la mesure où aucun mécanisme physique n’est à même de les expliquer, elle s’en désintéresse. » Une drôle de conception de la science ! Ce qu’écrit le journaliste du Monde est d’abord ridicule, mais aussi faux. On ne tourne pas le dos à ce que l’on ne comprend pas, sans quoi l’on ne découvrirait jamais quoi que ce soit. Et c’est d’ailleurs ce que n’ont pas fait nombre de scientifiques. Lorsqu’un mécanisme a été suggéré par Friis-Christensen et surtout son élève Svensmark, qui en a eu l’idée, le financement de cette recherche n’a jamais pu être obtenu. Il leur a fallu se débrouiller pour obtenir des résultats probants et les publier. Les variations d’activité du Soleil sont en soi insuffisantes pour avoir un impact marqué sur le climat. Il faut un mécanisme amplificateur, qu’ils ont proposé. Malgré les railleries incessantes et plus simplement le fait que leur travail était ignoré du GIEC, leurs travaux ont suffisamment convaincu pour qu’un vaste projet expérimental de plus grande ampleur soit monté au CERN à Genève, avec des résultats encourageants. Bien sûr, si Dame Nature était le principal responsable de l’évolution climatique qu’elle connaît, il serait délicat, de la part de ceux qui prétendent se préoccuper d’elle, de le dénoncer. L’écologiquement correct comme une protection contre Nature ? La justification de toutes les actuelles solutions pour sauver le climat serait pour le moins bien plus délicate. Un contexte climatique qui n’aide pas les alarmistes, une importante réunion politique internationale en fin d’année à Paris pour poursuivre sur la voie du protocole de Kyoto, un article dérangeant qui obtient une audience certaine : de quoi tenter de ruiner médiatiquement et donc professionnellement un chercheur. Et comme bien d’autres ne sont pas dans le rang, cette cabale n’est pas la seule. Après, les mois passés, les persécutions à l’endroit du Suédois Lennart Bengtsson, chercheur réputé et respecté (qui ont toutefois soulevé l’indignation de nombreuses personnalités, relayée par la presse non-francophone), voici maintenant qu’à la suite de Willie Soon un homme politique américain veut que l’on cherche noises à sept personnalités américaines, dont la plupart sont des scientifiques de premier plan. Scepticisme de la première heure ou apostasie, ils sont de dangereux cailloux dans les rouages de la machine politico-médiatico-scientifique qui se sert du réchauffement climatique pour arriver à ses fins.
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Le placement favori des français en passe d’être « rapté ». Quand c’est « vu à la télé », c’est que la vérité ne peut plus être cachée. Partagez ! Volti ****** Charles Sannat pour Insolentiae Mes chères impertinentes, mes chers impertinents, Voilà, nous y arrivons, comme prévu, comme écrit des dizaines et des centaines de fois, l’assurance-vie, c’est comme Capri, c’est fini. Terminé, y compris et surtout le fameux et célèbre fonds euros dont le capital est GA-RAN-TI croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer monétaire (c’est pour la rime que vous admirerez au passage, la poésie pouvant aussi s’appliquer à l’économie). Je vous la refais rapidement. L’assurance-vie c’est le placement préféré des Français, 38 millions en ont un… pas mal hein !! Et puis dessus ils ont placé 1 700 milliards d’euros soit globalement un poil moins que la dette de l’État mais bon, vous voyez ce que je veux dire mais que je ne vais pas dire… Evidemment, comme j’ai une boule de cristal à très haute performance, j’ai regardé dedans il y a quelques années et ma boule m’a dit… Charlot, prêtez tes sous à un pays surendetté et sans croissance pour des taux de plus en plus bas, ce n’est pas une bonne idée… Elle est forte ma boule de cristal. Alors j’ai tenté de prévenir, d’alerter, de dire vous savez votre placement préféré des 30 dernières années qui a été super bon et bien il va être au mieux calamiteux pour les 30 prochaines années, au pire, vous serez plus ou moins ruinés… Tenez regardez celui-là d’article de 2016… Le titre suffit et je reprends la même photo pour illustrer à 3 ans d’intervalle la même préoccupation. Faut-il d’urgence sortir de l’assurance vie ? Le titre n’est pas de moi, c’est celui de l’une des dernières émissions d’Écorama du 8 décembre dernier qui revient sur la « sécurité » des contrats d’assurance vie. Laurent Saillard, du magazine Le Revenu, reparle de la Loi Sapin 2 pour expliquer que finalement, ne plus pouvoir avoir accès à son argent est en fait très réconfortant pour … Lire la suite de Faut-il d’urgence sortir de l’assurance vie ?Insolentiae Et les gars… faut pousser la logique jusqu’au bout !! Je dis les gars, mais c’est comme mes rimes, c’est une figure de style, les filles aussi vous êtes concernées si vous avez un contrat d’assurance-vie. Croire que dans un monde de taux négatifs votre placement en obligation via le fonds euros va continuer à vous garantir le capital et la mise initiale revient à dire que vous croyez que la compagnie d’assurance-vie va vous payer pour vos beaux yeux… ben… c’est pas possible parce que si elle vous paye, cela va être sur ses réserves ou sur ses fonds propres, et cela ne va pas durer longtemps !! Evidemment au bout du compte la compagnie fait faillite et votre épargne s’envole. Et le premier assureur à dégainer c’est Generali France qui est un poids lourd du secteur. Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France, estime que « le monde du fonds euros roi est terminé ! » Hahahahahahahahahahaha, je me marre, enfin comme d’habitude pas trop fort quand même parce que je sais que des millions de pauvres gens à qui l’on cache plus ou moins la réalité économique des choses seront les couillons utiles et autres dindons de la farce, alors qu’ils auront besoin de ces sous, économies d’une vie pour l’immense majorité pour mettre un peu de beurre ou de margarine dans les épinards…. Generali France jette un pavé dans la mare. Dans un contexte de taux d’intérêt négatifs, l’assureur a décidé d’envoyer un message fort aux épargnants. « On est entré en terrain inconnu et on se prépare à ce que cela dure. Nous croyons plus que jamais à l’assurance-vie mais compte tenu de cette situation sans précédent, il faut revisiter le modèle d’épargne. Le modèle de la sécurité absolue, de la liquidité permanente, de la garantie totale et à tout instant du capital, qui est finalement une réplication du modèle du Livret A, est à bout de souffle. Le monde du fonds euros roi est terminé ! », assène Jean-Laurent Granier, son PDG, dans un entretien aux « Echos ». « Generali France avait servi l’année dernière en moyenne entre 1,80 % et 1,90 % sur ses contrats, dans la moyenne du marché (1,83 %, selon les données de l’ACPR, le régulateur du secteur). « Nous ne voulons pas donner l’illusion qu’il serait encore possible de servir un rendement à 1,50 % pour un contrat en fonds euros alors que le taux sans risque est négatif », insiste Jean-Laurent Granier, sans dire jusqu’où l’assureur pourrait descendre ». … Vous la sentez venir la carotte ? Elle était très prévisible ! Dans tous les cas, les épargnants vont payer la dette et la crise, la seule chose que l’on ne connait pas ce sont les contours de la tonte, mais il semble que nous allions vers une tonte douce sauf aggravation de la crise. La tonte douce, c’est l’euthanasie progressive de votre épargne et la réduction petit à petit de votre capital… c’est de l’érosion, nous sommes en plein dedans avec les taux négatifs. Attention aux terribles crédits In-Fine ! Mise ne garde ! Il y a donc le cas général où les épargnants risquent de voir fondre leur épargne sur l’assurance-vie comme la banquise avec le réchauffement climatique, et puis il y a les cas particuliers des épargnants qui ont eu recours à une méthode d’emprunt que l’on appelle le crédit « In Fine »… C’est un crédit où l’on rembourse tout d’un coup mais à la fin dans 15 ans par exemple !!! En attendant je ne paye que les intérêts d’emprunt ou l’assurance. Du coup, je déduis tout de mes revenus… en échange je nantis c’est-à-dire que je mets en garantie un placement en assurance-vie sur lequel je verse chaque mois l’équivalent du capital que je devrais rembourser. Comme l’assurance-vie me rapporte tous les ans et que les intérêts se cumulent, au bout du compte cela permet d’optimiser la fiscalité et de gagner encore un peu plus de sous… Mais, ça ce n’est valable que si votre épargne progresse, imaginez que vous ayez mis 250 000 euros sur ce contrat d’assurance-vie pour rembourser votre banquier dans 15 ans, et que le jour du remboursement vous découvriez que vous n’avez plus rien !! Vous auriez perdu tous vos sous d’un côté, et vous auriez le crédit à rembourser.. pas franchement une bonne affaire. Il faut donc proscrire les montages en In Fine et cela fait plusieurs années que j’alerte dans ma lettre STRATEGIES notamment, tous les épargnants sur les risques d’un tel montage dans un contexte de taux… négatifs ! Et pourtant ils continuent à le faire ! Ces déclarations de Generali ont une immense portée, et vous devez vous hâter de débancariser et de « dé-assuranceviter » ! C’était prévisible, c’était prévu et cela se matérialise. Pour les conseils et les travaux pratiques, vous aurez ma lettre STRATEGIES du mois de septembre pas encore achevée, qui sera uniquement consacrée aux différentes techniques de débancarisation et ce que vous pouvez faire pour vous en sortir, et vous verrez, si acheter de l’or est une évidence, il y a d’autres choses à faire, très puissantes fiscalement parlant en plus, car débancariser c’est bien, gagner des sous c’est encore mieux, et ne pas payer d’impôt c’est la cerise sur la gâteau !!! Pour en savoir plus c’est directement ici. Au fait… même la télé en parle, c’est dire… sans doute que l’on approche du moment où les pertes seront forcément visibles. Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous ! Charles SANNAT Le testament de Draghi et son « budget de la zone euro » Pourquoi investir dans les parkings est une très mauvaise idée !! La FED n’a toujours pas réglé le problème selon CNN Psychodrame à la BCE les Allemands furieux des taux bas!
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L’Onu épingle les responsables de cet organisme dont l’alarmisme ne fait pas l’unanimité. Ses opposants se sont regroupés au sein du Heartland Institute. Nous avons rencontré ces experts qui parlent franc. Rangez vos sahariennes. Sortez vos canadiennes. Nous entrons dans une période froide ! C’est le cri d’alarme du géologue Don Easterbrook, professeur émérite à la WesternWashington University. Il fait partie de ces milliers de scientifiques qui contestent les bilans alarmistes et catastrophistes du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), dont l’organisation et les méthodes de fonctionnement viennent d’être tancées sévèrement par l’Onu. Dans un rapport remis le 30 août par le Conseil interacadémique, organisme consultatif composé de quinze académies des sciences, l’Onu recommande au Giec de « réformer fondamentalement sa structure de direction », aujourd’hui présidée par le très controversé chercheur indien Rajendra Kumar Pachauri, fragilisé par la critique, et de « renforcer ses procédures pour faire face à des évaluations climatiques de plus en plus complexes ». Sans remettre en cause les conclusions climatologiques du Giec dont la présidence avait demandé ce rapport d’audit, conjointement avec l’Onu, le président du Conseil interacadémique, Harold Shapiro, professeur d’économie à Princeton, a été d’une grande franchise : « Je pense que les erreurs faites (par le Giec) ont entamé la crédibilité du processus. » Le manque de transparence et de rigueur du Giec, créé en 1998 et récompensé par le prix Nobel de la paix en 2007 (partagé avec Al Gore), avait été mis en cause en 2009, après les révélations sur des erreurs et des manipulations de données de sa part, renforçant son alarmisme sur le réchauffement de la planète. Du coup, le courant des “climatosceptiques”, opposé au Giec, a repris de la vigueur après avoir lancé une sorte de contre-offensive scientifique organisée autour du Heartland Institute, la principale organisation scientifique américaine regroupant tous ceux qui doutent de la thèse du réchauffement des températures. En mai dernier, ses principaux représentants étaient réunis à Chicago pour leur quatrième conférence internationale sur le changement climatique. Fondé en 1984 à Chicago, le Heartland Institute s’est installé dans la ville symbole de l’école libérale américaine, dont Milton Friedman fut l’une des figures de proue. L’institut défend avec passion la liberté de marché, s’oppose à toute régulation fédérale tendant à limiter l’esprit d’entreprise et à tout oukase ou à toute idéologie sur la recherche scientifique. Fort d’un budget de 5,2 millions de dollars (en 2007), il soutient ainsi les fabricants de tabac, les marchands d’alcool mais aussi les producteurs d’énergie. Ses détracteurs sont nombreux. L’institut est accusé d’être à la solde des grands lobbies industriels. Il répond qu’il ne reçoit que 16 % de ses revenus de tels grands groupes – 84 % provenant de particuliers et de fondations. Il souligne qu’il n’accepte aucun fonds gouvernemental et qu’il n’effectue aucune recherche spéciale au profit de lobbies industriels. Le site Exxon-Secrets.org l’accuse pourtant d’avoir touché près de 800 000 dollars depuis 1998 de la société pétrolière Exxon-Mobil : « Le Heartland Institute n’est pas une organisation scientifique mais un moulin à propagande. » L’institut se défend : « Ces attaques viennent essentiellement de gauchistes qui s’opposent à notre position en faveur de la liberté individuelle et d’un État faible. » Tous les chercheurs du Heartland Institute ne partagent pas les vues exprimées par Don Easterbrook pour qui le réchauffement de la planète s’est achevé pour plusieurs décennies et reprendra vers 2030, dans le cadre d’un cycle faisant alterner le chaud et le froid tous les trente ans. Le refroidissement à venir, affirme-t-il, sera encore plus néfaste que le réchauffement : il tuera deux fois plus de gens qu’une chaleur extrême, la production alimentaire diminuera, la consommation d’énergie augmentera ainsi que son prix, ce qui pourra entraîner une instabilité politique et sociale mondiale. Richard Lindzen, du Massachusetts Institute of Technology, lui aussi venu à Chicago, est plus nuancé : « Dire que le réchauffement est dû aux activités humaines est trivialement vrai mais essentiellement dépourvu de sens. » À ses yeux, les alarmistes du Giec tentent d’appuyer les données qu’ils ont créées, au lieu de tester les hypothèses. Les chercheurs proches du Heartland Institute doutent aussi de l’impact des nouvelles lois antiréchauffement. De son côté, l’économiste espagnol Gabriel Calzada a calculé que les emplois verts, en raison de la taxe imposée pour développer les énergies renouvelables, ont fait grimper le prix de l’électricité de 77 % entre 1998 et 2009. Son collègue italien Carlo Stagnaro estime que, pour un emploi vert créé, près de sept pourraient l’être ailleurs dans le secteur industriel, à investissement égal. L’ancien gouverneur de Virginie, George Allen, recommande de son côté de développer l’énergie nucléaire. Son argument : « Si les Français peuvent le faire, les Américains le peuvent aussi. » « Tout ce que la gauche a réussi à faire, c’est de relégitimer le nucléaire », sourit Joseph Bast, le président du Heartland Institute. La polémique dite du Climategate, mettant en cause les méthodes du Giec, ne l’a pas étonné : « C’est un grand moment pour être sceptique. C’est un grand moment pour être libertaire. » La révélation par des courriels que le Centre de recherches sur le climat de l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) aurait tenté d’étouffer les voix des climato-sceptiques en refusant de publier leurs articles a troublé les scientifiques. Le climatologue Fred Singer, l’un des chefs de file du mouvement climatosceptique américain, estime lui aussi que cette affaire a changé le ton et l’atmosphère de la discussion entre scientifiques : « Le débat dure depuis près de vingt ans mais la publication des courriels concernés a confirmé ce que nous soupçonnions depuis longtemps. Un petit groupe d’individus a essayé de limiter le débat, ou, plus exactement, a tenté d’éviter qu’il ne devienne public. » Enseignant les sciences environnementales à l’université de Virginie, fondée par Thomas Jefferson, Fred Singer connaît bien le milieu scientifique, autant que l’administration dans laquelle il a occupé de nombreuses fonctions, y compris à la Nasa. Expert mondialement reconnu pour ses travaux sur les questions d’énergie et d’environnement, Singer est l’un des fondateurs du Groupe international non gouvernemental sur le changement climatique (NIPCC, dans son sigle anglais), véritable machine de guerre contre le Giec dont il a disséqué les méthodes assez peu scientifiques : « Ils ont agi en écartant les dissidents, en exerçant des pressions sur les éditeurs pour qu’ils ne publient pas leurs travaux. L’aspect le plus important est qu’ils ont caché des données ou les ont manipulées, ce qui est pire. Ils ont, pour les citer, “dissimuler” le déclin de la température au public. » Fred Singer poursuit : « Il est toujours dangereux de dire qu’une période est chaude ou froide, sauf si vous spécifiez de quelle période vous parlez, poursuit-il. De toute évidence, le climat s’est réchauffé depuis l’ère glaciaire, il y a 20 000 ans. Il s’est aussi réchauffé au cours des 200 dernières années. Mais il s’est refroidi depuis 1998. On ne peut pas dire qu’il fait plus froid ou plus chaud si on ne précise pas la période dont on parle. Cela n’a pas de sens. » Le chercheur n’est pas avare en explications et en clarifications. Pour lui, une température peut baisser au cours des 10 ou 15 dernières années, tout en étant la plus élevée des 100 dernières années : « Cela n’est pas contradictoire. Dans un cas, on parle d’une tendance, mesurée en degrés centigrades par an ; dans l’autre cas, on parle d’une température en degrés centigrades. L’un est un taux de changement de température, l’autre un niveau de température. Ce sont deux concepts différents, comme la vitesse et l’accélération pour parler de la vélocité. » Fred Singer ne nie pas que la température a été plus élevée au cours des 10 dernières années qu’au cours des 100 dernières. Avec ses amis du NIPCC, il montre que la température a en fait baissé durant les 10 dernières années. C’est la tendance : « On peut avoir une température en hausse et une “tendance” à la baisse. Ce qui compte, c’est la “tendance”, car elle prend en compte les gaz à effet de serre qui n’ont cessé d’être émis depuis la révolution industrielle. » L’effet de serre ne l’effraie pas et le NIPCC estime qu’un réchauffement est dû à l’augmentation du CO2 : « L’effet de serre existe, mais les données ne le montrent pas. Nous croyons aux données, pas à la théorie. » C’est ce qui diviserait aujourd’hui la communauté scientifique : « Il y a ceux qui croient en la théorie : que la température doit augmenter car c’est ce que disent les modèles ; et ceux qui, comme nous, croient en l’observation de l’atmosphère. » Le dialogue entre sceptiques et “réchauffistes” n’est pas rompu. « Il y a quelques très bons scientifiques dans l’autre camp », sourit Singer. Pour redorer son blason, le Giec a compris qu’il fallait inclure dans ses rapports des opinions dissidentes de scientifiques qui ont travaillé sur les mêmes informations, mais sans arriver aux mêmes conclusions. Il a aussi subi des pressions. « Un scientifique chinois a suggéré que le groupe s’ouvre aux contestataires, poursuit Singer, mais je ne crois pas que cela arrive. Nous continuerons à écrire nos opinions séparément, avec le NIPCC pour les diffuser. Notre objectif est de publier des mises à jour annuelles et un rapport complet en 2013. » Les débats scientifiques ont toujours existé. Ils continueront : « Il y a toujours une majorité qui s’accroche à une certaine position jusqu’à ce qu’on lui prouve qu’elle a eu tort. Le débat est sincère, il va dans la direction des sceptiques, car un vrai scientifique doit toujours être sceptique. » Ses adversaires “réchauffistes” ne lui semblent pas malveillants : « Ils ne sont pas mauvais. Ils ont simplement tort. C’est tout. Mon espoir est qu’après ce qui s’est passé à Paris et à Londres, les choses vont changer, très bientôt. » Fred Singer et ses amis du NIPCC perçoivent un grand mouvement en France. « L’Académie des sciences a enfin reconnu le sérieux du débat et il doit y avoir une discussion publique en octobre à Paris. Plus important encore, la Royal Society de Londres, la plus ancienne société scientifique du monde, extrêmement alarmiste, vient de reconnaître que les opinions dissidentes sont importantes. » Elle a créé une commission chargée d’examiner les modèles. Ses conclusions auront un effet sur les autres académies, « notamment sur l’américaine, qui a publié un horrible rapport ne faisant que répéter toutes les fictions, toutes les hypothèses, ignorant les opinions divergentes et produisant un ramassis d’arguments éculés. Tout cela après avoir dépensé 6 millions de dollars »
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Greenpeace demande la création d’un réseau mondial de réserves marines qui couvriraient au moins 30 % de nos océans. L’objectif est de préserver les écosystèmes marins. Qu’est-ce qu’une réserve marine ? Les réserves marines sont l’équivalent en mer des parcs nationaux. Il s’agit de protéger tout un écosystème de l’exploitation humaine. En mer, cela signifie interdire la pêche, l’exploitation minière et l’élimination des déchets. Aucune extraction, aucune dégradation n’est possible. C’est le plus haut degré existant de protection des mers et des océans. Toutes les autres formes d’« aires marines protégées » sont moins performantes. Il y a environ 70 espèces de salpes dans le monde. Ici, une espèce photographiée en eau profonde. Pourquoi créer des réserves marines ? -> Pour favoriser la restauration des océans. Les océans sont des écosystèmes fragiles. Leur avenir est gravement compromis par les activités humaines, en particulier la pêche. Les ressources de la mer sont menacées d’épuisement, et l’encadrement de la pêche ne suffira pas. Il faut aller plus loin, avec la création de réserves marines. Aujourd’hui, seulement 3,6 % des océans bénéficient d’une forme de protection, et à peine 2 % d’un haut niveau de protection. Nos océans méritent mieux ! -> Pour lutter contre les changements climatiques. Les écosystèmes marins de haute mer sont une pompe biologique : ils captent le dioxyde de carbone en surface et le stockent dans les profondeurs. Sans ce service essentiel, notre atmosphère contiendrait 50 % de CO2 en plus, et la hausse des températures rendrait la terre inhabitable. Où créer des réserves marines ? En 2019, Greenpeace et des scientifiques ont établi une carte mondiale des réserves marines qu’il faudrait créer pour protéger au moins 30 % de nos océans, voire 50 % (voir ci-dessous). Ce chiffre n’a rien de fantaisiste. Les scientifiques estiment que 20 à 50 % de nos océans devraient être déclarés réserves marines. Ces réserves formeraient un réseau cohérent de grandes étendues en haute mer et de plus petites superficies le long des côtes. Les sites à privilégier seraient les zones de reproduction des poissons, les habitats vulnérables (récifs coralliens, monts sous-marins) et les zones abritant des espèces rares et/ ou surexploitées. Lire le rapport sur la création d’un réseau mondial de réserves marines. Quels effets ? Des exemples concluants de réserves marines existent déjà en Nouvelle-Zélande, aux Açores, en Corse. Quelle que soit la superficie de ces réserves, leurs effets sont prouvés après quelques années d’existence. Le premier est bien sûr le repeuplement. Protégés de tout prélèvement, les poissons se reproduisent tranquillement, leur taille augmente. Les écosystèmes sont restaurés, leurs capacités de résistance renforcées. Une réserve participe aussi à la reconstitution des zones environnantes et augmente le rendement des pêcheries adjacentes (soit parce que les poissons sortent de leur zone, soit parce que les œufs et larves migrent vers les zones de pêche). Les pêcheurs sont ainsi les principaux bénéficiaires de la création de réserves marines. Fonds marins au large de l’île d’Apo, Philippines, 2013. © Steve De Neef / Greenpeace Une occasion unique de protéger nos océans Les Etats membres de l’ONU négocient en ce moment même un traité international pour protéger la haute mer. Notre étude montre qu’avec les données et les moyens actuellement à disposition il est possible de cartographier les zones océaniques à protéger, de créer un réseau de réserves marines interconnectées et représentatives de la biodiversité marine mondiale. C’est maintenant aux responsables politiques de nous doter d’un outil juridique assez ambitieux pour permettre la mise en place de ces réserves.
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Par MD On sait que le président de l’imminente COP26, Alok Sharma, est originaire de l’archipel des Maldives. Nul doute que ce dernier sera honoré par une standing ovation, en tant que représentant d’un ensemble insulaire menacé par la montée des eaux. En effet, cet archipel de l’océan Indien, à l’instar, dans le Pacifique, de Tuvalu, Kiribati, Fidji ou Vanuatu, fait partie des entités emblématiques souvent citées comme promises à l’engloutissement à terme. On rappellera à cette occasion que les Fidji avaient présidé la COP23 de novembre 2017 (tenue à Bonn). On pourra se reporter à l’article de Wikipedia consacré aux Maldives, qui comporte l’essentiel des informations utiles. Il en va de même de leur site institutionnel. On retiendra que cet archipel de 300 km2 se compose de 1 200 îles ou îlots situés au sud-ouest du Sri Lanka, étalées sur 900 km immédiatement au nord de l’équateur. La géographie des Maldives Géologiquement parlant, les Maldives appartiennent à la plaque indienne. Ce sont des atolls (terme emprunté à la langue maldivienne) ou récifs coralliens. La genèse de leur formation est encore sujette à controverses. L’altitude moyenne est de l’ordre de 2 mètres, avec un point culminant à 5 m. Les Maldives comptent environ 400 000 habitants. La Banque mondiale les classe dans les pays à « revenu intermédiaire, tranche supérieure » (« upper middle income »). La plupart des indicateurs (accès à l’électricité, éducation, santé, mortalité, etc.) les situent dans le haut de la fourchette des pays en voie de développement. Le PIB par habitant est proche de celui de la Chine et 2 à 3 fois supérieur à celui de l’Inde. Sans être catalogué paradis fiscal, le pays est qualifié « à fiscalité réduite ». L’essentiel de l’économie est basé sur le tourisme de qualité, qui s’est considérablement développé depuis une trentaine d’années : le nombre de touristes a été multiplié par 6 depuis 1995 (1,7 millions en 2019). Les Maldives cherchent à se promouvoir en tant que destination dite « MICE » (meetings, incentives, conferences and exhibitions) grâce notamment à leurs îles-hôtels de luxe. Périodiquement, la presse se fait l’écho des menaces qui pèsent sur les Maldives du fait de la montée des eaux L’histoire de ces dernières décennies est ponctuée de quelques évènements qui ont eu des retentissements médiatiques. On rappelle pour mémoire les « prévisions » du PNUE de 1989 qui annonçaient « dans trente ans » (donc en 2019) la disparition des Maldives, entre autres archipels. Plus sérieusement, le violent tsunami de décembre 2004 (> 9 sur l’échelle de Richter), malgré une distance à l’épicentre de plus de 2 500 km, a entraîné dans les Maldives des dizaines de victimes et des dégâts notables sur l’habitat côtier et la flotte de pêche. Cet épisode a eu, en 2005, des conséquences sur le tourisme qui a baissé de 35% en nombre de visiteurs — d’où une chute de 15% du PIB. Le journal du 31 juillet 2005 de France-2 faisait état d’un risque d’engloutissement des Maldives sans en préciser l’échéance. En mai 2009, Courrier International publiait un long et intéressant article sous le titre : « Les Maldives contre-attaquent ». On peut lire notamment que « les différents modèles climatiques disponibles prédisent que les îles seront inhabitables vers 2070, 2050 ou même dès 2030 » (sic). « Toutefois, le pays a choisi de riposter, grâce à un ambitieux programme de restauration de son territoire ». Le 17 octobre 2009, en vue de la COP-15 de Copenhague, le gouvernement des Maldives avait tenu un conseil de ministres en immersion à six mètres de profondeur avec combinaisons et bouteilles. A cette occasion, le conseil avait adopté une résolution « appelant à une action mondiale pour la réduction des émissions de CO2». Périodiquement, à l’occasion de tel ou tel évènement concernant les Maldives, la presse se fait l’écho des menaces qui pèsent sur l’archipel du fait de la montée des eaux, avec l’inévitable pathos climatique. La citation actuellement la plus répandue dans les médias est une élévation « comme prévu de 2 m en 2100 ». On appréciera ce trait d’humour de Wikipedia : « Dès 1989, certaines prévisions annoncent que les Maldives pourraient avoir disparu en 1999 et récemment la date a été repoussée à 2100 ». Que disent les marégraphes et les mesures satellitaires ? Il existe dans cette région quatre marégraphes exploitables dont trois dans les Maldives représentés sur la carte ci-dessous, plus Diego Garcia en territoire britannique à 800 km plus au sud. Ces marégraphes sont tenus à jour par l’Université de Hawaï UHSLC. Les évolutions observées sont représentées par le graphique ci-dessous (les niveaux de références sont arbitraires). Dans le cas des deux plus longues séries (Malé et Gan), le niveau apparent de la mer a augmenté en trente ans d’environ +4 mm par an. A Hanimaadhoo et Diego Garcia on a observé des valeurs un peu supérieures, mais sur des périodes plus courtes et avec un hiatus en 2006. La NOAA publie depuis 1993 des séries de relevés altimétriques régionaux, dont l’océan Indien. Le graphique ci-dessous représente les données des quatre satellites successifs (environ une mesure par décade). On remarquera au passage le ressaut observé en 2016, qui est visible aussi sur les graphiques des marégraphes. La tendance sur les 28 ans calculée par NOAA, facile à vérifier, est de l’ordre de +3,2 à +3,3 mm/an selon les formats (qu’on ne détaillera pas ici). Par construction, les données des marégraphes sont mesurées par rapport à un niveau terrestre. Il est donc intéressant de savoir si le sol a subi des mouvements verticaux. A cet égard, on dispose d’un réseau de repères géodésiques tenus à jour par le JPL (Jet Propulsion Laboratory) de la NASA. Un article tout récent a traité de ce sujet. Dans le secteur considéré, il n’existe en tout et pour tout que deux repères : l’un à Malé, l’autre à Diego Garcia, dont voici les relevés. A Malé, le JPL croit discerner une subsidence de l’ordre de -5 mm par an. Cependant cette série, brève et très lacunaire, a été interrompue en 2006. La barre verticale verte correspond à une rupture de série, mais il n’est pas exclu que d’autres ruptures non détectées aient eu lieu postérieurement. A Diego Garcia, le sol ne semble pas manifester de mouvement vertical significatif sinon une infime subsidence. Les deux ruptures de séries signalées en vert sont douteuses. Telles sont les données publiques dont on dispose. Il est peu probable qu’il existe d’autres données cachées, connues seulement des « experts ». Concernant les données GPS, celles de Malé paraissent suspectes : le fait qu’elles aient été interrompues en 2006 montre le peu de cas qu’il en était fait. Peut-être existe-t-il une légère subsidence comme dans la plupart des régions équatoriales ? Concernant les niveaux marins, la concordance entre les marégraphes et les satellites est à première vue satisfaisante : on observerait ainsi une élévation apparente du niveau de la mer de l’ordre de +4 mm par an (± 1 mm) sur les trente ou trente-cinq dernières années. On ignore si cette tendance résulte du seul niveau marin ou éventuellement d’une composition entre niveau marin et subsidence, mais le résultat est le même. L’élévation progressive du niveau de la mer est un fait ancré dans l’histoire Supposons que la tendance se poursuive. En 2100 (donc dans 80 ans), on observerait alors une élévation du niveau de la mer de 35 à 40 cm par rapport au niveau actuel. Par contre, pour atteindre en 2100 les 2 mètres dont la presse fait état, il faudrait, en caricaturant, que le niveau de la mer augmente à partir de l’an prochain et dorénavant, non de 4 ou 5 mm par an, mais de 25 mm par an. Personne ne semble avoir fait ce calcul pourtant simple. Il est permis de s’étonner que de pareilles aberrations puissent encore être propagées avec l’assentiment tacite des « scientifiques ». L’élévation progressive du niveau de la mer est un fait ancré dans l’histoire, et compte tenu des inerties en jeu, il est vraisemblable qu’elle se poursuivra encore pendant de nombreuses décennies. Ce n’est pas avec danses de la pluie, incantations et lamentations que l’on fera face aux conséquences du phénomène, mais en s’y préparant calmement et méthodiquement, tout en continuant les observations. En réalité, les Maldiviens, dans leur sagesse, ne croient pas un mot de ces prévisions extravagantes. On le constate déjà à la lecture de leurs publications institutionnelles, qui débordent d’optimisme et d’enthousiasme ; certes c’est une loi du genre et on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Mais on en trouve une démonstration plus concrète dans la poursuite active d’investissements de toutes natures. En témoignent l’extension et la modernisation toutes récentes de l’aéroport international de Velana (relié à l’île capitale de Malé) pour accueillir les A380, et un nouveau port pour hydravions (moyen de transport très répandu dans l’archipel), sans compter les résidences et hôtels de confort qui continuent à se développer. Ces modernisations vont se poursuivre, et c’est tout le bien que l’on peut souhaiter à ce territoire attachant et industrieux. L’aide internationale, si elle est convenablement orientée, peut y contribuer. Il n’est pas certain que la future COP26 aboutisse à ce genre de conclusion.
