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Le projet « Missing Migrants », de l’Organisation internationale pour les migrations, a confirmé la mort de 6 615 migrants ces cinq dernières années sur le continent africain.
En 2018, au moins 1 386 migrants sont morts sur les routes africaines
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/31/en-2018-au-moins-1-386-migrants-sont-morts-sur-les-routes-africaines_5403938_3212.html
31/12/2018
afrique
Des migrants dans le désert algérien après avoir passé la frontière nigérienne, en juin 2018. Jerome Delay / AP Avant d’atteindre la mer Méditerranée, il y a la traversée de l’Afrique. Passage de frontières, traversées de zones désertiques… les routes terrestres empruntées par les migrants sont moins médiatisées que la Méditerranée, mais tout aussi meurtrières. En 2018, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a comptabilisé 1 386 décès sur le continent africain, contre 2 242 en mer. Deux données à mettre en lien avec les 4 503 morts répertoriés par la même organisation sur toute la planète. Si ces 1 386 morts font de l’Afrique le continent de loin le plus meurtrier pour cette catégorie de population, l’OIM sait ses données territoriales largement sous-estimées. « Nos experts pensent qu’il pourrait y avoir autant de morts dans le Sahara qu’en mer Méditerranée », explique même Julia Black, la coordinatrice du projet « Missing Migrants » qui documente ces décès. Pour elle aussi, « il est très probable que le nombre de migrants morts sur terre soit bien plus élevé » que ne le laissent présager les statistiques. Mais le manque de signalements officiels et non officiels des décès, rend le décompte difficile. « Si l’on prend le cas d’une personne tombant de l’arrière d’un camion en transit dans le Sahara, la probabilité de sa mort est élevée. Celle de voir son cas rapporté et enregistré est très basse », ajoute la coordinatrice. Or, rares sont les migrants qui n’ont pas été témoins de ce type d’accident. Le manque de médicaments première cause de décès Cette sous-évaluation s’explique évidemment d’abord par le manque de sources de remontées d’informations puisqu’« il y a très peu de sources officielles sur la mortalité durant la migration », rappelle Mme Black. « En Afrique, nous tirons surtout nos données d’enquêtes conduites auprès des migrants africains. Nous demandons à des cohortes entières de migrants s’ils ont été témoins de la mort de personnes de leur groupe », ajoute la spécialiste. A partir de ces cohortes, l’OIM a documenté les causes des décès. En 2018, c’est le manque de médicaments et d’accès à des soins qui a le plus tué (263 morts) sur le continent africain. La déshydratation (122 morts) suit juste derrière, talonnée par la mort de faim (116), les accidents de la circulation (107) et les décès causés par des abus physiques sur les personnes (102). Dans la corne de l’Afrique, 60 cas de migrants sont aussi décédés des suites de blessures par balle ou à l’arme blanche. Plus globalement, c’est la population issue de cette zone du continent qui paie le plus lourd tribut à ces morts sur terre avec 589 victimes en 2018 contre 381 pour les subsahariens. Petite lueur d’espoir dans ce décompte macabre, le nombre de morts sur le continent a décru ces deux dernières années, s’établissant en retrait par rapport aux 1 800 victimes de cette route terrestre en 2016.
En poste depuis 2012, le technicien paye la mauvaise première moitié de saison de son équipe (18e) du championnat de France.
Ligue 1 : Dijon limoge son entraîneur, Olivier Dall’Oglio
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/31/ligue-1-olivier-dall-oglio-n-est-plus-l-entraineur-de-dijon_5403932_1616938.html
31/12/2018
football
Olivier Dall’Oglio, à Dijon en octobre. ROMAIN LAFABREGUE / AFP Tout va très vite en football. Le 25 août 2018 au soir, Dijon occupait la 2e place de la Ligue 1 dans la roue de l’intouchable Paris-Saint-Germain. Les Bourguignons venaient d’écraser Nice (4-0) et leur entraîneur, Olivier Dall’Oglio était salué pour le style de jeu séduisant et offensif de son équipe. Derrière, le DFCO (Dijon Football Côte-d’Or) a aligné dix défaites, quatre matchs nuls, une malheureuse victoire et pointe à la 18e place du classement. Ce lundi 31 décembre, le président du club, Olivier Delcourt, a tiré les conséquences de ces mauvais résultats et décidé de « mettre un terme aux fonctions d’entraîneur d’Olivier Dall’Oglio », a précisé le club dans un communiqué. OFFICIEL : Olivier Dall’Oglio n’est plus l’entraîneur du @DFCO_Officiel + d'infos ➡️ https://t.co/LrDO9VGBHQ… https://t.co/v2eAkBXLnZ — DFCO_Officiel (@Dijon FCO) Dès la reprise ce 31 décembre 2018, la gestion du groupe professionnel sera confiée à David Linarès (ancien milieu de terrain de Lyon), jusqu’alors entraîneur adjoint, dans l’attente de la nomination du nouvel entraîneur. Olivier Dall’Oglio (54 ans) était en poste depuis le 1er juin 2012. Il avait permis en mai 2017 au DCFO de retrouver la Ligue 1. Le club a terminé la saison 2017-2018 à la 11e place du classement, sa meilleure performance, et l’entraîneur a fait partie des quatre nommés aux Trophées de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP). Après Gustavo Poyet (Bordeaux), Miguel Cardoso (Nantes), Leonardo Jardim (Monaco), Antoine Kombouaré (Guingamp) et Sabri Lamouchi (Rennes), il est le 6e entraîneur démis de ses fonctions cette saison.
Des magistrats déplorent les intimidations de l’exécutif, surtout après le limogeage de la chef du parquet anticorruption, en juillet 2018.
En Roumanie, les procureurs s’inquiètent de la « pression autocratique »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/31/les-procureurs-roumains-s-inquietent-de-la-pression-autocratique_5403907_3210.html
31/12/2018
international
Conférence de presse de Laura Codruta Kövesi, après son limogeage du poste de chef du parquet anticorruption roumain, à Bucarest, le 9 juillet 2018. ADRIAN CATU / AFP Son bureau donne directement sur le gigantesque Palais du parlement construit par Nicolae Ceausescu, renversé en 1989, et depuis lequel le président de la Chambre des députés mène l’offensive contre lui. Augustin Lazar, 62 ans, procureur général de Roumanie, a ces derniers temps de multiples occasions de méditer sur la résistance du système juridique roumain au système communiste de Ceausescu, son sujet de prédilection. Depuis le 24 octobre, il est en effet à son tour menacé de destitution par le gouvernement. Ce jour-là, le ministre de la justice a lancé la procédure en lui reprochant d’avoir « tenu des discours politiques », « contesté des décisions de la Cour constitutionnelle » ou encore « critiqué des juges ». Personne ne doute que cette procédure est en réalité téléguidée par Liviu Dragnea, le chef du Parti social-démocrate, qui depuis deux ans contrôle l’exécutif roumain depuis la présidence de la Chambre basse, en multipliant les attaques contre le système judiciaire. Sans nommer celui qui fait actuellement l’objet de deux procédures pour corruption, M. Lazar dénonce « ceux qui veulent discipliner la justice aujourd’hui pour revenir aux années 1990, quand la justice roumaine n’était que de façade dès qu’il s’agissait de personnes très haut placées ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Roumanie sur la voie de la Hongrie et de la Pologne Le premier procureur rappelle pourtant qu’« avec l’adhésion de la Roumanie à l’UE en 2007, la justice était devenue très efficace, avec des centaines de condamnations ». C’est cet héritage que M. Lazar compte défendre : « Je dis tous les jours à mes collègues qu’il faut continuer notre travail et ne pas céder. » Lui-même conteste la procédure de destitution auprès de la justice administrative : « Sa décision sera un test de résistance du système judiciaire. » Il espère éviter le sort de l’ex-chef du parquet anticorruption, Laura Codruta Kövesi, qui a dû quitter son poste en juillet après avoir vainement tenté pendant plusieurs mois de résister à une procédure similaire. « Attitude docile » Depuis, le parquet anticorruption, institution particulièrement populaire en Roumanie, est plongé dans le désarroi. « Beaucoup de collègues ont peur », témoigne un procureur sous le couvert de l’anonymat. D’autant que le code pénal est modifié en permanence, fragilisant toutes les enquêtes, à commencer par celles visant M. Dragnea. Les procureurs n’osent plus, par exemple, communiquer sur le fond des dossiers, craignant que les enquêtes ne soient cassées en cas de propos publics imprudents.
Jair Bolsonaro, investi président le 1er janvier, veut exploiter davantage de mines, remettre en question l’accord de Paris sur le climat, faciliter la vente de pesticides et amplifier la déforestation.
Forêts, mines, climat… au Brésil, les ONG craignent une catastrophe environnementale
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/31/forets-mines-climat-au-bresil-les-ong-craignent-une-catastrophe-environnementale_5403882_1652612.html
31/12/2018
climat
Près de la réserve de Salto Morato, au Brésil, en 2012. YASUYOSHI CHIBA / AFP Un épais dossier est déjà fin prêt. On y trouve, en pagaille, les intentions du président élu brésilien, Jair Bolsonaro, et de son équipe pour la « préservation » de l’environnement et la sauvegarde des intérêts économiques du pays : revenir sur les démarcations des territoires indigènes afin d’en exploiter les richesses minières, ouvrir au tourisme les réserves naturelles protégées, mettre fin à « l’industrie des amendes » de l’Ibama, institut gouvernemental de protection de l’environnement, remettre en question l’accord de Paris sur le climat, autoriser plus largement et rapidement la commercialisation de pesticides et, enfin, amplifier la déforestation – légale – des forêts brésiliennes, comme celle de l’Amazonie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Brésil, Jair Bolsonaro prend le pouvoir Jair Bolsonaro n’est pas un climatosceptique. « Je crois en la science, point final », a-t-il lâché début décembre. Mais il fustige ceux qu’il appelle les « chiites de l’environnement », les intégristes qu’il voit dans la plupart des organisations non gouvernementales qui se consacrent à la préservation de la planète. Le président entretient aussi sans complexe un discours semi-colonialiste envers les populations indigènes, considérées comme les meilleurs protecteurs de la nature, qu’il entend convertir à la modernité du monde occidental. « Jair Bolsonaro doit comprendre qu’être président, ce n’est pas être le propriétaire du Brésil », signale Marcio Astrini, de Greenpeace Brésil Chapeau de cow-boy sur la tête et lasso en main, le président a choisi son camp dès le début de sa campagne électorale en s’érigeant comme un allié indéfectible des fazendeiros, ces grands propriétaires terriens à la tête de milliers de têtes de bétail ou de centaines de milliers d’hectares de cultures de soja ou de maïs. Une population qui, dans son immense majorité, considère le réchauffement climatique comme une « théorie » venue de l’étranger pour anéantir l’agriculture brésilienne. C’est à cet électorat que s’adresse avant tout le président, épaulé par sa ministre de l’agriculture, Tereza Cristina, figure de proue de l’agronégoce surnommée la « muse du poison », du fait de sa défense immodérée des pesticides et désherbants. Le militaire, prêt à dessiner des autoroutes, construire des barrages hydroélectriques au milieu de terres sauvages, aura à affronter des obstacles. Ses velléités anti-écologiques sont, en majorité, présumées inconstitutionnelles. Le capitaine de réserve en a pris conscience au fil de ses déclarations péremptoires. Il a notamment dû baisser les armes vingt-quatre heures après avoir fait part de son intention de révoquer, « par décret », la démarcation du territoire indigène Raposa Serra do Sol.
