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Défenseurs des droits humains, chrétiens et même maoïstes sont réprimés avant l’anniversaire du mouvement étudiant et du massacre qui s’était ensuivi.
La Chine fébrile avant le trentième anniversaire des manifestations de Tiananmen
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/la-chine-febrile-avant-le-trentieme-anniversaire-de-tiananmen_5402592_3210.html
27/12/2018
international
La police empêche Li Wenzu, Liu Ermin et Wang Qiaoling, les épouses de trois des défenseurs des droits humains arrêtés, d’entrer dans le bâtiment de la Cour suprême chinoise, pour plaider la cause de leurs maris, à Pékin, le 17 décembre 2018. Thomas Peter / REUTERS Les autorités chinoises ont une nouvelle fois profité de la moindre présence de diplomates et de journalistes occidentaux durant les fêtes de fin d’année pour organiser le procès d’un militant des droits de l’homme. Mercredi 26 décembre s’est tenu à Tianjin, une ville située à environ 120 kilomètres, au sud-est de Pékin, le procès pour « subversion » de Wang Quanzhang. Cet avocat de 42 ans est très connu pour avoir osé défendre des militants politiques, des membres de la secte interdite Falungong et des paysans dépossédés de leurs terres. Il était le dernier d’un groupe d’environ 200 défenseurs des droits humains arrêtés en juillet 2015 à n’avoir encore été ni jugé ni libéré. « L’affaire comportant des secrets d’Etat, la cour a décidé de ne pas ouvrir le procès au public », a expliqué le tribunal, dont l’accès était bloqué par des dizaines de policiers. Il semble que, dès le début, Wang Quanzhang a refusé l’assistance de son avocat commis d’office. C’est son épouse, Li Wenzu, qui, le 24 décembre, avait révélé la tenue de ce procès, elle-même étant empêchée de quitter son domicile à Pékin par « plus de vingt policiers ». Le tribunal a confirmé, mercredi soir, que le procès s’était tenu et que le verdict avait été mis en délibéré. Sans plus de précision. « Wang Quanzhang est persécuté pour avoir pacifiquement défendu les droits de l’homme », a déclaré dans un communiqué Doriane Lau, d’Amnesty International, en rappelant qu’il avait déjà été « détenu plus de trois ans sans que sa famille sache jusqu’à récemment s’il était vivant ». Un an auparavant, le 26 décembre 2017, le même tribunal avait condamné à huit ans de prison l’activiste et blogueur Wu Gan. Et en 2009, c’est le 25 décembre que le dissident Liu Xiaobo, décédé en 2017 d’un cancer, avait été condamné à onze ans de détention. Flash-mob des maoïstes Le procès de Wang Quanzhang se déroule alors que les autorités semblent fébriles à l’approche du trentième anniversaire, en juin 2019, des manifestations de Tiananmen. Un signe, parmi d’autres, de cette nervosité : il a fallu attendre le 25 décembre pour que les autorités confirment le décès, le 13 décembre, de Yuan Mu. Porte-parole du gouvernement de 1987 à 1993, Yuan Mu était célèbre pour avoir d’abord indiqué que la répression du mouvement étudiant le 4 juin 1989 n’avait fait aucune victime. Avant d’avancer le chiffre de 300 morts, un bilan sans doute bien inférieur à la réalité. Le nom même de Yuan Mu est, encore ce 27 décembre, censuré sur Weibo, le principal réseau social chinois.
Le plasticien de 32 ans rapproche éléments naturels menacés, tel le corail, et anciens savoir-faire industriels en voie de disparition, comme la dentelle. Cet hiver, deux expositions présentent son travail.
Pour Jérémy Gobé, la sculpture est un art de combat
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/27/pour-jeremy-gobe-la-sculpture-est-un-art-de-combat_5402566_4500055.html
27/12/2018
m-le-mag
Jérémy Gobé dans son atelier, le 10 décembre. MANUEL OBADIA-WILLS POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » La maison brûle et Jérémy Gobé ne regarde pas ailleurs. À l’image de quelques-uns de ses aînés, comme Olafur Eliasson ou Mark Dion, l’artiste français de 32 ans s’intéresse de très près à l’écologie. Dans un fulgurant rapprochement, il aborde le réchauffement climatique comme la question des délocalisations, entremêlant disparition des coraux et perte des savoir-faire industriels. Le plasticien expose ses formes organiques et proliférantes, sculptures sinueuses en tricot qui envahissent l’espace telles des plantes grimpantes, jusqu’au 6 janvier 2019 au Musée Bargoin, à Clermont-Ferrand. Son travail est également présenté dans « Soft Power », au Transpalette, à Bourges, avant de partir, en 2019, pour la Biennale de Lyon. Retrouver le geste de l’artisan L’art a toujours été un combat pour ce jeune homme issu d’une famille de militaires. Adolescent cherchant sa voie, Jérémy Gobé avoue sa flamme artistique à sa conseillère d’orientation, qui l’aiguille vers… la peinture en bâtiment. D’autres conseils, plus avisés, dirigeront le jeune bachelier vers l’architecture à l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy, où il fait ses gammes, trois ans durant, avant de rejoindre Paris et les Arts déco. Curieux de tout, l’étudiant Gobé s’essaie à toutes les techniques pour finalement se concentrer sur la sculpture textile. L’art pour l’art, très peu pour lui. Jérémy Gobé, rêveur, reste néanmoins ancré dans la société. Influencé par une grand-mère couturière, il cherche à retrouver le geste de l’artisan. Le jacquard, en particulier, n’a rien de désuet à ses yeux. « Si on veut toucher un public large, il faut trouver un langage commun avec les ouvriers, les artisans, les employés. Comprendre ce qu’ils font pour créer un cercle vertueux. » Jérémy Gobé Les hauts fourneaux de sa Lorraine d’origine s’éteignent les uns après les autres, l’économie textile est en perte de vitesse, mais Jérémy Gobé n’a pas l’intention d’oublier cette histoire. Encore étudiant, en 2009, il rapporte des kilomètres de tissus d’une usine de coton à deux doigts de la fermeture. Et décide d’en faire la matière vivante de ses premières sculptures. « Les ouvriers étaient attachés à leur emploi, mais aussi à leur savoir-faire, raconte-t-il. Ils se sont dit qu’à travers un jeune artiste leur histoire allait continuer. » Pour lui, pas question de recevoir sans donner en retour. « J’ai grandi dans un milieu de travailleurs, je me devais de réintroduire cette notion de l’effort dans l’art. Si on veut toucher un public large, il faut trouver un langage commun avec les ouvriers, les artisans, les employés. Comprendre ce qu’ils font pour créer un cercle vertueux. »
D’après une étude de terrain réalisée à Dieppe, les deux chercheurs Jean-Yves Dormagen et Geoffrey Pion estiment, dans une tribune au « Monde », qu’il existe un socle de revendications sociales et politiques parmi les militants.
« Le mouvement des “gilets jaunes” n’est pas un rassemblement aux revendications hétéroclites »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/27/le-mouvement-des-gilets-jaunes-n-est-pas-un-rassemblement-aux-revendications-heteroclites_5402547_3232.html
27/12/2018
idees
Tribune. Dieppe (Seine-Maritime), 30 000 habitants, premier port pour la coquille Saint-Jacques en Normandie, se trouve être un bastion du mouvement des « gilets jaunes ». Un des tout premiers groupes Facebook appelant à la manifestation du 17 novembre y a été créé. Il comptait près de 16 000 membres à sa fermeture, le 25 novembre. Ici, le mouvement a été immédiatement d’une ampleur exceptionnelle : le 17 novembre, plus de 1 000 personnes garnissaient la dizaine de ronds-points bloqués à l’entrée de la ville (dont 405 sur le rond-point d’Auchan, selon un comptage policier) et sur les départementales en direction d’Abbeville, de Beauvais, de Rouen et de Fécamp. Nous avons voulu profiter d’une présence sur le terrain pour évaluer et mesurer dès le départ ce qui se passait sous nos yeux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le mouvement des “gilets jaunes” est avant tout une demande de revalorisation du travail » Rapidement, les chiffres proposés par le ministère de l’intérieur nous ont paru bien faibles. On citait des chiffres concernant le nombre de manifestants relevés à une heure H. Mais contrairement à ce que nous observions directement au quotidien sur le terrain, rien ne rendait compte de l’important roulement des « gilets jaunes » sur les ronds-points, ni de la solidarité active de la population envers le mouvement – en lui apportant bois, nourriture et encouragements – comme du soutien passif que manifestaient de très nombreux automobilistes en mettant leur gilet jaune sur le pare-brise. Etonnant soutien populaire Nous nous sommes alors donné les moyens de mesurer précisément ces différentes formes de soutien. Les 26 et 27 novembre par exemple, nous avons réalisé un comptage à partir de 900 véhicules passant sur le rond-point d’Intermarché à Rouxmesnil-Bouteilles : 44 % d’entre eux arboraient un gilet jaune. Un nouveau comptage portant sur 3 291 véhicules était réalisé dans une cinquantaine de quartiers dieppois et de villages alentour, les 2 et 3 décembre : 38 % des véhicules ont alors le gilet jaune sur le pare-brise. Cette solidarité n’a pas cessé de s’afficher depuis, comme en attestent les 32 % de gilets jaunes toujours présents sur les pare-brises des véhicules dieppois le 19 décembre. Le succès des pétitions contre l’augmentation des taxes débuté le 26 novembre à Arques-la-Bataille apportait une autre confirmation de cet étonnant soutien populaire. En moins d’une semaine, les autres ronds-points l’avaient reprise et près de 14 000 personnes l’avaient déjà signée. Nous avons mené une étude systématique de ces signatures, pour ne pas en rester à de simples impressions qui se révèlent parfois trompeuses. Il ressort de l’analyse spatiale des signataires que 22 % des Dieppois et 15 % des Dieppoises ont signé cette pétition. Ce soutien d’un niveau très inhabituel se révèle maximal chez les 18-39 ans (24 %) et décroît l’âge avançant.
Il opère dans « le consulting », entre intermédiaires louches et autocrates africains, quitte à agacer son ancien employeur.
Voyage au Tchad : Alexandre Benalla s’est reconverti dans la diplomatie privée en Afrique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/27/alexandre-benalla-la-vie-d-apres_5402532_823448.html
27/12/2018
politique
Le directeur du cabinet du président de la République a pris sa plume pour écrire à Alexandre Benalla. Dans une lettre datée du 22 décembre, Patrick Strzoda demande sans louvoyer à l’ancien chargé de mission à l’Elysée de lui « donner toutes informations pertinentes » sur « d’éventuelles missions personnelles et privées » qu’il aurait « exercées ou poursuivies comme consultant ». Le ton du courrier, consulté par Le Monde, est ferme. « Nous ne pourrions laisser sans réaction l’existence de relations d’affaires en France ou à l’étranger avec des intérêts privés, tout à fait incompatibles avec vos fonctions (…) et que vous n’avez jamais révélées », précise M. Strzoda. « S’agissant de vos activités personnelles actuelles, nous vous demandons de veiller qu’elles soient conduites dans le strict respect des obligations de secret et des devoirs déontologiques liés à l’exercice de vos fonctions passées au sein du cabinet, poursuit-il. Bien entendu, nous vous interdisons de vous prévaloir d’une quelconque recommandation ou appui tacite de la présidence. » A N’Djamena, où M. Benalla s’est rendu au début du mois, l’entourage d’Emmanuel Macron avait fait savoir que l’Elysée allait se pencher en interne sur les activités de l’ancien conseiller, pour vérifier qu’il n’avait jamais profité de son titre. « Pour information », M. Strzoda a aussi transmis une copie de la lettre au nouveau procureur de la République de Paris, Rémy Heitz ; charge à lui de voir s’il y a matière à ouvrir une enquête judiciaire. Reçu par le président tchadien Idriss Déby Ce même 22 décembre, Emmanuel Macron arrive dans la capitale tchadienne où il s’entretient longuement dans un salon de l’aéroport avec son homologue, Idriss Déby. La présidence sait que M. Benalla, démis de ses fonctions à l’Elysée en juillet puis mis en examen pour, notamment, « violences volontaires », « port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique » et « recel d’images issues d’un système de vidéoprotection », a fait un voyage à N’Djamena. L’ambassade de France est au courant, puis son déplacement est rendu public par la publication spécialisée La Lettre du continent le 12 décembre. L’ancien chargé de mission est contraint alors d’avertir lui-même l’Elysée. A N’Djamena, le jeune homme de 27 ans a été reçu début décembre par le président Idriss Déby lui-même et par son frère, Oumar, qui, comme patron de la direction générale de la réserve stratégique, a la haute main sur les commandes d’équipements militaires du Tchad. Venu de Yaoundé, la capitale du Cameroun, par avion privé, M. Benalla est ensuite reparti vers Istanbul, en Turquie. Les nuitées au Hilton, elles, ont été réglées par un discret homme d’affaires franco-israélien, spécialiste de la diplomatie privée en Afrique pour le compte de gouvernements : Philippe Hababou Solomon.
Selon la direction générale des finances publiques, 250 incidents se sont produits dans des centres des impôts depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ».
Les agents des impôts aux premières loges du ras-le-bol fiscal
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/27/les-agents-des-impots-aux-premieres-loges-du-ras-le-bol-fiscal_5402530_3224.html
27/12/2018
societe
Le ras-le-bol fiscal, ce sont les agents des impôts qui en parlent le mieux. Eux qui sont quotidiennement confrontés à cette colère sourde, qui s’est manifestée de manière spectaculaire avec le mouvement des « gilets jaunes ». « On le ressent constamment, presque tous les jours », constate Laurent Hutin, représentant syndical Solidaires finances publiques. Pour ce contrôleur des impôts, qui travaille à Cambrai (Nord), le ras-le-bol fiscal a pris le visage de « cette petite mémé qui pleurait dans mon bureau, il y a quelques mois, parce qu’elle n’arrivait plus à payer ses impôts ». « Je n’avais jamais vu ça, soupire-t-il. On essaie de se blinder, mais la souffrance des gens, ça désarçonne… » Les Français, qui détiennent le record d’Europe de la pression fiscale, ne veulent plus de taxes. Et pour que le message soit bien clair, certains « gilets jaunes » ont joint le geste à la parole en s’en prenant physiquement aux centres des impôts. Selon les chiffres transmis au Monde par Bercy, 250 incidents se sont produits en France depuis le début du mouvement, fin octobre. Cela va « des dégradations de serrures à la pose de murs devant les entrées, plus quelques cas d’incendies de poubelles et vitres brisées », détaille Bercy. Solidaires, le premier syndicat du secteur, en a dénombré « 136, dont 55 avec des dégradations matérielles importantes ». Cela couvait depuis longtemps Le 17 décembre, le centre des impôts de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) a été vandalisé : des vitres ont été brisées et un feu a été allumé. « Dix impacts de jets de pierre ou de coups de masse » ont été relevés sur la devanture, a constaté France Bleu Pays de Savoie. A Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), « une balle de foin pourri » a été placée devant l’entrée du bâtiment, a relaté La Dépêche. Des actions plus violentes avaient eu lieu à Saint-Andiol (Bouches-du-Rhône), Castres (Tarn) ou Falaise (Calvados)… Mais, en réalité, cela couvait depuis longtemps. « Le mouvement des “gilets jaunes” met sur la place publique un sentiment que l’on ressentait depuis longtemps », explique Laurent Hutin. Les agents des impôts sont aux premières loges, surtout lorsqu’ils sont à l’accueil, pour observer les affres du « consentement à l’impôt ». « Oui, on le vit, le ras-le-bol fiscal, témoigne Sophie, en poste dans la région parisienne, qui souhaite conserver l’anonymat. Les gens disent qu’ils ne veulent plus d’impôts. Or, c’est notre métier de les recouvrer… » D’où cette colère à laquelle ils sont parfois confrontés.
Notre éditorialiste analyse les ressorts d’une Europe qui, en 2018, s’est montrée « laborieuse, pas glamour pour un euro, mais plus solide qu’on ne croit ».
« L’Union européenne est une joueuse de fond de court »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/27/l-union-europeenne-est-une-joueuse-de-fond-de-court_5402520_3232.html
27/12/2018
idees
Chronique. L’Union européenne (UE) est à la peine, elle est « en plein désarroi », dit un Américain. Elle finit 2018 dans une odeur de pneus calcinés à un barrage de « gilets jaunes » sur fond de marée montante d’une ultradroite europhobe qui entend sortir renforcée des élections au Parlement européen de juin 2019. Nos confrères des Etats-Unis sont sans pitié : ils dressent, en cette fin d’année, un tableau apocalyptique de l’état de l’Europe. Ils n’ont pas tort. Et pas raison non plus. Au tennis, on dirait de l’UE qu’elle est une joueuse de fond de court – laborieuse, pas glamour pour un euro, mais plus solide qu’on ne croit. C’est vrai, la tournée des capitales – Berlin et Paris, notamment – inspire un gros cafard de fin de saison. L’un des grands sachems des relations internationales aux Etats-Unis, Richard Haass, président du Council on Foreign Relations de New York, décrit une Europe en souffrance politique, sans leadership. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des coalitions minoritaires et fragilisées au pouvoir dans la moitié des pays européens Le champion de la cause européenne, Emmanuel Macron, souvent bien inspiré sur le sujet, est désavoué à la maison. Encore sous le choc d’une magistrale bronca sociale, le président français pèse moins à Bruxelles. Sa partenaire allemande, Angela Merkel, est en transition – vers la retraite. Elle a snobé le Français, ignorant sa cour assidue. Le célèbre couple franco-allemand ne fait pas d’enfants. Il est en désaccord sur à peu près tous les sujets qui comptent : budget européen et imposition des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), notamment. La presse d’outre-Rhin peint la France aux couleurs d’un pays du Club Med, incapable de tenir ses engagements de réformes « structurelles ». Reine du petit pas A Rome, où une coalition eurosceptique est au pouvoir, on se réjouit des malheurs de ces donneurs de leçons de Français. On pense la même chose en Pologne, où le ministre des affaires étrangères, Jacek Czaputowicz, estampille la France en « homme malade de l’Europe ». Avec la Hongrie, la Pologne s’efforce de banaliser la pratique de la « démocratie illibérale » au sein de l’UE. Médiocre, la croissance ralentissait en fin d’année dans l’ensemble européen, tout particulièrement au Royaume-Uni, où le psychodrame du Brexit prend des allures de comédie à l’italienne – on sort, on reste. Ils essaient, ils essaient, les Britanniques, mais, avec le Brexit, « they can’t get no satisfaction », dirait Mick Jagger. « Le futur de la démocratie, de la paix et de la prospérité en Europe, si l’on s’arrête à ce moment précis de son histoire, paraît pour le moins incertain », conclut Richard Haass. Peut-être. Mais de même qu’il n’y a pas eu de « quartiers de Paris littéralement en flammes » – contrairement à ce qu’avance Haass avec désinvolture –, de même l’UE n’a pas fait du surplace en 2018. Loin de là. A sa manière, reine du petit pas technocratique et de la demi-mesure, elle a progressé.
Ce proche des frères Kouachi, en fuite avant son arrestation à Djibouti le 16 décembre, doit exécuter en France sa peine prononcée en 2011. Il est aussi accusé dans une autre information judiciaire.
Le djihadiste Peter Cherif incarcéré et mis en examen par la justice française
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/27/le-djihadiste-peter-cherif-defere-au-parquet-de-paris_5402518_1653578.html
27/12/2018
police-justice
Présenté jeudi 27 décembre à un juge d’instruction, le djihadiste Peter Cherif a été mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle en récidive » dans le cadre d’une information judiciaire ouverte ce jour, selon le parquet de Paris. Peter Cherif a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet. Il avait été déféré dans la nuit de mercredi à jeudi en vue de l’exécution d’une peine de cinq ans de prison prononcée à son encontre en mars 2011. Cet homme, qui avait disparu au dernier jour de son procès à Paris, a été arrêté le 16 décembre à Djibouti et placé en garde à vue à son arrivée en France le 23 décembre. Cette nouvelle information judiciaire est consécutive à une enquête préliminaire ouverte en 2017. Selon une source proche du dossier, cette dernière visait le séjour et les activités de Peter Cherif au Yémen, où il était devenu un cadre d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA). Il avait été inscrit en septembre 2015 par les Etats-Unis sur leur liste noire des « combattants terroristes étrangers » et figurait parmi les djihadistes français les plus recherchés au monde. Lire le contexte : Capture de Peter Cherif, un des terroristes français les plus recherchés Pas officiellement visé par l’enquête sur l’attentat de janvier 2015 Proche des frères Kouachi, les auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, Peter Cherif est considéré comme une précieuse source d’informations pour les services de renseignements occidentaux comme pour la justice française. A ce stade, il n’est toutefois pas officiellement visé par l’enquête sur cet attentat. Et selon une autre source proche du dossier, il avait fait valoir son droit au silence au début de sa garde à vue. Arrêté une première fois à Fallouja, en Irak, fin 2004, alors qu’il combattait dans les rangs d’Al-Qaida en Irak, Peter Cherif, condamné à quinze ans de prison à Bagdad, s’était ensuite évadé en mars 2007 pour rejoindre la Syrie. Extradé par la suite en France, il y fut incarcéré pendant dix-huit mois. Il avait finalement disparu en mars 2011, absent au délibéré de son procès à Paris, et avait pris la fuite vers le Yémen. Condamné à cinq de prison, il avait fait immédiatement l’objet d’un mandat d’arrêt en vue de l’exécution de sa peine.
Plus de 100 cas de cette maladie virale transmise par les moustiques ont été recensés en 2 mois et 20 cas nouveaux sont enregistrés chaque semaine.
Epidémie de dengue en Nouvelle-Calédonie
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/27/epidemie-de-dengue-declaree-en-nouvelle-caledonie_5402458_1651302.html
27/12/2018
sante
Le moustique « Aedes Aegypti », vecteur de la dengue. LUIS ROBAYO / AFP La Nouvelle-Calédonie est déclarée en situation d’épidémie de dengue, avec plus de cent cas en deux mois de cette maladie virale transmise par les moustiques, ont indiqué, jeudi 27 décembre, les autorités locales. « Cent un cas ont été confirmés depuis le 1er novembre dont cinquante-huit pour les vingt premiers jours de décembre. Actuellement, vingt cas nouveaux sont chaque semaine diagnostiqués », précise le gouvernement du territoire dans un communiqué. Plusieurs communes de l’archipel sont touchées, en particulier Nouméa et sa banlieue, où trois personnes sont hospitalisées dont une en réanimation, a déclaré à l’Agence France-Presse Jean-Paul Grangeon, directeur adjoint des affaires sanitaires et sociales. Il s’agit d’une épidémie de dengue 2, pour laquelle la population calédonienne est peu immunisée. En effet, la dernière épidémie de ce sérotype remontait à 1998. « Appel à la vigilance » En raison de conditions météorologiques favorables à la prolifération des moustiques, les autorités sanitaires ont lancé un « appel à la vigilance » de la population, rappelant la nécessité de détruire les « gîtes larvaires » (tous les endroits où pondent les moustiques) aux abords des habitations. En février puis en mai, deux personnes ont succombé à la maladie, qui engendre forte fièvre et douleurs articulaires. En 2017, l’épidémie avait causé onze morts. En partenariat avec une université australienne, la mairie de Nouméa, appuyée par la direction départementale des affaires sanitaires et sociales et l’Institut Pasteur, a lancé un programme de lutte contre la dengue consistant à infecter les moustiques d’une bactérie qui empêche la transmission de la maladie. Les premiers résultats sont espérés d’ici à un an. Lire nos informations : Pourquoi la France refuse le vaccin contre la dengue pour ses territoires d’outre-mer
Brocardé par un humoriste sur NBC, le nouvel élu républicain du Texas a répondu avec distance et use désormais de sa liberté de ton pour contredire le président américain.
Les leçons de civisme de Dan Crenshaw, républicain indépendant
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/27/les-lecons-de-civisme-de-dan-crenshaw-republicain-independant_5402454_3210.html
27/12/2018
international
Le représentant républicain du Texas, Dan Crenshaw, à Washington, le 13 novembre. PABLO MARTINEZ MONSIVAIS / AP LETTRE DE WASHINGTON S’aventurer en territoire hostile relève du quotidien pour un membre des forces spéciales. Dan Crenshaw a beau avoir quitté les unités d’élite de l’armée américaine, il continue de franchir les lignes avec audace, pour ce qu’il considère comme le bien commun. A 34 ans, cet ancien Navy SEAL, élu représentant républicain du Texas lors des élections de mi-mandat, en novembre, n’entend manifestement pas être prisonnier du tribalisme qui s’est emparé de la politique américaine. Au point d’attirer déjà l’attention alors que sa seconde carrière ne fait que débuter. Dan Crenshaw aurait eu toutes les raisons de rester dans sa tranchée. Le 3 novembre, à la veille d’une élection plus délicate que prévue, dans une circonscription abandonnée par le républicain sortant, l’ancien militaire se retrouve sous le feu d’un humoriste du « Saturday Night Live », l’émission vedette de la chaîne NBC, qui tire à vue sur la politique en général et sur le président Donald Trump en particulier, régulièrement incarné de manière déjantée par l’acteur Alec Baldwin. Revanche amicale Une des jeunes figures de l’équipe, Pete Davidson, vedette de stand-up et ex-boyfriend de la chanteuse Ariana Grande, pousse trop loin la dérision ce soir-là, moquant lourdement le bandeau qui masque l’œil droit de l’ancien SEAL, grièvement blessé en Afghanistan. Une allure de « tueur à gage de film porno », assure le comédien. Les détracteurs de l’émission hebdomadaire s’étranglent. Le camp républicain s’indigne et se mobilise. Trois jours plus tard, le candidat tourné en ridicule est élu. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le samedi suivant, Pete Davidson offre ses excuses les plus plates aux téléspectateurs et à l’ancien militaire, présent sur le plateau et qui prend une revanche amicale en ironisant à son tour sur le physique du comédien. Dan Crenshaw s’attarde notamment sur sa coiffure peroxydée sortie tout droit selon lui de la série Breaking Bad, qui raconte les tribulations d’un professeur de chimie devenu producteur hors pair de méthamphétamine, une drogue de la même couleur indéfinissable. Puis Dan Crenshaw se tourne avec gravité vers la caméra. « Il y a beaucoup à apprendre » de cet échange qui aurait pu mal finir, assure-t-il. « Non seulement que la gauche et la droite peuvent encore s’entendre sur certaines choses, mais aussi que les Américains peuvent se pardonner. Nous pouvons nous souvenir de ce qui nous rassemble en tant que pays », dit-il.
Les Congolais doivent désigner le successeur du président Joseph Kabila à la tête du plus grand pays d’Afrique subsaharienne dimanche.
RDC : l’ONU appelle à garantir des élections sans violence
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/28/rdc-l-onu-appelle-a-garantir-des-elections-sans-violence_5403365_3212.html
28/12/2018
afrique
Des manifestants dans la ville congolaise de Beni, le 28 décembre 2018. Al-hadji Kudra Maliro / AP Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé, vendredi 28 décembre, les parties prenantes en République démocratique du Congo (RDC) à faire en sorte que les électeurs puissent se rendre aux urnes en toute sécurité lors des scrutins prévus dimanche. M. Guterres « appelle les autorités de la RDC, les dirigeants politiques de tous bords, la Commission électorale nationale indépendante [CENI] et la société civile à continuer de travailler ensemble pour assurer un environnement libre de violences afin que tous les électeurs éligibles puissent voter pacifiquement le jour du scrutin », rapporte un communiqué de son porte-parole. Les Congolais doivent désigner le successeur du président Joseph Kabila à la tête du plus grand pays d’Afrique subsaharienne, qui stocke d’immenses richesses minérales, mais dont la pauvreté des habitants entretient l’instabilité chronique et qui n’a jamais connu de transmission pacifique du pouvoir. Les élections ont déjà été reportées trois fois depuis la date marquant, en principe, la fin du dernier mandat constitutionnel de M. Kabila en 2016. Le dernier report a été annoncé in extremis le 20 décembre, trois jours avant le vote prévu le 23 du même mois. Lire aussi La RDC se prépare à voter dans un climat tendu « Ce dimanche, il y aura des élections » Cette fois, il y aura bien des élections dimanche en RDC, a assuré le président de la CENI, Corneille Nangaa, vendredi soir à l’issue d’une rencontre avec les trois principaux candidats et des observateurs africains. « Le 30, ce dimanche, nous allons tous voter. Ce dimanche il y aura élections, nous allons voter pour notre prochain président de la République, nous allons voter pour nos députés nationaux, et nous allons voter pour nos députés provinciaux », a-t-il déclaré à la presse. Cette rencontre portait sur « un texte qui engage les candidats pour la paix » avant, pendant et après le scrutin, d’après les participants, qui ont prévu de se retrouver samedi pour poursuivre les discussions. Parmi les points abordés, celui du report des scrutins dans trois zones de conflit qui ne pourront pas voter dimanche (Butembo, Beni et Yumbi). Vendredi, la police a dispersé à Beni, Butembo et Goma des manifestants qui protestaient contre le report des élections à Beni-Butembo, officiellement en raison du virus Ebola et des tueries de civils. Ce report – qui exclut 1,2 million d’électeurs sur les 40 millions enregistrés par la CENI –, vise des bastions hostiles au président Joseph Kabila, accuse l’opposition. Au moins un manifestant a été tué et quatre blessés par balles à Beni, selon le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha).
Les difficultés de cette entreprise historique reflètent la situation de crise du secteur qui fait face à la concurrence du commerce en ligne.
Le mythique disquaire britannique HMV fait à nouveau faillite
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/le-mythique-disquaire-britannique-hmv-fait-a-nouveau-faillite_5403339_3210.html
28/12/2018
international
Un magasin HMV à Londres, Royaume-Uni, le 28 décembre 2018. FRANK AUGSTEIN / AP C’est un nouveau coup dur pour l’industrie du disque. Et un signe des temps, alors que le commerce en magasin termine une année noire au Royaume-Uni. Le disquaire britannique mythique HMV fait à nouveau faillite, a-t-on appris vendredi 28 décembre à cause des chiffres décevants enregistrés pendant la période de Noël. Les magasins HMV constituent la dernière enseigne spécialisée du pays. Du temps de son âge d’or, la chaîne possédait la maison de disque des Beattles et c’est en 1921 qu’avait ouvert le premier magasin de l’enseigne (His Master’s Voice, La Voix de son maître). Il appartenait à la Gramophone Company, qui l’a doté de son logo légendaire, le chien qui écoute un gramophone. Selon un communiqué publié vendredi par son propriétaire, le fonds Hilco HMV a annoncé son intention de nommer le cabinet KPMG comme administrateur. Ce dernier va avoir pour mission de trouver de potentiels repreneurs pour la marque qui possède 125 magasins au Royaume-Uni, lesquels resteront pour l’heure ouverts le temps que des discussions se tiennent avec les fournisseurs. Deux mille emplois sont en jeu. HMV avait fait faillite une première fois en 2013, souffrant déjà de l’impact des ventes en ligne, avant d’être racheté dans la foulée pour 50 millions de livres par Hilco. Secteur de la distribution en berne « Même une société très bien gérée et connue comme HMV ne peut pas résister à la vague de défis auxquels font face les distributeurs britanniques depuis douze mois en plus des changements majeurs dans les habitudes des consommateurs sur le marché du divertissement », a déclaré Paul McGowan, directeur exécutif de HMV et de Hilco. Le dirigeant fait notamment référence au succès des plates-formes de musique en ligne Spotify ou iTunes, ainsi qu’aux services de vidéo à la demande, comme Netflix et Amazon Prime. Au Royaume-Uni, le chiffre d’affaires de la musique en ligne a dépassé celui des ventes en magasins de CD et d’enregistrements pour la première fois en 2012. Cette période de fêtes morose ne fait qu’enfoncer un peu plus un marché de la distribution physique déjà plombé par la concurrence d’Internet, le coût des loyers, le poids de la taxe foncière ou encore la déprime des consommateurs en raison du flou entourant le Brexit. La confiance des consommateurs britanniques est tombée au plus bas depuis cinq ans en décembre, selon une étude publiée récemment par l’institut d’analyses économiques GfK. Près de 150 000 emplois ont été supprimés dans la distribution au Royaume-Uni en 2018, selon des calculs de l’agence Press Association (PA). Parmi les faillites emblématiques de l’année figurent le spécialiste des vêtements Calvetron, la branche britannique des magasins de jouets Toys’R’Us, des boutiques de produits électroniques Maplin ou encore des magasins de discount Poundworld. Les grands magasins ont également souffert avec la faillite de House of Fraser, finalement racheté par l’enseigne Sport Direct, alors que Marks and Spencer et Debenhams ont annoncé des fermetures d’établissements.
Quelle différence y a-t-il entre un autocrate, un despote, un dictateur et un tyran ? Et l’oligarque est-il plus puissant que le ploutocrate ?
Petit lexique de l’autoritarisme
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/28/petit-lexique-de-l-autoritarisme_5403290_3232.html
28/12/2018
idees
L’agora de Sparte, dans le Péloponnèse (Grèce). Mary Evans Picture Library/Photononstop Ces termes, forgés sur le latin et le grec, ne sont pas forcément un héritage de l’Antiquité. Ou, quand ils le sont, leur sens a parfois profondément changé au cours de l’histoire. Autocrate (du grec autocratès) : le substantif n’existait pas dans l’Antiquité. Il est tiré de l’adjectif « autocratès », celui a le pouvoir sur lui-même, mais aussi par lui-même. On le trouve en français depuis le XVIIIe siècle pour désigner celui qui est le maître absolu, notamment le tsar, qualifié d’« autocrate de toutes les Russies ». Par extension, toute personne qui ne tire son pouvoir que de lui-même. Despote (du grec despotès) : maître de la maison. A partir du Ve siècle av. J.-C., le mot peut aussi désigner le maître de la cité. C’est le terme qu’emploie l’esclave quand il s’adresse à son maître, mais aussi celui dont usent les historiens et les philosophes de l’Antiquité pour évoquer le souverain absolu sur le modèle oriental. Dictateur (du latin dictator) : magistrat de la République romaine nommé par les consuls sur avis du sénat pour faire face à une urgence, qu’elle soit d’ordre rituel (présider une cérémonie), politique (calmer des troubles intérieurs) ou militaire (combattre des ennemis). Il concentre tous les pouvoirs, mais son mandat ne peut excéder le temps de la mission pour laquelle il est nommé et ne doit jamais dépasser six mois. Dans l’Antiquité, la notion de tyrannie procède d’un jugement de valeur porté sur l’exercice du pouvoir, alors que la dictature désigne une institution. Oligarque (du grec oligarkhos) : membre d’un gouvernement où le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes. L’histoire des cités grecques au IVe siècle av. J.-C. est celle des luttes intestines qui opposent démocrates et oligarques, pauvres et riches. Bien que le monde grec ait expérimenté un grand nombre de modèles oligarchiques, le gouvernement était la plupart du temps composé d’un ou plusieurs conseils dont les membres étaient désignés à vie. L’oligarchie était vue comme le strict opposé de la démocratie, et par conséquent Sparte comme l’image inversée d’Athènes. Pourtant, le régime spartiate fut un cas singulier d’oligarchie car le pouvoir n’y était pas, comme presque partout ailleurs, entre les mains des plus riches. Dans la Russie postcommuniste, « oligarque » désigne les personnalités les plus en vue et les plus proches du pouvoir qui ont amassé leurs richesses lors des privatisations des années 1990. Les oligarques détiennent un grand pouvoir économique.
Avant les élections générales du 30 décembre, la première ministre, Sheikh Hasina, est critiquée pour son exercice du pouvoir de plus en plus autoritaire.
