topic
stringclasses
469 values
title
stringlengths
3
208
text
stringlengths
789
3.9k
url
stringlengths
32
250
date
stringlengths
10
10
summary
stringlengths
74
853
politique
Le Sénat met la pression sur Macron en votant un gel de la taxe sur les carburants
Un vrai coup politique. En plein mouvement des « gilets jaunes », le Sénat, à majorité de droite, a voté, lundi 26 novembre, le gel de la hausse de la taxe sur les carburants. Alors que la question de la fiscalité sur le gazole et l’essence ne devait être à l’ordre du jour que mercredi au plus tôt, elle a été inscrite comme prioritaire lundi après-midi pour la reprise de l’examen du projet de budget 2019. Une modification de l’agenda destinée à mettre la pression sur Emmanuel Macron, à la veille de son discours attendu sur la transition écologique. Malgré l’avis défavorable du gouvernement, représenté par le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’action et des comptes publics, Olivier Dussopt, les sénateurs ont adopté un amendement d’Albéric de Montgolfier (Les Républicains), qui propose de geler les tarifs à compter du 1er janvier 2019. Ce qui revient à supprimer la nouvelle hausse de 3 centimes sur l’essence et de 6 centimes sur le gazole, prévue l’an prochain. L’idée étant de maintenir le niveau de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) à celui de 2018, sans l’augmenter jusqu’en 2022, comme le prévoit l’exécutif. « Restons-en aux tarifs de 2018 », a déclaré Albéric de Montgolfier en séance, jugeant « déraisonnable » de fixer à l’avance « une trajectoire d’augmentation » du prix des carburants sans connaître des éventuelles évolutions du cours du pétrole. Aux yeux de l’élu d’Eure-et-Loir, les mesures d’accompagnement mises en place par le gouvernement restent « notoirement insuffisantes ». La droite a saisi l’occasion de se placer du côté des manifestants. « Les gilets jaunes ont été entendus », s’est ainsi félicité le sénateur LR de l’Oise, Jérôme Bascher, après avoir souligné la nécessité d’envoyer un signal d’« écoute » et de « considération » à l’attention des manifestants. « Procéder autrement » Outre le groupe LR, celui des centristes et celui du Rassemblement démocratique et social européen ont également voté en faveur de l’amendement. « Nous avons voulu faire entendre au gouvernement qu’il faut procéder autrement, explique le président du groupe centriste, Hervé Marseille. La trajectoire d’augmentation des prix des carburants est trop forte. Il y a une incompréhension qui s’exprime. Elle est assez sonore et visible pour que l’on en tienne compte. » A gauche, le groupe socialiste s’est abstenu, en proposant une taxe flottante sur les carburants. Le gel de la hausse de la taxe voté par le Sénat ne devrait avoir, au final, qu’une portée symbolique. La mesure a peu de chance d’être adoptée lors de l’examen du budget en seconde lecture à l’Assemblée, où les députés La République en marche disposent à eux seuls de la majorité absolue. Le groupe LR du Sénat pousse toutefois Emmanuel Macron à se rallier à sa position. Dans un communiqué commun, les troupes de Bruno Retailleau appellent le gouvernement à « saisir la main tendue » du Sénat, en vantant « une solution pour sortir par le haut ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/27/le-senat-met-la-pression-sur-macron-en-votant-un-gel-de-la-taxe-sur-les-carburants_5389181_823448.html
27/11/2018
Les sénateurs de droite ont modifié l’agenda pour inscrire prioritairement la question de la fiscalité dans l’examen du projet de budget 2019.
international
Etats-Unis : Manafort accusé d’avoir menti au procureur spécial Mueller dans l’enquête russe
Paul Manafort a enfreint l’accord de plaider-coupable conclu en septembre dans le cadre de l’enquête sur des soupçons d’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine de 2016, selon des documents transmis à la justice américaine lundi 26 novembre. Le procureur spécial Robert Mueller écrit que M. Manafort a « commis des crimes fédéraux en mentant au FBI et au bureau du procureur spécial sur une variété de questions », ce qui contrevient à l’accord. Dans ces mêmes documents, les avocats de l’ancien directeur de campagne de Trump ont réfuté cette affirmation en assurant que leur client avait « fourni au gouvernement des informations dans l’effort de respecter ses obligations en matière de coopération ». « Il pense avoir donné des informations sincères et n’est pas d’accord avec la caractérisation du gouvernement, ni avec la violation de l’accord », ont-ils poursuivi. Plaider coupable L’ancien lobbyiste a accepté en septembre de plaider coupable d’association de malfaiteurs contre les Etats-Unis et d’obstruction à la justice, et de coopérer avec Robert Mueller dans l’enquête russe. M. Manafort a reconnu avoir dissimulé aux autorités et au fisc ses activités de conseil en faveur de l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, puis d’avoir tenté de corrompre des témoins. Des activités frauduleuses antérieures à la campagne. Dans une procédure distincte ayant donné lieu à un procès en août en Virginie, celui qui a été directeur de campagne du candidat Trump pendant près de six mois a été reconnu coupable de fraude bancaire et fiscale en lien avec ces activités. Il attend le prononcé de sa sentence. Le rebondissement de lundi survient le jour même de l’incarcération de George Papadopoulos, un ancien conseiller diplomatique de M. Trump condamné à de la prison ferme au début de septembre pour avoir menti au FBI dans le cadre de l’enquête de Robert Mueller. Il avait plaidé coupable en octobre 2017 de faux témoignage au FBI et s’est rendu lundi dans un centre de détention d’Oxford, dans le Wisconsin, pour purger une peine de deux semaines. Il risquait jusqu’à six mois derrière les barreaux. C’est lui qui est à l’origine de l’ouverture de l’enquête russe qui empoisonne le président des Etats-Unis depuis le début de son mandat.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/27/etats-unis-manafort-accuse-d-avoir-menti-au-procureur-special-mueller-dans-l-enquete-russe_5389178_3210.html
27/11/2018
L’ancien directeur de campagne de Donald Trump a accepté en septembre de plaider coupable et de coopérer avec Robert Mueller dans l’enquête russe, un accord qu’il a enfreint selon la justice américaine lundi.
international
Europe : le pacte migratoire de la discorde
Des migrants à la frontière entre la Serbie et la Macédoine, en janvier 2016. ARMEND NIMANI / AFP Le peu qui subsistait de la solidarité entre les pays de l’Union européenne à propos de la migration va bientôt voler en éclats. Cette fois, c’est un projet des Nations unies qui divise totalement les Vingt-Sept. Le pacte de l’ONU pour une migration « sûre, régulière et ordonnée » doit être approuvé – en fait, « endossé », sans cérémonie officielle de signature – par les chefs d’Etat et de gouvernement, à Marrakech, les 10 et 11 décembre. Ce texte d’une trentaine de pages, débattu durant de nombreux mois à New York et conclu en juillet, a fait l’objet d’un accord de 190 Etats membres. Il énonce 23 objectifs très généraux censés sécuriser, faciliter et encadrer la migration, avec l’affirmation d’une nécessaire lutte contre les passeurs, la limitation des abus contre les travailleurs migrants, l’encouragement d’un discours positif sur la migration, une meilleure compréhension du phénomène grâce à des données chiffrées, etc. Concernant les 225 millions de migrants dans le monde – et pas seulement les 25 millions de réfugiés relevant de convention de Genève –, le document vise aussi à convaincre que les bouleversements climatiques, économiques et démographiques rendent la mobilité humaine inéluctable et qu’elle peut être positive, à condition d’être encadrée. Regroupement familial Les Etats-Unis se sont retirés du projet dès la fin 2017, le jugeant contraire à la politique voulue par Donald Trump. Israël et l’Australie ont suivi ; la Suisse, où gouvernement et Parlement s’opposent, a gelé sa décision. Les Européens, en revanche, se sont ralliés, seule la Hongrie du souverainiste Viktor Orban émettant d’entrée des réserves. L’Union européenne, demandeuse d’une « approche globale », réclamait d’ailleurs une telle initiative après la crise migratoire de 2015. La haute représentante Federica Mogherini assurait encore, mardi 20 novembre, que le pacte avait le « plein soutien » de l’UE. En réalité, six Etats membres – Hongrie, Autriche, République tchèque, Slovaquie, Croatie et Estonie – ont déjà annoncé qu’ils n’approuveraient pas le document onusien. Un septième, la Bulgarie, devrait les imiter. L’Italie est tentée. Et la Belgique risque une crise politique sur le sujet : le premier ministre, Charles Michel, s’est engagé en faveur du projet mais l’un des quatre partis de sa majorité, l’Alliance néoflamande (N-VA, nationaliste), s’y oppose fermement, ce qui pourrait précipiter la chute de la coalition.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/27/europe-le-pacte-migratoire-de-la-discorde_5389173_3210.html
27/11/2018
Le document de l’ONU, approuvé par 190 Etats, est rejeté par plusieurs pays de l’UE, dont la Hongrie et l’Autriche.
afrique
Algérie : Sonatrach s’allie à des groupes chinois pour exploiter du phosphate
Une mine de phosphate en Tunisie, en 2012. ZOUBEIR SOUISSI / REUTERS Le groupe pétrolier public algérien Sonatrach et la société chinoise Citic ont conclu, lundi 26 novembre, un accord pour la réalisation, dans l’est de l’Algérie, d’un complexe d’extraction et de transformation de phosphate d’un coût de 6 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros), a rapporté l’agence de presse algérienne Algérie Presse Service (APS). Ce complexe, dont l’entrée en activité est prévue en 2022, permettra au pays de porter sa production de phosphate à 10 millions de tonnes par an, contre 1 million de tonnes actuellement, a déclaré le premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia. Il garantira des revenus de « près de 2 milliards de dollars », a affirmé ce dernier, cité par l’agence. Lire aussi Le Maroc mise sur la diplomatie du phosphate pour étendre son influence en Afrique Le projet représente un investissement de « 6 milliards de dollars », a précisé Ferhat Ounnoughi, conseiller du PDG de Sonatrach. Création de 3 000 emplois Il prévoit l’extraction de phosphate du gisement de Bled El-Hadba, dans la région de Tébessa (630 km à l’est d’Alger), d’une capacité de 500 millions de tonnes, ainsi que la production d’engrais phosphoriques et d’acides d’ammoniac, explique APS. Selon l’agence, le complexe créera 3 000 emplois, et environ 14 000 travailleurs seront nécessaires le temps du chantier. L’entité sera détenue à 51 % par la partie algérienne (les entreprises Sonatrach et Asmidal-Manal) et à 49 % par des groupes chinois dirigés par la société Citic, a détaillé APS. La plus grande partie du complexe, soit 2 045 hectares (ha), est située sur le gisement de Bled El-Hadba, à Tébessa. Environ 1 484 ha sont situés sur la plate-forme d’Oued Kebrit à Souk Ahras (est), selon APS. Près de 149 autres hectares se trouvent à Hadjar Essoud, à Skikda, et 42 ha au port d’Annaba, à 600 km à l’est d’Alger. Une voie ferrée sera dédoublée pour permettre le transport du phosphate produit dans la région de Tébessa jusqu’au port d’Annaba, a annoncé le premier ministre.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/27/sonatrach-s-allie-a-des-groupes-chinois-pour-exploiter-du-phosphate-en-algerie_5389161_3212.html
27/11/2018
Le complexe, qui devrait entrer en activité en 2022 dans l’est, fera passer la production nationale de 1 million à 10 millions de tonnes par an.
societe
« Gilets jaunes » et loi énergie : Macron doit dévoiler sa « stratégie »
Emmanuel Macron, le 20 novembre en Belgique. Yves Herman / REUTERS Répondre à la fronde des « gilets jaunes » tout en fixant le cap énergétique des dix à vingt prochaines années. Emmanuel Macron doit présenter, mardi 27 novembre, une « stratégie » mêlant urgence et long terme pour parvenir à une transition écologique « acceptable ». Le président de la République, qui prendra la parole à partir de 10 h 30, « fixera le cap de la transition énergétique et définira la méthode de construction d’un pacte de la conversion écologique en France », a affirmé l’Elysée lundi soir. Avant son intervention, Emmanuel Macron installera un « Haut Conseil pour le climat » composé d’une douzaine d’experts, taxé par avance de superflu par l’opposition et des associations. Initialement, le chef de l’Etat devait seulement présenter la très attendue « programmation pluriannuelle de l’énergie » (PPE), qui doit fixer dans la loi la politique énergétique française d’ici à 2028. Et dessiner la marche à suivre d’ici à 2035, notamment le nombre de réacteurs nucléaires d’Electricité de France (EDF) qui seront fermés pour ramener à 50 % la part de l’atome dans l’électricité en France. Le gouvernement ne recevra pas les « gilets jaunes » Après dix jours d’un mouvement inédit et protéiforme des « gilets jaunes » contre la hausse des taxes sur les carburants et le manque de pouvoir d’achat, le président de la République et son premier ministre, Edouard Philippe, ont pu mesurer l’inflammabilité de la problématique : comment concilier une politique ambitieuse de réduction des émissions contre un changement climatique alarmant, tout en évitant des révoltes sociales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : quelles réponses politiques à la colère ? « En l’état actuel des discussions », le gouvernement ne recevra pas les représentants des « gilets jaunes », a en tout cas fait savoir mardi Benjamin Griveaux, soulignant que certains manifestants « contestent leur légitimité ». « Une fois qu’ils seront organisés et qu’il n’y aura plus de contestation, j’ai dit hier que nous étions ouverts au dialogue, et nous le serons », a ajouté le porte-parole du gouvernement sur Franceinfo, jugeant que « le bon échelon pour commencer, c’est le territoire ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/27/gilets-jaunes-et-loi-energie-macron-doit-devoiler-sa-strategie_5389144_3224.html
27/11/2018
Le chef de l’Etat doit présenter mardi une stratégie qui vise à concilier urgence et long terme pour une transition énergétique « acceptable », en réponse à la fronde des « gilets jaunes ».
football
Ligue des champions : défaite interdite pour le PSG contre Liverpool
Kylian Mbappe et Neymar lors du match du PSG contre Lille au Parc des Princes, le 2 novembre. THIBAULT CAMUS / AP Attention, « rencontre cruciale » ! La mise en garde est signée Thomas Tuchel, l’entraîneur du Paris-Saint-Germain (PSG). Intraitable leader de la Ligue 1, avec quinze points d’avance sur son dauphin lyonnais, le club de la capitale joue son destin sur la scène européenne, mercredi 28 novembre, au Parc des Princes, avec la réception de Liverpool. Habitué à survoler son groupe qualificatif en Ligue des champions (C1) depuis son rachat, en 2011, par le fonds Qatar Sports Investments (QSI), le PSG n’a jamais semblé en aussi fâcheuse posture dans la compétition reine. Troisièmes de leur poule, avec une unité de retard sur Naples et les « Reds », les Parisiens pourraient être privés d’une qualification en huitièmes de finale si d’aventure ils s’inclinaient devant leurs supporteurs. Pareil fiasco est inenvisageable pour les dirigeants parisiens, qui n’ont pas digéré la défaite (2-3), en septembre, à Anfield. Signe que l’heure est grave, Nasser Al-Khelaïfi est de retour en première ligne. Mutique depuis que les « Football Leaks » ont révélé, début novembre, l’existence d’un fichage ethnique au sein des deux cellules de recrutement de jeunes du club, le président qatari du PSG a prévu de s’adresser à ses joueurs, au centre d’entraînement du Camp des Loges, à Saint-Germain-en Laye (Yvelines), à quelques heures de la rencontre. De 25 millions à 30 millions d’euros de recettes en jeu Une sortie de route prématurée en Ligue des champions – avant un déplacement prévu sur la pelouse de l’Etoile rouge de Belgrade, le 11 décembre, lors de l’ultime journée de la phase de poules – pourrait être synonyme de « rétrogradation » en Ligue Europa. C’est une compétition nettement moins lucrative : le vainqueur de l’épreuve recevra 8,5 millions d’euros en prime de résultats. La saison dernière, le PSG, éliminé par le Real Madrid en huitièmes de finale de la C1, a touché 62 millions d’euros (au titre de ses résultats, des droits télévisés et des revenus commerciaux) de l’Union des associations européennes de football (UEFA) au terme de son parcours. Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de droit et d’économie du sport de Limoges, a fait les comptes : « A ce jour, le PSG a déjà l’assurance de percevoir plus de 15 millions d’euros de prime d’engagement et 4,5 millions liés à ses résultats. S’il remportait ses deux derniers matches de poule, il gagnerait 9,9 millions, soit plus que pour sa phase de groupe bien maîtrisée de 2017-2018. En revanche, en cas d’élimination, le PSG ne gagnerait pas les 9,5 millions promis aux huitièmes de finalistes. »
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/11/27/ligue-des-champions-le-psg-au-pied-du-mur_5389136_1616938.html
27/11/2018
Le club parisien, qui joue ce soir contre les Reds, n’a jamais semblé en aussi fâcheuse posture dans la compétition.
international
Loi martiale en Ukraine : la Russie accuse l’Ukraine, Poutine en retrait
Vladimir Poutine et Angela Merkel se sont entretenus au téléphone dans la nuit de lundi à mardi 27 novembre, « à l’initiative allemande », pour discuter de l’« incident dangereux », qui a eu lieu dimanche en mer Noire. Lors de cet entretien avec la chancelière allemande, le président russe « a exprimé une sérieuse préoccupation en raison de la décision de Kiev de placer ses forces armées en état d’alerte et d’instaurer la loi martiale », précise un communiqué du Kremlin. Le président russe a dénoncé des « actions de provocation de la partie ukrainienne et une violation grossière des normes du droit international par ses navires militaires », souligne-t-il. M. Poutine a également « dit espérer que Berlin pourra influencer les autorités ukrainiennes afin de les dissuader d’actes ultérieurs irréfléchis », ajoute le communiqué. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tensions en mer Noire : la Russie sur la défensive Brusque flambée de tensions Dimanche, les gardes-côtes russes, qui dépendent des services de sécurité (FSB), ont capturé deux vedettes et un remorqueur de la marine ukrainienne que Moscou accuse d’être entrés illégalement dans les eaux territoriales russes au large de la péninsule de Crimée annexée. Cet incident est survenu en mer Noire lorsque ces navires tentaient de pénétrer dans le détroit de Kertch pour entrer dans la mer d’Azov. Il s’agit de la première confrontation ouverte entre Moscou et Kiev depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014 et l’éclatement d’un conflit armé dans l’est de l’Ukraine entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses qui a fait depuis plus de 10 000 morts. Après cette brusque flambée de tensions, l’Ukraine a annoncé, lundi soir, l’introduction de la loi martiale dans ses régions frontalières qui entrera en vigueur, mercredi, pour trente jours. Une mesure d’exception, envisagée à plusieurs reprises depuis 2014, mais jamais adoptée encore. « La loi martiale ne signifie pas une déclaration de guerre (…) ni un retrait du processus diplomatique » des accords de paix de Minsk, a précisé président ukrainien Petro Porochenko. Le champ d’action de la mesure est limité géographiquement : sont concernées, seulement, les régions frontalières de la Russie (Nord-Est et Est) et de la Transnistrie (Sud-Ouest), ainsi que les régions côtières du sud du pays. La loi martiale va permettre pendant un mois aux autorités ukrainiennes de mobiliser ses citoyens, de réguler les médias et de limiter des rassemblements publics. Ces incidents russo-ukrainiens ne sont que la dernière étape d’une lente montée des tensions autour du détroit de Kertch qui sépare la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou, de la Russie. La Russie revendique le contrôle de ce détroit, unique passage maritime reliant la mer Noire à celle d’Azov.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/27/loi-martiale-en-ukraine-mise-en-garde-de-poutine-qui-en-appelle-a-merkel_5389128_3210.html
27/11/2018
Après l’instauration en Ukraine de la loi martiale, le président russe, sollicité par Angela Merkel, a demandé à la chancelière allemande de dissuader Kiev de tout acte « irréfléchi ».
campus
L’agriculture urbaine s’enracine dans les universités
A l’université de Paris-XIII-Villetaneuse. JESSICA GOURDON / LE MONDE C’est l’histoire d’un bélier qui s’appelait Patrick et qui est devenu, en quelque mois, la mascotte d’une université. En goguette avec un troupeau de brebis sur le campus de Paris-XIII, à Villetaneuse, Patrick a longtemps brouté les vastes pelouses de cet établissement de Seine-Saint-Denis. « Il était gros, il avait de belles cornes, on adorait l’observer. Avec lui, c’étaient les “Feux de l’amour” de la bergerie, s’amuse Jean-Pierre Astruc, physicien moustachu et président de l’université. Quand il a été remplacé par son successeur, c’était un événement. Dans les couloirs, on se préoccupait du départ de Patrick ! » Un troupeau de moutons au lieu des tondeuses à essence. Des bêlements à la place du vrombissement des moteurs. Cela fait quatre ans que Paris-XIII a mis en place cet « éco-pâturage » ovidé. « Nos étudiants sont éloignés du cycle de la terre, ils voient peu d’animaux. C’est un moyen simple de les connecter avec la nature et d’apporter une forme de pastoralité à un campus en zone urbaine », assure Jean-Pierre Astruc. « Plaine des vertus » Ce n’est pas la seule initiative agricole de cette université de 25 000 étudiants. Une ferme pédagogique a été montée, il y a trois ans, sur un terrain en friche, et organise des ateliers avec des écoles et collèges des environs. A quelques mètres des salles de cours, un potager d’un hectare a été aménagé et confié à une association qui convie des volontaires – étudiants, personnels, voisins – à donner un coup de main. Ceux qui donnent un peu de leur temps peuvent récupérer à cette occasion tomates, carottes, haricots, betteraves… Un jeudi après-midi, on y rencontre Guillaume Leterrier, de l’association Clinamen, qui est aussi le « berger urbain » responsable du troupeau. « Ici, la terre et la biodiversité sont exceptionnelles, on n’utilise aucun produit phytosanitaire », assure-t-il. On est ici sur l’ancienne « plaine des vertus » d’Ile-de-France, qui nourrissait la capitale jusqu’à la moitié du XXe siècle. « Pour nous, c’est naturel de nous installer dans des universités car elles ont de l’espace et ce sont des lieux de transmission du savoir. C’est aussi dans les universités que devrait se tenir une réflexion sur les enjeux d’une alimentation durable », plaide Guillaume Leterrier avant de montrer la nouvelle vigne installée cet été. A l’université de Paris-XIII-Villetaneuse, un troupeau de moutons a remplacé les tondeuses. PARIS-XIII « Retour à la terre » Villetaneuse n’est pas un cas isolé. Des initiatives de « retour à la terre » fleurissent de tous les côtés, et plus seulement dans les écoles d’agronomie. « Nanterre, Toulouse, Nantes, Rennes-II, La Rochelle ont été les pionnières », confirme Céline Leroy, chargée de mission sur la transition écologique à la Conférence des présidents d’université.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/11/27/l-agriculture-urbaine-s-enracine-dans-les-universites_5389116_4401467.html
27/11/2018
Des projets tirant parti des vastes espaces verts disponibles permettent de tisser des liens avec les formations et la recherche. Mais ils ne sont pas toujours faciles à tenir sur la durée.
implant-files
Implants médicaux : « Les patients sont moins bien protégés que s’ils avalaient un comprimé de paracétamol »
Annaïck Le Goff, au centre, à Marseille en 2014. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP Annaïck Le Goff, ancienne juge au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille, estime qu’il est urgent de renforcer les contrôles des dispositifs médicaux. Avec le recul, quelle vision avez-vous des dispositifs médicaux ? J’ai découvert que la réglementation des dispositifs médicaux est beaucoup moins protectrice que celle du médicament, et que les patients sont moins bien protégés que s’ils avalaient un comprimé de paracétamol. Il n’existe aucune autorisation de mise sur le marché délivrée par les autorités sanitaires pour les implants, qui sont pourtant à haut risque. Leur conformité aux exigences de sécurité est contrôlée par des sociétés privées, choisies par le fabricant, et les études cliniques ne sont pas toujours obligatoires. Peut-on confier sa santé à des sociétés à la fois juge et partie ? La question de l’indépendance est fondamentale. Je ne vois pas comment la résoudre tant qu’existera ce lien financier entre l’industriel et l’organisme de contrôle. Tout le système repose sur la confiance que l’on accorde au fabricant. Or, l’organisme certificateur n’est pas là pour prendre des mesures coercitives, et à être trop vigilant, il prend le risque que plus personne ne fasse appel à lui. Les dernières affaires ont montré qu’il y avait des failles dans le système. La fraude existera toujours, mais des garde-fous ont été introduits dans le nouveau règlement européen. A partir de 2020, certaines dérives pourront être évitées. Dorénavant, un groupe européen aura un droit de regard sur la désignation des organismes notifiés et harmonisera les contrôles. La visite inopinée au moins une fois tous les cinq ans est aussi une véritable avancée. Chaque fabricant devra nommer un responsable des affaires réglementaires, doté d’une formation suffisante. Enfin, le nouveau règlement rend les études cliniques obligatoires. Mais il y a la possibilité d’y déroger… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le lobby des implants médicaux a fait plier la Commission européenne Pourquoi une autorisation de mise sur le marché, comme pour le médicament, n’a-t-elle pas été retenue ? Les agences de santé n’ont pas les moyens humains de réaliser le contrôle des dispositifs médicaux. Et puis nous sommes dans une logique de fluidité du marché. L’activité économique prime sur la sécurité sanitaire. Les fabricants sont soumis à une forte demande pour produire des dispositifs innovants dans les meilleurs délais. Même avec les changements de texte, les organismes certifiés ne sont pas dans une logique de recherche de comportements frauduleux. La matériovigilance reste donc primordiale.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/27/implants-medicaux-les-patients-sont-moins-bien-proteges-que-s-ils-avalaient-un-comprime-de-paracetamol_5389110_5385406.html
27/11/2018
« Implant Files ». Annaïck Le Goff, ex-juge du tribunal de grande instance de Marseille, plaide pour un renforcement des contrôles des dispositifs médicaux.
idees
Le gouvernement israélien à l’épreuve de Gaza
Analyse. Tout ça pour ça. La scène politique israélienne a connu un psychodrame après la démission du ministre de la défense, Avigdor Lieberman. Cette séquence, conclue par la préservation d’une coalition famélique (61 sièges sur 120), résume à la fois les mœurs du système parlementaire en vigueur et l’habilité de son acteur central, Benyamin Nétanyahou. Le gouvernement le plus à droite de l’Histoire a failli se disloquer, prétendument parce que son chef ne penchait pas assez à droite. Les « faucons » ont fondu sur lui. Ils reprochaient au premier ministre d’avoir conclu un cessez-le-feu tacite avec le Hamas, maître de Gaza depuis 2007, alors même que les factions armées avaient déclenché un déluge de roquettes sur les villes israéliennes du Sud, le 12 novembre. Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou (au centre), lors d’une réunion ministérielle, le 25 novembre 2018. Ronen Zvulum / AP En reportant sur son ministre de l’éducation, Naftali Bennett, la responsabilité d’une éventuelle dissolution, M. Nétanyahou s’est joué de ses alliés. Ceux-ci ont préféré reculer et attendre que le fruit tombe de lui-même. Ils misent sur le fait que « Bibi » ne pourra sortir indemne des incendies sur sa route : une éventuelle inculpation dans les enquêtes judiciaires qui le visent ; le plan de paix de l’administration Trump, qui nécessitera des compromis côté israélien, s’il finit par être présenté un jour ; enfin, l’inextricable situation dans laquelle se trouve Gaza. Le premier ministre israélien l’a dit à plusieurs reprises : il ne veut pas d’une guerre évitable. Comme l’état-major, il estime que le prix à payer pour un nouveau conflit serait dévastateur en termes de vies humaines et de destructions, mais aussi pour son propre avenir. Il compte apparaître comme le seul adulte au sein du cabinet de sécurité. Le seul à avoir un sens profond de l’Histoire et une stature d’homme d’Etat. Ce sera son argument central dans toute future campagne, avec l’épouvantail classique d’une victoire de la gauche et la célébration de la vigueur économique réelle du pays. M. Nétanyahou compte ainsi reléguer les concurrents sur sa droite à un rôle d’agitateurs susceptibles de mettre en danger la sécurité nationale. En somme : « Moi ou le chaos. » Fierté de nombreux Israéliens Jusqu’à présent, Nétanyahou a su déjouer l’usure classique du pouvoir. De nombreux Israéliens éprouvent une certaine fierté à le voir naviguer parmi les dirigeants les plus puissants, établissant des relations diplomatiques sans précédent en Asie ou en Afrique, jouant de sa proximité avec Donald Trump et de son expérience avec Vladimir Poutine. Pour dépasser David Ben Gourion en longévité et gagner un cinquième mandat, Nétanyahou comptera donc en 2019 sur une sélection naturelle au sein de l’électorat de droite : il n’y aurait personne d’autre capable de conduire Israël entre les écueils.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/le-gouvernement-israelien-a-l-epreuve-de-gaza_5389102_3232.html
27/11/2018
La suite de la démission du ministre de la défense Avigdor Lieberman résume à la fois les mœurs du système parlementaire en vigueur et l’habilité de Benyamin Nétanyahou.
idees
« Le partage des données entre acteurs publics et privés est crucial pour améliorer la mobilité urbaine »
Tribune.Le projet de loi d’orientation des mobilités (LOM), présenté en conseil des ministres le 26 novembre, a pour ambition d’améliorer la mobilité du quotidien pour tous les citoyens. L’enjeu est de taille car d’un côté les territoires ruraux sont confrontés à des zones blanches en matière de transports et n’offrent que peu d’alternatives au transport individuel – c’est un des ingrédients de la colère des « gilets jaunes » –, de l’autre les villes sont confrontées à d’importants problèmes de congestion de trafic routier et de transports en commun du fait de l’augmentation de la population, engendrant une dégradation de l’environnement pour ces habitants. En 1950, 751 millions de personnes vivaient dans les villes contre 4,2 milliards aujourd’hui, soit 55 % de la population mondiale. Selon les projections démographiques de l’ONU, ce chiffre atteindra 68 % en 2050, soit 2,5 milliards de personnes en plus dans les villes. Cet afflux massif de population dans les zones urbaines conduira inévitablement à un surplus d’usagers sur la route et dans les transports en commun. Ce constat et ces prévisions démographiques obligent dès aujourd’hui les institutions publiques et privées à redoubler d’efforts pour proposer des services de mobilités intelligents et des solutions permettant d’améliorer la qualité de vie et de l’air, enjeux majeurs pour les villes de demain. La donnée devrait être au cœur de cette révolution, à condition qu’elle soit ouverte, partagée et bien traitée entre les acteurs publics et privés. L’Etat espère faire émerger des initiatives et services innovants pour répondre aux besoins des usagers Le volet innovation et données du projet de loi d’orientation sur les mobilités doit acter l’ouverture des données des transports dans un cadre clair sur tout le territoire national en 2021. Ce cadre obligera à partager des données collectées ou produites par un service de mobilité public. En ouvrant ces données, l’Etat espère faire émerger des initiatives et services innovants pour répondre aux besoins des usagers et lancer la création de plates-formes comme celle mise à disposition, par exemple, par Ile-de-France Mobilités. Celle-ci propose des informations (horaires, trafic, trajets, etc.) provenant des 75 entreprises œuvrant dans les transports franciliens. L’objectif est de faire basculer la France dans l’ère de la « mobilité comme un service » (en anglais « mobilty as a service », ou MAAS). Les citoyens pourront ainsi disposer, sur leur smartphone, d’une offre multimodale, personnalisée et fluide intégrant transports en commun, VTC, covoiturage, services en libre partage, taxis, autopartage, ainsi que la marche et le vélo !
