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Libye : attaque contre le ministère des affaires étrangères à Tripoli, trois morts
Le ministère des affaires étrangères libyen fait état d’une « attaque suicide ». Elle a été revendiquée mercredi par le groupe Etat islamique.
Les forces de sécurité devant le ministère des affaire étrangères attaqué le 25 décembre, à Tripoli (Libye). MAHMUD TURKIA / AFP Au moins trois personnes ont été tuées et 21 blessées dans une attaque qualifiée de « terroriste » menée par trois assaillants contre le ministère des affaires étrangères libyen, mardi 25 décembre au matin à Tripoli, selon un bilan du ministère de la santé. Selon une source de sécurité, un diplomate, directeur d’un département au sein du ministère des affaires étrangères, figure parmi les trois victimes. L’identité des deux autres n’est pas encore connue. Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères a fait état d’une « attaque suicide » menée par des « éléments terroristes ». Le groupe Etat islamique a ensuite revendiqué l’attaque, tôt mercredi matin, par l’intermédiaire d’un de ses organes de propagande. Mardi matin, une « voiture piégée » a explosé devant le bâtiment, amenant des forces de sécurité à se rendre sur le site, a rapporté Tarak al-Dawass à l’Agence France-Presse (AFP). Un kamikaze est alors entré dans le bâtiment où il s’est fait exploser au 2e étage. Un deuxième assaillant est mort dans l’enceinte du ministère après l’explosion d’une valise qu’il portait, tandis que le troisième, qui n’était pas armé et qui « ne portait qu’un gilet pare-balles », a été tué par les forces de sécurité à l’extérieur, selon M. Dawass. La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est divisé entre plusieurs entités rivales, avec notamment la présence à Tripoli d’un gouvernement d’union nationale (GNA), soutenu par la communauté internationale, et dans l’Est, un cabinet parallèle appuyé par l’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar. Chaos politique et sécuritaire Ce chaos politique et sécuritaire a favorisé l’émergence de groupes djihadistes, qui ont commis de nombreuses attaques ces dernières années. En septembre, l’EI a revendiqué une attaque suicide dans la capitale contre le siège de la Compagnie nationale de pétrole. Deux personnes étaient mortes. En mai, deux kamikazes de l’EI avaient fait quatorze morts dans une attaque contre le siège de la Commission électorale à Tripoli. La capitale libyenne a en outre été le théâtre de violences entre groupes armés rivaux, du 27 août au 4 septembre, qui ont fait plus de soixante morts. L’attaque de mardi a été condamnée par la mission de l’ONU en Libye (Manul) et l’ambassade britannique. « Le terrorisme ne triomphera pas devant la décision des Libyens d’avancer dans la construction de leur État et de renoncer à la violence », a indiqué la Manul dans un communiqué. Le ministre de l’intérieur, Fathi Bach Agha, a reconnu toutefois que le « chaos sécuritaire » continuait de faire de son pays un « terrain fertile » pour l’EI. Il a dénoncé le manque de moyens dont dispose son ministère. « Zéro arme, zéro véhicules » dans les dépôts, a-t-il déploré lors d’une conférence de presse avec son homologue des affaires étrangères, Tahar Siala. A cet effet, M. Siala a « renouvelé » l’appel du gouvernement d’union nationale à une levée partielle de l’embargo sur les armes imposé par l’ONU à son pays depuis 2011. Pourparlers Des pourparlers ont eu lieu ces derniers mois à Paris puis en Sicile pour tenter de faire avancer un processus politique dans ce pays de quelque six millions d’habitants miné par les divisions et les luttes de pouvoir, avec notamment la tenue d’élections. La France, en particulier, avait poussé, sans succès, pour la tenue d’élections législatives et présidentielle avant la fin de l’année. Au début du mois, le président de la Haute Commission nationale électorale (HNEC), Imed Al-Sayeh, a affirmé qu’un référendum sur une nouvelle Constitution en Libye pourrait se tenir en février, si les conditions de sécurité étaient réunies. Outre le fait de constituer un potentiel repaire de djihadistes, les pays européens s’inquiètent de la situation libyenne autour de la question des migrants : des dizaines de milliers de personnes cherchent chaque année à rejoindre les côtes italiennes à partir de la Libye où les passeurs, profitant du chaos, sont très actifs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le dossier libyen, domaine réservé de l’Elysée
25/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/25/libye-attaque-contre-le-ministere-des-affaires-etrangeres-a-tripoli-trois-morts_5402022_3212.html
Hôpital public : la cote d’alerte
La politique de non-remplacement et de redéploiement des personnels a atteint sa limite.
Analyse. Non-remplacement de départs à la retraite, redéploiement de personnels… La recette des hôpitaux publics pour juguler leurs déficits et récupérer des marges de manœuvre financières est connue de longue date. Mais après des années de mise en œuvre, la potion est devenue trop amère pour les soignants. « Nous sommes arrivés à un point insupportable, écrit la neurologue Sophie Crozier dans une tribune à Libération, le 19 décembre. Nous abîmons nos hôpitaux, nous abîmons les gens, et je ne peux me résigner à voir l’hôpital couler ainsi… » Et la situation pourrait se tendre davantage ces prochaines années. Pour répondre à des déficits qui devraient atteindre cette année entre 1,1 et 1,3 milliard d’euros, les plans de suppressions de postes se multiplient. Dans les hôpitaux de Marseille, Nancy et Tours, des centaines d’emplois sont sur la sellette. A Cherbourg, l’hôpital pourrait devoir économiser 190 équivalents temps plein d’ici à 2022, soit 10 % du total de ses effectifs. Après avoir réduit 405 postes équivalents temps plein cette année, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé, fin novembre, que 779 postes non médicaux (dont 240 dans les services de soins) allaient être supprimés en 2019 au sein de ses 39 établissements. « Une diminution des effectifs de nature à compromettre la bonne exécution des missions de service public hospitalier », a estimé le conseil de surveillance de l’AP-HP le 17 décembre. « On ne peut pas baisser les effectifs de soignants » car « ces équipes sont sous une énorme tension, et on ne peut pas leur imposer un rythme d’activité encore plus élevé », avait pourtant assuré la ministre de la santé Agnès Buzyn il y a un an. Priorisation des soins Las. Sous le couvert de l’anonymat, un directeur de groupe hospitalier explique que le non-remplacement de quasiment tous les départs en retraite de personnel soignant est sa « seule marge de manœuvre ». « Je redéploie mes effectifs avec deux exigences : la guérison du patient et le respect des contraintes de la Haute Autorité de santé, dit-il. Charge aux équipes de choisir ensuite elles-mêmes ce qu’elles vont faire différemment ou ne plus faire. » Et de confesser : « Depuis dix ans, je fais du cost killing. Partout où je passe, les emplois ont baissé. » Ces redéploiements se font généralement très vite ressentir. La disparition du poste d’infirmière-référente chargée de la formation, l’allégement ou la suppression du « pool » de remplacement, le non-remplacement de la secrétaire du service pendant ses vacances fragmentent et alourdissent le travail de ceux qui restent. « On a des tâches saccadées, on n’arrive pas à faire des trucs jusqu’au bout, c’est terrible, témoigne une infirmière de l’AP-HP. On se retrouve à faire plein de choses qui ne sont pas du soin. Ces tâches annexes nous parasitent, nous empêchent d’être au lit du patient. On travaille à flux tendu tout le temps. On est obligé de prioriser nos soins, par manque de temps… »
25/12/2018
sante
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/25/hopital-public-la-cote-d-alerte_5402017_1651302.html
Tsunami en Indonésie : les survivants manquent d’eau, de nourriture et de médicaments
Le bilan humain dépasse les 420 morts et 150 disparus. Les travailleurs humanitaires présents sur place craignent désormais une crise sanitaire.
Les secouristes s’efforçaient, mardi 25 décembre, d’apporter de l’aide aux régions d’Indonésie dévastées par le tsunami provoqué par une éruption volcanique. Mais le manque d’eau potable et de médicaments se faisait cruellement sentir parmi les milliers de personnes réfugiées dans des centres d’urgence. Le tsunami a frappé soudainement, samedi soir, les rives du détroit de la Sonde, qui sépare les îles de Sumatra et de Java, faisant 429 morts, 1 485 blessés et 154 disparus, selon le dernier bilan de l’Agence nationale de gestion des catastrophes. Des milliers de personnes sont déplacées. Les travailleurs humanitaires présents sur place mettent en garde contre les risques d’une crise sanitaire, qui pourrait coûter la vie à un plus grand nombre de personnes. « De nombreux enfants sont malades, ils ont de la fièvre, mal à la tête et n’ont pas assez d’eau », explique Rizal Alimin, un médecin de l’ONG Aksi Cepat Tanggap, dans une école transformée en abri de fortune. « On a moins de médicaments que d’habitude. Les conditions ici ne sont pas saines. Il n’y a pas assez d’eau potable. Les gens ont besoin de nourriture et ils dorment par terre. » Le risque de nouvelles vagues mortelles dues à l’activité volcanique existe également. Celle provoquée par l’éruption de l’Anak Krakatoa, un volcan connu comme « l’enfant » du légendaire Krakatoa, a rasé des centaines de bâtiments sur les côtes méridionales de Sumatra et à l’extrémité occidentale de Java. Evacuation d’une victime du tsunami trois jours après son passage sur la plage de Tanjung Lesung, dans la province indonésienne de Banten, le 25 décembre. DEMY SANJAYA / AFP Chiens renifleurs et drones Abu Salim, un volontaire de l’association Tagana, explique que les travailleurs humanitaires peinent à stabiliser la situation. « Aujourd’hui, on met l’accent sur l’aide aux réfugiés qui sont dans des centres, on installe des cuisines, on distribue des équipements logistiques et plus de tentes dans des endroits plus adéquats », dit-il à l’AFP. Les gens « n’ont toujours pas accès à l’eau potable. De nombreux réfugiés sont partis dans les hauteurs et nous ne sommes pas parvenus à les atteindre. » Les secouristes acheminaient l’aide principalement par la route. Deux bateaux du gouvernement faisaient également route vers plusieurs îles proches de la côte de Sumatra où les habitants sont pris au piège. Des équipes de secouristes munis d’excavatrices et d’autres équipements lourds tentaient de dégager les débris. Certains sauveteurs travaillaient à mains nues. Les secours ont aussi déployé des chiens renifleurs et des drones. A Sumur, en Indonésie, le 25 décembre. TATAN SYUFLANA / AP Effondrement sous-marin D’après les experts, la catastrophe de samedi est consécutive à une éruption modérée de l’Anak Krakatoa, qui a provoqué un effondrement sous-marin d’une partie du volcan et le déplacement de vastes quantités d’eau. A la différence des tsunamis provoqués par les tremblements de terre et qui enclenchent les systèmes d’alerte, les vagues « volcaniques » ne laissent que très peu de temps aux autorités pour prévenir les gens. Dans un premier temps, l’Agence de gestion des catastrophes avait même dit qu’il n’y avait pas d’alerte au tsunami alors même que la vague tueuse déferlait sur les côtes. L’Agence avait dû par la suite présenter ses excuses, expliquant que le système de détection était défaillant. C’est la troisième catastrophe naturelle très grave subie par l’Indonésie ces six derniers mois, après la série de puissants séismes qui ont frappé l’île de Lombok en juillet et en août, puis le tsunami qui a rasé Palu, sur l’île des Célèbes en septembre, faisant 2 200 morts et des milliers de disparus. En 2004, au lendemain de Noël, un tsunami avait fait 220 000 morts dans les pays riverains de l’océan Indien, dont 168 000 Indonésiens, l’un des désastres les plus meurtriers de l’Histoire. L’Indonésie, un archipel de 17 000 îles et îlots qui s’est formé par la convergence de trois grandes plaques tectoniques (indo-pacifique, australienne, eurasienne), se trouve sur la « ceinture de feu » du Pacifique, une zone de forte activité sismique et d’éruptions volcaniques. Elle compte 127 volcans actifs. Voir aussi En images : scènes de désolation à Java et Sumatra
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/tsunami-en-indonesie-les-survivants-manquent-cruellement-d-eau-et-de-medicaments_5402015_3210.html
A Nairobi, la bibliothèque McMillan va enfin tourner la page de l’époque coloniale
Cette caverne au trésor, restée inchangée depuis son ouverture en 1931, sera rénovée, comme deux autres établissements de la capitale kényane.
Dans la McMillan Memorial Library, bibliothèque datant de l’époque coloniale, à Nairobi, en juillet 2018. TONY KARUMBA / AFP Mis à part les grandes tables encerclées d’étagères et le silence studieux, ponctuellement rompu par le grincement d’une chaise ou le bruissement d’une page, il n’y a pas grand-chose d’attendu à la bibliothèque McMillan. Au rez-de-chaussée, une salle consacrée à la littérature jeunesse peine à contenir une montagne de bureaux et de chaises cassés. A l’étage, fermé au public, une tête de lionne empaillée, la gueule ouverte, a été abandonnée au beau milieu d’un couloir. Au sous-sol s’entassent des dizaines de sacs remplis de livres presque centenaires. Certains éventrés, d’autres gonflés par l’humidité. Le lieu – dont le nom rend hommage à un explorateur américain ayant acquis la nationalité britannique après son installation au Kenya – est un bâtiment historique du centre-ville de Nairobi, seul quartier de la capitale qui abrite des constructions de l’époque coloniale. De lourds édifices de pierre brune, pompeux et solennels. Indifférente au flot des voitures et des employés pressés, la bibliothèque forme un bloc immobile, protégé par deux lions de pierre et une colonnade de granit. Rien n’a bougé, ou presque, depuis son inauguration en 1931. « Elle n’a jamais fermé ses portes et tout, les moulures, les chandeliers, y est d’origine. A l’exception du carrelage, l’ancien n’ayant pas tenu, et de la surveillance vidéo, qui est venue plus tard ! », sourit Francis Mitugu, 21 ans, membre de l’association Book Bunk, qui porte un projet de rénovation du monument classé. « Le cadre est beau, et je ne suis pas dérangé » A l’intérieur en effet, la bibliothèque construite pour les colons – Kényans et Indiens y étaient interdits d’entrée jusqu’à l’indépendance, en 1963 – est restée dans son jus : défenses d’éléphant façon trophées de chasse, portraits à l’huile d’aristocrates britanniques et collection d’ouvrages improbables, tel ce livre de cuisine consacré aux Recettes de la vieille Angleterre entre 1580 et 1850. Chaque jour, une petite centaine d’étudiants vient quand même y travailler. C’est calme et proche de l’université. « Je profite de mes vacances de fin d’année pour réviser ici, l’environnement est serein, le cadre est beau, et je ne suis pas dérangé », opine Elijah Kamau, un lycéen de 17 ans penché sur un manuel de chimie. Emprunter des livres ? L’idée ne semble pas l’avoir effleuré. Les collections sont désuètes, le système de prêt, hors d’âge, et beaucoup d’ouvrages ne sont pas ou mal référencés. Moulures et chandeliers sont d’origine : la bibliothèque McMillan, à Nairobi, n’a pas changé depuis son inauguration en 1931. TONY KARUMBA / AFP Tout cela appartiendra bientôt définitivement au passé. Book Bunk va rénover McMillan et deux autres bibliothèques publiques de Nairobi (Makadara et Kaloleni, des bâtiments des années 1970) du sol au plafond, étagères comprises. Une étonnante aventure portée par deux trentenaires, nairobiennes et passionnées de littérature : Angela Wachuka, ancienne directrice d’une maison d’édition, et Wanjiru Koinange, romancière. « Il y a six ans, nous cherchions ensemble un lieu pour organiser un événement littéraire et nous sommes entrées pour la première fois dans McMillan. On s’est dit : “Comment nos bibliothèques peuvent-elles être dans un tel état ?” Surtout celle-ci, vu sa beauté, sa taille et son importance historique. Ce fut le point de départ du projet », explique cette dernière. Il faudra près de trois ans pour convaincre la municipalité, qui a laissé l’endroit dépérir mais se méfie d’une si miraculeuse proposition. « A un moment, nous avons même laissé tomber, avoue Angela Wachuka. Mais une nouvelle administration est arrivée après les élections de 2017, on s’est dit qu’il fallait réessayer. » En mars 2018, la mairie finit par accepter. Elle donne carte blanche à Book Bunk pour une durée de cinq ans et met à sa disposition des ressources matérielles (plans, registres, etc.) et humaines (libraires, ingénieurs). Anglais et swahili Première étape : réaliser un inventaire. « C’est le grand défi, personne ne sait vraiment ce qu’il y a là-dedans ! », s’exclame Angela. A l’étage du bâtiment McMillan, une salle illustre à la fois le désordre et la richesse de cette caverne aux merveilles : elle est remplie d’exemplaires de journaux, existants ou disparus, datés… de 1906 à 2018. Une véritable encyclopédie du Kenya moderne, entassée sans protection sous une épaisse couche de poussière, à la merci des pluies qui traversent parfois le plafond. Au total, il y aurait sur les trois sites quelque 400 000 journaux, livres, peintures et photographies. « En 2018, presque 2019, il est incroyable de ne pas avoir un fichier Excel avec ces informations, poursuit l’ancienne éditrice. L’inventaire va commencer en début d’année et durer au moins six mois. Nous recrutons pour cela une horde de stagiaires, des consultants, tous payés. » A l’étage, fermé au public, de la McMillan Memorial Library, à Nairobi. TONY KARUMBA / AFP Un travail de fourmi qui mènera à la deuxième étape : le contenu. Les anciens ouvrages auront leur place, insistent les deux animatrices du projet, mais la littérature africaine contemporaine fera enfin son entrée dans les rayons. En anglais et en swahili. Certains livres, trop précieux ou trop abîmés, seront transférés dans d’autres lieux ou numérisés. Surtout, les bibliothèques seront vivantes. « Leur essence restera l’étude, la lecture, mais il y aura aussi tout un panel d’activités, des programmes pour les enfants, des diffusions de films ou même des lancements de livres, qui aideront ceux qui, comme moi, vivent de cette activité », explique Wanjiru, la romancière, insistant sur la nécessité qu’à terme ces espaces soient aussi des entités économiquement autonomes, afin de ne pas dépendre de fonds publics dans une ville qui croule sous les urgences à financer. Pour ces cinq premières années de travaux, Book Bunk cherche près d’un million de dollars. L’association en a déjà récolté une partie, auprès de philanthropes et d’institutions, et vient de lancer une campagne sur une plateforme de financement participatif, XXIe siècle oblige.
25/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/25/a-nairobi-la-bibliotheque-mcmillan-va-enfin-tourner-la-page-de-l-epoque-coloniale_5402010_3212.html
Une année de tweets plus ou moins diplomatiques de Donald Trump
Avec son téléphone, il prend le risque de provoquer des crises, voire de ruiner la stratégie de ses alliés ou de son administration.
Un tweet posté par Donald Trump, le 6 novembre. ERIC BARADAT / AFP Depuis son élection, le 8 novembre 2016, Donald Trump n’a cessé d’utiliser Twitter. Selon le site Trump Twitter Archive, à la date du 25 décembre, le président américain a tweeté plus de 5 500 fois depuis sa victoire, tous sujets confondus. Imprévisible jusque dans le domaine de la diplomatie, @realDonaldTrump, qui est le chef d’Etat le plus suivi avec 56 millions de followers, prend volontiers le risque de provoquer des crises diplomatiques, voire de ruiner la stratégie de sa propre administration ou celle de ses alliés. Lundi 24 décembre au soir, en plein « shutdown » et alors que la Bourse de New York achevait sa pire semaine depuis 2008, le président américain a de nouveau publié, en quatre heures, plus d’une dizaine de tweets, traitant du retrait américain de Syrie, du mur en construction à la frontière avec le Mexique ou encore attaquant la Banque centrale américaine (Fed). « L’Amérique est de nouveau respectée ! », a-t-il écrit. « Je suis tout seul (pauvre de moi) à la Maison Blanche », s’est-il aussi lamenté en cette veillée de Noël. I am all alone (poor me) in the White House waiting for the Democrats to come back and make a deal on desperately n… https://t.co/rJjel91tSs — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Pour le New Yorker, Donald Trump termine l’année 2018 comme il l’avait commencée, confirmant qu’il n’y a pas de « normalité » à attendre du président. Du Pakistan à la France Le 1er janvier, il s’en était pris au Pakistan, allié des Etats-Unis dans la guerre contre les talibans et l’organisation Etat islamique (EI) en Afghanistan. En fin d’année, la « bromance » avec son homologue français, Emmanuel Macron, s’est terminée sur un feu d’artifice de tweets assassins. A peine atterri à Paris où il venait assister aux cérémonies du centenaire de la fin de la guerre de 1914-1918, Donald Trump a décoché un premier tweet contre son hôte, le 9 novembre : « Très insultant, mais peut-être l’Europe devrait-elle payer sa part (du budget) de l’OTAN, que les Etats-Unis assument largement. » President Macron of France has just suggested that Europe build its own military in order to protect itself from th… https://t.co/ZlE52iViPz — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Emmanuel Macron venait d’évoquer la création d’une « vraie armée européenne » pour que l’Union européenne (UE) ne dépende pas seulement des Etats-Unis face à une Russie « menaçante ». A peine reparti, Donald Trump a poursuivi dans la même veine : « MAKE FRANCE GREAT AGAIN ! », a-t-il écrit. Ajoutant : « Le problème est qu’Emmanuel souffre d’un taux de popularité très faible en France, 26 %, et d’un taux de chômage de presque 10 %. » ......MAKE FRANCE GREAT AGAIN! — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Marie-Cécile Naves, chercheuse associée à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et auteure de Géopolitique des Etats-Unis (Eyrolles, 2018), relativise la portée des attaques : M. Trump « était contrarié par sa défaite lors des élections de mi-mandat et par la phrase de Macron sur la défense européenne ». Le président américain a poursuivi, en décembre, donnant son avis sur le mouvement des « gilets jaunes » estimant qu’il « est temps de mettre fin à l’accord de Paris ». Paris qui a fini par lui demander de ne pas se mêler de politique intérieure française. Very sad day & night in Paris. Maybe it’s time to end the ridiculous and extremely expensive Paris Agreement and re… https://t.co/bKxAvaGehG — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Enfin, il a réussi une improbable synthèse en commentant l’actualité française à des fins de politique intérieure lorsqu’il a établi un lien entre l’attentat de Strasbourg et la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis : « Encore une terrible attaque terroriste en France. Nous allons encore plus renforcer nos frontières », afin de demander aux leaders du Parti démocrate de voter le financement du mur avec le Mexique. Un tableau représentant, entres autres, Donald Trump tweetant, partie d’une exposition des tweets du président Trump réalisée par l’émission satirique américaine « The Daily Show » de la chaîne Comedy Central, à Chicago (Illinois) le 19 octobre 2017. SCOTT OLSON / AFP Avant Macron, Merkel, May et Trudeau Emmanuel Macron a découvert après Angela Merkel et Theresa May, les foucades trumpiennes. Critiqué pour son traitement des familles de migrants qui essaient d’entrer aux Etats-Unis, Donald Trump s’en est pris, le 18 juin, à la politique migratoire de la chancelière allemande : « Grosse erreur dans toute l’Europe que de laisser entrer des millions de personnes qui ont si fortement et violemment changé leur culture ! » Avant d’ajouter : « Nous ne voulons pas que ce qui se passe avec l’immigration en Europe se passe avec nous ! » Et de conclure le lendemain : « La criminalité a augmenté de 10 % à cause de l’accueil des migrants. » The people of Germany are turning against their leadership as migration is rocking the already tenuous Berlin coali… https://t.co/lX81ySIvts — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Le 11 juillet, lors du sommet de l’OTAN, Donald Trump a accusé Berlin de ne pas contribuer de manière équitable au budget de l’organisation de défense, puis l’Allemagne d’être « prisonnière de la Russie parce qu’elle tire une grande partie de son énergie » de ce pays. La première ministre britannique a, elle, eu droit à son lot d’attaques avec l’interview du président dans le quotidien The Sun au cours de laquelle il critique sa gestion du Brexit. Pour Marie-Cécile Naves, Donald Trump, qui « utilise les codes de la téléréalité », « s’en prend souvent à un pays européen en particulier ou à un autre pour attiser les divisions entre les membres de l’UE ». Son voisin canadien n’est pas épargné : alors qu’il accueillait le sommet du G7, Justin Trudeau se voit qualifier de « très malhonnête et faible », sur fond de désaccords commerciaux entre les deux pays. PM Justin Trudeau of Canada acted so meek and mild during our @G7 meetings only to give a news conference after I l… https://t.co/pX1hvH41Ws — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Poutine et Kim Jong-un chouchoutés S’il s’en est pris aux alliés traditionnels de Washington, Donald Trump a souligné la qualité de ses relations avec… Vladimir Poutine et Kim Jong-un. Avec le premier, au mois d’août, il a eu une « rencontre formidable au cours de laquelle beaucoup a été accompli ». En pleine affaire Khashoggi, il fait preuve de cynisme en acceptant plus volontiers la version de Riyad que celle de ses propres services de renseignement. Just spoke to the King of Saudi Arabia who denies any knowledge of whatever may have happened “to our Saudi Arabian… https://t.co/sk2TDkyiwF — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Mais c’est avec Pyongyang que le revirement est le plus marquant. En quelques mois, le président est passé du « Rocket Man » (« homme-fusée ») et « fou » en vigueur à l’automne 2017 à de « possibles progrès » du mois de mars avant, en juillet, d’évoquer la « gentille lettre » de son homologue nord-coréen, quelques semaines après leur rencontre à Singapour, en juin. A very nice note from Chairman Kim of North Korea. Great progress being made! https://t.co/6NI6AqL0xt — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) « Sa communication sur Twitter s’adresse davantage aux observateurs qu’à Pyongyang, puisqu’il n’a aucun réel moyen de pression sur Kim Jong-un », relève Mme Naves. Son administration court-circuitée L’annonce de la démission du secrétaire à la défense, James Mattis, après celle du retrait des troupes américaines en Syrie, est la plus récente illustration des effets dévastateurs de son utilisation de Twitter. « Nous avons vaincu l’EI en Syrie, ma seule raison d’être là-bas durant la présidence Trump », a tweeté Donald Trump, mercredi 19 décembre. We have defeated ISIS in Syria, my only reason for being there during the Trump Presidency. — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) « En un tweet, Trump a détruit la politique américaine au Moyen-Orient », a ainsi réagi Victoria Nuland, diplomate américaine, secrétaire d’Etat assistante pour l’Europe et l’Eurasie de 2013 à 2017, dans le Washington Post. « Twitter lui sert à court-circuiter le département d’Etat, ses propres services, mais surtout, à s’adresser à son électorat », analyse Mme Naves. Don’t feed the troll « Ses tweets, énigmatiques ou rageurs, brouillent la communication de ses interlocuteurs, observe la chercheuse à l’IRIS. Mais surtout, ils lui permettent de ramener le débat à sa personne, comme lorsqu’il a affirmé que lors du mouvement des “gilets jaunes” des manifestants ont scandé “nous voulons Trump”. » The Paris Agreement isn’t working out so well for Paris. Protests and riots all over France. People do not want to… https://t.co/Zgn65EgKzB — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Après les attaques contre la France, l’ancien secrétaire d’Etat démocrate, John Kerry, a critiqué l’attitude du président qui déclare « son “amour” pour Kim Jong-un (…) mais insulte notre plus vieil allié [la France]. Arrêtez de tweeter ! L’Amérique a besoin d’amis ». Mais rares sont les chefs d’Etat qui prennent le risque de répondre au président américain, pour ne pas envenimer la situation. Les plus avisés préfèrent le « subtweeter » (lui répondre sans le nommer). En avril, après une philippique du président américain contre l’aide de la Russie au régime syrien, Dimitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine a répondu que la Russie ne « faisait pas de diplomatie sur Twitter ». Dans une interview à CNN, Emmanuel Macron répondait aux attaques de Donald Trump : « Je préfère toujours avoir des discussions directes ou répondre à des questions que faire ma diplomatie au travers de tweets. »
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/une-annee-de-tweets-plus-ou-moins-diplomatiques-de-donald-trump_5402005_3210.html
Le biathlète russe Anton Shipulin, soupçonné de dopage, prend sa retraite
L’un des meilleurs biathlètes du monde, et grand rival de Martin Fourcade, a fait valoir un manque de « motivation » et des problèmes de santé.
Shipulin lors de la coupe du monde de biathlon, le 11 mars à Kontiolahti (Finlande). Lehtikuva Lehtikuva / REUTERS Le biathlète russe Anton Shipulin a annoncé, mardi 25 décembre, mettre fin à sa carrière, en raison d’un manque de « motivation » et de problèmes de santé, peu après le lancement d’une nouvelle enquête visant son équipe pour dopage. Expliquant ne plus prendre de « plaisir », Shipulin, 31 ans, a indiqué renoncer aux compétitions après la course à Gelsenkirchen, en Allemagne, le 29 décembre. « Cette course sera la dernière pour moi dans ma carrière », a déclaré Shipulin, cité par l’agence publique RIA Novosti, lors d’une conférence de presse à Moscou. « Pour moi, cela n’a pas de sens de continuer à me faire souffrir et à faire souffrir mes supporteurs et mes proches. (…) Et puis mon état de santé ne me laisse pas tranquille. J’ai été atteint de maladies virales à trois reprises ces derniers mois. » Shipulin, champion du relais lors des Jeux olympiques organisés à Sotchi (Russie) en 2014 et l’un des meilleurs biathlètes du monde, a régulièrement figuré dans le top 5 du classement général de la Coupe du monde. Grand rival du Français Martin Fourcade, il n’a pas été autorisé à participer aux Jeux olympiques de Pyeongchang en raison du scandale de dopage frappant la Russie. Scandale de dopage Un panel du Comité international olympique (CIO) ne l’a pas inclus fin janvier dans la liste des sportifs russes jugés « propres », tout comme le sextuple champion olympique de short-track Viktor Ahn et le skieur Sergueï Ustiugov. Mi-décembre, le parquet autrichien a ouvert une enquête judiciaire visant l’équipe russe de biathlon pour des soupçons de dopage lors des Mondiaux de février 2017 à Hochfilzen (Autriche). « Je ne cherche pas à fuir des problèmes. J’ai toujours dit que j’étais propre », a souligné Shipulin, lors de sa conférence de presse, en qualifiant les accusations de dopage visant la Russie de « pures provocations ». La Russie est engluée dans un scandale de dopage depuis le rapport du juriste canadien Richard McLaren, qui a établi que le pays avait mis en place un dopage institutionnalisé entre 2011 et 2015, notamment à Sotchi. Cette affaire a débouché sur l’exclusion de ses athlètes des JO 2016 de Rio et des Mondiaux 2017 d’athlétisme à Londres.
25/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/25/biathlon-le-russe-anton-shipulin-met-fin-a-sa-carriere_5401993_3242.html
#christmasspirit ou les « joies » de Noël
Les accros des réseaux sociaux ne cessent de mettre en scène leur vie à coups de hashtags et de selfies, lançant la tendance (ou pas). Cette semaine, un (mauvais) esprit de Noël.
Aline Zalko pour M Le magazine du Monde Musique de clochettes, neige carbonique et déluges de guirlandes : difficile d’échapper à la « magie de Noël ». D’autant que les chaînes de télévision, câblées ou non, participent au concours de celle qui diffusera le plus grand nombre de « films de Noël ». Même sur Instagram, le #christmasspirit (esprit de Noël, en VF) fait rage, avec les ingrédients de base inchangés des téléfilms mais dans une version beaucoup moins dramatique. Ici, pas de chien perdu, de célibataire au cœur de pierre, de veuf père au foyer ni d’enfant en quête de famille (et de console de jeux vidéo dernière génération). Sur Instagram, c’est l’option rose bonbon-Xanax qui règne : avec des clichés (dans tous les sens du terme) de sapins impeccablement décorés à la symétrie inquiétante. Il a fallu un plan précis (sur papier) de répartition des ornements et puis une mise en place des décorations sous la surveillance d’une maîtresse de maison légèrement tendue. On a dû racheter des guirlandes argent parce qu’elles vont mieux avec les décorations « lapins », mais le résultat est là. Camaïeu de blancs et rouges Et il n’y a plus qu’à faire des selfies joyeux et symétriques devant l’arbre, tout sourire parfaitement blanchi grâce à l’outil de retouche numérique adéquat. Pas de #christmasspirit sans tenue officielle, soit des pyjamas parés de pingouins, d’oursons, de Pères Noël et autres bonhommes de neige. Le camaïeu de blancs et rouges est recommandé, ainsi que les chaussettes de laine assorties. Pour le pyjama-selfie obligatoire, on peut montrer ses abdos (avant que l’abus de crème de marrons ne les pulvérise), voire ses sous-vêtements, destinés à des festivités auxquelles les enfants ne sont pas conviés. Même les animaux sont priés de participer au #christmasspirit, tant pis si le chien a l’air moyennement joyeux avec son bonnet rouge à pompon. Il a déjà eu du mal à se remettre d’Halloween et du costume de sushi que lui avaient trouvé ses maîtres. A ce stade, il prie pour qu’ils fassent un bébé et déguisent plutôt leur progéniture avec tous ces machins en acrylique. En attendant, il est sur le selfie de la famille et bave copieusement sur le pyjama de « maman ». Selfie avec dinde aux marrons Dernier passage obligé : la cuisine de Noël. Si vous avez raté le catalogue du traiteur ou du supermarché du coin, pas de panique, on retrouve tout cela sur Instagram : dindes et marrons dans les bons dégradés de bruns juteux, bûches à 7 000 calories la bouchée, gâteaux rouge-vert-blanc assortis au décor. Une vraie pub pour cachets-qui-font-digérer. Et on n’oublie pas de faire un selfie à côté de la table. Eh oui, la personne qui brandit le couteau à découper au-dessus de la dinde avec un sourire aussi large que crispé est bien en overdose de #christmasspirit. Au fond, ce hashtag signale juste le décor de saison pour faire des selfies. Pour revoir des images aussi gratinées, il faudra attendre Pâques et ses filtres photo « lapin ». Le chien n’est pas rassuré, rassuré.
25/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/25/christmasspirit-ou-les-joies-de-noel_5401989_4500055.html
Soudan : une ONG dénonce l’usage de « force meurtrière contre des manifestants non armés »
Selon Amnesty International, au moins 37 personnes ont été « abattues » par la police depuis le début des manifestations contre la vie chère, le 19 décembre.
Photo de l’enterrement, sur l’île d’Aba (au sud de Khartoum), de deux jeunes garçons tués au cours d’une manifestation contre le gouvernement soudanais, selon le militant qui a fourni le cliché à l’agence AP, le 21 décembre 2018. Sudanese Activist / AP Trente-sept manifestants ont été « abattus » par la police et l’armée en cinq jours d’un mouvement de protestation contre la vie chère au Soudan, a déclaré l’organisation de défense des droits humains Amnesty International, lundi 24 décembre. Le mouvement de colère d’une partie de la population soudanaise, qui a touché jusque-là une dizaine de villes, a été déclenché le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique. Selon des responsables et des témoins, les manifestations ont fait au moins huit morts – six à Al-Gadaref (est) et deux à Atbara (est) – lors des heurts avec les forces antiémeute. Mais des bilans plus lourds ont été évoqués. Le chef du principal parti d’opposition, Sadek Al-Mahdi, a ainsi estimé samedi le nombre de morts à vingt-deux, dénonçant la « répression armée » des autorités. Dans un communiqué publié lundi soir, Amnesty International rapporte de son côté que « trente-sept manifestants ont été abattus par les forces de sécurité au cours de cinq jours de manifestations antigouvernementales ». « Garantir une vie digne aux citoyens » « Le fait que les forces de sécurité utilisent une force meurtrière de manière aussi aveugle contre des manifestants non armés est extrêmement préoccupant », a estimé Sarah Jackson, directrice adjointe de l’ONG pour l’Afrique de l’Est, la région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique. L’organisation appelle les autorités à « mettre fin à cet usage meurtrier de la force et empêcher de nouvelles effusions de sang inutiles ». Au sixième jour de manifestations, le président Omar Al-Bachir a promis lundi aux Soudanais de « vraies réformes pour garantir une vie digne aux citoyens ». Après les premières revendications contre la cherté de la vie, des rassemblements populaires ont été ponctués du slogan « Le peuple veut la chute du régime », tiré du « printemps arabe » de 2011.
25/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/25/soudan-37-manifestants-tues-en-cinq-jours-par-les-forces-de-securite-selon-amnesty-international_5401986_3212.html
En Iran, la mort de l'ancien chef de la justice Mahmoud Hashemi Shahroudi
A la tête de deux corps importants de la République islamique d’Iran, il avait souvent été mentionné comme un possible successeur au guide suprême Ali Khamenei.
L'ancien chef de la justice l'ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi, âgé de 70 ans, est mort, ce 24 décembre, à Téhéran, après des longs mois de maladie. A la tête de deux corps importants de la République islamique d'Iran (le Conseil de discernement qui gère les différends entre le parlement et le gouvernement et le Conseil des gardiens de la Constitution qui valide les candidatures aux élections législatives et présidentielles -, Mahmoud Hashemi Shahroudi a souvent été mentionné comme un possible successeur au guide suprême Ali Khamenei. Un scénario d’autant plus plausible qu'il a été, à sa mort, le chef adjoint de l'Assemblée des experts qui élit le guide suprême. Depuis l'été 2018, cet homme politique n’assistait que très rarement aux réunions, laissant répandre des rumeurs quant à son état de santé. Son voyage médical en Allemagne il y a presque un an a ainsi provoqué un tollé, aussi bien en Iran qu'à l'étranger parmi les dissidents iraniens demandant son arrestation pour son bilan peu élogieux des droits de l'homme. C'est pendant son mandat comme garde des sceaux, entre 1999 et 2009, que beaucoup de quotidiens réformateurs ont été fermés, leurs journalistes et d'autres dissidents arrêtés, coupant court aux espoirs de changement et de réformes au sein du pouvoir judiciaire. Avant de prendre ce poste, le religieux s'était désolé de l'état du pouvoir judiciaire, le qualifiant d'"un bâtiment en ruines". Pendant ses deux mandats, il a émis un décret interdisant la peine de lapidation, bien que cette peine ait été appliquée, au moins à deux reprises, dans les provinces reculées, témoignant des limites de son pouvoir. C'est aussi pourquoi certains commentateurs des querelles de pouvoir en Iran prenaient la défense de Hashemi Shahroudi, expliquant qu'une partie de la justice lui échappait. Né en 1948 à Najaf en Irak, l'homme a été un des disciples de l'ayatollah Rouhollah Khomeini, le fondateur de la République islamique en 1979. Pendant la révolution, ce dernier demande à Mahmoud Hashemi Shahroudi de se rendre en Iran et de devenir la liaison entre lui, les forces révolutionnaires en Iran et la hawza (l'école religieuse où se tiennent les séminaires religieux chiite duodécimain) de Najaf. C'est également M. Shahroudi qui fonde en Iran, en 1982, le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak, comme parti d'opposition à Saddam Hussein. Ce parti deviendra après l'invasion américaine, en 2003, et la chute de Saddam, le Conseil suprême islamique irakien, une véritable force politique. Ces derniers mois, Mahmoud Hashemi Shahroudi avait, lui-même, indiqué souffrir des troubles intestinaux et des problèmes de reins, sans donner plus de précision. Ses funérailles se tiendront mercredi 26 décembre le matin à Téhéran et l'après-midi dans la ville religieuse de Qom. Le service International du Monde
25/12/2018
blog
http://keyhani.blog.lemonde.fr/2018/12/25/en-iran-la-mort-de-lancien-chef-de-la-justice-mahmoud-hashemi-shahroudi/
Greg Kelly, ex-bras droit de Carlos Ghosn, libéré sous caution
L’Américain, que la presse décrit comme un « farouche fidèle » de Carlos Ghosn, est accusé d’avoir dissimulé une partie des revenus de l’ex-PDG de Nissan.
Greg Kelly apparaissant au journal télévisé, le 21 décembre, à Tokyo. KAZUHIRO NOGI / AFP L’Américain Greg Kelly, arrêté le 19 novembre en même temps que Carlos Ghosn, a été relâché mardi 25 décembre au matin sous caution, tandis que l’ex-PDG de Nissan reste lui en garde à vue au moins jusqu’au 1er janvier. Le tribunal de Tokyo (Japon) avait approuvé un peu plus tôt sa remise en liberté en échange du paiement d’une somme de 70 millions de yens (environ 560 000 euros), et a confirmé avoir reçu la somme en espèces. Contrairement à M. Ghosn, M. Kelly ne fait pas l’objet d’un troisième mandat d’arrêt. Considéré comme son bras droit, l’Américain avait été mis en examen le 10 décembre pour avoir, selon les accusations du parquet, aidé le dirigeant à dissimuler une partie de ses revenus aux autorités boursières, environ 5 milliards de yens (38 millions d’euros) sur cinq ans, de 2010 à 2015. Il est aussi soupçonné d’avoir participé à une minoration similaire d’émoluments de M. Ghosn de 2015 à 2018. Lui-même dément toute malversation. Dans une enquête fleuve sur l’affaire parue le 16 décembre, le Wall Street Journal (WSJ) décrit un « farouche fidèle » de M. Ghosn, une sorte de « dépanneur » juridique, cherchant à tirer profit des « zones grises » de la réglementation japonaise mise en place en 2010 sur la transparence de la rémunération des patrons. M. Kelly était entré dans la filiale américaine de Nissan en 1988 après avoir exercé la profession d’avocat, et a progressivement gravi les échelons jusqu’à devenir un membre de la direction du groupe en 2008, chargé d’organiser les tâches du président, puis administrateur en 2012. Lire les portraits : Qui sont les protagonistes de la spectaculaire affaire Ghosn ? « Complot international » Dans une vidéo publiée par le WSJ, la femme de M. Kelly évoquait « la possibilité qu’il soit libéré le jour de Noël ». « Il doit être opéré rapidement pour cause de douleurs cervicales », avait expliqué Dee Kelly, s’inquiétant « d’une détérioration de sa santé ». Il pourrait être hospitalisé dès sa sortie de prison, a indiqué la chaîne de télévision publique japonaise NHK. Le responsable américain avait été attiré mi-novembre à Tokyo par un employé de Nissan pour y être arrêté, selon la version de son épouse, qui a dénoncé « un complot international, une trahison de certains dirigeants de Nissan pour prendre le contrôle » du constructeur japonais. Peu après l’interpellation des deux hommes, le constructeur japonais avait démis M. Ghosn de la présidence du conseil d’administration et M. Kelly de ses fonctions de représentation. Carlos Ghosn demeure en revanche PDG du groupe français Renault. Si M. Kelly peut être libéré sous caution, ce n’est pas le cas de M. Ghosn, qui est toujours en garde à vue. Il est sous le coup d’un nouveau mandat d’arrêt, le troisième, sur des charges supplémentaires concernant cette fois l’abus de confiance, après son inculpation pour dissimulation de revenus sur la période 2010-2015. La justice a décidé dimanche de prolonger sa garde à vue jusqu’au 1er janvier et le parquet peut encore à cette échéance requérir une extension de dix jours supplémentaires. Abus de confiance Selon une source proche du dossier, M. Ghosn espérait réellement être libéré sous caution la semaine dernière et ses avocats préparaient sa sortie, avant que ne tombent les nouvelles charges. Le dirigeant de 64 ans, qui veut « faire entendre sa voix et laver son honneur », a été transféré depuis plusieurs semaines dans une cellule plus spacieuse, bénéficiant de meilleures conditions de détention. Il rencontre régulièrement les différents représentants de l’ambassade de France, du Brésil et du Liban, pays dont il détient la nationalité, mais n’a pu rencontrer sa famille. Au cours des auditions, M. Ghosn aurait reconnu avoir signé des documents mentionnant des paiements qu’il était censé percevoir au moment de quitter Nissan, en tant que consultant, mais il assure, selon une personne au fait des investigations, que ces montants n’étaient pas définitivement établis et n’avaient donc pas à être inclus dans les rapports publics de l’entreprise. Sur l’autre motif d’abus de confiance, il lui est reproché d’avoir « failli à sa fonction de PDG et d’avoir causé un préjudice à Nissan ». Concrètement, le bureau des procureurs lui reproche d’avoir fait couvrir par Nissan « des pertes sur des investissements personnels » au moment de la crise financière d’octobre 2008, ce qu’il nie, selon la NHK. La somme incriminée s’élève à 1,85 milliard de yens (14,5 millions d’euros). Pour résoudre ce problème financier, il aurait obtenu qu’un ami saoudien se porte garant et aurait effectué des virements d’un montant équivalent sur le compte de ce dernier depuis un compte d’une filiale de Nissan. De son côté, M. Ghosn dément tout lien entre les deux affaires et assure que ce proche a été rétribué pour des services rendus à Nissan.
25/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/25/japon-le-bras-droit-de-carlos-ghosn-libere-sous-caution_5401976_3234.html
Liv Sansoz, reine des « 4 000 »
En dix-huit mois, l’ancienne championne du monde d’escalade, convertie à l’alpinisme, a enchaîné l’ascension des 82 plus hauts sommets des Alpes.
Les sommets du Mönch et de la Jungfraü, en Suisse, le 27 mars 2017. Ben Tibbetts Les blasés des sports extrêmes ne manqueront sans doute pas de les trouver quelconques, mais les images capturées, le 11 septembre, par la caméra GoPro de Liv Sansoz lors de son décollage en parapente du sommet du Mont-Blanc (4 810 m) sont, pour elle, inoubliables. Cet envol depuis le « Toit de l’Europe occidentale » a marqué l’aboutissement d’un défi de dix-huit mois entamé le 2 mars 2017 : l’enchaînement des quatre-vingt-deux sommets de plus de 4 000 m des Alpes. L’alpiniste de 41 ans a tenu à le boucler à domicile, en ralliant, par le versant italien, ce dernier sommet qui surplombe son douillet appartement des Houches. Quarante-huit heures d’ascension en autonomie sur le très technique itinéraire de l’Intégrale de Peuterey qui s’était refusée à elle par deux fois au cours de l’été… Par superstition, elle n’a prévenu personne de son départ avec l’alpiniste suisse Roger Schaeli, lorsqu’elle a entamé cette dernière course. « Il y avait du sable et du gravier, c’était sec et horrible, raconte-elle. Après les épisodes de canicules de l’été, le rocher bougeait de partout. Des cailloux comme des fours à micro-ondes tombaient autour de nous ». Eloge d’une certaine lenteur L’idée de « collectionner les 4 000 » n’est pas neuve. En 1911, à l’âge de 52 ans, Karl Blodig, un ophtalmologiste et journaliste autrichien, a, le premier, gravi tous ceux alors recensés. Bien d’autres l’ont suivi, y ajoutant leur touche personnelle. En avril 2004, la quête du Français Patrick Berhault, guide et professeur à l’Ecole nationale de ski et d’alpinisme, a tourné court. Il a perdu la vie lors d’une chute sur l’arête suisse du Täschhorn au Dom des Mischabel (4 545 m), son 64e sommet, alors qu’il tentait d’établir un record de vitesse avec Philippe Magnien. « L’enchaînement use, altère le jugement et peut conduire à l’épuisement. » « Cela n’a l’air de rien car on emprunte souvent des voies normales, techniquement peu intéressantes pour les grands alpinistes, dit Liv Sansoz de cette épreuve d’endurance à cheval sur la France, l’Italie et la Suisse. Mais l’enchaînement use, altère le jugement et peut conduire à l’épuisement. » C’est pourquoi l’ancienne championne du monde d’escalade sportive (1997 et 1999), originaire de Bourg-Saint-Maurice (Savoie), a privilégié le partage et s’est adonnée à l’éloge d’une certaine lenteur. La titulaire d’un DEA en psychologie cognitive et d’un DU de coaching et performance mentale explique : « En compétition, tu te programmes pour gagner. Il n’y a que toi et la voie d’escalade que tu réussis en allant chercher au plus profond de tes ressources mentales et physiques. Pour les 4 000, j’ai voulu célébrer l’aspect humain de la montagne, un alpinisme ordinaire qui me rendait responsable de mes compagnons et de leur sécurité. Il n’y avait ni podiums ni médailles, juste des journées de 18 heures encordés ensemble. Des moments très forts… » L’ascension du Grünhorn, en Suisse, le 28 mars 2017, avec Marco Bernasocchi. Ben Tibbetts Victime d’une déchirure au mollet droit Amis ou connaissances, vingt-quatre alpinistes, grimpeurs, skieurs de pente raide ou parapentistes se sont laissés séduire. L’ancienne compétitrice a pimenté sa quête en exigeant que chaque sommet soit rallié à pied, depuis les vallées, sans utiliser de remontées mécaniques. Et chaque redescente effectuée à skis ou en parapente, chaque fois que les conditions le permettaient. Sur cinq des quatre-vingt-deux sommets, elle a dû s’y reprendre à deux fois, parce qu’un compère a perdu en route ses indispensables lunettes de soleil, qu’une autre s’est blessée ou que la météo imposait un demi-tour… Elle avait pourtant démarré sur les chapeaux de roue par le Grand Paradis (4 061 m) en Italie, en mars 2017, gravissant trente-sept sommets en cinquante jours. Mais, en décidant que son périple serait filmé, Liv Sansoz s’est compliqué la tâche : « Pour avoir une belle lumière, il fallait partir à 1 heure du matin, au lieu de 6 heures, et sur cinq ou six jours d’affilée, c’était éprouvant. Dès qu’on passe plusieurs nuits en refuge, on ne se repose plus car il y a du monde, donc du bruit en permanence, et la moindre ampoule au pied devient insupportable. » Au 38e sommet, l’Aletschhorn (4 193 m), en Suisse, victime d’une déchirure au mollet droit, elle a dû être évacuée par hélicoptère. « J’avais besoin d’une pause, cela n’est pas arrivé par hasard, reconnaît-elle. Je ne m’étais même pas aperçue que mes orteils avaient commencé à geler. » Développement de matériel Durant ses quelques semaines de convalescence, Liv Sansoz a appris le décès de son ami Ueli Steck, 40 ans, victime d’une chute mortelle lors d’une course d’acclimatation sur le Nuptse (7 861 m), un sommet satellite de l’Everest au Népal. Spécialiste des solos et des records de vitesse et athlète professionnel comme elle, celui qu’on surnommait « the Swiss Machine » (« la machine suisse ») avait réussi l’ascension des quatre-vingt-deux sommets de plus 4 000 m en soixante-deux jours, à l’été 2015. Elle rêvait de l’associer à son projet. La météo capricieuse a ensuite continué à contrarier régulièrement les plans de Liv Sansoz. Mais Salomon, l’équipementier qui a financé son épopée en mettant notamment à sa disposition un routeur météo, ne s’en plaint pas. « Pourquoi partir au bout du monde (…) quand on a à la maison un terrain de jeu presque infini ? » « A travers ce projet, explique Bruno Bertrand, directeur du marketing ski chez Salomon, Liv a exprimé sa personnalité bien trempée, son souci de la sécurité et elle nous a permis de développer du matériel qu’on aurait mis dix ans à développer avec des testeurs ordinaires. » Comme une chaussure de montagne ultralégère. « Les expéditions au bout du monde sont trop aléatoires », conclut Liv Sansoz, adepte d’une montagne « durable ». « Pourquoi partir au bout du monde, au prix d’une empreinte carbone énorme et trimballant de gros sacs sans être certain de pouvoir grimper quand on a à la maison un terrain de jeu presque infini ? » De son crapahut alpestre, elle pense avoir tiré l’essentiel. « J’y ai pris un énorme plaisir et je suis rentrée en vie », sourit-elle.
25/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/25/liv-sansoz-reine-des-4-000_5401972_3242.html
Le musicien argentin Jaime Torres est mort
Jaime Torres avait fait connaître dans le monde entier le charango, instrument à cordes andin.