Fin de campagne dans la violence au Bangladesh
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/fin-de-campagne-dans-la-violence-au-bangladesh_5403289_3210.html
28/12/2018
international
Des affiches de campagne pour Sheikh Hasina, la première ministre du Bangladesh, à Dacca, le 28 décembre. INDRANIL MUKHERJEE / AFP Malgré le déploiement de l’armée, censée faire régner l’ordre durant les élections générales du dimanche 30 décembre, la coalition de partis qui forment l’opposition bangladaise continue de s’alarmer. Elle a fait état, le 25 décembre, de 7 000 arrestations, surtout dans les rangs de sa principale formation, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), depuis l’annonce officielle, en novembre, de la tenue du scrutin qui doit renouveler les 350 sièges du Parlement de ce jeune pays de 166 millions d’habitants. Le chef de la coalition, le juriste Kamal Hossain, avait dénoncé le 21 décembre, lors d’une conférence de presse, « un niveau de harcèlement sans précédent et contraire à la Constitution : les forces de police sont principalement utilisées pour arrêter des dirigeants et des militants de l’opposition ». Déterminée à ne pas lâcher le pouvoir après dix ans de règne, la première ministre, Sheikh Hasina, 71 ans, fait feu de tout bois : sa grande rivale, Khaleda Zia, 73 ans, chef du BNP et deux fois première ministre (entre 1991 et 1996 puis de 2001 à 2006), est en prison depuis février. Elle a vu en octobre sa peine passer de cinq à dix ans après avoir fait appel, et a reçu sept ans de plus pour une affaire de détournement de fonds en 2005, lorsqu’elle était au pouvoir. Son fils, en exil à Londres, a été condamné par contumace à la perpétuité. Gros bras Des milliers de procédures judiciaires, pour des motifs souvent controuvés, ont été lancées contre des militants de l’opposition ou des critiques du parti au pouvoir, menant à des détentions préventives qui les neutralisent pendant des mois, voire des années. Tandis que les cas de disparitions forcées et de torture entre les mains des forces paramilitaires antiterroristes se sont multipliés, notamment dans les rangs du Bangladesh Jamaat-e-Islami (Jamaat), le parti islamiste interdit en 2013. L’organisation Human Rights Watch leur a consacré en décembre un rapport circonstancié. Les Bangladais, musulmans à 90 %, pratiquent traditionnellement l’islam de rite soufi, vu comme tolérant vis-à-vis des femmes et des autres cultes, mais les groupes de pression en faveur d’un islam rigoriste gagnent en influence. Ses dernières semaines, la Ligue Awami, le parti de Sheikh Hasina et principale formation de la coalition sortante, a envoyé les gros bras de sa branche jeunesse faire le coup de force contre les candidats des partis rivaux en campagne, que ses militants attaquent à coups de bâton et parfois avec des armes à feu, vandalisant leurs véhicules ou leur matériel. Bilan : au moins six morts et plus d’un millier de blessés, selon l’opposition.
Amour et sexualité : avoir 20 ans en Afrique de l’Ouest (6). Poème de la Malienne Aminata Adama Keita, 19 ans.
« Je suis toutes les épouses enfants du monde »
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/28/je-suis-toutes-les-epouses-enfants-du-monde_5403291_3212.html
28/12/2018
afrique
Près de Tombouctou, dans le centre du Mali. Joe Penney/REUTERS Aminata Adama Keïta a 19 ans et transforme les mots en armes. Cette jeune poétesse malienne qui a décrit la difficulté d’être jeune durant la guerre de 2012-2013 contre le djihadisme se bat contre les mariages précoces. Un fléau qui touche 43 % des jeunes Africaines, mariées avant leurs 15 ans. Ses thèmes de prédilection, qu’elle traite en prose ou en vers, sont multiples, du chômage des jeunes, à la misère sexuelle en passant par l’amitié et l’amour. Présentation de notre série Amour et sexualité : avoir 20 ans en Afrique de l’Ouest Poème. « Je suis une épouse enfant. Mes parents me donnent en mariage Ne sachant pas qu’ils m’animent de rage La solitude, l’amertume, le désespoir sont mes compagnons de tous les jours Et mon cœur meurtri se meurt de jour en jour. Le mariage tant sacré devient pour moi un calvaire. Père, mère Dites-moi !! Dites-moi Vous qui m’écoutez, vous qui offrez une stérile face à mon désespoir Comment demander à une enfant de procréer ? Comment ne pas prendre en compte mes rêves et aspirations ? Comment me priver de mon enfance Sachant que c’est le meilleur de la vie ? Ma plume révoltée écrit la force de dire non Non à cette ignominie Non à cette barbarie Non pour toutes ces filles détruites Non pour un soleil plus radieux. Je suis ces 12 millions de filles données en mariage forcé dans le monde. Je suis Rekha Kalindi, petite fille de 11 ans qui a eu le courage de dire non Je suis Noujoud Mohammed Ali, fillette divorcée à l’âge de 10 ans Je suis Tehani, enfant de 7 ans mariée à un homme faisant le triple de son âge Je suis Wasilu Djibaru, Nigériane de 14 ans que le mariage forcé à conduit à un acte de désespoir, celui d’assassiner son mari. Je suis toutes ces épouses enfants qui vivent le martyre. » Aminata Adama Keïta est une jeune malienne de 19 ans. Elle a été nommée championne nationale de poésie de son pays en 2015. Musulmane pieuse et voilée, elle puise son inspiration poétique dans la littérature française. Son ouvrage favori est La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils. Cette série a été réalisée dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds français Muskoka. Aminata Adama Keïta (Bamako)
Née Heloisa Maria Buarque de Hollanda, Miucha a été l’une des voix majeures de ce style musical apparu à Rio à la fin des années 1950.
La chanteuse de bossa-nova Miucha est morte
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/28/la-chanteuse-de-bossa-nova-miucha-est-morte_5403264_3382.html
28/12/2018
disparitions
La chanteuse brésilienne Miucha en 2010. ERALDO PERES / ASSOCIATED PRESS La voix suave, interprète exemplaire de la chanson brésilienne, sœur du chanteur et écrivain Chico Buarque, elle fut une égérie de la bossa-nova, révolution musicale d’importance émergeant à Rio à la fin des années 1950. Elle en a fréquenté les pères fondateurs, Tom Jobim (Antonio Carlos Jobim, né en 1927, décédé en 1994), Vinicius de Moraes (1913-1980) et João Gilberto, avec qui elle aura une fille – future chanteuse – Bebel Gilberto. Miucha est morte à Rio de Janeiro jeudi 27 décembre, emportée par un cancer. Elle avait 81 ans. Lire la critique (parue en 2007) : Miucha, exemplaire interprète de la chanson brésilienne Aînée d’une famille de sept enfants, Miucha est née Heloisa Maria Buarque de Hollanda, le 30 novembre 1937, à Rio de Janeiro, d’un père historien et sociologue, Sergio Buarque de Hollanda (auteur notamment de l’ouvrage Racines du Brésil, publié chez Gallimard, en 1998) et de Maria Amélia Buarque de Hollanda (née Cesario Alvim), peintre et pianiste, férue de culture française. De nombreux artistes, intellectuels et poètes fréquentent la maison familiale, à Rio, puis à São Paulo, où la famille déménage lorsque Miucha a huit ans. Un environnement sans aucun doute déterminant quant à sa vocation future, à l’instar de celle de Chico, le frère cadet, et de l’envie de chanter de ses deux sœurs, Ana – qui sera ministre de la culture de la présidente Dilma Rousseff –, et Cristina. Déménagement à Rome En 1953, nouveau déménagement, plus loin. Toute la famille fait ses bagages pour Rome où le père va enseigner. Le poète Vinicius de Moraes y est alors diplomate en poste. Il passe fréquemment à la maison, enseigne la guitare aux enfants, sème davantage encore des rêves de chanteuse dans la tête de Miucha. En 1960, celle-ci part pour Paris étudier l’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre. Elle y rencontre à L’Escale, un bar latino dans le 6e arrondissement, que fréquentent également Paco Ibanez ou Violeta Parra, le chanteur et guitariste bahianais João Gilberto, son futur époux. Ils s’installent à New York. Miucha est fascinée par l’invention du musicien. « Il jouait de la guitare sans arrêt, déclarera-t-elle des années plus tard au Monde. Je l’ai vu triturer une chanson dix-huit heures d’affilée, il en épuisait tous les ressorts rythmiques, mélodiques. Ce qui a attiré le regard du monde sur cette musique, ce sont ses extraordinaires voyages sur les accords, cette manière de percuter la guitare, d’organiser des parties de cache-cache complexes entre sa voix et l’instrument. » Miucha se produit sur scène avec lui, le 21 novembre 1962, au Carnegie Hall de New York dans un spectacle auquel participent également Agostinho dos Santos, Sergio Ricardo, Chico Feitosa, Sergio Mendes et Oscar Castro-Neves.
La justice philippine pointe le manque de preuves dans une affaire de fraude électorale remontant à 2007. L’ex-dirigeante avait aussi été accusée d’avoir détourné 6,8 millions d’euros.
L’ancienne présidente des Philippines, Gloria Arroyo, libérée des dernières charges à son encontre
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28/12/2018
international
Gloria Arroyo au Congrès, dans la capitale philippine, Manille, le 23 juillet 2018. NOEL CELIS / AFP Pas assez de preuves : un tribunal de Manille a levé vendredi 28 décembre la dernière d’une longue série d’accusations à l’encontre de l’ex-présidente Gloria Arroyo. Selon ses détracteurs, l’ancienne dirigeante aurait conspiré avec des politiciens locaux afin de truquer les élections de mi-mandat en 2007, en vue de favoriser ses alliés au Sénat. « Devant l’échec de l’accusation à prouver la culpabilité de l’accusée au-delà de tout doute raisonnable et malgré de nombreuses opportunités, les charges de “sabotage électoral” à l’encontre de Mme Arroyo sont abandonnées par la présente », précise l’arrêt. Cette décision couronne une réhabilitation remarquable de Mme Arroyo, alliée de l’actuel président, Duterte. L’ancienne présidente de 71 ans avait dirigé les Philippines de 2001 à 2010, mais son mandat avait été entaché d’allégations de corruption massive et de fraudes électorales. Accusée de corruption En 2011, Gloria Arroyo avait finalement été emprisonnée pour « sabotage électoral », avant d’être aussi accusée en 2016 d’avoir volé 366 millions de pesos philippins (environ 6 millions d’euros) issus d’une loterie publique en faveur d’associations caritatives. Benigno Aquino, un fervent opposant de Mme Arroyo, avait fait d’elle la cible principale de sa campagne anticorruption, lorsqu’il avait été élu président, en 2010. Mais la chance est revenue pour l’ancienne dirigeante quand son allié, Rodrigo Duterte, a été à son tour élu président en 2016. Elle le soutient fidèlement, malgré sa campagne controversée contre les drogues, largement condamnée par les associations des droits humains, qui a coûté la vie à des milliers de personnes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rodrigo Duterte, itinéraire d’un tueur à la tête des Philippines Mme Arroyo a ainsi été autorisée en 2016 à être libérée sous caution concernant l’accusation de sabotage électoral. Elle a été effectivement relâchée plus tard dans l’année, lorsque la Cour suprême des Philippines a abandonné les charges pour vol la concernant. En dépit des controverses, l’ancienne dirigeante avait été élue membre du Congrès en 2010, en tant que députée de la province du nord de Manille, d’où sa famille est originaire. Elle occupe toujours cette fonction et a été élue en juillet présidente de la Chambre des représentants, chambre basse du Congrès des Philippines.
L’auteur d’« Une histoire d’amour et de ténèbres » et cofondateur du mouvement La Paix maintenant est mort le 28 décembre, à l’âge de 79 ans, des suites d’un cancer.
L’écrivain israélien et militant pour la paix Amos Oz est mort
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28/12/2018
disparitions
L’écrivain israélien Amos Oz à Tel Aviv en 2015. DAN BALITY / AP Amos Oz, considéré comme l’un des plus grands écrivains israéliens, est mort le 28 décembre à l’âge de 79 ans. Parfois plus connu sur la scène internationale pour ses prises de position politiques que pour ses écrits, ce porte-parole de la gauche sioniste israélienne n’en laisse pas moins une œuvre littéraire remarquable et maintes fois primée, riche d’une vingtaine de romans et de recueils de nouvelles, auxquels s’ajoutent une demi-douzaine d’essais et d’innombrables articles de presse. Avec sa disparition s’éteint la voix d’un des écrivains les plus représentatifs, avec A. B. Yehoshua, de la génération dite « de l’Etat », née au moment de la création de l’Etat d’Israël. Leurs œuvres explorent la manière dont se concilient, à l’épreuve de la réalité, le rêve sioniste collectif de leurs aînés et leurs propres aspirations individuelles. Elevé exclusivement en hébreu Né le 4 mai 1939 à Jérusalem, dans un minuscule appartement du quartier de Kerem Avraham, dans le nord-est de la ville alors sous contrôle britannique, Amos Klausner a grandi dans un milieu modeste mais intellectuel. Son père, Arié Klausner, originaire d’Odessa (Ukraine), spécialiste en littérature étrangère et hébraïque, était employé à la bibliothèque du mont Scopus, devenue la bibliothèque nationale d’Israël en 1948. Sa mère, Fania, née à Rovno, en Ukraine, et diplômée de l’université de Prague, donnait des cours de littérature et d’histoire à des lycéens. La famille avait émigré en Palestine dans les années 1930 et connaissait les difficultés propres aux immigrants : jamais Arié n’a obtenu le poste universitaire auquel il aspirait. Enfant unique, plutôt solitaire, le petit Amos baigna dans une atmosphère idéologique nourrie par le sionisme nationaliste de Vladimir Jabotinsky (1880-1940) et de Menahem Begin (1913-1992). Elevé exclusivement en hébreu, alors même que son père parlait onze langues, il était alors, selon ses termes, un « petit chauvin déguisé en pacifiste. Un nationaliste hypocrite et doucereux », un « fanatique », qui jouait à la guerre et s’enflammait contre les Anglais et les Arabes, comme il l’a raconté dans Une panthère dans la cave (Calmann-Lévy, 1997) et dans La Colline du mauvais conseil (Calmann-Lévy, 1978). C’était aussi un lecteur insatiable, qui put nourrir, grâce à l’imposante bibliothèque de son père, un amour « physique, érotique » pour les livres. Et un enfant curieux, dont la vocation de romancier naquit des longues heures passées au café avec ses parents, à observer les individus autour de lui pour tromper son ennui. A l’époque, il rêvait toutefois d’être un livre plutôt qu’un écrivain : « Les hommes se font tuer comme des fourmis. Les écrivains aussi. Mais un livre, même si on le détruisait méthodiquement, il en subsisterait toujours quelque part un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère (…) », écrit-il ainsi dans Une histoire d’amour et de ténèbres (Gallimard, 2004), sa foisonnante autobiographie, considérée comme son chef-d’œuvre.
Le Canadien Eric Chandonnet est un grand consommateur de X. Il en a même fait, pendant six ans, l’objet d’une chronique hebdomadaire sur le site Nightlife.ca. Il revient sur son expérience.
« J’ai toujours eu peur de devenir blasé de la pornographie »
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/28/j-ai-toujours-eu-peur-de-devenir-blase-de-la-pornographie_5403229_4497916.html
28/12/2018
m-perso
Eric Chandonnet, chroniqueur pour le site Nightlife.ca et auteur de « Victime de la porn ». Sandra Larochelle De 2010 à 2016, le Canadien quadragénaire Eric Chandonnet, fan de hard, a tenu une chronique sur la pornographie pour le site Nightlife.ca. Certaines d’entre elles font aujourd’hui l’objet d’un livre, Victime de la porn (Amazon, 344 p., 24,95 $, environ 22 €). Comment votre consommation de porno a-t-elle évolué avec le temps ? Je ne sais pas si « évoluer » est le bon terme, mais disons que cela a toujours été en mouvement. Internet est arrivé alors que j’étais adolescent. Quand on n’a encore rien vu, une grosse paire de seins en photo, et le tour est joué. Ensuite, certaines préférences demeurent, d’autres passent. Je peux être obsédé par une pornstar, une position ou une ethnie en particulier pendant quelques mois. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Fin de partie pour le porno à l’ancienne J’ai l’impression que c’est comme la nourriture : on a des préférences, mais certains goûts se développent avec le temps, ou en fonction de ce qu’on essaie. Et parfois, la « vraie vie » influence aussi nos recherches. Par exemple, la première fois que j’ai couché avec une Française, j’ai cherché du porno français durant des mois pour retrouver l’accent. Aucune lassitude, alors ? J’ai toujours eu peur de devenir blasé et, par certains aspects, je le suis devenu, mais rien de trop grave. Par exemple, je ne bande plus en tombant sur la photo d’une paire de seins… mais si une femme qui me désire m’envoie une photo de ses seins, cela m’excitera toujours, parce qu’il y a une intention derrière. Dans le porno, un truc qui ne me lasse pas, c’est lorsqu’on me regarde, la catégorie POV (« point of view », en anglais), où l’actrice plante son regard dans le vôtre… Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Payer pour du sexe revient encore souvent à être perçu comme un pervers » Comment imaginez-vous votre consommation dans le futur ? Je pense que je regarderai toujours du porno, mais que cela restera un plan B. Quand j’ai une copine, j’en consomme beaucoup moins. Cela dit, à 85 ans, la vraie vie offre sans doute moins d’options. La réalité virtuelle sera intéressante pour les nouvelles générations de personnes âgées. On pourra être en maison de retraite, avec un sex-appeal en chute libre, et quand même vivre des trucs. C’est mieux que rien. Et puis, si mes érections ramollissent, ça ne décevra personne d’autre que moi !
Exit le film X d’antan, sa déco en stuc et son scénario en toc… Aujourd’hui, le consommateur plébiscite le contact direct avec les camgirls d’Internet et les services sur mesure.
Fin de partie pour le porno à l’ancienne
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/28/fin-de-partie-pour-le-porno-a-l-ancienne_5403202_4497916.html
28/12/2018
m-perso
« Eros plastiques », 2009. OLIVIER COULANGE / AGENCE VU C’était en juillet 1985 : ­Canal+ diffusait son premier « film du samedi soir », l’épatant Caligula, de Tinto Brass (1979). Les plus chanceux des quadragénaires d’aujourd’hui l’ont vu, les autres en ont certainement entendu parler dans la cour de récréation. Cette génération a eu accès aux VHS planquées dans le meuble télé, à la collection de BD cochonnes du grand-oncle, aux romans type San-Antonio ou SAS. Si vous êtes né après 1970, vous avez grandi avec le porno. Manifestement, vous avez survécu. Peut-être même êtes-vous parent d’enfants qui, aujourd’hui, découvrent la pornographie. Age moyen : 35 ans La consommation des mineurs fait les gros titres depuis des années, mais 2018 a été particulièrement chargée : en avril, un sondage OpinionWay-20 Minutes révélait qu’un adulte sur dix a été confronté au porno avant ses 11 ans, et six sur dix avant ses 15 ans. Le 15 juin, le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), Israël Nisand, et plusieurs professionnels de santé répondaient à ces chiffres par un « appel solennel » aux pouvoirs publics. De fait, avec un âge moyen du premier rapport sexuel à 17 ans, les plus jeunes commencent leur vie sexuelle par le porno. On croit avoir tout entendu sur la question, il reste pourtant un tabou : la consommation de porno est loin d’être l’apanage des jeunes. L’âge moyen de l’utilisateur du site anglophone Pornhub, la plus grosse plate-forme X du monde, est de 35 ans. Ces chiffres confirment les sondages nationaux : en France, la consommation des hommes adultes est passée de 30 % en septembre 2005, à 79 % en janvier 2014 – et la consommation des femmes, de 4 % à 41 % (IFOP-Tukif, avril 2014). En 2009, le pic de consommation de pornographie était atteint entre 35 et 49 ans (IFOP-Dorcel). Nous vieillissons avec le porno, et personne n’en parle. Ce que confirme le sociologue Baptiste Coulmont, maître de conférences à l’université Paris-VIII : « Pour ce qui est des études de sciences sociales, il y a énormément d’articles sur la consommation des adolescents et des jeunes adultes, mais presque rien sur les quadragénaires et le porno. » A ce vide théorique répond un scénario commode, mais faux : ces enfantillages seraient un pis-aller qu’on laisserait derrière soi en se mettant en couple. Soulagement expéditif Que se passe-t-il après nos 18 ans, quand le parfum de transgression s’évapore ? Les jeunes adultes se tournent massivement vers les plates-formes gratuites – pour des raisons pratiques et économiques. En quelques années, Pornhub a gagné une situation de quasi-monopole, et ça n’est pas fini, puisque ce site a plus que doublé son nombre de visiteurs en quatre ans (de 14,7 milliards de visites en 2014 à 33,5 milliards cette année).
De nombreux ex-légionnaires ont posé définitivement leur barda sur l’Île de Beauté et sont devenus plus corses que les Corses eux-mêmes. Une greffe qui a fini par prendre, même si la cohabitation avec les insulaires n’allait pas toujours de soi.
Heureux comme un légionnaire en Corse
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28/12/2018
m-le-mag
de soi. Un beau jour, lassés du baroud ou d’un nom qui n’était pas le leur, ils ont rangé leur képi blanc au fond d’une armoire, déposé dans une cantine cabossée leurs médailles et leurs rêves déçus et se sont installés en Corse, leur dernière patrie après tant d’autres. Colosses mutiques ou musculeux nabots au crâne rasé, Tchèques tatoués, anciens dockers de Yokohama ou natifs de Meudon, patronymes imprononçables, accents des antipodes mâtinés d’argot de caserne, mercenaires repentis, Suisses de contrebande ou moines défroqués : combien sont-ils, ces anciens légionnaires établis à demeure, de Bonifacio à Bastia, depuis cinquante ans que l’île cohabite avec la Légion ? Un régiment mythique, depuis 1967, à Calvi « Rien qu’en Balagne, plusieurs dizaines, de tous les âges », estime l’un d’entre eux. Dans le nord-ouest de l’île, cette région parmi les plus belles de Corse abrite depuis 1967, à Calvi, le camp Raffalli, cantonnement du prestigieux 2e régiment étranger de parachutistes (REP), la crème de la crème, seule unité aéroportée de la Légion – un mythe forgé de Dien Bien Phu au Sahel en passant par Kolwezi, le Congo-Brazzaville ou l’Afghanistan. C’est autour de ce foyer que la plupart ont refait leur vie, souvent dans les villages alentour : Lumio, Monticello, Olmi-Cappella ou Moncale, où les avaient précédés quelques anciens. Rien qui aille de soi, dans une Corse capable de rejeter comme une mauvaise greffe un corps étranger, à plus forte raison celui de soldats à la trouble réputation – une « troupe rude et sans pédanterie », tentait déjà, à la fin du XIXe siècle, d’euphémiser le capitaine de Borelli dans A mes hommes qui sont morts, fameux poème aux accents parnassiens composé après la conquête de l’Indochine. « C’est une ambiance, le sentiment d’avoir enfin trouvé sa place dans un endroit où les gens sont rugueux mais entiers. ça n’existe pratiquement plus ailleurs. » Sébastien Dupront, ancien béret vert Et pourtant, voilà ces anciens légionnaires enrôlés dans le recensement d’une île à la démographie brouillonne, façonnée par des siècles d’apports extérieurs – « La Corse fabrique des Corses », prétend un dicton local. « Il y a quelque chose qui nous empêche de partir d’ici, mais je ne sais pas quoi, essaie d’analyser l’ancien béret vert Sébastien Dupront, 48 ans, attablé à un tonneau du Roi de Rome, haut lieu des nuits ajacciennes. C’est une ambiance, le sentiment d’avoir enfin trouvé sa place dans un endroit où les gens sont rugueux mais entiers. ça n’existe pratiquement plus ailleurs. »
Chaque semaine, « L’Epoque » paie son coup, sauf quand l’invité décide de régaler. L’écrivain et chroniqueur, faux nonchalant, n’est décidément jamais où on l’attend.
Un apéro avec Frédéric Beigbeder : « Je suis un diplodocus dans le nouveau monde »
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/28/un-apero-avec-frederic-beigbeder-je-suis-un-diplodocus-dans-le-nouveau-monde_5403159_4497916.html
28/12/2018
m-perso
Frédéric Beigbeder, à l’hôtel Grand Amour, à Paris, le 13 décembre . JÉRÔME BONNET POUR « LE MONDE » Double whisky sans glace et double enjeu pour cet article : c’est le dernier « Apéro avec » de 2018, et le client du jour a l’alcool redoutable. Prendre un apéro avec Beigbeder n’est donc pas un hasard mais plutôt toute une histoire, un art même, quand on perpétue, hors-la-loi Evin, l’alcoolisme mondain comme genre littéraire. Donc, grosse pression – Ah non ! Surtout pas de bière avec le « Beig », malheureux ! Beaucoup trop plouc ! On a tellement potassé les grimoires de posologie éthylique afin de dénicher, pour impressionner le Beig, le cocktail dernier cri à l’appellation poético-kitsch, qu’on a failli ne plus avoir de temps et de neurones disponibles pour lire son dernier bouquin. Courageux… Tss-tss. En réalité, on avait fait fausse route. Au barman de l’hôtel mi-cosy mi-bobo où nous nous sommes finalement retrouvés, Beig a fait : « Une caïpirinha fera l’affaire. » En réalité, on s’était trompé de Beig ou bien Beig s’était trompé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Frédéric Beigbeder : « Le vin est un carburant à conversation » Beig était à l’heure, à jeun, vieux, basque et préoccupé. Préoccupé à un point tel que la pression, c’est Beig qui se l’était mise tout seul. Il semble bien qu’il s’agissait de trouver les conditions spatio-temporelles idoines qui président à ce moment incontournable, d’autant qu’il va devoir le partager avec un journaliste collaborant à un quotidien du soir « qui a massacré [s]es deux derniers bouquins et [s]on dernier film. Alors, s’il peut y en avoir au moins un, au sein de cette rédaction, qui soit bienveillant… » A ce titre, SMS de Beig, la veille du rendez-vous : « Petite question embêtante : avez-vous reçu mon livre ? » Nous : « La honte… Non… Même pas au courant… Je file l’acheter. » Remarquez que Beig prit le risque que nous n’aimassions pas son œuvre. Beig est un garçon courageux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mortellement Beigbeder Poli Une évidente solidarité confraternelle ne nous empêchera pourtant pas d’écrire qu’on a lu jusqu’au bout, et avec un plaisir un peu coupable, son livre, un recueil de « 99 essais », intitulé La frivolité est une affaire sérieuse (L’Observatoire, 384 p., 20 euros). Ouvrage brillant, érudit, percutant, voire indispensable – fayotage obligé pour ce dernier qualificatif, c’est lui qui a réglé l’apéro –, truffé de références (les Irlandais de Vincennes, Schopenhauer, Daniel Guichard, etc.), de paillettes chics et people (la description non censurée de ce dîner à Saint-Trop avec Kate Moss) et de choses profondes (des considérations sagaces sur les attentats parisiens ou la retranscription fidèle de ce proverbe zoulou presque nécro-pornographique : « Si tu avances, tu meurs. Si tu recules, tu meurs. Alors, pourquoi reculer ? »). Donc, à l’heure de notre rendez-vous, Beigbeder a mis beaucoup de soin à trouver…
D’un côté, des agriculteurs soutenus par le président brésilien Bolsonaro. De l’autre, un peuple autochtone attaché à sa culture. Un combat inégal.
Au Brésil, le combat des Guarani-Kaiowá pour sauver ce qu’il reste de leur terre
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/28/en-amazonie-le-combat-des-guarani-kaiowa-pour-sauver-ce-qu-il-reste-de-leur-terre_5403151_4500055.html
28/12/2018
m-le-mag
A Dourados. Victor Moriyama pour M Le magazine du Monde Le corps sec enfilé dans un bermuda élimé, Yvyrakandy nous fait tâter l’endroit où la balle est venue se loger. « On peut encore la sentir ici », indique l’indigène désignant l’étrange boursouflure à quelques centimètres d’une blessure en forme de trou désormais refermée. Poursuivant son récit, Yvyrakandy, ou Marcio Mendes de son nom portugais, raconte les tracteurs venus, en pleine nuit, dévaster les tentes misérables de sa communauté et les plants de manioc écrasés. « Ils ont beau nous attaquer, on se battra jusqu’au bout, on n’abandonnera pas notre terre ! », lâche le jeune homme, déterminé, comme les siens, à ne pas laisser le carré de terrain qu’il occupe depuis plus d’un mois revenir aux mains de son propriétaire officiel, Claudio Iguma, un riche agriculteur que tous appellent « le Japonais ». Un peuple en voie de disparition Malgré ses airs bravaches, Yvyrakandy reste un homme tourmenté, comme l’est son peuple, celui des Guarani-Kaiowá, ethnie autochtone maltraitée depuis plus d’un siècle au Brésil. En ce début décembre, à quelques mètres de la réserve indigène protégée de Dourados, dans l’Etat du Mato Grosso do Sul, Yvyrakandy, assommé par un soleil tropical, se dénude pour montrer son torse maculé de cicatrices, stigmates de ses précédentes batailles. Des impacts de balles tirées par des milices à la solde de fazendeiros, ces agriculteurs comme Claudio Iguma, à la tête de propriétés où s’étendent des champs de maïs et de soja sur des kilomètres et des kilomètres. Le lopin reconquis par Yvyrakandy et une poignée d’autres Indiens est une retomada, (« reprise »). Mais, pour les fazendeiros, il s’agit d’une invasion. « Ils portent des capuches, menacent les gens, la seule chose qu’ils veulent, c’est mettre le bazar ! », râle au téléphone un fermier voisin qui loue ses terres au « Japonais ». Ce différend historique remonte à la création même de la réserve de Dourados, en 1917. Alors qu’elle devait s’étendre sur 3 600 hectares, seuls 2 800 auraient été en réalité accordés aux Indiens. Au fil des ans, la ville et les plantations ont peu à peu rogné sur leur territoire. Sur cette terre volée, s’étend une agriculture intensive gorgée de pesticides, quelques habitations et même un projet de « condominium », un lotissement d’immeubles de luxe avec piscine et salles de sport destiné au gratin local. Une catastrophe écologique qui se cache derrière la disparition d’un peuple.
Les zones du nord-est de la Syrie que les unités à dominante kurde contrôlent sont menacées par une offensive d’Ankara.
Syrie : le régime répond à l’invitation des Kurdes face à la Turquie, Erdogan proteste
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/syrie-le-regime-repond-a-l-invitation-des-kurdes-face-a-ankara-erdogan-proteste_5403137_3210.html
28/12/2018
international
Un convoi de l’Armée nationale syrienne, qui regroupe des rebelles soutenus par la Turquie, près de Manbij (Syrie), le 28 décembre. KHALIL ASHAWI / REUTERS Le retrait planifié des forces américaines du nord-est de la Syrie commence à produire ses premiers effets dans la ville de Manbij, proche de la frontière avec la Turquie. Vendredi 28 décembre, les Unités de protection du peuple, la force kurde partenaire de la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI) emmenée par Washington, ont appelé les forces du régime syrien à « se déployer dans les régions d’où nos troupes se sont retirées, particulièrement à Manbij et à protéger ces régions contre l’invasion turque ». Les zones du nord-est de la Syrie que les unités à dominante kurde regroupées au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS) contrôlent sont en effet menacées par une offensive d’Ankara qui pourrait survenir une fois le retrait états-unien effectif. Chasser ces forces de Manbij est par ailleurs une priorité formulée de longue date par le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Carte de Syrie au 19 décembre. Le Monde En cours de négociation Peu après l’appel des forces kurdes, un porte-parole de l’armée syrienne à Damas a annoncé que « des unités de l’armée arabe syrienne [étaient] entrées dans la région de Manbij ». Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), environ 300 soldats et miliciens prorégime se sont déployés dans des secteurs au nord et à l’ouest de la ville, créant une « zone tampon » entre les territoires tenus par les rebelles pro-Ankara et Manbij. Un début d’accord serait en cours de négociation afin d’organiser le retour progressif du gouvernement syrien dans des zones contrôlées par les forces à dominante kurde. D’après des témoignages relevés par Le Monde, une délégation du régime serait entrée dans la ville de Manbij pour parlementer avec les autorités locales. A l’ouest de Manbij, les forces du régime se sont par ailleurs renforcées au cours des derniers jours dans des localités rurales dont elles partagent le contrôle avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) depuis deux ans. De son côté, le président turc, M. Erdogan, a qualifié les déclarations du régime syrien d’« opération psychologique ». Dans un communiqué, le ministère de la défense turc a par ailleurs affirmé que les forces à dominante kurdes qui contrôlent toujours Manbij n’avaient « pas le droit ou le pouvoir de parler au nom de la population locale ou d’inviter une quelconque partie ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le régime syrien devrait intensifier sa pression sur les Kurdes après le retrait américain
Les deux hommes, accompagnés d’Emmanuel Maurel et de Thomas Porcher, se sont longuement vus avant les vacances de Noël, en toute discrétion.
Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann, le déjeuner de Noël
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/28/jean-luc-melenchon-et-raphael-glucksmann-le-dejeuner-de-noel_5403133_823448.html
28/12/2018
politique
L’essayiste Raphaël Glucksmann, lors du lancement de son mouvement Place publique, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le 15 novembre. JOEL SAGET / AFP Parfois la magie de Noël opère même en politique. Juste avant les vacances, un drôle de déjeuner s’est tenu près de l’Assemblée nationale. Il devait être secret et réunissait quatre convives rarement ensemble : Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de La France insoumise (LFI) ; Emmanuel Maurel, ancien socialiste devenu « insoumis » ; l’essayiste Raphaël Glucksmann et l’économiste Thomas Porcher, qui ont lancé avec Claire Nouvian, militante écologiste, le mouvement Place publique, qui veut notamment œuvrer à l’unité de la gauche pour les élections européennes de mai 2019. Un plan de table surprenant puisque les relations entre MM. Mélenchon et Glucksmann étaient jusqu’à présent à couteaux tirés. L’auteur des Enfants du vide (Allary éditions, 2018), qui a conseillé Benoît Hamon lors de la campagne présidentielle de 2017, représente une famille politique héritière de la deuxième gauche (décentralisatrice, pro-européenne et écologiste), qui diffère en plusieurs points du mouvement de M. Mélenchon qui se réclame du populisme de gauche et de l’écosocialisme. En revanche, M. Porcher, lui, ne cache pas avoir voté pour le candidat « insoumis » et a assuré dans un entretien au Monde que Place publique « ne s’inscrivait pas contre Jean-Luc Mélenchon ». De quoi détendre l’atmosphère. « Ambiance très détendue » D’ailleurs, la discussion autour de la table aurait été « conviviale, sympathique et bienveillante », l’ambiance « très détendue ». Au menu, pas d’accord secret pour une liste d’union (le sujet n’aurait pas été abordé) mais des débats de fond, sur la gauche, les « gilets jaunes », et l’Europe, histoire de souligner les divergences (notamment sur le rôle des pays de l’Est au sein de l’Union européenne) et les convergences entre ces deux gauches qui ne veulent pas être irréconciliables. Cette rencontre a eu lieu, en tout cas, dans un moment de doute à gauche, à un peu plus de cinq mois des élections européennes. Place publique veut être le catalyseur d’une liste d’union et rencontre tous les acteurs à cet effet. Pour l’instant, seul le PS semble vraiment intéressé par la démarche tandis que Génération.s de Benoît Hamon fait monter les enchères. LFI, quant à elle, a toujours été claire sur son refus des « soupes de logos » et de la stratégie d’union de la gauche, qu’elle estime non seulement dépassée mais surtout mortifère. Selon les « insoumis », il faut « fédérer le peuple », mener un combat contre « l’oligarchie » incarnée aujourd’hui par Emmanuel Macron. Deux visions divergentes, donc, mais qui n’empêchent pas de se parler.
La série de Julia Davis va loin dans les scènes scatologiques, au point de rendre lassant ce qui passait pour de l’irrévérence.
« Sally4Ever » : trash à l’anglaise pour Sally et Emma
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/28/sally4ever-trash-a-l-anglaise-pour-sally-et-emma_5403120_1655027.html
28/12/2018
televisions-radio
Julia Davis et Catherine Shepherd dans « Sally4Ever », une série créée par Julia Davis. OCS OCS Go, à la demande, série Les Anglais ont le chic – c’est le mot, car ils parviennent à garder une sorte d’imperturbable tenue jusque dans le scabreux – pour faire passer les situations les plus impensables. A qui en douterait, la série britannique Sally4Ever (lire : « Sally forever », c’est-à-dire « Sally pour toujours »), qu’OCS diffuse après Sky Atlantic au Royaume-Uni et HBO aux Etats-Unis, le rappellera. Disons-le d’emblée : on retiendra avant tout Sally4Ever pour sa scatologie débridée (notamment dans une scène de sexe aussi horrifique que drolatique dont on ne se rappelle aucun équivalent au petit écran) et son goût pour les expressions sécrétives du corps humain. On y chie, pisse et vomit à qui mieux mieux, on y parle de culottes sales et de pénétration par le gros orteil. Sally est l’une de ces « filles perdues, cheveux sales » au physique quelconque, au regard éteint, qui vit depuis dix ans une existence de frustration, de dégoût et d’ennui au côté d’un fiancé dont elle ne se résout pas à ce qu’il lui passe la bague au doigt. Par une sorte de pitié masochiste, elle finit par ­accepter de s’unir à lui quand le hasard lui fait rencontrer Emma. Créature aguicheuse Cette créature aguicheuse et délurée (jouée par Julia Davis, la créatrice de la série) lui révèle enfin les joies de la jouissance sexuelle, prend le dessus sur la vie de Sally, passablement passive et résignée, et se révèle bientôt dangereusement manipulatrice… Le septième et dernier épisode de cette première saison n’est vraiment pas ce qu’on recommanderait aux estomacs sensibles : il va encore plus loin dans les scènes où Emma,­atteinte d’une méchante gastro-entérite, salit de manière assez répugnante la chambre d’hôtel de sa nuit de noces avec Sally. On s’amusera de la malpensance irrévérente à propos des vieux, des moches, des handicapés. Mais l’accumulation des scènes de souillure excrémentielle et vomitive devient une sorte d’élément provocateur agité un peu vainement à la face du spectateur, comme pour mieux lui faire oublier les faiblesses du scénario. Car, décidément, sans perdre ses qualités comiques et urticantes, le portrait de cette relation toxique aurait pu connaître de meilleurs développements. Sally4Ever, série créée par Julia Davis. Avec Catherine Shepherd, Julia Davis, Julian Barratt, Alex Macqueen (RU, 2018, 7 × 29-33 min). Sur OCS Go à la demande.
