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Figure du mouvement des droits de l’homme dans son pays, la députée et avocate défend le principe de l’égalité hommes-femmes dans l’héritage. Le Parlement tunisien devrait débattre de cette réforme début 2019.
Bochra Belhaj Hmida, militante de la Tunisie « universelle »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/23/bochra-belhaj-hmida-militante-de-la-tunisie-universelle_5401540_3232.html
23/12/2018
idees
Jean-Marc Pau Elle a cette manière brute, parfois rauque, de foncer là où les autres ­finassent jusqu’à s’égarer. Bochra Belhaj Hmida est ainsi, fausse candide et vraie lutteuse, œil moqueur derrière ses grosses lunettes d’écaille, se gaussant de la protection policière dont l’Etat tunisien l’a gratifiée : « J’ai dit “non” quand ils m’ont proposé deux gardes dans ma voiture, je suis contre la dilapidation des deniers publics. » Elle est menacée mais elle dédramatise, convaincue que la Tunisie, creuset d’une aventure ­atypique dans le monde arabe, la protégera par sa seule singularité. « Transition tunisienne » Sans trop parader, Mme Belhaj Hmida – « Bochra » comme on l’appelle tout simplement à Tunis – savoure le plaisir de faire un peu l’histoire, en tout cas de contribuer à écrire un nouveau chapitre de la « transition tunisienne ». Le projet de loi sur l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage est un peu son œuvre. En lui confiant la présidence de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), en 2017, le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, lui avait demandé d’approfondir l’acclimatation de la Tunisie à la modernité politique et sociétale. « Bochra » et ses collègues de la Colibe ont mis en musique la consigne en embrassant un vaste horizon : héritage, autorité parentale, peine de mort, délai de remariage des femmes, droits des homosexuels… « Un projet civilisationnel », s’enchante « Bochra ». M. Essebsi s’en est inspiré sur un point particulier – l’égalité successorale entre hommes et femmes, un principe qui a été repris dans un projet de loi entériné le 23 novembre par le conseil des ministres. Si le texte est voté par le Parlement, un concert international de ­vivats saluera à nouveau l’« exception tunisienne ». Il faudra alors se souvenir que ­« Bochra » était bien seule, pendant l’été 2018, à défendre ce projet. Elle se souvient que, collégienne, elle aimait braver les conventions. « J’étais de toutes les farces, de toutes les grèves. » Dans le climat frondeur de la fin des années 1960, elle se sent à gauche et défend les « pauvres ». L’emphase des slogans laisse pourtant perplexe cette boursière qui a éprouvé le déclassement social. Son père, exploitant d’oliveraies dans la région agricole du Zaghouan, a été ruiné par l’expérience socialiste des coopératives de la décennie 1960. Il survivra en montant une épicerie vendant du miel et du beurre salé.
Au début de son mandat, le républicain promettait de respecter (et financer) largement l’armée ; trois généraux étaient aux postes-clés de son administration. Moins de deux ans plus tard, la lune de miel a fait place à un violent désamour.
Président Trump, an II : la retraite des généraux
https://www.lemonde.fr/chroniques-de-la-presidence-trump/article/2018/12/23/president-trump-an-ii-la-retraite-des-generaux_5401522_5077160.html
23/12/2018
chroniques-de-la-presidence-trump
Le 23 septembre 2014, Barack Obama avait provoqué un séisme en descendant de l’hélicoptère présidentiel, Marine One. Tenant dans sa main droite un gobelet de café, il avait esquissé gauchement un salut militaire à l’attention du soldat qui avait pris position au pied de la passerelle. « Comment peut-il faire une chose pareille ? », s’était exclamé l’animateur vedette de Fox News, Sean Hannity. « Il ne pense pas que les militaires sont une force pour le bien, il est convaincu au contraire qu’ils créent des problèmes », avait renchéri son invité, Karl Rove, l’ancien conseiller en communication de George W. Bush. Avec Donald Trump, tout allait être différent et déférent. Un énorme budget pour le Pentagone en signe de respect. Des mentions innombrables des « vets », les anciens combattants, en signe d’affection. Et en hommage à leur compétence, trois généraux dans l’administration dont un secrétaire à la défense, James Mattis, une première depuis George Marshall. L’armée ne pouvait pas avoir de meilleur ami que celui qui avait consciencieusement évité la conscription pendant la guerre du Vietnam. Moins de deux ans plus tard, les généraux sont partis ou en partance. Le commandant en chef s’est immédiatement défaussé sur les gradés à l’annonce du premier mort de sa présidence, à la suite d’un raid manqué au Yémen. Et il a renoncé en novembre pour cause de mauvais temps à se rendre dans un cimetière américain de la première guerre mondiale lors de son déplacement en France pour commémorer le centenaire de l’Armistice. Il a tenté de se rattraper un mois plus tard en effectuant une visite imprévue à celui d’Arlington qui jouxte Washington, le samedi 15 décembre. Les mauvais esprits ont noté que la pluie qui noyait la capitale fédérale ce jour-là interdisait la pratique du golf, l’une des activités principales du président le week-end. Le président ne se prive pas de moquer les généraux pour paraître à son avantage lors de ses meetings politiques. Le militaire imité par le président y est invariablement doté d’une grosse voix, d’un front un peu bas, et parsème ses propos de « sir ! » aussi respectueux que benêts. A Mosinee, dans le Wisconsin, le 24 octobre, il est question ce jour-là du coût de la défense antimissile de la Corée du Sud. « Je demande au général : qui paie pour ça ? – “Sir, je ne sais pas.” – Je lui réponds : trouvez qui paie !, ajoutant en aparté à son public : Mais je pense que je connais déjà la réponse.
Les femmes sont les premières victimes du manque de vigilance des autorités sanitaires, qui pâtissent des conflits d’intérêts, souligne dans une analyse notre journaliste Franck Johannès.
Trois leçons du scandale des implants
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/12/23/trois-lecons-du-scandale-des-implants_5401519_5385406.html
23/12/2018
implant-files
Prothèse mammaire lisse (laboratoire Allergan). YVES SAMUEL POUR LE MONDE Analyse. L’affaire des implants défectueux n’est pas seulement un scandale de santé publique, il en dit long aussi sur la part d’ombre de nos sociétés. Pour les victimes, d’abord. Tout le monde peut avoir besoin d’une prothèse de hanche ou d’une pompe à insuline. Mais est-ce un hasard si les femmes sont la catégorie de la population la plus massivement menacée par le manque de vigilance des autorités sanitaires, dans une indifférence à peu près complète ? C’est la première et plus consternante leçon des « Implant Files », cette enquête de 250 journalistes partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Dix millions de femmes portent des implants mammaires dans le monde, dont 400 000 à 500 000 en France – la fourchette est large, personne ne le sait exactement, c’est déjà un indice –, et le ministère de la santé estime au doigt mouillé que 340 000 d’entre elles portent des prothèses texturées, c’est-à-dire avec une surface granuleuse pour mieux adhérer aux tissus. Depuis dix ans (Journal of the American Medical Association du 5 novembre 2008), il y a des doutes sur le lien entre ce type d’implants et le développement d’un cancer rare des ganglions lymphatiques. Deux études l’attestent depuis septembre, et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s’en est émue le 21 novembre et a rappelé le 18 décembre les prothèses suspectes de la société Allergan. Mais quelle femme connaît le modèle et le nom du fabricant de ses prothèses ? Qui tient à jour un registre ? Qui a conscience d’un éventuel danger ? Qui sait si les mammographies annuelles suffisent, et si un IRM n’est pas aujourd’hui nécessaire ? L’ANSM en est encore à envoyer des fax – dans le vide : un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) a révélé que 80 % de ses contacts en région ne sont plus à jour… L’affaire PIP, en 2010, ces prothèses remplies d’un gel industriel, avait montré l’incapacité de l’Agence à réagir aux alertes des chirurgiens qui signalaient des cas de rupture précoce depuis deux ans. « C’est dramatique, dit Pierre Faure, pharmacien à l’hôpital Saint-Louis, mais cet incident n’a servi à rien. On ne sait toujours pas combien il y en a. » Le bilan est terrible : 400 000 femmes dans le monde ont eu de sérieux problèmes avec ces prothèses, dont 30 000 en France. La règlementation européenne indigente
Records de chaleur cet été, hausse de la température moyenne… La Suède est devenue un « bon » pays pour la viticulture.
Le réchauffement climatique a transformé la Suède en terre viticole
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/23/le-rechauffement-climatique-a-transforme-la-suede-en-terre-viticole_5401513_4500055.html
23/12/2018
m-le-mag
Murat Soufrakis a été l’un des premiers à se lancer dans la vigne, à Klagshamn, au sud de Malmö. ANDERS HANSSON POUR M LE MAGAZINE DU MONDE En cet après-midi du mois de décembre, les paysages de Scanie n’ont jamais autant ressemblé aux décors glacés d’une série nordique. Un vent traître se déchaîne, balayant tout sur son passage et faisant dégringoler le mercure de plusieurs degrés. Dans le ciel, de lourds nuages noirs tourbillonnent. La terre est à nu. Les arbres, dépouillés. Il est 15 heures à peine. Une nuée d’oiseaux s’envole dans un murmure au-dessus d’un champ. Quel illuminé aurait donc l’audace de venir y planter des vignes ? Et imaginer, un jour peut-être, servir son vin à la table du roi, le 10 décembre, lors du traditionnel dîner des Nobel ? Certes, l’Angleterre a réussi, en quelques décennies à peine, à se faire un nom sur la scène viticole mondiale, au point même que la grande maison Taittinger y achète des terres pour y planter ses pinots noirs, meuniers et chardonnays. Mais la Suède ? « Un paradis pour la viticulture » Campé dans ses vignes, au sud de Malmö, à moins d’un kilomètre de la mer, Murat « Murre » Soufrakis n’en démord pas. « La Suède est un vrai paradis pour la viticulture, insiste-t-il. On n’a même pas besoin de traiter le raisin. Nous n’avons ni maladie ni insectes. C’est en partie grâce au climat et à la terre, encore vierge pour ce type de culture. » Le climat, justement, parlons-en. De mémoire de Vikings, jamais on n’avait autant transpiré que cet été. Des records de chaleur atteints partout et du soleil à ne plus savoir qu’en faire. Vingt nuits tropicales, où le thermomètre n’est pas descendu au-dessous de vingt degrés. Ce n’est pas juste cette année : depuis 1990, la température moyenne en Suède a augmenté d’un degré. Elle devrait croître de deux à six degrés supplémentaires d’ici à la fin du siècle. Pour les agriculteurs, la surchauffe estivale a été une calamité. Pour les vignerons, une bénédiction. Et la confirmation, s’il en fallait, de ce qu’ils observent depuis des décennies : avec le réchauffement du climat, les frontières de la viticulture remontent vers le nord et incluent désormais le royaume scandinave. A condition de savoir y faire et de ne pas avoir peur de s’épuiser à la tâche. Murre est tombé dans la cuve quand il avait 18 ans. Un père suédois, une mère turque. A la maison, c’est à peine si on s’autorise un petit verre de madère avec le dessert. Dans la Suède des années 1970, c’est à la bière ou au schnaps qu’on étanche sa soif. En vadrouille en Espagne, le jeune homme découvre la Rioja et son AOC. Une révélation : « Tous ces cépages différents, ces domaines, ces caves. Et, au final, un vin dont on sait immédiatement d’où il provient quand on le goûte. Comme lorsque des gens d’origines différentes, chacun avec sa culture et son accent, se mettent à parler le suédois de Malmö. »
La justice japonaise a décidé de maintenir en détention le PDG de Renault-Nissan, soupçonné d’abus de confiance, jusqu’au 1er janvier inclus.
La détention de Carlos Ghosn prolongée de dix jours
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/23/la-detention-de-carlos-ghosn-prolongee-de-dix-jours_5401507_3234.html
23/12/2018
economie
Des passants devant un écran de télévision montrant la photo de Carlos Ghosn, le 21 décembre à Tokyo, au Japon. KAZUHIRO NOGI / AFP Le PDG de Renault et de l’Alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, va passer Noël et le début de la nouvelle année derrière les barreaux, la justice japonaise ayant décidé dimanche de prolonger sa garde à vue. Celle-ci « viendra à expiration le 1er janvier », a précisé le tribunal du district de Tokyo dans un communiqué. Ce jugement ne signifie pas que l’ancien patron de Nissan sera libéré à cette date, le parquet pouvant requérir que sa garde à vue soit prolongée de dix jours supplémentaires pour les besoins de l’enquête. Il s’agit d’un nouveau front dans les ennuis judiciaires de M. Ghosn, dont l’arrestation, le 19 novembre, avait fait l’effet d’un coup de tonnerre. Vendredi, il a fait l’objet d’un nouveau mandat d’arrêt sur des charges supplémentaires, à savoir abus de confiance. Le parquet soupçonne ainsi Carlos Ghosn d’avoir « failli à sa fonction de PDG et d’avoir causé un préjudice à Nissan ». Multiples accusations Concrètement, le parquet lui reproche d’avoir fait couvrir par Nissan « des pertes sur des investissements personnels » au moment de la crise financière d’octobre 2008, ce qu’il nie, selon la chaîne de télévision publique japonaise NHK. La somme incriminée s’élève à 1,85 milliard de yens (14,5 millions d’euros). Pour résoudre ce problème financier, il aurait obtenu qu’un ami d’Arabie saoudite se porte garant et aurait effectué des virements d’un montant équivalent sur le compte de ce dernier depuis un compte d’une filiale de Nissan. Ce type de délits est normalement prescrit au bout de sept ans, mais la loi permet de suspendre le décompte lors des séjours à l’étranger, nombreux dans le cas de M. Ghosn qui passait seulement un tiers de son temps au Japon. Pour le moment, le Franco-Libano-Brésilien a été inculpé le 10 décembre pour avoir omis de déclarer aux autorités boursières environ 5 milliards de yens (38 millions d’euros) de revenus sur cinq années, de 2010 à 2015. Son bras droit, Greg Kelly, arrêté en même temps que lui, a aussi été mis en examen. Les deux hommes sont également soupçonnés de minoration d’émoluments sur la période 2015-2018, pour un montant de 4 milliards de yens (31,6 millions d’euros). Pendant ce temps, l’alliance Renault-Nissan est dans la tourmente. Les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi Motors ont déjà révoqué à l’unanimité M. Ghosn de la présidence de leur conseil d’administration, mais le groupe français Renault l’a maintenu jusqu’à présent à son poste, confiant « à titre provisoire » la direction exécutive à son numéro deux Thierry Bolloré.
La mise en place du prélèvement à la source a rebattu les cartes du paysage fiscal, mais les contribuables ont toujours un intérêt à faire un versement, indique Stéphane Absolu, directeur du pôle expertise patrimoniale chez Cyrus Conseil.
Dons et prélèvement à la source : « Il est toujours intéressant d’être généreux en 2018 »
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/12/23/dons-il-est-toujours-interessant-d-etre-genereux-en-2018_5401494_1657007.html
23/12/2018
argent
Collecte de dons au Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement Pascal Deloche/Godong / Photononstop Question à un expert Est-il encore temps de faire un don ? Alors que le montant des dons stagne depuis plusieurs années en France, bon nombre de personnes s’interrogent en ce mois de décembre sur l’intérêt de réaliser des dons au profit d’associations avant le 31 décembre. L’interrogation est légitime puisque la mise en place du prélèvement à la source a rebattu les cartes du paysage fiscal. Bonne nouvelle : il est toujours intéressant d’être généreux en 2018. Deux situations peuvent se présenter : si vous ne payez pas d’impôt sur vos revenus de 2018, l’administration vous remboursera le montant des réductions d’impôt résultant des dons que vous avez effectués cette année ; si vous restez redevable d’un impôt sur vos revenus 2018 (par exemple, si vous avez touché des revenus exceptionnels), le montant de vos dons générera une réduction d’impôt applicable sur l’imposition exigée en septembre 2019. Lire aussi Prélèvement à la source : attention à la mauvaise surprise de la fin 2020 Attention, cependant, aux particularités de cette année 2019. En effet, l’administration fiscale versera en janvier 2019 un acompte de 60 % de vos réductions et crédits d’impôt, et donc notamment des dons que vous avez réalisés. Mais ceci sur la base des dons faits en 2017. Décalage oblige, vos dons en 2018 serviront de base au crédit d’impôt qui vous sera versé en janvier 2020. Stéphane Absolu (Directeur du pôle d’expertise patrimoniale chez Cyrus conseil)
Le dramaturge italien s’est lancé dans l’épopée des frères Lehman sous la forme d’un roman en vers libres. Pour surprendre – lui-même au premier chef.
Dans « Les Frères Lehman », Stefano Massini chante la démesure du capitalisme
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/23/dans-les-freres-lehman-stefano-massini-chante-la-demesure-du-capitalisme_5401490_3260.html
23/12/2018
livres
Les Frères Lehman (Qualcosa sui Lehman), de Stefano Massini, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, Globe, 842 p., 24 €. Des portraits des fondateurs de Lehman Brothers à Wall Street, New York, en 1985. ERICH HARTMANN / MAGNUM PHOTOS En cette saison, comme en beaucoup d’autres, où ressurgit un ressentiment populaire contre la haute finance, l’affirmation qui suit – « J’ai voulu montrer l’humanité et la poésie des banques » – pourrait passer pour provocante. Sauf que l’entreprise romanesque de l’Italien Stefano Massini n’est en rien une tentative de réhabiliter la spéculation boursière et ses folies, même si Les Frères Lehman est bien l’enfant de la crise des subprimes survenue en 2008. Mais son auteur n’a pas envisagé un seul instant d’ajouter un énième livre au credo selon lequel les banquiers sont des voleurs et les banques des lieux désincarnés : « Je n’aime pas qu’un livre conforte ce que j’ai déjà senti ou pensé », dit-il. « L’économie parle un langage spécifique qui éloigne les néophytes » L’actuel conseiller artistique du Piccolo Teatro de Milan n’entendait rien à l’économie, il y a dix ans. Pas plus en tout cas que ceux qui, à son image, sautaient la section ad hoc d’un journal, quand ils lisaient volontiers les pages consacrées au sport, à la culture ou à la politique. « Pourquoi ? Parce que l’économie parle un langage spécifique qui éloigne les néophytes, qui leur donne la sensation qu’il s’agit d’une discipline distante, ne concernant finalement que les économistes. » Alors même que les travailleurs reçoivent un salaire tous les mois, qu’ils ont peut-être contracté des emprunts et que l’économie régit la vie quotidienne de chacun. « Les docteurs usent aussi d’un jargon mais ils essayent de le simplifier pour leurs patients, ou ceux-ci leur demandent de le faire. Ils réclament des explications car cela concerne leur corps, ce qui n’est pas le cas pour l’économie. Lorsqu’elle est en crise, les conséquences sont terribles. Les gens se rendent compte qu’ils auraient dû faire ce qu’ils font chez le docteur : chercher à comprendre. » Au cours de trois ans de recherche et de documentation, Stefano Massini s’est attaché à la banque Lehman Brothers dont la faillite, le 15 septembre 2008, a produit des catastrophes en série. Pour constater que celle-ci n’appartenait déjà plus à la famille des fondateurs, les Lehman, qui l’avaient vendue en 1997. Il s’est ensuite passionné pour cette dynastie, épousant, en trois générations, l’histoire du capitalisme aux Etats-Unis. « Comment en sommes-nous arrivés là ? Quand tu ouvres ta boîte mail, les publicités qui apparaissent, le plus souvent, concernent des jeux d’argent et des investissements destinés à gagner de l’argent sans travailler, sans suer, sans aller au bureau. » C’était déjà, ajoute-t-il, le rêve caressé par Pinocchio, auquel le Renard propose de multiplier ses cinq pièces d’or. Comment ? Simplement en les enterrant, une nuit, au champ des Miracles situé au Pays-des-Nigauds.
Le philosophe a écouté le « Discours de la servitude volontaire », de l’humaniste Etienne de La Boétie, lu par Nicolas Planchais.
La chronique d’Alexandre Jollien. La Boétie, épris de liberté
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/24/la-chronique-d-alexandre-jollien-la-boetie-epris-de-liberte_5401933_3260.html
24/12/2018
livres
Discours de la servitude volontaire, d’Etienne de La Boétie, lu par Nicolas Planchais, Compagnie du savoir, environ 6 €. Statue d’Étienne de La Boétie, à Sarlat (Dordogne). ISABELLE BOITET / PHOTONONSTOP Entre la tyrannie d’un moi obèse et la dictature de ce « on » traqué par Heidegger, comment cesser de fonctionner sur le mode du pilotage automatique et exister loin des conditionnements, des préjugés et de tout asservissement ? A quoi, à qui obéissons-nous servilement matin, midi et soir ? Erasme nous l’enseigne : l’homme ne naît pas libre, il le devient. Et c’est notre vocation, notre métier d’homme et de femme, que de détricoter allègrement les ficelles qui nous transforment en de chaotiques pantins. Mais voulons-nous vraiment nous départir de nos chaînes ? Y aurait-il quelque bénéfice, un confort à se laisser aller à l’allégeance, voire à la compromission ? « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres » Dans le Discours de la servitude volontaire, Etienne de La Boétie (1530-1563) n’y va pas par quatre chemins. Il pose une question apte à déboulonner toute tyrannie en soi, contre soi et sur les autres : comment se fait-il que nous obéissions au doigt et à l’œil aux potentats si nous sommes, par nature, libres et égaux ? Et l’auteur d’affirmer haut et clair : « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. » Alors pourquoi nourrissons-nous tous ces forces qui nous oppressent du dehors comme du dedans ? Le Discours de la servitude volontaire dénonce l’habitude, la coutume, cette sorte de résignation qui nous porte à accepter l’oppression, l’aliénation. Il pourfend la ruse de ceux qui gouvernent contre le peuple. Pour faire carrière, souligne notre humaniste, un despote doit passer maître dans l’art de « chatouiller », de tromper, d’abêtir ses sujets. Et La Boétie de citer l’exemple du roi ­Cyrus qui, pour asservir quelques rétifs Lydiens, n’hésita pas à ouvrir bordels, tavernes et jeux publics, histoire d’encanailler les récalcitrants et par là mater toute rébellion. Mais, seul, même le plus fin des dictateurs ne peut pas grand-chose. Il doit pouvoir compter sur des sous-tyrans, des complices corvéables à merci, des serviteurs tenus par la peur, achetés au prix de privilèges. Arrêter d’abdiquer Qui sont aujourd’hui nos tyrans ? Qui nous chatouille et nous achète ? En nous livrant, dans sa version audio, ce lumineux éloge de la liberté, la Compagnie du savoir nous donne une précieuse opportunité d’entendre un guide pour débusquer où qu’il se cache, y compris en soi, tout penchant à la tyrannie, à la volonté de puissance. Prêter une oreille attentive au Discours de la servitude volontaire, c’est arrêter d’abdiquer, d’obéir servilement aux forces violentes, cesser de ressembler à des marionnettes.
La police espagnole a renforcé les mesures de sécurité dans les zones de grande affluence pour les fêtes de fin d’année.
Barcelone en alerte après un avertissement américain sur un risque d’attentat
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/barcelone-en-alerte-apres-un-avertissement-americain-sur-un-risque-d-attentat_5401930_3210.html
24/12/2018
international
Des passants devant un magasin du centre de Barcelone, le 10 mars 2016. Albert Gea / REUTERS La ville de Barcelone, déjà victime d’un attentat en 2017, était en état d’alerte, lundi 24 décembre, après un avertissement des autorités américaines au sujet d’un risque d’attaque terroriste pour les fêtes de fin d’année. « Espagne : faites preuve d’une prudence accrue dans les zones où il y a des mouvements de véhicules y compris des bus, dans la zone des Ramblas de Barcelone à Noël et au premier de l’An », a écrit le bureau des affaires consulaires du Département d’Etat américain dimanche sur son compte Twitter. « Des terroristes pourraient commettre une attaque (…) et cibler des zones touristiques, de transports ou autres zones publiques », a-t-il ajouté. A quelques heures du réveillon, les Barcelonais faisaient leurs dernières courses de Noël dans une relative tranquilité, mais la présence policière s’est intensifiée dans l’après-midi près des Ramblas, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Plusieurs véhicules de police étaient postés au début de la célèbre promenade, qui fut le théâtre en 2017 d’une attaque terroriste, et une trentaine d’agents étaient répartis entre cette zone et la place de Catalogne adjacente. Niveau 4 sur 5 d’alerte terroriste La police régionale des « Mossos d’Esquadra et le reste des forces de police travaillent sur cette menace », a assuré, lundi, sur la radio locale Rac1 le responsable régional de l’intérieur en Catalogne, Miquel Buch, en précisant qu’il s’agissait « d’une menace de plus » parmi d’autres. Selon la presse locale, la police recherche un Marocain, titulaire d’un permis pour conduire des cars. Selon le quotidien El Periodico de Catalunya, cet homme aurait planifié de foncer dans la foule avec un autobus dans la deuxième ville la plus peuplée d’Espagne. Les médias notaient toutefois que les autorités ne savaient pas si cette personne se trouvait sur le territoire espagnol. Contactée par l’AFP, la police régionale n’a pas confirmé ces informations, mais a reconnu « un renforcement ponctuel des mesures de sécurité dans les zones de grande affluence ». Un porte-parole du ministère espagnol de l’intérieur a, de son côté, souligné que le pays restait au niveau 4 sur 5 d’alerte terroriste fixé en 2015, mais que les mesures de sécurité avaient été renforcées le 11 décembre en raison des fêtes de fin d’année. Les Ramblas de Barcelone avaient été la cible d’une attaque terroriste le 17 août 2017 lorsqu’un Marocain de 22 ans s’était lancé sur cette célèbre allée au volant d’une camionnette, provoquant la mort de 14 personnes. Il s’était ensuite enfui dans une voiture après en avoir tué le conducteur. Quelques heures plus tard, cinq de ses complices l’avaient imité, fauchant des passants dans la station balnéaire de Cambrils avant de les attaquer au couteau et de poignarder à mort une femme. Cette double attaque avait été revendiquée par l’organisation djihadiste Etat islamique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un an après les attentats, Barcelone, divisée, se souvient
En raison du manque de visibilité, une grande partie de l’espace aérien autour du volcan a été fermé dans l’est de l’île italienne.
Sicile : l’Etna entre en éruption
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/24/sicile-l-etna-entre-en-eruption_5401927_3244.html
24/12/2018
planete
Une colonne de fumée s’échappe de l’Etna, lundi 24 décembre. Orietta Scardino / AP L’Etna est entré en éruption, lundi 24 décembre, en crachant une importante colonne de cendres, obligeant à fermer l’espace aérien aux alentours, tandis que la zone du volcan sicilien était secouée d’une multitude de petits séismes. « L’éruption s’est produite sur le flanc de l’Etna, c’est la première éruption latérale depuis plus de dix ans, mais elle n’a pas l’air dangereuse », a expliqué à l’Agence France-Presse le vulcanologue Boris Behncke, de l’Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV). En raison du manque de visibilité, une grande partie de l’espace aérien autour du volcan a été fermé. A l’aéroport de Catane, dans l’est de l’île italienne, seules quatre arrivées par heure étaient autorisées lundi dans l’après-midi. Secousses sismiques Selon l’INGV, plus de 130 secousses sismiques ont été enregistrées dans la zone lundi matin, dont la plus forte a atteint une magnitude de 4 peu après 13 heures. Ces secousses se sont accompagnées d’une augmentation de l’activité du volcan, qui a culminé avec la projection d’une énorme colonne de cendres vers midi. Dans l’après-midi, les secousses sismiques et la projection de cendres – probablement accompagnée de lave, même si le manque de visibilité empêchait de le confirmer dans l’immédiat – ont cependant diminué, a précisé l’expert. L’Etna, qui culmine à 3 300 mètres, est le plus important volcan en activité en Europe, avec des éruptions fréquentes, connues depuis au moins 2 700 ans. Sa dernière phase éruptive remonte au printemps 2017 et la dernière grosse éruption à l’hiver 2008-2009. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Etna s’effondre peu à peu sous son poids
A la suite de l’éruption du volcan Anak Krakatoa, un tsunami a frappé l’Indonésie, le 22 décembre au soir.
Les images des dégâts après le tsunami en Indonésie
https://www.lemonde.fr/planete/video/2018/12/24/les-images-des-degats-apres-le-tsunami-meurtrier-en-indonesie_5401918_3244.html
24/12/2018
planete
soir. Les vagues ont rasé des centaines d’habitations sur les îles de Sumatra et de Java. Un bilan provisoire fait état de 373 morts et plus d’un millier de blessés. Les secouristes sont à la recherche de survivants parmi les décombres, malgré les craintes d’une nouvelle déferlante. Le volcan Anak Krakatoa, à l’origine du tsunami, se trouve au milieu du détroit de la Sonde. Selon des scientifiques, son éruption a causé un fatal glissement de terrain sous-marin. Contrairement aux tsunamis provoqués par les tremblements de terre, ceux qui sont provoqués par des volcans ne déclenchent pas les systèmes d’alertes utilisés en Indonésie. L’Indonésie est située sur une zone baptisée « ceinture de feu ». De nombreuses plaques tectoniques s’y rejoignent, tout autour du Pacifique. Conséquences : beaucoup d’éruptions volcaniques et de tremblements de terre. En septembre 2018, un autre tsunami avait déjà fait plus de 2 000 morts à Palu et sa région.
Des assaillants sont entrés lundi dans des bâtiments qui abritent plusieurs ministères afghans, après l’explosion d’une voiture piégée. L’assaut a duré plus de sept heures.
Attaque d’un complexe gouvernemental à Kaboul : le bilan monte à 43 morts
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/afghanistan-un-complexe-gouvernemental-pris-d-assaut-a-kaboul_5401916_3210.html
24/12/2018
international
Des flammes sortent d’un complexe gouvernemental après l’attaque commise par plusieurs assaillants, lundi 24 décembre. Rahmat Gul / AP L’attaque d’un complexe gouvernemental, lundi 24 décembre à Kaboul, pris d’assaut durant près de sept heures par des hommes armés, a fait au moins 43 morts et dix blessés, selon un nouveau bilan présenté mardi par le ministère afghan de la santé. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière à Kaboul depuis qu’un kamikaze s’est fait exploser le mois dernier lors d’un rassemblement de religieux de haut rang, faisant au moins 55 morts. Le complexe attaqué lundi abrite des bâtiments des ministères des travaux publics et du travail et des affaires sociales. L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. La plupart des victimes sont des civils, a précisé le porte-parole du ministère afghan de l’intérieur, Najib Danish. Les forces afghanes ont tué trois des quatre assaillants et libéré plus de 350 personnes qui s’étaient retrouvées piégées dans le complexe, a indiqué M. Danish. Un quatrième assaillant a été tué dans l’explosion d’une voiture piégée, qui a lancé l’attaque. Selon des journalistes, de nombreuses explosions ont été entendues après le lancement de l’attaque, au milieu de l’après-midi. Une épaisse fumée noire s’échappait du complexe, que survolaient deux hélicoptères militaires. Semaine tumultueuse Le drame intervient après une semaine tumultueuse pour l’Afghanistan, avec l’annonce – non confirmée officiellement – du prochain retrait de quelque 7 000 des 14 000 soldats américains présents en Afghanistan. Cette déclaration surprise, intervenue sur fond d’efforts pour relancer les négociations de paix avec les talibans, a pris de court de nombreux diplomates et responsables politiques à Kaboul. Aucun détail supplémentaire n’a filtré depuis, et la Maison Blanche n’a rien confirmé officiellement. Nombre d’Afghans redoutent pour leur part une chute du gouvernement afghan, voire une nouvelle guerre civile. Les talibans n’ont pas fait de commentaires officiels, mais l’un de leurs commandants a salué vendredi la décision américaine. Dimanche, le commandant en chef des forces américaines stationnées en Afghanistan a affirmé n’avoir pas reçu l’ordre de retirer des troupes du pays, des propos confirmés lundi par la mission de l’OTAN Resolute Support. Le président Ashraf Ghani a par ailleurs nommé dimanche deux anciens responsables du renseignement fermement opposés aux talibans aux postes de ministres de l’intérieur et de la défense. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Afghanistan : le rendez-vous manqué de Genève
L’incident à la permanence de Guillaume Chiche à Niort s’ajoute à plusieurs dégradations d’autres bureaux d’élus de la majorité.
Nouvelle dégradation d’une permanence d’un élu LRM, cette fois dans les Deux-Sèvres
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/24/menaces-contre-les-elus-lrm-la-permanence-d-un-depute-des-deux-sevres-degradee_5401898_823448.html
24/12/2018
politique
La devanture de la permanence du député La République en marche (LRM) des Deux-Sèvres Guillaume Chiche a été dégradée ce week-end à Niort, s’ajoutant à plusieurs autres bureaux d’élus de la majorité qui ont connu le même sort, ce que dénonce le gouvernement. « Un coup a été porté sur la vitre et un autre sur la porte » et une plainte a été déposée, a indiqué lundi 24 décembre le parquet. Guillaume Chiche a dénoncé cet acte de vandalisme sur Twitter dimanche matin, au lendemain de la mobilisation des « gilets jaunes ». « Jamais l’intimidation physique, morale ou matérielle ne me fera dévier de mes engagements », a-t-il écrit. Jamais l’intimidation physique, morale ou matérielle ne me fera dévier de mes engagements. Plainte déposée. Pleinem… https://t.co/FSKeJ56U9v — GuillaumeChiche (@Guillaume Chiche) « Acte odieux » M. Chiche a reçu le soutien du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui a dénoncé un « acte odieux ». « Tu es ciblé après tant d’autres députés. Ce climat de violence entretenue est inacceptable », a également souligné François de Rugy, le ministre de la transition écologique et ancien élu de la Loire-Atlantique voisine. De son côté, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand a déploré que des députés soient « une nouvelle fois atteints par des agressions diverses. Quand des manifestations ou des expressions enfreignent les lois, elles deviennent des actes de délinquance qui, en République, doivent être condamnés ». La « façade » du député LRM de l’Hérault, Philippe Huppé, a également été taguée : « Dégage ». « La veille de Noël, les “gilets jaunes” ont encore barbouillé ma façade », a-t-il déclaré dimanche sur Twitter, publiant également des photos. Veille de Noël, les #JG ont encore barbouillé ma façade. Cela ne peut que renforcer ma détermination et l’opinion… https://t.co/FiGSwBlSUi — PhilippeHuppe (@Philippe HUPPE) « Au nom des députés LRM, j’exprime notre indignation pour l’attaque dont a été l’objet la permanence de notre collègue Guillaume Chiche », a tweeté de son côté Gilles Le Gendre, patron des députés LRM. Depuis le début du mouvement en novembre, plusieurs permanences de députés ont été dégradées et d’autres élus de la majorité ont fait l’objet de menaces, notamment sur les réseaux sociaux, mais aussi près de leurs domiciles. La députée LRM de l’Aude, Mireille Robert, avait porté plainte à la fin de novembre, après avoir affirmé que des « gilets jaunes » encagoulés et casqués s’étaient introduits dans sa propriété pour allumer un feu et proférer des menaces. Le 29 novembre, la permanence de Claire O’Petit, député LRM de l’Eure, a été vandalisée à coups de masse à Vernon (Eure) par une personne qui a réussi à prendre la fuite. Le 7 décembre, c’est le député « marcheur » du Pas-de-Calais Benoit Potterie qui a, par courrier à sa permanence, reçu une balle la veille d’une manifestation.
Déjà condamné à dix ans de prison, il a cette fois été puni d’une peine de sept ans d’emprisonnement.
