title
stringlengths
1
209
summary
stringlengths
38
964
text
stringlengths
168
100k
date
stringlengths
10
10
topic
stringclasses
573 values
url
stringlengths
21
250
Le djihadiste Peter Cherif placé en garde à vue à son arrivée en France
Ce proche des frères Kouachi était l’un des terroristes français les plus recherchés du monde. Il a été arrêté à Djibouti le 16 décembre.
Croquis de Peter Cherif au tribunal lors de l’ouverture de son procès, à Paris, le 26 janvier 2011. BENOIT PEYRUCQ / AFP Le djihadiste français Peter Cherif, arrêté à Djibouti le 16 décembre, a été placé en garde à vue à son arrivée en France, dimanche 23 décembre au matin, a annoncé le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Peter Cherif a été placé en garde à vue en France sous l'autorité de nos forces de securité. Je salue l'efficacité… https://t.co/v8w8sPpzPg — CCastaner (@Christophe Castaner) Ce proche des frères Kouachi, auteurs de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo en janvier 2015, « avait fui la justice française. Il devra devant elle répondre de ses actes », a tweeté le ministre, saluant « l’efficacité » de ses services et des « échanges internationaux » qui ont permis son arrestation. Le djihadiste n’est pas visé par un mandat d’arrêt dans cette enquête, alors qu’il est parfois présenté comme un possible commanditaire. « Peter Cherif a été interpellé à [l’aéroport de] Roissy et placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris en mai 2017 » pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », a précisé dimanche matin le parquet antiterroriste. Les investigations ont été confiées à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). La garde à vue, en matière antiterroriste, peut durer jusqu’à quatre-vingt-seize heures. En cavale depuis 2011 Peter Cherif avait embarqué samedi vers 22 h 20 à bord d’un vol Air France à destination de Paris, menotté dans le dos et sous escorte, selon un photographe de l’Agence France-Presse (AFP). D’après la présidence djiboutienne, il était arrivé à Djibouti par voie maritime via la ville côtière d’Obock, en provenance du Yémen, en possession de fausses pièces d’identité. Lire aussi Capture de Peter Cherif, un des terroristes français les plus recherchés Sa cavale durait depuis 2011. Peter Cherif, 36 ans, alias Abou Hamza, est originaire du 19e arrondissement de Paris. Il était devenu membre actif d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) au Yémen, situé juste en face de Djibouti, au bord du golfe d’Aden. Cible de choix pour l’antiterrorisme français, il l’est aussi pour les Etats-Unis qui l’ont inscrit en septembre 2015 sur leur liste noire de « combattants terroristes étrangers ». En décembre 2004, les services français apprennent qu’il a été capturé lors de l’attaque de Falloujah, par les forces de la coalition. Condamné en 2006 par la justice irakienne à quinze ans de prison, il réussit, en mars 2007, à s’échapper avec cent cinquante autres prisonniers de la prison de Badoush (au nord-ouest de Mossoul), après une attaque fomentée par un groupe d’assaillants. Peter Cherif est rattrapé en 2008 par les autorités françaises en Syrie, où il s’est réfugié, puis extradé vers la France. Entre-temps, ses camarades d’enfance des Buttes-Chaumont ont déjà été jugés. Lui comparaît donc seul, en janvier 2011, son dossier ayant été disjoint. Mais après dix-sept mois de détention provisoire, il est placé sous contrôle judiciaire. C’est libre qu’il est jugé devant le tribunal correctionnel de Paris, et il disparaît en mars 2011, au dernier jour de son procès. Condamné à cinq de prison, il avait immédiatement fait l’objet d’un mandat d’arrêt en vue de l’exécution de sa peine. Lire aussi Les frères Kouachi et Coulibaly, des pionniers du djihadisme français
23/12/2018
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/23/le-djihadiste-peter-cherif-place-en-garde-a-vue-a-son-arrivee-en-france_5401545_1653578.html
Les écoles de commerce à la merci d’un « bad buzz » en ligne
Etudiants ou anciens élèves des écoles de commerce, ils propagent des rumeurs ou des parodies d’informations sur Internet. Ils font et défont des réputations d’établissements, « pour rire » ou pour « se battre » dans cet univers ultraconcurrentiel.
Un cours d’amphi à l’EM Strasbourg Business School. BARTOSCH SALMANSKI / EM STRASBOURG « Lequel augmentera plus vite : le salaire de Balkany ou le prix de ton école ? » ; « Toulouse Business School est toujours à la recherche de 92 figurants pour combler ses effectifs » ; « L’ESC Pau fait aussi son Black Friday : – 50 % sur la valeur de ton diplôme »… Sur la page Facebook de Captain Jack, association étudiante de Kedge Business School, les vannes pleuvent, les followers affluent. Ils sont 27 000 en cette fin d’année. Captain Jack jubile : l’« infotainment » autour des écoles de commerce, c’est leur invention à eux, étudiants, en 2013. « Nos lecteurs sont des gens qui ne sont pas encore en école de commerce, des gens qui y sont et d’autres qui n’y sont plus… bref, tous ceux qui gravitent autour, expose Mathis, chef de projet à Captain Jack. On reprend des thématiques vraies signalées par nos amis, qui sont nos sources dans les écoles. On détourne l’information en s’inspirant du Gorafi [un site d’information satirique] ou, s’il s’agit d’un sujet brûlant, on fait comme Brut ou Konbini. Et là on quitte le registre humoristique. » Comme en octobre 2017, au sujet de l’EM Strasbourg Business School. En vue des élections au bureau des sports, un étudiant lance sur Facebook une liste « fictive » baptisée « Waff’EM SS » réunissant tous les attributs du nazisme. Sur sa page, Captain Jack sort l’affaire, qui se répand comme une traînée de poudre. Un immense bad buzz pour l’école de commerce alsacienne, dirigée par Herbert Castéran, qui condamne la fausse liste dans un e-mail adressé aux enseignants et aux étudiants, puis dans un communiqué à la presse. « A court terme, notre réputation a été atteinte, c’est une évidence », rapporte-t-il, un an plus tard. « Cette affaire a fait les gros titres des médias, et les articles qui remontaient sur Google pendant deux ou trois jours étaient forcément très critiques », complète Alexandre Dubreuil, son directeur de la communication. Lire aussi Les écoles de commerce soignent leur image de marque Nuire au rayonnement d’une école n’effrayait en rien Mathis, bien au contraire. Il savait que « les informations publiées sur les réseaux sociaux ont des conséquences parfois lourdes ». Pour ne pas se départir de l’ironie qui le caractérise, Captain Jack a saisi l’occasion pour railler la « trop grande proximité » de l’EM Strasbourg avec l’Allemagne. « Autrement dit, leur post insinuait qu’ “Allemagne = nazis” », déplore Déborah Jeanpetit, community manager (gestionnaire de communauté)de l’EM Strasbourg. C’en est décidément trop pour l’EM Strasbourg, qui se plaint immédiatement auprès de Captain Jack, mais aussi de Kedge. Echaudée, la direction de l’école décide de couper les vivres à cette association étudiante en lui supprimant sa subvention. Surtout, elle ordonne à l’équipe d’une quinzaine de jeunes de supprimer la référence à Kedge dans son logo.
23/12/2018
campus
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/12/23/les-ecoles-de-commerce-a-la-merci-d-un-bad-buzz-en-ligne_5401541_4401467.html
Bochra Belhaj Hmida, militante de la Tunisie « universelle »
Figure du mouvement des droits de l’homme dans son pays, la députée et avocate défend le principe de l’égalité hommes-femmes dans l’héritage. Le Parlement tunisien devrait débattre de cette réforme début 2019.
Jean-Marc Pau Elle a cette manière brute, parfois rauque, de foncer là où les autres ­finassent jusqu’à s’égarer. Bochra Belhaj Hmida est ainsi, fausse candide et vraie lutteuse, œil moqueur derrière ses grosses lunettes d’écaille, se gaussant de la protection policière dont l’Etat tunisien l’a gratifiée : « J’ai dit “non” quand ils m’ont proposé deux gardes dans ma voiture, je suis contre la dilapidation des deniers publics. » Elle est menacée mais elle dédramatise, convaincue que la Tunisie, creuset d’une aventure ­atypique dans le monde arabe, la protégera par sa seule singularité. « Transition tunisienne » Sans trop parader, Mme Belhaj Hmida – « Bochra » comme on l’appelle tout simplement à Tunis – savoure le plaisir de faire un peu l’histoire, en tout cas de contribuer à écrire un nouveau chapitre de la « transition tunisienne ». Le projet de loi sur l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage est un peu son œuvre. En lui confiant la présidence de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), en 2017, le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, lui avait demandé d’approfondir l’acclimatation de la Tunisie à la modernité politique et sociétale. « Bochra » et ses collègues de la Colibe ont mis en musique la consigne en embrassant un vaste horizon : héritage, autorité parentale, peine de mort, délai de remariage des femmes, droits des homosexuels… « Un projet civilisationnel », s’enchante « Bochra ». M. Essebsi s’en est inspiré sur un point particulier – l’égalité successorale entre hommes et femmes, un principe qui a été repris dans un projet de loi entériné le 23 novembre par le conseil des ministres. Si le texte est voté par le Parlement, un concert international de ­vivats saluera à nouveau l’« exception tunisienne ». Il faudra alors se souvenir que ­« Bochra » était bien seule, pendant l’été 2018, à défendre ce projet. Elle se souvient que, collégienne, elle aimait braver les conventions. « J’étais de toutes les farces, de toutes les grèves. » Dans le climat frondeur de la fin des années 1960, elle se sent à gauche et défend les « pauvres ». L’emphase des slogans laisse pourtant perplexe cette boursière qui a éprouvé le déclassement social. Son père, exploitant d’oliveraies dans la région agricole du Zaghouan, a été ruiné par l’expérience socialiste des coopératives de la décennie 1960. Il survivra en montant une épicerie vendant du miel et du beurre salé.
23/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/23/bochra-belhaj-hmida-militante-de-la-tunisie-universelle_5401540_3232.html
Ultra-trail : Kilian Jornet lève (un peu) le pied
Pas de record en vue en 2019 pour le phénomène espagnol de la course d’endurance, qui entend se consacrer davantage à sa vie familiale, en Norvège, loin des projecteurs.
L'ultra-trailer espagnol Kilian Jornet, en septembre. MATTI BERNITZ « Je ne sais pas trop. Je souhaite me poser un peu en famille… » Il faut presque se pincer pour réaliser que celui qui vous déclare ça, assis en face de vous en cette mi-novembre à Paris, est bien Kilian Jornet. Oui, « le » phénomène hors catégorie de la course d’endurance en montagne. Celui qui a accumulé une trentaine de records de par le monde dans cette pratique. Celui qui a également été champion du monde de ski-alpinisme et quatre fois vainqueur de l’épreuve phare de cette discipline, la Pierra Menta, en Savoie. Alors, finie cette boulimie de records sur laquelle, depuis une décennie, fans et détracteurs du coureur de l’extrême espagnol hésitent quant à l’interprétation qu’il convient de lui donner ? En tout cas, pas de grosses courses ni de records en vue pour l’année à venir, si l’on en croit le Catatan. En dehors de la Pierra Menta, du 13 au 16 mars 2019, « je n’ai pas décidé », assure-t-il. Fuite en Norvège A 31 ans, lorsque l’on a déjà tout connu, tout vaincu – ou presque –, il n’est sans doute pas des plus évident de se (re) motiver. Kilian Jornet, qui vient de publier Summits of my Life (Artaud), l’admet volontiers : les records l’intéressent moins. « Au début de l’été, j’ai fait une longue traversée de 170 km chez moi, en Norvège, intégralement en alpinisme. C’était hyperintéressant, ça me fait plus vibrer que de gagner une grosse course », raconte-t-il. Ce n’est probablement pas la même situation aujourd’hui, mais en 2011, à 23 ans, il lui avait déjà fallu passer un cap. Dépasser sa précocité. « Adolescent, j’aimais la compétition et j’avais un rêve : gagner toutes ces courses [l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, la Diagonale des fous à La Réunion]. C’était le rêve absolu d’une vie. » Un rêve devenu réalité trop tôt. Il s’était alors retrouvé sans but. De multiples records Kilian Jornet a battu une trentaine de records de par le monde. Celui notamment de plus jeune vainqueur de l’Ultra trail du Mont-Blanc (UTMB) – à 20 ans - épreuve qu’il a remportée trois fois –, ou encore celui du Bob Graham Round en Angleterre (106 km en moins de 13 heures). Vainqueur du HardRock 100 miles, il est également double vainqueur de la Diagonale des Fous (2011, 2012) à La Réunion. Dans le cadre de son projet de records d’ascensions des plus hauts sommets de la planète, il a conquis le Cervin (4 478 m, 2013), l’Aconcagua, dans les Andes, l’Américain McKinley, (6 194 m, 2014), l’Argentin Aconcagua (6 992 m) et l’Everest (8 848 m), qu’il a gravi deux fois en cinq jours (2017), sans oxygène, ni sherpa ni corde fixe. Celui qui assure que « ce n’est pas la réussite qui nous rend heureux, c’est le cheminement » avait alors traversé « un grand moment de tristesse, de vide ». Il rebondira grâce au projet « Summits of my Life », enclenché en 2012, qui lui permet d’avancer dans sa quête d’une limite physiologique, son besoin de repousser les limites physiques. Depuis trois ans, compte tenu de sa popularité et de ce qu’elle provoque (intrusions de fans, paparazzis…), il a choisi de fuir, loin, en Norvège, où il vit depuis trois ans avec sa compagne, entre Bergen et Trondheim. « La vie en société, en ville, est pour moi le côté artificiel du monde. La notoriété me pèse. Mais si elle sert à aider des gens à commencer soit à courir soit à faire du sport soit à s’intéresser à la nature, c’est une bonne chose. » Il partage sa vision du monde avec la skyrunneuse suédoise Emelie Forsberg, 32 ans. Discrète, malgré ses titres (championne d’Europe 2013 de skyrunning et championne du monde du Skymarathon Ultra en 2014), la jeune femme a établi presque incognito, cet été, les premiers records féminins officiels du Mont-Blanc et du Mont-Rose. Kilian Jornet en Norvège, cet été, où il réside avec sa compagne depuis trois ans. KILIAN JORNET L’autre changement – et non des moindres – dans la vie de Kilian Jornet, c’est la future naissance d’un enfant, prévue en février-mars. De quoi assagir le futur papa ? « Cela va compliquer la logistique, mais on intégrera l’enfant en lui transmettant la passion pour la nature… Même s’il aime surtout les ordis », avance-t-il. « Agir à mon niveau » Imperceptiblement, en tout cas, les centres d’intérêt de l’ultra-trailer catalan se déplacent. L’hyperconnectivité d’aujourd’hui l’intrigue. « Sur Twitter, tu passes d’un incendie en Californie qui te fait pleurer à une blague qui te fait rire en une seconde. On ne sait plus ce qui est important. On va s’habituer, mais on n’arrive pas encore à maîtriser ce flot. » L’avenir de la planète est également un sujet de préoccupation. Surtout quand on entretient, comme lui, un rapport quasi exclusif à la nature. « A la maison, on n’avait pas de télé, explique celui qui est né dans un refuge à 2 000 m d’altitude. Tous les loisirs étaient dehors. » Avec sa sœur, sa cadette de deux ans, et leurs chiens. Une proximité avec la montagne dont rien ne pourra l’écarter. Ni le divorce de ses parents – à 12 ans, il part vivre dans l’école de leur mère –, ni l’envie de dessiner dans le design, idée qu’il préfère sacrifier plutôt que d’étudier à Barcelone, trop « citadine » pour lui. Il choisira les Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) à Font-Romeu – d’où son français impeccable. Seul l’appel du Mont-Blanc fera déménager le jeune adulte à Manigod puis à Chamonix, en Haute-Savoie. « D’un point de vue égoïste, j’aime la neige et le ski, et je regrette que la planète se réchauffe », explique Kilian Jornet, tout en reconnaissant « une part d’hypocrisie dans ce que je dis, puisque je viens de faire un tour du monde en avion… ». « J’essaie toutefois d’agir à mon niveau, sur ma façon de manger, de chauffer notre maison, de se déplacer », assure-t-il néanmoins. « La prise de risque est hyper calculée » Kilian Jornet réfute toute mise en danger inconsidérée. « La prise de risque est hyper calculée. Il faut être très humble vis-à-vis de ses capacités et étudier la montagne que l’on a en face. Si ça ne matche pas, on n’y va pas, sinon c’est du suicide. Et si ça matche, on accepte les risques en connaissance de cause. » Il se méfie même du bonheur. « Le bonheur d’être arrivé au sommet dégage des hormones euphorisantes qui font que, dans la descente, tu vas faire moins attention. » Paradoxal ? « Oui ! On fait de la montagne pour chercher des émotions et, dans certains moments, il faut les réfréner. » Il reconnaît une certaine imprudence passée. « J’ai fait plein de conneries. Avec le recul, je réalise qu’à certains moments je me suis mis trop en danger, ou que j’ai mis une autre personne en danger. » Malgré un entraînement drastique – l’équivalent de 68 ascensions de l’Everest chaque année –, Kilian Jornet renonce dans 50 % de ses tentatives. Il s’en réjouit : « Les victoires, les réussites, n’apprennent pas grand-chose, si ce n’est pour alimenter l’égo. En revanche, les défaites, les erreurs, les problèmes montrent ce qu’il faut améliorer. »
23/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/23/ultra-trail-kilian-jornet-leve-un-peu-le-pied_5401539_3242.html
Ce que l’on doit redouter de Daech en 2019
Le groupe terroriste continue de contrôler des milliers de partisans entre la Syrie et l’Irak, dont des dizaines, voire des centaines de djihadistes français.
Daech continue de contrôler des dizaines de milliers de partisans entre la Syrie et l’Irak, dont des dizaines, voire des centaines de jihadistes français. Carte, établie le 19 décembre 2018 par l’Institute for the Study of War (ISW/Washington), montrant en brun les zones de soutien à Daech en Syrie et en Irak (en noir, les zones sous contrôle direct et, en rouge, les zones d’attaque). A la suite de l’attentat contre le marché de Noël de Berlin, en décembre 2016, j’avais publié sur ce blog « Ce que l’on doit redouter de Daech en 2017″. Deux ans plus tard, après l’attaque contre le marché de Noël de Strasbourg, il m’a paru nécessaire de me livrer à un exercice comparable de prospective. Daech s’est adapté avec succès pour surmonter le choc de la chute en 2017 de ses « capitales » de Mossoul en Irak et de Rakka en Syrie. L’organisation toujours dirigée par Abou Bakr al-Baghdadi (malgré l’annonce maintes fois démentie de son élimination) peut compter sur 20 à 30.000 combattants entre la Syrie et l’Irak. Le nombre d’arrivée de « volontaires » étrangers a certes chuté spectaculairement, il se maintiendrait aux alentours de 150 par mois. Quelque 250 à 300 Français, hommes et femmes, demeurent enrôlés au sein de Daech au Moyen-Orient. LA GUERILLA JIHADISTE EN SYRIE ET EN IRAK La bataille pour le bastion jihadiste de Hajin, en Syrie, situé entre la rive orientale de l’Euphrate et la frontière irakienne, aura duré trois longs mois. Au moins 900 combattants de Daech y ont été tués, mais aussi près d’un demi-millier des Forces démocratiques syriennes (FDS) , engagées au sol avec le soutien de l’aviation des Etats-Unis et de leurs forces spéciales. La récente chute de Hajin a servi de prétexte à Donald Trump pour annoncer la « victoire » contre Daech et décider le retrait des quelque 2000 militaires américains présents en Syrie. Ce retrait laisse les FDS, dont l’encadrement militaire est organiquement lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), vulnérables face à un très probable retour de flamme de Daech. Il accorde en outre carte blanche à la Turquie pour lancer au moment de son choix une offensive majeure en Syrie contre le PKK, et donc les FDS. La coalition menée par les Etats-Unis n’a pourtant remporté qu’une « victoire » en trompe-l’oeil contre Daech. L’organisation jihadiste a effectivement perdu l’essentiel de son assise territoriale, mais c’est pour mieux basculer dans la clandestinité d’une guérilla dont la carte ci-dessus montre le vaste territoire d’intervention. La France, mise devant le fait accompli par l’administration Trump, continue de traquer en Syrie des jihadistes aussi dangereux que les frères Jean-Michel et Fabien Clain, qui avaient le projet d’envoyer des enfants-kamikazes en Europe. Par ailleurs, Paris a beaucoup investi dans son partenariat avec les FDS, leur confiant la charge de détenir en Syrie des dizaines de jihadistes français, dont des agents aguerris de Daech. L’affaiblissement des FDS que va inévitablement entraîner le retrait américain ouvre le risque très réel d’une libération ou d’une évasion de tous ces jihadistes français. LES LECONS DE STRASBOURG Daech a attribué à l’un de ses « soldats » l’attaque du 11 décembre contre le marché de Noël de Strasbourg, où Cherif Chekatt a tué cinq personnes. Cette revendication, initialement qualifiée par les autorités françaises d’« opportuniste », est jugée plus crédible depuis la découverte d’une vidéo d’allégeance à Daech, enregistrée par Chekatt dès novembre dernier. L’organisation jihadiste n’a de fait jamais renoncé à relancer sa « campagne d’Europe », quitte à faire feu de tout bois en encourageant des passages à l’acte individuels. L’Allemagne, en juillet 2018, et les Pays-Bas, en septembre, ont déjà affirmé avoir déjoué des attentats d’ampleur liés à Daech. L’état-major jihadiste se projette sans doute dans une prochaine phase de reprise de l’initiative terroriste hors du Moyen-Orient. Il ménage dès lors un éventail d’options pour frapper le moment venu, une pugnacité démontrée sur trois continents lors du dernier mois de Ramadan. Daech sait que son principal atout réside moins dans ses propres forces que dans les contradictions qui divisent les puissances engagées contre lui. La brutalité du retrait de Syrie, décidé par Trump sans aucune concertation avec ses alliés locaux et internationaux, est à cet égard une authentique aubaine pour l’organisation de Baghdadi. Il y a deux ans, presque jour pour jour, j’écrivais que « l’Amérique peut se bercer d’illusion sur son splendide isolement, l’Europe ne peut s’offrir ce luxe ». C’était tristement vrai au lendemain de l’attentat sur le marché de Noël de Berlin en 2016, cela l’est toujours après celui de Strasbourg en 2018, un constat aggravé du fait de la suspension officielle par Washington de ses opérations en Syrie. Car la capacité de Daech à survivre à toutes les « victoires » proclamées par ses différents ennemis représente et représentera son principal argument de recrutement. Y compris en France.
23/12/2018
blog
http://filiu.blog.lemonde.fr/2018/12/23/ce-que-lon-doit-redouter-de-daech-en-2019/
Président Trump, an II : la retraite des généraux
Au début de son mandat, le républicain promettait de respecter (et financer) largement l’armée ; trois généraux étaient aux postes-clés de son administration. Moins de deux ans plus tard, la lune de miel a fait place à un violent désamour.
Le 23 septembre 2014, Barack Obama avait provoqué un séisme en descendant de l’hélicoptère présidentiel, Marine One. Tenant dans sa main droite un gobelet de café, il avait esquissé gauchement un salut militaire à l’attention du soldat qui avait pris position au pied de la passerelle. « Comment peut-il faire une chose pareille ? », s’était exclamé l’animateur vedette de Fox News, Sean Hannity. « Il ne pense pas que les militaires sont une force pour le bien, il est convaincu au contraire qu’ils créent des problèmes », avait renchéri son invité, Karl Rove, l’ancien conseiller en communication de George W. Bush. Avec Donald Trump, tout allait être différent et déférent. Un énorme budget pour le Pentagone en signe de respect. Des mentions innombrables des « vets », les anciens combattants, en signe d’affection. Et en hommage à leur compétence, trois généraux dans l’administration dont un secrétaire à la défense, James Mattis, une première depuis George Marshall. L’armée ne pouvait pas avoir de meilleur ami que celui qui avait consciencieusement évité la conscription pendant la guerre du Vietnam. Moins de deux ans plus tard, les généraux sont partis ou en partance. Le commandant en chef s’est immédiatement défaussé sur les gradés à l’annonce du premier mort de sa présidence, à la suite d’un raid manqué au Yémen. Et il a renoncé en novembre pour cause de mauvais temps à se rendre dans un cimetière américain de la première guerre mondiale lors de son déplacement en France pour commémorer le centenaire de l’Armistice. Il a tenté de se rattraper un mois plus tard en effectuant une visite imprévue à celui d’Arlington qui jouxte Washington, le samedi 15 décembre. Les mauvais esprits ont noté que la pluie qui noyait la capitale fédérale ce jour-là interdisait la pratique du golf, l’une des activités principales du président le week-end. Le président ne se prive pas de moquer les généraux pour paraître à son avantage lors de ses meetings politiques. Le militaire imité par le président y est invariablement doté d’une grosse voix, d’un front un peu bas, et parsème ses propos de « sir ! » aussi respectueux que benêts. A Mosinee, dans le Wisconsin, le 24 octobre, il est question ce jour-là du coût de la défense antimissile de la Corée du Sud. « Je demande au général : qui paie pour ça ? – “Sir, je ne sais pas.” – Je lui réponds : trouvez qui paie !, ajoutant en aparté à son public : Mais je pense que je connais déjà la réponse.
23/12/2018
chroniques-de-la-presidence-trump
https://www.lemonde.fr/chroniques-de-la-presidence-trump/article/2018/12/23/president-trump-an-ii-la-retraite-des-generaux_5401522_5077160.html
Trois leçons du scandale des implants
Les femmes sont les premières victimes du manque de vigilance des autorités sanitaires, qui pâtissent des conflits d’intérêts, souligne dans une analyse notre journaliste Franck Johannès.
Prothèse mammaire lisse (laboratoire Allergan). YVES SAMUEL POUR LE MONDE Analyse. L’affaire des implants défectueux n’est pas seulement un scandale de santé publique, il en dit long aussi sur la part d’ombre de nos sociétés. Pour les victimes, d’abord. Tout le monde peut avoir besoin d’une prothèse de hanche ou d’une pompe à insuline. Mais est-ce un hasard si les femmes sont la catégorie de la population la plus massivement menacée par le manque de vigilance des autorités sanitaires, dans une indifférence à peu près complète ? C’est la première et plus consternante leçon des « Implant Files », cette enquête de 250 journalistes partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Dix millions de femmes portent des implants mammaires dans le monde, dont 400 000 à 500 000 en France – la fourchette est large, personne ne le sait exactement, c’est déjà un indice –, et le ministère de la santé estime au doigt mouillé que 340 000 d’entre elles portent des prothèses texturées, c’est-à-dire avec une surface granuleuse pour mieux adhérer aux tissus. Depuis dix ans (Journal of the American Medical Association du 5 novembre 2008), il y a des doutes sur le lien entre ce type d’implants et le développement d’un cancer rare des ganglions lymphatiques. Deux études l’attestent depuis septembre, et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s’en est émue le 21 novembre et a rappelé le 18 décembre les prothèses suspectes de la société Allergan. Mais quelle femme connaît le modèle et le nom du fabricant de ses prothèses ? Qui tient à jour un registre ? Qui a conscience d’un éventuel danger ? Qui sait si les mammographies annuelles suffisent, et si un IRM n’est pas aujourd’hui nécessaire ? L’ANSM en est encore à envoyer des fax – dans le vide : un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) a révélé que 80 % de ses contacts en région ne sont plus à jour… L’affaire PIP, en 2010, ces prothèses remplies d’un gel industriel, avait montré l’incapacité de l’Agence à réagir aux alertes des chirurgiens qui signalaient des cas de rupture précoce depuis deux ans. « C’est dramatique, dit Pierre Faure, pharmacien à l’hôpital Saint-Louis, mais cet incident n’a servi à rien. On ne sait toujours pas combien il y en a. » Le bilan est terrible : 400 000 femmes dans le monde ont eu de sérieux problèmes avec ces prothèses, dont 30 000 en France. La règlementation européenne indigente
23/12/2018
implant-files
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/12/23/trois-lecons-du-scandale-des-implants_5401519_5385406.html
Le réchauffement climatique a transformé la Suède en terre viticole
Records de chaleur cet été, hausse de la température moyenne… La Suède est devenue un « bon » pays pour la viticulture.
Murat Soufrakis a été l’un des premiers à se lancer dans la vigne, à Klagshamn, au sud de Malmö. ANDERS HANSSON POUR M LE MAGAZINE DU MONDE En cet après-midi du mois de décembre, les paysages de Scanie n’ont jamais autant ressemblé aux décors glacés d’une série nordique. Un vent traître se déchaîne, balayant tout sur son passage et faisant dégringoler le mercure de plusieurs degrés. Dans le ciel, de lourds nuages noirs tourbillonnent. La terre est à nu. Les arbres, dépouillés. Il est 15 heures à peine. Une nuée d’oiseaux s’envole dans un murmure au-dessus d’un champ. Quel illuminé aurait donc l’audace de venir y planter des vignes ? Et imaginer, un jour peut-être, servir son vin à la table du roi, le 10 décembre, lors du traditionnel dîner des Nobel ? Certes, l’Angleterre a réussi, en quelques décennies à peine, à se faire un nom sur la scène viticole mondiale, au point même que la grande maison Taittinger y achète des terres pour y planter ses pinots noirs, meuniers et chardonnays. Mais la Suède ? « Un paradis pour la viticulture » Campé dans ses vignes, au sud de Malmö, à moins d’un kilomètre de la mer, Murat « Murre » Soufrakis n’en démord pas. « La Suède est un vrai paradis pour la viticulture, insiste-t-il. On n’a même pas besoin de traiter le raisin. Nous n’avons ni maladie ni insectes. C’est en partie grâce au climat et à la terre, encore vierge pour ce type de culture. » Le climat, justement, parlons-en. De mémoire de Vikings, jamais on n’avait autant transpiré que cet été. Des records de chaleur atteints partout et du soleil à ne plus savoir qu’en faire. Vingt nuits tropicales, où le thermomètre n’est pas descendu au-dessous de vingt degrés. Ce n’est pas juste cette année : depuis 1990, la température moyenne en Suède a augmenté d’un degré. Elle devrait croître de deux à six degrés supplémentaires d’ici à la fin du siècle. Pour les agriculteurs, la surchauffe estivale a été une calamité. Pour les vignerons, une bénédiction. Et la confirmation, s’il en fallait, de ce qu’ils observent depuis des décennies : avec le réchauffement du climat, les frontières de la viticulture remontent vers le nord et incluent désormais le royaume scandinave. A condition de savoir y faire et de ne pas avoir peur de s’épuiser à la tâche. Murre est tombé dans la cuve quand il avait 18 ans. Un père suédois, une mère turque. A la maison, c’est à peine si on s’autorise un petit verre de madère avec le dessert. Dans la Suède des années 1970, c’est à la bière ou au schnaps qu’on étanche sa soif. En vadrouille en Espagne, le jeune homme découvre la Rioja et son AOC. Une révélation : « Tous ces cépages différents, ces domaines, ces caves. Et, au final, un vin dont on sait immédiatement d’où il provient quand on le goûte. Comme lorsque des gens d’origines différentes, chacun avec sa culture et son accent, se mettent à parler le suédois de Malmö. »
23/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/23/le-rechauffement-climatique-a-transforme-la-suede-en-terre-viticole_5401513_4500055.html
Egoïsme ou altruisme : en sexualité, les bons amants doivent-ils choisir leur camp ?
Les hommes sont valorisés quand ils revendiquent le don de soi et les femmes quand elles défendent leur égoïsme. La chroniqueuse de « La Matinale », Maïa Mazaurette, met les choses au clair.
MAÏA MAZAURETTE LE SEXE SELON MAÏA C’est un débat vieux comme le monde : quand les choses sérieuses commencent au lit, vaut-il mieux faire passer son plaisir en premier, ou se mettre au service de son partenaire ? (Question subsidiaire : vaut-il mieux se trancher le bras droit ou la jambe gauche ? Manger des œufs produits en batterie, de la dinde braconnée ou des avocats importés ?) La réponse ressemble souvent à une opération de relations publiques. Les hommes soucieux de leur pedigree post-#metoo (et parfois parfaitement sincères) vanteront une sexualité chevaleresque : « Ce qui m’excite le plus, c’est de donner du plaisir à mes partenaires. » Dans la bouche d’une femme, le refrain sacrificiel suscite un certain malaise : de l’altruisme à la soumission, du plaisir par procuration au reproche de frigidité, on nage en eaux troubles. Pas mieux du côté des égoïstes, où l’on sprinte vers des conclusions encore plus hâtives : les hommes qui clament « tout pour ma pomme » sont des salauds incompétents… mais les femmes affichant les mêmes priorités sont perçues comme d’extraordinaires amantes, expertes, assumées, à l’écoute de leur corps, aux aisselles autonettoyantes. Egoïsme ou altruisme ? La bonne réponse dépend de votre sexe. Cet encouragement à choisir son camp (et pas n’importe lequel) peut cependant se comprendre. Avec des hommes priés de revendiquer l’altruisme, et des femmes valorisées quand elles vantent leur égoïsme, on rééquilibre un rapport sexuel qui favorise le plaisir masculin. La norme de la pénétration vaginale permet, en effet, aux hommes d’obtenir des orgasmes quasiment à coup sûr : pourquoi demanderaient-ils plus ? D’ailleurs, sans surprise, l’altruisme freine des quatre fers dès qu’on remet en cause cette norme très phallocentrée. Allons donc, comme c’est bizarre ! Cruelles charités Par ailleurs, l’altruisme possède sa part sombre. Certains hommes l’exploitent de manière opportuniste, pour séduire. D’autres utilisent leur « générosité » pour extorquer l’accès à l’intégralité du corps de l’autre : « laisse-moi te donner du plaisir… selon mes termes, mon timing, mes préférences ». Même constat pour les femmes, qui peuvent tirer une glorification pernicieuse de leur éternel second rôle : jouer la victime ou la sainte, faire culpabiliser le conjoint, marchander la soumission sexuelle contre une forme d’autorité morale… On observe alors les limites d’un altruisme qui porte mal son nom : le don de soi dépend de dynamiques de pouvoir qui parfois, favorisent les intérêts du « donneur d’orgasme ». Un exemple tout simple : en prétendant supprimer ses intérêts, on fait peser toute la charge sexuelle sur le partenaire, lequel se retrouve seul responsable – des jouissances, mais aussi des frustrations et autres maladresses. Cet altruisme agressif peut prendre une forme passive (« fais tout ce que tu veux de mon corps ») ou active (« laisse-toi faire »). Certaines charités flirtent avec la cruauté ! Justement parce que la question altruisme/égoïsme est biaisée, nous avons tendance à préférer botter en touche. Voici venue la fameuse réponse embarrassée : « il faut prendre et donner du plaisir en même temps ». Ha ! Quelle fabuleuse idée ! C’est à cause de plaisanteries pareilles que la pratique du 69 a été inventée, or comme chacun sait, cette position relève de la catastrophe logistique totale (au mieux les deux partenaires sont frustrés, au pire ils attrapent des crampes et connaissent une mort douloureuse). Jouissances contagieuses Au passage, remettons les choses au point : êtes-vous parfaitement ambidextre, capable de diriger un orchestre de la main gauche tout en préparant une crème fouettée de l’orteil droit ? Je ne vous crois pas, et la page « multitasking » de Wikipédia ne vous croit pas non plus. Si vous me permettez d’en citer quelques phrases : « nous sommes plus efficaces en nous concentrant sur une seule activité à la fois », « le multitasking n’est possible qu’avec des tâches qui ne se concurrencent pas », « le multitasking crée un stress important ». Entre notre slip et celui du partenaire, il faudra donc choisir… mais si nous laissons de côté nos préconceptions, tout s’arrange. On n’est pas plus égoïste parce qu’on fait passer son plaisir avant ! Surtout quand on connaît l’impact de notre plaisir (physique) sur le plaisir (cérébral) de notre partenaire. Les jouissances elles-mêmes sont contagieuses : combien d’hommes disent avoir du mal à se retenir quand leur partenaire a un orgasme ? Combien de femmes simulent-elles pour motiver leur jouissance, tout en rassurant leurs amants ? On peut agir de manière altruiste par égoïsme… et inversement. La réponse à notre question-piège pourrait donc se résoudre en séparant les actes de l’intention, tout en sautant gaiement par-dessus les impossibilités du multitasking : « Je ne penserai qu’à mon propre plaisir, parce que je sais que ça t’excite » ou bien « Je m’oublierai totalement, parce que cela me permet d’avoir du contrôle sur toi. » A ce titre, choisir son camp peut faire partie d’un scénario, soit implicite (« Tu m’as fait un massage de deux heures la dernière fois, c’est mon tour »), soit négocié (« Ce soir, demande-moi tout ce que tu voudras »). La sexualité n’est pas un jeu à somme nulle, encore moins un concours où distribuer des bons et mauvais points : quand l’un gagne, l’autre ne perd pas. Pour démarrer la nouvelle année du bon pied Impossible enfin de ne pas mentionner l’autre arbitrage possible, à l’œuvre dans la plupart des relations hétérosexuelles « classiques », et qui consiste à diviser chronologiquement ces tâches : les préliminaires comme temporalité de la jouissance féminine, la pénétration comme point d’orgue masculin. Comme le démontrent les statistiques orgasmiques, ça ne fonctionne pas à tous les coups. Non seulement les rapports se voient découpés entre mise en bouche et plat de résistance, mais ces moments sexuels sont hiérarchisés – dans l’urgence, c’est rarement la pénétration qui est oubliée (comme on le constate au cinéma) ! Que la pénétration basique soit plaisante pour les deux partenaires (raisonnablement fonctionnels), personne ne le conteste. Mais prétendre qu’elle l’est à même hauteur, pour de mêmes résultats, c’est une autre paire de moufles. Bien sûr, collectivement, nous adorerions penser que le missionnaire satisfait tout le monde – grâce à la fusion sexuelle, nous serions enfin rassemblés. Cette idée est très charmante. L’idée du Père Noël est également très charmante. Mais si nous voulons commencer l’année 2019 du bon pied, nous devons questionner les tensions encore irrésolues qui œuvrent dans l’ombre des chambres à coucher : nos démarcations binaires entre altruisme et égoïsme sont tapissées de chausse-trappes, d’intentions pas toujours louables et d’enjeux de pouvoir. Parfait pour animer les conversations entre deux tranches de bûche, non ? Retrouvez ici toutes les chroniques de Maïa Mazaurette dans La Matinale.
23/12/2018
m-perso
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/23/egoisme-ou-altruisme-en-sexualite-les-bons-amants-doivent-ils-choisir-leur-camp_5401508_4497916.html
La détention de Carlos Ghosn prolongée de dix jours
La justice japonaise a décidé de maintenir en détention le PDG de Renault-Nissan, soupçonné d’abus de confiance, jusqu’au 1er janvier inclus.
Des passants devant un écran de télévision montrant la photo de Carlos Ghosn, le 21 décembre à Tokyo, au Japon. KAZUHIRO NOGI / AFP Le PDG de Renault et de l’Alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, va passer Noël et le début de la nouvelle année derrière les barreaux, la justice japonaise ayant décidé dimanche de prolonger sa garde à vue. Celle-ci « viendra à expiration le 1er janvier », a précisé le tribunal du district de Tokyo dans un communiqué. Ce jugement ne signifie pas que l’ancien patron de Nissan sera libéré à cette date, le parquet pouvant requérir que sa garde à vue soit prolongée de dix jours supplémentaires pour les besoins de l’enquête. Il s’agit d’un nouveau front dans les ennuis judiciaires de M. Ghosn, dont l’arrestation, le 19 novembre, avait fait l’effet d’un coup de tonnerre. Vendredi, il a fait l’objet d’un nouveau mandat d’arrêt sur des charges supplémentaires, à savoir abus de confiance. Le parquet soupçonne ainsi Carlos Ghosn d’avoir « failli à sa fonction de PDG et d’avoir causé un préjudice à Nissan ». Multiples accusations Concrètement, le parquet lui reproche d’avoir fait couvrir par Nissan « des pertes sur des investissements personnels » au moment de la crise financière d’octobre 2008, ce qu’il nie, selon la chaîne de télévision publique japonaise NHK. La somme incriminée s’élève à 1,85 milliard de yens (14,5 millions d’euros). Pour résoudre ce problème financier, il aurait obtenu qu’un ami d’Arabie saoudite se porte garant et aurait effectué des virements d’un montant équivalent sur le compte de ce dernier depuis un compte d’une filiale de Nissan. Ce type de délits est normalement prescrit au bout de sept ans, mais la loi permet de suspendre le décompte lors des séjours à l’étranger, nombreux dans le cas de M. Ghosn qui passait seulement un tiers de son temps au Japon. Pour le moment, le Franco-Libano-Brésilien a été inculpé le 10 décembre pour avoir omis de déclarer aux autorités boursières environ 5 milliards de yens (38 millions d’euros) de revenus sur cinq années, de 2010 à 2015. Son bras droit, Greg Kelly, arrêté en même temps que lui, a aussi été mis en examen. Les deux hommes sont également soupçonnés de minoration d’émoluments sur la période 2015-2018, pour un montant de 4 milliards de yens (31,6 millions d’euros). Pendant ce temps, l’alliance Renault-Nissan est dans la tourmente. Les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi Motors ont déjà révoqué à l’unanimité M. Ghosn de la présidence de leur conseil d’administration, mais le groupe français Renault l’a maintenu jusqu’à présent à son poste, confiant « à titre provisoire » la direction exécutive à son numéro deux Thierry Bolloré.
23/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/23/la-detention-de-carlos-ghosn-prolongee-de-dix-jours_5401507_3234.html
Besoin de fuir la foule ? Cinq idées pour être seul au monde
« La Matinale » vous invite au voyage. Cette semaine, on s’échappe, on prend le large sur un cargo pour plus de trente-cinq jours sans voir la terre ou on prend de la hauteur, on s’isole au sommet du phare de Kerbel en Bretagne.
La bergerie A Pila, côté vallée, dans le domaine de Murtoli, en Corse. CAMILLE MOIRENC LES CHOIX DE LA MATINALE La fatigue accumulée pendant l’année commence à se faire sentir ? Partez en Auvergne profiter d’une cabane isolée au milieu des châtaigniers ou plongez dans un monde de silence dans un ancien monastère en Ombrie (Italie). Tout en haut d’un phare breton Dormir à 25 mètres, à hauteur de mouette... PHARE DE KERBEL Sortir sur l’étroite coursive, en pleine tempête, sentir le vent iodé, voir depuis le ciel la mer qui se déchaîne… Tout en haut du phare de Kerbel, on ne vient pas vraiment pour dormir, mais pour vivre une expérience hors du commun. A Riantec (Morbihan), tout près du très joli site de Port-Louis, au sud de la Bretagne, ce phare est le seul en France où l’on peut passer une nuit, à deux, à 25 mètres de hauteur. Il faut monter un escalier en colimaçon de 126 marches pour accéder, grâce au sol qui « s’ouvre », à une petite pièce cosy de 20 m2, avec clic-clac, coin cuisine et salle d’eau. De là, la vue panoramique sur Belle-Ile-en-Mer, Groix et la baie de Quiberon est à couper le souffle, surtout au lever et au coucher du soleil. Après avoir joué au gardien de phare, on peut aussi profiter, en bas, de la jolie piscine, et du sauna installé dans l’ancienne lanterne. Phare de Kerbel, location à la nuit 650 euros, toute l’année hors juillet et août. Possibilité de louer aussi la « chambre à huile » (quatre personnes) et la « maison du gardien » (huit personnes). Dans un chalet en pleine forêt d’Auvergne Depuis le chalet du Belvédère, n’entendre que le chant des oiseaux... ESTIVA N’avoir pour vis-à-vis qu’une forêt de châtaigniers, surplombant une superbe vallée du Massif central. Le rêve pour qui veut échapper à la foule. Le chalet du Belvédère, « paumé » entre Cantal et Aveyron, a des airs de cabane de conte de fées, avec ses murs en rondins et son toit de chaume. A l’intérieur, un sol en ardoise, une déco nature et deux belles chambres pouvant accueillir jusqu’à cinq personnes. Depuis le jacuzzi de la terrasse exposée plein sud, on se laisse bercer par le chant des oiseaux et le silence de la vallée. Sur le domaine Estiva, il y a aussi une maison troglodyte, une petite ferme avec chèvres, poules et moutons, une superbe piscine, une rivière et des chemins de randonnée pour se perdre, seul, dans les bois. Chalet Belvédère, domaine Estiva, à partir de 100 euros la nuit jusqu’à cinq personnes, sur Abracadaroom.com Dans un ancien monastère en Ombrie Un bijou dans son écrin... MARCO RAVASINI Parler de l’Eremito del Alma, c’est presque aller à l’encontre du vœu de silence qu’ont fait les moines franciscains qui habitaient l’endroit au XIIIe siècle ! Mais cette notoriété, l’hôtel la doit aussi à une époque où l’on vit surinformé, le smartphone greffé à la main… Le besoin de déconnecter, Marcello Murzilli, créateur de mode italien des années 1980, l’a bien compris en créant, en 2013, cet hébergement à tendance monastique dans cette bâtisse de pierre brute. L’Eremito (de l’italien eremita, ermite) est situé au fin fond d’une vallée de 3 000 hectares, au cœur d’une réserve naturelle protégée en Ombrie, au centre de l’Italie. Ici, ni Wi-Fi, ni téléphone, ni télévision… On déjeune en silence. On dort en solo ou en couple dans une cellule meublée d’un lit en fer forgé et d’un bureau de pierre. Bref, on déconnecte et se ressource entre méditation et détox. Hôtel Eremito del Alma, à partir de 210 euros la nuit tout compris pour une personne seule et 315 euros pour deux. Eremito.com Entre mer et maquis en Corse La bergerie A Pila, côté vallée, dans le domaine de Murtoli, en Corse. CAMILLE MOIRENC Au sud de la Corse, entre Sartène et Bonifacio, le domaine de Murtoli est une sorte de parenthèse dans le temps. Un cadre incroyable dans un domaine de 2 500 hectares, entre mer et maquis, qui abrite une vingtaine d’anciennes bergeries et demeures du XVIIe siècle distantes de plusieurs kilomètres. Car le domaine de Murtoli n’est pas un hôtel au sens classique : c’est un hôtel « éclaté » ; les Italiens qui ont lancé ce concept dans les années 1980 pour redonner naissance et vie à des villages abandonnés l’appellent albergo diffuso. Le principe est simple : une vingtaine d’hébergements, complètement restaurés, pouvant accueillir de deux à seize personnes, sont disséminés, certains près de la mer, d’autres côté maquis, d’autres encore côté vallée avec un véritable service hôtelier. Le domaine de Murtoli, c’est également une exploitation agricole, avec plus de 500 brebis, une centaine de vaches, des ruches, 5 000 oliviers, qui produit tout ce dont l’hôtel a besoin au quotidien. Un vrai retour à la nature. Le domaine de Murtoli propose quelques formules jusqu’au mois de février dont l’Escapade gourmande, très attractive, au tarif de 170 €/personne la nuit en bergerie et dîner gastronomique inclus (sur la base de deux personnes), pour tout séjour entre le lundi soir et le jeudi soir inclus. Murtoli.com Sur un cargo au bout du monde Le dernier-né de la flotte CMA-CGM, l’« Antoine de Saint-Exupery », à proximité de Yantian, en Chine. CMA-CGM Pour fuir le monde, ses contemporains et leurs turpitudes, on peut aussi voguer en cargo. Ces navires géants qui traversent mers et océans offrent souvent une ou deux cabines pour qui veut les accompagner jusqu’au bout du monde. « Offrent » reste une façon de parler car ces voyages ont un coût certain : au minimum une centaine d’euros par jour, voire le double sur certaines destinations. Mais, pour ce prix, vous êtes nourris, logés, et pouvez dans le meilleur des cas profiter d’une piscine (petite) ou d’une salle de sport. Mais surtout de longs voyages sur l’eau, idéals pour reprendre le temps de vivre. Chaque année, 1 000 personnes embarquent sur un cargo. Il suffit juste de s’organiser en amont. Pas de dernière minute, compter deux à trois mois pour réserver un voyage France-Asie ou Europe-Brésil. Voyages en Cargo, filiale de la CMA-CGM, vous permet de créer votre voyage sur mesure, de définir les escales et la durée du séjour. Le prix d’une croisière se calcule en jour. Pour une cabine double, compter environ 130 € par jour et par personne, pension complète comprise (pas d’alcool à bord). Tél. : 04 88 91 75 20.
23/12/2018
m-voyage
https://www.lemonde.fr/m-voyage/article/2018/12/23/besoin-de-fuir-la-foule-cinq-idees-pour-etre-seul-au-monde_5401506_4497613.html
Dons et prélèvement à la source : « Il est toujours intéressant d’être généreux en 2018 »
La mise en place du prélèvement à la source a rebattu les cartes du paysage fiscal, mais les contribuables ont toujours un intérêt à faire un versement, indique Stéphane Absolu, directeur du pôle expertise patrimoniale chez Cyrus Conseil.