Volontariste et européen, Emmanuel Macron a suscité de grandes attentes auprès des diplomates français, avant d’être rattrapé par la réalité d’un monde où la France est une puissance fragile. Au ministère des affaires étrangères, on s’interroge : la France se donne-t-elle les moyens de ses prétentions ?
Le blues des diplomates du Quai d’Orsay
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/le-blues-des-diplomates-du-quai-d-orsay_5403091_3210.html
28/12/2018
international
Emmanuel Macron applaudi par les 80 dirigeants des pays rassemblés pour commémorer la fin de la Grande Guerre, à Paris, le 11 novembre. LUDOVIC MARIN / AFP En cette journée du 11 novembre 2018, pour la commémoration du centenaire de l’Armistice, Paris semblait être la capitale diplomatique de la planète. La plupart des chefs d’Etat ou de gouvernement dont les pays furent impliqués dans la première guerre mondiale étaient là : le président américain, Donald Trump, comme son homologue russe, Vladimir Poutine, la chancelière allemande, Angela Merkel, et les autres dirigeants européens, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et bon nombre de leaders du Proche-Orient. « L’histoire retiendra une image, celle de 80 dirigeants réunis sous l’Arc de triomphe, mais ce qui est incertain est de savoir comment elle sera interprétée dans l’avenir : le symbole d’une paix durable entre les nations ou bien le dernier moment d’unité avant que le monde ne sombre dans un nouveau désordre », lançait avec gravité le président français. Infatigable héraut d’un multilatéralisme refondé et Européen convaincu, Emmanuel Macron n’avait cessé de répéter depuis son élection : « France is back ». Ces cérémonies en étaient la consécration. Un sans-faute, sinon un petit couac protocolaire avec la relégation hors de la principale tribune d’honneur du président serbe Aleksandar Vucic, représentant le pays qui, proportionnellement à sa population, paya le prix le plus fort lors du conflit. Le succès de ces célébrations montre que la France reste une puissance diplomatique majeure. « C’est malheureusement en bonne part une illusion, comme cent ans plus tôt celle d’une France victorieuse et première puissance militaire mondiale », soupire un haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères. « Il y a un fossé croissant entre les prétentions des autorités françaises à une diplomatie universelle et les moyens toujours plus insuffisants qu’elles sont prêtes à mettre en œuvre », relève Christian Lequesne, professeur à Sciences Po Paris Le Quai d’Orsay a du vague à l’âme. « Ce blues est profond car, après les débuts en fanfare d’Emmanuel Macron sur la scène internationale, le retour aux réalités et à ce que représente la puissance réelle de la France a été beaucoup plus rapide que prévu », note Thomas Gomart, le directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), rappelant en outre « la mise sous tension, faute de moyens, d’un appareil diplomatique qui se sent en sous-effectifs avec des équipes fragilisées ». Certes, le malaise des diplomates est une vieille lune. « Il a commencé avec l’invention du téléphone et de l’avion, qui ont enlevé une bonne partie de l’autonomie d’action dont disposaient jadis des ambassadeurs », ironise un ancien ministre des affaires étrangères. Mais il devient encore plus évident.
L’ancien ministre des affaires étrangères encourage la France à durcir sa politique extérieure et les peuples d’Europe à s’unir pour protéger leur autonomie.
Hubert Védrine : « Soyons déterminés face aux puissances hostiles à nos valeurs »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/hubert-vedrine-soyons-determines-face-aux-puissances-hostiles-a-nos-valeurs_5403090_3210.html
28/12/2018
international
Hubert Védrine, à Paris, le 16 avril 2014. Damien Grenon / Photo12 Ministre des affaires étrangères dans le gouvernement de Lionel Jospin et secrétaire général de l’Elysée sous François Mitterrand, Hubert Védrine revient sur les grands enjeux de la politique extérieure française. Vivons-nous la fin du monopole occidental ou celle de la parenthèse occidentale dans la conduite des affaires du monde ? Hubert Védrine : Fin du monopole, oui, c’est évident. Fin de la « parenthèse », j’espère que non. Cependant, comme aucune évolution en cours n’est mécaniquement favorable aux Européens, nous n’échapperons pas à une lecture plus lucide des rapports de force et à l’obligation de durcir nos politiques extérieures. La France reste-t-elle une puissance diplomatique ? Bien sûr ! Bien que la France soit taraudée par cette question depuis mai 1940 ! Ce n’est pas parce que la France n’est plus celle de Louis XIV ou de Napoléon qu’elle ne compte plus ; il n’y a dans le monde pas plus d’une quinzaine de puissances, certaines émergentes, d’autres, dont la France, établies, mais sur la défensive. La France n’est pas la Chine ni les Etats-Unis, certes, mais elle compte encore beaucoup plus que ne le croient les Français, qui passent d’un extrême à l’autre, de la grandiloquence bavarde à la dépression. Cette interrogation traduit avant tout un doute que nous devons dépasser pour affronter les grandes crises à venir, nous concentrer sur les enjeux essentiels, ne pas nous disperser sur des fronts secondaires. « Depuis des années, le budget du Quai d’Orsay est raboté de façon disproportionnée alors qu’il ne pèse qu’à peine 1 % de celui de l’Etat. Tout cela pour faire des économies minuscules pour l’Etat » Sur quoi se fonde aujourd’hui la puissance française ? Sur de grands acquis historiques dus à nos artistes, à nos savants, aux rois, à la Révolution, à la République, à de Gaulle, à Mitterrand, à nous tous, etc. Cela explique pourquoi notre pays pèse sur la scène internationale bien au-delà de sa superficie, de sa population et de son économie. Son rayonnement, l’attente envers lui, restent immenses. Nos handicaps sont connus, en tout cas des autres, mais nos atouts sont nombreux, et nous devons les mobiliser sans relâche, comme le fait Jean-Yves Le Drian [le ministre des affaires étrangères], pour constituer des coalitions ad hoc afin de traiter les problèmes globaux régionaux et de faire vivre la coopération internationale, à partir du G7 ou autre, sans les puissances qui la récusent, voire contre elles. Ce qui n’ira pas sans d’inévitables tensions.
Le budget et les effectifs du ministère des affaires étrangères diminuant, la stratégie et les choix sont entièrement à revoir.
Les diplomates français craignent la « paupérisation de leur métier »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/les-diplomates-francais-craignent-la-pauperisation-de-leur-metier_5403089_3210.html
28/12/2018
international
Emmanuel Macron lors de la Conférence des ambassadeurs, à Paris, le 29 août 2017. POOL New / REUTERS L’annonce de ce nouveau coup de rabot avait mis tout le Quai d’Orsay en émoi. Fin août, lors de la Conférence des ambassadeurs, le rendez-vous annuel de la diplomatie française, le premier ministre, Edouard Philippe, avait présenté un vaste projet de réorganisation des réseaux diplomatiques en appelant à une économie de 10 % sur la masse salariale à l’étranger d’ici à 2022. « Si notre ministre négocie avec Washington ou Moscou avec autant d’efficacité qu’avec Bercy, il y a de quoi être sérieusement inquiet », ironise un haut diplomate. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le blues des diplomates du Quai d’Orsay Le ministère des affaires étrangères se sent surcontributeur en matière d’économies budgétaires par rapport à son poids dans l’Etat. « Les diplomates ont le sentiment que leurs crédits ne sont pas assez défendus et que ni eux ni leur ministre n’arrivent suffisamment à montrer comment, avec à peine 13 000 fonctionnaires, ils font un travail remarquable », relève Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales. Des ambassadeurs manageurs Une note interne à diffusion restreinte intitulée « Augmenter les moyens ou raboter les fins » – dévoilée par Le Monde en juin – relevait que « la paupérisation de la diplomatie française pourrait encore s’aggraver au point de risquer le décrochage ». En fait, les restrictions annoncées avec la réduction de la masse salariale à l’étranger devraient pour l’essentiel concerner le Quai d’Orsay. Déjà, en 2018, le ministère supprime 100 emplois à temps plein et 130 de plus le seront l’an prochain. « Pour 2018 et 2019, les lignes budgétaires ont été augmentées ou stabilisées », souligne-t-on du côté du ministère, où l’on rappelle que, sur un autre plan, l’aide publique au développement a triplé pour 2019, et que les contributions volontaires de la France aux Nations unies ont sensiblement augmenté. Ce sont des leviers essentiels pour l’action extérieure de la France. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hubert Védrine : « Soyons déterminés face aux puissances hostiles à nos valeurs » L’idée de la réforme est de gagner une « diplomatie plus agile » et de faire de l’ambassadeur un manageur armé d’un réel pouvoir de décision sur tous les autres personnels travaillant sous ses ordres, y compris ceux dépendant d’autres ministères ou agences (Bercy, la défense, l’intérieur). « Consultats d’influence » Quelques mois après cette annonce, il s’avère que dans beaucoup de « gros postes », la réduction de la masse salariale est plutôt de l’ordre de 13 %. En outre, le poids pèse quasi exclusivement sur les services du ministère des affaires étrangères, car les autres ministères ont renâclé ou parfois refusé de participer à l’effort à hauteur de ce qui était attendu, notamment les services qui dépendent de Bercy à l’étranger.
Le système informatique d’un centre chargé d’aider les Nord-Coréens ayant rejoint le Sud a été infecté par un programme malveillant.
Corée du Sud : les données d’un millier de transfuges nord-coréens piratées
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/coree-du-sud-les-donnees-personnelles-d-un-millier-de-transfuges-nord-coreens-piratees_5403075_3210.html
28/12/2018
international
Le piratage pourrait exposer des transfuges aux représailles de Pyongyang. Les données personnelles et confidentielles de près d’un millier de Nord-Coréens passés au Sud ont été volées par des hackeurs, ont annoncé vendredi 28 décembre les autorités sud-coréennes. Selon le ministère de l’unification, c’est la première fois qu’autant de noms et d’adresses de Nord-Coréens ayant fait défection sont ainsi piratés. Ces données ont été volées dans le Centre Hana, situé dans le Gyeongsang du Nord (une province de l’est de la Corée du Sud). Le système informatique du centre a été infecté par un programme malveillant qui a été activé quand un employé qui ne se doutait de rien a ouvert un de ses courriels. Cet établissement est chargé d’aider les Nord-Coréens à s’installer au Sud et à s’adapter à sa société capitaliste. La Corée du Sud compte en tout vingt-cinq établissements comme celui-ci. Ils s’occupent d’environ trente mille Nord-Coréens passés au Sud. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Corées : les chances d’une visite à Séoul de Kim Jong-un s’amenuisent Inspection d’urgence Après avoir confirmé la réalité de ce piratage informatique la semaine dernière, les autorités sud-coréennes ont lancé une inspection d’urgence de tous les ordinateurs du Centre Hana. Mais aucune autre fuite n’a été détectée. « Nous présentons nos excuses aux Nord-Coréens ayant fait défection. Nous ferons tous les efforts pour protéger leurs informations personnelles et empêcher que ce genre d’incident ne se reproduise », a déclaré le ministère sud-coréen. Les médias nord-coréens ont maintes fois menacé de réduire au silence les transfuges qui s’engageraient au Sud dans des activités de propagande hostiles à Pyongyang. En 1997, deux hommes avaient assassiné devant son domicile à Séoul Yi Han-yong, neveu de Song Hye-rim, première maîtresse de l’ancien dirigeant Kim Jong-il. Yi Han-yong vivait en Corée du Sud depuis sa défection en 1982 et avait publié ses Mémoires, dans lesquels il révélait des détails sur la vie privée des Kim. La publication de ce livre fut considérée comme le mobile de son assassinat. Les deux meurtriers n’ont jamais été retrouvés.
L’installation d’un centre de valorisation des déchets du BTP, qui accueillera notamment ceux du Grand Paris, crée l’inquiétude en Seine-et-Marne.
Terzéo, un projet de traitement de déchets controversé en Ile-de-France
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/28/terzeo-un-projet-de-traitement-de-dechets-controverse-en-ile-de-france_5403064_3244.html
28/12/2018
planete
Site de la future ligne 15 du Grand Paris Express, le 23 janvier 2018, à Champigny-sur-Marne, dans le sud-est de Paris. THOMAS SAMSON / AFP A l’est de Paris, dans l’agglomération du pays de Meaux, certains habitants voient rouge lorsqu’on leur parle du projet Terzéo. Cette filiale de la société de recyclage Clamens souhaite installer, à 5 kilomètres de Meaux et sur une zone à cheval entre les communes de Villenoy et Isles-lès-Villenoy, un centre de traitement des déchets du secteur du bâtiment et travaux publics. La préfecture de Seine-et-Marne étudie le dossier depuis deux ans et devrait se prononcer d’ici février 2019. Terres polluées excavées du Grand Paris Express A l’heure où la prochaine construction du nouveau métro Grand Paris Express produira une quantité importante de déchets, Terzéo se présente comme un projet ambitieux, visant à valoriser 75 % des 200 000 tonnes par an de terres polluées excavées, qui seront réceptionnées sur la zone et transformées en granulats réutilisables. Les 25 % restants seront stockés sur le site, dont la capacité est de 1 million de tonnes de déchets dangereux sur trente ans. Ce projet n’est toutefois pas au goût de certains riverains, répartis sur 21 communes du pays de Meaux, qui manifestent depuis deux ans leur opposition à Terzéo. Plusieurs collectifs et associations se sont ainsi formés pour relayer leurs craintes. Samedi 15 décembre, ils étaient environ 300 à défiler à Meaux pour réclamer l’abandon du projet. 80 % des déchets de la région Ile-de-France sont déjà stockés en Seine-et-Marne. André Moukhine-Fortier, de l’Association Meaux environnement, explique ces mobilisations par un « ras-le-bol des habitants de Seine-et-Marne, qui vivent dans un territoire déjà saturé en décharges ». En effet, 80 % des déchets de la région Ile-de-France sont stockés dans ce département. « Terzéo reste un projet d’avenir, puisqu’il vise à recycler les déchets, mais le site ne s’y prête pas ! », insiste M. Moukhine-Fortier. Des impacts potentiels sur une zone classée Natura 2000 Le site en question, de 64 hectares, est une friche industrielle de l’ancienne sucrerie Béghin Say devenue Tereos. Une forte pollution des sols à l’arsenic avait été découverte en 2013 au début des procédures préalables à l’installation de Terzéo, poussant l’entreprise à intégrer à son projet une phase de dépollution des lieux. Parmi les inquiétudes des opposants, les impacts potentiels sur une zone classée Natura 2000, les Boucles de la Marne, se trouvant à proximité du futur centre de traitement. Ils redoutent également une hausse du trafic déjà dense de la N3 et de l’A140, car le projet Terzéo engendrerait la circulation d’une soixantaine de poids lourds supplémentaires par jour.
La région du volcan Anak Krakatoa, qui a provoqué la mort de 430 personnes, est en état d’alerte haute.
En Indonésie, la crainte d’un nouveau tsunami
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/28/l-indonesie-redoute-un-nouveau-tsunami_5403051_3244.html
28/12/2018
planete
Un pont effondré à Lebak, en Indonésie, le 26 décembre. ANTARA FOTO / REUTERS Moins d’une semaine après le tsunami qui a fait, selon un dernier bilan, plus 430 morts et près de 1 500 blessés, les autorités indonésiennes ont élevé d’un cran, jeudi 27 décembre, le niveau de l’alerte à la « grande vague » : elles redoutent la possibilité de nouvelles éruptions du volcan Anak Krakatoa, qui a déclenché le tsunami du samedi 22 décembre. Plus de cent cinquante personnes restent portées disparues et le bilan n’est toujours pas définitif, menaçant de s’alourdir encore un peu plus ces prochains jours. L’« alerte haute » a désormais été appliquée sur toute la zone. C’est l’avant-dernier des quatre niveaux d’alerte en vigueur dans l’archipel. Carence en eau potable Il est désormais interdit à toute embarcation d’approcher à moins de 5 kilomètres du volcan, susceptible de cracher par intermittence des rochers brûlants, des cendres et d’autres débris. Les avions doivent éviter la zone. « D’autres éruptions sont possibles », a mis en garde le porte-parole de l’Agence de gestion des catastrophes naturelles, Sutopo Purwo Nugroho. Quelque 22 000 personnes ont été évacuées et vivent désormais dans des abris installés de part et d’autre du détroit de la Sonde, où le désastre s’est produit. Au plan matériel, le bilan s’élève à 883 maisons détruites, ainsi que 73 hôtels et villas, 60 magasins et boutiques, 434 bateaux et 41 véhicules. Sur le terrain, alors que les secours et les équipes médicales poursuivent leurs efforts pour venir en aide aux victimes et récupérer les corps ensevelis dans les municipalités de l’Ouest javanais et du sud de Sumatra, les services de santé commencent aussi à s’inquiéter : une carence en eau potable et en médicaments se fait sentir dans les endroits plus reculés où ont frappé les grandes vagues, certaines hautes de près d’une dizaine de mètres. Les pluies torrentielles qui s’abattent en ce moment sur la région sont, en outre, en train de ralentir les opérations de secours. Des routes et des ponts ont été endommagés. Les régions touchées sont recouvertes par des amoncellements de voitures retournées, de bateaux échoués, de meubles et de débris divers. Des centaines d’employés et de volontaires de la Croix-Rouge indonésienne s’affairent à distribuer de l’eau potable, des couvertures, des bâches, et à fournir des unités médicales mobiles. « Nos équipes voient beaucoup de fractures, de maisons détruites, et des gens qui sont très secoués », relate Arifin Hadi, le directeur de la gestion des catastrophes de la Croix-Rouge, cité par l’Agence France presse.
Jean-Pierre Thomas, banquier d’affaires et ex-député des Vosges, doit stabiliser un groupe que Donald Trump avait pris pour cible.
Un ex-conseiller de Sarkozy prend la tête de Rusal, le géant russe de l’aluminium
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/28/un-ex-conseiller-de-sarkozy-prend-la-tete-de-rusal-le-geant-russe-de-l-aluminium_5403048_3234.html
28/12/2018
economie
Jean-Pierre Thomas, en juin 2018. VALDAI DISCUSSION CLUB Une nouvelle vie, assez inattendue, s’ouvre pour Jean-Pierre Thomas. L’ex-député des Vosges et trésorier du Parti républicain, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, s’apprête à prendre la tête de Rusal, le premier producteur d’aluminium au monde. Le groupe industriel russe a annoncé vendredi 28 décembre sa nomination comme président du conseil d’administration à partir du 1er janvier. Jean-Pierre Thomas, 61 ans, était déjà membre du conseil d’administration de Rusal depuis juin, et rien ne laissait prévoir qu’il allait en prendre la présidence. Mais la crise russo-américaine au centre de laquelle s’est trouvé Rusal a bouleversé la donne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’économie russe sous la menace de nouvelles sanctions américaines Début avril, Donald Trump a en effet dévoilé des sanctions américaines contre 24 oligarques et responsables politiques russes proches du président Vladimir Poutine, et contre 14 groupes et entreprises soupçonnés d’être liés à des « activités malveillantes » envers les démocraties occidentales. Cible numéro un : Oleg Deripaska, 50 ans, le « roi de l’aluminium » avec son groupe Rusal. Echapper aux foudres de Washington Pour le producteur d’aluminium, qui réalisait jusqu’alors 14 % de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, ces sanctions représentaient une très forte menace. Le groupe industriel craignait de perdre une partie de ses marchés, et de ne pas pouvoir honorer les échéances sur sa dette. A la Bourse de Hongkong, où le groupe est coté, l’action a immédiatement encaissé le choc, avec une baisse de 50,4 % en une journée, le lundi 9 avril. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Russie, l’oligarque Oleg Deripaska met un genou à terre Pour échapper aux foudres de Washington, Rusal a alors mis en place un plan d’urgence. Oleg Deripaska a dénoué ses liens capitalistiques avec l’entreprise, et quitté le conseil d’administration avec une partie de l’équipe dirigeante de l’époque. Jean-Pierre Thomas connaît bien la Russie. En 2011, cet amateur de chasse à l’ours avait été nommé « représentant spécial » de Nicolas Sarkozy pour le pays. Dernier à partir dans ce cadre, l’Allemand Matthias Warnig. Cet ancien haut fonctionnaire d’Allemagne de l’est, ex-membre de la Stasi, proche de Vladimir Poutine, était devenu président de Rusal en 2012. Son départ, officialisé mercredi, faisait partie des engagements pris auprès des autorités américaines pour obtenir la levée des sanctions. A la suite de ces mesures, le Trésor américain a effectivement annoncé mi-décembre son intention de retirer Rusal de la liste des entités sanctionnées. Restait à remplacer Matthias Warnig. Forcément par un administrateur indépendant, sans lien avec les actionnaires. Une condition posée par Washington. Trois candidats étaient intéressés. Le conseil de Rusal, qui compte une douzaine de membres, a porté jeudi son choix sur Jean-Pierre Thomas, un des deux administrateurs indépendants français élus en juin par l’assemblée générale, avec Philippe Mailfait.
Le régime autoritaire de Noursoultan Nazarbaïev laisse, pour l’instant, agir les ONG qui défendent les droits des Kazakhs emprisonnés par son voisin chinois.
Camps de détention en Chine : le Kazakhstan, trop dépendant pour froisser Pékin
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/camps-de-detention-en-chine-le-kazakhstan-trop-dependant-pour-froisser-pekin_5403040_3210.html
28/12/2018
international
Le Kazakhstan est l’un des rares endroits où d’anciens détenus du système répressif mis en place dans le Xinjiang chinois contre les Ouïgours sont en mesure de témoigner. Mais le régime autoritaire de Noursoultan Nazarbaïev est dans une position ambivalente vis-à-vis de Pékin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Kazakhs et Ouïgours dans l’enfer du goulag chinois Routes de la soie Etape-clé des « nouvelles routes de la soie » chinoise, le Kazakhstan livre un quart de son pétrole à la Chine par oléoduc et a annoncé, en septembre, la mise en œuvre de 51 projets sino-kazakhs pour 27 milliards de dollars (23,5 milliards d’euros). Cette dépendance économique croissante, et les accords de sécurité passés dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghaï, réduisent les voies de recours d’Astana vis-à-vis de Pékin quand ses concitoyens sont détenus en Chine. Orynbek Korsebek, d'origine Kazakh, a passé 125 jours dans un camp de rééducation en Chine, dans le Xinjiang. A Almaty, Kazakhstan, décembre 2018. ROMAIN CHAMPALAUNE POUR LE MONDE « La Constitution du Kazakhstan défend les droits des citoyens kazakhs à l’étranger et assure la protection de la ­famille et des enfants, nous défendons ce point pour nos dossiers », explique la juriste Gulmira Kuatbekova, du Bureau international pour la protection des droits de l’homme, une ONG kazakhe. Le régime, qui endigue toute contestation, laisse, pour l’instant, agir les quelques ONG qui défendent les droits des Kazakhs – lesquels constituent une infime minorité des détenus du Xinjiang. « La police nous appelle régulièrement pour s’assurer que les journalistes étrangers ne sont pas là pour agir contre le gouvernement actuel », nous prévient Serikjan Bilash, le cofondateur de l’ONG Atazhurt, à Almaty (Kazakhstan). Dans les locaux de l'association Atajurt, une femme tient le portrait d'un de ses proches disparu en Chine. Almaty, Kazakhstan, décembre 2018. ROMAIN CHAMPALAUNE POUR LE MONDE Demandes officielles de libération Les demandes officiellement formulées par le ministère des affaires étrangères kazakh à son homologue chinois sur des citoyens détenus semblent toutefois contribuer à leur libération. C’est le cas de Gulbahar Jalilova, une commerçante ouïgoure de nationalité kazakhe qui a été détenue quinze mois à Urumqi, la capitale du Xinjiang, entre mai 2017 et septembre 2018, sans raison valable. Réfugiée à Istanbul (Turquie), elle montre les lettres des autorités kazakhes, et la réponse des autorités chinoises disant qu’elle était bien en détention. « Ce qui prouve qu’ils m’ont bien emprisonnée ! », dit-elle, au comble de l’exaspération, car les autorités chinoises l’ont relâchée sans attestation. Alors qu’elle n’a jamais eu la nationalité chinoise, le personnel du centre de détention lui avait assigné un numéro d’identité chinois pour que le système informatique prenne son cas en compte. Le politologue kazakh indépendant Rasul Jumaly a accompagné une délégation kazakhe invitée par la Chine à Pékin, Urumqi, et Ghulja (Xinjiang), en août. Elle était essentiellement, dit-il, composée d’entrepreneurs prochinois. Il a soulevé la question des détentions :
En 2018, en Europe, le nombre de « licornes », ces sociétés valorisées a plus de 1 milliard de dollars, s’est élevé à 61, contre 12 à peine cinq ans plus tôt.
Les jeunes pousses européennes des nouvelles technologies attirent toujours plus de capitaux
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/28/les-jeunes-pousses-europeennes-des-nouvelles-technologies-attirent-toujours-plus-de-capitaux_5403026_3234.html
28/12/2018
economie
Spotify a été cotée pour la première fois à la Bourse de New York le 3 avril. BRYAN R. SMITH / AFP A l’heure des premiers bilans, l’année 2018 se présente comme un excellent millésime pour la tech européenne. Selon un rapport du fonds britannique Atomico, dévoilé début décembre, le secteur a drainé plus de 23 milliards de dollars (20,2 milliards d’euros) d’investissements cette année sur le Vieux Continent. Une belle performance, qui témoigne du dynamisme de l’écosystème européen ces dernières années : en 2013, les investissements y étaient près de cinq fois moins importants, s’établissant seulement à 5 milliards de dollars. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Uber, Airbnb, Lyft... La ruée sur Wall Street des entreprises technologiques américaines Preuve de l’intérêt suscité par les jeunes pousses européennes, les investissements étrangers montent en puissance, notamment en provenance d’Asie. Les capitaux venant d’Orient ont atteint un montant record de 3,8 milliards de dollars au cours de cette année, dont 1 milliard émanant d’investisseurs chinois. Les montants des tours de table montrent, eux aussi, de belles progressions : les levées de fonds de plus de 50 millions de dollars ont été multipliées par sept ces cinq dernières années. Le dynamisme de la tech européenne reste toutefois en grande partie dû à l’effervescence des écosystèmes britannique, allemand et français. Le trio représente ainsi 60 % des investissements cumulés reçus depuis 2013 sur le continent, et même plus de 65 % pour la seule année 2018. 50 % de hausse par rapport à 2017 La bonne santé du secteur s’affiche aussi en Bourse. Selon Atomico, trois entreprises fondées en Europe figurent parmi les dix plus grosses introductions en Bourse de sociétés technologiques au niveau mondial en 2018. Parmi les plus belles réussites européennes de ces douze derniers mois figurent Spotify (streaming musical), Farfetch (mode), Adyen (fintech) et Elastic (big data). Ces start-up ont toutes dépassé le seuil des 5 milliards de dollars de valorisation lors de leur premier jour de cotation. Le Vieux Continent a également vu grimper en flèche le nombre de ses « licornes », ces sociétés valorisées à plus de 1 milliard de dollars. En 2018, dix-sept entreprises ont franchi ce cap symbolique, portant le nombre total de licornes en Europe à 61, contre 12 à peine cinq ans plus tôt. Dans ce contexte, la France affiche des résultats très encourageants. Selon Atomico, les entreprises technologiques tricolores auront attiré d’ici à la fin de l’année 3,7 milliards de dollars, un montant en hausse de 50 % par rapport à l’année précédente, alors que le nombre de levées de fonds dans l’Hexagone est, lui, en recul de près de 30 %. A elles seules, les entreprises de la « deep tech » (les innovations de rupture, telles que l’intelligence artificielle, la blockchain ou l’informatique quantique) ont capté un quart de cette manne.
Les deux plates-formes de VTC Uber et Lyft pourraient, parmi d’autres, faire leurs débuts boursiers au premier trimestre 2019.
Uber, Airbnb, Lyft... La ruée sur Wall Street des entreprises technologiques américaines
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/28/bourse-la-ruee-sur-wall-street-des-entreprises-technologiques-americaines_5403023_3234.html
28/12/2018
economie
Drew Houston and Arash Ferdowsi (au centre), fondateurs de Dropbox, à la Bourse de New York, le 23 mars, jour de la première cotation de la société à l’indice Nasdaq. Lucas Jackson / REUTERS Uber, Airbnb, Lyft, Palantir, Pinterest ou encore Slack. Après avoir repoussé l’échéance, ces « licornes » – entreprises valorisées à plus de 1 milliard de dollars – de la Silicon Valley sont désormais dans les starting-blocks pour rejoindre Wall Street. Malgré la récente chute des marchés, l’année 2019 s’annonce ainsi faste pour les introductions en Bourse (« initial public offering », IPO) dans le secteur technologique. Elle pourrait même battre un record historique établi en 2000, au plus haut de la bulle Internet. L’exercice 2018 a déjà été plutôt positif. Après une période de creux en 2015 et 2016, le nombre d’IPO technologiques a progressé pour la deuxième année consécutive aux Etats-Unis. La firme Renaissance Capital recense 52 opérations, soit 13 de plus qu’en 2017, qui ont permis de lever 18,4 milliards de dollars (16,1 milliards d’euros). Les débuts boursiers de Spotify ne sont pas comptabilisés, car la plate-forme suédoise de streaming musical a opté pour une cotation directe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les jeunes pousses européennes des nouvelles technologies attirent toujours plus de capitaux Ces chiffres doivent cependant être nuancés : la moitié des sociétés nouvellement cotées sont étrangères, principalement chinoises et brésiliennes. « Il y a eu moins d’introductions d’entreprises technologiques américaines qu’en 2017 », constate Matthew Kennedy, analyste chez Renaissance Capital. Elles ont été au nombre de 26, contre 29 l’année précédente. « Les conditions sont désormais moins porteuses » En outre, « le quatrième trimestre a été plus difficile », note David Ethridge, responsable des IPO au sein du cabinet PricewaterhouseCoopers. Mi-décembre, Tencent Music, la filiale musicale du premier groupe Internet chinois, avait dû revoir ses ambitions à la baisse. Quelques jours plus tôt, la biotech américaine Moderna avait chuté de 19 % lors de son premier jour de cotation. Et, au quatrième trimestre, les actions des entreprises entrées en Bourse en 2018 ont davantage reculé que les marchés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’inquiétante nervosité des Bourses « Les conditions de marché sont désormais moins porteuses », poursuit M. Ethridge. Les indices américains ont en effet subi en décembre l’une des pires fins d’année de leur histoire, pénalisés par la hausse des taux de la Réserve fédérale (Fed) et par les incertitudes grandissantes sur la croissance économique. Selon un sondage réalisé par l’université de Duke, près de la moitié des grandes entreprises américaines redoutent une récession d’ici à la fin 2019. Et plus de 80 % l’attendent avant la fin 2020.
L’un des meilleurs connaisseurs mondiaux du polar, auteur du « Dictionnaire des littératures policières », Claude Mesplède, est mort jeudi 27 décembre à l’âge de 79 ans, à Toulouse.
Mort de Claude Mesplède, grand passeur du polar
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/28/mort-de-claude-mesplede-grand-passeur-du-polar_5403019_3246.html
28/12/2018
culture
Critique littéraire et historien du roman policier, Claude Mesplède est mort le 27 décembre à Toulouse, à l’âge de 79 ans. Avec lui s’éteint l’un des meilleurs connaisseurs mondiaux du polar, un infatigable passeur, présent, jusqu’à la fin, malgré la maladie de Parkinson qui l’accablait depuis des années, dans tous les festivals spécialisés. Né le 11 janvier 1939 à Saint-Laurent-de-la-Prée (Charente-Maritime), Claude Mesplède obtint en 1957 un CAP d’électricien en aéronautique et effectua toute sa carrière à Air France. Adhérent à la CGT, dont il dirigea une section au sein de son entreprise, et affilié au PCF jusqu’au début des années 1980, il a dirigé en Mai 68 l’occupation du site d’Orly-Nord. Un défricheur sans égal En marge de son métier, ce fils d’un professeur de lettres, qui aurait, selon la légende familiale, appris à lire à 3 ans, s’est peu à peu imposé comme le défricheur sans égal d’une tradition littéraire jusque-là peu étudiée. Car Mesplède a tissé des liens de parenté entre thrillers, romans d’espionnage, romans noir et polars de diverses époques. Il ne cessait de répéter que les récits criminels sont vieux comme le monde – le meurtre d’Abel par Caïn, le parricide perpétré par Œdipe… Il partageait l’avis de l’écrivain Jean-Patrick Manchette (1942-1995), pour qui le roman noir est un roman de critique sociale prenant pour anecdote des histoires de crime. Un genre éminemment politique, précisait-il. En 1982, il fit paraître chez Futuropolis, avec Jean-Jacques Schleret, SN. Voyage au bout de la Noire, une monographie sur la « Série noire », la mythique collection de Gallimard créée en 1945. Ce travail de collecte et d’exégèse proprement colossal, qui inventorie la bibliographie de 732 auteurs, lui valut d’être invité sur le plateau d’« Apostrophes ». Puis il dirigea un volumineux Dictionnaire des littératures policières (Joseph K, 2003), qui totalise près de 2 000 pages – son ouvrage le plus important à ses yeux. Président, entre 1995 et 1998, de l’association 813, laquelle édite une revue de grande qualité sur les littératures policières, Claude Mesplède a également cosigné, avec Michel Lebrun, l’anthologie La Crème du crime (L’Atalante, 1995). Dans la préface de celle-ci, il observe qu’« au terme de son épopée sournoise le polar a doucement phagocyté la littérature. Et le métissage donne, on le sait, des enfants plus beaux et plus vivaces que les autres ». La bibliothèque de sa maison de Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne) abritait 15 000 titres. Lui-même n’a commis que deux polars : un pour la jeunesse, Pas de peau pour Miss Amaryllis (Syros, « Souris noire », 1988), et Le Cantique des cantines (La Baleine, « Le Poulpe », 1997) mais ses innombrables chroniques, critiques, avant-propos, postfaces… ont été réunis en recueil : Trente ans d’écrits sur le polar. 1982-2012 (Krakoen, 2013).
D’immenses éclairs bleus ont illuminé le ciel de la ville, à tel point que la police a été obligée de dire qu’il n’y avait « pas de traces d’activité extraterrestre ».
Dans le ciel de New York, une explosion bleutée aux allures d’invasion extraterrestre
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2018/12/28/a-new-york-l-explosion-d-un-transformateur-electrique-prend-des-allures-d-invasion-extraterrestre_5403013_4832693.html
28/12/2018
big-browser
« Pas de blessés, pas d’incendie, pas de traces d’activité extraterrestre. » La police de New York a tenu à rassurer ses habitants jeudi 27 décembre au soir après que d’étranges lumières ont fait leur apparition dans le ciel de la capitale financière américaine. Bien qu’il ait suscité les spéculations les plus folles sur Twitter, ce festival de lumières bleues était dû à l’explosion d’un transformateur dans une centrale électrique de la compagnie Con Edison dans le quartier d’Astoria, situé dans le Queens. Peu après 21 heures (3 heures à Paris), une série d’éclairs bleus avait donné au ciel new-yorkais une allure de fin du monde, déclenchant très vite des messages annonçant (souvent au second degré) la venue d’extraterrestres ou de superhéros. Blue skies in New York, what’s going on? 😱 https://t.co/yBPKeYeh44 — _andresrios11 (@Andres Rios) « Ciels bleus à New York, que se passe-t-il ? » What are with all these lights in New York? Am I living in a sci-fi film/TV show? https://t.co/soEP8D57LL — hyejunie (@Hye Jun❄) « C’est quoi toutes ces lumières à New York ? Est-ce que je vis dans un film de science-fiction ou une émission de télévision ? » Anybody else out there getting weird spectral figures at the door asking for your souls? https://t.co/KP1idachRk — EricKlinenberg (@Eric Klinenberg) « Est-ce que quelqu’un d’autre aperçoit à sa porte d’étranges formes spectrales vous demandant votre âme ? » OH MY GOD THE SKY IS BROKEN #Astoria Is this how it ends? https://t.co/Xvzxep1vf8 — lalalalalemon (@Marie) « OH MON DIEU LE CIEL EST CASSÉ #Astoria C’est comme ça que ça finit ? » Le trafic brièvement interrompu à l’aéroport LaGuardia Au bout du compte, les New-Yorkais ont dû accepter une réalité plus prosaïque. « Pas d’extraterrestres », simplement « un transformateur explosé dans la centrale de Con Ed dans le Queens », a rapidement réagi sur Twitter Eric Phillips, porte-parole du maire de New York. Peu après 22 h 15, la police confirmait qu’il n’y avait « aucun blessé », et que la situation était « sous contrôle ». « Il y a eu un bref incendie électrique dans notre sous-station d’Astoria ce soir, qui a causé une chute de tension dans le secteur, a résumé vers 23 heures la compagnie d’électricité Con Edison. Toutes les lignes électriques du secteur fonctionnent et le système est stable. » Des images diffusées sur les réseaux sociaux montraient de la fumée s’échappant de la centrale électrique au moment de l’incident : The power plant by my house in Astoria exploded a little. https://t.co/P26kiTjYdX — alexanderckane (@Alexander C. Kane) Le trafic à l’aéroport LaGuardia, situé non loin de là et utilisé essentiellement pour des vols intérieurs, a tout de même été brièvement interrompu, de même que le trafic sur la ligne 7 du métro, qui traverse le quartier d’Astoria. Cité par le New York Times, l’inspecteur Osvaldo Nuñez a expliqué que les lumières vives et la forte détonation avaient provoqué une augmentation du nombre d’appels au 911, le numéro d’urgence aux Etats-Unis. Des habitants en panique ayant signalé des explosions, voire un crash aérien.
