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L’ex-homme à tout faire d’un des fils du président élu doit s’expliquer devant la justice sur des mouvements financiers « atypiques ».
Brésil : Jair Bolsonaro, pas encore en fonction, déjà rattrapé par les affaires
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/19/bresil-jair-bolsonaro-pas-encore-en-fonction-deja-rattrape-par-les-affaires_5399562_3210.html
19/12/2018
international
Flavio Bolsonaro (arrière-plan), dont le chauffeur fait l’objet d’une enquête, et son père Jair, le président élu du Brésil, à Brasilia, le 27 novembre. ADRIANO MACHADO / REUTERS Pendant près de dix jours, il fut l’un des hommes les plus recherchés du Brésil. Celui dont la parole pourrait enfin laver le futur président brésilien, Jair Bolsonaro, de tout soupçon de malversation ou, au contraire, transformer une minable affaire crapuleuse en un « Bolsogate ». Invisible, inaudible, depuis la révélation de l’« affaire », Fabricio Queiroz, ancien chauffeur et agent de sécurité de Flavio Bolsonaro, fils du futur chef d’Etat, devrait réapparaître mercredi 19 décembre. A 14 heures, heure de Brasilia, l’ex-homme à tout faire de l’aîné des Bolsonaro, député à l’Assemblée législative de Rio de Janeiro et tout juste élu au Sénat fédéral, devra s’expliquer devant les enquêteurs au sujet de ses mouvements financiers « atypiques ». Un rapport du Conseil de contrôle des activités financières (COAF), rendu public par le quotidien Estado de Sao Paulo, le 6 décembre, a noté que l’employé avait déposé et retiré de son compte bancaire quelque 1,2 million de reais (environ 350 000 euros à l’époque) entre janvier 2016 et janvier 2017. Une somme « incompatible avec le patrimoine, l’activité professionnelle et la capacité financière » de M. Queiroz, souligne la COAF. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brésil : Bolsonaro, la victoire d’un illusionniste sans scrupule Tactique de blanchiment d’argent Ancien policier militaire, Fabricio Queiroz, ami de la famille Bolsonaro, dont les idées politiques sont alignées avec celles du président élu, a cessé de travailler pour Flavio Bolsonaro le 15 octobre, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle. « C’est un modus operandi très fréquent chez les députés dits du “bas clergé” ». A en croire les experts, sa frénésie de dépôts (176 en un an) et de retraits (56), en petits montants et en liquide, serait une tactique de blanchiment d’argent. Dans le détail, une kyrielle d’assistants parlementaires de Flavio Bolsonaro déposaient, quelques jours après le versement de leurs salaires, une somme sur le compte de M. Queiroz. Dans la foulée, celui-ci effectuait un retrait en espèces d’un montant équivalent. « C’est un modus operandi très fréquent chez les députés dits du “bas clergé” », explique une source à Brasilia, évoquant ces parlementaires appartenant à des petits partis comme le Parti social-libéral (PSL) de Bolsonaro. Qualifiée de « péage », la tactique consiste à ponctionner une partie du salaire des assistants parlementaires afin de couvrir des dépenses inavouables. Les dits employés étant, pour la plupart, fictifs.
Une semaine après l’attentat de Strasbourg, qui a fait cinq morts, le maire de la ville lance, dans une tribune au « Monde », un appel à la solidarité et à la responsabilité.
Roland Ries : « Strasbourg reste europtimiste contre tous les Chekatt »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/19/roland-ries-strasbourg-reste-europtimiste-contre-tous-les-chekatt_5399550_3232.html
19/12/2018
idees
Le maire de Strasbourg, Roland Ries, le 12 décembre, à Strasbourg. PATRICK HERTZOG/AFP Tribune. Dans la longue nuit d’angoisse – elle a duré 48 heures – que Strasbourg a traversée entre le parcours assassin de Cherif Chekatt et sa neutralisation, jeudi 13 décembre dans le quartier du Neudorf, Guillaume Apollinaire m’a été d’un précieux secours. « Il est grand temps de rallumer les étoiles », écrivait le poète pendant la première guerre mondiale dans une tentative flamboyante pour conjurer le désespoir que lui inspirait le déchaînement de barbarie. N’avait-on pas « assassiné les constellations » ? Face à l’attentat ténébreux qui a voulu éteindre les feux joyeux du Noël lumineux de « ma » ville, j’ai éprouvé, à un siècle de distance, ce même vertige des abysses sans lueur, et ressenti, comme tous les Strasbourgeois, je crois, ce même besoin absolu d’un scintillement d’espérance au-dessus d’une de ces tragédies que nous impose l’histoire contemporaine. « Symbole national » Après le choc de ce cauchemar, tant redouté par un maire, après la sidération provoquée par l’irruption d’une violence sanglante en pleine rue, après – et avec – l’immense tristesse qui nous a submergés devant ces vies massacrées, la volonté de rouvrir le marché de Noël s’est imposée, immédiatement, comme une évidence. Il y avait les larmes, et il fallait le deuil, mais la vie devait être la plus forte. Pas seulement pour « oublier » ; comment oublier ces destins brisés sous nos yeux ? Pas seulement comme un antidote pour soigner le traumatisme collectif qui a pétrifié la ville ; à la fois intime et public, il ne sera pas surmonté si facilement. Vieux de près de quatre siècles et demi, rescapé de tous les orages que l’Europe et l’humanité ont subis depuis sa création, notre Christkindelsmärik [marché de l’enfant Jésus] vaut bien plus que sa longévité et ses traditions. Le « symbole national » que le président de la République Emmanuel Macron est venu parcourir en signe de solidarité est plus précieux encore que cette belle étiquette. C’est un résistant magnifique à la violence des temps tourmentés, qui ne lui a imposé que deux suspensions dans sa longue histoire. En cela, il est un gage d’avenir. Un emblème universel de renouveau. Un bel héritage mais aussi un fardeau écrasant quand ses 2 millions de visiteurs, son inspiration chrétienne et son rayonnement pacifique font de lui une cible idéale pour le terrorisme. En décembre 2000, déjà, le parquet antiterroriste de Paris avait mis au jour un projet meurtrier : un autocuiseur bourré d’explosifs devait sauter au milieu de la foule…
En recourant aux bases de données offertes par le numérique et la dématérialisation, l’Etat pourrait mieux traquer les fraudeurs, suggèrent, dans une tribune au « Monde », deux spécialistes de l’entreprise, Jean-François Doucède et Olivier Goy.
« Contre la fraude fiscale, utilisons les moyens numériques ! »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/19/contre-la-fraude-fiscale-utilisons-les-moyens-numeriques_5399547_3232.html
19/12/2018
idees
Tribune. Cent milliards d’euros. La dernière estimation du montant total de la fraude fiscale française, établie par le syndicat Solidaires-Finances publiques, donne le vertige. Dans un contexte où la pression fiscale interpelle un nombre croissant de citoyens, la question des moyens attribués à la lutte contre la fraude redouble de pertinence. Car au-delà de la question de la taxation, le sentiment d’injustice est aussi directement lié à l’impunité associée à certaines délinquances fiscales, dont les méthodes éprouvées et l’inventivité ne cessent de créer de nouvelles failles qui viennent grever les finances publiques. Lire aussi Les annonces inapplicables de Macron contre l’évasion fiscale Or l’Etat a aujourd’hui à sa disposition des outils et compétences qui ne demandent qu’à être activés, et qui permettraient d’économiser des sommes considérables en luttant plus efficacement contre la fraude fiscale et sociale. Le numérique a sans conteste permis de dynamiser le monde entrepreneurial, en le rendant plus accessible à une part croissante de la population. Malheureusement, les facteurs de risque et la cybercriminalité ont crû parallèlement à l’explosion des pratiques numériques. Dès lors, les moyens de contrôle doivent s’adapter, afin de permettre à la puissance publique de lutter efficacement contre les sociétés fictives et la délinquance financière qui cannibalisent notre Etat-providence. Certes, la diffusion de l’information légale des entreprises assurée par Infogreffe permet aux opérateurs économiques et financiers comme aux acteurs publics de disposer de données fiables et actualisées. Mais notre système comporte encore de trop nombreuses failles, largement exploitées par les fraudeurs pour créer une myriade de sociétés fantômes qui servent de véhicule parfait pour mener à bien leurs escroqueries. Notre système comporte encore de nombreuses failles, exploitées par les fraudeurs pour créer une myriade de sociétés fantômes qui servent de véhicule parfait pour mener à bien leurs escroqueries Par chance, les possibilités offertes par la dématérialisation des formalités et la mise en commun de bases de données informatiques sont colossales. Les derniers mois ont d’ailleurs été synonymes d’avancées notables en matière de transparence économique et financière, avec l’introduction du Registre des bénéficiaires effectifs (RBE) à l’été 2017, qui facilite la détection de montages financiers destinés à tromper nos systèmes fiscaux et sociaux. Le Fichier national des interdits de gérer (FNIG) fait aussi figure d’avancée majeure, en empêchant toute immatriculation au Registre du commerce et des sociétés de personnes précédemment condamnées.
Si les « gilets jaunes » ont surgi grâce à Facebook, celui-ci se révèle impuissant pour structurer le mouvement, note la conseillère en communication Claire Gérardin, dans une tribune au « Monde ».
« La technologie donne du pouvoir aux mouvements sociaux, mais elle les fragilise aussi »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/19/la-technologie-donne-du-pouvoir-aux-mouvements-sociaux-mais-elle-les-fragilise-aussi_5399548_3232.html
19/12/2018
idees
Tribune. On parle beaucoup des infox qui circulent sur Facebook, des pulsions qui y priment sur la raison, ou encore des fausses rumeurs qu’il permet de véhiculer de manière virale. Mais que sait-on de son efficacité pour servir l’activisme social ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les « gilets jaunes », récit d’un mouvement hors norme né sur Facebook Pour sa défense, on peut dire que Facebook ne favorise pas la propagation de propos d’extrême droite. Selon l’étude « Les Gilets jaunes, des cadrages médiatiques aux paroles citoyennes » de l’université de Toulouse, décryptée par le site Web Arrêt sur images (le 27 novembre), on observe en effet dans les posts et commentaires relatifs aux « gilets jaunes » « une très faible occurrence du vocabulaire raciste » et « une quasi-absence de terminologie d’extrême droite ». Et, si elle participe à la propagation de rumeurs – comme, par exemple, celle de la « vente de la France à l’ONU » ou de la venue de « mercenaires sur le sol français », la plate-forme n’est pas à l’origine de leur lancement. Comme l’expliquait l’historien Jean-Noël Jeanneney sur France 5, « les rumeurs, intox, ou “fake news” sont un grand classique des périodes de troubles. On n’a pas attendu Facebook et les réseaux sociaux pour les faire circuler ». Il a pris pour exemple l’épisode de la Grande Peur de juillet 1789 qui reposait sur une rumeur propagée dans les campagnes selon laquelle un groupe d’aristocrates allait imposer de nouvelles taxes aux paysans. Avant que la vérité ne soit rétablie, les réactions furent violentes (pillages, émeutes et incendies) et leur ampleur telle qu’elles participèrent au déclenchement de la Révolution française. Des réponses politiques pas à la hauteur En revanche, Facebook n’est peut-être pas aussi efficace pour servir les intérêts des activistes. C’est ce que pense la sociologue Zeynep Tufekci, qui analyse le rôle des médias sociaux dans les manifestations (« Online social change : easy to organize, hard to win », TEDGlobal 2014). Pour elle, la technologie donne du pouvoir aux mouvements sociaux, mais elle les fragilise aussi. Les messages des révoltes arabes, du mouvement des « indignés » ou encore d’Occupy ont fait le tour du monde, mais les réponses politiques obtenues n’ont pas été à la hauteur des énergies déployées. En 1955, le mouvement pour les droits civiques en Alabama avait obtenu des concessions politiques majeures, car il avait réussi à s’organiser et à braver la répression grâce à la force du collectif. Mais le mouvement Occupy, qui lutte contre les inégalités sociales depuis 2011, n’est pas parvenu à faire changer les politiques en vigueur malgré des manifestations dans plus de 950 villes et 82 pays. Pour la chercheuse, certes, ces mouvements s’organisent vite et gagnent en visibilité grâce aux réseaux sociaux, mais ils ne pensent pas de manière collaborative et ne parviennent pas à créer des consensus. Un peu comme les start-up qui se développent rapidement, mais qui échouent tout aussi vite par manque d’organisation.
Dans une tribune au « Monde », un collectif de membres de La République en marche (LRM) appelle les « gilets jaunes » à prendre leurs responsabilités et à renouer le dialogue.
« Abattre les murs et les inégalités de destin, tel est l’ADN de La République en marche ! »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/19/abattre-les-murs-et-les-inegalites-de-destin-tel-est-l-adn-de-la-republique-en-marche_5399546_3232.html
19/12/2018
idees
Tribune. Nous sommes des « marcheurs » qui avons pris l’initiative de créer le collectif citoyen Je m’engage pour l’école, afin de contribuer avec des acteurs de la société civile à la réussite de tous les élèves sur l’ensemble du territoire national. C’est parce que nous sommes convaincus que les politiques ne peuvent pas tout que nous avons lancé, en juillet, avec le soutien du ministre de l’éducation nationale, ce mouvement citoyen qui rassemble, bien au-delà des « marcheurs », des Françaises et des Français, de toutes sensibilités, enseignants, chefs d’établissement, parents d’élèves, dirigeants et militants associatifs, chefs d’entreprise, artisans mus par un sentiment d’urgence et de responsabilité. « Votre colère, nous la partageons et elle est même au fondement de notre engagement au sein de La République en marche » Nous nous adressons aux Françaises et Français porteurs de gilets jaunes qui souhaitent que soit entendu leur cri de colère et qui ne souscrivent pas aux appels à la violence visant à faire vaciller nos institutions démocratiques. Votre colère, nous ne faisons pas que la comprendre. Nous la partageons et elle est même au fondement de notre engagement au sein de La République en marche. Comme vous, nous sommes indignés que, dans notre pays, les écarts de revenus se creusent et laissent trop de nos concitoyens dans une situation de précarité. Comme vous, nous sommes convaincus que la réduction des fractures territoriales doit être la priorité de nos politiques publiques. Comme vous, nous vivons comme un scandale intolérable que la France soit considérée dans la dernière enquête PISA, classement des pays de l’OCDE dans le domaine de l’éducation, comme le pays dans lequel le poids du déterminisme social pèse le plus lourdement sur la réussite des élèves. Comme vous, nous n’acceptons pas que 20 % de nos enfants ne sachent ni lire, ni écrire, ni compter de manière satisfaisante en fin de CM2. Politique de transformation Le fait que le chantier éducatif ait été placé en tête de son programme a contribué à nous convaincre de nous engager pour le candidat Emmanuel Macron. Aujourd’hui, dix-huit mois après son élection, nous ne nous sentons pas trahis. Nous sommes pleinement en accord avec la politique de transformation menée par le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Le dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les écoles situées dans les quartiers les plus défavorisés est un effort sans précédent en direction des plus fragiles, qui concerne 190 000 élèves cette année et bénéficiera à 300 000 d’entre eux l’an prochain. Nous nous réjouissons de la revalorisation de la filière de l’apprentissage ainsi que de l’investissement massif dans la formation (15 milliards d’euros d’ici à la fin du quinquennat), qui cible en priorité ceux qui en ont le plus besoin : les demandeurs d’emploi longue durée et les jeunes sans qualification.
Les besoins liés à l’aide des personnes dépendantes sont croissants et ont un impact sur l’absentéisme. Pourtant l’accompagnement des actifs qui assument cette charge n’en est qu’à ses balbutiements.
Les entreprises confrontées à la hausse du nombre de « salariés aidants »
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/12/19/les-entreprises-confrontees-a-la-hausse-du-nombre-de-salaries-aidants_5399532_1698637.html
19/12/2018
emploi
« Sur 1 000 salariés aidants accompagnés, le besoin d’aide est à 25 % lié au vieillissement, 19 % au handicap, 8 % au cancer, 8 % à un AVC et 8 % à d’autres maladies. » Image Source / Photononstop La France compte 8,3 millions d’aidants de personnes dépendantes (post-AVC, cancer, handicapé, parent ou enfant malade, etc.), dont 47 % travaillent, indique l’Association française des aidants. Dans les entreprises, ce sont deux salariés sur dix qui sont concernés : « Un chiffre qui a doublé en dix ans », assure le mutualiste Malakoff Médéric (Enquête « Santé et qualité de vie au travail des salariés », juin 2018). L’enjeu est de taille : « Avec l’allongement de l’espérance de vie des parents de salariés et la hausse du nombre de maladies chroniques, les salariés aidants sont de plus en plus nombreux », explique Fabien Piazzon, l’auteur d’Absentéisme : l’alerte rouge. Panser et repenser le travail (Nouveaux Débats Publics). Sur 1 000 salariés aidants accompagnés, le besoin d’aide est à 25 % lié au vieillissement, 19 % au handicap, 8 % au cancer, 8 % à un AVC et 8 % à d’autres maladies, confirme Formell, une société spécialisée dans l’accompagnement des actifs aidants. L’impact sur l’absentéisme n’est pas précisément chiffré, indique l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail. Mais il est avéré : « L’absentéisme est lié aux conditions de travail, à la motivation, à la santé des personnels ou à celle de leurs proches. Les salariés aidants se retrouvent dans cette troisième catégorie. Leur quotidien est parfois proprement infernal », remarque Fabien Piazzon. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le rapport Gillot préconise de renforcer l’aide aux aidants Manque de sommeil, anxiété, isolement, les aidants finissent par avoir des problèmes de santé qu’ils n’avaient pas avant. « Les statistiques des services sociaux des Carsat [caisse d’assurance retraite et de la santé au travail] montrent que 50 % des aidants familiaux décèdent avant les proches qu’ils aident, consécutivement à des pathologies d’épuisement », indique Christophe Roth délégué national CFE-CGC dans le Guide des aidants. Les répercussions au travail sont nombreuses : redistribution de la charge de travail, fatigue, stress, démotivation, risque d’erreurs, etc. « L’accompagnement est un facteur de cohésion d’équipe. Les groupes de parole permettent de conseiller les manageurs sur leur perception de la situation et de coconstruire avec le salarié sa propre solution. Mais avec la multiplication des maladies chroniques, on reçoit des manageurs désarmés, épuisés », témoigne Hélène Bonnet, responsable du programme « Cancer et travail : Agir ensemble » du groupe pharmaceutique Sanofi.
A Nice, Marseille ou Nîmes, on travaille avec des plates-formes numériques, quitte à repousser les frontières des libertés.
Comment des villes « hyper connectées » contrôlent l’espace public
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/19/au-nom-de-la-smart-city-des-villes-sous-surveillance_5399527_3234.html
19/12/2018
economie
Le centre de supervision urbain de Nice, en août. VILLE DE NICE Imaginez : depuis la salle de commande d’un centre municipal de supervision, vous contrôlez toute votre ville. Sur un mur d’écrans, vous suivez les individus au comportement « anormal », vous vérifiez les objets abandonnés, vous repérez une altercation dans la rue, sans oublier de surveiller les tramways bondés, de garder un œil sur la crue de la rivière… Pas besoin de chercher au hasard : l’intelligence artificielle vous montre, parmi les images filmées par des centaines de caméras haute définition à vision nocturne, uniquement ce que vous devez voir. Mieux : vous recevez en direct les vidéos d’attroupements suspects ou de véhicules gênants envoyées depuis leur smartphone par vos administrés, et un algorithme scanne les réseaux sociaux pour anticiper d’éventuels rassemblements à risques. D’un simple geste sur un terminal numérique mobile – audacieusement baptisé « tablette d’hypervision » –, vous ouvrez ou fermez les bornes d’accès au centre-ville piéton, vous maîtrisez l’entrée des bâtiments publics, vous modifiez les feux de circulation, vous intensifiez l’éclairage d’une rue. Un bruit suspect retentit ? Les caméras de la zone se tournent d’elles-mêmes vers son origine. Sur la carte numérique de la ville, toutes les équipes – police, secours, services techniques – sont géolocalisées, vous pouvez les envoyer sur place au plus vite en cas de besoin… Ni fantasme ni science-fiction : ces dispositifs sont très exactement ceux que des villes françaises commencent à expérimenter sous le nom générique de « safe city » (la ville sûre), avatar en uniforme de la « smart city », la « ville hyper connectée ». « La sécurité est, avec la mobilité, le pilier le plus réaliste de la smart city, estime Marc Darmon, directeur général adjoint du groupe Thales. Il y a un marché porteur pour ces technologies, par la conjonction de l’urbanisation, de la numérisation et de risques qui s’aggravent. » Un mouvement de fond De Nice à Valenciennes (Nord), de Marseille à la Défense ou à Nîmes, de plus en plus de collectivités se laissent tenter par des plates-formes numériques organisées autour des outils de surveillance et de contrôle de l’espace public. Un mouvement de fond, en phase avec de puissants intérêts industriels et porté par des subventions publiques, qui prospère dans un certain flou juridique et inquiète les associations de défense des libertés publiques. Construits autour d’une vidéoprotection dernier cri, dopée à l’intelligence artificielle, aux algorithmes et au « big data », ces dispositifs ont l’avantage de rendre bien concret l’un des rêves fondateurs de la smart city : la gestion centralisée de la ville depuis un poste unique de commandement.
Un texte adopté dans la nuit de mardi à mercredi prévoit de conserver les tarifs réglementés et la fin des subventions aux centrales à charbon d’ici à 2025.
Marché de l’électricité : un accord européen pour plus de transparence
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/19/marche-de-l-electricite-un-accord-europeen-pour-plus-de-transparence_5399516_3234.html
19/12/2018
economie
L’organisation du marché électrique européen doit permettre aux consommateurs de mieux gérer leurs factures d’électricité, grâce à des compteurs intelligents, par exemple. PHILIPPE HUGUEN / AFP Les négociateurs des Etats membres de l’Union européenne et du Parlement de Strasbourg se sont accordés dans la nuit de mardi 18 à mercredi 19 décembre sur la refonte du marché de l’électricité, qui préserve les tarifs réglementés et prévoit une fin des subventions pour le charbon en 2025, selon des communiqués des deux institutions. A l’issue de négociations marathon – la dernière réunion mardi a duré plus de 14 heures –, l’UE est donc sur le point de refermer le dernier chapitre du paquet « énergie propre » mis sur la table par la Commission fin 2016 pour mettre en œuvre les engagements pris dans l’accord de Paris. La nouvelle législation vise à développer un marché plus transparent et plus compétitif, alors que la Commission européenne poursuit sa politique de libéralisation des marchés de l’énergie entamée dans les années 1990. Le compromis trouvé dans la nuit devra encore recevoir l’aval officiel du Parlement et du Conseil, une dernière étape formelle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La consommation de charbon continue d’augmenter Conformément à la ligne adoptée par les Etats membres, la nouvelle législation permet à ceux qui, comme la France, ont une politique de régulation des prix pour les ménages, de conserver ce système. Rapports d’évaluation Toutefois, ils devront soumettre des rapports « pour évaluer les progrès vers l’abolition de la régulation des prix. D’ici à 2025, la Commission devra soumettre un rapport général sur les progrès de l’UE, qui pourrait inclure une proposition pour mettre fin aux tarifs réglementés », explique le Parlement dans son communiqué. « L’ensemble du paquet énergie propre, le plus grand paquet énergie de l’histoire de l’UE, a été négocié. Cela rendra le marché de l’énergie en Europe plus efficace. Les énergies renouvelables ont clairement la priorité », s’est exclamée sur Twitter la ministre autrichienne Elisabeth Köstinger, dont le pays tient la présidence tournante de l’UE et a mené la négociation au nom des Vingt-Huit. Mme Köstinger s’est particulièrement félicitée de l’accord trouvé sur une date de fin pour les subventions publiques accordées au charbon dans le cadre des « mécanismes de capacité ». Ce dispositif, destiné à compenser les producteurs d’électricité qui maintiennent les capacités de production nécessaires pour répondre à des pics de consommation, a soulevé un débat sur la place du charbon dans l’Union. Aider le consommateur Selon le texte négocié, les nouvelles usines électriques produisant plus de 550 grammes de CO 2 par kilowattheure d’électricité et démarrant leurs opérations après l’entrée en vigueur de la nouvelle législation ne pourront pas participer au mécanisme. Pour les usines déjà en fonctionnement, leur participation ne sera possible que jusqu’au 1er juillet 2025. D’une manière générale, la révision de la législation sur l’organisation du marché électrique européen s’attache à permettre aux consommateurs de mieux gérer leurs factures d’électricité, grâce à des compteurs intelligents par exemple, ou encore de changer plus facilement de fournisseur.
Outre-Rhin, promouvoir publiquement l’IVG est passible de sanctions ; l’abrogation de ce texte divise la droite et la gauche, partenaires au sein du gouvernement.
L’avortement, enjeu de tractations au sein de la coalition allemande
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/19/l-avortement-enjeu-de-tractations-au-sein-la-coalition-allemande_5399513_3210.html
19/12/2018
international
Session du Bundestag, à Berlin, le 12 décembre. FABRIZIO BENSCH / REUTERS LETTRE DE BERLIN C’est le principe des gouvernements de coalition : leurs décisions sont, par nature, le fruit de compromis. Et sur certains sujets particulièrement sensibles, la quête d’un consensus peut donner lieu à de telles acrobaties que l’accord finalement trouvé, en cherchant à ménager chacun, attise les mécontentements au lieu d’aplanir les différends. En Allemagne, la tournure prise par le débat autour du paragraphe 219a du code pénal est, à cet égard, emblématique. Selon cet article, « toute personne qui, en public ou par ses écrits, (…) propose ou promeut ses services ou ceux d’un tiers pour effectuer ou encourager un avortement (…), est passible d’une peine de privation de liberté allant jusqu’à deux ans ou d’une contravention ». Ajouté au code pénal quelques mois après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, en 1933, et peu modifié depuis, il est revenu au cœur de l’actualité, en novembre 2017, quand le tribunal de Giessen (Hesse) a condamné Kristina Hänel, une médecin généraliste, à 6 000 euros d’amende pour avoir indiqué, sur le site de son cabinet, qu’elle réalisait des interruptions volontaires de grossesse (IVG). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Peut-on faire de la publicité pour l’avortement en Allemagne ? Compromis et prudence L’écho médiatique de cette condamnation, auquel se sont ajoutés l’actif lobbying de plusieurs associations et une pétition ayant rassemblé plus de 150 000 signatures, a conduit des députés issus du Parti social-démocrate (SPD), des Verts, de Die Linke (gauche radicale) et du Parti libéral-démocrate (FDP) à réclamer l’abrogation de cet article. Si l’ensemble de ces groupes s’étaient mis d’accord, une majorité aurait pu être trouvée au Bundestag au tout début de l’année 2018. Mais la politique a vite eu raison de l’arithmétique : en décidant au même moment d’entamer des négociations avec les conservateurs (CDU-CSU) en vue de former un nouveau gouvernement, les sociaux-démocrates se sont faits plus prudents. Afin de ne pas compromettre leurs chances de parvenir à un accord avec la CDU-CSU, résolument opposée à l’abrogation du paragraphe 219a, ils ont accepté que ce sujet de discorde ne soit pas évoqué dans le « contrat de coalition », finalement signé le 7 février. Pour autant, le SPD n’a pas lâché l’affaire. En avril, il est revenu à la charge en proposant à la CDU-CSU de chercher malgré tout un compromis, brandissant la menace de se mettre lui-même en quête d’une majorité alternative de circonstance pour faire voter l’abrogation du texte. Une perspective politiquement risquée : après avoir mis six mois à constituer un nouveau gouvernement, les conservateurs, sous l’égide d’Angela Merkel, ont compris qu’ils n’avaient aucun intérêt à voir leur coalition si laborieusement constituée aussi rapidement mise à l’épreuve. D’où leur choix d’accepter la proposition qui leur était faite par le SPD.
Le Fonds monétaire international a approuvé un nouvel accord de crédit à l’Ukraine de 3,9 milliards de dollars, avec une première tranche qui sera débloquée d’ici à Noël.
Le FMI approuve l’aide à l’Ukraine et débloque 1,4 milliard de dollars
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/19/le-fmi-approuve-l-aide-a-l-ukraine-et-debloque-1-4-milliard-de-dollars_5399507_3234.html
19/12/2018
economie
La banque Oschadbank, détenue par l’Etat, en 2015 à Kiev, en Ukraine. VALENTYN OGIRENKO / REUTERS Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, mardi 18 décembre, avoir approuvé un programme d’aide financière en faveur de l’Ukraine avec un déblocage immédiat de 1,4 milliard de dollars. Le programme porte sur un prêt total de 3,9 milliards de dollars sur une période de quatorze mois, précise un communiqué du FMI. L’institution de Washington avait donné son feu vert de principe à ce programme mi-octobre à Kiev, qui sort d’une sévère crise économique et doit faire face à d’importantes échéances de dettes d’ici à 2020. « Les autorités ukrainiennes ont rétabli avec succès la stabilité macro-économique et la croissance avec le soutien de la communauté internationale », a commenté David Lipton, le numéro deux du Fonds. Il souligne, en outre, que « la politique monétaire et budgétaire ainsi qu’un régime de taux de change flexible ont contribué à réduire les déficits budgétaires ». « Les réserves [d’argent] ont été en partie reconstituées et la confiance [des marchés] s’est améliorée », a-t-il ajouté. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ukraine : une réduction de dette très politique Mieux gouverner les banques Fin novembre, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, avait estimé que les conditions étaient réunies pour approuver ce programme d’aide aux conditions exigées par l’institution. Le Parlement ukrainien avait notamment adopté le budget pour 2019 prévoyant un déficit d’environ 2,3 % du produit intérieur brut, une hausse des tarifs de gaz et de chauffage, ainsi que l’amélioration de la gouvernance des banques détenues par l’Etat. La ministre ukrainienne des finances, Oksana Markarova, avait alors assuré aux députés que ce budget « équilibré et réaliste » permettrait « de commencer sereinement l’année 2019 ». David Lipton exhorte néanmoins à plus de progrès dans la lutte contre la corruption et en matière de privatisation pour attirer davantage d’investisseurs étrangers et « améliorer d’une manière générale le climat des affaires ». Le FMI table sur une croissance de 3,3 % en Ukraine pour 2018 et de 2,7 % en 2019, après 2,5 % en 2017.
« Pour Sensi », récit autobiographique retenu de l’écrivain, historien de l’art et photographe, mêle étroitement deux ruptures, l’une amoureuse (son amante le quitte), l’autre littéraire (son livre paraît) – deux arrachements.
Serge Bramly conjure la perte par l’écriture
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/20/serge-bramly-conjure-la-perte-par-l-ecriture_5400626_3260.html
20/12/2018
livres
Pour Sensi, de Serge Bramly, JC Lattès, 256 p., 20 €. L’écrivain Serge Bramly, en 2018. LIBRAIRIE MOLLAT / YOUTUBE / CC BY 3.0 S’il se présente comme le récit d’une rupture douloureuse, Pour Sensi en raconte en réalité deux. La première, évidente, est celle qu’imposa au narrateur et auteur Rivka, avec laquelle il partageait depuis plus dix-huit mois un rendez-vous secret, à l’hôtel, le jeudi, et tout un arsenal de rituels faisant de leur liaison bien plus qu’une simple histoire adultérine pour les deux protagonistes ; en pleine rue, avant de prosaïquement filer à la salle de sport, elle lui a annoncé qu’elle le quittait. L’autre arrachement, que Serge Bramly a vécu au même moment, et qui se répète à intervalles réguliers sans perdre de sa violence, est produit par la publication d’un de ses textes (« Le livre s’est séparé de moi, (…) sa parution en librairie a signé ma mise a pied », écrit-il). Cette fois-là, il espérait que la passion avec ­Rivka adoucirait cette période « épouvantable, que je redoute, que je déteste, qui me démolit » (non, vraiment, il ne la goûte guère). D’autant qu’il avait veillé à avoir un projet en cours, un roman sur la conjuration de Catilina, qui faillit renverser la République romaine en 63 av. J.-C., roman adoptant le point de vue « des ambassadeurs gaulois qui participèrent au complot et n’en récoltèrent que larmes et déshonneur ». Chagrin d’amour « en catimini » Même le lecteur ayant le bonheur de suivre attentivement le travail éclectique de Serge Bramly, historien de l’art, biographe de Léonard de Vinci, photographe, romancier allègre mettant un point d’honneur à ne jamais s’essayer deux fois au même genre, ne se souvient pas de son ouvrage catilinesque : l’auteur du formidable Le Premier Principe, le second principe (JC Lattès, 2008) n’en est pas venu à bout. Sans doute, entre autres, parce qu’il était trop associé à son chagrin d’amour vécu « en catimini » pour cause d’illégitimité – l’impossibilité de se confier augmentant encore sa peine. Pour Sensi nous en donne le regret, qui esquisse à grands traits ce qu’auraient été ses caractéristiques et thématiques (« défaite, expiration, impuissance, rage, héroïsme du désespoir »). Mais ce que fait surtout le texte, première incursion de Serge Bramly, à 69 ans, du côté de l’autobiographie, est d’explorer, à travers ce récit retenu et beau de la « trahison » d’un amour, les ressorts de son rapport à l’écriture, qui lui apporte tant de « volupté » – au moins à la mesure de la douleur infligée ensuite par la publication. Qui est même la seule manière qu’il ait trouvé de se sentir vivant, de ne pas se laisser envahir par le vide.
Depuis le lancement de l’opération « Bouclier du Nord », le 4 décembre, Israël dit avoir localisé quatre tunnels souterrains infiltrant Israël sous la frontière libanaise.
L’armée israélienne commence à détruire les tunnels du Hezbollah
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/l-armee-israelienne-commence-a-detruire-les-tunnels-du-hezbollah_5400612_3210.html
20/12/2018
international
Des soldats israëliens à la frontière avec le Liban, le 9 décembre 2018. ALI DIA / AFP L’armée israélienne a commencé, jeudi 20 décembre dans la soirée, à détruire les tunnels que le Hezbollah a percés, selon elle, à des fins militaires sous la frontière libanaise, a annoncé un porte-parole, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus. Depuis le lancement d’une vaste opération le 4 décembre, intitulée « Bouclier du Nord », l’armée dit avoir localisé quatre tunnels souterrains infiltrant Israël sous la frontière libanaise. « Les explosions dans la zone ouest de la frontière sont dues aux activités de l’armée pour détruire et neutraliser les tunnels d’attaque du Hezbollah », affirme l’armée dans un communiqué. Selon Israël, les tunnels devaient servir au Hezbollah à enlever ou assassiner des soldats ou des civils israéliens, et à s’emparer d’une frange du territoire israélien en cas d’hostilités. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Israël appelle l’ONU à dénoncer les tunnels du Hezbollah libanais Sévère mise en garde Le lieutenant-colonel Jonathan Conricus a adressé une sévère mise en garde au mouvement chiite libanais Hezbollah, l’un des grands ennemis d’Israël, en position de force juste de l’autre côté de la frontière. « Nous avons à disposition des unités d’infanterie, des unités blindées, l’aviation en stand-by, des unités navales, toutes synchronisées, disposant d’ordres clairs et préparées à un large éventail de scénarios », selon lui. Ce déploiement sert de « préparation et de message au Hezbollah pour signifier que nous ne tolérerons aucun mouvement d’approche ou tentative d’ingérence dans nos efforts visant à détruire ces tunnels offensifs transfrontaliers », a-t-il également déclaré. Si l’armée israélienne dit avoir localisé quatre tunnels le long des quelque 80 kilomètres de frontière, elle est convaincue qu’il y en a d’autres et a assuré qu’elle continuerait à opérer aussi longtemps que nécessaire pour les neutraliser. La dernière grande confrontation en date entre le Hezbollah et Israël remonte à 2006, quand trente-trois jours de guerre avaient fait 1 200 morts côté libanais, et 160 côté israélien, sans neutraliser le mouvement chiite. Israël et le Liban restent techniquement en état de guerre. Finalité « purement défensive » Le lieutenant-colonel Conricus a répété que l’opération « Bouclier du Nord » avait une finalité « purement défensive ». Il a précisé que la destruction prendrait au moins plusieurs heures et que les quatre tunnels ne seraient pas tous démolis dans la soirée. L’armée israélienne en a informé les autorités civiles israéliennes, mais aussi la Force intérimaire des Nations unies (FINUL) déployée dans le sud du Liban, frontalier d’Israël, afin qu’elle transmette le message à l’armée libanaise pour qu’elle-même prenne les mesures nécessaires pour la sécurité de la population de l’autre côté de la frontière, a-t-il ajouté. Mercredi, Israël a donné accès à la presse à ces tunnels et a intensifié sa campagne pour que l’Organisation des Nations unies sévisse contre les agissements du Hezbollah, soutenu par l’Iran, autre grand ennemi de l’Etat hébreu. Le Hezbollah, puissant mouvement armé, n’a pas réagi aux déclarations israéliennes sur la découverte de ces tunnels.