Pakistan : l’ex-premier ministre Nawaz Sharif à nouveau condamné pour corruption
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/l-ex-premier-ministre-nawaz-sharif-a-nouveau-condamne-pour-corruption-au-pakistan_5401881_3210.html
24/12/2018
international
L’ancien premier ministre pakistanais Nawaz Sharif à Lahore, au Pakistan, le 8 octobre 2018. K. M. CHAUDARY / AP Déchu du pouvoir en 2017 pour corruption, et condamné à dix ans de prison, l’ancien premier ministre pakistanais Nawaz Sharif s’est vu infliger lundi 24 décembre une nouvelle peine de sept ans de prison dans une affaire distincte, ont rapporté les médias d’Etat. M. Sharif, trois fois premier ministre du Pakistan, avait été condamné en juillet à dix ans de prison pour corruption dans une affaire de biens immobiliers détenus par sa famille à Londres, et emprisonné peu après. Libéré sous caution en septembre dans l’attente du jugement en appel, il dément tout fait de corruption et dénonce toutes les procédures à son encontre comme « politiques ». Des biens au Moyen-Orient La nouvelle condamnation rendue lundi porte sur des actifs détenus par la famille Sharif au Moyen-Orient. Il a été interpellé et devrait être transféré dans une prison de Lahore, précise la chaîne publique PTV. L’homme politique Shahid Khaqan Abbasi, qui avait succédé à M. Sharif au poste de premier ministre après son éviction, en 2017, a annoncé que leur parti, le PML-N, entendait faire appel, mais « ne recourrait pas à la violence ». « Le peuple du Pakistan et l’histoire n’accepteront pas ce verdict », a-t-il déclaré. La sécurité avait été renforcée lundi autour du tribunal où a été rendu le jugement, dans la capitale, Islamabad. Quelques affrontements limités ont eu lieu entre des partisans de M. Sharif et les forces de sécurité, qui ont eu recours au gaz lacrymogène pour les disperser, a constaté l’Agence France-Presse (AFP). « Panama Papers » Mis en cause dans le scandale des « Panama Papers », Nawaz Sharif avait été destitué en juillet 2017 de son poste de chef du gouvernement par la Cour suprême pakistanaise, qui l’avait plus tard banni à vie de tout mandat politique. Son nom était apparu dans des documents confidentiels du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca faisant état de plusieurs appartements de luxe acquis dans le quartier huppé de Mayfair, à Londres, par des sociétés offshore domiciliées aux îles Vierges britanniques. Il n’avait par conséquent pas pu se présenter aux élections législatives du 25 juillet, qui ont été remportées par l’ancien champion de cricket Imran Khan, devenu depuis premier ministre. Sa condamnation pour corruption et son arrestation avaient eu lieu quelques jours à peine avant le scrutin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’ex-premier ministre Nawaz Sharif incarcéré à son retour au Pakistan M. Sharif n’a eu de cesse depuis des mois de dénoncer une conspiration de la puissante armée pakistanaise à son encontre et en faveur d’Imran Khan. Son frère Shahbaz Sharif, ancien gouverneur de la province du Pendjab, la plus riche et la plus peuplée du Pakistan, est également incarcéré dans une affaire de corruption depuis octobre.
Il était l’un des derniers témoins d’une génération qui a renouvelé, dans le cadre structuraliste, les études sur le français.
Mort du linguiste Jean-Claude Chevalier
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/24/mort-du-linguiste-jean-claude-chevalier_5401877_3382.html
24/12/2018
disparitions
En 2005. DR Après la disparition de Jean Dubois, de Michel Arrivé et d’Antoine Culioli, le décès de Jean-Claude Chevalier à Paris, le 18 décembre 2018, emporte l’un des derniers témoins d’une génération qui a renouvelé, dans le cadre structuraliste, les études sur le français. Né à Tours en 1925, Il était âge de 93 ans. Il enseigne en tant qu’agrégé dans le secondaire à Lille et à Roubaix de 1948 à 1955 avant d’être appelé par Gérald Antoine à la Sorbonne où il se consacre à l’analyse stylistique des écrits d’Apollinaire, notamment sa défense du cubisme. Nommé cinq ans plus tard, à la Faculté des Lettres de Lille, il travaille avec Bernard Quemada et Henri Mitterand tous les étés à Besançon sur les applications de la linguistique à la lexicologie et à l’enseignement du français langue étrangère, tout en rédigeant son doctorat sous la direction de Robert-Léon Wagner qui lui confie la direction de la Grammaire Larousse du français contemporain. La parution de cet ouvrage en 1964 transforme la représentation de la langue française l’année même où l’enseignement de la linguistique devient une filière à part entière dans les cursus universitaires. Dans sa thèse, Histoire de la syntaxe. Naissance de la notion de complément dans la grammaire française (1530-1750), il entreprend de réexaminer le modèle de la « grammaire générale » dont s’étaient emparés Noam Chomsky (Cartesian Linguistics, 1966) et Michel Foucault (Les Mots et les choses, 1966). La soutenance a lieu en juin 1968. A l’automne, il rejoint avec le titre de maître de conférences l’université Paris-VIII, le « Centre expérimental de Vincennes » créé à la suite des réformes de l’enseignement supérieur. Médiateur Fondateur du département de linguistique, aux côtés de Nicolas Ruwet et Maurice Gross, il y mène jusqu’à son terme sa carrière de professeur, médiateur entre une nouvelle génération qui revendique l’autonomie des sciences du langage en s’inspirant des Etats-Unis et une conception européenne plus sensible aux apports de la littérature, de la philosophie et des sciences sociales. Son engagement citoyen le conduit à mettre ses compétences au service de la Commission ministérielle de réflexion sur l’enseignement du français qu’il préside de 1983 à 1986. Il soutient, dans cette perspective, l’action de Pierre Encrevé pour développer une sociolinguistique inspirée des travaux de Pierre Bourdieu et de William Labov. Sans renoncer à l’étude des faits de langue, il poursuit ses investigations en histoire de la linguistique, d’abord dans le séminaire organisé au Département de recherches linguistiques de Paris-VII avec Simone Delesalle et Pierre Kuentz dans le laboratoire du CNRS « Histoire des Théories Linguistiques » qu’il fonde avec Sylvain Auroux et Irène Rosier-Catach et dirigera jusqu’en 1992.
Une étude montre que l’ingestion de cet additif, très courant dans les produits agro-industriels, provoque des troubles immunitaires chez les rats.
Bonbons, sauce kebab, bûches de Noël… découvrez la liste des produits contenant l’additif controversé E171
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/24/bonbons-sauce-kebab-buches-de-noel-decouvrez-la-liste-des-produits-contenant-l-additif-controverse-e171_5401857_1651302.html
24/12/2018
sante
C’est un cri d’alarme que poussent, lundi 24 décembre, une vingtaine d’associations dans les colonnes du Monde. L’UFC-Que choisir, France Nature Environnement, la Ligue contre le cancer, Greenpeace ou encore 60 millions de consommateurs demandent au ministère de l’économie de suspendre le dioxyde de titane, ou E171. Cet additif alimentaire controversé est très utilisé dans la production de desserts et crèmes glacées, de plats préparés mais aussi de cosmétiques et de médicaments. Retrouvez la tribune (en édition abonnés) : L’appel d’associations à Bruno Le Maire pour suspendre l’additif E171 Or l’exposition chronique à cet additif favorise la croissance de lésions précancéreuses chez le rat, selon une étude publiée en 2017 par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Si ces résultats ne permettent pas de conclure à des effets sur l’homme, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire, la secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson, avait fait le déplacement en mai dans l’usine d’un confiseur à Tourcoing (Nord) pour annoncer la volonté du gouvernement de suspendre « d’ici à la fin de l’année » l’utilisation, dans tous les produits alimentaires, du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules. A l’automne, les parlementaires ont voté la suspension du dioxyde de titane dans l’alimentation par l’article 53 de la loi alimentation. « Mais depuis… rien ne se passe, déplorent les associations. Pis, l’entrée en vigueur de cette mesure est gelée par Bercy. » En attendant que soit pris l’arrêté ministériel nécessaire pour mettre en place la suspension de l’E171, Le Monde a consulté la base de données collaborative Open Food Facts afin de retrouver les produits de consommation courante contenant cet additif controversé. Recherchez, dans ce tableau, si un produit placé dans votre panier figure sur la liste des quelque 700 produits contenant de l’E171 : Liste des produits alimentaires contenant de l'E171 Mise à jour le 21 janvier à 18h20 : Nous avons retiré du tableau les produits Mentos et les produits Thiriet, qui contenaient du E171 au moment de leur entrée dans la base de données d’Open Food Facts, mais qui aujourd’hui n’en contiennent plus.
Dans une tribune au « Monde », l’historien Vincent Duclert explique pourquoi les actes contre les juifs en marge du mouvement doivent être condamnés fermement.
« Gilets jaunes » : « En matière d’antisémitisme, tout est à craindre et les stratégies d’occultation sont un leurre »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/gilets-jaunes-en-matiere-d-antisemitisme-tout-est-a-craindre-et-les-strategies-d-occultation-sont-un-leurre_5401843_3232.html
24/12/2018
idees
Violences en marge de la manifestation des « gilets jaunes », place de la Concorde à Paris, le 22 décembre. ZAKARIA ABDELKAFI / AFP Tribune. Depuis les premiers jours de décembre me remontait l’information d’inquiétantes scènes antisémites en marge du mouvement des « gilets jaunes » : une députée de La République en marche dénoncée comme « youpine » sur les réseaux sociaux après un débat télévisé avec des meneurs du mouvement, la promotion involontaire, en couverture de Paris Match, d’une figure du mouvement condamnée à plusieurs reprises pour racisme et antisémitisme, la récurrence du procès en collusion « juive » du président de la République, « pute à juifs » (sur une banderole de l’autoroute A6), « pouriture [sic] de juifs » (graffiti rue Molitor à Paris), « Macron (…) = Sion » (panneau à Pontcharra, en Isère). Il a fallu de nouvelles violences antisémites, samedi 22 décembre, durant l’« acte VI » des « gilets jaunes », en plein Paris, en toute impunité, pour qu’on s’en indigne. S’en inquiéter il y a quinze jours n’était guère raisonnable pour l’opinion. Il ne fallait pas que le mouvement des « gilets jaunes », populaire chez les Français, puisse pâtir d’une exposition de ce sujet. Globalement, la tolérance en France pour les manifestations de haine antijuive est élevée. Souvent taxées de « dérapages » (au demeurant sanctionnés par la loi), on les minimise en invoquant parfois leur caractère « culturel ». On se rassure en considérant qu’elles sont inévitables, qu’elles resteront confinées au cercle des extrêmes où elles prospèrent, que leurs auteurs ne peuvent être raisonnés, qu’il faut vivre avec, que l’antisémitisme français est si composite qu’il ne peut être une menace. On se refuse à penser cette pratique de l’injure antijuive en France au regard des assassinats ciblés (Ilan Halimi, Mireille Knoll, les morts de l’Hyper Cacher, les enfants de Toulouse victimes de Mohammed Merah, etc.), au regard aussi de ce qu’a été la France dans la seconde guerre mondiale, un pays où on a protégé beaucoup de Français juifs et de juifs exilés, mais qui en a livré beaucoup aussi aux nazis, avec zèle et conscience, commettant l’irréparable, comme l’a rappelé Jacques Chirac le 16 juillet 1995 [dans son discours devant le monument en mémoire de la rafle du Vél’d’Hiv, était reconnue pour la première fois la responsabilité de la France dans la déportation vers l’Allemagne de juifs français]. Phénomènes prêts à la coagulation Bref, reviennent toujours les mêmes paroles apaisantes sur l’immunité nationale en matière d’antisémitisme, les mêmes avertissements de ne pas en faire trop « pour les juifs » parce qu’il y a d’autres persécutés qui méritent tout autant l’attention publique et la solidarité nationale, les mêmes oublis pour ne pas donner sens à un climat général où les juifs sont pris pour cibles de toute part, sur des campus, dans des quartiers, sur leurs tombes.
Soupçonnée d’avoir manqué de vigilance, la banque est aussi l’objet d’une enquête préliminaire du parquet de Paris. Elle aurait exécuté des opérations pour dix clients pourtant visés par un gel des avoirs.
Financement du terrorisme : sanction de 50 millions d’euros contre La Banque postale
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/24/financement-du-terrorisme-sanction-de-50-millions-d-euros-contre-la-banque-postale_5401840_3234.html
24/12/2018
economie
Le superviseur bancaire français a infligé un blâme assorti d’une sanction de 50 millions d’euros à La Banque postale pour des manquements dans son dispositif de lutte contre le financement du terrorisme, dans une décision publiée lundi 24 décembre. « Ces sanctions répriment une carence grave du dispositif de détection », a souligné l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Les faits reprochés concernent le fonctionnement des « mandats cash » nationaux, qui permettent de transférer très rapidement des fonds à un tiers, et le gel des avoirs, qui oblige un établissement à bloquer les actifs de toute personne ou société sanctionnée par les autorités. Failles du « mandat cash » L’ACPR reproche à La Banque postale de ne pas s’être « dotée d’un dispositif lui permettant de détecter, avant leur exécution, les opérations de “mandat cash” nationaux (MCN) au bénéfice de personnes faisant l’objet d’une mesure européenne ou nationale de gel des avoirs ». Les failles du système ont notamment été utilisées pour financer des djihadistes partis combattre en zone irako-syrienne. La Banque postale « a, entre le 1er décembre 2009 et le 13 mars 2017, exécuté au moins 75 opérations de MCN pour le compte de dix clients dont les éléments d’identité (nom, prénom et date de naissance) correspondent à ceux de personnes qui faisaient l’objet, à la date des opérations, d’une mesure de gel, dans 9 cas sur 10 en raison d’activités terroristes », détaille l’autorité de contrôle dans sa décision. Recours devant le Conseil d’Etat Ce service de « mandat cash », disponible pour tout particulier, a représenté en 2016 un total de 5,5 millions d’opérations pour un montant de 1,3 milliard d’euros environ. La Banque postale rappelle dans un communiqué avoir pour « caractéristique d’être le seul établissement bancaire du territoire dont les services sont accessibles à tous, clients ou non ». « Les mandats suspectés par l’ACPR représentent ainsi 0,00027 % du montant total des mandats nationaux sur la période étudiée, soit seulement quelques dizaines de mandats pour un montant global de quelques milliers d’euros », se défend l’établissement. « En outre, aucun des faits reprochés n’est en soi constitutif d’une opération de blanchiment ou de financement du terrorisme. Tous les contrôles effectués ont permis de mettre en évidence l’absence de telles opérations », garantit La Banque postale, qui a décidé d’engager un recours devant le Conseil d’Etat contre cette sanction. Après un signalement de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution à la justice à propos de ces dysfonctionnements, une enquête avait été ouverte par le parquet de Paris, confiée en septembre 2017 à la brigade financière.
La détention d’un ex-diplomate et d’un consultant en Chine pourrait être des représailles à l’arrestation à Vancouver de la directrice financière de Huawei.
« Opposition catégorique » de Pékin aux appels à libérer les deux Canadiens
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/opposition-categorique-de-pekin-aux-appels-a-liberer-les-deux-canadiens_5401832_3210.html
24/12/2018
international
C’est un refus « catégorique ». La Chine a rejeté l’appel du Canada à libérer immédiatement ses deux ressortissants, lundi 24 décembre. La diplomatie chinoise fait part de son « fort mécontentement » aux demandes formulées vendredi par Ottawa et soutenues par les Etats-Unis. « Nous appelons les pays en question à respecter sincèrement la souveraineté judiciaire de la Chine », a déclaré devant la presse la porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Hua Chunying. La Commission européenne et l’Allemagne avaient aussi manifesté leur inquiétude. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Deux Canadiens otages des tensions entre Pékin et Ottawa Menace à la « sécurité nationale » Michael Kovrig, diplomate en congé sabbatique travaillant depuis février pour l’organisation non gouvernementale International Crisis Group (ICG), et Michael Spavor, consultant installé dans le nord-est de la Chine, d’où il organisait des voyages en Corée du Nord, sont officiellement soupçonnés de mener des « activités menaçant la sécurité nationale ». Mais, selon certains observateurs, ces arrestations pourraient être un moyen pour la Chine de faire pression sur Ottawa après l’interpellation le 1er décembre à Vancouver de la directrice financière du grand groupe chinois des télécommunications Huawei, Meng Wanzhou, à la demande de la justice états-unienne. Mme Meng est soupçonnée par les autorités américaines de fraude visant à contourner les sanctions contre l’Iran. La fille du fondateur de Huawei a depuis été remise en liberté moyennant une caution dans l’attente d’une procédure d’extradition vers les Etats-Unis, qui pourrait prendre plusieurs mois. Une première audience pour étudier la demande d’extradition vers les Etats-Unis doit se tenir le 6 février 2019. Un troisième ressortissant canadien, une enseignante, a également été arrêté jeudi en Chine. Mais son cas, qui ne relève pas de la sécurité d’Etat, ne semble pas lié aux deux autres. Accusée de travailler illégalement en Chine, elle est passible de « sanctions administratives », selon Hua Chunying.
Les élites politiques et économiques se sont montrées aveugles aux signaux d’alarme sur le pouvoir d’achat et le ras-le-bol fiscal qui s’accumulent depuis des années.
Les « gilets jaunes » et « la fin du somnambulisme politique »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/gilets-jaunes-la-fin-du-somnambulisme-politique_5401830_3232.html
24/12/2018
idees
Campement de « gilets jaunes » au rond-point dit du Jardiland, à Saint-Clément, dans l’Yonne, le 10 décembre. Benjamin Girette pour "Le Monde"/Benjamin Girette Chronique. Maintenant que la plupart des ronds-points sont dégagés, les feux de palettes éteints et une majorité de « gilets jaunes » rentrés dans leurs pénates, les élites politiques et économiques soufflent un peu, sidérées par la fulgurance d’un mouvement qui a pris comme un feu de paille sur les réseaux sociaux, la violence des manifestations et l’explosion tous azimuts des revendications. Sidérées, mais pourquoi ? On pourrait tout aussi bien s’étonner que l’incendie n’ait pas pris plus tôt, tant les signaux d’alarme s’accumulaient depuis des années, sur le pouvoir d’achat et le ras-le-bol fiscal entre autres. Le premier stagne pour beaucoup depuis la crise financière de 2008 ; le second enfle plus vite que la création de richesses, avec 70 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires entre 2015 et 2017. Les « élites » et la noblesse d’Etat conspuées sur les barrages ne peuvent pas dire : « Nous ne savions pas ! » Elles savaient, et par de nombreux canaux. Des lanceurs d’alerte sociale Les maires ont vu monter le mal-vivre au fil des ans, et c’est naturellement chez eux que les Français en colère remplissent les cahiers de doléances. Les syndicats ont dénoncé la rigueur salariale, même s’ils défendent surtout les « inclus ». Dans son rapport annuel sur les salaires publié fin novembre, l’Organisation internationale du travail juge « déroutant » de les voir augmenter si peu quand la croissance repart et le chômage baisse, s’inquiétant du recul des salaires au profit du capital dans le partage de la valeur ajoutée depuis 2010. Lire aussi La croissance des salaires n’a jamais été aussi faible depuis dix ans D’autres lanceurs d’alerte sociale ? Vigies attentives et ultimes mains secourables face à la misère, les associations caritatives ont vu le profil de leurs bénéficiaires évoluer depuis trente ans – l’âge du RMI ! Les sans-abri, les familles du quart-monde et les travailleurs pauvres apparus dans les années 1980 ont été rejoints par des étudiants, des femmes seules avec enfants, des retraités modestes, de petits indépendants… Des « invisibles » dont le budget est si tendu qu’il leur arrive, toute honte bue, de faire un crochet par les Restos du cœur. Une République qui a tourné le dos à ses idéaux Et si les élites politiques ne voulaient entendre ni leurs relais de terrain ni les corps intermédiaires, elles disposaient des enquêtes d’excellents économistes, sociologues, historiens, géographes et démographes, depuis La Misère du monde de Pierre Bourdieu (Seuil, 1993) et L’Insécurité sociale de Robert Castel (Seuil, 2003) jusqu’à La France périphérique de Christophe Guilluy (Flammarion, 2014), en passant par La Préférence pour l’inégalité de François Dubet (Seuil, 2014), Le Nouvel Egoïsme territorial de Laurent Davezies (Seuil, 2015), Les Classes moyennes à la dérive de Louis Chauvel (Seuil, 2006) et L’Insécurité culturelle de Laurent Bouvet (2015). Sans oublier l’œuvre magistrale de Thomas Piketty sur Le Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013).
Près de la frontière avec l’Algérie, les habitants des hameaux de montagne peinent à survivre dans le contexte d’affrontements entre forces de sécurité et rebelles djihadistes.
En Tunisie, les villageois déstabilisés par la guerre contre les djihadistes
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/24/dans-l-ouest-tunisien-les-villageois-destabilises-par-la-guerre-contre-les-maquis-djihadistes_5401827_3212.html
24/12/2018
afrique
Un policier tunisien lors d’une opération de sécurité près de la frontière avec l’Algérie, en octobre 2014. ZOUBEIR SOUISSI / REUTERS/ La villageoise a exhibé son pied, os déglingué sous une chair couturée. Hasniya Hellali, 70 ans, aurait bien pu la perdre, sa jambe droite, soufflée par la bombe artisanale, si elle n’avait ce jour-là – c’était il y a deux ans – enfourché l’ânesse sur les versants rocailleux de la montagne. La pauvre bête l’a protégée. Une fois rétablie à l’hôpital, où le médecin lui a « enlevé plein de morceaux de ferraille », la vieille dame n’a rien changé à ses habitudes. Elle continue à braver les dangers du mont Semmama, où groupes djihadistes et armée tunisienne se livrent à une guerre d’usure. Chaque jour, Hasniya, malgré son âge et les séquelles de sa blessure, s’en va donc gratter de ses mains calleuses ce massif de la Tunisie du Centre-Ouest, non loin de la frontière algérienne, pour y arracher des bouquets de romarin et d’alfa, sources de menus revenus. « J’ai peur, confesse-t-elle, mais je n’ai guère le choix. Il faut bien nourrir la famille. » Murs chaulés de blanc, sol en ciment nu, mobilier réduit à des chaises en plastique : la pièce de sa maisonnée où elle reçoit dit la rusticité du lieu, la précarité de son village de Ouassaïa. Agrippé au flanc des contreforts du mont Semmama, à l’est de Kasserine, un des hauts lieux de la révolution de 2011, le hameau de Ouassaïa résume le dilemme de cette région frontalière, écartelée entre péril sécuritaire et impératif de la survie économique. Depuis le renversement de la dictature de Ben Ali, un foyer d’insurrection djihadiste a éclos sur ces hauteurs accidentées, alimenté par les filières algériennes liées à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) ou par les réseaux de l’organisation Etat islamique (EI) connectés à la Libye. Mines enfouies sur les sentiers Six ans après leur émergence, ces maquis tunisiens – comptant vraisemblablement entre 150 et 200 hommes – ont été contenus par les forces de sécurité. Les affrontements dans cette région proche de l’Algérie ont causé la mort de 127 djihadistes et de 118 soldats, gendarmes ou policiers, selon une comptabilité établie par le chercheur Matt Hebert au printemps de cette année. Affaiblis, les groupes insurgés n’ont toutefois pas disparu, témoignant d’une indiscutable résilience. Et dans cette guerre silencieuse, les civils payent un lourd tribut. Un mois avant l’incident qui avait manqué d’emporter la jambe de Hasniya, deux autres femmes du village avaient, elles, péri. Les circonstances sont analogues : des mines enfouies sur les sentiers par les insurgés pour frapper les convois de l’armée mais qui explosent sous les pas des villageois s’aventurant trop loin, trop haut, trop seuls.
Contraint de quitter le pays, Paulo Abrao, responsable de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, dénonce des assassinats en série.
Nicaragua : les « crimes contre l’humanité » de Daniel Ortega
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/les-crimes-contre-l-humanite-de-daniel-ortega_5401823_3210.html
24/12/2018
international
Devant les locaux de la chaîne de télévision 100 % Noticias, fermée par les autorités, le 22 décembre, à Managua. MAYNOR VALENZUELA / AFP Vingt-quatre heures avant de révéler un rapport accusateur sur la répression au Nicaragua, les enquêteurs de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) ont été expulsés du pays par le gouvernement. Dimanche 23 décembre, Paulo Abrao, secrétaire exécutif de la CIDH, a accordé une interview au Monde, depuis Washington, sur les exactions glaçantes, commises par les autorités, contre les opposants au régime. Selon lui, « le président, Daniel Ortega, est responsable de crimes contre l’humanité ». Trois jours plus tôt, les quatre experts de la CIDH étaient contraints de quitter le Nicaragua, après six mois d’enquête sur une répression qui a fait plus de 325 morts, dont 24 mineurs, depuis mi-avril, alors que le gouvernement n’en reconnaît que 199. « Par leur expulsion, le gouvernement a tenté d’empêcher la publication de notre rapport », fustige par téléphone M. Abrao, qui dénonce des assassinats en série, des arrestations arbitraires, des actes de torture et des agressions sexuelles de la part des autorités. « Abus sexuels » Une tentative de censure déjouée par la CIDH, qui a publié son rapport, vendredi 21 décembre, à Washington. « Les violences ont fait 109 morts, plus de 1 400 blessés et 690 détentions entre le 18 avril et le 30 mai », s’alarme M. Abrao, précisant que l’enquête des experts n’a porté que sur quarante-deux jours de répression à partir du début de la révolte populaire. Née le 18 avril d’une marche réprimée contre une réforme de la sécurité sociale, la contestation s’est vite muée en mouvement national qui exige toujours le départ du président Ortega, au pouvoir sans interruption depuis onze ans. « La police et les escouades du gouvernement ont tiré à l’arme lourde sur les manifestants », assure M. Abrao. Le docteur en droit de 43 ans incrimine M. Ortega de cet usage excessif de la force « en tant que commandant en chef de la police ». Le rapport implique aussi son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo, et des dirigeants de la police d’« avoir mené contre les opposants des attaques généralisées et systématiques, considérées comme des crimes contre l’humanité ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Nicaragua, le régime d’Ortega durcit sa répression La présence au Nicaragua des experts de la CIDH, liée à l’Organisation des Etats américains (OEA), avait été acceptée, en juin, par le gouvernement, qui « leur a vite bloqué l’accès aux prisons et aux rapports d’autopsie ». Leur enquête s’est basée sur des vidéos et des interviews de proches de victimes, de témoins et de défenseurs locaux des droits de l’homme. Ses conclusions révèlent aussi la torture de prisonniers : « Certaines détenues ont subi des abus sexuels », déplore M. Abrao. Sans compter les manipulations judiciaires : « Sur 109 meurtres, 100 restent dans l’impunité. L’absence d’indépendance de la justice n’incite pas l’Etat à enquêter sur lui-même. »
Les deux têtes de l’exécutif, qui préparent une rentrée délicate, ont condamné les violences de samedi et appelé à l’ordre et à la concorde.
« Gilets jaunes » : Macron et Philippe veulent tourner la page
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/24/gilets-jaunes-macron-et-philippe-veulent-tourner-la-page_5401817_823448.html
24/12/2018
politique
LINE PRESSE/AFP Avant de prendre quelques jours de congé, le premier ministre, Edouard Philippe, devait rencontrer, lundi 24 décembre, en fin de matinée, l’unité de policiers motocyclistes, dont trois membres ont été violemment pris à partie samedi par des « gilets jaunes » sur les Champs-Elysées. La scène, où l’on voit des manifestants jeter pavés et trottinettes aux représentants des forces de l’ordre avant qu’un policier dégaine son pistolet pour les repousser, a été filmée et diffusée en boucle sur les chaînes d’information en continu. Elle a été vivement condamnée par le chef du gouvernement qui a dénoncé, dimanche sur son compte Twitter, « des agressions d’une violence inouïe contre des policiers ». S’il a marqué un recul de la mobilisation (avec près de 39 000 personnes contre 66 000 le samedi précédent), l’acte VI des « gilets jaunes » a également vu le mouvement émaillé de débordements racistes. Mais aussi, comme s’en est ému le premier ministre, « [de] gestes antisémites » et d’« un simulacre de décapitation du chef de l’Etat ». « Il est hors de question de banaliser de tels gestes qui doivent faire l’objet d’une condamnation unanime et de sanctions pénales », a ajouté Edouard Philippe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les dérapages antisémites et violents de certains « gilets jaunes » jettent le trouble « Cette histoire n’est pas finie » En visite au Tchad, à N’Djamena, où il était venu réveillonner avec les soldats de l’opération « Barkhane » samedi soir, Emmanuel Macron a pour sa part appelé au rétablissement de l’« ordre ». « Il est évident que les réponses judiciaires les plus sévères seront apportées. C’est maintenant l’ordre qui doit régner, le calme et la concorde. Notre pays a besoin de ça (…). Il faut apaiser les divisions », a assuré le chef de l’Etat, à BFM-TV. Une « réponse pleinement assumée » a été apportée à « la demande juste, la colère juste du peuple français », avait-il auparavant déclaré, alors que le gouvernement a débloqué 10 milliards d’euros pour soutenir le pouvoir d’achat des Français. Rentré à Paris dimanche soir, Emmanuel Macron devrait lui aussi s’accorder quelques jours de repos pour les fêtes de Noël. Le président le sait, la rentrée de janvier s’annonce compliquée. Si le mouvement des « gilets jaunes » semble s’essouffler, personne au sein de l’exécutif ne crie victoire. « Cette histoire n’est pas finie », juge un conseiller du chef de l’Etat. En tout état de cause, même si la mobilisation ne reprend pas après les fêtes, cet épisode a d’ores et déjà modifié l’approche et la feuille de route de l’exécutif. Il n’est en effet pas question de préempter les résultats du « grand débat » qui a été organisé pour donner la parole aux Français partout dans le pays et qui doit s’achever le 1er mars 2019. « Les “gilets jaunes”, c’est une irruption du peuple qui demande le pouvoir », confie le directeur du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique, Jérôme Jaffré.
Le chef de l’Etat a dit au président tchadien Idriss Déby que « cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel » de la France.
L’Elysée embarrassé par les voyages d’affaires d’Alexandre Benalla au Tchad
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/24/l-elysee-embarrasse-par-les-voyages-d-affaires-d-alexandre-benalla_5401806_823448.html
24/12/2018
politique
« Vous voyez, je suis venu ! » A peine arrivé à l’aéroport de N’Djamena, samedi 22 décembre, Emmanuel Macron s’est enfermé avec son homologue, Idriss Déby, pour un premier tête-à-tête. Au menu des échanges : la force Barkhane qui lutte contre les groupes terroristes armés au Sahel, l’éducation, la santé, les femmes, les subventions françaises, mais aussi… Alexandre Benalla, aujourd’hui mis en examen pour « violences volontaires », « port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique » et « recel d’images issues d’un système de vidéoprotection ». Démis de ses fonctions par l’Elysée en juillet, après que la présidence a d’abord caché les violences exercées le 1er-Mai par son collaborateur, place de la Contrescarpe à Paris, l’ancien adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron s’est rendu début décembre au Tchad pour un court séjour à N’Djamena, ont confirmé au Monde des sources concordantes. L’une d’elle précise qu’il « est venu accompagné d’une demi-douzaine de personnes, par avion privé, réglant les frais par Carte bleue », dont le séjour à l’Hôtel Hilton, dans la capitale tchadienne, avant de repartir le 4 décembre par un avion de ligne. Selon La lettre du continent du 12 décembre, M. Benalla aurait rencontré le frère du président tchadien, Oumar Déby, qui pilote la direction générale de la réserve stratégique (DGRS) tchadienne. « Emmanuel Macron a tenu à faire savoir samedi à Idriss Déby que cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel, nous indique l’Elysée. Seuls le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le conseiller diplomatique du président, Philippe Etienne, et Franck Paris, son conseiller Afrique, peuvent se prévaloir du chef de l’Etat » sur le terrain africain. La présidence rappelle que, depuis son élection, M. Macron « veut absolument rompre avec la République des intermédiaires, notamment en Afrique ». « Plus aucun contact » Depuis qu’il a été contraint de quitter l’Elysée, Alexandre Benalla semble s’être lancé dans les affaires internationales. L’ex-conseiller a ainsi rencontré plusieurs fois l’intermédiaire Alexandre Djouhri à Londres, ville où l’homme d’affaires franco-algérien a été interpellé en janvier et attend sa décision d’extradition vers la France. Ces nouvelles activités gênent-elles le président ? Le 6 novembre, sur Europe 1, M. Macron réclamait de « l’indulgence » pour son conseiller. A N’Djamena, l’Elysée a tenu à faire savoir que la présidence n’entretenait « plus aucun contact » avec lui et indique qu’« une enquête interne est en cours » pour établir si M. Benalla a pu « profiter de son titre » pour ses propres intérêts. En juillet, Le Monde avait rapporté que le 14 mars 2017, alors qu’il travaillait pour la sécurité du candidat d’En marche !, M. Benalla assurait aussi la protection du cheikh irakien Jamal Al-Dhari lors de ses séjours parisiens.
D’après la Corée du Sud, le constructeur allemand a reconnu le problème avec retard et traîné à rappeler les véhicules. L’Etat va demander au parquet d’enquêter.
Séoul inflige une amende de 10 millions de dollars à BMW pour ses voitures qui s’enflamment
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/24/seoul-inflige-une-amende-de-10-millions-de-dollars-a-bmw-pour-ses-voitures-qui-s-enflamment_5401775_3234.html
24/12/2018
economie
Les images de BMW en feu ont fait la « une » en Corée du Sud cet été. Lundi 24 décembre, Séoul a annoncé qu’elle infligerait des amendes de près de 10 millions de dollars au constructeur allemand, accusé de faire traîner le rappel de ses véhicules dotés de moteurs défectueux. BMW a rappelé plus de 170 000 véhicules en Corée du Sud en raison d’un problème dans le circuit de refroidissement des gaz d’échappement, provoquant parfois des incendies de moteur. La presse locale a rapporté une quarantaine de cas de voitures qui se sont embrasées, des modèles diesel fabriqués en 2015 et 2016. Ces incendies n’ont provoqué que des dommages matériels. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Corée du Sud, le mystère des BMW qui s’enflamment Un problème déjà connu Le constructeur avait annoncé en août le rappel de 480 000 véhicules en Europe et dans certains pays asiatiques, dont la Corée du Sud, avant d’élargir deux mois plus tard l’opération à un million de voitures supplémentaires. « BMW a annoncé précédemment qu’il n’avait eu connaissance du lien entre le circuit de refroidissement défectueux et les incendies que le 20 juillet », a précisé le ministère des transports sud-coréen dans un communiqué. « Mais nous découvrons que le siège allemand de BMW avait déjà constitué en octobre 2015 une équipe spéciale chargée de remédier au problème de circuit de refroidissement. » Le ministère, qui annonce ainsi les conclusions de cinq mois d’enquête menée conjointement avec des experts privés, accuse également le constructeur d’avoir mentionné le problème dans des documents internes depuis 2017. Il s’apprête donc à infliger à BMW une amende de 11,2 milliards de wons (9,9 millions de dollars) et va demander au parquet d’enquêter sur les accusations selon lesquelles l’allemand a reconnu le problème avec retard et sursis au rappel les véhicules. En Corée du Sud, six voitures importées sur dix sont de marque allemande. BMW a vendu près de 39 000 véhicules au premier semestre, d’après l’Association automobile coréenne des importateurs et distributeurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pollution : Bruxelles ouvre une enquête contre BMW, Daimler et Volkswagen pour collusion
La disparition de cet insecte fait courir le risque de perdre un acteur majeur de l’environnement et de la chaîne alimentaire, alerte un groupe de députés Les Républicains, dans une tribune au « Monde ».