Venant pour la plupart d’Afrique subsaharienne, les hommes, femmes et enfants aidés par la marine marocaine tentaient d’atteindre l’Espagne.
Plus de 350 personnes sur des « embarcations de fortune » secourues au large du Maroc
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/28/plus-de-350-migrants-secourus-au-large-du-maroc_5403005_3212.html
28/12/2018
afrique
Un bateau de migrants en mer Mediterranée, en mai 2018. LOUISA GOULIAMAKI / AFP La marine royale marocaine a secouru en Méditerranée, jeudi 27 décembre, 367 migrants majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne qui tentaient de rejoindre les côtes espagnoles, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de source militaire. Les migrants sauvés, dont des femmes et des enfants, étaient « en difficulté à bord de plusieurs embarcations de fortune », selon une note transmise à l’AFP. « Ils ont tous été ramenés sains et saufs par les unités de la Marine royale aux ports les plus proches », a ajouté la source militaire. Au moins 681 morts cette année Le Maroc a stoppé 68 000 tentatives d’immigration clandestine et démantelé 122 « réseaux criminels actifs » entre janvier et fin septembre, selon un récent bilan officiel. Outre les migrants venus d’Afrique subsaharienne, les tentatives de départ de jeunes Marocains à bord d’embarcations pneumatiques se sont multipliées ces derniers mois. Avec plus de 55 200 arrivées sur les côtes espagnoles cette année, la route migratoire maritime entre ces deux pays est à présent la plus fréquentée, d’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Au moins 681 migrants sont morts depuis le début de l’année en Méditerranée occidentale en tentant de gagner l’Espagne, selon l’OIM. En 2017, 224 migrants avaient péri dans cette zone.
A l’époque romaine, ce représentant de la plèbe, dont les techniques oratoires mobilisaient les foules, était déjà accusé de démagogie, rappelle l’historienne Sarah Rey.
Le tribun, la politique et les belles paroles
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/28/le-tribun-la-politique-et-les-belles-paroles_5402992_3232.html
28/12/2018
idees
Le 16 octobre 2018, une série de perquisitions vise La France insoumise (LFI) et le Parti de gauche. Pendant les opérations, Jean-Luc Mélenchon se filme chez lui et commente en direct les événements. Au moment où il est frôlé par le procureur en charge de perquisitionner son domicile, il glisse : « Personne ne me touche, ma personne est sacrée. » Puis invoque l’inviolabilité parlementaire inscrite dans la Constitution de la Ve République (article 26). Le leader de LFI ne se contente pas de fulminer. En vérité, il joue avec les mots et… avec l’histoire ! Car il s’est déjà plusieurs fois identifié aux tribuns de la plèbe, figures politiques majeures de la République romaine dont la personne était précisément dite « sacro-sainte » (sacrosancta), c’est-à-dire inviolable. Lors de la tenue, à Rome, d’une réunion des gauches radicales européennes en mars 2017, il prit le soin de visiter les vestiges du Forum romain, puis confia aux journalistes : « Donc, là, voilà, il faut penser à tout ce qu’il s’est passé là (…) Nous sommes les héritiers de ça, les tribuns du peuple. (…) » Après cette méditation historique, Jean-Luc Mélenchon n’imita pas, en ce printemps 2017, le geste de Simon Bolivar deux siècles plus tôt, faisant l’ascension du mont Sacré, cette colline romaine où les plébéiens se retirèrent en 494 av. J.-C. pour signifier leur volonté d’obtenir leurs propres représentants, les tribuns de la plèbe. Notons bien : de la plèbe, et non du peuple. Les deux termes ne sont pas équivalents dans l’Antiquité romaine : le populus désigne l’ensemble du corps civique, la plèbe n’en est qu’une fraction, qui a dû se battre pour obtenir les droits politiques auxquels elle aspirait, malgré l’hostilité des patriciens. Un contre-pouvoir doté du droit de veto Qui sont à l’origine ces tribuns de la plèbe ? Quelle est leur fonction dans le régime républicain sous lequel les Romains vécurent du Ve au Ier siècle av. J.-C. ? Ce sont des personnages de premier plan, formant un collège de dix membres. Elus pour un an, ils sont très redoutés pour la force d’opposition qu’ils incarnent face aux deux consuls placés à la tête de l’Etat romain. Les tribuns sont susceptibles de venir à tout moment en aide aux citoyens, c’est ce que l’on appelle l’auxilium. Leur principale arme : le droit de veto, grâce auquel ils peuvent bloquer l’action d’un consul, qui – dans le vote d’une loi ou la convocation d’une assemblée – court le risque permanent de se voir barrer la route par les tribuns. Ces derniers sont, au bout du compte, le seul contre-pouvoir que l’oligarchie républicaine ait toléré !
Deux ans après l’élection de Donald Trump à Washington, plus de 500 000 élèves et étudiants étrangers ont choisi le Canada pour se former outre-Atlantique. A la clé : 20 milliards de dollars de recettes.
Etudiants étrangers : le Canada engrange les déçus de Donald Trump
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/12/28/etudiants-etrangers-le-canada-engrange-les-decus-de-donald-trump_5402991_4401467.html
28/12/2018
campus
L’Amérique de Donald Trump ne fait pas recette auprès des étudiants étrangers. C’est ce qui ressort des diverses statistiques publiées outre-Atlantique. Ainsi, le nombre de nouveaux étudiants étrangers recrutés sur le territoire américain pour l’année scolaire achevée à l’été 2018 n’était que de 271 000, soit un recul de 6,6 % en un an. Ce chiffre avait dépassé les 300 000 en 2015-2016, après plusieurs années de forte hausse. L’Amérique a retrouvé son niveau de 2013 et la tendance se poursuivrait. Les 1,1 million d’étudiants étrangers présents sur le sol américain rapportent au pays chaque année plus de 40 milliards de dollars, en frais de scolarité et de séjour. Mais le système de visa est bloqué aux Etats-Unis à cause de la rhétorique tatillonne du président Trump, du zèle de son administration, et surtout de la non-réforme des visas qualifiés H1B, qui s’obtiennent par tirage au sort. Un risque qu’on ne peut pas prendre si l’on s’est endetté pour payer ses études. Les officiels américains se gardent bien de pointer un « effet Trump ». Ils évoquent une compétition accrue de la part du Canada, de l’Australie, mais aussi d’universités européennes et asiatiques. « Il ne nous remonte pas que les étudiants ont le sentiment qu’ils ne peuvent pas venir. Il nous remonte qu’ils ont le choix. Pour la première fois, nous avons une vraie compétition », a déclaré Allan Goodman, président de l’Institut international pour l’éducation (IIE). 40 % de hausse au Canada entre 2015 et 2017 Le son de cloche est radicalement différent si l’on écoute le président de l’Association pour l’éducation internationale en Australie, Phil Honeywood. Lui assure que les méthodes de recrutement de son pays n’ont pas changé. « Nous entendons de la part des étudiants et de leurs professeurs dans les pays musulmans et d’Amérique latine qu’ils ne se sentent plus bienvenus ou en sécurité pour étudier dans l’Amérique de Donald Trump », a assuré M. Honeywood à l’agence AP. Le Canada, devenu plus accueillant sous le mandat du premier ministre Justin Trudeau, élu en novembre 2015, rafle la mise avec efficacité : le nombre d’étudiants ayant choisi ce pays a augmenté de 40 % entre 2015 et 2017 et l’on compte désormais plus de 500 000 étrangers inscrits dans ses écoles et ses universités (20 milliards de dollars de recettes). Depuis 2017, obtenir le statut de résident permanent est devenu plus facile pour les étrangers qui ont fait une partie de leurs études dans le pays.
Benoît Péricard, ancien directeur de l’agence régionale d’hospitalisation des Pays de la Loire, estime, dans une tribune du « Monde », que la transformation du parc hospitalier est nécessaire pour éviter un système de santé à deux vitesses.
« Restructurer le parc hospitalier, c’est l’adapter aux réalités démographiques et épidémiologiques »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/28/restructurer-le-parc-hospitalier-c-est-l-adapter-aux-realites-demographiques-et-epidemiologiques_5402984_3232.html
28/12/2018
idees
Tribune. La transformation du parc hospitalier est nécessaire pour réussir Ma santé 2022 [le programme annoncé le 18 septembre par le président de la République]. Il faudra redonner de l’espoir aux personnels hospitaliers et en finir avec les déficits. Prenons l’exemple des petites maternités. Si nous étions capables de proposer et faire signer un tel courrier aux futures parturientes d’une cinquantaine de maternités dans l’Hexagone, nous n’aurions pas à soutenir les restructurations hospitalières avec cette tribune. « Madame, vous avez choisi d’accoucher dans notre maternité et nous vous félicitons de votre choix. Celle-ci fait partie des maternités de proximité, elle assure un service sur notre territoire qui entraîne certaines contraintes : votre accouchement se déroulera sous la responsabilité d’une sage-femme, un médecin généraliste d’astreinte pourra être appelé en cas de difficultés ou de complications. Si le déroulement de l’accouchement le nécessitait, un transfert serait effectué dans la maternité de la ville X, située à 45 km, ce qui représente un déplacement de 60 minutes maximum en ambulance. Votre signature vaut approbation de ces conditions de prise en charge et des risques encourus… » Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La pression restera très forte sur l’hôpital » Dans un pays qui a inscrit le principe de précaution dans sa Constitution, où l’organisation et la réglementation des maternités ne sont pas fondées sur l’accouchement physiologique, largement majoritaire en France, une telle possibilité n’a aucune chance d’être traduite dans une disposition réglementaire dans le code de la santé publique. Dans les sous-préfectures, – Le Blanc (Indre), Guingamp (Côtes-d’Armor), Apt (Vaucluse), Die (Drôme), Saint-Claude (Jura), Vire (Calvados) –, dont beaucoup de Français découvrent le nom à l’occasion de la fermeture ou de la menace de fermeture d’une maternité, le scénario paraît inéluctable : le nombre de naissances diminue, au point de passer sous la barre des 500, et même des 300 accouchements par an (seuil réglementaire), c’est-à-dire moins d’un seul accouchement par jour. L’établissement a de plus en plus de mal à recruter du personnel médical, obstétriciens, anesthésistes, a donc recours pendant quelque temps à de l’intérim médical, ce qui fragilise à la fois la cohésion des équipes et pèse lourdement sur l’équilibre financier. L’autorité de tutelle, l’agence régionale de santé (ARS) avertit, l’agonie se prolonge parfois de longs mois voire de nombreuses années, et puis le verdict tombe : transformation de la maternité en Centre périnatal de proximité (CPP).
Des meubles conçus pour y cacher des trésors, prisés par l’empereur et Joséphine, sont réunis au château de Malmaison.
Exposition : les secrétaires particuliers de Napoléon
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/28/exposition-les-secretaires-particuliers-de-napoleon_5402981_3246.html
28/12/2018
culture
Un bouton dissimulé sous une dorure qui, lorsqu’on le manipule, fait glisser un panneau de bois révélant des cachettes insoupçonnées ; un abattant qui se replie sous la pression de la main, mettant au jour des nids à trésors… Les ébénistes des XVIIIe et XIXe siècles ont rivalisé d’imagination pour fabriquer les meubles à secrets, très prisés par la bourgeoisie et la noblesse. Secrétaires, bureaux ou coffres permettent, grâce à un mécanisme aussi ingénieux que sophistiqué importé d’Allemagne, de dissimuler documents et objets privés ou précieux. Même les nécessaires de toilette se dotent de cachettes, connues du seul fabricant et de son client. On n’est jamais trop prudent ! Barbière au chiffre du prince Eugène. RMN-GP (MUSÉE NATIONAL DES CHÂTEAUX DE MALMAISON ET BOIS-PRÉAU) / GÉRARD BLOT Une quarantaine de ces pièces de mobilier, réalisées pour la plupart sous le Consulat et le Premier ­Empire, ont été réunies par ­Isabelle Tamisier-Vétois, conser­vatrice au château de Malmaison, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), pour l’exposition intitulée « Meubles à secrets, secrets de meubles », présentée dans ce qui fut la demeure de campagne de Napoléon Bonaparte (1769-1821) et de son épouse Joséphine de Beauharnais (1763-1814). Elle avait découvert ce joli manoir du XVIIe siècle, situé à une demi-heure de ­Paris, alors que le général menait la campagne d’Egypte. Le couple en fit l’acquisition en avril 1799. Quelques mois plus tard, Bonaparte devenait premier consul de la République avant d’être proclamé empereur, en 1804. Est-ce parce qu’ils avaient tous deux des choses à cacher qu’ils collectionnèrent, dans leurs différentes demeures – outre Malmaison, l’hôtel de la Victoire, les Tuileries, les châteaux de Saint-Cloud, de Compiègne et de Fontainebleau… – ces merveilles d’ébénisterie ? L’impératrice était dépensière et avait toujours besoin d’argent pour s’offrir toilettes, mobilier précieux et œuvres d’art : dans les recoins de ses secrétaires, pièces et billets étaient en sécurité, tout comme ses bijoux. Isabelle Tamisier-Vétois, commissaire de l’exposition : « Le maniement d’un ressort, son claquement, qui fait surgir un tiroir invisible, rendent encore aujourd’hui l’instant magique » Napoléon, en chef militaire et homme d’Etat, y dissimulait probablement une documentation stratégique. Le couple eut une vie sentimentale tumultueuse et les double-fonds servaient peut-être à ranger les mots doux d’un amant ou d’une maîtresse. Joséphine y plaça sans doute les brouillons de sa lettre de consentement au divorce qu’elle tint à lire en public au moment de leur séparation, en décembre 1809 : « La dissolution de mon mariage ne changera rien aux sentiments de mon cœur. L’empereur aura toujours en moi sa meilleure amie. »
Pour être plus faciles à contacter que les associations qui aident les personnes suicidaires, certains services payants utilisent les pubs de Google.
Prévention du suicide : ces numéros surtaxés qui cherchent à se substituer à SOS-Amitié
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/28/prevention-du-suicide-ces-numeros-surtaxes-qui-cherchent-a-se-substituer-a-sos-amitie_5402929_4408996.html
28/12/2018
pixels
Fang Zhou / Cultura / GraphicObsession Depuis quelques mois, les bénévoles qui donnent de leur temps aux lignes d’écoute pour les personnes suicidaires ou en détresse psychologique entendent une question de plus en plus récurrente : « Est-ce que cet appel est payant ? ». Cette nouvelle méfiance s’explique facilement. En 2018, diverses sociétés ont cherché à investir le créneau de l’aide téléphonique aux personnes suicidaires et qui souhaitent parler à des associations comme SOS-Amitié ou Suicide-Ecoute. Les sites façades de ces sociétés, dont certains sont désormais fermés, s’appellent SOS-Suicide, Allo-Amitié ou Numéro-SOS-Solitude, des noms qui entretiennent la confusion avec les associations reconnues. Des conséquences néfastes pour les personnes en difficulté L’ensemble des acteurs de la prévention du suicide sont préoccupés par ces numéros parasites. D’autant plus que, par manque de bénévoles, SOS-Amitié ne peut répondre qu’à un appel sur trois, d’après Alain Mathiot, son président. « On peut appeler ça un abus de faiblesse » La simplicité d’utilisation des numéros surtaxés en fait un outil privilégié pour ce genre de pratiques. Pour appeler un numéro à 80 centimes d’euros la minute, il n’est pas nécessaire de donner son numéro de carte bleue. Le prix de l’appel est répercuté sur la facture de téléphone. Avant le début de la conversation, un message automatique précise la surtaxe et son montant. « Mais les personnes qui présentent des risques suicidaires ont généralement des capacités cognitives abaissées, précise Marc Fillatre, psychiatre hospitalier et président de l’Union nationale de prévention du suicide (UNPS). On peut appeler ça un abus de faiblesse. » En effet, plusieurs bénévoles nous ont fait part de cas d’appelants dont l’état de détresse s’était empiré après avoir reçu des factures téléphoniques de plusieurs centaines d’euros. « C’était un jeune homme de 30-35 ans, qui me demandait avec insistance si l’appel était gratuit », se souvient Henri, un bénévole de SOS-Amitié (le prénom a été modifié) : « Il avait auparavant appelé un numéro surtaxé, une ou plusieurs fois. Il a bien reconnu qu’il y avait une annonce au début, mais il n’y avait pas prêté attention. C’était quelqu’un qui avait besoin de temps pour parler. » Dans ses notes, Henri a retrouvé le montant de la facture de téléphone évoquée par l’appelant : 400 euros. « Je me souviens du désarroi dans lequel ça l’avait mis », ajoute le bénévole. « Beaucoup des personnes qui nous appellent sont dans des situations financières très difficiles. Elles vivent avec l’AAH [allocation aux adultes handicapés] ou le RSA [revenu de solidarité active], beaucoup sont sous tutelle ou curatelle », précise Alain Mathiot, le président de SOS-Amitié.
Quinze mois après les ravages de l’ouragan Irma, l’île des Caraïbes a tourné la page, alors que celle de Saint-Martin en est encore loin.
Les touristes américains mettent de nouveau le cap sur « Saint-Barth »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/28/les-touristes-americains-mettent-de-nouveau-le-cap-sur-saint-barth_5402919_3234.html
28/12/2018
economie
La baie Saint-Jean sur l’île de Saint-Barthélemy, en décembre 2017. HELENE VALENZUELA / AFP Mariah Carey en concert privé au Nikki Beach, un show aquatique sur fond de feu d’artifice dans la piscine du Christopher avec des petites sirènes… Quinze mois après les ravages de l’ouragan Irma, le 6 septembre 2017, Saint-Barthélemy est repassée au vert. Vert comme la végétation à nouveau luxuriante de l’île et, surtout, vert comme le dollar. Car les touristes américains sont de retour, comme Le Monde a été convié à le constater par la collectivité. « Saint-Barth », comme la surnomment les habitués, a gagné son pari. « Le premier test a été Thanksgiving, le dernier jeudi de novembre. Pour l’ouverture officielle de la saison, nos “meilleurs clients” sont revenus », se félicite Nils Dufau, vice-président de la collectivité et président du comité du tourisme de Saint-Barthélemy. L’île joue gros avec les Américains. Ils constituent « 60 % à 65 % » de sa clientèle, précise M. Dufau. Pour les financiers de Wall Street ou les fortunes de l’immobilier de Floride, Saint-Barthélemy fait office de proche banlieue chic. Un Neuilly des Caraïbes, à deux heures et demie d’avion de Miami et à peine quatre heures de New York. Pour le plus grand bonheur de Saint-Barthélemy, les touristes semblent avoir rangé Irma au rayon des souvenirs. « Ils n’ont pas oublié l’ouragan, car ils ne l’ont pas vécu. Ils ont juste “souffert” de n’avoir pas pu venir l’hiver dernier. Et maintenant, ils veulent participer à la relance de l’île », explique Sabine Masseglia, directrice des ventes et du marketing du Guanahani, l’une des plus prestigieuses adresses de l’île. « Les gens n’attendaient que de pouvoir revenir », renchérit Nils Dufau. Les hôteliers voient l’avenir en rose Réunie mardi 18 décembre à Gustavia, la « capitale » de Saint-Barthélemy, l’assemblée générale de l’association des hôteliers de l’île voit l’avenir en rose. « C’est une très belle saison qui s’annonce. La tendance est à la hausse par rapport à 2016, il y a plus de réservations jusqu’à la fin de mai qu’il y a deux ans », se réjouit Mme Masseglia. « En temps normal, Saint-Barth accueille chaque année de 170 000 à 180 000 touristes », pointe le vice-président de la collectivité. Pour son retour à la normale, la destination huppée prévoit qu’ils devraient être encore plus nombreux cette saison. A vrai dire Saint-Barthélemy n’a jamais douté de son avenir. L’élan de ce petit paradis pour riches n’a jamais été brisé. Tout au plus ralenti par l’ouragan. Pourtant, les pointes de vent à plus de 450 kilomètres par heure ont fait d’énormes dégâts matériels et quelques blessés légers. Maisons particulières, magasins, entreprises, villas et grands hôtels ont été soufflés par les bourrasques ou noyés sous les flots. La facture d’Irma est à la hauteur de la violence des éléments : plus de 800 millions d’euros au total, dont « 10 millions d’euros pour la collectivité et plus de 700 millions d’euros pour les particuliers », a calculé M. Dufau.
L’ostentatoire avenue parisienne s’est transformée en rendez-vous des « gilets jaunes ». Un retour de bâton pour le président qui y a régulièrement mis en scène son pouvoir « jupitérien ».
Les Champs Elysées, théâtre du pouvoir macronien, de l’investiture aux « gilets jaunes »
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/28/aux-champs-elysees-splendeurs-et-miseres-d-emmanuel-macron_5402911_4500055.html
28/12/2018
m-le-mag
Emmanuel Macron se rend sur le tombeau du Soldat inconnu, le 14 mai 2017, jour de la passation des pouvoirs. ALAIN JOCARD / AFP Raide comme un lancier dans son command car, Emmanuel Macron remonte les Champs-Elysées. Il a posé sa main sur l’arceau du véhicule militaire. Derrière lui, le Louvre et sa Pyramide, point de départ de la fameuse « voie royale », perspective esquissée au XVIIe siècle par le jardinier Le Nôtre, qui file désormais sans obstacles jusqu’au quartier d’affaires de la Défense. Un sourire pincé assouplit légèrement les lèvres du héros. Regard martial, maxillaires saillants, il faut clore la séquence du « président normal ». Représenter les Français, mais d’abord incarner la France. À chaque président, son mini-coup d’Etat dans des protocoles trop huilés. Ce dimanche 14 mai 2017, la passation des pouvoirs s’est déroulée selon le rituel constitutionnel : tapis rouge, garde républicaine, tête-à-tête avec François Hollande, visite du PC Jupiter, ce bunker réservé au commandement militaire. Emmanuel Macron est devenu à 39 ans le 25e président de la République française. Mais, au moment de quitter l’Elysée pour gagner la place de l’Etoile et raviver la flamme du tombeau du Soldat inconnu, surprise : ce n’est pas la traditionnelle Citroën qui patiente devant la grille du Coq, sortie la plus discrète du Palais. Emmanuel Macron n’a pas fait son service militaire mais raffole de l’uniforme. Sa griffe, ce sera ce VLRA (véhicule léger de reconnaissance et d’appui) en « livrée camouflage ». Ce jour-là, les Champs-Élysées s’imposent comme la scène politique du pouvoir macronien Hormis les cordons de chevaux et de motards de la garde républicaine, rien ne protège le nouveau président des spectateurs postés le long des trottoirs. De quoi aurait-il peur ? On ne hait pas un inconnu. À mi-parcours, plusieurs chevaux se cabrent brusquement, manquant de semer la panique dans le cortège, mais les ruades sont vite oubliées, un épiphénomène dans ce cours radieux. Qu’importe s’il a été élu par moins de 21 millions d’électeurs : Macron a conquis le pouvoir à la vitesse d’un Rafale, sans mandat ni parti. Il a raflé 66 % des voix au second tour, face à Marine Le Pen, et savoure son apothéose sur l’avenue de la mémoire nationale. Le pays tout entier a pris l’habitude de s’y rassembler pour fêter ses triomphes, deux millions de personnes pour la libération de la capitale en août 1944, un million et demi pour la victoire des Bleus de Zidane en juillet 1998. Ce 14 mai 2017, dans l’objectif des photographes, le visage juvénile du président sur « la-plus-belle-avenue-du-monde », encadré par l’écarlate des plumets, le cuivre des casques, le bleu des gyrophares, symphonie de couleurs devenue spécialité française, offre des clichés de rêve. Comment imaginer que l’avenue de son sacre deviendra bientôt le théâtre de sa disgrâce, l’artère d’une tragédie en plusieurs actes ? Ce jour-là, les Champs-Élysées s’imposent comme la scène politique du pouvoir macronien.
Dans sa chronique, Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », se demande si l’année 2018 ne marque pas, en matière de lecture, un passage de témoin générationnel.
« Quand le roman souffre, la bande dessinée resplendit »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/28/quand-le-roman-souffre-la-bande-dessinee-resplendit_5402901_3232.html
28/12/2018
idees
Quand le roman peine, la BD est en pleine santé. CHARLY TRIBALLEAU / AFP Chronique. Depuis des mois, 2018 est décrite comme une année noire pour les librairies et les ventes de livres. La faute à la Coupe du monde de football, puis à la canicule, à une rentrée littéraire qui a fait flop, aux prix de novembre qui ont fait pschitt, aux « gilets jaunes » qui ont fait mal, à Amazon qui vampirise tout, aux bibliothèques qui n’achètent plus d’ouvrages, à Netflix qui rend le public drogué aux séries télés… Sauf qu’en fin d’année le Père Noël surgit tel Zorro, et les librairies retombent sur leurs pieds. Car le livre est le roi des cadeaux. Quant à celles qui ont souffert, elles misent sur la rentrée de janvier et sur Sérotonine (Flammarion, 352 p., 22 euros), le nouveau Houellebecq. Chaque année, pour le libraire, ce serait donc onze mois et demi dans le dur, quinze jours miraculeux. Ombres Blanches, enseigne phare à Toulouse, a vendu 12 500 livres rien que le samedi 22 décembre – plus de 10 % de son chiffre. « Attention, le paysage est erratique, [certains] ont un bon bilan, d’autres un mauvais », dit Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française (600 adhérents en France). Le mauvais semble dominer. « 2018 sera une année à oublier », dit, comme d’autres, Matthieu de Montchalin, qui dirige L’Armitière, à Rouen. Or ce serait le troisième exercice de stagnation voire de baisse des ventes. Pire, sur la décennie écoulée, seules 2015 et 2016 ont été de bons crus, mais grâce à un renouvellement des manuels scolaires. Et si des librairies se créent, comme Ici, ouverte en octobre sur les grands boulevards parisiens, d’autres meurent. Les romans ont beaucoup souffert 2018 avait pourtant bien commencé. Mais ensuite ce fut la dégringolade. Beaucoup pointent la responsabilité des « gilets jaunes », pénalisant les enseignes qui se trouvaient sur leur chemin. Etre perturbé, voire fermé cinq samedis en novembre et décembre, c’est rude. « Sans les “gilets jaunes”, on fait une bonne année », dit Christian Thorel, d’Ombres Blanches. Il n’y a pas que les « gilets jaunes ». Le recul des ventes en librairie a commencé durant l’été, s’est poursuivi en septembre, s’est aggravé en octobre. Surtout, ce sont les romans qui ont beaucoup souffert. La rentrée littéraire (567 romans) a été mauvaise. Comme si elle n’avait pas eu lieu. Une baisse en septembre, une autre de 14 % en octobre par rapport à 2017. « C’est la première fois en vingt-cinq ans que je vois ça », s’inquiète Matthieu de Montchalin. Les prix littéraires, en novembre, ont à peine corrigé le tir. Comme si cela jouait moins. Leurs enfants après eux (Actes Sud, 432 p., 21,80 euros), le Goncourt de Nicolas Mathieu, se vend bien mais il serait loin du « tarif standard », soit 450 000 exemplaires.
« Le Lac des cygnes », « Casse-Noisette », « La Bayadère »… les ballets du Français, exilé en Russie, font partie du patrimoine.
Danse : Marius Petipa, chorégraphe star et méconnu
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/28/marius-petipa-choregraphe-star-et-meconnu_5402896_3246.html
28/12/2018
culture
« Le Lac des cygnes », par le Yacobson Ballet, à l’Opéra de Massy. VLAD STEPANENKO Rendons à Marius Petipa (1818-1910) ce qui lui est dû. Le Français de ­Marseille, exilé en 1847 à Saint-Pétersbourg, en Russie, où il intégra comme danseur le ­Ballet impérial, reste un illustre inconnu, en particulier dans son pays d’origine. Pourtant, cet homme au prénom ensoleillé et au nom prédestiné est tout simplement le chorégraphe des plus fameux ballets du patrimoine qui constituent, aujourd’hui, le fonds de commerce des troupes classiques internationales. Quelques titres parmi des chefs-d’œuvre : La Bayadère (1877), La Belle au bois dormant (1890), Casse-Noisette (1892), Le Lac des cygnes (1895), Raymonda (1898)… Un coup d’œil sur les affiches de fin d’année confirme l’ampleur du phénomène. Si Casse-Noisette, le bonbon le plus prisé du public anglo-saxon, arrive en tête pour les fêtes, Le Lac des cygnes le talonne de près. Que ce soit dans l’interprétation du Ballet de Kiev (Ukraine) ou dans celle du Ballet et Orchestre de l’Opéra national de Russie, qui enchaînent ces deux productions, les versions sont signées « d’après Marius Petipa ». Idem pour le Yacobson Ballet de Saint-Pétersbourg, qui a élu La Belle au bois dormant et Le Lac pour sa tournée en France en début d’année 2019. Le nom de Petipa, déjà noyé dans la musique de ­Tchaïkovski, sera emporté par la célébrité de Noureev A l’Opéra national de Paris, le grand répertoire se compose, entre autres, de six œuvres créées par Petipa et relues par Rudolf Noureev (1938-1993), directeur de la danse de 1983 à 1989. Dont Le Lac des cygnes programmé, du 16 février au 19 mars 2019, à l’Opéra Bastille, dans le cadre du 350e anniversaire de l’institution. Paradoxalement, alors que Noureev est devenu l’un de ses passeurs, le nom de Petipa, déjà noyé dans la musique de ­Tchaïkovski, sera emporté par la célébrité de cette star. « Petipa est pourtant le socle de notre histoire de la danse, de notre héritage, et on ne le connaît pas, s’agace le chorégraphe Thierry Malandain, directeur du Ballet Biarritz. C’est malheureusement le lot des chorégraphes français ! On a fêté cette année chez nous l’Américain Jerome Robbins, mais pas Petipa, qui est par ailleurs le dépositaire des Français installés en Russie que l’on a aussi oubliés comme Jules Perrot et Arthur Saint-Léon, auxquels il succéda à la direction du Ballet impérial. Paradoxalement, Petipa a eu la chance de travailler dans un pays conservateur. Qu’il s’agisse de son époque ou, plus tard, de l’ère soviétique, cela explique qu’on ait sauvegardé ses ballets. »
Dans une tribune au « Monde », un collectif de médecins appelle le gouvernement à mener un état des lieux sur la place des femmes dans les carrières hospitalo-universitaires en France afin de favoriser leur accès aux postes de direction dans le domaine de la santé
« Accès des femmes aux postes hospitalo-universitaires : il est temps de passer à l’action »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/28/acces-des-femmes-aux-postes-hospitalo-universitaires-il-est-temps-de-passer-a-l-action_5402887_3232.html
28/12/2018
idees
Une chercheuse au laboratoire de la biobanque de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, en 2015. THOMAS SAMSON / AFP Tribune. Le mercredi 24 octobre, Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès de Gérard Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, a engagé une discussion sur l’égalité entre les hommes et les femmes, érigée « grande cause du quinquennat », dans la fonction publique, dont la fonction publique hospitalière. Nous appelons à prendre toutes les mesures nécessaires pour favoriser une accession satisfaisante des femmes aux postes hospitalo-universitaires, au sein desquels elles ne sont que peu représentées depuis la création des Centres Hospitalo-Universitaires (CHU) en 1958. Nous appelons également à ce que les femmes soient davantage représentées dans les instances de gouvernance des hôpitaux, des facultés de médecine, et des conseils d’administration des sociétés savantes médicales. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon ceux du Conseil national de l’Ordre des médecins (consultables en ligne), en 2016, 54 % de la population des médecins de 35-50 ans étaient des femmes. Comparativement, en 2017 et 2018, sur 366 nominations à un poste de professeur des universités – praticien hospitalier (PU-PH), 104 (soit 28 %) concernaient des femmes. Ces mêmes années, sur 298 nominations à un poste de maître des conférences – praticien Hospitalier (MCU-PH), 113 (soit 38 %) concernaient des femmes. Dans certaines disciplines, l’écart de nomination entre les hommes et les femmes est particulièrement marqué : anesthésie, médecine intensive-réanimation, psychiatrie, rhumatologie, médecine Interne, gastro-entérologie et hépatologie, chirurgie thoracique, plastique, orthopédique, et vasculaire, ou gynécologie-obstétrique notamment. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans les hôpitaux, des postes de pouvoir si masculins Dans une enquête récente au sein d’un CHU parisien, alors que les femmes représentent 49 % de la population médicale, elles représentent seulement 15 % des professeurs de médecine, et 7 % des professeurs dans les spécialités chirurgicales (Revue de Médecine Interne 2018). Les douze présidents des commissions médicales d’établissement locales (CMEL : commissions qui représentent les médecins de chaque hôpital) du plus grand CHU de France (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), sont tous des hommes. Les freins à l’accession des femmes La Commission médicale d’établissement centrale de ce même CHU comporte 10 représentants des chefs de pôle, et parmi eux une seule femme, et douze représentants des personnels enseignants et hospitaliers titulaires médicaux ou chirurgicaux, parmi eux une seule femme. Parmi les représentants des professeurs en biologie, les femmes sont en revanche prédominantes. Autre exemple récent, lors du vote pour le renouvellement des membres du Conseil d’administration d’une société savante médicale, la liste proposée comportait huit hommes, et une seule femme.
Maternité, barrière psychologique, machisme… les femmes médecins ne sont qu’une petite minorité à occuper les postes de prestige.
Dans les hôpitaux, des postes de pouvoir si masculins
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/28/un-monde-hospitalo-universitaire-si-peu-feminin_5402878_3224.html
28/12/2018
societe
AUREL C’est un milieu prestigieux, difficile d’accès et… très largement tenu par des hommes. Alors que les femmes représentent plus de la moitié (52 %) des médecins hospitaliers en 2018, selon les chiffres du Centre national de gestion des praticiens hospitaliers, elles ne sont qu’une petite minorité à occuper les postes de professeurs des universités – praticien hospitalier (PU-PH) et les postes de pouvoir à l’hôpital (chef de service, de pôle…). Pour mettre fin à cette anomalie, près de 130 médecins demandent dans une tribune publiée vendredi 28 décembre dans Le Monde que soient prises « toutes les mesures nécessaires à favoriser une accession satisfaisante des femmes » à ces postes. Après avoir longtemps été exclusivement masculin, le monde hospitalo-universitaire, où se combinent missions de soins, de recherche et d’enseignement, peine toujours à se mettre à l’heure de la parité. En 2016, les femmes ne représentaient toujours que 19 % du corps le plus élevé, celui des PU-PH en médecine, selon un rapport des inspections générales des affaires sociales et de l’enseignement supérieur, paru en juillet. Soit un taux encore plus bas que dans le reste du monde universitaire, où 24 % des professeurs sont des femmes. Et, en 2017 et 2018, seules 28 % de femmes ont été nommées PU-PH, pour un total de 366 nominations, font valoir les auteurs de la tribune. Une sous-représentation qui s’explique par une addition de facteurs, plus ou moins visibles. La carrière hospitalo-universitaire, qui se joue à la trentaine, est un parcours du combattant, décrivent unanimement les femmes médecins interrogées par Le Monde. Il faut mener de front une carrière médicale et scientifique, ajouter une thèse en science à celle de médecine, effectuer une mobilité – de préférence à l’étranger –, multiplier les publications de recherche pour avoir le dossier de candidature le plus consistant possible… Le tout à un âge où peut se poser pour les femmes la question de la maternité. « Mettre les bouchées doubles » « La grande complexité dans la carrière réside avant tout dans le fait d’être mère, résume Cécile Badoual, PU-PH anatomopathologiste à l’hôpital européen Georges-Pompidou (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), présidente du conseil pédagogique de la faculté de médecine de Paris-Descartes, et mère de trois enfants. Qu’on soit un homme ou une femme, il faut travailler comme un cinglé, mais il y a la réalité de la mère de famille et, pour cela, on n’a pas de points en plus, pas de cadeau. » L’ancienne jeune interne « TGV », qui effectuait son internat à Tours alors que sa famille était à Paris, n’a cessé de « mettre les bouchées doubles ». « Je ne m’arrêtais pas de 8 heures à minuit… Il faut être épaulé, avec une structure familiale qui vous soutient, sinon on n’y arrive pas. »
Considéré comme l’ancien chef du contre-espionnage chinois, Ma Jian a été condamné jeudi pour corruption à la prison à vie par un tribunal du Liaoning (nord-est de la Chine).