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/le-partage-des-donnees-entre-acteurs-publics-et-prives-est-crucial-pour-ameliorer-la-mobilite-urbaine_5389100_3232.html
27/11/2018
Les entreprises publiques et privées de transport doivent partager leurs données pour rendre le trafic plus fluide et moins polluant, affirme l’informaticienne Isabelle Nuage.
international
La violence ordinaire de l’occupation à Hébron racontée par d’anciens soldats israéliens
Des troupes israéliennes postées près de la colonie de Kiryat Arba, près d’Hébron, en Cisjordanie, le 5 novembre. MUSSA ISSA QAWASMA / REUTERS Début 1968, quelques mois après la victoire spectaculaire d’Israël contre les armées arabes lors de la guerre des Six-Jours, un groupe d’hommes se dirigea en voiture vers le sud de la Cisjordanie occupée. Se présentant comme des touristes suisses, ils s’arrêtèrent dans une pension d’Hébron appelée le Park Hotel. Ils annoncèrent qu’ils n’en bougeraient plus, au nom de leurs liens millénaires avec la ville. Ces juifs extrémistes, rassemblés autour du rabbin Moshe Levinger, ouvrirent la voie à l’implantation des colons à Hébron. Aujourd’hui, après cinquante ans de tolérance puis d’encouragements de la part des autorités israéliennes, ainsi que d’une protection militaire constante, ils sont près de 500 à vivre au cœur de la ville, sans parler des 7 000 résidents de la colonie voisine de Kiryat Arba. La présence juive à Hébron – l’une des plus anciennes au monde – avait été noyée dans le sang par les Arabes en 1929. Le développement d’une colonie au centre même de la cité palestinienne – fait sans équivalent en Cisjordanie – pose aujourd’hui des problèmes de sécurité permanents et rend infernale la vie des autres habitants. De nombreux commerçants ont dû fermer leurs échoppes ; les résidents de la ville, au nombre de 200 000, sont contraints à des contrôles permanents et à des détours, tandis que les colons jouissent d’une impunité dans la partie dite H2, au centre. Cette vie sous tension, cette cohabitation impossible, figurent au cœur d’un nouveau recueil de témoignages d’anciens soldats israéliens, publié mardi 27 novembre par l’organisation non gouvernementale (ONG) Breaking the Silence (« Rompre le silence »). « Devoir moral » Cette ONG, honnie par la droite israélienne, documente depuis quinze ans la réalité militaire de l’occupation ainsi que les guerres dans la bande de Gaza. Il s’agit de sa quatrième publication sur Hébron. Les soldats interrogés y ont servi entre 2011 et 2017. Dans l’introduction, l’ONG évoque un « devoir moral », celui d’affronter le tableau que forment leurs récits. « Avec le temps, est-il écrit, l’occupation et sa dictature militaire inhérente sont devenues évidentes pour de nombreux Israéliens. En même temps, la dépossession des terres palestiniennes et la privation de leurs droits humains élémentaires au nom du projet des colonies sont perçues comme l’acte le plus patriotique de notre génération. » Lire aussi Israël décline une invitation de l’Unesco Hébron, « le lieu le plus sombre sur Terre », décrit un sergent interrogé. Les témoignages recueillis évoquent parfois des situations hors normes, où les soldats, soumis au stress et à l’adrénaline, réagissent de façon violente. Mais ils dessinent surtout la banalité de missions répétitives, entre maintien de l’ordre et mission militaire, où le flou des règles d’engagement permet une interprétation très large. La limite entre l’acceptable et ce qui ne l’est pas relève de la conscience individuelle.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/27/l-occupation-a-hebron-racontee-par-d-anciens-soldats-israeliens_5389094_3210.html
27/11/2018
L’ONG Rompre le silence publie un nouveau recueil de témoignages d’anciens militaires, qui décrivent leur quotidien dans cette ville de Cisjordanie sous haute tension.
politique
« Gilets jaunes » : douze présidents de région demandent des « mesures d’urgence »
« La colère de nos concitoyens », « l’expression vivante d’une fracture territoriale et sociale » : douze des treize présidents de région, de droite comme de gauche, interpellent l’exécutif sur le mouvement des « gilets jaunes » et demandent des « mesures d’urgence ». « Ce serait une très grave erreur de caricaturer leur révolte en un mouvement extrémiste manipulé par l’ultradroite ou l’ultragauche », expriment les élus dans une tribune à paraître mardi dans l’Opinion, avant le discours attendu du président Emmanuel Macron. Ils appellent l’exécutif à « changer de discours, reconnaître la souffrance de nos compatriotes et ne pas la nier (…), prendre des mesures d’urgence et, en premier lieu, un moratoire sur la hausse des taxes au 1er janvier ». Il faut « prendre le temps » de la fiscalité écologique, réécrire d’une manière qui soit socialement plus acceptable, plus transparente et mieux ciblée, suggèrent Hervé Morin, François Bonneau, Valérie Pécresse, Renaud Muselier, Laurent Wauquiez, Carole Delga, Marie-Guite Dufay, Alain Rousset, Jean Rottner, Loïg Chensais Girard, Christelle Morançais et Gilles Simeoni. Une « fracture territoriale » « Au plan social, les régions en appellent à l’Etat » avec, entre autres, « la mise en place un système d’accompagnement des individus les plus modestes et dépourvus de solutions alternatives de mobilité ». Pour ces élus, « le mouvement des “gilets jaunes” est l’expression vivante de la fracture territoriale et sociale dans notre pays. Il exprime la colère de nos concitoyens des territoires périurbains et ruraux, contraints de se loger toujours plus loin », analysent-ils. Les habitants sont « percutés de plein fouet par les variations des prix des carburants et stigmatisés en tant qu’automobilistes alors que le parc automobile ne représente pas plus de 15 % des émissions de gaz à effet de serre », relèvent les douze présidents de région, selon qui « les bâtiments représentent 40 % de la consommation énergétique ». Lundi, le chef de l’Etat a assuré en conseil des ministres qu’il n’y aurait « pas de renoncement » mais « pas non plus d’aveuglement », après un week-end marqué par de nombreuses manifestations.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/27/gilets-jaunes-douze-presidents-de-regions-demandent-des-mesures-d-urgence_5389091_823448.html
27/11/2018
Avant le discours attendu d’Emmanuel Macron, mardi, les présidents de région appellent le gouvernement à « reconnaître la souffrance » et à réécrire la fiscalité écologique.
idees
« La formation au numérique, une tâche immense pour l’éducation nationale »
Chronique « Transformations ». Si le carburant du numérique, ce sont les données, son moteur est l’informatique. Mais notre économie ne peut se limiter à des start-up, aussi brillantes soient-elles. Il faut inventer de nouvelles techniques, de nouveaux usages, pour encourager les entreprises et remplacer des pans entiers de la vieille économie. L’urgence est de réviser complètement toutes les entreprises, mais aussi tous les services publics. Leur organisation doit se transformer. Unsplash Qui fera vivre les fleurons de l’industrie, et s’épanouir les PME ? Qui assurera la nécessaire transition numérique de notre économie si les Français restent formés au travail du siècle dernier ? Les dirigeants et les ingénieurs sont pour la plupart en délicatesse avec le numérique. Ils sont bien incapables d’imaginer de nouveaux services numériques, de collaborer avec des informaticiens pour les développer. La transition numérique est d’abord une question de ressources humaines : la formation de tous les employés, de tous les travailleurs, doit être repensée radicalement, pas seulement celle de quelques privilégiés. C’est à l’éducation nationale de montrer la voie Pour préparer l’avenir, c’est à l’éducation nationale de montrer la voie. Nous ne manquons pas d’idées sur le sujet ; témoin, par exemple, le rapport « Jules Ferry 3.0 : bâtir une école créative et juste dans un monde numérique » (Conseil national du numérique, 3 octobre 2014), qui décrit l’urgence de transformer radicalement le système. Que faisons-nous de ces recommandations ? La France, après avoir pas mal barguigné, a introduit l’informatique au collège et au lycée. Mais cela ne va pas suffire. Pour former les citoyens et les salariés de ce nouveau monde, tous les enseignants devraient être formés aux nouvelles technologies. C’est une tâche immense pour l’éducation nationale, qui affronte déjà de nombreux défis. Mais il n’y a pas d’alternative. L’esprit des « fab labs », des « hackathons », la pédagogie par projets sous toutes ses formes peuvent être diffusées massivement dans le système éducatif. Des projets s’appuyant sur le numérique peuvent permettre d’introduire un souffle nouveau dans l’enseignement de toutes les disciplines, en collaboration avec des professeurs déjà en poste qui enseignent l’informatique, et d’informaticiens embauchés en volume pour pallier la pénurie. Au vu des enjeux, les tergiversations pour créer un capes d’informatique sont dérisoires, incompréhensibles.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/la-formation-au-numerique-une-tache-immense-pour-l-education-nationale_5389089_3232.html
27/11/2018
L’enseignement de l’informatique au collège et au lycée est insuffisant, souligne le chercheur Serge Abiteboul, dans une chronique au « Monde ». Pour préparer l’avenir des citoyens, tous les enseignants doivent être formés aux nouvelles technologies.
idees
Le jour où Macron a « pulvérisé l’honneur du général de Villiers »
Emmanuel Macron et le chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers, le 14 juillet 2017, lors du défilé militaire de la Fête nationale. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP [Pour la première fois, dans la Ve République, un chef d’état-major des armées a démissionné, le 19 juillet 2017. Une querelle brève et violente s’est nouée entre deux hommes que tout oppose, un président neuf venu du monde des finances, Emmanuel Macron, et un général d’expérience issu de la pure tradition militaire, Pierre de Villiers. Le récit que fait notre journaliste Nathalie Guibert de cette crise historique montre que ses racines sont profondes, vingt ans après la fin du service national et à l’issue de deux présidences – celle de Nicolas Sarkozy et celle de François Hollande – qui ont secoué les armées. Non seulement l’écart entre les ambitions internationales de la France et ses moyens militaires était devenu intenable, au point que leurs chefs évoquent l’effondrement de 1940. Mais des incompréhensions, touchant aux valeurs, viennent toujours brouiller une relation que l’on croyait apaisée.] Bonnes feuilles. Dans la tradition révolutionnaire française, une exécution en place publique commence souvent dans une atmosphère populeuse et festive, toute d’excitation contenue. En uniformes et fourragères, tenues d’apparat et robes de soirée, les invités arrivent au compte-gouttes sur la pelouse fraîchement tondue de l’Hôtel de Brienne, filtrés par les gendarmes à l’arrière du jardin. Des rires surgissent de temps à autre du brouhaha des conversations impatientes. Au ministère des armées, entre les massifs fleuris, la soirée du 13 juillet 2017 s’ouvre sous un ciel changeant. Il était tombé des cordes en 2012, pour le premier « Brienne » de François Hollande. Le jeune président Emmanuel Macron aura plus de chance. Le rendez-vous du 13 juillet dans le jardin a trouvé sa place dans la coutume républicaine. Il avait manqué disparaître en 2010 quand le président Nicolas Sarkozy avait supprimé la garden-party de l’Elysée en raison de la crise économique. Le pouvoir exécutif a jugé bon de préserver cette occasion de témoigner sa reconnaissance à la communauté militaire. A la veille du défilé, c’est un moment d’hommage au travail accompli pour la France. Jacques Chirac en avait lancé l’idée en 1996 pour annoncer la suspension du service national, ce qui fut fait un 12 juillet exceptionnellement, cette année-là, pour des raisons d’agenda. « Des régiments seront dissous, des bateaux désarmés, et des bases aériennes fermées. N’ayez pas d’états d’âme, Messieurs, et ne cédez pas à la nostalgie qui est la marque des faibles », avait lancé l’ancien sous-lieutenant de la guerre d’Algérie.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/ce-jour-ou-macron-a-pulverise-l-honneur-du-general-de-villiers_5389084_3232.html
27/11/2018
Désavoué par le président de la République en juillet 2017, le général de Villiers présentera sa démission quelques jours plus tard. Nathalie Guibert, journaliste au « Monde », en fait le récit dans « Qui c’est le chef ? ».
economie
Après Nissan, Carlos Ghosn évincé de Mitsubishi
Cette fois, Carlos Ghosn est totalement hors jeu au Japon. Après sa révocation de son poste de président de Nissan, jeudi 22 novembre – son successeur devrait être désigné le 17 décembre –, le PDG de Renault, soupçonné par la justice nipponne de malversations financières, a été démis, lundi, de ses fonctions de président non exécutif de Mitsubishi. Son exfiltration a été actée en une petite heure. La filiale – à hauteur de 34 % de Nissan –, et troisième acteur de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, a jugé « difficile » de maintenir en poste le puissant capitaine d’industrie de 64 ans. Officiellement, M. Ghosn est poursuivi pour une sous-déclaration de 8 milliards de yens (62 millions d’euros) de ses revenus pendant une période de huit ans auprès des autorités financières. Greg Kelly, l’un de ses bras droits chez Nissan, est pour sa part accusé de l’avoir assisté dans cette démarche. Les deux dirigeants démis ont nié ces accusations, selon les médias de l’Archipel. De fait, à Paris, on s’impatiente de connaître le fond d’un dossier de 400 pages préparé par Nissan contre M. Ghosn et M. Kelly. Pour l’instant, les médias japonais et les agences de presse tiennent lieu de principales sources tant pour l’opinion publique que pour Bercy ou Renault. Un comble pour la société française, qui détient 43 % de Nissan. A part quelques échanges oraux, aucun document n’a été transmis par le constructeur nippon. A Boulogne-Billancourt, on ne cache d’ailleurs pas sa frustration d’être tenu à distance. Pour l’instant, l’heure est cependant à la défense de l’acquis. Après Nissan et Renault, Mitsubishi a vanté l’intérêt de l’alliance entre les trois partenaires. « Nous faisons partie de l’alliance depuis deux ans. Il y a eu des aspects positifs et d’autres qui doivent être légèrement revus de notre point de vue », a défendu Osamu Masuko, le patron exécutif de Mitsubishi, devant la presse, sans remettre en cause l’ensemble. Pouvoirs concentrés dans les mains d’un seul homme Prévue de longue date, une réunion des comités exécutifs de Renault et de Nissan, dans le cadre de l’alliance, doit avoir lieu jeudi à Amsterdam (Pays-Bas), au siège de Renault-Nissan BV, la coentreprise chargée des achats et d’un grand nombre de fonctions partagées. Cette rencontre de routine devait initialement évoquer les avancées des deux groupes sur divers dossiers, mais l’ordre du jour a été chamboulé afin d’aborder la crise actuelle. En l’absence de M. Ghosn, toujours PDG de Renault et président de l’alliance, les principaux protagonistes de la réunion – Thierry Bolloré, le directeur général délégué de Renault, et Hiroto Saikawa, son homologue chez Nissan –, devraient s’exprimer devant les états-majors par vidéoconférence. Au-delà des explications, les deux sociétés entendent pour l’instant démontrer le bon fonctionnement de l’alliance avant d’évoquer une nouvelle gouvernance, voire une évolution des relations entre les deux entreprises.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/27/apres-nissan-carlos-ghosn-evince-de-mitsubishi_5389080_3234.html
27/11/2018
A Paris, on s’impatiente de connaître le fond du dossier préparé contre le PDG de Renault. Aucun document n’a été transmis par le constructeur nippon à son partenaire français ou à Bercy.
cinema
« Diamantino » : un footballeur au pays des images
Carloto Cotta et Cleo Tavares dans « Diamantino », de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt. UFO DISTRIBUTION L’avis du « Monde » – à voir Présenté à la Semaine de la critique, lors du Festival de Cannes, Diamantino est le premier long-métrage d’un duo occasionnel de jeunes et joyeux « court-métragistes », Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (qui avaient signé ensemble Palacios de Pena, en 2013), nés et formés aux Etats-Unis, mais œuvrant principalement en Europe. Entre inspiration hétéroclite et désinvolture assumée, Diamantino fait feu de tout bois et se présente comme un grand cirque d’images, touchantes par leur hybridation et leur multiplicité au cœur d’une certaine iconographie contemporaine. Abrantes et Schmidt ont, à ce titre, l’idée féconde de faire vivre à l’écran une figure rarement approchée par le cinéma, celle du footballeur professionnel, drôle de créature médiatique qui concentre sur elle une foule de passions populaires et d’intérêts commerciaux. Lire la critique (parue lors du Festival de Cannes) : « Diamantino », un ovni pop et déjanté Diamantino Matamouros (Carloto Cotta, aperçu dans Les Mille et Une Nuits et Tabou, de Miguel Gomes) est une figure de proue de la Seleçao portugaise, dont le génie suscite l’engouement national. Mais c’est aussi un grand benêt au cœur d’or, qui fond en larmes devant les caméras du monde entier, un soir de finale, pour avoir raté un penalty décisif. Son père meurt au même moment, laissant le joueur dans le désarroi et aux prises avec deux sœurs jumelles, Sonia et Natasha (Anabela et Margarida Moreira), qui le tancent et détournent sans vergogne son argent. Pour soigner sa détresse, il recueille dans son vaste château, recouvert d’azulejos et de marques de sponsors, une fausse réfugiée, Aisha (Cleo Tavares), qui est en fait une enquêtrice des services secrets venue plonger le nez dans ses finances. Elle découvre un Diamantino innocent, instrumentalisé par ses sœurs dans des opérations douteuses. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Carloto Cotta, caméléon du cinéma portugais Le film regorge d’idées branques et fantaisistes, entre poésie rafistolée et pastiche épais Un tel récit, dont la drôlerie joue sur la naïveté complète de son protagoniste, n’a évidemment rien de très sérieux, mais ne se refuse pourtant pas une forme de profusion qui maintient l’intérêt à flot. Abrantes et Schmidt explorent les ressources de l’outil numérique, dans un esprit de bidouille poétique à la Georges Méliès, créant toutes sortes d’incrustations et de mélanges aberrants. Ainsi l’inspiration du footballeur sur le terrain se manifeste-t-elle par une vision candide et amusante, celle d’une meute géante de « chiens poilus » qui surgissent sur le terrain pour l’accompagner dans un nuage de barbe à papa. Le film regorge de telles idées, branques et fantaisistes, entre poésie rafistolée et pastiche épais.
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/11/27/diamantino-un-footballeur-au-pays-des-images_5389074_3476.html
27/11/2018
Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt signent un premier long-métrage plein de fantaisie autour d’un joueur naïf, victime de son statut médiatique.
idees
« En Europe, le pari d’une union franco-allemande du climat »
Tribune. A l’approche de l’ouverture de la COP24, le 3 décembre, la gouvernance mondiale du climat est en péril et l’Union européenne (UE) porte sa part de responsabilité. Le monde s’inscrit dans une trajectoire de réchauffement supérieure à 3 degrés, et les émissions globales et européennes de gaz à effet de serre menacent d’augmenter à nouveau en 2018. Or, l’UE est divisée sur la nécessité de revoir à la hausse ses ambitions climatiques pour aller au-delà de la cible initiale des 40 % de baisse des émissions d’ici à 2030, et se donner ainsi les moyens d’atteindre zéro émission nette à l’horizon 2050. Si l’UE tergiverse, comment convaincre les autres grands pays émetteurs de se mobiliser pour gagner la bataille du climat ? L’Allemagne a rejeté l’idée d’un objectif européen plus ambitieux pour 2030, considérant qu’il fallait en premier lieu se concentrer sur l’atteinte des objectifs actuels. En réalité, c’est la question de la sortie du charbon en Allemagne qui pose problème. La part des énergies renouvelables est passée d’environ 16 % en 2010 à plus du tiers de la production électrique allemande en 2017. Mais les 30 000 éoliennes installées et les 40 TWh d’électricité solaire produite en 2017 n’ont pas permis de réduire significativement l’intensité émissive du secteur électrique allemand, la part du charbon (lignite et houille) n’ayant que faiblement décliné et représentant 36,6 % de la production électrique totale en 2017, contre 20 % dans l’UE. Lire aussi La France doit clarifier sa politique énergétique La « commission charbon » instituée par le gouvernement allemand en juin travaille sur un calendrier et des modalités de fermeture des mines et centrales à charbon, mais il lui faut ménager les industriels, limiter l’impact sur l’emploi, et éviter toute dégradation de la sécurité d’approvisionnement électrique. Une tâche ardue, mais pas impossible : le Royaume-Uni, par exemple, a vu la part de sa production électrique issue du charbon passer de 41 % en 2013 à 6,7 % en 2017, grâce à l’introduction d’un système de prix plancher du carbone venant s’ajouter au système européen d’échange de quotas d’émission (ETS). L’effort sera évidemment plus lourd en Allemagne : la production de houille devrait totalement cesser fin 2018, mais l’Allemagne reste le premier producteur de lignite du monde. D’importantes ressources devront être consacrées à la gestion des sites miniers, à l’accompagnement des près de 21 000 salariés de l’industrie du lignite et à la reconversion industrielle des trois régions charbonnières (Rhénanie-du-Nord, Lusace et Saxe).
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/en-europe-le-pari-d-une-union-franco-allemande-du-climat_5389063_3232.html
27/11/2018
Dans une tribune au « Monde », les chercheurs Marc-Antoine Eyl-Mazzega et Carole Mathieu prônent l’abandon du lignite par l’Allemagne et l’investissement de fonds européens dans la transition et la reconversion.
idees
Evasion fiscale : un pas de plus pour la transparence
Les « Paradise Papers », révélations sur l’évasion fiscale des élites européennes. QUENTIN HUGON / LE MONDE Tribune. Les clients d’institutions financières françaises qui ne fourniraient pas les informations nécessaires à l’identification par l’administration de leur résidence fiscale s’exposent potentiellement à une amende de 1 500 euros. La mesure, qui est entrée en vigueur le 1er novembre, vient renforcer l’échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers développé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et auquel adhèrent désormais plus de quatre-vingt-dix pays à travers le monde. La France se dote ainsi d’un arsenal unique au monde afin de s’assurer que tout changement de circonstance pouvant laisser soupçonner un changement de résidence fiscale d’un titulaire de compte soit justifié par une documentation adéquate. Les événements déclenchant la nécessité de certifier une résidence fiscale sont divers et couvrent aussi bien l’enregistrement d’une adresse de résidence secondaire à l’étranger que l’établissement d’un virement permanent vers une banque située hors de France. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Evasion fiscale : « La France peut prendre l’initiative d’un nouvel impôt fondé sur l’activité réelle des multinationales » Les institutions financières françaises sont donc placées dans une position délicate, surtout vis-à-vis de leurs clients. Car si le décret encadre de manière très précise les différentes étapes précédant la sanction de 1 500 euros, il n’en reste pas moins de la responsabilité des établissements bancaires de contacter leurs clients afin d’obtenir les documents nécessaires à la justification de leur résidence fiscale. En matière de relation commerciale, il est difficile de faire plus compliqué que d’annoncer à un client un risque d’amende substantielle du fait d’une réglementation ésotérique pour le commun des mortels. Cette mesure peut même sembler être une menace disproportionnée lorsqu’il s’agit de réaliser un simple virement automatique vers un pays étranger. Et en cas d’amende, on imagine aisément les discussions houleuses entre clients et banquiers. Importante charge opérationnelle sur les institutions financières Mais le décret n’affecte pas seulement la relation commerciale, car l’obligation de déclarer annuellement les titulaires de comptes ne remettant pas les informations permettant de déterminer leur résidence fiscale fait peser une importante charge opérationnelle sur les institutions financières. En effet, il convient dorénavant de suivre précisément dans le temps l’envoi des courriers, leur réception par le client ainsi que la date à laquelle les justificatifs sont reçus. Et tout cela sur une période qui peut s’étendre jusqu’à cinq mois !
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/evasion-fiscale-un-pas-de-plus-pour-la-transparence_5389062_3232.html
27/11/2018
Depuis le 1er novembre, les banques doivent obéir à de nouvelles exigences en matière d’information fiscale. Non sans impact potentiellement négatif sur la relation client, observe le consultant Thomas Hirtzig dans une tribune au « Monde ».
implant-files
Les prothèses mammaires, un scandale de tous les jours
C’était en 1997. La première femme avait 38 ans quand on lui a diagnostiqué un cancer rare touchant les ganglions lymphatiques, appelé lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC). A ce jour, elles sont 615 atteintes dans le monde, dont 56 en France, selon Corinne Haioun, professeure d’hématologie à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, la responsable du registre des cas de lymphome en France. Toutes, ou presque, ont pour point commun d’avoir porté des implants mammaires dits « texturés », dont la surface granuleuse a été conçue pour mieux adhérer aux tissus. Un « effet Velcro » qui entraîne des réactions inflammatoires. Le soupçon d’un lien entre les implants texturés des prothèses et cette pathologie plane depuis 2008, mais deux études publiées en septembre l’attestent sans ambiguïté. Le 21 novembre, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié un message de prudence, conseillant aux chirurgiens « d’utiliser de préférence des implants mammaires à enveloppe lisse », en attendant de prendre une décision finale début 2019. Le lendemain, la société savante des chirurgiens plasticiens, qui préférait jusqu’alors « ne pas inquiéter inutilement la population », a également recommandé de ne plus poser d’implants macro-texturés Biocell du laboratoire Allergan, ceux qui dominent le marché, « en raison de [leur] surreprésentation » dans les cas de LAGC. Prothèse mammaire macro-texturée des laboratoires Sebbin. YVES SAMUEL POUR LE MONDE Des chirurgiens, alertés par les effets indésirables, avaient pris les devants et banni ces prothèses depuis des années : ce sont en effet les implants mammaires qui occasionnent le plus de signalements d’incidents en France. Pour Agnès Buzyn, la ministre de la santé, il était jusqu’ici difficile de « mettre en évidence statistiquement » ce lien. Ce n’est pas la première fois que la longue histoire des implants mammaires révèle l’incapacité des autorités à détecter des problèmes, et à évaluer leur ampleur. Elles ne sont pas en mesure de dire aujourd’hui, parmi les 400 000 à 500 000 femmes porteuses d’implants mammaires en France, combien sont concernées. Le ministère parle d’au moins 340 000 prothèses texturées, mais il est impossible de le vérifier. Prothèses frauduleuses Faute d’un registre national, dont la création est pourtant discutée depuis 2013, il est encore plus difficile de savoir qui porte la « Biocell », le modèle le plus problématique. En 2010 déjà, au moment de l’« affaire PIP », les autorités sanitaires n’étaient pas en mesure d’identifier toutes les patientes concernées par ces prothèses frauduleuses, remplies d’un gel de silicone dangereux, théoriquement réservé à un usage industriel. Annoncée en grande pompe en 2016, la création de ce registre est toujours suspendue à une décision de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/27/les-protheses-mammaires-un-scandale-de-tous-les-jours_5389052_5385406.html
27/11/2018
« Implant Files ». Depuis mercredi, les chirurgiens sont incités à ne plus utiliser les implants texturés Biocell, soupçonnés d’être à l’origine d’un cancer rare des ganglions lymphatiques.
idees
Gérard Noiriel : « Les “gilets jaunes” replacent la question sociale au centre du jeu politique »
Entretien. Historien et directeur d’études à l’EHESS, Gérard Noiriel a travaillé sur l’histoire de l’immigration en France (Le Creuset français. Histoire de l’immigration, Seuil, 1988), sur le racisme (Le Massacre des Italiens. Aigues-Mortes, 17 août 1893, Fayard, 2010), sur l’histoire de la classe ouvrière (Les Ouvriers dans la société française, Seuil, 1986) et sur les questions interdisciplinaires et épistémologiques en histoire (Sur la « crise » de l’histoire, Belin, 1996). Il vient de publier Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours (Agone, 832 p., 28 euros) et propose une analyse socio-historique du mouvement des « gilets jaunes ». Qu’est-ce qui fait, selon vous, l’originalité du mouvement des « gilets jaunes », replacé dans l’histoire des luttes populaires que vous avez étudiée dans votre dernier livre ? Dans cet ouvrage, j’ai tenté de montrer qu’on ne pouvait pas comprendre l’histoire des luttes populaires si l’on se contentait d’observer ceux qui y participent directement. Un mouvement populaire est une relation sociale qui implique toujours un grand nombre d’acteurs. Il faut prendre en compte ceux qui sont à l’initiative du mouvement, ceux qui coordonnent l’action, ceux qui émergent en tant que porte-parole de leurs camarades, et aussi les commentateurs qui tirent les « enseignements du conflit ». Autrement dit, pour vraiment comprendre ce qui est en train de se passer avec le mouvement des « gilets jaunes », il faut tenir tous les bouts de la chaîne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : quelles réponses politiques à la colère ? Je commencerais par la fin, en disant un mot sur les commentateurs. Etant donné que ce conflit social est parti de la base, échappant aux organisations qui prennent en charge d’habitude les revendications des citoyens, ceux que j’appelle les « professionnels de la parole publique » ont été particulièrement nombreux à s’exprimer sur le sujet. La nouveauté de cette lutte collective les a incités à rattacher l’inconnu au connu ; d’où les nombreuses comparaisons historiques auxquelles nous avons eu droit. Les conservateurs, comme Eric Zemmour, ont vu dans le mouvement des « gilets jaunes » une nouvelle jacquerie. Les retraités de la contestation, comme Daniel Cohn-Bendit, ont dénoncé une forme de poujadisme. De l’autre côté du spectre, ceux qui mettent en avant leurs origines populaires pour se présenter comme des porte-parole légitimes des mouvements sociaux, à l’instar des philosophes Michel Onfray ou Jean-Claude Michéa, se sont emparés des « gilets jaunes » pour alimenter leurs polémiques récurrentes contre les élites de Sciences Po ou de Normale Sup. Les « gilets jaunes » sont ainsi devenus les dignes successeurs des sans-culottes et des communards, luttant héroïquement contre les oppresseurs de tout poil.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/gerard-noiriel-les-gilets-jaunes-replacent-la-question-sociale-au-centre-du-jeu-politique_5389042_3232.html
27/11/2018
Dans un entretien au « Monde », l’historien Gérard Noiriel considère que ce mouvement populaire tient plus des sans-culottes et des communards que du poujadisme ou des jacqueries.
international
Stéphane Corcuff : « Les Taïwanais n’ont pas voté pour un rapprochement avec la Chine »
Samedi, la victoire du candidat prochinois Han Kuo-yu à Kaohsiung, deuxième ville du pays, a été un revers pour la présidente indépendantiste Tsai Ing-wen. AP Les élections municipales du samedi 24 novembre à Taïwan se sont traduites par un fort recul du Parti progressiste démocratique (DPP) au profit du Kuomintang (KMT), l’ancien parti unique qui a longtemps dominé la vie politique. Le DPP avait pris le pouvoir en 2016 en remportant les présidentielles et, pour la première fois de son histoire, la majorité absolue au Parlement. Comme pour toute élection à Taïwan, le facteur chinois s’impose en arrière-plan – mais pas forcément dans le sens que l’on croit –, comme l’explique Stéphane Corcuff, maître de conférences à Sciences Po Lyon et spécialiste des relations entre la Chine et Taïwan. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nouvelle donne politique à Taïwan après la déroute du parti au pouvoir Comment expliquer une telle défaite du DPP ? Taïwan est une démocratie de plus en plus mature, où l’alternance est maintenant habituelle. Le DPP s’était imposé aux municipales de 2014 avant de remporter la présidentielle et les législatives en 2016. On assiste à un reflux, et aussi à une certaine fatigue démocratique – le candidat du KMT qui a le plus surpris est le vainqueur à Kaohsiung. Sur un schéma trumpien, il n’était pas soutenu par son parti à l’origine. Ensuite, les Taïwanais ont aussi sanctionné la gouvernance du DPP de ces deux dernières années. Les deux gouvernements nommés par Tsai Ing-wen ont hésité sur certaines réformes, revu leur copie plusieurs fois sur d’autres. Et parfois, mal pris en compte l’impact négatif de leurs décisions sur certaines catégories de la population, comme pour la réforme des retraites, des bonus et du temps de travail. La population concernée est descendue dans la rue. Et ce mécontentement prévu n’a pas dissuadé le pouvoir de continuer ses réformes. La défaite du DPP lors des élections régionales signifie-t-elle que les Taïwanais veulent davantage se rapprocher de la Chine ? Ces élections sont avant tout locales, avec des enjeux locaux. Les Taïwanais n’ont pas voté pour un rapprochement avec la Chine. Ils n’ont d’ailleurs pas été appelés à se prononcer sur la politique chinoise de Tsai Ing-wen. Il faut aussi savoir que voter pour un candidat du KMT, c’est-à-dire aujourd’hui le parti d’opposition qui a remporté un grand nombre de villes, n’est pas un vote en faveur de la réunification, ni du rapprochement avec la Chine. Car le KMT a aussi pour politique, comme le DPP, de défendre la souveraineté de la République de Chine (le nom officiel de Taïwan), avec pour différence de s’être accordé avec Pékin sur le « consensus de 1992 », selon lequel il n’y a qu’une seule Chine, chaque côté du détroit étant libre de l’interpréter à sa façon. Le DPP récuse cette interprétation : pour lui, Taïwan n’est pas la Chine.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/27/stephane-corcuff-les-taiwanais-n-ont-pas-vote-pour-un-rapprochement-avec-la-chine_5389039_3210.html
27/11/2018
Entretien avec Stéphane Corcuff, spécialiste des relations entre Pékin et Taipei, qui analyse la défaite du DPP aux élections municipales à Taïwan.
politique
Derrière les « gilets jaunes » : François Ruffin, omniprésent mais insaisissable
Le député François Ruffin aux côtés des « gilets jaunes » de de la Somme à Paris le samedi 24 novembre. Dominique Touchart / PHOTOPQR/LE COURRIER PICARD/MAXP C’est l’un des nombreux paradoxes de François Ruffin. Le député (La France insoumise, LFI) de la Somme est partout : dans les manifestations des « gilets jaunes », sur YouTube, les réseaux sociaux, les plateaux de télévision et de radio. Et pourtant, il refuse systématiquement de répondre aux sollicitations du Monde pour un portrait. Ses proches, ceux qui naviguent entre son journal Fakir et l’organisation des manifestations « pot-au-feu » du printemps, ont également fait connaître leur fin de non-recevoir pour une rencontre qui aurait permis de dévoiler − un peu − la personnalité du journaliste. Pourtant, M. Ruffin sait faire parler de lui. Avec un art qui impressionne les plus roués de ses adversaires et les plus aguerris de ses camarades. Dernier épisode en date : une tribune publiée mardi 27 novembre dans Libération, qui fait suite à celle publiée dans Le Monde juste avant l’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée en 2017. Dans ce texte au vitriol, l’élu attaque frontalement le chef de l’Etat. Sans nuances. « Vous êtes massivement haï. (…) Ce que les instituts [de sondages] ne mesurent pas, c’est le dégoût puissant, virulent, que vous suscitez (…). Samedi dernier qu’est-ce qui rassemblait les “gilets jaunes” ? (…) Vous. L’aversion que vous provoquez. (…) Vous êtes fou. Je vous écoute et je me dis : “Il est fou”. » « Saines colères » Une manière aussi, pour celui qui semble parfois jouer les Candide, de se hisser au niveau d’Emmanuel Macron et d’incarner l’opposition à sa politique, notamment au travers des « gilets jaunes » et de la contestation de la hausse des prix des carburants. Très tôt, François Ruffin a soutenu ce mouvement qui inspirait de la méfiance. Dès le 30 octobre, il affirmait ainsi qu’il s’agissait d’adresser, dans la rue, une « réplique à Macron ». « Il y a un sentiment d’injustice fiscale dans le pays, énonçait-il dans son intervention vidéo tournée depuis la cuisine de son appartement d’Amiens. Notre devoir n’est pas de dire : “Ah, il y a des fachos”. (…) Il faut d’abord comprendre avant de juger. La question est de savoir comment conjuguer ce sentiment d’injustice fiscale avec un impératif écologique. » Quelques heures plus tard, le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, embrayait lors d’un meeting à Lille et soutenait le mouvement. Le leader « insoumis » et ses proches n’ignorent rien de la puissance de feu de M. Ruffin. Les vidéos de ce dernier font plusieurs centaines de milliers de vues et ses « saines colères » à l’Assemblée nationale sont devenues sa marque de fabrique. Il embrasse à chaque fois des sujets consensuels et justes, comme le handicap, le sport amateur ou les femmes de ménage. Le parlementaire commence par une anecdote, part du particulier pour arriver au général et au message politique. Technique imparable.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/27/la-france-insoumise-francois-ruffin-omnipresent-mais-insaisissable_5389036_823448.html
27/11/2018
Le député de la Somme est en première ligne pour soutenir les « gilets jaunes ». A tel point qu’il commence à faire de l’ombre à Jean-Luc Mélenchon.
international
Comment des tests ADN défaillants ont élargi la famille de Sigrid Johnson
LETTRE DE NEW YORK C’est une histoire comme sait les raconter le New York Times. Une anecdote presque, qui pose des questions existentielles – qu’est-ce qu’être Noir, qu’est-ce qu’être parents ? – sans doute mieux que ne feraient les meilleurs experts. Ainsi, le quotidien new-yorkais, relate-t-il, sous la plume de Ruth Padawer, l’aventure d’une habitante de Philadelphie (Pennsylvanie), âgée de 65 ans : « Sigrid Johnson était Noire. Un test ADN a dit qu’elle ne l’était pas. » Bigre. L’histoire débute il y a trois ans. Sigrid Johnson reçoit un coup de fil d’une de ses amies, qui travaille sur les tests ADN et l’identité ethnique, et lui demande de faire un test pour une enquête. Petite précision, les Américains raffolent de ces tests, facturés entre 100 et 1 000 dollars (jusqu’à 880 euros), qui leur permettent de retrouver leurs origines. Il ne s’agit pas de définir une « race » mais de comparer son code génétique à celui d’une population géographique donnée (italienne, sénégalaise, chinoise, ouzbek…) et découvrir que l’on est à 25 % italien, à 50 % chinois et à 1 % « natif américain ». Sigrid Johnson a vécu dans un quartier noir, a été élevée dans une famille noire de Philadelphie. Son père était « brun doré », écrit le Times, tandis que sa mère avait la peau claire, mi-afro-américaine, mi-native américaine. Ainsi, Sigrid a vécu sa vie d’Afro-Américaine jusqu’à ses 16 ans. Sa mère lui révèle alors qu’elle est une enfant adoptée. Sa mère biologique, une Italienne mariée à un homme blanc avait conçu un enfant avec un homme noir. Hors de question d’élever un rejeton qui n’est pas le sien, Noir de surcroît, au sein d’une fratrie blanche : Sigrid Johnson est donc adoptée à l’âge de quelques mois, et lorsqu’elle fait son test ADN, elle connaît par avance le résultat : elle est mi afro-américaine, mi-italienne. Taux d’africanité Jusqu’à ce que les résultats arrivent. Et c’est le choc, avec une précision étonnante : elle est Hispanique à 45,306 %, Moyen-Orientale à 32,321 %, Européenne 13,714 % et seulement Noire à 2,978 %. « 2 % Africaine ? Qui suis-je alors ?, raconte-elle au New York Times. J’avais peur que les gens disent que j’étais une tricheuse. J’étais si déçue, et au fond de mon cœur, je ne le croyais pas : comment pouvais-je ne pas être Noire. J’avais vécu Noire, j’étais Noire. » Il s’avère que le test n’a analysé que quelques segments d’ADN : le New York Times lui finance un test plus complet réalisé par une des entreprises spécialisées dans les recherches généalogiques, AncestryDNA. « Même si les résultats sont les mêmes, je suis toujours une femme noire », prévient Sigrid Johnson.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/27/comment-des-tests-adn-defaillants-ont-elargi-la-famille-de-sigrid-johnson_5389033_3210.html
27/11/2018
Une Afro-Américaine, adoptée bébé, a réalisé plusieurs tests pour connaître ses racines. Ses origines africaines sont passées de 2 % à 27 % puis à 45 % ; des résultats qui interrogent la fiabilité de ces méthodes en vogue.
