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international
Les pays plus pauvres de l’UE prêts à contribuer davantage au budget post-Brexit
Le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic et le premier ministre slovaque Peter Pellegrini lors de la conférence de presse des « amis de la cohésion » à Bratislava, le 29 november. DIANA CERNAK / AFP Une Europe plus petite après le retrait du Royaume-Uni ne doit pas signifier un budget réduit. C’est le message qu’ont voulu transmettre par la voix du chef du gouvernement slovaque, Peter Pellegrini, les pays membres du groupe des « amis de la cohésion » qui rassemble 16 Etats du sud et de l’est de l’Union européenne plus pauvres que les autres membres. Hôte des représentants du groupe à Bratislava, M. Pellegrini a en effet déclaré jeudi 29 novembre que les pays membres du groupe étaient prêts à augmenter leur contribution au budget européen post-Brexit afin de maintenir le financement de la cohésion et de l’agriculture à leurs niveaux actuels. La politique de cohésion vise à amener les conditions économiques des pays les plus pauvres de l’UE aux niveaux plus élevés de l’ouest et du nord du continent. Afin de compenser la perte de la contribution britannique, Bruxelles avait proposé le 2 mai une réduction de 7 % des fonds qui y sont consacrés dans son budget global de 1 279 milliards d’euros. M. Pellegrini n’a pas chiffré les montants mais a suggéré que les Vingt-Sept devraient combler le manque à gagner qui interviendra après le Brexit, prévu en mars 2019. Dans un communiqué, le groupe a également préconisé une simplification des politiques communes agricoles de cohésion. Selon le texte, « les deux politiques devraient être financées au niveau du CFP [cadre financier pluriannuel] 2014-2020 », en référence au projet de budget de la Commission européenne pour après le Brexit, celui de la période 2021-2027. « Nous voulons le budget tel qu’il est aujourd’hui », a insisté M. Pellegrini, concédant que « si le budget doit être réduit, nous demandons plus de flexibilité » dans le choix des dépenses.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/les-pays-plus-pauvres-de-l-ue-prets-a-contribuer-davantage-au-budget-post-brexit_5390535_3210.html
29/11/2018
Les Etats du groupe des « amis de la cohésion » souhaitent que le financement des politiques permettant d’améliorer les conditions des pays du sud et de l’est de l’UE demeure à un niveau égal.
livres
Livres en bref
Récit. Empreintes des apôtres Apôtres. Sur les pas des douze (Apostle. Travels Among the Tombs of the Twelves), de Tom Bissell, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michel Lederer, Albin Michel, 540 p., 25,90 €. Le journaliste et écrivain californien Tom Bissel a beau avoir perdu la foi catholique à 16 ans, il n’en est pas moins resté passionné par l’histoire de l’Eglise. Le voici lancé sur les traces à la fois géographiques, historiques et érudites des douze apôtres du Christ. Le mélange de récit (anecdotes comprises) de ses propres voyages sur les sites où la vie de ses héros s’est déroulée et d’une compilation de littérature savante agace plutôt qu’il ne facilite la lecture (comme si les modernes enquêteurs ne parvenaient pas à débarrasser leur quête de leur ego). Mais le livre a le mérite de vulgariser les recherches les plus actuelles. L’auteur risque même ses propres hypothèses. Par exemple en interprétant la formule de « disciple bien aimé » qu’on accole à Jean – à tort selon les spécialistes – comme désignant « l’ensemble de la communauté ­johannique ». Il se révèle donc bien utile. N. W. Roman. Un narquois félin Sous l’œil du chat (La disdetta), d’Anna Felder, traduit de l’italien (Suisse) par Florence Courriol-Seita, Le Soupirail, 180 p., 20 €. Suisse du Tessin, Anna Felder, bien que lauréate du Grand Prix suisse de littérature 2018, est peu connue en France. Saluons donc l’initiative des petites éditions du Soupirail visant à faire découvrir cette auteure (née en 1937) dont Italo Calvino salua « l’humour en sourdine » et la manière très poétique de « raconter au travers d’objets ». D’objets ou d’animaux : ici, c’est un chat qui monologue. Un félin narquois qui observe les membres d’une famille sur le point d’être expulsée de son habitation. Il faut du talent pour amener le lecteur à pénétrer le flux de conscience d’un chat. A voir, « à travers les pupilles troubles d’un sommeil opaque interrompu », une femme enfilant ses bas, une mouche prisonnière ou un tableau de Poussin. La traduction pleine de trouvailles de Florence Courriol-Seita (collaboratrice du « Monde des livres ») transmet parfaitement tout ce que l’écriture d’Anna Felder a de paisible et d’étrange, d’inventif et d’agréablement décalé. Fl. N. Roman. Mon exil kirghiz
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/11/29/livres-en-bref_5390529_3260.html
29/11/2018
Romans, recueil, essais, récits, philosophie, histoire, bande dessinée, beau livre… Les brèves critiques du « Monde des livres » du 30 novembre 2018.
sciences
Des pierres taillées vieilles de plus de 2 millions d’années découvertes en Algérie
Le noyau d’une pierre taillée, exhumée du site algérien d’Aïn Boucherit, dont ont été tirés des éclats coupants. M. Sahnouni Les plus anciennes pierres taillées associées à des ossements d’animaux portant des traces de débitage remontent à 2,6 millions d’années et ont été trouvées à Gona, en Ethiopie. Cette culture lithique semble s’être répandue au-delà de l’Afrique de l’Est bien plus tôt qu’on ne le pensait. C’est ce que suggère la présence en Algérie d’outils de pierre et d’ossements en portant la marque, vieux de 2,4 millions d’années. Présentée dans la revue Science du 30 novembre, la découverte est due à une équipe internationale dirigée par Mohamed Sahnouni, du Centre de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques d’Alger. Jusqu’à présent, les plus anciennes pierres taillées algériennes étaient datées de 1,8 million d’années. Mais les fouilles sur le site d’Aïn Boucherit, au sud-est d’Alger, ont permis de mettre au jour deux gisements plus anciens, vieux respectivement de 2,4 millions et 1,9 million d’années. Leurs découvreurs les qualifient d’« oldowayens », terme qui désigne une technique de taille rudimentaire, dont les premiers témoignages remontent donc à 2,6 millions d’années en Afrique de l’Est – les gorges d’Olduvai, en Tanzanie, lui ont donné son nom. Même s’ils sont encore peu raffinés, ces outils le sont plus que les cailloux fracassés de 3,3 millions d’années retrouvés au Kenya sur le site de Lomekwi 3, que leur découvreuse, la Française Sonia Harmand, qualifie de « lomekwiens ». Rappelons en effet que les premiers tailleurs de pierres n’étaient pas humains. Ils débitaient grossièrement des galets, voilà 3,3 millions d’années, avant même que le genre Homo fasse son apparition dans cette région du monde. Mais ceci est une autre histoire… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Kenya, l’énigme des premiers outils Carte d’Afrique montrant le site d’Aïn Boucherit et d’autres sites où ont été trouvés des fossiles et des pierre taillées de style oldowayen. M. Sahnouni Revenons donc aux outils algériens, plus récents et associés à des traces de débitage, d’éviscération et de dépouillement trouvés sur des os de mammifères de différentes tailles, et à leurs fabricants, encore inconnus. « On ne peut pas dire clairement s’ils chassaient, mais ces vestiges montrent sans ambiguïté qu’ils pouvaient avec succès entrer en compétition pour la viande avec les carnivores et bénéficier d’un accès privilégié aux carcasses d’animaux », note la taphonomiste Isabel Caceres, de l’université de Tarragone (Espagne), cosignataire de l’étude. Technologie « de rupture » La présence de ces outils élargit donc dans le temps et l’espace le cercle des industries lithiques oldowayennes, technologie dite « de rupture ». « Les variantes observées entre l’est et le nord de l’Afrique pourraient résulter des différences dans le type et la qualité des matériaux utilisés, ou être liées à la recherche de fonctions que nous devons encore identifier », écrivent Mohamed Sahnouni et ses collègues.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/29/des-pierres-taillees-vieilles-de-plus-de-2-millions-d-annees-decouvertes-en-algerie_5390528_1650684.html
29/11/2018
Si ces outils lithiques ne sont pas les plus anciens du continent africain, leur présence loin des sites de l’Est africain suggère que cette technique s’est rapidement diffusée ou qu’elle a pu avoir de multiples origines.
sciences
Quand la taille compte
Le livre. Si vous vous êtes jamais demandé pourquoi les bulles de champagne semblent accélérer quand elles remontent dans une flûte, comment les araignées d’eau font pour ne pas sombrer ou comment les saumons peuvent remonter des rivières tumultueuses sans s’épuiser, ce livre est pour vous. Si la vue d’une équation provoque chez vous stupeur et tremblements, il vous est sans doute aussi destiné, comme instrument de conjuration. Car si le physicien Thomas Séon a choisi de présenter de fascinantes lois de la nature, dites lois d’échelle, il n’a pas cédé à la facilité qui aurait consisté à renoncer à toute formulation mathématique. Il propose même une introduction à l’analyse dimensionnelle, cette méthode qui sollicite aussi l’intuition et le « sens physique » de ses adeptes. S’il prend le novice par la main, pour l’accompagner pas à pas sur des chemins parfois escarpés, le lecteur aura donc sa part d’effort à produire pour contempler ce panorama des lois universelles qui gouvernent le monde. Mais ce paysage vaut vraiment le coup d’oeil ! N’est-il pas fascinant, par exemple, de constater que tous les mammifères, de la minuscule musaraigne à l’éléphant, naissent avec un potentiel d’environ 1,5 milliard de battements de cœur, que leur fréquence cardiaque fixe leur durée de vie ? Et de comprendre comment la taille et le métabolisme de ces animaux sont intimement liés pour arrêter ainsi en quelque sorte une limite à leur longévité – et à la nôtre ? Plus on est grand, moins on est fort Qu’est-ce donc qu’une loi d’échelle ? C’est une loi qui condense le plus simplement possible la variation d’une grandeur en fonction d’autres grandeurs. Elle peut par exemple décrire une relation entre la hauteur d’un arbre et le diamètre de son tronc, valable pour tous les arbres, quelle que soit leur taille. « Cette hauteur est proportionnelle à leur diamètre élevé à la puissance 2/3 », rappelle Thomas Séon. Les lois d’échelle expliquent ainsi pourquoi plus on est grand, moins on est fort (en proportion), ce qui conduit le physicien à suggérer d’autres palmarès sportifs : le vainqueur serait celui qui s’éloignerait le plus de la courbe mettant en relation un gabarit et une performance. Naim Suleymanoglu, qui a soulevé 342,5 kg en 1988 alors qu’il ne pesait que 60 kg, serait ainsi le champion toutes catégories de l’haltérophilie mondiale ! Ces lois ont des implications dans une foule de domaines : architecture, ingénierie, écologie, urbanisme... Elles régissent aussi bien le vivant que les objets manufacturés, comme l’illustre la loi d’échelle du vol, qui trace une courbe mettant en regard la masse et la vitesse de croisière, le long de laquelle le moustique comme l’Airbus A389 viennent docilement se poser.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/29/quand-la-taille-compte_5390501_1650684.html
29/11/2018
L’étude des lois d’échelle révèle des invariants simples et universels dans la nature. Le physicien Thomas Séon offre une introduction exigeante à ces principes essentiels.
campus
L’Union européenne offre des passes « Interrail » aux jeunes âgés de 18 ans
Le pass interrail permet de voyager à travers divers trains européens vers plus de 40 000 destinations dans l’Union européenne. Maartje van Caspel/Westend61 / Photononstop L’été dernier, ils étaient 15 000 jeunes européens à se lancer à la découverte de l’Europe grâce au programme « DiscoverUE ». La Commission européenne renouvelle l’opération, et lance sa seconde édition jeudi 29 novembre. Celle-ci permettra à 12 000 jeunes âgés de 18 ans de gagner un pass « Interrail » pour voyager sur le continent en 2019. A l’approche des élections européennes, l’objectif de la commission est d’offrir aux jeunes européens « des opportunités nouvelles de découvrir le riche patrimoine culturel du continent, de faire connaissance avec d’autres personnes, d’apprendre au contact d’autres cultures et de se rendre compte par eux-mêmes de ce que signifie être européen. » Qu’est-ce qu’un pass Interrail ? Porté par un programme européen, ce pass est un titre de transport permettant, pendant une durée d’une semaine à un mois, de voyager dans la plupart des trains européens. Chaque Etat membre de l’Union européenne (UE) s’est vu allouer un certain nombre de pass Interrail, en fonction de sa population. Ainsi, 1 572 billets seront distribués en France dans le cadre de cette opération. Le voyage doit se dérouler entre le 15 avril et le 31 octobre 2019, sur une durée comprise entre un et trente jours. La Commission européenne précise que la plupart des trajets seront effectués en train mais seront susceptibles d’utiliser d’autres moyens de transports, comme des bus, des ferries ou exceptionnellement l’avion – ouvrant la possibilité aux jeunes vivant dans des îles éloignées de participer. Qui peut candidater ? Pour poser sa candidature, il faut être un citoyen européen de 18 ans, né entre le 1er janvier et le 31 décembre 2000. Ceux qui ont déjà bénéficié d’un pass en 2018 ne peuvent pas participer cette année. Les jeunes désireux de participer peuvent candidater sur le portail européen de la jeunesse, où ils devront s’enregistrer et partager leurs projets de voyage. Lancé en juin 2018, le dispositif DiscoverUE dispose actuellement de 12 millions d’euros. Cette initiative a été prise à la suite du vote de plusieurs résolutions du Parlement européen.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/11/29/l-union-europeenne-offre-des-passes-interrail-aux-jeunes-ages-de-18-ans_5390497_4401467.html
29/11/2018
Les jeunes nés en l’an 2000 peuvent candidater jusqu’au 11 décembre afin d’obtenir un titre de transport pour voyager en Europe.
idees
« Rassemblons-nous sur la “place publique” pour que nos solutions locales changent d’échelle ! »
Raphaël Glucksmann lors du premier meeting du mouvement « Place publique » à Montreuil, le 15 novembre. JOEL SAGET / AFP Tribune. Nous, représentants de la démocratie locale, dans nos exécutifs municipaux, départementaux ou régionaux, sommes sensibles à l’invitation à nous rassembler sur la « place publique » pour s’appuyer sur les initiatives et les politiques publiques qui fonctionnent d’ores et déjà à l’échelle locale, dans la diversité de nos territoires. Nous, représentants de la démocratie locale, soutenons toutes les démarches visant à faire dialoguer différentes sensibilités de la gauche dans un projet politique qui les réunit. Nous, représentants de la démocratie locale, sommes convaincus de la nécessité d’additionner nos forces, de valoriser nos accords, de faire converger nos solutions. Chaque jour, nous travaillons à faire vivre concrètement sur nos territoires l’idéal républicain, empreint d’égalité, de libertés et de solidarités sociales. Chaque jour, nous œuvrons pour un avenir plus juste, plus inclusif, plus sobre et plus durable. Parce que oui, les solutions sont déjà là pour répondre aux immenses défis du XXIe siècle : dans nos municipalités, dans nos départements, dans nos régions, nous combattons l’illettrisme et le décrochage scolaire, nous soutenons l’autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, nous luttons contre l’exclusion et le chômage, nous développons l’économie circulaire, nous approfondissons la démocratie au moyen de budgets participatifs, nous rendons possibles des modes d’habiter et des mobilités plus respectueux de notre planète, nous promouvons l’économie du partage grâce au numérique, nous favorisons les circuits courts pour réduire notre empreinte écologique. Nous dessinons là les bases d’un nouveau modèle plus solidaire, pleinement ancré dans les territoires. Urgence Tous les jours, sur le terrain, avec des acteurs engagés, de la société civile, des associations, des porteurs de cause, nous nous mobilisons. Pour l’urgence climatique. Pour l’urgence démocratique. Pour l’urgence sociale. Pour l’urgence européenne. Nous avons désormais besoin de poursuivre et d’amplifier ce mouvement, de creuser ce sillon, de pouvoir expérimenter, d’identifier les réussites, de les promouvoir, de les transposer à l’échelle nationale et européenne. Il est temps que toutes ces initiatives de terrain qui font au quotidien la démonstration de leur efficacité soient amplifiées et connectées : elles doivent investir le champ politique et être portées lors des prochaines échéances électorales. Nous devons accélérer les transitions, faire changer d’échelle nos réussites, et faire en sorte qu’elles irriguent un projet national et européen ancré dans le réel de nos territoires.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/29/rassemblons-nous-sur-la-place-publique-pour-que-nos-solutions-locales-changent-d-echelle_5390483_3232.html
29/11/2018
Dans une tribune au « Monde », un collectif d’élus locaux appelle à l’union de la gauche en vue des élections européennes, suivant en cela le mouvement « citoyen » lancé par Raphaël Glucksmann, Thomas Porcher, Claire Nouvian et Jo Spiegel.
livres
La chronique de Roger-Pol Droit. De la vérité en démocratie
La Faiblesse du vrai. Ce que la post-vérité fait à notre monde commun, de Myriam Revault d’Allonnes, Seuil, « La couleur des idées », 144 p., 17 €. Le président américain Donald Trump désigne le journaliste de CNN Jim Acosta : « You are fake news », lui a-t-il lancé durant une conférence de presse à la Maison Blanche, le 7 novembre 2018. KEVIN LAMARQUE/REUTERS Chacun diffuse aussitôt, largement, ce qui lui passe par la tête. Dans l’instant, il se trouvera approuvé et relayé par tous ceux qui ont même lubie, même folie, même amour ou même haine. Alors, le bruit court que nous aurions basculé dans une époque tout autre, un nouveau régime de discours et de vérité. Fini, dit-on, le vieux consensus relatif à la réalité objective. Ter­minée, poursuit-on, l’antique conviction que les faits sont têtus et qu’ils se distinguent des interprétations. Contraintes abolies et amarres larguées Désormais, nous serions dans l’ère d’après, celle de la postmodernité et de la « post-vérité » – post-truth, déclaré « mot de l’année », en 2016, par les respectables Oxford Dictionaries. Ces expressions ne désignent pas simplement une succession chronologique. Elles disent avant tout les contraintes abolies et les amarres larguées. « Vrai » et « faux » ne se distingueraient pas plus, dorénavant, que nuances de gris ou af­faires de goût. Voilà une monstrueuse débâcle de la pensée. ­Soutenue par grand nombre d’imbéciles, voire par quelques intelligences égarées, elle est intellectuellement toxique. Et, surtout, politiquement désastreuse. C’est ce que montre dans son nouvel essai, La Faiblesse du vrai, la philosophe Myriam Revault d’Allonnes. Elle y rappelle combien, notamment depuis le référendum sur le Brexit et l’élection de Donald Trump, le paysage de l’actualité est envahi et pollué par les « fake news », locution qu’il est malaisé de traduire. Car elles sont différentes des « fausses nouvelles ». Plutôt que des informations illusoires ou des erreurs de fait, ce sont des mensonges purs et simples. Mais qui ne sont plus assumés ni dénoncés comme tels. Les traquer est donc un devoir. Y ­consentir serait donc un naufrage. Reste que pareille politesse élémentaire de l’information ne saurait suffire. Car la question est autrement complexe. Car il s’agit de comprendre ce que menace, de notre vie commune, ce chambardement des évidences. Probable et vraisemblable Ce qui est en jeu, fondamentalement, ce sont les relations entre vérité et politique. Elles ont suscité, depuis l’Antiquité, deux grands modèles philosophiques opposés, souligne Myriam Revault d’Allonnes. Le modèle de Platon, et sa postérité jusqu’à nos jours, met aux commandes une vérité absolue. Tout doit alors se soumettre à la vérité, unique et idéale. Les risques sont connus : dictature de la vertu, pureté totalitaire, autoritarisme et conformisme. A l’opposé, le modèle d’Aristote insiste sur le rôle central de la contingence et des ­décisions humaines. Dès lors, dans ces antagonismes permanents et ces désaccords inévitables qui ­forment l’essence même du politique, ce qui compte est le probable plutôt que le certain, le vraisemblable plutôt que le vrai, la puissance de convaincre plutôt que celle de connaître.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/11/29/la-chronique-de-roger-pol-droit-de-la-verite-en-democratie_5390470_3260.html
29/11/2018
A propos dans son nouvel essai de la philosophe Myriam Revault d’Allonnes, « La Faiblesse du vrai ».
international
Ukraine : Trump annule sa rencontre avec Poutine au G20, le Kremlin dit ne pas être au courant
Donald Trump à Washington, le 29 novembre. Evan Vucci / AP Le président des Etats-Unis, Donald Trump, avait estimé jeudi 29 novembre que le G20 qui se tient à Buenos Aires à partir de vendredi serait « un moment très opportun » pour parler avec le président russe, Vladimir Poutine, dans un contexte marqué par des fortes tensions entre la Russie et l’Ukraine. M. Trump a, finalement, annulé sa rencontre avec son homologue, mettant à exécution une menace formulée, mardi, dans un entretien au Washington Post, après que la marine russe a saisi des vaisseaux militaires ukrainiens en mer Noire dimanche. M. Poutine a qualifié ces incidents de « provocation ukrainienne ». Une heure auparavant, au décollage de son avion, le président américain avait déclaré qu’il allait « probablement rencontrer le président Poutine. Nous n’avons pas annulé cette rencontre. J’y songeais mais nous ne l’avons pas fait ». Peu de temps après, il avait changé d’avis. « En partant du fait que les navires et les marins n’ont pas été retournés par la Russie à l’Ukraine, j’ai décidé qu’il serait mieux pour toutes les parties concernées d’annuler ma rencontre préalablement prévue en Argentine avec le président Vladimir Poutine », a-t-il écrit sur Twitter. Le Kremlin a réagi avec froideur. Un porte-parole a noté que Moscou n’avait pas été informé officiellement et ajouté que Vladimir Poutine « aurait quelques heures de plus à consacrer à des réunions utiles en marge du sommet » si ce tête-à-tête tombait à l’eau. M. Trump a également annulé ses rencontres avec le président turc Recep Tayyip Erdogan et avec le président sud-coréen Moon Jae-in. D’après la Maison Blanche, il aura à la place des rencontres « informelles » avec les dirigeants du G20.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/ukraine-trump-annule-sa-rencontre-avec-poutine-au-g20_5390465_3210.html
29/11/2018
Plus tôt dans la journée, le président des Etats-Unis avait affirmé qu’il rencontrerait bien son homologue russe malgré les tensions entre Kiev et Moscou.
pixels
Un remake délirant de « Shrek » réalisé par 200 artistes
Vous connaissez sûrement Shrek. Le célèbre ogre vert a débarqué sur les écrans en 2001. Mais vous ne connaissez probablement pas Shrek Retold : un remake, imaginé par le collectif 3GI Industries en collaboration avec 200 artistes. Même histoire que le film original, mais mis en scène dans un patchwork de styles qui se succèdent. De l’animation 2D ou 3D se mêle aux prises de vues réelles ou aux images fixes pour un résultat délirant. L’idée a été lancée par Grant Duffrin, le créateur du Shrek Fest, une manifestation réunissant les fans du personnage. Ce film est une façon de faire connaître au grand public les artistes indépendants, souvent oubliés face aux géants du divertissement. Shrek Retold doit être mis en ligne, jeudi 29 novembre. Du côté du cinéma plus traditionnel, Chris Meledandri, le réalisateur de Moi, moche et méchant, a annoncé la sortie prochaine d’un cinquième volet officiel de la saga Shrek.
https://www.lemonde.fr/pixels/video/2018/11/29/un-remake-delirant-de-shrek-realise-par-200-artistes_5390460_4408996.html
29/11/2018
En 2001 sortait le film d’animation « Shrek ». 200 artistes lui rendent hommage dans un remake délirant : « Shrek Retold ».
politique
L’accord égalité hommes-femmes dans la fonction publique sera signé, mais pas appliqué
Tout le monde a gagné, sauf les femmes. Le protocole d’accord sur l’égalité hommes-femmes dans la fonction publique sera bien signé, vendredi 30 novembre, mais il ne sera pas appliqué. C’est le drôle d’épilogue auquel aboutit la guerre des nerfs engagée, il y a quelques jours, entre Olivier Dussopt et trois syndicats de fonctionnaires – la CGT, FO et Solidaires –, qui refusent de signer le projet de texte dans le temps imparti par le gouvernement. Le secrétaire d’Etat de Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, a toujours prévenu qu’il n’appliquerait pas un accord minoritaire, considérant que ce n’était pas un bon signal à envoyer en matière de négociation sociale. Or, CGT, FO et Solidaires représentent 51 % des fonctionnaires. L’accord ficelé le 24 octobre sera donc signé avec les six organisations sur les neuf qui sont prêtes à le faire. Mais il ne sera pas appliqué tant qu’il ne sera pas majoritaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Guerre des nerfs entre les syndicats et le gouvernement sur l’accord « égalité » dans la fonction publique Situation incongrue Cette situation fera une première victime collatérale. Un amendement au projet de loi de finances pour 2019, qui entame sa dernière ligne droite au Parlement, ne pourra y figurer : il prévoyait de dégager des fonds pour créer 3 000 places de crèche en trois ans. Une dizaine de mesures que le gouvernement envisageait d’introduire dans le projet de loi sur la fonction publique, début 2019, pourraient également faire les frais de cette épreuve de force. La situation est incongrue. Car, sur le fond, le projet d’accord convient peu ou prou à tout le monde, même si FO est nettement plus réservée sur le sujet. Le compromis établi après plusieurs semaines de négociations entre Olivier Dussopt et huit des neuf organisations représentatives de la fonction publique a pour objectif de « franchir un nouveau cap en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ». Plan d’action, nominations équilibrées, lutte contre les écarts de rémunération entre hommes et femmes… Selon de nombreux acteurs, le projet va dans le bon sens et s’appuie « sur des dispositifs obligatoires et contraignants, pouvant donner lieu à des sanctions financières en cas de non-respect des obligations fixées ». Mais le délai d’un mois accordé, à la demande de la CGT, aux syndicats pour consulter leur base s’est révélé insuffisant, selon les trois réfractaires. « Nos équipes n’ont pas eu suffisamment de temps pour mener le débat démocratique » sur le protocole, a justifié Gaëlle Martinez, déléguée générale de Solidaires, le 27 novembre. La signature, prévue le 26 novembre, a été repoussée d’une journée, puis de trois jours supplémentaires. En vain, sauf improbable surprise.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/29/l-accord-egalite-hommes-femmes-dans-la-fonction-publique-sera-signe-mais-pas-applique_5390456_823448.html
29/11/2018
Trois syndicats de fonctionnaires – la CGT, FO et Solidaires –, refusent de signer le texte dans le délai imparti par le gouvernement.
pixels
Visite dans l’un des très secrets centres de modération de Facebook
C’est un grand open space lumineux, dans lequel travaillent quatre-vingts personnes, installées à des bureaux flambant neufs. Le gris soutenu de la moquette est toujours intact, les murs encore trop blancs, impersonnels. A l’exception d’un grand sticker, dont la forme, connue du monde entier, apporte un indice sur ce qui se trame précisément dans cette pièce : un grand pouce bleu, celui de l’iconique « J’aime » de Facebook. Dans cette tour rutilante de Barcelone, ils sont huit cents, répartis dans six open spaces sur plusieurs étages, à travailler pour le réseau social. Ou plus précisément, pour CCC (Competence Call Center), un sous-traitant de Facebook, à qui l’entreprise délègue, comme à d’autres, la modération des contenus publiés par les internautes. Nettoyer la plateforme des publications interdites Leur mission ? Nettoyer la plateforme des publications interdites par les règles de Facebook. Pornographie, contenus haineux, propagande terroriste… Dans le logiciel qu’ils utilisent, les contenus signalés par les internautes – mais aussi par un système d’intelligence artificielle – leur sont envoyés. Pour chacun d’entre eux, ils doivent trancher : supprimer le post ou le laisser en ligne. En cas de doute, en référer à la hiérarchie. Leur bible : les « standards de la communauté » Facebook, les règles, très pointues, du réseau social, qui expliquent par exemple que l’on peut montrer des fesses à condition que le plan soit large, mais pas un téton, sauf s’il s’agit d’une œuvre d’art ou d’une campagne sur le cancer du sein. Une parole sous contrôle Ce logiciel, nous ne le verrons pas. Pas plus que nous ne verrons ces modérateurs travailler. A notre arrivée dans l’open space, un joyeux brouhaha emplit les lieux, celui des salariés papotant, toujours à leur poste, mais la main loin de leur souris. Sur leurs quatre-vingts écrans, la même image, immobile, celle de la page d’accueil colorée des standards de la communauté. Une mise en scène : en présence d’une journaliste, tout doit s’arrêter. Hors de question, pour Facebook, que nous puissions ne serait-ce qu’apercevoir un écran en fonction. « C’est pour respecter la vie privée des utilisateurs, puisqu’on voit le nom des personnes qui ont publié les contenus », précise-t-on chez Facebook, qui a organisé la visite. En présence de journalistes ou de photographes, les modérateurs cessent de travailler et affichent une image fixe sur leurs écrans. FACEBOOK Interdiction de prendre la moindre photo Lors de ce passage express – quelques minutes seulement dans l’open space –, pas moins de quatre personnes nous accompagnent. Interdiction de prendre la moindre photo. A la place, Facebook nous fournit ses propres images. Nous restons près des murs, à quelques mètres des modérateurs, à qui nous n’adressons pas la parole. Ce sera pour plus tard : on nous accordera un petit quart d’heure pour rencontrer cinq salariés triés sur le volet, sous contrôle de leur patron et d’une représentante de Facebook.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/11/29/visite-dans-l-un-des-tres-secrets-centres-de-moderation-de-facebook_5390450_4408996.html
29/11/2018
A Barcelone, dans les bureaux du Competence Call Center, 800 personnes décident chaque jour du sort de contenus problématiques publiés sur le réseau social.
planete
Au moins 150 tonnes d’aliments pour bétail contaminées en France par un OGM interdit
Un élevage bovin en Loire-Atlantique, en février 2016. STEPHANE MAHE / REUTERS Au moins 150 tonnes d’aliments pour animaux contaminés par un organisme génétiquement modifié (OGM) interdit ont été distribuées en France, selon les informations du Monde. Une semaine après notre enquête relative à la présence d’une bactérie OGM dans de grandes quantités d’aliments pour bétail en Europe, jugée à risque, y compris pour la santé humaine, en raison de son caractère antibiorésistant, la traque bat son plein pour retrouver les lots contaminés et les retirer du marché. L’alerte a été donnée le 2 octobre par les autorités belges après la détection de cette bactérie OGM dans de la vitamine B2, un additif très utilisé en alimentation animale, produite en Chine et distribuée en Europe par le biais d’une société néerlandaise. Selon nos informations, vingt pays sont aujourd’hui touchés : la Belgique, les Pays-Bas, mais aussi l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Pologne, la Suisse, l’Autriche, la Slovaquie, la Slovénie, la Croatie, la Norvège ou encore la Bulgarie. La France est également concernée. « D’après les informations transmises par les autorités belges et, au 26 novembre, environ 150 tonnes de prémélanges ou d’aliments complets prêts à consommation auraient été distribués à trois fabricants d’aliments et douze éleveurs », indique au Monde la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Des enquêtes sont en cours au sein de la DGCCRF (ministère de l’économie) et de la direction générale de l’alimentation (ministère de l’agriculture), afin d’identifier les exploitations et les entreprises ayant été effectivement approvisionnées avec ces aliments et s’assurer du retrait de ces lots. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un OGM interdit détecté dans des tonnes d’aliments pour animaux d’élevage en Europe Encore faut-il que les aliments préparés à partir de l’additif incriminé n’aient pas déjà été consommés par les animaux. Entre le premier signalement des autorités belges, par le biais du système d’alerte rapide sur les denrées alimentaires et la nourriture pour animaux et les premiers éléments de traçabilité fournis par les services néerlandais le 14 novembre, il s’est écoulé près d’un mois et demi. A l’instar de l’Allemagne, certains pays ont eu le temps de saisir les lots, de tracer les produits jusqu’aux fermes et de les détruire. Mais, dans de nombreux cas, les aliments ont déjà été consommés par le bétail avant de pouvoir être retirés du marché. Ainsi, les autorités finlandaises ont calculé que 2 600 tonnes d’aliments produits à partir de préparations contaminées importées en juin avaient déjà été ingurgités par tout type de bestiaux. Après des recherches complémentaires, leurs homologues belges estiment que près de 4 350 tonnes d’aliments composés (l’équivalent de 435 000 à 870 000 tonnes d’aliments finaux) ont déjà été consommés sur leur territoire.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/11/29/ogm-interdit-au-moins-150-tonnes-d-aliments-pour-betail-contaminees-en-france_5390443_3244.html
29/11/2018
Selon les informations du « Monde », la répression des fraudes tente de retrouver des lots contaminés par une bactérie résistante aux antibiotiques.
police-justice
Trafic d’objets historiques : le voleur des pistolets de Surcouf retrouvé
Les pistolets du corsaire Robert Surcouf, le 29 novembre au tribunal de Coutances. CHARLY TRIBALLEAU / AFP Une statue en bois de la vierge Marie, volée dans une chapelle près de Granville, 124 documents appartenant aux archives de la Manche, 44 à la médiathèque de Granville, plusieurs centaines de cartes postales volées à un collectionneur granvillais, en tout entre 400 et 500 documents historiques de grande valeur ainsi que deux pistolets datant de 1825 et ayant appartenu à l’illustre capitaine corsaire malouin Robert Charles Surcouf et gravés à son nom : voila le butin accumulé en quelques années par un employé de grande surface de 36 ans, résidant en Normandie. Le parquet a annoncé jeudi 29 novembre que le voleur présumé sera jugé le 12 décembre à Coutances, dans la Manche. Le voleur malheureux, décrit comme un « amateur effréné » mais sans le sou d’objets d’arts, a été confondu par un libraire parisien à qui il avait tenté de vendre le 16 novembre un livre rare datant de 1848 : Histoire et description du Mont-Saint-Michel d’Edouard Lehéricher, volé en août 2017 et évalué à 5 000 euros, selon la police. Cyril Lacombe, le procureur de la République de Coutances, a expliqué lors d’une conférence de presse que le libraire avait été alerté par les tampons de la médiathèque de Granville dont était frappé l’ouvrage. Le voleur présumé a été interpellé le soir même à Yquelon, dans la périphérie de Granville. Failles de sécurité L’homme a ensuite avoué le reste de ses vols, dont celui des pistolets, évalués à 10 000 euros. Les armes du corsaire ont été retrouvées le lendemain chez un particulier qui ignorait qu’elles avaient été volées au musée de Saint-Malo en septembre 2017. La directrice générale adjointe des services de la ville de Saint-Malo, Marilyn Bourquin, alors citée par le quotidien Ouest-France, avait regretté « un préjudice inestimable ». Poursuivi pour vols de biens culturels et abus de confiance, le voleur présumé risque un maximum de sept ans de prison et 100 000 euros d’amende. Il comparaîtra libre, pour avoir, ironie de l’histoire, volé les armes qui avaient permis à Surcouf, voleur d’Etat, d’accumuler il y a deux siècles son propre butin. Le suspect a dit ne pas avoir d’intérêt particulier pour Robert Surcouf et n’avoir volé les pistolets que pour montrer les failles de sécurité dans les musées de province. « Manifestement il y a eu des failles de sécurité. A mon avis, cela vaut pour de nombreuses œuvres d’art en France, a souligné le procureur, on peut détourner des biens de manière assez facile. »
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/11/29/trafic-d-objets-historiques-le-voleur-des-pistolets-de-surcouf-retrouve_5390429_1653578.html
29/11/2018
L’homme de 36 ans comparaîtra libre le 12 décembre pour le vol des armes du corsaire ainsi que de 400 à 500 documents rares.
afrique
CPI : la demande d’acquittement de Laurent Gbagbo est déjà une défaite
Un partisan de la coalition d’opposition Ensemble pour la démocratie et la souveraineté, comprenant le FPI de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, à Abidjan, le 28 juillet 2018. SIA KAMBOU / AFP C’est sur un ultime désaccord que les trois juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont commencé, le 22 novembre, le délibéré qui déterminera la suite de la procédure contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Après des jours d’audience, l’ancien chef des Jeunes patriotes avait souhaité conclure lui-même les plaidoiries de ses avocats. Mais deux des trois juges l’ont débouté, contre l’avis du président de la chambre, l’Italien Cuno Tarfusser. Ces divisions récurrentes entre les magistrats promettent de longues délibérations dans le nouvel épisode de ce procès ouvert en janvier 2016. Elles laissent planer bien des incertitudes sur son issue, même si les partisans des accusés crient déjà victoire. L’ancien président de la Côte d’Ivoire et son éphémère ministre de la jeunesse sont poursuivis pour des « crimes contre l’humanité » qui auraient été commis à la suite de l’élection présidentielle de 2010. Le combat fratricide entre les camps des deux candidats qualifiés pour le second tour avait fait, selon l’ONU, plus de 3 000 morts. Au terme de la crise, en avril 2011, Alassane Ouattara prenait la tête du pays. Quelques mois plus tard, Laurent Gbagbo était envoyé à La Haye. En écartant l’un des protagonistes d’une décennie de crise politique, la procédure de la CPI aurait de facto pu aider à pacifier un pays coupé en deux après la tentative de coup d’Etat de 2002. Mais, si la ligne de front qui la scindait a disparu avec la victoire de l’ex-rébellion en 2011, la Côte d’Ivoire reste profondément divisée. Et le procès de La Haye est devenu le miroir de ces divisions. Démonstration fragile Après l’audition des 82 témoins de l’accusation, les deux accusés auraient dû appeler leurs témoins à décharge. Mais leurs avocats ont demandé l’acquittement ou, à défaut, le non-lieu. Pour eux, le dossier du procureur serait à ce point vide qu’il n’y aurait rien à contrer. Entre le 1er octobre et le 22 novembre, défenseurs et procureurs ont donc confronté leurs thèses. Menant l’accusation dans ce dossier, Eric Macdonald assure que Laurent Gbagbo aurait, avec son cercle proche, dont Charles Blé Goudé, élaboré un « plan commun » pour conserver le pouvoir, en ciblant les civils, partisans supposés d’Alassane Ouattara. Mais, début octobre, le Canadien expliquait qu’un tel plan criminel est « très rarement prouvé par des ordres écrits directs » et demandait donc aux juges de déduire de certains faits la responsabilité des deux hommes. « Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une politique basée sur des actions de l’Etat », disait-il avant de citer en exemple le fait d’interdire une marche sur la Radio-Télévision ivoirienne (RTI) en décembre 2010.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/29/cpi-la-demande-d-acquittement-de-laurent-gbagbo-est-deja-une-defaite_5390426_3212.html
29/11/2018
Les magistrats de La Haye délibèrent sur la poursuite du procès de l’ex-président ivoirien et de son ministre Charles Blé Goudé, jugés pour « crimes contre l’humanité ».
idees
Sur les campus américains, la dénonciation des « microagressions » racistes fait débat
ssion ? Un mot nouveau a fait son apparition aux Etats-Unis : « microagression ». Il est particulièrement populaire sur les campus, alimentant encore le débat sur la considération à accorder à chacun, la politique de l’identité et la liberté d’expression. Il qualifie les blessures subtiles qui affectent les individus exposés à une forme de dévalorisation par l’intermédiaire du langage. Des phénomènes indissociables de la vie en société mais qui ­atteignent particulièrement les minorités en les renvoyant à leur altérité. Insultes ou attitudes Le terme a été forgé dans les années 1970 par le professeur de psychiatrie Chester Pierce, de la faculté de médecine d’Harvard, pour qualifier le dénigrement racial qui, à long terme, menace la santé des individus. Il a été développé à partir de 2007 par le psychologue Derald Wing Sue, de l’université Columbia, à New York. Dans un livre publié en 2010, Microaggressions in Everyday Life. Race, Gender, and Sexual Orientation (John Wiley & Sons), le chercheur définit ainsi les microagressions : des insultes ou attitudes « intentionnelles ou non » qui « communiquent des messages hostiles ou méprisants ­ciblant des personnes sur la seule base de leur appartenance à un groupe marginalisé ». Le phénomène n’était pas nouveau, mais le fait de lui donner un nom a « fait résonner une corde », explique Yolanda Flores Niemann, ­directrice du département de psychologie de l’université du Texas du Nord. « Cela nous a donné un langage commun pour qualifier ces expériences dont nous nous sommes rendu compte que nous les avions en commun. » ­Depuis, les « microagressions » sont partout : colloques, tribunes de presse et bien sûr ­amphis, plébiscitées par les étudiants issus de minorités et tous ceux qui contestent la domination des « mâles blancs » dans l’enseignement supérieur. Comment détecter une microagression ? La professeure Flores Niemann, qui étudie ­depuis trente-cinq ans les liens entre « race et psychologie » aux Etats-Unis, a interrogé ses étudiants en 2017. De leurs témoignages, elle a fait un clip vidéo posté sur YouTube. Il ­fournit des exemples des trois catégories de microagressions définies par Derald Wing Sue : microassauts, micro-insultes et micro-invalidations. Les microassauts sont intentionnels ; ils peuvent être qualifiés d’actes de discrimination : swastikas ou drapeaux confédérés (l’emblème des Etats esclavagistes pendant la guerre de Sécession, entre 1861 et 1865) dessinés dans les dortoirs, inscriptions islamophobes sur les tableaux de salles de classe (« Ban islam », « bannissez l’islam », est un classique).