« Il faut promouvoir la création d’un véritable plan de sauvegarde des abeilles »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/il-faut-promouvoir-la-creation-d-un-veritable-plan-de-sauvegarde-des-abeilles_5401772_3232.html
24/12/2018
idees
Tribune. Le monde d’aujourd’hui fait face à des bouleversements considérables en matière agricole et d’alimentation. Les phénomènes naturels ainsi que l’activité humaine fragilisent les écosystèmes et menacent certaines espèces animales et végétales essentielles à la survie de notre espèce. La surmortalité constatée des abeilles doit être un signal d’alarme pour nous tous. Comme l’a dit très justement Martin Gray, qui vécut une grande partie de sa vie sur les collines de Cannes, dans son ouvrage intitulé Au nom de tous les hommes. Abel et Caïn (Editions du Rocher, 2004) : « Et un jour les abeilles mourront. Et le miel, ce vieux compagnon d’Abel, disparaîtra. Ce sera l’annonce de la fin de l’histoire humaine des hommes. » Ce pollinisateur est un acteur majeur de l’environnement et de l’agriculture et sa conservation doit être un objectif national. L’hiver 2017-2018 a connu un effondrement important du nombre d’abeilles en France. L’enquête menée par le ministère de l’agriculture et de l’alimentation a fait état d’un taux de mortalité des colonies de presque 30 %, ce qui constitue un chiffre désastreux. Il ne s’agit pas seulement d’un problème local. Depuis la fin des années 1990, les apiculteurs du monde entier tentent d’alerter les pouvoirs en place des risques liés à la disparition de ce maillon essentiel de la chaîne alimentaire. Ils constatent depuis lors un recul inhabituel de colonies. Sans leur intervention, notre productivité agricole serait bien amoindrie et jusqu’à 75 % de nos récoltes subiraient une baisse de rendement Nous avons tous été sensibilisés au rôle des abeilles dans l’écosystème. Elles ne sont pas seulement importantes parce qu’elles produisent du miel, elles tiennent un rôle majeur dans la production de notre nourriture. Elles favorisent non seulement la pollinisation des plantes sauvages mais également cultivées. Un tiers des cultures destinées à notre alimentation est pollinisé par les insectes. Sans leur intervention, notre productivité agricole serait bien amoindrie et jusqu’à 75 % de nos récoltes subiraient une baisse de rendement. Sur les 100 espèces végétales qui fournissent 90 % de la nourriture dans le monde, 71 dépendent des abeilles et de leur pollinisation. En Europe, 4 000 variétés de légumes cultivés, de même que certaines plantes fourragères indispensables au bétail n’existeraient pas sans le travail appliqué des abeilles. En France, la production de miel est passée de 35 000 tonnes au milieu des années 1990 à 9 000 tonnes en 2016, soit une chute des trois quarts de la production.
L’ordre de retrait des soldats états-uniens présents en Syrie a par ailleurs été signé dimanche, selon le Pentagone.
Selon Trump, Erdogan va « éradiquer » le groupe Etat islamique en Syrie
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/selon-trump-erdogan-va-eradiquer-le-groupe-etat-islamique-en-syrie_5401728_3210.html
24/12/2018
international
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a affirmé tard dimanche 23 décembre que son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, l’a assuré que ce qui reste du groupe Etat islamique (EI) en Syrie serait éliminé, après l’annonce du retrait des troupes américaines de ce pays. « Le président de Turquie m’a donné des assurances dans des termes très forts qu’il va éradiquer ce qui reste de l’EI en Syrie », a tweeté M. Trump. « Nos troupes rentrent à la maison ! », a-t-il ajouté. Donald Trump a également déclaré que son homologue était capable de tenir cet engagement. M. Trump semblait ainsi fournir des détails au sujet d’une conversation téléphonique qu’il a eue dans la journée avec M. Erdogan et au cours de laquelle les deux hommes ont convenu d’éviter un vide du pouvoir en Syrie après le retrait états-unien. Notre synthèse diplomatique : avec les derniers départs à la Maison Blanche, la promesse d’un trumpisme sans entraves Retrait « lent et coordonné » « Les deux dirigeants ont convenu d’assurer la coordination entre les militaires, les diplomates et d’autres responsables de leurs pays pour éviter un vide de pouvoir qui pourrait résulter d’une exploitation du retrait [états-unien] et de la phase de transition en Syrie », a déclaré la présidence turque dans un communiqué. M. Erdogan a également affirmé que son pays était « prêt à fournir un soutien à notre allié de l’OTAN [Organisation du traité de l’Atlantique nord] dans le cadre de cette décision » de retrait, toujours selon la présidence turque. M. Trump a ordonné mercredi le départ dès que possible des quelque 2 000 militaires états-uniens stationnés dans le nord-est de la Syrie où ils luttent aux côtés des milices arabo-kurdes contre les djihadistes. Il a estimé que les troupes n’étaient plus utiles, car l’EI était « en grande partie vaincu ». Le Pentagone a expliqué dimanche que l’ordre de retrait des soldats états-uniens de Syrie avait été signé. Dans la foulée de cette décisions, le secrétaire à la défense, James Mattis, a démissionné.
En Ile-de-France, 157 300 logements du parc privé sont dans un état vétuste alarmant notamment à Paris et en Seine-Saint-Denis.
Pourquoi l’habitat insalubre ne se résorbe pas
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/l-habitat-insalubre-progresse-plus-vite-que-les-efforts-pour-le-resorber_5401725_3224.html
24/12/2018
societe
L’effondrement, en novembre, de deux immeubles à Marseille a jeté une lumière crue sur la vétusté de certains bâtiments en France, souvent refuges des populations les plus fragiles. Les chiffres ont de quoi inquiéter : rien qu’en Ile-de-France, on dénombre 157 300 logements potentiellement insalubres, soit 4 % du parc privé de résidences principales, selon l’estimation de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région (IAU-IDF), publiée début décembre. Paris n’est pas épargnée, avec plus de 61 000 appartements dans ce cas, soit 6,5 % de son parc privé, soit plus qu’à Marseille – 40 000 – bien que la capitale ait mené une politique volontariste : 1 075 immeubles recensés en 2001 ont tous été sortis de l’insalubrité ou du péril dans les dix ans qui ont suivi, ce qui a permis de faire baisser leur nombre global de 10 %. « Nous souhaitions le faire en une mandature, mais avons mis plus de temps que prévu, a témoigné Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris chargé du logement, le 12 novembre, lors de la visite d’un immeuble insalubre, dans le 4e arrondissement. Et la tâche n’est pas achevée car nous avons traité les cas les plus voyants, mais l’insalubrité se niche là où on ne la soupçonne pas. » Le rapport de l’IAU-IDF relève que la dégradation de l’habitat est plus rapide que les efforts fournis pour résorber l’insalubrité. « Au fur et à mesure que nous traitons des immeubles, d’autres surgissent et nous ne parvenons pas à faire reculer vraiment le phénomène », explique Laurent Russier, maire (PCF) de Saint-Denis. « C’est comme essayer d’éteindre un feu de forêt avec un arrosoir », confirme Claude Capillon, maire (LR) de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui a dû, le 22 novembre, faire évacuer en vingt-quatre heures la centaine d’occupants de l’ensemble d’immeubles du 21, rue des Deux-Communes, menacé d’écroulement. « Echec collectif » La copropriété insalubre du 21, rue des Deux-Communes, à Rosny-sous-Bois d’où une centaine d’habitants ont été évacués d’urgence. BRUNO FERT POUR LE MONDE Le département de Seine-Saint-Denis est d’ailleurs le deuxième territoire de la région où se concentre l’habitat indigne : 7,5 % de son parc, mais plus de 10 % dans dix des quarante communes qui le composent et même 20 % à Saint-Denis, à Aubervilliers et à Saint-Ouen. « Les centres anciens ne sont plus les seuls concernés, explique Anne-Claire Davy, chargée d’études sur les questions d’habitat à l’IAU-UDF. L’habitat dégradé se diversifie et concerne désormais des copropriétés des années 1970 dont les copropriétaires ne font plus face aux charges, des pavillons divisés en multiples petits logements loués à prix d’or, mais aussi des locaux non destinés à l’habitation, bureaux, entrepôts, caves, garages, jusqu’à des cabanes de jardin devenus des refuges. On observe une “cabanisation” du mal-logement. »
La mobilisation en berne a mis en lumière les éléments les plus radicaux. A gauche, beaucoup préfèrent se taire plutôt que de risquer de se couper de la protestation.
Les dérapages antisémites et violents de certains « gilets jaunes » jettent le trouble
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/les-derapages-antisemites-et-violents-de-certains-gilets-jaunes-jettent-le-trouble_5401721_3224.html
24/12/2018
societe
Il en va ainsi souvent des mouvements sociaux : lors des phases de reflux, où la mobilisation est moindre, se remarquent, par contraste, les éléments les plus radicaux qui n’entendent pas abandonner la lutte. C’est ce que l’on a pu constater, samedi 22 décembre, lors de l’acte VI des « gilets jaunes » qui a réuni 40 000 personnes (selon le ministère de l’intérieur) sur l’ensemble du territoire. A Paris, cinquante-neuf personnes ont été placées en garde à vue, dont quatre mineurs, selon le parquet de Paris. Dans ce mouvement inédit et protéiforme où des manifestants apartisans côtoient des personnes issues de l’extrême droite ou de l’extrême gauche, plusieurs épisodes, au sein ou en marge des manifestations, ont jeté le trouble et suscité l’indignation de l’exécutif. Le premier a eu lieu samedi matin, au pied du Sacré-Cœur, à Paris. Des manifestants portant des « gilets jaunes » ont été filmés en train de faire des « quenelles » et d’entonner une chanson du polémiste antisémite Dieudonné. La « quenelle » est un geste et une expression loin d’être neutres : l’ancien humoriste l’a inventé en 2009, lorsqu’il menait une liste antisioniste pour les élections européennes. Il s’agissait alors de « glisser une petite “quenelle” dans le fond du fion du sionisme ». En réaction, le premier ministre, Edouard Philippe, a affirmé, dimanche matin, sur Twitter, qu’« il est hors de question de banaliser de tels gestes qui doivent faire l’objet d’une condamnation unanime et de sanctions pénales ». Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a lui aussi dénoncé ces dérives. « Donc, “on” lynche des policiers, “on” chante la “quenelle” de Dieudonné à Montmartre, “on” reprend les codes des années 1930 pour renverser la République, “on” décapite l’effigie du président… Derrière ces “on”, un seul visage, lâche, raciste, antisémite, putschiste. Stop. », a-t-il tweeté. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a fustigé « certains [qui] continuent à venir manifester, animés par la haine des institutions ». « Hors de question de banaliser de tels gestes » Une vidéo circule également, captée dans la capitale par le journaliste indépendant Clément Lanot, sur laquelle des « gilets jaunes » portant une banderole « La banque gouverne », sont agenouillés et reçoivent des gaz lacrymogènes. L’un d’eux lâche : « Vous nous gazez comme des putains de juifs ! »
Le sociologue Yann Le Lann a coordonné une enquête sur profil des manifestants : « Ce sont les classes populaires, employés et ouvriers, qui sont sur les barrages ».
« Le mouvement des “gilets jaunes” est avant tout une demande de revalorisation du travail »
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/le-mouvement-des-gilets-jaunes-est-avant-tout-une-demande-de-revalorisation-du-travail_5401713_3224.html
24/12/2018
societe
Yann Le Lann est maître de conférences en sociologie à l’université de Lille. Spécialiste du travail, il a coordonné l’enquête du collectif Quantité critique, composé de chercheurs et de doctorants de Lille et de Sciences Po Paris, qui a analysé le mouvement des « gilets jaunes » durant un mois. Le sociologue estime que l’identité du mouvement est centrée sur la reconnaissance du travail. Quel est le profil des gilets jaunes que vous avez interrogé ? Ce qui resort de nos questionnaires recoupe les informations déjà publiées sur ce mouvement : ce sont les classes populaires, employés et ouvriers, qui sont présentes sur les barrages. On y retrouve aussi beaucoup de femmes qui ont pris une place importante dans le mouvement, souvent en position pivot : c’est à elles qu’on fait confiance pour gérer des caisses de solidarité ou mener des actions. On trouve aussi une part importante de retraités. Tous nos questionnaires montrent qu’on a affaire à des personnes aux revenus inférieurs à 1 600 euros mensuels, voire très souvent juste au niveau du smic. Ce mouvement est passé d’une revendication contre les taxes sur les carburants à une demande de hausse des salaires. Vous expliquez que c’est une bascule très signifiante. Pourquoi ? Parce que c’est important pour comprendre le décalage entre la première perception de cette mobilisation et sa réalité politique, ce qui a donné lieu à un malentendu sur ce mouvement. Les premiers temps, les chaînes d’information l’ont présenté comme l’expression d’un ras-le-bol des territoires périurbains braqués contre la taxe sur les carburants. Le mouvement a eu l’intelligence de subvertir cette audience pour déplacer la revendication vers des enjeux de salaire et de retraite qui sont devenus le cœur de leur plate-forme. A nos yeux, c’est donc la question de la reconnaissance du travail qui est en jeu. Ceux qui se mobilisent sont des salariés qui n’ont pas les moyens de se mettre en grève. Parce que leur budget est trop contraint ou parce qu’ils n’ont pas les ressources politiques autour d’eux pour porter une revendication salariale auprès de leur patron. Ou parce qu’ils ont déjà fait l’expérience d’une négociation salariale qui a échoué. Et pourtant, les « gilets jaunes » sont passés à une plate-forme revendicative beaucoup plus large… Oui, parce que l’écho médiatique leur a permis de se faire entendre sur d’autres enjeux. Mais la question centrale demeure celle du travail. Comme, pour eux, le canal classique de la revendication collective, organisée sur les lieux de travail, est bouché, ça a débordé ailleurs : ils ont en quelque sorte contourné cette impossibilité en s’organisant en dehors des heures de travail, sur des barrages et des places, en occupant l’espace public. Du coup, ce n’est pas le patron qui est interpellé mais l’Etat, qui est jugé comme ayant une responsabilité en matière salariale et se retrouve à devoir gérer ces revendications. C’est tout à fait nouveau et c’est un défi pour lui.
Dans une tribune au « Monde », un collectif appelle le ministre de l’économie et des finances à poursuivre le travail du Parlement en retirant ce colorant alimentaire qui présente des risques sanitaires.
L’appel d’associations à Bruno Le Maire pour suspendre l’additif E171
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/l-appel-d-associations-a-bruno-le-maire-pour-suspendre-l-additif-e171_5401706_3232.html
24/12/2018
idees
Beaucoup de bonbons contiennent l’additif E171. IMAGE SOURCE / PHOTONONSTOP Tribune. Dans quelques jours et comme tous les ans à la même époque, les traditionnels chocolats et bûches de Noël seront de sortie ; mais cette année, quelque chose a changé : on y trouve de moins en moins de (nano)particules de dioxyde de titane. Nos organisations se félicitent de la réactivité du marché en réponse à nos alertes et inquiétudes : au vu des doutes qui pèsent sur l’innocuité de cet additif alimentaire courant, de nombreuses marques et enseignes ont commencé à supprimer le E171 de la composition de leurs produits. Mais nous redoutons que l’hiver ne vienne « gripper » cette belle dynamique. Tout avait pourtant bien commencé. En mai, le gouvernement s’était dit « déterminé à suspendre le E171 avant la fin de l’année ». A l’automne, les parlementaires ont conforté cet engagement en votant la suspension du dioxyde de titane dans l’alimentation par l’article 53 de la loi alimentation ; c’est l’une des rares mesures vivement défendues par les associations lors des Etats généraux de l’alimentation qui ait été maintenue dans la version finale de la loi publiée le 1er novembre. Mais depuis… rien ne se passe. Pire, l’entrée en vigueur de cette mesure est gelée par Bercy. En vertu du code de la consommation, le ministère chargé de la consommation est le seul compétent pour prendre l’arrêté ministériel permettant de rendre cette mesure effective (les autres ministères concernés – alimentation, santé, environnement le cas échéant – sont juridiquement impuissants). Or Bercy refuse de rédiger cet arrêté, au motif qu’il n’y aurait pas de danger suffisamment « grave ou immédiat » pour activer la clause de sauvegarde au niveau européen. Retrouvez notre moteur de recherche : Bonbons, sauce kebab, bûches de Noël..., découvrez la liste des produits contenant l’additif controversé E171 Les fabricants peuvent s’en passer Sur quoi le ministère s’appuie-t-il pour apprécier la dangerosité du E171 ? Sur un travail de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) réalisé au premier semestre de cette année. Sur la base de quatre publications scientifiques (seulement), l’EFSA a estimé qu’il n’y avait pas lieu de remettre en cause l’autorisation de cet additif, qu’elle avait jugé bon de maintenir en 2016 – cela en dépit de données incomplètes puisque, depuis plusieurs années, les scientifiques et agences nationales (comme l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l’Anses en France) et européennes (comme l’EFSA ou l’Agence européenne des produits chimiques, l’ECHA) peinent à obtenir des fabricants de E171 les données nécessaires à l’évaluation des risques.
Pour le docteur Jean-David Zeitoun, encourager la recherche en nutrition est fondamental pour la médecine et la santé publique.
Quel lien entre le bio et le cancer ?
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/24/manger-bio-c-est-effectivement-bon-pour-la-sante_5401689_3232.html
24/12/2018
idees
Tribune. L’épidémiologie nutritionnelle étudie les effets de l’alimentation sur la santé des populations. Discipline assez jeune, elle a apporté une brique importante à la recherche en nutrition, qui se limitait auparavant à des études de biochimie, des modèles animaux ou des études cliniques courtes dont l’indicateur était juste un facteur de risque mais pas une maladie. L’épidémiologie nutritionnelle a permis des progrès majeurs. Elle a, par exemple, démontré les liens entre les acides gras trans et les maladies cardiaques, ou encore les effets toxiques d’une consommation excessive de certains sucres. Ces connaissances solides ont motivé des politiques de santé qui ont réduit la mortalité cardiovasculaire là où elles ont été appliquées. Mais en parallèle de ces avancées, l’épidémiologie nutritionnelle a aussi produit un nombre pratiquement incalculable de publications cherchant une relation entre un ingrédient isolé et un indicateur clinique ou biologique. La grande majorité de ces « études » exhibent des résultats dont la fiabilité est proche de zéro, alors même que leurs conclusions sont considérées comme positives par leurs auteurs. Ces interprétations sont fausses et trompeuses, même si elles sont relayées par les médias car le sujet intéresse, à raison, le grand public. Elles font croire aux gens qu’ils peuvent avoir un impact sur leur santé avec des mesures futiles qui, par ailleurs, impliquent des contraintes et des dépenses personnelles. Il faut reconnaître la qualité de cette étude française C’est dans ce contexte contrasté qu’a été publiée une étude française tirée d’un vaste travail de recherche. La revue scientifique ayant accepté l’article est l’une des plus reconnues. Les auteurs ont analysé certaines données issues d’une cohorte appelée NutriNet, agrégeant 70 000 Français volontaires pendant un suivi de sept ans. Selon la part de bio incorporée au régime normal, la réduction du risque de cancer estimée pouvait atteindre 25 %, et plus encore pour le cancer du sein (34 %) ou les lymphomes (76 %), en particulier les lymphomes non hodgkiniens (85 %). Cette publication a déclenché quantité de réactions dans les médias conventionnels et les médias dits sociaux. Beaucoup de ces réactions furent négatives et même agressives. Les arguments étaient connus d’avance : corrélation n’est pas causalité, l’étude est biaisée, l’industrie du bio survend ses vertus, l’alimentation doit rester un plaisir. Ces commentaires critiques en appellent au moins trois autres. Premièrement, il faut reconnaître la qualité de cette étude française, nettement supérieure non pas à la moyenne des études en nutrition, mais à la majorité d’entre elles. Les limites de l’étude NutriNet, reconnues par les auteurs, peuvent amener à relativiser ses résultats mais pas à les annuler. Formulés autrement, ces résultats ne sont pas définitifs, mais ils ont moins de chances d’être faux ou exagérés que ceux de la plupart des études en nutrition.
A Marseille, après l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne, le 5 novembre, les évacuations se sont multipliées, et près de 1 600 Marseillais n’ont toujours pas de domicile.
A Marseille, avec les « délogés » : « L’hôtel, c’est pour les vacances, pas pour vivre »
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/24/a-marseille-avec-les-deloges-l-hotel-c-est-pour-les-vacances-pas-pour-vivre_5401687_3224.html
24/12/2018
societe
Un cabas, un baluchon composé d’un drap noué… Sur le cours Julien, en plein centre de Marseille, des locataires profitent du passage du maçon et de l’ouverture de leur immeuble interdit à toute occupation depuis le 20 novembre pour rentrer chez elles. Quelques minutes pour attraper, l’une des manteaux, l’autre des médicaments pour sa fille diabétique. Ella, artiste peintre qui a son école au premier étage, sort une de ses toiles puis décide de ne pas repartir. De sa fenêtre, elle harangue ses voisines et les passants : « Je reste là, je m’en fous. Je ne bougerai pas tant que je n’aurai pas l’arrêté de péril de la mairie. » Voilà plusieurs semaines qu’elle se partage entre son bateau amarré dans les îles du Frioul et le logement de sa mère mais « Tanguy, ce n’est pas trop [son] truc », plaisante-t-elle en référence au personnage du film d’Etienne Chatiliez qui ne veut pas quitter le domicile de ses parents. L’architecte présent pour la visite de l’immeuble la raisonne : « Vous êtes en danger. » Aperçues par la porte entrebâillée, les larges fissures qui balafrent l’escalier semblent lui donner raison, tout autant que celles qui zèbrent la façade donnant rue Jean-Roque, où plusieurs immeubles ont déjà été condamnés. Ella passera une nuit chez elle avant d’être à nouveau évacuée par des marins-pompiers. Et cette fois, une chaîne sera placée sur la porte d’entrée. Mais Ella n’a toujours pas de réponse à sa demande de relogement : « Plus personne ne répond, ni la mairie ni mon bailleur, qui a l’obligation de me reloger. » Ce mini-fort Chabrol passé inaperçu illustre combien ceux qu’à Marseille on nomme les « délogés » sont passés de la résignation des premiers temps à la colère. Après l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne, le 5 novembre, qui a fait huit morts, près de 1 600 Marseillais vivent aujourd’hui encore hors de chez eux, évacués de près de deux cents immeubles, situés dans tous les quartiers de la ville et interdits à toute occupation en raison du danger qu’ils présentent. Tous racontent le traumatisme d’avoir dû quitter dans la précipitation leur domicile avec dix minutes accordées pour jeter leurs papiers et quelques affaires dans un sac. Ils ne savent pas quand il sera envisagé de réintégrer leur immeuble, ni même si cela sera un jour possible. Tout juste sont-ils autorisés à y passer quelques courts instants, accompagnés de pompiers, afin de récupérer des affaires. Sentiment d’être des « pantins »
Pour Pierre Jouannet, spécialiste de la reproduction humaine, toutes les femmes devraient bénéficier d’un droit à la procréation non motivé médicalement.
« Toutes les femmes devraient pouvoir initier une grossesse librement et dans de bonnes conditions »
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/24/toutes-les-femmes-devraient-pouvoir-initier-une-grossesse-librement-et-dans-de-bonnes-conditions_5401685_1650684.html
24/12/2018
sciences
Tribune. Le droit à l’enfant n’existe pas, mais des femmes et des hommes peuvent souhaiter devenir parents. Ils peuvent réaliser leur projet parental soit en choisissant de débuter une grossesse qui aboutira à la naissance d’un enfant soit en adoptant un enfant. Parfois cependant, la femme peut se sentir incapable de mener à terme la grossesse quand elle n’est pas désirée ou si elle doit conduire à la naissance d’un enfant sévèrement malade ou atteint d’un grave handicap. Le grand mérite de Simone Veil est d’avoir compris qu’une loi interdisant l’avortement était inopérante car la plupart des femmes qui le souhaitaient avortaient de toute façon, soit en allant à l’étranger, soit en ayant recours à des pratiques clandestines plus ou moins dangereuses pour elles. Il convenait donc, non seulement d’autoriser l’avortement, mais aussi de faire en sorte qu’il soit pratiqué dans de bonnes conditions. D’emblée, deux types de situations furent distinguées. D’abord celle de l’interruption médicale de grossesse (IMG) qui peut être réalisée à tout moment avant la naissance quand il y a un danger grave pour la mère ou quand le fœtus est porteur d’une pathologie grave et incurable. Le dispositif réglementaire encadrant la réalisation d’une IMG fait intervenir une structure spécialisée, un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal, qui donne son avis sur la légitimité médicale de l’intervention. La deuxième situation a été appelée interruption volontaire de grossesse (IVG) quand l’avortement n’est pas motivé médicalement et qu’il fait l’objet d’un encadrement réglementaire particulier. Le deuxième grand mérite de Simone Veil est d’avoir fait inscrire dans la loi dès 1975 que c’est la femme et elle seule qui peut décider de réaliser une IVG. La décision ne peut appartenir ni à l’Etat, ni aux médecins, ni à qui que ce soit d’autre que la femme elle-même.. Quand les couples ne peuvent réussir leur projet parental car la procréation par voie naturelle est difficile ou impossible, ils peuvent solliciter l’aide de la médecine pour devenir parents. En effet si les traitements de l’infertilité ne sont pas toujours efficaces, de nombreuses procédures médicales ont été développées depuis une cinquantaine d’années pour obtenir une grossesse, y compris en ayant recours aux gamètes de tiers donneurs. Les technologies permettant d’intervenir sur le début de la vie ont interpellé la société dans de nombreux pays et il a été souvent décidé de les encadrer de manière plus ou moins stricte. C’est le cas en France depuis 1994 où la procréation médicalement assistée (PMA) a été légalisée mais où il a été décidé qu’elle ne pouvait être entreprise que si elle était motivée médicalement et si la demande était formulée par un couple composé d’une femme et d’un homme.
La mort d’un enfant dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban a réveillé le malaise social des habitants, qui dénoncent des discriminations dans l’accès aux soins.
La colère et les frustrations des réfugiés palestiniens au Liban
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/24/la-colere-et-les-frustrations-des-refugies-palestiniens-au-liban_5401683_3210.html
24/12/2018
international
LETTRE DE BEYROUTH Les flots de la Méditerranée bordent le flanc ouest du camp de réfugiés palestiniens de Nahr El-Bared, dans le nord du Liban. Mais ni cette ouverture sur la mer, ni la vue sur la côte qui s’étend jusque vers la Syrie, n’apaise le sentiment des habitants de vivre à l’étroit, et sans perspectives. Le camp a été défiguré par des combats en 2007, entre l’armée libanaise et un groupuscule extrémiste. Il ne s’en est pas encore relevé : des pans de Nahr El-Bared ressemblent à un vaste chantier, car la reconstruction n’est toujours pas achevée. Dans les rues mornes malgré les couleurs des nouveaux immeubles, on peine à imaginer la vitalité qui régnait jadis dans ce lieu, décrit comme un ancien carrefour commercial, un marché où le voisinage venait s’approvisionner à bas prix. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Réfugiés palestiniens : l’agence de l’ONU toujours en danger Plus d’une fois, la grande rue qui traverse Nahr El-Bared a été le théâtre de protestations, sociales : contre la lenteur de la reconstruction, contre la baisse des services octroyés par l’UNRWA (l’office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) qui jongle chaque année avec des déficits budgétaires. Ou politiques, liées au conflit israélo-palestinien. Manque d’accès aux soins Dans le camp, dont les quartiers portent le nom des villages palestiniens d’origine des réfugiés de 1948, la colère gronde à nouveau depuis la mort de Mohamed Wehbé, un petit enfant. Père palestinien, mère libanaise, il n’avait pas trois ans et souffrait d’une tumeur au cerveau. Hospitalisé, il a passé trois jours dans le coma avant d’être admis dans un service pédiatrique de soins intensifs. Il est décédé quelques heures après son transfert, lundi 17 décembre. Le lendemain, durant la procession funèbre, dans le camp, le père, Majdy Wehbé, traits défigurés par la douleur, a porté le petit corps de Mohamed, visage immaculé dans son linceul blanc enveloppé d’un drapeau palestinien. Il lui a offert de derniers baisers, bouleversants, avant l’inhumation. Tout autour de lui, le cortège oscillait entre tristesse et rage. Le soir venu, puis les suivants, des réfugiés se sont rassemblés pour dénoncer la « négligence » dont les Palestiniens font les frais. Sourds aux déclarations selon lesquelles Mohamed Wehbé, dans un état critique, ne pouvait être sauvé, ils dénoncent le manque d’accès aux soins pour leur communauté au Liban, sa marginalisation, et la corruption. D’autres manifestations ont eu lieu à Beyrouth et à Tripoli, proche de Nahr El-Bared.
Soixante volontaires néerlandais sont arrivés à Athènes, lundi, pour demander la relocalisation aux Pays-Bas de réfugiés bloqués dans des camps insalubres en Grèce.
A Athènes, une caravane venue des Pays-Bas pour demander l’accueil de réfugiés bloqués en Grèce
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/a-athenes-une-caravane-venue-des-pays-bas-pour-demander-l-accueil-de-refugies-bloques-en-grece_5402089_3210.html
25/12/2018
international
Rikko Voorberg, porte-parole de la fondation "Let's Bring Them Here" (Ramenons-les ici), devant le parlement grec, à Athènes, le 24 décembre. ANGELOS TZORTZINIS / AFP A Athènes, les illuminations scintillent en ce lundi 24 décembre, du haut du mont Lycabette où une soixantaine de citoyens néerlandais se sont rassemblés avec des réfugiés et des militants grecs. « Nous avons parcouru 3 000 kilomètres pour venir en Grèce et réclamer au gouvernement grec d’évacuer 150 réfugiés que nous pouvons ramener avec nous dans nos véhicules aux Pays-Bas », explique au micro Rikko Voorberg, le porte-parole de la fondation « Let’s bring them here » (Ramenons-les ici), à l’initiative de la caravane arrivée des Pays-Bas à bord de vingt-six véhicules. L’initiative avait suscité, dès le jeudi 20 décembre, une vive réaction du gouvernement néerlandais : « Le transport illégal de personnes dépourvues de droits de résidence équivaut à la traite d’êtres humains et est punissable par la loi », dénonce alors le secrétaire d’État néerlandais à la justice Mark Harbers. Loin d’être freiné dans sa démarche, Rikko Voorberg, théologien néerlandais à l’origine de cette association en 2015, a déposé au Parlement grec une petite valise contenant des milliers de lettres de citoyens néerlandais. Elles demandent aux gouvernements grec et néerlandais de se mettre d’accord sur un programme de relocalisation pour 1 000 réfugiés bloqués en Grèce dans des camps insalubres. Une pétition sur le sujet a également été lancée et a récolté jusqu’à présent près de 44 800 signatures. « Let’s bring them here » s’était fait connaître aux Pays-Bas en novembre 2016 lorsque plus de 250 voitures s’étaient rassemblées devant le Parlement de la Haye pour demander au gouvernement d’accueillir davantage de réfugiés. En 2017, 1 400 réfugiés venant de Grèce et d’Italie étaient arrivés aux Pays-Bas, contre 159 cette année. Engagement à accueillir 5 847 réfugiés Le gouvernement grec n’a pas répondu à la sollicitation de la fondation malgré la lettre que Rikko Voorberg avait adressé au premier ministre Alexis Tsipras et au ministre de l’Immigration Dimitris Vitsas. « Notre vœu pour Noël est d’offrir une lueur d’espoir alors que l’Europe est plongée dans l’obscurité face à la crise des réfugiés », avait-il écrit au premier ministre grec. Face aux militants antiracistes grecs et néerlandais, Rikko Voorberg a clarifié le fait qu’il n’incitait personne à « ramener illégalement des réfugiés aux Pays-Bas ». « Nous voulons juste que le gouvernement néerlandais respecte ses promesses de relocalisation datant de 2015 et que tous les pays européens soient plus solidaires de la Grèce qui accueille des milliers de réfugiés alors qu’elle n’en a pas les moyens ! », a précisé le théologien.
567 personnes et 75 sociétés ukrainiennes sont désormais concernées par ces mesures, dans un contexte de tensions renouvelées entre Kiev et Moscou.
La Russie élargit ses sanctions à des personnalités et entreprises en Ukraine
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/la-russie-elargit-ses-sanctions-contre-des-personnalites-et-entreprises-ukrainiennes_5402086_3210.html
25/12/2018
international
Le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a ajouté, mardi 25 décembre, 245 personnalités et sept entreprises ukrainiennes à la liste russe de sanctions économiques contre l’Ukraine, dont une première version avait été publiée début novembre. Un total de 567 personnes et 75 sociétés ukrainiennes tombent désormais sous le coup de ces sanctions qui prévoient le gel de leurs actifs en Russie. Sur son compte Twitter, M. Medvedev a affirmé que ces nouvelles mesures avaient été décidées « pour la défense des intérêts du gouvernement, des entreprises et des citoyens de Russie ». The list of Ukrainian individuals and legal entities subject to special restrictions was expanded. I signed a respe… https://t.co/4q7HVY7G5j — MedvedevRussiaE (@Dmitry Medvedev) Elles concernent des entreprises du secteur de la défense, de l’énergie, ainsi qu’une compagnie d’assurances et un groupe de logistique. Parmi les nouveaux personnes visées, on compte des hommes politiques, dont le maire d’Odessa, dans le sud du pays, et des hauts fonctionnaires. Tensions ravivées depuis la fin novembre Les relations entre Moscou et Kiev ne cessent de se dégrader depuis l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en Ukraine début 2014 à l’issue du soulèvement du Maïdan contre le président pro-russe de l’époque, suivi de l’annexion de la Crimée puis d’un conflit dans l’Est ukrainien. Ces tensions ont été ravivées à la fin du mois de novembre après la capture manu militari de trois navires militaires ukrainiens et de leurs équipages par les gardes-côtes russes au large de la Crimée. Lire aussi Sur l’Ukraine, le ton se durcit contre Moscou Depuis l’éclatement du conflit en Ukraine, Kiev n’a cessé de prendre des mesures limitant ses relations économiques et commerciales avec la Russie, pourtant un partenaire clé depuis la fin de l’Union soviétique il y a plus de vingt-cinq ans. En 2017, l’Ukraine a bloqué sur son territoire toute une série de services Internet russes, dont notamment le groupe Yandex et les très populaires réseaux sociaux VKontakte et Odnoklassniki. La première liste noire russe publiée début novembre comportait déjà le fils aîné du président Petro Porochenko, ainsi que les anciens premiers ministres Arseni Iatseniouk et Ioulia Timochenko – cette dernière devrait être la principale adversaire de M. Porochenko à l’élection présidentielle de 2019.
Le constructeur catalan, à la peine au début des années 2010, devrait réaliser des ventes historiques en 2018.