societe
Les « gilets jaunes » au tribunal : « J’aurais jamais dû mettre les pieds à Paris ! »
Interpellation d’un homme lors de la manifestation des « gilets jaunes » sur les Champs-Elysées à Paris, le 24 novembre. BENOIT TESSIER / REUTERS Il ne faut pas se fier aux apparences. Par exemple, ce grand gaillard barbu de 32 ans « sans domicile fixe » qui ne dispose que d’une adresse postale chez ses parents et d’une carte d’identité périmée depuis longtemps. Il comparaît, lundi 26 novembre, parmi une quinzaine d’autres participants à la manifestation des « gilets jaunes » de samedi, devant la 23e chambre correctionnelle de Paris pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations ». Il a été interpellé non loin des Champs-Elysées avec un pavé et un couteau. La justice, qui traque les casseurs en marge du défilé, pense en tenir un. La présidente, Corinne Goetzmann, avise le tee-shirt noir porté par le prévenu, barré d’un slogan imprimé façon tag qu’elle a lu un peu trop vite. « Et ce tee-shirt ?, lui demande-t-elle. – Ben, la chèvre, c’est l’Ardèche. Et “goat”, c’est chèvre en anglais. Il épelle : We’ve GOAT the power… » Il vit en Ardèche, dans un camion. « En fait, je suis wwoofer sur un petit terrain. Je paie pas l’électricité en échange de quelques travaux. Le pavé, je l’ai ramassé parce que là, je fais une formation de tailleur de pierres. Et le couteau, c’est une question d’habitude, je me lève le matin, je mets mon pantalon et mon couteau dans ma poche. » Condamné à deux mois avec sursis pour port d’armes. « Je gagne environ 8 000 euros par mois » Le suivant portait, lui aussi, un couteau, un Opinel. Il a 26 ans, il vient de Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie. « Détenir une arme de catégorie D est une infraction », lui explique solennellement la procureure. Le prévenu hausse les épaules. « Vous savez, chez nous, tout le monde a un Opinel sur soi. Je vais pas me défendre de ça. » Il avait aussi une matraque dans son sac. « Je l’ai ramassée par terre, je voulais la ramener en souvenir. Je suis conseiller financier, je suis pas venu pour casser du policier ! Je voulais juste exprimer mon mécontentement. – Quels sont vos revenus ? – Je travaille en Suisse, je gagne environ 8 000 euros par mois. Son jeune avocat commis d’office écarquille les yeux. – Et votre compagne ? – Elle travaille aussi en Suisse. Elle gagne 3 500 euros. » Condamné à trois mois avec sursis pour port d’arme. Le tour de France des mécontents se poursuit. Venu de Poitiers, un beau gars en pull vert a été arrêté avec des gants, des pierres et une tête de grenade. Il a 33 ans, vit chez ses parents, accumule les CDD au Futuroscope.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/27/j-aurais-jamais-du-mettre-les-pieds-a-paris_5389025_3224.html
27/11/2018
Une quinzaine de manifestants poursuivis pour violences ou dégradations en marge du défilé de samedi à Paris ont été jugés en comparution immédiate, lundi.
sante
VIH : Santé publique France regrette une trop grande part d’infections détectées tardivement
Plus d’un quart des personnes diagnostiquées séropositives en France en 2017 et 2018 l’ont été de façon « trop tardive », ce qui retarde leur prise en charge et freine la lutte contre la transmission du virus du sida (VIH), a analysé, mardi 27 novembre, Santé publique France. Entre janvier 2017 et septembre 2018, 28 % des personnes ont découvert qu’elles étaient porteuses du virus du sida à un stade avancé de l’infection, c’est-à-dire alors que la maladie s’était déjà déclarée ou avec un niveau très bas de lymphocytes CD4, des globules blancs ciblés par le VIH. Cette proportion n’a pas baissé depuis 2013, alors même que le nombre de dépistages en laboratoire continue d’augmenter, avertit Santé publique France, en amont de la Journée mondiale de lutte contre le sida, samedi. En 2017, 49 % des découvertes de séropositivité concernaient des personnes déclarant n’avoir jamais été testées auparavant, ajoute l’organisme public. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Vieillir avec le VIH : des seniors séropositifs racontent leur quotidien Une sous-estimation du nombre réel de cas « Le dépistage du VIH doit donc encore être intensifié dans les populations les plus exposées, afin de réduire la proportion de ceux qui ignorent leur séropositivité pour leur permettre de bénéficier d’un traitement antirétroviral. » Le traitement, « qui évite la transmission du VIH des personnes séropositives à leurs partenaires, constitue un enjeu majeur pour contrôler l’épidémie », ajoute l’Agence nationale de santé publique. Elle n’est, en revanche, pas encore en mesure de donner le nombre total de personnes ayant découvert leur séropositivité en 2017. En 2016, ce nombre était estimé à environ 6 000 personnes, en baisse de 5 % par rapport à 2013. Les biologistes et les cliniciens doivent obligatoirement déclarer les cas de VIH qu’ils diagnostiquent depuis avril 2016, mais les déclarations reçues sous-estiment le nombre réel de cas, se font avec un délai important ou comportent des données manquantes, explique Santé publique France.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/11/27/vih-sante-publique-france-regrette-une-trop-grande-part-d-infections-detectees-tardivement_5389019_1651302.html
27/11/2018
Entre janvier 2017 et septembre 2018, 28 % des personnes ont découvert qu’elles étaient porteuses du virus du sida à un stade avancé, ce qui retarde leur prise en charge.
implant-files
Implants : la Commission d’accès aux documents administratifs invoque le « secret des affaires » contre la transparence
Une fin de non-recevoir au prétexte du « secret des affaires ». C’est la réponse de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), reçue lundi 26 novembre, à une demande concernant les dispositifs médicaux (défibrillateurs, pompes à insuline, prothèses de hanche etc.), formulée par Le Monde au cours de l’enquête des « Implant Files ». Cette demande avait été adressée en mai à LNE/G-MED, l’une de ces sociétés commerciales habilitées à contrôler les dispositifs en Europe. Elles sont appelées « organismes notifiés ». Seule et unique société de ce type en France, LNE/G-MED a pour particularité d’être un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) rattaché au ministère chargé de l’industrie, et pas une société privée. La loi de 1978 permettant un accès aux documents administratifs pouvant donc s’appliquer, Le Monde avait cherché à obtenir la liste de tous les dispositifs médicaux auxquels LNE/G-MED avait délivré un certificat de conformité, sésame leur permettant d’être commercialisés, ainsi que la liste des dispositifs rejetés. « Chargé de l’exécution d’un service public » A la suite du refus de l’organisme, Le Monde avait saisi la CADA. Son avis final nous est parvenu six mois plus tard… le premier jour de publication des « Implant Files ». Si la CADA y reconnaît bien que LNE/G-MED, « chargé de l’exécution d’un service public », assure une « mission d’intérêt général visant à assurer la qualité et la sécurité des produits médicaux », elle estime que rendre la première liste publique « serait susceptible de porter atteinte au secret des affaires » en révélant le nom des fabricants. Quant à la seconde, il pourrait faire « apparaître le comportement d’un fabricant dans des conditions susceptibles de lui porter préjudice ». La non-transparence au nom du secret commercial a été l’un des principaux obstacles aux 1 500 demandes d’accès aux documents publics effectuées au cours de l’enquête internationale.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/27/implants-la-commission-d-acces-aux-documents-administratifs-invoque-le-secret-des-affaires-contre-la-transparence_5389017_5385406.html
27/11/2018
LNE/G-MED, seule société habilitée à contrôler les dispositifs en France, avait refusé de communiquer ses données au « Monde ». La CADA confirme ce refus.
international
Les députés italiens adoptent la loi anti-migrants souhaitée par Matteo Salvini
Sous l’impulsion du ministre de l’intérieur d’extrême droite Matteo Salvini, la Chambre des députés italienne a adopté mercredi 29 novembre un décret-loi durcissant la politique d’immigration, après le Sénat début novembre et dans les mêmes termes. Le texte remplace notamment les permis de séjour humanitaires, actuellement octroyés à 25 % des demandeurs d’asile et d’une durée de deux ans, par divers autres permis, comme celui de « protection spéciale », d’une durée d’un an, ou de « catastrophe naturelle dans le pays d’origine », d’une durée de six mois, entre autres. Il prévoit également une procédure d’urgence afin de pouvoir expulser tout demandeur se montrant « dangereux ». Un homme rassemble ses affaires alors que la police évacue un campement de migrants, à Rome, le 13 novembre. MASSIMO PERCOSSI / AP Il réorganise aussi le système d’accueil des demandeurs d’asile, qui étaient encore 146 000 fin octobre et seront regroupés dans de grands centres par mesures d’économie. Dans le volet sécurité, il généralise l’utilisation des pistolets électriques et facilite l’évacuation des bâtiments occupés. Le gouvernement refuse le pacte de l’ONU sur les migrations Par ailleurs, le gouvernement italien, formé par le parti d’extrême droite de la Ligue et par le Mouvement 5 étoiles, a annoncé mercredi qu’il ne signerait pas le pacte de l’Organisation des Nations unies sur les migrations (« Global Compact for Migration ») comme s’y était engagé en 2016 le précédent exécutif de centre-gauche dirigé à l’époque par Matteo Renzi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Vent de fronde parmi les gardes-côtes italiens contre la politique « zéro migrant » de Salvini Le gouvernement ne participera pas au sommet prévu pour les 10 et 11 décembre à Marrakech, où doit être définitivement adopté ce pacte, « se réservant d’adhérer ou non au document seulement une fois que le Parlement se sera prononcé », a déclaré le président du conseil, Giuseppe Conte. Non contraignant, ce texte de vingt-cinq pages, premier du genre sur ce sujet, vise à réguler les flux migratoires au plan mondial. Signé par plus de 190 pays en septembre 2016, il recense des principes – défense des droits de l’homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale – et une vingtaine de propositions pour aider les pays à faire face aux migrations en facilitant l’information, l’intégration des migrants, l’échange d’expertises…
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/les-deputes-italiens-adoptent-la-loi-anti-migrants-souhaitee-par-matteo-salvini_5390090_3210.html
28/11/2018
Le texte durcit la politique d’immigration du pays en réorganisant le système d’accueil des demandeurs d’asile ou en prévoyant une procédure d’urgence afin de pouvoir expulser tout demandeur se montrant « dangereux ».
international
A la frontière mexicaine, les rêves brisés des migrants de la « caravane »
Des migrants centraméricains attendent une distribution de nourriture, à Tijuana, dans l’Etat mexicain de Basse-Californie, le 25 novembre. RODRIGO ABD / AP L’un a décidé de repartir, l’autre de rester. Autour de Jorge Arturo Garcia, un attroupement s’est formé. Après des semaines de marche depuis le Honduras, l’ouvrier agricole a décidé de rentrer chez lui. Quitter le stade de Tijuana où s’est arrêtée la « caravane » de migrants partis d’Amérique centrale mi-octobre à la poursuite de l’impossible : franchir la frontière mexicaine puis demander l’asile aux Etats-Unis. Le silence s’est fait dans le groupe. Comme des dizaines de migrants, Jorge Arturo Garcia est vêtu d’un tee-shirt à la gloire d’une équipe de foot latino-américaine, héritage du passage de la « caravane » à Mexico, mi-novembre. Le jeune homme a la gorge nouée. Que dire quand on rebrousse chemin après avoir parcouru 4 600 km avec sandales et baluchon ? « Il n’y a personne pour nous aider aux Etats-Unis », se borne-t-il à expliquer. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Mexique, le casse-tête de la crise migratoire Jorge, 26 ans, vient d’ajouter son nom à la liste de candidats au retour établie par Grupos Beta, le bras humanitaire de l’Institut national de migration du Mexique. En deux jours, une centaine de personnes se sont inscrites, indique Cesar Anibal Palencia Chavez, le directeur des services aux migrants de la ville de Tijuana. Les autocars les attendent à deux pas, dans la rue Mutualismo, là où la police anti-émeutes aligne ses boucliers de plastique contre les murs. Ils seront dans l’avion – affrété par le gouvernement – le soir même. L’inquiétude a gagné Selon Cesar Anibal Palencia Chavez, les migrants ne se rendaient pas tout à fait compte des contingences politiques. « Ce qui s’est passé dimanche leur a ouvert les yeux », affirme-t-il. L’incident a choqué les migrants autant que l’opinion américaine. Quelques centaines de candidats à l’asile étaient partis manifester au point de passage mexicain d’El Chaparral, qui fait pendant au poste de San Ysidro, côté américain. Les gardes-frontières mexicains ont été débordés (les réfugiés sont persuadés qu’ils les ont laissés passer pour faire monter la tension). « Là, il y a eu un moment de chaos magnifique, raconte le cameraman Sky Richards, qui suit la « caravane » depuis plusieurs semaines. Les migrants ont cru que leur rêve s’accomplissait. » Mais de la terre promise, ce sont des gaz lacrymogènes qui leur sont parvenus. Depuis, l’inquiétude a gagné. Les femmes ont reproché aux hommes d’avoir mis les familles en danger.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/a-la-frontiere-mexicaine-les-reves-brises-des-migrants-de-la-caravane_5390079_3210.html
28/11/2018
A Tijuana, les migrants attendent de pouvoir s’enregistrer auprès des autorités américaines, qui traitent les demandes au compte-gouttes.
sciences
Le trou noir de notre Voie lactée ressemble à ça
laxie. Sagittarius A*. C’est le nom du trou noir au centre de la Voie lactée. Par définition inobservable, il a été simulé sur ordinateur par des astrophysiciens néerlandais dans le cadre du projet « BlackHoleCam ». Dans une vidéo en réalité virtuelle, le spectateur se retrouve en orbite et découvre l’aspect de la matière qui tourbillonne autour du trou noir. Toutes ces images ont pu être modélisées grâce à des calculs fondés sur la théorie de la relativité d’Einstein. En 2019, un autre projet, Event Horizon Telescope, devrait permettre d’obtenir des images des environs de Sagittarius A*. A partir de toutes ces données, les astrophysiciens pourront confirmer la présence et préciser la nature de Sagittarius A*. En effet, les premiers éléments supposant son existence remontent seulement aux années 1970. On sait aujourd’hui qu’il se situe environ à 25 000 années-lumière de la Terre et que sa masse avoisine 4 millions de fois celle de notre soleil. Mais des doutes subsistent encore sur les origines de sa formation.
https://www.lemonde.fr/sciences/video/2018/11/28/le-trou-noir-de-notre-voie-lactee-ressemble-a-ca_5390069_1650684.html
28/11/2018
Une équipe d’astrophysiciens a simulé sur ordinateur Sagittarius A*, le trou noir supermassif qui se situerait au centre de notre galaxie.
sciences
Jocelyn Bell Burnell, grande Dame des pulsars et oubliée du Nobel
Mardi 20 novembre, sous la coupole, l’Académie des sciences remettait sa plus prestigieuse distinction : la Grande Médaille. Avec la classe due à son rang et l’humour dont elle ne se départit jamais, Dame Jocelyn Bell Burnell a remercié la docte assemblée pour la « magnifique et… lourde récompense » qui venait de lui échapper des mains. Elle a souligné la « gentillesse » et la « générosité » de ses pairs français et assuré à quel point, cinquante ans après la publication, en 1968, de son article annonçant la découverte des pulsars, cet honneur résonnait de façon « spéciale ». La précision s’imposait tant l’astrophysicienne de 75 ans accumule les récompenses. « Quelques-unes », dit-elle modestement. « Elle ne peut plus les compter », corrigent ses amis. Début novembre encore, elle recevait, au cœur de la Silicon Valley et en présence du gotha du cinéma, le prix spécial Breakthrough de physique fondamentale, la plus lucrative des récompenses scientifiques (3 millions de dollars). Pour se faire une idée, l’honneur avait été ­précédemment accordé à Stephen Hawking, aux ­découvreurs du boson de Higgs ou encore à la collaboration Ligo qui avait mis en évidence les ondes gravitationnelles. Pourtant, le prix qui l’a rendue définitivement célèbre est celui qu’elle n’a jamais décroché. En 1974, l’académie Nobel a bien honoré la découverte des pulsars. Mais c’est son directeur de thèse, Anthony Hewish, qui en a porté seul les lauriers. « Elle a toujours été très modeste, ­expliquant qu’elle n’était qu’une étudiante, qu’elle ne méritait pas le prix, mais évidemment qu’elle le méritait », a affirmé, mardi, l’astrophysicienne Françoise Combes, professeure au Collège de France. « La découverte avait ébranlé le monde de la physique, et tout le monde savait que c’était elle qui avait fait le travail, renchérit Catherine Cesarsky, présidente du projet international de radiotélescope géant SKA, à l’époque en thèse à l’université Harvard. Je ne sais pas comment le comité a pu l’ignorer. » Le parfum de la discrimination Dans le salon de l’Académie des sciences où elle nous reçoit, la scientifique ne s’écarte pas de sa ligne de conduite. Pas question pour elle de charger « Tony ». Elle préfère invoquer « l’époque ». « Etudiante, femme et originaire du Nord, ça faisait beaucoup », sourit-elle. Dès 11 ans, la jeune Nord-Irlandaise, qui a découvert l’astronomie en suivant son père, architecte et constructeur de l’observatoire d’Armagh, éprouve le parfum de la discrimination. Aux examens de fin d’école primaire, elle est recalée. « Dans notre comté, la note réclamée aux filles était supérieure à celle demandée aux garçons, au motif que nous étions plus matures et que nous allions toutes nous marier et cesser de travailler… Mes parents se sont battus, et j’ai pu passer. »
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/28/jocelyn-bell-burnell-grande-dame-des-pulsars-et-oubliee-du-nobel_5390057_1650684.html
28/11/2018
L’astrophysicienne britannique, figure de la science mondiale, a décroché presque tous les prix, sauf un. Et l’on en parle encore.
idees
Entreprises : comment « mieux maîtriser le risque judiciaire américain » ?
« Tous les avocats exerçant en France sont également tenus au strict respect de la réglementation européenne et française sur le transfert de données personnelles, ou d’informations sensibles (loi de blocage) » suedhang/Image Source / Photononstop Tribune. Le 19 novembre, la Société générale a annoncé une nouvelle série d’accords avec les autorités américaines pour un montant total d’environ 1,4 milliard de dollars afin de solder des poursuites pour violation des embargos américains. Se pose donc une fois de plus la question du rôle joué par la justice américaine – et ses avocats – dans la guerre économique que se livrent actuellement les principaux acteurs du G20. Certains médias ont récemment mis en cause les cabinets d’avocats américains, dépeints comme les « chevaux de Troie » de la justice américaine. L’importance de la sauvegarde des intérêts de nos entreprises, en particulier, dans le contexte géopolitique actuel marqué par un repli protectionniste, impose pour être efficace de ne pas tomber dans une vision simpliste du monde. Les Etats-Unis utilisent à l’évidence leur droit et leur système judiciaire comme un levier économique Les Etats-Unis utilisent à l’évidence leur droit et leur système judiciaire comme un levier économique. Cela se manifeste notamment par la collecte d’informations stratégiques dans le cadre de procédures administratives ou judiciaires et de l’imposition de lourdes amendes à des entreprises étrangères, souvent européennes, faisant suite à des poursuites mises en œuvre sur le fondement des lois anti-corruption ou des programmes de sanctions économiques américains, d’application extraterritoriale. Transfert massive de capitaux Le montant cumulé des amendes ainsi imposées à nos entreprises constitue un transfert massif de capitaux de l’Europe vers les Etats-Unis. Les avocats exerçant dans des structures américaines ne sont pas responsables de ces enquêtes. Tout avocat exerçant en France ou aux Etats-Unis, quelle que soit la nationalité de son cabinet, est tenu au respect du secret professionnel ou du « legal privilege », qui constitue l’un des piliers de nos systèmes judiciaires démocratiques. Le bureau français d’un cabinet américain est pleinement considéré comme un cabinet d’avocats français. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une brèche dans l’« impérialisme juridique » américain En toutes circonstances, l’avocat reste le mandataire de son client et ne peut coopérer avec les autorités que conformément à sa demande. Tous les avocats exerçant en France sont également tenus au strict respect de la réglementation européenne et française sur le transfert de données personnelles, ou d’informations sensibles (loi de blocage). Il n’existe d’ailleurs qu’un précédent isolé de mise en cause d’un avocat pour avoir spontanément transmis des informations aux autorités américaines en violation de la réglementation française : il a fait l’objet d’une condamnation pénale définitivement confirmée en 2007 dans le cadre de l’affaire Executive Life.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/entreprises-comment-mieux-maitriser-le-risque-judiciaire-americain_5390048_3232.html
28/11/2018
Si l’on veut lutter contre l’extraterritorialité de la justice américaine, prompte à condamner les entreprises nationales, il convient d’utiliser les armes du droit européen contre les entreprises américaines plutôt que d’accuser les « cabinets anglo-saxons », plaident dans une tribune au « Monde » Daniel Hurstel et Grégoire Bertrou, avocats d’affaires
afrique
Experts tués en RDC : l’enquête qui dérange aux Nations unies
Congo. « Le monde n’est pas vraiment beau. Et parmi des jeunes hommes et des jeunes femmes qui veulent le rendre meilleur, certains perdent la vie. Vous n’êtes pas les seuls dans ce cas. » Cette vision du monde sans états d’âme est celle de Gregory B. Starr. Le chef du comité d’enquête des Nations unies s’est rendu dans la ville suédoise de Kalmar en cette fin du mois de juillet 2017 pour rencontrer Maria et Elizabeth Morseby. La mère et la sœur de la Suédo-Chilienne Zaida Catalan, experte des Nations unies tuée quatre mois plus tôt avec son collègue américain Michael Sharp dans la province tourmentée du Kasaï-Central, au cœur de la République démocratique du Congo (RDC), espèrent sans trop y croire le convaincre d’exiger une enquête indépendante. Lire le premier épisode des « Congo Files » : Dans les méandres de l’enquête sur les experts de l’ONU tués en RDC L’homme s’exprime d’une voix froide avec l’aplomb d’un vieux diplomate fier de sa carrière de quarante ans et qui ne change pas de ton lorsqu’il s’exprime devant une famille en deuil. Le corps de Zaida Catalan a été retrouvé. Pas sa tête, coupée. « Je crois sincèrement qu’ils n’avaient pas l’entraînement approprié et qu’ils ne comprenaient pas les risques qu’ils prenaient », lâche-t-il. Insensible, M. Starr se lance dans un laïus de plus de deux heures. Il disserte sur « la brutalité qui continue de sévir en Afrique », partage ses analyses géopolitiques et sa vision de l’ONU. Il ne se soucie guère de la fragilité des femmes qui lui font face et qui l’écoutent doctement tout en l’enregistrant, à son insu. Un document sonore auquel nous avons eu accès. « Nous mettions déjà en cause son objectivité, confie aujourd’hui Elizabeth Morseby. Pour nous, il était évident que M. Starr avait une stratégie. » Chez les Morseby, Gregory B. Starr vient livrer sa vérité. Il rentre de RDC où il a été dépêché dix jours par le secrétaire général des Nations unies, début juin, pour établir les faits sur l’assassinat des deux experts. Le comité d’enquête rendra son rapport confidentiel, le 2 août, soit quelques jours après sa discrète visite à la famille de Zaida Catalan. Quand les Nations unies (ONU) avaient annoncé la création de ce comité, l’organisation promettait qu’il irait jusqu’au bout pour chercher les auteurs et les commanditaires de ce crime unique dans son histoire. Toutefois, dans une lettre du 15 août 2017 adressé au Conseil de sécurité, Antonio Guterres revoit les objectifs à la baisse. Ce comité d’enquête est réduit à faire des recommandations pour éviter que l’« incident » ne se reproduise.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/28/experts-tues-en-rdc-l-enquete-qui-derange-aux-nations-unies_5390041_3212.html
28/11/2018
« Congo Files » (2/2). « Le Monde » et plusieurs autres médias ont eu accès à des milliers de pages de documents confidentiels des Nations unies sur le double assassinat en 2017 en République démocratique du Congo.
culture
La suite du roman « La Servante écarlate » sortira en septembre 2019
La Servante écarlate connaîtra une suite. Intitulée Les Testaments, elle sera publiée le 10 septembre 2019, a annoncé la romancière canadienne Margaret Atwood, mercredi 28 novembre. L’action se déroulera quinze ans après la fin de ce roman dystopique à succès, qui dépeint une Amérique cauchemardesque transformée en théocratie après un coup d’Etat. « J’écris une suite à “The #HandmaidsTale” [La Servante écarlate]. “#TheTestaments” [Les Testaments] se déroule quinze ans après la dernière scène d’Offred et est racontée par trois personnages féminins », a tweeté Mme Atwood. La Canadienne de 79 ans a accompagné sa publication d’un court message vidéo notant que « tout ce que vous m’avez demandé sur Gilead et son fonctionnement interne sert d’inspiration à ce livre. En fait, presque tout ! L’inspiration supplémentaire vient du monde dans lequel on vit. » Yes indeed to those who asked: I’m writing a sequel to The #HandmaidsTale. #TheTestaments is set 15 years after Off… https://t.co/phj9RxpX1v — MargaretAtwood (@Margaret E. Atwood) Adapté sous forme de série télévisée La Servante écarlate est un roman dystopique sorti en 1985, qui a vu son impact décuplé par son adaptation à la télévision, sous la forme d’une série dont la diffusion a commencé en avril 2017 sur la plate-forme américaine Hulu. L’intrigue se déroule dans un futur très proche, où les Etats-Unis ont été renversés par une dictature religieuse, la « République de Gilead », à une époque où, pour des raisons environnementales floues, les humains ont vu leur fertilité s’effondrer. Les rares femmes encore capables de procréer, telle l’héroïne Offred, incarnée à l’écran par Elisabeth Moss, ont été transformées en esclaves sexuelles au service des dirigeants de Gilead, qui les violent au cours de cérémonies religieuses mensuelles. Très vite, ce récit apocalyptique reléguant la gent féminine en objet s’est imposé pour les anti-Trump comme une parabole de la dérive conservatrice américaine et des agressions sexuelles subies par les femmes. Le costume rouge porté par les femmes de la République de Gilead, qui rappelle les tenues des nonnes, s’est notamment imposé comme un cri de ralliement : omniprésent aux Etats-Unis pendant la bataille contre la confirmation à la Cour suprême du juge Brett Kavanaugh, accusé de tentative de viol quand il était lycéen, il est réapparu lors de manifestations pour les droits des femmes et le droit à l’avortement ; ou ces derniers mois en Argentine, en Irlande, en Belgique et en Pologne.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/11/28/la-suite-du-roman-la-servante-ecarlate-sortira-en-septembre-2019_5390033_3246.html
28/11/2018
Margaret Atwood, autrice de cette dystopie dépeignant une dictature religieuse aux Etats-Unis, prépare la suite, intitulée « Les Testaments ».
pixels
A Londres, l’étau se resserre sur Julian Assange
Julien Assange, à l’ambassade d’Equateur à Londres, en mai 2017. FRANK AUGSTEIN / AP Lorsque en juin 2012, Julian Assange, le chef de WikiLeaks, entra dans l’ambassade d’Equateur à Londres, personne n’imaginait que six ans et demi plus tard, il y serait toujours. Les bureaux de l’ambassade occupent le rez-de-chaussée d’un immeuble du centre-ville, sans cour ni jardin. Les employés ont aménagé pour leur hôte un espace de vie exigu, mais cet enfermement met désormais en danger sa santé physique et mentale. Il s’y était réfugié afin d’échapper à une extradition vers la Suède, pour deux affaires d’abus sexuels datant de 2010. Il a toujours nié ces accusations, et affirmé qu’en réalité la Suède allait l’extrader à son tour, cette fois vers les Etats-Unis, qui ne lui a pas pardonné d’avoir divulgué sur WikiLeaks des masses de documents secrets militaires et diplomatiques, et veulent le juger pour espionnage. Le président équatorien de l’époque, Rafael Correa, connu pour ses prises de position « anti-impérialistes », offre à M. Assange l’asile politique, tandis que les procureurs anglais et suédois refusent de dire s’ils ont ou non reçu une demande d’extradition provenant de Washington. Lire aussi Comprendre la situation de Julian Assange en huit questions Poursuites aux Etats-Unis Or, la thèse d’une pression judiciaire américaine vient d’être confirmée. Le 16 novembre, le bureau du procureur fédéral du district est de l’Etat de Virginie publie des extraits d’un document mentionnant une inculpation secrète de Julian Assange. Apparemment, cette divulgation résulte d’une erreur : suite à un copier-coller malencontreux, le texte concernant M. Assange a été mélangé au dossier d’une autre affaire, qui n’a rien à voir. Il a été découvert par hasard par un universitaire de Washington qui l’a aussitôt publié sur Twitter, en l’accompagnant d’une note à l’intention des journalistes couvrant l’affaire WikiLeaks : ils auraient intérêt à lire plus souvent le site du procureur de Virginie. Le document, intitulé « Motion du gouvernement », explique pourquoi l’inculpation de Julian Assange doit rester « sous scellés », bien qu’il s’agisse d’une mesure attentatoire aux droits de la défense : « C’est la seule procédure à même de protéger les intérêts des forces de l’ordre, (…) compte tenu des compétences de l’accusé et de la publicité faite à cette affaire. (…) L’acte d’accusation, les déclarations sous serment venant l’appuyer, le mandat d’arrêt, ainsi que la présente motion et le projet d’injonction doivent rester secrets jusqu’à ce qu’Assange soit appréhendé (…), et qu’il ne puisse donc plus se soustraire à l’arrestation et à l’extradition. »
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/11/28/a-londres-l-etau-se-resserre-sur-julian-assange_5390030_4408996.html
28/11/2018
Le parcours judiciaire du créateur de WikiLeaks, réfugié dans l’ambassade d’Equateur depuis 2012, s’est encore compliqué avec la révélation d’une inculpation américaine.
m-perso
Vous aimez Hodler, vous adorerez Genève
« Le lac Léman et le Mont-Blanc avec cygnes », (1964), de Ferdinand Hodler. ©MAH Geneve, photo Yves Siza A Genève, il suffit de se mettre dos au numéro 29 du quai du Mont-Blanc pour la reconnaître. Elle, c’est la vue sur le lac Léman que Ferdinand Hodler (1853-1918) a maintes fois peinte depuis son atelier genevois les dernières ­années de sa vie. L’eau, les cygnes tuberculés barbotant toute l’année et, au loin, la chaîne de montagnes françaises – le Môle, le ­Salève, sans oublier le mont Blanc. Peu avant sa mort, en mai 1918, lorsqu’il ne pouvait plus se déplacer, le peintre suisse s’installait sur son balcon pour réaliser ses dernières œuvres lacustres, l’un de ses thèmes de prédilection. Au fil des années, ses paysages passent de figuratifs à presque abstraits, exprimant de façon de plus en plus nette le parallélisme qui a ­caractérisé son travail. Cette année, à l’occasion du centenaire de sa mort, la Suisse accueille de nombreux événements, dont plusieurs ­expositions au Musée d’art et d’histoire de Genève. L’une, baptisée « Hodler intime », donne à voir quelques œuvres dont son dernier tableau du lac, inachevé, trouvé après sa mort ; l’autre montre pour la première fois quelques-uns de ses 240 carnets que le musée vient d’acquérir. Dans ses « carnets du lait » comme on les appelle ici, ses écrits et croquis racontent son processus créatif. Déambulations sur les traces de l’artiste Pour retrouver la mélancolie, la solitude mais aussi le sentiment de communion avec la nature que dégagent les lacs d’Hodler, il faut quitter le musée et traverser les ruelles pavées de la vieille ville pour atteindre les rives du Léman. Ces dernières sont reliées par les mouettes, ces bateaux jaunes qui font la navette toute la journée. A deux pas du débarcadère des Eaux-Vives, on rejoint les bancs du parc de La Grange près des arbres centenaires aux couleurs automnales. Face au lac, à l’endroit où il s’agrandit, on comprend mieux ces mots d’Hodler : « N’avez-vous pas l’impression de vous tenir au bout du monde et de dialoguer avec l’Univers ? » Pour prolonger la déambulation sur les traces de l’artiste, le cimetière vaut le détour. Pas celui des rois où sont enterrés les VIP locaux (le protestant Calvin, l’écrivain Borges, l’artiste Calame), mais le plus populaire cimetière de Saint-Georges, un peu excentré. Dans une allée arborée se détache l’imposante tombe d’Hodler. En marbre noir, habillée du tableau d’une femme comme en lévitation dont les traits sont ceux de Berthe, la ­seconde épouse du peintre. C’est une réplique de l’un de ses tableaux (Chant lointain) confiée en 1919 à l’artiste Albert Schmidt. Remplacé par une copie plus résistante aux intempéries, l’original est actuellement exposé à la Maison Tavel, dans le cadre d’un événement sur l’influence d’Hodler. On y croise notamment des paysages du lac signés des ­héritiers du maître, certains réalistes, d’autres plus abstraits. Preuve de l’inépuisable fascination qu’exerce le peintre… mais aussi certainement le lac Léman.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/11/28/vous-aimez-hodler-vous-adorerez-geneve_5390026_4497916.html
28/11/2018
A l’occasion du centenaire de la mort du peintre, la Suisse propose de multiples événements. Avec vue sur le lac Léman.
disparitions
Décès de l’écrivain et essayiste Jean-Loup Rivière
Jean-Loup Rivière, en 2005. DESPATIN & GOBELI / LEEMAGE Jean-Loup Rivière est mort le 23 novembre, à Paris, à l’âge de 70 ans. La maladie l’a emporté en peu de mois. Tous ceux qui aiment le théâtre doivent ressentir douloureusement la perte de quelqu’un qui l’a aimé avec une telle intelligence, une telle ouverture d’esprit, une si grande originalité dans la vision. Auteurs de théâtre, metteurs en scène, acteurs, savent combien leur art doit à des penseurs du théâtre tels que lui, dramaturges comme on dit, ce mot ne désignant plus guère Corneille et Racine, mais cette fonction, cette position, héritées des théâtres allemands, qui définissent des compagnons, au grand sens du mot, de l’acte théâtral. Né le 10 janvier 1948 à Caen, étudiant en philosophie, Jean-Loup Rivière anime un Groupe de recherches théâtrales, de 1969 à 1972, dont témoigne la revue L’Autre scène (1970-1976), de ce nom dont Freud désigna celle du rêve. Elève et ami de Roland Barthes, dont l’inspiration n’a cessé de compter pour lui (il publiera en 2002 au Seuil un recueil de ses écrits sur le théâtre), il commence une thèse avec lui, mais ne s’inscrira que de façon indirecte dans la carrière universitaire, soucieux d’une indépendance qui ne fut jamais sans risque ni sans charme, et même s’il enseignera l’art du théâtre de façon éminente. Des collections impressionnantes Car il enseigna plus tard comme maître de conférences associé à l’Institut d’études théâtrales de Paris-III, de 1995 à 2002, puis à l’Ecole normale supérieure de Lyon (département des arts) de 2004 à 2016, et il enseignait au Conservatoire national d’art dramatique de Paris depuis 2002. Ce serait à ses élèves (je n’en ai rencontré que d’enthousiastes) de dire tout ce qu’ils lui doivent. Producteur à l’Atelier de création radiophonique de France Culture de 1973 à 1983, il fut aussi critique dramatique un temps à Libération (1981-1982), et ses lecteurs en ont gardé d’heureux souvenirs. Il dirigea aussi la collection « Le Spectateur français » (le titre vient de Marivaux), dans les années 1980, publiant entre autres Goldoni, Ibsen (les douze dernières pièces), Nanterre-Amandiers sur les années Chéreau (1990), le théâtre de Sénèque (traduit par Florence Dupont). Il devient secrétaire général de la Comédie-Française (de 1983 à 1986, entré sous Jean-Pierre Vincent, administrateur général), puis conseiller littéraire artistique de ce théâtre (1986-2001), où il dirige et publie ces collections impressionnantes de 1983 à 2001 : « Comédie-Française » et « La Gazette du Français », « Le Répertoire » (8 volumes), puis « Répertoire » (10 volumes), « Le Spectateur français » (21 volumes), puis « Les Cahiers de la Comédie-Française » ; un travail énorme de numéros, thématiques ou non, d’analyses originales, allant au-delà des seules activités de la « Maison », une mine pour les chercheurs.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/11/28/deces-de-l-ecrivain-et-essayiste-jean-loup-riviere_5390016_3382.html
28/11/2018
Le penseur du théâtre, qui a accompagné auteurs, metteurs en scène et acteurs au fil d’une riche carrière, est mort à 70 ans.