Le musicien folklorique argentin Jaime Torres est mort à l’âge de 80 ans. STR / AFP PHOTO / NA Le musicien argentin Jaime Torres, qui a fait connaître dans le monde entier le charango, instrument à cordes andin, est mort, lundi 24 décembre, à l’âge de 80 ans, a annoncé sa fille. « Aujourd’hui, il faut trinquer en pensant à lui et en écoutant le son de son charango », a déclaré sa fille et manager, Soledad Torres, au quotidien Clarin. De parents boliviens, né en Argentine le 21 septembre 1938, Jaime Torres fera découvrir cet instrument typiquement andin à cinq paires de cordes doubles, qui trouvera ses lettres de noblesse dans la Misa Criolla du compositeur Ariel Ramírez, en 1964. Interprète et compositeur, M. Torres était d’ailleurs le principal charanguiste de la musique populaire argentine depuis la moitié du siècle dernier. « Jaime Torres a joué avec tout le monde. Son héritage est inépuisable », a commenté la spécialiste Silvia Majul. Il a fait de nombreuses tournées européennes et participé à la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de football en Allemagne, en 1974. Jaime Torres et son charango dans « Diablo suelto », en 2012 :
25/12/2018
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/25/le-musicien-argentin-jaime-torres-est-mort_5401968_3246.html
Les sportives et sportifs français qui ont marqué 2018
Martin Fourcade triple médaillé d’or aux JO, les Bleues du hand championnes d’Europe, Kevin Mayer qui pulvérise le record du décathlon…
Kevin Mayer, nouveau recordman du monde du décathlon, le 16 septembre. NICOLAS TUCAT / AFP Il n’y a pas que le football dans la vie, et de nombreuses sportives et sportifs français ont brillé en 2018. Du sacre de Martin Fourcade aux JO d’hiver de Pyeongchang à la victoire de l’équipe de France féminine de handball lors de l’Euro, retour sur dix moments-clés du sport français cette année. Martin Fourcade, seul au monde Martin Fourcade victorieux à Pyeongchang, le 20 février 2018. FRANCK FIFE / AFP Martin Fourcade a écrit une nouvelle page de sa légende. Il a marqué de son empreinte les Jeux d’hiver à Pyeongchang, en février en Corée du Sud, avec trois médailles d’or, devenant le Français le plus titré de l’histoire aux JO avec cinq sacres, en y ajoutant les deux glanés à Sotchi en 2014. Après sa razzia des Jeux, il est aussi devenu le premier biathlète à remporter sept gros globes de cristal d’affilée, un nouvel exploit. Cette 7e Coupe du monde de suite, qui permet au Français d’effacer des tablettes le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, vient couronner un nouvel exercice exceptionnel. Avec dix-neuf podiums en dix-neuf sorties, Martin Fourcade aura fait preuve d’une régularité de métronome. En dépit de cette saison historique, le Français a décidé de changer d’entraîneurs. Pour rester au sommet. Lire aussi Biathlon : Martin Fourcade change tout pour rester au sommet Perrine Laffont, la surdouée des bosses Perrine Laffont, le 9 février 2018. DYLAN MARTINEZ / REUTERS C’est elle qui a apporté à la France la première médaille d’or des JO d’hiver 2018, en février à Pyeongchang (Corée du Sud), en remportant l’épreuve des bosses en ski acrobatique. Perrine Laffont, 19 ans, a su gérer la pression pour sortir son meilleur ski lors de la manche finale et s’imposer devant la Canadienne Justine Dufour-Lapointe et la Kazakhe Yulia Galysheva. Surdouée de la discipline, Laffont avait crevé l’écran lors des précédents JO, à Sotchi en 2014. Elle aura besoin d’un peu de temps pour réaliser ce qui vient de lui arriver cette année. « J’ai 19 ans, je ressemble à un enfant. Je ne réalise pas, je ne me sens pas prête pour ça. Mais je le veux. C’est complètement fou ! » Comme un rêve qui devient réalité. Marie Bochet brille à Pyeongchang Marie Bochet, porte-drapeau de la délégation française. NG HAN GUAN / AP Avec quatre titres (descente, super-G, slalom géant, slalom) en cinq courses disputées dans la montagne sud-coréenne, Marie Bochet, la skieuse du Beaufortain, en Savoie, a égalé sa moisson de Sotchi en 2014, déjà exceptionnelle avec quatre titres (descente, super-G, slalom géant, super-combiné). Née avec une agénésie (atrophie) de l’avant-bras gauche, elle conforte son statut de sportive française la plus titrée aux Jeux paralympiques hivernaux, avec huit médailles d’or. Elle avait aussi éclaboussé de son talent les Mondiaux 2013 et 2015, avec cinq médailles d’or à chaque fois dans toutes les épreuves du ski alpin. Lire aussi La skieuse Marie Bochet, espoir français des Jeux paralympiques Julian Alaphilippe, désormais un classique Julian Alaphilippe avec son maillot à pois de meilleur grimpeur, le 29 juillet 2018. JEFF PACHOUD / AFP Les Français ont brillé dans les classiques cyclistes et Julian Alaphilippe s’y est particulièrement distingué. Le coureur de la Quick-Step a remporté deux d’entre elles (Flèche wallonne, Clasica San Sebastian) mais c’est sur le Tour de France que le grand public s’est pris d’affection pour la personnalité exubérante de l’ancien mécano, un stakhanoviste. Après avoir été l’un des grands animateurs de la Grande Boucle cet été (maillot à pois, deux victoires d’étape), Julian Alaphilippe a également brillé en remportant le Tour de Grande-Bretagne en septembre. Charlotte Bonnet, nouvelle figure de la natation Charlotte Bonnet après sa victoire lors des championnats d’Europe à Glasgow. FRANCOIS XAVIER MARIT / AFP Or du 200 m, des relais 4 × 100 m dames et mixte, plus bronze du 100 m : Charlotte Bonnet a pris son envol et porté la natation française aux championnats d’Europe, à Glasgow, en août. Au bout d’une saison au cours de laquelle elle a franchi des frontières chronométriques significatives, la Niçoise de 23 ans a répondu avec autorité aux attentes en coiffant sa première couronne internationale, en individuel, en grand bassin, sur 200 m. Kevin Mayer, plus vite, plus haut, plus fort Kevin Mayer a établi le nouveau record du monde de décathlon, le 16 septembre à Talence (Gironde). NICOLAS TUCAT / AFP Sa saison aurait pu être de celles que l’on souhaite oublier et remiser au placard. En août, à Berlin, un zéro pointé dans l’épreuve du saut en longueur l’avait privé du titre européen du décathlon qui lui tendait les bras. La déception avait été immense pour le champion du monde 2017. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Décathlon : l’exploit hors norme de Kevin Mayer Mais Kevin Mayer n’est pas un athlète comme les autres. Revanchard, il décide de reporter ses vacances et prend rendez-vous un mois plus tard au Décastar de Talence. Le 16 septembre, le Drômois entre dans l’histoire de l’athlétisme : il passe pour la première fois la barre mythique des 9 000 points et écrase de 81 points le record du monde de la spécialité, détenu depuis 2015 par l’Américain Ashton Eaton (9 126 points contre 9 045). Désormais, « Kéké la Braise » (son surnom) n’a plus qu’un objectif : devenir champion olympique à Tokyo en 2020. Sébastien Ogier, discret mais rapide La M-Sport Ford pilotée par Sébastien Ogier lors de l’épreuve de Deeside (Pays de Galles) du championnat du monde des rallye, le 6 octobre. RED BULL On peut être sextuple champion du monde et vivre dans l’ombre d’un (quasi)-retraité, surtout quand ce dernier s’appelle Sébastien Loeb et qu’il est nonuple champion du monde dans votre discipline. Mais Sébastien Ogier n’en a cure. Celui qui règne sur le rallye mondial depuis le départ de son illustre coéquipier (2012 à 2018) est aussi discret qu’il est efficace et rapide volant en main. Lire aussi Sixième sacre mondial pour Sébastien Ogier en rallye automobile Cette saison, le Gapois (M-Sport Ford) a peut-être acquis son plus beau titre tant il a été disputé. Le Belge Thierry Neuville l’a concurrencé jusqu’à l’ultime épreuve, le rallye d’Australie en novembre. La saison prochaine, un nouveau défi l’attend : le pilote sera de retour au sein de l’écurie Citroën, qu’il avait quittée en 2011, las d’attendre son heure dans l’ombre d’un certain Sébastien Loeb. Clarisse Agbegnenou, valeur sûre du judo français Clarisse Agbegnenou, médaille d’or aux championnats du monde judo, à Bakou, le 23 septembre. MLADEN ANTONOV / AFP Lorsque Teddy Riner n’est pas là, l’équipe de France de judo sait qu’elle peut toujours compter sur elle. Clarisse Agbegnenou en est un pilier indestructible. En septembre, à Bakou (Azerbaïdjan), elle a remporté son troisième titre mondial, le deuxième consécutif dans la catégorie des moins de 63 kg. Médaillée d’argent lors des JO de Rio en 2016, la judoka est programmée pour triompher à Tokyo en 2020. Elle aura alors 27 ans et encore quelques années devant elle pour continuer à garnir un palmarès imposant – trois titres européens, deux titres de vice-championne du monde, deux titres de championne du monde par équipes – l’un des plus impressionnants du judo tricolore. Lire aussi Judo : la Française Clarisse Agbegnenou sacrée championne du monde Francis Joyon, la Route du rhum pour quelques minutes L’arrivée de Francis Joyon en Guadeloupe, le 11 novembre 2018. LOÏC VENANCE / AFP Francis Joyon a remporté, dans la nuit de dimanche 11 à lundi 12 novembre, la Route du rhum, au terme d’un « sprint » final haletant face à François Gabart, digne de la fin de course de la première édition de la transatlantique, en 1978, entre le Canadien Mike Birch et le Français Michel Malinovsky, séparés de quatre-vingt-dix-huit secondes. Francis Joyon complète ainsi un palmarès déjà riche. Notamment de quelques records. Francis Joyon, 62 ans, n’avait jamais remporté cette mythique transatlantique en solitaire depuis sa première participation, en 1990. Tant attendu, son triomphe à sa septième tentative restera dans les annales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Francis Joyon, un marin d’un autre âge vainqueur de la Route du rhum L’équipe féminine de handball sur le toit de l’Europe L’équipe de France féminine de handball, victorieuse, au Palais omnisports de Paris-Bercy, le 16 décembre 2018. CHARLES PLATIAU / REUTERS C’est très certainement la meilleure génération de l’histoire du handball féminin français. Sacrées championnes du monde en 2017, les Bleues sont désormais également championnes d’Europe. Après la défaite en finale des JO de Rio, l’équipe de France a enfin battu la Russie en finale d’une grande compétition. Emmenées par une Alexandra Lacrabère en feu (six buts), les handballeuses françaises ont étouffé leurs adversaires, ne laissant aucune miette (24-21). Ce sacre conclut une année faste pour le handball français qui a étendu son hégémonie aux compétitions de clubs en 2018 en réussissant un triplé inédit, chez les hommes, en Ligue des champions en plaçant trois clubs dans le Final Four (Montpellier, Nantes et Paris) pour une victoire finale des Héraultais. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Handball : les Bleues, au sommet de leur art
25/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/25/2018-dans-le-retro-les-sportives-et-sportifs-francais-qui-ont-marque-l-annee_5401964_3242.html
« Le Monde des lecteurs » - Noël : Que célèbre-t-on le 25 décembre !
Gabriel Racle rappelle « le solstice d’hiver marque bien la nuit la plus longue de l’année, mais c’est aussi le moment où les jours commencent à rallonger. Sous différentes interprétations, c’est la victoire de la lumière sur les ténèbres. »
« La tradition du sapin de Noël est plus récente et donne lieu à diverses hypothèses, dont l’une la fait remonter au XVIe siècle, en Alsace » Photo : l’arbre de Noël de Strasbourg, place Kléber, en 2014. AGE / Photononstop Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Il peut sembler étrange de poser une telle question tant la tradition religieuse de Noël a fait du 25 décembre la commémoration de la date de naissance de Jésus-Christ. Et pourtant, on peut fort légitiment se demander s’il en est bien ainsi, tant l’obscurité de la nuit des temps entoure cette naissance… Bien entendu, faire une recherche historique sur la date de naissance de ce personnage appelé Jésus puis Jésus-Christ, n’a rien à voir avec les croyances religieuses que l’on peut avoir, et ne constitue aucunement une dénégation de celles-ci. Des dates Au début, le christianisme, une nouvelle religion monothéiste, qui devait trouver sa place parmi tous les courants religieux qui existaient dan le bassin méditerranéen, devait se doter d’un personnage aussi réel que possible qui en serait à la source et qui avait une existence réelle et donc une naissance réelle. Mais aucun document ne donnait cette date et des variations ont donc marqué celle-ci. Plusieurs dates ont été avancées pour cette naissance : le 6 janvier, le 28 mars, le 19 avril ou le 29 mai. Certains groupes avaient choisi le 6 janvier, qui correspond aux épiphanies de Dionysos et d’Osiris – deux divinités de la végétation qui, comme le Christ, meurent et ressuscitent – et à la sortie du soleil dans la constellation de la Vierge, moment important pour les astrologues de l’Antiquité. Une situation devenue de plus en plus importante et embarrassante allait obliger le personnage à la tête des États pontificaux, le pape, ce remplaçant du chef de l’Empire romain d’Occident tombé en désuétude, à réagir énergiquement : le culte du dieu Mithra rapporté à Rome par les légions romanise revenant de la Perse (Iran actuel). Mithra Pour comprendre ce dont il s’agit, il faut faire un retour en arrière. Depuis des lustres, le solstice d’hiver a fait l’objet d’une célébration, sous diverses formes selon les cultures. Mais le symbolisme en est toujours le même : le solstice d’hiver marque bien la nuit la plus longue de l’année, mais c’est aussi le moment où les jours commencent à rallonger. Sous différentes interprétations, c’est la victoire de la lumière sur les ténèbres. Le culte alors le plus pratiqué était celui de Mithra, dont le nom signifie à la fois « ami » et « contrat » ; le dieu Mithra est l’ami des humains, c’est le dieu de la lumière et de la justice, qui veille au respect des alliances et des serments. Une religion qui a de quoi séduire et attirer. Ce culte était très répandu chez les soldats romains qui, de la Perse, le transportent en Italie où il s’implante solidement, à Rome notamment. Les adorateurs de Mithra reconnaissaient une divinité unique, manifestée par la lumière des astres, surtout le Soleil, brillant et invincible, ennemi de la nuit et des démons. Le dieu Mithra était un serviteur du dieu Ormuzd, la lumière primitive, et l’intercesseur des humains auprès de celui-ci.
25/12/2018
blog-mediateur
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/25/le-monde-des-lecteurs-noel-que-celebre-t-on-le-25-decembre_5401953_5334984.html
Erdogan invite Trump en Turquie après l’annonce du retrait américain de Syrie
L’annonce, faite lundi soir par la Maison Blanche, intervient quelques jours après celle du départ des quelque 2 000 militaires américains stationnés dans le nord-est du pays.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a invité son homologue américain, Donald Trump, à se rendre en Turquie, alors qu’Ankara et Washington resserrent leurs relations afin de coordonner le retrait attendu des troupes américaines en Syrie. La Maison Blanche a annoncé, lundi 24 décembre au soir, que M. Erdogan avait invité M. Trump à venir en visite en 2019 en Turquie. « Bien que rien de définitif ne soit en train d’être programmé, le président [Trump] est ouvert à une rencontre potentielle à l’avenir », a indiqué Hogan Gidley, un porte-parole de l’exécutif américain. En attendant, « une délégation américaine va venir en Turquie cette semaine », avait déclaré plus tôt à la presse le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin. « Ils discuteront des moyens de coordonner [le retrait] avec leurs homologues turcs. » « Eviter un vide du pouvoir » Après un entretien téléphonique dimanche entre MM. Trump et Erdogan, la présidence turque a affirmé que les deux dirigeants s’étaient « convenus d’assurer la coordination entre les militaires, les diplomates et d’autres responsables de leurs pays pour éviter un vide du pouvoir qui pourrait résulter d’une exploitation du retrait [américain] et de la phase de transition en Syrie ». Sur Twitter, M. Trump a dit avoir évoqué avec le numéro un turc le groupe « Etat islamique (EI), notre engagement mutuel en Syrie et le retrait lent et extrêmement coordonné des troupes américaines de la région » ainsi que des relations commerciales « considérablement accrues ». I just had a long and productive call with President @RT_Erdogan of Turkey. We discussed ISIS, our mutual involveme… https://t.co/yMG7EFB4uj — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) M. Kalin a en outre expliqué que le retrait américain attendu n’aurait pas d’impact sur la lutte contre l’EI dans le nord de la Syrie. « Il n’y aura pas d’interruption dans la lutte contre l’EI. La Turquie montrera la même détermination contre l’EI. Il est hors de question de ralentir notre lutte contre l’EI », a-t-il dit. Il a aussi assuré que la Turquie n’avait pas besoin dans cette lutte des milices kurdes des YPG, appuyées par Washington mais qu’Ankara considère comme « terroristes » car émanant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). « Pour battre l’EI, en tant que Turquie, nous n’avons pas besoin du PKK ou des YPG », a-t-il affirmé. « Comme nous n’avons pas laissé les Arabes syriens en proie à Daech [l’EI], nous ne laisserons pas les Kurdes syriens en proie à la cruauté du PKK et des YPG », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Ankara. « Pourquoi sommes-nous actuellement en Syrie ? Pour que nos frères arabes et kurdes recouvrent leur liberté », a-t-il ajouté. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le retrait américain de Syrie, une victoire diplomatique pour Erdogan Renforts à la frontière Renforçant la pression sur les YPG, désarçonnées par l’annonce de l’imminent retrait de leurs alliés américains, la Turquie a acheminé lundi de nouveaux renforts militaires à sa frontière avec la Syrie en préparation de l’offensive qui se profile, même si M. Erdogan a décidé d’y surseoir dans l’immédiat. Des unités militaires, des canons de type Howitzer et des batteries d’artillerie ont été acheminés en convoi vers le district d’Elbeyli, face à la frontière syrienne dans la province turque de Kilis, selon l’agence étatique Anadolu. Cet envoi de renforts avait commencé ce week-end avec l’arrivée d’une centaine de véhicules militaires turcs dans la région d’al-Bab, contrôlée par des forces pro-turques dans le nord de la Syrie, a indiqué le quotidien Hürriyet. Des renforts militaires ont également été dépêchés vers la ville d’Akcakale et le district de Ceylanpinar dans la province de Sanliurfae (sud-est de la Turquie). Prenant de court les alliés des Etats-Unis, M. Trump a ordonné mercredi le départ dès que possible des quelque 2 000 militaires américains stationnés dans le nord-est de la Syrie, où ils luttent contre les djihadistes aux côtés des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de milices arabo-kurdes dominée par les YPG. Le président, opposant de longue date à la présence américaine dans un conflit jugé coûteux, a estimé que les troupes américaines n’étaient plus utiles car l’EI était « en grande partie vaincu ». Et il semble compter sur M. Erdogan pour en finir. « Le président Erdogan de Turquie m’a donné des assurances dans des termes très forts » quant au fait qu’il allait « éradiquer ce qui reste de l’EI en Syrie », a-t-il ainsi tweeté. President @RT_Erdogan of Turkey has very strongly informed me that he will eradicate whatever is left of ISIS in Sy… https://t.co/l4RDUsBNNg — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) D’après le Washington Post citant des sources à la Maison Blanche, les conseillers de Donald Trump l’ont persuadé de retirer plus lentement qu’il ne l’aurait voulu les troupes américaines afin que leur sécurité ne soit pas menacée.
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/erdogan-invite-trump-en-turquie-apres-l-annonce-du-retrait-americain-de-syrie_5401950_3210.html
Muriel Fabre-Magnan défend la nécessaire imperfection du droit
La juriste signe « L’Institution de la liberté », un essai novateur sur les rapports de la justice à la liberté qui passe par une réflexion sur le consentement et la dignité.
L’Institution de la liberté, de Muriel Fabre-Magnan, PUF, 354 p., 21 €. Allégorie de la liberté : la statue de la Liberté, dans la baie de New York ? REED KAESTNER / CORBIS / PHOTONONSTOP Un jeune marié découvre que sa femme n’est pas vierge. Il demande l’annulation de son mariage. Sur cette trame boulevardière se noue en 2008 une affaire qui serait restée dérisoire si le tribunal de grande instance de Lille n’avait donné raison à l’époux, au motif que l’épouse avait consenti à faire de la virginité un élément fondateur de ce mariage. Quelques mois plus tard, la cour d’appel de Douai infirmera cette décision : les droits de la jeune femme devaient être défendus, quand bien même elle prétendrait y renoncer. Fin de l’histoire ? Elle ne fait, au contraire, que commencer, affirme Muriel Fabre-Magnan dans son nouvel essai, L’Institution de la liberté. La juriste se saisit d’un certain nombre de cas similaires pour démonter pas à pas cette transformation progressive du droit, dont l’objet ne serait plus l’humain en tant que tel, mais une idée de l’humain : le « mythe » d’un « individu transparent » dont la volonté serait stable et définie. Il ne s’agirait alors que de prendre acte des effets de celle-ci, en d’autres termes : d’établir son consentement, concept sur lequel, selon l’auteure, se cristallise la question. Bien entendu, il ne s’agit pas pour elle de nier cette évidence juridique, qu’un acte, pour être licite, doit être consenti par les personnes qu’il concerne. Cependant, un critère « nécessaire » est-il un critère « suffisant » ? Si le constat d’un consentement pouvait valoir justification universelle, le tribunal de Lille aurait raison. Or « le droit ne peut, sans se contredire et donc sans se dissoudre, garantir en même temps les droits et libertés fondamentales de la personne et la possibilité pour cette même personne de les perdre ». Vie privée Mais il faut prendre garde au fait que ce qui se dissout par là même se répand, et que cette évolution consiste aussi à mêler le droit à toute chose. Le regard porté sur le consentement des gens porte sur leur vérité, sur une intériorité sans quant-à-soi ni secret. Il est donc un regard sur la valeur de la personne : à bon consentement, bon consentant. Ainsi le droit et à travers lui l’Etat se mêlent-ils de plus en plus de la vie privée, pour nous apprendre à vivre bien, selon les normes du moment. Absolutiser une liberté théorique, en l’empêchant de s’autolimiter par la confrontation à des interdits objectifs, revient à diminuer la liberté concrète.
25/12/2018
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/25/muriel-fabre-magnan-defend-la-necessaire-imperfection-du-droit_5401946_3260.html
« L’homme est devenu avide et vorace » : le pape plaide contre un consumérisme vide de sens
« Demandons-nous : est-ce que je partage mon pain avec celui qui n’en a pas ? », a dit François dans son homélie de Noël.
Le pape François, chef du 1,3 milliard de catholiques dans le monde, a appelé lundi 24 décembre les fidèles à laisser de côté leur « voracité » consumériste pour réfléchir au sens spirituel de leur vie et au partage avec les plus humbles, dans son homélie de la nuit de Noël. Devant une dizaine de milliers de personnes rassemblées comme chaque année dans la majestueuse basilique Saint-Pierre au Vatican, il a constaté : « L’homme est devenu avide et vorace. Avoir, amasser des choses semble pour beaucoup de personnes le sens de la vie. Une insatiable voracité traverse l’histoire humaine, jusqu’aux paradoxes d’aujourd’hui ; ainsi quelques-uns se livrent à des banquets tandis que beaucoup d’autres n’ont pas de pain pour vivre. » Le pape argentin, infatigable défenseur des pauvres, a appelé à « ne pas glisser dans les ravins de la mondanité et du consumérisme ». « Le petit corps de l’Enfant de Bethléem lance un nouveau modèle de vie : non pas dévorer ni accaparer, mais partager et donner », a plaidé le pape lors de la messe de la nuit de Noël, qui commémore dans la tradition chrétienne la naissance de Jésus de Nazareth à Bethléem. « Est-ce que j’arrive à me passer de tant de garnitures superflues, pour mener une vie plus simple ? Demandons-nous : à Noël, est-ce que je partage mon pain avec celui qui n’en a pas ? », a lancé François, s’exprimant sous le baldaquin dessiné par le Bernin, où seul le souverain pontife est autorisé à célébrer la messe. Le pape, qui vient de fêter ses 82 ans, adressera son sixième message de Noël Urbi et orbi (« à la ville et au monde ») mardi devant les fidèles massés sur la place Saint-Pierre. Foule compacte à Bethléem L’archevêque Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarche latin de Jérusalem, à son arrivée près de l’église de la Nativité, à Bethléem. , le 24 décembre 2018. Nasser Nasser / AP A Bethléem, en Cisjordanie, une foule compacte a assisté à la messe de minuit célébrée dans l’église Sainte-Catherine, attenante à la basilique de la Nativité, construite sur le lieu où, selon la tradition chrétienne, Jésus est né. Le président palestinien Mahmoud Abbas, son premier ministre et un représentant du roi de Jordanie étaient présents. Dans son homélie, l’archevêque Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarche latin de Jérusalem, a rendu hommage à la ville palestinienne, précisant que la naissance du Christ à Bethléem était « un choix divin ». « Bethléem, Nazareth, Cana, Capharnaüm, Jérusalem : ce sont des noms chers à nos cœurs puisque ces villes ont été aimées par Jésus », a-t-il dit. Evoquant une « responsabilité » vis-à-vis de « la ville et la terre que nous habitons », il a ajouté : « il ne s’agit pas de la posséder ou de l’occuper mais de la transformer » pour que puisse y fleurir « l’expérience de communion et de paix ». Lire le portrait : Qui est vraiment le pape François ? Notre série en cinq épisodes
25/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/25/a-noel-le-plaidoyer-du-pape-contre-un-consumerisme-vide-de-sens_5401943_3224.html
Sur le point d’être inculpé pour « attentat à la pudeur », Kevin Spacey se justifie dans une étrange vidéo
L’acteur sera formellement inculpé d’« attentat à la pudeur » et de « coups » dans une semaine, selon la justice du Massachusetts.
L’acteur américain Kevin Spacey, accusé par plusieurs hommes d’agressions sexuelles, va être formellement inculpé pour la première fois début janvier, pour attentat à la pudeur contre un adolescent en juillet 2016 près de Boston (Massachusetts). La justice enquêtait depuis novembre 2017 sur cette agression présumée. La mère de l’adolescent, la journaliste Heather Unruh, venait de révéler avoir porté plainte contre l’acteur. Selon le bureau du procureur Michael O’Keefe, l’ex-star de la série House of Cards sera formellement inculpée le 7 janvier à Nantucket d’« attentat à la pudeur » et de « coups » après la validation d’une plainte au pénal. L’acteur de 59 ans a été accusé par plusieurs autres hommes d’agression depuis le début du mouvement #metoo en octobre 2017 et est depuis persona non grata à Hollywood. Lire le portrait : Kevin Spacey, un fantôme à Hollywood « Laissez-moi être Frank » L’annonce de cette inculpation intervient alors que l’acteur a mis en ligne lundi une vidéo de trois minutes intitulée « Let me be Frank » (« Laissez-moi être Frank »), jeu de mot entre « frank » qui se traduit par « franc » et le nom de son personnage dans House of Cards, Frank Underwood. En reprenant la même élocution et le même accent du Sud américain que cet homme politique cynique prêt à tout pour défaire ses adversaires, l’acteur évoque les actions et manigances du personnage tout en insinuations, au point qu’il semble évoquer les accusations contre lui-même dans la réalité. Kevin Spacey – qui avait disparu de la circulation depuis les premières accusations contre lui il y a plus d’un an – laisse entendre dans cette vidéo qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on dit sur lui. S’adressant directement au spectateur, comme dans un épisode de House of Cards, il lance : « Si je n’ai pas payé pour les choses dont nous savons tous les deux que je les ai faites, je ne vais certainement pas payer pour les choses que je n’ai pas faites. » Avant d’ajouter de façon mystérieuse que ses fans rêvant de le voir revenir à l’écran sauront bientôt « toute la vérité ». « Vous ne m’avez pas vu mourir » Après les premières accusations, celui qui a été récompensé à deux reprises aux Oscars pour ses rôles dans Usual Suspects (1995) et American Beauty (1999) – où il excellait dans le maniement d’une subtile ambiguïté – avait été débarqué par Netflix de House of Cards, dont il tenait le premier rôle. L’acteur a également été effacé du dernier film de Ridley Scott, Tout l’argent du monde, où ses scènes ont été re-tournées in extremis par Christopher Plummer. Dans la sixième et dernière saison de House of Cards, sortie en novembre, son personnage Frank Underwood a disparu : il est mort dans son sommeil. « Maintenant que j’y pense, vous ne m’avez en réalité pas vu mourir », dit Kevin Spacey dans sa vidéo. Avant de conclure énigmatiquement après une légère pause : « Les conclusions peuvent être si trompeuses. Je vous manque ? » Les médias britanniques ont fait état il y a plusieurs mois d’une enquête criminelle pour agressions sexuelles contre Kevin Spacey à Londres, où l’acteur a dirigé pendant onze ans le théâtre Old Vic. Mais à ce jour, aucune inculpation n’a été rapportée. La police de Los Angeles a aussi indiqué enquêter sur une plainte déposée en août contre l’acteur, après avoir clos un autre dossier dont les faits présumés, qui remontaient à 1992, étaient prescrits. Il fait aussi l’objet de plaintes au civil.
25/12/2018
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/25/kevin-spacey-sur-le-point-d-etre-inculpe-pour-agression-sexuelle_5401940_3476.html
Une zone proche du volcan Etna, en éruption, frappée par un séisme de magnitude 4,8
Les autorités font état d’une dizaine de blessés, de quelque 600 personnes déplacées et de dommages touchant des édifices anciens.
Une importante colonne de fumée s’échappait toujours de l’Etna, le 26 décembre. GIOVANNI ISOLINO / AFP Un séisme de magnitude 4,8 a frappé, mercredi 26 décembre, une zone proche de l’Etna, célèbre volcan sicilien entré en éruption lundi. Les autorités de protection civile font état d’une dizaine de blessés, de quelque 600 personnes déplacées et de dommages sur des édifices anciens. Selon un communiqué de l’Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV), le séisme s’est produit à 3 h 18 mercredi (2 h 18 GMT) à seulement 1,2 kilomètre de profondeur. Son impact a donc été ressenti dans toute la région. La forte secousse a eu lieu au sud-est du volcan, à cinq kilomètres de la mer, où sont situées des petites communes agricoles et viticoles. Une dizaine de personnes ont été transportées mercredi matin dans des hôpitaux, souffrant de blessures sans gravité à la suite de chutes de gravats. Dix-huit autres se sont rendues par elles-mêmes dans des hôpitaux pour des égratignures superficielles ou en état de panique. Dommages matériels Quelque 600 personnes devaient être hébergées mercredi soir dans des auberges mises à leur disposition par les autorités, leur domicile étant toujours jugé à risque en raison des secousses sismiques qui se poursuivent dans la zone. Six localités ont subi la plupart des dommages matériels. Le campanile de l’église Santa Maria Santissima del Carmelo, dans la commune d’Acireale, s’est écroulé, ainsi, surtout, que la statue de saint Emidio, considéré comme protecteur contre les tremblements de terre. Dans une autre commune, les murs d’une habitation se sont effondrés. Dans la commune d’Acireale, la statue de Sant’Emidio, considérée comme protectrice contre les temblements de terre, détruite. GIOVANNI ISOLINO / AFP Des pompiers de toute la région et de la Calabre voisine ont été dépêchés mercredi au petit matin vers les communes siciliennes touchées. Une petite portion de l’autoroute longeant la mer, fermée mercredi matin pour vérifications en raison de la détection de fissures, a pu être rouverte. L’aéroport international de Catane, la capitale de la province, au sud du volcan, a en revanche fonctionné toute la journée. 60 secousses Il s’agit de l’événement sismique le plus important depuis la reprise d’activité de l’Etna le 23 décembre. L’éruption s’est produite lundi sur le flanc latéral de l’Etna, une première depuis dix ans. En raison du manque de visibilité, une grande partie de l’espace aérien autour du volcan avait été fermée lundi. Depuis, l’INGV a recensé 60 secousses d’une magnitude supérieure à 2,5. Le 24 décembre, plusieurs secousses avaient déjà été enregistrées d’une magnitude comprise entre 4,0 et 4,3, sans toutefois provoquer de dommages matériels. L’institut de vulcanologie estime qu’un tremblement de terre d’une magnitude de 6,3 ayant sensiblement le même épicentre s’était produit le 20 février 1818. L’Etna, qui culmine à 3 300 mètres, est le plus important volcan en activité en Europe, avec des éruptions fréquentes, connues depuis au moins deux mille sept cents ans. Sa dernière phase éruptive remonte au printemps 2017, et la dernière grosse éruption, à l’hiver 2008-2009. La protection civile italienne a également renforcé mardi sa surveillance du Stromboli – île volcanique faisant partie des îles Eoliennes, au nord-est de la Sicile –, qui s’est réveillé mardi en crachant des fragments de lave et dont l’activité semble liée à celle de l’Etna, selon les experts.
26/12/2018
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/26/une-zone-proche-du-volcan-etna-en-eruption-frappee-par-un-seisme-de-magnitude-4-8_5402435_3244.html
Nicolas Hulot a retiré sa plainte pour diffamation contre le magazine « Ebdo »
L’hebdomadaire avait publié en février une enquête controversée sur l’ancien ministre. Depuis, il a cessé de paraître.
L’ancien ministre de la transition écologique Nicolas Hulot sur le plateau de "L'Emission politique" sur France 2, le 22 novembre. BERTRAND GUAY / AFP L’ancien ministre de la transition écologique Nicolas Hulot a retiré sa plainte en diffamation contre le magazine Ebdo, qui avait publié une enquête, controversée, le visant et qui a depuis cessé de paraître, a annoncé l’avocat de M. Hulot, Alain Jakubowicz, mercredi 26 décembre, à l’Agence France-Presse (AFP). Cette plainte avec constitution de partie civile, déposée en mars, visait le magazine et les deux auteurs de l’article. Dans un réquisitoire définitif, le parquet avait demandé la tenue d’un procès. Le retrait de cette plainte éteint la procédure ; il n’y aura donc pas de procès. Dans un article du 9 février, Ebdo avait fait état d’une plainte pour viol déposée en 2008 en Bretagne contre l’ex-animateur TV et classée sans suite. Etait également mentionnée une rumeur de harcèlement sexuel à l’encontre d’une ancienne collaboratrice de l’ex-Fondation Hulot, qui a elle-même démenti. Rumeurs « ignominieuses » Nicolas Hulot avait devancé la publication de l’article, contestant tout comportement inapproprié et dénonçant des rumeurs « ignominieuses ». Il avait en revanche reconnu l’existence de la plainte pour viol déposée en 2008 par la petite-fille d’un homme politique célèbre concernant des allégations remontant à 1997. L’auteure de cette plainte n’était pas identifiée dans Ebdo, mais il s’agit de Pascale Mitterrand, petite-fille de l’ancien président, qui avait dénoncé le lendemain, par l’intermédiaire de son avocat, une « tempête médiatique ». Critiqué pour son enquête, Ebdo avait défendu la semaine suivante son choix de la publier. Faute d’avoir séduit les lecteurs et d’avoir trouvé des fonds suffisants, le magazine avait cessé de paraître au bout de trois mois. Son éditeur, Rollin Publications, qui publiait aussi la revue XXI, avait ensuite été placé en liquidation judiciaire. « Nicolas Hulot se désiste opportunément (…) d’une action en diffamation sur laquelle il a abondamment communiqué, mais qui promettait de tourner à son désavantage », a réagi auprès de l’AFP Me Vincent Tolédano, avocat de Thierry Mandon, visé par la plainte en tant qu’ancien directeur de la publication d’Ebdo.
26/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/26/nicolas-hulot-a-retire-sa-plainte-pour-diffamation-visant-un-article-d-ebdo_5402431_3224.html
Israël : le Parlement vote pour sa dissolution et pour des élections le 9 avril
La coalition du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, ne disposait plus que d’une faible majorité à la Knesset depuis la démission en novembre du ministre de la défense, Avigdor Lieberman.
Le premier ministre, Benjamin Nétanyahou, à la Knesset, le Parlement israélien, mercredi 26 décembre. Sebastian Scheiner / AP La Knesset, le Parlement israélien, a voté, mercredi 26 décembre, en deuxième et troisième lectures, en faveur d’un projet de loi visant à dissoudre cette assemblée et à organiser des élections anticipées le 9 avril. Lundi, la coalition du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait décidé à l’unanimité de dissoudre le Parlement, alors qu’elle ne disposait plus que d’une faible majorité de 61 députés, sur 120, à la Knesset depuis la démission du ministre de la défense, Avigdor Lieberman, le 14 novembre, et le retrait de son parti de droite ultranationaliste, Israël Beitenou. Lire aussi En Israël, la coalition au gouvernement annonce la dissolution du Parlement Votée à 102 voix contre deux, cette loi prend effet immédiatement, le Parlement étant dissous jusqu’aux élections – presque quatre ans après le dernier scrutin, en mars 2015. Le gouvernement reste en place, mais il ne peut pas prendre des décisions nécessitant l’accord du Parlement, comme le vote de nouvelles lois. Record de longévité En poste depuis près de dix ans – après un premier mandat dans les années 1990 –, Benyamin Nétanyahou, 69 ans, a récemment échoué à faire voter une loi sur la conscription des ultraorthodoxes juifs dans l’armée, à laquelle s’opposent deux partis ultrareligieux de la coalition. Le vote de la loi avait été reporté à deux reprises, et aucun compromis entre les partis n’avait pu être trouvé. Le premier ministre est par ailleurs menacé d’être inculpé pour « corruption » dans trois affaires, à la suite d’une recommandation de la police israélienne en ce sens. Dimanche, le procureur général, Avichai Mandelblit, a indiqué qu’il se prononcerait d’ici à la fin du premier trimestre 2019 sur ces affaires. Aucun des sondages ne prévoit cependant la fin du long mandat de Benyamin Nétanyahou, qui serait alors en passe de battre le record de longévité (plus de treize ans) du premier des premiers ministres de l’Etat d’Israël, David Ben Gourion.
26/12/2018
international
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Trump en Irak : « Les Etats-Unis ne peuvent pas continuer à être le gendarme du monde »
Le président américain a fait une visite surprise, pour une opération de com’ avec les soldats et pour justifier le retrait militaire de Syrie.
Donald Trump, le 26 décembre à la base aérienne d’Al-Asad en Irak. Andrew Harnik / AP Le Proche-Orient est devenu le banc d’essai des choix de Donald Trump en politique étrangère. La visite surprise que le président des Etats-Unis a rendue à des soldats américains déployés en Irak, mercredi 26 décembre, l’a confirmé. Alors que ses prédécesseurs n’avaient pas attendu, comme lui, près de deux ans avant de l’accomplir, ce premier déplacement auprès de troupes sur le terrain a donné à M. Trump l’occasion de réaffirmer la ligne imposée avec le retrait des forces spéciales américaines présentes dans le nord-est de la Syrie, le 19 décembre. Le président a fait le récit de ce choix, arrêté contre l’avis de l’ensemble de ses conseillers, et qui a provoqué la démission de son secrétaire à la défense, James Mattis. Il s’est campé en homme de décision face à des « généraux » quémandant toujours plus de temps pour venir à bout des derniers combattants de l’organisation Etat islamique (EI), se vantant de leur avoir refusé les six mois supplémentaires qu’ils requéraient. « Il est maintenant temps que les autres prennent en charge ce combat », a-t-il expliqué, après avoir, dans un premier temps, justifié sa décision par la défaite supposée de l’EI. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le régime syrien devrait intensifier sa pression sur les Kurdes après le retrait américain Donald Trump s’est félicité de l’engagement de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, de prendre le relais, alors que l’offensive turque qui se dessine vise les combattants majoritairement kurdes qui ont combattu jusqu’à présent les djihadistes aux côtés des Américains. L’argent, unique argument La boussole du président, telle qu’il l’expose, est purement financière. Devant les soldats de la base Al-Assad, à l’ouest de Bagdad, l’unique argument martelé a été celui de l’argent, la seule raison pour laquelle « les Etats-Unis ne veulent plus être le gendarme du monde ». Répétant une conviction défendue publiquement depuis 1987, Donald Trump a assuré : « Il est temps pour nous de commencer à utiliser notre tête. » « Nous ne voulons plus être exploités par des pays qui nous utilisent et utilisent notre incroyable armée pour les protéger. Ils ne paient pas pour cela, et ils vont devoir le faire », a-t-il ajouté. Le discours du président a visé les alliés des Etats-Unis, et non leurs ennemis. Il n’a pas réservé à Israël un traitement de faveur, contrairement à l’Irak, pour lequel il a exclu une réduction des forces présentes. Lorsqu’il a été interrogé sur le fait que le retrait des forces spéciales américaines en Syrie allait priver l’Etat hébreu d’un soutien important dans un environnement hostile, comme l’illustre la multiplication des raids aériens israéliens visant ce pays, Donald Trump a de nouveau ressorti sa calculette. « Nous donnons à Israël 4,5 milliards de dollars par an. Et nous leur donnons, franchement, beaucoup plus d’argent que cela, si vous regardez les chiffres, beaucoup plus que cela. Et ils ont fait du très bon travail par eux-mêmes » pour assurer leur défense, a-t-il assuré à propos de l’aide militaire négociée par son prédécesseur démocrate, Barack Obama. « Nous serons toujours là pour Israël », a ajouté le président, par ailleurs prompt à rappeler sa décision de déplacer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, où l’annexion unilatérale de la partie orientale de la ville par Israël n’a pas été reconnue. Rhétorique des meetings de campagne Le message ne s’est pas limité à la région. « Les pays riches ne peuvent pas continuer à utiliser les Etats-Unis pour les défendre », a assuré le président. « Ce sont des pays riches. Ce sont des pays très riches, dans certains cas, dont je parle. Je ne parle pas seulement au Moyen-Orient. Je parle de partout dans le monde. Les pays riches ne peuvent pas s’attendre à ce que les Etats-Unis paient une grande majorité de leurs forces armées. Ils peuvent nous payer. Ils peuvent nous rembourser », a-t-il dit, avant de déplorer que les soldats américains soient déployés « partout dans le monde ». « Nous sommes dans des pays dont la plupart des gens n’ont jamais entendu parler. Et franchement, c’est ridicule », Donald Trump « Nous sommes dans des pays dont la plupart des gens n’ont jamais entendu parler. Et franchement, c’est ridicule », a ajouté le président. Les plus gros contingents américains se trouvent actuellement au Japon, en Allemagne, en Corée du Nord, en Italie et en Afghanistan. Mais selon une note du Pew Research Center publiée en 2017, cette présence militaire américaine extérieure est la plus faible de ces soixante dernières années. Le déplacement de Donald Trump, qui était accompagné par sa femme Melania, a suscité les controverses. Le président des Etats-Unis a ainsi assuré aux soldats qu’il était à l’origine de « la première hausse » de leur solde « depuis dix ans ». Il s’est vanté ensuite d’avoir imposé une augmentation de 10 % alors que son entourage plaidait, selon lui, pour une augmentation plus modeste. Les salaires des militaires ont pourtant été augmentés chaque année depuis 1983, selon la presse américaine, qui a rappelé ensuite que la hausse pour 2019 n’était que de 2,6 %. Donald Trump a également renoué avec la rhétorique de ses meetings de campagne, attaquant avec virulence les élus démocrates du Congrès à propos du « mur » qu’il veut ériger sur la frontière avec le Mexique et auquel ils s’opposent. Un ton que ses critiques ont jugé inapproprié face à des militaires en opérations.
26/12/2018
international
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Prison ferme pour quatre « gilets jaunes » ayant agressé un policier dans la Drôme
Ils ont été identifiés dans un groupe d’une vingtaine de personnes qui ont violemment pris à partie le commissaire divisionnaire dans une zone commerciale de Valence.
Blocage de la N7 par des « gilets jaunes » près de Valence, le 19 novembre 2018. ROMAIN LAFABREGUE / AFP Ils voulaient « bouffer du flic », estime le procureur, Dominique Binet. Le tribunal a suivi d’assez près ses réquisitions, prononçant des peines allant jusqu’à un an de prison ferme à l’encontre de quatre personnes poursuivies pour des violences sur le directeur de la police dans la Drôme lors d’une manifestation des « gilets jaunes ». Les prévenus, dont aucun n’avait encore de casier judiciaire, écopent de neuf à dix-huit mois d’emprisonnement, dont six mois avec sursis, et d’une interdiction de manifester pendant trois ans. Roué de coups Le 8 décembre, ils ont roué de coups au sol le commissaire divisionnaire Noël Fayet. Le directeur départemental de la sécurité publique était en civil, mais muni de son brassard et de son arme de service, quand il a été violemment pris à partie après une interpellation dans une zone commerciale de Valence. Les forces de l’ordre venaient de disperser un rassemblement de « gilets jaunes ». Une vidéo de la scène, filmée par une caméra de surveillance municipale, a été décortiquée à l’audience. Les quatre prévenus, dont une militante du PCF, ont été identifiés parmi une vingtaine de personnes. « Facilement », de l’aveu des policiers qui les ont arrêtés, car tous affichaient un signe distinctif : pantalon rouge, baskets orange, sac à dos rose… Preuve qu’ils ne cherchaient pas à se cacher pour en découdre, selon la défense, qui envisage de faire appel. M. Fayet et un collègue ont essuyé de nombreux coups, qui leur ont valu respectivement trois et deux jours d’interruption de travail. « En vingt-huit ans de police, je n’ai jamais vu une telle avalanche », a confié le commissaire dans un témoignage lu par le tribunal. Il était absent à l’audience. Le procureur a, lui, rapproché les faits de Valence des « actes dégueulasses » commis samedi à Paris quand des manifestants s’en sont pris à des policiers à moto. Une scène filmée « Je n’ai jamais donné de coup à qui que ce soit », a rétorqué à la barre la militante du PCF, une boulangère de 37 ans, condamnée à trois mois ferme. Sur la vidéo, on la voit surtout s’emparer du bonnet du commissaire à terre, geste censé, sur le coup, « détourner son attention pour qu’il ne sorte pas son arme ». « C’était on ne peut plus stupide », reconnaît-elle. L’accusation, elle, est convaincue qu’elle voulait emporter « un trophée ». Un cordiste en formation de 22 ans admet avoir porté un coup de pied, geste « inadmissible », dont il s’excuse. Mais s’il est intervenu, dit-il, c’est pour tenter de mettre fin à une bagarre, sans savoir qu’il s’agissait de policiers. De même pour un autre prévenu. Mais dans ce cas, « pourquoi ne pas s’en prendre à celui qui [dans l’attroupement] porte une batte de baseball ? », interroge le procureur. Très visible sur la vidéo, ce manifestant armé n’aurait pas été vu par les prévenus, qui tous soutiennent que ce que l’on peut analyser à l’écran aujourd’hui ne correspond pas à ce qu’ils pouvaient voir compte tenu de la confusion qui régnait ce jour-là. Les quatre avaient été placés en détention avant d’être libérés le 20 décembre dans l’attente de leur procès. Ils sont ressortis libres du tribunal, applaudis par leurs soutiens, dans l’attente de comparaître devant le juge d’application des peines.
26/12/2018
societe
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Le Danemark part en guerre contre ses « ghettos »
Début janvier, une série de 22 mesures exceptionnelles, s’appliquant à 43 quartiers sensibles, entrera en vigueur. Son but : démanteler les « sociétés parallèles » au Danemark. Une initiative très critiquée.
Le quartier de Hejrevej à Copenhague, peu après une fusillade, le 20 novembre 2018. Bax Lindhardt / AP Marianne, 32 ans, ne comprend pas. Six ans que cette vendeuse de supermarché habite à Tingbjerg, à l’ouest de Copenhague, et qu’elle n’a « jamais été cambriolée, jamais eu de problèmes avec [s]es voisins ou eu peur de sortir seule, même la nuit ». Cette histoire de ghetto, dit-elle, « c’est juste un truc de politiciens ». Annette, 70 ans, pense pareil. Retraitée, elle vit ici depuis quarante-sept ans et n’a jamais songé à déménager. Pourquoi donc ? Elle montre du doigt les aires de jeux, entre les bâtiments de brique jaune à trois étages, les pelouses où des jardiniers plantent des rangées de crocus, le petit ruisseau qui coule derrière la piste cyclable… Au fil des ans, le quartier a changé. Aujourd’hui, 73 % des 6 500 habitants sont d’origine étrangère « hors Occident », selon les statistiques du ministère des transports et du logement. Et parfois, dans la rue, ça se gâte : « Il y a des règlements de comptes entre groupes de jeunes, mais ce n’est pas nouveau et cela n’arrive pas très souvent non plus », confie Annette, qui insiste : « Il fait bon vivre ici. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Danemark veut parquer sur une île les migrants délinquants en attente d’expulsion Tingbjerg figure pourtant sur la liste des quartiers visés par le « plan ghetto », adopté par une majorité de députés danois, le 22 novembre, et qui entrera en vigueur début janvier. Au total, vingt-deux mesures pour se débarrasser de ce que le gouvernement libéral-conservateur, soutenu par les populistes du Parti du peuple danois, les sociaux-démocrates et le Parti populaire socialiste, appelle les « sociétés parallèles ». Des « trous dans la carte du Danemark », a martelé le premier ministre, Lars Lokke Rasmussen. Refus des maires Dans ces quartiers, les enfants de plus d’un an devront désormais aller à la crèche au moins vingt-cinq heures par semaine, à moins que leurs parents démontrent qu’ils sont capables de les stimuler en danois. Si ceux-ci refusent, ils perdront les allocations familiales. Même chose si leurs aînés manquent plus de 15 % de leurs cours. Les établissements scolaires ne pourront pas accueillir plus de 30 % des enfants issus de ces quartiers et les écoles affichant de trop mauvais résultats scolaires seront pénalisées. Par ailleurs, la police pourra durcir temporairement les condamnations pour certains crimes et délits commis dans ces quartiers. Les criminels en seront bannis, et leurs familles risqueront d’en être expulsées. Le plan prévoit aussi d’y limiter à 40 % d’ici à 2030 le nombre de logements sociaux occupés par des familles, qui constituent la très grosse majorité des locataires.
26/12/2018
international
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71 000 détenus dans les prisons en France, un record
La surpopulation carcérale s’accentue, avec plus de 71 000 détenus pour 60 000 places. Près du tiers des personnes incarcérées sont dans l’attente de leur jugement.
Un gardien au centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse, le 27 novembre. JEFF PACHOUD / AFP Le nombre de détenus dans les prisons françaises a établi un nouveau record au 1er décembre, avec 71 061 personnes incarcérées, selon les chiffres de l’administration pénitentiaire publiés mercredi 26 décembre. Ainsi, 82 634 personnes étaient placées sous écrou, dont 11 573 sous surveillance électronique ou à l’extérieur. Le nombre très symbolique de 70 000 détenus dans les 187 établissements pénitentiaires de France (départements et territoires ultramarins compris) avait, lui, été atteint en avril. Avec plus de 71 000 détenus pour 60 000 places opérationnelles, la densité carcérale s’établit désormais à 118,2 % dans les prisons françaises, qui souffrent d’une surpopulation chronique, contre 117,8 % un an plus tôt. Mais c’est une moyenne. La surpopulation dépasse 140 % dans les maisons d’arrêt, des établissements qui accueillent les courtes peines ou les personnes en attente de jugement. Certaines affichent même un taux d’occupation de plus de 200 %. La population carcérale en hausse depuis 2009 Ensemble des personnes écrouées, prévenues et condamnées. Direction de l'administration pénitentiaire Source : 7 000 places supplémentaires d’ici à 2022 Pour lutter contre cette surpopulation, le gouvernement a promis la création de 7 000 places de prison d’ici à la fin du quinquennat, parallèlement à une redéfinition de l’échelle des peines. Celle-ci fera baisser la population carcérale de 8 000 détenus, la ramenant à ses niveaux de 2008-2010, selon la garde des sceaux, Nicole Belloubet. La ministre de la justice veut notamment proscrire l’emprisonnement pour les très courtes peines, tout en garantissant l’application des peines d’emprisonnement de plus d’un an et en multipliant les alternatives en milieu ouvert. Comme en octobre, près du tiers des personnes incarcérées sont des prévenus détenus dans l’attente de leur jugement. La part des femmes (3,8 % de la population carcérale totale) et celle des mineurs (1 %) étaient stables au 1er décembre.
26/12/2018
police-justice
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« Paddington 2 » : le retour d’un ours délicieusement « british »
Le deuxième volet des aventures de l’ourson gaffeur, qui se déroulent à Londres, est drôle et bon enfant.
« Paddington 2 » (2017), film d’animation britannique et français de Paul King. STUDIOCANAL Canal+, mercredi 26 décembre à 21 heures, film d’animation Les premières aventures cinématographiques de l’ourson péruvien gaffeur baptisé d’un nom de gare londonienne et installé dans le quartier cosy de la famille Brown datent de 2014. Le film mi-peluche mi-réel avait fait un carton mondial, suivant l’exemple de la saga littéraire sexagénaire de Michael Bond, vendue à quelque 35 millions d’exemplaires sur la planète Terre, y faisant flotter l’étendard de l’excentricité britannique. Le retour de la bête en cette période de Noël, repassant avec les mêmes convives des plats dont on ne se lasse pas, est une inspiration justifiée. Tout part ici d’une idée de cadeau pour la tante Lucy, restée au pays. Paddington repère dans un magasin d’antiquités un magnifique livre en pop-up de Londres. L’ouvrage étant onéreux, le plantigrade à chapeau mou se lance avec une réussite relative dans une succession de petits métiers. Mais un autre individu, Phoenix Buchanan, s’intéresse au livre et le dérobe. Acteur déchu, travaillant dans un cirque, il est à la recherche d’un trésor dont les indices se trouvent dans le livre. Hugh Grant en acteur mégalo Tandis que Paddington, accusé du vol, est enfermé dans une prison qu’il a tôt fait de transformer en pâtisserie modèle, une course contre la montre s’engage entre la famille Brown et Buchanan, à laquelle Paddington et quelques-uns de ses nouveaux amis, évadés de la geôle, se joignent. Il s’ensuit un spectacle drôle et bon enfant, ponctué de remarquables morceaux de bravoure délicieusement british (la visite de Londres en pop-up, la chaîne de fabrication de marmelade en prison, la poursuite infernale en train d’époque). C’est un véritable concentré britannique que le réalisateur offre ici. Il y a Londres avec ses maisons charmantes, ses intérieurs vieux rose et vert pomme et ses monuments. Mais aussi Hugh Bonneville (figure de proue de la série Downton Abbey) dans le rôle de Mr Brown. Sally Hawkins dans ­celui de Mrs Brown. Brendan ­Gleeson, l’Irlandais dur à cuire en chef de cuisine pénitentiaire. Hugh Grant enfin, symbole mondial du séducteur anglais, dans le rôle d’un acteur mégalomaniaque, nul et méchant. Sans parler de la similitude d’éléments significatifs du scénario avec quelques aventures du génial duo de marionnettes animées Wallace et Gromit, de Nick Park. Paddington 2, de Paul King. (RU/Fr, 2017, 105 min). www.paddington.com/fr
26/12/2018
televisions-radio
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/26/paddington-2-le-retour-d-un-ours-delicieusement-british_5402411_1655027.html
Mariage compliqué entre informatique et humanités
Pierre Mounier propose une analyse stimulante des relations complexes entre ces deux disciplines, qui ont fait émerger ce nouveau champ que sont les humanités numériques.
