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Du bon usage des présents de Noël
Si les « présents d’usage » sont possibles, ceux-ci doivent être accordés à certaines occasions et être en cohérence avec le patrimoine du donateur, rappelle Rafaële Rivais, dans sa chronique au « Monde ».
Chronique. Pour Noël, beaucoup feront des cadeaux : jouets, bijoux, enveloppes d’argent, versements sur des livrets d’épargne… Ces « présents d’usage », comme les appelle le code civil, ont l’immense avantage de ne pas devoir être déclarés lors d’une succession, contrairement à d’autres dons ; ils ne doivent pas être rendus au conjoint, en cas de divorce. Ils ne doivent pas non plus être signalés au fisc. La jurisprudence dit que les présents d’usage sont « des cadeaux faits à l’occasion de certains événements, conformément à un usage, et n’excédant pas une certaine valeur ». Mais aucun texte ne fixe une liste exhaustive des événements concernés. Traditionnellement, en font partie non seulement Noël et le Jour de l’an, mais aussi les anniversaires, les mariages ou les réussites aux examens. Une cour d’appel a jugé que « les cadeaux peuvent être d’importance », lorsque l’anniversaire est un « multiple de dix » (20e, 30e, 40e…). Une autre cour a estimé, à propos des anniversaires de mariage, qu’« il n’est pas d’usage de les fêter tous », le quarantième, notamment, « ne correspondant pas à des noces particulières, telles que le bronze, l’argent ou l’or ». La valeur que le présent d’usage ne doit pas excéder n’est, elle non plus, pas définie, le code civil disant seulement qu’elle s’apprécie « compte tenu de la fortune du disposant », et la jurisprudence précisant qu’il faut tenir compte à la fois « des revenus et du patrimoine » de celui-ci. L’administration fiscale a, en 2007, décidé de taxer une somme de 8 300 euros qu’un contribuable, Georges X, avait offerte à son cousin et filleul, Michel Y, pour son anniversaire, afin qu’il s’achète une voiture. Elle faisait valoir que la somme était trop élevée pour constituer un présent d’usage, du fait qu’elle représentait « une année de la rente » du défunt, et « 2,5 % de son patrimoine ». La cour d’appel d’Agen a refusé de la suivre, le 20 mai 2009. En revanche, dans un autre litige, la cour d’appel de Toulouse a jugé, le 27 février (2018), qu’un don de 35 000 euros ne pouvait constituer un présent d’usage, du fait qu’il représentait « plus de deux pour cent (2,40 %) du patrimoine » du donateur. Querelles d’héritiers Ces imprécisions font que nombre d’héritiers réclament à d’autres la restitution de leurs cadeaux, dont ils contestent qu’ils aient été des « présents d’usage ». Les juges, pour se prononcer, vérifient d’une part que ces derniers ont bien été faits dans des circonstances particulières, et, d’autre part, qu’ils n’étaient pas disproportionnés par rapport à la fortune du donateur. C’est ce que montre l’exemple suivant.
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/du-bon-usage-des-presents-de-noel_5401069_3232.html
Gressins au sésame : la recette de Gontran Cherrier
Les fameux bâtonnets de pain croustillant d’origine italienne égayent généralement les apéritifs. Le boulanger-pâtissier Gontran Cherrier explique comment les faire soi-même.
Gressins maison au sésame. Susan Brooks-Dammann/Westend61/Photononstop Temps de préparation : 40 min Temps de cuisson : 10 à 12 min Temps de repos : 2 h minimum Difficulté : facile Ingrédients pour 20 gressins Pour la pâte à pain : 1 kg de farine 720 g d’eau froide 18 g de sel 6 à 8 g de levure Pour les gressins : un mélange de sésame et de noix de muscade moulue Etape 1 : la pâte à pain Disposer la farine au centre de la table ou dans un plat et y creuser un puits. Déposer le sel au centre ainsi que la levure. Ajouter les 3/4 de l’eau froide. Incorporer progressivement et à la main la farine à l’eau jusqu’à ce que les deux ingrédients soient complètement mélangés. Passer au pétrissage pendant une dizaine de minutes. Le but est de malaxer la pâte en la tapant sur la table. Celle-ci est au départ assez collante puis va, petit à petit, devenir plus lisse. Une fois que la pâte est lisse et qu’elle est assez élastique, la laisser reposer pendant 30 min dans un saladier recouvert d’un film plastique. Etape 2 : le roulage des gressins Fariner la pâte à pain et le plan de travail. Pour réaliser chaque gressin, découper un morceau de pâte de 50 g environ. Le plier une fois, puis deux. Le rouler et façonner grossièrement pour obtenir une forme fine et allongée de la longueur de la plaque du four. La passer dans de l’eau rapidement pour l’humidifier puis la rouler dans un mélange de sésame et de noix de muscade moulue. Etape 3 : la cuisson Disposer les gressins sur la plaque du four. Sans attendre, mettre au four pendant 10 à 12 min à 250 °C, en n’oubliant pas de mettre dans le fond du four un plat en métal avec de l’eau pour générer de la vapeur. Lire aussi Beureks au four : la recette légère de Francis Kurkdjian
21/12/2018
les-recettes-du-monde
https://www.lemonde.fr/les-recettes-du-monde/article/2018/12/21/gressins-au-sesame-la-recette-de-gontran-cherrier_5401065_5324493.html
Sélection albums : Serge Rachmaninov, Saez, Refree…
A écouter cette semaine : des concertos pour piano, du rock tendu et urgent, un guitariste de Barcelone…
Franz Schubert Symphonies 1 et 6 B’ Rock Orchestra, René Jacobs (direction) Pochette de l’album consacré à Franz Schubert (Symphonies 1 et 6), par le B’ Rock Orchestra, dirigé par René Jacobs. PENTATONE / OUTHERE MUSIC S’il s’agissait de rock et non pas de « Bee Rock » (conformément au nom de le la formation belge fondée en 2005), cet album pourrait s’appeler « Naissance d’une star ». En effet, les cinq ans qui séparent la 1re et la 6e symphonie de Schubert correspondent à la période qui a vu le compositeur s’imposer dans un genre où les références intimidantes ne manquaient pas. La 1re symphonie (1813) manifeste l’entrée en scène décomplexée d’un jeune homme de 16 ans qui ne lésine pas sur les moyens pour atteindre une grandeur monumentale à la Haydn tout en ouvrant des fenêtres sur un lyrisme très personnel. La 6e symphonie (1818) a plus de force car elle est concentrée, dans le martèlement orageux comme dans l’allègement chorégraphique. Le scherzo (en écho à celui de la 7e symphonie de Beethoven) et le finale prouvent que Schubert n’a plus rien à envier à son « dieu » Ludwig dans l’art du développement. En dépit de violons parfois souffreteux, le B’ Rock Orchestra livre des interprétations pleines de sève sous la direction galvanisante de René Jacobs. Pierre Gervasoni 1 CD Pentatone/Outhere Music. Serge Rachmaninov Destination Rachmaninov – Departure Concertos pour piano n° 2 et n° 4 op. 40. Transcription de la Partita pour violon n° 3 BWV 1006, de Bach Daniil Trifonov (piano), Orchestre de Philadelphie, Yannick Nézet-Séguin (direction) Pochette de l’album « Destination Rachmaninov – Departure ». DEUTSCHE GRAMMOPHON Ces deux-là ont tout pour s’entendre, musiciens jusqu’au bout des ongles, vivant la musique comme on respire. Il suffit de quelques mesures à Trifonov pour imposer à l’esprit la silhouette puissante du Concerto n° 2. Jamais outrancier, toujours inventif, le pianiste éblouit par le pouvoir d’une imagination sans repos, mue par une compréhension intuitive et naturelle de cette partition bouillonnante et passionnelle. Celle-ci est légitimée par l’esprit de reconquête d’un Rachmaninov resté mutique pendant trois ans après l’échec de sa première symphonie. Au côté de Trifonov, Yannick Nézet-Séguin, plus qu’un complice, se révèle un alter ego prêt à toutes les audaces. Des qualités de symbiose que l’on retrouve dans le Concerto n° 4, dont le mouvement central, véritable sublimation nostalgique, semble naître des doigts mêmes de Trifonov, tandis qu’il confère au finale une électrisante jubilation à la Prokofiev. La transcription de Bach, d’une fluidité noble, clôt cet album en tous points remarquable. Marie-Aude Roux 1 CD Deutsche Grammophon. Divers artistes A Day in the Life : Impressions of Pepper Pochette de l’album « A Day in the Life : Impressions of Pepper », par divers artistes. IMPULSE-VERVE / UNIVERSAL MUSIC Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967) est l’un des albums les plus célèbres des Beatles. A plusieurs reprises, il a été réinterprété en entier : en 1992 par le groupe californien Big Daddy, appliquant à chaque chanson un style (façon Elvis Presley, Paul Anka, Jerry Lee Lewis...), en mode reggae par le Easy Star All-Stars, en 2009, ou en 2014 par The Flaming Lips, avec divers groupes amis. Nouvelle version en 2018 : celle de musiciens plus ou moins sous étiquette jazz (dont Antonio Sanchez, Keyon Harrold, Miles Mosley, Shabaka Hutchings...), pour une exploration instrumentale. Du piano solo (Sullivan Fortner sur When I’m Sixty-Four) au sextette (la formation de la harpiste Brandee Younger sur Being For the Benefit of Mr. Kite). Globalement assez réussi, le plus souvent en ne gardant qu’une évocation mélodique en rappel des compositions, avec de l’inventivité dans les arrangements, que cela soit dans la forme classique du trio piano, basse, batterie, des envies aux portes du free jazz ou une manière de jazz-pop assez bien tourné. Sylvain Siclier 1 CD Impulse-Verve/Universal Music. Saez #humanité Pochette de l’album « #humanité », de Saez. ART-CINQ 7 / WAGRAM MUSIC Depuis bientôt vingt ans – son premier album date de 1999, le prochain est déjà annoncé pour 2019 –, Damien Saez mène un parcours musical qui passe aussi bien par le rock le plus direct que par l’épure d’un accompagnement au seul piano ou à la guitare, par des orchestrations symphoniques, des virées électro, des inspirations de musiques du pourtour méditerranéen... #humanité appartient plutôt au registre rock le plus tendu, urgent, à partir d’une base guitare, basse et batterie – la chanson titre, qui ouvre l’album, étant la plus orchestrée, avec des cordes et des percussions. La surexploitation de la Terre, les méfaits de la société marchande, la dictature des réseaux sociaux, les drogues (artificielles, religieuses...) sont quelques-uns des thèmes abordés, par des textes directs, voire crus. Il y a une densité musicale, en accord avec les sujets, une sincérité dans les emportements, une exaltation vocale, comme un chant désespéré, face aux dérives du monde. Sylvain Siclier 1 CD Art-Cinq 7/Wagram Music. Refree La Otra Mitad Pochette de l’album « La Otra Mitad », de Refree. TAK:TIL / GLITTERBEAT Le guitariste barcelonais Refree (Raül Fernandez Miro) est l’un des producteurs renommés d’Espagne. Il a produit, arrangé et joué sur les albums de Silvia Pérez Cruz, réalisé celui qui révéla, en 2017, une autre chanteuse catalane, Rosalia, la nouvelle star de la scène pop espagnole. Il a travaillé également pour Las Migas, Kiko Veneno ou Lee Ranaldo, du groupe de rock indé américain Sonic Youth. Son inspiration féconde et sa singularité s’imposent encore dans cet album réunissant deux EP instrumentaux parus en 2017 : Jai Alai Vol. 01, des mélodies de guitare minimalistes, et Jai Alai Vol. 02, dans lequel le guitariste introduisait des arrangements électro et des samples de Niño De Elche et Rocio Marquez, deux des voix les plus radicales et inspirées du flamenco contemporain. Plusieurs de ces morceaux ont été composés pour la bande originale du film Entre Dos Aguas, du réalisateur espagnol catalan Isaki Lacuesta. Expérimental et mélancolique, un album exaltant. Patrick Labesse 1 CD tak:til/Glitterbeat. Anderson .Paak Oxnard Pochette de l’album « Oxnard », d’Anderson .Paak TONE MUSIC / AFTERMATH RECORDS Entré par la grande porte du rap américain en participant à l’album Compton, de Dr Dre, le batteur et chanteur Anderson .Paak connaît depuis une carrière florissante. Invité sur tous les albums majeurs de hip-hop actuel, le rappeur à la voix éraillée et au groove solaire redynamise des titres au rythme très ralenti. Son troisième album, titré du nom de la ville qui l’a vu grandir, au nord de Los Angeles, Oxnard, n’échappe pas à la règle. Beaucoup d’artistes lui ont renvoyé l’ascenseur, à commencer par Kendrick Lamar, avec qui il signe un très funky Tints. On trouve également l’autre belle plume du rap américain, J. Cole, sur le plus pop et psychédélique Trippy, l’ineffable Snoop Dogg pour le planant Anywhere, et la légende du hip-hop new-yorkais, Q-Tip, leader d’A Tribe Called Quest, pour un Cheers gorgé de cuivres. Avec le mentor Dr Dre et la rappeuse Cocoa Sarai, qui a des intonations à la Nicky Minaj, il signe un rap typique de la scène underground californienne, Mansa Musa, entre bagout de maquerau et gouaille de dealer. Un album riche, mais qui ne renoue pas avec la belle énergie et l’innocence de ses deux précédents opus, Venice et Malibu. Stéphanie Binet 1 CD Tone Music/Aftermath Records. Jeff Tweedy Warm Pochette de l’album « Warm », de Jeff Tweedy. DBPM RECORDS Dans la foulée d’une autobiographie, Let’s Go (So We Can Get Back), parue cette année chez Dutton (non traduite), Jeff Tweedy se livre dans son premier album solo de chansons originales. Si le leader du groupe Wilco a toujours su instaurer une attachante intimité avec ses auditeurs, en transcendant héritage country-folk et griffures rock, jamais le chanteur de l’Illinois ne s’était autant mis à nu. La proximité rustique d’une guitare sèche, doublée de touches subtiles d’électricité ou de pedal-steel acidifiée, transporte au cœur de confidences et constats, suscités par la mort d’un père, la maladie d’une compagne ou la crise de la cinquantaine. Loin de rester au fond du trou, le guitariste à la voix doucement écorchée trouve, avec humour et lucidité, un chemin chaotique – et magnifique – vers le bout du tunnel. Mélodies prenantes (Bombs Above, Don’t Forget), enjouée (Let’s Go Rain) ou hypnotique (The Red Brick) construisent un Warm rayonnant d’humanité, optimiste malgré tout. Stéphane Davet 1 CD dBpm Records.
21/12/2018
musiques
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/12/21/selection-albums-serge-rachmaninov-saez-refree_5401053_1654986.html
Erdogan menace les Kurdes de Syrie, inquiétudes sur le sort des prisonniers djihadistes
Le retrait américain de Syrie fait craindre la libération de centaines de djihadistes, prisonniers des Kurdes syriens, si ces derniers sont laissés à la merci de l’armée turque.
Le président américain Donald Trump et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, le 11 juillet au siège de l’OTAN, à Bruxelles (Belgique). Tatyana Zenkovich / AP Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis, jeudi 20 décembre, d’éliminer les djihadistes et les milices kurdes du nord de la Syrie dans la foulée de l’annonce du retrait des troupes américaines de ce pays. Saluant « avec une certaine prudence » l’annonce du retrait américain faite mercredi par son homologue américain Donald Trump, M. Erdogan a assuré, lors d’un discours à Istanbul, que son pays tâcherait « d’éliminer les YPG [miliciens kurdes] et les résidus de Daech », le groupe Etat islamique (EI), dans le nord de la Syrie. Il a toutefois affirmé qu’il avait décidé, à la lumière de la décision américaine et d’un entretien téléphonique le 14 décembre avec M. Trump, de différer, dans l’immédiat, l’offensive qu’il prévoyait de lancer dans le nord de la Syrie contre les YPG, considérés comme terroristes par Ankara mais alliés de Washington dans la lutte contre l’EI. « Ce sursis ne sera pas évidemment pour une période indéfinie, a-t-il précisé. En attendant, nous allons élaborer des plans pour éliminer les éléments de l’EI qui seraient toujours en Syrie, conformément à ce qui a été convenu lors de mon entretien avec le président Trump. » Le sort de centaines de djihadistes en question L’annonce, mercredi, par la Maison Blanche, du retrait des quelque 2 000 membres des forces spéciales américaines opérant aux côtés des forces kurdes en Syrie soulève des inquiétudes en Europe, notamment la crainte de voir des centaines de djihadistes, prisonniers des Kurdes syriens, relâchés dans la nature si les Kurdes étaient laissés à la merci de l’armée turque. Les Kurdes syriens retiennent dans des prisons de fortune près d’un millier de combattants djihadistes d’une trentaine de nationalités, dont des Français, capturés lors de la reprise par la coalition internationale des territoires que contrôlait le groupe EI en Irak et en Syrie. Environ 2 000 membres de leurs familles, dont de nombreux enfants, sont également retenus dans des camps de réfugiés dans la même région. « Nous craignons de ne plus maîtriser la situation et qu’il ne soit difficile pour nous de garder [les djihadistes] dans une localité déterminée » en cas d’offensive turque, a déclaré vendredi Ilham Ahmad, une responsable politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance kurdo-arabe soutenue par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. « Si cela arrivait, cela entraînerait leur dispersion partout », a-t-elle prévenu à Paris, où elle venait d’être reçue à l’Elysée. Elle a assuré que les Kurdes ne prendraient pas l’initiative de relâcher unilatéralement les prisonniers djihadistes, mais a estimé qu’en cas d’attaque turque, ou de retour en force du groupe EI, ils pourraient être débordés, forcés d’affecter toutes leurs forces à la lutte contre les soldats d’Ankara ou les hommes de l’EI, et seraient donc dans l’impossibilité d’assurer leur maintien en détention. Instabilité de la région Une source à la présidence française, qui a demandé à rester anonyme, a confié jeudi à l’AFP que le dossier des prisonniers djihadistes était « extrêmement important » pour la France : « Cela peut être une des conséquences négatives d’un retrait précipité, et cela fait l’objet de discussions approfondies dans le cadre de la coalition. » Même s’ils n’ont pas tous le même niveau de dangerosité, ces prisonniers djihadistes représentent une menace potentielle pour la France et l’Europe, confie à l’AFP Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme, un centre de réflexion sis à Paris : « Il y a parmi ces prisonniers des djihadistes de tous les échelons, mais il y a parmi eux des individus qui ont dans le passé menacé la France et qui sont susceptibles de rentrer en Europe pour y commettre des attentats. Lire aussi Le retrait américain de Syrie inquiète Paris, Londres et Berlin « Les Kurdes de Syrie sont dans une logique de combat, ils l’ont toujours dit. Les djihadistes internationaux qu’ils détiennent ne sont absolument pas une priorité pour eux, ajoute M. Brisard. Au final, ce qu’il faudrait, c’est que ces individus soient rapatriés en France et en Europe pour y être jugés. Alors que sur place, compte tenu de l’instabilité de la région, rien n’est certain. »
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/erdogan-menace-les-kurdes-de-syrie-inquietudes-sur-le-sort-des-prisonniers-djihadistes_5401044_3210.html
Depuis vingt ans, le soutien aux « salariés aidants » s’est renforcé : exemple de Novartis, entreprise pionnière
Au fil des accords d’entreprise, c’est de la disponibilité réelle qui est proposée aux actifs qui accompagnent des proches malades ou handicapés, pour leur permettre de poursuivre sereinement leur vie professionnelle.
« La difficulté principale des salariés étant de concilier vie professionnelle et rôle d’aidant, leur première attente était du « temps disponible qualitatif », c’est-à-dire libéré des préoccupations professionnelles. » Jean Rey / Photononstop Les entreprises pionnières de l’accompagnement des salariés aidants un proche malade ou en situation de handicap ont amorcé leur réflexion au début des années 2000. « Un peu plus de la moitié des actifs ayant des parents atteints d’Alzheimer devaient réaménagé leur activité professionnelle. Les demandes de temps partiels augmentaient et il y avait de l’absentéisme répété », explique Gwénaëlle Thual, chargée de « proximologie » chez Novartis. Le groupe pharmaceutique a créé en 2001 un département « proximologie », un néologisme issu du latin proximus (proche) et du grec logos (parole). « On parlait alors de proches, pas encore d’aidants », précise-t-elle. La notion d’aidant sera institutionnalisée, en 2015, avec l’introduction du congé de proche aidant dans le code du travail, par la loi du 18 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Trois attentes Le premier objectif de l’entreprise Novartis était de connaître les attentes de ses salariés. Une première enquête menée en 2006 a révélé que près de 40 % des salariés avaient eu une expérience d’accompagnement d’un proche malade dans les cinq dernières années, dont 35 % en tant qu’aidant principal. « Impossible de connaître leur nombre exact, car il fallait se rendre accessible, sans être intrusif », note Mme Thual, mais le phénomène n’était pas marginal. « Nous avons reçu ce résultat comme une donnée à laquelle il fallait répondre », se souvient-elle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les entreprises confrontées à la hausse du nombre de « salariés aidants » La difficulté principale des salariés étant de concilier vie professionnelle et rôle d’aidant, leur première attente était du « temps disponible qualitatif », c’est-à-dire libéré des préoccupations professionnelles. Une première enquête menée en 2006 a révélé que près de 40 % des salariés avaient eu une expérience d’accompagnement d’un proche malade dans les cinq dernières années L’enquête exprimait trois grandes familles d’attentes : souplesse du temps de travail, compréhension managériale donnant la possibilité d’exprimer ses difficultés personnelles, et une aide matérielle et financière. Des attentes retrouvées depuis dans toutes les enquêtes menées sur le sujet dans différentes entreprises. De 2007 à 2018, les dispositifs et accords successifs de Novartis ont diversifié les modes de temps disponibles et les formes de financement qui ont changé et de nature et d’ampleur. Les premières actions mises en place dès 2007 donnaient accès à des chèques emploi-service, abondés par l’entreprise à hauteur de 800 euros pour les salariés aidants. Un moyen indirect de leur libérer du temps et de faciliter leur organisation. La même année un « guide ressources » (conseils pratiques, dispositifs légaux, aides de l’entreprise) était également mis à leur disposition.
21/12/2018
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/12/21/depuis-vingt-ans-le-soutien-aux-salaries-aidants-s-est-renforce-exemple-de-novartis-entreprise-pionniere_5401041_1698637.html
Taxes et impôts : d’où vient le « ras-le-bol fiscal » ?
Largement commenté avec le phénomène des « gilets jaunes », le « ras-le-bol fiscal » ne rime pas forcément avec remise en cause de l’impôt et des services publics.
blics. On a beaucoup entendu l’expression « ras-le-bol fiscal » pendant le mouvement des « gilets jaunes ». Mais cette rancœur face aux prélèvements est-elle réellement une charge contre le principe même de l’impôt, ou simplement l’expression de la colère face contre un système fiscal jugé inégalitaire ? Alexis Spire, sociologue et directeur de recherche au CNRS, a conduit une grande enquête statistique auprès d’un échantillon de 2 700 personnes, représentatif de la population, pour comprendre les racines du problème. Dans son livre, Résistances à l’impôt, attachement à l’Etat (Seuil), il remonte aux racines du désamour des Français pour l’impôt. Sources :
21/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/video/2018/12/21/taxes-et-impots-d-ou-vient-le-ras-le-bol-fiscal_5401035_3224.html
Statues de footballeurs : des érections en série
On compte plus de 600 statues de footballeurs dans le monde, contre une cinquantaine en 1990, relate le blog Une balle dans le pied. Il s’agit souvent de joueurs des années 50, 60 ou 70, incarnant un club dont ils ont longtemps porté le maillot.
C’est une première nationale : samedi 15 décembre, un footballeur a eu l’honneur d’une statue, celle de Raymond Kopa (1931-2017), inaugurée sur le parvis du stade Auguste-Delaune de Reims. Grandeur nature, elle est signée du sculpteur britannique Carl Payne, auteur de celle de Stanley Matthews devant le stade de Stoke City. Son coût de 200.000 euros a été assuré par une campagne de financement participatif à hauteur de 80.000 euros de la part de 142 donateurs particuliers et 12 entreprises – dont le Real Madrid, où Kopa a évolué entre 1956 et 1959, pour 30.000 euros (si l’information a filtré, le club espagnol n’a pas souhaité communiquer sur son geste). La statue à l’effigie de Raymond #Kopa dévoilée devant le stade Delaune, en présence de sa famille, du @StadeDeReims, du monde du football ainsi que de nombreux Rémois et les mécènes ! pic.twitter.com/xl21BeE0rg — Ville de Reims (@VilledeReims) 15 décembre 2018 La Ville a complété le budget de cette opération, menée à son initiative, soutenue par le maire Arnaud Robinet (LR) et qui s’inscrit dans une « démarche globale de mécénat autour du patrimoine ». Le football enfin reconnu comme patrimoine historique et culturel ? Si cela doit passer par des statues, le caractère unique du bronze de Kopa indique le chemin qu’il reste à parcourir en France. MULTIPLICATION DES STATUES Les statues de footballeurs atteignent en effet la centaine au Royaume-Uni, champion du monde de l’exercice, et se comptent en dizaines chez la plupart de nos voisins. La base de données de The sporting statues project, une initiative d’universitaires de Sheffield, en recense ainsi 59 en Allemagne, 35 aux Pays-Bas, 31 en Espagne, 63 en Turquie, 26 en Russie ou 18 en Suède… On aura vite fait d’y voir une nouvelle preuve que la France « n’est pas un pays de football », mais la pratique est modérée au Portugal (10) et en Italie (6), tandis que la Grèce et la Belgique partagent avec notre pays la singularité de ne compter qu’un seul spécimen sur leur territoire. Notons qu’à Tubize, il s’agit d’un Michel Platini de 1986 (sous le maillot de la Juventus) repeint en 2014 en Eden Hazard (sous le maillot belge). Elles prolifèrent cependant dans le monde entier. Alors que les statues représentant une personnalité du football étaient une cinquantaine en 1990, elles ont aujourd’hui dépassé les six cent. Au Royaume-Uni, neuf sur dix ont été érigées depuis le début des années 90, et la vogue va croissant : la cinquantième statue britannique avait été dévoilée en juillet 2011, le total a quasiment doublé depuis. L’historien du sport Dave Russell estime qu’entre la mort du mythique entraîneur Bill Shankly en 1981 et celle du capitaine de l’Angleterre et de West Ham Bobby Moore en 1993, « une grammaire explicite du deuil en football » s’est constituée. Ce « répertoire de pratiques commémoratives » comprend les dépôts de gerbe spontanés près des stades, le port de brassards noirs, les minutes de silence, les plaques commémoratives, les nommages de tribunes et, donc, les statues. MARKETING DE LA NOSTALGIE L’initiative en revient parfois aux collectivités, plus souvent aux supporters et aux clubs. Ces deux acteurs se retrouvent, avec des intentions différentes, sur le terrain de la nostalgie, notent les chercheurs Chris Stride, John P. Wilson et Ffion Thomas dans un article de la revue Sport in Society. Les uns pour rappeler un passé plus pur, les autres pour valoriser ce qui reste d’un patrimoine démantelé, entre autres, par la « McDonaldisation des stades », de plus en plus uniformes. Ce n’est pas un hasard si l’Emirates Stadium d’Arsenal détient un record de cinq statues (Kevin Friar, Herbert Chapman, Tony Adams, Dennis Bergkamp et Thierry Henry), comme pour compenser le sacrifice de Highbury. Les trois derniers cités, dans cet exemple, ont été statufiés de leur vivant, ce qui indique une tendance à chercher des références de plus en plus contemporaines. Mais Stride, Wilson et Thomas soulignent que la plupart des personnages choisis sont des personnalités des années 50, 60 ou 70, des époques dans lesquelles il est plus facile de trouver un sujet capable d’incarner un club dont il aura porté le maillot durant toute sa carrière. La surreprésentation des entraîneurs s’explique de la même manière. Selon ces chercheurs, les statues de footballeurs sont pour les clubs à la fois un signe ostentatoire de richesse, « une stratégie d’exploitation de la nostalgie », et un levier de consensus. Ils citent un président de club avouant, en off, que l’instigation d’un tel projet avait constitué « une assurance que les coupes dans le budget et le recrutement ne seraient pas critiquées ». BRONZE TYPE Si le Hazard mentionné plus haut évoque les œuvres de Niki de Saint-Phalle, l’académisme domine le genre, et rares sont les fantaisies modernistes et les prouesses sculpturales. Il s’agit de rendre hommage à une gloire footballistique locale, c’est-à-dire de s’en tenir au figuratif, et même au ressemblant. Une exigence illustrée par l’hilarité internationale qu’a suscitée le buste de Cristiano Ronaldo à Madère. Le bronze est le matériau quasiment exclusif et les poses choisies exploitent peu les ressources du geste sportif. Quand ils sont représentés en action, les joueurs poussent le ballon plus qu’ils ne tentent des volées acrobatiques. Dans les autres cas de figure, ils sont saisis dans des attitudes hiératiques (mais sans prétention, comme il sied à des working class heroes), parfois plus triomphales – tel Thierry Henry, dans la pose d’une célébration de but face au rival Tottenham en 2002. Le monde du football recherche moins l’onction d’une modernité artistique qu’une reconnaissance par la célébration de ses grands hommes, sur un mode très traditionnel. Chelsea FC (pour Peter Osgood) et Manchester United (pour Matt Busby et Bobby Moore) ont ainsi fait appel au sculpteur Philip Jackson, connu pour ses statues des récents monarques du royaume. On n’échappe toutefois pas complètement à la laideur. Elle poursuit décidément Cristiano Ronaldo, méconnaissable à Funchal, où une œuvre dressée sur un terre-plein met surtout en valeur la proéminence de ses organes génitaux dans le short. Mais l’exercice tolère mal la dérision. Ainsi François Pinault, acquéreur en 2014 de l’ensemble monumental (cinq mètres de haut) d’Adel Abdessemed, représentant le fameux coup de tête de Zidane à Materazzi en 2006, a logiquement envisagé de l’exposer (avant d’y renoncer) dans sa propriété de Dinard plutôt que devant le Roazhon Park, l’enceinte du Stade rennais dont il est également le propriétaire. L’installation avait déjà fait scandale sur le parvis du Centre Pompidou en 2012… LA PLACE DU VIDE Pour marquer son entrée à la fois dans l’histoire et dans la culture, le football a donc trouvé dans la statuaire figurative un raccourci efficace, dont la modestie esthétique tourne aussi le dos à l’exaltation du sportif – surhomme en marbre – prisée par certains régimes totalitaires, ainsi que l’illustrent le Foro italico de Rome (1928-1938) et le parc olympique de Berlin (1936). Chris Stride invoque la notion « d’icône creuse ». Non pas qu’elles soient vides, mais au contraire parce qu’on peut les remplir de différentes strates de signification : célébration de la victoire et du passé, culture partagée avec les supporters, image de marque du club, etc. Les statues de footballeurs se dressent paradoxalement dans l’espace laissé libre par la désuétude de la statuaire publique, l’abandon de la sculpture figurative par l’art moderne et la disgrâce des figures héroïques traditionnelles. Aux rois, maréchaux, saints, scientifiques et artistes succèdent les footballeurs, héros relativement consensuels et universels – en tout cas très contemporains. Ils ne prennent toutefois pas leur place, car ils restent très majoritairement aux abords des stades. On en trouve de temps en temps dans les parcs, rarement dans les hauts lieux urbains. À Reims, on souligne que l’effigie de Kopa fait face non au stade, mais au parc Léo-Lagrange, et on envisage une « allée des légendes » pour lui donner de la compagnie. APRÈS KOPA Le numéro 10 du Stade de Reims de l’équipe de France pourrait d’abord être rejoint par un autre meneur de jeu. L’association À la nantaise a lancé, au lendemain de la mort d’Henri Michel en avril dernier, une campagne de financement qui a réuni 6.000 euros à ce jour. Un match des anciens Canaris est prévu au Stade Marcel-Saupin pour le premier anniversaire de cette disparition, afin de lever d’autres fonds. Un financement tripartite est souhaité, qui associerait la souscription participative, la collectivité et un partenaire privé, pour un budget total de 90.000 euros – plus modeste qu’à Reims, en ligne avec le coût moyen des statues britanniques actuelles, estimé à 65.000 livres sterling. Soucieux de laisser les options ouvertes quant au choix de l’œuvre, Florian Le Teuff, président de l’association, caresse tout de même l’idée d’introduire quelque innovation dans le genre en imaginant un hologramme ou une impression 3D. Une manière de se mettre en ligne avec l’originalité qui caractérise les manifestations artistiques de la ville. Et, peut-être, l’occasion de remettre le football français sur la carte de la statuaire footballistique. Pour le reste, le projet est tout à fait en ligne avec les aspirations au fondement de la statuaire footballistique. « Henri Michel fait partie du patrimoine de la ville. Il incarne le jeu à la nantaise, la proximité entre les joueurs et les supporters, le football populaire », explique Florian Le Teuff avant d’ajouter : « Un peu de tout ce qu’on a perdu ». Le titre de « première » auquel a droit la statue de Raymond Kopa doit être pondéré par l’existence assez brève, et assez pathétique d’une effigie de footballeur qui, entre 2002 et 2013, s’est dressée dans l’angle extérieur des tribunes du Stade Saint-Symphorien de Metz. Représentant (assez approximativement) Zinédine Zidane, elle a été offerte par un supporter qui l’avait achetée à un sculpteur savoyard, comme le relate L’Équipe. Repeinte aux couleurs du club, cette statue en bois, posée sur un billot, a malencontreusement disparu à l’occasion de travaux. La thèse de la préméditation n’est pas exclue compte tenu de son caractère esthétiquement embarrassant. Photos : statue de Bobby Moore devant le Wembley Stadium / cc Neil Theasby statue de Thierry Henry devant l’Emirates Stadium / cc Ronnie Macdonald
21/12/2018
blog
http://latta.blog.lemonde.fr/2018/12/21/statues-de-footballeurs-des-erections-en-serie/
Dans la balance du vivant, les hommes ne pèsent pas bien lourd
Trois chercheurs israéliens et américains ont estimé en juin la masse totale des êtres vivants sur la Terre. Et les humains y tiennent une place ridiculement insignifiante.
La migration des gnous à queue noire au Kenya peut rassembler jusqu’à 1,5 million de têtes. MARTIN HARVEY / Biosphoto Combien pèsent tous les êtres vivants sur Terre ? C’est à cette question que trois chercheurs ont tenté de répondre le plus précisément possible dans une étude publiée en juin dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Selon eux, la masse totale de la vie sur notre planète – ce que l’on appelle la biomasse – est égale à 550 milliards de tonnes de carbone (mesurer seulement la masse de carbone, l’élément le plus abondant dans la chimie de la vie sur Terre, permet d’exclure la masse d’eau, qui peut varier fortement d’un individu à l’autre). Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’écrasante majorité de la masse du vivant vient du règne végétal. Les végétaux (au sens large) représentent 82 % de la masse totale avec 450 milliards de tonnes de carbone (Gt C). Suit une seconde surprise pour qui s’avancerait à mettre le règne animal en seconde position : les bactéries représentent le deuxième taxon (groupe d’organismes) le plus massif : pas moins de 70 Gt C sont dénombrées dans l’étude. Les champignons complètent le podium (eh oui !) avec une masse estimée à 12 Gt C. Suivent ensuite les archées et les protistes (des micro-organismes) avec des masses estimées respectivement à 7 et 4 Gt C. Les animaux ? Seulement 2 Gt C. Bien loin d’être les plus massifs, les humains ne représentent que 60 millions de tonnes de carbone, soit environ 1 166 fois moins que… les bactéries. Le graphique ci-dessous représente la répartition de la biomasse par grandes familles d’êtres vivants. En masse, les plantes dominent le monde Masse de la biosphère présente sur Terre, classée par familles d’êtres vivants (taxons), exprimée en milliards de tonnes de carbone (Gt C). Survolez les surfaces pour faire apparaître les informations. Plantes 450 Gt Bactéries 70 Gt Champignons 12 Gt Archées 7 Gt Protistes 4 Gt Virus 0,2 Gt Animaux 2 Gt Humains 0,06 Gt Si la vie sur terre est née dans les eaux, elle a depuis très largement migré sur les terres émergées de la planète, puisque celles-ci concentrent 86 % de la masse du vivant. Les milieux souterrains contiennent, eux, presque douze fois plus de biomasse que les milieux marins, qui n’abritent qu’un pourcent de la biomasse totale. L’immense majorité de la vie terrestre se trouve sur les terres émergées Répartition de la biomasse terrestre selon son type d’environnement. Souterrain : tout ce qui se trouve dans la croûte océanique, dans les sédiments du fond des mers et ce qui se trouve à plus de 8 mètres de la surface terrestre, en excluant les sols. PNAS Source : Si l’on s’intéresse aux taxons que l’on connaît le mieux, les règnes végétaux et animaux, on constate que les premiers sont quasi exclusivement terrestres, alors que les seconds sont très majoritairement marins. Ceci tient notamment au fait que les poissons sont beaucoup plus nombreux que les animaux terrestres, notamment les mammifères. Les plantes sont largement terrestres, mais les animaux majoritairement marins Répartition de la biomasse des plantes, animaux et bactéries selon leur type d’environnement. PNAS Source : La dramatique signature des humains Les auteurs notent que la masse des humains et du bétail (0,16 Gt C) surpasse largement celle de tous les mammifères sauvages de la planète (0,007 Gt C), signe de l’emprise des activités humaines sur la biomasse et des conséquences gigantesques qui ont suivi la naissance de l’agriculture, la domestication des animaux et la révolution industrielle pour la planète. Lire aussi Bienvenue dans l’ère géologique du poulet en batterie Les humains ont également largement contribué à l’extinction de la mégafaune au quaternaire depuis 50 000 ans : la masse des mammifères sauvages terrestres avant cette période a été estimée à 0,02 Gt C, alors qu’elle est à présent de 0,003 Gt C, soit une division par presque sept. Les activités humaines ont également réduit de 0,1 Gt C la biomasse des poissons, soit à peu près autant que la taille des populations restantes aujourd’hui dans les mers et les océans de la planète. L’impact de la civilisation humaine se mesure aussi nettement dans la biomasse végétale : il est estimé que la masse de la flore planétaire a été divisée par deux par rapport à son niveau précivilisationnel. Les mêmes tendances qui étaient hier à l’œuvre se poursuivent plus que jamais aujourd’hui, puisque le rythme d’extinction des animaux a été multiplié par cent depuis 1900. Lire aussi Le déclin massif de la biodiversité menace l’humanité Le recensement des trois chercheurs n’est pas parfait, ceux-ci font état de larges incertitudes quant à certains taxons. L’estimation de la masse de plantes est considérée comme solide, mais celles des autres, et notamment des archées, des animaux ou des virus, est soumise à des marges d’erreurs importantes. Mais ces travaux, qui sont les plus précis à ce jour, permettent de mieux comprendre la composition de la biosphère, et notamment la façon dont une espèce minoritaire, la nôtre, parvient à bousculer massivement les plus grands règnes vivants de la planète. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’anthropocène ou le chaos
21/12/2018
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/21/dans-la-balance-du-vivant-les-hommes-ne-pesent-pas-bien-lourd_5401032_4355770.html
Les Etats-Unis amorcent la fin de l’incarcération de masse
Une réforme pénale doit être signée par Donald Trump, visant à corriger les mesures judiciaires qui ont contribué à l’engorgement des prisons pendant trente ans.
La statue de George Washington dans la rotonde du Capitol, le Congrès américain, centre du pouvoir législatif, à Washington, le 20 décembre 2018. J. Scott Applewhite / AP Donald Trump devait célébrer un rare moment d’unité, vendredi 21 décembre, à quelques heures d’un possible blocage (shutdown) d’une partie de l’Etat fédéral. Le président des Etats-Unis avait en effet prévu de signer une réforme de la politique pénale adoptée définitivement la veille en présence, une fois n’est pas coutume, d’élus démocrates comme républicains. En souffrance depuis des années, ce texte vise à corriger des mesures radicales héritées des années 1980 et 1990 et considérées désormais comme des aberrations judiciaires. Ce consensus a déjà conduit plusieurs Etats, y compris réputés conservateurs comme le Texas, à remettre en cause l’incarcération de masse qui caractérise la politique pénale américaine. Avec 2 millions de détenus, soit 716 personnes pour 100 000 habitants (870 pour les Afro-Américains), le taux d’incarcération aux Etats-Unis compte parmi les plus élevés. Cette remise en question devait encore être actée par un texte au niveau fédéral. Lire aussi Trump nomme son nouveau ministre de la justice et sa nouvelle ambassadrice à l’ONU Donald Trump a pu se réjouir à juste titre de cette adoption définitive dès qu’a été connu le résultat favorable du vote de la Chambre des représentants, après celui du Sénat, deux jours plus tôt. Il a pesé de tout son poids pour que le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, se décide à inscrire le texte à l’ordre du jour. Il ne figurait pourtant pas au programme de la présidentielle de 2016, dans lequel il promettait, classiquement pour un républicain, de se montrer « dur » contre le crime. Lorsque le sénateur du Kentucky a argué d’un ordre du jour déjà très chargé, le président l’a publiquement pris à partie sur Twitter : « Espérons que Mitch McConnell demandera un vote sur la réforme de la justice pénale. Elle est extrêmement populaire et bénéficie d’un fort soutien bipartisan. Cela aidera également beaucoup de gens, fera économiser de l’argent aux contribuables et assurera la sécurité de nos collectivités. Vas-y Mitch ! » Révision de la procédure des peines planchers Le texte, promulgué vendredi, met fin à la loi dite « des trois coups » qui permet de prononcer des peines de prison à vie pour des personnes commettant un troisième délit ou crime, quelle qu’en soit la gravité. Il révise la procédure des peines planchers obligatoires qui a contribué à l’engorgement des prisons et permis des condamnations à perpétuité ou à des peines de plusieurs dizaines d’années d’incarcération pour des faits sans violence. Il prévoit en outre que la peine automatique pour des crimes ou ­des trafics de drogue avec violence sera réduite de vingt à quinze ans. Et une plus grande marge de manœuvre sera donnée aux juges, notamment pour les délits mineurs liés à la drogue. Une loi de 2010, qui prévoyait déjà de mettre fin à la disparité des peines entre les trafiquants de crack (plutôt afro-américains, condamnés à des peines plus longues) et de cocaïne (plutôt blancs et moins sévèrement punis), deviendra rétroactive. Enfin, le texte prévoit des fonds pour amé­liorer les conditions de détention des prisonniers ainsi qu’une meilleure réinsertion afin de limiter les récidives. Lire aussi Donald Trump reçoit Kim… Kardashian West à la Maison Blanche Le ministre de la justice limogé en novembre par Donald Trump, Jeff Sessions, avait longtemps ferraillé contre l’un des promoteurs opiniâtres du texte, le conseiller et gendre du président, Jared Kushner, pour tenter de la bloquer. Cet ancien sénateur républicain et ancien procureur de l’Alabama incarnait la résistance à cette réforme par fidélité idéologique au parti « de la loi et de l’ordre », comme le Grand Old Party a souvent aimé se définir. « Pouvoir rédempteur de la réinsertion » Le Parti démocrate a toujours milité en faveur de cette réforme, même s’il l’a jugée timide comme une bonne partie des organisations de défense des droits de l’homme. Mais le travail de conviction mené par une coalition hétéroclite rassemblant les milliardaires libertariens Charles et David Koch, la star de téléréalité Kim Kardashian et l’animateur de CNN Van Jones a buté sur les plus conservateurs du Parti républicain, conduit au Sénat par le jeune sénateur de l’Arkansas Tom Cotton. Dans les deux assemblées, les seuls et rares votes négatifs (12 contre 87 au Sénat, et 36 contre 358 à la Chambre) sont venus de ce camp. « Je me considère comme un membre du parti de la loi et de l’ordre, mais je suis également un contribuable sourcilleux et je crois dans le pouvoir rédempteur de la réinsertion », a expliqué pendant les débats le sénateur de l’Iowa Chuck Grassley, 85 ans, président de la Commission des affaires juridiques et symbole de l’évolution républicaine sur ces questions pénales. Une évolution justifiée pour certains au nom de leurs convictions religieuses, et pour d’autres par leur aversion pour les dépenses fédérales. « Nous sommes au cœur d’une crise d’incarcération massive et le moment d’agir est venu », Cory Booker, sénateur « Ne nous y trompons pas, ce projet de loi, qui est un petit pas, affectera des milliers et des milliers de vies », a assuré de son côté le sénateur afro-américain du New Jersey Cory Booker, pour tenter d’atténuer les frustrations des démocrates qui avaient souhaité que la rétroactivité concerne d’autres dispositions que celle qui permettra à 2 600 détenus de recouvrer la liberté. L’American Civil Liberties Union, la puissante organisation de défense des droits, a jugé, après le vote décisif du Sénat, que le texte est « en aucun cas parfait » ; « mais nous sommes au cœur d’une crise d’incarcération massive et le moment d’agir est venu », a-t-elle ajouté. Les déçus peuvent faire remarquer que la loi intitulée « Premier Pas » ne s’appliquera qu’à une minorité des détenus, les 10 % retenus dans des prisons fédérales, et non aux 27 % des centres de détention locaux comme ceux des comtés, ni aux 57 % des centres pénitentiaires des Etats. Mais elle n’en constitue pas moins la première tentative de correction au niveau fédéral d’une dérive de plus de trente ans.
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/les-etats-unis-amorcent-la-fin-de-l-incarceration-de-masse_5401026_3210.html
Concert : du boogie-woogie après la messe de minuit
Oubliez le bêtisier à la télé le soir de Noël, un maître du genre, Jean-Paul Amouroux, fera danser le Caveau de la Huchette.
Le pianiste de jazz Jean-Paul Amouroux. FESTIVAL BOOGIE WOOGIE LA ROQUEBROU Avis aux esseulés, aux desdichados, aux solitaires ou délaissés qui ont du mal avec les fêtes de fin d’année. A ceux qui ne conservent pas le meilleur souvenir de leur réveillon solo en 2017 : raviolis réchauffés dans l’évier, un quart de Kiravi, une bouiffe de vapoteuse, soirée bêtisier à la télé. Avis aussi aux amoureux du boogie-woogie : Jean-Paul Amouroux, un des maîtres du genre, est au Caveau de la Huchette à Paris ce 25 décembre. Né à Aurillac en 1943, Jean-Paul Amouroux saute sur le piano dès l’âge de 7 ans. Etudes classiques, champion du Royaume de la musique à 10, il découvre le boogie-woogie à 14 et vire professionnel en 1973. La légende veut que sa mère ait brisé son premier 45-tours (Pete Johnson), cette « musique de cannibales, de sauvages, de nègres »… On peut préférer Minuit, chrétiens par Tino Rossi. Le boogie a mieux résisté aux affres du temps et des modes. Aurillac aurait dû pourtant savoir que Mr Pete Johnson (1904-1967) était, comme son oncle Charles « Smash » Johnson qui lui apprit le piano, un prince d’autant plus distingué qu’il avait commencé par les barrelhouses et autres honky-tonks de Kansas City (Missouri). Plus tard, les rent parties, ces fêtes organisées pour payer le loyer… Le boogie-woogie est moins un style qu’un de ces courants qui irriguent la musique afro-américaine Invité au récital Spirituals to Swing, à Carnegie Hall, en 1938, on appréciait qu’il mâtinât son genre du swing propre à Kansas City. Le boogie-woogie est moins un style qu’un de ces courants qui irriguent la musique afro-américaine. Onomatopée ferroviaire d’origine aussi floue que celle du mot « jazz », elle permet d’illustrer une pratique plutôt athlétique du clavier. Sans compter que comme dirait Freud, qui touchait sa bille en matière de chemins de fer, « il y a du sexuel là-dessous ». Le boogie-woogie est un genre très facile à jouer mal. Le pianiste et musicologue Philippe Baudoin y voit « une manière spéciale d’interpréter le blues » : la grille fondatrice, main gauche ambulante, puissante, directe, harmonies strictes, main droite par riffs ou ornements, entrain trompeur… Le tout avec le sourire. Ici, la technique donne des idées. Pas de convulsions terribles ni de chantage au lyrisme. Prosélyte fervent Pour Baudouin, c’est « le plus “africain” de tous les styles de piano, par son caractère rythmique et obsessionnel ». Qu’Amouroux reprenne au vol le flambeau du boogie-woogie en plein mondes parallèles des « jazz » (le free sonne partout, le hard bop triomphe, le R’n’Best au sommet) ne saurait étonner. ­Résurgence, vitalité, post-modernité ? Peu importe. D’une grande élégance, Amouroux est vite reconnu par les maîtres. Il enregistre avec Milt Buckner et Sam Woodyard (ex-batteur de Duke Ellington) ; à deux pianos, avec Willie Mabon, Memphis Slim, ou Sammy Price (rythmique de Count Basie) ; à trois pianos, avec Sammy Price et Jay McShann, un des premiers employeurs, soit dit en passant, de Charlie Bird Parker. Le « jazz » est une passe. Prosélyte fervent, Amouroux porte la divine parole à Radio Soleil (1983-1985), récidive avec Jean-Michel Proust sur France Inter et TSF (1995-1997), se fait historien pour Soul Bag (1985-1986), présente des films rares, crée à La Roquebrou (Cantal) le plus grand festival de boogie (10e édition, du 8 au 18 août 2019), fonde un big band, et en 2014, il enregistre avec des musiciens du Burkina Faso. Club mythique Les touchants partisans du monde nouveau en jazz – ni droite ni gauche, maintenir simplement le cap ! – auraient dû s’aviser de Monk, Jaki Byard (le pianiste de Mingus), nombre de citations de l’Art Ensemble, Martial Solal, Henry Butler. Pianos solos, big bands, fragments de free, chanteurs blancs, rock’n’roll, le boogie-woogie n’a jamais quitté l’affaire. A contrario, tous les jeunes pianistes que le marché idolâtre ­façon Kleenex ont le génie d’échouer aux portes étroites de leur main gauche. Tentés de faire, un rien brechtiens, une incursion dans le style ancien, on voit à la première mesure comme ils sont loin du compte. Même Keith Jarrett, quand il s’y risque, reste modeste. Il sait. Le 25 décembre, Jean-Paul Amouroux se produit donc au ­Caveau de la Huchette. Club mythique dirigé par un musicien, Dany Doriz. D’excellents danseurs s’y produisent encore. Et toujours les meilleurs musiciens. Depuis le succès prodigieux de La La Land, ce nanar désolant dont une scène est tournée à la Huchette, des zombies de partout errent le nez collé au GPS du smartphone, avant de plonger et ressusciter dans le très innocent gouffre du Caveau. Il en coûte 13 euros. Allez, ne soyez pas chien : évitez l’abominable moit-moit. Jouez-la à l’ancienne : payez les consos. C’est Noël ! Jean-Paul Amouroux, le 25 décembre, au Caveau de la Huchette, 5, rue de La Huchette, Paris 5e. Boogie Woogie Piano. Chicago-New York, 1924-1945, présentation : Jean Buzelin, Frémeaux & Associés, 2 CD.
21/12/2018
musiques
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/12/21/concert-du-boogie-woogie-apres-la-messe-de-minuit_5401023_1654986.html
Le Conseil constitutionnel saisi d’un recours sur les examens osseux des migrants mineurs
Les « sages » doivent statuer dans les trois mois sur ces examens décriés. Ils ont été saisis du cas d’un jeune Guinéen assurant avoir 15 ans à son arrivée en France.