international
Macron irrite Israël en n’honorant pas une visite qu’il avait promise
Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou à Paris, le 11 novembre. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS Le gouvernement israélien est irrité contre Paris. Nulle crise ou tension majeure, mais une affaire de bienséance diplomatique et d’étiquette. Dans la soirée du jeudi 29 novembre aura lieu à Tel-Aviv, au Musée d’art, la cérémonie de clôture de la saison croisée entre les deux pays. Elle a permis l’organisation de nombreux événements culturels et scientifiques, en France comme en Israël, et avait été lancée en grande pompe. Or, contrairement à son engagement initial, Emmanuel Macron ne fera pas le déplacement cette fois-ci. Seul le ministre de la culture, Franck Riester, sera présent à Tel Aviv. Aucun officiel israélien de haut rang ne se trouvera à ses côtés. « Zéro succès » Benyamin Nétanyahou s’était rendu à Paris le 5 juin pour inaugurer cette saison aux côtés du président français, dans le cadre prestigieux du Grand Palais. Ce jour-là, M. Macron avait conclu ainsi son propos introductif, lors d’une conférence de presse commune à l’Elysée : « Laissez-moi vous redire tout le plaisir que j’ai à nouveau à vous accueillir à Paris, avant de me rendre chez vous dans les mois qui viennent, car c’est l’engagement que j’ai pris, et vous dire combien la relation historique stratégique est importante pour notre pays ». Or, cette visite n’a pas eu lieu et n’est pas programmée pour l’instant. A cela s’ajoute l’annulation de la visite du premier ministre Edouard Philippe, les 31 mai et 1er juin, pour des « raisons d’agenda ». Le gouvernement gérait alors la réforme de la SNCF. Cette visite avait été ensuite envisagée au cours de l’automne, explique-t-on de source française, avant d’être encore reportée. D’où la mauvaise humeur du gouvernement israélien, d’autant que dans l’intervalle, M. Nétanyahou a effectué un second déplacement à Paris, à l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918. En outre, le bilan de la saison croisée, sur le plan de l’impact politique et médiatique, est décevant, estime-t-on du côté israélien. « On espérait que la culture aurait un impact diplomatique. On a mis énormément d’argent dans cette opération pour zéro succès, en ce qui concerne l’image d’Israël en France et celle de la France ici », explique une source diplomatique. Un autre facteur entre en compte pour expliquer l’absence d’officiel israélien de haut rang : la politique intérieure. La ministre de la culture, Miri Regev, ne sera pas présente au Musée d’art, officiellement pour des problèmes d’emploi du temps, comme l’explique le quotidien Haaretz mercredi. En réalité, elle manifeste sa mauvaise humeur générale et sera représentée par son conseiller diplomatique.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/macron-irrite-israel-en-n-honorant-pas-une-visite-qu-il-avait-promise_5390012_3210.html
28/11/2018
Le président français ne pourra pas assister à Tel-Aviv à la cérémonie de la saison culturelle croisée entre les deux pays, qui s’achève jeudi.
idees
Achille Mbembe : « La restitution des œuvres est l’occasion pour la France de réparer et de réinventer sa relation avec l’Afrique »
Entretien. Théoricien du postcolonialisme, politologue, historien et enseignant au Wiser de l’université du Witwatersrand de Johannesburg (Afrique du Sud), Achille Mbembe est l’auteur de Politiques de l’inimitié (La Découverte, 2016). Il analyse les débats sur la question postcoloniale qui entourent la restitution par la France des œuvres du patrimoine africain, proposée par le rapport remis au président de la République par Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, mais aussi les travaux tels que Sexe, race et colonies (La Découverte, 544 pages, 65 euros), ouvrage dirigé par Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Gilles Boëtsch, Dominic Thomas et Christelle Taraud, qui fait l’objet d’une polémique depuis sa parution (pour ses auteurs, le livre fait l’histoire critique de l’utilisation sexuelle des corps des colonisés ; pour ses détracteurs, il mêle dangereusement histoire et esthétisme en publiant ces images racistes). La restitution du patrimoine africain proposée par le rapport remis au président de la République par l’historienne Bénédicte Savoy et l’écrivain Felwine Sarr est-elle une réparation nécessaire ? Achille Mbembe : Ce rapport est un texte fouillé et solide, plein de souffle même, car il est animé par un désir de justice, d’équité et de réparation. C’est un rapport qui propose une série de recommandations raisonnables, parce qu’il repose sur des faits historiques avérés. D’où l’importance qu’il accorde aux sources et à la biographie des objets qui ont été volés, pillés, achetés à bas coût sur le continent africain, principalement pendant la période de la colonisation. Son objectif, comme le soulignent les auteurs du rapport, Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, est de recréer les conditions d’une relation faite de réciprocité et de mutualité. Il ne s’agit pas de punir la France ou de lui demander de se repentir, mais de réparer sa relation avec l’Afrique, aux fins de ce qu’il nous faut appeler « le bien du monde ». La restitution est un élément déterminant pour la restaurer et la réinventer. C’est en ce sens que le principe de la restitution est, pour moi, un principe incontestable qui permet d’allier droit et justice. Y a-t-il une forte demande de restitution de ces œuvres pillées sur le continent africain ? L’opinion africaine est globalement favorable aux restitutions. Les débats sont nombreux, sur les conditions de leur sauvegarde une fois qu’ils seront de retour, sur la question de leur resocialisation aussi, ou bien encore sur la muséalité. Comment les réanimer, leur redonner force et énergie, les réintégrer dans les processus vitaux ? Comment redécouvrir l’extraordinaire réserve de connaissances du monde végétal et animal qu’ils recèlent, ou réactualiser les techniques et savoir-faire qui ont présidé a leur fabrication ? Où faut-il replacer ces objets souvent liés à des rituels et non destinés à être extraits de leur contexte singulier dans des musées ? Ne faudrait-il pas réinventer le musée en tant qu’institution ?
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/achille-mbembe-la-restitution-des-uvres-est-l-occasion-pour-la-france-de-reparer-et-de-reinventer-sa-relation-avec-l-afrique_5390009_3232.html
28/11/2018
Pour l’historien et politologue, il est temps de clore une séquence historique car le continent, en pleine ébullition culturelle et intellectuelle, est devenu l’un des centres de gravité du monde.
idees
« La restitution annoncée de 26 objets au Bénin s’inscrit dans un processus de revendication aussi exemplaire que nécessaire »
Tribune. Beaucoup d’encre a coulé depuis l’annonce des grandes lignes du rapport commandé par Emmanuel Macron à Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, quelques jours avant sa remise officiellement au président, le 23 novembre. Les partisans et opposants de la restitution des objets d’art africains conservés dans les collections nationales françaises aux pays du continent africain sur le territoire desquels ils ont été collectés dans des conditions plus ou moins violentes ou déséquilibrées, s’affrontent déjà au sein de vifs débats. Mais lors de la remise du rapport, le président a clairement marqué sa volonté de poursuivre la voie tracée dans le discours qu’il avait prononcé à l’université de Ouagadougou en novembre 2017, annonçant qu’« en cohérence avec la démarche engagée et sur proposition du Musée du quai Branly-Jacques Chirac et du ministère de la culture, j’ai décidé de restituer sans tarder 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin, prises de guerre du général Dodds dans le palais de Béhanzin, après les sanglants combats de 1892. Ces œuvres pourront être présentées au public béninois dans le cadre du projet de musée ambitieux porté par la République du Bénin. Je remercie le Musée du quai Branly-Jacques Chirac de soutenir cette restitution. Les mesures opérationnelles, et le cas échéant législatives, seront prises pour que ces œuvres puissent retourner au Bénin, accompagnées du savoir-faire du musée qui les a conservées jusqu’à présent. » Cet extrait du communiqué de presse de l’Elysée esquisse en quelques phrases, à l’occasion du geste fort promis au Bénin, les préconisations formulées par les auteurs dans leur rapport pour organiser la restitution du patrimoine culturel africain. Le rapport prend en effet une position très affirmée en définissant le terme « restitution » comme un transfert de propriété. Ce transfert pourrait donc être accordé aux pays qui revendiquent des objets collectés sur le continent africain dans des contextes militaires ou au cours de missions d’exploration, des objets donnés ou légués aux musées français par des agents de l’administration coloniale ou leurs descendants pendant la période de la colonisation, mais également les objets acquis dans des conditions avérées de trafic illicite après les indépendances. Ces transferts de propriété, supposant le déclassement des objets des inventaires des collections nationales et leur sortie du domaine public, sont envisagés comme une exception au principe d’inaliénabilité des collections des musées, qui sera réservée aux seuls Etats dont les territoires correspondent à d’anciennes colonies françaises. Ces transferts seront négociés dans le cadre d’accords bilatéraux conclus entre l’Etat français et l’Etat revendiquant, une large place étant réservée à la coopération scientifique mise en œuvre au sein d’une commission d’experts bilatérale.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/rapport-savoy-sarr-la-restitution-annoncee-de-26-objets-au-benin-s-inscrit-dans-un-processus-de-revendication-aussi-exemplaire-que-necessaire_5390003_3232.html
28/11/2018
Il est incontestable que les musées européens ont participé à la conservation du patrimoine africain depuis plus de cent ans, mais ce ne peut être une raison pour empêcher l’accès des populations concernées à leurs œuvres d’art, estime l’avocate Corinne Hershkovitch, spécialiste du droit de l’art, dans une tribune au « Monde ».
implant-files
Implants médicaux : comment le géant Medtronic s’est imposé comme le leader du secteur
Les lobbystes n’ont pas une minute à perdre. Même un bref trajet en ascenseur peut être l’occasion de servir un argumentaire express à un chef de service ou à un directeur d’hôpital. Chez Medtronic, numéro mondial du dispositif médical, on forme des employés à débiter en quelques secondes un « elevator speech » (« topo d’ascenseur »), raconte un ancien cadre. Il ne s’agit pas d’essayer de vendre des valves cardiaques, des cathéters ou des pompes à insuline, mais de promouvoir plus finement une notion vague et séduisante, promue par la firme pour s’insinuer dans les systèmes de soins : la « valeur en santé ». « Résorption des files d’attente », « gains de productivité » et surtout diminution « du coût moyen des soins sur chaque patient » : le fabricant de dispositifs médicaux promet une efficacité et des économies d’autant plus alléchantes qu’elles ne se font pas sur le dos des patients, lesquels sont, assure-t-il, au centre de sa « vision ». Mais selon une ancienne employée de Medtronic, qui souhaite garder l’anonymat, la « valeur en santé » est surtout « un fourre-tout dans lequel on dit : “on n’est pas que des commerçants, pas que des vendeurs de matériel. On est altruistes, on se préoccupe du bien-être qu’en retire le patient” ». Car les dispositifs médicaux implantables coûtent cher, parfois plusieurs milliers d’euros, « et avec ce concept, on essaie d’attirer l’attention sur autre chose que sur le prix ». Medtronic ne vend pas des idées, mais il les brasse dans des think tanks. C’est essentiel quand on aspire à « transformer les systèmes de santé à travers le monde » comme le souhaite la firme, sans trop s’en cacher. L’enquête des « Implant Files » s’est intéressée de près aux stratégies d’influence de cette puissante multinationale dont le chiffre d’affaires a doublé en dix ans, atteignant 23 milliards d’euros en 2018. « Cercle de réflexion sur la valeur en santé » Medtronic assure dans ses brochures vouloir « favoriser un dialogue constructif sur la façon de créer un système de santé plus performant », et entend parrainer « des événements qui réunissent décideurs, chercheurs, prestataires de soins et dirigeants du système de santé de premier plan ». En France, ce « dialogue constructif » se déroule au sein du « cercle de réflexion sur la valeur en santé »… où la firme avance masquée. Medtronic est mentionnée sur le site comme un « membre actif » qui « soutient et accompagne » le cercle « depuis ses débuts », mais seules les mentions légales en caractères minuscules signalent que le directeur de la publication se nomme Basile Gorin. Sans préciser qu’il est le directeur des affaires publiques de Medtronic France.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/28/implants-medicaux-comment-le-geant-medtronic-s-est-impose-comme-le-leader-du-secteur_5389992_5385406.html
28/11/2018
Le numéro un mondial du dispositif médical a développé une stratégie commerciale qui vise à modifier les systèmes de santé en s’imposant comme un acteur désintéressé.
climat
Lutte contre le changement climatique : le Brésil renonce à accueillir la COP25 en 2019
Le président élu du Brésil, Jair Bolsonaro, le 20 novembre à Brasilia. Adriano Machado / REUTERS Alors que s’ouvre dans quelques jours la COP24 à Katowice (2-14 décembre), en Pologne, où va se dérouler l’édition de l’année prochaine ? Seul candidat en lice, le Brésil a annoncé mercredi 28 novembre qu’il renonçait à organiser ce sommet sur le climat qui a lieu chaque année. Un mauvais signal au moment où le programme du futur président, Jair Bolsonaro, inquiète déjà les défenseurs de l’environnement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les projets anti-écologiques de Bolsonaro créent un risque pour les entreprises » « En raison de restrictions budgétaires (…) et du processus de transition avec la nouvelle administration qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2019, le gouvernement brésilien s’est vu contraint de retirer son offre de recevoir la COP25 », a expliqué le ministère des affaires étrangères dans un communiqué. Dans la foulée, l’Observatoire du climat, réseau d’ONG installées au Brésil, a fortement critiqué cette décision : « C’est lamentable, mais pas surprenant, que le gouvernement brésilien revienne sur son offre de recevoir la COP25 (…). C’est probablement dû à une opposition de l’équipe du président élu, qui a déclaré la guerre au développement durable à maintes reprises. » La décision de ne plus organiser la COP25 « n’est pas seulement une opportunité manquée de montrer que le Brésil est un important leader au sujet des changements climatiques, c’est une démonstration claire de la vision du nouveau président Jair Bolsonaro sur l’environnement », a commenté Fabiana Alves, porte-parole de Greenpeace au Brésil, dans un communiqué. Vers une sortie de l’accord de Paris ? Quelques jours avant le second tour de l’élection présidentielle, une trentaine de réseaux et organisations de la société civile brésilienne avaient tenté d’alerter sur le programme écologique du candidat Bolsonaro : « explosion de la déforestation », « facilitation de l’utilisation des pesticides », « élimination des licences environnementales », « dénigrement des militants écologistes »… M. Bolsonaro avait notamment laissé entendre en décembre 2015, à l’occasion de la COP21, qu’il pourrait faire sortir le Brésil de l’accord sur le climat signé à Paris. Une autre mesure en particulier inquiétait les associations écologiques : la fusion des ministères de l’agriculture et de l’environnement. Mais devant les craintes du lobby de l’agrobusiness, M. Bolsonaro avait dû renoncer. Lire notre décryptage : Elections au Brésil : le bulldozer comme programme écologique pour Jair Bolsonaro
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/11/28/lutte-contre-le-changement-climatique-le-bresil-renonce-a-accueillir-la-cop25-en-2019_5389989_1652612.html
28/11/2018
Le président élu du Brésil, Jair Bolsonaro, avait été très critiqué au cours de la campagne par les associations écologiques pour son programme sur l’environnement.
les-decodeurs
Les inégalités de revenus sont aussi générationnelles
Depuis vingt ans, les inégalités de revenus en France augmentent de manière assez prégnante : les revenus des plus pauvres stagnent, tandis que ceux des plus fortunés continuent de croître. L’indice de Gini — qui est utilisé pour calculer l’(in) égalité des revenus d’une population — montre que la hausse des disparités est réelle depuis le milieu des années 1990, malgré une certaine limitation des écarts grâce au système de protection sociale. Mais au-delà de ce constat, les disparités de revenus sont aussi présentes entre les différents groupes d’âge. Le niveau de vie des plus jeunes tend ainsi à stagner, tandis que pour les personnes dans la tranche d’âge 65-74 ans il est en forte augmentation. En euros constants (c’est-à-dire corrigés de l’inflation), le revenu médian des 18-29 ans — hors étudiants — a baissé à la suite de la crise financière européenne de 2011 et n’a pas du tout évolué depuis. Un accroissement fort de l'écart des revenus entre les plus jeunes et les plus âgés Ce graphique représente le revenu médian, en euros constants 2016, par classe d'âge en France métropolitaine. Les étudiants ne sont pas inclus. : en 2016, un Français sur deux âgé de 65 à 74 ans avaient des revenus de plus de 22 470 euros par an. Insee Source : Toutes les catégories d’âge avaient profité de l’embellie économique entre 1997 et 2001, au point que le niveau de vie des plus jeunes avait rattrapé celui de leurs aînés. Mais la conjugaison d’une croissance lente et d’une succession de krachs boursiers et crises financières (2001, 2008, 2011) ont empêché les plus jeunes de recouvrer un quelconque retard. Conséquence : une impossibilité de plus en plus forte de constituer un patrimoine — immobilier notamment.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/28/les-inegalites-de-revenus-sont-aussi-generationnelles_5389986_4355770.html
28/11/2018
Alors que les revenus des Français nés dans les dix ans après la seconde guerre mondiale augmentent encore, les revenus des Français nés après 1990 stagnent.
international
Ivanka Trump défend l’utilisation de son e-mail personnel pour des affaires d’Etat
Ivanka Trump a défendu l’utilisation de son compte personnel de messagerie électronique pour communiquer sur des affaires gouvernementales, dans une interview mercredi 28 novembre à la chaîne ABC News. Selon la fille aînée et conseillère du président Donald Trump, cela ne peut pas être comparé à l’affaire des e-mails de Hillary Clinton. « Tous mes courriels sont stockés et conservés. Il n’y a pas eu de suppressions », a-t-elle déclaré. Selon le Washington Post, Ivanka Trump a envoyé, l’an dernier, des centaines de courriels au sujet d’affaires gouvernementales à partir d’un compte personnel de messagerie électronique à destination d’assistants de la Maison Blanche, des membres du cabinet et à son assistante, dont plusieurs en violation des règles des archives publiques. « Enfermez-la » « Il n’y a aucune restriction quant à l’utilisation du courrier électronique personnel, a assuré Ivanka Trump. En fait, on nous a dit que si nous recevons un courriel sur notre compte personnel qui pourrait se rapporter à des travaux gouvernementaux, on n’a qu’à le transmettre à notre compte gouvernemental pour qu’il puisse être archivé. » Interrogée par ABC News pour savoir si l’idée de « l’enfermer » s’appliquait à elle aussi, Ivanka Trump a répondu : « Non. Il n’y a aucun rapport avec ce dont mon père a parlé. » La question faisait référence aux dénonciations de Donald Trump sur l’affaire des e-mails de Hillary Clinton, son adversaire à la présidentielle de 2016. Le président américain avait déclaré : « Enfermez-la », devenu un cri de ralliement de ses partisans lors des meetings et traduisant leur souhait de la voir en prison.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/ivanka-trump-defend-l-utilisation-de-son-e-mail-personnel-pour-des-affaires-d-etat_5389982_3210.html
28/11/2018
Selon le « Washington Post », la fille du président a envoyé des centaines de courriels à partir d’un compte personnel de messagerie, dont plusieurs en violation des règles des archives publiques.
sport
Le patineur espagnol Javier Fernandez annonce sa retraite
Javier Fernandez, médaillé de bronze aux JO d’hiver 2018. ARIS MESSINIS / AFP L’Espagnol Javier Fernandez, double champion du monde de patinage artistique, a annoncé, mercredi 28 novembre, qu’il mettra un terme à sa carrière, à 27 ans, après les championnats d’Europe à Minsk (Biélorussie) en janvier 2019. « Je prends ma retraite cette saison, a déclaré Fernandez lors d’un événement organisé par le journal espagnol ABC. Je préfère me retirer quand je pense que c’est le bon moment, quand je suis satisfait de ma carrière et quand j’ai un projet pour l’avenir. » Fernandez estime qu’il pourrait encore participer à des compétitions mais pas au niveau qu’il souhaiterait. « Je vais arrêter de concourir mais pas de patiner » Il tentera à Minsk d’ajouter un septième titre européen à son palmarès, qui compte également deux couronnes mondiales (2015 et 2016) et une médaille de bronze décrochée à Pyeongchang en 2018. Il était alors devenu le premier médaillé olympique de son pays en patinage. « Je vais arrêter de concourir mais pas de patiner », a-t-il toutefois assuré dans un message vidéo pour son spectacle « Revolution on ice » présenté actuellement en Espagne.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/11/28/le-patineur-espagnol-javier-fernandez-annonce-sa-retraite_5389979_3242.html
28/11/2018
L’Espagnol, double champion du monde de patinage artistique, arrêtera la compétition après les championnats d’Europe à Minsk en janvier 2019.
police-justice
Jean-Marie Le Pen condamné pour des propos sur les homosexuels
Cliché pris le 31 mai 2017 de Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front national (devenu Rassemblement national le 1er juin), qui a présidé ce parti pendant près de quarante ans. FRANCK PENNANT / AFP Le cofondateur du Front national (devenu depuis le Rassemblement national) Jean-Marie Le Pen a été condamné mercredi 28 novembre à Paris pour des propos visant les homosexuels, et notamment le policier tué dans l’attentat des Champs-Elysées en 2017. Il devra verser une amende et plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts. Coutumier des provocations et des poursuites judiciaires, l’eurodéputé est déclaré coupable d’injure publique envers les homosexuels pour trois séries de propos, mais aussi de provocation à la haine ou à la violence pour l’une de ces sorties. Injure publique En mars 2016, dans son « Journal de bord » vidéo sur son blog, il avait affirmé : « Je crois que la pédophilie, qui a trouvé ses lettres de noblesse… interdites, mais tout de même, dans l’exaltation de l’homosexualité, met en cause toutes les professions qui approchent l’enfance et la jeunesse. » Puis, en décembre 2016, interrogé par Le Figaro sur la représentation des homosexuels au sein du Front national, il avait estimé que « les homosexuels, c’est comme le sel dans la soupe : s’il n’y en a pas assez, c’est un peu fade, s’il y en a trop, c’est imbuvable ». Une injure, mais aussi une provocation à la haine, selon le tribunal. Pour ces deux séries de propos, l’ancien tribun a été condamné à quarante jours-amende à dix euros, soit 400 euros d’amende avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement. Il devra verser 2 000 euros de dommages et intérêts à l’association Mousse, qui lutte contre les discriminations homophobes et sexistes et qui avait porté plainte, ainsi que 2 000 euros au titre des frais de justice. Deuxième peine de quarante jours-amende L’ex-dirigeant frontiste était également jugé pour avoir commenté en avril 2017 les obsèques du policier tué dans un attentat djihadiste sur les Champs-Elysées, Xavier Jugelé, au cours desquelles le compagnon de celui-ci s’était exprimé. M. Le Pen avait alors affirmé, dans le même « Journal de bord » : « Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l’écart de ce genre de cérémonie, qui gagnerait d’ailleurs à plus de discrétion. » Pour cela, il a été condamné pour injure à une deuxième peine de quarante jours-amende à dix euros, ainsi qu’à verser 5 000 euros de dommages et intérêts à l’époux de M. Jugelé, Etienne Cardiles, partie civile, et 2 000 euros au titre des frais de justice. Son procès avait été reporté, en juin dernier, M. Le Pen ayant été hospitalisé en raison d’un « état de fatigue générale ». L’avocat de Jean-Marie Le Pen, Frédéric Joachim, a précisé qu’il allait faire appel de la décision. Lire aussi Jean-Marie Le Pen définitivement condamné pour ses propos sur les chambres à gaz
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/11/28/jean-marie-le-pen-condamne-pour-des-propos-sur-les-homosexuels_5389973_1653578.html
28/11/2018
L’ancien président du Front national écope de quatre-vingts jours-amende et de plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts pour injure et provocation à la haine.
afrique
Au Nigeria, les médias s’allient contre la désinformation à l’approche des élections
A Ikeja, dans la périphérie de Lagos, en mai 2017. Le Nigeria compte 140 millions de téléphones portables, vecteur privilégié de diffusion des fausses informations. Akintunde Akinleye / REUTERS Une quinzaine d’organes de presse, dont l’AFP, ont uni leurs forces, mercredi 28 novembre, pour lutter contre la désinformation en amont des élections générales de février 2019 au Nigeria, au moment où les principaux partis politiques du pays s’accusent mutuellement de propager de fausses nouvelles. Mené en collaboration avec le Centre international du journalisme d’enquête (International Center for Investigative Reporting, ICIR) d’Abuja et First Draft, une ONG qui vise à lutter contre la désinformation dans le monde, le projet CrossCheck Nigeria ambitionne de faire travailler ensemble des médias habituellement concurrents pour contrer l’afflux de fausses informations sur les réseaux sociaux. Alertés par le grand public via un numéro WhatsApp ou le site Internet du groupe, les journalistes enquêteront et publieront les résultats de leurs recherches. Campagne féroce Les électeurs du Nigeria, pays fédéral, se rendront aux urnes en février pour choisir leur président, leurs députés et les gouverneurs des différents Etats. Le président Muhammadu Buhari, 75 ans, est candidat à sa propre succession. Il affrontera le richissime homme d’affaires et ancien vice-président Atiku Abubakar, 72 ans. La campagne entre ces vétérans de la politique nigériane devrait être féroce, et les résultats serrés. La situation sécuritaire, très dégradée dans plusieurs régions, inquiète les observateurs, qui craignent de nombreuses violences en amont et lors des scrutins. Si la dernière, en 2015, avait été relativement calme, les élections au Nigeria sont souvent sanglantes. Dans ce pays, le plus peuplé d’Afrique avec plus de 180 millions d’habitants, dont l’immense majorité vit dans la grande pauvreté, et où le taux d’alphabétisation est de 59 %, les fausses informations, souvent créées dans un but politique, se propagent comme une traînée de poudre sur les téléphones portables – la Nigerian Communications Commission en recensait 140 millions en 2017. Le Nigeria est divisé entre un nord musulman et un sud chrétien, ainsi qu’en une multitude de communautés aux intérêts souvent divergents, ce qui amplifie le risque de propagation de rumeurs ou de fausses nouvelles. Pour Dayo Aiyetan, directeur exécutif d’ICIR, les réseaux comme Facebook, Twitter et WhatsApp sont devenus « des moyens pour les politiciens de répandre des informations erronées, des rumeurs et des mensonges ». « Les médias ont la responsabilité de vérifier les informations diffusées sur les réseaux sociaux pour s’assurer de leur véracité », ajoute-t-il. Un projet similaire a été mené en France et au Brésil, avant l’élection présidentielle de ces pays.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/28/au-nigeria-les-medias-s-allient-contre-la-desinformation-a-l-approche-des-elections_5389968_3212.html
28/11/2018
L’initiative intervient alors que les principales formations politiques s’accusent mutuellement de propager de fausses nouvelles avant les scrutins de février 2019.
climat
La Commission européenne détaille son objectif zéro carbone pour 2050
« Deux degrés, c’est déjà trop », peut-on lire sur cette pancarte brandie lors d’une manifestation pour le climat, à Paris, le 13 octobre 2018. Michel Euler / AP A quelques jours de l’ouverture de la conférence sur le climat (COP24) à Katowice, en Pologne, la Commission européenne devait publier, mercredi 28 novembre, sa stratégie de long terme pour que l’UE parvienne à l’objectif « zéro émission de gaz à effet de serre » en 2050. « Nous n’entendons pas lancer de nouvelles politiques ou revoir les objectifs européens pour 2020, précise avec réalisme Miguel Arias Canete, le commissaire à l’énergie et à l’action pour le climat. Nous fixons un cap nécessaire afin d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris en matière de température, en conformité avec les récentes recommandations du GIEC. » La Commission ne fera plus de propositions avant la fin de son mandat. La réforme du système d’échange de quotas d’émissions carbone est achevée, les objectifs d’efficacité énergétique et de mix énergétique à l’horizon 2030 ont été validés à la fois par les Etats membres et le Parlement de Strasbourg (économies d’énergie de 32,5 %, et part des énergies renouvelables de 32 % dans le mix énergétique). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Climat : selon l’ONU, il faudrait tripler les efforts pour ne pas dépasser 2 °C de réchauffement Reste à trouver un accord final sur les réductions d’émissions de CO 2 des voitures et des camions. Dans ce domaine, M. Canete se montre optimiste : « Les Etats sont allés au-delà de ce que proposait la Commission initialement [30 % de réductions d’ici à 2030]. Désormais, dans les tractations finales avec le Parlement européen, on discute même d’un objectif de réductions qui devrait se situer entre 35 % et 40 % », souligne-t-il. « Une position unie » Ces politiques devraient conduire à une réduction globale des émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici à 2030, et d’environ 60 % en 2050. « Ce n’est pas suffisant pour respecter les objectifs de long terme de limitation du réchauffement climatique », reconnaît la Commission. « Nous voulons ouvrir un débat, avec la société, les ONG, le Parlement européen, les Etats membres, leurs Parlements nationaux : comment allons-nous concrétiser l’accord de Paris et, surtout, réagir au dernier rapport du GIEC [qui invite les Etats à agir massivement pour limiter le réchauffement à 1,5 °C] ? », interroge M. Canete. En octobre, les experts ont prévenu que les réductions des émissions de gaz à effet de serre inclus dans l’accord de Paris ne suffiront pas à contenir l’élévation des températures. Mi-novembre, les ministres de l’environnement de dix pays (Finlande, Danemark, Suède, France, Italie, Luxembourg, Portugal, Slovénie, Espagne, Pays-Bas) ont réclamé une stratégie « zéro carbone » de l’UE d’ici à 2050.
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/11/28/la-commission-europeenne-detaille-son-objectif-zero-carbone-pour-2050_5389964_1652612.html
28/11/2018
Les politiques européennes devraient conduire à une réduction globale des émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici à 2030, et d’environ 60 % en 2050.
livres
Elisabeth Badinter : « Je ne pense pas qu’on puisse parler librement sur Internet »
Les Passions intellectuelles, d’Elisabeth Badinter, Robert Laffont, « Bouquins », 1 216 p., 32 €. Sous le titre Les Passions intellectuelles, les éditions Robert Laffont font paraître un volume de la ­collection « Bouquins » qui regroupe les trois beaux essais consacrés par Elisabeth Badinter à l’effervescence du XVIIIe siècle et des Lumières. C’est l’occasion d’interroger la philosophe sur la vie des idées et son évolution. Elisabeth Badinter à Paris, en 2016. HELENE BAMBERGER / COSMOS Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mauriac, Claudel, Maritain et Bernanos pour renouer avec la franchise Voilà plus de quinze ans qu’est paru le premier tome de votre trilogie. Que vous inspire cette réédition dans le contexte actuel ? Cela me fait plaisir car je pense, peut-être naïvement, que nous avons un besoin fou de rationalité. Le combat des philosophes du XVIIIe siècle, c’était quand même celui de la rationalité ­contre les superstitions. A une époque où l’irrationnel prend une place immense dans notre vie sociale et intellectuelle, revenir à ce combat me semble un geste opportun, peut-être beaucoup plus encore qu’au moment où j’ai publié ces textes pour la première fois. « Les intellectuels ont changé de maître, mais pas d’esclavage », écriviez-vous à la fin du troisième tome des « Passions », pour expliquer que les clercs obéissaient de moins en moins au roi et de plus en plus à l’opinion. A qui obéissent les intellectuels aujourd’hui ? Aux réseaux sociaux ! Tout le monde en a peur. Moi je n’y suis pas, je tiens à ma tranquillité et je crains de me prendre au jeu, mais j’entends ce qu’on dit et je lis ce qu’en raconte la presse. Il y a des sujets qu’on aborde à peine, sur la pointe des pieds. En ce qui concerne #metoo et #balancetonporc, j’ai été impressionnée par le silence de féministes historiques, parfois fondatrices du MLF, qui n’étaient pas d’accord avec la façon dont la parole se ­libérait, interdisant toute nuance, toute objection… mais qui avaient si peur ­qu’elles se sont tues. Les réseaux sociaux ont doublé le pouvoir d’une opinion publique qui est libre de dire ce qu’elle veut, mais qui est souvent peu nuancée, peu avertie et d’une violence inouïe. Jamais la presse ou les médias en général n’ont eu une telle puissance d’intimidation. On peut critiquer autant qu’on veut la tribune parue dans Le Monde sur #metoo signée, notamment, par Catherine Deneuve. Il reste que ce qui s’est passé est incroyable : elle est devenue une cible mondiale. L’opinion publique du XVIIIe siècle, la doxa, respectait les savants, les philosophes, et elle était limitée. C’était déjà une menace indirecte pour la pensée, la critique, mais ce n’était rien du tout à côté de ce qui se passe au­jour­d’hui : personne n’a envie de se faire écraser sous les insultes de millions de gens. Ce pouvoir des réseaux sociaux, je le ressens paradoxalement comme une censure !