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« Merci au CO2 » par François Gervais (Editions du Toucan) Dans ce livre synthétique, le physicien François Gervais (membre du comité scientifique de notre association), souligne que le CO2, gaz indispensable à la vie, a de très nombreuses vertus, notamment et surtout pour nourrir l’humanité. Il rappelle enfin quelques notions et chiffres simples pour que chacun puisse élaborer sa propre réflexion sur le sujet. Selon le GIEC, le dioxyde de carbone (CO2) émis par l’Homme est responsable du réchauffement de la terre. Il faudrait donc d’urgence réduire nos émissions de CO2 si l’on veut éviter un cataclysme planétaire. Pourtant, comme le montrent les deux prévisions citées plus haut, depuis plusieurs décennies, toutes les annonces d’apocalypse ont été démenties par les faits. La température moyenne de la planète a augmenté de 1° depuis le début du XXème siècle et la majeure partie de cette hausse (0.6°) est intervenue entre 1910 et 1945, alors que les émissions de CO2 étaient encore faibles. Après 1945 et jusqu’en 1975, les émissions de CO2 ont beaucoup augmenté…et la température moyenne a baissé ! Le lien entre CO2 et température moyenne est donc sans doute beaucoup moins évident qu’on ne le dit.
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Nouvelle victoire pour les défenseurs de l'environnement. Après l'annonce par Emmanuel Macron de l'abandon du mégacomplexe Europacity, la justice a décidé ce vendredi de suspendre pendant un an les travaux de la ligne 17 du métro Grand Paris Express autour du Triangle de Gonesse (Val-d'Oise), qui devait accueillir le projet. Dans un communiqué publié ce vendredi, le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis) explique avoir considéré que "deux irrégularités" entachaient l'autorisation environnementale délivrée par les préfets de la Seine-Saint-Denis, de Seine-et-Marne et du Val-d'Oise. Il demande en conséquence de suspendre pendant un an les travaux sur toute la portion nord du tracé, notamment autour du Triangle de Gonesse, où devait s'implanter Europacity. La justice, saisie notamment par France nature environnement et le Collectif pour le Triangle de Gonesse, opposants historiques à Europacity, reproche de ne pas avoir suffisamment étudié "les incidences cumulées du projet de la ligne 17 nord, qui comporte la création de la gare du Triangle de Gonesse et du projet de ZAC du même nom." Autre grief : l'arrêté pris par les préfets autorise la perturbation, voire la destruction, de sites de reproduction de 27 espèces aviaires protégées, sans mesures de compensations suffisantes. Toutefois, le tribunal estime que "ces lacunes sont susceptibles d'être régularisées" et donne un délai de douze mois au maître d'ouvrage et à l'administration pour compléter les études et "éventuellement, étendre les mesures destinées à compenser les atteintes aux espèces protégées". Pour Bernard Loup, du Collectif pour le Triangle de Gonesse, "c'est une très bonne nouvelle, qui va dans la continuité de la décision d'Emmanuel Macron". "Cela laisse du temps pour élaborer une proposition pour le territoire", qui ne peut être, aux yeux du militant, "qu'un projet agricole d'intérêt local". La semaine dernière, le chef de l'Etat avait enterré Europacity, un mégacomplexe de commerces et de loisirs qui devait être implanté d'ici à 2027, le jugeant "daté et dépassé". Le projet, pesant 3,1 milliards d'euros et promettant 10 000 emplois, devait s'établir sur ce que le CPTG qualifiait de "terres les plus fertiles d'Ile-de-France", le triangle de Gonesse, coincé entre les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et du Bourget. Fait rare, les syndicats agricoles s'étaient également unanimement déclarés opposés au projet. A contrario, les élus locaux ont dénoncé "un abandon de la banlieue et de ses habitants".
true
Mercredi 10 décembre, jour des Droits de l’Homme, une grande Marche des peuples pour le climat a pris possession des rues de Lima. L’action s’inscrivait dans le cadre du sommet des peuples, qui s’est ouvert lundi, dans la capitale péruvienne, et coïncide avec l’arrivée des représentants d’Etat pour les derniers jours de négociations internationales sur le climat, dans la COP 20. - A Lima - En solidarité, un « happening » était organisé sur la place de la République, à Paris, le même jour en fin d’après-midi. Un moyen de « se faire l’écho de ces luttes contre l’extractivisme ou contre la déforestation, de ces luttes paysannes qui convergent de par le monde entier » selon Gilles Lemaire, représentant d’Alternatiba Ile-de-France, un des organisateurs de la manifestation. Avec d’autres organisations écologistes, telles que Greenpeace ou Vélorution, ils avaient concocté une mise en scène à destination des passants. D’un côté, les grands « méchants », incarnés par quelques déguisements d’homme-maïs – forcément OGM – ou de pétroliers Total mal intentionnés, emmenés par le grand lobbyiste des multinationales, Eddy. De l’autre, des paysans bio, des vélos et tout un ensemble d’alternatives qui dessinent un autre monde. Et que les citoyens sont appelés à porter, à l’image de cette grosse mappemonde gonflable éclairant la nuit parisienne, comme une lumière à suivre. - La Terre... à regonfler - Car au milieu, la fresque vivante donne à voir des citoyens enchaînés, au pied de la Statue de la liberté. Comme un symbole ultime d’un asservissement qui ne dit pas son nom : « L’idée est de dire qu’on est prisonnier du système actuel porté par quelques multinationales qui profitent de l’inertie pour asseoir leur pouvoir sur les peuples » explique Lili, la scénariste de cette représentation théâtrale. Sur l’air d’un opéra de Prokofiev, le dénouement donne ainsi à voir ces citoyens se libérant de leur chaînes pour porter la planète, ainsi regonflée d’un autre avenir. Une métaphore un peu trop manichéenne pour rendre compte de la complexité de la situation actuelle et des négociations en cours ? Peut-être, répond-on du côté des organisateurs. Mais la caricature, l’exagération et le second degré sont des outils d’aide à la prise de conscience : « On est en train de se noyer, mais comme l’eau n’est pour l’instant qu’au niveau des genoux, on ne s’en inquiète pas… », dit Claire, une militante aux multiples casquettes, qui se dit « indignée par l’absence de réaction collective ». L’occasion était un moyen de donner un nouveau « coup de pouce » au climat pour les manifestants qui, pointant le gros doigt en l’air, cherchaient donc à interpeller une fois de plus les décideurs publics assis autour de la table à l’autre bout du monde. Mais à peine plus de soixante, pas sûr qu’ils soient véritablement entendus… C’est maintenant que tout se joue… La communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale et quotidienne dans le traitement de l’actualité. Reporterre est un exemple rare dans le paysage médiatique : totalement indépendant, à but non lucratif, en accès libre, et sans publicité. Le journal emploie une équipe de journalistes professionnels, qui produisent chaque jour des articles, enquêtes et reportages sur les enjeux environnementaux et sociaux. Nous faisons cela car nous pensons que la publication d’informations fiables, transparentes et accessibles à tous sur ces questions est une partie de la solution. Vous comprenez donc pourquoi nous sollicitons votre soutien. Des dizaines de milliers de personnes viennent chaque jour s’informer sur Reporterre, et de plus en plus de lecteurs comme vous soutiennent le journal. Les dons de nos lecteurs représentent plus de 97% de nos ressources. Si toutes les personnes qui lisent et apprécient nos articles contribuent financièrement, le journal sera renforcé. Même pour 1 €, vous pouvez soutenir Reporterre — et cela ne prend qu’une minute. Merci. Soutenir Reporterre 📨 Ne passez plus à côté des infos de l'écologie
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Paris, le 22 mai 2008. Greenpeace souligne l’importance du voyage du ministre d’Etat Jean-Louis Borloo en République démocratique du Congo (RDC) du 22 au 25 mai. « Les forêts du bassin du Congo, qui constituent la deuxième plus grande forêt tropicale du monde après l’Amazonie, sont en danger. Il s’agit là d’un enjeu majeur pour la biodiversité et le climat au niveau planétaire », déclare Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace qui sera présent en RDC avec Grégoire Lejonc, chargé de campagne forêt, au moment de la visite du ministre. Les deux tiers de ces forêts se situent en RDC où l’on recense une biodiversité d’une richesse exceptionnelle : 415 espèces de mammifères, 11000 espèces de plantes, 1117 espèces d’oiseaux et près de 1000 espèces de poissons d’eau douce y ont été dénombrés et plus de 40 millions de personnes dépendent de cette forêt pour vivre. « Lutte contre le commerce de bois illégal, protection de la biodiversité, respect des populations forestières, l’enjeu est de taille ! Il est fondamental que la France joue un rôle moteur dans ces questions qui intéressent la planète entière. A partir du 1er juillet prochain, la France assurera la présidence de l’Union Européenne. Elle doit saisir cette opportunité pour porter ces sujets fondamentaux à l’agenda européen mais aussi mondial lorsque elle représentera l’UE en décembre à la conférence de Poznan, où se discuteront les accords de l’après–Kyoto sur les changements climatiques » poursuit Yannick Jadot. A l’occasion de ce voyage officiel, Greenpeace demande donc au gouvernement français de s’engager à mettre en place des moyens concrets de lutte contre la déforestation : – au niveau européen : avec la mise en place d’une réglementation sur le commerce du bois – au niveau international (dans le cadre de la négociation des accords post-Kyoto sur les changements climatiques) : en s’engageant et en contribuant financièrement à la création de mécanismes internationaux permettant d’éviter la déforestation. – en RDC : en soutenant le maintien et l’application du moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions forestières tant qu’un plan de zonage du territoire congolais dans l’intérêt de la biodiversité et des populations n’aura pas été établi. Pour ce faire, la France doit augmenter et réorienter son aide publique au développement à destination de la RDC dans le sens d’un soutien à la société civile congolaise et d’une mise en place d’une filière bois transparente garantissant une gestion durable et responsable des forêts du bassin du Congo.
true
Le 8 novembre, les États-Unis éliront leur 45e président. L’ambiance n’est pas enthousiaste ; à tel point que dans un sondage récent, les jeunes Américains disent préférer que la Terre soit détruite par une météorite plutôt que de voir Donald Trump (55 %) ou Hillary Clinton (34 %) entrer à la Maison Blanche ! Au-delà de la plaisanterie (d’un goût étrange), ce résultat donne une illustration du climat délétère de cette campagne. Depuis plusieurs années, la vie politique outre-Atlantique s’est progressivement sclérosée, marquée par une polarisation croissante, qui éloigne toujours plus Républicains et Démocrates. Cette dérive s’est cristallisée dans l’incapacité du Congrès à parvenir à des compromis bipartisans, dont l’illustration extrême a été la fermeture du gouvernement en octobre 2015. Ce n’était là que le signe visible d’un blocage politique généralisé qui est devenu, selon Michael Porter, le problème économique prioritaire des États-Unis. Dans un rapport récent, le professeur de Harvard a dénoncé cette défaillance : le système politique américain ne délivre plus. Cette réflexion mérite d’être transposée chez nous : nos institutions sont-elles encore efficaces ? Si l’on considère qu’elles devraient avoir pour objectif d’assurer la paix sociale et de favoriser le changement serein, tout porte à croire que non. EXPLOSION SOCIALE Notre société n’est d’abord visiblement pas apaisée : près d’un tiers des Français pense que le pays se dirige vers l’explosion sociale et 9 % vers la guerre civile (1). Ils ne comptent pas sur le gouvernement pour changer cet état de tension : ils ne sont que 29 % à lui faire confiance (2). La capacité de nos institutions à produire des réformes semble par ailleurs quasiment nulle : il suffit de relire les rapports Camdessus (2004) ou Attali (2008) pour constater que rien ne bouge. Elles peinent aussi à délivrer des compromis : le recours au 49.3 pour imposer les timides lois Macron et El Khomri l’a montré. Pour caricaturer, le système politique français semble en faillite : il coûte cher et sa production n’est pas d’une qualité exceptionnelle. Une entreprise qui serait confrontée à de semblables difficultés chercherait à se repositionner et à assainir ses process. Michael Porter dessine quelques pistes de solution : en finir avec la manipulation des lois électorales, réformer le financement, encadrer le cumul des mandats, limiter la reconversion des parlementaires dans le lobbying… En clair, privilégier la concurrence et la transparence. CONCURRENCE ET TRANSPARENCE Cette dynamique saine de marché ne vaut toutefois, dans la vie économique, qu’à la condition que l’entreprise en péril ne soit pas en situation de monopole. Sinon, assurée de survivre quoiqu’elle fasse, il lui importe peu de produire mal et de ne pas satisfaire sa demande. C’est aujourd’hui le cas de nos responsables politiques et administratifs : souvent de bonne foi, ils n’ont aucun intérêt à ce que le système change. Ils y ont leurs usages et leurs avantages. Ils devraient cependant se rappeler que les monopoles ne survivent pas : leurs bases finissent par s’effriter, déstabilisées par les nouveaux entrants ; et ils meurent toujours, renversés par la contestation, dans une agonie lente ou une crise soudaine. C’est le choix qui se dessine devant nous : une transition démocratique qui engage un renouvellement organisé ou le changement chaotique, qui profite toujours aux dérives autoritaires. Pour aller plus loin : (1) Ipsos, Cevipof, mai 2016 (2) Opinion Way, Cevipof, janvier 2016 — Sur le web
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Bruno Le Maire a assuré ce mardi que le nucléaire gardait "toute sa pertinence" en France après la fermeture de la centrale de Fessenheim, appelant à ne pas "fragiliser cet atout stratégique". "Si on réfléchit sur le long terme, le nucléaire garde toute sa pertinence", a affirmé le ministre de l'Economie, sur BFMTV et RMC, interrogé sur le débranchement de la centrale de Fessenheim. Se présentant comme un "défenseur du nucléaire", il a cité deux avantages pour cette énergie : "Elle nous permet d'être l'un des pays qui émet moins de CO2 pour sa production d'électricité et cela nous garantit notre indépendance", a-t-il souligné. "A force de critiquer la filière nucléaire, on perd des compétences", a affirmé Bruno Le Maire. "Je veux bien qu'on me dise qu'il faut réindustrialiser le pays (...), mais il ne faut pas fragiliser nos atouts stratégiques, dont le nucléaire", a-t-il prévenu. La secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher s'est pour sa part montrée plus nuancée. "Le nucléaire aujourd'hui a un bilan contrasté pour le moins en terme économique", a-t-elle déclaré sur BFM Business. Le nucléaire, qui compte pour plus de 70% de la production d'électricité en France, "on ne l'exclut pas de notre mix énergétique. Ce qu'on essaye de faire, c'est de pondérer la part des énergies renouvelables et la part du nucléaire", a-t-elle détaillé. "En terme technologique, ce qu'on regarde c'est pas nécessairement des EPR, c'est des centrales qui peuvent être de taille plus modeste, qui répondent à nos besoins d'avoir une base installée (...) et d'avoir des technologies qui soient plus efficientes", a précisé la secrétaire d'Etat. La facture du premier réacteur de troisième génération de type EPR construit sur le sol français, à Flamanville, dans la Manche, a triplé à 12,4 milliards d'euros et le chantier a accumulé les retards. L'arrêt définitif de la plus vieille centrale nucléaire encore en service à Fessenheim (Haut-Rhin) dans la nuit de lundi à mardi, n'aura finalement pas attendu le raccordement de cet EPR, contrairement à ce qui était un temps envisagé.
true
Karine Gavand, chargée de campagne Climat de Greenpeace France, est à la conférence des Nations unies sur le climat de Poznan, en Pologne Après la chaleur de l’île de Bali l’année dernière, c’est dans le froid glacial de Pologne que la conférence de l’Onu sur les changements climatiques fait escale cette année. Ce 14e sommet international constitue une étape cruciale car c’est la dernière étape avant la conférence qui se tiendra en décembre 2009 à Copenhague, et qui aura la lourde tâche de boucler un accord international pour faire suite au protocole de Kyoto. Ratifié par 175 pays (à l’exception notable des États-Unis), ce premier texte est entré en vigueur en février 2005 et il expire fin 2012. Le protocole de Kyoto prévoit une réduction globale des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 5,2 % d’ici à 2012, par rapport aux niveaux de 1990. Le nouvel accord – qui s’appellera peut-être le protocole de Copenhague ? – devrait couvrir la période 2013-2017. Qu’attendre cette année des 12 000 délégués de l’Onu représentants près de 190 États rassemblés ces jours-ci à Poznan ? Loin de « compter pour du beurre », ce sommet polonais constitue l’ultime étape avant Copenhague et doit au minimum déboucher sur : – Une « vision partagée » de l’objectif à atteindre et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre que la communauté se fixe, à moyen terme et à long terme : pour limiter le réchauffement climatique en deçà de 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent atteindre leur pic au plus tard en 2015 et être réduites de 80 % d’ici à 2050 par rapport au niveau de 1990. – Un engagement des pays industrialisés à réduire de leurs émissions domestiques de 25 à 40 % d’ici à 2020, par rapport à 1990 ; et à apporter des financements pérennes afin d’aider les pays en développement à limiter leurs émissions, y compris en luttant contre la déforestation et à s’adapter aux impacts du réchauffement global. – Un mandat clair afin que des textes de négociation soient proposés dès le début de l’année 2009, pour aboutir à la conclusion d’un accord global au mois de décembre, à Copenhague. Mais les négociations avancent lentement… Tout le monde se regarde en chiens de faïence. Les pays en développement attendent que les pays industrialisés affichent des objectifs à la hauteur de leur responsabilité face au défi climatique et soutiennent les pays en développement. Les délégués européens attendent l’issue du sommet des Chefs d’États de l’Union européenne, qui se tiendra les 11 et 12 décembre et devra sceller l’accord sur le paquet climat/énergie, élément clef de la négociation. Et la communauté internationale dans son ensemble attend l’arrivée de la nouvelle Administration américaine… Personne n’ose avancer ses pions, et pendant ce temps, le climat se réchauffe. Quant à Greenpeace, une délégation d’une quarantaine de responsables de l’organisation, venus de tous les continents à Poznan depuis une semaine, arpentent les couloirs, font pression sur les délégations de leur pays et… attendent l’arrivée des ministres, aujourd’hui même pour booster les négociations, qui doivent s’achever samedi.
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Dix mille bêtes abattues par des snipers, depuis des hélicoptères. Le sort des dromadaires australiens a touché de nombreux internautes, à la suite de l'annonce par des autorités du pays les 6 et 8 janvier d'une opération d'abattage massive, afin de protéger la population humaine dans les territoires de l'Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara (APY), une zone administrée par les aborigènes dans le centre ouest du pays. A la recherche d'eau dans un contexte de grande sécheresse aggravé par les incendies qui ravagent le pays, plusieurs milliers de ces dromadaires vont donc être tuées en cinq jours, selon les autorités locales. Une information qui a notamment indigné mercredi le journaliste Hugo Clément, dont le tweet a été fortement relayé. Mais au-delà de l'émoi, qu'en est-il des faits? L'Express fait le point. Des dromadaires ont été introduits par les colons dans les années 1840 comme moyen de transport pour faciliter l'exploration des terres de l'île-continent. "L'Australie est le seul pays où il y a eu des dromadaires importés. Ceux en liberté sont des animaux dont les habitants n'ont plus eu besoin, qui ont été libérés et se sont adaptés au mode de vie sauvage, explique Olivier Philipponneau, président de la fédération française des camélidés et éleveur en Picardie. Autrement, il y a 30 millions de dromadaires dans le monde, et la grande majorité est domestiquée. Leurs dromadaires sauvages sont une spécificité." L'île compterait actuellement 1,2 million de dromadaires sauvages, plus qu'aucun autre pays au monde. Et selon le gouvernement australien, leur population, qui ne connaît pas de prédateur naturel, double tous les neuf ans, malgré des mesures de contrôles. L'opération actuelle, menée par les autorités locales, n'est pas une nouveauté. Les incendies qui ravagent actuellement une partie du pays ne sont donc pas l'unique motivation de l'abattage massif. Dans ce cas précis, "les Australiens font cela pour réguler la population en urgence", confirme Olivier Philipponneau, précisant néanmoins qu'"il y a de plus en plus d'élevages mis en place pour travailler avec ces animaux, avec une gestion dans des fermes spécialisées". Mais la plupart des feral camels (les dromadaires sauvages en français, NDLR) occupent de grands espaces dans le centre et l'ouest du pays, et posent problème vis-à-vis du bétail, de la végétation et des villages quand ils ont besoin d'eau. Et ils ont un impact sur le climat. Comme l'expliquait Slate en 2011, entre les émissions de méthane et la végétation consommée, les 1,2 million de dromadaires australiens émettent chacun l'équivalent d'1,1 tonne de dioxyde de carbone par an. LIRE AUSSI >> Incendies en Australie : les particules fines, nocives pour la santé et le climat Un programme fédéral, l'Australian feral camel management project, a été mené entre 2010 et 2014, conduisant à l'abattage de 160 000 bêtes en quatre ans, par hélicoptère principalement. Fin janvier 2019, ABC indiquait que des "éleveurs des Goldfields, une région reculée du nord de l'Australie occidentale, affirmaient avoir abattu au moins 2 500 chameaux au cours du mois dernier. Ces 'parasites sauvages' étant assimilés à une forme de peste". Les dromadaires sauvages ne sont pas la seule population faisant l'objet de ce type de gestion sur l'île océanienne : en 2015 et 2017, plus d'un million de kangourous avaient été tués, et un autre programme prévoit l'abattage de deux millions de chats sauvages d'ici à 2020. Non, à cause des problèmes immédiats que les animaux provoquent, à l'image des sangliers en France. Trois raisons sont invoquées dans le cas des 10.000 dromadaires tués : le risque pour les populations humaines locales, l'impact environnemental précité, et le danger pour les animaux eux-mêmes à cause de la sécheresse actuelle. C'est l'un des arguments du ministère de l'environnement australien, qui a notamment justifié cet abattage par de "graves questions de bien-être animal", car de nombreuses bêtes se blessent ou meurent en cherchant des points d'eau désespérément. Les abattre revient, suivant cette logique, à abréger leurs souffrances. "Dans certains cas, des carcasses d'animaux morts ont contaminé d'importantes sources d'eau et des sites culturels", a déclaré une porte-parole du ministère. "Nous nous sommes retrouvés coincés dans des conditions épouvantables, avec la puanteur, la chaleur, alors que les chameaux détruisent les barrières et s'approchent des maisons pour tenter de boire l'eau des dispositifs d'air conditionné", a témoigné auprès de la BBC Marita Baker, l'une des représentantes de la zone administrée. "Ce n'est pas un animal qui boit beaucoup, mais s'ils sont nombreux dans des zones très sèches, ça pose évidemment de gros problèmes", ajoute Olivier Philipponneau. "Ces troupeaux exercent une pression sur les localités aborigènes des territoires de l'APY et les activités pastorales", a également confirmé dans un communiqué le comité exécutif des territoires de l'APY.
