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Les « sages » doivent statuer dans les trois mois sur ces examens décriés. Ils ont été saisis du cas d’un jeune Guinéen assurant avoir 15 ans à son arrivée en France.
Le Conseil constitutionnel saisi d’un recours sur les examens osseux des migrants mineurs
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/le-conseil-constitutionnel-saisi-d-un-recours-sur-les-examens-osseux-des-migrants-mineurs_5401017_3224.html
21/12/2018
societe
Le Conseil constitutionnel s’apprête à statuer sur les examens osseux effectués pour déterminer l’âge des mineurs étrangers isolés. Les « sages » doivent se prononcer dans les trois mois sur la conformité à la Constitution de ces tests. Cette question prioritaire de constitutionnalité (QPC) leur a été transmise par la Cour de cassation, vendredi 21 décembre. La QPC a été soulevée par la défense d’un jeune Guinéen qui avait assuré avoir 15 ans à son arrivée en France, en 2016. Renvoyé vers le conseil départemental de l’Ain, il avait refusé de se soumettre à ces examens radiologiques censés permettre de déterminer son âge, mais dont la fiabilité est vivement critiquée médicalement et judiciairement. Un juge des enfants en avait déduit en 2017 qu’il n’était pas mineur et avait levé son placement auprès de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Radio de la main ou du poignet Le jeune homme avait fait appel en acceptant cette fois les tests osseux. En juillet, la cour d’appel de Lyon avait estimé son âge entre 20 et 30 ans, confirmant qu’il ne bénéficierait pas de l’ASE. Il avait formé un pourvoi en cassation. A l’appui de ce pourvoi, qui a été examiné mardi par la Cour de cassation, sa défense a déposé une QPC visant l’article 388 du code civil, qui encadre depuis 2016 le recours à ces examens radiologiques – souvent de la main ou du poignet – pour déterminer l’âge d’un jeune. Utilisés dans de nombreux pays européens pour déterminer l’âge des jeunes migrants lorsqu’un doute subsiste, ces examens de maturité osseuse sont très critiqués, notamment par les associations d’aide aux migrants et certains médecins et professionnels de la justice. Une circulaire de 2013 de la garde des sceaux Christiane Taubira préconisait que ces examens dussent intervenir en dernier recours ; pourtant l’examen médical reste souvent pratiqué aujourd’hui. Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a salué dans un communiqué la décision de la Cour de cassation, jugeant que c’était « une étape importante pour les droits fondamentaux des enfants ». Pour lui, le recours à ces examens « invasifs et non fiables constitue une violation des droits constitutionnels de l’enfant ». Selon les estimations officielles, le nombre de mineurs non accompagnés pris en charge par les départements pourrait passer de 25 000 en 2017 à 40 000 cette année. Le jeune Guinéen à l’origine du recours sera lui « bientôt majeur », compte tenu des délais de procédure, a expliqué son avocate. Quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, « les incidences seront réduites » pour lui. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le gouvernement face au défi de la prise en charge des mineurs étrangers non accompagnés
Le chorégraphe présente, à la Philharmonie de Paris, « Let’s Move ! », un spectacle participatif associant 80 amateurs.
Danse : Sylvain Groud, du travail de pro
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/21/danse-sylvain-groud-du-travail-de-pro_5401015_3246.html
21/12/2018
culture
Le chorégraphe Sylvain Groud et un groupe d’amateurs lors d’une répétition du spectacle participatif, « Let’s Move ! », à Roubaix. LA VOIX DU NORD Le chorégraphe Sylvain Groud a beau avoir pris froid, samedi 15 décembre, le voilà qui se met soudain à siffler plein pot un tube de West Side Story dans la cafétéria de la Philharmonie, à Paris, avant de se lancer au milieu des tables, les bras en V, en chantant un air de La La Land. Il est comme ça, Sylvain Groud, toujours à fond, partageur sans conditions. On rêve, l’espace d’une seconde, que les consommateurs se lèvent et lui emboîtent le pas pour faire surgir un invraisemblable chorus. Ce sera pour une autre fois. Sylvain Groud, chorégraphe : « C’est incroyable, mais ces chansons font partie d’une culture commune » En revanche, quelques minutes plus tard, dans un studio de répétition où Groud a rassemblé une centaine d’amateurs pour ­finaliser le spectacle participatif Let’s Move !, présenté samedi 22 décem­bre à 17 heures, ça chauffe, ça claque des doigts, ça hulule ! « Cette production est une commande de la Philharmonie, avec laquelle je collabore pour la troisième fois, explique Groud, directeur du Ballet du Nord. Le thème est celui de la comédie ­musicale. Au départ, j’avais peur que le sujet soit un peu facile et ­assez risqué aussi. J’ai revu les films de la plupart des gros succès du genre et j’ai eu tellement de plaisir que le projet s’est imposé. » Le chorégraphe a sélectionné certains titres de West Side Story, Singing in the Rain, Hair, Mary Poppins, pour lesquels il a imaginé de courtes chorégraphies, avec une équipe de cinq interprètes professionnels. « C’est incroyable, mais ces chansons font partie d’une culture commune, s’exclame-t-il. Les questions que j’ai envie de poser à travers cette production sont : où se situe le plaisir ? Que croit-on retenir de ces moments connus de tous ? Dans quel état de corps est-on lorsque nous nous accordons le droit de chanter ? » « Des liens entre le son et le geste » Dans chaque théâtre où le spectacle est présenté depuis sa création, le 17 novembre, au Colisée, à Roubaix, un appel est lancé aux amateurs locaux aimant chanter et danser. A Paris, ils sont quatre-vingts, âgés de 14 ans à 64 ans, à avoir répondu présents. Au gré d’une vingtaine d’heures d’ateliers préalables, ils apprennent les airs et les chorégraphies avec Sylvain Groud et la chef de chant, Jeanne Dambreville. « Je suis le travail de Sylvain depuis plusieurs années et j’amène ici un lien entre la technique vocale et le mouvement, précise-t-elle. Il ne s’agit pas de ­superposer les deux, mais de chercher des liens entre le son et le geste. Danser en chantant permet de faire sonner la voix différemment en aidant la personne d’un point de vue rythmique. »
Le mouvement, apparu le 17 novembre, a fait naître une forme de solidarité et de fraternité chez ceux qui ne s’étaient jamais révoltés.
Certains « gilets jaunes » trouvent une « famille » sur les ronds-points
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/certains-gilets-jaunes-trouvent-une-famille-dans-leur-lutte-sur-les-ronds-points_5401011_3224.html
21/12/2018
societe
C’est l’heure du dîner au campement des « gilets jaunes » du rond-point dit du Jardiland, à Saint-Clement (Yonne), le 10 décembre. BENJAMIN GIRETTE / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" « Râleurs des canapés, mettez vos gilets ! », annonce la pancarte posée bien en vue contre un pylône du rond-point. L’air de rien, elle dit beaucoup de ce qu’est le mouvement des « gilets jaunes » : la révolte de ceux qui, jusqu’ici, ne s’étaient jamais révoltés et bougonnaient seuls, chez eux, devant leur télévision. Il y a un mois, ils ont éteint leur écran, enfilé leur gilet. Et sur l’échangeur de la nationale ou le terre-plein à côté du péage, ils ont rencontré des inconnus qui leur ressemblent, avec qui ils refont désormais le monde autour d’un feu de bois, en buvant le café. Au-delà de leurs revendications toujours vives sur le pouvoir d’achat ou la crise démocratique, c’est aussi cela qui les fait continuer la lutte : le plaisir de s’être trouvé cette nouvelle « famille », comme ils aiment désormais à le dire. « Ici tout le monde se raconte et on se rend compte qu’on a un peu tous les mêmes problèmes » « Ah ça, le répertoire s’est rempli, c’est vrai qu’on s’est fait des amis ! », s’enthousiasme Jessica, mère au foyer rencontrée dans l’Yonne. « Les gens pensaient qu’il n’y avait qu’eux qui avaient des difficultés. Mais ici tout le monde se raconte et on se rend compte qu’on a un peu tous les mêmes problèmes. La misère de chacun, elle nous touche », explique Bernard, ancien thermicien dans une centrale nucléaire. Mobilisé à Montchanin (Saône-et-Loire) depuis le 17 novembre, malgré, explique-t-il, « ses 74 ans et ses deux cancers ». Il nous rappelle cet autre retraité croisé à Saint-André-de-Cubzac (Gironde). En chimiothérapie, il bravait le froid glacial pour retrouver les « gilets jaunes » au bord de la nationale, tous les après-midi : « Ça me change les idées, chez moi c’est sinistre, je m’ennuie. » « Ici, il y a une alliance entre la recherche du bien et la recherche de liens, philosophe Guy, garçon de café à la retraite, autour du feu de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Des gens qui s’isolaient dans leur précarité, en se retrouvant, recréent du sens. Il y a une faim de vie. » Sur le camp de base des gilets jaunes au Magny, à hauteur de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), le 18 décembre. ARNAUD FINISTRE POUR LE MONDE Ce bon vieux temps où l’on n’avait pas la télé A Montchanin, les « gilets jaunes » racontent comment ils se sont démenés pour qu’un des leurs, handicapé par deux AVC, retrouve le chauffage. « Par fierté, il a longtemps rien osé dire, s’émeut Bernard. Mais c’est la force de ce mouvement. Et moins Macron nous entend, plus les gens se ressoudent ! Le peuple, il est en train de tout se ressouder, et c’est ça qui leur fait peur ! »
Trois Burkinabés, dont deux élus locaux, ont été tués dans la province de l’Oudalan dans la nuit du jeudi 20 décembre, « probablement par des groupes djihadistes ».
Au Burkina Faso, trois personnes abattues dans le nord du pays
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/21/au-burkina-faso-trois-personnes-abattues-dans-le-nord-du-pays_5401008_3212.html
21/12/2018
afrique
Google Maps Trois personnes, dont deux élus locaux de Manssifigui, un village du nord du Burkina Faso, ont été abattues dans la nuit du jeudi 20 décembre par des individus armés, ont indiqué à l’AFP des sources sécuritaire et locale. « Un conseiller municipal et son fils et le président du comité villageois de développement de Manssifigui ont été enlevés et exécutés par des individus armés », a déclaré une autorité locale, sous le couvert de l’anonymat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Burkina Faso, les forces de sécurité démunies face aux djihadistes Une source sécuritaire, jointe par l’AFP, a confirmé l’attaque, évoquant des « assassinats ciblés » perpétrés « probablement par des groupes djihadistes » qui sévissent dans la région. Manssifigui est un village situé à 12 km de la commune de Tin-Akoff, chef-lieu du département situé dans la province de l’Oudalan, dans le nord du Burkina Faso. Plus de 255 morts depuis 2015 Ces individus armés, « une dizaine », sont arrivés à bord d’engins à deux roues, « tirant en l’air avant de se rendre au domicile du conseiller municipal et l’ont fait sortir avec un de ses fils », a expliqué cette source. « Ils ont également enlevé le président du comité villageois de développement et ont abattu les trois personnes à l’intérieur du village et sont repartis en tirant toujours en l’air », a-t-elle poursuivi. Un habitant a été blessé par balle, a précisé la source. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Burkina Faso, nouveau maillon faible dans la lutte antidjihadiste Le nord du Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est le théâtre d’attaques djihadistes régulières depuis le premier trimestre 2015, ainsi que l’est du pays. Les habitants de ces zones vivent dans la psychose des attaques qui ont déjà causé la mort de plusieurs civils. Selon un décompte de l’AFP, les attaques attribuées aux groupes djihadistes ont fait plus de 255 morts depuis 2015. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises, avec un bilan total de près de 60 morts.
Total était jugé pour avoir versé environ 30 millions de dollars de pots-de-vin à des intermédiaires entre 2000 et 2004, pour l’obtention d’un énorme contrat gazier en Iran en 1997.
Total condamné à 500 000 euros d’amende pour corruption en Iran
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/total-condamne-a-500-000-euros-d-amende-pour-corruption-en-iran_5401005_3210.html
21/12/2018
international
Le siège de Total à la Défense, en janvier 2018. ERIC PIERMONT / AFP Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, vendredi 21 décembre, le grand groupe pétrolier Total à une peine symbolique de 500 000 euros d’amende pour « corruption d’agent public étranger » en marge de la signature d’un énorme contrat gazier en Iran en 1997. Total était jugé pour avoir versé quelque 30 millions de dollars de pots-de-vin à des intermédiaires entre 2000 et 2004, pour l’obtention de ce contrat concernant le gisement gazier de South Pars, dans le golfe Persique, sur fond d’embargo états-unien. Le parquet avait demandé sa condamnation à l’amende maximale, 750 000 euros, et surtout à une lourde peine complémentaire : la confiscation sur les comptes de la multinationale de 250 millions d’euros, équivalant au « produit de l’infraction ». Le groupe pétrolier a échappé à cette confiscation. Contrats de « consulting » Les avocats du pétrolier, qui avaient demandé la nullité des poursuites, puis plaidé sa relaxe, affirmant notamment que le délit de « corruption » n’était pas constitué, n’ont pas souhaité s’exprimer à l’issue du délibéré. Le groupe français est le seul prévenu restant dans ce dossier ancien. Parmi les trois hommes qui étaient poursuivis, l’ancien PDG de Total Christophe de Margerie et un intermédiaire iranien sont morts. Un second intermédiaire iranien, Abbas Yazdi, est présumé mort, mais en l’absence d’acte de décès, le tribunal l’a condamné à quatre ans de prison. L’enquête, ouverte en 2006 en France, portait initialement sur deux contrats : le contrat gazier South Pars de 1997, d’une valeur de 2 milliards de dollars, mais aussi un contrat conclu en juillet 1995 pour l’exploitation des champs pétroliers iraniens de Sirri A et E, également dans le Golfe. En marge de ces deux accords, Total est soupçonné d’avoir versé 60 millions de dollars de pots-de-vin entre 1995 et 2004 par des intermédiaires et une société-écran, Baston Limited, à destination d’un fils de l’ancien président de la République islamique d’Iran Rafsanjani, haut placé dans le secteur pétrolier public iranien, sous couvert de contrats de « consulting ». La multinationale n’est jugée que pour les commissions versées après 2000, après l’entrée en vigueur de la loi sur la corruption d’agents publics étrangers : 30 millions de dollars, liés uniquement au contrat South Pars. Le procès, initialement prévu sur quatre jours en octobre, avait été écourté, car Total, qui a conclu une transaction à 398 millions de dollars aux Etats-Unis en 2013 pour l’ensemble de l’affaire, estime que cet accord états-unien lui interdit de discuter le fond du dossier. Lire aussi Les sulfureuses relations des pétroliers Total et Eni au Congo
L’octogénaire a abusé de jeunes garçons pendant des années lors de camps de vacances d’été qu’il organisait en Savoie.
Un ancien prêtre condamné à six mois ferme pour agressions sexuelles à Saint-Etienne
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/21/un-ancien-pretre-condamne-a-six-mois-ferme-pour-agressions-sexuelles-a-saint-etienne_5401002_1653578.html
21/12/2018
police-justice
Un ancien prêtre de 85 ans a été condamné, vendredi 21 décembre, par le tribunal correctionnel de Saint-Etienne à dix-huit mois de prison, dont six mois ferme, pour des agressions sexuelles sur un mineur dans les années 1990. Régis Peyrard, ancien aumônier d’un lycée de Montbrison (Loire), était suspecté d’avoir profité de sa fonction d’organisateur de camps de vacances d’été à Peisey-Nancroix, en Savoie, pendant de nombreuses années, pour abuser de jeunes garçons. L’ex-prêtre, absent à l’audience vendredi, était poursuivi dans cette affaire par un chef d’entreprise de la région stéphanoise, aujourd’hui âgé de 38 ans, principalement pour des attouchements subis quand il avait 11 et 12 ans. Ses plaintes, déposées en 2000 et 2001, avaient été classées sans suite, avant d’être déposées une nouvelle fois et retenues, à la lumière d’éléments nouveaux en 2017. Des dizaines de victimes Le parquet de Saint-Etienne, qui estime à plusieurs dizaines le nombre de victimes de M. Peyrard, avait requis une peine de trois ans de prison, dont la moitié avec sursis. « Un rempart vient de s’effondrer, la soutane ne protégera plus Régis Peyrard, mais il n’ira pas en prison, c’est trop tard », a regretté après le verdict l’avocat de la victime, Jean Sannier, anticipant un aménagement de peine pour l’ancien religieux. « En France, on peut abuser de dizaines d’enfants et ne pas aller en prison. (…) Les faits ont été démontrés, il a avoué », a également déploré Jean-François Roche, l’une des nombreuses victimes présumées. Au début des années 2000, l’ancien prêtre avait avoué à sa hiérarchie avoir commis des abus sexuels sur des mineurs entre les années 1980 et 1990. Mais les dizaines de plaintes et signalements transmis à l’Eglise et à la justice n’avaient pu jusqu’ici déboucher sur des poursuites, car les faits étaient prescrits. L’évêque du diocèse de Saint-Etienne, Sylvain Bataille, avait annoncé en juillet 2017 que le prêtre avait été relevé de son ministère depuis 2000, « parallèlement au signalement à la justice » d’agressions sexuelles sur mineurs.
Dans un monde multipolaire, les pays africains peuvent mieux faire valoir leurs avantages comparatifs et s’affranchir des multinationales, analyse l’économiste Célestin Monga, dans une tribune au « Monde ».
« L’Afrique vit un moment charnière dans les relations commerciales Nord-Sud »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/l-afrique-vit-un-moment-charniere-dans-les-relations-commerciales-nord-sud_5400994_3232.html
21/12/2018
idees
Tribune. Pour les futurs historiens, l’année 2018 pourrait bien marquer le moment où l’Afrique a commencé à revendiquer son indépendance intellectuelle et sa volonté de mener sa propre politique économique. L’improbable déclencheur de ce qui pourrait se révéler un changement d’orientation stratégique de tout le continent a été la décision du Rwanda d’augmenter les droits de douane sur les importations de vêtements et chaussures d’occasion afin de soutenir l’industrie locale de l’habillement. La mesure a provoqué une réaction hostile de la part des Etats-Unis, qui ont suspendu la franchise douanière qu’ils accordaient jusqu’ici aux importations de textile rwandais dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), principale disposition législative américaine régissant le commerce avec l’Afrique. Pour un petit pays africain enclavé qui dépend largement du commerce, le coup a été rude. Mais le fait que le Rwanda n’ait pas cédé montre que les temps ont changé. Si le Rwanda est prêt à risquer de perdre son accès préférentiel au marché américain afin de développer son industrie nationale de l’habillement, c’est qu’il a de bonnes raisons de penser qu’il trouvera des marchés alternatifs pour ses exportations. D’autres pays africains ont également adopté des attitudes plus indépendantes vis-à-vis des grandes puissances commerciales. Ce n’est pas que pour des raisons économiques que les gouvernements africains tendent aujourd’hui à s’affirmer ; c’est aussi pour des raisons de dignité et de volonté de définir leur propre voie. Plus largement, les dirigeants africains reconnaissent que la transformation actuelle de l’économie mondiale signifie qu’aucun pays ne disposera de la puissance suffisante pour imposer ses préférences stratégiques aux autres. Réduire les obstacles aux chaînes logistiques Les recherches empiriques menées par le Forum économique mondial (FEM) montrent que la réduction des droits de douane et l’accès aux marchés influencent beaucoup moins la croissance économique qu’il y a une trentaine d’années. Le commerce ne se résume plus au fait de fabriquer un produit dans un pays et de le vendre ailleurs ; aujourd’hui il s’agit bien plus de coopérer au-delà des frontières et fuseaux horaires afin de minimiser les coûts de production et maximiser la couverture du marché. Les guerres commerciales en cours perturbent les chaînes d’approvisionnement. Mais les nouvelles contraintes vont aussi stimuler la créativité et l’innovation Le FEM estime que « la réduction des obstacles aux chaînes logistiques pourrait accroître le PIB [mondial] jusqu’à six fois plus que la suppression des tarifs à l’importation ». Si tous les pays étaient en mesure de rehausser le niveau de performance de leur administration douanière, ainsi que leurs infrastructures de transport et de communications, à ne serait-ce que la moitié du niveau de la meilleure pratique mondiale, le PIB planétaire augmenterait de 2 600 milliards de dollars (soit + 4,7 %), et les exportations totales croîtraient de 1 600 milliards de dollars (+ 14,5 %). En comparaison, l’élimination des tarifs douaniers dans le monde entier ne ferait progresser le PIB global que de 400 milliards de dollars (+ 0,7 %), et les exportations de 1 100 milliards (+ 10,1 %).
L’économiste indienne Jayati Ghosh constate, dans une tribune au « Monde », que les salariés des pays en développement profitent de moins en moins de la mondialisation, rejoignant en cela leurs homologues des pays développés.
« Les travailleurs ne doivent pas être les dindons de la croissance »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/les-travailleurs-ne-doivent-pas-etre-les-dindons-de-la-croissance_5400992_3232.html
21/12/2018
idees
Tribune. C’est maintenant officiel : les travailleurs du monde entier sont en train de se faire distancer. Le dernier « Rapport mondial sur les salaires » de l’Organisation internationale du travail (OIT) constate que, à l’exception de la Chine, les salaires réels (corrigés de l’inflation) ont augmenté à un taux annuel de seulement 1,1 % en 2017, en baisse par rapport au 1,8 % de 2016. C’est le rythme le plus lent depuis 2008. Dans les économies avancées du G20, les salaires réels moyens ont augmenté de seulement 0,4 % en 2017, comparativement à une croissance de 1,7 % en 2015. Alors que les salaires réels ont augmenté de 0,7 % aux Etats-Unis (contre 2,2 % en 2015), ils ont stagné en Europe, où de légères augmentations dans certains pays ont été contrebalancées par des baisses en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Le ralentissement des success stories comme l’Allemagne et les Etats-Unis est particulièrement surprenant, étant donné l’expansion des excédents courants de la première, la baisse du chômage et les tensions sur le marché du travail des seconds. Dans les marchés émergents, la croissance moyenne des salaires en 2017, qui était de 4,3 %, a été plus rapide que dans les pays avancés du G20, mais là aussi plus lente que l’année précédente (4,9 %). L’Asie a connu la plus forte croissance des salaires réels, principalement du fait de la Chine et de quelques petits pays comme le Cambodge, le Sri Lanka et la Birmanie. Mais, dans l’ensemble, la croissance des salaires dans la plupart des économies asiatiques a décéléré en 2017. Enfin, en Amérique latine et en Afrique, les salaires réels ont diminué dans plusieurs pays. Aucun suspect habituel Par ailleurs, le rapport de l’OIT constate que l’écart entre la croissance des salaires et la productivité du travail est resté très large en 2017. Dans de nombreux pays, la part du travail dans le revenu national est encore en deçà des niveaux du début des années 1990. Cela soulève une question évidente : compte tenu de la reprise de la production mondiale de ces dernières années, pourquoi les conditions des travailleurs dans la plupart des régions du monde ne se sont-elles pas améliorées proportionnellement ? Aucun des suspects habituels, le commerce et la technologie, n’est entièrement à blâmer. Certes, l’intégration croissante au marché mondial des grandes économies à force de travail excédentaire, ainsi que la dépendance accrue à l’automatisation et l’intelligence artificielle, ont affaibli le pouvoir de négociation des travailleurs et déplacé la demande de main-d’œuvre vers des secteurs très spécifiques et limités. Néanmoins, ces facteurs ne peuvent pas expliquer à eux seuls l’absence de progrès matériel pour la plupart des travailleurs.
La montée du protectionnisme et des incertitudes qu’elle engendre invite surtout à réformer les règles du commerce international, estime Pinelopi Koujianou Golberg, économiste en chef de la Banque mondiale, dans une tribune au « Monde ».
« Le véritable problème réside dans le système commercial actuel et ses carences »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/le-veritable-probleme-reside-dans-le-systeme-commercial-actuel-et-ses-carences_5400990_3232.html
21/12/2018
idees
Tribune. L’année 2018 a été marquée par le retour des tarifs douaniers. Face à la montée des tensions commerciales, de nombreux observateurs mettent en garde contre une guerre commerciale généralisée, voire l’effondrement du système mondial des échanges. Mais ce n’est pas la première fois au cours de l’histoire récente que les Etats-Unis essaient d’utiliser la politique commerciale pour promouvoir leurs propres intérêts. En 1971, l’administration Nixon avait instauré une taxe de 10 % sur toutes les importations pour tenter d’enrayer le creusement du déficit des comptes courants. Dans les années 1980, l’administration Reagan a mis en place des tarifs douaniers contre un certain nombre de produits d’importation, notamment japonais. Il existe toutefois des différences majeures entre ces épisodes et la récente vague d’augmentations des taxes douanières. Tout d’abord, le moment est surprenant. Jusqu’en 2018, la mondialisation paraissait une force irréversible impossible à stopper. On considérait le commerce mondial comme totalement libéralisé, et la moindre évocation d’une politique commerciale déclenchait des bâillements dans les milieux économiques et universitaires. Plus étrange encore, la montée du protectionnisme survient à un moment où le chômage aux Etats-Unis enregistre son plus faible taux depuis cinquante ans, où la bourse a le vent en poupe et où la croissance du PIB est estimée aux environs de 3 % sur l’année. En réalité, la récente politique commerciale américaine semble motivée par deux grandes priorités : protéger les emplois dans les secteurs exposés aux importations, et tenter d’apporter une réponse aux frustrations engendrées par l’actuel système des échanges et que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’a pas été capable de résoudre. C’est cette deuxième motivation qui rend l’épisode de protectionnisme en cours différent des épisodes précédents – et potentiellement plus dangereux. Quelles conséquences des querelles actuelles ? Après tout, recourir à la politique commerciale pour protéger les emplois nationaux n’a rien de nouveau, même si cet outil est tombé en défaveur au fil du temps. La plupart des décideurs économiques admettent désormais qu’un filet social de sécurité et des politiques nationales telles que la formation continue ou les subventions à la relocalisation apportent des réponses plus efficaces au déplacement des travailleurs dans des économies ouvertes en constante évolution. Le véritable problème réside par conséquent dans le système commercial actuel et ses carences. En fait, l’affirmation selon laquelle le système des échanges s’est totalement libéralisé dans les économies avancées n’est valable que si l’on se concentre uniquement sur les droits de douane en ignorant les mesures « au-delà de la frontière », lesquelles sont beaucoup plus difficiles à évaluer, et à combattre. Ces mesures concernent par exemple les restrictions réglementaires qui gênent l’investissement transfrontalier ; les subventions aux industries nationales ; les autorisations de licence qui entravent les échanges dans le secteur des services ; les exigences de respect de la vie privée qui limitent le commerce électronique, etc. En principe, ces questions auraient dû être abordées à l’OMC dans le cadre de négociations multilatérales. En pratique, elles ont été réglées au cas par cas au travers d’un lent processus extrêmement bureaucratique qui a échoué à s’attaquer à la racine du problème.
Quand il n’étudie pas les trous noirs, l’astrophysicien conseille des réalisateurs de science-fiction, compose des poèmes et s’engage en faveur de l’environnement. Son appel du 4 septembre dans « Le Monde » a rallié une kyrielle de stars.
Aurélien Barrau, des astres au désastre climatique
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/aurelien-barrau-des-astres-au-desastre_5400988_4500055.html
21/12/2018
m-le-mag
L’astrophysicien Aurélien Barrau, ici à Grenoble le 3 décembre, annonce « un cataclysme planétaire » imminent. SEBASTIEN ERÔME POUR M LE MAGAZINE DU MONDE Elle s’appelle Linda Linsefors. Astrophysicienne suédoise, elle a soutenu, en juin 2016, une thèse, intitulée « Phénoménologie de la cosmologie quantique à boucles », dont le résumé sur le site Theses.fr précise qu’elle propose « un mécanisme possible pour l’origine et la renaissance de l’univers ». Soit. Dans la dédicace à son directeur de travaux, Aurélien Barrau, professeur et chercheur au laboratoire de physique subatomique et de cosmologie à l’université Grenoble-Alpes, Linda Linsefors remercie « l’homme le plus gentil qu’[elle] connaisse ». Elle s’appelle Claire Denis. Réalisatrice, son dernier long-métrage, High Life, avec Juliette Binoche et Robert Pattinson, est sorti en salle cet automne. Dans un futur indéterminé, des prisonniers condamnés à mort acceptent de commuer leur peine en effectuant un voyage expérimental hors du système solaire. Re-soit. Le « cosmic companion » Il est aussi question d’Aurélien Barrau, crédité au générique sous l’appellation amicale et ironique de « cosmic companion » (compagnon cosmique). « Il m’a rassurée, explique la cinéaste, et m’a permis d’être plus libre dans l’écriture du scénario. S’il n’avait pas été là pour m’expliquer ce que je ne comprenais pas, cela ne valait pas le coup de faire le film. » Alors que l’astrophysicien demandait à Claire Denis comment elle imaginait le vaisseau spatial de son film, cette dernière a répondu « comme une grosse boîte d’allumettes », de celle qu’on posait autrefois sur le rebord d’une cuisinière avant l’apparition de l’allume-gaz. Aurélien Barrau a validé l’idée. Pas d’air dans ces contrées lointaines, donc pas de frottement, donc inutile d’inventer des soucoupes volantes aérodynamiques ou des engins monstrueusement sophistiqués comme dans les films de science-fiction classiques. C’est ainsi que, dans High Life, une espèce de conteneur géant voyage à 90 % de la vitesse de la lumière. Quand la science valide l’imagination… De ces deux témoignages, on devrait tout naturellement déduire qu’Aurélien Barrau, 45 ans, né à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), vivant en Isère, marié, deux enfants adolescents, est un sparring-partner idéal qui sait motiver ses étudiants et rassurer les artistes avec lesquels il aime établir des dialogues interdisciplinaires, comme avec le peintre et sculpteur italien Michelangelo Pistoletto, le plasticien islandais Olafur Eliasson, l’artiste japonais Ryoji Ikeda, pour lequel il a écrit la préface de son exposition à Beaubourg. « Des rencontres de hasard », dit-il.
Les célèbres « Cahiers noirs » du philosophe allemand commencent enfin à paraître en français, dans une traduction contestable.
Les « Cahiers noirs » : l’autre vérité de Heidegger
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/21/les-cahiers-noirs-l-autre-verite-de-heidegger_5400983_3260.html
21/12/2018
livres
Réflexions II-VI. Cahiers noirs (1931-1938) (Überlegungen II-VI. Schwarze Hefte (1931 – 1938), de Martin Heidegger, traduit de l’allemand par François Fédier, Gallimard, « Bibliothèque de philosophie », 538 p., 45 €. Réflexions VII-XI. Cahiers noirs (1938-1939) (Überlegungen VII-XI. Schwarze Hefte (1938-1939), de Martin Heidegger, traduit de l’allemand par Pascal David, Gallimard, « Bibliothèque de philosophie », 460 p., 39 €. Le philosophe allemand Martin Heidegger (1889-1976), photo non datée. DPA / AFP Lire enfin en français les Cahiers noirs, ou « Cahiers de travail », du philosophe Martin Heidegger (1889-1976), cinq longues années après leur publication en Allemagne, aurait dû constituer une bonne nouvelle. Cinq années au cours desquelles, faute d’accès au texte, le débat a surtout porté sur la quinzaine de passages explicitement antisémites, assimilant les juifs à l’empire de la « machination » sur la vie, les rendant responsables de leur propre « auto-anéantissement », leur prêtant une prédisposition « accentuée » au calcul – passages lovés au cœur de cette masse de fragments que Heidegger désirait voir figurer, tels quels, à la fin de ses œuvres complètes. Ni « journal de pensée » ni confessions Si cette découverte fut un choc, elle ne saurait effacer le puissant intérêt philosophique de cette masse d’écrits jusque-là inconnus (34 cahiers, rédigés de 1931 aux années 1970, qui occuperont les tomes 94 à 102 des Œuvres complètes). C’est l’ensemble de la démarche heideggerienne, depuis le tournant pris après la parution du maître ouvrage Etre et temps (1927) jusqu’à la mort du penseur qui se trouve documentée grâce à eux. Ni « journal de pensée » ni confessions, et moins encore recueil de note ou brouillons, ces carnets forment une œuvre à part entière d’une dimension monumentale, une des routes de traverses ouvertes par Heidegger pour la pensée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Polémique. Heidegger contre toute évidence Eveillée depuis longtemps, la curiosité du public francophone devra cependant se satisfaire des deux premiers volumes intitulés Réflexions (cahiers II à XI, le premier ayant été perdu). Ils correspondent aux années 1930 et aux tomes 94 et 95 de l’édition allemande. La période couverte coïncide avec celle dite du « Rectorat », au cours de laquelle Heidegger, peu de temps après l’arrivée d’Hitler au pouvoir et jusqu’en 1934, prend la tête de l’université de Fribourg-en-Brisgau, en cours de nazification.
En janvier, le ministère de l’Agriculture lançait un plan de contrôle de 41 établissements fabricant ou conditionnant des poudres infantiles. Les résultats ont été publiés discrètement mi-novembre. Des demandes ont été faites pour communiquer le bilan des inspections. Sans succès.
Scandale Lactalis : un an après, la difficile transparence sur les contrôles du lait infantile
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/21/scandale-lactalis-un-an-apres-la-difficile-transparence-sur-les-controles-du-lait-infantile_5400977_3234.html
21/12/2018
economie
Il y a un an, le scandale Lactalis battait son plein. Eclaboussant l’industriel de Laval, mais aussi distributeurs comme pharmacies. Tous touchés par la fermeture de l’usine de Craon et par le rappel de tous les produits infantiles possiblement contaminés à la salmonelle fabriqués sur ce site. Une mesure prise après le constat d’une trentaine de cas de salmonellose chez des nourrissons. Dans ce contexte, le ministère de l’Agriculture avait annoncé le 16 janvier 2018, un plan de contrôle renforcé des établissements fabricant ou conditionnant des poudres infantiles. Finalement, un communiqué publié discrètement mi-novembre sur le site du ministère, livrait les résultats. Il expliquait que 41 établissements avaient été concernés par cette auscultation des services de l’Etat. Des agents chargés de vérifier les locaux et les équipements mais aussi de « procéder à l’examen documentaire des résultats d’autocontrôle mis en œuvre par les professionnels ». Hui établissements « mis en demeure » Le résultat publié évoque 32 établissements ayant un niveau sanitaire satisfaisant ou très satisfaisant. Puis le communiqué ajoute « Un établissement a fait l’objet d’une suspension d’activité par les services de l’Etat car les manquements relevés y étaient importants », en soulignant toutefois que le site ne produisait pas de poudres infantiles lors de l’inspection ayant conduit à sa fermeture administrative. Enfin, « huit établissements ont été mis en demeure de procéder à des mesures correctives ». Le ministère précise que le résultat des inspections est « mis en transparence sur le site internet et l’application mobile Alim’confiance ». En mettant en exergue cette transparence revendiquée, le ministère de l’Agriculture a été sollicité depuis la mi-novembre pour communiquer la liste des établissements et le bilan des inspections. Sans succès. Autre surprise, en consultant le site Alim’Confiance qui met dans le même onglet, sous l’intitulé lait et produits laitiers, aussi bien la ferme produisant yaourt ou fromage que la multinationale, la recherche par nom d’entreprise ne donnait aucun résultat pour Lactalis. Nouvelle interrogation sur cette absence étonnante auprès du ministère. Sans réponse. Mais finalement, Lactalis vient de faire son apparition sur le site. En particulier, son usine Celia à Craon, dont l’activité a repris en septembre 2018. Selon Alim’Confiance, une inspection a été menée en septembre 2018 et les résultats sont satisfaisants.
Une salle des fêtes, un clocher, et 437 habitants. Dans ce joli coin du Doubs, à la frontière avec la Suisse, la population a doublé en vingt ans. Quel est le secret de cette petite commune ? Reportage au cœur des préparatifs de… Noël.