SEAT, la marque en forme du Groupe Volkswagen
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/25/seat-la-marque-en-forme-du-groupe-volkswagen_5402078_3234.html
25/12/2018
economie
Luca De Meo, président de SEAT, à Tarragone le 18 septembre 2018. PAU BARRENA / AFP Sauriez-vous reconnaître, à l’odeur, un caoutchouc automobile défectueux ou, au toucher, un défaut de positionnement de portière ? La poignée d’« inspecteurs qualité » de la marque SEAT présents en cette fin décembre dans leur salle de formation aux allures de laboratoire, eux, le peuvent. C’est qu’ils viennent d’être formés par l’école de qualité de l’immense complexe industriel de SEAT à Martorell, Catalogne. L’atelier a ouvert il y a quelques mois. Et la moitié des 260 salariés chargés de l’inspection des voitures au bout des chaînes de l’usine y ont déjà appris la finition à l’allemande. Voilà qui pourrait être un des symboles de la renaissance de la marque espagnole du groupe Volkswagen et le signe, parmi d’autres, de l’intérêt renouvelé de la maison mère pour ce qui a longtemps été le vilain petit canard du géant aux douze marques. Elle est bien terminée cette période du début des années 2010, quand SEAT enchaînait les exercices lourdement déficitaires, lestée d’une image de fabricant de petites voitures médiocrement rentables, un peu trop typées et destinées aux amateurs de tuning. Cette année 2018 sera même historique pour la griffe catalane : le record de ventes de près de 520 000 voitures datant du début des années 2000 devrait être dépassé d’environ 10 000 véhicules. SEAT sera la plus dynamique des marques du groupe Volkswagen, en Europe, en 2018. Quant à la France (son quatrième marché), c’est carrément l’extase. Le constructeur catalan, qui ira au-delà des 30 000 immatriculations cette année, est sur le podium des champions de la croissance hexagonale toutes marques confondues, sur les onze premiers mois de l’année avec un joli +27 %. Sur un marché plus large L’exploit n’est pas mince dans un moment un peu compliqué pour les marques locomotives du groupe de Wolfsburg : les Volkswagen, les Audi, encore convalescentes du traumatisme du « dieselgate », ont eu bien du mal à s’adapter au passage à la nouvelle norme antipollution dite « WLTP ». Depuis septembre, en Europe, leurs immatriculations ont fléchi considérablement. SEAT, qui achète ses moteurs à sa maison mère, a elle aussi perdu des ventes – environ 20 000 – à cause de ces cafouillages techniques, mais sa dynamique propre n’a pas été affectée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En deux ans, le scandale du diesel a bouleversé l’industrie D’où vient ce lustre retrouvé de l’ex-Sociedad espanola de automoviles de turismo ? Pour tenter de le comprendre, retour au centre industriel de Martorell, à une trentaine de kilomètres de Barcelone, à l’intérieur des terres. Ici c’est SEAT-City : une surface équivalente à 400 terrains de foot, 10 000 employés dont 1 000 ingénieurs. On y trouve le siège, plusieurs centres de recherche, trois lignes de production qui crachent leurs 2 300 véhicules par jour, et même une maison médicale ultramoderne qui dispense des soins gratuits aux salariés.
Dans une tribune au « Monde », le politologue Luc Rouban estime que l’échelon local doit redevenir un espace de décision démocratique.
« Sortir de la crise des “gilets jaunes” passe par une refonte de la décentralisation »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/25/sortir-de-la-crise-des-gilets-jaunes-passe-par-une-refonte-de-la-decentralisation_5402077_3232.html
25/12/2018
idees
Tribune. Le macronisme est une redoutable machine politique, car il produit l’adversaire qui lui permet d’exister, alors qu’il a longtemps joué sur le même registre : la modernité des réseaux sociaux et la défiance à l’égard des corps intermédiaires. C’est dire qu’il risque aussi d’autoentretenir longtemps le malaise démocratique déjà bien présent lors de l’élection présidentielle de 2017. Le mouvement des « gilets jaunes » en offre la confirmation la plus claire. Né du rejet profond des élites et de la politique économique qu’elles défendent, il s’est constitué en révolte populiste qui partage avec le Mouvement 5 étoiles italien, mais aussi avec le macronisme, nombre de points communs : une certaine indétermination partisane, bien que les drapeaux tricolores soient bien plus présents sur les ronds-points que les drapeaux noirs ou rouges, une volonté de célébrer de manière communautaire le rejet d’un système social qui produit des normes venues « d’en haut » sans tenir compte des réalités du « bas », la déception face à des promesses de lendemains qui chantent toujours reportées à plus tard, la colère des petites classes moyennes en mobilité sociale descendante, le sentiment d’impuissance face à des mécanismes de décision qui échappent de plus en plus au citoyen ordinaire. Il y a du 1789 dans le mouvement des « gilets jaunes », avec les cahiers de doléances ouverts par les municipalités, mais sans les leaders d’opinion qui existaient alors ni la volonté d’élire des représentants. Il y a aussi du juin 1848, avec la tentation insurrectionnelle des catégories populaires contre la république bourgeoise, mais sans que ce mouvement puisse s’appuyer sur le seul monde ouvrier. Mais il y a surtout le sentiment, exacerbé par l’horizontalité des réseaux sociaux, que l’on a oublié l’article 3 de la Constitution de 1958, qui dispose que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ». Délicats référendums La question est donc posée de savoir comment modifier concrètement la Ve République pour mettre fin à cette crise de la démocratie représentative. C’est sans doute ici que le bât blesse le plus. Les « gilets jaunes » ont revendiqué, au-delà de la réforme fiscale et de la revalorisation des salaires les plus modestes, un changement des institutions donnant plus de poids à la démocratie directe. La proposition de pouvoir lancer des référendums d’initiative populaire est donc revenue en force après avoir été défendue lors de la campagne de 2017 aussi bien par Marine Le Pen que par Jean-Luc Mélenchon, en passant par François Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan, Benoît Hamon ou Jean Lassalle.
Dans une tribune au « Monde », les sociologues Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé invitent à changer notre regard sur ces territoires entre ville et campagne.
« Le périurbain est une terre d’hybridations inédites »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/25/le-periurbain-est-une-terre-d-hybridations-inedites_5402075_3232.html
25/12/2018
idees
Tribune. Dès lors que l’on parle des territoires périurbains, les jugements de valeur négatifs sont légion. Tout d’abord, le périurbain ne serait pas « moral », car il représenterait l’espace du repli sur soi et de l’égoïsme. En outre, il serait une dénaturation du monde rural avec l’arrivée des néoruraux dans des lotissements interminables et « sans âme ». Par ailleurs, il ne serait pas respectueux de l’environnement, dans le sens où il consommerait les espaces agricoles et naturels en multipliant les infrastructures routières. Dans ce sens, le périurbain pèserait considérablement sur la facture carbone en obligeant les habitants à se déplacer quotidiennement en automobile. Enfin, il serait monotone et terne, au sens où il banaliserait les territoires qu’il annexe en y égrainant un bâti ordinaire et standardisé aux quatre coins du pays. Visions caricaturales D’aucuns y voient ainsi l’avènement d’une « France moche » en identifiant le périurbain à ses hangars commerciaux, à ses plates-formes logistiques, à ses proliférations pavillonnaires et à ses longues entrées d’agglomérations saturées de panneaux publicitaires. Dans toutes ces invocations péremptoires et ces visions caricaturales, il y a, à bien y regarder, certainement un peu de vrai, mais aussi beaucoup de faux. Ici plus que jamais la prudence doit être de mise pour ne pas faire du périurbain une entité à l’origine de tous les maux actuels de notre société. Derrière le mot périurbain, il n’existe pas de réalité homogène coupée du reste du monde. Dès lors, ne faut-il pas sortir d’un pessimisme ambiant dont le périurbain est trop souvent l’objet ? Car le périurbain est aussi une terre d’hybridations inédites entre rural et urbain, de nouvelles pratiques citoyennes, de recherches-action associant élus, chercheurs et usagers ou encore d’innovations économiques. Preuve en est le succès du projet Ardennes Design Industries, implanté au sein de la commune périurbaine de Douzy, non loin de Sedan, qui associe des entreprises de différents secteurs d’activité (menuiserie, fonderie, métallurgie, textile…) pour gagner en compétitivité dans le secteur des produits design pour l’habitat. Des actions innovantes Parallèlement, les recherches et les expertises territoriales ont permis de mettre au jour des actions innovantes en termes d’aménagement, de réhabilitation du patrimoine, d’animation culturelle, de développement économique, de production d’énergie alternative, ou encore en termes d’agriculture biologique, responsable et solidaire.
Il faut repenser l’aménagement du territoire afin de renforcer le lien social, d’intégrer les populations et de dynamiser la vie économique des espaces périphériques, estime l’architecte urbaniste François Leclercq dans une tribune au « Monde ».
« Les métropoles doivent jouer un rôle d’entraînement des territoires plus éloignés »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/25/les-metropoles-doivent-jouer-un-role-d-entrainement-des-territoires-plus-eloignes_5402076_3232.html
25/12/2018
idees
Tribune. La mobilisation des « gilets jaunes », qui traduit sûrement des malaises aux origines diverses, a lieu alors qu’Etat et collectivités tentent par plusieurs biais de sortir de l’ère de la toute-puissance de la voiture individuelle. La voiture, « architecte anonyme de nos villes », a façonné notre façon d’appréhender l’espace pendant plus d’un demi-siècle. Sans elle, de nombreuses villes auraient gardé le statut de bourgades, tant leur développement est lié à l’utilisation de la voiture au quotidien. Après lui avoir rendu grâce de ces mérites pendant de nombreuses d’années, nous réalisons aujourd’hui que le tribut à payer est bien lourd et que l’émancipation qu’elle permettait s’est transformée en servitude subie et souvent pointée du doigt. Nous nous retrouvons au pied du mur, alors qu’il faut opérer une transition vers un système de mobilité qui en serait moins dépendant. Comment répondre au constat de ces fractures territoriales et sociales qui semblent se creuser progressivement ? « Nous ne pouvons pas nier l’organisation spatiale des villes que l’utilisation généralisée de la voiture a engendrée » Même si la transition vers un système de mobilité plus durable s’avère indispensable, nous ne pouvons pas nier l’organisation spatiale des villes que l’utilisation généralisée de la voiture a engendrée. Ce tissu de villes petites et moyennes, moins denses que les métropoles dans l’ombre desquelles beaucoup se sont développées, est l’héritage de plusieurs décennies de politiques d’aménagement imprégnées de la culture de la voiture – et nous devons l’assumer. Endosser cette responsabilité, c’est refuser la culpabilisation de ces territoires aujourd’hui dépendants de la voiture pour tous les déplacements du quotidien. C’est aussi accepter de voir que, derrière le changement de nos paradigmes de mobilité, ce sont les logiques d’ensemble du développement territorial actuel que nous sommes invités à repenser et que la mobilisation des « gilets jaunes » met en exergue. C’est également reprendre de la hauteur pour reconsidérer les rôles de chacun des acteurs dans l’aménagement du territoire national, et affirmer que les métropoles ont un devoir d’entraînement de ces villes plus petites qui se situent dans leur sillon. Les métropoles sont aujourd’hui les objets essentiels de l’aménagement du territoire. Parées de toutes les qualités économiques, elles sont devenues des chantres de vertus environnementales. Elles sont denses par principe, économes en transports individuels parce que très équipées en métros, tramways et bus, et capables en plus de se réinventer en permanence avec de nouvelles programmations mettant en scène un catalogue d’aménités oubliées jusqu’alors. Elles se comparent au monde grâce à des classements prestigieux parlant de qualité de vie et de performance économique. Ce n’est qu’en osant raisonner et aménager à plus grande échelle, qu’en élargissant les périmètres de réflexion et d’actions des métropoles aux secteurs plus lointains que l’on permettra une redistribution plus équilibrée des opportunités dont elles sont porteuses.
Les opérations ont frôlé les 4 000 milliards de dollars, mais se sont tassées en France. La tendance positive devrait se maintenir en 2019.
2018, année fertile pour les fusions-acquisitions dans le monde
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/25/2018-annee-fertile-pour-les-fusions-acquisitions-dans-le-monde_5402065_3234.html
25/12/2018
economie
Le plus gros « deal » de l’année a été le rachat du laboratoire pharmaceutique irlandais Shire par son concurrent japonais Takeda pour 77 milliards de dollars. BEHROUZ MEHRI / AFP En 2018, les Bourses ont souffert mais cela a peu réfréné l’appétit des entreprises. Les fusions et acquisitions annoncées dans le monde en 2018 ont totalisé 3 912 milliards de dollars (3 439 milliards d’euros), un montant en hausse de 20 %, selon les données préliminaires publiées vendredi 21 décembre par Refinitiv (ex-Thomson-Reuters). C’est la troisième meilleure année depuis la mise en place de tels comptages en 1980. Pour la suite, cependant, les professionnels se gardent de tout excès d’optimisme. « La prudence s’impose quant aux perspectives des fusions-acquisitions pour 2019. La volatilité est revenue en force sur les marchés, avec des facteurs politiques qui alimentent l’incertitude, comme le Brexit, la situation en Italie ou encore la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine », prévient Sophie Javary, vice-chairman pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique chez BNP Paribas CIB. « La photo est trompeuse » En 2018, le marché européen du M&A ( Mergers and Acquisitions) a même progressé de 32 % pour atteindre 975 milliards de dollars, grâce en particulier au plus gros « deal » de l’année, le rachat du laboratoire pharmaceutique irlandais Shire par son concurrent japonais Takeda pour 77 milliards de dollars. « La photo est trompeuse. L’activité a été très soutenue au premier semestre avec de très grosses transactions mais depuis le mois de juillet, c’est plus calme. La nervosité des marchés a fini par gagner les conseils d’administration, même si les fondamentaux – bilans, taux… – restent bons dans l’absolu », tempère Pierre Drevillon, chargé des fusions-acquisitions en France chez Citi. Seule la France, finalement, a connu une année 2018 en recul, avec 164,5 milliards de dollars de transactions (– 33 %). C’est l’américain JPMorgan qui termine en tête du palmarès des banques conseil. « Malgré une baisse des volumes, 2018 a été dans l’ensemble une bonne année en France. Ce recul reflète le fait qu’il n’y ait pas eu d’opération à plus de 20 milliards d’euros en 2018, contrairement à ce qui s’était passé en 2017 », pondère Guillaume Molinier, associé gérant chez Lazard qui ajoute : « Le grand thème de l’année a été la conquête à l’international menée par les champions français. » Les transactions les plus importantes impliquant un groupe tricolore ont été le rachat du réassureur XL Groupe par Axa pour 15 milliards de dollars, suivi par l’acquisition de Bioverativ par Sanofi pour 11 milliards de dollars.
La start-up est victime d’une crise de confiance qui pourrait lui être fatale. Des millions de clients demandent à être remboursés tout de suite, la facture pourrait être comprise entre 150 et 300 millions d’euros.
Les vélos Ofo deviennent un problème politique pour Pékin
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/25/les-velos-ofo-deviennent-un-probleme-politique-pour-pekin_5402058_3234.html
25/12/2018
economie
A Pékin, en novembre 2018. WANG ZHAO / AFP Une marque mondialement connue, des millions d’usagers mécontents… les déboires d’Ofo, la start-up pékinoise dont les vélos jaunes en libre-service étaient partis à l’assaut de la planète en un temps record, constituent désormais un problème politique pour les autorités chinoises. Vendredi 21 décembre, un porte-parole du ministère des transports a enjoint à l’entreprise d’« accélérer les procédures de remboursement » aux usagers qui en font la demande. Et lundi 24, le China Daily consacre une page à cette crise, qui doit servir de « leçon, spécialement pour les entreprises de l’économie de partage ». Depuis que plusieurs fournisseurs ont fait état de factures non payées, la start-up est victime d’une crise de confiance qui pourrait lui être fatale. Reposant sur un système où ses clients sont aussi ses créanciers, puisqu’elle exige d’eux une caution (initialement de 99 yuans, soit environ 12,50 euros, portés à 199 yuans), Ofo est à la merci de la moindre prédiction autoréalisatrice. Craignant de ne pas être remboursés demain, les clients demandent à l’être… aujourd’hui. L’entreprise étant matériellement et financièrement incapable de le faire, les clients sont de plus en plus nombreux à le demander. A la veille du week-end, 11 millions de clients chinois réclamaient leur dû. Près de 13 millions, samedi. D’où une facture comprise entre 150 et 300 millions d’euros. Dai Wei, le jeune patron d’Ofo a, lui-même, évoqué l’idée de déclarer l’entreprise en faillite. Mobilisation intense des forces de l’ordre Depuis une semaine, quelques centaines de clients ne se contentent pas de réclamer leur argent en ligne mais se rendent au siège social de l’entreprise, ce qui provoque une mobilisation intense des forces de l’ordre. Signe que Dai Wei est dans le collimateur des autorités, on a appris, jeudi 20, que, début décembre, la justice lui avait interdit de prendre l’avion, de descendre dans des hôtels de luxe et de jouer au golf. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment trottinettes et scooters en libre-service ont colonisé Paris Créée en 2014 par des étudiants de Pékin, Ofo avait séduit les investisseurs. Pour se développer à l’international, l’entreprise avait procédé à deux levées de capitaux. 700 millions de dollars en juillet 2017 (614,5 millions d’euros) et 850 millions en mars 2018, levés notamment auprès d’Alibaba, le géant du commerce en ligne. Mais la concurrence avec Mobike, soutenu, lui, par l’autre géant chinois, Tencent, s’avère mortifère. De plus, les vélos d’Ofo sont de piètre qualité. A la faillite économique pourrait donc s’ajouter une faillite écologique, la Chine étant devenue par endroits un gigantesque cimetière de vélos jaunes abandonnés.
C’était la sixième bénédiction « urbi et orbi » de François depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre.
Dans son message de Noël, le pape célèbre « la fraternité entre les personnes d’idées différentes »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/25/dans-son-message-de-noel-le-pape-fait-l-eloge-des-differences_5402030_3210.html
25/12/2018
international
Le pape François au balcon de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, le 25 décembre. VATICAN MEDIA / REUTERS Le pape François a placé son traditionnel message de Noël, mardi 25 décembre, sous le signe de la « fraternité », en invitant l’homme à considérer les différences comme une richesse plutôt qu’un danger. Le souverain pontife a également formulé l’espoir que cessent les conflits dans un certain nombre de pays déchirés par la guerre. Elu en 2013, le chef de l’Eglise catholique a prononcé sa sixième bénédiction « urbi et orbi » (« à la ville et au monde ») depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, face à des dizaines de milliers de fidèles. « Nos différences sont une richesse » Le pape François a prôné la « fraternité entre les personnes d’idées différentes, mais capables de se respecter et d’écouter l’autre ». « Nos différences ne sont pas un préjudice ni un danger, elles sont une richesse », a-t-il souligné. Le premier souverain pontife originaire d’Amérique latine a fait allusion à la polarisation du débat, dans de nombreux pays, autour de la question de l’immigration en ajoutant : « Par son incarnation, le Fils de Dieu nous indique que le salut passe par l’amour, l’accueil, le respect de notre pauvre humanité que nous partageons tous dans une grande variété d’ethnies, de langues, de cultures, mais tous en tant que frères en humanité ! » Le message de Noël a aussi été l’occasion pour François de passer en revue un certain nombre de pays déchirés par les conflits. « Entreprendre un chemin de paix » Le pape, lors de sa bénédiction « urbi et orbi », au Vatican, le 25 décembre. TIZIANA FABI / AFP Le pape a ainsi dit espérer une reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens : que la fête de Noël « permette aux Israéliens et aux Palestiniens de reprendre le dialogue et d’entreprendre un chemin de paix qui mette fin à un conflit » de soixante-dix ans, a-t-il déclaré. Il a également appelé la communauté internationale à « œuvrer résolument » pour que les réfugiés syriens « puissent retourner vivre en paix dans leurs pays » : « Que la communauté internationale œuvre résolument pour une solution politique qui mette de côté les divisions et les intérêts partisans, de sorte que le peuple syrien, surtout ceux qui ont dû quitter leur terre pour chercher refuge ailleurs, puissent retourner vivre en paix dans leur pays. » S’agissant du Yémen, il a espéré que la trêve récemment obtenue par les Nations unies « puisse finalement soulager les nombreux enfants et les populations épuisés par la guerre et la famine ». Le pape a enfin exprimé sa proximité avec les communautés chrétiennes d’Ukraine, tout en appelant à un retour à la paix dans la région, alors que le président russe, Vladimir Poutine, a vivement condamné la création en Ukraine d’une Eglise orthodoxe indépendante de la tutelle russe. Lire aussi Qui est vraiment le pape François ? Notre série en cinq épisodes
Alors que ces fonctionnaires permettent d’élucider « un tiers des affaires de la police nationale », leurs syndicats dénoncent leurs conditions de travail.
La police scientifique appelle à la grève pour la nuit de la Saint-Sylvestre
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/25/la-police-scientifique-lance-un-preavis-de-greve-illimitee_5402027_1653578.html
25/12/2018
police-justice
L’intersyndicale de la police technique et scientifique appelle à la grève pendant la nuit du 31 décembre au 1er janvier, pour demander une amélioration du statut de ses agents, a annoncé, mercredi 26 décembre, une source syndicale à l’Agence France-Presse. L’intersyndicale, qui avait dans un premier temps lancé un préavis de grève illimitée à partir du 26 décembre, a finalement décidé de cibler cette nuit symbolique avant une rencontre avec le ministre de l’intérieur prévue le 8 janvier. « Nous attendons de savoir ce que nous proposera M. Castaner [le ministre de l’intérieur, ndlr] pour décider de la suite à donner à notre mouvement », a affirmé Xavier Depecker, représentant du syndicat national indépendant des personnels administratifs, techniques et scientifiques de la police nationale (Snipat). Le syndicaliste dénonce le « mépris » des pouvoirs publics envers les techniciens et scientifiques de la police, qui représentent au total 2 500 personnes en France. « On voulait être reçus tout de suite, on doit attendre le 8 janvier, alors que les représentants de la police armée ont été reçus rapidement après l’avoir demandé, à trois reprises pendant plusieurs heures », a-t-il insisté. Deux autres syndicats se sont joints au Snipat pour appeler à la grève : le Syndicat national des personnels de la police scientifique (SNPPS) et le Syndicat national Alliance des personnels administratifs, techniques, scientifiques et infirmiers (SNAPATSI). Lancement d’une pétition « Nous ne réclamons pas plus de pouvoir d’achat » mais « un statut dérogatoire de catégorie active », « en adéquation avec nos conditions d’emploi (risques psychologiques, problèmes de sécurité et risques pour notre intégrité physique, astreintes et régimes horaires intenses, exposition à des agents chimiques et/ou infectieux, absence de formation self-défense, absence de moyens de défense malgré la dotation de gilets pare-balles…) », précise un communiqué des organisations syndicales. Lire notre grand récit : Attentats du 13 novembre : dans les labos de la police scientifique Les syndicalistes de la police scientifique ont également lancé une pétition sur Change.org (plus de 3 400 signataires le 26 décembre) dans laquelle ils tiennent à « rappeler que l’enquête judiciaire ne tient plus qu’au simple aveu comme cela a été le cas durant des siècles. La preuve juridique provient directement de l’élément matériel que l’on appelle la trace (traces biologiques, traces papillaires, microtraces, traces numériques, traces odorantes, traces balistiques, etc.) ». Or, « c’est nous, fonctionnaires de la police technique et scientifique, qui apportons cette preuve irréfutable dans la manifestation de la vérité » et qui, « aujourd’hui, permettons d’élucider un tiers des affaires de la police nationale ». Retrouvez notre analyse : La police scientifique confrontée à l’ère du big data
Responsable de l’Organisation juive de combat qui avait planifié le soulèvement contre les nazis en 1943, « Kazik » est mort à l’âge de 94 ans.
Simcha Rotem, dernier combattant juif de la révolte du ghetto de Varsovie, est mort
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/25/deces-du-dernier-combattant-juif-de-la-revolte-du-ghetto-de-varsovie_5402025_3382.html
25/12/2018
disparitions
Simcha Rotem s’exprime devant le mémorial du ghetto de Varsovie, en Pologne, à l’occasion d’une cérémonie anniversaire de la révolte du ghetto, le 19 avril 2013. Alik Keplicz / AP Le dernier combattant juif de la révolte du ghetto de Varsovie contre les nazis durant la deuxième guerre mondiale, Simcha Rotem, est mort, samedi 22 décembre, à l’âge de 94 ans, a fait savoir le président israélien, Reuven Rivlin, dans un communiqué. Simcha Rotem, dont le nom de guerre était « Kazik », a été l’un des responsables de l’Organisation juive de combat qui avait planifié le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943, lorsque les nazis avaient décidé de déporter vers les camps de la mort les derniers juifs de la capitale polonaise. « Il s’est joint au soulèvement et a aidé à sauver des dizaines de combattants », a indiqué le président Rivlin dans un message de condoléances. Après la fin du conflit, Simcha Rotem s’était installé en Israël. « Interrogé sur le message qu’il souhaitait transmettre à la jeunesse israélienne, il avait répondu : “Soyez un être humain. Nous sommes des animaux à deux pattes. C’est ce que je ressens. Mais parmi nous, les animaux à deux pattes, il y a ceux qui sont aussi des êtres humains et qui méritent cette appellation” », a rappelé le président israélien en citant Simcha Rotem. 13 000 juifs abattus, brûlés ou gazés La révolte du ghetto de Varsovie, qui s’est déroulée du 19 avril au 16 mai 1943, est le fait le plus connu de la résistance juive contre les nazis. En avril 1943, quelque 2 000 policiers allemands et SS sont dans le ghetto pour rafler les quelques dizaines de milliers de survivants qui avaient échappé jusque-là à la déportation vers les camps de la mort. L’opération était censée ne durer que trois jours, mais les nazis se sont heurtés, à leur grande surprise, à une résistance acharnée qui les a contraints à mobiliser d’importants renforts. Au total, 13 000 juifs ont été abattus, brûlés ou gazés durant cette opération. Les autres ont été déportés. Simcha Rotem avait participé à des opérations de combat et de sauvetage de juifs par les égouts. Il avait ensuite participé à l’insurrection de Varsovie en août 1944 aux côtés des résistants polonais.
L’un des meilleurs biathlètes du monde, et grand rival de Martin Fourcade, a fait valoir un manque de « motivation » et des problèmes de santé.
Le biathlète russe Anton Shipulin, soupçonné de dopage, prend sa retraite
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/25/biathlon-le-russe-anton-shipulin-met-fin-a-sa-carriere_5401993_3242.html
25/12/2018
sport
Shipulin lors de la coupe du monde de biathlon, le 11 mars à Kontiolahti (Finlande). Lehtikuva Lehtikuva / REUTERS Le biathlète russe Anton Shipulin a annoncé, mardi 25 décembre, mettre fin à sa carrière, en raison d’un manque de « motivation » et de problèmes de santé, peu après le lancement d’une nouvelle enquête visant son équipe pour dopage. Expliquant ne plus prendre de « plaisir », Shipulin, 31 ans, a indiqué renoncer aux compétitions après la course à Gelsenkirchen, en Allemagne, le 29 décembre. « Cette course sera la dernière pour moi dans ma carrière », a déclaré Shipulin, cité par l’agence publique RIA Novosti, lors d’une conférence de presse à Moscou. « Pour moi, cela n’a pas de sens de continuer à me faire souffrir et à faire souffrir mes supporteurs et mes proches. (…) Et puis mon état de santé ne me laisse pas tranquille. J’ai été atteint de maladies virales à trois reprises ces derniers mois. » Shipulin, champion du relais lors des Jeux olympiques organisés à Sotchi (Russie) en 2014 et l’un des meilleurs biathlètes du monde, a régulièrement figuré dans le top 5 du classement général de la Coupe du monde. Grand rival du Français Martin Fourcade, il n’a pas été autorisé à participer aux Jeux olympiques de Pyeongchang en raison du scandale de dopage frappant la Russie. Scandale de dopage Un panel du Comité international olympique (CIO) ne l’a pas inclus fin janvier dans la liste des sportifs russes jugés « propres », tout comme le sextuple champion olympique de short-track Viktor Ahn et le skieur Sergueï Ustiugov. Mi-décembre, le parquet autrichien a ouvert une enquête judiciaire visant l’équipe russe de biathlon pour des soupçons de dopage lors des Mondiaux de février 2017 à Hochfilzen (Autriche). « Je ne cherche pas à fuir des problèmes. J’ai toujours dit que j’étais propre », a souligné Shipulin, lors de sa conférence de presse, en qualifiant les accusations de dopage visant la Russie de « pures provocations ». La Russie est engluée dans un scandale de dopage depuis le rapport du juriste canadien Richard McLaren, qui a établi que le pays avait mis en place un dopage institutionnalisé entre 2011 et 2015, notamment à Sotchi. Cette affaire a débouché sur l’exclusion de ses athlètes des JO 2016 de Rio et des Mondiaux 2017 d’athlétisme à Londres.
Les accros des réseaux sociaux ne cessent de mettre en scène leur vie à coups de hashtags et de selfies, lançant la tendance (ou pas). Cette semaine, un (mauvais) esprit de Noël.
#christmasspirit ou les « joies » de Noël
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/25/christmasspirit-ou-les-joies-de-noel_5401989_4500055.html
25/12/2018
m-le-mag
Aline Zalko pour M Le magazine du Monde Musique de clochettes, neige carbonique et déluges de guirlandes : difficile d’échapper à la « magie de Noël ». D’autant que les chaînes de télévision, câblées ou non, participent au concours de celle qui diffusera le plus grand nombre de « films de Noël ». Même sur Instagram, le #christmasspirit (esprit de Noël, en VF) fait rage, avec les ingrédients de base inchangés des téléfilms mais dans une version beaucoup moins dramatique. Ici, pas de chien perdu, de célibataire au cœur de pierre, de veuf père au foyer ni d’enfant en quête de famille (et de console de jeux vidéo dernière génération). Sur Instagram, c’est l’option rose bonbon-Xanax qui règne : avec des clichés (dans tous les sens du terme) de sapins impeccablement décorés à la symétrie inquiétante. Il a fallu un plan précis (sur papier) de répartition des ornements et puis une mise en place des décorations sous la surveillance d’une maîtresse de maison légèrement tendue. On a dû racheter des guirlandes argent parce qu’elles vont mieux avec les décorations « lapins », mais le résultat est là. Camaïeu de blancs et rouges Et il n’y a plus qu’à faire des selfies joyeux et symétriques devant l’arbre, tout sourire parfaitement blanchi grâce à l’outil de retouche numérique adéquat. Pas de #christmasspirit sans tenue officielle, soit des pyjamas parés de pingouins, d’oursons, de Pères Noël et autres bonhommes de neige. Le camaïeu de blancs et rouges est recommandé, ainsi que les chaussettes de laine assorties. Pour le pyjama-selfie obligatoire, on peut montrer ses abdos (avant que l’abus de crème de marrons ne les pulvérise), voire ses sous-vêtements, destinés à des festivités auxquelles les enfants ne sont pas conviés. Même les animaux sont priés de participer au #christmasspirit, tant pis si le chien a l’air moyennement joyeux avec son bonnet rouge à pompon. Il a déjà eu du mal à se remettre d’Halloween et du costume de sushi que lui avaient trouvé ses maîtres. A ce stade, il prie pour qu’ils fassent un bébé et déguisent plutôt leur progéniture avec tous ces machins en acrylique. En attendant, il est sur le selfie de la famille et bave copieusement sur le pyjama de « maman ». Selfie avec dinde aux marrons Dernier passage obligé : la cuisine de Noël. Si vous avez raté le catalogue du traiteur ou du supermarché du coin, pas de panique, on retrouve tout cela sur Instagram : dindes et marrons dans les bons dégradés de bruns juteux, bûches à 7 000 calories la bouchée, gâteaux rouge-vert-blanc assortis au décor. Une vraie pub pour cachets-qui-font-digérer. Et on n’oublie pas de faire un selfie à côté de la table. Eh oui, la personne qui brandit le couteau à découper au-dessus de la dinde avec un sourire aussi large que crispé est bien en overdose de #christmasspirit. Au fond, ce hashtag signale juste le décor de saison pour faire des selfies. Pour revoir des images aussi gratinées, il faudra attendre Pâques et ses filtres photo « lapin ». Le chien n’est pas rassuré, rassuré.
Selon Amnesty International, au moins 37 personnes ont été « abattues » par la police depuis le début des manifestations contre la vie chère, le 19 décembre.
Soudan : une ONG dénonce l’usage de « force meurtrière contre des manifestants non armés »
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/25/soudan-37-manifestants-tues-en-cinq-jours-par-les-forces-de-securite-selon-amnesty-international_5401986_3212.html
25/12/2018
afrique
Photo de l’enterrement, sur l’île d’Aba (au sud de Khartoum), de deux jeunes garçons tués au cours d’une manifestation contre le gouvernement soudanais, selon le militant qui a fourni le cliché à l’agence AP, le 21 décembre 2018. Sudanese Activist / AP Trente-sept manifestants ont été « abattus » par la police et l’armée en cinq jours d’un mouvement de protestation contre la vie chère au Soudan, a déclaré l’organisation de défense des droits humains Amnesty International, lundi 24 décembre. Le mouvement de colère d’une partie de la population soudanaise, qui a touché jusque-là une dizaine de villes, a été déclenché le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique. Selon des responsables et des témoins, les manifestations ont fait au moins huit morts – six à Al-Gadaref (est) et deux à Atbara (est) – lors des heurts avec les forces antiémeute. Mais des bilans plus lourds ont été évoqués. Le chef du principal parti d’opposition, Sadek Al-Mahdi, a ainsi estimé samedi le nombre de morts à vingt-deux, dénonçant la « répression armée » des autorités. Dans un communiqué publié lundi soir, Amnesty International rapporte de son côté que « trente-sept manifestants ont été abattus par les forces de sécurité au cours de cinq jours de manifestations antigouvernementales ». « Garantir une vie digne aux citoyens » « Le fait que les forces de sécurité utilisent une force meurtrière de manière aussi aveugle contre des manifestants non armés est extrêmement préoccupant », a estimé Sarah Jackson, directrice adjointe de l’ONG pour l’Afrique de l’Est, la région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique. L’organisation appelle les autorités à « mettre fin à cet usage meurtrier de la force et empêcher de nouvelles effusions de sang inutiles ». Au sixième jour de manifestations, le président Omar Al-Bachir a promis lundi aux Soudanais de « vraies réformes pour garantir une vie digne aux citoyens ». Après les premières revendications contre la cherté de la vie, des rassemblements populaires ont été ponctués du slogan « Le peuple veut la chute du régime », tiré du « printemps arabe » de 2011.
A la tête de deux corps importants de la République islamique d’Iran, il avait souvent été mentionné comme un possible successeur au guide suprême Ali Khamenei.
En Iran, la mort de l'ancien chef de la justice Mahmoud Hashemi Shahroudi
http://keyhani.blog.lemonde.fr/2018/12/25/en-iran-la-mort-de-lancien-chef-de-la-justice-mahmoud-hashemi-shahroudi/
25/12/2018
blog
L'ancien chef de la justice l'ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi, âgé de 70 ans, est mort, ce 24 décembre, à Téhéran, après des longs mois de maladie. A la tête de deux corps importants de la République islamique d'Iran (le Conseil de discernement qui gère les différends entre le parlement et le gouvernement et le Conseil des gardiens de la Constitution qui valide les candidatures aux élections législatives et présidentielles -, Mahmoud Hashemi Shahroudi a souvent été mentionné comme un possible successeur au guide suprême Ali Khamenei. Un scénario d’autant plus plausible qu'il a été, à sa mort, le chef adjoint de l'Assemblée des experts qui élit le guide suprême. Depuis l'été 2018, cet homme politique n’assistait que très rarement aux réunions, laissant répandre des rumeurs quant à son état de santé. Son voyage médical en Allemagne il y a presque un an a ainsi provoqué un tollé, aussi bien en Iran qu'à l'étranger parmi les dissidents iraniens demandant son arrestation pour son bilan peu élogieux des droits de l'homme. C'est pendant son mandat comme garde des sceaux, entre 1999 et 2009, que beaucoup de quotidiens réformateurs ont été fermés, leurs journalistes et d'autres dissidents arrêtés, coupant court aux espoirs de changement et de réformes au sein du pouvoir judiciaire. Avant de prendre ce poste, le religieux s'était désolé de l'état du pouvoir judiciaire, le qualifiant d'"un bâtiment en ruines". Pendant ses deux mandats, il a émis un décret interdisant la peine de lapidation, bien que cette peine ait été appliquée, au moins à deux reprises, dans les provinces reculées, témoignant des limites de son pouvoir. C'est aussi pourquoi certains commentateurs des querelles de pouvoir en Iran prenaient la défense de Hashemi Shahroudi, expliquant qu'une partie de la justice lui échappait. Né en 1948 à Najaf en Irak, l'homme a été un des disciples de l'ayatollah Rouhollah Khomeini, le fondateur de la République islamique en 1979. Pendant la révolution, ce dernier demande à Mahmoud Hashemi Shahroudi de se rendre en Iran et de devenir la liaison entre lui, les forces révolutionnaires en Iran et la hawza (l'école religieuse où se tiennent les séminaires religieux chiite duodécimain) de Najaf. C'est également M. Shahroudi qui fonde en Iran, en 1982, le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak, comme parti d'opposition à Saddam Hussein. Ce parti deviendra après l'invasion américaine, en 2003, et la chute de Saddam, le Conseil suprême islamique irakien, une véritable force politique. Ces derniers mois, Mahmoud Hashemi Shahroudi avait, lui-même, indiqué souffrir des troubles intestinaux et des problèmes de reins, sans donner plus de précision. Ses funérailles se tiendront mercredi 26 décembre le matin à Téhéran et l'après-midi dans la ville religieuse de Qom. Le service International du Monde
La juriste signe « L’Institution de la liberté », un essai novateur sur les rapports de la justice à la liberté qui passe par une réflexion sur le consentement et la dignité.