Les représentants syndicaux demandent des mesures d’urgence au gouvernement face à « une situation sociale explosive » dans les maisons de retraite.
« La situation est critique » : l’avertissement des syndicats des Ehpad
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/20/les-syndicats-des-ehpad-lancent-un-avertissement-au-gouvernement_5400596_3224.html
20/12/2018
societe
L’heure est à l’amertume pour les délégués syndicaux du secteur de l’aide aux personnes âgées. Réunis en intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FA, FO, FSU, Solidaires, UFAS, UNS) avec l’association des directeurs d’établissements AD-PA, dans les locaux parisiens de la fédération FO des personnels des services publics et de santé, ils ont dénoncé lors d’une conférence de presse organisée jeudi 20 décembre un « mépris de l’Etat ». Lequel se traduit, estiment-ils, par la fin de non-recevoir envoyée par l’Elysée à leurs demandes de rendez-vous pour évoquer les difficultés rencontrées par les personnels qui travaillent dans les quelque 7 300 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). « Depuis octobre 2017, nous avons envoyé trois courriers à M. Macron. Nous avons reçu une réponse de son chef de cabinet datée du 28 novembre qui se contente de nous redire qu’il suit avec attention la situation et qu’une concertation est en cours », explique Luc Delrue, secrétaire fédéral de FO-Santé. Dans cette lettre est rappelée la feuille de route présentée fin mai, à la suite d’une mobilisation inédite du secteur. Des mesures comme le versement aux Ehpad de 360 millions d’euros supplémentaires de 2019 à 2021 avaient été annoncées, ainsi que le lancement début octobre d’une concertation nationale « grand âge et autonomie », qui vient de s’achever, en vue d’une future loi sur la dépendance prévue en 2019. Une réponse insuffisante, estiment la dizaine de représentants syndicaux, qui réclament des « mesures d’urgence » se traduisant par la création de plusieurs milliers de postes et des revalorisations salariales immédiates, dans un secteur où les temps partiels et les bas salaires sont légion. Sous-effectif criant « A compter de début janvier, nous allons organiser dans les établissements mille assemblées générales pour faire remonter nos revendications et les présenter le 31 janvier à l’Elysée », annoncent les syndicalistes. En l’absence de réponse concrète, un mouvement de grève pourrait être décrété, menacent-ils. La date choisie ne doit rien au hasard, elle correspondra au premier anniversaire de la grève des soignants (personnels et directions réunis) qui avait rassemblé près d’un tiers des personnels des maisons de retraite, le 30 janvier 2018. Lire aussi Grève dans les Ehpad : le grand âge a besoin de solutions pérennes Presque un an plus tard, le constat n’a pas changé, la colère non plus. « Nos collègues sont toujours confrontés à un questionnement éthique : comment peut-on exercer sans maltraitance un métier de soignant quand on travaille dans de mauvaises conditions ? », interroge Patrick Bourdillon, de la CGT-Santé. Conséquence : l’explosion des arrêts de travail dans le secteur, avec une majorité de postes non remplacés, et un sentiment tenace d’abandon. A titre d’exemple, la CFE-CGC relève ainsi que 40 % des Ehpad ne disposent pas de médecin coordonnateur, « ce qui en fait le premier désert médical » de France.
La tête de liste d’EELV aux Européennes a refusé catégoriquement la « main tendue » de l’ancienne candidate à la présidentielle, qui se proposait d’être sa n° 2.
Elections européennes : Yannick Jadot rejette la demande d’alliance de Ségolène Royal
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/20/elections-europeennes-yannick-jadot-rejette-la-demande-d-alliance-de-segolene-royal_5400594_823448.html
20/12/2018
politique
« Ségolène Royal a un flair politique extraordinaire, mais l’écologie n’est pas une mode. » Au lendemain de la proposition de Ségolène Royal d’être numéro deux sur une liste d’union avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV) aux européennes, l’écologiste Yannick Jadot a opposé une fin de non-recevoir. Dans une interview au Parisien publiée jeudi 20 décembre, celui qui sera tête de liste EELV aux élections européennes de mai 2019 estime que la demande de l’ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007 « ressemble un peu à un énième tour de passe-passe du PS pour se sauver la mise ». « Je ne veux pas que mes enfants me disent que j’ai préféré négocier des postes avec le PS que mobiliser pour la planète et l’Europe », justifie l’eurodéputé, rappelant que l’ex-ministre de l’environnement avait défendu devant le Parlement européen « le diesel contre la santé », « l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes » et « renoncé sur l’écotaxe ou la fermeture de Fessenheim ». « Je ne suis pas le conseiller matrimonial du PS » « A-t-elle vraiment changé ou est-ce un positionnement tactique ? Nous n’avons plus de temps à perdre avec des stratégies erratiques », appuie-t-il encore. « Je ne vois pas l’ombre de réponses sur le climat, l’Europe – gangrenée par les extrêmes – et la démocratie qui s’affaisse. » Ségolène Royal, qui a refusé de prendre la tête d’une liste PS, avait suggéré de prendre cette place derrière Yannick Jadot pour éviter l’émiettement que provoquerait la présentation de listes séparées EELV, Parti socialiste dirigé par Olivier Faure ou Générations.s., dont le leader est Benoît Hamon. « La réponse ne peut pas être de faire de l’écologie une simple potion électorale pour requinquer la gauche. Je ne suis pas le conseiller matrimonial du PS pour réconcilier ses courants, Olivier Faure avec Benoît Hamon, Ségolène Royal avec François Hollande », répond M. Jadot. La tête de liste d’EELV ambitionne, à terme, de devenir « la première force politique, comme dans d’autres pays européens ». « Depuis le début, nous martelons notre constance, notre cohérence, notre clarté. Accueillir Ségolène Royal ne serait aucun des trois », a ajouté jeudi soir Julien Bayou, porte-parole du parti écologiste, à l’Agence France-Presse (AFP). Le sujet a été très vite tranché lors du bureau exécutif du jour, prévu avant la proposition, a-t-il rapporté.
Selon le deuxième plan national présenté jeudi, 3,5 milliards d’euros seront affectés à l’adaptation aux impacts du réchauffement climatique sur la période 2018-2022.
La France veut mieux se préparer aux conséquences du changement climatique
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/20/la-france-veut-mieux-se-preparer-aux-consequences-du-changement-climatique_5400590_3244.html
20/12/2018
planete
Fumée émanant d’un site d’incinération de déchets, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le 12 décembre 2018. PHILIPPE LOPEZ / AFP Des canicules estivales, comme celles de 2003 ou de 2018, devenant peu à peu la norme ; des pluies torrentielles, telles que celles qui ont frappé l’Aude au mois d’octobre, plus fréquentes et plus intenses ; des côtes grignotées par la montée des eaux ; des incendies susceptibles d’affecter la moitié des forêts métropolitaines en 2050 ; des rendements agricoles compromis par les sécheresses ; une fonte accélérée des glaciers ; une biodiversité en recul continu et une recrudescence des espèces invasives ; une perte potentielle de 1 % à 3 % du produit intérieur brut d’ici à 2060… La France – même si elle est moins menacée que la plupart des pays en développement ou que les Etats insulaires soumis au risque de submersion – n’échappe pas aux conséquences du dérèglement climatique. Des impacts de plus en plus « concrets, tangibles, palpables et importants », en métropole et davantage encore outre-mer, note le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, qui présentait, jeudi 20 décembre, le deuxième plan national d’adaptation au changement climatique. Il s’agit, explique-t-il, de « mieux préparer la société française au changement climatique, en impliquant les principaux secteurs de l’économie (agriculture, industrie, tourisme, etc.) et les territoires. » Atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle Ce dispositif est le pendant de la stratégie nationale bas carbone, qui vise, elle, à contribuer à la lutte contre le réchauffement planétaire par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle. Il s’inscrit dans la continuité de la stratégie nationale d’adaptation au changement climatique élaborée en 2006, elle-même suivie d’un premier plan national, qui couvrait les années 2011-2015. Lire aussi Le difficile chemin de la France vers la neutralité carbone Le thermomètre a déjà grimpé de 1,5 °C en moyenne dans l’Hexagone depuis 1900, selon Météo France Le nouveau plan d’adaptation est défini pour la période 2018-2022. Mais il se projette à l’horizon 2050, avec, comme hypothèse, une hausse de la température mondiale de 2 °C. Un scénario plutôt optimiste, puisque, selon Météo France, le thermomètre a déjà grimpé de 1,5 °C en moyenne dans l’Hexagone depuis 1900, et qu’à l’échelle mondiale, les engagements actuels de réduction de leurs émissions de tous les pays n’éviteront pas un réchauffement d’au moins 3 °C. Une perspective qui « renforce la nécessité de se préparer », souligne Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe de travail sur les sciences du climat du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et membre du Haut Conseil pour le climat récemment mis en place par le gouvernement. A ses yeux, « une adaptation bien pensée est une adaptation qui protège les plus vulnérables et prend en compte la conservation de la biodiversité ».
En 2016, l’imam qui dirige ce groupe scolaire avait été condamné en première instance à quatre mois de prison avec sursis. Le tribunal avait également ordonné la fermeture de l’école.
Toulouse : le directeur de l’école musulmane hors contrat Al-Badr relaxé en appel
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/20/toulouse-le-directeur-de-l-ecole-musulmane-hors-contrat-al-badr-relaxe-en-appel_5400585_3224.html
20/12/2018
societe
Un cours à l’école Al-Badr, à Toulouse, le 23 janvier 2014. REMY GABALDA / AFP La cour d’appel de Toulouse a infirmé, jeudi 20 décembre, la fermeture d’une école musulmane hors contrat de la ville et relaxé son directeur, qui avait été condamné en première instance pour « enseignement non conforme ». En décembre 2016, le tribunal de grande instance (TGI) de Toulouse avait ordonné la fermeture du groupe scolaire Al-Badr, établissement hors contrat de confession musulmane du quartier défavorisé de Bellefontaine, au Grand Mirail, à Toulouse, pour « enseignement non conforme ». Il avait aussi condamné le directeur de l’école, l’imam Abdelfatthah Rahhaoui, à quatre mois de prison avec sursis et une interdiction de diriger un établissement d’éducation. Dans l’arrêt que s’est procuré l’Agence France-Presse, la cour d’appel de Toulouse infirme le jugement du TGI et relaxe également l’association Al-Badr, qui gérait l’école. Cette association culturelle avait écopé de 5 000 euros d’amende et d’une « interdiction définitive d’exercer ». « Enseignement très déficitaire » L’éducation nationale reprochait à l’école dirigée par l’imam Rahhaoui, réputé pour son conservatisme, de ne pas laisser « suffisamment de place aux enseignements de base en langues françaises par rapport aux enseignements coraniques en langue arabe », selon Me Samim Bolaky, l’avocat de l’école. Depuis son ouverture en 2013, l’école avait reçu quatre visites d’inspecteurs académiques. Tous avaient constaté un « enseignement très déficitaire dans tous les domaines en dehors de l’enseignement de l’arabe ». Ils soulignaient « l’étude quotidienne du Coran [qui] oblitère le temps de façon importante et réduit les séances consacrées aux connaissances et compétences minimales à faire acquérir ». Ce revirement judiciaire intervient après une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par Me Bolaky, lors d’une première audience d’appel le 14 décembre 2017. Le 1er juin, le Conseil constitutionnel a validé le texte de loi par lequel la justice a ordonné la fermeture de l’école musulmane et condamné son directeur. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La fermeture de l’école Al-Badr, un dossier juridique épineux Cependant, les sages ont précisé dans leur décision que l’éducation nationale devait dans sa procédure de mise en demeure « expos(er) de manière précise et circonstanciée les mesures nécessaires pour que l’enseignement dispensé soit mis en conformité avec l’objet de l’instruction obligatoire ». « Contexte politique très défavorable » La décision du Conseil constitutionnel « apparaît comme très courageuse de la part des juges dans un contexte politique très défavorable à cette école », a estimé Me Bolaky, indiquant que la relaxe avait été obtenue sur ce point de procédure. L’avocat parisien précise que l’école avait rouvert avec la constitution d’une nouvelle association culturelle, « le groupe scolaire Al-Badr ». Cette nouvelle structure est à nouveau convoquée devant la justice toulousaine, fin janvier.
Pour les valoriser et garder une trace des monuments africains, le Zamani Project numérise les sites archéologiques et les bâtiments historiques du continent.
Le patrimoine africain modélisé en 3D pour ne pas être oublié
https://www.lemonde.fr/afrique/video/2018/12/20/le-patrimoine-africain-modelise-en-3d-pour-ne-pas-etre-oublie_5400574_3212.html
20/12/2018
afrique
inent. De la grande mosquée de Djenné, au Mali, à la ville romaine de Djemila, en Algérie, en passant par l’hôtel de ville du Cap, en Afrique du Sud… Des dizaines de monuments africains ont été modélisées numériquement par les équipes du Zamani Project. Ce projet a été lancé en 2004 à l’université du Cap, en Afrique du Sud, pour valoriser le patrimoine et l’histoire du continent. Le Zamani Project a aussi pour objectif de conserver une trace de sites africains menacés de destruction ou en proie à la détérioration. Plusieurs mausolées de Tombouctou ont ainsi été détruits par des islamistes en 2012. En tout, près de 200 monuments ont été numérisés dans 16 pays. Ces reproductions sont réalisées grâce à plusieurs outils : des scanners qui fonctionnent par laser, des relevés géographiques, la technologie GPS, la photogrammétrie et des outils de modélisation 3D. Le Zamani Project n’est pas le seul à utiliser ce type de technologie. La start-up française Iconem, par exemple, a aussi numérisé des sites en danger comme le temple de Bêl, en Syrie. Situé à Palmyre, ce site a été dynamité en 2015 par l’organisation Etat islamique.
Le département américain de la justice a inculpé deux Chinois qui, dit-il, ont mené des cyberattaques dans une douzaine de pays à des fins d’espionnage.
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni accusent la Chine d’une vaste campagne de piratage
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/20/les-etats-unis-et-le-royaume-uni-accusent-la-chine-d-une-vaste-campagne-de-piratage_5400572_4408996.html
20/12/2018
pixels
Les Etats-Unis, de concert avec le Royaume-Uni, ont accusé publiquement la Chine de vastes campagnes de piratage. Jeudi 20 décembre, le ministère américain de la justice a annoncé l’inculpation de deux Chinois, soupçonnés d’appartenir à un groupe de pirates surnommé APT10 et de travailler pour le renseignement chinois. Dans un communiqué, le ministère de la justice affirme que la Chine a mené, depuis 2006, de vastes campagnes de piratage visant des dizaines d’entreprises et des gouvernements dans une douzaine de pays. Objectif, selon les Etats-Unis : dérober des informations commerciales et technologiques confidentielles. Les cibles appartenaient à des secteurs très variés : industrie, tech, aviation, finance, pharmaceutique, exploration minière, etc. Le ministère de la justice ne détaille pas la liste des victimes, mais précise toutefois qu’un centre et un laboratoire de la NASA ont été touchés. Les données personnelles de plus de 100 000 membres de la Marine américaine ont également été dérobées (noms, dates de naissance, adresses e-mail, salaires et numéros de sécurité sociale). « Ces activités doivent cesser » Le Royaume-Uni a également dénoncé, de son côté, les piratages chinois, rapporte le Guardian. « Cette campagne est l’une des intrusions les plus significatives jamais découvertes contre le Royaume-Uni et ses alliés », a estimé le ministre britannique des affaires étrangères, Jeremy Hunt. « Ces activités doivent cesser. » « Nous voulons que la Chine cesse ses cyber-activités illégales et honore ses engagements envers la communauté internationale », a déclaré le numéro 2 du ministère américain de la justice, Rod Rosenstein. La Chine s’était en effet engagée, dans le cadre du G20, à ne pas participer à des campagnes de piratage visant à dérober des secrets commerciaux. « Mais les preuves montrent que la Chine ne compte pas tenir ses promesses. » Aucun autre pays que la Chine ne représente « une menace aussi lourde et sur un temps aussi long », a assuré de son côté le directeur du FBI, Christopher Wray. « Nous apprécions la concurrence juste, mais nous ne tolérons pas le piratage, le vol et la triche. » Ces derniers mois, le ministère américain de la justice a annoncé plusieurs poursuites contre des pirates et des espions chinois. Fin octobre, une dizaine de chinois avaient été inculpés par les Etats-Unis pour espionnage économique contre des sociétés aéronautiques, notamment française.
« Les étrangers qui essaient de profiter du système pour venir illégalement sur notre sol ne pourront plus disparaître », a justifié la ministre de la sécurité intérieure américaine.
Washington renverra les demandeurs d’asile au Mexique pendant l’examen de leur dossier
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/washington-renverra-les-demandeurs-d-asile-au-mexique-pendant-l-examen-de-leur-dossier_5400563_3210.html
20/12/2018
international
Des migrants traversent la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, près de Tijuana, le 25 novembre. PEDRO PARDO / AFP Washington veut empêcher les immigrés clandestins de « disparaître » sur le territoire américain. La ministre de la sécurité intérieure américaine, Kirstjen Nielsen, a annoncé jeudi 20 décembre que les Etats-Unis renverraient désormais les demandeurs d’asile au Mexique pendant l’examen de leur dossier par les autorités. « Les étrangers qui essaient de profiter du système pour venir illégalement sur notre sol ne pourront plus disparaître aux Etats-Unis, où ils sont nombreux à ne pas honorer leurs rendez-vous dans les tribunaux », a écrit Mme Nielsen dans un communiqué. Les immigrés, entrés clandestinement sur le sol américain ou ne disposant pas de documents en règle, attendront désormais « au Mexique » les décisions de justice, qui doivent leur accorder ou non le droit de rester aux Etats-Unis. Priorité de Donald Trump Le gouvernement mexicain a été informé et a « décidé de prendre des mesures de son côté de la frontière », a-t-elle assuré, en espérant que les migrants obtiennent des « visas humanitaires » qui les autorisent à travailler au Mexique en attendant les décisions des tribunaux américains. Le président Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration illégale une de ses priorités. Il a notamment promis de construire un mur à la frontière du Mexique et déployé des troupes pour la sécuriser. Il a aussi pris des mesures pour restreindre le droit d’asile, mais elles ont été annulées en justice. Sur le plan préventif, Washington et Mexico se sont engagés mardi à effectuer d’importants investissements en Amérique centrale et dans le sud du Mexique, dans l’espoir d’endiguer les départs de migrants fuyant la misère et la violence. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Donald Trump pris au piège de sa promesse de « mur » et de ses menaces de « shutdown »
La Commission électorale nationale indépendante a annoncé ce jeudi que les élections présidentielle, législatives et provinciales auront lieu le 30 décembre.
Elections en RDC : un report de sept jours
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/20/elections-en-rdc-un-report-de-sept-jours_5400545_3212.html
20/12/2018
afrique
Des banderoles électorales dans le district de Ndjili, à Kinshasa, le 19 décembre 2018. LUIS TATO / AFP Les élections présidentielle, législatives et provinciales en République démocratique du Congo (RDC) sont reportées de sept jours au dimanche 30 décembre, a annoncé jeudi 20 décembre le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa. « Nous annonçons donc que les scrutins directs présidentiel, législatif national et provincial auront lieu le 30 décembre 2018 », a déclaré M. Nangaa dans une déclaration à la presse à Kinshasa. #rdc @cenirdc annonce le report des élections au 30 décembre 2018 arguant de soucis techniques et de retard dans la… https://t.co/PUJTlI8NF6 — joantilou (@Joan Tilouine) Ce report des élections avait été évoqué un peu plus tôt dans la journée par l’un des candidats à la présidentielle. « La Commission électorale nationale indépendante nous a dit qu’elle est dans l’incapacité technique d’organiser les élections le 23 décembre », avait déclaré à l’AFP le pasteur Théodore Ngoy. Celui-ci avait été reçu par le président de la CENI, avec d’autres candidats ou leurs représentants. M. Nangaa a aussi rencontré le premier ministre Bruno Tshibala. Raison invoquée : des retards dans le déploiement du matériel électoral, et l’incendie d’un entrepôt de la CENI il y a une semaine à Kinshasa, qui a porté « un grand coup » au processus électoral. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En RDC, les élections de tous les dangers Les trois scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux du 23 décembre doivent déboucher sur la première transmission pacifique du pouvoir en RDC, espèrent les Nations unies et certains diplomates. Ils doivent organiser le départ du pouvoir du président Joseph Kabila, 47 ans, qui a renoncé à briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution. Des élections deux fois reportées Ces élections dans le plus grand et l’un des plus instables des pays d’Afrique subsaharienne ont été reportées une première fois à l’expiration du deuxième et dernier mandat du président Kabila fin 2016, officiellement faute de moyens financiers. Ce report avait suscité des protestations réprimées dans le sang en septembre et décembre 2016. Un accord in extremis sous l’égide des évêques le 31 décembre 2016 avait prolongé de facto d’un an le pouvoir du président Kabila, moyennant des élections en décembre 2017. #rdc @cenirdc assure que toutes les machines à voter « sont OP » — joantilou (@Joan Tilouine) Elles ont une nouvelle fois été reportées, officiellement en raison du retard pris dans l’enregistrement des électeurs au Kasaï, région du centre de la RDC, victime d’un violent conflit entre septembre 2016 et mi-2017. Pour l’organisation des élections, la CENI refuse l’aide logistique et financière que lui propose la communauté internationale, à commencer par les moyens aériens de l’imposante Mission des Nations unies au Congo (Monusco). « Plus de deux ans après l’expiration des délais constitutionnels, aucun report n’est justifiable », avait prévenu dans un communiqué la coalition Lamuka, constituée autour du candidat d’opposition Martin Fayulu.
Les vols du deuxième plus grand aéroport britannique sont perturbés depuis mercredi soir. En cause : des survols récurrents de drones.
Des drones à l’origine de la paralysie de l’aéroport londonien de Gatwick
https://www.lemonde.fr/la-foire-du-drone/article/2018/12/20/des-drones-a-l-origine-de-la-paralysie-de-l-aeroport-londonien-de-gatwick_5400540_5037916.html
20/12/2018
la-foire-du-drone
Des passagers en attente de leur avion jeudi 20 décembre, alors que des survols de drones perturbent le fonctionnement de l’aéroport de Gatwick. GLYN KIRK / AFP « Chaque fois que nous pensons approcher de l’opérateur, le drone disparaît. Quand nous envisageons de rouvrir l’aérodrome, le drone réapparaît. » Justin Burtenshaw, un responsable de la police locale, ne décolère pas. Depuis mercredi 19 décembre au soir, l’aéroport londonien de Gatwick – le deuxième plus important du Royaume-Uni – est paralysé à cause de vols récurrents de drones. Des nuisances visiblement organisées avec l’objectif délibéré de perturber durablement le trafic aérien. Alors qu’à l’approche de Noël quelque 110 000 passagers et 760 vols devaient transiter jeudi par Gatwick, les autorités aéroportuaires ont dû bloquer des avions au sol et en détourner d’autres vers Heathrow, Stansted, Luton, voire Amsterdam et Paris. L’aéroport a été fermé mercredi soir vers 22 heures (heure de Paris) après que deux drones ont été aperçus survolant le site. Il a rouvert brièvement durant trois quarts d’heure dans la nuit mais a été contraint de fermer à nouveau à 4 h 45 à la suite de nouveaux signalements d’un survol de drones à proximité des pistes. L’incident a pris des proportions telles que le porte-parole de la première ministre Theresa May a dénoncé un « comportement (…) irresponsable et totalement inacceptable », précisant que les auteurs de ces perturbations risquaient, selon la loi, cinq ans d’emprisonnement. « Acte délibéré » Selon la police du Sussex, le comté situé au sud de Londres où se trouve l’aéroport, il s’agit bien d’un « acte délibéré ». Pour autant, toujours d’après la police, il n’existe « aucune indication suggérant que cela soit lié au terrorisme ». Cité par le Guardian, Chris Woodroofe, le responsable de l’aéroport de Gatwick, estime que « l’on peut raisonnablement considérer que plusieurs jours seront nécessaires pour parvenir à un retour à la normale ». Cet incident, qui semble être le premier à résulter d’une action délibérée avec une intention de nuire, confirme la fragilité du trafic aérien face à ce genre de menaces mais aussi la difficulté d’y remédier avec des outils classiques. Même s’ils ne présentent pas une garantie absolue d’efficacité, les outils de lutte antidrone – faisant appel à la goniométrie et à des systèmes sophistiqués d’imagerie optronique – dont les aéroports commencent à s’équiper n’ont pas fini d’enregistrer des commandes.
L’institution a notamment souligné que la procédure pour empêcher la diffusion de contenus ne concernera pas les « opinions », « parodies », « inexactitudes partielles » ou « simples exagérations ».
Le Conseil constitutionnel encadre la loi sur les fausses informations
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/20/le-conseil-constitutionnel-encadre-la-loi-sur-les-fausses-informations_5400537_3234.html
20/12/2018
economie
Le Conseil constitutionnel a encadré, jeudi 20 décembre, un certain nombre de dispositions de la loi sur les fausses informations (infox) en période électorale, qui prévoit une procédure de référé avec un délai de quarante-huit heures laissé au juge et à la cour d’appel. L’institution a notamment souligné que cette saisie ne pourrait concerner que des contenus « dont il est possible de démontrer la fausseté de manière objective ». Sont ainsi exclues les « opinions », « parodies », « inexactitudes partielles » ou « simples exagérations ». Par ailleurs, l’interdiction de diffuser des contenus ne sera justifiée, souligne le Conseil constitutionnel, que « si leur caractère inexact ou trompeur est manifeste ». « Il en est de même pour le risque d’altération de la sincérité du scrutin, qui doit aussi être manifeste », ajoutent les membres du Conseil. Les mêmes réserves s’appliqueront pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui s’est vu attribuer, par cette loi sur les fausses informations, le pouvoir de suspendre la diffusion en France de radios ou de télévisions contrôlées par des Etats étrangers. Malgré l’opposition du Sénat, les deux projets de loi – l’un ordinaire, l’autre organique, portant sur l’élection présidentielle – avaient été adoptés définitivement il y a un mois par l’Assemblée nationale. Mais une soixantaine de sénateurs, de même que le premier ministre, avaient saisi le Conseil constitutionnel. Lors de ses vœux à la presse, le 3 janvier 2018, le président Emmanuel Macron avait annoncé, à la surprise générale, vouloir adopter un tel dispositif pour déjouer les ingérences étrangères et la propagande.
Un appel à manifester à Versailles a été lancé ces derniers jours sur les réseaux sociaux pour le sixième samedi de mobilisation consécutif.
« Gilets jaunes » : le château de Versailles fermé préventivement samedi
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/20/gilets-jaunes-le-chateau-de-versailles-ferme-preventivement-samedi_5400533_3224.html
20/12/2018
societe
Le château de Versailles. AFP/CLAIRE LEBERTRE Le domaine et le château de Versailles seront fermés « de manière préventive » samedi, en raison d’un projet de manifestation des « gilets jaunes » dans la ville, ont indiqué, jeudi 20 décembre, le château et la préfecture des Yvelines. Le préfet des Yvelines, Jean-Jacques Brot, doit exposer vendredi devant la presse « le dispositif d’encadrement de la manifestation que les “gilets jaunes” projettent d’organiser à Versailles », a indiqué un bref avis de la préfecture. Cette fermeture exceptionnelle « est réalisée de manière préventive sur recommandation de la préfecture », a-t-on confirmé au château. ⚠️ Le château et le domaine de Versailles seront fermés à la visite le samedi 22 décembre. ⚠️ The Palace and the… https://t.co/XsM9466Kx6 — CVersailles (@Chateau de Versailles) Révolution française Un appel à manifester à Versailles a été lancé ces derniers jours sur les réseaux sociaux, notamment par Eric Drouet, l’un des porte-parole et l’une des premières figures du mouvement des « gilets jaunes », pour le sixième samedi de mobilisation consécutif. Ce n’est pas la première fois que les « gilets jaunes » se réfèrent à la Révolution française. Cette manifestation aurait lieu près d’un lieu très symbolique, rappelant les marches des Parisiens sur Versailles à l’automne 1789, qui avaient contraint le roi Louis XVI à regagner Paris.
Un rapport de l’organisation évoque le « manque de volonté politique » de Moscou, qui a fait de la Tchétchénie un « régime spécial d’impunité ».
Répression des homosexuels en Tchétchénie : la Russie mise en cause par l’OSCE
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/l-osce-pointe-la-responsabilite-de-la-russie-dans-la-repression-des-homosexuels-en-tchetchenie_5400531_3210.html
20/12/2018
international
Des manifestants protestent devant l’ambassade russe de Londres contre le traitement infligé aux homosexuels en Tchétchénie, le 12 avril 2017. THOMAS HORNALL / AP La Russie porte une responsabilité dans la répression dont les homosexuels et les transgenres sont les victimes en Tchétchénie, selon un rapport de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), consulté par Le Monde. Datant du 13 décembre, cette première enquête internationale fouillée démontre une complicité passive de Moscou, concernant les persécutions sans précédent révélées par le journal indépendant russe Novaïa Gazeta, le 1er avril 2017. L’OSCE parle d’une traque entamée dès décembre 2016 pour s’achever « sous la pression internationale » après mai 2017, même si des cas ont été documentés en septembre et en octobre 2018. « Il paraît difficile de douter de la véracité des allégations, car elles ont été confirmées par différentes sources fiables : témoignages de victimes et de témoins, avocats, rapports d’organisations locales. » L’OSCE est un outil diplomatique neutre, issu de la guerre froide. Il est au service du dialogue entre l’Est et l’Ouest du continent. Fort de ses 57 Etats membres, il affirme que ces preuves corroborent par ailleurs le travail de la défenseuse des droits en Russie, Tatiana Moskalkova, et du président du Conseil russe des droits de l’homme, Mikhaïl Fedotov. « Les institutions de la Fédération de Russie, qui sont de manière générale efficientes, ont du mal à gérer la situation dans cette république du Caucase », peut-on encore lire dans le document de l’organisation basée à Vienne, en Autriche. « La Tchétchénie est traitée comme un cas à part, un endroit où un régime spécial d’impunité est toléré, au nom de la stabilité. […] Il est donc légitime de se demander s’il y a un manque de volonté politique ou si la Fédération de Russie a perdu le contrôle des événements en Tchétchénie. La plupart des observateurs pensent qu’il y a un manque de volonté politique, au nom de la stabilité dans la région. » « Certaines personnes n’ont pas survécu » Ce rapport a été rédigé à la demande de seize Etats participants de l’OSCE, tous occidentaux. Il fait état de victimes déclarant avoir été arrêtées arbitrairement par des policiers ou des militaires, humiliées et torturées pendant des semaines, pour qu’elles affirment être homosexuelles et donnent les noms de personnes supposément homosexuelles. Le porte-parole du Parlement, Magomed Daoudov, est accusé d’avoir personnellement pris part à certaines sessions de torture, « ce qui démontre que cette campagne a eu lieu avec le soutien de l’Etat ».
Le « RIC » demandé par les « gilets jaunes » s’ajouterait à un ensemble de mesures de démocratie participative déjà existantes, mais pas forcément très utilisées.
Le référendum d’initiative citoyenne est-il une bonne idée ?
https://www.lemonde.fr/politique/video/2018/12/20/le-referendum-d-initiative-citoyenne-est-il-une-bonne-idee_5400515_823448.html
20/12/2018
politique
isées. La mise en place du référendum d’initiative citoyenne, ou « RIC », est une des demandes emblématiques des « gilets jaunes ». L’idée : permettre aux citoyens, s’ils sont suffisamment nombreux, de susciter eux-mêmes l’organisation d’un référendum sur un thème de leur choix. Entre les enquêtes publiques et les référendums locaux, ce souci de consulter le peuple en dehors des échéances électorales n’est pas nouveau. Mais derrière cette volonté d’une démocratie participative, il y a surtout une crise de la représentativité. En 2018, 85 % des personnes interrogées par le Cevipof trouvent que les hommes politiques ne s’intéressent pas à leurs préoccupations. La méfiance est aussi le sentiment majoritairement exprimé (39 %) vis-à-vis de la classe politique. Le RIC parviendra-t-il à combler le fossé qui s’est creusé entre la classe politique et les citoyens ? Décryptage avec Olivier Rouquan, politologue et auteur de l’ouvrage En finir avec le président !. Sources : Olivier Rouquan - En finir avec le président ! Cevipof - Baromètre de la confiance politique (janvier 2018)
Dans ce dossier, Patrick Dils avait d’abord été condamné puis innocenté avant que Francis Heaulme ne soit renvoyé devant les assises, devant lesquelles il a été condamné à perpétuité en première instance, en 2017.
Double meurtre de Montigny-lès-Metz : perpétuité requise contre Francis Heaulme en appel
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/20/double-meurtre-de-montigny-les-metz-perpetuite-requise-contre-francis-heaulme-en-appel_5400479_1653578.html
20/12/2018
police-justice
Les dossiers du procès en appel de Francis Heaulme, dans la salle d’audience du tribunal de Versailles, le 4 décembre. THOMAS SAMSON / AFP La réclusion criminelle à perpétuité a été requise en appel jeudi à Versailles contre Francis Heaulme pour le meurtre de deux enfants de 8 ans en 1986 à Montigny-lès-Metz, un crime pour lequel Patrick Dils a passé quinze ans à tort derrière les barreaux. Les avocats généraux ont requis la même peine que celle prononcée en première instance en s’appuyant sur un faisceau d’indices malgré l’absence de preuves matérielles et d’aveux de l’accusé, qui a toujours nié avoir été l’auteur du double meurtre. « S’ils sont morts, c’est qu’ils ont croisé celui qu’il ne fallait pas », a déclaré Guirec Le Bras, avocat général, en concluant ses réquisitions. « Donnez définitivement un visage à celui qui a fait disparaître les enfants, et ce visage c’est celui de Francis Heaulme. » Déjà condamné pour neuf meurtres Le 28 septembre 1986, Cyril Beining et Alexandre Beckrich avaient été retrouvés morts, le crâne fracassé, sur un talus près d’une voie ferrée de cette commune située en périphérie de Metz. Francis Heaulme, incarcéré depuis 1992, a déjà été condamné pour neuf meurtres dont celui d’un enfant de 9 ans. Il purge notamment deux condamnations à la perpétuité. Dans ce dossier, Patrick Dils avait d’abord été condamné puis innocenté avant que Francis Heaulme ne soit renvoyé devant les assises, devant lesquelles il a été condamné à perpétuité en première instance en 2017, avant de faire appel de cette décision. « Le rôle du ministère public s’avère délicat, puisque nos représentants ont soutenu deux thèses différentes contre deux personnes accusées des mêmes faits », a rappelé plus tôt l’autre avocat général, Olivier Mesrine. « Lorsque la justice s’est fourvoyée, égarée dans ce que mon collègue a appelé un “aveuglement collectif”, il nous faut le reconnaître et, en tant que ses représentants, accepter les erreurs, si préjudiciables qu’elles aient pu être. » Le magistrat est longuement revenu sur la procédure de révision qui a abouti à l’acquittement de Patrick Dils, affirmant que Francis Heaulme est « la seule personne à devoir être jugée désormais ». Le procès qui se tient à Versailles est le sixième de cette procédure tortueuse dans laquelle toutes les preuves matérielles ont disparu. « L’ADN n’est pas la reine des preuves, pas plus que l’aveu », a estimé M. Le Bras. « Un fait doit être confronté aux autres éléments de l’enquête », a-t-il déclaré. Le verdict est attendu vendredi dans la journée. Lors du premier procès: Le tueur en série Francis Heaulme de retour au tribunal
Plusieurs entreprises ont répondu à l’appel d’Emmanuel Macron en décidant de verser une prime exceptionnelle de fin d’année à leurs salariés. Les députés ont examiné jeudi 20 décembre le texte de loi encadrant cette mesure. Qui pourra finalement en bénéficier ?