Le Conseil constitutionnel s’apprête à statuer sur les examens osseux effectués pour déterminer l’âge des mineurs étrangers isolés. Les « sages » doivent se prononcer dans les trois mois sur la conformité à la Constitution de ces tests. Cette question prioritaire de constitutionnalité (QPC) leur a été transmise par la Cour de cassation, vendredi 21 décembre. La QPC a été soulevée par la défense d’un jeune Guinéen qui avait assuré avoir 15 ans à son arrivée en France, en 2016. Renvoyé vers le conseil départemental de l’Ain, il avait refusé de se soumettre à ces examens radiologiques censés permettre de déterminer son âge, mais dont la fiabilité est vivement critiquée médicalement et judiciairement. Un juge des enfants en avait déduit en 2017 qu’il n’était pas mineur et avait levé son placement auprès de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Radio de la main ou du poignet Le jeune homme avait fait appel en acceptant cette fois les tests osseux. En juillet, la cour d’appel de Lyon avait estimé son âge entre 20 et 30 ans, confirmant qu’il ne bénéficierait pas de l’ASE. Il avait formé un pourvoi en cassation. A l’appui de ce pourvoi, qui a été examiné mardi par la Cour de cassation, sa défense a déposé une QPC visant l’article 388 du code civil, qui encadre depuis 2016 le recours à ces examens radiologiques – souvent de la main ou du poignet – pour déterminer l’âge d’un jeune. Utilisés dans de nombreux pays européens pour déterminer l’âge des jeunes migrants lorsqu’un doute subsiste, ces examens de maturité osseuse sont très critiqués, notamment par les associations d’aide aux migrants et certains médecins et professionnels de la justice. Une circulaire de 2013 de la garde des sceaux Christiane Taubira préconisait que ces examens dussent intervenir en dernier recours ; pourtant l’examen médical reste souvent pratiqué aujourd’hui. Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a salué dans un communiqué la décision de la Cour de cassation, jugeant que c’était « une étape importante pour les droits fondamentaux des enfants ». Pour lui, le recours à ces examens « invasifs et non fiables constitue une violation des droits constitutionnels de l’enfant ». Selon les estimations officielles, le nombre de mineurs non accompagnés pris en charge par les départements pourrait passer de 25 000 en 2017 à 40 000 cette année. Le jeune Guinéen à l’origine du recours sera lui « bientôt majeur », compte tenu des délais de procédure, a expliqué son avocate. Quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, « les incidences seront réduites » pour lui. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le gouvernement face au défi de la prise en charge des mineurs étrangers non accompagnés
21/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/le-conseil-constitutionnel-saisi-d-un-recours-sur-les-examens-osseux-des-migrants-mineurs_5401017_3224.html
Danse : Sylvain Groud, du travail de pro
Le chorégraphe présente, à la Philharmonie de Paris, « Let’s Move ! », un spectacle participatif associant 80 amateurs.
Le chorégraphe Sylvain Groud et un groupe d’amateurs lors d’une répétition du spectacle participatif, « Let’s Move ! », à Roubaix. LA VOIX DU NORD Le chorégraphe Sylvain Groud a beau avoir pris froid, samedi 15 décembre, le voilà qui se met soudain à siffler plein pot un tube de West Side Story dans la cafétéria de la Philharmonie, à Paris, avant de se lancer au milieu des tables, les bras en V, en chantant un air de La La Land. Il est comme ça, Sylvain Groud, toujours à fond, partageur sans conditions. On rêve, l’espace d’une seconde, que les consommateurs se lèvent et lui emboîtent le pas pour faire surgir un invraisemblable chorus. Ce sera pour une autre fois. Sylvain Groud, chorégraphe : « C’est incroyable, mais ces chansons font partie d’une culture commune » En revanche, quelques minutes plus tard, dans un studio de répétition où Groud a rassemblé une centaine d’amateurs pour ­finaliser le spectacle participatif Let’s Move !, présenté samedi 22 décem­bre à 17 heures, ça chauffe, ça claque des doigts, ça hulule ! « Cette production est une commande de la Philharmonie, avec laquelle je collabore pour la troisième fois, explique Groud, directeur du Ballet du Nord. Le thème est celui de la comédie ­musicale. Au départ, j’avais peur que le sujet soit un peu facile et ­assez risqué aussi. J’ai revu les films de la plupart des gros succès du genre et j’ai eu tellement de plaisir que le projet s’est imposé. » Le chorégraphe a sélectionné certains titres de West Side Story, Singing in the Rain, Hair, Mary Poppins, pour lesquels il a imaginé de courtes chorégraphies, avec une équipe de cinq interprètes professionnels. « C’est incroyable, mais ces chansons font partie d’une culture commune, s’exclame-t-il. Les questions que j’ai envie de poser à travers cette production sont : où se situe le plaisir ? Que croit-on retenir de ces moments connus de tous ? Dans quel état de corps est-on lorsque nous nous accordons le droit de chanter ? » « Des liens entre le son et le geste » Dans chaque théâtre où le spectacle est présenté depuis sa création, le 17 novembre, au Colisée, à Roubaix, un appel est lancé aux amateurs locaux aimant chanter et danser. A Paris, ils sont quatre-vingts, âgés de 14 ans à 64 ans, à avoir répondu présents. Au gré d’une vingtaine d’heures d’ateliers préalables, ils apprennent les airs et les chorégraphies avec Sylvain Groud et la chef de chant, Jeanne Dambreville. « Je suis le travail de Sylvain depuis plusieurs années et j’amène ici un lien entre la technique vocale et le mouvement, précise-t-elle. Il ne s’agit pas de ­superposer les deux, mais de chercher des liens entre le son et le geste. Danser en chantant permet de faire sonner la voix différemment en aidant la personne d’un point de vue rythmique. »
21/12/2018
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/21/danse-sylvain-groud-du-travail-de-pro_5401015_3246.html
Certains « gilets jaunes » trouvent une « famille » sur les ronds-points
Le mouvement, apparu le 17 novembre, a fait naître une forme de solidarité et de fraternité chez ceux qui ne s’étaient jamais révoltés.
C’est l’heure du dîner au campement des « gilets jaunes » du rond-point dit du Jardiland, à Saint-Clement (Yonne), le 10 décembre. BENJAMIN GIRETTE / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" « Râleurs des canapés, mettez vos gilets ! », annonce la pancarte posée bien en vue contre un pylône du rond-point. L’air de rien, elle dit beaucoup de ce qu’est le mouvement des « gilets jaunes » : la révolte de ceux qui, jusqu’ici, ne s’étaient jamais révoltés et bougonnaient seuls, chez eux, devant leur télévision. Il y a un mois, ils ont éteint leur écran, enfilé leur gilet. Et sur l’échangeur de la nationale ou le terre-plein à côté du péage, ils ont rencontré des inconnus qui leur ressemblent, avec qui ils refont désormais le monde autour d’un feu de bois, en buvant le café. Au-delà de leurs revendications toujours vives sur le pouvoir d’achat ou la crise démocratique, c’est aussi cela qui les fait continuer la lutte : le plaisir de s’être trouvé cette nouvelle « famille », comme ils aiment désormais à le dire. « Ici tout le monde se raconte et on se rend compte qu’on a un peu tous les mêmes problèmes » « Ah ça, le répertoire s’est rempli, c’est vrai qu’on s’est fait des amis ! », s’enthousiasme Jessica, mère au foyer rencontrée dans l’Yonne. « Les gens pensaient qu’il n’y avait qu’eux qui avaient des difficultés. Mais ici tout le monde se raconte et on se rend compte qu’on a un peu tous les mêmes problèmes. La misère de chacun, elle nous touche », explique Bernard, ancien thermicien dans une centrale nucléaire. Mobilisé à Montchanin (Saône-et-Loire) depuis le 17 novembre, malgré, explique-t-il, « ses 74 ans et ses deux cancers ». Il nous rappelle cet autre retraité croisé à Saint-André-de-Cubzac (Gironde). En chimiothérapie, il bravait le froid glacial pour retrouver les « gilets jaunes » au bord de la nationale, tous les après-midi : « Ça me change les idées, chez moi c’est sinistre, je m’ennuie. » « Ici, il y a une alliance entre la recherche du bien et la recherche de liens, philosophe Guy, garçon de café à la retraite, autour du feu de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Des gens qui s’isolaient dans leur précarité, en se retrouvant, recréent du sens. Il y a une faim de vie. » Sur le camp de base des gilets jaunes au Magny, à hauteur de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), le 18 décembre. ARNAUD FINISTRE POUR LE MONDE Ce bon vieux temps où l’on n’avait pas la télé A Montchanin, les « gilets jaunes » racontent comment ils se sont démenés pour qu’un des leurs, handicapé par deux AVC, retrouve le chauffage. « Par fierté, il a longtemps rien osé dire, s’émeut Bernard. Mais c’est la force de ce mouvement. Et moins Macron nous entend, plus les gens se ressoudent ! Le peuple, il est en train de tout se ressouder, et c’est ça qui leur fait peur ! »
21/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/certains-gilets-jaunes-trouvent-une-famille-dans-leur-lutte-sur-les-ronds-points_5401011_3224.html
Au Burkina Faso, trois personnes abattues dans le nord du pays
Trois Burkinabés, dont deux élus locaux, ont été tués dans la province de l’Oudalan dans la nuit du jeudi 20 décembre, « probablement par des groupes djihadistes ».
Google Maps Trois personnes, dont deux élus locaux de Manssifigui, un village du nord du Burkina Faso, ont été abattues dans la nuit du jeudi 20 décembre par des individus armés, ont indiqué à l’AFP des sources sécuritaire et locale. « Un conseiller municipal et son fils et le président du comité villageois de développement de Manssifigui ont été enlevés et exécutés par des individus armés », a déclaré une autorité locale, sous le couvert de l’anonymat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Burkina Faso, les forces de sécurité démunies face aux djihadistes Une source sécuritaire, jointe par l’AFP, a confirmé l’attaque, évoquant des « assassinats ciblés » perpétrés « probablement par des groupes djihadistes » qui sévissent dans la région. Manssifigui est un village situé à 12 km de la commune de Tin-Akoff, chef-lieu du département situé dans la province de l’Oudalan, dans le nord du Burkina Faso. Plus de 255 morts depuis 2015 Ces individus armés, « une dizaine », sont arrivés à bord d’engins à deux roues, « tirant en l’air avant de se rendre au domicile du conseiller municipal et l’ont fait sortir avec un de ses fils », a expliqué cette source. « Ils ont également enlevé le président du comité villageois de développement et ont abattu les trois personnes à l’intérieur du village et sont repartis en tirant toujours en l’air », a-t-elle poursuivi. Un habitant a été blessé par balle, a précisé la source. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Burkina Faso, nouveau maillon faible dans la lutte antidjihadiste Le nord du Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est le théâtre d’attaques djihadistes régulières depuis le premier trimestre 2015, ainsi que l’est du pays. Les habitants de ces zones vivent dans la psychose des attaques qui ont déjà causé la mort de plusieurs civils. Selon un décompte de l’AFP, les attaques attribuées aux groupes djihadistes ont fait plus de 255 morts depuis 2015. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises, avec un bilan total de près de 60 morts.
21/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/21/au-burkina-faso-trois-personnes-abattues-dans-le-nord-du-pays_5401008_3212.html
Total condamné à 500 000 euros d’amende pour corruption en Iran
Total était jugé pour avoir versé environ 30 millions de dollars de pots-de-vin à des intermédiaires entre 2000 et 2004, pour l’obtention d’un énorme contrat gazier en Iran en 1997.
Le siège de Total à la Défense, en janvier 2018. ERIC PIERMONT / AFP Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, vendredi 21 décembre, le grand groupe pétrolier Total à une peine symbolique de 500 000 euros d’amende pour « corruption d’agent public étranger » en marge de la signature d’un énorme contrat gazier en Iran en 1997. Total était jugé pour avoir versé quelque 30 millions de dollars de pots-de-vin à des intermédiaires entre 2000 et 2004, pour l’obtention de ce contrat concernant le gisement gazier de South Pars, dans le golfe Persique, sur fond d’embargo états-unien. Le parquet avait demandé sa condamnation à l’amende maximale, 750 000 euros, et surtout à une lourde peine complémentaire : la confiscation sur les comptes de la multinationale de 250 millions d’euros, équivalant au « produit de l’infraction ». Le groupe pétrolier a échappé à cette confiscation. Contrats de « consulting » Les avocats du pétrolier, qui avaient demandé la nullité des poursuites, puis plaidé sa relaxe, affirmant notamment que le délit de « corruption » n’était pas constitué, n’ont pas souhaité s’exprimer à l’issue du délibéré. Le groupe français est le seul prévenu restant dans ce dossier ancien. Parmi les trois hommes qui étaient poursuivis, l’ancien PDG de Total Christophe de Margerie et un intermédiaire iranien sont morts. Un second intermédiaire iranien, Abbas Yazdi, est présumé mort, mais en l’absence d’acte de décès, le tribunal l’a condamné à quatre ans de prison. L’enquête, ouverte en 2006 en France, portait initialement sur deux contrats : le contrat gazier South Pars de 1997, d’une valeur de 2 milliards de dollars, mais aussi un contrat conclu en juillet 1995 pour l’exploitation des champs pétroliers iraniens de Sirri A et E, également dans le Golfe. En marge de ces deux accords, Total est soupçonné d’avoir versé 60 millions de dollars de pots-de-vin entre 1995 et 2004 par des intermédiaires et une société-écran, Baston Limited, à destination d’un fils de l’ancien président de la République islamique d’Iran Rafsanjani, haut placé dans le secteur pétrolier public iranien, sous couvert de contrats de « consulting ». La multinationale n’est jugée que pour les commissions versées après 2000, après l’entrée en vigueur de la loi sur la corruption d’agents publics étrangers : 30 millions de dollars, liés uniquement au contrat South Pars. Le procès, initialement prévu sur quatre jours en octobre, avait été écourté, car Total, qui a conclu une transaction à 398 millions de dollars aux Etats-Unis en 2013 pour l’ensemble de l’affaire, estime que cet accord états-unien lui interdit de discuter le fond du dossier. Lire aussi Les sulfureuses relations des pétroliers Total et Eni au Congo
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/total-condamne-a-500-000-euros-d-amende-pour-corruption-en-iran_5401005_3210.html
Un ancien prêtre condamné à six mois ferme pour agressions sexuelles à Saint-Etienne
L’octogénaire a abusé de jeunes garçons pendant des années lors de camps de vacances d’été qu’il organisait en Savoie.
Un ancien prêtre de 85 ans a été condamné, vendredi 21 décembre, par le tribunal correctionnel de Saint-Etienne à dix-huit mois de prison, dont six mois ferme, pour des agressions sexuelles sur un mineur dans les années 1990. Régis Peyrard, ancien aumônier d’un lycée de Montbrison (Loire), était suspecté d’avoir profité de sa fonction d’organisateur de camps de vacances d’été à Peisey-Nancroix, en Savoie, pendant de nombreuses années, pour abuser de jeunes garçons. L’ex-prêtre, absent à l’audience vendredi, était poursuivi dans cette affaire par un chef d’entreprise de la région stéphanoise, aujourd’hui âgé de 38 ans, principalement pour des attouchements subis quand il avait 11 et 12 ans. Ses plaintes, déposées en 2000 et 2001, avaient été classées sans suite, avant d’être déposées une nouvelle fois et retenues, à la lumière d’éléments nouveaux en 2017. Des dizaines de victimes Le parquet de Saint-Etienne, qui estime à plusieurs dizaines le nombre de victimes de M. Peyrard, avait requis une peine de trois ans de prison, dont la moitié avec sursis. « Un rempart vient de s’effondrer, la soutane ne protégera plus Régis Peyrard, mais il n’ira pas en prison, c’est trop tard », a regretté après le verdict l’avocat de la victime, Jean Sannier, anticipant un aménagement de peine pour l’ancien religieux. « En France, on peut abuser de dizaines d’enfants et ne pas aller en prison. (…) Les faits ont été démontrés, il a avoué », a également déploré Jean-François Roche, l’une des nombreuses victimes présumées. Au début des années 2000, l’ancien prêtre avait avoué à sa hiérarchie avoir commis des abus sexuels sur des mineurs entre les années 1980 et 1990. Mais les dizaines de plaintes et signalements transmis à l’Eglise et à la justice n’avaient pu jusqu’ici déboucher sur des poursuites, car les faits étaient prescrits. L’évêque du diocèse de Saint-Etienne, Sylvain Bataille, avait annoncé en juillet 2017 que le prêtre avait été relevé de son ministère depuis 2000, « parallèlement au signalement à la justice » d’agressions sexuelles sur mineurs.
21/12/2018
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/21/un-ancien-pretre-condamne-a-six-mois-ferme-pour-agressions-sexuelles-a-saint-etienne_5401002_1653578.html
Affaire Huawei : le casse-tête chinois de Justin Trudeau
Pékin détient un troisième ressortissant canadien, après qu’Ottawa a arrêté la directrice financière du groupe de télécoms à la demande des Etats-Unis.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau, durant une conférence de presse, à Ottawa, le 19 décembre. Adrian Wyld / AP Le ministère chinois des affaires étrangères a confirmé, jeudi 20 décembre, l’arrestation de Sarah McIver, une enseignante canadienne accusée de travailler illégalement en Chine. La porte-parole du ministère, Hua Chunying, a précisé qu’elle était passible de « sanctions administratives ». Cette affaire n’a pas la gravité des accusations de menace à « la sécurité nationale » émises à l’encontre de deux autres Canadiens récemment arrêtés. Mais les autorités chinoises savent devenir tatillonnes sur le respect des règles administratives quand elles le considèrent opportun. Cette troisième arrestation d’un ressortissant canadien avait, en tout cas, mercredi 19 décembre, attisé les craintes au Canada, en porte-à-faux entre la Chine et les Etats-Unis depuis l’arrestation à Vancouver de Meng Wanzhou, directrice financière du groupe Huawei. La fille du fondateur de Huawei, géant chinois des télécommunications, a été arrêtée le 1er décembre en vertu d’une demande des Etats-Unis qui la soupçonnent de complicité de fraude pour contourner les sanctions américaines contre l’Iran. Mme Meng a été remise en liberté sous caution le 12 décembre, en attente d’une audience d’extradition en février. Poursuivre le processus d’extradition Début décembre, le gouvernement chinois a menacé Ottawa de « conséquences graves » si Mme Meng n’était pas libérée. Le gouvernement canadien maintient que la séparation des pouvoirs politique et judiciaire au Canada impose de laisser se poursuivre le processus de demande d’extradition de Mme Meng, formulée par les Etats-Unis. Ont suivi les arrestations de Michael Kovrig, ex-diplomate employé par l’ONG International Crisis Group, puis celle de l’homme d’affaires Michael Sparov, consultant, spécialiste de la Corée du Nord. Les autorités chinoises ont attendu quatre jours dans le cas de M. Kovrig et six pour M. Spavor avant d’autoriser des diplomates canadiens à rencontrer les deux accusés. M. Kovrig n’a ni vu d’avocat ni été autorisé à être libéré sous caution. Il serait interrogé du matin au soir, et obligé de dormir avec les lampes allumées, a déclaré une source à Reuters. Des exceptions dans les lois chinoises permettent de limiter l’accès à un avocat dans les cas de menaces à la sécurité nationale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’affaire Huawei touche à la rivalité stratégique entre la Chine et les Etats-Unis » « Nous avons déjà dit que la Chine avait, conformément à la loi, garanti les droits légaux de Michael Kovrig et son traitement humanitaire », a déclaré la porte-parole chinoise Hua Chunying lors du point de presse quotidien du vendredi 21 décembre. Tout en ajoutant, au sujet de la directrice financière de Huawei : « Je ne sais pas si vous avez prêté attention au traitement ou aux droits de l’homme du citoyen chinois qui a été illégalement détenu au Canada à la demande des Etats-Unis ? » « Nous prenons chaque cas au sérieux », avait déclaré mercredi le premier ministre canadien Justin Trudeau, interrogé lors de sa conférence de presse de fin d’année à Ottawa. L’affaire Huawei et ces trois arrestations avaient dominé les échanges avec les journalistes. « Une approche axée sur les résultats » Face à ceux qui lui reprochent de ne pas réagir plus fermement vis-à-vis de la Chine, M. Trudeau revendique « une approche axée sur les résultats », soit la libération des détenus canadiens. Il veut éviter de jeter de l’huile sur le feu, estimant que « politiser la situation ne va pas forcément contribuer à la résoudre » et pourrait même « compliquer la libération des Canadiens ». M. Trudeau s’est montré embarrassé mercredi sur les suites à donner à un projet 5G mené par le groupe chinois au Canada. Les tensions diplomatiques commencent à pénaliser des entreprises canadiennes qui travaillent avec la Chine, comme la marque de vêtements Canada Goose qui a retardé l’ouverture d’un magasin dans ce pays. Certains des 140 000 étudiants chinois qui étudient chaque année au Canada pourraient aussi bouder le pays et se tourner vers d’autres, a prévenu mardi le Global Times, quotidien chinois proche du régime. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Téléphonie : 5G, la course est lancée L’inculpation jeudi de deux hackers chinois par les Etats-Unis, suivant le refus par plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, certains opérateurs en France) d’autoriser Huawei à déployer son réseau téléphonique 5G sur leurs territoires par crainte d’espionnage, risque fort d’aggraver ces tensions. M. Trudeau s’est montré embarrassé mercredi sur les suites à donner à un projet 5G mené par le groupe chinois au Canada. C’est, a-t-il dit, « une décision très importante que nous devrons prendre », laissant entendre que cela devrait être pour bientôt. Déjà bien implanté au Canada, le groupe a notamment financé des projets dans treize universités canadiennes pour un montant de 50 millions de dollars canadiens (32,6 millions d’euros) au cours des dernières années.
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/affaire-huawei-le-casse-tete-chinois-de-justin-trudeau_5401000_3210.html
Influence chinoise : « Les pays occidentaux doivent éviter les réactions excessives »
Face déploiement de la puissance de Pékin dans le monde, les pays ciblés doivent exiger plus de transparence, explique le politologue Minxin Pei dans une tribune au « Monde ».
Le président chinois, Xi Jinping, et son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, à Pékin, le 10 décembre 2018. Andy Wong / AP Tribune. Depuis la fin de la guerre froide, les pays occidentaux ont consacré énormément de moyens pour tenter d’induire une libéralisation politique en Chine, y compris par des programmes de promotion de l’Etat de droit, de la société civile, de la transparence et de l’exercice par le gouvernement de ses responsabilités. Les résultats ont toutefois été décevants. Loin de tendre vers une plus grande démocratisation, la Chine a, ces derniers temps, régressé vers un autoritarisme inflexible. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les Occidentaux inquiets face à la présence de la Chine dans le Pacifique Sud Le trafic d’influence de la Chine dans les pays occidentaux a fait l’objet de rapports dans les médias et d’études de groupes de réflexion, de commentaires de politiciens haut placés reflétant leur préoccupation. La campagne d’influence de la Chine consiste à nouer des liens avec des politiciens occidentaux, à établir des Instituts Confucius partout dans le monde pour promouvoir la langue et la culture chinoises, à élargir la portée des réseaux de propagande officiels chinois et à offrir des donations aux institutions universitaires avec lesquelles ses propres universités ont des programmes d’échange. Face à ces procédés, les institutions et dirigeants occidentaux doivent opérer une distinction entre, d’une part, les activités parrainées par l’Etat chinois, et d’autre part, les échanges culturels, civiques et pédagogiques. Mais ils ne doivent pas non plus rejeter d’emblée toute possibilité de coopération avec des individus et organismes chinois. Cette approche ne conduirait pas seulement des particuliers et des organisations des pays occidentaux à rater de précieuses occasions, mais permettrait également au Parti communiste chinois de renforcer son contrôle sur les flux d’informations, de manipuler plus aisément l’opinion publique et de forger à sa guise les discours dominants. Code de conduite commun Si les pays occidentaux doivent rester vigilants, ils doivent aussi éviter les réactions excessives. Une donation d’une entreprise étatique chinoise à, par exemple, une institution culturelle ou universitaire occidentale doit être traitée avec la plus grande précaution, voire rejetée sur-le-champ, parce qu’elle compromettrait la réputation du bénéficiaire ou limiterait sa marge de manœuvre. Mais un don d’un riche homme d’affaires chinois devrait être bienvenu, sous réserve qu’il se fasse dans des conditions transparentes et qu’il ne soit pas assorti de conditions qui contreviennent au mandat du donataire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Taïwan, des élections sous influence chinoise En fait, la transparence est l’un des moyens les plus efficaces pour protéger les systèmes démocratiques occidentaux de la stratégie d’influence de la Chine. Des obligations d’information publique sur l’origine et les clauses des dons accordés à des politiciens ou partis politiques, à des institutions civiles et universitaires, ainsi qu’une déclaration des participations détenues par le gouvernement chinois dans les médias pourraient limiter la possibilité pour la Chine d’exercer une influence par le biais d’acteurs apparemment privés. Un code de conduite commun relatif aux relations avec la Chine garantirait également que les valeurs démocratiques soient préservées dans toute transaction ou collaboration.
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/influence-chinoise-les-pays-occidentaux-doivent-eviter-les-reactions-excessives_5400997_3232.html
« L’Afrique vit un moment charnière dans les relations commerciales Nord-Sud »
Dans un monde multipolaire, les pays africains peuvent mieux faire valoir leurs avantages comparatifs et s’affranchir des multinationales, analyse l’économiste Célestin Monga, dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Pour les futurs historiens, l’année 2018 pourrait bien marquer le moment où l’Afrique a commencé à revendiquer son indépendance intellectuelle et sa volonté de mener sa propre politique économique. L’improbable déclencheur de ce qui pourrait se révéler un changement d’orientation stratégique de tout le continent a été la décision du Rwanda d’augmenter les droits de douane sur les importations de vêtements et chaussures d’occasion afin de soutenir l’industrie locale de l’habillement. La mesure a provoqué une réaction hostile de la part des Etats-Unis, qui ont suspendu la franchise douanière qu’ils accordaient jusqu’ici aux importations de textile rwandais dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), principale disposition législative américaine régissant le commerce avec l’Afrique. Pour un petit pays africain enclavé qui dépend largement du commerce, le coup a été rude. Mais le fait que le Rwanda n’ait pas cédé montre que les temps ont changé. Si le Rwanda est prêt à risquer de perdre son accès préférentiel au marché américain afin de développer son industrie nationale de l’habillement, c’est qu’il a de bonnes raisons de penser qu’il trouvera des marchés alternatifs pour ses exportations. D’autres pays africains ont également adopté des attitudes plus indépendantes vis-à-vis des grandes puissances commerciales. Ce n’est pas que pour des raisons économiques que les gouvernements africains tendent aujourd’hui à s’affirmer ; c’est aussi pour des raisons de dignité et de volonté de définir leur propre voie. Plus largement, les dirigeants africains reconnaissent que la transformation actuelle de l’économie mondiale signifie qu’aucun pays ne disposera de la puissance suffisante pour imposer ses préférences stratégiques aux autres. Réduire les obstacles aux chaînes logistiques Les recherches empiriques menées par le Forum économique mondial (FEM) montrent que la réduction des droits de douane et l’accès aux marchés influencent beaucoup moins la croissance économique qu’il y a une trentaine d’années. Le commerce ne se résume plus au fait de fabriquer un produit dans un pays et de le vendre ailleurs ; aujourd’hui il s’agit bien plus de coopérer au-delà des frontières et fuseaux horaires afin de minimiser les coûts de production et maximiser la couverture du marché. Les guerres commerciales en cours perturbent les chaînes d’approvisionnement. Mais les nouvelles contraintes vont aussi stimuler la créativité et l’innovation Le FEM estime que « la réduction des obstacles aux chaînes logistiques pourrait accroître le PIB [mondial] jusqu’à six fois plus que la suppression des tarifs à l’importation ». Si tous les pays étaient en mesure de rehausser le niveau de performance de leur administration douanière, ainsi que leurs infrastructures de transport et de communications, à ne serait-ce que la moitié du niveau de la meilleure pratique mondiale, le PIB planétaire augmenterait de 2 600 milliards de dollars (soit + 4,7 %), et les exportations totales croîtraient de 1 600 milliards de dollars (+ 14,5 %). En comparaison, l’élimination des tarifs douaniers dans le monde entier ne ferait progresser le PIB global que de 400 milliards de dollars (+ 0,7 %), et les exportations de 1 100 milliards (+ 10,1 %).
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/l-afrique-vit-un-moment-charniere-dans-les-relations-commerciales-nord-sud_5400994_3232.html
« Les travailleurs ne doivent pas être les dindons de la croissance »
L’économiste indienne Jayati Ghosh constate, dans une tribune au « Monde », que les salariés des pays en développement profitent de moins en moins de la mondialisation, rejoignant en cela leurs homologues des pays développés.
Tribune. C’est maintenant officiel : les travailleurs du monde entier sont en train de se faire distancer. Le dernier « Rapport mondial sur les salaires » de l’Organisation internationale du travail (OIT) constate que, à l’exception de la Chine, les salaires réels (corrigés de l’inflation) ont augmenté à un taux annuel de seulement 1,1 % en 2017, en baisse par rapport au 1,8 % de 2016. C’est le rythme le plus lent depuis 2008. Dans les économies avancées du G20, les salaires réels moyens ont augmenté de seulement 0,4 % en 2017, comparativement à une croissance de 1,7 % en 2015. Alors que les salaires réels ont augmenté de 0,7 % aux Etats-Unis (contre 2,2 % en 2015), ils ont stagné en Europe, où de légères augmentations dans certains pays ont été contrebalancées par des baisses en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Le ralentissement des success stories comme l’Allemagne et les Etats-Unis est particulièrement surprenant, étant donné l’expansion des excédents courants de la première, la baisse du chômage et les tensions sur le marché du travail des seconds. Dans les marchés émergents, la croissance moyenne des salaires en 2017, qui était de 4,3 %, a été plus rapide que dans les pays avancés du G20, mais là aussi plus lente que l’année précédente (4,9 %). L’Asie a connu la plus forte croissance des salaires réels, principalement du fait de la Chine et de quelques petits pays comme le Cambodge, le Sri Lanka et la Birmanie. Mais, dans l’ensemble, la croissance des salaires dans la plupart des économies asiatiques a décéléré en 2017. Enfin, en Amérique latine et en Afrique, les salaires réels ont diminué dans plusieurs pays. Aucun suspect habituel Par ailleurs, le rapport de l’OIT constate que l’écart entre la croissance des salaires et la productivité du travail est resté très large en 2017. Dans de nombreux pays, la part du travail dans le revenu national est encore en deçà des niveaux du début des années 1990. Cela soulève une question évidente : compte tenu de la reprise de la production mondiale de ces dernières années, pourquoi les conditions des travailleurs dans la plupart des régions du monde ne se sont-elles pas améliorées proportionnellement ? Aucun des suspects habituels, le commerce et la technologie, n’est entièrement à blâmer. Certes, l’intégration croissante au marché mondial des grandes économies à force de travail excédentaire, ainsi que la dépendance accrue à l’automatisation et l’intelligence artificielle, ont affaibli le pouvoir de négociation des travailleurs et déplacé la demande de main-d’œuvre vers des secteurs très spécifiques et limités. Néanmoins, ces facteurs ne peuvent pas expliquer à eux seuls l’absence de progrès matériel pour la plupart des travailleurs.
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/les-travailleurs-ne-doivent-pas-etre-les-dindons-de-la-croissance_5400992_3232.html
« Le véritable problème réside dans le système commercial actuel et ses carences »
La montée du protectionnisme et des incertitudes qu’elle engendre invite surtout à réformer les règles du commerce international, estime Pinelopi Koujianou Golberg, économiste en chef de la Banque mondiale, dans une tribune au « Monde ».
Tribune. L’année 2018 a été marquée par le retour des tarifs douaniers. Face à la montée des tensions commerciales, de nombreux observateurs mettent en garde contre une guerre commerciale généralisée, voire l’effondrement du système mondial des échanges. Mais ce n’est pas la première fois au cours de l’histoire récente que les Etats-Unis essaient d’utiliser la politique commerciale pour promouvoir leurs propres intérêts. En 1971, l’administration Nixon avait instauré une taxe de 10 % sur toutes les importations pour tenter d’enrayer le creusement du déficit des comptes courants. Dans les années 1980, l’administration Reagan a mis en place des tarifs douaniers contre un certain nombre de produits d’importation, notamment japonais. Il existe toutefois des différences majeures entre ces épisodes et la récente vague d’augmentations des taxes douanières. Tout d’abord, le moment est surprenant. Jusqu’en 2018, la mondialisation paraissait une force irréversible impossible à stopper. On considérait le commerce mondial comme totalement libéralisé, et la moindre évocation d’une politique commerciale déclenchait des bâillements dans les milieux économiques et universitaires. Plus étrange encore, la montée du protectionnisme survient à un moment où le chômage aux Etats-Unis enregistre son plus faible taux depuis cinquante ans, où la bourse a le vent en poupe et où la croissance du PIB est estimée aux environs de 3 % sur l’année. En réalité, la récente politique commerciale américaine semble motivée par deux grandes priorités : protéger les emplois dans les secteurs exposés aux importations, et tenter d’apporter une réponse aux frustrations engendrées par l’actuel système des échanges et que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’a pas été capable de résoudre. C’est cette deuxième motivation qui rend l’épisode de protectionnisme en cours différent des épisodes précédents – et potentiellement plus dangereux. Quelles conséquences des querelles actuelles ? Après tout, recourir à la politique commerciale pour protéger les emplois nationaux n’a rien de nouveau, même si cet outil est tombé en défaveur au fil du temps. La plupart des décideurs économiques admettent désormais qu’un filet social de sécurité et des politiques nationales telles que la formation continue ou les subventions à la relocalisation apportent des réponses plus efficaces au déplacement des travailleurs dans des économies ouvertes en constante évolution. Le véritable problème réside par conséquent dans le système commercial actuel et ses carences. En fait, l’affirmation selon laquelle le système des échanges s’est totalement libéralisé dans les économies avancées n’est valable que si l’on se concentre uniquement sur les droits de douane en ignorant les mesures « au-delà de la frontière », lesquelles sont beaucoup plus difficiles à évaluer, et à combattre. Ces mesures concernent par exemple les restrictions réglementaires qui gênent l’investissement transfrontalier ; les subventions aux industries nationales ; les autorisations de licence qui entravent les échanges dans le secteur des services ; les exigences de respect de la vie privée qui limitent le commerce électronique, etc. En principe, ces questions auraient dû être abordées à l’OMC dans le cadre de négociations multilatérales. En pratique, elles ont été réglées au cas par cas au travers d’un lent processus extrêmement bureaucratique qui a échoué à s’attaquer à la racine du problème.
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/le-veritable-probleme-reside-dans-le-systeme-commercial-actuel-et-ses-carences_5400990_3232.html
Aurélien Barrau, des astres au désastre climatique
Quand il n’étudie pas les trous noirs, l’astrophysicien conseille des réalisateurs de science-fiction, compose des poèmes et s’engage en faveur de l’environnement. Son appel du 4 septembre dans « Le Monde » a rallié une kyrielle de stars.
L’astrophysicien Aurélien Barrau, ici à Grenoble le 3 décembre, annonce « un cataclysme planétaire » imminent. SEBASTIEN ERÔME POUR M LE MAGAZINE DU MONDE Elle s’appelle Linda Linsefors. Astrophysicienne suédoise, elle a soutenu, en juin 2016, une thèse, intitulée « Phénoménologie de la cosmologie quantique à boucles », dont le résumé sur le site Theses.fr précise qu’elle propose « un mécanisme possible pour l’origine et la renaissance de l’univers ». Soit. Dans la dédicace à son directeur de travaux, Aurélien Barrau, professeur et chercheur au laboratoire de physique subatomique et de cosmologie à l’université Grenoble-Alpes, Linda Linsefors remercie « l’homme le plus gentil qu’[elle] connaisse ». Elle s’appelle Claire Denis. Réalisatrice, son dernier long-métrage, High Life, avec Juliette Binoche et Robert Pattinson, est sorti en salle cet automne. Dans un futur indéterminé, des prisonniers condamnés à mort acceptent de commuer leur peine en effectuant un voyage expérimental hors du système solaire. Re-soit. Le « cosmic companion » Il est aussi question d’Aurélien Barrau, crédité au générique sous l’appellation amicale et ironique de « cosmic companion » (compagnon cosmique). « Il m’a rassurée, explique la cinéaste, et m’a permis d’être plus libre dans l’écriture du scénario. S’il n’avait pas été là pour m’expliquer ce que je ne comprenais pas, cela ne valait pas le coup de faire le film. » Alors que l’astrophysicien demandait à Claire Denis comment elle imaginait le vaisseau spatial de son film, cette dernière a répondu « comme une grosse boîte d’allumettes », de celle qu’on posait autrefois sur le rebord d’une cuisinière avant l’apparition de l’allume-gaz. Aurélien Barrau a validé l’idée. Pas d’air dans ces contrées lointaines, donc pas de frottement, donc inutile d’inventer des soucoupes volantes aérodynamiques ou des engins monstrueusement sophistiqués comme dans les films de science-fiction classiques. C’est ainsi que, dans High Life, une espèce de conteneur géant voyage à 90 % de la vitesse de la lumière. Quand la science valide l’imagination… De ces deux témoignages, on devrait tout naturellement déduire qu’Aurélien Barrau, 45 ans, né à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), vivant en Isère, marié, deux enfants adolescents, est un sparring-partner idéal qui sait motiver ses étudiants et rassurer les artistes avec lesquels il aime établir des dialogues interdisciplinaires, comme avec le peintre et sculpteur italien Michelangelo Pistoletto, le plasticien islandais Olafur Eliasson, l’artiste japonais Ryoji Ikeda, pour lequel il a écrit la préface de son exposition à Beaubourg. « Des rencontres de hasard », dit-il.
21/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/aurelien-barrau-des-astres-au-desastre_5400988_4500055.html
Les « Cahiers noirs » : l’autre vérité de Heidegger
Les célèbres « Cahiers noirs » du philosophe allemand commencent enfin à paraître en français, dans une traduction contestable.
Réflexions II-VI. Cahiers noirs (1931-1938) (Überlegungen II-VI. Schwarze Hefte (1931 – 1938), de Martin Heidegger, traduit de l’allemand par François Fédier, Gallimard, « Bibliothèque de philosophie », 538 p., 45 €. Réflexions VII-XI. Cahiers noirs (1938-1939) (Überlegungen VII-XI. Schwarze Hefte (1938-1939), de Martin Heidegger, traduit de l’allemand par Pascal David, Gallimard, « Bibliothèque de philosophie », 460 p., 39 €. Le philosophe allemand Martin Heidegger (1889-1976), photo non datée. DPA / AFP Lire enfin en français les Cahiers noirs, ou « Cahiers de travail », du philosophe Martin Heidegger (1889-1976), cinq longues années après leur publication en Allemagne, aurait dû constituer une bonne nouvelle. Cinq années au cours desquelles, faute d’accès au texte, le débat a surtout porté sur la quinzaine de passages explicitement antisémites, assimilant les juifs à l’empire de la « machination » sur la vie, les rendant responsables de leur propre « auto-anéantissement », leur prêtant une prédisposition « accentuée » au calcul – passages lovés au cœur de cette masse de fragments que Heidegger désirait voir figurer, tels quels, à la fin de ses œuvres complètes. Ni « journal de pensée » ni confessions Si cette découverte fut un choc, elle ne saurait effacer le puissant intérêt philosophique de cette masse d’écrits jusque-là inconnus (34 cahiers, rédigés de 1931 aux années 1970, qui occuperont les tomes 94 à 102 des Œuvres complètes). C’est l’ensemble de la démarche heideggerienne, depuis le tournant pris après la parution du maître ouvrage Etre et temps (1927) jusqu’à la mort du penseur qui se trouve documentée grâce à eux. Ni « journal de pensée » ni confessions, et moins encore recueil de note ou brouillons, ces carnets forment une œuvre à part entière d’une dimension monumentale, une des routes de traverses ouvertes par Heidegger pour la pensée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Polémique. Heidegger contre toute évidence Eveillée depuis longtemps, la curiosité du public francophone devra cependant se satisfaire des deux premiers volumes intitulés Réflexions (cahiers II à XI, le premier ayant été perdu). Ils correspondent aux années 1930 et aux tomes 94 et 95 de l’édition allemande. La période couverte coïncide avec celle dite du « Rectorat », au cours de laquelle Heidegger, peu de temps après l’arrivée d’Hitler au pouvoir et jusqu’en 1934, prend la tête de l’université de Fribourg-en-Brisgau, en cours de nazification.
21/12/2018
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/21/les-cahiers-noirs-l-autre-verite-de-heidegger_5400983_3260.html
« Acte VI » des « gilets jaunes » : les actions prévues samedi 22 décembre en France
Des porte-parole autoproclamés des « gilets jaunes » ont appelé à de nouvelles manifestations partout en France : à Paris, Versailles, dans les grandes villes, aux frontières, sur les ronds-points…
Sur le camp de base des « gilets jaunes » au Magny, à hauteur de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), le 18 décembre. ARNAUD FINISTRE / HANS LUCAS POUR LE MONDE Les « gilets jaunes » seront-ils au rendez-vous pour le sixième samedi successif de mobilisation depuis le début du mouvement ? Alors que le gouvernement espère un samedi apaisé grâce aux mesures d’urgence en cours d’adoption au Parlement et la promesse du « grand débat » national, des porte-parole autoproclamés des « gilets jaunes » ont fait part de leur intention de poursuivre le mouvement et appelé à de nouvelles manifestations ce week-end partout en France. Manifestation prévue à Versailles Eric Drouet, l’un des promoteurs du mouvement, a ainsi appelé sur les réseaux sociaux à manifester à Versailles plutôt qu’à Paris, ce qui a poussé les autorités à décider une fermeture exceptionnelle du domaine et du château « de manière préventive » samedi. Celui qui avait appelé à « entrer dans l’Elysée » propose aux manifestants de se diriger ensuite vers un lieu – encore inconnu – dans Paris. Vendredi, le préfet des Yvelines, Jean-Jacques Brot, a annoncé que la manifestation prévue des « gilets jaunes » se déroulerait dans une zone « confinée » de la ville à l’écart des rues commerçantes. « Nous avons confiné la manifestation sur l’avenue de Paris, dans un périmètre très important », représentant plus d’un kilomètre environ, a-t-il souligné. Cette avenue de 87 mètres est « 17 mètres plus large que les Champs- Elysées », a-t-il précisé. Selon son directeur de cabinet Thierry Laurent, « 1 400 personnes » se sont déclarées « participantes, 8 000 se déclarent intéressées » par l’événement sur Facebook. « Nous sommes aussi préparés à l’hypothèse de Versailles mais ça peut être ailleurs », avait déclaré, jeudi, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, en marge d’une visite au dispositif de sécurisation des grands magasins à Paris. De fait, d’autres appels à manifester dans la capitale circulent : place de l’Opéra, place de l’Etoile, à la République, ou encore sur le parvis de la Défense. Appel à « bloquer les frontières » Une deuxième figure du mouvement, Priscilla Ludosky, invite les manifestants à se rendre aux frontières « pour bloquer les camions », tout en « laissant passer les particuliers », dans un mouvement d’unification des « “gilets jaunes” d’Europe ». « La mobilisation aux frontières n’est pas nouvelle. Beaucoup de gens dans les régions sont venus à Paris. Cette fois, on leur propose de rejoindre les “gilets jaunes” des frontières », explique Mme Ludosky au Parisien. Pourraient être concernées les frontières belge, dans les Hauts-de-France (Maubeuge-Bettignies, Tourcoing, Dunkerque…), allemande (Strasbourg-Khel, Gambsheim…), italienne (Menton-Vintimille), suisse (Jougne, Le Creux), espagnole (Le Perthus, Le Boulou). Des ports bretons pourraient également être perturbés. Rassemblements prévus dans plusieurs villes Selon Franceinfo, une carte a été partagée ces derniers jours sur les messageries privées des « gilets jaunes » sur Facebook. Ses auteurs appellent à une journée « Paris vide » et lancent des actions dans quatorze villes de province – parmi lesquelles Lille, Toulouse, Strasbourg ou Nantes. « L’acte VI doit avoir un effet de masse dans les mêmes villes, le but est d’avoir un impact fort, ne pas être divisé inutilement », peut-on lire dans cet appel. Dans les Bouches-du-Rhône, les « gilets jaunes » comptent manifester, selon Chantal Moraud, coordinatrice pour le département, qui ne souhaite cependant pas dire où cette action doit avoir lieu. « Une certitude : si le gouvernement continue son oppression des “gilets jaunes” qui ne veulent pas de mal, ça va tourner au vinaigre », a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse. A Lyon, un rassemblement « déclaré » doit avoir lieu à la Croix-Rousse. Le cortège devrait ensuite se diriger vers le quartier de la Part-Dieu, selon un porte-parole de la coordination d’Auvergne-Rhône-Alpes. De même, à Dijon, une manifestation doit avoir lieu en centre-ville. A Rennes, un groupe de « gilets jaunes » organise une marche citoyenne… Actions éparses durant la semaine Vendredi, certains « gilets jaunes » ont voulu organiser des actions symboliques à l’occasion des 41 ans du président de la République : assemblées populaires, flashmobs, animations… Malgré l’évacuation par les forces de l’ordre de nombreux sites ou ronds-points occupés, les actions continuaient en fin de semaine. Quatorze « gilets jaunes » qui voulaient bloquer, jeudi soir, l’usine d’un sous-traitant du constructeur automobile PSA, Plastic Omnium, à Pfastatt (Haut-Rhin), ont été interpellés. Plusieurs dizaines de « gilets jaunes » ont bloqué, jeudi soir, les accès du site Stef Transport, une entreprise spécialisée dans le transport frigorifique au Mans, empêchant les camions de quitter l’entrepôt. Ils ont finalement quitté les lieux dans la nuit de jeudi à vendredi. En Saône-et-Loire, les « gilets jaunes » sont revenus sur les sites démantelés, en particulier sur l’échangeur du Magny, à Montceau-les-Mines. Dans les Bouches-du-Rhône, ils comptent reprendre possession du péage de La Barque, d’où ils ont été délogés cette semaine. Castaner : « Tout ça doit s’arrêter » « Tout ça doit s’arrêter », avait déclaré Christophe Castaner, jeudi, tout en annonçant que le bilan des morts en marge du mouvement était passé à neuf personnes. « Il y a aujourd’hui des efforts significatifs qui ont été faits, il y a la volonté de dialogue, de débattre. Chaque Français, qu’il soit “gilet jaune” ou pas, doit aujourd’hui retrouver les conditions de l’apaisement, elles sont réunies », avait-il ajouté. Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur, a souligné, jeudi, s’attendre à « une mobilisation décroissante, mais qui peut comporter des individus plutôt radicalisés ». « La mobilisation des forces de l’ordre sera assez intense aussi pour ce samedi », a-t-il précisé sur LCI. La mobilisation a atteint son niveau le plus bas depuis le début du mouvement samedi 15 décembre. Ce jour-là, les « gilets jaunes » n’étaient plus que 66 000 dans toute la France, selon le ministère de l’intérieur, contre 126 000 le 8 décembre, 282 000 le 17 novembre. La baisse était plus forte encore dans la capitale : quelque 3 000 manifestants contre 8 000 la semaine précédente. Portugal : impact limité des manifestations inspirées des « gilets jaunes » L’impact des manifestations au Portugal – inspirées des « gilets jaunes » français – aura été limité. Au moins une quinzaine de groupes constitués sur les réseaux sociaux menaçait de « stopper le Portugal », vendredi 21 décembre, en appelant à participer à environ soixante-dix rassemblements et opérations escargot. Finalement, cette journée de mobilisation a provoqué de légères perturbations de la circulation routière à l’entrée de grandes villes du pays. Les revendications des manifestants vont des baisses d’impôts à la hausse des retraites les plus basses, en passant par des réformes du système électoral et du service public de santé, ou encore pour alerter sur la crise du logement dans les grandes villes et dénoncer la corruption.
21/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/acte-vi-des-gilets-jaunes-les-actions-prevues-samedi-en-france_5400980_3224.html
Scandale Lactalis : un an après, la difficile transparence sur les contrôles du lait infantile
En janvier, le ministère de l’Agriculture lançait un plan de contrôle de 41 établissements fabricant ou conditionnant des poudres infantiles. Les résultats ont été publiés discrètement mi-novembre. Des demandes ont été faites pour communiquer le bilan des inspections. Sans succès.
Il y a un an, le scandale Lactalis battait son plein. Eclaboussant l’industriel de Laval, mais aussi distributeurs comme pharmacies. Tous touchés par la fermeture de l’usine de Craon et par le rappel de tous les produits infantiles possiblement contaminés à la salmonelle fabriqués sur ce site. Une mesure prise après le constat d’une trentaine de cas de salmonellose chez des nourrissons. Dans ce contexte, le ministère de l’Agriculture avait annoncé le 16 janvier 2018, un plan de contrôle renforcé des établissements fabricant ou conditionnant des poudres infantiles. Finalement, un communiqué publié discrètement mi-novembre sur le site du ministère, livrait les résultats. Il expliquait que 41 établissements avaient été concernés par cette auscultation des services de l’Etat. Des agents chargés de vérifier les locaux et les équipements mais aussi de « procéder à l’examen documentaire des résultats d’autocontrôle mis en œuvre par les professionnels ». Hui établissements « mis en demeure » Le résultat publié évoque 32 établissements ayant un niveau sanitaire satisfaisant ou très satisfaisant. Puis le communiqué ajoute « Un établissement a fait l’objet d’une suspension d’activité par les services de l’Etat car les manquements relevés y étaient importants », en soulignant toutefois que le site ne produisait pas de poudres infantiles lors de l’inspection ayant conduit à sa fermeture administrative. Enfin, « huit établissements ont été mis en demeure de procéder à des mesures correctives ». Le ministère précise que le résultat des inspections est « mis en transparence sur le site internet et l’application mobile Alim’confiance ». En mettant en exergue cette transparence revendiquée, le ministère de l’Agriculture a été sollicité depuis la mi-novembre pour communiquer la liste des établissements et le bilan des inspections. Sans succès. Autre surprise, en consultant le site Alim’Confiance qui met dans le même onglet, sous l’intitulé lait et produits laitiers, aussi bien la ferme produisant yaourt ou fromage que la multinationale, la recherche par nom d’entreprise ne donnait aucun résultat pour Lactalis. Nouvelle interrogation sur cette absence étonnante auprès du ministère. Sans réponse. Mais finalement, Lactalis vient de faire son apparition sur le site. En particulier, son usine Celia à Craon, dont l’activité a repris en septembre 2018. Selon Alim’Confiance, une inspection a été menée en septembre 2018 et les résultats sont satisfaisants.
21/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/21/scandale-lactalis-un-an-apres-la-difficile-transparence-sur-les-controles-du-lait-infantile_5400977_3234.html
Jours de fête à Noël-Cerneux
Une salle des fêtes, un clocher, et 437 habitants. Dans ce joli coin du Doubs, à la frontière avec la Suisse, la population a doublé en vingt ans. Quel est le secret de cette petite commune ? Reportage au cœur des préparatifs de… Noël.