Collecte de dons au Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement Pascal Deloche/Godong / Photononstop Question à un expert Est-il encore temps de faire un don ? Alors que le montant des dons stagne depuis plusieurs années en France, bon nombre de personnes s’interrogent en ce mois de décembre sur l’intérêt de réaliser des dons au profit d’associations avant le 31 décembre. L’interrogation est légitime puisque la mise en place du prélèvement à la source a rebattu les cartes du paysage fiscal. Bonne nouvelle : il est toujours intéressant d’être généreux en 2018. Deux situations peuvent se présenter : si vous ne payez pas d’impôt sur vos revenus de 2018, l’administration vous remboursera le montant des réductions d’impôt résultant des dons que vous avez effectués cette année ; si vous restez redevable d’un impôt sur vos revenus 2018 (par exemple, si vous avez touché des revenus exceptionnels), le montant de vos dons générera une réduction d’impôt applicable sur l’imposition exigée en septembre 2019. Lire aussi Prélèvement à la source : attention à la mauvaise surprise de la fin 2020 Attention, cependant, aux particularités de cette année 2019. En effet, l’administration fiscale versera en janvier 2019 un acompte de 60 % de vos réductions et crédits d’impôt, et donc notamment des dons que vous avez réalisés. Mais ceci sur la base des dons faits en 2017. Décalage oblige, vos dons en 2018 serviront de base au crédit d’impôt qui vous sera versé en janvier 2020. Stéphane Absolu (Directeur du pôle d’expertise patrimoniale chez Cyrus conseil)
23/12/2018
argent
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/12/23/dons-il-est-toujours-interessant-d-etre-genereux-en-2018_5401494_1657007.html
Dans « Les Frères Lehman », Stefano Massini chante la démesure du capitalisme
Le dramaturge italien s’est lancé dans l’épopée des frères Lehman sous la forme d’un roman en vers libres. Pour surprendre – lui-même au premier chef.
Les Frères Lehman (Qualcosa sui Lehman), de Stefano Massini, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, Globe, 842 p., 24 €. Des portraits des fondateurs de Lehman Brothers à Wall Street, New York, en 1985. ERICH HARTMANN / MAGNUM PHOTOS En cette saison, comme en beaucoup d’autres, où ressurgit un ressentiment populaire contre la haute finance, l’affirmation qui suit – « J’ai voulu montrer l’humanité et la poésie des banques » – pourrait passer pour provocante. Sauf que l’entreprise romanesque de l’Italien Stefano Massini n’est en rien une tentative de réhabiliter la spéculation boursière et ses folies, même si Les Frères Lehman est bien l’enfant de la crise des subprimes survenue en 2008. Mais son auteur n’a pas envisagé un seul instant d’ajouter un énième livre au credo selon lequel les banquiers sont des voleurs et les banques des lieux désincarnés : « Je n’aime pas qu’un livre conforte ce que j’ai déjà senti ou pensé », dit-il. « L’économie parle un langage spécifique qui éloigne les néophytes » L’actuel conseiller artistique du Piccolo Teatro de Milan n’entendait rien à l’économie, il y a dix ans. Pas plus en tout cas que ceux qui, à son image, sautaient la section ad hoc d’un journal, quand ils lisaient volontiers les pages consacrées au sport, à la culture ou à la politique. « Pourquoi ? Parce que l’économie parle un langage spécifique qui éloigne les néophytes, qui leur donne la sensation qu’il s’agit d’une discipline distante, ne concernant finalement que les économistes. » Alors même que les travailleurs reçoivent un salaire tous les mois, qu’ils ont peut-être contracté des emprunts et que l’économie régit la vie quotidienne de chacun. « Les docteurs usent aussi d’un jargon mais ils essayent de le simplifier pour leurs patients, ou ceux-ci leur demandent de le faire. Ils réclament des explications car cela concerne leur corps, ce qui n’est pas le cas pour l’économie. Lorsqu’elle est en crise, les conséquences sont terribles. Les gens se rendent compte qu’ils auraient dû faire ce qu’ils font chez le docteur : chercher à comprendre. » Au cours de trois ans de recherche et de documentation, Stefano Massini s’est attaché à la banque Lehman Brothers dont la faillite, le 15 septembre 2008, a produit des catastrophes en série. Pour constater que celle-ci n’appartenait déjà plus à la famille des fondateurs, les Lehman, qui l’avaient vendue en 1997. Il s’est ensuite passionné pour cette dynastie, épousant, en trois générations, l’histoire du capitalisme aux Etats-Unis. « Comment en sommes-nous arrivés là ? Quand tu ouvres ta boîte mail, les publicités qui apparaissent, le plus souvent, concernent des jeux d’argent et des investissements destinés à gagner de l’argent sans travailler, sans suer, sans aller au bureau. » C’était déjà, ajoute-t-il, le rêve caressé par Pinocchio, auquel le Renard propose de multiplier ses cinq pièces d’or. Comment ? Simplement en les enterrant, une nuit, au champ des Miracles situé au Pays-des-Nigauds.
23/12/2018
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/23/dans-les-freres-lehman-stefano-massini-chante-la-demesure-du-capitalisme_5401490_3260.html
Indonésie : un tsunami provoqué par une éruption volcanique fait au moins 281 morts
Le bilan de ce tsunami, causé par un glissement de terrain sous-marin lui-même provoqué par l’éruption du volcan Anak Krakatoa dans le détroit de la Sonde, devrait encore s’alourdir.
Une vidéo postée sur YouTube, effrayante et dramatique, montre les derniers moments d’un paisible événement soudainement endeuillé par un tsunami qui vient, samedi 22 décembre au soir, de frapper l’Indonésie : sur une scène improvisée, le chanteur du groupe de rock Seventeen s’égosille devant un public assez calme, aux applaudissements mesurés. Le concert est organisé pour les familles de la compagnie d’électricité Perusahaan Listrik Negara, réunies sous une tente installée sur une plage de l’Ouest javanais. Soudain, la mer fait irruption : la vague emporte la scène et les musiciens ; un hurlement de terreur monte de l’assistance. Puis, plus rien : la vidéo s’interrompt. Lundi 24 décembre, le bilan de ce tsunami qui a frappé les municipalités situées de part et d’autre du détroit de la Sonde, dans le sud de Sumatra et l’ouest de Java, s’élevait à 281 morts, un millier de blessés et une cinquantaine de disparus. Il devrait sans doute continuer à s’alourdir dans les jours qui viennent, au fur et à mesure de la progression des secours. Des centaines de bâtiments ont été détruits par les deux vagues qui ont déferlé sur les rivages de plusieurs pages très touristiques. Notamment celle de Tanjung Lesung, là où se produisait le concert du groupe Seventeen. Elle attire entre autres, le week-end venu, de nombreux habitants de la capitale Djakarta, située à moins de deux cents kilomètres à vol d’oiseau, plus à l’est. Eruption de l’Anak Krakatoa Le volcan Anak Krakatoa se situe au cœur du détroit de la Sonde, qui sépare les îles indonésiennes de Java (au sud) et de Sumatra (au nord) GOOGLE MAPS Aucune alerte au tsunami n’avait été déclenchée samedi car rien n’indiquait qu’une vague mortelle allait ravager les rivages à 21 h 30 (15 h 30 heure française). La catastrophe a cependant été causée par l’éruption, quelques heures plus tôt, du volcan Anak Krakatoa, qui dresse son cône dans le détroit de la Sonde. Les effets d’un séisme sous-marin provoqué par l’éruption se seraient ajoutés à ceux d’une marée particulièrement forte en ces jours de pleine lune. La combinaison de ces facteurs « a déclenché le tsunami qui a frappé la côte », a affirmé le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des catastrophes, Sutopo Purwo Nugroho. Interrogé samedi sur la BBC, la volcanologue Jess Phoenix a confirmé que « l’Anak Krakatoa étant situé partiellement sous l’eau, l’éruption a provoqué un déplacement de terrain en profondeur qui a poussé l’eau devant lui, causant le tsunami ». Comment, dès lors, expliquer l’absence d’alerte et de la moindre anticipation de la catastrophe ? Selon M. Sutopo, la réponse est simple : l’Indonésie ne dispose pas encore de système d’alerte au tsunami qui « ne sont pas causés par des tremblements de terre », mais par des éruptions volcaniques, a-t-il expliqué, cité dimanche par le site du quotidien The Jakarta Post. « Le risque de tsunami dans le détroit de la Sonde restera élevé tant que le volcan sera dans sa phase d’activité actuelle », Richard Teeuw, professeur L’Agence géophysique, climatique et météorologique indonésienne avait d’ailleurs annoncé par erreur, samedi soir, qu’il ne s’agissait pas d’un tsunami mais d’une vague causée par une forte marée en période de pleine lune, avant de corriger le tir. M. Sutopo Purwo Nugroho a cependant soutenu dimanche que les activités du volcan étaient « relativement basses », samedi, avec seulement des « débordements de magma et de projections de rochers incandescents ». Selon lui, cette éruption a été beaucoup moins forte que celles du volcan en octobre et novembre, ce qui expliquerait que le degré d’anticipation de la catastrophe a été faible. Certains spécialistes mettent désormais en garde contre une reproduction du phénomène, le volcan étant désormais déstabilisé. « Le risque de tsunami dans le détroit de la Sonde restera élevé tant que le volcan sera dans sa phase d’activité actuelle parce qu’il est susceptible de déclencher d’autres glissements de terrain sous-marins », prévient ainsi Richard Teeuw, de l’université de Portsmouth, interrogé par l’Agence France-Presse. Archipel très instable Le volcan Anak Krakatoa, dans le détroit de la Sonde, en Indonésie. Stéphane Godin / Biosphoto Près de trois mois après le tsunami qui a ravagé la ville de Palu, dans l’île de Sulawesi (nom indonésien de l’île des Célèbes), faisant plus de 2 000 morts et environ 5 000 disparus, la nouvelle tragédie qui frappe le très instable archipel indonésien aux 17 000 îles s’est produite dans un lieu emblématique des activités volcaniques et sismiques du pays. En 1883, le volcan Krakatoa était entré en éruption au même endroit, provoquant l’une des plus grandes catastrophes des temps modernes : 30 000 personnes furent noyées dans le tsunami provoqué par l’éruption, des milliers d’autres moururent étouffées par les cendres du volcan dont la force éruptive correspondit à treize mille fois la puissance de la bombe atomique larguée sur Hiroshima. L’éruption avait été entendue à des milliers de kilomètres de là, provoquant une baisse de la température mondiale d’un degré. En 1927, un autre volcan était venu remplacer celui que l’éruption avait fait disparaître : il se nomme l’Anak Krakatoa, ce qui signifie le « fils du Krakatoa ». C’est lui qui est entré en éruption vendredi après avoir donné des signes d’activité renouvelée depuis des mois. Le témoignage d’Oystein Lund Andersen, un photographe norvégien spécialiste des volcans, donne une idée de la situation, vendredi soir, sur la plage d’Anyer, située non loin de la partie la plus étroite du détroit : « J’étais en train de photographier le volcan en éruption. Cette dernière avait été assez forte toute la soirée mais rien d’alarmant ne s’était produit sur la plage. Tout était sombre. Soudain, j’ai vu une vague arriver. J’ai couru. Elle n’était pas si forte. Mais quand je suis arrivé à mon hôtel pour évacuer ma femme et mon fils qui dormaient, une deuxième vague a frappé, beaucoup plus grande celle-là. On a fui dans la forêt, sur les hauteurs. » Aucune victime étrangère recensée A Carita Beach, un lieu de villégiature très populaire sur la côte ouest de l’île de Java, Muhammad Bintang, 15 ans, a vu surgir la vague. « Nous sommes arrivés à 21 heures pour les vacances et soudain l’eau est arrivée. Tout est devenu noir. Il n’y avait plus d’électricité », a témoigné l’adolescent. Dans la province de Lampung (sur l’île de Sumatra), de l’autre côté du détroit, Lutfi Al Rasyid, 23 ans, raconte qu’il a fui la plage de Kalianda pour sauver sa vie. « Je ne pouvais pas faire démarrer ma moto, alors je suis parti et j’ai couru… J’ai prié et couru aussi vite que je pouvais. » Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des habitants paniqués tenant des lampes de poche et cherchant refuge sur les hauteurs. Le responsable local de la gestion des catastrophes naturelles dans la municipalité de Pandeglang, Endan Permana, a rapporté samedi que la police s’efforçait de secourir les victimes de la catastrophe dans l’ensemble de la province de Banten, la plus touchée du côté javanais. Il a précisé qu’il y avait « pas mal de disparus ». Selon les autorités de la province, aucune victime étrangère ne figurerait dans la liste des victimes et des disparus.
23/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/23/au-moins-20-morts-en-indonesie-apres-un-tsunami_5401482_3210.html
Ligue 1 : Monaco coule face au dernier, Paris finit l’année sans trembler
Toujours invaincu, le PSG a dominé Nantes (1-0) lors de la 19e journée, alors que Monaco a trébuché à domicile face au dernier, Guingamp (0-2).
Le Monégasque Radamel Falcao à la lutte avec Félix Eboa de Guingamp VALERY HACHE / AFP Paris sans forcer Sans Neymar, déjà parti se ressourcer au Brésil avec l’accord de son entraîneur Thomas Tuchel, le Paris-Saint-Germain a dominé Nantes au Parc des Princes lors de cette 19e journée (1-0). Le retour de Vahid Halilhodzic au Parc, où il avait occupé le banc de 2003 à 2005, n’a pas pesé lourd sur l’estomac de Kylian Mbappé (auteur du seul but à la 68e minute), désormais seul meilleur buteur du championnat (13 buts) et dont la réalisation du soir met fin à une série « noire » de deux matchs nuls en Ligue 1 pour les Parisiens. Même avec deux matchs de retard, les Parisiens virent à la mi-temps de cette saison avec une marge appréciable de 13 points sur Lille. Le club peut désormais se pencher sur d’autres questions qui rythmeront sa trêve : le pimenté dossier du fair-play financier, qui pourrait freiner certains recrutements, et le très corsé sujet Adrien Rabiot, en partance et écarté de l’équipe première. En espérant adoucir le menu avec une ou deux arrivées. Lille chute contre Toulouse « Rendre exceptionnelle cette première partie de saison », avait déclaré l’entraîneur Christophe Galtier avant la rencontre. C’est raté. Si la deuxième place à la trêve est une divine surprise pour un LOSC proche de la relégation la saison dernière, les Nordistes terminent sur une fausse note contre des Toulousains pourtant pas au mieux depuis plusieurs mois. Le TFC s’impose 2-1 au stade Pierre-Mauroy et peut encore remercier son capitaine et buteur providentiel, Max-Alain Gradel, auteur de deux penaltys en seconde période (50e et 64e). Lille avait ouvert le score par le Portugais Rafael Leao (17e). Marseille évite le pire, pas Mitroglou Si l’Olympique de Marseille n’a ramené qu’un point d’Angers, ce match nul (1-1) est un moindre mal. Dominés une bonne partie de la rencontre, les Olympiens ont arraché l’égalisation par Bouna Sarr, buteur de la poitrine (84e), répondant à l’ouverture du score de Stéphane Bahoken (36e). Rudi Garcia a sorti à la mi-temps son avant-centre, Kostas Mitroglou. Le Grec n’a touché que trois ballons en quarante-cinq minutes passées sur la pelouse, pour zéro tir de l’OM, une première depuis fin octobre 2016, mais l’adversaire s’appelait alors le PSG… Ce point permet à Marseille de terminer la phase aller avec 27 points et au 6e rang, avec deux rencontres de retard. Mais le mal paraît profond et Rudi Garcia est sous le feu des critiques des supporteurs depuis plusieurs semaines. La trêve tombe au meilleur moment pour l’OM. Monaco s’enfonce encore un peu plus Le bizutage de Thierry Henry se poursuit. Pour sa première expérience d’entraîneur, l’ancien attaquant paraît – pour l’instant – incapable de trouver les ressorts pour sortir Monaco de la crise et de la zone rouge. Dix-neuvième au classement, les Monégasques s’inclinent (0-2) à domicile face à Guingamp, bon dernier et qui signe ici sa deuxième victoire de la saison. Le premier but a été inscrit par Marcus Thuram (68e), qui n’a pas fait de cadeau au club formateur de son père. Nolan Roux a doublé la mise sept minutes plus tard. « Je ne passerai pas de bonnes fêtes. Maintenant, il faut travailler et faire avec ce qu’on a », a déclaré Thierry Henry, qui compte sur le mercato d’hiver pour renforcer son équipe et lui amener davantage d’expérience. Le nom de l’international espagnol Cesc Fabregas revient avec insistance depuis le début de la saison. S’il a eu l’occasion de voir ce match, le milieu de terrain préférera encore le banc de touche de Chelsea à une place comme titulaire dans ce qui ressemble à une galère. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Thierry Henry, à contre-emploi Lyon rate le gros coup, Rennes en pleine confiance En déplacement à Montpellier, surprenant quatrième, l’OL pensait bien réaliser la belle opération de la soirée. Nabil Fekir a donné l’avantage à son équipe sur une frappe déviée (67e), mais les Lyonnais n’ont pas réussi à éviter la logique égalisation héraultaise par le latéral droit Ruben Aguilar (81e). A mi-saison, le club du président Aulas vire à la troisième place à deux points de Lille, mais avec un match en retard. Montpellier, lui, cale en cette fin d’automne. Avec cinq points pris lors des cinq ultimes journées, il fragilise sa quatrième place, menacée par Saint-Etienne revenu à sa hauteur après son succès devant Dijon (3-0). Dans les autres matchs, Rennes confirme sa bonne forme depuis l’arrivée à sa tête du jeune entraîneur Julien Stéphan (38 ans). Devant leur public, les Bretons ont surclassé Nîmes (4-0) et font leur apparition dans la première moitié du tableau (8e). Juste devant, on trouve l’équipe surprise de ce début de saison, Strasbourg, vainqueur à la Meinau de Nice (2-0). De son côté, Caen a ramené un point de Reims (match nul 2-2) mais reste à la seizième place du classement. Cette 19e journée s’achève dimanche à 17 heures avec la rencontre Bordeaux-Amiens.
23/12/2018
football
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/23/ligue-1-monaco-coule-face-au-dernier-paris-finit-l-annee-sans-trembler_5401480_1616938.html
Au Tchad, Macron réveillonne au son d’une « Marseillaise » militaire, loin des « gilets jaunes »
« C’est maintenant l’ordre, le calme et la concorde qui doivent régner », a seulement commenté le chef de l’Etat.
Le président français Emmanuel Macron aux côtés des soldats français de l’opération Barkhane, le 22 décembre à N’Djamena au Tchad. LUDOVIC MARIN / AFP Sur les tables, des clémentines corses. Dans les assiettes, le « Croûte Elysée », spécialité du chef des cuisines du palais présidentiel, un marbré de veau et de foie gras. Samedi 22 décembre, Emmanuel Macron est venu à N’Djamena fêter Noël au milieu de neuf cents soldats des troupes françaises déployées au sein de l’opération Barkhane, chargée depuis l’été 2014 de combattre les groupes terroristes armés au Sahel. Guillaume Gomez a servi le même menu que pour le réveillon présidentiel avec les troupes de Niamey, l’an dernier. Autour des tables dressées dans la nuit, sous les douces risées de l’harmattan, on aurait pu se croire une année en arrière, au temps de l’état de grâce. Car au moment même où Emmanuel Macron arrivait à la base militaire française de Kosseï, des « gilets jaunes » tentaient à Paris un « tour de quartier » aux alentours de l’Elysée. Eric Drouet, l’une des figures historiques du mouvement, était arrêté et placé en garde à vue. Sur les chaînes d’info en continu tournaient des images de policiers frôlant le lynchage sur les Champs, et La Voix du Nord rapportait que quatre-vingts « gilets » avaient fait le siège de la maison des Macron, au Touquet, dans le Pas-de-Calais. « Le calme et la concorde doivent régner » De tout ça, il n’a pas été question une seule fois dans le discours d’Emmanuel Macron devant les soldats en « opex » (opération extérieure) au Tchad. « Alors que notre Hexagone et nos outre-mer prennent un temps de repos, je pense à vous, à vos familles », a dit le chef de l’Etat, remerciant les soldats de « protéger la nation contre le règne de l’arbitraire et de la terreur ». « Partout dans le Sahel, nos ennemis sont là et cherchent à faire progresser l’obscurantisme. C’est ce même terrorisme qui a frappé dans notre pays, à Strasbourg. Je compte sur vous et les Français comptent sur vous. » « C’est maintenant l’ordre, le calme et la concorde qui doivent régner. Il est évident que les réponses les plus sévères seront apportées », a seulement commenté vers 2 heures du matin Emmanuel Macron à BFMTV, après avoir accepté mille selfies avec les soldats, soufflé des bougies d’anniversaire avec d’autres, passant de table en table. Il était arrivé quelques heures plus tôt avec Michel Drucker, l’animateur vedette de France 2 recommandé par sa femme Brigitte, qui s’est entretenue avec lui durant une heure et demie il y a peu. Le président l’a appelé quelques jours plus tôt et a enregistré pour lui sur la base un message aux armées françaises qui sera diffusé le 25 décembre sur France 2. Dans la délégation présidentielle se trouvait la ministre des armées, Florence Parly, et Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. La seule à risquer un mot sur l’actualité. « Les menaces au Sahel font relativiser ce qui se passe ailleurs. Les vrais risques, c’est ici que les hommes les prennent », nous confie-t-elle. Vers minuit, le général François Lecointre, chef d’état-major des armées, a entonné Opium, un chant colonial des troupes françaises en Indochine. Avant le dîner, l’assemblée entière avait poussé La Marseillaise avec le président. Une Marseillaise syncopée comme une marche au pas militaire, interprétation musicale assez différente de celles fleuries depuis un mois et demi sur des ronds-points français, à 6 300 kilomètres de N’Djamena. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sahel : l’opération « Barkhane » contrainte de s’adapter
23/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/23/au-tchad-emmanuel-macron-reveillonne-au-son-d-une-marseillaise-militaire-loin-des-gilets-jaunes_5401477_3212.html
Mort de Paddy Ashdown, ancien haut représentant en Bosnie
Cet ancien militaire de carrière britannique, ex-leader du Parti libéral-démocrate, avait occupé le poste de 2002 à 2006. Il est décédé à l’âge de 77 ans.
Paddy Ashdown lors d’une réunion du parti libéral-démocrate à Brighton, au Royaume-Uni, le 9 mars 2013. Luke MacGregor / Reuters Le Britannique Paddy Ashdown, ex-militaire de carrière qui a dirigé le parti libéral-démocrate avant d’occuper le poste de haut représentant en Bosnie de 2002 à 2006, est décédé à 77 ans, a annoncé son parti samedi 22 décembre. Il a apporté une « énorme contribution pour faire avancer la cause du libéralisme » et il nous « manquera beaucoup », a estimé dans un communiqué le Parti libéral-démocrate, qu’il avait dirigé de 1988 à 1999. Paddy Ashdown avait annoncé en novembre qu’il était atteint d’un cancer. L’ancien premier ministre conservateur John Major (1990-1997) a salué « un homme de devoir, de passion et de dévotion pour le pays qu’il aimait ». « Au gouvernement, Paddy Ashdown était mon adversaire. Dans la vie, il était un ami très apprécié. » Entre mai 2002 et janvier 2006, Paddy Ashdown avait « dirigé » la Bosnie-Herzégovine d’une main de fer, n’hésitant pas à faire usage des pouvoirs discrétionnaires conférés par l’accord de Dayton, qui, en novembre 1995, avait mis un terme à trois ans de guerre interethnique. Intègre et autoritaire Son autoritarisme lui a valu d’être accusé d’avoir créé un « protectorat déguisé ». Mais il a arraché des réformes-clés : la mise sous un commandement central des armées des deux entités, la Republika Srpska (Serbes) et la Fédération croato-musulmane, un accord sur l’unification des forces de police et l’instauration d’un système douanier commun. Le 30 juin 2004, Paddy Ashdown a pris la plus spectaculaire décision de son mandat, en limogeant soixante responsables serbes de Bosnie accusés de soutenir des inculpés en fuite du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Réputé en Grande-Bretagne pour sa probité, peu enclin aux compromissions, il a congédié sur le champ les dirigeants de Bosnie inculpés pour corruption. Né à New Delhi, Jeremy Ashdown passe toute sa jeunesse en Irlande du Nord, ce qui lui vaudra d’être appelé « Paddy », le surnom donné aux Irlandais par les Britanniques. A 18 ans, il s’engage dans les Royal Marines où il sert pendant douze ans de Belfast à Aden, de Bornéo à Hong Kong, apprenant le mandarin. De la diplomatie à la politique Lorsqu’il quitte l’armée en 1971, ce fils de colonel, aux traits rugueux et au franc-parler, rejoint le ministère des affaires étrangères qui l’envoie en poste à Genève, à la représentation britannique auprès des Nations unies. Cinq ans plus tard, il rentre au pays pour se lancer en politique. Elu député en 1983, il prend la tête cinq ans plus tard du parti libéral-démocrate, né des cendres des sociaux-démocrates et des libéraux, deux petits mouvements qui « ne s’entendaient sur rien, pas même sur le nom à prendre ». Ne redoutant pas d’afficher ses penchants proeuropéens – alors une hérésie au Royaume-Uni – il connaît une ascension politique fulgurante, faisant de ce groupuscule la troisième force politique du pays, avant d’en quitter la direction en 1999. Après son départ de Bosnie, Lord Ashdown, marié et père de deux enfants, s’était retiré dans le sud-ouest de l’Angleterre, se consacrant à son « rôle de grand-père et au jardinage ».
23/12/2018
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/23/mort-de-paddy-ashdown-ancien-haut-representant-en-bosnie_5401474_3382.html
Policiers à moto pris à partie aux Champs-Elysées : une enquête pour « violences volontaires » ouverte
« C’est maintenant l’ordre qui doit régner », a déclaré cette nuit Emmanuel Macron, en déplacement au Tchad, après un acte VI des « gilets jaunes » marqué par plusieurs incidents.
Au lendemain de heurts à Paris entre manifestants « gilets jaunes » et policiers à moto dont les vidéos ont fait le tour des médias et indigné le gouvernement, le parquet de Paris a annoncé, dimanche 23 décembre, l’ouverture d’une enquête pour « violences volontaires » commises contre des policiers. L’enquête porte sur des « violences volontaires avec arme en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique et dégradations de biens publics », a précisé le parquet. La scène s’est déroulée au croisement de l’avenue George-V et des Champs-Elysées, en fin de journée, alors que les forces de l’ordre évacuaient progressivement les Champs, au sixième samedi d’affilée de manifestations de « gilets jaunes ». Sur des vidéos, on voit des policiers à côté de leurs motos, en difficulté face à l’avancée de manifestants, faire notamment usage de grenades lacrymogènes et de désencerclement, sans parvenir à les arrêter. Trois de ces motards, casqués, sont alors pris à partie par des manifestants qui font tomber une de leurs motos et leur jettent des pavés et des trottinettes. Les policiers les repoussent dans un premier temps, à coups de pieds et de gaz lacrymogène notamment. L’un d’eux dégaine alors son pistolet en le pointant sur un manifestant, avant de le remettre rapidement dans son étui. Alors que les policiers tentent de remonter sur leurs motos, ils sont attaqués par une vingtaine de manifestants, qui ne portent pas tous des « gilets jaunes ». Débordés, les motards, membres de la compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI), selon l’Agence France-Presse (AFP), réussissent à repartir sur deux motos, laissant la troisième couchée sur la chaussée. Les manifestants s’en prennent alors à la moto à coups de pieds, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre. Des policiers la récupéreront peu après en la redémarrant. Il n’y avait pas eu d’interpellation à l’issue de ces faits, a précisé la préfecture de Paris. « Sanctions pénales » Le premier ministre a réclamé des « sanctions pénales » dimanche matin sur Twitter, dénonçant « un simulacre de décapitation du chef de l’Etat… Des agressions d’une violence inouïe contre des policiers… Des gestes antisémites en plein Paris… ». Un simulacre de décapitation du chef de l’Etat… Des agressions d’une violence inouïe contre des policiers… Des gest… https://t.co/hvBHOSnr7d — EPhilippePM (@Edouard Philippe) « C’est maintenant l’ordre qui doit régner, le calme et la concorde », a déclaré cette nuit à BFM-TV Emmanuel Macron, en déplacement au Tchad. Le chef de l’Etat a également appelé à l’« unité » et à « apaiser les divisions ». « “On” lynche des policiers », a dénoncé sur Twitter le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Derrière les violences qui ont marqué l’« acte VI » des « gilets jaunes » samedi, il y a « un seul visage, lâche, raciste, antisémite, putschiste », a-t-il fustigé. Donc, «on» lynche des policiers, «on» chante la quenelle de Dieudonné à Montmartre, «on» reprend les codes des anné… https://t.co/QpAhO7gMwc — BGriveaux (@Benjamin Griveaux) Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a lui aussi repris la vidéo de ces incidents, saluant dans un Tweet « une attitude exemplaire [de la police] face à des attaques inqualifiables ». Un chant antisémite D’autres dérapages ont émaillé la journée de mobilisation de samedi. Sur la butte Montmartre, dans la matinée, une vingtaine de « gilets jaunes » ont entonné devant le Sacré-Cœur La Quenelle, de Dieudonné, sur l’air du Chant des partisans. Main sur l’épaule et bras tendu, ce « salut » a été popularisé par Dieudonné M’Bala M’Bala, condamné plusieurs fois pour des propos racistes et antisémites. ▶️ A Montmartre, plusieurs gilets jaunes entonnent "La quenelle", chanson de l'humoriste antisémite Dieudonné https://t.co/B0IySJFgzX — YahooActuFR (@Yahoo Actualités) Le polémiste s’affiche depuis le début du mouvement avec un gilet jaune sur lequel est écrit : « Macron, la sens-tu la quenelle ? » Ce geste à connotation antisémite, entre le salut nazi inversé et le bras d’honneur, vise à dénoncer « le système », terme flou qui regroupe aussi bien les élites politiques, économiques ou médiatiques, selon ceux qui le revendiquent. Une effigie de Macron décapitée Un pantin à l’effigie du président de la République, Emmanuel Macron, a été décapité vendredi soir lors d’une manifestation de « gilets jaunes » à Angoulême. Cette « mise en scène macabre » a été signalée au parquet, a annoncé samedi la préfecture de Charente. Effigie d'Emmanuel Macron décapitée à Angoulême: le Parquet ouvre une enquête https://t.co/v3Wz1cXNXd https://t.co/iIbgIIFWj6 — charentelibre (@Charente Libre) Ces faits « portent gravement atteinte tant à la personne qu’à la fonction du président de la République » et sont « susceptibles d’être qualifiés pénalement », précise la préfecture dans un communiqué. C’est la préfète de la Charente, Mme Marie Lajus, qui les a signalés au parquet du tribunal de grande instance d’Angoulême. « Cette manifestation avait fait l’objet d’une déclaration en préfecture mais le détail de son déroulement n’avait pas été précisé », précise la préfecture. Des journalistes agressés Une rédactrice et une journaliste reporter d’images (JRI) de France 2 se sont fait encercler et frapper par une foule de manifestants près du péage de l’autoroute A9 du Boulou, non loin de la frontière franco-espagnole. « Vendues », « vous ne faites que trafiquer la réalité », criaient avec rage des « gilets jaunes », d’après l’une d’elle. Un « gilet jaune » s’est interposé, qui a permis aux deux journalistes de s’enfuir « sous une pluie d’insultes ». Elles ont porté plainte. Dans la matinée, une équipe de BFM-TV et une journaliste du Progrès ont également été prises à partie à Saint-Chamond (Loire) par des « gilets jaunes » tandis qu’ils couvraient leur action de blocage de l’autoroute A47. Cible d’une vingtaine de manifestants, l’équipe de télévision a réussi à les empêcher de leur soustraire leur caméra, mais celle-ci a été endommagée durant l’altercation. Une heure plus tard, sur le même site, une journaliste du quotidien régional La Tribune-Le Progrès a, à son tour, été agressée par deux « gilets jaunes » qui se sont emparés de son smartphone, avec lequel elle prenait des photos. D’autres manifestants « sont intervenus pour récupérer l’appareil et lui restituer », a précisé à l’Agence France-Presse le directeur départemental du quotidien, Patrick Maugé. Des dégradations sur des échangeurs Des dégradations et des incendies ont à nouveau eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche sur des péages et des échangeurs d’autoroutes du Sud déjà visés à répétition en marge du mouvement des « gilets jaunes », rapporte l’AFP dimanche. L’exploitant Vinci Autoroutes a fait état « d’une nuit marquée par plusieurs actes de vandalisme », avec notamment l’incendie de l’échangeur de Lézignan (A61). « La sortie reste fermée dans les deux sens », ont indiqué les pompiers à l’AFP dans l’après-midi. Sur l’autoroute A9, les échangeurs de Narbonne Sud et Agde restent eux aussi fermés en entrée comme en sortie, selon la même source. Des dégradations ont également été commises aux péages de Narbonne-Est et de Sigean (A9), mais les échangeurs ont pu rouvrir rapidement après l’intervention des forces de l’ordre et des pompiers, a souligné Vinci dans un communiqué. Les échangeurs de Chanas, Bollène et Orange-Sud sur l’A7 sont également fermés, ajoute Vinci. Il y a une semaine, le groupe de BTP et de concessions Vinci avait estimé à « plusieurs dizaines de millions d’euros » le montant des dégâts commis sur l’ensemble de son réseau lors et en marge des manifestations des « gilets jaunes » depuis un mois. Pour la journée de samedi, le ministère de l’intérieur a comptabilisé 38 600 manifestants à travers le pays à 18 heures, contre 66 000 le 15 décembre. Sur l’ensemble du territoire, 220 personnes ont été interpellées, dont 81 placées en garde à vue, selon la police. Les interpellations ont concerné 142 personnes dans la capitale, dont 19 en garde à vue, la plupart pour des « attroupements en vue de commettre des violences ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Depuis la crise des « gilets jaunes », la vie à huis clos d’Emmanuel Macron
23/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/23/gilets-jaunes-des-policiers-lynches-sur-les-champs-elysees-selon-griveaux_5401471_3224.html
Les Etats-Unis condamnent la Corée du Nord à payer 501 millions de dollars pour la mort d’un étudiant
La justice américaine a estimé qu’Otto Warmbier avait été victime de torture après son arrestation par le régime de Pyongyang.
Otto Warmbier jugé à Pyongyang, le 16 mars 2016. KYODO / REUTERS Un tribunal de Washington a condamné, lundi 24 décembre, la Corée du Nord à payer 501 millions de dollars pour sa responsabilité dans la mort d’un citoyen américain, Otto Warmbier, jugeant que l’étudiant avait été victime de torture. « Une famille américaine, les Warmbier, a subi directement la brutalité de la Corée du Nord quand [le régime de Pyongyang] a arrêté leur fils pour l’utiliser comme un pion dans les manigances de cet Etat totalitaire et sa confrontation avec les Etats-Unis », a estimé la juge Beryl Howell, saisie par la famille du jeune homme détenu pendant 18 mois et décédé en juin 2017 après son rapatriement. Lors d’un séjour touristique en Corée du Nord pour le Nouvel An 2016, Otto Warmbier, 22 ans, avait tenté de dérober une banderole de propagande dans un des hôtels où sont parqués les visiteurs étrangers à Pyongyang. Cet « acte hostile », selon le régime, lui avait valu d’être condamné à quinze ans de travaux forcés. Le jeune homme avait finalement été transféré le 13 juin 2017 par la République populaire démocratique de Corée aux Etats-Unis dans le coma. Il est mort sur le sol américain une semaine plus tard, le 19. La cause exacte de sa mort demeure inconnue. La Corée du Nord avait soutenu que M. Warmbier était atteint de botulisme et qu’il ne s’était jamais réveillé après avoir pris un somnifère. Une version qui avait été contredite par des médecins américains. Le père de l’étudiant, Fred Warmbier, accusait Pyongyang d’avoir « terrorisé et brutalisé son fils ». Lésions cérébrales La juge Howell a octroyé au total 501 134 683,80 dollars aux parents d’Otto Warmbier, en grande partie au titre de dommages-intérêts. « La Corée du Nord est responsable de la torture, de la prise d’otage et du meurtre extrajudiciaire d’Otto Warmbier, ainsi que des blessures infligées à son père et à sa mère, Fred et Cindy Warmbier », a-t-elle expliqué dans sa décision. La juge a notamment cité le neurologue Daniel Kanter, selon lequel le jeune homme a probablement souffert de lésions cérébrales causées par une interruption de l’irrigation sanguine au cerveau qui a duré de cinq à vingt minutes. Sur la base de cas connus d’interrogatoires menés par les services nord-coréens, le jeune homme pourrait avoir subi des simulations de noyade (« waterboarding »), des chocs électriques, des étouffements et des arrachements de dents à la pince, a souligné la juge. Selon la magistrate, la Corée du Nord n’a pas réagi à la plainte déposée au titre d’une loi permettant à des ressortissants américains d’entamer des poursuites pour des crimes n’étant pas considérés comme couverts par l’immunité diplomatique. Il est très improbable que la Corée du Nord paie cette somme, et les avoirs du régime susceptibles d’être saisis aux Etats-Unis sont très faibles. Relations difficiles entre Washington et Pyongyang La mort d’Otto Warmbier avait aggravé des relations déjà difficiles entre Washington et Pyongyang sur la question de l’arsenal nucléaire nord-coréen. M. Trump avait notamment vu dans cette affaire une illustration de la « brutalité » du régime qui ne respecte pas « l’état de droit ou la décence humaine essentielle ». Un réchauffement soudain avait toutefois débouché sur une rencontre historique entre le dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, et le président américain, Donald Trump, en juin à Singapour. Le jugement pourrait perturber les négociations entre Washington et Pyongyang sur un accord de dénucléarisation de la péninsule coréenne, qui semblent toutefois actuellement bloquées même si M. Trump envisage de revoir en tête-à-tête le dirigeant du régime reclus début 2019. Dans son jugement, Mme Howell a précisé que le département d’Etat américain avait toujours conseillé à la famille Warmbier de rester en retrait lorsqu’Otto était en détention, estimant que la Corée du Nord pourrait présenter des exigences en échange de la libération du jeune homme.
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/la-coree-du-nord-condamnee-a-payer-501-millions-de-dollars-pour-la-mort-d-un-etudiant-americain_5401936_3210.html
La chronique d’Alexandre Jollien. La Boétie, épris de liberté
Le philosophe a écouté le « Discours de la servitude volontaire », de l’humaniste Etienne de La Boétie, lu par Nicolas Planchais.
Discours de la servitude volontaire, d’Etienne de La Boétie, lu par Nicolas Planchais, Compagnie du savoir, environ 6 €. Statue d’Étienne de La Boétie, à Sarlat (Dordogne). ISABELLE BOITET / PHOTONONSTOP Entre la tyrannie d’un moi obèse et la dictature de ce « on » traqué par Heidegger, comment cesser de fonctionner sur le mode du pilotage automatique et exister loin des conditionnements, des préjugés et de tout asservissement ? A quoi, à qui obéissons-nous servilement matin, midi et soir ? Erasme nous l’enseigne : l’homme ne naît pas libre, il le devient. Et c’est notre vocation, notre métier d’homme et de femme, que de détricoter allègrement les ficelles qui nous transforment en de chaotiques pantins. Mais voulons-nous vraiment nous départir de nos chaînes ? Y aurait-il quelque bénéfice, un confort à se laisser aller à l’allégeance, voire à la compromission ? « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres » Dans le Discours de la servitude volontaire, Etienne de La Boétie (1530-1563) n’y va pas par quatre chemins. Il pose une question apte à déboulonner toute tyrannie en soi, contre soi et sur les autres : comment se fait-il que nous obéissions au doigt et à l’œil aux potentats si nous sommes, par nature, libres et égaux ? Et l’auteur d’affirmer haut et clair : « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. » Alors pourquoi nourrissons-nous tous ces forces qui nous oppressent du dehors comme du dedans ? Le Discours de la servitude volontaire dénonce l’habitude, la coutume, cette sorte de résignation qui nous porte à accepter l’oppression, l’aliénation. Il pourfend la ruse de ceux qui gouvernent contre le peuple. Pour faire carrière, souligne notre humaniste, un despote doit passer maître dans l’art de « chatouiller », de tromper, d’abêtir ses sujets. Et La Boétie de citer l’exemple du roi ­Cyrus qui, pour asservir quelques rétifs Lydiens, n’hésita pas à ouvrir bordels, tavernes et jeux publics, histoire d’encanailler les récalcitrants et par là mater toute rébellion. Mais, seul, même le plus fin des dictateurs ne peut pas grand-chose. Il doit pouvoir compter sur des sous-tyrans, des complices corvéables à merci, des serviteurs tenus par la peur, achetés au prix de privilèges. Arrêter d’abdiquer Qui sont aujourd’hui nos tyrans ? Qui nous chatouille et nous achète ? En nous livrant, dans sa version audio, ce lumineux éloge de la liberté, la Compagnie du savoir nous donne une précieuse opportunité d’entendre un guide pour débusquer où qu’il se cache, y compris en soi, tout penchant à la tyrannie, à la volonté de puissance. Prêter une oreille attentive au Discours de la servitude volontaire, c’est arrêter d’abdiquer, d’obéir servilement aux forces violentes, cesser de ressembler à des marionnettes.
24/12/2018
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/24/la-chronique-d-alexandre-jollien-la-boetie-epris-de-liberte_5401933_3260.html
Barcelone en alerte après un avertissement américain sur un risque d’attentat
La police espagnole a renforcé les mesures de sécurité dans les zones de grande affluence pour les fêtes de fin d’année.
Des passants devant un magasin du centre de Barcelone, le 10 mars 2016. Albert Gea / REUTERS La ville de Barcelone, déjà victime d’un attentat en 2017, était en état d’alerte, lundi 24 décembre, après un avertissement des autorités américaines au sujet d’un risque d’attaque terroriste pour les fêtes de fin d’année. « Espagne : faites preuve d’une prudence accrue dans les zones où il y a des mouvements de véhicules y compris des bus, dans la zone des Ramblas de Barcelone à Noël et au premier de l’An », a écrit le bureau des affaires consulaires du Département d’Etat américain dimanche sur son compte Twitter. « Des terroristes pourraient commettre une attaque (…) et cibler des zones touristiques, de transports ou autres zones publiques », a-t-il ajouté. A quelques heures du réveillon, les Barcelonais faisaient leurs dernières courses de Noël dans une relative tranquilité, mais la présence policière s’est intensifiée dans l’après-midi près des Ramblas, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Plusieurs véhicules de police étaient postés au début de la célèbre promenade, qui fut le théâtre en 2017 d’une attaque terroriste, et une trentaine d’agents étaient répartis entre cette zone et la place de Catalogne adjacente. Niveau 4 sur 5 d’alerte terroriste La police régionale des « Mossos d’Esquadra et le reste des forces de police travaillent sur cette menace », a assuré, lundi, sur la radio locale Rac1 le responsable régional de l’intérieur en Catalogne, Miquel Buch, en précisant qu’il s’agissait « d’une menace de plus » parmi d’autres. Selon la presse locale, la police recherche un Marocain, titulaire d’un permis pour conduire des cars. Selon le quotidien El Periodico de Catalunya, cet homme aurait planifié de foncer dans la foule avec un autobus dans la deuxième ville la plus peuplée d’Espagne. Les médias notaient toutefois que les autorités ne savaient pas si cette personne se trouvait sur le territoire espagnol. Contactée par l’AFP, la police régionale n’a pas confirmé ces informations, mais a reconnu « un renforcement ponctuel des mesures de sécurité dans les zones de grande affluence ». Un porte-parole du ministère espagnol de l’intérieur a, de son côté, souligné que le pays restait au niveau 4 sur 5 d’alerte terroriste fixé en 2015, mais que les mesures de sécurité avaient été renforcées le 11 décembre en raison des fêtes de fin d’année. Les Ramblas de Barcelone avaient été la cible d’une attaque terroriste le 17 août 2017 lorsqu’un Marocain de 22 ans s’était lancé sur cette célèbre allée au volant d’une camionnette, provoquant la mort de 14 personnes. Il s’était ensuite enfui dans une voiture après en avoir tué le conducteur. Quelques heures plus tard, cinq de ses complices l’avaient imité, fauchant des passants dans la station balnéaire de Cambrils avant de les attaquer au couteau et de poignarder à mort une femme. Cette double attaque avait été revendiquée par l’organisation djihadiste Etat islamique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un an après les attentats, Barcelone, divisée, se souvient
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/barcelone-en-alerte-apres-un-avertissement-americain-sur-un-risque-d-attentat_5401930_3210.html
Sicile : l’Etna entre en éruption
En raison du manque de visibilité, une grande partie de l’espace aérien autour du volcan a été fermé dans l’est de l’île italienne.
Une colonne de fumée s’échappe de l’Etna, lundi 24 décembre. Orietta Scardino / AP L’Etna est entré en éruption, lundi 24 décembre, en crachant une importante colonne de cendres, obligeant à fermer l’espace aérien aux alentours, tandis que la zone du volcan sicilien était secouée d’une multitude de petits séismes. « L’éruption s’est produite sur le flanc de l’Etna, c’est la première éruption latérale depuis plus de dix ans, mais elle n’a pas l’air dangereuse », a expliqué à l’Agence France-Presse le vulcanologue Boris Behncke, de l’Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV). En raison du manque de visibilité, une grande partie de l’espace aérien autour du volcan a été fermé. A l’aéroport de Catane, dans l’est de l’île italienne, seules quatre arrivées par heure étaient autorisées lundi dans l’après-midi. Secousses sismiques Selon l’INGV, plus de 130 secousses sismiques ont été enregistrées dans la zone lundi matin, dont la plus forte a atteint une magnitude de 4 peu après 13 heures. Ces secousses se sont accompagnées d’une augmentation de l’activité du volcan, qui a culminé avec la projection d’une énorme colonne de cendres vers midi. Dans l’après-midi, les secousses sismiques et la projection de cendres – probablement accompagnée de lave, même si le manque de visibilité empêchait de le confirmer dans l’immédiat – ont cependant diminué, a précisé l’expert. L’Etna, qui culmine à 3 300 mètres, est le plus important volcan en activité en Europe, avec des éruptions fréquentes, connues depuis au moins 2 700 ans. Sa dernière phase éruptive remonte au printemps 2017 et la dernière grosse éruption à l’hiver 2008-2009. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Etna s’effondre peu à peu sous son poids
24/12/2018
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/24/sicile-l-etna-entre-en-eruption_5401927_3244.html
« Mettre un frein à l’émancipation des Nigériennes, c’est nuire à toute la société »
Amour et sexualité : avoir 20 ans en Afrique de l’Ouest (2). Issaka Mounkaïla a choisi le ton de la chronique pour tenter de faire changer les mentalités de ses compatriotes.
A Dosso, dans le sud du Niger, Aissita Hamidou, enseignante de 23 ans, suit des cours d’nformatique pouvoir changer de profession. Vincent Tremeau / FFMuskoka Chronique. Ça fait sept mois que Malik* traîne son grand corps de la cuisine au salon. L’entreprise qui employait ce Nigérien de 35 ans a fait face à une crise et s’est vue contrainte de licencier la majeure partie de son personnel. Lui compris. Auparavant mari actif, père d’un garçon, il occupe aujourd’hui ses journées devant la télé. Quand il trouve la force, il sort dans les rues de Niamey, la capitale, discuter de tout et de rien autour d’un thé avec ses collègues d’avant, eux aussi sans emploi. Présentation de notre série Amour et sexualité : avoir 20 ans en Afrique de l’Ouest Sa femme Aïcha*, elle, travaille. Employée dans une banque de la place, elle a été promue conseillère financière quelques jours après le licenciement de Malik. Aïcha gagne plutôt bien sa vie et pourvoit aux besoins de sa famille, d’autant plus durant cette période de crise. Si bien que le poids d’un salaire en moins dans le foyer se fait à peine ressentir. Une promotion qui arrive à point nommé ? Pas vraiment, car Aïcha était loin de se douter de la crise existentielle que son ascension professionnelle provoquait chez son époux. « Ça m’a fait l’effet d’un poignard dans le cœur. J’ai même été tenté de lui demander de la refuser, mais je me suis ravisé », confesse Malik. « Si ta femme travaille, elle ne te respectera plus ! » Cette réaction est symptomatique du malaise qui sous-tend la société nigérienne dès qu’une femme occupe une place par tradition dévolue aux hommes. Si Aïcha a pu y échapper, il est certain que des femmes ont dû renoncer à faire décoller leur carrière afin de garantir la stabilité et la quiétude de leur couple. Au Niger, une femme qui gagne plus que son époux est une source de conflits potentiels. Pour mesurer l’ampleur du phénomène, il suffit de poser cette question à quelques jeunes hommes de la capitale. « C’est compliqué… L’homme est le pilier de la famille, c’est à lui à supporter les charges du foyer, confesse Ismaël, 24 ans, célibataire et étudiant en transport et logistique à Niamey. Si j’en ai les moyens, je préfère que ma femme ne travaille pas et reste à la maison. » Moctar, 27 ans, marié et gérant d’une boutique de vêtements, est plus catégorique : « C’est hors de question ! Si ta femme travaille, elle ne te respectera plus, ni tes enfants, ni le reste des gens qui t’entourent. Tu n’auras plus ton mot à dire. Ce genre de situation conduit toujours au divorce », lâche-t-il d’un ton définitif. Salim, la trentaine, père de deux enfants, réagit avec humour : « Si ma femme un jour gagne plus d’argent que moi, au moins je n’aurais plus à payer des uniformes de mariage ! » Episode 1 Quand les filles d’Abidjan prennent le pouvoir sur la drague grâce aux réseaux sociaux A Niamey, un sobriquet a même été inventé pour désigner les hommes que l’on dit « entretenus » par leur épouse : « mijin hadjia », terme haoussa que l’on pourrait traduire par « l’époux de Hadjia ». Cette expression nigérienne féminise le substantif « al-hadj », qui désigne par extension une personne riche, indiquant par là que c’est la femme qui détient le capital financier du couple, qui « porte le pantalon ». De là à redouter d’être dépouillé de ses attributs masculins par la même occasion, il n’y a qu’un pas. Pouvoir et puissance Pourquoi une telle peur ? D’aucuns s’abritent derrière des arguments religieux pour justifier leur refus du changement. L’islam reconnaît à la femme musulmane le droit de travailler. Dans la société nigérienne, fondamentalement islamique, c’est une possibilité reconnue, mais pas toujours recommandée. Car on a tôt fait d’oublier que Khadidja bint Khuwaylid, première épouse du prophète Mahomet, était une riche commerçante qui gagnait bien plus d’argent que son mari ! Si leur exemple nous enseigne qu’il est donc possible de partager pouvoir et puissance, des siècles durant, les garçons et les filles ont été façonnés pour incarner des rôles précis. L’homme est le pourvoyeur-dominateur et la femme la soumise qui reçoit. C’est donc moins une question de religion que d’ego. D’ego et de pouvoir. Lire aussi Pourquoi il faut libérer la capacité des Africaines à faire des affaires Mais, aujourd’hui, au Niger, les choses bougent côté femmes. Elles travaillent, entreprennent et créent de la richesse. Le 19 octobre s’est tenue à Niamey la deuxième édition du Forum national pour l’autonomisation des femmes (Fonaf), suivie de la deuxième édition, quelques semaines plus tard, du Salon national de l’entreprenariat féminin (Sanef). Ces deux événements ont suscité un réel engouement. La première avait déjà poussé de nombreuses femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat, engageant une vague libératrice inimaginable auparavant. Le nombre de femmes qui gagneront plus que leur conjoint est donc mécaniquement amené à croître. Et puisque les femmes constituent la moitié de la population nigérienne, mettre un frein à leur émancipation revient aussi à nuire à la société tout entière. Les mentalités doivent donc évoluer. Pour le bien de tous. *Les prénoms ont été changés. Issaka Mounkaïla est un Nigérien de 25 ans passionné de culture. Il critique livres et films dans ses nombreux articles de blog. Architecte dans un bureau de Niamey, lecteur de grands auteurs africains, il se décrit comme un « passionné introverti ». Il n’hésite pas pour autant à plonger les mains dans les rouages de la société nigérienne pour en sortir des analyses fines sur les mœurs et les traditions de son pays. Cette série a été réalisée dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds français Muskoka. Issaka Mounkaïla (Niamey)
24/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/24/mettre-un-frein-a-l-emancipation-des-nigeriennes-c-est-nuire-a-toute-la-societe_5401924_3212.html
La chronique de Roger-Pol Droit. Gérard Jorland, la vie dans les livres
Roger-Pol Droit rend hommage au philosophe, mort silencieusement au mois d’août.