« Les Humanités numériques », de Pierre Mounier (Maison des sciences de l’homme, 175 pages, 13,50 euros) Le livre. Depuis les années 2000, une nouvelle discipline académique a émergé aux frontières de l’informatique et des sciences humaines et sociales : les humanités numériques. Elles ont leurs conférences, leurs centres de recherche de pointe, et bien sûr leurs découvertes. Pêle-mêle, on y trouve aussi bien des projets de numérisation de grands corpus littéraires ou archéologiques, le développement et l’utilisation d’outils de fouilles algorithmiques dans les textes et les images, ou la visualisation de liens cachés entre des acteurs ou des documents. La nouveauté et la puissance des ordinateurs rajeunissent et séduisent, mais à quoi a-t-on affaire réellement ? s’interroge Pierre Mounier, ingénieur de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et directeur adjoint de la plate-forme Open Edition consacrée à l’édition en ligne de livres, articles ou blogs. Est-ce un replâtrage de « vieilles » sciences ? Une refondation et donc une discipline vraiment neuve ? Ou de la poudre aux yeux, voire une menace, paradoxale, contre les sciences humaines et sociales ? Origines inattendues Pour y répondre, l’auteur commence par nous plonger dans les origines inattendues de ce champ, qui feront déjà pressentir la réponse. C’est en effet dans une alliance surprenante entre le géant de l’informatique IBM et un jésuite italien spécialiste de Thomas d’Aquin que naît cette thématique à partir des années 1950 (le terme « humanités numériques » n’apparaîtra que dans les années 2000). L’informaticien apporte son aide au littéraire pour numériser et surtout analyser quelque 70 000 pages. L’essai revient aussi, après avoir décrit divers courants de pensée du domaine, sur un autre moment phare de cette histoire, le projet Culturomics, lancé en 2011. Il s’agit d’une plongée dans la vaste bibliothèque Google Books à partir de la fréquence d’apparition des mots dans ce corpus de plusieurs millions de livres. Cette réduction de l’histoire ou de la culture mondiale à un seul paramètre, la fréquence des mots, est certes séduisante mais fortement réductrice, selon Pierre Mounier, qui détaille d’autres défauts de ce projet. Il insiste aussi sur la dimension questionnable qu’introduit Culturomics dans les sciences sociales : l’ambition de prédire les phénomènes. La critique se fait plus profonde lorsque l’auteur aborde la nature de la science informatique qui cherche à se marier aux humanités. Selon lui, l’informatique n’est qu’un nouvel avatar des technosciences, comme le nucléaire ou les biotechnologies, critiquées depuis les années 1960 pour leur idéologie ou leur accointance avec les complexes militaro-industriels.
26/12/2018
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/26/mariage-complique-entre-informatique-et-humanites_5402408_1650684.html
Un faux prêtre officiait depuis dix-huit ans en Colombie puis en Espagne
Miguel Angel Ibarra a été suspendu pour usage de faux documents, qui lui ont permis d’exercer dans plusieurs paroisses en Colombie puis en Andalousie.
Miguel Angel Ibarra exerçait comme prêtre depuis au moins dix-huit ans. Du moins, officiellement. Pourtant, ce Colombien, qui exerçait dans une paroisse d’Andalousie, dans le sud de l’Espagne, n’avait jamais été ordonné. Peu avant Noël, il a été suspendu de ses fonctions, a-t-on appris par la chaîne de télévision colombienne Caracol le 21 décembre. Le quotidien espagnol El País relate comment l’homme a réussi à exercer dans plusieurs paroisses, en disant être prêtre depuis son ordination, en 1998, documents à l’appui. Il a notamment été accepté, en 2011, à Santa Fe de Antioquia, dans l’ouest de la Colombie, où il a exercé dans plusieurs paroisses. Puis, en octobre 2017, il est arrivé en Espagne dans le cadre d’un accord entre l’archevêché de Santa Fe et le diocèse de Cadix. Des accords de ce type peuvent être établis dans les pays occidentaux qui manquent de prêtres. Plainte pour faux Avant de commencer à officier dans le diocèse, Miguel Angel Ibarra a présenté « tous les documents nécessaires », selon le communiqué de l’évêché de Cadix. Ceux-ci auraient été préalablement vérifiés par l’Eglise catholique colombienne. L’homme a ensuite exercé à La Coronada et Medina Sidonia, petites villes du sud de l’Espagne. Après une dénonciation pour faux, l’archevêché de Santa Fe de Antioquia a mené une « enquête approfondie », qui a conclu que Miguel Angel Ibarra n’avait jamais reçu l’ordination. Le diocèse de Cadix et Ceuta a immédiatement suspendu l’imposteur de ses fonctions. Selon le site de la chaîne de télévision colombienne Noticias Caracol, cela faisait plusieurs mois que des doutes planaient autour de ce prêtre. Miguel Angel Ibarra conteste cette version. Selon lui, il a été ordonné prêtre le 4 janvier 1998 par Augusto Trujillo Arango, archevêque de Tunja (Colombie) dans sa chapelle privée. Ce dernier est mort en 2007, avant que Miguel Angel Ibarra n’apparaisse à Santa Fe de Antioquia. Il a déclaré au quotidien espagnol El País qu’il allait se rendre en Colombie avec un avocat pour se défendre auprès de l’archevêché de Santa Fe. Il explique que la publicité de l’affaire, depuis vendredi, est une « blessure psychologique et morale ». Les baptêmes et les mariages valides Suivant un cas similaire à Séville en 2012, le diocèse de Cadix assure que les baptêmes et les mariages célébrés par ce prêtre sont toujours valides si les fidèles étaient de bonne foi – une position qui fait débat. Ces cérémonies n’ont pas besoin d’être de nouveau effectuées mais elles sont tout de même illicites, ce qui signifie que le prêtre n’avait pas le droit de mener ces cérémonies du point de vue de la loi canonique. Mais pour d’autres sacrements, c’est différent : les eucharisties administrées et les confessions entendues sont quant à elles considérées comme invalides. Une porte-parole du diocèse de Cadix a tout de même précisé que « la grâce de Dieu » agissait sur les fidèles trompés par le curé.
26/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/un-faux-pretre-officiait-depuis-dix-huit-ans-en-colombie-puis-en-espagne_5402405_3210.html
Propos sexistes : Joachim Son-Forget recadré par le chef des députés LRM
L’élu avait renvoyé une sénatrice d’EELV à son « pot de maquillage ». Gilles Le Gendre, à la tête du groupe majoritaire à l’Assemblée, dénonce des paroles « inadmissibles ».
Le député des Français de l’étranger, Joachim Son-Forget, à l’Assemblée nationale, le 21 février. JACQUES DEMARTHON / AFP Le chef de file des députés La République en marche (LRM), Gilles Le Gendre, a dénoncé, mercredi 26 décembre, les « propos inadmissibles » du député LRM des Français établis à l’étranger Joachim Son-Forget. « Avec le pot de maquillage que vous vous mettez sur la tête, vous incarnez plus que jamais ce que vous tentez maladroitement de caricaturer », avait-il tweeté, lundi, à la sénatrice Europe Ecologie-Les Verts (EELV) du Val-de-Marne Esther Benbassa. Avec le pot de maquillage @EstherBenbassa que vous vous mettez sur la tête, vous incarnez plus que jamais ce que vo… https://t.co/1EO6W5RkrG — sonjoachim (@𝙹𝚘𝚊𝚌𝚑𝚒𝚖 𝚂𝚘𝚗-𝙵𝚘𝚛𝚐𝚎𝚝 💡) « Sexisme » et « vulgarité » « Le bureau du groupe parlementaire LRM se désolidarise de notre collègue Joachim Son-Forget à la suite de ses propos inadmissibles contre la sénatrice Esther Benbassa. Aucune controverse politique ne justifie de verser dans le sexisme et la vulgarité », a déclaré M. Le Gendre sur Twitter. « Je tremble », a rétorqué le député à un message d’un référent local LRM appelant à son exclusion. Le Bureau du Groupe parlementaire @LaREM_AN se désolidarise de notre collègue @sonjoachim à la suite de ses propos… https://t.co/d3Adl7lE6G — GillesLeGendre (@Gilles Le Gendre) De son côté, la sénatrice a estimé auprès de l’Agence France-presse (AFP) que « l’expression sans complexe d’un tel sexisme, venant d’un parlementaire, après #metoo, a de quoi laisser sans voix ». Dans un premier tweet, Mme Benbassa commentait une déclaration de Brigitte Macron sur les « gilets jaunes », rapportée par Le Monde. M. Son-Forget lui avait répondu sur Twitter, la renvoyant à son « pot de maquillage ». La sénatrice a « détourné » « une citation prêtée à la première dame » pour mettre de l’huile « sur le feu », a-t-il riposté sur Twitter, avant de se défendre : « La référence au maquillage ne peut en aucun cas être mélangée à une attaque sur le physique ». « Falsifier une citation prêtée à la première dame sur la violence et la vulgarité observées à Paris, la déplacer hors contexte en la généralisant pour lui prêter l’idée d’un mépris de classe, ça, c’est inadmissible », a ajouté le député. En septembre, le député des Français de l’étranger avait déjà reçu de vives critiques pour avoir défendu le forain Marcel Campion, qui avait tenu des propos homophobes à propos d’élus parisiens.
26/12/2018
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/26/gilles-le-gendre-denonce-des-propos-sexistes-inadmissibles-d-un-depute-lrm_5402400_823448.html
Un aventurier septuagénaire se lance dans la traversée de l’Atlantique en tonneau
Le Français Jean-Jacques Savin a quitté la petite île d’El Hierro, dans les Canaries, mercredi matin, d’où il espère rallier les Caraïbes en trois mois.
Jean-Jacques Savin prépare sa traversée de l’Atlantique avec son tonneau aux allures de capsule spaciale, le 15 novembre. GEORGES GOBET / AFP Le Français Jean-Jacques Savin a commencé, mercredi 26 décembre, sa tentative de traversée de l’Atlantique en tonneau, par la seule force des courants. Il a quitté la petite île d’El Hierro, dans les Canaries au matin, d’où il espère rallier les Caraïbes en trois mois. « J’ai un temps formidable, avec une houle d’un mètre, et je me déplace à 2 ou 3 km/h. Pour l’instant, ma capsule se comporte très bien, et j’ai des vents favorables annoncés jusqu’à dimanche », a expliqué à l’Agence France-Presse ce sportif septuagénaire qui préparait sa tentative depuis des mois dans le petit chantier naval d’Arès, sur le bassin d’Arcachon (Gironde). Trois mètres de long, 2,10 m de diamètre et un poids de 450 kg à vide : son tonneau aux airs de capsule spatiale, avec sa forme oblongue et ses côtés biseautés, est construit en contre-plaqué époxy, procédé qui durcit la matière pour la faire résister à l’assaut des vagues, et accessoirement aux attaques éventuelles d’orques. A l’intérieur, Jean-Jacques Savin dispose de 6 m2 d’espace de vie, un coin couchette, un coin cuisine, un bureau des cartes et un côté stockage. Et, au sol, un hublot pour voir les poissons. La capsule de Jean-Jacques Savin, en novembre 2018. GEORGES GOBET / AFP Etude des courants L’ancien militaire parachutiste, qui a baroudé en Afrique, où il a également travaillé comme pilote privé et conservateur de parc national, est déjà prêt pour la Saint-Sylvestre : « J’ai emmené un petit sauternes et du foie gras. » Avant d’embarquer, il avait aussi prévu du saint-émilion pour fêter ses 72 ans, le 14 janvier. L’aventurier espère que les courants le porteront naturellement, sans recours à une voile ou des rames, jusqu’aux Caraïbes : « Peut-être les Barbades, mais j’aimerais bien une île française, comme la Martinique ou la Guadeloupe. Ce serait plus facile pour les papiers, et pour ramener le tonneau », a-t-il souligné. Pour la science, il doit aussi larguer des balises de la Joint Technical Commission for Oceanography and Marine Meteorology in-situ Observing Programmes Support (Commission technique mixte d’océanographie et de météorologie maritime - Appui aux programmes d’observation in situ ) afin d’étudier les courants. Il fera par ailleurs lui-même l’objet de tests sur la solitude en milieu clos. Même le vin sera à l’épreuve : du Bordeaux dans une amphore en terre cuite sera comparé au même vin resté à terre. L’aventure, sponsorisée par le fabricant girondin de tonneaux Boutes, repose sur un budget de 60 000 euros, rassemblés notamment grâce à un financement participatif.
26/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/26/un-aventurier-septuagenaire-se-lance-dans-la-traversee-de-l-atlantique-en-tonneau_5402394_3242.html
« Au Tchad ou ailleurs, les hommes de qualité ne craignent pas l’égalité »
Amour et sexualité : avoir 20 ans en Afrique de l’Ouest (4). Moukhtar Ben Ali a rencontré Bouchra Ndiaye, fondatrice de l’association Force qui promeut le leadership féminin dans son pays.
Bouchra Ndiaye. Bouchra Ndiaye Pour Bouchra Ndiaye, faire avancer la cause des femmes au Tchad est devenu une affaire de famille. Avec plusieurs de ses sœurs dont Hayatte, son aînée, et des amies, elle a cofondé en 2013 l’ONG Force, pour Femmes osant la réussite et le combat pour l’équité. Avec sa jumelle Yousra, Bouchra, elle a coécrit un essai politique intitulé Le Tchad de nos rêves, paru en 2017 aux éditions de L’Harmattan, à Paris. Chacune avec leur talent, Bouchra et ses sœurs travaillent au renforcement du leadership féminin au Tchad. Présentation de notre série Amour et sexualité : avoir 20 ans en Afrique de l’Ouest Avant de rentrer à NDjamena en décembre 2012, Bouchra a décroché deux masters 2 en économie et gestion et sciences politiques à l’université de Reims. Aujourd’hui âgée de 33 ans, célibataire et sans enfants, elle travaille comme cadre auditrice dans une banque et parle volontiers de son rêve d’un Tchad où toutes les filles seront en pleine possession de leurs droits et pourront choisir leur avenir au même titre que les garçons. Vous avez 33 ans et êtes célibataire. Ressentez-vous une pression familiale et sociale à vous marier et à faire des enfants ? Bouchra Ndiayew J’ai fait de longues études et j’ambitionne de faire carrière, mais je ne me suis jamais dit que, pour y arriver, il fallait que je me concentre uniquement sur ma vie professionnelle (rires). Mariage et carrière ne sont pas un jeu à somme nulle. Etant croyante, je pense aussi qu’il y a une part de destin dans tout ce que nous faisons. Au Tchad, on marie les filles tôt et c’est encore le seul moyen pour beaucoup de filles d’avoir un statut. Heureusement mes parents et grands-parents ont toujours pensé qu’étudier est primordial, tout comme fonder un foyer. Mais se marier avant le bac était tout simplement inconcevable pour eux ! Donc ils ne nous ont jamais mis la pression. J’ai quatre sœurs et un frère. On a tous fait des études supérieures. Ma sœur aînée Hayatte est même devenue la première femme architecte du pays. Quelle est votre définition de l’émancipation de la femme ? Un peu partout dans le monde, le statut de femme ou de fille constitue encore un obstacle pour accéder à beaucoup de choses, au niveau personnel, professionnel comme sociétal. Souvent, être une fille empêche de jouir de ses droits les plus basiques tels que l’éducation ou la possibilité de disposer de sa propre vie. L’émancipation des femmes est pour moi la garantie pour celles-ci de disposer des mêmes opportunités et des mêmes chances que les hommes, pour construire et mener leur vie. Il s’agit d’une question d’équité tout simplement. Le statut de la femme dans la société tchadienne a-t-il beaucoup évolué entre votre jeunesse et aujourd’hui ? Et pensez-vous qu’il changera encore dans le futur ? Si je devais comparer l’époque où j’étais lycéenne à aujourd’hui, on peut parler d’une évolution positive. Mais il est important de nuancer en précisant que le cadre légal et législatif évolue beaucoup plus vite que la société elle-même. Des lois en faveur de l’équité de genre sont régulièrement votées au Tchad. Il y a moins d’un an, par exemple, en mai, une ordonnance du président de la République a institué la parité dans les fonctions nominatives et électives. Initiative que nous, association militant pour la cause des femmes, avons vivement saluée. Cependant, les lois à elles seules ne peuvent résorber les inégalités qui demeurent entre les femmes et les hommes. Nous devons absolument agir sur les mentalités pour changer la perception même des femmes dans notre société. Les lois seraient plus efficaces si ceux pour qui elles sont votées et ceux qui sont censés les faire appliquer leur trouvaient un sens, ou mieux, s’ils y croient. Malheureusement, le combat est encore long. C’est ce à quoi s’attellent Force, notre ONG, ainsi que d’autres organisations. Que pensez-vous des hommes, au Tchad, qui ont peur d’épouser une femme qui veut mener une carrière parce qu’elle serait susceptible de dominer le foyer ? (Rire) Cette appréhension repose sur un postulat de départ, pas forcément vrai, selon lequel une « femme éduquée » ou « émancipée » est aussi une femme dominatrice. Mais attention, nous voulons l’émancipation dans le respect de nos cultures et traditions. Les femmes, dans la culture tchadienne, ont un rôle à jouer au sein de la famille et il n’est pas question de le délaisser au nom de l’émancipation. Dans le même temps, pendant que des hommes ont, comme vous le dites « peur » des femmes de carrière, d’autres sont en phase avec cela et soutiennent leur épouse. En matière de mariage, comme ailleurs, tout est une question de préférence. Au sein de Force nous valorisons des histoires de femmes qui ont réussi à concilier vie professionnelle, vie familiale et vie sociale. Et pour cela, la compréhension et le soutien des époux sont plus que nécessaires. Les hommes ont aussi une partition importante à jouer dans la lutte pour le renforcement du leadership féminin. Et c’est le lieu de rendre hommage à tous ces hommes qui nous soutiennent et nous accompagnent dans notre engagement. D’ailleurs, au moment du lancement de notre ONG, nous avons été agréablement surprises de voir que, parmi les toutes premières personnes qui nous ont soutenues, il y avait plus d’hommes que de femmes (rires). Et les « Femmes Fortes » – c’est ainsi que nous aimons appeler les membres de Force – leur rappellent souvent cette édifiante citation : « Les hommes de qualité ne craignent pas l’égalité. » Pensez-vous que le mariage peut être un obstacle à la carrière d’une femme ? Absolument pas. On a souvent tendance à opposer mariage et carrière professionnelle, mais je pense qu’avec de la volonté et de l’organisation, on peut tout faire, ou presque. Pour tordre le cou à cette supposée incompatibilité entre vie maritale et vie professionnelle, nous braquons les projecteurs sur des femmes qui ont relevé le défi. L’élément qui revient le plus souvent lorsqu’on leur demande comment elles ont fait, c’est l’organisation. J’ajouterais aussi que le choix de son compagnon est très important si on veut allier mariage et carrière professionnelle. Il faut que l’époux soit sur la même longueur d’onde, autrement on pourrait se retrouver à lutter sur plusieurs fronts en même temps. Une jeune fille ou une femme qui fait carrière a-t-elle les mêmes opportunités de se marier selon vous ? Il va sans dire que le mariage ne se présente pas à une fille-mère ou à une mère célibataire comme il se présenterait à une jeune fille ou à une femme qui construit sa carrière professionnelle. Le mariage n’est jamais un acte unilatéral. Il s’agit de concilier deux visions de la vie et ce sont parfois les femmes elles-mêmes qui choisissent de privilégier leur rôle de mère à celui de femme qui travaille. L’opportunité de mariage pour telle ou telle femme est une question complexe qui fait intervenir plusieurs paramètres. Quelques mots de conclusion pour vos jeunes frères et sœurs ? Je crois aux valeurs de paix, de tolérance, d’égalité, de mérite et aux vertus salvatrices du travail. Alors je voudrais tout simplement dire que « le voyage de 2 000 km commence par un pas ». Et que « lorsqu’on marche vers l’impossible, il recule toujours ». Cette série a été réalisée dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds français Muskoka. Moukhtar Ben Ali, Tchadien de 26 ans, a grandi dans un bidonville de NDjamena. Comptable de formation, il fait partie de WenakLabs, un club de passionnés d’écriture et de bidouillage numérique. Il se considère lui-même comme un geek fou d’informatique qui cherche à expliquer toute la complexité culturelle de son pays, en texte ou en code. Moukhtar Ben Ali (NDjamena)
26/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/au-tchad-ou-ailleurs-les-hommes-de-qualite-ne-craignent-pas-l-egalite_5402391_3212.html
Les dessous d’une scène de « Miraï, ma petite sœur » expliquée par son réalisateur
Rencontre avec Mamoru Hosoda à l’occasion de la sortie de son film « Miraï, ma petite sœur » dans lequel il a pris ses propres enfants pour modèles.
dèles. L’une des premières scènes-clés du film d’animation Miraï, ma petite sœur, de Mamoru Hosoda, montre la découverte de sa petite sœur qui vient de naître par un enfant de 4 ans. Le réalisateur japonais, rencontré à Paris, raconte qu’il a pris ses deux enfants pour modèles pour rendre les enfants du film encore plus réaliste. Tout d’abord, il explique que « ce film n’aurait pas pu se faire autrement qu’en animation », car « il aurait été impossible de faire jouer cette scène par des enfants dans un film en prise de vue réelle ». Pour s’assurer que les dessinateurs restituent avec justesse les mouvements des jeunes enfants, il a ainsi amené son fils et sa fille dans le studio d’animation. C’était pour lui le meilleur moyen de montrer à son équipe « le déséquilibre du corps » d’un enfant ou la « finesse de ses cheveux ». Dans ce film, le réalisateur approfondit les thèmes de la famille et de l’apprentissage des enfants, déjà explorés dans ses précédents films, comme Summer Wars (2009), Les Enfants loups (2012) et Le Garçon et la Bête (2015). Mamoru Hosoda explique que dans ce film, « le personnage est un anonyme qui va découvrir son identité grâce à sa famille ».
26/12/2018
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/video/2018/12/26/les-dessous-d-une-scene-de-mirai-ma-petite-s-ur-expliquee-par-mamoru-hosoda_5402385_3476.html
« Gilets jaunes » : la fréquentation des centres commerciaux a rebondi de 6 % avant Noël
Malgré ce rattrapage tardif, le Conseil national des centres commerciaux déplore toujours un manque à gagner du fait de la crise des « gilets jaunes ».
Après cinq week-ends de forte baisse due au mouvement des « gilets jaunes », la fréquentation des centres commerciaux a rebondi de plus de 6 % en France, samedi 22 et dimanche 23 décembre, selon le Conseil national des centres commerciaux (CNCC). « Juste avant Noël, les consommateurs ont retrouvé le chemin des pôles commerciaux, qu’ils soient situés en centre-ville où en périphérie, a déclaré Gontran Thüring, délégué général du CNCC, mercredi 26 décembre dans un communiqué. « Après cinq week-ends en forte baisse, c’est une bonne nouvelle. » Toutefois, la fédération déplore toujours un manque à gagner : « Ce rattrapage tardif ne permettra pas de récupérer le chiffre d’affaires qui aurait dû être réalisé sans la crise des “gilets jaunes” », affirme M. Thüring. Cinq week-ends de méventes Selon l’organisation professionnelle, son indice — le CNCC/Quantflow, basé sur un comptage automatique réalisé dans 280 centres commerciaux sur les 800 que compte le pays — a enregistré, le week-end dernier, une hausse de fréquentation de plus de 6 %, contre un repli de 17 % samedi 8 décembre ou encore de 14 % samedi 24 novembre. Le CNCC avait expliqué la semaine dernière que les cinq week-ends de méventes d’affilée avaient coûté 2 milliards d’euros au secteur du commerce. « Il faut espérer que les mesures annoncées en faveur du pouvoir d’achat bénéficieront à la consommation des ménages, notamment pendant la période des soldes d’hiver qui s’annonce », met en avant le CNCC mercredi. La fédération « regrette » ainsi « la date trop tardive » du début des soldes, soit le 9 janvier en 2019, « alors qu’elle débute de façon plus précoce chez tous nos voisins européens ». Le Conseil national des centres commerciaux fédère l’ensemble des professionnels de l’industrie des centres commerciaux, soit près de 400 sociétés et 37 000 commerces.
26/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/26/gilets-jaunes-la-frequentation-a-rebondi-de-6-avant-noel-dans-les-centres-commerciaux_5402383_3234.html
Les restaurants se mettent à la cuisine écoresponsable
Privilégier les légumes à la viande, choisir des fournisseurs locaux, limiter le gaspillage et valoriser les déchets… De plus en plus de chefs concilient gastronomie et écologie.
Nombreux sont les restaurateurs qui dénoncent la malbouffe ainsi que certaines pratiques dispendieuses de la haute gastronomie… Adrien Ghenassia pour M Le magazine du Monde Peut-on sauver la planète en mangeant ? Quand on sait que le secteur agriculture-alimentation représente près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire national (rapport du WWF, 2017), la question est moins saugrenue qu’il n’y paraît. Nombreux sont les restaurateurs qui s’engagent en ce sens, dénonçant la malbouffe mais aussi certaines pratiques dispendieuses de la haute gastronomie, en soutenant une agriculture naturelle, voire biologique, paysanne et durable, et divers principes pour réduire leur empreinte carbone – diminution des protéines animales, mesures anti-gâchis, valorisation des biodéchets… « Il sera bientôt obligatoire pour les restaurants de valoriser leurs déchets alimentaires, mais la Ville n’a mis aucune incitation fiscale en place. » Stephan Martinez, restaurateur Modèle du genre, L’Epi Dupin se cache dans une petite rue du 6e arrondissement de Paris. Cela fait vingt-quatre ans que le chef François Pasteau y élabore une cuisine vertueuse et délicieuse. « La cuisine est au carrefour de multiples enjeux, explique-t-il. Elle prend sa source dans la terre et la mer, elle est le lien avec les producteurs, elle pousse à inventer pour offrir du bonheur tout en réduisant le gaspillage. En cuisinant selon des principes écoresponsables, on vote trois fois par jour pour préserver le climat. » Ambassadeur de la gastronomie durable, François Pasteau est cofondateur de l’association Bon pour le climat, président d’Ethic Ocean, qui défend la pêche durable. A L’Epi Dupin, les légumes sont bio, de saison et cultivés localement ; les viandes, en provenance d’éleveurs paysans ; les poissons, d’espèces non menacées ; et les ingrédients, utilisés dans leur totalité – pelures, fanes, parures, arêtes. Les proportions entre le végétal et l’animal ont été inversées et les légumes mis au premier plan. Céleri-noisettes, haddock fumé, comté ; poireaux crémeux, rascasse en croûte de sarrasin ; étuvée de légumes coco-curry, filets de vive rôtis : tels sont les intitulés de ces recettes « bonnes pour le climat ». Mais Pasteau n’agit pas que dans l’assiette : il se soucie également de la valorisation de ses biodéchets, qui sont collectés par Moulinot – seule société française qui se consacre à la valorisation des restes alimentaires en compost. Créée il y a cinq ans par le restaurateur Stephan Martinez, Moulinot collecte et valorise (en compost et en énergie) les biodéchets de 700 établissements en Île-de-France, soit près de 900 tonnes par mois : quelques tables exemplaires, comme L’Epi Dupin, Septime ou Caïus, mais aussi des cantines scolaires, des hôpitaux, des marchés et même des MacDo… Bien que « vertueux et à fort impact environnemental », ce système est pour l’heure coûteux : près de 500 € mensuels supplémentaires pour un bistrot comme L’Épi Dupin. « Il sera bientôt obligatoire pour les restaurants de valoriser leurs déchets alimentaires, mais la Ville n’a mis aucune incitation fiscale en place. C’est plus avantageux de polluer, c’est aberrant », fulmine Stephan Martinez. « Il est hors de question pour moi de travailler avec des produits qui viennent du bout du monde. Cela n’a aucun intérêt gustatif et c’est désastreux en termes écologiques. » Alessandra Montagne, chef au Tempero Au Tempero, dans le 13e arrondissement de Paris, nul besoin de ramassage : la chef Alessandra Montagne travaille en direct avec la ferme urbaine Zone sensible, à Saint-Denis. Livrée chaque semaine en légumes, elle remet tous ses biodéchets à son jardinier-maraîcher, qui les incorpore à son compost et en nourrit ensuite ses cultures. La boucle est bouclée. « Il est hors de question pour moi de travailler avec des produits qui viennent du bout du monde, martèle la chef franco-brésilienne. Cela n’a aucun intérêt gustatif et c’est désastreux en termes écologiques. » Dans son chaleureux bistrot de la rue Clisson, elle concocte de succulentes assiettes aux inspirations exotiques métissées, mais toujours avec ce qu’elle trouve ici et maintenant. Et ce pour le plus grand nombre, puisqu’elle tient à pratiquer des prix abordables (formules entre 15 et 23 € le midi). Diminution des protéines animales, mesures anti-gâchis, valorisation des biodéchets… Des bonnes pratiques appliquées par toujours plus de restaurants. Adrien Ghenassia pour M Le magazine du Monde A l’instar d’Alessandra Montagne, les chefs sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de leurs responsabilités, à se mobiliser contre l’industrialisation des cuisines et des agricultures, et contre le monopole des multinationales semencières et agroalimentaires. Les semences non hybrides et reproduites dans les champs sont ainsi au cœur de la réflexion de Patrice Gelbart et Stéphane Camboulive, qui ont récemment installé leur cantine, Youpi & Voilà, au Théâtre de Gennevilliers (T2G). Investis dans l’Alliance Slow Food des Cuisiniers aux côtés de Xavier Hamon, ils s’emploient à promouvoir les semences paysannes et les légumes issus de ces cultures libres, en travaillant notamment avec l’association de semenciers paysans Graines del Païs. Youpi & Voilà aura bientôt ses potagers en permaculture sur le toit du T2G. « L’idée est d’arriver à servir des légumes provenant à 100 % de graines paysannes, explique Patrice Gelbart. Des mets produits de manière ultravertueuse et ultralocale, sans émission carbone et à moindre coût, pour pouvoir faire vivre et manger tout le monde. » Car, ici, la cuisine est une affaire sociale autant qu’une façon de préserver la biodiversité. Lire aussi La consommation de viande en France recule depuis 10 ans La nature comme l’humain sont au cœur du travail de Nadia Sammut, dans le Luberon. A l’Auberge La Fenière, cette chef pratique une cuisine « engagée dans la ruralité et la saisonnalité », connectée à son territoire. « Mon rôle premier, assure-t-elle, c’est de soutenir, d’accompagner et de valoriser les paysans de ma région, dans la transition écologique et énergétique. » Chez elle, comme chez Pasteau ou Montagne, tout est pensé dans le détail : tissus naturels, emballages réduits au minimum, pas de cuissons sous vide (qui nécessitent du plastique), savons et shampoings solides dans les chambres, produits d’entretien non corrosifs. « C’est une réflexion de tous les instants, dit-elle. Tout n’est pas parfait, mais on s’améliore chaque jour. » Il y a quelques semaines, le contrôle d’hygiène lui a d’ailleurs attribué la mention « Excellent ». Preuve que sécurité alimentaire et conscience écologique sont tout à fait compatibles. Lire aussi Pour la bonne cause, Moulinot fait les poubelles des restaurants parisiens Carnet d’adresses L’Epi Dupin 11, rue Dupin, Paris 6e. epidupin.com Tempero 5, rue Clisson, Paris 13e. tempero.fr Youpi au Théâtre T2G, 41, avenue des Grésillons, Gennevilliers (Hauts-de-Seine). www.theatre2gennevilliers.com/restaurant Auberge La Fenière : Route de Lourmarin, Cadenet (Vaucluse). www.aubergelafeniere.com Plus d’adresses à dénicher grâce à l’appli Etiquettable, l’association Ecotable et le site Bon pour le climat. Et aussi Ethic Ocean (avec guide des espèces) : www.ethic-ocean.org Moulinot : www.moulinot.fr/site/
26/12/2018
m-gastronomie
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Au Mali, l’influence du président du Haut Conseil islamique dépasse le cadre des mosquées
Mahmoud Dicko vient d’obtenir la suspension d’un projet éducatif qu’il accusait de valoriser l’homosexualité.
Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), lors d’un rassemblement pour la paix et la réconciliation nationale, à Bamako en août 2012. Adama Diarra / REUTERS Pour lui, l’un ne va jamais sans l’autre. L’islam et le Mali, la religion et la politique. Depuis plus de dix ans qu’il préside le Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), Mahmoud Dicko, 64 ans, associe invariablement le Coran et le drapeau de son pays dans ses prises de position. La formule lui a permis de devenir une personnalité centrale de la scène malienne, capable de bloquer un projet de loi ou une réforme gouvernementale par sa force de mobilisation populaire et son habileté à suivre les évolutions sociétales. « Il peut faire très mal », reconnaît un ancien ministre du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qui ne cache pas sa méfiance envers cet imam dont l’influence dépasse, et de loin, le cadre des mosquées. La dernière victime de l’institution dirigée par M. Dicko est un projet de manuel scolaire. Celui-ci contenait un programme d’éducation sexuelle dit « complète », dont la vocation était de donner aux adolescents maliens des connaissances sanitaires de base afin qu’ils soient en mesure de mieux choisir leur sexualité, dans un pays où, selon la dernière enquête démographique et de santé, une jeune fille de 15 à 19 ans sur trois est déjà mère. Triomphe public Moins de trois mois après son lancement officiel, l’initiative – financée avec l’appui des Pays-Bas – a été suspendue sur décision du premier ministre, mercredi 19 décembre. Elle avait fait l’objet d’une campagne hostile du HCIM et d’autres mouvements religieux, qui estimaient qu’elle valorisait l’homosexualité. « Nous saluons l’acte du gouvernement car, dans ce projet, il y avait des dispositions qui jurent avec nos valeurs sociétales et religieuses. On y parle d’orientation sexuelle avec une tendance à faire admettre l’homosexualité comme une valeur. Elle peut être une valeur pour d’autres mais elle n’en est pas une pour nous, et nous ne voulons pas qu’on nous l’impose », affirme ainsi Mahmoud Dicko, homme aux mots toujours soigneusement choisis, au Monde Afrique. Le recul gouvernemental n’a cependant pas suffi. Dimanche 23 décembre, contre l’avis de la majorité des membres du HCIM, « quelques milliers de personnes se sont spontanément retrouvées [à Bamako] pour exprimer leur mécontentement », assure le président de l’organisation. Et pour offrir un triomphe public à celui qui, depuis dix ans, se pose en défenseur de « la préservation des valeurs maliennes » en lutte contre « des soi-disant valeurs universelles » qui seraient imposées par l’Occident. C’est en 2009 que cet ancien professeur d’arabe, originaire de la région de Tombouctou, est apparu sur la scène malienne. A la tête du HCIM depuis moins de deux ans, l’imam d’obédience wahhabite qui prêche dans une mosquée du quartier de Badalabougou, à Bamako, après être passé par Médine en Arabie saoudite, devient cette année-là le fer de lance de la contestation contre une réforme du code de la famille. Face à la mobilisation populaire, les députés et le pouvoir exécutif, alors aux mains d’Amadou Toumani Touré, enterrent en seconde lecture ce projet qui aurait notamment modernisé les règles du mariage et permis aux femmes maliennes de toucher la même part d’héritage que les hommes. A cette période, Mahmoud Dicko prend conscience de son poids politique. S’installe alors, dans un pays où près de 95 % de la population est musulmane, une rivalité avec le très populaire prêcheur malékite Chérif Ousmane Madani Haïdara, fondateur du mouvement Ançar Dine. « M. Dicko sait jouer et se retirer au bon moment. En montant au créneau contre les manuels scolaires sur la question de l’homosexualité, il savait que 80 % des Maliens l’approuveraient. Les personnalités politiques ont abandonné les questions de société au profit de deux groupes religieux rivaux : l’un, plus radical, autour de l’imam Dicko et du chérif de Nioro et l’autre, plus ouvert et encore majoritaire, autour de Chérif Ousmane Madani Haïdara », décrypte un observateur malien. « Un message de Dieu » Daniel Tessougué, ancien procureur général près la cour d’appel de Bamako, est une autre « victime » de l’influence du président du HCIM. Le magistrat a été débarqué de ce poste en décembre 2015, quelques jours après avoir estimé que des propos du leader religieux relevaient de l’apologie du terrorisme. Ce dernier venait de déclarer qu’il fallait « tirer des leçons des attentats à Paris comme à Bamako, Tunis ou ailleurs dans le monde », voyant dans ces actes le résultat d’une punition divine. « C’est un message de Dieu que les maîtres du monde, qui sont en train de faire la promotion de l’homosexualité, doivent comprendre. On ne s’en prend pas à Dieu en toute impunité », disait alors l’imam. S’il a toujours condamné les actes terroristes, le rigoriste et subtil M. Dicko sait aussi laisser à chacun le soin d’interpréter ses propos en ménageant certaines ambivalences. Il est en revanche un sujet sur lequel ce personnage controversé n’a jamais fait preuve d’ambiguïté, c’est celui de la négociation avec les groupes djihadistes présents dans le nord du Mali. Alors qu’il ne manque pas de condamner les rêves de sécession des indépendantistes touareg du MNLA et qu’il a clairement soutenu l’intervention militaire française en 2013, réfutant toute tentative de l’assimiler à une « croisade » contre les musulmans, il juge à l’endroit des groupes islamistes qu’il faut négocier avec « nos frères maliens si l’on veut s’éviter une guerre sans fin ». Pour lui, le distinguo doit être fait entre les étrangers venus combattre au Mali et les insurgés locaux, bien davantage que sur les motivations idéologiques des uns et des autres. Lorsque les groupes djihadistes étaient les maîtres des régions septentrionales du pays en 2012, M. Dicko avait obtenu la libération de soldats maliens et fait acheminer des convois d’aide humanitaire. Certaines sources à Paris comme à Bamako prétendent qu’avant d’entamer leur offensive vers le sud, en janvier 2013, les djihadistes – en premier lieu le Touareg malien Iyad Ag Ghali – lui avaient promis les clés du pouvoir en cas de victoire. Peu importe sa véracité, l’affirmation traduit tout à la fois le poids du dirigeant religieux et la menace qu’il incarne aux yeux des autorités. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Iyad Ag-Ghali, l’ennemi numéro un de la France au Mali Mission de bons offices Avant l’élection de 2013, l’imam avait clairement apporté son soutien au candidat IBK. Mais depuis les relations se sont distendues, jusqu’à la rupture. Celle-ci est intervenue, à en croire plusieurs sources proches de la présidence, après le changement de premier ministre, fin 2017. Le précédent chef du gouvernement, Abdoulaye Idrissa Maïga, avait en effet chargé Mahmoud Dicko d’une « mission de bons offices » pour ouvrir des discussions avec Iyad Ag Ghali, qui apparaît désormais comme le patron du djihad au Sahel. « Mais, lorsqu’il est arrivé aux affaires, Soumeylou Boubèye Maïga a mis fin à cette mission et lui a retiré son budget. Depuis, Mahmoud Dicko a basculé du côté de l’opposition. On doit être prudent avec tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait, mais on ne le considère pas comme un ennemi », relate un membre de l’entourage du président IBK. L’imam, qui ne ménage plus ses attaques contre les autorités, envisage-t-il de s’engager plus directement dans la vie politique ? Sur ce point, l’intéressé ne répond pas. Mais dans son entourage est évoquée l’idée de « poursuivre le combat » en dehors du HCIM, où sa présidence est contestée. Si tel était le cas, nul doute que son credo serait « l’unité du Mali retrouvée derrière la bannière de l’islam ».
26/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/au-mali-mahmoud-dicko-imam-et-vizir_5402362_3212.html
Des ONG dénoncent les refoulements illégaux de migrants de la Grèce vers la Turquie
Frontière naturelle entre la Turquie et la Grèce, le fleuve Evros a vu passer 13 784 migrants ou demandeurs d’asile entre janvier de septembre 2018, contre 5 400 en 2017.
Des enfants migrants jouent avec le bouclier d’un policier, à Idomeni, en Grèce, le 23 mars 2016. DARKO VOJINOVIC / AP Devenu l’une des principales portes d’entrée vers l’Europe, le fleuve Evros a vu passer 13 784 migrants et demandeurs d’asile en route de la Turquie vers la Grèce entre janvier et septembre 2018, selon l’Office international des migrations. Quelque 5 400 passages avaient été enregistrés dans la même région et à la même époque l’année dernière. Il s’agit en majorité d’Afghans, de Pakistanais, d’Irakiens, d’Algériens, de Somaliens et de Yéménites, mais aussi de Turcs fuyant la répression qui fait rage dans leur pays. Débordés par cet afflux, les policiers et les gardes-frontières grecs ont tendance à les refouler avec une grande brutalité, selon les constatations faites par plusieurs ONG. Dans un rapport publié le 12 décembre, trois ONG grecques, le Conseil grec des réfugiés, ARSIS et Human Rights360, dénoncent « une pratique extensive des refoulements » de migrants depuis la Grèce vers la Turquie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Athènes, une caravane venue des Pays-Bas pour demander l’accueil de réfugiés bloqués en Grèce Les récits cités dans le rapport concordent. Les témoins racontent comment, avant d’avoir été réembarqués de force à bord de canots pneumatiques vers la Turquie, ils ont le plus souvent été maltraités, battus et parfois même dépouillés de leurs maigres économies, de leurs chaussures et de leurs téléphones portables. Les abus décrits sont l’œuvre d’individus portant des uniformes militaires ou policiers, dont certains sont encagoulés. Un jeune Afghan, qui dit avoir atteint la rive grecque du fleuve Evros le 24 juillet 2018, se souvient : « J’avais 50 euros dans mon sac. Ils n’y étaient plus lorsqu’ils me l’ont rendu. C’était le cas aussi pour les autres personnes de mon groupe. Ils ont pris également nos téléphones portables et nos chaussures. (…) Ceux qui nous ont arrêtés avaient des uniformes pareils à ceux des militaires, mais je ne sais pas s’il s’agissait de soldats. Ils nous ont fait monter à bord d’un bateau pneumatique. (…) Nous avons marché pendant trois heures pieds nus, puis des villageois turcs nous ont vus et ils ont appelé la police », Violences et destruction des biens Human Rights Watch (HRW) déplore également la pratique des refoulements illégaux dans un rapport publié le 18 décembre. Selon l’ONG, les gardes-frontières et les policiers grecs usent parfois de violence envers les migrants et confisquent ou détruisent leurs maigres biens. « Des individus n’ayant commis aucun crime sont ainsi détenus, battus et expulsés de Grèce sans aucun égard pour leurs droits ni pour leur sécurité », a regretté Todor Gardos, chercheur pour HRW, lors de la parution du rapport. « Le plus souvent, ils sont en mauvais état, hagards, pieds nus, affamés. Nous voudrions bien les aider, mais c’est illégal », Erdogan Adal, chef de l’administration du village d’Akcadam Les villageois turcs qui vivent le long du fleuve Evros sont les premiers témoins de ces retours forcés. « On les retrouve régulièrement dans nos champs. Ça nous fait pitié de voir ça car, le plus souvent, ils sont en mauvais état, hagards, pieds nus, affamés. Nous voudrions bien les aider, mais c’est illégal. Je dois pour ma part alerter les gendarmes qui viennent les chercher pour les ramener au centre de rétention d’Edirne », explique Erdogan Adal, joint par téléphone, le chef de l’administration du village d’Akcadam, situé à 3 kilomètres du fleuve. Lire aussi Douze migrants retrouvés morts au large des côtes méridionales de l’Espagne Non loin de là, jeudi 6 décembre, des agriculteurs du village de Kiremitçisalih ont retrouvé dans leurs champs un groupe de réfugiés clandestins yeménites et pakistanais à moitié nus et grelottant de froid, leurs corps marqués de traces de coups. Eux aussi avaient été refoulés par des policiers grecs. Quelques jours plus tôt, les dépouilles de trois migrants morts de froid avaient été retrouvées dans la même région. L’une d’entre elles a pu être identifiée, il s’agissait de celle d’un jeune migrant afghan. Son identité a été établie par l’un de ses compagnons de voyage interpellé non loin du fleuve par la police turque. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Pour le HCR, l’essentiel est d’aider les pays qui hébergent vraiment les réfugiés, en Afrique ou en Asie » Ce dernier, Jamaluddin Malangi, 29 ans, a raconté aux policiers turcs comment, avec plusieurs compatriotes, ils avaient traversé quelques jours plus tôt le fleuve Evros sur des canots pneumatiques. Une fois débarqués côté grec, ils ont été interpellés par des officiers grecs qui les ont immédiatement renvoyés vers la Turquie.
26/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/des-ong-denoncent-les-refoulements-illegaux-de-migrants-de-la-grece-vers-la-turquie_5402359_3210.html
Ukraine : le président Porochenko annonce la levée de la loi martiale
La mesure exceptionnelle avait été prise à la fin de novembre à la suite du regain de tension avec la Russie en mer d’Azov.
Le président ukrainien Petro Porochenko, au centre, lors d’une cérémonie militaire près de Jitomir, dans le centre de l’Ukraine, le 21 décembre 2018. MIKHAIL PALINCHAK / REUTERS Le président ukrainien, Petro Porochenko, a annoncé, mercredi 26 décembre, la levée de la loi martiale instaurée à la fin de novembre dans plusieurs régions frontalières ukrainiennes à la suite d’une confrontation maritime avec la Russie au large de la péninsule annexée de Crimée. « Aujourd’hui, à 14 heures [12 heures GMT], la loi martiale prend fin », a déclaré M. Porochenko, au cours d’une réunion de son Conseil de sécurité nationale retransmise à la télévision. Selon le président ukrainien, la décision de lever la loi martiale « se fonde sur l’analyse de tous les éléments de la situation actuelle dans le domaine de la sécurité dans le pays ». La Russie a arraisonné manu militari, le 25 novembre, trois navires de guerre ukrainiens au large de la Crimée et capturé les 24 marins se trouvant à leur bord, les accusant d’avoir illégalement pénétré dans ses eaux territoriales. Il s’agissait de la première confrontation militaire ouverte entre les deux pays depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 et le début, la même année, du conflit meurtrier dans l’est de l’Ukraine entre forces gouvernementales et séparatistes prorusses. Menace d’une « guerre totale » Après cette confrontation maritime, M. Porochenko avait accusé la Russie d’avoir drastiquement renforcé ses effectifs militaires à la frontière entre les deux pays et évoqué la menace d’une « guerre totale ». Les autorités ukrainiennes avaient alors introduit en réponse la loi martiale pour trente jours dans les régions frontalières et côtières, dernier épisode en date de la crise sans précédent dans les relations entre Moscou et Kiev. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tensions en mer Noire : la Russie sur la défensive Cette mesure controversée, qui permet de mobiliser les citoyens, de réguler les médias et de limiter les rassemblements publics arrivait à échéance mercredi, mais les autorités avaient laissé planer le doute quant à leur volonté de la prolonger. L’Ukraine et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir militairement les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, ce que Moscou dément. Plusieurs pays occidentaux, tout comme Kiev, ont également accusé la Russie d’« actions illégales » en mer Noire, et le président des Etats-Unis, Donald Trump, a annulé sa rencontre avec Vladimir Poutine prévue en marge du sommet du G20 en Argentine il y a un peu moins d’un mois. Nouvelles sanctions contre la Russie « Le soutien et les actions concrètes de nos partenaires internationaux, leurs pressions sur le Kremlin, ainsi que la loi martiale ont empêché le pire scénario planifié par la Russie », a assuré M. Porochenko. Il a par ailleurs annoncé que l’Ukraine allait introduire de nouvelles sanctions contre la Russie, notamment pour l’« agression contre l’Etat ukrainien en mer Noire ». Ces sanctions vont viser plusieurs députés de la Douma (chambre basse du Parlement russe), notamment du parti au pouvoir, Russie unie, et du Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR), un parti ultranationaliste, ainsi que les entreprises qui « agissent d’une façon ou d’une autre contre l’Ukraine », selon M. Porochenko. Mardi, la Russie avait annoncé avoir ajouté 245 personnalités et sept entreprises ukrainiennes, notamment dans le secteur de l’énergie et la défense, sur sa liste de sanctions économiques contre l’Ukraine.
26/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/ukraine-le-president-porochenko-annonce-la-levee-de-la-loi-martiale_5402356_3210.html
Djihadistes étrangers en Syrie : le casse-tête du rapatriement des enfants
La justice belge a ordonné mercredi le rapatriement de six enfants de djihadistes détenus dans une prison des forces kurdes dans le nord-est de la Syrie.
Le camp de déplacés d’Al-Hol (Syrie), où sont retenus les enfants et leurs mères qui ont fait l’objet de la décision de justice belge, le 8 décembre. DELIL SOULEIMAN / AFP La question représente un véritable casse-tête pour de nombreux Etats européens. Quel sort pour les djihadistes venus d’Europe, leurs épouses et leurs enfants, qui sont aujourd’hui détenus ou retenus par les forces à dominante kurde basées dans le nord-est de la Syrie ? Faut-il organiser le retour des enfants uniquement ? Comment alors les séparer de leurs mères, qui sont considérées comme aussi responsables que les hommes partis faire le djihad dans la zone irako-syrienne ? Doit-on laisser ces derniers aux autorités à dominante kurde, non reconnues, et qui ne veulent pas d’eux ? Alors que la tension monte dans la région et que la perspective d’une intervention turque laisse craindre l’éparpillement des djihadistes détenus dans les prisons des forces à dominante kurde, la justice belge a tranché dans le cas de six enfants. Mercredi 26 décembre, un juge des référés du tribunal néerlandophone de première instance de Bruxelles a ordonné à l’Etat belge d’organiser leur rapatriement. Le juge des référés a pris le contre-pied d’un arrêt rendu cet été par la cour d’appel, qui avait rejeté la requête de deux mères de trois enfants chacune. Dans le cas jugé à Bruxelles, les six enfants, âgés de 0 à 6 ans, et leurs deux mères, âgées de 25 et 26 ans, sont retenus dans le camp de réfugiés d’Al-Hol, situé dans le nord-est de la Syrie, à quelques kilomètres de la frontière irakienne. Intérêt des enfants Cette zone est contrôlée par les forces à dominante kurde qui ont joué un rôle de premier plan dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) avec le soutien de la coalition internationale. Le juge a estimé qu’au nom des intérêts des enfants, l’Etat belge devait prendre « toutes les mesures nécessaires et possibles » pour les faire revenir, selon une copie de la décision transmise à la presse. « Ils n’ont aucune liberté de mouvement », a expliqué à l’Agence France-Presse Anouk Devenyns, la porte-parole du tribunal néerlandophone de Bruxelles. Et même si leurs mères sont incarcérées à leur retour en Belgique, « un contact restera possible » avec les enfants dans de meilleures conditions qu’actuellement en Syrie, a fait valoir la magistrate. En proportion de sa population, la Belgique a été un des tout premiers pourvoyeurs de combattants étrangers pour le djihad en Syrie, avec plus de 400 départs d’adultes recensés depuis 2013. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La France face au casse-tête de la dissémination des djihadistes La justice belge a donné à l’Etat quarante jours pour s’exécuter, sous peine d’une astreinte de 5 000 euros par jour et par enfant, et proposé une série de mesures concrètes pour aboutir. Ainsi, l’Etat belge est invité, pour prendre contact avec les autorités du camp, à recourir, si besoin est, « au personnel diplomatique et/ou consulaire d’un autre Etat de l’UE [Union européenne ] ». Il doit délivrer les papiers d’identité nécessaires, y compris aux deux mères, qui doivent pouvoir envisager le voyage avec les enfants dans un cadre « sécurisé », sans être forcées de fuir, est-il souligné. La Belgique a souvent mis en avant l’absence de représentation consulaire en Syrie pour expliquer son incapacité à agir concernant le retour des enfants de djihadistes privés de liberté dans ce pays en guerre depuis 2011. « Un fardeau » pour les autorités locales Il y a deux mois, à Bruxelles, un représentant des autorités locales à dominante kurde du nord-est de la Syrie avait dénoncé le refus des pays européens de reprendre leurs ressortissants membres de l’EI détenus. « Ils nous laissent supporter ce fardeau », avait-il déploré, soulignant que 584 femmes et 1 250 enfants avaient été placés dans deux camps. Des responsables kurdes de Syrie avaient alors expliqué au Monde que la France n’était pas concernée par cet appel aux pays européens à rapatrier leurs ressortissants. Après avoir rencontré des conseillers du président Emmanuel Macron à Paris le 21 décembre, Ilham Ahmed, une des principales responsables politiques kurdes de Syrie, a dit au Monde que le risque d’une intervention turque après le retrait des troupes américaines annoncé par Donald Trump faisait courir le risque d’une dissémination des djihadistes. « Nos alliés doivent bien comprendre que si nous perdons le contrôle de notre territoire à cause de leur retrait, nous n’allons pas prendre les terroristes étrangers avec nous. Ce n’est pas seulement de la survie de notre peuple qu’il s’agit, c’est de la sécurité des rues de Paris et des villes européennes. Si la Turquie nous attaque, l’EI sera renforcé et la sécurité de l’Europe sera à nouveau menacée. » Lire aussi Erdogan menace les Kurdes de Syrie, inquiétudes sur le sort des prisonniers djihadistes
26/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/djihadistes-etrangers-en-syrie-la-justice-belge-ordonne-le-rapatriement-de-six-enfants_5402352_3210.html
Pour piloter un drone de plus de 800 grammes, il faut désormais une formation obligatoire
Tout contrevenant risque six mois de prison et 15 000 euros d’amende, rappelle le ministère de l’intérieur.