true
Pour savoir comment évolue une température, la première chose est… de pouvoir la mesurer. Cela semble évident, mais c’est pourtant une sérieuse limitation quand on parle d’évolution de la température moyenne au cours du temps, car une moyenne n’a de sens que si on dispose de suffisamment de points de mesure, et qu’en outre la mesure est toujours effectuée de la même manière, pour éviter les différences simplement liées au fait que l’on a changé de méthode. Selon la période à laquelle on s’intéresse il y a différents moyens pour mesurer ou reconstituer les températures. La mesure directe avec un thermomètre ayant une fiabilité acceptable n’est possible que depuis 1860 : les mesures directes de température ne permettent donc pas un recul supérieur à un siècle et demi. En outre, à cette époque (1850), et même pendant un certain temps après, les stations de mesure au sol étaient peu nombreuses, et l’océan, en particulier, était très mal couvert. Enfin la manière de mesurer la température n’était pas nécessairement la même selon les endroits. Si l’on reprend l’exemple de l’océan, et disons que nous sommes en 1900, tel bateau pouvait mesurer la température de l’eau contenue dans un seau remonté par dessus le bord, alors que tel autre mesurait cette température dans le tuyau d’alimentation de la chaudière à vapeur : le résultat n’était pas nécessairement le même ! Il faut donc « corriger » les différentes séries disponibles, pour les rendre cohérentes les unes avec les autres. Pour reprendre l’exemple ci-dessus, si un même bateau a mesuré la température des deux manières différentes, et constaté un écart constant selon la manière de mesurer, il est alors possible d’harmoniser les deux types de mesures, en « corrigeant » les valeurs obtenues avec la méthode 1 pour les rendre comparables avec celles effectuées avec la méthode 2. De telles « corrections » sont aussi nécessaires lorsque l’on déplace une station de mesure au sol (par exemple en périphérie d’une ville), lorsque l’on change d’appareil de mesure, ou encore d’heure de mesure de la température dans la journée… Si l’on reporte la moyenne de ces températures mesurées, une fois harmonisées de manière adéquate, on obtient la courbe ci-dessous, qui est déjà une première indication. Evolution des températures moyennes de l’air au niveau du sol depuis 1850, et tendances. L’axe vertical de gauche représente l’écart à la moyenne pour la température planétaire durant la période 1961-1990 (il s’agit en fait d’une double moyenne, géographique sur la totalité de la surface planétaire, et temporelle, sur 30 ans). L’axe de droite représente la valeur absolue de la température planétaire (qui est donc de 14,5 °C environ actuellement). Les points noirs donnent les valeurs annuelles (ou plus exactement la meilleure estimation de la valeur annuelle), ce qui signifie par exemple que l’année 1860 a probablement été plus froide d’environ 0,35 °C que la moyenne 1961-1990, cet écart valant 0,55 °C pour 1861, etc. La courbe bleue au centre donne la moyenne glissante de ces valeurs sur 10 ans, afin de visualiser plus facilement l’évolution, et la zone grisée qui entoure cette courbe donne la barre d’erreur (intervalle de confiance à 95%). Les droites de couleur donnent la tendance – linéaire – sur les durées indiquées, avec l’augmentation moyenne par décennie qui figure dans la légende. On notera que cette augmentation moyenne par décennie accélère nettement avec le temps. La baisse et la hausse très modérée qui ont suivi 1945 sont peut-être dues à la pollution locale intense – cette dernière est un facteur de refroidissement – qui a pris place pendant les « Trente Glorieuses », période d’intense activité industrielle. Source: GIEC, 4th assessment report, 2007. Ce sont toutefois les raisons rappelées plus haut qui expliquent que l’élévation de température, qualitativement très nette, est donnée avec une marge d’erreur pour sa valeur exacte : la température moyenne de l’air au niveau du sol est considérée comme ayant augmenté de 0,75 °C ± 0,2 °C depuis le début du 20è siècle. Cette courbe permet aussi de constater que les années les plus chaudes du XXè siècle sont toutes celles de la dernière décennie, et cela a continué au début du 21è siècle. Evolution des températures moyennes de l’air au niveau du sol depuis 1880, et moyenne glissante sur 5 ans. Source : GISS/NASA, mars 2012 Les observations permettent aussi de détailler la répartition régionale de cette élévation pour le dernier quart de siècle. Augmentations moyennes de température par décennie de 1979 à 2005, en fonction de la région, pour la surface terrestre (à gauche) et l’ensemble de la troposphère, c’est-à-dire en gros les 10 premiers km de l’atmosphère à partir du sol (à droite). Les zones grisées correspondent à des endroits où il n’y a pas assez de données, en gros les pôles et les océans polaires (attention à ne pas confondre les zones grises avec les zones colorées en bleu clair !). On retrouve (déjà ?) dans ces tendances des 25 dernières années des caractéristiques prédites pour le changement futur : élévation plus rapide sur les continents que sur les océans, l’inertie thermique de ces derniers étant plus importante, élévation plus rapide quand on gagne en latitude en partant de l’Equateur, et en particulier élévation globalement moins rapide à l’Equateur que près des pôles et élévation particulièrement marqué dans l’Arctique (du moins là où il y a des séries de disponibles), élévation plus rapide dans l’hémisphère Nord que dans l’hémisphère Sud (d’une part parce que ce dernier est plus océanique, et d’autre part parce que la fonte de la glace de mer augmente la part du rayonnement solaire absorbé et accélère le réchauffement), Source : GIEC, 4th assessment report, 2007. D’autres observations récentes sont aussi disponibles: Exactement comme cela est attendu pour l’avenir, les températures ont plus augmenté la nuit que le jour au-dessus des continents, Evolution des moyennes du maximum, minimum et de l’écart journalier des températures au-dessus des continents, pour 71% des terres émergées. L’axe vertical de gauche représente l’écart à la moyenne pour la période 1961-1990. En haut, évolution de la moyenne du minimum journalier pour 71% des terres émergées (c’est donc la double moyenne, à la fois annuelle et géographique, des minima quotidiens), Au milieu, évolution de la moyenne du maximum quotidien pour la même zone (71% des terres émergées). En bas, évolution de l’écart journalier – là aussi en moyenne planétaire sur l’année – depuis 1950, sur ces mêmes 71% des terres émergées. L’amplitude thermique a diminué d’un petit demi-degré depuis 1950, ce qui signifie que, « en moyenne », l’écart s’est resserré entre la température la plus basse et la plus élevée de la journée un peu partout à la surface de la planète . Source : GIEC, 4th assessment report, 2007. Les précipitations ont varié, de manière contrastée, mais là aussi en accord global avec ce qui est attendu pour le 21è siècle, Tendances annuelles de précipitations de 1901 à 2005 La carte centrale donne les variations sur le siècle et en pourcentage (100% signifie donc un doublement des précipitations, -100% un assèchement total) des précipitations par zone géographique. Les zones grisées correspondent à une absence de données suffisantes pour pouvoir établir une tendance. Les séries temporelles des autres graphiques (d’où partent les flèches rouges) sont des évolutions régionales depuis 1900, exprimées en % d’écart à la moyenne 1961-1990, pour la zone mentionnée sur le titre (la valeur de cette moyenne est donnée à côté du titre, par exemple l’Australie du Sud a des précipitations annuelles moyennes de 580 mm). On note une tendance à l’augmentation sur les zones très au Nord (Europe du Nord, Alaska, Asie du Nord…), une tendance à l’assèchement du bassin Méditerranéen ou de l’Asie du Sud, et bien sûr de nombreuses zones où pour l’heure « ce n’est pas clair ». Source : GIEC, 4th assessment report, 2007. Ceci entraînant cela, la sécheresse des sols a aussi varié (ce qui est un point majeur pour l’avenir des écosystèmes): Evolution de 1900 à 2005 de l’index utilisé pour évaluer l’état de sécheresse d’une région, l’index Palmer (en anglais : PDSI, pour Palmer Drough Severity Index). Le sol des régions en jaune et rouge s’est asséché, le sol des régions en bleu et vert humidifié. Source : GIEC, 4th assessment report, 2007. L’étendue de la glace de mer de l’hémisphère nord a reculé en été, de manière très significative: Evolution, de 1970 à 2011, de l’étendue de la glace de mer dans l’océan Arctique lors du minimum estival. On note une nette accélération depuis 2000 en gros. Source : Université de Brême. Et avant? Avant les thermomètres, on peut aussi reconstituer les températures qui régnaient à la surface de la Terre, plus loin dans le temps. Comme on ne peut pas les mesurer directement, on les déduit d’autres observations. Ces observations doivent permettre une reconstitution de la température, bien sûr, mais aussi une reconstitution de la date, ce qui est indispensable pour savoir quand la température mesurée est survenue. Il y a 3 grandes familles de mesures pour parvenir à ce résultat, qui portent sur des époques différentes et permettent d’obtenir des résultats différents. Les troncs d’arbres La première méthode fait appel aux troncs d’arbres. En analysant les cernes des troncs d’arbres (les cernes sont ce que l’on appelle aussi les « anneaux », bien visibles quand on coupe un tronc d’arbre) pour les périodes récentes (les derniers 150 ans), pour lesquels nous disposons également d’enregistrements de température et de pluviométrie fiables, les chercheurs (dont la spécialité s’appelle la dendrochronologie) se sont rendus compte que la température moyenne sur une large zone était corrélée soit à la largeur des cernes, soit à leur densité. En particulier la densité de la partie de la cerne qui pousse le plus tard en saison est assez bien corrélée à la température moyenne qu’il fait au moment du printemps et de l’été de la même année. Les informations obtenues par cette méthode sont toutefois « perturbées » par deux effets : les arbres poussent mieux jeunes que vieux, et donc les cernes vont en décroissant avec l’âge, quelles que soient les conditions climatiques par ailleurs, la croissance des arbres est favorisée par la hausse de la concentration atmosphérique en CO2, qui est un phénomène récent. Il faut donc « retirer » des séries mesurées ces biais dus à l’âge de l’arbre ou à la hausse de la teneur en CO2 de l’atmosphère. On fait cela en supprimant, par un traitement mathématique approprié, l’information sur les variations lentes des séries mesurées. Mais en faisant cela, on perd aussi, en même temps, l’information sur l’évolution lente du climat, qui se produit au même rythme que la croissance de l’arbre ou l’augmentation de la concentration en CO2. Il existe apparemment d’autres méthodes, plus récentes, qui permettent de « retrouver » les évolutions lentes du climat, mais dans tous les cas de figure ces traitement mathématiques des données brutes entachent bien sur le résultat d’une marge d’erreur plus ou moins importante. Par contre, l’une des grandes forces de l’analyse des cernes d’arbres est qu’elle permet de dater avec précision l’année de la mesure (en comptant les cernes), et on peut le faire sur des arbres morts aussi bien que vivants, car on peut « rabouter » des troncs de différents âges en faisant correspondre les séries de cernes épaisses et minces, dont la succession se reconnaît d’un tronc à l’autre. Cela étant, par nature même cette méthode donne surtout les variations des températures estivales et printanières, qui ne sont pas nécessairement bien représentatives des variations annuelles. C’est typiquement le cas actuellement : dans l’hémisphère Nord, les températures hivernales grimpent aujourd’hui plus vite que les températures estivales. Différents auteurs sont néanmoins parvenus à différentes estimations de l’évolution de la température sur les 1000 dernières années, abstraction faite des décennies les plus récentes, bien sûr. Reconstitution de la température annuelle moyenne de l’hémisphère Nord depuis l’an 700. L’axe horizontal représente la date, et l’axe vertical représente l’écart de la valeur de l’année considérée avec la moyenne hémisphérique (nord) pour les années 1961 à 1990. Les différents auteurs et les dates de publication des résultats sont mentionnées en haut du graphique. Les températures observées (qui correspondent à celles du premier graphique, en haut de cette page) sont également reportées, en noir, à partir de 1860. On constate que les évolutions sont qualitativement convergentes et cohérentes avec ce que nous savons par ailleurs du climat à ces époques, à travers les récits historiques et les analyses des documents anciens (gravures, actes administratifs par exemple) : on retrouve la trace de l' »optimum médiéval », qui correspond à une période un peu plus chaude – et donc particulièrement propice pour l’agriculture, mais pas aussi chaude qu’aujourd’hui, et surtout à ne pas confondre avec le réchauffement massif que nous allons peut-être connaître! – que le reste du Moyen âge, aux alentours de l’an mil (c’est en 982 que Erik Le Rouge colonise le Groenland, où l’agriculture est rendue possible par la hausse des températures). Toutefois l’élévation de température est loin d’avoir été homogène sur l’ensemble du globe ; elle semble avoir été surtout marquée sur l’Atlantique Nord et ses rives. on retrouve également la trace du « petit âge glaciaire », qui a culminé au XVIIè siècle, pendant lequel les températures se sont refroidies significativement en Europe, mais les différents auteurs ne trouvent pas le même refroidissement pour cette période (mais là aussi le débat continue pour savoir si ce refroidissement a concerné l’ensemble de la planète ; il semble bien que ce refroidissement a là aussi été particulièrement marqué sur l’Atlantique Nord). enfin la hausse depuis 1900 est bien visible, tout comme le refroidissement temporaire de l’après guerre (la seconde, pas la première !). Source : GIEC, 4th assessment report, 2007. Cette méthode portant sur les troncs d’arbres permet difficilement de remonter très loin : les arbres les plus vieux datent d’il y a quelques milliers d’années (ce n’est déjà pas si mal : je ne suis pas sûr de vivre aussi longtemps !), et les arbres morts ont une fâcheuse tendance à se décomposer et à ne pas attendre sagement les chercheurs dans un parfait état de conservation. Or moins on a d’échantillons, et moins la reconstitution est précise. Cette méthode est donc limitée, en pratique, à une analyse du passé proche : quelques milliers d’années. Les coraux La deuxième méthode fait appel aux coraux. En effet, tous comme les arbres ont une croissance qui dépend de la température, les coraux ont une croissance qui dépend de la température de l’eau de mer. Par ailleurs on peut dater l’échantillon mesuré soit avec des cernes, soit avec des analyses isotopiques (voir encadré). Qu’est-ce que l’analyse isotopique? Ce qui caractérise chaque élément présent à la surface de la terre (le fer, le carbone, l’oxygène, l’hydrogène…), c’est le nombre de protons dans les atomes qui le composent, que l’on appelle encore numéro atomique. Par exemple l’hydrogène est fait d’atomes qui ne comportent qu’un proton, le carbone est fait d’atomes qui comportent 6 protons, jamais un de plus ni un de moins (sinon on change d’élément), etc. D’aucuns se rappelleront peut-être du tableau de Mendéleïev, qui décrit à quel élément on a affaire selon le nombre de protons dans l’atome (le nombre de protons est aussi le nombre d’électrons, je rappelle !). Mais chaque élément possède, en général, plusieurs isotopes. Les différents isotopes possèdent la même quantité de protons (sinon ce serait d’autres éléments !), et donc la même quantité d’électrons (ce qui fait qu’ils ont les mêmes propriétés chimiques, car la chimie ce n’est que de l’échange d’électrons), mais un nombre variable de neutrons, et donc des propriétés atomiques un peu différentes. Par exemple tout atome de carbone possède 6 protons, mais on va trouver différents isotopes qui se différencient par leur nombre de neutrons : le carbone 12 possède 6 protons et 6 neutrons (c’est l’isotope le plus courant), le carbone 13 possède 6 protons et 7 neutrons, et constitue 1,1% du carbone terrestre environ, le carbone 14 possède 6 protons et 8 neutrons, mais il est instable (radioactif). Il se forme dans la haute atmosphère sous l’effet du bombardement des noyaux d’azote par le rayonnement cosmique. Or comme la masse d’un atome augmente avec le nombre de neutrons, il est facile de déduire de ce qui précède que plus un isotope comporte de neutrons et plus il est lourd. Ce point est capital, parce que dans toute réaction physique (par exemple l’évaporation) ou chimique, la nature a tendance a favoriser les isotopes les plus légers, qui « réagissent » plus vite. Et surtout, fait capital pour nous, ce « tri » est d’autant plus efficace que la température est basse. Ainsi, a contrario, plus la température est élevée, et plus les isotopes lourds sont présents en grande proportion à l’arrivée. Par exemple, plus il fait chaud à la surface de l’eau, et plus les isotopes lourds de l’oxygène (l’oxygène 17 et l’oxygène 18, l’isotope le plus léger – et le plus abondant – étant l’oxygène 16) sont présents en grande quantité dans la vapeur d’eau. Ce raisonnement s’applique également à l’hydrogène, qui est le deuxième constituant de l’eau, et qui comporte 2 isotopes « naturels », l’hydrogène « normal » (juste un proton) et le deutérium (un proton et un neutron, donc 2 fois plus lourd !) : plus il fait chaud à la surface de l’eau qui s’évapore, et plus la proportion de deutérium dans la vapeur d’eau est forte. Il existe des moyens techniques qui permettent de connaître la proportion des différents isotopes d’un élément dans un échantillon analysé. Ces méthodes s’appellent « l’analyse isotopique » et utilisent souvent un appareil qui s’appelle un spectromètre de masse. Un spectromètre de masse (pas celui qui sert aux analyses des coraux, mais j’attends une photo décente!) . Photo prise sur le site de l’Institut de Physique du Globe, Université Paris 6 Jussieu. Par ailleurs, pour les isotopes radioactifs dont la proportion décroit avec le temps (le carbone 14 est l’exemple le plus connu, mais il y en a beaucoup d’autres) nous disposons d’une horloge, qui permet d’accéder à une donnée utile pour reconstituer les températures du passé, car moins il y a de cet isotope radioactif dans l’échantillon analysé, et plus il est vieux. Si nous avons la chance de pouvoir connaître quelle était la proportion de cet isotope dans l’échantillon analysé au moment de sa formation, nous pouvons, en mesurant la proportion restante de cet atome radioactif dans l’échantillon, en déduire son âge approximatif. Ce n’est pas sans intérêt ! L’analyse isotopique est donc d’une incomparable utilité pour l’étude des climats du passé. La glace Après les coraux et les troncs d’arbres, un troisième matériau qui permet d’obtenir des choses intéressantes est tout simplement la glace, notamment des calottes polaires, mais aussi des glaciers continentaux. Comme il est expliqué dans l’encadré ci-dessus, la proportion des différents isotopes de l’oxygène ou de l’hydrogène dans la glace permet de reconstituer la température qu’il faisait au moment où les précipitations de neige (qui se transformera en glace ensuite) ont eu lieu. En effet, plus il fait chaud à la surface de la terre, plus la proportion d’isotopes lourds (Oxygène 18, deutérium) dans la vapeur d’eau est importante, et donc plus cette proportion est importante dans la neige qui tombe en Antarctique ou au Groenland. Pratiquement, on va prélever une très longue carotte dans la glace des calottes polaires, et à intervalles réguliers on va prélever un peu de glace dans cette carotte et mesurer la proportion d’isotopes lourds. Comme l’épaisseur de glace des calottes est très importante, cette méthode permet de remonter très loin dans le temps (plusieurs centaines de milliers d’années en Antarctique), mais bute sur un problème de datation fine des échantillons, car l’âge de la glace analysée ne peut généralement se déduire que d’un modèle d’écoulement de la glace, non de mesures directes effectuées dans cette dernière. Un trou dans la terre Une quatrième méthode pour reconstituer la température qu’il a fait consiste tout simplement…. à mesurer directement la température sur toute la hauteur d’un trou de quelques centaines de mètres de profondeur creusé dans la terre (l’expression anglaise est « borehole thermometry »). En effet, la température le long du trou dépend de la température moyenne de surface qu’il a fait dans le passé, et de la vitesse de diffusion de la température de surface vers la profondeur ensuite (tout matériau conduit un peu la chaleur, et donc la température dans les premières centaines de mètres change au cours du temps, en « subissant » les variations de température de surface qui se répercutent lentement en-dessous, qui se superposent, bien sur, aux variations de l’énergie géothermique qui fluctue un peu aussi). Avec des petits calculs appropriés (mais que je serais bien incapables de faire !) il est possible de déduire des renseignements sur l’évolution de la température moyenne de surface au-dessus du trou. De tels « trous » ont été creusés en 600 endroits différents à la surface de la terre, mais on considère que les indications fournies cessent d’être valables si l’on remonte plus de 5 siècles en arrière, et en outre des modifications de l’occupation des sols induisent des perturbations dans les résultats. Les résultats sont toutefois qualitativement convergents avec ce que l’on trouve ailleurs. Cette méthode peut aussi être utilisée dans le trou qui se forme quand on extrait une carotte de glace du Groenland ou de l’Antarctique. La température mesurée à diverses profondeurs du trou dépend à la fois de la température de surface qu’il a fait quand la glace s’est formée puis de la manière dont cette température de surface a évolué ensuite, les modifications se répercutant lentement vers les profondeurs. Les sédiments marins Pour des périodes encore plus anciennes, on peut également analyser les sédiments marins (voir page sur les courants). Cette méthode permet de remonter le temps sur plusieurs dizaines de millions d’années, et permet toujours de reconstituer des températures ! (voir encadré de la page sur les courants). Bien sûr, plus on remonte loin, et plus le « pas de temps » (c’est-à-dire l’intervalle minimum qui sépare deux mesures) est important : l’analyse de sédiments marins vieux de quelques millions d’années, par exemple, ne permet pas d’obtenir autre chose que des moyennes sur un ou plusieurs millénaires. De même, l’analyse des glaces polaires ne permet généralement pas une résolution supérieure à quelques années (plus l’époque et récente et plus la précision est grande), ce qui est cependant amplement suffisant pour le propos qui nous concerne. Et au final, que pouvons-nous en déduire ? Si nous faisons une compilation de toutes ces méthodes d’analyse, voici ce qu’a probablement donné l’évolution des températures sur l’hémisphère Nord pendant le dernier millénaire. Evolution probable des températures sur 1000 ans. La légende en Anglais signifie: « valeurs mesurées avec des thermomètres (en rouge) ou déduites d’analyses de cernes d’arbres, de coraux, de carottes de glace et d’archives diverses (en bleu). La courbe noire est la valeur moyenne (sur l’hémisphère Nord) la plus probable, la zone grise la plage des températures « possibles » (ou encore la marge d’erreur). Source: Climate Change, the scientific basis, GIEC, 2001. Ce graphique illustre 2 faits importants à mon sens : l’augmentation récente est déjà nettement marquée par rapport à une tendance générale qui était stable, voire en très léger refroidissement, toutefois l’amplitude de ce réchauffement est du même ordre que l’incertitude liée aux méthodes d’estimation pour les années anciennes, ce qui fait dire à d’aucuns que l’on ne peut pas encore totalement éliminer la possibilité d’une seule variabilité « naturelle ». Sur ce deuxième point, peut-on tenter d’y voir clair ? Avant toute chose, il est indispensable de comprendre qu’il est paradoxalement plus facile de prédire que la température va augmenter à l’avenir que de garantir que notre espèce porte l’essentiel de la responsabilité pour l’élévation constatée dans le passé. Pour prendre un exemple que d’aucuns trouveront peut-être un peu simpliste, imaginons que nous entrions dans une cuisine où une casserole d’eau tiède se trouve sur le feu. L’eau peut être tiède parce que le feu l’a déjà chauffée, ou parce que quelqu’un l’a mise tiède dans la casserole, ou « un peu des deux mon général ». Mais, même si personne n’est capable de déterminer précisément l’origine de la tiédeur déjà visible, on peut prédire sans se tromper que l’eau va continuer à chauffer si on la laisse sur le feu. De même pour notre climat, il est désormais considéré comme très vraisemblable que c’est notre espèce qui est à l’origine d’une partie du réchauffement du 20è siècle, notamment à cause de ce qui est exposé dans le paragraphe qui suit, mais à la limite cette question peut rester sans réponse précise sans que cela ne remette en cause la validité de la prédiction d’un réchauffement futur. Il y a en effet une conclusion robuste, qui est que tant que la proportion de CO2 augmente dans l’atmosphère la température augmentera ensuite. La question qui se pose pour le passé est de savoir si cette règle a déjà trouvé un début d’application significatif dans le passé ou ce n’est pas encore le cas. Et pour finir sur ce point, si l’élévation de température passée a surtout résulté de la variabilité naturelle, c’est plutôt une mauvaise nouvelle : cela signifie que la variabilité naturelle nous pousse actuellement vers le haut, et que, en plus, nous allons « prendre » une élévation de température (et une modification climatique associée) liée à nos émissions de gaz à effet de serre. Pour en revenir à cette question de la responsabilité dans le réchauffement constaté, voici quels sont les éléments qui incitent à penser que nous y sommes pour quelque chose : la hausse enregistrée est relativement brutale, notamment celle depuis 1970, alors qu’aucune modification rapide des grands déterminants du climat n’a été constatée pendant cette période (voir évolution naturelle du climat dans le passé). la « structure » de ce réchauffement est particulière : la température a augmenté plus vite la nuit que le jour, plus vite l’hiver que l’été aux moyennes latitudes, et la cause qui est la plus cohérente avec ces évolutions est une augmentation de l’effet de serre. En effet, l’effet de serre, qui se manifeste en permanence avec une intensité à peu près constante, est proportionnellement plus important la nuit ou l’hiver, quand l’énergie fournie par le Soleil est faible ou nulle. Une augmentation de l’activité solaire, a contrario, engendrerait des élévations de température plus marquées l’été et le jour (alors que ce n’est pas le cas), moments où nous recevons de la lumière. l’ordre de grandeur de l’élévation de température calculée avec un renforcement de l’effet de serre est le bon, alors qu’avec d’autres causes (soleil par exemple) l’amplitude calculée ne correspond pas à ce que l’on observe. Ainsi, dès le début 2001, le rapport du GIEC expose qu’aucun des modèles climatiques actuellement utilisé ne sait reproduire la hausse des températures sur la deuxième moitié du 20è siècle sans faire intervenir les émissions d’origine humaine de gaz à effet de serre. Pour les lecteurs avertis Téléchargez le dernier rapport du groupe 1 du GIEC sur l’état de la connaissance (en anglais).
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Fini hamburgers, lasagnes et spaghettis à la bolognaise pour les étudiants de l'université Goldsmiths de Londres. La viande de boeuf y sera bannie afin de lutter contre le changement climatique. Cette interdiction à la vente de tous les produits en contenant entrera en vigueur dans les commerces du campus à la rentrée de septembre, a annoncé cette université du sud-est de la capitale britannique dans un communiqué, l'élevage de bovins étant accusé d'être très consommateur d'eau et source de déforestation. Affichant l'objectif de devenir neutre en carbone d'ici à 2025, elle va également appliquer une pénalité de 10 pence (environ 10 centimes d'euro) sur les bouteilles en plastique et les tasses non réutilisables. "L'appel mondial de plus en plus insistant à ce que les organisations prennent au sérieux leurs responsabilités afin de stopper le changement climatique est impossible à ignorer", a expliqué la nouvelle directrice de Goldsmiths, qui a pris ses fonctions en août. "Le personnel et les étudiants sont déterminés à contribuer au changement radical nécessaire pour réduire drastiquement notre empreinte carbone, aussi vite que possible", a-t-elle ajouté. Un rapport du groupe d'experts de l'ONU sur le climat (Giec) rendu public jeudi dernier souligne que modifier les habitudes de consommation et de production alimentaires est un des leviers pour agir contre le réchauffement climatique, sans pour autant préconiser de passer à un régime végétarien ou végétalien. Le Syndicat national des agriculteurs (NFU) a dénoncé "une approche trop simpliste" de la part de Goldsmiths et encouragé les organismes privés ou publics, y compris les universités, à soutenir l'agriculture britannique et à s'approvisionner localement. "Le principal problème est le manque de distinction entre le boeuf britannique et le boeuf produit ailleurs", a ajouté son vice-président Stuart Roberts. L'empreinte carbone du boeuf britannique est "2,5 fois plus faible que la moyenne mondiale", selon lui, grâce à des élevages extensifs. D'autres universités britanniques ont déjà pris des initiatives visant à réduire la consommation de viande, notamment Cambridge.
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Encore plus tôt que prévu : à partir de 2050, il existerait une “forte probabilité que la civilisation humaine prenne fin”. C’est en tout cas ce qu’avance l’analyse conjointe d’un ancien responsable des énergies fossiles et d’un ancien dirigeant de l’industrie du pétrole, du gaz et du charbon australien. Plusieurs causes viendraient corroborer leur thèse d’un scénario extrêmement préoccupant. Explications. L’analyse alarmante a été publiée par le Breakthrough National Centre for Climate Restoration, un groupe de chercheurs basés à Melbourne en Australie. Dans leur rapport, ces derniers décrivent un changement climatique qui agit comme une “menace existentielle à court et moyen terme pour la civilisation humaine”. Selon eux, il existerait un scénario plus que plausible qui concernerait les 30 prochaines années et qui serait extrêmement préoccupant. Bien plus que nos estimations actuelles. D’ailleurs, ils expliquent que ces dernières sont “quasiment impossibles à quantifier”, puisqu’elles “ne relèvent pas de l’expérience humaine des 1000 dernières années”, comme le rapportent nos confrères de Vice. David Spratt, le directeur de la recherche, et Ian Dunlop alertent notamment sur l’eau. Selon eux, nous sous-estimons actuellement la raréfaction de l’eau et de la nourriture, qui causera des dangers catastrophiques et des conflits géopolitiques à travers le monde entier. De plus, les instabilités socio-politiques existantes vont s’accélérer drastiquement au cours des trois prochaines décennies. Pour arriver à ce scénario catastrophe, les deux Australiens responsables de l’étude partent de l’hypothèse que les pays et les dirigeants du monde entier ne parviennent pas à réduire suffisamment rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici les 10 prochaines années. En toute logique, les températures moyennes sur Terre devraient continuer d’augmenter, ce qui dérèglera indubitablement les écosystèmes mondiaux. On peut citer le récif corallien ou encore la forêt amazonienne ou, bien sûr, la banquise. Si cette fin est, nous vous l’accordons, totalement catastrophique, elle n’est pas pour autant illogique. Les gouvernements peinent à se mettre d’accord sur les questions écologiques et environnementales, et les efforts fournis actuellement ne suffiront pas à lutter efficacement contre le changement climatique. Chris Barrie, l’ancien chef de la défense australienne, soutient cette étude et explique qu’il faut prendre des mesures climatiques nettes au cours des 30 prochaines années. La température augmentera de 3°C en moyenne, et 35 % de la superficie totale des terres avec 55 % de la population mondiale seront soumis à plus de 20 jours de “chaleur létale” par année. Dans un monde ravagé par un tel scénario catastrophique, les écosystèmes s’effondreront un par un. Tout d’abord, ce sont les récifs coralliens et la forêt amazonienne, comme nous vous le disions ci-dessus, qui disparaîtront progressivement. Puis, l’Amérique du Nord souffrira progressivement d’incendies dévastateurs, se cumulant à des vagues de chaleur et de sécheresse intensives. Les grands fleuves de l’Asie seront progressivement asséchés, et il est estimé dans le rapport qu’environ 2 milliards de personnes seront directement impactées par l’indisponibilité de l’accès à l’eau. L’étude avance d’autres prévisions sombres, comme les précipitations au Mexique ou en Amérique centrale qui seront réduites de moitié, ce qui paralyserait totalement l’agriculture. Au total, plus d’un milliard de personnes seraient forcées de se déplacer, et auraient donc le statut de « réfugiés climatiques ». Enfin, comme nous vous l’avons déjà dit à travers un article, plusieurs villes seraient complètement sous les eaux si rien n’est fait. Même s’il est difficile de lutter contre ce scénario, les chercheurs dévoilent leur hypothèse. Selon eux, « pour réduire ce risque et protéger la civilisation humaine, une mobilisation mondiale massive de ressources est nécessaire au cours de la prochaine décennie pour mettre en place un système industriel à zéro émission et permettre la restauration d’un climat sûr”. Au final, le monde aurait besoin d’une mobilisation semblable à l’effort de guerre et d’urgence de la Seconde Guerre mondiale.