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/29/universites-americaines-zones-de-langage-surveille_5390404_3232.html
29/11/2018
Inventé pour décrire les marques conscientes ou inconscientes de dénigrement racial, le terme « microagression » a essaimé aux Etats-Unis. Au détriment de la liberté d’expression ?
idees
Bradley Campbell : « On ne perd pas sa dignité du seul fait d’être insulté »
Boris Séméniako Sociologue conservateur, spécialiste des ­génocides, Bradley Campbell a publié cette année avec le professeur Jason Manning, de l’université de Virginie-Occidentale, un livre où il développe le concept de « culture de la victimisation » (The Rise of Victimhood Culture. Microaggressions, Safe Spaces, and the New Culture Wars, 278 p., Palgrave Macmillan). Vous êtes critique à propos du phénomène de microagressions sur les campus. Vous parlez d’une « culture de la victimisation » ? Revenons aux fondements. La sociologie de la violence distingue la culture de l’honneur et la culture de la dignité. Dans les sociétés traditionnelles, c’est la culture de l’honneur qui prévaut : il existe une sensibilité élevée au fait d’être insulté, méprisé. On se bat en duel. On veut faire justice soi-même. Le statut moral repose sur l’honneur, la bravoure. On perd son honneur si on ne répond pas. L’honneur a fait place à la dignité. Ça a été un grand changement dans les sociétés occidentales car la dignité n’est pas quelque chose qu’on perd. La valeur vient du seul fait d’être humain, on ne peut pas la perdre du seul fait d’être insulté. Si quelqu’un utilise la violence contre vous, vous en référez à la justice ou à la police. Il n’y a pas de déshonneur à en appeler à l’autorité ni à ignorer les affronts mineurs. Cela ne peut pas vous diminuer. L’idée est que les mots peuvent vous atteindre émotionnellement mais ils ne vous atteignent pas physiquement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sur les campus américains, la dénonciation des « microagressions » racistes fait débat Sur les campus, nous avons noté quelque chose de différent, qui n’est du ressort ni de l’honneur ni de la dignité. Il existe une sensibilité particulière aux affronts, comme dans la culture de l’honneur. Mais on fait appel à une partie tierce : les étudiants demandent aux responsables de l’université d’interdire les intervenants qui, de leur point de vue, leur font du tort. Le statut moral, dans ce cas, est celui de la victime. Les gens sont vus comme des opprimés ou des oppresseurs. Le privilège devient un stigmate, comme la lâcheté dans la culture de l’honneur. On le voit dans l’expression check your privilege, qui est désormais renvoyée systématiquement aux gens d’opinions différentes : examinez vos privilèges. En quoi se plaindre des biais dont on se sent victime pose-t-il un problème ? Est-ce que ça n’encourage pas à la compréhension mutuelle ? Si vous êtes de gauche, peut-être trouvez-vous cela positif. Mais si on veut réduire les conflits entre les gens, ça n’est pas la bonne approche. En insistant sur les microagressions, vous encouragez les gens à s’offusquer de choses mineures, à magnifier leurs expériences, à interpréter les intentions des autres de la manière la plus négative.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/29/bradley-campbell-on-ne-perd-pas-sa-dignite-du-seul-fait-d-etre-insulte_5390403_3232.html
29/11/2018
Selon le sociologue, le brouillage des lignes entre la parole et la violence ne permet pas aux universités américaines d’assurer complètement leur mission.
m-le-mag
#instacool ou le règne des influenceurs
Aline Zalko pour M Le magazine du Monde Instagram est un grand baromètre de la tendance virtuelle. Plus de 96 millions d’occurrences du #instacool donnent une idée assez claire de ce que les utilisateurs du réseau jugent « cool ». Tant pis si le résultat est très conventionnel. Pour être #instacool, il faut poster des photos de fesses, de hanches, d’abdos ou de seins (dans ce dernier cas, jamais en entier sinon la parution est supprimée et on reçoit un message digne d’un avertissement dans le cahier de correspondance en CM1). Tout le monde a un corps, donc tout le monde est #instacool ? Pas si vite. Pour être #instacool, il faut être sans boutons, sans poils, sans gras. Et puis il faut avoir les rondeurs sy-mé-tri-ques. Pour les asymétriques poilus et autres imparfaits, Photoshop et tous ses outils de retouche pourront rectifier virtuellement le manque de concentration de la nature. Seul problème : si ces gens sont portés disparus et que l’on utilise leurs photos Instagram pour les avis de recherche, on risque de ne jamais les retrouver. Les cambrioleurs sont fans de ces posts La nourriture aussi, c’est #instacool. Pizzas, tartes aux fruits et à la crème, tartines multicouches, triples cheeseburgers, macarons : plus, c’est coloré, plus les volumes sont savants et élégants, mieux c’est. Sur Instagram, l’art culinaire se doit d’être photogénique. Et visiblement calorique aussi, ce qui pourrait être antinomique avec les selfies anatomiques mentionnés ci-dessus. Cela dit, on n’a aucune preuve que la personne qui prend la photo mange vraiment le plat #instacool… Et d’ailleurs se photographier la bouche pleine, c’est impoli et pas du tout photogénique. En revanche, les adeptes du #instacool consomment beaucoup de produits de luxe : bijoux, montres, voitures, mode, etc. Tout ce qui brille, tout ce qui est griffé est documenté soigneusement. Les cambrioleurs sont fans de ces posts – surtout si la géolocalisation est activée sur le compte des gens qu’ils suivent, cela permet de situer des cibles faciles. C’est beaucoup plus simple que Pokémon Go et pas forcément moins amusant. Cela dit, attention aux selfies avec les voitures : il n’est pas illégal (même si c’est un peu pathétique) de poser à côté d’une Lamborghini à plusieurs millions d’euros juste garée dans la rue. Il faudra ensuite expliquer à la fille ainsi appâtée qu’on a soudainement troqué le bolide contre un titre de transport en commun. Enfin, les #instacool n’oublient jamais de poser devant un beau paysage, de préférence aqueux (plage, rivière, etc.). Et, pour cela, ils n’hésitent pas à prendre des risques : glisser du parapet du pont, déraper du bord de la falaise où l’on s’est mis pour avoir un maximum de mer bleue en arrière-plan, ou – moins tragique mais pénible – noyer leurs souliers en bord de plage à cause d’une vague un peu trop énergique. Bref, être #instacool, c’est trop de boulot. D’ailleurs, certains en ont fait un « métier », ça s’appelle « influenceur ».
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/11/29/instacool-ou-le-regne-des-influenceurs_5390396_4500055.html
29/11/2018
Les accros des réseaux sociaux ne cessent de mettre en scène leur vie à coups de hashtags et de selfies, lançant la tendance (ou pas). Cette semaine, ce qui fait tendance.
societe
Sécurité, éducation, emploi : les propositions de 25 personnalités issues des quartiers populaires
Certains sont connus, d’autres pas. Certains maîtrisent la chose politique, d’autres non. Il y a une étudiante venue du Nord et un proviseur de lycée qui officie à Nantes, un humoriste et un commissaire divisionnaire, deux chefs d’orchestre et une sociologue, des associatifs et des patrons d’entreprise… Six mois après leur installation par Emmanuel Macron, les membres du Conseil présidentiel des villes (CPV) prennent leurs marques. Et viennent de soumettre leurs premières propositions. Lors d’une réunion marathon à l’Elysée, mercredi 28 novembre, cette nouvelle instance voulue par le président et composée de 25 personnalités issues des quartiers populaires ou y travaillant a restitué une partie des travaux de ses six groupes de travail thématiques : emploi, insécurité, plafond de verre dans la haute fonction publique, Jeux olympiques 2024, image des quartiers dans les médias et service national universel. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les diplômés de banlieue face au « mur » de l’emploi Parmi les pistes de réflexion présentées : le vote obligatoire, l’interdiction pour les policiers de procéder à des contrôles d’identité lors des sorties scolaires, l’obligation de faire appel à des entreprises locales qui embauchent localement pour la préparation et la tenue des JO, la mise en place d’objectifs de recrutement dans les quartiers – et pas de quotas – pour les grandes entreprises ou encore la création d’une mesure d’éloignement pour les élèves récidivistes après trois renvois (qui seraient envoyés en internat pour un temps donné). « Au-delà des idées, on propose aussi des prototypes », souligne Saïd Hammouche, président-fondateur du cabinet de recrutement spécialisé dans la promotion de la diversité Mozaïk RH, citant la plate-forme qu’il a créée, Diversifiez vos talents, dont le concept « pourrait par exemple être repris par la puissance publique ». « Pas une solution, un outil » Le tout devant le ministre chargé de la ville et du logement, Julien Denormandie, le matin ; une dizaine de députés La République en marche (LRM), membres du groupe Villes et banlieues, l’après-midi ; puis du secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, Gabriel Attal. Et de conseillers du président, présents tout au long de la journée. Le chef de l’Etat est tenu informé des discussions qui ont lieu lors de chacune des réunions du CPV – toutes les six semaines en moyenne. L’Elysée l’assure, preuve à l’appui, en montrant le compte rendu de la dernière réunion (qui s’était tenue début octobre) remis à Emmanuel Macron et annoté « de sa main » quarante-huit heures plus tard. « Ces notes sont également transmises à tous ses conseillers concernés – culture, emploi, justice, social, éducation… – que nous convions par ailleurs régulièrement aux réunions, et qui eux-mêmes dispatchent ensuite auprès des ministères », précise-t-on à l’Elysée, qui pilote l’instance.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/29/securite-education-emploi-les-propositions-de-25-personnalites-issues-des-quartiers-populaires_5390393_3224.html
29/11/2018
Le Conseil présidentiel des villes, mis en place par Macron, a proposé, mercredi, d’interdire les contrôles d’identité lors des sorties scolaires et de rendre le vote obligatoire.
international
Afghanistan : violente attaque contre une société de sécurité à Kaboul revendiquée par les talibans
Un énorme cratère témoignait, jeudi 29 novembre, de la violence de l’explosion qui a précédé l’attaque revendiquée par les talibans contre la société de sécurité britannique G4S, la veille au soir à Kaboul, qui a fait au moins dix morts, dont un Britannique, et 29 blessés. Un kamikaze s’est d’abord fait exploser dans un véhicule « devant l’entrée » avant que « quatre autres » ne pénètrent dans le campement sécurisé où résident les employés de G4S, a expliqué le porte-parole du ministère de l’intérieur. Au moins dix personnes ont été tuées et 29 blessées dans l’attentat, a-t-il déclaré, ce qu’a confirmé le porte-parole de la police. G4S a fait état jeudi de cinq morts parmi ses employés, quatre Afghans et un Britannique. « Nous sommes engagés à jouer notre rôle de sécurité auprès des Afghans et nous sommes convaincus que de tels incidents n’empêcheront pas le travail essentiel que la communauté internationale accomplit de se poursuivre », a commenté son directeur général, Charlie Burbridge. Violence du souffle Les explosifs étaient cachés à l’intérieur d’un petit camion, dont les restes du châssis gisent au milieu des débris, a constaté un photographe de l’Agence France-Presse. Tout autour, les structures des bâtiments environnants de cette zone industrielle de l’est de Kaboul ont été tordues par la violence du souffle. G4S emploie 611 000 personnes dans une centaine de pays, dont 1 200 contractants en Afghanistan. Elle est cotée au London Stock Exchange, selon son site Internet. Elle avait déjà été la cible d’une attaque le 18 mars, lorsqu’un kamikaze avait actionné sa ceinture explosive avant de pouvoir atteindre l’entrée du complexe. Deux civils avaient été tués. L’attaque de mercredi, « en réponse », selon les talibans, à « des atrocités (commises) par l’ennemi » dans plusieurs provinces, est survenue le jour même où le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, leur a enjoint d’entamer des « pourparlers de paix directs » avec le gouvernement afghan.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/afghanistan-violente-attaque-contre-une-societe-de-securite-a-kaboul-revendiquee-par-les-talibans_5390381_3210.html
29/11/2018
La société de sécurité britannique G4S a été la cible d’une attaque mercredi soir dans la capitale afghane lors de laquelle au moins dix personnes sont mortes, dont un Britannique.
international
Frappée par une tuerie et des incendies, la ville californienne de Thousand Oaks tente de revivre
Une maison détruite par le Woolsey Fire à Thousand Oaks, Californie, le 12 novembre. ERIC THAYER / REUTERS A mesure que l’on s’approche de Thousand Oaks, l’air se charge de relents de brûlé, derniers stigmates de la succession de drames qui se sont abattus sur cette localité californienne au début du mois de novembre. « On a à peine eu le temps de digérer la première tragédie qu’on s’est retrouvé au milieu de la seconde », explique dans un soupir Erika Beck, la présidente de l’Université d’Etat de Californie à Channel Islands (CSUCI). Dans les dernières heures de mercredi 7 novembre, un homme ouvrait le feu au Borderline Grill & Bar, un établissement de cette petite ville paisible de la banlieue nord-ouest de Los Angeles, faisant douze morts. Quelques heures plus tard, dans la nuit de jeudi 8 à vendredi 9, un ordre d’évacuation était donné à la population en raison des feux qui ravageaient les alentours. « Je n’ai pas beaucoup dormi durant cette période », glisse dans un sourire fragile Linda Parks, la superviseuse du comté de Ventura, où se trouve la localité. Après avoir passé la nuit aux côtés des proches des victimes de la tuerie du Borderline Grill & Bar, l’élue de 61 ans, qui réside elle-même à Thousand Oaks, s’est trouvée contrainte de faire ses valises sous la menace des flammes. Deux nuits sombres qui restent intimement liées dans sa mémoire : « Notre appréhension de cette catastrophe change nécessairement après avoir partagé durant des heures la détresse des familles qui ont perdu l’un des leurs. » « Le plus frustrant, c’est qu’on était prêt » Depuis ces drames, Mme Parks s’occupe d’un projet de pépinière pour venir en aide aux personnes souffrant de pathologies mentales. Si elle nourrissait cette idée depuis quelques mois déjà, celle-ci s’est imposée comme une évidence « après la tragédie du Borderline ». Selon certains experts, le tireur, Ian David Long, ancien marine de 28 ans qui avait servi en Afghanistan, souffrait d’un syndrome de stress post-traumatique. Et puis, il y a eu les feux : « Entre les équipes de secours qui ont été sur le pont sans discontinuer, et les habitants marqués par les évacuations et les destructions, de nombreuses personnes ont besoin d’un espace pour relâcher la pression. » L’élue, qui s’est installée dans la région en 1988, a déjà connu des incendies destructeurs. Entre décembre 2017 et la mi-janvier, le Thomas Fire avait ravagé 14 078 hectares dans les comtés de Ventura et Santa Barbara et détruit 1 063 bâtiments. Aussi, quand le feu est revenu au début de novembre, les habitants pensaient-ils être prêts : « Le plus frustrant, c’est qu’on savait quelle stratégie adopter quand le premier départ de feu, le Hill Fire, s’est déclenché : il fallait l’empêcher d’atteindre l’autoroute. »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/frappee-par-une-tuerie-et-des-incendies-la-ville-californienne-de-thousand-oaks-tente-de-revivre_5390351_3210.html
29/11/2018
Début novembre, cette banlieue paisible de Los Angeles a été le théâtre d’une fusillade. Le lendemain, ses habitants recevaient l’ordre d’évacuer en raison des feux.
afrique
L’Assemblée nationale améliore la prise en charge santé des chibanis
Des chibanis à la cour d’appel de Paris le 31 janvier 2018, après avoir gagné leur procès contre la SNCF pour discrimination. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP L’Assemblée nationale a voté mercredi 28 novembre une extension de la prise en charge des frais de santé des chibanis, ces immigrés du Maghreb qui ont travaillé en France pendant des dizaines d’années avant, pour certains, de retourner dans leur pays. Cet amendement gouvernemental s’inscrit dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale qui a été adopté en seconde lecture dans la soirée par l’Assemblée nationale par 39 voix contre 24. Le texte, porté par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, va maintenant retourner au Sénat en nouvelle lecture jeudi, avant sa lecture définitive programmée à l’Assemblée lundi 3 décembre. Le rapporteur du texte, Olivier Véran (La République en marche, LRM), a salué dans l’Hémicycle le vote de l’amendement chibanis comme « une avancée extrêmement importante ». « Les cheveux blancs » « Ceux qu’on appelle “les cheveux blancs” sont venus en France dans les années 1960-1970. Ils ont effectué des métiers pour lesquelles la France avait besoin d’eux et, après toute une vie de labeur, ont exprimé le souhait de pouvoir rentrer chez eux », a-t-il rappelé. Mais « ils étaient jusqu’ici traités distinctement de tous les autres, ce qui n’était pas normal », a souligné l’élu, citant l’obligation qui leur était faite de résider sur le territoire français pour bénéficier de la couverture santé. Lire aussi Les chibanis discriminés l’emportent définitivement face à la SNCF L’amendement adopté vise « à étendre la prise en charge des frais de santé des pensionnés résidant à l’étranger et ayant travaillé plus de quinze ans en France lorsqu’ils sont soignés lors de leur séjour temporaire en France ». « Dans ce cas, la France prendra en charge unilatéralement les soins de ces personnes », a expliqué la secrétaire d’Etat auprès de la ministre des solidarités et de la santé, Christelle Dubos. « Cet amendement permet également de rétablir la prise en charge des enfants mineurs de ces pensionnés », a-t-elle précisé. Quelque 750 000 personnes titulaires d’une pension vieillesse française et pouvant justifier de quinze ans de cotisations résident aujourd’hui en dehors de la France. Parmi eux, 420 000, installés dans l’Union européenne, sont déjà couverts. La mesure votée concerne les 330 000 pensionnés restants, dont 240 000 résident au Maghreb, principalement en Algérie, au Maroc et en Tunisie, a précisé Mme Dubos.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/29/l-assemblee-nationale-ameliore-la-prise-en-charge-sante-des-chibanis_5390345_3212.html
29/11/2018
La mesure votée concerne 330 000 pensionnés, dont 240 000 résident au Maghreb, principalement en Algérie, au Maroc et en Tunisie.
economie
« Bruxelles veut-il vraiment voir naître des géants industriels européens ? »
La commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, à Paris, en octobre 2017. Charles Platiau / REUTERS Chronique « Pertes & Profits ». Le mariage Alstom-Siemens dans la construction ferroviaire ne sera peut-être jamais célébré, malgré le soutien d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel. Personne, en tout cas, n’écarte la possibilité d’une rupture de ce rapprochement annoncé en septembre 2017 et présenté alors comme la naissance d’un de ces nouveaux géants européens capables de rivaliser avec leurs concurrents américains et chinois. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La fusion Alstom-Siemens avance à un train de commissaire » La trouble-fête ? Margrethe Vestager. La commissaire européenne à la concurrence craint la constitution d’un quasi-monopole en Europe et sa domination dans des segments comme la signalisation, où les systèmes Alstom et Siemens équipent déjà huit des neuf principaux corridors ferroviaires. Fin octobre, dans le cadre de l’enquête approfondie, Bruxelles a communiqué les griefs auxquels les deux entreprises doivent répondre avant le 15 décembre. Avant que la sentence bruxelloise ne tombe, le 28 janvier 2019. Mme Vestager demande aux deux groupes de céder de gros actifs avant de donner son accord à l’opération. Dans son collimateur : les systèmes de signalisation, mais aussi le TGV de cinquième génération Avelia Horizon, qu’Alstom a développé avec la SNCF, indique le Financial Times du 28 novembre. Mais alors, quel serait l’intérêt de la fusion ? Le tandem franco-allemand brandit la menace représentée par le géant chinois CRRC, qui pèse deux fois plus lourd que lui en termes de chiffre d’affaires (30 milliards d’euros). Sans convaincre Bruxelles. Une question de souveraineté technologique CRRC ne réalise encore que 9 % de ses ventes à l’étranger. La Commission juge qu’il ne sera pas un concurrent sur le Vieux continent à un horizon prévisible. A l’inverse, si Alstom et Siemens ne détiennent à eux deux que 16 % du marché mondial, leur écrasante domination en Europe réduirait la concurrence, ferait grimper les prix et freinerait l’innovation, plaide-t-elle. D’autant que ces deux entreprises sont florissantes et peuvent se développer seules. Même le patron du géant de Munich, Joe Kaeser, reconnaît qu’il n’y a pas péril en la demeure. La naissance de nouveaux poids lourds européens tarde. Dernier exemple en date : les batteries automobiles. Ces « piles », qui pèseront demain plus de 40 % de la valeur ajoutée d’un véhicule électrique, sont aujourd’hui chinoises. Emmenée par l’Allemagne, l’Union européenne (UE) veut fédérer des fabricants comme Saft, Siemens, Manz, Solvay ou Northvolt, qui avancent encore en ordre dispersé. Il en va de sa souveraineté technologique sur un marché stratégique.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/29/bruxelles-veut-il-vraiment-voir-naitre-des-geants-industriels-europeens_5390342_3234.html
29/11/2018
Avec le mariage Alstom-Siemens, la Commission de Bruxelles dit craindre un quasi-monopole sur la signalisation ferroviaire. Position qui retarde la naissance d’un acteur européen de taille mondiale, estime Jean-Michel Bezat, chroniqueur au « Monde ».
economie
Sommet du G20 : comment Donald Trump rend délicate la rédaction d’un communiqué final commun
De gauche à droite, le président du Conseil européen, Donald Tusk, la première ministre britannique, Theresa May, le président des Etats-Unis, Donald Trump, et la chancelière allemande, Angela Merkel, au sommet du G7 de La Malbaie (Québec), en juin. IAN LANGSDON/POOL / AFP A l’ère de Donald Trump, l’exercice le plus emblématique des grand-messes internationales relève quasiment de la mission impossible : la rédaction d’un communiqué final commun, sorte de profession de foi censée engager tous les pays participants, et dont chaque virgule est négociée pied à pied par des nuées de « sherpas ». Le sommet du G20, qui se tient à Buenos Aires (Argentine), vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre, témoigne de cette nouvelle donne. « Ça va être coton », prédit-on à l’Elysée. « Les discussions sont très compliquées avec une position américaine très dure, ajoute-t-on à Bercy à propos des travaux préparatoires. Le débouché est incertain. » Le doute devrait planer jusqu’à la dernière minute, compte tenu du cavalier seul des Etats-Unis sur le commerce et le climat, conjugué au caractère imprévisible du président américain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi G20 : la Chine inquiète avant la rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump « La déclaration finale se prononcera sûrement pour la libéralisation du commerce et contre l’isolationnisme (…). Mais il est difficile de prédire quelle sera la teneur du Tweet du matin suivant », ironise l’assureur-crédit Euler Hermès dans une note sur le commerce publiée jeudi. En juin, quelques heures après la fin du G7 de La Malbaie (Québec), M. Trump avait torpillé le compromis laborieusement négocié par un double Tweet signifiant qu’il retirait sa signature. Enjeu existentiel Quelques jours plus tôt, l’assemblée annuelle de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’était achevée sans communiqué final. Tout comme, en novembre, le sommet des pays de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), miné tout du long par la rivalité sino-américaine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au G20 de Buenos Aires, l’heure de vérité entre Pékin et Washington Certains diront qu’une absence de textes communs vaut peut-être mieux qu’un catalogue de bonnes intentions sans portée réelle. Mais l’enjeu est plus existentiel pour le G20, dont les dirigeants se sont réunis pour la première fois en 2008, afin de trouver des solutions face à la grande crise financière. Voilà aujourd’hui ce forum attaqué au cœur de sa mission : faire dialoguer entre elles les principales économies du globe (85 % du produit intérieur brut planétaire) et rechercher le compromis sur les grands défis économiques mondiaux. « Le G20 doit faire ses preuves, dix ans après sa création, résume-t-on à l’Elysée. Il lui faut pour cela préserver son unité, mais sans réduire son engagement. »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/29/sommet-du-g20-l-impossible-communique-final_5390336_3234.html
29/11/2018
Parvenir à une déclaration commune à l’issue de la rencontre de Buenos Aires, qui a lieu vendredi et samedi, relève quasiment de la mission impossible.
livres
Les carnets de Joan Didion exhumés du Sud tragique
Sud & Ouest (South and West), de Joan Didion, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Valérie Malfoy, Grasset, « En lettres d’ancre », 160 p., 15 €. L’écrivaine américaine Joan Didion, en 2009. WRITER PICTURES / LEEMAGE Le Sud ? Profond. Forcément. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? C’est peut-être pour interroger ce stéréotype que la Californienne Joan Didion s’est un jour mise en route. Qu’elle a loué une voiture et roulé pendant un mois à travers la Louisiane, le Mississippi et l’Alabama… On dit « peut-être » car ce soudain besoin de Sud, l’écrivaine elle-même n’en connaissait pas bien les causes. « Je ne saurais donner un nom à ce qui me poussa à passer du temps dans le Sud au cours de l’été 1970, écrit-elle. Il n’y avait pas d’obligation professionnelle (…) : il ne s’y “passait” rien, pas de meurtres célèbres, procès, affrontements, même pas une catastrophe naturelle médiatisée. J’avais seulement une impression vague et informe, une impression qui me frappait parfois, et que je ne pouvais expliquer de façon cohérente, selon laquelle, pendant quelques années, le Sud (…) avait été pour l’Amérique ce qu’on disait encore de la Californie (…) : l’avenir, la source secrète d’une énergie bonne et mauvaise, le centre psychique » des Etats-Unis. Le journalisme de terrain dans la peau En France, Joan Didion (née en 1934 à Sacramento) est surtout connue pour L’Année de la pensée magique (Grasset, 2007, National Book Award, prix Médicis essai), son grand texte autobiographique sur la mort de son mari. Ou pour son roman Mauvais joueurs, sur une femme à la dérive tentant de se reconstruire (publié en 1970 sous le titre Play It as It Lays et réédité ces jours-ci par Grasset dans une traduction de Jean Rosenthal, 222 p., 19 €). Mais ce pour quoi on l’admire tout particulièrement dans les pays anglo-saxons, ce sont ses essais et chroniques au long cours. Il faut dire que le journalisme de terrain, Didion l’a dans la peau depuis qu’elle est très jeune. « A 13 ans, elle avait déjà entrepris de faire un reportage “vécu” sur le suicide », racontait l’universitaire Pierre-Yves Petillon dans sa préface à L’Amérique (Grasset, 2009). Elle avait bravé l’océan Pacifique, « jusqu’à ce que les vagues mouillent son carnet de notes », puis elle avait bu la tasse et rebroussé ­chemin. Plus tard, Didion se fera une spécialité de la non-fiction ­journalistique. Sa technique, brillante, est toujours la même. Elle traque non pas l’événement spectaculaire mais le détail révélateur, les infimes fissures qui, de proche en proche, finiront par faire craquer tout un paysage social. C’est dans cette veine que s’inscrit Sud & Ouest. Mais dans un genre plus impressionniste. Pointilliste presque, car il s’agit de deux carnets écrits dans les années 1970 et restés inédits à ce jour – du « Didion vintage ». L’un porte sur cette virée dans le Sud donc, l’autre (une quinzaine de pages seulement) sur la Californie au temps du procès de Patricia Hearst, en 1976.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/11/29/les-carnets-de-joan-didion-exhumes-du-sud-tragique_5390330_3260.html
29/11/2018
A l’été 1970, l’écrivaine californienne parcourt Louisiane, Mississippi et Alabama. Ses notes, pointillistes, semblent d’aujourd’hui. Ils paraissent sous le titre « Sud & Ouest ».
idees
Affaire Khashoggi : le grand pardon pour « MBS » ?