Du président surnommé « Jupiter » à la définition du mot « peuple », l’Antiquité fait un retour en force avec ses termes et ses concepts. Retrouvez ici les neuf articles du supplément Idées.
La politique, option latin-grec : pourquoi les mots de l’Antiquité reviennent sur la place publique ?
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/31/la-politique-option-latin-grec_5403880_3232.html
31/12/2018
idees
Giuseppe Ragazzini Emmanuel Macron en est sans doute convaincu, à la fin de ce mois de décembre agité : la roche Tarpéienne est proche du Capitole, il n’y a qu’un pas de la réussite à l’échec. Lui qui est né à la politique parce qu’il avait su saisir le bon moment est maintenant puni pour sa démesure, disent les observateurs. Du kairos à l’hubris. Mais sans oublier Jupiter… On pourrait s’amuser de ces clins d’œil à l’Antiquité qui ponctuent le mandat présidentiel et n’y voir que le jeu du hasard ou des effets de salonnards. C’est pour partie vrai. Ce retour d’un lexique emprunté à des mondes lointains tient d’abord de l’appétit des commentateurs pour la nouveauté. Et même trouvé chez Aristote, soit vieux de vingt-quatre siècles, le kairos a évidemment quelque chose de frais. Questionner nos institutions Mais on pourrait aussi être plus sérieux et considérer que ce goût pour l’antique est le symptôme de la crise que nous traversons – crise politique, mais aussi, plus profondément, crise démocratique, qui nous contraint à questionner en profondeur nos institutions. Après tout, si Athènes a inventé le pouvoir au peuple (« democratia »), Rome a fondé la République (« res publica »). Le monde des Anciens n’est pas le nôtre, mais les notions forgées il y a plus de deux mille ans continuent de donner forme à nos façons de penser. Les « gilets jaunes » n’ont-ils pas proclamé qu’ils étaient « le peuple » ? Les ambiguïtés de la notion sautent aux yeux si l’on en revient aux distinctions qu’opéraient le grec (entre dèmos et ethnos) et le latin (entre populus, plebs et vulgus). De même, sans prétendre fournir de conclusion sur la nature du populisme, on aura profit à examiner le rôle des tribuns de la plèbe, à Rome, ainsi que leur legs contemporain. Et quant à la nature autoritaire de certaines démocraties, la longue histoire de la dictature et du césarisme nous rappelle que l’illibéralisme n’est pas d’invention récente. Allons donc vers le passé avec les questions du présent, car, comme le disait l’historienne Nicole Loraux, tout ce que l’on risque, c’est de « revenir vers le présent lesté de ce que l’on a appris dans le passé ». On tente !
La Turquie et la Russie cherchent une stratégie après le retrait américain. Leur optimisme tranche avec les tensions sur le terrain.
Ankara veut l’aval de Moscou pour « en finir » avec les Kurdes de Syrie
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/31/ankara-veut-l-aval-de-moscou-pour-en-finir-avec-les-kurdes-de-syrie_5403869_3210.html
31/12/2018
international
Des rebelles syriens à Manbij, en Syrie, le 29 décembre 2018. KHALIL ASHAWI / REUTERS Pris de court par l’annonce du retrait américain de Syrie, Moscou et Ankara « sont tombés d’accord » pour coordonner leurs actions à l’est de l’Euphrate, après le départ, sans calendrier précis pour le moment, des forces américaines présentes sur le terrain. « La Turquie et la Russie discutent de qui mettra la main sur les territoires laissés par les Américains », résumait le site d’information Annanews.com, proche de l’armée russe. Rien de concret n’est ressorti de la rencontre entre officiels turcs et russes à Moscou, samedi 29 décembre. « Nous avons le désir commun de nettoyer le territoire syrien de toute organisation terroriste », a souligné Mevlüt Çavusoglu, le ministre turc des affaires étrangères après des entretiens avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. Tout sourire, ce dernier s’est dit « optimiste » sur l’avenir de la coopération entre les deux partenaires en Syrie. L’optimisme des deux pays tranche avec les tensions observées sur le terrain, où les forces kurdes YPG, ex-protégées des Américains dans la lutte contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI), font face à des menaces d’attaque de la part de la Turquie. Depuis la mi-décembre, le président Recep Tayyip Erdogan et son ministre de la défense, Hulusi Akar, n’ont eu de cesse de menacer les YPG d’une offensive pour les déloger des territoires qu’elles contrôlent de part et d’autre de l’Euphrate. Maintien de la pression militaire Samedi matin, alors que la délégation turque s’apprêtait à s’envoler pour Moscou, de nouveaux blindés turcs ont été acheminés vers Sanliurfa, le long de la frontière turco- syrienne, où un dispositif militaire est en place depuis plusieurs semaines déjà. Ankara continue de maintenir la pression militaire à la frontière et dans la région de Manbij, tout en négociant ferme avec ses alliés pour mieux tirer son épingle du jeu dans le nouvel ordre qui se dessine en Syrie. Car malgré son apparente victoire diplomatique, M. Erdogan, courtisé par Washington et par Moscou, se retrouve dans une position délicate. « Les zones évacuées par les Américains devront être reprises par Damas », Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères Si le retrait américain lui laisse le champ libre pour, comme il le clame, « en finir » avec les KYPG kurdes, il lui est impossible de lancer son offensive dans le nord-est de la Syrie sans l’aval de la Russie, le principal soutien militaire de Bachar Al-Assad. Or, Moscou veut voir les territoires laissés par les Américains passer sous le contrôle du régime syrien. « Les zones évacuées par les Américains devront être reprises par Damas », a expliqué Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, mercredi 26 décembre.
Les autorités ont interpellé une vingtaine de personnes pour leurs liens présumés avec le double homicide, qualifié de « terroriste » par Rabat.
Meurtre de deux touristes au Maroc : quinze suspects devant le juge d’instruction
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/31/meurtre-de-deux-touristes-au-maroc-quinze-suspects-devant-le-juge-d-instruction_5403866_3212.html
31/12/2018
afrique
Des Marocains rendent hommage à Louisa Vesterager Jespersen et Maren Ueland devant l’ambassade du Danemark, à Rabat, le 22 décembre 2018. FADEL SENNA / AFP Le parquet de Rabat a présenté au juge d’instruction antiterroriste, dimanche 30 décembre, quinze personnes soupçonnées d’être liées au meurtre de deux jeunes randonneuses scandinaves dans le sud du Maroc, a annoncé le procureur général de Rabat. Le parquet a demandé au juge d’instruction d’interroger les suspects pour « constitution d’une bande afin de préparer et commettre des actes terroristes », « atteinte à la vie de personnes avec préméditation » et « apologie du terrorisme », a précisé le procureur général de Rabat dans un communiqué. Le parquet a en outre requis « la détention préventive des personnes arrêtées », alors que sept autres suspects, placés en garde à vue, doivent être déférés devant le parquet dans les prochains jours. Lire aussi Après la mort de deux touristes, le Maroc rattrapé par le risque terroriste Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, ont été tuées dans la nuit du 16 au 17 décembre dans le sud du Maroc, où elles passaient des vacances. Leurs corps ont été découverts sur un site isolé du Haut-Atlas, dans un secteur prisé des amateurs de marche. Les deux victimes ont été décapitées. Un Hispano-Suisse arrêté samedi Les autorités marocaines ont interpellé une vingtaine de personnes pour leurs liens présumés avec le double homicide, qualifié de « terroriste » par Rabat. L’un d’eux, un Hispano-Suisse installé au Maroc et « imprégné de l’idéologie extrémiste » selon les autorités, a été arrêté samedi à Marrakech pour ses liens présumés avec certains des suspects. Les quatre principaux suspects appartenaient, eux, à une cellule inspirée par l’idéologie du groupe Etat islamique (EI) mais « sans contact » avec ses cadres en Syrie ou en Irak, avait déclaré à l’AFP le chef de l’antiterrorisme marocain, Abdelhak Khiam. Le chef de cette « cellule terroriste », Abdessamad Ejjoud, un marchand ambulant de 25 ans, a été condamné par le passé pour avoir voulu rejoindre les zones alors contrôlées par l’EI en Irak et en Syrie, avant de bénéficier d’une réduction de peine. Lire aussi Maroc : un Suisse arrêté en lien avec le meurtre des deux touristes scandinaves L’affaire a suscité une vive émotion en Norvège, au Danemark mais aussi au Maroc, où une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, montrant l’exécution d’une des deux victimes, a mis le pays en émoi. La vidéo est considérée comme authentique par les autorités marocaines, selon une source proche de l’enquête. Epargné jusqu’ici par les attentats de l’EI, le royaume avait été meurtri par des attaques à Casablanca (33 morts en 2003) et à Marrakech (17 morts en 2011).
Le « Los Angeles Time », le « New York Times » ou encore le « Wall Street Journal » ont été perturbés par cette attaque qui a ciblé la production et l’impression des journaux.
Une cyberattaque vise la livraison de plusieurs quotidiens américains
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/31/une-cyberattaque-vise-la-livraison-de-plusieurs-quotidiens-americains_5403863_4408996.html
31/12/2018
pixels
Une cyberattaque a visé l’entreprise Tribune Publishing, samedi 29 décembre. Damian Dovarganes / AP Sur la Côte ouest américaine, les lecteurs du Los Angeles Times ont parfois dû prendre leur mal en patience, ce week-end. Une attaque malveillante, qui pourrait venir d’en dehors des Etats-Unis, a retardé la distribution, samedi 29 décembre, de plusieurs grands journaux américains. D’abord considérée comme une panne de serveur, l’attaque a frappé un réseau d’ordinateurs chez Tribune Publishing, une entreprise connectée au processus de production et d’impression de plusieurs journaux à travers le pays. Par conséquent, la livraison des éditions de samedi du Los Angeles Times et du San Diego Union Tribune a été retardée. Le nombre exact d’abonnés touchés n’était pas encore connu, mais la majorité des clients du LA Times ont reçu leur journal samedi matin, avec quelques heures de retard. L’attaque a aussi eu un impact sur la distribution dans l’Ouest de quotidiens nationaux comme le New York Times et le Wall Street Journal, publiés dans cette région par le même imprimeur. Un rançongiciel soupçonné Les premiers signes de l’attaque sont apparus jeudi soir, selon le New York Times, qui affirme qu’il pourrait s’agir d’une attaque par « logiciel extorqueur » ou rançongiciel, (ransomware en anglais). « Nous pensons que l’intention était de mettre l’infrastructure, en particulier les serveurs, hors d’usage, plutôt que de voler des informations », a déclaré une source proche du dossier citée par le LA Times. Selon des responsables cités par le journal, il est encore trop tôt pour déterminer si l’attaque a été menée par des acteurs étatiques ou non étatiques. « Nous sommes au courant d’informations sur une potentielle cyberattaque affectant plusieurs journaux, et nous travaillons avec notre gouvernement et partenaires dans le domaine pour mieux comprendre la situation », a affirmé, de son côté, le département à la sécurité intérieure. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La cyberguerre est déclarée
Au sein de La République en marche, les esprits et les candidats s’échauffent en vue des municipales de 2020.