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L'origine de l'incendie qui a parcouru près de 500 hectares à Générac dans le Gard est a priori "criminelle" et les enquêteurs privilégient la thèse de "l'acte volontaire", a déclaré le procureur de Nîmes Éric Maurel ce jeudi. "Les investigations et les premiers résultats de l'enquête permettent d'envisager la piste criminelle", a insisté le représentant du parquet. "Dans un premier temps, on a exclu la cause naturelle. (...) On considère maintenant qu'il s'agit d'un acte volontaire", a poursuivi Éric Maurel, en évoquant "un certain nombre d'éléments matériels sur les lieux". Le magistrat a précisé qu'une information judiciaire serait confiée dans les jours qui viennent à un juge d'instruction, pour "destruction, dégradation et détérioration de la nature, avec mise en danger d'autrui". Ces faits sont passibles de la cour d'assises et sont punis d'une peine maximum de 15 ans de réclusion. Cet incendie de Générac, qui a parcouru au moins 480 hectares depuis mardi, est "un des incendies les plus violents que nous avons connus depuis le début de la saison estivale", avait déclaré mercredi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, sur place. Dans le secteur, "une surveillance active" va être maintenue toute la nuit de jeudi à vendredi, "tant les risques de reprise sont importants" avec le vent, ont précisé les pompiers du Gard jeudi en fin de journée. 70 pompiers et 15 véhicules sont encore mobilisés pour lutter contre ce sinistre qui a mobilisé jusqu'à 465 personnes au plus fort des flammes. Cet incendie n'a fait aucune victime, même si 190 personnes ont dû être évacuées. Fin juillet, la surface brûlée dans le Sud de la France excédait déjà la surface brûlée en 2018, selon le site Prométhée, la base de données officielle des incendies de forêt dans le sud de la France. Selon cette source, qui dépend du préfet de la zone de défense et de sécurité Sud, les incendies ont déjà brûlé 3935 hectares, contre 3066 en 2018, et ce pour les 15 départements méditerranéens du sud de la France. Ces chiffres ne tenaient pas encore compte de l'incendie de Générac, dont l'ampleur exacte n'était pas encore connue. Face aux risques incendie, avec notamment un mistral qui pourrait souffler jusqu'à 70 km/h en rafales, la quasi-totalité des massifs forestiers des Bouches-du-Rhône et du Var seront fermés vendredi, ont annoncé les préfectures de ces deux départements jeudi soir. Dans les Bouches-du-Rhône, sur les 24 massifs forestiers recensés, seuls le Chambremon et le massif de la Sainte-Victoire seront accessibles aux promeneurs et à la circulation. Dans le Var, seuls deux des neuf massifs du département, le plateau de Canjuers et l'Estérel, ne seront pas placés en risque incendie "très sévère" mais seulement "sévère" vendredi. Les secteurs frappés d'une interdiction totale de se promener, de fumer, d'allumer du feu ou de faire des travaux sont notamment ceux de la Sainte-Baume, des Maures, des Monts Toulonnais, avec notamment le mont Faron, ou des îles d'Hyères. Les limitations sont moindres dans le Vaucluse où l'accès ne sera interdit que dans les Monts du Vaucluse, le Luberon et la Basse-Durance, et ce seulement après 12 heures.
true
Pour lutter efficacement contre les changements climatiques, la France doit considérablement réduire sa dépendance au pétrole, au transport routier et à la voiture. Pourtant, le projet de loi d’orientation des mobilités, présenté aujourd’hui par le gouvernement, ne fixe pas de date de fin de vente des véhicules diesel et essence qui soit compatible avec un réchauffement climatique limité à 1,5°C. Pire, il laisse encore une place à de nouvelles infrastructures routières et autoroutières, catastrophiques pour le climat. Plus de zones à faibles émissions pour lutter contre la pollution de l’air Royaume-Uni, août 2018 : des chargés de campagne de Greenpeace et des professionnels de santé bloquent des locaux de Volkswagen et y montent une clinique dédiée à la pollution de l’air. © Chris J Ratcliffe / Greenpeace Le projet de loi d’orientation des mobilités comprend des mesures intéressantes, comme l’obligation de zones à faibles émissions (ZEF) pour les villes les plus polluées. Le principe de ces ZEF ? Libérer nos villes des véhicules les plus polluants pour diminuer le nombre de personnes exposées à la pollution qu’ils génèrent. Il s’agit par exemple d’éviter les dépassements répétés des normes d’émissions de dioxyde d’azote, un gaz très toxique émis majoritairement par les véhicules diesel. Rappelons que ce sont ces dépassements qui ont valu à la France d’être renvoyée devant la Cour de Justice de l’Union européenne. Ces zones à faibles émissions sont monnaie courante dans de nombreux autres pays européens. Le 8 octobre 2018, quinze collectivités territoriales très touchées par des problèmes de pollution de l’air (comme le Grand Lyon, Aix-Marseille ou encore Strasbourg) se sont engagées à déployer des ZFE d’ici à la fin de l’année 2020. « L’État doit être plus ambitieux et préciser le rythme auquel il veut se débarrasser des véhicules thermiques. Par rapport à d'autres pays, sur des initiatives comme les zones à faibles émissions, nous avons 20 ans de retard. » dit @jfjulliard. #climat https://t.co/kDdKCfnNcq — Greenpeace France (@greenpeacefr) May 23, 2018 Des mesures insuffisantes pour juguler les émissions du secteur des transports Usine Volkswagen de production de voitures à Wolfsburg, Allemagne. © Kevin McElvaney / Greenpeace Malgré ces mesures intéressantes, ce projet de loi mobilités manque cruellement d’ambition, notamment parce qu’il ne fixe pas clairement de cap de sortie du tout-voiture. Lors des annonces faites par Nicolas Hulot, alors ministre de la transition écologique, dans le cadre du Plan Climat, Emmanuel Macron et son gouvernement avaient fixé l’échéance de fin de vente des véhicules diesel et essence à 2040. Aujourd’hui, cet objectif ne figure même pas dans le projet de loi mobilités. De plus, cette échéance est bien trop tardive au regard de l’urgence climatique. En effet, selon une étude récente réalisée par le Centre aérospatial allemand (DLR) et commandée par Greenpeace, si nous voulons avoir des chances de limiter le réchauffement du climat à 1,5 °C, la vente des véhicules alimentés aux énergies fossiles (diesel, essences et hybrides) en Europe doit atteindre zéro autour de l’année 2028. Il est essentiel de graver la fin du diesel et de l’essence en France dans cette loi pour obliger les constructeurs automobiles à vendre des véhicules plus économes et moins polluants et accélérer la sortie des énergies fossiles et la réduction de la place de la voiture dans notre système de mobilité. #Climat — Nous avons 10 ans pour nous débarrasser des véhicules essence, diesel et hybride. « Sur le changement climatique comme sur la #pollution de l’air, @EmmanuelMacron doit encore traverser la route et se mettre au boulot. » #CleanAirNow #santé https://t.co/IuSCOFXh1W — Greenpeace France (@greenpeacefr) September 20, 2018 Pourtant, le secteur des transports reste la première source d’émissions de gaz à effet de serre au niveau national. Si la France n’a pas tenu ses objectifs climatiques en 2016, c’est aussi le secteur des transports qui a contribué à la faire déraper. En l’état, le gouvernement ne s’est pas donné les moyens de faire de ce projet de loi un véritable bouclier contre le dérèglement climatique. Incohérences sur le transport routier Ce projet de loi sort dans un contexte également marqué par les incohérences du gouvernement sur le transport routier. L’été dernier, l’Etat français avalisait le contournement autouroutier de Strasbourg, dit GCO (Grand Contournement Ouest). Ce projet de construction d’un tronçon routier de 24 kilomètres, supposé désengorger l’autoroute A35, présente de sérieux problèmes environnementaux et ne va pas dans une direction cohérente avec l’urgence climatique. Celles et ceux qui s’y sont opposés ont été fortement réprimés. A Rouen ou Arles, d’autres projets néfastes pour l’environnement entretiennent la dépendance à la voiture individuelle. Une victoire contre le GCO : le tribunal interdit un chantier clé https://t.co/IouFbi9bpz pic.twitter.com/kNPetPWneZ — Reporterre (@Reporterre) November 24, 2018 Le gouvernement français a également décidé de reporter la vignette poids lourds. Cette initiative aurait pourtant permis de revaloriser des modes de transports moins émetteurs, comme le fret fluvial et ferroviaire, aujourd’hui en déclin. Il faut plus de moyens pour les alternatives à la voiture [Transports 🚴‍♂️] Pourquoi faut-il encourager le développement des pistes cyclables dans la future loi sur les transports #LOM ?#santé #pollution #climat Le détail ➡️ https://t.co/0yAIiz5BEu pic.twitter.com/0XVAiwQZDR — Réseau Action Climat (@RACFrance) November 22, 2018 Pour finir, on retiendra l’insuffisance des moyens que ce projet de loi alloue au développement des alternatives à la voiture. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation de la voiture doit être considérablement réduite, tandis que les transports en commun, le vélo et le train doivent être privilégiés. Si la loi sur les mobilités lance bel et bien le financement de nouveaux projets de transports en commun et de trains rapides autour des grandes agglomérations (de type RER), les montants alloués dans le plan d’investissement demeurent insuffisants au regard des besoins (des montants estimés à environ un milliard d’euros sur le quinquennat par les ONG). De la même façon, les besoins en termes de développement du vélo et des infrastructures cyclables (estimés à 200 millions d’euros par an pour la part de l’Etat) sont bien supérieurs aux moyens prévus à ce stade (50 millions d’euros en 2019 et 350 millions sur 7 ans). Seule une enveloppe plus importante permettrait de provoquer une hausse significative de l’utilisation du vélo en France, même si d’autres mesures intéressantes, rassemblées dans un “plan vélo”, ont été hier confirmées dans le projet de loi. En l’état, ce projet de loi mobilités n’efface pas l’ardoise chargée de contradictions et de renoncements avec laquelle la France va se présenter à la COP24. Les parlementaires vont maintenant devoir s’emparer de ce projet de loi mobilités. Ils doivent prendre la mesure de l’enjeu et entraîner le gouvernement sur une trajectoire réellement ambitieuse.
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"Il faut que les Français comprennent que la situation est catastrophique. 40 % des espèces vivantes auront disparu au milieu du siècle prochain si l'on ne fait rien", alerte Nicolas Hulot ce mercredi matin dans Le Parisien. Le ministre de la Transition écologique dévoile dans le quotidien plusieurs mesures du plan pour la biodiversité présenté dans la journée par le gouvernement. "L'objectif est d'abord de sortir ce sujet de l'ombre", insiste le ministre, qui profite de cet entretien pour démentir les rumeurs sur son départ. Parmi les mesures, Nicolas Hulot annonce vouloir protéger les écosystèmes en créant ou en agrandissant "vingt réserves nationales d'ici à la fin du quinquennat". Il vise aussi "zéro plastique rejeté dans les océans en 2025" soutenant notamment l'interdiction des pailles et mélangeurs. "D'autres produits, notamment ceux à usages uniques, suivront", affirme le ministre. Nicolas Hulot fixe également un "objectif de zéro artificialisation net des sols" qui doivent être "considérés comme une ressource finie, dont la gestion doit être sobre et durable". Le ministre veut lutter contre l'étalement urbain accusé d'avoir vidé les centres-villes "avec la création de vastes zones commerciales en périphérie". "L'apogée des grandes surfaces démesurées est derrière nous", prévient le ministre. Au total, près de 90 mesures sont attendues dans ce plan, à l'esprit d'abord incitatif, plus que contraignant. Selon Le Parisien, un plan national d'actions pour la protection des cétacés devrait être mis en place dès cette année. Autre mesure citée par le quotidien: "les collectivités devront publier les quantités de pesticides utilisés sur leur territoire". Pour financer ces mesures, le ministre assure que les moyens financiers seront "significatifs" même si la biodiversité "n'est pas d'abord une question de budget", affirme Nicolas Hulot. 50 millions d'euros seront ainsi "alloués au soutien à l'agriculture biologique" et "de nouvelles aides seront allouées aux agriculteurs qui auront des pratiques vertueuses, comme la plantation de haies dans des champs de céréales".
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La crise du Covid semblant se terminer, les vieilles marottes de la gauche reprennent vie. Après un mois de juin marqué par la question raciale, voilà que l’écologie revient, avec les travaux de la fameuse Convention citoyenne pour le climat. Destinée à répondre aux Gilets jaunes, elle ne porte bien que la première partie de son nom et sonne comme la deuxième mort des Gilets jaunes, noyautés par l’extrême gauche dans la rue d’abord, au sein de cette fameuse Convention coprésidée par le directeur général de Terra Nova et une haut-fonctionnaire ayant fait ses classes à la LCR ensuite. Si la convention s’est portée sur des thèmes de gauche – le logement plutôt que la démographie – en proposant par exemple la semaine de 28 heures, ce sont bien les 110 km/h sur autoroute et l’interdiction des liaisons aériennes domestiques qui cristallisent le plus de mécontentements. Privilégiant l’interdiction à l’innovation, la Convention, bientôt suivie par l’exécutif, s’apprête pourtant à donner un sérieux coup de pouce à une CGT en pleine remise en question de sa ligne productiviste. LA FIN DE LA START-UP NATION La France est championne de la subvention aux astres morts au nom de la promesse d’un voyage vers les étoiles. Le cas Air France en est le dernier avatar, car la proposition succède à un prêt de 7 milliards d’euros concédé à Air France en échange d’une réduction de son empreinte carbone. Mais qu’Air France se rassure, il n’y a pas de favoritisme à la Convention, puisque toutes les compagnies du secteur seront concernées. La mesure devrait coûter « un pognon de dingue » et plusieurs milliers d’emplois et surtout dépouiller les aéroports régionaux du peu de poids qu’ils ont pu glaner au fil des années. Emmanuel Macron s’apprête donc à faire fuir les investisseurs, lui qui est encore dépeint par l’extrême gauche comme étant le président de la start-up nation. Comme l’évoque Nicolas Beytout dans L’Opinion, « on va vite comprendre que ce sera plus simple de passer par Londres ou Amsterdam. » Et dire que certains pensaient que le président de la République souhaitait faire de la France un terreau intéressant pour les entreprises internationales… L’INTERDICTION PLUTÔT QUE L’INNOVATION La disparition du transport à cheval puis de la charrette ont-ils été le fait d’une loi ? Non. Ils ont disparu du fait de l’émergence du moteur à combustion, jugé plus efficace et moins coûteux. La machine à vapeur et la voiture ont rendu désuets les transports utilisant la force physique. De la même manière, la voiture connaît sans doute aujourd’hui ces dernières décennies. C’est du moins l’avis du futurologue Jamais Cascio, estimant que dans un quart de siècle, la voiture sera l’équivalent du cheval pour nous : une niche destiné à des passionnés. Le transport aérien pourrait bien connaître le même sort, car bien que le secteur connaisse une certaine croissance depuis plusieurs années, l’arrivée des LGV a freiné la croissance des vols domestiques que la crise sanitaire a manqué d’achever. La réforme de la SNCF est en effet le meilleur outil permettant de limiter factuellement l’usage des vols métropolitains, si elle n’était pas sclérosée comme elle l’est depuis plusieurs décennies. Car si les grèves qui ont terminé l’année 2019 ont paradoxalement été le meilleur fossoyeur de ce vieil homme malade qu’est la SNCF en permettant la croissance des modes de transports alternatifs, la Cour des comptes rappelle régulièrement qu’elle est de plus en plus délaissée, avec des TER ultra-subventionnés dont le taux de remplissage avoisine les 25 %. Il y a donc un effort considérable à mener sur le secteur ferroviaire. Une arlésienne malheureusement toujours aussi présente dans le débat public français et que les écologistes sincères auraient tout intérêt à prendre à bras le corps. LES ÉCOLOGISTES ALLIÉS DE LA CGT ? Par une décision d’une convention manipulée de A à Z par quelques idéologues et sans réforme radicale de notre système ferroviaire, ce remodelage n’entraînera rien d’autre qu’une augmentation du pouvoir de nuisance des syndicats sur les transports longue distance dans ce pays. Nous connaissions déjà les blocages induits par les syndicats de pilotes à Air France. Au nom d’une justification écologiste, l’augmentation artificielle du poids du secteur ferroviaire risque de permettre à une CGT en pleine remise en cause de sa ligne productiviste de disposer d’un pouvoir de nuisance considérable.
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Liliane nous propose une rétro-news sur le devenir de nos villes. On ne s’étonnera pas de tout ce qui est fait actuellement, pour nous pousser à devenir les proies de ces villes intelligentes. La 5G, les compteurs « intelligents », la suppression à terme des véhicules thermiques, la profusion des objets connectés, les caméras intégrées dans les Tv, la captation des terres (pour des méga-fermes ?) La révision du droit de propriété, la disparition de l’argent liquide, etc etc… Plus aucun citoyen n’échappera à la surveillance de masse qui se prépare. Après avoir saccagé la planète, pour des profits maximums, c’est le « totalitarisme vert » qui nous sera imposé. Qui voudra vivre dans ces mégalopoles orwelliennes où, tout est sous contrôle ? Qu’en sera-t-il de la sécurité de ce système ? Les hackers adorent relever ce genre de défi .. Paradis ou Enfer ? Partagez ! Volti ****** Par Liliane Held Khawam Avant-propos LH. Voici un article de 2015 du journal Sud-Ouest. Il nous présente le concept qui sous-tend le réaménagement du territoire. Ce monde est déjà presque prêt. Il vous suffit de voir l’importance des travaux de génie civil et de construction qui ont été réalisés partout dans le monde. En Suisse, le territoire est recouvert de grues. Les travaux ne semblent avoir oublié aucune autoroute, route, chemin ou impasse. Les compteurs intelligents d’eau ou d’électricité s’imposent à cause précisément de ces concepts de villes, pour ne pas dire de ressources humaines, connectées. Bien que vieux, cet article vous donnera une image très précise de ce qui vous attend, et de la mobilité réduite que l’on ne manquera pas d’imposer. Un territoire sous surveillance, pour une humanité sous contrôle. LHK Publié le 02/12/2015 SERIE 3/4 – Dans un monde post-carbone à +2°C, nous vivrons dans des éco-villes « intelligentes », denses et verticales, et nos maisons seront « vertes » Alimentation, urbanisme, logement, transports… Le réchauffement climatique va bouleverser notre vie quotidienne. A quoi ressemblera notre monde demain? Toute la semaine, Sudouest.fr décline cette thématique à travers plusieurs problématiques. Retrouvez tous nos articles sur la COP21 ici le climat, 195 pays devront signer un accord contraignant les engageant à réduire leurs émissions de CO2 et de gaz à effet de serre (GES), pour contenir la hausse du réchauffement climatique planétaire en dessous de 2°C. En 2050, pour parvenir à cet objectif, la France devra diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Demain, si accord il y a, nos villes pourraient bien ressembler aux éco-villes « intelligentes » qui sortent aujourd’hui du sol, clé en main, en Asie et en Arabie Saoudite, denses, durables et non émettrices de gaz à effet de serre. Quant à nos maisons, elles produiront plus d’énergie qu’elles n’en consommeront. …/…. Relayé par Liliane Held Khawam
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2017 est marqué par des températures anormalement élevées et une fonte des glaces sans précédent dans l'Arctique. Et selon un rapport annuel publié par l'Agence nationale océanique et atmosphérique (NOAA), tout un ensemble d'indicateurs montre que le réchauffement de la planète s'est accéléré sous l'effet de la combustion d'énergies fossiles qui augmentent la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère en 2017. Ces augmentations interviennent l'année durant laquelle Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l'accord international de Paris sur le climat. Le rapport compilé par plus de 450 scientifiques originaires d'une soixantaine de pays, emploie le mot "anormal" plus d'une douzaine de fois pour décrire des tempêtes, des sécheresses, les températures élevées ou encore la fonte record de la glace. En voici les principales conclusions: L'année dernière, le taux de concentration des trois gaz à effet de serre les plus dangereux relâchés dans l'atmosphère, dioxyde de carbone, méthane et protoxyde d'azote, a atteint des nouveaux records. Le taux de concentration annuel de dioxyde de carbone à la surface de la Terre a atteint 405 parties par million (ppm), "au plus haut dans l'enregistrement des mesures atmosphériques modernes". "Le taux de croissance global du CO2 a presque été multiplié par quatre depuis le début des années 1960", ajoute le document. Le record de l'année la plus chaude de l'époque moderne a été battu en 2016 mais 2017 n'en est pas loin avec "des températures bien plus élevées que la moyenne" sur une bonne partie de la planète, souligne le rapport. LIRE AUSSI >> Canicule: une tendance pas près de s'inverser En fonction des données sur lesquelles on se base, 2017 a été la seconde ou la troisième année la plus chaude depuis le milieu du XIXème siècle et elle a été "l'année sans El Nino la plus chaude" depuis que les données sont systématiquement collectées, souligne le rapport, faisant référence au phénomène climatique occasionnel qui pousse les températures à la hausse. L'année dernière, des températures record ont été enregistrées en Argentine, en Uruguay, en Espagne et en Bulgarie. Quant au Mexique, il a "battu son record de chaleur pour la quatrième année consécutive". En 2017, le niveau de la mer a également affiché un record pour la 6ème année consécutive. Le niveau moyen de la mer est désormais plus élevé de 7,7 centimètres qu'en 1993. "Je compare l'océan à un train de marchandises", a souligné Gregory Johnson, un océanographe qui travaille pour les services météorologiques fédéraux (NOAA). LIRE AUSSI >> Réchauffement climatique: le niveau de la mer monte plus vite que prévu "Même si nous gelions les taux de gaz à effet de serre à leur niveau actuel, les océans continueraient à se réchauffer et la mer continuerait à monter pendant des siècles voire des millénaires", a-t-il déclaré lors d'un point de presse. Dans l'Arctique, la température au sol était de 1,6 degré Celsius supérieure à la moyenne enregistrée sur la période 1981-2010 et le rapport souligne "que l'Arctique n'a pas connu de températures aussi anormalement élevées de l'air et de la surface de l'eau depuis 2 000 ans". En mars, l'étendue maximale de la banquise était la plus faible depuis 37 ans qu'elle est mesurée par satellite. Les glaciers de la planète ont aussi rétréci pour la 38ème année consécutive. "Les précipitations sur la terre ferme en 2017 ont été nettement au-dessus de la moyenne", souligne le rapport. Des températures plus élevées des masses océaniques ont conduit à un taux d'humidité plus élevé, en particulier ces trois dernières années, provoquant plus de précipitations, tandis que d'autres parties de la planète ont souffert de longues périodes de sécheresse. Le réchauffement océanique a aussi des conséquences très graves pour le corail dont il provoque le blanchissement, privant ainsi poissons et autres animaux marins d'un précieux habitat. "Le plus récent épisode mondial de blanchissement du corail a duré trois années pleines de juin 2014 à mai 2017 et a été le plus long et le plus étendu jamais enregistré", souligne le rapport.
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Le rapport (ici, en anglais) dévoile qui tire les ficelles, les entreprises qui tireront des bénéfices de l’exploitation minière des fonds marins et celles et ceux qui en subiront les conséquences. Les investigations ont permis d’identifier les propriétaires et bénéficiaires qui se cachent derrière les acteurs privés œuvrant en toute discrétion pour que le plancher océanique soit ouvert à l’exploitation commerciale. C’est tout un réseau de filiales, de sous-traitants et de partenaires douteux qui est mis au jour dans ce rapport. Pour la plupart, les décisionnaires et celles et ceux qui bénéficieront des profits de cette activité controversée sont basés dans l’hémisphère nord, tandis que les Etats qui “sponsorisent” les acteurs industriels privés, donc ceux qui sont juridiquement responsables et soumis aux risques financiers, sont souvent des Etats du sud. Salpe des Açores Une poignée d’entreprises et de gouvernements prévoient d’envoyer d’énormes machines sous la surface des océans pour labourer le plancher océanique, perturbant des écosystèmes marins, uniques et fragiles, dans le seul but d’en extraire des métaux et des minéraux rares. Des licences autorisant l’extraction minière en eaux profondes ont été accordées, mais les opérations n’ont pas commencé. Pour le moment. Voici au moins cinq raisons qui font de l’extraction minière en eaux profondes une très (très) mauvaise idée pour la planète. 1. Le risque de dommages irréversibles sur la vie marine La communauté scientifique nous alarme : ratisser le fond des océans pourraient causer des dommages irréversibles sur la vie marine. Les eaux profondes abritent des monts sous-marins auprès desquels se développent des écosystèmes exceptionnels, notamment des coraux anciens et certaines espèces de requins pouvant vivre plusieurs centaines d’années. Ils sont parmi les espèces ayant la plus longue espérance de vie, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux perturbations extérieures, en raison d’un rythme de croissance très lent. Comme si la destruction des habitats ne suffisait pas, l’activité des machines utilisées pour fracturer le plancher océanique provoquent d’épais nuages de sédiment qui peuvent asphyxier la faune et la flore à plusieurs kilomètres à la ronde. Les navires servant aux opérations minières peuvent également relâcher des vapeurs toxiques dans l’eau, portant atteinte aux écosystèmes sur des centaines, voire des milliers de kilomètres. Les mammifères marins sont également victimes de la pollution sonore et lumineuse due à cette activité d’extraction minière. Or, certaines créatures d’eaux profondes, habituées à de faibles niveaux de luminosité, pourraient être affectées de façon permanente. Vers de tube en spirale, dans les Açores. 2. Des espèces endémiques menacées d’extinction Pour certaines, on pourrait croire qu’elles proviennent d’une autre planète. Des “vers zombies” découverts en 2002, à l’anémone transparente pouvant manger six fois son poids en vers, les eaux profondes sont pleines de créatures surprenantes qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Par exemple, sur l’un des sites intéressants les industriels miniers, 85% des espèces vivant près des cheminées hydrothermales ne sont présentes qu’ici. Pourtant, des licences d’exploitation ont été accordées pour explorer le potentiel minier des cheminées hydrothermales, notamment sur le site que l’on appelle Lost City, en Atlantique nord. Détruire l’habitat d’espèces spécifiquement adaptées à cet habitat, c’est prendre le risque de les voir s’éteindre pour toujours. Il faut des millions d’années pour que les nodules polymétalliques qui intéressent les industriels miniers puissent se reconstituer, et nous ne savons pas si les espèces qui dépendent de ces nodules peuvent survivre sans eux. Méduse d’eau profonde près d’une cheminée hydrothermale, à Lost City. 3. Affaiblir un de nos meilleurs alliés contre le dérèglement climatique L’océan stocke une énorme quantité de “carbone bleu”. Il est naturellement absorbé par les animaux marins et reste piégé dans les sédiments des fonds marins pendant des milliers d’années après leur mort, nous aidant ainsi à freiner le changement climatique. En perturbant les processus naturels qui permettent de stocker le carbone, l’extraction minière en eaux profondes aggrave le changement climatique. Le carbone piégé dans les sédiments pourrait être libéré du fait des perturbations causées par les machines d’extraction. Or, nous savons que nous faisons face à une grave crise climatique, alors pourquoi aggraver la situation nous-mêmes ? Méduse scyphozoaire, en Arctique. 4. Perturber la chaîne alimentaire L’enquête de Greenpeace a révélé que les entreprises qui souhaitent s’investir dans l’extraction minière en eaux profondes sont parfaitement conscientes de ce risque. Un document ayant circulé lors d’une assemblée générale d’actionnaires de l’industrie minière reconnaît le risque d’extinction de certaines espèces faisant partie du premier maillon de la chaîne alimentaire. Mine de charbon, près de la forêt de Hambach en Allemagne. Imaginez une machine de ce type en train de labourer le fond des océans… 5. Sommes-nous vraiment prêt·es à détruire des trésors sous-marins que nous connaissons encore si peu ? A ce jour, seul 0,0001% du lit océanique a été exploré. Nous avons encore énormément de choses à comprendre et à apprendre des écosystèmes marins profonds. Il est donc impossible pour des entreprises de prévenir correctement les risques liés à leurs activités d’extraction minière en eaux profondes puisqu’elles concernent des écosystèmes mal connus. Sans protection appropriée des fonds marins, nous pourrions détruire des espèces et des écosystèmes dont nous n’avons même pas connaissance. Aucun minerais ou métal ne mérite que l’on détruise des écosystèmes que nous ne connaissons pas. Les entreprises qui exploitent ces matériaux pour la fabrication des téléphones portables ou des panneaux solaires doivent investir leurs millions dans des technologies de recyclage efficaces plutôt que de mettre en danger la vie marine pour leurs profits. L’économie circulaire, l’amélioration de la durée de vie des produits et un système de recyclage efficace peuvent permettre de répondre à nos besoins, sans qu’il soit nécessaire de pratiquer d’extraction minière en eaux profondes. Aidez-nous à préserver les océans en signant notre pétition : JE PROTÈGE LES OCÉANS
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La France et une partie de l’Europe de l’ouest ont été affectées cet été (du 24 au 30 juin 2019 et du 21 au 26 juillet 2019) par deux vagues de chaleur courtes en durée mais remarquables en intensité. Le fait qu’au cours de la même période la Norvège la Finlande et la Russie ont subi des températures anormalement basses n’a pas été l’objet de la même attention des media. Rappelons d’autre part que le mois de mai 2019 a été anormalement froid en France mais aussi sur une bonne partie de l’Europe notamment en Suisse (5ème mois de mai le plus froid aussi depuis 1900) ou en Tchéquie (à Prague, le mois de mai 2019 a été le plus froid depuis 1991) et localement en Italie : à titre d’exemple, Gela (en Sicile) a connu son mois de mai le plus froid depuis 1920. Selon plusieurs publications du site geoclimat.org dont le présent article fait la synthèse, ces événements pourraient avoir une cause météorologique commune : l’oscillation nord-atlantique, une variation du climat naturelle dont l’indice, calculé à partir de la différence de pression entre l’Islande et les Açores, affiche des valeurs continûment négatives depuis la fin du mois d’avril 2019. Records de froid en juillet en Norvège en Finlande et en Russie Le centre et le sud de la Norvège ont enregistré au début du mois de juillet des températures anormalement basses et des précipitations neigeuses sur les reliefs notamment à Lebergsfjellet situé à 625 m dans le comté de Møre og Romsdal. Il faut remonter au moins à la mi-juillet 1983 pour trouver un événement comparable à cette période de l’année. La température est descendue jusqu’à -6,4°C le 3 juillet à Juvvasshøe (1894 m), soit la plus basse température enregistrée en Norvège au mois de juillet depuis 1964. A Helsinki en Finlande, la première quinzaine de juillet a été l’une des plus froides depuis les années 1960. En Russie le mois de juillet 2019 a connu des températures bien inférieures aux normales de saison, notamment à Moscou où il faut remonter à 1987 pour observer un mois de juillet aussi frais (température moyenne de 16,8°C, soit 2,4°C en dessous de la normale mensuelle 1981-2010). Des records de froid ont également été enregistrés à Kotlas avec le 13 juillet une température minimale la plus basse depuis le début des mesures en 1936 (3,7°C), et le 30 juillet à Sarlyk (2,3°C), à Radishchevo (2,7°C à Sassovo (3,6°C) et à Tambov (3,9°C). Plus de 80 jours avec un indice NAO négatif : une séquence inédite ! L’oscillation nord-atlantique (en anglais NAO pour North Atlantic Oscillation) se manifeste par des anomalies de différence de pressions entre l’Islande et les Açores : plus la différence des anomalies de pression entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande est importante plus l’index de la NAO est positif; inversement, moins la différence des anomalies de pression entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande est importante plus l’indice de la NAO est négatif. Or l’indice NAO reste négatif depuis le 26 avril 2019 avec une valeur record de -2,62 en mai. En août il restait négatif à -1,17. Le diagramme ci-dessous montre que cet indice est resté négatif pendant 88 jours consécutifs du 26 avril au 22 juillet 2019 ce qui constitue la plus longue séquence jamais observée depuis 1950. Plus concrètement, la pression atmosphérique à l’aéroport de Reykjavik (Islande) a atteint 1040,6 hPa le 11 juin 2019 soit la plus haute pression jamais enregistrée en Islande au mois de juin (le précédent record à 1040,4 hPa avait été atteint le 21 juin 1939 ). Cet événement survient après un mois de mai 2019 déjà exceptionnellement anticyclonique en Islande pendant lequel la pression moyenne mensuelle à Reykjavik a atteint 1020,2 hPa (soit +7,8 hPa par rapport à la moyenne 1961-1990 et +9,3 hPa par rapport à la moyenne des 10 dernières années). Les conséquences météorologiques d’une NAO négative en Europe Pendant l’hiver boréal, mais plus largement de septembre à mai, la circulation d’ouest est plus faible ou plus au sud donnant des températures anormalement basses dans l’ouest et le centre de l’Europe, et un temps plus perturbé dans le bassin méditerranéen et sur le nord du Maghreb. Cela explique que le mois de mai 2019 ait été froid sur une bonne partie de l’Europe. De même c’est le ralentissement général du flux d’ouest au‑dessus de l’Atlantique depuis la fin avril 2019 qui a favorisé une puissante advection d’air chaud en provenance du nord de l’Afrique entre deux coulées d’air plus froid sur le proche Atlantique et du nord de l’Europe à l’Europe de l’Est. Il est logique qu’en période de réchauffement climatique nous assistions à une augmentation de la fréquence des vagues de chaleurs, mais il convient de relativiser. A l’échelle du globe l’anomalie de température en juillet 2019 par rapport à la moyenne 1981-2010 a été de +0,38°C. La tendance au réchauffement depuis janvier 1979 est de +0,13 °C par décennie. Or, cette moyenne de température est estimée avec une précision d’environ 0,1°C comme le rappelait récemment Edouard Bard au journal Libération. Les changements de température impliqués dans les records de mois chauds sont si faibles qu’ils sont généralement inférieurs au niveau d’incertitude des mesures.