Prime exceptionnelle de fin d’année : mode d’emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/12/20/prime-exceptionnelle-de-fin-d-annee-mode-d-emploi_5400463_1698637.html
20/12/2018
emploi
« Seuls les salariés gagnant moins de 4 500 euros brut par mois environ – l’équivalent de trois salaires minimum – et seuls les montants inférieurs à 1 000 euros pourront bénéficier d’une exonération totale de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu. » A. Huber/U. Starke/zefa/Flirt / Photononstop Pour calmer la colère des « gilets jaunes » sans trop mettre à contribution les finances publiques, Emmanuel Macron a décidé d’en appeler à la générosité des employeurs. Plusieurs entreprises ont déjà répondu à l’appel du président de la République, en annonçant qu’elles offriraient une prime exceptionnelle de fin d’année défiscalisée à leurs salariés. Le versement de cette prime est toutefois encadré par le projet de loi portant mesures d’urgences économiques et sociales, examiné cette semaine en accéléré par les parlementaires pour une adoption d’ici la fin de l’année. Ce texte apporte plusieurs précisions. Rappelons d’abord que cette prime n’a rien d’obligatoire : seuls les salariés des entreprises qui se seront portées volontaires pourront la percevoir. Toutefois, un amendement apporté au texte de loi précise que le versement de cette prime peut être décidé par un accord de groupe : celui-ci s’impose alors à ses filiales. Le montant est libre L’employeur peut décider d’accorder cette prime à tous les salariés, ou bien seulement à ceux dont la rémunération « est inférieure à un plafond », indique le projet de loi. Le montant de cette prime est libre, tout comme le plafond. En revanche, seuls les salariés gagnant moins de 4 500 euros brut par mois environ – l’équivalent de trois salaires minimum – et seuls les montants inférieurs à 1 000 euros pourront bénéficier d’une exonération totale de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu. L’idée est d’utiliser la « carotte » de la défiscalisation pour inciter les employeurs à mettre en place cette prime au niveau des bas salaires. Lire aussi Le gouvernement propose une prime de 300 euros pour les forces de l’ordre mobilisées Le groupe de protection sociale Klesia (3 500 salariés) offre un bon exemple de la manière dont cette prime exceptionnelle peut être distribuée. L’entreprise a décidé d’en faire bénéficier une partie de ses salariés, selon une grille variable en fonction du salaire annuel brut perçu : les collaborateurs qui touchent entre 30 000 et 35 000 euros percevront 300 euros, tandis que la prime pourra s’élever jusqu’à 900 euros pour les rémunérations inférieures à 25 000 euros. De même, le groupe d’impression et de services numériques Jouve (2 000 salariés) a décidé de verser une prime exceptionnelle de fin d’année à une partie de ses collaborateurs en CDI ou CDD, en fonction du niveau de rémunération : 300 euros pour les salariés ayant perçu un salaire brut inférieur à 25 000 euros et 200 euros pour les salaires entre 25 000 et 30 000 euros.
Le député de la Somme a jeté le trouble au sein de La France insoumise après ses propos sur un blogueur conspirationniste.
Quenelle et « 500 familles » : les références ambiguës de François Ruffin
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/20/les-references-ambigues-de-francois-ruffin_5400460_823448.html
20/12/2018
politique
François Ruffin, député de la Somme, ici place de la République, à Paris, le 29 novembre. STR / AFP C’est une petite phrase qui a fait l’effet d’une bombe parmi les dirigeants de La France insoumise (LFI). Mardi 18 décembre, lors d’une conférence de presse des députés « insoumis » consacrée à leur proposition de loi sur le référendum d’initiative citoyenne (RIC), François Ruffin lit un texte présentant notamment la genèse de cette initiative : « Le référendum d’initiative citoyenne a fleuri. Oh, il n’a pas fleuri par hasard. Il a fleuri parce que des hommes de conviction – nommons-les : Etienne Chouard et ses amis – ont semé, ont arrosé, depuis des années. Depuis le traité constitutionnel européen de 2005 (…), depuis la trahison du peuple par les députés, par les sénateurs, par le président, depuis qu’il est évident, depuis qu’il est transparent que le peuple ne saurait plus avoir confiance dans ses représentants. » Malaise parmi les collègues de l’élu de la Somme présents ce jour-là à ses côtés. D’abord parce que le RIC faisait partie des propositions du candidat Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2017. Ensuite et surtout parce qu’Etienne Chouard est une personnalité sulfureuse. Enseignant de formation, il a connu sa première notoriété pendant la campagne contre le traité constitutionnel européen de 2005 où l’un de ses textes a connu un succès viral. Les années suivantes l’ont vu lentement dériver vers le conspirationnisme. Il a aussi marqué son soutien, à plusieurs reprises, au polémiste antisémite Alain Soral et à son site Egalité et réconciliation. En 2014, il déclare ainsi : « Soral est un résistant à la guerre (…) Il dénonce la mainmise de la banque sur les médias (…) Il y a plein de choses intéressantes. Il dénonce le colonialisme guerrier du sionisme. Je trouve ça intéressant et il n’y en a pas beaucoup qui le disent comme il le dit. » « Errance et naïveté » Le site Conspiracy Watch rappelle d’ailleurs que le Parti de gauche − formation fondatrice de LFI − avait fermement condamné en 2014 M. Chouard pour ce genre de propos, sous la plume de Martine Billard, aujourd’hui oratrice nationale de LFI : « Nous ne soutenons pas Etienne Chouard, à la pointe du combat contre le traité constitutionnel européen, mais qui maintenant, au nom de la liberté d’expression, défend toute personne qui lui paraît dire une chose intéressante sans se préoccuper de la totalité du propos. (…) Visiblement selon Etienne Chouard, Alain Soral et son site tiendrait des propos globalement positifs ! »
Les huîtres cuisinées sont moins courantes. Et pourtant, elles gardent à la cuisson toutes leurs saveurs. L’orange et la coriandre leur donnent un goût exotique.
Huîtres chaudes aux endives : la recette de Dominique Hutin
https://www.lemonde.fr/les-recettes-du-monde/article/2018/12/20/huitres-chaudes-aux-endives-la-recette-de-dominique-hutin_5400450_5324493.html
20/12/2018
les-recettes-du-monde
Des huîtres accompagnées d’endives et d’épices. Julie Balagué pour M Le magazine du Monde Temps de préparation : 40 min Temps de cuisson : 10 min Difficulté : facile Ingrédients pour 4 personnes 16 huîtres naturelles, calibre 2 4 belles endives de pleine terre 3 échalotes 2 oranges bio, zestées puis pressées pour le jus 1 c. à c. (ou plus, selon le goût) de graines de coriandre 1 pincée de curry Sel, poivre du moulin Beurre demi-sel Etape 1 : les huitres Ouvrir les huîtres, vider l’eau. Détailler les endives en lanières. Emincer les échalotes et les faire revenir dans une poêle avec un bon morceau de beurre. Ajouter les endives, une petite pincée de sel (attention, les huîtres emmènent un peu de la mer et sont naturellement salées), un tour de moulin à poivre, le curry et les graines de coriandre. Etape 2 : les endives Quand les endives sont confites et que l’ensemble commence à attacher, déglacer avec la moitié du jus d’orange. Décoquiller les huîtres et leur faire une petite place dans la poêle, pour les réchauffer 1 minute. Etape 2 : l’assemblage Dans chaque assiette, disposer un lit d’endives, poser 4 huîtres par-dessus, arroser de jus d’orange, saupoudrer de zeste et terminer avec un tour de moulin de poivre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Huître ou ne pas huître Accord parfait : un jurançon sec, riche et légèrement oxydatif, comme le Domaine Guirardel, vin de table blanc, Sans voile, 2015. En alternative, un côtes-du-jura blanc, assemblage chardonnay-savagnin. Lire aussi : Queue de lotte, ail noir et moules Le Cotentin dans l’âme Dominique Hutin, journaliste et œnologue a appris à aimer les huîtres avec sa compagne, dans la Manche. « On allait se balader, prendre les embruns dans la figure, et glaner des huîtres sauvages, qu’il faut parfois détacher avec un burin. De retour au cabanon, elle les faisait chauffer rapidement dans la poêle, sur un réchaud. C’est ainsi que j’ai commencé à aimer les huîtres. Chaudes. Avec du poivre, des graines de coriandre, du jus d’orange. Et des endives, quand c’est la saison. » Lire aussi Ma mer patrie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit déterminé à « se débarrasser » des milices Kurdes en Syrie. Cette menace fait craindre le pire au représentant en France du Rojava qui, dans une tribune au « Monde », demande l’aide de la France.
« Ne partez pas ! Pour nous, Kurdes de Syrie, les militaires américains et français sont notre meilleur rempart contre la Turquie »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/ne-partez-pas-pour-nous-kurdes-de-syrie-les-militaires-americains-et-francais-sont-notre-meilleur-rempart-contre-la-turquie_5400432_3232.html
20/12/2018
idees
« Ne pliez pas devant la brutalité d’Erdogan. C’est un dictateur »(Photo: forces américaines dans le nord de la Syrie, le 7 février). MAURICIO LIMA/REA Tribune. Comme tous les Kurdes, j’aime la France, je partage son goût pour la liberté, son appétit de justice. Je lui dois beaucoup, à la France. Elle a accueilli, ouvert les bras, donné sa chance en améliorant ses connaissances, à ce jeune Kurde syrien que j’étais, né dans un village d’une grande pauvreté. Aujourd’hui, je représente mes frères dans votre pays et je vous appelle au secours. Au sein d’une large coalition, nous nous sommes battus avec force et sagesse, en première ligne, pour chasser l’organisation Etat islamique qui avait envahi un immense territoire, grand comme la Suisse, au nord-est de la Syrie. Les pertes ont été très lourdes, nous n’avons pas fini d’enterrer nos jeunes martyrs tombés par milliers. Nous nous battons encore à ce jour avec nos partenaires, Arabes, Syriaques, entre autres, pour déloger les jihadistes de leur dernier bastion. Malédiction La France a pleuré, elle aussi, les siens, fauchés par d’épouvantables attentats. Ce combat est le nôtre. Les présidents Hollande et Macron nous ont toujours soutenus et reçus. C’est un secret pour personne, vos forces spéciales sont un appui stratégique indispensable sur le terrain, comme celles des Américains. Après tant d’épreuves, nous espérions vivre en paix, oui, nous espérions… Cette malédiction Kurde qui a fait de nous, si souvent, les oubliés de l’histoire porte aujourd’hui un nom : Erdogan Cette malédiction Kurde qui a fait de nous, si souvent, les oubliés de l’histoire porte aujourd’hui un nom : Erdogan. Le président turc qui a déjà envahi le territoire syrien, avec une incroyable brutalité, en particulier a Afrin, a signé notre arrêt de mort. Il ne s’agit pas de rodomontade. C’est une vraie guerre d’extermination qui se prépare. Ce 17 décembre, il s’est dit « déterminé à se débarrasser des Kurdes, la Turquie ayant perdu assez de temps pour intervenir dans ce marécage ». Les canons turcs ont déjà tonné juste à côté de Kobane, il y a quelques semaines. Le général qui dirigera l’offensive est nommé. Nous nous battrons, jusqu’au dernier. Nos combattants, et nos combattantes n’ont pas peur de mourir. Ils ont donné plus d’une fois leur sang. Une extermination revendiquée Mais ce moment de l’histoire a ceci de particulier, il ne s’agit pas que d’un risque d’invasion mais, je le répète, d’une extermination revendiquée haut et fort par Erdogan. Si vous me faites l’amitié de lire ces lignes, si, comme beaucoup de Français vous êtes sensible à notre sort, vous devez vous poser cette question simple : comment nous aider ? Je ne vous demande pas de faire la guerre à la Turquie, ce ne serait pas réaliste. Qu’il me soit permis ici de formuler trois demandes, essentielles à mes yeux
En 2016, deux parents d’élèves au chômage ont repris en autogestion la restauration scolaire de ce village des monts du Lyonnais. Leur but : proposer des menus de qualité et favoriser le local.
A Sourcieux-les-Mines, les parents ont repris la main sur la cantine
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/20/a-sourcieux-les-mines-les-parents-ont-repris-la-main-sur-la-cantine_5400428_3224.html
20/12/2018
societe
Le chef gérant de la cuisine scolaire, Patrice Michalon, 41 ans, a travaillé douze ans à la tête d’un restaurant lyonnais. En 2016, il a proposé de reprendre la cantine de Sourcieux-les-Mines (Rhône) en autogestion. Hugo Ribes / Collectif ITEM pour «Le Monde» L’assiette en tête. Un brouillard épais recouvre encore le revêtement rouge de la cour de l’école lorsque Patrice Michalon pousse la porte du réfectoire. Il est 7 h 30 et le chef gérant de la cuisine scolaire, veste noire et foulard de pirate vissé sur le front, démarre sa journée par la préparation des cakes aux olives. C’est sa troisième année à la tête de la cantine de Sourcieux-les-Mines (Rhône) et son organisation commence à être rodée. Ce village de près de 2 000 habitants, situé à une trentaine de kilomètres de Lyon, a un fonctionnement particulier puisque, depuis au moins quarante ans, la restauration scolaire, qui relève habituellement de la mairie, est sous la responsabilité d’une association de parents d’élèves. En 2008, les parents ont délégué la gestion des repas à une société extérieure, qui avait mis l’accent sur le bio et employait un cuisinier accompagné d’une aide pour le service. Mais les derniers temps, enfants et parents ne cachaient plus leur mécontentement. Les cuisiniers se succédaient et la qualité n’était plus au rendez-vous. « Lors d’un audit surprise dans les cuisines, les parents ont trouvé des œufs de batterie dans le réfrigérateur. Ils affichaient de la viande bio mais elle était de mauvaise qualité et venait de Roumanie. Ça n’avait pas de sens », se rappelle Yannick Muelle, trésorier et membre de l’association depuis huit ans. En passant en autogestion, l’association voulait maintenir le bio dans les repas, mais avant tout privilégier la qualité des aliments Alors en 2016, lorsque deux parents d’élèves proposent de récupérer la cantine en autogestion, les membres de l’association n’hésitent pas un instant. A cette époque, Patrice Michalon, cuisinier, et Virginie Siena, qui a été auxiliaire de vie scolaire pendant deux ans dans cette école, sont tous les deux à la recherche d’un emploi. Avec ce projet, les parents vont décider ensemble des arbitrages budgétaires et reprendre ainsi la main sur la composition des repas. Le président de l’association, habitué de la vie en entreprise, prépare un business plan solide qu’il soumet à la mairie, propriétaire des locaux. L’édile accepte de leur faire une avance de subvention de 10 000 euros pour les aider à se lancer. Dans cette école de près de 240 élèves, les parents n’avaient pas attendu le projet de loi sur l’agriculture et l’alimentation, adopté définitivement le 2 octobre 2018, pour favoriser l’apport de « produits issus de l’agriculture biologique ou tenant compte de la préservation de l’environnement ». En passant en autogestion, l’association voulait maintenir le bio dans les repas, mais avant tout privilégier la qualité des aliments. Avec comme défi de ne pas augmenter le prix du repas.
CVC Capital Partners, ex-propriétaire de la formule 1, va acquérir 27 % des parts de la Premiership, la première division de rugby anglaise.
Un fonds d’investissement actionnaire minoritaire du championnat anglais de rugby
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2018/12/20/un-fonds-d-investissement-actionnaire-minoritaire-du-championnat-anglais-de-rugby_5400411_1616937.html
20/12/2018
rugby
Selon plusieurs médias britanniques, CVC Capital Partners a acquis pour 200 millions de livres (222 millions d’euros) 27 % des parts de la Premiership, le championnat anglais de rugby. ANDREW BOYERS / Action Images Les fonds d’investissement poursuivent leur progression dans le sport professionnel en Europe. Au-delà d’entrées au capital de clubs (de football généralement), ils jettent aussi désormais leur dévolu sur des compétitions. Le rugby anglais vient ainsi d’ouvrir les bras à des financiers : la Premiership, le championnat de première division, a annoncé, jeudi 20 décembre, la vente d’une partie des parts actuellement détenues par les clubs à CVC Capital Partners, l’ancien propriétaire de la formule 1. Selon plusieurs médias britanniques, le montant de l’accord est de 200 millions de livres (222 millions d’euros), pour 27 % des parts de l’entité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Football, rugby, tennis... La nouvelle passion des fonds d’investissement En septembre, les clubs détenant la Premiership avaient repoussé une première offre de 275 millions de livres sterling (312 millions d’euros). Ils avaient expliqué ne pas vouloir abandonner la majorité de la structure gérant le championnat. Mais, alors qu’ils ont enregistré des pertes combinées de 28,5 millions de livres en 2016-2017 et que les pertes seraient encore plus importantes en 2017-2018, selon la presse britannique, ils ne sont pas restés insensibles à la nouvelle offre formulée par CVC, pour une prise de participation minoritaire. Les clubs, qui ont voté à l’unanimité en faveur de l’accord, prévoient en l’occurrence d’investir les fonds levés dans le développement des installations, des stades et l’expansion vers de nouveaux marchés internationaux. « L’investissement dans Premiership Rugby marque le début d’une nouvelle ère pour le rugby professionnel anglais, a estimé le directeur de la Premiership, Mark McCafferty. Je m’attends à ce que dans sept ou huit ans, la Premiership soit encore plus suivie au niveau mondial. Cette expansion a besoin de soutien. Les clubs y voient un moyen d’accélérer leur croissance, d’attirer de nouveaux fans et d’ouvrir leur public. »
Le deuxième aéroport le plus important outre-Manche était à l’arrêt jeudi après avoir été survolé par plusieurs drones. La police britannique soupçonne « un acte délibéré ».
Des drones paralysent l’aéroport londonien de Gatwick, l’armée appelée à la rescousse
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/royaume-uni-des-drones-paralysent-l-aeroport-londonien-de-gatwick_5400402_3210.html
20/12/2018
international
L’armée a été appelée à la rescousse, jeudi 20 décembre, pour trouver les auteurs du survol de drones qui paralyse depuis mercredi soir l’aéroport international de Gatwick, deuxième plus important du Royaume-Uni, affectant des dizaines de milliers de passagers à quelques jours de Noël. L’aéroport, qui dessert plus de 228 destinations dans 74 pays, est fermé depuis mercredi 21 heures après que deux engins ont été vus en train de survoler le site. Il a rouvert brièvement dans la nuit avant de fermer à nouveau à 3 h 45, et la piste n’a pu être rouverte de la journée car les machines volantes ne cessaient de réapparaître. « Nous anticipons que les perturbations se poursuivent demain », vendredi, l’un des jours de l’année où l’aéroport est le plus fréquenté, à l’approche de Noël, a annoncé, jeudi soir, l’aéroport londonien sur son site Internet. Des restrictions de vols de nuit seront levées dans certains aéroports jeudi soir pour permettre à des voyageurs d’arriver au Royaume-Uni ou d’en partir, a annoncé le ministre des transports, Chris Grayling. Le ministère de la défense a ajouté avoir déployé du matériel spécialisé pour aider la police à repérer les coupables. Selon la police du Sussex, comté au sud de Londres où se trouve l’aéroport, il s’agit d’un « acte délibéré visant à perturber l’aéroport » mais « il n’y a absolument aucune indication suggérant que cela soit lié au terrorisme ». 760 vols prévus jeudi et 110 000 passagers Quelque 110 000 passagers devaient décoller de Gatwick ou y atterrir jeudi à bord des 760 vols prévus, selon un porte-parole de l’aéroport. La fermeture a déjà affecté quelque 10 000 passagers mercredi soir, a indiqué le directeur opérationnel de l’aéroport, Chris Woodroofe, sur BBC Radio 4, évoquant un acte « irresponsable ». Il a estimé qu’il faudrait « plusieurs jours » pour que la situation revienne à la normale. Tout au long de la journée, jeudi, les avions sont restés cloués au sol à Gatwick et des files de passagers en quête d’informations se sont étendues sur plusieurs centaines de mètres. D’autres se sont plaints d’être restés bloqués plusieurs heures dans leur avion. La première ministre, Theresa May, a « compati pour tous les passagers dont les projets de voyage ont été perturbés (…). A cette période de l’année, c’est particulièrement difficile ». Elle a prévenu les coupables qu’ils risquaient jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. La législation encadrant l’usage des drones a été renforcée cette année au Royaume-Uni, interdisant leur utilisation à moins d’un kilomètre d’un aéroport et à une altitude supérieure à 400 pieds (122 mètres), et de nouvelles mesures sont à l’étude, a-t-elle ajouté. Les passagers ont été invités à ne pas se rendre sur place et à vérifier le statut de leur vol auprès de leurs compagnies aériennes. Un conseil repris par la compagnie aérienne britannique easyJet, qui a indiqué dans un communiqué avoir annulé ou dévié plusieurs vols vers d’autres aéroports britanniques.
Avec l’exemple des jardins de Cocagne, Dominique Hays, président d’une association d’insertion, explique dans une tribune au « Monde » comment concilier transition écologique et justice sociale.
« La transition écologique doit être sociale pour rénover l’économie en profondeur »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/la-transition-ecologique-doit-etre-sociale-pour-renover-l-economie-en-profondeur_5400395_3232.html
20/12/2018
idees
« La crise écologique actuelle a des conséquences directes d’abord sur les populations défavorisées, dans leur exposition à la pollution environnementale, comme dans leurs conditions de vie (habitat, mobilité) » Michele Constantini/PhotoAlto / Photononstop Tribune. A l’heure où la France a vu s’exprimer, sur les routes, une large revendication sociale, les associations d’insertion par l’activité économique (IAE), partie intégrante de l’économie sociale et solidaire (ESS), en prise directe avec les réalités des personnes défavorisées, prouvent, par leurs initiatives, que la fracture entre économie, écologie et précarité n’est pas une fatalité. La crise écologique actuelle a des conséquences directes d’abord sur les populations défavorisées, dans leur exposition à la pollution environnementale, comme dans leurs conditions de vie (habitat, mobilité). Or, cette prise de conscience peut être vécue contradictoirement avec les besoins et désirs de consommation qui font notre « qualité de vie » à tous. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un « pacte de croissance » pour l’économie sociale Pourtant, depuis des décennies maintenant, une économie solidaire de la transition écologique génère une offre de travail accessible aux personnes peu ou pas diplômées. Les associations et entreprises d’insertion ont fait émerger de nouvelles activités comme le recyclage de nombreux déchets, le ré-usage des vêtements ou meubles, l’écoconstruction, la gestion écologique des milieux, les premiers systèmes alimentaires bio locaux et de nombreux services à la personne, ainsi qu’à la mobilité. Ces supports d’insertion sont aussi des services écologiques accessibles à tous. Fonction thérapeutique La transition écologique doit être sociale pour rénover l’économie en profondeur. Les Jardins de Cocagne ont choisi le maraîchage biologique comme support d’insertion. Une histoire exigeante puisque le travail en agriculture biologique est un engagement avec la nature qui nécessite une attention préventive de tous les instants. Cela nous rappelle, salariés en insertion, encadrants techniques, dirigeants, qu’on ne peut soumettre la nature aux volontés humaines et que notre survie – alimentaire déjà – passe par le respect des écosystèmes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le paysage associatif se transforme nettement » La bonne nouvelle, c’est que ce réalignement de la personne dans son rapport à la nature a une fonction thérapeutique certaine. Cette « résonance » positive des personnes fragiles au contact de la nature nous interpelle toutes et tous. Combien de jardins bio, de toute sorte, ouvriers, familiaux, participatifs, urbains, d’entreprises, faudrait-il créer pour nous aider à regarder le sol, la biodiversité, le ciel et les saisons tout à fait autrement ? Les Jardins de Cocagne, ancrés dans la vie et les politiques publiques locales, sont autant de lieux d’expérimentation de coopérations territoriales entre les acteurs, en particulier avec les entreprises. Ce faisant, ils investissent la mission de « rénovation » de l’économie comme le qualifiait Claude Alphandéry, premier président du Conseil national de l’IAE.
Claudie Jouvenot explique « J’anime le Comité Bergues En Marche et suis connue pour avoir été suppléante aux législatives sur la liste LREM mais c’est avant tout à titre personnel et en tant que simples citoyens que nous avons pris cette initiative. »
« Le Monde des lecteurs » - Gilets jaunes : un atelier citoyen à Steene pour une autre parole
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/20/le-monde-des-lecteurs-gilets-jaunes-un-atelier-citoyen-a-steene-pour-une-autre-parole_5400392_5334984.html
20/12/2018
blog-mediateur
« Cette première rencontre est une manière de s’inscrire dans le débat national demandé par le président de la République. Le souhait des participants est de contribuer activement à ce que ce débat soit organisé sur tous les territoires et de la manière la plus constructive possible. » Sandy Aknine / Photononsto Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Je me permets de vous signaler l’initiative que nous avons prise, mon mari et moi, d’organiser, chez nous, une réunion pour permettre à nos concitoyens d’échanger sereinement sur les événements qui ont secoué la France. J’anime le Comité Bergues En Marche et suis connue pour avoir été suppléante aux législatives sur la liste LREM mais c’est avant tout à titre personnel et en tant que simples citoyens que nous avons pris cette initiative. Envoyée à une soixantaine de personnes, en début de semaine, cette invitation a été reçue avec beaucoup d’intérêt par la quasi-totalité d’entre elles et 17 personnes, la plupart sans lien avec le mouvement En Marche, ont pu se libérer pour y assister. La réunion, prévue pour durer 1 h 30 a permis à chacun de s’exprimer avec beaucoup d’écoute et de respect. Pour cette première rencontre, nous avons avant tout cherché à comprendre les différents facteurs qui ont pu provoquer ce mouvement des Gilets Jaunes. Les réflexions des uns et des autres ont fait le lien avec des questions aussi diverses que celles qui relèvent de l’économie, des modes de consommation, de la justice sociale, des questions politiques et de territoire. Cette première rencontre est une manière de s’inscrire dans le débat national demandé par le président de la République. Le souhait des participants est de contribuer activement à ce que ce débat soit organisé sur tous les territoires et de la manière la plus constructive possible. Le souhait des participants a été aussi qu’une telle initiative soit connue. Ils souhaitent qu’apparaissent dans les médias d’autres paroles que celles des Gilets Jaunes les plus hostiles à toute concertation. C’est pourquoi je vous envoie ce message afin que cette initiative soit relayée dans Le Monde, journal auquel nous sommes abonnés depuis plus de 30 ans Claudie Jouvenot, Steene (Nord)
Besoin de nature, désastre écologique, retour à une ­fascination antique ? Le succès d’ouvrages récents sur la vie ­secrète des arbres ­semble répondre au souhait de la société de mieux comprendre ces êtres immobiles qui communiquent et coopèrent entre eux. Enquête sur un engouement inattendu.
Eloge de l’arbre
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/eloge-de-l-arbre_5400386_3232.html
20/12/2018
idees
ttendu. Baum 1532/7, image extraite de la série Baum, 2017. ANNE SCHWALBE Le sapin de Noël est une tradition qui remonte au moins au début du XVIe siècle dans les pays germaniques. Une vieille histoire, donc. Mais depuis quelques années, en déposant leurs cadeaux sous ses branches, certains ne regardent plus leur sapin comme naguère. Quelque chose a changé dans la considération que nous portons au règne végétal. L’arbre en particulier, cet être vertical dont la présence obstinée triomphe sur le temps et suscite un intérêt mêlé de fascination. En témoigne le succès phénoménal, en Allemagne comme en France, de La Vie secrète des arbres (Les Arènes, 2017), dans lequel l’ingénieur forestier allemand Peter Wohlleben nous fait découvrir les mille et une manières dont hêtres et chênes communiquent entre eux et coopèrent. Depuis, ouvrages et émissions consacrés aux plantes se multiplient. Après les animaux, il semble que ce soit au tour du règne végétal de sortir du « lumpenprolétariat du vivant » – le terme est du philosophe Dominique Bourg. Comment expliquer ce soudain engouement ? Un besoin de nature exacerbé par nos modes de vie trop urbains ? Le désastre écologique en cours, qui vient nous rappeler l’importance des plantes pour la bonne marche de notre planète ? Des racines plus profondes, plongeant dans les temps préhistoriques où l’homme et la forêt ne ­faisaient qu’un ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La crise écologique impose une politique d’éducation à la nature plus ambitieuse » « L’arbre n’est pas une plante comme les autres, rappelle Laurent Tillon, chargé de mission en biodiversité à l’Office national des ­forêts (ONF) et auteur de l’ouvrage Et si on écoutait la nature ? (Payot, 400 p., 22 euros). Il nous dépasse et nous transcende en termes de taille et de durée : dans la forêt, on côtoie facilement des arbres de deux cent cinquante ans nés avant la Révolution française. Cet être vivant qui reste silencieux n’en est pas moins très puissant, et garde une part de mystère. » En ce sens, estime-t-il, La Vie secrète des arbres a répondu à une attente de la société : elle souhaite mieux comprendre ces êtres si différents de nous. Avec un anthropomorphisme assumé qui lui a valu de sévères critiques, mais qui a largement contribué à en faire un best-seller. Aristote considérait dans son « Traité de l’âme » que « ce qu’est la tête dans les animaux, les racines le sont dans les plantes ». Ce à quoi le philosophe andalou Averroès ajoutait, quinze siècles plus tard : « L’action des deux est identique » « Quand Peter Wohlleben parle de l’allaitement des adultes vers les jeunes semis de hêtres, il suggère une similitude entre l’homme et l’arbre qui nous rassure, nous fait nous sentir plus proches de lui », poursuit Laurent Tillon. « Interroger les plantes, c’est comprendre ce que signifie “être-au-monde” », renchérit le philosophe Emanuele Coccia, dont La Vie des plantes (Rivages, 2016) se taille également un joli succès.
Les bénéfices de contacts plus réguliers avec les milieux naturels sont à la fois psychiques, physiques, mais aussi sociaux, explique Alix Cosquer, chercheuse en psychologie environnementale.
« La crise écologique impose une politique d’éducation à la nature plus ambitieuse »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/la-crise-ecologique-impose-une-politique-d-education-a-la-nature-plus-ambitieuse_5400378_3232.html
20/12/2018
idees
Alix Cosquer est chercheuse en psychologie environnementale au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS (Montpellier), spécialiste des interactions entre individus et environnements naturels. Alors que nos vies urbaines nous ­coupent de plus en plus des milieux naturels, un nombre croissant de chercheurs soulignent les bienfaits, pour notre santé, d’une plus grande fréquentation des espaces verts. Quels sont leurs arguments ? Ces chercheurs sont partis d’un constat : nos pratiques se sédentarisent, la nature s’éloigne de nos espaces de vie et on ­observe, en même temps, l’augmentation d’un certain nombre de troubles – stress, allergies, obésité. A côté des raisons sociales et économiques, l’une des hypothèses expliquant cette évolution pourrait être la raréfaction de nos rapports avec le milieu naturel – l’écologue américain Robert Pyle parle même d’une « extinction de l’expérience » de nature. Des travaux ont donc été menés pour tester les bénéfices de contacts plus réguliers. Ils ont confirmé que la fréquentation de la nature améliore l’estime de soi ainsi que les capacités d’attention et ­d’apprentissage, qu’elle réduit le stress et la fatigue. Elle prévient même certaines ­pathologies virales par l’intermédiaire des phytoncides – des huiles essentielles émises par les arbres qui favorisent l’activité de certaines cellules immunitaires. Les bienfaits des « bains de nature », affirmez-vous dans un numéro récent de la revue « Pour la science » (« La révolution végétale », novembre-décembre 2018), ne sont pas seulement psychiques et physiques, mais aussi sociaux. Pour quelles raisons ? Des recherches menées sur des groupes d’enfants ont montré que les environnements naturels favorisent le calme, la maîtrise de soi, et réduisent les sentiments de frustration ou de colère. Ils ­favorisent donc les comportements ­prosociaux et la coopération plutôt que la compétition. Plusieurs études, menées notamment à l’Institut de la santé et du bien-être de l’université de Glasgow (Ecosse), ont par ailleurs montré que l’accès à des espaces verts atténue les inégalités liées aux revenus en termes de santé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Eloge de l’arbre C’est là une donnée ­sociale qui mériterait d’être prise en compte politiquement, car il existe une forte inégalité sociale en matière d’accès aux espaces de nature : les catégories aisées fréquentent plus souvent les parcs et jardins que les populations défavorisées, et elles pratiquent plus largement des sports de plein air.
Il y a dix mille ans, le niveau des mers a monté de plus de 100 mètres et une immense forêt a recouvert l’Hexagone.
Quand la France était un immense manteau vert
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/quand-la-france-etait-un-immense-manteau-vert_5400380_3232.html
20/12/2018
idees
Il y a vingt mille ans, au maximum du dernier âge glaciaire, le territoire correspondant à la France était à peu près vide – d’arbres, d’animaux et d’hommes. Quelque dix mille ans plus tard, le niveau des mers a monté de plus de 100 mètres et un immense ­manteau vert a recouvert l’Hexagone. Aucun témoignage direct ne nous est parvenu de cette grande forêt française, mais il est certain que les premières populations humaines la fréquentaient assidûment. « Avant le radoucissement du climat, il y avait tout au plus quelques milliers d’humains dans toute ­l’Europe. C’est seulement ensuite que les populations ont commencé à croître, en même temps que la forêt : toutes les civilisations européennes y sont donc nées », affirme Stéphane Durand, qui vient de publier un passionnant ouvrage à remonter le temps, 20 000 ans ou la grande histoire de la nature (Actes Sud, 250 p., 22 euros). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Eloge de l’arbre Tout change il y a environ huit mille ans, lorsque ­apparaissent sur le pourtour de la Méditerranée les premiers éleveurs et cultivateurs. A peine débarqués sur les côtes provençales, ils s’empressent de couper et brûler les antiques chênes pour ouvrir des clairières. La déforestation progresse à l’intérieur des terres, remonte les fleuves, escalade les montagnes : quand les Romains envahissent la Gaule, lors du premier siècle avant notre ère, ils trouvent un pays en grande partie déboisé. Entre 1800 et 1830, sous le Premier Empire et la Restauration, la forêt française atteint son niveau le plus bas : 9 millions d’hectares, soit environ un sixième du territoire métropolitain actuel. Après quoi de vigoureuses politiques de ­reforestation seront mises en œuvre afin de freiner le déboisement des montagnes, donné comme ­responsable d’inondations catastrophiques dans les années 1840. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La crise écologique impose une politique d’éducation à la nature plus ambitieuse » Depuis, la forêt française a doublé de surface – « de par la main de l’homme, mais aussi de manière spontanée, du fait de la déprise agricole », précise Stéphane Durand. Cette extension a permis la réapparition de nombreuses espèces animales depuis longtemps disparues de notre territoire. Dans le concert des catastrophes écologiques actuelles et à venir, voilà au moins une bonne nouvelle.