Jours de fête à Noël-Cerneux
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/21/jours-de-fete-a-noel-cerneux-village-francais_5400975_4497916.html
21/12/2018
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Noël-Cerneux (Doubs). CYRIL ABAD / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Ce soir, c’est la fête, ce sont les fêtes même, alors bienvenue à la salle des fêtes. Comme chaque année, monsieur le maire a lancé l’invitation, rendez-vous vers 20 heures à la salle communale, rue du Creux-de-la-Foule, à Noël-Cerneux (Doubs). Et il y a foule ce samedi 15 décembre, deux cents couverts au bas mot, de longues tablées, les élus d’un côté de la salle, les jeunes à l’autre extrémité, les fumeurs dehors et les enfants qui courent partout, comme à un mariage. Deux cents commensaux, la moitié du village a répondu présent. Qu’ils croient en Dieu ou qu’ils n’y croient pas, ils étaient tous invités au bal pour célébrer l’esprit de Noël-Cerneux et la tradition locale : avant les fêtes de fin d’année, on se retrouve et on fait connaissance avec les nouveaux « Grélots » – le surnom des habitants de la commune. Dans la salle des fêtes de Noël-Cerneux a lieu la soirée en l’honneur des nouveaux arrivants au village et des nouveaux-nés de l'année. CYRIL HABAD / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Un stade et une église Sur la petite scène, Serge Guinchard, le maire (divers droite), seul cravaté de la soirée, énonce les prénoms des nouveau-nés de l’année (onze en 2018, trois filles et huit garçons) : « Nous leur octroyons le grade de Grélot première classe. » Puis vient le tour des nouveaux venus, les familles installées là au cours des douze derniers mois, invitées à grimper ensemble sur le podium pour décliner noms, prénoms, adresse et profession. Un bisou du maire et un cadeau pour les tout-petits (une ­tirelire de fabrication artisanale et un bon d’achat de 20 euros dans une chaîne de magasins de jouets), une poignée de main amicale pour les grands. Sous les applaudissements. C’est beau un village qui s’agrandit. Tout le village (ou presque) autour d’une table pour célébrer le vivre-ensemble. Mais oui, c’est comme dans Astérix,­ « Astérix chez les presque Helvètes ». On est en pays horloger, à dix kilomètres de la frontière, dans le Doubs, et nombre de gens du coin, les anciens comme les derniers arrivés, ont trouvé un emploi « de l’autre côté », « sur Suisse », comme on dit ici. Un voisinage parfois compliqué par des incompréhensions réciproques : « J’ai travaillé treize ans là-bas, pas un patron ne m’a jamais offert un café », dit un ­ancien « expat ». Mais un voisinage profitable. Vue du clocher de Noël-Cerneux. CYRIL HABAD / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Après une allusion aux « gilets ­jaunes » – on les a vus manifester une seule fois à proximité, le premier week-end, près d’un supermarché de Morteau, et les voisins suisses qui viennent faire leurs courses n’étaient pas très contents, paraît-il –, le maire Serge Guinchard rappellera dans son discours de bienvenue combien « l’argent, dans notre région favorisée, est quelque chose qui ne manque pas ». Les fins de mois, pas un souci ici. Pas plus que la désertification des campagnes.
L’annonce du renvoi du conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, mardi, est symptomatique du désordre qui règne au sein de l’administration Trump, ces derniers deux dernières années.
Visualisez les départs de l’administration Trump depuis l’investiture du président américain
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/21/visualisez-les-departs-de-l-administration-trump-depuis-l-investiture-du-president-americain_5400962_4355770.html
21/12/2018
les-decodeurs
Le président américain Donald Trump rencontre le président sud-coréen Moon Jae-In dans le bureau ovale de la Maison blanche, à Washington. En fond, John Bolton, désormais ex-conseiller à la sécurité nationale. EVAN VUCCI / AP Les départs s’enchaînent et se ressemblent depuis deux ans et demi au sein de l’administration de Donald Trump. Le dernier en date, le départ de John Bolton, mardi 10 septembre, n’a pas surpris, tant étaient nombreuses les divergences de vue entre le conseiller à la sécurité nationale, le quatrième de l’ère Trump, et le président. I informed John Bolton last night that his services are no longer needed at the White House. I disagreed strongly w… https://t.co/P9awoBGUZs — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Cette annonce n’est pas, tant s’en faut, une première dans l’administration Trump. Depuis son accession au pouvoir, le président états-unien aura conduit au licenciement ou à la démission d’au moins soixante hauts fonctionnaires de son administration, nommés par lui ou par ses prédécesseurs. Si seulement treize membres de son gouvernement sont partis — Tom Price et David Shulkin, à la suite de révélations sur l’utilisation de fonds publics pour des déplacements personnels, et Rex Tillerson pour cause de désaccords politiques —, trente-cinq membres de son cercle de conseillers à la Maison Blanche se sont aussi retirés ou ont été incités à le faire. Ce chiffre, important, atteste en partie de l’ambiance au siège de l’exécutif et vient contredire le tweet de Donald Trump fustigeant les « fake news » (infox) qui dénonçaient le « chaos » régnant au sein de l’administration. L’agence de presse Reuters relevait d’ailleurs qu’entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018, il y a eu un renouvellement de 56 % des plus hauts responsables politiques, contre 13 % durant une période comparable sous la présidence Obama. 60 départs dans l’administration Trump depuis son investiture, en janvier 2017 Depuis l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche, son administration aura connu 60 départs de hauts cadres. Survolez les cercles pour obtenir plus d’informations
Le réchauffement climatique, une foutaise ? Cette thèse, Claude Allègre, ancien ministre et scientifique réputé, l’a imposée lors de la première décennie des années 2000. Avec un succès difficile à croire aujourd’hui.
Claude Allègre et le climat : retour sur un flagrant déni
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/claude-allegre-et-le-climat-retour-sur-un-flagrant-deni_5400954_4500055.html
21/12/2018
m-le-mag
rd’hui. Claude Allègre à l'Institut de physique du Globe à Paris en 2010. JACQUES TORREGANO / DIVERGENCES Sa bouille ronde mange la couverture. Lunettes rectangulaires sur yeux rieurs, cheveux poivre et sel brossés en arrière, costume gris pour le sérieux, Claude Allègre se tient le menton. Il affiche une mine réjouie. La « une » du Point de ce mois d’avril 2010 titre : « Réchauffement climatique. Le procès Allègre ». Avec cette phrase en plus petits caractères : « Peut-il avoir raison contre tous ? » Enquête, interview… l’hebdomadaire consacre dix pages au tollé provoqué par son livre L’Imposture climatique (Plon), dont le titre a, au moins, le mérite d’être clair. Sa spécialité ? La géologie L’ancien ministre de Lionel Jospin y claironne à renfort de grosse caisse que le réchauffement climatique est une foutaise (il « s’est évanoui », assène-t-il ainsi au cours de l’entretien). S’il reconnaît que la température varie parfois, s’il admet l’existence de phénomènes extrêmes, canicules ou pluies torrentielles, Claude Allègre en est convaincu : l’activité humaine n’y est pas pour grand-chose. Inutile donc d’enquiquiner les braves gens avec ces peccadilles en leur demandant de changer leurs habitudes. Et le scientifique de s’interroger avec la subtilité d’un pachyderme dans un champ de pivoines : « Est-il plus urgent de se préoccuper de la faim dans le monde (…) ou du chômage (…) ou faut-il se réunir à Copenhague avec 120 chefs d’État pour se préoccuper du climat dans un siècle et dépenser pour cela un demi-milliard d’euros ? » Enoncée ainsi, la messe semble dite et peu importe que Claude Allègre ne soit pas climatologue – il est géologue – et que la quasi-totalité des spécialistes du sujet contestent ses thèses. La première décennie des années 2000 s’achève, et le crédit de l’ancien ministre de Lionel Jospin commence à s’émousser. Mais, pendant plus de dix ans, l’impétueux a régné presque seul sur le débat. Une incroyable croisade climatosceptique, relayée à coups de tribunes tonitruantes dans la presse, qui ne fut pas sans conséquences sur la prise de conscience tardive de l’opinion publique et des politiques. Lire aussi : Le cent-fautes de Claude Allègre Amateur de polémiques En matière de polémiques, Claude Allègre a déjà un petit dossier. En 1996, dans une tribune au Point, il dénonce la décision de désamianter le campus de Jussieu, prise à la suite d’une étude menée par quatre organismes européens, et qualifie l’affaire de « phénomène de psychose collective ». Une dizaine d’années plus tard, avec une des formules à l’emporte-pièce qui font sa marque de fabrique, il balancera : « On compte plus de morts par Vélib’ qu’en trente ans à Jussieu ! »
Dans une longue enquête publiée en août dans le « New York Times », Nathaniel Rich s’est penché sur la décennie 1979-1989 au cours de laquelle les pouvoirs publics américains ont failli prendre à bras-le-corps le réchauffement climatique. Un récit bientôt adapté en série.
Il y a trente ans, le monde a failli trouver un accord sur le climat
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/il-y-a-trente-ans-le-monde-a-failli-trouver-un-accord-sur-le-climat_5400936_4500055.html
21/12/2018
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Le journaliste et écrivain Nathaniel Rich, ici en 2012 à La Nouvelle-Orléans, où il vit. WILLIAM WIDMER / THE NEW YORK TIMES / REDUX REA Le 5 août, le magazine du week-end du « New York Times » consacrait, fait exceptionnel, l’intégralité de ses pages à un unique article intitulé « Losing Earth : The Decade we almost stopped climate change » (« Terre perdue : la décennie durant laquelle nous avons failli stopper le changement climatique »). L’enquête, signée Nathaniel Rich et illustrée par les images du photographe George Steinmetz, fut également mise en ligne, devenant aussitôt l’une des plus partagées sur la Toile pendant quelques semaines. Son sujet, l’urgence climatique, y était pour beaucoup, mais son format, très inhabituel, avec ses 200 000 signes, la longueur d’un livre, ce qui aurait pu constituer un frein, et sa mise en scène impressionnante ont aussi contribué à sa visibilité. « Nous avions une possibilité réelle de régler la crise climatique. Les principales puissances étaient sur le point de signer un accord global et contraignant pour réduire les émissions de carbone… » Nathaniel Rich Nathaniel Rich avait auparavant écrit pour Harper’s Magazine, The Atlantic et la New York Review of Books. On lui doit un roman, Paris sur l’avenir, publié en 2014 aux États-Unis (traduit en France en 2015 aux Éditions du sous-sol). Son sujet, un jeune mathématicien engagé par un mystérieux cabinet de conseil pour prédire les pires catastrophes, y compris écologiques, annonçait déjà celui de sa longue enquête. Un thème qui travaille l’Américain de 38 ans, sans doute parce que depuis quelques années, il vit à La Nouvelle-Orléans, « là où le niveau de la mer grimpe plus rapidement que dans n’importe quel endroit du globe, fait-il remarquer. Un lieu propice pour observer la catastrophe à venir. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Réchauffement climatique : en 1979, tout le monde savait déjà À la différence des nombreux articles et reportages traitant du réchauffement climatique, celui de Nathaniel Rich ne dresse pas un état des lieux, pas plus qu’il ne se projette dans les prochaines décennies. Le journaliste a au contraire choisi de se tourner vers le passé. Il s’est intéressé à la décennie 1979-1989, période durant laquelle il aurait été encore possible de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre. Et donc d’éviter la tragédie à venir. Les scientifiques ainsi qu’une partie de la classe politique américaine, jusqu’au plus haut niveau du pouvoir, connaissaient déjà les conséquences désastreuses de l’utilisation des énergies fossiles. Même la compagnie pétrolière ExxonMobil, qui disposait d’études attestant de l’impact de ces ressources, envisageait de diversifier son activité dans les énergies renouvelables. « Durant ces dix années, assure l’auteur, nous avions une possibilité réelle de régler la crise climatique. Les principales puissances étaient sur le point de signer un accord global et contraignant pour réduire les émissions de carbone, elles ne s’en étaient jamais autant approchées. »
Né il y a six mois, le mouvement Extinction Rebellion prône des actions fortes et pacifistes. Il prévoit vendredi 21 décembre de bloquer les studios de la BBC.
Au Royaume-Uni, le mouvement Extinction Rebellion mène des actions chocs pour alerter sur le changement climatique
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/vent-de-rebellion-contre-le-changement-climatique_5400933_4500055.html
21/12/2018
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Manifestation du mouvement Extinction Rebellion, à Londres, devant Buckingham Palace, le 24 novembre. Niklas Hallen/AFP Le samedi 17 novembre, George Monbiot manifestait, mais il n’a pas été arrêté. « Les policiers étaient trop gentils », regrette-t-il. George n’est pas un « gilet jaune », il est londonien, écrivain, chroniqueur pour le Guardian et militant écologiste. Ce samedi-là, déclaré « Jour de rébellion » contre le changement climatique, il bloquait avec 6 000 personnes les ponts de la capitale anglaise. Jeunes, vieux, femmes, hommes, déguisés ou pas, parfois enchaînés les uns aux autres, ils ont empêché la circulation jusqu’à 16 heures en chantant « Ne doute pas qu’un petit groupe de gens puisse changer le monde ». Puis ils ont rejoint Parliament Square derrière une banderole proclamant « Rebel for Life » ornée d’un symbole noir évoquant un sablier à l’intérieur du cercle de la Terre : l’emblème d’Extinction Rebellion, un mouvement de désobéissance civile né au Royaume-Uni il y a six mois à peine mais qui a déjà essaimé dans 35 pays. Lutte radicale mais non violente Près de 85 manifestants ont été interpellés en toute quiétude pour « entrave à la circulation ». Les jours précédents, d’autres avaient été arrêtés pour avoir interrompu le trafic, peint des slogans (lavables à l’eau) et s’être enchaînés devant le 10 Downing Street ou avoir obstrué l’entrée du ministère de l’énergie. Ce vendredi 21 décembre, ils prévoient de bloquer les studios de la BBC. Tous sont prêts à être emmenés par les forces de l’ordre, c’est même l’un des objectifs de leurs actions chocs : lutter de manière radicale mais non violente contre le réchauffement climatique et la disparition de la biodiversité, obliger les responsables politiques à agir face à l’imminence et l’ampleur du danger. « Depuis trente ans que je me consacre à l’écologie, j’attends ce genre de mouvement radical et pacifiste, qui refuse les compromis. » George Monbiot, écrivain, chroniqueur pour le « Guardian » Leur première action s’est tenue le 31 octobre, devant le Parlement, sous le regard inspirateur de la statue de Gandhi. Le public était situé quelque part entre Woodstock et Occupy Wall Street. En guest star, la Suédoise de 15 ans Greta Thunberg, mondialement connue depuis sa grève scolaire pour le climat de septembre (« Puisque vous, adultes, vous fichez de mon avenir, moi aussi »). George Monbiot était des orateurs : « Nous sommes là pour défendre le monde vivant que d’autres n’ont pas défendu (…) pour arrêter toutes les formes de destruction provoquée par le profit… » Quelques jours plus tard, son enthousiasme était intact : « Depuis trente ans que je me consacre à l’écologie, j’attends ce genre de mouvement radical et pacifiste, qui refuse les compromis : le temps des demi-mesures est passé et l’on ne négocie pas avec la destruction de la planète. »
Chaque semaine, « L’Epoque » paie son coup. Le DJ, césarisé pour la musique du film « 120 battements par minute », est toujours passionné par l’électro « radicale ».
Un apéro avec… Arnaud Rebotini : « Ils ont dit à mes parents que je ne ferais jamais de musique »
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/21/un-apero-avec-arnaud-rebotini-ils-ont-dit-a-mes-parents-que-je-ne-ferais-jamais-de-musique_5400928_4497916.html
21/12/2018
m-perso
Au café Le Petit Moulin, dans le quartier Pigalle à Paris, le 19 septembre. MARTIN COLOMBET / HANSLUCAS POUR « LE MONDE » Deux gigantesques flamants roses encadrent la fenêtre du bar parisien où Arnaud Rebotini nous a donné rendez-vous. La salle est étroite. Le musicien ­arrive à pied. Du bout de la rue, il est reconnaissable. Elégance fifties, cheveux gominés, silhouette immense tout droit sortie d’un film de Kaurismäki. Il s’excuse une deuxième fois pour ses vingt minutes de retard. Il avait prévenu. Il claque la bise au propriétaire du bar Le Petit Moulin, son repaire. Il me demande comment on procède. Je lui propose de commencer par les photos. Il est 18 h 20 et la lumière décline dans les rues du 18e arrondissement. Le photographe prend les premiers clichés en extérieur, le géant est assis à la microscopique terrasse, un verre de chardonnay à la main. Il se prête à l’exercice avec aisance et chope très vite la pose. Les passants s’arrêtent, regardent, prennent des photos. Il faut dire que le lieu est un petit bout de Paris intemporel. ­Reconnaissent-ils le musicien de l’ombre, ce DJ emblématique de l’électro française fraîchement césarisé ? « Je suis né à Nancy. Je suis arrivé à Paris avec un accent de merde. » Arnaud Rebotini est né à Nancy en 1970. Débarqué dans la capitale au début des années 1980, il n’était pas très à l’aise. « Je suis arrivé à Paris avec un accent de merde. » Accent perdu depuis, comme on a pu s’en rendre compte lors de la remise du César de la meilleure musique originale pour 120 battements par minute, le 2 mars. Il n’avait pu retenir ses larmes et, son grand corps secoué par les sanglots, il avait rappelé que non, le sida, ce n’est vraiment pas que du ciné. Le cinéma, ce n’était pourtant pas une première pour lui. Robin Campillo avait déjà fait appel à son talent pour la musique d’Eastern Boys (2013). En 2007, il avait aussi sorti une reprise de I’m a Man de Bo Diddley, avec son groupe de l’époque, Black Strobe, reprise souvent utilisée pour des bandes originales, comme RockNRolla (2008), de Guy Ritchie, ou Django Unchained (2012), de Tarantino. Il adore que les réalisateurs fassent appel à son univers. Récemment, on a pu ­reconnaître sa patte dans Le vent tourne, de Bettina Oberli (sorti en août). En 2019, ce sera dans Curiosa, de Lou Jeunet. Le Nancéien commande une assiette de charcuterie, avec un ballon de rouge, cette fois. Je me fais charrier parce que je l’accompagne avec une seconde pinte de bière légère : « Il n’a pas pris le truc d’Orange mécanique mais un truc de p’tit joueur », blague-t-il avec le patron. La charcuterie vient de petits producteurs auvergnats. Arnaud Rebotini aime la bonne bouffe.
Le roi des Belges a chargé vendredi le gouvernement d’expédier les affaires courantes d’ici au scrutin législatif du 26 mai.
Crise gouvernementale en Belgique : le roi Philippe a écarté toute perspective d’élections anticipées
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/crise-gouvernementale-en-belgique-le-roi-philippe-a-ecarte-toute-perspective-d-elections-anticipees_5400916_3210.html
21/12/2018
international
Face à la crise gouvernementale que traverse la Belgique depuis deux semaines, consécutive au départ du gouvernement des ministres nationalistes flamands, le roi Philippe a écarté la perspective d’élections anticipées. Le verdict royal est tombé vendredi 21 décembre : « Le roi a accepté la démission du gouvernement et l’a chargé de l’expédition des affaires courantes », a annoncé le palais royal dans un communiqué. « Il constate une volonté politique de garantir la bonne gestion du pays jusqu’aux prochaines élections » prévues le 26 mai, ajoute le palais. Ce scrutin coïncidera en Belgique avec les élections européennes. « Réponse appropriée » Les nationalistes flamands étaient opposés au soutien du pays au pacte mondial de l’Organisation des Nations unies pour réguler les migrations, formulé officiellement le 10 décembre à Marrakech (Maroc) par le premier ministre, le libéral francophone Charles Michel. A la tête d’un gouvernement privé de majorité (disposant du soutien de seulement 52 des 150 députés), Charles Michel avait dû se résoudre mardi à présenter sa démission. Le roi avait alors engagé des consultations avec les chefs de partis pour évaluer leur souhait d’aller ou non à des élections anticipées par une dissolution de la chambre. Il appelle à une collaboration entre le Parlement et le gouvernement démissionnaire, afin que des majorités se dégagent pour voter des textes importants, comme le budget 2019. Le souverain « demande aux responsables politiques et aux institutions, en qui il réitère sa confiance, d’apporter une réponse appropriée aux défis économiques, budgétaires et internationaux, et aux attentes de la population, notamment sur le plan social et environnemental ». Lire aussi En Belgique, grande incertitude après la démission du premier ministre Charles Michel
Mohamed Tataï est notamment accusé d’avoir cité un hadith – une parole du prophète Mohamed – dans lequel il est question de tuer les juifs.
L’imam de la grande mosquée de Toulouse, Mohamed Tataï, mis en examen pour provocation à la haine
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/l-imam-de-la-grande-mosquee-de-toulouse-mis-en-examen_5400905_3224.html
21/12/2018
societe
La grande mosquée de Toulouse le jour de son inauguration, le 23 juin 2018, après treize ans de rénovation. ÉRIC CABANIS / AFP L’imam de la grande mosquée de Toulouse, Mohamed Tataï, a été mis en examen cette semaine pour provocation à la haine ou à la violence, a fait savoir, vendredi 21 décembre, le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzeari. Le parquet avait été saisi le 28 juin par le préfet de Haute-Garonne d’un « signalement de faits susceptibles de constituer le délit d’incitation à la haine relativement à des propos tenus à l’occasion d’un prêche en langue arabe ». Les propos de l’imam avaient été enregistrés sur vidéo dans une salle de prière en décembre 2017 et diffusés sur Internet par le site du Memri (acronyme de Middle East Media Research Institute – Institut de recherche des medias du Moyen-Orient). Dans cette vidéo, l’imam franco-algérien, qui officie dans le quartier d’Empalot depuis plus de trente ans, aurait cité un hadith (parole de Mahomet recueillie par ses femmes et ses compagnons) antisémite. Le prêche, prononcé en arabe comme toujours par cet imam, évoquerait notamment, selon le Memri, « les juifs qui se cacheront derrière les pierres et les arbres, et les pierres et les arbres diront : Ô musulman, ô serviteur d’Allah, il y a un juif qui se cache derrière moi, viens le tuer ». Provocation à la haine ou à la violence A la fin de juin, le parquet de Toulouse avait ouvert une enquête préliminaire confiée à la police judiciaire, qui a pu vérifier le contenu et les modalités de cette diffusion. Les propos de l’imam ont également été traduits dans le cadre judiciaire par un interprète assermenté. Le parquet avait ensuite requis, en septembre, l’ouverture d’une information judiciaire pour « provocation publique, par parole et au moyen de communication au public par voie électronique, à la haine ou à la violence ». Interrogé par des médias locaux sur son prêche controversé, l’imam s’était excusé auprès de la communauté juive, en expliquant que ses propos avaient été sortis de leur contexte. La grande mosquée de Toulouse a été inaugurée le 23 juin après treize ans de travaux. Elle peut accueillir 3 000 fidèles – ce qui en fait le plus grand lieu de culte musulman de la ville –, et sa construction a coûté 5,5 millions d’euros. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Maroc au défi de former les futurs imams français
Pour cet expert de l’espace, les dynamiques des groupes privés investissant dans les satellites et le jeu des puissances américaine, russe et chinoise créent des tensions qui poussent la France à remobiliser ses acteurs industriels et son appareil militaire.
Xavier Pasco : « La dissuasion nucléaire passe par le domaine spatial »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/xavier-pasco-la-dissuasion-nucleaire-passe-par-le-domaine-spatial_5400891_3210.html
21/12/2018
international
Le ministère des armées a lancé, mercredi 19 décembre, depuis Kourou, en Guyane, le premier des trois satellites de sa nouvelle composante spatiale optique (CSO). Le président Emmanuel Macron doit communiquer, début 2019, sur une stratégie de défense française dans le domaine spatial. La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit déjà 3,6 milliards d’euros d’investissements spatiaux. Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste de l’espace, détaille les enjeux actuels. Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique FONDATION POUR LA RECHERCHE STRATEGIQUE Outre la modernisation nécessaire de ses outils militaires, la France se mobilise-t-elle pour rester dans la course spatiale ? La France a peu évolué ces dernières années dans le domaine spatial sauf au niveau des armées, qui ont accru l’utilisation des moyens spatiaux dans le cadre des opérations telles que « Serval » au Mali, en 2013. La dynamique mondiale a été relancée par des acteurs nouveaux, dotés de moyens importants, d’origines privée et publique, comme Elon Musk aux Etats-Unis. Les compétitions renaissent et les tensions diplomatiques s’accroissent dans l’espace, reflétant le jeu des puissances sur terre. Dans un monde ultraconnecté, les univers civil et militaire convergent. Face à cette situation, il y a une volonté en France d’impulser un mouvement. La dissuasion nucléaire singularise la position française en Europe, car elle passe par le domaine spatial. La France considère que c’est un milieu où elle doit continuer d’être capable d’agir et qu’il faut un acte de présence dans l’espace pour être une nation respectée. Cela implique de disposer de moyens. L’aspect souveraineté est primordial et concerne d’abord la surveillance. L’autre question fondamentale est celle du maintien d’un accès garanti à l’espace, de la disponibilité certaine des moyens spatiaux et de la définition de leur ampleur. Les Etats-Unis ont 150 satellites militaires, la France en a 12. Tout dépend des objectifs fixés. La « revisite », c’est-à-dire la capacité de repasser par le même point plusieurs fois par jour, peut offrir une certaine persistance dans l’observation. Les constellations de satellites commerciaux y contribueront. Par son agilité, la composante spatiale optique permettra une meilleure réactivité. Pour la défense, une stratégie globale devient nécessaire, or la France n’en a jamais vraiment eue. Le réinvestissement dépend de quelle puissance militaire on veut être, de quelle capacité à mener des opérations extérieures on veut disposer… Se pose aussi la question des opérateurs de confiance sur lesquels l’Etat pourrait se reposer, dans un contexte industriel en pleine mutation. La ministre des armées, Florence Parly, a appelé à les définir. Enfin, comment défendre ces moyens si nécessaire ? Il faut établir jusqu’où aller, et comment dissuader.
En critiquant la politique des « nouvelles routes de la soie » chinoises, le premier ministre malaisien, Mahathir Mohamad, légitime les critiques émises par l’Occident à l’égard des investissements menés par Pékin dans de nombreux pays émergents.
La Malaisie prend ses distances avec Pékin
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/la-malaisie-prend-ses-distances-avec-pekin_5400887_3210.html
21/12/2018
international
Le premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, lors de sa rencontre avec son homologue japonais, Shinzo Abe, à Tokyo, le 12 juin 2018. POOL / REUTERS Trois mois à peine après son retour au pouvoir à Kuala Lumpur, Mahathir Mohamad, 93 ans, a porté un coup sévère à la diplomatie chinoise. En visite officielle à Pékin, mi-août, le premier ministre malaisien a en effet mis ses interlocuteurs en garde contre « une nouvelle version du colonialisme qui se produirait parce que des pays pauvres ne sont pas en mesure de rivaliser avec des pays riches. » Et d’ajouter : « Nous avons donc besoin d’un commerce équitable. » Pour lui, le commerce doit être non seulement « free » (libre) mais aussi « fair » (juste). Une critique à peine voilée des « nouvelles routes de la soie » chinoises qui n’allait pas tarder à devenir explicite. Au cours de cette même visite, le premier ministre a remis en question des projets chinois d’une valeur de 19 milliards d’euros : la construction d’un train à grande vitesse sur la côte Est de la Malaisie péninsulaire et d’un gazoduc dans l’Etat de Sabah, à Bornéo. Il a ainsi légitimé les critiques émises jusqu’alors essentiellement par l’Occident à l’égard des investissements colossaux menés par la Chine dans de nombreux pays émergents au risque d’accroître l’endettement de ces derniers à un niveau excessif. Tout en affirmant ne pas « vouloir se retrouver dans une position antagoniste » avec la Chine, selon l’expression du ministre malaisien de la défense Liew Chin Tong, cité par le site japonais Nikkei Asian Review, la Malaisie ne « [veut pas] devenir un “Etat client” », qui serait trop dépendant des investissements de la Chine. Le sujet est devenu récurrent dans le débat politique de plusieurs pays africains et asiatiques, notamment au Sri Lanka et aux Philippines. Le revirement n’est pas sans risque Les médias chinois ont cherché à rassurer en expliquant que cette critique de leur pays par un de ses alliés traditionnels s’expliquait par des raisons de politique interne. Les contrats dénoncés avaient ainsi été conclus par le prédécesseur de Mahathir Mohamad, Najib Rajak, mis en examen, depuis, pour corruption. Mais le revirement de la Malaisie n’est pas sans risque. Pékin est le premier client du pays, et les liens entre les deux Etats sont d’autant plus forts que 25 % de la population de la Malaisie sont d’origine chinoise. Comme l’écrit le chercheur Victor Germain dans une note d’Asia Trends (automne 2018), les officiels malaisiens, tout en critiquant Najib Rajak, dont les détournements de fonds se monteraient à plusieurs centaines de millions de dollars, « se gardent bien d’avancer que certains à Pékin auraient eu un intérêt à voir des travaux si chèrement facturés ».
Entre Mahathir Mohamad, le vieux chef du gouvernement malaisien, et Anwar Ibrahim, son successeur désigné qu’il avait fait emprisonner une première fois il y a vingt ans, les relations sont rudes. Pourtant, à moins d’une nouvelle rupture, Anwar devrait devenir le premier ministre d’un pays qui se démocratise.
Malaisie : Anwar Ibrahim, miraculé de la politique
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/malaisie-anwar-ibrahim-democrate-converti_5400884_3210.html
21/12/2018
international
cratise. L’ancien chef de l’opposition malaisienne, Anwar Ibrahim, à Kuala Lumpur, le 28 septembre. IAN TEH POUR LE MONDE La politique est souvent une affaire tortueuse, parfois sordide, faite de déchirements et de réconciliations marquées par les intérêts et les alliances de circonstances. Il n’empêche : le drame en trois actes qui s’est noué en Malaisie au cours de l’année mériterait sans doute la palme du retournement de situation le plus improbable. Difficile, en effet, d’imaginer plus spectaculaire enchaînement de détestation, de haine recuite et de rabibochage qui a caractérisé la tumultueuse relation entre Anwar Ibrahim et Mahathir Mohamad, les deux hommes forts de la Malaisie d’hier et d’aujourd’hui… Acte I, 9 mai 2018. Le Pakatan Harapan (Alliance de l’espoir, PH), parti d’opposition dominé par un ancêtre de la politique locale, Mahathir Mohamad, âgé de 93 ans, remporte les élections. La coalition sortante dirigée par Najib Razak, notoirement corrompu, mord la poussière. Mahathir Mohamad, qui avait été à la tête du gouvernement entre 1981 et 2003, redevient premier ministre. Acte II, 16 mai. Anwar Ibrahim, 71 ans, ex-vice-premier ministre de Mahathir Mohamad dans les années 1990, est libéré après avoir purgé trois des cinq années de sa peine de prison : il avait été condamné en 2015 pour sodomie, pratique sexuelle illégale en Malaisie. Ce n’était pas son premier passage derrière les barreaux : en 1998, alors qu’il occupait depuis sept ans les fonctions de ministre des finances et de vice-premier ministre de Mahathir, il avait déjà été démis de ses fonctions par le « boss », puis inculpé. En prison pour sodomie Avec son indépendance d’esprit confinant à la provocation, Anwar était devenu à l’époque un insupportable gêneur. Une justice aux ordres du pouvoir l’avait envoyé en prison pour corruption et, déjà, pour sodomie (l’accusé a toujours nié les faits et dénoncé un règlement de comptes politique). Condamné à neuf ans de prison en 2000, il avait été libéré au bout de cinq ans. Nul besoin de préciser que les deux hommes s’étaient brouillés à mort… Jusqu’à cette nouvelle libération anticipée au printemps 2018. Les deux ex-alliés, devenus meilleurs ennemis, se sont en effet aussitôt réconciliés. Ils ont alors confirmé – comme on le pressentait depuis un moment – avoir conclu le marché suivant : Mahathir redevient chef de gouvernement, mais pour une courte partie de son mandat seulement – environ deux ans – ; et Anwar doit le remplacer aux alentours de 2020. Acte III, 13 octobre. Anwar Ibrahim est élu député d’une circonscription proche de la capitale, Kuala Lumpur. Et, à moins d’un événement imprévisible ou d’une nouvelle rupture avec Mahathir – probabilité qui n’est jamais à écarter –, il devrait bientôt devenir le prochain chef de gouvernement de la Fédération de Malaisie. Même si aucune date précise n’a été fixée.
Prévoyante, la célèbre joueuse de handball prépare déjà sa reconversion. Cette sportive émérite suit une formation à distance proposée par l’Edhec, afin d’embrasser une seconde carrière dans… la finance.
Du ballon rond à la Bourse, Allison Pineau prépare sa reconversion professionnelle
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/12/21/du-ballon-rond-a-la-bourse-allison-pineau-prepare-sa-reconversion-professionnelle_5400871_1698637.html
21/12/2018
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« Je souhaiterais faire mes première armes professionnelles en tant que trader, confie-t-elle. Ce métier m’attire pour l’adrénaline qu’il procure » ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP La tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre : tel pourrait-on définir en une phrase Allison Pineau. Elue meilleure handballeuse mondiale de l’année en 2009, sacrée championne du monde 2017 avec l’équipe de France, arrachant avec son équipe la victoire en finale lors de l’Euro 2018 de handball féminin face aux Russes… Bien qu’elle enchaîne les titres, la célèbre joueuse de handball garde la tête froide. A l’âge de 29 ans, cette sportive pragmatique pense à sa reconversion. Dans un domaine plutôt inattendu : la finance. « Je souhaiterais faire mes premières armes professionnelles en tant que trader, confie-t-elle. Ce métier m’attire pour l’adrénaline qu’il procure. » Habituée à la fièvre des stades, la handballeuse voit des parallèles certains entre l’univers impitoyable du trading et celui du sport de haut niveau : « Le mental, l’esprit de compétition… », égrène-t-elle. « Jeune, déjà, je m’intéressais à la Bourse » Un souhait de reconversion pas si surprenant, pour une femme qui aime aussi bien manier le ballon que les chiffres. « Jeune, déjà, je m’intéressais à la Bourse », se souvient-elle. Mais pour une sportive de haut niveau, difficile de concilier études et carrière : après l’obtention d’un bac ES, la championne a dû arrêter les frais. « Mon objectif, c’est de reprendre les études que j’aurais rêvé de faire si je n’avais pas fait de carrière professionnelle dans le sport, indique-t-elle. A cette époque, les formations à distance étaient peu développées. » Son ambition la pousse à remettre le pied à l’étrier. Sur les conseils d’une amie athlète, Allison Pineau choisit de suivre une formation à distance proposée par l’Edhec : le BBA (Bachelor of Business Administration) Online. Lancé en 2011, ce cursus est dédié aux étudiants qui ne peuvent suivre un parcours classique : sportifs de haut niveau, mais aussi entrepreneurs, musiciens ou personnes en situation de handicap. Entièrement à distance, cette formation qui débouche sur un diplôme de niveau bac + 4 a accueilli cette année son 100e sportif de haut niveau. Parmi ces derniers, la championne d’escrime Mathilde Grumier, diplômée en 2014 et désormais… directrice de clientèle au sein d’une agence de publicité digitale. Pour éviter les abandons, chaque apprenant est supervisé par un tuteur. Malgré son mental à toute épreuve, Allison Pineau avoue qu’il n’est pas évident de cumuler les casquettes d’étudiante et de sportive professionnelle tous les jours. « Le plus grand défi pour moi est de rester motivée, reconnaît la joueuse. Cela peut être tellement facile de décrocher ! Le soir, en rentrant de l’entraînement, je dois me préparer à dîner. Quand je commence à réviser, il est plus de 21 heures… autant dire que les journées sont longues ! » Avec un tel programme, pas de place pour un hobby, regrette la championne.
Le régulateur britannique des médias Ofcom a accusé jeudi la chaîne russe d’avoir enfreint les règles d’impartialité lors de sa couverture de l’empoisonnement d’un ex-agent double russe à Salisbury.
Moscou réplique aux menaces britanniques contre RT en enquêtant sur la BBC
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2018/12/21/moscou-replique-aux-menaces-britanniques-contre-rt-en-enquetant-sur-la-bbc_5400865_3236.html
21/12/2018
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The stand of Russia's state-controlled Russia Today (RT) broadcaster at the Saint Petersburg International Economic Forum on May 24, 2018 in Saint Petersburg. (Photo by Kirill KUDRYAVTSEV / AFP) KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP Le gendarme des télécoms russe Roskomnadzor a annoncé, vendredi 21 décembre, avoir commencé à enquêter sur les activités en Russie de la BBC, en réponse aux déclarations la veille du régulateur britannique de l’audiovisuel Ofcom sur RT (anciennement Russia Today). Dans un communiqué, Roskomnadzor a indiqué avoir « mis en place des mesures de contrôle » sur les activités en Russie de la chaîne d’information en continu BBC World News et des sites internet de la BBC, « en lien avec la situation liée à la décision du régulateur britannique Ofcom ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ensuite affirmé à la presse que « beaucoup de gens ont beaucoup de questions à poser à la BBC en raison du caractère partial de sa couverture » des événements liés notamment à la situation en Syrie et la politique intérieure russe. « Comme partout dans le monde, la BBC travaille en Russie entièrement en conformité avec les lois et les règlements du pays afin de fournir des informations indépendantes à son audience », a pour sa part indiqué un porte-parole de la BBC. Ofcom a accusé jeudi la chaîne russe d’avoir enfreint les règles d’impartialité lors de sa couverture de l’empoisonnement d’un ex-agent double russe à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre. « Ofcom a décidé que RT avait enfreint les règles audiovisuelles en ne respectant pas l’impartialité nécessaire dans sept programmes diffusés sur une période de six semaines », a déclaré le régulateur dans un communiqué. Ces violations « constituent un manquement grave aux règles audiovisuelles », a-t-il dénoncé. « Nous avons annoncé à RT que nous considérions la possibilité de leur imposer des sanctions », a ajouté Ofcom, soulignant avoir laissé la possibilité à la chaîne russe de revenir s’expliquer avant d’aller plus loin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sur les traces de Sergueï Skripal, l’espion russe empoisonné au Novitchok à Londres « Violations sorties de nulle part » Ces accusations sont un « délire », a réagi sur Twitter la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian. « Hier [jeudi], le régulateur britannique a trouvé sept violations sorties de nulle part. Et ils ont fait clairement comprendre qu’ils vont retirer notre licence », a-t-elle ajouté. Les programmes incriminés ont été diffusés du 17 mars au 26 avril, après l’empoisonnement de l’ex-agent double Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia à l’agent neurotoxique Novitchok, le 4 mars à Salisbury. Tous deux ont survécu à l’attaque. Le gouvernement britannique avait rapidement accusé Moscou d’être à l’origine de cette tentative d’assassinat et affirmé avoir identifié ses auteurs, deux officiers du GRU, le service de renseignement de l’armée russe, ce que les autorités russes ont fermement démenti. Les autorités britanniques ont adopté des sanctions diplomatiques contre la Russie, dont l’expulsion de vingt-trois diplomates, mais n’avaient pas visé la chaîne RT, dont la suspension de la licence avait été envisagée.