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"Mon pays vit face à l'océan, dont nous dépendons énormément." D'une voix calme et feutrée, l'ambassadeur du Chili en France pèse chacun de ses mots prononcés en anglais. Juan Salazar Sparks s'exprime ainsi depuis l'un des prestigieux salons de son ambassade, à deux pas de la place Salvador-Allende (7e arrondissement de Paris), devant un parterre de journalistes et de scientifiques. "Voilà pourquoi, reprend-il, nous avons lancé une petite propagande pour souligner les liens entre le changement climatique et l'océan : nous baptisons 'COP bleue' cette 25e conférence mondiale sur le climat dont nous avons la présidence." Au moment de sa déclaration, en ce matin du 16 octobre, le diplomate n'imagine pas que deux jours plus tard une grave crise sociale va enflammer Santiago, la capitale de son pays. Au point d'obliger le Chili à finalement délocaliser cette COP25 un océan plus loin, à Madrid du 2 au 13 décembre, avec l'aide de l'Espagne. Sous cette longitude plus accueillante, les nations discuteront du rôle des espaces maritimes dans la lutte contre le réchauffement climatique. Y compris dans ses aspects les plus controversés : puisqu'ils représentent 71 % de la surface de la Terre et stockent déjà naturellement 50 fois plus de carbone que l'atmosphère, il serait tentant de les mettre encore plus à contribution en manipulant, à grande échelle, leurs propriétés physiques et chimiques. Et bien que ces méthodes soient sujettes à caution, plusieurs chercheurs en étudient déjà les effets, qu'ils soient bons ou mauvais. Car tant que l'ensemble des pays ne respecte pas davantage les accords de Paris, tout ce qui permet d'absorber du CO2 constitue un espoir. Celui de limiter, du mieux possible, les dérèglements du climat. L'Express L'idée un peu folle de manipuler l'océan a déjà fait l'objet d'un rapport du Groupe d'experts sur les aspects scientifiques de la protection de l'environnement marin (GESAMP) en mars dernier. L'organisme, lié aux Nations unies, liste 27 techniques dites de géo-ingénierie marine. Quatre d'entre elles suscitent de vifs débats au sein de la communauté des chercheurs. La plus connue, la fertilisation par le fer, se produit naturellement lorsqu'une tempête de sable, chargée de ces particules, atteint la mer. Le phénomène, bénéfique pour le climat, aide les algues microscopiques à capturer le CO2. "Le phytoplancton en consomme pour se développer par photosynthèse, comme les végétaux à terre, explique le chercheur Jean-Pierre Gattuso (laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer / Iddri). Or certaines régions marines manquent de sels nutritifs, essentiellement de fer, ce qui limite la croissance de ces organismes." Fertiliser l'océan consisterait donc, dans un premier temps, à apporter du fer sous forme soluble par bateau, comme on arroserait un jardin desséché. Ce procédé a déjà été expérimenté une douzaine de fois depuis les années 1990 sur des surfaces plus ou moins grandes. Une efflorescence de phytoplancton sur la mer de Barents, photographiée depuis le satellite Envisat. ESA (CC BY-SA 3.0 IGO, Observing the Earth) / Envisat "La stimulation fonctionne, poursuit Jean-Pierre Gattuso : elle produit une efflorescence, c'est-à-dire une explosion d'algues, donnant une couleur verdâtre à l'eau qui s'observe même depuis l'espace par satellite. Sauf que tout se complique à l'étape suivante : cette matière organique doit couler, à sa mort, jusqu'au plancher marin pour piéger durablement le carbone." Or selon les tests, seulement une petite partie sédimente de la sorte. Ce n'est pas le seul problème, d'après l'océanographe et climatologue Laurent Bopp (Institut Pierre-Simon-Laplace / LSCE) : "Il est très difficile de tenir la comptabilité de l'action du fer en raison des courants. Elle semble cependant moins bonne que prévu à l'échelle de la planète, l'efflorescence dévorant d'autres nutriments qui viennent à manquer à leur tour." En pratique, l'efficacité de cette fertilisation s'avère de 10 à 100 fois inférieure à celle des processus naturels. LIRE AUSSI >> Réchauffement: et si le climat basculait? Pis, il existe un risque de dégâts collatéraux. "Il faut rester extrêmement prudent, nous sommes très loin de comprendre comment cette fertilisation peut perturber toute la vie des océans", s'inquiète le chercheur Chris Bowler (institut de biologie de l'Ecole normale supérieure). "En chutant, la matière organique consomme et appauvrit l'oxygène des fonds", précise Laurent Bopp. Ce qui pourrait d'ailleurs générer... de nouveaux gaz à effet de serre, comme le protoxyde d'azote. C'est pourquoi certains scientifiques demandent l'interdiction pure et simple de ce genre d'expériences.
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À présent que la COP21 est dans moins d’un mois, vaincre au Climathon devient de plus en plus difficile, tant les innovations de propagande climatique ont été nombreuses depuis le début de l’année. France Télévisions l’a bien compris, en mettant en œuvre ce qui est sans doute le moyen de propagande le plus abouti : faire un exemple en virant un journaliste ayant exprimé ses doutes sur la politique climatique. Philippe Verdier, responsable du service météo de France Télévisions et auteur du livre Climat investigation (Ring, 2015), vient donc d’être licencié pour opinion climatique non conforme. Il était grand temps. Comment accepter en effet qu’un journaliste fasse une enquête dont les conclusions ne vont pas dans le sens voulu par le pouvoir ? En lourdant un mal-pensant, France Télévisions fait ainsi coup double : elle se débarrasse d’un élément susceptible de lui valoir à terme un blâme, tout en signifiant très clairement à tout autre rebelle potentiel ce qu’il en coûte de s’attaquer au Camp du Bien. Une excellente chose de faite, donc, qui aura mécaniquement l’avantage collatéral de renforcer le consensus pré-COP21 au sein de la rédaction de France Télévisions. La Pravda télévisée d’État télévision publique neutre et indépendante remporte donc haut la main le titre de vainqueur de la semaine 44 du Climathon, tout en prenant date pour le titre de Champion d’Automne qui se jouera à la fin du mois. Les accessits Visiblement un rien jaloux du coup de maître de France Télévisions, Daniel Schneidermann s’est fendu d’un article presque équivoque dans Libération, dans lequel il déplore l’éviction de Philippe Verdier. Le jury a un instant craint de voir le journaliste défendre la liberté d’expression de son confrère : heureusement il n’en est rien. Daniel Schneidermann ne redoute en effet que l’ « effet Streisand » à craindre de ce coup d’éclat. Une fois son ressentiment vidé, le chroniqueur de Libération en revient ensuite aux fondamentaux de la propagande de la grande époque. Comme la France n’est pas la Russie soviétique, Daniel Schneidermann ne peut certes pas proposer la Sibérie comme lieu du goulag, mais l’idée de base d’un séjour de redressement par le travail dans un camp situé aux confins du monde et du froid n’en demeure pas moins explicite : Mais alors, que faire [contre Philippe Verdier] ? Des solutions existent. La chaîne pourrait lui trouver une nouvelle affectation, par exemple, en vertu de ses compétences, le nommer envoyé spécial permanent dans l’Arctique ou l’Antarctique. On reconnaît là la patte drôle et impertinente d’un journaliste qui, par ailleurs, évite soigneusement tout mot de compassion pour un confrère qui vient de perdre son emploi pour délit d’opinion. Que Stéphane Foucart en prenne de la graine. Le Centre National de la Recherche Scientifique publie cette semaine dans son journal un long pensum article intitulé « Climat : l’heure de vérité ». Faisant fi des vingt COP passées, le sous-titre annonce : « Le point sur les enjeux de cet événement sans précédent ». Il est vrai qu’aucune des vingt premières éditions ne s’est tenue dans le Pays des Lumières, ce qui explique sans doute leur échec. Conformément à son rôle de caution de très haute rigueur scientifique, le journal du CNRS enchaîne dans un style d’une grande retenue : « De fait, l’urgence est simplement totale » puis « si rien n’est fait, le climat de notre planète pourrait totalement déraper d’ici à la fin du siècle ». C’est ensuite aux Cataclysmes Infernaux de faire leur entrée en lice avec la terrifiante montée des flots de « 3,3 mm par an contre 1 à 2 durant les derniers millénaires » (le jury du Climathon fait comme si aucun lecteur ne pouvait déduire que la conséquence minimale de cette dernière phrase était une montée des océans de vingt centimètres par siècle sans aucune contribution anthropique depuis l’Antiquité). Vient ensuite du classique qui fait toujours plaisir : Enfin, les océans s’acidifient à un rythme sans équivalent depuis 300 millions d’années du fait de la dissolution du CO2 excédentaire dans les eaux de surface des océans. Avec des conséquences mal connues, mais inquiétantes sur les êtres vivants. En clair : on ne sait pas, mais ce sera sans doute terrible et il est même probable que cela se révèle encore pire que ça. Ce texte interminable très fouillé évoque ensuite les modèles climatiques, sans oublier de mettre en exergue les deux « auxquels contribue le CNRS », et donc que le monde entier nous envie. Nous avons encore droit aux projets pharaoniques ambitieux de réduction de « 80 à 95 % » de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays de l’Union européenne d’ici à 2050. Enfin, l’article élargit la perspective en nous rappelant à nos devoirs de bonne moralité climatique. C’est le Très Grand Savonarole Hervé Le Treut lui-même qui élève le débat à ce niveau : Cela ne peut pas se résumer à des gestes verts, même importants, comme fermer le robinet pendant que l’on se lave les dents. La France Éternelle peut décidément s’enorgueillir de disposer d’un organisme scientifique dont le journal a de quoi faire pâlir d’envie le reste du monde. Alors que les négociations pré-COP21 préfigurent un bide intégral se poursuivent et que l’affaire Philippe Verdier fait plutôt moche dans le tableau, la charge contre les climatosceptiques continue. Un nettoyage au Karcher pour effacer ces importuns revenus par le soupirail infâme du monde réel s’imposait. Emmanuelle Cosse avait bien entendu toutes les compétences pour mener à bien cette charge, toute en retenue et en nuance. Avec sa délicatesse coutumière, la doucereuse patronne d’EELV a ainsi comparé les climato-sceptiques aux négationnistes du sida qui disaient dans les années 1990 que le sida n’existait pas. Jugeant sûrement que les plus timorés risquaient de ne pas bien saisir le message, elle en a aussitôt remis une petite couche lyrique, franchissant joyeusement le point Godwin : Aujourd’hui, il y a des gens qui meurent à cause du dérèglement climatique. (…) Ces discours climatosceptiques sont en réalité des négationnistes du climat. L’ancienne activiste d’Act Up doit regretter les temps heureux où elle pouvait allégrement tartiner tout un chacun de faux sang en le traitant d’assassin, mais évidemment, avec du faux CO2, ce serait moins drôle. Il ne reste donc que les insultes, mais en bonne démocrate, elle reconnait à Philippe Verdier le droit d’écrire un livre. Elle est trop bonne. Enfin, « extrêmement inquiète » pour la COP21, la pauvre choute craint qu’on soit « à deux doigts d’un échec ». Il faut dire que Ce n’est pas simplement un petit accord entre politiques qui se joue. C’est de savoir si oui ou non on se donne les moyens de sauver notre planète d’ici 100 ans. Au vu de sa réussite dans les « petits accords entre politiques » au sein de son propre parti, on peut comprendre sa crainte sur la réussite d’un accord à l’échelle mondiale. Ouest-France nous alerte sur le climat insoutenable du Golfe à l’horizon 2100. Rassurons tout de suite les lecteurs de l’Ouest : bien que ce ne soit pas précisé dans l’article, il s’agit bien du Golfe Persique et non du Golfe Normand-Breton a priori plus préservé, au moins sur ce siècle. Il faut dire que l’heure est grave. Une étude Américaine pointe que si les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter, des pics de chaleur humides pourraient dépasser la limite supportable à l’homme d’ici la fin du siècle. Et attention : c’est la limite pour « un homme en bonne forme dans un milieu extérieur bien ventilé » qui risque d’être franchie. Au-delà de ce seuil, le corps ne peut pas se rafraîchir et la survie en extérieur d’individus mêmes jeunes et en bonne santé est sérieusement menacée. Voilà qui ne devrait pas rassurer les joueurs de l’équipe de France de football qui seront chargés d’aller défendre nos couleurs lors de la coupe du monde 2022 qui se déroulera au Qatar. Certains y trouveront une bonne raison d’imiter leurs prédécesseurs de celle de 2010 en Afrique du Sud : en restant dans le bus climatisé. Les chercheurs précisent également que ces pics pourraient « avoir un impact important sur les rituels du Hajj » à la Mecque et que ces rituels « vont probablement devenir dangereux ». Sachant que des bousculades ont provoqué la mort de plus de 750 personnes au pèlerinage de 2015, on ne peut être qu’inquiet à l’idée de ce que les auteurs de cette étude entendent par « devenir dangereux »… Toujours dans l’ouest de la France, France 3 Bretagne nous interpelle avec un titre sous forme d’oxymore : « Le réchauffement climatique s’annonce frais ». Après une lecture attentive, il ressort que, d’après des spécialistes des océans réunis à Brest (ce n’est pas précisé mais c’est a priori « une conférence de l’Académie des Sciences Européenne, l’Eurasc, qui rassemblait des spécialistes renommés, auteurs des rapports du GIEC »), le Gulf Stream, courant océanique qui nous protège de l’air froid de l’Arctique, va ralentir sous l’effet du réchauffement climatique, ce qui va conduire à l’arrivée d’air plus frais et donc à un refroidissement. C’est ce que confirme un des intervenants qui nous rassure en précisant qu’il ne faut tout de même pas « s’attendre à voir des ours blancs au large de Brest ». Dommage. On peut tout de même reprocher à France 3 de ne pas avoir joué collectif en prévenant ses confrères qu’il va falloir ranger les tongs et sortir les moumoutes en France pour les prochaines années. En effet, la télé publique régionale met ainsi Libération quelque peu en porte-à-faux : faisant fi du ralentissement du Gulf Stream, le quotidien persiste en effet à vouloir affoler sensibiliser les populations sur le réchauffement en cours avec un article intitulé « Climat : ça se réchauffe près de chez vous ». Dans cette version locavore de la peur, innovation par rapport à son registre catastrophiste habituel, Libération tente de convaincre ses lecteurs que ça n’arrive pas qu’aux autres. Après avoir annoncé qu’« au cours du 20e siècle, la température moyenne annuelle en France a augmenté d’environ 1°C », le journal se lance dans un descriptif long et rébarbatif détaillé de l’apocalypse en cours dans les régions françaises. Flore, faune, humains, planète : tout le monde en bave. Les scientifiques ont même constaté l’augmentation des cas de diarrhée en Vendée, en Charente-Maritime et en Gironde : c’est dire l’ampleur du drame. Au passage, les agriculteurs seront peut-être surpris d’apprendre que « le changement climatique a d’ores et déjà des effets dévastateurs sur l’agriculture », alors que la France vient de battre une nouvelle fois son record de production de blé en 2015 avec 40,4 millions de tonnes récoltées. Sûrement un coup du Gulf Stream. — Sur le web
fake
Les zadistes avaient jusqu'à lundi soir minuit pour déposer leur projet agricole ou para-agricole sur la zone de Notre-Dame-des-Landes. Vendredi, des occupants de la ZAD avaient déjà déclaré avoir accepté de déposer 40 dossiers à la préfecture de Loire-Atlantique, collectifs comme individuels. Chaque formulaire doit dessiner dans les grandes lignes un projet qui sera examiné par la direction départementale des territoires et de la mer. D'après le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, interrogé sur CNEWS, les projets "vont être examinés cette semaine, pour voir la viabilité". Sur cette même chaîne, Benjamin Griveaux a annoncé que quatre projets avaient déjà été validés. En revanche, il n'y a aucune garantie que le dépôt d'un formulaire conduise à la permission de rester sur place. Les évacuations pourraient ainsi reprendre si des personnes dont les projets n'ont pas été validés refusent de quitter Notre-Dame-des-Landes. Les zadistes restent donc méfiants quant au futur de leurs propositions. Au micro de Ouest-France, ils déclarent d'ailleurs se méfier du comité de pilotage examinant leurs projets et mettent en doute la "légitimité de la chambre d'agriculture et des syndicats majoritaires qui n'ont pas défendu les terres de Notre-Dame-des-Landes, mais des logiques productivistes".
true
Les paysages de forêts intacts (Intact Forest Landscapes ou « IFL ») en Russie constituent de très importants espaces préservés des installations humaines, des infrastructures et des activités économiques. Ils sont un paradis pour les espèces sauvages. Un paysage de forêts intactes (Intact Forest Landscape ou « IFL ») correspond à un vaste territoire non fragmenté de forêts primaires, d’une superficie supérieure à 500 km² et très peu perturbé par les activités économiques humaines (exploitation forestière industrielle, infrastructures, etc.). La forêt y demeure assez grande pour maintenir en son sein une grande biodiversité. La Russie compte aujourd’hui un grand nombre de forêts primaires. Mais elles sont aujourd’hui menacés par les activités commerciales des exploitants forestiers. Le cas Dvinsky En 2001, Greenpeace lançait une campagne sur l’exploitation forestière en Russie, dans l’optique notamment de sauvegarder la forêt de Dvinsky. Résultat : plusieurs accords entre les ONG mobilisées et les entreprises forestières en activité sur la zone ont permis de mettre en place un moratoire d’une quinzaine d’années sur les activités en cours dans cet écosystème précieux. Arrêt provisoire des dégâts, donc. En 2011, les autorités régionales ont même inclus des parties de la forêt de Dvinsky sur une liste des futures zones forestières protégées. La forêt de Dvinsky a perdu une grande partie de sa surface depuis les années 2000. Hélas, 5 ans plus tard, la forêt de Dvinsky n’est toujours pas officiellement protégée. Les entreprises forestières et les lobbyistes industriels essaient désormais de se retirer de cet accord : ils exercent ainsi une pression constante sur des gouvernements locaux et régionaux aujourd’hui incapables de leur tenir tête. Tant et si bien qu’Arkhangelsk Pulp & Paper Mill, ICE Titan, Solombales et Region-Les LLC, les principales entreprises présentes sur le terrain, recommencent à ruiner impunément la forêt de Dvinsky. Dvinsky pourrait disparaître d’ici à dix ans Une route bordant une coupe rase à l’intérieur de la forêt de Dvinsky, sur la concession de l’entreprise Solombales (13 juin 2012). Une route bordant une coupe rase à l’intérieur de la forêt de Dvinsky, sur la concession de l’entreprise Solombales (13 juin 2012) Les entreprises forestières présentes dans la région de l’Arkhangelsk emploient une méthode particulièrement destructrice, qui mène à l’impasse : elles coupent les arbres puis passent à une autre forêt sans reboiser l’équivalent de ce qu’elles ont pu récolter. Cette méthode est naturellement une catastrophe écologique : n’ayant plus de forêts à exploiter à moyen terme, les entreprises forestières s’enfoncent toujours plus loin dans les zones abritant des forêts primaires. Malheureusement, en Russie, les lois forestières en vigueur ne protègent pas correctement l’environnement et autorisent toujours une exploitation non durable des ressources naturelles. Sans réforme significative de la part du gouvernement, la forêt de Dvinsky aura disparu d’ici à dix ans. Elle est un exemple majeur des efforts à fournir pour sauvegarder la forêt boréale. Les autorités politiques doivent donc agir vite. Destruction certifiée de la forêt Dans la région d’Arkhangelsk, les systèmes de certification forestière ne protègent pas les forêts : ils ne font que faciliter l’accès des entreprises forestières aux marchés mondiaux du bois. Une abatteuse en activité dans une zone encore intacte de la forêt de Dvinsky (13 septembre 2016) Par exemple, il est clair qu’en l’état actuel, le label FSC ne garantit pas que le bois vendu sur les marchés européens ne vienne pas de forêts comme celle de Dvinsky. Or de nombreuses entreprises forestières sont actuellement certifiées par ce label ou vont le devenir. Ce qui leur permet de prétendre que le bois qu’elles utilisent et vendent sous forme de produits transformés est contrôlé, alors qu’il a en réalité été prélevé dans des forêts primaires. La région d’Arkhangelsk est une région encore riche en forêts primaires, et les membres internationaux du FSC se sont mis d’accord, en 2014, sur la nécessité d’en protéger la majeure partie. C’est notamment l’objet de la motion 65 du FSC, qui semble hélas compromise pour le moment. Un autre système de certification forestière est en pleine croissance dans la région : le Programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC). C’est à cet autre système que l’entreprise Solombales, par exemple, aimerait avoir recours. Détail gênant : géré par les professionnels du secteur, dont les intérêts sont d’abord commerciaux, il protège encore moins les forêts que le FSC. Il est urgent de protéger la forêt de Dvinsky Une gestion forestière plus exigeante en Russie pourrait contribuer à la protection des forêts primaires du pays. Les entreprises forestières, les consommateurs de bois et les autorités régionales ont tous un rôle à jouer pour assurer la survie et la croissance de la forêt de Dvinsky. Greenpeace appelle ceux qui exploitent la forêt de Dvinsky à cesser d’envahir les forêts primaires et demande aux autorités régionales mettre leur plan d’aménagement au service de la protection de ces zones sensibles. De même, les exigences du label FSC doivent immédiatement être revues à la hausse s’il ne veut pas devenir contre-productif. Nous ne pouvons pas nous permettre d’abandonner la forêt boréale à des appétits commerciaux aveugles et débridés. Nous n’avons pas les moyens de nous passer des bienfaits écologiques de cet écosystème forestier unique, essentiel à la protection de la biodiversité et à la lutte contre les changements climatiques.