Altria, fabricant des Marlboro, lorgne Juul et ses cigarettes électroniques. La start-up au succès foudroyant est valorisée 38 milliards de dollars, mais les autorités préparent des mesures pour protéger les ados américains de l’addiction, rappelle Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
« Après avoir vendu le poison, les cigarettiers espèrent faire fortune avec l’“antidote” »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/20/apres-avoir-vendu-le-poison-les-cigarettiers-esperent-faire-fortune-avec-l-antidote_5400371_3234.html
20/12/2018
economie
Une femme fume une cigarette électronique Juul, à New York, en septembre. Brendan McDermid / REUTERS Chronique. Luka a quinze ans. Mardi 18 décembre, il a fait les gros titres du Wall Street Journal et s’en serait bien passé. Il y raconte par le détail comment, en entrant au lycée, il y a un an, il est rapidement devenu, comme ses copains, un habitué de la cigarette Juul. Ces longs « stylos » noirs auxquels on connecte une recharge en forme de clé USB font un malheur chez les adolescents avec leurs parfums de mangue, de menthe, de concombre, de fruits rouges… On vapote entre amis dans de doux effluves. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux Etats-Unis, les fabricants de cigarettes électroniques dans le collimateur des autorités Puis, Luka a commencé à présenter des troubles psychiques, et son loisir est devenu dépendance. Car il n’y a pas que de la mangue dans les petites cartouches colorées qui alimentent la cigarette électronique. Il y a surtout de la nicotine. L’équivalent d’un paquet de cigarettes standard dans une cartouche. Et Luka en fumait quatre par jour. Nouvelle addiction Des histoires comme celle-ci fleurissent aux Etats-Unis, qui découvrent une nouvelle addiction. Celle-ci touche désormais un adolescent sur cinq, à un âge critique où le cerveau n’a pas fini son développement. Ce même 18 décembre, le directeur général de la santé publique, Jerome Adams, a qualifié ce phénomène d’épidémie. Elle touche 3,6 millions de jeunes Américains et la consommation de ces produits a augmenté de 78 % en un an. Certaines start-up révolutionnent la recherche sur Internet, les réseaux sociaux ou le transport par taxis. Juul, née comme il se doit en Californie, il y a à peine trois ans, s’est intéressée à la cigarette électronique. Avec un parti pris de départ plutôt généreux : offrir une alternative plus saine aux fumeurs. Et cela a marché au-delà de ses espérances. Avec son look moderne et discret, ses parfums envoûtants et son marketing agressif, Juul est devenue en un an l’une des plus belles start-up des Etats-Unis. A tel point que sa croissance phénoménale et ses marges stratosphériques ont fait de cette jeune pousse de 1 500 personnes l’une des entreprises les plus chères des Etats-Unis. Paradis artificiels Le géant du tabac Altria, qui produit les fameuses Marlboro, ne s’y est pas trompé. Il serait, selon la presse américaine, en train de négocier son entrée au capital de la Juul valorisant l’entreprise près de 38 milliards de dollars. Plus que Airbnb ou Ford. Pour Altria, il s’agit de sortir du piège de la décroissance de son marché historique. Sa production chute de 3 à 4 % par an et ses marges sont comprimées. Alors, il se précipite sur d’autres paradis artificiels plus en vogue. Il a jeté son dévolu sur un producteur de marijuana canadien, Cronos, et se développe dans la cigarette électronique et les substituts. Après avoir vendu le poison, il aimerait bien faire fortune dans les antidotes.
Des ronds-points sont évacués partout en France. En Saône-et-Loire, ils ont immédiatement été réinvestis par des manifestants galvanisés.
« Gilets jaunes » délogés : « Ils pourront faire ce qu’ils veulent, on restera là ! »
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/20/gilets-jaunes-deloges-ils-pourront-faire-ce-qu-ils-veulent-on-restera-la_5400366_3224.html
20/12/2018
societe
Rasé par les forces de l’ordre, le camp de base des « gilets jaunes » au Magny (Saône-et-Loire) a été réinvesti par des manifestants, le 18 décembre. ARNAUD FINISTRE POUR LE MONDE De la paille fraîche au sol pour éviter de patauger dans la boue, plusieurs braseros dans des bidons de tôle en plus d’un grand feu de camp, et un cabanon bien solide, construit d’un enchevêtrement précis de planches et de tasseaux sous lequel on sert cafés et sodas. Qui pourrait croire que tout cela s’est installé en quelques heures seulement sur l’échangeur du Magny, à Montceau-les-Mines ? Réinstallé, pour être exact. Car lundi 17 décembre, en fin de soirée, le camp de fortune avec buvette, sapin de Noël et canapé, que les « gilets jaunes » occupaient depuis un mois, a été entièrement rasé par les gendarmes mobiles et les employés de la direction interdépartementale des routes, en présence du sous-préfet de Saône-et-Loire. Dernière étape d’une opération d’envergure menée dans le département : le même soir, le campement de « gilets jaunes » du péage nord de Mâcon, celui de Dracy-Saint-Loup, ou encore celui du rond-point Jeanne-Rose de Montchanin, ont connu le même sort, sans résister. Il en est ainsi partout en France : le secrétaire d’Etat à l’intérieur Laurent Nuñez expliquait mercredi qu’environ 170 points occupés par des « gilets jaunes » avaient été « dégagés » en cinq jours. Des évacuations que le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a appelées de ses vœux, tout en les laissant à l’appréciation des préfets. Mais peuvent-elles sonner le glas du mouvement ? Dès mardi, comme d’autres « gilets jaunes » délogés en Normandie, dans le Gard ou en Lot-et-Garonne, ceux de Montceau-les-Mines, Mâcon, Dracy-Saint-Loup et Montchanin avaient tous réinvesti leurs campements, souvent plus nombreux que la veille. « Ça crée l’effet inverse » « Ça crée l’effet inverse : on pensait calmer le truc samedi, avec l’arrivée de Noël, mais là c’est reparti ! », lance Nono, 54 ans, mécanicien intérimaire, aux côtés d’une trentaine de « gilets jaunes » ragaillardis, à Montchanin. Ils pourront faire ce qu’ils veulent, on restera là ! » A Montceau-les-Mines, le camp rebâti a des allures de camp retranché, avec fossé creusé autour et amoncellement de pneus accrochés les uns aux autres en guise de remparts. « On peut les enflammer s’ils reviennent, prévient Pierre-Gaël, casquette sur la tête. Plus ils chercheront à nous abattre, plus on reconstruira ! » Très engagée dans la lutte, Fabienne, 53 ans, qui vend d’habitude des nappes sur les marchés, ironise, de sa voix cassée :
Les quatre associations qui accusent l’Etat français de « carence fautive » se félicitent de cet « électrochoc ».
Plus d’un million de personnes soutiennent le recours contre l’Etat sur le climat
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/20/recours-contre-l-etat-sur-le-climat-un-million-de-soutiens-en-moins-de-deux-jours_5400353_1652612.html
20/12/2018
climat
Sur un site d’incinération de déchets, à Saint-Ouen, le 12 décembre. PHILIPPE LOPEZ / AFP Plus d’un million de personnes ont signé en moins de deux jours un appel de soutien au recours lancé contre l’Etat pour inaction climatique, ont annoncé, jeudi 20 décembre, les quatre ONG à l’origine de l’action, qu’elles qualifient d’« affaire du siècle ». « La Fondation pour la nature et l’homme, Greenpeace France, Notre affaire à tous et Oxfam France souhaitaient un électrochoc. Il a eu lieu », soulignent-elles dans un communiqué commun. Les quatre associations ont adressé lundi une requête préalable au gouvernement, accusé de « carence fautive » par son « action défaillante » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le défendeur a deux mois pour répondre, les ONG planifiant ensuite un recours juridique devant le tribunal administratif de Paris, une première à l’échelle française. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Etat poursuivi par des ONG pour inaction climatique « Macron ne peut plus se contenter d’effets de manche » Jeudi matin, plus d’un million de personnes avaient signé le texte de soutien, publié mardi sur le site de l’initiative. Pour ces quatre ONG, c’est « une mobilisation d’une ampleur inédite, en un temps record, qui démontre l’évolution de la prise de conscience citoyenne, la soif de justice et la volonté d’actes concrets sur le climat. Et elle ne fait que commencer ». « Un million de personnes et sans doute plus demandent des comptes à l’Etat pour son inaction climatique, c’est historique », dit Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, pour qui « Emmanuel Macron ne peut plus se contenter d’effets de manche sur le climat ». Selon les ONG, le site a reçu mardi et mercredi 1,25 million de visites uniques, avec des pics à 100 000 par heure. La vidéo l’accompagnant, à laquelle participent Juliette Binoche, Abd Al-Malik, Elie Semoun ou encore des youtubeurs comme McFly et Carlito, a enregistré 8,4 millions de vues sur Facebook.
Ex-dirigeant d’EDF et de la Caisse des dépôts, le conseiller controversé de l’industriel tchèque est l’un des artisans de son entrée dans les médias français.
Médias : Etienne Bertier, l’homme de réseaux de Daniel Kretinsky
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/20/medias-etienne-bertier-l-homme-de-reseaux-de-daniel-kretinsky_5400349_3234.html
20/12/2018
economie
Etienne Bertier, à Paris, le 19 décembre. Ed Alcock / MYOP pour Le Monde Il siège à la droite de Daniel Kretinsky, le milliardaire tchèque qui a bousculé le paysage médiatique français en investissant dans Le Monde, Marianne, Elle ou Télé 7 jours. L’un des artisans de cette arrivée inattendue dans les médias français s’appelle Etienne Bertier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux origines de la fortune de Daniel Kretinsky Homme de réseaux, M. Bertier, 58 ans, joue dans l’Hexagone le rôle de conseiller et de porte-parole officieux de l’industriel qui a fait fortune dans le secteur de l’énergie en Europe. Officiellement consultant à Bruxelles, M. Bertier, qui a été successivement journaliste, conseiller ministériel, dirigeant d’EDF et de la Caisse des dépôts, savoure son retour sur la place parisienne – un come-back qui suscite l’inquiétude de ses détracteurs, qui le jugent sulfureux. « Je fais un boulot de petite banque d’affaires, explique-t-il. Matin, midi et soir, je croise des gens, je réfléchis et je les conseille. » C’est lui qui a activé ses connaissances pour permettre à Daniel Kretinsky – à sa demande, tient-il à préciser – de s’implanter dans les médias en France. Dès le printemps 2017, il lui fait rencontrer Denis Olivennes, le directeur général de Lagardère Active, qu’il a connu trente-cinq ans plus tôt. Quelques mois plus tard, en 2018, à la surprise générale, M. Kretinsky acquiert les radios internationales et les magazines de Lagardère. En parallèle, c’est lui encore qui suit de près les négociations pour le rachat de l’hebdomadaire Marianne. Un goût de revanche Dans le dossier du Monde, il a aussi été le point de contact avec Matthieu Pigasse, qui en octobre a vendu à M. Kretinsky 49 % de la holding contrôlant ses parts dans le groupe. MM. Pigasse et Bertier se connaissent depuis quinze ans et ne se sont « jamais perdus de vue », précise le second. Jamais, depuis qu’en 2006, le banquier d’affaires a conseillé, pour son introduction en Bourse, Icade, filiale immobilière de la Caisse des dépôts et consignations que présidait alors M. Bertier. Son retour sur la scène parisienne aux côtés de Daniel Kretinsky – qui qualifie M. Bertier d’« ami » – a un goût de revanche, après une traversée du désert de près de dix ans. Evoquer son patronyme ravive des souvenirs mitigés chez certains de ses collaborateurs de l’époque. Il faut dire que son nom est associé à des batailles homériques du capitalisme d’Etat à la française, aussi bien chez EDF, entre 1995 et 2003, qu’à la Caisse des dépôts, jusqu’en 2007. Les cicatrices ne sont pas refermées. Nombre de ceux qui ont croisé son chemin réclament expressément l’anonymat, voire refusent de témoigner. A Marianne, son arrivée a contribué au départ de certains journalistes.
Pour Thomas Cazenave, délégué interministériel à la transformation publique, l’efficacité des agents est « très supérieure aux idées reçues qui sont véhiculées » à ce sujet.
« Il y a un écart entre la perception de l’efficacité des services publics et les résultats réels »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/20/il-y-a-un-ecart-entre-la-perception-de-l-efficacite-des-services-publics-et-les-resultats-reels_5400346_823448.html
20/12/2018
politique
Selon le délégué interministériel à la transformation publique, Thomas Cazenave, certains services peuvent améliorer leurs résultats. Comment expliquer que les résultats de l’étude que vous avez menée, souvent très bons, soient si éloignés de ce qui s’exprime parfois sur le terrain ? Je suis frappé de l’écart qui existe entre la perception générale que les Français ont de l’efficacité des services publics et les résultats réels, toujours meilleurs, de ces services quand on interroge les citoyens qui ont eu une expérience concrète avec l’administration. C’est la raison pour laquelle on encourage cette opération de transparence : les services publics y ont intérêt. Car l’efficacité des agents est très supérieure aux idées reçues qui sont véhiculées. Quand un fonctionnaire est en contact avec les usagers, il est confronté à leurs difficultés. Mais quand vous appréciez plus globalement l’efficacité du service, cela permet de prendre du recul et d’objectiver notre efficacité. Comment être sûr que les services ne mettent pas en avant seulement les chiffres qui les arrangent ? Si les résultats globaux sont bons, ce n’est pas le cas partout. Certains services peuvent améliorer leurs résultats. Surtout, je ne vois pas des cadres manipuler des données. D’autant plus qu’on a annoncé qu’elles seraient rendues publiques, donc soumises à l’examen et à la discussion avec les agents. Ce n’est pas dans la culture de l’administration. Après, que l’on choisisse de regarder tel aspect avant tel autre, pourquoi pas ? On est au début de la démarche. On discute avec les administrations des indicateurs à mettre en avant. Donc j’assume le fait que ce soit un exercice progressif, que les administrations se saisissent d’abord des sujets sur lesquels elles se sentent mûres. On n’est pas dans un processus uniforme, monolithique, où l’on dirait aux administrations : c’est comme ça, on vous demande de publier telle et telle donnée. Pour que cet exercice réussisse, il faut que l’administration se l’approprie. Parce que cet exercice est aussi un outil de transformation interne. Votre étude ne vous paraît-elle pas en décalage avec les revendications des « gilets jaunes », qui regrettent un hiatus entre l’impôt versé et une impression de toujours moins de services publics ? Je crois au contraire qu’une des questions lancées par ce mouvement est le lien de confiance entre les services publics et les citoyens, et le besoin de proximité. Mais la proximité, qu’est-ce que c’est ? C’est s’assurer que vos services publics tiennent compte de votre situation. Et, pour cela, il faut que l’on rende compte du service rendu à l’usager : votre délai de paiement, votre satisfaction après un rendez-vous, etc. C’est une manière pour nous de mettre les usagers au centre et de montrer qu’on les considère. Ils ne doivent pas rester aux portes des administrations, ils doivent y entrer, et une manière de le faire, c’est de mesurer l’efficacité du service et d’en rendre compte.
Après une audience préliminaire jeudi, le procès du djihadiste français, accusé d’avoir tué quatre personnes en 2014, s’ouvrira le 10 janvier.
Mehdi Nemmouche, le terroriste du musée juif de Bruxelles, espère que son « innocence » sera « reconnue »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/musee-juif-de-bruxelles-nemmouche-espere-que-son-innocence-sera-reconnue_5400344_3210.html
20/12/2018
international
Le djihadiste français Mehdi Nemmouche, accusé d’avoir tué quatre personnes en 2014 au Musée juif de Bruxelles, espère « voir son innocence reconnue » lors de son procès, qui s’ouvrira le 10 janvier, a annoncé jeudi 20 décembre son avocat, Sébastien Courtoy, lors d’une audience préliminaire devant la cour d’assises de Bruxelles, en présence de l’accusé et destinée à préparer le procès. « Il vient ici dans les dispositions les plus respectueuses et respecte l’autorité de la cour », a assuré l’avocat. Au cours de cette première audience, la défense de Mehdi Nemmouche s’est opposée à ce que des membres de sa famille ou de sa famille d’accueil pendant son enfance et son adolescence soient entendus lors du procès. « Nous ne souhaitons pas faire de ce dossier un dossier de l’émotion », a justifié Me Courtoy. Mehdi Nemmouche a lui-même demandé à la cour de ne pas faire témoigner sa grand-mère, bientôt âgée « de 79 ans », chez qui il a habité à plusieurs reprises, notamment avant et après son départ en Syrie. « Sa première audition en 2014 [lors de l’instruction] avait été extrêmement difficile », a-t-il assuré, affirmant qu’il n’y avait « rien dans son témoignage ». Lire aussi Musée juif de Bruxelles : le Français Mehdi Nemmouche sera jugé aux assises Délinquant multirécidiviste Me Courtoy a par ailleurs contesté une demande de l’accusation pour faire venir à la barre quatre journalistes français qui soupçonnent Mehdi Nemmouche d’avoir été leur geôlier en Syrie ; un dossier dans lequel il a été mis en examen en France. « Nous ne craignons pas ces témoignages, mais la cour souhaite-t-elle que les preuves à apporter dans ce dossier soient remplacées par une autre affaire ? », a lancé Me Courtoy, qualifiant cette demande de « manœuvre attentatoire aux droits de la défense ». Selon l’accusation, Mehdi Nemmouche, délinquant multirécidiviste âgé aujourd’hui de 33 ans, est l’homme qui, le 24 mai 2014, avait ouvert le feu dans le hall d’entrée du Musée juif, tuant deux touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge. Il sera jugé avec un complice français présumé, Nacer Bendrer, un délinquant originaire de Marseille âgé de 30 ans. A l’époque, Nemmouche était revenu depuis peu de Syrie où il avait combattu dans les rangs djihadistes. Soupçonné d’y avoir été l’un des geôliers de quatre journalistes français, il a été inculpé en novembre 2017 dans l’enquête menée à Paris sur cette séquestration et un autre procès s’annonce pour lui.
Sylvie Ranc déclare « je me retrouve dans ce mouvement pour plus de justice et plus de démocratie. Soyons les gilets jaunes pour qu’ils aient le visage de tous les Français réunis dans toutes leurs différences. C’est la solidarité et l’entraide qui est au centre du débat ».
« Le Monde des lecteurs » - Gilets jaunes : enfilons tous nos gilets jaunes !
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/20/le-monde-des-lecteurs-gilets-jaunes-enfilons-tous-nos-gilets-jaunes_5400340_5334984.html
20/12/2018
blog-mediateur
« En tant que femme, mère quatre enfants, enseignante surdiplômée, musicienne, membre d’une AMAP… » Till Jacket / Photononstop Enfilons tous nos gilets jaunes ! Là où nous vivons, là où nous travaillons, là où nous nous amusons. Sans se retrouver dans absolument toutes les 42 propositions faites par les gilets jaunes, on peut prendre néanmoins ce texte comme une base de départ pour de futurs débats : plus de services publics, des impôts mieux répartis, une vraie lutte contre la fraude fiscale, une vraie politique de justice sociale en France et dans le monde, une représentation politique plus démocratique, une prise en compte de l’écologie et de la nature. Va-t-on aller jusqu’à remettre en cause notre mode de vie ? En tant que femme, mère quatre enfants, enseignante surdiplômée, musicienne, membre d’une AMAP… je me retrouve dans ce mouvement pour plus de justice et plus de démocratie. Soyons les gilets jaunes pour qu’ils aient le visage de tous les Français réunis dans toutes leurs différences. C’est la solidarité et l’entraide qui est au centre du débat. L’économie néolibérale n’a pas transformé tout le monde en égoïste qui ne pense qu’à l’argent. C’est la beauté de ce mouvement : contre les lois Macron sur le délit d’hospitalité, c’est la main ouverte à l’autre et le souhait d’agir contre les causes économiques et politiques qui poussent les Africains à quitter leurs pays, contre l’individualisme de Macron, c’est la main tendue de la sécurité sociale contre les mutuelles et d’une retraite sans point. Contre la destruction de l’éducation nationale, c’est l’exigence d’un enseignement de qualité. Contre le retour du service universel, c’est la recherche de la paix et de la non-violence. Contre le reproche de fainéantise, c’est le souhait d’avoir un métier qui ait du sens et un salaire décent. La paye et la paix marchent ensemble en gilet jaune. La révolution est en marche ! Seul le nombre peut vaincre la violence d’un Etat qui se prétend démocratique et qui refuse d’écouter les cris du peuple exploité. Sylvie Ranc, Montigny-le-Bretonneux (Yvelines)
La justice locale enquête sur le soutien financier apporté par le groupe européen à Advantage India, une ONG fondée par un intermédiaire bien connu dans l’aéronautique.
Airbus visé par les autorités judiciaires indiennes
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/20/airbus-vise-par-les-autorites-judiciaires-indiennes_5400338_3234.html
20/12/2018
economie
Un A320-200 d’Airbus décolle de l’aéroport de Ahmedabad,en Inde, le 7 juillet 2017. Amit Dave / REUTERS Pour Airbus, l’Inde n’est pas qu’un « réservoir d’ingénieurs talentueux », comme le groupe le répète à l’envi. L’avionneur aurait aussi parié sur la sagacité d’intermédiaires locaux, experts en pratiques douteuses. Les autorités indiennes enquêtent sur de mystérieuses sommes versées à l’ONG indienne Advantage India à partir de 2012, par le constructeur d’avions civils Airbus SAS et le fabricant européen de missiles MBDA. L’ONG se présentait alors comme une structure destinée à « l’amélioration de la qualité de vie chez les communautés marginalisées ». Selon le Central Bureau of Investigation (CBI), le Bureau central d’enquête, l’équivalent du FBI en Inde, cet argent n’aurait pas promu des œuvres de charité mais rémunéré un intermédiaire du secteur de l’aéronautique. Selon le rapport d’enquête finalisé fin 2017 et auquel Le Monde a eu accès, Airbus SAS a signé à Paris, le 10 mai 2012, un accord avec Advantage India pour le versement de 9 millions d’euros déboursés en tranches annuelles de 3 millions d’euros. Selon le CBI, MBDA, dont Airbus est l’un des actionnaires, a conclu un « accord similaire » pour 6 millions d’euros supplémentaires. Au final, l’ONG a reçu entre 2012 et 2015, 12,8 millions d’euros des deux entreprises contre les 15 millions d’euros initialement prévus. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La justice américaine a ouvert une enquête sur Airbus De nombreuses factures suspectes Advantage India dit avoir utilisé cette somme pour acheter du matériel médical, des ambulances, des médicaments et recruter des médecins pour soigner des villageois. Mais d’après les enquêteurs, de nombreuses factures sont suspectes. Ils ont cherché combien de vies avaient été sauvées ou de patients guéris, et assurent n’avoir rien trouvé. En revanche, ils ont mis au jour des retraits en espèces et des dépenses importantes correspondant à des frais de voyage à l’étranger de Deepak Talwar, fondateur de l’ONG. Ce dernier a utilisé environ 37 000 euros pour ses déplacements entre mai 2015 et janvier 2016. Il a également perçu 100 000 euros de loyers pour avoir abrité les bureaux de l’ONG dans son local. M. Talwar est mieux connu dans le monde de l’aéronautique que dans l’humanitaire. Le « lobbyiste », comme le surnomment les médias indiens, est un proche de Praful Patel, ministre de l’aviation civile entre 2004 et 2011, qui a ouvert le secteur à de nombreuses compagnies privées. En quelques années, M. Talwar a développé moult activités. Il a notamment acheté des magasins duty free de l’aéroport de Delhi tout juste privatisé, qu’il a revendus quelques années plus tard.
Le président turc affirme, depuis lundi, avoir obtenu le feu vert de Washington à une offensive contre les Kurdes dans le Nord syrien.
Le retrait américain de Syrie, une victoire diplomatique pour Erdogan
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/le-retrait-americain-de-syrie-une-victoire-diplomatique-pour-erdogan_5400333_3210.html
20/12/2018
international
Les présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et américain, Donald Trump, au G20 de Buenos Aires, le 1er décembre. MURAT CETINMUHURDAR / AFP Le retrait des troupes américaines est une victoire diplomatique pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont les menaces en vue d’une nouvelle incursion de l’armée turque en Syrie ont fini par payer. Si Ankara n’a pas encore réagi officiellement, la presse progouvernementale exulte. « Trump se retire de Syrie pour Erdogan », titrait le site du quotidien Yeni Akit, mercredi 19 décembre. L’annonce du désengagement américain au sol intervient quelques jours après une conversation téléphonique vendredi 14 décembre entre le président américain, Donald Trump, et son homologue turc au cours de laquelle les menaces d’une intervention turque ont été réitérées. Il semble que le président américain a cédé aux pressions du numéro un turc. Positionnées le long de la frontière turco-syrienne, les forces spéciales turques et leurs supplétifs syriens menacent depuis plusieurs jours d’entrer au nord-est de la Syrie, dans la région de Manbij et au-delà, où sont stationnées des troupes américaines et françaises en soutien aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde à la pointe du combat contre l’organisation Etat islamique (EI). Dominés par les combattants kurdes YPG, étroitement liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) honni du gouvernement turc, les FDS sont décrites comme « terroristes » par Ankara. Aux yeux des autorités turques, les YPG ont un autre objectif que la lutte contre l’EI, ils veulent avant tout créer leur propre Etat ou leur région autonome aux marches de la Turquie. « La lutte contre l’EI est terminée », avait assuré M. Erdogan. Lundi, le président turc a affirmé avoir obtenu le consentement de Washington à une offensive contre les Kurdes dans la zone, ce qui est désormais confirmé. Les Américains créent un vide Avant tout, Ankara veut empêcher les Kurdes de créer une continuité territoriale au nord de la Syrie. Après l’appel téléphonique entre MM. Trump et Erdogan, des négociations ont commencé, les Turcs exigeant le retrait des Kurdes de Tall Abyad, la ville syrienne frontalière prise à l’EI par les YPG en juin 2015 et de Manbij. C’est par Tall Abyad, une ville majoritairement peuplée d’Arabes acquis à la Turquie, que l’armée turque projetait d’entrer en Syrie. L’objectif principal devait être la ville syrienne de Manbij, à une trentaine de kilomètres de la frontière turque. Manbij ouvre l’accès au large territoire de l’est de la Syrie contrôlé par les FDS. Lorsque les YPG avaient pris Manbij des mains de l’EI avec l’aide de la coalition en 2016, le président Barack Obama avait alors promis à son homologue turc qu’une fois la ville pacifiée, les forces kurdes se retireraient à l’est de l’Euphrate, ce qui ne s’est jamais produit. Les Turcs vont-ils marcher prochainement sur Manbij ? Rien ne s’oppose désormais à une nouvelle incursion turque au nord-est de la Syrie. Les milices kurdes sont à sa merci.
A peine détaillée, mercredi 19 décembre, la « carte scolaire » a fait réagir le monde enseignant. Les inquiétudes se concentrent sur le second degré, où la baisse des postes, selon le ministère, serait compensée par des heures supplémentaires en plus.
Rentrée 2019 : la répartition des moyens d’enseignement fait déjà débat
https://www.lemonde.fr/education/article/2018/12/20/rentree-2019-la-repartition-des-moyens-d-enseignement-fait-deja-debat_5400330_1473685.html
20/12/2018
education
C’est une étape convenue et néanmoins attendue. Chaque année, à l’approche des congés de Noël, l’éducation nationale livre une première photographie de la rentrée scolaire à venir en rendant publics, académie par académie, les moyens d’enseignement octroyés aux écoles, collèges et lycées publics. Ces chiffres reflètent, peu ou prou, les lignes budgétaires divulguées à l’été. Il n’empêche, les tableaux détaillant les « équivalents temps plein » (ETP) communiqués mercredi 19 décembre par le ministère de l’éducation renseignent sur les créations ou les suppressions de postes pour septembre 2019. Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, année après année, cette « carte scolaire » a dessiné quelque 60 000 suppressions d’emplois. Sous la présidence de François Hollande, elle a donné à voir presque autant de créations de postes. Que dit-elle de la rentrée 2019, qui sera la troisième de l’ère Macron, la deuxième préparée par Jean-Michel Blanquer, son ministre de l’éducation ? Les lectures qu’en ont donné, mercredi, le ministère de l’éducation d’un côté, les syndicats d’enseignants de l’autre, divergent radicalement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Plus de postes en primaire, moins dans le secondaire : quels moyens à la rentrée 2019 ? « Numéro d’équilibriste » Selon le premier, le système éducatif bénéficiera, en septembre, d’environ 2 000 équivalents temps plein supplémentaires, soit, dans le détail, 2 325 ETP de plus au primaire (alors qu’on attend sur les bancs de l’école 33 600 écoliers de moins), et 365 ETP en moins dans les collèges et lycées (alors que les effectifs devraient, eux, croître de 32 000). Comparées aux annonces faites il y a trois mois, dans le sillage du budget, les coupes semblent limitées : M. Blanquer avait fait état, mi-septembre, de 2 600 suppressions d’emplois dans le second degré (outre 400 supprimés dans l’administration et 600 dans le privé). Pour expliquer ce différentiel, la direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) a présenté le 19 décembre les chiffres autrement, affirmant que s’il n’y a pas une diminution plus forte des moyens, c’est que ceux-ci sont « transformés en heures supplémentaires ». « Entourloupe », a immédiatement réagi le SNUipp-FSU ; « présentation en trompe-l’œil », affirme le SE-UNSA ; « enfumage », renchérit le SNES-FSU. « Globaliser, sur un document officiel, les postes avec les heures supplémentaires comme le fait le ministère, c’est la première fois que cela nous est proposé, affirme Frédérique Rolet, du SNES-FSU. Et cela biaise la réalité. » Selon les calculs de son syndicat, 2 000 ETP représentent, en réalité, plus de 37 000 heures supplémentaires. « Les collègues font déjà, très souvent, deux heures supplémentaires, reprend Mme Rolet ; leur en demander plus, c’est reporter sur eux toute la pression d’une politique d’économie dont ils ne veulent pas. »
La direction interministérielle de la transformation publique publie un premier baromètre destiné à évaluer la qualité des services rendus.
L’Etat mesure l’efficacité de ses services publics
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/20/l-etat-mesure-l-efficacite-de-ses-services-publics_5400328_823448.html
20/12/2018
politique
L’Etat ouvre ses fenêtres. Ou plutôt, à ce stade, il les entrouvre. Devant la méfiance des Français vis-à-vis des services publics, il opte pour la transparence. A partir de jeudi 20 décembre, une plate-forme permettra d’accéder directement à de nombreux indicateurs mis en ligne. Cornaquées par la direction interministérielle de la transformation publique (DITP), des administrations pionnières ont cherché à mesurer, ces derniers mois, si le service rendu est de qualité. En trois clics, il sera possible d’apprendre, par exemple, qu’obtenir son permis de conduire prend cinq jours dans le Pas-de-Calais, contre un seul dans les Ardennes. Mais qu’en revanche, pour le passeport, c’est huit jours dans le premier contre dix-huit dans le second. Il sera possible de savoir aussi qu’à Bordeaux police secours intervient en moyenne douze minutes après avoir reçu un appel. On découvrira également si les usagers considèrent avoir consenti beaucoup d’efforts, ou non, pour accomplir telle ou telle démarche en ligne… Bien entendu, à chaque fois, un taux de satisfaction global a été recherché. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Il y a un écart entre la perception de l’efficacité des services publics et les résultats réels » « Le meilleur levier de la transformation, c’est la satisfaction du public », laquelle « est souvent le meilleur indicateur qui vaille », avait justifié le premier ministre, Edouard Philippe, le 1er février, en annonçant cette opération transparence. « Ces résultats seront l’aiguillon du changement », avait-il promis. D’ici à 2020, toutes les administrations qui accueillent du public devront publier et tenir à jour une batterie d’indicateurs. Entre février et aujourd’hui, les administrations ont travaillé sur ces fameux indicateurs, recherchant ceux qui seraient les plus utiles aux usagers. Elles ont ensuite lancé des enquêtes, qui avec un institut spécialisé, qui avec un dispositif maison, souvent fondé sur des questionnaires en ligne. Les premiers résultats obtenus sont surprenants. Des taux à faire rosir de plaisir des dignitaires soviétiques : 89 % de satisfaction chez les usagers des services des impôts, 83 % à la Mutualité sociale agricole (MSA), 93 % pour les organismes d’assurance-maladie et même 97 % pour l’accueil dans les gendarmeries… Diversité et contrastes Cela donne « l’image d’une bonne qualité de service, se réjouit Aude Costa de Beauregard, à la DITP. Les chiffres sont bons, et même très bons. C’est assumé, car la démarche est aussi une manière de valoriser les services publics. » De fait, les études de l’Institut Delouvrier montrent, année après année, que le fossé s’est creusé entre l’appréciation générale que les Français portent sur l’administration et le jugement qu’ils expriment quand ils ont eu affaire à elle. Cet écart représente trente points (41 % contre 71 %) dans la dernière livraison de l’institut, publiée le 19 décembre.
Marc Vandecappelle estime « Toujours en quête de modèle fort, des Français sont devenus des Macrons, récusant institutions et négociations. Ils cassent, eux aussi. La France est fractale. Espérons qu’elle ne soit fracturée ».
« Le Monde des lecteurs » - Gilets jaunes : les bons élèves du président
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/20/le-monde-des-lecteurs-gilets-jaunes-les-bons-eleves-du-president_5400325_5334984.html
20/12/2018
blog-mediateur
« La démocratie présidentielle ne pouvait s’embarrasser de débats de parlementaires qui n’avaient plus de crédit. Les corps intermédiaires apparaissaient comme des scories, ils appartenaient aux belles histoires des luttes sociales qui désormais allaient nuire à la compétitivité » D.R Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. En bons élèves, les gilets jaunes appliquent à Macron ce qu’il leur a appris. Macron s’est moqué des différences entre la gauche et la droite désormais difficiles à distinguer l’une de l’autre. Par son En même temps il a brouillé et ringardisé les oppositions. Dans le paradigme d’une indispensable croissance pour survivre à la mondialisation, la rente du siècle des Lumières est épuisée pour affirmer l’identité française. Les règles du jeu ne lui appartiennent plus. Il fallait un rédempteur. De Gaulle n’avait-il pas apaisé la France névrosée par son histoire, en persuadant les Français qu’ils n’avaient été ni victimes, ni collaborateurs ? Tous étaient résistants. En ces temps de libéralisme qui s’impose comme une sélection naturelle, une autre histoire s’imposait, crédible. La démocratie présidentielle ne pouvait s’embarrasser de débats de parlementaires qui n’avaient plus de crédit. Les corps intermédiaires apparaissaient comme des scories, ils appartenaient aux belles histoires des luttes sociales qui désormais allaient nuire à la compétitivité. La France allait une fois encore pouvoir se nourrir du rêve d’être le phare de l’Europe. France anachronique Macron a brocardé une France anachronique. Sa victoire électorale inattendue de tous a fait illusion un moment. Il a méprisé ses adversaires, dans la foulée, ceux qui avaient voté pour eux. La risée dont Marine Le Pen s’est faite l’objet lors d’un mémorable débat a flatté les convertis de la dernière minute. Ceux-ci ne savaient pas encore que leur tour allait venir. Ses apostrophes en associations libres, ses discours philosophant (en appeler à l’effectivité plus pertinente que l’efficacité), sa « surdité », son « autisme », sa gouvernance par ordonnances n’avaient que faire des oppositions. Toujours en quête de modèle fort, des Français sont devenus des Macrons, récusant institutions et négociations. Ils cassent, eux aussi. La France est fractale. Espérons qu’elle ne soit fracturée. Marc Vandecappelle, Bruxelles (Belgique) Sociologue, Psychanalyste
Le programme LocoMotion, lancé par un collectif local, permet le partage de véhicules entre voisins prêts à mettre à disposition leur voiture sans vouloir en faire un commerce, mais sans prendre non plus le risque de perdre de l’argent en cas d’accident.