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à l’aéroport international Ezeiza, dans la banlieue de Buenos Aires, le 28 novembre 2018. HO / AFP Chronique. Mohammed Ben Salman est pardonné. L’« affaire Khashoggi » serait promise à l’oubli, bientôt engloutie dans les eaux sombres du Bosphore ? La CIA accuse pourtant le prince héritier d’Arabie saoudite d’avoir été le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Paisible dissident saoudien résidant aux Etats-Unis, ex-proche de la cour des Saoud, Khashoggi a été tué le 2 octobre à Istanbul par un gang tout juste débarqué de Riyad. Le président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, Bob Corker, républicain pondéré, observe : « Tout désigne le prince héritier. » Mais la realpolitik commanderait, au nom de la stabilité du Moyen-Orient, de ranger ce regrettable incident au rang des inévitables bavures de la vie internationale. Le dernier et préféré des fils du roi Salman, 82 ans, a prouvé qu’il était l’homme fort du royaume. Agé de 33 ans, il serait destiné à régner au plus vite et pour un demi-siècle. Autant s’y faire, il est « too big to fail », disent les experts – trop important pour être mis en danger. Qui plus est, il n’y aurait pas d’alternative : « MBS » a fait le ménage dans la maison des Saoud. En deux ans, il a assuré son pouvoir, économique et politique, comme le raconte fort bien Christine Ockrent dans son dernier livre (Le Prince mystère de l’Arabie, Robert Laffont, 288 p., 20 euros). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Affaire Khashoggi : « MBS » reste intouchable à Riyad Le Moyen-Orient est suffisamment chaotique pour qu’on ne favorise pas, en plus, une guerre de succession en Arabie saoudite. Elément important, « MBS » a séduit Donald Trump. Contrairement à Barack Obama, le président américain entend redonner aux Saoudiens les premiers rôles dans la politique moyen-orientale des Etats-Unis : être le pivot du monde arabe sunnite face à l’Iran ; faire accepter aux Palestiniens le futur plan de paix de Jared Kushner, « M. Gendre » à la Maison Blanche ; maintenir la pression sur le prix du baril de pétrole. « Un allié vraiment spectaculaire » On n’accusera pas Trump d’hypocrisie. Les Etats-Unis ont noué en 1945 une relation-clé avec le pouvoir saoudien. Et, comme le rappelle l’expert américain Thomas W. Lippman, « ils n’ont jamais subordonné leur politique saoudienne ni à la question des droits de l’homme [dans le royaume] ni au sort d’un individu ». A l’aune de ces considérations, le crime d’Istanbul ne pèse guère – même s’il a été commis par certains proches de « MBS ». Avec l’élégance qui le caractérise, Trump a aussi fait valoir, en surgonflant les chiffres, que Riyad, par ses commandes, soutenait l’emploi dans les industries de la défense aux Etats-Unis.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/29/affaire-khashoggi-le-grand-pardon-pour-mbs_5390317_3232.html
29/11/2018
Si, avec Trump et d’autres chefs d’Etat, le prince saoudien ne manque pas d’alliés, nombreux sont ceux qui doutent de la pertinence de ce soutien, explique, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».
m-perso
Pour ou contre : le calendrier de l’Avent pour adultes
Calendrier érotique Amorelie Fenêtres sur l’enfance Les yeux pétillants et la main impatiente, l’enfant que nous étions ouvrait jour après jour les 24 fenêtres du calendrier de l’Avent. Pourquoi faudrait-il qu’un tel bonheur s’arrête un jour ? Aux côtés des calendriers des petits aux univers ludo-chocolatés – près de 11 millions d’exemplaires vendus en 2017 – s’installent ceux destinés aux grands enfants. Un bon prétexte pour se choyer avant l’heure. « On a beau devenir grands, on conserve en nous la joie et la magie de ce tempo jusqu’au 24 décembre », argumente-t-on chez Nature & Découvertes pour nous disculper. Spiritueux, thés, bougies, cosmétiques, friandises et épiceries se glissent, le plus souvent dans un format miniature, derrière les fenêtres à ouvrir pour pimenter le mois de décembre. Une douceur, une découverte, un pansement à la morosité, et même une bière par jour à la santé du petit Jésus (Avent, du latin « adventus », pour la naissance de Jésus-Christ) ! A quand le calendrier de l’Année ? Argent par les fenêtres Où s’arrêtera cette folie ? A jeter un œil sur l’offre qui inonde les boutiques et sites dès la fin octobre, on a bien du mal à imaginer que, à l’origine, les calendriers de l’Avent étaient ornés d’images pieuses à découvrir chaque jour. Si, du VIe au XIIIe siècle, les catholiques observaient trois jours de jeûne par semaine pendant l’Avent, aujourd’hui c’est plutôt la débauche qui prévaut : compter 129,90 euros pour le calendrier érotique Amorélie et jusqu’à 320 euros pour celui en édition limitée de chez Dior ! Dans cette course à la diversification effrénée, il existe même des calendriers de friandises carnées destinés aux chiens et chats ! Le principe de ces échantillons joliment emballés permet au consommateur de goûter sans s’engager, d’être conquis – ou déçu – à toutes petites doses. Si les 24 lucarnes renvoient l’adulte à son enfance, elles ne l’assurent nullement de recouvrer la magie d’émotions passées. L’« Avent » n’a pas toujours à cohabiter avec l’après.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/11/29/pour-ou-contre-le-calendrier-de-l-avent-pour-adultes_5390314_4497916.html
29/11/2018
Jusqu’ici réservées aux enfants, les 24 petites fenêtres gagnent du terrain chez les grands. Plaisirs régressifs ou débauche consumériste ?
afrique
Au Collège de France, la querelle de clochers des africanistes
tinent. C’est un cocktail très parisien, sur la terrasse d’un immeuble du boulevard Montparnasse. Ce jeudi soir de septembre, chez Humensis, l’éditeur Belin fête la sortie de L’Afrique ancienne, un ouvrage collectif piloté par François-Xavier Fauvelle, directeur de recherche au CNRS. Dans son allocution, cet historien et archéologue définit ce livre comme un exercice de « haute couture de savoirs éparpillés » tant il est complexe d’écrire avec rigueur sur « un continent dont on entend encore dire qu’il n’a pas d’histoire ». D’autres universitaires réputés sont présents, dont le très médiatique Patrick Boucheron et l’africaniste Claude-Hélène Perrot, 90 ans. Pour eux, et une poignée d’autres initiés, la publication de ce livre n’est pas la principale information de la soirée. Il en est une autre, bien plus confidentielle, qui les réjouit : leur ami et « protégé » Fauvelle sera bientôt élu pour siéger aux côtés de M. Boucheron comme professeur titulaire de chaire au prestigieux Collège de France. L’institution, fondée par François Ier en 1530, a en effet voté, en juin, la création d’une chaire permanente dévolue à l’étude du continent africain. Une première si l’on met de côté les chaires financées, au début du XXe siècle, par l’administration et des entreprises coloniales. Depuis les indépendances, rien ou presque, si ce n’est sous le prisme de l’anthropologie sociale. « Le Collège veut faire un peu de rattrapage. C’est bien sur le plan symbolique, mais c’est un peu tard » Souleymane Bachir Diagne, philosophe sénégalais Deux mois ont passé depuis ce cocktail. M. Fauvelle, seul candidat déclaré, a bien été élu avec 33 voix par l’assemblée des quarante-cinq professeurs, dimanche 25 novembre, à la tête de la chaire « Histoire et archéologie des mondes africains ». S’ouvrent ainsi des perspectives immenses pour cette science qui fut longtemps troublée par le poids néocolonial et postcolonial, marginalisée voire méprisée. En coulisse, l’avènement de ce quinquagénaire aussi brillant et éloquent que contesté et jalousé, est également le fruit d’une rude bataille entre spécialistes… Tout démarre en 2015, quand le Collège de France, sous l’impulsion de M. Boucheron, commence à réfléchir à la création d’une chaire consacrée à l’Afrique contemporaine. Le professeur Alain Supiot est missionné pour superviser les consultations auprès de la communauté des chercheurs. Trois noms émergent : le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, professeur à l’université américaine de Columbia, son compatriote historien Ibrahima Thioub et l’écrivain congolais Alain Mabanckou, enseignant à l’université de Californie à Los Angeles.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/29/au-college-de-france-la-querelle-de-clochers-des-africanistes_5390311_3212.html
29/11/2018
L’historien et archéologue François-Xavier Fauvelle a été élu, dimanche 25 novembre, à la tête de la première chaire permanente consacrée à l’Afrique au prestigieux Collège de France. L’épilogue d’une longue rivalité entre spécialistes de ce continent.
economie
Jerome Powell, le patron de la Fed, adoucit son discours monétaire et fait flamber Wall Street
Le président de la Réserve fédérale des Etats-Unis, Jerome Powell, à Washington, le 26 septembre. Alexander Drago / REUTERS Depuis des semaines, Donald Trump répète ses reproches en boucle : « Ma plus grande menace, c’est la Fed. » En pleine correction boursière, alors que les nuages s’accumulent sur l’économie mondiale, le président des Etats-Unis accuse la banque centrale américaine de relever ses taux beaucoup trop rapidement et voit en elle un danger « pire que la Chine ». Le président américain s’en est même pris à son secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, qui lui avait conseillé de nommer fin 2017 Jerome Powell, un républicain modéré, à la tête de l’institution. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Voici venir le “Trump-par-mauvais temps” » Jérôme Powell, lui, se serait volontiers passé de ces remarques, alors qu’il a effectivement une tâche des plus compliquées à accomplir : resserrer le coût du crédit pour empêcher la surchauffe, mais pas trop, afin d’éviter la récession. Le président de la Fed s’efforce de ne pas entrer dans le petit jeu du président, soit en lui obéissant soit en faisant le contraire de ce qu’il dit pour afficher de manière puérile son indépendance. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En baisse, Wall Street parie sur la fin de l’euphorie économique Et ce mercredi 28 novembre, devant un parterre de banquiers et d’économistes réunis à New York, M. Powell a tenu des propos qui ont fait bondir les marchés (+2,5 % pour le Dow Jones et +2,95 % pour le Nasdaq). Peu importe que cela aille dans le sens souhaité par Donald Trump. « Il n’y a pas de politique prédéterminée » M. Powell a en effet indiqué que les taux étaient « juste en dessous du niveau qui serait neutre pour l’économie ». En clair, il n’est pas indispensable de remonter tambour battant le loyer de l’argent. « Il n’y a pas de politique prédéterminée », a indiqué M. Powell, précisant que la Fed « fera très attention aux données économiques et financières nouvelles ». La veille, le vice-président de la banque centrale Richard Clarida, avait déclaré qu’il faudrait faire preuve « de jugement et d’humilité ». Les opérateurs estiment encore que la Fed relèvera ses taux (actuellement compris entre 2 et 2,25 %) lors de sa réunion du 19 décembre, pour la neuvième fois depuis fin 2015, mais sont désormais plus prudents sur les hausses suivantes. L’inflexion est nette. « Powell indique que l’économie va bien mais que, si la situation économique et les conditions de financement se dégradent, il sera là », analyse Thomas Julien, économiste new-yorkais de Natixis, qui estime aussi que le président de la Fed « ouvre la voie à un resserrement monétaire plus lent en 2019 ». La banque d’affaires Morgan Stanley en déduit que la réserve fédérale remontera d’un quart de point ses taux à trois reprises d’ici à juin 2019, avant de mettre ensuite le bouton sur « pause ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/29/jerome-powell-le-patron-de-la-fed-adoucit-son-discours-monetaire-et-fait-flamber-wall-street_5390307_3234.html
29/11/2018
Le président de la Réserve fédérale américaine a estimé que les taux d’intérêt étaient proches d’un niveau « neutre » pour l’économie.
afrique
En Afrique du Sud, la justice abandonne des poursuites contre des alliés de Jacob Zuma
Pendant une perquisition dans la propriété de la famille Gupta, des hommes d’affaires d’origine indienne proches de Jacob Zuma, le 16 avril 2018 à Johannesburg. STRINGER / AFP Le parquet sud-africain a annoncé, mercredi 28 novembre, l’abandon des charges qui pèsent sur des alliés de l’ancien président Jacob Zuma, dont un membre de la famille Gupta, faute de coopération de la part des autorités indiennes. Selon le parquet, 20 millions de dollars (17,2 millions d’euros) d’argent public destinés à des éleveurs laitiers dans la province de l’Etat libre (Free State, dans le centre du pays) ont été détournés au profit d’hommes d’affaires de la richissime famille Gupta, d’origine indienne, et de leurs associés. Parmi les huit personnes poursuivies dans ce dossier figure un neveu des trois frères Gupta, qui se trouvent au cœur de nombreuses allégations de corruption impliquant Jacob Zuma quand il dirigeait l’Afrique du Sud (2009-2018). Présidence bis Le parquet avait jusqu’au 30 novembre pour formellement inculper les suspects. « Les enquêteurs travaillaient avec des responsables indiens pour rassembler des informations […] mais cela se fait lentement, et [celles-ci] ne nous parviennent pas aussi rapidement que nous l’aurions espéré », a déclaré son porte-parole, Phaladi Shuping, à l’AFP. « Nous avons pris la décision d’abandonner provisoirement les charges », a-t-il expliqué, ajoutant qu’elles pourraient être rétablies à l’avenir. Selon un rapport de la médiatrice de la République sud-africaine, publié en 2016, les trois frères Gupta ont été impliqués dans la gestion des affaires de l’Etat, via des pressions pour obtenir de juteux contrats publics, mais pas seulement. Selon plusieurs témoignages recueillis par la médiatrice, leur propriété de Saxonwold, à Johannesburg, était devenue une sorte de présidence bis, où les frères ont offert des postes de ministre. Cet immense scandale a contribué à faire chuter le président Jacob Zuma, qui a été contraint par son parti, le Congrès national africain (ANC), de remettre sa démission en février. Son vice-président Cyril Ramaphosa lui a succédé et s’est engagé à lutter contre la corruption. Pour l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, la décision annoncée mercredi par le parquet « envoie le message que l’Afrique du Sud est un pays où les puissants et l’élite dotée de relations politiques n’ont pas de comptes à rendre ».
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/29/en-afrique-du-sud-la-justice-abandonne-des-poursuites-contre-des-allies-de-jacob-zuma_5390308_3212.html
29/11/2018
Le parquet explique sa décision, dans un dossier impliquant un membre de la famille Gupta, par la lenteur de la coopération judiciaire avec l’Inde.
economie
G20 : la Chine inquiète avant la rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, et son homologue chinois, Xi Jinping, à la Cité interdite de Pékin, en novembre 2017. JIM WATSON / AFP Les dirigeants chinois semblent attendre avec une réelle fébrilité le dîner prévu entre le président Xi Jinping et son homologue américain, Donald Trump, lors de ce week-end en marge du G20 de Buenos Aires. Dans le meilleur des cas, celui-ci devrait mettre fin à la guerre commerciale que les Etats-Unis livrent depuis quelques mois à la Chine. Mais personne n’y croit. Et pour cause : Washington ne cesse de faire monter la pression. Mercredi 28 novembre, le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, a ainsi dénoncé « la politique industrielle agressive menée par la Chine, qui cause de sévères dommages aux travailleurs américains ». Il s’en est notamment pris aux droits de douane chinois « particulièrement énormes » qui frappent l’industrie automobile américaine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au G20 de Buenos Aires, l’heure de vérité entre Pékin et Washington Donald Trump s’est même dit prêt à relever les droits de douane sur 200 milliards de dollars (177 milliards d’euros) de produits importés de Chine à 25 % contre 10 % aujourd’hui, et à taxer 267 milliards de dollars de produits importés supplémentaires. « A l’heure actuelle, la Chine n’est pas venue à la table [des négociations] avec des propositions destinées à réformer significativement » ses pratiques commerciales, a constaté M. Lighthizer. A Pékin, d’aucuns affirment que si Xi Jinping parvenait à éviter de nouvelles taxes, ce serait déjà un succès. Il est aussi permis de penser que Donald Trump annonce ces taxes, mais se dise prêt à y renoncer si, entre-temps, les Chinois mettent en œuvre les réformes demandées. Au cours d’une visite d’Etat en Espagne, mercredi, le numéro un chinois a paru enclin à quelques gestes de bonne volonté. « La Chine fera des efforts pour ouvrir encore plus ses portes au monde extérieur. Nous allons faire beaucoup d’efforts pour faciliter l’accès au marché [chinois], améliorer les conditions d’investissement et renforcer la protection de la propriété intellectuelle », a déclaré M. Xi. Opération de communication très inhabituelle C’est là où le bât blesse : jusqu’à présent, les autorités de Pékin ont multiplié ce genre de déclarations, mais les Occidentaux n’ont rien vu venir. Xi Jinping n’a pas évoqué les aides dont bénéficient les ­entreprises publiques, ces conglomérats énormes à la comptabilité opaque et qui jouissent de monopoles dans des secteurs aussi importants que la banque ou les télécommunications. Mardi, le vice-ministre des sciences et technologies, Xu Nanping, avait convié une quinzaine de journalistes étrangers à un échange au cours d’une « tea party » – une opération de communication très inhabituelle. Trois points étaient à retenir. D’abord, a-t-il confié, la Chine, contrairement à ce qui est allégué, est loin d’avoir rattrapé les Etats-Unis sur le plan technologique. Si elle progresse vite, c’est grâce aux efforts déployés par les Chinois.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/29/g20-la-chine-inquiete-avant-la-rencontre-entre-xi-jinping-et-donald-trump_5390302_3234.html
29/11/2018
Un dîner est prévu entre les chefs d’Etat chinois et américain en marge du sommet de Buenos Aires de vendredi et samedi. En jeu : une possible trêve dans la guerre commerciale.
energies
La Normandie se divise sur un projet de parc éolien en mer
« Non à la dictature éolienne sur nos zones de pêche », « Engie, assassin du milieu marin ». Les affiches et les graffitis ornant la façade de la coopérative des artisans pêcheurs du Tréport donnent le ton. Sur ce port normand du nord de la Seine-Maritime, un fort vent de contestation souffle contre le vaste projet de parc éolien en mer, dans les cartons depuis treize ans. « Si ça se réalise à l’endroit prévu, nous sommes morts. Ce ne sont pas les compensations financières qui vont y changer quelque chose », assure Olivier Becquet, gérant de la coopérative, promettant déjà « des recours en justice ». En 2021 au mieux, 62 éoliennes offshore géantes doivent être mises en service, implantées à 15 km au large du Tréport et à 17 km de Dieppe. Le projet de 2 milliards d’euros est porté par la société Eoliennes en mer Dieppe-Le Tréport (EMDT), filiale d’Engie (ex-GDF Suez), lauréate en 2014 d’un second appel d’offres lancé par l’Etat, après l’échec d’un premier en 2011. Deux enquêtes publiques devaient prendre fin jeudi 29 novembre, les autorisations préfectorales de construction étant attendues début 2019. « Derrière le mât d’une éolienne, un sillage se crée. Du coup, il n’y a plus de poissons » Fer de lance de l’opposition des pêcheurs locaux, Olivier Becquet étale ses cartes marines et évoque la « richesse des ressources halieutiques » pour étayer ses arguments : « C’est une zone cruciale pour nous, la meilleure en Manche-Est. On y trouve de tout : sole, turbot, barbue, rouget, saint-pierre… Derrière le mât d’une éolienne, un sillage se crée, comme sous le pied d’un pont. Les sédiments se soulèvent et cela génère de la turbidité. Du coup, il n’y a plus de poissons. Avec un chantier industriel, c’en serait fini de la pêche ! » Se défendant d’être « opposé aux énergies renouvelables », le sexagénaire, également vice-président du comité régional des pêches de Normandie, réclame « une zone alternative ». Début septembre, au Tréport, une vingtaine de bateaux ont encerclé, en signe de protestation, une barge de forage destinée à tester la viabilité du projet. « Malgré nos contre-propositions, l’Etat n’a jamais accepté de modifier le lieu », avance Olivier Becquet, soutenu par les maires PCF de Dieppe et du Tréport, ainsi que par le député normand Sébastien Jumel (également PCF). « Il est urgent de réduire les gaz à effet de serre »
https://www.lemonde.fr/energies/article/2018/11/29/la-normandie-se-divise-sur-l-eolien-en-mer_5390298_1653054.html
29/11/2018
62 éoliennes offshore géantes doivent être mises en service, au large du Tréport et de Dieppe. Les pêcheurs redoutent leurs effets sur les ressources halieutiques.
sciences
Après 75 ans, l’activité physique permet de prévenir les chutes
Dix mille pas et plus. C’est plutôt rassurant. Il est possible de se faire des muscles tout le temps, et même à un âge avancé. C’est ce que disent plusieurs études. Dernière en date, une recherche coordonnée par des scientifiques de Navarrabiomed, le centre de recherche biomédicale de l’université de Navarre, qui vient d’être publiée dans JAMA Internal Medicine, a montré qu’une activité physique adaptée pour des personnes de plus de 75 ans hospitalisées réduit le déclin cognitif et fonctionnel, les complications, et joue sur la qualité de vie. Les activités proposées étaient des séances d’exercices de vingt minutes, pour les jambes et les bras, deux fois par jour et pendant cinq à sept jours consécutifs. « Cette étude est intéressante, note le professeur en médecine physique et de réadaptation Gilles Kemoun, car il en existe peu qui se soient focalisées sur des programmes d’exercices en soins aigus. » Or, on le sait, les risques liés à l’hospitalisation des personnes âgées sont importants, notamment celui de l’entrée dans la dépendance. Ces risques dépendent de la pathologie de la personne, des processus de soins, de l’environnement hospitalier, etc., sans parler des effets indésirables de médicaments, de la dénutrition – risque majeur – et du syndrome d’immobilisation. Pour limiter ce risque, il convient, entre autres choses, de promouvoir l’activité physique. Mais, dans les faits, « dans un contexte tendu en ce qui concerne les ressources financières hospitalières, les moyens sont rarement dégagés pour pourvoir à ces besoins », poursuit Gilles Kemoun. Impact sur la qualité de vie Il est donc crucial d’agir en amont. L’enjeu est double : lutter contre la sarcopénie (diminution de la masse musculaire), l’un des risques majeurs après 75 ans, et prévenir les chutes. Sur ce sujet, plusieurs méta-analyses ont mis en évidence que des programmes d’exercices physiques centrés sur l’entraînement de l’équilibre et le renforcement musculaire peuvent réduire significativement le taux de chutes chez les personnes âgées vivant chez elles les plus à risque, écrivait la chercheuse épidémiologiste Patricia Dargent-Molina (Inserm – université Paris-Descartes) dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de mars 2017. Elle a coordonné, avec le groupe associatif Siel Bleu, une étude d’évaluation d’un programme axé sur le travail de l’équilibre nommé « Ossébo », chez 706 femmes de plus de 80 ans en moyenne, vivant chez elles, qui ont été suivies pendant deux ans.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/29/apres-75-ans-l-activite-physique-permet-de-prevenir-les-chutes_5390294_1650684.html
29/11/2018
Les dernières études le montrent : l’activité physique chez les personnes âgées permet de lutter contre la diminution de la masse musculaire et le risque de chutes.
politique
Intermittents : les négociations sur l’assurance-chômage patinent
Hubert Mongon n’est vraiment pas du genre à sombrer dans le pathos et les effets de manche. Quand ce représentant du Medef prend la parole dans les négociations en cours sur l’assurance-chômage, ses exposés sont généralement sobres, très pointus et dépourvus du moindre affect. Alors quand l’intéressé, imperturbable en temps ordinaire, dit : « Nous avons dénoncé » devant des journalistes, l’auditoire sursaute presque. Un tel épisode s’est produit, mercredi 28 novembre, à l’issue de la troisième séance de discussions sur la nouvelle convention Unédic qui va redéfinir les conditions d’octroi d’une allocation aux demandeurs d’emploi. Il illustre les tensions et les désaccords qui prévalent entre les partenaires sociaux – ainsi qu’une démotivation manifeste chez certains protagonistes. Initialement, lors de cette rencontre, les organisations d’employeurs et de salariés, représentatifs à l’échelon interprofessionnel, devaient s’entendre sur une chose : le « document de cadrage » à transmettre à leurs homologues de l’industrie du spectacle et de l’audiovisuel pour que ces derniers négocient ensuite les annexes 8 et 10 de la convention Unédic relatives aux règles d’indemnisation des salariés intermittents. Cette feuille de route est délicate à mettre au point car elle prévoit notamment des objectifs de « trajectoire financière » – synonymes d’économies à dégager, ce qui peut signifier des droits revus à la baisse pour les personnes privées d’emploi. Avec, en toile de fond, le risque de conflits sociaux très durs dans le monde de la culture. Effort « significatif » Mercredi, les partenaires sociaux n’ont pas réussi à trouver un compromis sur cette lettre de cadrage. Les trois mouvements patronaux – le Medef, la CPME et l’U2P – avaient formulé plusieurs exigences, s’agissant des équilibres comptables. Primo : respecter la feuille de route de 2016, qui fixe un montant d’économies ne pouvant « être inférieur à 105 millions d’euros (…) en année pleine ». En outre, pour les organisations d’employeurs, les personnes relevant des annexes 8 et 10 doivent prendre leur part dans la réduction globale de dépenses que le gouvernement demande à l’assurance-chômage (entre 3 et 3,9 milliards d’euros en trois ans pour l’ensemble du régime). A combien se chiffre l’effort pour les intermittents ? Le patronat ne l’a pas précisé, dans sa proposition de document de cadrage, se retranchant derrière une longue périphrase qui invite le monde du spectacle à « contribuer significativement ». « Ils ont eu l’intelligence de ne pas jouer la provocation », a commenté Marylise Léon (CFDT), mercredi. D’autres centrales syndicales, elles, ont déduit des écrits du Medef et de ses deux alliés qu’ils revendiquaient des économies d’environ « 150 millions d’euros » (selon FO) ou susceptibles d’osciller entre « 90 et 200 millions d’euros » (d’après la CGT).
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/29/intermittents-les-negociations-sur-l-assurance-chomage-patinent_5390283_823448.html
29/11/2018
Les partenaires sociaux n’ont pas réussi à s’entendre sur un document de cadrage. Les tractations sont reportées au 11 décembre.
societe
Quand l’Etat décide de sous-traiter la rédaction de « l’exposé des motifs » de la loi « mobilités »
C’est une première en politique. Le gouvernement d’Edouard Philippe a lancé, en janvier, un appel d’offres visant à sous-traiter à une entreprise privée la rédaction de « l’exposé des motifs » du projet de loi d’orientation des mobilités présenté lundi 26 novembre en conseil des ministres, en plus d’une étude d’impact de la loi. Le marché est allé à un cabinet d’avocats international dénommé Dentons implanté à Paris et qui possède de nombreux clients dans le monde, notamment aux Etats-Unis et en Chine. La démarche suivie par le gouvernement est inédite. Car « l’exposé des motifs » d’une loi n’est autre que l’argumentaire politique du gouvernement qui la soumet au législateur. C’est une explication de texte visant à faire connaître l’esprit et la finalité d’un texte de façon concise, ainsi que les modifications apportées au droit. Donc un acte de pure politique, qu’aucun gouvernement jusqu’ici ne s’était risqué à sous-traiter. Lire aussi Le projet de loi qui veut désenclaver la France périphérique De telles pratiques s’observent dans les pays anglo-saxons où le recours au privé est admis, au point même que certaines lois ou instructions fiscales, par exemple, s’écrivent avec des cabinets privés. Mais elles restent taboues en France, où même l’externalisation des études d’impact des lois auprès d’autorités administratives indépendantes fait débat. L’Etat perdrait, ce faisant, de son pouvoir, et cela nourrirait le risque de conflits d’intérêts, font valoir les opposants à la sous-traitance. Originale sur le fond, la décision prise par le gouvernement l’est aussi sur la forme. Car le bureau parisien de Dentons a obtenu le contrat au terme d’un appel d’offres éclair. Lancé le 12 janvier par la direction générale des infrastructures, des transports et de la mer du ministère des transports d’Elisabeth Borne – rattaché au ministère de la transition écologique et solidaire –, l’appel d’offres s’est clos le 22 janvier, dix jours plus tard. « Primeur d’informations » Il a donc échu à Dentons, ainsi que l’a confirmé ce cabinet au Monde. Doté d’une solide réputation internationale avec « 9 000 avocats et professionnels dans 78 pays », Dentons n’est pas inconnu du gouvernement et de l’administration. Son bureau de Paris est en effet dirigé par Marc Fornacciari, énarque et ancien maître des requêtes au Conseil d’Etat, spécialiste des transports et des infrastructures, qui a conduit plusieurs autres missions de conseil pour le ministère de la transition écologique (évolution du cadre des contrats autoroutiers, résiliation du contrat de partenariat lié à l’écotaxe poids lourds…), ainsi que l’indique sa fiche biographique.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/29/quand-le-gouvernement-sous-traite-a-des-avocats-l-expose-des-motifs-de-la-loi-des-mobilites_5390274_3224.html
29/11/2018
L’exécutif affirme que l’appel d’offres visait essentiellement à réaliser l’étude d’impact du projet de loi présenté lundi en conseil des ministres.
afrique
La Côte d’Ivoire va demander la restitution d’une centaine d’œuvres d’art
Le Musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris, ici en juin 2009, où sont conservées une grande partie des oeuvres d’art provenant d’Afrique subsaharienne. PHILIPPE WOJAZER/REUTERS La Côte d’Ivoire va demander à la France la restitution d’une centaine d’œuvres d’art, a annoncé mercredi 28 novembre le porte-parole du gouvernement Sidi Touré, à l’issue du conseil des ministres. « La Côte d’Ivoire a dressé une liste d’une centaine de chefs-d’œuvre », qui sera transmise « aux experts désignés par l’Etat français en vue de leur restitution », a indiqué M. Touré, également ministre de la communication. Cette déclaration fait suite à l’annonce le 23 novembre par le président français Emmanuel Macron de la restitution au Bénin de 26 chefs-d’œuvre pillés pendant la période coloniale, dont les statues royales d’Abomey, actuellement propriété du Musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris. Après la remise d’un rapport sur la restitution par la France d’œuvres d’art africain, Paris souhaite engager une réflexion avec les autres pays européens concernés (Royaume-Uni, Allemagne, Belgique principalement). Le tambour parleur du peuple Ebrié Le musée national de Côte d’Ivoire, à Abidjan, « est à même de récupérer et d’accueillir ces différentes œuvres quand elles seront de retour », a souligné Sidi Touré, indiquant que « le ministère de la culture a mis en place un comité qui est chargé de cette question ». La liste d’œuvres d’art a été dressée par le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire et transmise à la France via Africom, la branche africaine du Conseil international des musées, a expliqué à l’AFP la directrice du musée Silvie Memel Kassi. « Le premier objet que nous demandons est le Djidji Ayokwe, le tambour parleur du peuple Ebrié [peuple de la région d’Abidjan]. C’est un objet symbolique d’une grande importance qui a été arraché pendant la colonisation » et qui est actuellement conservé au Musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris, a précisé Mme Memel Kassi.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/29/la-cote-d-ivoire-va-demander-la-restitution-d-une-centaine-d-uvres-d-art_5390269_3212.html
29/11/2018
Selon les autorités ivoiriennes, le musée national à Abidjan « est à même de récupérer et d’accueillir ces différentes œuvres quand elles seront de retour ».
international
Brésil : le gouverneur de Rio de Janeiro arrêté pour des soupçons de corruption
Le gouverneur de Rio de Janeiro, Luiz Fernando Pezao, a été arrêté jeudi 29 novembre, soupçonné d’avoir reçu 40 millions de reais (quelque 9 millions d’euros) de pots-de-vin entre 2007 et 2015, selon la police fédérale, dans le cadre du dossier Lava Jato (lavage express), emblématique de la lutte contre la corruption au Brésil. La chaîne Globo News a diffusé en direct des images du déploiement de la police fédérale dans la demeure du responsable, en train de prendre son petit déjeuner, dans le quartier résidentiel de Laranjeiras. Luiz Pezao a été arrêté et transféré dans une prison proche de Rio. Les soupçons portent sur l’époque où il était le vice-gouverneur de Sergio Cabral, ancien politique au style flamboyant actuellement emprisonné après avoir été condamné à une peine cumulée de plus de cent quatre-vingts ans de réclusion pour corruption. M. Cabral était le chef d’orchestre d’un réseau qui détournait systématiquement des fonds de tous les contrats de travaux publics, jusqu’à 8 %, y compris ceux de la rénovation du mythique stade de football Maracana pour le Mondial 2014. Un Etat au bord de la banqueroute et miné par l’insécurité Luiz Fernando Pezao, élu gouverneur en 2014 sous l’étiquette du Mouvement démocratique brésilien (MDB, centre droit) de l’actuel président, Michel Temer, a été arrêté sur la base d’une dénonciation d’un ancien associé, aujourd’hui détenu, de Cabral, Carlos Miranda, en échange d’un allégement de sa peine. Selon ce dernier, Pezao aurait reçu mensuellement 150 000 reais (environ 34 250 euros au taux actuel) et des gratifications de fin d’année pouvant atteindre 1 million de réais (230 000 euros). Cet argent aurait été versé par des entreprises et des intermédiaires liés par des contrats au gouvernorat de Rio de Janeiro, durant la période courant de 2007 à 2015. « Il y a des traces de versements en espèces de 25 millions de réais [environ 6,5 millions de dollars au taux actuel], un montant totalement incompatible avec le patrimoine déclaré » par le gouverneur, a souligné le parquet. « Après avoir été l’homme de confiance de Sergio Cabral et joué un rôle fondamental dans cette organisation criminelle, Pezao a monté son propre réseau, avec ses propres opérateurs financiers », a accusé la procureure Raquel Dodge devant la presse. L’Etat de Rio de Janeiro est au bord de la banqueroute et miné par l’insécurité. Avec Pezao, les quatre derniers gouverneurs de l’Etat de Rio depuis 1998 auront été emprisonnés. Un nouveau gouverneur du même bord que le président élu Jair Bolsonaro, Wilson Witzel, a été élu en octobre et doit prendre ses fonctions au 1er janvier. Lire notre reportage avant la présidentielle du mois d’octobre au Brésil : Rio de Janeiro, la ville colère
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/bresil-le-gouverneur-de-rio-arrete-pour-des-soupcons-de-corruption_5390266_3210.html
29/11/2018
Luiz Fernando Pezao aurait reçu 40 millions de reais (quelque 9 millions d’euros) de pots-de-vin entre 2007 et 2015, selon la police fédérale, qui l’a arrêté jeudi.
economie
Les députés vont s’atteler à réviser le mécénat des entreprises
Devant la Cour des comptes, rue Cambon (1er arrondissement de Paris), en janvier. LUDOVIC MARIN / AFP Faut-il toiletter la loi sur le mécénat ? Oui, sans doute, mais pour cela, il faudra attendre l’an prochain. C’est ce qui ressort des discussions qui se sont tenues, mercredi 28 novembre, au sein de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Les députés se sont en effet accordés pour créer un groupe de travail ayant pour objectif d’aboutir à des dispositions susceptibles de figurer dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2020. Cette initiative intervient après que la Cour des comptes a rendu publiques ses conclusions – mercredi également – sur « le soutien public au mécénat des entreprises », un rapport très critique sur ce dispositif et son encadrement. Si les auteurs ne contestent pas le bien-fondé de ce système né en en 2003 avec la loi Aillagon (du nom du ministre de la culture et de la communication de l’époque), ils dressent néanmoins le constat « d’une dépense fiscale non pilotée, pas évaluée et pratiquement jamais contrôlée ». Selon des chiffres de 2017, ce dispositif, qui profite à 68 500 entreprises, coûte aux finances publiques 900 millions d’euros par an, et a été décuplé depuis sa création. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La réforme de la loi sur le mécénat et les fondations attendra encore un peu « La loi Aillagon a dépassé les espérances de ses auteurs », a commenté Gilles Carrez, député Les Républicains, avant d’ajouter : « La question aujourd’hui est de trouver comment dépenser mieux en dépensant plus. » Plus attractive que chez nos voisins européens, et même qu’aux Etats-Unis, la loi française permet aux entreprises de déduire de l’impôt 60 % des dépenses engagées dans le mécénat, en y ajoutant l’octroi de contreparties au mécène allant jusqu’à 25 % du don. Parmi les exemples lus par Antoine Durrleman, président de chambre à la Cour des comptes, lors de la présentation de ce rapport figuraient les pratiques de la Fondation Louis Vuitton, dont la directrice déléguée, Sophie Durrleman, n’est autre que… sa belle-sœur. Selon les règles de déontologie de la Cour, le président s’est « déporté » du dossier et n’a donc participé, durant l’instruction, à aucune délibération portant sur le contrôle de cette fondation. Le rapport précise que « les entreprises du groupe LVMH [avaient] réduit leurs impôts de 518,1 millions entre 2007 et 2017 au titre des sommes versées à la Fondation Louis Vuitton (Le Monde du 28 novembre). M. Durrleman a noté que « la véritable retombée [consistait] en l’apport d’image » de la marque de luxe, en déplorant que rien ne prévoie une telle valorisation.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/29/les-deputes-vont-s-atteler-a-reviser-le-mecenat-des-entreprises_5390263_3234.html
29/11/2018
La Cour des comptes s’alarme du coût de cette dépense fiscale, dont le coût, pour les finances publiques, est évalué à 900 millions d’euros par an.
emploi
Aide à domicile : du bon usage des innovations sociales
« Les Innovations sociales dans l’aide à domicile. La Fédération Adessadomicile », de Marie-Catherine Henry (Erès, 184 pages, 20 euros). Le livre. Envisagée comme un remède miracle voire labellisée, l’innovation sociale est à la mode, à la fois dans les politiques publiques et dans la recherche universitaire. Les associations, dans des domaines trop souvent négligés comme les services à la personne, ont une réelle capacité d’innovation. Elles « brodent au petit point des initiatives, des expérimentations, des solutions, des réponses au plus près des citoyens et des territoires, dans une seule perspective de cohésion sociale et d’émancipation », rappelle Marie-Catherine Henry, codirectrice de l’association Bien commun, auteure des Innovations sociales dans l’aide à domicile. En prenant garde à ne pas réduire la société civile agissante aux seules entreprises, fussent-elles sociales, son ouvrage se penche sur les compétences développées par les associations et atteste leur rôle dans la société. Le livre se base sur une étude exploratoire réalisée à partir de cinquante et un entretiens effectués avec des salariés, des bénévoles et des usagers des structures adhérentes à la fédération Adessadomicile. L’objectif est de « mettre en valeur des initiatives invisibles ne correspondant pas, a priori, à certaines formules censées représenter l’innovation sociale, en faisant valoir la complexité du terme », mais aussi de repérer « comment des formes identifiées d’innovation sociale peuvent être réinterrogées par l’usage qui en est fait », comme le service civique par exemple. Dix initiatives innovantes Traditionnellement assurées par des associations mises en difficulté par l’irruption d’une logique marchande et confrontées à des organisations se revendiquant de l’entrepreneuriat social ou assumant pleinement leur visée capitaliste, les activités de services à la personne « se trouvent au sein d’enjeux menaçant leur pérennité et les contraignant à l’expérimentation de réponses et de modalités de coopération avec les pouvoirs publics et les bénéficiaires ». Cette configuration propulse les associations dans une dimension qui remet en cause leurs fonctionnements habituels. Le livre se base sur une étude exploratoire réalisée à partir de cinquante et un entretiens effectués avec des salariés, des bénévoles et des usagers des structures adhérentes à la fédération Adessadomicile Le livre présente un panel de dix initiatives innovantes d’organisations adhérentes à la fédération Adessadomicile, et restitue les actions dans leur contexte historique, retraçant leur genèse, étudiant les enjeux ayant prévalu à leur mise en œuvre et l’ayant accompagnée. Témoignant du foisonnement d’actions s’inscrivant dans une démarche d’innovation sociale, seize initiatives n’ayant pas fait l’objet d’une étude sont réunies et présentées sous forme de fiches.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/11/29/aide-a-domicile-du-bon-usage-des-innovations-sociales_5390260_1698637.html
29/11/2018
Marie-Catherine Henry se penche sur les compétences développées par les associations dans le domaine des services à la personne et atteste leur rôle dans la société.