Noël-Cerneux (Doubs). CYRIL ABAD / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Ce soir, c’est la fête, ce sont les fêtes même, alors bienvenue à la salle des fêtes. Comme chaque année, monsieur le maire a lancé l’invitation, rendez-vous vers 20 heures à la salle communale, rue du Creux-de-la-Foule, à Noël-Cerneux (Doubs). Et il y a foule ce samedi 15 décembre, deux cents couverts au bas mot, de longues tablées, les élus d’un côté de la salle, les jeunes à l’autre extrémité, les fumeurs dehors et les enfants qui courent partout, comme à un mariage. Deux cents commensaux, la moitié du village a répondu présent. Qu’ils croient en Dieu ou qu’ils n’y croient pas, ils étaient tous invités au bal pour célébrer l’esprit de Noël-Cerneux et la tradition locale : avant les fêtes de fin d’année, on se retrouve et on fait connaissance avec les nouveaux « Grélots » – le surnom des habitants de la commune. Dans la salle des fêtes de Noël-Cerneux a lieu la soirée en l’honneur des nouveaux arrivants au village et des nouveaux-nés de l'année. CYRIL HABAD / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Un stade et une église Sur la petite scène, Serge Guinchard, le maire (divers droite), seul cravaté de la soirée, énonce les prénoms des nouveau-nés de l’année (onze en 2018, trois filles et huit garçons) : « Nous leur octroyons le grade de Grélot première classe. » Puis vient le tour des nouveaux venus, les familles installées là au cours des douze derniers mois, invitées à grimper ensemble sur le podium pour décliner noms, prénoms, adresse et profession. Un bisou du maire et un cadeau pour les tout-petits (une ­tirelire de fabrication artisanale et un bon d’achat de 20 euros dans une chaîne de magasins de jouets), une poignée de main amicale pour les grands. Sous les applaudissements. C’est beau un village qui s’agrandit. Tout le village (ou presque) autour d’une table pour célébrer le vivre-ensemble. Mais oui, c’est comme dans Astérix,­ « Astérix chez les presque Helvètes ». On est en pays horloger, à dix kilomètres de la frontière, dans le Doubs, et nombre de gens du coin, les anciens comme les derniers arrivés, ont trouvé un emploi « de l’autre côté », « sur Suisse », comme on dit ici. Un voisinage parfois compliqué par des incompréhensions réciproques : « J’ai travaillé treize ans là-bas, pas un patron ne m’a jamais offert un café », dit un ­ancien « expat ». Mais un voisinage profitable. Vue du clocher de Noël-Cerneux. CYRIL HABAD / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Après une allusion aux « gilets ­jaunes » – on les a vus manifester une seule fois à proximité, le premier week-end, près d’un supermarché de Morteau, et les voisins suisses qui viennent faire leurs courses n’étaient pas très contents, paraît-il –, le maire Serge Guinchard rappellera dans son discours de bienvenue combien « l’argent, dans notre région favorisée, est quelque chose qui ne manque pas ». Les fins de mois, pas un souci ici. Pas plus que la désertification des campagnes.
21/12/2018
m-perso
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/21/jours-de-fete-a-noel-cerneux-village-francais_5400975_4497916.html
Visualisez les départs de l’administration Trump depuis l’investiture du président américain
L’annonce du renvoi du conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, mardi, est symptomatique du désordre qui règne au sein de l’administration Trump, ces derniers deux dernières années.
Le président américain Donald Trump rencontre le président sud-coréen Moon Jae-In dans le bureau ovale de la Maison blanche, à Washington. En fond, John Bolton, désormais ex-conseiller à la sécurité nationale. EVAN VUCCI / AP Les départs s’enchaînent et se ressemblent depuis deux ans et demi au sein de l’administration de Donald Trump. Le dernier en date, le départ de John Bolton, mardi 10 septembre, n’a pas surpris, tant étaient nombreuses les divergences de vue entre le conseiller à la sécurité nationale, le quatrième de l’ère Trump, et le président. I informed John Bolton last night that his services are no longer needed at the White House. I disagreed strongly w… https://t.co/P9awoBGUZs — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Cette annonce n’est pas, tant s’en faut, une première dans l’administration Trump. Depuis son accession au pouvoir, le président états-unien aura conduit au licenciement ou à la démission d’au moins soixante hauts fonctionnaires de son administration, nommés par lui ou par ses prédécesseurs. Si seulement treize membres de son gouvernement sont partis — Tom Price et David Shulkin, à la suite de révélations sur l’utilisation de fonds publics pour des déplacements personnels, et Rex Tillerson pour cause de désaccords politiques —, trente-cinq membres de son cercle de conseillers à la Maison Blanche se sont aussi retirés ou ont été incités à le faire. Ce chiffre, important, atteste en partie de l’ambiance au siège de l’exécutif et vient contredire le tweet de Donald Trump fustigeant les « fake news » (infox) qui dénonçaient le « chaos » régnant au sein de l’administration. L’agence de presse Reuters relevait d’ailleurs qu’entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018, il y a eu un renouvellement de 56 % des plus hauts responsables politiques, contre 13 % durant une période comparable sous la présidence Obama. 60 départs dans l’administration Trump depuis son investiture, en janvier 2017 Depuis l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche, son administration aura connu 60 départs de hauts cadres. Survolez les cercles pour obtenir plus d’informations
21/12/2018
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/21/visualisez-les-departs-de-l-administration-trump-depuis-l-investiture-du-president-americain_5400962_4355770.html
Les deux visages d’Etienne Chouard, chantre du référendum d’initiative citoyenne
Ancienne figure du « non » au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, cet enseignant est à la fois loué pour son travail sur la démocratie citoyenne et critiqué pour certaines de ses positions.
Etienne Chouard est professeur d’économie en lycée. RT FRANCE A l’autre bout du fil, Etienne Chouard soupire. « Je ne suis pas le monstre qui est décrit dans la presse ces derniers jours. » A première vue, pourtant, ce professeur d’économie en lycée aurait de quoi jubiler. Il milite depuis des années pour la création d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC), et voilà que l’idée se retrouve tout à coup au cœur du débat public, par la force du mouvement inattendu des « gilets jaunes ». Désormais, on trouve des élus pour soutenir sa grande idée, de la gauche radicale à l’extrême droite. Et même le gouvernement lui entrouvre la porte. « Je ne vois pas comment on peut être contre son principe », acquiesçait ainsi Edouard Philippe dans un entretien aux Echos, lundi 17 décembre. Le lendemain, le député de La France insoumise (LFI) François Ruffin lui a rendu un vibrant hommage à l’Assemblée nationale : « Le référendum d’initiative citoyenne a fleuri. Oh, il n’a pas fleuri par hasard. Il a fleuri parce que des hommes de conviction – nommons-les, Etienne Chouard et ses amis – ont semé, ont arrosé depuis des années. » Seulement voilà, le cas Chouard divise. Vibrant défenseur de la démocratie citoyenne et chantre du « non » au référendum français de 2005 sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe pour certains, l’auteur du « Blog du plan C » (pour Constitution) est décrié par d’autres, qui dénoncent sa complaisance avec des théoriciens d’extrême droite, voire des conspirationnistes. « Je suis évidemment en phase avec la proposition pour le RIC, mais j’avoue [que] je n’aurais pas pris en modèle Etienne Chouard, a écrit sur Twitter la députée Clémentine Autain. Mais sans doute suis-je trop sensible aux dérives rouge-brun… » En 2014, il qualifiait Alain Soral de « résistant » L’intéressé s’en souviendra peut-être. Comme il se souvient de l’auteur de ces lignes, qui l’avait déjà interrogé en 2014 pour L’Express. « J’ai plein de warnings allumés. Je ne sais pas pourquoi vous faites ça, mais vous n’êtes pas honnête », nous a-t-il lâché d’emblée lorsque nous l’avons appelé, jeudi 20 décembre. Il y a quatre ans, déjà, l’enseignant se débattait face à des accusations de proximité avec l’extrême droite. Notamment parce qu’il avait côtoyé l’idéologue d’extrême droite et judéophobe revendiqué Alain Soral, ainsi que des membres de son association, Egalité et Réconciliation. Etienne Chouard nous avait fait cette confidence : « Mon curseur politique est simple, c’est celui de la révolution. Celui qui soutient le peuple qui veut se soulever contre ses maîtres est à gauche. A droite, il y a la défense des privilèges. » Il poursuivait : « Pour moi, Alain Soral est à gauche parce qu’il se bat contre les privilèges. C’est un résistant. » Une déclaration parmi d’autres qui lui a valu de nombreuses critiques, l’amenant à se déjuger en partie dans un article sur son blog par la suite. Ce qu’il n’a jamais digéré depuis. « Vous me cognez dessus pour décrédibiliser l’initiative » Reconnaissons-le d’emblée : le promoteur du référendum d’initiative citoyenne est probablement sincère lorsqu’il écrit qu’il ne veut pas plus de la « dictature éclairée » prônée par Alain Soral que « de n’importe quelle dictature, évidemment ». Il l’est aussi sans doute lorsqu’il revendique une certaine ouverture d’esprit. En revanche, affirmer qu’il ignorait la propension du même Soral à tenir des propos homophobes, antisémites (ce pour quoi il a été condamné à plusieurs reprises) ou tout simplement injurieux peut interpeller : soit Etienne Chouard était mal renseigné, soit il a relégué ces considérations au second plan. Malgré des « désaccords », qu’il a détaillés sur son site, en 2013, François Ruffin estime désormais que « Chouard a mis fin à ses étranges liens » avec des personnalités d’extrême droite, écrivant sur Twitter qu’il se refuse à « traiter les hommes en pestiférés ». Etienne Chouard, quant à lui, s’estime victime d’une cabale : « On m’accuse publiquement sans me donner la parole. J’ai prononcé des millions de phrases et vous m’attaquez en boucle sur trois phrases ! » Bref, « c’est cousu de fil blanc. Vous m’associez au référendum d’initiative citoyenne et vous me cognez dessus pour décrédibiliser l’initiative », estime-t-il. Références conspirationnistes et théories douteuses A écouter l’enseignant et ses soutiens, les critiques à son égard n’émaneraient que de personnes malveillantes se focalisant sur un ou deux détails. Les références douteuses sont pourtant récurrentes sur son site et sa page Facebook. A propos de Thierry Meyssan : « Il se trompe ? Et alors ? C’est criminel ? » Parmi elles, on trouve Thierry Meyssan, qui défend des théories conspirationnistes sur le 11-Septembre, refusant d’en attribuer la responsabilité aux terroristes d’Al-Qaida. Etienne Chouard a, à plusieurs reprises, salué « le sérieux de son travail » et « la finesse de ses analyses ». « Je ne comprends pas pourquoi vous m’emmenez sur ce sujet-là, nous rétorque-t-il. Thierry Meyssan, je l’ai rencontré il y a longtemps, il est calme… Qu’est-ce que ça peut faire ? » Qu’il s’agisse d’un homme qui a pu diffuser des théories conspirationnistes sur la base d’éléments erronés n’est, selon lui, pas si grave : « Il se trompe ? Et alors ? C’est criminel ? » Dans la même veine, le « Blog du plan C » a diffusé plusieurs analyses signées par Paul Craig Roberts, un Américain qui a notamment accusé le gouvernement américain d’avoir orchestré l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo en 2015. Sur le fond, Etienne Chouard a aussi repris à son compte plusieurs théories douteuses. Il a ainsi reproduit un appel du militant écologiste Stéphane Lhomme à résister contre les « mouchards Big Brother » des compteurs électriques Linky – sur la base d’affirmations exagérées, voire farfelues. Autre mythe qu’il a repris à son compte : le fait que la loi « Pompidou-Giscard-Rothschild » de 1973 aurait créé la dette française. L’intéressé reconnaît désormais aujourd’hui que cette présentation des faits était erronée, sans remettre en cause l’interprétation qu’il en tire. En cela, l’univers d’Etienne Chouard est comparable à celui de Maxime Nicolle, alias « Fly Rider ». Ce porte-parole des « gilets jaunes », prolixe sur Facebook, s’est autant illustré par ses revendications démocratiques, comme le référendum d’initiative citoyenne, que par des affirmations douteuses, comme lorsqu’il a repris des théories d’extrême droite sur le « pacte de Marrakech » de l’Organisation des Nations unies sur les migrations. Les deux hommes se sont d’ailleurs rencontrés récemment. Les journalistes ? Des « traîtres », des « kapos » Toutes ces références douteuses et théories sont-elles des errements isolés ? Ou le symptôme d’une pensée qui vire au « rouge-brun », comme l’estime Clémentine Autain ? Une chose est sûre : dans l’esprit d’Etienne Chouard, « nous ne sommes pas en démocratie ». Le suffrage universel est défaillant car il « donne le pouvoir aux meilleurs menteurs, donc on a affaire à des professionnels, les meilleurs, les champions du mensonge », affirmait-il sur Russia Today, le 10 décembre. A l’arrivée, les « 1 % qui se gavent » sortiraient toujours vainqueurs de cette mascarade dont l’issue est prévue d’avance. « Les élus détestent ceux qui contestent l’élection. Je me trompe peut-être, mais je conteste la procédure de l’élection, nous explique-t-il. J’estime que les citoyens devraient voter eux-mêmes leurs lois, ce n’est pas fasciste de dire ça. » Ce sombre tableau est à l’origine de tous les combats du professeur. Le « non » au traité constitutionnel européen de 2005, le tirage au sort des élus, le référendum d’initiative citoyenne… A ses yeux, le RIC est d’autant plus nécessaire qu’il est la manière la plus sûre de pouvoir renverser la table à la faveur d’un vote sur la sortie de l’Union européenne. Fervent partisan d’un « Frexit », Etienne Chouard a de longue date affiché sa sympathie à l’égard de l’eurosceptique britannique Nigel Farage, qu’il dépeignait dès 2011 en « remarquable résistant à la tyrannie mondialiste ». Là encore, notre remarque l’irrite : « Vous allez me traquer jusqu’à ce que je sois mort ? Enfin, c’est fou ça, vraiment… Vous vous rendez compte, c’est incroyable. C’est du racisme. Ça veut dire quoi ? (…). Vous me réduisez à une parole dite un jour. Tous les jours je me bagarre pour émanciper les peuples ! » François Asselineau, « le seul vrai résistant » Côté français, « j’aime bien Jean-Luc Mélenchon et François Asselineau », assurait-il en mars 2017 dans une vidéo publiée sur YouTube. Et surtout le second, car c’est « le seul qui dise que la priorité absolue c’est de sortir de ce truc-là [l’Union européenne] ». Le champion du « Frexit » a été boudé par les médias traditionnels, sur ordre du « système », selon lui. Cela légitime, à ses yeux, une dénonciation radicale, voire outrancière, des médias : « C’est pas des journalistes, c’est juste des traîtres, comme les kapos au moment de la guerre. Les kapos, c’étaient des juifs qui acceptaient de maltraiter leurs frères juifs pour être moins maltraités. (…) Eh ben les journalistes qui cachent Asselineau, qui le taisent, qui ne lui donnent pas la parole, c’est comme des kapos. [Ce sont] des gens qui font le jeu du système de domination en cachant le seul vrai résistant. » Ne verse-t-il pas dans l’outrance quand il se livre à des comparaisons de ce type ? « Pourquoi ?, rétorque-t-il. Oui, c’est sûrement excessif de dire “kapos”, mais en même temps il y a quelque chose de désespérant dans la complicité de beaucoup de journalistes par rapport au système de domination. Excusez la victime, excusez l’opprimé de crier trop fort ou de griffer trop fort pour résister aux gens qui la violent, qui la maltraitent. Vous n’avez pas l’impression de chercher la petite bête ? » Tous les journaux traditionnels sont coupables à ses yeux d’appartenir aux « milliardaires ». Alors parmi les rares antennes qu’il juge audibles, on trouve la chaîne financée par le pouvoir russe RT France (ex-Russia Today) – un « service public de résistance ». Cette aversion à l’égard des médias traditionnels peut aussi expliquer la propension du nouveau parrain des « gilets jaunes » à consulter des sources « alternatives », y compris les plus douteuses.
21/12/2018
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/21/les-deux-visages-d-etienne-chouard-chantre-du-referendum-d-initiative-citoyenne_5400957_4355770.html
Claude Allègre et le climat : retour sur un flagrant déni
Le réchauffement climatique, une foutaise ? Cette thèse, Claude Allègre, ancien ministre et scientifique réputé, l’a imposée lors de la première décennie des années 2000. Avec un succès difficile à croire aujourd’hui.
rd’hui. Claude Allègre à l'Institut de physique du Globe à Paris en 2010. JACQUES TORREGANO / DIVERGENCES Sa bouille ronde mange la couverture. Lunettes rectangulaires sur yeux rieurs, cheveux poivre et sel brossés en arrière, costume gris pour le sérieux, Claude Allègre se tient le menton. Il affiche une mine réjouie. La « une » du Point de ce mois d’avril 2010 titre : « Réchauffement climatique. Le procès Allègre ». Avec cette phrase en plus petits caractères : « Peut-il avoir raison contre tous ? » Enquête, interview… l’hebdomadaire consacre dix pages au tollé provoqué par son livre L’Imposture climatique (Plon), dont le titre a, au moins, le mérite d’être clair. Sa spécialité ? La géologie L’ancien ministre de Lionel Jospin y claironne à renfort de grosse caisse que le réchauffement climatique est une foutaise (il « s’est évanoui », assène-t-il ainsi au cours de l’entretien). S’il reconnaît que la température varie parfois, s’il admet l’existence de phénomènes extrêmes, canicules ou pluies torrentielles, Claude Allègre en est convaincu : l’activité humaine n’y est pas pour grand-chose. Inutile donc d’enquiquiner les braves gens avec ces peccadilles en leur demandant de changer leurs habitudes. Et le scientifique de s’interroger avec la subtilité d’un pachyderme dans un champ de pivoines : « Est-il plus urgent de se préoccuper de la faim dans le monde (…) ou du chômage (…) ou faut-il se réunir à Copenhague avec 120 chefs d’État pour se préoccuper du climat dans un siècle et dépenser pour cela un demi-milliard d’euros ? » Enoncée ainsi, la messe semble dite et peu importe que Claude Allègre ne soit pas climatologue – il est géologue – et que la quasi-totalité des spécialistes du sujet contestent ses thèses. La première décennie des années 2000 s’achève, et le crédit de l’ancien ministre de Lionel Jospin commence à s’émousser. Mais, pendant plus de dix ans, l’impétueux a régné presque seul sur le débat. Une incroyable croisade climatosceptique, relayée à coups de tribunes tonitruantes dans la presse, qui ne fut pas sans conséquences sur la prise de conscience tardive de l’opinion publique et des politiques. Lire aussi : Le cent-fautes de Claude Allègre Amateur de polémiques En matière de polémiques, Claude Allègre a déjà un petit dossier. En 1996, dans une tribune au Point, il dénonce la décision de désamianter le campus de Jussieu, prise à la suite d’une étude menée par quatre organismes européens, et qualifie l’affaire de « phénomène de psychose collective ». Une dizaine d’années plus tard, avec une des formules à l’emporte-pièce qui font sa marque de fabrique, il balancera : « On compte plus de morts par Vélib’ qu’en trente ans à Jussieu ! »
21/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/claude-allegre-et-le-climat-retour-sur-un-flagrant-deni_5400954_4500055.html
« Soleil vert » ou les débuts de la conscience écologique sur grand écran
En 1973, le film de Richard Fleischer, avec Charlton Heston, décrivait un monde suffocant et apocalyptique. Un plaidoyer écologique qui a, depuis, fait de nombreux émules à Hollywood.
Charlton Heston, ici dans l’usine qui fabrique le « soleil vert », seule nourriture disponible. EVERETT COLLECTION / ABACA Quand Soleil vert de Richard Fleischer, arrive sur les écrans en avril 1973, le spectateur américain a depuis longtemps appris à vivre avec la fin du monde. Dix ans plus tôt, en pleine guerre froide, il redoutait un désastre nucléaire. Puis de nouvelles menaces, étrangères à la géopolitique, étaient apparues : singes belliqueux asservissant la race humaine dans La Planète des singes (1968), de Franklin Schaffner, virus mortel dans Le Mystère Andromède (1971), de Robert Wise, insectes à l’intelligence supérieure dans Phase IV (1975), de Saul Bass… Une catastrophe due à l’homme Il aura donc fallu attendre le début des années 1970 pour qu’un film n’évoque pas une menace exogène, mais une catastrophe climatique et environnementale, dont l’homme est le seul responsable. Ce qui est aujourd’hui central dans le cinéma du XXIe siècle – du 2012 (2009), de Roland Emmerich, à Snowpiercer, le Transperceneige (2013), de Bong Joon-ho, en passant par le récent Downsizing (2017), d’Alexander Payne – est alors inédit. Le film de Richard Fleischer se déroule en 2022 à New York, devenue une mégalopole de 44 millions d’habitants. Ses résidents, à l’exception des plus nantis, vivent dans des décharges ou dorment dans les escaliers d’immeubles délabrés. Règne en permanence une température d’au moins 33 °C. L’eau courante est une denrée rare. La végétation a presque disparu. La plupart des habitants ont accès à une unique nourriture, livrée un seul jour de la semaine : le soleil vert, un aliment en forme de tablette fabriquée à partir de plancton. Dans un New York surpeuplé, les habitants se battent pour le « soleil vert », aliment unique distribué une fois par semaine. ARCHIVES DU 7E ART / MGM / PHOTO12 Comme l’explique, au début du film, Sol Roth, un bibliothécaire incarné par Edward G. Robinson, au flic Thorn, interprété par Charlton Heston : « Quand j’étais gosse, la nourriture, c’était de la bouffe. Là-dessus, nos magiciens de la science ont empoisonné l’eau, pollué le sol, détruit les plantes et la vie animale. De mon temps, on trouvait de la viande n’importe où. On achetait des œufs, du vrai beurre. On trouvait de la laitue fraîche à gogo ! » Et Sol Roth de poursuivre : « Est-ce que quelqu’un peut vivre dans un climat comme celui-là ? La canicule d’un bout de l’année à l’autre, on se croirait dans un four, on crève à force de transpirer. » L’impact de « Soleil vert » tient surtout à la présence de la star Charlton Heston, qui symbolise à sa manière la conscience morale américaine. Soleil vert est l’adaptation du roman éponyme de Harry Harrison, publié en 1966, qui se penche sur la question de la surpopulation. Richard Fleischer place le problème démographique aux marges de son film. Chez lui, la catastrophe est moins malthusienne qu’écologique. Il suffit de regarder l’extraordinaire générique de Soleil vert pour comprendre où veut nous mener le réalisateur de 20 000 lieues sous les mers et du Voyage fantastique : plusieurs photographies défilent rapidement – l’Amérique des Pères fondateurs, une nature resplendissante puis, soudain, le rythme des visuels se ralentit alors que s’impose la révolution industrielle. Ce ne sont alors plus que des décharges et des bidonvilles. Le mythique espace américain, qui semblait infini, s’est soudain fermé. En 1970, la première Journée de la Terre Si le film se penche autant sur la question de l’environnement, c’est que Fleischer l’avait préparé avec l’aide de Frank R. Bowerman, alors président de l’Académie américaine pour la protection de l’environnement. Hors des écrans, l’époque était aux frémissements de la prise de conscience écologique. En 1970 avait eu lieu la Journée de la Terre, première manifestation environnementale d’envergure aux états-Unis, sous l’impulsion du sénateur du Wisconsin Gaylord Nelson. Mais, à sa sortie, l’impact de Soleil vert tient surtout à la présence de la star Charlton Heston. Bien avant de devenir l’étendard de la NRA, le lobby américain des armes à feu, l’acteur a incarné Moïse dans Les Dix Commandements et s’est impliqué en faveur du mouvement des droits civiques. Il symbolise à sa manière la conscience morale américaine. Le voir brandir le poing, à la manière des Black Panthers, pour révéler, dans le dénouement final, que le soleil vert est fabriqué à partir d’humains et non de plancton, depuis longtemps disparu avec la pollution des mers, prend une résonance particulière. Comme si à la lutte des minorités pour leur émancipation devait succéder un combat encore plus crucial : celui pour la survie de notre espèce.
21/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/soleil-vert-ou-les-debuts-de-la-conscience-ecologique-sur-grand-ecran_5400947_4500055.html
Ma mer patrie
Journaliste et œnologue, Dominique Hutin a le Cotentin dans l’âme. L’un de ses plats favoris associe les huîtres et les endives. Pour un résultat sauvage et décalé.
Dominique Hutin, journaliste et œnologue. Julie Balagué pour M Le magazine du Monde Tout Normand que je suis, j’ai mis longtemps à apprécier les huîtres. Il faut dire que ces mollusques sont loin d’être universels en termes de goût, d’apparence ou de consistance. L’idée même des huîtres me dégoûtait, jusqu’à ce que je rencontre ma conjointe, une vraie « fille de la Manche », qui me les a fait aimer le premier jour où elle m’a invitée chez elle. Je suis, quant à moi, originaire de l’Eure, enfant d’ouvriers. J’ai fait toutes sortes de métiers avant de devenir journaliste du vin – un produit que j’ai commencé par détester. C’est certainement dû au fait que mon père, lorsque j’étais petit, achetait du vin de table en cubi, cela s’appelait le « Chamvermeil », et c’était à moi de le mettre en bouteilles, le mercredi, à la cave. Cette odeur, j’avais horreur de ça ! L’univers du vin A 12 ans, je suis passé de premier à dernier de la classe, j’ai décroché de l’école, pour finir avec un CAP de comptabilité et un BEP agent administratif. J’avais le sentiment que tout était écrit d’avance. Après une période de chômage, je me suis fait embaucher à l’usine de papier où travaillait mon père. Pendant deux ans, le blanc-bec que j’étais a beaucoup appris. Le travail de nuit, les trois-huit, la hiérarchie sociale. J’ai rencontré Roro, qui buvait son « rosé » à la pause de 5 heures du matin, en mélangeant du rouge et du blanc. J’ai découvert la culture populaire et la dureté des choses. Puis je suis allé à Paris, je me suis réinventé programmateur informatique et formateur en logiciels. Je suis devenu chef de projet documentation pour les Hôpitaux de Paris, pendant quatre ans. Mais, au bout d’un moment, cela sonnait creux, j’avais besoin d’épaisseur, de matière. Le soir, après le boulot, j’allais chez Monoprix et mes pas me portaient, presque malgré moi, vers le rayon vins. C’était irrépressible. Un jour, j’ai quitté mon poste, j’ai pris le volant de ma R5, le guide Hachette des vins sous le bras, et je suis allé faire la tournée des vignobles. J’ai toujours su qu’un verre de vin, c’est plus que du vin dans un verre. Ce qui m’intéresse, c’est ce que raconte le vin, l’histoire, la géographie, les gens, la technique et l’esprit… J’ai acheté beaucoup de caisses (je dois au muscadet mon premier découvert bancaire), et j’ai commencé à organiser des événements et des dégustations itinérantes. Lire aussi Huîtres chaudes aux endives : la recette de Dominique Hutin J’ai rencontré ma compagne Emmanuelle en 2001. Elle m’a tout de suite emmené à Pirou, son petit bled de la Manche. Elle y avait un minuscule cabanon en bois, au confort rudimentaire. On allait se balader, prendre les embruns dans la figure, et glaner des huîtres sauvages, qu’il faut parfois détacher avec un burin. De retour au cabanon, elle les faisait chauffer rapidement dans la poêle, sur un réchaud. C’est ainsi que j’ai commencé à aimer les huîtres. Chaudes. Avec du poivre, des graines de coriandre, du jus d’orange. Et des endives, quand c’est la saison. C’est un plat un peu sauvage, comme ces paysages du Cotentin qui sont aujourd’hui mon quotidien. « Grand cru déclassé », de Gérard Descrambe et Dominique Hutin, éditions de l’Epure, 2018, 228 p. 28 €.
21/12/2018
m-gastronomie
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2018/12/21/ma-mer-patrie_5400942_4497540.html
« Le Monde des lecteurs » - Suisse : précision sur le référendum
Arnaud Muller précise « Il est possible dans l’absolu de révoquer des élus en Suisse par référendum, mais seulement des parlements et des exécutifs entiers, pas d’individus. »
France, Paris, Europe référendum Fred de Noyelle/Godong / Photononstop / Dans l’article En Suisse, le référendum d’initiative populaire comme outil du consensus politique (Le Monde du 19 décembre) vous commettez une imprécision, vous écrivez notamment qu’« aucun référendum n’est révocatoire » en Suisse, et qu’il n’est « pas possible de demander le départ d’un élu ». Cette affirmation est vraie au niveau fédéral, mais il est possible dans les Cantons d’Uri, Berne, Thurgovie, Schaffhouse et Soleure de révoquer le parlement et l’exécutif, et dans le canton du Tessin de révoquer l’exécutif. Il est donc possible dans l’absolu de révoquer des élus en Suisse par référendum, mais seulement des parlements et des exécutifs entiers, pas d’individus. Arnaud Muller, Berlin
21/12/2018
blog-mediateur
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/21/le-monde-des-lecteurs-suisse-precision-sur-le-referendum_5400939_5334984.html
Il y a trente ans, le monde a failli trouver un accord sur le climat
Dans une longue enquête publiée en août dans le « New York Times », Nathaniel Rich s’est penché sur la décennie 1979-1989 au cours de laquelle les pouvoirs publics américains ont failli prendre à bras-le-corps le réchauffement climatique. Un récit bientôt adapté en série.
Le journaliste et écrivain Nathaniel Rich, ici en 2012 à La Nouvelle-Orléans, où il vit. WILLIAM WIDMER / THE NEW YORK TIMES / REDUX REA Le 5 août, le magazine du week-end du « New York Times » consacrait, fait exceptionnel, l’intégralité de ses pages à un unique article intitulé « Losing Earth : The Decade we almost stopped climate change » (« Terre perdue : la décennie durant laquelle nous avons failli stopper le changement climatique »). L’enquête, signée Nathaniel Rich et illustrée par les images du photographe George Steinmetz, fut également mise en ligne, devenant aussitôt l’une des plus partagées sur la Toile pendant quelques semaines. Son sujet, l’urgence climatique, y était pour beaucoup, mais son format, très inhabituel, avec ses 200 000 signes, la longueur d’un livre, ce qui aurait pu constituer un frein, et sa mise en scène impressionnante ont aussi contribué à sa visibilité. « Nous avions une possibilité réelle de régler la crise climatique. Les principales puissances étaient sur le point de signer un accord global et contraignant pour réduire les émissions de carbone… » Nathaniel Rich Nathaniel Rich avait auparavant écrit pour Harper’s Magazine, The Atlantic et la New York Review of Books. On lui doit un roman, Paris sur l’avenir, publié en 2014 aux États-Unis (traduit en France en 2015 aux Éditions du sous-sol). Son sujet, un jeune mathématicien engagé par un mystérieux cabinet de conseil pour prédire les pires catastrophes, y compris écologiques, annonçait déjà celui de sa longue enquête. Un thème qui travaille l’Américain de 38 ans, sans doute parce que depuis quelques années, il vit à La Nouvelle-Orléans, « là où le niveau de la mer grimpe plus rapidement que dans n’importe quel endroit du globe, fait-il remarquer. Un lieu propice pour observer la catastrophe à venir. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Réchauffement climatique : en 1979, tout le monde savait déjà À la différence des nombreux articles et reportages traitant du réchauffement climatique, celui de Nathaniel Rich ne dresse pas un état des lieux, pas plus qu’il ne se projette dans les prochaines décennies. Le journaliste a au contraire choisi de se tourner vers le passé. Il s’est intéressé à la décennie 1979-1989, période durant laquelle il aurait été encore possible de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre. Et donc d’éviter la tragédie à venir. Les scientifiques ainsi qu’une partie de la classe politique américaine, jusqu’au plus haut niveau du pouvoir, connaissaient déjà les conséquences désastreuses de l’utilisation des énergies fossiles. Même la compagnie pétrolière ExxonMobil, qui disposait d’études attestant de l’impact de ces ressources, envisageait de diversifier son activité dans les énergies renouvelables. « Durant ces dix années, assure l’auteur, nous avions une possibilité réelle de régler la crise climatique. Les principales puissances étaient sur le point de signer un accord global et contraignant pour réduire les émissions de carbone, elles ne s’en étaient jamais autant approchées. »
21/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/il-y-a-trente-ans-le-monde-a-failli-trouver-un-accord-sur-le-climat_5400936_4500055.html
Au Royaume-Uni, le mouvement Extinction Rebellion mène des actions chocs pour alerter sur le changement climatique
Né il y a six mois, le mouvement Extinction Rebellion prône des actions fortes et pacifistes. Il prévoit vendredi 21 décembre de bloquer les studios de la BBC.
Manifestation du mouvement Extinction Rebellion, à Londres, devant Buckingham Palace, le 24 novembre. Niklas Hallen/AFP Le samedi 17 novembre, George Monbiot manifestait, mais il n’a pas été arrêté. « Les policiers étaient trop gentils », regrette-t-il. George n’est pas un « gilet jaune », il est londonien, écrivain, chroniqueur pour le Guardian et militant écologiste. Ce samedi-là, déclaré « Jour de rébellion » contre le changement climatique, il bloquait avec 6 000 personnes les ponts de la capitale anglaise. Jeunes, vieux, femmes, hommes, déguisés ou pas, parfois enchaînés les uns aux autres, ils ont empêché la circulation jusqu’à 16 heures en chantant « Ne doute pas qu’un petit groupe de gens puisse changer le monde ». Puis ils ont rejoint Parliament Square derrière une banderole proclamant « Rebel for Life » ornée d’un symbole noir évoquant un sablier à l’intérieur du cercle de la Terre : l’emblème d’Extinction Rebellion, un mouvement de désobéissance civile né au Royaume-Uni il y a six mois à peine mais qui a déjà essaimé dans 35 pays. Lutte radicale mais non violente Près de 85 manifestants ont été interpellés en toute quiétude pour « entrave à la circulation ». Les jours précédents, d’autres avaient été arrêtés pour avoir interrompu le trafic, peint des slogans (lavables à l’eau) et s’être enchaînés devant le 10 Downing Street ou avoir obstrué l’entrée du ministère de l’énergie. Ce vendredi 21 décembre, ils prévoient de bloquer les studios de la BBC. Tous sont prêts à être emmenés par les forces de l’ordre, c’est même l’un des objectifs de leurs actions chocs : lutter de manière radicale mais non violente contre le réchauffement climatique et la disparition de la biodiversité, obliger les responsables politiques à agir face à l’imminence et l’ampleur du danger. « Depuis trente ans que je me consacre à l’écologie, j’attends ce genre de mouvement radical et pacifiste, qui refuse les compromis. » George Monbiot, écrivain, chroniqueur pour le « Guardian » Leur première action s’est tenue le 31 octobre, devant le Parlement, sous le regard inspirateur de la statue de Gandhi. Le public était situé quelque part entre Woodstock et Occupy Wall Street. En guest star, la Suédoise de 15 ans Greta Thunberg, mondialement connue depuis sa grève scolaire pour le climat de septembre (« Puisque vous, adultes, vous fichez de mon avenir, moi aussi »). George Monbiot était des orateurs : « Nous sommes là pour défendre le monde vivant que d’autres n’ont pas défendu (…) pour arrêter toutes les formes de destruction provoquée par le profit… » Quelques jours plus tard, son enthousiasme était intact : « Depuis trente ans que je me consacre à l’écologie, j’attends ce genre de mouvement radical et pacifiste, qui refuse les compromis : le temps des demi-mesures est passé et l’on ne négocie pas avec la destruction de la planète. »
21/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/vent-de-rebellion-contre-le-changement-climatique_5400933_4500055.html
Un apéro avec… Arnaud Rebotini : « Ils ont dit à mes parents que je ne ferais jamais de musique »
Chaque semaine, « L’Epoque » paie son coup. Le DJ, césarisé pour la musique du film « 120 battements par minute », est toujours passionné par l’électro « radicale ».
Au café Le Petit Moulin, dans le quartier Pigalle à Paris, le 19 septembre. MARTIN COLOMBET / HANSLUCAS POUR « LE MONDE » Deux gigantesques flamants roses encadrent la fenêtre du bar parisien où Arnaud Rebotini nous a donné rendez-vous. La salle est étroite. Le musicien ­arrive à pied. Du bout de la rue, il est reconnaissable. Elégance fifties, cheveux gominés, silhouette immense tout droit sortie d’un film de Kaurismäki. Il s’excuse une deuxième fois pour ses vingt minutes de retard. Il avait prévenu. Il claque la bise au propriétaire du bar Le Petit Moulin, son repaire. Il me demande comment on procède. Je lui propose de commencer par les photos. Il est 18 h 20 et la lumière décline dans les rues du 18e arrondissement. Le photographe prend les premiers clichés en extérieur, le géant est assis à la microscopique terrasse, un verre de chardonnay à la main. Il se prête à l’exercice avec aisance et chope très vite la pose. Les passants s’arrêtent, regardent, prennent des photos. Il faut dire que le lieu est un petit bout de Paris intemporel. ­Reconnaissent-ils le musicien de l’ombre, ce DJ emblématique de l’électro française fraîchement césarisé ? « Je suis né à Nancy. Je suis arrivé à Paris avec un accent de merde. » Arnaud Rebotini est né à Nancy en 1970. Débarqué dans la capitale au début des années 1980, il n’était pas très à l’aise. « Je suis arrivé à Paris avec un accent de merde. » Accent perdu depuis, comme on a pu s’en rendre compte lors de la remise du César de la meilleure musique originale pour 120 battements par minute, le 2 mars. Il n’avait pu retenir ses larmes et, son grand corps secoué par les sanglots, il avait rappelé que non, le sida, ce n’est vraiment pas que du ciné. Le cinéma, ce n’était pourtant pas une première pour lui. Robin Campillo avait déjà fait appel à son talent pour la musique d’Eastern Boys (2013). En 2007, il avait aussi sorti une reprise de I’m a Man de Bo Diddley, avec son groupe de l’époque, Black Strobe, reprise souvent utilisée pour des bandes originales, comme RockNRolla (2008), de Guy Ritchie, ou Django Unchained (2012), de Tarantino. Il adore que les réalisateurs fassent appel à son univers. Récemment, on a pu ­reconnaître sa patte dans Le vent tourne, de Bettina Oberli (sorti en août). En 2019, ce sera dans Curiosa, de Lou Jeunet. Le Nancéien commande une assiette de charcuterie, avec un ballon de rouge, cette fois. Je me fais charrier parce que je l’accompagne avec une seconde pinte de bière légère : « Il n’a pas pris le truc d’Orange mécanique mais un truc de p’tit joueur », blague-t-il avec le patron. La charcuterie vient de petits producteurs auvergnats. Arnaud Rebotini aime la bonne bouffe.
21/12/2018
m-perso
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/21/un-apero-avec-arnaud-rebotini-ils-ont-dit-a-mes-parents-que-je-ne-ferais-jamais-de-musique_5400928_4497916.html
Stéphanie Calvino, la styliste qui rêvait d’une mode responsable
On peut aimer s’habiller et vouloir sauver la planète. Lasse des excès de l’industrie, la styliste Stéphanie Calvino a lancé Anti_Fashion en 2016. D’ateliers de recyclage en conférences, cette Marseillaise entend bien faire évoluer les pratiques.
Stéphanie Calvino, lors d’une conférence, à l’occasion de la Nuit des arts, cet automne, à Roubaix. Emma Burlet pour M Le magazine du Monde Elle est à l’initiative d’un événement mode qui ne se déroule pas à Paris, est gratuit et accueille tous les publics – trois faits assez rares pour être soulignés. Marseillaise d’origine italienne, Stéphanie Calvino organise depuis 2016 les Rencontres Anti_Fashion, trois jours de conférences qui se déroulent en juin dans la cité phocéenne. Et qui font vivre le mouvement du même nom, estimant que le système actuel de la mode doit impérativement changer, tant au plan environnemental que social. « C’est la deuxième industrie la plus polluante, pourtant personne n’apprend aux jeunes créateurs à produire autrement ni au public à consommer différemment. » La quadra est à la fois passionnée et réaliste, enthousiaste et clairvoyante : « On s’en fiche du bio ou du made in France, il faut surtout commencer à agir de façon raisonnée. Tout ce qu’on mange, boit ou conduit est un acte politique. Il n’y a rien d’anodin à choisir de porter un tee-shirt à 4,95 €. » Le manifeste de Lidewij Edelkoort comme détonateur La mode, Stéphanie Calvino baigne dedans depuis plusieurs années. Diplômée en arts appliqués, elle a longtemps œuvré à la Maison Mode Méditerranée de Marseille. Dévouée aux jeunes créateurs, elle y réalise l’absurdité du système. « On leur demandait d’investir pour obtenir un stand dans les salons professionnels mais, quand cela débouchait sur une commande, ils n’avaient plus les moyens d’en financer la production… Je me suis rendue compte que quelque chose ne fonctionnait plus. » Elle n’est alors pas la seule à faire ce constat. En 2015, Lidewij Edelkoort, pythie des tendances, publie son manifeste Anti_Fashion. Un pamphlet de huit pages où la Néerlandaise raconte l’obsolescence de l’ensemble de la chaîne, des écoles à la production en passant par les campagnes de publicité et la presse. « Je l’ai écrit pour alerter mes clients et l’ensemble de la profession. Sans penser à la suite », se souvient-elle. Mais, pour Stéphanie Calvino, c’est le détonateur. Après avoir lu ce « pavé dans la mare », elle cherche à rencontrer la chasseuse de tendances. Elle ne la connaît pas ? Peu importe, elle trouve son adresse mail et lui envoie un message. Aussi spontanément qu’elle contactera ensuite Sébastien Kopp, cofondateur de la marque de baskets écologiques Veja, pour qu’il intervienne dans une conférence, ou l’université d’Aix-Marseille pour qu’elle soutienne financièrement Anti_Fashion. Pour le reste, c’était « du troc et ma carte bancaire ». « L’idée a toujours été de responsabiliser, pas de culpabiliser. En fabriquant un vêtement, les gens se rendent compte du temps et de l’énergie que cela demande. » Monia Sbouaï, créatrice de la marque Super Marché, En 2016, 450 personnes assistent à la première édition, elles seront plus de 1 500 en 2018. Des étudiants en quête de sens, des retraités curieux, de jeunes créateurs qui recyclent les tissus ou encore quelques groupes de luxe qui craignent de rater le coche. On y débat de mode durable, de recherches sur les matériaux respectueux de l’environnement, d’une nouvelle société plus responsable, mais pas seulement. On y parle aussi de biomimétisme et de la refonte du système d’éducation finlandais. « La porte d’entrée, c’est la mode, mais c’est un projet plus global, confirme Sébastien Kopp, présent depuis la première édition. Aujourd’hui, ce n’est plus une association embryonnaire mais une organisation qui doit grandir tout en restant qualitative. » « On l’a voulue ouverte à tout type d’action, même petite, même imparfaite », ajoute de son côté Lidewij Edelkoort. Reconnue pour « son énergie » (Sébastien Kopp) et « sa capacité d’empathie » (Lidewij Edelkoort), Stéphanie Calvino a également développé un volet social avec son compagnon, chargé du tutorat auprès d’une quinzaine de jeunes à Marseille et à Roubaix. Et d’évoquer avec un plaisir non dissimulé cette jeune fille qui a décroché un CDI à Veja. Monia Sbouaï, créatrice de la marque Super Marché, qui travaille à partir de vêtements recyclés, anime des ateliers de création pour Anti_Fashion. Selon elle, « l’idée a toujours été de responsabiliser, pas de culpabiliser. En fabriquant un vêtement, les gens se rendent compte du temps et de l’énergie que cela demande ». Remettre l’individu au centre Le mode d’action de Stéphanie Calvino se différencie des opérations coup de poing de Greenpeace ou du lobbying d’éthique sur l’étiquette. « Anti_Fashion ne s’adresse pas qu’aux industriels. Le mouvement remet l’individu au centre, en le rendant plus responsable, en lui faisant prendre conscience de la valeur des choses que les prix pratiqués par la fast fashion [ces grandes enseignes de vêtements à bas coût] nous ont fait perdre de vue », constate Nathalie Ruelle, professeure à l’Institut français de la mode et spécialiste du développement durable. Ces propos, on les retrouve dans la bouche de Stéphanie Calvino quand elle évoque avec nostalgie l’émotion qui devrait accompagner l’achat d’un vêtement mais aussi sa famille modeste, avec laquelle elle a appris à soigner ce qu’elle possédait, et les habits du dimanche qu’on portait autrefois comme une forme de respect de soi. « Dire qu’on me demande encore si Anti_Fashion est contre la mode, s’exclame-t-elle. Alors que c’est justement un cri d’amour pour elle ! » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Il faut « redonner du sens à la mode et défendre les valeurs d’une mode responsable, durable et désirable »
21/12/2018
m-styles
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2018/12/21/stephanie-calvino-la-styliste-qui-revait-d-une-mode-responsable_5400922_4497319.html
Crise gouvernementale en Belgique : le roi Philippe a écarté toute perspective d’élections anticipées
Le roi des Belges a chargé vendredi le gouvernement d’expédier les affaires courantes d’ici au scrutin législatif du 26 mai.
Face à la crise gouvernementale que traverse la Belgique depuis deux semaines, consécutive au départ du gouvernement des ministres nationalistes flamands, le roi Philippe a écarté la perspective d’élections anticipées. Le verdict royal est tombé vendredi 21 décembre : « Le roi a accepté la démission du gouvernement et l’a chargé de l’expédition des affaires courantes », a annoncé le palais royal dans un communiqué. « Il constate une volonté politique de garantir la bonne gestion du pays jusqu’aux prochaines élections » prévues le 26 mai, ajoute le palais. Ce scrutin coïncidera en Belgique avec les élections européennes. « Réponse appropriée » Les nationalistes flamands étaient opposés au soutien du pays au pacte mondial de l’Organisation des Nations unies pour réguler les migrations, formulé officiellement le 10 décembre à Marrakech (Maroc) par le premier ministre, le libéral francophone Charles Michel. A la tête d’un gouvernement privé de majorité (disposant du soutien de seulement 52 des 150 députés), Charles Michel avait dû se résoudre mardi à présenter sa démission. Le roi avait alors engagé des consultations avec les chefs de partis pour évaluer leur souhait d’aller ou non à des élections anticipées par une dissolution de la chambre. Il appelle à une collaboration entre le Parlement et le gouvernement démissionnaire, afin que des majorités se dégagent pour voter des textes importants, comme le budget 2019. Le souverain « demande aux responsables politiques et aux institutions, en qui il réitère sa confiance, d’apporter une réponse appropriée aux défis économiques, budgétaires et internationaux, et aux attentes de la population, notamment sur le plan social et environnemental ». Lire aussi En Belgique, grande incertitude après la démission du premier ministre Charles Michel
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/crise-gouvernementale-en-belgique-le-roi-philippe-a-ecarte-toute-perspective-d-elections-anticipees_5400916_3210.html
Restaurant Nouilles Ceintures : bon, fun et pas cher
Dans ce restaurant du 9e arrondissement à Paris, on choisit la largeur des pâtes faites à la main avec de la farine de froment, avec ou sans bouillon, chaude ou froide. Bon et pas cher, compter 10 euros.
Nouilles Ceintures n’est pas un concept marketé à Paris 9e. Nouilles Ceintures Vous êtes cette jeune employée d’une start-up parisienne qui n’a que trente-cinq minutes pour déjeuner et raconter sa vie à son collègue. Vous êtes réputée bavarde. C’est vrai que vous aimez le relationnel. C’est pourquoi le cadre resserré de Nouilles Ceintures ne vous fait pas peur. Tout le monde joue des coudes pour y manger sa soupe. Ça vous fait rire. L’espace de coworking choisi par vos directeurs n’est pas loin de la rue du Faubourg-Poissonnière, où l’on peut déjeuner tous les midis pour moins de 10 €. La rue bourgeonne de concept food à ne plus savoir quoi digérer. Cette cantine-là, c’est différent. Elle ne sent pas le concept marketé. Le menu est fun, mais les gens qui la tiennent ont l’air sincère. Le patron vous raconte (oui, vous avez le contact facile) qu’il a eu treize restaurants japonais et chinois. Il a tout revendu pour monter quelque chose de plus proche de lui. Il a fait venir des épices du Xi’an pour les bouillons, il a acheté des balais qui servent à nettoyer les moulins à farine en Chine et les a accrochés aux murs comme des porte-bonheur. Des nouilles XL et des « oreilles de Judas » Il voulait un endroit où tout le monde mangerait, pour pas cher, la cuisine de sa région. La carte est clairement adaptée aux workaholics qui doivent assurer des débriefs après le déjeuner. On choisit la largeur des pâtes, toutes faites à la main avec de la farine de froment, et pour les plus fines avec des œufs en plus. Avec ou sans bouillon. Chaude ou froide. Vous commandez les XL, presque 5 centimètres de large et bien 40 centimètres de long, avec du porc mijoté, du chou chinois, ail, coriandre, ciboulette. Quant au piment, le choix se fait entre zéro et trois. Vous avez le feu sacré : vous dites deux ! Et, pour calmer le jeu, vous poussez votre collègue à prendre des entrées (il n’y a pas de dessert au menu) : une salade de céleri et cacahuète, une autre de champignons-ciboulette. Les nouilles « biang biang » de taille XL sont la spécialité du restaurant Nouilles Ceintures. Marie Aline Tout arrive sur la table en même temps. Vous n’avez même pas eu le temps de décapsuler le jus d’aloe vera ni d’articuler la moindre critique envers votre n + 1. Vous êtes fauchée par la vapeur qui émane de votre soupe. Vous n’y tenez plus et attaquez le plat avec des baguettes. Le gigantisme de la nouille que vous avez piochée vous fait écarquiller les yeux, et la bouche. Tenter de slurper ce monument mou est un exercice de contorsion cervicale ; résister à la force du piment, de jongle intrabuccal ; attraper les feuilles de chou, de chirurgie. Impossible de papoter. Conscient de ses limites, votre collègue s’est rabattu sur une fourchette. Il vous en tend une, accompagnée d’un couteau. Un soupir de soulagement vous échappe. Vous vous ruez sur les salades : croquantes, fraîches, avec une sauce légèrement sucrée. Les champignons sont appelés des « oreilles de Judas », à la fois mous et extracroquants, sucrés et pimentés. C’est surprenant. Ça vous fait des vacances. Vous pouvez enfin commencer votre récit. Le collègue, décidément plus malin, vous écoute en aspirant ses nouilles fines aux légumes, sans bouillon ni piment. Il a l’air de se régaler. Inspirée par son sens pratique, vous finissez par vous taire et savourer. Nouilles ceintures : 69, rue du Faubourg-Poissonnière Paris 9e. Pas de réservation. Ouvert du lundi au samedi de 12 heures à 21 heures. L’addition : autour de 10 €. Délit d’initiés : il faut manger les nouilles dans les trois minutes, sinon elles collent et forment une sorte de galette. Les incontournables : la salade champignons-ciboulette, les nouilles XL au porc (version chaude ou froide). Le bémol : pas de dessert. La sentence : la cantine parfaite pour dynamiser une journée de jeune cadre un peu fatigué.