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/11/28/elisabeth-badinter-je-ne-pense-pas-qu-on-puisse-parler-librement-sur-internet_5389959_3260.html
28/11/2018
La philosophe, dont « Les Passions intellectuelles » paraissent en un volume, évoque la violence des réseaux sociaux, qui contraste avec l’idéal de rationalité des Lumières.
livres
Mauriac, Claudel, Maritain et Bernanos pour renouer avec la franchise
Un catholique n’a pas d’alliés. Correspondance Maritain-Bernanos-Claudel-Mauriac, édité par Henri Quantin et Michel Bressolette, Cerf, 362 p., 24 €. Il y a une crise de la sincérité. Cette crise coïncide avec le déchaînement d’un bruit si véhément qu’il interdit tout échange attentif, la moindre parole authentiquement adressée. Les réseaux sociaux et leurs puissants haut-parleurs tiennent lieu d’amplificateurs. Sur Twitter, le vain tumulte des « interactions » nourrit la spirale des « clashs » assourdissants. La haine fait écho à la haine. La mauvaise foi partout se répercute. On ne s’entend plus. Accoutumés à ce vacarme, nous le remarquons à peine. Sauf, par contraste, quand advient ce petit miracle : soudain, au milieu du brouhaha, un dialogue fait effraction, une voix se fraye un chemin vers une autre voix, laquelle lui répond en vérité, comme si leur échange se déroulait non pas au milieu d’une arène tapageuse, mais dans le silence d’une confiance vivace, et de cette amitié dont Roland Barthes disait qu’elle forme « un espace d’une sonorité totale ». « A l’écoute du son des âmes » Ce sentiment d’exception, peut-être faut-il se tourner vers les livres pour le retrouver. Il vous saisit dès l’ouverture de la correspondance publiée par les éditions du Cerf sous le titre Un catholique n’a pas d’alliés. Ce livre rassemble des centaines de lettres, dont un certain nombre inédites, signées François Mauriac, Paul Claudel, Georges Bernanos et Jacques Maritain. Quatre écrivains ayant en commun une même foi, un même rapport déchiré à l’événement, et aussi, nous y revoilà, une même façon de se mettre « à l’écoute du son des âmes », selon l’expression qu’utilise l’admirable Raïssa Maritain dans Les Grandes Amitiés (Desclée de Brouwer, 1949). Convertie comme lui, Raïssa était l’épouse de Jacques Maritain, philosophe et éditeur issu de la bourgeoisie protestante, qui joua un rôle de sentinelle parmi les intellectuels catholiques, durant l’entre-deux-guerres. Cette haute figure se tient au centre du présent volume, les trois autres auteurs gravitant autour du « doux Maritain », auquel ils expédient des mots qui ne le sont pas toujours. François Mauriac (1885-1970), en 1946. Laure Albin Guillot Car sincérité ne signifie pas mièvrerie. Au contraire, c’est parce que l’échange de lettres fonde un lieu de franchise qu’il exige une tendre frontalité. Surtout quand vient l’heure de trancher dans le vif de l’histoire. Or la période qu’embrasse cette correspondance est hérissée de choix cruciaux, autour de l’Action française (AF) condamnée par le pape Pie XI en 1926, de la guerre d’Espagne et de la seconde guerre mondiale.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/11/28/mauriac-claudel-maritain-et-bernanos-pour-renouer-avec-la-franchise_5389958_3260.html
28/11/2018
Les lettres échangées par ces intellectuels catholiques entre les années 1930 et 1960, sincères dans l’accord et la dissension, tranchent avec la « twitterisation » actuelle du débat intellectuel.
emploi
Les salariés évitent de prendre leurs arrêts maladie, sauf les seniors
« 42,7 % des arrêts longs sont pris par des salariés de 50 ans et plus. C’est la catégorie d’actifs qui renonce le moins à suivre l’avis médical. » Philippe Turpin / Photononstop En 2018, près d’un salarié sur quatre (23 %) évite de s’arrêter. 15 % des arrêts maladie prescrits par les médecins n’ont pas été pris par les salariés, et 8 % ne l’ont été que partiellement, révèle l’étude « Absentéisme maladie », publiée mercredi 28 novembre par le mutualiste Malakoff Médéric, dont l’objectif était d’y voir plus clair sur les raisons de la hausse de l’absentéisme. Malakoff Médéric Chez les salariés en télétravail, ce ne sont plus 15 %, mais 24 % des salariés qui ne suivent pas l’avis du médecin, chez les cadres 22 % et ce taux monte à 48 % pour les dirigeants salariés. Et dans les secteurs, les taux de renoncement sont de 19 % dans le commerce et de 30 % dans l’hôtellerie-restauration. « Les variations entre les différentes catégories de salariés laissent à penser que c’est l’impact sur le fonctionnement de l’activité qui les incite à renoncer », explique Anne-Sophie Godon, directrice Innovation de Malakoff Médéric. De quoi mettre à mal les sous-entendus accusateurs contre une supposée fainéantise des salariés qui plomberait les comptes de la sécurité sociale. Le coût d’un arrêt maladie pour le salarié entre évidemment aussi en ligne de compte : « Les salariés qui n’ont pas de maintien de salaire en cas d’arrêt maladie sont ainsi 18 % à renoncer à suivre l’avis de leur médecin », ajoute Mme Godon. Un forte hausse des affections psychiques Pourtant, l’absentéisme augmente bel et bien. Le nombre de jours d’absence des salariés est passé de 13,5 à 17 par an en moyenne en dix ans. Les salariés renoncent essentiellement aux arrêts de courte durée. Le taux de renoncement est de 18 % pour les arrêts prescrits pour quatre à cinq jours, de 22 % pour ceux de six à dix jours, mais de 5 % seulement pour les arrêts de plus d’un mois. Or « 86 % des arrêts de moins d’un mois ne représentent qu’un tiers (29 %) des jours d’arrêt », indique l’étude de Malakoff Médéric. Ce sont les arrêts longs qui tirent l’absentéisme vers le haut. Les arrêts maladie de plus de trente jours ont augmenté de 10 % en quatre ans, de 2012 à 2016. Et leur durée s’est envolée en 2016. Plusieurs explications à cela : 2016 est marquée par une forte hausse des affections psychiques. « La part des affections psychiques dans les accidents du travail a augmenté de 60 % entre 2011 et 2016 pour atteindre 10 000 en 2016 », précise Malakoff Médéric et le nombre de demandes de reconnaissance de ces affections en maladie professionnelle est passé de 200 en 2012 à 1 100 en 2016.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/11/28/les-salaries-evitent-de-prendre-leurs-arrets-maladie-sauf-les-seniors_5389949_1698637.html
28/11/2018
Le nombre de jours d’absence des salariés est en revanche passé de 13,5 à 17 par an en moyenne en dix ans révèle une étude de Malakoff Médéric.
international
Un ex-ministre norvégien inculpé pour abus sexuels contre des demandeurs d’asile
Svein Ludvigsen, ancien responsable conservateur, qui a été ministre de la pêche entre 2001 et 2005 puis préfet, sur un cliché pris le 6 juin 2008. STIAN LYSBERG SOLUM / AFP Un ex-responsable politique norvégien, Svein Ludvigsen, a été inculpé, mercredi 28 novembre, pour avoir sexuellement abusé trois demandeurs d’asile pendant plusieurs années, a annoncé le procureur Tor Børge Nordmo lors d’une conférence de presse. M. Ludvigsen, 72 ans, est accusé d’avoir abusé de sa position de préfet de région et exploité la vulnérabilité de trois demandeurs d’asile, nettement plus jeunes et dont l’un souffre de légères déficiences mentales, pour profiter d’eux sexuellement. Les faits se sont produits à son domicile, dans son chalet, dans des hôtels et même à la préfecture à Tromsø, dans le nord du pays, entre 2011 et 2017, selon l’acte d’accusation. Avant de devenir préfet, cet ex-responsable conservateur avait occupé des fonctions politiques nationales importantes, dont celles de ministre de la pêche entre 2001 et 2005. M. Ludvigsen, qui a été arrêté au début de l’année, avant d’être remis en liberté cinq semaines plus tard, rejette les accusations.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/un-ex-ministre-norvegien-inculpe-pour-abus-sexuels-contre-des-demandeurs-d-asile_5389935_3210.html
28/11/2018
Svein Ludvigsen, 72 ans, aurait abusé de sa position de préfet de région pour obtenir leurs faveurs, entre 2011 et 2017. Il rejette les accusations.
cinema
A Nantes, on défend les « 3 Continents » du cinéma
Le film indonésien « Memories of my Body », drame queer de Garin Nugroho, a reçu la Montgolfière d’or de cette édition 2018 du festival. DR Comment trouver la perle rare, quand le nombre de films se multiplie et que l’on n’est plus le seul festival à défricher en terre lointaine, à savoir l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine ? Comment continuer à prendre de la hauteur ? Pour le festival de cinéma des 3 Continents, à Nantes, qui décerne chaque année une statuette « montgolfière », la question est vitale. On se souviendra donc de cette quarantième édition (du 20 au 27 novembre), où la cinéphilie a cotoyé de vastes interrogations sur les missions de ce festival découvreur de talents. Mardi 27 novembre, Memories of my Body, drame queer de l’indonésien Garin Nugroho a reçu la Montgolfière d’or, tandis que la Montgolfière d’argent a été attribuée au film chinois et malaisien – aux accents rohmériens – Three Adventures of Brooke, de Yuan Qing. Les deux films primés seront projetés à la Cinémathèque française, à Paris, dimanche 2 décembre. Les temps ont changé Signe que les temps ont changé, la majorité des neuf longs métrages en compétition avait déjà été sélectionné dans d’autres grands festivals – Memories of my body était ainsi à la Mostra de Venise, dans la section Orrizonti. A ses débuts, le festival programmait beaucoup d’œuvres inédites, sous l’impulsion des « frères Jalladeau », Alain et Philippe, globe-trotters cinéphiles et fondateurs des 3 Continents. Mais les temps ont changé, assume le directeur artistique du festival, Jérôme Baron. Depuis son arrivée à la tête de la manifestation, en 2010, il travaille à une nouvelle équation : il faut s’adapter au monde contemporain, ne pas s’arc-bouter sur l’exclusivité tout en restant une tête chercheuse – et à moyens constants alors que s’accroissent les objectifs à atteindre (soutenir l’émergence, renouveler le public...). L’affiche du festival de cinéma de Nantes, qui s’est achevé le 27 novembre. « D’après le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), on fait partie des dix festivals les plus importants du pays, si l’on excepte Cannes. Mais on a le plus petit budget et la plus petite masse salariale. Le problème, c’est de répéter l’effort tous les ans, depuis 8 ans », souligne Jérôme Baron. Le programmateur a pris le parti de proposer une seule compétition, avec une dizaine de films en lice, comme quelques pépites surnageant dans la masse tumultueuse de la production cinématographique. Comme un pendant de la compétition, une rétrospective pointue permet, chaque année, de découvrir des raretés – ce fut le cas en 2017 avec une vingtaine de films argentins dont certains n’étaient jamais sortis du pays. « Une rétrospective, ça coûte cher, entre 35 et 40 000 euros. On doit trouver des partenaires privés. Les coûts ont augmenté, les voyages bien sûr, mais aussi les tarifs de projection de certains films, surtout quand ils sont rares. »
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/11/28/a-nantes-on-defend-les-3-continents-du-cinema_5389929_3476.html
28/11/2018
Le festival, qui s’est achevé le 27 novembre, a fait découvrir des auteurs majeurs d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
idees
Logement social : « Un nouveau moyen d’abaisser considérablement le coût d’accès à la propriété »
Tribune. A la faveur des débats qui ont conduit à l’adoption définitive du projet de loi Elan (Evolution du logement et aménagement numérique) dans sa forme définitive, la représentation nationale a rouvert le dossier du quota de logements sociaux. La loi, promulguée le 27 novembre, assouplit un peu la mise en œuvre de l’obligation de 25 % de logements sociaux dans les communes, en intégrant dans ce quota un dispositif issu de la loi ALUR (pour l’accès au logement et un urbanisme rénové) : le bail réel solidaire (BRS). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le foncier solidaire, un dispositif pour faire reculer la spéculation Il s’agit d’un bail emphytéotique, dissociant sur une longue durée le terrain du bâti qui y est construit. Le premier est acquis par un organisme foncier solidaire (OFS). Le bien immobilier, lui, fait l’objet d’une acquisition par le ménage sous forme de VEFA (vente en l’état futur d’achèvement) et doit impérativement être occupé à titre de résidence principale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Logement social : « Les élus locaux sont les plus à même de gérer les risques liés aux ventes de HLM » Ce dispositif, réservé aux ménages à ressources plafonnées, permet d’abord d’abaisser considérablement le coût d’entrée dans la propriété : le foncier représente couramment 25 à 40 % du coût total de construction. Il est la principale cause d’augmentation des prix ces dernières années, écartant des ménages de l’accession à la propriété et en contraignant d’autres à un taux d’effort majoré. Puissant catalyseur de l’accession sociale Il faut ajouter que le BRS a été moralisé par le législateur : le niveau de prix à la revente du bien concerné est fixé dès la signature par l’OFS, pour garantir un prix de vente durablement modéré et empêcher la spéculation. Ce prix de revente ne peut ni dépasser le prix d’achat initial – indexé sur l’indice du coût de la construction (ICC) –, ni le plafond PSLA (prêt social location-accession) en vigueur lors de la revente. les communes qui n’atteignent pas l’objectif légal de 25 % de logements sociaux sont condamnées à acquitter une amende, ou à construire des résidences pour étudiants Les locataires sont certes privés de la plus-value, mais récupèrent leur capital au moment de la revente. Le bail réel solidaire est un puissant catalyseur de l’accession sociale et s’ajoute au PSLA, qui s’adresse à des ménages sous plafonds de ressources disposant d’un apport personnel limité pour entreprendre leur opération d’accession. Le bail réel solidaire donne aussi aux communes un moyen de respecter leur quota de logements sociaux, car les logements construits et cédés grâce à ce type de bail sont pris en compte dans la mesure de l’offre locative sociale pendant dix ans. On sait que les communes qui n’atteignent pas l’objectif légal de 25 % de logements sociaux sont condamnées à acquitter une amende, ou à construire des résidences pour étudiants… dont elles n’ont pas nécessairement besoin.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/logement-social-un-nouveau-moyen-d-abaisser-considerablement-le-cout-d-acces-a-la-propriete_5389922_3232.html
28/11/2018
Norbert Fanchon, promoteur immobilier, préconise dans une tribune au « Monde » de coupler bail réel solidaire et organisme foncier solidaire pour faciliter l’accès au logement social.
televisions-radio
« Room 104 » : huis clos et sensation poisseuse d’un mauvais rêve
La série « Room 104 », créée par Mark et Jay Duplass. OCS OCS Go, à la demande, série On a connu un voyageur qui, chaque fois qu’il descendait dans le même hôtel, demandait à loger dans la chambre 452. Pour la seule raison que ce numéro, qui lui avait été affecté à sa première visite, était celui, dans le catalogue des œuvres de Mozart, du sublime Quintette pour vents et piano K. 452, l’une des plus belles compositions de son auteur. Alors que quelques mois séparaient ses visites, il se demandait chaque fois qui avait entre-temps logé dans cette chambre, couché dans ce lit, pris un bain dans la même baignoire. Quelqu’un y serait-il par extraordinaire mort ? La chambre semblait l’attendre lui et lui seul – identique même si des traces d’usure et d’usage marquaient parfois le passage du temps et celui d’autres clients. Mais, il s’en persuadait sans y croire cependant tout à fait, c’était « sa » chambre. On pourrait imaginer qu’une telle rêverie ait traversé l’esprit des auteurs de Room 104. Car c’est une seule et même chambre qui tient lieu de décor à cette série en huis clos, même si certains détails d’aménagement témoignent du passage du temps. Cauchemar sanguinolent On ne sait pas où se trouve cette chambre de motel. Quand la porte d’entrée est ouverte, une cloison extérieure masque tout ce qui pourrait indiquer à quoi ressemblent les alentours. Mais on imagine un parking, un distributeur de boissons – un no man’s land. Autrement dit : un coin idéal pour venir s’y suicider. On a regardé avec un intérêt et un plaisir variables la première saison (2017) de Room 104 et les premiers épisodes de la saison 2 que diffuse OCS : on s’est parfois lassé de l’absurdité lunaire des situations, des numéros d’acteur auxquels se livrent quelques visages très connus de la télévision nord-américaine. Lire la critique de la saison 1 : « Room 104 » et ses mystères A vrai dire, on n’est pas sûr d’aimer cette série, dont l’atmosphère est en général celle d’un songe étrange qui vire parfois au cauchemar le plus sanguinolent. Car l’état mental des clients qui viennent y loger, s’y cacher, y fêter un anniversaire ou y organiser un guet-apens est rarement sain. La comédie et l’humour (noir) ne sont pas absents de Room 104, mais on s’extirpe de chaque épisode avec la sensation poisseuse d’un mauvais rêve insinuant. Et pourtant, on y revient, pour ­goûter encore ce dérangeant entre-deux. Room 104, saison 2, série créée par Mark et Jay Duplass (US., 2018, 12 × 22-30 min.) www.ocs.fr/serie/room_104
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/11/28/room-104-huis-clos-et-sensation-poisseuse-d-un-mauvais-reve_5389920_1655027.html
28/11/2018
La saison 2 de la série imaginée par les frères Mark et Jay Duplass continue d’installer un climat inquiétant et délétère.
idees
Logement social : « Les élus locaux sont les plus à même de gérer les risques liés aux ventes de HLM »
Tribune. La loi Evolution du logement et aménagement numérique (ElaN), promulguée le 27 novembre, prévoit de faciliter et d’accélérer la vente de logements sociaux. L’enjeu est de taille, car il s’agit, dans un contexte de fragilisation financière du secteur HLM, de trouver de nouvelles ressources afin de maintenir les capacités du secteur pour construire. Les patrimoines locatifs sociaux vont dorénavant s’inscrire dans une temporalité de court à moyen terme, là où l’engagement dans la très longue durée a longtemps été une valeur ardemment défendue par le secteur La loi créé les « sociétés de vente », nouvelle forme d’organisme HLM vouée à assurer une commercialisation plus rapide des logements. Elle met également en place des mesures incitatives. Ainsi, elle prévoit que ces logements HLM vendus seront pris en compte pour une durée plus longue dans les quotas de la loi Solidarités et renouvellement urbain (SRU), qui oblige chaque commune à se doter de 25 % de logements sociaux. La loi Elan allège également la procédure de commercialisation avec la simplification des autorisations délivrées par les pouvoirs publics. Ces évolutions vont modifier en profondeur la « promesse HLM ». Les patrimoines locatifs sociaux vont dorénavant s’inscrire dans une temporalité de court à moyen terme, là où l’engagement dans la très longue durée a longtemps été une valeur ardemment défendue par le secteur. Leur contribution à la mixité sociale sera ainsi plus aléatoire. Les immeubles les mieux situés risquent de faire l’objet d’une spéculation immobilière, induisant une augmentation des prix, interdisant progressivement aux plus modestes de s’y loger. Ceux placés dans des quartiers moins attractifs, vers lesquels s’orienteront à l’inverse les ménages aux capacités financières plus limitées, pourraient rentrer dans une spirale de dégradation, faute de moyens suffisants pour les entretenir. « Massification » Cette évolution profonde du modèle HLM est une première révolution. Mais son effet pourrait être plus global, avec des conséquences plus ou moins directes sur les marchés du logement et vis-à-vis des politiques locales de l’habitat. Les organismes HLM auront pour obligation de garantir au ménage le rachat de leur logement en cas d’accident de la vie Si les objectifs quantitatifs du gouvernement sont tenus, soit une multiplication des ventes par cinq (quarante mille ventes par an et dix fois plus en volume de commercialisation), c’est une véritable « massification » de la vente HLM qui pourrait ainsi se développer. Cette évolution quantitative s’accompagnera d’une évolution qualitative tout aussi importante, avec une libre fixation des prix par l’organisme vendeur. Cette perspective est perçue par certains comme une dérégulation du secteur.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/logement-social-les-elus-locaux-sont-les-plus-a-meme-de-gerer-les-risques-lies-aux-ventes-de-hlm_5389919_3232.html
28/11/2018
La loi Elan limite le rôle des collectivités territoriales dans la gestion des objectifs de ventes de logements sociaux imposés aux organismes HLM, regrette Anne-Katrin Le Doeuff, experte du secteur, dans une tribune au « Monde ».
football
Football : l’UEFA n’a pas tranché sur une éventuelle délocalisation du match Donetsk-Lyon
Face à la situation actuelle en Ukraine, les instances européennes du football n’ont pas encore décidé s’il convenait, ou non, de délocaliser le match de Ligue des champions qui doit opposer le Shakhtar Donetsk à Lyon le 12 décembre. Cette rencontre doit théoriquement avoir lieu à Kharkiv. Or, cette ville est concernée par la loi martiale promulguée mercredi par les autorités ukrainiennes après le bref affrontement maritime avec les Russes, dimanche, près du détroit de Kertch, reliant la mer Noire à la petite mer d’Azov. Un premier match concernant un club ukrainien a déjà été déplacé : celui qui doit opposer, jeudi en Ligue Europa, le FC Vorskla et Arsenal. La rencontre devait avoir lieu dans la ville de Poltava, au centre de l’Ukraine. Elle aura lieu dans la capitale Kiev pour « des raisons de sécurité », a annoncé l’Union des associations européennes de football (UEFA), mardi. « Beaucoup d’insécurité » à Kharkiv Dans le même temps, l’instance européenne a fait savoir, dans une déclaration écrite, qu’elle « continuera d’observer la situation concernant la sécurité en Ukraine dans les prochains jours avant de prendre toute décision concernant l’éventuelle délocalisation d’autres matchs », a-t-elle ajouté. Mardi, le président de l’OL, Jean-Michel Aulas a exprimé sa préférence pour une délocalisation, déclarant ne pas avoir « très envie » d’envoyer son équipe à Kharkiv, car « il y a beaucoup d’insécurité en ce moment », a-t-il dit. En cas de délocalisation, le match entre le Shakhtar et Lyon, qui s’annonce décisif pour les deux clubs pour leur avenir en Ligue des champions, pourrait se jouer à Kiev ou Lviv, où le Shakhtar a joué entre 2014 et 2016.
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/11/28/football-l-uefa-n-a-pas-tranche-sur-une-eventuelle-delocalisation-du-match-donetsk-lyon_5389907_1616938.html
28/11/2018
Mettant en avant l’« insécurité », le président de l’OL, Jean-Michel Aulas, a déclaré ne pas avoir « très envie » de voir son équipe aller jouer à Kharkiv, ville ukrainienne concernée par l’actuelle loi martiale.
international
Birmanie : une centaine de Rohingya en fuite interpellés en mer et rapatriés
Des Rohingya détenus montent le 18 novembre dans un bateau pour être rapatriés dans les camps de l’Etat Rakhine (ou Arakan), en Birmanie. MYAT THU KYAW / REUTERS Une centaine de Rohingya ont été interpellés dans les eaux territoriales de la Birmanie sur la route de l’exode, a annoncé mercredi 28 novembre la police locale. Ils ont été forcés à rentrer dans l’ouest du pays, théâtre en 2017 d’un « génocide » selon l’Organisation des Nations unies. « Ils ont tous été renvoyés à Sittwe sur un navire de la marine » mardi soir, a déclaré à l’Agence France-Presse un responsable de la police de Dawei, port du sud de la Birmanie au large duquel ils ont été trouvés dimanche. Embarcations précaires Les 93 fuyards ont été renvoyés dans l’un des camps de « déplacés » rohingya, qui avaient vocation à être temporaires mais sont maintenus depuis des années. Quelque 120 000 membres de cette minorité musulmane y vivent entassés, avec une liberté de mouvement très limitée. Il s’agit du troisième bateau de Rohingya tentant de fuir pour la Malaisie par la mer à être interpellé par les forces de l’ordre birmanes ces deux dernières semaines. La mousson s’achevant et la mer d’Andaman étant par conséquent plus calme, les tentatives de fuite par la mer reprennent sur des embarcations précaires. Une dizaine de bateaux ont quitté la Birmanie depuis la mi-octobre, avec des centaines de Rohingya à bord, selon les données de l’organisation non gouvernementale Arakan Project, qui tente de recenser leur exode. Plus de 720 000 réfugiés Depuis août 2017, plus de 720 000 Rohingya ont fui les exactions de l’armée birmane et de milices bouddhistes et se sont réfugiés au Bangladesh. Après de multiples retards, le Bangladesh devait lancer à la mi-novembre le rapatriement d’un premier groupe de 2 251 réfugiés. Mais personne ne s’est présenté à la frontière entre le Bangladesh et la Birmanie : bon nombre de réfugiés redoutant de rentrer, par peur de nouvelles exactions. Ils craignent aussi d’être à leur tour immédiatement cantonnés dans les camps de fortune de l’Etat Rakhine (anciennement Etat d’Arakan). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Birmanie : les Rohingya redoutent d’être rapatriés
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/birmanie-une-centaine-de-rohingya-en-fuite-interpelles-en-mer-et-rapatries_5389903_3210.html
28/11/2018
Les membres de cette minorité musulmane, persécutés dans leur pays et entassés dans des camps, tentaient de rejoindre la Malaisie.
economie
Amazon investit dans les séries françaises pour rattraper Netflix
L’entreprise de Jeff Bezos est présente en France depuis fin 2016 sur le marché de la vidéo à la demande avec Amazon Prime Video JOSEP LAGO / AFP Deutsch-les-Landes, qui raconte le choc culturel d’un village du Sud-Ouest où débarquent les employés d’une entreprise allemande, est la première série originale lancée par l’américain Amazon en France. Avec ce feuilleton, diffusé vendredi 30 novembre, le géant de la distribution en ligne illustre sa volonté d’investir dans des productions du cru, dans l’Hexagone et en Europe. « Nous voulons amener aux publics français du contenu local, original et ambitieux. Du contenu qu’ils ne peuvent pas forcément trouver ailleurs », explique Georgia Brown, responsable des productions originales en Europe pour Amazon. L’entreprise de Jeff Bezos est présente en France depuis fin 2016 sur le marché de la vidéo à la demande avec Amazon Prime Video, accessible aux abonnés de son service de livraison rapide Amazon Prime (49 euros par an ou 5,99 euros par mois). « Deutsch-les-Landes est une proposition unique d’un point de vue créatif : elle a été tournée de façon bilingue, avec un casting et une équipe exceptionnelle, venue de France et d’Allemagne », vante Mme Brown. La série, réalisée avec les sociétés de production Newen et Bavaria Fiction, sera lancée en France par Amazon Prime Video et en Allemagne par l’opérateur téléphonique Deutsche Telekom. « Cela montre la capacité d’Amazon à s’adapter à différents modèles de production », note Mme Brown. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En France, une riposte crédible à Netflix peine à s’organiser Concrètement, Deutsch-les-Landes fait beaucoup penser à Bienvenue chez les Ch’tis. Et pour cause, ce sont ses scénaristes, Alexandre Charlot et Franck Magnier, qui l’ont écrite. On y trouve Marie-Anne Chazel (Les Bronzés) dans le rôle de la maire qui vend le château de son village désargenté à un PDG allemand fantasque ; ou encore Roxane Duran (La Famille Bélier, Le Ruban blanc). Tournée en bilingue mais diffusée avec un doublage en français, Deutsch-les-Landes semble proche des comédies familiales financées par les chaînes françaises. Présence physique à Paris Amazon assure que cette première n’est qu’un début : « Nous avons une fantastique série de projets de productions originales en cours. Et ferons bientôt des annonces de nouveaux programmes en France », assure Mme Brown. L’entreprise américaine ne donne toutefois aucun chiffre, ni le nombre de séries et de films prévus par an, ni le budget de production qui y est consacré, encore moins le nombre d’utilisateurs d’Amazon Prime Video. Pour attester de son sérieux, Amazon met en avant l’implantation d’équipes locales : celle de Mme Brown – débauchée chez le géant de la production télévisée Fremantle Media (« X Factor ») et passée par le service public britannique à BBC Worldwide – a été montée début 2017. Installée à Londres, elle compte « plus de vingt personnes » et supervise les productions originales d’Amazon en Europe.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/28/amazon-investit-dans-les-series-francaises-pour-rattraper-netflix_5389895_3234.html
28/11/2018
Le géant de la vente en ligne lance son premier feuilleton made in France. Il cherche ainsi à concurrencer le leader de la vidéo à la demande par abonnement, en avance pour les productions hexagonales.
economie
Blocage du dépôt pétrolier de Lorient par des indépendants du BTP et des « gilets jaunes »
Rejoints, mercredi 28 novembre, par des « gilets jaunes », des indépendants des travaux publics et entrepreneurs agricoles bloquent les accès au dépôt pétrolier de Lorient, dans le Morbihan. Ils protestent contre la suppression au 1er janvier du gazole non routier (GNR), un carburant moins cher utilisé notamment dans les secteurs agricoles, forestiers, fluviaux ou des travaux publics. Une « vingtaine d’engins de chantier, camions-bennes et pelles mécaniques bloquent depuis mardi soir, 20 heures, les entrées et sorties du dépôt pétrolier, empêchant les camions-citernes de passer », a confirmé le directeur général du dépôt pétrolier de Lorient, Marc Lhonoré, à l’Agence France-Presse (AFP). Des #GiletsJaunes se relaient depuis hier soir sur le port de #Lorient devant le dépôt pétrolier https://t.co/sr7klc7SAj — Francebleubzh (@Bleu Breizh Izel) Facture alourdie Dans le cadre de son budget pour 2019, le gouvernement va supprimer pour certains acteurs une réduction jusqu’alors appliquée sur la taxe intérieure de consommation (TICPE) sur le GNR, alourdissant la facture pour les entreprises concernées. Le prix du litre passerait de 1 euro à 1,50 euro. « Cela représente une dépense supplémentaire de 600 000 euros, soit 10 % de mon chiffre d’affaires », a, par exemple, expliqué à l’AFP Norbert Guillou, gérant des entreprises TPSL et Aspi TP. « Nous avons commencé à bloquer hier soir avec une quinzaine d’entreprises et sommes une trentaine d’entreprises représentées aujourd’hui, contre la suppression du GNR », a-t-il précisé. Les entreprises de travaux publics, notamment, devront se fournir en gazole blanc, alors qu’elles utilisent actuellement un carburant coloré rouge, moins cher. Cela risque, en outre, d’entraîner une « forte hausse » des vols de carburant : « nous subissons déjà des vols de fioul la nuit sur les parkings, mais si le gazole n’est plus coloré, n’importe qui pourra le voler pour l’utiliser dans sa voiture », a dénoncé Norbert Guillou. « Notre demande est simple : nous voulons garder le GNR, et ce, même si le prix augmente un peu », et « nous resterons aussi longtemps qu’il faudra, jusqu’à ce qu’on soit entendus par le ministère », a-t-il ajouté.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/28/blocage-du-depot-petrolier-de-lorient-par-des-independants-du-btp-et-des-gilets-jaunes_5389890_3234.html
28/11/2018
Les professionnels du bâtiment, rejoints par les « gilets jaunes », protestent contre la suppression du gazole non routier (GNR) prévue en janvier 2019.
economie
« L’éolien, oui, mais pas dans mon jardin (ou face à ma plage) »
Un parc d’éolien en mer à Boulogne-sur-mer ( Pas-de-Calais), le 8 février 2016. PHILIPPE HUGUEN / AFP Chronique Pertes & profits. La présentation, ce mardi 27 novembre, du plan énergie par le président de la République, Emmanuel Macron, devrait réjouir les Français. En donnant un sérieux coup d’accélérateur au développement des énergies renouvelables, il semble répondre à l’une de leurs attentes. La semaine précédente, le 22 novembre, un sondage IFOP publié par Le Monde nous apprenait que 60 % des Français estimaient que la transition énergétique était trop lente. Ils veulent plus de soleil et de vent et moins de nucléaire. La majorité souhaite même que l’on ferme plus de centrales que prévu. Ce sentiment ouvre donc un boulevard au développement des énergies renouvelable qui représenteront 40 % de notre production d’électricité d’ici dix ans. Pour cela, les capacités de l’éolien terrestre seront multipliées par trois et celles du solaire par cinq. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une majorité de Français veut une baisse rapide du nucléaire Résistances importantes Reste maintenant à mettre en cohérence cet enthousiasme collectif avec la somme des intérêts individuels, qui lui est souvent contraire. Et dans ce domaine, le chemin à parcourir sera long. Le développement de l’éolien en mer est emblématique de ce paradoxe. Dans l’ambitieux plan gouvernemental, ce dernier est à la fois le plus prometteur et le moins bien traité. Si l’on veut remplacer des centrales nucléaires par des éoliennes, il faudra en installer beaucoup et de très grosse puissance. Les poser en mer semble sur le papier la meilleure solution. L’espace est immense, ne gêne aucun habitant, et autorise l’installation de très grandes machines. Ainsi, un parc d’une bonne centaine d’éoliennes peut développer une puissance comparable à celle d’un réacteur nucléaire. Une aubaine pour la France, qui dispose de la plus grande face maritime en Europe et d’une expertise technologique et industrielle dans ce domaine. Et pourtant, les objectifs 2018 sont bien timides. Avec 5,2 gigawatts prévus à cette date, on ne sera même pas à un doublement par rapport aux projets déjà engagés. Ce sera six fois moins que les Britanniques et cinq fois moins que les Allemands. La réponse à cette énigme est simple. Alors que notre pays était déjà en retard par rapport à ses voisins, aucun des projets lancés en France, il y a près de dix ans, n’a encore abouti. Ce qui en renchérit le coût et limite les velléités de développement. Ainsi, le projet prévu au large de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) a été attribué à l’espagnol Iberdrola en 2011. Les recours juridiques ne sont toujours pas épuisés et l’opérateur prévoit un démarrage en 2023, alors que trois ans suffisent pour construire ce parc d’une soixantaine d’éoliennes.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/28/l-eolien-oui-mais-pas-dans-mon-jardin-ou-face-a-ma-plage_5389888_3234.html
28/11/2018
La lenteur et les timides objectifs en matière d’éolien en mer révèlent le décalage entre l’adhésion des Français à la transition énergétique et la réalité du déploiement des énergies renouvelables, estime dans sa chronique, l’éditorialiste économique, Philippe Escande.
emploi
Les « serious games » n’éveillent pas la créativité des manageurs
« L’Usage des serious games en entreprise. Récréation ou instrumentalisation managériale ? », par Lydia Martin (Editons Erès, 272 pages, 16,50 euros). Editions Erès Livre. C’est pour valoriser l’idée d’utiliser le jeu vidéo pour atteindre des objectifs utilitaires que l’armée américaine introduit, en 2002, le terme de « serious game » [jeu sérieux]. Si le concept date en réalité des années 1960, il prolifère depuis une décennie : jeux vidéo, télévisés, de rôle grandeur nature ou encore d’énigmes en groupe prolifèrent, s’introduisent dans l’univers des adultes, et même de l’entreprise où le « serious game » est censé véhiculer l’image d’une société innovante et internationale. « Ces dispositifs sont souvent présentés comme visant à améliorer la connaissance de soi et à contribuer à des relations plus harmonieuses, y compris dans des situations où la pression est forte », rappelle Lydia Martin dans L’Usage des serious games en entreprise. Récréation ou instrumentalisation managériale ? L’essai de lydia martin étudie les usages d’un simulateur initialement adopté par l’armée, puis détourné pour en faire un jeu dans le monde civil La psychologue du travail fait une distinction entre le « serious game » et le « serious gaming ». « Le “serious game” est conçu initialement pour associer un dispositif de jeu et des fonctions utilitaires, alors que le serious gaming consiste à s’appuyer sur un jeu existant pour lui associer a posteriori une finalité utilitaire », écrit-elle. Son essai étudie les usages d’un simulateur initialement adopté par l’armée, puis détourné pour en faire un jeu dans le monde civil, et questionne le rapport réciproque entre travail et formation. « Il s’agit d’interroger à la fois les attendus relatifs au prescrit professionnel, tels qu’ils sont injectés dans le jeu, et les transferts d’apprentissage effectués par les formés entre le jeu et la réalité du travail. » Parcours de formation managériale Après avoir présenté les travaux sur les cadres, en partant des transformations de leur travail, la chercheuse associée au Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD) du Conservatoire national des arts et métiers explore les dispositifs et les méthodes de formation qui ont progressivement intégré les simulations de situations de travail dont les « serious games » font partie. La promotion du jeu sérieux peut servir à développer la créativité des salariés, mais n’a-t-elle que des côtés bénéfiques ? Pour approfondir l’analyse, elle se focalise sur le parcours de formation managériale dans lequel s’inscrit le jeu sérieux étudié. Objectif : analyser le projet pédagogique qu’il sous-tend, afin de comprendre les enjeux et les attentes de l’organisation à l’égard des managers. « Les étapes de la gamification du simulateur ainsi que sa construction à partir d’un outil de l’armée sont explorées ; ici il est question d’amorcer une réflexion sur les représentations des concepteurs sur le travail des cadres. »
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/11/28/les-serious-games-n-eveillent-pas-la-creativite-des-manageurs_5389887_1698637.html
28/11/2018
Concept des années 1960, le « jeu sérieux », promu par l’armée américaine à partir de 2002 et aujourd’hui utilisé au sein des entreprises, rencontre un succès mitigé auprès des manageurs, analyse la psychologue du travail Lydia Martin dans son dernier essai.