Les procureurs de la République n’ont plus les moyens de remplir leur mission de contrôle des services enquêteurs de police ou de gendarmerie.
L’asphyxie des parquets dégrade la qualité des enquêtes judiciaires
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/21/l-asphyxie-des-parquets-degrade-la-qualite-des-enquetes-judiciaires_5400863_1653578.html
21/12/2018
police-justice
AUREL La chambre du tribunal de Dijon qui jugeait fin novembre en comparution immédiate une personne dans un dossier de violence volontaire a découvert à l’audience que le service de police avait oublié d’avertir la victime de la date du procès. Il a dû être renvoyé à plus tard. Quelques semaines auparavant, « une relaxe a été prononcée dans une affaire d’atteinte aux biens parce qu’un acte d’investigation qui aurait permis de boucler le dossier n’avait pas été demandé », indique Eric Mathais, le procureur de Dijon, statutairement chargé de la direction des enquêtes. Egalement président de la Conférence nationale des procureurs de la République, M. Mathais explique que la surcharge de travail « nous conduit parfois à ne plus exercer la plénitude de nos prérogatives ». La capitale bourguignonne n’a pas l’apanage de ce type de ratés. L’inspection générale de la justice qui vient de remettre à Nicole Belloubet, garde des sceaux, un rapport de mission sur « l’attractivité des fonctions de magistrat du ministère public », y voit la conséquence de l’asphyxie du parquet provoquée par un nombre croissant de missions et un manque criant de moyens humains et matériels. « Les magistrats ne sont plus en capacité de contrôler l’activité des services de police ou de gendarmerie », lit-on dans ce rapport. En cause, le « TTR », jargon des parquetiers pour décrire le « traitement en temps réel » des dossiers avec les policiers et les gendarmes chargés des enquêtes. Que ce soit par téléphone avec le casque vissé sur la tête ou par message électronique, le magistrat du parquet donne les consignes aux services enquêteurs pour orienter une procédure, demander une investigation complémentaire, préciser la qualification juridique d’une infraction, convoquer à une audience, etc. Politique du chiffre Généralisé dans les années 1990 pour éviter les temps morts dans les procédures qu’entraînait la correspondance écrite entre enquêteurs et magistrats du parquet, le TTR est devenu la porte d’entrée principale de tous les dossiers, infraction au code de la route ou crime. « Le magistrat au TTR doit prendre des décisions rapides et n’est pas en situation de contrôler la qualité de toutes les procédures, explique Catherine Denis, procureure de Nanterre. Un contrôle qualité se fait au moment du déferrement [la comparution devant le procureur] mais c’est un contrôle rapide, qui intervient trop tard pour demander des actes d’investigation supplémentaires. »
Lors de la Conférence de la paix à Paris en 1919, l’Empire du soleil levant tente, sans succès, de faire appliquer le principe de l’égalité des races par la Société des nations.
En 1919, l’honneur blessé du Japon
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/en-1919-l-honneur-blesse-du-japon_5400862_3232.html
21/12/2018
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Cet épisode a jeté une ombre sur les grandes idées qui étaient ­censées guider la Société des nations (SDN). Lors de la Conférence de la paix qui s’ouvrit à ­Paris en janvier 1919 à l’initiative des vainqueurs de la Grande Guerre, le principe de l’égalité des races, qui figure dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, fut débattu à l’initiative du Japon, mais il fut rejeté par les grandes puissances de l’époque, soucieuses de continuer à justifier leur expansion coloniale en invoquant l’infériorité des races non blanches. Dans sa proposition, le Japon appelait « à ­accorder à tous les ressortissants étrangers d’un Etat membre de la Société des nations un juste et égal traitement dans tous les domaines et de ne faire aucune distinction dans leur législation comme dans les faits sous prétexte de race ou de nationalité ». Le texte se heurta à une opposition nuancée des Etats-Unis, frontale de la Grande-Bretagne et de l’Australie. La France soutint en revanche la proposition ­japonaise. Soumise au vote le 11 avril, elle fut finalement adoptée par onze voix sur dix-sept, mais le président américain Woodrow Wilson fit valoir que cette proposition touchant à une question de principe requérait l’unanimité : elle fut donc rejetée. « Désillusion générale à l’égard de l’Occident » Le baron Makino, représentant du Japon, ­déclara dans une intervention d’une sèche brièveté que l’honneur du Japon avait été blessé. Le rejet de sa proposition « fut ressenti comme une désillusion générale à l’égard de l’Occident », résume l’historienne Naoko ­Shimazu dans Japan, Race and Equality. The Racial Equality Proposal of 1919 (Routledge, 1998). Nouveau venu dans le concert des ­nations, ce pays prenait conscience que le « club » des puissants lui restait fermé. Ce ­camouflet ravivait le souvenir des traités ­inégaux imposés lorsque le Japon avait été contraint de s’ouvrir, au milieu du siècle précédent, et dont il n’avait obtenu la révision qu’une vingtaine d’années auparavant. Devenu une puissance militaire reconnue à la suite de sa victoire sur la Russie en 1905, le Japon s’était retrouvé par le jeu des alliances du côté des vainqueurs de la première guerre mondiale : bien qu’il ait peu combattu, il avait bloqué les routes de ravitaillement maritimes des possessions allemandes dans le Pacifique. A ce titre, il figurait parmi les alliés aux côtés de la France, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de l’Italie, signataires du traité de Versailles, et il obtint le droit d’administrer les anciennes possessions allemandes au Shandong (Chine) ainsi qu’un siège au conseil permanent de la SDN à Genève.
Marcel A. Boisard rappelle qu’il existe trois types de référendum en Suisse. Une réalité très lointaine du principe du référendum voulu par certains gilets jaunes
« Le Monde des lecteurs » - Gilets jaunes : réalité du référendum en Suisse.
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/21/le-monde-des-lecteurs-gilets-jaunes-realite-du-referendum-en-suisse_5400855_5334984.html
21/12/2018
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« Les propos délirants du président de votre Assemblée nationale ont heurté ou fait rire le public suisse ! Nos amis français, journalistes ou politiciens, parlent beaucoup du référendum suisse, mais confondent tout. » Klaus Meinhardt/Ikon Images / Photononstop Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Les propos délirants du président de votre Assemblée nationale ont heurté ou fait rire le public suisse ! Nos amis français, journalistes ou politiciens, parlent beaucoup du référendum suisse, mais confondent tout. Nous avons trois types de référendum : Le « référendum obligatoire » suivant une décision du Conseil fédéral, qui touche généralement à la constitution ou à des accords internationaux. L’Exécutif doit obtenir l’aval du peuple. Ce fut le cas lors de l’adhésion de la Suisse à l’ONU, acceptée par la majorité du peuple et des cantons, ou l’adhésion à l’Espace économique européen (EEE), refusée ; Le « Référendum facultatif » qui est la possibilité, pour les citoyens, de s’opposer à une loi votée par la Législatif, 100 jours après sa promulgation, d’en demander l’annulation ou des amendements : Enfin le « Droit d’initiative populaire » (niveaux fédéral ou cantonal) qui permet à des citoyens de faire voter une nouvelle loi, dont ils proposent une formulation, avec la possibilité pour le gouvernement d’y opposer une autre formulation ; Je vous passe les détails des modalités pratiques de recevabilité. Malgré tout le flou du débat, il semble que ce soit ce genre d’initiative que les « Gilets jaunes » revendiquent sous le terme de « référendum d’initiative citoyenne », locution inconnue en Suisse. Marcel A. Boisard, Grand Saconnex (Suisse), ancien Sous-secrétaire général des Nations unies
En visite en Catalogne, le premier ministre espagnol multiplie les gestes envers les indépendantistes qu’il tente de convaincre d’approuver son projet de loi de budget 2019.
En Catalogne, Pedro Sanchez joue sa survie politique
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/en-catalogne-pedro-sanchez-joue-sa-survie-politique_5400825_3210.html
21/12/2018
international
Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez (à gauche), et le président de la Catalogne, Quim Torra, jeudi 20 décembre, à Barcelone. GEORGES BARTOLI POUR LE MONDE « Face au bruit et aux gesticulations, dialogue, dialogue, dialogue. » Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, s’est rendu à Barcelone avec ses ministres, jeudi 21 et vendredi 22 décembre, pour y tenir un conseil des ministres délocalisé, lors duquel il devait entériner une hausse du salaire minimum de 22 % (de 736 à 900 euros par mois sur quatorze mois) et une augmentation du salaire des fonctionnaires de 2,75 %, ainsi que de nouveaux investissements en Catalogne. L’occasion de défendre sa politique de la main tendue et, surtout, d’essayer de convaincre les indépendantistes d’approuver son projet de loi de budget 2019, actuellement paralysé au Parlement. Jeudi soir, il a tenu une brève réunion avec le président de la Généralité, l’indépendantiste Quim Torra, la seconde après celle de juillet à Madrid. Dans un communiqué conjoint, les deux hommes se sont engagés à travailler pour « un dialogue effectif qui conduise à une proposition politique comptant sur un soutien ample de la société catalane ». Une formule générale qui a permis de cacher leurs divergences : si, pour Madrid, la solution à la crise territoriale passe par une nouvelle réforme du statut d’autonomie de la Catalogne, Barcelone l’écarte et continue d’exiger un référendum d’autodétermination. La porte-parole de la Généralité, Elsa Artadi, a critiqué « la mauvaise qualité démocratique de l’Espagne ». Malgré les efforts déployés par Pedro Sanchez pour rétablir les relations entre les administrations, avec la tenue de plus d’une vingtaine de réunions entre ministres espagnols et conseillers catalans, la crispation perdure. Alors que le procès des neuf dirigeants indépendantistes accusés de rébellion et placés en détention préventive devrait démarrer à la fin du mois de janvier, les deux partis indépendantistes, Ensemble pour la Catalogne (droite nationaliste) et la Gauche républicaine catalane (ERC), ont annoncé qu’ils ne voteront pas le budget, au risque de précipiter la chute du gouvernement de Pedro Sanchez. « Mantras indépendantistes » Avec seulement 84 des 350 députés espagnols, il dépend du parti de la gauche radicale, Podemos, mais aussi des nationalistes et ­indépendantistes basques et catalans. Sans budget, le chef de l’exécutif a prévenu qu’il sera ­contraint d’organiser des élections anticipées l’an prochain. A Madrid, le dialogue avec les indépendantistes et le fait que son gouvernement dépende de leurs voix vaut à Pedro Sanchez de constantes attaques du Parti populaire (PP, droite) et de Ciudadanos (libéraux), qui font face à la pression d’un ultranationalisme espagnol incarné désormais par le parti d’extrême droite Vox. Ce dernier promet une recentralisation de l’Etat avec la suppression des régions autonomes, à commencer par la Catalogne.
Jean-François Dalloz déclare « finançons énergiquement la recherche scientifique alliée au développement industriel pour arriver à stocker l’électricité produite à partir des inépuisables sources d’énergie que sont le soleil, l’eau et le vent de façon fiable et à un coût raisonnable. »
« Le Monde des lecteurs » - Réchauffement climatique : élargir l’horizon
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/21/le-monde-des-lecteurs-rechauffement-climatique-elargir-l-horizon_5400821_5334984.html
21/12/2018
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« Face au défi du réchauffement climatique, ne nous contentons plus de nous alarmer : pas de réductions des émissions de gaz à effet de serre, insuffisance des économies d’énergie, financement dérisoire. » Andreas Kindler/Johnér / Photononstop Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Face au défi du réchauffement climatique, ne nous contentons plus de nous alarmer : pas de réductions des émissions de gaz à effet de serre, insuffisance des économies d’énergie, financement dérisoire… Elargissons l’horizon. Prenons la peine de considérer les aspects physiques du problème. Le principal gaz à effet de serre est la vapeur d’eau qui séjourne quelques semaines dans l’atmosphère avant d’être précipitée en pluie (parfois avec violence) : c’est le court terme. Le gaz carbonique que nous émettons séjourne en moyenne un siècle dans l’atmosphère avant d’être absorbé par photosynthèse : c’est le long terme qu’on ne maîtrisera pas à coups de milliards de dollars. Alors ? Bousculons, mais finançons énergiquement la recherche scientifique alliée au développement industriel pour arriver à stocker l’électricité produite à partir des inépuisables sources d’énergie que sont le soleil, l’eau et le vent de façon fiable et à un coût raisonnable. A ce jour beaucoup de tentatives, mais aucune n’a abouti. Cela nécessite une coopération accrue entre chercheurs, industriels et politiques. Que « Le Monde » qui voit loin trace et encourage cette voie ! Jean-François Dalloz, La Seyne-sur-Mer (Var)
La situation s’est normalisée ce week-end pour le deuxième aéroport du Royaume-Uni, contraint à l’arrêt durant trente-six heures en raison du survol de drones.
Drones à l’aéroport de Gatwick : le couple arrêté vendredi libéré, le mystère reste complet
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/londres-reouverture-partielle-de-l-aeroport-de-gatwick_5400818_3210.html
21/12/2018
international
Un avion de la compagnie easyJet au-dessus de l’aéroport de Gatwick, le 21 décembre. BEN STANSALL / AFP L’homme et la femme arrêtés vendredi soir 21 décembre, dans le cadre de l’enquête sur les vols de drones ayant fortement perturbé le trafic aérien à l’aéroport londonien de Gatwick ont été libérés sans inculpation, a annoncé la police du comté de Sussex dimanche. « Ces deux personnes ont coopéré pleinement à notre enquête et je suis convaincu qu’elles ne sont plus suspectes dans les incidents de drones à Gatwick », a déclaré un responsable de la police, Jason Tingley, dans un communiqué. « Notre enquête se poursuit pour localiser les responsables des incursions de drones, et nous continuons d’examiner activement des pistes », a-t-il ajouté. L’homme de 47 ans et la femme de 54 ans, un couple marié selon la presse britannique qui publiait leur photo en Une dimanche, avaient été arrêtés vendredi soir à leur domicile de la ville de Crawley (sud de Londres), située à quelques kilomètres de l’aéroport. La situation s’était normalisée ce week-end à l’aéroport de Gatwick, le deuxième du Royaume-Uni derrière celui d’Heathrow, qui avait été contraint à l’arrêt durant trente-six heures environ depuis mercredi soir en raison du survol de drones jouant au chat et à la souris avec la police. Chasse à l’homme Sur son site internet, l’aéroport a précisé toutefois que des retards et annulations restaient possibles, consécutifs aux fortes perturbations des jours précédents. Jeudi soir, la police avait expliqué que les drones avaient été aperçus plus de cinquante fois depuis mercredi soir. Elle a qualifié l’incident d’« acte délibéré », tout en assurant qu’il n’y avait « aucune indication suggérant que cela soit lié au terrorisme ». L’armée a été appelée à l’aide et le ministère de la défense a annoncé avoir déployé du matériel spécialisé pour aider la police à traquer les drones. Une chasse à l’homme mobilisant plus de vingt unités de police et des dizaines d’agents de police locaux a été lancée pour trouver les responsables. Les coupables risquent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. La législation encadrant l’usage des drones a été renforcée cette année au Royaume-Uni : elle interdit leur utilisation à moins d’un kilomètre d’un aéroport et à une altitude supérieure à 400 pieds (122 mètres). « Ce type d’incident est sans précédent », avait déclaré le ministre des transports britannique, Chris Grayling, à la BBC. « Il va nous falloir apprendre très rapidement ce qui s’est passé » pour pouvoir en « tirer les leçons », avait-il ajouté face aux critiques sur l’incapacité des autorités à neutraliser les drones. Dans les colonnes du Telegraph, la secrétaire d’Etat chargée des transports, Elizabeth Sugg, a promis de « nouvelles mesures qui aideront à lutter contre d’autres usages malveillants des drones ». « Nous travaillons avec les fabricants de drones à des solutions techniques comme le géorepérage », a-t-elle ajouté, précisant que cette technique permettrait, grâce aux données du drone, de l’empêcher de voler au-dessus de certaines zones comme les aéroports et les prisons.
L’exceptionnelle progression de la Bourse américaine touche à sa fin. Une réaction à la remontée des taux de la Fed, mais aussi à l’anticipation d’une prochaine récession, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
« Cette fin d’année s’annonce comme un cauchemar pour les marchés américains »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/21/cette-fin-d-annee-s-annonce-comme-un-cauchemar-pour-les-marches-americains_5400816_3234.html
21/12/2018
economie
Chronique. Comme les enfants, les investisseurs financiers aiment les histoires d’animaux. Leur métaphore préférée est celle du combat du taureau et de l’ours. Quand les marchés sont à la hausse, que tout le monde achète pour ne pas rater la bonne plus value, ils sont placés sous le signe du taureau, le « bull market ». La métaphore proviendrait de la manière d’attaquer du bovidé, du bas vers le haut avec ses cornes, comme la courbe des indices boursiers quand tout va bien. Sensibles aux informations et aux chiffres, les acheteurs le sont aussi à la psychologie du moment. Du coup, plus les prix montent, plus on veut en acheter dans l’espoir qu’ils grimpent encore. Jusqu’au jour où un grizzly apparaît à l’horizon. D’un coup de patte il fait se retourner les belles anticipations. A ce moment-là, un bien n’est jamais assez bon marché. Tout le monde est vendeur. L’ours est de retour à Wall Street. Pour l’instant, il n’a pas attaqué, mais c’est imminent. L’exceptionnelle progression de la Bourse américaine, depuis le crack de 2008, est en train de toucher à sa fin. Techniquement, les financiers distinguent un marché durablement orienté à la baisse, un « bear market », quand la chute dépasse les 20 % depuis le dernier pic. C’est ce qu’est en train d’accomplir le Nasdaq, la Bourse des entreprises technologiques qui a atteint ce seuil en séance, jeudi 20 décembre. Quand aux indices plus larges, comme le Standard & Poors 500, qui réunit les principales valeurs américaines, il vient de dépasser les 15 % de chute par rapport à ses records de l’été dernier. Paradoxe L’étincelle qui a mis le feu aux poudres est l’annonce ce même jour, par la banque centrale américaine, la Fed, d’une nouvelle hausse des taux directeurs. Mais l’ours avait été sorti bien avant de son hibernation. L’aggravation de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, la chute des cours du pétrole, les menaces de blocage du budget américain, suite à la querelle entre le président et son congrès sur l’édification du mur à la frontière mexicaine, se sont conjugués pour assombrir le moral des investisseurs et les convaincre qu’il était temps de vendre. Ils en sont d’autant plus convaincus que les prix, notamment dans le secteur technologique sont à des plus hauts historiques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Fed relève ses taux en dépit des pressions de Trump Comme le résume un analyste, le dernier espoir des traders était que la Fed renonce à monter ses taux pour ne pas alourdir un climat déjà morose. Espoir douché. La morphine des taux bas, qui a soutenu l’économie pendant dix ans est enlevée brutalement.
La Confédération du Crédit mutuel prévient les pouvoirs publics qu’elle va « clore le dossier » d’une séparation chiffrée à 1,7 milliard d’euros.
Le divorce entre les frères ennemis du Crédit mutuel s’embourbe
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/21/le-divorce-entre-les-freres-ennemis-du-credit-mutuel-s-embourbe_5400810_3234.html
21/12/2018
economie
Personne sur la place de Paris n’ose plus imaginer que le feuilleton du divorce entre les frères ennemis du Crédit mutuel puisse s’achever rapidement. Après moult procédures judiciaires, trahisons et rebondissements, le Crédit mutuel Arkéa (qui réunit les fédérations de Bretagne et du Sud-Ouest) bataille toujours pour quitter la Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM) et créer une banque indépendante basée à Brest. Mais, nouveau coup de théâtre, la structure de tête du groupe bancaire estime qu’il est désormais temps de passer à autre chose, comme elle l’a signifié aux pouvoirs publics dans un courrier daté du mercredi 19 décembre, dont Le Monde a obtenu copie. Nicolas Théry, le président de la CNCM, y affirme avoir proposé le 19 juin dernier une « solution de désaffiliation » aux dirigeants d’Arkéa, que ces derniers « n’ont répondu valablement à aucune des propositions » et qu’il convient donc « de clore ce dossier après quatre années de conflit inutile ». Le conseil d’administration de la Confédération, qui devrait se réunir en janvier, sera amené à en « prendre acte ». Dans cette lettre adressée au gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et à la directrice générale du Trésor, Odile Renaud-Basso, le président du Crédit mutuel révèle le contenu de ses propositions faites à la partie adverse, et plus particulièrement le prix à payer par Arkéa pour un divorce à l’amiable. « Si toutes les caisses du Crédit mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest demandaient leur désaffiliation, ce montant serait de 1,7 milliard d’euros », est-il précisé. Un prix à payer dissuasif Cette « indemnité » devait notamment permettre de recréer un réseau d’agences estampillées « Crédit mutuel » en Bretagne et en Aquitaine (en face des points de vente Arkéa), de couvrir le préjudice subi et de compenser l’ensemble des coûts liés au conflit. Le tarif apparaît comme dissuasif, dans la mesure où Arkéa a dégagé 430 millions d’euros de bénéfice net en 2017. La Confédération du Crédit mutuel y a vu au contraire un geste de bonne volonté dans la mesure où, « en application du droit des coopératives » écrit-elle, cette indemnité aurait pu « concerner toutes les réserves du Crédit mutuel Arkéa », soit quelque 3,5 milliards d’euros à fin 2017. Le courrier de M. Théry liste par ailleurs la série d’exigences à respecter par contrats soumis à Arkéa, comme préalable à toute séparation : une renonciation immédiate aux marques et logos du Crédit mutuel, un engagement à ne pas recourir à un plan social pendant cinq ans, la mise en place d’outils pour permettre le transfert des clients voulant rester au Crédit mutuel ou le remboursement des clients ayant souscrit des parts sociales (produit bancaire correspondant à une partie du capital social de l’établissement), la renonciation, enfin, à tous les contentieux « actuels et futurs ».
Après neuf ans d’enquête et trois procès pour corruption, la justice britannique a obtenu un succès en demi-teinte, avec des condamnations dans deux procès.
Alstom condamné au Royaume-Uni pour une série de scandales de corruption
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/21/alstom-condamne-au-royaume-uni-pour-une-serie-de-scandales-de-corruption_5400808_3234.html
21/12/2018
economie
En mai 2014, à Montpellier. PASCAL GUYOT / AFP Les employés d’Alstom en Lituanie étaient particulièrement ordonnés. Pour le paiement des pots-de-vin d’un contrat de rénovation d’une centrale électrique en 2004, ils avaient préparé un joli tableau détaillant les sommes prévues pour chaque destinataire. « EM » (ministre de l’économie) : 1,5 million ; « N » (un directeur de la centrale) : 1,8 million. Le total dépassait cinq millions d’euros. Au siège d’Alstom, le département d’éthique donnait, de son côté, des consignes très claires sur la meilleure façon de faire paraître crédibles les factures émises par les « consultants » ainsi rémunérés : « Il faut vérifier que les dates sur les documents ne tombent pas un samedi ou un dimanche, et que le temps écoulé entre les questions et les réponses soit réaliste. Les documents doivent paraître réels, avec des trous, qu’ils soient pliés, etc. » Ces deux pièces à conviction sont issues de trois procès-fleuves qui viennent de se terminer au Royaume-Uni. Après neuf ans d’enquête dans trente pays différents, sept millions de documents épluchés pour des affaires de corruption entre 2000 et 2010 dans cinq pays, Alstom et certains de ses employés ont été condamnés dans deux des trois procès qui se sont déroulés. Ces affaires peuvent enfin être révélées depuis qu’un juge britannique a levé, mercredi 19 décembre, l’interdiction faite aux médias d’en rendre compte. A écouter le Serious Fraud Office (SFO), l’équivalent britannique du Parquet national financier, ces procédures judiciaires ont exposé une méthode de corruption systématique et institutionnalisée à Alstom à l’époque des faits. Une investigation « exceptionnellement complexe » Le résultat des procès est pourtant en demi-teinte pour le SFO. Dans le premier, concernant des affaires de corruption en Tunisie, en Inde et en Pologne, pour la construction d’un tramway et l’installation d’équipements de signalisation, l’entreprise Alstom Network UK a été condamnée sur la Tunise (l’amende n’est pas encore déterminée et la société fait appel) et acquité sur l’Inde et la Pologne. Les deux autres accusés, Graham Hill et Robert Hallett, ont été jugés non coupables. Dans le deuxième procès, sur une centrale électrique en Lituanie, Alstom Power et les trois accusés, John Venskus, Göran Wikström et Nicholas Reynolds ont été jugés coupables. Alstom doit payer 18 millions de livres (19,8 millions d’euros) d’amende et compensation (même si la somme sera versée par GE, repreneur de cette branche de l’entreprise française). La peine des prévenus est respectivement de trois ans et six mois de prison, et de deux ans et sept mois, et de quatre ans et demi. Quant au troisième procès, concernant le métro de Budapest, en Hongrie, le SFO a échoué : Alstom et les trois accusés ont été acquittés. Parmi eux se trouvait Jean-Daniel Lainé, seul Français de l’affaire, ancien directeur du département d’éthique.
A 22 ans, le chanteur défend son troisième album, « Amigo », dans les petites salles de France, avant une tournée des Zénith.
En campagne avec le « président » Girac
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/12/21/musiques-en-campagne-avec-le-president-girac_5400804_1654986.html
21/12/2018
musiques
Kendji Girac lors de son 176e concert, à Montauban, le 21 novembre. PHILIPPE GROLLIER / PASCO POUR LE MONDE Petites anicroches en coulisse. On s’en remet à Nani, le responsable de la sécurité : « Qu’est-ce qu’il se passe ? », demande le colosse à son staff. Deux « gamines » se sont fait refouler aux abords de l’Eurythmie. En ce 21 novembre, Kendji Girac joue dans la plus grande salle de Montauban ; 700 places, entrée gratuite, mais seulement sur invitation. Pour maximiser leurs chances, les ados ont participé sous divers avatars au jeu-concours organisé par France Bleu Occitanie. « Leur profil Snapchat ne correspond pas à leur carte d’identité, résume l’un des physionomistes. Elles disent qu’elles sont venues de loin… On fait quoi ? » « Laissez-les entrer », tranche Nani, carrure de nounours, barbe de Père Noël. Le bonhomme en a vu d’autres. Il a connu l’âge d’or de l’industrie musicale, les vedettes internationales en goguette dans la capitale, les caprices, l’hystérie : « J’ai porté Mariah Carey sur mes épaules, en petite tenue, dans les vapes, à 5 heures du mat’ au Carlton, fanfaronne Nani. Mais aujourd’hui, les Américains ne viennent plus. Trop cher. Alors on ne fait plus que du Français. » La veille, le garde du corps a présenté Kendji à deux autres de ses clients, qu’il escorte lors de déplacements privés : les footballeurs Blaise Matuidi et Mamadou Sakho. Les Bleus ont battu l’Uruguay (1-0), penalty de Giroud. Girac est allé saluer ses « copains » Florian Thauvin et Kylian Mbappé dans le vestiaire du Stade de France. Autour du chanteur, d’autres Bleus font tourner la balle ; question efficacité, diversité, solidarité, ils n’ont rien à envier à ceux de « Dédé » Deschamps. C’est la même équipe depuis le tout début, quand, par le truchement du télécrochet « The Voice », la voix de feu et la gueule de séraphin de Kendji embrasèrent tous les écrans à la ronde ; c’était en 2013 – un quinquennat, déjà. « Gilet Johnny » En défense, il y a Nani, donc, qui arbore fièrement ses origines portugaises, et Loulou, l’infatigable chauffeur. Sur les côtés, le groupe de toujours, Florian Rossi aux claviers, Julien Goepp à la batterie, Emmanuel Avgoustinatos à la basse. En attaque, Christophe Baliardo, alias Kema, guitariste émérite de Chico and the Gypsies et petit-fils d’une sommité gitane, Manitas de Plata. Malgré le froid de canard, les mains de Kema, sitôt qu’elles caressent une guitare, semblent réveiller les cigales. Miracle à la tsigane. « Kema, c’est un Catalan, comme moi ; on se comprend sans même se parler », assure Girac.
Le scrutin, qui était prévu dimanche, a été repoussé au 30 décembre à la suite d’un incendie ayant dévasté le principal entrepôt de la commission électorale.
Report des élections en RDC : le pouvoir évoque « un cas de force majeure »
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/21/report-des-elections-en-rdc-un-cas-de-force-majeure-selon-le-pouvoir_5400785_3212.html
21/12/2018
afrique
Le président de la CENI, Corneille Naanga, annonce le report de sept jours des élections présidentielle, législatives et provinciales, à Kinshasa, le 20 décembre 2018. ISSOUF SANOGO,LUIS TATO / AFP La temporalité politique congolaise, une fois encore, s’est étirée. Peu avant 17 h 30, jeudi 20 décembre, Corneille Nangaa se présente souriant devant la presse à Kinshasa. Avec plus de deux heures de retard, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) annonce que la tenue des élections prévues ce dimanche, avec deux ans de retard, est à nouveau reportée, d’une semaine. Ce qui bruissait dans le Tout-Kinshasa devient officiel. Un dernier contretemps avant la tenue, désormais prévue le 30 décembre, des élections présidentielle, législatives et provinciales, censées permettre la première alternance pacifique depuis l’indépendance de la République démocratique du Congo, en 1960 ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi En RDC, les élections de tous les dangers Selon M. Nangaa, la CENI se retrouve dans « une impasse technique » à la suite d’un mystérieux incendie criminel ayant dévasté son principal entrepôt, en plein cœur de Kinshasa, le 12 décembre. Près de 8 000 machines à voter, prévues pour 19 des 24 communes de la capitale, avaient été emportées par les flammes, de même que d’autres matériels électoraux. Les appareils de remplacement sont bel et bien arrivés, mais encore faut-il les configurer pour Kinshasa, qui concentre environ 10 % des 40 millions d’électeurs. Enfin, les 5 millions de bulletins de vote commandés en Corée du Sud seront entièrement livrés samedi 22 décembre dans la soirée. Anomalies et dysfonctionnements « On a entamé le dernier virage vers les élections », insiste le président de la CENI. Ce personnage central est devenu l’un des plus abhorrés du pays, tant il est accusé par une partie de la population et par l’opposition de manipuler le processus électoral pour le compte du pouvoir, ce dont il s’est toujours défendu. Mais la CENI peine à masquer les nombreuses anomalies et dysfonctionnements, du fichier électoral incluant probablement 7 millions d’électeurs douteux aux difficultés des observateurs à être accrédités, en passant par la livraison du matériel dans les 75 000 bureaux de vote, parfois accessibles uniquement à moto. Certains se trouvent dans des zones de tension qui se sont multipliées au cours des deux dernières années, marquées par le maintien au pouvoir du président sortant, Joseph Kabila, dont le dernier mandat s’est en théorie terminé le 19 décembre 2016. Comme au Tanganyika (sud-est), au Kasaï (centre) ou au Maï-Ndombe (ouest), déchiré par un conflit ethnique. Dans les Kivus (est), toujours infestés d’une centaine de groupes armés congolais, ougandais, rwandais et, plus récemment, burundais, l’épidémie d’Ebola, qui a fauché la vie de 336 habitants depuis le 1er août, constitue aussi un obstacle pour la CENI.
Pour le sociologue Nicolas Duvoux, la pauvreté monétaire est un indicateur d’inégalité, alors que la pauvreté subjective, qui concerne environ 13 % de la population, est un indicateur d’insécurité.
« Le sentiment de pauvreté met en évidence une insécurité sociale durable et une vision dégradée de son avenir »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/qui-se-sent-pauvre-en-france_5400777_3232.html
21/12/2018
idees
Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII-Vincennes Saint-Denis, chercheur au Cresppa-LabToP. Il est l’auteur, avec Adrien Papuchon, de « Qui se sent pauvre en France ? Pauvreté subjective et insécurité sociale », un article de la Revue française de sociologie, 2018/4, p. 607-645 Quelles sont les différentes définitions de la pauvreté et que nous apprennent-elles ? La question de savoir qui sont les « pauvres » a été très débattue dans les sciences humaines et sociales. En France est considéré comme pauvre tout individu vivant dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian : en 2016, cela représente 1 026 euros par mois pour une personne isolée, soit 14 % de la population. La pauvreté touche aujourd’hui de manière disproportionnée les enfants (19,8 %), les jeunes adultes (19,7 % des 18-29 ans) et les familles monoparentales (34,8 %). C’est un indicateur d’inégalité, qui mesure l’écart avec les revenus médians ou intermédiaires. Il y a aussi la pauvreté en conditions de vie – elle est en baisse du fait, notamment, de l’amélioration de la qualité des logements. Enfin, il y a le fait d’être « assisté » par la collectivité, c’est-à-dire de percevoir une aide sociale, notamment le revenu de solidarité active (RSA). Inspirée par les analyses du sociologue allemand Georg Simmel, cette approche qui s’est déployée dans un ­contexte de développement du chômage de masse met l’accent sur les formes institutionnelles de la pauvreté : l’intervention des pouvoirs publics assigne l’individu à l’identité de pauvre. Vous venez de publier, avec Adrien Papuchon, un article dans la « Revue française de sociologie » qui évoque la « pauvreté subjective ». Cette notion permet-elle de mieux comprendre le mouvement des « gilets jaunes » ? Tandis que la pauvreté monétaire relative indique la part des ­revenus qui sont éloignés des revenus intermédiaires ou médians, le sentiment de pauvreté, qui concerne environ 13 % de la population, met en évidence une insécurité sociale durable et une vision dégradée de son avenir. La pauvreté monétaire est un indicateur d’inégalité, alors que la pauvreté subjective est un indicateur d’insécurité. L’apport principal de cette mesure subjective de la pauvreté est de remettre en cause la vision la plus commune de la pauvreté qui, en se centrant sur les situations d’éloignement prolongé du marché du travail, néglige la forte proportion d’actifs parmi les personnes qui se jugent pauvres.
La priorité absolue pour les Israéliens consiste à consolider un large front pour s’opposer aux ambitions iraniennes dans la région.
Le retrait américain de Syrie, un revers majeur pour Israël
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/le-retrait-de-syrie-un-revers-majeur-pour-israel-et-son-premier-ministre_5400772_3210.html
21/12/2018
international
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le 20 décembre au parc de Beersheba, en Israël. AMIR COHEN / REUTERS Sauvegarder les apparences, dans l’adversité. Benyamin Nétanyahou s’y est consacré, jeudi 20 décembre, après la confirmation officielle du retrait militaire américain de Syrie. Cette décision, bien qu’esquissée sur le principe depuis des mois par Donald Trump, est un coup dur à la fois pour Israël et son premier ministre. Ce dernier a énormément misé sur sa connivence personnelle avec le président américain. Le retrait de Syrie est un revers majeur dans cette stratégie, ce que l’opposition n’a pas manqué de relever. Deux victoires spectaculaires Jusqu’à lors, Benyamin Nétanyahou avait obtenu deux victoires spectaculaires grâce à sa proximité avec Donald Trump. La première a été la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, en décembre 2017, puis le transfert symbolique de l’ambassade américaine. La deuxième fut le retrait des Etats-Unis, début mai, de l’accord sur le nucléaire iranien, après que la Maison Blanche eut repris tous les éléments de langage de l’Etat hébreu. Depuis, les officiels israéliens ont tenté de convaincre leurs homologues américains de ne pas précipiter le retrait de Syrie. En vain. Les Etats-Unis ne veulent pas être « le policier du Moyen-Orient », s’est justifié Donald Trump dans un Tweet. Or, la priorité absolue d’Israël consiste à consolider un large front, de Washington aux pays du Golfe, pour s’opposer aux ambitions iraniennes dans la région. M. Nétanyahou s’est gardé de toute critique publique à l’égard de l’administration Trump, car la relation stratégique entre les deux pays ne doit pas être affaiblie. En référence à l’opération « Bouclier du Nord » à la frontière libanaise, consistant, depuis quinze jours, à neutraliser des tunnels d’attaque du Hezbollah, il a assuré, jeudi, que la détermination israélienne ne serait en rien atteinte par la décision américaine. « Nous allons continuer à entreprendre des actions très fortes contre les tentatives iraniennes de s’implanter en Syrie, a dit M. Nétanyahou. Dans aucun de ces domaines, nous ne comptons diminuer nos efforts. Nous allons les intensifier, et je sais que nous le ferons avec le plein soutien et appui des Etats-Unis. » « Maintenant, ils seront moins prudents » Du point de vue opérationnel, les forces américaines n’ont pas aidé Israël dans ses raids contre le transfert d’armements lourds au Hezbollah ou l’implantation de forces iraniennes en Syrie. En revanche, la présence même des 2 000 soldats américains constituait un moyen de dissuasion psychologique et militaire. Elle indiquait encore un peu la volonté de Washington de peser au Moyen-Orient, de défendre à la fois ses intérêts et ses alliés.