21/12/2018
m-gastronomie
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2018/12/21/restaurant-nouilles-ceintures-bon-fun-et-pas-cher_5400912_4497540.html
« Le Monde des lecteurs » - Suisse : la démocratie suisse pour les nuls
Elie Hanna rappelle que « depuis 1959 la Suisse est gouvernée par ce qu’on appelle une Formule Magique, selon laquelle, les quatre plus grands partis du pays gouvernent ensemble. Il ne s’agit pas d’un gouvernement d’union nationale mais d’une entente nationale. La droite est majoritaire. Les Suisses regroupent les votations communales, cantonales et fédérales en quatre fois par an. Les dates sont connues à l’avance jusqu’en 2037. »
Suisse, Canton de Vaud, Région du Léman, Vevey, Gros plan sur deux drapeaux Suisse dans le ciel bleu Isabelle Pinsson / Photononstop / Isabelle Pinsson / Photononstop Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. La démocratie suisse pour les nuls : L’organisation politique fédérale : La démocratie directe suisse est souvent donnée en exemple, rarement décriée. Son fonctionnement n’est pas bien compris en dehors de nos frontières, et encore moins chez nos voisins français. Je dédie ce bref aperçu à : Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale Française Richard Ferrand En Suisse comme ailleurs, il y a un Gouvernement qui est le Conseil fédéral, une chambre de députés qui est le Conseil national et un sénat qui est le Conseil des Etats. La plupart des lois et des autres actes votés par le Parlement entrent en vigueur sans que le peuple soit appelé à se prononcer. Un scrutin (référendum) est néanmoins possible dans deux cas : 1) Lorsque des citoyens s’opposent à certaines décisions du Parlement, ils doivent récolter 50 000 signatures valables, dans les 100 jours à compter de la publication officielle de l’acte, ou que huit cantons le demandent, la loi sera soumise au vote du peuple (référendum facultatif) ; la loi n’entrera en vigueur que si la majorité du peuple l’accepte en votation. 2) Certains actes votés par le Parlement, notamment les révisions de la Constitution, sont obligatoirement soumis au vote du peuple et des cantons (référendum obligatoire) ; les révisions de la Constitution n’entrent en vigueur que si la majorité du peuple et des cantons les acceptent en votation. Le Conseil national compte 200 députés (nombre variable), qui représentent le peuple suisse. Plus un canton est peuplé, plus il a de représentants à la Chambre du peuple. Le Conseil des Etats compte 46 députés (sénateurs), qui représentent les cantons. Chaque canton y est représenté par deux députés, sauf les anciens demi-cantons, qui n’y sont représentés que par un sénateur. Le Conseil national et le Conseil des Etats traitent les mêmes objets et ont les mêmes pouvoirs. Certaines décisions, notamment l’élection du Conseil fédéral, sont prises par l’Assemblée fédérale (Chambres réunies), mais pour l’essentiel, les deux Chambres délibèrent séparément. Si leurs avis ne concordent pas, elles procèdent au règlement des divergences. Nos parlementaires sont des miliciens. Chacun d’eux garde une activité professionnelle. Ils encaissent des indemnités sous la forme de rétribution et de défraiement. Entre 130 et 150 mille francs par an afin de payer leurs assistants, secrétaires, déplacements, etc. D’où la possibilité de nuisance des lobbys, mentionnés par Monsieur Ferran. Avant 2023 le peuple va se prononcer sur le financement de la vie politique en Suisse, et la tendance serait au professionnalisme des parlementaires, qui impliquerait une meilleure indépendance des élus. Le Conseil fédéral compte sept Conseillers fédéraux. A tour de rôle l’un d’eux est élu président de la Confédération pour une année, qui commence le premier janvier. Ils sont élus tous les quatre ans, mais en règle générale, ils sont reconduits tous les quatre ans, sauf rare exception. L’idée est que les Conseillers fédéraux ne soient pas en campagne électorale tout le temps. En cas de démission d’un Conseiller fédéral avant la fin d’une législature (4 ans), les chambres fédérales élisent un remplaçant. Souvent, un Conseiller fédéral reste à l’exécutif entre 8 et 16 ans. Elle ou lui seul(e) détient le pouvoir de démissionner. On peut devenir Conseiller fédéral ou conseillère fédérale sans se porter candidat. Il suffit d’être suisse et d’avoir le droit de vote. Le salaire annuel d’un Conseiller fédéral est d’environ CHF 485 000.- francs et la retraite à vie de 220 000.- à condition qu’avec leurs autres revenus cumulés à leur rente d’ex-conseiller fédéral, ne doivent pas dépasser le salaire d’un conseiller fédéral en fonction, sans quoi leur retraite de ministre est réduite en conséquence. La fameuse Initiative populaire fédérale Le peuple peut demander une modification totale ou partielle de la Constitution mais pas la révision ou l’introduction d’une nouvelle loi fédérale. Ce qui procure une grande stabilité politique au pays. Pour lancer une initiative il faut récolter 100 000.- signatures en 18 mois. Les initiatives ne sont gagnées que rarement car les autorités cherchent le compromis afin de pousser les initiants à retirer l’initiative pendant la période de la récolte des signatures, ou par la proposition d’un contre-projet, soumis en même temps que l’initiative à la votation, et qui favorise certaines des revendications d’une façon atténuée. Tout le système est basé sur la concordance, le consensus et la codécision. Le Souverain est le peuple. Pour comprendre la portée des initiatives populaires il n’y a pas mieux que les exemples : - L’initiative sur les minarets : l’UDC, qui représente la droite dure, a lancé une initiative pour interdire la construction de nouveaux minarets. Le but de cette initiative était de sensibiliser la population à l’augmentation du nombre de musulmans. Contre toute attente, et à la surprise générale de l’UDC, l’initiative a été acceptée ! les minarets déjà construits (très peu), ne seront pas démolis. - L’initiative contre les OGM : en 2005 le peuple a exigé un moratoire de 5 ans sur la culture des OGM et a chargé le Parlement de reprendre la main en 2010. Le Parlement a décidé en 2010 de maintenir l’interdiction des OGM jusqu’en 2013 puis jusqu’en 2017 et 2021. - Pour une dépense inhabituelle le Parlement ou le Conseil fédéral consulte le peuple, par exemple, pour l’achat d’avions de combat. Si les autorités renoncent à consulter le peuple, le souverain a toujours la possibilité de lancer une initiative populaire - L’initiative contre l’immigration de masse : en février 2014 cette initiative de l’UDC a été acceptée par une légère majorité. L’application stricte de ladite initiative allait mettre en danger la loi sur la libre circulation avec l’UE. Le Parlement a évité le problème avec succès, par la mise en place d’une loi « light », qui a gagné la faveur du peuple. L’UE l’a acceptée aussi. - L’initiative contre les forfaits fiscaux : Les riches étrangers peuvent s’établir en Suisse en choisissant une taxation selon leur train de vie. Plusieurs Cantons alémaniques avaient aboli ce système fiscal chez eux. Mais quand il s’agissait de voter au niveau fédéral, pour tous les cantons à la fois, ils ont voulu maintenir ce régime fiscal, pour aider les cantons latins (romands et tessinois) qui y tiennent absolument. Cette initiative de la gauche a été refusée. Mais elle a servi d’une grande leçon de démocratie, et a affirmé la devise de la Suisse : « un pour tous, tous pour un », qu’Alexandre Dumas a popularisé dans Les Trois Mousquetaires. - En 2004, la population dit oui à l’initiative « Internement à vie pour les délinquants sexuels ou violents jugés dangereux ». Sa mise en œuvre se révèle délicate, dans la mesure où ce texte porte atteinte aux droits humains. Le Tribunal fédéral (dernière instance) casse systématique les jugements d’internement à vie. Depuis 1959 la Suisse est gouvernée par ce qu’on appelle une Formule Magique, selon laquelle, les quatre plus grands partis du pays gouvernent ensemble. Il ne s’agit pas d’un gouvernement d’union nationale mais d’une entente nationale. La droite est majoritaire. Les Suisses regroupent les votations communales, cantonales et fédérales en quatre fois par an. Les dates sont connues à l’avance jusqu’en 2037. La pétition Le dispositif constitutionnel qui me plaît le plus dans l’ordre juridique suisse est la pétition. Tout un chacun peut lancer une pétition. Qu’elle soit lancée sous forme écrite ou online, la pétition n’a pas de valeur juridique en soit, mais l’autorité à laquelle la pétition est adressée est tenue d’en prendre acte, mais pas d’y répondre. Cependant, en règle générale, les autorités traitent les pétitions et y répondent. Elie Hanna, Genève Principale source : www.ch.ch
21/12/2018
blog-mediateur
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/21/le-monde-des-lecteurs-suisse-la-democratie-suisse-pour-les-nuls_5400907_5334984.html
L’imam de la grande mosquée de Toulouse, Mohamed Tataï, mis en examen pour provocation à la haine
Mohamed Tataï est notamment accusé d’avoir cité un hadith – une parole du prophète Mohamed – dans lequel il est question de tuer les juifs.
La grande mosquée de Toulouse le jour de son inauguration, le 23 juin 2018, après treize ans de rénovation. ÉRIC CABANIS / AFP L’imam de la grande mosquée de Toulouse, Mohamed Tataï, a été mis en examen cette semaine pour provocation à la haine ou à la violence, a fait savoir, vendredi 21 décembre, le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzeari. Le parquet avait été saisi le 28 juin par le préfet de Haute-Garonne d’un « signalement de faits susceptibles de constituer le délit d’incitation à la haine relativement à des propos tenus à l’occasion d’un prêche en langue arabe ». Les propos de l’imam avaient été enregistrés sur vidéo dans une salle de prière en décembre 2017 et diffusés sur Internet par le site du Memri (acronyme de Middle East Media Research Institute – Institut de recherche des medias du Moyen-Orient). Dans cette vidéo, l’imam franco-algérien, qui officie dans le quartier d’Empalot depuis plus de trente ans, aurait cité un hadith (parole de Mahomet recueillie par ses femmes et ses compagnons) antisémite. Le prêche, prononcé en arabe comme toujours par cet imam, évoquerait notamment, selon le Memri, « les juifs qui se cacheront derrière les pierres et les arbres, et les pierres et les arbres diront : Ô musulman, ô serviteur d’Allah, il y a un juif qui se cache derrière moi, viens le tuer ». Provocation à la haine ou à la violence A la fin de juin, le parquet de Toulouse avait ouvert une enquête préliminaire confiée à la police judiciaire, qui a pu vérifier le contenu et les modalités de cette diffusion. Les propos de l’imam ont également été traduits dans le cadre judiciaire par un interprète assermenté. Le parquet avait ensuite requis, en septembre, l’ouverture d’une information judiciaire pour « provocation publique, par parole et au moyen de communication au public par voie électronique, à la haine ou à la violence ». Interrogé par des médias locaux sur son prêche controversé, l’imam s’était excusé auprès de la communauté juive, en expliquant que ses propos avaient été sortis de leur contexte. La grande mosquée de Toulouse a été inaugurée le 23 juin après treize ans de travaux. Elle peut accueillir 3 000 fidèles – ce qui en fait le plus grand lieu de culte musulman de la ville –, et sa construction a coûté 5,5 millions d’euros. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Maroc au défi de former les futurs imams français
21/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/l-imam-de-la-grande-mosquee-de-toulouse-mis-en-examen_5400905_3224.html
Une sélection de livres astronomiques à (s’)offrir
Notre blogueur Guillaume Cannat a retenu dix ouvrages, dont plusieurs consacrés au cinquantième anniversaire des missions Apollo.
Quelques livres pour découvrir le ciel et l’espace quand les nuages vous empêchent de l’admirer. Astronomie, à la conquête de l’Univers de James Lequeux (Éditions de Monza, 456 p., 69 €). Une somme ! Avec près de 3 kilos, plus de 450 pages et une iconographie d’une richesse peu commune, l’ouvrage de James Lequeux dresse un portrait global de l’Astronomie, de l’Antiquité à la découverte des ondes gravitationnelles. Astrophysicien de réputation internationale, James Lequeux a été rédacteur en chef pendant quinze ans de la revue scientifique de référence Astronomy & Astrophysics. Grâce à sa culture encyclopédique, cet ouvrage à la maquette splendide et rigoureuse donne à lire et à voir l’évolution d’une discipline au fil des siècles, de l’observation visuelle aux technologies les plus avancées. Un découpage en treize chapitres qui peuvent être lus indépendamment permet de savourer le plantureux contenu rédactionnel par étapes, mais la variété des illustrations et la qualité de leur reproduction vous invitent à engloutir d’une traite cette formidable histoire de l’astronomie. Univers, des Mondes grecs aux multivers de Guillaume Duprat (Saltimbanque éditions, 56 p., 19,90 €). S’il ressemble à un album pour enfants au premier coup d’œil, un regard plus approfondi montre que cet ouvrage s’adresse en fait à tout le monde. Il permet en effet de visualiser les nombreux modèles d’univers imaginés depuis la plus haute Antiquité, du monde clos à l’univers infini. Avec des dessins très simples et de belles trouvailles de mise en page (en scène), Guillaume Duprat nous permet de mieux comprendre l’Univers auquel nous appartenons. Pop-up Lune d’Anne Jankeliowitch, Annabelle Buxton et Olivier Charbonnel (De la Martinière jeunesse, 22 p., 23 €). Même s’il s’adresse en priorité aux enfants à partir de 6 ou 7 ans, je vous invite à feuilleter cet ouvrage et à sourire devant l’ingéniosité des découpages qui se déploient au fil des pages ; celui sur l’origine de la Lune est saisissant et celui sur l’explication des phases lunaires est remarquable et bien conçu. Les textes brefs sont très clairs et les illustrations sont superbes : une belle réussite ! Ils ont marché sur la Lune de Philippe Henarejos (Belin, 512 p., 26 €) Ils ont marché sur la Lune. 50 ans d’épopée photographique de Piers Bizony (Delachaux et Niestlé, 240 p., 39,90 €). 50eanniversaire du premier homme sur la Lune sous la direction de Marc Bradfer et Marie-Ange Sanguy (Empreinte, 316 p., 35 €). L’aventure Apollo de Charles Frankel (Dunod, 288 p., 19,90 €). Si l’on en juge par le nombre de livres déjà publiés ou à paraître à l’approche du 50e anniversaire de l’arrivée de l’Homme sur la Lune notre voisine fait toujours rêver ! J’ai choisi de vous présenter quatre ouvrages qui donnent à voir ou à revivre l’aventure sortant de l’ordinaire des missions Apollo. Le plus intéressant est à mon avis celui de Philippe Henarejos qui nous plonge avec passion dans le déroulement, presque minute par minute, de chacune des six missions qui ont permis à douze astronautes de fouler le sol lunaire. Le texte est riche et plaisant à lire et les quelques coquilles éditoriales qui parsèment cette énorme masse de connaissance seront très certainement corrigées lors d’un prochain tirage. Seul bémol, le petit format et la qualité du papier ne permettent pas de rendre hommage aux somptueuses photographies prises par les astronautes. Pour les apprécier à leur juste valeur, je vous conseille l’ouvrage de Piers Bizony, qui porte exactement le même titre que celui de Philippe Henarejos ! Son grand format (31 x 31 cm) et son beau papier couché nous font revivre l’émotion visuelle de cette épopée lunaire. Le livre de Charles Frankel, qui a bavardé avec la plupart des astronautes lunaires, est très vivant et il multiplie avec verve les portraits de ces aventuriers du ciel. Quant au grand volume dirigé par Marc Bradfer et Marie-Ange Sanguy, il permet d’avoir une vision pratiquement exhaustive du programme Apollo et de ses précurseurs (Mercury, Gemini, etc.). Il donne également la parole à Claudie Haigneré, à François de Closets et à tous les astronautes Français, de Jean-Louis Chrétien à Thomas Pesquet, qui racontent leurs souvenirs de ces instants exceptionnels de l’exploration spatiale. Nuits des Cévennes de Jean-Paul Salasse, Arnaud Rykner, Alain Renaux, Samuel Challéat et Guillaume Cannat (Éditions du Rouergue, 160 p., 35 €). La lecture de ce blog au fil des mois vous aura sûrement permis de comprendre mon attachement aux Cévennes et au ciel exceptionnel que l’on peut encore admirer sur ce territoire grâce à une gestion raisonnée de l’éclairage artificiel. Cette qualité de plus en plus rare a été reconnue en 2018 par l’International Dark-sky Association avec l’attribution du label « Réserve internationale de ciel étoilé » au parc national des Cévennes. J’ai eu le plaisir de contribuer à ce très beau livre qui explore l’importance de la nuit pour la faune, la flore et l’homme, et je suis persuadé qu’il plaira à tous les lecteurs d’Autour du ciel. L’Astronomie comme vous ne l’avez jamais vue d’Emmanuel Beaudoin (Dunod, 192 p., 19,90 €). Le guide pratique d’observation à offrir à un enfant ou à un adolescent qui s’intéresse à l’observation des astres à l’œil nu et aux instruments. Une maquette originale, très dense, avec une multitude de conseils qui faciliteront une première découverte du ciel. Une belle création éditoriale à recommander. Guide de l’Astro-Tourisme en France et dans le Monde de Christophe Lehénaff et al. (Petit Futé, 216 p., 9,95 €). J’achève ce petit tour d’horizon par un guide très complet pour préparer vos prochaines observations ou vacances astronomiques partout sur la planète. Que vous vouliez visiter les grands observatoires au Chili, admirer les aurores boréales en Islande, contempler la splendeur de la Voie lactée à La Réunion ou en Namibie ou, tout simplement, connaître les meilleurs sites pour échapper à la pollution lumineuse en France et ailleurs, ce petit guide est un compagnon indispensable. Et n’oubliez pas de vous procurer sans plus attendre mes ouvrages Le Ciel à l’œil nu en 2019 et le Calendrier astronomique 2019 avec lesquels vous ne manquerez aucun rendez-vous astronomique important à partir du 1er janvier ! Guillaume Cannat (pour être informé de la parution de chaque nouvel article, suivez-moi sur Twitter, sur Facebook ou sur Google+)
21/12/2018
blog
http://autourduciel.blog.lemonde.fr/2018/12/21/une-selection-de-livres-astronomiques-a-soffrir/
Le pape François promet que « plus jamais » l’Eglise ne cherchera à couvrir des abus sexuels
A l’occasion de ses vœux à la curie romaine, le pontife argentin a appelé les membres du clergé accusés de pédophilie à se livrer « à la justice humaine ».
Le pape conduit un chœur d’enfants lors de l’audience hebdomadaire au Vatican, le 19 décembre 2018. VINCENZO PINTO / AFP Le pape François continue de préparer le prochain rendez-vous de l’Eglise catholique, dont la réussite est cruciale pour elle : le sommet contre la pédophilie, prévu à Rome du 21 au 24 février 2019. Il a consacré à la question des violences sexuelles la majeure partie de son discours prononcé à l’occasion des vœux à la curie romaine, vendredi 21 décembre au matin. Une fois encore, il a tenté de sauvegarder la crédibilité de son institution par des mots forts, qui annoncent peut-être des décisions en février. « L’Eglise ne cherchera jamais à couvrir ou à minorer aucun cas » d’abus, a déclaré le pontife argentin devant les chefs des départements de l’administration vaticane. Il a reconnu que, par le passé, « certains responsables, par légèreté, par crédulité, par manque de formation, par inexpérience ou par superficialité spirituelle et humaine ont traité de nombreux cas sans le sérieux et la rapidité nécessaires ». « Cela ne doit plus jamais se reproduire, a-t-il ajouté. Cela, c’est le choix et la décision de toute l’Eglise. » « Loups atroces » Le pape s’est aussi adressé directement aux clercs « qui abusent des faibles en se prévalant de leur pouvoir moral et de la persuasion », commettent des « abominations et continuent d’exercer leur ministère comme si rien ne s’était passé ; ils n’ont peur ni de Dieu ni de sa justice, ils ont peur d’être découverts et démasqués ». A ces « loups atroces », il a dit : « Convertissez-vous et livrez-vous à la justice humaine, et préparez-vous à la justice divine. » Il a ajouté que l’Eglise mettrait tout en œuvre pour déférer devant la justice « quiconque a commis de tels crimes ». François a observé que, dans l’Eglise, certains accusaient les « agents de la communication » de vouloir donner le sentiment que la grande majorité des abus se produisaient dans cette institution. « Au contraire, je voudrais remercier sincèrement les travailleurs des médias qui ont été honnêtes et objectifs et qui ont cherché à démasquer ces loups et donner la parole aux victimes. » « L’Eglise demande qu’on ne garde pas le silence et que la lumière soit faite de manière objective, a-t-il ajouté, parce que le plus grand scandale en la matière est de camoufler la vérité. » Deux cardinaux évincés du C9 Ces dernières semaines, le pape a pris plusieurs décisions allant dans le sens d’une plus grande rigueur envers les responsables catholiques accusés de violences sexuelles ou de les avoir favorisés par la dissimulation. Il a évincé de son collège de neuf cardinaux chargé de le conseiller, le C9, deux prélats mis en cause à des titres divers. Le 12 décembre, le Vatican a annoncé le départ de l’australien George Pell, 77 ans, par ailleurs toujours numéro 3 de la curie romaine, chargé des finances du Saint-Siège. On ne peut cependant pas dire que la décision concernant ce haut responsable ait été particulièrement rapide : depuis juin 2017, le cardinal Pell a quitté Rome pour l’Australie, où la justice le poursuit dans différentes affaires d’agressions sexuelles sur mineurs, dont certaines l’impliquent directement. Mardi 11 décembre, une condamnation a été prononcée contre lui dans un premier procès, mais la justice australienne fait interdiction à la presse d’en donner la teneur avant la fin d’une seconde procédure, qui devrait avoir lieu dans quelques mois. François avait prévenu qu’il ne déciderait du sort de George Pell qu’après que la justice australienne aurait statué. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment les médias ont été réduits au silence en Australie Le deuxième cardinal exfiltré du C9 est le chilien Francisco Javier Errazuriz. Agé de 85 ans, cet ancien archevêque de Santiago (1998-2010) est accusé par des victimes de plusieurs ecclésiastiques pédophiles chiliens d’avoir couvert leurs agresseurs lorsqu’il était en fonction, ce qu’il nie. Par ailleurs, mercredi, François a accepté la démission de l’évêque auxiliaire de Los Angeles, Mgr Alexander Salazar, soupçonné de « conduite inappropriée sur mineur », lorsqu’il était prêtre, dans les années 1990.
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/le-pape-francois-promet-que-plus-jamais-l-eglise-ne-cherchera-a-couvrir-des-abus-sexuels_5400894_3210.html
Xavier Pasco : « La dissuasion nucléaire passe par le domaine spatial »
Pour cet expert de l’espace, les dynamiques des groupes privés investissant dans les satellites et le jeu des puissances américaine, russe et chinoise créent des tensions qui poussent la France à remobiliser ses acteurs industriels et son appareil militaire.
Le ministère des armées a lancé, mercredi 19 décembre, depuis Kourou, en Guyane, le premier des trois satellites de sa nouvelle composante spatiale optique (CSO). Le président Emmanuel Macron doit communiquer, début 2019, sur une stratégie de défense française dans le domaine spatial. La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit déjà 3,6 milliards d’euros d’investissements spatiaux. Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste de l’espace, détaille les enjeux actuels. Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique FONDATION POUR LA RECHERCHE STRATEGIQUE Outre la modernisation nécessaire de ses outils militaires, la France se mobilise-t-elle pour rester dans la course spatiale ? La France a peu évolué ces dernières années dans le domaine spatial sauf au niveau des armées, qui ont accru l’utilisation des moyens spatiaux dans le cadre des opérations telles que « Serval » au Mali, en 2013. La dynamique mondiale a été relancée par des acteurs nouveaux, dotés de moyens importants, d’origines privée et publique, comme Elon Musk aux Etats-Unis. Les compétitions renaissent et les tensions diplomatiques s’accroissent dans l’espace, reflétant le jeu des puissances sur terre. Dans un monde ultraconnecté, les univers civil et militaire convergent. Face à cette situation, il y a une volonté en France d’impulser un mouvement. La dissuasion nucléaire singularise la position française en Europe, car elle passe par le domaine spatial. La France considère que c’est un milieu où elle doit continuer d’être capable d’agir et qu’il faut un acte de présence dans l’espace pour être une nation respectée. Cela implique de disposer de moyens. L’aspect souveraineté est primordial et concerne d’abord la surveillance. L’autre question fondamentale est celle du maintien d’un accès garanti à l’espace, de la disponibilité certaine des moyens spatiaux et de la définition de leur ampleur. Les Etats-Unis ont 150 satellites militaires, la France en a 12. Tout dépend des objectifs fixés. La « revisite », c’est-à-dire la capacité de repasser par le même point plusieurs fois par jour, peut offrir une certaine persistance dans l’observation. Les constellations de satellites commerciaux y contribueront. Par son agilité, la composante spatiale optique permettra une meilleure réactivité. Pour la défense, une stratégie globale devient nécessaire, or la France n’en a jamais vraiment eue. Le réinvestissement dépend de quelle puissance militaire on veut être, de quelle capacité à mener des opérations extérieures on veut disposer… Se pose aussi la question des opérateurs de confiance sur lesquels l’Etat pourrait se reposer, dans un contexte industriel en pleine mutation. La ministre des armées, Florence Parly, a appelé à les définir. Enfin, comment défendre ces moyens si nécessaire ? Il faut établir jusqu’où aller, et comment dissuader.
21/12/2018
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https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/xavier-pasco-la-dissuasion-nucleaire-passe-par-le-domaine-spatial_5400891_3210.html
La Malaisie prend ses distances avec Pékin
En critiquant la politique des « nouvelles routes de la soie » chinoises, le premier ministre malaisien, Mahathir Mohamad, légitime les critiques émises par l’Occident à l’égard des investissements menés par Pékin dans de nombreux pays émergents.
Le premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, lors de sa rencontre avec son homologue japonais, Shinzo Abe, à Tokyo, le 12 juin 2018. POOL / REUTERS Trois mois à peine après son retour au pouvoir à Kuala Lumpur, Mahathir Mohamad, 93 ans, a porté un coup sévère à la diplomatie chinoise. En visite officielle à Pékin, mi-août, le premier ministre malaisien a en effet mis ses interlocuteurs en garde contre « une nouvelle version du colonialisme qui se produirait parce que des pays pauvres ne sont pas en mesure de rivaliser avec des pays riches. » Et d’ajouter : « Nous avons donc besoin d’un commerce équitable. » Pour lui, le commerce doit être non seulement « free » (libre) mais aussi « fair » (juste). Une critique à peine voilée des « nouvelles routes de la soie » chinoises qui n’allait pas tarder à devenir explicite. Au cours de cette même visite, le premier ministre a remis en question des projets chinois d’une valeur de 19 milliards d’euros : la construction d’un train à grande vitesse sur la côte Est de la Malaisie péninsulaire et d’un gazoduc dans l’Etat de Sabah, à Bornéo. Il a ainsi légitimé les critiques émises jusqu’alors essentiellement par l’Occident à l’égard des investissements colossaux menés par la Chine dans de nombreux pays émergents au risque d’accroître l’endettement de ces derniers à un niveau excessif. Tout en affirmant ne pas « vouloir se retrouver dans une position antagoniste » avec la Chine, selon l’expression du ministre malaisien de la défense Liew Chin Tong, cité par le site japonais Nikkei Asian Review, la Malaisie ne « [veut pas] devenir un “Etat client” », qui serait trop dépendant des investissements de la Chine. Le sujet est devenu récurrent dans le débat politique de plusieurs pays africains et asiatiques, notamment au Sri Lanka et aux Philippines. Le revirement n’est pas sans risque Les médias chinois ont cherché à rassurer en expliquant que cette critique de leur pays par un de ses alliés traditionnels s’expliquait par des raisons de politique interne. Les contrats dénoncés avaient ainsi été conclus par le prédécesseur de Mahathir Mohamad, Najib Rajak, mis en examen, depuis, pour corruption. Mais le revirement de la Malaisie n’est pas sans risque. Pékin est le premier client du pays, et les liens entre les deux Etats sont d’autant plus forts que 25 % de la population de la Malaisie sont d’origine chinoise. Comme l’écrit le chercheur Victor Germain dans une note d’Asia Trends (automne 2018), les officiels malaisiens, tout en critiquant Najib Rajak, dont les détournements de fonds se monteraient à plusieurs centaines de millions de dollars, « se gardent bien d’avancer que certains à Pékin auraient eu un intérêt à voir des travaux si chèrement facturés ».
21/12/2018
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Malaisie : Anwar Ibrahim, miraculé de la politique
Entre Mahathir Mohamad, le vieux chef du gouvernement malaisien, et Anwar Ibrahim, son successeur désigné qu’il avait fait emprisonner une première fois il y a vingt ans, les relations sont rudes. Pourtant, à moins d’une nouvelle rupture, Anwar devrait devenir le premier ministre d’un pays qui se démocratise.
cratise. L’ancien chef de l’opposition malaisienne, Anwar Ibrahim, à Kuala Lumpur, le 28 septembre. IAN TEH POUR LE MONDE La politique est souvent une affaire tortueuse, parfois sordide, faite de déchirements et de réconciliations marquées par les intérêts et les alliances de circonstances. Il n’empêche : le drame en trois actes qui s’est noué en Malaisie au cours de l’année mériterait sans doute la palme du retournement de situation le plus improbable. Difficile, en effet, d’imaginer plus spectaculaire enchaînement de détestation, de haine recuite et de rabibochage qui a caractérisé la tumultueuse relation entre Anwar Ibrahim et Mahathir Mohamad, les deux hommes forts de la Malaisie d’hier et d’aujourd’hui… Acte I, 9 mai 2018. Le Pakatan Harapan (Alliance de l’espoir, PH), parti d’opposition dominé par un ancêtre de la politique locale, Mahathir Mohamad, âgé de 93 ans, remporte les élections. La coalition sortante dirigée par Najib Razak, notoirement corrompu, mord la poussière. Mahathir Mohamad, qui avait été à la tête du gouvernement entre 1981 et 2003, redevient premier ministre. Acte II, 16 mai. Anwar Ibrahim, 71 ans, ex-vice-premier ministre de Mahathir Mohamad dans les années 1990, est libéré après avoir purgé trois des cinq années de sa peine de prison : il avait été condamné en 2015 pour sodomie, pratique sexuelle illégale en Malaisie. Ce n’était pas son premier passage derrière les barreaux : en 1998, alors qu’il occupait depuis sept ans les fonctions de ministre des finances et de vice-premier ministre de Mahathir, il avait déjà été démis de ses fonctions par le « boss », puis inculpé. En prison pour sodomie Avec son indépendance d’esprit confinant à la provocation, Anwar était devenu à l’époque un insupportable gêneur. Une justice aux ordres du pouvoir l’avait envoyé en prison pour corruption et, déjà, pour sodomie (l’accusé a toujours nié les faits et dénoncé un règlement de comptes politique). Condamné à neuf ans de prison en 2000, il avait été libéré au bout de cinq ans. Nul besoin de préciser que les deux hommes s’étaient brouillés à mort… Jusqu’à cette nouvelle libération anticipée au printemps 2018. Les deux ex-alliés, devenus meilleurs ennemis, se sont en effet aussitôt réconciliés. Ils ont alors confirmé – comme on le pressentait depuis un moment – avoir conclu le marché suivant : Mahathir redevient chef de gouvernement, mais pour une courte partie de son mandat seulement – environ deux ans – ; et Anwar doit le remplacer aux alentours de 2020. Acte III, 13 octobre. Anwar Ibrahim est élu député d’une circonscription proche de la capitale, Kuala Lumpur. Et, à moins d’un événement imprévisible ou d’une nouvelle rupture avec Mahathir – probabilité qui n’est jamais à écarter –, il devrait bientôt devenir le prochain chef de gouvernement de la Fédération de Malaisie. Même si aucune date précise n’a été fixée.
21/12/2018
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https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/malaisie-anwar-ibrahim-democrate-converti_5400884_3210.html
Attentats de janvier 2015 : le parquet requiert le renvoi de 14 personnes devant les assises spéciales
Ces réquisitions surviennent quatre ans après les attaques contre « Charlie Hebdo » et l’Hyper Cacher, qui avaient ouvert la vague djihadiste qu’a connue depuis la France.
Des policiers devant le supermarché Hyper Cacher, le 10 janvier 2015. Quatre ans après les attentats, le parquet a requis le renvoi de 14 personnes devant les assises spéciales, le 21 décembre 2018. YVES HERMAN / REUTERS Un mois après que les juges d’instruction saisis de l’information judiciaire sur les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de janvier 2015 ont notifié aux parties la fin de leurs investigations, le parquet de Paris a rendu ses réquisitions, vendredi 21 décembre au matin. Il revient désormais aux juges antiterroristes de décider de renvoyer tout ou partie des suspects devant une cour d’assises spécialement composée, quatre ans après ces drames qui avaient ouvert la vague djihadiste qu’a connue depuis la France. Le djihadiste Peter Cherif, proche des frères Kouachi et arrêté le 16 décembre à Djibouti, n’est pas visé par un mandat d’arrêt dans cette enquête, alors qu’il est parfois présenté comme un possible commanditaire de ces attentats. En revanche, selon un communiqué du procureur de Paris diffusé vendredi au lendemain de la révélation de sa capture, trois des quatorze suspects des attentats de janvier 2015 – Hayat Boumedienne, compagne d’Amedy Coulibaly, et les deux frères Belhoucine – sont visés par des mandats d’arrêt, étant partis quelques jours avant les attaques pour la zone irako-syrienne. Même si les deux hommes sont présumés morts. Dans son réquisitoire daté du 19 décembre, un document de quelque 500 pages, le parquet retient les charges les plus lourdes contre l’aîné des frères Belhoucine, Mohamed, et contre un proche d’Amedy Coulibaly, pour sa part en détention, Ali Riza Polat. Le ministère public souhaite les voir jugés pour « complicités des crimes » commis par les trois terroristes. Lire aussi L’enquête sur les attentats de janvier 2015 est terminée Belhoucine, auteur du serment d’allégeance à l’EI Ali Riza Polat, 33 ans, est mis en cause pour son rôle central, au côté d’Amedy Coulibaly, dans la fourniture d’armes utilisées pour les attaques. Mohamed Belhoucine, lui, est soupçonné d’avoir apporté un soutien logistique et idéologique. Les enquêteurs ont établi qu’il était l’auteur du serment d’allégeance au groupe Etat islamique (EI) lu par Amedy Coulibaly dans une vidéo de revendication, et qu’il avait pu jouer le rôle d’intermédiaire avec un commanditaire. Le réquisitoire réclame par ailleurs que ces deux protagonistes et onze autres mis en examen répondent d’« association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Pour la quatorzième personne, le parquet préconise de le poursuivre pour « association de malfaiteurs », en abandonnant la qualification terroriste. Sur les 18 personnes mises en cause dans cette enquête tentaculaire, le parquet requiert en outre un non-lieu pour trois d’entre elles. Un quatrième homme, mineur au moment des faits, a vu son cas disjoint et transmis au parquet de Lille. Le 7 janvier 2015, les frères Chérif et Saïd Kouachi ont tué 12 personnes dans l’attaque du journal satirique Charlie Hebdo avant de prendre la fuite. Le lendemain, Amedy Coulibaly a tué une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine). Le 9 janvier, il a ensuite tué quatre hommes, tous juifs, lors de la prise d’otages de l’Hyper Cacher, dans l’Est parisien. Il est mort sur place dans un assaut policier, juste après les frères Kouachi qui s’étaient retranchés dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) après deux jours de traque.
21/12/2018
police-justice
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Au Soudan, huit morts lors de manifestations contre la hausse du prix du pain
Dans un contexte de difficultés économiques croissantes, le coût de certaines denrées alimentaires a plus que doublé ces derniers mois.
Dans une rue d’Atbara, au Soudan, lors de manifestations contre la vie chère, le 20 décembre 2018. Reuters Photographer / REUTERS Huit manifestants ont été tués au Soudan, jeudi 20 décembre, dans des affrontements avec les forces de l’ordre lors de protestations contre la hausse du prix du pain, selon des responsables. Des manifestants en colère ont également mis le feu au siège du Parti du congrès national, du président Omar Al-Bachir, dans les villes d’Al-Gadaref (est) et de Dongola (nord), ont précisé les témoins. « Il y a eu six morts » et un nombre indéterminé de blessés à Al-Gadaref, a déclaré à une télévision soudanaise un responsable local, Al-Tayeb Al-Amine Tah, sans préciser comment ils sont décédés. Parmi eux, un étudiant dont la mort a été annoncée plus tôt par sa famille et un autre responsable. Dans la ville d’Atbara, à 400 km à l’est de Khartoum, deux manifestants ont péri, a indiqué un porte-parole du gouvernorat, Ibrahim Moukhtar. En soirée, les manifestations ont cessé dans la plupart des villes, un couvre-feu nocturne ayant été instauré dans quatre cités, selon les autorités locales. Mais des protestations se poursuivaient dans certains quartiers de Khartoum, où des centaines d’étudiants ont bloqué dans la journée les rues menant à leurs universités. Les forces anti-émeutes ont en outre dispersé à coups de gaz lacrymogènes des manifestants scandant « Le peuple veut la chute du régime » près du palais présidentiel, selon des témoins. Couvre-feu à Al-Gadaref De nombreux étudiants participent à ces manifestations qui ont éclaté après l’annonce par le gouvernement, mardi, d’une hausse du prix du pain dans un pays où le coût de certaines denrées a plus que doublé ces derniers mois. Les protestations ont commencé mercredi dans les villes de Port Soudan, principal port du pays situé à 1 000 km à l’est de Khartoum, d’Atbara et de Nhoud (ouest), avant de s’étendre jeudi à d’autres régions dont la capitale, Khartoum, et sa ville jumelle d’Oumdourman. Lire aussi Emtithal Mahmoud, la slameuse qui veut redonner la parole aux Soudanais Dans la ville d’Al-Gadaref, un couvre-feu a été instauré de 18 heures à 6 heures après que le député de la région, Moubarak Al-Nour, a déclaré que « la situation dans la ville est hors de contrôle ». Il a appelé les autorités « à ne pas recourir à la force face aux manifestants » et ces derniers « à exercer leur droit de manifester de manière pacifique ». Selon Al-Tayeb Omar Bachir, un habitant de la ville, des centaines de manifestants « ont lancé des pierres sur les banques et ont détruit des voitures ». Ils ont ensuite mis le feu au siège du parti au pouvoir, avant de se rassembler devant le commissariat, où ils ont scandé « Liberté, liberté » et « Le peuple veut la chute du régime ». Dans la ville de Dongola, à 500 km au nord de Khartoum, les manifestants, dont des étudiants, ont « attaqué le siège du parti au pouvoir et y ont mis le feu », a indiqué un témoin joint par l’AFP au téléphone. Inflation de près de 70 % Dans un contexte de difficultés économiques croissantes, avec une inflation de près de 70 % et une plongée de la livre soudanaise face au dollar américain, le gouvernement a augmenté le prix du pain de 1 à 3 livres soudanaises (d’environ 2 à 6 centimes d’euro) ou de 1 à 5 livres selon les régions. Depuis trois semaines, une pénurie de pain touche les villes du Soudan, dont Khartoum. En janvier, des manifestations contre la hausse du coût des denrées alimentaires avaient été rapidement matées par les autorités. Jusqu’à l’indépendance du Soudan du Sud, en 2011, le Soudan disposait d’importantes réserves d’or noir. Mais avec la scission, le pays a été amputé des trois quarts de ces ressources. Le Soudan, autrefois gros exportateur agricole, importe désormais des millions de tonnes de blé et d’autres céréales. En octobre 2017, la levée de sanctions imposées par les Etats-Unis au Soudan avait suscité un espoir de relance économique. Mais le maintien du pays sur la liste noire américaine des « Etats soutenant le terrorisme », ainsi que des « opportunités manquées » de réformes, ont empêché le redressement tant espéré, selon des hommes d’affaires soudanais. Depuis le début de l’année, il était fréquent de voir à Khartoum de longues files d’attente pour trouver de l’essence, du pain ou d’autres produits alimentaires.
21/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/21/au-soudan-huit-morts-lors-de-manifestations-contre-la-hausse-du-prix-du-pain_5400874_3212.html
Du ballon rond à la Bourse, Allison Pineau prépare sa reconversion professionnelle
Prévoyante, la célèbre joueuse de handball prépare déjà sa reconversion. Cette sportive émérite suit une formation à distance proposée par l’Edhec, afin d’embrasser une seconde carrière dans… la finance.
« Je souhaiterais faire mes première armes professionnelles en tant que trader, confie-t-elle. Ce métier m’attire pour l’adrénaline qu’il procure » ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP La tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre : tel pourrait-on définir en une phrase Allison Pineau. Elue meilleure handballeuse mondiale de l’année en 2009, sacrée championne du monde 2017 avec l’équipe de France, arrachant avec son équipe la victoire en finale lors de l’Euro 2018 de handball féminin face aux Russes… Bien qu’elle enchaîne les titres, la célèbre joueuse de handball garde la tête froide. A l’âge de 29 ans, cette sportive pragmatique pense à sa reconversion. Dans un domaine plutôt inattendu : la finance. « Je souhaiterais faire mes premières armes professionnelles en tant que trader, confie-t-elle. Ce métier m’attire pour l’adrénaline qu’il procure. » Habituée à la fièvre des stades, la handballeuse voit des parallèles certains entre l’univers impitoyable du trading et celui du sport de haut niveau : « Le mental, l’esprit de compétition… », égrène-t-elle. « Jeune, déjà, je m’intéressais à la Bourse » Un souhait de reconversion pas si surprenant, pour une femme qui aime aussi bien manier le ballon que les chiffres. « Jeune, déjà, je m’intéressais à la Bourse », se souvient-elle. Mais pour une sportive de haut niveau, difficile de concilier études et carrière : après l’obtention d’un bac ES, la championne a dû arrêter les frais. « Mon objectif, c’est de reprendre les études que j’aurais rêvé de faire si je n’avais pas fait de carrière professionnelle dans le sport, indique-t-elle. A cette époque, les formations à distance étaient peu développées. » Son ambition la pousse à remettre le pied à l’étrier. Sur les conseils d’une amie athlète, Allison Pineau choisit de suivre une formation à distance proposée par l’Edhec : le BBA (Bachelor of Business Administration) Online. Lancé en 2011, ce cursus est dédié aux étudiants qui ne peuvent suivre un parcours classique : sportifs de haut niveau, mais aussi entrepreneurs, musiciens ou personnes en situation de handicap. Entièrement à distance, cette formation qui débouche sur un diplôme de niveau bac + 4 a accueilli cette année son 100e sportif de haut niveau. Parmi ces derniers, la championne d’escrime Mathilde Grumier, diplômée en 2014 et désormais… directrice de clientèle au sein d’une agence de publicité digitale. Pour éviter les abandons, chaque apprenant est supervisé par un tuteur. Malgré son mental à toute épreuve, Allison Pineau avoue qu’il n’est pas évident de cumuler les casquettes d’étudiante et de sportive professionnelle tous les jours. « Le plus grand défi pour moi est de rester motivée, reconnaît la joueuse. Cela peut être tellement facile de décrocher ! Le soir, en rentrant de l’entraînement, je dois me préparer à dîner. Quand je commence à réviser, il est plus de 21 heures… autant dire que les journées sont longues ! » Avec un tel programme, pas de place pour un hobby, regrette la championne.
21/12/2018
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/12/21/du-ballon-rond-a-la-bourse-allison-pineau-prepare-sa-reconversion-professionnelle_5400871_1698637.html
On a testé… « Katamari Damacy Reroll », le jeu d’arcade qui reste drôle et absurde sur PC et Switch
Pour les fêtes, Bandai Namco a rafraîchi son opus de 2004 où le joueur doit rassembler tous les objets possibles et imaginables à l’aide d’une boule magique dans des environnements colorés.
A chaque début de niveau, le Prince reçoit ses instructions du Roi. Bandai Namco Le dieu du Cosmos est bien embêté. Après une nuit de beuverie, il a fait disparaître toutes les étoiles du ciel. Qu’à cela ne tienne, le Prince, un petit bonhomme vert absurde mais terriblement mignon, doit faire rouler une boule étrange sur terre pour les retrouver. C’est peu ou prou le résumé de Katamari Damacy Reroll, jeu japonais édité par Bandai Namco et sorti le 7 décembre sur PC et Switch. En réalité, le remake de Katamari Damacy, sorti en 2004. Petit extraterrestre taquin, le Prince va donc descendre sur terre armé de son Katamari, une boule magique qui attrape tous les objets qui passent pour grossir encore et encore. Le principe est donc simple : lâché dans divers environnements, vous devez rouler sur des objets d’abord minuscules – trombones, punaises, chewing-gum – pour faire croître votre Katamari et rouler sur des objets plus gros. Si l’on essaye de rouler sur un objet trop gros, notre Katamari se retrouve violemment propulsé et désorienté. Chaque partie est une suite de revanches. Un chat beaucoup trop imposant pour le Katamari l’envoie constamment balader ? Une minute plus tard, il n’est plus qu’un miaulement de désespoir roulé avec tous les objets qui passent. Le monde de Katamari Damacy Reroll est moins bien rangé qu’une chambre d’adolescent, et dans chaque pièce, sur chaque trottoir, traînent d’innombrables objets improbables. Un jeu absurde mais terriblement drôle A la fin de chaque niveau, le Katamari est transformé en étoile et envoyé dans le ciel. Plus l’on avance dans le jeu, plus le Katamari final doit être grand. C’est complètement absurde, mais l’on ne joue pas à Katamari Damacy pour y chercher du sens. Katamari Damacy est un jeu purement abstrait : un puzzle qui se compléterait lui-même sous vos yeux satisfaits. La difficulté y est en effet très indulgente. Certains niveaux spéciaux donnent tout de même des sueurs froides. Pour recréer la constellation de la Grande Ourse, il faut sur une carte attraper l’ours le plus grand possible. La partie s’arrête quand votre Katamari accroche tout objet en forme d’ursidé, le but étant donc d’éviter les plus petits. Seulement, la carte est parsemée de figurines et d’ours en peluche, sur lesquels on finit par rouler par erreur ou inattention. Graphiquement, le jeu est plaisant : ses graphismes absurdes et loin de tout réalisme contribuent à l’atmosphère apaisante du jeu, le tout accompagné d’une bande sonore jazz et pop devenue culte. Des contrôles qui vieillissent mal On peut tout de même reprocher à Katamari Damacy Reroll d’avoir mal vieilli. Malgré une légère refonte graphique, le jeu souffre de défauts devenus moins acceptables en 2018. Sur PC, les contrôles ne sont pas toujours aisés : il est vivement recommandé de jouer à la manette. Comme l’ont noté plusieurs sites spécialisés, certaines représentations de genre paraissent également bien malvenues : notamment dans un niveau où, pour recréer la constellation de la Vierge, le Roi nous demande d’attraper le plus de « jeunes filles » possible dans le niveau. Le placement de la caméra, lui aussi d’un autre âge, est bien souvent infernal, surtout en intérieur, si bien qu’à certains moments du jeu, on peine à savoir où l’on se trouve et où on va. Les règles de la physique sont aussi hasardeuses dès lors que l’on rencontre un obstacle. Percuté par une vache ? Vous voilà envoyé à l’autre bout de la carte bien au-dessus de la vitesse autorisée. C’est encore plus rageant lorsqu’un niveau vous oblige à ne pas attraper certains objets, et que le moindre choc vous expose au game over. Le jeu souffre également du manque de sauvegarde automatique : vous devez enregistrer votre progression manuellement à l’issue de chaque niveau. La maniabilité perfectible mise à part, Katamari Damacy Reroll arrive à retranscrire le plaisir simple de rouler à toute vitesse sur des bananes, des motards et des voitures avec en fond une bande sonore enivrante. On lui reprochera tout de même un remaster un peu léger, qui aurait pu rafraîchir, voire enrichir le jeu précédent. L’avis de Pixels On a aimé : le concept très drôle ; la direction artistique réussie ; … servie par une excellente bande sonore. On a moins aimé : les contrôles qui ont très mal vieilli ; un portage paresseux. C’est plutôt pour vous si… vous ne cherchez pas des histoires profondes et sensibles ; vous avez l’habitude de ramasser tout ce que vous trouvez dans la rue. Ce n’est plutôt pas pour vous si… vous cherchez un jeu qui vous occupera plus de dix heures ; vous n’aimez pas les jeux absurdes. La note de Pixels : 150 milliards d’étoiles sur 200 milliards
21/12/2018
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/21/on-a-teste-katamari-damacy-reroll-le-jeu-d-arcade-qui-reste-drole-et-absurde-sur-pc-et-switch_5400868_4408996.html
Moscou réplique aux menaces britanniques contre RT en enquêtant sur la BBC
Le régulateur britannique des médias Ofcom a accusé jeudi la chaîne russe d’avoir enfreint les règles d’impartialité lors de sa couverture de l’empoisonnement d’un ex-agent double russe à Salisbury.
The stand of Russia's state-controlled Russia Today (RT) broadcaster at the Saint Petersburg International Economic Forum on May 24, 2018 in Saint Petersburg. (Photo by Kirill KUDRYAVTSEV / AFP) KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP Le gendarme des télécoms russe Roskomnadzor a annoncé, vendredi 21 décembre, avoir commencé à enquêter sur les activités en Russie de la BBC, en réponse aux déclarations la veille du régulateur britannique de l’audiovisuel Ofcom sur RT (anciennement Russia Today). Dans un communiqué, Roskomnadzor a indiqué avoir « mis en place des mesures de contrôle » sur les activités en Russie de la chaîne d’information en continu BBC World News et des sites internet de la BBC, « en lien avec la situation liée à la décision du régulateur britannique Ofcom ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ensuite affirmé à la presse que « beaucoup de gens ont beaucoup de questions à poser à la BBC en raison du caractère partial de sa couverture » des événements liés notamment à la situation en Syrie et la politique intérieure russe. « Comme partout dans le monde, la BBC travaille en Russie entièrement en conformité avec les lois et les règlements du pays afin de fournir des informations indépendantes à son audience », a pour sa part indiqué un porte-parole de la BBC. Ofcom a accusé jeudi la chaîne russe d’avoir enfreint les règles d’impartialité lors de sa couverture de l’empoisonnement d’un ex-agent double russe à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre. « Ofcom a décidé que RT avait enfreint les règles audiovisuelles en ne respectant pas l’impartialité nécessaire dans sept programmes diffusés sur une période de six semaines », a déclaré le régulateur dans un communiqué. Ces violations « constituent un manquement grave aux règles audiovisuelles », a-t-il dénoncé. « Nous avons annoncé à RT que nous considérions la possibilité de leur imposer des sanctions », a ajouté Ofcom, soulignant avoir laissé la possibilité à la chaîne russe de revenir s’expliquer avant d’aller plus loin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sur les traces de Sergueï Skripal, l’espion russe empoisonné au Novitchok à Londres « Violations sorties de nulle part » Ces accusations sont un « délire », a réagi sur Twitter la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian. « Hier [jeudi], le régulateur britannique a trouvé sept violations sorties de nulle part. Et ils ont fait clairement comprendre qu’ils vont retirer notre licence », a-t-elle ajouté. Les programmes incriminés ont été diffusés du 17 mars au 26 avril, après l’empoisonnement de l’ex-agent double Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia à l’agent neurotoxique Novitchok, le 4 mars à Salisbury. Tous deux ont survécu à l’attaque. Le gouvernement britannique avait rapidement accusé Moscou d’être à l’origine de cette tentative d’assassinat et affirmé avoir identifié ses auteurs, deux officiers du GRU, le service de renseignement de l’armée russe, ce que les autorités russes ont fermement démenti. Les autorités britanniques ont adopté des sanctions diplomatiques contre la Russie, dont l’expulsion de vingt-trois diplomates, mais n’avaient pas visé la chaîne RT, dont la suspension de la licence avait été envisagée.
21/12/2018
actualite-medias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2018/12/21/moscou-replique-aux-menaces-britanniques-contre-rt-en-enquetant-sur-la-bbc_5400865_3236.html
L’asphyxie des parquets dégrade la qualité des enquêtes judiciaires
Les procureurs de la République n’ont plus les moyens de remplir leur mission de contrôle des services enquêteurs de police ou de gendarmerie.