L’ancien patron des services secrets chinois condamné à la prison
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/l-ancien-patron-des-services-secrets-chinois-condamne-a-la-prison_5402875_3210.html
28/12/2018
international
Considéré comme l’ancien chef du contre-espionnage chinois, Ma Jian a été condamné pour corruption à la prison à vie le 27 décembre. AP Deux personnalités chinoises de très haut niveau viennent d’être à leur tour condamnées pour corruption : Ma Jian, l’ancien patron du contre-espionnage chinois, et Cai Xiyou, ancien directeur du groupe public Sinochem, un des géants mondiaux de l’industrie chimique. Ma Jian a été condamné jeudi 27 décembre à la prison à vie par le tribunal de Dalian (Liaoning), pour « corruption, extorsion et délit d’initié ». Ancien vice-ministre de la sécurité d’Etat, ayant à ce titre régné sur les services d’espionnage et de contre-espionnage, Ma Jian avait été arrêté en 2015, à la suite de la chute de son patron, le tout-puissant Zhou Yongkang, ancien membre du bureau politique du Parti communiste, arrêté en 2014 pour corruption et condamné à la prison à vie. Selon le jugement rendu jeudi, à la suite d’une audience à huis clos tenue le 16 août, Ma Jian a profité de ses fonctions de ministre adjoint pour aider des entreprises contrôlées par le milliardaire en fuite Guo Wengui, sévère opposant au président chinois Xi Jinping. En retour, Ma Jian a reçu pour plus de 109 millions de yuans (près de 14 millions d’euros) de biens. Ma Jian, qui a été déchu de ses droits civiques et dont les biens ont été saisis, n’a pas fait appel de la décision du tribunal. Commerce illégal facilité La veille, Cai Xiyou, ancien directeur général de Sinochem, avait, lui, été condamné à douze ans de prison et à une amende de 3 millions de yuans (environ 381 000 euros) par le tribunal de Tai’an (Shandong). Il est reconnu coupable d’avoir reçu de l’argent et des cadeaux pour une valeur de 53,7 millions de yuans, afin de modifier des contrats et de faciliter le commerce illégal de produits raffinés entre 1997 et 2016, notamment à l’époque où il était chez Sinopec, le groupe pétrolier, avant d’être nommé directeur général de Sinochem en 2014. Le tribunal dit s’être montré indulgent car Cai Xiyou a coopéré avec la justice et a restitué l’argent gagné illégalement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Chine, un dirigeant de la plate-forme vidéo d’Alibaba arrêté pour corruption Lancée fin 2012 lors de l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, la campagne contre la corruption a touché plus de 1,3 million de membres du parti (sur environ 90 millions), de tous niveaux. Mi-décembre, le bureau politique l’a, pour la pour la première fois, qualifiée de « victoire éclatante ». Mais, selon l’avis des experts, cela ne signifie pas que cette campagne va prendre fin. Selon l’agence de presse officielle Xinhua, une des étapes essentielles de cette campagne fut la création en mars 2018 de la Commission nationale de lutte contre la corruption dotée de pouvoirs de répression non seulement envers les membres du parti mais aussi envers les fonctionnaires, notamment dans les écoles et les hôpitaux.
La loi adoptée jeudi prévoit l’abandon des sacs plastique mais aussi des gobelets, verres, tasses, assiettes, pailles ou encore des Coton-Tige d’ici à 2020.
La Nouvelle-Calédonie interdit le plastique à usage unique
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/28/la-nouvelle-caledonie-interdit-le-plastique-a-usage-unique_5402869_3244.html
28/12/2018
planete
Les sacs en plastique seront interdits en Nouvelle-Calédonie à partir du 1er juillet 2019. Mark Baker / AP La Nouvelle-Calédonie a décidé d’interdire progressivement d’ici à 2020 l’utilisation de tous les objets en plastique à usage unique pour lutter contre la pollution. Adopté jeudi 28 décembre par le Congrès de Nouvelle-Calédonie, le texte a été soutenu par les élus de Calédonie ensemble, parti de droite modérée à l’origine du projet, et par les indépendantistes. Les deux groupes affiliés aux Républicains (LR) se sont abstenus. « Il était temps. Le plastique est un fléau en Nouvelle-Calédonie, on en trouve dans les rivières, les mangroves, les forêts, le lagon… », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Cécilia Royer, membre d’une association écologiste, Mocamana, qui fabrique des cabas en toile de jute recyclé sur ce territoire français. Voir notre infographie : L’impact du plastique sur l’environnement expliqué en quelques chiffres Fléau pour l’environnement A compter du 1er juillet 2019, les sacs en plastique à usage unique distribués à la caisse des magasins, les sacs non biosourcés ainsi que les cabas en plastique réutilisables seront interdits. Suivront ensuite, à partir du 1er septembre 2019, les gobelets, verres, tasses, assiettes, pailles ou encore Coton-Tige en plastique ; puis, à compter du 1er mai 2020, les barquettes destinées à l’emballage des denrées alimentaires au moment de l’achat ou pour les livraisons. « Dix ans après avoir inscrit notre lagon au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco (…), il était urgent d’agir face au fléau que représente pour l’environnement la pollution due aux produits en plastique », a estimé le parti Calédonie ensemble dans un communiqué. Selon des chiffres transmis en séance, les 268 000 habitants de Nouvelle-Calédonie utilisent chaque année 60 millions de sacs en plastique, 40 millions de barquettes et 5 tonnes de pailles. Située dans l’océan Pacifique Sud, à 1 500 kilomètres à l’est de l’Australie, la Nouvelle-Calédonie est un haut lieu de la biodiversité mondiale. Manque de préparation ? Le Rassemblement-LR et Les Républicains calédoniens ont critiqué une loi « rédigée dans l’urgence », qui a « négligé la préparation des industriels locaux ». Leurs réserves faisaient écho à l’avis rendu en octobre dernier par l’autorité locale de la concurrence, qui avait recommandé la suppression des « mesures protectionnistes » de ce texte qui portent une atteinte « injustifiée, inadaptée et disproportionnée à la libre concurrence ». Cette loi antipollution est en effet assortie d’une « interdiction générale et illimitée dans le temps de toute importation » du type de sacs destinés à se substituer aux actuels sacs en plastique à usage unique, non compostables et non recyclables. Leur production est réservée à l’industrie locale.
Plus de 6 500 vols ont été retardés et environ 800 annulés. L’aéroport de Dallas, au Texas, est le plus touché.
Une tempête perturbe le trafic aérien aux Etats-Unis
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/28/une-tempete-perturbe-le-trafic-aerien-aux-etats-unis_5402866_3244.html
28/12/2018
planete
Une tempête a provoqué, jeudi 27 décembre, l’annulation de centaines de vols et retardé des milliers d’autres dans le centre des Etats-Unis, perturbant ainsi les plans des voyageurs, particulièrement nombreux en cette période des fêtes. Plus de 6 500 vols ont été retardés et environ 800 annulés, selon le site de suivi des vols FlightAware. L’aéroport international de Dallas-Fort Worth, au Texas, a été le plus touché, avec plus de 450 annulations et 600 retards. « Nos vacances de Noël sont gâchées », a témoigné au journal local Fort Worth Star-Telegram une voyageuse en transit bloquée à Dallas, Denise Knight. « A peine arrivés à notre destination et il sera déjà le temps pour nous de rentrer », a-t-elle pesté. Nous n’avons « ni bagages ni vêtements propres, et pas de vol assuré avant samedi ». Trente centimètres de neige Pluie, neige et vents violents ont également rendu la circulation dangereuse, voire impossible, notamment dans le nord de la région des Grandes Plaines, où, par endroits, jusqu’à plus de 30 centimètres de neige sont tombés. Les autorités du Nebraska ont fermé à la circulation l’un des axes principaux de cet Etat rural du centre des Etats-Unis. Celles du Dakota du Nord ont de leur côté conseillé d’éviter tout déplacement dans la partie est de l’Etat, où le petit aéroport de Fargo a été fermé. Selon le service météo américain, cette tempête hivernale, baptisée « Eboni », devrait continuer vendredi matin à déverser, du nord au sud, d’importantes quantités de neige et de pluie, avant de s’estomper progressivement au fil de la journée.
Le régime chinois déporte en masse ces minorités dans des camps. « Le Monde » a pu recueillir les rares témoignages d’anciens détenus.
Kazakhs et Ouïgours dans l’enfer du goulag chinois
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/28/au-xinjiang-dans-l-univers-concentrationnaire-des-camps-chinois_5402864_3210.html
28/12/2018
international
Une femme tient le portrait d’un de ses proches disparu en Chine, dans les locaux de l’association Atajurt, à Almaty (Kazakhstan), le 4 décembre 2018. . En rangée, deux par deux, ils sont 500 détenus, que des gardes font monter dans des bus, cagoule sur la tête. Au bout du trajet, ils découvrent un nouveau camp d’internement, assez similaire à celui d’où ils viennent : « Il y avait des bâtiments neufs, et d’autres qui n’étaient pas finis. Il devait y avoir 3 000 personnes, beaucoup de Kazakhs comme moi, qui étaient nés en Chine et à qui on disait qu’ils n’auraient pas dû changer de nationalité. Des gens qui avaient utilisé WhatsApp. D’autres qui avaient dit “Assalamu alaykum” [“Que la paix soit sur vous” en arabe]. » Orinbek Koksebek, 38 ans, a passé cent vingt-cinq jours en détention en Chine début 2018 – mais il est incapable de dire combien dans l’un et l’autre des deux camps où il a été envoyé, à Tarbaghatay (Tacheng, en chinois), une sous-préfecture de l’ouest de la Région autonome ouïgoure du Xinjiang, là où la frontière chinoise avec le Kazakhstan fait un angle droit. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Kazakhstan, avec les rescapés de l’enfer du goulag chinois Lui qui parle très mal le mandarin doit apprendre par cœur trois chansons : La Marche des volontaires (l’hymne national chinois) et deux chants maoïstes, L’Orient est rouge et Sans le Parti communiste, il n’y a pas de Chine nouvelle. Sinon, lui disent ses interrogateurs, il restera cinq ans en détention. A six reprises, il est envoyé au cachot, un espace noir, très étroit, pour vingt-quatre heures, nourri d’un seul beignet, sans eau. La Chine présente ses camps comme de banals centres de déradicalisation et de «formation professionnelle» de ses minorités. Orinbek Koksebek, ainsi que trois autres anciens détenus rencontrés à Almaty (Kazakhstan) ou à Istanbul (Turquie), font partie des rares témoins du programme de détention de masse des minorités turcophones musulmanes du Xinjiang, l’immense territoire aux confins de l’Asie centrale que le régime communiste administre d’une main de fer. Y sont soumis les Ouïgours, qui constituent 11 millions des habitants de la région autonome, mais aussi les Kazakhs (1,5 million), dans des structures carcérales existantes, des prisons noires, des écoles du Parti, ainsi que de gigantesques camps récemment construits, dont plus d’une soixantaine ont été repérés par image satellite par des experts. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Camps de détention en Chine : le Kazakhstan, trop dépendant pour froisser Pékin La Chine présente officiellement ces derniers comme de banals centres de déradicalisation et de « formation professionnelle » de ses minorités, où les étudiants seraient rémunérés pour du travail en atelier. Selon la radio américaine Radio Free Asia, certains sont en train d’être aménagés dans ce sens pour de futures visites d’inspecteurs étrangers qui, dès lors, ne verront pas la réalité de cet archipel du goulag chinois.
Un an après, l’euphorie qui a accompagné le départ de Robert Mugabe a laissé la place à une crise économique profonde, marquée par une inflation galopante.
Noël sec et amer au Zimbabwe
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/28/noel-sec-et-amer-au-zimbabwe_5402853_3212.html
28/12/2018
afrique
LETTRE D’AFRIQUE En un an, la chute est terrible. C’est celle de l’espoir d’un pays, le Zimbabwe. Noël 2017 : cela semble si loin, à présent. La période des fêtes, alors, était une fête, une vraie. Dans les moindres rassemblements, en famille comme lors de la prestation de serment du nouveau président Emmerson Mnangagwa, on chantait Kutanga Kwaro, de Jah Prayzah, l’hymne du coup d’Etat qui avait renversé Robert Mugabe quelques mois plus tôt. La chanson était supposée avoir annoncé le changement avant qu’il n’ait lieu, et décrit en termes mystérieux le nouveau chef, qu’on surnommait encore « le crocodile » avec tendresse. L’histoire du Zimbabwe, tout à coup, redevenait une chose merveilleuse à vivre, et à raconter. La vie de tous les jours promettait d’être meilleure. Les policiers harceleurs avaient été priés de ficher le camp des routes, où ils rançonnaient en essaims serrés, et d’aller bouder dans leurs casernes. Les prix n’avaient pas baissé, les attentes devant les banques pour retirer des dollars n’avaient pas disparu, mais chacun était décidé à tout mettre en œuvre pour passer un Noël mémorable : dans les supermarchés, les queues s’étendaient au rayon des boissons, et ce n’était que le reflet de l’engouement général pour ce moment de suspension. Il va sans dire que ce Noël-là fut sérieusement arrosé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Zimbabwe, pays en faillite où l’argent est devenu fou Pénurie et inflation En comparaison, comme la fête est amère, cette année. Dans les mêmes supermarchés, certains rayons sont vides. On peine à trouver, selon les moments, des produits aussi simples et répandus que certains sodas. L’huile de friture est un luxe. Le sucre une folie. Pour cause de pénurie, la bière ou les boissons sucrées sont limitées à une ou deux bouteilles par personne. Et les prix se sont envolés. L’inflation n’est en théorie que de 30 %, mais les étiquettes disent une autre réalité. Même le Mazoe, ce sirop d’orange qui est la boisson nationale modeste, manque dans les rayons. Dix ans après l’hyperinflation de 2008-2009, le pays semble à nouveau sur une pente inflationniste glissante. Ceci, en raison d’une menace d’effondrement financier. Depuis la mise à mort des dollars zimbabwéens pour stopper la hausse des prix, le pays s’est tourné vers le dollar américain. Mais les billets verts manquent, et le gouvernement, en 2016, a mis en circulation des bond notes, sortes de bons du trésor portables (on dirait surtout des billets de Monopoly), garantis par la banque centrale du Zimbabwe. En parallèle, le gouvernement a entrepris de procéder à ses paiements (notamment les salaires, l’essentiel de ses dépenses), en monnaie électronique, créant une masse toujours plus importante de dollars virtuels, mais non convertibles en dollars physiques.
L’homme est notamment soupçonné d’avoir entraîné au tir certaines personnes interpellées pour leurs liens présumés avec le double homicide.
Maroc : un Suisse arrêté en lien avec le meurtre des deux touristes scandinaves
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/29/maroc-un-suisse-arrete-en-lien-avec-le-meurtre-des-deux-touristes-scandinaves_5403555_3212.html
29/12/2018
afrique
Un hommage aux deux touristes scandinaves, le 22 décembre, à Rabat. FADEL SENNA / AFP Un Suisse installé au Maroc a été arrêté samedi à Marrakech pour son lien présumé avec certains suspects dans le récent meurtre de deux jeunes randonneuses scandinaves dans le sud du Maroc, a annoncé le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ). L’homme, « imprégné de l’idéologie extrémiste » et portant également la nationalité espagnole, est « soupçonné d’avoir appris à certaines personnes interpellées dans cette affaire les outils de communication issus des nouvelles technologies et de les avoir entraînées au tir », a ajouté le BCIJ dans un communiqué. L’enquête révèle son « adhésion à des opérations de recrutement et d’embrigadement de citoyens marocains et subsahariens pour exécuter des plans terroristes au Maroc », a précisé l’unité en charge de la lutte antiterroriste dans le royaume. Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, ont été tuées dans la nuit du 16 au 17 décembre dans le sud du Maroc, où elles passaient des vacances. Leurs corps ont été découverts sur un site isolé du Haut Atlas, dans un secteur prisé des amateurs de marche. Les deux victimes ont été décapitées. Les autorités marocaines ont déjà arrêté 18 personnes pour leurs liens présumés avec ce double homicide qualifié de « terroriste » par Rabat. Lire aussi Après la mort de deux touristes, le Maroc rattrapé par le risque terroriste Allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi Les quatre principaux auteurs présumés, interpellés à Marrakech les jours suivant le double meurtre, appartenaient à une cellule inspirée par l’idéologie du groupe Etat islamique (EI) mais « sans contact » avec ses cadres en Syrie ou en Irak, avait déclaré lundi à l’AFP le chef de l’antiterrorisme marocain Abdelhak Khiam. L’un d’eux, Abdessamad Ejjoud, un marchand ambulant de 25 ans, est soupçonné par les enquêteurs d’être le chef de cette « cellule terroriste ». C’est lui que l’on voit parler dans une vidéo tournée une semaine avant le meurtre, dans laquelle les quatre principaux suspects prêtent allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’EI. L’affaire a suscité une vive émotion en Norvège, au Danemark mais aussi au Maroc, où une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, montrant l’exécution d’une des deux victimes, a mis le pays en émoi. La vidéo est considérée comme authentique par les autorités marocaines, selon une source proche de l’enquête à l’AFP. Épargné jusqu’ici par les attentats de l’EI, le royaume – qui revendique une politique très active en matière de lutte antiterroriste – avait été meurtri par des attaques à Casablanca (33 morts en 2003) et à Marrakech (17 morts en 2011). Lire aussi Touristes tuées au Maroc : le quartier de deux des suspects marqué par la précarité et le salafisme
La jeune femme est morte en décembre 2017 d’une intoxication au paracétamol, après avoir été tardivement prise en charge par le Samu.
Rassemblement à Strasbourg, un an après la mort de Naomi Musenga
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/29/rassemblement-a-strasbourg-un-an-apres-la-mort-de-naomi-musenga_5403541_3224.html
29/12/2018
societe
Une minute de silence a été observée en mémoire de Naomi Musenga, morte il y a un an après n’avoir pas été prise au sérieux au téléphone par le Samu, qui avait refusé de la prendre immédiatement en charge. Lors d’un rassemblement dans l’après-midi du samedi 29 décembre, à Strasbourg, un hommage a réuni une soixantaine de personnes à l’appel d’un collectif, « Justice pour Naomi Musenga ». Le rassemblement a débuté vers 16 heures 30 sur la place de l’Hôpital par une chanson entonnée par la mère de la victime, accompagnée à la guitare par sa fille, Louange. « Naomi était une musicienne, elle jouait de la guitare, de la batterie et faisait du gospel. On lui rend hommage en musique », a annoncé Alain Bokemposila, membre du collectif. Une grande banderole, sur laquelle était écrit : « Justice et vérité pour Naomi Musenga. Hommage et pensées pour tous les oubliés et toutes les Naomi de l’ombre », était déroulée sur le sol, derrière un bouquet de fleurs claires et d’une photo de la jeune femme, souriante. Lire aussi Mort de Naomi Musenga, le calvaire des trois opératrices accusées à tort Information judiciaire ouverte en juillet Âgée de 22 ans et mère d’un enfant de 18 mois, elle est morte le 29 décembre 2017 des conséquences d’une « intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours », selon des éléments médicaux obtenus par les enquêteurs. Elle avait été prise en charge avec « un retard global de près de 2 heures 20 », selon un rapport de l’Inspection des affaires sociales (Igas), après un premier appel qui n’avait pas été pris au sérieux par une opératrice du Samu. En juillet, une information judiciaire pour « non-assistance à personne en péril » et « homicide involontaire » a été ouverte contre X, visant notamment l’assistante de régulation. Le père de Naomi a remercié les personnes présentes, tenant pour la plupart une rose blanche, « en mémoire de cet événement inacceptable, inadmissible, de ce choc, pour se souvenir de ce mauvais exemple d’abandon, de mépris, d’une personne qui avait besoin d’une intervention urgente ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au SAMU d’Amiens, « on ne sait jamais ce qu’il y a derrière un appel » Gloire Musenga, frère de la victime, a lu une lettre adressée par ses parents aux hôpitaux universitaires de Strasbourg, réclamant de connaître la vérité sur les causes du décès de leur fille et de voir « l’ensemble des acteurs missionnés par les services d’urgence » prendre leurs responsabilités. A l’issue des prises de parole et de chants, une minute de silence a été observée par l’assistance et des fleurs ont été déposées au pied de l’hôpital civil, de l’autre côté de la place.
Au VIe siècle av. J.-C., pour éviter le retour de la tyrannie, les Athéniens avaient inventé un mécanisme d’éloignement des personnages publics qu’ils ne désiraient plus voir exercer leurs fonctions : l’ostracisme. Peut-on faire un parallèle avec la défiance radicale qui vise aujourd’hui nos élites ?
L’ostracisme, le « dégagisme » antique ?
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/29/l-ostracisme-le-degagisme-antique_5403530_3232.html
29/12/2018
idees
Lors d’une manifestation de « gilets jaunes » à Nantes, le 8 décembre 2018. Jérémie Lussau pour "Le Monde" Le slogan est d’une brutale simplicité : « Macron démission ! » Les ronds-points de France ont résonné ces dernières semaines de ce cri de ralliement qui n’est pas sans rappeler le grand mouvement de « dégagisme » que le jeune président avait cru lui-même incarner. « Dégage ! » L’injonction date des « printemps arabes », plus précisément du mouvement tunisien de décembre 2010. Elle visait alors le président Ben Ali. On la retrouve très vite dans la bouche du leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, comme une autre traduction possible du « Que se vayan todos » (« Qu’ils en aillent tous ! »), la devise des manifestants pendant la crise économique argentine de 2001. Le « dégagisme » consiste à déloger le détenteur du pouvoir sans nécessairement vouloir prendre sa place. Il est l’expression d’une défiance radicale et d’une aspiration révolutionnaire. Mais, bien que d’invention récente, il pose une question aussi vieille que la politique, celle du rapport du peuple avec les élites. Pour tenter d’y répondre, les Athéniens avaient inventé un mécanisme d’éloignement des personnages publics qu’ils ne désiraient plus voir exercer leurs fonctions : l’ostracisme. « Une arme redoutable dans les mains du peuple » Mis en place après la fin de la tyrannie dans le cadre des réformes constitutionnelles des dernières années du VIe siècle av. J.-C., il visait à en éviter le retour. La mesure prévoyait une peine d’exil temporaire, de dix ans, frappant quiconque était suspecté de vouloir la rétablir. Chaque année, un vote populaire à main levée décidait de son opportunité. Deux mois plus tard, un second vote permettait de désigner l’homme que l’on jugeait dangereux : son nom était inscrit sur un tesson, un ostrakon. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le dictateur : un modèle de vertu dans l’Antiquité L’ostracisme n’était accompagné d’aucune justification – ni accusation ni défense. Il fut, selon l’historienne Claude Mossé, « une arme redoutable dans les mains du peuple ». Les nombreux ostraka (« bulletins ») qui nous sont parvenus montrent qu’aucun homme politique n’échappa à la méfiance populaire. Le mécanisme d’expulsion jouait au fond sur le sentiment négatif que suscitait chez les Grecs celui qui s’était élevé trop haut. Aristote, par exemple, le justifiait en expliquant que, si un être dépasse le niveau commun en vertu ou en capacité politique, on ne saurait l’admettre sur un pied d’égalité avec les autres citoyens.
Commandeur de la Légion d’honneur, Georges Loinger avait participé au sauvetage de plus de 350 enfants juifs vers la Suisse pendant la seconde guerre mondiale.
Le résistant juif Georges Loinger est mort
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/29/le-resistant-juif-georges-loinger-est-mort_5403527_3382.html
29/12/2018
disparitions
Georges Loinger (à gauche), président de l'Association de la Résistance juive de France (ARJF), reçoit les insignes de commandeur de la Légion d'honneur, le 19 septembre 2005 à Paris. JACQUES DEMARTHON / AFP Doyen de la résistance juive pendant l’Occupation en France, Georges Loinger est mort, vendredi 28 décembre, à l’âge de 108 ans. « Avec lui s’éteint un homme d’exception dont les combats resteront dans les mémoires », a écrit la Fondation pour la mémoire de la Shoah dans un bref communiqué publié sur son site, samedi. M. Loinger, né à Strasbourg en août 1910, fait commandeur de la Légion d’honneur en 2005 et titulaire de la médaille de la Résistance et de la Croix de Guerre, a présidé l’Association de la Résistance juive de France (ARJF). Fait prisonnier par l’armée allemande en 1940, Georges Loinger parvient à s’échapper et à rentrer en France l’année suivante. Proche du médecin Joseph Weill au sein de l’Œuvre de secours aux enfants, il contribue à créer une filière d’hébergement et de passage d’enfants juifs vers la Suisse depuis Annemasse, commune de Haute-Savoie proche de Genève. L’arrivée et le rassemblement des enfants étaient effectués sous couvert d’une colonie de vacances. « Un exemple pour le peuple juif et pour la France » Il continuera ensuite à aider aux sauvetages d’enfants juifs, sauvant ainsi plus de 350 d’entre eux pendant l’Occupation. Après la guerre, il a notamment occupé le poste de directeur pour la France de la Compagnie nationale de navigation israélienne (ZIM). Georges Loinger œuvrera également pour faciliter le passage des rescapés du nazisme en Palestine et jouera un grand rôle dans l’affaire de l’Exodus lorsqu’il fera escale en France. Celui qui était le doyen de la Résistance juive en France a aussi participé à la création de « la Fraternité d’Abraham » qui prône le rapprochement des trois religions monothéistes. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a rendu hommage à « ce combattant qui fait figure d’exemple pour le peuple juif et pour la France ». Son président Francis Kalifat a salué dans un tweet ce « combattant de la mémoire, défenseur acharné du peuple Juif et de l’Etat d’Israël ». En 2013, il était reçu à l’âge de 102 ans par le président israélien Shimon Peres. La communauté juive endeuillée par le décès de Georges Loinger. Résistant, combattant de la mémoire, défenseur acha… https://t.co/1Gnmw7NVUy — FrancisKalifat (@Francis Kalifat)
Réchauffement climatique, déclin de la biodiversité, catastrophes naturelles… L’état de la Planète s’est dégradé en 2018. On a tout de même trouvé quelques raisons d’espérer.
Planète : les (plutôt) bonnes nouvelles de 2018
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/29/planete-les-plutot-bonnes-nouvelles-de-2018_5403506_3244.html
29/12/2018
planete
Quelques espèces animales en voie de récupération Certaines espèces disparaissent, mais d’autres sont sur le point d’être sauvées. Ceci grâce à de nombreux programmes de réintroduction et de lutte contre le braconnage. C’est le cas du gorille des montagnes et du rorqual, selon une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publiée le 14 novembre. Celle-ci indique que ces deux espèces autrefois en grave danger sont désormais en voie de récupération. Après la mise à jour par l’UICN de sa liste rouge des espèces menacées, le rorqual, second plus gros animal marin après la baleine bleue, est passé de la catégorie « en danger » à « vulnérable », sa population ayant atteint cette année plus de 100 000 individus. Le gorille des montagnes se porte également un peu mieux. Il a basculé de la catégorie « en danger critique » à « en danger » : en dix ans, la population des gorilles de montagne est passée de 680 à 1 000 individus, selon l’UICN. Lire aussi Biodiversité : hausse de la population de baleines et de gorilles D’autres espèces menacées ont vu leur effectif augmenter au cours de l’année 2018 comme les dauphins du Mékong, selon WWF. L’ONG a également publié en juin un recensement du jaguar au Mexique, dont la population a augmenté de 20 % en huit ans. En France, le gypaète barbu, plus grand vautour des Alpes et un des plus menacés, est de retour après un programme européen de réintroduction démarré en 2012. Des efforts pour les zones protégées fragiles Certaines zones de la planète, très fragiles, constituent de véritables sanctuaires de biodiversité et des États prennent des engagements pour les conserver. C’est le cas de la Grande barrière de corail, pour laquelle l’Australie va investir 312 millions d’euros pour sa protection. En Nouvelle-Calédonie, le gouvernement accroît quant à lui la protection de ses eaux territoriales. Fin octobre 2018, le pays a ainsi annoncé qu’une aire marine d’une superficie comprise entre 200 000 et 400 000 km² serait protégée d’ici 2019. Au Brésil, l’agence environnementale du pays a rejeté le 7 décembre la demande de Total de forer au large de l’embouchure de l’Amazone. De nouveaux espaces protégés devraient être prochainement créés, comme en Russie où le gouvernement a annoncé au printemps 2018 la création de la plus grande réserve terrestre et marine du pays (6 millions d’hectares) à Sakha, dans le nord-est de la Sibérie. L’UICN a élargi sa liste des « aires les mieux protégées du monde » à quinze zones supplémentaires, lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité qui a eu lieu en novembre en Égypte. La France est actuellement le pays accueillant le plus de sites sur la liste verte de l’organisme.
Le parolier américain, récompensé de plusieurs Grammy Awards, est mort à l’âge de 91 ans, le 19 décembre.
Norman Gimbel, parolier de « Killing Me Softly » et « The Girl From Ipanema », est mort
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/12/29/norman-gimbel-parolier-de-killing-me-softly-et-the-girl-from-ipanema-est-mort_5403491_1654986.html
29/12/2018
musiques
Le parolier américain Norman Gimbel, auteur de The Girl from Ipanema et de Killing Me Softly, est mort à l’âge de 91 ans. L’organisme américain de protection des droits musicaux, la BMI, l’a annoncé vendredi. « Ecrivain authentiquement doué et prolifique », selon les termes de la Broadcast Music Inc., Norman Gimbel est mort le 19 décembre à son domicile de Montecito, en Californie, où il résidait depuis de nombreuses années, a fait savoir son fils Tony Gimbel, au magazine Hollywood Reporter. Il avait remporté en 1973, avec son collaborateur de longue date Charles Fox, le Grammy pour la meilleure chanson de l’année, pour Killing Me Softly, interprété par Roberta Flack. L’air avait été repris avec succès dans les années 1990 par le groupe de hip hop The Fugees. « The Girl from Ipanema », l’une des chansons les plus diffusées de tous les temps Mais les paroles en anglais de The Girl from Ipanema, écrites pour accompagner un air célèbre brésilien, lui valurent également en 1965 un Grammy pour l’enregistrement de l’année, devenu avec les années l’une des chansons les plus diffusées de tous les temps. Natif de Brooklyn, Norman Gimbel avait également remporté un Academy Award pour la meilleure chanson originale avec David Shire pour It Goes Like It Goes, interprété par Jennifer Warnes, pour le film Norma Rae, de 1979. Robert Folk, qui a écrit avec Norman Gimbel une quinzaine de chansons, s’est souvenu sur Facebook des confidences amusées que lui avait faites le disparu, après une composition pour un producteur de films de renom. « Ne leur dis jamais combien ce travail nous est facile et comme il nous a été plaisant d’écrire ces chansons. Autrement, ils ne nous verseraient plus autant d’argent ! »
Formé sur le patronyme de Jules César, le mot n’apparaît qu’à partir de 1849 pour définir la politique de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, plaçant le régime impérial dans la lignée des dictatures à l’antique.
Jules César a-t-il inventé le césarisme ?
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/29/jules-cesar-a-t-il-invente-le-cesarisme_5403483_3232.html
29/12/2018
idees
Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873), dit Napoléon III, empereur des Français de 1852 à 1870. UIG/Photononstop Ne rendons pas si vite à Jules ce « césarisme » qui lui appartient finalement si peu. Le patronyme de l’ancien consul romain en est certes l’étymologie. Mais le mot ne fit son apparition que dix-neuf siècles après son assassinat. Le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle attribue la première occurrence à Proudhon, et la date de 1849. Dans son ouvrage La Fabrique d’une nation (Perrin, 2003), l’historien Claude Nicolet (1930-2010) la situe, pour sa part, dans un texte, L’Ere des Césars, publié par Auguste Romieu en 1850. Forme impériale du XIXe siècle Une chose est sûre : le césarisme est étroitement lié à Louis-Napoléon Bonaparte, qui devient Napoléon III en 1852. « Le mot est utilisé dès les premiers mois qui suivent le coup d’Etat du 2 décembre 1851 pour caractériser le nouveau régime, écrit Pierre Rosanvallon dans La Démocratie inachevée (Gallimard, 2000). Il permet alors d’associer de façon commode le souvenir des dictatures antiques à la forme impériale du XIXe siècle. C’est aussi le moyen de jeter une dimension d’opprobre sur le régime que le qualificatif de bonapartisme, d’un usage courant dès la Restauration, n’emportait pas. » Si le terme est ainsi employé par ses adversaires, Napoléon III n’a rien fait pour s’en démarquer, bien au contraire. A la différence de son oncle, qui s’était contenté – si l’on peut dire – d’agir, Louis-Napoléon s’est préoccupé dès les années 1830 de construire un cadre théorique autour de cette pratique du pouvoir qu’il espérait alors poursuivre et perpétuer. Il en développe les thèmes dans différents écrits – Rêveries politiques (1832), puis Des idées napoléoniennes (1839). La publication de son Histoire de Jules César, dont le premier volume parut en 1865, consacrera l’expression de « césarisme ». Dans sa préface, comme le rappelle Claude Nicolet, l’auteur estime que César, Charlemagne et Napoléon sont des hommes « suscités par la Providence », pour « tracer aux peuples la voie qu’ils doivent suivre, marquer du sceau de leur génie une ère nouvelle, et accomplir en quelques années le travail de plusieurs siècles ». Pouvoir personnel et autoritaire Le mot de « césarisme » s’est ainsi imposé. Notant toutefois que le concept qu’il est censé exprimer est resté « singulièrement flou » – au-delà de l’idée évidente d’un pouvoir personnel et autoritaire –, Pierre Rosanvallon s’est attaché à en cerner les contours. Il en retient « un triple cadre : une conception de l’expression populaire par la procédure privilégiée du plébiscite ; une philosophie de la représentation comme incarnation du peuple en un chef ; un rejet des corps intermédiaires qui font obstacle à un face-à-face du peuple et du pouvoir ».
L’émission de LCP, animée par Patrick Cohen, fait revivre trois rencontres entre l’écrivain russe et le présentateur d’« Apostrophes ».
« Rembob’INA » : Alexandre Soljenitsyne et Bernard Pivot, faiseurs d’histoire
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/29/rembob-ina-alexandre-soljenitsyne-et-bernard-pivot-faiseurs-d-histoire_5403482_1655027.html
29/12/2018
televisions-radio
LCP, samedi 29 décembre à 14 heures, émission « Ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre quelqu’un qui a changé le cours de l’histoire ! » Bernard Pivot, créateur des émissions littéraires « Apostrophes » (1975-1990) et « Bouillon de culture » (1991-2001), a eu « la chance » de vivre une telle expérience à quatre reprises, face à l’écrivain russe dissident Alexandre Soljenitsyne (1918-2008). « Rembob’INA », l’émission de LCP animée par Patrick Cohen, nous fait revivre trois de ces « directs » par la magie des archives de l’Institut national de l’audiovisuel. Au commentaire, Bernard Pivot n’a rien perdu de sa faculté d’étonnement à 83 ans. Lire le récit : Une journée dans la vie d’Alexandre Soljenitsyne Lorsqu’il reçoit pour la première fois l’auteur de L’Archipel du goulag (Seuil, 1974) sur le plateau d’Antenne 2, le 11 avril 1975, la présence de ce dernier, expulsé d’URSS, est un événement en soi. L’opposant à Staline s’exprime sans exubérance. Oui, il a appris « par cœur » ses livres écrits en détention ; non cela n’a rien d’extraordinaire. L’émission fait toutefois l’effet d’une bombe et provoque la scission des intellectuels de gauche. « Le communisme sera vaincu » La deuxième rencontre a lieu le 9 décembre 1983 à Cavendish, dans le Vermont, où l’écrivain vit alors en reclus, avec sa femme, leurs trois fils et sa belle-mère. Alexandre Soljenitsyne apparaît agité, agacé par les critiques, mais d’un optimisme déconcertant : « Le communisme sera vaincu (…) de l’intérieur. » Ainsi pourra-t-il rentrer chez lui, en Russie. « La certitude du retourne me quitte pas. » Six ans plus tard, la chute du mur de Berlin lui donnera raison. C’est ainsi en Russie que Bernard Pivot retrouve en 1998 le Nobel de littérature, quatre ans après son installation dans la banlieue de Moscou. Ses fils, naturalisés américains, sont restés aux Etats-Unis. Affaibli, Soljenitsyne remercie Pivot de sa présence, une inversion des rôles qui déstabilise le présentateur. L’idéaliste s’est aigri. Il parle de démocratie « comme [de] la gestion effective du peuple par lui-même, de la base au sommet », mais n’y croit plus : « Eux [les dirigeants russes] l’entendent comme une gestion exercée par la classe instruite. » Des mots qui s’inscrivent étrangement dans notre actualité de fin d’année. Rembob’INA, présenté par Patrick Cohen. presse.lcp.fr et lcp.fr/collection/rembobina
Le contentieux de la maladie, des cotisations sociales ou des pensions intègre le 1er janvier les tribunaux de grande instance.