Le philosophe Gérard Jorland, en 2010. C. HÉLIE / GALLIMARD La dernière fois que je l’ai rencontré, il y a deux ou trois ans, c’était par hasard, à Paris, boulevard du Montparnasse. Pas loin de chez lui, il scrutait la vitrine d’une librairie avec gourmandise. Gérard Jorland avait en effet, chevillés au corps, un appétit des textes et des idées, une faim de la vie, un goût des autres jamais rassasiés. J’avais retrouvé avec joie son air de faux bourru bienveillant, cousin de Bachelard aux yeux doux. Il m’avait dit les progrès de sa maladie – il ne faisait pas mystère du cancer qu’il combattait – et ceux d’un livre qu’il espérait achever – une vaste enquête sur la vision, au carrefour de l’histoire des sciences et de l’esthétique. Il cherchait à élucider les relations entre optique et création artistique, des vitraux médiévaux jusqu’aux tableaux de Léonard de Vinci et au-delà. Ce qui l’intéressait, de livre en livre, plutôt qu’expertise unique et spécialisation exclusive, c’était les découvertes, recoupements, carrefours entre savoirs et pouvoirs, entre connaissances et actions. Ses titres et travaux, impressionnants, ne l’enfermaient ni dans un domaine ni dans une posture. Agrégé de philosophie, diplômé d’économie, directeur de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EHESS, trésorier de la Société française de philosophie – entre autres… –, il partait néanmoins à l’aventure dès qu’une perspective nouvelle le sollicitait. D’où le caractère disparate, en apparence, de ses principales publications. La série s’ouvre sur une étude magistrale des travaux d’Alexandre Koyré (La Science dans la philosophie, Gallimard, 1981) et se prolonge, trente ans plus tard, par une enquête digne de Michel Foucault, Une société à soigner. ­Hygiène et salubrité publiques en France au XIXe siècle (Gallimard, 2010). Entre-temps, le singulier parcours de ce chercheur passe notamment par l’analyse des innovations (Des technologies pour demain, qu’il dirige, Points, 1992) et par la réflexion sur les concepts économiques (Les Paradoxes du capital, Odile Jacob, 1995). Bienveillance et amitié « La question philosophique qui m’a toujours guidé, c’est la capacité prédictive de la science », disait-il en 2010, dans un entretien au Monde, précisant comment l’économie constituait une discipline mathématisée mais non prédictive, alors que les hygiénistes du XIXe siècle fournissaient l’exemple d’un savoir empirique incapable d’une réflexion mathématique. Ses livres se nourrissaient d’innombrables rencontres, comme en témoignent les titres codirigés avec Alain Berthoz sur l’empathie (Odile Jacob, 2004), avec Boris Cyrulnik sur la résilience (Odile Jacob, 2012). Il convient d’y ajouter tous ceux dont il fut l’éditeur, d’abord chez Hachette puis, durant de longues années, chez Odile Jacob. Les très nombreux ouvrages qu’il a relus et améliorés gardent son empreinte, même si son nom n’y figure pas.
24/12/2018
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/24/la-chronique-de-roger-pol-droit-gerard-jorland-la-vie-dans-les-livres_5401923_3260.html
Les images des dégâts après le tsunami en Indonésie
A la suite de l’éruption du volcan Anak Krakatoa, un tsunami a frappé l’Indonésie, le 22 décembre au soir.
soir. Les vagues ont rasé des centaines d’habitations sur les îles de Sumatra et de Java. Un bilan provisoire fait état de 373 morts et plus d’un millier de blessés. Les secouristes sont à la recherche de survivants parmi les décombres, malgré les craintes d’une nouvelle déferlante. Le volcan Anak Krakatoa, à l’origine du tsunami, se trouve au milieu du détroit de la Sonde. Selon des scientifiques, son éruption a causé un fatal glissement de terrain sous-marin. Contrairement aux tsunamis provoqués par les tremblements de terre, ceux qui sont provoqués par des volcans ne déclenchent pas les systèmes d’alertes utilisés en Indonésie. L’Indonésie est située sur une zone baptisée « ceinture de feu ». De nombreuses plaques tectoniques s’y rejoignent, tout autour du Pacifique. Conséquences : beaucoup d’éruptions volcaniques et de tremblements de terre. En septembre 2018, un autre tsunami avait déjà fait plus de 2 000 morts à Palu et sa région.
24/12/2018
planete
https://www.lemonde.fr/planete/video/2018/12/24/les-images-des-degats-apres-le-tsunami-meurtrier-en-indonesie_5401918_3244.html
Attaque d’un complexe gouvernemental à Kaboul : le bilan monte à 43 morts
Des assaillants sont entrés lundi dans des bâtiments qui abritent plusieurs ministères afghans, après l’explosion d’une voiture piégée. L’assaut a duré plus de sept heures.
Des flammes sortent d’un complexe gouvernemental après l’attaque commise par plusieurs assaillants, lundi 24 décembre. Rahmat Gul / AP L’attaque d’un complexe gouvernemental, lundi 24 décembre à Kaboul, pris d’assaut durant près de sept heures par des hommes armés, a fait au moins 43 morts et dix blessés, selon un nouveau bilan présenté mardi par le ministère afghan de la santé. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière à Kaboul depuis qu’un kamikaze s’est fait exploser le mois dernier lors d’un rassemblement de religieux de haut rang, faisant au moins 55 morts. Le complexe attaqué lundi abrite des bâtiments des ministères des travaux publics et du travail et des affaires sociales. L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. La plupart des victimes sont des civils, a précisé le porte-parole du ministère afghan de l’intérieur, Najib Danish. Les forces afghanes ont tué trois des quatre assaillants et libéré plus de 350 personnes qui s’étaient retrouvées piégées dans le complexe, a indiqué M. Danish. Un quatrième assaillant a été tué dans l’explosion d’une voiture piégée, qui a lancé l’attaque. Selon des journalistes, de nombreuses explosions ont été entendues après le lancement de l’attaque, au milieu de l’après-midi. Une épaisse fumée noire s’échappait du complexe, que survolaient deux hélicoptères militaires. Semaine tumultueuse Le drame intervient après une semaine tumultueuse pour l’Afghanistan, avec l’annonce – non confirmée officiellement – du prochain retrait de quelque 7 000 des 14 000 soldats américains présents en Afghanistan. Cette déclaration surprise, intervenue sur fond d’efforts pour relancer les négociations de paix avec les talibans, a pris de court de nombreux diplomates et responsables politiques à Kaboul. Aucun détail supplémentaire n’a filtré depuis, et la Maison Blanche n’a rien confirmé officiellement. Nombre d’Afghans redoutent pour leur part une chute du gouvernement afghan, voire une nouvelle guerre civile. Les talibans n’ont pas fait de commentaires officiels, mais l’un de leurs commandants a salué vendredi la décision américaine. Dimanche, le commandant en chef des forces américaines stationnées en Afghanistan a affirmé n’avoir pas reçu l’ordre de retirer des troupes du pays, des propos confirmés lundi par la mission de l’OTAN Resolute Support. Le président Ashraf Ghani a par ailleurs nommé dimanche deux anciens responsables du renseignement fermement opposés aux talibans aux postes de ministres de l’intérieur et de la défense. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Afghanistan : le rendez-vous manqué de Genève
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/afghanistan-un-complexe-gouvernemental-pris-d-assaut-a-kaboul_5401916_3210.html
« Gilets jaunes » : un policier sort son pistolet face aux manifestants
Samedi, quatre policiers ont été pris à partie par des manifestants sur les Champs-Elysées. L’un d’eux a sorti son arme quelques instants.
tants. Lors de l’« acte VI » des manifestations des « gilets jaunes », quatre motards de la police ont été pris à partie par des manifestants. Pour repousser les assaillants, un policier a sorti son arme quelques instants. Finalement, les policiers ont pris la fuite, laissant sur place une moto. La scène a été filmée par plusieurs vidéastes, amateurs et professionnels. Au début des extraits vidéos, on voit les policiers jeter des grenades de désencerclement. Selon des témoins, les manifestants n’étaient pas hostiles avant ces jets de grenades. Aucune interpellation n’a été effectuée sur place. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « violences volontaires » commises contre des policiers. Le premier ministre, Edouard Philippe, a rencontré le 24 décembre les quatre motards policiers.
24/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/video/2018/12/24/gilets-jaunes-un-policier-sort-son-pistolet-face-aux-manifestants_5401913_3224.html
« Shutdown » et menaces contre la Fed : les démocrates accusent Trump de plonger les Etats-Unis « dans le chaos »
« La Bourse plonge tandis que le président mène une guerre personnelle contre la Fed », s’indignent-ils, alors que Wall Street a connu sa plus mauvaise semaine depuis 2008.
Lundi 24 décembre, pour la troisième journée, les administrations fédérales restaient partiellement fermées en raison du « shutdown ». JOSHUA ROBERTS / REUTERS Après avoir encaissé sa pire semaine depuis 2008, la Bourse de New York a de nouveau flanché, lundi 24 décembre, dans un marché ébranlé par les remous à Washington et la chute des prix du pétrole. Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 2,91 % pour terminer à 21 792,20 points, enregistrant au passage la chute la plus importante de son histoire une veille de Noël. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a lâché 2,21 % pour clôturer à 6 192,92 points. L’indice élargi S&P 500 a plongé de 2,71 % pour finir à 2 351,10 points, son plus bas niveau depuis avril 2017. Considéré comme le plus représentatif par les investisseurs, le S&P 500 a perdu 19,8 % depuis son pic fin septembre, s’apprêtant ainsi à rejoindre le Nasdaq dans la catégorie des indices ayant lâché plus de 20 % en quelques mois. « Le seul problème de notre économie, c’est la Fed » Nombre de courtiers ayant déserté les salles de marché à l’occasion d’une séance écourtée à la veille de Noël, plusieurs observateurs avaient prévenu que les échanges pourraient être chahutés lundi en raison d’un faible volume. Mais l’administration de Donald Trump a nettement accentué la fébrilité des investisseurs, déjà anxieux depuis plusieurs semaines face aux conséquences des tensions commerciales et d’une remontée trop rapide des taux d’intérêt. Agacé par la décision de la Banque centrale américaine d’augmenter une nouvelle fois les taux la semaine dernière, il a tempêté contre l’institution, affirmant dans un tweet : « Le seul problème de notre économie, c’est la Fed. Ils ne sentent pas le marché, ils ne comprennent pas nécessairement les guerres commerciales. » The only problem our economy has is the Fed. They don’t have a feel for the Market, they don’t understand necessary… https://t.co/g0dYAlEqmD — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Ces critiques contre la Fed, la Réserve fédérale américaine, interviennent après la publication ce week-end d’informations de presse selon lesquelles le président américain aurait discuté en privé de la possibilité de congédier le patron de la Banque centrale. Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a dans un tweet samedi démenti cette rumeur. Il a aussi annoncé dans un communiqué dimanche avoir eu des discussions individuelles avec les patrons des six principales banques américaines et devait tenir lundi une réunion téléphonique avec un groupe de travail comprenant les divers régulateurs des marchés financiers. Mais les efforts déployés par le secrétaire au Trésor pour rassurer les marchés ne cachent pas « le chaos qui semble régner dans l’administration et crée de l’incertitude », a relevé Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities. « Cela ne fait qu’alarmer encore plus les gens et les incite à se dire que si [M. Mnuchin] appelle les dirigeants des six plus grandes banques, il se passe peut-être quelque chose de plus inquiétant », a aussi souligné Nate Thooft, de Manulife Asset Management. « Trump plonge le pays dans le chaos » Autre source de préoccupation : après l’échec des tractations au Congrès sur le financement d’un mur à la frontière mexicaine voulu par Donald Trump, les administrations fédérales restaient partiellement fermées pour la troisième journée lundi et aucune solution n’était en vue. Les chefs démocrates du Congrès américain ont accusé le locataire de la Maison Blanche de plonger les Etats-Unis dans l’instabilité à cause de cette paralysie et de ses critiques à l’encontre de la Fed. « C’est la veille de Noël et le président Trump plonge le pays dans le chaos », ont regretté Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants, et Chuck Schumer, son homologue au Sénat. « La Bourse plonge tandis que le président mène une guerre personnelle contre la Réserve fédérale, juste après avoir limogé son ministre de la défense », ont-ils asséné dans un communiqué commun. Depuis vendredi, minuit, républicains et démocrates se rejettent la responsabilité du « shutdown », qui a provoqué la fermeture partielle des administrations. Sa prolongation pourrait coûter cher aux Etats-Unis. Selon l’agence de notation Standard & Poor’s, le « shutdown » d’octobre 2013, qui avait duré seize jours, avait coûté 24 milliards de dollars à l’économie américaine.
24/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/24/shutdown-wall-street-connait-sa-pire-semaine-depuis-2008_5401911_3234.html
Législatives au Togo : une victoire décevante pour le parti présidentiel
L’UNIR garde la majorité mais perd trois sièges, alors que le boycottage décidé par la coalition de l’opposition pouvait lui faire espérer un large succès.
Des électeurs consultent les listes devant un bureau de vote dans le quartier de Bè, à Lomé, lors des législatives togolaises du 20 décembre 2018. MATTEO FRASCHINI KOFFI / AFP Le parti du président togolais, Faure Gnassingbé, a obtenu une majorité de 59 sièges sur les 91 de l’Assemblée nationale à l’issue des législatives du 20 décembre, selon les résultats officiels provisoires publiés lundi 24 décembre. Précédé de violences, le scrutin avait été boycotté par la principale coalition de l’opposition. L’Union pour la République (UNIR) aura besoin de ses alliés au Parlement pour faire adopter une réforme constitutionnelle qui permettrait à Faure Gnassingbé de se représenter pour deux mandats supplémentaires, en 2020 et 2025. Au pouvoir depuis 2005, le chef de l’Etat a succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadema, qui avait dirigé le Togo d’une main de fer pendant trente-huit ans. Sans les principaux partis d’opposition, qui avaient dénoncé des « irrégularités » dans la préparation du scrutin, l’UNIR – qui comptait 62 élus dans l’Assemblée sortante – pouvait espérer remporter les quatre cinquièmes des sièges (soit 73 députés) afin d’être en mesure d’adopter cette réforme constitutionnelle. Toutefois, le parti compte sur son allié principal, l’Union des forces de changement (UFC) de l’ex-opposant historique Gilchrist Olympio, arrivée en deuxième position avec six députés, et les indépendants pour au moins atteindre ce seuil de 73 élus. Un an de crise politique Au total, 850 candidats issus de 130 listes (105 présentées par 12 partis politiques et 25 indépendantes) ont pris part à ces élections. Le taux de participation officiel est de près de 60 % des inscrits, les partis boycottant le scrutin ayant invité leurs partisans à ne pas s’inscrire sur les listes électorales. Ces résultats seront transmis à la Cour constitutionnelle, qui dispose de huit jours pour proclamer les résultats définitifs après avoir examiné les éventuels recours. Lire aussi Au Togo, une campagne électorale à nouveau sous tension Après plus d’un an de grave crise politique et des dizaines de marches de protestation, massives pour certaines, la coalition de 14 partis politiques de l’opposition (C14) n’avait pas présenté de candidats. Ces formations n’auront donc plus aucune représentation au Parlement. Elles ont toujours réclamé davantage de transparence et des réformes constitutionnelles pour permettre la limitation du mandat présidentiel. « La coalition et le peuple ont rejeté toute notion d’élections dans les conditions qui prévalent. Donc les résultats ne correspondent pas aux attentes des Togolais qui n’y ont pas participé », a déclaré à l’Agence France-Presse Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais et membre de la C14. « La lutte continue et elle sera encore plus rude après » ce scrutin, a-t-il averti. Elections « libres et transparentes » Les observateurs de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avaient salué la bonne tenue de ces législatives, qui se sont déroulées dans le calme et sous haute surveillance. Les dirigeants ouest-africains qui ont servi de médiateurs ont salué, samedi, des élections « libres et transparentes », conformes à leur feuille de route pour une sortie de crise au Togo. Ils ont « fortement regretté » le boycottage du scrutin par la C14 « malgré les efforts considérables déployés par les facilitateurs pour favoriser des élections inclusives avec une participation équitable de tous les acteurs à la CENI [Commission électorale nationale indépendante] », la commission électorale. L’opposition a, de son côté, dénoncé la « partialité » de la Cedeao. Elle considère qu’elle n’avait pas suffisamment de représentants à la CENI pour assurer un scrutin libre et équitable. Elle affirme également que la constitution des listes électorales a été bâclée. En amont du scrutin, l’opposition avait appelé à manifester pendant une dizaine de jours pour exiger l’arrêt du processus électoral et appelé au boycottage. Dans des violences préélectorales sporadiques, au moins quatre personnes ont été tuées (six selon l’opposition) les 8 et 10 décembre, à Lomé et dans le centre du pays.
24/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/24/legislatives-au-togo-une-victoire-decevante-pour-le-parti-presidentiel_5401908_3212.html
Nouvelle dégradation d’une permanence d’un élu LRM, cette fois dans les Deux-Sèvres
L’incident à la permanence de Guillaume Chiche à Niort s’ajoute à plusieurs dégradations d’autres bureaux d’élus de la majorité.
La devanture de la permanence du député La République en marche (LRM) des Deux-Sèvres Guillaume Chiche a été dégradée ce week-end à Niort, s’ajoutant à plusieurs autres bureaux d’élus de la majorité qui ont connu le même sort, ce que dénonce le gouvernement. « Un coup a été porté sur la vitre et un autre sur la porte » et une plainte a été déposée, a indiqué lundi 24 décembre le parquet. Guillaume Chiche a dénoncé cet acte de vandalisme sur Twitter dimanche matin, au lendemain de la mobilisation des « gilets jaunes ». « Jamais l’intimidation physique, morale ou matérielle ne me fera dévier de mes engagements », a-t-il écrit. Jamais l’intimidation physique, morale ou matérielle ne me fera dévier de mes engagements. Plainte déposée. Pleinem… https://t.co/FSKeJ56U9v — GuillaumeChiche (@Guillaume Chiche) « Acte odieux » M. Chiche a reçu le soutien du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui a dénoncé un « acte odieux ». « Tu es ciblé après tant d’autres députés. Ce climat de violence entretenue est inacceptable », a également souligné François de Rugy, le ministre de la transition écologique et ancien élu de la Loire-Atlantique voisine. De son côté, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand a déploré que des députés soient « une nouvelle fois atteints par des agressions diverses. Quand des manifestations ou des expressions enfreignent les lois, elles deviennent des actes de délinquance qui, en République, doivent être condamnés ». La « façade » du député LRM de l’Hérault, Philippe Huppé, a également été taguée : « Dégage ». « La veille de Noël, les “gilets jaunes” ont encore barbouillé ma façade », a-t-il déclaré dimanche sur Twitter, publiant également des photos. Veille de Noël, les #JG ont encore barbouillé ma façade. Cela ne peut que renforcer ma détermination et l’opinion… https://t.co/FiGSwBlSUi — PhilippeHuppe (@Philippe HUPPE) « Au nom des députés LRM, j’exprime notre indignation pour l’attaque dont a été l’objet la permanence de notre collègue Guillaume Chiche », a tweeté de son côté Gilles Le Gendre, patron des députés LRM. Depuis le début du mouvement en novembre, plusieurs permanences de députés ont été dégradées et d’autres élus de la majorité ont fait l’objet de menaces, notamment sur les réseaux sociaux, mais aussi près de leurs domiciles. La députée LRM de l’Aude, Mireille Robert, avait porté plainte à la fin de novembre, après avoir affirmé que des « gilets jaunes » encagoulés et casqués s’étaient introduits dans sa propriété pour allumer un feu et proférer des menaces. Le 29 novembre, la permanence de Claire O’Petit, député LRM de l’Eure, a été vandalisée à coups de masse à Vernon (Eure) par une personne qui a réussi à prendre la fuite. Le 7 décembre, c’est le député « marcheur » du Pas-de-Calais Benoit Potterie qui a, par courrier à sa permanence, reçu une balle la veille d’une manifestation.
24/12/2018
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/24/menaces-contre-les-elus-lrm-la-permanence-d-un-depute-des-deux-sevres-degradee_5401898_823448.html
Tsunami en Indonésie : « J’ai prié et couru aussi vite que je pouvais »
Le bilan, provisoire, du déferlement de la vague géante sur les îles de Java et Sumatra est de 373 morts et plus de 1450 blessés.
Une vidéo postée sur YouTube, effrayante et dramatique, montre les derniers moments d’un paisible événement soudainement endeuillé par un tsunami qui vient, samedi 22 décembre au soir, de frapper l’Indonésie : sur une scène improvisée, le chanteur du groupe de rock Seventeen s’égosille devant un public assez calme, aux applaudissements mesurés. Le concert est organisé pour les familles de la compagnie d’électricité Perusahaan Listrik Negara, réunies sous une tente installée sur une plage de l’Ouest javanais. Soudain, la mer fait irruption : la vague emporte la scène et les musiciens ; un hurlement de terreur monte de l’assistance. Puis, plus rien : la vidéo s’interrompt. Lundi 24 décembre, le bilan de ce tsunami qui a frappé les municipalités situées de part et d’autre du détroit de la Sonde, dans le sud de Sumatra et l’ouest de Java, s’élevait à 373 morts, 1 459 blessés et 128 disparus. Il devrait sans doute continuer à s’alourdir dans les jours qui viennent, au fur et à mesure de la progression des secours. Des centaines de bâtiments ont été détruits par les deux vagues qui ont déferlé sur les rivages de plusieurs pages très touristiques. Notamment celle de Tanjung Lesung, là où se produisait le concert du groupe Seventeen. Elle attire entre autres, le week-end venu, de nombreux habitants de la capitale Djakarta, située à moins de deux cents kilomètres à vol d’oiseau, plus à l’est. Eruption de l’Anak Krakatoa Les ruines d’une maison après le passage du tsunami, à Pandeglang, dans le détroit de la Sonde (Indonésie), le 23 décembre 2018. ANTARA FOTO / REUTERS Aucune alerte au tsunami n’avait été déclenchée samedi car rien n’indiquait qu’une vague mortelle allait ravager les rivages à 21 h 30 (15 h 30 heure française). La catastrophe a cependant été causée par l’éruption, quelques heures plus tôt, du volcan Anak Krakatoa, qui dresse son cône dans le détroit de la Sonde. Les effets d’un séisme sous-marin provoqué par l’éruption se seraient ajoutés à ceux d’une marée particulièrement forte en ces jours de pleine lune. La combinaison de ces facteurs « a déclenché le tsunami qui a frappé la côte », a affirmé le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des catastrophes, Sutopo Purwo Nugroho. Interrogé samedi sur la BBC, la volcanologue Jess Phoenix a confirmé que « l’Anak Krakatoa étant situé partiellement sous l’eau, l’éruption a provoqué un déplacement de terrain en profondeur qui a poussé l’eau devant lui, causant le tsunami ». Comment, dès lors, expliquer l’absence d’alerte et de la moindre anticipation de la catastrophe ? Selon M. Sutopo, la réponse est simple : l’Indonésie ne dispose pas encore de système d’alerte au tsunami qui « ne sont pas causés par des tremblements de terre », mais par des éruptions volcaniques, a-t-il expliqué, cité dimanche par le site du quotidien The Jakarta Post. « Le risque de tsunami dans le détroit de la Sonde restera élevé tant que le volcan sera dans sa phase d’activité actuelle », Richard Teeuw, professeur L’Agence géophysique, climatique et météorologique indonésienne avait d’ailleurs annoncé par erreur, samedi soir, qu’il ne s’agissait pas d’un tsunami mais d’une vague causée par une forte marée en période de pleine lune, avant de corriger le tir. M. Sutopo Purwo Nugroho a cependant soutenu dimanche que les activités du volcan étaient « relativement basses », samedi, avec seulement des « débordements de magma et de projections de rochers incandescents ». Selon lui, cette éruption a été beaucoup moins forte que celles du volcan en octobre et novembre, ce qui expliquerait que le degré d’anticipation de la catastrophe a été faible. Certains spécialistes mettent désormais en garde contre une reproduction du phénomène, le volcan étant désormais déstabilisé. « Le risque de tsunami dans le détroit de la Sonde restera élevé tant que le volcan sera dans sa phase d’activité actuelle parce qu’il est susceptible de déclencher d’autres glissements de terrain sous-marins », prévient ainsi Richard Teeuw, de l’université de Portsmouth, interrogé par l’Agence France-Presse. Archipel très instable L’Anak Krakatoa, dans la détroit de la Sonde. Stéphane Godin / Biosphoto Près de trois mois après le tsunami qui a ravagé la ville de Palu, dans l’île de Sulawesi (nom indonésien de l’île des Célèbes), faisant plus de 2 000 morts et environ 5 000 disparus, la nouvelle tragédie qui frappe le très instable archipel indonésien aux 17 000 îles s’est produite dans un lieu emblématique des activités volcaniques et sismiques du pays. En 1883, le volcan Krakatoa était entré en éruption au même endroit, provoquant l’une des plus grandes catastrophes des temps modernes : 30 000 personnes furent noyées dans le tsunami provoqué par l’éruption, des milliers d’autres moururent étouffées par les cendres du volcan dont la force éruptive correspondit à treize mille fois la puissance de la bombe atomique larguée sur Hiroshima. L’éruption avait été entendue à des milliers de kilomètres de là, provoquant une baisse de la température mondiale d’un degré. En 1927, un autre volcan était venu remplacer celui que l’éruption avait fait disparaître : il se nomme l’Anak Krakatoa, ce qui signifie le « fils du Krakatoa ». C’est lui qui est entré en éruption vendredi après avoir donné des signes d’activité renouvelée depuis des mois. Le témoignage d’Oystein Lund Andersen, un photographe norvégien spécialiste des volcans, donne une idée de la situation, vendredi soir, sur la plage d’Anyer, située non loin de la partie la plus étroite du détroit : « J’étais en train de photographier le volcan en éruption. Cette dernière avait été assez forte toute la soirée mais rien d’alarmant ne s’était produit sur la plage. Tout était sombre. Soudain, j’ai vu une vague arriver. J’ai couru. Elle n’était pas si forte. Mais quand je suis arrivé à mon hôtel pour évacuer ma femme et mon fils qui dormaient, une deuxième vague a frappé, beaucoup plus grande celle-là. On a fui dans la forêt, sur les hauteurs. » Aucune victime étrangère recensée A Carita Beach, un lieu de villégiature très populaire sur la côte ouest de l’île de Java, Muhammad Bintang, 15 ans, a vu surgir la vague. « Nous sommes arrivés à 21 heures pour les vacances et soudain l’eau est arrivée. Tout est devenu noir. Il n’y avait plus d’électricité », a témoigné l’adolescent. Dans la province de Lampung (sur l’île de Sumatra), de l’autre côté du détroit, Lutfi Al Rasyid, 23 ans, raconte qu’il a fui la plage de Kalianda pour sauver sa vie. « Je ne pouvais pas faire démarrer ma moto, alors je suis parti et j’ai couru… J’ai prié et couru aussi vite que je pouvais. » Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des habitants paniqués tenant des lampes de poche et cherchant refuge sur les hauteurs. Le responsable local de la gestion des catastrophes naturelles dans la municipalité de Pandeglang, Endan Permana, a rapporté samedi que la police s’efforçait de secourir les victimes de la catastrophe dans l’ensemble de la province de Banten, la plus touchée du côté javanais. Il a précisé qu’il y avait « pas mal de disparus ». Selon les autorités de la province, aucune victime étrangère ne figurerait dans la liste des victimes et des disparus. Voir aussi En images : scènes de désolation à Java et Sumatra
24/12/2018
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/24/l-indonesie-frappee-par-un-tsunami-j-ai-prie-et-couru-aussi-vite-que-je-pouvais_5401892_3244.html
En Israël, la coalition au gouvernement annonce la dissolution du Parlement
En provoquant de nouvelles élections législatives, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, espère prendre de vitesse la justice et renforcer sa légitimité.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lors du conseil des ministres hebdomadaire, le 23 décembre 2018, à Jérusalem. RONEN ZVULUN / AP La décision couvait depuis déjà plusieurs semaines. Lundi 24 décembre, les cinq partis de la coalition au gouvernement israélien sont convenus « à l’unanimité » de la dissolution de la Knesset, le Parlement israélien. Les élections législatives, qui devaient se tenir en novembre 2019, auront lieu début avril, ont-ils annoncé dans un communiqué. Un vote à la Knesset doit fixer la date officielle du scrutin. La coalition était dans l’impasse concernant le projet de loi sur la conscription des juifs ultraorthodoxes dans l’armée auquel s’opposent les partis ultrareligieux de la coalition. Le vote de la loi ayant déjà été reporté à deux reprises, la Cour suprême israélienne avait fixé au 15 janvier la date limite de son adoption. Lire (en édition abonnés) : En Israël, la démission du ministre de la défense provoque un séisme politique Depuis la démission du ministre de la défense, Avigdor Lieberman, le 14 novembre, et le retrait de son parti de droite ultranationaliste, Israël Beitenou, de la coalition, le gouvernement israélien manœuvre péniblement, avec une faible majorité de 61 sur 120 députés à la Knesset. Concernant la loi sur la conscription, aucun compromis entre les partis n’a pu être trouvé. Lundi, le député Yair Lapid a annoncé que son parti d’opposition, Yesh Atid, voterait finalement contre. Enjeux sécuritaires Les chefs de la coalition, à la suite du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, se seraient donc résolus à dissoudre la Knesset. « Depuis la mi-novembre, nous avons essayé de tenir mais c’est impossible, explique au Monde Eli Hazan, directeur des affaires étrangères au sein du Likoud (droite), le parti que dirige M. Nétanyahou. La coalition ne pouvait plus avancer aucun projet de loi. Le dernier [sur la conscription] a été l’élément décisif. » « Nous avons beaucoup fait pour les citoyens israéliens et nous allons continuer de cette manière pour le bien de l’Etat d’Israël », a aussitôt commenté Benyamin Nétanyahou, après avoir décrit les « réussites » de son gouvernement depuis près de quatre ans. La coalition actuelle devrait former le noyau du prochain gouvernement, a-t-il ajouté, demandant aux électeurs israéliens de lui donner « un mandat clair » – qui serait pour lui le cinquième – afin de continuer à diriger le pays dans la même direction. Benyamin Nétanyahou appelle de ses vœux des élections anticipées alors qu’un mois auparavant, il en dramatisait l’éventualité. Le 18 novembre, en reprenant le portefeuille de la défense, il avait estimé qu’un appel prématuré aux urnes serait « irresponsable ». « La sécurité nationale va au-delà de la politique ou des considérations personnelles », avait-il déclaré dans son allocution, sans préciser la nature des enjeux sécuritaires. Le chef du gouvernement, dès lors ministre de la défense, s’est ensuite employé à diriger toute l’attention médiatique sur l’opération « Bouclier du Nord », menée depuis début décembre par l’armée israélienne à la frontière avec le Liban, pour mettre au jour les tunnels d’attaque creusés par le Hezbollah. Mardi 25 décembre, il a affirmé que l’opération, qui a déjà permis de détruire deux des quatre tunnels localisés, serait « bientôt terminée ». Avant d’avancer la date des élections, le premier ministre entendait ainsi d’abord restaurer son image de « M. Sécurité », affaiblie après la dernière escalade avec le Hamas dans la bande de Gaza et l’accord de cessez-le-feu qui avait conduit à la démission de M. Lieberman. « Benyamin Nétanyahou voulait également s’éloigner du dossier Gaza sur lequel il était vulnérable, attaqué par la droite et par la gauche, explique Ofer Zalzberg, analyste principal à l’International Crisis Group. Il voulait élargir le débat et trouver un autre prétexte pour convoquer des élections anticipées. »L’impasse législative dans laquelle se trouvait le gouvernement semblait donc être une meilleure option. Lire aussi : Le gouvernement israélien de Nétanyahou de plus en plus fragilisé Selon certains commentateurs, le premier ministre aurait voulu avancer le scrutin parce que son calendrier judiciaire s’accélère. Dimanche, le procureur général, Avichai Mandelblit, a indiqué qu’il se prononcerait d’ici à la fin du premier trimestre 2019 sur trois affaires (dossiers « 1 000 », « 2 000 » et « 4 000 ») dans lesquelles M. Nétanyahou pourrait être mis en examen pour corruption. La police israélienne a déjà recommandé son inculpation dans les trois cas. Opposition morcelée « Désormais, M. Nétanyahou veut aller vite pour se faire réélire avant la décision finale du procureur général », estime Reuven Hazan, professeur en sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem. Lundi, le ministère israélien de la justice a assuré, dans un communiqué, que les élections d’avril n’auraient aucun effet sur le processus de décision d’Avichai Mandelblit ; certains analystes pensent plutôt que ce dernier préférera attendre l’issue des élections. « Une campagne électorale n’est pas le moment approprié pour se prononcer sur une inculpation. Nétanyahou le sait et veut ainsi embarrasser [Avichai] Mandelblit pour qu’il renonce à s’exprimer avant les résultats du scrutin », avance également Mossi Raz, député du parti de gauche Meretz. Lire notre analyse (en édition abonnés) : Le retrait américain de Syrie, un revers majeur pour Israël En parallèle, le chef du gouvernement devra composer avec le contexte économique local : le mécontentement gagne les Israéliens après la hausse tarifaire de l’eau et de l’électricité annoncée pour 2019 et, le 23 décembre, dans le sillage de Wall Street, la Bourse de Tel-Aviv a vu ses actions plonger. Il lui faudra aussi rassurer l’opinion publique après l’annonce par le président américain Donald Trump, la semaine dernière, du retrait de l’armée américaine en Syrie où l’Iran, bête noire de l’Etat juif, compte avancer ses pions. « Notre campagne au Likoud se concentrera sur la sécurité et l’économie », affirme Eli Hazan. Le facteur temps pourrait également jouer en faveur du premier ministre israélien. D’ici le mois d’avril, l’opposition, morcelée, dispose d’un délai très court pour s’unir et formuler un message crédible aux électeurs. Benny Gantz, l’inconnue inédite de ces élections, devra décider s’il souhaite entrer en lice en créant son propre parti de centre gauche ou en rejoignant un des partis de l’opposition. En attendant, le Likoud reste toujours en tête dans les intentions de vote. Selon un sondage publié par le quotidien Maariv au lendemain de l’annonce du scrutin anticipé, le parti de M. Nétanyahou sortirait vainqueur avec 30 sièges sur 120 au Parlement : ce qui revient au même résultat qu’en 2015. En seconde position, le parti encore hypothétique de Benny Gantz remporterait treize sièges.
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/israel-des-legislatives-anticipees-auront-lieu-en-avril-2019_5401886_3210.html
Pakistan : l’ex-premier ministre Nawaz Sharif à nouveau condamné pour corruption
Déjà condamné à dix ans de prison, il a cette fois été puni d’une peine de sept ans d’emprisonnement.
L’ancien premier ministre pakistanais Nawaz Sharif à Lahore, au Pakistan, le 8 octobre 2018. K. M. CHAUDARY / AP Déchu du pouvoir en 2017 pour corruption, et condamné à dix ans de prison, l’ancien premier ministre pakistanais Nawaz Sharif s’est vu infliger lundi 24 décembre une nouvelle peine de sept ans de prison dans une affaire distincte, ont rapporté les médias d’Etat. M. Sharif, trois fois premier ministre du Pakistan, avait été condamné en juillet à dix ans de prison pour corruption dans une affaire de biens immobiliers détenus par sa famille à Londres, et emprisonné peu après. Libéré sous caution en septembre dans l’attente du jugement en appel, il dément tout fait de corruption et dénonce toutes les procédures à son encontre comme « politiques ». Des biens au Moyen-Orient La nouvelle condamnation rendue lundi porte sur des actifs détenus par la famille Sharif au Moyen-Orient. Il a été interpellé et devrait être transféré dans une prison de Lahore, précise la chaîne publique PTV. L’homme politique Shahid Khaqan Abbasi, qui avait succédé à M. Sharif au poste de premier ministre après son éviction, en 2017, a annoncé que leur parti, le PML-N, entendait faire appel, mais « ne recourrait pas à la violence ». « Le peuple du Pakistan et l’histoire n’accepteront pas ce verdict », a-t-il déclaré. La sécurité avait été renforcée lundi autour du tribunal où a été rendu le jugement, dans la capitale, Islamabad. Quelques affrontements limités ont eu lieu entre des partisans de M. Sharif et les forces de sécurité, qui ont eu recours au gaz lacrymogène pour les disperser, a constaté l’Agence France-Presse (AFP). « Panama Papers » Mis en cause dans le scandale des « Panama Papers », Nawaz Sharif avait été destitué en juillet 2017 de son poste de chef du gouvernement par la Cour suprême pakistanaise, qui l’avait plus tard banni à vie de tout mandat politique. Son nom était apparu dans des documents confidentiels du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca faisant état de plusieurs appartements de luxe acquis dans le quartier huppé de Mayfair, à Londres, par des sociétés offshore domiciliées aux îles Vierges britanniques. Il n’avait par conséquent pas pu se présenter aux élections législatives du 25 juillet, qui ont été remportées par l’ancien champion de cricket Imran Khan, devenu depuis premier ministre. Sa condamnation pour corruption et son arrestation avaient eu lieu quelques jours à peine avant le scrutin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’ex-premier ministre Nawaz Sharif incarcéré à son retour au Pakistan M. Sharif n’a eu de cesse depuis des mois de dénoncer une conspiration de la puissante armée pakistanaise à son encontre et en faveur d’Imran Khan. Son frère Shahbaz Sharif, ancien gouverneur de la province du Pendjab, la plus riche et la plus peuplée du Pakistan, est également incarcéré dans une affaire de corruption depuis octobre.
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/l-ex-premier-ministre-nawaz-sharif-a-nouveau-condamne-pour-corruption-au-pakistan_5401881_3210.html
Mort du linguiste Jean-Claude Chevalier
Il était l’un des derniers témoins d’une génération qui a renouvelé, dans le cadre structuraliste, les études sur le français.
En 2005. DR Après la disparition de Jean Dubois, de Michel Arrivé et d’Antoine Culioli, le décès de Jean-Claude Chevalier à Paris, le 18 décembre 2018, emporte l’un des derniers témoins d’une génération qui a renouvelé, dans le cadre structuraliste, les études sur le français. Né à Tours en 1925, Il était âge de 93 ans. Il enseigne en tant qu’agrégé dans le secondaire à Lille et à Roubaix de 1948 à 1955 avant d’être appelé par Gérald Antoine à la Sorbonne où il se consacre à l’analyse stylistique des écrits d’Apollinaire, notamment sa défense du cubisme. Nommé cinq ans plus tard, à la Faculté des Lettres de Lille, il travaille avec Bernard Quemada et Henri Mitterand tous les étés à Besançon sur les applications de la linguistique à la lexicologie et à l’enseignement du français langue étrangère, tout en rédigeant son doctorat sous la direction de Robert-Léon Wagner qui lui confie la direction de la Grammaire Larousse du français contemporain. La parution de cet ouvrage en 1964 transforme la représentation de la langue française l’année même où l’enseignement de la linguistique devient une filière à part entière dans les cursus universitaires. Dans sa thèse, Histoire de la syntaxe. Naissance de la notion de complément dans la grammaire française (1530-1750), il entreprend de réexaminer le modèle de la « grammaire générale » dont s’étaient emparés Noam Chomsky (Cartesian Linguistics, 1966) et Michel Foucault (Les Mots et les choses, 1966). La soutenance a lieu en juin 1968. A l’automne, il rejoint avec le titre de maître de conférences l’université Paris-VIII, le « Centre expérimental de Vincennes » créé à la suite des réformes de l’enseignement supérieur. Médiateur Fondateur du département de linguistique, aux côtés de Nicolas Ruwet et Maurice Gross, il y mène jusqu’à son terme sa carrière de professeur, médiateur entre une nouvelle génération qui revendique l’autonomie des sciences du langage en s’inspirant des Etats-Unis et une conception européenne plus sensible aux apports de la littérature, de la philosophie et des sciences sociales. Son engagement citoyen le conduit à mettre ses compétences au service de la Commission ministérielle de réflexion sur l’enseignement du français qu’il préside de 1983 à 1986. Il soutient, dans cette perspective, l’action de Pierre Encrevé pour développer une sociolinguistique inspirée des travaux de Pierre Bourdieu et de William Labov. Sans renoncer à l’étude des faits de langue, il poursuit ses investigations en histoire de la linguistique, d’abord dans le séminaire organisé au Département de recherches linguistiques de Paris-VII avec Simone Delesalle et Pierre Kuentz dans le laboratoire du CNRS « Histoire des Théories Linguistiques » qu’il fonde avec Sylvain Auroux et Irène Rosier-Catach et dirigera jusqu’en 1992.
24/12/2018
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/24/mort-du-linguiste-jean-claude-chevalier_5401877_3382.html
Ligue 1 : les tops et les flops de la première moitié de saison
Le PSG a survolé les quatre mois et demi écoulés, à l’image du duo Mbappé-Neymar. A l’autre extrême, Monaco est en chute libre et la crise gagne Marseille.
C’est la trêve pour les vingt équipes de la Ligue 1 de football. Et c’est aussi – sans tenir compte des quelques matchs reportés pour cause de manifestations des « gilets jaunes » – la fin de la première partie du championnat de France. L’heure des premiers bilans. Retour sur quelques-uns des événements marquants de ces quatre mois et demi, qu’il s’agisse de tops ou de flops. Les tops La connexion Neymar-Mbappé Neymar porté par Mbappé après son but face à Liverpool dans un match couperet pour la qualification en huitièmes de finale de la Ligue des champions, le 28 novembre. THIBAULT CAMUS / AP Les deux attaquants du Paris-Saint-Germain ont marqué la première partie de saison et mis au supplice les défenses de Ligue 1. Avec l’arrivée de Thomas Tuchel sur le banc parisien, Neymar a été repositionné en meneur de jeu et la relation entre les deux joueurs saute aux yeux. Le no 10 brésilien (11 buts, 5 passes décisives) orchestre et fait briller ses coéquipiers à l’instar de son compère d’attaque, meilleur buteur de la Ligue 1 à mi-parcours avec treize réalisations. Jusqu’alors souvent exilé sur le côté droit, en club comme en sélection, Kylian Mbappé évolue de manière plus régulière au poste d’avant-centre. Une alternative prometteuse (moins pour Edinson Cavani), comme en atteste son quadruplé en treize minutes face à l’Olympique lyonnais en septembre. Ce soir-là, il avait œuvré à la finition, mais c’est bien Neymar qui avait impulsé toutes les actions. Thomas Tuchel, la lune de miel parisienne Thomas Tuchel harangue ses joueurs au stade de la Meinau pour essayer de remporter la victoire à Strasbourg, le 5 décembre. VINCENT KESSLER / REUTERS « Top top top ». La formule chère à Thomas Tuchel, l’entraîneur allemand du PSG, lors des conférences de presse, résume le début de saison de l’équipe. La « patte » Tuchel, teintée de rigueur, de caractère mais aussi de complicité avec ses joueurs fonctionne : la formation est invaincue sur l’ensemble de la phase aller (quinze victoires et deux matchs nuls à Bordeaux et Strasbourg). Le jeu mis en place par l’ancien coach du Borussia Dortmund n’est pas le plus flamboyant de l’histoire du PSG version qatarie. Mais le technicien a su se faire apprécier de son groupe, intégrant quelques jeunes du centre de formation (N’Soki, Diaby) à la rotation de l’équipe, tout en développant un système de méritocratie. Aucun joueur n’est indispensable, à l’instar d’Adrien Rabiot sanctionné après un retard à une causerie d’avant-match, puis écarté du groupe pour des soucis contractuels. Il faudra toutefois attendre le printemps et les joutes européennes, face à des équipes d’un autre calibre, pour juger la portée réelle de la méthode Tuchel. Lille, la révolte d’un ancien mal classé Si Paris caracole en tête du championnat, son dauphin n’est pas forcément celui qu’on attendait. Exit les habitués, comme Lyon (3e) ou Marseille (6e), place à Lille, club qui n’était pourtant pas loin de chuter en Ligue 2 la saison dernière. Le projet – très critiqué – de transformation du club, engagé dix-huit mois plus tôt par Gérard Lopez porte enfin ses fruits. L’entraîneur, Christophe Galtier, a mis six mois pour trouver la bonne formule : un bloc solide et des contre-attaques menées par trois joueurs (Bamba, Ikoné, Pépé), surnommés la « BipBip ». Le champion de France 2011 peut rêver d’une place en Ligue des champions en fin de saison, avant de, sans doute, vendre ses meilleurs éléments, comme Nicolas Pépé. L’effet « coach Vahid » Vahid Halilhodzic réprimande son joueur Gabriel Boschilia et impose sa rigueur à Nantes, le 19 décembre. JEAN-FRANÇOIS MONIER / AFP Replacez-vous au début d’octobre. Impatient, Waldemar Kita, le président du FC Nantes, veut des résultats et vite. Les ambitions de jeu prônées par Miguel Cardoso l’ennuient (« On joue à la baballe »). Exit le Portugais – 13e entraîneur débarqué de l’ère Kita – et place à Vahid Halilhodzic, 66 ans, ancien buteur historique du club. Trois mois après la prise de fonctions du Bosnien, aux méthodes fermes, les Canaris sont sortis de la zone de relégation, quatorzièmes à mi-chemin du championnat. Avec un jeu basé sur la rigueur, l’ex-entraîneur du PSG a su faire de la Beaujoire une forteresse imprenable. Mieux, il a su rendre attractif le jeu de son équipe. Les flops A Monaco, une chute interminable La descente aux enfers. Champion de France en 2017, Monaco pointe aujourd’hui à l’avant-dernière position du championnat. Le club de la Principauté paie, pour partie, sa politique économique (recruter de jeunes talents et les revendre moyennant plus-values). Ce modèle fonctionnait depuis l’arrivée de Leonardo Jardim à l’été 2014. Il montre ses limites. L’entraîneur portugais n’a pu sauver les meubles et Thierry Henry a été appelé à la rescousse courant octobre. Thierry Henry, ici le 16 décembre, est inquiet de la situation de l’AS Monaco, il va tenter de sauver le club de la Principauté de la relégation après la trêve. ROMAIN LAFABRÈGUE / AFP Mais les débuts du champion du monde 1998 dans son club formateur ne sont guère rassurants, avec seulement deux victoires en neuf matchs de Ligue 1. Le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France affronte une cascade de blessures (17 joueurs indisponibles) et la méforme de certains cadres, titulaires lors de la saison du titre (Subasic, Sidibé, Glik, Jemerson). Avec un effectif aussi inexpérimenté, la première expérience sur le banc de Thierry Henry pourrait se transformer en cauchemar. Lire aussi Ligue 1 : pourquoi Monaco va si mal La crise gagne Marseille Rudi Garcia donne des consignes à ses joueurs qui ne comprennent plus le message de leur entraîneur, le 13 décembre. JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS Mauvais résultats, Stade-Vélodrome vide, entraîneur qui commence à être sous le feu des critiques… l’Olympique de Marseille est en crise. La saison dernière, le parcours du club phocéen en Ligue Europa (vaincu en finale par l’Atlético Madrid) avait un peu fait oublier qu’en championnat Marseille butait sur ses rivaux du haut de tableau. Cette saison, les Marseillais sont friables et pointent à la 6e place du championnat, à cinq points de la 3e place qualificative pour la Ligue des champions, l’objectif annoncé du propriétaire américain, Frank McCourt. A l’absence d’identité de jeu s’ajoute une défense gruyère qui a déjà encaissé 26 buts. Critiqué par les supporteurs, Rudi Garcia, même s’il a prolongé son contrat jusqu’en 2021, est sous pression. D’autant que le club a été éliminé de la Ligue Europa. Guingamp n’a toujours pas enclenché la marche en avant Une saison noire. Tout avait commencé sous des mauvais hospices pour le club des Côtes-d’Armor. Jimmy Briand, son joueur phare, est parti à Bordeaux, sans que le club n’arrive à le remplacer. La suite ? Seulement deux victoires. L’entraîneur Antoine Kombouaré en a payé le prix et un habitué du stade de Roudourou est arrivé sur le banc breton, en la personne de Jocelyn Gourvennec (déjà en poste entre 2010 et 2016). Celui qui avait remporté la Coupe de France en 2014 et emmené son équipe en seizièmes de finale de Ligue Europa n’a toutefois pas provoqué d’électrochoc. Plus mauvaise défense de l’élite, l’En-avant Guingamp semble se diriger tout droit vers la Ligue 2. A moins d’un miracle. Le succès à Monaco (0-2), samedi 22 décembre, juste avant la trêve, pourrait peut-être servir de déclic.