true
Par MD (mise à jour d’un article publié le 27 novembre 2017) « On raconte d’un roi qu’il essayait de dire au flot : tu n’iras pas plus loin ; mais ce décret n’était pas motivé convenablement » 1/ Introduction. La convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC) organise depuis un quart de siècle des conférences intergouvernementales dites « COP » ou conférences des parties. Les COP ont défini explicitement un « objectif » de limitation de la température globale de la planète par rapport à une température de référence. Cette augmentation jugée tolérable de la température a été unanimement fixée à +2°C au-dessus de celle d’une certaine époque dite « pré-industrielle ». L’objectif avait été réaffirmé lors de la COP-21 tenue à Paris en décembre 2015, avec même une insistance pour rester bien au-dessous (« well below ») de +2°C et si possible tendre vers +1,5°C d’augmentation. D’où vient ce chiffre devenu emblématique voire magique ? Pour le amateurs de mathématiques, cette expression peut être exprimée le plus simplement possible en logarithme de base 2 (log binaire). Soit T température, S Sensibilité, C concentration, on a T2-T1 = S Log²(C2/C1). Si S=2 et C2=C1x2 (doublement) on a bien T2-T1=2°C 2/ La révélation. On peut attribuer la primeur à l’économiste William Nordhaus. Dans les années 1970, il s’était intéressé aux aspects économiques et financiers des problèmes énergétiques, et par extension à la question de l’influence du CO2 sur la température globale et à différents scénarios permettant de contenir les émissions anthropiques. Dans une étude de janvier 1977, on trouve ainsi ce graphique fondamental de l’évolution de la température globale entre 1900 et 2080. La courbe prévisionnelle (période 1970-2080) est figurée en tiretés. Elle est basée sur l’hypothèse que la température augmente en fonction de la concentration en CO2. La relation entre ces deux grandeurs (dite « sensibilité climatique ») est réputée logarithmique et telle que chaque doublement de la concentration en CO2 entraînerait une augmentation de température de 2°C.L’échelle temporelle des abscisses repose sur une seconde hypothèse, à savoir l’évolution de la concentration en CO2 en fonction du temps. Les trois repères horizontaux le long de la courbe correspondent à trois augmentations rondes de la concentration en CO2 (en %) par rapport à celle de 1970 et aux trois températures associées (les années sont approximatives). Ainsi les 2°C fatidiques au-dessus de la base 1880-1884 seraient atteints avant 2040, disons vers 2035. La courbe historique (jusqu’en 1970) est la reprise simplifiée d’un graphique tiré de « Climatic history and the future » par Hubert Horace Lamb, historien du climat et fondateur du Climate research unit (CRU). On y voit qu’en 1970 la température globale (« whole Earth ») était environ 0,2°C au-dessus de la référence quinquennale 1880-1884 comme rappelé dans le tableau précédent. La droite d’ordonnée 2°C est censée représenter la limite supérieure des températures observées depuis « 100 000 ans » c’est à dire à l’échelle de l’histoire humaine. Cette valeur de 2°C est explicitement définie comme une limite qu’il ne serait pas raisonnable de dépasser. Elle serait atteinte vers l’année 2035, peu avant le doublement de la concentration en CO2 par rapport à celle de 1970. L’essentiel du propos de W.Nordhaus était technico-économique. Il voulait vérifier comment il était possible d’agir sur les émissions anthropiques de CO2 de façon à éviter que les températures à venir excèdent certaines valeurs, réputées inconnues à ce jour dans l’histoire humaine et éventuellement dangereuses. 3/ La traversée du désert. Le travail de W.Nordhaus était une synthèse basée sur les connaissances des années 70. Il est d’ailleurs bon de rappeler qu’à l’époque, la crainte dominante était l’apparition d’un nouvel âge glaciaire, vue l’allure plongeante de la courbe entre 1940 et 1970. H.H.Lamb lui-même avait publié dans le Courrier de l’Unesco (août-septembre 1973) un article intitulé « La terre se refroidit depuis 30 ans ». L’idée d’un réchauffement futur existait mais n’était pas majoritaire parmi les hommes de science. A partir des années 1980, la question climatique avait pris de plus en plus d’importance, et un certain réchauffement qui commençait en effet à se manifester, devenait un sujet de préoccupation : le GIEC (IPCC) avait été créé en 1988, mais la référence explicite à une valeur de +2°C ne semble pas avoir figuré dans les nombreuses productions d’alors. Par exemple, le célèbre rapport Brundtland (mars 1987) pourtant fertile en annonces catastrophistes, n’en parle pas. 4/ Les apparitions. Une nouvelle apparition des 2°C figure dans un document de 1990 d’un certain « Advisory group on greenhouse gases » (AGGG) sous le titre « Targets and indicators of climate science » par F.R.Rijsberman et R.J.Swart, Stockholm environment institute. On y trouve de très nombreux indicateurs, dont en page 8/185 un diagramme évocateur :Les auteurs n’y vont pas de main morte : au-delà de +2°C, on court à des catastrophes en tous genres ; ce « seuil » est censé être atteint pour « 400 à 500 ppm équivalent CO2 ». La convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC), avait été adoptée au Sommet de la terre de Rio de Janeiro en 1992. Elle a pour organe suprême la « conférence des parties » (COP). L’article 2 de cette convention indique seulement que l’objectif ultime est la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre à un niveau qui évite des interférences dangereuses avec le climat, sans autres précisions. La préparation de la COP-1 de Berlin. En vue de la première COP qui devait se tenir à Berlin en décembre 1995, le German advisory council on global change (WBGU en allemand), avait produit une étude parue en mars 1995 : « Scenario for the derivation of global CO2 reduction targets and implementation strategies ». La question des températures est abordée en page 12/45 et dans l’annexe, pages 26-27/45 « A tolerable temperature window ». Le principe est celui de la « preservation of Creation » (noter la majuscule). Cette « fenêtre » découle des températures moyennes au cours de l’holocène, soit entre 10,4±0,5°C (Würm, dernier âge glaciaire) et 16,1±0,5°C (Eemien, dernier maximum interglaciaire) ce qui donne une amplitude de 9,9°C à 16,6°C. Par rapport à 15,3°C (en 1995), il ne nous resterait plus que 1,3°C pour atteindre le maximum tolérable. Au-delà de cette valeur, on peut craindre des changements « dramatiques » dans les écosystèmes. Le document n’en dit pas plus. En fait, la COP-1 ne fera pas usage de ces résultats. Conseil de l’Union européenne. La première mention vraiment officielle apparaît dans le document du Conseil (juin1996, 8518/96) : « Stratégie communautaire en matière de changement climatique ». (…) 6. Compte tenu des risques graves liés à une hausse de température de cette ampleur et en particulier de la rapidité de cette hausse, le Conseil estime que les températures moyennes de la planète ne devraient pas dépasser de plus de 2 degrés le niveau pré-industriel et que, par conséquent, les efforts de limitation et de réduction au niveau mondial devraient viser des niveaux de concentration inférieurs à 550 ppm de CO2.(…). International climate change taskforce (ICCT), janvier 2005. « 1. A long term climate objective ». l’ICCT déplore que, dix ans après l’entrée en vigueur de l’UNFCCC, l’objectif reste vague (« undefined »), c’est pourquoi il «propose a long-term objective of preventing average global surface temperature from rising by more than 2°C (3.6°F) above its pre-industrial level (taken as the level in 1750, when carbon dioxide (CO2) concentrations first began to rise appreciably as a result of human activities) » (noter la date de 1750). Au-delà, l’ICCT promet des phénomènes véritablement apocalyptiques. G8, juin 2009 à l’Aquila (tenu en Italie par solidarité à la suite d’un séisme). Extrait du communiqué (§65) : « nous reconnaissons que (…) l’augmentation de la température globale par rapport au niveau pré-industriel ne devrait pas excéder 2°C (…) ». COP-15 de Copenhague (du 7 au 19 décembre 2009). L’accord de Copenhague stipule notamment : « (…) nous entendons, compte tenu de l’opinion scientifique selon laquelle la hausse de la température mondiale devrait être limitée à 2 °C, renforcer notre action concertée à long terme (…) comme l’a établi le quatrième rapport d’évaluation du GIEC, en vue de réduire ces émissions pour que la hausse de la température de la planète reste inférieure à 2 °C (…). » Il est aussi préconisé de procéder à « une évaluation d’ici à 2015 » et « d’envisager de renforcer l’objectif à long terme (…) en particulier une hausse des températures de 1,5 °C ». On rappellera que Copenhague a été généralement considéré comme un échec, du fait notamment de l’absence de référence chiffrée aux gaz à effet de serre et de bien d’autres griefs. Mais elle n’en a pas moins servi de référence aux COP suivantes. COP-21 de Paris en décembre 2015. L’accord de Paris a marqué la véritable consécration internationale des fameux « 2°C ». Cette référence est maintenant devenue une sorte de constante universelle. Apothéose : W. Nordhaus s’est vu décerner en 2018 le « prix Nobel » d’économie pour ses travaux sur le climat et l’énergie. 5/ Les mystères. Derrière cette simplicité apparente subsistent des ambiguïtés. – Que retenir comme série de référence de la température globale ? – Comment appréciera-t-on le niveau atteint ? Une année isolée ou la moyenne mobile sur 5 ans ? – Quelle est au juste cette fameuse période « pré-industrielle » par rapport à laquelle tout se joue et qui diffère selon les sources ?1750, 1850, 1880-1884, 1900, ou autres. Quelle date origine et quelle durée d’observation faut-il prendre en compte ? – Que sait-on vraiment de la température globale pendant les périodes anciennes, sachant que les séries longues de températures sont incertaines et concernent essentiellement les terres émergées de l’hémisphère nord ? -Etc. En définitive, ces « 2°C » restent comme un étrange objet mal identifié, que les scientifiques et les politiques se renvoient mutuellement depuis plus de trente ans. W.Nordhaus, qui a certainement de l’humour, pourrait paraphraser une réplique célèbre : « J’ai laissé tomber ce chiffre… Ramassez » (Hernani, acte II, scène 1, adaptation libre…). 6/ L’exégèse. Nous sommes en 2020. Plus de quarante ans ont passé et il n’est pas inutile de confronter les pronostics avec les réalités. Par rapport à l’année 1970, le graphique de W.Nordhaus prévoyait en 2020 une augmentation de 50% de la concentration en CO2 d’où une augmentation d’environ 1,2°C de la température globale (avec la sensibilité climatique égale à 2 comme il est explicitement précisé). Quelles sont les réalités ? La concentration en CO2 est mesurée par NOAA à Mauna Loa depuis 1958. Comme l’indique le graphique ci-dessous, en 1970, elle était de 325 ppm ; en 2020, elle est de 415 ppm soit une augmentation de 28%. La température globale est l’indicateur Hadcrut4 du Hadley Center. Le graphique ci-dessous représente les températures mensuelles relatives, et la moyenne mobile sur 5 ans selon la préconisation de H.H. Lamb et W. Nordhaus. La courbe représentée ici commence avec la moyenne mobile 1880-1884. (Attention, le zéro du graphique correspond à la période trentenaire 1961-1990). Entre 1970 et 2020, la température globale a augmenté de 0,8°C. On le voit mieux sur le grossissement suivant. En conclusion, W. Nordhaus avait considérablement surestimé la croissance future de la concentration en CO2 et de la température en leur conférant une allure quasi-exponentielle. Ce travers était courant chez les prévisionnistes de l’époque. On en a connu bien d’autres exemples dans bien d’autres domaines. Tous ne sont pas encore guéris de cette fâcheuse habitude. Au vu des courbes précédentes, il semble que les fameux « 2 degrés », que W.Nordhaus supposait atteints vers 2035, doivent encore attendre quelques années de plus. Mais ceci est une autre histoire, de même que la relation causale supposée entre CO2 et température. Chaque chose en son temps.
biased
C'est l'histoire d'une renaissance. Longtemps délaissée au profit de la zoologie, l'étude des plantes et des arbres connaît un regain d'intérêt inédit en laboratoire comme en librairie. Les scientifiques découvrent que, sous leur apparente simplicité, les végétaux cachent une intelligence et des talents d'adaptation extrêmement complexes. Mieux vaut tard que jamais : l'humanité a beau conquérir la planète, avec ses villes à perte de vue et son réseau tentaculaire de routes commerciales, elle ne pèse finalement que 0,01 % de tout le poids de la vie sur Terre, appelé biomasse. Même l'ensemble des animaux (0,4 %), elle reste loin, très loin de la domination du monde végétal (82 %). "C'est lui le vrai moteur de la vie sur la planète, or nous l'avons complètement oublié", souligne Stefano Mancuso, biologiste italien de renommée mondiale. En s'intéressant de plus près à ces organismes verts, la recherche révèle l'étendue insoupçonnée de leurs sens. Qui pourrait croire par exemple qu'une plante peut voir ? "Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle arrive à percevoir son environnement en analysant la lumière reçue", affirme Elzbieta Frak, de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra/URP3F/université de Poitiers). Bien sûr, elle ne possède pas d'yeux comme nous, mais une multitude de cellules sensibles à la lumière." Celles-ci produisent l'énergie vitale de la plante, grâce à la fameuse réaction de photosynthèse. Enfin, pas seulement. "Chaque rayon de soleil a une composition de couleurs très spécifique : s'il traverse une couche de végétaux, son spectre est modifié et devient un signal d'information sur les alentours", précise la chercheuse. Au sein des cultures agricoles, la question de la lumière perçue sous le couvert végétal est essentielle à la croissance précoce des plantes. Collection Watier/Maxppp La scientifique mesure ces variations, relevées essentiellement dans les teintes rouges, grâce à un système électronique de bras articulé bardé de capteurs. Il a été expérimenté pour la première fois en plein champ à Toulouse, en 2017, au sein de cultures de blé et de pois. L'appareil permet de comprendre comment une jeune plante module sa croissance en fonction de ce qu'elle voit, anticipant la compétition pour la lumière. "Si elle détecte une forte proximité de concurrentes, alors elle poussera avec moins de ramifications et va grandir en hauteur, allonger ses feuilles, afin d'optimiser son ensoleillement, détaille Elzbieta Frak. Ces informations lui servent à adapter sa morphologie pour vivre plus longtemps : on oublie souvent que les végétaux, eux, ne peuvent pas se déplacer vers un meilleur environnement !" Pour survivre, les plantes utilisent aussi d'autres mécanismes qui semblaient, jusqu'ici, réservés aux organismes dotés d'un cerveau. Comme la mémoire, ou l'apprentissage. Le mimosa pudique, surnommé "sensitive", s'avère très doué pour cet exercice. Les jardiniers en herbe s'amusent de sa capacité à rétracter délicatement ses feuilles au moindre contact. En examinant cette propriété, Stefano Mancuso a fait une découverte étonnante. Stefano Mancuso, à l'origine du concept de "neurobiologie végétale", se passionne pour l'étude du monde végétal et ses capacités insoupçonnées. PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP "Nous étions curieux de savoir si ces plantes étaient susceptibles de se souvenir d'un stimulus inoffensif déjà éprouvé et de le différencier d'un autre", écrit le professeur de l'université de Florence dans son dernier ouvrage, La Révolution des plantes (Albin Michel). Il raconte les avoir soumises à deux tests. D'abord, les faire chuter de 10 centimètres de hauteur, à répétition. Les premières fois, la sensitive replie ses feuilles, avant de les maintenir ouvertes les fois suivantes. Simple fatigue ? La réponse vient au second test : soumises à des secousses horizontales différentes, les mêmes feuilles se referment aussitôt. Elles ont pris de la graine en jugeant les premières sensations sans danger, mais se méfient des nouvelles.
true
Richard Siegmund Lindzen est un physicien de l’atmosphère américain connu pour son travail sur la dynamique de l’atmosphère, les marées atmosphériques, et la photochimie de l’ozone. Il a publié plus de 200 articles scientifiques et livres. De 1983 jusqu’à sa retraite en 2013, il a été Professeur de Météorologie, et titulaire de la chaire Alfred P. Sloan, à l’Institut de Technologie du Massachusetts. Il a été l’un des principaux auteurs du chapitre 7, « Physical Climate Processes and Feedbacks », du troisième rapport d’évaluation sur le changement climatique du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Il a critiqué le consensus scientifique sur le changement climatique et ce qu’il appelle « l’alarmisme climatique ». En mai 2018, le Professeur Lindzen a été interrogé par M. Grégoire Canlorbe, à la demande de l’Association des Climato-réalistes. Grégoire Canlorbe : Vos premiers travaux ont porté sur la photochimie de l’ozone, l’aérodynamique de l’atmosphère moyenne, la théorie des marées atmosphériques, et les ondes planétaires. Comment présentez-vous au profane les nombreuses découvertes scientifiques dont vous êtes responsable dans ces domaines ? Richard Lindzen : Mon travail consiste principalement à « expliquer » plutôt qu’à « découvrir », et je doute que mes réalisations signifient beaucoup pour les profanes. En ce qui concerne mes premiers travaux, j’ai fourni l’explication de l’oscillation quasi-biennale (OQB) de la stratosphère tropicale. Ce phénomène fait référence au fait que entre 16 et environ 30 km d’altitude sous les tropiques, le vent souffle d’est en ouest pendant environ un an, puis s’inverse et souffle d’ouest en est pendant environ une autre année. J’ai aussi trouvé la solution d’une vieille question sur les oscillations de marées observées sur la pression atmosphérique en surface. Pour les marées qui dérivent de l’attraction gravitationnelle de la Lune, on sait depuis Newton que la principale période devrait en être de 12 heures lunaires. Mais à la surface de la Terre, la pression atmosphérique oscille surtout avec une période de 12 heures solaires, et ce, alors que le forçage par le soleil est essentiellement d’origine thermique et donc de période 24 heures. La question était donc : pourquoi cette marée observée est-elle semi-diurne et non pas diurne ? J’ai démontré que sur presque toute la surface de la Terre les marées diurnes étaient piégées et donc supprimées. Autre point intéressant : à la mésopause (vers 85 km) le pôle en hiver est le plus chaud et le pôle en été le plus froid. J’ai montré que c’est provoqué par le déferlement de vagues à petite échelle venant du dessous. Le comportement de l’atmosphère et des océans fournit beaucoup d’énigmes tout à fait intéressantes, et j’ai toujours pris plaisir à étudier ces énigmes. Grégoire Canlorbe : Vous avez suscité des réactions véhémentes, en mettant en lumière la futilité des affirmations popularisées sur l’augmentation des sécheresses, des inondations, des ouragans, des tornades, de la hausse du niveau de la mer, et autres événements extrêmes. Même un réchauffement modeste, dites-vous, ne devrait pas être considéré comme une menace réelle pour la santé humaine et l’agriculture. Pourriez-vous nous rappeler les données invalidant les scénarios catastrophiques sur le climat ? Richard Lindzen : Je dois souligner que je ne fais pas beaucoup de travail dans ces domaines, et je ne pense pas non plus que la réaction « véhémente » soit principalement liée à mes déclarations concernant les événements extrêmes. L’historique des événements tels que sécheresses, inondations, ouragans, tornades, et les extrêmes de température est enregistrée par des organismes officiels comme la NOAA, et ne montre aucune augmentation systématique. En vérité, certains de ces événements, comme les ouragans, semblent même diminuer. Ces tendances ont été documentées par R. Pielke Jr., et même le GIEC a reconnu l’absence de liens significatifs avec le réchauffement. J’ai occasionnellement noté que théoriquement, un climat plus chaud pourrait être caractérisé par une réduction de l’écart entre les températures extrêmes. Les spéculations tendant à attribuer au changement climatique les extrêmes météorologiques actuels (ainsi que d’autres phénomènes allant de l’obésité à la guerre civile syrienne), prêtent à sourire. Les adeptes de « l’hystérie climatique », qui pour la plupart ne sont pas des scientifiques, se rendent compte que les prévisions à longue échéance produites par des modèles inadéquats ne sont pas de nature à inciter les gens à mettre fin à la société industrielle moderne. Ils essaient donc d’affirmer que les conséquences du réchauffement climatique sont déjà perceptibles. Bien sûr, le réchauffement qui s’est produit au cours des 200 dernières années environ, est trop faible pour avoir été un facteur déterminant. Mais la réalité objective importe peu quand il s’agit de propagande, lorsque la répétition de slogans peut effectivement venir altérer la perception du réel. La question de l’élévation du niveau de la mer est légèrement différente. Les partisans de l’alarmisme climatique ont depuis près de 40 ans bien compris que l’élévation massive du niveau de la mer et les inondations côtières fourniraient d’excellents exemples par l’image des dangers auxquels les gens sont exposés. Un réchauffement de quelques degrés est beaucoup moins efficace pour effrayer les gens. Bien sûr, les données marégraphiques soigneusement analysées montrent que le niveau de la mer a augmenté d’environ 20 cm par siècle pendant les deux derniers siècles (sans aucun signe d’accélération jusqu’à présent). L’affirmation selon laquelle cette augmentation s’accélère est très subtile. Les marégraphes ne mesurent pas réellement le niveau de la mer; ils mesurent en réalité la différence entre le niveau des terres et celui de la mer. Dans de nombreuses stations, le premier terme de la différence est beaucoup plus important que le deuxième. Pour estimer le niveau de la mer, il faut donc se limiter à des sites stables sur le plan tectonique. Depuis 1979, on mesure directement le niveau de la mer en utilisant des satellites. Cependant, la précision de ces mesures dépend essentiellement de facteurs tels que la forme précise de la Terre. Alors que les satellites montrent des taux légèrement plus élevés que les marégraphes, l’imprécision de la mesure rend cette différence incertaine. Les alarmistes acceptent donc les données relevées par les marégraphes jusqu’en 1979, puis supposent que les données satellitaires sont correctes après cette date, et en déduisent que la différence entre les deux types de mesure constitue une « accélération ». Ils postulent ensuite que l’accélération se poursuivra, ce qui conduit à d’importantes hausses du niveau des mers d’ici la fin de ce siècle. On a peine à imaginer que des arguments aussi spécieux seraient acceptés dans d’autres domaines de la science. Professeur Richard Lindzen (au milieu), et sa femme Nadine, en compagnie de Grégoire Canlorbe, à Paris en Mai 2018 Grégoire Canlorbe: Il est communément admis que les augmentations de température suivent la hausse des niveaux de CO2 atmosphérique – et non l’inverse. À cet égard, les émissions de combustibles fossiles sont facilement considérées comme l’origine la plus plausible des niveaux de CO2 croissants contemporains. Remettez-vous ce dogme en question ? Richard Lindzen : Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous dites. Effectivement, l’augmentation du CO2 doit provoquer un certain réchauffement, mais l’augmentation de la température peut également augmenter le CO2 (par exemple, le CO2 suit la température pendant les cycles de glaciation). Cela dit, il n’est pas déraisonnable de prétendre que les augmentations de CO2 observées au cours des deux derniers siècles sont principalement dues aux émissions de combustibles fossiles, à la production de ciment, et aux changements dans l’utilisation des sols (c’est-à-dire, les activités humaines). La question est donc de savoir si cette augmentation du CO2 peut produire une grande partie du changement climatique ? Les augmentations de CO2 ont caudé une perturbation d’environ 1% dans le bilan énergétique de la Terre. Cet impact était d’une moindre intensité avant 1960 environ, si bien que presque personne (y compris le GIEC) ne prétend que l’impact était significatif avant cette date. Même un changement de 1% n’est pas supérieur à ce qui est naturellement produit par des changements relativement faibles dans la couverture nuageuse ou les circulations océaniques qui transportent toujours de la chaleur vers et depuis la surface de la Terre. Il faudrait par l’observation constater des changements depuis 1960 qui ne pourraient pas être expliqués autrement. Selon le GIEC, les modèles montrent qu’il n’y a rien en dehors de l’influence humaine qui puisse expliquer le changement climatique, mais cela est contredit par les observations. Le réchauffement de 1919-1939 a été presque identique au réchauffement de 1978-1998. De plus, il y a un ralentissement, voire une quasi stagnation du réchauffement depuis 1998. Ces deux constatations impliquent qu’il y a à l’œuvre un mécanisme au moins aussi fort que le réchauffement induit par l’activité humaine. Grégoire Canlorbe : Vous avez été le fer de lance de l’hypothèse « iris », selon laquelle l’augmentation de la température de la surface de la mer sous les tropiques entraîne une réduction des cirrus et donc une augmentation des fuites de rayonnement « thermique » infrarouge depuis l’atmosphère terrestre. Après près de deux décennies de polémique, comment évaluez-vous votre théorie ? Richard Lindzen : Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous entendez par « fer de lance ». En 2000, j’ai publié une étude sur le comportement des cirrus de niveau supérieur dans les tropiques en fonction de la température de surface (avec deux collègues de la NASA). Comme vous le notez, nous avons constaté que la couverture spatiale des cirrus tropicaux (résultant de la désintégration des cumulus profonds) diminue avec la température, et que cet effet était suffisant pour annuler la rétroaction de la vapeur d’eau, communément admise, qui est essentielle aux prévisions d’une sensibilité climatique élevée. Il s’est immédiatement ensuivi une série d’articles qui critiquaient notre travail. Chacune de ces critiques était facile à écarter, et nous l’avons fait dans des réponses qui ont été publiées. Cependant, les articles suivants se référaient inévitablement à notre article comme ayant été « discrédité », sans jamais mentionner nos réponses à la critique. Cependant, le fait que les cirrus tropicaux de niveau supérieur se rétrécissent avec l’augmentation de la température de surface a été confirmé dans plusieurs articles ultérieurs. De surcroît, comme la rétroaction de la vapeur d’eau n’est pertinente qu’en l’absence de cirrus de niveau supérieur, on ne peut séparer « l’effet iris », de la rétroaction de la vapeur d’eau. La rétroaction combinée est plus précisément appelée rétroaction à ondes longues (c’est-à-dire infrarouge), et des mesures directes confirment que cette rétroaction est nulle ou même négative. Il est intéressant de noter qu’il existe un problème appelé « Le paradoxe du jeune soleil faible ». Cela fait référence au fait qu’il y a environ 2.5 milliards d’années, la constante solaire était d’environ 30% inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui, mais tout indique que le climat n’était pas très différent du climat actuel. Mon élève, Roberto Rondanelli, et moi-même avons montré que l’explication la plus simple était « l’effet iris ». En résumé, « l’effet iris » semble toujours éminemment plausible. Grégoire Canlorbe : Dans le domaine de la sociologie de la connaissance scientifique, une affirmation intrigante de votre part est que l’eugénisme offre le parallèle historique le plus étroit avec la théorie du réchauffement climatique anthropique. Pourriez-vous développer ? Richard Lindzen : Je ne sais pas si c’est le parallèle le plus étroit. Cependant, il y a certainement des parallèles, et je les ai décrits en détail dans un document comparant les deux sujets sous l’angle de la question de l’eugénisme telle qu’elle s’est posée aux États-Unis pendant les années 1920 à 1930. ((1996) Science and politics: global warming and eugenics. in Risks, Costs, and Lives Saved, R. Hahn, editor, Oxford University Press, New York, 267pp (Chapter 5, 85-103).). Des objectifs politiques étaient sous-jacents aux deux questions : le contrôle du secteur de l’énergie pour la théorie du réchauffement anthropique, et l’immigration pour l’eugénisme. Au début des années 1920, il a été soutenu aux États-Unis que l’Amérique subissait une épidémie de faiblesse intellectuelle due aux immigrants de l’Est et du Sud de l’Europe. En ce qui concerne la théorie du réchauffement anthropique, une description hautement simplificatrice de l’effet de serre a été avancée comme base scientifique ; en ce qui concerne l’eugénisme, une image similairement ultra-simplifiée de l’hérédité d’un seul gène a été employée. Dans les deux exemples, de nombreuses personnalités ont approuvé la théorie , affirmant que la science était établie et, dans les deux cas, la communauté scientifique ne s’y est pas opposée. La panique sur les implications « génétiques » de « l’épidémie de débilité » a conduit à l’Immigration Restriction Act de 1924 qui a fermé les portes de l’Amérique à de nombreuses personnes fuyant les Nazis. Grégoire Canlorbe : Dans une lettre médiatisée que vous avez écrite au Président Trump, vous l’avez exhorté à se retirer de la convention des Nations Unies sur le changement climatique. Pensez-vous que le battage médiatique autour du changement climatique causé par l’homme se soit avéré un simple outil de propagande pour développer, sur la base de l’ONU, un gouvernement mondial avec un agenda malthusien – comme de nombreuses voix de la Droite semblent s’en inquiéter ? Richard Lindzen : En fait, le battage médiatique entourant le changement climatique causé par l’homme sert plusieurs programmes politiques (dont la gouvernance mondiale), mais ce n’est que l’un d’entre eux. Comme je l’ai souligné il y a de nombreuses années, presque tous les groupes y ayant un intérêt , sauf celui du grand public, ont compris comment tirer profit de cette question. Ironiquement, ces groupes d’intérêt comprennent l’industrie des combustibles fossiles. Grégoire Canlorbe : Le Président français Emmanuel Macron a fermement appelé de ses vœux l’action contre le changement climatique, désireux de mener la résistance contre la politique climato-réaliste de Trump – ainsi que son nationalisme économique et ses positions de politique étrangère. Envisagez-vous un recul de l’ère Trump pour le monde ? Richard Lindzen: Encore une fois, je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous demandez. Le soutien idiot de cette question par des gens comme Macron, Merkel, et le Pape François a peu d’impact aux États-Unis. Je soupçonne la plupart des gens ordinaires de réaliser qu’il s’agit d’un faux problème, et il est clair aux États-Unis que le manque d’intérêt de Trump pour cette question ne lui a pas posé de problème politique. Grégoire Canlorbe : La croyance en la nécessité de réguler les émissions de carbone (pour empêcher le réchauffement climatique) est souvent considérée comme une revivification séculaire du Paganisme. Pourtant, les nations survivantes du monde païen classique sont généralement celles qui ne croient pas en le péché de l’homme envers la nature – et qui échappent à cette religion totalitaire qu’est l’écologisme dur. Ni la Chine ni l’Inde n’endossent de manière substantielle l’alarmisme climatique, encore moins la dénucléarisation et l’énergie verte. Comment vous l’expliquez-vous ? Richard Lindzen : Il est probablement inexact de décrire la Chine et l’Inde comme païennes. Cependant, des facteurs tels que l’effondrement de la prééminence du christianisme en Occident ont ouvert la voie à d’autres bases pour la croyance et la vertu. Je dois admettre que je ne pense pas que remplacer les « Dix Commandements » par « surveiller son empreinte carbone » ait beaucoup de d’avenir à long terme. Grégoire Canlorbe : Un débat ancestral porte sur la question de savoir si les mathématiques ne sont qu’un outil pour connaître la réalité physique, ou se réfèrent à une dimension suprasensible au-delà des atomes et du vide. Vous avez été physicien de l’atmosphère toute votre vie durant, et vous êtes passé maître dans l’élucidation des défauts des modèles climatiques mathématiques : quel est votre sentiment sur la question ? Richard Lindzen : Les mathématiques sont le langage des sciences physiques, et non la simple utilisation d’algorithmes arbitraires. Telle est actuellement à peu près la situation avec la modélisation du climat. Des algorithmes sont utilisés, mais qui ne représentent pas une résolution valide des équations sous-jacentes. Les modèles manquent de résolution pour représenter les aspects fondamentaux de la nature – dont certains sont insuffisamment compris au point même que l’on ne sache même pas quelles équations utiliser. Grégoire Canlorbe : Merci pour votre temps. Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez ajouter? Richard Lindzen : Il y a beaucoup de choses que j’aimerais ajouter, mais vos lecteurs peuvent facilement les trouver dans mes publications.
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Avant la chute de l’astéroïde qui a provoqué l’extinction des dinosaures et d’autres espèces, notre planète avait déjà été déstabilisée par d’importantes émissions de CO2, ont conclu des scientifiques après leur étude de fossiles. Une émission importante de gaz carbonique a engendré une acidification des océans avant la disparition des dinosaures, affirment les scientifiques Benjamin Linzmeier et Andrew Jacobson de l’université Northwestern de Chicago. L’étude réalisée par les scientifiques américains, publiée dans la revue Geology, montre que les organismes vivants lors de cette période ont drastiquement changé à cause d’un flux important de carbone dans l’eau océanique. «L'impact de l'astéroïde coïncide avec une instabilité préexistante du cycle du carbone», conclut Andrew Jacobson. Les auteurs de la recherche notent que l’émission de C02 aurait été due à l’activité des volcans dans la région des trapps du Deccan, dans l’actuelle Inde, durant des milliers d’années. Bien que la découverte des chercheurs concerne le passé, elle peut néanmoins offrir une information pertinente, car aujourd’hui, comme dans le passé, nous assistons à une augmentation du gaz carbonique dans l’atmosphère. En conséquence, la recherche permettrait de prédire comment va se dérouler le changement climatique actuel. «Dans une certaine mesure, nous pensons que les anciens phénomènes d'acidification des océans sont des indicateurs de ce qui se passe actuellement avec les émissions anthropiques de CO2», souligne Andrew Jacobson. Bon Voyage Central America - Voyages sur mesure dans le Monde Maya Guatemala Belize Mexique Honduras El Salvador Nous sommes une agence de voyage locale franco-guatémaltèque située dans la ville d'Antigua au Guatemala. Fondée en 2008, nous essayons de transmet...