En Macronie, le bal des prétendants pour la Mairie de Paris
https://www.lemonde.fr/elections/article/2018/12/31/en-macronie-le-bal-des-pretendants-pour-la-mairie-de-paris_5403853_5001134.html
31/12/2018
elections
Le porte parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, le 19 décembre. JULIEN MUGUET POUR "LE MONDE" « Pas de bordel ! » Jusqu’ici, la consigne passée par l’entourage d’Emmanuel Macron a été relativement respectée. Elle remonte à l’automne, quand le député La République en marche (LRM) Cédric Villani s’est officiellement mis sur les rangs pour Paris. Dernier arrivant sur la liste des prétendants plus ou moins officiels à la candidature pour la tête de liste parisienne aux municipales en 2020, le mathématicien, lauréat de la médaille Fields, n’est pas le moins déterminé. « Je ne me serais pas lancé dans l’aventure si je pensais que ce serait impossible d’être désigné », confie le député de l’Essonne. Au vu du score record obtenu à Paris par Emmanuel Macron à la présidentielle, les dirigeants de LRM peuvent supposer que « la capitale est gagnable en 2020, d’où la pléthore d’ambitions », explique un cadre du mouvement. Alors que la commission d’investiture ne tranchera pas avant les élections européennes de mai 2019, chacun, en coulisse, cherche à dessiner son projet. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avant la bataille de Paris, Anne Hidalgo cherche la paix des braves Micro-trottoir A ce stade, les noms de six possibles prétendants circulent : le porte-parole du gouvernement et député de la 5e circonscription de Paris Benjamin Griveaux ; le député de l’Essonne Cédric Villani ; le secrétaire d’Etat au numérique et élu du 19e arrondissement, Mounir Mahjoubi ; l’ex-adjoint aux finances d’Anne Hidalgo Julien Bargeton ; l’adjointe LRM au maire PS du 4e arrondissement, Anne Lebreton, et le député de Paris Hugues Renson. Tous se retrouveront, le 28 janvier, au théâtre Le Trianon, dans le 18e arrondissement, pour la restitution de la consultation des Parisiens, « Paris & moi », lancée en octobre. Les adhérents du parti présidentiel ont recueilli pendant six semaines près de 13 000 « témoignages » vocaux auprès de quelque 8 000 Parisiens. Ce micro-trottoir à l’échelle de la ville devrait alimenter le projet de LRM pour les municipales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La troisième voie progressiste de l’ex-chiraquien Renson Afin d’éviter que la soirée ne vire au bal des prétendants, ministres, parlementaires et élus parisiens du mouvement ne monteront pas sur scène. « D’abord le diagnostic, ensuite le projet et enfin les candidatures », martèle le coanimateur du comité de pilotage de LRM, Pacôme Rupin, garant du respect du calendrier. Le député de Paris reproche à Cédric Villani d’avoir lancé sa campagne « à contretemps ». « Dommage que Villani joue perso en profitant de sa notoriété », déplore M. Rupin, proche de Benjamin Griveaux. L’intéressé réplique qu’il « joue parfaitement collectif » et revendique d’être ouvertement en lice quand « d’autres cultivent l’ambiguïté ».
Nombre de Philippins n’avaient pas pris, samedi, les précautions d’usage dans l’archipel, parce que la tempête n’était pas classifiée comme un typhon.
Aux Philippines, le bilan de la tempête Usman s’alourdit à 68 morts
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/31/aux-philippines-le-bilan-de-la-tempete-usman-s-alourdit-a-68-morts_5403850_1652612.html
31/12/2018
climat
Vue de la ville de Baao, dans la province de Camarines Sur, le 30 décembre. - / AFP D’ordinaire, les tempêtes aux Philippines sont accompagnées de vents puissants les transformant en typhons. Mais la tempête Usman, qui a balayé samedi 29 décembre le pays, a généré d’intenses précipitations qui ont entraîné des inondations et fragilisé les sols, provoquant de nombreux glissements de terrain. Le bilan humain en est d’autant plus lourd : au moins 68 personnes ont été tuées, selon les derniers chiffres diffusés lundi 31 décembre par les autorités. La région montagneuse de Bicol, au sud-est de Manille, est la plus touchée : au moins 57 personnes y ont trouvé la mort. Onze autres personnes ont été tuées sur l’île de Samar. « J’ai peur que le bilan n’augmente encore parce qu’il y a encore beaucoup de zones que nous n’avons pas atteintes », a déclaré Claudio Yucot, directeur de la protection civile dans la région de Bicol. Plus de 40 000 habitants ont été déplacés en raison de la tempête. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les catastrophes climatiques ont coûté au moins 80 milliards d’euros en 2018 « Les gens ont été trop confiants » Nombre de Philippins n’avaient pas pris les précautions d’usage dans l’archipel habitué aux phénomènes climatiques extrêmes, et ce, parce que la tempête n’était justement pas classifiée comme un typhon. « Les gens ont été trop confiants parce qu’ils étaient en pleines vacances de Noël et qu’aucun avis d’alerte au typhon n’avait été émis », a déploré M. Yucot auprès de l’agence France-Presse. Environ vingt typhons ou tempêtes frappent chaque année les Philippines, tuant des centaines de personnes. Le typhon Haiyan, survenu en novembre 2013, reste le plus meurtrier de l’histoire des Philippines, laissant derrière lui plus de 7 350 morts ou disparus.
Corvée pour les uns, plaisir pour les autres... Après l’ivresse du réveillon du Nouvel An démarre le marathon des cartes de vœux.
Doit-on souhaiter la bonne année pour 2019 ?
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/31/doit-on-souhaiter-la-bonne-annee-pour-2019_5403837_4497916.html
31/12/2018
m-perso
Dans la nuit de la Saint-Sylvestre, et jusqu’à la fin janvier, des milliards de bons vœux s’échangent. Pierre Cheuva/Photononstop A l’approche du début d’une nouvelle année, il y a ceux qui sont toujours prompts à envoyer leurs bons vœux, et ceux qui se sentent obligés d’y répondre... A vos souhaits ! Pourquoi ne pas céder au plaisir annuel des vœux ? Qu’on s’attendrisse des premiers pas de la benjamine, avec son « Tresse joyeux anné tati », ou qu’on s’afflige du poétique « En 2019, tu vas t’choper une meuf », qu’on se le dise, 2019 rime surtout avec neuf, mais aussi, plus difficile à placer, teuf, keuf, bluff, œuf et bœuf. Dans la nuit de la Saint-Sylvestre, et jusqu’à la fin janvier, des milliards de bons mots s’échangent. Attendez-vous aux bonnes résolutions les plus diverses : « En 2019, on arrête le bœuf ! » comme aux prophéties les plus étranges : « En 2019, vive les manifs de keufs. » Pour les moins inventifs, le triptyque bien huilé fonctionne toujours : « santé, argent, bonheur » – « Mais surtout la santé ! ». Que l’on compose un message personnalisé ou copié-collé, original ou tout ce qu’il y a de plus attendu, la carte de vœux – alliée idéale des étrennes –, le SMS ou un « Snap », c’est assurer l’autre, souvent éloigné à regret, de ses authentiques et chaleureuses pensées. En 2019, plus de place pour le bluff. Hypocrite à souhait A quoi bon souhaiter le meilleur, alors que le pire sera forcément de la partie ? Entre hypocrisie et poudre de perlimpinpin, les vœux ne sont qu’une illusoire tradition, doublée de mièvrerie et de condescendance. Tout au plus, un appât à étrennes. Vouloir le meilleur à son interlocuteur – croisé une fois cette année, ou évité à plusieurs occasions – ou croire qu’avec quelques mots on peut changer la donne – il a perdu un être cher, est souffrant, en instance de divorce, sans le sou ou encore pingre, égoïste, acariâtre… –, ce ne sont que sornettes ! Autant épargner à notre planète l’impact écologique de l’envoi de tels plans sur la comète et s’affranchir, au passage, d’une fastidieuse corvée. Message personnel : merci de ne pas m’envoyer, pour la énième année par SMS, ces « Toc toc ! – C’est qui ? – C’est Lapinou ! – Lapinou qui ? – Lapinouyear ! »
Ringard, le calendrier ? Il a fait peau neuve, en proposant de regarder d’un autre œil des corporations entières – facteurs, agriculteurs, infirmières, pompiers… – qui ont osé tomber le haut et le bas.
Pourquoi les calendriers de nus ont-ils du succès ?
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/31/pourquoi-les-calendriers-de-nus-ont-ils-du-succes_5403829_4497916.html
31/12/2018
m-perso
Le rugbyman Arthur Bonneval pour le calendrier des « Dieux du stade » 2019. STADE.FR D’habitude, côté bête à poil, l’almanach du facteur propose, entre autres, un golden retriever gambadant, oreilles au vent, vers l’un des étangs de la Brenne (Indre), un chartreux pelotonné au coin du feu, une vache rouge des prés en pleine rumination ligérienne, un écureuil roux de Dordogne. Eh bien, cette année, ce sera le préposé lui-même. Nu. Comme la main. Douze hommes de lettres ont décidé, pour une fois, de se défaire de leur enveloppe. Les mois défilent, les modèles s’effeuillent Ils posent sans complexe, regard droit, fiers et souriants. Seuls d’infimes détails rappellent leur fonction : une sacoche par-ci, une casquette par-là, quelques cartes postales punaisées sur un mur, un parterre de plis cachetés tout aussi affranchis qu’eux. Plutôt timbrés, ne manqueront pas de renchérir certains. Ils se trompent. Les gars n’ont pas perdu la boule. Tout cela a été pensé, organisé. A la manœuvre, Philippe Delval, 52 ans, facteur à Mouvaux (Nord). « L’idée est née d’une discussion avec la société Lavigne, un des éditeurs historiques de notre almanach, assure-t-il. Les rugbymen et les pompiers l’avaient déjà fait. Pourquoi pas nous ? Mais j’ai posé une condition : que l’opération profite également à une association humanitaire. Parce que c’est ça, notre boulot : l’humain. » A chaque vente (19,95 euros, voire plus si affinités), 1 euro est donc reversé aux ­Blouses roses, reconnues d’utilité publique, qui, depuis 1944, assistent les personnes âgées et les enfants hospitalisés. Nu pour tous, tous tout nus ! On ne compte plus les calendriers où les mois défilent tandis que les modèles s’effeuillent, même en avril, au nom de la générosité ou de la lutte des classes. Le coup d’envoi aurait été donné en 2001 par Max Guazzini, président du Stade français, déshabillant ses rugbymen pour la bonne cause – celle de leur club et celle d’une association. Ses « Dieux du stade » font un tabac : les ventes s’envolent (jusqu’à 250 000 exemplaires par an), les dons aussi (jusqu’à 500 000 euros pour l’association bénéficiaire). Sébastien Faure, facteur du mois d’avril, a posé pour le calendrier des « Hommes de lettres » 2019. HOMMES DE LETTRES Se dévêtir pour défendre une cause Des vocations naissent. Citons pêle-mêle les barmen lillois, les papas de l’Association française du syndrome de Rett, les cuistots de l’Isère, la communauté Emmaüs de Lescar-Pau (Pyrénées-Atlantiques), les ailurophiles alsaciens ou les artisans d’Eure-et-Loir. A noter, la surreprésentation des pêcheurs en mer, de Granville (Manche) au Grau-du-Roi (Gard), de Port-en-Bessin-Huppain (Calvados) à Saint-Pierre-d’Oléron (Charente-Maritime). C’est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des frasques.