Muriel Fabre-Magnan défend la nécessaire imperfection du droit
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/25/muriel-fabre-magnan-defend-la-necessaire-imperfection-du-droit_5401946_3260.html
25/12/2018
livres
L’Institution de la liberté, de Muriel Fabre-Magnan, PUF, 354 p., 21 €. Allégorie de la liberté : la statue de la Liberté, dans la baie de New York ? REED KAESTNER / CORBIS / PHOTONONSTOP Un jeune marié découvre que sa femme n’est pas vierge. Il demande l’annulation de son mariage. Sur cette trame boulevardière se noue en 2008 une affaire qui serait restée dérisoire si le tribunal de grande instance de Lille n’avait donné raison à l’époux, au motif que l’épouse avait consenti à faire de la virginité un élément fondateur de ce mariage. Quelques mois plus tard, la cour d’appel de Douai infirmera cette décision : les droits de la jeune femme devaient être défendus, quand bien même elle prétendrait y renoncer. Fin de l’histoire ? Elle ne fait, au contraire, que commencer, affirme Muriel Fabre-Magnan dans son nouvel essai, L’Institution de la liberté. La juriste se saisit d’un certain nombre de cas similaires pour démonter pas à pas cette transformation progressive du droit, dont l’objet ne serait plus l’humain en tant que tel, mais une idée de l’humain : le « mythe » d’un « individu transparent » dont la volonté serait stable et définie. Il ne s’agirait alors que de prendre acte des effets de celle-ci, en d’autres termes : d’établir son consentement, concept sur lequel, selon l’auteure, se cristallise la question. Bien entendu, il ne s’agit pas pour elle de nier cette évidence juridique, qu’un acte, pour être licite, doit être consenti par les personnes qu’il concerne. Cependant, un critère « nécessaire » est-il un critère « suffisant » ? Si le constat d’un consentement pouvait valoir justification universelle, le tribunal de Lille aurait raison. Or « le droit ne peut, sans se contredire et donc sans se dissoudre, garantir en même temps les droits et libertés fondamentales de la personne et la possibilité pour cette même personne de les perdre ». Vie privée Mais il faut prendre garde au fait que ce qui se dissout par là même se répand, et que cette évolution consiste aussi à mêler le droit à toute chose. Le regard porté sur le consentement des gens porte sur leur vérité, sur une intériorité sans quant-à-soi ni secret. Il est donc un regard sur la valeur de la personne : à bon consentement, bon consentant. Ainsi le droit et à travers lui l’Etat se mêlent-ils de plus en plus de la vie privée, pour nous apprendre à vivre bien, selon les normes du moment. Absolutiser une liberté théorique, en l’empêchant de s’autolimiter par la confrontation à des interdits objectifs, revient à diminuer la liberté concrète.
« Demandons-nous : est-ce que je partage mon pain avec celui qui n’en a pas ? », a dit François dans son homélie de Noël.
« L’homme est devenu avide et vorace » : le pape plaide contre un consumérisme vide de sens
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/25/a-noel-le-plaidoyer-du-pape-contre-un-consumerisme-vide-de-sens_5401943_3224.html
25/12/2018
societe
Le pape François, chef du 1,3 milliard de catholiques dans le monde, a appelé lundi 24 décembre les fidèles à laisser de côté leur « voracité » consumériste pour réfléchir au sens spirituel de leur vie et au partage avec les plus humbles, dans son homélie de la nuit de Noël. Devant une dizaine de milliers de personnes rassemblées comme chaque année dans la majestueuse basilique Saint-Pierre au Vatican, il a constaté : « L’homme est devenu avide et vorace. Avoir, amasser des choses semble pour beaucoup de personnes le sens de la vie. Une insatiable voracité traverse l’histoire humaine, jusqu’aux paradoxes d’aujourd’hui ; ainsi quelques-uns se livrent à des banquets tandis que beaucoup d’autres n’ont pas de pain pour vivre. » Le pape argentin, infatigable défenseur des pauvres, a appelé à « ne pas glisser dans les ravins de la mondanité et du consumérisme ». « Le petit corps de l’Enfant de Bethléem lance un nouveau modèle de vie : non pas dévorer ni accaparer, mais partager et donner », a plaidé le pape lors de la messe de la nuit de Noël, qui commémore dans la tradition chrétienne la naissance de Jésus de Nazareth à Bethléem. « Est-ce que j’arrive à me passer de tant de garnitures superflues, pour mener une vie plus simple ? Demandons-nous : à Noël, est-ce que je partage mon pain avec celui qui n’en a pas ? », a lancé François, s’exprimant sous le baldaquin dessiné par le Bernin, où seul le souverain pontife est autorisé à célébrer la messe. Le pape, qui vient de fêter ses 82 ans, adressera son sixième message de Noël Urbi et orbi (« à la ville et au monde ») mardi devant les fidèles massés sur la place Saint-Pierre. Foule compacte à Bethléem L’archevêque Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarche latin de Jérusalem, à son arrivée près de l’église de la Nativité, à Bethléem. , le 24 décembre 2018. Nasser Nasser / AP A Bethléem, en Cisjordanie, une foule compacte a assisté à la messe de minuit célébrée dans l’église Sainte-Catherine, attenante à la basilique de la Nativité, construite sur le lieu où, selon la tradition chrétienne, Jésus est né. Le président palestinien Mahmoud Abbas, son premier ministre et un représentant du roi de Jordanie étaient présents. Dans son homélie, l’archevêque Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du patriarche latin de Jérusalem, a rendu hommage à la ville palestinienne, précisant que la naissance du Christ à Bethléem était « un choix divin ». « Bethléem, Nazareth, Cana, Capharnaüm, Jérusalem : ce sont des noms chers à nos cœurs puisque ces villes ont été aimées par Jésus », a-t-il dit. Evoquant une « responsabilité » vis-à-vis de « la ville et la terre que nous habitons », il a ajouté : « il ne s’agit pas de la posséder ou de l’occuper mais de la transformer » pour que puisse y fleurir « l’expérience de communion et de paix ». Lire le portrait : Qui est vraiment le pape François ? Notre série en cinq épisodes
La coalition du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, ne disposait plus que d’une faible majorité à la Knesset depuis la démission en novembre du ministre de la défense, Avigdor Lieberman.
Israël : le Parlement vote pour sa dissolution et pour des élections le 9 avril
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/israel-le-parlement-vote-pour-sa-dissolution-et-pour-des-elections-le-9-avril_5402428_3210.html
26/12/2018
international
Le premier ministre, Benjamin Nétanyahou, à la Knesset, le Parlement israélien, mercredi 26 décembre. Sebastian Scheiner / AP La Knesset, le Parlement israélien, a voté, mercredi 26 décembre, en deuxième et troisième lectures, en faveur d’un projet de loi visant à dissoudre cette assemblée et à organiser des élections anticipées le 9 avril. Lundi, la coalition du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait décidé à l’unanimité de dissoudre le Parlement, alors qu’elle ne disposait plus que d’une faible majorité de 61 députés, sur 120, à la Knesset depuis la démission du ministre de la défense, Avigdor Lieberman, le 14 novembre, et le retrait de son parti de droite ultranationaliste, Israël Beitenou. Lire aussi En Israël, la coalition au gouvernement annonce la dissolution du Parlement Votée à 102 voix contre deux, cette loi prend effet immédiatement, le Parlement étant dissous jusqu’aux élections – presque quatre ans après le dernier scrutin, en mars 2015. Le gouvernement reste en place, mais il ne peut pas prendre des décisions nécessitant l’accord du Parlement, comme le vote de nouvelles lois. Record de longévité En poste depuis près de dix ans – après un premier mandat dans les années 1990 –, Benyamin Nétanyahou, 69 ans, a récemment échoué à faire voter une loi sur la conscription des ultraorthodoxes juifs dans l’armée, à laquelle s’opposent deux partis ultrareligieux de la coalition. Le vote de la loi avait été reporté à deux reprises, et aucun compromis entre les partis n’avait pu être trouvé. Le premier ministre est par ailleurs menacé d’être inculpé pour « corruption » dans trois affaires, à la suite d’une recommandation de la police israélienne en ce sens. Dimanche, le procureur général, Avichai Mandelblit, a indiqué qu’il se prononcerait d’ici à la fin du premier trimestre 2019 sur ces affaires. Aucun des sondages ne prévoit cependant la fin du long mandat de Benyamin Nétanyahou, qui serait alors en passe de battre le record de longévité (plus de treize ans) du premier des premiers ministres de l’Etat d’Israël, David Ben Gourion.
Début janvier, une série de 22 mesures exceptionnelles, s’appliquant à 43 quartiers sensibles, entrera en vigueur. Son but : démanteler les « sociétés parallèles » au Danemark. Une initiative très critiquée.
Le Danemark part en guerre contre ses « ghettos »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/le-danemark-part-en-guerre-contre-ses-ghettos_5402418_3210.html
26/12/2018
international
Le quartier de Hejrevej à Copenhague, peu après une fusillade, le 20 novembre 2018. Bax Lindhardt / AP Marianne, 32 ans, ne comprend pas. Six ans que cette vendeuse de supermarché habite à Tingbjerg, à l’ouest de Copenhague, et qu’elle n’a « jamais été cambriolée, jamais eu de problèmes avec [s]es voisins ou eu peur de sortir seule, même la nuit ». Cette histoire de ghetto, dit-elle, « c’est juste un truc de politiciens ». Annette, 70 ans, pense pareil. Retraitée, elle vit ici depuis quarante-sept ans et n’a jamais songé à déménager. Pourquoi donc ? Elle montre du doigt les aires de jeux, entre les bâtiments de brique jaune à trois étages, les pelouses où des jardiniers plantent des rangées de crocus, le petit ruisseau qui coule derrière la piste cyclable… Au fil des ans, le quartier a changé. Aujourd’hui, 73 % des 6 500 habitants sont d’origine étrangère « hors Occident », selon les statistiques du ministère des transports et du logement. Et parfois, dans la rue, ça se gâte : « Il y a des règlements de comptes entre groupes de jeunes, mais ce n’est pas nouveau et cela n’arrive pas très souvent non plus », confie Annette, qui insiste : « Il fait bon vivre ici. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Danemark veut parquer sur une île les migrants délinquants en attente d’expulsion Tingbjerg figure pourtant sur la liste des quartiers visés par le « plan ghetto », adopté par une majorité de députés danois, le 22 novembre, et qui entrera en vigueur début janvier. Au total, vingt-deux mesures pour se débarrasser de ce que le gouvernement libéral-conservateur, soutenu par les populistes du Parti du peuple danois, les sociaux-démocrates et le Parti populaire socialiste, appelle les « sociétés parallèles ». Des « trous dans la carte du Danemark », a martelé le premier ministre, Lars Lokke Rasmussen. Refus des maires Dans ces quartiers, les enfants de plus d’un an devront désormais aller à la crèche au moins vingt-cinq heures par semaine, à moins que leurs parents démontrent qu’ils sont capables de les stimuler en danois. Si ceux-ci refusent, ils perdront les allocations familiales. Même chose si leurs aînés manquent plus de 15 % de leurs cours. Les établissements scolaires ne pourront pas accueillir plus de 30 % des enfants issus de ces quartiers et les écoles affichant de trop mauvais résultats scolaires seront pénalisées. Par ailleurs, la police pourra durcir temporairement les condamnations pour certains crimes et délits commis dans ces quartiers. Les criminels en seront bannis, et leurs familles risqueront d’en être expulsées. Le plan prévoit aussi d’y limiter à 40 % d’ici à 2030 le nombre de logements sociaux occupés par des familles, qui constituent la très grosse majorité des locataires.
La surpopulation carcérale s’accentue, avec plus de 71 000 détenus pour 60 000 places. Près du tiers des personnes incarcérées sont dans l’attente de leur jugement.
71 000 détenus dans les prisons en France, un record
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/26/nouveau-record-de-detenus-dans-les-prisons-francaises_5402413_1653578.html
26/12/2018
police-justice
Un gardien au centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse, le 27 novembre. JEFF PACHOUD / AFP Le nombre de détenus dans les prisons françaises a établi un nouveau record au 1er décembre, avec 71 061 personnes incarcérées, selon les chiffres de l’administration pénitentiaire publiés mercredi 26 décembre. Ainsi, 82 634 personnes étaient placées sous écrou, dont 11 573 sous surveillance électronique ou à l’extérieur. Le nombre très symbolique de 70 000 détenus dans les 187 établissements pénitentiaires de France (départements et territoires ultramarins compris) avait, lui, été atteint en avril. Avec plus de 71 000 détenus pour 60 000 places opérationnelles, la densité carcérale s’établit désormais à 118,2 % dans les prisons françaises, qui souffrent d’une surpopulation chronique, contre 117,8 % un an plus tôt. Mais c’est une moyenne. La surpopulation dépasse 140 % dans les maisons d’arrêt, des établissements qui accueillent les courtes peines ou les personnes en attente de jugement. Certaines affichent même un taux d’occupation de plus de 200 %. La population carcérale en hausse depuis 2009 Ensemble des personnes écrouées, prévenues et condamnées. Direction de l'administration pénitentiaire Source : 7 000 places supplémentaires d’ici à 2022 Pour lutter contre cette surpopulation, le gouvernement a promis la création de 7 000 places de prison d’ici à la fin du quinquennat, parallèlement à une redéfinition de l’échelle des peines. Celle-ci fera baisser la population carcérale de 8 000 détenus, la ramenant à ses niveaux de 2008-2010, selon la garde des sceaux, Nicole Belloubet. La ministre de la justice veut notamment proscrire l’emprisonnement pour les très courtes peines, tout en garantissant l’application des peines d’emprisonnement de plus d’un an et en multipliant les alternatives en milieu ouvert. Comme en octobre, près du tiers des personnes incarcérées sont des prévenus détenus dans l’attente de leur jugement. La part des femmes (3,8 % de la population carcérale totale) et celle des mineurs (1 %) étaient stables au 1er décembre.
Le deuxième volet des aventures de l’ourson gaffeur, qui se déroulent à Londres, est drôle et bon enfant.
« Paddington 2 » : le retour d’un ours délicieusement « british »
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/26/paddington-2-le-retour-d-un-ours-delicieusement-british_5402411_1655027.html
26/12/2018
televisions-radio
« Paddington 2 » (2017), film d’animation britannique et français de Paul King. STUDIOCANAL Canal+, mercredi 26 décembre à 21 heures, film d’animation Les premières aventures cinématographiques de l’ourson péruvien gaffeur baptisé d’un nom de gare londonienne et installé dans le quartier cosy de la famille Brown datent de 2014. Le film mi-peluche mi-réel avait fait un carton mondial, suivant l’exemple de la saga littéraire sexagénaire de Michael Bond, vendue à quelque 35 millions d’exemplaires sur la planète Terre, y faisant flotter l’étendard de l’excentricité britannique. Le retour de la bête en cette période de Noël, repassant avec les mêmes convives des plats dont on ne se lasse pas, est une inspiration justifiée. Tout part ici d’une idée de cadeau pour la tante Lucy, restée au pays. Paddington repère dans un magasin d’antiquités un magnifique livre en pop-up de Londres. L’ouvrage étant onéreux, le plantigrade à chapeau mou se lance avec une réussite relative dans une succession de petits métiers. Mais un autre individu, Phoenix Buchanan, s’intéresse au livre et le dérobe. Acteur déchu, travaillant dans un cirque, il est à la recherche d’un trésor dont les indices se trouvent dans le livre. Hugh Grant en acteur mégalo Tandis que Paddington, accusé du vol, est enfermé dans une prison qu’il a tôt fait de transformer en pâtisserie modèle, une course contre la montre s’engage entre la famille Brown et Buchanan, à laquelle Paddington et quelques-uns de ses nouveaux amis, évadés de la geôle, se joignent. Il s’ensuit un spectacle drôle et bon enfant, ponctué de remarquables morceaux de bravoure délicieusement british (la visite de Londres en pop-up, la chaîne de fabrication de marmelade en prison, la poursuite infernale en train d’époque). C’est un véritable concentré britannique que le réalisateur offre ici. Il y a Londres avec ses maisons charmantes, ses intérieurs vieux rose et vert pomme et ses monuments. Mais aussi Hugh Bonneville (figure de proue de la série Downton Abbey) dans le rôle de Mr Brown. Sally Hawkins dans ­celui de Mrs Brown. Brendan ­Gleeson, l’Irlandais dur à cuire en chef de cuisine pénitentiaire. Hugh Grant enfin, symbole mondial du séducteur anglais, dans le rôle d’un acteur mégalomaniaque, nul et méchant. Sans parler de la similitude d’éléments significatifs du scénario avec quelques aventures du génial duo de marionnettes animées Wallace et Gromit, de Nick Park. Paddington 2, de Paul King. (RU/Fr, 2017, 105 min). www.paddington.com/fr
Pierre Mounier propose une analyse stimulante des relations complexes entre ces deux disciplines, qui ont fait émerger ce nouveau champ que sont les humanités numériques.
Mariage compliqué entre informatique et humanités
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/26/mariage-complique-entre-informatique-et-humanites_5402408_1650684.html
26/12/2018
sciences
« Les Humanités numériques », de Pierre Mounier (Maison des sciences de l’homme, 175 pages, 13,50 euros) Le livre. Depuis les années 2000, une nouvelle discipline académique a émergé aux frontières de l’informatique et des sciences humaines et sociales : les humanités numériques. Elles ont leurs conférences, leurs centres de recherche de pointe, et bien sûr leurs découvertes. Pêle-mêle, on y trouve aussi bien des projets de numérisation de grands corpus littéraires ou archéologiques, le développement et l’utilisation d’outils de fouilles algorithmiques dans les textes et les images, ou la visualisation de liens cachés entre des acteurs ou des documents. La nouveauté et la puissance des ordinateurs rajeunissent et séduisent, mais à quoi a-t-on affaire réellement ? s’interroge Pierre Mounier, ingénieur de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et directeur adjoint de la plate-forme Open Edition consacrée à l’édition en ligne de livres, articles ou blogs. Est-ce un replâtrage de « vieilles » sciences ? Une refondation et donc une discipline vraiment neuve ? Ou de la poudre aux yeux, voire une menace, paradoxale, contre les sciences humaines et sociales ? Origines inattendues Pour y répondre, l’auteur commence par nous plonger dans les origines inattendues de ce champ, qui feront déjà pressentir la réponse. C’est en effet dans une alliance surprenante entre le géant de l’informatique IBM et un jésuite italien spécialiste de Thomas d’Aquin que naît cette thématique à partir des années 1950 (le terme « humanités numériques » n’apparaîtra que dans les années 2000). L’informaticien apporte son aide au littéraire pour numériser et surtout analyser quelque 70 000 pages. L’essai revient aussi, après avoir décrit divers courants de pensée du domaine, sur un autre moment phare de cette histoire, le projet Culturomics, lancé en 2011. Il s’agit d’une plongée dans la vaste bibliothèque Google Books à partir de la fréquence d’apparition des mots dans ce corpus de plusieurs millions de livres. Cette réduction de l’histoire ou de la culture mondiale à un seul paramètre, la fréquence des mots, est certes séduisante mais fortement réductrice, selon Pierre Mounier, qui détaille d’autres défauts de ce projet. Il insiste aussi sur la dimension questionnable qu’introduit Culturomics dans les sciences sociales : l’ambition de prédire les phénomènes. La critique se fait plus profonde lorsque l’auteur aborde la nature de la science informatique qui cherche à se marier aux humanités. Selon lui, l’informatique n’est qu’un nouvel avatar des technosciences, comme le nucléaire ou les biotechnologies, critiquées depuis les années 1960 pour leur idéologie ou leur accointance avec les complexes militaro-industriels.
Miguel Angel Ibarra a été suspendu pour usage de faux documents, qui lui ont permis d’exercer dans plusieurs paroisses en Colombie puis en Andalousie.
Un faux prêtre officiait depuis dix-huit ans en Colombie puis en Espagne
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/un-faux-pretre-officiait-depuis-dix-huit-ans-en-colombie-puis-en-espagne_5402405_3210.html
26/12/2018
international
Miguel Angel Ibarra exerçait comme prêtre depuis au moins dix-huit ans. Du moins, officiellement. Pourtant, ce Colombien, qui exerçait dans une paroisse d’Andalousie, dans le sud de l’Espagne, n’avait jamais été ordonné. Peu avant Noël, il a été suspendu de ses fonctions, a-t-on appris par la chaîne de télévision colombienne Caracol le 21 décembre. Le quotidien espagnol El País relate comment l’homme a réussi à exercer dans plusieurs paroisses, en disant être prêtre depuis son ordination, en 1998, documents à l’appui. Il a notamment été accepté, en 2011, à Santa Fe de Antioquia, dans l’ouest de la Colombie, où il a exercé dans plusieurs paroisses. Puis, en octobre 2017, il est arrivé en Espagne dans le cadre d’un accord entre l’archevêché de Santa Fe et le diocèse de Cadix. Des accords de ce type peuvent être établis dans les pays occidentaux qui manquent de prêtres. Plainte pour faux Avant de commencer à officier dans le diocèse, Miguel Angel Ibarra a présenté « tous les documents nécessaires », selon le communiqué de l’évêché de Cadix. Ceux-ci auraient été préalablement vérifiés par l’Eglise catholique colombienne. L’homme a ensuite exercé à La Coronada et Medina Sidonia, petites villes du sud de l’Espagne. Après une dénonciation pour faux, l’archevêché de Santa Fe de Antioquia a mené une « enquête approfondie », qui a conclu que Miguel Angel Ibarra n’avait jamais reçu l’ordination. Le diocèse de Cadix et Ceuta a immédiatement suspendu l’imposteur de ses fonctions. Selon le site de la chaîne de télévision colombienne Noticias Caracol, cela faisait plusieurs mois que des doutes planaient autour de ce prêtre. Miguel Angel Ibarra conteste cette version. Selon lui, il a été ordonné prêtre le 4 janvier 1998 par Augusto Trujillo Arango, archevêque de Tunja (Colombie) dans sa chapelle privée. Ce dernier est mort en 2007, avant que Miguel Angel Ibarra n’apparaisse à Santa Fe de Antioquia. Il a déclaré au quotidien espagnol El País qu’il allait se rendre en Colombie avec un avocat pour se défendre auprès de l’archevêché de Santa Fe. Il explique que la publicité de l’affaire, depuis vendredi, est une « blessure psychologique et morale ». Les baptêmes et les mariages valides Suivant un cas similaire à Séville en 2012, le diocèse de Cadix assure que les baptêmes et les mariages célébrés par ce prêtre sont toujours valides si les fidèles étaient de bonne foi – une position qui fait débat. Ces cérémonies n’ont pas besoin d’être de nouveau effectuées mais elles sont tout de même illicites, ce qui signifie que le prêtre n’avait pas le droit de mener ces cérémonies du point de vue de la loi canonique. Mais pour d’autres sacrements, c’est différent : les eucharisties administrées et les confessions entendues sont quant à elles considérées comme invalides. Une porte-parole du diocèse de Cadix a tout de même précisé que « la grâce de Dieu » agissait sur les fidèles trompés par le curé.
L’élu avait renvoyé une sénatrice d’EELV à son « pot de maquillage ». Gilles Le Gendre, à la tête du groupe majoritaire à l’Assemblée, dénonce des paroles « inadmissibles ».
Propos sexistes : Joachim Son-Forget recadré par le chef des députés LRM
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/26/gilles-le-gendre-denonce-des-propos-sexistes-inadmissibles-d-un-depute-lrm_5402400_823448.html
26/12/2018
politique
Le député des Français de l’étranger, Joachim Son-Forget, à l’Assemblée nationale, le 21 février. JACQUES DEMARTHON / AFP Le chef de file des députés La République en marche (LRM), Gilles Le Gendre, a dénoncé, mercredi 26 décembre, les « propos inadmissibles » du député LRM des Français établis à l’étranger Joachim Son-Forget. « Avec le pot de maquillage que vous vous mettez sur la tête, vous incarnez plus que jamais ce que vous tentez maladroitement de caricaturer », avait-il tweeté, lundi, à la sénatrice Europe Ecologie-Les Verts (EELV) du Val-de-Marne Esther Benbassa. Avec le pot de maquillage @EstherBenbassa que vous vous mettez sur la tête, vous incarnez plus que jamais ce que vo… https://t.co/1EO6W5RkrG — sonjoachim (@𝙹𝚘𝚊𝚌𝚑𝚒𝚖 𝚂𝚘𝚗-𝙵𝚘𝚛𝚐𝚎𝚝 💡) « Sexisme » et « vulgarité » « Le bureau du groupe parlementaire LRM se désolidarise de notre collègue Joachim Son-Forget à la suite de ses propos inadmissibles contre la sénatrice Esther Benbassa. Aucune controverse politique ne justifie de verser dans le sexisme et la vulgarité », a déclaré M. Le Gendre sur Twitter. « Je tremble », a rétorqué le député à un message d’un référent local LRM appelant à son exclusion. Le Bureau du Groupe parlementaire @LaREM_AN se désolidarise de notre collègue @sonjoachim à la suite de ses propos… https://t.co/d3Adl7lE6G — GillesLeGendre (@Gilles Le Gendre) De son côté, la sénatrice a estimé auprès de l’Agence France-presse (AFP) que « l’expression sans complexe d’un tel sexisme, venant d’un parlementaire, après #metoo, a de quoi laisser sans voix ». Dans un premier tweet, Mme Benbassa commentait une déclaration de Brigitte Macron sur les « gilets jaunes », rapportée par Le Monde. M. Son-Forget lui avait répondu sur Twitter, la renvoyant à son « pot de maquillage ». La sénatrice a « détourné » « une citation prêtée à la première dame » pour mettre de l’huile « sur le feu », a-t-il riposté sur Twitter, avant de se défendre : « La référence au maquillage ne peut en aucun cas être mélangée à une attaque sur le physique ». « Falsifier une citation prêtée à la première dame sur la violence et la vulgarité observées à Paris, la déplacer hors contexte en la généralisant pour lui prêter l’idée d’un mépris de classe, ça, c’est inadmissible », a ajouté le député. En septembre, le député des Français de l’étranger avait déjà reçu de vives critiques pour avoir défendu le forain Marcel Campion, qui avait tenu des propos homophobes à propos d’élus parisiens.
Le Français Jean-Jacques Savin a quitté la petite île d’El Hierro, dans les Canaries, mercredi matin, d’où il espère rallier les Caraïbes en trois mois.
Un aventurier septuagénaire se lance dans la traversée de l’Atlantique en tonneau
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/26/un-aventurier-septuagenaire-se-lance-dans-la-traversee-de-l-atlantique-en-tonneau_5402394_3242.html
26/12/2018
sport
Jean-Jacques Savin prépare sa traversée de l’Atlantique avec son tonneau aux allures de capsule spaciale, le 15 novembre. GEORGES GOBET / AFP Le Français Jean-Jacques Savin a commencé, mercredi 26 décembre, sa tentative de traversée de l’Atlantique en tonneau, par la seule force des courants. Il a quitté la petite île d’El Hierro, dans les Canaries au matin, d’où il espère rallier les Caraïbes en trois mois. « J’ai un temps formidable, avec une houle d’un mètre, et je me déplace à 2 ou 3 km/h. Pour l’instant, ma capsule se comporte très bien, et j’ai des vents favorables annoncés jusqu’à dimanche », a expliqué à l’Agence France-Presse ce sportif septuagénaire qui préparait sa tentative depuis des mois dans le petit chantier naval d’Arès, sur le bassin d’Arcachon (Gironde). Trois mètres de long, 2,10 m de diamètre et un poids de 450 kg à vide : son tonneau aux airs de capsule spatiale, avec sa forme oblongue et ses côtés biseautés, est construit en contre-plaqué époxy, procédé qui durcit la matière pour la faire résister à l’assaut des vagues, et accessoirement aux attaques éventuelles d’orques. A l’intérieur, Jean-Jacques Savin dispose de 6 m2 d’espace de vie, un coin couchette, un coin cuisine, un bureau des cartes et un côté stockage. Et, au sol, un hublot pour voir les poissons. La capsule de Jean-Jacques Savin, en novembre 2018. GEORGES GOBET / AFP Etude des courants L’ancien militaire parachutiste, qui a baroudé en Afrique, où il a également travaillé comme pilote privé et conservateur de parc national, est déjà prêt pour la Saint-Sylvestre : « J’ai emmené un petit sauternes et du foie gras. » Avant d’embarquer, il avait aussi prévu du saint-émilion pour fêter ses 72 ans, le 14 janvier. L’aventurier espère que les courants le porteront naturellement, sans recours à une voile ou des rames, jusqu’aux Caraïbes : « Peut-être les Barbades, mais j’aimerais bien une île française, comme la Martinique ou la Guadeloupe. Ce serait plus facile pour les papiers, et pour ramener le tonneau », a-t-il souligné. Pour la science, il doit aussi larguer des balises de la Joint Technical Commission for Oceanography and Marine Meteorology in-situ Observing Programmes Support (Commission technique mixte d’océanographie et de météorologie maritime - Appui aux programmes d’observation in situ ) afin d’étudier les courants. Il fera par ailleurs lui-même l’objet de tests sur la solitude en milieu clos. Même le vin sera à l’épreuve : du Bordeaux dans une amphore en terre cuite sera comparé au même vin resté à terre. L’aventure, sponsorisée par le fabricant girondin de tonneaux Boutes, repose sur un budget de 60 000 euros, rassemblés notamment grâce à un financement participatif.
Rencontre avec Mamoru Hosoda à l’occasion de la sortie de son film « Miraï, ma petite sœur » dans lequel il a pris ses propres enfants pour modèles.
Les dessous d’une scène de « Miraï, ma petite sœur » expliquée par son réalisateur
https://www.lemonde.fr/cinema/video/2018/12/26/les-dessous-d-une-scene-de-mirai-ma-petite-s-ur-expliquee-par-mamoru-hosoda_5402385_3476.html
26/12/2018
cinema
dèles. L’une des premières scènes-clés du film d’animation Miraï, ma petite sœur, de Mamoru Hosoda, montre la découverte de sa petite sœur qui vient de naître par un enfant de 4 ans. Le réalisateur japonais, rencontré à Paris, raconte qu’il a pris ses deux enfants pour modèles pour rendre les enfants du film encore plus réaliste. Tout d’abord, il explique que « ce film n’aurait pas pu se faire autrement qu’en animation », car « il aurait été impossible de faire jouer cette scène par des enfants dans un film en prise de vue réelle ». Pour s’assurer que les dessinateurs restituent avec justesse les mouvements des jeunes enfants, il a ainsi amené son fils et sa fille dans le studio d’animation. C’était pour lui le meilleur moyen de montrer à son équipe « le déséquilibre du corps » d’un enfant ou la « finesse de ses cheveux ». Dans ce film, le réalisateur approfondit les thèmes de la famille et de l’apprentissage des enfants, déjà explorés dans ses précédents films, comme Summer Wars (2009), Les Enfants loups (2012) et Le Garçon et la Bête (2015). Mamoru Hosoda explique que dans ce film, « le personnage est un anonyme qui va découvrir son identité grâce à sa famille ».
Malgré ce rattrapage tardif, le Conseil national des centres commerciaux déplore toujours un manque à gagner du fait de la crise des « gilets jaunes ».
« Gilets jaunes » : la fréquentation des centres commerciaux a rebondi de 6 % avant Noël
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/26/gilets-jaunes-la-frequentation-a-rebondi-de-6-avant-noel-dans-les-centres-commerciaux_5402383_3234.html
26/12/2018
economie
Après cinq week-ends de forte baisse due au mouvement des « gilets jaunes », la fréquentation des centres commerciaux a rebondi de plus de 6 % en France, samedi 22 et dimanche 23 décembre, selon le Conseil national des centres commerciaux (CNCC). « Juste avant Noël, les consommateurs ont retrouvé le chemin des pôles commerciaux, qu’ils soient situés en centre-ville où en périphérie, a déclaré Gontran Thüring, délégué général du CNCC, mercredi 26 décembre dans un communiqué. « Après cinq week-ends en forte baisse, c’est une bonne nouvelle. » Toutefois, la fédération déplore toujours un manque à gagner : « Ce rattrapage tardif ne permettra pas de récupérer le chiffre d’affaires qui aurait dû être réalisé sans la crise des “gilets jaunes” », affirme M. Thüring. Cinq week-ends de méventes Selon l’organisation professionnelle, son indice — le CNCC/Quantflow, basé sur un comptage automatique réalisé dans 280 centres commerciaux sur les 800 que compte le pays — a enregistré, le week-end dernier, une hausse de fréquentation de plus de 6 %, contre un repli de 17 % samedi 8 décembre ou encore de 14 % samedi 24 novembre. Le CNCC avait expliqué la semaine dernière que les cinq week-ends de méventes d’affilée avaient coûté 2 milliards d’euros au secteur du commerce. « Il faut espérer que les mesures annoncées en faveur du pouvoir d’achat bénéficieront à la consommation des ménages, notamment pendant la période des soldes d’hiver qui s’annonce », met en avant le CNCC mercredi. La fédération « regrette » ainsi « la date trop tardive » du début des soldes, soit le 9 janvier en 2019, « alors qu’elle débute de façon plus précoce chez tous nos voisins européens ». Le Conseil national des centres commerciaux fédère l’ensemble des professionnels de l’industrie des centres commerciaux, soit près de 400 sociétés et 37 000 commerces.
Les centaines de lettres échangées entre les deux écrivains entre 1866 et 1876, l’une des correspondances les plus stimulantes qui soient, paraissent pour la première fois en poche. L’écrivaine Agnès Desarthe s’y est replongée.