disparitions
Roger Cans, ancien journaliste au « Monde », est mort
Roger Cans, en 1998. Archives famiales Roger Cans, qui est mort le 28 novembre à l’âge de 73 ans, est de ceux, chanceux ou obstinés, qui surent faire de leur passion un métier. Lui, Roger, notre ami, c’était la nature qui suscitait sa vénération, d’enfant curieux, puis d’adulte passionné et, enfin, de journaliste spécialisé. La nature et ses peuples innombrables, faunes et flores, l’émerveillaient de leur fragilité et de leur résilience. Il les a observés toute sa vie, au bout d’une jumelle ou le nez au raz de l’herbe. De cette patiente fréquentation, il avait acquis un savoir et même une science qu’il transmettait comme un jeu, un exercice sans prétention, aux lecteurs du Monde. Né le 7 février 1945 à Maule (Yvelines) d’un père agronome et d’une mère assistante sociale, élevé dans une famille de tradition protestante, il passe son temps entre le grand jardin de la maison au bord de la Mauldre et la campagne de Mayenne où il traîne ses étés. Il apprend les noms et les caractéristiques des oiseaux et des plantes, des poissons et des insectes, les regarde avec la même admiration candide et la même cruauté juvénile que Marcel Pagnol quand, par exemple, il offre en festin dans son aquarium diptyques ou sangsues aux tritons ou aux épinoches. Les sciences naturelles et le dessin le passionnent plus que les maths, cette discipline de malheur qui lui fermera le métier d’ingénieur forestier. A 14 ans, la lecture de Jules Verne démultiplie son horizon. Il part très vite sur les routes comme l’intiment ses 20 ans et les années 1960 : Gabon, Maroc, Grèce, Asie, Sicile, Israël, etc. Travaillait déjà sur les méfaits de l’amiante Après une licence de lettres à la Sorbonne, il atterrit au Centre de formation des journalistes. Professeur de français à Phnom Penh, il envoie ses premiers articles à l’hebdomadaire protestant Réforme. Revenu en France, il travaille pour Nice-Matin, puis reprend son baluchon et s’installe à Washington comme employé de la « Voix de l’Amérique » et correspondant de La Tribune de Lausanne. Il envoie quelques papiers transocéaniques au Monde. Il est embauché, en 1976, au service Education. En 1983, il reprend la rubrique Environnement, inaugurée dans le journal par Marc Ambroise-Rendu. Autre temps… La protection de la nature, ainsi qu’on résumait alors l’écologie, est considérée comme une contingence, voire une lubie, une douce rêverie un peu attardée, au sein de la rédaction. Il faut se battre pour imposer ses sujets. Il se voit ainsi retoquer une série sur l’agriculture bio, jugée alors marginale et sans avenir. Pendant treize ans, il va contribuer à donner ses lettres de noblesse à l’environnement et à en élargir la compétence. Il s’intéresse aux méfaits de l’amiante, à une époque où des scientifiques de renom en proclament sans sourciller l’innocuité.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/11/28/roger-cans-ancien-journaliste-au-monde-est-mort_5389880_3382.html
28/11/2018
Passionné par la protection de la nature et des ressources naturelles, Roger Cans avait repris la rubrique Environnement du quotidien en 1983. Il est mort le 28 novembre, à l’âge de 73 ans.
actualite-medias
La filière audiovisuelle dénonce la réforme des aides du CNC
Pour le CNC, la série « Le Bureau des légendes », avec l’acteur Mathieu Kassovitz, est un modèle de fiction française exportable à l’étranger. XAVIER LAHACHE / TOP, THE OLIGARCHS PRODUCTIONS / CANAL+ Les chaînes de télévision et les producteurs n’échapperont pas à la baisse des aides du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) qu’ils redoutaient depuis plusieurs semaines. Reçus, mardi 27 novembre, par la présidente du CNC, Frédérique Bredin, les représentants de la filière ont été informés que l’institution réduirait son soutien à l’audiovisuel de 30 millions d’euros au cours des deux prochaines années, soit une diminution de 11 % par rapport aux 279 millions d’euros d’apports directs versés en 2017. Plus que le montant de ces économies, la façon dont elles seront menées inquiète les professionnels du petit écran. Le CNC prévoit notamment de baisser la valeur de l’aide allouée pour chaque minute produite, et de renforcer la dégressivité des soutiens aux séries récurrentes. « Ces mesures vont porter un coup sévère aux feuilletons quotidiens », craint un acteur du secteur. « Les documentaires et le spectacle vivant, qui sont déjà des genres fragiles, seront davantage affectés que la fiction », souligne Vincent Gisbert, délégué général du Syndicat des producteurs et créateurs de programmes audiovisuels (Spect). Lire aussi Le Centre national du cinéma va aider la création vidéo sur le Web Avec cette réforme, le CNC entend recentrer ses aides sur les séries originales capables de rivaliser avec les œuvres étrangères. La part des soutiens accordés automatiquement, indépendamment de la qualité du programme (80 % des aides à l’audiovisuel aujourd’hui), sera donc revue à la baisse, au profit des financements sélectifs. « Il y a une demande forte du public pour les programmes très qualitatifs, à vocation internationale, explique-t-on au CNC. Il faut que la création française puisse y répondre. » Contexte incertain L’enjeu est aussi financier : alors que les taxes versées au CNC par les chaînes, les distributeurs et les salles de cinéma stagnent, le volume de la production, lui, ne cesse d’augmenter. « Ces quatre dernières années, notre soutien à l’audiovisuel et les crédits d’impôts ont augmenté de 40 %, et l’an prochain nos aides resteront plus élevées qu’en 2016 », fait-on valoir au CNC. Le cinéma n’étant pas concerné par ce plan d’économies, diffuseurs et producteurs audiovisuels accusent l’institution de favoriser le grand écran au détriment de la télévision. « Nous sommes prêts à prendre notre part dans l’effort de rééquilibrage des comptes du CNC, mais chacun doit y participer », s’insurge Stéphane Le Bars, délégué général de l’Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA).
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2018/11/28/la-filiere-audiovisuelle-denonce-la-reforme-des-aides-du-cnc_5389870_3236.html
28/11/2018
Le Centre national du cinéma et de l’image animée va réduire de 11 % son soutien au secteur au cours des deux prochaines années.
emploi
Frais professionnels : de quoi parle-t-on ?
« Les frais professionnels ne sont pas imposables au titre de l’impôt sur le revenu, ni soumis à cotisations et contributions sociales. » Johnér / Photononstop / Johnér / Photononstop Question de droit social. Tout salarié qui, dans le cadre de ses fonctions, engage personnellement des dépenses pour l’accomplissement de sa mission a le droit de se faire rembourser par son employeur : les sommes ainsi versées ne seront pas considérées comme des rémunérations mais se voient appliquer sous certaines conditions, un régime juridique particulier dit « des frais professionnels ». Le code du travail est muet sur cette question. Les tribunaux reconnaissent comme « frais professionnels » un remboursement couvrant une dépense qui doit premièrement être inhérente à l’emploi. La dépense doit découler directement des conditions d’exécution du travail, et imposer au salarié une charge supérieure à celles liées à la vie courante. Si ces deux conditions ne sont pas remplies simultanément, les indemnités ou primes versées constituent un complément de rémunération, peu importe leur appellation. L’enjeu de qualification est important, car les « frais professionnels » ne sont pas imposables au titre de l’impôt sur le revenu, ni soumis à cotisations et contributions sociales. Il existe trois modalités de paiement des frais professionnels : – La première : les frais sont pris en charge directement par l’entreprise (carte bancaire entreprise, cartes autoroutes, d’essence…) et les frais sont facturés par des prestataires (billets d’avion, hôtel, billets d’entrée à des séminaires…) ; – La deuxième : ils sont remboursés au réel, et donc sur justificatifs ou au forfait. Trois ans pour réclamer son dû – Enfin, troisième méthode : des conventions ou accords collectifs de branche ou d’entreprise peuvent prévoir le versement aux salariés d’indemnités forfaitaires pour les frais engagés dans le cadre de leur travail, à l’occasion du transport, des repas ou de l’hébergement. La prise en charge des frais professionnels peut aussi résulter du contrat de travail ou des usages de l’entreprise. Dans ces cas, les remboursements des sommes avancées par le salarié sont dus sans présentation de justificatif. En pratique et pour une série de frais, concernant les repas au restaurant, lorsque le salarié est en déplacement professionnel et empêché de regagner sa résidence, ou les frais kilométriques, lorsque le salarié est contraint d’utiliser son propre véhicule, l’employeur se réfère aux montants forfaitaires fixés par des circulaires de l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (ACOSS) qui déterminent des limites d’exonération de cotisations et contributions sociales.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/11/28/frais-professionnels-de-quoi-parle-t-on_5389867_1698637.html
28/11/2018
Le dispositif des frais professionnels obéit à une réglementation stricte. Curieusement, le code du travail reste muet sur cette question entre le salarié et son employeur.
politique
« Gilets jaunes » : « La “France périphérique” demande à être respectée »
Les "gilets jaunes" manifestent dans le centre-ville de Toulouse, le 24 novembre. MATTHIEU RONDEL / HANSLUCAS POUR LE MONDE Son essai The Road to Somewhere (« La Route pour quelque part », C. Hurst & Co. Publishers Ltd, 2017, non traduit) est devenu la bible des ténors du parti Les Républicains. Depuis quelques semaines, certains proches d’Emmanuel Macron l’ont lu également avec attention. David Goodhart, journaliste et écrivain britannique, fait une nouvelle analyse des clivages politiques issus du Brexit et de l’élection de Donald Trump : pour lui, au clivage gauche-droite s’est substituée une distinction anywhere/somewhere (de « nulle part »/de « quelque part »). Quel regard portez-vous sur la protestation des « gilets jaunes » ? Je pense que ce mouvement représente ce que Christophe Guilluy appelle la « France périphérique » et que je nomme « ceux qui regardent le monde de quelque part », les « somewhere ». Des gens plus ancrés dans un territoire, moins mobiles, qui habitent des villages et des banlieues éloignés des métropoles. Ils ne sont pas contre l’écologie, mais ne voient pas pourquoi ils devraient porter autant le poids du combat contre les dégradations environnementales seulement parce qu’ils dépendent de leur voiture. « Pourquoi est-ce que l’écologie bourgeoise des bobos parisiens devrait être payée par les petites gens de la France périphérique ? », demandent-ils. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les « gilets jaunes », le symptôme d’une France fracturée Ce mouvement est-il l’expression de ceux que certains appellent les perdants de la mondialisation ? Soyons honnêtes : les « gilets jaunes » ne sont pas les nouveaux sans-culottes. Ce sont, dans leur majorité, des classes moyennes aux revenus corrects qui peuvent s’offrir des vacances. Mais il faut comprendre que c’est une protestation aux dimensions autant culturelles, psychologiques qu’économiques à laquelle nous allons être de plus en plus souvent confrontés. Parce que dans nos sociétés le prestige et l’estime sont devenus l’apanage des sachants, ceux qui font des études supérieures dans de bonnes universités et ont des carrières valorisantes. Comment l’expliquez-vous ? Nous sommes en train de découvrir que nos mondes post-industriels sont moins redistributeurs. Les sociétés industrielles permettaient d’accéder à un statut social plus élevé – c’était vrai en tout cas pour les hommes, ceux qui occupaient des emplois qualifiés ou semi-qualifiés dans le secteur industriel – et ne détruisaient pas les rôles sociaux et les systèmes de croyance traditionnels. Aujourd’hui, les capacités cognitives sont devenues le nouvel étalon de la valeur du travail. Ce sont elles qui déterminent le statut social, dévalorisant ainsi de nombreux emplois et positions sociales plus ordinaires.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/28/la-france-peripherique-demande-a-etre-respectee_5389864_823448.html
28/11/2018
L’écrivain britannique David Goodhart, auteur d’une comparaison entre l’Amérique proTrump et les partisans du Brexit, analyse le mouvement populaire français.
societe
Alexandre Benalla à la fête du « JDD »
Alexandre Benalla en juillet 2018. THOMAS SAMSON / AFP Gérald Darmanin, ministre du budget d’Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy et son avocat, Me Thierry Herzog, François Baroin, Valérie Pécresse, Ramzi Khiroun, le conseiller spécial d’Arnaud Lagardère, Denis Olivennes, président de Lagardère Active… Ils étaient nombreux à fêter, mardi soir 27 novembre, les 70 ans du Journal du dimanche au Piaf, un restaurant très chic de la rue Jean-Mermoz, dans le 8e arrondissement de Paris. On pouvait aussi apercevoir l’homme d’affaires Marc Francelet, ou encore Laurence Piau, directrice de la rédaction de Closer. Hervé Gattegno, directeur de la rédaction du Journal du dimanche (JDD), a soufflé les bougies d’un énorme gâteau d’anniversaire. A la fin des festivités est arrivé… Alexandre Benalla, qui fut chef adjoint de cabinet du président de la République, avant d’être démis de ses fonctions par l’Elysée en juillet. « On nous a expliqué qu’il dînait ce soir-là à l’étage, par hasard », confie un membre du groupe Lagardère, à propos de la présence de l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron, aujourd’hui mis en examen des chefs de « violences volontaires », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique en accomplissant des actes réservés à l’autorité publique », « port et complicité de port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique », « recel de violation du secret professionnel » et « recel de détournement d’images issues d’un système de vidéo protection ». Le 1er mai, Alexandre Benalla avait été filmé place de la Contrescarpe, à Paris, en train de malmener un manifestant.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/28/alexandre-benalla-a-la-fete-du-jdd_5389857_3224.html
28/11/2018
L’ancien conseiller d’Emmanuel Macron, mis en examen pour violences volontaires, est apparu à la fête donnée pour les 70 ans du « Journal du dimanche ».
economie
Des députés proposent de généraliser l’ouverture des magasins le dimanche dans tout Paris
Un dimanche à l’approche de Noël devant le Printemps-Haussmann. BERTRAND GUAY / AFP Faut-il autoriser les commerces à ouvrir tous les dimanches dans Paris ? C’est l’une des questions auxquelles ont répondu par l’affirmative les députés dans un rapport, dévoilé mercredi 28 novembre, évaluant la loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques (dite « loi Macron »). Ce texte a notamment défini les dispositifs permettant l’ouverture dominicale des commerces, sous réserve d’accord social compensatoire : 12 dimanches dans l’année au maximum (et non plus 5) laissés à l’appréciation du maire ou du préfet ; des zones touristiques et des zones commerciales dans lesquelles le travail est autorisé 52 dimanches dans l’année ; des gares et des zones touristiques internationales (ZTI) avec des périmètres précis, où les commerces peuvent ouvrir tous les dimanches, et le soir jusqu’à minuit. Il existe aujourd’hui 18 ZTI sur l’ensemble de la France. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Matignon corrige le dispositif d’ouverture des magasins le dimanche « Au-delà du développement touristique, les possibilités offertes par la loi ont amélioré la situation du commerce traditionnel par rapport aux sites de vente en ligne, permis le développement de l’emploi et répondu à l’attente de salariés qui, par exemple, grâce aux repos compensateurs, peuvent économiser le coût d’un jour de garde d’enfants », ont jugé les députés Philippe Huppé (LRM, Hérault) et Daniel Fasquelle (LR, Pas-de-Calais), co-rapporteurs du volet sur l’ouverture dominicale. A Paris, 32,3 % des commerces situés en ZTI ouvraient le dimanche en février 2018, contre 17,6 % en septembre 2015. En province, les études, plus récentes et plus contrastées, ne permettent pas de tirer des conclusions. « Certains tour-opérateurs qui n’incluaient plus la France dans leurs circuits l’intègrent de nouveau », note M. Fasquelle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des députés LRM veulent assouplir la législation sur le travail du dimanche Les co-rapporteurs regrettent « de ne pas disposer d’études statistiques complètes permettant de juger de l’impact de la création de ces ZTI sur le chiffre d’affaires et les emplois créés, ainsi que sur les commerces situés hors de ces zones ». Le chiffre d’affaires supplémentaire est estimé de 8 % à plus de 10 %, et, pour les grands magasins, le dimanche est le 2e ou le 3e jour de la semaine en termes de chiffre d’affaires et de fréquentation, d’après l’organisation professionnelle Alliance du commerce. Selon elle, plus de 1 500 emplois ont été créés. Sécuriser le dispositif Les députés estiment toutefois nécessaires certains ajustements pour sécuriser le dispositif. Ils ont formulé plusieurs propositions dont celle, très polémique, de « faire de Paris une seule ZTI. Il est difficile d’avoir à Paris une multitude de ZTI (12 actuellement). Une zone unique favoriserait Paris dans la concurrence avec les autres capitales européennes », indique le rapport.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/28/commerce-faut-il-generaliser-le-travail-du-dimanche-a-paris_5389851_3234.html
28/11/2018
Un rapport parlementaire dresse un bilan positif de la loi Macron de 2015. Mais ne défend pas la généralisation des ouvertures en France.
implant-files
Les industriels de l’implant pèsent 300 milliards d’euros
Numéro un, Medtronic l’est dans de nombreux domaines. Leader mondial du dispositif médical, la multinationale américaine vend des valves cardiaques et des pompes à insuline, des boîtiers de stimulation cérébrale profonde (deep brain stimulation) pour traiter la maladie de Parkinson et des pacemakers sans fil qui ressemblent à des grappins pour Playmobil. Des produits qui « améliorent la vie de plus de deux personnes chaque seconde », assure son slogan, et qui lui ont permis de doubler son chiffre d’affaires en dix ans pour atteindre 23 milliards d’euros en 2018. Dans ce secteur qui pèse près de 300 milliards d’euros, la firme est talonnée par Johnson & Johnson et GE Healthcare. Une petite partie de ces revenus a été entamée par les nombreux procès intentés contre le fabricant : Medtronic a dû mettre de côté plus de 5 milliards d’euros en frais juridiques, ces dix dernières années, notamment pour des accords avec 20 000 patients. La firme est en effet numéro un des incidents liés à des dispositifs médicaux, d’après la base de données publiques de l’Agence de santé américaine (Food and Drug Administration, FDA). D’après les estimations dans cette base du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), les dispositifs de Medtronic ont causé près de 200 000 incidents de 2007 à 2018. D’après une analyse réalisée par Le Monde à partir de la base Cordis (programmes cadres européens) et de la base TED (appels d’offres publiés dans le journal officiel européen), Medtronic a aussi profité des deniers publics. Avec près de 8 millions d’euros de subventions pour 14 projets entre 2011 et 2021, le fabricant est le premier bénéficiaire des financements de recherche de l’Union européenne. Rien que pour la France, Medtronic a remporté 573 millions d’euros dans des appels d’offres émis par des hôpitaux publics de 2011 à 2018. Pour cela, il faut savoir entretenir ses réseaux. Cercles du pouvoir Medtronic s’est d’abord penché sur le corps médical. C’est le fabricant qui dépense le plus d’argent en France pour les professionnels de santé, selon les informations de la base publique Transparence santé corrigées par le collectif EuroForDocs. Soit près de 20 millions d’euros depuis janvier 2012 en repas, hébergements, interventions dans des congrès et autres contrats de mission. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Strasbourg, des explants autopsiés comme les patients Vers les cercles du pouvoir, ensuite. Medtronic domine les organisations chargées du lobbying auprès des pouvoirs publics. Au niveau européen, c’est un ancien de Medtronic, Serge Bernasconi, qui pilote Medtech Europe, une organisation qui a joué un rôle-clé dans la bataille contre la refonte de la réglementation du secteur par Bruxelles. La présidente de Medtronic France, Laurence Comte-Arassus, est aussi vice-présidente du syndicat national de l’industrie des technologies médicales. Et Medtronic est encore membre de l’Association pour la promotion de l’innovation des dispositifs médicaux (Apidim), un club très privé qui défend les intérêts des firmes américaines en France.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/28/les-industriels-de-l-implant-pesent-300-milliards-d-euros_5389850_5385406.html
28/11/2018
Le leader du secteur, Medtronic, s’est taillé la part du lion grâce à l’excellence de ses réseaux, tant en France qu’en Europe.
implant-files
« Implant Files » : les dessous-de-table des chirurgiens
Il ne faut jamais écouter les conversations des chirurgiens après leur journée de bloc. « J’ai mis cette prothèse-là, aujourd’hui (…) mais ils font vraiment de la merde, hein. » « Et la machine qui coupe le fémur, (…) c’est un désastre, non ? » « Tu crois que je lui dis [au commercial] que G. ne veut pas mettre sa prothèse parce qu’elle craint ? C’est vrai, il me l’a dit clairement. » Mais ce soir de novembre 2014, lorsque ces deux orthopédistes italiens de Monza passent en revue leurs galères du jour, ils ignorent tous deux que leur téléphone a été placé sur écoute. Aucune prothèse de hanche n’a trouvé grâce à leurs yeux, ce jour-là. Personne n’en a rien su ; pas les patients, du moins. Pour les policiers milanais, en revanche, le contenu de ces conversations est la preuve que les deux hommes ont été rétribués pour implanter des prothèses qu’ils estiment de piètre qualité. « Une conduite (…) parfaitement conforme au pacte de corruption », mais « contraire aux devoirs » du médecin, qui est « de garantir aux patients les meilleurs soins », résume le document judiciaire dont Le Monde a pris connaissance dans le cadre de l’enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont notre confrère italien Paolo Biondani du journal L’Espresso est partenaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Implant Files » : quand le patient ignore servir de cobaye pour une prothèse de hanche Il aura fallu trois ans à la justice italienne pour mettre au jour un vaste système de corruption qui implique des dizaines de médecins généralistes et de chirurgiens orthopédistes. L’enquête du procureur de Monza est bouclée, mais les investigations se poursuivent à Lucques, en Toscane. Toutes mettent en cause la même société, une filiale du fabricant français Ceraver, spécialisé en orthopédie et qui s’était déjà illustré, en 2013, pour avoir commercialisé des prothèses de hanche non conformes et réalisé des essais cliniques sans prévenir les patients. Cette affaire franco-italienne révèle des pratiques persistantes dans le secteur des dispositifs médicaux, particulièrement en orthopédie. Le secteur est porteur, car la population vieillit. Mais la concurrence est rude et les innovations trop rares : il existe des centaines de modèles de prothèses de hanche sur le marché. Toutes se ressemblent, les commerciaux rivalisent donc d’ingéniosité pour se démarquer. Quitte à parfois franchir la ligne rouge. L’organisation italienne était bien rodée. Les médecins généralistes servaient de recruteurs. Ils proposaient à leurs patients de faire venir un chirurgien orthopédiste au cabinet. Les malades, des personnes âgées pour la plupart, étaient ravis qu’un professionnel de renom se déplace jusqu’à eux. En Lombardie, en Emilie-Romagne, en Calabre, en Toscane, des dizaines de médecins ont ainsi joué les intermédiaires. En échange, ils recevaient 300 euros par mois – et un pourcentage sur chaque visite. Les chirurgiens, eux, touchaient 50 à 60 euros en liquide lors de la première consultation, puis 75 euros par prothèse implantée, en plus de leurs honoraires. Les interventions avaient lieu à la polyclinique de Monza ou dans un hôpital voisin.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/28/implant-files-les-dessous-de-table-des-chirurgiens_5389847_5385406.html
28/11/2018
Une enquête judiciaire sur la filiale italienne du prothésiste français Ceraver a mis au jour un vaste système de corruption de généralistes et de chirurgiens.
idees
« Moscou a ouvert un troisième front dans son offensive contre l’Ukraine en mer d’Azov »
Chronique. Comment dégèle-t-on un conflit gelé ? En ouvrant un nouveau front, par exemple. C’est ce que vient de faire la Russie en arraisonnant, dimanche 25 novembre, trois navires ukrainiens au large de la Crimée après avoir ouvert le feu sur eux. Une opération tout ce qu’il y a de plus militaire, rondement menée par les hommes des services secrets russes FSB – aussi chargés de la surveillance des frontières –, qui s’est soldée par six blessés et vingt-quatre prisonniers côté ukrainien. La suite est assez classique. La Russie accuse la marine ukrainienne d’avoir délibérément provoqué l’incident, sachant que ses navires seraient interceptés ; Kiev accuse Moscou d’agression caractérisée et souligne que ses trois navires ne se trouvaient pas, juridiquement, dans les eaux russes. Trois des marins ukrainiens faits prisonniers ont été exhibés à la télévision russe mardi, douze ont été condamnés à soixante jours de détention : là encore, le procédé est familier. Lire aussi Premières condamnations en Russie des marins ukrainiens capturés en mer Noire Voilà comment, cinq ans après le soulèvement de Maïdan, quatre ans et demi après avoir annexé la Crimée, puis déclenché dans la région frontalière de la Russie, le Donbass, une guerre que les experts appellent pudiquement « de basse intensité » mais qui a quand même fait 10 000 morts, Moscou a ouvert un troisième front dans son offensive contre l’Ukraine. Il s’agit cette fois, ni plus ni moins, d’annexer la mer d’Azov, bordée à la fois par l’Ukraine et la Russie et fermée par le détroit de Kertch, qui la sépare de la mer Noire. Etouffer la région ukrainienne à petit feu Cette évolution n’a pas surpris les observateurs attentifs de la situation à Mariupol, ville ukrainienne d’un demi-million d’habitants (dont 20 % de personnes déplacées) dont le port est situé sur la mer d’Azov. L’envoyé spécial du Monde, Benoît Vitkine, avait fourni une description détaillée, en octobre, de la manière dont l’étau russe se refermait sur les ports ukrainiens depuis la construction, illégale, du pont reliant la Crimée à la Russie, au-dessus du détroit de Ketch. Inauguré en mai par Vladimir Poutine au volant d’un camion, ce pont présente la particularité d’avoir juste ce qu’il faut de hauteur pour empêcher les navires de passer pour aller charger ou décharger dans les deux ports ukrainiens. La stratégie est claire : étouffer la région ukrainienne à petit feu en l’empêchant de s’approvisionner et d’exporter par la mer, d’autant plus que, à cause des combats dans la zone de conflit au nord de Mariupol, l’aéroport local est fermé et l’accès par la route compliqué.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/moscou-a-ouvert-un-troisieme-front-dans-son-offensive-contre-l-ukraine-en-mer-d-azov_5389832_3232.html
28/11/2018
Dans sa chronique, Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », relève que l’incident naval russo-ukrainien du 25 novembre n’est pas un accident. Il vise à montrer que la Russie est désormais maîtresse de la mer d’Azov.
economie
Jack Ma, l’homme le plus riche de Chine, est aussi membre du parti communiste
Jack Ma, fondateur d’Alibaba, le 26 octobre 2018. STR / AFP Jack Ma, fondateur d’Alibaba, est donc membre du Parti communiste. C’est Le Quotidien du peuple, l’organe du Parti communiste chinois, qui révèle cette information mardi 27 novembre en publiant une liste de 100 personnalités qui ont favorisé le processus de « réforme et d’ouverture » de la Chine. Le journal ne précise ni à quel moment l’homme le plus riche de Chine – sa fortune est estimée à 31 milliards d’euros – a adhéré au PCC, ni, bien sûr, le montant de sa cotisation. Cette révélation ne constitue qu’une demi-surprise. Jack Ma a beau avoir déclaré au forum de Davos en 2007 que sa « philosophie est d’aimer le gouvernement, mais de ne jamais me marier avec lui », sa proximité avec le parti ne faisait aucun doute. Lors de visites de dirigeants étrangers, un détour par le siège d’Alibaba est désormais presque aussi fréquent que ne l’était, naguère, une escapade à la Grande Muraille. Quelques libertés avec la règle Depuis 2000, le Parti communiste s’est ouvert aux capitalistes, « ce qui est une façon de les inclure, mais aussi de les contrôler », note le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’université baptiste de Hongkong. Surtout depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, président de la République et secrétaire général du parti. Désormais, les entreprises privées doivent être dotées d’une cellule du parti. Ce qui est le cas d’environ 75 % d’entre elles, y compris quand elles sont détenues par des étrangers. Dimanche 25 novembre, l’agence de presse officielle Chine Nouvelle a d’ailleurs rappelé que ces cellules du PCC doivent « guider et superviser l’entreprise afin qu’elle respecte scrupuleusement les lois et règlements nationaux ». Mais Jack Ma prend manifestement quelques libertés avec la règle. Dimanche, le South China Morning Post, ce quotidien de Hongkong racheté par l’homme d’affaires, publiait un article iconoclaste, critiquant la présence du parti au sein des entreprises, néfaste selon lui au pays, parce que, du coup, le secteur privé risque de se comporter comme le secteur public. Citant quelques patrons chinois qui avaient publiquement fait allégeance au parti, l’auteur concluait : « Les cellules du Parti communistes deviennent des amulettes contre les menaces politiques. » Manifestement, le South China Morning Post reste à l’abri de certaines pressions. Jusqu’à quand ? Jack Ma prend sa retraite en 2019.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/28/jack-ma-fondateur-d-alibaba-milliardaire-et-communiste_5389782_3234.html
28/11/2018
Le fondateur d’Alibaba déclarait en 2007 que sa « philosophie est d’aimer le gouvernement, mais de ne jamais [se] marier avec lui ».
blog-mediateur
« Le Monde des lecteurs » - Climat : les conséquences politiques
« C’est la planète qu’il faut rassurer, c’est la terre qu’il faut respecter davantage que les banques et les marchés. A quoi serviront des banques et des marchés en bonne santé dans une terre abîmée de façon irréversible ? » Philippe Wojazer / REUTERS Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. C’est peu dire que notre démocratie vit des heures difficiles. Impossible de rester indifférent et d’attendre tranquillement la suite des évènements. Un mouvement spontané de citoyens en colère, comme une vague impossible à canaliser, s’est levé dans toute la France. Les motifs de cette colère sont nombreux, diffus, différents d’une région à l’autre. Mais cette colère traduit un malaise général qui vient du profond de la société. Personne n’a vu venir ce mouvement de colère qui recueille l’adhésion d’une majorité de Français. Beaucoup d’observateurs veulent absolument l’identifier, lui coller une étiquette aux couleurs des extrêmes ou de casseurs. D’autres veulent imposer à ce mouvement le respect de règles propres à un syndicat, un parti. C’est refuser de voir la réalité de ce mouvement. Alors pour le discréditer, le couper de l’opinion on passe en boucle des images des dégâts sur les Champs-Elysées. En vain, et Paris n’est pas toute la France. Il faut condamner ces violences qui sont contraires à l’image pacifique de ce mouvement. Au départ, les taxes sur les carburants justifiées par la transition écologique. Des taxes qui frappent les plus modestes, confrontés à des fins de mois difficiles, et que l’on a encouragées pendant des décennies à acheter diesel. Et des taxes qui, chacun le sait, n’iront pas à l’écologie. Dès lors l’explosion de colère était prévisible. Une colère qui demande des réponses concrètes et rapides en termes de pouvoir d’achat et non des promesses de réunions dans le temps. Mais au-delà de cette légitime colère, il est une question qui me préoccupe depuis longtemps, et à laquelle le gouvernement ne répond pas. L’urgence climatique fait l’unanimité. Très bien. Mais quelles conséquences sur les priorités politiques, sur les choix économiques ? Franchement je n’en vois pas. Le dogme budgétaire est toujours d’actualité, la priorité est toujours le redressement des comptes publics, le respect des critères. La priorité est toujours de rassurer les banques et les marchés. Et pourtant, c’est la planète qu’il faut rassurer, c’est la terre qu’il faut respecter davantage que les banques et les marchés. A quoi serviront des banques et des marchés en bonne santé dans une terre abîmée de façon irréversible ? Et si on osait, si on avait le courage de s’affranchir du dogme budgétaire, de règles qui nous étranglent, obèrent notre avenir et nos marges financières. Nicolas Hulot a raison, il faut concilier les fins de mois et la fin du monde. Chiche !!!
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/11/28/le-monde-des-lecteurs-climat-les-consequences-politiques_5389773_5334984.html
28/11/2018
Pour Jacques Vuillemin concernant les défis de l’environnement Nicolas Hulot a raison, « il faut concilier les fins de mois et la fin du monde ».
international
Europe de la défense : Emmanuel Macron attend de nouvelles propositions
Emmanuel Macron, lors du sommet européen du 29 juin 2018, à Bruxelles. THIERRY ROGE / AFP Il a déjà remis une note d’étape à Emmanuel Macron, son rapport sera bouclé à la fin de l’année. Missionné par le président sur le sujet piégé de l’Europe de la défense, l’ancien secrétaire général pour la défense et la sécurité nationale, Louis Gautier (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde), suggère des décisions fortes. Sa mission s’achèvera en février 2019 après des consultations diplomatiques pour tester les idées retenues par l’Elysée. « En parlant d’armée européenne, Emmanuel Macron permet d’incarner le projet pour nos concitoyens, de secouer la technostructure, de pousser à la clarification des choix, car le moment de vérité arrive pour les Européens », indique-t-il. Tout l’inverse des petits pas symbolisés par « l’initiative européenne d’intervention » avancée par le même Macron en septembre 2017, un concept dit « pragmatique » d’échange stratégique – hors des cadres formels dédiés de l’Union européenne –, sur lequel la ministre des armées, Florence Parly, travaille. M. Gautier considère ce projet comme un pis-aller à court terme, le résultat tangible minimum dans la période de crise politique que connaît l’Europe. « Beaucoup sont déçus par les résultats opérationnels de la défense européenne dans les administrations, aux affaires étrangères comme à la défense. Ils pensent que le militaire restera toujours du ressort national ou de l’OTAN, et que l’Europe ne servira qu’à financer les équipements, note-t-il. C’est un non-sens, il ne peut y avoir de politique européenne de l’armement sans orientations militaires. » « Sortir par le haut » Isolé face à des partenaires tétanisés par Donald Trump dans l’OTAN, et essuyant des critiques en Allemagne sur le mauvais tempo de ses annonces, Emmanuel Macron voudrait « sortir par le haut » de l’ornière actuelle, assure M. Gautier. L’OTAN, affirme cet expert, est « historiquement dépassée » au sens où les attaques de la Russie restent délibérément sous le niveau qui déclencherait une riposte militaire, mais l’Alliance est « politiquement indépassable ». Selon lui, l’Europe de la défense doit donc s’entendre comme l’Europe de la sécurité : « Cela inclut la sécurisation des frontières de l’UE, et la prise en compte des nouvelles dimensions de la conflictualité, le cyber ou les risques de déstabilisation. » Son objet « doit être prioritairement de gérer des crises et de penser des opérations civilo-militaires dans l’environnement proche, les Balkans et la Méditerranée ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/europe-de-la-defense-emmanuel-macron-attend-de-nouvelles-propositions_5389767_3210.html
28/11/2018
Chargé d’une mission, Louis Gautier appelle à clarifier les choix français et justifie l’expression du président sur l’armée européenne.
politique
La Loire-Atlantique sera-t-elle bientôt bretonne à nouveau ?