A Montréal, une plate-forme citoyenne de partage de véhicules « à prix coûtant »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/20/a-montreal-une-plate-forme-citoyenne-de-partage-de-vehicules-a-prix-coutant_5400322_3234.html
20/12/2018
economie
Une remorque du projet LocoMotion de partage de véhicules entre voisins, lancé en septembre 2018 par l’association Solon à Montréal. SOLON Pour faire ses courses lorsqu’il ne neige pas, Benoît Bourque partage une remorque de vélo avec cinq autres habitants de son quartier de Montréal. Gladys Liard, qui habite un autre quartier, emprunte régulièrement les voitures de ses voisins. Tous deux utilisent les services de LocoMotion, un programme associatif de partage de véhicules entre voisins lancé en septembre par le collectif Solon, dont le nom – celui d’un homme d’Etat grec du VIe siècle avant J.-C., considéré comme le père de la démocratie – ne doit rien au hasard. S’impliquer à l’échelle locale pour une transition écologique inclusive, c’est l’objectif de cette association créée en 2016 par trois habitants de l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie et qui compte aujourd’hui cinq salariés et une vingtaine de bénévoles. Avec deux chantiers principaux : la création d’un système de chauffage géothermique collectif et cette plate-forme locale de véhicules partagés. « Pour une mobilité plus écologique, on pense immédiatement à la solution des transports en commun qui dépendent des pouvoirs publics, souligne Gabrielle van Durme, cofondatrice de Solon. Mais il existe d’autres leviers d’action qui sont, eux, entre les mains des citoyens. » A Montréal, des plates-formes numériques de partage de voitures entre particuliers comme l’américaine Turo proposent déjà leurs services. « Mais les données des utilisateurs et les profits générés partent aux Etats-Unis, et cela ne permet pas de créer des communautés résilientes et solidaires, constate Mme van Durme. Nous pensons qu’il y a une place pour des initiatives locales et coopératives. Si on veut limiter la casse du réchauffement, il faut transformer la façon dont on vit ensemble par des projets collectifs citoyens qui donnent aux gens une prise sur leur destin. » Ville résiliente LocoMotion part d’une idée simple : des particuliers sont prêts à partager leur voiture sans vouloir en faire un commerce, mais sans prendre non plus le risque d’y perdre de l’argent. L’association prévoit donc une compensation financière et a mis au point avec l’organisation écologique Coop Carbone et les assurances Desjardins une solution d’assurance adaptée. L’inscription à LocoMotion est gratuite. Pour une sortie en voiture de quatre heures, comptez 10 dollars canadiens (6,5 euros), dont 6 vont au propriétaire du véhicule pour amortir les frais d’utilisation et 4 à la compagnie d’assurances. Le forfait passe à 44 dollars pour vingt-quatre heures et 150 km.
L’Etat « ne va rien se mettre dans la poche », a assuré jeudi le ministre de la culture. Le rétablissement de la taxation avait ulcéré l’animateur chargé d’une mission sur le patrimoine.
Loto du patrimoine : Franck Riester répond à Stéphane Bern
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/20/loto-du-patrimoine-franck-riester-repond-a-stephane-bern_5400301_823448.html
20/12/2018
politique
Le ministre de la culture, Franck Riester, a répondu jeudi 20 décembre aux critiques formulées par Stéphane Bern, chargé d’une mission sur le patrimoine. L’animateur s’est élevé mardi contre un amendement de l’Assemblée supprimant un article du Sénat qui exonérait le Loto du patrimoine de la taxation (CSG, TVA et autres) que l’Etat prélève habituellement sur les jeux de loterie. L’Etat « ne va rien se mettre dans la poche » avec le rétablissement de la taxation, a déclaré M. Riester, plaidant qu’il était « plus simple de ne pas modifier la législation de la Loterie nationale », qui « fonctionne avec des taxes ». « C’est une question de tuyauterie budgétaire », a expliqué le ministre sur Europe 1, assurant que la taxe serait compensée par l’Etat en 2019 si le loto est reconduit, comme cela a été le cas lors de la première édition cette année. « Ce qui compte, c’est l’efficacité » « Les taxes générées en 2018 représentent 14 millions d’euros. L’Etat met 21 millions, donc largement plus que ce qu’il a collecté à travers le dispositif fiscal du Loto du patrimoine. Et en 2019, on s’est engagé à faire la même chose si le Loto du patrimoine est lancé, ce qui n’est pas encore définitif, a-t-il ajouté. Si les Français répondent présents comme ils ont répondu présents en 2018, l’Etat accompagnera à la hauteur de ce que seront les revenus du Loto du patrimoine. » « Ce qui compte, c’est l’efficacité, a-t-il encore dit. Le résultat final, c’est que les Français veulent que leur patrimoine de proximité soit restauré, et grâce à cette initiative (…), on va avoir ce résultat-là. » Ce jeu vise à financer la rénovation de monuments en France à travers un jeu de grattage et un loto. Dix-huit monuments « emblématiques » en péril doivent en bénéficier.
Le texte issu des annonces d’Emmanuel Macron est examiné par l’Assemblée puis le Sénat. Il doit être voté avant vendredi.
« Gilets jaunes » : procédure accélérée pour le projet de loi sur les mesures d’urgences
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/20/gilets-jaunes-procedure-acceleree-pour-le-projet-de-loi-sur-les-mesures-d-urgences_5400299_823448.html
20/12/2018
politique
Une course contre la montre. Examiné au conseil des ministres, mercredi, le projet de loi sur les mesures d’urgences économiques et sociales, décidées par Emmanuel Macron pour répondre à la crise des « gilets jaunes », arrive devant les députés jeudi. Dès 13 heures, mercredi, les ministres du travail et de la santé, Muriel Pénicaud et Agnès Buzyn, étaient auditionnées à l’Assemblée nationale sur le texte, avant de faire de même au Sénat dans l’après-midi. Les députés avaient jusqu’à 17 heures pour proposer des amendements avant leur examen à 21 h 30 en commission. Douze heures seulement après sa présentation en conseil des ministres. Un rythme digne des situations de plus grande urgence. En 2015, le projet de loi prolongeant l’état d’urgence de trois mois, au lendemain des attentats du 13-Novembre, avait connu le même examen express. Présenté en conseil des ministres, le texte composé de six articles avait été adopté en deux jours par le Parlement et publié au Journal officiel dans la foulée. En cette fin d’année bousculée par la crise des « gilets jaunes », l’objectif est le même : que le texte soit définitivement adopté vendredi soir. Pour tenir ce délai, il fallait réunir deux conditions. D’abord, que les débats ne se prolongent pas et donc éviter la multiplication des amendements. Une gageure. En temps normal, quand le rythme s’accélère, les oppositions sont toujours enclines à ralentir le rythme et fustiger l’attitude de l’exécutif en lui reprochant de mépriser les droits du Parlement. « Ce serait mal vu de voter contre » Pour que le texte soit adopté vendredi, il faut aussi et surtout que le Sénat vote « conforme » la version sortie de l’Assemblée, et donc n’en modifie pas une ligne. Le moindre changement par les sénateurs déclencherait une navette obligeant les parlementaires à se retrouver entre Noël et le jour de l’An. « Pas grand monde ne veut travailler pendant les fêtes », résume Jean-Marie Vanlerenberghe, le sénateur centriste désigné rapporteur du projet de loi. « Les Français n’ont pas envie qu’on leur parle de politique entre Noël et le Nouvel An ! », ajoute son homologue à l’Assemblée, Olivier Véran. Tout a donc été fait pour accélérer. D’abord, les mesures contenues dans le projet de loi sont plutôt consensuelles. La droite, majoritaire au Sénat, défend depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy la défiscalisation des heures supplémentaires prévue dans le texte. « Ce serait mal vu de voter contre, même si le dispositif retenu ne prévoit pas d’exonérations de cotisations patronales », confie le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau.
Une vidéo de l’un des deux plantigrades relâchés à l’automne dans le Béarn vient d’être publiée. Les animaux sont en bonne santé et dorment maintenant au fond de leur tanière dans un lieu gardé secret.
Dans les Pyrénées, les ourses Claverina et Sorita ont parcouru plus de 500 km chacune
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/20/dans-les-pyrenees-les-ourses-claverina-et-sorita-ont-parcouru-plus-de-500-km-chacune_5400293_3244.html
20/12/2018
planete
Cette capture d’écran d’une vidéo montre le lâcher d’une des deux ourses slovènes dans les montagnes du Béarn, le 5 octobre. ONCFS / AFP Deux yeux scintillants dans la nuit, un collier émetteur accroché au cou et un épais pelage qui va se frotter contre un arbre. Le tout en noir et blanc dans une courte séquence. L’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), a mis en ligne, mardi 18 décembre, une première vidéo de l’ourse Sorita, captée fin octobre sur le territoire béarnais du parc national des Pyrénées. « La bonne santé des deux ourses est attestée par l’impressionnante distance couverte depuis leur lâcher. Claverina et Sorita ont parcouru pas moins de 530 kilomètres chacune, depuis début octobre », affirme l’ONCFS dans un communiqué. Claverina, « l’héritière ou celle qui détient les clés » en béarnais, était, le 4 octobre, la première ourse à fouler le sol béarnais depuis une décennie. Sorita, sa petite sœur, l’avait rejointe le lendemain, hélitreuillée elle aussi sous les yeux furieux de certains opposants, bergers ou élus, des vallées d’Aspe et d’Ossau. A la mi-octobre, plusieurs dizaines de chasseurs et d’éleveurs étaient montés vers la cabane de Sesques, dans la zone où Sorita avait été lâchée lors d’une battue pour faire peur au plantigrade. Ces deux derniers lâchers ont pour objet de préserver une population considérée en danger dans les Pyrénées. Une population ursine estimée à 43 animaux en 2018, après des réintroductions en 1996 et 2006, mais « pas encore complètement viable et nécessitant un renforcement sur le plan quantitatif et qualitatif, c’est-à-dire leur qualité génétique », déclarait à l’automne Nicolas Alban, chef de projet pour cette opération. « Dans une colère froide » Claverina et Sorita, qui n’auraient que 5 ans – et non pas 7 à 8 ans comme estimé précédemment –, pèsent donc autour de 150 kg, et ont fait quelques incursions sur le territoire voisin espagnol, en Aragon et en Navarre. C’est lors de ces déplacements que Claverina a sans doute tué à plusieurs reprises des ovins d’élevage, en novembre, mais pas sur le sol français à ce jour. « Il est impossible d’affirmer dès maintenant de manière certaine que les ourses attendent ou non des petits », l’ONCFS David Gaillardon, chargé de communication à l’ONCFS, a confirmé au Monde que les deux ourses étaient désormais entrées en période d’hibernation, sur un lieu et dans des tanières gardés secrets. Pour Olivier Maurin, coprésident de la Fédération transpyrénéenne des éleveurs de montagne, opposée à la présence de l’ours, « il vaut mieux s’amuser de cette vidéo. Depuis octobre, elles ont dû faire bien des dégâts. Cela dit, nous sommes désormais dans une colère froide et nous préparons des actions et plaintes pour le printemps. »
Les célèbres anneaux de cette planète vont disparaître d’ici à 300 millions d’années, selon une étude de la NASA.
Comment les anneaux de Saturne vont disparaître
https://www.lemonde.fr/sciences/video/2018/12/20/comment-les-anneaux-de-saturne-vont-disparaitre_5400287_1650684.html
20/12/2018
sciences
Les anneaux de Saturne vont disparaître. Selon une nouvelle étude de la NASA, cette disparition est prévue d’ici à 300 millions d’années. Une modélisation accélérée du phénomène a été publiée en même temps que cette étude. Ce phénomène a plusieurs causes. Il y a d’une part le rayonnement ultraviolet du Soleil et d’autre part, le contact du plasma produit par les collisions avec des micrométéorites. Résultat, les poussières de glace qui composent majoritairement les anneaux se retrouvent chargées électriquement. Elles sont alors captées par le champ magnétique de Saturne. Et la gravité de la planète les ramène vers elle. Finalement, elles sont vaporisées dans son atmosphère. Les spécialistes surnomment ce phénomène « la pluie des anneaux » sur Saturne. « La quantité d’eau des anneaux déversée sur la planète pourrait remplir l’équivalent d’une piscine olympique toutes les trente minutes », précise l’étude de la NASA. Cela a pour effet un grignotement progressif de ces célèbres structures circulaires du Système solaire. L’autre question posée dans cette étude est de savoir d’où proviennent les anneaux de Saturne. Ces structures circulaires n’ont pas toujours existé. La planète Saturne est née il y a plus de 4 milliards d’années sans anneaux. Ils se seraient formés il y a « à peine » 100 millions d’années, selon les auteurs de l’étude. Une des principales théories suppose qu’ils résulteraient de collisions d’astres. Sous le choc, ils ont été réduits en débris qui se seraient fixés en orbite autour de Saturne. Les anneaux de Saturne sont emblématiques du Système solaire. Mais ils ne sont pas uniques en leur genre. On en retrouve autour d’autres planètes, par exemple Uranus ou l’exoplanète J1407b.
Le président LR de la commission des finances de l’Assemblée estime que le président de la République n’a pas su humaniser ses réformes.
Eric Woerth : « Macron a eu un temps de retard, dans le diagnostic et la résolution »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/20/eric-woerth-macron-a-eu-un-temps-de-retard-dans-le-diagnostic-et-la-resolution_5400280_823448.html
20/12/2018
politique
Eric Woerth, à l’Assemblée, le 19 décembre. Julien Muguet pour "Le Monde" Alors que le projet de loi de finances 2019 devait être définitivement adopté, jeudi 20 décembre, Eric Woerth, le président (LR) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, analyse la réponse du gouvernement à la crise des « gilets jaunes » et dessine la stratégie à suivre pour son parti. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Face à la crise des « gilets jaunes », Laurent Wauquiez contraint à un exercice d’équilibriste Vous avez qualifié d’« embrouillamini » le débat budgétaire, percuté par la crise des « gilets jaunes ». Cette dernière aurait-elle pu être évitée ? C’est toujours facile à dire. Mais son intensité aurait pu être réduite si le gouvernement nous avait un peu écoutés : dès l’examen du budget 2018, il y a un an, nous avions proposé une trajectoire carbone moins brutale. En réponse à Gérald Darmanin et à son petit livret du pouvoir d’achat, j’avais dressé le profil-type du Français « ennemi de la République » : retraité, rural, qui roule au diesel, fume et se chauffe au fuel. En octobre dernier, avant qu’il y ait le moindre « gilet jaune », nous avions aussi proposé le gel de la hausse des taxes carburant en première lecture du budget, car nous l’estimions insupportable pour les Français. Mais nous étions inaudibles. Pour le gouvernement, la situation est le résultat de décennies d’erreurs politiques. Partagez-vous ce constat ? Non. Elle repose d’abord sur de la colère vis-à-vis d’Emmanuel Macron lui-même, de ses méthodes, de ses « petites phrases ». Cela a créé une crise sociale qui, à son tour, a entraîné une crise politique. Et le président a toujours eu un temps de retard, à la fois dans le diagnostic et dans la résolution de cette crise. Les réformes auxquelles les Français sont vraiment sensibles, ce sont les taxes, les services publics et la protection sociale, car elles changent le quotidien des gens. Et ça ne remonte pas à trente ans ! Tous les pays ont des différences de niveaux de vie. La France est plutôt correctement placée en la matière, même si c’est difficile à dire au milieu d’un rond-point. Il y a toujours eu des gens en bas de l’échelle sociale, mais on vivait avec, car cela se doublait d’une protection, d’une attention vis-à-vis de cette population. Et parce que ces populations ne se sentaient pas condamnées au smic ou aux minima sociaux. Et tout d’un coup un président arrive, qui rompt avec ces idées-là, et fait passer les gens de la catégorie des oubliés à celle des méprisés. Il a échoué car il n’a pas su humaniser ses réformes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : le monde politique abasourdi face à une crise inédite C’est donc surtout une question de ressenti ?
Alors que le Royaume-Uni met en réserve 3 500 soldats, les entreprises anticipent l’engorgement du commerce à la frontière en cas de sortie brutale de l’UE.
Face au risque d’un Brexit sans accord, les entreprises britanniques font des stocks
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/face-au-risque-d-un-brexit-sans-accord-les-entreprises-commencent-a-augmenter-leurs-stocks_5400269_3210.html
20/12/2018
international
A Leighton Buzzard, dans les entrepôts de Miniclipper, le 3 décembre. SIMON DAWSON / REUTERS Matt Hancock, le ministre britannique de la santé, a provoqué une certaine émotion, lundi 17 décembre, en déclarant sur la BBC qu’il était devenu « le premier acheteur au monde de réfrigérateurs ». Objectif : stocker les médicaments importés au Royaume-Uni, afin d’avoir suffisamment de réserves en cas de Brexit sans accord. En fait, le ministère de la santé a simplement lancé un appel d’offres pour réserver de la place dans des entrepôts réfrigérés. Il va ainsi pouvoir fournir des lieux de stockage aux compagnies pharmaceutiques, auxquelles il a ordonné d’avoir six semaines de stocks de plus qu’en temps normal. A cent jours de l’entrée en vigueur du Brexit, le Royaume-Uni en est donc à envisager très sérieusement une pénurie de médicaments. Mardi, le gouvernement a présenté son plan pour faire face à l’hypothèse d’un Brexit sans accord. Il a débloqué un budget de 2 milliards de livres (2,2 milliards d’euros), portant à plus de 6 milliards de livres l’argent dépensé à la préparation de la sortie de l’Union européenne. Sa principale inquiétude concerne l’engorgement du commerce à la frontière. S’il faut introduire des contrôles systématiques à la douane, les files de camions vont rapidement s’allonger et l’approvisionnement du marché britannique sera beaucoup plus lent. Pour anticiper le pire, l’Etat britannique met en réserve 3 500 soldats, prêts à intervenir. Il va aussi embaucher 3 000 douaniers et personnels administratifs pour aider à l’examen des déclarations des entreprises. Enfin, il va réserver de la place sur les ferrys, pour faire passer en priorité des biens qui viendraient à manquer. « Etagères combles » Pas vraiment de quoi rassurer les entreprises. Dans une rare déclaration commune, les cinq principaux groupes patronaux britanniques ont fait connaître leur colère face à l’incapacité des députés à se mettre d’accord : « Les entreprises regardent avec horreur les responsables politiques qui se livrent à des querelles entre factions au lieu de prendre des mesures concrètes. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi A 100 jours du Brexit, l’Europe se prépare à un éventuel « no deal » A défaut d’y voir clair, les sociétés sont désormais forcées de prendre des décisions. Depuis quelques mois, elles ont commencé à réserver de la place dans les entrepôts du pays. « Sinon, le risque est qu’elles se trouvent en rupture de stock et incapables de livrer leurs produits », explique Marcos Hart, de Wincanton, l’une des plus grosses entreprises de logistique du Royaume-Uni, propriétaire de plus de 200 entrepôts. Pourtant, beaucoup de sociétés hésitent : « Le risque inverse est qu’elles louent de la place dans un entrepôt pour finalement ne pas en avoir besoin s’il y a un accord sur le Brexit », continue M. Hart.
De Shanghaï au « Financial Times », les classements mondiaux de l’enseignement supérieur sont devenus des instruments de « soft power ». Comment l’« exception française » peut-elle y trouver sa place ?
Un classement sinon rien ?
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/12/20/un-classement-sinon-rien_5400255_4401467.html
20/12/2018
campus
ISABEL ESPANOL « Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi », proclamait-on en Mai 68. Cinquante ans après, la course continue, et elle est désormais planétaire. Les classements internationaux des universités – et des grandes écoles en France – sont devenus, à la manière des Jeux olympiques, des instruments de soft power. La Chine, entrée dans la compétition en 2003 avec son « classement de Shanghaï », l’a bien compris. Depuis cette date, tous les établissements de France et de Navarre scrutent avec autant d’angoisse que d’espoir sa publication au cœur de l’été. En pestant contre les critères d’« excellence » retenus pas les experts chinois… mais en cherchant comment monter dans le peloton de tête, occupé par les universités anglo-saxonnes. Au pays de la « méritocratie républicaine » – où le concours est roi et l’ascenseur social en panne – le classement de Shanghaï a poussé à la concentration des universités en Comue (Communauté d’universités et d’établissements), pour doter l’Hexagone de campus géants et attirants sur la scène mondiale, comparables à Cambridge, Harvard, Oxford, Stanford… Au prix, peut-être, d’une « parkerisation » – uniformisation – de l’enseignement supérieur hexagonal. Lire aussi Le classement U-Multirank 2018 distingue les universités françaises au 3e rang mondial Mais la France, c’est aussi ces universités de proximité, en régions, qui ouvrent des chemins de traverse. Les campus de Besançon, Chambéry, Poitiers, Reims, Rennes offrent aux étudiants une qualité de vie qui n’est pas un critère de choix à négliger. « Notre objectif n’est pas de talonner les universités en tête de classement, mais de donner une chance à tous de réussir », assure Sabine Mallet, vice-présidente de l’université d’Angers. Pédagogie, suivi, accompagnement des étudiants sont difficilement mesurables dans les palmarès. Faut-il les rejeter pour autant ? Dans l’enseignement supérieur, l’heure est à la concurrence internationale. Pour ou contre les classements, telle ne serait donc plus la question. « Même leurs détracteurs reviennent à une analyse des critères et s’interrogent sur la stratégie nécessaire pour gagner quelques places », tranche Timothée Toury, enseignant-chercheur et ancien directeur de la formation et de la pédagogie à l’Université de technologie de Troyes. Qu’on le veuille ou non, l’offre répond à une demande, celle de ceux qui sont en questionnement sur leur avenir. « Les classements ne font que dévoiler un secret de Polichinelle, dit Claudia Senik, professeure à l’Ecole d’économie de Paris. Sans eux, seuls les plus informés seraient capables d’identifier les meilleures prépas, les meilleures écoles et universités, tandis que les autres feraient leur choix dans l’obscurité. »
L’embarcation était recherchée entre l’Andalousie et le nord du Maroc. Trente-trois personnes ont été retrouvées vivantes, toutes en provenance d’Afrique subsaharienne.
Douze migrants retrouvés morts au large des côtes méridionales de l’Espagne
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/onze-migrants-retrouves-morts-au-large-des-cotes-meridionales-de-l-espagne_5400250_3210.html
20/12/2018
international
Leur embarcation était recherchée depuis deux jours. Douze migrants sont morts en tentant de gagner les côtes du sud de l’Espagne dans une embarcation précaire et douze sont portés disparus tandis qu’une trentaine ont été retrouvés vivants, a-t-on appris jeudi 20 décembre auprès des garde-côtes et de la Croix Rouge. Après un signalement de la part d’un navire de l’armée, à onze miles nautiques au sud du phare de Sabinal près d’Almeria, les garde-côtes sont intervenus, retrouvant « onze personnes mortes à bord et 33 en vie », toutes provenant d’Afrique subsaharienne, a indiqué une porte-parole des garde-côtes. L’embarcation était recherchée dans la mer d’Alboran, entre l’Andalousie et le nord du Maroc. Les migrants ont été ramenés dans le port d’Almería vers 4 h 45 jeudi matin et l’un d’eux est mort par la suite, a appris l’Agence France-Presse auprès de l’hôpital où il avait été pris en charge. Cela porte à 12 le nombre de morts, dix hommes et deux femmes dont une enceinte, qui s’ajoutent à douze personnes encore disparues, a déclaré à une représentante de la Croix Rouge à Almeria. Trois autres embarcations sont recherchées dans la zone avec à bord de chacune d’elles entre 50 et 55 migrants. L’Espagne est devenue cet été la première porte d’entrée des migrants illégaux en Europe devant la Grèce et l’Italie. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), actualisés au 16 décembre, plus de 55 000 migrants sont arrivés en Espagne par la mer depuis le 1er janvier et 744 sont morts dans la traversée, plus de trois fois plus qu’en 2017. Les arrivées par la mer en Espagne représentent la moitié du total en Europe (environ 111 000 selon l’OIM). La route la plus dangereuse reste celle de la Méditerranée centrale avec 1 306 morts au large des côtes italiennes depuis le début de l’année. Au total, 2 217 personnes sont mortes ou disparues cette année en tentant de traverser la Méditerranée vers l’Europe, toujours selon l’OIM. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sous la pression de l’Union européenne, le Maroc fait la chasse aux migrants
L’annonce du retrait américain de Syrie est un coup dur pour l’Etat hébreu, décidé à contrer les ambitions iraniennes dans la région.
Israël appelle l’ONU à dénoncer les tunnels du Hezbollah libanais
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/israel-appelle-l-onu-a-denoncer-les-tunnels-du-hezbollah-et-a-mettre-le-liban-sous-pression_5400245_3210.html
20/12/2018
international
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à la Knesset, le Parlement israélien, à Jérusalem, le 19 décembre. AMIR COHEN / REUTERS L’étroitesse des liens entre l’administration Trump et Israël n’est pas à toute épreuve. Dans un communiqué sec publié mercredi 19 décembre en fin de journée, Benyamin Nétanyahou a précisé qu’il était averti depuis lundi du retrait américain à venir de Syrie. Il s’est gardé de tout autre commentaire désobligeant. Mais en privé, les experts israéliens sont inquiets. Cette décision prive le pays de la présence dissuasive, psychologiquement importante, des soldats américains. Elle ressemble à leurs yeux à un abandon, alors qu’ils espéraient, au contraire, une plus grande implication de Washington sur le terrain pour contrer les ambitions iraniennes au Moyen Orient, notamment en Syrie et au Liban. L’annonce du retrait coïncide avec l’opération « Bouclier du nord », conduite depuis quinze jours par l’armée israélienne à la frontière avec le Liban. Son objectif est de neutraliser les tunnels d’attaque frontaliers attribués au Hezbollah, qui garde le silence. Benyamin Nétanyahou a décidé de mettre la pression sur Beyrouth. Lors d’une conférence de presse mercredi, le premier ministre a mis en cause, à différents titres, la milice chiite, l’armée et les autorités libanaises, ainsi que l’Iran, parrain politique et financier du Hezbollah, auquel Téhéran verserait « un milliard de dollars par an » selon l’état-major israélien. M. Nétanyahou a pris la parole avant une réunion sur le sujet du Conseil de sécurité de l’ONU. Trois tunnels confirmés Depuis le début de « Bouclier du nord », l’armée a mis au jour quatre tunnels d’attaque creusés par le Hezbollah. Dans un communiqué publié le 17 décembre, la Finul, la force intérimaire de l’ONU au Liban, a précisé que ses experts avaient confirmé l’existence de ces quatre tunnels, dont deux franchissaient la Ligne bleue de démarcation, longue de 120 km, en violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui date de 2006. A grand renfort de vidéos, de conférences de presse et de visites organisées pour les diplomates occidentaux, le gouvernement israélien s’est assuré d’une attention internationale depuis quinze jours. Selon M. Nétanyahou, la milice chiite, « outil de l’Iran », commet « un double crime de guerre. Elle vise les civils israéliens, tout en se dissimulant derrière les civils libanais. » Le chef du gouvernement israélien met en cause l’armée libanaise. Son inaction actuelle « signifie qu’ils sont incapables ou réticents, ou les deux, à agir sur ce sujet ».
Daniel Schmitt rappelle la pensée Aldous Huxley qui a dit ceci : « La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter. ».
« Le Monde des lecteurs » - Société : attentat de Strasbourg
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/20/le-monde-des-lecteurs-societe-attentat-de-strasbourg_5400241_5334984.html
20/12/2018
blog-mediateur
« « Douce nuit, sainte nuit… » Chacun de nous a au moins déjà entendu une fois cette chanson de Noël. Créée en 1818 en Autriche, elle est pour moi la plus belle des chansons de Noël. Il s’y dégage une sérénité et une paix intérieure qui font monter en moi beaucoup d’émotions et d’espoir pour le monde à venir.» Hans-Peter Merten/robertharding / Photononstop / Hans-Peter Merten/robertharding / Photononstop Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Attentat de Strasbourg. « Douce nuit, sainte nuit… » Chacun de nous a au moins déjà entendu une fois cette chanson de Noël. Créée en 1818 en Autriche, elle est pour moi la plus belle des chansons de Noël. Il s’y dégage une sérénité et une paix intérieure qui font monter en moi beaucoup d’émotions et d’espoir pour le monde à venir. Mais pourquoi faut-il que ce moment soit entaché par un assassin qui sème la panique auprès de gens qui ne demandaient qu’à passer un bon moment ensemble, qu’ils soient croyants ou non-croyants ? Pourquoi cet attentat au marché de Noël de Strasbourg ? J’essaie de comprendre mais je n’y arrive pas. A chaque fois on parle d’islamistes radicalisés, moi je vois surtout des délinquants de droit commun soi-disant radicalisés en prison. J’ai cherché la définition du mot radicalisation sur internet et en termes de religion, c’est prôner le retour aux racines et aux origines de la religion en question. C’est quoi les racines de l’Islam ? J’ai lu, toujours sur internet ce qui suit : « En Islam, l’amour de son prochain est une des conditions essentielles de la croyance : le Messager de Dieu a dit : « Vous n’entrerez au Paradis que lorsque vous aurez cru et vous ne croirez que lorsque vous vous aimerez les uns les autres. Voulez-vous que je vous indique une chose capable de vous faire aimer les uns les autres ? Saluez-vous entre vous » Hadîth rapporté par At-tirmithî, selon Abû Hurayra » (Un hadith ou hadîth est une communication orale du prophète Mahomet). Là je me dis « ceux qui ont été radicalisés ont dû mal comprendre le message ». Nouvelle interrogation ? Sont-ils vraiment des musulmans ou alors plutôt des délinquants manipulés ? Je crois que les mots utilisés pour les décrire sont impropres à leur situation. Au lieu d’islamistes, on devrait parler de voyous ou de criminels, au lieu de radicalisation, on devrait parler de manipulation ou d’endoctrinement à la haine de l’autre. Ceci pour éviter un amalgame créant la méfiance et la peur de l’autre. C’est la pire des choses et la porte ouverte à l’intolérance, l’intégrisme et au final au despotisme. Aldous Huxley a dit ceci : « La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter. ». Joyeux Noël à tous. Daniel Schmitt, Reitwiller (Bas-Rhin)
Natacha Salagnac témoigne « Les Suisses pauvres existent. Ils se taisent. Ils ont été ainsi éduqués qu’ils n’ont jamais parlé argent. Ils ont travaillé toute leur vie (55 heures par semaine dans les hôpitaux en 1964 !). Ils ont été floués. »
« Le Monde des lecteurs » - Société : pauvre en Suisse
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/12/20/le-monde-des-lecteurs-societe-pauvre-en-suisse_5400233_5334984.html
20/12/2018
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« Vous souriez de ces Suisses pauvres («comprenez gagnant moins de 2000 francs suisses par mois»). Sachez que oui, il y a des pauvres en Suisse, des femmes seules, des vieux, des travailleurs sans qualités spécifiques.» Christof Sonderegger/Sime / Photononstop Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Réflexions suite à l’article « Le drôle de voyage d’un Anglais en Europe », « Le Monde », 16-17 décembre 18, d’Alain Constant Monsieur, J’apprécie depuis des années vos articles et votre style, mais laissez-moi vous donner aujourd’hui les impressions (pas neutres du tout) d’une vieille Helvète ayant trouvé refuge (économique) en France. Vous souriez de ces Suisses pauvres (« comprenez gagnant moins de 2000 francs suisses par mois »). Sachez que oui, il y a des pauvres en Suisse, des femmes seules, des vieux, des travailleurs sans qualités spécifiques. Je fais partie des deux premières catégories. Ne m’enviez pas ma retraite de 2 200 CHF (1 853 euros au cours du jour). Elle devait se partager entre mon assurance maladie-accident (base obligatoire) à 534 francs par mois, et si les cantons vous octroient un droit de prestation complémentaire, il faut accéder à ce droit, et le loyer d’une chambre ou d’un studio entre Genève et Lausanne coûtant au minimum 700 CHF, et plutôt 1 200 pour un logement correct. Le prix des produits alimentaires de base est en moyenne deux fois plus cher. Pour exemple : la baguette que je paie un euro dans le Midi (soit 1 CHF 19) coûte en tout cas 2 francs suisses. Les impôts fédéraux, cantonaux, communaux vous taxent. Peu. Mais essayez de donner encore le 10 % de ces « revenus » ! Sans parler du prix des journaux ou des livres, du cinéma (minimum de 14 euros la place), bref, ces vieux nantis de Suisse dont vous vous gaussez sont des pauvres. Pas des miséreux, certes. Ils ont sous leurs yeux Le Grand Paysage, le Lac (Le Léman donc, il n’y a que les Américains qui affirment que c’est le Lac de Genève). Ils regardent passer les trains qu’ils ne prendront plus : le trajet entre Genève et Zurich coûte plus cher que l’aller-retour Nîmes Genève. Bref, les Suisses pauvres existent. Ils se taisent. Ils ont été ainsi éduqués qu’ils n’ont jamais parlé argent. Ils ont travaillé toute leur vie (55 heures par semaine dans les hôpitaux en 1964 !). Ils ont été floués. Je vous remercie de lire ce message d’une Suissesse de « septante » ans qui ne pouvait survivre dans son pays. Natacha Salagnac, Uzès (Gard)
L’historien japonais Koji Yamamoto montre que, dès le XVIIe siècle, les termes du débat sur la responsabilité sociale des entreprises se sont mis en place, rapporte Antoine Reverchon, journaliste au « Monde », dans sa chronique.
Quand le capitalisme fabriquait son propre récit
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/quand-le-capitalisme-fabriquait-son-propre-recit_5400225_3232.html
20/12/2018
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Devant la Bourse de Londres, en août 2017. TOLGA AKMEN / AFP Chronique « Recherches ». S’intéresser au « narratif » ou au « story telling » pour mettre en évidence le rôle majeur des représentations et de la fiction dans la dynamique de la réalité matérielle des sociétés humaines n’est plus l’apanage des psychologues, des historiens et des politistes. Les économistes s’y mettent de plus en plus. Ils ont commencé par « les histoires que l’on se raconte à soi-même » pour comprendre les décisions des agents économiques : c’est le « petit singe sur l’épaule » qui murmure à l’oreille du trader, du PDG, du consommateur, mis en évidence par les économistes américains George Akerlof et Robert Shiller (Marchés de dupes : l’économie du mensonge et de la manipulation, Odile Jacob, 2016). D’autres ont élargi cet intérêt pour le récit – littérature, poésie, journaux, théâtre – aux faits économiques, pour mieux en comprendre les évolutions, comme Deirdre McCloskey, auteure de Bourgeois Equality. How Ideas, not Capital or Institutions, Enriched the World (University of Chicago Press, 2016, non traduit), où elle montre comment le renversement positif du jugement moral et de la représentation du rôle des « marchands », au milieu du XVIIIe siècle aux Pays-Bas et en Angleterre, fut le prélude à l’extension foudroyante du capitalisme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Et pendant ce temps-là… Macron vante la « start-up nation » Koji Yamamoto, professeur d’histoire économique à l’université de Tokyo, est remonté un peu plus haut dans le temps avec son livre Taming Capitalism Before its Triumph (« apprivoiser le capitalisme avant son triomphe », Oxford University Press, 2018, non traduit), qu’il est venu présenter à Paris le 5 décembre. Etudiant la toute première phase de la naissance du capitalisme anglais sous le règne de Charles Ier Stuart (de 1625 à sa décapitation en 1649), il montre comment de riches commerçants anglais, familiarisés avec les opérations financières par la création du Royal Exchange en 1565 (où s’échangent les titres de la dette royale) se regroupent, sur le modèle de la Compagnie des Indes orientales, créée en 1600, pour proposer au roi d’assurer la production, le transport et le commerce de certains produits ou services : en échange de ce monopole, à l’échelle du royaume ou de comtés, ils s’engagent à verser au Trésor royal une redevance fixe. C’est le système des patentes. Bien commun et intérêts privés Ces entrepreneurs vantent leurs projets en affirmant assurer le « bien public » mieux que ne pourrait le faire le roi, tout en finançant le royaume. Mais la littérature de l’époque, les caricatures, les libelles et même des saynètes jouées sur les places des villes, racontent plutôt l’histoire d’escrocs proches du pouvoir qui profitent de la faiblesse royale pour s’octroyer avec avidité des rentes juteuses aux dépens de l’argent public.