24/12/2018
football
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/24/football-les-tops-et-les-flops-de-la-premiere-moitie-de-saison-en-ligue-1_5401863_1616938.html
Bonbons, sauce kebab, bûches de Noël… découvrez la liste des produits contenant l’additif controversé E171
Une étude montre que l’ingestion de cet additif, très courant dans les produits agro-industriels, provoque des troubles immunitaires chez les rats.
C’est un cri d’alarme que poussent, lundi 24 décembre, une vingtaine d’associations dans les colonnes du Monde. L’UFC-Que choisir, France Nature Environnement, la Ligue contre le cancer, Greenpeace ou encore 60 millions de consommateurs demandent au ministère de l’économie de suspendre le dioxyde de titane, ou E171. Cet additif alimentaire controversé est très utilisé dans la production de desserts et crèmes glacées, de plats préparés mais aussi de cosmétiques et de médicaments. Retrouvez la tribune (en édition abonnés) : L’appel d’associations à Bruno Le Maire pour suspendre l’additif E171 Or l’exposition chronique à cet additif favorise la croissance de lésions précancéreuses chez le rat, selon une étude publiée en 2017 par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Si ces résultats ne permettent pas de conclure à des effets sur l’homme, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire, la secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson, avait fait le déplacement en mai dans l’usine d’un confiseur à Tourcoing (Nord) pour annoncer la volonté du gouvernement de suspendre « d’ici à la fin de l’année » l’utilisation, dans tous les produits alimentaires, du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules. A l’automne, les parlementaires ont voté la suspension du dioxyde de titane dans l’alimentation par l’article 53 de la loi alimentation. « Mais depuis… rien ne se passe, déplorent les associations. Pis, l’entrée en vigueur de cette mesure est gelée par Bercy. » En attendant que soit pris l’arrêté ministériel nécessaire pour mettre en place la suspension de l’E171, Le Monde a consulté la base de données collaborative Open Food Facts afin de retrouver les produits de consommation courante contenant cet additif controversé. Recherchez, dans ce tableau, si un produit placé dans votre panier figure sur la liste des quelque 700 produits contenant de l’E171 : Liste des produits alimentaires contenant de l'E171 Mise à jour le 21 janvier à 18h20 : Nous avons retiré du tableau les produits Mentos et les produits Thiriet, qui contenaient du E171 au moment de leur entrée dans la base de données d’Open Food Facts, mais qui aujourd’hui n’en contiennent plus.
24/12/2018
sante
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/24/bonbons-sauce-kebab-buches-de-noel-decouvrez-la-liste-des-produits-contenant-l-additif-controverse-e171_5401857_1651302.html
Tsunami en Indonésie : « Il n’a pas été possible d’anticiper la catastrophe »
La catastrophe, qui fait au moins 281 morts, a pris tout le monde par surprise. Pour le géologue Ayang Satyana, il résulte d’« événements géologiques complexes ».
En frappant samedi soir les rives du détroit de la Sonde, qui sépare les îles de Java et Sumatra, en Indonésie, le tsunami a pris totalement par surprise non seulement les habitants de la région, mais aussi les systèmes de surveillance. « L’absence de système d’alerte précoce explique que le tsunami n’ait pas été détecté, a reconnu le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des catastrophes, Sutopo Purwo Nugroho. Les signes de l’arrivée d’un tsunami n’ont pas été détectés et les gens n’ont pas eu le temps d’évacuer. » L’Indonésie est pourtant l’un des pays du monde les plus sujets aux catastrophes naturelles. Formé par la convergence de plaques tectoniques, l’archipel se trouve sur la ceinture du feu du Pacifique, une zone de forte activité sismique et volcanique. Pour Ayang Satyana, géologue indonésien auprès de la Force d’intervention spécialisée dans la recherche de pétrole et de gaz, une agence gouvernementale, le fait que ce tsunami n’ait pas été déclenché par un séisme explique l’absence d’alerte précoce. Pourquoi aucune alerte au tsunami n’a-t-elle été lancée ? Le tsunami n’a pas été provoqué par un séisme et il n’a donc pas été possible d’anticiper la catastrophe et d’alerter les gens. En Indonésie, nous ne disposons pas de la technologie permettant d’anticiper un tsunami qui n’est pas provoqué par un tremblement de terre. En revanche, quand il s’agit d’un séisme, même si son amplitude est faible, nous avons les moyens de le savoir et de diffuser l’information [quant à la possibilité d’un tsunami]. La réponse au tsunami a-t-elle malgré tout été trop lente ? Non, car le tsunami du détroit de la Sonde a été la résultante d’événements géologiques complexes : outre le fait qu’il n’est pas lié à un séisme, l’événement s’est produit au moment d’une pleine lune suivie de fortes marées, elles-mêmes suivies par l’éruption du volcan Anak Krakatao. Ce que l’on peut penser pour l’instant, c’est que l’affaissement de l’une des pentes du volcan durant l’éruption a pu être l’une des causes du tsunami. Même si ce n’est pas l’éruption en tant que telle qui cause le tsunami : ce sont les déplacements de terrains et la chute d’une partie du volcan dans l’océan que l’éruption a provoqués… Si cela s’était passé ailleurs dans le monde, aurait-il été tout aussi difficile de répondre à la catastrophe et d’en déterminer les causes ? Quand le tsunami n’est pas provoqué par un tremblement de terre, il est toujours difficile d’en déterminer les raisons. En outre, l’Indonésie est géologiquement plus complexe que tous les autres endroits de la planète. C’est donc seulement en additionnant un certain nombre de paramètres compliqués que l’on peut comprendre une telle catastrophe. Peut-on espérer qu’une alerte au tsunami soit lancée si un autre événement de ce type se reproduit prochainement dans le détroit de la Sonde ? Ce qui vient de se passer est inédit pour l’Indonésie. Je ne sais pas combien de temps il va nous falloir pour façonner un modèle de réponse appropriée à ce genre de désastre. Je pense qu’une fois cette modélisation définie, il sera possible de mettre sur pied un système d’alerte. Cela pourrait prendre entre trois mois et un an. L’Indonésie a-t-elle besoin de systèmes permettant d’anticiper les éruptions volcaniques ? Bien sûr ! Nous disposons déjà d’une certaine technologie à cet égard, mais nous avons besoin d’appareils plus modernes. Ceux dont nous disposons ne fonctionnent pas toujours très bien, car ils ont été endommagés par… les éruptions ! Voir aussi En images : scènes de désolation à Java et Sumatra
24/12/2018
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/24/le-tsunami-n-a-pas-ete-provoque-par-un-seisme-il-n-a-pas-ete-possible-d-anticiper-la-catastrophe_5401850_3244.html
« Gilets jaunes » : « En matière d’antisémitisme, tout est à craindre et les stratégies d’occultation sont un leurre »
Dans une tribune au « Monde », l’historien Vincent Duclert explique pourquoi les actes contre les juifs en marge du mouvement doivent être condamnés fermement.
Violences en marge de la manifestation des « gilets jaunes », place de la Concorde à Paris, le 22 décembre. ZAKARIA ABDELKAFI / AFP Tribune. Depuis les premiers jours de décembre me remontait l’information d’inquiétantes scènes antisémites en marge du mouvement des « gilets jaunes » : une députée de La République en marche dénoncée comme « youpine » sur les réseaux sociaux après un débat télévisé avec des meneurs du mouvement, la promotion involontaire, en couverture de Paris Match, d’une figure du mouvement condamnée à plusieurs reprises pour racisme et antisémitisme, la récurrence du procès en collusion « juive » du président de la République, « pute à juifs » (sur une banderole de l’autoroute A6), « pouriture [sic] de juifs » (graffiti rue Molitor à Paris), « Macron (…) = Sion » (panneau à Pontcharra, en Isère). Il a fallu de nouvelles violences antisémites, samedi 22 décembre, durant l’« acte VI » des « gilets jaunes », en plein Paris, en toute impunité, pour qu’on s’en indigne. S’en inquiéter il y a quinze jours n’était guère raisonnable pour l’opinion. Il ne fallait pas que le mouvement des « gilets jaunes », populaire chez les Français, puisse pâtir d’une exposition de ce sujet. Globalement, la tolérance en France pour les manifestations de haine antijuive est élevée. Souvent taxées de « dérapages » (au demeurant sanctionnés par la loi), on les minimise en invoquant parfois leur caractère « culturel ». On se rassure en considérant qu’elles sont inévitables, qu’elles resteront confinées au cercle des extrêmes où elles prospèrent, que leurs auteurs ne peuvent être raisonnés, qu’il faut vivre avec, que l’antisémitisme français est si composite qu’il ne peut être une menace. On se refuse à penser cette pratique de l’injure antijuive en France au regard des assassinats ciblés (Ilan Halimi, Mireille Knoll, les morts de l’Hyper Cacher, les enfants de Toulouse victimes de Mohammed Merah, etc.), au regard aussi de ce qu’a été la France dans la seconde guerre mondiale, un pays où on a protégé beaucoup de Français juifs et de juifs exilés, mais qui en a livré beaucoup aussi aux nazis, avec zèle et conscience, commettant l’irréparable, comme l’a rappelé Jacques Chirac le 16 juillet 1995 [dans son discours devant le monument en mémoire de la rafle du Vél’d’Hiv, était reconnue pour la première fois la responsabilité de la France dans la déportation vers l’Allemagne de juifs français]. Phénomènes prêts à la coagulation Bref, reviennent toujours les mêmes paroles apaisantes sur l’immunité nationale en matière d’antisémitisme, les mêmes avertissements de ne pas en faire trop « pour les juifs » parce qu’il y a d’autres persécutés qui méritent tout autant l’attention publique et la solidarité nationale, les mêmes oublis pour ne pas donner sens à un climat général où les juifs sont pris pour cibles de toute part, sur des campus, dans des quartiers, sur leurs tombes.
24/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/gilets-jaunes-en-matiere-d-antisemitisme-tout-est-a-craindre-et-les-strategies-d-occultation-sont-un-leurre_5401843_3232.html
Financement du terrorisme : sanction de 50 millions d’euros contre La Banque postale
Soupçonnée d’avoir manqué de vigilance, la banque est aussi l’objet d’une enquête préliminaire du parquet de Paris. Elle aurait exécuté des opérations pour dix clients pourtant visés par un gel des avoirs.
Le superviseur bancaire français a infligé un blâme assorti d’une sanction de 50 millions d’euros à La Banque postale pour des manquements dans son dispositif de lutte contre le financement du terrorisme, dans une décision publiée lundi 24 décembre. « Ces sanctions répriment une carence grave du dispositif de détection », a souligné l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Les faits reprochés concernent le fonctionnement des « mandats cash » nationaux, qui permettent de transférer très rapidement des fonds à un tiers, et le gel des avoirs, qui oblige un établissement à bloquer les actifs de toute personne ou société sanctionnée par les autorités. Failles du « mandat cash » L’ACPR reproche à La Banque postale de ne pas s’être « dotée d’un dispositif lui permettant de détecter, avant leur exécution, les opérations de “mandat cash” nationaux (MCN) au bénéfice de personnes faisant l’objet d’une mesure européenne ou nationale de gel des avoirs ». Les failles du système ont notamment été utilisées pour financer des djihadistes partis combattre en zone irako-syrienne. La Banque postale « a, entre le 1er décembre 2009 et le 13 mars 2017, exécuté au moins 75 opérations de MCN pour le compte de dix clients dont les éléments d’identité (nom, prénom et date de naissance) correspondent à ceux de personnes qui faisaient l’objet, à la date des opérations, d’une mesure de gel, dans 9 cas sur 10 en raison d’activités terroristes », détaille l’autorité de contrôle dans sa décision. Recours devant le Conseil d’Etat Ce service de « mandat cash », disponible pour tout particulier, a représenté en 2016 un total de 5,5 millions d’opérations pour un montant de 1,3 milliard d’euros environ. La Banque postale rappelle dans un communiqué avoir pour « caractéristique d’être le seul établissement bancaire du territoire dont les services sont accessibles à tous, clients ou non ». « Les mandats suspectés par l’ACPR représentent ainsi 0,00027 % du montant total des mandats nationaux sur la période étudiée, soit seulement quelques dizaines de mandats pour un montant global de quelques milliers d’euros », se défend l’établissement. « En outre, aucun des faits reprochés n’est en soi constitutif d’une opération de blanchiment ou de financement du terrorisme. Tous les contrôles effectués ont permis de mettre en évidence l’absence de telles opérations », garantit La Banque postale, qui a décidé d’engager un recours devant le Conseil d’Etat contre cette sanction. Après un signalement de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution à la justice à propos de ces dysfonctionnements, une enquête avait été ouverte par le parquet de Paris, confiée en septembre 2017 à la brigade financière.
24/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/24/financement-du-terrorisme-sanction-de-50-millions-d-euros-contre-la-banque-postale_5401840_3234.html
Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky achète deux centrales électriques en France
L’homme d’affaires a été choisi pour reprendre deux usines fonctionnant au charbon, et promises à la fermeture rapide.
La centrale de Saint-Avold (Moselle), qui fonctionne au charbon, possède deux tranches de production d’électricité à partir de gaz. JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP Daniel Kretinsky poursuit sa campagne de France. Après avoir investi dans la presse, en devenant notamment actionnaire indirect et minoritaire du Monde, le milliardaire tchèque y prend position dans l’énergie, son premier métier. EPH (Energetický a Průmyslový Holding – « Holding énergétique et industrielle », en français), le groupe tchèque qu’il contrôle et préside, a été choisi pour acquérir les actifs français d’Uniper, a annoncé ce groupe allemand lundi 24 décembre. En France, Uniper possède essentiellement deux centrales électriques fonctionnant au charbon d’une puissance de 600 mégawatts chacune, à Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Saint-Avold (Moselle). Ce dernier site comporte également deux tranches de production d’électricité à partir de gaz. Uniper détient aussi en France six parcs éoliens et deux centrales solaires. « L’objectif d’EPH est d’acquérir l’ensemble des activités et des actifs d’Uniper en France », précise le communiqué publié par le groupe allemand, mais EPH a déjà conclu un accord pour revendre à Total les deux tranches au gaz. Article réservé à nos abonnés Lire aussi EPH, le groupe de Daniel Kretinsky, pourrait acheter deux des dernières centrales à charbon en France Uniper avait mis en vente ses actifs français à la suite de la publication de ses résultats du premier semestre 2018. Plusieurs candidats s’étaient intéressés au dossier, notamment des fonds d’investissement. A l’issue de ces négociations, EPH a été retenu pour mener des négociations exclusives, pour un prix qui n’a pas été divulgué. « La prochaine étape est un processus de consultation obligatoire avec les représentants du personnel, prévu par la loi, qui sera lancé en janvier », explique Uniper. La conclusion de la vente nécessite en outre des autorisations administratives. Des actifs en fin de vie Comme il l’a déjà fait hors de France, Daniel Kretinsky mise ici sur des actifs en fin de vie. La France ne compte plus que quatre centrales au charbon en activité. Deux appartiennent à EDF, à Cordemais (Loire-Atlantique) et au Havre (Seine-Maritime), les deux autres à Uniper. Toutes vont en principe devoir fermer à l’horizon 2022, au nom de la lutte contre le dérèglement climatique, le charbon étant le mode de production électrique qui émet le plus de gaz à effet de serre. Le président Emmanuel Macron a confirmé leur fermeture à la fin de novembre, en présentant les grandes orientations de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). La demande de moratoire formulée par la CGT a été rejetée. « Nous continuons à militer pour l’obtenir, affirme Nicolas Casoni, le secrétaire général de la CGT à la centrale de Gardanne. Nous sommes d’ailleurs en grève reconductible depuis le début décembre. Pas un mégawatt ne sortira de Gardanne sans garantie pour notre avenir. » Le ministère de la transition écologique et solidaire a assuré qu’il mettrait en œuvre l’engagement présidentiel « en accompagnant chaque salarié et chaque territoire concernés ». Quel est le calcul de Daniel Kretinsky en achetant ces actifs ? Quatre éléments peuvent expliquer son intérêt pour des centrales vouées à la fermeture. D’abord, l’homme d’affaires s’apprête à obtenir Uniper France pour un prix positif mais semble-t-il limité, et la facture finale devrait sensiblement baisser grâce à la revente à Total des tranches fonctionnant au gaz. Un pari sur la biomasse Ensuite, EPH peut espérer gagner de l’argent sur les dernières années d’exploitation des centrales, déjà amorties. D’autant que ses dirigeants n’excluent pas que la fermeture soit repoussée au-delà de 2022. « Ces deux unités jouent un rôle significatif dans le système électrique français, et pourraient fonctionner de façon compétitive après 2022, plaide Jan Springl, l’un des responsables d’EPH. Nous allons en discuter avec les autorités françaises. » Le groupe tchèque peut aussi miser sur le développement d’autres modes de production d’énergie, moins polluants, en implantant d’autres parcs éoliens et solaires et surtout en développant l’utilisation de la biomasse. « Convertir à la biomasse une centrale à charbon, voire les deux, permettrait de garder une production électrique sur ces sites, mais entièrement renouvelable, et de maintenir les emplois », souligne Jan Springl. Enfin, « le portefeuille de clients d’Uniper en France a une valeur pour un groupe comme EPH qui veut s’implanter dans le pays », relève un de ceux qui ont suivi le dossier. Au bout du compte, récupérer à bas prix des centrales vouées à la fermeture, mais aussi d’autres actifs plus intéressants, pourrait ainsi se révéler une bonne affaire.
24/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/24/le-milliardaire-tcheque-daniel-kretinsky-achete-deux-centrales-electriques-en-france_5401838_3234.html
Ouani, « premier port international » des Comores pour les clandestins vers Mayotte
Distante de seulement 70 km de l’île française, la ville est le nouveau point de départ de ces traversées qui empoisonnent les relations entre Paris et Moroni.
Manifestation à Moroni, le 12 avril 2018, contre la politique française de lutte contre l’immigration clandestine comorienne à Mayotte. YOUSSOUF IBRAHIM / AFP A une dizaine de kilomètres au sud de Moutsamoudou, capitale de l’île comorienne de Ndzouani (anciennement Anjouan), Ouani bruisse d’activité. En quelques mois, la ville est devenue la nouvelle plaque tournante de l’émigration clandestine vers l’île française voisine de Mayotte. « On parle beaucoup de Bambao-Mtsanga ou de Domoni, mais peu de Ouani », note un ancien « rabatteur » de candidats au départ qui se présente sous le nom d’Ali Mohamed. « Pourtant, c’est aujourd’hui le premier port international pour Mayotte. » C’est là, à quelques encablures de l’aéroport de l’île, que s’élancent les fameux kwassa-kwassa, ces barques de pêche ultrarapides chargées de migrants. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Entre Comoriens et Mahorais, le ressentiment menace de virer à l’orage L’ancien point de départ de Gaba a été délaissé, paradoxalement pour son côté isolé. « Tout attroupement en vue d’un départ, même modeste, attirait l’attention, explique Ali. Ce n’était pas discret. » « La Boudeuse » veille au grain Les passeurs opèrent désormais presque à découvert le long du littoral, envahi par les détritus et tout ce que la bourgade compte de déchets de plastique. Dans ce désordre de conteneurs mal alignés, une paillote défraîchie fait office d’agence de voyages et d’information. Les migrants, presque sans bagages, se fondent dans la foule des riverains jusqu’au moment d’embarquer, dans un lieu-dit un peu à l’écart, réputé plus tranquille. Cet après-midi, trois barques, chargées d’une dizaine de passagers chacune, ont pris la mer presque en même temps, laissant derrière elles de longs sillons d’écume. Cap sur Mayotte, à 70 km au sud-est. « Ils ne font pas le trajet d’une seule traite, ils s’arrêtent à un point de rendez-vous pour prendre les instructions de leurs comparses à Mayotte, explique Ali. C’est là qu’ils peuvent se faire repérer. » Au large de l’île, le patrouilleur français La Boudeuse veille au grain. Lire aussi A Mayotte, le service des étrangers de nouveau actif L’immigration clandestine empoisonne depuis des années les relations entre la France et les Comores. Selon les autorités du département français, les étrangers représentent plus de 40 % de la population de Mayotte, et plus de la moitié sont en situation irrégulière. Chaque année, la France expulse entre 18 000 et 22 000 clandestins, originaires de toute l’Afrique, partis de l’île de Ndzouani. A la suite d’un référendum organisé en fin d’année 1974, l’archipel des Comores (qui comprenait alors Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte) a proclamé son indépendance de Paris en 1975, mais Mayotte a décidé de rester dans le giron de la France. Moroni revendique depuis en vain la souveraineté sur ce territoire, malgré plusieurs résolutions de l’ONU. Entre 300 et 1 000 euros Nouveau regain de tension cette année : Moroni a refusé de mars à novembre de réadmettre ses citoyens en situation irrégulière, considérant Mayotte comme une île comorienne. La situation s’est apaisée depuis peu. Pour prouver sa volonté d’enrayer ce trafic, le gouvernement de Moroni a mené au début de l’année une opération, très médiatisée, de destruction des ateliers clandestins de fabrique de kwassa-kwassa. Mais celle-ci n’a perturbé qu’un temps le rythme des voyages. Et permis à Ouani de renforcer sa position de port de départ. Lire aussi Paris et Moroni mettent fin au bras de fer sur les migrations entre les Comores et Mayotte « On n’arrêtera jamais ces traversées, ça a toujours été comme entre nos îles », commente le passeur repenti, qui pointe « le manque de volonté » des autorités comoriennes. Mais, s’il a résisté à toutes les crises politiques entre Paris et Moroni, le commerce des clandestins rapporte aujourd’hui moins qu’il y a quelques années, remarque Ali Mohamed. « Les prix ont chuté car il y a trop de passeurs », explique-t-il. Les tarifs par personne s’échelonnent désormais entre 1 000 euros pour les trajets sécurisés (les « jets », qui ne prennent que quelques passagers) et 300 euros dans un kwassa-kwassa surchargé, avec parfois jusqu’à 20 personnes à bord. Les risques d’être repéré et de faire naufrage sont alors beaucoup plus grands. « Le nombre des victimes est sous-évalué », affirme Ali. Depuis 1985, on estime à près de 12 000 le nombre de personnes mortes ou disparues en tentant de rallier Mayotte. Selon les organisations humanitaires, le bras de mer qui sépare Ndzouani de l’île française serait « le plus grand cimetière marin du monde ».
24/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/24/ouani-premier-port-international-des-comores-pour-les-clandestins-vers-mayotte_5401835_3212.html
« Opposition catégorique » de Pékin aux appels à libérer les deux Canadiens
La détention d’un ex-diplomate et d’un consultant en Chine pourrait être des représailles à l’arrestation à Vancouver de la directrice financière de Huawei.
C’est un refus « catégorique ». La Chine a rejeté l’appel du Canada à libérer immédiatement ses deux ressortissants, lundi 24 décembre. La diplomatie chinoise fait part de son « fort mécontentement » aux demandes formulées vendredi par Ottawa et soutenues par les Etats-Unis. « Nous appelons les pays en question à respecter sincèrement la souveraineté judiciaire de la Chine », a déclaré devant la presse la porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Hua Chunying. La Commission européenne et l’Allemagne avaient aussi manifesté leur inquiétude. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Deux Canadiens otages des tensions entre Pékin et Ottawa Menace à la « sécurité nationale » Michael Kovrig, diplomate en congé sabbatique travaillant depuis février pour l’organisation non gouvernementale International Crisis Group (ICG), et Michael Spavor, consultant installé dans le nord-est de la Chine, d’où il organisait des voyages en Corée du Nord, sont officiellement soupçonnés de mener des « activités menaçant la sécurité nationale ». Mais, selon certains observateurs, ces arrestations pourraient être un moyen pour la Chine de faire pression sur Ottawa après l’interpellation le 1er décembre à Vancouver de la directrice financière du grand groupe chinois des télécommunications Huawei, Meng Wanzhou, à la demande de la justice états-unienne. Mme Meng est soupçonnée par les autorités américaines de fraude visant à contourner les sanctions contre l’Iran. La fille du fondateur de Huawei a depuis été remise en liberté moyennant une caution dans l’attente d’une procédure d’extradition vers les Etats-Unis, qui pourrait prendre plusieurs mois. Une première audience pour étudier la demande d’extradition vers les Etats-Unis doit se tenir le 6 février 2019. Un troisième ressortissant canadien, une enseignante, a également été arrêté jeudi en Chine. Mais son cas, qui ne relève pas de la sécurité d’Etat, ne semble pas lié aux deux autres. Accusée de travailler illégalement en Chine, elle est passible de « sanctions administratives », selon Hua Chunying.
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/opposition-categorique-de-pekin-aux-appels-a-liberer-les-deux-canadiens_5401832_3210.html
Les « gilets jaunes » et « la fin du somnambulisme politique »
Les élites politiques et économiques se sont montrées aveugles aux signaux d’alarme sur le pouvoir d’achat et le ras-le-bol fiscal qui s’accumulent depuis des années.
Campement de « gilets jaunes » au rond-point dit du Jardiland, à Saint-Clément, dans l’Yonne, le 10 décembre. Benjamin Girette pour "Le Monde"/Benjamin Girette Chronique. Maintenant que la plupart des ronds-points sont dégagés, les feux de palettes éteints et une majorité de « gilets jaunes » rentrés dans leurs pénates, les élites politiques et économiques soufflent un peu, sidérées par la fulgurance d’un mouvement qui a pris comme un feu de paille sur les réseaux sociaux, la violence des manifestations et l’explosion tous azimuts des revendications. Sidérées, mais pourquoi ? On pourrait tout aussi bien s’étonner que l’incendie n’ait pas pris plus tôt, tant les signaux d’alarme s’accumulaient depuis des années, sur le pouvoir d’achat et le ras-le-bol fiscal entre autres. Le premier stagne pour beaucoup depuis la crise financière de 2008 ; le second enfle plus vite que la création de richesses, avec 70 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires entre 2015 et 2017. Les « élites » et la noblesse d’Etat conspuées sur les barrages ne peuvent pas dire : « Nous ne savions pas ! » Elles savaient, et par de nombreux canaux. Des lanceurs d’alerte sociale Les maires ont vu monter le mal-vivre au fil des ans, et c’est naturellement chez eux que les Français en colère remplissent les cahiers de doléances. Les syndicats ont dénoncé la rigueur salariale, même s’ils défendent surtout les « inclus ». Dans son rapport annuel sur les salaires publié fin novembre, l’Organisation internationale du travail juge « déroutant » de les voir augmenter si peu quand la croissance repart et le chômage baisse, s’inquiétant du recul des salaires au profit du capital dans le partage de la valeur ajoutée depuis 2010. Lire aussi La croissance des salaires n’a jamais été aussi faible depuis dix ans D’autres lanceurs d’alerte sociale ? Vigies attentives et ultimes mains secourables face à la misère, les associations caritatives ont vu le profil de leurs bénéficiaires évoluer depuis trente ans – l’âge du RMI ! Les sans-abri, les familles du quart-monde et les travailleurs pauvres apparus dans les années 1980 ont été rejoints par des étudiants, des femmes seules avec enfants, des retraités modestes, de petits indépendants… Des « invisibles » dont le budget est si tendu qu’il leur arrive, toute honte bue, de faire un crochet par les Restos du cœur. Une République qui a tourné le dos à ses idéaux Et si les élites politiques ne voulaient entendre ni leurs relais de terrain ni les corps intermédiaires, elles disposaient des enquêtes d’excellents économistes, sociologues, historiens, géographes et démographes, depuis La Misère du monde de Pierre Bourdieu (Seuil, 1993) et L’Insécurité sociale de Robert Castel (Seuil, 2003) jusqu’à La France périphérique de Christophe Guilluy (Flammarion, 2014), en passant par La Préférence pour l’inégalité de François Dubet (Seuil, 2014), Le Nouvel Egoïsme territorial de Laurent Davezies (Seuil, 2015), Les Classes moyennes à la dérive de Louis Chauvel (Seuil, 2006) et L’Insécurité culturelle de Laurent Bouvet (2015). Sans oublier l’œuvre magistrale de Thomas Piketty sur Le Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013).
24/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/gilets-jaunes-la-fin-du-somnambulisme-politique_5401830_3232.html
En Tunisie, les villageois déstabilisés par la guerre contre les djihadistes
Près de la frontière avec l’Algérie, les habitants des hameaux de montagne peinent à survivre dans le contexte d’affrontements entre forces de sécurité et rebelles djihadistes.
Un policier tunisien lors d’une opération de sécurité près de la frontière avec l’Algérie, en octobre 2014. ZOUBEIR SOUISSI / REUTERS/ La villageoise a exhibé son pied, os déglingué sous une chair couturée. Hasniya Hellali, 70 ans, aurait bien pu la perdre, sa jambe droite, soufflée par la bombe artisanale, si elle n’avait ce jour-là – c’était il y a deux ans – enfourché l’ânesse sur les versants rocailleux de la montagne. La pauvre bête l’a protégée. Une fois rétablie à l’hôpital, où le médecin lui a « enlevé plein de morceaux de ferraille », la vieille dame n’a rien changé à ses habitudes. Elle continue à braver les dangers du mont Semmama, où groupes djihadistes et armée tunisienne se livrent à une guerre d’usure. Chaque jour, Hasniya, malgré son âge et les séquelles de sa blessure, s’en va donc gratter de ses mains calleuses ce massif de la Tunisie du Centre-Ouest, non loin de la frontière algérienne, pour y arracher des bouquets de romarin et d’alfa, sources de menus revenus. « J’ai peur, confesse-t-elle, mais je n’ai guère le choix. Il faut bien nourrir la famille. » Murs chaulés de blanc, sol en ciment nu, mobilier réduit à des chaises en plastique : la pièce de sa maisonnée où elle reçoit dit la rusticité du lieu, la précarité de son village de Ouassaïa. Agrippé au flanc des contreforts du mont Semmama, à l’est de Kasserine, un des hauts lieux de la révolution de 2011, le hameau de Ouassaïa résume le dilemme de cette région frontalière, écartelée entre péril sécuritaire et impératif de la survie économique. Depuis le renversement de la dictature de Ben Ali, un foyer d’insurrection djihadiste a éclos sur ces hauteurs accidentées, alimenté par les filières algériennes liées à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) ou par les réseaux de l’organisation Etat islamique (EI) connectés à la Libye. Mines enfouies sur les sentiers Six ans après leur émergence, ces maquis tunisiens – comptant vraisemblablement entre 150 et 200 hommes – ont été contenus par les forces de sécurité. Les affrontements dans cette région proche de l’Algérie ont causé la mort de 127 djihadistes et de 118 soldats, gendarmes ou policiers, selon une comptabilité établie par le chercheur Matt Hebert au printemps de cette année. Affaiblis, les groupes insurgés n’ont toutefois pas disparu, témoignant d’une indiscutable résilience. Et dans cette guerre silencieuse, les civils payent un lourd tribut. Un mois avant l’incident qui avait manqué d’emporter la jambe de Hasniya, deux autres femmes du village avaient, elles, péri. Les circonstances sont analogues : des mines enfouies sur les sentiers par les insurgés pour frapper les convois de l’armée mais qui explosent sous les pas des villageois s’aventurant trop loin, trop haut, trop seuls.
24/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/24/dans-l-ouest-tunisien-les-villageois-destabilises-par-la-guerre-contre-les-maquis-djihadistes_5401827_3212.html
Nicaragua : les « crimes contre l’humanité » de Daniel Ortega
Contraint de quitter le pays, Paulo Abrao, responsable de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, dénonce des assassinats en série.
Devant les locaux de la chaîne de télévision 100 % Noticias, fermée par les autorités, le 22 décembre, à Managua. MAYNOR VALENZUELA / AFP Vingt-quatre heures avant de révéler un rapport accusateur sur la répression au Nicaragua, les enquêteurs de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) ont été expulsés du pays par le gouvernement. Dimanche 23 décembre, Paulo Abrao, secrétaire exécutif de la CIDH, a accordé une interview au Monde, depuis Washington, sur les exactions glaçantes, commises par les autorités, contre les opposants au régime. Selon lui, « le président, Daniel Ortega, est responsable de crimes contre l’humanité ». Trois jours plus tôt, les quatre experts de la CIDH étaient contraints de quitter le Nicaragua, après six mois d’enquête sur une répression qui a fait plus de 325 morts, dont 24 mineurs, depuis mi-avril, alors que le gouvernement n’en reconnaît que 199. « Par leur expulsion, le gouvernement a tenté d’empêcher la publication de notre rapport », fustige par téléphone M. Abrao, qui dénonce des assassinats en série, des arrestations arbitraires, des actes de torture et des agressions sexuelles de la part des autorités. « Abus sexuels » Une tentative de censure déjouée par la CIDH, qui a publié son rapport, vendredi 21 décembre, à Washington. « Les violences ont fait 109 morts, plus de 1 400 blessés et 690 détentions entre le 18 avril et le 30 mai », s’alarme M. Abrao, précisant que l’enquête des experts n’a porté que sur quarante-deux jours de répression à partir du début de la révolte populaire. Née le 18 avril d’une marche réprimée contre une réforme de la sécurité sociale, la contestation s’est vite muée en mouvement national qui exige toujours le départ du président Ortega, au pouvoir sans interruption depuis onze ans. « La police et les escouades du gouvernement ont tiré à l’arme lourde sur les manifestants », assure M. Abrao. Le docteur en droit de 43 ans incrimine M. Ortega de cet usage excessif de la force « en tant que commandant en chef de la police ». Le rapport implique aussi son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo, et des dirigeants de la police d’« avoir mené contre les opposants des attaques généralisées et systématiques, considérées comme des crimes contre l’humanité ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Nicaragua, le régime d’Ortega durcit sa répression La présence au Nicaragua des experts de la CIDH, liée à l’Organisation des Etats américains (OEA), avait été acceptée, en juin, par le gouvernement, qui « leur a vite bloqué l’accès aux prisons et aux rapports d’autopsie ». Leur enquête s’est basée sur des vidéos et des interviews de proches de victimes, de témoins et de défenseurs locaux des droits de l’homme. Ses conclusions révèlent aussi la torture de prisonniers : « Certaines détenues ont subi des abus sexuels », déplore M. Abrao. Sans compter les manipulations judiciaires : « Sur 109 meurtres, 100 restent dans l’impunité. L’absence d’indépendance de la justice n’incite pas l’Etat à enquêter sur lui-même. »
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/les-crimes-contre-l-humanite-de-daniel-ortega_5401823_3210.html
« Gilets jaunes » : sortir de l’impasse
Editorial. L’« acte VI » de la mobilisation, samedi 22 décembre, a été marqué par des violences et des actes antisémites. Pour que le sens originel du mouvement ne soit pas dénaturé, il est urgent que les corps intermédiaires reprennent la main.
Manifestation des « gilets jaunes », à Paris, samedi 22 décembre. SAMEER AL-DOUMY / AFP Editorial du « Monde ». Quand une révolte citoyenne, d’abord motivée par le ras-le-bol fiscal et soutenue par une large majorité de l’opinion, est débordée par une minorité d’irréductibles, auteurs d’actes violents, la crise change de nature. A trois jours de Noël, la mobilisation des « gilets jaunes », lors de l’« acte VI », samedi 22 décembre, a enregistré une forte chute. Depuis le pic du 17 novembre, avec 282 000 manifestants recensés à travers la France, la baisse a été continue : 166 000 le 24 novembre, 136 000 les 1er et 8 décembre, 66 000 le 15 décembre et seulement 38 600 le 22 décembre, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. S’il n’a pas renoué avec l’ampleur des violences qu’a connues Paris au début du mois, cet « acte VI » a donné lieu à une série de dérapages totalement inadmissibles. Sur les Champs-Elysées, samedi soir, quatre policiers à moto ont été agressés, les syndicats évoquant une « tentative de lynchage ». Sur le parvis du Sacré-Cœur, à Montmartre, des « gilets jaunes » ont été filmés en train de chanter, gestes à l’appui, La Quenelle, le chant antisémite de Dieudonné. Le 22 décembre, vers 23 heures, dans le métro parisien, trois hommes, visiblement éméchés, revenant de la manifestation ont fait des « quenelles », selon le récit d’un journaliste témoin de la scène. Une dame de 74 ans leur a demandé d’arrêter : « C’est un geste antisémite, je suis juive, mon père a été déporté à Auschwitz où il est mort. » Pour toute réponse, l’un des individus a hurlé « Dégage, la vieille », un autre a fait référence à la « révolution nationale » du régime de Vichy. Essoufflement et radicalisation Pendant le week-end, plusieurs actes de vandalisme ont été commis dans le Sud sur des péages d’autoroute. Vendredi soir, lors d’une manifestation de « gilets jaunes » à Angoulême (Charente), un pantin à l’effigie du président de la République a été décapité. A ces diverses voies de fait passibles de poursuites pénales s’ajoutent des menaces contre des députés, issus principalement de La République en marche, des insultes et des agressions contre des journalistes. Au péage du Boulou, à la frontière franco-espagnole, près de Perpignan, des journalistes de France 2 ont été frappées par des manifestants. A Saint-Chamond (Loire), une équipe de BFM-TV et une journaliste du Progrès ont été violemment prises à partie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le mouvement des “gilets jaunes” est avant tout une demande de revalorisation du travail » Sur son compte Twitter, Edouard Philippe a dénoncé « un simulacre de décapitation du chef de l’Etat (…), des agressions d’une violence inouïe contre des policiers (…), des gestes antisémites en plein Paris ». « Il est hors de question, a ajouté le premier ministre, à juste titre, de banaliser de tels gestes, qui doivent faire l’objet d’une condamnation unanime et de sanctions pénales. » Depuis le Tchad, où il se trouvait dimanche, Emmanuel Macron a affirmé que « les réponses judiciaires les plus sévères seront apportées. C’est maintenant l’ordre qui doit régner, le calme et la concorde ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les dérapages antisémites et violents de certains « gilets jaunes » jettent le trouble Au bout de cinq semaines, plus la mobilisation des « gilets jaunes » s’essouffle, plus elle se radicalise. Des irréductibles – livrés à eux-mêmes puisque le mouvement ne dispose d’aucune structure – cherchent la confrontation violente. Ils dénaturent ainsi le sens de la colère originelle. Dans ce contexte dangereux, une partie de la réponse viendra des corps intermédiaires – syndicats, partis politiques, associations, élus locaux – que le gouvernement comme les « gilets jaunes » n’ont cessé d’affaiblir ces derniers mois ou ces dernières semaines. Face aux risques de la violence, il y a, au contraire, urgence à leur redonner enfin toute leur place. Le Monde
24/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/gilets-jaunes-sortir-de-l-impasse_5401820_3232.html
« Gilets jaunes » : Macron et Philippe veulent tourner la page
Les deux têtes de l’exécutif, qui préparent une rentrée délicate, ont condamné les violences de samedi et appelé à l’ordre et à la concorde.
LINE PRESSE/AFP Avant de prendre quelques jours de congé, le premier ministre, Edouard Philippe, devait rencontrer, lundi 24 décembre, en fin de matinée, l’unité de policiers motocyclistes, dont trois membres ont été violemment pris à partie samedi par des « gilets jaunes » sur les Champs-Elysées. La scène, où l’on voit des manifestants jeter pavés et trottinettes aux représentants des forces de l’ordre avant qu’un policier dégaine son pistolet pour les repousser, a été filmée et diffusée en boucle sur les chaînes d’information en continu. Elle a été vivement condamnée par le chef du gouvernement qui a dénoncé, dimanche sur son compte Twitter, « des agressions d’une violence inouïe contre des policiers ». S’il a marqué un recul de la mobilisation (avec près de 39 000 personnes contre 66 000 le samedi précédent), l’acte VI des « gilets jaunes » a également vu le mouvement émaillé de débordements racistes. Mais aussi, comme s’en est ému le premier ministre, « [de] gestes antisémites » et d’« un simulacre de décapitation du chef de l’Etat ». « Il est hors de question de banaliser de tels gestes qui doivent faire l’objet d’une condamnation unanime et de sanctions pénales », a ajouté Edouard Philippe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les dérapages antisémites et violents de certains « gilets jaunes » jettent le trouble « Cette histoire n’est pas finie » En visite au Tchad, à N’Djamena, où il était venu réveillonner avec les soldats de l’opération « Barkhane » samedi soir, Emmanuel Macron a pour sa part appelé au rétablissement de l’« ordre ». « Il est évident que les réponses judiciaires les plus sévères seront apportées. C’est maintenant l’ordre qui doit régner, le calme et la concorde. Notre pays a besoin de ça (…). Il faut apaiser les divisions », a assuré le chef de l’Etat, à BFM-TV. Une « réponse pleinement assumée » a été apportée à « la demande juste, la colère juste du peuple français », avait-il auparavant déclaré, alors que le gouvernement a débloqué 10 milliards d’euros pour soutenir le pouvoir d’achat des Français. Rentré à Paris dimanche soir, Emmanuel Macron devrait lui aussi s’accorder quelques jours de repos pour les fêtes de Noël. Le président le sait, la rentrée de janvier s’annonce compliquée. Si le mouvement des « gilets jaunes » semble s’essouffler, personne au sein de l’exécutif ne crie victoire. « Cette histoire n’est pas finie », juge un conseiller du chef de l’Etat. En tout état de cause, même si la mobilisation ne reprend pas après les fêtes, cet épisode a d’ores et déjà modifié l’approche et la feuille de route de l’exécutif. Il n’est en effet pas question de préempter les résultats du « grand débat » qui a été organisé pour donner la parole aux Français partout dans le pays et qui doit s’achever le 1er mars 2019. « Les “gilets jaunes”, c’est une irruption du peuple qui demande le pouvoir », confie le directeur du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique, Jérôme Jaffré.
24/12/2018
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/24/gilets-jaunes-macron-et-philippe-veulent-tourner-la-page_5401817_823448.html
En Cisjordanie, le Hamas ciblé de toutes parts
L’Autorité palestinienne coopère avec l’Etat hébreu pour cibler les militants islamistes.
Une femme soutenant le Hamas manifeste devant des membres des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, dans les territoires occupés d’Hébron, le 14 décembre 2018. MUSSA ISSA QAWASMA / REUTERS En Cisjordanie, il existe plusieurs mots pour décrire une même réalité : coopération, coordination, collaboration, coproduction. Tous conviennent pour qualifier le programme commun que suivent les services de sécurité palestiniens et israéliens. Aucun contact politique n’existe plus depuis le printemps 2014 entre Benyamin Nétanyahou et Mahmoud Abbas. Ce dernier rejette aussi toute médiation américaine en raison de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale par l’administration Trump en décembre 2017. Malgré cette absence de processus politique, une préoccupation réunit les deux appareils sécuritaires : préserver le calme en Cisjordanie. Cela passe par la répression, sur Internet et dans la rue, avec une cible privilégiée : les militants du Hamas. Fin octobre, le Conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a appelé – pour la énième fois – à la fin de la coordination sécuritaire avec Israël, au nom d’une idée consensuelle dans la société : l’Autorité palestinienne est vue comme un sous-traitant de l’armée d’occupation. « La situation est surréaliste », dit Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l’OLP : « L’armée entre partout, dans les maisons comme dans les rédactions, elle exécute des gens et démolit des logements. Et nos forces, elles, ne peuvent les toucher. Elles doivent au contraire assurer leur sécurité. La coordination sécuritaire n’est qu’au bénéfice des Israéliens. Puisqu’ils veulent tout faire, laissons les venir et tout occuper. » Rien n’a changé depuis la recommandation du Conseil central, et cela ne surprend personne. Dans une étude d’opinion parue le 18 décembre, réalisée par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (PSR), 72 % des personnes interrogées soutiennent l’idée d’en finir avec la coordination sécuritaire. Mais 70 % pensent que l’Autorité palestinienne ne le fera pas. Lucidité. « Cela aurait un impact direct sur ceux qui sont censés prendre la décision », souligne un diplomate européen. Chacun a ses priorités Cette coordination satisfait les deux parties. On échange des listes, on se prévient souvent, même si chacun a ses priorités. L’Autorité palestinienne surveille de près, par exemple, les foyers de contestation que sont les camps de réfugiés comme Balata, à Naplouse, ou Amari à Ramallah. L’armée, elle, protège les colons, des avant-postes isolés jusqu’au centre d’Hébron. Mais lorsqu’un pic de violences palestiniennes est enregistré, suscitant une fièvre politique, chacun déploie ses capacités pour les contenir.
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/en-cisjordanie-la-coordination-securitaire-avec-israel-se-poursuit-de-plus-belle_5401812_3210.html
A Rosny-sous-Bois, 500 euros pour un 15 m2 indigne
Les habitants d’un ensemble de six immeubles situé rue des Deux-Communes ont été évacués en urgence.
Abdallah a été relogé dans les vestiaires du stade de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). BRUNO FERT POUR "LE MONDE" « Le 19 novembre, j’avais reçu le rapport alarmant de l’expert nommé par le tribunal administratif qui préconisait cette évacuation, organisée en urgence trois jours plus tard », se souvient Claude Capillon. Dès avril, le maire (LR) de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avait pris un arrêté de péril sur un ensemble de six immeubles situé 21, rue des Deux-Communes, sous le coup d’un arrêté d’insalubrité depuis 2000. Construits dans les années 1920, ils comptaient une majorité de petits logements destinés, à l’époque, aux militaires démobilisés. Lors de l’évacuation y habitaient encore quatre propriétaires occupants, beaucoup de locataires précaires exploités par des marchands de sommeil par l’intermédiaire de sociétés civiles immobilières, des familles prioritaires pour un logement social mais sans réponse depuis des années, et un quart de salariés d’entreprises cotisantes d’Action Logement qui ignoraient jusque-là, comme c’est souvent le cas, pouvoir solliciter cette filière pour se voir attribuer un HLM. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi l’habitat insalubre ne se résorbe pas Pour héberger tout ce monde, les services de la ville ont, dans l’urgence, écumé les hôtels afin d’y reloger les familles, au coût de 56 à 65 euros par chambre et par nuit, tandis que 32 hommes seuls étaient installés sans grand confort et dans une certaine promiscuité, par chambres de cinq, sur des lits picots, dans les vestiaires du stade. Ainsi, depuis sept mois à la date de l’évacuation, Kader, 33 ans, cuisinier, payait 500 euros en espèces à un marchand de sommeil, sans bail ni quittance, pour 15 m2 équipés d’un lavabo ébréché contre lequel il s’est gravement blessé la main. Une telle location aurait dû être impossible puisque l’immeuble était, depuis avril, sous le coup d’un arrêté de péril, interdisant donc tout emménagement et suspendant tout paiement de loyer… Mais personne, pas même le syndic, ne s’en est assuré lors de son entrée dans les lieux. « Accélérer les procédures » Abdallah, 34 ans, est, lui, né en Seine-Saint-Denis, mais peine à faire reconnaître sa nationalité française. Faute de papiers, il travaille de temps en temps au noir sur les marchés dans la vente de vêtements dégriffés, son employeur étant également le bailleur de l’ami qui l’hébergeait moyennant un loyer exorbitant de 550 euros pour 19 m2. La ville a mandaté un cabinet spécialisé, Le Frene, pour monter les dossiers de relogement, et une trentaine d’appartements sont déjà trouvés grâce, par exemple, à Action Logement, pour ceux qui peuvent y prétendre. « Nous remercions les bailleurs sociaux, Seine-Saint-Denis Habitat et Logirep, et les villes voisines qui, par solidarité, nous proposent des logements, explique M. Capillon. Mais il faut accélérer les procédures d’attribution. »
24/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/a-rosny-sous-bois-500-euros-pour-un-15-metres-carres-indigne_5401809_3224.html
L’Elysée embarrassé par les voyages d’affaires d’Alexandre Benalla au Tchad
Le chef de l’Etat a dit au président tchadien Idriss Déby que « cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel » de la France.