L’ancien patron de la Banque centrale européenne estime qu’en stabilisant les prix, la monnaie unique a contribué à soutenir le pouvoir d’achat.
Les 20 ans de l’euro : pour Jean-Claude Trichet, « la monnaie unique est un bouc émissaire facile »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/31/les-20-ans-de-l-euro-pour-jean-claude-trichet-la-monnaie-unique-est-un-bouc-emissaire-facile_5403820_3234.html
31/12/2018
economie
Jean-Claude Trichet, ancien gouverneur de la Banque de France, à Paris, en juillet. LIONEL BONAVENTURE / AFP Gouverneur de la Banque de France entre 1993 et 2003, puis président de la Banque centrale européenne (BCE) jusqu’en 2011, il est l’un des Français qui ont participé à la création de la monnaie unique. Et qui ont été aux premières loges, lorsque la crise de 2008 a frappé l’Europe. Pour Jean-Claude Trichet, l’euro a protégé les ménages contre l’inflation. Vous avez participé au lancement de la monnaie unique. Quel souvenir le plus fort gardez-vous de cette période ? Probablement, ce sommet franco-allemand d’août 1989, au début de l’effondrement du rideau de fer. Ce jour-là, j’ai compris que l’idée encore abstraite d’une monnaie unique pouvait réellement devenir concrète, car nos deux pays ont chacun esquissé un pas majeur. Pour la première fois, les Allemands ont signalé qu’ils pouvaient accepter de fusionner le deutschemark, emblème de leur réussite d’après-guerre et de la fin de l’opprobre qui accablait leur pays, avec le franc et d’autres monnaies. Les Français, eux, ont indiqué qu’ils pouvaient accepter le principe d’une banque centrale indépendante, pourtant éloigné de leur culture historique. Mon autre souvenir, très marquant, est la négociation du traité de Maastricht, en 1992, lorsque les chefs d’Etat et de gouvernement sont convenus que nous adopterions l’euro le 1er janvier 1999 et ce, quel que soit le nombre de pays prêts à ce moment-là. Quelles ont été les plus grandes difficultés techniques ? Elles ont été nombreuses ! Adopter une monnaie unique était une expérience historique jamais tentée auparavant. Beaucoup d’amis américains et anglais la jugeaient vouée à l’échec. Ils prédisaient qu’en réunissant des monnaies de crédibilités aussi différentes que le deutschemark, l’escudo [portugais] et la drachme [grecque], elle serait forcément médiocre, instable et appelée à disparaître. Beaucoup prédisaient que la fusion des marchés monétaires de tous les pays membres en une nuit serait un naufrage informatique monumental. Mais tout s’est bien passé. En 2002, un défi considérable s’est aussi posé : assurer au même moment l’approvisionnement en pièces et billets dans les douze pays de la zone euro. Cela a été l’opération logistique la plus importante en temps de paix ! Qu’est-ce que l’euro a changé dans la vie des Français ? L’euro apporte la stabilité des prix au service de tous nos concitoyens et, avant tout, des plus défavorisés : la première défense du pouvoir d’achat est la stabilité des prix. En supprimant les frais et les risques de change, il simplifie considérablement les échanges des nombreux Français qui vont à l’étranger ou qui y travaillent, ainsi que la vie des entreprises.
La monnaie unique est née il y a vingt ans, le 1er janvier 1999. Depuis, la Banque centrale européenne n’a cessé d’élargir ses fonctions.
Les 20 ans de l’euro : au cœur de la BCE, la tour de contrôle de la devise européenne
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/31/les-20-ans-de-l-euro-au-c-ur-de-la-bce-la-tour-de-controle-de-la-devise-europeenne_5403817_3234.html
31/12/2018
economie
Au centre, à gauche, Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, lors d’une réunion de l’Eurogroupe, à Bruxelles, le 3 décembre. Olivier Matthys / AP C’est l’étage à 2 500 milliards d’euros. Ici, dans la salle de marché, des courbes et des chiffres clignotent sur les écrans d’ordinateur. A droite, un jeune homme sirote un café. Plus loin, un autre consulte les dépêches financières. Impossible de distinguer quoi que ce soit derrière les fenêtres : ce matin de décembre, à quelques jours de Noël, une brume épaisse et froide recouvre la ville de Francfort. L’ambiance est calme et, pour ainsi dire, étrangement… normale. On imaginait pourtant l’endroit hors du commun. C’est en effet ici que les tradeurs de la Banque centrale européenne (BCE) ont géré le plus ambitieux programme jamais mené par l’institution, objet de toutes les attentions, craintes et fantasmes des investisseurs et des gouvernements, ces derniers mois : l’assouplissement quantitatif (le quantitative easing, en anglais, ou QE). Pendant trois ans, avec leurs confrères des banques centrales nationales, ils ont racheté jusqu’à 80 milliards d’euros par mois de dettes publiques et privées – soit plus de 2 500 milliards d’euros au total –, dans l’espoir de réanimer une croissance européenne anémique. Le QE s’est achevé fin décembre. Mais les vingt-cinq personnes de la maison spécifiquement détachées au programme ont encore du travail : « Nous continuerons de réinvestir les titres du stock arrivant à échéance pendant une période prolongée », explique Christophe Beuve, responsable de l’équipe. Une opération que les marchés et les Etats surveilleront de près en 2019. Car la moindre erreur de pilotage est susceptible de faire déraper le coût des emprunts. Voire de fragiliser la reprise. Le 1er janvier 2019, l’euro fêtera son vingtième anniversaire. En deux décennies, la BCE, créée pour le gouverner, a pris une importance considérable dans la vie des Européens. Et pas seulement parce qu’elle fixe le loyer de l’argent. Au départ calquée sur la rigoureuse banque centrale allemande, alors uniquement chargée de surveiller l’inflation, elle s’est retrouvée en première ligne lors de la crise de 2008. Face à la paralysie des gouvernements, elle est montée au front pour stopper la spéculation sur les dettes publiques et relancer l’activité. « Elle n’a pas hésité à multiplier ses outils pour sauver l’euro », résume Florence Pisani, économiste à la société de gestion d’actifs Candriam. La tour de verre et d’acier que ses 2 000 salariés occupent, depuis décembre 2014, dans le quartier d’Ostend, dans l’est de Francfort, est à l’image de l’ampleur prise par l’institution depuis sa naissance. Chacun de ses 45 étages ultramodernes, reliés par des ascenseurs dont la vitesse soulève l’estomac, offre une plongée dans l’un des nombreux métiers permettant à la monnaie unique de fonctionner, des plus pointus aux plus concrets.
Avec « Les Dieux du stade », qui déshabille les joueurs de rugby depuis 2001, l’ancien président du Stade français Paris rugby Max Guazzini a lancé la mode du calendrier dans le plus simple appareil.
« Les “Dieux du stade”, j’étais certain que ça marcherait, mais pas à ce point-là »
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/31/les-dieux-du-stade-j-etais-certain-que-ca-marcherait-mais-pas-a-ce-point-la_5403814_4497916.html
31/12/2018
m-perso
Le rugbyman Clément Daguin dans les « Dieux du stade » 2019. Stade.fr A 71 ans, Max Guazzini, ancien président du directoire du groupe de radio NRJ et du Stade français Paris rugby, aujourd’hui producteur, est à l’origine, en France, de la vogue des calendriers nus, lancée en 2001 pour donner une autre image de son sport. Comment vous est venue l’idée d’un calendrier nu ? Nous venions d’être sacrés champions de France en 2000 et, depuis des années, nous bousculions les habitudes du rugby français. Je cherchais quelque chose de nouveau pour 2001. J’ai pensé au calendrier Pirelli, qui révèle les charmes de jolies filles, mises en scène par des photographes prestigieux, et participe à la notoriété de la marque. Alors, un jour, lors d’un déjeuner avec les joueurs, j’ai lancé : « Et si on faisait un calendrier à poil ? » Pourquoi la nudité ? Pour surprendre. Pas pour choquer. Et pour donner une image sexy de notre sport, qui était alors souvent présenté comme réservé aux balourds. Quelle a été la réaction des joueurs ? Ils ont dit oui tout de suite. Les sportifs n’ont pas honte de leur corps. C’est leur outil de travail. Ils l’entretiennent. Ils en sont fiers. On a choisi un photographe, une esthétique romaine, dans l’esprit gladiateur, un titre en forme de clin d’œil : « Les Dieux du stade ». En revanche, pour trouver un distributeur… Personne n’en voulait. Universal nous a aidés. Tirage initial : 5 000 exemplaires. A l’arrivée, on en a vendu plusieurs dizaines de milliers. Lire aussi Le calendrier Pirelli a 50 ans Ce succès vous a-t-il surpris ? J’étais certain que ça marcherait. Mais à ce point-là… En 2005, on a atteint les 200 000 exemplaires. La plupart des millésimes sont aujourd’hui épuisés. On les trouve désormais sur les sites de ventes aux enchères, et les Américains en ont fait deux livres. C’est un phénomène qui est devenu une tendance. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi les calendriers de nus ont-ils du succès ? Et financièrement, c’est une bonne affaire ? Aujourd’hui, je ne sais pas, car j’ai quitté la présidence du club en 2011. Mais à l’époque, le calendrier était le premier sponsor du club. Nous touchions 50 % du prix de vente fixé à 27 euros, soit jusqu’à 2,5 millions d’euros par an ! Sans oublier que nous avions décidé de reverser une partie des gains à une association humanitaire, qui pouvait toucher 500 000 euros. Au nom de cet engagement, auriez-vous accepté de poser nu vous-même ? Ça m’est arrivé. En 2004, alors que la séance photo traînait en longueur, les joueurs, qui posaient autour du Bouclier de Brennus, le trophée remis au champion de France, m’ont dit : « Si tu ne viens pas avec nous, on part ! » J’y suis allé. Nu, comme les autres. Mais j’ai récupéré les négatifs et les tirages. Personne ne les verra !