Une équipe de l’Institut Pasteur est parvenue à identifier une vulnérabilité dans les cellules « réservoirs » du virus du sida, ouvrant la voie à leur élimination.
Sida : une piste prometteuse pour détruire des cellules infectées par le VIH
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/21/sida-une-piste-prometteuse-pour-detruire-des-cellules-infectees-par-le-vih_5400750_1650684.html
21/12/2018
sciences
Une équipe de l’Institut Pasteur est parvenue à identifier une vulnérabilité dans les cellules dites « réservoirs » du virus du sida. Cette avancée ouvre la voie à leur élimination, selon une étude publiée jeudi 20 décembre dans la revue Cell Metabolism. Les traitements actuels contre le VIH sont à prendre « à vie » car les antirétroviraux ne parviennent pas à éliminer les réservoirs du virus logés dans les cellules immunitaires. « Les antirétroviraux vont bloquer le virus, ils vont agir contre le virus et sa multiplication mais ils ne peuvent pas éliminer les cellules infectées. Là, avec notre travail, il s’agit de caractériser les cellules infectées pour pouvoir cibler les cellules et les éliminer de l’organisme infecté par le VIH », explique le chef de file de l’étude, Asier Saez-Cirion. L’équipe de Pasteur a réussi à identifier les caractéristiques des lymphocytes T CD4, des cellules immunitaires qui sont les cibles principales du VIH. Leur étude montre que le virus va infecter prioritairement les cellules à forte activité métabolique. C’est cette activité, et en particulier la consommation de glucose de la cellule, qui joue un rôle-clé dans l’infection : le virus détourne l’énergie et les produits fournis par la cellule pour se multiplier. Ce besoin du virus constitue une faiblesse qui pourrait être exploitée pour s’attaquer aux cellules « réservoirs ». Bloquer l’infection Les chercheurs de Pasteur ont réussi « ex vivo » (sur des cultures de cellules) à bloquer l’infection grâce à des molécules inhibitrices de l’activité métabolique déjà utilisées en cancérologie. « On a vu dans notre travail que les cellules qui s’infectent par le VIH ont des caractéristiques d’un point de vue énergétique qui ressemblent aux cellules tumorales, donc on pourra utiliser les mêmes types d’outils », explique le chercheur Asier Saez-Cirion. La prochaine étape pour l’équipe de Pasteur va consister à « identifier les molécules qui nous donnent un effet optimal, après il faut passer à des essais pré-cliniques dans des modèles et en utilisant l’expérience en cours sur les essais cliniques dans le traitement de certains cancers pour choisir des molécules qui soient tolérables par le patient et efficaces », selon le chercheur. Ces travaux constituent un pas vers une possible rémission pour les patients (on ne détecte plus de cellule infectée) grâce à l’élimination des cellules réservoirs. Mais « il faudra sans doute quelques années avant qu’on puisse commencer à vraiment tester ces approches dans un vrai essai clinique de phase 3 qui pourrait nous donner un résultat sur l’efficacité », précise Asier Saez-Cirion.
Plus d’arguments, plus d’incitations, plus de statistiques ne suffisent pas à convaincre citoyens et consommateurs de faire mieux, constatent les chercheurs Katherine Farrow, Gilles Grolleau et Naoufel Mzoughi dans une tribune au « Monde ».
« Il faut comprendre les émotions pour changer les comportements »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/il-faut-comprendre-les-emotions-pour-changer-les-comportements_5400715_3232.html
21/12/2018
idees
Tribune. Pour atteindre leurs objectifs visant à modifier nos comportements dans différents domaines, notamment en faveur d’un mode de vie plus écologique et plus sain, de nombreuses politiques publiques et d’initiatives émanant de diverses organisations de la « société civile » s’appuient sur l’intuition que « plus » est préférable à « moins ». Nous allons ainsi être encouragés à avoir une alimentation plus équilibrée, à conduire plus prudemment ou à adopter plus de gestes écologiques. On insistera alors sur le nombre de victimes évitées ou sur le progrès engendré si tout le monde se mettait à économiser l’eau et l’énergie. Force est de reconnaître que les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des espérances et des efforts consentis pour provoquer ces changements. Des travaux récents issus des sciences comportementales montrent que ces pratiques fréquentes et bien intentionnées s’avèrent être des erreurs, susceptibles d’expliquer, au moins en partie, cette perte d’efficacité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La « comptabilité morale » ou le va-et-vient entre convictions éthiques et envies personnelles La plus pernicieuse de ces erreurs est peut-être celle qui consiste à attirer l’attention sur l’ampleur d’un problème, notamment en mentionnant le nombre de personnes qui n’ont pas encore adopté le comportement souhaité. Ainsi, en affirmant que la majorité des Français consulte son téléphone tout en conduisant ou télécharge illégalement, on indique involontairement aux individus une norme sociale descriptive. Cette information incite l’individu à se conformer au groupe social auquel il appartient en maintenant, voire en adoptant, le comportement de la majorité. Cette erreur fréquente peut être évitée en attirant plutôt l’attention sur les personnes qui adoptent déjà le comportement souhaité, ou bien sur la norme injonctive. Victimes statistiques Une autre erreur consiste à mettre en évidence le nombre élevé de victimes causées par un comportement indésirable. Par exemple, insister sur le nombre de décès dus à la pollution aérienne à Paris ou par l’alcool au volant a ses limites. Plusieurs travaux récents montrent que les individus ont une sensibilité et une propension à agir bien plus élevées pour une victime bien identifiée que pour des victimes nombreuses, souvent qualifiées de victimes statistiques. Un moyen simple de contrecarrer cet effet est d’attirer l’attention sur une victime bien précise, susceptible de devenir emblématique, quitte à mentionner ultérieurement le fait que d’autres sont aussi lésées par le comportement visé. Une troisième erreur se rapporte à l’intuition selon laquelle fournir plus d’arguments ou plus de raisons d’effectuer un changement comportemental serait plus efficace que d’en fournir moins. Par exemple, nous sommes fréquemment soumis à des messages du type « 10 raisons de faire ceci ou d’arrêter de faire cela ».
Les dysfonctionnements des organisations de travail sont l’une des racines du profond malaise social actuel. Trois chercheurs en gestion proposent, dans une tribune au « Monde », d’y mettre fin en encourageant une véritable « transition managériale ».
« Il règne en France un “ ras-le-bol managérial” »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/il-regne-en-france-un-ras-le-bol-managerial_5400716_3232.html
21/12/2018
idees
Tribune. Un consensus semble exister aujourd’hui, et pas seulement en France, sur l’accumulation nocive, dans nombre d’entreprises et d’organisations, de dysfonctionnements managériaux : manque de considération, rémunérations peu stimulantes, sexisme, absence de dialogue professionnel, risques psychosociologiques, formation professionnelle inadéquate, etc., dysfonctionnements qui minent la qualité de vie au travail. L’écho rencontré par le livre de l’anthropologue David Graeber (Bullshit Jobs, Les liens qui libèrent, 416 pages, 25 euros) en est probablement le signe. Les efforts accomplis ces dernières années pour humaniser le capitalisme et son incarnation dans le management des organisations, au travers des lois et des normes de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), sont certes louables. Mais ils ne semblent pas avoir eu d’effets satisfaisants dans les grandes entreprises, et sont restés lettre morte dans nombre de petites et moyennes entreprises. En conséquence, il règne en France et dans d’autres pays un « ras-le-bol managérial », ferment de contestations sociales radicales comme celle des « gilets jaunes », et exploité par des mouvements politiques qui amalgament mal-être au travail et rejet du capitalisme mondialisé. Une transition managériale vers un capitalisme plus humain, pratiqué au quotidien à tous les niveaux des organisations, est donc à l’ordre du jour pour ceux qui pensent qu’un capitalisme bien régulé est un système à même de répondre aux inépuisables et immenses besoins humains. Comment cette transition pourrait-elle se faire sur le terrain ? Des conséquences très coûteuses D’une part, en mesurant les coûts des dysfonctionnements managériaux pour que responsables politiques, actionnaires, dirigeants et citoyens prennent conscience des ravages d’un management toxique. Les recherches de l’Institut de socio-économie des entreprises et des organisations (Iseor) montrent que les coûts « cachés » des dysfonctionnements managériaux – « cachés » parce qu’ils ne sont pas, ou très mal, comptabilisés – représentent une perte de valeur financière gigantesque, de l’ordre de 20 000 à 70 000 euros par personne et par an. En effet, ces dysfonctionnements ont des conséquences très coûteuses en matière d’absentéisme, de maladies professionnelles, de défauts de qualité, de démotivation et de sous-efficacité chez les salariés. Une étude réalisée pour l’Institut Sapiens sur l’absentéisme dû aux dysfonctionnements managériaux montre qu’il coûterait en France près de 108 milliards d’euros par an (soit 4,7 % du PIB), qui viennent à manquer aux entreprises, à l’Etat, à la croissance et au pouvoir d’achat. La faiblesse des gains de productivité dans les pays développés, sur laquelle le débat fait rage entre économistes, s’expliquerait aussi par les destructions de productivité dues à ces dysfonctionnements.
Il nous faut sortir de cet entre-deux, entre la supposée bien-aimée croissance et la mal nommée décroissance, recommande la linguiste Estelle Jouili.
Sortons du dualisme croissance-décroissance
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/sortons-du-dualisme-croissance-decroissance_5400717_3232.html
21/12/2018
idees
C’est fondamentalement une pensée du paradoxe. Et la ­parole doit s’en saisir. Il y a quelque chose qui est, et qui, en même temps, est ­impossible à penser. L’une se nomme « croissance », l’autre « décroissance ». Et c’est de l’économie que l’on parle, c’est de l’homme que l’on parle. Parler de décroissance, c’est donner au ­concept de croissance un nom négatif. C’est très simple et très difficile à la fois, cette ­réduction de la contradiction à la privation et de la privation à la simple négation. Si la ­décroissance est une pure négation, elle n’est pas, elle n’est rien du point de vue de la pensée. Il n’y a pas d’être du négatif, vous ne pouvez pas la penser, c’est un néant. Autant ­essayer de penser le néant. D’une certaine manière, la dé/- croissance, c’est ce qui manque à la pensée. Quelle est cette chose, alors ? La chose, res, signifie ce qui concerne l’homme, pour autant qu’elle rassemble. Or, la dé/-croissance, si elle nous concerne, ne rassemble pas. Elle éloigne, elle égare, elle ­sépare comme une solution de continuité. Vision antagoniste Si la pensée est mise à mal aujourd’hui, c’est parce que les analyses en termes de mouvement, de vecteur, sont bloquées. Les schémas classiques ne conviennent plus, que ce soit les schémas de développement ou les schémas de réaction. La dé/-croissance, considérée comme objet d’un jugement de valeurs, suscite des attitudes antagonistes selon qu’il est pris dans un mouvement ascendant ou descendant, positif ou négatif. Voilà ainsi installée une vision antagoniste, une tension entre les tenants du développement économique et les avocats de l’écologie. Les travaux du philosophe indien et Prix ­Nobel d’économie 1998, Amartya Sen, ont montré que la mesure du développement par la croissance du revenu par tête d’habitant ne peut être érigée comme l’indicateur du ­bonheur économique exclusif de tout autre : confondre croissance économique et développement relève d’une conception étriquée de l’homme et de l’économie. Nous sommes aujourd’hui entre deux mots, croissance et décroissance, dont il nous faut nous défaire. Le désir de puissance s’exprime à travers la démesure d’un désir de croissance qui connaît une issue fatale. La décroissance est ce par quoi l’homme s’oppose à la mort de l’Univers. « Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose », c’est l’homme ­devant l’apparence du philosophe Alain (1868-1951) qui parle ; s’il est trompé, c’est parce qu’il se trompe et se laisse tromper, par les mots des choses.
Avec son été caniculaire, ses tempêtes et ses inondations, 2018 s’est évertuée à prouver le réchauffement climatique. Une victoire amère pour les climatologues, déprimés d’avoir raison. Mais décidés à redoubler de pédagogie pour que chacun passe à l’action.
Les climatologues ont le blues
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/21/les-climatologues-ont-le-blues_5400708_4500055.html
21/12/2018
m-le-mag
action. « Les leaders politiques ne font rien, les gens ne veulent pas savoir. C’est déprimant… » TIM LAHAN POUR M LE MAGAZINE DU MONDE Quand on a demandé à Oksana Tarasova comment elle allait, elle a répondu sans hésiter : « Mal. » Le matin même, la jeune femme, qui dirige la division de la recherche sur l’environnement atmosphérique pour l’Organisation météorologique mondiale (OMM), basée à Genève, était devant les journalistes pour détailler les mauvaises nouvelles : les concentrations des gaz à effet de serre ont atteint des niveaux record en 2017, ce que les experts appellent le « forçage radiatif », à l’origine du réchauffement climatique, a augmenté de 41 % depuis 1990 et la tendance ne s’est pas inversée en 2018. Pour Oksana Tarasova, ces annonces relèvent d’une désastreuse routine : « Cela fait neuf ans que je travaille ici. Chaque année les rapports disent la même chose et les journalistes pensent que c’est toujours la même histoire. Sauf que ces émissions s’accumulent dans l’atmosphère, et la situation est chaque fois plus grave. » Avec ses cheveux blonds coupés court qui accentuent l’impression d’énergie qu’elle dégage, celle qui fut chercheuse en chimie atmosphérique pour l’institut allemand Max-Plank et pour l’université Lomonossov de Moscou ne semble pas du genre à se laisser vaincre par la neurasthénie. Pourtant, dit-elle, « je me sens mal. Tous les jours, je travaille avec les stations qui font les relevés, je comprends ce qui se passe. Mais les leaders politiques ne font rien, les gens ne veulent pas savoir, ils me font penser à ma mère qui n’a admis son cancer qu’au stade 4 de la maladie. C’est déprimant… » Oksana Tarasova n’est pas la seule climatologue d’humeur chagrine. Depuis quelques années, surtout du côté des Anglo-Saxons, le malaise des scientifiques de l’environnement attire l’attention des psychologues et des médias : « emotional burden » – « fardeau, charge émotionnel (le) » –, dit-on pour qualifier les accès de désarroi, colère, tristesse ou d’angoisse qu’éprouvent les chercheurs. Glaciers et océans menacés La psychiatre américaine Lise Van Susteren, qui s’est penchée sur les effets psychologiques du réchauffement climatique, estime que certains souffrent de pre-traumatic stress disorder, qui frappe « quand nous sommes affectés par des pensées intrusives sur la vulnérabilité de notre monde et par l’angoisse de se préparer au pire ». Or, l’immeuble bleu-vert qui abrite l’OMM, comme un élégant navire prêt pour le jour où débordera le lac tout proche, est un endroit de choix pour guetter l’apocalypse. Deux cent cinquante personnes travaillent à étudier les données atmosphériques, météorologiques, climatiques, hydrologiques de 191 pays.
Des micros au domicile d’une figure historique du « milieu » lyonnais ont permis à la police d’écouter les conversations, souvent savoureuses, entre ex-truands de la vieille école.
A Lyon, « tontons dealeurs » et grandes oreilles
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/a-lyon-tontons-dealeurs-et-grandes-oreilles_5400703_3224.html
21/12/2018
societe
C’est un modeste appartement, un deux-pièces au rez-de-chaussée d’un immeuble ordinaire de la banlieue lyonnaise. Samuel (les prénoms ont été modifiés), paisible septuagénaire, y mène, a priori, une existence tranquille de retraité. Il sort peu, toujours chaudement vêtu, guettant chaque mois dans sa boîte aux lettres sa pension de 800,22 euros. Il peste souvent contre tout et rien : les tarifs du train, les horaires de la Sécu, sa santé, abîmée par les années de détention, bref, tout ce qui l’oblige à jongler avec les rendez-vous, un jour chez le dentiste, un autre chez le cardiologue, sans oublier le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP). Dans le quartier, personne ne connaît son CV de figure historique du milieu lyonnais, sortie de prison il y a quatre ans. Impliqué en 1998 dans l’importation de 191 kg de cocaïne à Paris, en lien avec un émissaire de la mafia napolitaine, il avait été condamné à dix-huit ans de réclusion. Au temps de sa splendeur, quand il traitait en direct avec les Colombiens, Samuel était du genre flamboyant. Depuis, il a un peu perdu de sa superbe. Lorsqu’un ami s’inquiète d’une éventuelle surveillance policière, il réplique : « Mon téléphone, ils peuvent pas l’écouter, j’ai appelé personne. » Un texto ? « Même pas en rêve. » L’homme a de l’expérience ; il faut l’entendre rappeler à ses visiteurs le b.a.-ba du métier : se méfier des voitures, qui peuvent être équipées de micros, partir à pied dans la campagne pour discuter en toute sécurité… Ou encore ce conseil de sage : « Le temps, c’est rien. Il vaut mieux perdre du temps dehors que perdre du temps au placard. » Lui, en tout cas, est serein : « Moi, j’te dis la vérité, quand ça sent mauvais, je le sens, et là je sens rien, je sens pas que ça sent mauvais. » Sauf qu’il a tort. La police est là, dans l’ombre, qui enregistre, photographie, espionne. L’enquête a commencé en juillet 2017, par un renseignement anonyme laissant entendre à la brigade financière que de faux billets de 50 euros circuleraient abondamment dans la région lyonnaise. Alors, le 19 septembre 2017, à 4 h 49 du matin, un micro a été posé dans le salon de Samuel. Une opération de « sonorisation » autorisée par un magistrat dans le cadre d’une procédure pour trafic de fausse monnaie, considéré par le code pénal comme une atteinte criminelle au pouvoir régalien. La gouaille des anciens
Les questions intérieures, sociales et économiques, ont dominé, jeudi, la conférence annuelle du président russe dont la côte de popularité a chuté ces derniers mois.
En Russie, Vladimir Poutine confronté à une chute de popularité
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/en-russie-vladimir-poutine-confronte-a-une-chute-de-popularite_5400675_3210.html
21/12/2018
international
Le président russe Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle, à Moscou, le 20 décembre. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP Le chef du Kremlin connaît la chanson. Depuis 2001, hormis les « années Medvedev » entre 2008 et 2012, lors de l’inversion des rôles avec son premier ministre devenu président, Vladimir Poutine se plie au rite d’une conférence annuelle. Pas moins de trois heures d’affilée pour dresser le bilan de l’année écoulée, face à un nombre toujours croissant de journalistes – 1 702 Russes et étrangers étaient accrédités pour cette quatorzième édition qui s’est tenue, comme à l’accoutumée, au Centre international de Moscou, jeudi 20 décembre. Mais cette fois, en dépit d’un regain de tensions avec l’Occident, les questions de politique intérieure ont dominé. « Vladimir Vladimirovitch, vous avez dressé, au début, un bilan macroéconomique qui donne l’impression que nous vivons de mieux en mieux. Les habitants de Paris devraient nous envier, si l’on en croit ces statistiques », a hasardé un journaliste après que le président eut donné lecture d’une liste d’indicateurs positifs. Or depuis l’impopulaire réforme des retraites couplée avec une augmentation de 20 % de la TVA et une hausse des prix de l’essence, le tout annoncé le jour du coup d’envoi de la Coupe du monde de football, le 14 juin, Vladimir Poutine connaît plutôt un « trou d’air ». Tous les sondages de ces derniers mois attestent d’une chute brutale de sa popularité, même si les chiffres feraient encore bien des envieux parmi ses homologues occidentaux : en novembre, 66 % des Russes approuvaient l’action du chef de l’Etat, contre 82 % en mars, à la veille de sa réélection, selon l’institut indépendant Levada. La confiance que la population place en lui a également régressé à 37,3 % en décembre, contre 55,3 % en mars, selon l’institut public VTSiOM. Depuis 2006, le chef du Kremlin n’avait pas connu pareille érosion sur plusieurs mois consécutifs. « La réforme des retraites, un véritable déclencheur » Plus étonnant encore : désormais le mérite des succès économiques qui lui sont attribués et la responsabilité des problèmes du pays se neutralisent complètement : il y a autant de Russes (55 %) à pencher pour l’une ou l’autre des hypothèses. Une première, ici aussi, depuis 2001. En parallèle, la proportion de la population qui souhaite améliorer les relations avec l’Occident est passée en un an de 14 % à 36 % (Levada). Les tensions sur la scène internationale font moins recette pour souder la population autour de son chef. Le nombre de personnes interrogées se disant « très préoccupées » par les sanctions a ainsi grimpé de 7 % à 20 %.
Les grandes entreprises sont en capacité de dépasser le dilemme entre autonomie et contrôle à l’aide du numérique, estime le professeur en sciences de gestion Jean-Pierre Bouchez dans une tribune au « Monde ».
« La bureaucratisation n’est pas inéluctable »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/la-bureaucratisation-n-est-pas-ineluctable_5400669_3232.html
21/12/2018
idees
Tribune. L’arbitrage entre l’autonomie et le contrôle des activités des salariés est un enjeu récurent pour les organisations. Ce dilemme paradoxal s’est singulièrement accru ces dernières années avec la pénétration massive des technologies numériques. Du côté de l’autonomie, ces technologies contribuent à la favoriser dans des registres différents, qu’il s’agisse des possibilités de télétravail ou de l’usage d’applications comme les « kits de survie » (accès à la domotique, aux services de conciergerie, possibilité de réserver une salle, etc.). L’aplatissement de la hiérarchie y concourt également lorsqu’elle conduit à une réelle responsabilisation. Pour autant, le contrôle, notamment organisationnel et technologique, apparaît encore plus incontournable. Comment en effet imaginer le pilotage de mastodontes complexes à enjeux forts pour leurs usagers, par exemple un grand établissement hospitalier, des grandes gares ferroviaires parisiennes, ou plus généralement l’ensemble du réseau transilien. En l’absence de processus structurants assurant la coordination, voire l’uniformisation, ils deviendraient évidemment ingérables. Evidence d’ailleurs encore fréquemment sous-estimée par les tenants de l’autonomie à tous crins. Il n’en reste pas moins vrai que ces processus sont consommateurs de temps, d’argent, et potentiellement générateurs de stress et de méfiance. Ils tendent naturellement à limiter l’autonomie des salariés. Déployer de manière intensive l’innovation collaborative Afin de tenter de résoudre ce dilemme paradoxal, nombre de dirigeants éclairés de grandes firmes ont promu ces dernières années de profondes transformations, de manière à favoriser et déployer de manière intensive l’innovation collaborative jugée nécessaire pour parvenir à construire une croissance durable, dans un contexte de guerre économique mondiale exacerbée. Parallèlement aux pratiques d’innovations ouvertes et coopératives, souvent en coopération avec des acteurs extérieurs (start-up, clients, utilisateurs, universités, concurrents, etc.), des politiques internes promeuvent ce que la novlange managériale nomme « the new way of working ». Les « espaces collaboratifs », avec leurs différents quartiers, en constituent l’illustration la plus visible. Ils contribuent à autonomiser leurs collaborateurs en les incitant à développer des pratiques coopératives clairement orientées vers l’innovation. Ces nouvelles configurations répondent aussi au risque de se faire « ubériser » ou de ne plus pouvoir séduire les fameux « millennials », dont les prétendues caractéristiques ne laissent pas d’interroger ceux qui ont procédé à des recherches étayées (François Pichault et Mathieu Pleyers, « Pour en finir avec la génération Y… enquête sur une représentation managériale », Gérer et comprendre, n° 108, 2012). Elles peuvent ainsi attirer plus largement celles et ceux qui souhaitent s’impliquer, agir et se responsabiliser dans le cadre de contraintes allégées avec de réelles marges de manœuvre, au-delà d’un seul effet d’âge.
A Rome, la « bonne gestion » n’était pas le degré zéro du politique. Elle constituait son champ d’exercice, ce sur quoi tout pouvoir doit rendre des comptes et que chaque citoyen peut discuter, explique le professeur Armand Hatchuel.
De Cicéron aux « gilets jaunes » : la longue éclipse de la « bonne gestion »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/de-ciceron-aux-gilets-jaunes-la-longue-eclipse-de-la-bonne-gestion_5400670_3232.html
21/12/2018
idees
Chronique « Entreprises ». Le bien-fondé des revendications des « gilets jaunes » vient d’être reconnu par les plus hauts responsables de l’Etat. Face à la colère exprimée, le président de la République a déclaré : « Je la ressens comme juste à bien des égards. » Peu avant, le premier ministre avait affirmé « qu’aucune taxe ne mérite de mettre en danger l’unité de la nation ». Aurait-il manqué à la gestion publique un engagement réel pour la justice et l’équité entre les citoyens ? Quant au ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, il a fustigé la déloyauté sociale des dirigeants de Ford refusant tout repreneur pour l’usine de Blanquefort. « Justice », « équité », « bienveillance », « écoute » : par temps de crise, ces termes reprennent soudain toute leur valeur. Mais ils pèsent peu dans les doctrines dominantes de la gestion publique et privée, où l’efficacité est réduite à la performance économique et le marché sert de justice sociale, y compris pour les salaires. On est alors bien loin de la « bonne gestion ». Une théorie reprise par Auguste, le premier empereur romain Une historienne de la Rome antique, Moïra Crété, vient de montrer que lorsque les Romains inventent la « bene gesta », ils ne séparent pas efficacité et responsabilité citoyenne (« La “gestion” à l’époque romaine : naissance d’une catégorie de l’action collective », Entreprises et histoire n° 90, 2018). C’est à Cicéron que l’on doit la construction théorique de la « bonne gestion », la « bene gesta res publicae ». En pleine crise de la République romaine, iI s’agissait de concevoir une action publique qui s’éloigne autant du diktat des élites que d’un populisme aveugle. Cicéron ne met pas seulement en avant les valeurs de l’esprit et de la connaissance dans l’action, il insiste surtout sur la justice, l’humanité, l’équité, l’intégrité et la bienveillance. Cette théorie de la « bonne gestion » serait restée lettre morte si elle n’avait pas été reprise par Auguste, le premier empereur romain, qui choisit de décrire dans son testament les « Res gestae », une liste des actes en faveur des citoyens qui illustrent la « bonne gestion » publique. L’auteur montre aussi que, pendant trois siècles, la « bene gesta » cicéronienne a constitué l’idéal d’une action publique et privée qui se veut aussi efficace économiquement qu’intègre et citoyenne. La bonne gestion n’était donc pas, comme on le pense aujourd’hui, le degré zéro du politique. Elle constituait au contraire son champ d’exercice, ce sur quoi tout pouvoir doit rendre des comptes et que chaque citoyen peut discuter.
Les députés ont décidé qu’une taxe de 9 % sera appliquée sur la garantie décès. Pour les malades et les ex-malades qui veulent souscrire un crédit et doivent s’assurer, des surprimes, des exclusions, mais aussi des garanties minimales s’appliquent.
Crédit : comment s’assurer quand on est malade
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/12/21/credit-comment-s-assurer-quand-on-est-malade_5400665_1657007.html
21/12/2018
argent
Pour certaines maladies, les suprimes de l’assurance du crédit sont encadrées mais peuvent être élevées. Ingram / Photononstop Pour quiconque souffre ou a souffert d’un problème de santé, emprunter pour financer un projet relève du parcours du combattant. Il faut en effet trouver une assurance acceptant de couvrir le crédit malgré la pathologie, à un prix non prohibitif, puis convaincre la banque d’accepter cette assurance même si celle-ci sera souvent peu protectrice… Plusieurs dispositions sont tout de même venues, ces dernières années, faciliter l’accès à l’assurance emprunteur en cas de problème de santé. Des pratiques encadrées Désormais, il existe un droit à l’oubli : ceux qui ont eu un cancer mais dont le traitement s’est achevé il y a au moins dix ans, ou cinq pour les cancers survenus avant l’âge de 18 ans, n’ont pas à le déclarer au moment de souscrire leur prêt – le niveau de couverture et les tarifs appliqués n’en tiennent donc pas compte. Les autres malades, n’entrant pas dans le cadre de ce droit à l’oubli inscrit dans une loi de 2016, peuvent bénéficier des dispositions d’une convention appelée Aeras (« s’assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé »), négociée entre les professionnels de la banque et de l’assurance, les associations et l’Etat, et régulièrement révisée. Elle encadre les pratiques, à des niveaux et conditions différents selon les pathologies. Lire aussi Assurance emprunteur : la résiliation facilitée Au fil des progrès de la médecine, des études fournies par les associations représentant les malades et des négociations avec les professionnels du secteur, ces dispositions visant à rendre les démarches des emprunteurs malades ou ex-malades moins complexes progressent régulièrement. A petits pas. Dernière évolution en date : la révision, cet été, de la « grille de référence » de la convention Aeras, avec l’ajout de cinq nouvelles pathologies : les cancers du rein et de la prostate, l’hépatite C chronique, les leucémies, la mucoviscidose et certaines tumeurs cérébrales. Grille de 18 pathologies L’impact pour les emprunteurs ? Pour comprendre, il faut savoir que cette grille est un tableau, qui liste 18 pathologies. Concrètement, il est divisé en deux parties. Pour les pathologies énumérées dans la première partie du tableau, tels les cancers du testicule, du sein ou du col de l’utérus, la règle est simple : même si vous devez déclarer votre maladie (il n’y a pas de droit à l’oubli), l’assureur ne peut vous imposer ni surprime (majoration du tarif) ni exclusion de garanties. C’est dans cette première partie de la grille qu’ont été ajoutés cet été les cancers du rein. Mais attention, pour en bénéficier, encore faut-il que votre pathologie réponde à des critères médicaux très stricts, eux aussi indiqués dans le tableau. Et que votre traitement soit achevé depuis un certain nombre d’années, qui, là aussi, varie selon les pathologies et la gravité (de un à huit ans).
Le biologiste Eric Karsenti, directeur scientifique de l’expédition Tara Océans et spécialiste des mécanismes cellulaire, expose sa vision de l’émergence et de l’évolution du vivant.
La vie, mode d’emploi
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/21/la-vie-mode-d-emploi_5400662_1650684.html
21/12/2018
sciences
Le livre. Le « grand livre de la vie », ainsi qu’on avait baptisé le code du génome humain au moment où on s’apprêtait à le dévoiler, à l’aube des années 2000, n’était en fait qu’un chapitre incomplet, à l’intrigue mal ficelée. Le point final n’a toujours pas été posé sur ce qui reste un manuscrit n’ayant pas tenu toutes ses promesses. Et pour cause, insiste le biologiste Eric Karsenti dans Aux sources de la vie, jamais la révélation d’une séquence génétique, aussi complète soit-elle, n’abolira la complexité des processus qui ont conduit à l’émergence du vivant et à son évolution. Le récit d’Eric Karsenti mêle son propre parcours scientifique à des rappels plus historiques sur les recherches visant à élucider les conditions d’apparition de la vie, de ses formes les plus simples aux plus complexes, et de formation d’un individu (morphogenèse). Marin accompli, initiateur de l’expédition scientifique Tara Océans, qui a récolté des organismes planctoniques dans toutes les mers du globe, le chercheur s’attarde peu sur cette aventure hors du commun : ne cherchez pas dans son livre le récit des semaines agitées qu’il a passées à bord de la goélette. Son propos est bien plus vaste, presque océanique : tenter d’exposer une vision de l’apparition de la vie qui fasse leur place à toutes les disciplines concourant à l’expliquer. La génétique y a bien sûr droit de cité, mais aussi la physique, les mathématiques ou la philosophie : l’idée centrale de l’auto-organisation, où la partie et le tout existent l’un pour et par l’autre, n’a-t-elle pas été d’abord une intuition de Kant dans sa Critique de la faculté de juger (1790), rappelle-t-il ? Et n’est-ce pas Bergson qui insiste sur l’irréversibilité du temps et sa capacité à sculpter la nature ? Des ponts avec d’autres disciplines Biologiste de formation, Eric Karsenti n’a cessé de créer des ponts avec des chercheurs d’autres disciplines, pour s’attaquer à la complexité du vivant. Il est parvenu à la même conclusion qu’Ilya Prigogine (Nobel de chimie 1977), et estime que la vie « est tout simplement une forme particulière de la matière et de l’énergie, un “phénomène” qui devait apparaître nécessairement dans notre Univers ». L’individu émerge d’une cellule unique et se complexifie à travers un flux de réactions soumises à des déséquilibres, des bifurcations en lien avec son environnement, un ensemble de contraintes chimiques et physiques de mieux en mieux décrites. La sélection naturelle n’est qu’un moteur de l’évolution comprise comme la complexification du vivant, assure Eric Karsenti. Ce même jeu d’interactions, de boucles et de cascades, rythmé par des horloges biologiques dont le tempo est finement autorégulé, intervient au niveau de la cellule, de l’organisme, et finalement de l’écosystème tout entier.
Convaincue que les clivages politiques ont envahi la sphère amoureuse, une entrepreneuse, soutien de Donald Trump, vient de lancer une application de rencontres pour les jeunes conservateurs.
Righter, l’appli de rencontres réservée aux trumpistes
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/righter-l-appli-de-rencontres-reservee-aux-trumpistes_5400650_3210.html
21/12/2018
international
« Les hommes qui tenteraient d’échapper au paiement de l’addition au restaurant prennent le risque d’être dénoncés. » TWITTER LETTRE DE WASHINGTON On pourrait presque croire à une parodie. Mais Righter existe bel et bien. Cette nouvelle application de rencontres réservée aux trumpistes a effectivement été lancée début décembre par une « consultante en communication », qui a fait campagne pour Donald Trump. L’idée lui est venue après avoir entendu, consternée, des jeunes conservateurs raconter leurs déboires amoureux, notamment dans les villes libérales telles que Washington, réputée pour abriter les utilisateurs les plus compulsifs d’applications de rencontre. Mais dans la capitale fédérale, où les « millenials » célibataires sont légion au sein des administrations, seuls 4 % de la population a voté républicain en 2016. « Ils se faisaient rejeter sur les applications classiques dès qu’ils disaient avoir voté pour Trump », a récemment déclaré la fondatrice de Righter, Christy Edwards Lawton, aux animateurs de Fox and Friends, l’émission matinale préférée du président américain. En août, une enquête du magazine Politico auprès de jeunes « staffers » de la Maison Blanche confirmait que certains d’entre eux préféraient rester vagues sur leur lieu de travail ou en arrivaient à mentir sur leur profession pour éviter d’être taxés de « racistes » ou de « sexistes ». Militantisme assumé Si, comme sa fondatrice le prétend, la sphère amoureuse n’échappe pas aux profonds clivages politiques qui traversent le pays depuis l’élection de 2016, Righter veille apparemment à ce que ce fossé persiste. Les « gauchistes » n’y sont pas les bienvenus. Si les abonnés sont surpris à avoir menti sur leur physique, leur âge, mais plus encore leur orientation politique, les responsables de l’application se réservent le droit de les évincer. L’entrepreneuse est de toute façon convaincue que l’amour ne peut suffire à réduire les fractures idéologiques. Aussi, le militantisme de Righter est-il totalement assumé. Sur son compte Twitter, les messages aux tourtereaux alternent avec les déclarations énamourées à Donald Trump. « On est tellement fier du président et de son travail remarquable, qui a permis de relancer une économie laissée dans le marasme par Obama », s’enthousiasme Righter mi-décembre. « L’amour que vous allez rencontrer sur Righter aura un nom : MAGAlike », référence au slogan de campagne du président américain « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique) affirme le compte dans la même veine.
Prime exceptionnelle, heures sup défiscalisées, exonérations… le texte, examiné et voté en treize heures par les députés, ira maintenant au Sénat.