economie
Aéronautique : Safran avalise l’absorption de l’équipementier Zodiac
Le directeur général de Safran, Philippe Petitcolin, à Sedziszow Malopolski (Pologne), en juillet. BARTOSZ SIEDLIK / AFP C’est fait ! Safran a définitivement avalé l’équipementier Zodiac Aerospace. L’assemblée générale des actionnaires du motoriste français, qui s’est réunie mardi 27 novembre, a approuvé, à 99,88 %, l’absorption de Zodiac. Un vote « soviétique », s’est réjoui Philippe Petitcolin, directeur général de Safran. Première conséquence visible de ce rachat, la marque Zodiac va disparaître. Désormais, « nous sommes tous Safran. Zodiac n’existe plus. Le nom disparaît, les gens veulent tourner la page », a déclaré le patron du groupe. Les activités de l’équipementier seront rebaptisées du nom de son nouveau propriétaire – à l’instar de Zodiac Seats, renommé Safran Seats –, et regroupées au sein d’au moins quatre filiales de premier rang, lesquelles seront rattachées directement au directeur général. Une fois ce nouveau dispositif mis en place, M. Petitcolin ne compte pas en rester là. « Après la fusion, la prochaine étape, c’est l’optimisation des business », souligne-t-il. Safran entend mener à bien les synergies évoquées il y a un an. Elles devraient générer « un peu plus de 200 millions d’euros » d’économies En pratique, Safran compte se séparer de quelques unités de l’ex-Zodiac qui ne s’inscrivent pas dans ses cœurs de métier – à savoir des secteurs très éloignés de l’aéronautique, tels que les pansements médicaux vendus sous la marque Novesil ou les toilettes pour train. Ces ventes devraient intervenir en France, mais aussi aux Etats-Unis. Pour autant, Philippe Petitcolin, prévient « qu’aucune cession n’a encore été réalisée ». « Mais le processus est lancé pour vendre cinq ou six activités qui sont dans notre viseur », précise-t-il. Ces opérations devraient intervenir dans le courant de l’année 2019. Leur montant est d’ores et déjà évalué par Safran entre 100 et 200 millions d’euros. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Philippe Petitcolin : « Il faudra une durée plus longue pour remettre Zodiac d’aplomb » Outre ce pactole, le motoriste entend mener à bien les synergies qu’il avait évoquées il y a un an. Elles devraient générer « un peu plus de 200 millions d’euros » d’économies. « Nous les ferons », anticipe M. Petitcolin, qui « se fixe 2020-2021 pour être à 100 % des synergies de coût » prévues. « Nous sommes sur la bonne pente » Pour parvenir à ce résultat, le motoriste va procéder à des « modifications de périmètre », à l’exemple des systèmes de production et de gestion de puissance électrique de l’équipementier, qui seront regroupées avec ceux de Safran. Ce remembrement devrait aussi intégrer l’unité de contrôle de cockpit, dont Safran négocie le rachat auprès de Rockwell Collins, le spécialiste américain de l’avionique.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/29/aeronautique-safran-avalise-l-absorption-de-l-equipementier-zodiac_5390254_3234.html
29/11/2018
L’assemblée générale des actionnaires du motoriste a approuvé l’opération à la quasi-unanimité. Première conséquence visible de ce rachat : la marque Zodiac va disparaître.
international
Carences, rachitisme, obésité : les pays riches comme les pays pauvres sont concernés par la malnutrition
Le rapport annuel sur la nutrition mondiale s’alarme de la malnutrition, qui touche les pays pauvres comme les pays riches. Il s’agit d’un poids « inacceptable » pour la planète note le rapport rédigé par un groupe d’experts indépendants et intitulé « Global Nutrition Report ». Rendu public jeudi 29 novembre, le document fait le point sur l’ensemble des données internationales – ONU, FAO, PAM, Unicef, OMS, mais aussi associations, fondations et universités – portant sur près de deux cents pays. Retard de croissance, carence en oligoéléments, rachitisme, surpoids, ou obésité, « la situation est alarmante », note encore le rapport qui précise : « que les pays soient riches ou pauvres, ils connaissent une forme ou une autre de malnutrition ». « Changement significatif du régime alimentaire des bébés » Cent quarante et un pays combinent au moins trois formes de malnutrition – retard de croissance pour les enfants, anémie et/ou surpoids pour les femmes –, dont 41 à un niveau très élevé, relève le rapport qui s’inquiète en particulier de voir « de vastes populations réfugiées du Moyen-Orient combiner retards de croissance, rachitisme, déficiences en oligoéléments et obésité », notamment au Liban. Les experts s’inquiètent notamment de la forte hausse (+ 54,9 %) des ventes de lait maternisé industriel enregistrée entre 2005 et 2017 dans le monde, estimant qu’un « changement significatif (et sans précédent) du régime alimentaire des bébés et jeunes enfants est en cours » dans le monde. Le rapport dénonce le rôle de l’industrie alimentaire et des excès de sel, de sucre et de graisse dans les aliments transformés. Cinquante-neuf pour cent des enfants boivent ainsi des sodas quotidiennement en Amérique latine et aux Caraïbes, 52 % en Afrique, 44 % en Océanie et 40 % en Asie. En soulignant que 59 pays ont mis en place des taxes sur les boissons sucrées, le rapport appelle chaque gouvernement à définir ses priorités nutritionnelles, allouer des ressources pour mieux quantifier et comprendre les problèmes coexistant au sein d’une même population. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sécheresses, inondations… le choc climatique aggrave la faim dans le monde
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/malnutrition-dans-le-monde-une-situation-alarmante-selon-un-rapport_5390249_3210.html
29/11/2018
Retard de croissance, carence en oligoéléments, rachitisme, obésité, un rapport international rendu public jeudi pointe une situation « alarmante » pour la planète.
afrique
La CAN 2019 de foot aura-t-elle bien lieu au Cameroun ? La CAF se réunit vendredi
Des supporteurs camerounais pendant un match de qualification pour la Coupe d’Afrique des nations 2015, à Yaoundé, en novembre 2014. PACOME PABANDJI / AFP La Confédération africaine de football (CAF) va examiner, vendredi 30 novembre, la question de la tenue au Cameroun de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019, qui fait débat depuis plusieurs mois. Le comité exécutif de l’organisation panafricaine se réunira vendredi dans la capitale ghanéenne, Accra, en marge de la CAN féminine, a indiqué jeudi à l’AFP un responsable de la CAF. Un compte rendu des deux dernières visites d’inspection sera exposé au cours de cette réunion. Les émissaires de la CAF ont effectué récemment une inspection sécuritaire et un examen des infrastructures, stades et hébergements. Après la réunion des dirigeants, une décision sera rendue sur le maintien ou non de la CAN 2019 au Cameroun, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) le responsable de la CAF, sans préciser quand exactement cette décision serait rendue. « Pas de plan B » Si le Cameroun est écarté, la Confédération devra relancer une procédure d’appel à candidatures afin de désigner un autre pays hôte pour ce tournoi, qui doit se tenir en juin 2019. Le Maroc, candidat malheureux à l’organisation du Mondial 2026 (attribué au trio Etats-Unis - Mexique - Canada), est régulièrement cité par les médias comme un possible remplaçant. Lire aussi Coupe du monde 2026 : le Maroc déçu mais fier après sa défaite Le 29 septembre, lors d’un comité exécutif organisé à Charm el-Cheikh, en Egypte, la CAF avait pointé « un retard important dans la réalisation des infrastructures » nécessaires à la CAN 2019. Toutefois, le président de l’organisation, le Malgache Ahmad Ahmad, avait déclaré début octobre lors d’une visite au Cameroun que celle-ci « n’avait pas de plan B ». « La CAF n’a jamais réfléchi à un retrait de la CAN au Cameroun […] Cela dépend du Cameroun », avait-il souligné. Lire aussi Football : le printemps des sélectionneurs africains A Charm el-Cheikh en septembre, Happi Dieudonné, de la Fédération camerounaise de football, avait assuré que son pays « serait prêt ». Le contexte sécuritaire y est actuellement très tendu, avec des attaques persistantes des djihadistes de Boko Haram dans le nord du pays et un conflit opposant l’armée à des séparatistes dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/29/la-can-2019-de-foot-aura-t-elle-bien-lieu-au-cameroun-la-caf-se-reunit-vendredi_5390244_3212.html
29/11/2018
La situation sécuritaire dégradée et le retard dans la construction des infrastructures ont fait naître des doutes sur la capacité du pays à accueillir le tournoi.
culture
Le reggae de Jamaïque inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco
Bob Marley, en 1980. VEUIGE / DALLE / APRF Chants, danses, spécialités gastronomiques et maintenant reggae. La musique de Jamaïque a été inscrite, jeudi 29 novembre, sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par un comité spécialisé réuni à Port-Louis, capitale de l’île Maurice. L’Unesco souligne la « contribution » de cette musique à la prise de conscience internationale « sur les questions d’injustice, de résistance, d’amour et d’humanité », grâce à des artistes comme Bob Marley. Le reggae rejoint ainsi une liste de quelque 400 traditions culturelles allant de la pizza napolitaine au zaouli, musique et danse des communautés gouro de Côte d’Ivoire. Traditions et savoir-faire Parmi les nouveaux venus dans ce Patrimoine culturel immatériel, inscrits ces derniers jours à la liste officielle, on trouve des « éléments » aussi divers que les fêtes des Parrandas, à Cuba, une chanson populaire (« međimurska popevka ») croate, les bains médicinaux « Lum de la Sowa Rigpa », en Chine, des marionnettes traditionnelles égyptiennes, trois rites de passage masculins de la communauté masaï au Kenya… S’agissant de la France, les « savoir-faire » liés au parfum en pays de Grasse font leur entrée au patrimoine : « Les habitants de Grasse se sont appropriés et ont contribué à perfectionner ces savoir-faire qui se transmettent de façon informelle à travers un long apprentissage qui se déroule encore principalement au sein des parfumeries locales. » Réunis du 26 novembre au 1er décembre à l’île Maurice, les 24 Etats membres du Comité de sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel consacrent leurs débats à la sauvegarde de ce patrimoine vivant à travers le monde. Sa reconnaissance a pour objet d’assurer « une plus grande visibilité aux traditions et aux savoir-faire portés par les communautés sans pour autant leur reconnaître de critère d’excellence ou d’exclusivité », rappelle l’organisation. Musique des opprimés La candidature du reggae était portée par la Jamaïque. Ce style musical a émergé à la fin des années 1960. Issu du ska et du rocksteady, il a aussi intégré des influences du jazz et du blues d’Amérique. La musique est vite devenue populaire aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, importée par les nombreux immigrés jamaïcains après la seconde guerre mondiale. Elle s’est souvent revendiquée comme la musique des opprimés, abordant des questions sociales et politiques, la prison et les inégalités. Le reggae est indissociable du rastafarisme, mouvement mystique qui sacralise l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié et promeut l’usage de la marijuana. En 1968 la chanson Do the Reggay, de Toots and the Maytals, a été la première a utiliser le nom de reggae, qui a connu un grand succès mondial grâce à des classiques de Bob Marley et son groupe, The Wailers, comme No Woman, No Cry et Stir It up. « Le reggae est exclusivement jamaïcain, a commenté Olivia Grange, la ministre de la culture de l’île caribéenne, avant le vote. C’est une musique que nous avons créée qui a pénétré partout dans le monde. »
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/11/29/le-reggae-de-jamaique-inscrit-au-patrimoine-culturel-immateriel-de-l-unesco_5390234_3246.html
29/11/2018
L’organisation internationale souligne le rôle de cette musique dans de nombreux combats contre l’injustice et en faveur de l’humanité.
economie
Au G20 de Buenos Aires, l’heure de vérité entre Pékin et Washington
Le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Donald Trump en novembre 2017. Andy Wong / AP C’est le tête-à-tête qui devrait dominer, si ce n’est écraser, les débats du G20 de Buenos Aires. Le président américain Donald Trump doit rencontrer son homologue chinois Xi Jinping, en marge de ce sommet qui débute, vendredi 30 novembre, dans la capitale argentine et réunit les dirigeants des principales puissances économiques du globe. Un raout qui s’annonce comme l’un des plus houleux depuis l’institutionnalisation du G20, il y a dix ans, en pleine crise financière, et dont l’atmosphère risque d’être encore alourdie par l’escalade entre l’Ukraine et la Russie. Voilà plus d’un an que le locataire de la Maison Blanche n’avait pas eu d’entrevue bilatérale avec son « ami » Xi. Tout ce temps, les tensions commerciales sont allées crescendo entre Washington et Pékin, au point que fleurissent aujourd’hui les mises en garde sur le danger d’un « rideau de fer économique » entre la Chine et les Etats-Unis. Le sommet peut-il se révéler décisif pour solder l’affrontement ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Thucydide, Trump et la Chine Les menaces de Trump Les déclarations semées en amont par M. Trump, spécialiste revendiqué de « l’art du deal », laissent planer le doute. Dans un entretien au Wall Street Journal, lundi, le président a réitéré ses menaces d’un relèvement de 10 % à 25 % des barrières douanières déjà imposées sur 200 milliards de dollars (177 milliards d’euros) de produits chinois importés. Et prévenu qu’il serait prêt, faute d’accord, à taxer la totalité des marchandises chinoises exportées vers le sol américain… Selon Washington, la bonne santé de l’économie, comparée à celle jugée moins florissante de la Chine, lui offre un levier dans les discussions. Les effets de la guerre commerciale se font pourtant aussi sentir aux Etats-Unis. De grosses entreprises s’inquiètent d’un impact sur leurs résultats. Le constructeur automobile Ford affirme ainsi que les taxes imposées sur les importations d’acier et d’aluminium lui ont déjà coûté 1 milliard de dollars. D’après la Federal Reserve Bank de Minneapolis, qui supervise les Etats du Nord-Midwest (Wisconsin, Minnesota, Dakota du Nord, Dakota du Sud et Montana), les faillites agricoles ont fortement augmenté par rapport aux années précédentes. Une conséquence, cette fois, des mesures de rétorsion de la Chine ciblant des produits tels que le soja et qui ont provoqué une chute des cours. Les agriculteurs américains n’ont cependant pas sanctionné Donald Trump dans les urnes à l’occasion des élections de mi-mandat, le 6 novembre.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/29/au-g20-de-buenos-aires-l-heure-de-verite-entre-pekin-et-washington_5390231_3234.html
29/11/2018
L’unilatéralisme de Donald Trump sur le commerce et le climat risque de perturber le sommet, qui s’ouvre vendredi à Buenos Aires.
politique
François-Xavier Bellamy, la carte conservatrice de Wauquiez pour les européennes
François-Xavier Bellamy voudrait conduire la liste des Républicains (LR) pour les élections européennes, à Paris, le 28 janvier. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Ses amis le surnomment Gontran, comme le cousin de Donald dans les aventures de Picsou, qui rencontre la chance à chaque coin de rue. Est-ce la providence qui l’a mis sur la route de Laurent Wauquiez ? François-Xavier Bellamy, 33 ans, professeur de philosophie et essayiste, visage avenant et « vu à la télé » d’un conservatisme qui ne veut plus se cacher, a été nommé tête de liste du parti Les Républicains (LR) pour les élections européennes du 26 mai, mardi 29 janvier, lors de la réunion de la commission nationale d’investiture du parti. La commission a également validé la désignation d’Agnès Evren, vice-présidente de la région Ile-de-France, et d’Arnaud Danjean, eurodéputé sortant. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Face aux « gilets jaunes », Le Pen et Wauquiez à front renversé Tête d’affiche des Veilleurs L’évocation du nom de François-Xavier Bellamy, adjoint au maire de Versailles, soulève une foule de commentaires au sein de la droite. Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, se montre ainsi enthousiaste. « Il est jeune, intelligent. Sur un plateau, ça déménagerait. Il est travaillé par le démon de la politique, il a envie d’action, note l’ancien bras droit de François Fillon. Mais ça peut effrayer une partie de la droite d’avoir quelqu’un de totalement nouveau, proche des positions conservatrices. ». En interne, le jeune philosophe inquiète. Beaucoup, comme Gérard Larcher, le président du Sénat, ou Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, ont publiquement émis des doutes sur ce choix personnel de M. Wauquiez. En cause, sa capacité à mener une campagne qui pourrait se révéler difficile pour LR, mais aussi ses positions conservatrices sur les sujets de société « clivantes et antagonisantes », explique un cadre du parti. « Bellamy est intelligent, c’est un type bien, mais il incarne une sensibilité qui n’est pas au barycentre de la droite. Or il faut parler à toutes les droites et à tous les territoires », juge Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France. Mais le trentenaire a ses avocats au sein de l’équipe dirigeante de LR. « C’est un visage nouveau, alors qu’il y a une aspiration au renouvellement. Il est intelligent, a un regard acéré sur les grandes questions qui traversent la société française, sur l’identité, la transmission. », souligne Annie Genevard, secrétaire générale du parti. « Bellamy c’est le visage d’une nouvelle droite, une droite qui assume ses idées et ses valeurs », confiait récemment au Monde Laurent Wauquiez.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/29/europeennes-bellamy-l-hypothese-conservatrice-de-wauquiez_5390228_823448.html
29/11/2018
Tête d’affiche du mouvement des Veilleurs, la garde avancée de l’opposition au mariage pour tous, ce professeur de philosophie de 33 ans a été nommé mardi tête de liste LR pour les européennes.
politique
Baroin, un « chasseur en attente » à l’abri des turbulences
François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), le 22 novembre. LIONEL BONAVENTURE / AFP Ils se sont toisés pendant deux heures, ce 21 novembre, sous les ors défraîchis de l’hôtel de Marigny, à deux pas du palais de l’Elysée. D’un côté, François Baroin et la vingtaine de membres du bureau de l’Association des maires de France (AMF), qu’il préside. De l’autre, Emmanuel Macron, son premier ministre, Edouard Philippe, et les ministres chargés des collectivités territoriales, Jacqueline Gourault et Sébastien Lecornu. Ambiance glaciale au menu. Entre Baroin et Macron, la méfiance succède à la défiance, et réciproquement. Le maire de Troyes n’arrive pas à interpréter la « nouvelle grammaire » de l’exécutif, qu’il qualifie de « populisme officiel ». Le chef de l’Etat, lui, soupçonne son interlocuteur, qui campe sur des positions intransigeantes, de se servir de son rôle de porte-parole des communes de France pour nourrir des arrière-pensées politiques. Le congrès de l’AMF, qui s’est clos jeudi 22 novembre après quatre jours de débats, n’aura pas apaisé les tensions. « Non, je l’ai dit, je ne suis pas dans le jeu politique, affirme pourtant au Monde François Baroin, niant avoir des visées nationales à titre personnel. J’ai des responsabilités, un mandat jusqu’en 2020, je les assume. Maintenant, les circonstances, on ne sait jamais… Mais je ne suis pas dans cet état d’esprit. » Depuis des mois, l’ancien ministre de 53 ans dénonce, avec ses compères Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des départements de France, et Hervé Morin, président de Régions de France, la « recentralisation » de l’exécutif. « En réserve de la République » Le maire de Troyes avance sur une ligne de crête. En tant que patron de l’organisation, il doit tenir des positions fermes contre le pouvoir central et en même temps se garder de basculer dans une opposition systématique. L’AMF est pluraliste et regroupe des élus de toutes sensibilités, qui ne lui pardonneraient pas de transformer l’association en rampe de lancement électorale. Cette position offre en tout cas une seconde jeunesse au chiraquien. En juin 2017, au sortir de la défaite historique du parti Les Républicains (LR) aux élections législatives – une campagne qu’il avait menée –, l’ancien ministre avait pris du champ avec la politique nationale pour laisser la place, disait-il, à « une nouvelle génération ». La victoire éclair du novice Macron ébranlait les certitudes de l’éternel jeune premier de la droite, qui s’était répété pendant des années le mot de Chirac : « Il faut trente ans pour faire un président de la République. »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/29/baroin-un-chasseur-en-attente-a-l-abri-des-turbulences_5390222_823448.html
29/11/2018
Président de l’Association des maires de France, l’éternel espoir de la droite s’oppose à Macron sans se mêler aux batailles de son parti.
blog-mediateur
« Le Monde des lecteurs » - Société : les maux de l’informatique
« Je cale comme tout le monde (même les programmeurs qui n’osent pas l’avouer) devant des protocoles abscons, encombrés d’ambiguïtés, de publicités et de pièges grotesques. Le mal vient à mon avis du fait qu’on demande aux programmeurs d’assumer l’ergonomie du produit, comme si le mécanicien devait choisir la couleur des sièges ou le trajet d’une voiture. » Barande Jérémy -Flickr (CC BY-SA 2.0) Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Merci pour l’article « Finis ta soupe… et ton algorithme » paru dans le supplément l’époque du 25-26 novembre sous la plume de Nicolas Santolaria que j’attendais depuis des mois ! Les utilisateurs de l’informatique auront-ils, enfin, leur mot à dire sur le manque total d’ergonomie des programmes qui envahissent aujourd’hui notre vie quotidienne ? Né pendant le baby-boom d’après-guerre, j’utilise l’informatique depuis presque 50 ans pour taper mes manuscrits, faire des statistiques, de la DAO, des Systèmes d’informations Géographiques etc. Je n’ai jamais jugé utile de faire de la programmation, pas plus que je n’ai appris la mécanique pour conduire ma voiture. J’ai même initié des élèves et des adultes en milieu rural au début des années 1980 pour leur apprendre à affronter la vague informatique qui les a atteints progressivement (sournoisement ?) une dizaine d’années plus tard. Et je cale comme tout le monde (même les programmeurs qui n’osent pas l’avouer) devant des protocoles abscons, encombrés d’ambiguïtés, de publicités et de pièges grotesques. Le mal vient à mon avis du fait qu’on demande aux programmeurs d’assumer l’ergonomie du produit, comme si le mécanicien devait choisir la couleur des sièges ou le trajet d’une voiture. S’il n’y a pas un cahier des charges précis, un ingénieur chargé de se mettre à la place de l’utilisateur, et une batterie de tests avant la diffusion du logiciel, celui-ci est inutilisable. Au lieu de faire leur travail jusqu’au bout, les producteurs de logiciel profitent de l’aura qui les entoure encore, pour accuser l’utilisateur d’être resté un animal préhistorique tétanisé devant son écran ou son téléphone. J’en connais certains dans mon domaine qui se moquent de l’utilisateur, d’autres qui proposent un dialogue limpide de telle sorte que le mode d’emploi qu’ils ont pris soin de rédiger devient très vite inutile. Alors au diable les complexes : le programme le plus sophistiqué n’est qu’un outil rapidement obsolète, un accessoire, une aide pour permettre à un utilisateur d’accéder facilement à toutes les données qu’il souhaite consulter. Réagissons face au chantage des nouveaux scribes et mandarins ! Olivier Buchsenschutz, Guermantes (Seine-et-Marne)
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/11/29/le-monde-des-lecteurs-societe-les-maux-de-l-informatique_5390205_5334984.html
29/11/2018
Olivier Buchsenschutz considère que « le programme le plus sophistiqué n’est qu’un outil rapidement obsolète, un accessoire, une aide pour permettre à un utilisateur d’accéder facilement à toutes les données qu’il souhaite consulter. Réagissons face au chantage des nouveaux scribes et mandarins ! »
emploi
Un « pacte de croissance » pour l’économie sociale
Vous devez présenter jeudi 29 novembre le pacte de croissance pour l’économie sociale et solidaire (ESS). Pouvez-vous, en amont, donner votre définition de l’économie sociale et solidaire ? Christophe Itier. L’économie sociale et solidaire a été définie par la loi Hamon en 2014, posant pour la première fois un périmètre précis intégrant les grandes familles statutaires de l’ESS – associations, fondations, mutuelles, coopératives – et les entreprises à but lucratif limité. Elle représente aujourd’hui 2,3 millions de salariés. Jusqu’à présent l’économie sociale et solidaire a été considérée comme une économie alternative. Avec ce pacte de croissance, nous affirmons qu’elle est, au contraire, un pilier de l’économie et de l’entrepreneuriat de demain. A l’heure où nos politiques publiques atteignent parfois leurs limites, nous avons tout à gagner à nous inspirer d’acteurs qui répondent concrètement aux défis sociétaux, sont attractifs et innovent, qui portent les valeurs de responsabilité, d’humanité et d’engagement, qui résistent à la crise et créent des emplois non délocalisables. Concrètement, quel impact peut-on attendre de l’ESS sur l’emploi ? Ils sont multiples. Ces dix dernières années, la création d’emploi dans l’économie sociale et solidaire a progressé de 24 %, contre seulement 7 % dans le reste de l’économie. Par ailleurs, les entreprises de l’ESS sont en première ligne pour apporter des solutions concrètes face au chômage des jeunes et de longue durée, à l’insertion des personnes en situation de handicap ou victimes de discrimination. Par exemple, des entrepreneurs sociaux, comme Mozaïk RH, ont trouvé un modèle économique en créant un cabinet de recrutement spécialisé dans la lutte contre les discriminations à l’embauche des jeunes des quartiers, qui travaille en étroite collaboration avec les grands groupes. En simplifiant la vie de ces entrepreneurs, en leur donnant les moyens de se développer, le pacte de croissance veut amplifier leur impact positif sur l’emploi. La puissance publique doit se repositionner par rapport à l’écosystème. Quels seront les grands axes du pacte de croissance ? Trois grands axes structurent le pacte de croissance. Le premier vise à libérer les énergies des entreprises de l’ESS en consolidant leurs modèles économiques, en facilitant l’accès aux financements et en simplifiant et élargissant l’agrément ESUS [entreprise solidaire d’utilité sociale, cet agrément créé par la loi de 2014 donne accès à des financements spécifiques] aux entreprises du secteur culturel, environnemental et de solidarité internationale.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/11/29/un-pacte-de-croissance-pour-l-economie-sociale_5390195_1698637.html
29/11/2018
Christophe Itier, le haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire, veut donner une représentation politique unique à l’ESS. Il présente jeudi 29 novembre son projet. Il s’explique aussi sur la fin des contrats aidés.
politique
Parité : le Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes cible les intercommunalités
Depuis bientôt vingt ans, les dispositions législatives successives – l’introduction à l’article 1er de la Constitution, en 1999, de l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives, suivie de la loi du 6 juin 2000 – ont permis de faire progresser l’application du principe paritaire dans les responsabilités politiques, notamment au niveau local. Mais un dernier « bastion » résiste : les intercommunalités. C’est le constat que dresse l’avis du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) remis, jeudi 29 novembre, à la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault. « Après chaque élection, nous faisons le même constat : sans contrainte, pas de parité. Dans la perspective des prochaines élections communautaires, il faut encore compléter le droit pour en finir avec les zones blanches paritaires », estime Danielle Bousquet, la présidente du HCE. Aussi le Haut Conseil juge-t-il nécessaire d’adopter de nouvelles mesures législatives pour améliorer les dispositifs paritaires, tant au niveau de l’élection du conseil municipal et des exécutifs dans les communes de moins de 1 000 habitants que dans le mode d’élection des conseils et des exécutifs des intercommunalités. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La parité est loin d’être respectée dans les intercommunalités Avant le prochain renouvellement de 2020, les conseils des 1 266 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), plus connus sous le terme d’intercommunalités, comptent à peine un peu plus d’un tiers de femmes (34,6 %). Une proportion qui varie de 33 % dans les communautés de communes à 39 % dans les métropoles. Plus l’intercommunalité regroupe de petites communes, plus la proportion de femmes est faible. « Coup d’arrêt » La disparité est encore plus marquée au niveau des exécutifs : à peine 7,7 % de femmes présidant un EPCI et 20 % de vice-présidentes. Le réseau « Elles aussi », qui a réalisé en 2017 une enquête sur la place des femmes dans les conseils communautaires, a identifié 14 % de conseils dont les exécutifs sont exclusivement composés d’hommes. « L’état des lieux témoigne d’un véritable coup d’arrêt de la progression de la part des femmes au sein des instances intercommunales, note le HCE. Les règles de composition actuellement en vigueur des conseils et exécutifs intercommunaux ne vont pas dans le sens de l’objectif constitutionnel d’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux. »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/29/parite-le-haut-conseil-a-l-egalite-femmes-hommes-prone-cible-les-intercommunalites_5390176_823448.html
29/11/2018
Cette instance de contrôle juge nécessaire de nouvelles lois concernant l’élection du conseil municipal et des exécutifs dans les communes de moins de 1 000 habitants et l’élection des conseils et des exécutifs des intercommunalités.
idees
Intelligence artificielle : « Face aux croyances, les faits ne pèsent pas lourd auprès de l’opinion »
« Agiter le spectre d’une « IApocalypse » tient de l’irrationnel » (Photo: le robot humanoïde Sophia, une création de Hanson Robotics, lors d’une présentation au sommet du Blockchain à Malte à St Julian, Malte, le 1er novembre). DARRIN ZAMMIT LUPI / REUTERS Tribune. Ces dernières semaines, l’intelligence artificielle (IA) a été au centre d’une série d’actualités qui ont donné du crédit aux nombreux fantasmes dont elle fait l’objet depuis ses débuts. Le 25 octobre, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a publié les conclusions d’une consultation révélant qu’un grand nombre de personnes étaient favorables à ce que les IA des voitures autonomes favorisent la vie de certains types de profil au détriment d’autres en situation d’accident : les jeunes plutôt que les vieux, les sveltes plutôt que les obèses, etc. Le lendemain, Christie’s mettait en vente le portrait d’Edmond de Bellamy. Cette toile, entièrement peinte par une IA, a été adjugée à 380 000 euros, soit 45 fois son estimation initiale. Deux semaines plus tard, Xinhua, l’agence de presse officielle du régime chinois, annonçait avoir mis au point un présentateur de JT virtuel capable de lire des actualités et de moduler ses expressions au gré des mots prononcés. Ces trois actualités témoignent des avancées de l’IA, mais émettent aussi un message univoque et anxiogène : l’IA est prête à se substituer à l’humain. Un présage qui conforte certainement les théoriciens du « grand remplacement » technologique comme Nick Bostrom, le philosophe des technologies, ou Elon Musk. Des propos apocalyptiques Dans un documentaire du cinéaste Chris Paine, Do You Trust This Computer ?, mis en ligne en avril, le patron déchu de Tesla tient des propos apocalyptiques qui ont marqué les esprits : « Nous nous dirigeons rapidement vers une super-intelligence numérique qui dépasse de loin tout humain. Je pense que c’est évident. Nous avons cinq ans. Je pense que la superintelligence numérique se produira au cours de ma vie, j’en suis certain à 100 %. » Et d’ajouter : « L’IA n’a pas besoin d’être maléfique pour détruire l’humanité – si l’IA a un but et que l’humanité se trouve sur son chemin, alors elle détruira l’humanité naturellement sans même y penser, sans aucune rancune. » Si cette sortie a rapidement fait le tour du monde de la tech, elle le doit à son outrance et à son auteur. Que l’IA puisse représenter une menace à termes pour certains emplois ou qu’elle puisse être détournée à des fins néfastes est une évidence. En revanche, agiter le spectre d’une « IApocalypse » tient de l’irrationnel. Les réseaux de neurones artificiels qui sont à la base de l’IA ont beau imiter le fonctionnement du cerveau humain, ils en sont encore loin : celui-ci peut contenir jusqu’à 100 milliards de neurones, et chacun d’entre eux est relié à plusieurs milliers de synapses.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/29/l-intelligence-artificielle-est-devenue-son-propre-procureur_5390167_3232.html
29/11/2018
Dans une tribune au « Monde », Guillaume Bourdon, spécialiste des données, pense qu’il est urgent que les promoteurs de l’intelligence artificielle fassent de la pédagogie afin de rassurer une opinion inquiète.
international
Brexit : beaucoup de prévisions catastrophiques pour rien
Il règne au Royaume-Uni une étrange atmosphère, qui rappelle la campagne du référendum pour le Brexit, au printemps 2016. Mercredi 28 novembre, les prévisions économiques catastrophiques se sont succédé. Le Trésor britannique et de la Banque d’Angleterre ont tous deux prévu une récession en cas d’une sortie de l’Union européenne (UE) sans accord. Dans son scénario noir, le premier prévoit une chute de 7,6 % du produit intérieur brut (PIB), et la seconde de 8 %, plus que lors de la crise financière de 2008. Dans ce cas, la Banque d’Angleterre anticiperait un effondrement de 30 % des prix immobiliers, un doublement du taux de chômage et une poussée de l’inflation à 6,5 %… Mais la complète absence de réaction des marchés à la publication de ces prévisions – la livre sterling est restée stable – souligne l’évidence : ces annonces relèvent du domaine politique et sont des non-informations économiques. Non pas qu’elles soient fausses, « mais il s’agit de scénarios, pas de prévisions. Cela illustre ce qui pourrait se passer, pas nécessairement ce qui est le plus probable », souligne Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre. En clair, il s’agit d’un simple exercice de modélisation. Celui-ci est nécessaire, par exemple pour savoir si le système financier britannique résisterait au choc extrême que constituerait un Brexit sans accord. La réponse est positive, les banques ayant suffisamment de fonds propres pour faire face, selon M. Carney. A l’extrême opposé du champ des possibles se trouve un autre scénario, qui a beaucoup moins retenu l’attention. En cas d’un accord sur le Brexit qui couvre non seulement le commerce des biens mais aussi celui des services, y compris financiers, la Banque d’Angleterre prévoit… un léger rebond de l’économie britannique, d’environ un point de PIB supplémentaire d’ici à 2024. Explication : la croissance a perdu entre un et deux points de PIB depuis le référendum du 23 juin 2016, et il y aurait alors un effet de rattrapage. La conclusion est sidérante : deux ans et demi après le référendum, et alors que le Brexit entre en vigueur dans quatre mois, les économistes prévoient un impact qui va de – 8 % à + 1 %, ce qui est déjà ce qu’ils disaient avant la consultation populaire. Autant dire qu’ils sont entourés d’un brouillard épais. Cela permet à chacun d’y trouver son compte. « Dans chacun de ces scénarios, la croissance sera un peu plus faible que ce qu’elle aurait été si nous étions restés dans l’Union européenne », affirme Philip Hammond, le chancelier de l’Echiquier, farouchement opposé au Brexit. « C’est de l’hystérie, qui cherche à faire peur », réplique Jacob Rees-Mogg, député conservateur et figure de proue des « brexiters » les plus inflexibles.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/brexit-beaucoup-de-previsions-catastrophiques-pour-rien_5390155_3210.html
29/11/2018
En cas de Brexit sans accord, la Banque d’Angleterre prévoit une baisse de 8 % du PIB. Mais ce scénario du pire n’est pas le plus probable.
international
Ces enfants de prêtres que l’Eglise ne veut pas voir
L’Irlandais Vincent Doyle, fondateur de l’association Coping International, enfant, dans les bras de son père. COLLECTION PERSONNELLE Sa mère a gardé le secret jusqu’à sa mort. Malgré les disputes et les questions, jamais elle n’a révélé à sa fille l’identité de son père. Susan ne l’a découverte qu’il y a cinq mois, après un test ADN. Cette Australienne de 56 ans constate alors qu’elle est liée génétiquement à une autre famille, dont le nom lui est inconnu. Elle en parle à sa tante, qui sursaute en entendant ce patronyme si familier. « Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! », s’écrie la vieille dame. Elle se souvient bien de celui qui portait ce nom, il avait conseillé la famille quand elle était plus jeune. Elle hésite, puis lui annonce : « C’était un prêtre catholique. » Incrédule, Susan vérifie l’arbre généalogique. « C’était bien lui », soupire-t-elle. Cette petite femme à l’abord chaleureux, qui travaille auprès de handicapés, est encore sous le choc lorsque nous la rencontrons, un mercredi d’octobre, dans une ville du nord-ouest de l’Irlande. Elle a fait le voyage depuis l’Australie pour retrouver ses racines et voir les terres de sa « nouvelle famille » côté paternel, lui aussi australien, mais dont les grands-parents étaient irlandais. Quand Susan parle, de grosses larmes roulent sur ses joues. « Ma vie a été un mensonge, regrette-t-elle. Je veux qu’on me rende mon identité. » Elle voudrait aussi savoir ce qui est arrivé à sa mère, ancienne ouvrière, qu’elle avait vue terrorisée à l’idée qu’elle recherche son géniteur. « Elle a été réduite au silence, mais je ne sais pas comment. » Depuis cinq mois, Susan enquête sur sa propre vie. Tout s’entremêle : la sidération, la honte, la tristesse, la colère, la culpabilité… « Un enfant de prêtre, je ne savais même pas que ça existait ! », s’exclame-t-elle en écarquillant les yeux. A l’école catholique, en face de sa maison natale, au cœur d’une région agricole d’Australie, elle a appris que les prêtres observaient la règle du célibat et n’avaient pas de relations sexuelles. Comment imaginer qu’ils puissent avoir des enfants ? Chemin de croix Susan est pourtant loin d’être un cas isolé. En recherchant sur Internet, elle tombe sur un groupe d’enfants de prêtres, Coping International, basé en Irlande. Susan les sollicite, fébrile, et trouve auprès d’eux un soutien salvateur. « Je croyais être la seule dans cette situation, raconte-t-elle. En Australie, je n’avais trouvé aucune information. Et puis, à qui aurais-je pu raconter ça ? Qui m’aurait crue ? » A travers ce groupe, la quinquagénaire découvre, éberluée, des situations similaires de l’Irlande aux Etats-Unis, en passant par la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Pologne, le Kenya, les Philippines, l’Inde, le Brésil, la Nouvelle-Zélande… Partout où la religion catholique a essaimé, des prêtres ont engendré des enfants. Considérés comme les fruits du péché et de la transgression, ils ont été élevés dans la honte et le secret.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/ces-enfants-de-pretres-que-l-eglise-ne-veut-pas-voir_5390153_3210.html
29/11/2018
Ils cherchent leurs origines et se heurtent au mutisme de l’institution catholique sur ce sujet tabou. Mais grâce à Internet, un réseau mondial d’entraide s’est mis en place depuis 2014.
economie
Montée des inégalités, changement climatique... Faut-il en finir avec la croissance ?