Le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro, dont l’investiture a lieu le 1er janvier, s’inscrit désormais résolument dans une communauté de valeurs avec Donald Trump, juge le politologue Gaspard Estrada dans une tribune au « Monde ».
« Une réorientation stratégique de la place du Brésil dans le monde »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/31/une-reorientation-strategique-de-la-place-du-bresil-dans-le-monde_5403806_3232.html
31/12/2018
idees
Le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro et son ministre des affaires étrangères Ernesto Araujo, en novembre 2018. SERGIO LIMA / AFP Tribune. Le président Jair Bolsonaro ouvrira-t-il l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2019 ? Si l’usage onusien veut que le chef d’Etat brésilien réalise le discours inaugural de cette grand-messe diplomatique, la question mérite d’être posée dès aujourd’hui. Conforté par sa nette victoire face au Parti des travailleurs (PT, gauche) qu’il abhorre, l’ancien capitaine de l’armée entend faire de l’international un marqueur de sa politique d’extrême droite pour les années à venir. A lire ses Tweets, la défense du multilatéralisme, des minorités et des réfugiés, la lutte contre le réchauffement climatique et pour l’égalité femmes-hommes, l’approfondissement de l’intégration régionale en Amérique du Sud et du dialogue politique sud-sud, étant le fruit, selon lui, d’une idéologie « marxiste et globaliste », seraient à bannir afin de « libérer le Brésil ». Récemment, Ernesto Araujo, nouveau ministre des affaires étrangères brésilien, a défini les contours de cette stratégie : elle passerait avant tout par « l’élimination de l’idéologie PTiste » au sein de ce ministère. Une lettre anonyme de diplomates Ce discours d’un autre temps, mêlant théories du complot et idées reçues de la guerre froide, que l’on pensait réservé à un cercle d’illuminés, va pourtant être au cœur de la politique étrangère du Brésil, suscitant l’indignation et la colère d’une bonne partie de « l’Itamaraty », le Quai d’Orsay brésilien, considéré comme l’un des meilleurs corps diplomatiques du monde. Fait rarissime, une lettre anonyme, rédigée par des diplomates de tous bords politiques, a été publiée fin décembre 2018 par la presse nationale, soulignant le caractère « absurde » voire « inquiétant » des initiatives du nouveau gouvernement, qui aurait déjà constitué une liste noire de diplomates à « purger ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « “Le Mythe” Bolsonaro peut se fracasser sur des réalités comme l’ampleur des déficits publics » Paradoxalement, l’ampleur de ces bouleversements interpelle autant l’Elysée que la Maison Blanche. Pour Emmanuel Macron, ce basculement dans le camp des pays alignés à Donald Trump est une mauvaise nouvelle. Malgré la perte d’influence du Brésil dans les grands dossiers mondiaux, dû en bonne mesure au désintérêt de Dilma Rousseff pour les questions internationales, aux conditions plus que contestables de l’arrivée de Michel Temer au pouvoir, ainsi qu’à la multiplication des scandales de corruption, ce pays restait à l’avant-garde de la défense du multilatéralisme, conformément à sa tradition diplomatique.
La maire de Paris tente de se réconcilier avec de nombreux responsables et réactive ses réseaux pour préparer le scrutin de 2020.
Avant la bataille de Paris, Anne Hidalgo cherche la paix des braves
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/31/avant-la-bataille-de-paris-anne-hidalgo-cherche-la-paix-des-braves_5403803_823448.html
31/12/2018
politique
Anne Hidalgo, maire de Paris, dans son bureau de l'Hôtel de Ville, le 28 décembre. BERNARD BISSON / DIVERGENCE Les orages au-dessus de la tête d’Anne Hidalgo ont commencé à s’éloigner. Dans les rues, les Vélib’ ont fait leur timide retour. Les trottinettes et les voitures électriques en libre-service remplacent cahin-caha les Autolib’ disparus. Dans la grande salle à manger de l’Hôtel de ville avec vue sur Notre-Dame, quelques fleurs ornent la nappe blanche. Ce mardi 16 octobre, Anne Hidalgo s’apprête à recevoir François Hollande à sa table. « Déjeuner privé », indique son agenda. L’entrevue est restée secrète. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Macronie, le bal des prétendants pour la Mairie de Paris « C’était un déjeuner amical, se souvient l’ex-chef de l’Etat. Il s’agissait de parler de Paris », confie-t-il au Monde. « Si nous avons eu des incompréhensions mutuelles, elles sont derrière nous », balaie-t-il, éludant le souvenir des violentes diatribes de la maire de Paris contre lui sous son quinquennat. « Pour moi, la vision d’Anne Hidalgo correspond à ce qu’il faut faire pour la suite à Paris », insiste François Hollande. Au dessert, la concorde semble régner entre les deux convives. « Hidalgo et Hollande ont vécu chacun un bashing violent. L’adversité les a rapprochés. Entre eux, ce n’est pas la paix, mais la solidarité des braves », décrypte un proche de la maire de la capitale.. Avant de se lancer dans la bataille pour un nouveau mandat en 2020, Anne Hidalgo a entrepris d’effacer les brouilles, de se rabibocher et de renouer avec celles et ceux qu’elle avait perdus de vue ou effacés de ses tablettes. En tentant ces réconciliations, la maire de Paris veut prouver qu’elle n’est pas isolée au moment où il lui faut resserrer, derrière elle, les rangs de sa majorité, en vue des municipales. Le mouvement des « gilets jaunes » l’a confortée dans cette stratégie. A peine Emmanuel Macron a-t-il annoncé, le 10 décembre, un « grand débat national » en janvier qu’Anne Hidalgo a proposé de l’organiser à Paris sous forme d’une « conférence du consensus ». L’expression a été « choisie à dessein », précise son cabinet. « Elle traduit l’esprit œcuménique dans lequel elle a piloté la crise des “gilets jaunes” et qui l’a conduite à ne surtout pas rechercher des clivages politiciens », explique son entourage. « Trouver de nouveaux talents » Fin janvier, Anne Hidalgo devrait entrer en précampagne, avec le lancement officiel de « Paris en commun », du nom de l’association qui doit fédérer ses soutiens au-delà des clivages partisans. « “Paris en commun” réunira des experts en vue d’élaborer un projet pour Paris pour 2020-2026 », explique Jean-Louis Missika, adjoint chargé de l’urbanisme. L’association servira aussi à « trouver les nouveaux talents dont elle aura besoin », ajoute l’élu.
Bucarest assure, au 1er janvier, sa première présidence de l’UE, dans un climat de défiance inédit avec Bruxelles.
La Roumanie sur la voie de la Hongrie et de la Pologne
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31/12/2018
international
Le chef du Parti social-démocrate Liviu Dragnea (à gauche) aux côtés de la première ministre Viorica Dancila, à Bucarest, le 16 décembre. DANIEL MIHAILESCU / AFP L’événement promettait d’être un symbole de l’intégration réussie de la Roumanie à l’Union européenne (UE). Il va au contraire attirer l’attention sur les dérives du parti actuellement au pouvoir à Bucarest. A partir du 1er janvier, la Roumanie va assurer sa première présidence tournante semestrielle de l’UE depuis son adhésion en 2007, dans un climat de défiance inédit avec Bruxelles. En cause : les assauts répétés du Parti social-démocrate (PSD), et particulièrement de son leader, Liviu Dragnea, contre le système judiciaire local. Héritier de l’ancien parti communiste, le PSD domine la vie politique roumaine de façon quasi continue depuis la chute de Ceausescu en 1989. Officiellement de gauche, la Roumanie a vécu un récent virage national-conservateur qui fait désormais craindre que cet Etat, longtemps parmi les plus proeuropéens du continent, rejoigne le camp de ses voisins souverainistes hongrois ou polonais. Même si une présidence tournante est dénuée de véritable pouvoir, le symbole est fâcheux à l’heure où les atteintes à l’Etat de droit se multiplient à l’Est. Dans les six prochains mois, Bucarest devra en effet décider si elle inscrit à l’ordre du jour du Conseil la très sensible procédure de sanction européenne contre Varsovie et Budapest pour leurs atteintes à l’indépendance de la justice. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Roumanie, les procureurs s’inquiètent de la « pression autocratique » Or, Liviu Dragnea, homme fort du pouvoir roumain âgé de 56 ans, déjà condamné pour fraude électorale et accusé de corruption dans deux autres dossiers, s’est lui-même lancé dans une course contre la montre avec la justice pour échapper à la prison. « C’est son seul but en ce moment, et pour y arriver, il est prêt à jeter la Roumanie dans le chaos. Y compris en cultivant un discours antieuropéen et nationaliste parce qu’il ne veut pas appliquer les conseils de l’UE », s’alarme l’écrivain Dan Lungu, qui a été élu sénateur sur les listes du jeune parti anticorruption Union Sauvez la Roumanie (USR). Privé du poste de premier ministre en raison de son casier judiciaire, M. Dragnea fait adopter depuis deux ans des réformes du système pénal par un gouvernement placé sous son contrôle. Si le système judiciaire roumain présente de véritables carences, ces réformes, adoptées sans concertation et parfois par simples ordonnances, ont toutes pour but d’affaiblir la lutte anticorruption, pourtant un des principaux acquis de l’adhésion à l’UE. « Pays de seconde classe » En deux ans, le gouvernement a ainsi démis la chef du parquet anticorruption, affaibli les incriminations anticorruption dans le code pénal et instauré un corps d’inspection des magistrats sous le contrôle du ministère de la justice. Dans un rapport au vitriol, publié le 13 novembre, la Commission européenne a exhorté Bucarest à revenir sur ces réformes.
Dans un entretien au « Monde », le professeur de psychologie rappelle qu’il faut prendre conscience que la vie sur Terre s’améliore et défendre les institutions qui ont permis ces avancées, au lieu de vouloir les renverser. Il refuse de plier face au pessimisme ambiant qui, selon lui, mène au radicalisme.