AUREL La chambre du tribunal de Dijon qui jugeait fin novembre en comparution immédiate une personne dans un dossier de violence volontaire a découvert à l’audience que le service de police avait oublié d’avertir la victime de la date du procès. Il a dû être renvoyé à plus tard. Quelques semaines auparavant, « une relaxe a été prononcée dans une affaire d’atteinte aux biens parce qu’un acte d’investigation qui aurait permis de boucler le dossier n’avait pas été demandé », indique Eric Mathais, le procureur de Dijon, statutairement chargé de la direction des enquêtes. Egalement président de la Conférence nationale des procureurs de la République, M. Mathais explique que la surcharge de travail « nous conduit parfois à ne plus exercer la plénitude de nos prérogatives ». La capitale bourguignonne n’a pas l’apanage de ce type de ratés. L’inspection générale de la justice qui vient de remettre à Nicole Belloubet, garde des sceaux, un rapport de mission sur « l’attractivité des fonctions de magistrat du ministère public », y voit la conséquence de l’asphyxie du parquet provoquée par un nombre croissant de missions et un manque criant de moyens humains et matériels. « Les magistrats ne sont plus en capacité de contrôler l’activité des services de police ou de gendarmerie », lit-on dans ce rapport. En cause, le « TTR », jargon des parquetiers pour décrire le « traitement en temps réel » des dossiers avec les policiers et les gendarmes chargés des enquêtes. Que ce soit par téléphone avec le casque vissé sur la tête ou par message électronique, le magistrat du parquet donne les consignes aux services enquêteurs pour orienter une procédure, demander une investigation complémentaire, préciser la qualification juridique d’une infraction, convoquer à une audience, etc. Politique du chiffre Généralisé dans les années 1990 pour éviter les temps morts dans les procédures qu’entraînait la correspondance écrite entre enquêteurs et magistrats du parquet, le TTR est devenu la porte d’entrée principale de tous les dossiers, infraction au code de la route ou crime. « Le magistrat au TTR doit prendre des décisions rapides et n’est pas en situation de contrôler la qualité de toutes les procédures, explique Catherine Denis, procureure de Nanterre. Un contrôle qualité se fait au moment du déferrement [la comparution devant le procureur] mais c’est un contrôle rapide, qui intervient trop tard pour demander des actes d’investigation supplémentaires. »
21/12/2018
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/21/l-asphyxie-des-parquets-degrade-la-qualite-des-enquetes-judiciaires_5400863_1653578.html
En 1919, l’honneur blessé du Japon
Lors de la Conférence de la paix à Paris en 1919, l’Empire du soleil levant tente, sans succès, de faire appliquer le principe de l’égalité des races par la Société des nations.
Cet épisode a jeté une ombre sur les grandes idées qui étaient ­censées guider la Société des nations (SDN). Lors de la Conférence de la paix qui s’ouvrit à ­Paris en janvier 1919 à l’initiative des vainqueurs de la Grande Guerre, le principe de l’égalité des races, qui figure dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, fut débattu à l’initiative du Japon, mais il fut rejeté par les grandes puissances de l’époque, soucieuses de continuer à justifier leur expansion coloniale en invoquant l’infériorité des races non blanches. Dans sa proposition, le Japon appelait « à ­accorder à tous les ressortissants étrangers d’un Etat membre de la Société des nations un juste et égal traitement dans tous les domaines et de ne faire aucune distinction dans leur législation comme dans les faits sous prétexte de race ou de nationalité ». Le texte se heurta à une opposition nuancée des Etats-Unis, frontale de la Grande-Bretagne et de l’Australie. La France soutint en revanche la proposition ­japonaise. Soumise au vote le 11 avril, elle fut finalement adoptée par onze voix sur dix-sept, mais le président américain Woodrow Wilson fit valoir que cette proposition touchant à une question de principe requérait l’unanimité : elle fut donc rejetée. « Désillusion générale à l’égard de l’Occident » Le baron Makino, représentant du Japon, ­déclara dans une intervention d’une sèche brièveté que l’honneur du Japon avait été blessé. Le rejet de sa proposition « fut ressenti comme une désillusion générale à l’égard de l’Occident », résume l’historienne Naoko ­Shimazu dans Japan, Race and Equality. The Racial Equality Proposal of 1919 (Routledge, 1998). Nouveau venu dans le concert des ­nations, ce pays prenait conscience que le « club » des puissants lui restait fermé. Ce ­camouflet ravivait le souvenir des traités ­inégaux imposés lorsque le Japon avait été contraint de s’ouvrir, au milieu du siècle précédent, et dont il n’avait obtenu la révision qu’une vingtaine d’années auparavant. Devenu une puissance militaire reconnue à la suite de sa victoire sur la Russie en 1905, le Japon s’était retrouvé par le jeu des alliances du côté des vainqueurs de la première guerre mondiale : bien qu’il ait peu combattu, il avait bloqué les routes de ravitaillement maritimes des possessions allemandes dans le Pacifique. A ce titre, il figurait parmi les alliés aux côtés de la France, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de l’Italie, signataires du traité de Versailles, et il obtint le droit d’administrer les anciennes possessions allemandes au Shandong (Chine) ainsi qu’un siège au conseil permanent de la SDN à Genève.
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/en-1919-l-honneur-blesse-du-japon_5400862_3232.html
Mali : l’ONU sanctionne trois individus contrevenant à l’accord de paix de 2015
Ces premières mesures prises par le Conseil de sécurité font suite à un rapport d’août 2018 qui accusait des signataires de l’accord de retarder sa mise en œuvre.
Une patrouille de la Minusma dans les rues de Gao, dans le nord-est du Mali, le 3 août 2018. SEYLLOU / AFP Après le temps des menaces, celui des sanctions. Le Conseil de sécurité de l’ONU a désigné, jeudi 20 décembre, à l’unanimité de ses quinze membres, trois Maliens accusés d’entraver le processus de paix dans le nord du pays. Le Conseil s’était doté en 2017 d’un régime général de sanctions ouvrant la voie à des désignations. Les diplomates avaient alors fait valoir leur « impatience » face aux retards pris dans l’application de l’accord de paix signé en 2015, pour mettre fin au conflit dans le nord du Mali, et jamais appliqué depuis. Ils avaient brandi le spectre de sanctions pour les trois parties signataires : la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la Plateforme (groupes armés progouvernementaux) et l’Etat malien. Paris a finalement choisi une approche « progressive » et « équilibrée » selon un diplomate, en décidant de sanctionner d’une simple interdiction de voyager des membres de groupes armés qualifiés « de responsables intermédiaires ». Une méthode qui doit ménager les principaux acteurs « pour ne pas fragiliser l’accord de paix », tout en envoyant le message que les sanctions « ne sont pas que des menaces ». Trafic de drogue Les trois individus sanctionnés – avec effet immédiat – avaient été identifiés dès le mois d’août 2018 par les experts du comité des sanctions de l’ONU. Leur profil donne une idée claire des acteurs qui gravitent dans le nord du Mali et qui nuisent à la mise en œuvre de l’accord pour satisfaire des intérêts particuliers. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune appartient à la Coalition pour le peuple de l’Azawad. Il est accusé d’entretenir des liens avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) dans la région de Tombouctou et de Gao. Ce groupe a mené des attaques meurtrières contre des camps militaires des forces de sécurité maliennes. Lire aussi Au Mali, des dizaines de civils touareg tués par des djihadistes présumés L’ONU sanctionne aussi Ahmoudou Ag Asriw, membre du Gatia, un groupe progouvernemental. Les experts onusiens l’accusent d’être engagé depuis 2016 dans la sécurisation de convois transportant de la résine de cannabis. Ce trafic de drogue lui permettrait ensuite de financer des attaques contre les forces maliennes. Travail forcé, exploitation sexuelle Le troisième homme est un nom connu dans la région de Kidal. Souvent présenté sous les traits d’un « homme d’affaires » influent, Mahamadou Ag Rhissa est membre du HCUA (Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad) issu de la rébellion. Il serait à la tête d’un réseau de contrebande de pétrole entre le sud de l’Algérie et la ville de Kidal. Il participerait aussi au trafic de migrants et est accusé de travail forcé, exploitation sexuelle et punitions corporelles. A travers ces sanctions, les diplomates veulent condamner « les abus des droits de l’homme et les activités terroristes » qui nuisent à l’accord de paix. L’interdiction de voyager aura « des conséquences », estime un expert, qui souligne « les voyages fréquents au sein du Sahel et les Touareg qui vont se faire soigner en Afrique du Nord ». Cette approche graduelle des sanctions – qui pourrait potentiellement conduire par la suite à un gel des avoirs – doit permettre de faire monter la pression. Car, au-delà de ces trois noms, une source diplomatique estime qu’il s’agit « d’une première étape » et n’exclut pas « d’étoffer » la liste des sanctionnés à des niveaux de responsabilités supérieurs si aucune accélération de mise en œuvre de l’accord n’est enregistrée prochainement.
21/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/21/mali-l-onu-sanctionne-trois-individus-contrevenant-a-l-accord-de-paix-de-2015_5400858_3212.html
« Le Monde des lecteurs » - Gilets jaunes : réalité du référendum en Suisse.
Marcel A. Boisard rappelle qu’il existe trois types de référendum en Suisse. Une réalité très lointaine du principe du référendum voulu par certains gilets jaunes
« Les propos délirants du président de votre Assemblée nationale ont heurté ou fait rire le public suisse ! Nos amis français, journalistes ou politiciens, parlent beaucoup du référendum suisse, mais confondent tout. » Klaus Meinhardt/Ikon Images / Photononstop Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Les propos délirants du président de votre Assemblée nationale ont heurté ou fait rire le public suisse ! Nos amis français, journalistes ou politiciens, parlent beaucoup du référendum suisse, mais confondent tout. Nous avons trois types de référendum : Le « référendum obligatoire » suivant une décision du Conseil fédéral, qui touche généralement à la constitution ou à des accords internationaux. L’Exécutif doit obtenir l’aval du peuple. Ce fut le cas lors de l’adhésion de la Suisse à l’ONU, acceptée par la majorité du peuple et des cantons, ou l’adhésion à l’Espace économique européen (EEE), refusée ; Le « Référendum facultatif » qui est la possibilité, pour les citoyens, de s’opposer à une loi votée par la Législatif, 100 jours après sa promulgation, d’en demander l’annulation ou des amendements : Enfin le « Droit d’initiative populaire » (niveaux fédéral ou cantonal) qui permet à des citoyens de faire voter une nouvelle loi, dont ils proposent une formulation, avec la possibilité pour le gouvernement d’y opposer une autre formulation ; Je vous passe les détails des modalités pratiques de recevabilité. Malgré tout le flou du débat, il semble que ce soit ce genre d’initiative que les « Gilets jaunes » revendiquent sous le terme de « référendum d’initiative citoyenne », locution inconnue en Suisse. Marcel A. Boisard, Grand Saconnex (Suisse), ancien Sous-secrétaire général des Nations unies
21/12/2018
blog-mediateur
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/21/le-monde-des-lecteurs-gilets-jaunes-realite-du-referendum-en-suisse_5400855_5334984.html
Qui sont les protagonistes de la spectaculaire affaire Ghosn ?
L’affaire Ghosn révèle des jeux de pouvoir, d’alliance et de trahison dignes de Game of Thrones.
La rocambolesque affaire Carlos Ghosn a connu un nouveau rebondissement, vendredi 21 décembre. Le parquet de Tokyo a encore une fois placé en garde à vue l’ex-président de Nissan (et toujours PDG de Renault), l’accusant d’abus de confiance. Il pourrait être interrogé pendant une nouvelle période d’abord de quarante-huit heures puis de dix jours, indiquaient vendredi l’AFP et la presse japonaise. Cette nouvelle arrestation – la troisième pour le même homme depuis le début de l’affaire – est liée à des investissements hasardeux réalisés au moment de la crise des subprimes de 2007-2008 par la société gérant la fortune de M. Ghosn. Les pertes générées par ces placements, estimées à 1,85 milliard de yens (environ 14 millions d’euros), auraient été imputées, en octobre 2008, comptablement à Nissan. Elles seraient liées à des transactions effectuées sur des dérivés de devises. La hausse du yen pendant la crise en serait la cause. Entre 2009 et 2014, une filiale de Nissan aurait par ailleurs versé 14,7 millions de dollars (12,9 millions d’euros) à ce gestionnaire de fortune. La loi japonaise sur les entreprises fixe une prescription de sept ans pour de tels faits. Mais les procureurs soutiennent qu’elle ne s’applique pas à M. Ghosn en raison du temps qu’il a passé à l’étranger ces dix dernières années. La nouvelle offensive du bureau des procureurs a tout du coup de théâtre. La veille, une libération sous caution de M. Ghosn était envisagée. Après plus d’un mois en détention, le tribunal de Tokyo avait – chose rarissime – rejeté, jeudi, une requête du parquet de prolonger de dix jours sa garde à vue, permettant aux proches et aux avocats du PDG de Renault d’imaginer que ce dernier ne passerait pas Noël dans sa cellule du centre de détention de Kosuge. Les procureurs avaient bien assayé de faire appel, mais en en vain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La gouvernance de Renault-Nissan est si mal ficelée que les deux entreprises sont paralysées » Arrêté en même temps que M. Ghosn, le 19 novembre, son proche et ex-directeur délégué de Nissan, Greg Kelly, n’est pas, au contraire de son supérieur, soumis à un troisième mandat d’arrêt. L’un de ses avocats s’est rendu en fin de matinée au tribunal pour déposer une demande de libération sous caution. Les rebondissements se multiplient dans cet extraordinaire feuilleton. Après l’arrestation-choc du 19 novembre, Carlos Ghosn a été mis en examen, le 10 décembre, au terme d’une première garde à vue de vingt-deux jours pour avoir minoré les déclarations de revenus remises aux autorités financières japonaises entre les exercices 2010 et 2014. Le parquet de Tokyo avait immédiatement replacé en garde à vue l’icône du business japonais pour des faits similaires, mais pour les exercices allant de début 2015 à mars 2018. M. Ghosn a nié toute malversation, expliquant que les montants en question devaient être versés après son départ à la retraite.
21/12/2018
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/21/qui-sont-les-protagonistes-de-la-spectaculaire-affaire-ghosn_5400852_3234.html
« Je me suis injecté une séquence ADN et une protéine inspirées de la Bible et du Coran
Interview d’Adrien Locatelli, qui a rapporté s’être injecté dans la cuisse une séquence ADN et une protéine inspirées de la Bible et du Coran.
J’ai publié le 17 décembre dernier sur ce blog un billet indiquant qu’un lycéen grenoblois rapportait s’être injecté un virus dont le génome renferme une séquence codée à partir d’un passage de la Bible ainsi qu’une protéine inspirée d’un texte du Coran. Ce jeune homme indiquait avoir conçu une séquence génétique inspirée d’un passage de la Genèse (après conversion de lettres du texte de la Torah en nucléotides). Ce fragment ADN a été inséré dans le génome d’un adénovirus associé (AAV), un virus capable d’infecter l’être humain mais sans provoquer de maladie. L’injection d’un AAV n’entraine généralement qu’une faible réponse immunitaire. L’adolescent s’est injecté ce virus génétiquement modifié dans la cuisse gauche. Le lycéen avait également converti le texte d’une sourate du Coran en séquence ADN, finalement traduite en séquence protéique. Le jeune homme s’est ensuite injecté la protéine correspondante dans la cuisse droite. Après la mise en ligne de mon post de blog, des lecteurs m’ont adressé un grand nombre de commentaires me reprochant d’avoir accordé foi à ce que cet adolescent avait raconté dans son article. Certains d’entre eux sont allés jusqu’à nier la réalité des injections et l’existence même du concepteur de ces expériences. J’ai refusé de les valider. C’est à ces lecteurs, se présentant (sans que je puisse le vérifier) comme férus de biologie moléculaire, chercheurs, professeurs de STV ou d’université, que s’adresse prioritairement ce billet de blog. A l’exception d’un seul, aucun de ces commentateurs avisés, tenant des propos fort peu amènes, n’a utilisé sa véritable identité. Je reproduis ici l’interview que m’a accordé, vendredi 20 décembre, Adrien Locatelli, élève du lycée « Les Eaux-Claires » à Grenoble et auteur de l’article publié sur OSF Preprints, plateforme de prépublication d’articles scientifiques. Bonjour, quel âge avez-vous ? En quelle classe êtes-vous ? J’ai 16 ans. Je suis en première S. Depuis quand vous intéressez-vous à la biochimie ? Cela a commencé quand j’avais six ans. Ma cousine m’a donné un livre de biologie. J’ai toujours aimé la chimie. D’où vous viennent vos connaissances en biotechnologie ? Je lis presque tous les jours des choses sur Internet pour en apprendre un peu plus sur la biologie et la chimie. Lisez-vous des articles scientifiques dans les grandes revues, telles que Nature, Science, Cell ? Je lis pas mal d’articles dans Nature et Science. Ce sont les revues que je lis le plus. Vous êtes-vous entraîné à lire l’anglais scientifique ? À vrai dire, je ne suis pas très fort en anglais. J’utilise beaucoup Google Translate. Confirmez-vous avoir personnellement conçu les expériences que vous décrivez dans votre article et que vous vous êtes injecté un gène et une protéine synthétiques ? Oui. C’est moi qui les ai menées tout seul, chez moi dans l’appartement que j’habite à Grenoble. Je réside dans un quartier appelé « La presqu’île scientifique ». Avec quel argent avez-vous réussi à vous procurer l’adénovirus associé (AAV) et les oligonucléotides nécessaires à votre expérience ? Tout cela coûte cher… Je n’ai aucun matériel, ni équipement. En fait, j’ai tout acheté, autrement dit fait réaliser certains éléments nécessaires à ces expériences par des sociétés de biotechnologies. J’ai économisé, pendant plusieurs années, tout l’argent de poche que mes parents m’ont donné. Cela a coûté assez cher. Auprès de quelle société vous êtes procuré l’adénovirus ? Je me suis procuré ce virus auprès de VectorBuilder, une société californienne basée à Santa Clara en Californie. Le vecteur adénoviral a été expédié depuis la Chine pour un prix qui était de l’ordre de quelques centaines d’euros. Comment avez-vous fait pour isoler la protéine que vous vous êtes injectée dans la cuisse ? Etait-elle soluble pour pouvoir vous faire une piqûre ? C’est vrai que la préparation n’était pas très pure. J’ai utilisé une banale solution saline pour me l’injecter. C’est tout. Quelle était selon vous la probabilité pour que la séquence nucléotidique soit finalement traduite ? J’ai élaboré une séquence nucléotidique qui ne comportait pas de codons stop. Vous n’êtes pas sans savoir qu’un laboratoire spécialisé se sert généralement d’un équipement à chromatographie d’affinité pour récupérer la protéine sans la dénaturer. La société à laquelle je me suis adressé m’a envoyé un produit qui était déjà tout prêt. Il n’y avait quasiment plus rien à faire. Je me suis adressé à Proteogenix. Vous leur communiquez la séquence nucléotidique codant la séquence protéique. Ils synthétisent la protéine et vous l’expédient. Et pour l’adénovirus associé, comment vous y êtes-vous pris ? Quant à l’adénovirus génétiquement modifié, vous fournissez la séquence de nucléotides. Ils synthétisent le fragment d’ADN correspondant. Voilà ! Pourquoi être passé par Proteogenix, une société strasbourgeoise, pour obtenir la protéine que vous vous êtes injectée alors que vous habitez Grenoble ? J’ai juste tapé « synthèse de protéines » sur Google et je suis tombé sur eux. Sans mauvais jeu de mot, c’est quand même un sacré travail que de produire un gène synthétique d’origine hébraïque et une protéine d’inspiration coranique ? [Rires]. Ben, en fait, j’ai fait cela pour une seule et unique raison. Pour le côté symbolique de l’expérience. Le symbole de paix entre science et religion. Pourquoi ne pas avoir aussi mêlé le christianisme, voire le bouddhisme, dans votre expérience ? Tout simplement parce que la Torah est le tout premier livre monothéiste et que le Coran est le dernier livre des grandes religions monothéistes. J’aurais pu prendre un texte du Nouveau Testament, sauf que la Torah est le premier livre de la Bible, texte à la fois juif et chrétien. J’aurais pu utiliser un texte d’autres religions, voire issus du bouddhisme ou de l’hindouisme. Il se trouve que j’ai de lointaines origines juives par mon père. Mon nom, Locatelli, vient de Bergame, une ville italienne proche de Milan. Pourquoi n’avez-vous pas détaillé la partie « Matériel et Méthodes » dans votre article ? Par ailleurs, il n’y a aucune figure dans votre article. En d’autres termes, on ne dispose que de très peu d’informations sur le protocole expérimental comme c’est le cas dans un article scientifique classique. J’ai essayé, à mon niveau, de détailler le plus possible. J’ai donné le nom des fournisseurs. J’ai donné les quantités exactes du vecteur adénoviral et de protéine que je me suis injectées. C’est vrai que j’aurais pu détailler un peu plus. Il n’empêche que si quelqu’un voulait reproduire l’expérience à partir de mon article, il le pourrait. Avez-vous été conseillé par un chercheur en biologie moléculaire ? Votre article a-t-il été rédigé ou corrigé par un spécialiste en biotechnologie ? Pas du tout ! J’ai tout décrit moi-même. Sans l’aide de personne. C’est la vérité. Tout est vrai dans cet article. Tout ! Vous avez utilisé le terme ‘protéine’ en lieu et place de ‘nucléotides’ dans votre article au moment où vous parlez de l’insertion dans le vecteur adénoviral. Est-ce une étourderie ou le signe d’une supercherie ? Non, pas du tout. C’est une façon de parler, un abus de langage. Je me suis exprimé un peu trop rapidement. J’ai converti la protéine, autrement dit les acides aminés, en une séquence nucléotidique. Celle-ci a été implantée dans l’adénovirus par une société californienne de biotechnologie. Je lui ai demandé de convertir la protéine en un fragment d’ADN qui a ensuite été inséré dans le génome d’un adénovirus. C’est eux qui ont construit le virus génétiquement modifié et qui me l’ont envoyé. Pourquoi avoir publié votre article sur un site de prépublication ? Aviez-vous auparavant envoyé votre manuscrit à une revue scientifique à comité de lecture ? Oui, j’ai essayé de me faire publier dans PLOS One et Scientific Reports. Personne ne m’a conseillé sur les noms des revues scientifiques à contacter. J’avais déjà lu des articles publiés par ces deux revues en ligne. Elles ont refusé mon article en me faisant savoir que ce n’était pas de la recherche scientifique ou en me disant qu’il y avait trop d’interprétations personnelles. Cela remonte à la fin du mois dernier. Combien de temps avez-vous passé à concevoir ses expériences et à la rédaction de votre article ? A vrai dire, l’idée de conduire des expériences consistant à convertir un texte religieux en ADN m’est venue quand j’avais 12 ans. Il y a quelques mois, je m’en suis souvenu. J’ai dû passer une après-midi à rédiger cet article. Je l’ai donc écrit très rapidement. Il ne faudrait pas que votre expérience serve d’exemple à qui que ce soit car elle comporte des risques. Ne craignez-vous pas de donner des idées folles à des biohackers ? Ces adeptes du « Do-it-Yourself Biology », la biologie à faire soi-même, pourraient être tentés de traduire d’autres textes religieux, philosophiques ou politiques en code ADN pour se les injecter ? Non, je n’ai pas peur. Prenez par exemple Josiah Zayner, cet Américain qui a modifié son propre génome [en utilisant l’outil CRISPR-Cas9]. Il a fait bien pire que moi. En plus, franchement, les doses que je me suis injectées sont inoffensives. En fait, tout ce que je me suis injecté était offensif, le virus lui-même était inoffensif. Vous vous êtes injecté par voie sous-cutanée une protéine dont vous ne connaissez pas la fonction avec le risque de développer une réaction inflammatoire, voire une réaction allergique. C’est potentiellement dangereux, surtout si vous renouvelez les injections. Reconnaissez-vous avoir joué à l’apprenti sorcier ? Je me suis injecté cette protéine qu’une seule fois. J’ai eu une petite rougeur à la cuisse. Cela ressemblait à une piqûre de moustique. Pour qu’il y ait risque inflammatoire ou allergique, il faut que la protéine ressemble à une protéine existante. Or, la protéine que je me suis injectée ne ressemble à aucune protéine connue. Du coup, le risque d’une réaction, positive ou négative, était pratiquement nul. C’est faux, çà c’est selon vous ! Oui. Selon moi. Rêvez-vous d’être un grand scientifique un jour ? J’aimerais bien être biochimiste mais ce n’est pas la gloire qui m’intéresse. Vous allez passer votre bac l’an prochain. Que voulez-vous faire ensuite ? J’ai parlé un petit peu avec mes professeurs quand j’étais en troisième et j’ai fait un stage dans un institut. J’aimerais bien faire une classe prépa, puis intégrer l’École normale supérieure. Si ce n’est pas possible, j’irai à l’université. Depuis que je suis en sixième, j’ai à chaque trimestre les félicitations. Ce que je veux faire c’est de la biochimie. C’est bien vous sur certaines vidéos YouTube, n’est-ce pas ? Oui, j’ai réalisé une mini-série. Je l’ai montré à des personnes de ma famille. Ils ont bien rigolé. C’est bien moi. Je suis métis car ma mère est peule. Elle est originaire du Cameroun. J’ai les cheveux bien bouclés. Je suis de taille moyenne, un peu petit même. À vrai dire, j’ai de multiples origines ethniques. J’ai fait réaliser par la société iGenea un test de généalogie ADN pour les connaître. Ne craignez-vous pas que cet article ne vous desserve si vous envisagez d’avoir une carrière de chercheur ? Il est vrai que je me suis posé la question. Mais je me suis dit : pour quelle raison cela me poserait des problèmes ? En effet, il ne s’agit là que d’expérimentation sur moi-même. Je n’ai pas dit de trucs pseudo-scientifiques. Je n’ai fait de mal à personne. Regardez tous ces gens qui se font faire des tatouages. Ils s’injectent dans la peau beaucoup plus de choses que moi. Comment en êtes-vous arrivé à soumettre à OSF Preprints votre article décrivant sommairement les expériences ayant abouti à l’injection de molécules inspirées de textes religieux ? J’ai tenté de le faire sur le site de prépublication Biorxiv.org, mais cela n’a pas marché. Ils ont refusé le manuscrit après seulement 48 h. Le mail me notifiant leur refus me conseillait de m’adresser à OSF Preprints ou à Preprints.org. Je n’ai tenté ma chance qu’avec le premier site fin novembre dernier. Ils ont tout de suite accepté mon article, sans même vérifier son contenu. Je me suis juste inscrit sur leur site et j’ai posté mon article. Voilà ! Avez-vous pris connaissance sur Twitter des réactions, majoritairement négatives, en France et aux Etats-Unis ? Je ne suis sur aucun réseau social. Je n’ai ni Facebook, ni Twitter. Rien. Je me suis contenté de taper mon nom sur Google et j’ai lu des articles de journaux. J’ai ainsi constaté que le Daily Mail racontait vraiment n’importe quoi sur mon expérience. J’ai également vu que des personnes disaient que ce que j’ai fait n’était pas bien. Enfin, je suis tombé, via Google, sur des commentaires négatifs de personnes qui réagissaient sur le compte Twitter d’un YouTubeur qui avait relayé cette information. Certaines personnes disent ne pas vous croire. N’avez pas eu envie de leur répondre ? Non. J’ai fait ce que j’ai écrit. Si ces personnes ne me croient pas, tant pis. Beaucoup ont considéré sur Twitter que c’était une blague de potache, que vous n’aviez jamais réalisé ce que vous avez écrit dans votre article. Autrement dit, que vous avez rêvé une expérience que vous n’avez jamais conduite. Eh bien, encore une fois, ils se trompent. J’ai vraiment fait ce que je raconte. Je ne sais pas pourquoi ces gens ne me croient pas. J’ai conservé les factures de ce que j’ai acheté pour la réaliser. J’ai fait tout ce que je dis dans l’article. J’ai même gardé les boîtes des produits chimiques dans mon congélateur. Je ne comprends pas que l’on ne puisse pas me croire. Il y a des biohackers qui ont fait à peu près la même chose que moi. Mais eux, on les croit. Un individu aux Etats-Unis s’est lui aussi injecté un adénovirus et tout le monde l’a cru. Je ne comprends pas pourquoi on le croit et pas moi ! À mon avis, c’est parce que j’ai 16 ans. Je pense que cela est uniquement à cause de mon âge. Peut-être aussi parce que j’habite Grenoble, en Province. [Rires]. Je suis juste un gamin, un lycéen qui a fait une expérience chez lui. Que retenez-vous de cette auto-expérimentation insolite ? Cela me permis de beaucoup améliorer mon anglais dans la mesure où j’ai rédigé mon article dans cette langue. J’ai pu également apprendre beaucoup de choses. Pour conduire cette expérience, j’ai dû me renseigner notamment sur l’épissage [processus par lequel les ARN transcrits à partir de l’ADN génomique subissent des coupures qui conduisent à l’élimination de certaines régions dans l’ARN final]. Vos parents exercent-ils une activité professionnelle en rapport avec la science ? Ma mère est comptable et mon père est boulanger-pâtissier. En fait la seule personne qui fait de la science dans la famille est ma cousine qui vit en Nouvelle-Zélande. Les deux livres qui m’ont fait vraiment aimer la science sont ceux qu’elle m’a offerts lorsque j’avais six ans. Il s’agit du Précis de biochimie et biologie moléculaire des éditions Frison-Roche. Le second ouvrage est « Le parfum de la fraise. Mystérieuses molécules » de Peter Atkins chez Dunod. Tout le reste a consisté à lire sur Internet des pages Wikipédia et des articles scientifiques. Seriez-vous capable de citer les noms de cinq chercheurs travaillant sur CRISPR, la méthode d’édition du génome ? Franchement, j’ai lu pas mal d’articles sur CRISPR/Cas9 mais je ne connais pas les noms des scientifiques. Quand je lis un article, je ne vois pas les noms des auteurs. Vous avez répondu avec retard à mon mail de demande d’interview. Pourquoi ? Je consulte habituellement ma boîte mail tous les jours. Mais là, juste avant de partir en vacances, les profs nous ont chargés de beaucoup de devoirs et d’évaluations. Et donc lundi et mardi soir, je n’ai pas lu mes mails. Tout ce que j’ai fait, c’est réviser, manger et aller me coucher. Envisagez-vous de vous prêter à une autre expérience sur vous-même ? Non, c’est fini. C’est bon, j’arrête. Je ne ferai plus d’expérience de ce type. Ne serait-ce que parce que je l’ai déjà fait et que mon porte-monnaie ne va pas s’en remettre. Vos parents vous ont-ils mis en garde avant de réaliser ces injections de gène et protéine synthétique ? Mon père m’a dit qu’il était d’accord. S’il ne l’avait pas été, je n’aurais pas mené ces expériences sur moi-même. Pour vous dire toute la vérité, je n’en ai pas parlé à ma mère. Propos recueillis par Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, sur Facebook) Toute reproduction interdite. Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle. LIRE aussi : Il s’injecte une séquence ADN et une protéine génétiquement inspirées de la Bible et du Coran
21/12/2018
blog
http://realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr/2018/12/21/je-me-suis-injecte-une-sequence-adn-et-une-proteine-inspirees-de-la-bible-et-du-coran-interview-dun-lyceen-grenoblois/
A Nice, la majorité des écoles disent « non merci » au policier
Face à la menace terroriste, le maire Christian Estrosi avait proposé aux écoles un agent de police. Seules 18 sur 154 ont accepté.
Sur le chemin d’une école, à Nice. REUTERS/ERIC GAILLARD Des policiers dans les écoles ? A Nice, la mesure, proposée par la municipalité en réponse à la menace terroriste, a du mal à passer. Sur les 154 écoles primaires de la ville, seules 18 ont accepté cette proposition, selon un chiffre communiqué par la mairie à l’Agence France-Presse. Présentée comme « plus que jamais nécessaire » par le maire Les Républicains (LR), Christian Estrosi, qui voulait initialement que le policer soit armé, la mesure a été mise à l’ordre du jour de tous les conseils d’école depuis la rentrée : la grande majorité des établissements se sont prononcés (141 écoles). Restait, vendredi 21 décembre, veille des vacances de Noël, 13 retardataires. La plupart des écoles ont refusé la présence continue d’un policier municipal non armé à l’intérieur de leur établissement. L’unanimité des parents élus et des enseignants siégeant dans ces conseils était requise pour qu’il n’y ait pas de polémiques, mais un consensus dans les établissements. « Surenchère sécuritaire » La mairie a estimé que 18 écoles favorables étaient un chiffre « significatif et important quand on considère qu’il y avait des oppositions de principe de certaines fédérations de parents d’élèves ». « C’est plutôt un gros flop », a réagi de son côté la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), principale fédération de parents du public, qui avait dénoncé une mesure « inutile et coûteuse » et la « surenchère sécuritaire » du maire, aux côtés du Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC-Fédération syndicale unitaire (SNUipp-FSU), de la Confédération générale du travail (CGT-Education) et du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM). « Ce n’est pas d’un policier dont on a besoin, mais d’infirmières, d’intervenants en langues, en arts, d’animateurs supplémentaires sur les temps de cantine », assure Céline Vaillant, présidente départementale de la FCPE. « Les missions du policier sont orientées vers la sécurisation de l’école et le contrôle des adultes y pénétrant, pas des enfants. C’est donc plutôt positif. Si les conseils d’école avaient été mieux informés, ça aurait eu plus de succès », regrette de son côté son homologue de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP), autre fédération de parents d’élèves, Patrick Daudé. A la suite de l’attentat du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, le maire de Nice avait lancé un vaste plan pour lutter contre la menace terroriste. Parmi les mesures phares, le renforcement de la vidéosurveillance, notamment devant les écoles, ainsi que l’expérimentation des policiers dans les enceintes scolaires. Une première en France. Menace terroriste Le dispositif, annoncé en janvier, a été testé dans trois écoles entre avril et juin. M. Estrosi s’était félicité du bilan de ces premiers mois d’expérimentation, rapportant que la présence des policiers faisait l’unanimité parmi les enfants, le personnel et les parents, et que les trois groupes qui avaient déjà un policier dans leurs murs avaient demandé à le conserver. Pour l’année scolaire 2018-2019, le maire avait annoncé qu’il mettrait à disposition un fonctionnaire de police dans tous les groupes scolaires qui en feraient la demande. Initialement, M. Estrosi souhaitait que les policiers puissent conserver leur arme de service dans l’école, mais l’accord de l’éducation nationale n’est pas venu. Finalement, ce sont des agents de surveillance de la voie publique, non armés, qui seront affectés aux 18 nouvelles écoles volontaires. Un policier à l’école, Christophe Castaner ne l’a pas exclu. Cette présence pourrait être décidée « à des moments de tension particulière dans la journée » et « évidemment avec l’accord du chef d’établissement », avait déclaré, en octobre, le ministre de l’intérieur après la publication d’une vidéo montrant un élève menaçant son enseignante avec un pistolet factice dans un lycée de Créteil (Val-de-Marne). Lire aussi Violences scolaires : des nouvelles mesures axées sur la sécurité dans la salle de classe
21/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/a-nice-la-majorite-des-ecoles-disent-non-merci-au-policier_5400835_3224.html
« Gilets jaunes » : peines clémentes pour les jugés de l’incendie d’un péage de l’A51
Quatre hommes ont été condamnés pour avoir incendié un péage à Manosque et tenté de mettre le feu à un autre.
« Merci le tribunal. » « Merci la justice. » Etait-ce ironique ? Pas le moins du monde. Dans le brouhaha d’une salle dont le public venait d’accueillir avec un soulagement certain le jugement, deux voix plus fortes que les autres se sont élevées pour dire la satisfaction d’avoir été compris. La présidente, Géraldine Frizzi, ne manqua pas alors de souligner que la justice en question n’avait fait que son travail en droit et en conscience à la lumière des faits. Qu’à cela ne tienne, les applaudissements qui avaient accueilli la clémence de la sentence au terme de trois heures d’une audience crispante des deux côtés de la barre, jeudi 20 décembre au tribunal correctionnel de Digne, résonnait comme une victoire. Ce n’était pourtant pas gagné, loin de là, lorsque les quatre hommes, visiblement fatigués et anxieux après quarante-huit heures de garde à vue à la gendarmerie et une nuit en détention préventive à la maison d’arrêt, pénétrèrent dans le box des prévenus. Car « la destruction et la tentative de destruction d’un bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes », autrement dit l’incendie volontaire du péage autoroutier de l’A51 à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), suivi de la tentative de commettre la même action une heure plus tard cette fois au péage de La Brillanne, à une quinzaine de kilomètres de là, dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 décembre, n’apparaissaient pas comme des faits mineurs, fût-ce dans le contexte de la révolte des « gilets jaunes ». « Ce soir-là, on a dérapé collectivement » Après un mois d’occupation de ronds-points, Laurent, 20 ans, Billal, 21 ans, David, 24 ans, et Didier, 38 ans, ont appris à se connaître. Tous les quatre sont domiciliés dans les environs de Manosque. Le premier est carreleur, gagne 1 140 euros par mois et vit chez son père. Le deuxième est maraîcher saisonnier en fin de contrat, déclare 700 euros par mois et avoue sa passion pour l’ornithologie. Le troisième, le seul à présenter un casier judiciaire portant quatre mentions pour des délits mineurs liés notamment à l’usage de stupéfiants, dit avoir abandonné son emploi de conducteur d’engin forestier pour lequel il était rémunéré 1 200 euros « pour rejoindre le mouvement des “gilets jaunes” ». Il compte ouvrir bientôt un snack avec sa sœur. Le quatrième, l’aîné mais pas le chef, dit être « le décideur de rien du tout. On a pu le croire parce que j’ai une grosse voix. Mais c’est faux ». Il se présente comme chevrier en cours d’installation après avoir été artisan menuisier et s’inquiète pour la centaine de bêtes qu’il a dû abandonner. Au RSA, il est logé par sa mère. Tous les quatre sont célibataires et tous les quatre se sont retrouvés ensemble, parfois avec d’autres, sur les lieux de l’incendie et de la tentative d’incendie. Qui chargeant des palettes sur le toit de la cabine de péage. Qui poussant des conteneurs à poubelles chargés de pneus. Qui jetant un papier enflammé sur le bûcher ainsi dressé. « Je me sentais dans une totale impunité. J’ai suivi le mouvement. J’ai agi dans l’euphorie du moment. » « On a un petit peu débordé », s’excuse maladroitement David. « Vu le contexte, je me sentais dans une totale impunité. J’ai suivi le mouvement. J’ai agi dans l’euphorie du moment », avoue Laurent, le benjamin de l’équipe. « Je me reconnais dans le mouvement des “gilets jaunes” mais pas dans ces actions-là », dit Billal, qui affirme avoir seulement voulu donner un coup de main en déménageant des palettes. « J’ai agi en connaissance de cause », avoue pour sa part Didier, qui reconnaît avoir mis le feu « pour aider mes amis parce que ça prenait trop de temps (…). On aurait pas dû en arriver là, poursuit-il. Sur le rond-point j’étais plutôt connu pour ramener le calme. Mais ce soir-là, on a dérapé collectivement. J’assume ! » Le point sur les victimes : dans la mobilisation, 9 morts mais aucun « lié à des affrontements » Mansuétude des peines Longtemps, le réquisitoire sévère du procureur, Stéphane Kellenberger, évoquant « la coaction constituée de la part de véritables casseurs se revendiquant de la solidarité mais faisant courir des risques aux autres », fit craindre le pire aux prévenus et entraîna des murmures de désapprobation et mimiques d’inquiétude dans la salle. Mais seulement jusqu’au moment des réquisitions dont la mansuétude – les peines réclamées de douze, dix et huit mois étant toutes assorties de sursis et d’un travail d’intérêt général – fut de nature à alléger la tâche des avocats. Après une demi-heure de délibérations, la présidente du tribunal correctionnel énonçait des peines de huit mois avec sursis pour Laurent et Billal, de douze mois avec sursis pour David et Didier. Les trois premiers se voyant en outre infliger 280 heures de travail d’intérêt général à effectuer dans le délai de dix-huit mois. En sortant, un « gilet jaune » confiait : « On part avec le sentiment que la justice a bien jugé. »
21/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/merci-le-tribunal-peines-clementes-pour-les-gilets-jaunes-juges-pour-l-incendie-d-un-peage_5400834_3224.html
Véligo, nouveau service de location de vélo longue durée en Ile-de-France
Ce deux-roues à assistance électrique, qui devrait être déployé à partir de septembre, sera destiné à une location longue durée de six mois minimum.
Le nouveau vélo à assistance électrique Véligo. Olivier Razemon / Le Monde Comment ça, encore un nouveau vélo ? Après Vélib’, et alors que les vélos partagés en free-floating (sans borne d’attache) Mobike ou Oribiky ont fait leur apparition, la région Ile-de-France présente, vendredi 21 décembre, son Véligo, qui devrait être opérationnel en septembre. Alors que le Vélib’ est vert ou bleu ciel et que le Mobike se pare d’orange, le nouveau venu arbore un cadre turquoise, le même bleu que celui qui orne désormais les tickets de métro, les cartes Navigo, les bus franciliens et jusqu’au logo d’Ile-de-France mobilités (IDFM, ex-STIF), l’autorité qui organise les transports en région parisienne. Il serait tentant de présenter le Véligo comme un concurrent direct du Vélib’ parisien, étendu à 65 villes de banlieue depuis un an. Le « Véligo Pécresse » contre le « Vélib’ Hidalgo », du nom des responsables politiques respectives de la région (Les Républicains) et de la Ville de Paris (Parti socialiste) ? En réalité, les deux services sont complémentaires : si le Vélib’ s’emprunte pour une demi-heure ou un peu plus, le Véligo sera destiné à une location de longue durée, six mois minimum. Les utilisateurs pourront louer ce vélo à assistance électrique pour 40 euros par mois, dont la moitié potentiellement remboursée par leur employeur, et le conserveront à domicile pendant la durée de la location. « Nous aimerions habituer les Franciliens au vélo à assistance électrique, afin de les inciter à en acquérir un ensuite », explique-t-on chez IDFM. Ce fonctionnement, qui fait ses preuves à Strasbourg ou à Grenoble, coûte beaucoup moins cher à la collectivité que le vélo en libre-service classique. Un vélo très maniable Le Véligo se révèle très maniable. Pesant 23,5 kg, soit deux kilos de moins que le Vélib’ électrique, il offre trois niveaux d’assistance, « éco », « standard » et « sport », ainsi que trois vitesses. Le passage d’un niveau à l’autre est souple, le freinage progressif. Tout ceci suffit amplement pour grimper, nous l’avons testé, en haut de la butte Montmartre sans effort, malgré les rues pentues et les pavés disjoints. L’assistance électrique permet, outre des trajets plus longs et des montées appréciables, de se dégager prestement d’une situation stressante dans la circulation dense que l’on connaît bien en région parisienne. Le vélo turquoise, qui n’existe pour l’instant qu’à l’état de prototype, sera assemblé à l’usine Cycleurope Industries, à Romilly-sur-Seine (Aube). Dix mille bicyclettes seront disponibles à partir de début septembre, 20 000 dans les mois suivants si le succès est au rendez-vous. Plus tard, 500 « vélos-cargos », dotés de baquets permettant le transport de courses ou d’enfants, seront également proposés à la location. D’ici là, les personnes intéressées sont invitées à effectuer une pré-inscription sur un site et pourront ensuite retirer leur bien dans l’un des 200 points de location répartis dans toute la région. Le marché, d’une valeur de 62 millions d’euros pour la première tranche de 10 000 vélos, a été octroyé à un consortium baptisé Fluow et réunissant l’opérateur de transports publics Transdev, La Poste et les sociétés Vélogik et Cyclez, spécialisées dans la gestion de flottes de vélos. Une bonne nouvelle pour les associations de cyclistes L’exécutif régional mise beaucoup sur ce dispositif pour convaincre une partie des Franciliens, dans cette région aux transports saturés, de se déplacer sur une selle. « Evidemment, personne ne préconise d’effectuer les trajets Evry-Paris [36 km] à vélo. Mais 78 % des 40 millions de trajets effectués chaque jour en Ile-de-France font moins de 5 km. Le potentiel du vélo est énorme », assure Stéphane Beaudet, vice-président (divers droite) de la région chargé des transports. Lire (en édition abonnés) : Le vélo électrique, nouvelle petite reine branchée Pour les associations de cyclistes franciliennes, le déploiement de la location de longue durée est une bonne nouvelle. « Nous y sommes très favorables, car ce système peut amener de nouveaux utilisateurs à découvrir l’intérêt de se déplacer à vélo », estime Alexis Frémeaux, président de Mieux se déplacer à bicyclette, la plus ancienne association de la région consacrée à ces deux-roues. En revanche, le militant regrette que « la région Ile-de-France ne propose que des vélos à assistance électrique, et non des vélos classiques. Par ailleurs, les élus ne semblent considérer le vélo que comme une substitution aux transports en commun, et pas comme un moyen de rabattement vers les gares ». Selon lui, la location d’un Véligo devrait pouvoir se combiner avec l’usage d’une carte Navigo, ce qui n’est pas prévu actuellement. Encore faut-il pouvoir pédaler en toute sécurité. La région prévoit de dépenser, dans les années qui viennent, autour de 20 millions d’euros par an pour aider les collectivités territoriales à aménager des pistes cyclables, des parkings sécurisés ou des guichets d’information et de conseil sur l’usage du vélo. Quelles aides pour l’achat d’un vélo électrique Aide nationale. Depuis février 2018, l’Etat verse une prime aux acquéreurs de vélos électriques neufs qui ne sont pas imposables et qui bénéficient par ailleurs d’une subvention de leur commune. Les deux aides cumulées ne peuvent dépasser 200 euros. Aide parisienne. Plus ancienne (2009) et plus généreuse, mais non cumulable avec la précédente, la subvention de la Mairie de Paris s’élève, pour ceux qui y sont domiciliés, à 33 % du prix d’achat, sous un plafond de 400 euros. La métropole du Grand ­Paris verse jusqu’à 500 euros en cas de remplacement d’un deux-roues thermique immatriculé avant juin 2000 par un vélo à assistance électrique. Autres aides locales. De nombreuses autres collectivités locales versent des aides allant de 100 à 500 euros aux acquéreurs : Aix-en-Provence, ­Arras, Bayonne, Blois, Bourg-la-Reine, Chambéry, Caen, Colmar, Epinal, Grenoble, Lyon, Orléans, Poitiers, Rueil-Malmaison, Saint-Etienne, Sceaux, Toulon, etc. Cer­taines communes, comme Rennes, proposent la location avec option d’achat. Se renseigner auprès de sa mairie.
21/12/2018
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/21/apres-le-velib-la-region-ile-de-france-lance-le-veligo_5400831_3244.html
En Catalogne, Pedro Sanchez joue sa survie politique
En visite en Catalogne, le premier ministre espagnol multiplie les gestes envers les indépendantistes qu’il tente de convaincre d’approuver son projet de loi de budget 2019.
Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez (à gauche), et le président de la Catalogne, Quim Torra, jeudi 20 décembre, à Barcelone. GEORGES BARTOLI POUR LE MONDE « Face au bruit et aux gesticulations, dialogue, dialogue, dialogue. » Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, s’est rendu à Barcelone avec ses ministres, jeudi 21 et vendredi 22 décembre, pour y tenir un conseil des ministres délocalisé, lors duquel il devait entériner une hausse du salaire minimum de 22 % (de 736 à 900 euros par mois sur quatorze mois) et une augmentation du salaire des fonctionnaires de 2,75 %, ainsi que de nouveaux investissements en Catalogne. L’occasion de défendre sa politique de la main tendue et, surtout, d’essayer de convaincre les indépendantistes d’approuver son projet de loi de budget 2019, actuellement paralysé au Parlement. Jeudi soir, il a tenu une brève réunion avec le président de la Généralité, l’indépendantiste Quim Torra, la seconde après celle de juillet à Madrid. Dans un communiqué conjoint, les deux hommes se sont engagés à travailler pour « un dialogue effectif qui conduise à une proposition politique comptant sur un soutien ample de la société catalane ». Une formule générale qui a permis de cacher leurs divergences : si, pour Madrid, la solution à la crise territoriale passe par une nouvelle réforme du statut d’autonomie de la Catalogne, Barcelone l’écarte et continue d’exiger un référendum d’autodétermination. La porte-parole de la Généralité, Elsa Artadi, a critiqué « la mauvaise qualité démocratique de l’Espagne ». Malgré les efforts déployés par Pedro Sanchez pour rétablir les relations entre les administrations, avec la tenue de plus d’une vingtaine de réunions entre ministres espagnols et conseillers catalans, la crispation perdure. Alors que le procès des neuf dirigeants indépendantistes accusés de rébellion et placés en détention préventive devrait démarrer à la fin du mois de janvier, les deux partis indépendantistes, Ensemble pour la Catalogne (droite nationaliste) et la Gauche républicaine catalane (ERC), ont annoncé qu’ils ne voteront pas le budget, au risque de précipiter la chute du gouvernement de Pedro Sanchez. « Mantras indépendantistes » Avec seulement 84 des 350 députés espagnols, il dépend du parti de la gauche radicale, Podemos, mais aussi des nationalistes et ­indépendantistes basques et catalans. Sans budget, le chef de l’exécutif a prévenu qu’il sera ­contraint d’organiser des élections anticipées l’an prochain. A Madrid, le dialogue avec les indépendantistes et le fait que son gouvernement dépende de leurs voix vaut à Pedro Sanchez de constantes attaques du Parti populaire (PP, droite) et de Ciudadanos (libéraux), qui font face à la pression d’un ultranationalisme espagnol incarné désormais par le parti d’extrême droite Vox. Ce dernier promet une recentralisation de l’Etat avec la suppression des régions autonomes, à commencer par la Catalogne.
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/en-catalogne-pedro-sanchez-joue-sa-survie-politique_5400825_3210.html
« Le Monde des lecteurs » - Réchauffement climatique : élargir l’horizon
Jean-François Dalloz déclare « finançons énergiquement la recherche scientifique alliée au développement industriel pour arriver à stocker l’électricité produite à partir des inépuisables sources d’énergie que sont le soleil, l’eau et le vent de façon fiable et à un coût raisonnable. »
« Face au défi du réchauffement climatique, ne nous contentons plus de nous alarmer : pas de réductions des émissions de gaz à effet de serre, insuffisance des économies d’énergie, financement dérisoire. » Andreas Kindler/Johnér / Photononstop Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Face au défi du réchauffement climatique, ne nous contentons plus de nous alarmer : pas de réductions des émissions de gaz à effet de serre, insuffisance des économies d’énergie, financement dérisoire… Elargissons l’horizon. Prenons la peine de considérer les aspects physiques du problème. Le principal gaz à effet de serre est la vapeur d’eau qui séjourne quelques semaines dans l’atmosphère avant d’être précipitée en pluie (parfois avec violence) : c’est le court terme. Le gaz carbonique que nous émettons séjourne en moyenne un siècle dans l’atmosphère avant d’être absorbé par photosynthèse : c’est le long terme qu’on ne maîtrisera pas à coups de milliards de dollars. Alors ? Bousculons, mais finançons énergiquement la recherche scientifique alliée au développement industriel pour arriver à stocker l’électricité produite à partir des inépuisables sources d’énergie que sont le soleil, l’eau et le vent de façon fiable et à un coût raisonnable. A ce jour beaucoup de tentatives, mais aucune n’a abouti. Cela nécessite une coopération accrue entre chercheurs, industriels et politiques. Que « Le Monde » qui voit loin trace et encourage cette voie ! Jean-François Dalloz, La Seyne-sur-Mer (Var)
21/12/2018
blog-mediateur
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/21/le-monde-des-lecteurs-rechauffement-climatique-elargir-l-horizon_5400821_5334984.html
Drones à l’aéroport de Gatwick : le couple arrêté vendredi libéré, le mystère reste complet
La situation s’est normalisée ce week-end pour le deuxième aéroport du Royaume-Uni, contraint à l’arrêt durant trente-six heures en raison du survol de drones.