Cliché d’un drone, le 27 février 2015, volant au-dessus de Reims. FRANCOIS NASCIMBENI / AFP Les propriétaires de drones civils de plus de 800 grammes doivent avoir suivi une formation et enregistrer leur appareil sur le site public AlphaTango, a rappelé dans un communiqué le ministère de l’intérieur, mercredi 26 décembre. A compter de ce jour, tous les télépilotes devront l’avoir suivie sous peine de se voir infliger une contravention. Ces nouveautés sont les applications les plus spectaculaires d’une loi votée en 2016, dont les décrets d’application ont été publiés en octobre. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) propose directement une formation en ligne, gratuite, baptisée Fox AlphaTango. Pour obtenir son certificat, il faut répondre – sans faute – à un questionnaire à choix multiples se rapportant à de courtes vidéos pédagogiques. La DGAC reconnaît aussi les formations dispensées par la Fédération française d’aéromodélisme (FFAM) et l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep). Les mineurs de moins de 14 ans ne peuvent obtenir d’attestation de suivi de formation et ne peuvent piloter un drone que sous la supervision d’un adulte formé ou dans le cadre d’un club d’aéromodélisme sur un site référencé. Hauteur maximale de 150 mètres Le numéro d’enregistrement obtenu après l’inscription obligatoire et gratuite sur le site AlphaTango doit être apposé en permanence, de façon visible, sur le drone. L’écriture utilisée doit permettre une lecture à une distance de 30 centimètres, à l’œil nu. Le ministère de l’intérieur rappelle également que la hauteur maximale de vol est de 150 mètres, et peut être réduite en fonction de l’environnement. Il est aussi interdit de faire voler son drone de nuit. En outre, il convient de consulter la carte des interdictions de vol : les zones soumises à interdiction ou à restriction sont répertoriées sur le site Géoportail. Tout contrevenant risque six mois de prison et 15 000 euros d’amende, une peine portée jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende « en cas de maintien volontaire du drone au-dessus de telles zones ». Le survol des personnes est interdit, tout comme celui de l’espace public en agglomération. La prise de photographies aériennes est possible au cours d’un vol dont l’objectif reste le loisir ou la compétition, mais les prises de vues ne pourront pas être exploitées à titre commercial. « De plus, il est interdit de filmer ou photographier des personnes sans leur autorisation au risque de porter atteinte à leur vie privée », ce qui est puni d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende, souligne le ministère de l’intérieur.
26/12/2018
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/26/pour-piloter-un-drone-de-plus-de-800-grammes-il-faut-desormais-une-formation-obligatoire_5402346_4408996.html
George Sand et Gustave Flaubert se disent tout
Les centaines de lettres échangées entre les deux écrivains entre 1866 et 1876, l’une des correspondances les plus stimulantes qui soient, paraissent pour la première fois en poche. L’écrivaine Agnès Desarthe s’y est replongée.
Tu aimes trop la littérature, elle te tuera. Correspondance, de George Sand et Gustave Flaubert, édité par Danielle Bahiaoui, Le Passeur, 672 p., 11,90 €. George Sand et Gustave Flaubert. ALINE BUREAU Voici que revient la saison des résolutions. Ne plus fumer, boire de l’eau, arrêter de regarder des séries, faire du sport, se lever tôt. Comment ne pas se décourager, désobéir ? Se réveiller tard, clope au bec, télé allumée dans des vapeurs d’alcool, avec un fort désir d’engloutir deux croissants. Et si nous recommencions plutôt à écrire, à nous écrire, les uns aux autres, des lettres, des vraies, avec enveloppes et timbres. Si, plutôt que de songer à devenir efficaces, nous choisissions de retourner à la lenteur du courrier : tortue postale contre lièvre informatique. Telle est la résolution que l’on brûle d’adopter en lisant Tu aimes trop la littérature, elle te tuera. Marionnettes plus vraies que nature C’est sous ce titre, choisi avec humour et pertinence par Danielle Bahiaoui, préfacière du volume, que paraissent, en édition de poche chez Le Passeur, les dix années de correspondance entre George Sand (1804-1876) et Gustave Flaubert (1821-1880). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean Clair, René Descartes, Colette Pétonnet, Simone Weil… Une sélection d’essais en poche pour la fin de l’année De 1866 à 1876, les deux écrivains échangent plusieurs centaines de lettres. Ils y parlent littérature, politique, comparent leurs méthodes de travail, leurs modes de vie, se soutiennent, envisagent de se prêter de l’argent, font le portrait de leurs contemporains, animant ainsi le castelet épistolaire de marionnettes plus vraies que nature : Victor Hugo, Ivan « Tourgueneff », Pauline Viardot, Emile Zola, Alexandre Dumas, entre autres, apparaissent ainsi au fil des pages. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Courriers lettrés : passionnantes correspondances Il est question de saisons, d’enfants qui grandissent, de parents qui vieillissent, des affaires qui vont tantôt mal, tantôt mieux, d’amis qui disparaissent et dont l’absence est intolérable, de la vieillesse qui vient, menaçante pour l’un, sereine pour l’autre. George conte ses baignades quotidiennes dans l’Indre froide, conseille à Gustave de faire de l’exercice, de marcher au moins, s’il ne désire pas, comme elle le fait elle-même, courir dans les bois. Divergences constantes La pratique du sport n’est pas l’unique sujet de dissension entre eux. Ils ne sont d’accord sur presque rien, ce qui rend leurs échanges stimulants, comme en témoignent ces mots de Sand : « Tes lettres tombent sur moi comme une pluie qui mouille, et fait pousser tout de suite ce qui est en germe dans le terrain. Elles me donnent l’envie de répondre à tes raisons, parce que tes raisons sont fortes et poussent à la réplique. »
26/12/2018
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/26/george-sand-et-gustave-flaubert-se-disent-tout_5402343_3260.html
« Acte VI » des « gilets jaunes » : 15 comparutions immédiates pour les violences à Paris
Cent quarante-deux personnes avaient été interpellées samedi. Cinquante-neuf avaient alors été placées en garde à vue.
Les « gilets jaunes » renvoient des grenades lacrymogènes alors que la police disperse la fin d’une manifestation dans le centre de Paris le 22 décembre. ZAKARIA ABDELKAFI / AFP Policiers jetés à terre, « quenelles », pillages… Plusieurs incidents et dérapages, parfois violents, se sont produits en marge de la mobilisation des « gilets jaunes », samedi 22 décembre. Quelques jours après les faits, les 15 personnes – parmi les 142 interpellées lors de l’« acte VI » à Paris – ont déjà fait ou feront l’objet d’une comparution immédiate au tribunal de grande instance, a affirmé mercredi 26 décembre le parquet. Drouet jugé le 5 juin Sur les 59 personnes – 55 majeures et 4 mineures – placées en garde à vue, 40 ont été présentées à la justice. Du côté des majeurs, outre les 15 devant passer en comparution immédiate, 16 autres ont fait l’objet d’un simple rappel à la loi et 7 se sont vu notifier une convocation devant le tribunal correctionnel et ont été placés sous contrôle judiciaire. Parmi les personnes convoquées, Eric Drouet, l’un des lanceurs du mouvement, sera jugé le 5 juin. Porteur d’une sorte de matraque, ce chauffeur routier de 33 ans avait été interpellé samedi après-midi à Paris. C’est lui qui sur sa page Facebook avait appelé les « gilets jaunes » à commencer leur mobilisation parisienne de samedi à Versailles, avant de changer de destination et de les inviter à se rendre à Montmartre. Les manifestants avaient ensuite déambulé dans plusieurs quartiers de la capitale, sans que leur parcours n’ait été préalablement déclaré à la préfecture. Parmi les mineurs, deux personnes ont été déférées : l’une en vue de sa présentation à un juge des enfants, l’autre en vue de sa présentation à un délégué du procureur. Nombreux incidents Le sixième samedi de contestation des « gilets jaunes » a été marqué par un nouveau reflux du mouvement initialement lancé pour réclamer une baisse des taxes sur le carburant et une hausse du pouvoir d’achat, mais les manifestations ont encore été émaillées d’incidents. Des policiers ont notamment été pris à partie par des manifestants sur les Champs-Elysées à Paris. Une enquête a été ouverte pour « violences volontaires avec arme en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique et dégradations de biens publics », a précisé le parquet. Il n’y avait cependant pas eu d’interpellation à l’issue de ces faits, avait alors précisé la préfecture de Paris.
26/12/2018
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/26/acte-vi-des-gilets-jaunes-15-comparutions-immediates-pour-les-violences-a-paris_5402337_1653578.html
Le directeur général de la fédération d’athlétisme mettra sur pied l’Agence nationale du sport
Frédéric Sanaur a été nommé, mercredi, par le ministère des sports. Il prendra ses fonctions mi-janvier 2019.
Le ministère des sports a confié à Frédéric Sanaur, 37 ans, l’actuel directeur général de la Fédération française d’athlétisme, le soin de poser les fondations de la future Agence nationale du sport, qui doit voir le jour début mars 2019. Cette agence devra « assurer les ambitions françaises en matière de haute performance ainsi que le développement du sport pour toutes et tous », a rappelé le ministère, dans un communiqué publié mercredi 26 décembre. En regroupant l’Etat, les collectivités territoriales, les clubs et les acteurs économiques et sociaux, cette structure doit installer une nouvelle gouvernance. Elle donnera pour la première fois un rôle officiel au monde économique. Lire aussi notre analyse : L’explosion programmée du modèle sportif français M. Sanaur prendra ses fonctions mi-janvier 2019. Il déjà été en charge des relations internationales au ministère des sports, de la candidature de Paris pour les JO 2024 et a été directeur des sports au Conseil régional d’Ile-de-France. Cette nomination survient alors qu’une bonne partie du mouvement sportif a été « secouée », en septembre, par l’annonce par le gouvernement que les 1 600 postes de Conseillers techniques sportifs (entraîneurs pour le haut niveau, formateurs pour les clubs) ne relèveront plus du budget de l’Etat, mais devront changer de statut pour être, à l’avenir, directement pris en charge par les fédérations elles-mêmes.
26/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/26/le-directeur-general-de-la-federation-d-athletisme-mettra-sur-pied-l-agence-nationale-du-sport_5402333_3242.html
En Bretagne, de riches propriétaires refusent de partager leur accès privé à la mer
La loi veut qu’au nom de l’intérêt général, un espace de trois mètres en bord de mer soit public. A Saint-Briac-sur-Mer, certains propriétaires refusent.
Vue aérienne de Saint-Briac-sur-Mer, en 2006. MARCEL MOCHET / AFP C’est une bataille judiciaire qui fait rage depuis plus de trente-six ans sur les rivages de Bretagne, pour quelques mètres de sentiers côtiers. A Saint-Briac-sur-Mer, de riches propriétaires se battent contre l’Etat, qui souhaite faire appliquer la loi du 31 décembre 1976 relative à l’organisation de l’indivision. Une loi qui restreint notamment le droit de propriété immobilière au nom de l’intérêt général, en obligeant les propriétaires d’un terrain situé sur le littoral à laisser un espace de trois mètres en bord de mer, afin que les randonneurs puissent y passer. Ce qui n’est pas du goût de certains propriétaires de villas construites avant cette loi. Un ex-ministre de l’environnement parmi les plaignants Parmi les plaignants figurent notamment l’héritier d’une grande entreprise de transports routiers (domicilié au Panama), un président de chambre à la Cour des comptes ou encore la famille Forbes, dont sont issus l’ancien secrétaire d’Etat américain John Kerry et l’ex-ministre de l’environnement Brice Lalonde. C’est leur grand-père, l’homme d’affaires américain James Grant Forbes, qui avait fait construire le manoir des Essarts dans les années 1920. Retrouvez notre reportage de 2004 : Saint-Briac attend les limousines et les hommes en noir à oreillette M. Lalonde avait d’ailleurs été maire de Saint-Briac de 1995 à 2008. Avant son mandat, un arrêté avait été signé par l’Etat, en 1982, afin de faire appliquer la loi et d’assurer ainsi la continuité du cheminement, sans mur ni obstacle lié à une propriété privée. Mais il a été annulé par le Conseil d’Etat en 1988, pour vice de forme. Ce n’est qu’à l’issue des deux mandats de M. Lalonde que le sentier du littoral a été relancé, malgré les oppositions des riverains, par son successeur Auguste Senghor, maire de 2008 à 2014. « A Saint-Briac, il y a plus de votants que d’habitants. Ce sont les résidences secondaires qui font la loi », affirme M. Senghor, interrogé par l’AFP. Malgré l’action de M. Senghor et de l’Etat, la bataille est loin d’être terminée. Le nouvel arrêté préfectoral, pris en 2015, a aussitôt été attaqué par les riverains, dont la famille Forbes. Deux ans plus tard, il a été partiellement annulé par la justice administrative, pour vice de forme, sur 30 mètres de sentier. Un appel est en cours. Les recours n’étant pas suspensifs, l’Etat poursuit les travaux sur la partie autorisée. Le mur d’une propriété a été percé et le sentier frôle le bord d’une piscine construite en bord de mer. « L’Etat avance méthodiquement et avec détermination », souligne David Harel, directeur adjoint à la mer et au littoral à la préfecture d’Ille-et-Vilaine, interrogé par l’AFP. Lire la tribune de Brice Lalonde : « Je te salue, vieil océan » Les propriétaires craignent qu’on « ruine leur intimité » Les propriétaires, eux, ne comptent pas s’arrêter là. Contacté par l’AFP, Brice Lalonde affirme que : « Le sentier affectera le bien-être des habitants s’il rase leurs murs et ruine leur intimité. Ceux-là ne pourront s’empêcher d’y voir une confiscation. » Concernant sa maison de famille, l’ancien ministre se dit « inquiet du risque terroriste » car « il sera assez facile de viser des membres de ma famille engagés dans l’action politique ». Toute cette affaire est « sans doute » due à « l’acharnement nouveau de quelque association dont les dirigeants se sentent investis d’une mission sacrée », ajoute-t-il. Patrice Petitjean, président de l’une des associations défendant l’accès libre au littoral – l’association des Amis des chemins de ronde d’Ille-et-Vilaine (ACR 35) – ne mâche pas ses mots en faisant visiter la splendide Côte d’Emeraude à Saint-Briac : « Quand vous avez de l’argent, vous pouvez tout vous permettre. Ici, à Saint-Briac, c’est bien ça le problème : ils ont de l’argent et sont dans la toute-puissance. » Pour l’ancien procureur, « la loi doit être respectée » et « tous les gens qui ne la respectent pas sont des voyous ». Les randonneurs, eux, attendent avec impatience que cette bataille juridique, longue de bientôt quarante ans, prenne fin. Selon la préfecture, le sentier devrait leur être ouvert en 2019.
26/12/2018
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/26/bretagne-de-riches-proprietaires-se-battent-contre-l-etat-pour-garder-leur-acces-prive-a-la-mer_5402332_1653578.html
Visite d’Alexandre Benalla au Tchad : l’Elysée a été prévenu la semaine dernière
L’ex-conseiller d’Emmanuel Macron a confirmé s’y être rendu en décembre avec « une délégation économique étrangère ».
Alexandre Benalla a prévenu l’Elysée « la semaine dernière » de son déplacement de début décembre au Tchad, a indiqué la présidence de la République, mercredi 26 décembre. L’ancien conseiller du président Emmanuel Macron, mis en examen pour « violences volontaires » après les révélations du Monde sur son implication en marge des manifestations du 1er-Mai, « n’a pas informé l’Elysée de ses déplacements avant de les effectuer, mais uniquement de manière récente », a précisé la présidence, sollicitée par l’Agence France-Presse (AFP), après les propos de M. Benalla assurant avoir « tenu informée la plus haute autorité française ». Lundi, Le Monde révélait que M. Benalla s’était rendu dans la capitale tchadienne, N’Djamena, en compagnie « d’une demi-douzaine de personnes », à bord d’un avion privé. Cette visite a été évoquée par Emmanuel Macron lors de sa rencontre, le 22 décembre, avec le président tchadien, Idriss Déby. « Emmanuel Macron a tenu à faire savoir samedi à Idriss Déby que cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel », avait déclaré l’Elysée au Monde. Dans un communiqué transmis à l’AFP plus tôt mercredi, M. Benalla a qualifié la phrase de « diffamatoire » : « Je suis particulièrement choqué et scandalisé par les propos irresponsables tenus par l’Elysée, sous-entendant que j’aurais dans le cadre de mes déplacements en Afrique pu me prévaloir d’une fonction, d’un titre, ou d’un pouvoir aux fins de démarchages professionnels. » L’Elysée « maintient » L’Elysée « maintient évidemment » sa déclaration à la presse « concernant l’absence totale de tout rôle officiel ou officieux d’Alexandre Benalla », a répondu, à son tour, la présidence mercredi. La position de l’entourage de l’ancien collaborateur de l’Elysée est identique. « Ça n’a rien à voir avec Emmanuel Macron, rien à voir avec l’Elysée, rien à voir avec la présidence de la République », a annoncé un proche de M. Benalla à l’AFP. Selon cette source, Alexandre Benalla a « donné un coup de main » à « quelqu’un qu’il connaît depuis 2012 ». Il s’agissait de « grands patrons du Moyen-Orient (…) susceptibles de créer 3 000 emplois au Tchad, de construire des usines », a dit l’ex-chargé de mission à L’Express, sans en préciser les noms. Durant sa mission à N’Djamena début décembre, le jeune expert en protection des personnalités a notamment rencontré pendant deux heures Idriss Déby, allié-clé de la France dans les opérations antidjihadistes au Sahel. Convaincu que « le but ultime » de ces révélations « est de saccager [ses] vies familiale et professionnelle » et « de [lui] nuire », Alexandra Benalla a annoncé son intention de ne plus « se taire » et compte « charger [ses] avocats de saisir le procureur de la République ».
26/12/2018
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/26/l-elysee-n-a-ete-prevenu-du-deplacement-de-benalla-au-tchad-qu-une-semaine-apres-sa-visite_5402328_823448.html
Design : Saint-Etienne fait des merveilles
Une chaise inspirée du mouvement de l’herbe, une étagère qui pousse comme du lierre… L’ornement crée un monde fantastique et désormais sans limite grâce à la 3D. A découvrir jusqu’en avril au Musée d’art moderne et contemporain stéphanois.
Au premier plan, le fauteuil « Cross Check » (1992) de l’architecte Frank Gehry, composé d’une seule bande qui s’enroule dans l’espace, le fauteuil Corallo (2004) en fil d’acier peint des frères Campana, et le « Porte-Manteau n°1 » (1885) de Thonet Frères, à la ligne échevelée. Charlotte Piérot/SEM Dans un jeu d’ombres et de lumières apparaissent la bibliothèque incrustée d’un tronc de bouleau par Andrea Branzi, le banc ourlé de racines brutes par Benjamin Graindorge ou l’étagère de Joseph Walsh qui court sur le mur, tel un lierre exubérant. Ces objets hybrides, étranges et poétiques, fascinent déjà. Ce n’est que l’apéritif. Un avant-goût du monde fantastique dans lequel plonge le visiteur de l’exposition « Design et merveilleux - De la nature de l’ornement », présentée jusqu’au 21 avril au Musée d’art moderne et contemporain (MAMC) de Saint-Etienne Métropole. L’exposition démarre dans les années 1980 avec Andrea Branzi et sa collection « Animali Domestici » qui, « pour la première fois, associe des fragments de nature intacts et des matériaux industriels ». Car ce sont plus de cent pièces – pour la plupart créées après 2000 – qui sont au cœur de cette exposition originale sur la place inédite de l’ornement dans le design. « L’homme a puisé ses motifs ornementaux dans la nature de l’Antiquité à l’Art nouveau, mais grâce à l’avènement du numérique, il peut inventer des formes organiques en s’inspirant des processus biologiques », souligne Marie-Ange Brayer, co-commissaire de l’événement et conservatrice en chef du service design et prospective industrielle du Centre Pompidou, à Paris. Bon Bon Chair, de Marcel Wanders (2010). Marcel Wanders L’exposition démarre dans les années 1980 avec Andrea Branzi et sa collection de mobilier « Animali Domestici » qui, « pour la première fois, associe des fragments de nature intacts et des matériaux industriels, donnant l’impression que le banc ou l’étagère croît, pousse littéralement. Dans les années 1990, avec Marcel Wanders et sa Knotted Chair en macramé trempé dans la résine, l’ornement devient structure. A partir des années 2000, l’ornement n’est plus un simple motif mais se déploie comme une forme animée et c’est ce phénomène nouveau que nous voulions donner à voir… », souligne l’historienne de l’art qui a travaillé, à Saint-Etienne, main dans la main avec Martine Dancer-Mourès, conservatrice en chef du MAMC. Lire aussi Andrea Branzi, le poète animiste du design Le peintre grec Zeuxis était réputé, dans l’Antiquité, pour imiter si parfaitement Dame Nature que des oiseaux venaient picorer les raisins qu’il avait peints. Dans ce nouveau millénaire, le designer s’invente deus ex machina, un dieu sortant de la machine. Au croisement des sciences informatiques et de la biologie, il réalise à l’aide d’impressions 3D des structures prismatiques, des fractales, calculées à partir des principes de croissance du monde vivant. Ainsi, il introduit dans son ordinateur des dimensions de morphogenèse. Des coraux et des électrons L’exposition stéphanoise présente quelques-uns des premiers objets imprimés en 3D : la chaise C2 (2004) de Patrick Jouin qui s’inspire du mouvement des herbes dans une prairie, ou la Diamond Chair (2008) du studio japonais Nendo, reproduisant la structure des atomes d’un diamant. Quelques années plus tard, l’exercice se complexifie encore avec la chaise Adaptation (2017) du Néerlandais Joris Laarman dont la matière (un polyamide revêtu de cuivre) s’est transformée en réseau multicellulaire de mailles, ou cette table Growth Table Titanium (2016) du Danois Mathias Bengtsson, imprimée en 3D avec des faisceaux d’électrons qui ont durci le métal, façon lianes en pleine croissance. « La dimension ornementale issue de la nature est devenue constitutive de l’objet », commente Marie-Ange Brayer devant plusieurs autres époustouflantes inventions signées du Britannique Ross Lovegrove, autre pionnier surnommé « Captain Organic » : la table Ginkgo (2007) en fibre de carbone, le luminaire Cosmic Leaf (2009) ou le fauteuil empilable en aluminium Diatom (2014), façon diatomée, cet organisme unicellulaire primordial. The Gingko Carbon Table, de Ross Lovegrove (2007). Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian © Ross Lovegrove En écho à ces créations du troisième millénaire, un « cabinet de curiosités » comme au XVIIe siècle rassemble, au centre de l’exposition, des spécimens d’histoire naturelle, des coraux, des photos de plantes, des tissus imprimés et autre artefacts. Les minéraux et végétaux – extraits des collections du MAMC de Saint-Etienne ainsi que du Musée des Confluences de Lyon – témoignent de la variété de motifs originels offerts par la nature. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Design : les ovnis de « Captain Organic » « La mission de l’art n’est pas de copier la nature mais de l’exprimer », écrivait Honoré de Balzac dans Le Chef d’Œuvre inconnu (1831). Et c’est toute la fascination qu’exercent ces objets d’après 2000 qui font trait d’union entre le naturel et le surnaturel. Ils ne sont plus tout à fait humains : impossible à fabriquer manuellement, à modeler ou à sculpter, ils n’auraient pu être conçus sans l’entremise des outils numériques qui les ont façonnés. A l’image de ces trois prototypes nés du rapprochement des sciences informatiques et des neurosciences, exposés dans une vitrine rétro-éclairée de l’exposition stéphanoise : il s’agit d’« êtres imaginaires » ou de « créatures chimériques », signés de la chercheuse américaine Neri Oxman, spécialiste en morphogenèse numérique au Massachusetts Institute of Technology. Ces hybrides entre l’humain et l’animal, entre matériaux naturels et synthétiques, préfigurent la fabrique du vivant. Bone chaise prototype, de Joris Laarman (2006). Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian/Joris Laarman « Nous vivons un nouvel âge créatif qui nous amène d’un design inspiré par la nature à une nature inspirée par le design », a d’ailleurs déclaré Neri Oxman dans une conférence TED de 2015. « Voilà qui exige de nous, designers, et ce pour la première fois de l’histoire, d’agir comme Mère Nature » (avec bienveillance, dans le respect des êtres vivants…), a conclu cette spécialiste. Défi inouï lancé aux designers de ce troisième millénaire. Design et merveilleux, jusqu’au 21 avril, MAMC Saint-Etienne Métropole, rue Fernand-Léger, 42270 Saint-Priest-en-Jarez. Mamc-st-etienne.fr
26/12/2018
m-styles
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2018/12/26/design-saint-etienne-fait-des-merveilles_5402324_4497319.html
Un journaliste algérien condamné à un an de prison ferme après une manifestation
Adlène Mellah, directeur des sites d’information Algérie Direct et Dzair Presse, a été reconnu coupable d’« attroupement ».
Le palais de justice d’Alger, en 2015. FAROUK BATICHE / AFP Un tribunal d’Alger a condamné, mardi 25 décembre, à un an de prison ferme le journaliste algérien Adlène Mellah, reconnu coupable d’« attroupement », a annoncé son avocat à l’AFP. Arrêté le 9 décembre dans la capitale algérienne, le directeur des sites d’information Algérie Direct et Dzair Presse, était accusé « d’attroupement », d’« incitation à un attroupement non armé », d’« outrage à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions » et de « rébellion ». Selon Reporters sans frontières (RSF), qui avait réclamé sa libération immédiate, le journaliste avait participé « devant le théâtre national à Alger à une manifestation de soutien au chanteur Reda City 16, en détention depuis octobre ». « Je suis choqué » Il a finalement été condamné à un an de prison ferme pour attroupement, a déclaré Me Abdel Ghani Badi, précisant que le délit d’« outrage à fonctionnaire » n’avait pas été retenu par le tribunal. Le 18 décembre, un procureur avait requis trois ans de prison ferme contre ce journaliste. Me Badi a indiqué à l’AFP que la défense allait interjeter appel. En attendant, Adlène Mellah devra rester en détention, a-t-il déploré. « Je suis choqué de voir des citoyens algériens accusés d’attroupement non autorisé en 2018 alors que le droit de manifester est garanti par la Constitution », a insisté l’avocat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Algérie, la presse en ligne touchée par une vague d’arrestations Le journaliste devra également comparaître le 7 février dans une autre affaire, pour « chantage », « atteinte à la vie privée » et « diffamation ». Dans ce dossier, il est, avec ses coaccusés, visé par une plainte déposée par Anis Rahmani, patron du plus grand groupe de médias privé d’Algérie (Ennahar), Abdelkader Zoukh, wali (préfet) d’Alger, et Abderrahmane Benhamadi, PDG du conglomérat d’électronique et d’électroménager Condor.
26/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/un-journaliste-algerien-condamne-a-un-an-de-prison-ferme-apres-une-manifestation_5402318_3212.html
Rwanda : non-lieu dans l’enquête sur l’attentat qui a déclenché le génocide de 1994
Les juges d’instruction ont suivi les réquisitions du parquet de Paris : l’abandon des poursuites contre des proches du président rwandais Paul Kagame.
Au Mémorial du génocide, à Kigali, la capitale rwandaise, le 29 avril 2018. YASUYOSHI CHIBA / AFP La perspective d’un procès sur l’événement déclencheur du pire crime de masse de la fin du XXe siècle est – pour le moment – écartée. Les juges d’instruction chargés de l’enquête sur l’attentat perpétré contre le chef d’Etat rwandais Juvénal Habyarimana ont rendu vendredi 21 décembre une ordonnance de non-lieu, éloignant la perspective d’un procès sur cet épisode, a appris l’Agence France-Presse (AFP) mercredi. Le 6 avril 1994, Juvénal Habyarimana, alors président de la République rwandaise, issu de la communauté hutu, était tué par un tir de missile contre l’avion présidentiel. L’épisode marquait la première phase d’un coup d’Etat qui déclenchera le génocide des Tutsi du Rwanda (800 000 morts selon l’Organisation des Nations unies) et la reprise de la guerre civile dans le pays. Objet de multiples enquêtes, les circonstances de cet assassinat politique et notamment l’identité de ses commanditaires restent entourées de mystère. Dossier empoisonné En France, une information judiciaire avait été ouverte en 1998 après la plainte des familles de l’équipage, composé de Français. Le premier juge saisi, Jean-Louis Bruguière, avait privilégié l’hypothèse d’un attentat commis par des soldats de l’ex-rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par Paul Kagame, devenu président en 2000. Depuis plus de vingt ans, ce dossier empoisonne les relations entre Paris et Kigali, sur fond de débat quant aux responsabilités françaises à l’époque du génocide. Les relations diplomatiques entre les deux pays avaient été rompues quand le juge avait émis en 2006 neuf mandats d’arrêts contre des proches de Kagame. Il recommande par ailleurs des poursuites contre le président Kagame devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda pour sa « participation présumée » à l’attentat Dans la foulée, Kigali coupe les ponts avec Paris, et se lance dans une contre-enquête qui accuse des extrémistes des FAR, des opposants hutu au président assassiné, de l’attentat et met en cause la France pour son soutien au « régime génocidaire » d’Habyarimana. Les relations diplomatiques reprennent trois ans plus tard. Revers de la justice française Elles s’étaient renouées trois ans plus tard. La thèse du juge Bruguière avait été fragilisée en 2012 par un rapport d’experts en balistique, qui s’étaient rendus sur place avec les juges ayant repris le dossier, Marc Trévidic et Nathalie Poux. Leurs conclusions désignaient le camp de Kanombe, alors aux mains de la garde présidentielle d’Habyarimana, comme zone de tir probable. Closes une première fois, les investigations avaient été relancées en 2016 mais se sont heurtées à une série d’obstacles avant d’être définitivement bouclées en décembre 2017. Les juges ont ainsi tenté en vain d’entendre un dissident rwandais, Faustin Kayumba Nyamwasa, réfugié en Afrique du Sud et visé lui-même par un mandat d’arrêt. Ancien membre du premier cercle du clan Kagame, il appuyait les accusations contre ses anciens compagnons du FPR. Autre revers subi par la justice française: la défense de deux des sept membres de l’entourage de Kagame mis en examen - l’ancien ministre rwandais de la Défense et actuel conseiller spécial du président, le général James Kabarebe, et le possible tireur d’un des missiles, Franck Nziza - avait refusé une confrontation avec un nouveau témoin affirmant avoir eu la garde des missiles au QG du FPR. Un appel annoncé Au printemps, les parties civiles avaient produit un rapport secret de 2003 du Tribunal pénal international pour le Rwanda qui attribuait la responsabilité de l’attaque au clan Kagame, mais le juge Jean-Marc Herbaut, estimant que cette piste avait été suffisamment documentée, avait refusé de relancer l’enquête. Le parquet de Paris avait réclamé en octobre 2017 l’abandon des poursuites engagées contre des proches de l’actuel président rwandais, Paul Kagame, qui risquaient d’être renvoyés devant une cour d’assises. Les juges d’instruction ont suivi ces réquisitions. Dans cette ordonnance rendue le 21 décembre, les magistrats expliquent prendre cette décision « en l’absence de charges suffisantes », a précisé la source judiciaire à l’AFP. L’information judiciaire avait initialement été ouverte pour « assassinat et complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste », ainsi que pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ». Philippe Meilhac, avocat de la veuve de l’ex-président, Agathe Habyarimana, a annoncé à l’AFP que les parties civiles allaient faire appel de cette ordonnance. Rwanda : que s’est-il passé le 6 avril 1994 ? C’est une enquête impossible, une affaire qui hante la mémoire rwandaise et intègre le faisceau de contentieux qui gangrène les relations entre Paris et Kigali depuis le génocide, auquel il aura servi d’événement déclencheur. Qui a tué le président rwandais Juvénal Habyarimana ? Qui a tiré le missile qui a abattu son avion présidentiel, un Falcon-50 en phase d’atterrissage, dans lequel il arrivait à Kigali en compagnie de son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, en ce soir de printemps, le 6 avril 1994 ? M. Habyarimana, issu de la communauté hutu, revenait alors d’un sommet en Tanzanie consacré aux crises rwandaise et burundaise ainsi qu’au processus de négociations engagé avec les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR, à majorité tutsi), mené par Paul Kagame. Après l’annonce de l’attentat, le représentant du Rwanda à l’Organisation des Nations unies (ONU) déclara que les deux présidents « avaient été assassinés par les ennemis de la paix ». Le ministère de la défense rwandais affirma que l’avion avait été « abattu par des éléments non identifiés ». L’événement reste inexpliqué mais, déjà, l’engrenage meurtrier se met en route. Dès le lendemain de l’attentat, le premier ministre hutu modéré, Agathe Uwilingiyimana, dix casques bleus belges de la Minuar chargés de sa protection et plusieurs ministres de l’opposition sont tués. Puis les massacres commencent. A grande échelle. Les milices hutu Interahamwe et les Forces armées rwandaises (FAR) massacrent méthodiquement les populations tutsi. Des hommes, des femmes et des enfants sont exterminés à coups de machettes dans tout le pays. Les opposants hutu au parti de Habyarimana, le président assassiné, sont également décimés. La population, encouragée par les autorités et des médias, dont la tristement célèbre Radio-Télévision libre des mille collines (RTLMC), prend largement part aux massacres, aux viols et aux pillages. En juillet 1994, le génocide a fait 800 000 morts, selon les chiffres de l’ONU. Plus de vingt-quatre ans plus tard, toute la lumière n’a pas été faite sur l’épisode qui a déchaîné les tueries et relancé la guerre civile. Retrouvez la grande enquête du Monde sur le rôle de la France au Rwanda: Les secrets de la France au Rwanda : les ambiguïtés de l’opération « Turquoise »
26/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/rwanda-non-lieu-dans-l-enquete-sur-l-attentat-qui-a-declenche-le-genocide-de-1994_5402315_3212.html
Derrière le « shutdown » américain, les craintes sur le plafond de la dette
Si le coût direct du blocage de l’Etat fédéral américain devrait être limité mais il se produit dans un climat d’inquiétudes économiques
Les discussions au Congrès achoppent sur les 5 milliards de dollars réclamés par Donald Trump pour la construction d’un mur antimigrants à la frontière mexicaine. Jacquelyn Martin / AP Durera-t-il quelques jours, une semaine, ou beaucoup plus ? Au lendemain de Noël, le doute planait encore sur l’issue du « shutdown », l’impasse budgétaire qui a provoqué la fermeture partielle de nombreuses administrations américaines vendredi 21 décembre. Les discussions au Congrès achoppent sur les 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) réclamés par le républicain Donald Trump pour la construction d’un mur antimigrants à la frontière mexicaine. Et que les démocrates rejettent avec véhémence. « Le président Trump plonge le pays dans le chaos », ont accusé, lundi 24 décembre, Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants, et Chuck Schumer, son homologue au Sénat. Aucun vote sur le sujet n’était prévu jeudi 27 décembre, la crise pourrait s’enliser jusqu’au 3 janvier, lorsque les démocrates prendront le contrôle de la Chambre. Pas étonnant, dès lors, que les inquiétudes sur le coût du blocage de l’Etat fédéral resurgissent. Ce shutdown est le dix-neuvième depuis 1976 – et le troisième depuis le début de l’année, après celui de quelques jours en janvier et celui de quelques heures en février. En octobre 2013, sous Barack Obama, la paralysie avait duré 16 jours – moins que le record de 21 jours sous Bill Clinton, en 1995-96. 800 000 fonctionnaires sont en congés sans solde depuis le 22 décembre Chaque fois, le même psychodrame se rejoue. Cette fois, 800 000 fonctionnaires sont en congés sans solde depuis le 22 décembre, faute de budget – ou contraints de travailler sans être payés dans les services essentiels. La sécurité intérieure, la police fédérale, les transports, le Trésor et l’intérieur, qui supervise les parcs nationaux, sont affectés. Ce qui, en période de vacances, pourrait pénaliser le tourisme. Tout comme les fournisseurs de l’Etat, dont les factures seront réglées en retard. Des passeports risquent de ne pas être délivrés à temps, et les agents publics dépenseront moins. Au point de freiner la consommation et la croissance ? « Il est très difficile de mesurer le coût précis du shutdown, cela dépend du périmètre retenu », explique le service de recherche du Congrès, dans une note publiée début décembre. « S’il dure deux semaines, l’impact direct sera limité à 0,1 point de produit intérieur brut (PIB) », estime Nancy Vanden Houten, chez Oxford Economics. Les chercheurs de Capital Economics, eux, le chiffrent à 0,2 point de PIB, tout au plus. Motif : nombre d’agences devaient de toute façon fermer pendant les fêtes. En outre, le Congrès avait déjà voté le budget des trois quarts des administrations fédérales avant le blocage – celles-ci seront donc peu touchées. Kevin Hassett, l’un des conseillers économiques de la Maison Blanche, a également rappelé qu’après les précédents shutdowns, les fonctionnaires avaient été payés a posteriori pour les heures non travaillées.
26/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/26/derriere-le-shutdown-americain-les-craintes-sur-le-plafond-de-la-dette_5402311_3234.html
Construction de logements : les promoteurs accumulent retards et malfaçons
Le coût des réparations et des procédures renchérit les prix pour tous les acheteurs.
Logements en construction à Bordeaux, fin novembre. GEORGES GOBET / AFP L’acheteur d’un logement neuf peut espérer, après les mois d’attente nécessaires à sa construction, prendre possession d’un appartement aux normes les plus récentes, sans les mauvaises surprises que réserve l’ancien. Il n’en est rien, à en croire l’Union fédérale des consommateurs (UFC-Que choisir) qui, lors d’une conférence de presse, le 15 novembre, a alerté sur l’explosion, depuis 2017, des malfaçons et retards de livraison : « Nous enregistrons, en 2018, une hausse de 84 % des litiges après une poussée de 150 % entre 2010 et 2015, explique Alain Bazot, président de l’union. Cela nous a incités à enquêter auprès de nos adhérents acquéreurs en “vente en l’état futur d’achèvement”, le cadre juridique de l’achat sur plan. Et le tableau est catastrophique ! », dit-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Immobilier : les prix se stabilisent sauf à Paris et dans les métropoles attractives Ainsi, sur 746 répondants à l’enquête (entre le 17 et le 24 octobre 2018), 29 % ont subi un retard de livraison d’en moyenne 5,4 mois après la date prévue. Ce retard a, pour 80 % des sondés, entraîné un préjudice financier d’en moyenne 4 500 euros, sous forme de loyers supplémentaires, d’intérêts intercalaires liés à l’emprunt immobilier ou, pour les investisseurs, de perte de loyers. Si l’on extrapole ces données à l’ensemble du marché, soit aux 118 000 acquéreurs, en 2017, le préjudice se chiffre à 156 millions d’euros. « Sous-traitants peu compétents » Nombreuses et graves sont les malfaçons de construction et les difficultés des acquéreurs à obtenir du promoteur qu’il y remédie : « Notre résidence, à Montreuil [Seine-Saint-Denis], construite par le promoteur Edelis [anciennement Akérys] a été livrée en mai 2017, raconte Léonel Cherreau, membre du conseil syndical. Nous avons rencontré de nombreux problèmes avec les équipements collectifs : une chaudière à gaz très mal réglée, des panneaux solaires qui ne fonctionnaient pas, des détecteurs de présence commandant l’éclairage des parties communes et parkings si mal conçus que la lumière ne s’éteignait jamais, ce qui occasionnait de lourdes factures d’électricité… Nous nous sommes heurtés à des sous-traitants peu compétents et à un promoteur qui faisait traîner les dossiers pour laisser passer le délai de garantie d’un an de parfait achèvement », raconte agacé cet ingénieur en bâtiment. Les conclusions de l’UFC-Que choisir corroborent ce constat : des logements livrés sans électricité ou sans chauffage, un ascenseur qui ne fonctionne pas… Quatre acheteurs interrogés sur cinq ont, dans le mois de la réception des immeubles, émis en moyenne une douzaine de réserves sérieuses et avérées. « Le plus scandaleux, c’est que la loi permet théoriquement de consigner 5 % du prix de l’appartement jusqu’à la levée des réserves, mais, dans 73 % des cas, les consommateurs n’ont pas réussi à le faire, cédant au chantage exercé par les promoteurs qui ne leur remettent pas les clés tant qu’ils n’ont pas perçu 100 % du prix », s’indigne M. Bazot.
26/12/2018
economie
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L’Albanie bannit les jeux d’argent
Le pays fermera tous ses bureaux de paris dès le 1er janvier, pour lutter contre le crime organisé et l’addiction au jeu.
Seuls les casinos situés dans les hôtels cinq étoiles des sites touristiques pourront se maintenir. WAYNE PARRY / AP Aux grands maux les grands remèdes : les jeux d’argent, sources de profit pour le crime organisé et de drames pour de nombreuses familles, seront prohibés en Albanie à partir du 1er janvier. Cette loi, qui soulève déjà la controverse, entraînera la fermeture des 4 300 bureaux de paris, aujourd’hui présents à tous les coins de rue. Dans ce pays d’un peu plus de 3 millions d’habitants, l’un des plus pauvres d’Europe, cela représente environ un bureau de paris pour 670 personnes, une proportion « très élevée », note l’économiste Klodian Tomorri, bien plus grande que dans les pays voisins ou les pays occidentaux développés. La loi bannit aussi les paris en ligne et prévoit des restrictions pour les casinos, dont certains se trouvent à proximité d’écoles. Seuls ceux situés dans les hôtels cinq étoiles des sites touristiques possédant une licence pourront se maintenir. Retrouvez notre analyse : L'Albanie veut développer son attractivité malgré ses pesanteurs historiques « J’ai perdu ma vie » Pour Arta, 31 ans, mère de deux enfants citée par l’Agence France-Presse, la décision arrive trop tard pour préserver sa famille du drame. En juillet dernier, son mari s’est jeté d’un bâtiment après avoir perdu un pari sur le match de football France-Belgique, remporté par la France. « Il a parié sur la Belgique, mais en fait ce qu’on a eu c’est la misère », dit Arta, désormais seule pour élever ses enfants avec une aide sociale mensuelle de 100 euros. Selon une étude de l’université de Tirana, un parieur sur quatre a au moins une fois tenté de se suicider et 70 % ont des problèmes psychologiques. 1 parieur sur 4 a tenté de se suicider « Il existe un lien étroit entre les jeux d’argent et les violences familiales débouchant sur des crises très graves chez de nombreuses familles », souligne Iris Luarasi, du Conseil national d’assistance aux victimes de violences. Cause de 70 % des divorces De nombreuses familles sont par ailleurs dévastées par cette addiction. L’avocate Vjollca Pustina, à Tirana, estime à 70 % la proportion de divorces liés aux problèmes des jeux d’argent. Le gouvernement a annoncé que des centres d’aide aux ex-parieurs seraient mis en place, mais leur ouverture dès le 1er janvier paraît incertaine. « L’addiction aux jeux est une maladie qui doit être traitée dès la fermeture des bureaux de paris. Pour l’instant, les centres de réhabilitation ne sont pas en place », déplore Menada Petro, professeure de sciences sociales à l’université de Durrës. Crime organisé Selon des chiffres officiels, les Albanais dépensent entre 140 et 150 millions d’euros par an sur les paris sportifs. Mais en prenant en compte les paris illégaux, ce chiffre monte à 700 millions d’euros, estime le gouvernement. Pour le premier ministre, le socialiste Edi Rama, le but de l’interdiction est d’empêcher le crime organisé de réaliser des gains par le biais de cette industrie qu’il utilise aussi pour le blanchiment d’argent. Mais « la guerre [contre le crime organisé] va se poursuivre, car les criminels changent de stratégie », a-t-il récemment déclaré dans une interview télévisée. Le contrôle des lieux de paris illégaux, notamment des sites en ligne, est l’une des premières batailles à venir. « Les compagnies de paris transfèrent déjà leurs affaires en Macédoine, au Monténégro et au Kosovo afin de poursuivre tranquillement leur travail », assure Artan Shyti, président de la fédération des compagnies albanaises des jeux d’argent. Selon lui, l’entrée en vigueur de la loi va mettre au chômage environ 8 000 personnes. Retrouvez notre critique : L’Albanie post-communiste, un monde toujours à part
26/12/2018
international
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Début du procès de l’avocat Wang Quanzhang, détenu au secret depuis 3 ans en Chine
Le défenseur des droits humains, poursuivi pour « subversion de l’autorité de l’Etat », risque la prison à vie.
Des agents en civil interpellent un soutien de Wang Quanzhang à Tianjin, Chine, le 26 décembre 2018. Mark Schiefelbein / AP Le célèbre avocat et défenseur chinois des droits humains Wang Quanzhang était détenu au secret depuis trois ans. Mercredi 26 décembre, son procès s’est ouvert sous la surveillance d’une cinquantaine de policiers, déployés autour du tribunal de Tianjin, dans le nord-est du pays. Annoncée l’avant-veille par son épouse, Li Wenzu, qui anime les efforts de soutien à M. Wang, la tenue de ce procès fermé au public n’avait dans un premier temps pas été confirmée officiellement par les autorités chinoises. « L’affaire comportant des secrets d’Etat, la cour a décidé de ne pas ouvrir le procès au public », a fait savoir le tribunal. C’est de « subversion de l’autorité de l’Etat » qu’est accusé l’avocat chinois. A 42 ans, Wang Quanzhang a été actif tout au long de sa carrière sur des dossiers particulièrement sensibles du point de vue du pouvoir en place à Pékin. Jeune étudiant en droit, il a fourni au début des années 2000 une assistance juridique aux adeptes du mouvement religieux du Falun Gong, persécutés par la République populaire. Il a aussi soutenu, en tant qu’avocat, des paysans dépossédés de leurs terres et en quête de justice. Le 7 juillet 2015, une vaste opération menée par les autorités chinoises se traduit par l’arrestation de 200 défenseurs des droits humains dans le pays. Quelques jours plus tard, M. Wang disparaît. Il se cache. L’avocat finit cependant par se faire arrêter le mois suivant dans sa province natale du Shandong, avant d’être « placé en résidence surveillée dans un endroit désigné » pour six mois, une mesure qui formalise la pratique des disparitions forcées, un des outils usuels de la police politique chinoise. Mis en examen pour subversion en 2016, il est depuis détenu au secret. « Mascarade cruelle » Mark Schiefelbein / AP Parmi les défenseurs des droits humains arrêtés en juillet 2015, Wang Quanzhang est le dernier à n’avoir été ni jugé ni libéré. Des sept personnes condamnées après le coup de filet de juillet 2015, le plus lourdement sanctionné a écopé de huit ans de prison il y a tout juste un an, le 26 décembre 2017. Selon l’organisation de défense des droits humains Amnesty International, qui a dénoncé une « mascarade cruelle » et un « faux procès », M. Wang risque la prison à vie. « Wang Quanzhang est persécuté pour avoir pacifiquement défendu les droits humains », a déclaré Doriane Lau, d’Amnesty International, dans un communiqué, en rappelant qu’il a déjà été « détenu plus de trois ans sans que sa famille sache jusqu’à récemment s’il était vivant ». Les soutiens de Wang Quanzhang subissent eux aussi la répression systématique des autorités chinoises. A Tianjin, devant les journalistes tenus à l’écart du palais de justice, un homme a dénoncé d’une voix forte les poursuites contre M. Wang, avant d’être poussé dans une voiture par des policiers en civil. « Vous avez arrêté un érudit que les gens n’ont même pas le droit de voir. C’est du fascisme », a lancé l’homme, qui a dit s’appeler Yang Chunlin, avant son interpellation. « Les Chinois ne doivent plus vivre dans la peur, nous devons lutter contre l’oppression et faire preuve de courage », a-t-il crié. Yang Chunlin est un contestataire qui avait été condamné à de la prison en 2008 pour avoir fait circuler une pétition contre l’organisation des Jeux olympiques de Pékin la même année. Plus tôt, un manifestant porteur d’une pancarte « Libérez l’innocent Wang Quanzhang » avait également été interpellé, a déclaré un témoin à l’Agence France-Presse. Lire la tribune : « Mettons fin à la persécution des avocats chinois » Manifestation à Hongkong L’épouse de Wang Quanzhang, Li Wenzu, qui s’était rasé la tête la semaine dernière pour dénoncer la détention prolongée et sans jugement de son mari, a annoncé mardi que plus de vingt membres des forces de l’ordre stationnaient en bas de son domicile pékinois en début d’après-midi, l’empêchant de se rendre à Tianjin, une ville distante de plus de 100 kilomètres de la capitale. A Hongkong, où il reste possible de manifester, une cinquantaine de personnes ont protesté dans la matinée devant le bureau de liaison du gouvernement chinois, avec des pancartes réclamant la libération de M. Wang. « Wang Quanzhang est aujourd’hui en détention depuis mille deux cent soixante jours, et c’est un jour de honte extrême pour la Chine », a déclaré le député prodémocratie Kwok Ka-ki. « Après trois années de détention, il est à présent en procès à huis clos. Seul l’Etat nazi au siècle dernier aurait pu avoir recours à de telles méthodes contre son propre peuple », a-t-il tonné. En mai dernier, l’épouse de Wang Quanzhang, Mme Li, avait été reçue par Angela Merkel lors d’une visite de la chancelière allemande à Pékin. Les Etats-Unis et l’Union européenne s’étaient également émus du sort de l’avocat, qui n’a pas été autorisé à choisir ses propres défenseurs ni à rencontrer des proches en plus de trois années de détention. Le régime communiste a pris l’habitude de faire condamner des opposants politiques en fin d’année, lorsque l’attention des pays occidentaux tend à se relâcher. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment Xi Jinping a réinventé la dictature
26/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/chine-le-proces-du-defenseur-des-droits-wang-quanzhang-s-ouvre-sous-haute-surveillance_5402297_3210.html
Maroc : ouverture du procès controversé d’un dirigeant du parti islamiste
Abdelali Hamieddine est poursuivi pour « participation à un homicide volontaire » dans un dossier datant de 1993, pour lequel il a déjà été jugé.
Abdelali Hamieddine (4e en partant de la droite) pendant la réunion du conseil national du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste) marocain, en mars 2017. Compte Twitter @PJDofficiel Le procès controversé d’Abdelali Hamieddine, un haut responsable du Parti justice et développement (PJD, islamiste) qui mène la coalition gouvernementale au Maroc, s’est ouvert, mardi 25 décembre, à Fès, dans le nord du pays. Un important dispositif policier était mobilisé aux abords de la cour d’appel. Le procès, qui a débuté en présence de dizaines de personnes venues soutenir la partie civile et le dirigeant islamiste, a rapidement été renvoyé au 12 février 2019, ont rapporté des médias locaux. « Principes élémentaires du droit » Le haut responsable du PJD est poursuivi dans une affaire pour laquelle il avait déjà été jugé en 1993 : des affrontements entre étudiants islamistes et de gauche avaient à l’époque entraîné la mort d’un de ces derniers, Mohamed Ait Ljid. Abdelali Hamieddine, qui étudiait alors à l’université de Fès, avait été condamné à deux ans de prison pour « participation à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort ». En juillet 2017, des proches de la victime ont déposé une nouvelle plainte. Et le juge d’instruction a décidé il y a quelques semaines de poursuivre le responsable islamiste, en requalifiant les faits, pour « participation à un homicide volontaire ». « Ce procès n’a pas lieu d’être. Hamieddine a déjà été jugé, et cette décision judiciaire est définitive », a argué mardi l’un de ses avocats, Abdessamad Idrissi, peu avant l’ouverture du procès. « Selon les principes élémentaires du droit, on ne peut condamner une personne à deux reprises » pour les mêmes faits, a-t-il noté. « Il faut laisser la justice faire son travail », a rétorqué l’un des avocats de la partie civile, Jaouad Benjelloun Touimi. Tollé chez les magistrats Le PJD a exprimé son « soutien unanime » à M. Hamieddine, et le chef du gouvernement, Saad-Eddine Al-Othmani, qui en est issu, a qualifié d’« incompréhensible » la décision du juge d’instruction. Le ministre d’Etat chargé des droits de l’homme (et ex-ministre de la justice), Mustapha Ramid, autre figure du PJD, s’est également exprimé de façon très tranchée sur le sujet, soulevant un tollé chez les magistrats qui dénoncent une atteinte à l’indépendance de la justice. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand l’islamisme se confronte aux réalités du pouvoir Comme d’autres caciques du parti islamiste, l’ex-chef du gouvernement Abdelilah Benkirane était présent mardi à la cour d’appel de Fès pour apporter son soutien à Hamieddine, dont il est réputé très proche. L’université de Fès a par le passé été à maintes reprises le théâtre de heurts entre des étudiants islamistes et des militants de la gauche radicale. En avril 2014, de violents affrontements avaient fait un mort parmi ces derniers.
26/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/maroc-ouverture-du-proces-controverse-d-un-dirigeant-du-parti-islamiste_5402295_3212.html
Le coup de poignard de Trump vis-à-vis des Kurdes
Editorial. Sur le terrain, ce sont les forces kurdes, les meilleures alliées de la coalition internationale en Syrie, qui vont faire les frais du retrait de l’armée américaine annoncée par Washington.