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Atmosphère, atmosphère… On se focalise souvent sur l’atmosphère lorsque l’on aborde le sujet des émissions de CO2, au risque d’oublier deux autres acteurs clés de la machine climatique : la biomasse et l’océan. Ils captent à eux deux plus de 50 % des quelque 40 milliards de tonnes (Gt) de CO2 émises par les activités humaines. L’océan nous aide, car en absorbant du CO2, il limite l’augmentation de l’effet de serre. Mais au rythme auquel vont les émissions humaines, c’est à ses risques et périls : le CO2 absorbé entraîne une acidification de ses eaux, un danger majeur pour les écosystèmes. Pour comprendre les mécanismes complexes qui entrent en jeu, suivons ce que deviennent les molécules de dioxyde de carbone une fois absorbées par les océans. Le CO₂ émis par les activités humaines se répartit entre l’atmosphère, les écosystèmes végétaux et les océans. Ici, le devenir du CO₂ sur la décennie 2008-2017. CDIAC ; NOAA-ESRL ; Houghton and Nassikas 2017 ; Hansis et al 2015 ; Le Quéré et al 2018 ; Global Carbon Budget 2018, CC BY-NC-ND Des échanges gazeux actifs entre l’air et l’océan Nous avons tendance à considérer l’océan et l’atmosphère comme deux entités bien distinctes. Cette séparation cache un phénomène important : les échanges gazeux. En effet, les gaz présents dans l’atmosphère, dont le CO2 et l’oxygène, sont solubles dans l’eau. L’équilibre océan-atmosphère (1) entraîne la dissolution du CO₂. Une fois le carbone hydraté (2), il s’équilibre avec différentes espèces acido-basiques (3) : de chaque côté des doubles flèches, il y a trois oxygènes (O), un carbone (C) et deux hydrogènes (H) et l’équilibre est respecté. Guillaume Paris, Author provided Dans l’eau, le CO2 dissout s’hydrate en acide carbonique (H2CO3). Celui-ci, acide, s’équilibre ensuite avec les ions bicarbonates (HCO3⁻) et carbonates (CO32⁻) déjà présents dans l’eau de mer. C’est là qu’intervient une propriété chimique clé qui contrôle l’acidité de l’océan : l’alcalinité, liée aux éléments apportés notamment par l’altération des continents. Ceux-ci contrebalancent l’acidité provenant de l’acide carbonique (donc du CO2). Grâce à l’alcalinité, l’océan est légèrement basique : son pH moyen est d’environ 8 (le pH quantifie l’acidité d’un milieu, acide si son pH est inférieur à 7, basique s’il est supérieur). À un pH de 8, la majorité du carbone inorganique (par opposition au carbone organique présent dans la matière vivante) se présente sous forme d’ions bicarbonates. C’est donc sous cette forme que le CO2 se retrouve stocké dans l’eau de mer. Brassages des eaux sous-marines Le CO2 est dissout en surface mais n’y reste pas. Il est entraîné par les eaux, soumises aux grands courants océaniques comme la circulation dite thermohaline. Au niveau des pôles, les eaux froides et denses se chargent en CO2 et plongent dans les profondeurs, entraînant le carbone dissout. Mais les eaux profondes finissent par remonter, entraînant avec elles du CO2. On estime que le CO2 absorbé remonte à la surface des océans en moyenne 1 000 ans plus tard, le temps qu’il faut pour « mélanger » l’océan. Néanmoins, tout le CO2 ne remonte pas à la surface. Une partie est prélevée par le phytoplancton et les algues pour fabriquer leur matière organique par photosynthèse. Si, à leur mort, ces organismes sédimentent au fond de l’océan, ils transfèrent du carbone organique, donc du CO2, de l’atmosphère vers les sédiments. Il y restera alors stocké sur des échelles de temps supérieures à 100 000 ans. C’est ce qu’on nomme la pompe biologique. Par ailleurs, de nombreux organismes marins comme les coraux ou les coquillages fabriquent des coquilles ou des squelettes en calcaire. Chimiquement, le calcaire est du carbonate de calcium (CaCO3). Sa synthèse nécessite donc du carbonate (CO3⁻), et prélève ainsi du carbone dissout hors de l’océan. Lorsque ces organismes meurent, le calcaire s’accumule lui aussi dans les sédiments et stocke ainsi du CO3⁻, donc du CO2, sur le long terme : c’est la pompe à carbonate. Ces deux pompes naturelles libèrent ainsi de la « place » pour que l’océan puisse absorber davantage de carbone. Le CO2 atmosphérique en excès et les perturbations climatiques associées pourraient ainsi se résorber peu à peu au fil des millénaires… mais les sociétés humaines et les écosystèmes ne s’inscrivent pas dans des temps aussi longs. De plus, les océans ne pourront pas continuer à absorber autant de CO2 qu’aujourd’hui. Tout d’abord, plus la température des eaux va augmenter, à cause du réchauffement climatique, moins elles pourront absorber de CO2. Ensuite, la pompe biologique a besoin de nutriments pour fonctionner, et ceux-ci vont devenir un facteur limitant par rapport aux quantités CO2 disponibles. Enfin, la formation des carbonates est mise en danger par l’acidification des eaux. L’acidification des océans met en péril les squelettes calcaires des coraux et les autres biocalcificateurs. Oleksandr Chub/Shutterstock, CC BY-NC-ND Les océans de plus en plus acides Émettre du CO2 dans l’atmosphère revient en effet à ajouter de l’acide (carbonique) dans l’océan. Or l’acidification océanique a des conséquences dramatiques pour toutes les espèces qui fabriquent des coquilles ou des squelettes en carbonate de calcium, « attaqués » par les acides. Les coraux, les foraminifères, les coccolithophoridés (microalgues qui font partie du plancton) et bien d’autres espèces encore en souffrent. Cette acidification participe au blanchiment des coraux, complique l’ostréiculture ou la mytiliculture et perturbe fortement les écosystèmes marins. Or le passé nous renseigne sur les dangers encourus lorsque les ajouts de CO2 dans l’atmosphère et donc dans l’océan sont trop rapides pour être contrebalancés par l’altération des continents. Ce fut le cas lors d’un évènement survenu voilà environ 55 millions d’années, le réchauffement du Maximum Thermique du passage Paléocène-Éocène (PETM). Cet évènement est associé à une émission massive, naturelle, de gaz à effet de serre vers l’atmosphère (méthane et CO2) : 10 000 Gt de carbone (GtC) ont été émises en moins de 50 000 ans, avec des pics estimés à 0,6 GtC/an. Des auteurs ont récemment estimé que le pH a ainsi baissé de 0,3 unités pendant 60 000 ans, que l’accumulation de carbonates a diminué de 50 % alors que la température de surface a augmenté de 5°C ! Il a fallu attendre ensuite plus d’une centaine de milliers d’années pour que l’altération des continents aide l’océan à retrouver son pH initial. Autant dire beaucoup plus long que la durée de vie de nos sociétés. À lire aussi : Le CO₂, une histoire au long cours chamboulée par les sociétés industrielles Trop de CO2 émis, trop rapidement À l’heure actuelle, le taux d’émission de CO2 par les humains est de l’ordre de 10,9 GtC (ou 40 Gt de CO2) par an, soit 15 fois plus rapide que le pic du PETM. La teneur atmosphérique en CO2 est passée de 280 ppm avant 1850 à 410 ppm en 2018, la température à la surface des continents montre déjà une hausse de 0,9°C entre 1901 et 2012, et le pH de l’océan de surface a baissé de 0,05 unités entre 1980 et 2010. La hausse des émissions de CO2 a donc de multiples conséquences. Et nous n’avons pas parlé ici de la baisse de la concentration en oxygène dissout dans l’océan due au réchauffement des eaux, générant notamment des zones mortes aux écosystèmes particulièrement perturbés. L’océan et la vie qu’il abrite, complexe et fragile, figurent parmi les nombreuses victimes des changements induits par les humains. Si nous voulons le préserver – et par là même préserver nos sociétés, compte tenu des services innombrables que l’océan rend à l’humanité – l’urgence est réelle à agir pour limiter nos émissions de C02.
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Faut-il se masquer pour mieux respirer? Dans un communiqué de mai 2018, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) "estime à 7 millions environ le nombre de personnes qui meurent chaque année à cause de l'exposition aux particules fines contenues dans l'air pollué". Des cardiopathies, cancers du poumon, bronchopneumopathies chroniques obstructives ou encore infections respiratoires, notamment la pneumonie, sont bien plus courants chez l'homme quand il est exposé à la pollution de l'air. Face à cette situation préoccupante, fin 2015, les ministères de la Santé et du Travail ont saisi l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) pour évaluer l'efficacité des masques antipollution, afin de limiter la contamination des Français, dans l'Hexagone comme à l'étranger. Mais dans un rapport rendu ce mercredi, l'ANSES révèle "l'insuffisance de données disponibles attestant d'un bénéfice pour la santé" des masques "dits antipollution". Il existe actuellement différents niveaux de protection des masques antipollution, dits aussi filtrant: FFP1, FFP2 et FFP3. La dernière catégorie, la plus protectrice, est censée ne pas laisser pas passer les particules fines. L'Agence de sécurité sanitaire note que si les masques antipollution vendus sur le marché français protègent des particules présentes dans l'air ambiant, ce n'est pas le cas "contre les substances présentes à l'état gazeux". Or la pollution de l'air ambiant se caractérise par un mélange complexe de particules et de gaz. L'ANSES pointe surtout du doigt des différences entre les tests effectués en laboratoires, et la réalité de l'utilisation du masque: "l'efficacité diminue du fait d'un mauvais ajustement au visage, du manque d'entretien du masque, de l'absence d'information et de formation de l'utilisateur, d'une activité physique intense, etc." Certains secteurs utilisant des masques, comme celui du bâtiment, pour éviter que les ouvriers respirent les poussières, sont formés au port de cette protection, mais "cette maîtrise n'est pas garantie pour le grand public" assure l'ANSES. L'ANSES note par ailleurs que la non-protection d'un masque (pour cause de mauvaise utilisation par exemple) peut faire courir des risques à ceux qui le portent. Cela peut entraîner "un faux sentiment de protection à son utilisateur" et conduire "éventuellement à une surexposition aux polluants dans l'air". L'individu ne prend en effet plus garde aux consignes de protection en cas de forte pollution de l'air s'il se croit protégé. Pour réellement résoudre les problématiques de santé liées à la pollution de l'air, l'ANSES conseille "d'agir à la source". Tout d'abord en essayant de limiter la pollution de l'air, ensuite en améliorant l'information à ce sujet. Elle préconise également de lancer des réflexions afin "d'élaborer des valeurs limites d'exposition professionnelle spécifiques à la pollution de l'air ambiant".
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La France compte déjà plus de 6500 éoliennes et il est prévu d’en installer au moins 20 000 dans les prochaines années. Par delà le scandale économique et démocratique, on découvre dans cet essai que la France est en passe de subir un véritable massacre de ses paysages sans le plus petit avantage pour l’intérêt général. Jean-Louis Butré est ingénieur. Après avoir aidé à la création de plusieurs associations dans la Vienne et les départements limitrophes, il a a créé la FED (Fédération Environnement Durable) pour fédérer toutes les forces qui luttent contre l’éolien. Son livre « L’éolien, une catastrophe silencieuse, vers un France défigurée » (Editions du Toucan) comporte un avant-propos de Valéry Giscard d’Estaing et une préface de Claude Allègre. (Les titres et les références de bas de page ont été ajoutés par l’auteur de ce résumé) En 2015 les 6 500 éoliennes en service ont fourni moins de 3,9 % de l’électricité de la France. Pour atteindre l’objectif de fixé par la loi de transition énergétique[1], il faudrait 20 000 éoliennes terrestres [2] de 2 à 3 Mégawatts pour produire moins de 15% de notre électricité. Cela nécessitera un investissement de 42 milliards d’euros, auquel il faudra rajouter 40 milliards pour le renforcement du réseau et la construction de plusieurs dizaines de centrales thermiques (gaz ou charbon) pour assurer la régularité de l’approvisionnement en énergie. Pour assurer à tout instant l’équilibre offre-demande le réseau doit disposer de réserves de production rapidement mobilisables. Il peut s’agir des barrages hydrauliques (notamment en hiver), mais le plus souvent ce sont des centrales thermiques fortement émettrices de CO2 et des turbines à gaz qui sont mobilisées. D’autre part il faudra construire un réseau électrique gigantesque pour raccorder les millions de nouveaux producteurs. Les investissements annoncés sont colossaux : le rapport Derdevet [3] (février 2015) les évalue dans les dix prochaines années (au niveau européen) à 500 milliards d’euros pour la distribution et 200 milliards pour le transport. Aucun parc éolien offshore n’est actuellement en service en France, mais huit parcs dits « posés » (avec des fondations sous marines) sont à ce jour en projet : Le Tréport, Fécamp, Courseulles, St Brieuc, Groix, La Baule, Yeu-Noirmoutier et Oléron. Les pêcheurs n’en veulent pas : ils évoquent les impacts environnementaux, notamment la détérioration des fonds marins, ou encore l’impact sur la faune et les effets des champs magnétiques sur les poissons. Pour éviter la condamnation de zones de pêche et le massacre de sites des associations se sont créées : le collectif Pulse (Pour Un Littoral Sans Eolienne) animé par Catherine Boutin, vice-présidente de la FED, l’association Robin des Bois (lire leur communiqué de presse [4] du 17 janvier 2013). Un arrêté du 8 juin 2001, communément appelé « arrêté Cochet » fixe le prix auquel EDF est obligé de racheter l’électricité éolienne [5] au prix de 8,2 € le kilowatt-heure. Ce surcoût est ensuite répercuté sur le consommateur via la « Contribution au Service Public de l’Electricité » (CSPE). Quant à l’électricité offshore [6], EDF devra l’acheter à plus de 22 centimes d’euro le kilowatt-heure alors que sur le prix de l’électricité se négocie en dessous de 3 centimes d’euro le kilowatt-heure. Proportionnelle au nombre de kilowatt-heure consommés, la CSPE [7] représente environ 100 euros par Français et par an. Malgré le plus gigantesque parc éolien industriel européen, le vent ne produit que 13% de l’électricité allemande (dont 1% est issu d’éoliennes offshore). La transition énergétique allemande [8] a donné naissance à une énorme prolifération d’éoliennes et de panneaux solaires, de lignes électriques à haute tension, de pylônes et de transformateurs électriques. Ce fiasco a été analysé par le Wall Street Journal [9] selon qui l’Allemagne a dépensé depuis l’an 2000 deux-cents milliards d’Euros pour « verdir » son industrie de l’énergie. Il faut savoir aussi que 50 % de l’électricité allemande est produite avec de la lignite (24%) du charbon (18%) et du gaz (8%). La situation économique d’EDF [10] est fortement dégradée : des fonds propres inférieurs à 20 milliards d’euros, une action en forte baisse (- 66 % depuis 2014), un endettement qui s’est envolé (40 milliards, soit plus de la moitié de son chiffre d’affaire), des retraites non provisionnées évaluées à plus de 60 milliards d’euros, une fusion périlleuse en cours avec Areva qui totalise de son côté 4,8 milliards de pertes. Ces difficultés se sont traduites par la sortie d’EDF du CAC 40 fin 2015, la démission de son directeur financier début 2016, l’abaissement de la note du groupe par l’agence Standard & Poor’s et son déclassement par l’agence Moody’s. Un déclin confirmé par l’annonce au début de l’année 2017 de plusieurs milliers de suppressions de postes à venir. Suprême incohérence, EDF est d’autre part tenue suivant la loi NOME [11] de vendre jusqu’à 25% de sa production à ses concurrents au tarif Arenh (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique) de 0,42 € le kilowatt-heure. Il n’existe pas de plan français national d’implantation des éoliennes, mais des « schémas régionaux du climat de l’air et de l’énergie » (SRCAE). La quasi-totalité du territoire français se trouve ainsi éligible à l’éolien (en dépit du refus de communes, de la fragilité des territoires ruraux et de leur économie touristique). Grâce aux recours déposés avec la participation de la Fédération Environnement Durable, douze de ces schémas régionaux ont été annulés par la justice [12]. Ces sanctions ont toutes été prononcées pour défaut d’évaluation environnementale réalisée préalablement à leur approbation. Depuis plus de dix ans des promoteurs écument la France à la recherche de parcelles de terrain pour y édifier des éoliennes. Les propriétaire n’est pas toujours informé des risques encourus : il signe un bail emphytéotique de 20 ans ou plus, lequel est cessible et nantissable, de sorte que s’il souhaite le récupérer il devra rembourser les dettes du promoteur, tout en restant responsable des nuisances dues au pylône qui ne fonctionne plus. D’autre part, de nombreuses plaintes pour prises illégales d’intérêts par des élus locaux seraient en cours d’examen [13] par la justice. ————————————————————————————————————————————– [1] Décret no 2016-1442 du 27 octobre 2016 relatif à la programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit pour l’éolien terrestre : 15 GW d’ici à fin 2018 et entre 21,8 GW (option basse) et 26 GW d’ici à fin 2023 contre 10,3 GW à fin 2015. Ce sont 1,5 GW qui doivent être raccordés chaque année à partir de 2016. [2] Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), cet objectif implique l’installation sur notre territoire de 14 300 éoliennes terrestres et 2 200 éoliennes en mer contre 6 500 aujourd’hui. Cela représente 62 gigawatts au total, soit 5,7 fois plus que la puissance installée en 2016. (http://www.novethic.fr/actualite/energie/energies-renouvelables/isr-rse/le-chiffre-il-faudra-16-500-eoliennes-pour-atteindre-50-de-nucleaire-en-2030-145015.html) [3] Le rapport Derdevet dénonce le manque de coordination européenne sur l’énergie (https://www.euractiv.fr/section/energie/news/le-rapport-derdevet-denonce-le-manque-de-coordination-europeenne-sur-l-energie/) [4] Communiqué de Robin des Bois, 17 Janvier 2013 Après l’étalement urbain, voici l’étalement marin. Les éoliennes offshore exposent la sécurité maritime, les oiseaux, les mammifères marins et les ressources halieutiques à des risques multiples et simultanés, avant la construction (dépollution pyrotechnique), pendant la construction, pendant l’exploitation et en post-exploitation. Les bruits peuvent provoquer des lésions des systèmes auditifs et font fuir les mammifères marins et les poissons. Les pales et les lumières tuent des oiseaux ou des chauve-souris. Avec la construction et le redoublement des parcs éoliens offshore de grande dimension, les effets cumulatifs et transfrontaliers sur la faune marine et aviaire sont redoutés. Les contraintes et les garanties financières de démantèlement restent floues. http://www.robindesbois.org/apres-letalement-urbain-voici-letalement-marin/ [5] Le tarif garanti devrait être remplacé par l’obligation pour les opérateurs éoliens de vendre l’électricité produite sur le marché, l’opérateur éolien recevra ensuite pendant 20 ans une prime pour la différence entre le prix moyen des ventes et un « tarif de référence ». http://ventdecolere.org/actualites/systeme-economique-eolien-france-2017.pdf [6] En mai 2012, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a chiffré à 1,1 milliard d’euros par an à compter de 2020 le surcoût qu’entraînera pour les consommateurs l’installation progressive des 1928 MW de parcs éoliens offshore retenus dans les résultats de l’appel d’offre de 2011, ce qui revient à une augmentation moyenne de 25€ de la facture des consommateurs. (http://controverses.mines-paristech.fr/public/promo13/promo13_G1/www.controverses-minesparistech-1.fr/_groupe1/index9d10.html?page_id=573 ) [7] fixé à 3 €/MWh en 2002, la CSPE s’élève à 22,5€/MWh au 1er janvier 2016. Les taxes sur l’électricité représentent environ un tiers de la facture d’électricité des Français (https://www.fournisseurs-electricite.com/cspe). Au premier janvier 2016, la CSPE a été remplacée par la « Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Electricité » (TICFE). Il ne s’agit plus d’une contribution mais d’une taxe qui abonde le budget de l’État [8] Voir l’article de JL Butré : La transition énergétique allemande, une colossale erreur http://ventsetterritoires.blogspot.fr/2017/03/la-transition-energetique-allemande-une.html [9] https://www.wsj.com/articles/winded-in-germany-1460589766 [10] lire l’article de Jean-Louis Butré : Eoliennes, le suicide de l’EDF (http://www.citoyens-et-francais.fr/2017/12/entretien-jean-louis-butre-eoliennes-le-suicide-d-edf.html) [11] la loi NOME (nouvelle organisation du marché de l’électricité) entrée en vigueur à l’été 2011 qui permet aux concurrents de l’opérateur historique de lui acheter de l’électricité à un prix jugé attractif [12] http://www.puissance2d.fr/Enbref-douzieme-schema-regional-climat-air-energie-annule-par-la-justice,6573 [13] D’après Capital.fr sept condamnations d’élus sont tombées depuis juin 2013 pour prise illégale d’intérêt et recel de prise illégale d’intérêt concernant des installations d’éoliennes. https://www.capital.fr/economie-politique/scandale-des-eoliennes-les-condamnations-d-elus-pour-prise-illegale-d-interets-s-empilent-1038489
biased
Paris, le 19 mai 2009 – Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy, Président de la République française va annoncer sa vision pour la filière bois française. WWF, Greenpeace et les Amis de la Terre l’interpellent : quelle place sera donnée à la lutte contre le commerce illégal du bois ? En effet, la France est un des principaux pays importateur de bois tropicaux, dont 39% est estimé d’origine illégale. C’est ainsi près d’un quart des importations européennes qui proviendraient de l’exploitation illégale des forêts c’est à dire ne respectant pas les lois du pays d’origine. Or ce pillage des forêts participe à la disparition et à la dégradation des dernières forêts naturelles du monde. Il contribue aussi au changement climatique, puisque 20% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la déforestation. Les conséquences sur la biodiversité, mais aussi le bien-être des populations locales, sont immenses. Quant aux Etats concernés, la Banque Mondiale estime qu’ils perdent 15 milliards de dollars chaque année en taxes et revenus. La concurrence déloyale du bois d’origine illégale accentue le dumping social et environnemental qui pénalise toute la filière bois française et récompense les mauvaises pratiques. Le bois et les produits dérivés de bois constituent le deuxième poste de déficit commercial de la France. La France a donc tout intérêt à lutter contre le commerce de bois illégal si elle veut relancer et développer une filière pourtant prometteuse. Les députés européens ont voté le 22 avril dernier pour un renforcement de la proposition de règlementation européenne visant à garantir que seul du bois d’origine légale soit mis sur le marché européen. Il ne reste donc plus aujourd’hui qu’une seule étape : l’adoption de ce règlement au Conseil des Ministres de l’Agriculture. Malheureusement la France ne souhaite pas un règlement trop contraignant. Sans avoir mené les expertises nécessaires, elle juge cette proposition de règlement pénalisant pour les entreprises, alors que nombre d’entre elles ont déjà mis en œuvre des démarches pour tracer et éliminer les produits d’origine douteuse. Sans l’inclusion dans ce règlement de sanctions fortes pour les contrevenants et l’obligation d’une traçabilité des bois des forêts de production jusqu’au consommateur final, le bois illégal –l’un des moteurs de la déforestation- continuera d’abonder en Europe. Ce manque de volonté de la France est contraire à la volonté affichée du Président et du gouvernement de lutter contre la déforestation, les changements climatiques et la perte de biodiversité. Le Président de la République s’était d’ailleurs prononcé lors de son discours de clôture du Grenelle de l’Environnement pour que la France soit dorénavant « à la tête de la politique environnementale européenne, avec la Commission et le Parlement européens… ». Les associations attendent du Président Nicolas Sarkozy un positionnement clair sur ce sujet à la hauteur de ses ambitions, qui pourrait s’intégrer dans un plan de relance de la filière bois ambitieux, promouvant l’utilisation du bois dans un contexte ou les règles seraient respectées par tous.
true
Jeudi 21 février, le gouvernement britannique a annoncé le lancement d’une étude d’expertise sur l’impact des agrocarburants. Cette étude sera conduite par la toute nouvelle Agence britannique sur les carburants renouvelables et portera non seulement sur l’impact immédiat des agrocarburants, mais aussi sur leurs effets dits « indirects ». « Cette décision va dans le bon sens et rejoint l’une des conclusions du Grenelle de l’environnement, déclare Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêt de Greenpeace France. En octobre dernier, la France s’est engagée à revoir ses objectifs en matière d’agrocarburants en fonction de l’étude sur leur bilan écologique et énergétique confiée à l’Ademe. » Aujourd’hui, loin d’être une solution à la question des changements climatiques, les agrocarburants constituent une fausse bonne idée. Un exemple : l’Europe importe de plus en plus d’huile de palme car une grande partie de l’huile de colza qu’elle produit est désormais utilisée pour les agrocarburants. Or, la production d’huile de palme est une cause majeure de déforestation, en Indonésie notamment, ce qui occasionne des émissions catastrophiques de gaz à effets de serre (GES). De récentes études scientifiques montrent que les émissions de GES produites par ces « effets indirects » risquent fort d’annuler les réductions d’émissions de CO2 qu’est censée permettre l’utilisation des agrocarburants, voire même de présenter un bilan globalement négatif. Pour l’heure, l’Union européenne considère que les agrocarburants devront contribuer significativement à l’objectif d’augmentation de la part d’énergie renouvelable d’ici à 2020. Le ministère britannique des transports a indiqué qu’il ne soutiendrait pas le projet de directive européenne en cours de discussion, imposant un objectif d’incorporation de 10 % d’agrocarburants dans le carburant destiné au secteur des transports, si l’impact global des agrocarburants sur la réduction des GES n’était pas prouvé. Le débat nécessaire sur l’intérêt des agrocarburants ne doit pas remettre en cause l’objectif de 20 % d’énergie renouvelable au sein de l’UE à horizon 2020. Cet objectif peut être atteint sans le recours aux agrocarburants et en utilisant des technologies plus efficaces et moins problématiques. Plus d’informations dans la brochure « Changements climatiques, les bonnes et les mauvaises solutions » (page 7)
true
Paris, le 14 décembre 2009 – Alors qu’à Copenhague les négociations patinent, le Président Nicolas Sarkozy reçoit aujourd’hui, à Paris, son homologue indonésien Susilo Bambang Yudhoyono pour évoquer la question de la protection des forêts. Mercredi sont annoncés les chefs d’État du bassin du Congo ainsi que Gordon Brown, le Premier ministre britannique. Greenpeace attend qu’à l’issue de ces réunions parisiennes, la France et le Royaume-Uni précisent enfin quel chiffre ils comptent défendre à Copenhague concernant les financements que les pays industrialisés doivent débloquer pour protéger les forêts sur le moyen et long terme (après 2012). Ils doivent aussi préciser le montant de leur participation à cette enveloppe globale. L’Indonésie doit aller beaucoup plus loin La déforestation est responsable de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. L’Indonésie est le troisième pays émetteur de gaz à effet de serre, du fait de la déforestation. « Les engagements indonésiens ne marquent aucun progrès sur la question de la déforestation. L’Indonésie doit faire beaucoup plus pour la protection de ses forêts, avec le soutien financier des pays industrialisés, explique Jérôme Frignet, en charge de la campagne Forêts de Greenpeace France. Copenhague constitue peut-être la dernière chance de sauver les forêts indonésiennes qui, au rythme actuel, auront quasiment disparu dans quinze ans. » La France : déclarations ambitieuses, engagements trop faibles Dans sa volonté de s’afficher comme un leader de la lutte contre les changements climatiques, le Président français multiplie les initiatives et les rencontres sur les enjeux liés aux forêts : déplacement en Amazonie, réception des chefs d’Etat d’Indonésie et du bassin du Congo cette semaine, etc. Concernant le soutien financier à fournir aux pays en développement, essentiel pour les aider à faire face aux changements climatiques et à relever leurs ambitions à Copenhague, la France vient de chiffrer un engagement à court terme, sur les trois prochaines années. C’est nécessaire mais insuffisant ! « Nicolas Sarkozy fait de beaux discours, mais le compte n’y est pas, reprend Jérôme Frignet. À Copenhague, le véritable enjeu consiste à s’engager sur l’après-2012. Sur les 110 milliards d’euros nécessaires tous les ans, 30 milliards doivent être alloués à la protection des forêts pour que l’objectif « zéro déforestation » soit atteint en 2020. » L’industrie bouge. Qu’attendent les politiques ? Le 10 décembre, Unilever a annoncé qu’il rompait son contrat d’approvisionnement avec Sinar Mas, jugeant le principal producteur d’huile de palme indonésien « impliqué dans des pratiques environnementales inacceptables ». Cette décision fait suite à la sortie d’un rapport de Greenpeace démontrant clairement que Sinar Mas est impliqué dans de la déforestation sauvage (sans permis de déboisement) et dans la destruction de tourbières, dans le plus grand mépris des lois indonésiennes. « Unilever a pris la seule décision qui s’impose sur la base des preuves apportées par Greenpeace contre son fournisseur indonésien, commente Jérôme Frignet. Mais les autorités Indonésiennes ne semblent toujours pas déterminées à empêcher les compagnies comme Sinar Mas de détruire massivement les forêts. » Pour en savoir plus, voir l’appel de Greenpeace « Zéro déforestation » déjà signé par plus de 100 000 internautes sur www.greenpeace.fr/zero-deforestation
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La baisse importante de la pollution de l'air provoquée par les mesures de confinement contre le coronavirus devrait permettre d'épargner 11 000 vies en Europe, selon une étude publiée ce jeudi. Ces mesures ont conduit à un ralentissement massif de l'économie européenne, réduisant la production d'électricité venant du charbon de 40%, et la consommation de pétrole de près d'un tiers. Résultat : une baisse de la pollution de l'air. Les concentrations de dioxyde d'azote (NO2) et des particules fines PM2,5 ont diminué respectivement de 37% et 10%, selon l'étude du Centre de recherche sur l'énergie et l'air (CREA). L'analyse prend en compte les conditions météorologiques, les émissions et les données disponibles concernant l'impact de cette pollution de l'air sur la santé. Les pays qui devraient compter le plus de morts évitées sont l'Allemagne (avec une projection de 2083 décès évités), le Royaume-Uni (1752), l'Italie (1490), la France (1230) et l'Espagne (1081). Cette amélioration de la qualité de l'air pourrait aussi éviter d'autres impacts sanitaires, notamment 6000 nouveaux cas d'asthme chez les enfants et 1900 passages aux urgences pour des crises d'asthme. L'impact des mesures contre le nouveau virus "est similaire ou plus important dans de nombreuses régions du monde", a indiqué Lauri Myllyvirta, auteur principal de l'étude. En Chine par exemple, le NO2 et les PM2,5 ont baissé de 25 et 40% pendant la période la plus stricte de confinement. "Il pourrait donc y avoir encore plus de morts évitées", a-t-il ajouté. La pollution de l'air dans le monde réduit en moyenne de trois ans l'espérance de vie, et provoque 8,8 millions de décès prématurés chaque année, selon une étude publiée le mois dernier. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime ces morts prématurées à 4,2 millions, mais selon des recherches récentes, cela sous-estimerait l'impact des maladies cardiovasculaires. "Notre analyse souligne les bénéfiques énormes que nous pourrions obtenir pour la santé publique et la qualité de vie en réduisant rapidement les énergies fossiles de manière durable", a commenté Lauri Myllyvirta. Ces éléments devraient guider les gouvernements lorsqu'ils mettront en place les plans de relance de leurs économies, a noté Maria Neira, de l'OMS en réaction à cette étude. "Quand nous enlèverons finalement nos masques, nous voulons continuer à respirer un air pur", a-t-elle ajouté, appelant à trouver des moyens "d'alimenter la planète en énergie sans se reposer sur les énergies fossiles".