OLIVIER BONHOMME Pour Camille Grandjean, cela commence par une question simple face aux produits du supermarché : « En ai-je vraiment besoin ? » A la maison, cela se poursuit par une série de petits gestes : limiter les déchets, récupérer une partie de l’eau de douche pour arroser les plantes. « Je fabrique également beaucoup de mes cosmétiques et produits ménagers, détaille la jeune femme de 34 ans, puéricultrice au centre hospitalier universitaire de Nice. J’ai toujours été sensible à l’écologie, mais mon cheminement vers la décroissance s’est fait très progressivement. » Ses enfants peinent encore à se convertir au dentifrice à l’argile blanche qu’elle prépare, mais ils la soutiennent. Tout comme son mari. « Je vis davantage en cohérence avec mes idéaux, explique-t-elle, avant de nuancer : même si je suis toujours en pleine contradiction. » Car certaines habitudes sont plus difficiles à lâcher que d’autres, confie celle qui « avoue » posséder un iPhone. Lire aussi L’OCDE estime que la croissance mondiale va ralentir en 2019 Camille Grandjean pourrait passer pour l’une de ces bobos prises d’une lubie soudaine pour l’environnement. Un peu déconnectée des angoisses liées aux fins de mois difficiles, au chômage de longue durée et au déclassement. Et pourtant : à quelques jours de la COP24 sur le réchauffement climatique, qui se tiendra à Katowice (Pologne) du 3 au 14 décembre, ces questionnements et doutes tourmentent de plus en plus de Français. Ceux que la démission de Nicolas Hulot du ministère de la transition écologique, lassé du manque d’engagement gouvernemental en faveur de l’environnement, a choqué. Ceux qui, en 2015, ont été enthousiasmés par le documentaire Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent (1,1 million de spectateurs en salles), recensant les initiatives vertes dans une dizaine de pays, ou dévorent les livres de Pierre Rabhi, l’apôtre de la « sobriété heureuse », cartons de librairie. Ceux de plus en plus nombreux à se tourner vers les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), les Ressourceries ou le bio, en plein essor. « Un concept parapluie » Ceux, enfin, que la multiplication des rapports alarmistes sur le désordre climatique provoqué par l’activité humaine interroge : comment sortir d’un modèle qui, si rien ne change, nous conduira dans le mur ? Comment modifier nos modes de vie et habitudes de consommation pour limiter notre impact sur l’environnement ? Et ce, alors que l’épisode des « gilets jaunes » a brutalement souligné à quel point la transition écologique est délicate lorsqu’elle ne s’accompagne pas de justice sociale. Le débat émerge même au sein de l’Eglise, d’ordinaire peu impliquée dans le débat économique. « L’heure est venue d’accepter une certaine décroissance », lançait ainsi le pape François lors de l’encyclique Laudato si, en 2015. « L’urgence climatique et sociale est telle que la volonté de trouver un autre modèle travaille la société, constate Eddy Fougier, politologue, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). Même si cela n’est pas encore visible à grande échelle, les pratiques évoluent. »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/29/faut-il-jeter-la-croissance_5390145_3234.html
29/11/2018
L’expansion économique ne permettant plus de réduire les inégalités et alimentant le réchauffement climatique, le débat sur la post-croissance ressurgit.
musiques
Orelsan : « Je n’ai plus peur de manquer d’inspiration »
Orelsan, dans les locaux de Wagram Music, à Paris, le 16 octobre. REMY ARTIGES POUR « LE MONDE » Le troisième album d’Orelsan, La fête est finie, publié en octobre 2017, s’est vendu à près de 700 000 exemplaires dans le monde, dont 600 000 en France (albums physiques et streaming confondus). Consacré artiste masculin de l’année 2018, après avoir remporté deux autres Victoires de la musique, dont celle du meilleur album de musique urbaine, le rappeur de 36 ans revient de loin si l’on se rappelle la polémique qui avait émaillé son début de carrière en 2009, liée à plusieurs titres contenant des propos violents envers les femmes. Sur la route depuis février, Orelsan sera deux soirs de suite à l’AccorHotels Arena (ex-Palais omnisports de Paris-Bercy), les 5 et 6 décembre. L’artiste, qui a publié le 16 novembre un Epilogue à son troisième album, dresse pour Le Monde le bilan de cette année faste et évoque cet incroyable retournement de carrière. Lire la critique : Pour Orelsan, la fête n’est pas finie Quelle était l’idée derrière la réédition de votre album, agrémenté de onze nouveaux titres ? Jusqu’à maintenant, je n’avais jamais fait de réédition d’album car je ne voyais pas trop l’intérêt, si ce n’est marketing : revendre du disque avec trois ou quatre morceaux en plus. Seulement là, j’avais dans mon ordinateur des morceaux qui étaient des suites aux premiers, comme Adieu les filles pour Bonne meuf, et des titres qui étaient en cours et que je voulais mettre sur La fête est finie, mais qui déséquilibraient la première version, comme Dis-moi, Excuses ou mensonges… C’est assez révélateur de ma manière d’écrire. Je prends plein de notes, et à partir de cette base, j’écris un morceau. Mais souvent, quand j’écris un texte, il me reste beaucoup de matière que je transfère dans mon dossier principal. Ce sont vraiment des chutes de La fête est finie, qui parlent de la même époque, des mêmes thèmes. Comme ça fait un an que je suis en tournée pour défendre cet album, je trouvais intéressant de les sortir à ce moment-là. Appeler ces titres l’« Epilogue », est-ce signifier au public la fin d’une période ? Dans le théâtre classique, l’épilogue sert à faire le récapitulatif de tout ce qu’on a vu avant. Un personnage vient sur scène résumer les actes précédents sous un prisme un peu différent. C’est comme ça que je le vois. J’avais aussi envie de boucler une boucle avant de repartir sur d’autres bases. Pour moi, ce disque termine la première partie de ma vie. J’ai commencé à rapper à 15 ans, j’ai mis dix ans à en faire mon métier, et là j’en vis depuis dix ans. Je me connais mieux, je n’ai plus trop peur de perdre l’inspiration.
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/11/29/orelsan-tout-le-monde-est-deprime-mais-moi-j-ai-de-l-espoir_5390124_1654986.html
29/11/2018
Le rappeur, en concert à l’AccorHotels Arena à Paris les 5 et 6 décembre, cumule les succès après la sortie de son « Epilogue » à son troisième album.
politique
Gabriel Attal : « Il faut que les grandes fortunes françaises puissent léguer leur argent à des œuvres »
Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, le 30 novembre 2017. AI BARREYRE POUR LE MONDE Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, devait présenter, jeudi 29 novembre, sa feuille de route pour le développement du monde associatif. Gel des emplois aidés, fin de la réserve parlementaire, coupes budgétaires, notamment en matière de politique de la ville… Comment répondez vous aux préoccupations des associations ? Nous souhaitons, avec le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, insuffler un véritable climat de confiance entre associations, pouvoirs publics et monde lucratif. Le gouvernement a redonné aux entreprises et aux personnes fortunées des marges de manœuvre importantes depuis un an et demi, notamment pour réinjecter des fonds dans l’économie productive et créer des emplois. Mais aussi pour qu’elles s’engagent davantage pour le monde associatif. Beaucoup le font déjà, il faut aller plus loin et développer une culture de la philanthropie à la française. Qu’entendez-vous par « philanthropie à la française » ? Nous regardons ce qui se fait par exemple aux Etats-Unis, où Warren Buffet et Bill Gates ont annoncé qu’ils réserveraient à leurs descendants directs une part « réduite » de leur patrimoine afin de léguer la quasi-totalité de leur fortune à des associations. Je souhaite que les grandes fortunes françaises puissent elles aussi léguer leur argent à des œuvres. Or, en France, ce « giving pledge » est impossible car vous ne disposez librement que d’une petite partie de votre patrimoine, appelée « quotité disponible ». Le plus gros, soit « la réserve héréditaire », va à vos héritiers. Ce changement passera-t-il par la loi ? Nous allons lancer une mission pour examiner cette possibilité. Si la mission conclut que c’est possible, oui. Une liste d’œuvres susceptibles de recevoir ces dons pourrait par ailleurs être déterminée, pour éviter toute dérive. Ce qui est certain, c’est qu’il ne s’agit en aucun cas de revoir la fiscalité des droits de succession, mais simplement de regarder si l’on peut donner des libertés supplémentaires à ceux qui le souhaitent et en ont les moyens. Concernant le mécénat d’entreprise, le rapport de la Cour des comptes publié mercredi 28 novembre parle d’un « dispositif fiscal avantageux et dynamique ». Que comptez-vous faire de plus ? Nous souhaitons renforcer le mécénat des TPE et PME – qui représentent les trois quarts du tissu économique français – afin qu’elles puissent soutenir financièrement les associations des territoires sur lesquels elles sont implantées.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/29/gabriel-attal-il-faut-que-les-grandes-fortunes-francaises-puissent-leguer-leur-argent-a-des-uvres_5390118_823448.html
29/11/2018
Le secrétaire d’Etat Gabriel Attal souhaite modifier la loi sur les droits de succession pour favoriser les legs aux associations.
livres
« Un soleil sans espoir » : le flic qui rêvait de Kent Anderson
Un soleil sans espoir (Green Sun), de Kent Anderson, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Elsa Maggion, Calmann-Lévy, « Noir », 392 p., 22,50 €. Manifestation contre le racisme à Oakland (Californie), sous la surveillance de la police, en août 2017. JOSH EDELSON / AFP Kent Anderson a 73 ans. L’Américain écrit peu. Quatre livres, y compris celui-ci, en trois décennies. On ne sait ce qui relève des Mémoires ou de la fiction dans la chronique romanesque du policier Hanson, auquel Anderson prête maints traits biographiques. Il s’agit, comme lui, d’un diplômé de littérature doublé d’un béret vert, revenu du Vietnam passablement cinglé, expérience que l’écrivain décrivit dans Sympathy for the Devil (1987 ; Gallimard, 1993), peut-être le récit le plus atrocement lucide inspiré par cette sale guerre. Dans Pas de saison pour l’enfer (13e note, 2013), Anderson restitua ensuite, par bribes, « sa petite existence de série B hantée par la terreur ». Suivant son exemple, son personnage est entré dans la police à l’âge de 38 ans. D’abord à Portland (Oregon) – années racontées dans Chiens de la nuit (Gallimard, 1998) –, puis à Oakland (Californie), où se situe Un soleil sans espoir, son nouveau roman, qui le voit patrouiller dans les quartiers défavorisés. Singulier pedigree Restons sur Hanson, dont l’auteur peaufine ici le portrait. Unique rescapé d’une unité spécialisée dans les missions d’infiltration en territoire vietcong, c’est un solitaire porté sur les livres, la tequila et l’observation des oiseaux, un spécimen progressiste au sein d’une police méprisant toujours les Noirs et les pauvres et d’abord préoccupée de statistiques. Quel que soit le motif, Hanson répond aux sollicitations du central : pillages, rixes, violences domestiques, vieillards incapables de se rappeler où est garée leur voiture, forcenés retranchés dans leur cave… Il n’élude aucune confrontation. Pas même dans un cimetière, en compagnie d’un mafieux. Voilà le singulier pedigree que Kent Anderson a offert à la littérature policière : un îlotier humaniste, conjuguant la placidité du samouraï avec la violence d’un tueur de sang-froid. « Il se fiche de vivre ou de mourir. La plupart des gens le lisent dans ses yeux et se ravisent, hésitent, tentent de s’expliquer. Quant à ceux qui ne le voient pas, il a survécu si longtemps quand d’autres sont morts que sa réaction à la menace est instinctive, plus rapide que la pensée. Cette force de vie dépasse sa volonté. Certaines nuits, il sait qu’on ne peut pas le tuer. Il craint de vivre pour toujours. » D’autres espaces-temps
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/11/29/un-soleil-sans-espoir-le-flic-qui-revait-de-kent-anderson_5390117_3260.html
29/11/2018
Roman noir. Le jour, Hanson, le héros de l’écrivain américain, fait face à la violence des rues d’Oakland, imperturbable. Mais la nuit, la guerre du Vietnam se rappelle à lui.
international
Affaire Khashoggi : le Sénat inflige un désaveu à Donald Trump
Le roi Salman remet une médaille d’honneur à Donald Trump, en 2017. Evan Vucci / AP Donald Trump a essuyé un véritable désaveu au Sénat sur le dossier saoudien, mercredi 28 novembre. Une nette majorité de démocrates et de républicains (63 voix contre 37) s’est prononcée en faveur d’un examen en séance plénière d’un projet de résolution visant à couper l’aide militaire américaine dont bénéficie l’Arabie saoudite dans la guerre qu’elle conduit au Yémen. Cette résolution, soutenue initialement par le sénateur républicain Mike Lee (Utah) et par l’indépendant Bernie Sanders (Vermont) avait échoué il y a six mois à recueillir les voix nécessaires. L’affaire Jamal Khashoggi, et le soutien sans nuances apporté par Donald Trump au prince héritier Mohammed Ben Salman, ont fait se raviser un nombre significatif d’élus républicains. Le prince est en effet considéré par le renseignement américain, selon la presse, comme l’instigateur de la disparition du dissident au consulat saoudien à Istanbul, en Turquie. Le président a mis en avant des contrats d’armement et l’ancienneté de l’alliance avec Riyad pour se justifier. Sourde oreille Dans la matinée, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo et son homologue à la défense, James Mattis, s’étaient pourtant efforcés de convaincre les sénateurs de renoncer à une initiative jugée inopportune. Une tentative cependant d’autant plus mal reçue que la directrice de la CIA, Gina Haspel, avait renoncé pour sa part à se rendre au Sénat, au vif mécontentement des élus. Gina Haspel est officiellement la seule responsable de l’administration de Donald Trump à avoir écouté les enregistrements relatifs à l’assassinat de Jamal Khashoggi, résident américain et chroniqueur du Washington Post, qu’assure détenir la Turquie. La veille, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, avait affirmé devant la presse de la Maison Blanche n’avoir pas jugé nécessaire d’en prendre connaissance au motif qu’il ne comprend pas l’arabe. Résolution symbolique Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, le patron de la diplomatie américaine avait pourtant défendu avec force les arguments avancés par Donald Trump pour expliquer sa mansuétude vis-à-vis d’un prince qui a multiplié les décisions controversées depuis son accession aux plus hautes responsabilités du royaume. Mike Pompeo avait lourdement insisté sur l’importance de la relation avec Riyad dans le contexte des tensions avec l’Iran. Devant les sénateurs, le secrétaire d’Etat a mis en avant le rôle jugé modérateur des Etats-Unis dans une guerre à l’origine d’une crise humanitaire et sanitaire probablement sans guère de précédent dans la région. La résolution du Sénat reste pour l’instant symbolique compte tenu du peu d’intérêt qu’elle suscite à la Chambre des représentants. Mais des sénateurs comme le républicain Lindsey Graham (Caroline du Nord) menacent de bloquer des textes et des nominations tant qu’ils n’auront pas obtenu les réponses qu’ils exigent de l’administration. Et la Chambre des représentants, où les démocrates seront majoritaires à partir de la rentrée parlementaire de janvier, devrait se montrer à partir de cette date beaucoup plus réceptive aux arguments du Sénat. Lire aussi Donald Trump aux côtés de l’Arabie saoudite malgré le meurtre de Jamal Khashoggi
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/affaire-khashoggi-le-senat-inflige-un-desaveu-a-donald-trump_5390104_3210.html
29/11/2018
Les sénateurs américains ont envoyé mercredi le signal fort qu’ils souhaitent punir l’Arabie saoudite pour son rôle dans le meurtre du journaliste.
international
En Israël, l’épidémie de rougeole touche d’abord les ultra-orthodoxes
LETTRE DE JÉRUSALEM Qui n’a pas eu ses deux piqûres ? Les « Tipat Halav » (goutte de lait, en hébreu) sont débordés. Ces centres de santé, qui proposent un suivi gratuit pour les femmes enceintes et les enfants jusqu’à l’âge de 6 ans, ont une mission importante : l’administration des vaccins obligatoires. Tous les résidents, israéliens ou étrangers, peuvent bénéficier de ce réseau efficace. Ces jours-ci, dans le quartier de Baka à Jérusalem-Ouest comme ailleurs, les familles doivent accepter un temps d’attente inhabituel. On se presse, on questionne les infirmières, on trouve une occupation aux bambins impatients. Allez, encore un dessin animé ! Il faut être sourd, aveugle ou retiré au fin fond du désert du Néguev pour ignorer les appels alarmistes des autorités israéliennes. La rougeole fait des ravages. En 2017, 33 cas avaient été recensés, contre neuf l’année précédente. Cette fois, l’alerte a été donnée dès l’été. Fin novembre, le bilan continuait de croître, montant à 2 040 malades. Le plus grand nombre était situé à Jérusalem (874), Beit Shemesh (266), Safed (149) puis Bnei Brak (97). Haïfa, troisième ville du pays ? Deux cas seulement. Rishon LeZion, quatrième agglomération ? Quatre cas. Ces énormes écarts ont une explication évidente. La vague est puissante là où les communautés juives ultra-orthodoxes sont les plus développées. Exemple : la municipalité très religieuse d’Or HaGanuz, dans le nord du pays, qui compte 600 habitants, recense vingt-deux malades. Mode de vie insulaire Le taux de vaccination s’élève à 97 % au niveau national, mais dans les zones où il est plus faible, l’épidémie peut se développer. Plusieurs explications sont avancées, concernant ces quartiers haredi. Il existe une croyance assez répandue chez les ultra-orthodoxes que leur mode de vie insulaire les préserverait des infections communes. Il faut aussi noter une méfiance envers la médecine classique et des vaccins, longtemps entretenue par certains chefs religieux. Sans compter les problèmes d’organisation qui peuvent surgir dans les familles très nombreuses, parfois tentées de reporter cette procédure pour faire traiter plusieurs enfants le même jour. Mauvais calcul : la rougeole, très contagieuse, peut ainsi se répandre de foyer en foyer. Dans l’urgence, le ministère de la santé a lancé une campagne d’information et renforcé le dispositif médical pour assurer les vaccinations. Début novembre, il annonçait que dans les « poches » de population non vaccinée, le taux était passé de 55 % à 80 %. Des ambulances spéciales ont été dépêchées dans ces quartiers, des infirmières supplémentaires déployées dans les Tipat Halav, dont les horaires d’ouverture ont été étendus. Mais au cours des semaines suivantes, les statistiques ont continué à s’alourdir. Pourtant, les rabbins haredi, rétifs d’habitude à toute forme de modernité, ont lancé des appels sans ambiguïté, citations de la Torah à l’appui, pour que les parents protègent leurs enfants et se rendent dans les dispensaires.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/en-israel-l-epidemie-de-rougeole-touche-d-abord-les-ultra-orthodoxes_5390098_3210.html
29/11/2018
Face à la méfiance de cette communauté à l’égard de la vaccination, le ministère de la santé a lancé une campagne d’information.
international
Le Québec envisage de réduire l’immigration
Le premier ministre du Québec, François Legault, a réitéré mercredi 28 novembre son intention de réduire l’immigration dans la province et d’interdire le port de signes religieux pour les employés de l’Etat « en position d’autorité ». « On veut réduire les seuils d’immigration pour avoir les moyens de mieux intégrer les immigrants au marché du travail, à la majorité francophone et au partage de nos valeurs communes », a dit M. Legault, chef de la Coalition avenir Québec (CAQ, centre droit) lors d’un discours de politique générale marquant la reprise des travaux à l’Assemblée nationale à Québec. Laïcité Ancien indépendantiste converti au fédéralisme canadien et porté au pouvoir avec une majorité de sièges aux législatives québécoises du 1er octobre, M. Legault a fait campagne en défendant la nécessité de réduire de plus de 20 % le nombre d’immigrants et de réfugiés que le Québec accueille chaque année, actuellement d’environ 50 000. « En prendre moins, mais en prendre soin », a-t-il dit mercredi en répétant une formule de campagne et en soulignant que « tous les élus de l’Assemblée nationale sont en faveur de l’immigration ». Abordant « la laïcité de l’Etat et les signes religieux », il a rappelé que « cette question traîne depuis plus de dix ans maintenant » et que « les Québécois en ont assez ». « Le port de signes religieux va être interdit pour les employés de l’Etat en position d’autorité », a-t-il déclaré, jugeant cette position « raisonnable ». « On va être ferme et on va bouger rapidement », a-t-il indiqué, un projet de loi à ce sujet devant être présenté en février 2019. Entorse à la Constitution Une majorité de Québécois soutient la position du gouvernement sur cette question controversée, selon un sondage publié cette semaine par Radio-Canada. Pour parvenir à ses fins, le nouveau gouvernement pourrait invoquer une clause lui permettant de se soustraire provisoirement à l’application de la Charte canadienne des droits et libertés, document constitutionnel qui garantit « la liberté de religion » et à ce titre le port de signes religieux ostentatoires. Le précédent gouvernement libéral de Philippe Couillard avait plutôt prévu d’inscrire dans la loi le principe de neutralité de l’Etat, de préférence à la laïcité, en cherchant à bannir le voile islamique. Education, économie et santé resteront néanmoins les priorités du gouvernement, a insisté M. Legault, 61 ans.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/29/le-quebec-envisage-de-reduire-l-immigration_5390092_3210.html
29/11/2018
Le nouveau premier ministre a fait campagne en défendant la nécessité de réduire de plus de 20 % le nombre d’immigrants et de réfugiés que la province canadienne accueille chaque année.
international
Pour les juristes de la Commission européenne, le premier ministre tchèque est en « conflit d’intérêts »
Le premier ministre tchèque, Andrej Babis, lors d’une session du Parlement, à Prague, le 23 novembre. PETR DAVID JOSEK / AP Il s’agit d’un document particulièrement embarrassant pour le premier ministre tchèque. Andrej Babis est dans une situation de conflit d’intérêts au regard de la loi européenne, selon une note du service juridique de la Commission de Bruxelles en date du 19 novembre, que Le Monde a pu consulter. Ce service estime qu’il est urgent de mettre un terme au mélange des genres orchestré par M. Babis, un milliardaire né en 1954, accusé de mêler ses affaires personnelles à la politique de son pays, membre de l’Union européenne (UE) depuis 2004. Les juristes de la Commission répondent à une requête très argumentée d’un autre service interne aux services bruxellois, la « DG Regio », chargée des fonds structurels, requête qu’a également pu consulter Le Monde, et qui conclue que M. Babis, qui dirige le gouvernement tchèque depuis juin, « apparaît comme le seul bénéficiaire » de deux trusts dans lesquels ont été placées ses parts des entreprises Agrofert et Group Agrofert. Cette dernière entreprise possède elle-même des participations dans 200 à 300 sociétés opérant dans les secteurs agricoles, agroalimentaires ou chimiques. Au total, ces compagnies ont reçu « une quantité significative » de fonds structurels européens, dont « approximativement 42 millions d’euros en 2013 et 82 millions d’euros en 2017 », relève le service juridique de la Commission. Pour son analyse, il s’appuie sur un règlement, publié le 30 juillet 2018 au Journal officiel de l’UE, précisant les règles financières régissant le budget de cette dernière. L’article 61, traitant spécifiquement des « conflits d’intérêts » liés à l’usage de l’argent européen, est une version plus précise d’un article précédent traitant du même sujet. L’exercice de ses fonctions est « compromis » Adopté à la demande du Parlement de Strasbourg, qui entendait durcir les règles d’attribution des fonds européens, il stipule que « les acteurs financiers (…) et les autres personnes, y compris les autorités nationales (…) intervenant dans l’exécution budgétaire en gestion directe, indirecte ou partagée, y compris les actes préparatoires à celle-ci, ainsi que dans l’audit ou le contrôle, ne prennent aucune mesure à l’occasion de laquelle leurs propres intérêts pourraient être en conflit avec ceux de l’UE ». Or, estime le service juridique de la Commission, M. Babis, en temps que premier ministre, a « l’opportunité de diriger et d’influencer les prises de décision liées à la mise en œuvre des fonds venant du budget de l’UE ». M. Babis préside même le Conseil des fonds structurels, l’organisme tchèque qui décide de la distribution de ces fonds.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/pour-les-juristes-de-la-commission-europeenne-le-premier-ministre-tcheque-est-en-conflit-d-interets_5391123_3210.html
30/11/2018
Selon une note confidentielle, Andrej Babis est le principal bénéficiaire de trusts privés qui détiennent ses anciennes sociétés agroalimentaires.
idees
« Gilets jaunes » : « La Suède, pionnière de la fiscalité écologique »
« Le tourisme lointain reste largement une affaire des classes moyennes et supérieures, dont le budget familial permet d’arbitrer entre plusieurs postes de dépenses. » (Photo : Maldives.) SAKIS PAPADOPOULOS / robertharding / Photononstop Tribune. La mobilité est le défi le plus complexe de la transition écologique, et les transports le secteur où l’exigence de justice sociale se pose avec une acuité particulière. Et pourtant, le trafic aérien échappe presque entièrement à l’impératif de partager les efforts : sa part dans les émissions mondiales des gaz à effet de serre ne cesse de croître très fortement depuis les années 1990. En France, on note surtout la progression des vols à bas coûts à destination des pays voisins : c’est le prix à payer pour ne pas avoir relié l’Europe par une infrastructure ferroviaire et intermodale commune… Continuer d’exempter le kérosène de la taxation carbone, comme le fait l’Union européenne (UE), est donc une aberration et une grave distorsion de concurrence en faveur des modes de déplacement les plus polluants. Mais aussi en faveur des classes sociales aisées. Comparé à l’usage de la voiture, le déplacement en avion est en effet rarement une réelle contrainte ; la hausse constante des émissions dues à l’aviation est surtout due à l’explosion du tourisme mondial, qui représente déjà 8 % des émissions mondiales. Un des pays qui agissent pourtant sans attendre l’UE est la Suède, pays pionnier en matière de fiscalité écologique. La taxe carbone y fut introduite dès 1991 et représente aujourd’hui le prix carbone le plus élevé du monde (130 euros par tonne). L’aviation en reste exemptée, mais le pays avait introduit par ailleurs, dès 1989, une taxe sur le kérosène ; celle-ci a dû être abolie en 1996, à la suite de l’adhésion à l’Union européenne et à un verdict négatif de la Cour de justice. Une nouvelle réforme contourne le problème en taxant le kérosène de façon indirecte, par les billets d’avion achetés et selon la distance parcourue : environ 6 euros pour les vols intérieurs et européens, 25 euros pour les vols en dehors de l’UE à distance maximale de 6 000 kilomètres ; 40 euros au-delà. Une taxe sur les billets d’avions dérisoire Les premiers résultats sont déjà visibles : l’Autorité des transports suédoise annonce entre 500 000 et un million de départs en moins en 2018 que les années précédentes, selon les différentes estimations. C’est trop peu pour inverser la tendance haussière, mais suffisant pour commencer à aplanir les courbes : l’augmentation ne sera « que » de 2,8 %, au lieu de 5 % cette année, due essentiellement à la baisse des vols intérieurs.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/gilets-jaunes-la-suede-pionniere-de-la-fiscalite-ecologique_5391121_3232.html
30/11/2018
Les voyages aériens, surtout de courte distance, ne sont pas des déplacements contraints. Pourquoi ne pas taxer fortement le kérosène, à l’instar de la Suède, suggère le sociologue Wojtek Kalinowski dans une tribune au « Monde ».
implant-files
« Implant Files » : un rapport de l’IGAS souligne les incroyables lacunes de la surveillance de l’autorité sanitaire
Analyse d’explants cardio-vasculaires à l’hôpital de Strasbourg, le 11 octobre. NICOLA LO CALZO POUR "LE MONDE" Un rapport confidentiel de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) rédigé en octobre, remis tout récemment à la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, et dont Le Monde a pris connaissance, arrive aux mêmes conclusions que l’enquête « Implant Files » menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (l’ICIJ), Le Monde et cinquante-huit autres médias partenaires : la surveillance des effets indésirables liés à l’utilisation des dispositifs et des implants médicaux – la matériovigilance dans le jargon – comporte d’incroyables lacunes. Les anomalies de la base de matériovigilance de l’Agence nationale de sécurité du médicament (l’ANSM), joliment baptisée MRVeille, sont légion : des champs entiers, et pas des moindres, sont vides, notamment le type de dysfonctionnement ou les conséquences pour le patient. Certains incidents sont déclarés avec un an de retard, quand ce n’est pas huit ans plus tard. Comment, dans ces conditions, sans données fiables, l’autorité sanitaire peut-elle correctement remplir sa mission ? Les inspecteurs de l’IGAS ont leur avis sur la question : « L’organisation actuelle de la matériovigilance ne permet qu’une surveillance passive du marché », écrivent-ils dans leur rapport d’audit, tout en déplorant que l’ANSM soit « trop en réaction » et que le suivi des déclarations d’incidents soit « insatisfaisant ». La sous-déclaration des incidents par les médecins est par ailleurs un vrai problème. Mais en même temps, « l’organisation actuelle de la matériovigilance pourrait avoir du mal à absorber une augmentation des incidents critiques et majeurs », note l’IGAS. « Imprécision » Réalisé en 2017, cet « audit de la maîtrise des risques sanitaires par l’ANSM » avait pour but d’interroger « le niveau de maîtrise des risques sanitaires » de l’agence. Pour sept des onze risques passés en revue – comme les activités d’inspection et de contrôle en laboratoire, ou encore la prévention des conflits d’intérêts, « qui a fortement progressé » –, la maîtrise par l’agence « apparaît raisonnablement assurée ou en voie de l’être ». Mais pour les quatre autres, dont la matériovigilance, de sérieux progrès restent à faire. Pour la défense de l’agence, Jean-Claude Ghislain, directeur pour les situations d’urgence, les affaires scientifiques et la stratégie européenne, avait reconnu que la base MRVeille « avait ses limites ». Mais heureusement, avait-il expliqué au Monde et à Radio France, cette base de données n’est qu’un outil. L’agence s’appuie aussi sur son réseau de correspondants locaux (un par établissement de santé) qui lui fait remonter les incidents. C’est sur eux, aussi, qu’elle s’appuie pour relayer les alertes.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/30/implant-files-un-rapport-de-l-igas-souligne-les-incroyables-lacunes-de-la-surveillance-de-l-autorite-sanitaire_5391112_5385406.html
30/11/2018
Dans un rapport d’audit remis à la ministre de la santé, les inspecteurs de l’inspection générale des affaires sociales déplorent que l’ANSM soit « trop en réaction ».
basket
Basket-ball : les Français se qualifient pour le Mondial 2019
En dominant la République tchèque 79 à 65, vendredi 30 novembre, l’équipe de France masculine de basket-ball s’est qualifiée pour le Championnat du monde 2019 qui aura lieu en Chine (31 août-15 septembre). Les Bleus ont enregistré à Pardubice leur huitième victoire en neuf rencontres de qualification, et sont assurés de terminer dans les trois premiers de leur groupe, condition pour aller en Chine. La France a décroché sa première médaille mondiale en 2014 en Espagne, du bronze pour une équipe emmenée par Boris Diaw, l’emblématique capitaine qui a pris sa retraite internationale en septembre 2018, deux ans après celle de la star Tony Parker, qui a raccroché avec les Bleus après la sortie en quart de finale des Jeux olympiques 2016 à Rio. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les adieux de Boris Diaw, pilier du basket français, joueur atypique et altruiste En Chine, les Français tenteront d’effacer le flop du Championnat d’Europe de 2017, au cours duquel ils avaient été éliminés en 8e de finale par l’Allemagne. Les deux meilleures nations européennes au Championnat du monde valideront leur billet pour les JO de 2020 à Tokyo.
https://www.lemonde.fr/basket/article/2018/11/30/basket-ball-les-francais-se-qualifient-pour-le-mondial-2019_5391110_1616663.html
30/11/2018
L’équipe de France, en battant les Tchèques vendredi, s’est assurée de terminer dans les trois premiers de son groupe de qualification, condition pour aller en Chine en septembre 2019.
planete
L214 publie des images de maltraitance dans des élevages de truite
urope. L’association L214, qui milite contre la maltraitance animale, a publié vendredi 30 novembre des images filmées dans des élevages de truites de la société Aqualande, le plus gros producteur en Europe. On y voit des truites entassées dans des bassins trop petits et remplis d’eaux troubles. A cause de la densité d’individus, elles manquent d’oxygène. Beaucoup sont blessées ou malades. Une fois à l’abattoir, elles sont tuées par asphyxie au dioxyde de carbone, sans être étourdies. En France, la pisciculture est peu encadrée. Contrairement à d’autres animaux, l’étourdissement avant l’abattage n’est pas obligatoire pour les poissons. Pourtant, les scientifiques s’accordent désormais sur l’existence de la souffrance chez les poissons. En 2017, des « états émotionnels » ont été détectés pour la première fois chez des poissons. Et en septembre 2018, le labre nettoyeur – une espèce de poisson venant des mers tropicales – a même réussi le test du miroir de Gordon Gallup, une technique utilisée par les scientifiques pour évaluer la perception de soi chez les animaux. La consommation de poisson est par ailleurs en forte augmentation en France. Entre 2011 et 2016, la consommation de truite fumée a augmenté de 73 %. Le poisson est désormais l’animal d’élevage le plus répandu dans le monde après le poulet. Sources : - Cognitive appraisal of environmental stimuli induces emotion-like states in fish https ://www.nature.com/articles/s41598-017-13173-x - Cleaner wrasse pass the mark test. What are the implications for consciousness and self-awareness testing in animals ? https ://www.biorxiv.org/content/early/2018/08/21/397067 - Mirror-Induced Behavior in the Magpie (Pica pica) : Evidence of Self-Recognition https ://journals.plos.org/plosbiology/article/authors?id=10.1371/journal.pbio.0060202
https://www.lemonde.fr/planete/video/2018/11/30/l214-publie-des-images-de-maltraitance-dans-des-elevages-de-truite_5391077_3244.html
30/11/2018
L’association a filmé dans des élevages de truite de la société Aqualande, le plus gros producteur en Europe.