« Vous voyez, je suis venu ! » A peine arrivé à l’aéroport de N’Djamena, samedi 22 décembre, Emmanuel Macron s’est enfermé avec son homologue, Idriss Déby, pour un premier tête-à-tête. Au menu des échanges : la force Barkhane qui lutte contre les groupes terroristes armés au Sahel, l’éducation, la santé, les femmes, les subventions françaises, mais aussi… Alexandre Benalla, aujourd’hui mis en examen pour « violences volontaires », « port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique » et « recel d’images issues d’un système de vidéoprotection ». Démis de ses fonctions par l’Elysée en juillet, après que la présidence a d’abord caché les violences exercées le 1er-Mai par son collaborateur, place de la Contrescarpe à Paris, l’ancien adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron s’est rendu début décembre au Tchad pour un court séjour à N’Djamena, ont confirmé au Monde des sources concordantes. L’une d’elle précise qu’il « est venu accompagné d’une demi-douzaine de personnes, par avion privé, réglant les frais par Carte bleue », dont le séjour à l’Hôtel Hilton, dans la capitale tchadienne, avant de repartir le 4 décembre par un avion de ligne. Selon La lettre du continent du 12 décembre, M. Benalla aurait rencontré le frère du président tchadien, Oumar Déby, qui pilote la direction générale de la réserve stratégique (DGRS) tchadienne. « Emmanuel Macron a tenu à faire savoir samedi à Idriss Déby que cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel, nous indique l’Elysée. Seuls le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le conseiller diplomatique du président, Philippe Etienne, et Franck Paris, son conseiller Afrique, peuvent se prévaloir du chef de l’Etat » sur le terrain africain. La présidence rappelle que, depuis son élection, M. Macron « veut absolument rompre avec la République des intermédiaires, notamment en Afrique ». « Plus aucun contact » Depuis qu’il a été contraint de quitter l’Elysée, Alexandre Benalla semble s’être lancé dans les affaires internationales. L’ex-conseiller a ainsi rencontré plusieurs fois l’intermédiaire Alexandre Djouhri à Londres, ville où l’homme d’affaires franco-algérien a été interpellé en janvier et attend sa décision d’extradition vers la France. Ces nouvelles activités gênent-elles le président ? Le 6 novembre, sur Europe 1, M. Macron réclamait de « l’indulgence » pour son conseiller. A N’Djamena, l’Elysée a tenu à faire savoir que la présidence n’entretenait « plus aucun contact » avec lui et indique qu’« une enquête interne est en cours » pour établir si M. Benalla a pu « profiter de son titre » pour ses propres intérêts. En juillet, Le Monde avait rapporté que le 14 mars 2017, alors qu’il travaillait pour la sécurité du candidat d’En marche !, M. Benalla assurait aussi la protection du cheikh irakien Jamal Al-Dhari lors de ses séjours parisiens.
24/12/2018
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/24/l-elysee-embarrasse-par-les-voyages-d-affaires-d-alexandre-benalla_5401806_823448.html
Touristes tuées au Maroc : le quartier de deux des suspects marqué par la précarité et le salafisme
L’arrestation des jeunes hommes pour ce double meurtre à caractère « terroriste » consterne Al-Azzouzia, banlieue déshéritée de Marrakech.
Dans le quartier d’Al-Azzouzia, en banlieue nord-ouest de Marrakech, le 21 décembre 2018. FADEL SENNA / AFP Avec ses marchands ambulants, son urbanisation anarchique et ses jeunes désœuvrés, Al-Azzouzia tranche avec les beaux quartiers de Marrakech, joyau du tourisme marocain. C’est dans cette banlieue déshéritée qu’a été interpellé, dès lundi 17 décembre, Abderrahim Khayali, l’un des meurtriers présumés de deux touristes scandinaves. « Je n’arrive pas à le croire ! », déclare à l’AFP Fatima Khayali, 46 ans, une tante de ce plombier de 33 ans suspecté du meurtre de Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et de Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, sur un site isolé du Haut-Atlas (dans le sud du pays). « C’est une catastrophe pour tout le Maroc », se lamente-t-elle sous un niqab noir qui ne laisse apparaître qu’un regard triste, devant sa modeste demeure d’Al-Azzouzia. Cette banlieue du nord-ouest de Marrakech est à la fois si proche, géographiquement, et si loin, socialement et économiquement, du cœur de la ville ocre, destination phare du royaume. Le contraste avec les hôtels de luxe et les belles avenues bordées de palmiers est saisissant. « Des jeunes socialement marginalisés » Premier mis en cause dans ce double meurtre dont le caractère « terroriste » est désormais attesté par les autorités, Abderrahim Khayali est apparu jeudi dans une vidéo aux côtés des trois autres principaux suspects, arrêtés trois jours après lui. Ils y prêtent allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef du groupe Etat islamique (EI). Selon Rabat, cette séquence a été filmée une semaine avant les faits, survenus à quelques dizaines de kilomètres de là, dans un secteur du Haut-Atlas prisé des amateurs de marche. L’une des jeunes femmes a été décapitée, selon une source proche du dossier. Les quatre suspects sont « tous des jeunes âgés de 25 à 33 ans, socialement marginalisés et ayant des connaissances limitées en matière de savoir religieux », a indiqué à l’AFP le chercheur Mohammed Masbah, spécialiste des mouvements islamistes. Selon ses proches, Abderrahim Khayali s’est converti il y a trois ans au salafisme, branche ultraconservatrice de l’islam sunnite qui prolifère dans certains quartiers populaires du royaume, à contre-courant de l’« islam du juste milieu » prôné par les autorités. « Il travaillait comme plombier dans un hôtel. En devenant salafiste, il a démissionné au motif qu’il est illicite de travailler dans un établissement qui sert de l’alcool », raconte Fatima Khayali. Son « amie d’enfance » Atika déclare, elle, qu’il « refusait de serrer la main des femmes et s’opposait à la mixité lors des célébrations familiales ». Barbe et qamis A une cinquantaine de mètres de là, vivait encore chez ses parents un autre suspect, Younes Ouaziyad, un menuisier de 27 ans de condition modeste. « C’était un garçon sans histoire […]. Rien ne pouvait laisser croire qu’il pourrait faire ça », jure Abdelaati, un vendeur de légumes du quartier. « Il ne manifestait aucun signe de radicalisation », assure un autre voisin. Selon ses proches, il était toutefois devenu adepte du salafisme il y a « un peu plus d’un an », se laissant pousser la barbe et portant immanquablement un qamis, long vêtement blanc prisé des fidèles de cette branche de l’islam. « Il nous encourageait à faire notre prière. Mais, avant de devenir salafiste, il fumait et buvait de l’alcool », lance Nourredine, un autre de ses proches. Le père du suspect, lui, se dit « effondré » et ne souhaite pas parler aux médias. Les habitants interrogés ne font pas état d’une présence notoire de prédicateurs salafistes dans le quartier. Mais selon Hassan Khayali, acteur associatif et cousin du premier suspect arrêté, l’endroit est « une bombe à retardement à cause de la drogue, de la pauvreté, du chômage et de la prostitution. Toutes les causes des dérives sont réunies », avance-t-il. « Les gens sont tétanisés » Cette précarité, on la retrouve dans la commune rurale de Harbil, à une vingtaine de kilomètres de Marrakech, dans laquelle vivaient les deux autres principaux suspects, Rachid Afatti, 33 ans, et Abdessamad Ejjoud, 25 ans, tous deux marchands ambulants. Le village semble dépeuplé et les rares riverains s’abstiennent de parler à la presse : « les gens sont tétanisés et ressentent de la honte de voir leur village associé à ce crime », lance une femme, qui refuse catégoriquement de donner son nom. Outre ces quatre suspects, neuf autres personnes ont été arrêtées jeudi et vendredi pour leurs liens présumés avec ce double homicide qui ébranle le Maroc, épargné jusqu’ici par les attentats de l’EI mais déjà meurtri, par le passé, par des attaques à Casablanca (trente-trois morts en 2003) et à Marrakech (dix-sept morts en 2011). Celles de Casablanca avaient profondément marqué l’opinion marocaine, qui avait découvert le profil des douze kamikazes, originaires de Sidi Moumen, l’un des principaux bidonvilles de la capitale économique. Cette nouvelle affaire, « même si elle a l’air isolée, peut aiguiser l’appétit d’autres cellules terroristes, notamment dans les endroits marginalisés », prévient Mohammed Masbah.
24/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/24/touristes-tuees-au-maroc-le-quartier-de-deux-des-suspects-marque-par-la-precarite-et-le-salafisme_5401803_3212.html
Un Noël en « rose » et « bleu » : la lente évolution des jouets sur les questions de genre
La sectorisation « genrée » est récente et répond à un impératif commercial évident : celui de vendre davantage de jouets.
Un père Noël dans les allées d’un supermarché lillois, en décembre 2012. PHILIPPE HUGUEN / AFP La moyenne de la classe est assez faible, à peine 6/20. Les observations, elles, oscillent entre l’encouragement à « continuer les efforts » et les constats aussi lapidaires que cinglants : « Pourrait difficilement faire pire. » C’est un bulletin publié à Noël par Pépite Sexiste, dans le cadre de la campagne « Marre du rose », lancée par les associations féministes telles qu’Osez le féminisme et les Chiennes de garde. Son objectif ? Sensibiliser le public et les enseignes aux mécanismes sexistes à l’œuvre dans l’industrie du jouet. Car quiconque s’est aventuré dans un rayon jouets cette année le sait : Noël continue de se décliner en nuances de rose et de bleu. « Les catalogues de jouets 2018 ne montrent pas de différence notable en termes de lutte contre les stéréotypes sexistes », souligne Mona Zegaï, sociologue à l’université Paris-VIII et autrice d’une thèse consacrée aux discours sexués sur les jouets. « Car sur les questions de genre, les jouets évoluent au même rythme que la société : lentement », souligne la spécialiste. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Du bon usage des présents de Noël « Tout faire à deux, c’est mieux » La pratique marketing de sectorisation « genrée » est pourtant relativement récente, dans l’histoire du jouet. C’est dans les années 90 que les enseignes abandonnent progressivement une classification par type, et réorganisent leurs rayons et catalogues. D’un côté, les jouets destinés aux garçons, en camaïeu de bleu ; de l’autre, ceux consacrés aux filles, aux mille nuances de rose. Si, en 1988, une publicité Leclerc mettait ainsi en scène un garçonnet et une fillette en plein ménage, affublés d’un tablier, affirmant que « tout faire à deux, c’est mieux », les réclames des années 90 séparent les univers, notamment dans les jeux dits d’« imitation » des schémas familiaux. Bricolage, voitures et voyages se retrouvent ainsi incarnés uniquement par des petits garçons ; ménage, cuisine et pouponnage échoient aux petites filles. Une organisation « qui poussent souvent les clichés sexistes encore plus loin que la réalité », souligne Mona Zegaï, donnant l’idée que l’homme ne s’occupe jamais des enfants, et que la femme ne sort jamais de la maison. Derrière cette stratégie, un intérêt commercial évident : celui de vendre davantage. Dans une même famille, il ne s’agira plus d’avoir une seule trottinette pour l’ensemble de la fratrie, mais une rose pour la fille et une bleue pour le garçon. Cette logique permet aussi de séduire davantage un public-cible. Ainsi en va-t-il de la création de la gamme Lego Friends, lancée par la marque danoise après le constat d’un manque d’intérêt de la part des fillettes pour ses jeux. La nouvelle-née, qui se décline dans des tons violets et emmène ses personnages à la piscine, au Cupcake café, à l’hôpital ou encore au supermarché, est immédiatement un succès commercial auprès des petites filles. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Claude Lévi-Strauss : « Le Père Noël se rattache aux rites de passage et d’initiation » Un rapport pour faire des jouets « la première initiation à l’égalité » Dans les années 2010, les critiques se font plus pressantes, arguant notamment que cette séparation conditionne les mentalités dès le plus jeune âge et enferme les enfants dans des stéréotypes obsolètes. Dans les pays scandinaves et anglosaxons, de plus en plus d’initiatives citoyennes critiquent cette stratégie marketing. En France, le sujet fait l’objet d’un rapport sénatorial en 2014 qui « formule dix recommandations pour faire des jouets la première initiation à l’égalité », et notamment éviter de « limiter la créativité des filles ». Dans les magasins, la demande pour davantage de neutralité se fait elle aussi un peu plus audible, à commencer par celle des mères, principales clientes des magasins de jouets. « On a vu de plus en plus de mamans cherchant des aspirateurs pour leur petit garçon, gênée par le code couleur rose », rapporte Franck Mathais, porte-parole de JouéClub. De fait, le marché s’adapte, et on trouve aujourd’hui dans les catalogues des aspirateurs aux couleurs plus neutres. C’est aussi le cas des jeux en lien avec la cuisine. Deux raisons à cela, selon la sociologue Mona Zegaï : « Les papas se mettent plus aux fourneaux et des émissions de cuisine mettant en scène aussi bien des femmes que des hommes ont changé l’image de la cuisine. » « Les petites filles veulent du rose » Mais si certains jeux très segmentarisés ont repris le chemin de la mixité, d’autres sont plus que jamais phagocytés par cette dichotomie du genre. C’est le cas notamment des tablettes numériques, qui sont passées d’un genre neutre initial à une déclinaison de rose et de bleu. « D’un point de vue du consommateur, c’est une demande et absolument pas un sujet de débat », affirme ainsi Franck Mathais, de chez JouéClub. Pourquoi ? « Parce que les petites filles veulent du rose et les garçons veulent du bleu, il suffit d’aller dans les cours de récréation pour le constater », note le spécialiste. Dès l’âge de 3 ans, plus de 80 % des enfants sont prescripteurs dans le choix des jouets, selon les études sociologiques. Et la grande majorité se tourne spontanément vers les repères marketing « genrés », dont ils sont quotidiennement entourés. Des choix notamment confortés par les grandes licences qui cartonnent sous le sapin (Hello Kitty, Frozen et Barbie, pour les filles ; Spiderman ou Ironman, pour les garçons). « Le combat contre cette distinction de genre reste celui d’une minorité », confirme Mona Zegaï, qui rappelle que l’organisation même des magasins serait à revoir pour modifier les habitudes de la clientèle. « On ne peut pas être trop en avance sur des sujets qui risquent de déstabiliser nos clients », confirme Franck Mathais, qui rappelle que le temps passé à faire les courses est toujours limité. « On veut lutter contre les stéréotypes, mais on ne prend pas part pour autant au combat féministe », explique de son côté l’enseigne magasins U. Mais toutes les marques « craignent aussi d’être perçues comme retardataires sur des sujets de société, notamment en étant interpellées sur les réseaux sociaux », souligne Mona Zegaï, qui constate que « quand les marques veulent évoluer, elles peuvent ». Le rôle des parents est crucial, car ils sont les premières personnes avec qui l’enfant joue. Leur rôle dans la déconstruction des discours « genrés » véhiculés par les jouets est donc primordial. Reste que le temps accordé à ces moments d’échanges diminue, selon les études. Et la sociologue Mona Zegaï de conclure : « Les stéréotypes sexistes dans les jouets sont amenés à diminuer car la société pousse en ce sens, mais nous ne sommes pas à l’abri de retours en arrière. » Lire aussi Allô maman bobo : Trop de jouets pourrait tuer le jeu
24/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/sur-les-questions-de-genre-les-jouets-evoluent-au-meme-rythme-que-la-societe-lentement_5401797_3224.html
Le super-remplaçant de Mourinho et la prime de Noël d’Aulas : ce qu’il faut retenir du week-end sportif
Martin Fourcade n’a pas gagné (ça arrive), mais Ole Gunnar Solskjær a, lui, réussi sa première à la tête de Manchester United et Jean-Michel Aulas a versé la prime « Macron » à ses employés.
Oui, la « Mercedes » Real Madrid a roulé sur la « Smart » d’Al-Ain en finale de la Coupe du monde des clubs (4-1). Marcelo et Luka Modric fêtent la 4e victoire du Real dans la Coupe du monde des clubs. SUHAIB SALEM / REUTERS Oui, le biathlon ne se résume pas à Martin Fourcade en France. La preuve avec la deuxième place de Quentin Fillon-Maillet lors de la mass start de Nove Mesto. Quentin Fillon-Maillet sur le podium à Nove Mesto, le 23 décembre 2018. PETR DAVID JOSEK / AP Oui, les cambrioleurs ciblent toujours les domiciles des footballeurs pendant qu’ils sont au boulot. La dernière victime s’appelle Thiago Silva. Thiago Silva relance pour son assurance. MARKO DJURICA / REUTERS Les trois leçons du week-end Avec ton frère, tu monteras sur le podium Chez les Midol, le skicross est une affaire de famille. Vendredi, l’aîné, Jonathan (30 ans, médaillé de bronze olympique en 2014), a remporté l’étape de la Coupe du monde de San Candido (Italie) devant son cadet, Bastien, 28 ans. Une petite revanche pour celui qui avait été rétrogradé en équipe de France B la saison dernière. Samedi, les Midol ont remis ça pour un nouveau podium partagé. Cette fois, Bastien a terminé devant Jonathan, mais le Suisse Joos Berry s’est invité à la fête de famille en remportant la finale. Bastien Midol portera un gilet jaune pour la prochaine étape de la Coupe du monde, celui du leader du classement général. Les frères Midol impressionnent en ce début de saison en #skicross, ils confirment avec un nouveau doublé en 2 jour… https://t.co/143yXX9xb2 — EspritGlisse (@Esprit Glisse) A tes employés, tu verseras la prime comme demandé par le président Les « gilets jaunes » n’ont pas seulement bouleversé le calendrier de la Ligue 1. Comme d’autres entreprises, à l’appel du président de la République, Emmanuel Macron, Jean-Michel Aulas a annoncé le versement d’une prime de 1 000 euros aux salariés de l’Olympique lyonnais. Ce coup de pouce aidera « tous ceux que la loi définit comme bénéficiaires », a précisé l’emblématique patron du club sur Twitter, ce qui exclut joueurs et joueuses, puisque le dispositif est réservé aux salariés gagnant moins de 3 600 euros. Rhône | L’OL accorde une prime exceptionnelle à ses salariés ⁦@OL⁩ ⁦⁩ ⁦@Le_Progres⁩ ⁦@LesEchos⁩ ⁦l’OL est 1 formida… https://t.co/T4qUAlY6oK — JM_Aulas (@Jean-Michel AULAS) Le club lyonnais emploie environ 500 personnes pour la plupart au siège social, à Décines. Passé ce beau geste, Jean-Michel Aulas a repris son activité normale sur Twitter en reprochant à l’arbitre de Montpellier-Lyon (1-1) d’avoir donné un carton jaune à Nabil Fékir pour simulation plutôt qu’un penalty. La magie de Noël a ses limites. Une 50e victoire tu remporteras (à 23 ans) Sur des skis, Mikaela Shiffrin a toujours été précoce. Championne du monde de slalom et vainqueur de la Coupe du monde la spécialité à 17 ans, championne olympique (toujours en slalom) à 18 ans, l’Américaine de 23 ans a remporté sa 50e victoire en Coupe du monde, samedi lors du slalom de Courchevel. Personne n’avait été aussi précoce que la skieuse du Colorado, ni le Suédois Ingemar Stenmark dans les années 1980, ni sa compatriote Lindsey Vonn. Capable de gagner également en descente, en super-G ou en géant, l’Américaine a désormais le record de victoires (86) de Stenmark en ligne de mire. L’Américaine Mikaela Shiffrin fait la moue pour sa 50e victoire en Coupe du monde. JEFF PACHOUD / AFP Elle compte profiter des fêtes de Noël avant de poursuivre sa razzia en janvier (huit victoires cette saison). Au programme ? « Un peu de repos, un peu d’entraînement, du temps avec ma famille et avec “Mat”. » Le “Mat” en question n’est autre que le Français, Mathieu Faivre, vainqueur du géant de Val-d’Isère en 2016. L’homme du week-end : Ole Gunnar Solskjær Les remplacements, il connaît. Joueur, le Norvégien a bâti sa légende en sortant du banc. Il en a même tiré un surnom « Supesub ». De 1996 à 2007, I’attaquant a été le « super-remplaçant » attitré de Manchester United. Barré par les York, Cole, Van Nistelrooy ou Rooney, Solskajær est l’homme qui tombe à pic, le buteur providentiel qui donne aux Mancuniens la victoire en Ligue des champions à la 94e minute face au Bayern Munich (2-1) en 1999. En février de la même année, il entre à la 72e minute contre Nottingham Forest et inscrit un quadruplé en l’espace de douze minutes. Super sub Solskjaer scores four off the bench to make #PL history ⚽️⚽️⚽️⚽️ #PLMoments @ManUtd https://t.co/Mj5bBTCZQv — premierleague (@Premier League) Mercredi 19 décembre, Ole Gunnar Solskjær a remplacé José Mourinho comme entraîneur de Manchester United. Un CDD jusqu’à la fin de la saison, sur le papier, pour celui qui a été prêté par le club norvégien de Molde. Une mission que l’intéressé prend comme lorsqu’il avait une poignée de minutes devant lui pour faire la différence. « Quand Manchester United m’a approché pour me recruter quand j’étais joueur, je n’ai pas réfléchi une seconde et j’ai dit oui. Cela a été la même chose il y a quelques jours quand ils m’ont demandé de devenir le manageur. » Ole Gunnar Solskjær, le nouveau manageur (intérimaire) de Manchester United. JON SUPER / AP Samedi, le Norvégien a retrouvé un banc de Premier League, celui de Cardiff lors de la 18e journée du championnat d’Angleterre. Une première réussie avec du jeu, de l’envie et des buts (victoire 5-1). Bref, tout ce qu’il manquait depuis plusieurs mois avec José Mourinho. « Supersub » n’a effectué que deux changements sur les trois autorisés. Mais pas de problème, l’homme sait parler à ceux qui rongent leur frein sur le banc. « Personne d’autre que moi n’a été aussi souvent remplaçant, je sais ce que c’est », avait-il glissé lors de sa présentation vendredi. Le chiffre du week-end : 3 Kostas Mitroglou est ce qu’on appelle un « renard des surfaces », comprenez un attaquant qui vit pour et par le but. Le Grec l’avait annoncé à son arrivée à Marseille à la fin d’août 2017 : « Jugez-moi sur mes buts. » Avec trois petits buts inscrits cette saison en Ligue 1 en 13 matchs, le jugement est vite vu. Mitroglou attend le ballon, le 5 décembre 2018. SEBASTIEN SALOM GOMIS / AFP Son entraîneur, Rudi Garcia a pourtant redonné sa chance à l’ancien avant-centre de Benfica, samedi à Angers (1-1). Statique, introuvable pour ses coéquipiers, Mitroglou a touché 3 ballons en quarante-cinq minutes… dont un sur le coup d’envoi. Il a été remplacé à la mi-temps. A onze contre onze, l’OM a réussi à égaliser par Bouna Sarr. 3 - Kostas Mitroglou n'a touché que 3 ballons hier face à Angers... ...dont un sur le coup d'envoi 👻 Aucun joueur… https://t.co/bvWfkJ5hsg — OptaJean (@OptaJean) Les wikis du week-end Facile J’ai marqué contre l’ancien club de mon papa pour le plus grand malheur de l’un de ses coéquipiers de l’époque. Moins facile Mon grand frère a été un grand espoir du football français, je fais le bonheur de Montpellier depuis le début de la saison après avoir baroudé un peu partout en Europe.
24/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/24/le-super-remplacant-de-jose-mourinho-et-la-prime-de-noel-de-jean-michel-aulas-ce-qu-il-faut-retenir-du-week-end-sportif_5401794_3242.html
Donald Trump impose un exercice de plus en plus solitaire du pouvoir
Il s’est d’autant plus installé dans cet usage maximaliste des institutions que le Parti républicain le lui a permis.
Donald trump, le 20 novembre, après une conférence de presse à la Maison Blanche, à Washington. Carolyn Kaster / AP La rupture entre Donald Trump et son secrétaire à la défense, James Mattis, le 20 décembre, précipitée par sa décision de retirer les Etats-Unis de Syrie, a provoqué une onde de choc sans précédent à Washington depuis l’arrivée aux affaires pourtant tumultueuse du milliardaire. Parce qu’elle est la promesse d’une remise en cause accrue de l’ordre mondial mis en place après 1945. Et parce qu’elle illustre également l’exercice solitaire du pouvoir d’un Donald Trump qui renâcle plus que jamais à respecter les équilibres en place. Dans un entretien frappant par sa candeur accordé au Washington Post, le 28 novembre, le président des Etats-Unis avait résumé en quelques mots son principe d’action, et l’origine des dysfonctionnements qui sont devenus la marque de fabrique de son administration. « J’ai un instinct, et mon instinct me dit plus parfois que le cerveau de quelqu’un d’autre ne le pourra jamais », avait-il affirmé. Une réplique du séisme du 20 décembre a été enregistrée deux jours plus tard avec la démission de Brett McGurk, le coordinateur de la coalition internationale rassemblée pour lutter contre l’organisation Etat islamique en Irak et en Syrie, lui aussi désavoué par la décision du retrait syrien. Elle a provoqué la publication d’un message de défiance du président sur son compte Twitter dans lequel ce dernier a assuré ne pas connaître ce diplomate chevronné, mettant en évidence un autre trait de caractère qui pèse sur sa présidence : une maladive susceptibilité. Un brusque revirement Elle explique, après la pluie d’éloges qui s’est abattue sur James Mattis, contrastant avec les jugements sévères portés sur le président, un brusque revirement. Il a, en effet, décidé le 23 décembre de précipiter le départ de ce dernier au 1er janvier, au lieu de fin février comme annoncé plus tôt. James Mattis avait proposé cette date pour donner le temps à Donald Trump de lui trouver un successeur, et au Sénat de confirmer celui-ci dans ses fonctions. Pour le remplacer, le président a nommé dimanche dans la foulée l’actuel ministre adjoint de la défense Patrick Shanahan. A 72 ans et une vie passée à la tête d’un groupe immobilier où il n’a jamais eu à souffrir d’autres contraintes que les aléas des affaires, Donald Trump éprouve toujours autant de mal, après vingt et un mois passés à la Maison Blanche, à intégrer les limites de son pouvoir. Il l’a montré à nouveau le 21 décembre, selon l’agence Bloomberg, en s’interrogeant sur un éventuel limogeage du patron de la Réserve fédérale, Jerome Powell, régulièrement mis en cause par le président sur un compte Twitter devenu le journal officiel de son administration. Pourtant nommé par le républicain, le responsable de la banque centrale américaine, dont l’indépendance est la condition de sa crédibilité, venait en effet de rehausser les taux d’intérêt alors que Donald Trump lui avait publiquement enjoint de n’en rien faire. Le 7 décembre, au cours d’un rare entretien accordé à la chaîne CBS, par l’ancien secrétaire d’Etat Rex Tillerson, ce dernier avait exposé le quotidien des conseillers du président. « Quand il me disait : “Voilà ce que je veux faire, et voici comment je veux le faire”. Je devais lui répondre : “Monsieur le président, je comprends, mais vous ne pouvez pas le faire de cette façon, cela viole la loi. Cela viole le traité”. Et cela le frustrait vraiment », a-t-il raconté. Principe de loyauté Evan Vucci / AP Les démêlés du président avec son ministre de la justice, limogé en novembre, attestent d’une conception du pouvoir dans laquelle le principe de loyauté l’emporte sur le respect des institutions. Donald Trump s’est débarrassé, en novembre, de Jeff Sessions parce que cet ancien procureur général de l’Alabama refusait de le protéger dans l’enquête sur les interférences prêtées à la Russie pendant la campagne présidentielle. Il a été remplacé par un ministre par intérim, Matthew Whitaker, qui a, lui, choisi de ne pas se récuser pour la supervision de ces investigations. Un haut responsable de l’éthique au ministère de la justice lui avait pourtant conseillé le contraire en lui rappelant ses critiques passées contre le procureur spécial Robert Mueller. Donald Trump s’est d’autant plus installé dans cet usage maximaliste des institutions que le Parti républicain lui a donné les coudées franches. Le même Grand Old Party qui dénonçait une dérive monarchique de Barack Obama lorsque ce dernier, privé de majorité au Congrès, avait recours aux décrets présidentiels pour défendre son agenda, ne s’est jamais offusqué de la multiplication de ces derniers à partir de janvier 2017, alors que Donald Trump pouvait, lui, s’appuyer sur une Chambre et un Sénat républicains. Le parti du président a, de même, renoncé à toute forme de contrôle de l’exécutif, une connivence qui va prendre fin avec la nouvelle Chambre à majorité démocrate. Donald Trump va découvrir ce nouveau rapport de force alors qu’il doit trouver de toute urgence un secrétaire à la défense, un secrétaire à l’intérieur et un chief of staff (« chef de cabinet »), rouage essentiel d’une présidence. Et ce après avoir contribué à bloquer une partie du gouvernement pour tenter, sans grandes chances de succès, d’obtenir une partie du financement du « mur » qu’il veut ériger à la frontière avec le Mexique. 45 départs dans l’administration Trump depuis son investiture, en janvier 2017 Depuis l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche, son administration aura connu 45 départs de hauts cadres : 7 au gouvernement, 28 à la Maison Blanche et 10 dans les diverses administrations fédérales. Survolez les cercles pour obtenir plus d’informations
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/donald-trump-impose-un-exercice-de-plus-en-plus-solitaire-du-pouvoir_5401779_3210.html
Séoul inflige une amende de 10 millions de dollars à BMW pour ses voitures qui s’enflamment
D’après la Corée du Sud, le constructeur allemand a reconnu le problème avec retard et traîné à rappeler les véhicules. L’Etat va demander au parquet d’enquêter.
Les images de BMW en feu ont fait la « une » en Corée du Sud cet été. Lundi 24 décembre, Séoul a annoncé qu’elle infligerait des amendes de près de 10 millions de dollars au constructeur allemand, accusé de faire traîner le rappel de ses véhicules dotés de moteurs défectueux. BMW a rappelé plus de 170 000 véhicules en Corée du Sud en raison d’un problème dans le circuit de refroidissement des gaz d’échappement, provoquant parfois des incendies de moteur. La presse locale a rapporté une quarantaine de cas de voitures qui se sont embrasées, des modèles diesel fabriqués en 2015 et 2016. Ces incendies n’ont provoqué que des dommages matériels. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Corée du Sud, le mystère des BMW qui s’enflamment Un problème déjà connu Le constructeur avait annoncé en août le rappel de 480 000 véhicules en Europe et dans certains pays asiatiques, dont la Corée du Sud, avant d’élargir deux mois plus tard l’opération à un million de voitures supplémentaires. « BMW a annoncé précédemment qu’il n’avait eu connaissance du lien entre le circuit de refroidissement défectueux et les incendies que le 20 juillet », a précisé le ministère des transports sud-coréen dans un communiqué. « Mais nous découvrons que le siège allemand de BMW avait déjà constitué en octobre 2015 une équipe spéciale chargée de remédier au problème de circuit de refroidissement. » Le ministère, qui annonce ainsi les conclusions de cinq mois d’enquête menée conjointement avec des experts privés, accuse également le constructeur d’avoir mentionné le problème dans des documents internes depuis 2017. Il s’apprête donc à infliger à BMW une amende de 11,2 milliards de wons (9,9 millions de dollars) et va demander au parquet d’enquêter sur les accusations selon lesquelles l’allemand a reconnu le problème avec retard et sursis au rappel les véhicules. En Corée du Sud, six voitures importées sur dix sont de marque allemande. BMW a vendu près de 39 000 véhicules au premier semestre, d’après l’Association automobile coréenne des importateurs et distributeurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pollution : Bruxelles ouvre une enquête contre BMW, Daimler et Volkswagen pour collusion
24/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/24/seoul-inflige-une-amende-de-10-millions-de-dollars-a-bmw-pour-ses-voitures-qui-s-enflamment_5401775_3234.html
« Il faut promouvoir la création d’un véritable plan de sauvegarde des abeilles »
La disparition de cet insecte fait courir le risque de perdre un acteur majeur de l’environnement et de la chaîne alimentaire, alerte un groupe de députés Les Républicains, dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Le monde d’aujourd’hui fait face à des bouleversements considérables en matière agricole et d’alimentation. Les phénomènes naturels ainsi que l’activité humaine fragilisent les écosystèmes et menacent certaines espèces animales et végétales essentielles à la survie de notre espèce. La surmortalité constatée des abeilles doit être un signal d’alarme pour nous tous. Comme l’a dit très justement Martin Gray, qui vécut une grande partie de sa vie sur les collines de Cannes, dans son ouvrage intitulé Au nom de tous les hommes. Abel et Caïn (Editions du Rocher, 2004) : « Et un jour les abeilles mourront. Et le miel, ce vieux compagnon d’Abel, disparaîtra. Ce sera l’annonce de la fin de l’histoire humaine des hommes. » Ce pollinisateur est un acteur majeur de l’environnement et de l’agriculture et sa conservation doit être un objectif national. L’hiver 2017-2018 a connu un effondrement important du nombre d’abeilles en France. L’enquête menée par le ministère de l’agriculture et de l’alimentation a fait état d’un taux de mortalité des colonies de presque 30 %, ce qui constitue un chiffre désastreux. Il ne s’agit pas seulement d’un problème local. Depuis la fin des années 1990, les apiculteurs du monde entier tentent d’alerter les pouvoirs en place des risques liés à la disparition de ce maillon essentiel de la chaîne alimentaire. Ils constatent depuis lors un recul inhabituel de colonies. Sans leur intervention, notre productivité agricole serait bien amoindrie et jusqu’à 75 % de nos récoltes subiraient une baisse de rendement Nous avons tous été sensibilisés au rôle des abeilles dans l’écosystème. Elles ne sont pas seulement importantes parce qu’elles produisent du miel, elles tiennent un rôle majeur dans la production de notre nourriture. Elles favorisent non seulement la pollinisation des plantes sauvages mais également cultivées. Un tiers des cultures destinées à notre alimentation est pollinisé par les insectes. Sans leur intervention, notre productivité agricole serait bien amoindrie et jusqu’à 75 % de nos récoltes subiraient une baisse de rendement. Sur les 100 espèces végétales qui fournissent 90 % de la nourriture dans le monde, 71 dépendent des abeilles et de leur pollinisation. En Europe, 4 000 variétés de légumes cultivés, de même que certaines plantes fourragères indispensables au bétail n’existeraient pas sans le travail appliqué des abeilles. En France, la production de miel est passée de 35 000 tonnes au milieu des années 1990 à 9 000 tonnes en 2016, soit une chute des trois quarts de la production.
24/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/il-faut-promouvoir-la-creation-d-un-veritable-plan-de-sauvegarde-des-abeilles_5401772_3232.html
Tous nos films préférés de 2018
« Une affaire de famille », « Milla », « Mektoub, My Love »... Les critiques cinéma du « Monde » ont chacun désigné les cinq œuvres qui les ont le plus émus et convaincus.
La sélection de Véronique Cauhapé « Une affaire de famille », d’Hirokazu Kore-eda. WILD BUNCH DISTRIBUTION / LE PACTE Socle des liens fondateurs d’une vie et théâtre de toutes les névroses, la famille a été soumise cette année à des examens qui en ont révélé la grandeur, les battements irréguliers et les maux plus ou moins bénins. Composée en marge de la loi, au fil du hasard et au gré des petits arrangements dans Une affaire de famille, d’Hirokazu Kore-eda ; exposée à un amant et un père incestueux qui l’empêche autant qu’elle la détruit dans Un amour impossible, de Catherine Corsini : interrompue dans son élan par un attentat, dans Amanda, de Mikhaël Hers, la famille a ouvert des albums singuliers et puissants. Celui d’Alfonso Cuaron réunissant – et revisitant par la grâce d’un cinéaste devenu adulte – ses propres souvenirs d’enfance, durant l’année 1971, dans le quartier résidentiel de La Colonia Roma à Mexico. Enfin, il serait injuste d’extraire de cette sélection Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré, sous prétexte que le thème familial en est exclu ; l’amour, dans l’ombre de la menace mortelle du sida dans les années 1990, n’ayant d’autre avenir que sa disparition. La sélection de Clarisse Fabre Séverine Jonckeere et Luc Chessel dans « Milla », de Valérie Massadian. JHR FILMS Plus que jamais, il fallait de la poésie, du burlesque, du surréalisme et quelques rêves éveillés pour sublimer l’absurdité du monde et le destin de héros très contemporains. Chacun(e) dans sa « traversée » géographique, sociale ou mentale. Les voici, sans ordre de préférence : une jeune femme privée de tout (Milla) se reconstruit dans un cadre épuré et délicat comme une larme de Man Ray. D’étranges bad boys ou créatures sauvages mutent et se réenchantent dans un paradis visuel à la Jean Cocteau. Un jeune voleur se rêve en prince charmant le temps d’une nuit bleu pétrole, dans les faubourgs pauvres de la Chine magnifiquement peints et animés (H.A.N.D.). Ailleurs, une super-héroïne, digne de Peau d’Ane, vaincra non pas le père, mais l’usine polluante, par la grâce d’un scénario fantastique. Capté dans la beauté satinée du 16 millimètres, Cassandro, catcheur gay, félin, fellinien, finit par se révéler masculin et féminin. En 2018, le cinéma aura chassé les garçons, les filles et tout le reste. Pour ne retenir que les humains. La sélection de Murielle Joudet Shaïn Boumedine et Hafsia Herzi, dans « Mektoub My Love : Canto Uno », d’Abdellatif Kechiche. QUAT’SOUS FILMS / PATHÉ FILMS / FRANCE 2 CINÉMA / GOOD FILMS / BIANCA / NUVOLA FILM Au premier abord, Mektoub, My Love et The House That Jack Built n’ont rien à se dire. Tout sépare Amin, le héros de Kechiche, et Jack, le psychopathe de Lars von Trier : l’un observe timidement le corps des filles et rêve de les prendre en photo, l’autre les tue sauvagement et les entasse dans une chambre froide. D’un côté, un soleil d’été qui irradie tout, la lumière d’un grand désir. De l’autre, un froid de lune, les ténèbres d’une conscience. Les films sont en fait jumeaux : les deux cinéastes s’inventent des alter ego, réalisent des films-monstres de plus de deux heures, proposent une version outrée et fantasmatique de leur monde intérieur. Ce sont leurs plus beaux films : un paradis charnel d’un côté, une catharsis farcesque de l’autre. Quant à Spielberg, Pentagon Papers figure la quintessence de son art, un geste parfait et assuré qui enroule l’éclat d’une conscience féminine dans celui d’une conscience collective. Thunder Road et First Man travaillent un même thème, celui du deuil. Cummings : une crise tragi-comique qui délire le monde et sauve seulement une petite fille. Chazelle : la surface lunaire comme espace mental, texture même du deuil. La sélection de Jacques Mandelbaum Salim Kechiouche et Ophélie Bau dans « Mektoub My Love : Canto Uno », d’Abdellatif Kechiche. QUAT’SOUS FILMS / PATHÉ FILMS / FRANCE 2 CINÉMA / GOOD FILMS / BIANCA / NUVOLA FILM Ces très beaux films nous regardent depuis un entre-deux mondes. Autant dire qu’ils sont de notre temps, de notre inquiétude, de notre aspiration à une vitalité, un climat, une promesse, qui semblent nous fuir. Ils nous invitent à considérer les choses du point de vue d’un héros suspendu sur le seuil. Seuil d’un monde hédoniste que le jeune apprenti cinéaste de Mektoub, My Love semble appelé à célébrer plus qu’à vivre. Seuil d’un retour fiévreusement attendu à la vie pour l’héroïne durassienne de La Douleur, depuis un Paris de l’Occupation extraordinairement ressenti. Seuil d’une problématique continuation de l’espèce pour le cosmonaute et sa fille dérivant dans l’espace de High Life. Seuil de la transmission du savoir en banlieue, passé lequel une enseignante de banlieue se métamorphose en femme-torche dans Madame Hyde. Seuil enfin depuis lequel un aspirant écrivain, fils de paysan, est appelé à se positionner dans un triangle amoureux qui le ravale cruellement à sa condition. L’idée du seuil marque ici une écologie universelle de la création : un art urgent du retrait auquel il faut consentir pour espérer avancer. La sélection de Mathieu Macheret Hazuki Kikuchi, Maiko Mihara, Rira Kawamura et Sachie Tanaka dans « Senses », de Ryusuke Hamaguchi. ART HOUSE Que se passe-t-il dans la tête des personnages ? Beaucoup des plus beaux films de 2018 ont fait le pari de filmer les êtres de l’intérieur, au plus profond d’eux-mêmes. La plongée la plus saisissante fut sans doute celle de Senses, du Japonais Ryusuke Hamaguchi, examinant dans le détail la vie de quatre amies quarantenaires amenées à se défaire des aliénations du quotidien. Avec Zama, la cinéaste argentine Lucrecia Martel sonde le délitement psychique de l’administration coloniale, dans l’Amérique latine du XVIIIe siècle. Burning, du Sud-Coréen Lee Chang-dong, infiltre un étrange trio amoureux, où les fermentations du désir émanent des névroses de classe. Son compatriote Hong Sang-soo continue de mélanger les versions rêvées et vécues de la réalité, pour traduire le désarroi amoureux de son héroïne, errant Seule sur la plage la nuit. Enfin, Mektoub, My Love, d’Abdellatif Kechiche, s’engouffre dans un étourdissant tunnel de sensations solaires et d’exaltation charnelle, en secondant le regard avide d’un apprenti cinéaste. Extension du corps ou miroir de la conscience, le cinéma ne fut jamais aussi convaincant qu’ainsi infiltré au cœur des subjectivités. La sélection de Jean-François Rauger Alek Skarlatos et Anthony Sadler dans « Le 15 h 17 pour Paris », de Clint Eastwood. KEITH BERNSTEIN / WARNER BROS. ALL RIGHTS RESERVED Le plus beau film de l’année est une réflexion sur la dimension paradoxale de l’héroïsme, sur le besoin humain de raconter des histoires, sur l’idée même d’action, sur la contingence et la fatalité, indissociablement mêlées. Les personnages du 15 h 17 pour Paris sont présents au monde parce que totalement inconscients, efficaces parce qu’aveugles. Ce sont des perdants ordinaires qui emportent tout à la fin, sans doute par hasard. Et Clint Eastwood n’en finit pas d’interroger une certaine conception du geste et de la morale. Jean-Claude Brisseau continue d’explorer des zones inexplorées par le cinéma, celle d’un érotisme métaphysique inédit. Le Coréen Lee Chang-dong réussit son meilleur film en croisant le ressentiment de classe avec une dimension fantastique. Dans son film-essai, Lars von Trier déconstruit les conventions du cinéma pour affirmer, avec un humour méchant, la présence inéluctable du mal et de la destruction dans l’art. Enfin, le film solaire d’Abdellatif Kechiche restitue cette sensation que parfois (rarement) le cinéma propose : que se passe-t-il lorsqu’il ne se passe rien ? Mention spéciale pour The Other Side of the Wind, d’Orson Welles, enfin achevé grâce à Netflix. La sélection de Thomas Sotinel Yoo Ah-in, Jeon Jong-seo et Steven Yeun dans « Burning », de Lee Chang-dong. DIAPHANA DISTRIBUTION Le public français s’est vu interdire le spectacle sur grand écran du plus élaboré de ces cinq films, Roma, diffusé sur Netflix. Mais les Japonais se sont précipités en masse pour voir Une affaire de famille. On ne parle anglais que dans un seul de ces longs-métrages, il a été tourné en Allemagne par Claire Denis, une Française, comme si Hollywood, trop occupé à ses restructurations, laissait la créativité en jachère. Deux films américains auraient néanmoins pu trouver leur place dans ce classement, Pentagon Papers, de Steven Spielberg, et Phantom Thread, de Paul Thomas Anderson. Et la quasi-parité qu’on y constate n’est pas le résultat d’un effort conscient, plutôt d’une évidence. On aurait donc envie de dire que tout bouge, si ces cinq films n’étaient le fait de cinéastes en pleine maturité. Manque la révélation (ou même la confirmation) d’un talent nouveau, car la réussite spectaculaire de Black Panther témoigne autant de la domestication de Ryan Coogler par l’industrie lourde que de l’épanouissement de son talent.
24/12/2018
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/24/nos-films-coups-de-c-ur-de-2018_5401770_3476.html
Guy Rétoré, fondateur du Théâtre de l’Est parisien, est mort
L’artiste, qui mena un travail de pionnier dans la lignée de Jean Vilar, s’est éteint à l’âge de 94 ans.
Guy Rétoré en 1966. JACQUES WINDENBERGER / SAIF IMAGES C’était au temps où Ménilmontant ressemblait aux photos de Robert Doisneau. Un Paris populaire, avec des enfants qui jouaient dans les rues, en culottes courtes. Guy Rétoré, qui est mort le 15 décembre, en Sologne, à 94 ans, fut l’un de ces enfants du 20e arrondissement, où il est né, le 7 avril 1924, et où il a mené pendant cinquante ans une histoire de théâtre qui restera dans les annales : celle de la fondation du Théâtre de l’Est parisien, sans qui l’actuel Théâtre national de la Colline n’aurait jamais existé. La mère de Guy Rétoré travaillait dans les hôpitaux, son père était employé à la SNCF, où il a fait entrer son fils, pendant la seconde guerre mondiale, pour qu’il échappe au Service du travail obligatoire. C’est là que le jeune homme découvre le théâtre, grâce à L’Equipe, la troupe de la SNCF, qui accomplit un beau travail. Ensuite, Guy Rétoré se forme en suivant des cours, et il crée sa compagnie, La Guilde, en 1951. Dans cet après-guerre où la France est à reconstruire, il mène un travail de pionnier, dans la lignée de Jean Vilar. Mais il choisit de le faire à l’échelle d’un quartier, son quartier, où il travaille d’abord dans des salles de patronage. En 1957, il est lauréat du Concours des jeunes compagnies pour sa mise en scène des Grenadiers de la reine, de Jean Cosmos. En 1963, l’Etat lui attribue un ancien cinéma, rue Malte-Brun, à deux places de la rue Gambetta. Comme il le souhaitait, Guy Rétoré reste sur ses terres, et baptise la salle du nom de Théâtre de l’Est parisien (TEP). Aujourd’hui, cela semble aller de soi. Mais il ne faut pas oublier le contexte : le 20e arrondissement est alors un quartier excentré. « Une maison ouverte » C’est donc à une décentralisation à l’intérieur même de Paris que Guy Rétoré se consacre, et cela a un sens indéniable, dans une époque où sont menées les premières grandes expériences de décentralisation en province. Les spectateurs qui viennent au TEP se retrouvent dans « une maison ouverte », selon le vœu du directeur-metteur en scène. Il ne s’agit pas seulement de voir des spectacles : à l’issue des représentations, on casse la croûte, discute et débat dans le hall. Au programme, il y a Shakespeare, Molière, Brecht, Marivaux, Gatti, Jarry… et des concerts, du cinéma, de la danse et de la poésie. Soit une ouverture à la culture sous toutes ses formes, qui servira ensuite de modèle à de nombreuses scènes. Dans son travail de metteur en scène, Guy Rétoré pratique ce que l’on appelle « la régie », soit une lecture souvent linéaire d’une pièce, qui met en avant la clarté du propos. Ses choix le portent vers les grands textes du répertoire, ou des auteurs contemporains comme Peter Hacks et John Arden. En 1978, Pierre Dux, l’administrateur de la Comédie-Française, invite Guy Rétoré à présenter Maître Puntila et son valet Matti, de Brecht. Ce sera une des rares incursions du directeur du TEP hors de son théâtre, où il invitera en particulier le grand Dario Fo avec son Histoire du tigre et autres histoires, en 1980.
24/12/2018
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/24/guy-retore-fondateur-du-theatre-de-l-est-parisien-est-mort_5401748_3382.html
Même Martin Fourcade a besoin de vacances
Neuvième de la mass start à Nove Mesto, en République tchèque, dimanche, le Français est déçu par son début de saison et compte sur la trêve de fin d’année pour se refaire une santé.
Martin Fourcade, à Nove Mesto, le 23 décembre 2018. PETR DAVID JOSEK / AP C’est de sa faute aussi. Martin Fourcade a rendu le biathlon presque trop facile et prévisible pour ceux qui ont découvert cette discipline où le vainqueur du jour est parfois le 28e du lendemain. Lui-même avait peut-être fini par oublier cette versatilité. La saison dernière, le Français avait ainsi terminé 22 fois sur le podium sur les 26 manches de la Coupe du monde avec 11 victoires en prime. Samedi 22 décembre, Fourcade lâchait cet aveu après sa 5e place lors de la poursuite de Nove Mesto, en République tchèque : « En sept ans, j’ai construit une sorte de monstre et je suis le premier à devoir me battre avec lui à chaque fois que je ne suis pas à la hauteur. » Parti de la 43e place après un sprint raté, le septuple vainqueur de la Coupe du monde avait remonté 38 places. Il espérait bien titiller les spatules du Norvégien Johannes Boe pour la mass start. Mais la bataille des chefs n’a pas eu lieu dimanche 23 décembre. Plombé par ses deux fautes sur son premier tir couché, Fourcade a terminé 9e de cette course en ligne, loin d’un Boe d’une fiabilité nouvelle derrière sa carabine (20 sur 20 au tir). La conquête d’un huitième « gros globe » paraît bien compromise avec un débours de 165 points sur son rival, six fois vainqueur en huit courses en décembre. « Pour penser au classement général, il faut être premier ou deuxième et aujourd’hui ce n’est pas mon cas, explique celui qui pointe au 5e rang du classement général. Il faut que je retrouve du plaisir sur les skis et des performances qui puissent me correspondre. » N’importe quel biathlète serait heureux avec un bilan de deux victoires (la poursuite d’Hochfilzen, en Autriche, à la mi-décembre et l’individuel de Pokljuka, en Slovénie, le 6 décembre), pas un Martin Fourcade toujours à la recherche d’« une course référence » et auteur de plusieurs trous d’air inédits pour lui. Sur le sprint de Pokljuka (23e), le Catalan donnait l’impression d’être planté sur les skis au point de passer des tests physiques dans la foulée, ne révélant rien d’inquiétant. A Nove Mesto, il craquait cette fois au tir, là où il a pourtant construit sa domination depuis sept ans (6 sur 10 sur le sprint). « J’ai manqué de repos et de fraîcheur » Mais ce sont bien ses sensations sur les skis qui l’inquiètent. « Ce n’est pas catastrophique, mais ce n’est pas bon par rapport à ce que j’ai pu produire dans le passé, admet-il. Il y a donc pas mal de frustration. Depuis le début de saison, ça n’a pas une fois répondu sur les skis comme ça le devrait. Il y a un peu d’incompréhension de ce côté-là. » La question de la préparation se pose. Après sa folle saison 2017-2018 (avec trois titres olympiques comme point d’orgue), le trentenaire avait décidé de tout changer pour rester au sommet. Exit Stéphane Bouthiaux, l’homme qui a accompagné sa carrière depuis ses débuts en Coupe du monde, remplacé par l’ancien fondeur, Vincent Vittoz. Pour le tir, Franck Badiou laissait sa place à l’Italien Patrick Favre. « C’était un gros risque de ne pas changer, j’avais peur de tomber dans une forme de confort, de ne pas me faire la violence nécessaire », confiait-il au Monde le 5 décembre. Lire aussi : Martin Fourcade change tout pour rester au sommet Si la méthode Vittoz semble fonctionner pour ses compatriotes Simon Desthieux (3e au général), Quentin Fillon-Maillet (2e de la mass start dimanche) ou encore Antonin Guigonnat, tous en progrès sur la partie de ski de fond, la greffe ne prend pas encore avec un Fourcade. Ce dernier laisse entendre que la préparation a peut-être été trop poussée : « Il y a eu de la fatigue après la saison dernière et ça se répète d’année en année et peut-être que j’ai manqué de repos et de fraîcheur. » Le Français compte sur la période de deux semaines sans course avant la reprise à Oberhof, en Allemagne, le 8 janvier pour souffler et ajuster sa préparation. « Il y aura du repos les premiers jours pour profiter de la famille. Je repartirai au travail en milieu de semaine pour retrouver cette étincelle. Il n’y a pas de recette miracle. L’an dernier, les fêtes de Noël, avec une bonne charge de travail, m’avaient fait du bien. Mais il y a aussi du repos à retrouver donc il y aura un compromis à gérer et c’est ce qu’on va essayer de faire avec Vincent [Vittoz]. » Comme il le dit lui-même : « Vivement les vacances ». Humain après tout.