Un avion de la compagnie easyJet au-dessus de l’aéroport de Gatwick, le 21 décembre. BEN STANSALL / AFP L’homme et la femme arrêtés vendredi soir 21 décembre, dans le cadre de l’enquête sur les vols de drones ayant fortement perturbé le trafic aérien à l’aéroport londonien de Gatwick ont été libérés sans inculpation, a annoncé la police du comté de Sussex dimanche. « Ces deux personnes ont coopéré pleinement à notre enquête et je suis convaincu qu’elles ne sont plus suspectes dans les incidents de drones à Gatwick », a déclaré un responsable de la police, Jason Tingley, dans un communiqué. « Notre enquête se poursuit pour localiser les responsables des incursions de drones, et nous continuons d’examiner activement des pistes », a-t-il ajouté. L’homme de 47 ans et la femme de 54 ans, un couple marié selon la presse britannique qui publiait leur photo en Une dimanche, avaient été arrêtés vendredi soir à leur domicile de la ville de Crawley (sud de Londres), située à quelques kilomètres de l’aéroport. La situation s’était normalisée ce week-end à l’aéroport de Gatwick, le deuxième du Royaume-Uni derrière celui d’Heathrow, qui avait été contraint à l’arrêt durant trente-six heures environ depuis mercredi soir en raison du survol de drones jouant au chat et à la souris avec la police. Chasse à l’homme Sur son site internet, l’aéroport a précisé toutefois que des retards et annulations restaient possibles, consécutifs aux fortes perturbations des jours précédents. Jeudi soir, la police avait expliqué que les drones avaient été aperçus plus de cinquante fois depuis mercredi soir. Elle a qualifié l’incident d’« acte délibéré », tout en assurant qu’il n’y avait « aucune indication suggérant que cela soit lié au terrorisme ». L’armée a été appelée à l’aide et le ministère de la défense a annoncé avoir déployé du matériel spécialisé pour aider la police à traquer les drones. Une chasse à l’homme mobilisant plus de vingt unités de police et des dizaines d’agents de police locaux a été lancée pour trouver les responsables. Les coupables risquent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. La législation encadrant l’usage des drones a été renforcée cette année au Royaume-Uni : elle interdit leur utilisation à moins d’un kilomètre d’un aéroport et à une altitude supérieure à 400 pieds (122 mètres). « Ce type d’incident est sans précédent », avait déclaré le ministre des transports britannique, Chris Grayling, à la BBC. « Il va nous falloir apprendre très rapidement ce qui s’est passé » pour pouvoir en « tirer les leçons », avait-il ajouté face aux critiques sur l’incapacité des autorités à neutraliser les drones. Dans les colonnes du Telegraph, la secrétaire d’Etat chargée des transports, Elizabeth Sugg, a promis de « nouvelles mesures qui aideront à lutter contre d’autres usages malveillants des drones ». « Nous travaillons avec les fabricants de drones à des solutions techniques comme le géorepérage », a-t-elle ajouté, précisant que cette technique permettrait, grâce aux données du drone, de l’empêcher de voler au-dessus de certaines zones comme les aéroports et les prisons.
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/londres-reouverture-partielle-de-l-aeroport-de-gatwick_5400818_3210.html
« Cette fin d’année s’annonce comme un cauchemar pour les marchés américains »
L’exceptionnelle progression de la Bourse américaine touche à sa fin. Une réaction à la remontée des taux de la Fed, mais aussi à l’anticipation d’une prochaine récession, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
Chronique. Comme les enfants, les investisseurs financiers aiment les histoires d’animaux. Leur métaphore préférée est celle du combat du taureau et de l’ours. Quand les marchés sont à la hausse, que tout le monde achète pour ne pas rater la bonne plus value, ils sont placés sous le signe du taureau, le « bull market ». La métaphore proviendrait de la manière d’attaquer du bovidé, du bas vers le haut avec ses cornes, comme la courbe des indices boursiers quand tout va bien. Sensibles aux informations et aux chiffres, les acheteurs le sont aussi à la psychologie du moment. Du coup, plus les prix montent, plus on veut en acheter dans l’espoir qu’ils grimpent encore. Jusqu’au jour où un grizzly apparaît à l’horizon. D’un coup de patte il fait se retourner les belles anticipations. A ce moment-là, un bien n’est jamais assez bon marché. Tout le monde est vendeur. L’ours est de retour à Wall Street. Pour l’instant, il n’a pas attaqué, mais c’est imminent. L’exceptionnelle progression de la Bourse américaine, depuis le crack de 2008, est en train de toucher à sa fin. Techniquement, les financiers distinguent un marché durablement orienté à la baisse, un « bear market », quand la chute dépasse les 20 % depuis le dernier pic. C’est ce qu’est en train d’accomplir le Nasdaq, la Bourse des entreprises technologiques qui a atteint ce seuil en séance, jeudi 20 décembre. Quand aux indices plus larges, comme le Standard & Poors 500, qui réunit les principales valeurs américaines, il vient de dépasser les 15 % de chute par rapport à ses records de l’été dernier. Paradoxe L’étincelle qui a mis le feu aux poudres est l’annonce ce même jour, par la banque centrale américaine, la Fed, d’une nouvelle hausse des taux directeurs. Mais l’ours avait été sorti bien avant de son hibernation. L’aggravation de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, la chute des cours du pétrole, les menaces de blocage du budget américain, suite à la querelle entre le président et son congrès sur l’édification du mur à la frontière mexicaine, se sont conjugués pour assombrir le moral des investisseurs et les convaincre qu’il était temps de vendre. Ils en sont d’autant plus convaincus que les prix, notamment dans le secteur technologique sont à des plus hauts historiques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Fed relève ses taux en dépit des pressions de Trump Comme le résume un analyste, le dernier espoir des traders était que la Fed renonce à monter ses taux pour ne pas alourdir un climat déjà morose. Espoir douché. La morphine des taux bas, qui a soutenu l’économie pendant dix ans est enlevée brutalement.
21/12/2018
economie
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Vladimir Cosma teinte de jazz son opéra « Marius et Fanny »
A Marseille, une adaptation de l’œuvre de Marcel Pagnol réunit Tom Novembre, Irina Baïant et Hugh Coltman.
« Marius et Fanny », un « opéra jazz » composé par Vladimir Cosma (détail de l’affiche du spectacle). SILO DE MARSEILLE Le Silo est un des fleurons du quartier de la Joliette, au cœur du projet d’Euroméditerranée, voué aux affaires. Et qui tranche ce soir avec le quartier Noailles, cruellement frappé le 5 novembre par l’effondrement de deux immeubles au cœur du Marseille populaire, rue d’Aubagne. Marseille la fascinante reste complexe. Ce jeudi 20 décembre, on y donne Marius et Fanny, « opéra jazz » créé au Silo (seconde date vendredi) : composition de Vladimir Cosma (crayon et gomme) ; adaptation à douze mains ; orchestration « jazz » par Vladimir Cosma et Antoine Hervé ; interprétation, Hugh Coltman (Marius), Irina Baïant (Fanny), André Minvielle (Panisse), Tom Novembre (César) ; Voice Messengers (le chœur, à la mémoire de Thierry Lalo, leur fondateur, disparu le 16 novembre) ; NDR Bigband Hambourg sous la direction de Jörg Achim Keller. Tenter le diable L’histoire du jazz dans la ville n’est pas plus tranquille. Pour s’en tenir au festival des Cinq Continents, il remonte à l’initiative du professeur de cardiologie Roger Luccioni. Lequel connut sept fois plus de vies que les sept vies du chat. Avant de changer d’espace-temps, en avril 2008, il eut le temps de jouer un rôle décisif à la faculté de médecine, d’exercer ses responsabilités d’élu municipal délégué aux musées, et de pratiquer la contrebasse de façon suffisamment convaincante pour côtoyer Didier Lockwood ou Daniel Humair. On lui doit donc Marseille Jazz des cinq continents, le festival qu’il fonde en 2000, avec Bernard Souroque et Régis Guerbois. Directeur, programmateur, Hugues Kieffer. Qui irait reprocher à Hugues Kieffer et ses équipes de tenter le diable ? Ils y montrent un tel allant… Marius et Fanny, d’après l’œuvre de Marcel Pagnol (1895-1974), n’a rien de gagné d’avance. Né à Aubagne, Marcel Pagnol, écrivain, auteur de théâtre, cinéaste, critique de jazz occasionnel, n’est pas un type qui laisse tranquille. Il crée Marius au théâtre en 1929. Enorme succès. Sortant de la projection de Broadway Melody, Pagnol décide de faire de sa pièce un des premiers films « parlants » (Raimu, Fernand Charpin, Orane Demazis…). Et rappelle à tout bout de champ que c’est à quelques kilomètres d’Aubagne que les frères Lumière ont tourné L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat en 1895. Salades de filiation Marius, histoire de production, sera confié à Alexander Korda. Fanny suivra, au théâtre et au cinéma (Marc Allégret), avant le dernier volet de la trilogie, César, que Pagnol réalise. Pagnol et le cinéma, c’est toute une histoire. Une histoire d’amours, une histoire de guerres, de succès et d’échecs, d’ambiguïtés et de farces. Une histoire que contient le petit bar de la Marine, sur le Vieux-Port, où déjà se mélangent les drames de la « lumpen-petite-bourgeoisie », ses salades de filiation avant pilule, la marine à voile, les hommes et les femmes, l’appel de la mer, celui de la mère et des chimères, comme si, de poupées gigognes en palimpsestes, tout était inclus dans tout, et finissait par une homérique partie de manille.
21/12/2018
musiques
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Le divorce entre les frères ennemis du Crédit mutuel s’embourbe
La Confédération du Crédit mutuel prévient les pouvoirs publics qu’elle va « clore le dossier » d’une séparation chiffrée à 1,7 milliard d’euros.
Personne sur la place de Paris n’ose plus imaginer que le feuilleton du divorce entre les frères ennemis du Crédit mutuel puisse s’achever rapidement. Après moult procédures judiciaires, trahisons et rebondissements, le Crédit mutuel Arkéa (qui réunit les fédérations de Bretagne et du Sud-Ouest) bataille toujours pour quitter la Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM) et créer une banque indépendante basée à Brest. Mais, nouveau coup de théâtre, la structure de tête du groupe bancaire estime qu’il est désormais temps de passer à autre chose, comme elle l’a signifié aux pouvoirs publics dans un courrier daté du mercredi 19 décembre, dont Le Monde a obtenu copie. Nicolas Théry, le président de la CNCM, y affirme avoir proposé le 19 juin dernier une « solution de désaffiliation » aux dirigeants d’Arkéa, que ces derniers « n’ont répondu valablement à aucune des propositions » et qu’il convient donc « de clore ce dossier après quatre années de conflit inutile ». Le conseil d’administration de la Confédération, qui devrait se réunir en janvier, sera amené à en « prendre acte ». Dans cette lettre adressée au gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et à la directrice générale du Trésor, Odile Renaud-Basso, le président du Crédit mutuel révèle le contenu de ses propositions faites à la partie adverse, et plus particulièrement le prix à payer par Arkéa pour un divorce à l’amiable. « Si toutes les caisses du Crédit mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest demandaient leur désaffiliation, ce montant serait de 1,7 milliard d’euros », est-il précisé. Un prix à payer dissuasif Cette « indemnité » devait notamment permettre de recréer un réseau d’agences estampillées « Crédit mutuel » en Bretagne et en Aquitaine (en face des points de vente Arkéa), de couvrir le préjudice subi et de compenser l’ensemble des coûts liés au conflit. Le tarif apparaît comme dissuasif, dans la mesure où Arkéa a dégagé 430 millions d’euros de bénéfice net en 2017. La Confédération du Crédit mutuel y a vu au contraire un geste de bonne volonté dans la mesure où, « en application du droit des coopératives » écrit-elle, cette indemnité aurait pu « concerner toutes les réserves du Crédit mutuel Arkéa », soit quelque 3,5 milliards d’euros à fin 2017. Le courrier de M. Théry liste par ailleurs la série d’exigences à respecter par contrats soumis à Arkéa, comme préalable à toute séparation : une renonciation immédiate aux marques et logos du Crédit mutuel, un engagement à ne pas recourir à un plan social pendant cinq ans, la mise en place d’outils pour permettre le transfert des clients voulant rester au Crédit mutuel ou le remboursement des clients ayant souscrit des parts sociales (produit bancaire correspondant à une partie du capital social de l’établissement), la renonciation, enfin, à tous les contentieux « actuels et futurs ».
21/12/2018
economie
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Alstom condamné au Royaume-Uni pour une série de scandales de corruption
Après neuf ans d’enquête et trois procès pour corruption, la justice britannique a obtenu un succès en demi-teinte, avec des condamnations dans deux procès.
En mai 2014, à Montpellier. PASCAL GUYOT / AFP Les employés d’Alstom en Lituanie étaient particulièrement ordonnés. Pour le paiement des pots-de-vin d’un contrat de rénovation d’une centrale électrique en 2004, ils avaient préparé un joli tableau détaillant les sommes prévues pour chaque destinataire. « EM » (ministre de l’économie) : 1,5 million ; « N » (un directeur de la centrale) : 1,8 million. Le total dépassait cinq millions d’euros. Au siège d’Alstom, le département d’éthique donnait, de son côté, des consignes très claires sur la meilleure façon de faire paraître crédibles les factures émises par les « consultants » ainsi rémunérés : « Il faut vérifier que les dates sur les documents ne tombent pas un samedi ou un dimanche, et que le temps écoulé entre les questions et les réponses soit réaliste. Les documents doivent paraître réels, avec des trous, qu’ils soient pliés, etc. » Ces deux pièces à conviction sont issues de trois procès-fleuves qui viennent de se terminer au Royaume-Uni. Après neuf ans d’enquête dans trente pays différents, sept millions de documents épluchés pour des affaires de corruption entre 2000 et 2010 dans cinq pays, Alstom et certains de ses employés ont été condamnés dans deux des trois procès qui se sont déroulés. Ces affaires peuvent enfin être révélées depuis qu’un juge britannique a levé, mercredi 19 décembre, l’interdiction faite aux médias d’en rendre compte. A écouter le Serious Fraud Office (SFO), l’équivalent britannique du Parquet national financier, ces procédures judiciaires ont exposé une méthode de corruption systématique et institutionnalisée à Alstom à l’époque des faits. Une investigation « exceptionnellement complexe » Le résultat des procès est pourtant en demi-teinte pour le SFO. Dans le premier, concernant des affaires de corruption en Tunisie, en Inde et en Pologne, pour la construction d’un tramway et l’installation d’équipements de signalisation, l’entreprise Alstom Network UK a été condamnée sur la Tunise (l’amende n’est pas encore déterminée et la société fait appel) et acquité sur l’Inde et la Pologne. Les deux autres accusés, Graham Hill et Robert Hallett, ont été jugés non coupables. Dans le deuxième procès, sur une centrale électrique en Lituanie, Alstom Power et les trois accusés, John Venskus, Göran Wikström et Nicholas Reynolds ont été jugés coupables. Alstom doit payer 18 millions de livres (19,8 millions d’euros) d’amende et compensation (même si la somme sera versée par GE, repreneur de cette branche de l’entreprise française). La peine des prévenus est respectivement de trois ans et six mois de prison, et de deux ans et sept mois, et de quatre ans et demi. Quant au troisième procès, concernant le métro de Budapest, en Hongrie, le SFO a échoué : Alstom et les trois accusés ont été acquittés. Parmi eux se trouvait Jean-Daniel Lainé, seul Français de l’affaire, ancien directeur du département d’éthique.
21/12/2018
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En campagne avec le « président » Girac
A 22 ans, le chanteur défend son troisième album, « Amigo », dans les petites salles de France, avant une tournée des Zénith.
Kendji Girac lors de son 176e concert, à Montauban, le 21 novembre. PHILIPPE GROLLIER / PASCO POUR LE MONDE Petites anicroches en coulisse. On s’en remet à Nani, le responsable de la sécurité : « Qu’est-ce qu’il se passe ? », demande le colosse à son staff. Deux « gamines » se sont fait refouler aux abords de l’Eurythmie. En ce 21 novembre, Kendji Girac joue dans la plus grande salle de Montauban ; 700 places, entrée gratuite, mais seulement sur invitation. Pour maximiser leurs chances, les ados ont participé sous divers avatars au jeu-concours organisé par France Bleu Occitanie. « Leur profil Snapchat ne correspond pas à leur carte d’identité, résume l’un des physionomistes. Elles disent qu’elles sont venues de loin… On fait quoi ? » « Laissez-les entrer », tranche Nani, carrure de nounours, barbe de Père Noël. Le bonhomme en a vu d’autres. Il a connu l’âge d’or de l’industrie musicale, les vedettes internationales en goguette dans la capitale, les caprices, l’hystérie : « J’ai porté Mariah Carey sur mes épaules, en petite tenue, dans les vapes, à 5 heures du mat’ au Carlton, fanfaronne Nani. Mais aujourd’hui, les Américains ne viennent plus. Trop cher. Alors on ne fait plus que du Français. » La veille, le garde du corps a présenté Kendji à deux autres de ses clients, qu’il escorte lors de déplacements privés : les footballeurs Blaise Matuidi et Mamadou Sakho. Les Bleus ont battu l’Uruguay (1-0), penalty de Giroud. Girac est allé saluer ses « copains » Florian Thauvin et Kylian Mbappé dans le vestiaire du Stade de France. Autour du chanteur, d’autres Bleus font tourner la balle ; question efficacité, diversité, solidarité, ils n’ont rien à envier à ceux de « Dédé » Deschamps. C’est la même équipe depuis le tout début, quand, par le truchement du télécrochet « The Voice », la voix de feu et la gueule de séraphin de Kendji embrasèrent tous les écrans à la ronde ; c’était en 2013 – un quinquennat, déjà. « Gilet Johnny » En défense, il y a Nani, donc, qui arbore fièrement ses origines portugaises, et Loulou, l’infatigable chauffeur. Sur les côtés, le groupe de toujours, Florian Rossi aux claviers, Julien Goepp à la batterie, Emmanuel Avgoustinatos à la basse. En attaque, Christophe Baliardo, alias Kema, guitariste émérite de Chico and the Gypsies et petit-fils d’une sommité gitane, Manitas de Plata. Malgré le froid de canard, les mains de Kema, sitôt qu’elles caressent une guitare, semblent réveiller les cigales. Miracle à la tsigane. « Kema, c’est un Catalan, comme moi ; on se comprend sans même se parler », assure Girac.
21/12/2018
musiques
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La Chine, puissance impérieuse
Editorial. Quarante ans après son ouverture à l’économie de marché, le pays dirigé par Xi Jinping est devenu une grande puissance face à laquelle l’Occident peine à se positionner.
Le président Xi Jinping, (en bas au centre) lors de son discours pour le quarantième anniversaire de l’ouverture de la Chine à l’économie de marché, à Pékin, le 18 décembre. Mark Schiefelbein / AP Editorial du « Monde ». En décembre 1978, les dirigeants chinois, sous la conduite de Deng Xiaoping, décidaient d’ouvrir leur pays sur le monde et d’adopter la plupart des règles de l’économie de marché. Quarante ans plus tard, le succès de cette véritable révolution culturelle est tel qu’il inquiète jusqu’au président des Etats-Unis. Il y a quarante ans, les Chinois vivaient très majoritairement dans les campagnes et sous le seuil de pauvreté. Aujourd’hui, la majorité d’entre eux résident en ville et plusieurs centaines de millions de Chinois disposent d’un niveau de vie qui n’a plus rien à envier à celui des Occidentaux. Grande gagnante de la mondialisation, la Chine, membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 2001, est devenue, avec la bénédiction de l’Occident, l’usine du monde, puis le principal marché du monde pour nombre de produits. Les dirigeants chinois peuvent donc être fiers du chemin parcouru et l’on comprend que le président Xi Jinping en ait, le 18 décembre, dressé un bilan flatteur. Alors que l’autre grande puissance communiste, l’Union soviétique, s’effondrait et que certains prédisaient la victoire de l’Occident par KO idéologique, la Chine prenait son envol. La leçon du maoïsme Or, contrairement à ce qu’ont cru les Occidentaux, celle-ci ne s’est pas démocratisée. En 2012, le pouvoir, corrompu et divisé, a semblé débordé par une société civile en plein bouillonnement, grâce notamment aux réseaux sociaux. A ce moment-là, il vacille et paraît à beaucoup sur le point de s’effondrer. Mais c’est l’inverse qui se produit, sous la férule de son nouveau « timonier », Xi Jinping. Celui-ci a retenu la double leçon du maoïsme et du risque mortel qu’il y aurait à s’en émanciper : à tous les niveaux, la Chine doit être contrôlée par un Parti communiste dirigé d’une main de fer. « Le grand drapeau du socialisme flotte toujours sur la terre chinoise », a-t-il rappelé le 18 décembre. L’Occident ne doit pas s’y tromper. Ce drapeau, Xi Jinping espère bien le hisser au-delà des frontières. La priorité accordée au développement a pour but d’« accroître la puissance globale de la Chine », car « un grand pays comme le [leur] mérite de grandes ambitions », a-t-il rappelé. En 2017, Xi Jinping a promis une « nouvelle ère », nous y sommes. Le défi pour l’Occident est immense. Croire que la démocratie constitue le stade ultime et en quelque sorte naturel du développement a été une erreur. Au contraire, XI Jinping tente de convaincre ses concitoyens de la logique inverse : c’est parce que la Chine n’est pas une démocratie qu’elle a pu se développer si rapidement et les faire sortir de la pauvreté. Et il utilise, non sans succès, le même argument auprès des pays d’Asie, du Proche-Orient, d’Afrique, voire d’Europe, qu’il attire sur ses « nouvelles routes de la soie ». L’histoire est loin d’être écrite. La Chine reste un pays corrompu, ses élites envoient, dès qu’elles le peuvent, argent et famille à l’étranger, et la situation économique est sans doute moins brillante que les statistiques officielles ne l’indiquent. Par ailleurs, avec son régime autoritaire et la surveillance orwellienne de sa population, la Chine inquiète autant qu’elle séduit et, dans un certain nombre de pays, les électeurs sanctionnent les dirigeants qu’ils jugent trop proches de Pékin. Reste que l’Occident est pour le moment incapable de tirer les conséquences de la montée en puissance accélérée de ce nouveau rival. Il y a pourtant urgence. Le Monde
21/12/2018
idees
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Accord entre le cinéma et la télévision pour la chronologie des médias
Les règles actuelles, fixées en 2009, étaient devenues totalement obsolètes du fait de l’émergence de Netflix et des Google, Amazon, Facebook et autres Apple.
ur les œuvres n’ayant pas connu un franc succès. LIONEL BONAVENTURE / AFP Un dossier particulièrement épineux bouclé avant Noël… Sous la houlette du ministre de la culture et de la communication, Franck Riester, 21 organisations – les principaux groupes de télévision (France Télévisions, TF1, M6, Canal+, Arte, OCS) et la quasi-totalité des représentants du cinéma (réalisateurs, auteurs, producteurs, distributeurs, représentants de la vidéo, exploitants de salles) – ont signé, rue de Valois, à Paris, dans la matinée du vendredi 21 décembre, un nouvel accord modifiant en profondeur les règles de la chronologie des médias. Elles seront prolongées jusqu’en décembre 2022. Ce jargon désigne la façon dont un film peut être exploité après sa sortie en salle. Il s’agit, en fait, de l’ordre et du tempo selon lesquels un long-métrage peut être diffusé en DVD, en Blue-ray, sur les chaînes cryptées, comme Canal+, ou en clair, ou sur les plates-formes de vidéo à la demande payante comme Netflix. Les règles actuelles, fixées en 2009, étaient devenues totalement obsolètes du fait de l’émergence de Netflix et des Google, Amazon, Facebook et autres Apple. Ce qui explique, par exemple, qu’aujourd’hui, Roma (2018), d’Alfonso Cuarón, financé par Netflix, ne soit pas diffusé dans les cinémas hexagonaux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chronologie des médias : bientôt des films plus récents sur tous les écrans ? L’idée qui a sous-tendu cette réforme vise à permettre aux spectateurs un accès plus rapide aux 700 films à l’affiche dans les cinémas sur les autres supports. Ce qui ne semble pas si complexe sur le papier a, en fait, nécessité des années de négociations âpres, voire frontales, entre les professionnels concernés. Chacun défendait son pré carré et campait sur ses positions. Plusieurs médiateurs ont échoué. Canal+, en renégociant ses propres accords avec le cinéma, a fait achopper un accord qui semblait à portée de main, en novembre. La chaîne cryptée a finalement rallié la majorité. OCS a été le dernier signataire. Il devait, lui aussi, d’abord renouveler ses propres accords avec le cinéma français, avant de pouvoir parapher le nouveau texte sur la chronologie des médias. Délais réduits Lire aussi Canal+ a finalement renouvelé ses accords avec le cinéma français Désormais, la vente ou la location d’un film en vidéo peut s’effectuer trois ou quatre mois après la sortie d’un film en salle, selon que ces longs-métrages ont – ou non – atteint le seuil des 100 000 spectateurs. Pour les chaînes payantes comme Canal+, le délai est réduit de onze mois à huit mois, voire même à six mois pour les œuvres n’ayant pas connu un franc succès en salle. Les chaînes en clair verront ce délai écourté de trois mois. Pour les services de vidéo à la demande par abonnement, comme Netflix ou Amazon Prime, cette échéance de trente-six mois sera raccourcie à dix-sept, voire à quinze mois, à condition que ces entreprises s’engagent à financer le cinéma. Il leur est demandé de diffuser des longs-métrages européens, mais aussi de consacrer une part significative de leur chiffre d’affaires annuel au développement de la production d’œuvres cinématographiques françaises et européennes. Lire aussi Cinéma : les films bientôt diffusés plus tôt à la télé ou en vidéo à la demande Cette incitation à entrer dans le système vertueux du cinéma hexagonal – dans lequel ceux qui financent le plus ce secteur ont, en contrepartie, accès le plus rapidement aux films – semble laisser de marbre la direction de Netflix. Mais, si la plate-forme américaine, qui compterait 4 millions d’abonnés en France, refuse de se plier à ces règles, elle devra toujours attendre trente-six ou – au mieux – trente-quatre mois pour proposer des films à ses abonnés dans l’Hexagone. Le Centre national du cinéma et de l’image animée fera régulièrement un bilan sur l’application du texte et, en cas de conflit, le médiateur du cinéma tranchera.
21/12/2018
economie
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Report des élections en RDC : le pouvoir évoque « un cas de force majeure »
Le scrutin, qui était prévu dimanche, a été repoussé au 30 décembre à la suite d’un incendie ayant dévasté le principal entrepôt de la commission électorale.
Le président de la CENI, Corneille Naanga, annonce le report de sept jours des élections présidentielle, législatives et provinciales, à Kinshasa, le 20 décembre 2018. ISSOUF SANOGO,LUIS TATO / AFP La temporalité politique congolaise, une fois encore, s’est étirée. Peu avant 17 h 30, jeudi 20 décembre, Corneille Nangaa se présente souriant devant la presse à Kinshasa. Avec plus de deux heures de retard, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) annonce que la tenue des élections prévues ce dimanche, avec deux ans de retard, est à nouveau reportée, d’une semaine. Ce qui bruissait dans le Tout-Kinshasa devient officiel. Un dernier contretemps avant la tenue, désormais prévue le 30 décembre, des élections présidentielle, législatives et provinciales, censées permettre la première alternance pacifique depuis l’indépendance de la République démocratique du Congo, en 1960 ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi En RDC, les élections de tous les dangers Selon M. Nangaa, la CENI se retrouve dans « une impasse technique » à la suite d’un mystérieux incendie criminel ayant dévasté son principal entrepôt, en plein cœur de Kinshasa, le 12 décembre. Près de 8 000 machines à voter, prévues pour 19 des 24 communes de la capitale, avaient été emportées par les flammes, de même que d’autres matériels électoraux. Les appareils de remplacement sont bel et bien arrivés, mais encore faut-il les configurer pour Kinshasa, qui concentre environ 10 % des 40 millions d’électeurs. Enfin, les 5 millions de bulletins de vote commandés en Corée du Sud seront entièrement livrés samedi 22 décembre dans la soirée. Anomalies et dysfonctionnements « On a entamé le dernier virage vers les élections », insiste le président de la CENI. Ce personnage central est devenu l’un des plus abhorrés du pays, tant il est accusé par une partie de la population et par l’opposition de manipuler le processus électoral pour le compte du pouvoir, ce dont il s’est toujours défendu. Mais la CENI peine à masquer les nombreuses anomalies et dysfonctionnements, du fichier électoral incluant probablement 7 millions d’électeurs douteux aux difficultés des observateurs à être accrédités, en passant par la livraison du matériel dans les 75 000 bureaux de vote, parfois accessibles uniquement à moto. Certains se trouvent dans des zones de tension qui se sont multipliées au cours des deux dernières années, marquées par le maintien au pouvoir du président sortant, Joseph Kabila, dont le dernier mandat s’est en théorie terminé le 19 décembre 2016. Comme au Tanganyika (sud-est), au Kasaï (centre) ou au Maï-Ndombe (ouest), déchiré par un conflit ethnique. Dans les Kivus (est), toujours infestés d’une centaine de groupes armés congolais, ougandais, rwandais et, plus récemment, burundais, l’épidémie d’Ebola, qui a fauché la vie de 336 habitants depuis le 1er août, constitue aussi un obstacle pour la CENI.
21/12/2018
afrique
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Un moteur ? Oui, mais lequel ?
Avant l’alternative était simple : essence ou diesel. Aujourd’hui, avec l’hybride, classique ou rechargeable, l’électrique, l’hydrogène, choisir une motorisation peut virer au casse-tête. Passage en revue du champ des possibles.
CAMILLE LAVAUD Avant, ce n’était pas mieux, mais c’était plus simple. Essence ou diesel, il fallait choisir son camp. Sur le long chemin de la transition écologique, les automobilistes se retrouvent aujourd’hui confrontés à de multiples choix de motorisation. L’étendue de la palette des technologies disponibles et les inflexions soudaines de la politique fiscale ont nourri une perplexité diffuse. « Les choix sont complexes. Pour éclairer le client, il nous faut le faire parler de ses habitudes, connaître plus précisément qu’autrefois l’usage qu’il fait de son véhicule », souligne le vendeur d’une concession DS. Passage en revue du nuancier énergétique qui compose l’offre des constructeurs, avantages et inconvénients à la clé. L’essence, la nouvelle norme Par défaut, le bon vieux moteur essence apparaît souvent comme le seul choix envisageable. Il a amélioré son rendement, s’est compacté avec l’arrivée de vigoureux trois-cylindres turbocompressés, et sa part de marché a gagné sept points en un an pour redevenir majoritaire (54 %). Pour autant, il n’incarne pas l’avenir. Ce moteur, victime de l’obsession réglementaire autour du CO 2 et pénalisé par l’adoption progressive du nouveau calcul des consommations (dit Wltp), dispose d’une faible marge de progression. Dans les années qui viennent, il est condamné à « s’électrifier ». L’hybride classique, le sens de l’histoire La bi-motorisation thermique-électrique (5 % des immatriculations en 2018) ne restera pas longtemps un produit de niche, circonscrit pour l’essentiel à la marque Toyota. La quasi-totalité des constructeurs, en effet, prévoient d’en proposer rapidement, y compris avec des systèmes de « micro-hybridation » sur des petits modèles. L’hybride classique (compter au moins 4 000 euros de supplément pour un petit véhicule) est économique sur les trajets urbains et périurbains, d’où son succès auprès des taxis. En revanche, ses avantages sont peu évidents sur route ou autoroute et son agrément de conduite parfois décevant. Hybride-rechargeable, le passeur C’est la nouvelle coqueluche de l’industrie automobile face au durcissement des normes. L’hybride-rechargeable (ou « plug-in ») vise d’abord les flottes automobiles et les véhicules de société avant de se démocratiser (Renault lancera un Captur hybride-rechargeable en 2020). Cette technologie établit un pont entre ancien et nouveau monde car elle permet de recharger la batterie non seulement grâce au moteur thermique mais aussi sur une prise électrique, ce qui lui permet de rouler en mode « tout électrique » sur une quarantaine de kilomètres. Outre son prix (au moins 35 000 euros) et malgré le bonus qui devrait lui être de nouveau octroyé en 2019, l’hybride-rechargeable ne convient qu’à certains usages. Pour le rentabiliser, il faut rouler en tout-électrique pendant la semaine et utiliser son véhicule le week-end pour des trajets plus longs. Et, surtout, le recharger sur une borne électrique entre deux trajets. Lire aussi L’hybride rechargeable prend de la vitesse L’électrique, un horizon qui se rapproche En novembre, les ventes de modèles tout-électrique ont doublé et même si elles ne pèsent que 1,33 % du marché, la multiplication de nouveautés (Mercedes, Audi, DS, Peugeot…) va mécaniquement accroître leur présence. Les autonomies progressent (jusqu’à 400 km) et les prix ne sont pas toujours inaccessibles. Une Renault Zoé neuve vaut 24 100 euros, somme dont il faut déduire le bonus écologique de 6 000 euros, mais ajouter la location de la batterie (à partir de 39 euros mensuels) ainsi que l’installation chez soi d’un branchement électrique adapté (au moins 500 euros). Une voiture électrique est adaptée aux trajets courts et répétés, ce qui fait son succès en zone périurbaine. Les longs voyages, en revanche, nécessitent de l’organisation. L’E85, un effet d’aubaine Dès que les prix des carburants fossiles flambent, le super-éthanol E85 (ou bioéthanol) connaît un quart d’heure warholien. Ses arguments : un prix au litre presque deux fois inférieur à celui de l’essence, une origine française (il est issu de la distillation de la betterave, du maïs ou du blé), de modestes émissions de CO 2 et la possibilité d’être utilisé avec un moteur essence classique. Le kit de conversion bioéthanol (entre 600 et 1 000 euros), un boîtier qui agit sur l’injection et que l’on installe sous le capot, est redevenu tendance auprès des gros rouleurs. Inconvénients : une surconsommation notoire et, donc, une autonomie revue à la baisse. Un bref effet d’aubaine, comme le GPL en son temps. L’hydrogène, encore un peu court La technologie de la pile à combustible alimentée à l’hydrogène profite d’un buzz qui la présente comme le futur high-tech de l’automobile. Elle propose la mobilité électrique sans risquer la panne sèche ni devoir retraiter des montagnes de batteries. Dommage que le réseau de distribution soit famélique, que la fabrication d’hydrogène réclame énormément… d’électricité ou d’hydrocarbures et qu’à la pompe ce gaz coûte presque aussi cher que l’essence. Pour ceux qui ont l’âme de pionniers et les moyens de la satisfaire, des modèles existent chez Toyota, Honda et Hyundai à partir d’environ 70 000 euros. Lire aussi Un SUV à hydrogène un peu trop en avance Le diesel, pas si moribond Le gouvernement ne l’aime plus, les agglomérations veulent le bannir, les taxes pleuvent, sa cote fléchit et ses coûts de production s’envolent au point qu’il est parfois plus cher que le litre d’essence. Le diesel cultive pourtant une forme de résilience qui lui permet de conserver nombre de fidèles. Il consomme moins que les moteurs essence et continue de jouir d’un certain traitement de faveur au prétexte qu’il émet moins de CO 2 . Les « gilets jaunes », en obtenant la neutralisation du rattrapage fiscal prévu par le gouvernement, ont desserré l’étreinte qui pèse sur ce carburant. Lire aussi Le diesel, une fracture sociale Il va falloir s’y habituer, le choix d’une motorisation, déterminé par ses performances, y compris environnementales, son coût d’usage, sa capacité à épouser l’air du temps fiscal et donc sa facilité de revente, est devenu un labyrinthe. Pour les automobilistes, d’autres problématiques nouvelles ont surgi ces dernières années. Acheter sa voiture ou la louer (à temps plein ou partiel), par exemple. Et, bientôt, la conduire ou pas.
21/12/2018
m-styles
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2018/12/21/un-moteur-oui-mais-lequel_5400781_4497319.html
« Le sentiment de pauvreté met en évidence une insécurité sociale durable et une vision dégradée de son avenir »
Pour le sociologue Nicolas Duvoux, la pauvreté monétaire est un indicateur d’inégalité, alors que la pauvreté subjective, qui concerne environ 13 % de la population, est un indicateur d’insécurité.
Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII-Vincennes Saint-Denis, chercheur au Cresppa-LabToP. Il est l’auteur, avec Adrien Papuchon, de « Qui se sent pauvre en France ? Pauvreté subjective et insécurité sociale », un article de la Revue française de sociologie, 2018/4, p. 607-645 Quelles sont les différentes définitions de la pauvreté et que nous apprennent-elles ? La question de savoir qui sont les « pauvres » a été très débattue dans les sciences humaines et sociales. En France est considéré comme pauvre tout individu vivant dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian : en 2016, cela représente 1 026 euros par mois pour une personne isolée, soit 14 % de la population. La pauvreté touche aujourd’hui de manière disproportionnée les enfants (19,8 %), les jeunes adultes (19,7 % des 18-29 ans) et les familles monoparentales (34,8 %). C’est un indicateur d’inégalité, qui mesure l’écart avec les revenus médians ou intermédiaires. Il y a aussi la pauvreté en conditions de vie – elle est en baisse du fait, notamment, de l’amélioration de la qualité des logements. Enfin, il y a le fait d’être « assisté » par la collectivité, c’est-à-dire de percevoir une aide sociale, notamment le revenu de solidarité active (RSA). Inspirée par les analyses du sociologue allemand Georg Simmel, cette approche qui s’est déployée dans un ­contexte de développement du chômage de masse met l’accent sur les formes institutionnelles de la pauvreté : l’intervention des pouvoirs publics assigne l’individu à l’identité de pauvre. Vous venez de publier, avec Adrien Papuchon, un article dans la « Revue française de sociologie » qui évoque la « pauvreté subjective ». Cette notion permet-elle de mieux comprendre le mouvement des « gilets jaunes » ? Tandis que la pauvreté monétaire relative indique la part des ­revenus qui sont éloignés des revenus intermédiaires ou médians, le sentiment de pauvreté, qui concerne environ 13 % de la population, met en évidence une insécurité sociale durable et une vision dégradée de son avenir. La pauvreté monétaire est un indicateur d’inégalité, alors que la pauvreté subjective est un indicateur d’insécurité. L’apport principal de cette mesure subjective de la pauvreté est de remettre en cause la vision la plus commune de la pauvreté qui, en se centrant sur les situations d’éloignement prolongé du marché du travail, néglige la forte proportion d’actifs parmi les personnes qui se jugent pauvres.
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/qui-se-sent-pauvre-en-france_5400777_3232.html
Patiente morte aux urgences : les premières conclusions de l’enquête attendues au début de janvier
La patiente, retrouvée morte mardi matin aux urgences de l’hôpital Lariboisière, à Paris, était considérée comme « sortie » par le personnel.
La mort inexpliqué d’une patiente mardi matin après son admission aux urgences de l’hôpital Lariboisière, à Paris, presque douze heures auparavant, donne lieu à une enquête interne dont les premières conclusions sont attendues « tout début janvier », a annoncé jeudi 20 décembre l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) dans un communiqué. Prise en charge lundi par les sapeurs-pompiers, elle avait été conduite au service d’accueil des urgences de cet hôpital du 10e arrondissement de Paris « vers 18 h 45 », selon l’AP-HP. « Elle a été accueillie par l’infirmière d’accueil et d’orientation, enregistrée dans le circuit de prise en charge du service et orientée dans un “circuit court” », concernant a priori les cas jugés les moins graves et nécessitant une simple consultation. « A 1 h 20, après avoir été appelée sans succès, la patiente est considérée comme étant sortie. Elle est retrouvée décédée vers 6 heures dans la salle d’attente du service d’accueil des urgences », relate le communiqué. Un CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) local extraordinaire s’est tenu jeudi après-midi. Lire aussi Le parquet de Paris ouvre une enquête à la suite de la mort inexpliquée d’une femme aux urgences « Analyser le processus de la prise en charge » L’enquête interne a été diligentée par l’AP-HP et l’agence régionale de santé d’Ile-de-France. Elle sera codirigée par le professeur Dominique Pateron, président de la collégiale des urgences de l’AP-HP, et le docteur Pierre Charestan, chef du service des urgences de l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Elle vise notamment à « analyser le processus de prise en charge de cette patiente, sa conformité aux bonnes pratiques et aux recommandations », et « formuler (…) des recommandations plus générales sur le fonctionnement » des services d’urgence. « Les premières conclusions sont attendues tout début janvier 2019 », précise l’AP-HP. Le parquet de Paris a également ouvert une enquête « en recherche des causes de la mort », confiée au service de police judiciaire du 10e arrondissement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux urgences de Lariboisière, « c’est la désillusion totale » « Près de 85 000 passages annuels » L’AP-HP rappelle que le service d’accueil des urgences de Lariboisière « est celui où le nombre de passages est le plus important de l’AP-HP avec près de 85 000 passages annuels et une progression de plus de 5 % depuis 2017 ». Un « plan est en cours de déploiement » avec des embauches à la clé, à la suite de « tensions cet été avec des fréquentations records de 350 passages par jour ». « C’est un service qui a l’habitude d’héberger des personnes la nuit, soit après un épisode d’alcool ou de toxicomanie ou juste des sans-abri, a expliqué le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, jeudi sur France Inter. Quelque chose qui est à la frontière du soin et du social, très compliqué à gérer. » Il a promis l’embauche de « quelqu’un qui puisse prendre en charge cette particularité ». Dans un communiqué, le conseil de l’ordre des médecins « fait part de sa très vive émotion et appelle à des mesures d’urgence structurantes pour les établissements hospitaliers et leur personnel ». Le premier syndicat de l’AP-HP, l’USAP-CGT (Union syndicale de l’assistance publique-Confédération générale du travail), avait dénoncé mercredi « le manque de lits et de moyens » à l’hôpital Lariboisière, tandis que l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) a « alerté » le gouvernement « sur la situation devenue impossible à gérer » aux urgences en général. Lire aussi Urgences : une réforme toujours en attente
21/12/2018
sante
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/21/patiente-morte-aux-urgences-les-premieres-conclusions-de-l-enquete-attendues-au-debut-de-janvier_5400775_1651302.html
Le retrait américain de Syrie, un revers majeur pour Israël
La priorité absolue pour les Israéliens consiste à consolider un large front pour s’opposer aux ambitions iraniennes dans la région.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le 20 décembre au parc de Beersheba, en Israël. AMIR COHEN / REUTERS Sauvegarder les apparences, dans l’adversité. Benyamin Nétanyahou s’y est consacré, jeudi 20 décembre, après la confirmation officielle du retrait militaire américain de Syrie. Cette décision, bien qu’esquissée sur le principe depuis des mois par Donald Trump, est un coup dur à la fois pour Israël et son premier ministre. Ce dernier a énormément misé sur sa connivence personnelle avec le président américain. Le retrait de Syrie est un revers majeur dans cette stratégie, ce que l’opposition n’a pas manqué de relever. Deux victoires spectaculaires Jusqu’à lors, Benyamin Nétanyahou avait obtenu deux victoires spectaculaires grâce à sa proximité avec Donald Trump. La première a été la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, en décembre 2017, puis le transfert symbolique de l’ambassade américaine. La deuxième fut le retrait des Etats-Unis, début mai, de l’accord sur le nucléaire iranien, après que la Maison Blanche eut repris tous les éléments de langage de l’Etat hébreu. Depuis, les officiels israéliens ont tenté de convaincre leurs homologues américains de ne pas précipiter le retrait de Syrie. En vain. Les Etats-Unis ne veulent pas être « le policier du Moyen-Orient », s’est justifié Donald Trump dans un Tweet. Or, la priorité absolue d’Israël consiste à consolider un large front, de Washington aux pays du Golfe, pour s’opposer aux ambitions iraniennes dans la région. M. Nétanyahou s’est gardé de toute critique publique à l’égard de l’administration Trump, car la relation stratégique entre les deux pays ne doit pas être affaiblie. En référence à l’opération « Bouclier du Nord » à la frontière libanaise, consistant, depuis quinze jours, à neutraliser des tunnels d’attaque du Hezbollah, il a assuré, jeudi, que la détermination israélienne ne serait en rien atteinte par la décision américaine. « Nous allons continuer à entreprendre des actions très fortes contre les tentatives iraniennes de s’implanter en Syrie, a dit M. Nétanyahou. Dans aucun de ces domaines, nous ne comptons diminuer nos efforts. Nous allons les intensifier, et je sais que nous le ferons avec le plein soutien et appui des Etats-Unis. » « Maintenant, ils seront moins prudents » Du point de vue opérationnel, les forces américaines n’ont pas aidé Israël dans ses raids contre le transfert d’armements lourds au Hezbollah ou l’implantation de forces iraniennes en Syrie. En revanche, la présence même des 2 000 soldats américains constituait un moyen de dissuasion psychologique et militaire. Elle indiquait encore un peu la volonté de Washington de peser au Moyen-Orient, de défendre à la fois ses intérêts et ses alliés.
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/le-retrait-de-syrie-un-revers-majeur-pour-israel-et-son-premier-ministre_5400772_3210.html
Au Sénégal, Khalifa Sall ne désespère pas de se présenter à l’élection présidentielle
En prison depuis deux ans, l’ancien maire de Dakar et opposant à Macky Sall saura le 3 janvier si la Cour suprême confirme sa condamnation pour escroquerie.
Des partisans de l’opposition manifestent à Dakar, le 29 novembre 2018. SEYLLOU / AFP L’ancien maire de Dakar Khalifa Sall saura le 3 janvier si la Cour suprême du Sénégal confirme sa condamnation pour escroquerie, mais ses avocats ont affirmé, jeudi 20 décembre, qu’il lui resterait une chance de se présenter à la présidentielle du 24 février même en cas de décision négative. En prison depuis près de deux ans, Khalifa Sall, 62 ans et farouche opposant au président Macky Sall, reste en course tant que ses recours ne sont pas épuisés devant les juridictions sénégalaises. Pendant une audience de plus de douze heures jeudi, ses avocats ont plaidé devant la Cour suprême pour qu’elle casse sa condamnation à cinq ans de prison pour « escroquerie sur les deniers publics » prononcée le 30 août par la cour d’appel de Dakar. A deux mois de la présidentielle, au cours de laquelle le président Macky Sall briguera un second mandat, ils ont d’abord réclamé, en vain, le report des débats à une date ultérieure. En contradiction avec la Constitution En présence de quelques dizaines de ses partisans, ils ont ensuite plaidé l’irrégularité des poursuites en évoquant « la nullité du procès-verbal » d’enquête préliminaire, l’absence d’avocats durant sa garde à vue, « l’immunité parlementaire » de Khalifa Sall, élu député en juillet 2017, ou encore les contradictions, selon eux, entre des textes sur lesquels s’est fondée sa condamnation et la Constitution. Les avocats de l’Etat du Sénégal, ainsi que le parquet, ont estimé que ces arguments n’étaient pas fondés. En fin de soirée, le président de la chambre criminelle de la Cour suprême, Mamadou Baal, a réservé sa décision en annonçant que l’affaire était « mise en délibéré au 3 janvier 2019 ». L’arrêt de la plus haute juridiction du pays pourrait être déterminant pour l’avenir politique de l’ancien maire de Dakar, puisqu’il ne pourra plus saisir d’instance supérieure. Lire aussi Khalifa Sall officialise sa candidature à la présidentielle sénégalaise de 2019 depuis sa cellule Ses avocats ont toutefois fait valoir auprès de l’AFP, après l’audience, que même une décision négative ne l’éliminerait pas de la présidentielle. L’ex-maire de Dakar aura encore la possibilité d’introduire un « rabat d’arrêt », une disposition qui permet de saisir une nouvelle fois la Cour suprême pour dénoncer des vices de forme, ont-ils avancé. « Ce recours est suspensif » d’un éventuel arrêt de la juridiction et « nous avons un mois pour le faire à partir de la notification de la décision de cassation », a précisé un proche de Khalifa Sall s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. Karim Wade radié des listes électorales L’ancien premier magistrat de la capitale sénégalaise affirme que les poursuites judiciaires à son encontre sont de nature politique et visent à l’empêcher de se présenter à la présidentielle, ce que démentent les responsables de la majorité. Elu maire de Dakar en 2009 et réélu en 2014, Khalifa Sall, dissident du Parti socialiste et de la majorité, a été révoqué de ses fonctions de maire par le chef de l’Etat au lendemain de sa condamnation en appel. Il est considéré comme l’un des rares adversaires à pouvoir menacer dans les urnes Macky Sall, qui vise une réélection dès le premier tour. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jeudi noir pour l’opposition sénégalaise à quelques mois de l’élection présidentielle Un autre adversaire de taille connaît lui aussi des difficultés. Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade (2000-2012), a été investi par le Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition). Mais il a été radié des listes électorales après sa condamnation en 2015 à six ans de prison pour enrichissement illicite et vit à l’étranger depuis qu’il a été gracié par Macky Sall. Ces dernières semaines, un jeune député de 44 ans, Ousmane Sonko, a fait une entrée remarquée sur la scène politique et médiatique et espère rassembler les voix des mécontents si Khalifa Sall et Karim Wade sont définitivement mis hors-jeu par la justice.
21/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/21/au-senegal-khalifa-sall-ne-desespere-pas-de-se-presenter-a-l-election-presidentielle_5400769_3212.html
Noël : alerte au risque d’ingestion ou d’inhalation de corps étranger
Les décorations du sapin et des bûches de Noël, ainsi que les piles boutons des jouets peuvent se révéler dangereuses si elles passent dans l’appareil digestif ou les fosses nasales.