Nantes, le 23 novembre 2017. LOIC VENANCE / AFP La revendication est ancienne. Ceux qui la portent sont nombreux. Et pourtant elle a fort peu de chances d’être satisfaite. Cent mille personnes ont pourtant signé une pétition défendue par l’association Bretagne réunie en faveur du rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne, présentée mardi 27 octobre au président du département, Philippe Grosvalet. Représentant un dixième du corps électoral de Loire-Atlantique, les signataires ont été mobilisés, dans la rue ou lors d’événements sportifs et culturels par des centaines de bénévoles depuis les élections présidentielles et législatives de 2017 afin de faire valoir le droit d’option de la population du département. Obtenir un référendum Ce dispositif effectif jusqu’au 1er mars 2019 permet aux départements de changer de région. En atteignant le seuil de 10 %, les signataires obligent le conseil départemental à inscrire à l’ordre du jour de sa prochaine session la possibilité d’organiser un référendum sur la question. « C’est la seule solution qui existe au niveau légal », a fait valoir Romain Bily, secrétaire général de Bretagne réunie. « Nous ne pouvons pas ignorer une démarche d’une telle ampleur et je prends acte de la mobilisation citoyenne qui s’exprime à travers cette pétition », a déclaré dans un communiqué le président du département, Philippe Grosvalet, après avoir reçu des représentants de Bretagne réunie. Une Loire-Atlantique bretonne a cependant peu de chances de voir le jour. Le conseil départemental a toute liberté de décider de ne pas organiser cette consultation, et même si elle avait lieu et si la population se prononçait favorablement, il faudrait encore que les assemblées des trois entités concernées, à savoir le département de Loire-Atlantique, la région Pays de la Loire, à laquelle la Loire-Atlantique appartient actuellement, et la région Bretagne, votent à la majorité des trois cinquièmes pour que le rattachement soit effectif. « Une blessure » M. Bily de l’association Bretagne réunie reconnaît en effet que la requête revient à « demander à la région Pays de la Loire de scier la branche sur laquelle elle est assise », car la Loire-Atlantique est son département le « plus riche économiquement, le plus peuplé ». Il estime cependant que si un oui l’emportait en cas de consultation, l’Assemblée nationale et le sénat interviendraient en faveur du rattachement. « La Bretagne a gardé ses frontières pendant mille deux cents ans », a-t-il affirmé à l’Agence France-Presse. Selon lui, l’appartenance de la Loire-Atlantique à la Bretagne « est tellement une évidence, que pour nous c’est une blessure qu’on ressent de s’entendre dire “non, tu n’es pas breton” ». La Loire-Atlantique a été séparée de la Bretagne en 1941 par décret du gouvernement de Vichy. A la fin de septembre, plus d’un millier de personnes avaient manifesté à Nantes, le chef-lieu de la Loire-Atlantique, à l’appel de la Coordination démocratique de Bretagne, qui regroupe plusieurs associations mais dont ne fait pas partie Bretagne réunie. Elles réclament pour leur part l’organisation d’un référendum organisé de manière autonome pour la « réunification de la Bretagne ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/28/la-loire-atlantique-sera-t-elle-bientot-bretonne-a-nouveau_5389743_823448.html
28/11/2018
Une pétition réunissant les signatures d’un dixième des électeurs du département demande son rattachement à la Bretagne, une revendication ancienne qui a toutefois peu de chances d’aboutir.
economie
Avec l’affaire Ghosn, les équilibres fragiles de l’Alliance Renault-Nissan
Un grand écran diffuse un reportage sur Carlos Ghosn, à Tokyo, le 22 novembre. KAZUHIRO NOGI / AFP C’est une nouvelle ère qui s’ouvre entre Renault, Nissan et Mitsubishi. Jeudi 29 novembre, Thierry Bolloré, le nouveau directeur général délégué de Renault, doit échanger avec Hiroto Saikawa, le nouvel homme fort de Nissan, et Osamu Masuko, le patron de Mitsubishi, à l’occasion du comité exécutif de l’Alliance Renault-Nissan, qui se tient à Amsterdam. Dix jours à peine après l’arrestation de Carlos Ghosn pour des soupçons de malversations financières, les trois dirigeants doivent évoquer l’évolution de l’alliance, notamment la coentreprise néerlandaise (RNBV) détenue par Renault et Nissan, qui réunit depuis le début du siècle les constructeurs français et japonais. Sur LCI, mardi 27 novembre, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, a déjà prévenu : « Dans la gouvernance, il est prévu que le directeur général de Renault soit le président de l’alliance. Cette règle ne doit pas changer. » Et pas question de toucher aux accords liant toutes les parties. « Il y a aujourd’hui un partage qui me paraît le bon, il y a un équilibre qui est le bon. Il y a des participations croisées entre Renault et Nissan qui ne doivent pas changer », a assuré M. Le Maire. INFOGRAPHIE LE MONDE Avec les déboires judiciaires de son fondateur, l’alliance qui a permis aux constructeurs de réaliser ensemble plus de 5,7 milliards d’euros de synergies et de devenir le premier groupe automobile mondial, avec 10,6 millions de véhicules vendus en 2017, est bien plongée en pleine crise. Si les trois sociétés et les pouvoirs publics français et japonais soutiennent cette alliance industrielle atypique, ses règles de fonctionnement semblent remises en question. Depuis l’incarcération de M. Ghosn, les dirigeants de Nissan exigent des évolutions. L’un de ses responsables a même lâché à la presse nippone : « Nous devons revenir à l’idée originale d’une relation gagnant-gagnant. » De quoi parle-t-on ? En 1999, quand Renault apporte 5 milliards d’euros pour reprendre et redresser Nissan, perclus de 20 milliards d’euros de dettes, une décision est prise par Louis Schweitzer, alors PDG. « Renault s’est engagé à devenir l’actionnaire de référence, tout en préservant Nissan et en mettant en place un système complexe permettant au constructeur japonais de rester autonome, rappelle un bon connaisseur du dossier. C’est une ambiguïté fondamentale de la situation actuelle. » « Ressentiment » Aujourd’hui, note l’économiste Bernard Jullien, spécialiste du secteur automobile à l’université de Bordeaux, « voir Mitsubishi, détenu à 34 % par Nissan, faire ce que lui demande son actionnaire de référence apparaît tout à fait normal, tandis que Renault, qui détient pourtant 43 % de Nissan, ne peut rien lui dire ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/28/entre-renault-et-nissan-des-equilibres-mouvants_5389739_3234.html
28/11/2018
Avec l’affaire Ghosn émerge une revendication japonaise, à savoir la révision des termes de l’alliance. Une requête que le gouvernement français n’entend pas satisfaire.
culture
Arts : le Japon préhistorique cultive son mystère
« Vénus Jômon » en terre cuite haute de 27 centimètres, Jômon moyen (-3000 – -2000). Chino City, Nagano On l’avait découverte il y a vingt ans à la Maison de la culture du ­Japon, à Paris. A peine haute de trente centimètres, cette statuette en terre cuite aux hanches généreuses en forme de cœur inversé, aux seins minuscules, au ventre arrondi et aux yeux bridés, était l’une des pièces vedettes de l’exposition « Jomon, l’art du Japon des origines ». On la retrouve aujourd’hui, cette Vénus Tanabatake, dans ce même lieu du 15e arrondissement, au cœur de la nouvelle exposition consacrée à l’art des premiers habitants de l’archipel nippon. Une soixantaine d’œuvres – figurines ­anthropomorphes (« dogu ») en argile cuite, jarres, masques, bijoux –, dont plusieurs classées « trésor national », ont été réunies sous vitrine dans une scénographie sobre et élégante. Elles témoignent de la culture et de la spiritualité d’une civilisation préhistorique qui vécut sur l’Archipel de 13 000 à 400 avant notre ère. Une civilisation pacifique et prospère de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs vivant dans des villages, mais ne pratiquant ni l’élevage ni l’agriculture, contrairement aux populations du néolithique, leur environnement étant suffisamment riche en châtaignes, glands, cerfs et sangliers. « C’est à partir du moment où le ­Japon connaît les quatre saisons, à la fin de l’ère glaciaire, que cette civilisation se développe et que sa culture s’enrichit », explique ­Masayuki Harada, commissaire de l’exposition, pour qui cette période s’apparente à une sorte de paradis. La poterie y apparaît bien plus tôt qu’en Europe, et affiche un degré de sophistication étonnant pour l’époque. Les céramiques les plus récentes (– 3 000, – 2 000) révèlent un vrai souci artistique Les céramiques les plus anciennes, présentées dans l’exposition, sont des jarres à fond conique au décor sobre, réalisé au doigt, avec des bambous, puis plus tard à l’aide de cordes, technique qui a donné son nom à la période (jo signifiant « corde » en japonais, et mon « motif »). Les plus récentes (– 3 000, – 2 000), à fond plat, révèlent un vrai souci artistique, telle cette jarre en terre cuite à motifs en relief, dont le col est garni d’un décor flamboyant en forme de flammèches. « Ces objets témoignent de l’esthétique préhistorique la plus sophistiquée que l’on ­connaisse », précise le commissaire. Une autre, datant du Jomon moyen (–3 000, – 2 000), porte sur son flanc une figurine masculine, et la bordure de son col est perforée, laissant supposer l’existence d’un couvercle en peau maintenu par une corde. « J’aime particulièrement cette œuvre, dit Hiromasa Ide, conservateur au Musée national de Tokyo, qui a prêté plusieurs pièces. Elle fut peut-être utilisée comme instrument de musique, ce qui collerait avec l’allure dansante du personnage. Mais on peut aussi imaginer que cette jarre servit à conserver du vin, la gaieté de l’individu traduisant alors une certaine ébriété ! »
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/11/28/arts-le-japon-prehistorique-cultive-son-mystere_5389733_3246.html
28/11/2018
Une exposition à la Maison de la culture du Japon témoigne de l’art sophistiqué de la période Jomon.
idees
« Le débat sur l’enseignement de SES doit s’inscrire dans une logique professionnelle et non idéologique »
« La part des élèves en terminale ES dans l’ensemble des élèves en terminale générale et technologique a crû passant de 22,44 % en 2010 à 24,26 % en 2017. » Daniel Thierry / Photononstop Tribune. Les projets de programmes de sciences économiques et sociales (SES) pour les classes de seconde et de première ont été rendus publics. Des voix s’élèvent depuis chez certains enseignants ou universitaires pour les dénoncer. Certains d’entre eux, dont Thomas Piketty et Christian Baudelot, ont cosigné une tribune dans Le Monde du 21 novembre pointant le risque de marginalisation des SES au lycée. L’intention est probablement louable, mais le contenu est dévastateur pour les SES. Enseigner le marché, c’est faire l’apologie du marché ! Une telle critique n’est pas fondée. Sur les trois chapitres en question, deux portent sur les imperfections de la concurrence et les défaillances du marché Pour les auteurs de cette tribune, les projets de programmes « évacuent les sujets qui fâchent » : chômage structurel, inégalités, etc. A ce stade, la prudence devrait s’imposer pourtant, car on ne connaît qu’un peu moins de 50 % du contenu des futurs programmes de lycée. Depuis quelques semaines Philippe Aghion, qui copréside le groupe d’experts chargé d’écrire les programmes, martèle d’ailleurs dans les médias que nombre de ces thèmes seront présents dans le programme de terminale qui sera connu en 2019. Ces projets sont aussi décrits comme « largement idéologiques », car trois chapitres de science économique portent sur le marché. L’affaire est entendue : enseigner le marché, c’est faire l’apologie du marché ! Une telle critique n’est pas fondée. Sur les trois chapitres en question, deux portent sur les imperfections de la concurrence et sur les défaillances du marché. Il faut donc une certaine dose de mauvaise foi pour dire qu’il s’agit là d’une apologie du libéralisme quand les deux tiers des développements consacrés au marché montrent les limites de la coordination marchande. Compréhension du marché indispensable Au passage, assimiler le programme de recherche néoclassique au libéralisme est une erreur que l’on n’accepte pas d’un élève de première ES. Le premier item de ce thème invite, en outre, à l’étude du marché en tant qu’institution, c’est-à-dire à montrer qu’il n’est pas un mode « naturel » de coordination. On ne peut réfléchir de façon critique à une institution que si l’on connaît son mode de fonctionnement. Ceci étant dit, toute critique sur cette question n’est pas nécessairement infondée.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/le-debat-sur-l-enseignement-de-ses-doit-s-inscrire-dans-une-logique-professionnelle-et-non-ideologique_5389725_3232.html
28/11/2018
Dans une tribune au « Monde », un collectif d’enseignants de sciences économiques et sociales (SES) estime que les critiques des universitaires adressés aux nouveaux programmes de sciences économiques et sociales sont biaisées et négligent les questions de didactique.
afrique
Le président gabonais Ali Bongo « poursuivra sa convalescence » au Maroc
Ali Bongo Ondimba, le président gabonais, à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 29 janvier 2018. TIKSA NEGERI / REUTERS Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, hospitalisé depuis le 24 octobre à Riyad, doit quitter la capitale saoudienne mercredi 28 novembre pour Rabat, la capitale marocaine, « pour poursuivre sa convalescence », a annoncé mardi son épouse, Sylvia, sur sa page Facebook. « Mercredi 28 novembre (…), Ali Bongo Ondimba, mon époux, quittera l’hôpital du roi Fayçal de Riyad en Arabie saoudite », a écrit Mme Bongo, en ajoutant qu’il arriverait le même jour « à Rabat ». Lire aussi Ali Bongo absent, le Gabon évite la vacance du pouvoir Mme Bongo Ondimba a souligné qu’elle et son mari tenaient « avant toute chose à exprimer » leur « profonde gratitude à l’endroit des autorités saoudiennes et du corps médical ». « Pour poursuivre sa convalescence, le président, en concertation avec sa famille proche, a fait le choix d’accepter la proposition d’accueil de son frère, Sa Majesté le roi du Maroc Mohammed VI. Nous lui en sommes extrêmement reconnaissants », a communiqué Sylvia Bongo. Elle a précisé que ce transfert de Riyad à Rabat avait « été rendu possible grâce à l’amélioration très significative » de l’état de santé de son mari. Le président Bongo compte « mettre à profit cette brève période de convalescence pour recouvrer ses pleines capacités physiques, ainsi que pour travailler sur les dossiers les plus prioritaires » du Gabon, selon sa femme. La période de convalescence pourrait durer quelques semaines, voire quelques jours, selon une source officielle de la présidence. « Une prise en charge médico-chirurgicale » « Dès demain, ou au plus tard jeudi », plusieurs officiels, dont le directeur de cabinet, le secrétaire général, le chef du protocole ou encore le porte-parole de la présidence, se déplaceront à Rabat, a ajouté cette source. Le président gabonais et le roi du Maroc, Mohammed VI, sont très proches depuis leur enfance. Depuis l’hospitalisation, le 24 octobre, du président Bongo en Arabie saoudite, la présidence gabonaise n’avait communiqué officiellement qu’à deux reprises. D’abord le 28 octobre pour annoncer que le président avait été admis à l’hôpital du roi Fayçal à Riyad à la suite d’un malaise dû à « une fatigue sévère », consécutive à « une très forte activité ces derniers mois ». Puis le 11 novembre pour dire que le président Bongo était « en phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques », reconnaissant ainsi de manière implicite la gravité de son état de santé. Citant les médecins qui soignent le chef de l’Etat, le porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni, avait évoqué « un saignement justifiant une prise en charge médico-chirurgicale en secteur hautement spécialisé ». M. Ngouoni n’avait cependant pas précisé le mal dont souffrait le chef de l’Etat. Quelques jours auparavant, une source étrangère proche du président Bongo avait affirmé à l’Agence France-Presse qu’il avait « eu un AVC » (accident vasculaire cérébral), cause de son hospitalisation.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/28/le-president-gabonais-ali-bongo-poursuivra-sa-convalescence-au-maroc_5389715_3212.html
28/11/2018
A la suite d’un accident vasculaire cérébral, Ali Bongo Ondimba était hospitalisé depuis le 24 octobre à Riyad, en Arabie saoudite.
musiques
Art : les Schwarz-Bart, de lettres et de notes
Simone et Jacques Schwarz-Bart en concert les 28 et 29 novembre à Metz, les Trinitaires. Compositeur, saxophoniste, Jacques Schwarz-Bart a présenté, le 4 novembre,son nouvel album, Hazzan (Enja) à l’Ermitage (Paris 20e). Album dédié à son père, André Schwarz-Bart (1928-2006), auteur du Dernier des justes (Points, 1996, prix Goncourt 1959), considérable succès, vite objet de polémiques des deux bords : chrétiens et sionistes intégristes. Lourdement marqué par la Shoah (ses parents et deux de ses frères, déportés, ne reviendront pas), engagé dans la Résistance et torturé à Limoges, André Schwarz-Bart en sera meurtri. Avec sa femme, Simone (née Brumant, guadeloupéenne), il sera l’objet de nouvelles attaques en publiant Un plat de porc aux bananes vertes (Points, 2015), récit d’exils en miroir – antillais et juif – à quatre mains. Ils s’installent en Guadeloupe. Vivent à l’écart de la vie littéraire. En 1989, leur encyclopédie en sept volumes, Hommage à la femme noire (Editions consulaires), célèbre les figures absentes de l’historiographie convenue. Dans ce théâtre complexe, vital, douloureux, Jacques, leur fils, est un cas. Lire aussi la critique : Histoire d’un livre. La parole retrouvée de Simone et André Né le 22 décembre 1962, aux Abymes (Guadeloupe), celui-ci mène sa barque avec autant de détermination que d’autorité souriante. Il n’a rien oublié des tambours qui rythment les nuits de sa petite enfance. Quelques années après, en Suisse, il découvre le jazz par la discothèque d’un ami de son père. En scène, près d’un demi-siècle plus tard, ses petits laïus affichent une sérénité drolatique. Diplômé de Sciences Po, attaché parlementaire, Jacques Schwarz-Bart balance cette réussite pour apprendre le saxophone A l’Ermitage, dès qu’il lance l’affaire avec son quartette (Gregory Privat, piano, Arnaud Dolmen, batterie, et Stéphane Kerecki, contrebasse), c’est une tornade parfaitement réglée, fougue et mesure, incantations, finesse… Beaucoup d’enfants dans la salle, familles antillaises qu’on ne voit pas toujours en club de jazz, mélanges et promesses. Avec son « physique trapu et son teint olivâtre » (c’est lui qui parle), il occupe une place à part dans le Dictionnaire amoureux du jazz, de Patrice Blanc-Francard (Plon, 652 pages, 24 euros). Diplômé de Sciences Po, attaché parlementaire, Jacques balance cette réussite pour apprendre le saxophone. Il est âgé de 24 ans. Intègre la prestigieuse Berklee College of Music, pratique les arts martiaux, s’impose à New York en se mêlant de tous les bœufs, se fait admettre et devient pour la communauté des musiciens, « Brother Jack ».
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/11/28/art-les-schwarz-bart-de-lettres-et-de-notes_5389699_1654986.html
28/11/2018
Metz rend hommage à André, l’écrivain, en présence de son épouse Simone, auteure, et de leur fils Jacques, compositeur et saxophoniste
international
Chine : un photojournaliste disparaît après une interpellation dans la région du Xinjiang
Lu Guang au festival international de photographie de Pingyao, le 20 septembre 2014. CHINA STRINGER NETWORK / REUTERS C’est une nouvelle disparition de journaliste. Une de plus au Xinjiang, cette région de l’ouest de la Chine où la domination implacable imposée par la République populaire aux membres de la minorité ouïgoure se traduit par une surveillance étroite de la population et par la mise en place d’un réseau de camps d’internement, dénoncée récemment par des organisations de défense des droits de l’homme. Mercredi 28 novembre, Xu Xiaoli, épouse du photojournaliste chinois Lu Guang a annoncé depuis les Etats-Unis à l’Agence France-Presse (AFP) être sans nouvelle de son mari après qu’il a été interpellé dans cette région. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Chine, l’intelligentsia ouïgoure ciblée par une purge sans précédent Photographe récompensé à l’étranger D’après Mme Xu, le photographe, qui a le statut de résident américain, a été arrêté par la sécurité d’Etat alors qu’il voyageait en tant que touriste au Xinjiang. Il aurait ensuite été emmené de force dans la ville de Kashgar, ce qu’elle affirme s’être vu confirmer par la police de Yongkang, la ville natale de Lu Guang, dans l’est du pays. L’ambassade des Etats-Unis à Pékin est « vivement préoccupée par les informations faisant état de la détention du photojournaliste Lu Guang par les services de sécurité chinois », a-t-elle annoncé dans un communiqué. « Nous continuons d’exhorter la Chine à permettre à tous les individus d’exprimer leurs opinions sans crainte de représailles et aux journalistes de faire leur travail sans ingérence », a ajouté l’ambassade. En vingt-cinq ans de carrière, le photographe a reçu de nombreuses récompenses, notamment un prix du World Press Photo, en 2004, pour son travail sur les villages chinois dont des habitants avaient été contaminés par le virus du sida à la suite de prises de sang rémunérées. Interrogée par l’Agence France-Presse, la police de Yongkang a dit tout ignorer de ces informations. Les services de communication de la région du Xinjiang ne pouvaient être joints et la police de la ville de Kashgar a raccroché après avoir entendu que l’appel provenait de l’agence de presse française. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Xinjiang, en Chine, sur la trace des Ouïgours disparus
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/chine-un-journaliste-disparait-apres-une-interpellation-dans-la-region-du-xinjiang_5389690_3210.html
28/11/2018
Lu Guang, résident américain, dont le travail est largement reconnu au niveau international, a été interpellé par la sécurité d’Etat dans cette province musulmane soumise à un régime de surveillance drastique.
implant-files
« Implant Files » : quand le patient ignore servir de cobaye pour une prothèse de hanche
Vitrine avec prothèses au stand Ceraver pendant le congrès de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot) en novembre 2018 au Palais des Congrès à Paris. Nicola Lo Calzo pour Le Monde Daniel Blanquaert n’est ni médecin ni chirurgien, mais, chaque jour, depuis son bureau de Roissy d’où il voit décoller les avions, il se rêve en cador des blocs opératoires. Le PDG de Ceraver, dont les prothèses de hanche, de genou et d’épaule made in France ont plutôt bonne réputation, est certain, en ce printemps 2011, que sa nouvelle prothèse de hanche, l’« Actisurf », mise au point par une chercheuse du CNRS avec laquelle il s’est associé, va révolutionner la médecine. Terminées les reprises d’opération pour cause d’infection. Pour la première fois, un moyen a été trouvé pour que les bactéries, ces bêtes noires des chirurgiens, ne collent pas à la tige implantée dans le corps du patient. Les études réalisées sur des lapins sont bonnes, les greffes sur les brebis concluantes, lui a expliqué la professeure Véronique M., du laboratoire de Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis. Voilà plus de vingt ans que cette ingénieure en matériaux travaille à recouvrir une prothèse en titane d’un film antibactérien. Une fois les derniers tests sur animaux effectués, les essais cliniques sur l’homme vont pouvoir débuter. Mais le patron de Ceraver ne l’entend pas de cette oreille. Ses concurrents américains et européens lorgnent sur le brevet, il ne faut pas traîner. Daniel Blanquaert sait déjà à qui il va proposer une première mondiale : au professeur Alain Lortat-Jacob, le pape des infections ostéo-articulaire, longtemps chef de service de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt. Son nom, associé à celui de l’entreprise, c’est le succès assuré. Lorsque Daniel Blanquaert l’a appelé pour lui dire qu’« il serait bien qu’[il] pos[e] la première » prothèse, le chirurgien s’est bien douté « que sur le plan administratif, ça frottait un peu sur les bords », a-t-il reconnu au cours de son audition devant les enquêteurs, dont Le Monde a pris connaissance. Mais il a « la certitude » que les patients ne courent aucun risque. Il y a juste un détail : il part bientôt à la retraite, il faut donc faire vite. Des essais cliniques sauvages Cette contrainte d’agenda, ajoutée à l’impatience du fabricant, va transformer l’histoire en affaire judiciaire. En février 2013, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), reçoit la lettre anonyme d’un salarié de Ceraver qui dénonce des essais cliniques sauvages, réalisés dans le dos des patients et livre aussi une longue liste de prothèses commercialisées par Ceraver sans marquage CE (conformité européenne) depuis plus de cinq ans.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/28/quand-le-patient-ignore-servir-de-cobaye-pour-une-prothese-de-hanche_5389686_5385406.html
28/11/2018
Le laboratoire Ceraver a mené des essais cliniques illégaux en implantant une prothèse de hanche d’un nouveau type, censée annihiler les infections post-opératoires.
cinema
« Gutland » : sous les sillons, de vilains secrets
Frederick Lau dans « Gutland », de Govinda Van Maele. DÉJÀ-VU FILM / NEXT FILM DISTRIBUTION L’avis du « Monde » – on peut éviter On pourrait appeler cela de l’exotisme de proximité. Autour de la ville de Luxembourg s’étend la campagne du Grand-Duché. On y élève des vaches, récolte des céréales, parle un dialecte allemand aux sonorités presque extraterrestres et cache de vilains secrets. Toutes choses que les ignorants apprendront en voyant Gutland. Mais cette richesse d’informations ne suffit pas à faire de ce premier long-métrage de fiction un film recommandable, même si l’on ajoute la présence de Vicky Krieps, qu’on a vue tenant tête à Daniel Day Lewis dans Phantom Thread, de Paul Thomas Anderson, dans le premier rôle féminin. Drame paysan un peu désuet Le premier rôle masculin revient à l’acteur allemand Frederick Lau qui joue un gangster en cavale. Celle-ci le mène jusqu’à une ferme luxembourgeoise où il se fait embaucher comme journalier. Logé dans une caravane, il tente de garder un profil bas, mais ne peut s’empêcher de conter fleurette à la beauté locale (Vicky Krieps). Tout cela ressemble à un drame paysan un peu désuet jusqu’à ce que le film prenne un tour fantastique (une espèce de version vériste de Get Out par laquelle le truand est métamorphosé en bon gars de la campagne), virage que le réalisateur ne peut maîtriser. C’est alors l’accident, inévitable. La vraisemblance conventionnelle de la première moitié de Gutland vire au ridicule et l’outrance ne suffit pas à dissiper l’ennui. Film allemand, belge et luxembourgeois de Govinda Van Maele. Avec Vicky Krieps, Frederick Lau, Marco Lorenzini (1 h 47). Sur le Web : nextfilmdistribution.com
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/11/28/gutland-sous-les-sillons-de-vilains-secrets_5389646_3476.html
28/11/2018
Dans la campagne luxembourgeoise, Govinda Van Maele tente d’installer un hybride de film noir et de fantastique, sans grand succès.
sante
Bien-être au travail : les salariés sont de plus en plus nombreux à renoncer à leurs arrêts maladies
Travailler à tout prix, quitte à se rendre (encore plus) malade. D’après une étude menée par l’assureur Malakoff Médéric et dont les résultats ont été publiés mardi 27 novembre par Le Parisien, les salariés français sont de plus en plus nombreux à faire ce choix et ce, alors même que le nombre d’arrêts maladies prescrits par les médecins augmente. Le paradoxe a de quoi surprendre. D’après les résultats issus de l’analyse par la compagnie d’assurance des données de deux millions de ses assurés du secteur privés et d’un sondage réalisé en mai 2018 auprès de 5 000 salariés, les arrêts maladies augmentent en nombre et en longueur. Quarante-deux pour cent des personnes interrogées ont ainsi déclaré s’être vu prescrire un arrêt maladie au cours de l’année précédent le sondage. Ce chiffre a connu une hausse d’un point sur un an. On observe par ailleurs une augmentation de 10 % des interruptions de travail de plus de trente jours entre 2012 et 2016. La productivité affectée Or si les salariés du privé vont moins bien, ils renoncent de manière croissante à se soigner. D’après l’étude 23 % des arrêts maladies prescrits n’ont pas été respecté, ce qui représente quatre points de plus qu’il y a un an. Les plus touchés sont les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, secteur ou près d’un tiers des arrêts ne sont pas suivis. Le chiffre atteint près de la moitié des arrêts maladies concernant les directeurs généraux ou les présidents d’entreprises. Signe des pressions ressenties par les personnes concernées, ce renoncement aux arrêts maladies est pourtant considéré par la moitié des personnes interrogées comme nuisant à leur productivité ou à la qualité de leur travail, voire à leur état de santé, provoquant dans certains cas des rechutes et le prolongement de leur maladie.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/11/28/bien-etre-au-travail-les-salaries-sont-de-plus-en-plus-nombreux-a-renoncer-a-leurs-arrets-maladie_5389642_1651302.html
28/11/2018
Alors que le nombre de salariés arrêtés pour des raisons de santé augmente, ils sont aussi plus prompts à ne pas respecter la prescription de leurs médecins.
idees
Télécoms : « Le périmètre des opérateurs est régulièrement débattu et revu dans une chaîne de valeur du numérique en rapide évolution »
Tribune. La chronique du petit monde des télécommunications en Europe est depuis plusieurs mois alimentée par les batailles livrées autour de Telecom Italia. Le premier opérateur d’Italie est pris en tenaille entre le gouvernement de Rome et la guerre que se livrent Vivendi et le fonds activiste Elliott Advisors. Le résultat probable sera la convergence des intérêts d’Elliott et du gouvernement dans un démembrement de Telecom Italia : vente de plusieurs filiales et fusion de tout ou partie de son infrastructure fixe avec le réseau en fibre optique que le gouvernement Renzi avait lancé en s’appuyant sur la Caisse des dépôts italienne et Enel. Derrière cette affaire qui devrait encore connaître bien des soubresauts, il n’y a pas que des caractéristiques spécifiques à l’Italie et à la situation difficile de Telecom Italia, en proie à une guerre d’actionnaires, à un endettement trop lourd qui l’a conduit à supprimer les dividendes, à des retards dans le déploiement de la fibre et à une concurrence toujours intense après la fusion des opérateurs Wind et Tre en 2017, qui a permis l’entrée sur le marché italien du français Iliad. Comme cela a été souvent souligné, l’ensemble des opérateurs européens sont tiraillés entre les injonctions des politiques pour investir massivement dans la fibre et la 5G pour une couverture exhaustive des territoires, et les contraintes d’une concurrence aiguë. La croissance – quand elle revient – reste très faible et les marchés, qui ne voient plus de perspectives dans ce secteur, ne cessent de tirer l’indice de valorisation des « telcos » vers le bas, même quand leurs résultats s’améliorent. Abondance de liquidités Dans cette affaire, le plus navrant est que des banques et des consultants vont y voir l’illustration de leur thèse préférée : les opérateurs doivent se débarrasser de leurs infrastructures pour s’alléger des contraintes réglementaires, retrouver de l’agilité et être reconnus pleinement par les marchés comme des valeurs de la « tech ». Ce modèle est défendu quand bien même les rares mises en œuvre (Australie, Nouvelle-Zélande, Singapour et la République tchèque) ne concernent pas les leaders du secteur, sont très disparates dans leurs caractéristiques et… peu convaincantes dans leurs résultats. Bien sûr, il y a aujourd’hui beaucoup de liquidités qui alimentent des fonds spécialisés prêts à investir dans certains actifs télécoms, identifiés comme assurant des rendements réguliers, peu risqués et aux caractéristiques proches de ce que l’on peut trouver dans les infrastructures en général ou l’immobilier d’entreprise. On a vu ainsi ces dernières années les opérateurs mobiles en Asie, aux Etats-Unis et depuis peu en Europe, céder en partie ou en totalité leurs points hauts (pylônes et sites d’antennes) à des sociétés spécialisées.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/telecoms-le-perimetre-des-operateurs-est-regulierement-debattu-et-revu-dans-une-chaine-de-valeur-du-numerique-en-rapide-evolution_5389622_3232.html
28/11/2018
Pour l’ingénieur Yves Gassot, les tractations autour de Telecom Italia dessinent l’évolution à venir des entreprises de téléphonie mobile face aux géants du Net et aux mutations technologiques.
idees
« Modifier la loi de 1905 afin de mieux accompagner les associations religieuses musulmanes »
Tribune. Tout d’abord, ne confondons pas la laïcité et la loi de 1905. L’Etat était déjà laïque avant la loi de 1905. Avec elle, il n’est pas devenu plus laïque, mais seulement un peu moins sacristain, faisait remarquer le grand spécialiste Emile Poulat, qui rappelait aussi que cette loi a été déjà aménagée ou modifiée cinquante fois, voire plus. En effet, le mot laïcité, comme liberté, fraternité, justice, évoque un principe qui n’est défini par aucun texte. Certains l’utilisent comme une formule sacrée qu’il suffit d’évoquer pour tout dire ou dissuader de toute discussion sur la place des religions dans notre société. Une potion magique dont, d’ailleurs, aucun livre ne donne la recette. Par contre, notre laïcité française est plus claire juridiquement. Sa traduction au niveau du droit est représentée par la loi de 1905. L’autre régime est celui du Concordat, un droit local qui s’applique à l’Alsace-Moselle, sans parler du cas des DOM. Ce ne sont pas pour autant des territoires hors de la République, qui est une, indivisible et laïque. La laïcité est partout mais avec des formes juridiques différentes : une dans son essence, mais plurielle dans ses expressions et applications juridiques. Anachronique Autrement dit, si la laïcité est un principe invariable, la loi de 1905, elle, est censée être dynamique, comme toute loi attentive à l’évolution de la société. Parler de faire évoluer cette loi est une chose, demander de toucher à la laïcité en est autre. De la deuxième idée, il n’est pas question. Aussi le Concordat ne doit-il pas non plus être un tabou. Ce n’est pas normal que la deuxième religion de France soit exclue des avantages octroyés aux quatre autres cultes reconnus. Tout cela paraît quelque peu anachronique. En effet, il est question ici d’un autre principe fondateur de la République, celui de l’égalité. Cette égalité doit s’appliquer aux différents cultes. Ils doivent être égaux ; ce qui n’est pas le cas pour le régime du Concordat. La laïcité n’est pas une catégorie comme les autres, c’est la catégorie au sein de laquelle s’exprime le pluralisme des convictions à la condition de ne pas troubler l’ordre public établi par la loi. Elle protège les religions qui peuvent revendiquer et dire ce qu’elles veulent tant qu’elles ne prétendent pas dire et faire la loi. Renforcer la laïcité c’est la rendre actuelle en répondant à la nouvelle situation religieuse La laïcité est la branche sur laquelle tout le monde est assis. Il faut la renforcer et non l’affaiblir. Et la renforcer, c’est la rendre actuelle en répondant à la nouvelle situation religieuse. L’islam, religion aujourd’hui de nombreux citoyens français, n’était pas présent dans l’Hexagone ni à l’époque du Concordat ni à l’époque de la loi de 1905 comme il l’est aujourd’hui, et dans une situation géopolitique d’insécurité que l’on sait.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/modifier-la-loi-de-1905-afin-de-mieux-accompagner-les-associations-religieuses-musulmanes_5389621_3232.html
28/11/2018
La dimension sécuritaire ne doit pas être la seule ambition du gouvernement, de même que la modification de la loi doit concerner l’islam comme les mouvements évangéliques et les témoins de Jehovah, qui se développent de manière exponentielle aujourd’hui en France, explique Tareq Oubrou, imam de Bordeaux.