24/12/2018
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/24/biathlon-meme-martin-fourcade-a-besoin-de-vacances_5401742_3242.html
Les 10 événements marquants dans le football en 2018
Des Bleus champions du monde au triplé du Real Madrid en Ligue des champions, retour sur dix moments qui ont marqué l’année footballistique.
L’année footballistique a été riche en « événements ». Retour sur dix moments-clés de ces douze derniers mois. Le PSG peine en Europe… Le joueur du Real Madrid Sergio Ramos saute dans les bras de son coéquipier Lucas Vazquez, le 6 mars 2018, au Parc des Princes à l’issue d’une rencontre avec le Paris-Saint-Germain. CHRISTOPHE ENA / AP Les rêves de grandeur du PSG se brisent une nouvelle fois au stade des huitièmes de finale de la Ligue des champions. En dépit d’un recrutement XXL lors du mercato estival, avec les arrivées de Kylian Mbappé en provenance de Monaco et du Brésilien Neymar du FC Barcelone, le PSG n’arrive pas à briser le plafond de verre qui le sépare des plus grands clubs européens. Le Real Madrid de Zinédine Zidane s’impose 3 à 1 lors du match aller, le 14 février, avec deux buts inscrits dans les dix dernières minutes de la rencontre alors que le PSG avait su tenir tête aux Madrilènes. Tout le monde pense que Paris a les capacités de renverser le score du match aller, mais Neymar, recruté pour franchir ce fameux palier en Ligue des champions, se blesse avant le match retour. Sans son Brésilien, le PSG s’incline finalement 2 à 1. Cette défaite va précipiter le départ de l’entraîneur Unay Emery, remplacé durant l’été par Thomas Tuchel. … mais sans rival en France Et de sept pour le PSG. Si le club parisien peine sur la scène européenne, il n’a eu aucune peine à reconquérir le titre de champion de France, le septième de son histoire, après avoir laissé échapper le trophée à Monaco la saison précédente. Le PSG termine avec 13 points d’avance sur son dauphin monégasque, et sur Lyon. Le Paris-Saint-Germain s’est également offert son troisième quadruplé, en remportant tous les titres possibles en France (Ligue 1, Coupe de France, Coupe de la Ligue et Trophée des champions). Médiapro débarque en Ligue 1 Mediapro débarque en France. FRANCOIS GUILLOT / AFP Coup de tonnerre sur le marché audiovisuel, en mai, avec l’annonce de l’arrivée du groupe espagnol Mediapro en France. Les résultats de l’appel d’offres des droits télévisuels de la Ligue 1 créent la surprise en laissant Canal+ (actuel diffuseur avec BeIN) sur le carreau. Le contrat des droits de la Ligue 1 2020-2024 s’élèvera à 1,153 milliard d’euros par an, en hausse de plus de 60 % par rapport à la période précédente. Un nouvel acteur dans un paysage audiovisuel en pleine recomposition, et un nouvel abonnement à contracter dans deux ans pour des téléspectateurs déjà contraints de s’adapter avec l’arrivée de RMC Sport, diffuseur des matchs de Ligue des champions. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mediapro veut faire « grandir » le foot en France L’OM en finale de la Ligue Europa Les larmes de Dimitri Payet après la défaite de l’OM face à l’Atlético Madrid, le 16 mai 2018. BORIS HORVAT / AFP Tout a commencé dans un Stade-Vélodrome déserté, devant à peine 10 000 spectateurs, face aux Turcs de Konyaspor. Tout s’est terminé au Groupama Stadium de Lyon face à l’Atlético Madrid, en finale de la Ligue Europa, le 16 mai. L’Olympique de Marseille a atteint la cinquième finale européenne de son histoire, mais la dernière marche était trop haute : privé rapidement sur blessure de son capitaine Dimitri Payet, l’OM s’est incliné en finale de l’Europa League, sur un doublé d’Antoine Griezmann pour l’Atlético Madrid (3-0). La logique sportive a été respectée et l’« Atléti » a brisé le rêve marseillais d’un deuxième sacre européen, vingt-cinq ans après la victoire en Ligue des champions face au Milan AC. L’OL règne sur le football féminin Football Soccer - VfL Wolfsburg v Olympique Lyon - UEFA Women's Champions League Final - Mapei stadium, Reggio Emilia, Italy - 26/05/16 Olympique Lyon's players pose with the trophy at the end of their match against VfL Wolfsburg. REUTERS/Tony Gentile TONY GENTILE / REUTERS L’Olympique lyonnais, déjà double tenant du titre, est devenu le club le plus titré de l’histoire de la Ligue des champions féminine de football, en remportant, le 24 mai face à Wolfsburg, son cinquième titre dans cette compétition (2011, 2012, 2016, 2017, 2018). Le match a longtemps été indécis et sans but dans le temps réglementaire avant de voir les Lyonnaises faire la différence lors d’une prolongation riche en rebondissements pour les Gones qui se sont finalement imposées 4 à 1. Le Real Madrid fait le triplé, Zidane et Ronaldo s’en vont Troisième Ligue des champions consécutive pour le Real Madrid et Zidane. GENYA SAVILOV / AFP Finale de la Ligue des champions, le 26 mai à Kiev : le Real Madrid bat Liverpool 3-1 pour décrocher la treizième C1 de l’histoire du club, la troisième d’affilée sous la direction de Zinédine Zidane. Mais les supporteurs madrilènes n’ont pas le temps de savourer. Cinq jours après, « Zizou » surprend son monde en annonçant son départ après deux ans et demi de triomphes (9 trophées sur 13 possibles). Il sera suivi par la star de l’équipe, Cristiano Ronaldo, transférée dans le club italien de la Juventus Turin pour 100 millions d’euros. Zidane sera remplacé par Julen Lopetegui (52 ans), alors sélectionneur de l’Espagne en pleine préparation du Mondial : le Basque est débauché, et aussitôt renvoyé de son poste de sélectionneur par la fédération espagnole au prix d’un psychodrame en mondovision à deux jours du Mondial en Russie. Il sera rapidement remplacé par l’Argentin Solari après le début de saison poussif du Real Madrid. Une nouvelle ère s’ouvre pour le Real Madrid. La France remporte la Coupe du monde La France championne du monde, le 15 juillet 2018. FRANCK FIFE / AFP Vingt ans après le premier titre mondial conquis par la France, les Bleus ajoutent une deuxième étoile à leur maillot. Après un premier tour poussif (petites victoires contre l’Australie et le Pérou, match nul face au Danemark), l’équipe monte en puissance lors des phases à élimination directe, et notamment lors de la victoire en huitièmes de finale face à l’Argentine (4-3) qui révèle aux yeux du monde entier la nouvelle pépite du football mondial, auteur d’un doublé dans cette rencontre, Kylian Mbappé. Les hommes de Didier Deschamps vont ensuite venir à bout de l’Uruguay (2-0) en quarts de finale, puis de la Belgique en demi-finales (1-0). Vainqueur de la Croatie en finale (4-1), l’équipe de France de Didier Deschamps se retrouve sur le toit du monde le 15 juillet à Moscou. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Didier Deschamps : « Si le football, c’est avoir le ballon pour se faire des “papasses”... » L’Allemagne accueillera l’Euro 2024 Germany's midfielder Toni Kroos celebrates after the Euro 2016 group C football match between Northern Ireland and Germany at the Parc des Princes stadium in Paris on June 21, 2016. Germany won the match 0-1. / AFP / PATRIK STOLLARZ PATRIK STOLLARZ / AFP Sans surprise, l’Allemagne, qui était en concurrence avec la Turquie, a été désignée le 27 septembre par l’UEFA pour organiser l’Euro 2024 de football. La dernière grande compétition organisée par l’Allemagne était le Mondial 2006. L’Allemagne de l’Ouest avait déjà organisé l’Euro en 1988, mais c’était avant la réunification avec l’Est. Lire aussi L’Euro 2024 de football aura lieu en Allemagne Modric et Hegerberg, Ballon(s) d’or Ada Hegerberg, Luka Modric et Kylian Mbappe. Christophe Ena / AP Un vent nouveau souffle sur le football mondial. Le Croate Luka Modric a mis fin à l’hégémonie de Cristiano Ronaldo et de Lionel Messi en remportant, le 3 décembre, le Ballon d’or devant le Portugais et le Français Antoine Griezmann. Vainqueur de la Ligue des champions avec le Real et finaliste de la Coupe du monde avec la Croatie, le milieu de terrain. Cette 65e édition du Ballon d’or a également vu la remise du premier Ballon d’or féminin de l’histoire à la joueuse norvégienne de l’OL, Ada Hegerberg. Kylian Mbappé remporte, lui, le trophée du meilleur joueur de moins de 21 ans. River Plate remporte la Copa Libertadores Marcelo Gallardo soulève le trophée de la Copa Libertadores. THANASSIS STAVRAKIS / AP River Plate a remporté, le 9 décembre, sa quatrième Copa Libertadores, après avoir battu en prolongation Boca Juniors (3-1) lors la finale retour entre les deux grands rivaux du football argentin, à l’issue d’un match tendu et placé sous haute surveillance après avoir été délocalisé à Madrid à la suite de violences en Argentine avant le match retour. Ce dénouement a mis un terme à un long feuilleton qui a durablement entaché l’image de l’Argentine, apparue incapable d’organiser sur son sol la « finale du siècle » entre les deux clubs les plus populaires du pays.
24/12/2018
football
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/24/2018-dans-le-retro-dix-evenements-marquants-pour-le-football_5401739_1616938.html
Selon Trump, Erdogan va « éradiquer » le groupe Etat islamique en Syrie
L’ordre de retrait des soldats états-uniens présents en Syrie a par ailleurs été signé dimanche, selon le Pentagone.
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a affirmé tard dimanche 23 décembre que son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, l’a assuré que ce qui reste du groupe Etat islamique (EI) en Syrie serait éliminé, après l’annonce du retrait des troupes américaines de ce pays. « Le président de Turquie m’a donné des assurances dans des termes très forts qu’il va éradiquer ce qui reste de l’EI en Syrie », a tweeté M. Trump. « Nos troupes rentrent à la maison ! », a-t-il ajouté. Donald Trump a également déclaré que son homologue était capable de tenir cet engagement. M. Trump semblait ainsi fournir des détails au sujet d’une conversation téléphonique qu’il a eue dans la journée avec M. Erdogan et au cours de laquelle les deux hommes ont convenu d’éviter un vide du pouvoir en Syrie après le retrait états-unien. Notre synthèse diplomatique : avec les derniers départs à la Maison Blanche, la promesse d’un trumpisme sans entraves Retrait « lent et coordonné » « Les deux dirigeants ont convenu d’assurer la coordination entre les militaires, les diplomates et d’autres responsables de leurs pays pour éviter un vide de pouvoir qui pourrait résulter d’une exploitation du retrait [états-unien] et de la phase de transition en Syrie », a déclaré la présidence turque dans un communiqué. M. Erdogan a également affirmé que son pays était « prêt à fournir un soutien à notre allié de l’OTAN [Organisation du traité de l’Atlantique nord] dans le cadre de cette décision » de retrait, toujours selon la présidence turque. M. Trump a ordonné mercredi le départ dès que possible des quelque 2 000 militaires états-uniens stationnés dans le nord-est de la Syrie où ils luttent aux côtés des milices arabo-kurdes contre les djihadistes. Il a estimé que les troupes n’étaient plus utiles, car l’EI était « en grande partie vaincu ». Le Pentagone a expliqué dimanche que l’ordre de retrait des soldats états-uniens de Syrie avait été signé. Dans la foulée de cette décisions, le secrétaire à la défense, James Mattis, a démissionné.
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/selon-trump-erdogan-va-eradiquer-le-groupe-etat-islamique-en-syrie_5401728_3210.html
Pourquoi l’habitat insalubre ne se résorbe pas
En Ile-de-France, 157 300 logements du parc privé sont dans un état vétuste alarmant notamment à Paris et en Seine-Saint-Denis.
L’effondrement, en novembre, de deux immeubles à Marseille a jeté une lumière crue sur la vétusté de certains bâtiments en France, souvent refuges des populations les plus fragiles. Les chiffres ont de quoi inquiéter : rien qu’en Ile-de-France, on dénombre 157 300 logements potentiellement insalubres, soit 4 % du parc privé de résidences principales, selon l’estimation de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région (IAU-IDF), publiée début décembre. Paris n’est pas épargnée, avec plus de 61 000 appartements dans ce cas, soit 6,5 % de son parc privé, soit plus qu’à Marseille – 40 000 – bien que la capitale ait mené une politique volontariste : 1 075 immeubles recensés en 2001 ont tous été sortis de l’insalubrité ou du péril dans les dix ans qui ont suivi, ce qui a permis de faire baisser leur nombre global de 10 %. « Nous souhaitions le faire en une mandature, mais avons mis plus de temps que prévu, a témoigné Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris chargé du logement, le 12 novembre, lors de la visite d’un immeuble insalubre, dans le 4e arrondissement. Et la tâche n’est pas achevée car nous avons traité les cas les plus voyants, mais l’insalubrité se niche là où on ne la soupçonne pas. » Le rapport de l’IAU-IDF relève que la dégradation de l’habitat est plus rapide que les efforts fournis pour résorber l’insalubrité. « Au fur et à mesure que nous traitons des immeubles, d’autres surgissent et nous ne parvenons pas à faire reculer vraiment le phénomène », explique Laurent Russier, maire (PCF) de Saint-Denis. « C’est comme essayer d’éteindre un feu de forêt avec un arrosoir », confirme Claude Capillon, maire (LR) de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui a dû, le 22 novembre, faire évacuer en vingt-quatre heures la centaine d’occupants de l’ensemble d’immeubles du 21, rue des Deux-Communes, menacé d’écroulement. « Echec collectif » La copropriété insalubre du 21, rue des Deux-Communes, à Rosny-sous-Bois d’où une centaine d’habitants ont été évacués d’urgence. BRUNO FERT POUR LE MONDE Le département de Seine-Saint-Denis est d’ailleurs le deuxième territoire de la région où se concentre l’habitat indigne : 7,5 % de son parc, mais plus de 10 % dans dix des quarante communes qui le composent et même 20 % à Saint-Denis, à Aubervilliers et à Saint-Ouen. « Les centres anciens ne sont plus les seuls concernés, explique Anne-Claire Davy, chargée d’études sur les questions d’habitat à l’IAU-UDF. L’habitat dégradé se diversifie et concerne désormais des copropriétés des années 1970 dont les copropriétaires ne font plus face aux charges, des pavillons divisés en multiples petits logements loués à prix d’or, mais aussi des locaux non destinés à l’habitation, bureaux, entrepôts, caves, garages, jusqu’à des cabanes de jardin devenus des refuges. On observe une “cabanisation” du mal-logement. »
24/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/l-habitat-insalubre-progresse-plus-vite-que-les-efforts-pour-le-resorber_5401725_3224.html
Les dérapages antisémites et violents de certains « gilets jaunes » jettent le trouble
La mobilisation en berne a mis en lumière les éléments les plus radicaux. A gauche, beaucoup préfèrent se taire plutôt que de risquer de se couper de la protestation.
Il en va ainsi souvent des mouvements sociaux : lors des phases de reflux, où la mobilisation est moindre, se remarquent, par contraste, les éléments les plus radicaux qui n’entendent pas abandonner la lutte. C’est ce que l’on a pu constater, samedi 22 décembre, lors de l’acte VI des « gilets jaunes » qui a réuni 40 000 personnes (selon le ministère de l’intérieur) sur l’ensemble du territoire. A Paris, cinquante-neuf personnes ont été placées en garde à vue, dont quatre mineurs, selon le parquet de Paris. Dans ce mouvement inédit et protéiforme où des manifestants apartisans côtoient des personnes issues de l’extrême droite ou de l’extrême gauche, plusieurs épisodes, au sein ou en marge des manifestations, ont jeté le trouble et suscité l’indignation de l’exécutif. Le premier a eu lieu samedi matin, au pied du Sacré-Cœur, à Paris. Des manifestants portant des « gilets jaunes » ont été filmés en train de faire des « quenelles » et d’entonner une chanson du polémiste antisémite Dieudonné. La « quenelle » est un geste et une expression loin d’être neutres : l’ancien humoriste l’a inventé en 2009, lorsqu’il menait une liste antisioniste pour les élections européennes. Il s’agissait alors de « glisser une petite “quenelle” dans le fond du fion du sionisme ». En réaction, le premier ministre, Edouard Philippe, a affirmé, dimanche matin, sur Twitter, qu’« il est hors de question de banaliser de tels gestes qui doivent faire l’objet d’une condamnation unanime et de sanctions pénales ». Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a lui aussi dénoncé ces dérives. « Donc, “on” lynche des policiers, “on” chante la “quenelle” de Dieudonné à Montmartre, “on” reprend les codes des années 1930 pour renverser la République, “on” décapite l’effigie du président… Derrière ces “on”, un seul visage, lâche, raciste, antisémite, putschiste. Stop. », a-t-il tweeté. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a fustigé « certains [qui] continuent à venir manifester, animés par la haine des institutions ». « Hors de question de banaliser de tels gestes » Une vidéo circule également, captée dans la capitale par le journaliste indépendant Clément Lanot, sur laquelle des « gilets jaunes » portant une banderole « La banque gouverne », sont agenouillés et reçoivent des gaz lacrymogènes. L’un d’eux lâche : « Vous nous gazez comme des putains de juifs ! »
24/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/les-derapages-antisemites-et-violents-de-certains-gilets-jaunes-jettent-le-trouble_5401721_3224.html
« Le mouvement des “gilets jaunes” est avant tout une demande de revalorisation du travail »
Le sociologue Yann Le Lann a coordonné une enquête sur profil des manifestants : « Ce sont les classes populaires, employés et ouvriers, qui sont sur les barrages ».
Yann Le Lann est maître de conférences en sociologie à l’université de Lille. Spécialiste du travail, il a coordonné l’enquête du collectif Quantité critique, composé de chercheurs et de doctorants de Lille et de Sciences Po Paris, qui a analysé le mouvement des « gilets jaunes » durant un mois. Le sociologue estime que l’identité du mouvement est centrée sur la reconnaissance du travail. Quel est le profil des gilets jaunes que vous avez interrogé ? Ce qui resort de nos questionnaires recoupe les informations déjà publiées sur ce mouvement : ce sont les classes populaires, employés et ouvriers, qui sont présentes sur les barrages. On y retrouve aussi beaucoup de femmes qui ont pris une place importante dans le mouvement, souvent en position pivot : c’est à elles qu’on fait confiance pour gérer des caisses de solidarité ou mener des actions. On trouve aussi une part importante de retraités. Tous nos questionnaires montrent qu’on a affaire à des personnes aux revenus inférieurs à 1 600 euros mensuels, voire très souvent juste au niveau du smic. Ce mouvement est passé d’une revendication contre les taxes sur les carburants à une demande de hausse des salaires. Vous expliquez que c’est une bascule très signifiante. Pourquoi ? Parce que c’est important pour comprendre le décalage entre la première perception de cette mobilisation et sa réalité politique, ce qui a donné lieu à un malentendu sur ce mouvement. Les premiers temps, les chaînes d’information l’ont présenté comme l’expression d’un ras-le-bol des territoires périurbains braqués contre la taxe sur les carburants. Le mouvement a eu l’intelligence de subvertir cette audience pour déplacer la revendication vers des enjeux de salaire et de retraite qui sont devenus le cœur de leur plate-forme. A nos yeux, c’est donc la question de la reconnaissance du travail qui est en jeu. Ceux qui se mobilisent sont des salariés qui n’ont pas les moyens de se mettre en grève. Parce que leur budget est trop contraint ou parce qu’ils n’ont pas les ressources politiques autour d’eux pour porter une revendication salariale auprès de leur patron. Ou parce qu’ils ont déjà fait l’expérience d’une négociation salariale qui a échoué. Et pourtant, les « gilets jaunes » sont passés à une plate-forme revendicative beaucoup plus large… Oui, parce que l’écho médiatique leur a permis de se faire entendre sur d’autres enjeux. Mais la question centrale demeure celle du travail. Comme, pour eux, le canal classique de la revendication collective, organisée sur les lieux de travail, est bouché, ça a débordé ailleurs : ils ont en quelque sorte contourné cette impossibilité en s’organisant en dehors des heures de travail, sur des barrages et des places, en occupant l’espace public. Du coup, ce n’est pas le patron qui est interpellé mais l’Etat, qui est jugé comme ayant une responsabilité en matière salariale et se retrouve à devoir gérer ces revendications. C’est tout à fait nouveau et c’est un défi pour lui.
24/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/le-mouvement-des-gilets-jaunes-est-avant-tout-une-demande-de-revalorisation-du-travail_5401713_3224.html
L’Espagne face à l’afflux de jeunes Marocains
L’Andalousie et le gouvernement organisent tant bien que mal l’accueil de migrants mineurs non accompagnés.
Un groupe de migrants secourus en Méditerranée, dans le port de Malaga, le 7 décembre. JON NAZCA / REUTERS A Jerez de la Frontera, dans le sud de l’Andalousie, Mohamed se promène seul devant les arènes, les yeux sur ses baskets, les mains dans ses poches. Ce jeune garçon de 17 ans est arrivé deux mois plus tôt du Maroc, explique-t-il avec difficulté, en articulant quelques mots de français avec timidité. Derrière lui, une quinzaine de jeunes, dispersés, le suivent, accompagnés de trois moniteurs qui les raccompagnent au centre pour mineurs Manuel-de-Falla, géré directement par le gouvernement andalou. Tous les soirs, entre 19 h 30 et 20 h 30, les mineurs hébergés dans ce centre se promènent dans la ville. Parfois, certains en profitent pour partir. Entre eux, les jeunes ont inventé une expression pour cette « fugue » vers Séville, Madrid, Barcelone, Paris ou une autre grande ville, aussi évidente que la traversée qu’ils ont entreprise pour se rendre en Europe : c’est le corre, corre (« file, file »). Mohamed, lui, souhaite d’abord obtenir ses papiers, puis « rejoindre la France ou l’Allemagne pour trouver un travail », dit-il. Avec près de 60 000 arrivées recensées depuis le début de l’année, soit 130 % de plus qu’en 2017 – et au moins 759 personnes mortes durant la traversée, dont deux mineurs ce dimanche –, l’Espagne fait face à un afflux de migrants sur ses côtes. Devenue la première porte d’entrée par mer des migrants en Europe, le royaume s’est encore posé en exemple de solidarité en autorisant l’ONG espagnole Proactiva Open Arms à débarquer à Algésiras les 310 migrants qu’elle a secourus en Méditerranée centrale, face aux côtes libyennes, vendredi 21 décembre. Après que les autorités italiennes et maltaises ont refusé de les accueillir et alors que la France, la Libye et la Tunisie n’avaient pas répondu à l’appel de l’ONG. Les défis de l’accueil des mineurs Cependant, l’augmentation du nombre de migrants n’est pas sans poser des défis à l’Espagne, en particulier en matière d’accueil des mineurs non accompagnés, dont le nombre a plus que doublé cette année. « Près de 12 500 mineurs étrangers isolés se trouvent actuellement sous la tutelle des régions autonomes. A 93 %, ce sont des garçons et, dans plus de 80 % des cas, des Marocains âgés de 16 à 18 ans », résume la secrétaire d’Etat aux affaires sociales, Ana Lima, qui travaille à l’établissement de nouveaux protocoles. Cet été, le gouvernement a débloqué 40 millions d’euros afin de permettre aux régions de renforcer leurs structures d’accueil, dont près de 70 % pour l’Andalousie, où chaque semaine accostent des embarcations venues du Maroc, transportant des centaines de migrants.
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/migrants-dans-le-sud-de-l-espagne-l-afflux-des-mineurs-non-accompagnes_5401711_3210.html
2019, année à risque pour l’économie mondiale
La crainte d’une guerre commerciale et de la fin de la croissance américaine pèsera sur la conjoncture.
Sur le front de la croissance mondiale, l’année 2018 avait commencé sur les chapeaux de roue. A l’aube de 2019, c’est le pessimisme qui domine. Tandis que le Fonds monétaire international (FMI) ne cesse de mettre en garde contre les « nuages en train de s’amonceler », les marchés, ces dernières semaines, ont semblé jouer à se faire peur. Aux Etats-Unis, investisseurs et économistes se sont mis à guetter l’« inversion » de la courbe des taux. Autrement dit, ce moment où emprunter à court terme devient plus cher qu’emprunter à long terme, un phénomène traditionnellement annonciateur de récessions. Ils ne sont pas les seuls à envisager le scénario du pire : une enquête réalisée début décembre auprès des directeurs financiers d’entreprises américaines révèle que 49 % d’entre eux anticipent une contraction d’ici à la fin de 2019. Et ils sont plus de 80 % à prévoir une récession en 2020. Le contexte international nourrit les inquiétudes. Pékin et Washington ont signé un armistice commercial, mais faute de parvenir à un accord définitif d’ici au mois de mars, les hostilités pourraient reprendre. L’activité a déjà commencé à décélérer en Chine, ce gros moteur de l’économie mondiale. Ailleurs dans le monde, l’Allemagne, le Japon, l’Italie ou la Suisse ont vu leur produit intérieur brut (PIB) se contracter au troisième trimestre. En décembre, la croissance du secteur privé en zone euro est même tombée à son niveau le plus bas depuis quatre ans. La menace d’un Brexit désordonné, chaque semaine plus plausible, rajoute une touche d’incertitude. De quoi faire sérieusement trébucher une économie planétaire qui a progressé de 3,7 % cette année ? « Oui, il y aura un ralentissement de la croissance. Mais les données que l’on observe ne sont pas conformes à ce qui se passe d’ordinaire avant une récession », nuance Pierre Lafourcade, économiste chez UBS et co-auteur d’une note publiée fin novembre, qui passe en revue 120 récessions intervenues dans 40 pays lors des quarante dernières années. « Si l’on était à un tel tournant, la consommation, par exemple, se mettrait à ralentir très fortement. Or, ce n’est pas le cas, ni aux Etats-Unis, ni en zone euro, ni au Japon », illustre-t-il. Le Fed met fin aux crédits bas « L’automne vient, plutôt que l’hiver », estime aussi Paul Gruenwald, chef économiste de l’agence de notation S&P Global, dans une note publiée mi-décembre, détournant l’une des répliques cultes de la série Game of Thrones (« l’hiver vient »). La progression du PIB mondial va bien mollir, dans le sillage des Etats-Unis et de la Chine, mais « ce ralentissement est à la fois nécessaire et sain », estime M. Gruenwald.
24/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/24/l-economie-mondiale-va-ralentir-en-2019-mais-pas-forcement-s-effondrer_5401708_3234.html
L’appel d’associations à Bruno Le Maire pour suspendre l’additif E171
Dans une tribune au « Monde », un collectif appelle le ministre de l’économie et des finances à poursuivre le travail du Parlement en retirant ce colorant alimentaire qui présente des risques sanitaires.
Beaucoup de bonbons contiennent l’additif E171. IMAGE SOURCE / PHOTONONSTOP Tribune. Dans quelques jours et comme tous les ans à la même époque, les traditionnels chocolats et bûches de Noël seront de sortie ; mais cette année, quelque chose a changé : on y trouve de moins en moins de (nano)particules de dioxyde de titane. Nos organisations se félicitent de la réactivité du marché en réponse à nos alertes et inquiétudes : au vu des doutes qui pèsent sur l’innocuité de cet additif alimentaire courant, de nombreuses marques et enseignes ont commencé à supprimer le E171 de la composition de leurs produits. Mais nous redoutons que l’hiver ne vienne « gripper » cette belle dynamique. Tout avait pourtant bien commencé. En mai, le gouvernement s’était dit « déterminé à suspendre le E171 avant la fin de l’année ». A l’automne, les parlementaires ont conforté cet engagement en votant la suspension du dioxyde de titane dans l’alimentation par l’article 53 de la loi alimentation ; c’est l’une des rares mesures vivement défendues par les associations lors des Etats généraux de l’alimentation qui ait été maintenue dans la version finale de la loi publiée le 1er novembre. Mais depuis… rien ne se passe. Pire, l’entrée en vigueur de cette mesure est gelée par Bercy. En vertu du code de la consommation, le ministère chargé de la consommation est le seul compétent pour prendre l’arrêté ministériel permettant de rendre cette mesure effective (les autres ministères concernés – alimentation, santé, environnement le cas échéant – sont juridiquement impuissants). Or Bercy refuse de rédiger cet arrêté, au motif qu’il n’y aurait pas de danger suffisamment « grave ou immédiat » pour activer la clause de sauvegarde au niveau européen. Retrouvez notre moteur de recherche : Bonbons, sauce kebab, bûches de Noël..., découvrez la liste des produits contenant l’additif controversé E171 Les fabricants peuvent s’en passer Sur quoi le ministère s’appuie-t-il pour apprécier la dangerosité du E171 ? Sur un travail de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) réalisé au premier semestre de cette année. Sur la base de quatre publications scientifiques (seulement), l’EFSA a estimé qu’il n’y avait pas lieu de remettre en cause l’autorisation de cet additif, qu’elle avait jugé bon de maintenir en 2016 – cela en dépit de données incomplètes puisque, depuis plusieurs années, les scientifiques et agences nationales (comme l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l’Anses en France) et européennes (comme l’EFSA ou l’Agence européenne des produits chimiques, l’ECHA) peinent à obtenir des fabricants de E171 les données nécessaires à l’évaluation des risques.
24/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/l-appel-d-associations-a-bruno-le-maire-pour-suspendre-l-additif-e171_5401706_3232.html
A Amboise, le Père Noël préfère le côté obscur
Chaque semaine, Frédéric Potet sillonne la France pour relater les petits et grands événements qui agitent nos villes et nos campagnes. En Indre-et-Loire, il a rencontré le Père Noël. Il s’appelle Jean-Pierre Neveu, et adore Dark Vador.
Jean-Pierre Neveu, 55 ans, dans un hypermarché d’Amboise (Indre-et-Loire). FP A quoi s’emploient les enfants incrédules et téméraires, à l’approche des fêtes ? A tirer la barbe des Pères Noël qu’ils croisent au détour des galeries commerciales. Ce test infaillible d’authenticité, Jean-Pierre Neveu le propose de lui-même aux plus dubitatifs des bambins qui viennent se faire photographier à ses côtés, comme actuellement au ­Leclerc d’Amboise (Indre-et-Loire), où il joue les saints Nicolas. Les jeunes sceptiques ont beau maltraiter son attribut ­pileux dans l’espoir de le décoller de son menton, rien n’y fait. A l’époque du ­tout-synthétique, Jean-Pierre est un Père Noël rare, avec cette toison naturelle gris argent, de 20 cm de long. Artificier de profession Son « outil de travail », comme il l’appelle, l’homme l’entretient avec un soin tout professionnel. Chaque année, entre Noël et le jour de l’An, il se rase quasi entièrement, afin de laisser les poils repousser pendant les douze mois qui suivent. Porter la barbe (si) longue toute l’année « n’est pas évident », dit-il. « Ça tient chaud en été, et ce n’est pas pratique pour manger. » Tel est le prix à payer. « Il est capital de paraître vraisemblable devant les gosses, qui ne sont pas dupes. Il y a tellement de supermarchés qui dépensent un fric pas possible dans la déco, mais dont le Père Noël ne ressemble à rien. » Jean-Pierre Neveu, 55 ans, dans un hypermarché d’Amboise (Indre-et-Loire). FP Job saisonnier par excellence, Père Noël n’est pas l’activité principale de Jean-Pierre Neveu. Tireur de feux d’artifice pour une entreprise pyrotechnique, il travaille en temps normal comme technicien son et lumière, ce qui lui vaut d’être surnommé « ZZ Top » sur les festivals de l’été. Un autre pseudonyme lui colle cependant aux bacchantes, qu’il a pareillement fournies : Vador, comme l’obscur antihéros de Star Wars. Dark Vador tatoué dans le dos « Tombé tout petit dans la saga comme Obélix dans la marmite de ­potion magique », ce père de famille de 55 ans est un collectionneur zélé de l’univers créé par George Lucas. Il possède plus de 6 000 objets s’y rattachant, « de la figurine à la brosse à dents ». Il s’est également fait tatouer un portrait de Dark Vador dans le dos, et celui de Salacious Crumb (singe-lézard domestiqué par Jabba) sur l’avant-bras. Mais cela, les enfants ne le voient pas quand il revêt son long manteau rouge. Dix ans dans la peau de Santa Claus ont forcément rempli sa hotte d’anecdotes. Comme cette fillette, dont le père était décédé deux jours plus tôt, qu’il a emmenée dans le magasin de jouets de la galerie commerciale où il officiait, en lui disant : « Choisis ce que tu veux » (l’enfant opta pour une peluche, qu’il paya de sa poche après son service). Un autre grand souvenir : ce marathon de dix jours consécutifs dans un ­hypermarché nantais. « Il y avait une queue ininterrompue pour se faire prendre en photo. D’après mes estimations, 60 tonnes d’enfants sont passés sur mes genoux pendant mon séjour. » Jean-Pierre Neveu, 55 ans, dans un hypermarché d’Amboise (Indre-et-Loire). FP Cadeaux à domicile Parfois, des personnes âgées ­esseulées lui demandent l’autorisation de se faire immortaliser à ses côtés. Il lui est arrivé aussi d’être embauché par un couple fortuné pour qu’il distribue les cadeaux à domicile, le soir de Noël : « J’ai gagné en une soirée ce que je ­gagne en un mois habituellement », confie celui qui fixe ses tarifs en fonction des moyens de ses clients. Mais l’argent n’est pas tout, ­évidemment. « Voir un gosse courir vers toi pour te faire un câlin est incomparable. Tu baignes alors dans une sorte de bulle qui te fait oublier tous tes problèmes. » Souvent, les marmots lui demandent ce qu’il veut, lui, pour Noël. « Des carottes pour mes rennes », répond-il. Jean-Pierre Neveu garde tous les dessins et toutes les lettres que les enfants lui ­remettent. Il espère en publier un ­recueil, d’ici quelques années. Lire aussi Jazz’pi, le chaton bourlingueur
24/12/2018
m-perso
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/24/a-amboise-le-pere-noel-prefere-le-cote-obscur_5401701_4497916.html
Quel lien entre le bio et le cancer ?
Pour le docteur Jean-David Zeitoun, encourager la recherche en nutrition est fondamental pour la médecine et la santé publique.
Tribune. L’épidémiologie nutritionnelle étudie les effets de l’alimentation sur la santé des populations. Discipline assez jeune, elle a apporté une brique importante à la recherche en nutrition, qui se limitait auparavant à des études de biochimie, des modèles animaux ou des études cliniques courtes dont l’indicateur était juste un facteur de risque mais pas une maladie. L’épidémiologie nutritionnelle a permis des progrès majeurs. Elle a, par exemple, démontré les liens entre les acides gras trans et les maladies cardiaques, ou encore les effets toxiques d’une consommation excessive de certains sucres. Ces connaissances solides ont motivé des politiques de santé qui ont réduit la mortalité cardiovasculaire là où elles ont été appliquées. Mais en parallèle de ces avancées, l’épidémiologie nutritionnelle a aussi produit un nombre pratiquement incalculable de publications cherchant une relation entre un ingrédient isolé et un indicateur clinique ou biologique. La grande majorité de ces « études » exhibent des résultats dont la fiabilité est proche de zéro, alors même que leurs conclusions sont considérées comme positives par leurs auteurs. Ces interprétations sont fausses et trompeuses, même si elles sont relayées par les médias car le sujet intéresse, à raison, le grand public. Elles font croire aux gens qu’ils peuvent avoir un impact sur leur santé avec des mesures futiles qui, par ailleurs, impliquent des contraintes et des dépenses personnelles. Il faut reconnaître la qualité de cette étude française C’est dans ce contexte contrasté qu’a été publiée une étude française tirée d’un vaste travail de recherche. La revue scientifique ayant accepté l’article est l’une des plus reconnues. Les auteurs ont analysé certaines données issues d’une cohorte appelée NutriNet, agrégeant 70 000 Français volontaires pendant un suivi de sept ans. Selon la part de bio incorporée au régime normal, la réduction du risque de cancer estimée pouvait atteindre 25 %, et plus encore pour le cancer du sein (34 %) ou les lymphomes (76 %), en particulier les lymphomes non hodgkiniens (85 %). Cette publication a déclenché quantité de réactions dans les médias conventionnels et les médias dits sociaux. Beaucoup de ces réactions furent négatives et même agressives. Les arguments étaient connus d’avance : corrélation n’est pas causalité, l’étude est biaisée, l’industrie du bio survend ses vertus, l’alimentation doit rester un plaisir. Ces commentaires critiques en appellent au moins trois autres. Premièrement, il faut reconnaître la qualité de cette étude française, nettement supérieure non pas à la moyenne des études en nutrition, mais à la majorité d’entre elles. Les limites de l’étude NutriNet, reconnues par les auteurs, peuvent amener à relativiser ses résultats mais pas à les annuler. Formulés autrement, ces résultats ne sont pas définitifs, mais ils ont moins de chances d’être faux ou exagérés que ceux de la plupart des études en nutrition.
24/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/manger-bio-c-est-effectivement-bon-pour-la-sante_5401689_3232.html
A Marseille, avec les « délogés » : « L’hôtel, c’est pour les vacances, pas pour vivre »
A Marseille, après l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne, le 5 novembre, les évacuations se sont multipliées, et près de 1 600 Marseillais n’ont toujours pas de domicile.
Un cabas, un baluchon composé d’un drap noué… Sur le cours Julien, en plein centre de Marseille, des locataires profitent du passage du maçon et de l’ouverture de leur immeuble interdit à toute occupation depuis le 20 novembre pour rentrer chez elles. Quelques minutes pour attraper, l’une des manteaux, l’autre des médicaments pour sa fille diabétique. Ella, artiste peintre qui a son école au premier étage, sort une de ses toiles puis décide de ne pas repartir. De sa fenêtre, elle harangue ses voisines et les passants : « Je reste là, je m’en fous. Je ne bougerai pas tant que je n’aurai pas l’arrêté de péril de la mairie. » Voilà plusieurs semaines qu’elle se partage entre son bateau amarré dans les îles du Frioul et le logement de sa mère mais « Tanguy, ce n’est pas trop [son] truc », plaisante-t-elle en référence au personnage du film d’Etienne Chatiliez qui ne veut pas quitter le domicile de ses parents. L’architecte présent pour la visite de l’immeuble la raisonne : « Vous êtes en danger. » Aperçues par la porte entrebâillée, les larges fissures qui balafrent l’escalier semblent lui donner raison, tout autant que celles qui zèbrent la façade donnant rue Jean-Roque, où plusieurs immeubles ont déjà été condamnés. Ella passera une nuit chez elle avant d’être à nouveau évacuée par des marins-pompiers. Et cette fois, une chaîne sera placée sur la porte d’entrée. Mais Ella n’a toujours pas de réponse à sa demande de relogement : « Plus personne ne répond, ni la mairie ni mon bailleur, qui a l’obligation de me reloger. » Ce mini-fort Chabrol passé inaperçu illustre combien ceux qu’à Marseille on nomme les « délogés » sont passés de la résignation des premiers temps à la colère. Après l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne, le 5 novembre, qui a fait huit morts, près de 1 600 Marseillais vivent aujourd’hui encore hors de chez eux, évacués de près de deux cents immeubles, situés dans tous les quartiers de la ville et interdits à toute occupation en raison du danger qu’ils présentent. Tous racontent le traumatisme d’avoir dû quitter dans la précipitation leur domicile avec dix minutes accordées pour jeter leurs papiers et quelques affaires dans un sac. Ils ne savent pas quand il sera envisagé de réintégrer leur immeuble, ni même si cela sera un jour possible. Tout juste sont-ils autorisés à y passer quelques courts instants, accompagnés de pompiers, afin de récupérer des affaires. Sentiment d’être des « pantins »
24/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/a-marseille-avec-les-deloges-l-hotel-c-est-pour-les-vacances-pas-pour-vivre_5401687_3224.html
« Toutes les femmes devraient pouvoir initier une grossesse librement et dans de bonnes conditions »
Pour Pierre Jouannet, spécialiste de la reproduction humaine, toutes les femmes devraient bénéficier d’un droit à la procréation non motivé médicalement.
Tribune. Le droit à l’enfant n’existe pas, mais des femmes et des hommes peuvent souhaiter devenir parents. Ils peuvent réaliser leur projet parental soit en choisissant de débuter une grossesse qui aboutira à la naissance d’un enfant soit en adoptant un enfant. Parfois cependant, la femme peut se sentir incapable de mener à terme la grossesse quand elle n’est pas désirée ou si elle doit conduire à la naissance d’un enfant sévèrement malade ou atteint d’un grave handicap. Le grand mérite de Simone Veil est d’avoir compris qu’une loi interdisant l’avortement était inopérante car la plupart des femmes qui le souhaitaient avortaient de toute façon, soit en allant à l’étranger, soit en ayant recours à des pratiques clandestines plus ou moins dangereuses pour elles. Il convenait donc, non seulement d’autoriser l’avortement, mais aussi de faire en sorte qu’il soit pratiqué dans de bonnes conditions. D’emblée, deux types de situations furent distinguées. D’abord celle de l’interruption médicale de grossesse (IMG) qui peut être réalisée à tout moment avant la naissance quand il y a un danger grave pour la mère ou quand le fœtus est porteur d’une pathologie grave et incurable. Le dispositif réglementaire encadrant la réalisation d’une IMG fait intervenir une structure spécialisée, un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal, qui donne son avis sur la légitimité médicale de l’intervention. La deuxième situation a été appelée interruption volontaire de grossesse (IVG) quand l’avortement n’est pas motivé médicalement et qu’il fait l’objet d’un encadrement réglementaire particulier. Le deuxième grand mérite de Simone Veil est d’avoir fait inscrire dans la loi dès 1975 que c’est la femme et elle seule qui peut décider de réaliser une IVG. La décision ne peut appartenir ni à l’Etat, ni aux médecins, ni à qui que ce soit d’autre que la femme elle-même.. Quand les couples ne peuvent réussir leur projet parental car la procréation par voie naturelle est difficile ou impossible, ils peuvent solliciter l’aide de la médecine pour devenir parents. En effet si les traitements de l’infertilité ne sont pas toujours efficaces, de nombreuses procédures médicales ont été développées depuis une cinquantaine d’années pour obtenir une grossesse, y compris en ayant recours aux gamètes de tiers donneurs. Les technologies permettant d’intervenir sur le début de la vie ont interpellé la société dans de nombreux pays et il a été souvent décidé de les encadrer de manière plus ou moins stricte. C’est le cas en France depuis 1994 où la procréation médicalement assistée (PMA) a été légalisée mais où il a été décidé qu’elle ne pouvait être entreprise que si elle était motivée médicalement et si la demande était formulée par un couple composé d’une femme et d’un homme.
24/12/2018
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/24/toutes-les-femmes-devraient-pouvoir-initier-une-grossesse-librement-et-dans-de-bonnes-conditions_5401685_1650684.html
La colère et les frustrations des réfugiés palestiniens au Liban
La mort d’un enfant dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban a réveillé le malaise social des habitants, qui dénoncent des discriminations dans l’accès aux soins.
LETTRE DE BEYROUTH Les flots de la Méditerranée bordent le flanc ouest du camp de réfugiés palestiniens de Nahr El-Bared, dans le nord du Liban. Mais ni cette ouverture sur la mer, ni la vue sur la côte qui s’étend jusque vers la Syrie, n’apaise le sentiment des habitants de vivre à l’étroit, et sans perspectives. Le camp a été défiguré par des combats en 2007, entre l’armée libanaise et un groupuscule extrémiste. Il ne s’en est pas encore relevé : des pans de Nahr El-Bared ressemblent à un vaste chantier, car la reconstruction n’est toujours pas achevée. Dans les rues mornes malgré les couleurs des nouveaux immeubles, on peine à imaginer la vitalité qui régnait jadis dans ce lieu, décrit comme un ancien carrefour commercial, un marché où le voisinage venait s’approvisionner à bas prix. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Réfugiés palestiniens : l’agence de l’ONU toujours en danger Plus d’une fois, la grande rue qui traverse Nahr El-Bared a été le théâtre de protestations, sociales : contre la lenteur de la reconstruction, contre la baisse des services octroyés par l’UNRWA (l’office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) qui jongle chaque année avec des déficits budgétaires. Ou politiques, liées au conflit israélo-palestinien. Manque d’accès aux soins Dans le camp, dont les quartiers portent le nom des villages palestiniens d’origine des réfugiés de 1948, la colère gronde à nouveau depuis la mort de Mohamed Wehbé, un petit enfant. Père palestinien, mère libanaise, il n’avait pas trois ans et souffrait d’une tumeur au cerveau. Hospitalisé, il a passé trois jours dans le coma avant d’être admis dans un service pédiatrique de soins intensifs. Il est décédé quelques heures après son transfert, lundi 17 décembre. Le lendemain, durant la procession funèbre, dans le camp, le père, Majdy Wehbé, traits défigurés par la douleur, a porté le petit corps de Mohamed, visage immaculé dans son linceul blanc enveloppé d’un drapeau palestinien. Il lui a offert de derniers baisers, bouleversants, avant l’inhumation. Tout autour de lui, le cortège oscillait entre tristesse et rage. Le soir venu, puis les suivants, des réfugiés se sont rassemblés pour dénoncer la « négligence » dont les Palestiniens font les frais. Sourds aux déclarations selon lesquelles Mohamed Wehbé, dans un état critique, ne pouvait être sauvé, ils dénoncent le manque d’accès aux soins pour leur communauté au Liban, sa marginalisation, et la corruption. D’autres manifestations ont eu lieu à Beyrouth et à Tripoli, proche de Nahr El-Bared.
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/la-colere-et-les-frustrations-des-refugies-palestiniens-au-liban_5401683_3210.html
Benalla, « gilets jaunes », 80 km/h : quinze débats de 2018 pour pimenter votre réveillon
Les sujets de dispute sont épuisés alors que la dinde n’est pas encore découpée ? En voici 15 autres.
Si la conversation s’étiole au réveillon de Noël ou de la Saint-Sylvestre, si les sujets de dispute habituels ont déjà été épuisés alors que la dinde n’est pas encore découpée, les Décodeurs ont la solution pour relancer les discussions, tout en révisant l’actualité de 2018. Notre application propose une quinzaine de sujets qui ont récemment suscité une polémique, avec les arguments des tenants du « pour » comme du « contre »… et parfois une pincée de mauvaise foi pour épicer le repas. Choisissez-vous un sujet de discussion avec le « Vociférator » Cliquez sur le bouton pour générer au hasard une discussion parmi les thématiques qui on suscité une polémique en 2018. Bon appétit ! Un autre sujet de dispute Pour Contre
24/12/2018
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/24/benalla-gilets-jaunes-80-km-h-quinze-debats-de-2018-pour-pimenter-votre-reveillon_5401681_4355770.html
Indonésie : le tsunami a tué au moins 280 personnes et fait plus de 1 000 blessés
Les recherches continuent à Sumatra et Java, où les autorités s’attendent à ce que le nombre de victimes augmente.