Une combattante kurde des Unités de protection de la femme (YPJ) à Tal Tamr, au nord-est de la Syrie, le 21 décembre 2018, lors des funérailles d’un soldat des forces démocratiques syriennes tué par l’organisation Etat islamique. DELIL SOULEIMAN / AFP Editorial du « Monde ». Seul contre tous ou presque, Donald Trump a ordonné le retrait de l’armée américaine de Syrie. « Nous avons vaincu l’Etat islamique en Syrie », a tweeté le président des Etats-Unis le 19 décembre, ajoutant plus tard dans une vidéo : « Nous avons gagné. Il est temps que nos troupes rentrent à la maison. Ils rentrent tous, et ils rentrent maintenant. » After historic victories against ISIS, it’s time to bring our great young people home! https://t.co/xoNjFzQFTp — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) En rappelant les 2 000 militaires engagés en Syrie, M. Trump honore une de ses principales promesses de campagne. Il envisage également le rapatriement de la moitié du contingent déployé en Afghanistan. Depuis la réponse désastreuse de George W. Bush aux attaques du 11 septembre 2001, qui privilégia guerres et invasions par rapport à une action antiterroriste plus subtile et clandestine, deux présidents américains successifs, Barack Obama et Donald Trump, ont été élus en promettant de mettre fin à ces interventions militaires. Lire aussi Donald Trump impose un exercice de plus en plus solitaire du pouvoir Le problème est que la décision de M. Trump est, en l’état actuel du conflit, extrêmement dangereuse. Contrairement à ses affirmations, l’organisation Etat islamique (EI) n’a pas été vaincue. Elle a perdu depuis deux ans les villes et le territoire de son « califat », mais son chef, Abou Bakr Al-Baghdadi, est toujours vivant, et son état-major contrôlerait encore 20 000 à 30 000 combattants dans la région de la frontière irako-syenne. Satisfaction de Moscou, Téhéran, Damas et Ankara L’autre problème est que la décision présidentielle américaine ne satisfait que Moscou, Téhéran et Damas d’un côté, et Ankara de l’autre, mais personne dans le camp de la coalition anti-EI. Paris et Londres ont fait part de leur émoi. Et c’est à Washington que les oppositions sont les plus vives. Le secrétaire à la défense, James Mattis, et l’envoyé spécial du département d’Etat au sein de la coalition anti-djihadiste, Brett McGurk, ont immédiatement démissionné. Et, même dans le camp des « faucons » proches du président, notamment représenté par son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, l’ambiance doit être morose. Alors que, sous M. Obama, l’engagement en Syrie était strictement cantonné à la lutte contre l’EI, M. Bolton venait tout juste d’affirmer qu’elle avait d’autres objectifs à long terme, tels qu’obtenir le départ du pays de l’armée iranienne et de ses supplétifs. Pour lui aussi, le désaveu est total. C’est comme si Donald Trump avait pris sa décision seul, en fonction des intérêts de Moscou et d’Ankara, et sans rien négocier en échange. Vladimir Poutine, qui a estimé que « Donald a raison », en est d’ores et déjà le grand vainqueur. Quant à Recep Tayyip Erdogan, c’est après une conversation avec lui que M. Trump a annoncé sa décision : la Turquie devient le bras armé de Washington dans la lutte contre l’EI en Syrie. Elle obtient au passage, comme M. Erdogan s’est empressé de le déclarer, le feu vert trumpien pour combattre les Kurdes. La décision de Trump est une honte, un coup de poignard dans le dos. Les forces kurdes ont été les meilleures alliées de la coalition internationale en Syrie. Elles luttent encore chaque jour contre les djihadistes, et gardent des milliers de prisonniers susceptibles de se disperser dans le monde, notamment en Europe. Lâchées par les Américains, elles vont se retrouver prises en étau entre Ankara et Damas. Chacun est désormais prévenu : la parole d’un président américain ne vaut rien. Vous pouvez participer à une guerre décrétée comme étant « juste » par le monde entier, perdre des milliers de combattants, et être lâché par un simple Tweet. Cette trahison est la meilleure nouvelle pour le mouvement djihadiste depuis longtemps. Le Monde
26/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/26/le-coup-de-poignard-de-trump-vis-a-vis-des-kurdes_5402291_3232.html
Tous les goûts sont dans le comté
Saveurs beurrées, boisées, lactées, salées, torréfiées, de noisette, de cuir ou de châtaigne… Ce fromage caméléon sait jouer la subtilité.
Le maître-fromager de la fruitière de Noël-Cerneux (Doubs), Gaël Billotte, dans une des caves d’affinage du comté, le 18 décembre. Cyril Abad/Hans Lucas pour "Le Monde" Pour trouver une recette à tonalité festive et ancrée à Noël-Cerneux (Doubs), j’ai hésité entre deux options. Difficile de faire plus couleur locale que la saucisse de Morteau, spécialité du canton auquel appartient le village mais dont la ­renommée va bien au-delà et qui est protégée depuis 2010 par une Indication géographique protégée (IGP). D’autant qu’il existe un spécimen XXL de cette charcuterie fumée portant le nom de Jésus et traditionnellement dégusté à Noël… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jours de fête à Noël-Cerneux L’alternative reposait sur une autre star régionale à la célébrité plus grande encore, un poids lourd se présentant en meule de 40 kg et appartenant au patrimoine gastronomique national : le ­fameux fromage à pâte pressée cuite dont le nom figure dans celui de la région (Bourgogne-Franche-Comté). J’ai finalement cédé aux yeux doux des montbéliardes et simmental françaises, les deux seules ­races de vaches autorisées à produire le lait cru de ce comté qui célèbre le soixantième anniversaire de son appellation d’origine (AOC en 1958, AOP depuis 1996). Compatible avec tous les modes d’alimentation Pourquoi ce choix ? D’abord parce qu’en période de fêtes et de réunion familiale, le comté présente des atouts certainement plus consensuels qu’une saucisse – aussi raffinée soit-elle et en dépit du ­retour en grâce des spécialités charcutières artisanales. Sous sa croûte lisse et rassurante, ce fromage séculaire fait partie des valeurs sûres ­indémodables, compatible avec presque tous les modes d’alimentation (à l’exception du végan) puisqu’il est dépourvu de lactose après ­affinage. Lire aussi Sept vins de l’Arbois, à déguster avec ou sans comté Le Comité interprofessionnel du comté entend bien pousser cet avantage, par le biais d’une campagne actuellement sur les écrans qui met en avant « le plus populaire des grands fromages » avec ce ­slogan : « Connaissez-vous quelqu’un qui n’aime pas le comté ? » On a beau chercher, c’est plus difficile à trouver en effet qu’un ennemi juré du pont-l’évêque, de la boulette d’Avesnes, de l’époisses, du roquefort, du munster ou d’un bon vieux fium’orbu du maquis… Strictement encadré par l’AOP Est-ce à dire que le comté manque de caractère et qu’il dissimule, sous cet universalisme gustatif, une fadeur coupable ? Ce serait faire fausse route, car ce premier fromage AOP français en tonnage (plus de 65 000 tonnes en 2017) sait malgré tout jouer les subtils, en offrant, au fil des saisons et de ses degrés d’affinage (de 4 à 40 mois), toute une variété de couleurs (de l’ivoire au jaune paille), de textures et d’arômes. Volontiers décrit comme doux et fruité, voire floral dans sa jeunesse, il développe ensuite des saveurs tour à tour beurrées, boisées, lactées, salées, torréfiées, de noisette, de cuir, de vanille ou de châtaigne… C’est bien simple, il y en a pour tous les goûts chez ce fromage caméléon qui n’a pourtant pas vendu son âme, puisque sa production dans les 150 « fruitières » (ateliers) du massif jurassien reste strictement encadrée par le cahier des charges de l’AOP. Pour ma part, c’est au stade de 18, 24 ou 30 mois que je préfère celui que l’on repère à sa ceinture à clochette verte.
26/12/2018
m-perso
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/26/tous-les-gouts-sont-dans-le-comte_5402286_4497916.html
L’Oréal relance Garnier grâce au bio
La plus importante de ses marques vendues en hypermarché lance une gamme de soins naturels.
L’histoire est écrite depuis 2014. L’Oréal vient d’en écrire le dernier chapitre. Le numéro un mondial des cosmétiques prépare le lancement de la ligne certifiée bio de soins sous sa marque Garnier, vendue en hypermarché. Toutes les grandes enseignes de distribution d’Europe de l’Ouest seront livrées en janvier. Soit plus de 40 000 magasins. Trois ans de travail ont été nécessaires. Le fabricant aux 26 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 a d’abord revu entièrement le catalogue de cette marque vendue partout dans le monde, à l’exception de la Chine. Les composants sujets à caution (silicone et paraben, notamment) ont été écartés des formulations de tous ses produits. Des formules biodégradables ont été adoptées. L’approvisionnement de la marque a été revu. Par exemple, le beurre de karité provient de la filière écoresponsable de L’Oréal montée au Burkina Faso. L’huile d’argan vient du Maroc. Et, bientôt, la marque se fournira en avocats au Kenya, ayant renoncé à s’approvisionner au Mexique après une polémique sur l’utilisation de pesticides dans le pays. « Désormais, Garnier propose une alternative naturelle sur toutes ses références : BB crème, masque capillaire, coloration, lotion micellaire, etc. », fait valoir Delphine Viguier, présidente de la marque Garnier. La méthode a permis de « préparer le terrain » pour le lancement de cette ligne bio de soins du visage qui propose onze références vendues à moins de 10 euros dans les grandes surfaces alimentaires. Gamme fabriquée en Pologne La conversion de Garnier au bio commence par le soin du visage et non pas par la catégorie des soins du cheveu dont, grâce à ses marques Ultra-Doux et Fructis, la marque est leader en France, avec une part de marché de 20 % sur le seul rayon du shampooing. Pourquoi ne pas avoir commencé par cette famille de produits qui a forgé sa notoriété ? Manifestement, la fabrication de crèmes bio est jugée techniquement plus aisée que celle de shampooings bio. Et, à en croire Mme Viguier, tout comme le consommateur se convertit à l’alimentation en bio en achetant d’abord des « œufs, puis du lait et des légumes, avant d’acheter de la viande », les nouveaux adeptes des cosmétiques bio se recrutent d’abord au rayon crème hydratante, avant celui des shampoings. En outre, la chimie verte ne serait pas encore au point pour « obtenir des shampoings suffisamment efficaces », selon la dirigeante, au regard du cahier des charges du groupe connu pour son marketing. « Les femmes se disent prêtes à acheter des produits cosmétiques bio, mais elles ne feront aucun compromis sur la qualité de ces produits, le plaisir lors de leur utilisation et leur efficacité », en les comparant aux produits conventionnels, rappelle la présidente de Garnier. Toutefois, le lancement d’une ligne de soins capillaires bio sous la marque Garnier serait dans les tuyaux. Pour l’heure, l’ensemble de cette gamme est fabriquée en Pologne, à Kanie, dans les environs de Varsovie, dans une usine certifiée Ecocert du groupe L’Oréal.
26/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/26/l-oreal-relance-garnier-grace-au-bio_5402283_3234.html
Le compost est devenu un sujet de conversation dans les dîners en ville
Nul n’en doute : réduire le volume de ses poubelles en compostant ses déchets végétaux est bénéfique pour la planète. Au point que la question a remplacé les « débats » sur les régimes végétarien ou sans gluten. Surtout chez les citadins.
LAUREN KOLESINSKAS On appelle ça le point compost. Ce moment où, dans un dîner, quelqu’un place dans la conversation qu’il composte ses déchets. Les questions fusent : c’est pas compliqué ? (Non, mais quand même.) C’est pas dégoûtant ? (Pas du tout.) Ça ne sent pas mauvais ? (Au contraire…) Le point compost a remplacé les questions posées aux végétariens ou aux allergiques au gluten, tout le monde ayant désormais un avis sur le sujet. Si quelqu’un avoue jardiner sur son balcon, on lui demande forcément s’il fait son compost, tout comme on demande au végétalien s’il porte des chaussures en cuir. Pour mesurer son intégrité. Parler avec enthousiasme de son compost à ses amis peut être une revanche sur les efforts passés à tenter de convaincre la copropriété d’installer un lombricomposteur. Pour finir par mettre le sien chez soi. Le point compost se pratique en ville. Les gens qui vivent à la campagne ne jugent généralement pas plus utile de mentionner qu’ils ont un tas de fumier dans le fond du jardin que de le mettre en photo sur Instagram. « On laisse faire la nature », vous disent ceux qui ont choisi de vivre en ville, soit dans des endroits qui ont tout fait pour la contrarier. A la campagne, on ne devise pas plus de son compost que de son tout-à-l’égout. Dans les grands centres urbains, on se met au compost comme à la pleine conscience. « Pouvez-vous me dire comment vos vies ont été transformées par le compost ? », demande Thibaut Schepman, l’animateur du podcast Bons plants, au début de l’émission de jardinage urbain qu’il a consacrée au sujet. Et à un autre invité : « Est-ce que vous pouvez me raconter votre rencontre avec le compost ? » Parler avec enthousiasme de son compost à ses amis peut être une revanche sur les efforts passés à tenter de convaincre la copropriété d’installer un lombricomposteur, pour finalement, selon le plan B, devoir mettre le sien chez soi. Le nouveau « MC » : maître composteur Compost figure dans le « Que sais-je ? » Les 100 Mots des bobos en 28e position, entre « classe créative » et « concilier ». En ville, le jargon « start-up nation » contamine aussi le compost. Toujours dans le podcast Bons plants, Jean-Jacques Fasquel, « consultant formateur en prévention des déchets », dit être « tombé sur un retour d’expérience » à Rennes avant de développer le compost à Paris. « On laisse faire des milliards de collaborateurs, les bactéries, et on les accompagne », ajoute Alexandre Guilluy, cofondateur des Alchimistes (« nous transformons vos besoins en fleurs »).
26/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/26/le-compost-est-devenu-un-sujet-de-conversation-dans-les-diners-en-ville_5402281_4500055.html
Sept vins de l’Arbois, à déguster avec ou sans comté
Cette appellation de 820 hectares, dans le nord du Jura, colle parfaitement à l’hiver. Car qui a envie de faire un régime en ces temps de frimas ?
Vignoble de l’Arbois. Thomas Stankiewicz / Look / Photononstop Arbois Domaine Martin Faudot, « Braise d’été », 2017 (rouge) Cépage typique du Jura, le trousseau est ici fort bien travaillé. Les baies noires violacées donnent un vin pourpre, et les arômes de fruits rouges (fraises, framboises) sont vifs. C’est beau et, surtout, ça se goûte bien accompagné – honneur au ­local – d’une saucisse de Morteau, voire d’un jambon fumé du Haut-Doubs. 12 euros. Lire aussi Le vin d’Arbois, pépite du Jura Arbois-pupillin Domaine de la Pinte, melon-à-queue-rouge, 2016 (blanc) Profitez vite de ce melon-à-queue-rouge 2016, un vieux cépage autochtone du Jura, de la famille du chardonnay, car en 2017 le gel a tout emporté et il faudra attendre la cuvée 2018. Issu de raisins cultivés en biodynamie, ce vin est parfait, tendu, avec des arômes de fruits mûrs, presque compotés. Pour le mettre en valeur, osez un chèvre frais, et pourquoi pas un fromage de chèvre à l’absinthe de Céline ­Nicole (Ferme du Vieux-Chemin, à Marnoz). 21 euros. Domaine Tissot, trousseau, 2017 (rouge) Montigny-lès-Arsures, où se trouve le domaine de Jean-Louis Tissot, est la capitale du trousseau. Là, sur les coteaux, ce cépage, rouge, se sent bien. Le résultat est équilibré, entre finesse et puissance. Ce trousseau 2017 se gardera de longues années sans problème. Mais, les impatients auront raison aussi de le goûter sur une Morteau ou une Montbéliard (des saucisses bien sûr), un paleron de bœuf, un gibier. 12 euros. Domaine de la Loue, savagnin, 2016 (blanc) Youpi ! un vin qui laisse s’exprimer le raisin, en l’occurrence le savagnin, cépage emblématique du Jura. L’approche bio de Catherine Hannoun, la viticultrice, y est pour beaucoup, ainsi qu’un élevage long, une année en cuve et une autre en foudre. Vin vif, d’une belle tension, avec une petite pointe de noix fraîche, à savourer avec un roquefort ou, pour rester local, un bleu de Gex (Haut-Jura). 16,80 euros. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tous les goûts sont dans le comté Côtes-du-jura Domaine Baud, « Cuvée Flor chardonnay », 2017 (blanc) Bon, d’accord, le Jura est plutôt loin de la mer, mais on peut y trouver des poissons qui se marieront bien avec ce joli chardonnay du domaine Baud. Les arômes de fleurs blanches, de pommes vertes accompagneront à merveille une truite ­fario, voire un sandre, pêchés dans un des très nombreux lacs de la ­région. 8,50 euros. Vin jaune Domaine Berthet-Bondet, château-chalon, 2011 C’est la Bugatti du Jura, le nec plus ultra que ce vin jaune produit à base de savagnin. Avec un élevage de six ans minimum en fûts, sous voile de levures, ce nectar que l’on peut ­garder jusqu’à un demi-siècle (mais qui sera au top dans une dizaine d’années), fait merveille sur les champignons, mais surtout, Jura oblige, sur des comtés – choisir des fromages avec plus de quinze mois d’affinage. Une tuerie. 36,80 euros. Macvin Fruitière vinicole de Voiteur, macvin-du-jura (blanc) Sur l’étiquette, les quelque 70 coopérateurs précisent « Vin galant ». Sans nul doute, la consommation de ce vin de liqueur, réalisé par assemblage de chardonnay et d’eau-de-vie de marc (vieillie dix-huit mois en fût), vous rendra audacieux. En ­bouche, le vieux marc le dispute aux arômes de fruits confits, ananas, mangue. Très sympa pour finir le ­repas, un fromage persillé, et pour accompagner les chocolats – privilégier les belles amertumes – de la maison Hirsinger (à Arbois). 14,80 euros.
26/12/2018
m-perso
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/26/sept-vins-de-l-arbois-a-deguster-avec-ou-sans-comte_5402278_4497916.html
L’inquiétante nervosité des Bourses
L’impasse budgétaire, la hausse des taux et le ralentissement de l’économie inquiètent à Wall Street.
Pas de trêve des confiseurs sur les marchés. Après une année 2017 excellente, la plupart des Bourses occidentales ont enregistré, en 2018, leur pire performance depuis dix ans. Et les derniers jours ont été particulièrement agités. Lundi 24 décembre, l’indice vedette de New York, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 2,91 %, tandis que le Nasdaq a lâché 2,21 %. Un plongeon accentué par le faible volume des échanges à la veille de Noël. La semaine dernière, Wall Street avait connu sa pire performance depuis la crise financière, ces deux indices plongeant respectivement de 8,36 % et 6,87 % entre le 17 et le 21 décembre. Mardi 25 décembre, la Bourse de Tokyo a lâché plus de 5 %, tombant à un plus bas depuis vingt mois, avant de se ressaisir légèrement mercredi. A Paris, le CAC 40 a perdu 1,45 % le 24 décembre. Sur l’ensemble de l’année, il aura reculé de plus de 10 %. Cette nervosité signe probablement la fin de la lune de miel entre les marchés et le président républicain, Donald Trump, qui, jusqu’à il y a peu, s’attribuait l’insolente santé de la Bourse new-yorkaise. Il faut dire que son élection, en novembre 2016, avait déclenché une vague d’euphorie chez les investisseurs américains. Ceux-ci se délectaient en particulier de deux de ses promesses : baisses d’impôts massives (1 500 milliards de dollars, soit 1 300 milliards d’euros) et dérégulation financière. Mais le réveil est brutal. Depuis cet été, la hausse des taux, les tensions commerciales avec la Chine, le ralentissement économique et, désormais, la politique chaotique de Trump, les préoccupent. Ces derniers jours, les inquiétudes ont monté d’un cran avec le shutdown, la paralysie partielle de l’Etat fédéral. Depuis vendredi 21 décembre, les discussions budgétaires sont au point mort, en raison du mur que Donald Trump a promis de construire entre les Etats-Unis et le Mexique pour stopper les migrants. Il réclame 5 milliards de dollars pour le financer. Les démocrates refusent. Tant qu’ils ne trouveront pas d’accord – ce qui pourrait prendre plusieurs jours –, le fonctionnement d’un quart de l’administration fédérale est suspendu. En attendant, près de 800 0000 agents publics ne sont pas rémunérés. « Je peux vous dire cela ne rouvrira pas, tant que nous n’aurons pas un mur, a déclaré Trump, le jour de Noël, dans une vidéoconférence avec des soldats américains stationnés à l’étranger. Une barrière pour empêcher les gens et la drogue de se déverser dans notre pays. »
26/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/26/les-inquietudes-autour-de-la-croissance-et-du-budget-americain-secouent-les-marches_5402272_3234.html
Des cours de français pour ouvrir l’école aux parents d’élèves étrangers
En 2017-2018, un dispositif national a permis à près de 8 000 étrangers d’apprendre la langue pour pouvoir accompagner leurs enfants.
Il est quatorze heures. Ou deux heures du matin. Ou bien deux heures de l’après-midi. « Mais deux heures du soir, ça n’existe pas. » « C’est un piège », devine l’une des élèves tandis que sa camarade corrige l’exercice au tableau. Et combien y a-t-il de minutes dans un quart d’heure ? Ou comment écrire vingt-quatre heures en toutes lettres ? A l’école maternelle Marx-Dormoy, dans le 18e arrondissement de Paris, une quinzaine d’élèves s’appliquent autour du temps qui passe. Ceux-là n’ont pas 3 ans, mais 30 ou 40 ans et sont réunis dans le cadre du dispositif national de cours de français gratuits « Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants ». Cofinancé par les ministères de l’intérieur et de l’éducation nationale, il s’est déployé en 2018 dans 477 établissements scolaires, soit dix fois plus qu’à son lancement il y a dix ans. « Le dispositif nous permet de faire découvrir aux parents l’école française et de leur donner les codes d’une scolarité, valorise Angela Dumas, référente du dispositif sur l’académie de Paris. Le vecteur, c’est la langue, mais on est dans l’école et on parle de l’école. » En 2017-2018, 7 774 parents d’élèves étrangers ont suivi ces cours en France, des femmes très majoritairement. La plupart sont originaires d’Afrique, et en particulier du Maghreb, mais aussi d’Asie, d’Europe de l’Est ou encore d’Amérique du Sud. A l’école Marx-Dormoy, deux fois deux heures par semaine, une quinzaine d’entre elles progressent dans l’acquisition de la langue. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’école au défi de la pauvreté de ses élèves Budget doublé Devant le succès du programme, « il a été décidé de doubler en 2020 au plus tard le budget consacré à ce dispositif, explique-t-on à la Direction générale des étrangers en France, afin de permettre une augmentation significative du nombre de bénéficiaires et, parallèlement, d’accroître la durée moyenne et d’améliorer le contenu des formations ». Dans la petite salle de l’école Marx-Dormoy qui accueille le cours, trois bébés sont aussi présents ce matin-là, l’un endormi dans une nacelle, l’autre s’agitant dans un porte-bébé, et le dernier silencieux sur les genoux de sa mère. Soubashini conjugue le verbe « pousser ». Et se lève pour partir. Cette Sri-Lankaise de 43 ans, arrivée en France en 2016, vient d’obtenir un titre de séjour et s’apprête à entamer une formation d’employée de commerce. Grâce à l’atelier « Ouvrir l’école aux parents… », elle a obtenu le deuxième niveau du diplôme d’études en langue française. Avant elle, une Philippine a dû quitter prématurément la salle pour aller faire un ménage. « On ne peut pas leur demander de la régularité, conçoit l’intervenante, Liesel Schiffer. La vie que ces personnes mènent en France est irrégulière. Même si elles ont des papiers d’ailleurs, car elles travaillent au noir ou sur des contrats de deux ou trois mois. »
26/12/2018
education
https://www.lemonde.fr/education/article/2018/12/26/des-cours-de-francais-pour-ouvrir-l-ecole-aux-parents-d-eleves-etrangers_5402270_1473685.html
Quand des spermatozoïdes se retrouvent dans la cavité abdominale
Des médecins chinois rapportent le cas d’un homme dont quelques gamètes se sont retrouvés dans la cavité péritonéale.
Des médecins chinois rapportent avoir eu la surprise d’identifier de drôles de cellules dans le liquide contenu dans l’abdomen d’un patient : des spermatozoïdes ! Mais comment ont-ils bien pu se retrouver là ? Ce patient, âgé de 52 ans et souffrant d’insuffisance rénale chronique, est traité depuis deux ans par dialyse péritonéale, indiquent des néphrologues de l’hôpital de Hangzhou (Chine) dans un article paru en ligne le 16 décembre 2018 dans la revue Nephrology. Cette technique de dialyse utilise le péritoine, une membrane formée de deux feuillets dont l’un tapisse la paroi abdominale et l’autre enveloppe les organes abdominaux. A l’état normal, les deux feuillets du péritoine sont quasiment accolés et délimitent un espace virtuel, nommé cavité péritonéale. Lors d’une dialyse péritonéale, un liquide (dialysat) est régulièrement injecté dans la cavité péritonéale par le biais d’un cathéter mis en place à demeure. Ce tube fin et souple est introduit dans l’abdomen par voie chirurgicale. Son extrémité est idéalement placée au niveau de la partie la plus basse de la cavité péritonéale, dans une région située chez l’homme entre la vessie et le rectum et appelée « cul de sac de Douglas ». Dans ce type de dialyse, le péritoine, membrane semi-perméable et richement vascularisée, joue un rôle de filtre naturel, ce qui permet de pallier la défaillance de fonctionnement des reins. Les échanges à travers le péritoine, entre le liquide de dialyse et le sang, permettent d’éliminer les déchets et l’eau en excès. Le dialysat est introduit dans la cavité péritonéale pendant quelques heures avant d’être évacué. C’est dans le liquide de dialyse récupéré, appelé effluent péritonéal, que des spermatozoïdes ont été identifiés. Chez ce patient, qui présente des douleurs abdominales, l’effluent péritonéal est trouble. Il est mis en culture pour recherche de germes pathogènes. Les médecins portent finalement le diagnostic de péritonite bactérienne à Pseudomonas aeruginosa. Péritonite chez un patient dialysé Le patient est traité par antibiotiques pendant trois semaines. A la fin du traitement, les douleurs abdominales ont disparu et l’effluent péritonéal redevient clair. C’est à ce moment-là que l’on y découvre des spermatozoïdes. Le patient n’a jamais été traité par radiothérapie, ce qui aurait pu endommager le système reproducteur et provoquer une fuite de spermatozoïdes hors des voies génitales. De même, l’imagerie médicale ne décèle pas d’image anormale de la vessie. Il n’y a pas de rupture de la paroi vésicale. Dans un tel cas, le sperme peut pénétrer dans la cavité péritonéale à la faveur d’une éjaculation rétrograde au cours de laquelle le sperme remonterait dans la vessie au lieu d’être émis à l’extérieur. Par ailleurs, les images radiologiques ne montrent aucune anomalie congénitale de l’appareil urogénital. En revanche, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) met en évidence une grosse vésicule séminale, juste en regard de l’extrémité du cathéter placé dans la cavité péritonéale remplie du liquide de dialyse. Les médecins estiment la vésicule séminale, petit réservoir dans lequel s’accumule le sperme dans l’intervalle des éjaculations, a dû être heurtée par l’extrémité du cathéter ayant servi à introduire le dialysat dans la cavité péritonéale. Les auteurs indiquent que chez les sujets âgés présentant une hypertrophie prostatique, les vésicules séminales, qui débouchent sur la prostate, peuvent se trouver proches de l’extrémité du cathéter lors de la dialyse. La paroi d’une vésicule séminale a pu être irritée par le cathéter et se déchirer. Et voilà comment des spermatozoïdes se sont retrouvés dans le liquide de dialyse et ont réussi à voyager jusqu’à la cavité abdominale. Autre cas décrit en 2009 A vrai dire, ce n’est pas la première fois que l’on observe des spermatozoïdes dans du liquide s’accumulant dans la cavité abdominale. Un cas quelque peu similaire a été rapporté par des médecins américains en 2009. Leur patient, un Indien âgé de 52 ans, présente une grande qualité de liquide dans la cavité abdominale, ce que l’on appelle une ascite. Les médecins diagnostiquent une péritonite bactérienne chez ce patient qui se plaint de douleurs abdominales. Ils ponctionnent le liquide d’ascite et mettent en route un traitement antibiotique par voie intraveineuse. C’est alors que des spermatozoïdes sont observés au laboratoire dans le liquide d’ascite, à deux reprises. Comment expliquer la présence de sperme dans ce liquide qui s’est accumulé dans la cavité abdominale ? Comment des gamètes mâles ont-ils pu se retrouver si loin de leurs lieux de production et de stockage ? Ce patient n’a jamais été opéré de la vessie et n’a pas récemment subi de traumatisme des voies urogénitales ou de vasectomie. Il n’est pas porteur d’une malformation congénitale de l’appareil urinaire ou reproducteur. La possibilité d’une contamination de laboratoire est également exclue. Dès lors une conclusion s’impose : l’aiguille ayant servi à ponctionner le liquide d’ascite a malencontreusement endommagé un des deux canaux déférents, ces conduits qui prennent naissance au niveau des testicules et se prolongent par les canaux éjaculateurs. Lors de la ponction du liquide, le médecin a donc lésé un canal déférent, ce qui a provoqué le passage de spermatozoïdes dans la cavité abdominale. Un cas extraordinaire rapporté en 1988 En 1988, un cas clinique véritablement hors normes a été rapporté dans le British Medical Journal. Un incroyable concours de circonstances avait entraîné la présence de spermatozoïdes dans la cavité abdominale… d’une jeune fille de 15 ans… née sans vagin. Cela ne l’avait pas empêcher pas de tomber enceinte et de donner naissance à un enfant neuf mois plus tard. Mais comment donc cela est-il possible ? A celles et ceux qui l’ignorent, sachez que je vous ai raconté, il y a quatre ans, ce cas littéralement extraordinaire. Mais cela est une autre histoire… Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, sur Facebook) Toute reproduction interdite. Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle. Pour en savoir plus : Shen Q, Behera TR, Chen M, Wu M. Sperm in peritoneal effluent in a man undergoing peritoneal dialysis. Nephrology (Carlton). 2019 Jan;24(1):134. doi: 10.1111/nep.13264 Olteanu H, Harrington A, Kroft SH. Sperm in peritoneal fluid from a man with ascites: a case report. Cases J. 2009 Nov 12;2:192. doi: 10.1186/1757-1626-2-192 Verkuyl DA. Oral conception. Impregnation via the proximal gastrointestinal tract in a patient with an aplastic distal vagina. Case report. Br J Obstet Gynaecol. 1988 Sep;95(9):933-4. LIRE aussi : « Miracle de la Nativité » ? Non, mais un cas clinique vraiment extraordinaire !
26/12/2018
blog
http://realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr/2018/12/26/quand-des-spermatozoides-se-retrouvent-dans-la-cavite-abdominale/
A Bordeaux, le rugby comme terrain d’accueil et d’intégration
L’association Ovale citoyen accompagne des migrants et des jeunes exclus par le biais de la pratique du rugby et dans leur parcours d’éducation et de formation.
Portrait d'Omar, jeune réfugié sénégalais, pendant un entrainement avec l'association "Ovale Citoyen", le lundi 10 décembre, au stade Moga à Bègles (Gironde). CHRISTOPHE GOUSSARD/VU POUR LE M A quoi rêve-t-on quand on a 18 ans et de larges épaules ? Omar, lui, se verrait bien « dans le rugby ». Intégrer « le centre de formation d’un club ». « Gagner [sa] vie » sur les terrains. Devenir joueur professionnel, « un champion ». Pour l’instant, son entourage préfère que nous ne donnions pas son nom : le jeune Sénégalais attend d’obtenir un titre de séjour en France. Un autre rêve. Ce demandeur d’asile a commencé le rugby début octobre à Bègles (Gironde), quelques jours après son arrivée dans le pays. « Si on me demande ce que représente notre équipe, je réponds : la société française » Son entourage, c’est l’équipe d’Ovale citoyen. Pas un club à proprement parler. Plutôt une association tournée vers l’intégration « des exclus de la société », pour reprendre l’expression du coprésident, Jean-François Puech. Une famille recomposée où se retrouvent, chaque lundi soir depuis la fin août, une soixantaine de joueurs. Des migrants en majorité, mais aussi des sans-domicile-fixe, des sortants de prisons, des étudiants. Beaucoup d’hommes, quelques femmes. « A l’entraînement, il y a aussi un transgenre : il arrive en mec, elle repart en femme, ajoute Christian Iacini, l’autre coprésident, infirmier anesthésiste de profession. Si on me demande ce que représente notre équipe, je réponds : la société française. » « Jeff » Puech, consultant en service client, doit en partie le projet à son fils, étudiant en sociologie : « Cette année il m’a amené dans des squats pour que je voie ce qu’il s’y passe, pour que je voie les migrants ou les SDF qui s’ennuient toute la journée. » Portrait d'Omar, jeune réfugié Sénégalais, au squat de la rue Causserouge où il est accueilli par l'association SQUID, le 12 décembre à Bordeaux (Gironde). CHRISTOPHE GOUSSARD/VU POUR LE M Omar a reçu Le Monde dans un squat de la rue Causserouge, entre le lycée Montaigne et la place de la Victoire, en plein centre de Bordeaux. Sur la boîte aux lettres, une inscription en lettres rouges abolit les frontières : « No borders ». Si le jeune homme vit aujourd’hui dans un autre squat de la ville, il a passé du temps au premier étage du bâtiment. Un « bonjour » à un habitant. Un autre à un bénévole du Squid (« calamar », en anglais), le nom du collectif pour le droit au logement qui a aménagé ces locaux autrefois destinés à des ateliers municipaux d’informatique. « Dans le squat, quand on parle entre nous, la plupart des sujets concernent les problèmes de papiers, les démarches à faire pour en obtenir. Parfois, les conversations durent toute la nuit, alors pour dormir… » Une vie de promiscuité, d’entraide aussi : « Quand il me manque quelque chose pour manger, je peux demander à d’autres. Ou l’inverse. » Un essai dans un club pro Entrainement avant le match le 12 décembre à Bègles (Gironde). CHRISTOPHE GOUSSARD/VU POUR LE MONDE Mardi 4 décembre, Omar a vécu un grand jour : il a effectué un entraînement avec l’équipe Espoirs d’un club professionnel, l’Union Bordeaux Bègles. Cette chance, « géniale », s’explique d’abord par le voisinage du club avec Ovale citoyen : les deux structures se partagent la même pelouse synthétique, qui dépend de la mairie béglaise. Elle s’explique aussi, et surtout, par le potentiel du gaillard, qui pratiquait la lutte au Sénégal : « Si je peux me permettre, il pourrait faire un bon pilier droit, s’amuse Jean-François Puech, qui jouait lui-même à ce poste, pour le plaisir. Dès qu’on l’a vu sur le terrain, il avait un truc. Toutes les attitudes nécessaires, le rugby dans le sang. Par réflexe, il courait avec le ballon dans la main opposée. Quand il a pris un intervalle, on a tous été surpris. Moi qui n’ai jamais pris d’intervalle… » Début 2019, « Jeff » compte sur des relations au Stade toulousain pour obtenir un autre essai. « Sinon, Omar pourrait peut-être jouer avec des clubs de Fédérale. » Soit entre la troisième et la cinquième division nationale, au niveau amateur. « Sans toucher un salaire », précise le fondateur d’Ovale citoyen, qui rappelle l’importance pour le jeune homme de poursuivre un autre projet que celui du rugby. « Une formation de moniteur de sport », envisage l’intéressé. En attendant, Omar, grand bonnet sur la tête, qui maintient sa condition physique avec des haltères, continue de se familiariser avec ce sport dont il avait entendu parler dans son pays natal. « Même tout seul, sur YouTube, j’essaie maintenant d’apprendre les règles. Celles pour les mêlées, pour les touches. Pour l’instant je crois que mon meilleur ami en France, ça reste mon téléphone ! Il m’enseigne beaucoup de choses, je peux regarder des vidéos, écouter du rap sénégalais, rester en contact sur WhatsApp. » Confiance et prise d’initiative Vestiaire avant le match, remise des maillots par l'association "Ovale Citoyen" le mercredi 12 décembre, au stade Moga, à Bègles (Gironde). CHRISTOPHE GOUSSARD/VU POUR LE MONDE Le migrant a conservé peu de liens avec sa famille en Afrique. Mère décédée, père absent, raconte-t-il. Comme ses coéquipiers d’Ovale citoyen, lui aussi joue pour oublier. « Sur un terrain, je ressens beaucoup de choses, je me sens bien, ça me divertit. J’oublie les problèmes dans ma vie. Beaucoup de problèmes. » Son trajet l’a conduit en France, via la Mauritanie, le Maroc et l’Espagne. Pourquoi la France ? « C’est elle qui nous a colonisés. » Le jeune homme a risqué sa vie au mois de juin, lors d’une traversée nocturne de la Méditerranée depuis le port de Tanger. « Quand on part, on sait qu’on prend un risque. Il y a trois possibilités : on peut rester dans la mer [mourir], on peut retourner [au Maroc] ou on peut entrer [en Europe]. » « Quand les mecs arrivent au squat, ils sont très abîmés. Ils ont un temps de digestion par rapport à tout ce qu’ils ont vécu pour venir ici » Omar se souvient du bateau. Un petit pneumatique qu’il a fallu gonfler à la hâte. A l’inverse des autres passagers (« une dizaine », se souvient-il), les passeurs l’ont laissé monter sans lui soutirer d’argent. Mais avec un autre prix à payer : ramer, ramer, ramer, toujours plus. « Moi, je faisais partie des capitaines, j’avais une pagaie en bois. Les passeurs nous ont juste donné le bateau, ils nous disaient : “L’Espagne, c’est tout près”. Mais ils ne savaient rien du tout. On a passé une nuit au milieu de la mer. » Le Sénégalais connaît les flots et leurs dangers pour avoir grandi juste à côté. A Guéréo, sur le littoral atlantique, il travaillait à la fois comme carreleur et pécheur. Juliette a les yeux embués. « Quand les mecs arrivent au squat, ils sont très abîmés. Souvent apathiques, abattus. Ils ont un temps de digestion par rapport à tout ce qu’ils ont vécu pour venir ici », raconte la militante du Squid, ancienne journaliste. « Pour beaucoup, le rugby leur a redonné confiance en eux, envie d’aller de l’avant, de prendre des initiatives. » Malgré les désillusions. « Quand on va voir des agences d’intérim à Bordeaux, elles nous disent qu’il y a du travail dans la viticulture ou l’hôtellerie. Mais les entreprises ont peur des démarches pour embaucher des migrants, regrette Christian Iacini. Alors que ces personnes peuvent trouver un boulot en France, avoir une existence en France, nous aider. » Sur un terrain de rugby comme ailleurs. Echauffement de toute l'equipe avant le match par les coachs Pascal et Yannick, de l"association Ovale Citoyen le 12 décembre, au stade Moga à Bègles (Gironde). CHRISTOPHE GOUSSARD/VU POUR LE MONDE L’association Ovale Citoyen Activité. L’association Ovale Citoyen accueille gratuitement des migrants et des jeunes en difficulté. Elle dispose d’un terrain prêté par la municipalité de Bègles. Le 12 décembre, elle y a disputé son premier match face à l’amicale des anciens joueurs de l’Union Bordeaux Bègles. Score final : égalité, un essai partout. Structure. L’association repose sur une vingtaine de bénévoles, qui animent l’activité rugby, donnent des cours de français, assurent une permanence administrative et même des séances de coiffure. A l’avenir, du soutien psychologique est prévu. Développement. Le projet devrait connaître des déclinaisons dans plusieurs régions en 2019, avec l’appui d’autres clubs du championnat de France : à Pau, mais aussi en région parisienne, qu’il s’agisse du Racing ou du Stade français.
26/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/26/a-bordeaux-le-rugby-comme-terrain-d-accueil-et-d-integration_5402263_3242.html
République démocratique du Congo : retour sur une « crise chronique de gouvernance »
Alors que les électeurs congolais sont appelés à voter dimanche, l’historien Isidore Ndaywel è Nziem analyse « la faiblesse » des institutions qui « puise sa source dans une décolonisation précipitée ».
Affiches des candidats aux élections générales congolaises dans le quartier populaire de Ndjili, à Kinshasa, le 19 décembre 2018. LUIS TATO / AFP La République démocratique du Congo (RDC) vit dans l’attente des élections générales, reportées d’une semaine, et dans la crainte de violences. Ces scrutins, dont la tenue le 30 décembre restait jusqu’au jour J incertaine, pourraient toutefois être historiques. Pour cet immense pays d’Afrique centrale dont la vie politique a été émaillée de rébellions, de putschs, d’assassinats et d’affrontements entre groupes politico-militaires, il s’agit de connaître la première alternance pacifique depuis l’indépendance en 1960. Il y a exactement deux ans, le pouvoir et l’opposition négociaient une sortie de crise sous l’égide de l’Eglise catholique congolaise. Le destin du plus grand pays d’Afrique francophone se discutait dans le petit immeuble de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), en plein cœur de la mégapole de Kinshasa, la capitale. Le deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila avait pris fin le 19 décembre et, faute d’élections, le pays basculait dans l’incertitude. Dans plusieurs villes du pays, des scènes de révolte urbaine menée par des jeunes défiant, à la nuit tombée, les forces de sécurité laissaient entrevoir le pire. A la Cenco, la classe politique poursuivait son dialogue interminable et négociait son partage du pouvoir. L’accord de seize pages finalement signé le 31 décembre 2016 prévoyait notamment le maintien au pouvoir de Joseph Kabila une année supplémentaire, le temps d’organiser des élections sous le regard d’un Conseil national de suivi de cette transition dirigé par le leader emblématique de l’opposition, Etienne Tshisekedi, alors âgé de 84 ans et malade. « Le dernier » report Ce dernier est mort, à Bruxelles, le 1er février 2017. L’« accord de la Saint-Sylvestre » a été malmené. L’opposition s’est morcelée. Des manifestations d’ampleur de l’opposition, de la société civile et d’organisations proches de l’Eglise catholique ont été réprimées. Joseph Kabila est toujours le chef de l’Etat en ce mois de décembre 2018. Et les élections présidentielle, législatives et provinciales prévues dimanche 23 décembre ont été reportées d’une semaine par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour des raisons techniques à la suite de l’incendie d’un de ses entrepôts, à Kinshasa. Les leaders des deux grandes coalitions de l’opposition, à la rhétorique habituellement belliqueuse, ont accepté ce nouveau report, « le dernier », mettent-ils en garde mollement. La communauté internationale a déclaré « prendre acte » de la décision de la CENI. Le pouvoir évoque « un cas de force majeure ». La population attend et redoute un nouveau report, de la fraude et des violences. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Report des élections en RDC : le pouvoir évoque « un cas de force majeure » Depuis trente ans, le grand historien congolais Isidore Ndaywel è Nziem, 74 ans, observe l’évolution de son pays. Professeur à l’université de Kinshasa, cet enseignant-chercheur est une figure intellectuelle majeure en RDC et au-delà. En décembre 2017, son approche scientifique ne lui suffisait plus. Avec d’autres universitaires, il s’est mobilisé au sein du Comité laïc de coordination (CLC). Cette structure proche de l’Eglise catholique a organisé des marches pacifiques en décembre 2017, puis en janvier et février 2018, pour réclamer le départ de Joseph Kabila et l’application de l’« accord de la Saint-Sylvestre ». Ce qui a valu au « professeur » d’être traqué et contraint à une semi-clandestinité. Isidore Ndaywel è Nziem livre son analyse de la longue route vers des élections, à la lumière de l’histoire de la RDC, et revient sur son engagement. Comment percevez-vous cette atmosphère préélectorale ? Isidore Ndaywel è Nziem L’ambiance est explosive. L’incendie d’un entrepôt de la CENI en plein centre de Kinshasa a servi de prétexte pour le report des élections d’une semaine. Mais les Congolais ont du mal à croire à la version de la CENI et soupçonnent le régime d’avoir fourbi cet incendie pour faire en sorte que le candidat de la majorité [Emmanuel Ramazani Shadary] puisse continuer à œuvrer. Tous les reports ont été décidés pour des raisons techniques, selon la CENI, qui refuse le soutien logistique des Nations unies alors qu’elle a toujours du mal à déployer le matériel électoral dans les bureaux de vote. Mais nous sommes dans un pays de surprises, d’imprévus qui ont marqué l’histoire. Nombre de problèmes de la RDC se sont résolus à la dernière minute. Ainsi des grandes rébellions du milieu des années 1960 qui faisaient fortement craindre un émiettement du pays en petits Etats, ce qui ne s’est pas produit. Ou encore de l’accord de Sun City, signé en 2002, qui a organisé une transition et surtout la réunification inespérée d’un pays divisé. La population de RDC est capable de sursauts extraordinaires. Un partisan de l’UDPS devant les locaux de ce parti d’opposition à Kinshasa, le 20 décembre 2018. JOHN WESSELS / AFP Que révèlent ces deux dernières années mouvementées, sur le plan de la politique et des institutions en RDC ? Une crise de la gouvernance. Je ne parle pas de « bonne gouvernance », un terme désormais en vigueur et à la mode, mais simplement de gouvernance. Le problème n’est pas Joseph Kabila, il est bien plus profond. Son système est un régime sans véritable Etat, qui existe principalement dans ses attributs sécuritaires ou pour signer des contrats léonins. C’est un héritage ancien. Cette question de la gouvernance et de la faiblesse des institutions en RDC me semble cruciale. Elle puise sa source dans une décolonisation précipitée par la venue à Brazzaville du général de Gaulle, en août 1958, qui entame le processus de décolonisation [du territoire sous domination française] et propose la création de la Communauté [au sein de laquelle les pays volontaires bénéficieraient d’une autonomie]. De notre côté du fleuve Congo [dans ce qui était alors le Congo belge], il était inconcevable que les colonies françaises accèdent à l’indépendance et pas nous. Les intellectuels se sont mobilisés et, à la veille de l’indépendance – proclamée le 30 juin 1960 –, une convention forte de coopération et d’amitié avec la Belgique a été scellée. Mais tout a capoté avec les mutineries de la force publique, la police coloniale, suivies de la sécession katangaise [le 11 juillet 1960]. Cette « crise de la gouvernance » se poursuit-elle jusqu’à ce jour ? Faute de transmission entre le pouvoir colonial et le Congo indépendant, toute l’architecture institutionnelle s’écroule, minée par des dysfonctionnements qui mèneront au premier coup d’Etat [le 14 septembre 1960, fomenté par Joseph Désiré Mobutu]. Entre-temps, la période de guerre civile a freiné la pénible et complexe mise en place d’institutions qui sont détruites derechef en 1965, avec un second coup d’Etat de Joseph Mobutu. Cette fois, il a le pouvoir mais redémarre à zéro la construction d’institutions. Ce scénario se répétera en 1997, avec la conquête du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila, qui chasse Mobutu Sese Seko par les armes. Là non plus, il n’y a pas d’opportunités de transmission et d’échanges entre l’administration sortante et le nouveau pouvoir. Après l’accord de Sun City, en avril 2002, qui met fin à la guerre et pose les bases d’un gouvernement d’union nationale, la RDC connaît pour la première fois un fonctionnement institutionnel à peu près normal. Ce que vient renforcer la Constitution promulguée en 2006. On pensait que ce redémarrage serait le bon. Mais le président Joseph Kabila, qui a aidé le pays à retrouver son unité et un début de normalité institutionnelle, a finalement décidé de détruire un par un les acquis de cette Constitution, qu’il révise en 2011 pour y inscrire le scrutin [présidentiel] à un tour. Les institutions sont encore une fois mises à mal. Plutôt que de partir à l’issue de son dernier mandat, ce jeune président qui a une certaine notoriété au Congo et dans la sous-région a plongé le pays dans la crise. Et aujourd’hui, la CENI, suspectée d’être à la solde du pouvoir, perpétue cette tradition d’institutions fragiles et malmenées. Nous nous retrouvons dans une situation où l’enjeu est de sauver la nation, tant la situation est délicate. Tout dérapage peut être un drame et déclencher un nouveau processus de destruction des institutions et de guerre. Des ouvriers peignent le logo de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de la République démocratique du Congo à Lubumbashi, le 20 décembre 2018. CAROLINE THIRION / AFP Selon vous, Joseph Kabila, bâtisseur d’un embryon d’institutions fonctionnelles, a fini par « détruire » son œuvre ? Depuis 2011, il y a des actions systématiques pour entraver le processus électoral en recourant à un double discours. D’un côté, le régime assure que les scrutins se tiendront et, de l’autre, il fait tout pour que ça n’arrive pas. En 2014, des cadres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie [PPRD, au pouvoir] avaient émis l’idée de changer la Constitution. Finalement, ils ont préféré faire traîner le processus électoral le plus longtemps possible, non sans succès. Puis, en 2015, ils ont eu l’idée du redécoupage [administratif], passant de 11 à 26 provinces, avant d’imposer la machine à voter dans un pays marqué par l’analphabétisme électronique. Leur discours a évolué en exagérant les difficultés, voire l’impossibilité, de l’organisation d’élections dans un pays si vaste. Or, on y vote depuis 1957 [avec la tenue de scrutins municipaux appelés « consultations »]. Et, plus récemment, des élections ont pu s’y tenir en 2006 et en 2011. Plutôt que de reprendre le fichier électoral de 2011 comme base de travail, ils ont préféré recommencer à zéro. Plutôt que de rassurer, d’accepter le soutien des Nations unies et des partenaires occidentaux, ils renforcent la suspicion dans les institutions. A leur manière, ils détruisent et reconstruisent pour gagner du temps. Il faut avoir un certain sens de l’histoire et de l’importance de la mémoire pour investir et bâtir plutôt que d’autodétruire ses réalisations. La plupart des hauts responsables de ce régime ne vit que dans le présent. Leur rapport à l’histoire se résume à l’instrumentalisation de références fédératrices au sein de la population, qu’ils revisitent le plus souvent. Je crois que le peuple a raison de dire que la seule chose qui compte, ce sont les faits. Des partisans de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, opposition) attendent une déclaration du dirigeant du parti devant son quartier général, à Kinshasa, le 21 décembre 2018. JOHN WESSELS / AFP Quelle relation les dirigeants congolais successifs ont-ils entretenu avec l’histoire et la mémoire politique ? Il y a un fonds mémoriel qui continue d’exister au sein de la population, attachée au symbole de Patrice Emery Lumumba [premier ministre assassiné en 1961] et à la sacro-sainte unité du pays. Mais paradoxalement, cette préservation informelle, qui perpétue des mythes, cohabite avec un effort constant d’effacement des différentes mémoires. Ainsi, la décolonisation a eu le devoir de détruire la mémoire coloniale. Puis Mobutu Sese Seko a essayé de détruire celle de la décolonisation. Ensuite, Laurent-Désiré Kabila s’est attelé à détruire toute celle de la période de Mobutu, estimant que rien ne méritait d’être sauvegardé, même pas la Conférence nationale souveraine qui était une contestation forte du régime Mobutu. La mémoire de Lumumba reste le seul élément fondateur de tous les régimes politiques. Encore aujourd’hui, ses discours sont cités et instrumentalisés par le pouvoir pour imposer ses propres idées ou pour justifier ses turpitudes. Tout le monde manipule Lumumba, sa pensée politique. A défaut de le lire et de le comprendre, on lui fait dire tout et n’importe quoi. Joseph Kabila rompt-il avec ses prédécesseurs sur ce plan ? Il se revendique de l’idéologie de son père. Mais il n’en a pas fait vraiment état et a écarté la plupart des collaborateurs de Laurent-Désiré Kabila. Pendant longtemps, Joseph Kabila vivait dans la crainte de se faire assassiner comme son père et son grand-père. Je crois qu’il a repris goût à la vie, au pouvoir et au plaisir de la richesse matérielle. Il semble s’être convaincu qu’il est prédestiné à diriger la RDC, qu’il doit continuer d’écrire l’histoire. C’est ainsi qu’il a cherché tous les subterfuges possibles avant de désigner son dauphin et de préparer un futur retour. Malheureusement, il a compromis la possibilité d’un retour en ayant entamé la destruction de ce qu’il avait construit. Il a aussi contribué à éroder la mémoire de son père, qui a été considéré comme un héros après Lumumba. Il a agi comme s’il ne devait pas y avoir de fin à son exercice du pouvoir. Il ne s’est jamais vraiment mis dans la logique d’un président qui termine son mandat et qui se préoccupe de l’avenir de son pays. Des militants d’un des partis de l’opposition, le 21 décembre 2018, dans la capitale congolaise, Kinshasa. JOHN WESSELS / AFP Vous êtes entré dans l’arène politique pour contester le maintien de Joseph Kabila à la tête de l’Etat, tandis que l’autre grand historien congolais, Elikia M’Bokolo, a rejoint la coalition au pouvoir. Quelle place occupent les intellectuels en politique et dans la sphère publique ? Les intellectuels ont longtemps été discrédités, surtout les universitaires, soupçonnés d’utiliser leur science pour consolider les aristocraties en place au détriment de la population. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Elikia M’Bokolo s’est jeté dans le champ politique. Pas moi. Je suis dans la posture de celui qui a demandé le respect des accords de la Saint-Sylvestre. En tant qu’historien, j’étais conscient que la situation pouvait conduire à de graves violences, susceptibles de nous ramener à des divisions. J’étais excédé, pris par une sorte de révolte intérieure. Je pouvais continuer à écrire des livres sur la RDC, comme je le fais depuis trente ans. Mais je voyais mon pays plonger dans une crise et la dignité de mon peuple affaiblie par la misère. Car le niveau de misère est tel que la population est incapable de faire la révolution, laquelle demande un minimum de confort. Descendre dans la rue pour marcher, comme on l’a fait avec le CLC, c’est un grand sacrifice. Car ces jours-là, dans plusieurs familles, il n’y aura rien à manger. Certains sont morts, d’autres ont été blessés. Le coût humain des marches est énorme. Mais on estime que sans cet engagement d’intellectuels, des églises, de la société civile, de la population, la situation aurait été pire. On a eu quelques victoires, comme la désignation par Joseph Kabila d’un autre candidat que lui-même. Cette situation est à la fois une chance et une nouvelle difficulté, car la communauté internationale a tellement applaudi ce geste qu’elle s’est démobilisée. Avec d’autres intellectuels congolais, comme le professeur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, nous restons vigilants.
26/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/isidore-ndaywel-e-nziem-la-rdc-est-un-pays-ou-les-imprevus-ont-marque-l-histoire_5402260_3212.html
Déconnecté pendant les fêtes ? Voici les principales informations
Les principales choses à retenir du week-end de quatre jours, si vous n’étiez pas en mesure de les suivre en temps réel.