Le texte, qui doit être soumis au vote du Conseil de sécurité, porte sur le principe d’un possible cofinancement par l’ONU d’opérations de paix africaines.
A l’ONU, incertitude autour d’un bras de fer américano-africain
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/20/a-l-onu-incertitude-autour-d-un-bras-de-fer-americano-africain_5400214_3212.html
20/12/2018
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Le Conseil de sécurité de l’ONU, à New York, en mars 2018. SPENCER PLATT / AFP Les pays africains du Conseil de sécurité ont annulé mercredi 19 décembre, pour la deuxième fois en dix jours, la convocation d’un vote destiné à établir « le principe » d’un possible cofinancement par l’ONU d’opérations de paix africaines, en raison de la menace d’un veto américain. Portée par l’Ethiopie, la Guinée équatoriale et la Côte d’Ivoire, le projet de résolution pose « le principe d’un possible versement de contributions des Nations unies, au cas par cas, pour soutenir des opérations de paix menées par l’Union africaine [UA] et autorisées par le Conseil de sécurité ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’ONU renouvelle sa mission en Centrafrique sur fond de tensions entre Paris et Moscou Ce texte prévoit que le financement de l’ONU pourrait atteindre jusqu’à 75 % du coût des opérations concernées, les autres 25 % demeurant à la charge de l’Union africaine. Le projet, qui porte d’une manière plus générale sur les relations entre l’ONU et les organisations régionales africaines, suit depuis le début du mois de décembre un chemin compliqué. Très optimiste sur l’adoption du texte, la présidence ivoirienne du Conseil de sécurité avait le 10 décembre convoqué une réunion pour un vote. Quelques heures plus tard, sous la pression de pays européens, la réunion était annulée, une volte-face rare à l’ONU pour une mise aux voix d’un texte. Depuis le début du mois, les Etats-Unis répètent dans les réunions qu’ils ne sont pas opposés sur le fond au projet, mais qu’ils ont un « problème de timing », selon des diplomates. « Des lignes rouges » Une nouvelle Chambre des représentants, compétente en matière budgétaire, doit entrer en fonction en janvier et l’administration de Donald Trump ne peut s’engager sans son aval sur un éventuel transfert de financement de l’ONU à l’Union africaine, a-t-on précisé de mêmes sources. Mercredi, les trois pays africains du Conseil de sécurité sont revenus à la charge pour « mettre Washington devant ses responsabilités ». Dans le même temps, un compromis offert par les Etats-Unis était rejeté par l’Afrique, évoquant « des lignes rouges ». Peu avant le vote, le scrutin était annulé. « Nous nous donnons encore 36 heures », mais « les choses sont sur la bonne trajectoire », a assuré à l’AFP un diplomate africain sous couvert d’anonymat. Il faut « juste un petit effort de part et d’autre ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’ONU s’inquiète du manque de moyens de la force du G5 Sahel « Le vote a été reporté à vendredi », a confirmé un autre diplomate. En attendant, la menace de veto américain demeure. L’ambassadrice sortante, Nikki Haley, peu présente en décembre au Conseil de sécurité et absente dans la matinée alors que le sujet concernait Israël – l’un de ses sujets de prédilection –, avait prévu mercredi de venir en personne utiliser ce veto en cas de vote, selon des diplomates.
Derrière l’arrestation au Canada de Meng Wanzhou, cadre du géant des télécoms chinois, se dispute l’hégémonie technologique mondiale, explique dans sa chronique Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».
« L’affaire Huawei touche à la rivalité stratégique entre la Chine et les Etats-Unis »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/l-affaire-huawei-touche-a-la-rivalite-strategique-entre-la-chine-et-les-etats-unis_5400207_3232.html
20/12/2018
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Chronique. Dans la bataille pour l’hégémonie technologique mondiale, qui oppose la Chine aux Etats-Unis, le 1er décembre 2018 restera comme une date symbole – un moment-clé. Ce jour-là, à l’aéroport de Vancouver, au Canada, une Chinoise, sourire discret, allure élancée, est arrêtée à sa descente d’avion. Meng Wanzhou, 46 ans, vient de Hongkong et doit prendre une correspondance pour Mexico. Elle est interpellée à la demande de la justice américaine, qui réclame son extradition. La Chine dénonce une provocation : Meng Wanzhou n’est pas n’importe qui. Fille aînée de Ren Zhengfei, PDG et fondateur de Huawei, joyau de la haute technologie chinoise, Mme Meng appartient à un cercle fermé : l’aristocratie du monde des affaires en Chine, l’élite de l’entrepreneuriat aux caractéristiques chinoises. Elle assure la direction financière de Huawei, sans doute le seul groupe chinois à avoir vraiment une assise mondiale. Elle passe aussi pour être l’héritière de son père à la tête de l’entreprise. Huawei est l’instrument d’une stratégie de conquête et d’influence. Elle rivalise avec les géants de la haute technologie américaine Les Etats-Unis reprochent à Weng Wanzhou d’avoir monté un réseau destiné à contourner les sanctions unilatérales qu’ils ont prises contre l’Iran : Huawei veut continuer à vendre dans ce pays. Mais à Pékin, l’affaire est interprétée bien différemment. On dénonce un coup porté à la Chine dans la course engagée avec les Etats-Unis pour la domination technologique du paysage industriel de l’avenir. Cri de ralliement sur les réseaux sociaux chinois : « C’est une déclaration de guerre. » Les huit pétales rouges de l’enseigne Huawei sont l’un des symboles de la fierté nationale chinoise, l’étendard de la percée technologique du pays. Avec ses 180 000 salariés de par le monde, la firme occupe le haut du pavé de la téléphonie mobile. Elle vend plus de smartphones qu’Apple et développe les plates-formes et les réseaux qui porteront la prochaine révolution technologique – la génération 5G. Lire aussi Télécoms : le groupe chinois Huawei englué dans une sévère crise diplomatique Huawei est l’instrument d’une stratégie de conquête et d’influence. Elle rivalise avec les géants de la haute technologie américaine. Derrière l’épisode Meng Wanzhou « se déroule un combat décisif », écrit dans le New York Times, la journaliste Kara Swisher, l’une des commentatrices les plus percutantes des aventures de la techno-sphère. De quoi s’agit-il ? « De rien de moins qu’une bataille pour l’hégémonie technologique dans le monde de demain, dit-elle. Très spécifiquement, la question est de savoir qui aura le contrôle de l’Internet et qui en déterminera les normes de fonctionnement. »
Le piratage de télégrammes de la diplomatie européenne met en évidence les lacunes dans la protection des réseaux de l’Union.
Des hackeurs s’infiltrent dans la diplomatie de l’Union européenne
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/des-hackeurs-s-infiltrent-dans-la-diplomatie-de-l-union-europeenne_5400204_3210.html
20/12/2018
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Le Conseil européen, à Bruxelles, le 14 décembre 2018. STEPHANIE LECOCQ / AFP La lecture du New York Times daté du mardi 18 décembre a désarçonné une partie du personnel diplomatique du Service européen d’action extérieure (SEAE), à Bruxelles. Le quotidien révélait le contenu de câbles et de télégrammes, en principe confidentiels, volés grâce à une opération massive de piratage qui aurait duré au moins trois ans. Les hackeurs se sont introduits dans le réseau de correspondance européenne (COREU) de l’Union (UE) et ont pu télécharger des milliers de documents après, semble-t-il, être parvenus à dérober les données et les codes d’accès de diplomates chypriotes. Le COREU est le réseau de communication entre les vingt-huit pays membres de l’UE ainsi que les institutions (Conseil, Commission et SEAE). Il assure un flux régulier d’informations et facilite la coopération en matière de politique étrangère par le biais des chancelleries. Il permettrait aussi une prise de décision rapide en cas de crise. En principe protégé, il véhicule de 25 000 à 30 000 messages par an, qui concernent la politique étrangère et de sécurité (PESC), les conclusions des conseils tenus par les ministres des affaires étrangères, les déclarations, les démarches diplomatiques de l’UE, etc. Informations les plus sensibles Les informations les plus sensibles, celles qui concernent notamment les grandes questions sécuritaires, transitent, elles, par un autre canal, crypté et hautement sécurisé, affirmait, mercredi, un ancien responsable des services de la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Federica Mogherini. Les courriers révélés par le New York Times concernent une série de sujets internationaux, comme l’éventuelle relance du programme nucléaire iranien – que les Vingt-Huit tente à tout prix d’empêcher, tandis que le président américain a dénoncé l’accord signé à Vienne en 2015 – les inquiétudes soulevées par l’élection de Donald Trump en 2016 et la mise en œuvre de sa politique, la relation avec la Russie, ou encore les négociations commerciales et la migration. L’un des câbles mentionne des discussions tenues entre des responsables de l’UE et le président Xi Jinping, à Pékin, en juillet. Le dirigeant chinois y compare les manœuvres d’« intimidation » de Donald Trump envers son pays à un « combat de boxe où tous les coups sont permis ». A Bruxelles, des responsables reconnaissent un défaut de prudence des institutions face à la technologie chinoise. Le quotidien américain dit s’être appuyé sur le travail d’Area 1, une société de cybersécurité fondée par d’anciens employés de la NSA, l’agence de renseignement des Etats-Unis chargée, notamment, de la sécurité des systèmes d’information. Ces experts montrent du doigt la Chine : ils n’auraient « aucun doute » quant à l’impli­cation de Pékin. A Bruxelles, des responsables refusant d’être cités ne veulent pas désigner de coupables. Certains reconnaissent toutefois un défaut de prudence des institutions face, notamment, à la technologie chinoise.
La barrière de péage a été incendiée dans la nuit de lundi à mardi en marge du mouvement des « gilets jaunes ». Dix-sept personnes avaient été interpellées.
« Gilets jaunes » : 14 personnes mises en examen après l’incendie d’un péage à Bandol
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/20/incendie-d-un-peage-a-bandol-quatorze-gilets-jaunes-mis-en-examen_5400156_1653578.html
20/12/2018
police-justice
GERARD JULIEN / AFP Quatorze « gilets jaunes » qui avaient été interpellés lundi après l’incendie du péage de Bandol (Var) sur l’autoroute 50 ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire mercredi 19 décembre, a-t-on appris auprès du parquet de Toulon. Peu après les faits, les forces de l’ordre avaient procédé, dans la nuit de lundi à mardi, à l’interpellation de dix-sept personnes soupçonnées d’avoir participé à ces exactions. Mercredi, à l’issue de leur garde à vue, trois d’entre elles avaient été mises hors de cause et relâchées. Quatorze autres ont été présentées à un juge d’instruction dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour « incendie volontaire, participation à un attroupement en vue de commettre des violences ou des dégradations, entrave à la circulation et, pour certains des mis en cause, rébellion », a précisé Bernard Marchal, procureur de la République de Toulon. Le parquet avait requis un mandat de dépôt pour un certain nombre de ces prévenus, mais il n’a pas été suivi par le juge des libertés et de la détention. Dégradations de plusieurs péages dans le Sud La société autoroutière Vinci a fait savoir mercredi que des travaux effectués dans la nuit avaient permis de rouvrir en partie le péage dévasté par l’incendie. Trois voies sont de nouveau ouvertes dans le sens Marseille-Toulon, mais « l’importance des dégâts n’a pas encore permis de remettre en fonction des voies dans l’autre sens de circulation », précise l’exploitant de l’autoroute. Depuis plusieurs semaines, plusieurs péages et installations autoroutières du sud de la France, de Perpignan à Orange en passant par La Ciotat, ont été dégradés. Dans la nuit de mardi à mercredi, c’est un local appartenant à Vinci, à Bessan, dans l’Hérault, qui a été endommagé par un sinistre.
L’accord conclu le 13 décembre est insuffisant et l’ONU doit redoubler d’énergie pour empêcher le Yémen de devenir « la Libye » de la péninsule arabe, estime Anne Gadel, de l’Institut Open Diplomacy, dans une tribune au « Monde ».
« Il est nécessaire de fixer un agenda pour une résolution politique du conflit au Yémen »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/il-est-necessaire-de-fixer-un-agenda-pour-une-resolution-politique-du-conflit-au-yemen_5400120_3232.html
20/12/2018
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Le ministre des affaires étrangères yéménite, Khaled Al-Yamani, serre la main du chef des forces rebelles houthistes Mohammed Abdel Salam, sous les yeux du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, le 13 décembre à Rimbo (Suède). Pontus Lundahl / AP Tribune. L’image était d’autant plus belle qu’elle était inespérée il y a encore quelques mois : le ministre des affaires étrangères yéménite, Khaled Al-Yamani, serrant la main au chef des forces rebelles houthistes Mohammed Abdel Salam, le 13 décembre, sous les yeux du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. L’accord conclu au château de Johannesberg à Rimbo, près de Stockholm (Suède), au terme d’une semaine de consultations, avait suscité des espoirs de voir se normaliser la situation au Yémen. La priorité était donnée au rétablissement de la confiance entre les parties, matérialisé par l’échange de prisonniers (15 000 en tout), à la conclusion d’accords de cessez-le-feu dans les régions touchées par la famine, ainsi qu’à l’évacuation du port d’Hodeïda, contrôlé par les houthistes, par lequel transite l’essentiel de l’aide humanitaire (80 %) au Yémen. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Accord pour un cessez-le-feu à Hodeïda, au Yémen Plusieurs signes pouvaient laisser présager une issue positive à ces consultations. C’était la première fois depuis 2016 que les belligérants – les rebelles houthistes et les représentants du gouvernement d’Abd Rabbo Mansour Hadi – étaient rassemblés sous un même toit dans l’intention de négocier. Chacun semblait disposé à faire montre d’efforts particuliers pour faire aboutir les discussions, des accords préalables sur des échanges de prisonniers ayant été conclus en forme de garanties. De fait, les puissances occidentales se disaient soulagées de la tenue de ces négociations, rendues inévitables par l’ampleur exceptionnelle de la catastrophe humanitaire, et par les pressions exercées sur le royaume saoudien au lendemain de « l’affaire Khashoggi » (une résolution condamnant l’aide militaire apportée à Riyad a symboliquement été votée au Congrès américain le 13 décembre). Presque immédiatement suivi de raids aériens et de combats sporadiques dans la région d’Hodeïda, cet accord souffre cependant de lacunes qui, couplées à la situation hautement inflammable sur le terrain, le rendent structurellement fragile. Des points d’accord partiels Les parties prenantes aux consultations ne représentaient pas toute la réalité des forces en présence sur le terrain : si les rebelles ont su s’imposer comme des interlocuteurs légitimes, le gouvernement est fragilisé depuis l’exil de son leader Hadi à Riyad en 2015. Manquaient en outre à l’appel la principale force d’opposition Al-Islah et le mouvement Al-Hirak des séparatistes du sud du pays, ainsi que les parrains saoudiens et émiriens.
Multiples, insaisissables, exigeants, court-termistes… actionnaires et gilets jaunes fonctionnent, paradoxalement, de la même manière, constate le chercheur en gestion Rémi Jardat dans une tribune au « Monde ».
« Les “ gilets jaunes ” ont offert un étrange miroir au pouvoir des investisseurs »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/les-gilets-jaunes-ont-offert-un-etrange-miroir-au-pouvoir-des-investisseurs_5400117_3232.html
20/12/2018
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Tribune. Au milieu des années 1990, manageurs et syndicalistes partageaient ce constat : les salariés, les organisations syndicales étaient désemparés par la montée en puissance d’un nouvel acteur, intraitable autant qu’inaccessible, l’actionnaire. « Il n’y a plus d’adversaire identifié : l’exigence de rentabilité pour l’investisseur nous met face à une puissance anonyme, insaisissable, qui en veut toujours plus. Comment lutter contre cela ? », disaient-ils conjointement. Nous avons suffisamment invoqué ce pouvoir de la finance qui terrorise les politiques avec les crises de la dette, les salariés avec les « licenciements boursiers », les dirigeants d’entreprise eux-mêmes avec la volatilité du cours de l’action. Nous avons enseigné dans nos facultés et nos écoles de gestion les principes de bonne gouvernance censés accompagner voire encadrer ce nouveau monde. La multitude actionnariale exerce, comme nous l’expliquons à nos étudiants, une « discipline de marché » sur le dirigeant d’entreprise en revendant des actions lorsque ce dernier fait preuve d’inconduite : le cours de l’action baisse, la valeur de marché de l’entreprise et sa capacité d’emprunt également, des raiders boursiers pourront plus facilement racheter cette entreprise et en évincer le patron. De même les investisseurs en obligations sanctionnent-ils un Etat trop endetté qui fait montre d’indiscipline budgétaire. Sous cette pression, chefs d’entreprise et chefs d’Etat deviennent « raisonnables ». Pourtant, bien des scientifiques ont analysé à quel point ce pouvoir tire une partie de sa force de l’irrationalité qui l’anime. Mimétiques, plus sensibles aux préférences de leurs pairs qu’aux fondamentaux de l’entreprise, insatiables dans leurs exigences et aveugles aux enjeux de moyen terme, les investisseurs font la loi aux Etats, aux patrons, aux travailleurs, et cela de manière capricieuse, convulsive, aveugle, jusqu’à conduire comme en 2008 nos sociétés au bord de l’abîme. De nouvelles formes de résistance Or, qu’observe-t-on aujourd’hui ? Tout à coup le gouvernement augmente les revenus, les grandes entreprises accordent à tous des sursalaires, demain peut-être les ultrariches réintégreront le corps fiscal de la nation… Ce qui hier paraissait impossible est soudain devenu une évidence face à laquelle il n’existe « aucune alternative ». C’est qu’entre-temps une autre terreur s’est levée. Le mouvement des « gilets jaunes » a offert ces dernières semaines un étrange miroir au pouvoir des investisseurs. La multitude des « gilets jaunes » agit de manière virale, elle n’est jamais satisfaite, elle se dérobe, refuse l’émergence de toute souveraineté en son sein, affirme la primauté du court terme (la fin du mois) sur le long terme (la fin du monde), et son action s’accompagne de graves dommages collatéraux. Cette multitude anonyme, insatiable, insaisissable, oblige le politique à plier, mais dans un sens contraire à celui qu’imposaient auparavant les investisseurs.
Pour notre journaliste Antoine Reverchon, la prime proposée par le président démontre que la simple rémunération du travail ne représente parfois pas un revenu suffisant pour vivre.
« Prime Macron » : le retour du revenu universel
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/prime-macron-le-retour-du-revenu-universel_5400095_3232.html
20/12/2018
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Assemblée générale des « gilets jaunes » de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), le 18 décembre. ARNAUD FINISTRE / HANS LUCAS POUR " LE MONDE" Descendre de l’Olympe de la théorie économique est sans doute tout aussi délicat et douloureux que déchoir de l’Olympe de la pratique du pouvoir politique. Les économistes – du moins un grand nombre d’entre eux – s’étaient réjouis de voir depuis dix-huit mois régner à Bercy, à Matignon et à l’Elysée des politiques qui avaient enfin intégré « les lois de l’économie » : seules les entreprises créent de la richesse ; c’est cette richesse qui, une fois répartie, crée les profits des investisseurs, les salaires des travailleurs – et des fonctionnaires par l’impôt, les prestations des assurances sociales et des aides publiques – par les cotisations et l’impôt ; le niveau de ces prestations et de ces aides doit donc être indexé sur la capacité des entreprises à les financer. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Crise sociale : comment financer les promesses de Macron Pour cela, il faut d’une part augmenter la capacité de financement des entreprises, et donc réduire les impôts qui pèsent sur leurs bénéfices et sur la rémunération de ceux qui y investissent ou qui les dirigent, les fameux « premiers de cordée » ; d’autre part réduire la dépense publique et respecter les règles budgétaires des traités européens, les prestations sociales étant revues à la baisse selon une logique assurancielle – pallier l’absence momentanée d’un revenu d’activité – et non plus selon une logique de droit à la solidarité. Le tout résumé d’une belle formule dont la multiplicité sémantique laisse rêveur : « Le travail doit payer. » A cette aune, augmenter le revenu des Français en puisant dans l’argent public comme vient de l’annoncer le président de la République apparaît comme une double hérésie, et l’on comprend que les « technocrates de Bercy » et leurs ministres aient eu un haut-le-cœur. C’est accorder un revenu supplémentaire qui n’est basé sur aucun gain de productivité ni aucune nouvelle activité créatrice de richesse ; c’est augmenter – de 10 milliards d’euros – la dépense publique qui, tôt ou tard, pèsera sur l’activité économique malgré les dénégations empressées d’économistes girouettes du « story-telling ». Prime d’activité et coup de pouce au smic Ce sont pourtant exactement les reproches que ces mêmes économistes adressaient à l’idée d’un revenu universel versé à tous les citoyens, idée défendue par quelques intellectuels, de nombreuses associations et un certain Benoît Hamon, qui fut candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle de 2017 et obtint au premier tour le score calamiteux de 6,35 %.
Les conséquences politiques de l’effondrement d’immeubles ayant causé la mort de huit personnes le 5 novembre secouent la majorité LR de Jean-Claude Gaudin, un maire contesté comme jamais.
A Marseille, un conseil municipal sous haute tension
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/20/a-marseille-un-conseil-municipal-sous-haute-tension_5400081_3224.html
20/12/2018
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Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, lors du conseil municipal le 20 décembre. Theo Giacometti/ Hans Lucas pour Le Monde En reportant de dix jours le conseil municipal du 10 décembre, le maire (Les Républicains, LR) de Marseille, Jean-Claude Gaudin, espérait, en vieux routier de la politique, bénéficier d’un climat plus apaisé pour affronter l’inévitable débat sur sa gestion de l’habitat indigne. Peine perdue. L’annonce de mesures d’urgence et la réception, in extremis, mardi 18 décembre, des collectifs citoyens qui pointent les responsabilités de sa municipalité dans le drame de la rue d’Aubagne, qui a fait huit morts le 5 novembre, n’ont pas atténué la tension. Pire, en ce jeudi 20 décembre, des colères longtemps disparates contre la politique municipale convergent. Les membres du Collectif contre le PPP (partenariat public-privé) des écoles, un plan de rénovation à un milliard d’euros qui doit être confié au privé, et ceux de l’Assemblée de la Plaine, qui s’oppose au réaménagement brutal de la plus grande place de la ville, seront présents devant un hémicycle transformé en bunker. En grève pour dénoncer « des niveaux de sous-effectif jamais atteints mettant en danger les enfants », les agents des crèches et des écoles manifesteront également toute la matinée à l’appel des syndicats CGT, FO et FSU. Les 101 conseillers municipaux marseillais, qui se réunissent pour la première fois depuis la catastrophe du 5 novembre, seront accueillis par huit cercueils portés par les familles et les proches des victimes de l’effondrement. « C’est une façon de demander des comptes à cette municipalité qui n’a rien fait pour prévenir ce qui s’est passé », accuse Kevin Vacher, un des fondateurs du Collectif du 5 novembre. Une façon aussi, selon cette structure d’aide aux sinistrés du quartier Noailles, de rappeler à M. Gaudin qu’il n’a toujours pas reçu les familles des victimes, quarante-trois jours après le drame. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Marseille : rue d’Aubagne, rue de colère Crise humaine, financière et politique Le conseil municipal doit s’ouvrir par le vote de huit rapports validant une série de mesures d’urgence. Prise en charge des frais d’obsèques pour une enveloppe de 100 000 euros, une promesse du maire qui attendait d’être officialisée pour se concrétiser par un remboursement ; mise en place avec l’Etat d’une mission de maîtrise d’œuvre urbaine et sociale pour accélérer le relogement des personnes concernées ; gratuité des cantines scolaires et des crèches pour les familles évacuées… Des délibérations qui pourront difficilement juguler la crise de l’habitat indigne qui semble engloutir Marseille, alors que les associations citoyennes réclament la réquisition de logements vides et la mise en place d’une charte de « droit au retour dans leur quartier » pour les personnes délogées. De fait, depuis le 5 novembre, 195 immeubles ont été évacués ; 1 600 Marseillais vivent provisoirement à l’hôtel ou dans des appartements de court séjour. Une situation, qui, selon nos informations, a déjà coûté 4 millions d’euros à la collectivité.
Le sociologue Fabien Jobard note que le bilan, en termes de blessés, de ce mouvement social est sans précédent depuis Mai 68.
« Face aux “gilets jaunes”, l’action répressive est d’une ampleur considérable »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/face-aux-gilets-jaunes-l-action-repressive-est-d-une-ampleur-considerable_5400077_3232.html
20/12/2018
idees
Un « gilet jaune » blessé secouru par d'autres manifestants, le 15 décembre, à Nantes. JEREMIE LUSSEAU / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Fabien Jobard est directeur de recherches au CNRS, au sein du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip). Il est également chercheur au Centre Marc-Bloch à Berlin. Il a coécrit, avec Jérémie Gauthier, Police : questions sensibles (PUF, 108 pages, 9,50 euros), et, avec Jacques de Maillard, Sociologie de la police. Politiques, organisations, réformes (Armand Colin, 2015). Les forces de l’ordre ont réalisé un nombre record d’interpellations préventives le 8 décembre, en amont des mobilisations des « gilets jaunes ». Près de 1 500 personnes ont été arrêtées en France. Que vous inspire ce chiffre ? A strictement parler, ces interpellations ne sont pas préventives : elles répriment une incrimination créée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, qui consiste à se regrouper en vue de se préparer à commettre, par exemple, des dégradations. « En vue de la préparation » permet d’interpeller un très grand nombre de personnes dans un très large périmètre et, in fine, de les empêcher de manifester. Ce n’est pas la Préfecture de police, ce ne sont pas les policiers qui empêchent de manifester, mais bel et bien notre droit ordinaire, et c’est le signe d’une évolution marquante. Le droit n’exige plus des éléments matériels incontestables, comme une arme par destination [un objet qui, sans être une arme, peut être employé comme tel], pour empêcher des gens de prendre part à une manifestation, mais une simple intention déduite d’éléments incertains, mais suffisants pour placer en garde à vue durant le temps de la manifestation. Beaucoup de responsables aujourd’hui souhaiteraient réserver aux manifestants le même traitement qu’aux supporteurs de football : identifier ceux qui sont potentiellement violents dans un fichier et les assigner à résidence le jour de la manifestation. Mais on ne peut pas, car manifester est un droit fondamental (à la différence d’assister à un match de foot). Alors, l’incrimination qui permet d’interpeller sur un motif très large tout petit groupe proche du lieu de la manifestation est un mécanisme de substitution, à coûts très élevés. Il est très coûteux car il est très consommateur de forces sur place et multiplie les occasions de face-à-face en amont de la manifestation. Près de 1 500 gardes à vue en une journée, c’est un record, bien au-delà de ce que l’on a vu à l’occasion de sommets internationaux tels que, dernièrement, le G20 de Hambourg, pourtant marqué par des destructions et, plus rarement, des pillages. Articulée à cette justice très particulière, là aussi propre à la France, qu’est la comparution immédiate, l’action répressive est d’une ampleur considérable.
Conserver l’euro est nécessaire mais ne sera possible que si les dirigeants européens sortent d’une conception du rôle de la monnaie qui date d’un autre siècle, avance l’économiste Thomas Lagoarde-Segot dans une tribune au « Monde ».
« Le statu quo nous mène tout droit vers une dissolution de la zone euro »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/le-statu-quo-nous-mene-tout-droit-vers-une-dissolution-de-la-zone-euro_5400076_3232.html
20/12/2018
idees
Tribune. Le 1er janvier 1999, l’euro est devenu la monnaie légale des Etats membres participants qui, à cette date, ont fixé les taux de change de leurs monnaies respectives avec la monnaie unique de manière irrévocable, trois ans avant son arrivée dans le porte-monnaie des citoyens de la zone euro. Vingt ans plus tard, l’enthousiasme a laissé place à une profonde crise de légitimité qui menace la survie de l’Union européenne. La raison fondamentale de cette crise est que la monnaie unique repose sur une théorie d’un autre siècle, qui n’est jamais parvenue à incorporer de façon satisfaisante le fonctionnement réel des systèmes monétaires et financiers, comme l’a démontré l’incapacité du modèle dominant à prévoir la crise de 2008. Sauver la construction européenne nécessite donc, en amont, de lever plusieurs idées fausses sur la monnaie et sur la dette publique. Contrairement à la vulgate, la monnaie n’est pas un « voile sur les échanges », pas plus qu’elle ne « tombe d’un hélicoptère ». Elle est créée – et détruite – par des impulsions numériques dans les ordinateurs bancaires, dans la seule limite des régulations comptables et des conventions temporaires que des gouvernements élus édictent et s’imposent à eux-mêmes. Cette nuance est centrale. Création monétaire Expliquons-nous. Dans un système monétaire souverain (comme le dollar canadien ou la couronne suédoise), l’Etat désigne et émet la monnaie utilisée pour le paiement de l’impôt, ce qui garantit son acceptabilité par le public. Il taxe en débitant les réserves bancaires et dépense en créditant les réserves et dépôts bancaires. Si l’Etat crédite davantage de comptes qu’il n’en débite, il enregistre un déficit, dont la contrepartie comptable est l’accumulation de richesse financière par le secteur privé (cash, réserves et obligations d’Etat). L’Etat émetteur de monnaie ne peut donc jamais manquer de ressources financières – les gigantesques émissions obligataires en temps de guerre en sont une preuve indiscutable. Le lieu commun d’un Etat soumis à une « contrainte budgétaire » et devant lever l’impôt pour dépenser à moins d’emprunter et de « creuser la dette publique » ne correspond pas à la réalité d’un système monétaire souverain. Bien entendu, si l’Etat peut dépenser autant qu’il le souhaite, cela n’implique pas qu’il doive le faire ! Mais si des dettes excessives se sont accumulées dans certains secteurs de l’économie (comme le secteur financier), cela implique que des actifs financiers correspondants sont détenus par d’autres secteurs. L’Etat, qui détient le pouvoir de taxation et de création monétaire, doit alors utiliser ses prérogatives pour redistribuer la dette et le crédit en accord avec l’intérêt général. Cela s’est produit durant la période de Bretton Woods, où les dettes publiques furent liquidées par la croissance économique et les taux réels négatifs.
Dans sa chronique, la journaliste du « Monde » Audrey Tonnelier dresse un premier bilan des mesures annoncées par le président de la République pour calmer la colère des « gilets jaunes ».
Entreprises : la ligne de crête de Macron
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/entreprises-la-ligne-de-crete-de-macron_5400075_3232.html
20/12/2018
idees
Chronique « Tendances France ». Le plus dur semble passé. La cinquième journée de mobilisation des « gilets jaunes », samedi 15 décembre, a marqué un reflux du mouvement. Les 10 milliards d’euros de mesures sociales et fiscales annoncées dans l’urgence par Emmanuel Macron, bien qu’encore brouillonnes, commencent à prendre forme. Et même si l’opposition a beau jeu de dénoncer l’« insincérité » (Valérie Rabault, à gauche) et les « embrouillaminis » (Eric Woerth, à droite) du gouvernement, ce dernier semble s’être assuré que les principales dispositions entreront en vigueur dès janvier 2019. Dans l’opinion publique, la crise laissera des traces, mais l’incendie semble circonscrit. En revanche, quid des entreprises ? Depuis la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a placé son action sous le signe de l’attractivité économique de la France, auprès des patrons comme des investisseurs internationaux. Tous ont observé avec effroi les soubresauts de ces dernières semaines, qu’il s’agisse des dégradations place de l’Etoile et dans les beaux quartiers de Paris, ou des revirements de politique économique réclamés par les manifestants et l’opposition (rétablissement de l’ISF, suppression du CICE…) « Comment faire un geste fort pour répondre au ras-le-bol fiscal sans remettre en cause les orientations “business friendly” du gouvernement ? » Face à ces inquiétudes, la voie était étroite. Comment faire un geste fort pour répondre au ras-le-bol fiscal et à la demande de justice sociale des « gilets jaunes », sans remettre en cause les orientations « business friendly » du gouvernement ? Comment poursuivre une politique économique dite « de l’offre » qui, parce qu’elle est censée agir d’abord sur l’investissement, et ensuite seulement sur les emplois et la croissance, est par définition plus longue à donner des résultats tangibles qu’une hausse directe du pouvoir d’achat des Français ? L’exécutif semble avoir réussi à évoluer sur cette ligne de crête. D’abord, l’annonce de la hausse de 100 euros des revenus des personnes touchant le smic ménage un patronat dont la ligne rouge a toujours été la hausse du salaire minimum, car elle renchérit le coût du travail peu qualifié. Ensuite, la transformation en baisse de charges du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), qui entraîne un double versement de 20 milliards d’euros en direction des entreprises en 2019, n’est pas remise en cause. La baisse des charges patronales au niveau du smic, prévue pour octobre 2019 et dont une partie de la majorité réclamait un report à 2020, a été préservée. De même que la suppression de l’ISF – même si, en expliquant que la réforme sera revue en cas d’absence de résultats, le gouvernement a probablement écorné une partie de son efficacité espérée.
A Strasbourg, des ateliers sont proposés chaque semaine dans le cadre du sport santé sur ordonnance pour des patients qui souffrent de maladies chroniques ou certaines personnes âgées.
Le qi gong sur ordonnance
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/20/le-qi-gong-sur-ordonnance_5400070_1650684.html
20/12/2018
sciences
Dix mille pas et plus. Ce matin de novembre, la séance démarre doucement. La dizaine de personnes, à majorité féminine, est concentrée. D’une voix douce, Svetlana Nedelkina, enseignante, accompagne les mouvements de qi gong, en prenant les images d’un lion, d’une tortue, d’un ours. L’idée est d’harmoniser mouvements et respiration, ce qui nécessite une grande concentration. Une musique douce accompagne les mouvements, corrigés si nécessaire de façon bienveillante. C’est l’un des ateliers proposés chaque semaine dans le cadre du « sport santé sur ordonnance » lancé en 2012 par la ville de Strasbourg, pour des personnes qui souffrent de maladies chroniques ou, depuis peu, des personnes âgées désireuses de bouger. Dans le parc de la citadelle, à Strasbourg. Jean-François Badias Le qi gong, qui signifie littéralement en chinois « travail et maîtrise de l’énergie », consiste en un enchaînement de mouvements et de postures, « en général proposé aux personnes qui ont besoin d’une activité douce », explique Svetlana Nedelkina, chercheuse en biologie, devenue enseignante de qi gong grâce à sa passion pour cette discipline. Elle a aussi suivi une formation spécifique de sport santé. « Les pratiquants nous signalent une diminution des douleurs, une baisse de la tension artérielle chez l’hypertendu, une amélioration de problèmes du dos ou des genoux, de la souplesse, du sommeil, des effets antistress, une capacité retrouvée pour faire les gestes du quotidien et un bien-être général », souligne l’enseignante. Des effets qui commencent à être démontrés par la littérature scientifique. Pas de questions de performance L’une des participantes, Josiane Capodicasa, confirme : « Le fait de rebouger me fait du bien, ça me redonne de l’énergie et c’est très motivant de faire quelque chose en groupe. » Cette femme de 64 ans a toujours été sportive (marche en montagne, natation), mais « des accidents successifs, des problèmes de surpoids m’ont fait tout arrêter et perdre confiance en mes capacités physiques, avec en outre la peur de réveiller des douleurs », raconte-t-elle. L’inscription dans un club de sport était alors exclue. Pas question ici de performance. Un médecin qui voit son bilan sanguin et ses résulatts au niveau de la glycémie et de la tension artérielle l’oriente vers les ateliers sport santé de la ville. A l’issue de l’entretien, elle opte pour l’aquamarche et le qi gong. Assidue depuis mi-septembre, Josiane Capodicasa compte bien continuer ! Pionnière du sport sur ordonnance, la ville de Strasbourg propose depuis 2012 la pratique d’une activité physique, « une thérapeutique non médicamenteuse », comme le dit le docteur Alexandre Feltz, adjoint au maire chargé des questions de santé, initiateur du projet. Avant de se lancer, chaque participant doit s’être vu prescrire par son médecin une activité physique. Puis elle ou il rencontre un éducateur, qui évalue la condition physique. Et l’oriente vers l’activité la plus adaptée en fonction de ses possibilités et de ses envies. La première année est gratuite pour le patient, les deux suivantes sont proportionnelles aux revenus.