Le bilan du tsunami provoqué par un glissement de terrain sans doute lié à une éruption volcanique en Indonésie a été porté à 281 morts et plus de 1 000 blessés, a annoncé lundi 24 décembre l’Agence nationale de gestion des catastrophes. « Le nombre des victimes va continuer à augmenter, ainsi que les dommages », a prévenu Sutopo Purwo Nugroho, le porte-parole de l’agence, précisant que 57 personnes étaient portées disparues. Le précédent bilan faisait état de 222 morts. Des équipes munies d’excavatrices et d’autres équipements lourds tentaient de dégager les débris lundi à la recherche de survivants. Des milliers de personnes ont été évacuées vers les hauteurs. Le tsunami a frappé soudainement samedi soir les côtes méridionales de Sumatra et l’extrémité occidentale de Java, rasant des centaines de bâtiments. Il est survenu après l’éruption du volcan connu comme « l’enfant » du légendaire Krakatoa, l’Anak Krakatoa. L’hypothèse d’un glissement de terrain Le tsunami a laissé derrière lui un paysage de désolation, entre les arbres déracinés, les toits arrachés, les morceaux de bois et les détritus divers. La plage de Carita, destination touristique courue de la côte occidentale de Java, est jonchée de débris. « L’armée et la police passent les ruines au peigne fin pour voir s’il y a d’autres victimes », a expliqué Dody Ruswandi, haut responsable de l’agence. Le président, Joko Widodo, s’est rendu dans les zones sinistrées lundi pour suivre l’avancée des secours. Les autorités, qui n’ont toujours pas déterminé la cause exacte de la catastrophe, craignent une nouvelle déferlante. Le ministre des travaux publics, Basuki Hadimuljono, a expliqué que les opérations de secours se poursuivraient, mais devraient s’arrêter « au premier signe de forte marée ». Selon des scientifiques, qui se basent sur des images capturées par le satellite Sentinel 1 de l’Agence spatiale européenne (ESA), une partie importante du flan sud de l’île a glissé vers l’océan peu avant le tsunami. « Le glissement de terrain sous-marin est la thèse qui prime », explique Sam Taylor Offord, un sismologue à l’institut GNS Science de Wellington, qui ajoute qu’il était impossible de confirmer cette théorie à cause du manque de données et d’accès aux zones dévastées. « Le risque de tsunami dans le détroit de la Sonde restera élevé tant que le volcan sera dans sa phase d’activité actuelle, parce qu’il est susceptible de déclencher d’autres glissements de terrain sous-marins », prévient aussi Richard Teeuw, de l’université de Portsmouth. « Il faut être conscient que maintenant le volcan est déstabilisé », explique Jacques-Marie Bardintzeff, professeur à l’université Paris-Sud. Le volcan Anak Krakatoa se situe au cœur du détroit de la Sonde, qui sépare les îles indonésiennes de Java (au sud) et de Sumatra (au nord). GOOGLE MAPS Système d’alerte défaillant La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a estimé que les « puissantes vagues » avaient atteint entre 30 et 90 centimètres de haut. A la différence des tsunamis provoqués par les tremblements de terre et qui déclenchent les systèmes d’alertes, les vagues « volcaniques » ne laissent que très peu de temps aux autorités pour prévenir les gens. « C’est arrivé si vite », a rapporté Ade Junaedi, un survivant. « Je parlais avec un hôte chez nous quand ma femme a ouvert la porte en hurlant, paniquée. J’ai cru à un feu, mais en allant vers la porte, j’ai vu l’eau arriver. » Sur des images vidéo dramatiques publiées sur les réseaux sociaux, on a pu voir une vague géante s’abattre sur un concert en plein air donné par le groupe pop Seventeen. Ses membres sont projetés hors de la scène par le mur d’eau qui se répand parmi les spectateurs. Deux membres du groupe ainsi que son manageur ont trouvé la mort, trois autres sont portés disparus. Eruptions quasi continues D’après les spécialistes, l’Anak Krakatoa s’est formé aux alentours de 1928 dans la caldeira – vaste cuvette résultant d’une éruption qui provoque l’effondrement du sommet d’un volcan – du célèbre Krakatoa. Celui-ci avait connu, en 1883, une explosion qui a fait environ 36 000 morts. Une immense colonne de fumée, de pierres et de cendres s’était dressée dans le ciel à 20 kilomètres de hauteur, plongeant la région dans l’obscurité et déclenchant un puissant tsunami. L’Anak Krakatoa a commencé sa vie sous l’eau avant que son cratère n’émerge vers 1928. Il s’est mué en petite île volcanique, dont le cratère atteint désormais une altitude de 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Depuis sa naissance, l’Anak Krakatoa est dans un « état semi-perpétuel d’activité éruptive », et grossit au fil d’éruptions qui surviennent tous les deux ou trois ans. L’Indonésie est un archipel de 17 000 îles et îlots qui s’est formé par la convergence de trois grandes plaques tectoniques (indo-pacifique, australienne et eurasienne). Elle se trouve sur la ceinture de feu du Pacifique, une zone de forte activité sismique et d’éruptions volcaniques, et compte 127 volcans actifs. Voir aussi En images : scènes de désolation à Java et Sumatra
24/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/indonesie-le-bilan-du-tsunami-s-alourdit-a-plus-de-280-morts_5401678_3210.html
Chaon, Houdart, Hurston, Lispector, Kourkov, Magris… Les brèves critiques « littérature » du « Monde des livres »
Romans, récits, recueil, entretiens… dans « Le Monde des livres » du 21 décembre 2018.
Roman. La prophétesse Jane La Dynastie des boiteux. Citizen Narcisse, de Bessora, Le Serpent à plumes, 432 p., 24 €. A bord d’une barque tapissée de fleurs pourrissantes et odorantes, Jane, 17 ans, vogue sur le Mississippi à la recherche de l’homme qu’elle aime, Narcisse. En 1793, ce Breton a cru échapper à la Révolution en se réfugiant dans le Nouveau Monde où peuples amérindiens, colons, missionnaires et aventuriers européens, esclaves affranchis et leurs descendants se croisent, se battent et bien souvent se mêlent. Après Zoonomia (Le Serpent à plumes, 2018), les aventures au XIXe siècle d’un métis bâtard qui rêve de devenir le premier Blanc à découvrir le gorille au Gabon, Bessora poursuit sa tétralogie, La Dynastie des boiteux, par un préquel en Amérique. Citizen Narcisse se lit comme un roman des origines, dont l’héroïne ignore les siennes. Jane, blonde aux yeux bleus, compte parmi ses aïeux une voleuse irlandaise et un esclave d’origine guinéenne. En chemin, elle rencontre le prophète biblique Michée, réincarné en nain lubrique et zombie. Il suivra Jane jusqu’à Saint-Malo, où Narcisse a été déporté. Facétieuse, poétique, à la lisière du fantastique et du réalisme, Bessora désarçonne, tandis que La Dynastie des boiteux s’impose d’ores et déjà comme une relecture à hauteur d’homme de l’expansion coloniale européenne. Gl. Ma. Roman. Dan Chaon, trompeuse mémoire Une douce lueur de malveillance (Ill will), de Dan Chaon, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Fournier, Albin Michel, « Terres d’Amérique », 528 p., 24,50 €. La vie bien rangée de Dustin Tillman, psychologue quadragénaire de Cleveland (Ohio), vacille le jour où il apprend que Russell, son frère adoptif, est sorti de prison. Accusé trente ans auparavant d’avoir assassiné leurs parents, ce garçon tourmenté vient d’être innocenté. Au même moment, une série d’étudiants sont découverts noyés, tués, soupçonne-t-on, selon un rituel satanique. Simple coïncidence ? L’un des patients de Dustin le pousse à mener l’enquête. Inspiré par l’histoire des « West Memphis Three », ces trois hommes qui furent accusés à tort et condamnés pour l’assassinat de trois enfants, en 1994, Dan Chaon explore avec dextérité, dans ce thriller, les failles de la mémoire chez des êtres au passé traumatique. Habilement construite en flash-back récurrents, la narration progresse en fouillant la complexité toujours plus grande des personnages jusqu’à troubler les évidences. Un roman saisissant sur les limites de la résilience. Ar. S.
24/12/2018
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/24/chaon-houdart-hurston-lispector-kourkov-magris-les-breves-critiques-litterature-du-monde-des-livres_5401675_3260.html
Adorno, Badinter, Ravel, Rueff… Les brèves critiques « essais » du « Monde des livres »
Correspondance, histoire, anthropologie, philosophie… dans « Le Monde des livres » du 21 décembre 2018.
Correspondance. Adorno et Kracauer : amour, exil et philosophie Correspondance 1923-1966 (Briefwechsel. « Der Riss der Welt geht auch durch mich ». 1923-1966), de Theodor W. Adorno et Siegfried Kracauer, traduit de l’allemand par Wolfgang Kukulies, Le Bord de l’eau, « Altérité critique », 422 p., 34 €. Il aura fallu dix ans pour lire en français un document exceptionnel, publié en Allemagne en 2008 : la correspondance entre deux philosophes allemands majeurs, Theodor Adorno (1903-1969) et Siegfried Kracauer (1889-1966), appartenant à l’histoire de l’école de Francfort, qui projeta sur la modernité le regard d’une critique de gauche. Dix ans pour connaître cette relation d’une rare intensité qui s’instaure, à partir de 1918, entre un prodige intellectuel et musical de 19 ans, Adorno (élève d’Alban Berg, il dit alors hésiter entre le destin de Kant et celui de Beethoven), et son aîné, Kracauer, architecte, journaliste et critique de renom. Longtemps tenues sous le boisseau, ces lettres révèlent l’érotisme qui imprègne le début de cette amitié, auquel succède un lien intellectuel souvent orageux. Le déséquilibre s’inverse quand l’arrivée du nazisme et l’exil rendent précaire l’existence de Kracauer. Adorno, lui, va s’imposer comme un des maîtres à penser de l’Allemagne d’après-guerre. Malgré la présentation austère, les caractères minuscules et l’absence d’index, ce livre est un témoignage saisissant de l’entrelacs entre amour et pensée. N. W. Récit. Robert Badinter sur la route du souvenir Idiss, de Robert Badinter, Fayard, 240 p., 20 €. « Aujourd’hui, ayant franchi son âge, je rêve à son passé qui est un peu le mien », écrit Robert Badinter au début de ce déchirant portrait d’une femme depuis longtemps disparue, Idiss, sa grand-mère maternelle, juive des confins de l’Empire russe, arrivée en France au début du XXe siècle, morte de vieillesse à Paris en 1942. L’ancien garde des sceaux (né en 1928) rassemble tout ce qu’il est possible de savoir sur elle, et d’abord ses propres souvenirs, comme celui du dernier au revoir, le jour où, avec sa mère et son frère, il doit abandonner la vieille dame, trop épuisée pour les suivre sur les routes où ils s’apprêtent à fuir les persécutions. C’est sur un monde disparu que la porte se referme alors, celui de la Bessarabie (dans l’actuelle Moldavie) où Idiss était née, de ce Yiddishland dont elle était le dernier témoin auprès de l’enfant, celui, aussi, de la promesse qu’avait représentée la France pour elle et son mari, quarante ans plus tôt, alors que chez eux les pogroms se multipliaient – une promesse de paix et de liberté, dont Robert Badinter restitue le souffle et retrace, pas à pas, la trahison. Fl. Go
24/12/2018
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/24/adorno-badinter-ravel-rueff-les-breves-critiques-essais-du-monde-des-livres_5401674_3260.html
Violentes manifestations au Soudan contre la hausse du prix du pain
Le pays est en proie à une vague de protestations qui a fait au moins huit morts en cinq jours.
Un incendie allumé lors d’une manifestation contre la hausse du prix du pain, à Atbara, dans le nord-est du Soudan, le 20 décembre. EL TAYEB SIDDIG / REUTERS De nouvelles manifestations ont été organisées dimanche 23 décembre dans plusieurs villes soudanaises, y compris dans la capitale, ont rapporté des témoins, au cinquième jour d’une vague de protestations contre la hausse du prix du pain. A Omdourman, partie ouest de la capitale, Khartoum, une manifestation a eu lieu en soirée à l’issue d’un match de football, réunissant des centaines de personnes. « Après le match (…), des centaines de supporteurs ont crié : “Liberté, paix et justice !” », a rapporté un témoin. Selon un autre, les forces antiémeute ont tiré des gaz lacrymogènes sur les protestataires. La récente décision du gouvernement d’augmenter le prix du pain de 1 livre à 3 livres soudanaises (de 2 à 6 centimes d’euros) suscite depuis mercredi des manifestations. Elles ont entraîné au moins huit morts – six à Al-Gadaref (est) et deux à Atbara (est) – lors de heurts avec les forces antiémeute, selon des responsables et des témoins. Le principal dirigeant de l’opposition, Sadek Al-Mahdi, tout juste rentré d’exil, a dénoncé samedi une « répression armée », et évoqué un bilan supérieur, de vingt-deux morts, impossible à vérifier de source indépendante. Le Soudan connaît des difficultés économiques croissantes avec une inflation de près de 70 % et une plongée de la livre soudanaise face au dollar. La colère de la population s’est peu à peu répandue à tout le pays. Des centaines de manifestants à travers le pays Dimanche, des centaines de personnes se sont réunies sur le marché d’Oum Rawaba, dans l’Etat du Kordofan du Nord, scandant pour certains « le peuple veut la chute du régime ! », a témoigné par téléphone un habitant à l’Agence France-presse (AFP). Des « centaines » de manifestants se sont également rassemblés, selon un témoin, à Atbara (est), ville dans laquelle le mouvement est né et où deux personnes sont mortes jeudi. Parallèlement, un groupement de travailleurs de différents secteurs d’activités a appelé dans un communiqué à mener diverses actions de grèves, à commencer par les hôpitaux lundi. « Les médecins n’interviendront que dans les cas d’urgence », a précisé à l’AFP Mohamed Al-Assam, membre de ce groupement. Dimanche, mise à part la manifestation à Omdourman, les grandes artères de Khartoum sont, elles, restées calmes. Les écoles et les universités sont fermées pour une période indéterminée sur décision des autorités. Des policiers antiémeute, équipés de matraques et de gaz lacrymogènes, étaient postés aux abords des bâtiments universitaires. « Cellule de saboteurs » Ailleurs, des habitants ont fait la queue devant les boulangeries, qui refusaient de vendre plus de vingt miches de pain par personne. « J’ai une grande famille et ce pain ne nous suffit pas pour les trois repas » quotidiens, a déploré l’un d’eux. « Il ne m’autorisera pas à t’en donner plus », a répondu un employé en désignant un agent de sécurité. Dans le même temps, les autorités ont annoncé, par la voix l’agence de presse officielle SUNA, l’arrestation d’une « cellule de saboteurs qui souhaitaient commettre des actes de vandalisme dans la capitale ». Elles ont ajouté que ce groupe comprenait des « membres de partis d’opposition », sans les nommer. Sadiq Youssef, un cadre de la coalition d’opposition des Forces du consensus national, a affirmé samedi que quatorze membres de ce mouvement, dont le président Farouk Abou Eissa, avaient été arrêtés « à la sortie d’une réunion ». Le ministère des affaires étrangères soudanais a convoqué l’ambassadeur du Koweït à Khartoum après que cet Etat du Golfe a appelé ses ressortissants à quitter le Soudan.
24/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/24/violentes-manifestations-au-soudan-contre-la-hausse-du-prix-du-pain_5401669_3212.html
Le pouvoir serbe de Bosnie fait arrêter le leader de la contestation
Des tensions ont éclaté entre policiers et manifestants, qui réclament la vérité sur le meurtre d’un étudiant presque tous les jours depuis mars.
Intervention de police à Sarajevo, le 25 décembre 2018. Radivoje Pavicic / AP La police des Serbes de Bosnie-Herzégovine a mis durement fin, mardi 25 décembre, à neuf mois de protestation antipouvoir inédite. Le matin, elle a arrêté le leader du mouvement Justice pour David, qui manifestait presque tous les jours depuis mars à Banja Luka contre le gouvernement de la République serbe (Republika Srpska), l’une des deux entités constituant ce pays des Balkans au côté de la Fédération de Bosnie-Herzégovine. Accusé de « menace à la sécurité », Davor Dragicevic, 49 ans, a été appréhendé devant chez lui. Il a finalement été remis en liberté mercredi matin. Lire nos informations : En Bosnie, Dodik tout-puissant mais fragilisé Cet homme a lancé son mouvement pour protester contre la conduite déplorable de l’enquête sur la mort de son fils, David, 21 ans, retrouvé le 24 mars dans une rivière. Cet étudiant en informatique avait d’abord été qualifié de « drogué » par les autorités, qui avaient évoqué une chute ou un suicide, avant de reconnaître en juin, face à la pression de la rue, qu’il avait été assassiné. Réunissant certains jours plusieurs milliers de personnes, le mouvement demandait tous les soirs à 18 heures la démission de plusieurs ministres du gouvernement de l’entité serbe, et s’en prenait aussi directement à l’homme fort des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik. « Les tueurs sont au sommet » La police des Serbes de Bosnie arrête l’un des militants « Justice pour David », à Banja Luka, le 25 décembre. Radivoje Pavicic / AP « Les tueurs sont au sommet de la Republika Srpska », y proclamait Davor, le poing levé, près d’un petit mémorial qu’il avait édifié en plein cœur de la capitale des Serbes de Bosnie. Malgré ce mouvement inédit, M. Dodik, un ancien modéré devenu ultranationaliste en 2006, a remporté, côté serbe, les élections générales organisées début octobre. Pendant sa campagne, il s’en était pris plusieurs fois violemment à Davor Dragicevic et avait annoncé qu’il ferait nettoyer Banja Luka après le scrutin. Désormais membre de la présidence tournante de Bosnie, il semble avoir attendu les congés de fin d’année pour mettre sa menace à exécution. « Je ne pense pas qu’une telle opération puisse avoir été faite sans qu’il en soit informé et ils ont visiblement attendu Noël car tous les diplomates sont partis du pays en ce moment », assure Tanja Topic, analyste à la fondation allemande Friedrich-Ebert. Déchiré par la guerre entre 1992 et 1995, le pays est toujours sous surveillance internationale. Lire aussi Le nationaliste serbe Milorad Dodik accède à la présidence tournante de la Bosnie M. Dragicevic avait été convoqué par la police pour avoir manifesté le 17 décembre sans autorisation devant le Parlement des Serbes de Bosnie, également situé à Banja Luka. Il avait ignoré cette convocation. Plusieurs militants de son mouvement, la mère de David, des journalistes, ainsi que des leaders de l’opposition ont également été arrêtés sous le regard des caméras mardi. La plupart ont été rapidement remis en liberté, sauf un député d’opposition. Le mémorial improvisé a ensuite été démantelé sous la surveillance de centaines de policiers déployés dans la ville, qui ont tenu à distance les protestataires descendus spontanément dans la rue. « Cela fait beaucoup de violence contre des gens simples qui ont toujours manifesté pacifiquement », déplore Mme Topic. Dans un communiqué, la délégation de l’Union européenne en Bosnie a également demandé des « explications immédiates » sur ces arrestations. M. Dragicevic avait été reçu récemment par les ambassadeurs de l’UE, qui avaient « salué ses efforts inlassables pour demander pacifiquement justice pour le décès de son fils ». Dans un contexte de corruption généralisée et d’infiltrations mafieuses des forces de l’ordre, le mouvement Justice pour David était largement soutenu dans toute la Bosnie, y compris par les Croates et les Bosniaques. De quoi fragiliser le discours ultrasécuritaire de Milorad Dodik, qui s’est toujours fait fort de défendre la sécurité des Serbes face à la menace hypothétique d’un retour des affrontements interethniques. Mardi soir, plusieurs dizaines de Sarajéviens, une ville majoritairement bosniaque, sont ainsi descendus dans la rue en signe de solidarité. Après sa libération, M. Dragicevic a, lui, appelé à de nouvelles manifestations. Manifestation dans le centre-ville de Sarajevo, le 25 décembre. ELVIS BARUKCIC / AFP
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/le-pouvoir-serbe-de-bosnie-fait-arreter-le-leader-de-la-contestation_5402096_3210.html
Un Guatémaltèque de 8 ans meurt en détention à la frontière des Etats-Unis
A la suite de ce drame, survenu pendant la nuit de Noël, les autorités ont annoncé de nouvelles mesures sanitaires dans leurs centres de rétention.
La frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, dans l’Arizona, en septembre 2018. Adrees Latif / REUTERS Les autorités américaines se sont engagées, mercredi 26 décembre, à prendre de nouvelles mesures sanitaires dans leurs centres de rétention pour migrants, surchargés par l’afflux de familles et d’enfants, après la mort d’un petit Guatémaltèque de 8 ans pendant la nuit de Noël. Elles ont notamment ordonné que tous les enfants migrants en détention soient soumis à des examens médicaux. Ce nouveau drame, qui a soulevé une vive indignation aux Etats-Unis, est survenu à peine plus de deux semaines après la mort d’une fillette guatémaltèque de 7 ans à El Paso, au Texas, également détenue par les autorités états-uniennes. Le petit garçon, Felipe Gomez, originaire d’un village maya de l’ouest du Guatemala proche de la frontière avec le Mexique, avait été interpellé avec son père le 18 décembre près d’El Paso, en traversant clandestinement la frontière mexicaine. Transféré dans trois centres de détention différents en quelques jours, Felipe « toussait » au matin du 24 décembre, a précisé le service des douanes et de la protection des frontières (CBP, pour Customs and Border Protection, en anglais) dans un communiqué. Conduit dans un hôpital au Nouveau-Mexique, l’équipe médicale a d’abord diagnostiqué un « simple rhume » avant de constater une poussée de fièvre. Il est finalement sorti peu avant 15 heures, avec une prescription médicamenteuse. Mais dans la soirée, saisi à nouveau de nausée et de vomissements, les agents du CBP l’ont transporté à l’hôpital. Le garçon y est mort peu après minuit le 25 décembre. Les causes exactes de sa mort n’ont pas été établies, mais les autorités ont promis un « examen indépendant et approfondi des circonstances » de ce drame. Le Guatemala a demandé « aux autorités américaines une enquête transparente et sérieuse sur cette affaire ». Examen médical approfondi Vivement critiquées par les démocrates, qui fustigent « le mépris de la vie humaine » de l’administration Trump, les autorités ont promis la mise en place pour « tous les enfants » détenus à la frontière d’un « examen médical approfondi ». « C’est un supplément à l’examen préliminaire qu’ils reçoivent tous lors de la prise en charge pour la recherche de signes de maladie », ont expliqué, mercredi, des responsables de la sécurité intérieure. « Heureusement, les morts que nous avons vues [en 2018] sont extrêmement rares », ont-ils précisé, ajoutant qu’il n’y avait pas eu auparavant de mort d’enfant dans un de leurs centres depuis plus d’une décennie. A lire sur la détention de mineurs : Aux Etats-Unis, le nombre de mineurs migrants en détention atteint des sommets Cette deuxième mort d’un enfant interroge sur les conditions de détention des immigrés clandestins, alors que Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration illégale son cheval de bataille. Les autorités ont reconnu être démunies face à l’arrivée de milliers de migrants dans des structures inadaptées. « Le phénomène auquel nous assistons aujourd’hui est relativement nouveau avec une population de migrants composée à 60 % d’enfants et de familles. Et notre système n’a pas été conçu pour y faire face », ont déclaré à la presse des responsables du ministère de la sécurité intérieure. « Nous avons besoin de l’aide du Congrès. Nous avons besoin de financement pour les soins médicaux et de santé mentale pour les enfants dans nos structures », a déclaré mercredi sur la chaîne CBS Kevin McAleenan, l’un des principaux responsables du CBP. Le nombre d’enfants migrants sous la responsabilité de son service pourrait prochainement dépasser 25 000, a-t-il ajouté. Mur à la frontière Ce drame survient au moment où les démocrates et le président républicain croisent le fer sur la construction d’un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Le financement de cet édifice, que les démocrates du Congrès refusent de voter, a provoqué un blocage budgétaire. Outre le projet de mur, le gouvernement états-unien a annoncé la semaine dernière qu’il renverrait les demandeurs d’asile au Mexique pendant l’examen de leur dossier. Selon les autorités des Etats-Unis, beaucoup d’entre eux restent clandestinement sur le territoire sans même chercher réellement à obtenir le statut de réfugié. En juin, la politique mise en place par l’administration Trump de séparation systématique des migrants mineurs de leurs parents avait provoqué une telle indignation que le président états-unien avait dû revenir dessus, en interdisant la pratique. Donald Trump a aussi déployé en octobre la garde nationale, puis l’armée, à proximité de la frontière mexicaine, à l’approche d’une caravane de migrants centraméricains. L’immigration vers les Etats-Unis provient actuellement principalement de pays d’Amérique centrale – Honduras, Salvador, Guatemala – que des familles entières fuient pour échapper à la violence et à la criminalité des gangs.
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/etats-unis-mort-d-un-enfant-de-huit-ans-detenu-a-la-frontiere-avec-le-mexique_5402093_3210.html
A Athènes, une caravane venue des Pays-Bas pour demander l’accueil de réfugiés bloqués en Grèce
Soixante volontaires néerlandais sont arrivés à Athènes, lundi, pour demander la relocalisation aux Pays-Bas de réfugiés bloqués dans des camps insalubres en Grèce.
Rikko Voorberg, porte-parole de la fondation "Let's Bring Them Here" (Ramenons-les ici), devant le parlement grec, à Athènes, le 24 décembre. ANGELOS TZORTZINIS / AFP A Athènes, les illuminations scintillent en ce lundi 24 décembre, du haut du mont Lycabette où une soixantaine de citoyens néerlandais se sont rassemblés avec des réfugiés et des militants grecs. « Nous avons parcouru 3 000 kilomètres pour venir en Grèce et réclamer au gouvernement grec d’évacuer 150 réfugiés que nous pouvons ramener avec nous dans nos véhicules aux Pays-Bas », explique au micro Rikko Voorberg, le porte-parole de la fondation « Let’s bring them here » (Ramenons-les ici), à l’initiative de la caravane arrivée des Pays-Bas à bord de vingt-six véhicules. L’initiative avait suscité, dès le jeudi 20 décembre, une vive réaction du gouvernement néerlandais : « Le transport illégal de personnes dépourvues de droits de résidence équivaut à la traite d’êtres humains et est punissable par la loi », dénonce alors le secrétaire d’État néerlandais à la justice Mark Harbers. Loin d’être freiné dans sa démarche, Rikko Voorberg, théologien néerlandais à l’origine de cette association en 2015, a déposé au Parlement grec une petite valise contenant des milliers de lettres de citoyens néerlandais. Elles demandent aux gouvernements grec et néerlandais de se mettre d’accord sur un programme de relocalisation pour 1 000 réfugiés bloqués en Grèce dans des camps insalubres. Une pétition sur le sujet a également été lancée et a récolté jusqu’à présent près de 44 800 signatures. « Let’s bring them here » s’était fait connaître aux Pays-Bas en novembre 2016 lorsque plus de 250 voitures s’étaient rassemblées devant le Parlement de la Haye pour demander au gouvernement d’accueillir davantage de réfugiés. En 2017, 1 400 réfugiés venant de Grèce et d’Italie étaient arrivés aux Pays-Bas, contre 159 cette année. Engagement à accueillir 5 847 réfugiés Le gouvernement grec n’a pas répondu à la sollicitation de la fondation malgré la lettre que Rikko Voorberg avait adressé au premier ministre Alexis Tsipras et au ministre de l’Immigration Dimitris Vitsas. « Notre vœu pour Noël est d’offrir une lueur d’espoir alors que l’Europe est plongée dans l’obscurité face à la crise des réfugiés », avait-il écrit au premier ministre grec. Face aux militants antiracistes grecs et néerlandais, Rikko Voorberg a clarifié le fait qu’il n’incitait personne à « ramener illégalement des réfugiés aux Pays-Bas ». « Nous voulons juste que le gouvernement néerlandais respecte ses promesses de relocalisation datant de 2015 et que tous les pays européens soient plus solidaires de la Grèce qui accueille des milliers de réfugiés alors qu’elle n’en a pas les moyens ! », a précisé le théologien.
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/a-athenes-une-caravane-venue-des-pays-bas-pour-demander-l-accueil-de-refugies-bloques-en-grece_5402089_3210.html
La Russie élargit ses sanctions à des personnalités et entreprises en Ukraine
567 personnes et 75 sociétés ukrainiennes sont désormais concernées par ces mesures, dans un contexte de tensions renouvelées entre Kiev et Moscou.
Le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a ajouté, mardi 25 décembre, 245 personnalités et sept entreprises ukrainiennes à la liste russe de sanctions économiques contre l’Ukraine, dont une première version avait été publiée début novembre. Un total de 567 personnes et 75 sociétés ukrainiennes tombent désormais sous le coup de ces sanctions qui prévoient le gel de leurs actifs en Russie. Sur son compte Twitter, M. Medvedev a affirmé que ces nouvelles mesures avaient été décidées « pour la défense des intérêts du gouvernement, des entreprises et des citoyens de Russie ». The list of Ukrainian individuals and legal entities subject to special restrictions was expanded. I signed a respe… https://t.co/4q7HVY7G5j — MedvedevRussiaE (@Dmitry Medvedev) Elles concernent des entreprises du secteur de la défense, de l’énergie, ainsi qu’une compagnie d’assurances et un groupe de logistique. Parmi les nouveaux personnes visées, on compte des hommes politiques, dont le maire d’Odessa, dans le sud du pays, et des hauts fonctionnaires. Tensions ravivées depuis la fin novembre Les relations entre Moscou et Kiev ne cessent de se dégrader depuis l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en Ukraine début 2014 à l’issue du soulèvement du Maïdan contre le président pro-russe de l’époque, suivi de l’annexion de la Crimée puis d’un conflit dans l’Est ukrainien. Ces tensions ont été ravivées à la fin du mois de novembre après la capture manu militari de trois navires militaires ukrainiens et de leurs équipages par les gardes-côtes russes au large de la Crimée. Lire aussi Sur l’Ukraine, le ton se durcit contre Moscou Depuis l’éclatement du conflit en Ukraine, Kiev n’a cessé de prendre des mesures limitant ses relations économiques et commerciales avec la Russie, pourtant un partenaire clé depuis la fin de l’Union soviétique il y a plus de vingt-cinq ans. En 2017, l’Ukraine a bloqué sur son territoire toute une série de services Internet russes, dont notamment le groupe Yandex et les très populaires réseaux sociaux VKontakte et Odnoklassniki. La première liste noire russe publiée début novembre comportait déjà le fils aîné du président Petro Porochenko, ainsi que les anciens premiers ministres Arseni Iatseniouk et Ioulia Timochenko – cette dernière devrait être la principale adversaire de M. Porochenko à l’élection présidentielle de 2019.
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/la-russie-elargit-ses-sanctions-contre-des-personnalites-et-entreprises-ukrainiennes_5402086_3210.html
« Michel Legrand, sans demi-mesure » : l’adrénaline créatrice d’un grand compositeur
Le célèbre musicien français fait l’objet d’un portrait sérieux et documenté de Gregory Monro.
Une image extraite du documentaire de Gregory Monro, « Michel Legrand, sans demi-mesure ». CINETEVE Arte, mardi 25 décembre à 22 h 50, documentaire Dans le documentaire de Gregory Monro en forme de portrait de Michel Legrand (né en 1932), ce dernier raconte que la première critique qu’il reçut fut celle de Max Favalelli, dans France-Soir, en 1956 : « Michel Legrand confond la musique et une fonderie du Creusot. » Une manière de dénoncer la modernité du jazz que pratiquait le compositeur, pianiste et chef d’orchestre (mais aussi chanteur et acteur) et qu’avaient huée les « quarante premiers rangs » de spectateurs de l’Alhambra alors que Legrand faisait la première partie de Maurice Chevalier en donnant trois pièces de « jazz moderne » de sa plume… Alors qu’il avait choisi le jazz – qu’il découvre en 1948 à Paris, Salle Pleyel, avec Dizzy Gillespie –, le jeune Legrand s’entendit dire par son professeur, la mythique Nadia Boulanger : « Arrête de jouer ces musiques avec trois accords… » On pourra s’étonner d’une telle remarque de la part de celle qui avait plutôt le chic de rerouter ses élèves vers leur vraie nature musicale. Michel Legrand avait un talent d’écriture qu’il aurait pu exercer dans ce que les Anglo-Saxons nomment « la musique sérieuse » C’est sûrement parce que Legrand avait un talent d’écriture qu’il aurait pu exercer dans ce que les Anglo-Saxons nomment « la musique sérieuse ». S’était-il « dérobé » à cet avenir, comme le suggère Stéphane Lerouge, coauteur des deux livres de souvenirs de Legrand, Rien n’est grave dans les aigus (Le Cherche Midi, 2013) et J’ai le regret de vous dire oui (Fayard, 350 pages, 24,50 euros) ? La musique dite « classique » – qui est très peu évoquée dans ce documentaire alors qu’elle infuse de ses marches harmoniques à la Schumann et de ses néo-baroquismes à la Bach tant de partitions de Legrand – restera une affaire sensible chez lui. Il rendra hommage à son père Raymond – dont très peu est dit, probablement parce que son rôle pendant l’Occupation mériterait quelques développements – en enregistrant, en 1993, le Requiem de Gabriel Fauré, dont Raymond Legrand avait été l’élève. « Pulvérisateur de frontières » « Pulvérisateur de frontières », comme le dit Stéphane Lerouge, Michel Legrand fera de certaines de ses musiques de film des œuvres de concert et il écrira même un Concerto pour piano swinguant mais qui surfe sur les lieux communs de la musique savante du XXe siècle. Ainsi que le reconnaît Legrand, l’urgence dans laquelle la musique de cinéma est conçue titille davantage son adrénaline créatrice. Mais quel inventeur de mélodies ! Celles pour les films de Jacques Demy resteront, on le sait, dans la mémoire collective, de même que celles de ses partitions-fleuves hollywoodiennes : L’Affaire Thomas Crown (1968), en particulier, dont il imposera que la force directrice du film et le montage final soient mus par la musique, écrite après un seul visionnage des cinq heures originales que lui montre le réalisateur Norman Jewison. On peut regretter les « tics » de réalisation de ce documentaire Un Oscar (le premier des trois que remportera Legrand à Hollywood) récompensera la célèbre chanson The Windmills of Your Mind, devenue en français Les Moulins de mon cœur. Et, ainsi que le dit Legrand avec une délicieuse (mais lucide) vanité : « Après, tous les films sont passés par moi, c’était le paradis… » On peut regretter les « tics » de réalisation de ce documentaire : images reconstituées de Legrand enfant à son piano, à côté d’un… porte-parapluies ; commentaire en voix off qui fait parler la musique à la première personne du singulier. Mais la documentation est sérieuse et les propos des témoins intéressants – dont ceux de Bertand Tavernier, œil et oreille toujours justes. Michel Legrand, sans demi-mesure, documentaire de Gregory Monro (Fr., 2018, 52 min). www.arte.tv
25/12/2018
televisions-radio
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/25/michel-legrand-sans-demi-mesure-l-adrenaline-creatrice-d-un-grand-compositeur_5402082_1655027.html
SEAT, la marque en forme du Groupe Volkswagen
Le constructeur catalan, à la peine au début des années 2010, devrait réaliser des ventes historiques en 2018.
Luca De Meo, président de SEAT, à Tarragone le 18 septembre 2018. PAU BARRENA / AFP Sauriez-vous reconnaître, à l’odeur, un caoutchouc automobile défectueux ou, au toucher, un défaut de positionnement de portière ? La poignée d’« inspecteurs qualité » de la marque SEAT présents en cette fin décembre dans leur salle de formation aux allures de laboratoire, eux, le peuvent. C’est qu’ils viennent d’être formés par l’école de qualité de l’immense complexe industriel de SEAT à Martorell, Catalogne. L’atelier a ouvert il y a quelques mois. Et la moitié des 260 salariés chargés de l’inspection des voitures au bout des chaînes de l’usine y ont déjà appris la finition à l’allemande. Voilà qui pourrait être un des symboles de la renaissance de la marque espagnole du groupe Volkswagen et le signe, parmi d’autres, de l’intérêt renouvelé de la maison mère pour ce qui a longtemps été le vilain petit canard du géant aux douze marques. Elle est bien terminée cette période du début des années 2010, quand SEAT enchaînait les exercices lourdement déficitaires, lestée d’une image de fabricant de petites voitures médiocrement rentables, un peu trop typées et destinées aux amateurs de tuning. Cette année 2018 sera même historique pour la griffe catalane : le record de ventes de près de 520 000 voitures datant du début des années 2000 devrait être dépassé d’environ 10 000 véhicules. SEAT sera la plus dynamique des marques du groupe Volkswagen, en Europe, en 2018. Quant à la France (son quatrième marché), c’est carrément l’extase. Le constructeur catalan, qui ira au-delà des 30 000 immatriculations cette année, est sur le podium des champions de la croissance hexagonale toutes marques confondues, sur les onze premiers mois de l’année avec un joli +27 %. Sur un marché plus large L’exploit n’est pas mince dans un moment un peu compliqué pour les marques locomotives du groupe de Wolfsburg : les Volkswagen, les Audi, encore convalescentes du traumatisme du « dieselgate », ont eu bien du mal à s’adapter au passage à la nouvelle norme antipollution dite « WLTP ». Depuis septembre, en Europe, leurs immatriculations ont fléchi considérablement. SEAT, qui achète ses moteurs à sa maison mère, a elle aussi perdu des ventes – environ 20 000 – à cause de ces cafouillages techniques, mais sa dynamique propre n’a pas été affectée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En deux ans, le scandale du diesel a bouleversé l’industrie D’où vient ce lustre retrouvé de l’ex-Sociedad espanola de automoviles de turismo ? Pour tenter de le comprendre, retour au centre industriel de Martorell, à une trentaine de kilomètres de Barcelone, à l’intérieur des terres. Ici c’est SEAT-City : une surface équivalente à 400 terrains de foot, 10 000 employés dont 1 000 ingénieurs. On y trouve le siège, plusieurs centres de recherche, trois lignes de production qui crachent leurs 2 300 véhicules par jour, et même une maison médicale ultramoderne qui dispense des soins gratuits aux salariés.
25/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/25/seat-la-marque-en-forme-du-groupe-volkswagen_5402078_3234.html
« Sortir de la crise des “gilets jaunes” passe par une refonte de la décentralisation »
Dans une tribune au « Monde », le politologue Luc Rouban estime que l’échelon local doit redevenir un espace de décision démocratique.
Tribune. Le macronisme est une redoutable machine politique, car il produit l’adversaire qui lui permet d’exister, alors qu’il a longtemps joué sur le même registre : la modernité des réseaux sociaux et la défiance à l’égard des corps intermédiaires. C’est dire qu’il risque aussi d’autoentretenir longtemps le malaise démocratique déjà bien présent lors de l’élection présidentielle de 2017. Le mouvement des « gilets jaunes » en offre la confirmation la plus claire. Né du rejet profond des élites et de la politique économique qu’elles défendent, il s’est constitué en révolte populiste qui partage avec le Mouvement 5 étoiles italien, mais aussi avec le macronisme, nombre de points communs : une certaine indétermination partisane, bien que les drapeaux tricolores soient bien plus présents sur les ronds-points que les drapeaux noirs ou rouges, une volonté de célébrer de manière communautaire le rejet d’un système social qui produit des normes venues « d’en haut » sans tenir compte des réalités du « bas », la déception face à des promesses de lendemains qui chantent toujours reportées à plus tard, la colère des petites classes moyennes en mobilité sociale descendante, le sentiment d’impuissance face à des mécanismes de décision qui échappent de plus en plus au citoyen ordinaire. Il y a du 1789 dans le mouvement des « gilets jaunes », avec les cahiers de doléances ouverts par les municipalités, mais sans les leaders d’opinion qui existaient alors ni la volonté d’élire des représentants. Il y a aussi du juin 1848, avec la tentation insurrectionnelle des catégories populaires contre la république bourgeoise, mais sans que ce mouvement puisse s’appuyer sur le seul monde ouvrier. Mais il y a surtout le sentiment, exacerbé par l’horizontalité des réseaux sociaux, que l’on a oublié l’article 3 de la Constitution de 1958, qui dispose que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ». Délicats référendums La question est donc posée de savoir comment modifier concrètement la Ve République pour mettre fin à cette crise de la démocratie représentative. C’est sans doute ici que le bât blesse le plus. Les « gilets jaunes » ont revendiqué, au-delà de la réforme fiscale et de la revalorisation des salaires les plus modestes, un changement des institutions donnant plus de poids à la démocratie directe. La proposition de pouvoir lancer des référendums d’initiative populaire est donc revenue en force après avoir été défendue lors de la campagne de 2017 aussi bien par Marine Le Pen que par Jean-Luc Mélenchon, en passant par François Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan, Benoît Hamon ou Jean Lassalle.
25/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/25/sortir-de-la-crise-des-gilets-jaunes-passe-par-une-refonte-de-la-decentralisation_5402077_3232.html
« Le périurbain est une terre d’hybridations inédites »
Dans une tribune au « Monde », les sociologues Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé invitent à changer notre regard sur ces territoires entre ville et campagne.
Tribune. Dès lors que l’on parle des territoires périurbains, les jugements de valeur négatifs sont légion. Tout d’abord, le périurbain ne serait pas « moral », car il représenterait l’espace du repli sur soi et de l’égoïsme. En outre, il serait une dénaturation du monde rural avec l’arrivée des néoruraux dans des lotissements interminables et « sans âme ». Par ailleurs, il ne serait pas respectueux de l’environnement, dans le sens où il consommerait les espaces agricoles et naturels en multipliant les infrastructures routières. Dans ce sens, le périurbain pèserait considérablement sur la facture carbone en obligeant les habitants à se déplacer quotidiennement en automobile. Enfin, il serait monotone et terne, au sens où il banaliserait les territoires qu’il annexe en y égrainant un bâti ordinaire et standardisé aux quatre coins du pays. Visions caricaturales D’aucuns y voient ainsi l’avènement d’une « France moche » en identifiant le périurbain à ses hangars commerciaux, à ses plates-formes logistiques, à ses proliférations pavillonnaires et à ses longues entrées d’agglomérations saturées de panneaux publicitaires. Dans toutes ces invocations péremptoires et ces visions caricaturales, il y a, à bien y regarder, certainement un peu de vrai, mais aussi beaucoup de faux. Ici plus que jamais la prudence doit être de mise pour ne pas faire du périurbain une entité à l’origine de tous les maux actuels de notre société. Derrière le mot périurbain, il n’existe pas de réalité homogène coupée du reste du monde. Dès lors, ne faut-il pas sortir d’un pessimisme ambiant dont le périurbain est trop souvent l’objet ? Car le périurbain est aussi une terre d’hybridations inédites entre rural et urbain, de nouvelles pratiques citoyennes, de recherches-action associant élus, chercheurs et usagers ou encore d’innovations économiques. Preuve en est le succès du projet Ardennes Design Industries, implanté au sein de la commune périurbaine de Douzy, non loin de Sedan, qui associe des entreprises de différents secteurs d’activité (menuiserie, fonderie, métallurgie, textile…) pour gagner en compétitivité dans le secteur des produits design pour l’habitat. Des actions innovantes Parallèlement, les recherches et les expertises territoriales ont permis de mettre au jour des actions innovantes en termes d’aménagement, de réhabilitation du patrimoine, d’animation culturelle, de développement économique, de production d’énergie alternative, ou encore en termes d’agriculture biologique, responsable et solidaire.
25/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/25/le-periurbain-est-une-terre-d-hybridations-inedites_5402075_3232.html
« Les métropoles doivent jouer un rôle d’entraînement des territoires plus éloignés »
Il faut repenser l’aménagement du territoire afin de renforcer le lien social, d’intégrer les populations et de dynamiser la vie économique des espaces périphériques, estime l’architecte urbaniste François Leclercq dans une tribune au « Monde ».
Tribune. La mobilisation des « gilets jaunes », qui traduit sûrement des malaises aux origines diverses, a lieu alors qu’Etat et collectivités tentent par plusieurs biais de sortir de l’ère de la toute-puissance de la voiture individuelle. La voiture, « architecte anonyme de nos villes », a façonné notre façon d’appréhender l’espace pendant plus d’un demi-siècle. Sans elle, de nombreuses villes auraient gardé le statut de bourgades, tant leur développement est lié à l’utilisation de la voiture au quotidien. Après lui avoir rendu grâce de ces mérites pendant de nombreuses d’années, nous réalisons aujourd’hui que le tribut à payer est bien lourd et que l’émancipation qu’elle permettait s’est transformée en servitude subie et souvent pointée du doigt. Nous nous retrouvons au pied du mur, alors qu’il faut opérer une transition vers un système de mobilité qui en serait moins dépendant. Comment répondre au constat de ces fractures territoriales et sociales qui semblent se creuser progressivement ? « Nous ne pouvons pas nier l’organisation spatiale des villes que l’utilisation généralisée de la voiture a engendrée » Même si la transition vers un système de mobilité plus durable s’avère indispensable, nous ne pouvons pas nier l’organisation spatiale des villes que l’utilisation généralisée de la voiture a engendrée. Ce tissu de villes petites et moyennes, moins denses que les métropoles dans l’ombre desquelles beaucoup se sont développées, est l’héritage de plusieurs décennies de politiques d’aménagement imprégnées de la culture de la voiture – et nous devons l’assumer. Endosser cette responsabilité, c’est refuser la culpabilisation de ces territoires aujourd’hui dépendants de la voiture pour tous les déplacements du quotidien. C’est aussi accepter de voir que, derrière le changement de nos paradigmes de mobilité, ce sont les logiques d’ensemble du développement territorial actuel que nous sommes invités à repenser et que la mobilisation des « gilets jaunes » met en exergue. C’est également reprendre de la hauteur pour reconsidérer les rôles de chacun des acteurs dans l’aménagement du territoire national, et affirmer que les métropoles ont un devoir d’entraînement de ces villes plus petites qui se situent dans leur sillon. Les métropoles sont aujourd’hui les objets essentiels de l’aménagement du territoire. Parées de toutes les qualités économiques, elles sont devenues des chantres de vertus environnementales. Elles sont denses par principe, économes en transports individuels parce que très équipées en métros, tramways et bus, et capables en plus de se réinventer en permanence avec de nouvelles programmations mettant en scène un catalogue d’aménités oubliées jusqu’alors. Elles se comparent au monde grâce à des classements prestigieux parlant de qualité de vie et de performance économique. Ce n’est qu’en osant raisonner et aménager à plus grande échelle, qu’en élargissant les périmètres de réflexion et d’actions des métropoles aux secteurs plus lointains que l’on permettra une redistribution plus équilibrée des opportunités dont elles sont porteuses.
25/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/25/les-metropoles-doivent-jouer-un-role-d-entrainement-des-territoires-plus-eloignes_5402076_3232.html
Tunisie : heurts entre policiers et manifestants après l’immolation par le feu d’un journaliste
Abdel Razzaq Zorgui, 32 ans, s’est suicidé lundi soir pour protester contre la dégradation de la situation économique et le chômage dans la région de Kasserine.
Des policiers tunisiens à Kasserine, dans le centre-ouest de la Tunisie, le 25 décembre. HATEM SALHI / AFP Des heurts ont éclaté à plusieurs reprises entre la police et des manifestants à Kasserine, depuis la soirée du lundi 24 décembre, après l’immolation par le feu du journaliste Abdel Razzaq Zorgui, qui voulait dénoncer par cet acte les conditions de vie difficiles dans cette région du centre-ouest de la Tunisie. Dans la nuit de lundi à mardi, des dizaines de manifestants ont brûlé des pneus et bloqué la rue principale du centre-ville de Kasserine (à 270 kilomètres de Tunis), a indiqué un correspondant de l’AFP, précisant que la police avait répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. Le porte-parole du ministère de l’intérieur, Sofiane al-Zaq, a déclaré que six membres des forces de sécurité avaient été légèrement blessés lors des affrontements et neuf personnes arrêtées. Peu après l’enterrement du journaliste, dans la journée de mardi, les forces de l’ordre tunisiennes ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de manifestants dans la ville. Des affrontements ont opposé les deux camps, notamment devant le siège du gouvernorat (préfecture) de Kasserine où avait été déployé un important dispositif de sécurité, selon un correspondant de l’AFP présent sur place. Lire aussi (en édition abonnés) : En Tunisie, les villageois déstabilisés par la guerre contre les djihadistes Une des régions les plus pauvres du pays Le journaliste Abdel Razzaq Zorgui, 32 ans, est mort lundi soir après s’être immolé par le feu en affirmant vouloir protester contre le chômage et la dégradation de la situation économique dans la région de Kasserine, l’une des plus pauvres du pays. « Pour les fils de Kasserine qui n’ont pas de moyens de subsistance, aujourd’hui, je vais commencer une révolution, je vais m’immoler par le feu », a déclaré le journaliste dans une vidéo qu’il a publiée avant sa mort. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a déclaré lundi dans un communiqué que le journaliste reporter d’images « Abdel Razzak Zorgui est décédé des suites d’une immolation par le feu », un acte qui visait à protester contre « des conditions sociales difficiles, un horizon fermé et le manque d’espoir » qui frappent cette région. Le SNJT a ajouté qu’il envisageait d’organiser une grève générale dans le secteur des médias. Kasserine est l’une des premières villes où avaient éclaté fin 2010 des manifestations sociales au cours desquelles la police avait tué des manifestants. Provoquées par l’immolation par le feu en décembre 2010 d’un jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid (Centre-Ouest), excédé par la pauvreté et les humiliations policières, les manifestations s’étaient ensuite propagées à travers tout le pays, et conduit au renversement du régime de Zine El-Abidine Ben Ali en janvier 2011. Lire aussi Retour à Sidi Bouzid, où le suicide de Mohamed Bouazizi a déclenché les troubles Malgré les progrès de la transition démocratique depuis et un récent retour de la croissance économique après des années de stagnation, les autorités tunisiennes peinent toujours à répondre aux aspirations sociales des Tunisiens. Des émeutes avaient éclaté en janvier 2018 dans de nombreuses villes du pays.
25/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/25/tunisie-heurts-entre-policiers-et-manifestants-apres-l-immolation-par-le-feu-d-un-journaliste_5402069_3212.html
Etre adolescent et gay au Bénin, c’est vivre caché dans un monde libre
Amour et sexualité : avoir 20 ans en Afrique de l’Ouest (3). Glory Cyriaque Hossou a enquêté sur la situation des jeunes homosexuels de son pays.