« Gilets jaunes » : les mesures obtenues après les manifestations adoptées à l’Assemblée
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/12/21/l-assemblee-vote-la-defiscalisation-des-heures-supplementaires_5400638_1698637.html
21/12/2018
emploi
Prime exceptionnelle, heures supplémentaires défiscalisées, exonération élargie de hausse de CSG pour des retraités : l’Assemblée nationale a donné son feu vert, dans la nuit de jeudi 20 à vendredi 21 décembre, aux mesures d’urgence du gouvernement pour répondre à la crise des « gilets jaunes ». Après plus de treize heures de vifs débats, le projet de loi sur les « mesures d’urgence économiques et sociales » a été approuvé avec 153 voix pour, 9 voix contre et 58 abstentions. Le texte, examiné en procédure accélérée, passera dans la foulée vendredi au Sénat. Son président, Gérard Larcher, a souhaité un « vote conforme » de la Chambre haute, à majorité de droite, ce qui permettrait l’adoption du texte avant les vacances parlementaires. « Vous aurez Noël aux ronds-points ! » Ces mesures apportent « des réponses rapides, fortes et concrètes » à la crise des « gilets jaunes », « condition d’un apaisement » même si « cela ne suffira pas », a affirmé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, présente aux côtés de la ministre de la santé, Agnès Buzyn. C’est plutôt un « trompe-l’œil », a dénoncé la gauche de la gauche. « Vous pensez que vous allez régler le problème avec quatre mesures et un grand débat (…), il ne vous restera qu’à croiser les doigts pour que les gens s’en contentent », a répondu le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon. « Vous allez avoir Noël aux ronds-points », a-t-il promis. « Votre projet de loi répond à la règle des trois “E” : embrouille, entourloupe et emberlificotage », a raillé le communiste Pierre Dharréville. Communistes et Insoumis ont réclamé en vain le retrait de la mesure portant sur la défiscalisation des heures supplémentaires, « mesure sarkozyste dangereuse », selon eux. La demande des Républicains d’exonérer ces heures supplémentaires de cotisations patronales a également été rejetée, la majorité ne souhaitant pas que les entreprises recourent à ce moyen au lieu d’embaucher de nouveaux salariés. Les explications sur la prime d’activité : « 100 euros de plus par mois », qui en profitera ou non, en sept exemples « Un budget insincère » Les oppositions de gauche comme de droite ont jugé « injuste » la prime exceptionnelle de 1 000 euros détaxée que les entreprises auront la possibilité de verser, d’ici au 31 mars, à des salariés rémunérés jusqu’à 3 600 euros. « De nombreuses petites et moyennes entreprises ne pourront néanmoins pas les verser », faute de trésorerie suffisante, a souligné Gilles Lurton (LR). Sur la CSG, les Républicains ont défendu sans succès des amendements pour que la mesure touche l’ensemble des retraités. L’article 4 du projet de loi, qui prévoit un rapport du gouvernement sur « la revalorisation exceptionnelle de la prime d’activité au 1er janvier 2019 » – la mesure de revalorisation elle-même ne passant pas par la loi mais par le règlement –, a donné lieu à des débats houleux sur la promesse d’Emmanuel Macron d’une hausse de revenu de 100 euros autour du smic.
L’ex-général était pour le maintien de troupes en Syrie. Désavoué, il a dit ne plus être en mesure de travailler avec Trump.
Aux Etats-Unis, la surprise et le choc après la démission du secrétaire à la défense James Mattis
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/james-mattis-prend-acte-de-ses-desaccords-avec-donald-trump_5400636_3210.html
21/12/2018
international
LEAH MILLIS / REUTERS Le retrait de Syrie aura été la décision de trop. Désavoué alors qu’il plaidait en faveur du maintien de cette force de stabilisation déployée dans le nord-est du pays pour lutter contre l’organisation Etat islamique (EI), le secrétaire à la défense des Etats-Unis, James Mattis, a jugé, jeudi 20 décembre, qu’il n’était plus en mesure de travailler aux côtés de Donald Trump. La lettre de sa démission, qui prendra effet en février, le temps qu’un successeur soit nommé et confirmé par le Sénat, le dit sans ambages. « Parce que vous avez le droit d’avoir un secrétaire à la défense dont les vues sont mieux alignées sur les vôtres (…), je pense que me retirer est la bonne chose à faire », assure le général du corps des marines. Il conclut sa missive en assurant avoir « apprécié d’avoir pu servir la nation » ainsi que « nos hommes et femmes sous l’uniforme ». Sans un mot de remerciement pour le président. «Je pense que James Mattis est une sorte de démocrate, si vous voulez la vérité.» Donald Trump Donald Trump avait annoncé ce départ, après bien d’autres, sur son compte Twitter en fin d’après-midi, en rendant hommage à l’ancien militaire dont le sort était en suspens depuis des mois compte tenu d’une addition de contentieux avec le président. Ce dernier avait signalé qu’il était prêt à se séparer de lui en octobre, au cours d’un entretien à la chaîne CBS. « Je pense qu’il est une sorte de démocrate, si vous voulez la vérité », avait perfidement glissé le locataire de la Maison Blanche. Entre Trump et les militaires américains, un malentendu L’ancien marine avait pourtant été poussé à la retraite par l’administration de Barack Obama qui le trouvait trop agressif vis-à-vis de l’Iran. Il occupait alors les fonctions de responsable du commandement militaire régional chargé du Proche-Orient. Autre vexation : Donald Trump n’avait pas retenu au début du mois son candidat pour le poste de chef d’état-major. Dépourvu de la moindre expérience en matière de défense et de diplomatie, le président s’était tourné après son élection vers les militaires pour peupler son administration. Un choix qui reposait cependant sur une méprise : le milliardaire comptait sur une loyauté qu’il présumait aveugle, alors que pour ces derniers le service de l’Etat a toujours primé. Cette alliance de circonstance s’est achevée par un divorce. Ce malentendu a été résumé par l’usage que le président a fait à ses débuts d’un surnom de James Mattis, « Mad Dog », que ce dernier n’a jamais revendiqué. Donald Trump attendait un « chien de guerre » à ses ordres, alors qu’il avait face à lui un érudit soucieux des équilibres du monde.
Le départ du secrétaire à la défense était attendu depuis l’annonce par le président américain du retrait des forces américaines de Syrie.
Le secrétaire à la défense américain Mattis démissionne, en désaccord avec le retrait militaire de Syrie
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/etats-unis-le-ministre-de-la-defense-jim-mattis-demissionne_5400631_3210.html
21/12/2018
international
Le secrétaire à la défense, Jim Mattis, en septembre, à Washington. Susan Walsh / AP Le secrétaire américain à la défense, Jim Mattis, a présenté jeudi 20 décembre sa démission, reconnaissant des divergences avec Donald Trump, dans une lettre au président américain rendue publique par le Pentagone. « Parce que vous avez le droit d’avoir un ministre de la défense dont les vues sont mieux alignées sur les vôtres (…) je pense que me retirer est la bonne chose à faire », écrit l’ancien général des Marines dans cette lettre datée de jeudi, au lendemain de l’annonce du retrait militaire américain de Syrie, auquel il était farouchement opposé. Quelques minutes auparavant, Donald Trump avait écrit, sur Twitter, que Jim Mattis quitterait ses fonctions fin février. « Traiter les alliés avec respect » Dans cette missive d’une page et demie, M. Mattis énumère ses convictions, différant totalement de celles du président, sans toutefois mentionner explicitement le retrait de Syrie. « La force de notre nation est inextricablement liée à la force de notre système unique et complet d’alliances et de partenariat », écrit le chef du Pentagone. « Comme vous, j’ai dit depuis le début que les forces armées des Etats-Unis n’avaient pas pour vocation à être le gendarme du monde », poursuit-il, en référence à la justification par M. Trump de retirer au plus vite les 2 000 soldats américains déployés en Syrie. Mais « il faut traiter les alliés avec respect », ajoute-t-il, et « nous devons faire tout notre possible pour favoriser un ordre international propice à notre sécurité, notre prospérité et nos valeurs, et nous sommes renforcés dans cet effort par la solidarité de nos alliances ». « De même, je suis convaincu qu’il nous faut être résolus et sans ambiguïté dans notre approche envers les pays dont les intérêts stratégiques sont de plus en plus opposés aux nôtres », ajoute le secrétaire d’Etat, citant la Russie et la Chine. M. Mattis précise qu’il quittera ses fonctions le 28 février, « une date qui devrait donner suffisamment de temps pour nommer et confirmer un successeur » et lui permettre de participer à une dernière réunion ministérielle de l’OTAN, prévue en février à Bruxelles. « Je m’engage à faire tous les efforts pour assurer une transition en douceur », conclut-il dans ce message qui montre sans ambiguïté que ce départ se fait à des conditions qu’il a lui-même fixées. Lire notre éditorial : Syrie : un retrait américain déroutant
Une rédactrice et une journaliste reporter d’images de France 2, une équipe de BFMTV et une reporter du « Progrès » ont été conspués dans les Pyrénées-Orientales et dans la Loire.
Plusieurs journalistes insultés et agressés par des « gilets jaunes »
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/22/plusieurs-journalistes-insultes-et-agresses-par-des-gilets-jaunes_5401460_3224.html
22/12/2018
societe
Des « gilets jaunes » au Boulou, près de la frontière franco-espagnole, le 22 décembre 2018. RAYMOND ROIG / AFP Deux journalistes de France 2 Montpellier ont été « violemment » agressées samedi 22 décembre par des « gilets jaunes », selon l’Agence France-presse (AFP) qui a recueilli leur témoignage. La rédactrice et la journaliste reporter d’images (JRI) se trouvaient près du péage de l’autoroute A9 du Boulou, que des manifestants avaient partiellement bloqué au cours de la journée, près de la frontière franco-espagnole. « Tout a basculé dans l’après-midi, quand les forces de l’ordre ont lancé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et qu’un mouvement de panique s’est emparé de la foule », a expliqué l’une d’elle. « Avec ma collègue, on a été prises à partie, pourchassées, frappées par une foule de manifestants qui nous a complètement encerclées », a-t-elle ajouté, encore sous le choc. « Pluie d’insultes » « Vendues », « vous ne faites que trafiquer la réalité », criaient avec rage des « gilets jaunes », hommes et femmes confondus, d’après la rédactrice. Les deux journalistes disent avoir été « sauvées » par un « gilet jaune » qui s’est interposé et leur a permis de s’enfuir « sous une pluie d’insultes ». Elles ont porté plainte. Dans la matinée, une équipe de BFMTV et une journaliste du Progrès ont aussi été prises à partie à Saint-Chamond (Loire) par des « gilets jaunes », tandis qu’ils couvraient leur action de blocage de l’autoroute A47, selon leurs rédactions. Le reporter et le cameraman de BFMTV, accompagnés par deux agents de sécurité, ont déclaré à l’AFP avoir été ciblés par un groupe d’une vingtaine de personnes après avoir réalisé un duplex depuis l’aire du Pays du Gier. L’équipe de télévision a réussi à les empêcher de leur soustraire leur caméra, mais celle-ci a été endommagée durant l’altercation. Une heure plus tard, sur le même site, en bordure de l’A47, qui était coupée dans les deux sens par des incendies allumés sur la chaussée, une journaliste du quotidien régional La Tribune-Le Progrès a, à son tour, été agressée par deux « gilets jaunes ». « Ce couple l’a bousculée pour s’emparer de son smartphone avec lequel elle prenait des photos. D’autres “gilets jaunes” sont intervenus pour récupérer et lui restituer l’appareil », a déclaré à l’AFP le directeur départemental du quotidien, Patrick Maugé. Ce n’est pas la première fois que des reporters sont agressés depuis le début du mouvement. A Toulouse notamment, cinq journalistes de CNEWS et BFMTV avaient porté plainte fin novembre pour « violences aggravées », « menaces de mort », « tentative d’agression en réunion », rapportant avoir reçu des coups de pied, des crachats et avoir été poursuivis dans la rue.
Pour Patrick Poirrier, président du groupe Cémoi, continuer à étendre les plantations de cacao au détriment des forêts n’est pas une solution pour répondre à une demande en pleine expansion.
« Les consommateurs ne mesurent pas les étapes nécessaires avant d’obtenir une tablette de chocolat »
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/22/les-consommateurs-ne-mesurent-pas-les-etapes-necessaires-avant-d-obtenir-une-tablette-de-chocolat_5401454_3244.html
22/12/2018
planete
Retournement des fèves de cacao pour un séchage homogène, à Sao Tomé-et-Principe. Antoine Boureau/Biosphoto Patrick Poirrier est président du groupe Cémoi, le plus important chocolatier de France. La société qui est installée à Perpignan (Pyrénées-Orientales), s’est lancée en 2015 dans une démarche d’approvisionnement responsable, intitulée « Transparence Cacao », qui vise à la fois à améliorer la qualité des récoltes et les conditions sociales et environnementales chez les planteurs. Comment vous situez-vous sur le marché du chocolat ? Nous sommes un petit parmi les dix plus gros mondiaux. Nous produisons plus de 200 000 tonnes de produits chocolatés par an et nous achetons 120 000 tonnes d’équivalent cacao. Nous sommes très présents dans le bio, en provenance du Pérou, de l’Equateur, de Sao Tomé, de la République dominicaine. Notre pâte de cacao provient en outre de Côte d’Ivoire, où il y a aussi du bon cacao. Obtenir du chocolat n’est pas un processus simple. Les consommateurs ne mesurent pas combien d’étapes sont nécessaires avant d’arriver à une tablette : récolte, fermentation, torréfaction… La demande, notamment en Europe de l’Est et en Asie, continue d’augmenter. Pour y répondre, la cacaoculture de plein soleil [intensive] n’est pas une solution durable. Nous sommes pleinement conscients qu’étendre les plantations toujours davantage n’est pas une bonne idée ! D’autant qu’en grandissant, les exploitations deviennent difficiles à gérer, les rendements baissent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La culture du cacao dévore la forêt tropicale Quelles sont les solutions pour enrayer ce phénomène ? Il faut améliorer la productivité. Et pour cela favoriser l’agroforesterie. Les cacaoyers ont besoin d’un couvert qui leur fournit de l’ombre, ce qui les protège de certaines maladies et d’attaques d’insectes. Les deux premières années, 15 % à 20 % d’entre eux meurent à cause des sécheresses. L’apport d’arbres favorise l’humus, le compost. Notre société soutient la recherche agronomique et nous organisons des formations pour les planteurs et pour les planteuses aussi – il y a beaucoup de femmes dans les coopératives en Afrique. Mon objectif, c’est qu’ils y reviennent. Participer juste une fois ne suffit pas, c’est de l’argent jeté par les fenêtres. Les producteurs de cabosses ont vraiment besoin de revenus. Leurs exploitations sont familiales, elles ne dépassent pas 2 à 3 hectares en moyenne. Rien à voir avec les vastes plantations de palmiers à huile. Nous développons en outre un système de paiement via leur téléphone portable. C’est pour eux une vraie chance d’épargner, sans être soumis aux risques de vol, de dysfonctionnements des banques…
Les exploitations préservant l’environnement sont mises en difficulté par les prix bas de la cacaoculture intensive d’Afrique de l’Ouest.
Au Costa Rica, des modèles vertueux de plantations de cacaoyers
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/22/au-costa-rica-des-modeles-vertueux-de-plantations-de-cacaoyers_5401451_3244.html
22/12/2018
planete
Cabosses mûres de cacao, au Costa Rica. Michel Gunther/Biosphoto La piste, fréquemment lavée par les pluies tièdes, grimpe jusqu’à la maison où la famille Fuentes propose des chambres d’hôte, au centre du Costa Rica. C’est là, à la finca Diklä – une exploitation agricole noyée dans la forêt tropicale –, que Stéphane Roux et sa compagne ont décidé, en 2015, de faire pousser des cacaoyers, à plus de 800 mètres d’altitude. Une plantation en « quasi-bio » de 3,5 hectares sur d’anciennes friches hérissées d’arbres solides pour retenir le terrain en pente et enrichie des déjections des chèvres de la finca. Cinq personnes y travaillent. Le Centre agronomique tropical d’enseignement et de recherche, situé à Turrialba, la ville voisine, apporte son expertise. Les premiers fruits des 3 500 pieds plants devraient apparaître en 2019, puis les 3 ou 4 tonnes de la première vraie récolte en 2020, précise ce maître chocolatier à l’accent provençal, dont la société, L’Art chocolatier, est installée à Pertuis (Vaucluse) et à Lyon. « Comme dans une cocotte-minute, nous avons besoin de soleil et de 85 % d’humidité, afin que la cabosse s’en nourrisse et devienne aromatique grâce aux odeurs des autres plantes, des ananas tout autour », présente Stéphane Roux, désolé de voir ailleurs, au Brésil notamment, « la faune et la flore déstabilisées pour produire des grosses cabosses sans goût ». Maintien de la biodiversité Comme lui, en France, une vingtaine de professionnels auraient franchi le pas et tenteraient de maîtriser leur production de la fève à la tablette. « J’en avais assez de subir les fluctuations des cours, relate-t-il. Aujourd’hui, je paie de 12 à 20 euros le kilo de fèves, qui ont été payées une misère aux coopératives. Demain, combien ce sera, avec le réchauffement ? » Un coup de cœur pour le Costa Rica s’est ajouté à ces motivations. Le pays est un de ceux où le cacao a été découvert. Près de la frontière avec le Panama, des communautés amérindiennes continuent de faire visiter des petites plantations. La culture a été très importante dans le pays, avant de s’écrouler dans les années 1960. La faute à un champignon, entre autres. Face à la demande, le gouvernement tâche de la relancer. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La culture du cacao dévore la forêt tropicale « En Amérique latine, le cacao est majoritairement cultivé d’une façon propice au maintien de la biodiversité, expose Frédéric Amiel, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales. La République dominicaine n’a ainsi eu aucun mal à passer au bio. » Mais ces modèles vertueux sont mis en difficulté par les prix bas de la cacaoculture intensive telle qu’elle s’est développée en Afrique de l’Ouest.
La consommation de chocolat dans les pays développés entraîne une destruction massive de la biodiversité, y compris dans des zones protégées.
La culture du cacao dévore la forêt tropicale
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/22/les-cultures-de-cacao-devorent-la-foret-tropicale_5401448_3244.html
22/12/2018
planete
Fabrication de chocolat bio dans une usine à Manara (Pérou), en janvier 2017. GUADALUPE PARDO / REUTERS Papillote ? Truffe ? Bûche au chocolat ? Le cacao est l’une des stars des fêtes de fin d’année. Mais, dévêtu de son emballage scintillant, il présente une face bien moins brillante, franchement sombre même chez certains pays producteurs. En Afrique, qui fournit près des trois quarts des marchés mondiaux, il a pour prix la dévastation massive des paysages dans l’ouest du continent. Au Brésil, le ministère du travail a rendu publique en novembre, avec l’Organisation internationale du travail, une enquête concluant à la « présence significative » de labeur forcé et d’enfants à la tâche dans les plantations de cacaoyers. Pour sa part, Mighty Earth a publié, début décembre, un rapport sur l’impact de l’extension de la « cacaoculture » en Côte d’Ivoire, où elle s’immisce jusqu’au cœur de parcs nationaux et de réserves naturelles a priori protégées. L’ONG américaine estime que 30 % des récoltes en proviennent, en toute illégalité. De leur côté, des experts du développement durable de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) reviennent d’une mission au Ghana voisin, où le modèle agricole n’est guère plus vertueux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Costa Rica, des modèles vertueux de plantations de cacaoyers Même si le cacao n’est pas le seul responsable, dans ces deux pays qui en sont les plus gros exportateurs du monde, les couverts forestiers ont été réduits de « 90 % depuis l’indépendance », selon Mighty Earth ; « de 80 % depuis les années 1980 », selon l’Iddri. La forêt du pays s’est recroquevillée, confirment les recensements officiels ivoiriens, passant de 16 millions d’hectares en 1900, à 3,4 millions d’hectares en 2015. « L’élimination de leur habitat par l’industrie du cacao a repoussé les éléphants dans de maigres couloirs de forêts, facilitant le travail des braconniers pour les pister et les abattre, rapporte Mighty Earth. Les hippopotames nains, les écureuils volants, les pangolins, les léopards, les crocodiles, et bien d’autres espèces de la Côte d’Ivoire sont également menacés. » Il ne reste plus qu’entre 200 et 400 éléphants sur une population qui à l’origine en comptait des dizaines de milliers. Pour les gourmands européens, la question de la consommation responsable se pose, car les Vingt-Huit achètent plus de la moitié de la production de la planète. Ainsi, chaque année 300 000 tonnes de fèves entrent dans le port d’Anvers, la Belgique étant en retour un important exportateur de chocolat. Loin derrière le soja et l’huile de palme, le cacao constitue la troisième cause de déforestation importée imputable à l’Union européenne. Et sa production – 4,7 millions de tonnes en 2016-2017 –, ne cesse d’augmenter, pour répondre à un appétit général qui s’aiguise, y compris en Asie.
A Abu Dhabi, les Espagnols ont dominé le club émirati (4-1) et remportent le trophée pour la quatrième fois.
Le Real Madrid surclasse Al-Ain en finale de la Coupe du monde des clubs
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/22/le-real-madrid-surclasse-al-ain-en-finale-de-la-coupe-du-monde-des-clubs_5401441_1616938.html
22/12/2018
football
Sergio Ramos, auteur du troisième but du Real Madrid, samedi 22 décembre, à Abu Dhabi. SUHAIB SALEM / REUTERS La « Smart » n’a pas battu la « Mercedes ». Le Real Madrid s’est logiquement imposé 4-1 samedi face aux très modestes émiratis d’Al-Ain pour remporter sa troisième Coupe du monde des clubs consécutive, devenant ainsi l’équipe la plus titrée de l’histoire de la compétition. « Une Smart peut battre une Mercedes », avait plaisanté avant le match l’entraîneur croate d’Al-Ain, Zoran Mamic. Pas quand la Mercedes appuie sur l’accélérateur. L’écart, abyssal sur le papier entre le triple tenant du titre en Ligue des champions et le club des Emirats arabes unis, qui n’était en lice dans cette compétition que pour représenter le pays hôte, s’est concrétisé par une victoire sans appel. Les Merengues, arrivés dans le Golfe en pleine crise après un départ poussif en Liga et un changement d’entraîneur au passage (Santiago Solari a succédé à Julen Lopetegui le 29 octobre), ont dominé de la tête et des épaules cette finale à Abou Dhabi. Tombeur surprise des Argentins de River Plate en demi-finale, Al-Ain ne boxait pas dans la même catégorie. Le Real Madrid, qui a souvent fait preuve de suffisance lors de cette finale et qui aurait pu l’emporter sur un score bien plus large encore, en a profité pour soulever sans grande adversité son quatrième trophée en cinq ans en Mondial des clubs. Il est donc devenu le club le plus titré dans la nouvelle formule de la compétition - anciennement appelée la Coupe intercontinentale -, devant son éternel rival du FC Barcelone. Le néo-Ballon d’or Luka Modric a ouvert le bal d’une frappe enroulée du pied gauche décochée à l’extérieur de la surface (14e, 1-0). En deuxième période, Marcos Llorente a fait le break d’un missile en demi-volée (60e, 2-0) et il n’y avait déjà plus aucun suspense lorsque le capitaine, Sergio Ramos, a expédié d’une tête le ballon du 3-0 dans les filets (79e). Al-Ain a sauvé l’honneur par Tsukasa Shiotani (86e, 3-1) avant d’inscrire un nouveau but… contre son camp dans les arrêts de jeu par Yahia Nader (90+1, 4-1).
Plus de 300 migrants secourus au large de la Libye vendredi se trouvent à bord du bateau de l’association espagnole Proactiva Open Arms.
Migrants : l’Espagne autorise l’accostage d’un navire refusé par l’Italie et Malte
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/22/migrants-l-italie-refuse-l-accostage-du-navire-d-une-ong_5401427_3210.html
22/12/2018
international
Un bébé secouru par l’équipe du navire de l’ONG Proactiva Open Arms, le 21 décembre, au large des côtes libyennes. OLMO CALVO / AP Dans cinq à six jours, ils atteindront l’Europe. L’Espagne a autorisé samedi 22 décembre le navire d’une ONG, transportant plus de 310 migrants, à rejoindre ses eaux après que l’Italie et Malte eurent refusé de le recevoir. « Les ports italiens sont fermés ! », avait répondu plus tôt dans la journée Matteo Salvini, le ministre italien de l’intérieur, d’extrême droite, à l’association espagnole Proactiva Open Arms. Celle-ci avait demandé l’autorisation de débarquer ces personnes secourues vendredi en Méditerranée, dont des femmes, des enfants et des bébés, après une réponse négative de Malte. Un nouveau-né accueilli à Malte Si Malte a refusé l’accès du navire, une femme et un bébé, né sur une plage libyenne trois jours plus tôt, ont été autorisés à gagner le territoire et y ont été acheminés dans un hélicoptère des gardes-côtes, selon l’ONG. Les autorités maltaises ont confirmé cette information, précisant qu’il s’agissait d’une femme de 23 ans. Le bateau de l’ONG Astral se dirige à partir de Badalona, près de Barcelone, en direction de l’Open Arms avec du ravitaillement en nourriture, a déclaré la porte-parole de Proactiva Open Arms Laura Lanuza. « Nous restons avec 311 personnes à bord, sans port où accoster, et avec un besoin de provisions », avait tweeté l’ONG dans la journée, appelant à l’aide. #UPDATE Salí and Sam, mother and newborn rescued last night by #OpenArms have been evacuated by Coast Guard helicop… https://t.co/agi0eypJiK — openarms_found (@Proactiva Open Arms ENG) Le navire avait repris fin novembre, avec deux autres bateaux d’ONG, ses missions de sauvetage en Méditerranée centrale, au large de la Libye. Cet itinéraire de l’immigration clandestine est le plus mortel, avec plus de 1 300 migrants morts en tentant de gagner l’Italie ou Malte depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM). Une autre ONG, l’allemande Sea-Eye, a annoncé vendredi soir le départ, depuis Algésiras dans le sud de l’Espagne, d’un nouveau bateau vers le large des côtes libyennes, le Professor Albrecht-Penck. Une partie des dix-huit membres de son équipage sont d’anciens volontaires de l’Aquarius. Ce bateau avait déclenché l’été dernier une crise diplomatique entre les États européens et été mis définitivement à l’arrêt début décembre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A bord de l’« Aquarius » : « Nous vivrons libres ensemble ou nous mourrons ensemble » Depuis l’arrivée de Matteo Salvini, le ministère italien de l’intérieur fait état de 9 500 arrivées sur les côtes entre juin et novembre, dont les deux tiers par des routes secondaires via la Tunisie, la Turquie ou l’Algérie, contre 57 000 sur la même période l’an dernier.
Le pays a multiplié les dépenses d’infrastructures et en a dissimulé le coût. Il est désormais le plus endetté d’Afrique et plonge dans la crise.
Le Mozambique dans l’enfer de la dette
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/22/le-mozambique-dans-l-enfer-de-la-dette_5401422_3234.html
22/12/2018
economie
Le nouveau pont de Maputo, ouvert le 10 novembre, a coûté l’équivalent de 690 millions d’euros, financés à 85 % par un prêt chinois. ROBERTO MATCHISSA / AFP Accoudé sur une barrière au bout de l’embarcadère, Henrique Maundzi regarde nonchalamment les passagers monter sur son bateau. Derrière lui s’élève, tout en majesté, un pont, aux gigantesques dimensions, qui enjambe la baie de Maputo, la capitale du Mozambique. Pour le batelier, qui transporte depuis dix ans des centaines de personnes d’une rive à l’autre, ce pont, tout juste inauguré, a tout d’une Némésis : « Le trafic de passagers a baissé de 75 % depuis son ouverture », explique-t-il, alors que son bateau, d’une dizaine de places, se remplit au compte-gouttes. Malgré tout, le quadragénaire ne peut s’empêcher de ressentir une certaine fierté. « Oui, on a moins de gens… Mais c’est ça, le développement. Et ce ne sont pas tous les pays qui ont ça ! », s’exclame-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Mozambique, « l’hypocrisie » des Occidentaux face à la dette du pays est dénoncée Ouvert à la circulation le 10 novembre, l’ouvrage aligne les records. Plus grande infrastructure érigée au Mozambique depuis son indépendance, en 1975, il est aussi, d’après ses promoteurs, le plus long pont suspendu d’Afrique, avec ses 3 kilomètres de long. Son prix aussi est colossal : 785 millions de dollars (688 millions d’euros), dont 85 % proviennent d’un prêt chinois, qui viennent s’ajouter à une montagne de dettes problématiques. Symbole des rêves de grandeur d’une nation meurtrie par la guerre civile et bénie par la découverte d’immenses réserves de gaz, ce pont est surtout devenu une piqûre de rappel pour tous de la dette abyssale qui leste l’économie. Mercredi 19 décembre, dans son grand discours annuel au Parlement, le président Filipe Nyusi a assuré que l’état de santé de la nation était « stable et inspirait la confiance », tout en évitant de s’étendre sur le sujet de la dette. La semaine dernière, pourtant, son gouvernement a entériné un budget qui creuse les déficits, tandis que la banque centrale a tiré la sonnette d’alarme sur le dérapage de la dette domestique. Le Mozambique a désormais la plus haute dette publique, rapportée au PIB, du continent Africain, passée de 40 % du PIB en 2012 à 113 % en 2018, d’après les chiffres du FMI. 30 millions de dollars par an en intérêts Le premier mois de son ouverture, le pont a vu passer 135 000 véhicules, soit près de 5 000 par jour. Les calculs sont vite faits : l’argent engrangé par les péages est loin d’être suffisant pour couvrir les frais d’entretien, d’un million de dollars par an. A cela s’ajoutent les annuités de l’emprunt, que le pays a commencé cette année à rembourser à la Chine. Rien qu’en intérêts, le gouvernement doit trouver 30 millions de dollars par an jusqu’en 2039. Or il n’en a clairement pas les moyens.
Le rôle des banques internationales qui ont négocié les emprunts – et récolté des millions en frais bancaires au passage – est très critiqué par l’opposition et la population. Certains réclament l’annulation pure et simple des emprunts en question.
Au Mozambique, « l’hypocrisie » des Occidentaux face à la dette du pays est dénoncée
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/22/au-mozambique-l-hypocrisie-des-occidentaux-face-a-la-dette-du-pays-est-denoncee_5401423_3234.html
22/12/2018
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Le rôle des banques internationales qui ont négocié les emprunts – et récolté des millions en frais bancaires au passage – est très critiqué par l’opposition et la population. FABRICE COFFRINI / AFP Assis à son bureau de Maputo, le diplomate ne décolère pas lorsqu’on le lance sur le sujet des dettes cachées. « C’est d’une hypocrisie spatiale. Depuis le début, on attaque et on blâme le Mozambique mais on ne touche pas à l’Allemagne, la France, la Suisse, l’Angleterre, qui sont tous impliqués !, s’énerve t-il, sans mâcher ses mots. Les banquiers qui ont monté cette dette savaient très bien que le pays était sous perfusion du FMI, et par déontologie, tu ne fais pas ce type de crédit lorsque c’est contre les fameuses règles de bonne gouvernance. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Mozambique dans l’enfer de la dette Alors que le Mozambique détient désormais le bonnet d’âne de l’endettement public en Afrique, le rôle des banques internationales qui ont négocié les emprunts – et ont récolté des millions en frais bancaires au passage – est de plus en plus critiqué. En novembre, le régulateur bancaire britannique a toutefois abandonné ses poursuites contre la branche londonienne de Credit Suisse, qui, avec la banque russe VTB, a organisé l’émission des trois emprunts cachés au cœur du scandale : 850 millions de dollars (745 millions d’euros), 622 millions et 535 millions de dollars, contractés entre 2012 et 2014. Au Mozambique, la décision a provoqué une levée de boucliers dans l’opposition et la société civile. Celles-ci réclament l’annulation pure et simple des emprunts en question, considérés comme illégaux et inconstitutionnels puisque le gouvernement aurait dû consulter le Parlement avant de signer. Le gouvernement espère parvenir à un accord de restructuration « Nous questionnons désormais la sincérité du Royaume-Uni et des autres bailleurs de fonds qui disent s’engager pour la bonne gouvernance au Mozambique. La communauté internationale tient seulement le peuple mozambicain comme responsable et exonère ceux qui sont véritablement derrière », a réagi une coalition d’ONG mozambicaines de lutte contre la corruption. Mais pour le gouvernement de Maputo, annuler les dettes reviendrait à lâcher les hauts responsables impliqués, ce que le Frelimo, le parti au pouvoir, n’est pas prêt à faire. Le gouvernement espère plutôt conclure en janvier 2019 un accord de restructuration avec ses créanciers pour la dette obligataire de 850 millions de dollars, pour laquelle le pays est en défaut depuis janvier 2017. « L’accord signifie surtout que le Mozambique va devoir repayer entre 1,7 et 2,2 milliards de dollars sur cet emprunt et que certains spéculateurs vont engranger jusqu’à 270 % de profits sur une dette odieuse », a commenté l’ONG londonienne Jubilee Debt Campaign.
Auteur d’un sans-faute au tir, le Français est remonté de la 43e à la 5e place lors de la poursuite disputée samedi à Nove Mesto, en République tchèque.
Biathlon : Johannes Boe remporte la poursuite, Martin Fourcade effectue une folle remontée
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/22/biathlon-johannes-boe-remporte-la-poursuite-martin-fourcade-effectue-une-folle-remontee_5401417_3242.html
22/12/2018
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Martin Fourcade à l’issue de l’épreuve de poursuite, le 22 décembre 2018, à Nove Mesto, en République tchèque. Petr David Josek / AP Et dire que Martin Fourcade avait prévu de regarder cette poursuite de son hôtel de Nove Mesto (République tchèque), ce samedi 22 décembre. Après sa 43e place du sprint jeudi, le Français n’avait plus trop la tête au biathlon ; mais l’orgueil du champion a parlé. Auteur d’un 20 sur 20 au tir, Fourcade a remonté trente-huit places pour terminer cinquième d’une course remportée par le Norvégien Johannes Boe qui a conforté sa place de leader de la Coupe du monde. « Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, a déclaré le quintuple champion olympique sur la chaîne L’Equipe. Je pensais ne pas prendre le départ mais en rentrant dans ma chambre jeudi, je me suis rendu compte que je n’avais pas construit ma carrière en abandonnant quand c’était difficile mais en allant au combat quand ça semblait impossible. Aujourd’hui, même si je n’avais aucune chance de faire une belle place, j’ai voulu prendre le départ pour me faire violence, me rassurer et me prouver que je ne me bats pas uniquement pour la victoire mais pour d’autres sensations. » « J’ai construit un monstre » Auteur de quelques trous d’air cette saison (24e du sprint à Pokljuka, en Slovénie, abandon sur la poursuite), Martin Fourcade a trop bien habitué le public français qui s’est pris de passion pour le biathlon avec lui et ses nombreuses victoires. « En sept ans, j’ai construit un monstre, et je suis le premier à devoir me battre avec lui quand je ne fais pas un podium ou que je ne gagne pas une course, a expliqué le septuple vainqueur de la Coupe du monde à l’issue de sa folle remontée. Mais je suis super satisfait avec une course pleine, même s’il en manque encore sur les skis. » Lire aussi Biathlon : Martin Fourcade change tout pour rester au sommet Dimanche, pour la mass start (la course en ligne), Fourcade ne partira pas avec plus de deux minutes de retard sur Boe et vise la victoire. « Je vais essayer de prendre la mass start avec le même état d’esprit, à moitié serein, à moitié revanchard. Parce qu’au fond de moi, je suis sûr de mes forces. Il suffit juste que j’arrive à le sortir », a-t-il ajouté. Du côté français, Simon Desthieux peut aussi espérer monter sur le podium. Rapide sur ses skis, il a échoué à la 4e place de cette poursuite, à cause de deux fautes lors de son dernier tir debout. Quentin Fillon Maillet (7e) complète ce beau tir groupé tricolore.
Plongée dans sept décennies d’archives du « Monde », à la découverte de 100 films qui, à leur sortie, ont été défendus avec ardeur par le journal. Retrouvez également les critiques publiées à l’époque.