George Sand et Gustave Flaubert se disent tout
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/26/george-sand-et-gustave-flaubert-se-disent-tout_5402343_3260.html
26/12/2018
livres
Tu aimes trop la littérature, elle te tuera. Correspondance, de George Sand et Gustave Flaubert, édité par Danielle Bahiaoui, Le Passeur, 672 p., 11,90 €. George Sand et Gustave Flaubert. ALINE BUREAU Voici que revient la saison des résolutions. Ne plus fumer, boire de l’eau, arrêter de regarder des séries, faire du sport, se lever tôt. Comment ne pas se décourager, désobéir ? Se réveiller tard, clope au bec, télé allumée dans des vapeurs d’alcool, avec un fort désir d’engloutir deux croissants. Et si nous recommencions plutôt à écrire, à nous écrire, les uns aux autres, des lettres, des vraies, avec enveloppes et timbres. Si, plutôt que de songer à devenir efficaces, nous choisissions de retourner à la lenteur du courrier : tortue postale contre lièvre informatique. Telle est la résolution que l’on brûle d’adopter en lisant Tu aimes trop la littérature, elle te tuera. Marionnettes plus vraies que nature C’est sous ce titre, choisi avec humour et pertinence par Danielle Bahiaoui, préfacière du volume, que paraissent, en édition de poche chez Le Passeur, les dix années de correspondance entre George Sand (1804-1876) et Gustave Flaubert (1821-1880). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean Clair, René Descartes, Colette Pétonnet, Simone Weil… Une sélection d’essais en poche pour la fin de l’année De 1866 à 1876, les deux écrivains échangent plusieurs centaines de lettres. Ils y parlent littérature, politique, comparent leurs méthodes de travail, leurs modes de vie, se soutiennent, envisagent de se prêter de l’argent, font le portrait de leurs contemporains, animant ainsi le castelet épistolaire de marionnettes plus vraies que nature : Victor Hugo, Ivan « Tourgueneff », Pauline Viardot, Emile Zola, Alexandre Dumas, entre autres, apparaissent ainsi au fil des pages. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Courriers lettrés : passionnantes correspondances Il est question de saisons, d’enfants qui grandissent, de parents qui vieillissent, des affaires qui vont tantôt mal, tantôt mieux, d’amis qui disparaissent et dont l’absence est intolérable, de la vieillesse qui vient, menaçante pour l’un, sereine pour l’autre. George conte ses baignades quotidiennes dans l’Indre froide, conseille à Gustave de faire de l’exercice, de marcher au moins, s’il ne désire pas, comme elle le fait elle-même, courir dans les bois. Divergences constantes La pratique du sport n’est pas l’unique sujet de dissension entre eux. Ils ne sont d’accord sur presque rien, ce qui rend leurs échanges stimulants, comme en témoignent ces mots de Sand : « Tes lettres tombent sur moi comme une pluie qui mouille, et fait pousser tout de suite ce qui est en germe dans le terrain. Elles me donnent l’envie de répondre à tes raisons, parce que tes raisons sont fortes et poussent à la réplique. »
Adlène Mellah, directeur des sites d’information Algérie Direct et Dzair Presse, a été reconnu coupable d’« attroupement ».
Un journaliste algérien condamné à un an de prison ferme après une manifestation
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/un-journaliste-algerien-condamne-a-un-an-de-prison-ferme-apres-une-manifestation_5402318_3212.html
26/12/2018
afrique
Le palais de justice d’Alger, en 2015. FAROUK BATICHE / AFP Un tribunal d’Alger a condamné, mardi 25 décembre, à un an de prison ferme le journaliste algérien Adlène Mellah, reconnu coupable d’« attroupement », a annoncé son avocat à l’AFP. Arrêté le 9 décembre dans la capitale algérienne, le directeur des sites d’information Algérie Direct et Dzair Presse, était accusé « d’attroupement », d’« incitation à un attroupement non armé », d’« outrage à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions » et de « rébellion ». Selon Reporters sans frontières (RSF), qui avait réclamé sa libération immédiate, le journaliste avait participé « devant le théâtre national à Alger à une manifestation de soutien au chanteur Reda City 16, en détention depuis octobre ». « Je suis choqué » Il a finalement été condamné à un an de prison ferme pour attroupement, a déclaré Me Abdel Ghani Badi, précisant que le délit d’« outrage à fonctionnaire » n’avait pas été retenu par le tribunal. Le 18 décembre, un procureur avait requis trois ans de prison ferme contre ce journaliste. Me Badi a indiqué à l’AFP que la défense allait interjeter appel. En attendant, Adlène Mellah devra rester en détention, a-t-il déploré. « Je suis choqué de voir des citoyens algériens accusés d’attroupement non autorisé en 2018 alors que le droit de manifester est garanti par la Constitution », a insisté l’avocat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Algérie, la presse en ligne touchée par une vague d’arrestations Le journaliste devra également comparaître le 7 février dans une autre affaire, pour « chantage », « atteinte à la vie privée » et « diffamation ». Dans ce dossier, il est, avec ses coaccusés, visé par une plainte déposée par Anis Rahmani, patron du plus grand groupe de médias privé d’Algérie (Ennahar), Abdelkader Zoukh, wali (préfet) d’Alger, et Abderrahmane Benhamadi, PDG du conglomérat d’électronique et d’électroménager Condor.
Si le coût direct du blocage de l’Etat fédéral américain devrait être limité mais il se produit dans un climat d’inquiétudes économiques
Derrière le « shutdown » américain, les craintes sur le plafond de la dette
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/26/derriere-le-shutdown-americain-les-craintes-sur-le-plafond-de-la-dette_5402311_3234.html
26/12/2018
economie
Les discussions au Congrès achoppent sur les 5 milliards de dollars réclamés par Donald Trump pour la construction d’un mur antimigrants à la frontière mexicaine. Jacquelyn Martin / AP Durera-t-il quelques jours, une semaine, ou beaucoup plus ? Au lendemain de Noël, le doute planait encore sur l’issue du « shutdown », l’impasse budgétaire qui a provoqué la fermeture partielle de nombreuses administrations américaines vendredi 21 décembre. Les discussions au Congrès achoppent sur les 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) réclamés par le républicain Donald Trump pour la construction d’un mur antimigrants à la frontière mexicaine. Et que les démocrates rejettent avec véhémence. « Le président Trump plonge le pays dans le chaos », ont accusé, lundi 24 décembre, Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants, et Chuck Schumer, son homologue au Sénat. Aucun vote sur le sujet n’était prévu jeudi 27 décembre, la crise pourrait s’enliser jusqu’au 3 janvier, lorsque les démocrates prendront le contrôle de la Chambre. Pas étonnant, dès lors, que les inquiétudes sur le coût du blocage de l’Etat fédéral resurgissent. Ce shutdown est le dix-neuvième depuis 1976 – et le troisième depuis le début de l’année, après celui de quelques jours en janvier et celui de quelques heures en février. En octobre 2013, sous Barack Obama, la paralysie avait duré 16 jours – moins que le record de 21 jours sous Bill Clinton, en 1995-96. 800 000 fonctionnaires sont en congés sans solde depuis le 22 décembre Chaque fois, le même psychodrame se rejoue. Cette fois, 800 000 fonctionnaires sont en congés sans solde depuis le 22 décembre, faute de budget – ou contraints de travailler sans être payés dans les services essentiels. La sécurité intérieure, la police fédérale, les transports, le Trésor et l’intérieur, qui supervise les parcs nationaux, sont affectés. Ce qui, en période de vacances, pourrait pénaliser le tourisme. Tout comme les fournisseurs de l’Etat, dont les factures seront réglées en retard. Des passeports risquent de ne pas être délivrés à temps, et les agents publics dépenseront moins. Au point de freiner la consommation et la croissance ? « Il est très difficile de mesurer le coût précis du shutdown, cela dépend du périmètre retenu », explique le service de recherche du Congrès, dans une note publiée début décembre. « S’il dure deux semaines, l’impact direct sera limité à 0,1 point de produit intérieur brut (PIB) », estime Nancy Vanden Houten, chez Oxford Economics. Les chercheurs de Capital Economics, eux, le chiffrent à 0,2 point de PIB, tout au plus. Motif : nombre d’agences devaient de toute façon fermer pendant les fêtes. En outre, le Congrès avait déjà voté le budget des trois quarts des administrations fédérales avant le blocage – celles-ci seront donc peu touchées. Kevin Hassett, l’un des conseillers économiques de la Maison Blanche, a également rappelé qu’après les précédents shutdowns, les fonctionnaires avaient été payés a posteriori pour les heures non travaillées.
Abdelali Hamieddine est poursuivi pour « participation à un homicide volontaire » dans un dossier datant de 1993, pour lequel il a déjà été jugé.
Maroc : ouverture du procès controversé d’un dirigeant du parti islamiste
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/maroc-ouverture-du-proces-controverse-d-un-dirigeant-du-parti-islamiste_5402295_3212.html
26/12/2018
afrique
Abdelali Hamieddine (4e en partant de la droite) pendant la réunion du conseil national du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste) marocain, en mars 2017. Compte Twitter @PJDofficiel Le procès controversé d’Abdelali Hamieddine, un haut responsable du Parti justice et développement (PJD, islamiste) qui mène la coalition gouvernementale au Maroc, s’est ouvert, mardi 25 décembre, à Fès, dans le nord du pays. Un important dispositif policier était mobilisé aux abords de la cour d’appel. Le procès, qui a débuté en présence de dizaines de personnes venues soutenir la partie civile et le dirigeant islamiste, a rapidement été renvoyé au 12 février 2019, ont rapporté des médias locaux. « Principes élémentaires du droit » Le haut responsable du PJD est poursuivi dans une affaire pour laquelle il avait déjà été jugé en 1993 : des affrontements entre étudiants islamistes et de gauche avaient à l’époque entraîné la mort d’un de ces derniers, Mohamed Ait Ljid. Abdelali Hamieddine, qui étudiait alors à l’université de Fès, avait été condamné à deux ans de prison pour « participation à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort ». En juillet 2017, des proches de la victime ont déposé une nouvelle plainte. Et le juge d’instruction a décidé il y a quelques semaines de poursuivre le responsable islamiste, en requalifiant les faits, pour « participation à un homicide volontaire ». « Ce procès n’a pas lieu d’être. Hamieddine a déjà été jugé, et cette décision judiciaire est définitive », a argué mardi l’un de ses avocats, Abdessamad Idrissi, peu avant l’ouverture du procès. « Selon les principes élémentaires du droit, on ne peut condamner une personne à deux reprises » pour les mêmes faits, a-t-il noté. « Il faut laisser la justice faire son travail », a rétorqué l’un des avocats de la partie civile, Jaouad Benjelloun Touimi. Tollé chez les magistrats Le PJD a exprimé son « soutien unanime » à M. Hamieddine, et le chef du gouvernement, Saad-Eddine Al-Othmani, qui en est issu, a qualifié d’« incompréhensible » la décision du juge d’instruction. Le ministre d’Etat chargé des droits de l’homme (et ex-ministre de la justice), Mustapha Ramid, autre figure du PJD, s’est également exprimé de façon très tranchée sur le sujet, soulevant un tollé chez les magistrats qui dénoncent une atteinte à l’indépendance de la justice. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand l’islamisme se confronte aux réalités du pouvoir Comme d’autres caciques du parti islamiste, l’ex-chef du gouvernement Abdelilah Benkirane était présent mardi à la cour d’appel de Fès pour apporter son soutien à Hamieddine, dont il est réputé très proche. L’université de Fès a par le passé été à maintes reprises le théâtre de heurts entre des étudiants islamistes et des militants de la gauche radicale. En avril 2014, de violents affrontements avaient fait un mort parmi ces derniers.
Nul n’en doute : réduire le volume de ses poubelles en compostant ses déchets végétaux est bénéfique pour la planète. Au point que la question a remplacé les « débats » sur les régimes végétarien ou sans gluten. Surtout chez les citadins.
Le compost est devenu un sujet de conversation dans les dîners en ville
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/26/le-compost-est-devenu-un-sujet-de-conversation-dans-les-diners-en-ville_5402281_4500055.html
26/12/2018
m-le-mag
LAUREN KOLESINSKAS On appelle ça le point compost. Ce moment où, dans un dîner, quelqu’un place dans la conversation qu’il composte ses déchets. Les questions fusent : c’est pas compliqué ? (Non, mais quand même.) C’est pas dégoûtant ? (Pas du tout.) Ça ne sent pas mauvais ? (Au contraire…) Le point compost a remplacé les questions posées aux végétariens ou aux allergiques au gluten, tout le monde ayant désormais un avis sur le sujet. Si quelqu’un avoue jardiner sur son balcon, on lui demande forcément s’il fait son compost, tout comme on demande au végétalien s’il porte des chaussures en cuir. Pour mesurer son intégrité. Parler avec enthousiasme de son compost à ses amis peut être une revanche sur les efforts passés à tenter de convaincre la copropriété d’installer un lombricomposteur. Pour finir par mettre le sien chez soi. Le point compost se pratique en ville. Les gens qui vivent à la campagne ne jugent généralement pas plus utile de mentionner qu’ils ont un tas de fumier dans le fond du jardin que de le mettre en photo sur Instagram. « On laisse faire la nature », vous disent ceux qui ont choisi de vivre en ville, soit dans des endroits qui ont tout fait pour la contrarier. A la campagne, on ne devise pas plus de son compost que de son tout-à-l’égout. Dans les grands centres urbains, on se met au compost comme à la pleine conscience. « Pouvez-vous me dire comment vos vies ont été transformées par le compost ? », demande Thibaut Schepman, l’animateur du podcast Bons plants, au début de l’émission de jardinage urbain qu’il a consacrée au sujet. Et à un autre invité : « Est-ce que vous pouvez me raconter votre rencontre avec le compost ? » Parler avec enthousiasme de son compost à ses amis peut être une revanche sur les efforts passés à tenter de convaincre la copropriété d’installer un lombricomposteur, pour finalement, selon le plan B, devoir mettre le sien chez soi. Le nouveau « MC » : maître composteur Compost figure dans le « Que sais-je ? » Les 100 Mots des bobos en 28e position, entre « classe créative » et « concilier ». En ville, le jargon « start-up nation » contamine aussi le compost. Toujours dans le podcast Bons plants, Jean-Jacques Fasquel, « consultant formateur en prévention des déchets », dit être « tombé sur un retour d’expérience » à Rennes avant de développer le compost à Paris. « On laisse faire des milliards de collaborateurs, les bactéries, et on les accompagne », ajoute Alexandre Guilluy, cofondateur des Alchimistes (« nous transformons vos besoins en fleurs »).
En 2017-2018, un dispositif national a permis à près de 8 000 étrangers d’apprendre la langue pour pouvoir accompagner leurs enfants.
Des cours de français pour ouvrir l’école aux parents d’élèves étrangers
https://www.lemonde.fr/education/article/2018/12/26/des-cours-de-francais-pour-ouvrir-l-ecole-aux-parents-d-eleves-etrangers_5402270_1473685.html
26/12/2018
education
Il est quatorze heures. Ou deux heures du matin. Ou bien deux heures de l’après-midi. « Mais deux heures du soir, ça n’existe pas. » « C’est un piège », devine l’une des élèves tandis que sa camarade corrige l’exercice au tableau. Et combien y a-t-il de minutes dans un quart d’heure ? Ou comment écrire vingt-quatre heures en toutes lettres ? A l’école maternelle Marx-Dormoy, dans le 18e arrondissement de Paris, une quinzaine d’élèves s’appliquent autour du temps qui passe. Ceux-là n’ont pas 3 ans, mais 30 ou 40 ans et sont réunis dans le cadre du dispositif national de cours de français gratuits « Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants ». Cofinancé par les ministères de l’intérieur et de l’éducation nationale, il s’est déployé en 2018 dans 477 établissements scolaires, soit dix fois plus qu’à son lancement il y a dix ans. « Le dispositif nous permet de faire découvrir aux parents l’école française et de leur donner les codes d’une scolarité, valorise Angela Dumas, référente du dispositif sur l’académie de Paris. Le vecteur, c’est la langue, mais on est dans l’école et on parle de l’école. » En 2017-2018, 7 774 parents d’élèves étrangers ont suivi ces cours en France, des femmes très majoritairement. La plupart sont originaires d’Afrique, et en particulier du Maghreb, mais aussi d’Asie, d’Europe de l’Est ou encore d’Amérique du Sud. A l’école Marx-Dormoy, deux fois deux heures par semaine, une quinzaine d’entre elles progressent dans l’acquisition de la langue. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’école au défi de la pauvreté de ses élèves Budget doublé Devant le succès du programme, « il a été décidé de doubler en 2020 au plus tard le budget consacré à ce dispositif, explique-t-on à la Direction générale des étrangers en France, afin de permettre une augmentation significative du nombre de bénéficiaires et, parallèlement, d’accroître la durée moyenne et d’améliorer le contenu des formations ». Dans la petite salle de l’école Marx-Dormoy qui accueille le cours, trois bébés sont aussi présents ce matin-là, l’un endormi dans une nacelle, l’autre s’agitant dans un porte-bébé, et le dernier silencieux sur les genoux de sa mère. Soubashini conjugue le verbe « pousser ». Et se lève pour partir. Cette Sri-Lankaise de 43 ans, arrivée en France en 2016, vient d’obtenir un titre de séjour et s’apprête à entamer une formation d’employée de commerce. Grâce à l’atelier « Ouvrir l’école aux parents… », elle a obtenu le deuxième niveau du diplôme d’études en langue française. Avant elle, une Philippine a dû quitter prématurément la salle pour aller faire un ménage. « On ne peut pas leur demander de la régularité, conçoit l’intervenante, Liesel Schiffer. La vie que ces personnes mènent en France est irrégulière. Même si elles ont des papiers d’ailleurs, car elles travaillent au noir ou sur des contrats de deux ou trois mois. »
Quelques milliers d’étudiants habitent chez un senior afin de leur apporter une présence en échange d’un loyer gratuit ou modéré. La simple motivation financière ne suffit pas pour bien vivre les contraintes de la « colocation intergénérationnelle ».
Vivre en Ehpad ou chez des seniors, une solution pour certains étudiants
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/12/26/vivre-en-ehpad-ou-chez-des-seniors-une-solution-pour-certains-etudiants_5402231_4401467.html
26/12/2018
campus
Les étudiants logés par l’Ehpad de Montpellier interviennent auprès des résidents Ville de Montpellier Des étudiants qui habitent dans une maison de retraite ? La formule peut surprendre, mais elle est actuellement testée à Montpellier. La ville propose ainsi, depuis la rentrée 2018, des logements étudiants en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), dans d’anciens appartements de fonction rénovés pour y accueillir des colocations étudiantes. En échange d’un loyer modéré, les jeunes doivent animer des ateliers dans l’Ehpad au minimum trois heures par semaine. Pour cette première année, onze étudiants ont été sélectionnés parmi une cinquantaine de candidats. Iris Flécheau, étudiante en première année d’école d’assistante de service social, fait partie des heureux élus. Elle partage un appartement de 96 m² attenant à l’Ehpad avec deux autres étudiantes et paie 220 euros, hors APL (aide personnalisée au logement). En contrepartie, elle se rend dans l’établissement une fois par semaine pour animer un « atelier Skype » et permettre aux résidants de contacter leurs proches. « Ils sont très demandeurs. Ils ont notre planning affiché dans l’ascenseur et attendent notre venue. J’appréhendais au départ, mais le contact s’est noué naturellement », confie la jeune femme, qui n’a pas pour autant l’impression d’habiter dans l’Ehpad, le logement étant bien séparé. Après trois mois, Iris assure déjà avoir fait de « superbes rencontres, on nous dit de garder nos distances, mais une proximité affective se crée obligatoirement ». Faire cohabiter des étudiants et des personnes âgées : l’idée n’est pas neuve, mais elle prend des formes de plus en plus diverses. Elle permet, dans les grandes métropoles, d’apporter une solution à de jeunes étudiants n’ayant pas les moyens de payer un loyer dans le secteur privé traditionnel. Quelques milliers de cas en France, une goutte d’eau Ce logement intergénérationnel reste encore confidentiel et se limite à quelques milliers de cas en France. Une goutte d’eau à comparer aux 2 millions d’étudiants en France d’un côté, et aux 6 millions de plus de 75 ans de l’autre. Aude Messéan en convient : « Les seniors ont encore du mal à ouvrir leurs portes. » Plus de 750 jeunes qui avaient fait appel au réseau COSI (pour cohabitation solidaire intergénérationnelle) n’ont ainsi pas trouvé leur binôme en 2017. Depuis novembre 2018, cependant, la loi pour l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN) a créé un « contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire ». Un texte qui vient combler un vide juridique – la cohabitation pouvait être requalifiée en contrat de travail d’aide à domicile – et pourrait apporter un nouveau souffle.
L’actrice est l’atout principal du film de Gianni Zanasi, par ailleurs prisonnier de son goût pour la belle image.
« Troppa Grazia » : Alba Rohrwacher en proie aux miracles
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/26/troppa-grazia-alba-rohrwacher-en-proie-aux-miracles_5402204_3476.html
26/12/2018
cinema
Hadas Yaron et Alba Rohrwacher dans « Troppa Grazia », de Gianni Zanasi. PUPKINPRODUCTIONS / KMBO L’avis du « Monde » – pourquoi pas Lucia, une jeune femme géomètre de profession, est chargée d’expertiser un projet de construction immobilière et constate que celui-ci est fondé sur d’anciens et erronés plans du terrain constructible. Elle est sommée par la société qui l’emploie de donner un avis favorable au chantier. Un beau jour, au milieu d’un champ, elle rencontre une femme qui lui intime de construire une église à l’endroit même du projet architectural. Les apparitions, qu’elle seule est capable de voir, continuent de façon à la fois burlesque et inquiétante. Celle qui semble être la Vierge Marie (expression de la culpabilité du personnage principal ?) continue de la harceler. Le thème de l’apparition miraculeuse constitue le postulat sur lequel repose Troppa Grazia, qui fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. Cet évènement est ici le déclencheur d’un récit qui se veut, sans doute, tout à la fois une fable morale et la satire d’un monde marqué par le désenchantement, un monde pour lequel un tel prodige a désormais perdu tout son sens. L’interprétation d’Alba Rohrwacher est l’atout principal d’un film par ailleurs prisonnier de son goût pour la belle image. Film italien de Gianni Zanasi. Avec Alba Rohrwacher, Elio Germano, Hadas Yaron (1 h 50). Sur le Web : www.kmbofilms.com/troppa-grazia
Après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, Emmanuel Macron a annoncé que la cathédrale serait rebâtie. Une volonté qui ravive la question de l’authenticité des monuments anciens. Les reconstruire, est-ce respecter leur histoire ou la bafouer ?
Notre-Dame, Saint-Denis... Faut-il reconstruire les monuments détruits ?
https://www.lemonde.fr/culture/video/2018/12/26/faut-il-reconstruire-les-monuments-detruits_5402195_3246.html
26/12/2018
culture
ouer ? Un violent incendie a détruit une partie de Notre-Dame de Paris, lundi 15 avril. « Cette cathédrale, nous la rebâtirons », a déclaré Emmanuel Macron une fois arrivé sur les lieux, dans la nuit, annonçant l’ouverture d’une « souscription nationale ». Au-delà de la question des moyens alloués, faut-il reconstruire la cathédrale à l’identique ? Et si oui, selon quelles méthodes ? De telles questions se sont déjà posées pour la Frauenkirche de Dresde, le pavillon d’or de Kyoto ou encore le temple du ciel de Pékin. Tous trois ont été entièrement rebâtis bien après leur construction initiale. Pour certains, ce manque « d’authenticité », c’est-à-dire de fidélité à l’histoire, les dévalorise en tant que monuments historiques. En France, et dans plusieurs pays d’Europe, la non-reconstruction des monuments disparus est même érigée au rang de doctrine depuis le début du XXe siècle. Cette vision des choses est loin d’être partagée partout dans le monde. Au Japon, où l’architecture est historiquement fondée sur le bois plutôt que la pierre, la reconstruction des monuments historiques est une coutume ancestrale, porteuse de sens culturel et historique. Depuis vingt-cinq ans, la notion d’authenticité historique a ainsi été élargie par la communauté internationale à des considérations immatérielles, comme la tradition ou la fonction d’un monument. Aujourd’hui, cette authenticité immatérielle est l’un des arguments utilisés par certains en France pour remettre en question la doctrine de non-reconstruction. A Saint-Denis, par exemple, le projet de reconstruction de la flèche de la basilique, approuvé par le gouvernement en 2017, cristallise cette opposition. Faut-il reconstruire les monuments disparus ? Explications dans cette vidéo initialement publiée en décembre 2018. Sources :
Une biographie s’attache à la figure discrète de Paul Collowald, infatigable défenseur, depuis les années 1950, d’une information sur l’Europe permettant d’éclairer les citoyens.
Informer sur l’Europe, le combat d’une vie
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/26/informer-sur-l-europe-le-combat-d-une-vie_5402165_3232.html
26/12/2018
idees
« Paul Collowald, pionnier d’une Europe à unir », de Sabine Menu, éd. Peter Lang, 294 pages, 25 euros (numérique ou broché). Le livre. Paul Collowald est presque à coup sûr le doyen des collaborateurs du Monde. Aujourd’hui âgé de 95 ans, il fut de 1952 à 1958 le correspondant du quotidien à Strasbourg, où il était chargé de suivre les affaires régionales et européennes, le Conseil de l’Europe et la Communauté européenne du charbon et de l’acier, l’ancêtre de l’Union européenne, ayant leurs sièges sur les bords du Rhin. Mais ce n’est pas cette qualité de journaliste qui fait l’attrait de la biographie que la chercheuse en politiques européennes Sabine Menu consacre à cet infatigable défenseur de l’idéal européen et promoteur de l’information sur l’Europe. C’est surtout que Paul Collowald est assurément l’un des derniers témoins de la naissance de ces institutions européennes aujourd’hui confrontées à l’une des pires crises de légitimité de leur histoire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Jamais l’Union européenne n’avait fait l’objet d’un assaut aussi brutal » Crise dont les signes précurseurs sont relevés dès 1974 par celui qui est alors directeur général de l’information à la Commission européenne, quand il fait mine de s’interroger : « Et surtout la jeunesse ? La croyez-vous encore mobilisable pour une cause qui a échoué ou, au mieux, pour un mythe desséché ? » « Passeur d’informations » Pourtant Paul Collowald a toujours cru à l’Europe et y croit encore. Son combat a été celui d’une information sur l’Europe permettant d’éclairer les citoyens. Combat ingrat, frustrant, se heurtant d’emblée à des Etats – la France n’étant pas le dernier – ne souhaitant pas faire la promotion des réalisations européennes. L’ancien journaliste exerça ses talents de pédagogue à la Commission européenne puis au Parlement européen, dont il fut le directeur de l’information avant de devenir directeur de cabinet de son président (de 1984 à 1987), Pierre Pflimlin, Alsacien comme lui. « Passeur d’informations », il consacra sa carrière à l’édification des médias, se désolant de ne pas voir ceux-ci se faire davantage l’écho de l’actualité européenne, généralement considérée comme rébarbative. L’angoisse du « malgré-nous » L’idéal européen – ainsi que la fréquentation de mouvements issus du catholicisme social – avait apporté à Paul Collowald les réponses aux interrogations auxquelles se trouvait confronté un jeune homme ayant grandi dans une région chahutée par l’histoire et les frontières, qui plus est enrôlé de force en mai 1944 au sein de la Wehrmacht. De cette année passée en Pologne, le « malgré-nous » se souvient de « l’angoisse de revenir avec l’uniforme allemand à la maison », ce qui lui fut épargné.
L’écrivain regrette, dans une tribune au « Monde », que les académiciens Goncourt n’aient pas couronné « Le Lambeau », de Philippe Lançon, au motif que ce livre n’est pas un roman. Or, l’histoire du prix montre que cela n’a jamais été une obligation.
Dominique Noguez : « Il serait bon d’accorder le prix Goncourt à des récits autobiographiques »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/26/dominique-noguez-il-serait-bon-d-accorder-le-prix-goncourt-a-des-recits-autobiographiques_5402166_3232.html
26/12/2018
idees
Tribune. Du Lambeau, de Philippe Lançon (Gallimard, 512 pages, 21 euros), les Goncourt n’ont pas voulu. « C’est un très bon livre, peut-être l’un des plus beaux de l’année, a déclaré Bernard Pivot, président du jury, mais ça ne correspond pas à ce qu’attend le Goncourt, c’est-à-dire couronner un roman d’imagination. » Dans le mensuel Service littéraire de décembre 2018, Pierre Assouline, membre du même jury, est plus incisif encore : en donnant le prix à un ouvrage qui n’est pas un « roman », on induirait le public en erreur et on ignorerait « une réalité incontournable » depuis la création dru prix. Que dit en réalité le testament d’Edmond de Goncourt, puisque c’est manifestement à lui que nos amis font allusion ? « Ce prix sera donné au meilleur roman, au meilleur recueil de nouvelles, au meilleur volume d’impressions, au meilleur volume d’imagination en prose, et exclusivement en prose, publié dans l’année. » Et, plus loin : « Mon vœu suprême (…), c’est que ce prix soit donné à la jeunesse, à l’originalité du talent, aux tentatives nouvelles et hardies de la pensée et de la forme. » On voit bien qu’il ne donne pas l’exclusivité au roman. Précisant même : « Le roman, dans des conditions d’égalité, aura toujours la préférence », ce qui prouve que, dans son esprit, d’autres genres en prose peuvent concourir. Une part d’imagination dans la non-fiction Dans la réalité, d’ailleurs, les académiciens Goncourt n’ont pas toujours montré cette inflexible préférence pour le « roman d’imagination ». Le Feu, d’Henri Barbusse, couronné en 1916, n’était-il pas un témoignage ? L’Amant, de Marguerite Duras, en 1984, n’était-il pas, à 99 %, une autobiographie ? Et qu’avait de romanesque Les Ombres errantes, le beau livre de Pascal Quignard, primé en 2002 ? Certains critiquèrent, mais d’autres louèrent Edmonde Charles-Roux d’avoir couvert ce choix de son autorité de présidente. Edmonde avait compris que les choses avaient changé depuis la mort d’Edmond. En 1896, le paysage littéraire français ne comprenait guère de récits autobiographiques, dans la ligne de ce que furent exemplairement Les Confessions de Rousseau. Et pourtant, première remarque, beaucoup plus que pour leurs romans Germinie Lacerteux ou Madame Gervaisais, Edmond de Goncourt et son frère survivent pour leur journal, œuvre de témoignage autobiographique s’il en est. Et puis, deuxième remarque, a fini par s’imposer aujourd’hui l’évidence qu’il y a nécessairement une part d’imagination dans la non-fiction même.
Au Royaume-Uni, en Espagne, en Belgique, en Suède, les gouvernements ne bénéficient pas de majorité au Parlement. Partout les grands partis traditionnels reculent sous la poussée des partis radicaux.
Des coalitions minoritaires et fragilisées au pouvoir dans la moitié des pays européens
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/l-europe-affaiblie-par-les-gouvernements-minoritaires_5402161_3210.html
26/12/2018
international
Les chefs de gouvernement britannique, Theresa May, néerlandais, Mark Rutte, belge, Charles Michel et espagnol, Pedro Sanchez. ANNEGRET HILSE / REUTERS ; G. VANDEN WIJNGAERT/ AP ; PEDRO NUNES / REUTERS Le roi Philippe a accepté, vendredi 21 décembre, la démission du gouvernement belge dirigé par ­Charles Michel. Celui-ci conduira, jusqu’aux élections législatives du 26 mai 2019, une coalition minoritaire (52 sièges sur 150 à la Chambre) de libéraux francophones, de libéraux et de chrétiens-démocrates flamands. M. Michel tentera, durant ces mois d’« affaires courantes », de négocier des accords ponctuels avec l’opposition et vivra avec un budget provisoire. Si la situation est inhabituelle pour le royaume, elle l’est beaucoup moins pour l’Union européenne (UE), où le recul des grands partis traditionnels et la fragmentation du paysage politique sont partout à l’œuvre. En plus du cas belge, treize autres gouvernements européens sont au pouvoir en étant minoritaires au Parlement. Pour l’UE, cette situation est préoccupante : elle accentue la déconnexion entre citoyens et gouvernants, tout en plaçant ceux-ci dans une position de faiblesse et d’instabilité inédites. Les difficultés de la première ministre britannique Theresa May, qui a perdu sa majorité absolue en 2017 et dépend au Parlement d’une formation nord-irlandaise, compliquent ainsi le Brexit. En Espagne, la situation est ­volatile Le socialiste (PSOE) Pedro Sanchez a pris la tête d’un gouvernement le 1er juin, après le vote d’une motion de défiance contre le conservateur Mariano Rajoy. Son groupe parlementaire ne compte que 84 des 350 députés au Parlement, soit moins de 25 % des sièges. Pour gouverner, il s’est appuyé sur les députés Podemos (gauche radicale) et sur les indépendantistes et nationalistes basques et catalans. Une alliance qui ne lui a pas encore permis de faire voter le budget 2019, ses alliés catalans lui ayant retiré leur soutien pour obtenir un référendum d’autodétermination et des mesures en faveur de neuf dirigeants en détention préventive pour rébellion. Si le blocage budgétaire persiste, M. Sanchez a indiqué qu’il organiserait des élections anticipées. Au-delà de cette instabilité provoquée par le virage indépendantiste des élus catalans, l’Espagne fait face à la recomposition de son paysage politique avec la montée en puissance, depuis 2015, des partis Ciudadanos, au centre, et Podemos à la gauche de la gauche. Après des années de bipartisme, ce changement n’a pas encore été assimilé par le PSOE et le Parti populaire (PP, droite), qui n’ont jamais fait l’expérience de gouvernements de coalition à l’échelle nationale. La situation risque d’être plus complexe avec l’apparition de Vox, formation d’extrême droite qui vient d’obtenir 11 % aux élections régionales en Andalousie. Ce parti est indispensable au PP pour y gouverner. Il pourrait aussi le devenir à Madrid.
La mission des enseignants, placés, avec d’autres catégories du personnel scolaire, « au front » de la misère, va bien au-delà de l’enseignement quand, à tous les niveaux de la scolarité, le dénuement, sans surprise, affecte les apprentissages.
L’école au défi de la pauvreté de ses élèves
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/26/l-ecole-au-defi-de-la-pauvrete_5402157_3224.html
26/12/2018
societe
AUREL Ils enseignent à Mulhouse (Haut-Rhin), Grigny (Essonne), Vaulx-en-Velin (Rhône), Montreuil (Seine-Saint-Denis) ou Paris, dans ces réseaux d’éducation prioritaire renforcés (REP +) qui « conjuguent », comme ils disent, la difficulté sociale et scolaire. Prendre en charge des enfants en situation de grande pauvreté n’a, pour eux, rien d’exceptionnel : ils se sont presque habitués à apporter une collation en classe pour ces élèves qui « sautent » le petit déjeuner ; une paire de chaussettes propres quand la température dégringole, parce qu’ils ont repéré un enfant nu pieds dans ses baskets. Et ils n’hésitent pas à mettre la main au porte-monnaie quand la coopérative ne suffit pas à emmener toute la classe au cinéma. La précarité est sous leurs yeux, au quotidien. Et pourtant, reconnaissent-ils, il leur a souvent fallu du temps – et de l’accompagnement – pour la regarder en face. « La pauvreté et même la grande pauvreté passent, je pense, assez inaperçues en classe », raconte Danielle Ruetsch, chargée d’une classe de CE1 dédoublée à Mulhouse. « Quand on regarde les enfants, on n’a pas immédiatement conscience de l’état d’insalubrité et de surpopulation de certains logements », explique cette enseignante chevronnée. Mais on peut le « deviner », au détour de petites phrases qu’ils rapportent à leurs camarades – « des histoires de souris, de cafards et d’autres petites bêtes adoptées tels des animaux de compagnie ». Par des « odeurs », aussi, « de linge mal séché dans des logements exigus ou enfumés ». Ou par des remarques entendues en classe (« 5 euros un livre, c’est cher… »). « La misère se cache » Pour Claire Billès aussi, directrice d’une école maternelle à Arles (Bouches-du-Rhône), la misère ne saute pas « nécessairement » aux yeux. « Si le regard de l’enseignant se cantonne à sa classe, alors il n’en mesure pas toujours l’ampleur », observe-t-elle. Elle se souvient par exemple de ce garçonnet qui arrivait toujours en avance à l’école, la chemise « parfaitement » repassée : « Sa tante passait le déposer… avant d’aller s’asseoir au coin de la rue pour mendier », rapporte cette porte-parole du SNUipp. « La misère, très souvent, se cache », témoigne une autre professeure de maternelle (elle a requis l’anonymat) affectée à Montreuil. « Les élèves dans les situations les plus précaires peuvent très bien être tirés à quatre épingles, dit-elle. Quand vous avez un doute et que vous questionnez la maman, vous vous entendez répéter que “ça va, merci…” Pas facile d’aller au-delà. »
Preuve de la place prise par Xavier Bertrand depuis la crise des « gilets jaunes », il domine un sondage sur les politiques préférés.