Indonésie : au moins 429 morts et 150 disparus à la suite d’un tsunami Des hommes parmi des débris et des biens endommagés sur la plage après le tsunami, à Sumur, province de Banten, en Indonésie, le 26 décembre 2018. JORGE SILVA / REUTERS Causé par un glissement de terrain sous-marin lui-même provoqué par l’éruption du volcan Anak Krakatoa, ce tsunami a frappé, samedi 22 décembre à 21 h 30 (15 h 30, en France), les municipalités situées de part et d’autre du détroit de la Sonde, dans le sud de Sumatra et l’ouest de Java. En début de matinée mercredi, le bilan, qui devrait s’alourdir, s’élevait à 429 morts, 1 485 blessés et 154 disparus. Les survivants manquent d’eau potable, de nourriture et de médicaments. Les travailleurs humanitaires présents sur place craignent désormais une crise sanitaire. Il y a 14 ans, au lendemain de Noël 2004, un tsunami avait fait 220 000 morts dans les pays riverains de l’océan Indien, dont 168 000 Indonésiens, l’un des désastres les plus meurtriers de l’Histoire. Macron s’est rendu au Tchad, quelques semaines après Benalla Le président français, Emmanuel Macron, et le président tchadien, Idriss Deby, marchent main dans la main alors qu’ils quittent une conférence de presse au palais présidentiel de N’Djamena avant un déjeuner officiel, le 23 décembre 2018. LUDOVIC MARIN / AFP Le président de la République a fêté Noël avant l’heure, samedi à N’Djamena, aux côtés de 900 soldats des troupes françaises déployées au sein de l’opération « Barkhane », chargée depuis l’été 2014 de combattre les groupes terroristes armés au Sahel. Emmanuel Macron a également rencontré son homologue, Idriss Déby. Au menu des échanges : « Barkhane », l’éducation, la santé, les femmes, les subventions françaises, mais aussi… Alexandre Benalla, aujourd’hui mis en examen pour « violences volontaires » à la suite des violences qu’il avait exercées pendant le 1er-Mai. Démis de ses fonctions par l’Elysée en juillet, l’ancien adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron s’est rendu début décembre au Tchad. « Emmanuel Macron a tenu à faire savoir samedi à Idriss Déby que cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel », a indiqué l’Elysée au Monde. Etats-Unis : mort d’un deuxième enfant guatémaltèque détenu par les gardes-frontières Un homme tient une photo de Jakelin Caal, une fillette de 7 ans qui est morte alors qu’elle était sous la garde de la protection des gardes-frontières américains, pendant ses funérailles à San Antonio Secortez, au Guatemala, le 25 décembre 2018. CARLOS BARRIA / REUTERS Un garçon guatémaltèque détenu par les autorités américaines est mort, mardi 25 décembre, dans un hôpital de l’Etat du Nouveau-Mexique. L’enfant, âgé de 8 ans, détenu par le service des douanes et de la protection des frontières (CBP), avait été « transféré immédiatement » lundi, avec son père, vers une structure hospitalière après avoir montré « des signes de maladie possible », selon un communiqué du CBP. Le 8 décembre, une fillette guatémaltèque de 7 ans avait déjà perdu la vie après son arrestation par des gardes-frontières américains à l’issue d’un long périple. Elle est décédée d’un choc septique après son admission dans un hôpital d’El Paso, au Texas. Sa mort a suscité une onde de choc aux Etats-Unis une fois l’information rendue publique, alors que des milliers d’enfants migrants sont actuellement détenus dans des structures surpeuplées. Après l’« acte VI », des « gilets jaunes » ont fêté Noël sur les ronds-points Un prêtre se prépare pour une messe de Noël pour les manifestants en gilet jaune près d’un rond-point à Somain, dans le nord de la France. FRANCOIS LO PRESTI / AFP Policiers jetés à terre, « quenelles », effigie de Macron décapitée… Plusieurs incidents et dérapages, parfois violents, se sont produits en marge de la mobilisation des « gilets jaunes », samedi 22 décembre. Le lendemain, le parquet de Paris annonçait l’ouverture d’une enquête pour « violences volontaires » commises contre des motards de la police. Loin des violences de l’« acte VI » dans les grandes villes, certains « gilets jaunes » ont choisi de fêter Noël sur les ronds-points, avec les amis qu’ils se sont faits depuis les plus de cinq semaines que dure la mobilisation. Reportage près de Fréjus, où l’une de nos envoyées spéciales s’est rendue. Au menu, une dinde, des bouteilles de champagne dépareillées, cinq kilos de pommes de terre, du saumon et des chocolats. Presque tout a été donné par des conducteurs qui passaient encore, en début de soirée, déposer bouteilles et boîtes de chocolats. Etats-Unis : le shutdown prolongé au-delà de Noël L’arbre de Noël national sur l’Ellipse près de la Maison-Blanche est fermé en raison de la fermeture partielle du gouvernement à Washington, le lundi 24 décembre 2018. Andrew Harnik / AP Les sénateurs américains ont suspendu, samedi 22 décembre, les discussions pour obtenir un compromis budgétaire qui mettrait fin à la fermeture partielle des administrations fédérales. Le shutdown (« fermeture ») de l’administration se poursuivra donc au minimum jusqu’après la période de Noël (les sessions au Congrès ne devant reprendre que le 27 décembre) voire jusqu’en janvier. Principal point de friction : le financement d’un mur à la frontière mexicaine voulu par Donald Trump. Le président des Etats-Unis réclame que le budget de fonctionnement d’une partie de l’administration intègre 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) pour les consacrer à ce qui constitue l’un de ses principaux engagements de campagne – ce que refuse catégoriquement l’opposition démocrate. Elle propose en revanche une allocation de 1,3 milliard de dollars pour l’amélioration de la sécurité aux frontières. Climat : une pétition contre l’« inaction » de l’Etat recueille plus de 1,7 million de signatures La pétition recueillait mercredi matin plus de 1,7 million de signatures. PHILIPPE LOPEZ / AFP La pétition en ligne pour soutenir un recours en justice contre l’Etat français pour inaction climatique, lancée par quatre organisations non gouvernementales (Greenpeace, Oxfam, la Fondation pour la nature et l’homme et l’association Notre affaire à tous), recueillait mercredi matin plus de 1,7 million de signatures, du jamais-vu en France. Le tout recueilli en moins de neuf jours. La pétition vise à soutenir l’action en justice de ces quatre ONG contre l’Etat « pour qu’il respecte ses engagements climatiques et protège nos vies », expliquent les pétitionnaires dans leur texte. Le ministre de la transition écologique, François de Rugy, s’est dit « agréablement surpris » et « heureux que les citoyens s’expriment pour lutter contre le dérèglement climatique ». Il reconnaît que les ONG sont dans leur rôle d’aiguillon mais estime que baisser les émissions de gaz à effet de serre ne passera pas par un tribunal : « Ce n’est pas à des juges de forcer le gouvernement à prendre une loi. » Et aussi… Les experts. Trois syndicats de la police scientifique lancent un préavis de grève illimitée. Cétacés. Le Japon officialise la reprise de la pêche commerciale à la baleine. Urbi et orbi. Dans son message de Noël, le pape célèbre « la fraternité entre les personnes d’idées différentes ». Ebola. Le virus est de retour en République démocratique du Congo, où il a tué plus de 350 personnes en 5 mois. Financement du terrorisme. Sanction de 50 millions d’euros de la Banque postale pour des manquements à son devoir de vigilance.
26/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/26/deconnecte-pendant-les-fetes-retrouvez-les-informations-principales-de-ces-derniers-jours_5402251_3224.html
Quentin Dolmaire, acteur studieux
Depuis « Trois souvenirs de ma jeunesse », d’Arnaud Desplechin, en 2015, le comédien de 24 ans a eu pour seule ambition de jouer. Dans « Un violent désir de bonheur », de Clément Schneider, il incarne un moine en pleine Révolution française.
Dans « Un violent désir de bonheur », de Clément Schneider, en salle le 26 décembre, Quentin Dolmaire joue un moine contraint de côtoyer des troupes révolutionnaires en 1792. LES FILMS D’ARGILE On l’avait laissé transi, adolescent prolixe lové dans les bras d’une femme, dans Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin, en 2015. Le revoilà transformé dans Un violent désir de bonheur, de Clément Schneider, en moine taiseux qui doit, en 1792, réinterroger sa foi face aux Lumières de la Révolution française. « C’est un personnage nourri de valeurs qui subit un choc puissant : jouer une telle transformation intérieure ressemblait à un défi d’acteur », dit celui qui a dû délaisser quelques boucles sur le haut de son crâne pour adopter une tonsure de clerc. Lire la critique d’« Un violent désir de bonheur » : L’esprit de révolution En attendant la bonne étoile Entre ces deux films, Quentin Dolmaire, 24 ans, aurait pu se décourager. Il a raté une demi-douzaine de castings et autant de films dont il avait décroché le rôle principal mais qui n’ont pas abouti, faute de moyens… Quelques mois après le Festival de Cannes 2015, où le film d’Arnaud Desplechin était sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, et alors qu’il était nominé aux Césars, des clientes de la griffe Massimo Dutti avaient la surprise de le trouver, employé appliqué, près des cabines d’essayage. « Certaines me reconnaissaient et me demandaient des photos quand d’autres pestaient : “Il y en a qui attendent, hein !” » La bonne étoile ? « Elle va revenir », a-t-il continué de croire. Fils d’une comptable et d’un ingénieur, il s’est longtemps imaginé « faire du théâtre en amateur, à côté d’un vrai métier, genre podologue ou ingénieur en nanotechnologies ». Mais, au bout d’un mois et demi en fac de physique, « il y a eu ce lundi matin de cours, en pleine gueule de bois. Je regardais le prof en pensant “pourquoi je m’inflige ça ?” » Revenant à son désir de jeu, né dans les cours de théâtre en CM2, il s’inscrit au cours Simon qu’il finance par des jobs chez Uniqlo ou McDo. Le premier casting est le bon : sa voix nasillarde, son phrasé affecté, son visage en ovale qu’illumine un sourire gamin font fondre le réalisateur de Rois et Reine. « Desplechin était pourtant si éloigné de mon univers. Pour préparer l’audition, j’ai dû regarder en quatre fois certains de ses films. Je pensais que c’était un cinéaste mineur », avoue en riant celui qui est nourri des références populaires, et humoristiques, du patrimoine familial (Louis de Funès, Lino Ventura, Kaamelott). « En France, quand un acteur sait mal le texte, souvent on le modifie, c’est quand même très bizarre de le déresponsabiliser à ce point, non ? » Les temps morts de son agenda, comblés par des cours de capoeira, une guitare électrique ou la lecture d’Hemingway ou Bergson, commencent enfin à se raréfier : on le verra en janvier sur scène avec La Première Bande, troupe de théâtre montée avec des amis, et au cinéma, en romantique étudiant en art dans Ulysse et Mona, de Sébastien Betbeder. Plus tard, il donnera la réplique à Isabelle Adjani dans un téléfilm de France 3 de la série Capitaine Marleau. Il sera aussi à l’affiche de Synonymes, le prochain film de Nadav Lapid. « Lui, trop, trop fort, dit-il de l’Israélien. Il te dirige sans en avoir l’air. » Désireux d’être malléable, Dolmaire investit les plateaux en bon petit soldat. « Je cherche encore ma place, avoue-t-il. La question du professionnalisme au cinéma m’interroge. En France, quand un acteur sait mal le texte, souvent on le modifie, c’est quand même très bizarre de le déresponsabiliser à ce point, non ? », s’indigne le jeune acteur. « Et puis on est obsédés par le naturalisme : on nous demande souvent de jouer petit pour raconter des choses anecdotiques », ajoute-t-il. D’autres horizons se sont ouverts à lui. Aujourd’hui, Quentin Dolmaire rêve de travailler avec Bertrand Bonello, Bruno Dumont ou Thierry de Peretti, trois auteurs de fresques ambitieuses dans lesquelles il se glisserait bien. « Un violent désir de bonheur », de Clément Schneider, en salle le 26 décembre. « Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux », compagnie La Première Bande, Théâtre El Duende, Ivry-sur-Seine, les 17 et 18 janvier 2019. « Ulysse et Mona », de Sébastien Betbeder, avec Eric Cantona, en salle le 30 janvier 2019.
26/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/26/quentin-dolmaire-acteur-studieux_5402244_4500055.html
Le Boxing Day, rappel que la Premier League est le « produit sportif » le plus suivi au monde
Pas de trêve pour le championnat de foot anglais, avec la célèbre série de matchs juste après Noël.
Le Mancunien Paul Pogba, le 22 décembre, contre Cardiff City. Jon Super / AP Alors que la plupart des footballeurs évoluant en Europe profitent de la trêve hivernale pour recharger leurs batteries, les joueurs du championnat anglais, eux, fouleront les terrains, mercredi 26 décembre, lors du fameux Boxing Day. Coauteur avec son confrère Jonathan Clegg d’un ouvrage fouillé sur le boom économique et l’attractivité de la Premier League (The Club, Houghton Mifflin Harcourt, sorti aux Etats-Unis et qui paraîtra le 10 janvier 2019 au Royaume-Uni), et correspondant sportif en Europe du Wall Street Journal, Joshua Robinson revient sur la montée en puissance de cette compétition. Pourquoi la Premier League (PL) est-elle aujourd’hui, selon vous, le « produit sportif le plus suivi » à l’échelle mondiale ? Il faut se souvenir qu’au début des années 1990, le championnat le plus coté était la Serie A italienne, qui dominait l’Europe. Mais la PL a fait un travail de rattrapage immense grâce au magnat de la télévision Rupert Murdoch et au groupe Sky. Il a tout misé sur sa certitude que les gens s’abonneraient à son service de télévision par satellite pour suivre le foot. Et il a eu raison. A partir de là, le prix des droits TV a pu augmenter très rapidement (2,3 milliards d’euros par an pour le cycle 2016-2019) et la PL s’est appuyée avant tout sur l’empire Murdoch. Il y a aussi le génie de Richard Scudamore, patron de la Premier League depuis 1998, qui prend actuellement sa retraite. Pour lui, la PL est avant tout un vendeur de droits TV. Il a su maintenir une compétition permanente entre les diverses chaînes qui cherchaient à retransmettre les matches. Et puis, il a décidé que la PL vendrait directement ses droits à l’étranger. Aujourd’hui, on peut voir la PL dans 185 pays. Lire aussi Football anglais : la fin de la folle envolée des droits de retransmission Scudamore a aussi courtisé des actionnaires du monde entier, qui sont arrivés les uns après les autres dans ce marché favorable aux grosses fortunes étrangères. La PL joue par ailleurs sur une sorte d’anglophilie. C’est bien plus facile pour un supporteur à Pékin, New York ou Johannesburg de se faire une idée de Liverpool ou d’Arsenal que du Borussia Mönchengladbach. La valeur cumulée des 20 clubs de PL est estimée à plus de 13 milliards d’euros. Elle a augmenté de 10 000 % en un quart de siècle. Quelles sont les autres causes de ce boom ? Outre les droits télévisés, le profil des actionnaires de PL a évolué. On passe de self-made-men plutôt locaux – chefs d’entreprises, gens qui on fait fortune près de chez eux et qui investissaient dans leurs clubs d’enfance – à des actionnaires internationaux, oligarques russes, cheikhs du Golfe, titans d’Asie ou milliardaires américains (actionnaires principaux de 25 % des clubs). Qui sont, à vos yeux, les principaux artisans de l’essor de la PL ? On peut citer David Dein, ex-vice-président d’Arsenal pendant les années 1980 et 1990. Sans lui et son œil sur le sport « à l’américaine » – le sport est fait avant tout pour les spectateurs, qu’ils soient dans le stade ou devant la télé –, la PL n’existe pas. Il y a aussi Alex Ferguson (manageur de Manchester United de 1986 à 2013), Arsène Wenger (à Arsenal de 1996 à 2018) et José Mourinho : ce sont vraiment eux qui ont fait progresser le jeu anglais tout en construisant le mythe de « la meilleure ligue au monde ». Ils se sont partagés 16 des 17 premiers titres de l’époque PL. On peut aussi citer le Russe Roman Abramovitch, premier des propriétaires étrangers (Chelsea) à arriver (en 2003) avec une fortune plus large que les autres. Il a bouleversé le mercato et a rappelé à la PL que les titres pouvaient aussi s’acheter. Comme Abramovitch avant lui, le cheikh Mansour d’Abou Dabi a changé le marché anglais avec son arrivée à Manchester City en 2008. Il a non seulement dépensé plus d’un milliard de dollars sur les dix dernières années, mais son staff a su pousser le business du foot à l’extrême. City a bâti son empire international en fondant ou en devenant actionnaire de clubs aux Etats-Unis, en Australie, en Uruguay, au Japon et en Espagne pour devenir la première multinationale du foot. Quant au « King », Eric Cantona, le foot anglais n’avait jamais vu quelqu’un comme lui. C’était avant la vague de talents internationaux en PL, comme Thierry Henry ou Gianfranco Zola. Cantona avait un talent incroyable à une époque où les Anglais avaient accès à plus de foot à la télé que jamais. La manne des droits télévisés garantit-elle un équilibre compétitif en PL ? Le boom des droits télévisés fait que la PL donne plus d’argent à son 20e et dernier club que la Ligue 1 à son champion. Donc on a déjà le système le plus « riche » du football mondial. Ce qui crée l’équilibre compétitif est la recette originale de la Premier League, écrite en 1992, la formule dite du « 50-25-25. » Elle veut que la moitié de ce que reçoit chaque club soit la même pour tout le monde, que 25 % dépendent du classement, et que 25 % dépendent de combien de fois chaque club passe à la télé. Ce n’est que depuis deux ou trois ans que les clubs du « Big 6 » (Liverpool, Manchester City, Manchester United, Chelsea, Arsenal, Liverpool) estiment qu’ils méritent une partie plus conséquente. Dans quelle mesure le sacre de Leicester, en 2015-2016, a-t-il constitué une anomalie au sein d’un championnat dominé par ce Big 6 ? Après le sacre de Leicester, on a assisté immédiatement au moment « L’Empire contre-attaque ». D’un coup, il y a eu l’arrivée de Guardiola (Manchester City), de Mourinho et de Pogba (Manchester United) pour un prix record (plus de 100 millions d’euros). C’est à ce moment-là aussi que les clubs du Big 6 ont commencé à râler à propos de la répartition des paiements des droits internationaux de la PL. Le Big 6 a tout fait pour qu’un « sacre à la Leicester » ne se reproduise pas. Et on voit les effets : il suffit de regarder le classement de Manchester United (6e). Malgré sa pire saison depuis vingt ans, MU reste juste derrière les autres membres du Big 6. Lire aussi Ole Gunnar Solskjær, ancienne gloire et nouvel entraîneur de Manchester United Aucun club anglais n’a remporté la Ligue des champions depuis Chelsea, en 2012, et la PL ne compte à son actif que quatre victoires dans cette compétition depuis 1992. Comment expliquer ce paradoxe ? La PL n’a peut-être que quatre titres à son actif, mais elle a bien eu sa période de domination. De 2005 à 2009, il fallait passer par un club anglais pour gagner la compétition : cinq finales de suite avec des clubs anglais, dont la finale de 2008 entre Manchester United et Chelsea (victoire des Red Devils aux tirs au but). L’écart entre la PL et le reste de l’Europe était alors le plus marqué. L’autre facteur décisif est la « difficulté » et l’intensité du championnat. Il n’y a un Big 6 qu’en PL. Les gros matches entre ces clubs représentent un quart du calendrier. Et la PL, contrairement à la Ligue 1, n’est pas prête à sacrifier une affiche du week-end avant un match de Ligue des champions pour faciliter la tâche de ses clubs.
26/12/2018
football
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/26/football-la-premier-league-produit-sportif-le-plus-suivi-au-monde_5402241_1616938.html
Exposition : Mitchell et Riopelle, l’abstraction passionnée
A Landerneau, le Fonds Hélène & Edouard Leclerc pour la culture confronte les deux artistes, qui vécurent vingt ans ensemble.
« Fields » (1972), de Joan Mitchell. COLLECTION PARTICULIÈRE, PARIS / ESTATE OF JOAN MITCHELL Joan Mitchell (1925-1992) naît à Chicago dans une famille aisée, y fait ses premières études d’art, voyage en Europe, puis vient à New York en 1949. Là, dans un milieu artistique dominé par l’expressionnisme abstrait, elle réussit à exister, quoique femme et nettement plus jeune que Rothko, De Kooning ou Pollock. Jean-Paul Riopelle (1923-2002) naît à Montréal dans un milieu plus modeste, y apprend les rudiments d’architecture et de peinture, se rallie au groupe des automatistes – qui font référence au surréalisme par ce mot même – et s’établit à Paris en 1947. Il y rencontre André Breton, mais aussi l’historien d’art et essayiste Georges Duthuit, gendre de Henri Matisse. Par ces intermédiaires, il se trouve vite intégré au milieu parisien et, en 1951, expose chez Nina Dausset en compagnie de Wols et Hartung, mais aussi de Pollock et de De Kooning. En 1954, il a sa première exposition personnelle à New York, dans la galerie de Pierre Matisse, beau-frère de Duthuit. L’année précédente, Joan Mitchell a montré ses toiles récentes et la critique a été élogieuse pour cette artiste dont l’atelier serait « une sorte de forge de Vulcain à l’ère atomique ». Ce n’est pas mal vu, côté énergie. Quand ils se rencontrent, à Paris, au début de l’été 1955, ce sont ainsi deux jeunes trentenaires, engagés dans ce qui apparaît alors comme le mouvement le plus moderne et le plus international, une peinture abstraite fondée pardes gestes impliquant le corps entier, appelée « action painting » à New York, art informel, ou abstraction lyrique à Paris. Ils sont à peu près au même degré de notoriété, Riopelle bénéficiant du soutien de son pays natal, qu’il représente à la Biennale de Venise dès 1954, Mitchell étant parvenue à s’imposer sur la très concurrentielle scène new-yorkaise. Ils se rencontrent, ils se plaisent, Riopelle offre à Mitchell un bouquet de toiles vierges du meilleur fournisseur parisien en guise de roses Ils se rencontrent, ils se plaisent, Riopelle offre à Mitchell un bouquet de toiles vierges du meilleur fournisseur parisien en guise de roses. Début de leur aventure, qui a duré deux décennies, et fait l’objet d’une exposition au Fonds Leclerc, à Landerneau, dans le Finistère, après Québec et Toronto. La version française est différente des canadiennes pour plus de la moitié des toiles, mais le principe est le même : raconter leur histoire commune et confronter les tableaux, une quarantaine de chaque artiste. L’expérience n’avait pas été tentée auparavant, ce dont on peut s’étonner, Mitchell et Riopelle formant l’un des couples les plus remarquables de l’art du XXe siècle, remarquable par les œuvres autant que par ses péripéties. Pour les avoir rencontrés et interrogés tous deux, on peut attester qu’il y avait là deux caractères violents, capables de comportements inattendus – litote – et atteints d’une addiction à l’alcool destructrice. On peut témoigner aussi du fait que quand Mitchell, dans la maison de Vétheuil (Val-d’Oise) où ils avaient vécu ensemble à partir de 1967, faisait allusion à son ex-compagnon, ce n’était pas tendrement. Ce qui s’explique aisément : l’essentiel était la peinture, pour l’un comme pour l’autre et pour l’un contre l’autre, et réciproquement.
26/12/2018
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/26/exposition-mitchell-et-riopelle-l-abstraction-passionnee_5402238_3246.html
Vivre en Ehpad ou chez des seniors, une solution pour certains étudiants
Quelques milliers d’étudiants habitent chez un senior afin de leur apporter une présence en échange d’un loyer gratuit ou modéré. La simple motivation financière ne suffit pas pour bien vivre les contraintes de la « colocation intergénérationnelle ».
Les étudiants logés par l’Ehpad de Montpellier interviennent auprès des résidents Ville de Montpellier Des étudiants qui habitent dans une maison de retraite ? La formule peut surprendre, mais elle est actuellement testée à Montpellier. La ville propose ainsi, depuis la rentrée 2018, des logements étudiants en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), dans d’anciens appartements de fonction rénovés pour y accueillir des colocations étudiantes. En échange d’un loyer modéré, les jeunes doivent animer des ateliers dans l’Ehpad au minimum trois heures par semaine. Pour cette première année, onze étudiants ont été sélectionnés parmi une cinquantaine de candidats. Iris Flécheau, étudiante en première année d’école d’assistante de service social, fait partie des heureux élus. Elle partage un appartement de 96 m² attenant à l’Ehpad avec deux autres étudiantes et paie 220 euros, hors APL (aide personnalisée au logement). En contrepartie, elle se rend dans l’établissement une fois par semaine pour animer un « atelier Skype » et permettre aux résidants de contacter leurs proches. « Ils sont très demandeurs. Ils ont notre planning affiché dans l’ascenseur et attendent notre venue. J’appréhendais au départ, mais le contact s’est noué naturellement », confie la jeune femme, qui n’a pas pour autant l’impression d’habiter dans l’Ehpad, le logement étant bien séparé. Après trois mois, Iris assure déjà avoir fait de « superbes rencontres, on nous dit de garder nos distances, mais une proximité affective se crée obligatoirement ». Faire cohabiter des étudiants et des personnes âgées : l’idée n’est pas neuve, mais elle prend des formes de plus en plus diverses. Elle permet, dans les grandes métropoles, d’apporter une solution à de jeunes étudiants n’ayant pas les moyens de payer un loyer dans le secteur privé traditionnel. Quelques milliers de cas en France, une goutte d’eau Ce logement intergénérationnel reste encore confidentiel et se limite à quelques milliers de cas en France. Une goutte d’eau à comparer aux 2 millions d’étudiants en France d’un côté, et aux 6 millions de plus de 75 ans de l’autre. Aude Messéan en convient : « Les seniors ont encore du mal à ouvrir leurs portes. » Plus de 750 jeunes qui avaient fait appel au réseau COSI (pour cohabitation solidaire intergénérationnelle) n’ont ainsi pas trouvé leur binôme en 2017. Depuis novembre 2018, cependant, la loi pour l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN) a créé un « contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire ». Un texte qui vient combler un vide juridique – la cohabitation pouvait être requalifiée en contrat de travail d’aide à domicile – et pourrait apporter un nouveau souffle.
26/12/2018
campus
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/12/26/vivre-en-ehpad-ou-chez-des-seniors-une-solution-pour-certains-etudiants_5402231_4401467.html
« Miraï, ma petite sœur » : psyché enfantine à grand spectacle
Le cinéaste Mamoru Hosoda évoque, dans son nouveau film d’animation, les tourments d’un petit garçon de 4 ans.
L’avis du « Monde » – à ne pas manquer Un moment, on se croit piégé dans un pot de miel. Tout est mièvre, la musique, le graphisme, les situations. Et le doublage en français (puisque c’est dans cette version que j’ai vu Miraï, ma petite sœur) n’arrange rien. Un montage de clichés raconte les amours d’un couple de jeunes Japonais, lui est architecte, elle, styliste. Ils s’installent dans un joli pavillon d’un quartier de Yokohama. Un petit garçon, Kun, naît. Tout est ordinaire, idyllique, on dirait presque une publicité pour une voiture familiale. Et si l’on ne savait pas que ce film est sorti de l’imagination de Mamoru Hosoda, l’auteur des Enfants loups, on baisserait les bras. Lire la critique (parue lors du Festival de Cannes) : « Miraï, ma petite sœur », un précis de l’enfance Mais ce prologue n’est qu’un sas qui mène vers un monde peuplé de monstres et de créatures merveilleuses, un monde instable sujet aux séismes que provoquent les émotions : la psyché d’un petit garçon de 4 ans. Comme s’il était issu d’un croisement entre Hayao Miyazaki et le docteur Spock (le pédiatre, pas le Vulcain), Mamoru Hosoda se glisse une nouvelle fois dans la peau d’un enfant, pas tant pour le comprendre que pour donner, à l’intention du reste du monde (les jeunes de 7 à 77 ans, en gros), une forme perceptible à cette période déterminante et souvent oubliée. Cette forme, c’est ce récit intime et libre, nourri de l’invention graphique de Hosoda, qui, s’il n’atteint pas la puissance épique des Enfants loups, offre un bain de jouvence indispensable en ce solstice d’hiver. Famille moderne mais attachée aux traditions On l’aura compris, à 4 ans, Kun est déchu de son statut d’enfant unique par la naissance de Miraï. Pire : puisque c’est sa mère qui a veillé sur ses premières années, c’est au tour du mâle de la famille de rester à la maison tant que Miraï est bébé. Le frère aîné rend sa cadette responsable de cette désertion et se prend d’une haine farouche envers elle. La vie quotidienne qu’implique ce nouvel ordonnancement est minutieusement détaillée. Mamoru Hosoda ne pratique ni la critique ni la satire sociale. Il se contente d’indiquer à quel point la présence d’un homme au foyer s’écarte de la norme, il montre une famille moderne mais attachée aux traditions du Japon, qui sort – à la date prévue – les figurines impériales pour les révérer. « Miraï, ma petite sœur », film d’animation japonais de Mamoru Hosoda. STUDIO CHIZU / WILD BUNCH DISTRIBUTION Dans cet espace clos, peut-être un peu étouffant, la rancune du garçon bouillonne. Elle trouve un exutoire dans le monde fantastique qui surgit à l’occasion d’une colère particulièrement violente. Soudain, dans le minuscule jardin de la famille, des apparitions se manifestent à Kun. Un avatar humain du chien de la famille lui explique que lui-même a été victime d’une usurpation lors de la naissance du petit garçon ; bientôt, c’est une incarnation adolescente du bébé haï qui tente de ramener l’enfant sur la voie de l’harmonie familiale. Animisme et culte des ancêtres Ce retour à la normale s’avère ardu, et c’est dans cette difficulté, dans cette douleur, que Mamoru Hosoda déploie son récit. L’espace qu’ouvrent à Kun ces émotions si violentes (celles d’un enfant de 4 ans) est infini. On y rencontre des figures familières mais aussi les échos d’un passé cataclysmique. Apparaît la figure d’un grand-père, beau garçon, ouvrier dans l’aéronautique, motocycliste, mais aussi blessé de guerre, que l’on voit barbotant dans l’océan qu’a enflammé une bataille navale de la seconde guerre mondiale. Le metteur en scène a beau être né en 1967, il revient, comme nombre de ses contemporains, à ce traumatisme originel plutôt qu’à des catastrophes plus récentes. Pas plus qu’il ne remet en question l’organisation sociale contemporaine, Hosoda ne veut s’interroger sur le passé impérial du Japon. Ce qui l’intéresse ici, c’est la mise en scène de la constitution d’une conscience. Sa formidable imagination plastique – qui repose aussi bien sur l’imagerie traditionnelle que sur la culture numérique – lui permet de figurer les passages de la réalité au fantasme, au cauchemar, voire à une mémoire collective qui relève autant de l’animisme que du culte des ancêtres. Tout ça pour un tout petit garçon qui n’a rien d’extraordinaire, si ce n’est d’être sorti d’une des imaginations les plus fécondes du cinéma contemporain. Film d’animation japonais de Mamoru Hosoda (1 h 38). Sur le Web : www.mirai-lefilm.com et www.facebook.com/mirai.lefilm
26/12/2018
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/26/mirai-ma-petite-s-ur-psyche-enfantine-a-grand-spectacle_5402224_3476.html
« Bumblebee » : un « Transformer » gagné par l’esprit de Noël
Entre film d’action et « teen movie », ce « spin-off » de la saga est marqué par une douceur bienvenue.
Hailee Steinfeld (Charlie) dans « Bumblebee », de Travis Knight. PARAMOUNT PICTURES L’avis du « Monde » – à voir On s’en pincerait, mais voici un « Transformer » gagné par l’esprit de Noël ! Le roi du blockbuster catastrophiste Michael Bay avait signé, de 2007 à 2017, l’inénarrable pentalogie de ces boîtes de sardines géantes dotées, en moins mélodieux, du virilisme vocal de Barry White. Quelques milliards de profits plus tard, il cède la main à Travis Knight, fils du fondateur de Nike, pour le compte duquel Bay avait signé, dans sa première carrière de réalisateur publicitaire, quelques clips. Juste retour des choses, entre montagnes il faut bien s’entraider. Or Travis Knight, auteur d’un film d’animation déjà remarqué (Kubo et l’Armure magique), signe avec Bumblebee un deuxième long-métrage non moins réussi. Mélange de film d’action et de « teen movie », Bumblebee tire la saga vers une douceur bienvenue. On y retrouve évidemment l’univers Transformer (originellement hérité d’une gamme de jouets américano-nippone), qu’on présente, pour les novices, en deux coups de cuillère à pot. Soit une planète nommée Cybertron, peuplée de robots transformables livrés à une guerre civile séculaire dont l’extension, comme s’il manquait de planètes dans l’Univers, a régulièrement lieu sur notre Terre. Là-dessus, les urticants Decepticons veulent nous raser, projet auquel s’opposent avec ténacité les aimables Autobots. Ame meurtrie, Charlie (Hailee Steinfeld) trouve en Bumblebee un magnifique exutoire, un monstrueux réconfort Quelque chose d’une autre saga, également mécanisée mais bon enfant, traverse aussi ce film : celle inaugurée en 1968 par Un amour de coccinelle, de Robert Stevenson, l’histoire d’une gentille Volkswagen qui n’en fait qu’à sa tête et pense à rapprocher les cœurs. Les deux influences créent cet objet étrange qu’est Bumblebee, « spin-off » de la saga, localisé en Californie en 1987 et consacré à l’intempestif mais charmant Autobot jaune et noir qui porte ce nom et qui se transforme tantôt enChevrolet Camaro tantôt en Coccinelle. C’est sous cette dernière forme que le découvre Charlie, dans une décharge où travaille cette adolescente passionnée de mécanique, en souvenir d’un père dont la mort l’a laissée inconsolable. Bumblebee s’y est en vérité mis en sommeil, traqué par deux puissants Decepticons qui veulent l’éliminer, et avec lui, notre espèce. Une sorte de romance s’engage entre la belle orpheline et le tas de ferraille, dont on se dit qu’il n’y a qu’un lieu sur terre pour la rendre vraisemblable : Hollywood. Ame meurtrie, Charlie fuit son beau-père, pourtant sympa, et passe sa vie recluse dans le garage de sa maison à retaper une voiture que voulait réparer son père. Elle trouve en Bumblebee un magnifique exutoire, un monstrueux réconfort. Hailee Steinfeld interprète remarquablement cette fille simple, loin de l’image sophistiquée que l’actrice cultive à la ville. Nostalgie des années 1980 S’adjoignent à ces aventures hautes en couleur plusieurs personnages. Memo, soupirant énamouré mais très timide de Charlie, trop heureux d’ajourner sa déclaration d’amour en raison de la guerre des mondes en cours. Otis, le petit frère karatéka de Charlie. Ou encore une tripotée de militaires obtus qui jouent aux plus malins, et dont l’origine pourrait être cherchée du côté du Docteur Folamour, de Stanley Kubrick. Il ne faudrait pas oublier de citer ce personnage à part entière que sont les années 1980, soigneusement reconstituées tant dans le décor que sur la bande-son (The Smiths, Joy Division, Elvis Costello…), et qui apportent au film la patine nostalgique de la dernière décennie qui précède, au sens technologique, politique et sociétal du terme, ce que l’on pourrait nommer « notre temps ». Tout cela fait de Bumblebee un candidat inattendu à la trêve familiale de fin d’année. Film américain de Travis Knight. Avec Hailee Steinfeld, John Cena, Jorge Lendeborg Jr. (1 h 54). Sur le Web : www.paramountpictures.fr/film/bumblebee et www.facebook.com/bumblebeemovie
26/12/2018
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/26/bumblebee-un-transformer-gagne-par-l-esprit-de-noel_5402220_3476.html
« Unfriended : Dark Web » : ultramodernes inquiétudes
Le film de Stephen Susco est un « screen life », qui instille la peur avec un écran d’ordinateur.
Colin Woodell dans « Unfriended : Dark Web », de Stephen Susco. BAZELEVS PRODUCTION / APOLLO FILMS L’avis du « Monde » – à voir Unfriended : Dark Web fait partie d’une série de films produits par le Russe Timur Bekmambetov, producteur installé à Hollywood et responsable d’une série toute particulière de films d’horreur. Ce qu’il appelle des screen lives sont des films dont l’action est uniquement restituée par ce que l’on peut voir sur un écran d’ordinateur : courriers électroniques, images transmises par Skype ou par YouTube, profils Facebook, etc. Le médium cinématographique est désormais constitué par un enchevêtrement de réseaux sociaux et de moyens de communication permis par Internet. L’écran du cinéma est devenu un gigantesque écran d’ordinateur où ce qui s’affiche doit, dans le mouvement, provoquer la discursivité d’un récit, de préférence effrayant. Le public auquel semble s’adresser prioritairement ce cinéma d’horreur est jeune, supposé habitué à ce monde virtuel On devine assez bien la spéculation ayant engendré cette manière singulière de raconter une histoire et de faire peur en même temps. Le public auquel semble s’adresser prioritairement ce cinéma d’horreur est jeune, supposé habitué à ce monde virtuel que sa fréquentation familière rendrait presque réel, donc susceptible d’être terrifiant. Plusieurs films ont déjà été réalisés selon ce principe : Unfriended, de Levan Gabriadze (sorti en France en 2015), Searching, d’Aneesh Chaganty (sorti en septembre), et Profile, de Timur Bekmambetov en personne (encore inédit). Il y a peu de chance que ce principe du screen life représente autre chose qu’un habile gadget, et sa longévité est peu probable. Mais il y a néanmoins quelque chose de fascinant et de révolutionnaire dans les possibilités ouvertes par une technique consistant à provoquer une émotion violente sans parfois recourir à l’image mais rien qu’en déroulant un texte sous les yeux du spectateur, celui d’un e-mail menaçant par exemple. Jeu du chat et de la souris Unfriended : Dark Web met en scène un jeune homme découvrant les possibilités d’un ordinateur portable qu’il a dérobé. Tout en communiquant par Skype avec sa fiancée sourde-muette mais aussi avec quelques amis dans la perspective d’un jeu collectif à distance, il s’aperçoit que son ordinateur possède des dossiers cachés, tout d’abord des images de vidéosurveillance et de caméras domestiques habilement piratées. Une recherche plus approfondie met enfin au jour des films représentant divers meurtres et tortures bien réels. Le propriétaire de l’ordinateur le contacte, menace de tuer sa petite amie s’il ne récupère pas son bien. On comprend qu’il fait partie d’un réseau d’assassins capturant et tuant des jeunes femmes pour ensuite vendre les images de meurtres à de riches clients. S’ensuit une sorte de jeu du chat et de la souris, par écrans interposés, au cours duquel surviendront divers retournements de situation. Si l’on accepte, avec une crédulité consciente d’elle-même, le déroulement d’événements parfois improbables, éprouvé selon le système narratif adopté, on peut légitimement s’accrocher à son fauteuil. Car ce qui est remarquable dans Unfriended : Dark Web n’est pas seulement l’astuce filmique employée mais l’incroyable sadisme qui se donne libre cours au fur et à mesure de l’évolution des situations. Les techniques modernes de communication numériques se révèlent un parfait dispositif pour décrire une sorte de descente aux enfers, celle permise par une transparence devenue absolue et totale. Comme si la paranoïa induisait une nouvelle et contemporaine forme de nihilisme. Film américain de Stephen Susco. Avec Colin Woodell, Stephanie Nogueras, Betty Gabriel (1 h 28). Sur le Web : www.unfriended-darkweb.com/home et www.facebook.com/Unfriended2Movie
26/12/2018
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/26/unfriended-dark-web-ultramodernes-inquietudes_5402216_3476.html
« La Vie comme elle vient » : le charme discret de l’ordinaire
Le Brésilien Gustavo Pizzi filme avec justesse une famille troublée par le départ d’un enfant.
« La Vie comme elle vient » (« Benzinho »), film brésilien et uruguayen de Gustavo Pizzi. CONDOR DISTRIBUTION L’avis du « Monde » – à voir Tout s’effondre un peu chez les Santi. La maison qui se fissure et prend l’eau. La librairie-papeterie que tient le père, où les clients se raréfient. Et la mère qui, à l’annonce du départ du fils aîné, sent la terre trembler sous ses pieds. Au fond, il n’est que l’amour qui ne se fissure pas dans cette famille de la banlieue de Rio, aux revenus modestes mais au cœur sans limite. Source d’énergie pour la tribu, il a aussi pour mérite d’exalter La Vie comme elle vient, deuxième long-métrage du Brésilien Gustavo Pizzi, dont le titre ne ment pas. Car il ne s’agit de rien d’autre, ici, que de saisir le courant de l’existence, à travers son quotidien et les émotions qui le traversent. Le charme opère dès les premières séquences du film, autant que l’attachement aux personnages. Cela tient à une multitude de détails dont la somme ennoblit, l’air de rien, les gens et leur histoire. La Vie comme elle vient rend une noblesse à la simplicité, à cet ordinaire qui crée la communauté des sentiments. Le réalisateur n’omet rien pour nous rapprocher des membres de cette famille soudain bouleversée par l’inattendu Gustavo Pizzi s’emploie, sans faiblir, à cette ambition de dignité. Dans l’attention qu’il porte au langage du corps, à la tristesse d’un regard sur un visage souriant, aux silences et à ces petits riens dont dépend un instant de bonheur, le réalisateur n’omet rien pour nous rapprocher des membres de cette famille soudain bouleversée par l’inattendu. La mère en particulier, Irene (admirable Karine Teles, par ailleurs cosignataire du scénario avec le cinéaste), que la nouvelle bouleverse, jusqu’à remettre en cause la vision à venir de sa propre vie. Fernando (Konstantinos Sarris), 17 ans, l’aîné des quatre frères, est recruté par une équipe de handball en Allemagne. Il annonce son départ pour l’Europe. L’enthousiasme du fils, que le devoir des parents est d’accompagner, se heurte à une retenue maternelle qu’Irene s’évertue à dissimuler. Pourtant, elle n’échappera pas, dans le flot de ses journées bien remplies, aux crises de panique qui, soudain, la font tour à tour s’écrouler, danser fébrilement au milieu de la cuisine, un casque sur les oreilles, ou s’énerver plus que nécessaire au sujet d’un problème anodin. Humour et tristesse Comment faire quand un enfant quitte le nid ? Comment trouver un nouvel équilibre avec un morceau de soi en moins ? Et surtout, comment ne pas insuffler ce désarroi au reste de la famille ? Plus encore, quand le mari, Klaus (Otavio Müller), est un doux rêveur et que la sœur (Adriana Esteves) débarque au bord de la crise de nerfs, victime d’un compagnon violent. Irene, qui a toujours tenu à bout de bras ce petit monde, tente de maintenir à flot sa tribu dont elle sait qu’elle ne sera plus tout à fait la même bientôt. Continuer sur cette faille donne lieu à des scènes cocasses où se télescopent l’humour et la tristesse, l’excitation et le découragement. Le film néanmoins ne se désengage jamais de cet élan de vie qui l’emporte, et que la caméra escorte en mouvements fluides. Dans ce tourbillon, Gustavo Pizzi dresse le portrait d’une femme qui en dessine d’autres, celles de toutes ces mères qui, au Brésil, ont souvent, seules, la charge de leurs enfants. Et qui doivent faire tourner la maison quand les maris se désespèrent de ne pas trouver de travail, ou de s’y user pour pas grand-chose. Les Santi devront vendre leur maison du bord de mer qui leur permettait de s’offrir des vacances, pour construire un avenir dont ils sont incertains. Mais dans lequel ils mettent tous leurs espoirs. A l’image du film que cet optimisme imprègne, au-delà des épreuves qu’il met en scène. Film brésilien et uruguayen de Gustavo Pizzi. Avec Karine Teles, Konstantinos Sarris, Adriana Esteves (1 h 38). Sur le Web : www.condor-films.fr/film/la-vie-comme-elle-vient
26/12/2018
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/26/la-vie-comme-elle-vient-le-charme-discret-de-l-ordinaire_5402212_3476.html
« Good » : variations sur Rodolphe Burger
Patrick Mario Bernard signe un portrait atmosphérique du guitariste et chanteur, pendant la création de son dernier album.
Rodolphe Burger dans le documentaire de Patrick Mario Bernard, « Good ». DISSIDENZ FILMS L’avis du « Monde » – à voir Si le fantôme est celui dont on fait le portrait, alors il faut lui prêter une attention inquiète, guetter les indices de ses apparitions, ausculter les creux et les pleins, imaginer les lieux de ses absences. Il reviendra bientôt, sans doute, avec quelques boucles de guitare hypnotiques « cueillies » en forêt, au volant de sa voiture ou sur la plage de l’île de Batz. Mais tout de même, qui est Rodolphe Burger ? Lire le récit : Le b.a.-Batz de Rodolphe Burger Si le plasticien et cinéaste Patrick Mario Bernard a souhaité réaliser un documentaire sur le guitariste et chanteur, qui, avec élégance et discrétion, depuis une trentaine d’années, rallume la flamme du Velvet Underground, c’est pour esquisser des traits de pinceaux, coller des pages d’écriture naissante, plutôt que de dessiner des perspectives définitives sur la carrière et le style de cet artiste hors norme. Patrick Mario Bernard aime travailler les atmosphères flottantes, fantasques, comme dans l’un de ses précédents films, Dancing (2003), autoportrait sublimé de sa vie de couple avec Pierre Trividic – qui a coréalisé le film avec Xavier Brillat. Mario Bernard connaissait peu Burger, sa voix charbonneuse et son immense silhouette, mais il était attiré par le foisonnement de sa vie artistique. La connection s’est faite avec les amis communs de la revue Vacarme, dirigée par Ariane Chottin. Bande d’amis Né en 1957 en Alsace, fondateur du groupe Kat Onoma (1986-2002) après des études de philosophie, Rodolphe Burger a signé son premier album solo en 1993 (Cheval-mouvement) en même temps qu’il créait le label indépendant Dernière bande. Depuis, il a noué de nombreuses collaborations musicales, plastiques, littéraires, avec Pierre Alferi, Olivier Cadiot, Alain Bashung (mort en 2009), Jeanne Balibar, James Blood Ulmer, Sarah Murcia, Erik Truffaz, ou encore Rachid Taha, récemment décédé. Cette bande d’amis peuple ce documentaire dont le titre est aussi celui de l’album que Rodolphe Burger est alors en train de fabriquer dans un moment de turbulence personnelle – une séparation et un déménagement suggérés par quelques plans furtifs sur les cartons, les visites d’appartement et l’œil brumeux du portraitisé… Lire la sélection : La YouTubothèque de Rodolphe Burger Good est un film atmosphérique, fiévreux, kaléidoscopique au sens où Patrick Mario Bernard fait circuler des « paysages » plus qu’il ne les assemble. Chacun(e) peut se raconter le portrait. Vues sur Paris, le périphérique la nuit, écriture solo, répétitions, confidences perplexes de Burger, appel d’un ami qui lui a écrit quelques-unes de ses plus belles chansons et cherche à savoir, Pierre Alferi… Il en est où, Rodolphe ? Au départ, le film s’appelait Ce nuage-là, explique le réalisateur : car « chacune de ces choses compte, que toutes ensemble, elles composent le portrait recherché, comme forment un nuage toutes les formes qu’on y aperçoit et qui, le temps d’un battement de paupières, se sont déjà transformées. Voilà : ce nuage-là, c’est Rodolphe Burger ». Patrick Mario Bernard s’est même surpris à lui dire un jour : « Je vais te filmer jusqu’à la fin de ma vie ». Documentaire français de Patrick Mario Bernard (1 h 23). Sur le Web : dissidenzfilms.com/good
26/12/2018
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/26/good-variations-sur-rodolphe-burger_5402208_3476.html
« Troppa Grazia » : Alba Rohrwacher en proie aux miracles
L’actrice est l’atout principal du film de Gianni Zanasi, par ailleurs prisonnier de son goût pour la belle image.
Hadas Yaron et Alba Rohrwacher dans « Troppa Grazia », de Gianni Zanasi. PUPKINPRODUCTIONS / KMBO L’avis du « Monde » – pourquoi pas Lucia, une jeune femme géomètre de profession, est chargée d’expertiser un projet de construction immobilière et constate que celui-ci est fondé sur d’anciens et erronés plans du terrain constructible. Elle est sommée par la société qui l’emploie de donner un avis favorable au chantier. Un beau jour, au milieu d’un champ, elle rencontre une femme qui lui intime de construire une église à l’endroit même du projet architectural. Les apparitions, qu’elle seule est capable de voir, continuent de façon à la fois burlesque et inquiétante. Celle qui semble être la Vierge Marie (expression de la culpabilité du personnage principal ?) continue de la harceler. Le thème de l’apparition miraculeuse constitue le postulat sur lequel repose Troppa Grazia, qui fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. Cet évènement est ici le déclencheur d’un récit qui se veut, sans doute, tout à la fois une fable morale et la satire d’un monde marqué par le désenchantement, un monde pour lequel un tel prodige a désormais perdu tout son sens. L’interprétation d’Alba Rohrwacher est l’atout principal d’un film par ailleurs prisonnier de son goût pour la belle image. Film italien de Gianni Zanasi. Avec Alba Rohrwacher, Elio Germano, Hadas Yaron (1 h 50). Sur le Web : www.kmbofilms.com/troppa-grazia
26/12/2018
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« Un violent désir de bonheur » : l’esprit de révolution
Le jeune cinéaste Clément Schneider fait résonner les révoltes d’hier avec celles d’aujourd’hui.
Quentin Dolmaire dans « Un violent désir de bonheur », de Clément Schneider. LES FILMS D’ARGILE L’avis du « Monde » – pourquoi pas En 1792, les pensionnaires d’un couvent isolé et épargné par les orages de l’histoire, voient un beau jour débarquer une troupe de révolutionnaires qui réquisitionne les lieux et y établit ses quartiers. Le jeune moine Gabriel (Quentin Dolmaire, découvert en 2015 dans Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin), un bienheureux, accueille avec curiosité cette soudaine intrusion de la nouveauté, prête une oreille circonspecte, mais attentive, aux propos révolutionnaires, et finit par échanger sa soutane contre l’habit militaire. Alors que ses coreligionnaires sont évacués, il obtient de la troupe en partance de demeurer dans l’enceinte du couvent, le seul endroit qu’il ait jamais connu, pour en prendre soin. Une nouvelle existence s’ouvre à lui, agreste et solitaire, mais pourtant pas moins spirituelle que la précédente. Lire le portrait dans « M » : Quentin Dolmaire, acteur studieux Quiconque attendrait une reconstitution historique en bonne et due forme risque fort d’être décontenancé par la modestie et la primeur du premier long-métrage de Clément Schneider (né en 1989), passé par la sélection de l’ACID au Festival de Cannes. Si Un violent désir de bonheur s’inscrit dans le sillon de la Révolution Française, c’est moins pour illustrer un moment historique, que pour tendre un arc avec le présent, recueillir ce qui, dans l’effervescence politique de l’époque, peut faire écho aux enjeux de la jeunesse d’aujourd’hui, elle-même aux prises avec des grands bouleversements. En voyant passer le train de la Révolution, Gabriel passe sans bouger des usages conventuels gravés dans le marbre à un paradigme entièrement neuf, c’est-à-dire d’un monde au suivant. Lire la critique (parue lors du Festival de Cannes) : Révolutions d’hier et d’aujourd’hui Un Eden sans faute ni péché Or, l’intelligence du film est justement de ne pas opposer schématiquement l’ancien et le nouveau monde, comme deux termes inconciliables, mais de voir l’un comme le possible épanouissement de l’autre. En changeant de vêtement, Gabriel ne remise pas pour autant sa foi chrétienne, qui, débarrassée des dogmes, trouve à se perpétuer, voire à se réaliser, dans les promesses d’égalité, de partage, de sobriété, d’harmonie naturelle, que porte en elle la Révolution. Ainsi la troupe laisse-t-elle le jeune moine en compagnie d’une femme (Grace Seri), nommée Marianne (tout un symbole), avec laquelle il découvre l’amour et s’invente un Eden sans faute ni péché. Si le film pêche néanmoins, c’est par l’irrésolution de sa mise en scène, encore trop timide pour choisir entre tentatives de stylisation (le monologue final de Marianne récité comme au théâtre) et un régime de fiction traditionnel, qui fait mine de ne pas trop montrer ses coutures. Un violent désir de bonheur n’en est pas moins appréciable pour son originalité, sa finesse et son manque complet d’affectation. Film français de Clément Schneider. Avec Quentin Dolmaire, Grace Seri, Franc Bruneau, Vincent Cardona (1 h 15). Sur le Web : www.lesfilmsdargile.fr/un-violent-desir-de-bonheur
26/12/2018
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« Pixels Battle Royale » : qui remportera le titre du meilleur jeu vidéo de 2018 ?