Les 100 chefs-d’œuvre du cinéma qui ont le plus enthousiasmé les critiques du « Monde » depuis 1944
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/22/les-100-chefs-d-uvre-du-cinema-qui-ont-le-plus-enthousiasme-les-critiques-du-monde-depuis-1944_5401412_3476.html
22/12/2018
cinema
« Huit et demi », de Federico Fellini, avec Marcello Mastroianni en cinéaste dépressif. PROD DB © CINERIZ / FRANCINEX Pour quels films Le Monde s’est-il enthousiasmé de 1944 à 2018 ? Quels chefs-d’œuvre a-t-il recommandés à ses lecteurs le long de ces sept décennies ? Tenter de le savoir s’est révélé un exercice aussi passionnant que périlleux, que nous sommes heureux de partager aujourd’hui, textes à l’appui, avec nos lecteurs. La méthode, non moins empirique que l’exercice critique, n’offre toutefois aucune garantie scientifique. Faute de pouvoir lire tous les textes, nous avons passé nos archives au crible d’une liste de chefs-d’œuvre tel que l’état actuel de la cinéphilie nous l’a inspirée. John Hurt dans « Elephant Man » (1981), de David Lynch. PROD DB © BROOKSFILMS Sans surprise, le point de vue décanté par l’histoire de l’art et la chronique contemporaine ne coïncident pas nécessairement. Le Monde est passé à côté de quelques chefs-d’œuvre répertoriés et de mouvements importants (le néoréalisme, le Nouvel Hollywood). C’est que l’histoire de la critique cinématographique d’un « grand quotidien du soir » ne recoupe pas entièrement le canon cinéphilique. Elle passe par des personnalités, des enjeux, des sensibilités qui appartiennent tant au medium qu’à l’époque. La plongée dans les archives est instructive aussi sur l’évolution de ce singulier métier qu’est la critique Les cent films de cette liste ne sont pas pour autant de nature à nous faire rougir de les avoir aimés. On déplore plutôt de constater que quatre-vingt-quatorze réalisateurs y figurent pour six réalisatrices. La critique, sur ce terrain, est évidemment tributaire de la marche et de la sociologie du cinéma, les femmes entrant tardivement dans la carrière, du moins de ce côté-là de la caméra. La plongée dans les archives est en tout état de cause instructive sur l’évolution de ce singulier métier qu’est la critique. Henry Magnan, premier critique en date du journal à l’âge de 26 ans, chroniqueur et chansonnier, s’intègre en 1945 à une équipe de « soiristes » où sa verve se fait remarquer. Ses choix relèvent néanmoins d’un mystère continûment cultivé, eu égard à ceux de la postérité. Il en va autrement de son successeur Jean de Baroncelli, qui hérite de son père cinéaste, Jacques, la fibre du cinéma en même temps que le titre de marquis. Entré au début des années 1950, précisément à l’époque où la cinéphilie comme mouvement constitué prend son essor en France, il s’impose pour une trentaine d’années comme le critique « en majesté » du journal. Il se distingue par un goût sûr, un éclectisme admirable, une argumentation soigneusement balancée, un style délibérément pondéré.
Cet ancien guérillero des FARC avait rejeté l’accord de paix signé fin 2016. Walter « Guacho » Arizala était depuis devenu le bras armé du cartel mexicain de Sinaloa, selon les autorités colombiennes.
« Guacho », le dissident des FARC le plus recherché par la Colombie et l’Equateur, a été abattu
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/22/guacho-le-dissident-des-farc-le-plus-recherche-par-la-colombie-et-l-equateur-a-ete-abattu_5401392_3210.html
22/12/2018
international
Un soldat colombien s’entraîne dans la municipalité de Tumaco (département de Narino, Colombie), le 14 avril 2018 en attendant de participer à une opération militaire contre des rebelles colombiens renégats qui ont enlevé et tué deux journalistes équatoriens et leur conducteur. RAUL ARBOLEDA / AFP Walter « Guacho » Arizala, le dissident de l’ancienne guérilla des FARC le plus recherché par la Colombie et l’Equateur, a été abattu vendredi 21 décembre lors d’une opération des autorités colombiennes à la frontière des deux pays, a annoncé le gouvernement. « Aujourd’hui, dans le cadre d’une action conjointe héroïque de l’armée et de la police, avec l’appui du CTI [Cuerpo Técnico de Investigaciones, Service technique d’investigations] du procureur général, nous pouvons confirmer qu’[Arizala] alias “Guacho est tombé dans une opération et a été abattu », a annoncé à la presse le président colombien Ivan Duque. L’opération, menée dans des régions forestières du département frontalier de Nariño, « a fait tomber un des plus terribles criminels que notre pays a connu », a-t-il ajouté. Lire notre analyse (en édition abonnés) : En Colombie, le processus de paix à un stade critique Trafic de drogue, d’extorsion et d’homicide Walter Arizala était accusé de l’enlèvement fin mars d’une équipe de presse équatorienne et de leur meurtre, ainsi que de l’enlèvement, en avril, d’un couple d’Equatoriens assassinés en captivité par les dissidents. Dans la foulée, la Colombie et l’Equateur avaient lancé une intense chasse à l’homme, des deux côtés de la frontière, contre le groupe dissident de « Guacho ». Ex-guérillero des FARC ayant rejeté l’accord de paix signé fin 2016, à la suite duquel la plus ancienne rébellion des Amériques a déposé les armes et s’est transformée en parti politique, « Guacho » était depuis devenu le bras armé du cartel mexicain de Sinaloa, selon les autorités. Agé de 29 ans, il était accusé de trafic de drogue, d’extorsion et d’homicide. Il était activement recherché pour avoir enlevé et tué deux journalistes équatoriens et leur chauffeur qui effectuaient un reportage à la frontière entre l’Equateur et la Colombie. Sans commandement unifié, les rebelles dissidents opèrent dans des zones isolées de Colombie où ils se disputent les revenus générés par le narcotrafic et les mines illégales. Selon les renseignements militaires, ils compteraient quelque 1 200 combattants. Lire notre reportage (en édition abonnés) : En Equateur, des journalistes sur les traces de leurs confrères assassinés
Si en juin, le cuivre pétaradait en tête de la fanfare des métaux, en cette fin d’année, le métal rouge fait grise mine, explique Laurence Girard dans sa chronique.
Matières premières : « Le cuivre a mis la sourdine »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/22/matieres-premieres-le-cuivre-a-mis-la-sourdine_5401380_3234.html
22/12/2018
economie
Fil de cuivre usagés dans une usine de recyclage à Berne (Suisse). Ruben Sprich / REUTERS Le métal rouge fait grise mine. En cette fin d’année, le cours du cuivre frôle la barre des 6 000 dollars (soit 5 250 euros) la tonne. En repli de près de 16 % par rapport à son niveau de janvier. Son parcours n’a pourtant rien de linéaire. Début juin, le cuivre pétaradait en tête de la fanfare des métaux, atteignant un plus haut depuis quatre ans. Soudain, à partir de l’été, il a mis la sourdine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La chute des matières premières, un avertissement pour l’Afrique Cette évolution par cahots n’a rien d’anodin. Car le cuivre est le mercure, le thermomètre de l’économie mondiale. Son omniprésence dans l’industrie, de l’automobile à la construction en passant par le high-tech, en fait un capteur du pouls financier mondial. Ses états d’âme sont donc scrutés de près. Et offrent une bonne cartographie de l’année qui vient de s’écouler, à l’heure des premiers bilans. Elle reflète bien, en 2018, les batailles commerciales qui ont agité la planète en 2018. Les fortes tensions entre Washington et Pékin ont alimenté la chronique. La Chine pratique le jeu de go Même si, après une période d’offensive diplomatique contre Xi Jinping, lequel a répliqué en sortant la boîte à gifles, Donald Trump est plutôt à la recherche de compromis. Un président américain dressé sur ses ergots, qui n’a pas hésité à ouvrir d’autres fronts avec l’Europe, l’Iran, la Russie… suscitant autant de craintes sur le rythme de la croissance mondiale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les tensions commerciales mondiales pèsent sur les cours des matières premières Les marchés surveillent également de près la santé de l’économie chinoise, devenue le premier moteur de l’économie mondiale. Tout signe de ralentissement fait fléchir les cours. D’autant que ce pays est le premier consommateur de la planète de métaux et donc de cuivre. Or, les experts tablent sur une baisse de régime de l’empire du Milieu, avec une croissance attendue de 6,5 %. De quoi inciter les spéculateurs à faire fondre le prix du cuivre, mais aussi du nickel, de l’aluminium, du plomb ou du zinc. Toutefois, la Chine n’est pas qu’un consommateur de matières premières. Comme dans d’autres secteurs industriels, elle pratique le jeu de go pour s’assurer des positions-clés. L’approvisionnement à la source devient stratégique. Le marché du cuivre l’illustre brillamment. Le Chili, plaque tournante Le chinois Zijin s’est ainsi emparé, cette année, de la plus grande mine de métal rouge de Serbie, dont l’Etat serbe souhaitait se défaire. Il a également jeté son dévolu, au prix de 1,4 milliard de dollars, sur le groupe canadien Nevsun, qui exploite des mines d’or et de cuivre. Sachant que Zijin explorait déjà un filon cuprifère en République démocratique du Congo.
La décision du gouvernement cette semaine d’augmenter le prix du pain de 1 à 3 livres soudanaises (de 2 à 6 centimes d’euros) a entraîné des manifestations depuis mercredi.
Manifestations au Soudan : le chef de l’opposition évoque un bilan de plus de vingt morts
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/22/manifestations-au-soudan-le-chef-de-l-opposition-evoque-un-bilan-de-plus-de-vingt-morts_5401354_3212.html
22/12/2018
afrique
Le leader de l’opposition soudanaise, Sadek Al-Mahdi, a affirmé samedi 22 décembre que vingt-deux personnes au total étaient mortes durant les manifestations qui ont secoué ces derniers jours plusieurs villes du Soudan. La décision du gouvernement cette semaine d’augmenter le prix du pain de 1 à 3 livres soudanaises (de 2 à 6 centimes d’euros) a entraîné des protestations depuis mercredi. Jeudi, des responsables rapportaient que les manifestations avaient fait au moins huit morts – six à Al-Gadaref et deux à Atbara – parmi les protestataires lors de heurts avec les forces antiémeute. Lire aussi Au Soudan, huit morts lors de manifestations contre la hausse du prix du pain Les protestations vont se poursuivre Les manifestations « ont conduit à la mort de vingt-deux martyrs et [fait] plusieurs blessés », a de son côté déclaré samedi M. Al-Mahdi, lors d’une conférence de presse à Oumdourman, ville voisine de Khartoum, la capitale, sans toutefois fournir davantage de précisions. « Ce mouvement est légal et a été lancé du fait de la dégradation de la situation [économique et sociale] au Soudan », a-t-il ajouté, en assurant que les protestations allaient se poursuivre. Dirigeant du parti Oumma, l’une des plus anciennes formations politiques du pays, M. Al-Mahdi est le dernier premier ministre démocratiquement élu du Soudan. Il a été chassé du pouvoir par le coup d’Etat fomenté en 1989 par l’actuel président Omar Al-Bachir. Poussé à l’exil à plusieurs reprises, il est revenu dans le pays cette semaine. Le Soudan traverse des difficultés économiques croissantes avec une inflation de près de 70 % et une plongée de la livre soudanaise face au dollar américain. Samedi, l’agence officielle SUNA a par ailleurs annoncé la nomination d’un officier des services de sécurité à la tête de l’Etat d’Al-Gadaref, où six personnes ont été tuées jeudi. L’ancien gouverneur a été tué avec quatre autres responsables locaux dans un crash d’hélicoptère début décembre.
Une étude nous révèle que les films américains récents dans lesquels le rôle principal était tenu par une femme faisaient les meilleurs scores.
Les femmes, un atout au box-office
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/22/les-femmes-un-atout-au-box-office_5401349_3232.html
22/12/2018
idees
THOMAS WOLF / WIKIMEDIA COMMONS Régulièrement, la journaliste anglo-palestinienne Arwa Mahdawi intervient dans le bulletin hebdomadaire d’information en ligne Une semaine en patriarcat, du quotidien britannique The Guardian. Consacrée au « monde du féminisme et du sexisme, de la politique à la culture pop », cette chronique rassemble, sur un ton libre et moqueur, des informations sur le sexisme ordinaire et les combats des femmes, et a aussi le mérite de révéler des nouvelles inattendues – l’équivalent français pourrait être la newsletter « Les Glorieuses ». Le 15 décembre, Arwa Mahdawi nous a ainsi appris que les films américains récents dans lesquels le rôle principal était tenu par une femme faisaient les meilleurs scores au box-office. La journaliste s’appuie sur une étude publiée le 11 décembre par l’agence Creative Artists Agency (CAA) et l’entreprise de stratégie numérique Shift7, soutenus par l’association de lutte contre le harcèlement sexuel à Hollywood, Time’s Up, fondée en janvier après l’affaire Weinstein. Cette étude porte sur les 350 films américains les plus rentables sortis entre 2014 et 2017 : 105 d’entre eux ont donné une place centrale à une héroïne féminine dans le scénario, le matériel promotionnel et la facturation. « Préjugés » Cette enquête qui a divisé les 350 films en groupes selon les budgets de production – de 10 millions de dollars (8,8 millions d’euros) à plus de 100 millions de dollars – nous apprend que les films où les femmes dominent le casting arrivent en tête des recettes mondiales, quel que soit leur coût. Et elle montre que les 105 longs-métrages « féminisés » ont rapporté plus d’argent que les 245 où les hommes dominent. « Souvent, dans notre entreprise, il y a beaucoup de préjugés se faisant passer pour du savoir (…), remarque une agente d’acteurs de la CAA, Christy Haubegger, qui fait partie de l’équipe de recherche. La perception selon laquelle avoir des femmes leaders n’est pas une bonne affaire est fausse. Elles sont un atout marketing. » L’étude montre que les films ayant passé le fameux « test de Bechdel » ont eux aussi généré des recettes plus importantes. Imaginé par l’auteure de romans graphiques Alison Bechdel, le test a été inspiré par les réflexions de la romancière britannique Virginia Woolf dans Une chambre à soi (1929) : elle y fait observer qu’en général, quand deux ­femmes sont représentées, ce sont « de temps en temps des mères et des filles. Mais presque sans exception, elles se manifestent dans leurs relations avec les hommes ».
Selon un document interne, l’opération permettrait à l’opérateur postal d’augmenter fortement sa rentabilité et la solidité de La Banque postale.
La Poste profitera largement du rachat de CNP Assurances
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/22/la-poste-profitera-largement-du-rachat-de-cnp-assurances_5401343_3234.html
22/12/2018
economie
L’opération permettrait à l’opérateur postal d’accroître les revenus, le chiffre d’affaires et la solidité de La Banque postale. JOEL SAGET / AFP La Poste devrait faire une bonne affaire en mettant la main sur le numéro un de l’assurance de personnes en France, CNP Assurances. Cette opération exceptionnelle, impliquant également l’Etat et la Caisse des dépôts, n’est pas encore bouclée, mais La Poste a sorti sa calculette pour chiffrer les gains. Un document interne montre qu’ils sont de nature à renforcer très significativement la solidité du groupe et sa rentabilité. C’était d’ailleurs tout l’objectif du projet, porté de longue date par le patron de La Poste, Philippe Wahl. Une fois l’Elysée convaincu de la nécessité d’assurer un avenir au groupe, menacé par la disparition du courrier, en diversifiant ses activités, Bercy a lancé l’opération le 30 août. Elle permettra de créer un pôle financier public autour de l’opérateur postal début 2020, si le plan initial se déroule comme prévu. Le projet, complexe, est le suivant : l’Etat et la Caisse des dépôts (CDC) apporteront à La Poste leurs participations au capital de la CNP. A cette occasion, l’Etat transférera le contrôle de La Poste à la CDC. La Poste apportera ensuite les titres CNP reçus à sa filiale bancaire, La Banque postale, qui prendra ainsi le contrôle de l’assureur. Un gain de 3,5 milliards de revenus Pour une raison de coûts, La Banque postale entend, dans le cadre de cette opération, maintenir la CNP cotée. Elle demandera donc à l’Autorité des marchés financiers (AMF) une dérogation à l’obligation de lancer une OPA, une fois la disposition législative permettant à la CDC de devenir actionnaire majoritaire de La Poste adoptée par le Parlement, au début du printemps 2019. « Au final, La Poste va faire une augmentation de capital de quelque 6 milliards d’euros, sans qu’aucun des acteurs n’ait à sortir d’argent, puisqu’il s’agit d’un regroupement de participations financières au sein de la sphère publique », résume un bon connaisseur du dossier à La Poste. Selon les premiers calculs réalisés par La Poste, qui circulent en interne et dont Le Monde a eu connaissance, l’intégration de 65 % de la CNP devrait se traduire par un gain de 3,5 milliards de revenus et de 500 millions d’euros de bénéfice net pour le groupe en 2020. Le résultat net atteindrait ainsi 1,4 milliard d’euros (hors éléments exceptionnels liés à l’opération évalués à 1 milliard d’euros). Avec cette transaction, la part du courrier traditionnel dans le chiffre d’affaires de La Poste serait ramenée à 18 % en 2020 (– 2 points), loin derrière celle des services financiers (26 %) et de l’express (35 %).
La baisse de 15 à 20 % de sa devise, à la suite du Brexit, a renchéri les importations pénalisant l’économie.
La chute de la livre sterling n’a pas profité à l’économie britannique
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/22/la-chute-de-la-livre-sterling-n-a-pas-profite-a-l-economie-britannique_5401340_3234.html
22/12/2018
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Siège de la Banque d’Angleterre à Londres. Henry Nicholls / REUTERS Malgré le bruit et la fureur qui se sont emparés de Westminster, le Brexit n’a pas encore eu lieu. Economiquement, outre l’incertitude qui pèse sur les ménages et les entreprises, rien n’a concrètement changé, à une exception près, majeure : la livre sterling s’est effondrée. En faisant remonter le calcul à janvier 2016, quand la campagne du référendum sur la sortie de l’Union européenne (UE) a débuté, la monnaie britannique perd 20 % face à l’euro et 15 % face au dollar. Un changement fondamental. Théoriquement, cela aurait dû fortement profiter aux exportateurs britanniques et soutenir la croissance. La réalité est pourtant très décevante. A trois mois de l’entrée en vigueur du Brexit, le 29 mars 2019, la balance commerciale du Royaume-Uni reste obstinément déficitaire (de 24 milliards de livres, soit 26 milliards d’euros, en 2017). Entre le troisième trimestre 2016 et le troisième trimestre 2018, les exportations ont certes progressé (+ 14 %) mais les importations ont presque autant augmenté (+ 10 %). « Il y a eu une légère poussée initiale des exportations, mais qui n’a pas duré, explique Peter Hemington, qui supervise un indice d’exportation pour la société de consultants BDO. La dévaluation n’a eu que peu d’effet. » Pour comprendre le phénomène, il faut rencontrer Jason Wouhra. Il dirige East End Foods, une grosse PME de quatre cents employés, qui vend des produits alimentaires indiens : épices, riz, lentilles… La société, installée à Birmingham, est en bonne santé financière et réalise 16 % de son chiffre d’affaires à l’exportation, essentiellement en Europe. « Le problème est que nous sommes des importateurs nets, explique-t-il. Nous importons nos matières premières et les transformons au Royaume-Uni. » Il a donc perdu à l’importation la compétitivité qu’il a gagnée à l’exportation. Economie ouverte Cette production mondialisée, avec autant d’importations que d’exportations, est devenue la norme de l’économie britannique moderne. La création en 1993 du marché unique européen, en supprimant toutes les restrictions aux frontières, a notamment développé des chaînes de sous-traitants zigzaguant d’un pays de l’UE à l’autre. L’industrie automobile britannique en est l’exemple le plus frappant. Chaque jour, 1 100 camions traversent la Manche, avec des pièces détachées allant vers les usines britanniques. Plus de la moitié du contenu des voitures assemblées au Royaume-Uni vient de l’étranger.
Commise à proximité du palais présidentiel, cette attaque qui a fait au moins seize morts à Mogadiscio a été revendiquée par les islamistes somaliens d’Al-Chabab.
Somalie : un double attentat frappe Mogadiscio
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22/12/2018
afrique
Un double attentat à la voiture piégée a fait au moins seize morts à Mogadiscio, la capitale somalienne, samedi 22 décembre. Commise à proximité du palais présidentiel, cette attaque a été revendiquée par les islamistes somaliens chabab, a-t-on appris de source policière. « Au moins dix autres personnes ont été blessées », a déclaré Ibrahim Mohamed, un responsable de la police locale. La télévision somalienne Universal TV, établie à Londres, a fait savoir que trois de ses collaborateurs étaient morts dans le double attentat, dont un journaliste possédant les nationalités somalienne et britannique, Awil Dahir. Explosion puissante La première explosion a eu lieu à un point de contrôle à côté du Théâtre national, qui est situé à quelque 500 mètres du palais présidentiel. La seconde explosion, plus puissante selon des témoins, a frappé un carrefour situé à proximité, quelques minutes plus tard. Le double attentat a été revendiqué par les islamistes chabab, affiliés à Al-Qaida, qui ont indiqué dans un communiqué avoir visé « un point de contrôle sécuritaire qui protégeait le palais présidentiel ». Chassés de Mogadiscio en 2011, les Chabab ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils. Ils ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les vingt mille hommes de l’Amisom, la mission de l’Union africaine en Somalie.
Les employés du palace du 2e arrondissement de Paris et de son sous-traitant de nettoyage ont conclu un accord qui renforce leurs droits et sécurise leurs acquis.
Park Hyatt Paris-Vendôme : la « victoire éclatante » des salariés après 87 jours de grève
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/22/park-hyatt-paris-vendome-la-victoire-eclatante-des-salaries-apres-87-jours-de-greve_5401334_3234.html
22/12/2018
economie
De joie et de fatigue nerveuse, elle en pleure, Nora, la déléguée CGT aguerrie, en racontant « la victoire éclatante » qu’elle et ses collègues ont remportée vendredi 21 décembre après 87 jours de grève au palace Park Hyatt Paris-Vendôme. Les représentants des salariés de ce palace (au-delà de cinq étoiles), situé dans la très chic rue de la Paix dans le 2e arrondissement de la capitale, et ceux de son sous-traitant de nettoyage STN ont conclu un accord avec ces deux employeurs, qui renforce leurs droits. Le personnel gréviste reprendra le travail lundi 24 décembre. Un soulagement car « la grève a été dure », constate Nora, qui travaille pour STN comme gouvernante. Les grévistes, qui étaient 58 au début, 41 à la fin, ont tenu un piquet chaque jour de 10 heures à 15 heures et ont connu quelques incidents avec la police. Certes, la revendication portée depuis 2013 par les salariés de STN (femmes et valets de chambre, gouvernantes, etc.) d’être intégrés dans les effectifs de l’hôtel a été abandonnée par la CGT durant la réunion, se heurtant à un mur. C’était pour les salariés une question importante, de « reconnaissance pour ces petites mains toujours derrière, cachées », comme le dit Jessica, femme de chambre et déléguée du personnel CGT suppléante chez STN. En revanche, de sérieux points ont été gagnés. Ainsi, selon la CGT, seront inscrits désormais dans les contrats de travail chez STN, et pas seulement dans les accords d’entreprise, les acquis obtenus au cours des luttes menées depuis des années. Par exemple, la prise en charge à 100 % du pass Navigo, le treizième mois, etc. Ainsi, en cas de changement de prestataire, le nouveau ne pourra pas revenir sur ces acquis. « On n’aura plus ces batailles à mener pour les conserver à chaque changement, c’est énorme ! », se félicite Nora. Le palace avait déjà connu plusieurs grèves Les salariés du Hyatt, qui étaient en grève aux côtés de ceux de STN pour une hausse de leurs salaires de trois euros de l’heure, obtiennent quant à eux, l’alignement de leur grille de rémunération sur celle, « plus avantageuse », selon Nora, de l’hôtel Hyatt Regency Paris-Etoile (ex-Concorde Lafayette), qui est pourtant un hôtel quatre étoiles. Un point qui doit être retravaillé lors de la négociation annuelle des salaires (NAO) débutant le 9 janvier. « On gagne en moyenne 1 500 euros net avec dix ou quinze ans d’ancienneté, et on réclame 1 800 euros, ce qui est le salaire moyen d’entrée dans les autres palaces », lance Soufiane, chef de rang room service du Park Hyatt et délégué CGT.
A l’issue d’un rendez-vous vendredi à Bercy, les organisations ont estimé que « les annonces faites ne répondent pas aux attentes ».
Pouvoir d’achat : les syndicats de fonctionnaires déçus
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/22/pouvoir-d-achat-les-syndicats-de-fonctionnaires-decus_5401331_823448.html
22/12/2018
politique
Les syndicats de fonctionnaires sont sortis déçus, vendredi 21 décembre, du bureau d’Olivier Dussopt. Le secrétaire d’Etat auprès de Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, s’était pourtant montré rassurant : oui, leur a-t-il confirmé solennellement, les agents publics bénéficieront eux aussi des mesures en faveur du pouvoir d’achat annoncées par le président de la République le 10 décembre. Trois des quatre mesures présentées ce jour-là s’appliqueront soit aux fonctionnaires, soit aux agents retraités. La première est l’exonération sociale et fiscale des heures supplémentaires à partir du 1er janvier. Environ 1,5 million d’entre eux sont concernés, a précisé M. Dussopt : 700 000 (dont 400 000 enseignants) pour la fonction publique d’Etat, 570 000 dans les collectivités locales et 220 000 à l’hôpital. Pour un célibataire, cela pourra représenter jusqu’à « plusieurs centaines d’euros par an », a ajouté le secrétaire d’Etat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Fonction publique : des salaires qui patinent Pas de prime exceptionnelle La deuxième est la revalorisation de la prime d’activité et l’élargissement de son champ d’application. Aujourd’hui, 410 000 agents publics, sur un total de 2,8 millions de bénéficiaires tous secteurs confondus, en jouissent. Le plan annoncé par Emmanuel Macron permettra d’accroître le nombre de fonctionnaires concernés de 200 000 personnes supplémentaires. La troisième mesure, enfin, touche les agents retraités. Comme ceux du privé, ils bénéficieront du maintien du taux de CSG à 6,6 %, contre 8,3 % prévus, si leur revenu fiscal de référence est inférieur à 22 580 euros (34 636 euros pour un couple). Olivier Dussopt a en revanche rappelé que la prime exceptionnelle que le gouvernement enjoignait aux entreprises de verser à leurs salariés ne verrait pas le jour dans le public. Cela coûterait « environ 5,1 milliards d’euros » à l’Etat, a-t-il justifié. Un montant jugé « colossal », rapporté au coût des mesures annoncées par Emmanuel Macron : 10,3 milliards d’euros. « Malaise » Sitôt la réunion terminée, les neuf organisations syndicales ont répondu sèchement que « les annonces faites ne répondent pas aux attentes » des agents. « Le gouvernement n’a pas pris la mesure du malaise qui s’exprime dans la fonction publique et des difficultés en termes de pouvoir d’achat », ont-ils dénoncé unanimement. Demandant « des mesures urgentes et générales », le ton a pris une tournure menaçante : « Devant l’absence de réponse de sa part, elles décideront des moyens nécessaires pour peser afin d’être entendues. » Mais le secrétaire d’Etat a, sans surprise, fermé la porte à toute mesure générale, assimilée à du saupoudrage. Le gouvernement rappelle que le protocole « parcours professionnels, carrières et rémunérations » (PPCR), plan de revalorisation salariale signé en 2015, serait réenclenché en 2019, après avoir été gelé en 2018. Cela représentera 745 millions d’euros en 2019. Il a également évoqué d’autres mesures, comme la revalorisation des frais de mission et de l’indemnité kilométrique, entre autres.
Jean-Pierre Gros et Gladys Rey-Tinat ont été condamnés, samedi, à quinze ans de réclusion criminelle pour l’assassinat du mari de Gladys.
« Pépète » et Gladys, les amants meurtriers de l’Isère
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/22/pepete-et-gladys-les-amants-meurtriers-de-l-isere_5401322_1653578.html
22/12/2018
police-justice
Le 16 décembre 2015, les habitants de Tencin (Isère) ont tout découvert en même temps. L’adultère et le meurtre. Personne, mais alors personne, n’avait rien su de la liaison entre Jean-Pierre et Gladys. Pourtant, comme dit le premier adjoint, « au village, tout se sait ». Alors, quand ils ont appris que Jean-Pierre et Gladys avaient conçu ensemble le projet d’éliminer Cyril, le mari de Gladys, « ça a été… ça a été comme… j’peux pas vous dire, je trouve pas le mot », bégaie l’adjoint. Cyril a eu le crâne fracassé à coups de manche de pioche par Jean-Pierre. Maintenant, les habitants de Tencin savent tout. Ils se sont relayés pendant trois jours devant la cour d’assises de l’Isère, à Grenoble, qui jugeait Jean-Pierre Gros et Gladys Rey-Tinat pour assassinat. Jean-Pierre, dit « Pépète », tout le monde le connaît à Tencin, 1 900 habitants. Il est né là, il a grandi là, il a toujours vécu là. Il a été conseiller municipal, chef des pompiers, il a créé l’Amicale des boules, participait à tous les tournois de belote, à toutes les réunions du syndicat d’initiative, à tous les comités des fêtes. Un gars en or, une vie limpide. Jean-Pierre avait passé un CAP de mécanicien fraiseur et un autre de mécanicien entretien. Il a été ouvrier régleur machine pendant trente ans dans la même boîte, puis chauffeur de balayeuse dans une société de nettoyage de voirie. Il habitait avec sa mère, Georgette, dans la maison familiale. Les copines de Jean-Pierre trouvaient Georgette « un peu possessive ». Pas Jean-Pierre. Il est le dernier des cinq enfants, les autres sont partis, le père est mort, il est resté. « Ça s’est fait comme ça, il a pris la place du papa, quoi, la même chaise à table au même endroit », dit Georgette, 86 ans. Jean-Pierre en a 57. Gladys est de vingt ans sa cadette. Elle est venue vivre à Tencin pour Cyril, un gars du village lui aussi. Il était étalagiste aux fruits et légumes chez Carrefour quand elle l’a rencontré. Il avait 27 ans, elle en avait 17. « Je l’ai aimé dès qu’il a posé les yeux sur moi », dit-elle. Elle a rangé son rêve de devenir avocate pour passer un BTS de finances comptabilité, ses parents lui en ont voulu pour Cyril et pour les études, ils espéraient mieux. Gladys s’est beaucoup rapprochée de ses beaux-parents, elle est devenue conseil comptable à Grenoble, deux enfants sont nés. A Tencin, on trouvait que Cyril « avait une belle famille, avec une belle maison. » Ils avaient presque fini de la payer, il ne leur restait plus que des mensualités de 30 euros par mois avec un prêt à taux zéro.
Un quart des sols européens sont aujourd’hui usés. En cause, l’extinction de cet infatigable laboureur qu’est le lombric. Aussi est-il impératif de veiller à sa sauvegarde, alerte Christophe Gatineau, cultivateur et agronome, dans une tribune au « Monde » à l’adresse du président de la République.
« Il y a urgence à sauver le ver de terre »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/22/il-y-a-urgence-a-sauver-le-ver-de-terre_5401271_3232.html
22/12/2018
idees
Tribune. Monsieur le président, le temps presse, les vers de terre disparaissent et, avec eux, les sols nourriciers. Pour résumer la situation : les vers de terre nourrissent les sols, et les sols nourrissent les plantes qui nous nourrissent ; ou nourrissent les animaux que nous mangeons. A l’image du cycle de l’eau, c’est un cercle vertueux, un échange de bons procédés où chacun nourrit l’autre. Raison pour laquelle le ver de terre a toujours été le partenaire ancestral de l’agriculteur, son abondance signant la fertilité et la bonne santé des sols. Et plus une terre est fertile, plus elle est productive, plus notre nourriture est saine et riche. Sans l’ombre d’un doute, le fond de ma lettre concerne donc l’alimentation de demain. Et si les rayons des supermarchés ne dépendaient pas de la bonne santé des sols, ma requête n’aurait aucun sens puisque, pour l’instant, leurs étals regorgent de nourriture comme jamais. Or, le célèbre astrophysicien Hubert Reeves, pas connu pour être un catastrophiste, et encore moins un fantaisiste, déclarait en mai sur le plateau d’« Envoyé spécial » : « La disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces. » Pourquoi a-t-il mis en perspective le ver de terre avec le bouleversement climatique ? Question de bon sens puisque les sols et les glaces fondent comme neige au soleil : un quart des sols européens étant aujourd’hui usés. En langage scientifique, on dit victime d’érosion. Autrement dit, quand les sols sont lessivés de toute vie, usés, ils migrent vers les mers et les océans, via les sources et les rivières, laissant place à des champs de cailloux. Pourquoi ? Cycle brisé Quand, il y a cinquante ans, nous avons décidé de ne plus nourrir les vers de terre et toute la diversité biologique, nous avons brisé le cycle. En effet, dans un système de cause à effet, où chacun nourrit ou se nourrit de l’autre, en cessant de nourrir les vers de terre, les sols ont cessé de nourrir les plantes… Alors pourquoi les vers de terre sont-ils si importants en agriculture ? Parce qu’ils peuvent représenter jusqu’à 80 % de la masse des êtres vivants qui fabriquent la nourriture des plantes. Et en cessant de les nourrir, c’est bien l’ensemble d’un agrosystème qui s’est effondré, mort de faim ou empoisonné. Et pour revenir à l’érosion, parce qu’il ne faut jamais se tromper de sens, c’est bien l’extinction du ver de terre qui cause l’érosion des sols, comme le réchauffement climatique cause l’érosion des pôles.
La démission du secrétaire à la défense, jeudi, laisse le président américain libre d’appliquer sa doctrine de rupture totale avec l’ordre mondial issu de 1945.
Diplomatie : avec les derniers départs à la Maison Blanche, la promesse d’un trumpisme sans entraves
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/22/diplomatie-avec-les-derniers-departs-a-la-maison-blanche-la-promesse-d-un-trumpisme-sans-entraves_5401268_3210.html
22/12/2018
international
Le retrait des Etats-Unis de Syrie et la démission consécutive du secrétaire à la défense James Mattis, jeudi 20 décembre, marquent un tournant important pour la politique étrangère américaine. Donald Trump a désormais les mains libres pour appliquer une ligne en rupture avec sept décennies d’ordre mondial inspiré et réglé en grande partie par Washington. Le président a répondu à ses nombreux critiques, jeudi, en assurant sur son compte Twitter que « sortir de Syrie n’était pas une surprise. Je fais campagne pour ça depuis des années ». Non sans arguments. Totalement imprévisible à court terme, il n’a jamais dévié en effet des quelques idées qui lui tiennent lieu de boussole. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux Etats-Unis, la surprise et le choc après la démission du secrétaire à la défense James Mattis Cette vision trumpienne du monde a longtemps été brouillée par plusieurs facteurs, à commencer par la nécessité, au lendemain d’une victoire imprévue, de faire appel à des experts venus de l’autre bord. Elle a également pâti de la difficulté du président d’aller au-delà des slogans qu’il martèle depuis des décennies, à commencer par le fait que les alliés des Etats-Unis profitent selon lui d’une bienveillance devenue la preuve de l’imbécillité de Washington, dans tous les sens du terme. L’obsession de l’apparence de la force, traduite par un nouveau gonflement du budget du Pentagone, a également semblé contredire le souhait de ne plus jouer le rôle de gendarme du monde. Comme les frappes sur la Syrie ont détonné avec la promesse de rompre avec l’interventionnisme. Un nationalisme sans entraves La « Weltanschauung » (conception du monde) de ce descendant d’émigrés allemands repose sur un nationalisme sans entraves. Le terme est connoté aux Etats-Unis pour ses accointances avec le suprématisme blanc et l’isolationnisme du comité America First, mot d’ordre repris par le candidat puis par le président, hostile à l’entrée dans la seconde guerre mondiale. Le locataire de la Maison Blanche a pourtant fini par le reprendre à son compte publiquement lors de la campagne des élections de mi-mandat, après avoir eu comme compagnon de route l’un de ses chantres, Stephen Bannon. Une bonne partie des positions de Donald Trump concordent avec celles du Parti républicain des années 1930. Ce dernier était alors hostile comme lui aux aventures étrangères, hostile à l’immigration et hostile aux traités de libre-échange, comme l’a rappelé le politologue conservateur Henry Oslen dans le Washington Post. A dire vrai, rien de ce que peut contempler le président américain en 2018 ne peut l’inciter à abandonner la quête obsidionale de « murs » protecteurs. La crise de « la vision internationaliste libérale [au sens anglo-saxon], selon laquelle le monde est une sorte de plus grande Union européenne, évoluant inexorablement vers son propre type d’“union sans cesse plus étroite” via un réseau renforcé d’institutions internationales » ainsi décrite par le géopolitologue Walter Russel Mead dans le Wall Street Journal, ne peut que valider ses critiques et justifier la remise en cause des dogmes partagés par les deux grands partis américains.
Insultes, huées, menaces… Quand il sort, désormais, cela tourne mal. Depuis le début de la mobilisation des « gilets jaunes », pour le président qui aimait tant les promenades, elles sont devenues rares (et discrètes). Comme les visites.