« Gilets jaunes » : Xavier Bertrand, le plus audible à droite
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/26/gilets-jaunes-xavier-bertrand-le-plus-audible-a-droite_5402143_823448.html
26/12/2018
politique
FRANCOIS LO PRESTI / AFP Ce jour-là, il aurait dû partir à Marrakech, pour un déplacement officiel. Ses valises étaient prêtes, et son entourage sur le point de se rendre à l’aéroport. Mais, à la dernière minute, Xavier Bertrand a finalement décidé de rester chez lui. La veille, le 1er décembre, Paris a subi des dégâts considérables, en marge d’une grande manifestation des « gilets jaunes » qui a tourné à l’émeute. Alors que la France traverse la crise sociale la plus importante de ces dernières années, le Maroc attendra. Le président de la région Hauts-de-France change ses plans. Il s’invite d’abord sur France 2, le 3 décembre, avant de s’exprimer, le lendemain matin, sur RMC, dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin. Il y fait une proposition qui retient l’attention du gouvernement : une prime « de pouvoir d’achat, en plus des salaires, en plus du treizième mois, de quelques centaines d’euros ». Dans la foulée, le président Emmanuel Macron lui écrit un SMS pour lui signifier son intérêt. Invité des « Quatre Vérités » sur France 2, le surlendemain, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, se dit favorable à une prime de fin d’année défiscalisée, afin de soutenir « ceux qui travaillent ». Ce bonus exceptionnel fera bien partie du panel de mesures qui ont été présentées le 10 décembre par le chef de l’Etat, qui cherche alors à désamorcer la crise. Loin d’être anodin, cet épisode est significatif de la place prise par Xavier Bertrand sur la scène politique à la faveur de la crise des « gilets jaunes ». Un mois plus tôt, c’était une autre des propositions du président de région – une aide de 20 euros par mois pour les travailleurs des Hauts-de-France parcourant 30 kilomètres par jour – qui était reprise par le gouvernement. « Arrêter le délire » Ces dernières semaines, l’ancien ministre du travail de François Fillon a été, de l’avis de tous, le plus audible à droite. Devançant de loin le président du parti Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez. Selon un sondage de l’institut BVA, publié le 20 décembre, 33 % des Français souhaitent d’ailleurs que l’ancien secrétaire général de l’UMP (sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy) ait « davantage d’influence dans la vie politique française ». Lui assurant, devant Nicolas Hulot, la première place du classement jugeant la cote d’influence des hommes et femmes politiques. « Il fait partie des six personnalités les plus appréciées des Français ; il a gagné deux places sur notre baromètre par rapport au mois dernier, confirme le directeur général délégué d’Ipsos France, Brice Teinturier. Chez les sympathisants LR, il est à 54 % d’opinions favorables, bien au-dessus de Laurent Wauquiez qui est à 36 %. » Seule la présidente de l’Ile-de-France, Valérie Pécresse, avec 56 % d’opinions favorables, rivalise avec celui qui a quitté le parti il y a un an, après l’élection de Laurent Wauquiez à la tête de LR.
Pascal Delwit, professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles, explique les causes de la multiplication des coalitions minoritaires en Europe.
En Europe, « la chute de la confiance dans les formations politiques »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/26/les-droites-radicales-sont-un-frein-a-la-formation-de-blocs-majoritaires-en-europe_5402139_3210.html
26/12/2018
international
La chancelière allemande, Angela Merkel, lors d’une réunion de son parti, la CDU, au Bundestag, à Berlin, le 25 septembre 2018. MARKUS SCHREIBER / AP Professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles, Pascal Delwit analyse la fragilisation croissante de la représentation politique en Europe. Lire la synthèse : Des coalitions minoritaires et fragilisées au pouvoir dans la moitié des pays européens Quelles sont les causes principales de la multiplication des coalitions minoritaires à laquelle on assiste ? D’abord, le recul indubitable des grands partis gouvernementaux traditionnels, conservateurs, chrétiens-démocrates, sociaux-démocrates. Ensuite, la fragmentation des systèmes politiques, qui entraîne un vote pour des partis situés à la périphérie de ce système. Plusieurs autres dynamiques sont aussi à l’œuvre. D’abord, le glissement vers des partis de la droite radicale – Rassemblement national en France, Parti de la liberté en Autriche, Parti pour la liberté aux Pays-Bas, etc. –, phénomène qui touche aussi l’Europe centrale et la Scandinavie. Ensuite, une poussée des formations régionalistes, en Ecosse, en Catalogne, au Pays basque, en Flandre… On observe, par ailleurs, une poussée de la gauche radicale en Espagne, en Grèce, d’une certaine manière en France avec La France insoumise. Et aussi de formations monothématiques – Initiative féministe en Suède, Parti des animaux aux Pays-Bas – qui accroissent le phénomène de fragmentation et compliquent la formation de gouvernements. On pourrait encore ajouter la poussée des écologistes, qui viennent de connaître de fortes progressions en Allemagne – en Bavière et en Hesse –, aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg. Certains pays ont l’habitude d’être gouvernés par des coalitions minoritaires… Cela a été longtemps le cas en Suède ou au Danemark, plus récemment en République tchèque. Le phénomène nouveau est que la poussée des droites radicales empêche la formation de « blocs » majoritaires, ce qui entraîne soit de très longues négociations (aux Pays-Bas, en Belgique), soit des situations presque insolubles, comme à Stockholm ou à Prague. D’où des situations devenant totalement illisibles pour les électeurs mais aussi une grande fragilité à l’échelle de l’Union européenne (UE) : les dirigeants concernés siègent, ne l’oublions pas, dans les conseils européens. Le système de représentation proportionnelle est-il en cause ? Bien sûr, un système uninominal à un tour réduit la fragmentation d’une certaine manière mais ne l’évite pas totalement, comme le montre le cas britannique. Il y a aussi de l’instabilité dans des pays dotés d’un système majoritaire, ainsi que dans des pays qui, comme l’Espagne ou la Grèce, ont limité l’ampleur de la proportionnelle. La première est dirigée par un PSOE [Parti socialiste ouvrier espagnol] très minoritaire, le second par une coalition entre Syriza [parti de la gauche radicale] et la droite populiste radicale des Grecs indépendants. Tout cela confirme que c’est bien le fait que les grands courants structurants – et la social-démocratie en premier lieu – ne captent plus l’essentiel des votes qui est le facteur plus déterminant.
Analyse. Indéniable, la prise de conscience a-t-elle débouché sur des réformes pour prévenir de nouveaux abus ? Pas vraiment. Une réponse sera peut-être apportée en février 2019 lors du sommet sur la protection des mineurs.
L’Eglise et la pédophilie : l’heure des décisions
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/26/l-eglise-et-la-pedophilie-l-heure-des-actes_5402123_3232.html
26/12/2018
idees
Le pape François prononçant son discours lors des vœux traditionnels à la curie romaine, au Vatican, le 21 décembre. FILIPPO MONTEFORTE / POOL / AP Analyse. Et maintenant, des actes ! Pour l’Eglise catholique, l’année 2018 s’achève comme elle a commencé : entièrement dominée par la question des violences sexuelles sur mineurs. Le 21 décembre, elle a été au cœur des vœux du pape François à la curie romaine. Le pontife a promis que « plus jamais » l’institution qu’il dirige ne protégerait des pédophiles. Il a exhorté les ecclésiastiques concernés à se « livrer à la justice humaine ». Il a reconnu que l’Eglise catholique « est frappée par des ouragans » et que les prêtres pédophiles « discréditent » sa mission. Le discours a bien changé en douze mois. Il y a un an, le mot « abus » ne figurait même pas dans le discours à la curie. Les associations de victimes dénonçaient l’inaction de la hiérarchie catholique, et des membres de la commission vaticane chargée de la protection des mineurs avaient claqué la porte, faute de résultats. La lutte contre la pédophilie, jugeaient-ils, n’était pas une priorité. « Graves erreurs d’appréciation » Une épreuve inédite allait contraindre le Saint-Siège à prendre le sujet à bras-le-corps. En janvier, pour la première fois, une visite apostolique du pape, au Chili, tournait au désastre à cause de la protection dont y ont bénéficié certains prêtres agresseurs auprès de leur hiérarchie. François avait précipité le tollé en accusant, à tort, des victimes de proférer des « calomnies » à l’encontre d’un évêque. C’était la démonstration qu’en dépit de vingt-cinq ans de scandales, l’Eglise continuait de protéger ses cadres clercs contre les victimes, pour la plupart laïques. L’épreuve du Chili a au moins eu la vertu de dessiller François. De retour à Rome, il a consacré une grande partie de son énergie à la question des abus. Il a commencé par écouter ces mêmes victimes qu’il accusait précédemment de calomnier, les recevant longuement au Vatican, fin avril. Puis il a admis avoir commis de « graves erreurs d’appréciation » et « demand[é] pardon » à ceux qu’il avait « offensés ». Dans une lettre aux évêques chiliens, en mai, il a reconnu implicitement la responsabilité de l’institution, au-delà des défaillances individuelles de clercs ou de leurs supérieurs. « Quelque chose, dans le corps ecclésial, est malade », a-t-il écrit, se disant décidé à « trouver les racines et les structures qui ont permis que ces événements se produisent et se perpétuent ». Dans une « Lettre au peuple de Dieu », en août, il a appelé à mettre fin à cette « culture de l’abus » et à s’attaquer au cléricalisme, au sens d’une conception dévoyée du pouvoir du prêtre.
Ces archers nomades de Tanzanie ont une santé métabolique et cardio-vasculaire remarquable, grâce à leur niveau d’activité physique très élevé.
Les Hadza ont un secret pour être en très bonne forme…
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/26/les-hadza-ont-un-secret-pour-etre-en-tres-bonne-forme_5402122_1650684.html
26/12/2018
sciences
Des archers nomades Hadza près du lac Eyasi (Tanzanie), en août. ANDREAS LEDERER / CC BY 2.0 Dix mille pas et plus. Les populations de chasseurs-cueilleurs nous apprennent beaucoup. Ainsi des Hadza, des archers nomades vivant dans le nord de la Tanzanie, près du lac Eyasi, non loin de la frontière kényane. Le groupe, qui compte un millier de personnes, descendrait des premiers habitants connus de la région. A l’instar des Tsimané, autre ethnie de chasseurs-cueilleurs de l’Amazonie bolivienne, déjà évoquée dans cette chronique, les Hadza sont en très bonne santé. C’est ce que montre une étude menée par Herman Pontzer, professeur en anthropologie de l’évolution à l’université de Duke (Caroline du Nord, Etats-Unis), publiée début décembre dans Obesity Reviews. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les Tsimané, artères au top et jambes de fer En effet, sur les 192 personnes hadza étudiées, seulement une serait considérée comme obèse, et deux seraient en surcharge pondérale, la moyenne de l’indice de masse corporelle (IMC, rapport du poids en kilos sur la taille en mètre élevée au carré) de l’échantillon se situant aux alentours de 20. Rappelons que l’on parle de surpoids lorsque cet IMC dépasse 25, et d’obésité au-delà de 30. Quant au diabète de type 2, il est quasiment inexistant, relèvent ces travaux. Ainsi, chez les Hadza, la glycémie à jeun reste en deçà des limites. De même pour l’hypercholestérolémie, quasi inexistante. Le plus frappant est l’excellente santé cardio-vasculaire. De même, et comme leurs « cousins » chasseurs-cueilleurs, les Hadza ont moins de cancers – même si ceux-ci sont difficiles à détecter et à comptabiliser sans dépistage médical moderne, reconnaissent les auteurs de l’étude. Niveau d’activité physique très élevé Comment expliquer une telle santé ? Les populations de chasseurs-cueilleurs ont en commun un niveau d’activité physique très élevé. Ainsi des Hadza, qui pratiquent environ 135 minutes d’activité physique modérée – des mesures effectuées avec des accéléromètres – et marchent entre six et neuf kilomètres par jour, femmes et hommes confondus. Des niveaux bien supérieurs aux populations des pays industrialisés. Et bien au-delà des recommandations de l’OMS, qui préconisent 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée par…. semaine. De plus, ces niveaux d’activité ne faiblissent pas avec l’âge. Parallèlement, ces niveaux d’activité physique ne semblent pas compensés par une augmentation du temps de repos, notamment la durée du sommeil. Mais la sédentarité, facteur des risques des populations industrialisées, est difficilement mesurable dans ces populations. Sans conteste, les Hadza, tout comme les Tsimané ou les autres populations de chasseurs-cueilleurs, ont une santé métabolique et cardio-vasculaire remarquable. « Ce sont clairement leurs environnements, plus que la génétique, qui les maintiennent en bonne santé, en améliorant leur système immunitaire, leur résistance au stress…. », souligne Herman Pontzer. Et notamment leur niveau d’activité physique. Car, lorsqu’elles changent de mode de vie et d’alimentation, ces populations développent les mêmes « maladies de civilisation ». Sans pour autant tirer de conclusions hâtives.
A Oussoubidiagna, petite ville de l’ouest du pays, la plupart des jeunes rêvent de « l’aventure ». Au risque de périr en route, en Méditerranée.
Au Mali, dans les villages des jeunes qui rêvent de partir en Europe
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/au-mali-avec-les-candidats-a-l-aventure_5402113_3212.html
26/12/2018
afrique
Aissata Soucko et son fils Alakafissa Kanoute, secrétaire général de l’association locale « Ne pars pas en mer », à Oussoubidiagna, le 30 octobre MORGANE LE CAM / LE MONDE Assise au fond de sa cour, Yaya Sidibé a le regard fuyant et les yeux embués d’une femme en souffrance. Le simple fait de témoigner est une douleur pour cette frêle Malienne d’une quarantaine d’années. Quatre ans ont passé depuis le décès de son mari, et elle n’a rien oublié de ce maudit jour de 2014 où elle est devenue veuve : « Il voulait aller travailler en Europe pour nous nourrir, parce que chez nous, la vie est difficile. Il a pris le bateau en Libye. La mer l’a emporté », raconte-t-elle, en contemplant ses trois enfants. Avec lui, 45 autres migrants périrent ce jour-là, tous originaires de la même petite ville de l’ouest du Mali : Oussoubidiagna, 6 900 habitants. Ce naufrage, et tant d’autres ensuite, n’empêchent pas les nouveaux départs. A l’instar de Yaya Sidibé, les autorités régionales assistent, impuissantes, à la répétition tragique de l’histoire. « Quand les jeunes meurent comme ça, on se dit que c’est l’avenir de notre commune qui est hypothéqué, soupire le sous-préfet d’Oussoubidiagna, Bemba Tounkara. Mais ils refusent de laisser la route. Quoi qu’on leur dise, ils veulent aller chercher l’eldorado européen. » Le 7 janvier, 48 Maliens sont morts dans les eaux libyennes. En 2015, ils avaient été 376, un record en si peu de temps. Yaya Sidibé et ses trois enfants dans la cour de sa maison Oussoubidiagna (Mali), le 31 octobre. MORGANE LE CAM / LE MONDE De Kayes, la principale ville de l’ouest du pays, il faut rouler plus de quatre heures pour accéder à Oussoubidiagna. Une seule piste, impraticable par mauvais temps, permet de rallier cette paisible bourgade, où la place de l’école et le marché concentrent l’essentiel de l’activité. Dans les chemins environnants, on croise surtout des femmes, des vieux et des enfants. Comme partout dans la région, bien des jeunes cherchent à migrer. Le phénomène n’a rien de nouveau : hérité du temps des grands empires établis entre le IIe et le XVIe siècles, il s’est développé à l’époque de la colonisation. « Les Maliens étaient obligés de payer les impôts en numéraire. Pour ce faire, ils partaient travailler sur les chantiers coloniaux du Sénégal, de Côte d’Ivoire et du Niger », explique Bréma Ely Dicko, chef du département de socio-anthropologie de l’université de Bamako. « Valeur sociale » A l’époque, le secteur de Kayes se forge une tradition migratoire qui sera renforcée par la première guerre mondiale. La France puise alors une partie de sa main-d’œuvre dans ses colonies. Un peu plus d’un demi-siècle plus tard, deux grosses sécheresses frappent le Sahel, en 1973 et en 1984, entraînant d’autres vagues de départs. Depuis, la migration s’est poursuivie, en particulier à Kayes, où la population déplore le manque d’investissements et d’opportunités économiques offertes par l’Etat.
Italie, Pologne, Hongrie… Cécile Ducourtieux, correspondante du « Monde », revient sur une année chaotique sur le front communautaire.
« A Bruxelles, le pire n’est jamais sûr »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/26/a-bruxelles-le-pire-n-est-jamais-sur_5402106_3232.html
26/12/2018
idees
Chronique. Sur le front communautaire, l’année 2018 a été chaotique, mais s’il y a peut-être un enseignement positif à tirer, c’est qu’à Bruxelles, le pire n’est jamais sûr. L’Italie, par exemple. Fin mai, un attelage inédit se met en place à Rome : une coalition entre le parti antisystème Mouvement 5 étoiles (M5S) et l’extrême droite de la Ligue. Bruxelles tremble : les populistes au pouvoir en Hongrie ou en République tchèque, passe encore. Mais dans un pays fondateur de l’Union européenne (UE), troisième économie de la zone euro… La crise est désormais au cœur du projet européen. Le gouvernement transalpin ouvre un premier front migratoire, et Matteo Salvini, le patron de la Ligue et nouveau ministre de l’intérieur, ferme les ports italiens aux bateaux de sauvetage des ONG. Ses partenaires européens protestent, mais sont incapables de réagir : comment trouver une solution communautaire à la migration sans l’Italie, sachant qu’aucun autre pays n’a l’intention de prendre plus que sa part ? Un accord avec l’Italie Au début de l’automne, la tension retombe : les passeurs et les migrants testent d’autres routes (l’Espagne, notamment), les gouvernements des Vingt-Huit, toujours impuissants, préfèrent regarder ailleurs. Mais Rome enfourche un nouveau cheval de bataille. Avec son « budget du peuple », la coalition antisystème-extrême droite veut tenir ses promesses de campagne. Elle propose un revenu universel, l’abaissement de l’âge de départ à la retraite : le budget prévisionnel 2019 est hors des clous du pacte de stabilité et de croissance. Et tant pis pour Bruxelles, disent en chœur les deux hommes forts du gouvernement, Matteo Salvini et Luigi Di Maio, le chef du M5S. A la Commission européenne, c’est un peu la panique. Comment répondre à cette quasi-provocation ? Appliquer les règles du pacte en sanctionnant l’Italie ? Rien de tel pour braquer tout un peuple contre l’UE. Fermer les yeux sur une violation patente des règles, après avoir été si intransigeants avec les Grecs ou les Chypriotes pendant la crise, tout en donnant l’impression de donner raison à des extrémistes ? Impossible à quelques mois des élections européennes. Mais la chance tourne vite en faveur de Bruxelles : les marchés financiers effectuent leur travail de sape plus tôt que prévu. Le coût de la dette italienne, déjà colossale (130 % du PIB), s’alourdit. Les milieux d’affaire s’inquiètent, la croissance transalpine cale brutalement. Dès la fin novembre, le premier ministre, Giuseppe Conte, accepte de rencontrer Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, pour des pourparlers discrets. Le 19 décembre, Bruxelles et Rome parviennent à un accord.
Il deviendra le seul pays, avec l’Islande et la Norvège, à pratiquer ouvertement la pêche commerciale du mammifère.
Le Japon va « reprendre la pêche commerciale » de la baleine
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/26/le-japon-officialise-la-reprise-de-la-peche-commerciale-a-la-baleine_5402103_3244.html
26/12/2018
planete
Une baleine capturée en septembre 2017 par des pêcheurs japonais et débarquée dans le port de Kushiro, dans le nord de l’île d’Hokkaido. AP Le Japon avait annoncé son intention, mais c’est désormais officiel. Tokyo a confirmé, mercredi 26 décembre, se retirer de la Commission baleinière internationale (CBI), mettant à exécution sa menace, dans le but de « reprendre la pêche commerciale en juillet prochain », selon un porte-parole du gouvernement. Il rejoindra alors l’Islande et la Norvège, qui pratiquent ouvertement la pêche à des fins commerciales. Le Japon s’abstiendrait cependant d’aller chasser « dans les eaux de l’Antarctique ou dans l’hémisphère Sud », a précisé le représentant de l’exécutif, Yoshihide Suga. La pêche sera « limitée aux eaux territoriales et à la zone économique exclusive » du Japon. Le Japon avait menacé de sortir de la CBI dès septembre quand cette commission s’était opposée à sa demande de reprendre la pêche commerciale. La réunion de cette instance s’était alors achevée par le rejet du texte phare porté par le Japon, intitulé Le chemin à suivre. Il visait à mettre en place une double voie au sein de la CBI, instance de 89 pays membres, afin de faire coexister la préservation et la chasse commerciale des baleines. Cette dernière aurait été gérée par un « comité de la chasse à la baleine durable ». La proposition aurait aussi mis fin au moratoire sur cette activité mise en place en 1986, dont le Japon est signataire. Mais les pays défenseurs des baleines, conduits par l’Australie, l’Union européenne et les Etats-Unis, ont torpillé le texte, par 41 voix contre 27. Le vice-ministre japonais de la pêche, Masaaki Taniai, avait regretté le résultat du vote et brandi l’option ultime de quitter la CBI. Le décryptage des Décodeurs : Malgré des mesures strictes et une demande faible, la chasse à la baleine perdure « La décision du Japon est en décalage complet » Le gouvernement japonais ouvre par sa décision un nouveau front entre les détracteurs et défenseurs de la pêche aux cétacés, que les Japonais, notamment la frange nationaliste, considèrent comme une importante tradition nippone multiséculaire. Les organisations écologistes ont réagi à cette annonce, condamnant la nouvelle, comme Greenpeace : « Il est clair que le gouvernement tente de faire passer cette annonce en douce à la fin de l’année, loin des projecteurs des médias internationaux, mais le monde n’est pas dupe. La décision du Japon est en décalage complet avec la communauté internationale, et fait fi de la nécessité de protéger nos océans et ces créatures majestueuses. » Le Japon n’a en réalité jamais complètement cessé de chasser des baleines. Il utilise en effet une faille du moratoire de 1986 qui autorise la chasse aux cétacés pour des recherches. La chair de baleine finit cependant sur les étals des poissonniers. S’il est exact qu’elle a constitué une salvatrice source de protéines dans les années de l’immédiat après-guerre, aujourd’hui, la plupart des Japonais disent ne pas en manger, ou très rarement.
Le ministre palestinien des affaires étrangères a indiqué, mercredi, qu’il présenterait une requête en ce sens au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Israël promet de bloquer une tentative palestinienne d’adhérer à l’ONU
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/israel-promet-de-bloquer-une-tentative-palestinienne-d-adherer-a-l-onu_5402839_3210.html
27/12/2018
international
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, le premier juin 2018, lors d’une réunion du Conseil de sécurité. Mary Altaffer / AP Israël a promis d’œuvrer avec les Etats-Unis en vue de bloquer une initiative des Palestiniens pour devenir membres à part entière des Nations unies, ce qui constituerait une reconnaissance internationale d’un Etat palestinien. Le ministre des affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, Riyad Al-Maliki, a indiqué, mercredi 26 décembre, qu’il prévoyait de se rendre à New York en janvier pour déposer une requête en ce sens au Conseil de sécurité, selon l’agence de presse palestinienne officielle WAFA. « Nous nous préparons à bloquer l’initiative », a déclaré aussitôt l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, dans un communiqué. « Les Palestiniens paient des terroristes, encouragent la violence et cherchent malgré tout à devenir un Etat membre des Nations unies. » Veto des Etats-Unis Selon M. Danon, Israël va œuvrer pour bloquer l’initiative « en coopération avec la délégation des Etats-Unis ». D’après des diplomates, toute demande palestinienne d’une adhésion à part entière à l’ONU fera l’objet d’un veto de la part des Etats-Unis au Conseil de sécurité. C’est à l’Assemblée générale de l’ONU d’approuver toute requête en vue de devenir un Etat membre de l’ONU, mais la demande doit d’abord passer par le Conseil de sécurité. Et pour obtenir l’approbation du Conseil, les Palestiniens doivent s’assurer d’avoir en leur faveur neuf des quinze membres du Conseil, et que ne leur soit opposé aucun veto de l’un des cinq membres permanents : Royaume-Uni, France, Chine, Russie et Etats-Unis.
Plusieurs membres de l’Académie suédoise, profondément divisée sur la façon de gérer cette crise, l’avaient quittée à la suite du scandale. Celle-ci avait reporté d’un an l’annonce du Nobel 2018.
Condamné pour viol, Jean-Claude Arnault fait appel auprès de la Cour suprême suédoise
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/condamne-pour-viol-jean-claude-arnault-fait-appel-aupres-de-la-cour-supreme-suedoise_5402836_3210.html
27/12/2018
international
Le Français Jean-Claude Arnault quitte le tribunal de Stockholm, le 24 septembre 2018, lors de son procès en appel. JONATHAN NACKSTRAND / AFP Cette affaire avait entraîné le report de l’attribution du prix Nobel de littérature 2018. Au centre d’un scandale sexuel, le Français Jean-Claude Arnault a fait appel devant la Cour suprême suédoise de sa condamnation pour viol, a annoncé jeudi 27 décembre la plus haute instance judiciaire du pays. Figure influente dans les milieux de la culture en Suède, Jean-Claude Arnault, 72 ans, avait été reconnu coupable début décembre par une cour d’appel du viol à deux reprises d’une femme et condamné à deux ans et six mois de prison. La Cour suprême a donné à M. Arnault jusqu’au 28 janvier pour fournir de nouveaux arguments à l’appui de sa demande. La Cour suprême ne prend en charge que les affaires susceptibles de créer un précédent judiciaire, ou les cas où il existe des raisons exceptionnelles pour réviser une décision de justice. M. Arnault n’a fait aucune déclaration publique. Dans le sillage du mouvement #metoo Le scandale, qui a ébranlé l’Académie suédoise, a éclaté en novembre 2017, dans le sillage du mouvement #metoo, un mois après les révélations sur les viols et les autres agressions sexuelles imputés au producteur de cinéma américain Harvey Weinstein. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les mystères de Jean-Claude Arnault, accusé du premier grand procès de l’ère #metoo Marié à la poétesse Katarina Frostenson, membre de l’académie, le photographe entretenait des liens étroits avec cette institution qui décerne depuis 1901 le prix Nobel de littérature. Jean-Claude Arnault était le directeur artistique de Forum, un club très sélect qu’il avait créé en 1989 et où se côtoyaient éditeurs, écrivains, dramaturges ou musiciens en vue, et de nombreuses jeunes femmes. Il recevait de généreux subsides de l’académie et se vantait d’en être le « 19e membre ». Selon des témoins, il soufflait le nom des futurs lauréats du Nobel à ses amis. Dix-huit femmes, dont la plaignante, avaient témoigné en novembre 2017 dans le quotidien Dagens Nyheter, accusant M. Arnault de viols, agressions sexuelles et faits de harcèlement. Plusieurs membres de l’académie, profondément divisée sur la façon de gérer cette crise, l’avaient quittée à la suite du scandale. Décrédibilisée, privée du quorum nécessaire pour fonctionner après le départ de plusieurs membres, l’Académie suédoise avait reporté d’un an l’annonce du Nobel 2018, une première depuis soixante-dix ans.
Il s’agit d’une mesure de rétorsion après le maintien des sanctions européennes visant quatorze personnalités de République démocratique du Congo.
La RDC veut expulser l’ambassadeur de l’UE après le maintien des sanctions
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/27/la-rdc-veut-expulser-l-ambassadeur-de-l-ue-apres-le-maintien-des-sanctions_5402831_3212.html
27/12/2018
afrique
Le président de RDC, Joseph Kabila, à Kinshasa, le 9 décembre 2018. Reuters Staff / REUTERS Kinshasa a enjoint à l’Union européenne (UE) de rappeler dans les quarante-huit heures son représentant en République démocratique du Congo (RDC), jeudi 27 décembre. Il s’agit d’une mesure de rétorsion après le maintien des sanctions européennes visant quatorze personnalités congolaises, dont le candidat du pouvoir à l’élection présidentielle. « Le gouvernement de la République démocratique du Congo invite instamment le Conseil européen à procéder impérativement dans les quarante-huit heures au rappel de son chef de mission en République démocratique du Congo », a déclaré le ministre des affaires étrangères, Léonard She Okitundu, à trois jours des élections générales prévues dimanche après trois reports. Le chef de la diplomatie congolaise s’exprimait depuis son ministère, à Kinshasa, où il avait convoqué des diplomates occidentaux, dont le chef de mission de l’UE, le Belge Bart Ouvry. Elections générales Dans son propos, M. She Okitundu a évoqué « des sanctions infligées unilatéralement par le Conseil européen à d’éminentes personnalités » de la RDC. Il a rappelé qu’il avait demandé la « levée » ou la « suspension » des sanctions « jusqu’à la tenue des élections générales en RDC ». « Ce plaidoyer, patiemment engagé, demeure sans écho surtout après le renouvellement desdites mesures par le Conseil européen de ce mois de décembre 2018 », a-t-il déclaré. Ces sanctions – gel d’éventuels avoirs et interdiction de visas – avaient été prises début 2017. Elles visaient quatorze responsables du régime du président congolais, Joseph Kabila, accusés de violations des droits de l’homme, dont le dauphin désigné par Kabila pour la présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary (alors ministre de l’intérieur). L’Union européenne avait annoncé le 10 décembre la prolongation de ces sanctions pour un an, jusqu’en décembre 2019. « Le Conseil réexaminera à nouveau les mesures restrictives compte tenu des élections en RDC et se tient prêt à les adapter en conséquence », avait-elle indiqué. L’UE conteste L’Union européenne a déploré jeudi cette décision et juge cette mesure « totalement injustifiée » et « contreproductive » à trois jours des élections générales. « Aujourd’hui, le ministre des affaires étrangères (She) Okitundu a annoncé que l’ambassadeur de l’UE Bart Ouvry devrait quitter le pays dans 48 heures. L’UE déplore cette décision et la juge totalement injustifiée », a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’UE. « A la veille d’élections très difficiles en RDC, une telle décision ne peut être considérée que comme contre-productive », a ajouté le porte-parole de l’UE.
L’utilisation d’images fabriquées témoignent d’une volonté, comme c’est le cas pour le Musée d’histoire des sciences d’Istanbul, de s’arroger une antécédence dans la quête des origines des sciences modernes.
Sciences contrefaites au musée
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/27/sciences-contrefaites-au-musee_5402828_1650684.html
27/12/2018
sciences
Carte blanche. Alors que Nir Shafir, historien des sciences, professeur à l’université de San Diego, préparait au printemps son cours sur « Sciences et islam », quelle ne fut pas sa surprise de découvrir sur la couverture d’un livre récent une image reproduite d’une encyclopédie arabe médiévale, figurant des savants enturbannés dont l’un regardait le ciel à l’aide d’un télescope tandis que l’autre prenait des notes à l’aide d’une plume. Si l’instrument n’est connu au Moyen-Orient qu’après Galilée au XVIIe siècle, comment expliquer ces miniatures ? Il n’eut pas beaucoup de difficultés à prouver la contrefaçon. Mais comme il l’écrit dans le magazine américain Aeon, ces fausses images sont légion aujourd’hui et parfois se retrouvent dans les collections des institutions renommées comme la Bibliothèque de l’université d’Istanbul, le Getty Center ou encore la Bibliothèque Bodleian d’Oxford. D’autres miniatures représentent des médecins guérissant la variole. Ces miniatures fabriquées, qui détournent des miniatures existantes, ont la cote sur les différents portails des musées d’histoire des sciences à destination des touristes et des écoliers. Shafir a ainsi traqué ces images et révélé qu’elles circulent à Oxford et à Cambridge, où elles accompagnent l’exposition sur « Sciences en islam ». On les retrouve aussi dans la prestigieuse Wellcome Collection en histoire de la médecine à Londres. Enfin, elles reviennent en Turquie crédibilisées par cette communication institutionnelle. Un désir de modernité trop fort Ces affaires n’auraient dû alimenter que la rubrique des faits divers si elles ne témoignaient d’une volonté d’utiliser ces images pour s’arroger une antécédence dans la quête des origines des sciences modernes. Si le cas n’est pas limité à la Turquie – on se rappelle le scandale des fausses images de la Lune attribuées à Galilée et dénoncé par Nick Wilding –, la supercherie renvoie selon Nir Shafir à une dimension plus sérieuse que le développement d’une culture touristique avide de grandeur et de kitsch. Il existe aujourd’hui des musées d’histoire des sciences – comme celui d’Istanbul – entièrement remplis d’objets fabriqués dans les vingt dernières années, dans l’intention de représenter les « vénérables traditions scientifiques du monde islamique » et de manière « à intégrer les musulmans à une communauté politique globale à travers le grand récit universel des sciences modernes ». L’usage de ces objets ou de ces images participe d’un tournant matériel en histoire des sciences qui fait des remakes, de la production de fac-similé d’instruments ou de machines ou de la reproduction d’expériences scientifiques une des pratiques les plus innovantes d’une histoire des sciences centrée sur le travail scientifique. Par la vertu des technologies numériques, les projets de musées imaginaires ou de relocalisation de chefs-d’œuvre offrent aujourd’hui des réponses techniques à la question du rapatriement des objets non européens.
Le succès de la pétition « L’Affaire du siècle » montre que la société française a pris la mesure de l’enjeu, explique Lucile Schmid, vice-présidente du think tank La Fabrique écologique.
« Il existe en France une conscience collective que le dérèglement climatique est déjà là »
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/27/il-existe-en-france-une-conscience-collective-que-le-dereglement-climatique-est-deja-la_5402811_1652612.html
27/12/2018
climat
Marche pour le climat à Paris le 8 décembre. JACQUES DEMARTHON / AFP Lancée par quatre associations de défense de l’environnement, la pétition « L’Affaire du siècle » a récolté plus de 1,8 million de signatures favorables à une action en justice contre l’Etat. Lucile Schmid, vice-présidente du think tank La Fabrique écologique, auteure avec Catherine Larrère et Olivier Fressard de L’écologie est politique (Les Petits Matins, 2011), et ancienne membre du bureau exécutif d’Europe Ecologie-Les Verts, analyse les raisons de cet engouement. Comment expliquez-vous cette forte mobilisation ? C’est un témoignage frappant du moment de cristallisation que nous vivons. Il existe désormais en France une conscience collective que le dérèglement climatique est déjà là, que les arbres, les oiseaux, les espèces autour de nous disparaissent. Ce n’est plus une menace, c’est une réalité et les citoyens l’ont compris. Pour eux, les déclarations politiques ne créent aucun changement de cap. Ce sont l’incohérence et la négligence des pouvoirs qui sont dénoncées. Le mouvement des « gilets jaunes » joue un rôle d’accélérateur de l’entrée dans la réalité de l’écologie. Jusqu’à présent, cette transformation avait été mise en œuvre de façon technocratique. Lors du référendum sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, par exemple, le pouvoir avait misé sur le camp hostile à l’écologie. Mais en deux ans, la société a changé. Les citoyens s’intéressent aux enjeux écologiques avec plus de force que le pouvoir. Il est frappant que des « gilets jaunes » aient dénoncé l’injustice fiscale et non l’écologie, et que la jonction se soit faite entre manifestations le 8 décembre. Mais il reste à inventer une écologie populaire, qui repose sur la justice sociale. Quel est le profil des signataires ? Le site de la pétition ne communique pas les noms des signataires. Mais il est clair que lorsqu’un texte recueille un tel nombre de signatures, toutes les générations et tous les milieux sociaux sont concernés. Il y a les jeunes et des youtubeurs. En associant Juliette Binoche et Marion Cotillard à Pablo Servigne, l’un des créateurs du concept de « collapsologie », cette pétition s’adresse à un public divers. L’idée d’attaquer l’Etat – inspirée de l’action de l’ONG néerlandaise Urgenda – est de nature à plaire à des personnes issues d’horizons variés. Nous avons en France la nostalgie d’un Etat-providence. Quoi de plus tentant que de le transposer à l’écologie ! Le problème, c’est que nous assistons à un rétrécissement des pouvoirs de l’Etat, à une dérégulation qui interdit le contrôle de certains lobbies et à une perte de contenu de ce qu’on appelait « intérêt général ».