Steven Pinker : « Notre pessimisme nous conduit à croire que tout effort pour améliorer le monde est une perte de temps »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/31/steven-pinker-notre-pessimisme-nous-conduit-a-croire-que-tout-effort-pour-ameliorer-le-monde-est-une-perte-de-temps_5403791_3232.html
31/12/2018
idees
Entretien. Steven Pinker est professeur de psychologie à Harvard. Ses travaux de psychologie cognitive portent sur le langage, un instinct né de la sélection naturelle. En défenseur de la notion de progrès, il a écrit La Part d’ange en nous (Les Arènes, 2017), où il démontre que la violence décline et comment les mœurs évoluent aussi vers un apaisement. Son plus récent ouvrage poursuit sur cette lancée. Dans Le Triomphe des Lumières (Les Arènes, 2018), il présente la raison, la science et l’humanisme comme les meilleurs moyens de surmonter les défis du XXIe siècle. Vous tentez par votre travail de restaurer une forme d’équilibre dans notre façon de voir le monde. Chiffres à l’appui, vous expliquez qu’il se porte mieux qu’on ne le pense. Malgré tout, vous croyez que le pessimisme fait consensus… La France en donne un exemple remarquable, car, selon un récent sondage YouGov, seulement 3 % des Français estiment que la situation du monde s’améliore. Nous savons pourtant, et ce de manière objective, que cette infime minorité a raison. Le monde va de mieux en mieux, à plusieurs points de vue. Les principaux indicateurs dont nous disposons vont dans ce sens. A l’échelle de la planète, l’espérance de vie moyenne est passée en un peu plus d’un siècle de 30 ans à 71 ans. Dans les pays développés, elle dépasse les 80 ans. Les pires maladies infectieuses, telles la malaria, la pneumonie, la diarrhée, le sida, tuent de moins en moins de gens et sont en déclin. Le monde devient en outre plus prospère, le taux d’extrême pauvreté a chuté de 75 % au cours des trente dernières années et il n’y a maintenant plus que 10 % de la population mondiale qui est concernée. Savoir lire et écrire était auparavant un privilège accessible aux plus fortunés, maintenant 90 % des moins de 20 ans sont alphabétisés. Les guerres sont également moins fréquentes et moins létales. Les famines sont plus rares. Tout cela ne signifie pas que le monde est parfait, qu’il n’y a plus rien à améliorer. Néanmoins, presque partout sur la planète, et particulièrement en France, on continue de croire que l’état du monde se dégrade, alors même que le progrès existe de façon tangible. D’où vient alors cette idée que tout va mal ? La presse est en partie responsable. Les journalistes ont tendance à s’intéresser davantage aux calamités qu’à ce qui réussit. Cela s’explique notamment par le fait que les désastres se produisent rapidement – pensons à l’effondrement d’un immeuble, à un tsunami, à une attaque terroriste –, alors que le progrès se déploie de façon graduelle. Comme le dit l’économiste britannique Max Roser, les journaux auraient pu titrer en « une » « 137 000 personnes ont échappé hier à l’extrême pauvreté » chaque jour des trente dernières années, mais ils ne l’ont jamais fait, car le recul de la pauvreté est un phénomène au long cours, et non soudain.
Le gouvernement du président d’extrême droite, qui a été investi ce mardi, risque d’opposer différentes lignes, étatiste contre ultralibérale, proaméricaine contre proasiatique, évangélique et isolationniste.
Au Brésil, Jair Bolsonaro prend le pouvoir
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31/12/2018
international
Le président Jair Bolsonaro lors de son investiture à Brasilia au Brésil le 1 janvier. SERGIO MORAES / REUTERS A Brasilia règne déjà l’émoi, prélude aux grands événements. Près d’un million de spectateurs étaient attendus, mardi 1er janvier 2019, dans la capitale brésilienne pour assister à ce que Jair Bolsonaro, 63 ans, qualifie de « célébration de la démocratie ». Plutôt que la démocratie, l’intronisation officielle du président élu en octobre 2018 marque la victoire de l’extrême droite, des militaires, du climatoscepticisme et du libéralisme économique au Brésil. Un tournant radical quinze ans après l’arrivée au pouvoir de la gauche de Luiz Inacio Lula da Silva, l’ancien syndicaliste, gamin pauvre du Nordeste, parti de rien, arrivé au sommet avant de finir en prison condamné pour corruption. « Il ne fait aucun doute qu’avec notre gouvernement, le Brésil changera de direction », a confirmé le président, le 19 décembre, sur Twitter. Lire aussi : Qui sont les hommes forts du gouvernement Bolsonaro ? Durant la cérémonie, comptant quelque 2 000 invités et dont ont été exclus les chefs d’Etat vénézuélien et cubain, représentants d’un communisme honni par le capitaine de réserve de l’armée, Jair Bolsonaro devait recevoir son prédécesseur, Michel Temer, l’écharpe présidentielle, signant son entrée officielle en fonctions pour un mandat de quatre ans. Jair Bolsonaro juste avant son investiture, le 1er janvier 2019. NELSON ALMEIDA / AFP Dans un pays en crise, gangrené par la corruption et la violence, le nouveau dirigeant est attendu comme un messie. Auréolé d’une popularité exceptionnelle – 75 % des Brésiliens considèrent que lui et son équipe sont sur la bonne voie –, Jair Bolsonaro devra confirmer qu’il est à la hauteur des espoirs qu’il suscite et possède la carrure d’un homme d’Etat. Un défi. Pendant près de trente ans, l’homme fut un parlementaire de second rang, davantage connu pour ses provocations et sa vulgarité que pour son sens des responsabilités. Ensemble baroque de ministres Pour l’heure, le nouveau chef d’Etat a plutôt donné le sentiment d’une grande improvisation. Ses interventions ponctuées de propositions aussi péremptoires qu’inconstitutionnelles ont été suivies d’autant de démentis et de renoncements. Son équipe, formée de vingt-deux ministres aux idées souvent contradictoires, compose un ensemble baroque « sans ligne directrice ni cohérence globale », observe le politologue Carlos Melo, professeur à l’institut Insper d’études supérieures d’économie, de commerce et d’ingénierie de Sao Paulo. Reste que l’ancien parachutiste n’a pas oublié d’où il venait. Son gouvernement, véritable éloge à l’uniforme, compte plus de militaires que l’équipe du général Castelo Branco, arrivé au pouvoir au lendemain du coup d’Etat de 1964. Copiant les pratiques de la dictature (qui a duré jusqu’en 1985), dont il reste un grand admirateur, Jair Bolsonaro a délégué à un homme fort, Paulo Guedes, l’intégralité des sujets économiques. Reconnaissant son inculture en la matière, le président lui a octroyé un portefeuille aux dimensions titanesques : l’économie, les finances, la planification, l’industrie et le commerce extérieur. A tel point que M. Guedes est aujourd’hui considéré comme un président bis.
Le chef de l’Etat, qui présentera ses vœux aux Français le 31 décembre, espère pouvoir continuer à réformer, alors que sa cote de popularité a plongé.
Macron face à l’équation délicate de 2019
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/31/macron-face-a-l-equation-delicate-de-2019_5403783_823448.html
31/12/2018
politique
Emmanuel Macron, à N’Djamena, au Tchad, le 22 décembre. LUDOVIC MARIN / AFP Ce ne sont pas des vœux comme les autres. Au plus bas dans les sondages, profondément déstabilisé par la crise des « gilets jaunes », à cinq mois d’élections européennes à hauts risques, et dans un contexte économique inquiétant, Emmanuel Macron doit trouver, lundi 31 décembre, les mots qui lui permettront de se relancer. D’apaiser les Français tout en remettant en perspective la politique qu’il entend mener. « Les premières semaines de 2019 seront déterminantes », confie un ministre qui prépare une note à l’attention du président sur la manière dont il conviendrait, à ses yeux, d’aborder la rentrée. Comme lui, ils sont nombreux parmi les proches d’Emmanuel Macron – membres du gouvernement, conseillers, élus… – à envoyer ces jours-ci leur contribution au président, qui prépare le traditionnel exercice des vœux présidentiels, qui seront enregistrés à l’Elysée et diffusés lundi 31 décembre à 20 heures. Depuis cet été, le chef de l’Etat a accumulé les revers et donné le sentiment de subir l’actualité – l’affaire Benalla, la démission de Nicolas Hulot, celle de Gérard Collomb, les « gilets jaunes ». Celui qui se voulait le « maître des horloges » a perdu la main. « Emmanuel Macron doit trouver une sortie politique, pour continuer à réformer », juge le président du groupe LRM au Sénat, François Patriat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La crise sociale oblige Emmanuel Macron à se réinventer ISF et 80 km/h Le débat national, qui doit se tenir partout en France jusqu’au 1er mars, est une première étape dans ce travail de reconquête. La consultation, articulée autour de quatre thèmes – le pacte écologique, les services publics, la fiscalité et les institutions –, doit donner la parole aux Français, qui se sont sentis méprisés par l’exercice très vertical du pouvoir d’Emmanuel Macron et sont parfois descendus sur les ronds-points. « Au départ, ce débat a été conçu comme une ouverture pour sortir de la crise des “gilets jaunes”. Désormais, c’est un pilote pour expérimenter une manière de gouverner plus proche des territoires et des citoyens. Car nous devons changer notre logiciel de gouvernement », explique le président du groupe LRM à l’Assemblée nationale, Gilles Le Gendre, qui a constitué un comité de pilotage de vingt députés pour s’impliquer dans cet exercice de démocratie participative à grande échelle. Les modalités du débat devraient être arrêtées début janvier. L’affaire n’est pas simple : il faut à la fois trouver une manière d’associer tous ceux qui souhaitent l’être, sans que l’Etat apparaisse à la manœuvre, et sans que cela relève pour autant de l’improvisation totale. « Ce grand débat, ça va être le concours Lépine de tous les trucs les plus délirants, tout va y passer », redoute un ministre.
Le nouveau président brésilien, dont l’investiture a lieu le 1er janvier, risque de se heurter aux résistances d’un Parlement très fragmenté, estime dans une tribune au « Monde » l’historienne Armelle Enders, spécialiste du Brésil.
« “Le Mythe” Bolsonaro peut se fracasser sur des réalités comme l’ampleur des déficits publics »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/31/le-mythe-bolsonaro-peut-se-fracasser-sur-des-realites-comme-l-ampleur-des-deficits-publics_5403780_3232.html
31/12/2018
idees
Tribune. Ce 1er janvier se déroule à Brasilia, capitale fédérale du Brésil, l’investiture de Jair Bolsonaro, qui a remporté l’élection présidentielle du 28 octobre 2018 avec 55,13 % des suffrages exprimés. De 1985 (le départ des militaires du pouvoir) à 2011 (la première intronisation de Dilma Rousseff), les cérémonies inaugurant un nouveau mandat de quatre ans avaient lieu dans une atmosphère sereine, voire festive, et étaient tenues pour les indices de la bonne santé de la démocratie brésilienne. Même si l’on se situait dans l’opposition, la confiance dans les institutions et le respect des règles démocratiques limitaient les inquiétudes. Le climat actuel est tout autre. Pour les supporteurs de M. Bolsonaro, « le Mythe », ainsi qu’ils le surnomment, va rétablir l’ordre public dans les rues et l’ordre moral dans les foyers, en finir avec la « gabegie » et la « corruption » du Parti des travailleurs (PT), mener une guerre impitoyable aux « bandits » et à leurs complices, les défenseurs des droits humains, protéger les « citoyens du bien » contre les forces du mal et la mondialisation… Au contraire, du côté de ceux qui n’ont pas voté pour « Bozo », « Chose », « l’Innommable », « le Diable », on attend l’apocalypse dans l’angoisse. Evangéliques et « évangélistes » Ces sobriquets disent assez bien ce que l’on reproche à celui qui a été, pendant vingt-sept ans, un simple député. Au cours de ses nombreux mandats, M. Bolsonaro a été ce qu’on appelle au Brésil un membre du « bas clergé », un parlementaire sans œuvre législative, bénéficiant de tous les privilèges et petits arrangements inhérents à sa fonction. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brésil : Jair Bolsonaro, pas encore en fonction, déjà rattrapé par les affaires Le capitaine de réserve se distinguait seulement des anonymes de la représentation nationale, bien avant l’émergence de Donald Trump, par ses outrances verbales, ses apologies répétées des pires tortionnaires de la dictature militaire, ses déclarations homophobes, sexistes et racistes, ses appels à l’élimination de la gauche et des « gauchos ». Comme beaucoup de politiciens du « bas clergé », la politique est, chez les Bolsonaro, une lucrative entreprise familiale que font également tourner ses trois fils, qui partagent les idées du père. La première dame, Michelle de Paula Firmo Reinaldo Bolsonaro, est une évangélique très pratiquante, qui a demandé que la résidence présidentielle soit débarrassée des œuvres impies représentant des saints catholiques et des divinités afro-brésiliennes.