Chaque année, de jeunes enfants et des personnes âgées sont admis aux urgences après avoir avalé une décoration de Noël. Ces corps étrangers entraînent des complications digestives lorsqu’ils perforent l’intestin. Ils peuvent également être responsables d’étouffement lorsqu’ils se retrouvent coincés dans les voies respiratoires. Des pneumologues de l’hôpital de La Timone à Marseille ont décrit en 2017 le cas d’une petite fille de 14 mois ayant inhalé une ampoule LED de guirlande électrique du sapin. L’incident a eu lieu l’avant-veille de Noël. La fillette tousse mais ne suffoque pas. A l’auscultation pulmonaire au cabinet du médecin généraliste, sa respiration est sifflante. La fillette n’est pas en insuffisance respiratoire. Les symptômes respiratoires sont attribués au fait que l’enfant a déjà présenté des épisodes de sifflements pour lesquels elle était traitée par médicament anti-asthmatique et corticoïde par voie inhalée. Au cours des trois semaines suivantes, l’état clinique de la fillette ne s’améliore pas. Une radiographie thoracique est alors réalisée, qui révèle la présence d’un corps étranger dans la bronche principale gauche. La diode LED est extraite sous anesthésie générale par bronchoscopie, un examen permettant de visualiser directement le larynx et les voies respiratoires. L’extraction du corps étranger est particulièrement compliquée car les deux extrémités effilées de l’ampoule ont la bonne idée de se planter tour à tour dans la muqueuse au cours de la procédure. Les parents se souviennent alors qu’il manquait effectivement une petite ampoule électrique sur le sapin de Noël. On le voit, le diagnostic de corps étranger dans l’appareil respiratoire n’est pas toujours aisé chez un enfant, surtout s’il ne suffoque pas. En effet, pendant la période de Noël, quasiment tous les jeunes enfants sont malades (bronchiolite virale aiguë ou diverses infections respiratoires). Les très jeunes enfants n’hésitant pas à porter à sa bouche tout ce qu’il trouve, comestible ou non, le risque est grand qu’ils inhalent toutes sortes d’objets, notamment de petites décorations de Noël. Des médecins belges ont rapporté en 2008 le cas d’un enfant de 8 mois qui présentait une fièvre, des troubles respiratoires et les difficultés alimentaires (augmentation de la salivation et refus des aliments solides). Les premiers symptômes sont apparus en janvier. En avril, une toux et un écoulement salivaire excessif étaient quasi constants. L’enfant est amaigri, son haleine fétide. La bouche et le larynx sont envahis par une infection à champignons (candidose). L’enfant a du mal à respirer. Des radiographies du thorax sont réalisées. Elles mettent en évidence un corps étranger au niveau de la gorge. L’observation de l’œsophage à l’aide d’un endoscope révèle la présence d’un objet de couleur cuivrée ne correspondant pas à celui observé à la radiographie. Il est impossible de le retirer. Les chirurgiens décident alors d’aborder le pharynx en incisant le cou du côté gauche. Après exploration chirurgicale, deux corps étrangers sont retirés : une attache métallique de décoration de Noël et sa collerette. L’enfant quitte l’hôpital 7 jours plus tard. Ablation chirurgicale d’un lobe pulmonaire En 2004, un enfant de deux ans et demi a été hospitalisé pour des épisodes récidivants de pneumonie du lobe pulmonaire droit depuis l’âge de 10 mois. Tout avait commencé quelques mois après son premier Noël. Chaque épisode avait été traité par antibiotiques par voie intraveineuse ou orale. Le jeune patient a finit par subir une thoracotomie droite, une intervention chirurgicale consistant à ouvrir la cavité thoracique pour aborder les organes. Les chirurgiens vont alors découvrir une lésion inflammatoire adhérente à la paroi thoracique et siégeant dans le lobe inférieur droit. Ils retirent le lobe malade, correspondant à une masse de tissu pulmonaire de 173 grammes (10 x 8 x 7 cm). A l’ouverture de la pièce opératoire, les chirurgiens découvrent un corps étranger, de 3 cm de long et 0,5 cm de diamètre, logé dans une petite bronche. L’objet ressemble à une branche terminale d’un conifère au feuillage persistant. Cette observation clinique illustre l’importance d’évoquer le diagnostic d’inhalation d’un corps étranger dans tous les cas de pneumonies à répétition chez de jeunes enfants. Pour eux, la période des fêtes de fin d’année est un moment propice pour explorer et goûter de nouvelles choses, d’autant qu’ils peuvent plus facilement que d’habitude échapper à la surveillance des parents. En 2008, des pédiatres ORL canadiens ont rapporté le cas d’un enfant de 8 mois admis aux urgences pour étouffement. Une décoration de Noël en verre et en métal a été retirée dans sa gorge lors d’une anesthésie générale. Un autre enfant, âgé de 10 mois, avait un petit arbre de Noël métallique recouvert de plastique coincé au fond de la gorge et dont un côté affleurait la corde vocale droite. L’objet avait été retiré à la pince. En 2005, un cas d’ingestion d’une étoile de Noël par un enfant de 11 mois a été rapporté par des médecins australiens. Le corps étranger avait été retiré sous anesthésie générale lors d’un examen du pharynx et de l’œsophage. En 2004, des anesthésistes et ORL australiens ont rapporté le cas d’un enfant de 26 mois admis aux urgences pour une obstruction aiguë des voies respiratoires supérieures. Depuis 15 mois, ce jeune enfant émettait un son haletant lors de la respiration et présentait un enrouement, une toux nocturne, et une difficulté respiratoire à l’effort. Tout avait commencé par la survenue d’une sensation d’étouffement à l’âge de 9 mois, suivie d’une aggravation progressive des symptômes respiratoires. Il avait été examiné par des ORL aux urgences lors de son épisode initial d’étouffement et avait pu regagner le domicile familial. Il avait ensuite été suivi par un médecin généraliste qui l’avait traité pour un asthme, avec un succès limité. A son admission aux urgences, les médecins ont utilisé un bronchoscope pour visualiser l’intérieur du larynx. C’est alors qu’ils constatent qu’un minuscule arbre de Noël en plastique de forme plate est bloqué à l’intérieur. L’enfant va alors subir une trachéotomie (ouverture temporaire de la trachée à la face antérieure du cou) afin d’assurer d’une bonne ventilation pulmonaire lors du retrait du corps étranger qui obstrue presque complètement le larynx. La famille se souvient alors avoir utilisé cette décoration de Noël deux ans plus tôt et que le petit garçon avait toussé avant d’avoir la voix enrouée. Le danger des piles boutons Chaque année, à Noël, des millions de jouets et d’appareils électroniques, fonctionnant avec des piles rondes et plates, entrent dans les foyers. La gravité de l’ingestion d’une pile bouton tient aux complications, potentiellement sévères ou létales, associées à la charge de la pile et du temps de contact. Ces piles sont responsables de lésions œsophagiennes lorsqu’elles se retrouvent bloquées dans l’œsophage. Les mécanismes lésionnels sont multiples : caustique (par libération d’électrolytes alcalins), électrique (un courant entre la muqueuse digestive et la pile encore chargée entraîne une brûlure), mécanique (la compression de la muqueuse provoque une nécrose), thermique et toxique (du fait de l’absorption tissulaire du lithium ou de mercure contenu dans la pile). Avec pour conséquence une brûlure et une perforation œsophagienne, une hémorragie soudaine et imprévisible, une perforation des voies respiratoires. Les lésions œsophagiennes par ingestion de piles bouton sont dues presque toujours à des piles de plus de 20 mm provenant le plus souvent d’appareils dont le compartiment batterie est mal protégé ou de piles non emballées individuellement. Les ingestions de pile bouton chez l’enfant de moins de 6 ans sont fréquentes et passent parfois inaperçues. En France, la tranche d’âge la plus touchée est celle des enfants de 1 à 4 ans. Parmi les 253 827 accidents de la vie courante chez les moins de 10 ans enregistrés entre 2005 et 2012, l’Institut de veille sanitaire a comptabilisé 248 cas (1 ‰) liés aux piles boutons. Selon la Direction générale de la santé (DGS), entre 1999 et 2018, 6 décès (dont 5 concernaient de jeunes enfants) ont été observés après ingestion de piles boutons et 51 personnes ont présenté de graves complications. Par ailleurs, une étude prospective réalisée entre juin 2016 et juin 2018 est en cours d’analyse, mais 3 décès d’enfants sont d’ores et déjà à déplorer au cours de cette période. Les piles enclavées dans l’œsophage doivent être extraites sans délai. L’apparition de symptômes digestifs après ingestion d’une pile impose dans tous les cas une consultation aux urgences pédiatriques. Les piles au lithium sont impliquées dans 85 % des cas sévères et 100 % des cas mortels concernant les enfants de moins de 5 ans. La gravité des lésions induites par ces piles plates et rondes, fréquemment utilisées, tient à leur diamètre égal ou supérieur à 16 mm et à leur voltage élevé (3V). Personnes âgées Les jeunes enfants ne sont pas les seuls à courir le risque d’ingestion d’un corps étranger lors des fêtes de fin d’année, qu’il s’agisse d’une petite décoration ou de la pile bouton d’un jouet. Pendant la période des fêtes de fin d’année, les personnes âgées dépendantes sont également exposées au risque d’ingestion ou d’inhalation accidentelle d’un corps étranger. En 2017, des radiologues et chirurgiens de la faculté de médecine de Caen ont décrit la survenue d’une perforation intestinale chez une femme de 87 ans souffrant de démence. Elle a été admise aux urgences pour des douleurs abdominales aiguës après avoir consommé une bûche de Noël cinq jours plus tôt. L’examen clinique montre une douleur à la palpation dans la région basse de l’abdomen du côté gauche. Le scanner abdominal révèle un volumineux abcès de la partie terminal de l’intestin grêle (jéjunum) ainsi que deux autres abcès périphériques. Les radiologues observent que la région centrale de l’abcès intestinal a une forme curieuse, compatible avec celle d’un corps étranger. La vieille dame est amenée au bloc opératoire afin qu’on lui ouvre le ventre et que l’on examine l’état de la cavité abdominale. L’examen des intestins révèle alors de multiples abcès. Après drainage de ces lésions inflammatoires, les chirurgiens découvrent un objet dur et tranchant de quelques centimètres de long dans la paroi perforée du jéjunum. Une ablation de cette région de l’intestin grêle est nécessaire. L’objet en question est une décoration de 4,5 cm qui ornait une bûche de Noël et que la patiente avait mangé 10 jours avant. Les suites opératoires sont simples. La vieille dame ne semble pas avoir réalisé qu’elle avait ingéré cet objet en plastique. Les auteurs soulignent l’importance de ne pas servir pendant la période des fêtes de fin d’année de desserts comportant des décorations à des patients âgés hospitalisés ou en institution, en particulier à ceux souffrant de démence. Selon eux, il importe également, dans un tel contexte, d’avoir à l’esprit le diagnostic d’ingestion d’un corps étranger chez un patient âgé présentant une douleur abdominale aiguë. Bûchette de Noël En 2013, des chirurgiens de l’hôpital Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine) ont rapporté le cas d’une femme de 72 ans se plaignant depuis trois jours d’une douleur abdominale. Elle a déjà vomi une fois et présente une fièvre à 38°C quand elle est amenée aux urgences d’un hôpital parisien. Les examens sanguins révèlent un important syndrome inflammatoire. La partie droite de l’abdomen est sensible à la palpation. Un scanner abdominal révèle la présence d’un corps étranger ayant perforé la partie terminale du duodénum, la partie du tube digestif située entre l’estomac et l’intestin grêle. Il est décidé d’ouvrir le ventre de la patiente afin de visualiser la cavité abdominale et déterminer l’origine de ses douleurs. Les chirurgiens ont la surprise de découvrir une petite hache de couleur verte, de 2 cm de long, qui avait perforé la paroi intestinale. La vieille dame avait avalé sept jours tôt par mégarde la petite décoration en plastique qui ornait une bûchette de Noël. L’objet est retiré et la perforation suturée. La patiente se remet parfaitement de la chirurgie et sort de l’hôpital dix jours plus tard. En 1983, un cas de perforation intestinale imputable à un petit objet décoratif sur un gâteau de Noël a été décrit par des médecins britanniques. La patiente, âgée de 86 ans, a présenté une péritonite généralisée. La vieille dame, qui vivait seule, avait malencontreusement avalé la petite décoration qui ornait sa bûche de Noël. Lors de l’intervention chirurgicale, on découvrit qu’un petit oiseau en plastique avait perforé avec son bec la partie terminale de l’intestin grêle. Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, sur Facebook) Toute reproduction interdite. Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle. Pour en savoir plus : Lahmar J, Célérier C, Garabédian EN, Couloigner V, Leboulanger N, Denoyelle F. Lésions de l’œsophage provoquées par l’ingestion de pile bouton chez l’enfant : analyse des causes et proposition de mesures préventives. Eur Ann Otorhinolaryngol Head Neck Dis. 2018 Apr;135(2):91-94. doi: 10.1016/j.anorl.2017.09.004 Carsin A, Baravalle-Einaudi M, Dubus JC. When Christmas decoration goes hand in hand with bronchial aspiration. Respir Med Case Rep. 2017 Sep 29;22:266-267. doi: 10.1016/j.rmcr.2017.09.011 Humbert X, Drematcheff S, Puddu PE, Makar B, Alexandre J. Ingested Intra-Abdominal Christmas Foreign Body in an Elderly Patient. J Am Med Dir Assoc. 2017 May 1;18(5):448-449. doi: 10.1016/j.jamda.2017.01.019 Nisse P, Lampin ME, Aubry E, Cixou E, Mathieu-Nolf M. Ingestion d’une pile bouton compliquée d’une fistule œso-aortique fatale. Proposition d’un algorithme de prise en charge chez l’enfant de moins de 6 ans. Presse Med. 2016 Oct;45(10):947-953. doi: 10.1016/j.lpm.2016.07.016. Hayek G, D’Assignies G. Images in clinical medicine. An unknowingly swallowed inedible toy. 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Br Med J (Clin Res Ed). 1983 Dec 24-31;287(6409):1923-4.
21/12/2018
blog
http://realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr/2018/12/21/noel-alerte-au-risque-dingestion-ou-dinhalation-de-corps-etranger/
« Gilets jaunes » : le bilan passe à 10 morts mais aucun n’est « lié à des affrontements »
Une dixième personne est morte dans la nuit de vendredi à samedi, à Perpignan, lors d’un accident de la route, comme toutes les victimes, à une exception près, depuis le 17 novembre.
Un automobiliste est mort, vendredi 21 décembre au soir, au péage sud de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Il a percuté un camion à l’arrêt à proximité d’un rassemblement de « gilets jaunes » et a succombé à ses blessures, selon le procureur de Perpignan, Jean-Jacques Fagni. « Le chauffeur du poids lourd est resté sur place et a attendu l’arrivée de la police, contrairement aux personnes qui bloquaient la route et qui se sont enfuies », a souligné M. Fagni, précisant qu’il ne restait « que deux ou trois femmes “gilets jaunes” choquées, qui ont aussi attendu la police ». La veille, un « gilet jaune » était mort dans la commune du Passage, en banlieue d’Agen (Lot-et-Garonne). Olivier Daurelle, 60 ans, a été renversé par un poids lourd à proximité d’un rond-point où les manifestants avaient mis en place un barrage filtrant. Lui venait d’un autre rond-point, celui du Campanile de Villeneuve-sur-Lot, situé 30 kilomètres plus au nord. Jeudi matin, il était venu prêter main-forte aux camarades du Passage, sur le point d’être délogés par les forces de l’ordre. Après l’annonce de sa mort, une centaine de personnes ont défilé en silence dans les rues de Villeneuve-sur-Lot derrière des banderoles « Gilets jaunes en deuil » et « Hommage à Olivier, citoyen français tombé pour la cause des gilets jaunes ». Ces deux décès portent à dix le nombre de morts liés aux « gilets jaunes » depuis le début du mouvement de contestation, commencé le 17 novembre. « Aucun décès n’est lié à des affrontements » La première s’appelait Chantal Mazet, elle avait 63 ans. Cette manifestante a été tuée le premier jour de la mobilisation, au Pont-de-Beauvoisin (Savoie), percutée par une automobiliste prise de panique au milieu de la foule. Deux jours plus tard à Portes-lès-Valence (Drôme), un motard de 37 ans remontant la file de véhicules créée par un barrage heurtait une camionnette qui faisait demi-tour face à l’embouteillage. Grièvement blessé, il est mort le lendemain. Dans la nuit du 1er au 2 décembre à Arles (Bouches-du-Rhône), un automobiliste est entré de plein fouet dans un camion à l’arrêt qui patientait, phares éteints, dans l’interminable bouchon. Le 2 décembre à Marseille, une femme de 80 ans qui avait accidentellement reçu la veille, lors de l’« acte III », une grenade lacrymogène au visage alors qu’elle fermait ses volets mourait à l’hôpital, d’un arrêt cardiaque, sur la table d’opération. Des « gilets jaunes » au Magny, près de Montceau-les-Mines, le 18 décembre 2018. ARNAUD FINISTRE / HANS LUCAS pour « Le Monde » Ont suivi les morts d’une jeune automobiliste dont la voiture s’est encastrée dans un camion à l’arrêt à Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente) le 10 décembre ; d’un « gilet jaune » de 23 ans percuté par un poids lourd sur un rond-point d’Avignon (Vaucluse) le 13 décembre ; d’un conducteur quinquagénaire entré en collision avec un autre camion à l’arrêt à Erquelinnes, en Belgique – un blocage avait lieu du côté français de la frontière –, le 14 décembre ; et, le même jour, d’une femme de 44 ans, passagère d’un véhicule qui roulait à contresens du côté de Soissons (Aisne). Dix morts : le chiffre est rare pour un mouvement social. On pourrait le mettre en regard des sept morts de Mai 68 souvent avancés par les historiens, mais la comparaison est inepte : « Le mouvement des “gilets jaunes” génère des morts en nombre perturbant, mais c’est absolument incomparable, explique l’historienne Danielle Tartakowsky, spécialiste des mouvements sociaux. En l’occurrence, aucun décès n’est lié à des affrontements, que ce soit entre manifestants, ou entre forces de l’ordre et manifestants. » A une exception près, les personnes tuées l’ont été lors d’accidents de la route. Trois victimes sont des « gilets jaunes ». Les autres sont des automobilistes. Une influence sur la suite du mouvement ? « Ce mouvement n’est pas organisé, donc on ne peut pas en assurer la sécurité, résume Pascal Lalle, qui vient de céder son poste de directeur central de la sécurité publique au sein de la police nationale. Pour ce faire, il faudrait que les gens respectent la loi, que les manifestations fassent l’objet d’une déclaration préalable, et que l’on ait un interlocuteur. » « C’est très compliqué d’être partout à la fois, dit en soupirant le service communication de la gendarmerie nationale. Des piétons se retrouvent là où ce n’est pas prévu, ils pensent que la route leur appartient et ne font plus attention. » « Au bout de neuf morts, on ne parle plus d’accidents, on parle d’un risque inhérent à cette forme d’action », poursuit Danielle Tartakowsky, interrogée par Le Monde jeudi 20 décembre. Et d’ajouter : « Quelle influence ce risque peut-il avoir sur la poursuite du mouvement ? » Eric Drouet et Priscillia Ludosky, deux « gilets jaunes » parmi les plus médiatiques, n’ont pas répondu aux sollicitations du Monde à ce sujet. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a dénoncé, jeudi, la « responsabilité grave » de ceux qui voudraient poursuivre le mouvement. Laurent Nuñez, son secrétaire d’Etat, évoquait mardi sur RMC une mobilisation « décroissante », autour de « 4 000 personnes sur les points de blocage ». Une crainte se fait jour du côté de la gendarmerie nationale : « Qu’avec le temps, et à l’approche des fêtes, les automobilistes soient de moins en moins tolérants. »
21/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/gilets-jaunes-neuf-morts-depuis-le-debut-du-mouvement_5400762_3224.html
Le mur de Trump au Mexique et le risque d’un « shutdown » gouvernemental aux Etats-Unis
Le président américain a rejeté le budget du Congrès, car il ne comprend pas de financement pour sa promesse de campagne.
J. Scott Applewhite / AP Donald Trump a rejeté jeudi 20 décembre un compromis budgétaire bâti au Congrès parce qu’il ne comprend pas de financement pour un mur frontalier avec le Mexique, poussant les administrations fédérales au bord de l’arrêt d’une partie des activités du gouvernement fédéral (shutdown). Faute d’accord sur le financement du gouvernement avant vendredi minuit à Washington (samedi 6 heures à Paris), certaines administrations pourraient devoir fermer et mettre des employés au chômage technique. « Le président nous a informés qu’il ne signerait pas la loi venue du Sénat hier soir [jeudi soir] en raison de ses préoccupations légitimes concernant la sécurité aux frontières », a expliqué le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, après une rencontre entre des parlementaires républicains et le président à la Maison Blanche. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les difficultés judiciaires et politiques s’accumulent pour Donald Trump Financement à hauteur de 5,7 milliards S’exprimant lui-même un peu plus tard, Donald Trump a réitéré son message liant immigration et criminalité : « Les trafics d’êtres humains et les arrivées massives de drogue doivent être stoppés. Ils sont à un niveau extrêmement élevé. » Le mur à la frontière mexicaine est l’une des promesses emblématiques de campagne du président américain, qui insiste pour qu’un financement du mur, à hauteur de 5 milliards de dollars (4,3 milliards d’euros), soit inclus dans le budget. Ou qu’à défaut, une enveloppe substantielle soit consacrée à la sécurité aux frontières. Très concrètement, Donald Trump a fait savoir qu’il ne promulguerait pas la loi actuellement en discussion au Congrès. Ce texte temporaire, voté mercredi soir au Sénat, propose de financer le gouvernement jusqu’au 8 février. Les républicains de la Chambre des représentants ont approuvé jeudi soir une nouvelle mesure qui va dans le sens des exigences du président, incluant un financement de son mur à hauteur de 5,7 milliards (4,97 milliards d’euros). Si elle a pu être adoptée sans voix démocrates à la Chambre basse, elle n’a aucune chance de passer au Sénat, où soixante votes sont nécessaires. Or les républicains ne contrôlent que 51 des 100 sièges de la Haute Chambre. Trump accuse l’opposition Très concrètement, Donald Trump a fait savoir qu’il ne promulguerait pas la loi actuellement en discussion au Congrès. Evan Vucci / AP Washington est habitué à ces discussions tendues. Ces psychodrames ont déjà débouché à deux reprises cette année sur de brèves périodes de shutdown. Souvent, la solution trouvée est de financer le gouvernement temporairement, pour une courte période. A partir du 3 janvier, la Chambre passera sous le contrôle des démocrates, ce qui rendra encore plus difficile un compromis de long terme sur le budget entre le Congrès et la Maison Blanche. « Le financement du mur est un projet qui sera tué dans l’œuf. Ils le savent », a déclaré la démocrate Nancy Pelosi, qui devrait devenir la nouvelle présidente de la Chambre. Donald Trump a accusé l’opposition de faire passer « la politique avant le pays » : « Ce qu’ils commencent tout juste à comprendre, c’est que je ne signerai aucune de leurs lois, y compris celles sur les infrastructures, tant qu’on n’a pas une sécurité parfaite à la frontière. » La menace d’un shutdown a suscité l’inquiétude des milieux économiques, la Bourse de New York cédant 2 % jeudi à la clôture. Une absence d’accord entre le Parlement et la Maison Blanche signifierait la fermeture de nombreux services fédéraux pendant les fêtes de fin d’année, avec des dizaines de milliers de fonctionnaires placés en congé sans solde, et la perturbation de ministères comme la sécurité intérieure, la justice, l’intérieur ou encore le département d’Etat.
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/etats-unis-trump-inflexible-sur-le-mur-avec-le-mexique-risque-de-shutdown_5400759_3210.html
« Combattants » : la parole sans bla-bla des champions de MMA
Quatre compétiteurs français d’arts martiaux mixtes témoignent de leur passion pour cette discipline.
Les frères Damien et Taylor Lapilus dans « Combattants », documentaire de Julien Seri et Karim Ben-Ismail. XAVIER LAHACHE / CANAL+ MyCanal, à la demande, documentaire Pas de bouclier. Pas de casque. Juste des muscles savamment sculptés et des poings durs comme l’acier trempé. En une quinzaine d’années, les MMA – pour mixed martial arts ou « arts martiaux mixtes » –, synthèse entre le judo, le jiujitsu brésilien, la lutte, le karaté et la boxe thaïe, a conquis le monde. Dans cette discipline où le corps souffre intensément, (presque) tous les coups sont permis et une seule règle compte : être le meilleur combattant MMA du monde. Un titre qu’il faut aller arracher en cage, dans l’octogone, le ring grillagé où se dispute ce sport de combat moderne. Cette pratique extrême est désormais internationalement reconnue grâce à son principal promoteur : l’UFC. L’Ultimate Fighting Championship est bien plus qu’un championnat, c’est aussi devenu une marque vénérée par ses fans. Aux Etats-Unis, chaque soirée de gala est un événement médiatique – encore plus lorsqu’elle se déroule à Las Vegas. Mais en France, les tournois de l’UFC (ou d’autres ligues) restent interdits : les autorités considèrent que ce genre de compétition de combat libre est trop violent, alors même que la pratique se développe de façon exponentielle dans les clubs. Sentiment absolu de « liberté » Certes, le sang peut couler et les os craquer sous les coups, mais, ­contrairement aux idées reçues, le MMA est un sport qui demande une immense intelligence et une rigueur à toute épreuve. « C’est un sport qui te pousse à être humble, estimait en 2012 dans Le Monde le professionnel canadien Georges St-Pierre. Tu ne peux pas tricher. Si tu t’es mal entraîné, ça se voit. Si tu as bu, ça se voit. Tu dois être honnête dans l’octogone. » C’est cet aspect humain que s’attache à montrer le documentaire Combattants à travers le portrait de quatre compétiteurs français qui rêvent tous de l’UFC. Morgane Ribout (ancienne championne du monde de judo), Karl Amoussou (policier de la BAC), Taylor Lapilus et son frère Damien parlent du MMA avec amour et expliquent en quoi l’octogone leur procure un sentiment absolu de « liberté ». Ce film intime – un peu long et qui pêche parfois dans sa réalisation – les suit dans leur quotidien, chez eux, à l’entraînement et lors des compétitions à l’étranger. Ces personnages se livrent et prennent même le risque de montrer leurs larmes après une défaite. Karim Ben-Ismail, journaliste à L’Equipe et auteur du documentaire, a su faire émerger une belle parole. Combattants, de Julien Seri et Karim Ben-Ismail (Fr., 2018, 90 min). www.mycanal.fr
21/12/2018
televisions-radio
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/21/combattants-la-parole-sans-bla-bla-des-champions-de-mma_5400757_1655027.html
La start-up anti-tabac Juul s'allie avec...Marlboro
Le fabricant de cigarettes électroniques se voyait comme l’arme ultime contre le tabagisme. Il vient d’être racheté pour 12,8 milliards de dollars.
Depuis sa création, Juul se présente comme la solution pour lutter contre le tabagisme. Jeudi 20 décembre, le fabricant de cigarettes électroniques a pourtant officialisé l'entrée dans son capital de l'un des géants du secteur, l'américain Altria, distributeur de la marque Marlboro aux États-Unis. Menacé d'un déclin de ses ventes, le cigarettier va dépenser 12,8 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros) pour récupérer 35% du capital. Cette opération valorise la start-up de San Francisco à 38 milliards de dollars, soit davantage que SpaceX et Airbnb. SUCCÈS FULGURANT Lancée en 2015, Juul a connu une ascension fulgurante. Sa recette gagnante repose sur trois piliers. D’abord, le design simple et moderne de sa cigarette électronique, qui ressemble à une clé USB. Ensuite, ses recharges parfums menthe, mangue ou crème brûlée, qui intègrent du sel de nicotine pour offrir une sensation plus proche de celle d’une cigarette. Enfin, un marketing aussi efficace que décrié. Son chiffre d'affaires est désormais estimé à près de deux milliards de dollars par les analystes de Wells Fargo. En trois ans, la société est même entrée dans le langage courant. Dans les collèges et lycées américains, on n’utilise pas une cigarette électronique, on « juule ». Et on l’affiche fièrement sur Instagram et sur Snapchat. Tout l’inverse des cigarettes, dont la consommation ne cesse de reculer – moins de 8% des lycéens fument. Selon la Food and Drug Administration, 3,6 millions de lycéens et collégiens sont désormais des consommateurs réguliers. Ce chiffre a grimpé de 75% en un an. "Une épidémie", s'alarme la FDA. DEUX MILLIARDS POUR CALMER LES EMPLOYÉS Pour les autorités sanitaires, Juul contribue en effet à rendre "une génération entière dépendante à la nicotine". Face à ces reproches, les dirigeants de l'entreprises répondent inlassablement par leur volonté d'aider le milliard de fumeurs à arrêter. "Altria n'a aucun intérêt à réduire le nombre de personnes qui fument, rétorque Matthew Myers, président de l'association Campaign for Tobacco-Free Kids. Ils auront tout intérêt à pousser Juul à concevoir des produits qui pénalisent le moins possible les ventes de cigarettes". L'entrée dans le capital du premier groupe de tabac américain suscite aussi le mécontentement d'une partie des employées. Pour contenir la fronde, la société va reverser deux milliards de dollars à ses 1.500 salariés, soit en moyenne un bonus de 1,3 million de dollars. Une mesure inhabituelle, qui sera certainement répartie sur plusieurs années pour limiter les démissions. A plus long terme cependant, Juul pourrait avoir davantage de difficultés pour recruter les meilleurs ingénieurs de la Silicon Valley. "INVESTISSEUR CONTRE-INTUITIF" Kevin Burns, le directeur général de la start-up, reconnaît qu'Altria est un investisseur "contre-intuitif". Le responsable dit comprendre "la polémique et le scepticisme" liés à cette annonce. "Nous étions aussi sceptiques, poursuit-il. Mais au cours des derniers mois nous avons été convaincus par des mesures, pas par des mots". Il met en avant plusieurs garanties apportées par son nouvel investisseur. La start-up restera "entièrement indépendante". Et Altria ne pourra pas accroître sa participation pendant quatre ans. L'opération "va nous permettre d'accélérer notre succès pour convertir les fumeurs adultes", ajoute M. Burns. Au-delà d'importantes ressources financières supplémentaires, Juul entend tirer partie du réseau de distribution d'Altria, dont les cigarettes sont vendues chez plus de 200.000 marchands de tabac aux Etats-Unis. Le fabricant pourra également insérer des publicités dans les paquets de Marlboro et autres. Et il profitera en outre de l'expertise de son actionnaire en matière de lobbying à Washington. LA FDA DURCIT LE TON Juul en aura bien besoin. Depuis plusieurs mois, la start-up est dans le collimateur de la FDA, qui lui reproche de ne pas avoir suffisamment pris les devants pour limiter l'utilisation de ses produits par des mineurs. Ces derniers mois, elle a modifié son marketing, recentré autour de vrais fumeurs qui ont basculé vers le vapotage. Elle a changé le nom d’une partie de ses parfums, pour les rendre moins attirants. Elle assure également contrôler davantage les distributeurs qui visent les adolescents ou qui ne respectent pas l’âge légal. Trop peu, trop tard pour la FDA, qui a durci le ton en novembre. Sa première mesure: l'interdiction à la vente des recharges parfumées, particulièrement prisées par les adolescents. Une contrainte qui pourrait aussi avoir un impact sur les ventes aux adultes, redoute les fabricants. Les autorités pourraient aussi les forcer à restreindre les ventes sur leur site Internet, afin d’empêcher l’achat de dizaines d’exemplaires dans le but de les revendre aux plus jeunes. Et elles promettent de poursuivre les contrôles dans les magasins. Photo: Juul Jérôme Marin (Blog Silicon 2.0)
21/12/2018
blog
http://siliconvalley.blog.lemonde.fr/2018/12/21/la-start-up-anti-tabac-juul-sallie-avec-marlboro/
Sida : une piste prometteuse pour détruire des cellules infectées par le VIH
Une équipe de l’Institut Pasteur est parvenue à identifier une vulnérabilité dans les cellules « réservoirs » du virus du sida, ouvrant la voie à leur élimination.
Une équipe de l’Institut Pasteur est parvenue à identifier une vulnérabilité dans les cellules dites « réservoirs » du virus du sida. Cette avancée ouvre la voie à leur élimination, selon une étude publiée jeudi 20 décembre dans la revue Cell Metabolism. Les traitements actuels contre le VIH sont à prendre « à vie » car les antirétroviraux ne parviennent pas à éliminer les réservoirs du virus logés dans les cellules immunitaires. « Les antirétroviraux vont bloquer le virus, ils vont agir contre le virus et sa multiplication mais ils ne peuvent pas éliminer les cellules infectées. Là, avec notre travail, il s’agit de caractériser les cellules infectées pour pouvoir cibler les cellules et les éliminer de l’organisme infecté par le VIH », explique le chef de file de l’étude, Asier Saez-Cirion. L’équipe de Pasteur a réussi à identifier les caractéristiques des lymphocytes T CD4, des cellules immunitaires qui sont les cibles principales du VIH. Leur étude montre que le virus va infecter prioritairement les cellules à forte activité métabolique. C’est cette activité, et en particulier la consommation de glucose de la cellule, qui joue un rôle-clé dans l’infection : le virus détourne l’énergie et les produits fournis par la cellule pour se multiplier. Ce besoin du virus constitue une faiblesse qui pourrait être exploitée pour s’attaquer aux cellules « réservoirs ». Bloquer l’infection Les chercheurs de Pasteur ont réussi « ex vivo » (sur des cultures de cellules) à bloquer l’infection grâce à des molécules inhibitrices de l’activité métabolique déjà utilisées en cancérologie. « On a vu dans notre travail que les cellules qui s’infectent par le VIH ont des caractéristiques d’un point de vue énergétique qui ressemblent aux cellules tumorales, donc on pourra utiliser les mêmes types d’outils », explique le chercheur Asier Saez-Cirion. La prochaine étape pour l’équipe de Pasteur va consister à « identifier les molécules qui nous donnent un effet optimal, après il faut passer à des essais pré-cliniques dans des modèles et en utilisant l’expérience en cours sur les essais cliniques dans le traitement de certains cancers pour choisir des molécules qui soient tolérables par le patient et efficaces », selon le chercheur. Ces travaux constituent un pas vers une possible rémission pour les patients (on ne détecte plus de cellule infectée) grâce à l’élimination des cellules réservoirs. Mais « il faudra sans doute quelques années avant qu’on puisse commencer à vraiment tester ces approches dans un vrai essai clinique de phase 3 qui pourrait nous donner un résultat sur l’efficacité », précise Asier Saez-Cirion.
21/12/2018
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/21/sida-une-piste-prometteuse-pour-detruire-des-cellules-infectees-par-le-vih_5400750_1650684.html
Exposition : à Evian, des contes et légendes pour Noël
Le Palais Lumière réunit des peintres et dessinateurs finlandais, jusqu’au 17 février 2019.
Joseph Alanen (1885-1920) : « Les astres nouveaux ne donnent pas de lumière », Kalevala, Chant XLIX ‒ « tempera » sur toile « L’exacte illustration du texte du Kalevala pourrait être qualifiée de paraphrase visuelle, si ce n’était sa stylisation à la marge du symbolisme et de l’Art nouveau. Il n’en demeure pas moins que l’artiste a choisi de s’exprimer comme peintre pour illustrer l’ensemble de la mythologie finlandaise, et s’est ainsi affranchi du livre. Dans la lignée du Norvégien Gerhard Munthe ou du Néerlandais Jan Toorop, le Finlandais Joseph Alanen a extrait de la légende une distanciation du réel aux confins de l’abstraction. » STELLA OJALA / COLLECTION PARTICULIÈRE
21/12/2018
culture
https://www.lemonde.fr/culture/portfolio/2018/12/21/exposition-a-evian-des-contes-et-legendes-pour-noel_5400742_3246.html
« Il faut comprendre les émotions pour changer les comportements »
Plus d’arguments, plus d’incitations, plus de statistiques ne suffisent pas à convaincre citoyens et consommateurs de faire mieux, constatent les chercheurs Katherine Farrow, Gilles Grolleau et Naoufel Mzoughi dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Pour atteindre leurs objectifs visant à modifier nos comportements dans différents domaines, notamment en faveur d’un mode de vie plus écologique et plus sain, de nombreuses politiques publiques et d’initiatives émanant de diverses organisations de la « société civile » s’appuient sur l’intuition que « plus » est préférable à « moins ». Nous allons ainsi être encouragés à avoir une alimentation plus équilibrée, à conduire plus prudemment ou à adopter plus de gestes écologiques. On insistera alors sur le nombre de victimes évitées ou sur le progrès engendré si tout le monde se mettait à économiser l’eau et l’énergie. Force est de reconnaître que les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des espérances et des efforts consentis pour provoquer ces changements. Des travaux récents issus des sciences comportementales montrent que ces pratiques fréquentes et bien intentionnées s’avèrent être des erreurs, susceptibles d’expliquer, au moins en partie, cette perte d’efficacité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La « comptabilité morale » ou le va-et-vient entre convictions éthiques et envies personnelles La plus pernicieuse de ces erreurs est peut-être celle qui consiste à attirer l’attention sur l’ampleur d’un problème, notamment en mentionnant le nombre de personnes qui n’ont pas encore adopté le comportement souhaité. Ainsi, en affirmant que la majorité des Français consulte son téléphone tout en conduisant ou télécharge illégalement, on indique involontairement aux individus une norme sociale descriptive. Cette information incite l’individu à se conformer au groupe social auquel il appartient en maintenant, voire en adoptant, le comportement de la majorité. Cette erreur fréquente peut être évitée en attirant plutôt l’attention sur les personnes qui adoptent déjà le comportement souhaité, ou bien sur la norme injonctive. Victimes statistiques Une autre erreur consiste à mettre en évidence le nombre élevé de victimes causées par un comportement indésirable. Par exemple, insister sur le nombre de décès dus à la pollution aérienne à Paris ou par l’alcool au volant a ses limites. Plusieurs travaux récents montrent que les individus ont une sensibilité et une propension à agir bien plus élevées pour une victime bien identifiée que pour des victimes nombreuses, souvent qualifiées de victimes statistiques. Un moyen simple de contrecarrer cet effet est d’attirer l’attention sur une victime bien précise, susceptible de devenir emblématique, quitte à mentionner ultérieurement le fait que d’autres sont aussi lésées par le comportement visé. Une troisième erreur se rapporte à l’intuition selon laquelle fournir plus d’arguments ou plus de raisons d’effectuer un changement comportemental serait plus efficace que d’en fournir moins. Par exemple, nous sommes fréquemment soumis à des messages du type « 10 raisons de faire ceci ou d’arrêter de faire cela ».
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/il-faut-comprendre-les-emotions-pour-changer-les-comportements_5400715_3232.html
« Il règne en France un “ ras-le-bol managérial” »
Les dysfonctionnements des organisations de travail sont l’une des racines du profond malaise social actuel. Trois chercheurs en gestion proposent, dans une tribune au « Monde », d’y mettre fin en encourageant une véritable « transition managériale ».
Tribune. Un consensus semble exister aujourd’hui, et pas seulement en France, sur l’accumulation nocive, dans nombre d’entreprises et d’organisations, de dysfonctionnements managériaux : manque de considération, rémunérations peu stimulantes, sexisme, absence de dialogue professionnel, risques psychosociologiques, formation professionnelle inadéquate, etc., dysfonctionnements qui minent la qualité de vie au travail. L’écho rencontré par le livre de l’anthropologue David Graeber (Bullshit Jobs, Les liens qui libèrent, 416 pages, 25 euros) en est probablement le signe. Les efforts accomplis ces dernières années pour humaniser le capitalisme et son incarnation dans le management des organisations, au travers des lois et des normes de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), sont certes louables. Mais ils ne semblent pas avoir eu d’effets satisfaisants dans les grandes entreprises, et sont restés lettre morte dans nombre de petites et moyennes entreprises. En conséquence, il règne en France et dans d’autres pays un « ras-le-bol managérial », ferment de contestations sociales radicales comme celle des « gilets jaunes », et exploité par des mouvements politiques qui amalgament mal-être au travail et rejet du capitalisme mondialisé. Une transition managériale vers un capitalisme plus humain, pratiqué au quotidien à tous les niveaux des organisations, est donc à l’ordre du jour pour ceux qui pensent qu’un capitalisme bien régulé est un système à même de répondre aux inépuisables et immenses besoins humains. Comment cette transition pourrait-elle se faire sur le terrain ? Des conséquences très coûteuses D’une part, en mesurant les coûts des dysfonctionnements managériaux pour que responsables politiques, actionnaires, dirigeants et citoyens prennent conscience des ravages d’un management toxique. Les recherches de l’Institut de socio-économie des entreprises et des organisations (Iseor) montrent que les coûts « cachés » des dysfonctionnements managériaux – « cachés » parce qu’ils ne sont pas, ou très mal, comptabilisés – représentent une perte de valeur financière gigantesque, de l’ordre de 20 000 à 70 000 euros par personne et par an. En effet, ces dysfonctionnements ont des conséquences très coûteuses en matière d’absentéisme, de maladies professionnelles, de défauts de qualité, de démotivation et de sous-efficacité chez les salariés. Une étude réalisée pour l’Institut Sapiens sur l’absentéisme dû aux dysfonctionnements managériaux montre qu’il coûterait en France près de 108 milliards d’euros par an (soit 4,7 % du PIB), qui viennent à manquer aux entreprises, à l’Etat, à la croissance et au pouvoir d’achat. La faiblesse des gains de productivité dans les pays développés, sur laquelle le débat fait rage entre économistes, s’expliquerait aussi par les destructions de productivité dues à ces dysfonctionnements.
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/il-regne-en-france-un-ras-le-bol-managerial_5400716_3232.html
Sortons du dualisme croissance-décroissance
Il nous faut sortir de cet entre-deux, entre la supposée bien-aimée croissance et la mal nommée décroissance, recommande la linguiste Estelle Jouili.
C’est fondamentalement une pensée du paradoxe. Et la ­parole doit s’en saisir. Il y a quelque chose qui est, et qui, en même temps, est ­impossible à penser. L’une se nomme « croissance », l’autre « décroissance ». Et c’est de l’économie que l’on parle, c’est de l’homme que l’on parle. Parler de décroissance, c’est donner au ­concept de croissance un nom négatif. C’est très simple et très difficile à la fois, cette ­réduction de la contradiction à la privation et de la privation à la simple négation. Si la ­décroissance est une pure négation, elle n’est pas, elle n’est rien du point de vue de la pensée. Il n’y a pas d’être du négatif, vous ne pouvez pas la penser, c’est un néant. Autant ­essayer de penser le néant. D’une certaine manière, la dé/- croissance, c’est ce qui manque à la pensée. Quelle est cette chose, alors ? La chose, res, signifie ce qui concerne l’homme, pour autant qu’elle rassemble. Or, la dé/-croissance, si elle nous concerne, ne rassemble pas. Elle éloigne, elle égare, elle ­sépare comme une solution de continuité. Vision antagoniste Si la pensée est mise à mal aujourd’hui, c’est parce que les analyses en termes de mouvement, de vecteur, sont bloquées. Les schémas classiques ne conviennent plus, que ce soit les schémas de développement ou les schémas de réaction. La dé/-croissance, considérée comme objet d’un jugement de valeurs, suscite des attitudes antagonistes selon qu’il est pris dans un mouvement ascendant ou descendant, positif ou négatif. Voilà ainsi installée une vision antagoniste, une tension entre les tenants du développement économique et les avocats de l’écologie. Les travaux du philosophe indien et Prix ­Nobel d’économie 1998, Amartya Sen, ont montré que la mesure du développement par la croissance du revenu par tête d’habitant ne peut être érigée comme l’indicateur du ­bonheur économique exclusif de tout autre : confondre croissance économique et développement relève d’une conception étriquée de l’homme et de l’économie. Nous sommes aujourd’hui entre deux mots, croissance et décroissance, dont il nous faut nous défaire. Le désir de puissance s’exprime à travers la démesure d’un désir de croissance qui connaît une issue fatale. La décroissance est ce par quoi l’homme s’oppose à la mort de l’Univers. « Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose », c’est l’homme ­devant l’apparence du philosophe Alain (1868-1951) qui parle ; s’il est trompé, c’est parce qu’il se trompe et se laisse tromper, par les mots des choses.
21/12/2018
idees
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Le diesel, une fracture sociale
Le gasoil est devenu le carburant bon marché des trajets imposés en zones périphériques et rurales, et « un signe extérieur de pauvreté ». Dans certains milieux, c’est désormais un repoussoir.
Le diesel n’est pas seulement un carburant controversé, vilipendé après avoir été encouragé. C’est aussi une ligne de fracture, le reflet d’un mode de consommation lié à une condition sociale. Une étude que vient de mener L’Argus de l’automobile apporte un éclairage révélateur sur la carte de France des conducteurs de modèles diesel. Ceux-ci se répartissent dans les régions où se concentrent le plus de ménages modestes, exonérés de l’impôt sur le revenu. Cette superposition consacre les territoires marqués par la désindustrialisation (Nord, Est) et les zones rurales très excentrées comme de gros consommateurs de gasoil. Les grandes agglomérations ainsi que certains départements ruraux plus riches que la moyenne (Côte-d’Or ou Loiret) ont, a contrario, tendance à s’en détourner. Le diesel, conclut L’Argus, se présente comme un « signe extérieur de pauvreté ». Autre phénomène révélateur : parmi les bénéficiaires de la très populaire prime à la conversion (qui accorde des conditions de reprise plus favorables aux propriétaires d’un vieux diesel dès lors qu’ils ne sont pas imposables), 47 % sautent sur l’occasion pour acheter… une nouvelle voiture diesel, le plus souvent d’occasion. « Comme des petits pains » Ce constat n’est pas tout à fait surprenant. Les voitures de la France « d’en bas » sont souvent d’antiques « mazout » reconnaissables à leur panache de fumée noire. Citroën Xantia et C15 en bout de course, Renault Scenic ou Volkswagen Golf pas de première jeunesse, Peugeot 205 n’ayant jamais eu à connaître un filtre à particules. « Les diesel à petit prix partent comme des petits pains », est un adage bien connu des professionnels de l’occasion. « C’est le résultat d’années d’achats dictés par le souci de l’économie et de la durabilité. On a tellement vanté l’avantage à la pompe dont bénéficiaient ces moteurs dont on sait, de surcroît, qu’ils sont plus économes et endurants, que les ménages à budget contraint les ont plébiscités », estime Fabrice Godefroy, président de Diéséliste de France, association qui rassemble les professionnels du moteur diesel. « Il ne s’agit pas d’un achat plaisir mais d’un rapport utilitaire à la voiture, qu’il faudra garder longtemps et avec laquelle il s’agit de parcourir beaucoup de kilomètres », insiste-t-il. Carburant bon marché des trajets imposés, le choix du gazole s’est longtemps présenté comme une évidence. Il constitue 71 % du parc automobile, et l’odeur âcre de ses fumées s’est définitivement installée dans la vie quotidienne en milieu rural. Lors des enquêtes de terrain qu’il a menées sur le rapport à l’automobile, le sociologue Hervé Marchal (université de Bourgogne) dit avoir observé que le diesel pouvait, dans certains milieux, devenir un repoussoir. « Pour les résidents de zones périurbaines aisées ou de centre-ville, ne pas rouler avec un véhicule diesel est parfois vécu comme un signe distinctif, assure-t-il. Cela signifie : je n’ai rien à voir avec le monde des ploucs matérialistes, attachés à leur voiture. Je préfère cultiver mon jardin bio et me déplacer à vélo électrique. J’appartiens à un autre monde. » Bref, le déficit d’image du diesel ne tient pas seulement à ses émissions d’oxyde d’azote et de particules. Reste à savoir si, à terme, le gazole va rester populaire. Les immatriculations de voitures neuves, qui se « dé-dieselisent » à vitesse accélérée – surtout pour les modèles petits et moyens, les plus accessibles – vont progressivement remodeler le marché de l’occasion, presque six fois plus important si l’on ne considère que les particuliers. Pour l’heure, ce carburant continue d’assez bien résister parmi les véhicules de société, qui appartiennent généralement aux segments du haut de gamme. Car le diesel, malgré sa dominante plébéienne, existe aussi en version bourgeoise.
21/12/2018
m-styles
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Les climatologues ont le blues
Avec son été caniculaire, ses tempêtes et ses inondations, 2018 s’est évertuée à prouver le réchauffement climatique. Une victoire amère pour les climatologues, déprimés d’avoir raison. Mais décidés à redoubler de pédagogie pour que chacun passe à l’action.
action. « Les leaders politiques ne font rien, les gens ne veulent pas savoir. C’est déprimant… » TIM LAHAN POUR M LE MAGAZINE DU MONDE Quand on a demandé à Oksana Tarasova comment elle allait, elle a répondu sans hésiter : « Mal. » Le matin même, la jeune femme, qui dirige la division de la recherche sur l’environnement atmosphérique pour l’Organisation météorologique mondiale (OMM), basée à Genève, était devant les journalistes pour détailler les mauvaises nouvelles : les concentrations des gaz à effet de serre ont atteint des niveaux record en 2017, ce que les experts appellent le « forçage radiatif », à l’origine du réchauffement climatique, a augmenté de 41 % depuis 1990 et la tendance ne s’est pas inversée en 2018. Pour Oksana Tarasova, ces annonces relèvent d’une désastreuse routine : « Cela fait neuf ans que je travaille ici. Chaque année les rapports disent la même chose et les journalistes pensent que c’est toujours la même histoire. Sauf que ces émissions s’accumulent dans l’atmosphère, et la situation est chaque fois plus grave. » Avec ses cheveux blonds coupés court qui accentuent l’impression d’énergie qu’elle dégage, celle qui fut chercheuse en chimie atmosphérique pour l’institut allemand Max-Plank et pour l’université Lomonossov de Moscou ne semble pas du genre à se laisser vaincre par la neurasthénie. Pourtant, dit-elle, « je me sens mal. Tous les jours, je travaille avec les stations qui font les relevés, je comprends ce qui se passe. Mais les leaders politiques ne font rien, les gens ne veulent pas savoir, ils me font penser à ma mère qui n’a admis son cancer qu’au stade 4 de la maladie. C’est déprimant… » Oksana Tarasova n’est pas la seule climatologue d’humeur chagrine. Depuis quelques années, surtout du côté des Anglo-Saxons, le malaise des scientifiques de l’environnement attire l’attention des psychologues et des médias : « emotional burden » – « fardeau, charge émotionnel (le) » –, dit-on pour qualifier les accès de désarroi, colère, tristesse ou d’angoisse qu’éprouvent les chercheurs. Glaciers et océans menacés La psychiatre américaine Lise Van Susteren, qui s’est penchée sur les effets psychologiques du réchauffement climatique, estime que certains souffrent de pre-traumatic stress disorder, qui frappe « quand nous sommes affectés par des pensées intrusives sur la vulnérabilité de notre monde et par l’angoisse de se préparer au pire ». Or, l’immeuble bleu-vert qui abrite l’OMM, comme un élégant navire prêt pour le jour où débordera le lac tout proche, est un endroit de choix pour guetter l’apocalypse. Deux cent cinquante personnes travaillent à étudier les données atmosphériques, météorologiques, climatiques, hydrologiques de 191 pays.
21/12/2018
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/les-climatologues-ont-le-blues_5400708_4500055.html
A Lyon, « tontons dealeurs » et grandes oreilles
Des micros au domicile d’une figure historique du « milieu » lyonnais ont permis à la police d’écouter les conversations, souvent savoureuses, entre ex-truands de la vieille école.
C’est un modeste appartement, un deux-pièces au rez-de-chaussée d’un immeuble ordinaire de la banlieue lyonnaise. Samuel (les prénoms ont été modifiés), paisible septuagénaire, y mène, a priori, une existence tranquille de retraité. Il sort peu, toujours chaudement vêtu, guettant chaque mois dans sa boîte aux lettres sa pension de 800,22 euros. Il peste souvent contre tout et rien : les tarifs du train, les horaires de la Sécu, sa santé, abîmée par les années de détention, bref, tout ce qui l’oblige à jongler avec les rendez-vous, un jour chez le dentiste, un autre chez le cardiologue, sans oublier le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP). Dans le quartier, personne ne connaît son CV de figure historique du milieu lyonnais, sortie de prison il y a quatre ans. Impliqué en 1998 dans l’importation de 191 kg de cocaïne à Paris, en lien avec un émissaire de la mafia napolitaine, il avait été condamné à dix-huit ans de réclusion. Au temps de sa splendeur, quand il traitait en direct avec les Colombiens, Samuel était du genre flamboyant. Depuis, il a un peu perdu de sa superbe. Lorsqu’un ami s’inquiète d’une éventuelle surveillance policière, il réplique : « Mon téléphone, ils peuvent pas l’écouter, j’ai appelé personne. » Un texto ? « Même pas en rêve. » L’homme a de l’expérience ; il faut l’entendre rappeler à ses visiteurs le b.a.-ba du métier : se méfier des voitures, qui peuvent être équipées de micros, partir à pied dans la campagne pour discuter en toute sécurité… Ou encore ce conseil de sage : « Le temps, c’est rien. Il vaut mieux perdre du temps dehors que perdre du temps au placard. » Lui, en tout cas, est serein : « Moi, j’te dis la vérité, quand ça sent mauvais, je le sens, et là je sens rien, je sens pas que ça sent mauvais. » Sauf qu’il a tort. La police est là, dans l’ombre, qui enregistre, photographie, espionne. L’enquête a commencé en juillet 2017, par un renseignement anonyme laissant entendre à la brigade financière que de faux billets de 50 euros circuleraient abondamment dans la région lyonnaise. Alors, le 19 septembre 2017, à 4 h 49 du matin, un micro a été posé dans le salon de Samuel. Une opération de « sonorisation » autorisée par un magistrat dans le cadre d’une procédure pour trafic de fausse monnaie, considéré par le code pénal comme une atteinte criminelle au pouvoir régalien. La gouaille des anciens
21/12/2018
societe
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« La sortie de “Roma”, non pas en salle mais sur Netflix, est un moment triste mais qui fera date dans l’histoire du cinéma »
Dans sa chronique, Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », estime que la distribution exclusive de cette œuvre à la télévision ou sur ordinateur est une aberration.