La discrète révolution de la justice des affaires sociales
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/29/la-discrete-revolution-de-la-justice-des-affaires-sociales_5403478_1653578.html
29/12/2018
police-justice
Le 1er janvier, près de 250 000 affaires vont être transférées vers les tribunaux de grande instance (TGI), du jour au lendemain. C’est le résultat d’une réforme de grande ampleur des juridictions sociales inscrite dans la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle de novembre 2016. Les 115 tribunaux des affaires de sécurité sociale (TASS), les 26 tribunaux du contentieux de l’incapacité (TCI) et les 101 commissions départementales d’aide sociale (CDAS) disparaissent le 31 décembre. Ce contentieux sera désormais traité dans 116 pôles sociaux, qui voient le jour au sein des TGI. « Cette justice peu visible, qui concerne souvent nos concitoyens les plus vulnérables, intègre pleinement la juridiction judiciaire, avec une simplification, grâce à une procédure unique, sans représentation obligatoire », résume Peimane Ghaleh-Marzban, directeur des services judiciaires à la chancellerie. Pour des contentieux, parfois de quelques centaines d’euros, qui peuvent porter sur des remboursements de taxi pour des soins à l’hôpital, des cotisations aux Urssaf, la reconnaissance d’une invalidité après un accident du travail ou le montant d’une pension de réversion, les justiciables devaient se débrouiller seuls entre des juridictions différentes, aux procédures incompatibles. Désormais, un formulaire unique recto-verso pourra être déposé dans n’importe quel tribunal du pays ou être rempli avec l’aide des greffiers des services d’accueil unique du justiciable. Et, contrairement à ce qui avait été prévu, le nombre de pôles sociaux n’a pas été réduit à un par département. Le maillage territorial est conservé. Justice du quotidien Hérité de l’après-guerre, ce contentieux social avait d’abord été traité par des commissions administratives avant de se judiciariser progressivement. Mais, aujourd’hui encore, le travail de greffe des TASS était assuré par des fonctionnaires du ministère des solidarités et de la santé ou des salariés de droit privé des caisses d’assurance-maladie, tandis que les TCI pouvaient être présidés par des médecins ou des avocats. De quoi considérer cette justice du quotidien, souvent technique, comme une sous-justice, dont les magistrats se désintéressaient. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La justice multiplie les chantiers numériques « Nous aurons désormais la pleine responsabilité de ce contentieux, dont nous pourrons améliorer le pilotage, prévient Joëlle Munier, présidente du tribunal de Caen et de la Conférence nationale des présidents de TGI. Il y a eu un effort considérable pour préparer cette réforme. » L’un des enjeux était de réduire le nombre d’affaires en souffrance avant de basculer dans le nouveau dispositif. Des assistants de justice ont été recrutés par la chancellerie tandis que des contractuels étaient mis à disposition par le ministère de la santé avec l’idée de faire passer entre décembre 2016 et décembre 2018 les affaires en cours de deux ans d’activité à environ un an. Tout ne s’est pas si bien passé… L’équivalent de dix-huit mois d’activité est finalement transféré. Avec de grosses inégalités selon les départements.
L’opposition suspecte la commission électorale de préparer une fraude lors du scrutin présidentiel prévu dimanche mais déjà retardé d’une semaine.
En RDC, tensions et incertitudes planent sur les élections
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/29/en-rdc-tensions-et-incertitudes-planent-sur-les-elections_5403457_3212.html
29/12/2018
afrique
Des employés de la Commission électorale congolaise supervisent l’impression de bulletins de vote, à Kinshasa, le 23 décembre. JEROME DELAY / AP Le président de la Commission électorale congolaise (CENI), Corneille Nangaa, l’a garanti vendredi 28 décembre, à Kinshasa. « Nous allons tous voter dimanche. » Il s’est voulu rassurant à la sortie d’une réunion improvisée avec des diplomates de la Communauté de développement des Etats de l’Afrique australe (SADC) et de l’opposant Martin Fayulu, l’un des trois grands candidats à la présidentielle, les autres ayant dépêché des représentants. Tous ont toutefois refusé de signer un document les engageant « pour la paix », consistant entre autres à respecter le verdict des urnes et à ne pas appeler à la violence. Ils devaient se retrouver samedi 29 décembre pour une seconde session de négociations avec une CENI toujours suspectée par l’opposition d’être à la solde du pouvoir, et de préparer une fraude avec des machines à voter électroniques, malgré ses promesses que seul le dépouillement des bulletins papier sera pris en compte. Le doute et la méfiance persistent sur une transmission des résultats par voie numérique. « Trop, c’est trop » L’autre point de désaccord porte sur la suspension, par la CENI, des élections à Beni et Butembo (est), où sévit une épidémie d’Ebola qui a tué 359 personnes ces cinq derniers mois, de même qu’à Yumbi (ouest), ravagée par des violences communautaires. Au total, près de 1,2 million d’électeurs sont concernés par ce report à mars 2019, dont une bonne partie, au Nord-Kivu, abhorre aujourd’hui Joseph Kabila – et son dauphin –, pour qui elle avait pourtant voté en 2006. A Beni, des jeunes en colère sont descendus dans la rue, ont défié les forces de sécurité qui ont ouvert le feu. Ces manifestants ont détruit des installations d’ONG dont un centre de transit Ebola d’où se sont échappés des malades présumés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Joseph Kabila : « Il faut regarder la RDC aujourd’hui et il y a dix ans » Une partie de l’opposition réclame toutefois l’annulation de cette décision. « Trop, c’est trop. La CENI vient de dépasser la ligne rouge, a déclaré Pierre Lumbi, ancien conseiller spécial à la sécurité de M. Kabila, désormais directeur de campagne de Martin Fayulu. On prend à témoin la communauté internationale et on l’interpelle pour qu’elle obtienne la levée de cette décision susceptible de fragiliser l’ordre et la stabilité. » Sauf que la « communauté internationale » est tenue à l’écart par le régime Kabila, qui a décliné les propositions de soutien logistique de la Mission des Nations unies (Monusco) mais aussi des Etats-Unis pour organiser ces élections dans ce pays immense, le plus grand d’Afrique francophone.
Dans sa chronique, Frédéric Potet, journaliste au « Monde », fait le récit de la présentation commerciale d’une société spécialisée dans le bien-être, qui appâte les clients en leur affirmant qu’ils ont gagné un séjour en Espagne.
« Costa Brava, déjeuner gratuit et machines miraculeuses »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/29/costa-brava-dejeuner-gratuit-et-machines-miraculeuses_5403454_3232.html
29/12/2018
idees
Chronique. Ma mère a reçu un courrier lui annonçant qu’elle avait gagné un séjour de cinq jours en pension complète sur la Costa Brava. Seule contrepartie : assister auparavant à la « présentation privée » d’une société appelée Physaro, spécialisée dans les produits de bien-être. Tout invité pouvant être accompagné, nous y sommes allés ensemble. Intrigués et méfiants. Appâtés, également, par la promesse d’un déjeuner offert à l’issue de la réunion. Le salon d’un hôtel-restaurant de Bourges a été réservé pour l’occasion. Une cinquantaine de personnes – moyenne d’âge, 70 ans – sont accueillies par un jeune homme tout juste arrivé d’une animation similaire, la veille à Mulhouse. Il se prénomme Ivan, a 27 ans et travaillait chez Ikea avant de rejoindre Physaro, sur les conseils de sa grand-mère, cliente de la maison. « Celui qui a la santé ne connaît pas sa richesse », lance-t-il à la manière d’un dicton, avant de donner quelques détails sur le fameux voyage en Espagne. Prévu pour le printemps, celui-ci ne sera pas aussi « gratuit » qu’annoncé. Les candidats aux plages catalanes devront en effet se rendre sur place par leurs propres moyens. Ils devront également s’acquitter de frais de dossier (99 euros), payer le parking, l’excursion à Barcelone… Un concert de Johnny Success, un sosie de feu Johnny Hallyday, figure au programme : « Vous verrez, il est très impressionnant en termes de ressemblance et de voix », assure Ivan. La même contrainte attend les futurs participants : assister, au milieu du séjour, à la « journée du sponsor », sans laquelle cette simili-gratuité ne serait pas possible. « Pressothérapie professionnelle à cinq canaux » À Bourges, l’animation commerciale du jour, elle, démarre. Elle est consacrée à la promotion de « la pressothérapie professionnelle à cinq canaux », une technique de drainage lymphatique inventée par un physiothérapeute allemand dont le portrait orne un dépliant énumérant les innombrables bienfaits qu’elle procure. Elimination de la cellulite, soulagement de la fatigue musculaire, réduction des inflammations, oxygénation de la peau, amélioration de la circulation, disparition des toxines, n’en jetez plus ! Cette méthode miracle nécessite un appareillage adapté, explique le démonstrateur, en l’occurrence un compresseur à air, relié à des bottes gonflables dans lesquelles se glisseront les jambes fatiguées. Lire aussi A Amboise, le Père Noël préfère le côté obscur « Tout le monde devrait avoir chez soi cet appareil qui mériterait d’être remboursé par la Sécu », s’enhardit Ivan. Conviés à tester l’engin, deux cobayes se sont levés de leur chaise pour chausser ces jambières magiques. Le racolage n’en continue pas moins de plus belle, autour d’un argument massue : la non-dangerosité (supposée) du massage prodigué. « Vous ne vous injectez rien », assène le maître de cérémonie, avant de poser une devinette : « Savez-vous combien de personnes meurent chaque année à cause de surdosage de médicaments ? Plus de dix mille. Et ça, personne n’en parle à la télé. »
Après une semaine d’imbroglio au sommet de l’Etat, le ministère des affaires étrangères a saisi le procureur de la République de Paris.
Passeports d’Alexandre Benalla : le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/29/imbroglio-au-sommet-sur-les-passeports-d-alexandre-benalla_5403445_3224.html
29/12/2018
societe
Alexandre Benalla, ancien chargé de mission à l’Elysée, à Paris, le 19 septembre. THIBAULT CAMUS / AP Qui croire, dans cet « acte II » de l’affaire Benalla ? Après une semaine de révélations médiatiques, les déclarations ou les silences des différents acteurs ne permettent pas de dissiper le mystère qui plane autour de l’ancien chargé de mission de la présidence de la République. Une chose est certaine : Alexandre Benalla n’a pas restitué les passeports diplomatiques dont il disposait dans le cadre de ses fonctions auprès d’Emmanuel Macron. L’un d’eux lui avait été délivré après sa mise à pied de deux semaines, à la suite des violences qu’il avait commises le 1er-Mai à Paris. Et M. Benalla s’est servi de ce document à l’automne pour se rendre dans différents pays africains dans le cadre de ses nouvelles activités privées. L’enquête préliminaire ouverte, samedi 29 décembre, par le parquet de Paris permettra peut-être de faire la lumière sur ce nouvel épisode de l’affaire Benalla. Confiée à la brigade de répression de la délinquance à la personne de la direction régionale de la police judiciaire de Paris, celle-ci porte sur les chefs d’« abus de confiance », « usage sans droit d’un document justificatif d’une qualité professionnelle » et « exercice d’une activité dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique ou d’une activité réservée aux officiers publics ou ministériels ». La veille, et après une journée de silence, l’Elysée avait réagi par un communiqué, indiquant que « la présidence de la République a demandé aux administrations compétentes de procéder aux démarches nécessaires afin que ces passeports soient restitués et ne puissent plus être utilisés », cela par « souci constant de transparence ». Une manière de renvoyer la responsabilité au ministère des affaires étrangères. Dès jeudi 27 décembre, le Quai d’Orsay expliquait avoir officiellement demandé en juillet à M. Benalla de restituer ces documents. Le ministère a même précisé que, sans réponse de l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, relance avait été faite en septembre. Sans effet. Quarante minutes après le communiqué de l’Elysée, vendredi, le ministère des affaires étrangères affirmait avoir saisi le procureur de la République de Paris en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale qui veut que « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit, est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ». Article 40 dont l’Elysée n’avait pas fait usage, en mai, après les incidents de la place de la Contrescarpe et qui a conduit, après analyse par le parquet, à ouvrir une enquête préliminaire, samedi.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats a demandé au président du tribunal administratif de Lyon la réouverture de toutes les procédures traitées par Philippe Sauvannet.
Le magistrat honoraire et ses Tweet racistes envers les migrants
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/29/le-magistrat-honoraire-et-ses-tweet-racistes-envers-les-migrants_5403441_1653578.html
29/12/2018
police-justice
L’affaire fait scandale à Lyon. « Des Tweet xénophobes, racistes et indignes du statut de magistrat. » Farid Hamel a fait part de sa « vive émotion » au président du tribunal administratif de Lyon, après la révélation par Le Canard enchaîné le 5 décembre d’une série de Tweet rédigés par Philippe Sauvannet, magistrat honoraire à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Ce président de chambre a immédiatement été invité à démissionner. Il a aussi fermé son compte twitter. Dans son courrier daté du 13 décembre, le bâtonnier de l’ordre des avocats demande au tribunal administratif de lui fournir « la liste de l’ensemble des dossiers » jugés par M. Sauvannet. Objectif : rouvrir toutes les procédures traitées de février 2016 à novembre 2018, période durant laquelle le juge honoraire a été en poste au tribunal administratif de Lyon, avant d’exercer à la CNDA. L’ancien sous-préfet à la retraite était chargé des audiences à juge unique, consacrées aux recours déposés contre les obligations de quitter le territoire français (OQTF) à délais rapides. Selon les premières estimations du barreau de Lyon, il a rendu une centaine de décisions relatives à ces « OQTF six semaines ». « Il était très avenant pendant les audiences, sans signe apparent de subjectivité. Il a rendu des jugements plutôt lapidaires, dans un contentieux assez standardisé, confie Morade Zouine, président de la commission droit des étrangers du barreau de Lyon. Mais depuis cette affaire, le doute s’est instillé sur sa partialité. » « On se demande comment sa hiérarchie l’a laissé en place sans s’apercevoir de ses idées xénophobes. Les professions juridiques se sentent trahies. On veut savoir jusqu’à quel point il a pu véhiculer une idéologie en son nom propre, et certainement pas au nom du peuple français », ajoute son confrère avocat Jean-Philippe Petit. Chevalier de la Légion d’honneur « La plupart des jugements de ce monsieur ont fait l’objet d’appel. S’il y avait eu des problèmes juridiques, ils auraient été revus par le second degré de juridiction », relativise un magistrat administratif lyonnais. Au-delà de l’étude des jugements rendus, le barreau de Lyon réfléchit à un recours au niveau de la Cour européenne des droits de l’homme. Et ce pour dénoncer plus généralement l’absence de possibilité de révision d’une décision administrative à partir d’éléments nouveaux, ce qui est offert dans l’ordre judiciaire. En attendant l’ouverture de ce débat, le barreau souhaite un déplacement rapide à Lyon de la mission permanente d’inspection des juridictions administratives afin de mieux comprendre le parcours atypique du magistrat. Selon le Journal officiel, Philippe Sauvannet a été directeur de préfecture dans la Loire, conseiller à la chambre régionale des comptes Rhône-Alpes, sous-préfet dans le Sud-Ouest, et même promu chevalier de la Légion d’honneur, en mars 2008, sur la liste du ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale. Il a aussi affiché récemment une activité de conseil en entreprise, en contradiction avec le statut de magistrat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Droit d’asile : à Lyon, les avocats refusent les vidéo-audiences
Le projet prévu par la loi asile et immigration pour l’examen des recours des demandeurs d’asile devait voir le jour en janvier. Il risque aujourd’hui d’être bloqué.
Droit d’asile : à Lyon, les avocats refusent les vidéo-audiences
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/29/droit-d-asile-a-lyon-les-avocats-refusent-les-visio-audiences_5403439_1653578.html
29/12/2018
police-justice
Le barreau de Lyon s’oppose catégoriquement au projet de « vidéo-audiences » pour juger les recours des demandeurs d’asile. Cette nouvelle forme d’audience devait être mise en place dès janvier à Lyon et Nancy pour examiner les recours formés par les demandeurs d’asile, après refus de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Or, la réforme prévue par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) risque aujourd’hui d’être bloquée. A Lyon, une salle spécifique est déjà aménagée, au premier étage des juridictions administratives, rue Duguesclin. L’espace, éclairé par deux fenêtres, est constitué d’une table avec trois micros, placée face à deux grands écrans plats fixés contre un mur. La salle dispose d’une caméra et d’un lecteur de documents, avec trois rangées de chaises pour le public. « La technologie a déjà été expérimentée dans les DOM-TOM, elle fonctionne parfaitement. Elle facilite la vie des justiciables en leur évitant des déplacements sur grandes distances », assure Régis Fraisse, président de la cour administrative d’appel de Lyon. Le projet a été annoncé au barreau de Lyon par simple courrier, le 19 septembre. Dominique Kimmerlin, présidente de la CNDA, invoque « la mise en œuvre » de la loi du 10 septembre 2018, « pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », qui prévoit la possibilité de vidéo-audiences afin d’examiner les recours des demandeurs d’asile résidant dans les départements du ressort du tribunal administratif de Lyon. La plupart des dossiers bénéficient de l’aide juridictionnelle, avec une rétribution fixée à hauteur de 500 euros, selon un juge administratif. « On touche aux droits fondamentaux » Pour assurer le déroulement des audiences à venir, la CNDA a demandé au barreau d’établir la liste des avocats désignés à l’aide juridictionnelle. Ce qu’a refusé, selon nos informations, Farid Hamel, bâtonnier de Lyon, après une délibération à l’unanimité de son conseil de l’ordre. Dans sa réponse datée du 11 octobre à la présidente de la CNDA, que Le Monde a pu lire, ce dernier écrit : « La matière du droit d’asile est à la fois d’une grande complexité sur le plan de la technicité juridique et géopolitique, mais encore humaine. » « L’intime conviction est l’essence même du droit d’asile. Cette méthode risque de changer totalement l’appréhension du juge dans ces dossiers, on touche aux droits fondamentaux alors que les migrations nous posent des questions essentielles à résoudre. On ne va pas dans le sens de l’histoire », ajoute Jean-Philippe Petit, membre de la commission droit des étrangers du barreau de Lyon. Lors de la réunion de présentation de la nouvelle salle d’audience, le 23 octobre, les avocats lyonnais ont entendu Dominique Kimmerlin répondre à leurs inquiétudes en ces termes : « Quand vous êtes au cinéma, vous avez des émotions devant l’écran. »
A mi-chemin entre microfinance et banque, la Compagnie financière africaine a accompagné depuis 2014 quelque 130 000 patrons d’Afrique subsaharienne.
Jean-Luc Konan, l’Ivoirien qui finance les PME africaines
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/29/cofina-et-la-mesofinance-a-l-aide-des-pme-africaines_5403437_3212.html
29/12/2018
afrique
Jean-Luc Konan, patron de la Cofina. DR Depuis son bureau épuré du quartier de Cocody, au cœur d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, Jean-Luc Konan dirige la Compagnie financière africaine (Cofina). Un groupe spécialisé dans la « mésofinance », ou « finance du milieu », que cet Ivoirien de 45 ans, à la cravate et aux chaussettes vermillon, nous décrit en ces termes : « Notre métier, c’est d’aider au financement de structures qui sont devenues trop grosses pour la microfinance et qui ne peuvent avoir accès aux solutions des banques traditionnelles par manque de formalisation de leurs activités. Et ce, même lorsqu’elles font d’importants chiffres d’affaires. L’objectif est de les stabiliser et de les faire grandir », explique-t-il. Un enjeu crucial sur un continent où les PME sont à la fois prédominantes et fragiles. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) souligne, dans son rapport 2018, que, en Afrique subsaharienne, ces entreprises butent toujours sur de « multiples obstacles », dans le secteur formel comme informel : difficile accès au crédit, bureaucratie, cherté de l’énergie, manque d’infrastructures, ressources humaines déficientes, etc. Une ascension express L’idée de s’attaquer à ce marché, Jean-Luc Konan l’a eue en 2009. A 36 ans, il est alors déjà passé par BNP Paribas, Citibank ou Barclays, et il vit au Gabon, où il dirige la filiale d’une des plus grandes banques nigérianes, United Bank for Africa (UBA). Entre 2009 et 2013, il supervisera le déploiement d’UBA au Cameroun, en République démocratique du Congo (RDC), puis au Sénégal. L’étape nigériane est cruciale dans l’ascension express de ce banquier formé en France, à l’ESC Toulouse et à l’université Paris-V. « Il y a eu un avant et un après-UBA, relate-t-il. C’est une expérience qui a d’abord commencé par une rencontre, celle d’un homme, d’un patron – Tony Elumelu –, dont les méthodes de management m’ont impressionné. C’est ensuite un état d’esprit, mélange de détermination et d’audace, qui se résume en une formule : tout est possible. » Pour lui, le célèbre milliardaire nigérian est un « modèle » à qui il n’hésite pas à lancer, lors de son départ de l’entreprise, en 2013 : « Je vais faire comme toi, tracer mon propre chemin. Et je vais y arriver ! » Pour Jean-Luc Konan, c’est le déclic. Car, même s’il a déjà lancé, parallèlement à sa carrière de banquier, des petites entreprises dans divers domaines comme la restauration rapide ou les transports – qui n’ont pas prospéré –, sa nouvelle aventure entrepreneuriale s’annonce plus ambitieuse et plus collective.
Le besoin de banquiers diminue, les métiers de la santé peinent à recruter. Un accord va faciliter les transferts entre les deux secteurs.
En Belgique, des banquiers incités à devenir infirmiers
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/29/en-belgique-des-banquiers-incites-a-devenir-infirmiers_5403425_3234.html
29/12/2018
economie
Le siège du groupe bancaire belge KBC, à Bruxelles, en février 2014. BENOIT DOPPAGNE / AFP Deux problèmes, une solution. En Belgique, une résolution insolite vient d’être mise sur la table pour régler les questions d’effectifs rencontrées par deux secteurs-clés de l’économie du royaume. Comme en France, le secteur bancaire belge, bouleversé par la révolution numérique, l’intelligence artificielle et la chute de fréquentation des agences, ne cesse de détruire des emplois. « Les effectifs sont en baisse constante depuis vingt ans, de 2 % par an en moyenne », explique Rodolphe de Pierpont, le porte-parole de la Febelfin, la Fédération belge du secteur financier. Ce mouvement s’est jusqu’à présent « passé en douceur », par le biais de mobilités internes et de départs volontaires ou à la retraite non remplacés, « mais il va se poursuivre », prévient M. de Pierpont. « Pour éviter des licenciements secs, nous proposons d’accompagner cette transformation en facilitant la mobilité externe. » La fédération se propose ainsi de faire le pont avec d’autres secteurs, comme celui de la santé, qui, à rebours des banques belges, peine à recruter. Pour encadrer cette « mobilité des talents », la Febelfin vient de signer avec plusieurs syndicats un protocole, dévoilé par le quotidien belge L’Echo, mardi 26 décembre. L’objectif ? « Faciliter la rencontre entre le collaborateur et un futur employeur potentiel, l’offre d’une formation adéquate et, si le travailleur le souhaite, la conclusion d’un nouveau contrat auprès d’un nouvel employeur », résume la Febelfin. Lire aussi Polémique de genre à la Banque nationale de Belgique La logistique aussi Plusieurs formules seront proposées aux salariés des banques : de la possibilité de tester un nouveau métier en accomplissant à l’extérieur une mission temporaire de trois mois au « prêt » d’employés seniors à d’autres organisations (celles-ci rembourseront une partie du salaire à « l’entreprise qui prête »), en passant par la mise en relation d’employés plus âgés ou limités à des métiers bancaires en perte de vitesse « avec des emplois vacants chez d’autres employeurs », précise la Febelfin. Le secteur de la santé, premier à signer un accord, proposera aux banquiers d’entamer une formation d’infirmier ou d’aide-soignant à partir de septembre 2019. « Une rémunération sera versée pendant le temps de cette formation, prise en charge pas le futur employeur, avec l’aide du fonds social de formation pour le secteur de la santé, précise Rodolphe de Pierpont. L’idée a été testée, il existe bien une demande pour changer de parcours. » Après la santé, c’est le secteur de la logistique, dynamisé par l’essor de l’e-commerce, qui démarrera prochainement des discussions avec la Fédération belge du secteur financier.
L’épiscopat vient de lancer une campagne à destination des donateurs du denier du culte, qui représente 40 % des ressources des diocèses.
L’Eglise catholique s’inquiète de la baisse des dons de ses fidèles
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/12/29/l-eglise-catholique-s-inquiete-de-la-baisse-des-dons-de-ses-fideles_5403402_1657007.html
29/12/2018
argent
L’Eglise catholique parviendra-t-elle, en 2018, à maintenir au niveau de 2017 sa collecte de dons auprès de ses fidèles, appelée le denier ? C’est parce qu’elle craint, pour la première fois, une baisse des rentrées dans les caisses des associations diocésaines que la Conférence des évêques de France (CEF) a lancé, en fin d’année, une campagne nationale pour tenter de redresser la barre. L’épiscopat a en effet constaté une réduction de 2,2 % des montants collectés sur les trois premiers trimestres de 2018 par rapport à la même période de l’année précédente. Cette baisse serait même de 5 % si l’on y intègre les dons qui bénéficiaient d’une déduction de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Or le denier représente 40 % des ressources des diocèses (pour un total national de 640 millions d’euros de ressources en 2017). Celles-ci servent principalement à verser un traitement aux 14 000 prêtres en activité, à payer les salaires des laïcs en mission ecclésiale et le personnel administratif, et à financer le fonctionnement et l’entretien courant des églises et des autres bâtiments. Les autres ressources proviennent des quêtes, des offrandes pour les messes et les cérémonies (le casuel) et des legs. C’est uniquement grâce à ces derniers, qui sont par définition des ressources exceptionnelles, que la très grande majorité des diocèses parviennent à boucler leur budget. Recul de 25 % Depuis plusieurs années, le nombre des donateurs du denier diminue (1 110 000 en 2017 contre 1 330 000 en 2011, au total un recul de 25 % par rapport à 2007), mais le montant moyen des dons progresse (232 euros en 2017 contre 181 euros en 2011), ce qui permettait une progression globale du niveau du denier. C’est ce niveau global qui a fléchi entre janvier et septembre 2018. Plusieurs facteurs explicatifs ont été mis en avant par l’épiscopat. Certains sont communs avec les autres institutions qui vivent en grande partie des dons, comme les associations caritatives, et qui ont elles aussi, pour la plupart, enregistré une baisse significative de leurs rentrées d’argent. Ils tiennent à la suppression de l’ISF, au passage au prélèvement à la source, qui a pu faire craindre à certains donateurs de ne pas récupérer l’exonération fiscale à laquelle ils avaient droit, ou encore la situation économique générale des foyers. Mais la CEF a aussi évoqué un facteur propre à l’Eglise catholique : « Le retentissement médiatique des rapports établis sur les abus sexuels commis par des clercs. » La campagne de communication lancée en fin d’année pourrait cependant infléchir la tendance : 45 % de la collecte annuelle se fait au dernier trimestre.
Boris James et Jordi Tejel Gorga consacrent leur dernier ouvrage aux Kurdes, dont les origines remontent à la haute Antiquité. Peuple sans Etat, ils sont présents en Irak, en Iran, en Turquie et en Syrie.
La fin du « moment kurde » ?
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/29/la-fin-du-moment-kurde_5403392_3232.html
29/12/2018
idees
Le Livre. L’histoire d’une nation n’est jamais simple à raconter et à décrypter. Surtout quand celle-ci traverse le temps et l’espace depuis des millénaires et se trouve aujourd’hui principalement divisée sur plusieurs Etats : les Kurdes sont, dans ce cas, partagés entre la Turquie, la Syrie, l’Iran et l’Irak, autant dire assis sur une marmite que l’actualité réchauffe toujours un peu plus à chaque pic de violence au Proche-Orient. C’est pourtant le pari que se sont lancés Boris James, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient et ancien responsable de son antenne à Erbil (Kurdistan irakien), et Jordi Tejel Gorga, professeur titulaire à l’université de Neuchâtel (Suisse), dans leur dernier ouvrage consacré à ce peuple dont les origines remontent à la haute Antiquité. Le résultat est d’autant plus éclairant et percutant que la collection « Un peuple en cent questions » peut parfois conduire à la simplification ou à un choix arbitraire d’occurrences, en prenant au passage quelques libertés avec l’Histoire. Mais là, les deux auteurs, fins connaisseurs de la question kurde, ont contourné les généralités et proposé une plongée dans le monde kurde aussi passionnante qu’inquiétante. Passionnante, car le sens commun se limite trop souvent à présenter un profil kurde incarné par le peshmerga ou la combattante kurde, alors que la société sort peu à peu de son moule traditionnel sous l’effet d’une forte diversité culturelle (cinéma, littérature et musique), trop souvent oubliée ou négligée. Inquiétante, car les Kurdes ont toujours été ballottés par l’histoire des empires rivaux pour devenir finalement les orphelins du système international depuis l’entre-deux-guerres. Tectonique des plaques géopolitiques et ordre mondial C’est contre cette tectonique des plaques géopolitiques et l’ordre mondial que les Kurdes se battent depuis des décennies afin d’obtenir une reconnaissance internationale qui va au-delà d’un vague droit à l’existence qu’on leur lance trop souvent au visage pour les rassurer, comme s’ils n’avaient pas droit eux aussi à l’autodétermination, surtout quand leurs armes servent de rempart contre la barbarie de l’organisation Etat islamique et constituent ainsi les premières lignes de défense de la civilisation contre la barbarie. Le « moment kurde » auquel nous assistons depuis la chute de Saddam Hussein en Irak en 2003 et la guerre en Syrie en 2011 se heurte cependant à la logique souverainiste des deux vieux Etats de la région, l’Iran et la Turquie. Les deux auteurs l’expliquent avec précision quand ils abordent l’évolution de la question kurde dans ces deux anciennes puissances impériales, notamment la Sublime Porte, qui multiplie les déclarations d’intervention au Rojava (Kurdistan syrien), après le retrait annoncé des troupes américaines et après avoir pris possession de la poche d’Afrin, au nord de la Syrie, au début de l’année 2018. Ni fatalistes ni dupes, les Kurdes savent pourtant que les Occidentaux ne sont pas fiables, que leur promesse de liberté universelle et de solidarité ne peut pas tromper la vigilance de la chaîne du Zagros, car comme le dit l’adage : « Les seuls amis des Kurdes sont les montagnes. »
Dans une tribune au « Monde », la politologue Carole-Anne Sénit estime que le succès de la pétition visant à sanctionner l’Etat français pour inaction climatique confère au pouvoir judiciaire un rôle primordial dans la défense de l’environnement.
Pétition « L’Affaire du siècle » : « Cette mobilisation participe de l’émergence d’une citoyenneté écologique »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/29/petition-l-affaire-du-siecle-cette-mobilisation-participe-de-l-emergence-d-une-citoyennete-ecologique_5403390_3232.html
29/12/2018
idees
Un écran d’ordinateur affichant le site Web «L’Affaire du siècle », le 27 décembre. DAMIEN MEYER / AFP Tribune. Seulement trois jours après son lancement, le 18 décembre, la pétition « L’Affaire du siècle » récoltait déjà un million de signatures et devenait en moins d’une semaine la pétition la plus signée de France (1,9 million au 29 décembre). Celle-ci accompagne un recours porté par les associations Notre affaire à tous, la Fondation pour la nature et l’homme, Greenpeace France et Oxfam France devant le tribunal administratif de Paris visant à sanctionner l’État français pour inaction climatique. Comment expliquer le succès de cette campagne d’action et que signifie-t-elle pour la mobilisation environnementale ? Le succès de cette mobilisation tient à plusieurs facteurs. Le premier d’entre eux est le sentiment profond d’indignation et d’injustice suscité par l’inadéquation croissante entre l’urgence à agir et l’action de l’Etat en matière de lutte contre le changement climatique. Efforts insuffisants Les alertes, fondées sur des données scientifiques rétrospectives et prospectives, sont pourtant nombreuses et itératives : 2018 a ainsi été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France ; le dernier rapport du GIEC met en garde contre les conséquences délétères d’un réchauffement climatique supérieur à 1,5 °C, tout particulièrement pour la France, qui est d’ores et déjà le pays d’Europe le plus affecté par le réchauffement, selon l’ONG Germanwatch. Or, la France a dépassé de 6,7 % son budget carbone pour l’année 2017, s’éloignant de ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre fixés dans la stratégie nationale bas carbone. De plus, quatre Français sur cinq estiment que les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique sont insuffisants, selon un sondage IFOP-4D publié cette année. Le deuxième facteur a trait à la défiance croissante vis-à-vis des formes traditionnelles de participation des citoyens dans les processus politiques. Alors que les consultations de la société civile organisées par les pouvoirs publics peinent à influencer la définition des politiques climatiques, le recours au droit apparaît comme un nouveau moyen de mobilisation offrant aux citoyens la possibilité de contraindre l’Etat à se conformer à ses engagements internationaux et nationaux pour le climat et à protéger sa population contre les dérèglements climatiques. En adoptant ce mode de mobilisation, les citoyens reprennent espoir dans leur capacité collective à se faire entendre. Une évolution de la mobilisation
Dans une tribune au « Monde », le professeur au Collège de France Marc Fontecave juge la pétition « déplacée », l’Hexagone étant, grâce à l’énergie nucléaire, un leader mondial en matière de limitation des gaz à effet de serre.
Pétition « L’Affaire du siècle » : « Attaquer la France en justice est à la fois injuste, idiot et inopérant »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/29/petition-l-affaire-du-siecle-attaquer-la-france-en-justice-est-a-la-fois-injuste-idiot-et-inoperant_5403389_3232.html
29/12/2018
idees
Tribune. Puisque de toute part on se réjouit du succès de la pétition, signée par 1,9 million de Français – un record semble-t-il –, visant à soutenir un recours en justice contre l’Etat français coupable d’« inaction » face au changement climatique, il est utile et urgent que d’autres voix s’expriment pour dire à quel point cette démarche est déplacée. Si François de Rugy, le ministre de la transition écologique, a été « agréablement surpris » et Ségolène Royal juge qu’il vaudrait mieux ne pas polémiquer avec les porteurs de cette pétition, heureusement Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la transition écologique, a le courage de rappeler que « la France est une nation leader en matière d’environnement ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi La pétition pour le climat rencontre un succès inédit Les divers observateurs et commentateurs semblent ne voir dans le succès de cette pétition que la révélation d’une adhésion profonde d’une partie importante de la population française à la défense de l’environnement et à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est en effet réjouissant, mais il n’y a pourtant là rien de vraiment nouveau. Par contre, par démagogie sans doute, un sentiment très partagé actuellement dans la classe politique, personne ne semble trouver choquant que des citoyens français attaquent leur propre pays en justice. Ce French bashing, cet autodénigrement, l’une de nos activités préférées (l’herbe serait toujours plus verte ailleurs), est sans doute encore plus choquant quand c’est au motif d’une « carence fautive de l’Etat à respecter son obligation de protection de l’environnement, de la santé et de la sécurité humaines ». Succès dû aux énergies nucléaire et hydraulique Comment peut-on dire des choses pareilles ? Il faut rappeler à ces gens-là que leur pays est non seulement un champion en matière de protection sociale et de solidarité, possédant un système de santé unique au monde donnant un accès aux soins gratuit, que beaucoup d’autres pays nous envient, mais également un champion en matière de limitation de la production de gaz à effet de serre. Il vaudrait mieux s’en réjouir. Et également comprendre, une fois pour toutes, que la France doit ce succès à son choix historique d’une production électrique essentiellement à base d’énergie nucléaire et d’énergie hydraulique, toutes les deux énergies bas carbone. Comment, dans ces conditions, cette pétition peut-elle demander en même temps, et en pleine contradiction avec sa demande de « réduction des émissions de gaz à effet de serre », l’abandon « du recours aux énergies fossiles et nucléaire » ? Comme s’il était possible d’assurer une production d’électricité et l’ensemble des transports routiers, maritimes et aériens, uniquement avec des énergies renouvelables. Ceci est simplement absurde.