« Fortnite », « Red Dead Redemption II », « God of War »… Pixels a sélectionné les 100 jeux les plus marquants. Mais il ne peut en rester qu’un.
ster qu’un. Publié le 26 décembre 2018 à 07h07 - Mis à jour le 26 décembre 2018 à 09h20 Avec ses 200 millions de joueurs, Fortnite Battle Royale a été le phénomène incontestable du jeu vidéo en 2018. Pour y arriver, il a perfectionné un principe simple : celui de larguer cent joueurs armés sur une île, au cœur d’une zone qui n’en finit pas de rétrécir. Le but y est d’être le seul debout à la fin de la partie. Dans une sorte d’hommage, l’équipe de Pixels s’est amusée à reprendre ces règles du jeu, dites du « battle royal », pour définir quel titre, parmi une sélection de cent jeux vidéo sortis en 2018, méritait le titre de meilleur jeu de l’année. Vous pourrez aussi en retrouver certaines chroniques plus classiques dans notre rubrique jeux vidéo. Dans « Fortnite Battle Royale », chaque partie commence par le parachutage de cent concurrents. Epic Games Ouverture des hostilités Go ! Les cent candidats sont parachutés au-dessus de l’île du Pixels Battle Royale. Red Dead Redemption II et son cheval, qui sont favoris, atterrissent tranquillement dans une prairie herbeuse, tandis qu’Assassin’s Creed Odyssey tombe sur une bonne vieille meute de foin qui amortit sa chute. Le choc est en revanche fatal pour les géants de pierre usés du remake de Shadow of the Colossus ou le robot quadra un peu rouillé de Megaman 11. 95e place pour « Donut County », jeu où l’on incarne un trou qui veut engloutir Los Angeles. Ben Esposito Alors que les différents parachutés se ruent où ils peuvent, à la recherche d’un abri ou d’un argument rare, le Vent de l’Indifférence se lève d’un seul coup sur la carte, et évacue, d’une bourrasque impitoyable, une dizaine de petits candidats mal abrités. Adieu, entre autres, GRIS, Forgotten Anne et Tiny & Tall : Gleipnir, petits anges partis trop vite. D’autres s’autoéliminent bêtement, comme le jeu de gobage Donut County, qui s’étouffe sur sa pâtisserie. D’autres prétendants plus solides s’avancent, vaillants, déterminés. Ils savent qu’ils méritent tous, à leur façon, d’approcher le top 1. Below, Pillars of Eternity II, RimWorld, The Bard’s Tale IV : ils sont taillés pour la victoire. Et tous, sans exception, se font immédiatement faucher par une rafale impitoyable tirée par un impitoyable Red Dead Redemption II, jeu si chronophage qu’il n’aura pas laissé le temps à la rédaction de Pixels pour tester suffisamment ces rivaux potentiels. Pendant ce temps, au centre de l’île, de célèbres cadors tentent de faire la loi. Deux papys du jeu de tir se toisent ainsi dans un duel mexicain, Call of Duty : Black Ops IIII et Battlefield V. Las, ils se tirent mutuellement une cartouche dans le pif et s’entre-éliminent sous l’œil hilare de Fortnite, qui les observait depuis une estrade d’appoint construite pour l’occasion. « La jeunesse ne respecte plus rien », grommellent les deux jeux kaputs devant l’autre grand favori à la victoire finale. Oui, il y a « Ultra Space Battle Brawl », un kitschissime Pong-like indonésien, dans ce top 100. Deal with it. Mojiken Studio Un peu plus loin, les balles sifflent aux oreilles d’Eco, Slay the Spire et Spy Party. Sans demander leur reste, ces jeux en accès anticipé sautent sur un canoë et prennent la fuite pour revenir tenter leur chance en 2019. C’est la débandade. Partout, ça s’entre-tue, à l’image de l’étonnant jeu de flipper en monde ouvert Yoku’s Island Express, dont la bouboule aventurière s’écrase le nez contre les raquettes du kitschissime Pong indonésien Ultra Space Battle Brawl, qui se prend par-derrière une manchette du jeu de combat à l’esthétique Game Boy Pocket Fighters, qui se fait rouler dessus par le très british jeu d’exploration automobile Forza Horizon 4. Le fascinant « The Red Strings Club » échoue aux portes du top 40. Deconstructeam Pendant ce temps, le surpuissant jeu d’action God of War, vainqueur des Game Awards début décembre, frappe, lui, au sol en hurlant « boy » d’une voix rageuse, provoquant un glissement de terrain qui emporte plusieurs candidats, dont la malheureuse aventure The Red Strings Club, cérébrale et cyberpunk, qui pouvait pourtant rêver de top 10. Pas de souci en revanche pour Dragon Ball FighterZ, qui pose ses deux doigts sur le front pour se téléporter tranquillement dans une zone en sécurité ; Fallout 76, lui, s’abrite sans problème dans un abri atomique de fortune ; de son côté, le Nintendo Labo fait du deltaplane en carton, loin de la mêlée. Dans l’adorable et ingénieux « Nintendo Labo », le joueur construit sa manette avec des bouts de carton. Nintendo Le cœur de la bataille Mais la bataille a à peine commencé que déjà, nous entrons dans la deuxième phase de jeu. L’arène se réduit, inexorablement, cruellement même, emportant quelques-uns des plus solides candidats dans ses abîmes. Dommage pour le touchant 11-11 : Memories Retold, le jeu de tir façon années 1990, Dusk, le délirant Chuchel ou encore l’adorable jeu de cartes Meteorfall. Ils ne sont déjà plus que quarante en lice. Alors que le jeu de cuisine à plusieurs Overcooked 2 et le raout de pop culture Super Smash Bros. Ultimate s’échangent des coups de poêle dans le chaos le plus total, l’île se met à trembler. Un phare géant s’élève au milieu et s’allume : c’est le « Rayon Laser Anti-Jeux Trop Longs ». Comme nombre de très bon titres, le charmant jeu de rôle à l’ancienne « Octopath Traveller » s’est fait scalpé par le Rayon Laser Anti-Jeux Trop Longs. Square Enix Sans sommation, il pulvérise en vrac Octopath Traveller, jeu de rôle à l’ancienne trop bavard ; The Messenger, aventure rétro jubilatoire, mais interminable ; et Assassin’s Creed Odyssey, dont la sublime Grèce commence à virer au remplissage forcé passé la trentaine d’heures. Inarrêtable, le surpuissant Rayon laser Anti-Jeux Trop Longs scalpe également le grisant mais répétitif Marvel’s Spider-Man ainsi que We Happy Few : cette relecture pop et hallucinée de 1984 est souvent passionnante, mais aurait dû s’arrêter après son acte 1. En revanche, Red Dead Redemption II s’en sort miraculeusement en dégainant un badge de shérif réfléchissant sur lequel il est écrit « Désolé gringo, je ne suis pas long ; je suis lent et contemplatif, nuance ». Le concentré de nostalgie Bloodstained : Curse of the Moon, lui, ne se fait même pas effleurer, mais dans sa fuite, il se fait ratatiner par l’habile et bondissant Celeste, le jeu de plate-forme chouchou des amateurs de jeu indé. Fortnite, Dragon Ball FighterZ et Deltarune, eux, continuent à se faufiler sans encombre. Pendant ce temps, les versions Switch de Diablo III, Towerfall et Civilization VI croyaient bon de se tapir aux toilettes. Mais tombée d’on ne sait où, l’intraitable Grenade Anti-Portage a raison de ces versions 2018 de jeux en réalité bien plus anciens. Super Smash Bros Ultimate l’évite de peu en faisant une esquive latérale, mais tombe tout seul de sa plate-forme en reculant. L’accident bête. « Super Smash Bros. Ultimate », jeu de combat fourre-tout dégoulinant de cadeaux, a mis un pied en dehors du ring. Comme ça, sans raison. L’accident bête. Hal Laboratory/ Bandai Namco Pilonnage intensif « God of War », désigné meilleur jeu de l’année par les Game Awards, ne finira pas top 1. SIE Santa Monica Studio Ils ne sont désormais plus que vingt. Tandis que la Tempête de la Hype se lève, des jeux mastodontes, méritants mais un peu trop lisses, peinent à trouver un abri à leur dimension. Detroit : Become Human n’y survit pas. God of War, malgré son quintal de muscles, s’envole vers les cieux, avant de s’écraser un peu mollement au loin. C’est un miracle si Fallout 76 est arrivé jusque-là : si le fascinant simulateur de randonnée post-apo a réussi à trouver une planque in extremis, c’est la Bourrasque du Bad Buzz qui emporte finalement ce jeu dévoré par les bugs. La bataille fait aussi rage sur la mer. Depuis le large, l’immersif et aquatique Subnautica sort l’artillerie lourde, et entreprend de pilonner consciencieusement tout ce qui porte voile. Le jeu d’exploration cartographique Neo Atlas 1469 est envoyé par le fond. Même l’innocent FAR : Lone Sails, qui ne navigue pourtant pas dans les mêmes eaux, se prend un obus de plusieurs tonnes. Le jeu d’enquête en mer Return of the Obra Dinn rentre au port, sauvant sa peau de justesse. Un autre duel, sur terre cette fois, oppose Red Dead Redemption II et Where the Water Tastes Like Wine. Deux cow-boys, deux expériences narratives, deux jeux qui parlent d’exode et d’une certaine idée du mythe américain : il y en a clairement un de trop dans cette ville. C’est le mastodonte Red Dead qui dégaine le premier : WTWTLW s’écroule dans la poussière, victime de sa fin laborieuse. Plus loin, Minit et One Hour One Life se sont jetés à corps perdu dans un duel à mort. Qui l’emportera ? Minit, qui raconte en boucle la même histoire d’une minute, ou One Hour One Life, qui propose au contraire, une heure à la fois, de raconter le plus grand des récits, celui de la civilisation ? Trop occupés à jouer la montre, les deux ne voient pas la zone de jeu se réduire inexorablement, et ne tardent pas à disparaître dans le lointain. « Captain Spitit », des auteurs de « Life is Strange 2 », est un des jeux les plus poétiques de l’année. Bon, mais ça, « Red Dead » s’en fiche. Dontnod Ils ne sont plus que dix en compétition. Comment certains sont-ils arrivés jusque-là ? Into the Breach, jeu de stratégie aux mécaniques simples et brillantes, avait jusqu’ici avancé ses pions en toute discrétion. Dandara, énième jeu d’action-exploration à la Metroid, a usé de sa capacité inédite et vertigineuse à se projeter de paroi en paroi. Il était au plafond depuis le début, personne ne l’avait remarqué. Idem de The Awesome Adventures of Captain Spirit, délicate tranche de vie familiale, pleine de poésie enfantine et de goût de chocolat chaud, que certains ont pris pour un simple spectateur. Red Dead Redemption II passe près d’eux, lève un sourcil, et les abat d’une balle chacun. Ce candidat est vraiment méchant. Return of the Obra Dinn, lui, reste stoïque et immobile. Grâce à sa montre à remonter le temps il se téléporte au 26 décembre 2017 puis revient. « Dites donc, Monsieur Fortnite, vous n’étiez pas déjà présent dans le top Pixels de l’an passé, où vous aviez été éliminé en poule ? Il me semblait que le règlement interdit de participer deux années d’affilée ! », épingle-t-il en se frisant la moustache. Fortnite blêmit. Nintendo Labo en profite pour s’approcher et sortir un carton, qu’il colorie en rouge : expulsion. C’est le tournant de la partie. Fortnite, grand favori, ne sera pas vainqueur. Surprise : « Fortnite » ne sera pas le jeu de l’année 2018 de Pixels. Il faut dire, à la réflexion, qu’il n’est pas sorti en 2018. Epic Games La quinte finale Le suspense est insoutenable. Dans un nouveau face à face, Red Dead Redemption II se trouve désormais, Colt dégainé, face à Nintendo Labo, qui le tient en joue en retour avec une canne à pêche en carton. Le duel semble perdu d’avance pour la production bizarroïde de Nintendo, mais en tentant de pêcher un poisson, voilà qu’elle remonte accidentellement le jeu de survie aquatique en monde ouvert Subnautica, imposant navire de guerre vidéoludique qui retombe de tout son poids sur Red Dead. Lourdaud comme il est, le cow-boy n’a pas le temps d’esquisser un pas de côté. Crac ! Dans un ultime souffle, pour l’honneur malgré cette élimination inattendue, il troue Nintendo Labo d’une balle entre les deux plis. Monumental mais pas exempt de défaut, « Red Dead Redemption II » échoue au pied du podium. Rockstar Games Ne restent plus, sur le champ de bataille, que Celeste, légèrement en retrait, Subnautica et Return of the Obra Dinn. Les deux splendides bâtiments se toisent. D’un côté, Subnautica, clone sous-marin de Minecraft devenu, au fil des mises à jour, l’un des jeux d’exploration les plus surprenants. De l’autre, Return of the Obra Dinn, sorte de Cluedo spatio-temporel, faussement rétro et réellement révolutionnaire. La palme de l’immersion et du dépaysement vont à « Subnautica ». Unknown Worlds Entertainment Subnautica, c’est la démesure, une histoire à rallonge (presque un peu trop), un océan entier à découvrir, à apprivoiser, à contempler. C’est un monde avant d’être un jeu, et surtout, un monde inédit, avec ses failles volcaniques, ses plaines sous-marines, sa faune et sa flore extraordinaires. A l’inverse, Obra Dinn, c’est un monde minuscule, un simple bateau, avec ses ponts et ses bannettes. En revanche, tout ce qu’on y fait est inédit. Cette enquête autour d’instantanés figés, avec ces corps à identifier, ces coupables à désigner, en se basant sur sa seule sagacité, c’est une nouvelle grammaire vidéoludique qui s’écrit sous nos yeux. Génial jeu d’enquête temporelle dans un bateau maudit et obsédant, « Obra Dinn » est le titre le plus novateur de l’année. Lucas Pope La bataille royale vire à la bataille navale. Obra Dinn, plus petit, plus maniable, fond sur sa proie et harponne le Subnautica. L’assaut est d’une violence insensée. Les canons tonnent, déchaînant leur fureur à bout portant. Des trous comme des plaies s’ouvrent dans les coques. Finalement, à l’issue d’un abordage terrible, c’est l’équipage de l’Obra Dinn, plus ingénieux, qui se retrouve seul maître à bord de l’épave qui fut un jour le Subnautica. Mais la victoire est de courte durée. Le bâtiment s’enfonce inexorablement dans les flots. Les remous font tanguer ce qu’il reste de l’Obra Dinn, qui gîte et, soudain, se renverse. L’équipage est à l’eau : bientôt, leurs derniers appels au secours se perdent dans un ultime glouglou. Sur la côte, perché à flanc de falaise, Madeline observe la déconfiture. L’héroïne de Celeste, que tout le monde avait oublié, a traversé l’épreuve sans faire de vagues, à la seule force de sa prise en main pointilleuse, de ses niveaux ciselés, de ses dialogues délicats, de son imagination toujours renouvelée. C’est donc un jeu de plate-forme tout bête mais tout simplement parfait qui se hisse, l’air de rien, au sommet de ce Pixels Battle R… Oh, mais voilà que soudain, traînant sa carcasse fracassée, Red Dead Redemption II ressurgit ! Il est là, rampant, tremblant, la lippe pleine d’écume. Péniblement, il se relève, tend un index fracturé rageur en direction de Celeste, maugrée « je t’aurais, John » (personne ne sait pourquoi il appelle Celeste « John »). Puis, alors qu’il approche sa main égratignée de son Colt, son visage se fige une dernière fois. Les yeux injectés de sang, la bouche déformée par une dernière quinte de toux sanglante, la poitrine frappée d’une ultime convulsion, il s’arrête et s’effondre. Raide dead. Impavide, Celeste s’approche, ramasse son Colt, glisse à la place une innocente fraise. « Moi, c’est Madeline », murmure avec douceur la grande vainqueure, avant de savourer son top 1, là-haut, toute seule sur la cime de 2018. « Celeste », bijou de précision, de tendresse, de challenge et d’humanité, est ce qui se rapproche le plus d’un jeu parfait. Il raconte l’histoire d’une lutte contre soi-même, qui est dans le même temps une ascension : la sienne. Matt Makes Games
26/12/2018
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/26/pixels-battle-royale-qui-remportera-le-titre-du-meilleur-jeu-video-de-2018_5402196_4408996.html
Notre-Dame, Saint-Denis... Faut-il reconstruire les monuments détruits ?
Après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, Emmanuel Macron a annoncé que la cathédrale serait rebâtie. Une volonté qui ravive la question de l’authenticité des monuments anciens. Les reconstruire, est-ce respecter leur histoire ou la bafouer ?
ouer ? Un violent incendie a détruit une partie de Notre-Dame de Paris, lundi 15 avril. « Cette cathédrale, nous la rebâtirons », a déclaré Emmanuel Macron une fois arrivé sur les lieux, dans la nuit, annonçant l’ouverture d’une « souscription nationale ». Au-delà de la question des moyens alloués, faut-il reconstruire la cathédrale à l’identique ? Et si oui, selon quelles méthodes ? De telles questions se sont déjà posées pour la Frauenkirche de Dresde, le pavillon d’or de Kyoto ou encore le temple du ciel de Pékin. Tous trois ont été entièrement rebâtis bien après leur construction initiale. Pour certains, ce manque « d’authenticité », c’est-à-dire de fidélité à l’histoire, les dévalorise en tant que monuments historiques. En France, et dans plusieurs pays d’Europe, la non-reconstruction des monuments disparus est même érigée au rang de doctrine depuis le début du XXe siècle. Cette vision des choses est loin d’être partagée partout dans le monde. Au Japon, où l’architecture est historiquement fondée sur le bois plutôt que la pierre, la reconstruction des monuments historiques est une coutume ancestrale, porteuse de sens culturel et historique. Depuis vingt-cinq ans, la notion d’authenticité historique a ainsi été élargie par la communauté internationale à des considérations immatérielles, comme la tradition ou la fonction d’un monument. Aujourd’hui, cette authenticité immatérielle est l’un des arguments utilisés par certains en France pour remettre en question la doctrine de non-reconstruction. A Saint-Denis, par exemple, le projet de reconstruction de la flèche de la basilique, approuvé par le gouvernement en 2017, cristallise cette opposition. Faut-il reconstruire les monuments disparus ? Explications dans cette vidéo initialement publiée en décembre 2018. Sources :
26/12/2018
culture
https://www.lemonde.fr/culture/video/2018/12/26/faut-il-reconstruire-les-monuments-detruits_5402195_3246.html
2018 dans le rétro : Coupe Davis, Six Nations, Ryder Cup… du sport et des records
Du come-back de Serena Williams à la victoire de Geraint Thomas sur le Tour de France, retour sur dix moments qui ont marqué l’année 2018.
La snowboardeuse Ester Ledecka récompensée en ski alpin La snowboardeuse Ester Ledecka après sa médaille en ski alpin, le 17 février 2018. JAVIER SORIANO / AFP C’est l’une des histoires sportives les plus marquantes et insolites des Jeux de Pyeongchang (Corée) dans laquelle les esprits chagrins verront l’illustration de la faiblesse du niveau du snowboard, voire du ski féminin. La double victoire de la Tchèque Ester Ledecka est une vraie incongruité : titrée en super-G (ski alpin), pour le premier succès de sa carrière dans cette discipline, la jeune femme s’est également imposée quelques jours plus tard en slalom géant parallèle (snowboard). A 22 ans, elle est devenue la première femme championne olympique dans deux sports lors d’une même édition. Le come-back de Serena Williams Serena Williams à Roland-Garros, le 29 mai. MICHEL EULER / AP « Il y a un an, je me battais pour ma vie. » A défaut de titre, Serena Williams a remporté le trophée du come-back de l’année. Sans contestation possible. Finaliste malheureuse à Wimbledon et à l’US Open, l’Américaine de 37 ans est revenue sur les courts un an après sa maternité et les complications qui ont suivi. L’association des joueuses de tennis, la WTA a ensuite ratifié un ensemble de mesures adaptées aux joueuses revenant de maternité. Elles concernent en premier lieu le « classement protégé », dispositif qui permet, durant une période transitoire, de conserver son ancien classement au retour d’une absence longue durée. C’est à Roland-Garros que cette question avait pris de l’ampleur. Alors qu’elle est tombée à la 451e place mondiale, les organisateurs parisiens décident de ne pas attribuer à Serena Williams le statut de tête de série. Geraint Thomas, un Sky peut en cacher un autre Geraint Thomas pose avec le maillot jaune et le drapeau gallois. Rebecca Naden / REUTERS Un Britannique de l’équipe Sky vainqueur du Tour de France : Geraint Thomas a remplacé Chris Froome sur la plus haute marche du podium des Champs-Elysées au terme de la 105e édition du Tour de France. Pour la sixième fois depuis 2012, l’équipe la plus puissante du peloton a inscrit l’un des siens au palmarès de la plus grande course cycliste du monde : Bradley Wiggins (2012), Chris Froome à quatre reprises entre 2013 et 2016, et enfin Geraint Thomas, un Gallois de 32 ans jusqu’alors cantonné à un rôle de lieutenant. La donne pourrait changer. Dominatrice et décriée, l’équipe Sky n’écumera plus le cyclisme mondial à partir de 2020. L’opérateur de télévision britannique a annoncé son retrait des pelotons à la fin de la saison 2019, mais laissé entendre que la formation pourrait continuer sous un autre nom. De quoi rebattre les cartes ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tour de France : Geraint Thomas, le « cyclist next door » Un Grand Chelem pour l’Irlande Les Irlandais célèbrent leur Grand Chelem à Twickenham, le 17 mars 2018. TOBY MELVILLE / REUTERS Un succès face à l’Angleterre à Twickenham, le jour de la Saint-Patrick… L’Irlande a remporté la plus belle des victoires pour célébrer le troisième Grand Chelem de son histoire, après 1948 (Cinq Nations) et 2009. Le XV du Trèfle s’affirme comme le principal rival des All Blacks lors de la Coupe du monde 2019 qui aura lieu au Japon (20 septembre-2 novembre 2019). Deuxième au classement mondial (derrière la Nouvelle-Zélande), l’équipe d’Irlande tentera d’offrir une sortie en beauté à son sélectionneur Joe Schmidt, qui quittera son poste à l’issue de la compétition, et surtout de passer le stade des quarts de finale pour la première fois de son histoire. La Ryder Cup pour la première fois en France Tiger Woods, lors de la Ryder Cup organisée en France, le 29 septembre 2018. CARL RECINE / REUTERS La plus prestigieuse des compétitions de golf s’est tenue, à la fin de septembre, pour la première fois en France. En présence de l’un des plus grands golfeurs de tous les temps, Tiger Woods. L’Europe a finalement remis la main sur la Ryder Cup en surclassant les Etats-Unis, à Saint-Quentin-en-Yvelines, perpétuant la série noire pour l’équipe états-unienne, qui n’a plus gagné à l’extérieur depuis 1993. Et c’est l’Italien Francesco Molinari, qui n’avait jamais connu le goût du succès lors de ses six précédents matchs dans la prestigieuse compétition, qui s’est transformé en héros, en remportant ses cinq duels. En 2020, les stars états-uniennes tenteront de prendre leur revanche à domicile, dans le Wisconsin. Et dans quatre ans, sur le sol européen, elles tenteront de vaincre le mauvais sort dans la patrie de Molinari, près de Rome. Lewis Hamilton rejoint Fangio Lewis Hamilton avec les trophées du meilleur pilote et de la meilleure écurie. PAULO WHITAKER / REUTERS Le suspense n’aura pas duré longtemps. A la lutte pour le titre jusqu’à la mi-saison, l’Allemand Sebastian Vettel n’a rien pu faire contre le brio de Lewis Hamilton, sacré en 2018 pour la cinquième fois de sa carrière. A 33 ans, le Britannique, déjà titré en 2008, 2014, 2015 et 2017, égale la légende Juan Manuel Fangio mais reste à deux longueurs des sept trophées record de Michael Schumacher. Officiellement sacré lors du GP du Mexique, Hamilton offre deux semaines plus tard, au Brésil, le titre constructeur à Mercedes, le cinquième successif pour les flèches d’argent. « Le nom d’Hamilton restera pour toujours dans l’histoire », s’est-il félicité, rappelant les « difficultés rencontrées pour en arriver là » du fait de ses origines modestes. Lewis Hamilton, qui a resigné pour deux ans, le 19 juillet, avec Mercedes, a désormais dans le viseur le record du pilote allemand. Lire aussi Formule 1 : Lewis Hamilton sacré champion du monde pour la cinquième fois Eliud Kipchoge, marathon man Eliud Kipchoge après son record du monde du Marathon à Berlin, le 16 septembre 2018. JOHN MACDOUGALL / AFP Les fans de Kevin Mayer, nouveau recordman du monde du décathlon, peuvent être déçus, mais il faut bien s’incliner devant la qualité d’un autre exploit, celui réalisé par Eliud Kipchoge, qui a battu le 16 septembre le record du monde du marathon : en deux heures, une minute et trente-neuf secondes. Cela valait bien le titre d’athlète de l’année décerné par l’IAAF le 4 décembre, juste devant Mayer. Lire aussi Marathon de Berlin : le Kényan Eliud Kipchoge pulvérise le record du monde A 34 ans, le Kényan peut aujourd’hui être considéré comme le meilleur marathonien de l’histoire. Le champion olympique et champion du monde en titre rêve de l’impossible : descendre sous le chrono mythique de deux heures. Le 6 mai 2017 à Monza, dans des conditions non homologuées (circuit fermé, trop de lièvres et précédé d’un véhicule), il s’en était déjà approché, échouant pour 25 petites secondes. Rendez-vous est pris en 2019. Simone Biles, reine incontestée de la gymnastique artistique Simone Biles durant le championnat américain de gymnastique, le 19 août 2018. « USA Today Sports » L’Américaine Simone Biles est la reine incontestée de la gymnastique artistique féminine. En décrochant à 21 ans son quatorzième titre mondial à Doha, elle est entrée encore un peu plus dans la légende. Biles est restée invaincue, championnats du monde et Jeux olympiques confondus, à son agrès de prédilection, et collectionne au sol un quatrième titre mondial (après 2013, 2014, 2015) et l’or olympique à Rio, en 2016. La native de Colombus (Ohio) a bouclé sur une excellente note ses meilleurs championnats du monde, avec six médailles sur six possibles. Elle avait pris un peu de recul après Rio, puis avait révélé en janvier qu’elle faisait partie des victimes de Larry Nassar, ex-médecin de l’équipe féminine de gymnastique à l’origine d’un des plus graves scandales de l’histoire du sport états-unien, condamné lourdement pour des centaines d’agressions sexuelles commises pendant deux décennies. Lire aussi Mondiaux de gym : Simone Biles remporte le concours général pour la quatrième fois Les Golden State Warriors, le début d’une dynastie ? Draymond Green et Kevin Durant, le 14 décembre 2018. ED SZCZEPANSKI / « USA TODAY Sports » Dans le jargon de la NBA, on appelle ça un back-to-back (dos-à-dos). Les Golden State Warriors ont remporté, en juin, leur deuxième titre d’affilée de champion NBA, le troisième en quatre ans. Les coéquipiers de Stephen Curry n’ont laissé aucune chance aux Cleveland Cavaliers de LeBron James en s’imposant 4 à 0 dans ces finales. Un sweep (coup de balai) qui en dit long sur la domination de la franchise californienne et qui n’est pas prête de prendre fin avec l’arrivée cette saison du pivot all star Demarcus Cousins. Depuis, LeBron James a rejoint les Los Angeles Lakers pour ce qui sera sans doute le dernier défi de son immense carrière. Mais les Warriors restent les principaux candidats à leur propre succession. Lire aussi Basket : Golden State conserve son titre de champion NBA La Croatie remporte la dernière Coupe Davis Les Croates soulèvent le trophée de la Coupe Davis, le 25 novembre 2018. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS Alors que les Bleus rêvaient d’un doublé qu’ils n’ont jamais réalisé dans l’ère moderne, c’est la Croatie qui est devenue la dernière à inscrire son nom au palmarès de la compétition par équipes plus que centenaire avant son relooking radical. Dès 2019, le format historique de la Coupe Davis cédera la place à une formule concentrée autour d’une semaine de compétition réunissant dix-huit nations, à la fin de novembre sauf rebondissement, à Madrid. A 30 ans, Marin Cilic le vainqueur de l’US Open 2014 a su maîtriser ses nerfs pour offrir à son jeune pays un deuxième sacre en Coupe Davis, treize ans après le premier.
26/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/26/2018-dans-le-retro-coupe-davis-six-nations-ryder-cup-du-sport-et-des-records_5402177_3242.html
Informer sur l’Europe, le combat d’une vie
Une biographie s’attache à la figure discrète de Paul Collowald, infatigable défenseur, depuis les années 1950, d’une information sur l’Europe permettant d’éclairer les citoyens.
« Paul Collowald, pionnier d’une Europe à unir », de Sabine Menu, éd. Peter Lang, 294 pages, 25 euros (numérique ou broché). Le livre. Paul Collowald est presque à coup sûr le doyen des collaborateurs du Monde. Aujourd’hui âgé de 95 ans, il fut de 1952 à 1958 le correspondant du quotidien à Strasbourg, où il était chargé de suivre les affaires régionales et européennes, le Conseil de l’Europe et la Communauté européenne du charbon et de l’acier, l’ancêtre de l’Union européenne, ayant leurs sièges sur les bords du Rhin. Mais ce n’est pas cette qualité de journaliste qui fait l’attrait de la biographie que la chercheuse en politiques européennes Sabine Menu consacre à cet infatigable défenseur de l’idéal européen et promoteur de l’information sur l’Europe. C’est surtout que Paul Collowald est assurément l’un des derniers témoins de la naissance de ces institutions européennes aujourd’hui confrontées à l’une des pires crises de légitimité de leur histoire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Jamais l’Union européenne n’avait fait l’objet d’un assaut aussi brutal » Crise dont les signes précurseurs sont relevés dès 1974 par celui qui est alors directeur général de l’information à la Commission européenne, quand il fait mine de s’interroger : « Et surtout la jeunesse ? La croyez-vous encore mobilisable pour une cause qui a échoué ou, au mieux, pour un mythe desséché ? » « Passeur d’informations » Pourtant Paul Collowald a toujours cru à l’Europe et y croit encore. Son combat a été celui d’une information sur l’Europe permettant d’éclairer les citoyens. Combat ingrat, frustrant, se heurtant d’emblée à des Etats – la France n’étant pas le dernier – ne souhaitant pas faire la promotion des réalisations européennes. L’ancien journaliste exerça ses talents de pédagogue à la Commission européenne puis au Parlement européen, dont il fut le directeur de l’information avant de devenir directeur de cabinet de son président (de 1984 à 1987), Pierre Pflimlin, Alsacien comme lui. « Passeur d’informations », il consacra sa carrière à l’édification des médias, se désolant de ne pas voir ceux-ci se faire davantage l’écho de l’actualité européenne, généralement considérée comme rébarbative. L’angoisse du « malgré-nous » L’idéal européen – ainsi que la fréquentation de mouvements issus du catholicisme social – avait apporté à Paul Collowald les réponses aux interrogations auxquelles se trouvait confronté un jeune homme ayant grandi dans une région chahutée par l’histoire et les frontières, qui plus est enrôlé de force en mai 1944 au sein de la Wehrmacht. De cette année passée en Pologne, le « malgré-nous » se souvient de « l’angoisse de revenir avec l’uniforme allemand à la maison », ce qui lui fut épargné.
26/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/26/informer-sur-l-europe-le-combat-d-une-vie_5402165_3232.html
Dominique Noguez : « Il serait bon d’accorder le prix Goncourt à des récits autobiographiques »
L’écrivain regrette, dans une tribune au « Monde », que les académiciens Goncourt n’aient pas couronné « Le Lambeau », de Philippe Lançon, au motif que ce livre n’est pas un roman. Or, l’histoire du prix montre que cela n’a jamais été une obligation.
Tribune. Du Lambeau, de Philippe Lançon (Gallimard, 512 pages, 21 euros), les Goncourt n’ont pas voulu. « C’est un très bon livre, peut-être l’un des plus beaux de l’année, a déclaré Bernard Pivot, président du jury, mais ça ne correspond pas à ce qu’attend le Goncourt, c’est-à-dire couronner un roman d’imagination. » Dans le mensuel Service littéraire de décembre 2018, Pierre Assouline, membre du même jury, est plus incisif encore : en donnant le prix à un ouvrage qui n’est pas un « roman », on induirait le public en erreur et on ignorerait « une réalité incontournable » depuis la création dru prix. Que dit en réalité le testament d’Edmond de Goncourt, puisque c’est manifestement à lui que nos amis font allusion ? « Ce prix sera donné au meilleur roman, au meilleur recueil de nouvelles, au meilleur volume d’impressions, au meilleur volume d’imagination en prose, et exclusivement en prose, publié dans l’année. » Et, plus loin : « Mon vœu suprême (…), c’est que ce prix soit donné à la jeunesse, à l’originalité du talent, aux tentatives nouvelles et hardies de la pensée et de la forme. » On voit bien qu’il ne donne pas l’exclusivité au roman. Précisant même : « Le roman, dans des conditions d’égalité, aura toujours la préférence », ce qui prouve que, dans son esprit, d’autres genres en prose peuvent concourir. Une part d’imagination dans la non-fiction Dans la réalité, d’ailleurs, les académiciens Goncourt n’ont pas toujours montré cette inflexible préférence pour le « roman d’imagination ». Le Feu, d’Henri Barbusse, couronné en 1916, n’était-il pas un témoignage ? L’Amant, de Marguerite Duras, en 1984, n’était-il pas, à 99 %, une autobiographie ? Et qu’avait de romanesque Les Ombres errantes, le beau livre de Pascal Quignard, primé en 2002 ? Certains critiquèrent, mais d’autres louèrent Edmonde Charles-Roux d’avoir couvert ce choix de son autorité de présidente. Edmonde avait compris que les choses avaient changé depuis la mort d’Edmond. En 1896, le paysage littéraire français ne comprenait guère de récits autobiographiques, dans la ligne de ce que furent exemplairement Les Confessions de Rousseau. Et pourtant, première remarque, beaucoup plus que pour leurs romans Germinie Lacerteux ou Madame Gervaisais, Edmond de Goncourt et son frère survivent pour leur journal, œuvre de témoignage autobiographique s’il en est. Et puis, deuxième remarque, a fini par s’imposer aujourd’hui l’évidence qu’il y a nécessairement une part d’imagination dans la non-fiction même.
26/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/26/dominique-noguez-il-serait-bon-d-accorder-le-prix-goncourt-a-des-recits-autobiographiques_5402166_3232.html
Des coalitions minoritaires et fragilisées au pouvoir dans la moitié des pays européens
Au Royaume-Uni, en Espagne, en Belgique, en Suède, les gouvernements ne bénéficient pas de majorité au Parlement. Partout les grands partis traditionnels reculent sous la poussée des partis radicaux.
Les chefs de gouvernement britannique, Theresa May, néerlandais, Mark Rutte, belge, Charles Michel et espagnol, Pedro Sanchez. ANNEGRET HILSE / REUTERS ; G. VANDEN WIJNGAERT/ AP ; PEDRO NUNES / REUTERS Le roi Philippe a accepté, vendredi 21 décembre, la démission du gouvernement belge dirigé par ­Charles Michel. Celui-ci conduira, jusqu’aux élections législatives du 26 mai 2019, une coalition minoritaire (52 sièges sur 150 à la Chambre) de libéraux francophones, de libéraux et de chrétiens-démocrates flamands. M. Michel tentera, durant ces mois d’« affaires courantes », de négocier des accords ponctuels avec l’opposition et vivra avec un budget provisoire. Si la situation est inhabituelle pour le royaume, elle l’est beaucoup moins pour l’Union européenne (UE), où le recul des grands partis traditionnels et la fragmentation du paysage politique sont partout à l’œuvre. En plus du cas belge, treize autres gouvernements européens sont au pouvoir en étant minoritaires au Parlement. Pour l’UE, cette situation est préoccupante : elle accentue la déconnexion entre citoyens et gouvernants, tout en plaçant ceux-ci dans une position de faiblesse et d’instabilité inédites. Les difficultés de la première ministre britannique Theresa May, qui a perdu sa majorité absolue en 2017 et dépend au Parlement d’une formation nord-irlandaise, compliquent ainsi le Brexit. En Espagne, la situation est ­volatile Le socialiste (PSOE) Pedro Sanchez a pris la tête d’un gouvernement le 1er juin, après le vote d’une motion de défiance contre le conservateur Mariano Rajoy. Son groupe parlementaire ne compte que 84 des 350 députés au Parlement, soit moins de 25 % des sièges. Pour gouverner, il s’est appuyé sur les députés Podemos (gauche radicale) et sur les indépendantistes et nationalistes basques et catalans. Une alliance qui ne lui a pas encore permis de faire voter le budget 2019, ses alliés catalans lui ayant retiré leur soutien pour obtenir un référendum d’autodétermination et des mesures en faveur de neuf dirigeants en détention préventive pour rébellion. Si le blocage budgétaire persiste, M. Sanchez a indiqué qu’il organiserait des élections anticipées. Au-delà de cette instabilité provoquée par le virage indépendantiste des élus catalans, l’Espagne fait face à la recomposition de son paysage politique avec la montée en puissance, depuis 2015, des partis Ciudadanos, au centre, et Podemos à la gauche de la gauche. Après des années de bipartisme, ce changement n’a pas encore été assimilé par le PSOE et le Parti populaire (PP, droite), qui n’ont jamais fait l’expérience de gouvernements de coalition à l’échelle nationale. La situation risque d’être plus complexe avec l’apparition de Vox, formation d’extrême droite qui vient d’obtenir 11 % aux élections régionales en Andalousie. Ce parti est indispensable au PP pour y gouverner. Il pourrait aussi le devenir à Madrid.
26/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/l-europe-affaiblie-par-les-gouvernements-minoritaires_5402161_3210.html
L’école au défi de la pauvreté de ses élèves
La mission des enseignants, placés, avec d’autres catégories du personnel scolaire, « au front » de la misère, va bien au-delà de l’enseignement quand, à tous les niveaux de la scolarité, le dénuement, sans surprise, affecte les apprentissages.
AUREL Ils enseignent à Mulhouse (Haut-Rhin), Grigny (Essonne), Vaulx-en-Velin (Rhône), Montreuil (Seine-Saint-Denis) ou Paris, dans ces réseaux d’éducation prioritaire renforcés (REP +) qui « conjuguent », comme ils disent, la difficulté sociale et scolaire. Prendre en charge des enfants en situation de grande pauvreté n’a, pour eux, rien d’exceptionnel : ils se sont presque habitués à apporter une collation en classe pour ces élèves qui « sautent » le petit déjeuner ; une paire de chaussettes propres quand la température dégringole, parce qu’ils ont repéré un enfant nu pieds dans ses baskets. Et ils n’hésitent pas à mettre la main au porte-monnaie quand la coopérative ne suffit pas à emmener toute la classe au cinéma. La précarité est sous leurs yeux, au quotidien. Et pourtant, reconnaissent-ils, il leur a souvent fallu du temps – et de l’accompagnement – pour la regarder en face. « La pauvreté et même la grande pauvreté passent, je pense, assez inaperçues en classe », raconte Danielle Ruetsch, chargée d’une classe de CE1 dédoublée à Mulhouse. « Quand on regarde les enfants, on n’a pas immédiatement conscience de l’état d’insalubrité et de surpopulation de certains logements », explique cette enseignante chevronnée. Mais on peut le « deviner », au détour de petites phrases qu’ils rapportent à leurs camarades – « des histoires de souris, de cafards et d’autres petites bêtes adoptées tels des animaux de compagnie ». Par des « odeurs », aussi, « de linge mal séché dans des logements exigus ou enfumés ». Ou par des remarques entendues en classe (« 5 euros un livre, c’est cher… »). « La misère se cache » Pour Claire Billès aussi, directrice d’une école maternelle à Arles (Bouches-du-Rhône), la misère ne saute pas « nécessairement » aux yeux. « Si le regard de l’enseignant se cantonne à sa classe, alors il n’en mesure pas toujours l’ampleur », observe-t-elle. Elle se souvient par exemple de ce garçonnet qui arrivait toujours en avance à l’école, la chemise « parfaitement » repassée : « Sa tante passait le déposer… avant d’aller s’asseoir au coin de la rue pour mendier », rapporte cette porte-parole du SNUipp. « La misère, très souvent, se cache », témoigne une autre professeure de maternelle (elle a requis l’anonymat) affectée à Montreuil. « Les élèves dans les situations les plus précaires peuvent très bien être tirés à quatre épingles, dit-elle. Quand vous avez un doute et que vous questionnez la maman, vous vous entendez répéter que “ça va, merci…” Pas facile d’aller au-delà. »
26/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/26/l-ecole-au-defi-de-la-pauvrete_5402157_3224.html
Le virus Ebola de retour en République démocratique du Congo
L’épidémie a tué plus de 350 personnes en cinq mois dans la région déjà meurtrie du Nord-Kivu. Le contexte de violences rend la riposte particulièrement complexe.
Dans un centre de traitement d’Ebola, à Beni, au nord-est de la République démocratique du Congo, le 9 décembre. GORAN TOMASEVIC / REUTERS Ils forment désormais une famille, celle des « héros guéris d’Ebola », le virus qui a déjà tué plus de 350 personnes en cinq mois dans la région meurtrie du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Il y a Philippe, 40 ans, Germain, 23 ans, et Elvis, lumineux petit homme de 11 ans. A l’hôpital général de Beni, ce trio de rescapés savoure le retour à la vie normale, la liberté tout juste recouvrée en dehors de cet angoissant centre de traitement d’Ebola érigé par une ONG sur la terre boueuse. « On a eu la force de surmonter la peur, celle que provoquent les médecins en combinaison jaune et cette sensation de frôler la mort », confie l’aîné. Philippe et Germain vivaient et vivront encore de la « débrouille », comme ils disent, dans cette cité grouillante et poussiéreuse de Beni, plus proche de Kampala, la capitale ougandaise, que de Kinshasa, la congolaise, inaccessible par la route. Elvis veut retourner dans son pays étudier pour devenir médecin, son rêve d’enfant. Une effroyable épidémie d’Ebola, encore incontrôlée, frappe depuis le 1er août cette partie septentrionale du Nord-Kivu et la province voisine de l’Ituri, toutes deux frontalières de l’Ouganda. Dans ce pays voisin, touché en 2000 par une épidémie qui avait fait 224 morts en cinq mois, aucun cas n’a encore été déclaré et des mesures drastiques ont été adoptées. Dans ces zones reculées de la RDC, on compte en revanche chaque jour de nouveaux morts emportés par le virus, et plus de 500 cas confirmés ont été identifiés. Une menace de plus pour Beni et ses environs, où des quartiers entiers se vident de leur population, des écoles ferment et le risque de mourir égorgé ou par balle est une probabilité élevée avec laquelle il faut composer. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La ville de Beni cristallise tous les drames de la RDC Dans cette bourgade lovée à l’extrémité du parc national des Virunga, l’épidémie d’Ebola ajoute une couche de souffrance et de colère. Elle a beau être la deuxième plus grande épidémie de l’histoire selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la dixième en RDC où a été découvert le virus en 1976 – qui a, depuis, tué près de 13 000 personnes (dont 11 300 en Afrique de l’Ouest, en 2014-2015) –, elle préoccupe moins les habitants que les miliciens « massacreurs » venus des profondeurs de la forêt qui encercle la ville. « Les images ne s’oublient pas » « Avec Ebola, tu vomis, tu as des diarrhées et tu meurs. Avec les massacreurs, tu souffres même si tu restes en vie, car les images ne s’oublient pas », dit Marie-Stella, quinquagénaire rescapée d’une attaque survenue dans sa commune semi-rurale de Rwenzori, en octobre. Cachée dans son jardin, elle dit avoir vu son fils et l’épouse de ce dernier, sa nièce, sa meilleure amie, ses voisins, abattus à bout portant, pour certains décapités.
26/12/2018
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/26/le-virus-ebola-de-retour-en-republique-democratique-du-congo_5402154_3244.html
« Gilets jaunes » : Xavier Bertrand, le plus audible à droite
Preuve de la place prise par Xavier Bertrand depuis la crise des « gilets jaunes », il domine un sondage sur les politiques préférés.
FRANCOIS LO PRESTI / AFP Ce jour-là, il aurait dû partir à Marrakech, pour un déplacement officiel. Ses valises étaient prêtes, et son entourage sur le point de se rendre à l’aéroport. Mais, à la dernière minute, Xavier Bertrand a finalement décidé de rester chez lui. La veille, le 1er décembre, Paris a subi des dégâts considérables, en marge d’une grande manifestation des « gilets jaunes » qui a tourné à l’émeute. Alors que la France traverse la crise sociale la plus importante de ces dernières années, le Maroc attendra. Le président de la région Hauts-de-France change ses plans. Il s’invite d’abord sur France 2, le 3 décembre, avant de s’exprimer, le lendemain matin, sur RMC, dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin. Il y fait une proposition qui retient l’attention du gouvernement : une prime « de pouvoir d’achat, en plus des salaires, en plus du treizième mois, de quelques centaines d’euros ». Dans la foulée, le président Emmanuel Macron lui écrit un SMS pour lui signifier son intérêt. Invité des « Quatre Vérités » sur France 2, le surlendemain, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, se dit favorable à une prime de fin d’année défiscalisée, afin de soutenir « ceux qui travaillent ». Ce bonus exceptionnel fera bien partie du panel de mesures qui ont été présentées le 10 décembre par le chef de l’Etat, qui cherche alors à désamorcer la crise. Loin d’être anodin, cet épisode est significatif de la place prise par Xavier Bertrand sur la scène politique à la faveur de la crise des « gilets jaunes ». Un mois plus tôt, c’était une autre des propositions du président de région – une aide de 20 euros par mois pour les travailleurs des Hauts-de-France parcourant 30 kilomètres par jour – qui était reprise par le gouvernement. « Arrêter le délire » Ces dernières semaines, l’ancien ministre du travail de François Fillon a été, de l’avis de tous, le plus audible à droite. Devançant de loin le président du parti Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez. Selon un sondage de l’institut BVA, publié le 20 décembre, 33 % des Français souhaitent d’ailleurs que l’ancien secrétaire général de l’UMP (sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy) ait « davantage d’influence dans la vie politique française ». Lui assurant, devant Nicolas Hulot, la première place du classement jugeant la cote d’influence des hommes et femmes politiques. « Il fait partie des six personnalités les plus appréciées des Français ; il a gagné deux places sur notre baromètre par rapport au mois dernier, confirme le directeur général délégué d’Ipsos France, Brice Teinturier. Chez les sympathisants LR, il est à 54 % d’opinions favorables, bien au-dessus de Laurent Wauquiez qui est à 36 %. » Seule la présidente de l’Ile-de-France, Valérie Pécresse, avec 56 % d’opinions favorables, rivalise avec celui qui a quitté le parti il y a un an, après l’élection de Laurent Wauquiez à la tête de LR.
26/12/2018
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/26/gilets-jaunes-xavier-bertrand-le-plus-audible-a-droite_5402143_823448.html
En Europe, « la chute de la confiance dans les formations politiques »
Pascal Delwit, professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles, explique les causes de la multiplication des coalitions minoritaires en Europe.
La chancelière allemande, Angela Merkel, lors d’une réunion de son parti, la CDU, au Bundestag, à Berlin, le 25 septembre 2018. MARKUS SCHREIBER / AP Professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles, Pascal Delwit analyse la fragilisation croissante de la représentation politique en Europe. Lire la synthèse : Des coalitions minoritaires et fragilisées au pouvoir dans la moitié des pays européens Quelles sont les causes principales de la multiplication des coalitions minoritaires à laquelle on assiste ? D’abord, le recul indubitable des grands partis gouvernementaux traditionnels, conservateurs, chrétiens-démocrates, sociaux-démocrates. Ensuite, la fragmentation des systèmes politiques, qui entraîne un vote pour des partis situés à la périphérie de ce système. Plusieurs autres dynamiques sont aussi à l’œuvre. D’abord, le glissement vers des partis de la droite radicale – Rassemblement national en France, Parti de la liberté en Autriche, Parti pour la liberté aux Pays-Bas, etc. –, phénomène qui touche aussi l’Europe centrale et la Scandinavie. Ensuite, une poussée des formations régionalistes, en Ecosse, en Catalogne, au Pays basque, en Flandre… On observe, par ailleurs, une poussée de la gauche radicale en Espagne, en Grèce, d’une certaine manière en France avec La France insoumise. Et aussi de formations monothématiques – Initiative féministe en Suède, Parti des animaux aux Pays-Bas – qui accroissent le phénomène de fragmentation et compliquent la formation de gouvernements. On pourrait encore ajouter la poussée des écologistes, qui viennent de connaître de fortes progressions en Allemagne – en Bavière et en Hesse –, aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg. Certains pays ont l’habitude d’être gouvernés par des coalitions minoritaires… Cela a été longtemps le cas en Suède ou au Danemark, plus récemment en République tchèque. Le phénomène nouveau est que la poussée des droites radicales empêche la formation de « blocs » majoritaires, ce qui entraîne soit de très longues négociations (aux Pays-Bas, en Belgique), soit des situations presque insolubles, comme à Stockholm ou à Prague. D’où des situations devenant totalement illisibles pour les électeurs mais aussi une grande fragilité à l’échelle de l’Union européenne (UE) : les dirigeants concernés siègent, ne l’oublions pas, dans les conseils européens. Le système de représentation proportionnelle est-il en cause ? Bien sûr, un système uninominal à un tour réduit la fragmentation d’une certaine manière mais ne l’évite pas totalement, comme le montre le cas britannique. Il y a aussi de l’instabilité dans des pays dotés d’un système majoritaire, ainsi que dans des pays qui, comme l’Espagne ou la Grèce, ont limité l’ampleur de la proportionnelle. La première est dirigée par un PSOE [Parti socialiste ouvrier espagnol] très minoritaire, le second par une coalition entre Syriza [parti de la gauche radicale] et la droite populiste radicale des Grecs indépendants. Tout cela confirme que c’est bien le fait que les grands courants structurants – et la social-démocratie en premier lieu – ne captent plus l’essentiel des votes qui est le facteur plus déterminant.
26/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/les-droites-radicales-sont-un-frein-a-la-formation-de-blocs-majoritaires-en-europe_5402139_3210.html
« L’Homme fidèle » : recueil d’énigmes amoureuses
Louis Garrel filme une histoire triangulaire dans laquelle il joue aux côtés de Laetitia Casta et Lily-Rose Depp.
Louis Garrel (Abel) et Laetitia Casta (Marianne) dans « L’Homme fidèle », de Louis Garrel. SHANNA BESSON / WHY NOT / AD VITAM L’avis du « Monde » – à voir C’est un bonsaï, ou une maison de poupée. Un film délibérément plus exigu que ce qu’exigeraient son contenu (une histoire d’amour triangulaire qui court sur dix ans) et son histoire (fruit de la rencontre entre son auteur-interprète, héritier d’une illustre dynastie cinématographique, et son vénérable scénariste, qui a voyagé dans tout le cinéma depuis des décennies). En une heure et quart, Louis Garrel et Jean-Claude Carrière font miroiter les possibilités infinies de leur scénario pendant que le réalisateur trempe un doigt de pied dans tous les fleuves que son expérience et sa cinéphilie lui ont fait traverser, des classiques hollywoodiens aux jeunes Parisiens (le film commence par un plan sur la tour Eiffel qui aurait trouvé sa place dans le Dans Paris, de Christophe Honoré) en passant par la Nouvelle Vague. L’expérience produit un mélange de plaisir et d’agacement, à moins d’avoir la force d’âme nécessaire pour attendre le prochain film de Louis Garrel, histoire de vérifier le sérieux des clins d’œil et des promesses esquissées. Auquel cas, il ne reste que le plaisir. A peine évanouie la carte postale évoquée plus haut, L’Homme fidèle commence par un réarrangement radical d’une figure fondamentale du cinéma français : la scène de rupture. Dans le couloir d’un appartement post-haussmannien, Marianne (Laetitia Casta) annonce à Abel (Louis Garrel) qu’elle est enceinte. Mais pas de lui. De son meilleur ami, Paul. Avec qui elle va se marier. Dans dix jours. Abel subit ce passage à tabac comme d’autres se prennent des tartes à la crème. Lui manque le maquillage du clown, et son impassibilité ne convainc pas tout à fait. Charmant punching-ball Une petite dizaine d’années plus tard, Paul meurt, dans son sommeil. Abel profite de ses funérailles pour renouer avec Marianne, qui ne se fait pas trop prier. Avec le défunt, elle a eu un fils, Joseph (Joseph Engel), un enfant au regard aussi clair qu’insondable qui affirme à Abel que sa mère a tué son père. Depuis le début du film (qui n’est pas si ancien que ça, on en est à peine au premier quart d’heure), une très jeune fille traîne dans les pourtours du cadre. Elle a désormais les traits de Lily-Rose Depp. Sœur du défunt Paul, Eve a toujours été amoureuse d’Abel et supporte mal, maintenant qu’elle est en âge de le séduire, de le voir retomber dans les bras de Marianne. Louis Garrel (Abel) et Lily-Rose Depp (Eve) dans « L’Homme fidèle », de Louis Garrel. SHANNA BESSON / WHY NOT / AD VITAM Charmant punching-ball, notre héros oscille sous les coups de la suspicion enfantine de Joseph, de la libido dévorante d’Eve, de l’autorité inquiétante de Marianne. La mise en scène ultra-cursive de Louis Garrel ne laisse pas beaucoup de temps à la réflexion, sur le moment. Elle est assez énergique pour faire naître un léger malaise, qui infléchit la nature du film. Ce qui semblait relever à première vue du divertissement bien parisien, nourri de références cinéphiles (les voix off à la Truffaut, Casta filmée comme une héroïne hitchcockienne), se mue par moments en affrontement tragique. Ce qui semblait relever à première vue du divertissement bien parisien, nourri de références cinéphiles, se mue par moments en affrontement tragique Joseph, l’enfant à la parole dévastatrice, est le cousin d’un autre petit garçon issu de l’imagination de Jean-Claude Carrière, celui de Birth. Comme dans le film de Jonathan Glazer (2004, avec Nicole Kidman), il bouleverse les certitudes des adultes. Mais, là où le metteur en scène britannique mettait en mouvement une catastrophe qui engloutissait les personnages, le Français se contente d’esquisser des hypothèses : Marianne est-elle une divinité qui exige des sacrifices ou une femme qui apprend à surmonter son égoïsme ? Eve est-elle un charmant succube qui se débarrasse de ses proies ou une adolescente qui fait l’apprentissage des amours adultes ? Dans ce petit recueil d’énigmes amoureuses, on est guidé par les actrices. Laetitia Casta fait preuve d’une autorité qu’on lui a rarement vue, Lily-Rose Depp d’une versatilité et d’un sens comique inédits. Entre les deux, le cœur ballant, Louis Garrel s’est donné une place de victime très enviable. Film français de et avec Louis Garrel. Avec Laetitia Casta, Lily-Rose Depp, Joseph Engel (1 h 14). Sur le Web : www.advitamdistribution.com/films/lhomme-fidele et www.whynotproductions.fr/film3.php?id=177
26/12/2018
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/26/l-homme-fidele-recueil-d-enigmes-amoureuses_5402134_3476.html
L’Eglise et la pédophilie : l’heure des décisions
Analyse. Indéniable, la prise de conscience a-t-elle débouché sur des réformes pour prévenir de nouveaux abus ? Pas vraiment. Une réponse sera peut-être apportée en février 2019 lors du sommet sur la protection des mineurs.