Netflix dispose d’une force de frappe sans équivalent : 137 millions d’abonnés dans 190 pays qui diffusent « Roma » sous-titré en 28 langues. ALFONSO CUARON / NETFLIX Chronique. Ce qui s’est passé vendredi 14 décembre fera date dans le cinéma. Un moment triste pour un film qui est pur bonheur. C’est un des paradoxes qui a entouré la sortie mondiale, ce fameux jour, de Roma, du Mexicain Alfonso Cuarón. Non pas en salle, en France, mais à la télévision ou sur un ordinateur, via Netflix. Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’un film sort directement sur la plate-forme du géant du streaming payant. Un mois avant, il y a eu The Ballad of Buster Scruggs, des frères Coen. Dans quelques mois, parmi d’autres, il y aura le prochain Scorsese. Mais Roma, par son projet, sa réalisation, sa réception critique enthousiaste, les prix qu’il a reçus et ceux qui lui sont promis, l’attitude ambiguë du cinéaste aussi, est un moment-clé. Qui traduit un bouleversement dans la façon de voir les films. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Alfonso Cuaron : « J’ai voulu explorer mes blessures familiales » Cette histoire d’une employée de maison au service d’une famille disloquée de la bourgeoisie de Mexico, au début des années 1970, dans laquelle Cuarón emprunte à ses souvenirs, est un grand film de cinéma, sacré Lion d’or à la Mostra de Venise en septembre. Un film pour la salle, on s’en rend compte rien qu’en regardant l’énorme campagne de publicité agrémentée de critiques élogieuses tirées de la presse, notamment celle-ci : « Une magistrale leçon de cinéma ». Belle ironie, quand on lit en dessous : « Uniquement sur Netflix. » Le débat autour de Roma a surgi en France, au dernier Festival de Cannes, qui n’a pu présenter le film sous la pression des salles : ces dernières ont l’exclusivité de projection pendant trois ans avant une diffusion sur une plate-forme. Cette polémique a masqué une autre question : pourquoi Alfonso Cuarón a choisi Netflix ? Une force de frappe sans équivalent Le cinéaste de 57 ans a réalisé huit films, entre expérimentation et grand spectacle, dont Gravity (2008), qui a obtenu sept Oscars. Il aborde ensuite Roma comme une pure création d’auteur. Il écrit le scénario, coproduit, tourne, en dirige la photographie, en est le monteur. Il fait tout en somme. Le film que nous avons découvert à la maison via Netflix est dans cette logique, soit le fruit de partis pris formels qui aimantent le grand écran : format panoramique et son de haute qualité (deux facteurs pas à leur aise à la télévision), noir et blanc aux nuances infinies, travellings contemplatifs, caméra qui se tient à distance des personnages, plans complexes qui associent plusieurs actions, acteurs dont on devine à peine les visages au profit de silhouettes, perspectives virtuoses, fourmillement de détails tel cet avion dans le ciel, dialogues minimaux, bande sonore (sans musique) généré par la ville ou les vagues de l’océan. Tout cela se dissout sur petit écran, où le film se regarde mais ne se voit pas, exact contraire des séries télévisées rythmées par des gros plans envahissants, un montage rapide, des dialogues survitaminés.
21/12/2018
idees
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Après la mort de deux touristes, le Maroc rattrapé par le risque terroriste
Le meurtre de deux Scandinaves dans le Haut Atlas affecte un pays qui n’avait pas été victime d’attaques terroristes depuis 2011.
Cette capture d’écran montre le lieu où ont été trouvés les corps des deux touristes scandinaves, le 18 décembre 2018, près d’Imlil (Maroc). 2M / AP Ce lundi 17 décembre, les habitants du village d’Imlil, dans la région de Marrakech, croient encore à un drame isolé. La police vient de découvrir les corps de deux jeunes randonneuses scandinaves, des traces de violence à l’arme blanche sur leur cou, dans un site isolé du massif du Haut Atlas. Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, étaient parties pour un mois de vacances au Maroc. Les deux amies avaient planté leur tente dans cette région montagneuse, à dix kilomètres d’Imlil, un petit village réputé pour être le dernier arrêt avant l’ascension du mont Toubkal, le plus haut sommet d’Afrique du Nord. Alors qu’un acte criminel est d’abord évoqué par les autorités, la diffusion de deux vidéos sur les réseaux sociaux oriente désormais vers la piste terroriste, redoutée par le Maroc, qui a été épargné par les attaques djihadistes depuis 2011. « C’est un acte criminel terroriste inadmissible qui ne correspond pas aux valeurs des Marocains ni de la région où il a eu lieu », a déclaré jeudi le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi. Parmi les quatre suspects arrêtés, l’un d’eux appartient à un groupe terroriste radical, selon les services de sécurité. Allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi Une vidéo d’allégeance à l’organisation Etat islamique (EI) partagée mercredi sur Twitter et Telegram, que Le Monde a pu visionner, met en scène un groupe de quatre personnes, filmées dans une pièce sombre avec un drapeau de l’EI confectionné à la main accroché à un mur. Trois d’entre eux correspondent aux images des suspects arrêtés par la police publiées dans la presse. L’un d’eux affirme que la cellule a répondu aux appels de l’« émir des croyants, Abou Bakr Al-Baghdadi », le chef de l’EI, et en « soutien à nos frères de par le monde, et particulièrement nos frères de Hajin [ville détruite] par l’aviation croisée ». Dernier centre de commandement urbain de l’EI en Syrie, cette cité a été reprise par les Forces démocratiques syriennes (FDS), mi-décembre. Les quatre hommes prêtent ensuite allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi. Selon le procureur général du roi, ils se sont filmés la semaine passée. Hélicoptère sur la scène de crime où les deux Scandinaves ont été retrouvées, à 10 kilomètres d’Imlil, le 18 décembre 2018 AFP Film extrêmement brutal Les services de renseignement danois ont indiqué analyser une première vidéo relayée mercredi soir, sans être « en mesure de faire d’autres commentaires sur son authenticité », ont-ils précisé, jeudi, dans un communiqué. Ce film, extrêmement brutal, qu’a également pu consulter Le Monde, montre l’assassinat de l’une des deux touristes, égorgée vivante. L’un de ses bourreaux prononce alors une unique phrase : « Pour les frères de Hajin. » Ce double meurtre a secoué les services de sécurité. Après les attaques terroristes à Casablanca en 2003 (33 morts) et à Marrakech en 2011 (17 morts), le Maroc, également important pourvoyeur de djihadistes en Irak et en Syrie, a fait de la lutte antiterroriste une priorité. En plus de renforcer son dispositif sécuritaire et son arsenal législatif, via le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ) créé en 2015, le royaume a verrouillé l’encadrement du champ religieux à travers le puissant ministère des habous (affaires religieuses) qui contrôle les lieux de culte, ainsi que la création d’un Conseil supérieur des oulémas. « Un coup dans le dos du Maroc » Depuis, les autorités marocaines communiquent régulièrement sur les moyens déployés et se félicitent d’avoir démantelé plus de 50 cellules terroristes, dont la moitié était liée à l’EI. Le meurtre des touristes scandinaves est « un coup dans le dos du Maroc et des Marocains », a condamné, jeudi, le premier ministre Saad-Eddine Al-Othmani. C’est aussi un coup dur pour le tourisme, un secteur-clé de l’économie – 10 % de la richesse du pays et deuxième employeur après l’agriculture. Après plusieurs années de quasi-stagnation, le Maroc a enregistré, en 2017, un nombre record de visiteurs avec 11,35 millions de touristes, profitant de son image de pays sûr dans la région. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Tunisie, les villageois déstabilisés par la guerre contre les djihadistes
21/12/2018
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/21/apres-la-mort-de-deux-touristes-le-maroc-rattrape-par-le-risque-terroriste_5400700_3212.html
Foresti, Decouflé, la dynastie Gruss… : nos spectacles pour les fêtes
Théâtre, cabaret, humour, danse, cirque… Le service Culture du « Monde » a concocté une liste de sorties spéciales fin d’année.
LES CHOIX DE LA MATINALE En ce début des vacances scolaires de Noël, « La Matinale du Monde » vous propose une sélection de sorties spéciales pour les fêtes de fin d’année, dont certaines à découvrir en famille. Les merveilles d’Alice, au Théâtre de la Ville à Paris « Alice et autres merveilles », de Fabrice Melquiot (textes) et Emmanuel Demarcy-Mota (mise en scène) au Théâtre de la Ville, Espace Cardin. JEAN-LOUIS FERNANDEZ / THÉÂTRE DE LA VILLE « Si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? », se demande Alice, l’héroïne de Lewis Carroll. L’auteur Fabrice Melquiot et le metteur en scène Emmanuel Demarcy-Mota ont pris cette question au pied de la lettre, en signant, fin 2015, Alice et autres merveilles, spectacle superbe sur le plan scénique, qu’ils reprennent en cette fin d’année. Tel un magicien, c’est tout un festival d’images et de surprises que le directeur du Théâtre de la Ville fait surgir de son chapeau. Il y a donc bien un lapin blanc, un chat du Cheshire, une adorable souris, une chenille très poilue, un lièvre de mars, des créatures à plumes, canard, dodo ou aiglon à bicyclette, un roi et une reine de cœur… mais aussi, surprise, le Petit Chaperon rouge, Pinocchio et une poupée Barbie qui ressemble à Rita Hayworth. Un livre d’images enchanteur, qui se joue sur un plateau recouvert d’eau, comme le miroir que traverse Alice. Fabienne Darge Théâtre de la Ville, Espace Cardin, 1, avenue Gabriel, Paris 8e. Jusqu’au 27 décembre, à 14 h 30, 15 heures ou 19 h 30. Le cabaret déjanté des 26 000 Couverts, au Monfort Théâtre à Paris L’« Idéal Club » de la troupe de théâtre de rue 26 000 Couverts revient avec son cabaret loufoque au Montfort Théâtre pour les fêtes. THÉÂTRE MONFORT La troupe de théâtre de rue 26 000 Couverts revient au Monfort Théâtre, à Paris, pendant la période des fêtes, avec son Idéal Club, et on s’en réjouit. Parce que ce cabaret loufoque et doucement déjanté n’a pas son pareil pour alléger, grâce au rire et à l’absurde, une période parfois pesante comme une bûche de Noël. Des Rolling Bretzels, ou le strip-tease masculin à la suisse, à la danse lascive avec une tente de camping, de la leçon de barbecue au duo des cartons amoureux, les numéros ici glorifient la non-performance. Mais le top, ce sont les cow-boys : en chemise à carreaux et santiags, munis de leur bûche portative à poignée de métal (on aimerait bien la même pour Noël), les voilà qui se livrent à une hilarante parade à… la flûte à bec. La chaleur humaine et le vin chaud en prime, on se sent bien sur le parquet de bal des 26 000 Couverts. F. Da. Monfort Théâtre, 106, rue Brancion, Paris 15e. De 5 € à 28 €. Jusqu’au 12 janvier 2019, à 20 h 30, le dimanche à 16 heures. La gouaille de Florence Foresti, au Zénith à Paris Florence Foresti, dans son nouveau spectacle « Epilogue », convainc une nouvelle fois avec sa gouaille et son exhubérance. ANDRÉ D Les fans seront comblés et les jeunes générations sans doute bluffées par l’énergie intacte de cette infatigable rouspéteuse. Avec son nouveau spectacle, Epilogue, Florence Foresti confirme son statut de « patronne » de la scène humoristique. Le temps passe, mais la gouaille et l’exubérance de cette désormais quadra et mère de famille ne se sont pas émoussées. Même sur des thématiques attendues (la plaie des réseaux sociaux, les courses à Ikea ou l’ambiance post #metoo), elle parvient toujours à convaincre, grâce à son interprétation et à son autodérision. Le grain de folie de Foresti n’a pas pris une ride. Sandrine Blanchard Zénith de Paris. Du 26 au 31 décembre à 20 heures. La magie kaléidoscopique de Philippe Decouflé, à la MC93 de Bobigny Le danseur et chorégraphe Philippe Decouflé propose un spectacle envoûtant dans « Solo-Le doute m’habite ». OLIVIER HOUEIX Le danseur et chorégraphe Philippe Decouflé poursuit son aventure seul en scène dans Solo-Le doute m’habite, créé en 2003. Le revoilà donc enveloppé de projections lumineuses, d’ombres chinoises, démultiplié jusqu’au délire, glissant aussi quelques confidences sur sa vie, ses amours, ses passions, tout en s’amusant d’une simple danse des mains. Tout Decouflé est là : son besoin d’enflammer le réel, de se perdre dans les images, de rester sincère avec lui-même et son art. Ce solo, impeccablement dans l’air du temps d’une société amoureuse de ses reflets, distingue aussi l’artisanat du plateau et la technologie toujours modeste que Decouflé et sa bande de complices inventent pour donner corps à une magie kaléidoscopique. Rosita Boisseau MC 93, 9, boulevard Lénine, Bobigny (Seine-Saint-Denis). « Solo », de Philippe Decouflé. De 5 € à 25 €. Jusqu’au 22 décembre. La danse tribale de Hofesh Shechter, au Théâtre des Abbesses à Paris « Show », la nouvelle création du chorégraphe Hofesh Shechter jette huit danseurs dans une transe tribale magistrale d’une heure. GABRIELE ZUCCA Un kidnapping intitulé Show et signé par Hofesh Shechter. Avec ce spectacle qui rassemble trois pièces courtes, Clowns, créé en 2016, The Entrance et Bow, en une heure le chorégraphe israélien jette huit danseurs dans une transe tribale magistrale. Poussés par des embardées percussives devenues la marque de Shechter, également compositeur de ses bandes-son, les interprètes se déchaînent en bousculant les références picturales et chorégraphiques, du Pierrot lunaire au clown killer. La question de la violence est happée par une écriture puissante qui sait aussi s’adoucir dans des guirlandes collectives. Lumières agressives, passages au noir, il a le coup de ciseaux qui saisit et déstabilise. R. Bu Théâtre des Abbesses, Paris 18e. « Show », de Hofesh Shechter. De 10 € à 30 €. Jusqu’au 30 décembre. Un « Roi des singes » renversant, au cirque Phénix à Paris La Chine est une fois de plus à l’honneur chez Phénix avec Le Roi des singes, mis en scène par Alain Pacherie, également directeur. Sur la piste, quarante jeunes artistes âgés de 15 à 28 ans, issus de l’école de cirque de la ville de Hangzhou, feuillettent un catalogue de numéros aussi splendides qu’affolants. Sentir la tension du public qui se libère d’un coup dans l’acclamation de 5 500 spectateurs de tous les âges devant un exploit invraisemblable est un phénomène paradoxalement ordinaire chez Phénix. La troupe chinoise, d’une virtuosité hors pair, au point que le cœur se serre devant leur technique renversante, affûte la surprise et la prise de risque pendant deux heures. R. Bu Pelouse de Reuilly, Paris 12e. A partir de 20 €. Jusqu’au 20 janvier 2019. Les quarante chevaux du cirque Gruss, au bois de Boulogne à Paris La dynastie Gruss sublime sa tradition familiale dans Origines, son 44e spectacle. Cette production pour douze artistes, quarante chevaux et dix musiciens croise l’histoire de la création du cirque moderne, apparu il y a deux cent cinquante ans, et la transmission main dans la main de trois générations Gruss. Le patriarche Alexis, 74 ans, est là, sa femme Gipsy aussi, avec ses chiens. Ses fils, Stephan, cavalier et metteur en scène d’Origines, et Firmin, directeur administratif, mais aussi écuyer, clown et acrobate voltigeur. Il y a les enfants de Stephan, Alexandre et Charles, sidérants cavaliers, mais aussi Louis et Joseph. Tous enchaînent les tableaux musicaux à la trompette et au tambour, les numéros à cheval. Et les filles de Firmin, Célestine et Jeanne, sont de la partie. Au sommet, l’attelage géant de dix-sept chevaux lancés au galop et tenus par Alexandre debout sur deux frisons. R. Bu Carrefour des cascades, bois de Boulogne, Paris 16e. De 22 € à 81 €. Jusqu’au 3 mars 2019. Le Cirque électrique fait son « Carnival », à la porte des Lilas à Paris Sous son chapiteau installé en dur, à l’année, dans le 20e arrondissement de Paris, le Cirque électrique présente un « conte de cirque », à voir en famille. L’histoire, imaginée par Eugène Durif et mise en scène par Hervé Vallée, raconte les aventures de Ledru, un ogre rachitique qui a trop pitié des enfants pour les manger et ne se nourrit que de légumes, ne rêve que de littérature et de numéros circassiens. Il est entouré par toute une galerie de personnages insolites incarnés par les artistes de la troupe. Ici, les animaux sont ceux d’un manège en plastique, et deux musiciens, entourés d’un orchestre de mannequins arlequins, interprètent en live une bande-son originale, mêlant chansons et morceaux de rock. Cristina Marino Place du maquis du Vercors, porte des Lilas, Paris 20e. 11 € et 16 €. Les samedi 22 et dimanche 23 décembre à 15 heures, séance supplémentaire le samedi 22 à 20 heures. Cécile Briand et ses jeux de papier grandeur nature, au Mouffetard à Paris « La Feuille blanche », de et avec Cécile Briand, invite à s’inventer tout un univers en mouvement à partir d’un objet quotidien. CLOTILDE BRIAND Le spectacle jeune public présenté par Cécile Briand (Cie Tenir debout) au Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette s’intitule tout simplement La Feuille blanche, à l’image de celle qu’utilise la comédienne, danseuse et marionnettiste pour faire naître les personnages et le décor de son histoire. Seule en scène avec cette grande feuille de papier blanc, elle mêle dessin, danse, manipulation de matière pour faire naître des formes en à-plats bleus et blancs grandeur nature, qui ne sont pas sans rappeler celles imaginées par le peintre Matisse. Inspirée de la technique du théâtre de papier, qui consistait à découper dans des planches illustrées des décors et des silhouettes pour rejouer en miniature des pièces de théâtre, cette performance invite les plus petits (à partir de 5 ans) à s’inventer tout un univers en mouvement à partir d’un objet quotidien aussi banal qu’une feuille de papier. C. Mo. Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette, 73, rue Mouffetard, Paris 5e. Les samedi 22 et dimanche 23 décembre à 17 heures, le mercredi 26 à 15 heures, les jeudi 27 et vendredi 28 à 15 heures. La magie de Noël dans 31 monuments nationaux, à travers la France Des animations gratuites pour les enfants leur permettront de visiter les institutions de 31 monuments nationaux tout en s’amusant. CENTRE DES MONUMENTS NATIONAUX Le Centre des monuments nationaux propose une nouvelle fois une programmation spéciale pour les vacances scolaires de fin d’année, baptisée « Contes & Histoires », dans 31 de ses établissements, musées, châteaux et autres lieux historiques. Au menu, une multitude d’animations gratuites pour les enfants (mais pas pour les adultes) qui leur permettront de visiter ces institutions tout en s’amusant : spectacles en tous genres, enquêtes et jeux de piste, lectures de contes merveilleux et fantastiques, ateliers créatifs ou gourmands, avec toujours un goûter à partager en fin de journée. C. Mo. « Contes & Histoires », dans 31 monuments nationaux (liste en ligne). Entrée gratuite pour les enfants, payante pour les adultes. Du samedi 22 décembre 2018 au dimanche 6 janvier 2019. « Peter Pan » s’envole de nouveau, à Bobino à Paris Pour donner vie aux personnages d’un des plus célèbres romans pour enfants, imaginé par l’Ecossais James Matthew Barrie et publié en 1904, ils sont une quinzaine de comédiens-danseurs-chanteurs sur la scène de Bobino. Peter Pan, la fée Clochette et les enfants, Wendy, John et Michaël, bien sûr, mais aussi les Peaux-Rouges, Lili la tigresse, les pirates et leur chef, le capitaine Crochet. Un spectacle musical à découvrir en famille (à partir de 5 ans) mais aussi pour les parents qui souhaitent retomber en enfance. Cette adaptation, mise en scène par Guy Grimberg, est reprise sur les planches parisiennes pour la 14e saison d’exploitation, avec déjà plus de 500 000 spectateurs. C. Mo. Bobino, 20, rue de la Gaîté, Paris 14e. De 25 € à 40 €. Chaque samedi à 14 heures et tous les jours à la même heure pendant les vacances scolaires. Jusqu’au 19 janvier 2019.
21/12/2018
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/21/foresti-decoufle-la-dynastie-gruss-nos-spectacles-pour-les-fetes_5400696_3246.html
J’ai trouvé la meilleure bûche pour Noël
Minimaliste, brillante, croustillante, pralinée, cubiste ou au marron-cassis : notre journaliste a fait le tri pour vous.
Bûches Karamel, Dalloyau, Pierre Hermé, Christophe Michalak, Picard et Cyril Lignac. ELVIRE VON BARDELEBEN POUR LE MONDE « C’est un homard ? – Mais non, c’est une fusée ! » Delphine Plisson et un employé commentent la bûche de Christophe Michalak. C’est vrai que si on la regarde à l’envers les réacteurs de l’engin peuvent passer pour des pinces. Mais enfin, c’est surtout cette profusion de bûches qui donne le tournis : une quinzaine de gâteaux ont été installés dans la salle du restaurant de la maison Plisson place du Marché-Saint-Honoré à Paris avec l’objectif de définir laquelle mérite de figurer au menu de votre réveillon. La maîtresse des lieux, Delphine Plisson, qui joue les cobayes, habituée qu’elle est à sélectionner les meilleurs produits pour garnir ses rayons, inspecte d’abord le visuel. « J’aime bien celle de Benoît Castel, c’est la seule qui rigole un peu, qui ne respecte pas les codes du marketing actuel. » C’est sûr qu’au milieu des bûches minimalistes brillantes comme des bijoux elle détonne : jaune pâle, encadrée de deux biscuits type Petit Beurre à chaque extrémité, un oiseau repose dessus, emmitouflé dans un nid de crème de marron. Delphine Plisson teste les bûches de Noël dans les murs de la maison Plisson, place du Marché Saint-Honoré, à Paris, en décembre. ELVIRE VON BARDELEBEN POUR LE MONDE On attaque par celle de Lignac (8 personnes, 45 euros), au citron et à l’orange sanguine. Un départ en fanfare ! C’est léger, aérien et acidulé. Plus gourmand que croquant, mais ça doit très bien passer en fin de repas. On enquille avec la fusée Michalak (8 personnes, 75 euros), qui au début fait un peu peur : elle a l’air intense, très chocolatée, et on ne sait pas vraiment comment la couper. Finalement, après s’être partagé un réacteur, on s’exclame en chœur : « Mais c’est trop bon ! » Peu sucrée, goûts équilibrés, texture intéressante : un carton plein. « Ah bah, on se fait plaisir pour le goûter », s’amuse Stéphane Bernard, le directeur des opérations qui passe par là. On prend un peu de thé fumé avant de s’attaquer à la suite. Qui s’avère être une série de déceptions. La Dalloyau (8 personnes, 125 euros) est vraiment dans la surenchère : croustillant de riz torréfié et quinoa soufflé, biscuit noisette, crémeux praliné, mousse vanillée, coque en chocolat au lait… « Il ne manque plus que la saucisse et la purée », plaisante Delphine Plisson. Celle très belle sur laquelle on avait tout misé, signée du talentueux Yann Couvreur (6 personnes, 90 euros), est trop chargée en vanille et en fleur de sel – un dessert qui écœure et donne soif au terme d’un repas de Noël, c’est clairement un mauvais plan. « It’s beautiful ! », s’émerveille une Américaine Cette année, même le maître incontesté Pierre Hermé s’est foiré. Delphine Plisson galère pour couper la bûche (8 personnes, 82 euros), si dense que le couteau peine à s’enfoncer. « On dirait une barre énergisante pour le ski », constate-t-elle en goûtant celle au chocolat. Le beau jaune éclatant de celle au citron noir suggère la présence de colorant. Le goût est subtil, mais le biscuit, la pâte sablée, la crème et la chantilly plombent la dégustation. « It’s beautiful ! », s’émerveille une Américaine en passant devant notre table. « Salut, c’est mon anniversaire ! », prétend un vendeur désireux de savoir si on va tout manger ou si le butin finira par être partagé. On promet de tout donner, mais, d’abord, on tente la Karamel (6 personnes, 48 euros). « Mais il y a douze bûches en une ! », s’exclame Delphine Plisson : le citron, le praliné, la meringue, le biscuit… stop ! La gagnante : la bûche Benoît Castel : une alliance pimpante crème de marron-cassis. ELVIRE VON BARDELEBEN POUR LE MONDE On passe à la suite : la bûche de Benoît Castel (8 personnes, 50 euros), sans colorant artificiel, ni additif ni conservateur, mais avec une alliance pimpante crème de marron-cassis. Facile à découper et prix raisonnable, on tient notre championne. Quoique celle d’Angelina (10 personnes, 85 euros) ne se défende pas mal non plus. En fait de bûche, il s’agit de petits cubes blancs (agrumes), noirs (chocolat) ou bruns (caramel-pain d’épices) aux goûts francs et à la texture légère. On finit par Picard, qui propose une bûche ronde au chocolat et noix de pécan avec un excellent rapport qualité-prix (8 personnes, 18,95 euros) et une pavlova glacée au goût de bonbon vraiment pas au niveau. « On voit quand même que c’est un exercice pas facile parce que ce n’est pas souvent réussi », devise Delphine Plisson en sirotant le thé devenu froid. Mais, même quand elle n’est pas extraordinaire, la bûche fait toujours son petit effet… un serveur qui passe par là regarde les gâteaux avec un air énamouré. La patronne lui lance : « C’est bon, on a atteint les 8 000 calories, tu peux y aller ! »
21/12/2018
m-gastronomie
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2018/12/21/j-ai-trouve-la-meilleure-buche-pour-noel_5400694_4497540.html
Le Parquet national financier a ouvert une enquête liée au scandale de corruption planétaire « 1MDB »
Selon nos informations, le Parquet national financier a saisi les biens immobiliers de Khadem Al-Qubaisi.
Khadem Al-Qubaisi, « KAQ » lors d’une conférence de presse à Fujairah (Emirats arabes unis) en 2012. DUNCAN CHARD / GETTY IMAGES Sur ce site de biens d’exception, la bastide des mûriers, à deux pas du cap de Saint-Tropez (Var), se loue « à partir de 19 000 euros la semaine ». Des photos donnent la mesure du luxe ambiant : la villa de 500 mètres carrés, sur terrain clos de 8 000 mètres carrés, possède « chambre de maître », « salon vidéo » et « magnifique jardin paysager avec piscine (ornée d’une salamandre géante), vignes et pool-house offrant une cuisine d’été ». Ce que l’annonce ne dit pas, c’est que la somptueuse bastide a été saisie par la justice française, comme la totalité des biens immobiliers détenus en France par son propriétaire, le milliardaire des Emirats arabes unis Khadem Al-Qubaisi, dit « KAQ », ainsi que l’a appris Le Monde de source judiciaire. Selon nos informations, une enquête préliminaire visant l’homme d’affaires émirati a été ouverte par le Parquet national financier (PNF) en février 2017, pour des faits de « blanchiment de détournement de fonds ». Cette enquête était restée jusqu’ici secrète. Sollicité, le PNF n’a pas souhaité faire de commentaire. Bien connu des milieux d’affaires internationaux, « KAQ », résident d’Abou Dhabi, est au cœur du plus grand scandale de corruption international de la décennie, révélé en 2015 : « l’affaire 1MDB ». C’est le nom du fonds souverain de Malaisie « 1 Malaysia Development Berhad », créé en 2009 pour soutenir le développement de ce pays d’Asie du Sud-Est, et dont 4,5 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros à l’époque) au moins auraient été « siphonnés » par des hommes politiques et des financiers de premier plan, incluant l’ex-premier ministre malaisien et créateur de ce fonds Najib Razak, avant d’être blanchis dans différents endroits du monde. Dont la France. « Kleptocratie » Toujours selon nos sources, l’enquête préliminaire du PNF a donc donné lieu, fin 2017, à la saisie de l’ensemble du patrimoine immobilier français de Khadem Al-Qubaisi. Il s’agit d’une saisie d’envergure exceptionnelle, la valeur cumulée de ces biens atteignant, à leur prix de marché actuel, 130 millions à 150 millions d’euros. Parmi ces propriétés figurent, outre la bastide provençale achetée 11 millions d’euros, une autre villa de luxe à Ramatuelle avec piscine à débordement, jacuzzi et salle de gym (7,9 millions d’euros), un appartement dans le fameux « triangle d’or » parisien, avenue Montaigne (4,4 millions), un autre près du Champ de Mars (4,6 millions)… Si le milliardaire émirati conserve la jouissance de ces propriétés, il a interdiction de les revendre.
21/12/2018
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/le-parquet-national-financier-a-ouvert-une-enquete-liee-au-scandale-de-corruption-planetaire-1mdb_5400681_3224.html
En Russie, Vladimir Poutine confronté à une chute de popularité
Les questions intérieures, sociales et économiques, ont dominé, jeudi, la conférence annuelle du président russe dont la côte de popularité a chuté ces derniers mois.
Le président russe Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle, à Moscou, le 20 décembre. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP Le chef du Kremlin connaît la chanson. Depuis 2001, hormis les « années Medvedev » entre 2008 et 2012, lors de l’inversion des rôles avec son premier ministre devenu président, Vladimir Poutine se plie au rite d’une conférence annuelle. Pas moins de trois heures d’affilée pour dresser le bilan de l’année écoulée, face à un nombre toujours croissant de journalistes – 1 702 Russes et étrangers étaient accrédités pour cette quatorzième édition qui s’est tenue, comme à l’accoutumée, au Centre international de Moscou, jeudi 20 décembre. Mais cette fois, en dépit d’un regain de tensions avec l’Occident, les questions de politique intérieure ont dominé. « Vladimir Vladimirovitch, vous avez dressé, au début, un bilan macroéconomique qui donne l’impression que nous vivons de mieux en mieux. Les habitants de Paris devraient nous envier, si l’on en croit ces statistiques », a hasardé un journaliste après que le président eut donné lecture d’une liste d’indicateurs positifs. Or depuis l’impopulaire réforme des retraites couplée avec une augmentation de 20 % de la TVA et une hausse des prix de l’essence, le tout annoncé le jour du coup d’envoi de la Coupe du monde de football, le 14 juin, Vladimir Poutine connaît plutôt un « trou d’air ». Tous les sondages de ces derniers mois attestent d’une chute brutale de sa popularité, même si les chiffres feraient encore bien des envieux parmi ses homologues occidentaux : en novembre, 66 % des Russes approuvaient l’action du chef de l’Etat, contre 82 % en mars, à la veille de sa réélection, selon l’institut indépendant Levada. La confiance que la population place en lui a également régressé à 37,3 % en décembre, contre 55,3 % en mars, selon l’institut public VTSiOM. Depuis 2006, le chef du Kremlin n’avait pas connu pareille érosion sur plusieurs mois consécutifs. « La réforme des retraites, un véritable déclencheur » Plus étonnant encore : désormais le mérite des succès économiques qui lui sont attribués et la responsabilité des problèmes du pays se neutralisent complètement : il y a autant de Russes (55 %) à pencher pour l’une ou l’autre des hypothèses. Une première, ici aussi, depuis 2001. En parallèle, la proportion de la population qui souhaite améliorer les relations avec l’Occident est passée en un an de 14 % à 36 % (Levada). Les tensions sur la scène internationale font moins recette pour souder la population autour de son chef. Le nombre de personnes interrogées se disant « très préoccupées » par les sanctions a ainsi grimpé de 7 % à 20 %.
21/12/2018
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/en-russie-vladimir-poutine-confronte-a-une-chute-de-popularite_5400675_3210.html
« La bureaucratisation n’est pas inéluctable »
Les grandes entreprises sont en capacité de dépasser le dilemme entre autonomie et contrôle à l’aide du numérique, estime le professeur en sciences de gestion Jean-Pierre Bouchez dans une tribune au « Monde ».
Tribune. L’arbitrage entre l’autonomie et le contrôle des activités des salariés est un enjeu récurent pour les organisations. Ce dilemme paradoxal s’est singulièrement accru ces dernières années avec la pénétration massive des technologies numériques. Du côté de l’autonomie, ces technologies contribuent à la favoriser dans des registres différents, qu’il s’agisse des possibilités de télétravail ou de l’usage d’applications comme les « kits de survie » (accès à la domotique, aux services de conciergerie, possibilité de réserver une salle, etc.). L’aplatissement de la hiérarchie y concourt également lorsqu’elle conduit à une réelle responsabilisation. Pour autant, le contrôle, notamment organisationnel et technologique, apparaît encore plus incontournable. Comment en effet imaginer le pilotage de mastodontes complexes à enjeux forts pour leurs usagers, par exemple un grand établissement hospitalier, des grandes gares ferroviaires parisiennes, ou plus généralement l’ensemble du réseau transilien. En l’absence de processus structurants assurant la coordination, voire l’uniformisation, ils deviendraient évidemment ingérables. Evidence d’ailleurs encore fréquemment sous-estimée par les tenants de l’autonomie à tous crins. Il n’en reste pas moins vrai que ces processus sont consommateurs de temps, d’argent, et potentiellement générateurs de stress et de méfiance. Ils tendent naturellement à limiter l’autonomie des salariés. Déployer de manière intensive l’innovation collaborative Afin de tenter de résoudre ce dilemme paradoxal, nombre de dirigeants éclairés de grandes firmes ont promu ces dernières années de profondes transformations, de manière à favoriser et déployer de manière intensive l’innovation collaborative jugée nécessaire pour parvenir à construire une croissance durable, dans un contexte de guerre économique mondiale exacerbée. Parallèlement aux pratiques d’innovations ouvertes et coopératives, souvent en coopération avec des acteurs extérieurs (start-up, clients, utilisateurs, universités, concurrents, etc.), des politiques internes promeuvent ce que la novlange managériale nomme « the new way of working ». Les « espaces collaboratifs », avec leurs différents quartiers, en constituent l’illustration la plus visible. Ils contribuent à autonomiser leurs collaborateurs en les incitant à développer des pratiques coopératives clairement orientées vers l’innovation. Ces nouvelles configurations répondent aussi au risque de se faire « ubériser » ou de ne plus pouvoir séduire les fameux « millennials », dont les prétendues caractéristiques ne laissent pas d’interroger ceux qui ont procédé à des recherches étayées (François Pichault et Mathieu Pleyers, « Pour en finir avec la génération Y… enquête sur une représentation managériale », Gérer et comprendre, n° 108, 2012). Elles peuvent ainsi attirer plus largement celles et ceux qui souhaitent s’impliquer, agir et se responsabiliser dans le cadre de contraintes allégées avec de réelles marges de manœuvre, au-delà d’un seul effet d’âge.
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/la-bureaucratisation-n-est-pas-ineluctable_5400669_3232.html
De Cicéron aux « gilets jaunes » : la longue éclipse de la « bonne gestion »
A Rome, la « bonne gestion » n’était pas le degré zéro du politique. Elle constituait son champ d’exercice, ce sur quoi tout pouvoir doit rendre des comptes et que chaque citoyen peut discuter, explique le professeur Armand Hatchuel.
Chronique « Entreprises ». Le bien-fondé des revendications des « gilets jaunes » vient d’être reconnu par les plus hauts responsables de l’Etat. Face à la colère exprimée, le président de la République a déclaré : « Je la ressens comme juste à bien des égards. » Peu avant, le premier ministre avait affirmé « qu’aucune taxe ne mérite de mettre en danger l’unité de la nation ». Aurait-il manqué à la gestion publique un engagement réel pour la justice et l’équité entre les citoyens ? Quant au ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, il a fustigé la déloyauté sociale des dirigeants de Ford refusant tout repreneur pour l’usine de Blanquefort. « Justice », « équité », « bienveillance », « écoute » : par temps de crise, ces termes reprennent soudain toute leur valeur. Mais ils pèsent peu dans les doctrines dominantes de la gestion publique et privée, où l’efficacité est réduite à la performance économique et le marché sert de justice sociale, y compris pour les salaires. On est alors bien loin de la « bonne gestion ». Une théorie reprise par Auguste, le premier empereur romain Une historienne de la Rome antique, Moïra Crété, vient de montrer que lorsque les Romains inventent la « bene gesta », ils ne séparent pas efficacité et responsabilité citoyenne (« La “gestion” à l’époque romaine : naissance d’une catégorie de l’action collective », Entreprises et histoire n° 90, 2018). C’est à Cicéron que l’on doit la construction théorique de la « bonne gestion », la « bene gesta res publicae ». En pleine crise de la République romaine, iI s’agissait de concevoir une action publique qui s’éloigne autant du diktat des élites que d’un populisme aveugle. Cicéron ne met pas seulement en avant les valeurs de l’esprit et de la connaissance dans l’action, il insiste surtout sur la justice, l’humanité, l’équité, l’intégrité et la bienveillance. Cette théorie de la « bonne gestion » serait restée lettre morte si elle n’avait pas été reprise par Auguste, le premier empereur romain, qui choisit de décrire dans son testament les « Res gestae », une liste des actes en faveur des citoyens qui illustrent la « bonne gestion » publique. L’auteur montre aussi que, pendant trois siècles, la « bene gesta » cicéronienne a constitué l’idéal d’une action publique et privée qui se veut aussi efficace économiquement qu’intègre et citoyenne. La bonne gestion n’était donc pas, comme on le pense aujourd’hui, le degré zéro du politique. Elle constituait au contraire son champ d’exercice, ce sur quoi tout pouvoir doit rendre des comptes et que chaque citoyen peut discuter.
21/12/2018
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/de-ciceron-aux-gilets-jaunes-la-longue-eclipse-de-la-bonne-gestion_5400670_3232.html
Thierry Henry, à contre-emploi
Arrivé en octobre sur le banc de Monaco, actuel avant-dernier de Ligue 1, l’ex-buteur des Bleus connaît des débuts compliqués dans la Principauté.
Thierry Henry à La Turbie, le centre d’entraînement de l’AS Monaco, le 10 décembre 2018. ERIC GAILLARD / REUTERS Ce goût amer de la défaite, Thierry Henry l’a peu connu pendant sa prestigieuse carrière de joueur. Plus habitué à soulever les trophées à la chaîne qu’à ruminer sa frustration, le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France (51 réalisations de 1997 à 2010) est descendu de ses coutumiers sommets en revenant au bercail. Depuis le 13 octobre et son arrivée sur le banc de l’AS Monaco, où il a été formé (1993-1999), l’ancien attaquant a endossé un rôle à contre-emploi : celui du sapeur-pompier, sommé d’éteindre l’incendie avec une lance à eau trop courte. La première expérience de « Titi » comme entraîneur principal d’un club ressemble déjà à un long chemin de croix, avec méformes, blessures (dix-sept joueurs peuplent l’infirmerie en ce moment) et revers en cascade. Depuis qu’il a pris la tête de l’équipe, le technicien de 41 ans n’arrive pas à extraire le club de la Principauté, avant-dernier de Ligue 1, des bas-fonds du classement, avec un triste bilan de cinq défaites pour deux victoires et un nul en championnat. Voir aussi Le grand défilé de Thierry Henry Signe qu’il est difficile de succéder à Leonardo Jardim, limogé après quatre années de bons et loyaux services, avec un titre de champion de France en 2017 en prime. Bricoleur au cuir tanné, le Portugais était pourtant passé maître dans l’art de s’adapter à la logique court-termiste et à l’illisible stratégie du « trading de joueurs » imposées par le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, sulfureux propriétaire de l’ASM depuis 2011 et en quête de plus-values sur le marché des transferts. Accents guerriers Puisque le club du Rocher, éliminé sans gloire dès le premier tour de la Ligue des champions, n’a plus d’autre objectif que d’assurer son maintien en Ligue 1, Thierry Henry a adopté des accents guerriers avant la réception de la lanterne rouge, Guingamp, samedi 22 décembre, pour le compte de la 19e journée de championnat. Tout autre résultat qu’une victoire plomberait encore davantage le néophyte, sans filet, avant la trêve hivernale. Une période charnière lors de laquelle il espère bien recruter plusieurs joueurs « avec du rythme » pour étoffer son effectif. Lire aussi Ligue 1 : pourquoi Monaco va si mal « Vous demandez-vous parfois ce que vous êtes venu faire dans cette galère ? », s’est risqué à lui demander un journaliste, le 16 décembre, après la déroute (3-0) de ses hommes, réduits à dix, à Lyon. « Pas du tout », a répondu avec un regard noir l’intéressé, qui a vainement tenté d’insuffler un vent de révolte à la mi-temps. Celui qui devait inculquer sa culture de la gagne se voit réduit à racler les fonds de tiroirs, et à colmater les brèches avec des troupes trop vertes issues du centre de formation. Oubliez l’audace tactique du début, avec ses latéraux placés très haut sur le terrain, Henry a opté pour un schéma plus défensif et pragmatique depuis la claque (4-0) reçue, le 11 novembre, face au Paris-Saint-Germain.
21/12/2018
football
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/21/thierry-henry-a-contre-emploi_5400666_1616938.html
Crédit : comment s’assurer quand on est malade
Les députés ont décidé qu’une taxe de 9 % sera appliquée sur la garantie décès. Pour les malades et les ex-malades qui veulent souscrire un crédit et doivent s’assurer, des surprimes, des exclusions, mais aussi des garanties minimales s’appliquent.
Pour certaines maladies, les suprimes de l’assurance du crédit sont encadrées mais peuvent être élevées. Ingram / Photononstop Pour quiconque souffre ou a souffert d’un problème de santé, emprunter pour financer un projet relève du parcours du combattant. Il faut en effet trouver une assurance acceptant de couvrir le crédit malgré la pathologie, à un prix non prohibitif, puis convaincre la banque d’accepter cette assurance même si celle-ci sera souvent peu protectrice… Plusieurs dispositions sont tout de même venues, ces dernières années, faciliter l’accès à l’assurance emprunteur en cas de problème de santé. Des pratiques encadrées Désormais, il existe un droit à l’oubli : ceux qui ont eu un cancer mais dont le traitement s’est achevé il y a au moins dix ans, ou cinq pour les cancers survenus avant l’âge de 18 ans, n’ont pas à le déclarer au moment de souscrire leur prêt – le niveau de couverture et les tarifs appliqués n’en tiennent donc pas compte. Les autres malades, n’entrant pas dans le cadre de ce droit à l’oubli inscrit dans une loi de 2016, peuvent bénéficier des dispositions d’une convention appelée Aeras (« s’assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé »), négociée entre les professionnels de la banque et de l’assurance, les associations et l’Etat, et régulièrement révisée. Elle encadre les pratiques, à des niveaux et conditions différents selon les pathologies. Lire aussi Assurance emprunteur : la résiliation facilitée Au fil des progrès de la médecine, des études fournies par les associations représentant les malades et des négociations avec les professionnels du secteur, ces dispositions visant à rendre les démarches des emprunteurs malades ou ex-malades moins complexes progressent régulièrement. A petits pas. Dernière évolution en date : la révision, cet été, de la « grille de référence » de la convention Aeras, avec l’ajout de cinq nouvelles pathologies : les cancers du rein et de la prostate, l’hépatite C chronique, les leucémies, la mucoviscidose et certaines tumeurs cérébrales. Grille de 18 pathologies L’impact pour les emprunteurs ? Pour comprendre, il faut savoir que cette grille est un tableau, qui liste 18 pathologies. Concrètement, il est divisé en deux parties. Pour les pathologies énumérées dans la première partie du tableau, tels les cancers du testicule, du sein ou du col de l’utérus, la règle est simple : même si vous devez déclarer votre maladie (il n’y a pas de droit à l’oubli), l’assureur ne peut vous imposer ni surprime (majoration du tarif) ni exclusion de garanties. C’est dans cette première partie de la grille qu’ont été ajoutés cet été les cancers du rein. Mais attention, pour en bénéficier, encore faut-il que votre pathologie réponde à des critères médicaux très stricts, eux aussi indiqués dans le tableau. Et que votre traitement soit achevé depuis un certain nombre d’années, qui, là aussi, varie selon les pathologies et la gravité (de un à huit ans).
21/12/2018
argent
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/12/21/credit-comment-s-assurer-quand-on-est-malade_5400665_1657007.html
La vie, mode d’emploi
Le biologiste Eric Karsenti, directeur scientifique de l’expédition Tara Océans et spécialiste des mécanismes cellulaire, expose sa vision de l’émergence et de l’évolution du vivant.
Le livre. Le « grand livre de la vie », ainsi qu’on avait baptisé le code du génome humain au moment où on s’apprêtait à le dévoiler, à l’aube des années 2000, n’était en fait qu’un chapitre incomplet, à l’intrigue mal ficelée. Le point final n’a toujours pas été posé sur ce qui reste un manuscrit n’ayant pas tenu toutes ses promesses. Et pour cause, insiste le biologiste Eric Karsenti dans Aux sources de la vie, jamais la révélation d’une séquence génétique, aussi complète soit-elle, n’abolira la complexité des processus qui ont conduit à l’émergence du vivant et à son évolution. Le récit d’Eric Karsenti mêle son propre parcours scientifique à des rappels plus historiques sur les recherches visant à élucider les conditions d’apparition de la vie, de ses formes les plus simples aux plus complexes, et de formation d’un individu (morphogenèse). Marin accompli, initiateur de l’expédition scientifique Tara Océans, qui a récolté des organismes planctoniques dans toutes les mers du globe, le chercheur s’attarde peu sur cette aventure hors du commun : ne cherchez pas dans son livre le récit des semaines agitées qu’il a passées à bord de la goélette. Son propos est bien plus vaste, presque océanique : tenter d’exposer une vision de l’apparition de la vie qui fasse leur place à toutes les disciplines concourant à l’expliquer. La génétique y a bien sûr droit de cité, mais aussi la physique, les mathématiques ou la philosophie : l’idée centrale de l’auto-organisation, où la partie et le tout existent l’un pour et par l’autre, n’a-t-elle pas été d’abord une intuition de Kant dans sa Critique de la faculté de juger (1790), rappelle-t-il ? Et n’est-ce pas Bergson qui insiste sur l’irréversibilité du temps et sa capacité à sculpter la nature ? Des ponts avec d’autres disciplines Biologiste de formation, Eric Karsenti n’a cessé de créer des ponts avec des chercheurs d’autres disciplines, pour s’attaquer à la complexité du vivant. Il est parvenu à la même conclusion qu’Ilya Prigogine (Nobel de chimie 1977), et estime que la vie « est tout simplement une forme particulière de la matière et de l’énergie, un “phénomène” qui devait apparaître nécessairement dans notre Univers ». L’individu émerge d’une cellule unique et se complexifie à travers un flux de réactions soumises à des déséquilibres, des bifurcations en lien avec son environnement, un ensemble de contraintes chimiques et physiques de mieux en mieux décrites. La sélection naturelle n’est qu’un moteur de l’évolution comprise comme la complexification du vivant, assure Eric Karsenti. Ce même jeu d’interactions, de boucles et de cascades, rythmé par des horloges biologiques dont le tempo est finement autorégulé, intervient au niveau de la cellule, de l’organisme, et finalement de l’écosystème tout entier.
21/12/2018
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/21/la-vie-mode-d-emploi_5400662_1650684.html
Qui doit travailler pendant les fêtes de fin d’année ?
Tous les salariés ne bénéficient pas de vacances pour Noël et le Nouvel An.
« Pompiers, restaurateurs, conducteurs de bus… certaines professions ne lèvent pas le pied pendant les fêtes, y compris le 25 décembre et le 1er janvier. » DR A l’approche des fêtes de fin d’année, nombreux sont les salariés qui profitent de quelques jours de congés afin de réveillonner en famille. Néanmoins, ils sont encore plus nombreux à travailler pendant cette période : selon les chiffres du ministère du travail, près d’un salarié sur deux seulement était en congé pendant les vacances de Noël. Les jours fériés ne sont pas toujours chômés. Pompiers, restaurateurs, conducteurs de bus… certaines professions ne lèvent pas le pied pendant les fêtes, y compris le 25 décembre et le 1er janvier. Mais pas seulement, tout un chacun peut être amené à travailler pendant ces deux journées : « Aucune obligation légale n’impose que les fêtes de fin d’année soient des jours chômés », indique Maître Béatrice Pola, avocate associée du département de droit social du cabinet Proskauer. Seule exception en Alsace-Moselle, où en vertu du concordat (sous Bismarck), les habitants de cette région bénéficient même de deux jours fériés chômés à l’occasion de Noël (le 25 et le 26 décembre), en plus du Nouvel An. La loi protège aussi les salariés mineurs qui exercent des « petits boulots » pendant les vacances de Noël en France et qui bénéficient obligatoirement du 25 décembre et du 1er janvier chômés, sauf dans les établissements industriels fonctionnant en continu et dans les secteurs pour lesquels l’activité le justifie (hôtellerie, restauration…). Protection réduite par les ordonnances Macron Des accords de branche ont pu définir des jours fériés chômés, ou bien prévoir des compensations financières pour les salariés travaillant ces jours-là. L’accord de branche s’imposait à l’entreprise jusqu’à la loi travail et les ordonnances Macron qui ont changé la donne. Désormais, un accord d’entreprise « peut réduire la liste des jours fériés chômés définie par une convention collective de branche », explique Me Béatrice Pola. A défaut de stipulations conventionnelles, l’employeur peut demander à ses salariés de travailler les jours fériés ». Il est aussi libre de fermer son établissement pendant les fêtes après avoir, toutefois, consulté les représentants du personnel. L’employeur peut alors imposer à ses salariés de poser leurs congés les jours de fermeture de l’établissement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dimanche, jour de repos sacré Au-delà de Noël et du Nouvel An, qu’en est-il des jours de congés que souhaitent poser les salariés pendant la trêve des confiseurs ? « C’est l’employeur qui organise, selon certaines règles, les départs en congés », rappelle Me Béatrice Pola. A défaut de stipulation conventionnelle, l’article L.3141-16 du code du travail permet à l’employeur de définir cet ordre de départ après avis du comité d’entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel ou du comité économique et social ». Il est donc libre de refuser les dates de congé que souhaite poser le salarié. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jours fériés : les nouvelles règles s’appliquent Toutefois, « le refus de l’employeur devra être justifié, par exemple par la continuité du service public, une forte activité ou par des circonstances exceptionnelles, afin d’éviter d’être abusif ou discriminant », souligne Me Béatrice Pola. Salariés comme employeurs doivent donc s’organiser bien à l’avance s’ils souhaitent réveillonner l’esprit tranquille.
21/12/2018
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/12/21/qui-doit-travailler-pendant-les-fetes-de-fin-d-annee_5400656_1698637.html