L’euro a survécu à la crise et les citoyens des pays membres lui sont très attachés. Mais les faiblesses de son architecture n’ont pas permis une convergence profonde des économies.
Les 20 ans de l’euro : la monnaie unique reste fragile
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/31/les-20-ans-de-l-euro-la-monnaie-unique-reste-fragile_5403779_3234.html
31/12/2018
economie
En octobre 2016, à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. MICHAEL PROBST / AP C’est peut-être la chose la plus folle que les Européens ont construite ensemble. La plus utopique, aussi : renoncer à leurs monnaies respectives, symboles de leur identité nationale, pour faire devise commune. Façon de renforcer leurs liens économiques. De pousser un peu plus loin encore le rêve européen, bâti sur les cendres de la seconde guerre mondiale. Le 1er janvier 1999, après des années de préparation, onze pays (ils sont aujourd’hui dix-neuf) ont adopté l’euro pour les transactions financières. En 2002, les ménages ont sauté le pas à leur tour, avec les pièces et billets. Deux décennies plus tard, comment va la monnaie unique ? Le bilan est délicat. Impossible, même, tant le sujet divise les économistes. « C’est une grande réussite », assure Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), qui a été l’un de ses artisans. « Adopter l’euro au sein d’économies aussi différentes a été une erreur », tranche Romain Rancière, économiste à l’université de Californie du Sud. « Disons que c’est un succès en demi-teinte, il n’a pas tenu toutes ses promesses », nuance Francesco Saraceno, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les 20 ans de l’euro : au cœur de la BCE, la tour de contrôle de la devise européenne Pas étonnant que les diagnostics divergent autant. Bien souvent, les apports de l’euro sont minimisés. Plus souvent encore, la monnaie unique fait office de bouc émissaire. Notamment en France et en Italie, où on la rend responsable de difficultés relevant, en vérité, des errements des gouvernements successifs ou des faiblesses anciennes du tissu industriel. De plus, la crise de 2008 a brouillé les cartes. Alors, par où commencer ? « Adopter l’euro au sein d’économies aussi différentes a été une erreur » Par le positif. Les derniers sondages de la Commission montrent que la majorité des 340 millions de citoyens des dix-neuf Etats membres sont très attachés à l’euro – et n’ont aucune envie d’en sortir. Celui-ci a contribué à la prospérité de la zone en mettant fin à la guerre des monnaies entre les pays et en éteignant l’inflation liée à l’abus des dévaluations compétitives, ravageuses pour le pouvoir d’achat. En outre, la disparition des frais de change a favorisé les échanges. « Surtout : l’euro a survécu à la crise de 2008, la plus grave depuis les années 1930 », observe Philippe Martin, président délégué du Conseil d’analyse économique (CAE) et professeur à Sciences Po. En vingt ans, il est devenu la deuxième devise sur la scène internationale, solidement installée derrière le dollar.
L’enjeu du scrutin de dimanche n’était autre que la première alternance pacifique de l’histoire du pays depuis son indépendance, en 1960
Après des élections chaotiques, la RDC dans l’attente du résultat
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/31/et-soudain-le-congo-a-vote_5403776_3212.html
31/12/2018
afrique
Tout s’est passé si vite. Dimanche 30 décembre, plus de 39 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner le successeur de Joseph Kabila, au pouvoir depuis dix-huit ans malgré la fin de son dernier mandat en décembre 2016. Cette journée tant espérée, priée, rêvée depuis deux ans et une semaine a finalement eu lieu. Pour que ce jour de vote arrive, des Congolais ont dû se battre, mourir sous les balles des forces de sécurité, survivre à la torture, à la misère et à l’exil. Ce dernier dimanche de l’année aurait pu être celui du grand soulagement. Avant l’inévitable contestation des premiers résultats qui, selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI), devraient être annoncés mardi soir. Entre-temps, il y a les tendances redoutées, lâchées par les partis politiques, et les dangereuses victoires autoproclamées par les trois grands candidats. L’ancien ministre de l’intérieur Emmanuel Ramazani Shadary n’a pas attendu. « C’est moi le président à partir de ce soir », s’est empressé de déclarer le candidat du pouvoir à la sortie du bureau de vote, tôt le matin. Kinshasa, la capitale, s’est réveillée sous une pluie diluvienne, perturbant l’ouverture, prévue à 6 heures, de nombreux bureaux de vote. Même dans le quartier huppé de la Gombe, où ont voté M. Shadary, Joseph Kabila, et le chef de file de l’opposition révélé durant cette campagne, Martin Fayulu, l’électricité fait défaut. Les bureaux de vote du collège Saint-Joseph se mettent en place à la lampe torche. Le personnel tarde à arriver, et les machines à voter électroniques, controversées car jamais éprouvées dans des conditions réelles, se révèlent capricieuses. Le candidat Emmanuel Ramazani Shadary vote dans un bureau de vote du quartier de La Gombe, à Kinshasa, le 30 décembre. LUIS TATO / AFP A quelques kilomètres de là, dans la commune de Limete, l’un des bastions de l’opposition, des grappes d’électeurs humiliés, sous la pluie, peinent à contenir leur colère. Dans le petit immeuble décati de l’école Enodi, il n’y a toujours pas de listes d’électeurs et le matériel est défaillant. « C’est la désorganisation totale et un manque de transparence regrettable, mais on garde l’espoir et, surtout, on ne veut pas donner nos voix, car, ici, pas une personne ne vote Shadary », dit Rémy Masamba. Ce deuxième vice-président de l’Assemblée nationale est aussi un cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social, le principal parti d’opposition cofondé par le mythique Etienne Tshisekedi (1932-2017), dont le fils, Félix, est candidat à la présidentielle. Assis sous un appentis, M. Masamba appelle les jeunes au calme.
Depuis Serge Le Mytho sur Canal+, il s’est imposé dans le rôle du meilleur pote. Aujourd’hui, l’acteur a droit à son « vrai » premier rôle dans « Premières vacances », qui sort mercredi.
Jonathan Cohen joue son drôle
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/31/jonathan-cohen-joue-son-drole_5403773_4500055.html
31/12/2018
m-le-mag
Jonathan Cohen à Paris, le 13 décembre. VINCENT DESAILLY POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Il a failli passer à côté de sa vocation. Après avoir raté son bac, à 18 ans, Jonathan Cohen abandonne un BTS action commerciale et fait ses armes dans une série de petits boulots. Le jeune gars de Pantin s’est retrouvé par hasard vendeur de fenêtres. Et il a « cartonné », rigole-t-il aujourd’hui. « Il y avait une forme de mise en scène, j’étais dans le rôle du vendeur, les clients étaient mon public… Je gagnais super bien ma vie. C’était rassurant d’être bon à quelque chose. » Mais un jour, en accompagnant son meilleur ami à un cours de théâtre, c’est le déclic : « J’étais là, avec mon costard et ma mallette, et j’ai été pris d’une envie folle de monter sur scène. » Ni une ni deux, il démissionne et s’inscrit aux cours, restant néanmoins un peu frileux à l’idée de s’assumer aspirant comédien. Pourtant, le cinéma fait partie de sa vie depuis l’enfance, grâce à la collection de VHS de son grand-père, rabbin cinéphile passionné de boxe et de kung-fu, avec qui il a découvert les films de Visconti ainsi que d’autres avec Belmondo, Jackie Chan ou Bruce Lee. « Ça a été lent, mais j’ai toujours vécu de mon métier. J’ai eu beaucoup de seconds rôles, joué des tonnes de meilleurs potes. Aujourd’hui, je suis prêt pour ce qui m’arrive. » Aujourd’hui, à 38 ans, définitivement débarrassé de son costume, de sa mallette et de sa timidité, Jonathan Cohen est l’une des valeurs montantes de la comédie française. Sans plan de carrière clair, il a fini par imposer son regard mélancolique, son sourire vaguement triste et son humour potache et sophistiqué. Les petits rôles (dans Nous trois ou rien, de Kheiron, ou Papa ou Maman 2, de Martin Bourboulon) se sont l’an dernier transformés en personnages plus importants dans des films choraux (Coexister, de Fabrice Éboué, ou Budapest, de Xavier Gens), jusqu’à un « vrai » premier rôle, dans la comédie romantique Premières vacances, dont il partage l’affiche avec Camille Chamoux (en salle le 2 janvier). Il y joue Ben, un Parisien attendrissant et un peu coincé, qui part en vacances en Bulgarie sur un coup de tête, avec une fille irresponsable et libre d’esprit rencontrée sur Tinder. Son parcours un peu chaotique, pavé de choix étranges, Jonathan Cohen le revendique. « Ma carrière s’est déroulée en parallèle de mon évolution personnelle, explique-t-il. Ça a été lent, mais j’ai toujours vécu de mon métier. J’ai eu beaucoup de seconds rôles, joué des tonnes de meilleurs potes… Mais je me suis aiguisé. Aujourd’hui, je suis prêt pour ce qui m’arrive. »
Victime de la verticalité qu’il a érigée en système, le chef de l’Etat ne se relèvera pas indemne de l’épisode des « gilets jaunes ». S’il nie tout tournant, il va pourtant devoir changer de cap.