Le philosophe Gérard Bras revient sur les distinctions lexicales pratiquées dans l’Antiquité, afin de saisir pleinement le sens des termes « peuple » et « démocratie » : « populus », « plebs », « vulgus » à Rome ; « dèmos », « ethnos », « génos » à Athènes.
Gérard Bras : « Le “peuple”, c’est la fraction qui ambitionne d’être le tout »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/27/gerard-bras-le-peuple-c-est-la-fraction-qui-ambitionne-d-etre-le-tout_5402804_3232.html
27/12/2018
idees
GIUZEPPE RAGAZZINI Gérard Bras est philosophe. Il a mené dans son nouvel ouvrage, Les Voies du peuple. Eléments d’une histoire conceptuelle (éd. Amsterdam, 368 pages, 20 euros), une enquête sur les usages du terme « peuple » et de l’appel au peuple en politique, du XVIIIe siècle à nos jours. Saisir le sens du mot implique de faire jouer les distinctions qui nous viennent de l’Antiquité. La notion de peuple est embarrassante, celle de populisme aussi. Pour amorcer la réflexion, on peut revenir à la façon dont Rome a pensé le peuple. Quelles sont les grandes catégories structurantes ? Le latin distingue trois termes : le populus, qui a une signification essentiellement politique, puisqu’il désigne les hommes libres non patriciens qui faisaient partie de la légion. La plebs désigne, à rebours, tous ceux qui n’appartiennent pas au populus tout en n’étant pas esclaves, soit les plus pauvres, les proletarii. On a donc une distinction bien marquée entre une signification militaro-politique et une signification sociale. Et, enfin, il y a un troisième terme, vulgus, qui qualifie péjorativement le peuple par son ignorance, son inculture. On glisse évidemment facilement du statut social de pauvre au statut culturel de vulgaire. Le français a perdu ces distinctions. Mais les connotations restent là : quand on parle de populisme, par exemple, on suggère que le peuple est ignorant et xénophobe (vulgus) et que le démocrate décide, lui, par la volonté du peuple (populus). « Cicéron dit que le peuple, c’est l’ensemble de ceux qui reconnaissent les principes du droit. Or, la modernité va renverser ce principe : le peuple, c’est celui qui fait le droit. » Cicéron donne une définition du populus dans De republica : il dit que le peuple, c’est l’ensemble de ceux qui reconnaissent les principes du droit. Or, ce qui est intéressant, c’est que la modernité va renverser ce principe : le peuple, c’est celui qui fait le droit. Chez les Anciens, le droit est établi par la raison ; chez les Modernes, c’est le produit d’une volonté collective. Néanmoins, la notion de « droits de l’homme » de 1789 soutient qu’il y a des droits imprescriptibles, dont la résistance à l’oppression, qui doivent être garantis par la république. Et n’oublions pas qu’en face du peuple il y a les patriciens. Un épisode est crucial dans ce face-à-face : c’est le retrait de la plèbe sur l’Aventin en – 494. Tite-Live raconte que la plèbe refuse d’aller faire la guerre. Les patriciens sont obligés de négocier. Le résultat de cette action collective, c’est le début du tribunat : on nomme des tribuns, ces magistrats qui, au Sénat, vont porter la voix du peuple. Ce sont des représentations qui ne nous appartiennent plus mais qui laissent des traces : pensons par exemple à la manière avec laquelle le peuple, aujourd’hui, demande à être entendu, c’est-à-dire à ne pas être méprisé.
En Italie, même si l’enseignement des langues anciennes a décliné, les références à l’Antiquité, elles, sont toujours d’actualité, en particulier sur la scène politique.
En Italie, le latin est une langue encore bien vivante
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/27/en-italie-le-latin-est-une-langue-encore-bien-vivante_5402803_3232.html
27/12/2018
idees
Statues des Dioscures, Castor et Pollux, place du Capitole, à Rome. Patrick Somelet/Photononstop Ce 20 octobre 2011, on était en train de déjeuner dans un restaurant de poisson du centre de Venise, en fin de service, avec un petit cercle d’habitués, quand la nouvelle de la mort de Mouammar Kadhafi est tombée. En Italie, le Guide libyen était une célébrité nationale, aussi la conversation s’est-elle vite portée sur le récit de ses innombrables excentricités – réelles ou pas. C’est alors qu’un des serveurs est arrivé, hilare, une tablette électronique à la main, pour montrer à notre petit groupe la déclaration que venait de faire le président du ­Conseil, Silvio Berlusconi, à l’annonce de la nouvelle : « Sic transit gloria mundi » (« ainsi passe la gloire du monde », en latin). Dans la tradition catholique, immédiatement après l’élection d’un nouveau pape, un moine venait brûler aux pieds du pontife à peine élu une mèche d’étoupe, en prononçant cette phrase rituelle, comme pour rappeler au prélat devenu le lieutenant de Dieu sur terre qu’après tout il n’était qu’un homme. En évoquant ces paroles à un moment précis, celui de la disparition d’un dictateur qui passait également pour un de ses amis personnels, le président du Conseil italien se sort par une pirouette plutôt astucieuse d’une situation embarrassante. D’ordinaire, le Cavaliere avait habitué les Italiens à des échappatoires nettement moins élégantes, alternant plaisanteries de garçon de bains et blagues douteuses… Cette apostrophe ne lui portera pas particulièrement chance. Quelques jours plus tard, début novembre, il sera contraint à la démission, sous la pression de Bruxelles et des marchés. Mais, ce jour-là, elle lui avait sauvé la mise. Lire aussi Silvio Berlusconi a démissionné Culture populaire Même si l’enseignement des langues anciennes est en recul en Italie (le latin n’est plus obligatoire au collège depuis 1977 et, au lycée, seuls 5 % des élèves optent aujourd’hui pour la filière classique, contre 10 % en 2008), comme partout dans le monde occidental, l’héritage antique reste, pour des raisons assez évidentes, largement présent dans la culture populaire. Aussi les références grecques ou latines restent-elles familières au plus grand nombre et sont régulièrement utilisées dans la chronique politique. Ainsi, le gouvernement Conte avait à peine quelques jours d’existence quand l’ensemble de la presse nationale se mit à surnommer « les Dioscures » (« jeunes garçons de Zeus » ou « jumeaux divins », en grec) les deux vice-premiers ministres, Matteo Salvini et Luigi Di Maio, en référence au culte de Castor et Pollux – même si, avec le recul, leurs affrontements réguliers des derniers mois évoqueraient plutôt Romulus et Rémus.
A la tête du parti Les Patriotes, l’ancien bras droit de Marine Le Pen entend s’associer à des représentants du mouvement en vue des élections européennes de mai 2019.
Florian Philippot dépose la marque « Les Gilets Jaunes »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/27/florian-philippot-depose-la-marque-les-gilets-jaunes_5402730_823448.html
27/12/2018
politique
Florian Philippot, à Paris, le 25 novembre 2016. Charles Platiau / REUTERS Dans la base de données de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), les marques déposées faisant référence au mouvement de contestation de l’automne 2018 sont au nombre de vingt-cinq. « Gilets jaunes », bien sûr, mais aussi ses versions au singulier, en minuscules, en majuscules, sa variante « Fier d’être gilet jaune », ou encore « Gil et John ». Et comme l’indique, jeudi 27 décembre, L’Opinion, l’une des occurrences listées, « Les Gilets Jaunes », a été déposée par Joffrey Bollée, un collaborateur de l’ancien responsable du Rassemblement national (ex-FN) Florian Philippot, désormais à la tête du mouvement Les Patriotes. M. Bollée a indiqué à L’Opinion que le dépôt de la marque, le 30 novembre, avait été effectué en vue des élections européennes du 26 mai 2019. « Notre programme étant 100 % compatible avec les revendications des “gilets jaunes”, nous pourrions monter une liste “Les Gilets jaunes” ou “Avec les gilets jaunes” », a déclaré le chef de cabinet de Florian Philippot. Ce dernier a justifié sa démarche, se défendant de toute tentative de récupération : « L’idée n’est pas sortie de mon chapeau depuis trois semaines, je voulais déjà donner cette coloration sociale au Front national. (…) Il s’agit surtout de faire en sorte que les vrais amis des “gilets jaunes” disposent de l’appellation, et pas les faux amis ou les ennemis. » Déposée, la marque estampillée « Les Gilets Jaunes » doit encore être validée par l’INPI. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Forbach, Florian Philippot prône le « Frexit » et tente de relancer ses Patriotes
Aller au stade pendant les fêtes n’est plus une exception anglaise. Les clubs italiens ont joué le 26 décembre. Des dirigeants de Ligue 1 poussent en faveur d’une adaptation en France.
Football : le « Boxing Day » fait des émules
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/27/football-le-boxing-day-fait-des-emules_5402720_3242.html
27/12/2018
sport
Le Napolitain Kalidou Koulibaly, à droite, visé par des cris racistes au stade de Milan, lors du premier « Boxing Day » italien, le 26 décembre. Luca Bruno / AP En matière de football, l’Angleterre et l’Italie font du troc. La Premier League, parce qu’elle a de l’argent, prend au Calcio ce qu’il fait encore de mieux : des entraîneurs – Claudio Ranieri, Antonio Conte, Maurizio Sarri. Et la Serie A, parce qu’elle en a beaucoup moins, importe ce qui a fait la richesse du football anglais, ses matchs pendant les fêtes de décembre, entre la dinde du 25 et le champagne du 31. Le 26, Boxing Day en Angleterre, Santo Stefano en Italie, on a ainsi joué au football. Et le 25, les joueurs l’ont passé entre eux, sous le regard voyeur de l’entraîneur guettant dans l’assiette les excès de cholestérol. Dans un pays comme l’Italie, l’organisation de matchs le lendemain de Noël est-elle bien raisonnable ? Il ne faut en tout cas pas y voir l’indice d’une progression dans l’aliénation de la société italienne au football : jusqu’aux années 1960, on allait au stade le 25 décembre, pour peu que ce soit un dimanche, jour de match. Depuis vingt-cinq ans, toutefois, la dernière semaine de l’année était sacrée, sans football. Mais les stades se vident et cette journée de « Santo Stefano » (saint Etienne) pouvait être un palliatif. Jeudi 27, l’Italie déchantait déjà. Les affluences ont été stables et, surtout, la mort d’un supporteur de Milan, ainsi que les cris racistes visant le défenseur franco-sénégalais de Naples Kalidou Koulibaly ont obscurci le choc du jour entre l’Inter Milan et le Napoli. Lire aussi Le foot italien n’arrive pas à se débarrasser de ses dérives racistes Sanglant éditorial de La Repubblica : « Sans doute Santo Stefano aurait-il choisi d’aller au cinéma, comme de tradition, plutôt que de suivre cette belle journée de football. (...) Ce fut un après-midi à oublier, ou plutôt non, pour ne jamais le répéter. » En France, le Top 14 occupe le terrain On rejouera pourtant samedi 29 en Serie A, avant d’observer une trêve jusqu’au 12 janvier. C’est encore raisonnable, une notion que les promoteurs du football anglais ont remisée depuis longtemps sous un tas d’or, celui des spectateurs jadis, des diffuseurs aujourd’hui. Le choc, le 3 janvier, entre Manchester City et Liverpool mettra un terme à cette frénésie de football durant laquelle la Premier League aura occupé les ondes sept jours sur neuf. Soucieux de la bonne santé de ses joueurs et des citoyens anglais, l’entraîneur de Liverpool Jürgen Klopp préférerait s’en tenir à des matches les 29 décembre et 3 janvier, afin que « tout le monde puisse digérer sa gueule de bois et être en forme pour regarder un match de foot ». A partir de 2020, la Premier League observera une coupure en février, après avoir entendu les appels de ses entraîneurs estimant que les contre-performances anglaises en Ligue des champions trouvaient peut-être leur source deux mois plus tôt, au Boxing Day.
L’explosion d’un engin incendiaire artisanal devant une église du centre de la capitale grecque intervient dix jours après l’explosion d’une bombe devant le siège d’une chaîne de télévision.
Grèce : une nouvelle explosion d’un engin artisanal à Athènes fait deux blessés
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/grece-une-nouvelle-explosion-d-un-engin-artisanal-a-athenes-fait-deux-blesses_5402699_3210.html
27/12/2018
international
Des membres de la police scientifique inspectent les lieux après l’explosion d’un engin artisanal devant une église d’Athènes, le 27 décembre. Thanassis Stavrakis / AP A peine dix jours après l’explosion d’une bombe devant le siège d’une chaîne de télévision à Athènes, un nouvel engin incendiaire artisanal a explosé jeudi 27 décembre devant une église dans la capitale grecque. Deux personnes, un policier et le gardien de l’église, ont été légèrement blessées. L’explosion est survenue à 7 h 10 locales, 6 h 10 en France, devant l’église Saint-Denis, située dans le quartier chic de Kolonaki. L’engin a explosé au moment où le policier, prévenu par le gardien de l’église, était en train d’examiner un paquet « suspect ». Le policier a été hospitalisé avec des blessures légères au visage et aux mains. L’employé de l’église, blessé légèrement lui aussi, a été transféré vers un hôpital proche. Aucune revendication Selon les premières informations données par la police, le paquet était placé dans l’une des ruelles entourant l’église Saint-Denis. Le quartier a été aussitôt bouclé par d’importantes forces de police et des spécialistes du service antiterroriste. Aucune revendication n’a été avancée pour le moment. Le quartier de Kolonaki est limitrophe de celui d’Exarchia, où les heurts entre policiers et anarchistes sont fréquents. Les attentats visant des établissements publics, radiotélévisions, banques ou représentations diplomatiques sont récurrents en Grèce depuis des années, imputés à des mouvements d’extrême gauche ou anarchistes grecs. Le 17 décembre, une bombe artisanale avait explosé devant le siège du groupe de radiotélévision privée Skai, dans la banlieue balnéaire d’Athènes, provoquant d’importants dégâts matériels. Cet attentat n’a lui non plus toujours pas été revendiqué. Le 13 novembre, une tentative d’attentat à l’engin incendiaire avait eu lieu devant le domicile d’un vice-procureur de la Cour de cassation, à Athènes. Le dispositif avait été découvert par la police et désamorcé à la suite de deux appels téléphoniques anonymes d’avertissement à deux médias. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après huit années d’austérité, la Grèce desserre l’étau social
Les manifestations contre le régime du maréchal à la tête du Soudan depuis 1989 se multiplient après que le prix du pain a été multiplié par trois.
Au Soudan, la rue défie le pouvoir d’Omar Al-Bachir
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/27/au-soudan-la-rue-defie-le-pouvoir-d-omar-al-bachir_5402680_3212.html
27/12/2018
afrique
Manifestations à Khartoum, le 25 décembre. MOHAMED NURELDIN ABDALLAH / REUTERS Jusqu’où les « émeutes du pain » vont-elles emporter le Soudan ? Lorsque les premiers manifestants sont descendus dans les rues, la contestation n’avait rien d’organisé. Des rassemblements similaires se multipliaient dans un nombre croissant de villes du pays, sans programme, coordination ni leaders clairement identifiés, et dont le but était de protester contre le renchérissement des produits de première nécessité, comme le pain et le sucre. Le 18 décembre, le prix des petits pains ronds et souples qui composent l’ordinaire de toutes les familles soudanaises avait été multiplié par trois. En janvier, ce prix avait déjà doublé. Le 19, les premières manifestations commençaient à Atbara, à 250 kilomètres au nord de Khartoum, la capitale. Atbara, ville assoupie au bord du Nil, est aussi le berceau du syndicalisme et du communisme (le premier syndicat soudanais y avait été créé en 1946), siège des chemins de fer à la gloire évanouie. Aujourd’hui, elle souffre comme tout le Soudan. En quelques jours, il y avait plus de dix foyers de contestation à travers le pays. Et de plus en plus de slogans hostiles au pouvoir soudanais, ceux du « printemps arabe ». Des hommes, des femmes, des enfants ont pris part à des manifestations à Dongola, tout au nord ; à Gedaref, dans l’Est ; ou encore à El-Obeid, dans le Kordofan du Nord. Des bâtiments du parti au pouvoir, le Parti du congrès national (NCP), ont été incendiés. « Effondrement » L’augmentation du prix du pain n’est qu’une ultime décision, dans la continuité de celles qui affectent le Soudan ces dernières années. En 2013, la libéralisation des prix et du taux de change avait conduit à une première bouffée inflationniste, et à des manifestations durement réprimées. En janvier, cette année, un nouveau train de mesures d’austérité avait aussi entraîné des émeutes. En novembre, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) était à Khartoum, pour discuter de certaines dispositions destinées à favoriser la reprise de l’aide financière. Parmi elles figurait la fin des subventions à des produits de première nécessité. La farine en fait partie. Ce ne sont plus les syndicats – noyautés par le pouvoir afin d’obéir aux injonctions du NCP du président Omar Al-Bachir – qui jettent à présent les foules dans les rues. A leur place, une organisation parallèle et assez discrète, l’Association professionnelle du Soudan (APS), a pris le relais dans l’organisation des manifestations. La contestation est portée par la difficulté de survivre alors que la valeur de la livre soudanaise a été divisée par deux et que certains prix ont été multipliés par trois, cinq ou plus. L’inflation, au total, a atteint 70 % en fin d’année. Les observateurs commencent à parler d’« effondrement » de l’économie.
Son nouveau livre, entre angoisse et ironie, abandonne la polémique et laisse place à la possibilité de l’amour.
« Sérotonine » marque le retour de Michel Houellebecq à la littérature
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/27/serotonine-marque-le-plein-retour-de-michel-houellebecq-a-la-litterature_5402674_3260.html
27/12/2018
livres
Michel Houellebecq lors de la remise du prix littéraire 30 millions d’amis à Paris, le 20 novembre. MICHEL GINIES / SIPA Quelqu’un dit « je » et tient une carabine entre ses mains. Une Steyr Mannlicher HS 50, « modèle à un coup ». Avec cette arme, vous n’avez qu’une seule chance. Pas question de rater. Or, rater, le narrateur du nouveau roman de Michel Houellebecq ne sait faire que cela. Cet ingénieur agronome, dont Sérotonine retrace le chemin vers la déchéance, et d’abord vers l’impuissance, a renié tout idéal écologique, notamment depuis qu’il a été embauché par Monsanto. Puis, chargé par diverses institutions de défendre l’agriculture française, ce quadra a également renoncé à sauver les producteurs de lait normands. Pourtant pas bête, plutôt doué même, Florent-Claude Labrouste s’effondre toujours au moment-clé, quand il faut faire mouche. Autant que sa carrière, sa vie sentimentale en témoigne. On dira que la pensée de Houellebecq « doit sa mobilité à la force répulsive et propulsive de l’adversatif mais… » Le voici donc, l’âme sous antidépresseurs et l’œil sur le viseur. Dans sa ligne de mire, un enfant. Celui de Camille, la seule femme avec laquelle Labrouste aurait pu être vraiment heureux, et qu’il a perdue pour une stupide histoire d’infidélité. Des années plus tard, déjà bien dérangé, il découvre qu’elle vit seule avec ce fils de quatre ans et décide que le seul moyen de la récupérer, elle, et de l’éliminer, lui. Le narrateur prend position dans la salle panoramique d’une brasserie fermée, à quelques centaines de mètres de la maison monoparentale, en Normandie. Muni de ses jumelles, il contemple l’enfant, installé devant un puzzle de Blanche-Neige. Fiasco total : les doigts du tireur se mettent à trembler. « Je venais de comprendre que c’était foutu, que je ne tirerais pas, que je ne parviendrais pas à modifier le cours des choses, que les mécanismes du malheur étaient les plus forts, que je ne retrouverais jamais Camille », peut-on lire. Appuyant quand même sur la détente, le sniper pulvérise la baie vitrée de la brasserie et craint qu’on l’ait entendu. « Je braquai mes jumelles sur l’enfant : non, il n’avait pas bougé, il était toujours concentré sur son puzzle, la robe de Blanche-Neige se complétait peu à peu. » Scène emblématique : au beau milieu des éclats de verre, le romancier fait surgir l’image du bonheur enfantin. Car si le narrateur de Sérotonine manie une carabine à un coup, Houellebecq, lui, comme jadis Voltaire, fait du roman un fusil à deux coups, et du champ littéraire un champ de bataille incertain, où les déflagrations du nu désespoir font résonner, par contraste, les intonations d’un amour solide.
Fondateur du premier centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains, la première banque de sperme française, le médecin est mort à 95 ans le 22 décembre.
Le professeur Georges David, figure de la médecine de la reproduction, est mort
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/27/le-professeur-georges-david-figure-de-la-medecine-de-la-reproduction-est-mort_5402648_3382.html
27/12/2018
disparitions
Le professeur Georges David dans son bureau du Cecos ( Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains) à Paris en mars 1984. Daniel SIMON /GAMMA-RAPHO Son nom n’était pas très connu du grand public. Pourtant, c’est en partie grâce à son audace que des dizaines de milliers de couples infertiles sont parvenus à fonder une famille ces quarante dernières années. Le professeur Georges David, médecin et fondateur du premier centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos), est mort le 22 décembre à Paris. Il avait 95 ans. Une messe a eu lieu jeudi 27 décembre à l’église Saint-Eustache, à Paris, suivie de son inhumation à Barbizon (Seine-et-Marne). Son histoire épouse celle de l’évolution des techniques reproductives et de la prise en charge de la stérilité au XXe siècle. « C’était un médecin qui avait un côté pionnier, engagé, à une époque où les médecins avaient la possibilité de prendre des initiatives un peu audacieuses », estime le biologiste de la reproduction Pierre Jouannet, qui fut son assistant à la fin des années 1960. Expert de la transfusion sanguine et des incompatibilités fœto-maternelles Membre de l’Académie nationale de médecine, ancien membre du Comité consultatif national d’éthique, Georges David ambitionnait initialement de devenir médecin généraliste, fasciné par celui qui lui rendait visite pour soigner ses maux d’enfant, en Lorraine. Mais au contact, notamment, des pédiatres Thérèse Boreau et Sylvain Buhot, aux côtés desquels il entame sa carrière à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, une autre voie s’ouvre à lui. Il devient un expert de la transfusion sanguine, plus spécifiquement des incompatibilités fœto-maternelles, et acquiert par la suite une solide réputation de réanimateur pédiatrique. En 1952, il découvre que l’exsanguino-transfusion, une technique consistant à remplacer le sang d’un patient, permet de guérir l’anasarque fœto-placentaire, un œdème généralisé découlant d’une incompatibilité de rhésus entre le fœtus et la mère. Jusqu’alors, dans la grande majorité des cas, cette complication provoquait la mort du fœtus ou du nouveau-né. Tournant historique et tabou de l’époque En parallèle, Georges David, marié à une sage-femme avec qui il aura un fils, Didier, développe ses activités de recherche. Grâce au soutien de Maurice Lacomme, chef du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital Saint-Antoine, il obtient un poste d’assistant au laboratoire d’embryologie des Saints-Pères. Il décroche son agrégation en 1965. En 1968, il rejoint le centre hospitalier universitaire du Kremlin-Bicêtre, dont il deviendra le directeur du laboratoire d’histo-embryologie et de cytogénétique. C’est dans cette structure qu’il va élaborer un système qui constitue un tournant décisif dans l’histoire de la médecine de la reproduction. En décembre 2008, il se confiait dans la revue L’Internat de Paris :
Après 1 600 km et 54 jours de périple, l’Américain Colin O’Brady a bouclé, le 26 décembre, la traversée de l’Antarctique en solo et sans assistance. Une première !
Le premier homme à traverser l’Antarctique en solo et sans assistance
https://www.lemonde.fr/sport/video/2018/12/27/le-premier-homme-a-traverser-l-antarctique-en-solo-et-sans-assistance_5402640_3242.html
27/12/2018
sport
ière ! L’Américain Colin O’Brady a bouclé, le 26 décembre, la traversée de l’Antarctique en solo et sans assistance. C’est le premier à accomplir cet exploit. Il lui a fallu 54 jours pour parcourir les 1 600 km nécessaires. « Je suis parvenu à mon objectif : devenir la première personne de l’histoire à traverser le continent Antarctique d’une côte à l’autre, en solo, sans assistance et sans aide », a-t-il écrit sur son compte Instagram. Pour ajouter un exploit à ce qui en était déjà un, il a parcouru les 125 derniers kilomètres d’une traite. Après trente-deux heures, sans dormir. Colin O’Brady avait pris le départ du campement de Union Glacier le 3 novembre en compagnie de Louis Rudd, un militaire britannique de 49 ans. Les deux hommes, qui tentaient chacun d’être le premier à accomplir ce périple en solo et sans assistance, ont ensuite cheminé séparément. Si l’Anglais a un temps fait la course en tête, c’est finalement l’Américain qui a franchi la ligne d’arrivée en premier.
Des installations liées au Hezbollah et à l’Iran ont une nouvelle fois été visées dans la nuit de mardi à mercredi.
La Syrie et la Russie accusent Israël d’avoir mené des frappes aériennes en Syrie
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/damas-et-moscou-accusent-israel-d-avoir-mene-des-frappes-en-syrie_5402636_3210.html
27/12/2018
international
Des missiles tirés dans la région de Damas, le 25 décembre 2018. Photo fournie par l’agence SANA. Uncredited / AP Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a rappelé mercredi 26 décembre au soir qu’Israël continuerait à « agir vigoureusement » pour empêcher « un enracinement de l’Iran en Syrie », sans faire référence aux frappes de la veille. Les regards se tournent cependant vers Israël après les raids aériens conduits dans la nuit de mardi 25 à mercredi 26 décembre en Syrie. Trois cibles militaires ont été bombardées à l’ouest et au nord de Damas, la capitale. Le régime syrien et son allié russe affirment qu’Israël est responsable des frappes. L’Etat hébreu n’a officiellement pas réagi. Si sa responsabilité était attestée, il s’agirait des premières frappes israéliennes en Syrie depuis l’annonce, la semaine dernière, du retrait américain de Syrie. Mercredi, Moscou a condamné une « provocation de l’aviation israélienne ». Les frappes de la veille « ont mis en danger deux avions de ligne civils qui s’apprêtaient à atterrir aux aéroports de Beyrouth et de Damas, lorsque six de ses F-16 ont mené des frappes en Syrie depuis l’espace aérien libanais », a affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère russe de la défense, Igor Konachenkov. Trois personnes auraient été tuées, selon les médias officiels syriens. Mercredi, l’Observatoire syrien des droits de l’homme indiquait que les cibles visées étaient un « entrepôt d’armes » appartenant au Hezbollah, le mouvement chiite libanais, et à l’Iran, allié du régime syrien. Des cibles situées autour de l’aéroport militaire Al-Mezzeh à l’ouest de Damas, déjà visé par de précédents raids israéliens, ainsi que dans les régions de Kesswa et Jamraya, au nord-est de la capitale syrienne. Empêcher un « enracinement de l’Iran en Syrie » Mardi soir, l’armée israélienne a seulement indiqué que son système de défense aérienne Patriot avait été activé contre un missile antiaérien en provenance de la Syrie : aucun dommage ou victime n’a été rapporté. « La nature des cibles laisse peu de doute quant à la responsabilité d’Israël, avance cependant Ofer Zalzberg, analyste principal à l’International Crisis Group. Mais l’ambiguïté fait partie de la politique israélienne en Syrie. » Lundi, M. Netanyahou avait répété que le retrait des 2 000 soldats américains de Syrie ne changerait pas la politique israélienne vis-à-vis de son voisin syrien. Depuis 2011, l’Etat hébreu y a mené plusieurs frappes contre des installations militaires de l’Iran et du Hezbollah, le mouvement chiite libanais soutenu par Téhéran.
Pendant plus de deux ans, « des contrats et factures » de plus de deux millions de clients de la marque B&You étaient accessibles en ligne sans authentification.
Une amende de 250 000 euros à Bouygues Telecom pour ne pas avoir « protégé les données » de ses clients
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/27/protection-des-donnees-la-cnil-inflige-une-amende-de-250-000-euros-a-bouygues-telecom_5402633_4408996.html
27/12/2018
pixels
Bouygues Telecom a « insuffisamment protégé les données » de plus de deux millions de clients de sa marque B&You. L’autorité française de protection des données personnelles, la CNIL, a infligé jeudi 27 décembre une amende de 250 000 euros à l’opérateur téléphonique pour « manquement à la sécurité des données clients ». Un contrôle réalisé par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) dans les locaux de l’opérateur téléphonique a permis de « confirmer l’existence d’une vulnérabilité permettant d’accéder à des contrats et factures de clients B & You ». Pendant plus de deux ans, ces données confidentielles étaient accessibles via une simple modification de l’adresse URL sur le site Web de Bouygues Telecom. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Protection des données : citoyens et entreprises de plus en plus vigilants « L’authentification à l’espace client avait été désactivée » Selon la CNIL, qui s’était saisie de ce dossier en mars et avait aussitôt prévenu l’opérateur, Bouygues « a rapidement corrigé la vulnérabilité et les données personnelles des clients n’étaient plus librement accessibles ». « Le défaut de sécurité trouvait son origine dans l’oubli de réactiver sur le site, après une phase de test, la fonction d’authentification à l’espace client qui avait été désactivée pour les seuls besoins de ces tests », précise l’instance dans un communiqué. « La sanction prononcée concerne des faits s’étant entièrement déroulés avant l’entrée en application du règlement européen sur la protection des données personnelles », ajoute encore la CNIL. Lire aussi RGPD : ce qui change pour les particuliers
Arrêté en 2015 puis exclu du Parti communiste chinois, Ma Jian a été reconnu coupable d’avoir touché des pots-de-vin.
Prison à vie pour Ma Jian, l’ex-patron du contre-espionnage chinois
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/chine-l-ex-patron-du-contre-espionnage-condamne-a-la-prison-a-vie-pour-corruption_5402624_3210.html
27/12/2018
international
Ma Jian, ancien chef du contre-espionnage chinois, a été condamné jeudi 27 décembre à la prison à vie pour corruption par un tribunal du Liaoning (nord-est de la Chine). Arrêté en 2015 et exclu l’année suivante du Parti communiste chinois (PCC), cet ancien vice-ministre de la sécurité d’Etat, considéré comme l’homme qui a régné des années sur les puissants services d’espionnage et de contre-espionnage, a été reconnu coupable d’avoir notamment touché des pots-de-vin. Le tribunal populaire intermédiaire de la ville de Dalian a estimé qu’il avait commis « les crimes de corruption, d’extorsion et de délit d’initié ». Il a également été privé de ses droits politiques et ses biens ont été confisqués. Ma Jian a annoncé qu’il ne ferait pas appel, peut-on lire dans un communiqué du tribunal. Selon le jugement rendu jeudi, à la suite d’une audience à huis clos tenue le 16 août, Ma Jian a profité de ses fonctions de ministre adjoint au bénéfice d’entreprises contrôlées par le milliardaire en exil Guo Wengui, acceptant en retour pour plus de 109 millions de yuans (près de 14 millions d’euros) de biens. Selon le tribunal, MM. Ma et Guo ont, entre 2008 et 2014, collaboré pour obtenir, parfois sous la menace, des transferts d’actions. En 2013 il s’est, toujours selon le jugement, rendu coupable de délit d’initié. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Guo Wengui, le milliardaire youtubeur qui fait trembler Pékin Campagne sévère contre la corruption Peu d’éléments de la carrière de Ma Jian sont connus publiquement. Il aurait progressé pendant trois décennies au sein de l’appareil sécuritaire et se serait hissé en 2006 à ce poste clé du ministère de la sécurité d’Etat. Cette institution des plus secrètes joue un rôle fondamental pour l’Etat-parti puisqu’elle cumule le traditionnel renseignement extérieur à la surveillance et à la répression des éléments susceptibles de déstabiliser le monopole du pouvoir du PCC. La chute de Ma Jian en 2015 avait suivi la disgrâce de son ancien patron, Zhou Yongkang, qui avait la haute main sur la police, la justice et les renseignements. Il était lui aussi tombé pour corruption. Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, le président chinois Xi Jinping a engagé une campagne sévère contre la corruption, qui a sanctionné plus de 1,5 million de cadres du régime. Mais certains observateurs estiment que cette campagne a visé avant tout ses opposants internes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pékin met en scène la chute de Zhou Yongkang
Une lanceuse d’alerte dénonce la vente de nombreux passeports par un fonctionnaire proche du pouvoir et mis en cause par la justice.
La Bulgarie secouée par un scandale de trafic de passeports
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/la-bulgarie-secouee-par-un-scandale-de-trafic-de-passeports_5402607_3210.html
27/12/2018
international
Ekaterina Zaharieva (au centre), lors d’une réunion des ministres des affaires étrangères européens, à Bruxelles, le 10 décembre. La Bulgare aurait ordonné le licenciement de la lanceuse d’alerte Katia Mateva. Francisco Seco / AP Ce jour-là, Katia Mateva, a fait en voiture le voyage de Sofia à Bruxelles. Tendue, fatiguée, elle a tenu à venir témoigner dans la capitale des institutions européennes de ce qu’elle estime être un scandale trop largement méconnu en dehors de son pays : le trafic de la naturalisation bulgare, qui permet d’obtenir un passeport et donc le droit de circuler dans l’Union européenne – Sofia a adhéré à l’UE en 2007. Mme Mateva, une juriste, assumait la direction du Département de la citoyenneté au ministère de la justice. Elle a bloqué des milliers de dossiers et annulé des naturalisations quand elle s’est aperçue qu’une soixantaine de criminels étrangers en avaient bénéficié grâce à une simple déclaration d’« appartenance », assez floue, au pays. Ces certificats, recherchés par des Macédoniens, des Moldaves, des Ukrainiens ou des Albanais peuvent être obtenus contre quelques centaines ou milliers d’euros auprès de certains bureaux d’avocats. Quelque 115 000 personnes auraient bénéficié d’une naturalisation en l’espace d’une dizaine d’années Pour avoir dénoncé ce trafic, Mme Mateva assure avoir perdu son emploi en 2016 tandis que son mari, également fonctionnaire, subissait d’intenses pressions. De quoi vit-elle ? « De l’aide que m’apportent mes proches et mes amis », explique-t-elle au Monde. Le parquet général bulgare a d’abord classé le dossier. Pourtant, le directeur des renseignements a dit, l’an dernier, s’inquiéter de la menace que représentait ce trafic pour la sécurité nationale. Quelque 115 000 personnes auraient bénéficié d’une naturalisation en l’espace d’une dizaine d’années. Mme Mateva a indiqué que de 150 à 200 demandes étaient introduites chaque jour, par des étrangers qui déposaient de 500 à 1 500 euros pour l’examen de leur dossier. Un ministre impliqué dans le trafic L’ex-fonctionnaire a aussi tenu à informer le gouvernement de Boïko Borissov, premier ministre de centre droit, en coalition avec les nationalistes de Patriotes unis (OP), qui réunissent la xénophobe et extrémiste Ataka (Union nationale Attaque) et les nationalistes populistes de VMRO (Mouvement national bulgare). Mais il a fallu attendre octobre 2018 pour que la justice se mette enfin en branle et procède à une vingtaine d’arrestations, dont celle de Petar Haralampiev, directeur de l’Agence d’Etat pour les Bulgares de l’étranger, pour avoir reçu des pots-de-vin dans plusieurs dossiers de naturalisation. Il a été mis en examen pour appartenance à un groupe criminel organisé. Le secrétaire général de l’Agence a également été placé sous les verrous après la découverte, dans son coffre, de 265 000 euros en liquide. Le 26 novembre, M. Borissov annonçait qu’il réfléchissait à dissoudre l’Agence.