Depuis la crise des « gilets jaunes », la vie à huis clos d’Emmanuel Macron
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/22/emmanuel-macron-a-huis-clos-en-son-palais_5401266_823448.html
22/12/2018
politique
Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse avec le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kabore, à l’Elysée, le 17 décembre. BENOIT TESSIER / REUTERS De l’aéroport de Loudes, en Haute-Loire, jusqu’au Puy-en-Velay, il y a 10 km, un quart d’heure en voiture. Ce 4 décembre, pour rejoindre la préfecture incendiée trois jours plus tôt par les « gilets jaunes », Emmanuel Macron n’a heureusement pas besoin de passer par le rond-point de Lachamp, sur la commune de Saint-Pierre-Eynac. C’est là, sur la RN88, que des manifestants avaient cousu un pantin de taille humaine, posé sur un échafaud plus vrai que nature. Sur le billot était écrit : « Te guillotiner c’est notre projet. » Le président de la République file vers la préfecture. En route, il discute avec les passagers en gilet jaune d’une voiture croisée par hasard. Aucune image, aucune vidéo. Le 3 décembre, il n’a aussi passé qu’une tête dans le bureau de l’un de ses collaborateurs qui recevait un « gilet » venu de Chalon-sur-Saône à pied. Ces gens seront parmi les rares protestataires qu’Emmanuel Macron a rencontrés durant cette crise ouverte le 17 novembre, où sa capacité à réformer et sa popularité se sont abîmées, mais où il a aussi perdu une part de sa liberté. Sans prévenir les élus, il est venu au Puy apporter son soutien au préfet. Celui-ci montre les armoires en cendres, les vitres brisées, les bureaux noircis par la suie. Il conte au chef de l’Etat ce samedi où le « portail a été pété », les pneus entassés et enflammés, et cette bataille inégale entre les « trente » de la préfecture et les deux cents manifestants empêchant les pompiers d’accéder au bâtiment. Bilan : trente-huit blessés… « Ils criaient : “Vous allez tous griller comme des poulets ! », termine le préfet. « Vous les connaissez ? », interroge Emmanuel Macron, incrédule. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Puy-en-Velay, des « gilets jaunes » écœurés mais combatifs après l’incendie de la préfecture Dès que l’avion présidentiel s’est posé à Loudes, la nouvelle de sa visite s’est ébruitée. Un message posté sur Facebook a réveillé quelques « gilets jaunes ». Une vingtaine d’hommes et de femmes attendent le chef de l’Etat à la sortie de la préfecture. « Ouuuuuh ! Démission ! », « Enculé ! », « Président des riches ! » Pas encore de quoi trop s’émouvoir. C’est sur la route de la caserne de gendarmerie que tout va basculer… « On vous hait ! » M. Macron commence par traverser Le Puy vitre ouverte, pour dire bonjour. Des insultes lui répondent, il doit vite la remonter. Un homme se jette ensuite devant la voiture. En sortant de la caserne, cinquante manifestants l’injurient encore : « On vous hait ! »
La recherche des profits nous rend collectivement aveugles à la société, à l’environnement et à l’état général du monde, souligne, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
« La croissance économique peut aussi avoir des effets indésirables »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/22/la-croissance-economique-peut-aussi-avoir-des-effets-indesirables_5401256_3232.html
22/12/2018
idees
Marche pour le climat, à Toulouse, le 8 décembre. MATTHIEU RODEL / HANSLUCAS POUR "LE MONDE" Chronique. La note de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) est tombée mardi 18 décembre, charriant dans son sillage la consternation et une avalanche de commentaires désolés : la croissance ne devrait être que de 0,2 % au quatrième trimestre de l’année en cours – deux fois moins qu’attendu ! –, portant à seulement 1,5 % la progression du produit intérieur brut (PIB) de la France pour 2018. Les questions climatiques et environnementales, la révolte des « gilets jaunes »… tout cela, face à l’érosion du PIB, est renvoyé par bon nombre de commentateurs et de responsables politiques au rang d’aimables péripéties. Dans la conversation publique, la nécessité de la croissance écrase sous une chape de plomb toutes les autres considérations. Et les divergences de l’offre politique ne concernent que les moyens de générer l’augmentation du PIB, et non l’idée qu’elle est la conséquence naturelle du bon gouvernement. Taux de suicide en hausse aux Etats-Unis Ce règne de la croissance sur le débat public est tel qu’un dirigeant aussi dangereusement inconséquent que l’actuel hôte de la Maison Blanche se voit exonéré de ses frasques au motif que la croissance américaine est, elle, particulièrement dynamique. Elle l’est indéniablement, avec quelque 3 % attendus pour 2018. « La méthode Trump, finalement, ça marche », a-t-on entendu en substance ces dernières semaines. Nombre d’indices montrent pourtant que cette quête éperdue de croissance économique, poursuivie outre-Atlantique plus âprement qu’ailleurs dans le monde occidental, n’est pas incompatible avec le malheur des populations. En 2018, l’économie a ainsi certes crû de quelque 3 % aux Etats-Unis, mais l’espérance de vie à la naissance y a baissé, et ce pour la troisième année consécutive, après trois années de stagnation. Les Etats-Unis réussissent ainsi le tour de force de dépenser beaucoup plus pour la santé de leur population que la plupart des pays du Nord – soit 18 % du PIB en 2016, contre 11 % pour un pays comme la France –, et d’être le pays développé où l’on vit le moins longtemps. C’est aussi l’un des seuls pays du Nord où le taux de suicide augmente depuis la fin des années 1990. Il a crû de quelque 30 % entre 1999 et 2016, selon un rapport des Centers for Disease Control and Prevention, publié en juin. Toutes choses que le dynamisme de la croissance économique américaine n’a pas empêchées. Et qu’il a peut-être nourries. Car, comme le suspectent de longue date nombre d’économistes et de philosophes, elle peut aussi avoir des effets indésirables. Elle peut être dangereuse, non seulement pour le long terme, mais aussi dans l’immédiat.
La militante yézidie, Prix Nobel de la paix, était de passage à Paris vendredi. Dans un entretien au « Monde », elle exhorte la communauté internationale à s’engager pour la reconstruction du Sinjar, en Irak.
La Prix Nobel de la paix Nadia Murad : « La priorité pour nous, les yézidis, est de récupérer notre terre »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/22/nadia-murad-notre-priorite-est-de-recuperer-notre-patrie-et-de-la-reconstruire_5401250_3210.html
22/12/2018
international
La Prix Nobel de la paix Nadia Murad accueille seize familles yézidies à l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle, le 20 décembre. FRANCOIS GUILLOT / AFP Jeudi 20 décembre, seize familles yézidies sont arrivées en France où elles bénéficieront de l’asile. Paris s’est engagé à recevoir cent familles au total d’ici à la fin 2019. Le résultat, notamment, de l’engagement de Nadia Murad, qui fut réduite en esclavage par l’organisation Etat islamique (EI). A 25 ans, elle est devenue la porte-voix des femmes yézidies victimes de violences sexuelles aux mains de l’EI. Kidnappée dans son village de Kocho, dans le Sinjar irakien, en août 2014 et sauvée des griffes des djihadistes en 2015, elle a été récompensée du prix Nobel de la paix en octobre pour l’infatigable travail de plaidoyer qu’elle mène pour cette minorité religieuse de 500 000 âmes en Irak. La jeune yézidie poursuit aujourd’hui le combat pour l’accueil des déplacés yézidis en Europe et la reconnaissance des persécutions de l’EI comme un génocide. Elle exhorte la communauté internationale à s’engager pour la reconstruction du Sinjar, en Irak. Vous êtes de passage en France dans le cadre de l’arrivée de seize familles yézidies. Qui sont-elles ? Lorsque j’ai rencontré le président Emmanuel Macron en octobre, il a promis de faire venir en France cent familles yézidies. Hier, une première partie d’entre elles est arrivée. Il s’agit de seize mères et de leurs soixante-sept enfants. La plupart ont perdu leur époux, tué par l’EI. Des yézidis ont déjà bénéficié de programmes de réinstallation en Australie, au Canada ou en Allemagne. Mais cette mission est différente car elle s’adresse en particulier à des femmes seules avec enfants, pour qui il est difficile de survivre dans leur environnement, en particulier de trouver du travail ou de se remarier. Nous parlons d’un petit groupe de personnes qui avait besoin de migrer pour trouver un endroit sûr mais notre priorité est de récupérer notre terre et de reconstruire ; 400 000 yézidis vivent actuellement en Irak et parmi eux, plus de 300 000 sont dans des camps de déplacés après avoir fui le Sinjar pour échapper à l’EI. Combien de yézidis ont participé à des programmes de réinstallation ? Entre 80 000 et 85 000 yézidis ont émigré dans le cadre d’un programme de réinstallation, principalement en Allemagne, comme moi. Plusieurs centaines vivent dans des camps de réfugiés en Grèce et en Turquie. D’autres continuent d’émigrer parce que des milices ont occupé notre territoire. Mais nous ne voulons pas que le but de l’EI d’éradiquer notre communauté soit atteint et c’est pourquoi la communauté internationale doit nous aider.
Plusieurs anciens collaborateurs de la maire de la capitale des Flandres sont prêts à l’affronter aux élections de 2020.
A Lille, l’ancienne conseillère de Martine Aubry choisit le macronisme pour conquérir la ville
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/22/municipales-a-lille-martine-aubry-face-a-l-inflation-de-candidatures-d-anciens-proches_5401247_823448.html
22/12/2018
politique
Sous le ciel gris hivernal, le beffroi de Lille semble n’avoir jamais été autant convoité. Maire de la ville depuis dix-sept ans, Martine Aubry avait annoncé, en 2014, que ce serait son troisième et dernier mandat. Mais, alors que se préparent les municipales de 2020, sa future candidature est déjà dans toutes les têtes, notamment celles de ses adversaires attendus. Violette Spillebout, 46 ans, inconnue du grand public, a accepté de reprendre le flambeau de Christophe Itier pour La République en marche (LRM) afin de l’affronter. Haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale, battu aux législatives dans le Nord en 2017 par l’« insoumis » Adrien Quatennens, M. Itier a en effet annoncé, fin novembre, qu’il renonçait à se présenter aux municipales lilloises pour se consacrer à ses fonctions auprès du ministre de la transition écologique et solidaire François de Rugy. L’annonce de la candidature de Violette Spillebout est un nouveau coup porté à Martine Aubry. Entrée à la mairie en 1997, cette ancienne ingénieure en santé publique a été successivement sa chef de cabinet – de 2001 à 2005 –, sa directrice adjointe de cabinet puis sa directrice de cabinet – de 2008 à 2013. Un temps encartée au Parti socialiste (PS), aujourd’hui adhérente de LRM, Violette Spillebout a longtemps été une des confidentes de Martine Aubry. « Avant 2014, [cette dernière] voyait même en elle un successeur », se souvient l’eurodéputé (LRM) Gilles Pargneaux. « Un beffroi aux abois » « J’ai quitté la ville il y a cinq ans pour des raisons de divergences sur le fond, notamment la culture, l’éducation ou le commerce, et sur la forme », explique aujourd’hui celle qui n’a jamais exercé un mandat. Un conflit entre la Maison de la photographie, dirigée par son époux, Olivier Spillebout, et la municipalité lilloise n’a pas arrangé les relations entre les deux femmes. En janvier, après le refus du conseil municipal d’accorder une subvention annuelle de 130 000 euros à la structure culturelle déficitaire, l’opposition s’en mêle et dénonce un « assassinat sur fond de querelle politique ». Violette Spillebout affirme que sa candidature n’a rien d’une revanche. « Je ne fais pas ça par rancœur, mais parce que j’ai cultivé mon goût pour l’intérêt général. On sent la ville à bout de souffle, confie-t-elle. Elle a besoin de respirer, de se retrouver autour des valeurs des Lillois : la solidarité, la fierté et l’émotion collective, pour reprendre le slogan de Lille 2004. »
L’inextinguible succès de l’artiste espagnol fait les beaux jours des musées et des héritiers : 78 institutions ont exposé son œuvre entre 2017 et 2019.
La « Picassomania » affole les compteurs
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/22/la-picassomania-affole-les-compteurs_5401246_3234.html
22/12/2018
economie
A l’exposition « Picasso Metamorphosis » au Palazzo Reale à Milan, en octobre. MIGUEL MEDINA / AFP Pour figurer dans les collections publiques françaises, Picasso s’était résolu, en 1947, à donner dix œuvres majeures pour l’inauguration du Musée national d’art moderne. La myopie des institutions comme leur dédain vis-à-vis de cet artiste sont désormais oubliés. Il incarne au contraire plus que jamais « la » valeur sûre pour les musées. Mieux, c’est l’un des plus puissants aspirateurs d’audience. En ce moment au Musée d’Orsay, à Paris, l’éblouissante exposition « Picasso. Bleu et rose », coproduite avec le Musée Picasso-Paris et la Fondation Beyeler de Bâle (Suisse), accueille plus de 7 200 visiteurs par jour. Soit, selon Laurence des Cars, présidente de ce musée, « le plus important succès depuis l’ouverture du Musée d’Orsay après les chefs-d’œuvre de la Fondation Barnes », en 1993. Elle espère, au terme de cette exposition, le 6 janvier 2019, pouvoir afficher 650 000 entrées au compteur. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En rose ou en bleu, l’obsession de la justesse chez Picasso La « Picassomania » est copieusement alimentée : 78 institutions, regroupées au sein du réseau Picasso-Méditerranée, ont programmé l’œuvre de l’artiste de façon concertée entre 2017 et 2019. L’artisan de cette expérience inédite, Laurent Le Bon, président du Musée Picasso-Paris, s’est inspiré « de la fédération d’une cinquantaine de musées, pilotée par le Getty Museum de Los Angeles, voici une dizaine d’années, pour organiser des expositions sur le thème de l’art américain sur la Côte ouest depuis la seconde guerre mondiale », explique-t-il. Selon ce schéma, Laurent Le Bon a organisé cette manifestation à l’occasion du centenaire du premier voyage de Picasso en Italie, en laissant à chaque institution du pourtour de la Méditerranée le libre choix de son sujet d’exposition. Un artiste devenu une marque Le résultat s’est avéré très éclectique, depuis « Matisse et Picasso, la comédie du modèle », au Musée Matisse de Nice, à « Godard-Picasso, collages », à l’abbaye de Montmajour à Arles (Bouches-du-Rhône), en passant par « Picasso, spectacle ! », à Izmir (Turquie), « Picasso et l’antique », à Naples, au Musée Capodimonte, ou encore « Picasso et l’Andalousie », au Musée Picasso de Malaga (Espagne). Plus de trente-cinq expositions ont déjà drainé un bon million de visiteurs. « Un très joli succès pour les membres du réseau picassien, puisque ces expositions ont permis, pour presque tous, de réaliser un de leurs meilleurs chiffres de fréquentation », souligne Camille Frasca, chef de projet de Picasso-Méditerranée. « En ce moment, le nombre d’expositions Picasso – une quarantaine dans le monde – atteint un étiage exceptionnel », confirme Christine Pinault, responsable des droits chez Picasso Administration, la structure chargée de gérer les droits des héritiers du peintre et d’authentifier ses œuvres.
C’est l’augmentation des impôts indirects qui a le plus souvent provoqué des rébellions. Et lorsque la charge d’un impôt est forte et concentrée sur un groupe social, cela constitue un facteur aggravant, explique l’économiste Béatrice Cherrier.
Aux origines des révoltes fiscales
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/22/aux-origines-des-revoltes-fiscales_5401239_3234.html
22/12/2018
economie
Chronique « Recherches ». Si l’interprétation du mouvement des « gilets jaunes » fait couler beaucoup d’encre, son élément déclencheur fait consensus : l’augmentation de la taxe sur les carburants. Ce mouvement fait en ce sens partie de la longue série de « révoltes fiscales » qui ont émaillé l’histoire de la France. Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) aurait un jour déclaré : « L’art de l’imposition consiste à plumer l’oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris. » Mais si l’art de maximiser les plumes occupe l’esprit de milliers d’économistes, bien peu s’intéressent aux cris, c’est-à-dire au type de taxation susceptible d’engendrer une contestation sociale. C’est pourtant l’objet d’un récent article des sociologues Isaac Martin et Nadav Gabay. (« Tax Policy and Tax Protest in 20 Rich Democracies, 1980-2010 », The British Journal of Sociology n° 69/3, 2018). Ils étudient quelles réformes proposées ces trente dernières années dans vingt démocraties riches sont associées à des révoltes fiscales. Leur conclusion est que le sens commun en la matière est erroné. Depuis le XIXe siècle, on considère en effet que les impôts les moins impopulaires sont les impôts indirects, perçus sur la valeur des biens consommés – la taxe sur la valeur ajoutée – ou sur leur quantité : le tabac, l’alcool ou l’essence sont ainsi l’objet de droits d’accise. Ce type d’impôt, qui constitue la contribution majoritaire au budget de la France, est régressif : plus la richesse d’un consommateur est élevée, plus l’impôt perçu est proportionnellement faible. Pourtant, il est perçu comme moins visible car plus difficile à calculer et moins traçable. Réformer l’impôt sur le revenu serait donc bien plus dangereux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La taxation du carbone n’a pas fait l’objet d’une réelle analyse critique » Mais les deux chercheurs montrent que c’est l’augmentation des impôts indirects, en particulier sur des biens et services ciblés, qui a le plus souvent provoqué des rébellions. Les facteurs aggravants sont le fait que la charge d’un impôt soit forte et concentrée sur un groupe social bien identifiable – un type de consommateur, un niveau de revenu, une industrie – alors que les bénéfices sont perçus comme diffus. C’est ce qui facilite en effet la structuration d’une protestation collective. Par contraste, les contributions à la Sécurité sociale sont bien acceptées, car elles sont associées à des bénéfices individuels tangibles. Mouvements aussi bien conservateurs que progressistes Dans un article connexe, les auteurs observent que la fréquence des révoltes fiscales n’est en revanche pas liée au niveau de pression fiscale totale, ni au type d’Etat-providence. Elles touchent indifféremment le Danemark, la France, le Japon ou les Etats-Unis, quatre pays dont les structures fiscales et le « poids de l’Etat » sont pourtant très différents.
L’éducation est une science (moyennement) exacte. Nicolas Santolaria explique comment la plate-forme de vente en ligne s’est subrepticement emparée de la logistique de Noël.
Parentologie : Amazon, botte secrète des parents flemmards pour Noël
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/22/parentologie-amazon-botte-secrete-des-parents-flemmards_5401237_4497916.html
22/12/2018
m-perso
« Ben c’est qui, le Petit Pap’Amazon ? Est-ce qu’il a lui aussi une barbe blanche et un manteau rouge ? » LASSE RUSSE En mon cocon domestique, les signes de l’arrivée imminente de Noël se font de plus en plus manifestes. Au réveil, alors que le sapin clignote dans la vapeur enveloppante des chocolats chauds, le premier geste de ma progéniture est d’aller ouvrir une nouvelle case du calendrier de l’Avent Kinder, qui génère à la fois beaucoup de bonheur et un terrain propice pour les caries. Mon fils aîné s’est par ailleurs fabriqué un échéancier installé au-dessus de son lit et, tel un taulard dans l’attente de sa libération, il coche méthodiquement les cases qui le séparent du 25 décembre. En voyant cela, on serait tenté de se dire que rien n’a changé, que Noël est toujours ce rituel immuable fait de fébrilité enfantine, d’attention à l’autre manifestée au travers des cadeaux et d’une ­bûche indigeste. Mais, derrière ce vernis, depuis une décennie, les choses se sont en réalité profondément modifiées. Progressivement, subrepticement, en un mouvement souterrain de grand remplacement, le Petit Papa Noël est poussé vers la sortie par le Petit Pap’Amazon. Cette année, la crise des « gilets jaunes » aura encore accentué le phénomène. D’après un sondage réalisé par OpinionWay pour Perifem (association des grandes enseignes de la distribution), 43 % des consommateurs effectueront leurs courses de Noël sur les sites de vente en ligne, 30 % ­d’entre eux affirmant que leurs emplettes dans les magasins physiques se sont de plus en plus raréfiées. Jouer des coudes dans une boutique surpeuplée pour acheter les cadeaux, les introduire presque par effraction dans le logis, les empaqueter en douce, tout cela constituait un notable effort parental pour entretenir le merveilleux Si le Petit Papa Noël occupe encore une place centrale dans les imaginaires, le Petit Pap’Amazon s’est emparé d’une grande partie du processus logistique. Profitant d’une croyance solidement ancrée dans les esprits (l’évidence, partagée par tous, qu’il y aura des présents au pied du sapin), Amazon non seulement fournit les cadeaux, s’occupe de les ­livrer, mais se charge aussi de l’emballage. A ce stade d’hystérie délégataire, on n’attend plus que le drone qui viendra peut-être déposer prochainement les boîtes étincelantes à côté des chaussures pour nous éviter les risques de lumbago. Tout cela est loin d’être anodin. Avant, nous étions tous une petite partie active du Père Noël et la fête reposait sur l’efficacité de cette coproduction voyant s’entremêler un mythe aux origines ­diverses, des commerçants locaux se frottant les mains et des ­parents affairés.
Le 115, numéro national, ne répond quasiment plus, et de nombreuses familles sont contraintes de dormir dans la rue. Les préfectures créent de nouveaux critères pour choisir les SDF pris en charge.
Loterie, liste de sans-abri « avérés » : les signes d’épuisement de l’hébergement d’urgence
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/22/loterie-liste-de-sans-abri-averes-les-signes-d-epuisement-de-l-hebergement-d-urgence_5401228_3224.html
22/12/2018
societe
Comme des milliers de personnes, un homme se prépare à passer la nuit dehors, à Paris, le 28 février. PHILIPPE LOPEZ / AFP L’hiver 2018 ressemble aux précédents : malgré des efforts croissants pour ouvrir de nouvelles places – le gouvernement en a promis 7 000 et même 14 000 en cas de grand froid, s’ajoutant aux 138 000 pérennes –, le système d’hébergement d’urgence est à bout de souffle. Le ministre chargé de la ville et du logement, Julien Denormandie, suit la situation, chaque semaine, par téléconférence avec les régions et assure que le gouvernement a fourni cette année « un effort sans précédent » de 2 milliards d’euros. Mais cela ne suffit pas. A Paris, le Samusocial laisse, chaque soir, 500 personnes dites « en famille » et 57 personnes isolées sans solution. En Seine-Saint-Denis, ils sont 250 à rester dehors. Dans les Hauts-de-Seine, lorsqu’on est un enfant de 4 ans, on est déjà trop grand pour être d’office mis à l’abri. « Ici comme ailleurs, les travailleurs sociaux sont réduits à trier les hébergés, instaurer des priorités, des urgences dans l’urgence… C’est illégal », rappelle Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité. A Toulouse, le 115 ne répond plus qu’à un appel sur dix et, quand il décroche, il oppose un refus à 95 % des demandes, laissant ainsi à la rue, chaque soir, de 50 à 70 personnes en famille et autant d’isolées : « Il n’y a aucune anticipation, les services de l’Etat ont lancé un appel aux associations fin octobre… pour une réponse mi-novembre ! Il faut arrêter de redécouvrir chaque année le problème », s’insurge Sylvie Fernandez, éducatrice au Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) de Haute-Garonne, plate-forme départementale qui centralise les demandes. « On finit par réclamer l’ouverture de gymnases, ce qui n’offre pas de solution digne car ce sont des salles où les surveillants sont obligés de laisser la lumière la nuit et où s’entassent, sur des lits picots, de 70 à 80 personnes, dans une grande promiscuité », explique Mme Fernandez. « Nous sommes impuissants à mettre les personnes en sécurité », renchérit sa collègue Valérie Gratias, dont l’équipe a fait grève début décembre non pour réclamer des avantages pour elle-même, mais pour trouver des solutions aux personnes dont elle a la charge. « Un système qui tourne à vide » A Lyon (Rhône), la situation devient dramatique : « Le nombre de places a, certes, été multiplié par quatre en dix ans, mais celui des demandeurs l’a été par vingt ! En 2008, nous avions de 100 à 130 appels sans réponse par semaine, aujourd’hui, nous en avons plus de 2 000 », alerte Maud Bigot, chef du Samusocial de Lyon.
Dans une tribune au « Monde », l’écrivain américain se penche, après les feux de forêt en Californie, sur la crise environnementale qui frappe les Etats-Unis et sur le problème de la salubrité de l’eau.
Ron Rash : « Aimer le monde ou mourir »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/22/ron-rash-aimer-le-monde-ou-mourir_5401213_3232.html
22/12/2018
idees
A Flint (Michigan), en janvier 2016. Des niveaux élevés de plomb ont été mesurés dans le réseau local d’alimentation en eau potable. CONOR RALPH / AP Tribune. Mon quatrième roman, Serena (Le Masque, 2011), évoquait la dévastation des forêts du sud des Appalaches par l’industrie du bois, y compris dans des parties de ce qui est aujourd’hui le Great Smoky Mountains National Park. Le roman se passait au début du XXe siècle, à une époque où l’on rasait des pans entiers de montagnes en laissant à peine un arbre debout. L’eau devint imbuvable, les rivières furent engorgées de vase et de poissons morts. Dès 1930, les forêts primitives et les clairs ruisseaux avaient laissé place au désert. Comme le constate un de mes personnages vers la fin du livre, le paysage dénudé évoquait la fin du monde. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Californie, après les incendies, l’introspection Pourtant, Serena traduisait autant mes craintes pour l’avenir qu’il dénonçait les erreurs du passé. Durant la période où j’écrivais ce roman, entre 2005 et 2008, les leçons que nous avions apprises sur le coût des destructions environnementales paraissaient de plus en plus sombrer dans l’oubli. A Washington, certains politiciens parlaient d’ouvrir à la prospection minière et pétrolière des terres fédérales jusqu’ici protégées. Pendant quelques années, ces projets ont pu être combattus, mais aujourd’hui, en 2018, beaucoup de ces craintes se révèlent être justifiées. Les parcs nationaux sont épargnés pour l’instant, mais un certain nombre de terres fédérales, en particulier dans l’Ouest et en Alaska, sont convoitées par l’administration Trump, notamment le Monument national de Grand Staircase-Escalante, dans l’Utah. Le 4 décembre 2017, le président Trump a signé un décret modifiant les limites du Grand Staircase, ouvrant ainsi près de 300 000 hectares autrefois protégés à la prospection minière et pétrolière. Ecologistes, archéologues, militants de l’environnement et responsables tribaux ont protesté contre la décision présidentielle, mais la délégation du Congrès de l’Utah, et en particulier le puissant sénateur Orrin Hatch, l’a approuvée. La baisse constante de la qualité de l’eau potable aux Etats-Unis représente une menace environnementale autrement plus grave. En 2009, un article du New York Times décrivait les effets de l’eau polluée sur une communauté des environs de Charleston, en Virginie-Occidentale. Une habitante de la région racontait que ses voisins et elle ressentaient des effets nocifs au moindre contact de l’eau. Son fils avait des éruptions cutanées dès qu’il se trempait dans son bain, et « ses voisins devaient s’appliquer des lotions spéciales après leur douche parce que la peau les brûlait ». Des tests ont montré que l’eau dont ils se servent contient de l’arsenic, du barium, du plomb, du manganèse et autres résidus chimiques dans des concentrations telles que les régulateurs estiment qu’elles pourraient provoquer des cancers et endommager les reins et le système nerveux. En 2015, une étude menée par l’Académie nationale des sciences a conclu que « 21 millions d’Américains sont alimentés en eau par des systèmes de distribution qui enfreignent les normes légales basiques de santé publique ».
L’homme, installé aux Etats-Unis depuis douze ans, aurait espionné pour une société chinoise un produit valant plus d’un milliard de dollars.
Etats-Unis : un Chinois arrêté pour vol de secrets commerciaux dans une société pétrolière
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/22/etats-unis-un-chinois-arrete-pour-vol-de-secrets-commerciaux-dans-une-societe-petroliere_5401206_3234.html
22/12/2018
economie
Un forage pétrolier à Oklahoma City (Etats-Unis), le 22 mars 2012. SUE OGROCKI / AP Un ressortissant chinois a été arrêté aux Etats-Unis, accusé d’avoir dérobé des secrets commerciaux d’une société américaine du secteur pétrolier pour laquelle il travaillait, a annoncé vendredi 21 décembre le ministère de la justice américain. Tan Hongjin, 35 ans, a été arrêté jeudi dans l’Etat de l’Oklahoma, où il résidait. Selon le ministère, il a volé des secrets commerciaux « relatifs à un produit valant plus d’un milliard de dollars ». Un espion parfaitement intégré M. Tan, qui est installé aux Etats-Unis depuis douze ans et a obtenu un doctorat au California Institute of Technology, est accusé d’avoir illégalement téléchargé des centaines de fichiers de sa société, comprenant de la propriété intellectuelle liée à la fabrication d’un produit pour le marché de l’énergie. Il a dérobé ces documents pour le compte d’une société chinoise lui ayant offert un emploi, a affirmé le ministère. L’employeur américain n’a pas été identifié, mais un profil LinkedIn indique qu’un scientifique spécialiste des matériaux nommé Tan Hongjin travaille pour le centre de recherche du groupe énergétique Phillips 66 à Bartlesville, en Oklahoma. Des médias locaux l’ont également lié à cette société. La Chine accusée de pillage Cette arrestation intervient alors que Washington a annoncé jeudi l’inculpation de deux Chinois accusés d’avoir mené des cyberattaques contre douze pays, s’attirant une réaction furieuse de Pékin. « Le gouvernement chinois tente d’acquérir ou de dérober non seulement les plans et les projets du gouvernement des Etats-Unis, mais aussi les idées et les innovations des personnes mêmes qui rendent notre économie si incroyablement performante », a prévenu au Congrès la semaine dernière Bill Priestap, directeur adjoint du département de contre-espionnage de la police fédérale (FBI).
Ces plaintes viennent s’ajouter à une première assignation déposée en 2017. Grâce à la nouvelle application d’une loi sur « l’exploitation sexuelle », les faits ne sont pas prescrits.
Abus sexuels : le photographe Bruce Weber accusé par cinq nouveaux mannequins
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/22/abus-sexuels-le-photographe-bruce-weber-accuse-par-cinq-nouveaux-mannequins_5401203_3210.html
22/12/2018
international
Le photographe américain Bruce Weber au 44e Festival de Deauville (France), le 6 septembre 2018. CHARLY TRIBALLEAU / AFP Le photographe de mode américain Bruce Weber, déjà accusé en 2017 d’agression sexuelle par un ancien mannequin, a été de nouveau assigné en justice vendredi 21 décembre, pour « exploitation sexuelle », par cinq mannequins masculins. Cette nouvelle assignation, déposée au tribunal fédéral de New York, intervient peu après la validation par un juge de poursuites pour « exploitation sexuelle » – une loi fédérale jusqu’ici essentiellement utilisée pour poursuivre des affaires de proxénétisme – contre l’ex-producteur de cinéma Harvey Weinstein. Cette nouvelle interprétation de la loi fédérale, qui prévoit un délai de prescription de dix ans contre trois pour les agressions sexuelles dans l’Etat de New York, « ouvre la porte » aux plaintes de nouvelles victimes, a souligné l’avocate Lisa Bloom, représentant les cinq mannequins à l’origine de l’assignation. Lire aussi Mario Testino et Bruce Weber sur la sellette après des accusations de harcèlement sexuel Chantage sur la carrière des mannequins Dans cette plainte de quatorze pages relatant des agressions qui auraient eu lieu entre 2008 et 2010, les cinq mannequins – tous des Américains identifiés uniquement par leurs initiales – décrivent le même « mode opératoire » de Bruce Weber : s’arrangeant pour se retrouver seul avec ces hommes en début de carrière, le photographe prétextait des « exercices de respiration » pour les caresser et leur faisait comprendre qu’ils devaient accepter ces attouchements pour réussir dans ce métier. L’assignation déposée par l’ex-mannequin Jason Boyce fin 2017 contre M. Weber, qui a travaillé pour Vogue et forgé l’image de marques comme Calvin Klein, Ralph Lauren et Abercrombie & Fitch, relatait des faits similaires qui se seraient déroulés à New York en 2014. Mais sans invoquer le délit fédéral d’exploitation sexuelle. L’affaire Weinstein, le déclic Un juge fédéral new-yorkais a, pour la première fois, donné son feu vert en août à une demande de procès au civil sous ce motif déposée par l’aspirante actrice britannique Kadian Noble : elle a assigné Harvey Weinstein en 2017 pour l’avoir agressée sexuellement à Cannes en 2014, en lui faisant miroiter un rôle. Les avocats de M. Weinstein avaient argué en vain qu’une telle interprétation « étendrait injustement la notion d’exploitation sexuelle à toute activité sexuelle entre adultes dans laquelle une des parties est en position de pouvoir ou d’influence ». Ils estimaient que, dans la mesure où Mme Noble n’avait été rémunérée d’aucune façon, l’article ne pouvait pas s’appliquer. Bruce Weber est, avec Terry Richardson, Mario Testino et Patrick Demarchelier, un des grands photographes de mode accusés d’agressions sexuelles dans le sillage du mouvement #metoo. Les grands magazines avec lesquels ils travaillaient ont annoncé mettre fin à toutes leurs collaborations.
Il s’agissait d’une condition imposée par l’AMA en échange de sa décision controversée de lever la suspension de l’agence russe, annoncée le 20 septembre.
L’Agence mondiale antidopage revient de Moscou sans avoir pu récupérer les données des contrôles
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/22/l-agence-mondiale-antidopage-revient-de-moscou-sans-avoir-pu-recuperer-les-donnees-des-controles-antidopage_5401197_3242.html
22/12/2018
sport
Le siège du Comité olympique russe, à Moscou, le 6 décembre. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP Une équipe de l’Agence mondiale antidopage (AMA), envoyée à Moscou cette semaine pour récupérer des données cruciales dans l’ancien laboratoire de la capitale russe, est revenue bredouille, a annoncé, vendredi 21 décembre, l’AMA, ouvrant la voie à de nouvelles sanctions contre l’agence antidopage Rusada. La récupération de ces données était une condition imposée par l’AMA en échange de sa décision controversée de lever la suspension de Rusada, annoncée le 20 septembre. L’AMA avait alors exigé l’accès à ces données avant le 31 décembre, sous peine de prendre de nouvelles sanctions. Mais la délégation de cinq experts, arrivée à Moscou lundi, n’a pu extraire les milliers de données brutes en question car les autorités russes ont eu des exigences techniques de dernière minute, selon le communiqué. Le blocage des autorités russes « L’équipe a été incapable de terminer sa mission dans le temps imparti en raison d’une question soulevée par les autorités russes, exigeant que l’équipement utilisé pour l’extraction des données soit conforme à la législation russe », souligne l’AMA, basée à Montréal. « Cette question n’avait pas été évoquée lors d’une réunion préliminaire, le 28 novembre à Moscou », regrette l’agence. La délégation, conduite par l’expert antidopage espagnol José Antonio Pascual, va rédiger son rapport qui sera transmis au Comité de révision de la conformité de l’AMA. Cette instance indépendante se réunira les 14 et 15 janvier pour examiner les suites à donner à cette affaire. Les recommandations de ce comité, qui pourrait demander une nouvelle suspension de Rusada, seront ensuite examinées par le Comité exécutif de l’AMA. La balle dans le camp de la Russie L’AMA a toutefois laissé une porte ouverte à Moscou, précisant que son équipe d’experts « se tenait prête à procéder à l’extraction de toutes les données si le problème était résolu rapidement par la Russie ». L’échec de sa mission en Russie constitue une nouvelle déconvenue pour l’AMA, qui comptait sur ces données pour éclairer la sombre période de dopage institutionnel dans ce pays (2011-2015), et ouvrir éventuellement des procédures disciplinaires contre des sportifs. Lire aussi L’Agence mondiale antidopage réintègre la Russie Cette étape devait être un pas important pour une résolution définitive de la crise avec la Russie. Les premières révélations sur un système de corruption, apparues fin 2014, concernaient l’athlétisme. Par la suite, des enquêtes à la demande de l’AMA ont dévoilé un véritable système de dopage institutionnel – avec la participation de rouages de l’Etat , dont les services secrets (FSB) –, qui a pu toucher trente disciplines et concerner un millier de sportifs, selon les conclusions du juriste canadien Richard McLaren. Les sanctions, dont certaines sont toujours en cours, ont commencé fin 2015 dont celle, très symbolique, autorisant certes pour certains athlètes, une participation aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang en Corée du Sud, mais sous la bannière olympique et non le drapeau russe.
Le président américain voulait systématiquement rejeter toute demande d’asile venant des migrants qui traversent la frontière sud des Etats-Unis.