La crise sociale oblige Emmanuel Macron à se réinventer
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/31/la-crise-sociale-oblige-emmanuel-macron-a-se-reinventer_5403767_823448.html
31/12/2018
politique
Emmanuel Macron, à l’Elysée, le 10 décembre. POOL / REUTERS Analyse. Un tournant ? Que nenni. Comme tous ses prédécesseurs confrontés à une grosse secousse au cours de leur quinquennat, Emmanuel Macron n’assume en rien l’idée qu’il lui faudrait radicalement changer non seulement de méthode, mais aussi de cap après le mouvement des « gilets jaunes ». Pas plus que Nicolas Sarkozy, après la crise financière de 2008, ou François Hollande, après sa conversion à la politique de l’offre, le président de la République ne veut apparaître en porte à faux avec la promesse de sa campagne. Il entend toujours transformer le pays en rompant avec le « vieux monde » et en refondant le modèle social avec l’aide de la société civile. « Il n’y a pas de tournant, mais un changement de méthode », a assuré le premier ministre, Edouard Philippe, dans un entretien aux Echos, le 18 décembre. Une antienne répétée à loisir par le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Dans le discours, tout est fait pour entretenir l’idée que les 10 milliards d’euros de mesures mises sur la table le 10 décembre pour éteindre l’incendie ne sont pas le énième duplicata des opérations de redistribution engagées depuis 1968 par les gouvernements aux abois. La hausse de la prime d’activité et la défiscalisation des heures supplémentaires traduiraient la valorisation du travail voulue par le candidat Macron ; la politique de l’offre ne serait pas fondamentalement remise en cause. Tout serait en cohérence avec les fondamentaux du macronisme. Tout, sauf le recul sur la CSG et le déficit budgétaire, que le gouvernement tente de dégonfler en le présentant comme temporaire. A quelques contorsions près, l’honneur est sauf. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les Champs Elysées, théâtre du pouvoir macronien, de l’investiture aux « gilets jaunes » Triple rapport de force La tactique de l’exécutif est compréhensible : dans les sondages d’opinion, Emmanuel Macron est tombé très bas. Seule résiste une poignée de fidèles : 20 % à 25 % qui lui ont fait confiance lors du premier tour de la présidentielle. Les perdre par un changement de discours ou de ligne et c’en serait fini. Emmanuel Macron fait le même calcul que Nicolas Sarkozy : il préserve son socle, coûte que coûte, en espérant l’élargir plus tard. Mais, en réalité, il n’est plus sûr de rien. Privé de garde-fou, victime de la verticalité qu’il a érigée en système, il est devenu tributaire d’un triple rapport de force qui, aujourd’hui, ne lui est guère favorable. Le premier, c’est celui que va tenter de lui imposer le « peuple », à travers le débat citoyen, qui va commencer à la mi-janvier, pour s’achever deux mois plus tard. Deux mois durant lesquels la plupart des réformes risquent d’être gelées pour ne pas compromettre l’exercice. L’idée de mouvement inhérente au macronisme est donc menacée. Plus fondamentalement, les tensions apparues entre l’Elysée et la commission nationale du débat public, à propos de l’organisation des débats, montrent à quel point l’enjeu est perçu comme menaçant par le chef de l’Etat.
Le débat sur la fonction de redistribution que peut jouer le don dans un pays qui est statistiquement le moins généreux du monde occidental mérite mieux que quelques slogans anti-riches, estime Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».
« Réfléchir sur l’évolution de la philanthropie que nous voulons en France »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/31/reflechir-sur-l-evolution-de-la-philanthropie-que-nous-voulons-en-france_5403766_3232.html
31/12/2018
idees
Chronique. Pendant que certains, sur les ronds-points de France et de Navarre, réclamaient de changer la vie en augmentant le pouvoir d’achat, d’autres proposaient de « Changer par le don ». Cette initiative lancée, début décembre, en plein conflit des « gilets jaunes », par Denis Duverne, président du conseil d’administration d’Axa, et Serge Weinberg, son homologue chez Sanofi, vise à faire appel à la générosité des plus riches en léguant au moins 10 % de leurs revenus ou de leurs fortunes au monde associatif. Prendre et donner : deux faces de la même pièce qui taraude une société obnubilée par la notion d’égalité. Bien sûr, on ne pouvait imaginer pire calendrier pour parler philanthropie. Alors que l’essentiel du débat est focalisé sur les fins de mois, la démagogie ambiante aura vite fait de classer l’initiative au rang des « bonnes œuvres » d’une catégorie de population « fin de race », déconnectée de ce que vit la majorité des Français. Toutefois, en ces temps de jacquerie où le simplisme est devenu l’alpha et l’oméga de la réflexion citoyenne, le débat sur la fonction que peut jouer le don dans un pays qui est statistiquement le moins généreux du monde occidental mérite mieux que quelques slogans anti-riches. Réfléchir sur le système français Selon les données recueillies par les économistes Gabrielle Fack, Camille Landais et Alix Myczkowski dans leur ouvrage Biens publics, charité privée (Cepremap, éditions Rue d’Ulm, 104 pages, 9 euros), les Français donnent en moyenne 0,3 % de leurs revenus, soit huit fois moins que les Américains. Et la situation ne s’améliore pas. Il y a quelques jours, Serge Weinberg nous confiait que, depuis la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) le 1er janvier, on constate une chute de près de 50 % des dons à certaines grandes associations. Ce contrecoup a de quoi faire réfléchir sur le système français, qui propose un abattement qui peut aller jusqu’à 75 % du montant du don pour un coût global de 2,2 milliards d’euros par an pour les caisses de l’Etat. La France est ainsi le pays où les incitations fiscales sont les plus généreuses du monde. On ne peut pas en dire autant des bénéficiaires, qui, lorsqu’ils n’ont plus besoin de défiscaliser, sont beaucoup moins enclins à partager leur fortune. « La France a sans doute utilisé de façon excessive les incitations fiscales », estiment les économistes, qui considèrent que les efforts devraient plutôt porter sur la structuration du secteur à but non lucratif afin de favoriser l’initiative privée dans les domaines d’intérêt général. « A quoi cela sert-il d’avoir de fortes incitations aux dons si les acteurs qui produisent ces biens publics ne sont pas organisés pour faire appel aux dons ? », s’interrogent-ils tout en relevant que des institutions publiques comme les universités ou les hôpitaux faisaient jusque très récemment peu appel à la générosité, faute de structures adéquates.
Il appartient à Berlin de « tenir bon, argumenter et se battre pour ses propres convictions », explique la chancelière dans son allocution traditionnelle de Nouvel An.
Merkel estime que l’Allemagne doit prendre « plus de responsabilités » dans le monde
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/31/pour-merkel-l-allemagne-doit-prendre-plus-de-responsabilites-dans-le-monde_5403751_3210.html
31/12/2018
international
La chancelière allemande Angela Merkel, peu après l’enregistrement de sa traditionnelle allocution du Nouvel An, à Berlin, le 30 décembre. POOL / REUTERS La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré, dimanche 30 décembre, qu’il était dans l’intérêt de l’Allemagne de prendre davantage de responsabilités à l’échelle mondiale, à une époque où le multilatéralisme fait l’objet d’attaques régulières. Dans son allocution traditionnelle de Nouvel An, Mme Merkel fait le constat que les anciennes certitudes autour de la coopération internationale sont mises à l’épreuve et qu’il appartient à l’Allemagne de « tenir bon, argumenter et se battre pour ses propres convictions ». Aucun des défis mondiaux, à l’image du changement climatique, des mouvements migratoires ou de la lutte contre le terrorisme, ne pourra être réglé par un pays seul, a-t-elle averti. « Pour nos propres intérêts, nous voulons répondre à toutes ces questions, et nous pouvons le faire d’autant mieux en prenant en considération les intérêts des autres », a-t-elle déclaré dans cette allocution qui sera diffusée dans son intégralité à 18 heures. « C’est la leçon des deux guerres mondiales du siècle précédent », a-t-elle souligné, en prévenant toutefois que « les certitudes de coopération internationale étaient mises à l’épreuve ». « Dans notre intérêt, nous devons prendre plus de responsabilités », a-t-elle poursuivi. Lire aussi Allemagne : les trois années qui ont affaibli Angela Merkel Des « solutions mondiales » Selon la chancelière, l’Allemagne, qui occupera en 2019 et 2020 un des sièges des membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, militera pour des « solutions mondiales ». Mme Merkel s’est aussi engagée à augmenter les aides humanitaires et au développement, ainsi que le budget de la défense. Même si elle n’a pas nommément cité le président américain dans cette allocution, ses propos se démarquent une nouvelle fois des critiques de Donald Trump contre le multilatéralisme. A l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, le président américain avait rejeté « l’idéologie du mondialisme », lui préférant « la doctrine du patriotisme ». Quelques jours plus tard, la chancelière allemande avait réagi en le mettant en garde contre la tentation de « détruire » le multilatéralisme, et notamment les Nations unies. « Mais détruire quelque chose sans avoir développé autre chose de nouveau est extrêmement dangereux et peut détruire l’ordre actuel qui garantit la paix, plus vite que nous ne le pensons », avait-elle averti lors d’un meeting de campagne pour les élections législatives régionales en Bavière.
Il consiste notamment en un accroissement du nombre de patrouilles et doit être mis en œuvre dans les prochaines semaines.
Migrants traversant la Manche : Paris et Londres conviennent d’un « plan d’action renforcé »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/31/migrants-traversant-la-manche-paris-et-londres-conviennent-d-un-plan-d-action-renforce_5403748_3210.html
31/12/2018
international
Depuis Noël, ils sont une centaine de migrants a avoir tenté de traverser la Manche sur des petites embarcations de fortune, malgré le danger et le froid. Une hausse inédite qui met Londres et Paris dans l’embarras. Poussés à réagir, les ministres de l’intérieur britannique et français se sont mis d’accord, dimanche 30 décembre, sur un « plan d’action renforcé » bilatéral, visant à dissuader les migrants de se lancer dans cette périlleuse traversée. Les ministres se sont ainsi entendus sur un accroissement du nombre de patrouilles de surveillance, ainsi que des actions pour démanteler les gangs de trafiquants. En outre, des campagnes de sensibilisation seront mises en place auprès des migrants pour informer des dangers que représente la traversée de la Manche. Ces mesures seront déployées par le centre de coordination et d’information franco-britannique, situé à Coquelles, près de Calais (nord de la France). Article réservé à nos abonnés Lire aussi De plus en plus de migrants traversent la Manche sur des bateaux de fortune Selon le Home Office, ce plan sera mis en œuvre dans les prochaines semaines. Les ministres Sajid Javid et Christophe Castaner se rencontreront en outre en janvier pour décider d’éventuels efforts supplémentaires. « Manque de leadership » Sajid Javid avait récemment fait l’objet de critiques pour son manque de réponse face aux arrivées ou interceptions quasi quotidiennes de migrants près des côtes britanniques ces derniers jours. Membre comme lui du parti conservateur, le député du Kent (sud-est de l’Angleterre) Rehman Chishti a ainsi déploré « un manque de leadership », tandis que le parti travailliste, principale formation d’opposition, a estimé que le ministre « tardait a réagir ». Face à la pression parlementaire, Sajid Javid avait, finalement, abrégé samedi son séjour familial en Afrique du Sud, selon le Guardian. Il faut dire que le nombre de ces traversées, rendues particulièrement dangereuses par la densité du trafic maritime, les forts courants et la faible température de l’eau, est inédit. Selon le député de Douvres, le conservateur Charlie Elphicke, « plus de 200 migrants sont arrivés sur les côtes du Kent à bord de petites embarcations ces deux derniers mois ». Dans une tribune publiée par le Daily Mail, il affirme que « l’ampleur du problème est sans précédent », et réclame que certains navires de la police des frontières britanniques déployés en Méditerranée soient rapatriés dans la Manche. Réagissant à l’annonce du plan franco-britannique, l’association britannique Detention Action, qui vient en aide aux migrants, a appelé le ministre Sajid Javid à « offrir un passage sûr pour les personnes en détresse » pour « éviter de nouvelles tragédies humaines ».