L’essayiste, conteur, traducteur et éditeur canadien parle de son lien vital avec la littérature alors que paraît, en poche, le passionnant et passionné « La Cité des mots ».
Alberto Manguel : « Une vision du bonheur : la lecture d’un livre »
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/29/alberto-manguel-une-vision-du-bonheur-la-lecture-d-un-livre_5403381_3260.html
29/12/2018
livres
L’écrivain canadien Alberto Manguel, dans sa bibliothèque, en 2013. ULF ANDERSEN / AURIMAGES Pourquoi certains cherchent-ils à définir leurs identités par le langage ? Quel est, au sein de cette quête, le rôle du raconteur d’histoires ? Est-il possible que les récits, qu’ils mentent ou non, transforment ceux qui les écoutent ? C’est à sonder ce lien entre les mots, les hommes et le monde que s’est appliqué, dans presque toute son œuvre, l’essayiste, conteur, traducteur et éditeur canadien d’origine argentine Alberto Manguel. Depuis son premier ouvrage traduit, Dernières nouvelles d’une terre abandonnée (Seuil, 1993), en passant par Tous les hommes sont menteurs (Actes Sud, 2009) et La Cité des mots, qui paraît en poche chez Babel (lire plus bas), ou Je remballe ma bibliothèque – une « élégie et quelques digressions » autour des 35 000 ouvrages qui composèrent naguère sa bibliothèque personnelle (Actes Sud, traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf, 158 p., 18 €) –, tous ses livres reviennent sur cette relation passionnée et passionnante qu’il a eue avec les textes. Un lien « vital » qu’explique celui qui a également été, jusqu’en juillet 2018, le directeur de la Bibliothèque nationale d’Argentine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean Clair, René Descartes, Colette Pétonnet, Simone Weil… Une sélection d’essais en poche pour la fin de l’année Comment vous êtes-vous trouvés, les livres et vous ? J’avais 3 ou 4 ans quand ma nourrice, ­Ellin Slonitz, une Tchèque de langue allemande, m’a acheté mes premiers livres et lu mes premières histoires. Je me souviens parfaitement de celle qui m’a irrémédiablement frappé : un conte des Mille et Une Nuits, un des tout premiers de ce livre vertigineux. C’était le conte du prince des îles Noires qui se voit transformé en colonne de marbre par son épouse infidèle, une femme sorcière qui le fouette tous les soirs et fait l’amour devant lui avec son esclave noir. Cette scène m’a tellement marqué que je me rappelle encore les cauchemars récurrents qui s’ensuivirent. Vous parlez beaucoup, dans vos souvenirs, de « Contes » de Grimm imprimés en gothique dans une édition des années 1930… Mon préféré était celui du Fidèle Jean, le serviteur injustement condamné par son roi. Jean une fois mort, le roi repenti prie pour qu’il revienne à la vie et apprend que, pour ce faire, il doit couper la tête de ses propres enfants et badigeonner le corps de Jean avec leur sang. Le roi (à contrecœur bien sûr, mais avec un sentiment d’obligation envers son fidèle serviteur) suit les atroces instructions. Et Jean, mais aussi les enfants, retrouvent la vie. Jean était-il votre héros préféré ? J’aimais aussi le Petit Chaperon rouge, parce qu’elle incarne la désobéissance civile, le pouvoir de choisir par soi-même le chemin à prendre.
Claas Relotius, journaliste au service Société, avait admis avoir imaginé des histoires et inventé de toutes pièces des personnages dans une douzaine d’articles.
Falsifications au « Spiegel » : deux responsables du magazine mis à pied
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2018/12/29/falsifications-au-spiegel-deux-responsables-mis-a-pied_5403373_3236.html
29/12/2018
actualite-medias
Le prestigieux hebdomadaire allemand Der Spiegel, ébranlé par l’affaire de son journaliste vedette qui avait falsifié ses articles pendant des années, a annoncé, vendredi 28 décembre, avoir mis à pied deux responsables éditoriaux du magazine. Les contrats d’un rédacteur en chef, Ullrich Fichtner, et d’un éditeur en chef, Matthias Geyer, ont été « suspendus jusqu’à ce que la commission interne [du magazine] ait terminé son enquête sur cette affaire », a expliqué aux collaborateurs du titre le rédacteur en chef Steffen Klusmann, dans une lettre interne dont l’AFP a obtenu une copie. Le 19 décembre, Der Spiegel avait lui-même révélé qu’un de ses reporters, Claas Relotius, primé à de multiples reprises, avait depuis plusieurs années inventé en partie ou intégralement le contenu d’articles. « L’affaire Relotius a soulevé la question de savoir si Ullrich Fichtner, en tant que rédacteur en chef, et Matthias Geyer, en tant qu’éditeur en chef, peuvent poursuivre leurs tâches après une telle catastrophe », a expliqué M. Klusmann. « Le premier l’a découvert pour le Spiegel, le second l’a engagé et était jusqu’à dernièrement son responsable. » Prendre ses responsabilités Ces deux journalistes avaient de suite « mis à disposition » leur poste auprès de leur responsable hiérarchique, qui les a, finalement, simplement suspendus. « Nous pourrions maintenant demander des comptes à toute personne qui a eu affaire à Relotius, et cela pourrait continuer jusqu’en haut de la hiérarchie. Je pense, cependant, que vous devriez prendre vos responsabilités lorsque vous avez quelque chose à vous reprocher », a poursuivi Steffen Klusmann. Celui-ci a d’ailleurs catégoriquement refusé que le service Société, rubrique pour laquelle travaillait M. Relotius, qui « fait partie de l’ADN » de l’hebdomadaire, soit entièrement démantelé en raison ce scandale. Histoires inventées Claas Relotius avait admis avoir imaginé des histoires et inventé de toutes pièces des personnages dans une douzaine d’articles. Le scandale avait ensuite été révélé par le magazine allemand après la démission le 16 décembre du journaliste de 33 ans. Dimanche, Der Spiegel avait annoncé qu’il portait plainte contre lui, le soupçonnant d’avoir détourné des dons en faveur d’orphelins syriens mis à l’honneur dans l’un de ses articles dont la crédibilité est elle-même en cause. Jeudi, l’intéressé a nié ces accusations. Ces révélations ont suscité une vive émotion en Allemagne et soulevé de nombreuses interrogations, notamment sur la façon dont le jeune journaliste a procédé durant toutes ces années sans être inquiété.
Depuis l’effondrement mortel de deux immeubles en novembre, la ville a évacué 1 600 personnes pour inspecter 200 immeubles.
Marseille : cent immeubles frappés de péril imminent
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/29/marseille-cent-immeubles-frappes-de-peril-imminent_5403366_3224.html
29/12/2018
societe
Manifestation après l’effondrement d’immeubles dans le quartier de Noailles, le 10 novembre. CHRISTOPHE SIMON / AFP La ville de Marseille a annoncé, vendredi 28 décembre, avoir pris cent arrêtés de péril grave et imminent concernant divers immeubles à travers la ville, depuis l’effondrement de deux bâtiments qui a fait huit morts début novembre. L’effondrement de ces deux immeubles vétustes de la rue d’Aubagne, le 5 novembre, a plongé la ville et le maire LR Jean-Claude Gaudin dans l’une de ses plus graves crises, soulignant l’ampleur du problème du logement insalubre et dangereux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La psychose d’un nouvel effondrement gagne les Marseillais Deux mois pour faire les travaux Les signalements se sont, depuis, succédé, et jusqu’à quelque 1 600 personnes ont été évacuées d’environ 200 immeubles, le temps de vérifier leur état. Temporairement sans domicile fixe, elles ont été hébergées la plupart du temps en hôtel. Ces évacuations ont donné lieu à la prise de 100 arrêtés de péril grave et imminent, qui obligent les propriétaires à faire des travaux d’urgence dans les deux mois. Après ce délai, la ville peut se substituer à eux et leur envoyer la facture. « Par ailleurs, seize procédures de péril simple ont été lancées pour des travaux plus légers. Dans ce cas, les propriétaires disposent de six à huit mois pour réaliser les travaux », précise la mairie, très critiquée depuis le drame par les évacués et son opposition pour l’insuffisance de son action en matière de logement insalubre ou dangereux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avant l’effondrement des immeubles, la gestion de l’habitat par la mairie de Marseille déjà critiquée Cette centaine d’arrêtés de péril en moins de deux mois représente une augmentation vertigineuse : 35 arrêtés avaient été pris en 2015, 43 en 2016, 57 en 2017 et 48 en 2018 jusqu’en octobre. Depuis le drame, des travaux ont été réalisés ou des doutes ont été levés, permettant la réintégration de 318 personnes dans 50 immeubles, a précisé la ville. Soixante-dix-neuf personnes ont, par ailleurs, pu signer des baux pour un relogement temporaire ou définitif dans le cadre d’un dispositif mis en place par la mairie.
L’ancien chef d’Etat, né le 25 février 1925, est mort à l’âge de 93 ans. Il fut l’un des rares de sa génération à accéder au poste suprême par le vote.
Nigeria : l’ex-président Shehu Shagari est mort
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/29/nigeria-l-ex-president-shehu-shagari-est-mort_5403369_3212.html
29/12/2018
afrique
L’ex-président Shehu Shagari à Abuja, en mai 2015. Akintunde Akinleye / REUTERS Shehu Usman Aliyu Shagari, qui a dirigé le Nigeria entre 1979 et 1983, est mort vendredi 28 décembre, a annoncé l’actuel président Muhammadu Buhari, celui-là même qui l’avait renversé par un coup d’Etat pendant la période tourmentée des dictatures militaires. « C’est avec une immense tristesse que j’ai reçu la nouvelle du décès du premier président exécutif du Nigeria, Alhaji Shehu Shagari », a fait savoir l’ancien général Muhammadu Buhari, vendredi soir. « Les Nigérians le portaient en haute estime, alors même qu’il n’était plus au pouvoir, et ses conseils avisés seront toujours regrettés », peut-on lire dans ce communiqué de la présidence. Président contre son gré L’ancien président, né le 25 février 1925, est mort à l’âge de 93 ans. Il fut l’un des rares chefs d’Etat de sa génération à accéder au poste suprême par le vote, sous la bannière du Parti national du Nigeria (NPN), après treize années de dictature militaire. Ce politicien, d’origine peule et musulman, s’était présenté comme sénateur, avant d’être désigné par son parti pour être candidat à l’élection présidentielle de 1979. Il a toujours gardé la réputation d’être devenu président contre son gré. Shagari, qui s’était toujours présenté comme un homme intègre et incorruptible, n’a pas réussi à résister à la mauvaise gouvernance, aggravée par les crises pétrolières des années 1970. Coup d’Etat Depuis le début de l’exploitation du pétrole dans les années 1960, après son indépendance, le Nigeria a connu une histoire politique très mouvementée et, jusqu’à son accession à la démocratie en 1999, une série de coups d’Etat menés par une junte militaire. Le 31 décembre 1983, le général Buhari – réélu démocratiquement en 2015 et actuellement au pouvoir – a renversé Shagari par un coup d’Etat sanglant. L’ancien président fut arrêté ainsi que de nombreux de ses ministres pour corruption. Après une série de procès militaires, il fut acquitté de l’accusation de corruption, tandis que de nombreux cadres de son parti écopaient de lourdes peines de prison. Après avoir quitté la scène politique, il n’était que rarement apparu en public.
L’embarcation clandestine, partie de Libye, était tombée en panne près de l’archipel de Kerkennah. Aucun blessé n’est à déplorer, selon la Garde nationale tunisienne.
Quarante-cinq migrants secourus au large des côtes tunisiennes
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/30/tunisie-quarante-cinq-migrants-secourus-au-large-des-kerkennah_5403741_3212.html
30/12/2018
afrique
Le long de la côte de Kerkennah. L’archipel est situé au large de la ville tunisienne de Sfax. FETHI BELAID / AFP Quarante-cinq migrants clandestins ont été secourus par les garde-côtes au large de l’archipel de Kerkennah, dans l’est de la Tunisie, a indiqué, dimanche 30 décembre, la Garde nationale tunisienne, qui n’a pas fait état de victimes. Leur embarcation était tombée en panne au large d’une des deux principales îles de l’archipel, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la Garde nationale Houssemeddine Jebabli, précisant que le sauvetage avait eu lieu en matinée. Les personnes secourues, pour la plupart des ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, sont « en bonne santé », a-t-il affirmé, mentionnant la présence de deux femmes enceintes à bord. Leur embarcation était partie des côtes libyennes pour rejoindre l’Europe, selon ce porte-parole, ajoutant que les migrants ont été pris en charge par le Croissant-Rouge tunisien. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Tunisie face aux pressions de l’Europe sur le dossier migratoire 40 migrants accueillis au mois de juillet Le pays a été témoin de plusieurs naufrages meurtriers. Le dernier en date a fait 87 morts en juin, en majorité des migrants de nationalité tunisienne, après le naufrage de leur bateau au large de l’île de Kerkennah. Fin juillet, les autorités avaient décidé « pour des raisons humanitaires », d’accueillir 40 migrants secourus par un navire commercial qui attendait depuis deux semaines d’accoster au large de Zarzis, dans le sud de la Tunisie. Un nombre croissant de Tunisiens en quête d’emploi et de perspectives d’avenir tente de se rendre illégalement en Italie via la Méditerranée. La Tunisie est considérée comme l’un des principaux points de passage de migrants clandestins, essentiellement originaires d’Afrique subsaharienne, vers l’Europe, et principalement l’Italie. Lire aussi La question migratoire au cœur de la visite d’Angela Merkel en Tunisie
Un homme incarcéré pour des vols avec effraction est parvenu à s’enfuir du centre pénitentiaire, dimanche, malgré les tirs d’un surveillant.
Un détenu s’évade de la prison de Fresnes
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/30/un-detenu-s-evade-de-la-prison-de-fresnes_5403729_1653578.html
30/12/2018
police-justice
Dans le centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne). STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Un détenu s’est évadé, dimanche 30 décembre dans l’après-midi, de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), malgré les tirs d’un surveillant qui a tenté de l’empêcher de s’enfuir, a appris l’Agence france presse (AFP) auprès de l’administration pénitentiaire, confirmant des informations publiées par Le Parisien. « Les surveillants postés aux miradors, qui étaient tous tenus ce jour, ont procédé aux sommations réglementaires puis à plusieurs tirs ; le détenu est néanmoins parvenu à franchir le mur d’enceinte » vers 16 h 30, a indiqué le ministère de la justice dans un communiqué. Le détenu « se serait blessé à cette occasion », est-il ajouté, précisant que des recherches ont été entreprises « sans délais ». C’est aux mains que le détenu se serait blessé en escaladant le mur d’enceinte de la prison, l’une des plus grandes de France et qui compte quelque 2 500 détenus. Agé de 29 ans, l’homme était classé parmi les détenus particulièrement surveillés (DPS) après s’être déjà enfui pendant son procès en décembre 2016 à Créteil, selon une source proche du dossier à l’AFP. Ce jour-là, il avait été condamné à 8 ans de prison pour vol avec effraction, extorsion avec violence et escroquerie. Rattrapé en mars 2017, il a été ensuite condamné à 3 ans et 6 mois de prison pour cette évasion ainsi que pour une autre tentative d’évasion depuis le dépôt du même tribunal. Libérable en 2026, cet homme était par ailleurs soupçonné dans une autre affaire : il devait prochainement comparaître pour extorsion, vol et recel en bande organisée, selon la même source.
L’insecte envahissant et tueur d’arbres serait arrivé dans des palettes de bois importées d’Asie du Sud-Est, et pourrait bouleverser la physionomie de la ville d’Afrique du Sud.
A Johannesburg, un scarabée menace l’une des plus grandes forêts urbaines du monde
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/30/a-johannesburg-un-scarabee-menace-l-une-des-plus-grandes-forets-urbaines-du-monde_5403720_3244.html
30/12/2018
planete
Le parc Delta, à Johannesburg. MARC SHOUL POUR LE MONDE Un petit scarabée, pas plus gros qu’une fourmi, fait des ravages dans l’une des plus grandes forêts urbaines au monde plantée par l’homme. L’arrivée de l’été austral fin décembre renforce les craintes des résidents de Johannesburg et des spécialistes de la végétation, qui s’inquiètent des dommages causés par le scolyte polyphage Euwallacea fornicatus, en anglais « polyphagous shothole borer beetle » (PSHB), un insecte originaire d’Asie envahissant et tueur d’arbres. « Lorsque les arbres auront fini de fleurir, c’est là qu’on verra vraiment l’étendue des dégâts et qu’on comptera les morts », explique, dépitée, Andrea Rosen. Cette quinquagénaire amoureuse des arbres vit depuis vingt ans à Craighall Park, l’un des quartiers qui bordent le parc Delta, un poumon vert de 100 hectares au cœur de la mégalopole sud-africaine. Conséquence du plan de développement imposé par le régime de l’apartheid, ces quartiers sont plutôt blancs et aisés. Très verdoyants, les jardins y sont copieusement arrosés et très bien entretenus. Au fond de son terrain, Andrea Rosen montre un érable de Chine dont le tronc écorcé est parsemé de trous minuscules. « Le scolyte entre par les fissures de l’écorce, donc on ne sait pas tout de suite quel arbre est touché. Ensuite, le scarabée creuse des sillons et s’enfonce très profondément. Aucun pesticide ne marche », déplore-t-elle. Dans ces sillons, un champignon, Fusarium euwallaceae, se développe et asphyxie la jeune écorce, ce qui peut à terme tuer l’arbre. Rubans jaunes Avec d’autres résidents, Andrea Rosen a fondé l’Alliance pour la forêt urbaine de Johannesburg, une association qui tente par tous les moyens d’alerter l’opinion sur la menace du scolyte. A l’heure actuelle, personne n’est en mesure de dire combien des 6 à 10 millions d’arbres que compte la ville sont affectés. « Mais vu que plus de quatre-vingts espèces sont touchées, ça pourrait être des dizaines, voire des centaines de milliers », affirme l’arboriste Julian Ortlepp. Ce « chirurgien pour arbres », comme le présente sa carte de visite, est venu inspecter le jardin d’Andrea. « La difficulté, c’est que tous les arbres présentent des symptômes différents », explique-t-il en montrant des résidus de sève cristallisés sur un chêne, signe de la présence du scarabée. Les habitants sont invités à signaler les arbres malades au département des parcs et forêts. MARC SHOUL POUR LE MONDE Le duo poursuit la visite vers l’avenue de Buckingham, où, d’après eux, tous les arbres sont condamnés. Un résident a pris la liberté d’entourer les troncs d’un ruban jaune et d’y agrafer des affiches rouges où est inscrit « Retirez cet arbre mort… et cherchez sur Google “PSHB” ». « Malheureusement, la tendance ici a été de planter une même espèce par rue. Ça fait plus joli, mais lorsque il y a un insecte ravageur, il faut tout abattre », commente M. Ortlepp.
Près de 500 migrants ont tenté la traversée, très dangereuse, depuis deux mois. Les autorités britanniques accusent la France de les laisser passer.
De plus en plus de migrants traversent la Manche sur des bateaux de fortune
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/30/de-plus-en-plus-de-migrants-traversent-la-manche-sur-des-bateaux-de-fortune_5403699_3210.html
30/12/2018
international
Un bateau de réfugiés intercepté par la marine nationale française au large de Calais, le 25 décembre. MARINE NATIONALE / AP Depuis deux mois, des centaines de migrants, majoritairement iraniens, ont tenté de traverser la Manche sur des canots pneumatiques pour rejoindre le Royaume-Uni, poussant le ministre de l’intérieur britannique, Sajid Javid, à déclarer un « incident majeur » et à rentrer précipitamment de ses vacances dimanche 30 décembre. Après un échange téléphonique avec son homologue français, Christophe Castaner, il a annoncé un renforcement de la surveillance des plages et de la mer. Les Britanniques vont notamment financer des drones et des caméras pour surveiller la dizaine de points d’embarquement qui a été identifiée en France. Le nombre de passages de migrants reste limité et n’a rien à voir avec ce qu’il se passe dans la Méditerranée. Selon le décompte du ministère de l’intérieur français, 443 personnes ont tenté la traversée cette année, dont la moitié a atteint les eaux britanniques. Mais le phénomène est nouveau, explique Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche : « En 2017, on a compté treize tentatives de traversée et jusqu’en octobre de cette année, on était sur le même ordre de grandeur. Depuis, cela augmente de façon exponentielle. » Ces derniers jours sont venus le démontrer. Quarante migrants ont été secourus sur cinq canots pneumatiques différents le jour de Noël, trois l’ont été le lendemain, vingt-trois le surlendemain, douze encore le jour d’après… Nouvelles filières de passeurs Le mode opératoire est presque toujours le même. Les migrants tentent le passage sur de gros canots pneumatiques à moteur, qui ne sont pas équipés pour la traversée des trente-trois kilomètres qui séparent Calais et Douvres. Beaucoup se lancent de nuit. Les risques sont énormes, au regard du très important trafic de ferrys. La police britannique compare cela « à traverser le [périphérique] à pied à l’heure de pointe ». Matt Coaker, un pêcheur britannique, a vu pour la première fois un canot pneumatique avec quatre migrants en septembre. « Il y avait quatre personnes (…) à la dérive depuis un moment, qui n’avaient pas de moteur et juste quelques rames », témoigne-t-il à la BBC. « Ils voulaient désespérément un peu d’eau, un peu à manger, et juste atteindre la terre sèche. » Depuis, ce genre de rencontres s’est multiplié. « Ce n’est pas la norme, mais ça devient presque commun », poursuit-il. Pour le ministère de l’intérieur, cette soudaine augmentation des traversées vient du travail « de gangs criminels organisés ». En novembre, la BBC avait envoyé un journaliste iranien, se faisant passer pour un migrant, dans les camps près de Calais et de Dunkerque. Un homme, affirmant être un ancien pêcheur iranien lui avait proposé un passage par bateau pour trois mille livres (3 327 euros).
Un nombre important de failles de sécurité informatique pourraient mettre en péril la vie privée de certains utilisateurs et certaines utilisatrices de jouets sexuels.
Pirater des sextoys connectés, une partie de plaisir
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/30/pirater-des-sextoys-connectes-une-partie-de-plaisir_5403696_4408996.html
30/12/2018
pixels
En matière de sécurité, les sextoys connectés font plus trembler de peur que vibrer de plaisir. Werner Schober, consultant en sécurité informatique autrichien, en a apporté une nouvelle preuve lors du 35e Chaos Communication Congress, grand rassemblement annuel de hackeurs, qui se clôture dimanche 30 décembre à Leipzig (Allemagne). Ce spécialiste, qui a publié en février les résultats de ses travaux sur ce sujet, entend mettre en lumière les enjeux en matière d’Internet des objets. « J’ai choisi une catégorie d’objets dont les vulnérabilités auraient des conséquences critiques », explique en préambule le conférencier. En se penchant sur trois modèles de sextoys connectés – deux Chinois et un Allemand –, il a mis en évidence « un abysse de failles » et prouvé la négligence des fabricants de sextoys en matière de sécurité. « Certaines failles pourraient véritablement affecter la vie privée des utilisateurs », précise le spécialiste. Une liste de détenteurs sans protection Lors de sa démonstration à Leipzig, Werner Schober s’est concentré sur l’un des trois produits, le Vibratissimo Panty Buster, fabriqué en Allemagne et commercialisé aux alentours de 40 euros. Un vibromasseur connecté, qui se glisse dans la culotte et que les utilisateurs et utilisatrices peuvent activer via une application ou le Bluetooth sur leur smartphone servant de télécommande. Lors de son enquête, à l’aide d’un simple fichier de configuration sur le site Web du fabricant, le chercheur a pu accéder à une base de données interne dans laquelle figurait des données personnelles telles que le nom ou l’adresse des utilisateurs. Des photos intimes, partagées par des centaines d’utilisateurs sur le petit réseau social proposé en parallèle de ce sextoy, étaient même facilement accessibles en ligne. Le modèle de sextoy allemand au cœur de la présentation et des inquiétudes de Werner Schober. Vibratissimo.com Une prise de contrôle à distance possible Le spécialiste a également démontré qu’il était possible pour un tiers de prendre le contrôle à distance du sextoy. L’application mobile permet de générer un lien, qui, envoyé par e-mail ou SMS, permet à un ou une complice de faire vibrer son sextoy à distance. Le chercheur a découvert qu’il suffisait de modifier ce lien pour faire vibrer des culottes inconnues au hasard. Par ailleurs, la connexion Bluetooth n’étant pas suffisamment sécurisée, quiconque se trouvant à proximité d’un sextoy peut s’y connecter via son smartphone et l’activer. Et le spécialiste de soulever une question délicate : un contrôle à distance et sans consentement d’un sextoy peut-il s’apparenter à du viol ? Il se demande ainsi, sans répondre, comment les législations pénales prendraient en compte ces cas de figure. Le spécialiste s’est rapproché du fabricant pour signaler les failles afin qu’il les corrige. Si ce dernier s’est exécuté, les sextoys n’ont pas été pour autant totalement sécurisés. En effet, le système d’exploitation ne pouvant être mis à jour à distance, les détenteurs et détentrices auraient dû les renvoyer à l’usine.
Quatorze associations dénoncent « la faillite de l’Etat » dans la protection et la mise à l’abri des migrants, dans une tribune publiée dimanche dans « Le JDD ».
Migrants : l’Etat français accusé de « mise en danger délibérée » par plusieurs associations
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/30/migrants-l-etat-francais-accuse-de-mise-en-danger-deliberee-par-plusieurs-associations_5403675_3224.html
30/12/2018
societe
« A ce jour, nous ne pouvons que constater la faillite de l’Etat dans l’exercice de sa responsabilité de protection, de mise à l’abri et d’accueil inconditionnel », écrivent quatorze associations dans une lettre ouverte adressée au président de la République. Des membres d’une ONG donnent à manger à des migrants kurdes à Grande-Synthe, le 11 avril 2017. PHILIPPE HUGUEN / AFP La charge à l’encontre d’Emmanuel Macron et de l’Etat français est lourde. Celle-ci est à la hauteur de la colère exprimée par les associations qui travaillent auprès des migrants. Médecins du monde, le Secours catholique et douze autres associations accusent l’Etat français de « mise en danger délibérée » des migrants, dans une tribune publiée le 30 décembre par Le Journal du dimanche. « A ce jour, nous ne pouvons que constater la faillite de l’Etat dans l’exercice de sa responsabilité de protection, de mise à l’abri et d’accueil inconditionnel », écrivent les associations dans une lettre ouverte adressée au président de la République. Que cela soit « à Paris, en Ile-de-France, mais aussi à Grande-Synthe, sur le littoral nord, ailleurs », le sort des migrants « confine à une mise en danger délibérée » critiquent les associations, qui exigent des réponses « à la hauteur de la situation d’urgence ». « Toujours plus de difficultés à se nourrir et à se soigner » Au début de son mandat, le 27 juillet 2017, le chef de l’Etat avait promis de ne plus avoir « d’ici la fin de l’année des hommes et des femmes dans les rues, dans les bois ». « Un an après, des milliers de personnes, femmes, hommes, enfants, familles, se partagent les interstices des villes, s’abritent sous des échangeurs, sont échoués sur les trottoirs de Paris et de son immédiate périphérie », souligne le texte, avant de pointer « la réalité des personnes vivant à la rue parmi les rats nous démontre à quel point cette politique est un échec ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Migrants à la rue : « Ils sont dans une errance infinie » Dix-huit mois après l’engagement d’Emmanuel Macron de n’avoir plus personne à la rue fin 2017, les quatorze associations appellent à un « changement de cap » : Monsieur le président, votre engagement (…) a été vite oublié par votre gouvernement, votre majorité, vos services. Plus grave, par vous-même. Les représentants de Médecins du monde France, du Secours catholique-Caritas France, d’Emmaüs France, de la Ligue des droits de l’homme et de divers collectifs et associations venant en aide aux migrants déplorent également que les personnes à la rue « ont toujours plus de difficultés à se nourrir, à se soigner, à trouver une information fiable pour faire valoir leurs droits élémentaires ».
Cette série proposée par Amazon Prime Video narre de manière ridicule un choc des cultures entre Français et Allemands.
Franchouillarde et consternante « Deutsch-les-Landes »
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/30/franchouillarde-et-consternante-deutsch-les-landes_5403658_1655027.html
30/12/2018
televisions-radio
Marie-Anne Chazel et Sylvie Testud dans la série « Deustch-les-Landes ». AMAZON PRIME VIDEO Amazon Prime Video, à la demande, série Netflix avait ouvert la voie avec la création de séries « locales » dans certains pays disposant des droits d’accès et de diffusion de la plate-forme mondiale de vidéo à la demande par abonnement. En France, cela avait mené à un beau ratage, avec Marseille (2016-2018), abandonné après deux saisons calamiteuses. Voici qu’Amazon Video, dont les contenus sont réservés aux abonnés « Prime » du géant de la distribution en ligne, lance à son tour une série made in France, ou presque, car, ainsi que l’indique son titre, Deustch-les-Landes est une coproduction franco-allemande. Jiscalosse est un charmant Trifouilly-les-Oies du Sud-Ouest. Sa maire (Marie-Anne Chazel) essaie de trouver des revenus pour éponger les dettes de sa commune. Elle rencontre le patron d’une entreprise allemande qui s’attache au village et décide d’y transplanter le quartier général de son affaire. Du jour au lendemain, quelque 200 Allemands débarquent à Jiscalosse. Ce qui ne manque pas de créer le choc des cultures qu’on imagine – jusqu’à une guerre de tranchées entre les deux communautés et la constitution d’une résistance à l’ennemi qu’on pourra trouver d’un goût discutable. Surjeu permanent Ce cliché ressassé serait plaisant s’il était traité avec drôlerie et imagination et si Amazon avait proposé une version multilingue où les Allemands parlent leur langue. Alors que ceux-ci sont doublés en français sans accent, on les entend néanmoins s’essayer à des exercices de diction sur « Les chaussettes de l’archiduchesse… ». A lire sur ses lèvres, Sylvie Testud, qui joue le rôle d’une professeure d’allemand, s’exprime parfois dans cette langue. Mais elle se double elle-même en français, y compris quand elle essaie d’impressionner les hôtes par quelques citations littéraires dans le texte… Depuis le moment où nous avons visionné les épisodes en version française, la seule alors disponible, une « version originale » a été ajoutée. Mais demeurent le surjeu permanent des acteurs, le grotesque des situations et des dialogues au long de dix épisodes qui restent sur l’estomac. De sorte que la crétinerie de Deutsch-les-Landes ferait presque passer la série Marseille de Netflix pour le chef-d’œuvre d’un Scorsese des calanques. Deustch-les-Landes, créée et réalisée par Denis Dercourt. (Fr.-All., 2018, 10 × 26 min). www.primevideo.com
Les deux lettres de l’alphabet grec sont devenues des symboles de reconnaissance politique, empruntant aux répertoires visuels de l’Antiquité et de la pop culture. La France insoumise a choisi la première, des groupuscules d’extrême droite ont opté pour la seconde.
Phi et lambda: l’alphabet grec comme signe de ralliement
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/30/phi-et-lambda-l-alphabet-grec-comme-signe-de-ralliement_5403643_3232.html
30/12/2018
idees
Un chevron noir inscrit dans un cercle et flottant le plus souvent sur un drapeau – bleu, si vous êtes en France ; jaune, si vous êtes en Allemagne ou en Autriche. L’emblème de la mouvance identitaire, qui rassemble plusieurs groupes politiques d’extrême droite européens nés à la fin du XXe siècle, est aussi accrocheur qu’à première vue énigmatique. Ces groupuscules, faibles en effectifs mais très visibles par leurs actions coups-de-poing, se sont en effet choisi un symbole commun : le Λ, ou lambda, la onzième lettre de l’alphabet grec, astucieusement rajeuni par un graphisme dynamique et le choix de couleurs vives. Derrière ce symbole se trouve une référence classique : la lettre lambda était dans la Grèce antique utilisée pour désigner Sparte, alors appelée Lacédémone (Λακεδαίμων). Sa récente réapparition du côté des tenants de l’« ethno-différencialisme » a alors de quoi étonner, mais elle est en réalité le fruit d’une communication léchée. Distorsion historique Sous sa forme actuelle, ce lambda a été popularisé par le blockbuster hollywoodien 300, de Zack Snyder (2006), nouvelle version filmique de la bataille des Thermopyles, qui le place notamment sur les boucliers des guerriers spartiates. Les identitaires, en reprenant à leur compte ce lambda, dressent un très audacieux parallèle : ils seraient le dernier rempart contre l’invasion des « barbares étrangers », au même titre que les Spartiates se sacrifiant pour sauver l’alliance des cités helléniques de l’envahisseur perse. Une distorsion historique qui rencontre cependant un certain succès. « 300 », de Zack Snyder (2006). La mouvance identitaire s’est approprié le symbole lamda des boucliers spatiates. © 2007 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved. L’historien allemand Bodo Mrozek s’est en effet penché sur le choix de ce symbole dans un article publié dans sa version française sur le site Antiquipop. Il montre comment l’extrême droite souffrant d’une image vieillissante et peu attractive – le stéréotype du nazi en bottes de cuir ayant été abondamment ridiculisé par la pop culture, comme dans Inglorious Bastards de Quentin Tarantino (2009) – est justement allée puiser au sein de ce réservoir d’images pour rebâtir une image séduisante : « Ces activistes cherchaient des symboles appréciés de la pop culture qui pourraient correspondre de quelque manière que ce soit à leurs idées de puissance, de violence, de masculinité et de nationalisme. Tout cela fonctionnait avec le film 300 : l’objectif était de séduire ses fans, ces jeunes hommes d’ores et déjà attirés par les images traditionnelles de la masculinité, du sacrifice, de la guerre et du combat. Et peu à peu, ils ont chargé ces images d’un sens politique. »
Le parti, créé par le ministre de l’éducation et de la justice du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, doit s’adresser à l’électorat religieux et non religieux.
HaYemin HeHadash, un nouveau parti de droite en Israël
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/30/hayemin-hehadash-un-nouveau-parti-de-droite-en-israel_5403613_3210.html
30/12/2018
international
La ministre israélienne de la justice, Ayelet Shaked (à gauche), et le ministre de l’éducation, Naftali Bennett (à droite), ont annoncé la création de La Nouvelle Droite, un parti qu’ils dirigeront. JACK GUEZ / AFP Deux membres du gouvernement de droite du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, ont annoncé lors d’une conférence de presse, samedi 29 décembre, à Tel-Aviv la création de HaYemin HeHadash (La Nouvelle Droite), un parti ouvert sur l’électorat non religieux à trois mois des élections générales anticipées. Le ministre de l’éducation, Naftali Bennett, et la ministre de la justice, Ayelet Shaked, quittent donc le parti nationaliste religieux Foyer juif. HaYemin HeHadash s’appuie toutefois sur une plate-forme identique, revendiquant son opposition à la création d’un Etat palestinien. Avec huit députés sur 120 à la Knesset, Foyer juif, lancé en 2013, stagne dans les sondages alors que le Parlement sera renouvelé le 9 avril prochain. La formation ne gagnera qu’un à quatre sièges, en partie parce qu’elle ne parvient pas à séduire le centre droit, l’une de ses ambitions initiales. Le poste de premier ministre dans le viseur ? Autre limite : les sionistes religieux, la base électorale du Foyer juif, restent pour beaucoup attachés au Likoud, dont le premier ministre est le leader. « Nétanyahou a compris que la communauté sioniste religieuse était dans sa poche, et que peu importe la façon dont il les traite, au bout du compte, ils le suivent toujours », a expliqué Naftali Bennett pendant la conférence de presse. Pour le quotidien Haaretz, Bennett se venge ainsi de la communauté religieuse qui l’aurait « trahi » à deux reprises en votant en faveur du Likoud. Le quotidien suggère également que le ministre « sentirait le déclin » de M. Nétanyahou, mis en cause dans plusieurs affaires de corruption et viserait le poste de leader du gouvernement.
Pour cause de « shutdown », Donald Trump est enfermé à Washington. Mais plus personne n’attend rien avant que la nouvelle majorité démocrate ne prenne ses quartiers à la Chambre des représentants, le 3 janvier.