m-perso
S’aimer comme on se quitte : « Elle ne veut pas me voler ma jeunesse »
Mcbess Premier jour J’ai 17 ans, je suis en terminale, et j’ai un meilleur ami avec qui je passe tout mon temps. On s’est rencontrés au lycée deux ans plus tôt, et on est toujours ensemble, dehors, à faire des bêtises, chez lui, chez moi, on est inséparables. Nos personnalités sont complémentaires, on se donne le change intellectuellement. On regarde des films, on joue aux jeux vidéo, tout est prétexte à de grands débats. On est un refuge l’un pour l’autre. Lui, son père le dévalorise, sa vie de famille est compliquée, sa mère écorchée vive. On organise beaucoup de soirées ensemble, on boit, on fume des pétards, on prend des risques inconsidérés. Enfin moi surtout. La nuit, j’escalade les toits. Je passe des heures sur celui de l’église à côté de chez moi dont la façade, recouverte opportunément d’échafaudages, est facile à gravir. J’ai toujours aimé les hauteurs. J’ai aussi un fond de nostalgie, entre ce qui est et ce qui aurait pu être. Je suis un peu du genre poète maudit, solitaire et parfois asocial. Coincé entre mes deux facettes, l’une très réaliste, et l’autre qui veut s’échapper d’une réalité trop dure. C’est la tragédie du décalé, je ne me sens jamais complètement à ma place. J’ai eu quelques copines. En seconde, j’étais fou amoureux d’une fille, mais l’histoire n’a jamais démarré. Je l’ai purgée l’année d’après, toute ma vie ne pouvait pas tourner autour d’une seule personne. Je me rends compte que je plais pas mal, on me le dit, on me le montre. Je sais d’elle qu’elle n’est pas commode, un peu abrupte et compliquée au début. La première fois que je la rencontre, elle passe dans la cuisine où je déjeune avec mon meilleur ami. Je lui dis « Bonjour madame ». Elle ressort assez vite de la pièce, elle a mieux à faire. Son fils est très beau, elle aussi est belle, elle a le visage racé, aux lignes dessinées. Je n’ai bien sûr aucune attirance, je n’y pense même pas. Souvent, quand je rejoins mon ami chez lui, il n’est pas disponible tout de suite. Il est occupé à finir ses devoirs, sa bande dessinée. J’erre dans l’appartement, un peu désœuvré. Et j’atterris dans la cuisine, où sa mère a l’air aussi perdue que moi. Souvent, on discute. De plus en plus en fait. Elle se confie, me parle de ses problèmes de famille, des difficultés avec son mari. Je m’interdis de ressentir quoi que ce soit. Pourtant, elle devient de plus en plus tactile, me passe la main sur le bras ou sur l’épaule. Dans le cadre de son activité professionnelle, elle a besoin d’aide pour monter un petit site Internet. Je m’y connais assez en informatique pour pouvoir l’aider. C’est l’occasion pour nous de passer encore plus de temps tous les deux. Mon ami ne se pose ni ne pose aucune question.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/11/30/s-aimer-comme-on-se-quitte-elle-ne-veut-pas-me-voler-ma-jeunesse_5391041_4497916.html
30/11/2018
Deux jours dans la vie des amoureux. Le premier parce que tout s’y joue, le dernier parce que tout s’y perd. A chacun de deviner ce qui s’est passé entre-temps. Cette semaine, Thibault, 32 ans, raconte.
culture
Restitutions au Bénin : des œuvres à valeur historique
Une porte du palais du roi Béhanzin, une des pièces provenant du Bénin présentées dans les collections permanentes du Musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris. MICHEL EULER / AP En déclarant le 23 novembre sa volonté que soient rendus au Bénin vingt-six œuvres d’art et objets emportés lors de la prise d’Abomey en novembre 1892, Emmanuel Macron veut en finir avec l’un des pires moments de la colonisation. L’histoire de ces pièces est désormais bien connue : elles sont été saisies dans les ruines du palais du roi Béhanzin sur ordre du colonel Alfred Amédée Dodds, promu général le 9 novembre 1892, avant même la fin des combats, par la IIIe République. Dodds en a fait don au musée du Trocadéro à Paris en deux versements : huit en 1893, dix-huit en 1895. Lire le reportage : La restitution des œuvres d’art, un sujet éloigné des préoccupations des Béninois Le lot principal est celui de 1893, qui est alors largement présenté dans les journaux : trois statues mi-homme, mi-animal symboliques des rois Ghézo, Glélé et Béhanzin, quatre portes du palais ornées de bas-reliefs polychromes et un siège royal abondamment décoré de figures. Ces huit pièces sont présentées dans les collections permanentes du Musée du quai Branly. Le lot de 1895 comprend trois récades – insignes d’autorité attribués à des dignitaires –, six autels portatifs pris dans le palais royal (dont trois incomplets), des calebasses gravées, les trônes des rois Ghézo et Glélé, un repose-pieds tripode, un fuseau, un métier à tisser et enfin une tunique et un pantalon de soldat. Trônes et autels complets sont les éléments majeurs de cette seconde donation. Lire le factuel : Premières restitutions d’œuvres d’art au Bénin L’ensemble se compose donc de regalia, statues et symboles qui participaient à l’exercice du pouvoir royal et à la religion à laquelle celui-ci était adossé. Elles sont à l’histoire béninoise ce que sont couronnes et sceptres aux monarchies européennes. Erreur politique La demande de restitution que le président béninois Patrice Talon avait adressée à la France le 26 août 2016 correspond à l’importance de ces pièces dans l’histoire et la mémoire nationales. Histoire et mémoire bafouées par la réponse du ministère français des affaires étrangères le 12 décembre 2016 : « Conformément à la législation en ­vigueur, ils sont soumis aux principes d’inaliénabilité, d’imprescriptibilité et d’insaisissabilité. En conséquence, leur restitution n’est pas possible. » Lire l’enquête sur l’art africain : La France coloniale au rapport Cette erreur politique rendait paradoxalement la restitution certaine à plus ou moins court terme : les conservateurs du Quai Branly n’ont pas été surpris par l’annonce du 23 novembre. Que le Bénin soit attaché à ces œuvres, le fait est en effet avéré de longue date. Quand plusieurs de ces regalia avaient été exposées en 2006 à Cotonou grâce à un accord entre le Quai Branly et la Fondation Zinsou, elles avaient suscité un afflux de visiteurs qui surprit jusqu’au créateur de la Fondation, le banquier et homme politique franco-béninois Lionel Zinsou. En 2017, il racontait (Le Monde daté du 19 août) :
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/11/30/restitutions-au-benin-des-uvres-a-valeur-historique_5391030_3246.html
30/11/2018
Les pièces qu’Emmanuel Macron s’est engagé à rendre ont été saisies dans les ruines du palais du roi Béhanzin en 1892.
international
Une église enchaîne les messes pour protéger une famille arménienne aux Pays-Bas
Sur ce cliché pris le 29 octobre 2018, Hayarpi, à droite, sa sœur et son frère prient avec des fidèles dans l’église de la rue Thomas Schwenckestraat, à La Haye, aux Pays-Bas. MAARTEN BOERSEMA / AP Un marathon de messes, ininterrompu depuis cinq semaines : c’est la solution qu’a trouvée le pasteur d’une petite église protestante de La Haye pour protéger une famille arménienne menacée d’expulsion. Aux Pays-Bas, la police n’a pas le droit de pénétrer dans un lieu de culte pendant un office religieux. Plus de 500 pasteurs se relaient jour et nuit. La famille loge au premier étage du lieu de culte. Arrivée il y a neuf ans, Hayarpi Tamrazyan, 21 ans, s’est vu refuser sa demande d’asile, synonyme d’une expulsion imminente vers l’Arménie. L’étudiante en économétrie a frappé, paniquée, à la porte de l’église le 25 octobre, accompagnée de ses parents, de sa sœur de 19 ans et de son frère de 14 ans. « Ouverture et hospitalité » La famille a dû fuir l’Arménie à cause du militantisme politique du père, menacé de mort, explique le magazine en ligne Dutch Review. Elle a cru pouvoir bénéficier du « children’s pardon » : une loi qui permet aux familles avec enfants depuis plus de cinq ans dans le pays d’obtenir un permis de résidence. Mais leur demande a été refusée. La communauté de l’église de la rue Thomas Schwencke a décidé de les accueillir en accord avec le principe d’« ouverture et d’hospitalité de l’Eglise », rapporte le journal. « Il y avait urgence », témoigne Derk Stegeman, pasteur et porte-parole improvisé de l’église, soudainement mise sous le feu des projecteurs. L’histoire de cette famille attire fidèles et pasteurs de tout le pays. « J’ai perdu le compte du nombre de sermons délivrés sur le Bon Samaritain », ajoute le pasteur Axel Wicke, cité par le journal DutchNews.nl. L’église n’a pas l’intention d’arrêter, affirme le journal, malgré le refus des autorités d’accorder le droit d’asile à titre d’exception. Ce n’est pas la première polémique mettant en cause la sévérité des lois néerlandaises sur l’immigration. En septembre, deux adolescents arméniens, dont l’expulsion avait suscité une vive émotion, ont en fin de compte été autorisés à rester aux Pays-Bas. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avant les législatives, le grand malaise des Néerlandais « fâchés »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/une-eglise-enchaine-les-messes-pour-proteger-une-famille-armenienne-aux-pays-bas_5391010_3210.html
30/11/2018
Ce cas suscite une vive émotion dans le pays et met en lumière la politique d’immigration particulièrement restrictive.
blog
Sélection scientifique de la semaine (numéro 333)
– L'histoire de la licorne sibérienne, sorte de rhinocéros qui a disparu il y a environ 36 000 ans. – Biodiversité : le New York Times consacre un long article à la disparition des insectes. (en anglais) – Famines, carences, obésité, etc. : le bilan de la malnutrition dans le monde. – En Europe, la santé des plus vulnérables est menacée par le réchauffement climatique. – Pour la troisième année consécutive, l'espérance de vie baisse légèrement aux Etats-Unis en raison des overdoses aux opioïdes. – Vives critiques à l'endroit du chercheur chinois qui a annoncé la première naissance de bébés génétiquement modifiés. – Il y a cent ans, la tristement célèbre grippe espagnole faisait des ravages dans le monde. Spécialiste de cette période, Anne Rasmussen retrace l'histoire de cette pandémie. – A la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida (qui a lieu chaque 1er décembre), voici la carte des pays les plus touchés par le virus. – Il manquerait des "lettres" dans le génome qui sert de référence pour Homo sapiens. (en anglais) – Génétique encore avec la réponse à une grande question : pourquoi n'avons-nous pas de poils dans la main (sauf pour les plus fainéants d'entre nous...) ? (en anglais) – Après son atterrissage réussi sur Mars (lire ici mon récit, pour les abonnés), InSight va bien et se prépare à déployer son bras robotique, qui installera les instruments de la mission. – Des astrophysiciens ont évalué la quantité totale de lumière émise dans l'Univers depuis sa naissance. (en anglais) – La NASA a dévoilé le nom des industriels qui construiront une station en orbite autour de la Lune et permettront, à terme, à des humains de poser de nouveau le pied sur notre satellite. – Physique des particules : on connaît trois "saveurs" de neutrinos. Mais n'y en aurait-il pas une quatrième ? (en anglais) – Une araignée sauteuse produit une sorte de lait pour nourrir ses petits. – Des traces de présence humaine, vieilles de 2,4 millions d'années, ont été découvertes en Algérie. – Il semblerait bien qu'il y a 6 000 ans, des humains mangeaient déjà du caviar... (en anglais) Pierre Barthélémy (suivez-moi ici sur Twitter ou bien là sur Facebook) Pierre Barthélémy
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2018/11/30/selection-scientifique-de-la-semaine-numero-333/
30/11/2018
Au menu : la NASA veut une station en orbite autour de la Lune, le bilan de la malnutrition dans le monde, pourquoi nous n’avons pas de poils dans la main, etc.
police-justice
Biens mal acquis : une enquête ouverte en France visant l’entourage du président de Djibouti
Une enquête a été ouverte en France après le dépôt d’une plainte par l’ONG Sherpa et le collectif européen de la diaspora djiboutienne (CEDD) visant l’entourage du président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, a-t-on appris vendredi 30 novembre de sources concordantes. L’ONG et le CEDD avaient « déposé une plainte le 16 octobre 2018 pour abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption d’agents publics étrangers contre des membres de l’entourage du président de Djibouti », a indiqué Sherpa dans un communiqué. L’enquête préliminaire a été confiée à l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), a confirmé une source policière. Contacté par l’AFP, le parquet national financier s’est abstenu de tout commentaire. Biens immobiliers à Paris La plainte se concentre sur des biens immobiliers, situés dans les 8e, 16e et 17e arrondissements de Paris, appartenant à des membres de la famille du chef de l’Etat djiboutien, au pouvoir depuis dix-sept ans. Il s’agit notamment de son épouse, Kadra Haid, et de son gendre, Tommy Tayoro Nyckoss. « Personne ne peut croire sérieusement que ces biens immobiliers, dont la valeur est aujourd’hui pour certains d’entre eux de l’ordre de plusieurs millions d’euros, ont pu être acquis par le seul fruit du salaire des membres de la famille d’Ismaïl Omar Guelleh et de ses proches », est-il écrit dans la plainte que l’AFP a pu consulter. En particulier, M. Nyckoss « semble être une personnalité pivot, centrale, dans la mise en œuvre des opérations effectuées depuis des années par la famille d’Ismaïl Omar Guelleh aux fins de détournement d’avoirs publics », est-il souligné dans le document. Plusieurs procédures sont déjà en cours en France dans des dossiers dits de « biens mal acquis ». En 2017, le vice-président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, avait été condamné à Paris à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende, également avec sursis, pour s’être bâti frauduleusement un patrimoine en France. L’enquête avait mis au jour l’ampleur du patrimoine de Teodorin Obiang, qui a fait appel du jugement : objets d’art, voitures de luxe, ou hôtel particulier de 101 pièces, avec hammam et discothèque… Il était le premier dignitaire à être jugé dans le cadre de ces procédures, lancées en 2010 en France. La justice française enquête également sur les patrimoines amassés en France par les proches de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), du défunt Omar Bongo (Gabon) ou encore du président centrafricain déchu François Bozizé.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/11/30/biens-mal-acquis-une-enquete-ouverte-en-france-visant-l-entourage-du-president-de-djibouti_5391004_1653578.html
30/11/2018
L’ONG Sherpa et le collectif européen de la diaspora djiboutienne (CEDD) ont déposé une plainte, notamment pour « abus de biens sociaux » et « détournement de fonds publics ».
musiques
Opéra : Cecilia Bartoli, Vivaldi à la folie
Cecilia Bartoli à Zurich, en 2018. KRISTIAN SCHULLER / DECCA Pelotonnée dans une doudoune noire, Cecilia Bartoli est en train de signer à toute vitesse une pile de son dernier disque, Antonio Vivaldi. Il ne fait pas chaud dans sa loge du Studio Gabriel à Paris, où doit commencer dans une heure l’enregistrement de l’émission de Michel Drucker, ­Vivement dimanche !, qui sera diffusée le 9 décembre sur France 2. A peine maquillée, silhouette amincie, regard juvénile et verbe enthousiaste, la chanteuse ne fait pas les 52 ans qu’elle porte allegro molto depuis le 4 juin. Ce 21 novembre, elle a fait un saut à Paris entre deux récitals à Bruxelles et Amsterdam, avant de revenir le 3 décembre à la Philharmonie. Après trente ans de carrière, la voix est toujours là. « Il y a peut-être une part génétique quand j’entends le soprano de ma mère, ­Silvana Bazzoni, à 83 ans, reconnaît-elle. Mais c’est aussi une question de choix du répertoire. Et de repos. J’ai appris à faire la balance entre opéras, concerts et farniente. Quand j’étais jeune, j’enchaînais une dizaine de dates en tournée. Maintenant, je les regroupe par trois ou quatre. Entre Amsterdam et Paris, j’ai prévu une semaine de repos. » Comme à chacune de ses sorties de disque, la cantatrice italienne est sur le pont. L’exploration du baroque Force est pourtant de reconnaître que ce second disque consacré à Vivaldi, deux décennies après le succès planétaire du Vivaldi Album de 1999, a de quoi surprendre. Vendu à plus de 700 000 exemplaires, il avait révélé à la face du monde le génie lyrique du « Prêtre Roux » enfin sorti du ghetto des Quatre saisons, engendrant une « vivaldimania » dont témoigne l’intégrale que dirige Susan Orlando chez Naïve. « Après tout ce qui a été fait en vingt ans, ce n’était pas évident pour moi de revenir à mes premières amours, concède la mezzo. Mais je me devais ce second album que j’avais refusé à ma maison de disques qui voulait éditer dans la foulée un Vivaldi Album 2. » Lire la critique : La « Norma » hors normes de Cecilia Bartoli Il est vrai que la Bartoli n’en a jamais fait qu’à sa tête et à sa voix. Rossinienne et mozartienne, elle aurait pu suivre le chemin qui va du bel canto (un répertoire qu’elle a notamment abordé avec La Norma, de Bellini) au romantisme, et se contenter de surfer sur quelques rôles fétiches – Rosine, la Cenerentola. Elle a préféré rebrousser chemin vers la musique baroque, non pas seulement à cause de l’air du temps que portaient les chefs Nikolaus Harnoncourt ou Christopher Hogwood qui dessillèrent sa jeunesse, mais parce qu’elle y pressentait un terrain d’exploration propre à satisfaire sa haine de la routine et son insatiable appétence.
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/11/30/opera-cecilia-bartoli-vivaldi-a-la-folie_5391002_1654986.html
30/11/2018
Dix-neuf ans après son « Vivaldi Album », la cantatrice italienne revient à ses amours avec un disque magistral.
m-le-mag
Les avatars montent sur scène
Chanteuse, hologramme, footballeur, influenceuse des stars du virtuel. 2018 : Hastune Miku, star internationale La pop star Hastune Miku et ses fans. YOSHIKAZU TSUNO / GAMMA-RAPHO / GETTY IMAGES Pop star créée en 2007, éternellement 16 ans et de longues couettes turquoise, elle a donné son premier concert au Japon en 2009. C’est après avoir fait la première partie d’un show de Lady Gaga que la notoriété de cet hologramme dépasse les frontières nippones. D’elle, on ne connaît que la taille et le poids (1,58 m, 42 kg). Le reste de sa vie est imaginé par ses fans qui lui consacrent blogs, mangas et jeux vidéo. 2018 : Alex Hunter, footballeur prometteur Alex Hunter, footballeur du jeu vidéo « Fifa ». EA SPORTS « Rejoindre le Real Madrid, le plus grand club du monde, c’est ce dont rêvent tous les gamins comme moi », s’est félicité le joueur britannique en septembre. Ce jeune prodige fictif du foot européen de 19 ans, personnage-phare du jeu vidéo FIFA, connaît un parcours sans fautes depuis sa création, en 2016. Pour fêter sa nouvelle recrue, le club espagnol vend désormais, et pour de vrai, un maillot floqué « Hunter ». 2016 : Kizuna AI, youtubeuse talentueuse Kizuna AI, la Youtubeuse virtuelle. CAPTURE ÉCRAN KIZUNAAI.COM / YOUTUBE AI CHANNEL Plus de 2 millions de personnes sont abonnées au compte YouTube de cette jeune Japonaise aux yeux bleus, dont l’activité principale semble être de commenter ses propres parties de jeux vidéo. Mais elle interagit aussi beaucoup avec ses fans : elle répond à leur courrier du cœur en vidéo et leur propose des DIY (« do it yourself »). Pour leur plus grand bonheur, elle s’est lancée dans la musique il y a quelques mois. Lire aussi Les youtubeuses virtuelles, nouvelles starlettes du Web 2016 : Lil Miquela, influenceuse convaincante Lil Miquela. AT LILMIQUELA / BRUD.FYI Miquela Sousa, d’origine brésilienne, 19 ans pour l’éternité, compte parmi les instagrammeuses les plus influentes au monde : 1,5 million d’abonnés. Créature fictive du studio américain Brud, elle prête son visage constellé de taches de rousseur à plusieurs marques de luxe (Chanel, Prada) et à des causes (#blacklivesmatter, LGBTQ…). Entre deux photos de mode, elle poste ses clichés de vacances, entourée d’amis (non virtuels). 2011 : Aimi Eguchi, pop star d’un soir Aimi Eguchi du groupe de J-pop AKB48. CAPTURE ÉCRAN YOUTUBE JUSTINLIAUW Lorsqu’une nouvelle chanteuse rejoint le groupe de J-pop AKB48, les fans sont éblouis par la beauté de cette adolescente de 16 ans, née à Saitama, au nord de Tokyo. Et pour cause : son visage est une pure création, élaboré à partir de celui de six chanteuses, bien réelles celles-ci. Son existence virtuelle sera très éphémère : le temps d’une émission télé et d’un spot publicitaire.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/11/30/les-avatars-montent-sur-scene_5390998_4500055.html
30/11/2018
La Japonaise Hatsune Miku sera en concert le 1er décembre à la Seine Musicale, à Paris. L’occasion pour ses fans de la voir ? Pas vraiment, car la chanteuse est un personnage virtuel. Elle n’est pas la première héroïne fictive à séduire les foules.
economie
Le groupe Eram ferme une centaine de magasins
L’enseigne Texto, spécialisée dans les chaussures d’entrée de gamme, devrait fermer 62 de ses 80 magasins. Texto Eram impose un plan de sauvegarde de l’emploi chez Texto et Heyraud. Le groupe détenu par la famille Biotteau, originaire du Maine-et-Loire, a annoncé vendredi 30 novembre envisager de fermer une centaine de ses boutiques début 2019, confirmant une information du quotidien Ouest-France. Deux de ses enseignes sont concernées : Texto, spécialisée dans les chaussures d’entrée de gamme, et Heyraud, chausseur fondé en 1913. La première devrait tirer le rideau de 62 de ses 80 magasins. Heyraud devrait se séparer de 34 de ses 45 points de vente. L’enseigne Eram n’est pas concernée, précise un porte-parole du groupe qui exploite 1 100 magasins et détient 11 marques dont l’enseigne Gémo (400 magasins). Marché en mutation Poids lourd de la distribution, grand rival du groupe Vivarte, en cours de démantèlement, le groupe Eram est confronté à un marché français de l’équipement de la personne en pleine mutation. La vente en ligne de chaussures s’est imposée avec notamment des sites comme Spartoo et Sarenza qui ont séduit les clientèles historiques d’André, Gémo et autres La Halle aux chaussures en leur proposant de les livrer gratuitement. De plus, les chaussures de ville n’ont plus la côte. Jeunes et moins jeunes leur préférant les baskets. Résultat : le marché des chaussures dans son ensemble a perdu plus de 6 % de chiffre d’affaires, en centre-ville, au cours des neuf premiers mois de l’année 2018, selon la Fédération des enseignes de la chaussure. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’e-commerçant Spartoo étend son réseau de boutiques Eram entend aller vite. Les plans de sauvegarde des enseignes Texto et Heyraud pourraient s’achever, respectivement, fin janvier et fin février. Le groupe a déjà été confronté en 2017 à de graves difficultés qui l’avaient conduit à se séparer de sa filiale Agora Distribution comprenant Fabio Lucci et Tati, reprise par le groupe Gifi à la barre du tribunal.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/le-groupe-eram-ferme-une-centaine-de-magasins_5390987_3234.html
30/11/2018
Le groupe familial a annoncé, vendredi, la fermeture de 62 magasins de l’enseigne de chaussures Texto et 34 magasins Heyraud.
big-browser
Quand les supporteurs de Liverpool découvrent deux migrants dans leur car
Des supporteurs de Liverpool FC. OLI SCARFF / AFP Des rires, des applaudissements, des embrassades, des poignées de mains… C’est une belle histoire que raconte la presse anglaise ce vendredi 30 novembre : celle de l’accueil fraternel et humaniste qu’ont réservé les supporteurs de Liverpool FC à deux migrants, qu’ils ont découvert cachés dans leur car. De retour vers Liverpool après avoir assisté au match de Ligue des champions, mercredi 28 novembre au soir, entre le Paris-Saint-Germain (PSG) et Liverpool FC au Parc des princes, des fans du club anglais ont découvert le lendemain matin, à l’approche de Londres, deux migrants qui s’étaient cachés dans leur car. Au péril de leur vie pour trouver asile outre-Manche, l’un des deux s’était placé dans un compartiment moteur, l’autre s’était dissimulé près d’une roue. Les supporteurs de Liverpool les ont immédiatement accueillis dans le bus, les ont salués et pris dans leurs bras avant de leur offrir à boire et à manger. Les passagers du bus ont d’ailleurs pris de nombreuses photos en compagnie des migrants pour immortaliser sur les réseaux sociaux cette rencontre insolite. « Je ne peux pas imaginer ce que ces gars ont traversé, et les risques qu’ils ont pris pour arriver dans ce pays », a témoigné l’un des supporteurs sur les réseaux sociaux. @LivEchoLFC @LivEchonews That smile is pure relief and genuine happiness. Bet they never thought the random bus the… https://t.co/bnPuJAVUjC — LoweyLtd (@Andy) The way all our passengers were to the Asylum Seekers when they were in the UK is a credit to them, the club and th… https://t.co/VM9hNqOY2C — travel_limited (@Football Travel Limited) Front page news 😂 🔴🇫🇷 https://t.co/NEyFAssBOC — travel_limited (@Football Travel Limited) Une scène qui a fait la fierté des journaux locaux ce vendredi. « La manière dont tous les passagers se sont comportés avec ces demandeurs d’asile lorsque nous sommes arrivés en Angleterre est tout à leur honneur, au club mais aussi à la ville de Liverpool », a, de son côté, déclaré un porte-parole de Football Travel Limited, la société qui a organisé ce voyage, au Liverpool Echo. L’histoire ne dit pas ce que sont devenus ces deux migrants, et comment les autorités anglaises ont réagi à la suite de ce petit buzz médiatique…
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2018/11/30/quand-les-supporteurs-de-liverpool-decouvrent-deux-migrants-dans-leur-car_5390982_4832693.html
30/11/2018
De retour de Paris, les fans du club anglais ont immédiatement accueilli les deux migrants qui s’étaient cachés dans leur car pour traverser la Manche.
idees
Les multinationales font face à « la concurrence des juridictions nationales »
Le centre de détention où Carlos Ghosn est retenu, à Tokyo, au Japon, le 30 novembre. KAZUHIRO NOGI / AFP Tribune. Les activités par définition mondiales des multinationales les exposent à de potentiels litiges portés devant une multitude de juridictions nationales. Peuvent alors se présenter des situations où plusieurs tribunaux sont en concurrence pour juger un même dossier ou, quelquefois, même, plusieurs volets d’une même affaire. Dans certains cas, il existe des options de compétence permettant le choix du tribunal dont le droit est favorable, ou des règles qui imposent la compétence du juge du pays de résidence des consommateurs, répartis dans de nombreux pays. Dans d’autres, cette situation de concurrence peut être génératrice de risques pour l’entreprise, comme celui d’un conflit de lois dans lequel l’une valide une opération que l’autre sanctionne, ou encore de l’instrumentalisation d’une procédure judiciaire à d’autres fins que le seul respect des lois. Toutefois, les parties peuvent choisir dans leurs contrats de donner compétence à un tribunal dans un pays donné – ou à des arbitres – et le droit national applicable à leur litige. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’arbitrage international, une justice sur la sellette La situation est tout autre en matière de responsabilité civile délictuelle. En toute hypothèse, les mesures de saisies, qu’elles visent les biens ou les données des entreprises, peuvent être effectuées dans tous lieux où elles se trouvent et la clause de juridiction constitue rarement un obstacle. Celui qui cherche à obtenir une telle mesure devra mener une analyse tactique des moyens disponibles (documents, témoins) à des conditions plus ou moins contraignantes selon les pays. Les entreprises doivent tenir compte de ces risques dans leurs décisions de partage ou de stockage des informations et des données. Risque partiellement couvert Le risque existe également en matière pénale. D’abord, les procureurs ont généralement la maîtrise des poursuites, c’est-à-dire le choix de déclencher ou non une procédure selon que les critères de rattachement d’une affaire avec leur pays leur semblent suffisants (lieu de commission de tout ou partie de l’infraction, lieu de situation du fruit de l’infraction, nationalité des personnes impliquées, devise dans laquelle s’effectue la transaction litigieuse, etc.). Un facteur de complexité supplémentaire est que le droit applicable diffère selon les juridictions. Par exemple, la notion d’intérêt social du groupe de sociétés n’est pas appréhendée de la même manière selon les législations nationales et peut justifier que des opérations contestées dans un pays soient admises dans un autre. Dans cette matière, au-delà du risque pesant sur les entreprises, s’ajoute celui pesant sur les dirigeants ou leurs délégués.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/les-multinationales-font-face-a-la-concurrence-des-juridictions-nationales_5390976_3232.html
30/11/2018
Les avocats Marie Danis et Benjamin van Gaver décrivent dans une tribune au « Monde » les difficultés posées par la multiplicité des droits et des juridictions dans les affaires de dimension internationale comme celle qui implique Carlos Ghosn.
economie
En Espagne, Podemos a fait volte-face sur la décroissance
Pablo Iglesias, le secrétaire général de la formation de gauche radicale Podemos, à Séville, en Espagne,le 2 décembre. CRISTINA QUICLER / AFP Peut-on miser sur la décroissance quand on est seul sur l’échiquier politique à faire ce pari et que son pays affiche un des taux de chômage les plus élevés de l’Union européenne ? Le parti espagnol de la gauche radicale Podemos y a, en tous les cas, renoncé pour le moment. Pourtant, en juillet 2014, plusieurs fondateurs de Podemos, tels Pablo Iglesias et Juan Carlos Monedero, avaient signé le manifeste promu par des militants écologistes, baptisé « Ultima llamada » (dernier appel), et inspiré du mouvement pour la décroissance. « Nous sommes attrapés dans la dynamique perverse d’une civilisation qui, si elle ne croît pas, ne fonctionne pas, et, si elle se développe, détruit les sources naturelles qui la rendent possible », y lit-on. Son objectif : promouvoir « un débat ample et transversal sur les limites de la croissance. » Un débat que les militants espagnols de la décroissance attendent encore. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Montée des inégalités, changement climatique... Faut-il en finir avec la croissance ? Lorsque Podemos présente sa première ébauche de programme, portée par le Cercle d’économie, écologie et énergie, alors formé de militants de base ayant participé à la création du parti au début de l’année 2014, « l’influence du mouvement pour la décroissance était notable, rappelle le professeur Antonio Turiel, chercheur à l’Institut des sciences de la mer et l’un des promoteurs du manifeste Ultima Llamada. Aujourd’hui, la position du parti est confuse et ceux qui étaient impliqués dans le premier brouillon de programme économique ont été déçus… ». Manque de courage L’intérêt de Podemos pour la décroissance n’a en fait duré que quelques mois. A l’automne 2014, les dirigeants de Podemos confient à deux célèbres économistes proches du mouvement altermondialiste Attac la rédaction de leur programme économique, Viçenc Navarro et Juan Torre Lopez. Ces derniers incarnent un néokeynésianisme prônant notamment une politique de relance basée sur l’investissement public. Chez les tenants de la décroissance, la déception est grande. « En Espagne, ce débat s’est effacé quand est arrivée la crise, se justifie Nacho Alvarez, le secrétaire chargé de l’économie de Podemos. Nous avons demandé conseil à l’économiste américain Robert Pollin, qui défend plutôt un “Green New Deal”, une croissance verte basée autour d’une transition écologique. » Dans l’ouvrage collectif Hasta luego Pablo (« A bientôt Pablo », Catarata, 2015, non traduit), l’activiste Alex Corrons résume les critiques sur le manque de courage de Podemos à ce sujet. « Le parti semble conscient de la finitude des ressources naturelles et que la décroissance n’est pas une position idéologique mais de bon sens, mais il a choisi d’embrasser un modèle qui prône une redistribution du capitalisme et de la croissance, sans les questionner, regrette-t-il. Podemos aurait pu jouer une fonction pédagogique vers un changement radical des consciences, mais il a privilégié ses intérêts à court terme. »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/en-espagne-podemos-a-fait-volte-face-sur-la-decroissance_5390973_3234.html
30/11/2018
Dans le pays, le débat s’est effacé quand est arrivée la crise. Le principal sujet est longtemps resté le chômage, qui a culminé à 27 % et atteint aujourd’hui encore 14,6 %.
international
Turquie : la demande de libération de l’opposant kurde Demirtas rejetée
Selahattin Demirtas, ancien candidat à la présidentielle du Parti démocratique des peuples (HDP), prokurde, à Istanbul, en Turquie, le 7 juin 2015. MURAD SEZER / REUTERS Un tribunal turc a rejeté vendredi 30 novembre la demande de libération de l’opposant kurde Selahattin Demirtas, selon une responsable de son parti. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait pourtant appelé à sa libération après deux ans de détention. Détenu depuis novembre 2016, accusé d’activités « terroristes », M. Demirtas risque jusqu’à cent quarante-deux ans de prison dans le principal procès à son encontre. La dernière condamnation du candidat malheureux à la présidentielle du 24 juin, figure de proue du Parti démocratique des peuples (HDP), date du 7 septembre : quatre ans et huit mois ferme pour « propagande terroriste ». Décision « politique » Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, accuse régulièrement le HDP d’être la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé terroriste par Ankara. Il avait rapidement balayé la décision de la CEDH, estimant qu’elle n’était pas contraignante pour la Turquie, alors que le pays est pourtant signataire de la Convention européenne des droits de l’homme. Lire notre compte-rendu : La Turquie défie la Cour européenne des droits de l’homme Dans un communiqué publié vendredi, le HDP a dénoncé une décision « politique », prise sous « la pression du président Erdogan » et en « violation de la Constitution et de la Convention européenne des droits de l’homme ». Troisième force au Parlement, le parti a été fortement touché par les purges menées après le putsch manqué de juillet 2016.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/turquie-la-demande-de-liberation-de-l-opposant-kurde-demirtas-rejetee_5390970_3210.html
30/11/2018
Cette décision d’un tribunal local contrevient à « l’ordre » de libération émis par la Cour européenne des droits de l’homme, normalement contraignant pour Ankara.
idees
De Louis Renault à Carlos Ghosn, la tradition des « patrons absolus » et solitaires
Peu avant sa mort et avant d’être mis en prison, Louis Renault déclarait : « J’ai réussi parce que j’étais seul. Je suis perdu parce que je suis seul. » (Illustration: timbre de Guinée, 2012, portrait de Louis Renault). DR Tribune. Carlos Ghosn est en prison, seul. Fraude fiscale, abus de biens sociaux, détournement de fonds, le coupable est tout désigné et on oublierait presque que tant qu’il n’est pas condamné il est présumé innocent. La justice tranchera, mais on peut s’interroger sur les circonstances de cette affaire et avant tout sur le contexte, cette curieuse « Alliance » entre Renault et Nissan, tant vantée ces dernières années. Après bientôt vingt ans, Renault ne détient toujours que 44,4 % de Nissan. On a dit qu’au moment de l’accord, Renault ne voulait pas devenir responsable des 20 milliards d’euros de dettes d’un groupe en grande difficulté. Ce sera donc 36,8 % puis, après l’exercice de bons de souscription, la participation a grimpé à 44,4 %. On ne peut que louer cette prudence. Mais si le risque était considérable, c’est aussi parce que Nissan était plus important en taille que son sauveur. La méfiance était donc justifiée, mais elle trahissait aussi les capacités limitées de Renault, une position de faiblesse que l’Alliance va garder en mémoire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, un complexe édifice industriel Autre mémoire douloureuse planant sur cette Alliance, l’échec de la fusion entre Renault et Volvo en 1993. Louis Schweitzer, président à l’époque, raconte comment cet échec lui avait fait prendre conscience de l’arrogance des différents acteurs chez Renault et de leur peu de respect de la culture du partenaire potentiel. Une mentalité de « paysan » Si l’Alliance Renault-Nissan paraît curieuse, c’est donc en raison d’une certaine fragilité originelle de Renault, masquée par la grande faiblesse dans laquelle se trouvait alors Nissan. Or, depuis, le constructeur japonais a retrouvé ses forces et la situation d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’il y a vingt ans. Sa taille est désormais quasiment le double de celle de Renault. Mais au-delà des chiffres, l’échec de la fusion avec Volvo est le révélateur d’un fâcheux penchant du constructeur français. Depuis longtemps. En 1922, Renault Selling Branch, filiale américaine du groupe, est en faillite. Louis Renault doit la renflouer de 300 000 dollars qu’il emprunte à la Banque Morgan. Dans les années 1930, il refuse de reprendre Citroën en faillite. En 1961, les ventes de la Dauphine aux Etats-Unis s’effondrent ; c’est le deuxième échec du groupe sur ce marché. Le président de l’époque, Pierre Dreyfus, devra licencier 3 000 personnes. En 1975, il tente un nouvel essai aux Etats-Unis et prend une participation dans le constructeur AMC. En 1986, Raymond Lévy est contraint de la revendre, le risque encouru étant « mortel » selon ses termes.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/de-louis-renault-a-carlos-ghosn-la-tradition-des-patrons-absolus-et-solitaires_5390943_3232.html
30/11/2018
La mémoire de Renault hante le constructeur automobile et scelle le destin de ses PDG, constate Didier Toussaint, l’un des biographes de l’entreprise, dans une tribune au « Monde ».