Le pape François prononçant son discours lors des vœux traditionnels à la curie romaine, au Vatican, le 21 décembre. FILIPPO MONTEFORTE / POOL / AP Analyse. Et maintenant, des actes ! Pour l’Eglise catholique, l’année 2018 s’achève comme elle a commencé : entièrement dominée par la question des violences sexuelles sur mineurs. Le 21 décembre, elle a été au cœur des vœux du pape François à la curie romaine. Le pontife a promis que « plus jamais » l’institution qu’il dirige ne protégerait des pédophiles. Il a exhorté les ecclésiastiques concernés à se « livrer à la justice humaine ». Il a reconnu que l’Eglise catholique « est frappée par des ouragans » et que les prêtres pédophiles « discréditent » sa mission. Le discours a bien changé en douze mois. Il y a un an, le mot « abus » ne figurait même pas dans le discours à la curie. Les associations de victimes dénonçaient l’inaction de la hiérarchie catholique, et des membres de la commission vaticane chargée de la protection des mineurs avaient claqué la porte, faute de résultats. La lutte contre la pédophilie, jugeaient-ils, n’était pas une priorité. « Graves erreurs d’appréciation » Une épreuve inédite allait contraindre le Saint-Siège à prendre le sujet à bras-le-corps. En janvier, pour la première fois, une visite apostolique du pape, au Chili, tournait au désastre à cause de la protection dont y ont bénéficié certains prêtres agresseurs auprès de leur hiérarchie. François avait précipité le tollé en accusant, à tort, des victimes de proférer des « calomnies » à l’encontre d’un évêque. C’était la démonstration qu’en dépit de vingt-cinq ans de scandales, l’Eglise continuait de protéger ses cadres clercs contre les victimes, pour la plupart laïques. L’épreuve du Chili a au moins eu la vertu de dessiller François. De retour à Rome, il a consacré une grande partie de son énergie à la question des abus. Il a commencé par écouter ces mêmes victimes qu’il accusait précédemment de calomnier, les recevant longuement au Vatican, fin avril. Puis il a admis avoir commis de « graves erreurs d’appréciation » et « demand[é] pardon » à ceux qu’il avait « offensés ». Dans une lettre aux évêques chiliens, en mai, il a reconnu implicitement la responsabilité de l’institution, au-delà des défaillances individuelles de clercs ou de leurs supérieurs. « Quelque chose, dans le corps ecclésial, est malade », a-t-il écrit, se disant décidé à « trouver les racines et les structures qui ont permis que ces événements se produisent et se perpétuent ». Dans une « Lettre au peuple de Dieu », en août, il a appelé à mettre fin à cette « culture de l’abus » et à s’attaquer au cléricalisme, au sens d’une conception dévoyée du pouvoir du prêtre.
26/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/26/l-eglise-et-la-pedophilie-l-heure-des-actes_5402123_3232.html
Les Hadza ont un secret pour être en très bonne forme…
Ces archers nomades de Tanzanie ont une santé métabolique et cardio-vasculaire remarquable, grâce à leur niveau d’activité physique très élevé.
Des archers nomades Hadza près du lac Eyasi (Tanzanie), en août. ANDREAS LEDERER / CC BY 2.0 Dix mille pas et plus. Les populations de chasseurs-cueilleurs nous apprennent beaucoup. Ainsi des Hadza, des archers nomades vivant dans le nord de la Tanzanie, près du lac Eyasi, non loin de la frontière kényane. Le groupe, qui compte un millier de personnes, descendrait des premiers habitants connus de la région. A l’instar des Tsimané, autre ethnie de chasseurs-cueilleurs de l’Amazonie bolivienne, déjà évoquée dans cette chronique, les Hadza sont en très bonne santé. C’est ce que montre une étude menée par Herman Pontzer, professeur en anthropologie de l’évolution à l’université de Duke (Caroline du Nord, Etats-Unis), publiée début décembre dans Obesity Reviews. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les Tsimané, artères au top et jambes de fer En effet, sur les 192 personnes hadza étudiées, seulement une serait considérée comme obèse, et deux seraient en surcharge pondérale, la moyenne de l’indice de masse corporelle (IMC, rapport du poids en kilos sur la taille en mètre élevée au carré) de l’échantillon se situant aux alentours de 20. Rappelons que l’on parle de surpoids lorsque cet IMC dépasse 25, et d’obésité au-delà de 30. Quant au diabète de type 2, il est quasiment inexistant, relèvent ces travaux. Ainsi, chez les Hadza, la glycémie à jeun reste en deçà des limites. De même pour l’hypercholestérolémie, quasi inexistante. Le plus frappant est l’excellente santé cardio-vasculaire. De même, et comme leurs « cousins » chasseurs-cueilleurs, les Hadza ont moins de cancers – même si ceux-ci sont difficiles à détecter et à comptabiliser sans dépistage médical moderne, reconnaissent les auteurs de l’étude. Niveau d’activité physique très élevé Comment expliquer une telle santé ? Les populations de chasseurs-cueilleurs ont en commun un niveau d’activité physique très élevé. Ainsi des Hadza, qui pratiquent environ 135 minutes d’activité physique modérée – des mesures effectuées avec des accéléromètres – et marchent entre six et neuf kilomètres par jour, femmes et hommes confondus. Des niveaux bien supérieurs aux populations des pays industrialisés. Et bien au-delà des recommandations de l’OMS, qui préconisent 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée par…. semaine. De plus, ces niveaux d’activité ne faiblissent pas avec l’âge. Parallèlement, ces niveaux d’activité physique ne semblent pas compensés par une augmentation du temps de repos, notamment la durée du sommeil. Mais la sédentarité, facteur des risques des populations industrialisées, est difficilement mesurable dans ces populations. Sans conteste, les Hadza, tout comme les Tsimané ou les autres populations de chasseurs-cueilleurs, ont une santé métabolique et cardio-vasculaire remarquable. « Ce sont clairement leurs environnements, plus que la génétique, qui les maintiennent en bonne santé, en améliorant leur système immunitaire, leur résistance au stress…. », souligne Herman Pontzer. Et notamment leur niveau d’activité physique. Car, lorsqu’elles changent de mode de vie et d’alimentation, ces populations développent les mêmes « maladies de civilisation ». Sans pour autant tirer de conclusions hâtives.
26/12/2018
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/26/les-hadza-ont-un-secret-pour-etre-en-tres-bonne-forme_5402122_1650684.html
Le gouvernement répond à la pétition dénonçant son « inaction climatique »
Plus de 1,7 million de personnes ont signé pour demander une action en justice contre l’Etat. François de Rugy y voit une « réplique aux “gilets jaunes” ».
Manifestation à Bordeaux, le 13 octobre. NICOLAS TUCAT / AFP Le ministre de la transition écologique, François de Rugy, voit dans le succès de la pétition sur le climat lancée il y a une semaine par quatre associations de défense de l’environnement une réponse au mouvement des « gilets jaunes ». Le site Internet « L’Affaire du siècle » affichait, mercredi 26 décembre, plus de 1,7 million de signataires, un record en France. Celle à l’origine des manifestations des « gilets jaunes », pour une baisse du prix du carburant, avait atteint 1,1 million. Interrogé mercredi par Le Parisien, François de Rugy s’est dit « agréablement surpris » et « heureux que les citoyens s’expriment pour lutter contre le dérèglement climatique ». La Fondation pour la nature et l’homme, Greenpeace France, Notre affaire à tous et Oxfam France ont pourtant décidé d’assigner l’Etat français devant le tribunal administratif de Paris pour « inaction face aux changements climatiques ». Leur objectif est de faire reconnaître par le juge « l’obligation de l’Etat d’agir pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, afin de protéger les Français face aux risques induits par les changements climatiques ». Ces quatre ONG ont déjà adressé un « recours en carence fautive » à Emmanuel Macron, au premier ministre Edouard Philippe et à d’autres membres du gouvernement. La pétition « L’affaire du siècle » a été pensée en soutien à cette initiative. Lire nos informations : L’Etat poursuivi par des ONG pour inaction climatique « Une pétition pour attaquer l’Etat, non » Prié de dire s’il l’aurait signée, François de Rugy répond : « Une pétition pour le climat, oui, je signe. Une pétition pour attaquer l’Etat, non. » Il reconnaît que les ONG sont dans leur rôle d’aiguillon mais estime que baisser les émissions de gaz à effet de serre ne passera pas par un tribunal : « Ce n’est pas à des juges de forcer le gouvernement à prendre une loi ». Il n’en n’admet pas moins que le succès de la pétition pourrait l’aider lors de prochains arbitrages. « Mon hypothèse est que le succès de cette pétition est peut-être aussi une réplique aux mouvements des “gilets jaunes”, qui parlent parfois de l’écologie comme d’un problème », dit-il. François de Rugy espère néanmoins que cela ne traduit pas une fracture entre deux France et estime que le rôle des responsables politiques est précisément de « trouver le bon équilibre » et de « dépasser les contradictions » de la société. Aux quatre ONG, qui accusent l’Etat français de ne pas tenir ses engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre, il répond que ces émissions baissent en fait en France depuis trente ans mais qu’elles ont légèrement remonté en 2017. Il impute cette remontée à une augmentation du transport logistique du fait d’un regain de croissance et du développement du commerce en ligne : « Probablement aussi parce qu’on a dû faire plus appel aux centrales thermiques car les hivers étaient rigoureux et plusieurs centrales nucléaires étaient en arrêt. » Regarder notre visuel : Comment le réchauffement climatique se ressent-il dans votre ville ? « On n’abdique pas » Le ministre de la transition écologique, François de Rugy, à sa sortie du conseil des ministres, le 19 décembre, au palais de l’Elysée. LUDOVIC MARIN / AFP Le ministre reproche également aux précédents gouvernements de ne pas avoir mis en œuvre les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs fixés en 2016. « Les mesures prises dès le début du quinquennat commencent à porter leurs fruits », assure M. de Rugy. « Au trimestre dernier, pour la première fois, les émissions du transport ont commencé à baisser. » « On n’abdique pas », poursuit-il. Selon lui, la question de la taxe carbone, déclencheur du mouvement des « gilets jaunes », sera de nouveau posée dans le cadre du débat national qui sera lancé en janvier pour tirer les conséquences de cette crise : « Doit-on abandonner ou doit-on remettre cette proposition sur la table ? (…) La crise récente montre que ce n’est pas un choix évident. L’objet de cet exercice démocratique sera de trouver où placer le curseur entre contrainte et besoin d’agir pour le climat. »
26/12/2018
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/26/climat-le-gouvernement-agreablement-surpris-par-le-succes-de-la-petition_5402116_3244.html
Au Mali, dans les villages des jeunes qui rêvent de partir en Europe
A Oussoubidiagna, petite ville de l’ouest du pays, la plupart des jeunes rêvent de « l’aventure ». Au risque de périr en route, en Méditerranée.
Aissata Soucko et son fils Alakafissa Kanoute, secrétaire général de l’association locale « Ne pars pas en mer », à Oussoubidiagna, le 30 octobre MORGANE LE CAM / LE MONDE Assise au fond de sa cour, Yaya Sidibé a le regard fuyant et les yeux embués d’une femme en souffrance. Le simple fait de témoigner est une douleur pour cette frêle Malienne d’une quarantaine d’années. Quatre ans ont passé depuis le décès de son mari, et elle n’a rien oublié de ce maudit jour de 2014 où elle est devenue veuve : « Il voulait aller travailler en Europe pour nous nourrir, parce que chez nous, la vie est difficile. Il a pris le bateau en Libye. La mer l’a emporté », raconte-t-elle, en contemplant ses trois enfants. Avec lui, 45 autres migrants périrent ce jour-là, tous originaires de la même petite ville de l’ouest du Mali : Oussoubidiagna, 6 900 habitants. Ce naufrage, et tant d’autres ensuite, n’empêchent pas les nouveaux départs. A l’instar de Yaya Sidibé, les autorités régionales assistent, impuissantes, à la répétition tragique de l’histoire. « Quand les jeunes meurent comme ça, on se dit que c’est l’avenir de notre commune qui est hypothéqué, soupire le sous-préfet d’Oussoubidiagna, Bemba Tounkara. Mais ils refusent de laisser la route. Quoi qu’on leur dise, ils veulent aller chercher l’eldorado européen. » Le 7 janvier, 48 Maliens sont morts dans les eaux libyennes. En 2015, ils avaient été 376, un record en si peu de temps. Yaya Sidibé et ses trois enfants dans la cour de sa maison Oussoubidiagna (Mali), le 31 octobre. MORGANE LE CAM / LE MONDE De Kayes, la principale ville de l’ouest du pays, il faut rouler plus de quatre heures pour accéder à Oussoubidiagna. Une seule piste, impraticable par mauvais temps, permet de rallier cette paisible bourgade, où la place de l’école et le marché concentrent l’essentiel de l’activité. Dans les chemins environnants, on croise surtout des femmes, des vieux et des enfants. Comme partout dans la région, bien des jeunes cherchent à migrer. Le phénomène n’a rien de nouveau : hérité du temps des grands empires établis entre le IIe et le XVIe siècles, il s’est développé à l’époque de la colonisation. « Les Maliens étaient obligés de payer les impôts en numéraire. Pour ce faire, ils partaient travailler sur les chantiers coloniaux du Sénégal, de Côte d’Ivoire et du Niger », explique Bréma Ely Dicko, chef du département de socio-anthropologie de l’université de Bamako. « Valeur sociale » A l’époque, le secteur de Kayes se forge une tradition migratoire qui sera renforcée par la première guerre mondiale. La France puise alors une partie de sa main-d’œuvre dans ses colonies. Un peu plus d’un demi-siècle plus tard, deux grosses sécheresses frappent le Sahel, en 1973 et en 1984, entraînant d’autres vagues de départs. Depuis, la migration s’est poursuivie, en particulier à Kayes, où la population déplore le manque d’investissements et d’opportunités économiques offertes par l’Etat.
26/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/au-mali-avec-les-candidats-a-l-aventure_5402113_3212.html
« A Bruxelles, le pire n’est jamais sûr »
Italie, Pologne, Hongrie… Cécile Ducourtieux, correspondante du « Monde », revient sur une année chaotique sur le front communautaire.
Chronique. Sur le front communautaire, l’année 2018 a été chaotique, mais s’il y a peut-être un enseignement positif à tirer, c’est qu’à Bruxelles, le pire n’est jamais sûr. L’Italie, par exemple. Fin mai, un attelage inédit se met en place à Rome : une coalition entre le parti antisystème Mouvement 5 étoiles (M5S) et l’extrême droite de la Ligue. Bruxelles tremble : les populistes au pouvoir en Hongrie ou en République tchèque, passe encore. Mais dans un pays fondateur de l’Union européenne (UE), troisième économie de la zone euro… La crise est désormais au cœur du projet européen. Le gouvernement transalpin ouvre un premier front migratoire, et Matteo Salvini, le patron de la Ligue et nouveau ministre de l’intérieur, ferme les ports italiens aux bateaux de sauvetage des ONG. Ses partenaires européens protestent, mais sont incapables de réagir : comment trouver une solution communautaire à la migration sans l’Italie, sachant qu’aucun autre pays n’a l’intention de prendre plus que sa part ? Un accord avec l’Italie Au début de l’automne, la tension retombe : les passeurs et les migrants testent d’autres routes (l’Espagne, notamment), les gouvernements des Vingt-Huit, toujours impuissants, préfèrent regarder ailleurs. Mais Rome enfourche un nouveau cheval de bataille. Avec son « budget du peuple », la coalition antisystème-extrême droite veut tenir ses promesses de campagne. Elle propose un revenu universel, l’abaissement de l’âge de départ à la retraite : le budget prévisionnel 2019 est hors des clous du pacte de stabilité et de croissance. Et tant pis pour Bruxelles, disent en chœur les deux hommes forts du gouvernement, Matteo Salvini et Luigi Di Maio, le chef du M5S. A la Commission européenne, c’est un peu la panique. Comment répondre à cette quasi-provocation ? Appliquer les règles du pacte en sanctionnant l’Italie ? Rien de tel pour braquer tout un peuple contre l’UE. Fermer les yeux sur une violation patente des règles, après avoir été si intransigeants avec les Grecs ou les Chypriotes pendant la crise, tout en donnant l’impression de donner raison à des extrémistes ? Impossible à quelques mois des élections européennes. Mais la chance tourne vite en faveur de Bruxelles : les marchés financiers effectuent leur travail de sape plus tôt que prévu. Le coût de la dette italienne, déjà colossale (130 % du PIB), s’alourdit. Les milieux d’affaire s’inquiètent, la croissance transalpine cale brutalement. Dès la fin novembre, le premier ministre, Giuseppe Conte, accepte de rencontrer Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, pour des pourparlers discrets. Le 19 décembre, Bruxelles et Rome parviennent à un accord.
26/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/26/a-bruxelles-le-pire-n-est-jamais-sur_5402106_3232.html
Le Japon va « reprendre la pêche commerciale » de la baleine
Il deviendra le seul pays, avec l’Islande et la Norvège, à pratiquer ouvertement la pêche commerciale du mammifère.
Une baleine capturée en septembre 2017 par des pêcheurs japonais et débarquée dans le port de Kushiro, dans le nord de l’île d’Hokkaido. AP Le Japon avait annoncé son intention, mais c’est désormais officiel. Tokyo a confirmé, mercredi 26 décembre, se retirer de la Commission baleinière internationale (CBI), mettant à exécution sa menace, dans le but de « reprendre la pêche commerciale en juillet prochain », selon un porte-parole du gouvernement. Il rejoindra alors l’Islande et la Norvège, qui pratiquent ouvertement la pêche à des fins commerciales. Le Japon s’abstiendrait cependant d’aller chasser « dans les eaux de l’Antarctique ou dans l’hémisphère Sud », a précisé le représentant de l’exécutif, Yoshihide Suga. La pêche sera « limitée aux eaux territoriales et à la zone économique exclusive » du Japon. Le Japon avait menacé de sortir de la CBI dès septembre quand cette commission s’était opposée à sa demande de reprendre la pêche commerciale. La réunion de cette instance s’était alors achevée par le rejet du texte phare porté par le Japon, intitulé Le chemin à suivre. Il visait à mettre en place une double voie au sein de la CBI, instance de 89 pays membres, afin de faire coexister la préservation et la chasse commerciale des baleines. Cette dernière aurait été gérée par un « comité de la chasse à la baleine durable ». La proposition aurait aussi mis fin au moratoire sur cette activité mise en place en 1986, dont le Japon est signataire. Mais les pays défenseurs des baleines, conduits par l’Australie, l’Union européenne et les Etats-Unis, ont torpillé le texte, par 41 voix contre 27. Le vice-ministre japonais de la pêche, Masaaki Taniai, avait regretté le résultat du vote et brandi l’option ultime de quitter la CBI. Le décryptage des Décodeurs : Malgré des mesures strictes et une demande faible, la chasse à la baleine perdure « La décision du Japon est en décalage complet » Le gouvernement japonais ouvre par sa décision un nouveau front entre les détracteurs et défenseurs de la pêche aux cétacés, que les Japonais, notamment la frange nationaliste, considèrent comme une importante tradition nippone multiséculaire. Les organisations écologistes ont réagi à cette annonce, condamnant la nouvelle, comme Greenpeace : « Il est clair que le gouvernement tente de faire passer cette annonce en douce à la fin de l’année, loin des projecteurs des médias internationaux, mais le monde n’est pas dupe. La décision du Japon est en décalage complet avec la communauté internationale, et fait fi de la nécessité de protéger nos océans et ces créatures majestueuses. » Le Japon n’a en réalité jamais complètement cessé de chasser des baleines. Il utilise en effet une faille du moratoire de 1986 qui autorise la chasse aux cétacés pour des recherches. La chair de baleine finit cependant sur les étals des poissonniers. S’il est exact qu’elle a constitué une salvatrice source de protéines dans les années de l’immédiat après-guerre, aujourd’hui, la plupart des Japonais disent ne pas en manger, ou très rarement.
26/12/2018
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/26/le-japon-officialise-la-reprise-de-la-peche-commerciale-a-la-baleine_5402103_3244.html
La Syrie et Israël s’accusent mutuellement d’attaques aux missiles
Les deux pays disent avoir déclenché leur système de défense antiaérien. Il s’agirait des premiers tirs israéliens depuis l’annonce du retrait étatsunien de Syrie.
De la fumée s’élève aux abords de Damas, après l’activation du système de défense antiaérien, le 25 décembre. OMAR SANADIKI / REUTERS La Syrie et Israël ont chacun affirmé avoir déclenché, mardi 25 décembre, leur système de défense antiaérien, les deux pays s’accusant mutuellement d’avoir commencé les hostilités. Celui de Damas est entré en action contre des « missiles » tirés par des avions israéliens depuis l’espace aérien du Liban sur des cibles situées près de la capitale syrienne, selon l’agence de presse officielle SANA, qui cite une source militaire. La « majorité » de ces missiles ont été interceptés avant d’atteindre leurs cibles, a souligné l’agence, précisant que les avions de combat israéliens avaient tiré depuis l’espace aérien libanais. Trois soldats ont été blessés et un entrepôt de munitions a subi des « dégâts », selon SANA. Frappes « provocatrices » Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a confirmé qu’il s’agissait d’un « raid israélien ». Il a assuré que les trois cibles visées étaient des « entrepôts d’armes (…) appartenant au Hezbollah [la milice libanaise] ou aux forces iraniennes ». Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a martelé une nouvelle fois qu’Israël « n’est pas préparé à accepter un enracinement de l’Iran en Syrie ». « Nous continuerons à agir vigoureusement », a-t-il ajouté sans faire directement référence aux incidents de la nuit. La Russie a dénoncé, de son côté, « une violation grossière de la souveraineté de la Syrie ». Le ministère des affaires étrangères a qualifié les frappes de « provocatrices », accusant l’Etat hébreu d’avoir mis en danger des avions de ligne. L’attaque, réalisée – selon l’armée russe – en survolant le territoire libanais, « s’est produite au moment où deux avions de ligne n’étant pas originaires de Russie s’apprêtaient à atterrir aux aéroports de Beyrouth (Liban) et de Damas (Syrie) ». Les autorités libanaises ont confirmé l’incident et dénoncé l’incursion israélienne dans leur espace aérien. Lire notre décryptage : Les centres de recherche militaires en Syrie, cible prioritaire d’Israël Israël, grand perdant du retrait étatsunien en Syrie Capture d’écran d’une vidéo fournie par l’agence de presse syrienne officielle SANA, montrant un missile dans le ciel de Damas, le 25 décembre. Uncredited / AP L’armée israélienne a expliqué, quant à elle, qu’un « système de défense aérien a[vait] été déclenché contre un missile antiaérien lancé depuis la Syrie ». Et elle assure qu’« aucun dommage ou victime n’a été rapporté ». Elle a, en revanche, refusé tout commentaire concernant les frappes menées sur le territoire syrien. Israël a effectué de nombreuses frappes militaires en Syrie depuis le déclenchement de la guerre, en 2011, visant les troupes du président Bachar Al-Assad, mais aussi celles de ses alliés, notamment les forces iraniennes ou des positions du Hezbollah, ses grands ennemis. A la fin de novembre, le régime syrien avait ainsi accusé Israël d’avoir bombardé des cibles dans la région de Kesswa. Quoi qu’il en soit, si la responsabilité d’Israël était avérée, les frappes militaires seraient les premières depuis que le président des Etats-Unis, Donald Trump, a annoncé le retrait de ses troupes militaires de Syrie. Israël est considéré comme l’un des grands perdants de ce désengagement états-unien, qui laisse davantage le champ libre à l’Iran et à ses partenaires pour développer leurs capacités militaires en Syrie. L’Etat hébreu, qui avait jusque-là applaudi la politique de l’administration Trump au Moyen-Orient, répète régulièrement qu’il ne laissera pas la Syrie voisine devenir la tête de pont de Téhéran dans la région. En septembre, un avion militaire de la Russie, puissance alliée de Damas, avait été abattu accidentellement par la défense antiaérienne syrienne, entrée en action pour bloquer des tirs israéliens. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Russie inquiète Israël en renforçant les capacités antiaériennes de la Syrie
26/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/la-syrie-et-israel-s-accusent-mutuellement-de-frappes_5402099_3210.html
Etats-Unis : pas d’accord en vue avant la semaine prochaine sur le shutdown
Les négociations entre démocrates et républicains ont échoué, jeudi 27 décembre, pour mettre fin à la fermeture partielle des administrations fédérales.
Les archives nationales à Washington fermées en raison du shutdown. Joshua Roberts / REUTERS Les négociations entre démocrates et républicains ont échoué, jeudi 27 décembre, aux Etats-Unis pour mettre fin au shutdown, la fermeture partielle des administrations fédérales, qui va se prolonger jusqu’à la semaine prochaine. Après quelques minutes seulement dans un hémicycle quasi vide, la Chambre haute a décidé à l’unanimité d’ajourner la séance jusqu’à lundi 10 heures (15 heures GMT) et de ne reprendre l’examen d’une loi budgétaire que mercredi 2 janvier à partir de 16 heures (21 heures GMT). L’impasse budgétaire, qui dure depuis six jours, se heurte au projet d’un mur à la frontière mexicaine voulu par Donald Trump mais auquel s’opposent farouchement les démocrates. Le président des Etats-Unis réclame que le budget de fonctionnement d’une partie de l’administration intègre 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) qui seraient consacrés à ce qui constitue l’un de ses principaux engagements de campagne, ce que refuse catégoriquement l’opposition démocrate. Elle propose en revanche une allocation de 1,3 milliard de dollars pour l’amélioration de la sécurité aux frontières. Les républicains sont majoritaires au Congrès, mais avec 51 sièges au Sénat, ils ont besoin de soutiens démocrates pour atteindre les 60 voix sur 100 nécessaires afin d’approuver le Budget. « Ils ont peut-être les 10 votes au Sénat, mais nous avons le thème, la sécurité aux frontières. 2020 ! », a réagi Donald Trump sur Twitter après l’ajournement, en référence aux prochaines élections présidentielle et parlementaires américaines. This isn’t about the Wall, everybody knows that a Wall will work perfectly (In Israel the Wall works 99.9%). This i… https://t.co/YlEQNI7J3F — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Tant que les deux partis ne se mettront pas d’accord, les financements de 25 % des ministères et administrations fédérales resteront suspendus. Or démocrates et républicains apparaissent comme campant fermement sur leurs positions, chacun rejetant sur l’autre la faute du shutdown. « Chaos » « Le président a dit clairement que toute loi de financement du gouvernement devait financer de façon adéquate la sécurité aux frontières pour arrêter le flot de drogues illégales, de criminels, de membres du gang MS-13, de trafiquants d’enfants et d’êtres humains entrant chez nous, et protéger les Américains », a encore affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, jeudi. « Le gouvernement comprend cette crise et a proposé une solution raisonnable et de bon sens aux démocrates il y a cinq jours. Nous n’avons reçu aucune réponse », a-t-elle poursuivi, accusant les démocrates de « choisir ouvertement de maintenir la fermeture du gouvernement pour protéger les immigrés illégaux plutôt que les Américains ». En face, l’opposition a accusé Donald Trump de plonger le pays « dans le chaos ». En attendant, de nombreux ministères et agences gouvernementales sont toujours fermés. Environ 800 000 fonctionnaires (soit un quart des fonctionnaires fédéraux) sont en congé sans solde ou, pour les services jugés essentiels, forcés de travailler sans être payés. Ce blocage budgétaire est le troisième de l’année, après janvier (trois jours) et février (quelques heures), déjà à cause de la question migratoire. Le précédent, en octobre 2013, avait duré seize jours, et le record, en 1995-1996, vingt et un jours. Il affecte des ministères importants, comme la sécurité intérieure, la justice, le commerce, les transports, le Trésor ou l’intérieur. Sa prolongation pourrait coûter cher aux Etats-Unis. Selon l’agence de notation Standard & Poor’s, le shutdown d’octobre 2013, qui avait duré seize jours, avait coûté 24 milliards de dollars à l’économie américaine.
27/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/etats-unis-pas-d-accord-en-vue-avant-la-semaine-prochaine-sur-le-shutdown_5402842_3210.html
Israël promet de bloquer une tentative palestinienne d’adhérer à l’ONU
Le ministre palestinien des affaires étrangères a indiqué, mercredi, qu’il présenterait une requête en ce sens au Conseil de sécurité des Nations Unies.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, le premier juin 2018, lors d’une réunion du Conseil de sécurité. Mary Altaffer / AP Israël a promis d’œuvrer avec les Etats-Unis en vue de bloquer une initiative des Palestiniens pour devenir membres à part entière des Nations unies, ce qui constituerait une reconnaissance internationale d’un Etat palestinien. Le ministre des affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, Riyad Al-Maliki, a indiqué, mercredi 26 décembre, qu’il prévoyait de se rendre à New York en janvier pour déposer une requête en ce sens au Conseil de sécurité, selon l’agence de presse palestinienne officielle WAFA. « Nous nous préparons à bloquer l’initiative », a déclaré aussitôt l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, dans un communiqué. « Les Palestiniens paient des terroristes, encouragent la violence et cherchent malgré tout à devenir un Etat membre des Nations unies. » Veto des Etats-Unis Selon M. Danon, Israël va œuvrer pour bloquer l’initiative « en coopération avec la délégation des Etats-Unis ». D’après des diplomates, toute demande palestinienne d’une adhésion à part entière à l’ONU fera l’objet d’un veto de la part des Etats-Unis au Conseil de sécurité. C’est à l’Assemblée générale de l’ONU d’approuver toute requête en vue de devenir un Etat membre de l’ONU, mais la demande doit d’abord passer par le Conseil de sécurité. Et pour obtenir l’approbation du Conseil, les Palestiniens doivent s’assurer d’avoir en leur faveur neuf des quinze membres du Conseil, et que ne leur soit opposé aucun veto de l’un des cinq membres permanents : Royaume-Uni, France, Chine, Russie et Etats-Unis.
27/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/israel-promet-de-bloquer-une-tentative-palestinienne-d-adherer-a-l-onu_5402839_3210.html
Condamné pour viol, Jean-Claude Arnault fait appel auprès de la Cour suprême suédoise
Plusieurs membres de l’Académie suédoise, profondément divisée sur la façon de gérer cette crise, l’avaient quittée à la suite du scandale. Celle-ci avait reporté d’un an l’annonce du Nobel 2018.
Le Français Jean-Claude Arnault quitte le tribunal de Stockholm, le 24 septembre 2018, lors de son procès en appel. JONATHAN NACKSTRAND / AFP Cette affaire avait entraîné le report de l’attribution du prix Nobel de littérature 2018. Au centre d’un scandale sexuel, le Français Jean-Claude Arnault a fait appel devant la Cour suprême suédoise de sa condamnation pour viol, a annoncé jeudi 27 décembre la plus haute instance judiciaire du pays. Figure influente dans les milieux de la culture en Suède, Jean-Claude Arnault, 72 ans, avait été reconnu coupable début décembre par une cour d’appel du viol à deux reprises d’une femme et condamné à deux ans et six mois de prison. La Cour suprême a donné à M. Arnault jusqu’au 28 janvier pour fournir de nouveaux arguments à l’appui de sa demande. La Cour suprême ne prend en charge que les affaires susceptibles de créer un précédent judiciaire, ou les cas où il existe des raisons exceptionnelles pour réviser une décision de justice. M. Arnault n’a fait aucune déclaration publique. Dans le sillage du mouvement #metoo Le scandale, qui a ébranlé l’Académie suédoise, a éclaté en novembre 2017, dans le sillage du mouvement #metoo, un mois après les révélations sur les viols et les autres agressions sexuelles imputés au producteur de cinéma américain Harvey Weinstein. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les mystères de Jean-Claude Arnault, accusé du premier grand procès de l’ère #metoo Marié à la poétesse Katarina Frostenson, membre de l’académie, le photographe entretenait des liens étroits avec cette institution qui décerne depuis 1901 le prix Nobel de littérature. Jean-Claude Arnault était le directeur artistique de Forum, un club très sélect qu’il avait créé en 1989 et où se côtoyaient éditeurs, écrivains, dramaturges ou musiciens en vue, et de nombreuses jeunes femmes. Il recevait de généreux subsides de l’académie et se vantait d’en être le « 19e membre ». Selon des témoins, il soufflait le nom des futurs lauréats du Nobel à ses amis. Dix-huit femmes, dont la plaignante, avaient témoigné en novembre 2017 dans le quotidien Dagens Nyheter, accusant M. Arnault de viols, agressions sexuelles et faits de harcèlement. Plusieurs membres de l’académie, profondément divisée sur la façon de gérer cette crise, l’avaient quittée à la suite du scandale. Décrédibilisée, privée du quorum nécessaire pour fonctionner après le départ de plusieurs membres, l’Académie suédoise avait reporté d’un an l’annonce du Nobel 2018, une première depuis soixante-dix ans.
27/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/condamne-pour-viol-jean-claude-arnault-fait-appel-aupres-de-la-cour-supreme-suedoise_5402836_3210.html
Les élections américaines sont « bien plus faciles à pirater que ce que l’on pourrait penser »
Selon l’un des meilleurs experts sur le sujet, les Etats-Unis, où l’élection présidentielle aura lieu en 2020, sont toujours vulnérables au piratage.
Deux ans après les soupçons de manipulations électroniques autour de l’élection présidentielle américaine de 2016, les Etats-Unis ne sont toujours pas en mesure d’organiser une élection sécurisée pour 2020. C’est la conclusion à laquelle est parvenu le chercheur américain Alex Halderman, professeur à l’université du Michigan et spécialiste mondial du vote électronique, lors d’une conférence donnée, jeudi 27 décembre, au Chaos Communication Congress, la grand-messe annuelle des hackers, qui a ouvert ses portes à Leipzig (Allemagne). Les progrès dans ce domaine sont rares : le chercheur avait formulé lors de la même manifestation, il y a deux ans, un constat très similaire. Plusieurs facteurs font des élections américaines des scrutins « bien plus faciles à pirater que ce que l’on pourrait penser », a expliqué celui qui a été auditionné à ce sujet en 2017 par la commission du renseignement du Sénat américain. Des machines à voter faciles à pirater Il y a d’abord l’utilisation – quasi systématique aux Etats-Unis – de machines à voter très affectées de vulnérabilités informatiques, et ce malgré les alertes à répétition des experts en sécurité. « A chaque fois qu’une machine à voter a été testée par des experts, des vulnérabilités ont été trouvées. Il n’y a aucune chance que ces machines soient sécurisées », a expliqué M. Halderman. Connaissant ces failles informatiques, il est extrêmement facile pour un pirate d’altérer le fonctionnement de ces machines et de changer le résultat de l’élection. Certains Etats n’ont pas mis à jour les logiciels faisant fonctionner leurs machines à voter depuis plus de dix ans, ce qui signifie que certaines d’entre elles comportent des défauts de conception connus de tous. On est loin d’un scénario de science-fiction : même si la plupart de ces machines ne sont pas connectées directement à Internet, il suffit de pénétrer les réseaux des entreprises qui les paramètrent pour voter en amont du vote. Une fois piratées, ces entreprises, dont le chercheur explique qu’elles utilisent souvent « de vieilles versions de Windows » et ne disposent pas de défenses informatiques robustes, pourraient très facilement transmettre le virus ainsi inséré directement dans les machines. Des Etats qui renâclent Des mécanismes éprouvés existent cependant et peuvent permettre de détecter une altération d’une élection. Il s’agit, notamment, de l’impression d’une trace de chaque vote sur un support papier, ou de la vérification d’un échantillon statistiquement signifiant des votes. Mais de trop nombreux Etats, qui ont toute latitude pour définir les modalités des élections aux Etats-Unis, renâclent encore à mettre en place ces mécanismes qui permettraient pourtant de détecter les manipulations ou d’en limiter l’impact. De maigres progrès ont cependant été constatés depuis deux ans. Certains Etats, comme la Pennsylvanie, ont commencé à remplacer les machines à voter peu fiables – ou prévoient de le faire. Mais ce n’est pas le cas de tous les Etats. Certains, comme la Géorgie, continuent d’utiliser des machines dont les défauts sont de notoriété publique. Et la quasi-totalité des Etats ne vont pas jusqu’au bout du processus, estime le chercheur, et ne vérifient pas encore correctement les registres papier pour détecter d’éventuelles manipulations. « Il suffit de modifier un petit nombre de voix pour avoir un impact réel sur l’élection » Au-delà des vulnérabilités informatiques ou des modalités du vote, le point faible du système électoral américain réside dans son caractère indirect. Aux Etats-Unis, le président est élu quand il parvient à s’attirer les voix d’une majorité de grands électeurs, désignés au niveau de chaque Etat : il est ainsi possible de récolter moins de voix que son adversaire et parvenir à la Maison Blanche. C’est ce qu’est parvenu à faire Donald Trump, comme déjà quatre présidents avant lui. Cela veut aussi dire qu’il « suffit de modifier un petit nombre de voix pour avoir un impact réel sur l’élection », explique Alex Halderman. Ce dernier a déterminé qu’il aurait par exemple suffi de changer quelques dizaines de milliers de voix dans le Michigan, en Pennsylvanie ou en Floride pour faire gagner Hillary Clinton lors de l’élection de 2016. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les plates-formes du Web s’organisent pour éviter un « hack » des élections De nombreuses alertes Une broutille, quand on sait la facilité avec laquelle il est possible de pirater une machine à voter et lorsqu’on constate le nombre d’alertes émises par les experts et le gouvernement américain ces dernières années. Alex Halderman le reconnaît bien volontiers : aucune irrégularité majeure n’a été découverte lors de l’élection de 2016, y compris dans les Etats où un recomptage a eu lieu. « Mais il y a de nombreuses preuves que des attaques informatiques, sous d’autres formes, ont influencé le résultat », note-t-il cependant, preuve que des pirates sont déterminés à s’en prendre au système électoral américain. Alex Halderman a ainsi rappelé l’accusation formulée par les services de renseignement américains : la Russie a mené plusieurs piratages informatiques visant le parti démocrate et la campagne de Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle de 2016. Des piratages qui ont débouché sur la publication de documents et d’informations compromettantes. Il a également rappelé que les autorités américaines avaient détecté de nombreuses tentatives de piratage, parfois couronnées de succès, visant les registres des électeurs dans plusieurs Etats américains. Plusieurs officiers de renseignement russes ont d’ailleurs été inculpés pour ces faits en juillet par le procureur spécial Robert Mueller. D’autres pays ont été confrontés à des opérations de déstabilisation lors d’élections. En Ukraine, en 2014, des pirates liés à la Russie s’en sont pris au site de la commission électorale, avec pour but de poster le mauvais nom du vainqueur et de fausser la confiance dans les résultats finaux. Ces hackers ont également, comme ils l’ont fait plus tard aux Etats-Unis, procédé à des piratages débouchant sur des fuites d’informations compromettantes pour certains candidats. Les pirates « se réservent pour 2020 » Malgré l’état déplorable de la sécurité des élections américaines, « les élections de mi-mandat de 2018 ont été bizarrement calmes ». Pas de quoi se pavaner, reconnaît le chercheur, qui reprend à son compte les conclusions d’une commission du Parlement américain au sujet de l’élection de 2016 selon laquelle « dans un certain nombre d’Etats, des pirates russes étaient en position d’altérer ou de supprimer des données des registres électoraux ». Cela aurait « causé un chaos massif », explique Alex Halderman. Selon lui, « ces attaquants ont choisi de ne pas presser sur la détente et c’est exactement ce qu’il s’est passé, à nouveau, en 2018. S’ils ne sont pas passés à l’action, c’est qu’ils se réservent pour 2020 », a ainsi averti le chercheur. Ce dernier nourrit cependant quelques espoirs. « Depuis 2016, il y a eu un changement d’état d’esprit et les responsables des élections ont commencé à écouter les experts en sécurité et les scientifiques », a-t-il expliqué. Une loi mettant en place des garde-fous solides et des exigences en matière de sécurité pour les élections a manqué de peu d’être examinée au Congrès. Elle pourrait faire son retour à la faveur de l’arrivée, à Washington, des nouveaux élus désignés en novembre.
27/12/2018
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/27/piratage-les-elections-americaines-sont-toujours-vulnerables_5402833_4408996.html
La RDC veut expulser l’ambassadeur de l’UE après le maintien des sanctions
Il s’agit d’une mesure de rétorsion après le maintien des sanctions européennes visant quatorze personnalités de République démocratique du Congo.
Le président de RDC, Joseph Kabila, à Kinshasa, le 9 décembre 2018. Reuters Staff / REUTERS Kinshasa a enjoint à l’Union européenne (UE) de rappeler dans les quarante-huit heures son représentant en République démocratique du Congo (RDC), jeudi 27 décembre. Il s’agit d’une mesure de rétorsion après le maintien des sanctions européennes visant quatorze personnalités congolaises, dont le candidat du pouvoir à l’élection présidentielle. « Le gouvernement de la République démocratique du Congo invite instamment le Conseil européen à procéder impérativement dans les quarante-huit heures au rappel de son chef de mission en République démocratique du Congo », a déclaré le ministre des affaires étrangères, Léonard She Okitundu, à trois jours des élections générales prévues dimanche après trois reports. Le chef de la diplomatie congolaise s’exprimait depuis son ministère, à Kinshasa, où il avait convoqué des diplomates occidentaux, dont le chef de mission de l’UE, le Belge Bart Ouvry. Elections générales Dans son propos, M. She Okitundu a évoqué « des sanctions infligées unilatéralement par le Conseil européen à d’éminentes personnalités » de la RDC. Il a rappelé qu’il avait demandé la « levée » ou la « suspension » des sanctions « jusqu’à la tenue des élections générales en RDC ». « Ce plaidoyer, patiemment engagé, demeure sans écho surtout après le renouvellement desdites mesures par le Conseil européen de ce mois de décembre 2018 », a-t-il déclaré. Ces sanctions – gel d’éventuels avoirs et interdiction de visas – avaient été prises début 2017. Elles visaient quatorze responsables du régime du président congolais, Joseph Kabila, accusés de violations des droits de l’homme, dont le dauphin désigné par Kabila pour la présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary (alors ministre de l’intérieur). L’Union européenne avait annoncé le 10 décembre la prolongation de ces sanctions pour un an, jusqu’en décembre 2019. « Le Conseil réexaminera à nouveau les mesures restrictives compte tenu des élections en RDC et se tient prêt à les adapter en conséquence », avait-elle indiqué. L’UE conteste L’Union européenne a déploré jeudi cette décision et juge cette mesure « totalement injustifiée » et « contreproductive » à trois jours des élections générales. « Aujourd’hui, le ministre des affaires étrangères (She) Okitundu a annoncé que l’ambassadeur de l’UE Bart Ouvry devrait quitter le pays dans 48 heures. L’UE déplore cette décision et la juge totalement injustifiée », a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’UE. « A la veille d’élections très difficiles en RDC, une telle décision ne peut être considérée que comme contre-productive », a ajouté le porte-parole de l’UE.
27/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/27/la-rdc-veut-expulser-l-ambassadeur-de-l-ue-apres-le-maintien-des-sanctions_5402831_3212.html
Sciences contrefaites au musée
L’utilisation d’images fabriquées témoignent d’une volonté, comme c’est le cas pour le Musée d’histoire des sciences d’Istanbul, de s’arroger une antécédence dans la quête des origines des sciences modernes.
Carte blanche. Alors que Nir Shafir, historien des sciences, professeur à l’université de San Diego, préparait au printemps son cours sur « Sciences et islam », quelle ne fut pas sa surprise de découvrir sur la couverture d’un livre récent une image reproduite d’une encyclopédie arabe médiévale, figurant des savants enturbannés dont l’un regardait le ciel à l’aide d’un télescope tandis que l’autre prenait des notes à l’aide d’une plume. Si l’instrument n’est connu au Moyen-Orient qu’après Galilée au XVIIe siècle, comment expliquer ces miniatures ? Il n’eut pas beaucoup de difficultés à prouver la contrefaçon. Mais comme il l’écrit dans le magazine américain Aeon, ces fausses images sont légion aujourd’hui et parfois se retrouvent dans les collections des institutions renommées comme la Bibliothèque de l’université d’Istanbul, le Getty Center ou encore la Bibliothèque Bodleian d’Oxford. D’autres miniatures représentent des médecins guérissant la variole. Ces miniatures fabriquées, qui détournent des miniatures existantes, ont la cote sur les différents portails des musées d’histoire des sciences à destination des touristes et des écoliers. Shafir a ainsi traqué ces images et révélé qu’elles circulent à Oxford et à Cambridge, où elles accompagnent l’exposition sur « Sciences en islam ». On les retrouve aussi dans la prestigieuse Wellcome Collection en histoire de la médecine à Londres. Enfin, elles reviennent en Turquie crédibilisées par cette communication institutionnelle. Un désir de modernité trop fort Ces affaires n’auraient dû alimenter que la rubrique des faits divers si elles ne témoignaient d’une volonté d’utiliser ces images pour s’arroger une antécédence dans la quête des origines des sciences modernes. Si le cas n’est pas limité à la Turquie – on se rappelle le scandale des fausses images de la Lune attribuées à Galilée et dénoncé par Nick Wilding –, la supercherie renvoie selon Nir Shafir à une dimension plus sérieuse que le développement d’une culture touristique avide de grandeur et de kitsch. Il existe aujourd’hui des musées d’histoire des sciences – comme celui d’Istanbul – entièrement remplis d’objets fabriqués dans les vingt dernières années, dans l’intention de représenter les « vénérables traditions scientifiques du monde islamique » et de manière « à intégrer les musulmans à une communauté politique globale à travers le grand récit universel des sciences modernes ». L’usage de ces objets ou de ces images participe d’un tournant matériel en histoire des sciences qui fait des remakes, de la production de fac-similé d’instruments ou de machines ou de la reproduction d’expériences scientifiques une des pratiques les plus innovantes d’une histoire des sciences centrée sur le travail scientifique. Par la vertu des technologies numériques, les projets de musées imaginaires ou de relocalisation de chefs-d’œuvre offrent aujourd’hui des réponses techniques à la question du rapatriement des objets non européens.
27/12/2018
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/27/sciences-contrefaites-au-musee_5402828_1650684.html
Démographie en France : plus de monde dans les grandes villes, moins de monde à Paris
Les couronnes des grandes métropoles profitent d’une croissance démographique stable entre 2011 et 2016, selon une étude de l’Insee.
La croissance de la population française entre 2011 et 2016 a surtout été portée par les grandes aires urbaines du pays, notamment Lyon, Nantes, Toulouse et Bordeaux et, dans une moindre mesure, l’agglomération parisienne, qui perd des habitants « intra-muros », selon une étude publiée jeudi 27 décembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). « Porté par le regain démographique des grands pôles urbains et le dynamisme des couronnes, l’essentiel de la croissance démographique est dû aux grandes aires urbaines », résume l’Insee, qui publie les chiffres officiels de population des communes, départements et régions, calculés à partir du recensement de 2016, et les compare aux chiffres des recensements de 2006 et 2011. Lire aussi (en édition abonnés): « Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue » 66,36 millions d’habitants Selon le dernier recensement, la France (hors Mayotte) comptait 66,36 millions d’habitants au 1er janvier 2016, « soit une croissance de 0,4 % par an depuis 2011 ». Mais cette croissance a atteint 1,1 % par an dans la zone urbaine de Lyon, 1,5 % à Toulouse et à Nantes, 1,6 % à Bordeaux et à Montpellier, 1,4 % à Rennes. C’est plus précisément dans les « couronnes » de ces grands pôles urbains que la croissance démographique a été la plus marquée en France (avec une augmentation de 0,8 % par an entre 2011 et 2016), même si cette croissance était encore plus soutenue sur la période précédente, entre 2006 et 2011 (+1,2 %). Une croissance démographique accélérée dans les pôles urbains Taux de variation annuelle dans les pôles urbains de plus de 300 000 habitants Insee, recensements de la population de 2006, 2011 et 2016. Source : Dans l’agglomération parisienne, la croissance démographique n’a atteint que 0,4 %, semblable à la moyenne nationale. L’Ile-de-France est plombée par le cas particulier de la capitale, dont la population a baissé de 0,5 % par an sur la période étudiée – ce qui représente une perte de près de 12 000 habitants chaque année –, dans une tendance inverse aux cinq années précédentes. Vingt-quatre départements en baisse Si « vingt-quatre départements, dont Paris, accusent une baisse », à l’inverse « les fortes hausses de population bénéficient surtout aux départements des métropoles régionales de la façade atlantique, d’Occitanie et d’Auvergne-Rhône-Alpes », observe l’Insee. Cette croissance renforcée des pôles urbains se fait au détriment des petites et moyennes aires urbaines, ainsi que des campagnes isolées, qui passent à côté de l’augmentation régulière de la population. « Dans les campagnes bourguignonne et lorraine, la perte de population dépasse 0,7 % annuellement sur la période récente », note notamment l’Insee. Ce recul est aussi constaté dans les couronnes des moyennes et petites aires urbaines, ainsi que dans les « communes multipolarisées », dont 40 % des habitants actifs travaillent dans plusieurs grandes aires urbaines : figurant parmi les espaces les plus dynamiques entre 2006 et 2011 (avec une croissance démographique allant jusqu’à 1 % chaque année), ces zones plafonnent au mieux à 0,2 % de croissance démographique entre 2011 et 2016. Variation annuelle de la population entre 2011 et 2016 Dans dix départements métropolitains, la croissance démographique est encouragée par la présence d'une métropole. La Guyane connaît la plus forte augmentation en cumulant excédents naturel et migratoire. En Seine-Saint-Denis, la hausse de population est uniquement due au solde naturel. A l’inverse, en Corse-du-Sud, c’est l’attractivité qui stimule la croissance. Insee, recensements de la population de 2011 et 2016. Source : L’Insee définit les « aires urbaines » comme les zones d’influence des villes sur l’ensemble du territoire, « en s’appuyant sur les trajets domicile-travail de la population des communes avoisinantes » et non pas seulement sur « leurs limites physiques définies par la continuité du bâti ». Avec cette approche, l’agglomération parisienne comptait 12,57 millions d’habitants au début de 2016, celle de Lyon 2,3 millions et celle de Marseille – Aix-en-Provence 1,76 million. Ces données pourront être affinées avec les résultats du prochain recensement national, qui seront diffusés à la fin de l’année 2019. Depuis 2004, le recensement de la population a lieu tous les ans dans un cinquième des communes de moins de 10 000 habitants – dans les grandes communes, les statistiques sont construites en s’appuyant sur cinq années de recensement partiel. Mise à jour du 28 décembre : les modalités du recensement national ont été rectifiées.
27/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/27/demographie-francaise-plus-de-monde-dans-les-grandes-villes-la-population-en-baisse-a-paris_5402826_3224.html
Migrants secourus dans la Manche : le Royaume-Uni juge le phénomène « profondément inquiétant »
Trente-quatre migrants ont été secourus, jeudi, à bord de petites embarcations alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Angleterre.
Trois migrants tentent de rejoindre l’Angleterre par la Manche à bord d’un canoé, le 4 août 2018, avant d’être secourus par les sauveteurs en mer (SNSM). STR / AFP La multiplication des tentatives de traversée de la Manche par des migrants est « profondément inquiétante ». C’est ce qu’a déclaré la secrétaire d’Etat britannique à l’immigration, Caroline Nokes, jeudi 27 décembre, après que trente-quatre nouveaux migrants ont été secourus. Les tentatives de traversée de la Manche se sont multipliées depuis octobre. « Le phénomène est en train d’exploser », s’étaient déjà alarmées, fin novembre, les autorités maritimes françaises. Or, cette traversée sur de petites embarcations, comme les canots pneumatiques utilisés par les migrants, est rendue particulièrement dangereuse par la densité du trafic maritime, les forts courants et la température glaciale de l’eau. Dans la nuit de mercredi à jeudi, onze migrants – dont cinq en état d’hypothermie –, ont été secourus au large de Calais à bord d’un bateau pneumatique, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Angleterre. Détectés par plusieurs navires de passagers ayant déclenché l’envoi d’un patrouilleur français, ils ont été pris en charge par les secours. Neuf autres sont parvenus à atteindre, à bord d’un canot pneumatique à moteur, la plage de Sandgate, dans le Kent (sud-est de l’Angleterre), où ils ont été interpellés par la police. Les opérations de sauvetage se sont prolongées dans la matinée de jeudi. Vers 8 h 30 (GMT), six hommes iraniens ont atteint une plage de Douvres, également dans le Kent, à bord d’un bateau pneumatique, avant que la police des frontières ne les interpelle. Quinze minutes plus tard, la police des frontières a intercepté huit autres hommes iraniens au large de Douvres. Organisations criminelles Pour le seul jour de Noël, quarante personnes originaires d’Irak, d’Iran et d’Afghanistan ont été secourues au large du Pas-de-Calais alors qu’elles tentaient de rejoindre l’Angleterre à bord de cinq canots, selon le ministère de l’intérieur britannique. Un autre bateau transportant trois migrants a été intercepté le lendemain. Ces quarante-trois personnes, dont deux enfants, sont dorénavant au Royaume-Uni, « où ils sont pris en charge par les autorités ou les services de secours compétents », selon un porte-parole des garde-côtes britanniques. Seize autres migrants avaient également été secourus le 23 décembre. « Une part [de ce trafic] est clairement facilitée par des groupes criminels, tandis que d’autres tentatives semblent opportunistes », a noté Caroline Nokes ce jeudi. « Nous entretenons des contacts étroits et continus avec les autorités françaises et les partenaires des autorités, notamment via le nouveau centre de coordination et d’information franco-britannique ouvert à Calais à la fin du mois dernier pour lutter contre la criminalité à la frontière », a-t-elle souligné. En novembre, la capitaine Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, basée à Cherbourg, avançait l’hypothèse d’un phénomène lié à la proximité du Brexit. « Avant qu’il y ait une frontière complètement fermée, on suppose que [les migrants] souhaitent à tout prix partir tant que le Brexit n’est pas effectif », avait-elle déclaré.
27/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/londres-juge-le-nombre-de-traversees-de-migrants-dans-la-manche-profondement-inquietant_5402821_3210.html