true
C'est le sommet de la dernière chance, dans le contexte symbolique du cinquième anniversaire de l'Accord de Paris, approuvé le 12 décembre 2015. Les Vingt-sept, réunis en sommet ce jeudi et vendredi, doivent adopter un objectif de réduction de gaz à effet de serre pour 2030. L'UE s'était engagée en 2015 à réduire ses émissions de CO2 d'au moins 40% d'ici 2030 par rapport à 1990, "insuffisant" pour un monde à +2°C, selon le le groupe Climate Action Tracker. La Commission européenne a proposé de relever cet objectif à 55% afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050, suggestion sur laquelle les Etats membres se prononceront donc en fin de semaine, alors que le Parlement européen vise au moins 60%. La voie est étroite mais l'ambition réalisable : "Il y a un an, aucun pays ne bougeait sur la question des ambitions climatiques. C'est tout l'inverse aujourd'hui. En septembre, la Chine a annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone en 2060. Joe Biden s'est engagé à faire revenir les Etats-Unis dans l'Accord de Paris et à fixer à son pays l'objectif de neutralité carbone en 2050", a expliqué à 20 Minutes Neil Makaroff, de la fédération d'ONG Réseau Action Climat. Dans le même temps, le Royaume-Uni, sorti de l'UE, a déjà inscrit l'objectif de neutralité carbone dans sa loi et a annoncé jeudi vouloir réduire ses émissions de 68% d'ici 2030 par rapport à 1990. L'UE n'a cependant dévoilé pour l'instant aucune mesure concrète accompagnant sa feuille de route, qui fera l'objet de propositions soumises aux eurodéputés et Etats membres. Quelques pistes ont néanmoins été évoquées : ce mercredi, l'exécutif européen a annoncé son ambition d'avoir au moins 30 millions de voitures "zéro émission" sur les routes européennes d'ici 2030, tout en doublant à cette date le trafic ferroviaire à grande vitesse, afin de respecter ses engagements climatiques. "Il est nécessaire de réduire de 90% les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports d'ici 2050 pour que l'Europe devienne à cette date neutre en carbone", a rappelé la Commission en présentant sa feuille de route pour une "mobilité durable". Pour y parvenir, Bruxelles entend proposer d'ici l'été prochain un durcissement des normes d'émissions polluantes pour les voitures et camionnettes, avant de s'attaquer d'ici 2022 à celles des poids-lourds : de nouvelles contraintes qui garantiront selon elle que "seuls des véhicules à faibles émissions seront mis sur le marché". Outre l'encouragement à des mesures fiscales - potentiellement dans le cadre d'un marché du carbone renforcé -, la Commission européenne appelle par ailleurs à développer "à grande échelle" les infrastructures de recharge pour voitures électriques et à hydrogène, en construisant 3 millions de points publics de recharge d'ici 2030. "Nos ambitions sont réalistes. Le contexte politique a changé. On voit clairement une prise de conscience aux niveaux politique, industriel et du secteur des transports", a fait valoir lors d'une conférence de presse Frans Timmermans, vice-président de la Commission chargé du climat. "On a des besoins en transports en augmentation, et en même temps, il faut réduire le fardeau environnemental... Il y a déjà des choses simples à changer: il y a par exemple une dizaine de vols par jour entre Bruxelles et Amsterdam, alors qu'il y a le train", a-t-il fait valoir. De fait, Bruxelles prévoit que, d'ici 2030, les transports collectifs sur des trajets inférieurs à 500 km soient impérativement "neutres en carbone"... notamment en transférant davantage de fret et de passagers vers le rail. L'UE entend doubler en dix ans la circulation des trains à grande vitesse et accroître de 50% le fret ferroviaire. Dans le secteur aérien, la Commission mise sur la commercialisation d'avion gros-porteurs sans émissions d'ici 2035. En attendant, elle proposera de réduire les crédits carbone dont dispose le secteur aérien. Des navires "zéro émission" sont eux attendus sur le marché dès 2030. L'ONG Oxfam s'est invitée dans le débat en appelant mardi les dirigeants européens à "placer les principes d'équité et de transition juste au coeur du Green Deal". "Jusqu'à présent, la réduction des émissions de l'UE a coïncidé avec une augmentation des inégalités économiques, laissant les émissions des Européens les plus riches à un niveau inacceptable", a dénoncé l'organisation. Selon une étude menée conjointement avec l'Institut de l'Environnement de Stockholm (SIE), les émissions de gaz à effet de serre des Européens à revenu faible et moyen ont baissé entre 1990 et 2015 : "Alors que les émissions de l'UE liées à la consommation ont diminué d'environ 12%, et que les inégalités de revenus se sont accrues en Europe", les émissions annuelles des 50% les plus pauvres ont baissé de 24%, et celles des 40% de "revenus moyens" de 13%, indique l'ONG. Parallèlement, les émissions des 10% les plus riches ont augmenté de 3%, et celles des 1% les plus riches de 5%. Les 10% des Européens les plus riches ont été responsables de 27% des émissions, soit la même quantité que la moitié la plus pauvre de toute la population de l'UE, selon l'étude. Oxfam souligne que "l'UE doit réduire ses émissions d'au moins 65% d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990" pour respecter l'Accord de Paris de 2015, qui vise à contenir le réchauffement sous les +2°C.
true
C'est potentiellement une très mauvaise nouvelle pour la planète. L'administration du président américain Donald Trump pourrait changer la mission de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique. Cet organisme scientifique, qui travaille sur le réchauffement climatique et les changements qu'il induit, est l'un des plus importants au monde dans ce domaine. Grâce à sa constellation de satellites d'observation de la Terre, il collecte et analyse de nombreuses données scientifiques sur le climat. Malheureusement, ce rôle pourrait être radicalement redéfini dans un futur proche, s'inquiète le New York Times. Actuellement, 5 satellites NOAA sont opérationnels. Le dernier de la série, NOAA-19 (en photo), a été lancé en février 2009. Lockheed Martin/NASA/NOAA Selon le journal américain, le contre-amiral Tim Gallaudet, chef intérimaire de l'agence, a présenté les missions actuelles et futures de la NOAA lors d'une réunion au Département du Commerce. Jusqu'ici, l'agence avait trois attributions principales : Désormais, il s'agira, selon la présentation de Tim Gallaudet : Le "climat", le "changement climatique" et "la protection des écosystèmes" ont donc totalement disparu de cette nouvelle feuille de route, ce qui a inquiété de nombreux scientifiques. Et pour cause, s'il est assez commun que les priorités d'une agence fédérale évoluent lors du mandat d'une nouvelle administration, il est en revanche beaucoup plus rare que ses missions fondamentales soient aussi radicalement modifiées. Carte de l'évolution des températures moyennes relevées sur Terre de 1980 à 2017. NOAA "Il s'agit d'un changement choquant de la mission de l'une des principales agences scientifiques du pays", a par exemple écrit Andrew Rosenberg, le directeur du Centre pour la science et la démocratie à l'Union of Concerned Scientists (UCS), un groupe indépendant de scientifiques et de citoyens. Selon ce scientifique, cadre supérieur de la NOAA, "c'est même une décision nuisible pour notre pays", d'autant que la recherche sur le climat protège déjà l'économie et la sécurité des citoyens américains. "Plus les effets du changement climatique augmentent, plus il devient important de comprendre le changement climatique, ce que les travaux de la NOAA ont montré à maintes reprises", insiste-t-il dans une lettre publique, citant les prévisions des événements extrêmes, "qui s'intensifient dans un monde qui se réchauffe", comme les incendies de forêt et les ouragans de l'an dernier. Photomontage de la NOAA des archétypes du changement climatique : hausse de la température, sécheresse, intensification (probable) des ouragans, augmentation des incendies de forêt et fonte des glaces. NOAA "Où est le climat dans cette présentation ?", s'est de son côté interrogé Kevin Trenberth, expert en climatologie au National Center for Atmospheric Research, interrogé par le New York Times. "Au lieu de protéger et de préserver les écosystèmes, il s'agit de l'exploiter, ajoute-t-il. C'est particulièrement offensant et court-termiste." Face à ces inquiétude, Tim Gallaudet a assuré que sa présentation n'était qu'une ébauche simplifiée. "Il ne s'agissait pas de modifier la mission ou la politique de la NOAA par rapport à ce qu'elle était auparavant, rassure-t-il. Toute interprétation contraire est tout simplement inexacte". Une affirmation confirmée par un scientifique de la NOAA, interrogé anonymement par le journal américain, qui estime que si "le climat n'est pas mis en évidence [dans cette nouvelle feuille de route], il restera un élément fondamental de la mission de la NOAA." Des images de la NOAA montrant du corail en mauvais santé dans le Pacifique. Bernardo Vargas-Angel/NOAA Selon les médias américains, il n'est pas encore clair qu'une telle évolution dans les objectifs de l'agence fédérale puisse se faire sans une intervention du Congrès. En effet, c'est lui qui définit la structure et la mission de l'agence, mais aussi qui vote son budget. Changer l'orientation de la NOAA nécessiterait donc, en principe, un long processus de redéfinition de règles. LIRE AUSSI >> Climat: comment Al Gore avait (presque) tout prévu il y a 11 ans Ce qui est sûr, c'est que le travail de la NOAA sur le changement climatique fait l'objet de vives attaques de législateurs républicains ces dernières années. Donald Trump lui-même ne cache pas son scepticisme vis-à-vis du réchauffement climatique. Le président américain a par exemple nommé Scott Pruitt, un climatosceptique proche de l'industrie des énergies fossiles, à la tête de l'Agence de protection de l'environnement. La température moyenne à la surface en 2016 comparée à la période 1981-2010. NOAA Plus récemment, c'est le sénateur Lamar Smith, républicain du Texas et président de la Commission des sciences, de l'espace et de la technologie de la Chambre des représentants, qui a accusé l'administration Obama et des chercheurs d'avoir manipulé le réchauffement climatique pour "poursuivre un agenda climatique suspect". Pour Kevin Trenbeth, aucun doute, cette tentative d'éliminer le climat de la mission de la NOAA s'inscrit dans la droite lignée des attaques du Congrès (dominé par les Républicain) contre l'agence. Pendant ce temps, le mois de mai 2018 a été déclaré par la NOAA "quatrième le plus chaud" sur la planète depuis le début 1880, confirmant la tendance alarmante de la hausse des températures globales. Dans sa dernière enquête, la NOAA a révélé que le mois de mai 2018 a été le quatrième plus chaud depuis 1880. NOAA
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Il y a quelque chose de pathétique dans les batailles que nous menons, en Europe, pour prendre, à juste titre, notre part de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et du recyclage des déchets. Pendant qu'ailleurs on utilise sans vergogne charbon et pétrole, on jette à la mer des déchets à l'infini, on gaspille l'eau et la nourriture. En agissant ainsi, ces pays produisent à bas coût des biens dont ils nous inondent, ruinant notre industrie, nos emplois, en même temps que notre environnement. Même si nous, Européens, devenions écologiquement irréprochables avant 2050 (ce qui est loin d'être vraisemblable, aussi longtemps que l'Allemagne, la Pologne ou la République tchèque seront sur leurs trajectoires actuelles) ; même si, ce qui est parfaitement possible, l'Union européenne n'était plus émettrice à cette date de gaz à effet de serre ; même si nous recyclions tous nos déchets, même si nous ne gaspillions aucune ressource rare, même si nous adoptions les réglementations les plus exigeantes et si nous devenions tous vertueux dans nos vies personnelles ; et même si nous devenions positifs dans chacun de nos actes, cela ne changerait presque rien à l'évolution climatique de la planète, tant que la Chine, l'Inde, les Etats-Unis n'en feront pas autant. Et tant qu'on n'aura pas préparé l'Afrique à en faire autant le jour venu. Comment y parvenir, quand les Etats-Unis nous disent qu'ils sont les maîtres chez eux et qu'ils n'ont pas d'ordre ni même de conseil à recevoir ? Quand d'autres pays, en Asie, en Amérique latine et en Afrique, refusent de nous entendre, au motif qu'on ne peut pas leur interdire de se développer juste pour notre bon plaisir. Et quand on les voit, les uns après les autres, créer des industries du même type que celles qui ont assuré la croissance de l'Europe des XIXe et XXe siècles. Et pourtant, l'humanité ne sera pas sauvée par l'usage du vélo dans nos métropoles ni par l'installation massive d'éoliennes (chinoises) dans nos campagnes. Ni même par la fermeture des frontières européennes, qui ne nous protégerait de rien du tout. Elle le sera par la mutation radicale du modèle de développement de ces pays ; par leur capacité de court-circuiter le développement industriel classique, pour en venir au plus vite à un développement économe en énergie et en matières premières. Certains l'ont fait dans les télécommunications en passant directement au mobile sans transiter par le fixe. Ils doivent pouvoir le faire dans tous les autres domaines. Pour les en convaincre, il faut sans doute employer la carotte et le bâton. Le bâton : ne pas importer en Europe de biens dont la production a un impact désastreux sur l'environnement ; mettre en place aux frontières de l'Europe une taxation tenant compte des émissions de gaz à effet de serre des produits importés. La carotte : aider massivement ces pays à organiser cette transition vers un modèle de développement positif, par un grand plan, sur trente ans, qui pourrait réussir à faire que l'humanité tout entière en 2050 n'émette plus de gaz à effet de serre. Cela suppose beaucoup d'études, de progrès techniques, de bonne volonté, d'actions communes, de sacrifices pour les générations présentes. Comme on l'a fait, il y a soixante-quinze ans, pour lutter contre un autre enfer. C'est possible. Le G20, à Osaka, au Japon, à la fin du mois, devrait en débattre. C'est la condition de la survie de l'espèce humaine. Cela n'en vaut-il pas la peine ?
true
On connaît l’aberration qui consiste à raser une forêt, pour planter des palmiers à huile. Chez nous en France en catimini, il va se passer la même chose. Nos forêts sont déjà bien silencieuses et si on les considère comme des « champs de blé », nous n’aurons plus que des essences alignées en rangs d’oignons, uniformes et sans attraits. Je vous ai déjà présenté le documentaire « Le Temps des Forêts » ICI et ICI. Nous avons vu aussi, qu’une des dernières forêts millénaires, celle de Rochechouart, risquait de finir en bois de chauffage. ICI. Pour ceux qui n’auraient pas vu le documentaire de François Xavier Drouet, la revue Ballast a réalisé un entretien avec l’auteur, qui ne laisse aucun doute sur la gestion délirante de nos forêts et, leur disparition à brève échéance. Partagez ! Volti « Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été péché, alors on saura que l’argent ne se mange pas. » ****** Source Revue-Ballast Pixabay Depuis le mois de septembre 2018, des salariés de l’Office nationale des forêts (ONF) organisent des marches dans toute la France pour dénoncer leur privatisation progressive. L’enjeu peine à percer le mur médiatique. Le film Le Temps des forêts est sorti en salle le 12 septembre dernier : son réalisateur, François-Xavier Drouet, dénonce une gestion forestière calquée sur le modèle de l’agriculture productiviste — elle menace nos forêts autant que les hommes et les femmes qui y travaillent. F.X.Drouet Les forêts ne sont pas la porte d’entrée habituelle pour faire un documentaire politique… Avant, comme l’immense majorité des Français, je ne connaissais rien de la forêt. C’est à peine si je savais identifier quatre espèces d’arbres ! Il y a 10 ans, je me suis installé sur le plateau de Millevaches, en Creuse, une région fortement boisée. Je me croyais au milieu d’un espace naturel et préservé, mais je me suis vite rendu compte que ces forêts étaient en réalité très récentes et artificielles. Elles avaient été plantées après la Seconde Guerre mondiale, suite à la déprise agricole. Ces forêts subissent maintenant une exploitation intensive et brutale. Entre 1 000 et 1 500 hectares sont coupés à blanc chaque année sur le plateau, laissant la terre à nu et de grandes balafres dans le paysage. Nous sommes à la pointe d’un phénomène d’accélération de l’industrialisation des forêts, qui se généralise partout en France. J’ai conçu ce film comme un voyage dans le monde de la gestion forestière et de ses bouleversements. Quels sont justement les bouleversements entraînés par l’industrialisation ? On observe d’abord une simplification de la sylviculture avec la généralisation des monocultures, l’enrésinement, la promotion d’essences à croissance rapide, l’usage de pesticides et d’engrais, la banalisation de la coupe rase… En bref, nous répétons les mêmes erreurs qu’au sein de l’agriculture productiviste. On raccourcit aussi les cycles de coupes. Avant, quand on plantait un arbre, on n’imaginait pas le récolter soi-même. C’était pour les enfants ou les petits-enfants. On essaie désormais de faire coïncider le temps de l’arbre avec le temps du marché. On coupe des douglas en pleine adolescence, à 40 au lieu de 80 ans ! Les années 1990 ont vu l’arrivée d’une mécanisation lourde qui a transformé le travail en forêt. Les abatteuses ont remplacé les bûcherons manuels dans le Massif central ou dans les Landes. Ces énormes machines peuvent remplacer le travail de sept à douze bûcherons en fonction des parcelles. En aval, les scieries se sont adaptées en s’équipant de scies ultraperformantes avec des débits importants. Les industriels ont fait entrer la forêt dans l’ère du « just in time ». Elle doit se standardiser, produire du bois bien calibré et des rendements prévisibles. Avec cette logique, ce n’est pas à la machine de se plier au vivant, mais à la forêt de s’adapter à l’industrie. C’est ce que vous appelez dans votre film « la malforestation » ? Quelles conséquences environnementales provoque cette gestion forestière ? La première se situe au niveau des sols. Les monocultures de résineux acidifient et appauvrissent les sols. L’exploitation à l’aide de grosses machines — machines qui peuvent peser jusqu’à quarante tonnes — peut aussi provoquer des tassements irréversibles. La coupe rase favorise l’érosion qui, en cas de pluie, peut polluer gravement les rivières. Sur le plateau de Millevaches, la grande majorité des cours d’eaux sont ensablés. Les frayères où se reproduit la faune aquatique sont détruites. Quand les professionnels replantent les parcelles, ils utilisent encore des engins lourds, type pelle mécanique. La pratique la plus dommageable étant le dessouchage. Généralisée dans le Massif central et les Landes pour faciliter le travail des replanteurs, cette pratique déstructure les sols et retire de la matière organique. À terme, les sols forestiers, souvent fragiles, peuvent devenir stériles. Plus rien ne poussera, mais l’industrie a déjà la solution puisqu’elle introduit des engrais en forêt ! Une aberration. On met sous perfusion un écosystème autonome qui produit, naturellement, son propre humus. Lorsque l’on se balade au sein d’une monoculture, on est aussi frappé par le silence. Il n’y a plus de biodiversité. Ce sont des bois noirs, un désert vert. Les aiguilles par terre ne se décomposent pas. Les oiseaux n’ont plus rien pour nicher. Sans vieux arbres ni arbres morts, tout un cortège d’insectes qui leur sont inféodés ont disparu. Quand on dégrade la nature, on frappe aussi les humains. Cette industrialisation a un impact social… Ces mutations économiques ont bouleversé le métier de forestier et l’échelle de temps dans lequel il s’inscrit. Les évolutions du commerce mondial ont aussi transformé le marché. On n’aurait jamais imaginé qu’une grande partie de nos chênes et de nos hêtres partiraient faire le tour du monde en containers pour aller en Chine et revenir en parquet ! Sur le territoire, on assiste à une concentration des acteurs. Les petites scieries de village qui étaient reliées aux bassins d’approvisionnement se meurent, au profit de mégastructures taillées pour la compétition internationale. Il reste 1 500 scieries sur les 10 000 installées en 1965. J’ai pu rencontrer ceux qui tentent péniblement de s’adapter. Ils s’endettent pour acheter du matériel (certains modèles d’abatteuses peuvent coûter 500 000 euros). Les forestiers deviennent esclaves des banques et de leurs machines. Beaucoup se trouvent aussi en décalage avec cette industrialisation. Ce n’est pas l’idée qu’ils se faisaient du métier ni la façon dont ils l’ont appris. Cet écart provoque une souffrance éthique, qui se matérialise dans la forêt publique par des vagues de suicides. On compte à l’Office national des forêts une cinquantaine de suicides depuis 2002 ! Cette administration a subi de lourdes restructurations et une diminution de personnels. Il y a un véritable malaise au sein de la profession. Certains forestiers disent devoir défendre la forêt contre les directives de leur hiérarchie, qui leur demande de privilégier la production et la commercialisation au détriment des autres fonctions de la forêt. Le forestier n’est plus qu’un gérant de stocks. Mais comment concilier une fonction économique de la forêt avec ses autres usages ? On peut tout à fait produire du bois sans saccager l’écosystème. Au contraire, c’est même en s’appuyant sur les dynamiques naturelles que l’on obtient les meilleurs rendements à long terme ! À la sylviculture industrielle, on peut opposer la « futaie irrégulière » ou « futaie jardinée » : au lieu de couper tous les arbres d’un coup, tous les quarante ans, et de replanter sur un champ de ruines, le forestier prélève des arbres tous les 7 à 10 ans, en conservant un couvert continu et l’ambiance forestière. Il privilégie aussi la régénération naturelle à la plantation. Cette sylviculture est beaucoup moins coûteuse en travaux. En revanche, elle demande plus de compétences et d’observation. C’est une sylviculture qui ne fonctionne pas sur les certitudes et les schémas préétablis, elle marche en intelligence avec le vivant. La question est encore celle du temps. Sur le long terme, le volume de bois prélevé est au moins égal, et les fonctions écologiques sont conservées. Mais les industriels veulent des gros volumes immédiatement et à flux tendus. Ils voudraient que l’on segmente la forêt selon le modèle anglo-saxon : d’un côté, des réserves naturelles qu’on laisserait sous cloche et de l’autre un terrain de jeu pour leurs machines. Les forestiers que j’ai rencontrés, eux, défendent la multifonctionnalité de la forêt. Dans le même espace doivent pouvoir cohabiter plusieurs usages : production de bois, accueil du public, chasse, rétention de l’eau, biodiversité… Comment analysez-vous le nouvel attrait pour le bois énergie ? La ruée sur le bois énergie est peut-être la principale menace qui pèse sur les forêts européennes. Les États de l’UE se sont engagés à produire 20 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2020. Le bois est considéré comme une énergie renouvelable comme les autres, à tort. En effet, un arbre que l’on brûle, même s’il est replanté, mettra des décennies avant de recapturer le carbone que son prédécesseur a libéré en se consumant. Je pense que la meilleure manière de lutter contre le réchauffement climatique est de stocker le carbone en fabriquant des meubles ou du bois d’œuvre. Pas en le brûlant pour produire de l’électricité. Illustration/Pixabay Et les grandes usines à biomasse ? Elles se multiplient. Certaines ont des tailles délirantes : à Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, la multinationale UNIPER prévoit de consommer 850 000 tonnes de bois par an, dans un rayon d’approvisionnement de 400 kilomètres. (**Benji, nous en avait parlé ICI , j’en avais fait de même ICI**) Cette nouvelle demande, exponentielle, déstabilise l’économie de la forêt et ce que l’on appelle la hiérarchie des usages. Historiquement, la priorité doit aller aux usages nobles du bois, la menuiserie, la charpente. Le bois de feu étant les restes de coupe, ou ce qui n’est pas utilisable pour le sciage. Aujourd’hui le bois énergie entre en concurrence directe. On en vient à raser des peuplements entiers pour alimenter ces chaudières, sous prétexte qu’ils sont peu productifs. De nombreuses aides publiques incitent les propriétaires à couper des forêts spontanées et naturelles en bois énergie pour les remplacer par des monocultures de résineux. Il faut aussi mentionner que les rendements de ces centrales sont désastreux. À Gardanne, sur 10 arbres coupés, seuls trois serviront à produire de l’électricité ; les sept autres partiront en fumée. La biomasse n’est pas une énergie de substitution. Elle ne va pas remplacer les énergies fossiles, elle vient simplement s’additionner — et ce au sein d’un système où le productivisme reste la règle. Pourtant, l’industrie du bois ne cesse de se réclamer du développement durable, et se dit pleinement mobilisée dans la lutte contre le changement climatique… La filière n’a que le mot « durable » à la bouche. Elle joue sur l’image écolo que véhicule le bois. Mais elle est à l’origine d’une des plus grandes opérations de greenwashing de l’époque : le label PEFC. On le retrouve sur presque tous les produits de la forêt : papeterie, granulés de bois, meubles, matériaux de construction… Les produits affichant ce label sont soi-disant issus de forêts gérées durablement. Mais ce tampon n’engage à rien. Le cahier des charges impose juste aux propriétaires de respecter la loi. On peut tout à fait raser une forêt naturelle et saccager le sol, la remplacer par une monoculture, et le bois sera labellisé PEFC. Il existe aussi d’autres escroqueries. Les industriels se targuent d’être les meilleurs acteurs de la lutte contre le changement climatique en prétendant que les jeunes plantations de résineux séquestrent plus de carbone que les forêts anciennes. Cet argument a été démonté depuis longtemps par la revue Nature1 ! Pourtant, il continue de circuler pour justifier l’avancée de la forêt industrielle. Aujourd’hui, on coupe des hêtres en prétextant qu’ils ne survivront pas aux changements climatiques. Cela sert d’alibi pour planter des essences préconisées par l’industrie, comme le pin douglas. Y a-t-il, comme en agriculture, un fort lobby dans le secteur forestier ? La filière est assez éclatée, mais très mobilisée et bien implantée dans les cercles de pouvoir. Les pouvoirs publics encouragent l’orientation industrielle depuis longtemps. Michel Cointat, ministre de l’Agriculture en 1971, disait déjà qu’« il ne faut pas gérer la forêt différemment d’un champ de tomates ou de petits pois ». Toutes les lois vont dans le même sens : mobiliser plus de bois. Les dernières aides aux propriétaires proposées par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, sont un copié-collé des demandes de la filière bois qui, sous couvert d’améliorer la qualité des peuplements forestiers, visent à remplacer les forêts naturelles par des plantations industrielles. L’énergie biomasse est aussi très subventionnée. Ce qui pousse des géants de l’industrie énergétique à développer de gros projets. Il existe une complicité ou une ignorance de la part des politiques, qui surfent sur l’idée consensuelle de la transition énergétique. Dans mon film, on entend un élu dire que l’on pourrait substituer toutes les énergies fossiles par la cellulose des arbres. C’est délirant. Selon l’ONG Fern, cela équivaudrait à raser toutes les forêts d’Europe ! Les investisseurs, les banques, les assurances et les fonds de pension ont aussi une grosse responsabilité dans l’industrialisation des forêts. La forêt est le troisième portefeuille après l’immobilier et la Bourse. Ils imposent des rendements rapides, pilotés depuis des tableaux Excel à Paris, avec des schémas de gestion où l’on a déjà programmé la coupe rase au moment de la plantation. Illustration/Pixabay Et des luttes s’organisent contre cette industrialisation… La forêt est un champ de bataille. On voit, ces dernières années, apparaître de nouvelles formes de résistance. Les forestiers de l’ONF organisent une marche nationale cet automne ; des ZAD défendent des forêts promises au béton. Il faut que ces luttes grandissent et se renforcent. Mais il faut aussi qu’une prise de conscience se fasse plus largement, car ces enjeux sont pour l’instant trop méconnus. C’est le but de mon film. S’il est difficile aujourd’hui d’ignorer les méfaits de l’agriculture intensive, nous avons encore beaucoup de travail pour rendre visible l’état de nos forêts. Le procès de la forêt industrielle reste encore à faire ! Je ne crois pas que les choses vont changer au niveau du consommateur, même s’il est indispensable, à chaque fois que l’on achète un objet issu de la forêt, de se demander : d’où vient-il ? Dans quelles conditions le bois a-t-il été récolté ? Il faut relocaliser l’économie du bois et reconstruire des circuits courts, de l’arbre à la poutre. Le Réseau pour les alternatives forestières (RAF) lance un fond de dotation pour racheter des forêts et les sauver de l’industrie. Nous devons construire un rapport de force politique, aux côtés des forestiers résistants. L’article est proposé en PDF et peut être téléchargé et imprimé
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