idees
Affaire Carlos Ghosn : « Dans des alliances entre grandes entreprises, les forces centrifuges ne manquent pas »
Tribune. La spectaculaire arrestation de Carlos Ghosn par les autorités japonaises a pour le moins surpris l’actionnaire principal français. Mais cette surprise, du côté de Renault comme de l’Etat français, renvoie de fait à la nature baroque d’un montage juridique produit par des juristes inventifs, montage dont la solidité semblait assurée par une clef de voûte incarnée par un homme hors normes, un dirigeant à la stature d’homme d’Etat, capable de dialoguer avec tous les puissants de la planète. Dans les cathédrales gothiques, la clef de voûte maintient l’édifice, car elle permet de bloquer les claveaux ; de même, dans des alliances entre grandes entreprises ayant leur propre histoire et leur propre culture, les forces centrifuges ne manquent pas et doivent être contenues en permanence. Dans l’alliance stratégique Renault-Nissan-Mitsubishi (il en est de même pour l’alliance Air France-KLM), le partage de ressources, la mise en commun de savoir entre ingénieurs et cadres supposent des relations de coopération construites sur une vigilance réciproque et constante, afin de veiller à ce que chacun des partenaires y trouve son compte. Lorsqu’on atteint le point au-delà duquel les intérêts des coopérants sont menacés, les arrangements organisationnels se disloquent. Reste à savoir si la clef de voûte est le seul moyen de maintenir l’équilibre dynamique des cathédrales industrielles de l’ère moderne, ou si l’architecture des pouvoirs est à repenser complètement. Si les commentaires se focalisent aujourd’hui sur les dérives d’un homme aveuglé par la cupidité, cet incident critique permet surtout de revenir sur un débat sans fin, celui de la nature de ces structures qui rassemblent des centaines de milliers de salariés sous leur ombrelle et se révèlent être de grandes bureaucraties privées, dont la gouvernance relève d’un régime monarchique sans contre-pouvoirs. Les Etats débordés Leur architecture bâtie à l’échelle du monde permet de transformer les échanges internationaux en échanges internes. Mais si les marchés sont mondiaux, les Etats sont nationaux. Et si les dirigeants des grandes entreprises européennes, américaines, brésiliennes, indiennes n’insistent pas sur leur nationalité d’origine, c’est parce qu’ils ont pris une longueur d’avance sur des Etats incapables, à ce jour, de se doter d’une gouvernance européenne, encore moins mondiale.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/affaire-carlos-ghosn-dans-des-alliances-entre-grandes-entreprises-les-forces-centrifuges-ne-manquent-pas_5390937_3232.html
30/11/2018
La crise de Renault-Nissan est symptomatique des limites atteintes dans la gouvernance d’immenses groupes industriels devenus aussi puissants que les Etats, analyse le professeur de management Jean-Michel Saussois dans une tribune au « Monde ».
idees
Affaire Carlos Ghosn : « Il faut systématiquement brûler ce que l’on a adoré »
Tribune. Il est déjà possible de tirer quelques enseignements de la mise en garde à vue, le 19 novembre, au Japon, de Carlos Ghosn, PDG de l’alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors. Le premier est que le patron qui a cherché ou obtenu la notoriété médiatique reste un débiteur permanent vis-à-vis des médias. Le numérique replace l’image (ou l’icône ?) au cœur de notre société, et il faut systématiquement brûler ce que l’on a adoré. Ce n’est d’ailleurs pas une nouveauté car on sait depuis les Romains qu’il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. Ce qui étonne, c’est l’ampleur donnée au phénomène. L’arrestation de Carlos Ghosn a été mondialement commentée et tous évoquent la déchéance d’un patron de la mondialisation au mépris de la présomption d’innocence. Le fait que son arrestation à la descente de son avion privé se soit passée face à des caméras a probablement participé à ce phénomène… La deuxième leçon est que la valeur essentielle de l’entreprise est son image et celle de son représentant légal. Or cette image est fragile. A la suite de l’annonce de l’arrestation de Carlos Ghosn, le titre de Nissan a dévissé en Bourse de 12 %, le conseil d’administration de Nissan a limogé son président, celui de Mitsubishi également. L’immédiateté de la réaction des actionnaires démontre bien que pour protéger l’entreprise, ils ont choisi de la dissocier de celui dont l’intégrité était entachée. Troisième point : l’image doit être morale. Aujourd’hui, une entreprise ne peut plus se contenter de fournir de bons produits ou de bons services, et son chef ne doit plus se limiter à être un excellent stratège. Il est impérieux que l’entreprise et son chef adoptent un comportement irréprochable. Le chef d’entreprise doit être au-dessus de tout soupçon. Déjà mondialement jugé Avec le recul et dans les prochaines années, on étudiera probablement la différence d’impact médiatique entre le « dieselgate » de Volkswagen en 2015 et l’arrestation de Carlos Ghosn en 2018. Lequel de ces deux actes est objectivement le plus grave pour l’entreprise ? Avoir abusé le consommateur en ayant inclus un algorithme trompeur dans les véhicules Volkswagen entre 2009 et 2015, ou voir son PDG accusé d’avoir omis de mentionner une partie de ses revenus dans des rapports annuels à destination des autorités financières japonaises entre 2011 et 2015 ? Il est vrai que chez Volkswagen, le président du directoire a démissionné en déclarant ne pas avoir été informé de cette fraude organisée. M. Ghosn, quant à lui, n’a pas encore eu le loisir de s’exprimer, mais il a déjà été mondialement jugé.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/affaire-carlos-ghosn-il-faut-systematiquement-bruler-ce-que-l-on-a-adore_5390935_3232.html
30/11/2018
Dans une tribune au « Monde », l’avocat Fabrice Lorvo tire les enseignements du scandale pour le monde de l’entreprise en termes de communication, de réputation et d’éthique.
idees
Affaire Carlos Ghosn : « Au Japon, l’arrestation vaut, aux yeux de l’opinion, presque condamnation »
Tribune. Comme on peut aisément l’imaginer, l’arrestation de Carlos Ghosn a eu un immense retentissement au Japon, dans les médias, mais aussi plus généralement dans la société japonaise. D’autant plus que Carlos Ghosn était un chef d’entreprise très respecté, dont la contribution au redressement de Nissan puis à son renouveau témoignait du profond changement du modèle japonais, notamment de son internationalisation. Il est possible de tirer quelques leçons du traitement de ce scandale au Japon, par comparaison avec celui des médias et commentateurs français. Les conditions sévères de détention de Carlos Ghosn nourrissent en France les soupçons de complot et les accusations de xénophobie. Mais, au Japon, elles ne sont nullement exceptionnelles. A ce stade de la procédure, il n’existe pas, contrairement à la France, de quartiers VIP dans les prisons japonaises : un chef d’entreprise – japonais ou étranger – ou un homme politique ne bénéficie d’aucune condition particulière. Les exemples sont nombreux de patrons japonais qui ont connu des conditions similaires, par exemple Takafumi Horie, ancien président de Livedoor, un portail Internet très populaire, arrêté, incarcéré puis condamné en 2006 pour des manipulations boursières. Le procureur général qui a mené l’enquête à l’époque fait désormais partie de l’équipe d’avocats de la défense de Carlos Ghosn… Si le principe de la présomption d’innocence existe dans les deux pays, son utilisation dans le débat public diffère. En effet, au Japon, l’arrestation vaut, aux yeux de l’opinion, presque condamnation, même si elle ne s’accompagne pas, comme aux Etats-Unis, d’une mise en scène humiliante. Ce qui est caractéristique de la justice japonaise – et ce qui est attendu par la population –, c’est sa rapidité et sa sévérité (la fraude fiscale et l’abus de bien social sont passibles d’une peine comprise entre quatre et dix ans de prison ferme). Peu de critiques directes Quant au montant du salaire de Carlos Ghosn, les réactions sont sensiblement différentes de ce qu’on observe en France. Il y a en effet relativement peu de critiques directes à l’encontre des près de 7,5 millions d’euros versés en 2017 à M. Ghosn pour ses responsabilités chez Nissan et Mitsubishi (hors autres avantages légaux). Ce salaire est pourtant près de trois fois supérieur à celui du président de Toyota, Akio Toyoda (issu de la famille fondatrice et actionnaire historique de l’entreprise), et sans comparaison avec les salaires des dirigeants japonais d’autres entreprises bien plus grandes ou profitables que Nissan.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/affaire-carlos-ghosn-au-japon-l-arrestation-vaut-aux-yeux-de-l-opinion-presque-condamnation_5390933_3232.html
30/11/2018
Les motifs d’indignation et de débat public ne sont pas les mêmes au Japon et en France, observe Sébastien Lechevalier, chercheur spécialiste de la société japonaise, dans une tribune au « Monde ».
idees
Affaire Carlos Ghosn : « Le patron, angle mort de la gestion des risques »
Carlos Ghosn à Paris, en octobre 2017. MICHEL EULER / AP Tribune. La chute annoncée de Carlos Ghosn repose la question de la vulnérabilité et donc de la résilience des très grandes organisations quand leur dirigeant fait soudain défaut. La situation est comparable, toutes proportions gardées, avec ce qui s’est passé lors des disparitions tragiques de Georges Besse en 1986 chez Renault, d’Edouard Michelin chez Michelin en 2006, ou de Christophe de Margerie chez Total en 2014. A chaque fois, un état de sidération suivi de tristesse teintée de vertige et de doutes, avant la nomination du successeur, la reprise en main et le rebond. Même si les conseils d’administration nomment en général un successeur assez rapidement, comme cela s’est d’ailleurs fait chez Nissan et Mitsubishi ou dans une certaine mesure chez Renault, il survient une dangereuse phase de flottement. Mais comment une société, qui s’efforce en principe de s’organiser et d’anticiper en toute chose, peut-elle autant tanguer quand le dirigeant vient à faire défaut ? Cette question est particulièrement prégnante pour la très grande entreprise. Trois constats Trois constats permettent de comprendre ce talon d’Achille des grandes organisations modernes. Premièrement, les entreprises sont des hiérarchies avec une structure de pouvoir pyramidale. Si l’on n’y prend garde, ces hiérarchies peuvent même devenir des monarchies éclairées. Les présidents sont contrôlés par leur conseil d’administration, mais certains font tout pour s’en affranchir en s’efforçant d’y faire nommer des administrateurs amis pour contrôler leur conseil en retour. Une version de l’arroseur arrosé adaptée à la gouvernance. Par ailleurs, en interne, un président nomme ses collaborateurs et les contrôle par l’usage classique du bâton et de la carotte combinés. Au total, un président installé tient son monde. Dans de tels contextes, il est difficile d’oser aborder le sujet sensible de la succession, du plan B face à un scénario catastrophe, proche du tabou, celui de la chute de l’Inca ! Deuxièmement, les dirigeants à même de faire réussir la très grande entreprise ne sont pas légion. Il y a foule de candidats, mais peu de vrais talents. Les écoles forment nombre de diplômés, mais il y a un abîme entre le cadre-manageur et le leader-dirigeant confirmé. Capacité et talent, expérience et réussite Il y faut une combinaison assez exceptionnelle de vista stratégique, de capacité d’animation, de connaissance fine des métiers de l’entreprise (ça prend du temps et ça ne s’invente pas), de légitimité auprès des équipes, de sens politique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/affaire-carlos-ghosn-le-patron-angle-mort-de-la-gestion-des-risques_5390932_3232.html
30/11/2018
Dans une tribune au « Monde », le professeur de management Thomas Durand s’interroge sur le paradoxe de multinationales si puissantes, et si facilement fragilisées par le défaut d’un seul homme.
afrique
Les pays du lac Tchad demandent le soutien international contre Boko Haram
Des militaires camerounais à Achigachia, dans la région camerounaise de l’Extrême-Nord, en 2016. Joe Penney / REUTERS Les présidents nigérian, Muhammadu Buhari, nigérien, Mahamadou Issoufou, et tchadien, Idriss Déby, ainsi que le premier ministre camerounais, Philémon Yang, ont demandé, jeudi 29 novembre, « le soutien de la communauté internationale » dans la « lutte contre le terrorisme » et pour « la stabilisation » de la région du lac Tchad. Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont exprimés via un communiqué transmis à l’Agence France-Presse à l’issue d’une réunion à N’Djamena. Lors de cette entrevue à huis clos, ils « ont exprimé leur profonde préoccupation face à la recrudescence des attaques » et affirmé vouloir « changer d’approche dans la lutte contre Boko Haram ». Ils ont promis de multiplier ce type de rencontre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Visite historique du président tchadien Idriss Déby en Israël Au cours de leur réunion, ils se sont également entretenus avec de hauts gradés de la force multinationale mixte regroupant des militaires du Tchad, du Cameroun, du Niger et du Nigeria. Appuyée par les pays occidentaux, celle-ci a pour mission de surveiller la région du lac Tchad avec l’aide de comités de vigilance composés de citoyens locaux. L’armée nigériane visée Les quatre pays de cette zone sont membres de la Commission du bassin du lac Tchad, engagée dans la lutte contre le groupe djihadiste Boko Haram, né en 2009 au Nigeria et qui s’est scindé en 2015 en deux branches, dont l’une a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI). Boko Haram a récemment intensifié ses raids et autres attaques visant notamment l’armée nigériane. Mi-novembre, la branche affiliée à l’EI a revendiqué la mort de 118 soldats au cours d’une série d’attaques, menées particulièrement au Nigeria. Jeudi, un officier nigérian a déclaré qu’une autre base proche du lac Tchad avait été attaquée mardi par le groupe et que les soldats, qui ont perdu trois des leurs, avaient été « écrasés » par les insurgés. Mais les pays voisins ne sont pas épargnés. Au Cameroun, au moins 29 personnes ont été blessées mercredi dans un attentat-suicide perpétré par une femme à Amchidé, dans la région de l’Extrême-Nord, près de la frontière avec le Nigeria. Le président Buhari avait promis lors de la campagne présidentielle de 2015 d’éradiquer le groupe djihadiste et avait assuré quelques mois après son élection que Boko Haram était « techniquement vaincu ». Candidat à sa propre succession en février 2019, il doit faire face à de nombreuses critiques sur son bilan sécuritaire.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/30/les-pays-du-lac-tchad-demandent-le-soutien-international-contre-boko-haram_5390929_3212.html
30/11/2018
A N’Djamena, les dirigeants du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun ont exprimé leur préoccupation face à la recrudescence des attaques.
international
Le nouveau traité de libre-échange nord-américain signé en marge du G20
Le président Donald Trump, au centre, entre le président mexicain Enrique Peña Nieto, et le premier ministre canadien Justin Trudeau, avant la signature du nouvel accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada (AEUMC), au sommet du G20 à Buenos Aires, en Argentine, le 30 novembre. Martin Mejia / AP C’était l’une des bêtes noires du président Donald Trump, qui l’accusait d’avoir causé la perte de millions d’emplois américains. L’Alena, en vigueur depuis 1994, est mort : les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ont signé vendredi 30 novembre le nouveau traité de libre-échange nord-américain, lors d’une cérémonie officielle en marge du G20 à Buenos Aires, en Argentine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Commerce : Trump arrache au Canada un nouvel accord de libre-échange « C’est un modèle d’accord de libre-échange qui va changer le paysage commercial pour toujours », s’est félicité dans la foulée le président américain, à propos de ce traité âprement négocié entre les trois pays, à son initiative. Signé pour seize ans, l’accord peut être réexaminé tous les six ans. Lait et automobile Les négociateurs des trois pays avaient trouvé un accord après un marathon de discussions entamé début septembre. Les trois parties sont finalement parvenues à un compromis sur nombre de questions délicates. L’« accord Etats-Unis-Mexique-Canada » (AEUMC), conclu le 30 septembre, offre notamment aux Etats-Unis un accès à environ 3,5 % du marché laitier canadien, évalué à 16 milliards de dollars, tout en protégeant le Canada d’éventuels tarifs douaniers automobiles. Le nouveau texte prévoit cependant des règles incitant le secteur automobile à se fournir en matériaux et composants aux Etats-Unis et en Amérique Nord. L’exception culturelle canadienne, qui voit le Canada subventionner le secteur culturel, est maintenue malgré les protestations des Etats-Unis. Des protections « sans précédent » en matière de propriété intellectuelle sont également établies.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/le-nouveau-traite-de-libre-echange-nord-americain-signe-en-marge-du-g20_5390926_3210.html
30/11/2018
Mexico, Ottawa et Washington ont âprement négocié ce nouvel accord, qui remplace l’Alena, dénoncé par Trump comme le « pire jamais signé ».
societe
Evacuation en cours dans l’une des plus grandes copropriétés dégradées de Marseille
Le Parc Corot, à Marseille, le 27 novembre. BORIS HORVAT / AFP Les évacuations d’immeubles vétustes se poursuivent à Marseille. Vendredi 30 novembre a lieu l’évacuation d’un bâtiment de l’une des plus grandes copropriétés dégradées de la ville : la cité du parc Corot, dans les quartiers nord (13e arrondissement). Rats, humidité, bagarres, électricité délabrée… le bâtiment A du parc Corot et ses 96 logements est connu pour concentrer les dangers. L’arrêté d’« insécurité imminente » pris par la mairie de Marseille le 23 novembre fait état de nombreux dysfonctionnements pouvant provoquer des départs de feu. « La sécurité des occupants est gravement menacée par l’état des équipements de l’immeuble », peut-on lire dans cet arrêté. Vendredi matin, des camions de déménagement prenaient en charge les affaires des habitants évacués. La municipalité annonce avoir engagé une « procédure d’évacuation concertée » : elle « accompagne le déménagement volontaire » des 27 locataires et des propriétaires et « propose des solutions de relogement » avec l’aide des bailleurs sociaux. D’ici à mardi prochain, 18 ménages en bénéficieront, a précisé la mairie vendredi soir dans un communiqué. Sur le terrain, cette évacuation débutée jeudi « est menée n’importe comment, la mairie s’en fiche complètement », a toutefois dénoncé la députée La république en marche (LRM) Alexandra Louis. Elle assure avoir accompagné vendredi des habitants « quasiment livrés à eux-mêmes alors qu’ils auraient besoin d’un accompagnement social, voire psychologique ». Comme Édouard Daladier, hors de lui en 1938, je m’écrie « Qui commande ici ? » . Aucune info sur qui fait quoi, où… https://t.co/i6Cnbs9kPD — ALouisDeputee13 (@Alexandra Louis) 1 500 personnes sans domicile Le bâtiment A du parc Corot compte 96 appartements, dont 27 « légitimement occupés », de nombreux autres étant squattés. L’évacuation des dizaines de squatteurs se fera dans un second temps et incombe à la préfecture, avec, au besoin, le concours de la police. Ces habitants précaires seront « pris en charge et accompagnées vers des dispositifs adaptés », a précisé la préfète déléguée pour l’égalité des chances, Marie-Emmanuelle Assidon. L’effondrement de deux immeubles du centre de Marseille, qui a fait 8 morts le 5 novembre, a plongé Marseille dans une crise sans précédent. Depuis quatre semaines, la deuxième ville de France a fait évacuer 193 immeubles vétustes et menaçants pour éviter un nouveau drame. Les habitants du bâtiment A du parc Corot s’ajouteront aux 1 509 personnes qui se sont retrouvées sans domicile du fait de ces évacuations et sont relogées le plus souvent à l’hôtel, les autres dispositifs étant saturés. Mardi, le parquet de Marseille a ouvert une information judiciaire contre X pour « homicides involontaires » aggravés « par violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité », afin de déterminer les causes de l’effondrement des deux immeubles de la rue d’Aubagne. L’enquête a été confiée à trois juges d’instruction du tribunal de grande instance de Marseille. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La psychose d’un nouvel effondrement gagne les Marseillais
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/30/evacuation-en-cours-dans-l-une-des-plus-grandes-coproprietes-degradees-de-marseille_5390923_3224.html
30/11/2018
Les habitants du bâtiment A du parc Corot s’ajoutent aux 1 509 personnes qui se sont retrouvées sans domicile du fait des évacuations menées depuis l’effondrement des deux immeubles de la rue d’Aubagne.
m-le-mag
Beatriz Gutiérrez Müller, l’anti-première dame du Mexique
Andrés Manuel López Obrador et son épouse, le 1er juillet après l’annonce des résultats de la présidentielle, à Mexico. Pedro Pardo / AFP L’investiture présidentielle de son mari, le 1er décembre, marque un virage à gauche inédit depuis trois décennies au Mexique. A l’instar d’Andrés Manuel López Obrador, élu cinq mois plus tôt, son épouse, Beatriz Gutiérrez Müller, prend les traditions politiques à contre-pied dans un pays inégalitaire, machiste et conservateur. Cette discrète écrivaine et journaliste de 49 ans refuse d’être première dame. « C’est une fonction élitiste qui sous-entend qu’il y a des femmes de premier et d’autres rangs », a déclaré Mme Gutiérrez. La discrète féministe compte néanmoins jouer son rôle dans la « profonde transformation du Mexique », promise par son époux, surnommé « AMLO » (ses initiales). Cette docteure en littérature l’assure : « Nous devons commencer à penser et à agir de manière différente. Il faut en finir avec l’idée de première dame. » « Rien n’impose que l’épouse d’un président soit son ombre complaisante. » Cet été, la plus diplômée des épouses de présidents mexicains n’était pas présente lors de la cérémonie officialisant la victoire triomphale d’AMLO (53 % des suffrages) lors du scrutin du 1er juillet. Elle a aussi refusé de prendre la direction du Système national pour le développement intégral de la famille (DIF), qui revient traditionnellement aux premières dames. « Les temps ont changé », a justifié, le 19 novembre, AMLO en nommant son épouse à la tête d’une nouvelle Coordination nationale de la mémoire historique et culturelle du Mexique, chargée de mieux préserver le patrimoine mexicain. Une activité non rémunérée. Beatriz Gutiérrez Müller prévoit « de continuer d’écrire, d’enseigner et de prendre soin de [s] a famille ». Lire aussi Sept choses à savoir sur le nouveau président mexicain, Andrés Manuel López Obrador Cette professeure de rhétorique et de linguistique à l’Université autonome Benemérita de Puebla, à 130 km de Mexico, aime sortir des sentiers battus. Celle qui se fait appeler par son prénom prend volontiers le volant pour conduire AMLO à certains événements. « Rien n’impose que l’épouse d’un président soit son ombre complaisante », expliquait-elle, fin mai, sur la scène d’un meeting de campagne aux côtés de son mari, de seize ans son aîné. Dans la foulée, elle martelait qu’elle n’avait « aucun intérêt électoral », avant d’appeler les femmes à revendiquer leur place dans une société minée par la violence des cartels de la drogue. Beatriz Gutiérrez, Bety pour les intimes, a soutenu AMLO jusqu’à sa victoire. Ce jour-là, elle postait sur Facebook le clip du titre qu’elle a composé, Hoy despierto (« aujourd’hui je me réveille »), interprété en duo avec le musicien José Portilla. « Cette chanson est dédiée à tous les défenseurs de la démocratie au Mexique qui sont morts sans voir notre rêve se réaliser », a-t-elle écrit pour accompagner cette vidéo mêlant des images d’archives sur les luttes sociales mexicaines et celles de la campagne de son époux, qui a promis de lutter contre la corruption, l’insécurité et la pauvreté.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/11/30/beatriz-gutierrez-muller-l-anti-premiere-dame-du-mexique_5390916_4500055.html
30/11/2018
Ecrivaine, professeure de linguistique et féministe, l’épouse d’Andrés Manuel López Obrador qui prend ses fonctions le 1er décembre, souhaite moderniser la fonction. Elle sera chargée de la préservation du patrimoine mexicain.
idees
« Gilets jaunes » : « La priorité est d’apporter des solutions rapides au recul des services de proximité »
« La qualité de vie est le moteur principal de l’attractivité des zones rurales, objets d’une forte aspiration de nos concitoyens à une vie dégagée des contraintes des métropoles » (campagne autour de Montaigu, en Vendée). Auduciel / Photononstop Tribune. La mobilisation des « gilets jaunes », liée à l’augmentation des prix des carburants, exprime une forte colère populaire liée à l’accumulation des taxes et à la baisse du pouvoir d’achat. Elle n’est pas seulement conjoncturelle, mais révèle une cassure structurelle plus profonde. L’écart se creuse entre une population urbaine vivant dans les grandes métropoles, diplômée, parfaitement intégrée dans la mondialisation et la révolution numérique, et une population vivant à l’écart de ces grands ensembles, dans les territoires ruraux et périurbains, dont les préoccupations quotidiennes divergent du fait du recul des services publics, du manque de solutions de mobilité et de l’explosion des dépenses contraintes. Pas étonnant que des mouvements spontanés naissent à l’occasion d’événements vécus comme des injustices supplémentaires qui ne peuvent plus être tolérées. Au sens large, cette France représente plus de 27 millions de personnes, soit plus de 40 % de la population (Typologie des campagnes françaises, Datar, 2011). France des gagnants, France des perdants de la mondialisation, métropoles dynamiques, territoires relégués, etc., le débat ressurgit à chaque élection mais les gouvernements successifs ne semblent pas avoir pris la mesure de la rupture qui est à l’œuvre. Il n’est donc pas étonnant que des mouvements spontanés naissent à l’occasion d’événements vécus comme des injustices supplémentaires qui ne peuvent plus être tolérées. L’image d’une ruralité en déclin véhiculée dans l’opinion publique et le sentiment d’abandon des ruraux confrontés au recul des services publics, à la difficulté d’accès aux soins, à la dématérialisation administrative sans accompagnement et à une couverture numérique insuffisante, nourrissent la fracture territoriale. Pourtant, les territoires ruraux donnent envie, et recèlent de nombreux atouts. Le mode de vie idéal pour 81 % des Français serait de vivre à la campagne (« Territoires ruraux : perceptions et réalité de vie », sondage IFOP pour Familles rurales, 2018, voir lien PDF). Attractivité des zones rurales La qualité de vie est le moteur principal de l’attractivité des zones rurales, objets d’une forte aspiration de nos concitoyens à une vie dégagée des contraintes des métropoles. Certes, les ruraux, comme les Français, placent la France des campagnes en tête des territoires délaissés : 51 % des ruraux eux-mêmes estiment que le monde rural est « abandonné ». Mais ils ne sont que 5 % à vouloir le quitter ! Malgré la conscience des difficultés, l’attachement au territoire et à son mode de vie l’emporte et apporte la preuve que la ruralité a un avenir.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/gilets-jaunes-la-priorite-est-d-apporter-des-solutions-rapides-au-recul-des-services-de-proximite_5390912_3232.html
30/11/2018
Pour répondre au sentiment d’abandon des campagnes, Dominique Marmier, président national de Familles rurales, dans une tribune au « Monde », suggère à l’Etat de garantir un socle minimum universel de services publics couvrant la santé, l’éducation, la mobilité et le numérique.
culture
Sélection galerie : Myriam Mihindou chez Maïa Muller
« Visage », de Myriam Mihindou. COURTESY OF GALERIE MAÏA MULLER Le cuivre est un métal conducteur. Les mots sont conducteurs d’émoi et de sens. Myriam Mihindou écrit en fils de cuivre tressés, d’une écriture tremblée, des mots très communs : visage, racine, menottes. Elle les trace également au crayon, les brode en fils de soie et découpe dans des dictionnaires leurs définitions et occurrences. Elle appelle cela la « langue secouée ». Ainsi remués, les mots se mettent en effet à vibrer et bruire, d’autant plus fort que Mihindou les associe en petites séries par assonances : visage, visa, vis-à-vis et voir, par exemple. Ces litanies fragmentées ne valent pas seulement par leur poésie sonore : l’histoire et ses silences commodes, la politique et ses « éléments de langage » truqués passent à l’épreuve de ce tamis. Dans plusieurs compositions, certaines phrases sont ­illisibles, serrées en rouleaux noués d’un fil rouge, comme des vœux ou des invocations. On songe aux langues secrètes de bien des religions, aux prières qui ne seraient efficaces que si elles ne sont connues que de celle ou celui qui les adresse à une puissance divine. Le fil de cuivre enveloppe aussi des ­bâtons à fourche, de ceux dont se servent les sourciers, et se glisse dans d’autres fourches, de verre celles-ci, symboles d’une extrême pureté. « Louve », de Myriam Mihindou. COURTESY OF GALERIE MAÏA MULLER « Ivresse », Myriam Mihindou. Galerie Maïa Muller, 19, rue Chapon, Paris 3e. Tél. : 09-83-56-66-60. Du mercredi au samedi, de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 16 janvier 2019.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/11/30/selection-galerie-myriam-mihindou-chez-maia-muller_5390908_3246.html
30/11/2018
L’artiste écrit en fils de cuivre tressés, d’une écriture tremblée, des mots très communs, comme visage ou racine.
international
L’Andalousie, test grandeur nature pour Pedro Sanchez
Susana Diaz et Pedro Sanchez à Chiclana de la Frontera, en Andalousie, le 18 novembre. MARCELO DEL POZO / REUTERS De lourdes oranges font ployer les branches des arbres qui bordent les rues du quartier populaire de Triana, à Séville, ce mardi 27 novembre. Sous un soleil éclatant, un homme frappe dans ses mains et lance un sonore « olé » avant d’entamer une démonstration de flamenco devant les clients d’un bar attablés en terrasse, à l’entrée du marché couvert. A l’intérieur, la porte-parole du parti libéral Ciudadanos, Inés Arrimadas, s’offre un bain de foule avec le candidat local de la formation aux élections régionales qui se tiendront en Andalousie dimanche 2 décembre, Juan Marin. Elle demande aux clients de voter pour dire « adieu à la corruption, au clientélisme, au chômage ». « C’est la Catalane » : le bruit court entre les étals de clémentines, pour faire référence à cette Andalouse installée à Barcelone depuis plus d’une dizaine d’années, où elle est la cheffe de l’opposition aux indépendantistes. « Quel courage », murmure une vendeuse de fruits et légumes, Maria Asunción Guerrero, conquise, qui vient de lui demander un selfie. Chômage à 23 % Au même moment, sur la côte d’Almeria, à Roquetas de Mar, le président du Parti populaire (PP, droite), Pablo Casado, tient une réunion publique où il défend l’extension des peines de prison à perpétuité. Dans ses meetings, le jeune dirigeant conservateur qui a succédé à Mariano Rajoy a parlé davantage de ses projets pour l’Espagne et de la situation en Catalogne que de l’Andalousie. Le soir même, à Marbella, le président du gouvernement, le socialiste Pedro Sanchez, vient apporter son soutien à son ancienne rivale dans le parti, la présidente andalouse Susana Diaz. Il en profite pour promettre d’étendre l’éducation publique gratuite aux enfants de moins de 3 ans, et conclut : « Si nous voulons qu’il n’y ait pas de blocage le 3 décembre, nous devons gagner confortablement. » Cet avertissement renvoie à sa propre situation : à Madrid, M. Sanchez n’a pas encore trouvé les soutiens nécessaires pour voter la loi budgétaire 2019, et son équipe ne dément plus de probables législatives anticipées l’an prochain. A en juger par la mobilisation des leaders nationaux dans la campagne régionale, les élections andalouses, premier rendez-vous avec les urnes avant les nombreuses convocations électorales locales et européennes attendues en 2019, ont des allures de test grandeur nature pour M. Sanchez. Le chef du gouvernement espère qu’une large victoire dans le fief historique andalou de sa formation, que le Parti socialiste (PSOE) gouverne depuis trente-sept ans, ouvrira la voie à sa reconduction à Madrid.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/l-andalousie-test-grandeur-nature-pour-pedro-sanchez_5390904_3210.html
30/11/2018
Le chef du gouvernement espagnol soutient Susana Diaz, son ancienne rivale au Parti socialiste, pour l’élection régionale, dimanche.
m-le-mag
Rosalía, reine catalane de la pop flamenco
La chanteuse Rosalía dans le clip de la chanson « Malamente », 36 millions de vues sur YouTube, tirée de son album « El mal querer ». CAPTURE D’ÉCRAN WEB C’est le nouveau phénomène de la scène musicale espagnole. A 25 ans, la chanteuse Rosalía multiplie les prix, conquiert le public et croule sous les éloges de la critique. Le succès de cette Catalane qui revisite le flamenco pour mieux le fusionner avec la pop ou la trap a dépassé les frontières de l’Espagne. Son nouvel album, El mal querer, sorti début novembre chez Sony, lui vaut déjà une reconnaissance internationale. La chanson Malamente (36 millions de vues sur YouTube) vient de remporter deux Grammy latinos. Certains n’hésitent pas à comparer la jeune femme à la longue chevelure noire, aux yeux verts, lèvres rouges et immenses ongles peints à une version ultracontemporaine de la Carmen de Prosper Mérimée, capable de mêler le cante jondo (le chant flamenco) aux rythmes urbains, les robes à volants aux baskets à plate-forme, les pantalons de jogging et les habits de toreros. Une ambassadrice du flamenco pour les « millennials »… Esthétique et codes gitans Sacrée nouvelle reine de la pop espagnole, parrainée par le chanteur Alejandro Sanz et choisie comme actrice par le réalisateur Pedro Almodóvar pour son prochain film, Rosalía court les plateaux de télévision, où elle raconte ses sources d’inspiration. Et c’est là que le bât blesse. Là que s’engouffrent ses détracteurs, nombreux dans la communauté gitane d’Andalousie, pour critiquer l’« appropriation culturelle ». Rosalía Vila Tobela n’est pas gitane. Ni même andalouse. Ce qui ne l’empêche pas de reprendre dans ses clips cette esthétique du Sud, les vierges tatouées et les robes rouges, mais aussi les clichés, les zones industrielles, les voitures « tunées » et les toreros. La jeune femme, née dans la banlieue ouvrière de Barcelone, à Sant Esteve Sesrovires, n’a aucun accent, alors que dans ses chansons elle aspire les fins de mots, à la manière andalouse. Elle a été formée au cante jondo, en 2014, à l’Ecole supérieure de musique de Catalogne (Esmuc), par un professeur de Cadix, José Miguel Viscaya. Celui-ci reconnaît avoir eu des doutes face à cette jeune fille qui « ne provenait ni du milieu gitan ni du milieu andalou ». Pour les puristes, le cante jondo ne s’apprend pas, il sort des tripes… Rosalía a beau rappeler qu’en Catalogne « la culture andalouse se respire à chaque coin de rue », assurer qu’elle « ne se déguise pas » quand elle chante, que le flamenco « fait partie de [sa] vie depuis plus de dix ans », les critiques pleuvent dans le monde gitan.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/11/30/rosal-a-reine-catalane-de-la-pop-flamenco_5390898_4500055.html
30/11/2018
La chanteuse de 25 ans a conquis l’Espagne en mêlant tradition et modernité. Ses détracteurs l’accusent de dévoyer le flamenco, musique gitane née en Andalousie.