1900 : l’Exposition universelle célèbre la modernité dans la capitale, que parcourent deux Américains en quête de leurs racines – et d’amour. Un roman étincelant.
Avec « La Toile du monde », Antonin Varenne électrise le Paris de 1900
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/20/avec-la-toile-du-monde-antonin-varenne-electrise-le-paris-de-1900_5400068_3260.html
20/12/2018
livres
La Toile du monde, d’Antonin Varenne, Albin Michel, 352 p., 21,50 €. Dans l’Exposition universelle de Paris, en 1900. LÉON ET LÉVY / ROGER VIOLLET A proximité du vélodrome municipal, entre les chênes du bois de Vincennes, un campement d’Indiens. La scène est inhabituelle mais, en ce printemps 1900, au moment de l’inauguration de l’Exposition universelle, Paris s’est parée de mille couleurs insolites et déroutantes. Le monde entier s’y est donné rendez-vous pour le lancement de ce grand XXe siècle à venir, et même une troupe d’Amérindiens et de cow-boys s’y donne en spectacle – une troupe qu’il faut donc bien loger quelque part, avec chevaux et tipis. C’est sur la toile de l’un de ceux-ci que le regard s’arrête, couverte de dessins et de symboles complexes, d’objets et de personnages, et même d’une ligne de chemin de fer qui s’entortille autour de la structure en cône. Ici loge Joseph, métis de Païute et de Blanc, rendu fou par les univers qui cohabitent en lui. Il est un cousin d’Aileen Bowman, mère française et père anglais, journaliste et féministe, venue officiellement à Paris pour l’Exposition universelle, mais officieusement à sa recherche. Allures atmosphériques Bowman ? Oui, comme le personnage principal de Trois mille chevaux-vapeurs (Albin Michel, 2014), roman d’aventures de très haute volée, le premier d’une série de trois pour Antonin Varenne (avec Equateur, en 2017, et aujourd’hui La Toile du monde), mini-fresque de la seconde moitié du XIXe siècle aux Amériques et en Europe, formidable galerie de portraits de famille, si l’on peut dire, puisque beaucoup de personnages sont apparentés. Le premier livre était véritablement la peinture d’un protagoniste hors-norme, le deuxième, un trépidant voyage du Nord au Sud, le troisième est essentiellement parisien, il a des allures atmosphériques, plus immobile et plus mélancolique que les précédents, dévoré par une sensualité de tous les instants, aussi. Peut-être cela tient-il en partie à la décision d’Antonin Varenne (inédite pour lui, a priori) d’écrire ce roman en costume féminin – choisissant une héroïne bisexuelle, militante, dans l’appétit du monde et d’une ville, Paris, qui fait ici honneur à sa réputation de l’époque. Des chroniques émaillent le récit, dont certaines sous pseudonymes et à la première personne, évidemment écrites par Aileen Bowman, mais où c’est Paris, fardée comme une demi-mondaine, « putain des despotes », qui parle dans les pages du premier quotidien féministe du monde, La Fronde (1897-1905, fondé par une ancienne journaliste du Figaro, Marguerite Durand, écrit par des femmes pour des femmes). L’une des grandes réussites de La Toile du monde tient à l’absence de précautions de son auteur, pourrait-on dire. En effet, il parvient se glisser dans la peau de son héroïne (et sa peau est aussi dure que sensible) pour remettre constamment en perspective le combat féministe et l’émancipation du désir, la défense des droits et la libération sexuelle. Dans le mouvement de ce roman d’aventures, tout cela fonctionne et donne un sens, une direction, à un propos qui n’y va pas par quatre chemins.
Patrick d’Humières, consultant en stratégie, estime, dans une tribune au « Monde », que l’Etat français peut user des instruments juridiques des conventions sociales internationales pour s’opposer à la fermeture de l’usine Ford.
« En l’Europe, l’équité, l’environnement et le droit doivent l’emporter sur la loi du marché »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/en-l-europe-l-equite-l-environnement-et-le-droit-doivent-l-emporter-sur-la-loi-du-marche_5400066_3232.html
20/12/2018
idees
Tribune. La décision autiste de Ford concernant l’avenir de son établissement industriel de Blanquefort, près de Bordeaux [le constructeur a annoncé jeudi 13 décembre l’arrêt de la production sur ce site en août 2019, écartant l’offre de reprise de l’entreprise belge Punch Powerglide soutenue par l’Etat], remet sur le devant de la scène la question des relations entre les grandes entreprises et les Etats : qui commande ? Pour sa part, la société civile répond clairement : aux Etats de faire respecter les valeurs qui fondent la souveraineté de nos sociétés démocratiques et ce d’autant plus qu’elles ne cessent de s’engager dans des traités internationaux qu’elles sont censées faire respecter, comme les conventions de l’Organisation internationale du travail, les principes de l’OCDE, la charte des Nations unies sur les droits de l’homme, etc. Dans le cas de Ford, aucune justification ne pourra légitimer le refus d’une continuation d’activité qui conserve un maximum d’emplois Les opinions publiques ressentent aujourd’hui comme un déni de démocratie l’impuissance des pouvoirs publics à utiliser un arsenal juridique désormais très complet pour faire valoir la primauté du politique sur l’économique. Il est d’autant plus étonnant que le Conseil constitutionnel ait décidé, en 2017, de censurer la loi sur le devoir de vigilance des multinationales, qui prévoyait d’infliger une amende aux firmes qui ne respecteraient pas leur obligation de prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales. L’application extraterritoriale de ces principes est pourtant plus que jamais nécessaire à l’époque de la mondialisation. Dans le cas de Ford, aucune justification ne pourra légitimer le refus d’une continuation d’activité qui conserve un maximum d’emplois, ne serait-ce qu’au regard des principes directeurs de l’OCDE signés par plus de quarante pays et qui imposent aux entreprises de « coopérer avec les partenaires sociaux et les autorités nationales compétentes pour atténuer au maximum tout effet défavorable » aux salariés. Ce point s’inscrit dans le cadre de « la conduite responsable des affaires » que les Etats développés et les grandes entreprises revendiquent aujourd’hui, mais dont elles se gardent encore d’appliquer rigoureusement les modalités, prenant le risque d’enlever toute crédibilité à ces approches de « régulation douce » et ouvrant la porte aux mesures coercitives à contre-courant d’une « globalisation civilisée » à laquelle on voudrait croire.
Dans « Autopsie », l’ex-chroniqueur de France Inter et du Bondy Blog tente de s’expliquer sur les Tweet haineux, antisémites et homophobes qu’il a publiés sous pseudonyme et qui ont provoqué sa chute.
Mehdi Meklat, l’Arabe imaginaire
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/mehdi-meklat-l-arabe-imaginaire_5400056_3232.html
20/12/2018
idees
Livre. Il n’y a pas si longtemps, le jeune Mehdi Meklat occupait le haut de l’affiche, et son omniprésence médiatique couronnait une ascension éclair. Recruté à 17 ans par France Inter (avec Badrou, son comparse), il allait bientôt être propulsé à la « une » des Inrocks comme de M Le magazine du Monde. Tandis que sa revue, Téléramadan, recevait les subsides de Pierre Bergé, il se voyait sollicité par tous, invité à dîner par tel ou tel patron de presse, et même convié par François Hollande à l’Elysée. Et puis, en février 2017, voilà soudain le jeune homme conspué par les gens qui, la veille encore, l’adulaient, brûlé par « l’affaire Meklat ». En cause, on s’en souvient, une série de messages souvent vains, parfois drôles, d’autres fois bêtes et méchants, et de temps à autre spectaculairement haineux, homophobes, racistes, misogynes ou antisémites, publiés par Meklat sur Twitter, à l’époque où il y sévissait sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps. Quel était le statut de cet avatar ? Sommé de s’expliquer, Mehdi Meklat avait répondu, sans convaincre, qu’il s’agissait d’un « double maléfique ». Aujourd’hui, à lire le plaidoyer pro domo qu’il publie sous le titre Autopsie, on n’est guère plus avancé. C’est presque tant mieux, car si ce livre est digne d’intérêt, c’est précisément par ses vaines tentatives d’élucidation, ses points obstinément aveugles, ses contradictions vivaces, qui devraient nous obliger à regarder en face une certaine comédie médiatique et le jeu de dupes dont elle se nourrit. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le double alibi de Mehdi Meklat Bien sûr, ce livre est l’occasion, pour Meklat, de faire un retour critique sur Twitter, décrit comme un « espace infecté par la violence », fréquenté par de « jeunes imbéciles » oubliant que les mots n’ont pas que des effets virtuels. Ici, on pourrait lui objecter que la quête effrénée de « followers » et les délices du « retweet » vénéneux ne sont en rien réservés à son milieu et à sa génération. Mais surtout, ce qu’il dit de sa propre dérive numérique n’est guère cohérent. D’un côté, il fait valoir que Marcelin Deschamps représente « la part d’ombre que l’on a en chacun de nous ». Mais, de l’autre, il en fait le masque derrière lequel il s’avançait, de façon assumée, pour « dire fuck » aux figures médiatiques qui l’avaient adoubé : Twitter est « la vraie place que je me suis choisie (…), celle où je n’étais pas le jeune de banlieue qui parle bien, mais le jeune de banlieue qui parle mal et qui parle contre vous », écrit-il.
Dans une tribune au « Monde », un collectif de scientifiques s’inquiète d’un éventuel changement de propriétaire du magazine, relais d’informations précieux pour la diffusion des connaissances scientifiques et contre les « fake news ».
« Nous veillerons à ce que “Science & vie” ne soit pas dénaturé »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/20/nous-veillerons-a-ce-que-science-vie-ne-soit-pas-denature_5400051_3232.html
20/12/2018
idees
Tribune. Nous, chercheurs et personnalités du monde scientifique, avons tous lu un magazine Science & vie. En faisant émerger et en nourrissant la soif de comprendre et d’apprendre, il a même pu jouer un rôle dans la vocation de certains d’entre nous. Nos étudiants le lisent. Nos enfants, nos petits-enfants y sont abonnés… Chaque mois, ce sont des centaines de milliers de lecteurs à travers le monde, petits et grands, qui se plongent dans les pages de ces magazines. Les journalistes des magazines Science & vie nous ont fait part de leurs inquiétudes dans la perspective d’un changement de propriétaire de leur groupe de presse. Ils craignent que leur indépendance éditoriale soit remise en cause, que des groupes d’intérêt et des industriels peu scrupuleux puissent, à l’avenir, imposer leurs vues dans leurs magazines. Les premiers à en pâtir seraient évidemment les lecteurs, qui se retrouveraient, bien malgré eux, face à des articles biaisés, plus intéressés qu’intéressants. Dans une démocratie, c’est aux citoyens et à leurs représentants qu’il revient de décider de la manière dont les nouvelles connaissances et technologies doivent être mises en œuvre, dans l’intérêt de tous. Pour cela, il est nécessaire que le public le plus large dispose de sources d’information scientifique grand public objectives, pertinentes et exemptes de tout parti pris, traitant avec la même rigueur les progrès de la science et les éventuels dangers de ses applications. A défaut de culture scientifique partagée, comment parvenir collectivement à des choix éclairés sur des sujets aussi importants que la transition énergétique ou l’avenir de la thérapie génique ? Sans parler des « fake news » se propageant aussi vite que la lumière, ou des pseudosciences toujours plus séduisantes… Science & vie est un passeur de science essentiel depuis plus de cent ans. Nous veillerons à ce qu’un tel pilier de la culture scientifique ne soit pas dénaturé.
Le site, très critiqué pour sa première année, est revenu en ligne le 20 décembre. « Le Monde » vous décrypte les nouveautés.
Parcoursup en 2019 : qu’est-ce qui change par rapport à 2018 ?
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/12/20/parcoursup-2019-qu-est-ce-qui-change-par-rapport-a-l-annee-derniere_5400049_4401467.html
20/12/2018
campus
JÉRÉMY BARANDE / Flickr (CC BY-SA 2.0) Mise en place en 2018, Parcoursup a essuyé, lors sa première édition, de multiples critiques. Cette deuxième version de la plate-forme d’inscription dans les études supérieures prévoit quelques petits changements. Des « formations podium ». Première nouveauté : les candidats auront la possibilité, sur la base du volontariat, de faire valoir dès les résultats du bac leurs vœux préférés : des « formations podium » selon l’appellation provisoire. Ces « formations podium » feront l’objet d’une réponse automatique positive en cas de proposition d’admission. Un moyen pour le candidat de s’assurer qu’il ne ratera pas le coche pour répondre, sans pour autant rester connecté à son dossier. Il conviendra ensuite de procéder à l’inscription administrative dans le délai imparti. Choix des vœux. Du fait de la non-hiérarchisation des vœux, le candidat aura une réponse à toutes ses demandes à partir de la mi-mai. Il peut « maintenir » des vœux en attente tout en ayant accepté une proposition. C’est seulement lorsqu’il obtiendra au moins deux réponses positives qu’il devra renoncer à l’une des deux propositions. Une fois inscrit dans une formation, il ne sera plus possible de conserver des vœux en attente. « Cette forme de réponse automatique devrait fluidifier la phase d’affectation », selon la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal. Certaines décisions attendent encore d’être tranchées, alors que sont attendus dans les prochaines semaines les rapports du comité éthique et scientifique de Parcoursup, d’une part, et du comité de suivi de la loi ORE (orientation et réussite des étudiants), d’autre part. Parmi les incertitudes figure aussi l’anonymisation des dossiers, souhaitée par Mme Vidal, encore en discussion pour une éventuelle application dès 2019. Le niveau d’information. Les candidats disposeront d’une meilleure information, notamment grâce à un moteur de recherche amélioré (pour la phase de formulation des vœux) et à l’affichage du rang du dernier appelé en 2018, pour chaque formation (lors de la phase de réponses). Le calendrier. Le calendrier a été resserré : les établissements et les étudiants devront donner leurs réponses avant le 19 juillet. La plate-forme est en ligne depuis jeudi 20 décembre 2018, mais les lycéens ne pourront commencer à faire leurs choix qu’à partir du 22 janvier 2019. Lire aussi L’agenda Parcoursup 2019
Si la législation est adoptée par l’ensemble du Congrès, les exécutions sommaires, symbole du passé raciste des Etats-Unis, seront désormais qualifiées de « crimes haineux ».
Le Sénat américain vote la fin du lynchage
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/le-senat-americain-vote-la-fin-du-lynchage_5400037_3210.html
20/12/2018
international
Le sénateur démocrate Cory Booker a défendu la loi contre le lynchage devant le Sénat états-unien, le 19 décembre. SUSAN WALSH / AP Après avoir essayé sans succès pendant un siècle, le Sénat des Etats-Unis a adopté mercredi 19 décembre, à l’unanimité, une proposition de loi faisant du lynchage – ces exécutions sommaires devenues le symbole du passé raciste des Etats-Unis – un crime fédéral. Les trois élus noirs du Sénat, un républicain et deux démocrates, avaient présenté, ensemble, ce texte en début d’année. Son adoption a représenté « un moment beau et significatif » pour le Sénat, a commenté Cory Booker, sénateur du New Jersey considéré comme un possible candidat démocrate pour l’élection présidentielle de 2020. « Nous avons la possibilité de reconnaître les erreurs de notre histoire, de rendre hommage à la mémoire de ceux qui ont été brutalement tués et de laisser un héritage pour que les générations futures puissent savoir qu’après 200 tentatives en un siècle (…) cette assemblée a fait la bonne chose », a-t-il déclaré. « Hate crimes » Si la législation est adoptée par l’ensemble du Congrès, le lynchage sera dorénavant considéré par la justice états-unienne comme « l’expression suprême du racisme » après la guerre de Sécession. Il sera qualifié par les autorités fédérales de « hate crimes » (« crime haineux »), une catégorie d’infractions pénales à part dans laquelle les victimes ont en commun d’avoir été ciblées en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à un groupe racial ou à une religion, ou encore en raison de leur identité sexuelle ou de leur handicap. Le texte, dont la portée est largement symbolique, ajoute que 4 472 personnes, principalement noires, ont été victimes de lynchage entre 1882 et 1968. Selon la sénatrice californienne Kamala Harris, une autre démocrate qui pourrait s’opposer à Donald Trump en 2020, la loi aidera les Américains « à dire la vérité sur notre passé ». Cindy Hyde-Smith, une sénatrice républicaine du Mississippi, Etat du Sud où la mémoire des nombreux lynchages de Noirs reste douloureuse, a présidé le vote mercredi. Une première au Sénat Le mois dernier, avant les élections législatives de mi-mandat, ses propos sur le lynchage avaient créé la polémique. En présentant l’un de ses partisans devant quelques supporteurs, Mme Hyde-Smith avait affirmé qu’elle se placerait « au premier rang » si celui-ci l’invitait à une « pendaison publique ». Le texte adopté par le Sénat doit maintenant être voté par la Chambre des représentants, qui passera sous contrôle démocrate en janvier 2019. Entre 1920 et 1940, à une époque où les lynchages racistes étaient encore pratiqués, la Chambre avait voté trois fois contre cette pratique. Mais jamais le Sénat ne l’avait pas rejointe. En 2005, la Haute Chambre du Congrès états-unien s’est excusée pour ses échecs passés.
Vladimir Poutine, qui garde en mémoire l’échec de l’URSS du temps où le rock était prohibé, veut contrôler, sans l’interdire, ce genre musical prisé des jeunes Russes.
Le rap russe, oui, mais dans la « bonne direction »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/20/le-rap-russe-oui-mais-dans-la-bonne-direction_5400034_3210.html
20/12/2018
international
LETTRE DE MOSCOU Le rap, cet objet d’importation, est-il compatible avec la culture russe ? Vladimir Poutine a son idée sur la question. « Tout dépend de l’époque où nous vivons et de notre propre évaluation… Chacun sait que dans le temps, la valse n’était pas très appréciée, à l’époque, c’était mal vu de danser la valse, et ensuite c’est devenu un classique », a assuré, le 15 décembre, le chef du Kremlin. Igor Matvienko lui fait face. Chanteur, producteur, compositeur, ce dernier fait partie des membres du Conseil de la culture réuni par la présidence russe à Saint-Pétersbourg, et il cherche prudemment des « solutions ». La loi interdit de prononcer des gros mots, le « mat », cet argot propre à la Russie, en public. Mais surtout, le rap est devenu l’un des genres musicaux les plus populaires parmi les jeunes Russes grâce à son franc-parler sur les réalités quotidiennes, voire, de plus en plus, pour ses critiques cinglantes du pouvoir. Vingt concerts annulés Interdire cette « tendance mondiale », prévient cependant Igor Matvienko, « serait comme tenter d’inverser le cours d’une rivière avec un filet ». « Peut-être, suggère-t-il alors à son interlocuteur, pourriez-vous proposer une sorte d’étiquetage de contenu, avec un marquage « +18 », « +16 », « +20 »… ? » Vladimir Poutine tient bon la barre. « Vous avez dit que le rap s’appuie sur trois piliers, le sexe, la drogue et la protestation. Bien sûr, le plus inquiétant, ce sont les drogues. C’est à l’évidence une voie vers la décadence de la nation ». Eh bien, poursuit le chef du Kremlin, « si c’est impossible de l’arrêter, nous devons l’orienter dans la bonne direction ». Le président russe, qui a grandi à Saint-Pétersbourg, au temps du rock underground prohibé en pure perte par les autorités soviétiques, le sait bien : « La méthode la moins efficace, c’est d’interdire. L’effet sera inverse à celui escompté. » Il faut donc contrôler. Depuis des mois, pas moins de vingt concerts de rap, selon le dernier recensement du site Meduza, ont été annulés avec, le plus souvent, l’intervention de la police. Le 28 novembre encore, le concert du groupe IC3PEAK, prévu pour le 1er décembre, n’a pu se tenir à Novossibirsk. A Kazan, à Perm, les « siloviki » (forces de sécurité) sont aussi intervenus. A Rostov-sur-le-Don, le son et les lumières ont été débranchés. Le 21 novembre, à Krasnodar, dans le sud du pays, cela a fini par tourner vinaigre. Après intervention du parquet qui voyait le concert du rappeur Husky comme une « activité extrémiste », l’événement est annulé au dernier moment. Furieux, Dmitri Kouznetsov, alias Husky, reprend devant la foule, juché sur le toit d’une voiture, les paroles d’un clip vu par 2,8 millions de personnes sur YouTube. « Aïe/Arrête la soirée/Je vais chanter ma musique/Aïe/La musique la plus honnête/La musique des yeux cassés/La musique de la neige jaune/La musique de l’alcoolisme noir/La Musique de notre enfance/La musique qui parle de nous ». Il écope d’une peine de douze jours de prison pour « hooliganisme ».
L’OM a été éliminée en 8e de finale face à Strasbourg lors des tirs au but. Lyon, Monaco, Bordeaux, Guingamp, Le Havre restent en course.
Coupe de la Ligue : Marseille s’enfonce, Lyon et Monaco passent dans la douleur
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/20/coupe-de-la-ligue-marseille-s-enfonce-lyon-et-monaco-passent-dans-la-douleur_5400019_1616938.html
20/12/2018
football
Le défenseur de l’OM Hiroki Sakai face à Strasbourg lors du match de Ligue des champions, le 19 décembre au stade Vélodrome. CHRISTOPHE SIMON / AFP Marseille s’est offert une fin d’année agitée avec son élimination en 8e de finale de Coupe de la Ligue mercredi 19 décembre face à Strasbourg, Lyon et Monaco se qualifiant, eux, dans la douleur pour les quarts. Eliminés aux tirs au but par Strasbourg (1-1, 4 t.a.b. à 2) dans un Vélodrome aux trois quarts vide, les Marseillais n’ont pas réussi à relever la tête après leurs défaites à Nantes et face à Limassol. À l’image de leur capitaine Dimitri Payet qui a manqué un penalty au cours de match puis son tir au but, alors que Luiz Gustavo avait permis aux Olympiens d’égaliser à 10 minutes de la fin du temps réglementaire. Lyon, Monaco, Bordeaux, Guingamp, Le Havre gagnants Lyon en revanche a validé sa place en quarts de finale même si les joueurs de Bruno Genesio se sont fait peur en fin de match à Amiens. Alors qu’ils avaient rapidement pris l’avantage grâce à un penalty marqué par Moussa Dembélé (20e) et qu’ils ont mené 3-0 à l’heure de jeu, les Lyonnais ont laissé les Picards revenir à 3-2 en toute fin de match. Dans le doute depuis des semaines, l’AS Monaco a écarté dans la difficulté Lorient (1-0) grâce à un but de Giulian Biancone (70e) au bout d’un match arrêté pendant 36 minutes pour cause de pluies torrentielles en Principauté. Sur une bonne dynamique ces dernières semaines, les Girondins de Bordeaux ont confirmé en s’imposant à Dijon (1-0) grâce à un but de leur international espoir croate Toma Basic, titulaire pour la première fois depuis son arrivée cet été. Guingamp a éliminé Nice (0-0, 3 t.a.b. à 1) et Le Havre, seul pensionnaire de Ligue 2 qualifié pour les quarts de finale, complète le tableau après sa victoire 2-1 à domicile face à Dijon.
Pékin détient depuis le 10 décembre deux ressortissants canadiens, après qu’Ottawa a arrêté la directrice financière de la société Huawei à la demande des Etats-Unis.
Washington et Ottawa exigent la « libération immédiate » de deux Canadiens détenus en Chine
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/washington-et-ottawa-exigent-la-liberation-immediate-de-deux-canadiens-detenus-en-chine_5401191_3210.html
21/12/2018
international
La ministre des affaires étrangères canadienne, Chrystia Freeland, lors d’une conférence de presse à Ottawa le 12 décembre. CHRIS WATTIE / REUTERS Le Canada et les Etats-Unis ont exigé vendredi 21 décembre la « libération immédiate » de deux Canadiens arrêtés en Chine le 10 décembre, officiellement soupçonnés de mener des « activités menaçant la sécurité nationale ». « Nous sommes profondément préoccupés par l’arrestation survenue plus tôt ce mois-ci et la détention arbitraire de deux Canadiens par les autorités chinoises, et demandons leur libération immédiate », a souligné Chrystia Freeland, ministre canadienne des affaires étrangères, à propos de l’ex-diplomate Michael Kovrig et du consultant Michael Spavor. Les détentions en Chine de ces deux ressortissants canadiens sont considérées comme une réponse à l’arrestation le 1er décembre au Canada de la directrice financière du géant chinois des équipements de télécommunication Huawei, Meng Wanzhou, le 1er décembre, à la demande de Washington. Les Etats-Unis la soupçonnent d’avoir violé le régime de sanctions contre l’Iran. « Profonde inquiétude » « Nous exprimons notre profonde inquiétude concernant la détention par le gouvernement chinois de deux Canadiens (…) et appelons à leur libération immédiate, a de son côté affirmé dans un communiqué Robert Palladino, porte-parole du département d’Etat américain. Le Canada, un pays où règne l’Etat de droit, mène une procédure juridique juste, équitable et transparente concernant Mme Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei. » Selon Washington, Ottawa « respecte ses engagements juridiques internationaux en honorant ses traités d’extradition avec les Etats-Unis ». La directrice financière de Huawei a depuis été remise en liberté sous caution dans l’attente d’une procédure d’extradition vers les Etats-Unis, qui pourrait prendre plusieurs mois. Lire aussi Télécoms : le groupe chinois Huawei englué dans une sévère crise diplomatique
Plusieurs milliers de Hongrois se sont réunis à Budapest vendredi, au lendemain de la promulgation d’une loi très controversée, mais défendue par Viktor Orban.
Hongrie : des milliers de manifestants dans la rue contre une réforme du droit du travail
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/hongrie-des-milliers-de-manifestants-dans-la-rue-contre-une-reforme-du-droit-du-travail_5401188_3210.html
21/12/2018
international
Des Hongrois manifestent contre la réforme du droit du travail voulue par le gouvernement Orban, à Budapest le vendredi 21 décembre. MARKO DJURICA / REUTERS Plusieurs milliers de manifestants ont défilé vendredi 21 décembre à Budapest au lendemain de la promulgation de la loi hongroise assouplissant le temps de travail, une réforme très controversée qui a déclenché une vague de manifestations depuis son vote au Parlement. La manifestation de vendredi devrait être la dernière avant les fêtes de fin d’année, mais l’opposition espère maintenir la mobilisation après le 1er janvier 2019. Ce mouvement de protestation a été déclenché le 12 décembre par le vote au Parlement de cette loi qui porte à 400 le nombre des heures supplémentaires annuelles que les employeurs pourront demander à leurs salariés, payables trois ans plus tard. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des Hongrois manifestent leur « ras-le-bol » de Viktor Orban Vendredi, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a défendu cette réforme contre des manifestants « hystériques ». « Ceux qui crient à la fin du monde sont ceux qui ont ruiné le pays et leurs mensonges n’ont pas de limites », a commenté à la radio publique le chef de l’Etat à propos des protestataires. « Nous boycotterons les oligarques par des moyens pacifiques » Le mouvement de contestation, qui a débuté de façon informelle, a été marqué par des échauffourées inédites avec les forces de l’ordre devant le siège du Parlement. Il a depuis été endossé par les syndicats et par l’opposition, dont toutes les composantes (gauche, libéraux et extrême droite) ont pour la première fois uni leur voix. Aux revendications concernant la loi sur le droit du travail s’est ajoutée une dénonciation de la mainmise du parti Fidesz de M. Orban (au pouvoir depuis 2010) sur les médias, l’économie et la justice. Une douzaine de députés d’opposition avaient occupé dans la nuit de dimanche à lundi le siège de la télévision publique accusée de partialité. Avant la manifestation de vendredi, le président du parti d’opposition de gauche MSZP, Bertalan Toth, a mis en garde le pouvoir en place : « Nous allons élargir les manifestations et les protestations [en visant] là où ça fait mal, c’est un régime bâti sur la cupidité et nous boycotterons les oligarques par des moyens pacifiques (…) Nous allons cibler ceux que le régime de Fidesz sert avec ses lois. » Selon un sondage publié vendredi par l’institut Publicus, plus des deux tiers des Hongrois estiment que les manifestations sont justifiées. Ces manifestations n’ont cependant culminé qu’à 15 000 personnes au cours d’un rassemblement à Budapest dimanche, loin des 60 000 qui s’étaient rassemblées en avril 2017 pour dénoncer des mesures contre les ONG et l’« université Soros » ou de la contestation d’un projet de taxe internet en 2014. Lire l’interview du philosophe Luuk van Middelaar : « La Hongrie est devenue une autocratie électorale »
L’infirmière qui a injecté la dose mortelle sous son autorité a été placée, vendredi, sous le statut de témoin assisté.
Une médecin anesthésiste du Tarn soupçonnée d’euthanasie mise en examen pour meurtre
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/une-anesthesiste-du-tarn-soupconnee-d-euthanasie-mise-en-examen-pour-meurtre_5401179_3224.html
21/12/2018
societe
Une médecin anesthésiste, soupçonnée d’avoir euthanasié une patiente octogénaire à l’hôpital de Lavaur, dans le Tarn, a été mise en examen, vendredi 21 décembre, pour « meurtre ». Elle a été placée sous contrôle judiciaire, a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) le parquet de Toulouse, chargé de l’affaire. L’infirmière qui a injecté la dose mortelle, sous l’autorité de l’anesthésiste, a été « placée sous le statut de témoin assisté » et n’a donc pas été mise en examen, a précisé le parquet. L’anesthésiste de 68 ans aurait reconnu avoir volontairement fait administrer une dose létale de curare à cette octogénaire, qui avait été admise en urgence à l’hôpital, selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP. Vendredi après-midi, un conseil de surveillance de cet établissement s’est tenu en urgence pour évoquer l’affaire. Euthanasie et suicide assisté sont interdits Le maire de Lavaur et président du conseil de surveillance de l’hôpital, Bernard Carayon, s’est déclaré « stupéfait car l’anesthésiste est une femme de qualité, connue depuis longtemps dans l’établissement pour son expérience, sa technicité et je dirais même son humanité ». « Je suis effondré car je suis très attaché aux soins palliatifs, c’est-à-dire cette voie médiane entre acharnement thérapeutique et euthanasie qui suscite ma révulsion pour des raisons philosophiques et humanistes », a-t-il ajouté, affirmant qu’il pensait « évidemment à la famille [de la personne décédée] ». Fin septembre, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait jugé que la loi Claeys-Leonetti de 2016 sur la fin de vie, qui interdit l’euthanasie et le suicide assisté, ne devait pas être modifiée. Il avait « insisté sur l’impérieuse nécessité que cette loi soit mieux connue et mieux respectée », et il avait « souhaité qu’un nouveau plan gouvernemental de développement des soins palliatifs soit financé ». Le gouvernement a déjà assuré que la fin de vie ne figurerait pas dans son projet de loi de bioéthique, puisqu’elle fait l’objet d’une loi à part.
L’agence de sécurité du médicament va évaluer les effets du remplacement du liquide au citrate, qui présenterait un risque de surmortalité de 40 % chez les patients traités.
L’ANSM lance une enquête après l’alerte sanitaire sur un produit de dialyse
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/21/l-ansm-lance-une-enquete-apres-l-alerte-sanitaire-sur-un-produit-de-dialyse_5401161_1651302.html
21/12/2018
sante
Quels seraient les effets des changements de pratiques de dialyse pour le traitement de l’insuffisance rénale ? L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a lancé une enquête, vendredi 21 décembre, à la suite d’une étude montrant une surmortalité notable chez des patients dialysés avec un liquide contenant du citrate, rendue publique par Le Monde. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Alerte sanitaire sur un produit utilisé pour la dialyse Cette enquête décidée à la « suite [de] la réunion des parties prenantes sur l’utilisation de dialysats au citrate » se déroulera jusqu’au 31 mars, a précisé l’agence. Son objectif : repérer d’éventuels effets indésirables survenant au cours et après une séance de dialyse et mesurer les changements de pratiques après la publication de l’étude. L’ANSM, qui l’a examinée le 5 décembre, avait jugé que cette recherche constituait « un signal à prendre en compte », mais qu’il était encore trop tôt pour « statuer sur un éventuel risque ». Des centaines de morts prématurées Selon cette étude présentée par le docteur Lucile Mercadal (Inserm et hôpital de la Pitié-Salpêtrière) le 3 octobre, les patients traités par un liquide de dialyse (ou dialysat) au citrate présenteraient une surmortalité de 40 % par rapport à ceux traités avec d’autres produits plus anciens à l’acétate ou à l’acide chlorhydrique. Cette surmortalité aurait essentiellement une origine cardiovasculaire. Cela pourrait concerner des centaines de morts prématurées de personnes dialysées, peut-être plus. Quelque 20 % des 47 000 personnes souffrant d’insuffisance rénale traitées par dialyse en France utilisent un produit au citrate, introduit sur le marché en 2012. Dans l’attente d’investigations complémentaires, certains centres ont basculé aux dialysats sans citrate qui conviennent moins pour certains patients et sont parfois moins bien tolérés, ce qui pourrait représenter un risque pour la santé publique. Une nouvelle réunion avec les parties prenantes se tiendra en janvier pour partager les données recueillies auprès des fabricants, analyser les études complémentaires et élaborer des recommandations.
Etats-Unis, XIXe siècle. Hakan, immigrant suédois, se perd dans les désertes étendues américaines, et en lui-même. Roman enchanteur d’un écrivain argento-américain.