Vincent Trémeau/UNFPA/Fonds Muskoka Wilfried* et Herman* sont tous deux instituteurs dans une école primaire et impliqués au sein de l’église catholique de leur localité située dans le département de l’Ouémé, au Bénin. L’un est lecteur et l’autre maître de chœur. A 27 et 23 ans, tout porterait à croire qu’ils vivent une jeunesse sans problème. Ce n’est pourtant pas le cas. Wilfried a de l’attirance aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Il est bisexuel et a du mal à se faire accepter comme tel. « Je ne peux pas le dire à tout le monde par crainte de subir des moqueries et d’être exclu par mes amis et ma famille, raconte-t-il. A l’église, personne ne m’acceptera comme je suis et je ne pourrai plus continuer à assumer mon rôle de lecteur. » Ses journées, il les passe entre l’école où il enseigne, l’église et une association de défense des minorités créée en 2013 et dont il est vice-président. Présentation de notre série Amour et sexualité : avoir 20 ans en Afrique de l’Ouest Au Bénin, l’homosexualité n’est pas pénalisée, contrairement aux pays voisins que sont le Togo, le Ghana, le Cameroun ou le Nigeria. Dans ce dernier, les douze Etats du Nord qui suivent même la charia (la loi islamique) condamnant les gays à la lapidation. Malgré des tentatives législatives pour criminaliser l’homosexualité dans les années 1990, le pays est resté relativement neutre sur cette question, accordant aux adultes consentants le droit d’avoir des relations homosexuelles. Mais cette tolérance ne signifie pas absence de difficultés pour les gays et lesbiennes, notamment pour les adolescents. Car le Code pénal, dans un amendement datant de 1947 – quand le Bénin appartenait encore à l’Afrique occidentale française (AOF) –, fixe la majorité sexuelle à 13 ans pour les personnes hétérosexuelles et à 21 ans pour les personnes homosexuelles. La menace d’une condamnation de six mois à trois ans d’emprisonnement pousse donc les jeunes qui se découvrent gays à vivre cachés dans un monde d’adultes libres. Et fige l’homosexualité comme un tabou dans les mentalités. « Je ne suis pas prêt à tout dévoiler » La famille de Wilfried, elle aussi, ignore son orientation sexuelle. Depuis un moment, sa mère lui réclame un petit-fils. Mais Wilfried est encore loin de la paternité. « Je sors avec Joy*, une jeune fille qui ne connaît pas ma bisexualité, confie-t-il. Je ne suis pas prêt à tout dévoiler, ni à elle, ni à ma mère. Le moment viendra pour cela. Puisque mon association travaille sous couvert d’actions de santé et de défense des droits économiques et sociaux, je les invite à nos activités de sensibilisation, où nous parlons parfois de la question des minorités sexuelles. C’est une manière pour moi de les préparer à la nouvelle. » Au Bénin, sur la dizaine d’associations LGBTQI en activité, aucune n’est légalement reconnue comme défendant les droits des homosexuels. Toutes doivent donc travailler sous une « couverture » officielle. Quand Wilfried sort le soir et qu’il prévoit de « rencontrer du monde », il utilise des codes. « Nous avons des expressions pour nous reconnaître entre gays. Quand j’arrive à un endroit où quelqu’un me semble être homosexuel, je dis un ou deux mots précis pour m’en assurer. La plupart du temps, s’il acquiesce, cela confirme tout. » Herman, lui, se définit comme « trans ». Il a un autre prénom quand il se travestit en femme. Son statut, il l’a compris il y a quatre ans, en classe de terminale. Le jour de notre entretien, il porte un tee-shirt sur un collant noir et parle d’un air un peu timide. « C’était au cours de SVT, on travaillait en groupe quand un camarade de classe m’a envoyé “je t’aime” sur un bout de papier, souffle-t-il. Au début, j’ai pris ça pour une blague, mais il a insisté. C’est ensuite que j’ai su qu’il était homo. Nous sommes restés ensemble un moment. » Harcèlement quotidien Contrairement à Wilfried, Herman raconte qu’il est quotidiennement moqué par son entourage. « A cause de ma démarche et parce que je suis efféminé, les gens se moquent de moi. Quand je fais des activités artistiques avec mes apprenants, mes collègues me disent devant les élèves : “Ah toi, tu es une femme hein ! Pourquoi tu parles comme ça ? Pourquoi tu marches de la sorte ?” Je suis quotidiennement harcelé. » Le harcèlement dont il est victime peut même aller plus loin soutient-il : « Un jour, la directrice de l’école dans laquelle j’interviens a voulu prendre mon téléphone pour regarder mes photos. Elle avait été informée par des collègues que je m’habillais en femme et que je me photographiais. C’est grâce à Wilfried que j’ai pu m’en sortir. Il m’a rappelé que l’engagement qui me lie à l’établissement n’autorise pas la directrice à fouiller dans mon téléphone et qu’il s’agit de ma vie privée. Mais nous les avons quand même effacées. » Des Wilfried et des Herman, il y en a des milliers au Bénin, obligés de cacher leur véritable identité sexuelle. Aujourd’hui, ils soutiennent que l’Etat ne les protège pas suffisamment. Selon l’ONG Hirondelle Club, qui défend la cause de ces minorités dans le pays, de nombreux adolescents béninois sont encore chassés de leur foyer familial à cause de leur homosexualité et finissent par vivre à la rue. D’autres sont insultés, brimés, perdent leur emploi, sont exclus de leur école, de leur église, ou sont gravement agressés. Wilfried et Herman vivent dans la peur. Ils craignent un jour de subir le même sort que certains de leurs amis : mourir, tués par la haine et l’intolérance. *Les prénoms ont été modifiés. Glory Cyriaque Hossou est un Béninois de 25 ans engagé sur de nombreux fronts. Secrétaire général de l’association des Blogueurs du Bénin, il est aussi coordinateur du comité contre la peine de mort d’Amnesty International dans son pays et étudiant en master 2 en droit des personnes. Sensible aux discriminations que subissent les minorités en Afrique de l’Ouest et centrale, il met sa plume au service des droits humains. Cette série a été réalisée dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds français Muskoka. Glory Cyriaque Hossou (Cotonou)
25/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/25/etre-adolescent-et-gay-au-benin-c-est-vivre-cache-dans-un-monde-libre_5402066_3212.html
2018, année fertile pour les fusions-acquisitions dans le monde
Les opérations ont frôlé les 4 000 milliards de dollars, mais se sont tassées en France. La tendance positive devrait se maintenir en 2019.
Le plus gros « deal » de l’année a été le rachat du laboratoire pharmaceutique irlandais Shire par son concurrent japonais Takeda pour 77 milliards de dollars. BEHROUZ MEHRI / AFP En 2018, les Bourses ont souffert mais cela a peu réfréné l’appétit des entreprises. Les fusions et acquisitions annoncées dans le monde en 2018 ont totalisé 3 912 milliards de dollars (3 439 milliards d’euros), un montant en hausse de 20 %, selon les données préliminaires publiées vendredi 21 décembre par Refinitiv (ex-Thomson-Reuters). C’est la troisième meilleure année depuis la mise en place de tels comptages en 1980. Pour la suite, cependant, les professionnels se gardent de tout excès d’optimisme. « La prudence s’impose quant aux perspectives des fusions-acquisitions pour 2019. La volatilité est revenue en force sur les marchés, avec des facteurs politiques qui alimentent l’incertitude, comme le Brexit, la situation en Italie ou encore la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine », prévient Sophie Javary, vice-chairman pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique chez BNP Paribas CIB. « La photo est trompeuse » En 2018, le marché européen du M&A ( Mergers and Acquisitions) a même progressé de 32 % pour atteindre 975 milliards de dollars, grâce en particulier au plus gros « deal » de l’année, le rachat du laboratoire pharmaceutique irlandais Shire par son concurrent japonais Takeda pour 77 milliards de dollars. « La photo est trompeuse. L’activité a été très soutenue au premier semestre avec de très grosses transactions mais depuis le mois de juillet, c’est plus calme. La nervosité des marchés a fini par gagner les conseils d’administration, même si les fondamentaux – bilans, taux… – restent bons dans l’absolu », tempère Pierre Drevillon, chargé des fusions-acquisitions en France chez Citi. Seule la France, finalement, a connu une année 2018 en recul, avec 164,5 milliards de dollars de transactions (– 33 %). C’est l’américain JPMorgan qui termine en tête du palmarès des banques conseil. « Malgré une baisse des volumes, 2018 a été dans l’ensemble une bonne année en France. Ce recul reflète le fait qu’il n’y ait pas eu d’opération à plus de 20 milliards d’euros en 2018, contrairement à ce qui s’était passé en 2017 », pondère Guillaume Molinier, associé gérant chez Lazard qui ajoute : « Le grand thème de l’année a été la conquête à l’international menée par les champions français. » Les transactions les plus importantes impliquant un groupe tricolore ont été le rachat du réassureur XL Groupe par Axa pour 15 milliards de dollars, suivi par l’acquisition de Bioverativ par Sanofi pour 11 milliards de dollars.
25/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/25/2018-annee-fertile-pour-les-fusions-acquisitions-dans-le-monde_5402065_3234.html
L’homélie du pape François contre le consumérisme vorace
Dans son homélie de Noël, le pape François a critiqué « la voracité » de l’humanité et plaidé contre un consumérisme vide de sens.
sens. Pendant la messe du 24 décembre célébrée à la basilique Saint-Pierre, au Vatican, le chef spirituel de 1,3 milliard de catholiques a invité ses fidèles à partager avec les plus pauvres. « L’homme est devenu avide et vorace. Avoir, amasser des choses, semble être pour beaucoup de personnes le sens de la vie. Une insatiable voracité traverse l’histoire humaine, jusqu’aux paradoxes d’aujourd’hui : quand quelques-uns festoient abondamment, trop de gens n’ont pas de pain pour vivre », a-t-il déclaré. Le premier pape d’origine sud-américaine a fait de la lutte contre la pauvreté l’un de ses objectifs.
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/video/2018/12/25/l-homelie-du-pape-francois-contre-le-consumerisme-vorace_5402060_3210.html
Les vélos Ofo deviennent un problème politique pour Pékin
La start-up est victime d’une crise de confiance qui pourrait lui être fatale. Des millions de clients demandent à être remboursés tout de suite, la facture pourrait être comprise entre 150 et 300 millions d’euros.
A Pékin, en novembre 2018. WANG ZHAO / AFP Une marque mondialement connue, des millions d’usagers mécontents… les déboires d’Ofo, la start-up pékinoise dont les vélos jaunes en libre-service étaient partis à l’assaut de la planète en un temps record, constituent désormais un problème politique pour les autorités chinoises. Vendredi 21 décembre, un porte-parole du ministère des transports a enjoint à l’entreprise d’« accélérer les procédures de remboursement » aux usagers qui en font la demande. Et lundi 24, le China Daily consacre une page à cette crise, qui doit servir de « leçon, spécialement pour les entreprises de l’économie de partage ». Depuis que plusieurs fournisseurs ont fait état de factures non payées, la start-up est victime d’une crise de confiance qui pourrait lui être fatale. Reposant sur un système où ses clients sont aussi ses créanciers, puisqu’elle exige d’eux une caution (initialement de 99 yuans, soit environ 12,50 euros, portés à 199 yuans), Ofo est à la merci de la moindre prédiction autoréalisatrice. Craignant de ne pas être remboursés demain, les clients demandent à l’être… aujourd’hui. L’entreprise étant matériellement et financièrement incapable de le faire, les clients sont de plus en plus nombreux à le demander. A la veille du week-end, 11 millions de clients chinois réclamaient leur dû. Près de 13 millions, samedi. D’où une facture comprise entre 150 et 300 millions d’euros. Dai Wei, le jeune patron d’Ofo a, lui-même, évoqué l’idée de déclarer l’entreprise en faillite. Mobilisation intense des forces de l’ordre Depuis une semaine, quelques centaines de clients ne se contentent pas de réclamer leur argent en ligne mais se rendent au siège social de l’entreprise, ce qui provoque une mobilisation intense des forces de l’ordre. Signe que Dai Wei est dans le collimateur des autorités, on a appris, jeudi 20, que, début décembre, la justice lui avait interdit de prendre l’avion, de descendre dans des hôtels de luxe et de jouer au golf. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment trottinettes et scooters en libre-service ont colonisé Paris Créée en 2014 par des étudiants de Pékin, Ofo avait séduit les investisseurs. Pour se développer à l’international, l’entreprise avait procédé à deux levées de capitaux. 700 millions de dollars en juillet 2017 (614,5 millions d’euros) et 850 millions en mars 2018, levés notamment auprès d’Alibaba, le géant du commerce en ligne. Mais la concurrence avec Mobike, soutenu, lui, par l’autre géant chinois, Tencent, s’avère mortifère. De plus, les vélos d’Ofo sont de piètre qualité. A la faillite économique pourrait donc s’ajouter une faillite écologique, la Chine étant devenue par endroits un gigantesque cimetière de vélos jaunes abandonnés.
25/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/25/les-velos-ofo-deviennent-un-probleme-politique-pour-pekin_5402058_3234.html
Comment trottinettes et scooters en libre-service ont colonisé Paris
A l’inverse, les vélos sans bornes disparaissent, sauf Vélib’ qui redécolle enfin.
A Paris, les usagers de trottinettes profitent encore de l’absence de législation concernant la circulation sur les trottoirs, le port du casque et le stationnement. FRANCOIS GUILLOT / AFP Ils étaient jaunes et ont progressivement colonisé les rues de Paris courant 2018 avant de disparaître brutalement. Après Gobee Bike, Ofo est la dernière société de vélos en libre-service et sans stations à jeter l’éponge dans la capitale. Après l’arrêt d’Autolib’, mais avec l’essor en 2018 des trottinettes et des scooters électriques en libre-service et le retour à la normale de Vélib’, y avait-il trop de concurrence dans une offre de mobilité en libre accès de plus en plus fournie ? « Pas du tout, jure-t-on chez Ofo. A Paris, nous connaissions une vraie croissance. Nous avons déployé jusqu’à 2 500 vélos, et plus nous en rajoutions, plus ils étaient utilisés. Il y avait encore de la place ! » De là à affirmer que le service était rentable, il y a un pas qu’Ofo ne franchit pas. Après avoir brûlé plus de 2 milliards de dollars pour déployer ses bicyclettes dans le monde entier, la maison mère chinoise est sur le point de faire faillite. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les vélos Ofo deviennent un problème politique pour Pékin Au même moment, les cycles gris de son concurrent Mobike se font également plus discrets dans la capitale. « Nous avons déployé jusqu’à 7 000 cycles, mais nous sommes en plein hiver, indique-t-on dans l’entourage de ce service également venu de Chine. L’offre est toujours plébiscitée et, début 2019, nous lancerons des vélos à assistance électrique. Nous sommes totalement complémentaires des autres moyens de transport. » Les trottinettes électriques, « une vraie réussite » Début 2018, les acteurs du vélo sans stations ont bénéficié à fond de la transition chaotique entre JC Decaux et Smovengo, l’ancien et le nouvel opérateurs de Vélib’. « En début d’année, nous étions au plus mal, reconnaît Arnaud Marion, son président nommé en juillet pour rétablir le service. Ils en ont profité, mais depuis, nous avons réglé chaque problème l’un après l’autre. Aujourd’hui, 1 100 stations sont ouvertes et 15 000 vélos, dont un quart électrifiés, sont sur le terrain. Et 80 % de nos vélos sont disponibles, contre moins de 20 % au printemps… » La renaissance de ce service a permis de relancer le recrutement d’abonnés. « Nous comptons environ 145 000 abonnés au service, et chaque mois, de nouveaux arrivent. Au printemps, nous espérons en reconquérir de nombreux », ajoute M. Marion. L’objectif de Vélib’ est d’électrifier de plus en plus de cycles.
25/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/25/comment-trottinettes-et-scooters-en-libre-service-ont-colonise-paris_5402055_3234.html
Plus de 10 000 arrestations avant les législatives au Bangladesh, selon l’opposition
Les partis d’opposition dénoncent une vague d’arrestations à l’approche des élections législatives prévues dimanche.
Des affiches électorales dans une rue de la capitale, Dacca, le 25 décembre, durant la campagne législative. MUNIR UZ ZAMAN / AFP La police du Bangladesh a arrêté plus de 10 500 militants de l’opposition au cours des dernières semaines, ont déclaré, mardi 25 décembre, les partis d’opposition en dénonçant une opération d’intimidation avant les élections législatives prévues dimanche. Ces chiffres sont publiés alors que les Etats-Unis ont exhorté le gouvernement de la première ministre, Sheikh Hasina, qui vise un quatrième mandat, à faire davantage pour garantir la liberté de vote durant ces élections. Les partis d’opposition ont déclaré que la vague d’arrestations en cours depuis la convocation des élections le 8 novembre visait à créer un « climat de peur ». Le principal parti nationaliste d’opposition, le Parti nationaliste bangladais (BNP), dont la dirigeante Khaleda Zia est actuellement en prison, a déclaré que 7 021 de ses militants avaient été arrêtés. Son allié islamiste, Jamaat-e-Islami, a ajouté que plus de 3 500 de ses partisans avaient été placés en détention. Le Jamaat-e-Islami n’est pas autorisé à participer aux élections, mais il a des candidats à titre individuel avec le BNP. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Bangladesh, la répression s’intensifie à l’approche des élections Climat de peur Le BNP avait espéré que le déploiement, lundi, de 30 000 membres des forces de sécurité améliorerait la sécurité dans ce pays de 165 millions d’habitants à majorité musulmane. Mais « chaque jour, 80 à 90 de nos militants sont arrêtés dans le pays. Ces arrestations ont créé un climat de peur », a déclaré le secrétaire général du Jamaat, Shafiqur Rahman, à l’Agence France-Presse (AFP). Un porte-parole de la police, Sohel Rana, n’a pas confirmé le nombre d’arrestations, mais a déclaré qu’aucune arrestation n’était effectuée sans mandat. « Nous ne ciblons jamais un individu à moins qu’il n’enfreigne la loi. Ces personnes ont des mandats d’arrêt précis contre elles », a-t-il déclaré. Rizvi Ahmed, porte-parole du BNP, a répondu que les accusations portées contre les militants étaient des cas « fictifs » et « fantômes » visant à une « élection déséquilibrée » en faveur de Sheikh Hasina. Une dizaine de journalistes blessés Le BNP et ses alliés ont également accusé la police et les militants du parti Awami League au pouvoir d’attaquer leurs militants et candidats. Lundi soir, une dizaine de journalistes locaux couvrant les élections ont été blessés à Nawabganj (centre) dans une attaque contre un motel où ils résidaient, selon Masud Karim, correspondant spécial du quotidien national bengali Jugantor. Seize voitures ont été vandalisées et « au moins dix journalistes de Jugantor et de Jamuna TV ont été blessés », a-t-il déclaré à l’AFP, accusant la police d’avoir tardé à intervenir. Le quotidien, qui a également indiqué être sans nouvelles d’un de ses journalistes depuis lundi soir, a incriminé les sections étudiantes et de jeunes de l’Awami League pour cette attaque. La police a dit ne pas connaître l’identité des agresseurs.
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/plus-de-10-000-arrestations-avant-les-legislatives-au-bangladesh-selon-l-opposition_5402052_3210.html
A la veille des élections en RDC, l’inquiétant calme à Kinshasa
Dans la capitale congolaise, où la campagne a été suspendue, comme dans tout le pays, les habitants attendent et redoutent les scrutins prévus dimanche.
Nettoyage de l’église Saint-Benoît à Kinshasa, en RDC, le 24 décembre 2018, avant la célébration de Noël. Baz Ratner / REUTERS Il est un peu moins de 10 heures et l’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, s’avance d’un pas lent dans la cour de la petite église Saint-Benoît. Avec son clocher biscornu, elle est modeste et un peu délabrée, comme cette commune populaire de Lemba, dans la capitale congolaise. Elle est aussi un symbole, célébré ce mardi 25 décembre. « Il a pris la balle ici ? », demande l’archevêque à un paroissien. Sur le sol sablonneux, une brique rouge cerclée de craie blanche. Une prière est improvisée en mémoire de Rossy Mukendi Tshimanga, un beau jeune homme de 35 ans, militant catholique, défenseur des droits humains et judoka talentueux. Il a été tué dans cette paroisse par un policier, il y a dix mois, en marge d’une marche pacifique contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, dont le dernier mandat s’est terminé le 19 décembre 2016 selon la Constitution. « C’est un fidèle qui a donné sa vie, qui a versé son sang pour que la cause supérieure de son pays triomphe », dit Mgr Ambongo dans son homélie. En aparté, il ajoute : « On veut que les élections aient lieu. Pas de prétexte pour les reporter. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi En RDC, les élections de tous les dangers « Ça devient trop long » C’est Noël, et Kinshasa est engourdie, ce qui ne lui ressemble pas. Les élections présidentielle, législatives et provinciales de la République démocratique du Congo (RDC) auraient dû se tenir le 23 décembre mais ont été reportées d’une semaine. Dans la mégapole de près de douze, quinze, vingt millions d’habitants, normalement fourmillante, l’activité a été mise sur pause. En cette fin d’année, les politiciens sont les maîtres du temps et des angoisses, d’une économie à l’arrêt qui aggrave la misère et renforce la colère populaire, jusque-là contenue. Il n’y a plus que dans les églises qu’on danse et qu’on chante. « Le calme avant la tempête », répètent en boucle les habitants. Les rues sont calmes, trop calmes. Le gouverneur de Kinshasa a préféré y suspendre la campagne. Les opposants sont étonnamment discrets, et leurs mots, prudents. Le dispositif sécuritaire est présent mais encore peu visible. Par crainte d’une flambée de violences, les privilégiés ont quitté le pays ou envoyé femme et enfants en Afrique du Sud, au Kenya, en Europe. Ceux qui restent se débattent pour tenir. Dans les quartiers populaires et les immenses bidonvilles, où la majorité de la population survit avec moins de deux dollars quotidiens, on compte les jours et les repas, de plus en plus rares. « Ça devient trop long, et les gens ici n’ont plus rien dans les poches. Les politiciens le savent et en jouent. On a peur et on a faim, mais nous, les jeunes, on peut se lever s’il le faut, car on doit faire changer ce pays », affirme Hervé Samba, diplômé en économie de 24 ans et chômeur. Comme lui, 35 % des 40 millions d’électeurs sont impatients de voter pour la première fois de leur vie. Près de 80 % des inscrits ont moins de 45 ans, selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Sauf que cette jeunesse ne sait plus si elle doit encore rêver de changement, d’éducation, d’emploi, de développement d’un pays qui regorge de ressources naturelles au point d’être le premier producteur et exportateur mondial de cobalt, ce minerai stratégique et tant convoité. « Le pouvoir n’a pas assez vendu l’espoir, et il n’y a rien de plus dangereux qu’une jeunesse sans espoir », constate Patrick Muyaya, député kinois âgé de 36 ans. Un avion tombé du ciel Kinshasa, comme toute la RDC, ne sait toujours pas si ces élections se tiendront bien dimanche, avec deux ans de retard. Le président sortant, Joseph Kabila, aurait voulu et eu intérêt à ce que les Congolais se rendent aux urnes ce 23 décembre, insistent ses conseillers. Sa sœur jumelle et son frère, tous deux députés, son épouse et ses stratèges font campagne pour son dauphin, Emmanuel Ramazani Shadary, lesté de ses sanctions de l’Union européenne pour, entre autres, répression des manifestations. Les leaders de l’opposition, toujours divisée, ne cessent, eux, de fustiger l’organisation défaillante des élections. Un avion affrété par la CENI est tombé du ciel le 21 décembre. Neuf jours plus tôt, un entrepôt de la même CENI avait brûlé, réduisant en cendres le matériel électoral de dix-neuf des vingt-quatre communes de Kinshasa. Ce qui a ravivé les soupçons de manipulations et la machine à rumeurs, tant ce site se trouve dans une zone sécurisée, en plein cœur de la capitale. Cet incident a justifié le report des élections au 30 décembre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Report des élections en RDC : le pouvoir évoque « un cas de force majeure » Une semaine, c’est court pour régler les innombrables dysfonctionnements techniques et logistiques sur un territoire grand comme l’Europe occidentale, où sévissent des groupes armés et une épidémie d’Ebola. Mais le président de la CENI, Corneille Nangaa, veut éviter un « glissement » des scrutins en 2019, ce qui compromettrait l’accord politique entre le pouvoir et l’opposition, nécessiterait une révision du fichier électoral et risquerait de provoquer une mobilisation, dans la rue, de la jeunesse impatiente. « Je ne peux pas vous garantir des élections parfaites, car on est en RDC et les défis sont énormes, a-t-il déclaré le 24 décembre aux diplomates occidentaux et africains conviés à déjeuner. On fera tout pour éviter les contestations sur des insuffisances techniques. » Un employé de la Commission électorale nationale indépendante teste une machine à voter, le 24 décembre 2018 à Kinshasa, à quelques jours des scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux du 30 décembre en RDC. Kenny-Katombe Butunka / REUTERS Toutefois, selon le président de la CENI, la tenue des élections à Beni et Butembo, au Nord-Kivu (est), où Ebola se conjugue à une recrudescence de l’activité de groupes armés, est compromise. Comme à Yumbi, dans la province de Maï-Ndombe, à 300 km au nord de Kinshasa, où des affrontements politico-communautaires ont provoqué la mort d’une centaine de personnes et des déplacements de population, comme ce fut le cas lors des scrutins de 2006 et 2011, ce qui laisse craindre une instrumentalisation par des acteurs politiques locaux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La ville de Beni cristallise tous les drames de la RDC Les élections ne seront sans doute pas « parfaites » mais elles sont attendues par la population, par les pays voisins et par les autres partenaires de la RDC. Corneille Nangaa tente, une fois encore, de rassurer la « communauté internationale », méfiante et dans l’expectative car il est devenu impossible de prédire la suite des événements. Une certitude, toutefois, qui est aussi une source de crainte : les résultats seront contestés, chacun des trois principaux candidats à la présidentielle se disant certain de sa victoire. « La vraie paix est une paix qui exige que les élections aient lieu à la date fixée du 30 décembre 2018 », a rappelé Mgr Fridolin Ambongo. En attendant, à Kinshasa comme dans le reste du pays, les Congolais se perdent en conjectures et se préparent à tous les scénarios.
25/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/25/a-la-veille-des-elections-congolaises-l-inquietant-calme-apparent-de-kinshasa_5402049_3212.html
Quels sont les films les plus diffusés et les acteurs les plus présents à la télé française ?
Vous les avez vus et revus depuis 1957. Au jeu des rediffusions, les chaînes françaises privilégient... les films français.
Ce n’est pas vraiment une fiction, pourtant il est largement en tête : Les 11 Commandements, film qui compile gags et « performances » de la bande de Michaël Youn, affiche une santé insolente au jeu des rediffusions. Depuis sa création, ce long-métrage a été diffusé 1,4 fois par an en moyenne, loin devant Bouge ! (0,95 diffusion par an en moyenne), Astérix et les Indiens (0,87), Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (0,83) et Point Break (0,81). Top 20 des films les plus diffusés chaque année Nombre de diffusion en moyenne par an CNC/CSA Source : 90 % des plus importantes rediffusions sont des films français Nous avons pu calculer ces moyennes à partir des données publiées par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), qui dispose d’une base de données, comme avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Dans cette base sont listés les films qui ont été le plus rediffusés depuis 1957 sur les chaînes hertziennes gratuites et Canal +. Les résultats sont livrés en deux classements dont nous avons extrait les cent premiers. Le premier est le classement des films les plus rediffusés depuis 1957 : Les 100 films les plus diffusés depuis 1957 Le second reprend le même classement mais pour les dix dernières années (2008-2017) : Les 100 films les plus diffusés ces 10 dernières années Un peu plus de la moitié de ces films (53 %) sont des films français, 29 % sont des films américains. Soit un contraste assez net avec les cent films les plus rediffusés depuis 1957 : quatre-vingt-neuf sont des films français, cinq sont italiens et quatre ont été produits outre-Atlantique. De Funès : 496 apparitions depuis 1957 En croisant les données du CNC avec celles de l’Internet Movie Database (IMDb), nous avons pu récupérer la liste des acteurs principaux jouant dans ces films. Nous avons ainsi pu calculer, pour chaque acteur, le nombre d’apparitions à l’écran depuis 1957, sur la base de ces cent films. Sans surprise, c’est Louis de Funès qui arrive largement en tête avec 496 apparitions. Seules trois femmes sont présentes dans le top 20 : Leda Gloria (12e), Michèle Mercier (19e) et Mylène Demongeot (20e). Top 20 des acteurs les plus présents depuis 1957 Nombre d'apparitions au petit écran CNC/CSA IMDb Sources : En ne conservant que les actrices et acteurs encore en vie aujourd’hui, c’est Terence Hill (Mon nom est Personne, On l’appelle Trinita) qui tient le haut de l’affiche. Top 20 des acteurs les plus présents depuis 1957 et toujours en activité Nombre d'apparitions au petit écran CNC/CSA IMDb Sources : Will Smith : acteur le plus exposé sur la période 2008-2017 Sur la période 2008-2017, ce n’est pas un acteur français qui a le plus occupé l’écran : l’Etats-Unien Will Smith arrive en tête avec quatre-vingt-dix-sept apparitions, juste devant Daniel Auteuil et Terence Hill, qui en comptabilisent quatre-vingt-seize. Top 20 des acteurs les plus présents sur la période 2008-2017 Nombre d'apparitions au petit écran CNC/CSA IMDb Sources : Dans les données publiées par le CNC, nous nous sommes étonnés de ne pas y voir figurer certains films qui nous paraissent pourtant revenir régulièrement sur les écrans. Le Père Noël est une ordure n’a en effet été diffusé « que » quatorze fois depuis 1957 et est donc exclu du classement. Il en est de même pour Les Bronzés et Les Bronzés font du ski, qui ont été rediffusés respectivement seize et quinze fois.
25/12/2018
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/25/quels-sont-les-films-les-plus-rediffuses-sur-les-chaines-publiques-en-france_5402043_4355770.html
A Tunis, le meurtre d’un Ivoirien cristallise la colère de la communauté subsaharienne
Falikou Coulibaly, président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie, a été poignardé à mort dans la banlieue de la capitale.
Manifestation d’Ivoiriens devant l’ambassade de leur pays après la mort d’une des figures de leur communauté, à Tunis, le 24 décembre. FETHI BELAID / AFP C’est l’agression de trop. Une agression mortelle pour un simple téléphone portable, selon le récit du ministère de l’intérieur. Falikou Coulibaly a été poignardé à mort, dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 décembre, à La Soukra, un quartier de la banlieue nord de Tunis. Le meurtre de cet Ivoirien âgé de 33 ans a suscité une profonde émotion au sein de la communauté des Africains subsahariens résidant en Tunisie, qui se plaignent déjà régulièrement de comportements « racistes » à leur encontre. Le suspect, âgé d’à peine 20 ans, a été arrêté le jour même et a reconnu les faits, selon la police. Lundi, le ministre chargé des droits humains et des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, Mohamed Fadhel Mahfoudh, a reçu des membres de la famille de la victime. Falikou Coulibaly était le président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie. Père de deux enfants de 8 et 6 ans, restés en Côte d’Ivoire, « il comptait rentrer voir sa mère bientôt », affirme son ami Aboubacar Dounia, ému d’avoir perdu son « frère ». Dénis de justice Falikou Coulibaly était une figure, un symbole connu des centaines de manifestants qui ont afflué, lundi, devant l’ambassade de Côte d’Ivoire à Tunis. La plupart y concluaient une marche d’une vingtaine de kilomètres partie de l’hôpital de La Marsa, dans la banlieue nord de la ville, où la victime a succombé à ses blessures. « Liberté, liberté », « Tunisiens racistes », « Trop c’est trop », ont-ils scandé. L’exaspération et le ressentiment des Ivoiriens étaient dirigés contre les policiers, mais aussi contre leur propre ambassade, qu’ils accusent de ne pas suffisamment les protéger. Ce meurtre cristallise toutes les tensions et les frustrations de la communauté. « Il a une famille, il est en règle, il a ses papiers ! », lance une jeune femme. « Et même s’il n’était pas en règle, il a le droit de vivre », réplique sa voisine avec virulence. Jean Ismael, arborant fièrement un maillot de l’équipe ivoirienne de football, s’emporte : « La police tunisienne voit des étrangers se faire agresser, elle ne réagit pas. Ils s’en foutent, ils disent que c’est un “kahlouch” » – terme péjoratif désignant les Noirs en dialecte tunisien. Mardi, une nouvelle manifestation a rassemblé plusieurs centaines d’Africains subsahariens devant le théâtre municipal sur l’avenue Bourguiba, au centre de Tunis. « Je ne veux pas mourir en Tunisie ! », ont-ils scandé. Il est difficile d’obtenir des chiffres sur la diaspora ivoirienne en Tunisie. Ses membres sont étudiants, travailleurs, avec ou sans titre de séjour, arrivés depuis plusieurs années ou quelques semaines. Et ils préfèrent rester discrets dans un pays où l’Etat comme les citoyens les ignorent, les exploitent, voire les rejettent et les violentent. Nombreux sont ceux à avoir fui leur pays lors des troubles de 2010-2011 provoqués par l’élection présidentielle contestée qui avait opposé Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. « Aujourd’hui, nous sommes en Tunisie, c’était comme une terre d’asile, dit Rémy, un manifestant ivoirien. Mais si les autorités [locales] ne peuvent pas assurer notre sécurité, nous demandons qu’ils annulent les pénalités pour qu’on puisse rentrer chez nous. » Ces « pénalités » frappent les étrangers en situation irrégulière lorsqu’ils quittent le pays. Entre la Tunisie et la Côte d’Ivoire, aucun visa n’est nécessaire pour les séjours touristiques, limités à 90 jours. Ceux qui restent au-delà de cette période mais échouent à obtenir une carte de séjour doivent s’acquitter, à leur départ, d’une somme équivalant à environ 25 euros par mois passé irrégulièrement sur le territoire. Rémy est en Tunisie depuis 2011. Il lui faudrait régler 2 100 euros pour pouvoir quitter le pays, une fortune qu’il ne peut débourser. « La Tunisie, c’est une prison pour nous. Si les pénalités étaient annulées, je serais le premier à partir », insiste-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Loi pénalisant le racisme en Tunisie : une première victoire pour la minorité noire Le meurtre de Falikou Coulibaly s’inscrit dans un climat déjà lourd pour les Subsahariens vivant dans le pays. Fin 2016, trois Congolais avaient été sauvagement agressés au couteau à Tunis. A l’époque, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, avait demandé au Parlement de voter de toute urgence une loi contre les discriminations raciales. Finalement adoptée en octobre 2018, elle criminalise les propos racistes et l’incitation à la haine. Salué comme le premier du genre dans le monde arabe, ce texte n’a toutefois rien changé, selon de nombreux manifestants. Les insultes – « kahlouch, banane… » – demeurent leur lot quotidien. Mack Arthur Deongane Yopasho, président de l’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (Aesat), interpelle les autorités : « Il n’y a pas mieux que ce cas pour mettre la loi en application. »
25/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/25/a-tunis-le-meurtre-d-un-ivoirien-cristallise-la-colere-de-la-communaute-subsaharienne_5402039_3212.html
« Ils sont mieux ici que seuls chez eux devant la télé » : un Noël avec des « gilets jaunes »
Près de Fréjus, une vingtaine de personnes mobilisées depuis cinq semaines ont passé le réveillon « en famille ».
Ils ont installé leurs tables sur le rond-point qu’ils occupent depuis plus de cinq semaines. A cent mètres de là pourtant, derrière une haie de roseaux, se trouve leur « QG » : une caravane donnée par le camping qui borde le rond-point et le péage autoroutier, une toile de tente qui abrite du vent, quelques lampions, une grande table. De quoi faire un joli tableau. « Mais on est là pour être vus, aucun intérêt à aller se cacher derrière des roseaux », assurent les « gilets jaunes » du Muy, près de Fréjus (Var), agglutinés autour d’un brasero. Lundi 24 décembre au soir, on retrouve sur ce rond-point les mêmes visages qu’il y a cinq semaines, portant la fatigue d’un mois de mobilisation, de jour comme de nuit. Ils se sont fait faire des gilets fluorescents marqués au nom du Muy, comme d’autres familles portent des pulls de Noël le soir du réveillon. Ils sont une vingtaine, mais ont été une petite centaine à signer la feuille de présence ce jour-là – précision importante « pour les médias », répète l’assemblée. Parmi eux, beaucoup de célibataires, de divorcés, de retraités. « Ils sont quand même mieux ici que chez eux tous seuls devant la télévision », souffle Jérôme Brunasso, jeune père et irréductible du « noyau dur » du Muy. « On est une vraie famille maintenant » Au menu, une dinde, des bouteilles de champagne dépareillées, cinq kilos de pommes de terre, du saumon et des chocolats. Presque tout a été donné par des conducteurs qui passaient encore, en début de soirée, déposer bouteilles et boîtes de chocolats. Une partie des victuailles sera donnée à une « gilet jaune » qui organise un repas pour les sans-abri le lendemain. La fête promet d’être belle : même les gendarmes sont passés présenter leurs vœux. « Ne vous inquiétez pas, la mitraillette, c’est pas pour vous ! », a lancé l’un deux en riant alors qu’il s’approchait du groupe. Drôle de trêve hivernale dans cette région où les « gilets jaunes » cohabitent avec les forces de l’ordre. Ces dernières semaines, quelques heurts et interpellations ont troublé les relations, habituellement au beau fixe sur les ronds-points. « Bon, ne buvez pas trop quand même », ont ajouté les gendarmes. « Oui, papa ! », ont répondu plusieurs femmes dans l’assemblée. A table, on parle surtout pépins de santé, gendres impolis et cadeaux achetés pour les enfants. Des hommes et des femmes, qui ne se connaissaient pas il y a cinq semaines, demandent des nouvelles de l’entretien d’embauche que devait passer le petit-fils de leur voisin. « On est une vraie famille maintenant », assure une femme, bonnet de Noël sur la tête. Et, comme en famille pendant les fêtes, on évite les sujets qui fâchent. La caisse, notamment, suscite des tensions depuis quelques jours. La récolte de dons des conducteurs qui glissent des billets par la fenêtre de leur véhicule sert à acheter des palettes pour se chauffer, de la nourriture, un micro-ondes pour la caravane… Une partie a été mise de côté pour payer les diverses amendes et frais judiciaires des membres du groupe. Mais la cagnotte suscite des convoitises, et certains sont soupçonnés de ne pas tout verser dans la caisse. « On attend de laisser passer les fêtes et on aura une discussion sérieuse là-dessus », marmonne Jérôme Brunasso. « Il ne s’agissait pas de vrais “gilets jaunes” » Jacques, un ancien ouvrier du groupe LVMH, a fêté ses 75 ans sur le rond-point il y a une semaine. Pour le réveillon, il est venu avec sa femme, retraitée elle aussi. Ce rond-point, c’est son quotidien depuis cinq semaines. Il ne compte pas le lâcher tant que « le mépris n’aura pas cessé ». Quand, le 25 novembre après « l’acte II » des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a évoqué les « classes moyennes et laborieuses », cela n’a fait que le conforter dans sa position. « Je pense que beaucoup l’ont pris en pleine gueule. Moi, quand il a dit ça, j’ai eu vraiment mal. » Il se tape la poitrine, ému. « J’ai entendu “la classe de merde”, celle qui fait l’aumône, celle à qui on donne de l’argent pour qu’elle se taise. Alors qu’elle ne cherche qu’à vivre dignement de son travail. » Seuls les dérapages antisémites et violents en marge de « l’acte VI », le 22 décembre, jettent le trouble parmi les convives quand ils sont mentionnés. Le mot d’ordre de la tablée, en ce réveillon qu’ils veulent avant tout « festif », est qu’il ne « s’agissait pas de vrais “gilets jaunes” ». Reprenant, ironiquement, une formulation du ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, ils insistent longuement sur la différence entre les gilets « authentiques » et les « profiteurs ». « Ce ne sont que des abrutis, des opportunistes, peste Will Darié, un artiste de 45 ans, fidèle du mouvement. Ils sabordent les “gilets jaunes”. Ils profitent de la portée du mouvement pour faire caisse de résonance à leurs discours haineux. C’est dégueulasse. » Au sujet des comportements antisémites de trois hommes portant des gilets à l’encontre d’une fille d’un déporté à Auschwitz dans le métro parisien, le quadra s’emporte. « Une petite vieille, en plus ! Moi, des types comme ça, je les dégage au coup de poing. » La nuit avançant, la température fraîchit. Les klaxons de soutien des conducteurs, rentrés réveillonner en famille, se font plus rares. Mais sur son rond-point, le groupe n’a pas l’intention de bouger : « Mieux vaut se les cailler ici plutôt que de laisser croire qu’on a baissé les bras ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : Macron et Philippe veulent tourner la page
25/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/25/des-gilets-jaunes-fetent-noel-en-famille-sur-le-rond-point-du-muy-dans-le-var_5402036_3224.html
Dans son message de Noël, le pape célèbre « la fraternité entre les personnes d’idées différentes »
C’était la sixième bénédiction « urbi et orbi » de François depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre.
Le pape François au balcon de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, le 25 décembre. VATICAN MEDIA / REUTERS Le pape François a placé son traditionnel message de Noël, mardi 25 décembre, sous le signe de la « fraternité », en invitant l’homme à considérer les différences comme une richesse plutôt qu’un danger. Le souverain pontife a également formulé l’espoir que cessent les conflits dans un certain nombre de pays déchirés par la guerre. Elu en 2013, le chef de l’Eglise catholique a prononcé sa sixième bénédiction « urbi et orbi » (« à la ville et au monde ») depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, face à des dizaines de milliers de fidèles. « Nos différences sont une richesse » Le pape François a prôné la « fraternité entre les personnes d’idées différentes, mais capables de se respecter et d’écouter l’autre ». « Nos différences ne sont pas un préjudice ni un danger, elles sont une richesse », a-t-il souligné. Le premier souverain pontife originaire d’Amérique latine a fait allusion à la polarisation du débat, dans de nombreux pays, autour de la question de l’immigration en ajoutant : « Par son incarnation, le Fils de Dieu nous indique que le salut passe par l’amour, l’accueil, le respect de notre pauvre humanité que nous partageons tous dans une grande variété d’ethnies, de langues, de cultures, mais tous en tant que frères en humanité ! » Le message de Noël a aussi été l’occasion pour François de passer en revue un certain nombre de pays déchirés par les conflits. « Entreprendre un chemin de paix » Le pape, lors de sa bénédiction « urbi et orbi », au Vatican, le 25 décembre. TIZIANA FABI / AFP Le pape a ainsi dit espérer une reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens : que la fête de Noël « permette aux Israéliens et aux Palestiniens de reprendre le dialogue et d’entreprendre un chemin de paix qui mette fin à un conflit » de soixante-dix ans, a-t-il déclaré. Il a également appelé la communauté internationale à « œuvrer résolument » pour que les réfugiés syriens « puissent retourner vivre en paix dans leurs pays » : « Que la communauté internationale œuvre résolument pour une solution politique qui mette de côté les divisions et les intérêts partisans, de sorte que le peuple syrien, surtout ceux qui ont dû quitter leur terre pour chercher refuge ailleurs, puissent retourner vivre en paix dans leur pays. » S’agissant du Yémen, il a espéré que la trêve récemment obtenue par les Nations unies « puisse finalement soulager les nombreux enfants et les populations épuisés par la guerre et la famine ». Le pape a enfin exprimé sa proximité avec les communautés chrétiennes d’Ukraine, tout en appelant à un retour à la paix dans la région, alors que le président russe, Vladimir Poutine, a vivement condamné la création en Ukraine d’une Eglise orthodoxe indépendante de la tutelle russe. Lire aussi Qui est vraiment le pape François ? Notre série en cinq épisodes
25/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/dans-son-message-de-noel-le-pape-fait-l-eloge-des-differences_5402030_3210.html
La police scientifique appelle à la grève pour la nuit de la Saint-Sylvestre
Alors que ces fonctionnaires permettent d’élucider « un tiers des affaires de la police nationale », leurs syndicats dénoncent leurs conditions de travail.
L’intersyndicale de la police technique et scientifique appelle à la grève pendant la nuit du 31 décembre au 1er janvier, pour demander une amélioration du statut de ses agents, a annoncé, mercredi 26 décembre, une source syndicale à l’Agence France-Presse. L’intersyndicale, qui avait dans un premier temps lancé un préavis de grève illimitée à partir du 26 décembre, a finalement décidé de cibler cette nuit symbolique avant une rencontre avec le ministre de l’intérieur prévue le 8 janvier. « Nous attendons de savoir ce que nous proposera M. Castaner [le ministre de l’intérieur, ndlr] pour décider de la suite à donner à notre mouvement », a affirmé Xavier Depecker, représentant du syndicat national indépendant des personnels administratifs, techniques et scientifiques de la police nationale (Snipat). Le syndicaliste dénonce le « mépris » des pouvoirs publics envers les techniciens et scientifiques de la police, qui représentent au total 2 500 personnes en France. « On voulait être reçus tout de suite, on doit attendre le 8 janvier, alors que les représentants de la police armée ont été reçus rapidement après l’avoir demandé, à trois reprises pendant plusieurs heures », a-t-il insisté. Deux autres syndicats se sont joints au Snipat pour appeler à la grève : le Syndicat national des personnels de la police scientifique (SNPPS) et le Syndicat national Alliance des personnels administratifs, techniques, scientifiques et infirmiers (SNAPATSI). Lancement d’une pétition « Nous ne réclamons pas plus de pouvoir d’achat » mais « un statut dérogatoire de catégorie active », « en adéquation avec nos conditions d’emploi (risques psychologiques, problèmes de sécurité et risques pour notre intégrité physique, astreintes et régimes horaires intenses, exposition à des agents chimiques et/ou infectieux, absence de formation self-défense, absence de moyens de défense malgré la dotation de gilets pare-balles…) », précise un communiqué des organisations syndicales. Lire notre grand récit : Attentats du 13 novembre : dans les labos de la police scientifique Les syndicalistes de la police scientifique ont également lancé une pétition sur Change.org (plus de 3 400 signataires le 26 décembre) dans laquelle ils tiennent à « rappeler que l’enquête judiciaire ne tient plus qu’au simple aveu comme cela a été le cas durant des siècles. La preuve juridique provient directement de l’élément matériel que l’on appelle la trace (traces biologiques, traces papillaires, microtraces, traces numériques, traces odorantes, traces balistiques, etc.) ». Or, « c’est nous, fonctionnaires de la police technique et scientifique, qui apportons cette preuve irréfutable dans la manifestation de la vérité » et qui, « aujourd’hui, permettons d’élucider un tiers des affaires de la police nationale ». Retrouvez notre analyse : La police scientifique confrontée à l’ère du big data
25/12/2018
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/25/la-police-scientifique-lance-un-preavis-de-greve-illimitee_5402027_1653578.html
Simcha Rotem, dernier combattant juif de la révolte du ghetto de Varsovie, est mort
Responsable de l’Organisation juive de combat qui avait planifié le soulèvement contre les nazis en 1943, « Kazik » est mort à l’âge de 94 ans.
Simcha Rotem s’exprime devant le mémorial du ghetto de Varsovie, en Pologne, à l’occasion d’une cérémonie anniversaire de la révolte du ghetto, le 19 avril 2013. Alik Keplicz / AP Le dernier combattant juif de la révolte du ghetto de Varsovie contre les nazis durant la deuxième guerre mondiale, Simcha Rotem, est mort, samedi 22 décembre, à l’âge de 94 ans, a fait savoir le président israélien, Reuven Rivlin, dans un communiqué. Simcha Rotem, dont le nom de guerre était « Kazik », a été l’un des responsables de l’Organisation juive de combat qui avait planifié le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943, lorsque les nazis avaient décidé de déporter vers les camps de la mort les derniers juifs de la capitale polonaise. « Il s’est joint au soulèvement et a aidé à sauver des dizaines de combattants », a indiqué le président Rivlin dans un message de condoléances. Après la fin du conflit, Simcha Rotem s’était installé en Israël. « Interrogé sur le message qu’il souhaitait transmettre à la jeunesse israélienne, il avait répondu : “Soyez un être humain. Nous sommes des animaux à deux pattes. C’est ce que je ressens. Mais parmi nous, les animaux à deux pattes, il y a ceux qui sont aussi des êtres humains et qui méritent cette appellation” », a rappelé le président israélien en citant Simcha Rotem. 13 000 juifs abattus, brûlés ou gazés La révolte du ghetto de Varsovie, qui s’est déroulée du 19 avril au 16 mai 1943, est le fait le plus connu de la résistance juive contre les nazis. En avril 1943, quelque 2 000 policiers allemands et SS sont dans le ghetto pour rafler les quelques dizaines de milliers de survivants qui avaient échappé jusque-là à la déportation vers les camps de la mort. L’opération était censée ne durer que trois jours, mais les nazis se sont heurtés, à leur grande surprise, à une résistance acharnée qui les a contraints à mobiliser d’importants renforts. Au total, 13 000 juifs ont été abattus, brûlés ou gazés durant cette opération. Les autres ont été déportés. Simcha Rotem avait participé à des opérations de combat et de sauvetage de juifs par les égouts. Il avait ensuite participé à l’insurrection de Varsovie en août 1944 aux côtés des résistants polonais.
25/12/2018
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/25/deces-du-dernier-combattant-juif-de-la-revolte-du-ghetto-de-varsovie_5402025_3382.html