La Cour suprême ne valide pas la restriction du droit d’asile voulue par Trump
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/22/la-cour-supreme-ne-valide-pas-la-restriction-du-droit-d-asile-voulue-par-trump_5401194_3210.html
22/12/2018
international
Une migrante portant un drapeau des Etats-Unis artisanal près de la frontière américano-mexicaine, le 25 novembre à Tijuana, au Mexique. Ramon Espinosa / AP La Cour suprême a infligé vendredi 21 décembre un camouflet au président américain en ne validant pas son décret restreignant le droit d’asile pour les migrants traversant clandestinement la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. La haute cour a refusé d’annuler la suspension par une cour d’appel fédérale de San Francisco de ce décret présidentiel controversé, signé le 9 novembre par Donald Trump, qui entendait mettre en place le rejet automatique des demandes d’asile déposées par des personnes ayant traversé illégalement la frontière sud. Ces migrants, venus surtout d’Amérique centrale, fuient pour la plupart la violence dans leur pays d’origine. Lire aussi Donald Trump interdit aux clandestins de déposer des demandes d’asile Une décision sans commentaire Dans sa décision, la Cour suprême n’a fait aucun commentaire, notant simplement que quatre de ses neuf juges nommés à vie étaient favorables à renverser le jugement d’appel : Brett Kavanaugh et Neil Gorsuch, nommés par le président républicain, et les magistrats conservateurs Clarence Thomas et Samuel Alito. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A la frontière mexicaine, les rêves brisés des migrants de la « caravane » Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration clandestine son cheval de bataille dès sa campagne électorale. Après la signature de ce décret, des associations de défense des droits humains avaient immédiatement saisi la justice et, le 20 novembre, un juge californien avait donné tort à l’exécutif, déclenchant l’ire de l’occupant de la Maison Blanche. Trump n’a pas dit son dernier mot Mais la décision de la Cour suprême ne risque pas de changer le destin des migrants. Washington a annoncé jeudi le renvoi des demandeurs d’asile au Mexique pendant l’examen de leur dossier, afin d’empêcher qu’ils demeurent sur le territoire américain et échappent à la surveillance des autorités. L’administration américaine espère ainsi que ces délais et le renvoi au Mexique découragent d’autres migrants de faire le long voyage jusqu’à la frontière des Etats-Unis. La première mesure phare du président Trump – l’interdiction de voyager aux Etats-Unis pour des ressortissants de certains pays à majorité musulmane et considérés comme présentant un risque terroriste – avait elle aussi été bloquée à plusieurs reprises en justice, avant que la Cour suprême ne valide sa dernière version.
Descendant de républicains espagnols, l’écrivain est l’une des jeunes voix les plus tranchantes de la littérature mexicaine. L’exil face au danger de mort, dans l’Espagne d’alors et le Mexique aujourd’hui, est au cœur de son nouveau roman, « Méjico ».
Antonio Ortuño : « La violence de mes livres est celle du Mexique »
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/23/antonio-ortuno-la-violence-de-mes-livres-est-celle-du-mexique_5401667_3260.html
23/12/2018
livres
L’écrivain mexicain Antonio Ortuño, en 2018. WITI DE TERA / OPALE L’exil sied bien à Antonio Ortuño. Installé à Berlin depuis juillet, dans le cadre d’une résidence d’écriture d’un an, le romancier mexicain goûte, en famille, la tranquillité que lui offre la capitale allemande. « Je ne suis plus obligé d’accompagner mes filles de 16 et 13 ans partout où elles veulent aller. Elles peuvent sortir dans la rue comme elles en ont envie », nous confiait-il un mercredi d’automne, à Paris. La violence liée aux cartels de la drogue, qui gangrène le Mexique, a gagné, il y a quelques années, la placide ville de Guadalajara, dans l’ouest du pays, où l’écrivain, l’une des jeunes voix les plus vibrantes et grinçantes d’Amérique latine, vit depuis sa naissance, en 1976. Outre des conditions matérielles idéales pour travailler, ce séjour en Europe permet à cet auteur prolifique (six romans, dont trois traduits en français, quatre recueils de nouvelles) d’échapper pour quelques mois au chaos qui règne dans cette ville. L’exil n’a pourtant rien d’une fin en soi pour ce romancier qui voyage peu et dont les deux dernières œuvres – très remarquées en Europe comme en Amérique latine – abordent le thème avec un regard au mieux contrasté, au pire, franchement noir. Dans La File indienne (Christian Bourgois, 2016), il narrait la tragédie des migrants d’Amérique centrale, leur route jonchée d’obstacles et de drames vers les Etats-Unis. Il y mettait en scène une assistante sociale à la Commission nationale de migration, envoyée à Santa-Rita, ville fictive du sud-est du Mexique, pour porter secours aux rescapés du massacre d’un groupe de Latino-Américains fuyant leurs pays. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le feuilleton. Les damnés de la terre Périple bousculé par les secousses de l’histoire Dans Méjico, qui vient de paraître en français, c’est à la lecture des infortunes d’un double exil que nous convie l’auteur : celui d’Omar, jeune Mexicain d’origine espagnole contraint de fuir à Madrid pour échapper à un tueur, et celui de ses grands-parents, cinquante ans plus tôt, des républicains espagnols obligés de tout quitter au lendemain de la guerre civile (1936-1939) pour trouver refuge au Mexique, au terme d’une éprouvante épopée. « J’avais écrit La File indienne parce que je trouvais terrifiant que ce pays, qui avait été le refuge de mes grands-parents et de ma mère, soit devenu un piège mortel pour tant de Centre-Américains, explique-t-il. Un an après sa parution, ma mère est morte. Cela m’a poussé à reprendre un projet que j’avais depuis longtemps en tête. J’ai transposé l’univers sentimental dans lequel j’avais grandi. »
Loin de Paris, le chef de l’Etat a décrit les 10 milliards d’euros débloqués comme « une réponse pleinement assumée à ce que j’ai considéré être une colère juste du peuple français ».
Emmanuel Macron, deux jours au Tchad, loin des « gilets jaunes »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/23/emmanuel-macron-deux-jours-au-tchad-loin-des-gilets-jaunes_5401659_3210.html
23/12/2018
international
Emmanuel Macron venu fêter Noël avec des soldats de la force Barkhane, à N'Djaména, le 22 décembre. LUDOVIC MARIN / AFP Autour des tables dressées dans la nuit, sous les douces risées de l’harmattan, on aurait pu se croire encore au temps de l’état de grâce, ce samedi 22 décembre 2018. Par exemple, lors du dernier réveillon qu’avait passé Emmanuel Macron avec les troupes françaises engagées au Sahel, en décembre 2017, à Niamey, huit mois après son arrivée à l’Elysée. Mais, à peine le chef de l’Etat était-il arrivé à la base militaire française de N’Djamena, QG de l’opération « Barkhane » contre les groupes armés terroristes de la région, qu’il apprenait que des policiers avaient frôlé le lynchage sur les Champs-Elysées, que quatre-vingts « gilets jaunes » avaient fait le siège de sa maison au Touquet (Pas-de-Calais) et qu’à Angoulême des manifestants avaient mis en scène la décapitation d’un pantin à son effigie. De ces violences, il n’a pas été question une seule fois dans le discours du président de la République devant les troupes en « opex » (opération extérieure) au Tchad. Il a seulement remercié les soldats de « protéger la nation contre le règne de l’arbitraire et de la terreur ». « Partout, dans le Sahel, nos ennemis sont là et cherchent à faire progresser l’obscurantisme, a-t-il dit. C’est ce même terrorisme qui a frappé dans notre pays, à Strasbourg. Je compte sur vous, et les Français comptent sur vous. » L’assemblée a alors poussé une Marseillaise version syncopée et marche militaire, bien différente de celles chantées à 6 300 kilomètres de là par des manifestants à gilet fluo. « Mattis, un interlocuteur fiable » Lors d’une conférence de presse avec le président tchadien, Idriss Déby, au palais présidentiel, le lendemain, Emmanuel Macron a aussi rendu un hommage appuyé au secrétaire d’Etat américain à la défense, James Mattis, qui a démissionné deux jours plus tôt pour marquer son désaccord avec le retrait américain en Syrie. « Je regrette profondément la décision américaine. Jim Mattis a montré aussi l’importance de ce qu’être allié. Etre allié, c’est combattre épaule contre épaule », a-t-il dit. « Depuis un an, nous avons constaté comment [James Mattis] a été un interlocuteur fiable », a enfin lâché le chef de l’Etat, comme un message indirect à Donald Trump. Emmanuel Macron et son homologue tchadien, Idriss Déby, lors de leur conférence de presse commune, à N’Dajména, le 23 décembre. LUDOVIC MARIN / AFP « Une colère juste » A N’Djamena, Emmanuel Macron est aussi revenu sur les 10 milliards d’euros débloqués « en un temps record – douze jours pour une loi d’urgence économique et sociale », après ses annonces du 10 décembre. Il a promis qu’il « n’y aura aucune économie sur la défense et [les] armées » pour financer ces mesures. « Ce n’est pas une réponse à telle ou telle catégorie, c’est une réponse pleinement assumée que j’ai voulue, à ce que j’ai considéré être une colère juste du peuple français », a commenté le président.
Le lot de briques de lait de la marque J’aime le lait d’ici a fait l’objet d’une mesure de rappel et de retrait des rayons.
Des briques de lait contaminées par des résidus de détergent
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/23/des-briques-de-lait-contaminees-par-des-residus-de-detergent_5401652_1651302.html
23/12/2018
sante
Un lot de briques de lait de la marque J’aime le lait d’ici contenant des résidus de produits de nettoyage a fait l’objet d’une mesure de rappel et de retrait, a annoncé dimanche 23 décembre la coopérative de lait française Sodiaal. Le lot contaminé porte le numéro 18312, une date de péremption du 8 mars 2019, un horaire de production entre 8 h 40 et 11 h 54, ainsi que l’agrément sanitaire FR 44-025-001. Ni la zone géographique ni la composition des détergents responsables de la contamination ne sont précisées dans la fiche d’information que s’est procurée l’Agence France-Presse. « Erreur humaine » La société CSA, qui commercialise le produit pour Orlait, a procédé à ce retrait-rappel après avoir reçu « une réclamation pour du lait de couleur brune », a précisé Sodiaal, qui détient notamment les marques Candia, Entremont, Le Rustique, Cœur de Lion, RichesMonts, Régilait, ou encore Yoplait. « Cet incident est lié à une erreur humaine » et « s’est produit sur une très courte durée, environ deux minutes dans la ligne de production », a expliqué la première coopérative de lait française, qui dit n’avoir reçu « aucun signalement de consommateurs malades », contrairement à des allégations en ce sens qui circulent sur Facebook. « Une analyse » a été lancée à la suite de ce problème qui concerne des « réseaux de distributeurs spécialisés dans la restauration et quelques magasins Systèmes U », selon Sodiaal. La marque J’aime le lait d’ici appartient à Orlait, dont Candia, elle-même filiale de Sodiaal, est l’actionnaire majoritaire. Sodiaal, dont le chiffre d’affaires s’élève à 5,1 milliards d’euros, a collecté 4,7 milliards de litres de lait auprès de 20 000 producteurs l’an dernier. Le groupe, qui emploie plus de 9 000 personnes, est présent dans les produits laitiers frais mais aussi les laits en poudre dont les laits infantiles. Depuis 2014, le groupe a élargi son activité aux produits surgelés, avec l’intégration du pâtissier et traiteur Boncolac. Il y a tout juste un an, le groupe laitier Lactalis avait été contraint d’arrêter sa production à l’usine de Craon et de rappeler l’ensemble de la production de lait infantile de cette usine à la suite d’un scandale lié à une contamination à la salmonelle.
Le ministre de la défense, James Mattis, avait annoncé sa démission jeudi après l’annonce surprise par le président américain du retrait de ses troupes de Syrie.
Donald Trump nomme Patrick Shanahan chef par intérim du Pentagone
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/23/donald-trump-nomme-patrick-shanahan-chef-par-interim-du-pentagone_5401627_3210.html
23/12/2018
international
Patrick Shanahan, le 16 juin 2009, au Bourget. PIERRE VERDY / AFP Le président américain, Donald Trump, a annoncé, dimanche 23 décembre, le remplacement par intérim du ministre de la défense, Jim Mattis, dès le 1er janvier, soit plus tôt que prévu, par son adjoint, Patrick Shanahan. « J’ai le plaisir d’annoncer que notre très talentueux ministre adjoint de la défense Patrick Shanahan, assumera le titre de ministre de la défense par intérim à partir du 1er janvier 2019 », a tweeté M. Trump. I am pleased to announce that our very talented Deputy Secretary of Defense, Patrick Shanahan, will assume the titl… https://t.co/hUtkUQf7yS — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) M. Shanahan occupe le poste d’adjoint au Pentagone depuis juillet 2017, d’après le site internet du ministère. Auparavant, il a été vice-président du constructeur aéronautique américain Boeing, chargé de la logistique et des opérations, mais aussi vice-président et directeur général de Boeing Missile Defense Systems. Il avait intégré ce groupe en 1986. James Mattis avait annoncé jeudi sa démission après l’annonce surprise par le président Trump du retrait des quelque 2 000 soldats américains en Syrie, estimant que le groupe Etat islamique (EI) était vaincu. La démission de Mattis devait être effective fin février. L’ordre de retrait des troupes de Syrie a lui bien été signé dès dimanche. Le président français, Emmanuel Macron, a critiqué un peu plus tôt dimanche, à N’Djamena, son homologue américain à propos de sa décision de retirer ses troupes de Syrie. « Un allié se doit d’être fiable, se coordonner avec ses autres alliés », a-t-il dit. « Je veux ici rendre hommage au général Mattis et aux propos qui ont accompagné sa décision, depuis un an nous avons constaté combien il a été un interlocuteur fiable, avait ajouté le chef de l’Etat. Etre allié, c’est combattre épaule contre épaule. » Donald Trump a par ailleurs affirmé dimanche avoir discuté avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, du retrait « lent et extrêmement coordonné » des troupes américaines de Syrie. « Je viens d’avoir une conversation téléphonique longue et productive » avec M. Erdogan, a-t-il tweeté, ajoutant avoir également discuté du groupe Etat islamique, « de notre engagement mutuel en Syrie » et de relations commerciales « considérablement accrues ». I just had a long and productive call with President @RT_Erdogan of Turkey. We discussed ISIS, our mutual involveme… https://t.co/yMG7EFB4uj — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Article réservé à nos abonnés Lire aussi Président Trump, an II : la retraite des généraux
Les agents du Samu de la Seine-Saint-Denis ont déposé un préavis de grève pour lundi 24 décembre afin de dénoncer un manque de personnel qui ne permet plus, selon eux, de répondre correctement aux appels au 15.
Samu d’Ile-de-France : 2,4 millions d’euros annoncés pour pallier le manque d’effectifs
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/23/samu-d-ile-de-france-2-4-millions-d-euros-annonces-pour-pallier-le-manque-d-effectifs_5401609_1651302.html
23/12/2018
sante
L’Agence régionale de santé (ARS) a annoncé qu’elle allait débloquer 2,4 millions d’euros pour les huit Samu d’Ile-de-France, qui dénoncent un manque de personnel pour répondre aux appels au 15. C’est pour protester contre cette situation de carence que le Samu de la Seine-Saint-Denis a appelé à une grève lundi 24 décembre. A la suite d’un courrier des Samu franciliens qui pointaient du doigt « le fait qu’il manque des auxiliaires de régulation médicale », Aurélien Rousseau, directeur général de l’ARS d’Ile-de-France a déclaré à l’AFP qu’il allait « débloquer une enveloppe exceptionnelle de soutien à chacun des Samu d’IDF de 300 000 euros, ce qui fait 2,4 millions à l’échelle régionale. » Cette somme, « débloquée sur des crédits propres à l’agence », sera versée « la première semaine de janvier », a-t-il précisé. M. Rousseau reconnaît des difficultés de recrutement, un turnover très élevé dans certains Samu, « comme à Paris et en Seine-Saint-Denis », ainsi qu’un « nombre d’appels qui augmentent, par exemple à Paris avec les gilets jaunes ». Il constate également de « vraies disparités d’activité et d’indicateurs de résultats entre les différents Samu », estimant qu’il y a un « travail de fond à faire sur l’organisation ». Préavis de grève le soir de Noël Les agents du Samu de la Seine-Saint-Denis ont déposé un préavis de grève pour lundi afin de dénoncer un manque de personnel qui ne permet plus, selon eux, de répondre correctement aux appels au 15. « La principale revendication porte sur le manque de moyens humains. L’objectif est de répondre à 90% des appels en moins d’une minute, on en est très loin », expliquait samedi à l’AFP le professeur Frédéric Adnet, directeur du Samu en Seine-Saint-Denis. « 300 000 euros, c’est satisfaisant mais ça doit être pérenne, afin que l’on puisse embaucher », a-t-il réagi dimanche après l’annonce de l’ARS. Christophe Prudhomme, délégué CGT du Samu 93, a confirmé dimanche à l’AFP la grève annoncée à partir de lundi minuit. « Nous attendons la concrétisation de ces promesses dans le cadre d’un protocole de fin de conflit » avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a-t-il dit. Une réunion de négociation entre la direction de l’hôpital Avicenne-Bobigny - où sont installées les équipes du Samu 93 -, la direction de l’AP-HP et la CGT doit avoir lieu lundi afin de « prendre toutes les mesures nécessaires pour traduire opérationnellement et le plus rapidement possible le soutien annoncé par l’ARS », a annoncé l’AP-HP dans un communiqué. Elle précise que « la continuité de ce service public essentiel sera bien assurée ce même jour ». L’AP-HP avait fait savoir samedi qu’elle avait déjà accordé au Samu 93 « un renfort de l’effectif pour la période hivernale », en augmentant notamment de trois postes (de 42 à 45 postes) les assistants régulateurs médicaux qui assurent la réponse téléphonique des appels au 15. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Urgences hospitalières : un redéploiement à bas bruit
Le capitaine du PSG a été cambriolé samedi soir pendant le match contre Nantes. Son coéquipier Eric Choupo-Moting avait connu la même mésaventure en novembre.
Thiago Silva victime d’un cambriolage, préjudice estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/23/thiago-silva-victime-d-un-cambriolage-prejudice-estime-a-plusieurs-centaines-de-milliers-d-euros_5401600_1616938.html
23/12/2018
football
Le défenseur du Paris-Saint-Germain Thiago Silva lors du match retour contre l’Etoile rouge de Belgrade, le 11 décembre 2018, en Serbie. Darko Vojinovic / AP Fin de soirée difficile pour Thiago Silva. Le domicile parisien du défenseur et capitaine du Paris-Saint-Germain a été cambriolé samedi soir, au moment où le club affrontait Nantes, a appris l’Agence France-Presse dimanche de source policière, confirmant une information de L’Equipe. Le montant du préjudice est estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros, a précisé la source. Domicilié dans le 16e arrondissement de la capitale, le joueur brésilien participait au match de Ligue 1 opposant en soirée le PSG au FC Nantes (1-0), lorsque le ou les malfaiteurs se sont introduits à son domicile. Ce n’est pas la première fois qu’un joueur du club est victime d’un cambriolage un soir de match. Le 28 novembre, le Camerounais Eric Choupo-Moting avait déjà connu pareille mésaventure pendant la réception de Liverpool en Ligue des champions (2-1 au Parc des Princes). Le préjudice avait été estimé à 600 000 euros. Depuis, toutes les résidences des joueurs parisiens avaient bénéficié d’un contrôle de sécurisation lancé par le club, avec installation de systèmes de protection. Les joueurs du PSG ne sont pas les seules cibles en Ligue 1. L’attaquant néerlandais de Lyon Memphis Depay avait aussi été victime d’un cambriolage le 31 août pendant un match contre Nice. Les voleurs avaient alors dérobé des bijoux et des vêtements de luxe de son domicile lyonnais. Le montant total du préjudice avait été estimé à 1,5 million d’euros. Dans le cas du cambriolage de Thiago Silva, l’enquête a été confiée à la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne. Selon L’Equipe, les cambrioleurs seraient passés par les toits au cœur d’un quartier ultra-sécurisé où vivent de nombreuses personnalités.
Controverse dans le monde de la biologie du comportement : le labre nettoyeur aurait réussi l’examen censé prouver la conscience de soi.
Un petit poisson trouble le test du miroir
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/23/un-petit-poisson-trouble-le-test-du-miroir_5401597_1650684.html
23/12/2018
sciences
Zoologie. Parmi les spécialistes de l’intelligence animale, le test du miroir fait figure de juge de paix. Depuis son invention en 1970, il divise le monde en deux : ceux qui disposent de la conscience de soi et ceux qui en sont dépourvus. D’un côté, les chimpanzés, les orangs-outans et les humains ; de l’autre le reste du règne animal. Certains chercheurs ajoutent aux heureux élus les bonobos, les gorilles, les éléphants d’Asie, les dauphins et les pies. Mais même dans sa version élargie, le club reste particulièrement sélect. Or un chercheur sud-africain travaillant à l’Institut Max-Planck de Constance (Allemagne) vient de faire une annonce fracassante. Dans un article mis en ligne sur le site de partage bioRxiv et accepté par la revue PLoS Biology, Alex Jordan assure avoir fait passer avec succès les épreuves traditionnelles du fameux test à des labres nettoyeurs. Jusqu’ici, ce petit poisson tropical tricolore (noir, blanc et bleu) avait retenu l’attention des chercheurs par son mode de vie bien particulier. En effet, il se nourrit des parasites accumulés sur les écailles d’autres poissons, bien plus gros, les libérant du même coup de ces visiteurs indélicats. « Il doit savoir lesquels de ces gros poissons vont l’attaquer ou pas, précise le biologiste du comportement. Il les trompe aussi parfois en en profitant pour avaler un peu du mucus qui les protège. Un peu mais pas trop… Tout ça lui demande une intelligence supérieure. C’est ce qui nous a donné l’idée de lui faire passer le test. » Des labres nettoyeurs face à un miroir. Alex Jordan Ledit test consiste à placer une marque de couleur sur un individu, en un point qu’il ne peut voir directement (sur la face ou le cou) et à lui présenter alors un miroir. Les uns restent insensibles ou attaquent le concurrent qu’ils croient discerner dans leur reflet ; les autres se mirent puis tentent de se débarrasser de la tache. Et c’est précisément ce qu’ont fait trois des quatre poissons à qui Alex Jordan venait d’injecter un colorant brun sous la peau de la gorge. Après observation, ils sont allés se frotter contre des rochers. Apaisaient-ils une démangeaison ? Jordan a vérifié avec une injection incolore, sans troubler le comportement des poissons. Le biologiste sud-africain a d’abord tenté de publier ces résultats dans la prestigieuse revue Science. Il a essuyé un refus, après un rapport défavorable des reviewers (relecteurs), parmi lesquels Gordon Gallup, l’inventeur du test du miroir. « Les marques ressemblent à des parasites et les labres nettoyeurs ont l’habitude de les retirer des autres poissons, explique au Monde le pionnier, professeur à l’université de l’Etat de New York à Ithaca. En se grattant la gorge, il peut juste essayer d’attirer l’attention de son condisciple de la présence d’un parasite sur la gorge de celui-ci. »
Le club a fermé ses portes au quotidien sportif, à la suite d’un article jugé déplaisant. Les SDJ réclament la fin de ce boycott au nom de « la liberté des journalistes ».
Football : « L’Equipe » soutenu par une vingtaine de sociétés de journalistes face au PSG
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/23/football-l-equipe-soutenu-par-une-vingtaine-de-societes-de-journalistes-face-au-psg_5401577_3242.html
23/12/2018
sport
Couvertures de « L’Equipe », au siège du journal, à Boulogne, le 9 juin 2015. JOEL SAGET / AFP Une vingtaine de sociétés de journalistes (SDJ), dont celle du Monde, ont réclamé dimanche 23 décembre que le Paris-Saint-Germain rétablisse « au plus vite l’accès à ses conférences de presse à [leurs] confrères de L’Equipe », après la parution d’un article qui aurait déplu au club. « A plusieurs reprises récemment, comme à Belgrade la semaine dernière, à Saint-Germain-en-Laye ce lundi ou ce vendredi, nos confrères de L’Equipe ont assuré qu’ils [s’étaient] vu refuser l’accès à des conférences de presse du PSG », affirment-elles dans un communiqué, ajoutant : « La liberté des journalistes de couvrir des conférences de presse, sportives, économiques ou politiques, n’est pas négociable. » L’Equipe avait indiqué mi-décembre qu’un de ses reporters s’était vu interdire l’accès à une conférence du club de football et que d’autres n’avaient pas pu poser de questions à plusieurs occasions. Ces mesures feraient suite à un article intitulé « Fair-play financier : le PSG contraint de perdre Kylian Mbappé ou Neymar en cas de sanctions ? ». « Désinformation » Cet article estimait, citant des sources internes, que la direction parisienne « pourrait se résigner à l’idée de se séparer, l’été prochain, de l’un de ses deux joueurs vedettes », face aux risques de sanctions lourdes auxquelles le club s’exposait. Cette information avait fait vivement réagir le club parisien qui avait démenti « avec la plus grande fermeté ces allégations totalement erronées, ridicules et uniquement de nature à recréer un climat de grandes tensions entre le club et ce média », accusant L’Equipe de « désinformation ». Les premiers signataires de cet appel sont les SDJ de l’Agence France-Presse, Premières Lignes, Les Echos, Franceinfo.fr, Mediapart, Le Figaro, TV5 Monde, BFM-TV, France Inter, Libération, Le Journal du dimanche, Paris Match, Le Parisien-Aujourd’hui en France, M6, Europe 1, RTL, FranceinfoTV, Le Point, Le Monde, France 2 et France 3 national.
A Nove Mesto, le Norvégien remporte la course en ligne et signe sa sixième victoire de la saison. Martin Fourcade termine neuvième.
Biathlon : Johannes Boe, intouchable, remporte la mass start devant Quentin Fillon Maillet
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/23/biathlon-johannes-boe-intouchable-remporte-la-mass-start-devant-quentin-fillon-maillet_5401571_3242.html
23/12/2018
sport
Le Français Quentin Fillon Maillet célèbre sa deuxième place de la mass start, à Nove Mesto (République tchèque), le 23 décembre. Petr David Josek / AP Impossible de faire mieux. Le Norvégien Johannes Boe s’est envolé en tête de la Coupe du monde de biathlon avec un sixième succès en huit courses, dimanche, lors de la mass start de Nove Mesto (République tchèque), juste devant le Français Quentin Fillon Maillet et le Russe Evgeniy Garanichev. Martin Fourcade a replongé, finissant derrière son compatriote Simon Desthieux (7e). Impérial au tir (20 sur 20), Boe a terminé le dernier tour à sa main pour signer une troisième victoire cette semaine à Nove Mesto, après le sprint et la poursuite. Le match avec Martin Fourcade n’a jamais eu lieu. Au lendemain de sa magnifique remontée sur la poursuite (de la quarante-troisième à la cinquième position), le septuple vainqueur de la Coupe du monde a compromis ses chances dès le premier tir couché avec deux erreurs avant d’enchaîner avec une nouvelle faute à son premier tir debout. A l’entendre, le problème serait plutôt physique que derrière sa carabine. « Il m’a manqué des réserves sur l’ensemble du mois de novembre… On va essayer d’augmenter le niveau après la trêve de noël pour se refaire une santé et être plus percutant sur les skis », a expliqué au micro de la chaîne L’Equipe l’actuel cinquième de la Coupe du monde. Avec un retard de 165 points sur Boe, le Catalan a sans doute déjà fait une croix sur un huitième gros globe du classement général. Le clan français s’est consolé avec la belle deuxième place de Quentin Fillon Maillet (18 sur 20 au tir), sa deuxième de la saison après celle décrochée sur la poursuite de Pokljuka (en Slovénie), le 9 décembre. Le biathlète de 26 ans a dédié son podium à son beau-père mort en décembre. « Aujourd’hui, j’avais une superforme sur les skis et j’ai bien géré mon effort en restant caché pendant les trois premiers tours. Le podium, j’en rêve beaucoup… Celui-ci, je le dédie à mon beau-père décédé dernièrement. » 🙏 Le très bel hommage de Quentin Fillon-Maillet après sa deuxième place. #lequipeBIATHLON https://t.co/qIFrvDYNqn — lachainelequipe (@la chaine L'Équipe) Dans la course féminine, Anaïs Chevalier a pris la troisième place de cette mass start. Quatrième du sprint jeudi et huitième de la poursuite samedi, la Français monte pour la première fois sur le podium cette saison. La Slovaque Anastasia Kuzmina s’est imposée devant sa compatriote, Paulina Fialkova.
Le texte mis en ligne par quatre ONG, dont Greenpeace France, a récolté en cinq jours un nombre de signatures jamais vu en France.
Plus de 1,8 million de personnes soutiennent le recours contre l’Etat sur le climat
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/23/climat-la-petition-reclamant-un-recours-en-justice-contre-l-etat-recueille-1-5-million-de-signatures_5401556_1652612.html
23/12/2018
climat
La pétition en ligne pour soutenir un recours en justice contre l’Etat français pour inaction climatique, lancée par quatre organisations non gouvernementales (ONG), recueillait, jeudi 27 décembre, plus de 1,8 million de signatures, du jamais-vu en France. Ces signatures ont été recueillies en cinq jours. Lundi, Greenpeace, Oxfam, la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) et l’association Notre affaire à tous avaient rendu publique leur initiative. Le texte, disponible sur le site laffairedusiecle.net, vise 2 millions de soutiens. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Etat poursuivi par des ONG pour inaction climatique « Aucun d’entre nous ne s’attendait à un tel succès et aussi rapidement », a reconnu Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France, auprès de l’Agence France-Presse (AFP). En 2016, la pétition en ligne contre le projet de loi El Khomri sur la réforme du droit du travail avait dépassé le cap d’un million de signatures en deux semaines. Cette mobilisation montre que « les questions liées au réchauffement climatique et à la biodiversité sont au centre des préoccupations » des citoyens, se félicite Audrey Pulvar, présidente de la FNH. Le temps n’est plus au débat Les ONG ont adressé lundi une requête préalable au gouvernement, accusé de « carence fautive » par son « action défaillante » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Il a deux mois pour répondre. Elles prévoient dans un second temps, en mars probablement, d’introduire un recours juridique devant le tribunal administratif de Paris, une première à l’échelle française. Les citoyens « ont envie de passer à l’action, cela nous renforce dans l’espoir que le gouvernement ne reste pas sans réponse », affirme Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. Le ministre de la transition écologique, François de Rugy, a invité les ONG à participer au grand débat national promis à la suite du mouvement des « gilets jaunes ». Mais, pour les associations, le temps n’est plus au débat mais à l’action. L’annonce des associations est tombée deux jours après une conférence des Nations unies sur le climat (COP24) qui a déçu par l’incapacité des pays à renforcer leur action. Les plaignants soulignent que la France, dont les émissions de GES sont reparties à la hausse en 2015, ne respecte notamment pas ses objectifs de court terme. Face aux dérèglements climatiques, les recours en justice se multiplient dans le monde contre l’insuffisance des mesures prises. Aux Pays-Bas, un tribunal, saisi par l’ONG Urgenda au nom de 900 citoyens, a ordonné en 2015 à l’Etat néerlandais de réduire les émissions de GES de 25 % d’ici à 2020. Le jugement a été confirmé en octobre dernier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La France veut mieux se préparer aux conséquences du changement climatique
Le premier ministre s’est exprimé dans le « Journal du dimanche », peaufinant son image de politique loyal, capable de garder son sang-froid malgré la crise des « gilets jaunes ».
Edouard Philippe ne se voit pas « tout envoyer balader sur un coup de tête »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/23/edouard-philippe-ne-se-voit-pas-tout-envoyer-balader-sur-un-coup-de-tete_5401552_823448.html
23/12/2018
politique
Le premier ministre Edouard Philippe lors d’une conférence de presse à Saint-Yrieix-la-Perche, le 21 décembre 2018. THOMAS SAMSON / AFP « L’idée que je sois exaspéré et que je puisse tout envoyer balader sur un coup de tête, ce n’est juste pas moi », affirme Edouard Philippe dans le JDD, dimanche 23 décembre, après des semaines d’intenses pressions dues à la crise des « gilets jaunes ». « Je ne suis jamais exaspéré. Je réfléchis toujours avant de prendre mes décisions », répond-il à l’hebdomadaire qui l’interroge sur des craintes de démission évoquées par son entourage début décembre, lorsque l’exécutif a dû abandonner la taxe carbone qui a déclenché un vaste mouvement de protestation contre les taxes et la baisse du pouvoir d’achat. Cette mobilisation, qui dure depuis le 17 novembre, a faibli pour son « acte VI » samedi, à trois jours de Noël, avec près de 40 000 participants dans divers défilés, barrages routiers et blocages aux frontières, parfois avec des violences. « La politique, c’est comme la boxe » Même s’il est marqué par plus d’un mois de manifestations qui visent directement l’exécutif, le premier ministre semble tenir bon, selon le JDD. « La politique, c’est comme la boxe. Quand vous montez sur le ring, vous savez que vous allez prendre des coups. J’en prends. Je peux en donner aussi. J’aime ça », dit-il, répétant ce qu’il avait dit devant des députés mardi soir. Il ajoute : « Les critiques, je sais très bien qui les formule et à quelles fins. Je ne suis pas aveugle ». Face aux rumeurs de dissensions entre lui et le président Emmanuel Macron, il assure que la crise n’a fait qu’« intensifier » sa relation avec Emmanuel Macron. « On se parle beaucoup, on se dit les choses », assure-t-il au journal. Ces dernières semaines, Edouard Philippe a par deux fois plaisanté publiquement sur sa durée de vie à Matignon, qui sera quoi qu’il arrive plus courte que son mandat de maire du Havre (six ans et demi). « Il se projette après les européennes à Matignon », assure toutefois un de ses amis ex-LR, qui, avec d’autres, souligne la « loyauté » d’Edouard Philippe quand il s’agit du « patron », Alain Juppé naguère et aujourd’hui Emmanuel Macron. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les « technos » dans le viseur de la Macronie
Etudiants ou anciens élèves des écoles de commerce, ils propagent des rumeurs ou des parodies d’informations sur Internet. Ils font et défont des réputations d’établissements, « pour rire » ou pour « se battre » dans cet univers ultraconcurrentiel.
Les écoles de commerce à la merci d’un « bad buzz » en ligne
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/12/23/les-ecoles-de-commerce-a-la-merci-d-un-bad-buzz-en-ligne_5401541_4401467.html
23/12/2018
campus
Un cours d’amphi à l’EM Strasbourg Business School. BARTOSCH SALMANSKI / EM STRASBOURG « Lequel augmentera plus vite : le salaire de Balkany ou le prix de ton école ? » ; « Toulouse Business School est toujours à la recherche de 92 figurants pour combler ses effectifs » ; « L’ESC Pau fait aussi son Black Friday : – 50 % sur la valeur de ton diplôme »… Sur la page Facebook de Captain Jack, association étudiante de Kedge Business School, les vannes pleuvent, les followers affluent. Ils sont 27 000 en cette fin d’année. Captain Jack jubile : l’« infotainment » autour des écoles de commerce, c’est leur invention à eux, étudiants, en 2013. « Nos lecteurs sont des gens qui ne sont pas encore en école de commerce, des gens qui y sont et d’autres qui n’y sont plus… bref, tous ceux qui gravitent autour, expose Mathis, chef de projet à Captain Jack. On reprend des thématiques vraies signalées par nos amis, qui sont nos sources dans les écoles. On détourne l’information en s’inspirant du Gorafi [un site d’information satirique] ou, s’il s’agit d’un sujet brûlant, on fait comme Brut ou Konbini. Et là on quitte le registre humoristique. » Comme en octobre 2017, au sujet de l’EM Strasbourg Business School. En vue des élections au bureau des sports, un étudiant lance sur Facebook une liste « fictive » baptisée « Waff’EM SS » réunissant tous les attributs du nazisme. Sur sa page, Captain Jack sort l’affaire, qui se répand comme une traînée de poudre. Un immense bad buzz pour l’école de commerce alsacienne, dirigée par Herbert Castéran, qui condamne la fausse liste dans un e-mail adressé aux enseignants et aux étudiants, puis dans un communiqué à la presse. « A court terme, notre réputation a été atteinte, c’est une évidence », rapporte-t-il, un an plus tard. « Cette affaire a fait les gros titres des médias, et les articles qui remontaient sur Google pendant deux ou trois jours étaient forcément très critiques », complète Alexandre Dubreuil, son directeur de la communication. Lire aussi Les écoles de commerce soignent leur image de marque Nuire au rayonnement d’une école n’effrayait en rien Mathis, bien au contraire. Il savait que « les informations publiées sur les réseaux sociaux ont des conséquences parfois lourdes ». Pour ne pas se départir de l’ironie qui le caractérise, Captain Jack a saisi l’occasion pour railler la « trop grande proximité » de l’EM Strasbourg avec l’Allemagne. « Autrement dit, leur post insinuait qu’ “Allemagne = nazis” », déplore Déborah Jeanpetit, community manager (gestionnaire de communauté)de l’EM Strasbourg. C’en est décidément trop pour l’EM Strasbourg, qui se plaint immédiatement auprès de Captain Jack, mais aussi de Kedge. Echaudée, la direction de l’école décide de couper les vivres à cette association étudiante en lui supprimant sa subvention. Surtout, elle ordonne à l’équipe d’une quinzaine de jeunes de supprimer la référence à Kedge dans son logo.