Hernan Diaz signe « Au loin », western de la conquête de l’être
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/21/hernan-diaz-signe-au-loin-western-de-la-conquete-de-l-etre_5401157_3260.html
21/12/2018
livres
Au loin (In the Distance), d’Hernan Diaz, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Barbaste, Delcourt, 334 p., 21,50 €. San Francisco, vers 1850. GROSVENOR PRINTS / MARY EVANS PICTURE LIBRARY / PHOTONONSTOP Quoi de neuf sous un soleil de plomb ? Le western, toujours le western. Tombé en désuétude dès lors que la caricature des gentils cow-boys contre les méchants Indiens a été réduite en fagot pour feu de bois, le genre ne s’est pourtant jamais totalement éteint. Mieux, il ne cesse de renaître de ses braises pour se réinventer. Car, quelle que soit l’époque, il permet de rebattre des cartes éternelles, des enjeux de première nécessité : les migrants et leurs espoirs, la survie, les frontières de toutes natures. Pour son premier roman, Hernan Diaz, 45 ans, écrivain au pedigree vagabond (natif d’Argentine, il a vécu en Suède, en Angleterre et habite aujourd’hui New York), s’est lancé sur les traces trompeuses du mythe qu’est le western en sa période fondatrice : la conquête de l’Ouest, la Ruée vers l’or. Soit l’aube d’un nouveau siècle gonflé de promesses, les prémices d’une nation. Dès le début, tout est à rebours, déréglé, dans Au loin. Hakan, son protagoniste esseulé, n’a jamais eu l’esprit d’un pionnier. Il n’a pas fait fortune. Il est désormais fort loin de la Californie. Quoique vieux, il demeure une force de la nature, un être quasi irréel par sa stature de géant. Dans la scène d’ouverture, en Alaska, les passagers d’un schooner assistent à son apparition : un colosse surgit d’un trou de la banquise. Barbe blanche et cheveux longs, il est nu et ne porte rien d’autre qu’un fusil. Il n’a rien. Pas un sou, nulle attache. Il leur racontera son histoire autour d’un brasero sur l’entrepont : l’itinéraire d’un jeune garçon parti, vers 1850, de Suède pour l’Amérique avec son frère aîné et les maigres économies confiées par leurs parents, des fermiers acculés à la famine. Il se trompe de navire lors d’une escale à Portsmouth (Angleterre), et accoste à San Francisco quand Linus a embarqué pour New York. S’éloigner des hommes Aussi n’aura-t-il qu’une idée : traverser le continent en direction de l’est, afin de l’y retrouver. Sa trajectoire ne cesse d’être déviée au gré de rencontres : une famille de prospecteurs, la tenancière d’un saloon qui séquestre l’adolescent pour assouvir ses désirs. Devenu homme, Hakan a défait des gangs et des milices. Il a appartenu à une caravane. Il a suivi un géologue en quête de l’origine du monde dans les « proto-organismes ». Il a tué des adversaires. Il a affronté la soif la plus cruelle et la faim la plus terrible. Il s’est peu à peu éloigné des campements, des villes, puis des hommes. Tel est Hakan. « Hawk », prononcent ceux qui ne comprennent pas cet étrange prénom de Nordique en terre américaine. « Hawk », comme le propagera la légende du Far West.
Avec une moyenne annuelle de 14 °C, l’Hexagone a connu les températures les plus élevées depuis le début des mesures météorologiques en 1900.
L’année 2018 est la plus chaude jamais enregistrée en France
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/21/l-annee-2018-est-la-plus-chaude-jamais-enregistree-en-france_5401126_1652612.html
21/12/2018
climat
C’est l’année la plus chaude jamais mesurée en France métropolitaine. Avec une moyenne annuelle de 14 °C, l’Hexagone a connu les températures les plus élevées depuis le début des mesures météorologiques en 1900, a annoncé vendredi 21 décembre Météo France. « La moyenne de la température annuelle devrait se situer 1,4 °C au-dessus de la moyenne de référence 1981-2010, peut-on lire dans ce premier bilan. Cet écart fait de 2018 l’année la plus chaude en France métropolitaine depuis le début des mesures en 1900, devant 2014 (+ 1,2 °C) et 2011 (+ 1,1 °C). » Les 10 années les plus chaudes depuis 1900 Les années les plus chaudes sont toutes postérieures à 1994 Météo France Source : « Une séquence inédite depuis le début du XXe siècle » Cette chaleur inédite avait été relevée dès janvier, « au premier rang des mois de janvier les plus doux », avant un mois de février frais et un mois de mars « proches de la normale », détaille l’institut météorologique. Depuis avril, « les températures sont restées en moyenne plus élevées que la normale », avec un été particulièrement chaud, le plus chaud après celui de 2003, marqué par une forte canicule qui avait entraîné 15 000 morts. « D’avril à décembre, la France a ainsi connu neuf mois chauds consécutifs. Une telle séquence est inédite depuis le début du XXe siècle », relève Météo France.
Cette semaine, « Modes pratiques » dont le troisième numéro est consacré aux saisons du vêtement, de la mode et des industries.
Dans les revues
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/dans-les-revues_5401119_3232.html
21/12/2018
idees
« Elle toussait un peu, mais quoi ! Comme toutes les Parisiennes après la saison des bals. » La citation issue d’un ouvrage d’Alphonse Daudet est, pour l’historienne Corinne Legoy, révélatrice : dans son article « Poitrinaires et décolletés au XIXe siècle », au sommaire du 3e numéro de la ­revue Modes pratiques, elle fait ­valoir tout ce que la notion de « saison » et les usages qui lui sont associés contiennent de la construction sociale. S’il est désormais tendance de râler quand le mercure baisse, l’auteure rappelle qu’au XIXe siècle, dans l’univers social très spécifique de l’élite parisienne, l’hiver annonçait les plaisirs du divertissement et de la sociabilité. A l’époque, le mois de novembre était le temps des sorties au théâtre et des événements mondains mis de côté l’été, lorsque les grandes ­familles quittaient la ville… Corinne Legoy analyse le lien entre cette ­dénégation des duretés de l’hiver et la profondeur des décolletés féminins, reflet de leur position sociale – elles allaient de calèches en palais chauffés – et de leur connaissance pointue des règles de bienséance – chaque encolure était codifiée en fonction du soir, du lieu, de la place. Avant qu’ils ne disparaissent, ­victimes notamment d’un discours médical et social plus sensible aux affections pulmonaires… Usages ­sociaux, symboliques, voire poétiques Ce nouveau numéro de Modes pratiques, la revue d’histoire du vêtement et de la mode, s’attache ainsi à mesurer les écarts entre la réalité d’une saison – ses composantes astronomiques, météorologiques, géographiques – et ses usages ­sociaux, symboliques, voire poétiques. D’autant qu’avec les ­bouleversements de notre siècle, même le climat se fait incertain : les ­saisons sont aussi « le moyen de questionner le dérèglement de nos horloges biologiques, sociales, économiques ou industrielles ». Peut-on parler de saisons pour la mode industrielle quand le rythme des collections s’accélère à ­l’extrême, et qu’elles sont prévues dans la haute couture plusieurs ­années à l’avance (Manuel Charpy) ? Comment l’habillement hivernal des enfants est-il à la fois une inquiétude parentale légitime et un moment primordial d’éducation, où l’enfant prend conscience d’un temps objectif et d’un temps social (Aude Le Guennec) ? Quelles réalités historiques se cachent derrière la tardive promotion du pull islandais lopapeysa comme symbole de l’identité nationale (Anaïs Kien) ? Réponses dans cette belle somme qui fait feu de tout bois, publiée par l’Ecole Duperré et l’Institut de recherches historiques du Septentrion (université de Lille).
Tokyo a l’intention de se retirer de la Commission baleinière internationale, qui fait respecter depuis 1986 un moratoire assorti de dérogations sur la pêche aux cétacés.
Le Japon annonce la reprise prochaine de la chasse commerciale à la baleine
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/21/le-japon-annonce-la-reprise-prochaine-de-la-chasse-commerciale-a-la-baleine_5401112_3244.html
21/12/2018
planete
Une rorqual capturée par des pêcheurs japonais, dans le port de Kushiro, dans le nord de l’île d’Hokkaïdo, en septembre 2017. KYODO NEWS / AP Le Japon s’apprête à reprendre la chasse commerciale à la baleine. La décision du gouvernement a été communiquée jeudi 20 décembre aux parlementaires du Parti libéral démocrate (PLD au pouvoir). L’annonce officielle devrait être faite avant le 1er janvier. La relance de cette activité suivra le retrait de l’archipel de la Commission baleinière internationale (CBI), qui sera effectif le 30 juin prochain. « Je soutiens la décision du gouvernement », a déclaré à la chaîne publique NHK l’ancien ministre de la défense, Itsunori Onodera. Aujourd’hui conseiller du PLD, il a fustigé la CBI, y voyant une organisation « qui ne fonctionne plus », où les « points de vue exprimés sont extrêmement partiaux ». Sam Annesley, directeur exécutif de la branche nippone de l’Organisation de protection de l’environnement Greenpeace, a qualifié la décision de « grave erreur qui est en décalage avec le reste du monde » et a appelé Tokyo à revenir dessus. Il est extrêmement rare que le Japon, toujours enclin à appeler les autres pays à respecter le droit international, se retire d’une instance internationale. Sa décision traduit pourtant le fossé grandissant avec la CBI. Lors de la dernière réunion de l’organisation, en septembre, l’archipel avait demandé – une nouvelle fois – de pouvoir reprendre la chasse commerciale, en vain. Des milliers de baleines tuées Cette activité fait l’objet d’un moratoire depuis 1986. Des dérogations ont permis au Japon de s’y livrer sous couvert d’études scientifiques. Il est régulièrement critiqué car, depuis la reprise de la chasse en 1988, ses pêcheurs ont pris plusieurs milliers de baleines, un niveau jugé disproportionné pour de simples recherches. Lire aussi Malgré des mesures strictes et une demande faible, la chasse à la baleine perdure Les critiques déplorent également le choix des baleiniers nippons d’aller chasser dans l’océan Antarctique, une zone considérée comme un sanctuaire par plusieurs pays comme l’Australie. En 2014, le Japon avait été condamné à ce sujet par la Cour internationale de justice (CIJ). Le tribunal onusien avait donné raison à l’Australie qui, appuyée par la Nouvelle-Zélande, reprochait à l’archipel de maquiller une activité commerciale en programme de recherche et d’enfreindre « la préservation des mammifères marins et de l’environnement marin ». Si la reprise de la pêche commerciale était confirmée, elle devrait se limiter aux eaux proches du Japon.
Grand chantier depuis 2008, le plateau du sud de Paris attend que la vie veuille bien fleurir sur le béton.
Architecture : Saclay, campus monstre en quête d’urbanité
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/21/architecture-saclay-campus-monstre-en-quete-d-urbanite_5401111_3246.html
21/12/2018
culture
Le « Lieu de vie » du campus de Paris-Saclay, vu de l’intérieur, au début du mois d’octobre. EPA PARIS-SACLAY / NICOLAS GALLON / CONTEXTES On passerait des journées entières à arpenter le grand hall de l’Ecole centrale-Supélec de Saclay, ses terrasses mezzanines, ses couloirs suspendus, son vaste rez-de-chaussée, à évoluer entre ses espaces de travail informels, zones de détente, quartiers de restauration… sans même penser à pousser la porte d’une salle de cours ou d’un laboratoire. (Dé)structuré par les reliefs de divers bâtiments intérieurs, subtilement orchestré par une signalétique pop minimaliste, ce gigantesque open space baigné de la lumière naturelle qu’y diffuse un grand plafond de plastique mou a des airs de paysage high-tech. Les bosquets de chaises longues en mousse couleur pastel sur la mezzanine répondent aux grappes de fauteuils en cuir brun du ­rez-de-chaussée, des espaces de réunion souples, à géométrie variable, font contrepoint à l’alignement strict des fines tables de la cafète. Ouvert à l’interprétation, offert à l’appropriation, le lieu peut même se transformer en night-club à la nuit tombée. Les éclairages installés au plafond sont de ceux qu’on utilise dans les théâtres et les boîtes de nuit, les terrasses semblent avoir été pensées pour accueillir des DJ, et le rez-de-chaussée pour se muer en dancefloor. « Je ne l’ai pas dit explicitement, tempère ­Ellen van Loon, l’architecte, associée de Rem Koolhaas au sein de l’agence OMA, mais j’ai pensé que si le matériel était là, des choses se passeraient. Et ça n’a pas manqué : les étudiants ont déjà organisé de grandes fêtes dans le bâtiment. » Ils ont fait leur première rentrée en septembre 2017. Responsable du schéma directeur de toute la zone Centrale Supélec, Ellen van Loon avait milité sans succès pour faire construire un lieu de fête sur le plateau de Saclay, situé à cheval entre Yvelines et Essonne. « Pas besoin d’architecture, une boîte en béton aurait suffi. Les étudiants organisent de grandes fêtes, c’est quand même la base de penser à ça quand on fait un ­campus ! Et encore plus quand on a une situation comme Saclay, où on est loin de Paris, sans liaison de métro. » Rêve de Silicon Valley à la française Initialement prévue pour 2025, la mise en service de la ligne 18 du Grand Paris Express qui doit relier à Paris l’archipel de laboratoires d’entreprises, de start-up, d’établissements d’enseignement supérieur qui s’étend de ­Palaiseau à Versailles, sur le plateau de Saclay, a été reportée à 2027. Ce n’est qu’avec elle que le rêve de Silicon Valley à la française, formulé par Nicolas Sarkozy quand il était président de la République, prendra tout son sens, que les synergies pourront opérer d’un quartier à l’autre et les quartiers eux-mêmes exprimer leur plein potentiel.
Au menu : les 50 ans de la mission Apollo-8, découverte du tombeau très bien conservé d’un prêtre égyptien, de magnifiques empreintes de dinosaures en Angleterre, etc.
La sélection scientifique de la semaine (numéro 336)
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2018/12/21/la-selection-scientifique-de-la-semaine-numero-336/
21/12/2018
blog
– La sonde Mars Express a photographié un magnifique cratère martien rempli de glace. – En vidéo, comment les anneaux de Saturne vont disparaître. Selon des chercheurs de la NASA, cette disparition devrait prendre environ 300 millions d'années. – Cérès, la plus petite des planètes naines du Système solaire, pourrait être particulièrement riche en carbone. – A quoi pourrait ressembler la machine à forer la très épaisse banquise d'Europe (satellite glacé de Jupiter) afin d'avoir accès à l'océan qui se trouve en-dessous. – Il y a 50 ans, le 21 décembre 1968, décollait la mission Apollo-8. Pour la première fois, un équipage humain quittait l'orbite terrestre et se dirigeait vers la Lune... qu'il allait cependant se contenter de contempler du ciel. – Géophysique : faut-il revoir la théorie des chambres magmatiques sous les volcans ? – Fin de l'an rime avec bilan. Voici donc le bilan scientifique de 2018 fait par le New York Times. (en anglais) – Le site de la BBC quant à lui évoque 10 espèces de plantes découvertes cette année. (en anglais) – Climat : le bilan très mitigé de la COP24 au cours de laquelle les Etats n'ont pu se mettre d'accord sur une hausse des efforts pour lutter contre le réchauffement. Une bonne nouvelle cependant sur ce front : les Européens vont réduire (de 37,5 % d'ici à 2030) les émissions de CO 2 de leurs voitures. – En deux jours, les ONG qui veulent attaquer l'Etat français en justice pour son "inaction climatique", ont reçu le soutien d'un million de personnes par le biais d'une pétition. – Comme cela s'est déjà produit au cours des années passées, des dizaines de milliers de chauves-souris ont succombé à la chaleur en Australie. – Par quels mécanismes une reine termite parvient-elle à vivre jusqu'à 40 ans ? – En Afrique, une mystérieuse maladie touchant le cerveau des enfants présente des ressemblances étonnantes avec Alzheimer. (en anglais) – Archéologie : découverte à Saqqara de la tombe très bien conservée d'un prêtre égyptien mort il y a environ 4 400 ans. – Les plantes à fleurs existaient déjà il y a 174 millions d'années. Ce qui vieillit leur apparition de près de 50 millions d'années. (en anglais) – De magnifiques empreintes de dinosaures découvertes en Angleterre, dans le Sussex de l'est. (en anglais) – A-t-on vraiment besoin de mettre au point l'ordinateur quantique ? (en anglais) Pierre Barthélémy (suivez-moi sur Twitter)
Le « routard du crime » est bien coupable des meurtres en 1986 de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, 8 ans, selon la cour d’assises de Versailles.
Double meurtre de Montigny-lès-Metz : perpétuité en appel pour Francis Heaulme
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/21/double-meurtre-de-montigny-les-metz-perpetuite-en-appel-pour-francis-heaulme_5401082_1653578.html
21/12/2018
police-justice
Croquis de la cour de Versailles, le 20 décembre. BENOIT PEYRUCQ / AFP La cour d’assises des Yvelines a confirmé vendredi 21 décembre la peine prononcée en première instance : Francis Heaulme est condamné en appel à la perpétuité pour le meurtre de deux garçons de 8 ans en 1986 à Montigny-lès-Metz. Le verdict s’est imposé malgré l’absence de preuves matérielles ou d’aveux venant de l’accusé, qui a toujours nié avoir été l’auteur du double meurtre. Francis Heaulme dispose d’un délai de cinq jours pour se pourvoir en cassation, ce qu’il compte faire, ont assuré ses avocats. Il est déjà condamné pour neuf autres meurtres et incarcéré depuis 1992. Le 28 septembre 1986, Cyril Beining et Alexandre Beckrich avaient été retrouvés morts, le crâne fracassé, sur un talus près d’une voie ferrée de cette commune située en périphérie de Metz. D’abord condamné puis innocenté, Patrick Dils a passé à tort quinze ans en prison pour ce crime. Il avait été libéré en 2002 à la faveur de la révision de son procès. Mémoire défaillante des témoins Pendant trois semaines, la cour a dû lutter contre la mémoire défaillante des témoins, trente-deux ans après les faits, mais aussi contre l’absence de preuves matérielles, toutes détruites en 1995 sur ordre du parquet de Metz. Elle s’est appuyée sur un faisceau d’indices, comme la parfaite connaissance des lieux du crime par Francis Heaulme, le témoignage de certains codétenus ayant recueilli ses confidences, ou encore les similitudes avec d’autres crimes du tueur en série, pour le condamner à sa troisième peine de perpétuité. Pendant leurs plaidoiries jeudi, les avocats de la défense avaient tenté d’instiller le doute dans l’esprit des jurés en rappelant les aveux de Patrick Dils, ou bien les soupçons ayant pesé sur Henri Leclaire, un ex-manutentionnaire un temps suspecté, avant d’être mis hors de cause. Alexandre Bouthier, l’un des conseils de Francis Heaulme, est aussi longuement revenu sur le témoignage d’un adolescent qui avait assuré à l’époque avoir aperçu un homme, la chemise et les mains couvertes de sang, non loin des faits. Un personnage jamais identifié. Ce doute, qui avait profité à Patrick Dils en 2002 lors de la révision de son procès, n’a pas convaincu les jurés. Lire sur le premier procès : Le tueur en série Francis Heaulme de retour au tribunal
Un collectif de gens jeunes dit dans une tribune au « Monde » leur volonté de dépasser les clivages identitaires. Ils ont donc entrepris début novembre un tour de France qui se terminera en 2019 afin de débattre des moyens pour participer au rassemblement de la jeunesse dans une communauté de destin.
« Pour une société où chacun sera traité à égale dignité »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/pour-une-societe-ou-chacun-sera-traite-a-egale-dignite_5401079_3232.html
21/12/2018
idees
« Nous avons grandi dans différents quartiers, différentes villes, différents milieux sociaux. Nous avons vibré ensemble lors de la victoire de la France à la Coupe du monde. » Frederic Cirou/PhotoAlto / Photononstop Tribune. Nous sommes des jeunes Français arabes, berbères et juifs. Nous avons grandi dans différents quartiers, différentes villes, différents milieux sociaux. Nous avons vibré ensemble lors de la victoire de la France à la Coupe du monde. Nous avons vécu ces moments de dignité et de rassemblements lorsque nous étions testés dans nos certitudes au lendemain des attentats. Nous nous sommes insurgés face aux avancées électorales de l’extrême-droite. Pourtant, nous sommes aussi celles et ceux qui avons vu notre génération se fracturer à cause de polémistes ou de pseudo-humoristes se délectant des passions croisées qu’une histoire longue et tumultueuse nous a léguées. Mais nous refusons que ces passions, lorsqu’elles sont mauvaises, soient le moteur d’une confrontation dont se délectent, en toute perversité, les faiseurs de haine, qu’ils appartiennent aux « communautés » en question ou qu’ils en soient extérieurs. Nous refusons que la lutte contre l’antisémitisme serve de prétexte à exprimer, sous des dehors prétendument antiracistes, une haine contre les Arabes. Nous refusons que le racisme anti-arabe serve lui aussi de prétexte à légitimer, sous les mêmes habits, la haine contre les juifs. Cette manipulation malsaine n’affecte pas que les Juifs et les Arabes puisqu’elle est le fondement à l’éclatement plus général des alliances et de la construction de combats communs dans notre société. Pas de naïveté Dans notre démarche, il n’y a aucune naïveté. Nous savons que le racisme anti-arabe peut exister chez des juifs ainsi que l’antisémitisme chez des arabo-musulmans. Mais nous refusons d’être instrumentalisés par ceux qui jouent sur nos peurs et frustrations. Nous rejetons cette dynamique qui cherche à nous dresser en ennemis sur des bases identitaires, à vivre dans la peur de l’Autre ou à le considérer comme un bouc émissaire. Lire aussi A quoi sert le mouvement des lycéens ? Nous affirmons que ni les attentats perpétrés en France au nom d’un islam dévoyé ni les tentatives d’importation du conflit israélo-palestinien n’auront raison de notre désir de vie ensemble. Nous affirmons que nos mémoires et nos souffrances ne s’excluent pas entre elles et refusons la concurrence victimaire dans laquelle trop de mauvais génies cherchent à nous inscrire. Nous souhaitons lutter ensemble contre le racisme, l’antisémitisme et pour l’égalité. Si nous écrivons aujourd’hui, c’est parce que nous souhaitons prendre nos responsabilités. Celles d’une jeunesse vivante participant à construire la société de demain. Nous ne voulons plus laisser notre parole être confisquée par des polémistes malsains qui ont tous les micros ouverts. Nous souhaitons enfin faire entendre nos voix.
L’ex-ministre de Ceausescu aurait contribué par de « fausses informations » à des « tirs fratricides » après le soulèvement de décembre 1989, selon les procureurs.
L’ancien président roumain Ion Iliescu mis en examen pour crimes contre l’humanité
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/l-ancien-president-roumain-ion-iliescu-mis-en-examen-pour-crimes-contre-l-humanite_5401076_3210.html
21/12/2018
international
Ion Iliescu, alors président, le 21 décembre 2004 à Bucarest, en Roumanie. DANIEL MIHAILESCU / AFP L’ancien président de Roumanie Ion Iliescu a été inculpé de « crimes contre l’humanité », ont annoncé des procureurs roumains vendredi 21 décembre. Il était poursuivi pour son rôle dans les événements sanglants ayant suivi la révolution de 1989 et le renversement du régime communiste. Cette nouvelle étape d’une longue enquête survient vingt-neuf ans après la révolte qui s’est emparée de Bucarest, la capitale du pays, après avoir commencé dans la ville de Timisoara, dans l’ouest, le 16 décembre 1989. Aujourd’hui âgé de 88 ans, M. Iliescu a exercé comme ministre auprès du dictateur communiste Nicolae Ceausescu puis a dirigé le Front de salut national qui a pris le contrôle du pays après la révolution. Il a ensuite été élu président en 1990 puis de nouveau entre 2000 et 2004. « Tirs fratricides » Aux côtés de M. Iliescu, les procureurs ont mis en examen quatre autres personnes, dont l’ancien vice-premier ministre Gelu Voican Voiculescu. « MM. Iliescu et Voiculescu ont répandu de fausses informations lors de leurs prises de parole à la télévision et dans des communiqués, contribuant ainsi à créer une psychose généralisée », ont-ils estimé. Leurs déclarations ont alimenté les « situations de tirs fratricides, de fusillades confuses et d’ordres militaires contradictoires », ont-ils ajouté, précisant que 862 personnes avaient été tuées lors du soulèvement de décembre. Les accusés ont également contribué à « la condamnation et l’exécution des Ceausescu après un simulacre de procès », ont fait valoir les procureurs. A l’occasion d’un rare commentaire public sur le sujet en avril, M. Iliescu avait dit pouvoir « garder la tête haute devant le jugement de l’histoire ». Selon les procureurs, 275 personnes ont déjà fait face à des poursuites pour leur rôle dans ces évènements de décembre 1989. Cependant, selon des groupes de soutien aux victimes, seulement une petite dizaine de personnes ont été condamnées. La chute de Ceausescu est survenue à la fin d’une année décisive qui a vu les régimes communistes d’Europe centrale et de l’est s’effondrer – et avec eux le mur de Berlin en novembre – précédant l’effondrement de l’Union soviétique fin 1991.
La comédienne de 26 ans fait des débuts éblouissants dans « Tous des oiseaux », de Wajdi Mouawad à la Colline.
Théâtre : irradiante Souheila Yacoub
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/21/theatre-irradiante-souheila-yacoub_5401075_3246.html
21/12/2018
culture
La comédienne Souheila Yacoub à Paris en juin 2017. ALEXANDRE DELAMADELEINE Il faut faire vite. Le 30 décembre, Souheila Yacoub jouera pour la dernière fois dans Tous des oiseaux, au Théâtre national de la Colline, à Paris. Après, le spectacle triomphal de Wajdi Mouawad poursuivra la tournée qui l’a conduit jusqu’à Tel-Aviv, en Israël, en novembre. Souheila Yacoub, elle, changera de cap, et on risque de ne pas la revoir de sitôt au théâtre : le cinéma est en train de la happer. Dans les premiers mois de 2019, elle tournera dans Les Sauvages, une série réalisée par Rebecca Zlotowski pour Canal+, puis dans Le Sel des larmes, le nouveau film de Philippe Garrel. Quand on a 26 ans, comme Souheila Yacoub, on trouve que « c’est trop cool ». Quand on connaît l’histoire de cette jeune comédienne, on reste baba. Lire la critique : Les « oiseaux » de bon augure de Wajdi Mouawad Imaginez une petite fille née en Suisse où son père, tunisien, et sa mère, flamande, se sont rencontrés. Elle a 4 ans et commence à suivre des cours de gymnastique, avec sa sœur, Inès. Il se trouve qu’elle est douée, et qu’elle aime ça. Peu à peu, la gymnastique prend toute sa vie. « Sou », comme on l’appelle, intègre l’équipe ­féminine suisse. Glissons sur les années loin de la famille, la pesée quatre fois par jour, l’entraî­nement intensif sous la direction de coachs bulgares qui vont jusqu’à faire injecter à « Sou » des ­hormones masculines pour épaissir ses ligaments, en lui faisant croire que ce sont des antidouleurs. Signalons l’objectif : présenter l’équipe suisse aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Arrêtons-nous sur la fin : l’équipe n’est pas sélectionnée, et « Sou » retourne à Genève, à 20 ans et 40 kg. Ce qui surprend, c’est l’exceptionnel instinct de vie de Souheila Yacoub Qu’une dépression suive n’étonnera pas. Ce qui surprend, c’est l’exceptionnel instinct de vie de Souheila Yacoub, qui peu à peu retrouve un corps de jeune femme et retourne la situation. Le hasard lui vient en aide, en la mettant, un jour qu’elle est au supermarché avec sa sœur, devant un stand où l’on recrute des candidates pour l’élection de Miss Suisse romande. « Vas-y », dit Inès à « Sou », qui y va. Et elle est élue. « Bien sûr, dit-elle aujourd’hui, je sais bien qu’il n’est pas féministe, ce ­concours, mais il m’a permis de rencontrer des gens, souvent hyper­intéressants, qui n’avaient rien à voir avec ce que j’avais fait avant. Et puis j’étais jeune, je découvrais. Jusqu’à 20 ans je n’avais rien vécu. Gagner le prix me consolait de la violence que j’avais subie. »
Si les « présents d’usage » sont possibles, ceux-ci doivent être accordés à certaines occasions et être en cohérence avec le patrimoine du donateur, rappelle Rafaële Rivais, dans sa chronique au « Monde ».
Du bon usage des présents de Noël
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/du-bon-usage-des-presents-de-noel_5401069_3232.html
21/12/2018
idees
Chronique. Pour Noël, beaucoup feront des cadeaux : jouets, bijoux, enveloppes d’argent, versements sur des livrets d’épargne… Ces « présents d’usage », comme les appelle le code civil, ont l’immense avantage de ne pas devoir être déclarés lors d’une succession, contrairement à d’autres dons ; ils ne doivent pas être rendus au conjoint, en cas de divorce. Ils ne doivent pas non plus être signalés au fisc. La jurisprudence dit que les présents d’usage sont « des cadeaux faits à l’occasion de certains événements, conformément à un usage, et n’excédant pas une certaine valeur ». Mais aucun texte ne fixe une liste exhaustive des événements concernés. Traditionnellement, en font partie non seulement Noël et le Jour de l’an, mais aussi les anniversaires, les mariages ou les réussites aux examens. Une cour d’appel a jugé que « les cadeaux peuvent être d’importance », lorsque l’anniversaire est un « multiple de dix » (20e, 30e, 40e…). Une autre cour a estimé, à propos des anniversaires de mariage, qu’« il n’est pas d’usage de les fêter tous », le quarantième, notamment, « ne correspondant pas à des noces particulières, telles que le bronze, l’argent ou l’or ». La valeur que le présent d’usage ne doit pas excéder n’est, elle non plus, pas définie, le code civil disant seulement qu’elle s’apprécie « compte tenu de la fortune du disposant », et la jurisprudence précisant qu’il faut tenir compte à la fois « des revenus et du patrimoine » de celui-ci. L’administration fiscale a, en 2007, décidé de taxer une somme de 8 300 euros qu’un contribuable, Georges X, avait offerte à son cousin et filleul, Michel Y, pour son anniversaire, afin qu’il s’achète une voiture. Elle faisait valoir que la somme était trop élevée pour constituer un présent d’usage, du fait qu’elle représentait « une année de la rente » du défunt, et « 2,5 % de son patrimoine ». La cour d’appel d’Agen a refusé de la suivre, le 20 mai 2009. En revanche, dans un autre litige, la cour d’appel de Toulouse a jugé, le 27 février (2018), qu’un don de 35 000 euros ne pouvait constituer un présent d’usage, du fait qu’il représentait « plus de deux pour cent (2,40 %) du patrimoine » du donateur. Querelles d’héritiers Ces imprécisions font que nombre d’héritiers réclament à d’autres la restitution de leurs cadeaux, dont ils contestent qu’ils aient été des « présents d’usage ». Les juges, pour se prononcer, vérifient d’une part que ces derniers ont bien été faits dans des circonstances particulières, et, d’autre part, qu’ils n’étaient pas disproportionnés par rapport à la fortune du donateur. C’est ce que montre l’exemple suivant.
Les fameux bâtonnets de pain croustillant d’origine italienne égayent généralement les apéritifs. Le boulanger-pâtissier Gontran Cherrier explique comment les faire soi-même.
Gressins au sésame : la recette de Gontran Cherrier
https://www.lemonde.fr/les-recettes-du-monde/article/2018/12/21/gressins-au-sesame-la-recette-de-gontran-cherrier_5401065_5324493.html
21/12/2018
les-recettes-du-monde
Gressins maison au sésame. Susan Brooks-Dammann/Westend61/Photononstop Temps de préparation : 40 min Temps de cuisson : 10 à 12 min Temps de repos : 2 h minimum Difficulté : facile Ingrédients pour 20 gressins Pour la pâte à pain : 1 kg de farine 720 g d’eau froide 18 g de sel 6 à 8 g de levure Pour les gressins : un mélange de sésame et de noix de muscade moulue Etape 1 : la pâte à pain Disposer la farine au centre de la table ou dans un plat et y creuser un puits. Déposer le sel au centre ainsi que la levure. Ajouter les 3/4 de l’eau froide. Incorporer progressivement et à la main la farine à l’eau jusqu’à ce que les deux ingrédients soient complètement mélangés. Passer au pétrissage pendant une dizaine de minutes. Le but est de malaxer la pâte en la tapant sur la table. Celle-ci est au départ assez collante puis va, petit à petit, devenir plus lisse. Une fois que la pâte est lisse et qu’elle est assez élastique, la laisser reposer pendant 30 min dans un saladier recouvert d’un film plastique. Etape 2 : le roulage des gressins Fariner la pâte à pain et le plan de travail. Pour réaliser chaque gressin, découper un morceau de pâte de 50 g environ. Le plier une fois, puis deux. Le rouler et façonner grossièrement pour obtenir une forme fine et allongée de la longueur de la plaque du four. La passer dans de l’eau rapidement pour l’humidifier puis la rouler dans un mélange de sésame et de noix de muscade moulue. Etape 3 : la cuisson Disposer les gressins sur la plaque du four. Sans attendre, mettre au four pendant 10 à 12 min à 250 °C, en n’oubliant pas de mettre dans le fond du four un plat en métal avec de l’eau pour générer de la vapeur. Lire aussi Beureks au four : la recette légère de Francis Kurkdjian
Au fil des accords d’entreprise, c’est de la disponibilité réelle qui est proposée aux actifs qui accompagnent des proches malades ou handicapés, pour leur permettre de poursuivre sereinement leur vie professionnelle.
Depuis vingt ans, le soutien aux « salariés aidants » s’est renforcé : exemple de Novartis, entreprise pionnière
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/12/21/depuis-vingt-ans-le-soutien-aux-salaries-aidants-s-est-renforce-exemple-de-novartis-entreprise-pionniere_5401041_1698637.html
21/12/2018
emploi
« La difficulté principale des salariés étant de concilier vie professionnelle et rôle d’aidant, leur première attente était du « temps disponible qualitatif », c’est-à-dire libéré des préoccupations professionnelles. » Jean Rey / Photononstop Les entreprises pionnières de l’accompagnement des salariés aidants un proche malade ou en situation de handicap ont amorcé leur réflexion au début des années 2000. « Un peu plus de la moitié des actifs ayant des parents atteints d’Alzheimer devaient réaménagé leur activité professionnelle. Les demandes de temps partiels augmentaient et il y avait de l’absentéisme répété », explique Gwénaëlle Thual, chargée de « proximologie » chez Novartis. Le groupe pharmaceutique a créé en 2001 un département « proximologie », un néologisme issu du latin proximus (proche) et du grec logos (parole). « On parlait alors de proches, pas encore d’aidants », précise-t-elle. La notion d’aidant sera institutionnalisée, en 2015, avec l’introduction du congé de proche aidant dans le code du travail, par la loi du 18 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Trois attentes Le premier objectif de l’entreprise Novartis était de connaître les attentes de ses salariés. Une première enquête menée en 2006 a révélé que près de 40 % des salariés avaient eu une expérience d’accompagnement d’un proche malade dans les cinq dernières années, dont 35 % en tant qu’aidant principal. « Impossible de connaître leur nombre exact, car il fallait se rendre accessible, sans être intrusif », note Mme Thual, mais le phénomène n’était pas marginal. « Nous avons reçu ce résultat comme une donnée à laquelle il fallait répondre », se souvient-elle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les entreprises confrontées à la hausse du nombre de « salariés aidants » La difficulté principale des salariés étant de concilier vie professionnelle et rôle d’aidant, leur première attente était du « temps disponible qualitatif », c’est-à-dire libéré des préoccupations professionnelles. Une première enquête menée en 2006 a révélé que près de 40 % des salariés avaient eu une expérience d’accompagnement d’un proche malade dans les cinq dernières années L’enquête exprimait trois grandes familles d’attentes : souplesse du temps de travail, compréhension managériale donnant la possibilité d’exprimer ses difficultés personnelles, et une aide matérielle et financière. Des attentes retrouvées depuis dans toutes les enquêtes menées sur le sujet dans différentes entreprises. De 2007 à 2018, les dispositifs et accords successifs de Novartis ont diversifié les modes de temps disponibles et les formes de financement qui ont changé et de nature et d’ampleur. Les premières actions mises en place dès 2007 donnaient accès à des chèques emploi-service, abondés par l’entreprise à hauteur de 800 euros pour les salariés aidants. Un moyen indirect de leur libérer du temps et de faciliter leur organisation. La même année un « guide ressources » (conseils pratiques, dispositifs légaux, aides de l’entreprise) était également mis à leur disposition.