Président Trump, an II : le consigné de la Maison Blanche
https://www.lemonde.fr/chroniques-de-la-presidence-trump/article/2018/12/30/president-trump-an-ii-le-consigne-de-la-maison-blanche_5403604_5077160.html
30/12/2018
chroniques-de-la-presidence-trump
La Maison Blanche, à Washington, le 28 décembre. ALEX BRANDON / AP Cette retraite pourrait être gaullienne, mais c’est une pénitence. Pour cause de « shutdown », Donald Trump est enfermé à la Maison Blanche. Privé de Mar-a-Lago en hiver. Privé de ses ors. Privé du Trump International Golf Club de Palm Beach. Pour ne rien arranger, il fait un temps de décembre à Washington. Lire aussi Donald Trump impose un exercice de plus en plus solitaire du pouvoir La First Lady s’en est retournée sous le soleil de Floride après l’avoir accompagné pour une brève visite aux troupes américaines en Irak puis en Allemagne, improvisée comme pour tromper l’ennui. Vendredi, Donald Trump a dîné avec son gendre Jared Kushner à la résidence de son vice-président, Mike Pence. Un homme qui se refuse à partager un repas avec une convive en l’absence de sa femme. Un économe en fantaisie. Une salve de menaces Le 24 décembre, le président consigné, enfermé par son exigence de « mur » à la frontière avec le Mexique que ses opposants au Congrès refusent de financer, avait exposé sa détresse sur son compte Twitter. « Je suis tout seul (pauvre de moi) à la Maison Blanche, attendant que les démocrates reviennent et concluent un accord sur la sécurité des frontières qui fait cruellement défaut », avait-il écrit. Quatre jours plus tard et après avoir agoni quotidiennement ses adversaires, Donald Trump a passé son matin à menacer. Lire aussi : A quoi ressemble la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique A menacer de couper l’aide américaine aux pays d’Amérique centrale d’où viennent les demandeurs d’asile qui l’obsèdent. Ce qui arrangerait à coup sûr la situation. A menacer de fermer « entièrement » la frontière avec le Mexique. Ce qui reste à voir, surtout au moment où l’économie américaine émet de premiers signes d’interrogation. Des sabres de bois déjà agités deux mois plus tôt et qui n’effraient plus grand monde. Samedi, il a accusé les démocrates de la mort de deux enfants de demandeurs d’asile venus du Guatemala, emportés par la fatigue et la maladie alors qu’ils étaient retenus par la police des frontières. Son « mur », a-t-il affirmé, les aurait dissuadés de se lancer dans ce périple. Marais d’indifférence Invisible depuis l’escapade moyen-orientale, ce président dont le service de presse a renoncé ces jours derniers à publier l’agenda de ses activités, grommelle et tempête en solitaire. Tout ce que Washington compte de responsables politiques a abandonné la capitale fédérale. Les couloirs vides du Sénat ne sont arpentés que par un vieux sénateur républicain du Kansas, Pat Roberts, qui réside en fait à deux pas, en Virginie, et qui y fait à l’occasion une brève ronde de gardien d’archives départementales. Le Washington Post a publié la photo de la porte close du bureau du chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell. Une pile de courrier attend son retour.
Il a reçu, en mars, son premier Oscar pour le scénario de « Call Me by Your Name ». Un sacre pour le réalisateur américain qui n’a rien perdu de sa liberté de penser et d’agir.
James Ivory, jeune cinéaste de 90 ans
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/30/james-ivory-jeune-cineaste-de-90-ans_5403599_4500055.html
30/12/2018
m-le-mag
d’agir. James Ivory chez lui, à Claverack, dans l’Etat de New York, le 13 décembre 2018. YOSHIYUKI MATSUMURA POUR M LE MAGAZINE DU MONDE « Le train est parfois un peu capricieux. Appelez-moi quinze minutes avant, je viendrai vous chercher à la gare de Hudson », écrivait James Ivory, mi-décembre, dans un e-mail. Quelques jours plus tard, attablé devant une soupe de poulet et une limonade, dans le diner local de cette petite ville de campagne repeuplée depuis quelques années par de jeunes couples nantis de Brooklyn, le cinéaste explique : « Nous avons eu un appartement à Paris, vécu en Italie, nous sommes souvent allés en Inde, et j’ai aussi un appartement à Manhattan, mais cette maison, ça a toujours été chez nous. » « Nous », c’est lui et le producteur indien Ismail Merchant, qui fut son compagnon pendant quarante-six ans, jusqu’à sa mort, en 2005. En 1975, le couple achète cette grande bâtisse blanche à Claverack, dans l’est de l’État de New York et y installe son quartier général informel, travaillant sans relâche aux multiples projets estampillés Merchant Ivory Productions, à l’image de Retour à Howards End, ressorti en salle le 26 décembre, ou de Quartet, qui sera montré en mars 2019 à la Cinémathèque. Un style joyeusement iconoclaste Ici aussi que James Ivory a fêté, en juin, son quatre-vingt-dixième anniversaire. Pour l’occasion, il a demandé à l’une de ses voisines de réquisitionner sa maison pour héberger ses amis. Elle a bien sûr accepté, à condition qu’il lui montre son Oscar. Voilà pourquoi, explique-t-il, la statuette rutilante trône sur une table du rez-de-chaussée, au milieu du courrier ouvert et de livres annotés, non loin d’un ordinateur portable en veille. En mars, l’Académie a fait de James Ivory l’oscarisé le plus âgé de son histoire, en lui décernant le prix du Meilleur scénario adapté pour Call Me by Your Name (d’après le roman d’André Aciman). Le film de l’Italien Luca Guadagnino raconte l’éveil aux sens et aux sentiments d’un garçon de bonne famille qui tombe amoureux d’un jeune collaborateur de son père. Sur la scène du Dolby Theater, le doyen est allé chercher son trophée en smoking noir sur chemise blanche, décorée d’un portrait romantique de la jeune star du film, Timothée Chalamet. L’illustration parfaite de son style, joyeusement iconoclaste sous des atours traditionnels. Cette soirée fut une consécration personnelle pour Ivory, réalisateur de vingt-sept longs-métrages, qui ont totalisé, en près d’un demi-siècle, trente et une nominations et remporté six Oscars. Lui avait été nommé trois fois (en tant que meilleur réalisateur pour Chambre avec vue en 1987, Retour à Howards End en 1993 et Les Vestiges du jour l’année suivante), mais jamais encore récompensé.
Certains salariés vont voir leurs pensions complémentaires minorées de 10 % durant leurs trois premières années de retraite à partir du 1er janvier. Ce n’est pas une raison suffisante pour retarder son départ en retraite, estime Dominique Prévert, du cabinet Optimaretraite.
Malus de l’Agirc-Arrco : « Ne vous trompez pas d’enjeux ! »
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/12/30/malus-de-l-agirc-arrco-ne-vous-trompez-pas-d-enjeux_5403578_1657007.html
30/12/2018
argent
Si quelqu’un ne supporte pas l’idée de voir sa pension minorée, ou s’il ne peut se le permettre, il n’a pas forcément à travailler un an de plus pour éviter cette perte. Philippe Turpin / Photononstop Question à un expert Avec la mise en place du malus qui minore ma retraite complémentaire. Ai-je intérêt à la prendre plus tard ? Sauf cas marginaux, il serait stupide de changer sa date de retraite simplement pour éviter le malus ou décrocher le bonus. Sur le plan financier, continuer à travailler un an de plus est dans tous les cas souvent une très bonne affaire, parce que vous continuez à percevoir votre salaire plutôt que de toucher une pension, parce que vous continuez à améliorer vos futures pensions, à bénéficier de la mutuelle de l’entreprise, etc. Si vous êtes prêt à travailler plus longtemps, le véritable enjeu, en termes d’euros sonnants et trébuchants, est là ! L’annulation du malus ou l’application d’un bonus ne représenteront qu’une petite partie du gain total. Imaginons un cadre de 62 ans ayant tous ses trimestres en mai 2019, gagnant 55 000 euros par an et pouvant prétendre, hors malus, à une pension annuelle de 37 000 euros, dont 20 000 euros de pensions Agirc-Arrco. S’il part dès mai 2019, le malus représentera pour lui une perte totale de pension de 6 000 euros (trois fois 10 % de 20 000). L’enjeu numéro un s’il retarde d’un an sa retraite n’est pas d’éviter de perdre 6 000 euros sur trois ans, c’est bien avant tout de percevoir 18 000 euros de plus sur l’année (différence salaire/pension). Mon conseil : raisonnez en euros dans cette affaire, au-delà des concepts. Et prenez en compte tous les aspects financiers, pas que l’effet sur la pension. Après, si quelqu’un ne supporte pas l’idée de voir sa pension minorée, ou s’il ne peut se le permettre, il n’a pas forcément à travailler un an de plus pour éviter cette perte, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire. Là encore, il faut tout chiffrer. Revenons à notre senior à qui le malus ferait perdre 6 000 euros de pension sur trois ans : il lui suffit de retarder son départ de quatre mois, donc de percevoir durant quatre mois son salaire plutôt que sa pension, pour rattraper les 6 000 euros du malus. Dominique Prévert (Cabinet Optimaretraite)
Dans un entretien au « JDD », Gérald Darmanin, le ministre des comptes publics, assure que le gouvernement est « prêt à prendre toutes les mesures nécessaires » pour s’en assurer.
Bercy veut que les patrons d’entreprise française paient leurs impôts en France
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/30/bercy-veut-que-les-patrons-d-entreprises-francaises-paient-leurs-impots-en-france_5403563_3234.html
30/12/2018
economie
Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics. FRANCOIS MORI / AP « Comme l’a dit le président de la République, les dirigeants d’entreprises cotées ou dont l’Etat est actionnaire doivent impérativement être résidents fiscaux français », a assuré Gérald Darmanin au Journal du dimanche (JDD) du 30 décembre. Le ministre de l’action et des comptes publics confirme donc l’intention exprimée par Emmanuel Macron lors de son discours du 10 décembre en plein mouvement des « gilets jaunes ». La mesure se veut un signe de « civisme fiscal », sorte de pendant à la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, a ajouté M. Darmanin, qualifiant l’ISF d’« impôt absurde ». La tâche ne s’annonce pas forcément aisée, mais le ministre promet que « nous sommes prêts à prendre toutes les mesures nécessaires » si les dirigeants concernés s’abstiennent. Lire aussi Les annonces inapplicables de Macron contre l’évasion fiscale Renégociation des conventions bilatérales ? D’après l’hebdomadaire, Bercy envisagerait de renégocier les conventions fiscales entre pays, notamment en Europe. Mais avec 159 conventions bilatérales signées à travers le monde pour ne pas imposer deux fois les revenus, l’initiative, qui pourrait prendre des années, ne convainc pas tous les fiscalistes. Toujours est-il, rappelle Le JDD, que certains PDG parviennent, en effet, à échapper au fisc français, en payant, par exemple, leurs impôts au Royaume-Uni, en Belgique ou au Portugal, des terres plus accueillantes en termes de taxation.
Le spécialiste de films d’action a été retrouvé inanimé dans son lit par sa femme samedi. M. Lam avait 63 ans. Il a notamment inspiré Quentin Tarantino avec « City on Fire ».
Le réalisateur hongkongais Ringo Lam est mort
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/30/le-realisateur-hongkongais-ringo-lam-est-mort_5403558_3382.html
30/12/2018
disparitions
Ringo Lam (à droite) au côté du réalisateur Johnnie To lors de la présentation de « Triangle » au Festival de Cannes en mai 2007. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP Même moins célèbre, il était de ceux, avec John Woo, Tsui Hark ou Johnnie To, qui ont fait du film d’action hongkongais une référence des cinéphiles dans les années 1980 et 1990. Ringo Lam est décédé, samedi 29 décembre, retrouvé inanimé dans son lit par sa femme selon le Apple Daily, un journal hongkongais. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les films de Hongkong dans le temple de la cinéphilie Son film le plus marquant reste City on Fire (1987), l’histoire d’un policier infiltré incarné par Chow Yun-fat. Star montante à l’époque, l’acteur avait rencontré Lam lorsqu’ils prenaient tous les deux des cours de comédie. Succès public, le long-métrage a valu au réalisateur un Hongkong Film Award, l’équivalent local d’un Oscar. Il l’a aussi éloigné des comédies que Lam avait tournées au début de sa carrière. Le magazine Variety rappelle que City on Fire a inspiré Quentin Tarantino pour Reservoir Dogs, notamment les plans de gangsters marchant côte à côte dans leur costume noir. « C’est un film vraiment cool. Il m’a beaucoup influencé », a volontiers reconnu l’Américain dans The Baltimore Sun. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand Ringo inspirait Tarantino JCVD en deuil M. Lam, passé par une école de cinéma au Canada, a également tourné en Occident, utilisant, à l’instar de John Woo (Chasse à l’homme en 1993) ou Tsui Hark (Double Team en 1997), Jean-Claude Van Damme comme porte d’entrée. Mais Risque maximum (1996), Replicant (2001) ou In Hell (2003), tous avec le Belge en tête d’affiche, ont laissé le box-office indifférent. Sur Twitter, l’acteur s’est dit « profondément attristé » par le décès du réalisateur. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les cinéastes de Hongkong écartelés entre Hollywood et la Chine Lassé par le fonctionnement de l’industrie cinématographique sur son île, M. Lam a moins tourné dans les années 2000, collaborant tout de même avec Tsui Hark et Johnnie To sur l’un des trois segments de Triangle, présenté hors compétition au Festival de Cannes en 2007. Son dernier film Sky on Fire, avec Daniel Wu, est sorti en 2016. Informé de sa disparition, l’acteur qui partage sa carrière entre Hollywood et Hongkong, a décrit Ringo Lam comme un « maestro » et un « réalisateur légendaire » dans un post sur Facebook.
Les opposants du président ont dénoncé un discours « loin de la réalité des Français », « donneur de leçons » ou encore « moralisateur ».
Les vœux d’Emmanuel Macron critiqués par l’opposition et les « gilets jaunes »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/31/les-v-ux-d-emmanuel-macron-critiques-par-l-opposition-et-les-gilets-jaunes_5404036_823448.html
31/12/2018
politique
Le chef de l’Etat n’a pas fait de nouvelles annonces sociales lors de ses voeux télévisés, lundi 31 décembre. Cette absence de nouveaux gestes a été immédiatement critiquée par certains « gilets jaunes » mobilisés sur de nombreux sites en France. « Il a rallumé le feu, il a décrété qu’il ne ferait rien pour nous aider. S’il veut rien faire, on restera là comme on l’a décidé », a annoncé Marc, 40 ans, qui a regardé l’intervention avec une quinzaine de personnes près du Mans. « Franchement, il est sourd, il ne montre aucun signe d’apaisement. Les gens vont continuer de plus belle », a averti Rabah, 52 ans, qui avait prévu de fêter le réveillon sur le pont d’Aquitaine à Bordeaux. Sur les Champs-Elysées, épicentre parisien du mouvement, quelques dizaines de « gilets jaunes », mêlés aux touristes et badauds, ont scandé des « Macron démission » et entonné des Marseillaises au moment de l’allocution présidentielle. « Jamais je vais l’écouter ! On n’attend rien de lui, on veut qu’il démissionne », lance Laetitia Karen, Parisienne de 48 ans. Emmanuel Macron avait annoncé 10 milliards d’euros d’aides en faveur du pouvoir d’achat pour tenter de répondre aux demandes des « gilets jaunes » lors d’une allocution télévisée le 10 décembre. « Imposteur » et « pyromane » Les opposants de droite et gauche ont également critiqué les voeux d’Emmanuel Macron, estimant qu’il va renforcer la mobilisation des « gilets jaunes ». « Ce président est un imposteur » et « un pyromane », a lancé Marine Le Pen dans deux tweets successifs. Et un pyromane... MLP https://t.co/7ZZqezToQq — MLP_officiel (@Marine Le Pen) « On ne sait pas pourquoi mais tout ce qu’il dit tombe à plat. Et quand on comprend, on préférerait ne pas avoir entendu. Quel lunaire donneur de leçons. » , a écrit de son côté Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), fustigeant dans un autre tweet « le président des riches ». On ne sait pas pourquoi mais tout ce qu'il dit tombe à plat. Et quand on comprend, on préférerait ne pas avoir ente… https://t.co/3rJjxMKDNt — JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon) La porte-parole des Républicains, Laurence Sailliet, estime que le président « a récité un texte sans émotion, sans conviction et si loin de la réalité des Français », tandis que le secrétaire national du PCF Fabien Roussel dénonce « un président moralisateur qui va poursuivre ses réformes sans tenir compte des colères, des attentes de ceux qui aspirent tout simplement à vivre mieux ».
Sans prononcer les mots « gilets jaunes », le chef de l’Etat a bâti son discours en réaction au mouvement qui a déchiré la France, et a encore fait tomber sa cote de popularité.
Vœux 2018 : Emmanuel Macron déterminé mais réceptif à la « colère »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/31/v-ux-2018-emmanuel-macron-determine-mais-receptif-a-la-colere_5404032_823448.html
31/12/2018
politique
« Je suis au travail ! » Dix-neuf mois après son élection à la présidence de la République et alors qu’il vient de vivre six semaines de violente contestation, Emmanuel Macron est apparu offensif lors de ses vœux aux Français, diffusés lundi 31 décembre. Comme un symbole, c’est debout que le chef de l’Etat a d’ailleurs prononcé son allocution, enregistrée en fin de journée dans le salon d’angle de l’Elysée, là où se trouve son bureau. Même si Emmanuel Macron n’a pas prononcé une seule fois les mots « gilets jaunes », ceux-ci ont été omniprésents durant les dix-sept minutes de son intervention. « L’année 2018 ne nous a pas épargnés en émotions intenses », a ainsi reconnu le chef de l’Etat. « Nous avons vécu de grands déchirements », a-t-il poursuivi, utilisant à plusieurs reprises le mot de « colère » pour expliquer les manifestations et blocages de ronds-points vécus ces dernières semaines un peu partout en France. La responsabilité de ses prédécesseurs Selon le chef de l’Etat, cette « colère » n’est pas nouvelle et vient « de loin », manière de faire porter tout ou partie de sa responsabilité sur ses prédécesseurs. Il y a en France une « colère contre les injustices, contre le cours d’une mondialisation parfois incompréhensible, colère contre un système administratif devenu trop complexe et manquant de bienveillance, colère aussi contre des changements profonds qui interrogent notre société sur son identité et son sens, a énuméré M. Macron, ajoutant : J’ai grandi en province et je connais ces terres (…) qui parfois doutent. » Désireux de se montrer réceptif à cette colère, l’ancien ministre de l’économie a donné quelques gages aux « gilets jaunes ». Il a par exemple dénoncé le « capitalisme ultralibéral et financier, trop souvent guidé par le court terme et l’avidité de quelques-uns », et reconnu qu’il fallait « remettre l’homme au cœur » de son action. Il a aussi estimé qu’il fallait « lutter contre les intérêts profonds qui, parfois, bloquent notre société et notre Etat ». « Nous devons faire mieux », a-t-il concédé, expliquant qu’il allait écrire aux Français dans les prochains jours afin de préciser les contours du grand « débat national » promis pour répondre à la crise et qui doit débuter mi-janvier. Pour autant, pas question pour le président de la République, rentré lundi matin du fort de Brégançon (Var), où il séjournait depuis le 25 décembre, de courber l’échine. Alors que des violences ont encore émaillé certaines manifestations de « gilets jaunes », samedi 29 décembre, M. Macron a fustigé les « porte-voix d’une foule haineuse » qui s’en prendraient, selon lui, « aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels » au prétexte de « parler au nom du peuple ».
En tête des parts d’audience, TF1 décroche aussi la palme des programmes les plus regardés et de la meilleure audience dans chaque type de programme.
Audiences 2018 des chaînes historiques en hausse, sauf M6
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2018/12/31/audiences-2018-des-chaines-historiques-en-hausse-sauf-m6_5404025_3236.html
31/12/2018
actualite-medias
Après avoir reculé ces dernières années au profit de la TNT, les chaînes historiques ont vu leurs audiences repartir à la hausse en 2018. Profitant du Mondial, le leader TF1 termine l’année avec une part d’audience (pda) de 20,2 % selon les données de Médiamétrie publiées lundi 31 décembre. La « Une », codiffuseur de la Coupe du monde de football avec BeIN Sports, décroche la première place des programmes les plus regardés avec la finale de la compétition (19,4 millions de téléspectateurs). TF1 enregistre aussi la meilleure audience dans chaque type de programmes : divertissement (« Les Enfoirés », 10,2 millions), information (déclaration d’Emmanuel Macron pendant la crise des « gilets jaunes », 9,7 millions), fiction française (Jacqueline Sauvage, 8,8 millions), cinéma (Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, 8,5 millions) et série étrangère (Good Doctor, 7,9 millions). Succès des fictions Sur la deuxième marche du podium, France 2, avec 13,5 % de pda, a bénéficié de la remontée de ses après-midi, la tranche horaire 14 heures-20 heures affichant son plus haut score depuis 2010. La « Deux » se félicite aussi du lancement de son feuilleton quotidien Un si grand soleil, qui réunit en moyenne 3,8 millions de téléspectateurs (15,9 % de pda) depuis ses débuts fin août. Bénéficiant également de ses fictions, France 3 se hisse sur la troisième marche des audiences avec 9,4 % de pda, et signe sa meilleure année depuis 2014. La chaîne bénéficie notamment de sa série à succès Capitaine Marleau, en tête des fictions françaises derrière Jacqueline Sauvage. Toujours côté hausse, Arte bat son record d’audience en 2018, avec 2,4 % de pda (+ 0,2 point), grâce au cinéma mais aussi aux documentaires comme Le Monde selon Xi Jinping, qui a attiré plus d’un million de téléspectateurs. Quelques petites chaînes ont tiré leur épingle du jeu, comme RMC Découverte (2,2 %), RMC Story (ex-Numéro 23, 1,4 %), Gulli (1,7 %) ou L’Equipe, qui signe son record avec 1,2 % de pda grâce aux avant-matchs et débriefs du Mondial de foot. Après une année 2017 en berne, M6 ne remonte pas la pente en 2018 et affiche une audience en baisse, à 9,1 %. Pour se renouveler, la chaîne mise notamment sur la fiction française avec plusieurs lancements prévus en 2019. Canal+ reste stable avec 1,2 % de pda. L’année 2018 a profité aux chaînes d’info, BFM-TV attirant 2,6 % des téléspectateurs, CNews et LCI 0,7 % et Franceinfo 0,4 %. Les chaînes ont aligné les records en décembre, portées par la couverture des « gilets jaunes ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’heure de la transformation a sonné pour France Télévisions
Dans le cadre de ses préparatifs à un Brexit sans accord, le gouvernement a passé un contrat de 15 millions d’euros avec une compagnie sans expérience et sans navire.
Le gouvernement britannique critiqué pour un contrat avec une compagnie de ferry… sans bateau
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/31/le-gouvernement-britannique-critique-pour-un-contrat-avec-une-compagnie-de-ferry-sans-bateau_5403970_3210.html
31/12/2018
international
Un ferry arrive au port de Douvres, en Angleterre, en mars 2018. DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP Un Brexit sans accord. Une compagnie de ferry sans bateau. Le gouvernement britannique était sous le feu de critiques, lundi 31 décembre, pour avoir passé un contrat de 13,8 millions de livres (15,3 millions d’euros) avec une compagnie de ferrys sans expérience et sans navire, dans le cadre de ses préparatifs au Brexit. Le ministère des transports britannique a passé des contrats avec trois compagnies de ferrys pour un montant de 107 millions de livres (120 millions d’euros) afin de limiter les perturbations dans les ports en cas de sortie de l’Union européenne sans accord. L’un de ces contrats, d’un montant de 13,8 millions de livres, a été noué avec la société britannique Seaborne pour créer des liaisons supplémentaires avec le continent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Brexit, ce poison des réveillons familiaux Mise en service en mars Seaborne doit transporter du fret de Ramsgate, en Angleterre, jusqu’au port belge d’Ostende. Le port de Ramsgate, situé dans le Kent, ne fournit plus ce type de services depuis 2013. Or Seaborne n’a jamais eu d’activité de fret et n’a « ni navire ni historique commercial », selon le conseiller local Paul Messenger (conservateur), interrogé par la BBC. « Pourquoi choisir une entreprise qui n’a jamais transporté un seul camion de son histoire et leur donner 14 millions de livres sterling ? Je ne vois pas la logique », a-t-il déclaré, estimant peu probable que la compagnie soit capable de mettre en place ce service à temps pour le Brexit, prévu le 29 mars 2019. Dans un communiqué, Seaborne a affirmé travailler depuis 2017 pour lancer un service de ferry début 2019. « Le service devait démarrer à la mi-février, mais il a maintenant été retardé à la fin mars pour des raisons opérationnelles », a souligné la compagnie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : beaucoup de prévisions catastrophiques pour rien « Fiasco du Brexit » « Ce contrat a été attribué en sachant que Seaborne Freight est un nouveau fournisseur de services de transport maritime et que la capacité et les navires supplémentaires seraient fournis dans le cadre de ses premiers services », s’est défendu le ministère des transports dans un communiqué. Mais l’opposition a tancé le gouvernement. « Le fait que le gouvernement ait signé un contrat avec une compagnie de ferrys sans ferrys résume en gros leur approche grotesque du fiasco du Brexit », a moqué le député Edward Davey, membre du Parti libéral-démocrate, pro-UE, sur Twitter. Le député travailliste Neil Coyle, anti-Brexit, a dénoncé « le dernier gâchis en date » du ministre des transports Chris Grayling, après l’affaire des drones qui ont semé la pagaille à l’aéroport de Gatwick récemment.
Le pays est confronté depuis trois ans à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières.
L’état d’urgence décrété dans plusieurs provinces du Burkina Faso
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/31/l-etat-d-urgence-decrete-dans-plusieurs-provinces-du-burkina-faso_5403966_3212.html
31/12/2018
afrique
A Koupela, dans l’est du Burkina Faso, en octobre 2018. ISSOUF SANOGO / AFP L’état d’urgence a été décrété, lundi 31 décembre, dans plusieurs provinces du Burkina Faso, en proie à des attaques djihadistes récurrentes, a annoncé le ministre burkinabé de la communication, Remis Fulgance Dandjinou. « Le président du Faso a décidé de déclarer l’état d’urgence dans certaines provinces du Burkina Faso. Il a également donné des instructions pour des dispositions sécuritaires particulières sur toute l’étendue du territoire », a déclaré M. Dandjinou à la sortie d’un conseil des ministres extraordinaire sur la « situation sécuritaire ». Ces mesures font suite à une rencontre avec la hiérarchie militaire, convoquée au lendemain de la mort de dix gendarmes, jeudi, dans une embuscade à Toeni, une localité située au nord-ouest de Ouagadougou. Lire aussi Le Burkina Faso désormais sur la carte du djihadisme Le Burkina Faso est confronté depuis trois ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières. D’abord concentrées dans le nord du pays, elles se sont ensuite étendues à d’autres régions dont celle de l’Est, frontalière du Togo et du Bénin, qui est désormais une deuxième grande zone d’insécurité. Pour le moment, les forces burkinabées semblent incapables d’enrayer le mouvement et les djihadistes étendent leur influence sur des zones de plus en plus grandes. De nombreux observateurs craignent que d’autres régions suivent. Perquisitions à domicile L’état d’urgence concerne « plusieurs provinces » à l’intérieur de sept régions (sur les treize que compte le pays), a indiqué M. Dandjinou, citant les régions des Hauts Bassins, de la Boucle du Mouhoun, des Cascades, du Centre-Est, de l’Est, du Nord et du Sahel. Les détails sur les provinces concernées seront précisés dans un décret présidentiel, a-t-il souligné. « Ces dispositions […] ont pour objectif d’assurer avec sérénité et efficacité la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso et de ramener la quiétude au sein des populations », a-t-il justifié. L’état d’urgence accorde notamment des pouvoirs supplémentaires aux forces de défense et de sécurité, dont celui d’ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit. Certaines libertés fondamentales peuvent être restreintes, comme la liberté de circulation. « Le conseil a échangé sur les nouvelles mesures visant à accélérer la réorganisation opérationnelle des forces de défense et de sécurité, l’amélioration du maillage du territoire, le renforcement de la vigilance et la protection de la population et des infrastructures », a précisé le ministre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Burkina Faso, les forces de sécurité démunies face aux djihadistes Mercredi, un policier a été tué dans l’attaque du commissariat de district de police de Solan, dans le nord du pays, frontalier du Mali. Les attaques attribuées aux groupes djihadistes Ansaroul Islam et Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et à d’autres groupuscules ont fait plus de 270 morts depuis 2015. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises, avec un bilan total de près de 60 morts.
Les convictions du chef de l’Etat, qui mêlent paranoïa et détestation du socialisme, le poussent à singer la diplomatie de Donald Trump.
Au Brésil, le trumpisme à risque du président Jair Bolsonaro
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/31/au-bresil-le-trumpisme-a-risque-du-president-jair-bolsonaro_5403962_3210.html
31/12/2018
international
Le président élu brésilien, Jair Bolsonaro, à Brasilia, le 11 décembre 2018. JORGE WILLIAM / AP Avant même la victoire du chef de file de l’extrême droite brésilienne à la présidence, Steven Bannon a salué, avec des accents de triomphe, la soudaine popularité de Jair Bolsonaro. Pour l’ancien conseiller de Donald Trump, chantre du national-populisme, l’ascension du personnage qu’il décrit comme un homme « brillant » et « sophistiqué » et qu’il compare au dirigeant américain ne faisait que confirmer sa thèse d’une montée globale d’un courant mêlant antimondialisation, xénophobie et foi chrétienne. Un phénomène où, aux côtés des Etats-Unis de Trump, se rejoignent notamment la Hongrie de Victor Orban, l’Italie de Matteo Salvini et, désormais, le Brésil de Jair Bolsonaro. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Brésil, Jair Bolsonaro prend le pouvoir L’ancien patron du site de droite radicale Breitbart News, qui nie avoir participé à la campagne du militaire, a vu juste. A peine élu, Jair Bolsonaro n’a pas tardé à reconnaître ses alliés, qui, comme lui, luttent contre le « marxisme culturel ». Félicité après sa victoire, le 28 octobre, par Donald Trump, Jair Bolsonaro, par ailleurs en bons termes avec le ministre italien de l’intérieur et chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, s’est empressé de parler au téléphone avec le chef d’Etat hongrois, Viktor Orban, avec lequel il prévoit « un grand partenariat ». « La Hongrie est un pays qui a beaucoup souffert du communisme par le passé. C’est un peuple qui sait ce qu’est une dictature. Le peuple brésilien ne sait pas ce qu’est une dictature », a commenté après son coup de fil le président élu, vantant la politique anti-immigration de son homologue européen. Le Brésil a bien vécu une dictature militaire entre 1964 et 1985, mais Jair Bolsonaro considère qu’il s’agit d’une période démocratique qui a évité au pays de connaître le sort de Cuba ou du Venezuela, tombés dans les mains du communisme. Tensions et incidents diplomatiques Les convictions de Jair Bolsonaro mêlant paranoïa et détestation du socialisme le poussent à singer la diplomatie de Donald Trump – il fustige la Chine, encense Israël, dénonce l’immigration et se moque des préoccupations écologiques. Pour incarner cette ligne, M. Bolsonaro a trouvé son homme : Ernesto Araujo. Un diplomate qui prétend redonner à Dieu toute sa place dans la politique et dans l’histoire. Avant même l’entrée en fonctions du président militaire, le 1er janvier 2019, la nouvelle orientation géopolitique du Brésil a suscité son lot de tensions, voire d’incidents diplomatiques. L’annonce de l’intention de déplacer, à l’instar des Etats-Unis, l’ambassade du Brésil en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem a provoqué l’ire des pays arabes et en particulier de l’Egypte. Le Caire, qui a signé un accord de libre-échange avec le Brésil, auquel il achète quantité de viandes halal, a annulé sans ménagement une visite diplomatique prévue de longue date.
Sur tout le Royaume-Uni, près de 200 000 demandes ont été enregistrées en 2018. Un record pour Dublin.
Face à l’incertitude du Brexit, un nombre record de Britanniques demandent un passeport irlandais
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/31/face-a-l-incertitude-du-brexit-un-nombre-record-de-britanniques-demandent-un-passeport-irlandais_5403951_3210.html
31/12/2018
international
Manifestation anti-Brexit devant le Parlement britannique, le 9 octobre. TOLGA AKMEN / AFP A mesure que la date fatidique approche, les préparatifs s’accélèrent. A moins de trois mois de l’entrée en vigueur officielle du Brexit, et sur fond d’impasse politique à Westminster, les demandes de passeport irlandais en provenance de Grande-Bretagne ont augmenté de 22 % en 2018 par rapport à l’année précédente en raison du Brexit, selon des chiffres du ministère des affaires étrangères irlandais. Sur tout le Royaume-Uni, incluant aussi l’Irlande du Nord, près de 200 000 demandes ont ainsi été enregistrées en 2018. Des chiffres qui font de 2018 une année record en la matière pour Dublin, qui a émis au total plus de 822 000 passeports. « Le nombre de demandeurs d’Irlande du Nord et de Grande-Bretagne continue d’augmenter depuis le vote sur le Brexit en juin 2016 », confirme le ministère dans un communiqué. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Brexit, ce poison des réveillons familiaux « Le chaos du Brexit empire » Cette année, le service irlandais chargé des passeports a reçu 84 855 demandes provenant d’Irlande du Nord et 98 544 venant de Grande-Bretagne, soit une « augmentation de respectivement 2 % et 22 % par rapport aux chiffres de 2017 ». Une affluence telle que le sénateur Niall Ó Donnghaile (Sinn Féin) a estimé que la hausse des demandes justifiait l’ouverture d’un bureau des passeports en Irlande du Nord. « Alors que le chaos du Brexit empire, de plus en plus de personnes revendiquent leur droit à un passeport irlandais et à la citoyenneté européenne. Il est important que ce processus se déroule sans problème. » Vers un « no deal » ? Officiellement, le Royaume-Uni doit quitter l’UE le 29 mars 2019. Mais comment ? La question reste toujours en suspens. Le Parlement britannique doit se prononcer en janvier sur l’accord de retrait conclu avec Bruxelles par le gouvernement de Theresa May. Ce vote, prévu initialement mi-décembre, avait été annulé par la première ministre, faute de soutien suffisant parmi les députés. Un scénario de rejet qui risque de se reproduire lors de ce nouveau scrutin parlementaire, et laisserait le pays dans une incertitude plus grande encore. La perspective d’un no deal, c’est-à-dire une sortie sans accord, semble chaque jour plus crédible, malgré les inquiétudes qu’il suscite dans une large partie de la classe politique et de la population. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : les Britanniques les plus inquiets font des stocks
Le Vatican a annoncé, sans explication, la démission de l’Américain Greg Burke et de l’Espagnole Paloma Garcia Ovejero, ainsi que la nomination d’un porte-parole par intérim.
Vatican : démission du porte-parole du Saint-Siège et de son adjointe
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/31/vatican-demission-du-porte-parole-du-saint-siege-et-de-son-adjointe_5403947_3210.html
31/12/2018
international
Les statues des saints sur les colonnes de la place Saint-Pierre, au Vatican, le 30 décembre 2018. ALBERTO PIZZOLI / AFP C’est une décision impromptue, donnée sans plus d’explication. Le Vatican a annoncé, lundi 31 décembre, la démission de son porte-parole, l’Américain Greg Burke et de son adjointe, l’Espagnole Paloma Garcia Ovejero, et la nomination d’un porte-parole par intérim. Le pape « a accepté la démission du directeur et du vice-directeur de la salle de presse du Vatican Greg Burke et Paloma García Ovejero, et a nommé directeur par intérim Alessandro Gisotti, jusqu’ici coordinateur des médias sociaux pour le dicastère [ministère] de la communication », précise un communiqué du Saint-Siège. Membre de l’Opus Dei L’Américain Greg Burke, membre de l’Opus Dei, influente institution conservatrice au sein de l’Eglise catholique, avait été nommé en juillet 2016 après avoir occupé le poste de numéro 2 du service de presse. Il succédait au jésuite Federico Lombardi. Il avait auparavant travaillé comme journaliste à Rome pour l’hebdomadaire catholique National Catholic Reporter, le magazine Time puis comme correspondant de la chaîne américaine Fox News. Agé de 59 ans, il était le deuxième membre de l’Opus Dei à occuper le poste de porte-parole du Vatican, après l’Espagnol Joaquin Navarro Valls, directeur tout-puissant de la communication de Jean Paul II. Première femme à occuper le poste de numéro 2 du service de presse du Vatican, la journaliste espagnole Paloma Garcia Overo, 43 ans, avait été auparavant correspondante pour le Vatican auprès de Cadena COPE, l’une des principales stations de radio espagnoles. Tourmente Ces démissions interviennent deux semaines après que le pape François a annoncé avoir mis fin aux fonctions de trois des neufs cardinaux, qu’il avait choisis sur tous les continents pour le conseiller dans la réforme du Vatican, au début de son pontificat. Deux des cardinaux évincés font l’objet de poursuites dans des affaires de violences sexuelles sur mineurs ou pour en avoir couvert. Le Vatican prépare un important sommet sur la « protection des mineurs » qui sera organisé du 21 au 24 février 2019. Il réunira, à Rome, les présidents de toutes les conférences épiscopales du monde, des experts et des victimes. Cet événement est censé sonner une mobilisation générale pour la prévention des violences sexuelles dans l’ensemble de l’Eglise catholique, où la prise de conscience n’est pas au même niveau partout.