m-perso
Le business de la surprise
OLIVIA FREMINEAU POUR LE MONDE « Bonjour à vous deux, cette image vous renseigne-t-elle sur votre destination ? » Le mail est arrivé dans la boîte de Mélanie et Erwan Maillard, un beau matin. Une photo d’échiquier, accompagnée d’une citation de feu Richard Burton : « L’instant le plus heureux d’une vie humaine est le départ vers une terre inconnue. » Pour partir en week-end, le couple a fait appel à Cap Mystère, un créateur de voyages surprises. A un mois du départ, ils n’en sauront guère plus, si ce n’est qu’il leur faudra deux heures trente de route depuis leur domicile de Mantes-la-Jolie (Yvelines) pour rejoindre le lieu de leur séjour. Ce n’est que le jour J, le 10 novembre, que le voile est levé sur leur destination. Ils trépignent comme de jeunes enfants. « Vous partez ce week-end découvrir l’Indre-et-Loire, et plus précisément la magnifique ville d’Amboise. » Hébergement, deux nuitées avec petit déjeuner, des activités préréservées, des suggestions de visites et de balades. Aucune appréhension, ni tension ni stress, juste l’excitation du départ imminent et des étoiles dans les yeux à la perspective d’un week-end de découvertes. « On avait envie d’être pris par la main, délestés de la logistique pour savourer pleinement, et sereinement, ce week-end en amoureux », explique Mélanie Maillard. « L’émerveillement n’est que plus beau quand la surprise est au rendez-vous », explique Arnaud Huillin, cofondateur de Cap Mystère, plus de 700 voyages organisés chaque année depuis 2014. Plus d’un Français sur deux a le sentiment de mener une vie trop routinière. L’époque ne laisse guère de place à l’imprévu. Les journées sont planifiées, les agendas pleins à craquer. Pour éviter les mauvaises surprises, des algorithmes évaluent le potentiel d’adéquation entre deux inconnus sur un site de rencontres. On passe une heure à faire défiler les photos de plats et les commentaires avant de choisir un restaurant. Un GPS participatif nous dit quel trajet emprunter pour nous rendre sans encombres et au plus vite à notre destination. Bref, un quotidien sans surprise. Où sont passés les cadeaux Bonux, les tirettes à 1 franc, les pochettes-surprises de notre enfance ? Plus d’un Français sur deux a le sentiment de mener une vie trop routinière (OpinionWay pour Groupon). De quoi ouvrir un boulevard à tous ceux qui proposent un bol d’air, un à-côté. Il y a, bien sûr, le business du bien-être, méditation et détox à toutes les sauces. Mais aussi un autre, dont on a moins entendu parler, et qui se taille pourtant une place de choix sur le marché : le business de la surprise.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/11/30/le-business-de-la-surprise_5390893_4497916.html
30/11/2018
A une époque qui ne laisse guère de place à l’imprévu, tout est bon pour se laisser surprendre. Le marché de l’inattendu a de beaux jours devant lui.
les-recettes-du-monde
Le tajine de poulet aux châtaignes : la recette de Fatéma Hal
Tajine de poulet aux châtaignes. Julie Balagué pour M Le magazine du Monde Temps de préparation : 30 min Temps de cuisson : 1 h 10 Difficulté : facile Ingrédients pour 4 personnes Pour le poulet : 1 petit poulet fermier coupé en 4 2 oignons blancs 1 petite botte de persil plat 2 c. à s. d’huile d’olive 1 bâton de cannelle ¼ c. à c. de noix de muscade moulue ¼ c. à c. de gingembre moulu ¼ c. à c. de safran 1 verre d’eau sel, poivre du moulin Pour les châtaignes : 400 g de châtaignes (précuites) au naturel 25 g de beurre frais 1 pincée de sel ¼ c. à c. de cubèbe moulu (poivre de Java) 1 c. à s. de miel ½ c. à c. d’eau de fleur d’oranger 1 petite poignée d’amandes (entières pelées ou effilées) pour la décoration Etape 1 : le poulet Laver le persil en le laissant attaché en botte, avec de la ficelle. Éplucher et émincer finement (ou râper) les oignons. Assaisonner le poulet. Dans une marmite à fond épais, faire chauffer l’huile et colorer les morceaux de poulet quelques minutes à feu fort. Ajouter les oignons, les épices, quelques tours de moulin à poivre, le verre d’eau et la botte de persil entière (ficelée). Porter à ébullition, remuer, couvrir, et laisser cuire à feu doux pendant 1 heure. A la fin de la cuisson, vérifier et ajuster l’assaisonnement, retirer le persil. Etape 2 : les châtaignes Pendant ce temps, rincer les châtaignes précuites et les sécher dans un torchon. Dans une poêle, faire fondre le beurre, ajouter les châtaignes, une pincée de sel, et faire dorer à feu doux 5 à 7 minutes. Ajouter le cubèbe, le miel et l’eau de fleur d’oranger. Remuer, faire chauffer encore 2 minutes à feu doux puis éteindre et réserver au chaud. Etape 3 : l’assemblage Pour servir : laver le plat de tajine à l’eau très chaude, disposer les morceaux de poulet au centre avec la sauce qui doit être onctueuse. Parsemer de châtaignes rôties, décorer avec les amandes. Servir avec du pain au levain. Lire aussi Tajine de poulet aux pâtes : la recette de Raphaële Marchal Avec une pointe d’épices Fatéma Hal a appris la cuisine marocaine avec sa mère, dont cette recette de tajine de poulet. Un plat qu’elle met à l’honneur dans son restaurant Mansouria, à Paris. « Les jours de fête, elle nous régalait avec ce tajine de volaille fermière, dinde, caille ou poulet, et châtaignes fraîches. C’est une combinaison assez atypique, qui enjambe les frontières et qui rassemble toutes les épices chères à mon cœur. » Lire aussi Le goût des épices
https://www.lemonde.fr/les-recettes-du-monde/article/2018/11/30/le-tajine-de-poulet-aux-chataignes-la-recette-de-fatema-hal_5390887_5324493.html
30/11/2018
Un poulet ou une autre volaille relevé avec des herbes et des épices et doucement mijoté. La châtaigne, délicieux fruit de saison, accompagne la viande.
m-le-mag
L’homme qui voulait moderniser l’histoire ancienne de l’Afrique
Directeur de recherche au CNRS, Francois-Xavier Fauvelle a publié en 2017 « A la recherche du Sauvage idéal ». Hannah Assouline/Opale/Pix Palace C’est un drame français entretenu par des hommes politiques peu embarrassés par leur méconnaissance de l’histoire africaine. Il y est ainsi question de « défi civilisationnel » (Emmanuel Macron, 8 juillet 2017), d’une colonisation française qui visait à « partager sa culture » (François Fillon, 28 août 2016) ou encore de « l’homme africain [qui] n’est pas assez entré dans l’histoire » (Nicolas Sarkozy, 26 juillet 2007). « Les mondes africains ont été écartés des conversations sur la modernité. Or on ne peut pas penser le monde et réfléchir aux grands processus historiques sans les intégrer. » François-Xavier Fauvelle Heureusement, il y a les ouvrages de François-Xavier Fauvelle, qui font florès auprès d’un public grandissant. Comme Le Rhinocéros d’or (Alma éditeur, 2013) qui réunit 34 histoires courtes du Moyen Age africain qui se lisent comme des contes savants mais grand public. L’ouvrage a été republié en poche (Folio Histoire, 2014) et adapté en anglais par Princeton University Press cette année, également marquée par la sortie d’un autre ouvrage collectif dirigé par l’historien et archéologue, L’Afrique ancienne (Belin). « Il s’agit de donner un nouvel élan à cette discipline et de déjouer les clichés encombrants. Je crois qu’il y a une demande d’histoire de l’Afrique, une curiosité du public, confie François-Xavier Fauvelle. Les mondes africains ont été écartés des conversations sur la modernité, sur la mondialisation. Or, on ne peut pas penser le monde et réfléchir aux grands processus historiques sans les intégrer. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi François-Xavier Fauvelle : « Les “sauvages” au XIXe siècle, entre science et spectacle » Directeur de recherche au CNRS, François-Xavier Fauvelle, 50 ans, va désormais évoluer dans un autre cadre. Par son érudition, sa rigueur et son art de la narration, il a séduit les professeurs du Collège de France qui l’ont élu (à 33 voix sur 45), dimanche 25 novembre, à la tête de la première chaire pérenne entièrement consacrée à l’Afrique. L’intitulé semble taillé sur mesure pour celui qui était le seul candidat en lice : « Histoire et archéologie des mondes africains ». « Je vis cette élection au Collège de France comme une opportunité unique de construire et une obligation de servir ma discipline. » Un événement historique pour la prestigieuse institution créée au XVIe siècle dont les seules chaires consacrées à l’étude du continent africain avaient été financées par l’administration coloniale pour mieux la servir. Une reconnaissance inespérée pour l’histoire de l’Afrique, une discipline qui fut longtemps snobée par les mandarins, polluée par l’héritage colonial puis par le postcolonialisme, le tiers-mondisme, le nationalisme ou encore l’afrocentrisme. Un nouveau défi d’ampleur pour l’élu.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/11/30/l-homme-qui-voulait-moderniser-l-histoire-ancienne-de-l-afrique_5390870_4500055.html
30/11/2018
L’historien et archéologue François-Xavier Fauvelle a été élu, le 25 novembre, au Collège de France à la tête de la première chaire pérenne consacrée à l’Afrique.
m-le-mag
Zineb Sedira, artiste de la mémoire algérienne
Zineb Sedira, chez elle, à Londres, le 14 novembre. JO METSON SCOTT POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Qu’ont en commun un stylo en main, deux dinars en poche et trois balles dans la tête ? » Réponse : « Un journaliste algérien. » Voilà un exemple de l’humour noir algérien que Zineb Sedira présente, à la galerie Kamel Mennour, à Paris. Depuis bientôt dix ans, l’artiste franco-algérienne, installée à Londres, collecte avec gourmandise plaisanteries orales et caricatures de presse publiées dans les années 1990. Pendant cette « décennie noire » qui opposa le gouvernement algérien à divers groupes islamistes, attentats et assassinats touchèrent, parmi d’autres civils, une centaine de journalistes et de caricaturistes. « Le terrorisme qui frappe un pays arabe musulman touche moins l’opinion publique que celui qui atteint une capitale occidentale. » Quand, en 2015, la plasticienne, connue pour ses photos et vidéos, songe à dévoiler ses trouvailles à Paris, c’est la France qui, à son tour, est meurtrie par les attaques terroristes. Les nerfs sont à vif, le sujet inflammable, l’exposition impossible. Même le Guggenheim de New York, un temps intéressé par l’achat de cette série, se rabat finalement sur une vidéo. C’est, au bout du compte, dans le pays le plus inattendu, l’émirat de Chardja (aux Emirats arabes unis), que l’artiste présente ces caricatures une première fois, en mars 2018. Les voici enfin exposées en France. « C’est important de montrer que l’histoire se répète, dit-elle. L’Algérie a vécu le terrorisme, elle a imploré les autres pays de lui venir en aide, mais le drame algérien est passé inaperçu. Le terrorisme qui frappe un pays arabe musulman touche moins l’opinion publique que celui qui atteint une capitale occidentale. » « Air Affairs » (2018), installation autour des dessins parus dans la presse algérienne pendant la « décennie noire » au SAF Art Spaces de Sharjah (Emirats Arabes Unis). COURTESY OF THE ARTIST AND KAMEL MENNOUR PARIS/LONDRES L’Algérie aimante Zineb Sedira. Le pays d’origine de ses parents, qui luttèrent pour son indépendance mais émigrèrent en France pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants, est partout dans son travail. Il lui a inspiré pas moins d’une quinzaine d’œuvres et d’installations. Son appartement londonien, à Brixton, quartier en cours de gentrification dans le sud de Londres, est rempli d’affiches de vieux films algériens et de boîtes de bobines vides exhumées des caves de la Cinémathèque d’Alger. Elle passe trois ou quatre mois par an en Algérie, où elle a ouvert, en 2011, une résidence d’artistes.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/11/30/zineb-sedira-artiste-de-la-memoire-algerienne_5390867_4500055.html
30/11/2018
La plasticienne expose à Paris une série consacrée aux attentats islamistes qui frappèrent des journalistes et caricaturistes en Algérie dans les années 1990.
international
Crise éthique à la Croix-Rouge internationale
plifie. La plus vénérable institution humanitaire de la planète est dans la tourmente. En un siècle et demi, la question ne s’est jamais posée en ces termes : le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est-il un visionnaire en train de faire entrer l’organisation dans une nouvelle ère, ou est-il en train de casser le joyau mondial de l’humanitaire ? Le CICR, gardien des Conventions de Genève, vit au rythme d’affrontements politiques et éthiques qui vont déterminer l’identité future de la doyenne des organisations de secours aux victimes de guerre. Au départ de cette histoire, il y a un homme : Peter Maurer, président de la Croix-Rouge internationale depuis 2012. Lorsqu’il succède à son mentor, Jakob Kellenberger, diplomate comme lui, à la tête du CICR, Peter Maurer a consacré quinze années au service de la diplomatie suisse. Il a notamment été en poste auprès des Nations unies (ONU) à New York et a fini secrétaire d’Etat aux affaires étrangères à Berne. Une ONU bis Ce qui a forgé Peter Maurer comme diplomate – la défense de la diplomatie suisse et l’observation des opérations onusiennes – a son importance… Car en six ans de présidence du CICR, il a révolutionné l’organisation et fait doubler son budget de 1 milliard à 2 milliards de francs suisses (d’environ 900 millions à 1,8 milliard d’euros), apparaissant parfois comme un défenseur de la Suisse et comme souhaitant bâtir une ONU bis. Le Comité international de la Croix-Rouge n’est pas, dans le monde de l’humanitaire, une organisation comme les autres. Ce n’est ni une organisation internationale telle que l’ONU et ses agences, ni une organisation non gouvernementale (ONG) comme Médecins sans frontières et ses condisciples. C’est une entité internationale à part entière, souveraine bien que non étatique, avec un statut unique. Le CICR signe des traités avec des Etats. Il dispose d’un statut d’observateur à l’ONU. Créée en 1863 à Genève, cette organisation est, selon ses statuts, « impartiale, neutre et indépendante » avec « la mission strictement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de conflits armés et d’autres situations de violence, et de leur porter assistance ». Elle a contribué à la rédaction des conventions de Genève de 1949 et de leurs protocoles additionnels de 1977, et la communauté internationale unanime lui a attribué, après la seconde guerre mondiale, un rôle de gardien du droit international humanitaire (DIH). Le CICR est ainsi reconnu officiellement par les Etats, il dialogue avec les Etats, et son financement est assuré par les Etats.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/crise-ethique-a-la-croix-rouge-internationale_5390802_3210.html
30/11/2018
Le président du Comité international de la Croix-Rouge, Peter Maurer, est mis en cause pour son poste au Forum économique de Davos et ses liens avec des entreprises. Au sein de la vénérable institution humanitaire, la contestation s’amplifie.
politique
A l’Elysée, coup de jeune sur les ors de la République
Travaux dans le Jardin d'Hiver attenant à la salle des Fêtes du palais de l'Elysée, le 22 novembre. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE" Bras croisés sur son costume bleu nuit, Emmanuel Macron scrute les moulures dorées du plafond, son chien Nemo à ses pieds. Cinq jours après la première journée d’action des « gilets jaunes » et au cœur d’une journée ponctuée de rendez-vous avec les ministres, le chef de l’Etat a tenu à superviser lui-même, jeudi 22 novembre, le début des travaux de la salle des Fêtes de l’Elysée, la plus prestigieuse pièce du palais, celle où les présidents de la République sont investis au lendemain de leur élection et où ont lieu les dîners d’Etat. Il y a encore quelques heures, 2 000 maires, invités par Emmanuel Macron lors de leur congrès annuel à Paris, foulaient la moquette fatiguée mais déjà les tentures avaient été décrochées, certains des quinze lustres de cristal descendus. Un échafaudage est en cours de montage sous la verrière, située à l’entrée de l’espace d’un millier de mètres carrés. « On n’a pas de temps à perdre. On s’est engagé à rendre la salle le 15 janvier », souffle Jean Salomon, le sous-préfet chargé de la conservation des résidences présidentielles. Alors que François Hollande s’était refusé à engager de lourds travaux à l’Elysée, par peur de la réaction des Français encore éprouvés par la crise de 2008, Emmanuel Macron s’est lancé depuis son élection dans un grand projet de rénovation de l’hôtel d’Evreux, le bâtiment qui accueille la présidence de la République depuis 1848 et dont la totalité des mètres carrés sont classés au titre des monuments historiques. Outre la salle des Fêtes, le chef de l’Etat compte restaurer l’ensemble des salons de réception du rez-de-chaussée – deux l’ont déjà été depuis son arrivée – ainsi qu’une partie des communs et des bureaux installés dans les étages. La cuisine centrale, située dans un local de 500 mètres carrés au sous-sol de l’aile ouest, pourrait être déplacée en 2021. « On est limite au niveau sanitaire, on n’a pas le choix », assure un habitué des lieux. Peintures défraîchies Des travaux sont aussi programmés dans les autres bâtiments de la présidence, situés rue de Marigny et rue de l’Elysée, à côté de l’hôtel d’Evreux. La ventilation du « mess », la cantine où se restaurent les civils et militaires du Château, doit être remplacée, pour un coût de 1 million d’euros. La réfection de la toiture du 2, rue de l’Elysée est également prévue pour 2020. Sans parler de la salle de presse, qui déménagera en 2019 de la Cour d’honneur pour un espace plus grand de l’autre côté de la rue de l’Elysée, face au jardin de 1,5 hectare.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/30/a-l-elysee-coup-de-jeune-sur-les-ors-de-la-republique_5390772_823448.html
30/11/2018
Des travaux viennent de débuter dans la salle des Fêtes du palais. Emmanuel Macron assume les chantiers prévus après des années de sous-investissement.
politique
« La République en marche, qui devait être le pivot de la campagne européenne, est en cale sèche »
Chronique. L’événement est passé inaperçu au plan national mais, vendredi 23 novembre, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé, à Rennes, le lancement d’un nouveau mouvement : Progressistes bretons-Breizh Lab. La première réunion se tiendra dimanche 16 décembre à Lorient, lieu éminemment symbolique. C’est dans cette ville, dont il fut maire pendant dix-sept ans, que son ami Jacques Delors lança, en 1993, le Club Témoin, dans l’espoir de rassembler un jour la gauche et la droite modérées. Des centristes devraient répondre à l’appel du ministre, aujourd’hui sans étiquette, tout comme le socialiste Bernard Poignant, ancien conseiller de François Hollande, qui vient de dire banco. Jean-Yves Le Drian assure qu’il n’est candidat à rien, qu’il ne quittera pas le gouvernement comme Gérard Collomb, qu’il veut juste alimenter le débat d’idées, qu’il est là pour aider Emmanuel Macron. Mais son initiative, avant les élections européennes de mai 2019, en dit long sur l’affaiblissement du parti présidentiel : La République en marche (LRM), qui devait être le pivot de la campagne européenne, est en cale sèche. Oubliée la grande marche de la campagne présidentielle. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le parti vivote sans doctrine ni réelle implantation locale. Et au premier grain, il tremble sur ses bases : incapables de jouer les lanceurs d’alerte ni de défendre la politique gouvernementale, les « marcheurs » sont devenus la cible favorite des « gilets jaunes ». Ils peinent à dialoguer et à se faire entendre au risque de perdre toute chance d’implantation durable. Amicale pression A six mois des élections européennes, la situation est devenue carrément dangereuse pour Emmanuel Macron si bien que les routiers de la politique, ceux qui ont l’expérience du terrain, se mobilisent. Jean-Yves Le Drian tente de faire émerger en Bretagne un large rassemblement progressiste calqué sur la majorité du conseil régional qu’il présidait naguère. Il s’appuiera sur son mouvement pour défendre l’Europe en Bretagne avec une première manifestation prévue début 2019 à Saint-Brieuc. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : l’exécutif fait le pari du dialogue De son côté, François Bayrou accentue chaque jour un peu plus son amicale pression sur Emmanuel Macron. Depuis la crise des « gilets jaunes », le patron du MoDem fait feu de tout bois. Il recommande, tout comme Jean-Yves Le Drian, l’écoute et la modération. Au fil de ses interventions, il insiste sur « la crise profonde » que traverse la société française, met en garde conte une « sécession de la base », se veut le porte-parole de ceux qui souffrent et avertit : « On ne peut pas gouverner contre le peuple. » Il dote ainsi le MoDem d’une doctrine populaire susceptible de faire barrage aux populistes au moment où LRM, affaibli, ne produit rien idéologiquement.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/30/la-republique-en-marche-qui-devait-etre-le-pivot-de-la-campagne-europeenne-est-en-cale-seche_5390763_823448.html
30/11/2018
Dans sa chronique, l’éditorialiste au « Monde » Françoise Fressoz souligne les initiatives du ministre Jean-Yves Le Drian et de François Bayrou en vue du scrutin de mai 2019.
culture
A la foire Galeristes, l’art contemporain pour tous
Vue du Carreau du Temple à Paris, où se tient la 3e édition de Galeristes, jusqu’au 2 décembre 2018. STÉPHANE CORRÉARD / COMPTE TWITTER « On ne naît pas collectionneur, on le devient » : tel est le motto de Galeristes, jeune foire d’art contemporain parisienne qui joue la singularité à plein régime. Pour sa troisième édition, Galeristes confirme son désir d’aller hors des sentiers battus du marché de l’art. Parmi la trentaine de galeries sélectionnées par Stéphane Corréard, initiateur de l’événement, aucune qui se laisse aller dans le sens du vent. Burlesque, dramatique, 100 % carton ou carrément « tête de gondole » (pour les délicieux multiples édités par l’association We Do Not Work Alone, disponibles dès 20 euros), chaque accrochage peut se lire comme un autoportrait de la galerie. La tactique de Stéphane Corréard, organisateur de Galeristes : « Désinhiber les visiteurs, pour susciter de nouvelles vocations de collectionneurs, même modestes » Avec ses tiroirs qu’on imagine à fonds secrets, ses niches qui donnent à l’ensemble un côté domestique, la scénographie de métal s’avère parfaite pour l’exercice. Résultat, on a envie de fouiner partout, plutôt que de se repérer à coup de cartels et de noms d’enseignes, comme c’est la coutume dans les méga-foires telles la FIAC. « C’est la seule foire d’art contemporain où Gagosian serait refusé ! », s’amuse Stéphane Corréard, qui a le sens de la formule, et surtout un credo : « Si l’on ne défend pas davantage l’écosystème des galeries indépendantes, de toutes celles qui se considèrent comme des artisans, alors le marché de l’art se restreindra à sa part la plus industrielle ». Sa tactique : « Désinhiber les visiteurs, pour susciter de nouvelles vocations de collectionneurs, même modestes », résume-t-il. Pour 1 000 ou 2 000 euros, on peut ainsi devenir l’heureux propriétaire d’un dessin de Dove Allouche, chez Dilecta, d’une sérigraphie historique du graphiste Roman Cieslewicz ou de dessins rococo-monacaux de Guillaume Dégé chez Sémiose, ou encore d’une de ces troublantes aquarelles de la jeune Mélanie Delattre-Vogt, que la galerie lyonnaise Michel Descours met en dialogue avec des gravures de Fred Deux, dernier des surréalistes. Car les « anciens » ne sont pas négligés : on peut s’arrêter aussi sur les litanies géométriques de Pierrette Bloch (galerie Smagghe), ou sur les clichés rares de Michel Journiac (chez Christophe Gaillard), pionnier des explorations transgenres qui, plus de vingt ans après sa mort, trouve enfin son audience. L’an prochain, Galeristes se tiendra en octobre, pendant la FIAC : cela promet une sacrée émulation du côté du « off ». Galeristes, 3e édition. Carreau du Temple, 4, rue Eugène Spuller, Paris 3e. Jusqu’au 2 décembre, de 13 heures à 19 heures. De 5 € à 10 €.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/11/30/a-la-foire-galeristes-l-art-contemporain-pour-tous_5390758_3246.html
30/11/2018
Pour sa troisième édition au Carreau du Temple, à Paris, le jeune salon confirme son désir d’aller hors des sentiers battus du marché de l’art.
economie
« Après avoir vassalisé les commerçants, Amazon tente de le faire avec les industriels »
Entrepôt d’Amazon à Robbinsville dans le New Jersey, le 26 novembre 2018. SHANNON STAPLETON / REUTERS Chronique. Connaissez-vous les cinq dindes ? Rien à voir avec un conte de noël et peu avec la gastronomie. Quoique ces dindes-là sont à l’origine celles que l’on mange aux Etats-Unis chaque quatrième jeudi de novembre en souvenir, paraît-il, du sauvetage des premiers colons américains par une tribu indienne. Cette fête du Thanksgiving (action de grâce) est prétexte à banquet et cadeaux en tout genre et donc une aubaine pour les commerçants, à commencer par Amazon. Pour faire durer le plaisir, il a inventé cinq jours d’achats intensifs, baptisés les « Turkey 5 », s’étalant du jeudi au lundi suivant, en passant par l’inévitable Black Friday. Cette année, Amazon a battu tous ses records en écoulant durant ces cinq jours de folie près de 180 millions de produits, bien plus que son concurrent WalMart, premier distributeur mondial. Amazon représente aujourd’hui 43 % de tout le commerce en ligne aux Etats-Unis. Une hégémonie qui inquiète les autorités de la concurrence. En Europe, c’est la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager qui a déclenché le premier feu en ouvrant une enquête en septembre. Puis ce jeudi 29 novembre, on apprenait que l’office des cartels allemands avait décidé de se pencher sur Amazon. Dans les deux cas, l’interrogation porte sur les relations complexes qu’entretient la firme avec les commerçants qu’elle héberge sur sa plateforme. Enfermés dans son écosystème Il y a désormais près de vingt ans, contre l’avis de tous, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, a décidé d’inviter sur son site, qui à l’époque vendait essentiellement des livres et des disques, les commerçants qui le souhaiteraient. Puisque sur Internet la concurrence est à un clic de distance, autant qu’elle soit chez moi et que j’en tire une commission, avait-il assuré, tout en reconnaissant qu’il s’agissait aussi d’un bon aiguillon pour ses propres activités. Progressivement, le service s’est étendu. A côté des petits et gros marchands qui ont déployé leur devanture chez lui, le roi du marché a multiplié son offre et proposé d’innombrables services à ses clients/concurrents : marketing, informatique, logistique, livraison… Non seulement, il les a enfermés dans son écosystème, mais il utiliserait, selon ses accusateurs, leurs données pour améliorer son activité marchande personnelle et donc capter in fine leurs clients. C’est bien ce qui chiffonne les gendarmes européens. Mais l’histoire n’est pas finie. La dernière étape en cours consiste à développer sa marque maison. Le tiers des 50 produits les plus vendus lors des derniers « Turkey 5 » portait le label Amazon, dont son célèbre assistant vocal. Après avoir vassalisé les commerçants de sa plateforme, il tente de le faire avec les industriels eux-mêmes qui fabriqueront sous sa marque. Ce n’est pas si nouveau. Le distributeur Decathlon a bien sorti progressivement les grandes marques de ses rayons pour les remplacer par les siennes. Mais à l’échelle mondiale et sur tant de catégories, le cas est inédit et interroge. Les gentils indiens des colons du Mayflower ont tous fini par être massacrés.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/apres-avoir-vassalise-les-commercants-de-sa-plateforme-amazon-tente-de-le-faire-avec-les-industriels-eux-memes_5390752_3234.html
30/11/2018
Après Bruxelles, l’autorité allemande de la concurrence enquête sur les pratiques du géant du commerce en ligne vis à vis des commerçants qu’il héberge. Une stratégie très aboutie, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
politique
« La République en marche est un mouvement qui se cherche encore »
Philippe Grangeon, délégué général par intérim de La République en marche, à Paris, le 28 novembre. Ed Alcock / M.Y.O.P. pour Le Monde Philippe Grangeon, patron par intérim du mouvement La République en marche (LRM) et proche d’Emmanuel Macron, dresse le bilan de son action à la tête du parti présidentiel, avant l’élection d’un nouveau délégué général, samedi 1er décembre, lors d’un conseil national. Grand favori, Stanislas Guerini doit succéder à Christophe Castaner, parti au ministère de l’intérieur. LRM peine à exister depuis le début du quinquennat. Pour quelle raison ? Rappelons que ce mouvement est très jeune. Contrairement à d’autres partis ayant émergé récemment, comme Ciudadanos en Espagne ou Syriza en Grèce, il a conquis le pouvoir concomitamment à sa création. C’est inédit. Au fond, notre mouvement s’est construit à toute vitesse, à la manière d’une start-up, propulsé au milieu de partis déjà installés et structurés. Mais à la différence de ceux-ci, nous n’avons pas d’histoire, au sens d’une famille politique enracinée depuis des années, qui aurait connu des périodes au pouvoir et dans l’opposition, des débats internes… Nous sommes nés du dépassement de la droite et de la gauche. Il faut donc faire preuve d’humilité et continuer à garder l’esprit d’un challenger qui doit surprendre. Reconnaissons qu’après seulement trente mois d’existence, LRM est un mouvement qui se cherche encore, qui a encore de nombreux progrès à réaliser. Quels sont ses principaux défis ? Il manque dans ce pays des espaces de débats. LRM veut y contribuer et devenir un think tank citoyen à ciel ouvert, associant de nombreux acteurs (associations, syndicats, intellectuels, experts…). Avec l’ambition de régénérer le concept de progrès au XXIe siècle, qui doit être résolument humaniste. Sa deuxième mission, plus classique : être une machine électorale efficace, qui favorise aussi le renouvellement de ceux qui s’engagent. Aux européennes comme aux municipales, nous devons continuer à élargir la majorité à gauche et à droite. Avec le MoDem et François Bayrou, nous avons convenu de travailler plus étroitement, par des initiatives communes. Enfin, notre principal défi reste de nous enraciner au niveau local, de manière pérenne. Le fondateur du mouvement est désormais président de la République, nos parlementaires forment la majorité à l’Assemblée nationale, mais nous disposons d’un très faible maillage d’élus locaux. C’est sans doute une explication au procès injuste qui nous est fait d’être ignorants des territoires. Malgré sa jeunesse, LRM a déjà créé sa marque, son empreinte et dispose de vrais atouts.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/30/la-republique-en-marche-est-un-mouvement-qui-se-cherche-encore_5390749_823448.html
30/11/2018
Philippe Grangeon, le délégué général par intérim du parti présidentiel et proche de Macron, plaide pour un dialogue avec les « gilets jaunes ».
politique
Mélenchon, Hollande, la CGT… la gauche au soutien des « gilets jaunes »
Avec les « gilets jaunes », la gauche se retrouve confrontée à un sacré casse-tête. Comment se saisir de cette colère qui embrasse – partiellement – ses critiques contre l’exécutif ? Peut-on s’immiscer dans un mouvement qui ne veut surtout pas être récupéré politiquement ? Faut-il se mêler à une foule hétéroclite à laquelle se joignent déjà Marion Maréchal-Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ainsi que les proches de Marine Le Pen ? Jeudi 29 novembre, Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il serait samedi 1er décembre aux côtés des manifestants sur les Champs-Elysées, tout en tâchant d’« évit[er] les concentrations de caméras autour de [lui] ». Il a aussi appelé à une manifestation « absolument, radicalement (…) non violente », alors que l’avenue a subi des dégradations lors de la précédente mobilisation du 24 novembre. Ne pas passer à côté du mouvement – un « événement politique majeur », selon lui – sans être suspecté de chercher à se l’approprier, c’est le difficile numéro d’équilibriste que doit composer le leader de La France insoumise (LFI). « Je sais reconnaître un mouvement de type révolutionnaire d’un autre, a expliqué M. Mélenchon sur France 2. Si on veut que le mouvement englobe le plus de monde possible, il ne faut pas qu’il apparaisse comme pris par tel ou tel parti politique. » « Combat contre l’oligarchie » Le député LFI, François Ruffin, qui laboure le terrain auprès des « gilets jaunes » depuis le début, devrait, lui, se trouver samedi dans la Somme, où il est élu. Avant cela, il a participé, jeudi 29 novembre, à une assemblée générale organisée par le collectif La fête à Macron, sur la place de la République, à Paris. Avec pour idée d’inciter la capitale à se joindre à la mobilisation. « Mon rôle est de servir de passerelle, il est d’éviter le mépris réciproque de Paris pour les provinciaux », a-t-il lancé, micro à la main, au pied de l’imposante Marianne trônant au milieu de la place. Dans ce « combat contre l’oligarchie », M. Ruffin a invité à trouver des formes propres à Paris, comme des « apéros » devant l’Elysée, Matignon ou l’Assemblée nationale. Egalement présents place de la République jeudi soir, les animateurs du comité justice pour Adama (du nom d’un jeune homme mort en 2016 à la suite d’une interpellation) ont, eux aussi, récemment appelé les quartiers des banlieues populaires à se joindre à la mobilisation. « Les “gilets jaunes” se révoltent pour survivre. Les habitants des quartiers seront les premiers touchés par cette hausse du diesel, nous sommes donc totalement solidaires », assure Assa Traoré, la porte-parole du collectif. La crainte de voir « l’extrême droite prendre le terrain face au système Macron » a convaincu ces militants des quartiers de rejoindre les « gilets jaunes ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/30/melenchon-hollande-la-cgt-la-gauche-au-soutien-des-protestataires_5390742_823448.html
30/11/2018
Même si le mouvement redoute la récupération, le leader de La France insoumise défilera, tandis que la CGT mobilisera sur la hausse des salaires.
politique
Thierry Mariani pourrait finir par échapper au Rassemblement national
L’affaire était présumée conclue, au point que le conditionnel se fond dans le futur proche depuis des mois. Marine Le Pen ravirait Thierry Mariani au parti Les Républicains et épinglerait son butin en haut – mais pas trop – de la liste du Rassemblement national aux européennes. L’annonce officielle n’était plus qu’une question de timing et de « mise en scène ». La révélation à venir tournait tant qu’elle avait fini par lasser, et tuer jusqu’à l’effet d’annonce de la prise de guerre elle-même. De temps à autre, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy envoyait un nouveau signal de rapprochement pour entretenir le ronron de son prochain passage de rubicon. Jusqu’à motiver sa démission du comité d’éthique de l’antenne française de la chaîne d’information russe, RT, mercredi 28 novembre, par sa décision « dans les mois à venir de renouer avec la vie politique ». Lire aussi Il est comme ça… Thierry Mariani Et patatras. Jeudi matin, Thierry Mariani s’est fait plus allusif qu’à l’accoutumée à l’évocation de sa candidature aux prochaines européennes. Comme il l’a toujours répété, son choix n’est pas « définitivement » fait, mais les « fortes chances » qu’il rejoigne la liste RN ont disparu de ses confidences au Monde. Le voilà hésiter à voix haute avec celle de Nicolas Dupont-Aignan. Surtout, Thierry Mariani évoque désormais des raisons personnelles qui pourraient bien le voir finalement échapper au RN. « Il y a des décisions qui font remuer dans les familles », laisse-t-il planer. Pas si simple de rallier la liste du parti fondé par Jean-Marie Le Pen, même « dédiabolisé », même rebaptisé. Sonner le « rassemblement » Thierry Mariani ne pourra plus tergiverser bien longtemps, car le RN a annoncé qu’il dévoilerait sa liste le 13 janvier, lors d’une « convention » à Paris. Et le parti d’extrême droite compte toujours sur le nom de l’ancien ministre de droite pour sonner le « rassemblement ». Le suspense semble en revanche toucher à sa fin quant à celui qui raflera la première place de la liste. Plus qu’une rumeur, un « vrai scénario à l’étude », selon un proche de Marine Le Pen, y assoit désormais Jordan Bardella. L’ancien secrétaire départemental de Seine-Saint-Denis rapidement monté dans les faveurs de l’état-major RN cumule déjà, à 23 ans, les fonctions de porte-parole du parti et de directeur national de son antenne jeunesse, Génération nation. « Un jeune, ça détonne un peu… mais est-ce que ça renforce vraiment notre crédibilité ? », grince un cadre. Reste que cette jeunesse à la tête de la liste du RN a bien d’autres vertus pour la présidente du mouvement, notamment celle d’éviter que l’attention ne se focalise sur l’intéressé, le 13 janvier. Une option qui rendra plus visibles, derrière lui, les noms hors RN devant acter la capacité du parti à attirer au-delà de lui-même… mais qui révélera également plus crûment les noms qui, finalement, ne s’y trouveront pas. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le casse-tête des têtes de liste aux élections européennes anime la précampagne
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/30/thierry-mariani-pourrait-finir-par-echapper-au-rassemblement-national_5390725_823448.html
30/11/2018
L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy s’est fait plus allusif qu’à l’accoutumée à l’évocation de sa candidature aux élections européennes.