sciences
La stratégie du président,« Ma santé 2022 », n’est pas un plan de santé durable
Tribune. Ce qu’a présenté le président de la République, en septembre, est moins un plan portant sur le système de santé pour les cinquante prochaines années qu’une série de mesures d’urgence, assorties de quelques perspectives encourageantes et d’une reformulation de mesures déjà prises, manquant de cohésion. Il est nécessaire et possible de faire mieux rapidement. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous estimons indispensables les démarches suivantes. Promouvoir l’équité entre les territoires. Cette dimension, traitée dans « Ma santé 2022 », mérite une dynamique plus volontariste. Elle passe par une priorité accordée à des structures régionales polyvalentes de prévention précoce et à la mobilisation des observatoires régionaux de santé (ORS), en lien avec les agences régionales de santé (ARS) et les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Il nous manque en effet un plan d’ensemble, élaboré conjointement par les services de l’Etat, les collectivités territoriales, les établissements de soins et scolaires, les syndicats patronaux et ouvriers, les associations de patients et de protection de l’environnement. Un Grenelle de la santé, en quelque sorte. Améliorer fortement la prévention en santé/environnement. Adopter le concept d’« une seule santé » sera un grand progrès, pour faire comprendre aux acteurs de soins, à la population et aux responsables politiques qu’il ne peut y avoir de prévention efficiente sans prendre en compte l’environnement. Cela implique la responsabilisation des entreprises industrielles et commerciales et des médias. Mettre en action un programme de prévention à tout âge : pour les enfants, au domicile et à l’école ; les adultes, sur le lieu de travail, avec une médecine du travail renforcée et indépendante ; les sujets âgés, au domicile et en « institution », avec un programme de réforme des établissements médico-sociaux. Mettre pleinement en œuvre les biomarqueurs sanguins et les techniques d’imagerie qui permettent de détecter précocement une maladie chronique à son stade infraclinique, bien avant l’apparition des premiers symptômes, constitue un axe de progrès majeur. Garantir la qualité des services rendus. Cette qualité passe par une amélioration de la transmission des savoirs et du dialogue entre universitaires et praticiens de terrain et par une exploitation bien comprise des retours d’expérience. La qualité bénéficiera aussi d’un enseignement obligatoire en sciences humaines et sociales, éthique et épistémologie dans le cursus des études en santé. La santé mentale nécessite de renforcer les effectifs des professionnels qui s’y consacrent. L’accès à certains actes médicaux doit s’ouvrir à tous les infirmiers expérimentés, après examen de leurs compétences théoriques et techniques.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/28/la-strategie-du-president-ma-sante-2022-n-est-pas-un-plan-de-sante-durable_5389620_1650684.html
28/11/2018
Dans une tribune adressée au « Monde », un collectif déplore que l’offre de transformation du système de santé présentée en septembre par Emmanuel Macron n’est qu’une succession de mesures d’urgence.
societe
Les « gilets jaunes », le symptôme d’une France fracturée
Soudain, au cœur de l’automne, la France les a vus s’installer sur les ronds-points, surgir aux abords des rocades ou défiler sur les Champs-Elysées. Certains fraternisaient autour d’un café avec les automobilistes ou improvisaient des chorégraphies devant les caméras. D’autres ont forcé des conducteurs à crier leur slogan ou ont commis des violences, notamment à Paris, samedi 24 novembre. Sous leur gilet, tous criaient leur haine de « Micron Ier » et leur rancœur contre cet Etat qui les aurait abandonnés. Au milieu de ce déluge d’images contradictoires et inédites, le mouvement des « gilets jaunes » est d’abord apparu impossible à définir. « Horizontal », « diffus », « hétérogène », « éruptif »… Pour tenter de mettre des mots sur cet excès de fièvre sociale, les adjectifs se sont multipliés sans vraiment circonscrire la nature politique de cette colère. Mais, au fur et à mesure des reportages et des analyses, le paysage de cette contestation qui mêle « ras-le-bol fiscal », revendications sur le pouvoir d’achat et opposition au président de la République, apparaît moins flou. Le carburant a mis le feu aux poudres En filigrane des cartes des points de blocage se dessine un pays écartelé. D’un côté, la France de la ruralité et des pavillons, celle des classes moyennes paupérisées, qui approuve les « gilets jaunes ». De l’autre, les urbains des grandes métropoles, souvent plus aisés et moins dépendants de la voiture, qui ne se reconnaissent pas majoritairement dans le mouvement. Dans une note écrite pour la Fondation Jean-Jaurès, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégie d’entreprise de l’IFOP, et Sylvain Manternach, géographe, dissèquent les sondages et les cartes des actions du samedi 17 novembre. « La France qui s’est mobilisée ou qui a soutenu ce mouvement est celle des fins de mois difficiles », confirment-ils. Cette opposition entre la France des métropoles et la France périphérique réactive des clivages sociaux et géographiques que le pays a déjà connus, notamment lors du référendum européen de 2005 ou autour de la personne d’Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017. Depuis le début de son mandat, les oppositions de gauche et de droite tentent d’ailleurs d’appuyer sur cette fracture en définissant le nouveau chef de l’Etat comme un « président des riches » ou un « président des villes ». Mais c’est le carburant qui a mis le feu aux poudres.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/28/les-gilets-jaunes-le-symptome-d-une-france-fracturee_5389616_3224.html
28/11/2018
Une note pour la Fondation Jean-Jaurès confirme que le pays qui se mobilise est celui des fins de mois difficiles, du monde rural et des petites villes.
politique
« Macron tente de transformer cette première grave crise sociale du quinquennat en une opportunité politique »
Emmanuel Macron, lors de son discours après Installation du Haut-Conseil pour le climat, au palais de l’Elysée, le 27 novembre. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR «LE MONDE» Chronique. On l’a longtemps appelée « la France d’à côté », « la France des invisibles », celle qu’on n’entend pas, dont on ne relaie pas les colères et qui se sent de moins en moins représentée. Les sociologues, les politologues, les géographes qui l’ont faite émerger au début des années 2000 ont parfaitement décrit son malaise : un sentiment d’abandon démocratique né d’une accumulation de handicaps, d’autant plus pernicieux que la responsabilité était diffuse. Ici, c’était une usine qui fermait, plus loin une école, là un hôpital, ailleurs une ligne de chemin de fer. Les élus locaux avaient beau protester, rien ne semblait s’opposer à cette inexorable rationalisation qui, sous l’égide de la mondialisation, allait couper le territoire en deux : d’un côté, la France des grandes métropoles, de plain-pied dans la globalisation, de l’autre la France périurbaine et le monde rural enkystés dans les difficultés. Un très sérieux avertissement pour le pouvoir Une taxe de trop l’a réveillée et c’est ainsi qu’est né le mouvement des « gilets jaunes », venus crier leur colère sur les barrages routiers ou dans les rues de la capitale. C’est la première fois que la France des invisibles a voulu devenir visible et c’est un très sérieux avertissement pour le pouvoir parce que c’est le signe que, cette fois, elle est vraiment à bout. D’ordinaire tentés par le vote Le Pen ou par l’abstention parce qu’« à quoi bon voter puisqu’ils ne nous entendent pas », ces Français aux fins de mois difficiles représentent un potentiel électoral élevé : 40 %. Si une partie du vote des classes moyennes supérieures ou des retraités venait s’agréger à leur colère, ils pourraient faire basculer le pays. C’est dire l’enjeu pour Emmanuel Macron qui tente de transformer cette première grave crise sociale du quinquennat en une opportunité politique : puisque la béance est désormais visible, nommée, expertisée, puisque les « non-dits qui ont empoisonné la vie de la nation » sont levés, comme l’a souligné, mardi 27 novembre, le chef de l’Etat, place à la réparation. Neutraliser « les passions tristes » Elle prend trois formes : d’abord le respect, la considération envers ces « concitoyens » qui se sentent piétinés depuis des lustres au point que le gouvernement ne s’est pas rendu compte de l’effet déflagratoire que risquait d’avoir la hausse de la fiscalité sur le diesel. Ensuite, la prise en compte de leur ras-le-bol fiscal avec la promesse que, pour eux, la fiscalité devra diminuer beaucoup plus fortement que prévu d’ici à cinq ans. Et c’est une juste réparation de l’injustice créée par la quasi-suppression, début 2018, de l’impôt de solidarité sur la fortune. Enfin, la volonté de faire de cette France des oubliés l’actrice à part entière de la transition écologique qui, pour la première fois, est présentée comme le cœur du nouveau contrat social que tente de bâtir M. Macron. Si tout cela prend forme, quel aggiornamento !
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/28/macron-tente-de-transformer-cette-premiere-grave-crise-sociale-du-quinquennat-en-une-opportunite-politique_5389611_823448.html
28/11/2018
Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », estime que la co-construction de la transition écologique proposée par le chef de l’Etat suppose la fin de la verticalité macronienne et la réconciliation avec les corps intermédiaires.
culture
Les festivals d’humour n’ont jamais fait autant recette
COLCANOPA Serions-nous, comme l’affirme Grégoire Furrer, « dans une période en or pour l’humour » ? Fondateur et directeur du Montreux Comedy, l’un des plus importants festivals du rire, qui ouvre sa 29e édition mercredi 28 novembre, ce producteur suisse affiche cette année pas moins de huit galas dans l’auditorium Stravinski (1 700 places), situé au bord du lac Léman. « Notre billetterie a augmenté de 20 % par rapport à 2017 et nous devrions atteindre 12 000 entrées », se réjouit-il. Au fil des décennies, ce rendez-vous francophone du rire est devenu une « marque » déclinée sur Internet (avec une chaîne YouTube de 630 000 abonnés), que Grégoire Furrer s’emploie à internationaliser en créant des festivals à Johannesburg (Afrique du Sud), Dubaï (Emirats arabes unis) et bientôt dans d’autres villes africaines. Sur le papier, ce producteur a raison, l’humour n’a jamais autant fait recette : il est, selon les chiffres du Centre national des variétés, le premier genre diffusé en France, avec plus de 18 000 représentations payantes déclarées en 2017. Emilie Kindinis, responsable du pôle humour chez Olympia Prod : « Décrocher un passage au Marrakech du rire, c’est le Graal pour les jeunes talents » Le nombre de prétendants dans cette discipline est devenu pléthorique et les festivals dédiés au rire se sont multipliés ces dernières années. « Les deux phénomènes s’autonourrissent », constate Fabrice Laurent, directeur du festival Performance d’acteurs, à Cannes (Alpes-Maritimes), et président de la Fédération nationale des festivals d’humour. Limitée à sept membres à sa création, en 2008, cette fédération en compte aujourd’hui presque cinquante. Mais « il y a festival et festival », nuance Emilie Kindinis, responsable du pôle humour chez Olympia Prod (filiale de Vivendi). « Décrocher un passage au Marrakech du rire, c’est le Graal pour les jeunes talents », estime-t-elle. Ahmed Sylla, qui avait, en un quart d’heure, enthousiasmé le public du palais El Badi lors de l’édition 2016, en sait quelque chose. Ce jeune humoriste né de parents sénégalais a vu depuis sa carrière s’envoler. Retour aux fondamentaux Un monde sépare les grosses machines médiatisées que sont Le Marrakech du rire, créé par Jamel Debbouze, ou le Montreux Comedy, tous deux diffusés à la télévision – sur M6 pour le premier, sur France 4 et la Radio Télévision Suisse (RTS) pour le second –, et les festivals organisés un peu partout en France.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/11/28/comme-une-irresistible-envie-de-rire_5389601_3246.html
28/11/2018
Tremplins pour les comédiens, les festivals dédiés au rire se sont multipliés, de Bordeaux à Mâcon en passant par Annecy.
societe
Enquête sur les dérives d’« Haurus », le policier ripou qui faisait des affaires sur le dark Net
AUREL Sur le dark Net, lieu de trafics en tous genres, il se faisait appeler « Haurus ». Du nom d’une divinité à la tête de faucon (Horus), dont l’œil a longtemps été considéré comme un porte-bonheur protecteur par les Egyptiens. Informations personnelles, faux documents, identifiants de comptes bancaires au solde créditeur, sur ce Web parallèle, « Haurus » vendait effectivement de quoi satisfaire nombre d’aspirations. Sauf que ses précieuses informations ne venaient pas de nulle part. Dans la vraie vie, l’homme était brigadier de police. Il était affecté à une unité antiterroriste de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Et il avait un accès direct à des fichiers protégés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Lumière sur le côté obscur du Web Les dérives d’« Haurus », extrêmement rares pour une maison comme la DGSI, où le contrôle des pairs et de la voie hiérarchique est très poussé, n’a duré que quelques mois : de décembre 2017 à fin septembre, moment de son interpellation. Mais suffisamment, néanmoins, pour que, selon nos informations, la vente de ses données ait pu conduire à de sanglants règlements de comptes. Comme l’avait dévoilé Le Parisien en octobre, « Haurus » comptait parmi ses clients des membres de la criminalité organisée. Mais, selon des éléments que Le Monde a pu recouper, ces informations, vendues en échange de paiements en bitcoins ou carte prépayée Neosurf, ont aussi possiblement conduit à la mort violente d’au moins deux membres du milieu, à Marseille, en mai et en avril, et fait une victime collatérale. Opérations de « criblage » Depuis septembre, vu la gravité des faits reprochés, « Haurus » est en détention provisoire. Il a échappé à la complicité d’assassinats car il est difficilement démontrable qu’il avait connaissance de la finalité des informations qu’il revendait. Mais il a été mis en examen notamment pour « détournement de la finalité de fichiers informatiques nominatifs », « escroquerie », « fourniture et usage de faux documents administratifs ». Son compagnon, soupçonné d’avoir été au courant de ses délits, en détention provisoire lui aussi, a été mis en examen de plusieurs chefs de « complicité ». Les errements d’« Haurus », alors qu’il était en poste dans son unité de la DGSI depuis décembre 2016, continuent toutefois d’interroger. Pour récolter ses informations, le policier ripou avait en effet des méthodes particulièrement éloignées des pratiques habituelles.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/28/les-morts-suspectes-du-policier-ripou-de-la-dgsi_5389598_3224.html
28/11/2018
Selon nos informations, au moins deux figures du milieu marseillais ont été tuées dans des règlements de comptes peu après des ventes d’informations par ce brigadier de police affecté à la DGSI.
idees
« Est-ce le rôle de l’Etat de distinguer le bon du mauvais islam ? »
Tribune. Restructurer l’islam en France sans ingérence dans les affaires religieuses. Modifier la loi de 1905 sans trahir ses principes fondateurs. Adapter la laïcité au culte musulman en garantissant la neutralité des pouvoirs publics. Telles sont les contradictions auxquelles risque de se confronter le gouvernement en retouchant la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Les objectifs affichés de cette réforme sont d’obliger les associations à déclarer leur caractère cultuel afin de mieux contrôler leurs activités et leurs sources de financement. Aujourd’hui, de nombreuses structures qui gèrent des lieux de culte, notamment des mosquées, prennent la forme d’associations loi 1901 en raison de la souplesse de ce statut. Le gouvernement souhaite renforcer les contrôles et les obligations de ces associations afin de mieux contrôler leur gouvernance et la provenance de leurs fonds. Elles seraient contraintes de déclarer les dons en provenance de l’étranger, de manière à réduire l’influence d’acteurs étrangers sur le sol français et à éviter la prise de contrôle de certaines mosquées par des imams salafistes. L’Etat souhaite, par ce biais, disposer de nouveaux outils pour lutter contre les mouvances radicales et lancer une réorganisation de l’islam de France. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat : dans les coulisses d’une réforme ultrasensible Au-delà des objectifs annoncés, qui peuvent paraître légitimes, ce sont les moyens qui posent question. La République, qui assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion », peut-elle imposer à tous une réforme qui vise la réorganisation d’un culte en particulier ? La France ne dispose-t-elle pas déjà des outils juridiques pour condamner les atteintes à l’ordre public, les actes contraires aux droits et libertés et les propos incitant à la haine ou faisant l’apologie du terrorisme ? Le tournant de 2004 En 2004, la loi sur l’interdiction des signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires a été adoptée, après les travaux, en 2003, de la commission présidée par Bernard Stasi, afin d’adresser « des signes forts » aux groupes islamiques. Cette loi représentait une évolution par rapport à la loi de 1905. Avant 2004, la laïcité reconnaissait la liberté des élèves de porter des signes religieux. Seuls les enseignants et les représentants de l’Etat étaient assujettis à un devoir de réserve au nom du principe de neutralité du service public. Les décisions rendues par le Conseil d’Etat entre 1989 et 2003 sont, à cet égard, exemplaires. Dans sa décision du 27 novembre 1989, la juridiction administrative notait que « le port par les élèves de signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance à une religion » n’est pas incompatible avec le principe de laïcité. En 1992, dans l’arrêt Kherouaa, l’interdiction du port de signes religieux était déclarée contraire à « la liberté d’expression reconnue aux élèves dans le cadre des principes de neutralité et de laïcité ». L’enseignement est laïque, « non parce qu’il interdit l’expression des différentes fois, mais au contraire parce qu’il les tolère toutes », concluait le Conseil d’Etat.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/est-ce-le-role-de-l-etat-de-distinguer-le-bon-du-mauvais-islam_5389597_3232.html
28/11/2018
Dans une tribune au « Monde », l’anthropologue et philosophe Sabine Choquet considère que le projet de l’exécutif consistant à retoucher la loi de 1905 pour l’adapter au nouveau paysage religieux vise à initier une réorganisation de l’islam de France.
idees
Thucydide, Trump et la Chine
Thucydide, homme politique et historien athénien, né avec 465 avant J.-C. Zde/(CC BY-SA 4.0) Chronique Vu d’ailleurs. Convoquer l’Antiquité pour parler du temps présent est généralement le signe que l’heure est grave. Or voilà plusieurs mois que l’intelligentsia américaine s’est entichée de Thucydide, historien grec du IVe siècle avant J.-C. Pour éclairer l’affrontement qui monte entre Pékin et Washington, elle a pris l’habitude de citer l’auteur de La Guerre du Péloponnèse et sa célèbre maxime : « C’est la montée d’Athènes et la peur que cela inspira à Sparte qui rendit la guerre inévitable. » Deux mille cinq cents ans plus tard, sa réflexion a tant inspiré le politologue Graham Allison qu’il en a tiré un concept : le « piège de Thucydide ». Ou comment une puissance dominante, voyant son hégémonie remise en cause par une puissance ascendante, finit bien souvent par lui faire la guerre. Le professeur émérite à Harvard a étudié seize exemples de passages de relais, au cours des cinq derniers siècles. Dans quatre cas seulement, notamment lorsque les Etats-Unis supplantèrent le Royaume-Uni, les parties prenantes ont su éviter un véritable conflit. Tensions commerciales grandissantes Qu’en sera-t-il pour les Etats-Unis face à la Chine ? Dans un contexte de tensions commerciales grandissantes, Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping devraient se rencontrer au sommet du G20, en fin de semaine, à Buenos Aires (Argentine). Une entrevue cruciale qui pourrait déboucher sur à peu près tout et rien, compte tenu du caractère hautement volatil de l’actuel locataire de la Maison Blanche. Le constat, en revanche, fait effectivement peu de doute. Oui, la Chine s’impose comme la nouvelle puissance économique du siècle. Les Etats-Unis ont d’ailleurs joué leur part dans cette émergence phénoménale. Notamment en apposant leur sceau à l’adhésion du géant asiatique à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) : intronisé membre officiel du club en 2001, l’ex-empire du Milieu a tiré profit de la mondialisation comme aucun autre pays. Devenu le champion mondial des exportations dès 2010, il a vu son produit intérieur brut (PIB), mesuré en parité de pouvoir d’achat, dépasser celui des Etats-Unis en 2014. La Chine vise désormais la première place dans les technologies. Elle dispose déjà de l’équivalent des GAFA avec ses Alibaba, Tencent et Baidu, investit sans compter dans l’intelligence artificielle et s’est fixé un premier point d’étape sur la route de ses ambitions : le plan « Made in China 2025 » qui cible une dizaine de secteurs prioritaires.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/thucydide-trump-et-la-chine_5389584_3232.html
28/11/2018
Une puissance dominante, voyant son hégémonie remise en cause par une puissance ascendante, finit bien souvent par lui faire la guerre. Qu’en sera-t-il pour les Etats-Unis face à la Chine ?
campus
Etudier le cinema sans se faire de films
Le festival de cinéma de Cannes lors de sa 71e édition. L’actrice française Marion Cotillard. ANTONIN THUILLIER / AFP Pour étudier le cinéma en France, deux écoles occupent, depuis des années, le haut de l’affiche : la Femis et l’Ecole nationale supérieure (ENS) Louis-Lumière de Saint-Denis. Des formations reconnues, partout dans le monde. Les classements américains publiés par Variety ou The Hollywood Reporter placent systématiquement la grande école parisienne Fémis/Idhec (Institut des hautes études cinématographiques) dans le Top 15. Passer par ce type d’école offre à l’étudiant « une triple assurance, estime Thomas Cailley, 38 ans, auteur-réalisateur formé à la Fémis (Les Combattants, Ad vitam) et membre de la Société des réalisateurs de films (SRF). Acquérir les bases du métier, développer ses réseaux et, le plus important, constituer des équipes. Aujourd’hui, je ne lancerais pas un film sans mon monteur et ma scénariste, deux camarades de promo. » Le tout pour des coûts de scolarité faibles au regard des pratiques étrangères. Une année à la University of Southern California (meilleure école de cinéma en 2018 aux Etats-Unis, selon le magazine Hollywood Reporter) coûte 55 320 dollars (46 467 euros), contre 433 euros à la Fémis et 300 euros à Louis-Lumière. Ces écoles publiques seraient la panacée si elles formaient de gros bataillons d’étudiants. C’est loin d’être le cas. La Fémis, hypersélective, diplôme 63 personnes par an (et 4 % des candidats au concours intègrent effectivement l’école). « La Fémis accueille au minimum des tutulaires de diplôme bac +2. 40 % sont des boursiers et 75 % proviennent des régions », rappelle Nathalie Coste-Cerdan, sa directrice générale. Louis-Lumière en forme 48 en cinéma, son et photo. C’est peu. Restent alors les autres écoles, la plupart du temps privées et donc plus onéreuses. Le mensuel L’Etudiant dénombre une vingtaine de licences et de BTS dispensant un enseignement dans le domaine du cinéma, et 129 écoles de cinéma et d’audiovisuel. Parmi elles, le groupe ESRA (Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle) dispose de trois campus en France (Nice, Paris, Rennes) et coûte 7 750 euros par an, pour des études qui durent trois ans. « Se former tout seul est possible mais plus difficile, argue Alain Bienvenu, le directeur de l’ESRA Bretagne. Etre suivi par des enseignants dans un environnement professionnel permet de gagner beaucoup de temps. » Difficile entrée dans le monde du travail Pour l’ensemble des étudiants en cinéma, l’entrée dans le monde du travail n’est pas toujours facile. « Chez nous, le taux d’insertion à la fin des études est de l’ordre de 100 %, affirme Mehdi Aït-Kacimi, directeur du développement et de la communication à l’ENS Louis-Lumière. Mais nos élèves ne sont pas attendus et peuvent débuter au bas de l’échelle pour un salaire avoisinant les 1 300 euros net par mois avec un temps d’adaptation de trois ou quatre ans pour se monter un réseau. Ensuite, ils commencent à décrocher d’avantage de propositions et ils disposent de rémunérations similaires à celles des masters, voire plus quand ils commencent à être reconnus. »
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/11/28/etudier-le-cinema-sans-se-faire-de-films_5389575_4401467.html
28/11/2018
En France, plusieurs écoles de cinema de qualité permettent de se former et de développer des réseaux nécessaires à une bonne insertion. Mais pas facile d’y entrer.
idees
Trois anciens chefs d’Etat appellent à arrêter « l’absurde guerre contre la drogue »
Tribune. De plus en plus de ressources, actuellement plus de 100 milliards de dollars (88,5 milliards d’euros) par an, sont consacrées à la répression des délits et crimes liés aux drogues dans le monde. Or, le marché illégal des drogues ne cesse de s’accroître et pèse aujourd’hui entre 425 et 650 milliards de dollars. Au mieux, les autorités ne parviennent à provoquer que des perturbations temporaires, localisées et marginales dans la production et l’approvisionnement en stupéfiants. Les coûts humains sont, en revanche, incalculables, la répression engendrant corruption, violations des droits humains, incarcérations de masse, violence et morts. En tant qu’anciens chefs d’Etat, nous avons été en première ligne dans cette « guerre aux drogues » et nous savons pertinemment que c’est une guerre perdue, même d’avance. Nous avons combattu des chefs de cartel notoires tels que Pablo Escobar en Colombie. Nous avons vu des personnes incarcérées pour des délits mineurs liés aux drogues devenir des criminels endurcis. Nous avons vu la Guinée-Bissau minée par les trafiquants pour devenir le premier « narco-Etat » d’Afrique. La demande pour des produits psychoactifs a toujours existé. Lorsque le marché pour la satisfaire opère dans l’illégalité et dans un contexte de violence criminelle et de répression légale, il produit de tels profits qu’il attire tous ceux qui sont laissés de côté dans l’économie légale. Alors que les marges sur le café peuvent aller du simple au quadruple entre le prix à la production et celui à la consommation, celles sur l’héroïne ou la cocaïne atteignent plus 15 000 % ! Lorsque la demande existe malgré ces prix de vente exorbitants, il y a toujours des personnes pour la satisfaire. C’est la loi du marché. Oser changer de cap Nous appelons donc les gouvernements et leurs représentants dans les institutions multilatérales à reconnaître ce qui est maintenant évident : nous ne pouvons éradiquer les drogues de la société ; chercher à le faire par une « guerre » ne provoquera que plus de douleurs pour nos populations déjà fragilisées, et affaiblira nos économies et nos institutions. Alors que cette « guerre » est effectivement en accord avec les conventions internationales relatives au contrôle des drogues, elle est absolument contraire aux valeurs qui doivent nous guider comme communauté internationale. Nous devons nous rappeler que nous avons construit le multilatéralisme pour la paix, non pour légitimer des guerres absurdes comme celle contre les drogues.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/28/la-production-et-la-distribution-de-drogues-legalement-regulees-par-les-etats-sont-une-meilleure-alternative-a-la-prohibition_5389570_3232.html
28/11/2018
Dans une tribune au « Monde », trois anciens chefs d’Etat plaident pour une régulation légale de la production et de la distribution de drogues par les gouvernements.
international
Commission européenne : Michel Barnier, futur président ?
LETTRE DE BRUXELLES Michel Barnier, futur président de la Commission européenne ? Son ami Michel Dantin y pensait tellement fort, lundi 26 novembre, au lendemain du sommet spécial Brexit couronnant la fin des discussions du divorce avec Londres, qu’il a laissé échapper un tweet de soutien complètement transparent. « Quelque soit le résultat de la ratification britannique ,@MichelBarnier a dans le cadre de son travail sur #Brexit fait preuve de la ténacité, de l’habileté et de la vision des grands Hommes d’Etat (et des Savoyards). L’Europe en avait bien besoin et demain en aura encore besoin », a lancé l’eurodéputé Les Républicains (LR) et maire de Chambéry. Prendre le fauteuil de Jean-Claude Juncker, dans la foulée des élections européennes, à l’automne 2019 ? Manifestement le négociateur en chef de l’Union européenne (UE) pour le Brexit en rêve. Il a pourtant raté le rendez-vous du « Spitzenkandidat », l’élection du chef de file du Parti populaire européen (PPE), la grande famille des droites de l’UE. Elle avait lieu début novembre, à Helsinki, et a consacré la candidature de l’Allemand Manfred Weber, l’actuel patron du PPE au Parlement de Strasbourg. Lire aussi Les droites européennes désignent leur candidat pour 2019 Rampe de lancement A ce moment-là, il était impossible au Français de se mettre sur les rangs : la négociation du Brexit amorçait sa dernière ligne droite. « C’est mon devoir de rester engagé avec toute mon énergie et ma détermination », a précisé M. Barnier dans une lettre à Joseph Daul, le président du PPE début novembre, justifiant son refus de se porter candidat. « Evidemment, je resterai engagé à l’avenir et disponible pour défendre nos valeurs et renouveler ensemble le projet européen », concluait tout de même l’ex-commissaire au marché intérieur et à la politique régionale. Désormais achevée, la négociation pourrait constituer une superbe rampe de lancement pour la fonction suprême à Bruxelles. Après dix-sept mois d’intenses discussions, M. Barnier a délivré un traité de divorce respectant au plus près les intérêts des Vingt-Sept. Et réussi à maintenir une cohésion entre les capitales sur laquelle personne n’aurait parié un euro en 2016, dans la foulée du référendum britannique. C’est M. Juncker, qui a eu le flair de nommer le Savoyard à ce poste particulièrement exposé. A l’époque, M. Barnier était disponible : après avoir quitté la Commission fin 2014, il avait raté l’investiture de son parti, l’UMP, aux élections régionales pour la tête de liste en Auvergne-Rhône-Alpes, au profit de Laurent Wauquiez. Il s’occupait en rédigeant un Livre blanc sur la défense européenne.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/michel-barnier-futur-president_5389555_3210.html
28/11/2018
Prendre le fauteuil de Jean-Claude Juncker, dans la foulée des élections de 2019 ? Manifestement le Français, négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, en rêve.
international
La Corée du Nord veut empêcher une réunion sur les droits humains à l’ONU
L’activiste nord-coréen Shin Dong-hyuk, qui a dû quitter son pays, parle devant le Conseil de sécurité des Nations unies, en 2014 à New York. JASON DECROW / AP La Corée du Nord a exhorté les membres du Conseil de sécurité des Nations unies à empêcher la tenue d’une réunion que les Etats-Unis veulent organiser sur le bilan de Pyongyang en matière de droits de l’homme, affirmant que cela irait à l’encontre des récents gestes d’apaisement. Kim Song, ambassadeur nord-coréen auprès de l’ONU, a exprimé « une profonde surprise et des regrets » à la perspective que le Conseil « puisse nager à contre-courant de la tendance actuelle » en tenant cette réunion sollicitée pour le 10 décembre, d’après un courrier adressé à l’instance onusienne et consulté mardi 27 novembre par l’Agence France-Presse (AFP). Si cette réunion devait se dérouler, ce serait la cinquième rencontre annuelle du Conseil consacrée aux droits de l’homme en Corée du Nord. Raviver la confrontation ? Chaque année depuis 2014, les Etats-Unis sont parvenus à obtenir les neuf votes nécessaires au sein du Conseil de sécurité pour la tenue de cette réunion, malgré l’opposition de la Chine. En effet, chaque fois, Pékin a réclamé un vote de procédure pour tenter de bloquer cette initiative en estimant qu’un tel sujet devait être abordé au Conseil des droits de l’homme de l’ONU basé à Genève et non au sein du Conseil de sécurité à New York. L’ambassadeur nord-coréen a prévenu dans sa missive qu’une nouvelle réunion de ce genre « raviverait la confrontation au lieu d’encourager et de promouvoir les développements positifs en cours ». Il a également accusé les Etats-Unis de « comploter pour inviter » la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, à s’exprimer devant le Conseil pour rendre compte des infractions aux droits humains en Corée du Nord. Peu de gestes concrets Lors d’un sommet historique en juin à Singapour organisé après plusieurs mois d’escalade belliqueuse entre eux, le président états-unien, Donald Trump, et le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, ont engagé un dialogue visant à la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Un second sommet est envisagé en 2019, mais Pyongyang n’a effectué depuis juin que peu de gestes concrets vers l’abandon de ses programmes nucléaire et balistique. Ces programmes ont suscité au fil des ans la mise en place par la communauté internationale de sanctions de plus en plus drastiques à l’encontre du régime communiste. Washington a prévenu qu’elles resteraient en place tant qu’ils n’auront pas été arrêtés. La Chine et la Russie plaident actuellement auprès du Conseil de sécurité pour un allégement de ces sanctions afin de favoriser les progrès dans les discussions sur la dénucléarisation.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/la-coree-du-nord-veut-empecher-une-reunion-sur-les-droits-humains_5389549_3210.html
28/11/2018
Les Etats-Unis veulent organiser une réunion au Conseil de sécurité des Nations unies sur le bilan de Pyongyang en matière de droits de l’homme, pour la cinquième fois.
planete
Explosion mortelle près d’une usine en Chine
Au moins 22 personnes ont été tuées et 22 blessées, mercredi 28 novembre, dans une explosion suivie d’un incendie à proximité d’une usine chimique du nord de la Chine, ont annoncé les autorités locales. L’explosion a impliqué une cinquantaine de poids lourds, détruits par le feu près de l’usine du groupe Hebei Shenghua Chemical dans la commune de Zhangjiakou, à environ 200 km au nord-ouest de Pékin, ont précisé les services de communication de la ville sur le réseau social Weibo. Les blessés ont été conduits à l’hôpital après la déflagration qui s’est produite à 0 h 41 heure locale, selon le communiqué, qui ne précise pas les causes de l’explosion. Des photos diffusées par la télévision publique CGTN sur son compte Twitter montrent des carcasses de poids lourds carbonisés et des pompiers en action le long d’une route. « Des travaux de recherche et de secours ainsi qu’une enquête sur les causes de l’accident sont en cours », selon les autorités. #UPDATE A total of 50 cars involved in the accident; the fire has been contained, search operation underway, accord… https://t.co/ZO5PVVq8HN — CGTNOfficial (@CGTN) Incidents à répétition La grande ville de Zhangjiakou, très étendue, est l’un des principaux sites retenus pour les épreuves des Jeux olympiques d’hiver prévus à Pékin en 2022. La Chine a été le théâtre de plusieurs accidents industriels ces dernières années. En juillet, une explosion dans une usine chimique avait fait 19 morts et 12 blessés dans la province du Sichuan (sud-ouest). En 2015, une énorme explosion dans un entrepôt de produits chimiques avait fait 165 morts dans la ville portuaire de Tianjin (nord), générant une polémique autour des causes de la catastrophe et de son impact écologique. L’ancien maire de la ville, qui avait dirigé le comité chargé de gérer la catastrophe, a été condamné en 2017 à douze ans de prison pour corruption.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/11/28/explosion-mortelle-pres-d-une-usine-en-chine_5389546_3244.html
28/11/2018
Les autorités ont ouvert une enquête pour déterminer les causes de l’explosion survenue dans la ville de Zhangjiakou, dans le nord du pays.
international
La société de chemin de fer des Pays-Bas va indemniser les proches de juifs déportés
La jeune fille juive Anne Frank avait été déportée vers Westerbork en août 1944 après avoir été dénoncée. PETER DEJONG / AP La compagnie de chemin de fer nationale des Pays-Bas va, pour la première fois, indemniser les proches de Juifs déportés vers les camps de concentration nazis pendant la seconde guerre mondiale, a annoncé l’entreprise, mardi 27 novembre. Cette annonce survient après des discussions entre le dirigeant de la société nationale Nederlandse Spoorwegen (NS), Roger van Boxtel, et l’ancien physiothérapeute de l’équipe de football amstellodamoise Ajax, Salo Muller, qui a perdu ses deux parents pendant la guerre. M. Muller milite depuis 2017 pour une indemnisation de la part de la NS, qui a transporté ses parents en train d’Amsterdam vers le camp de transit de Westerbork, dans le nord-est des Pays-Bas. Ils ont ensuite été envoyés vers le camp d’extermination d’Auschwitz, en Pologne. Des millions gagnés à déporter La NS a donc décidé de « mettre en place une commission » afin de « déterminer comment la NS, pour des raisons morales, peut verser des indemnités individuelles », a annoncé la société dans un communiqué. Comme nombre d’autres entreprises néerlandaises, la NS a poursuivi ses activités au service des occupants nazis après l’invasion du pays par l’Allemagne en mai 1940, gagnant l’équivalent de millions d’euros en transportant des familles juives vers Westerbork, selon la chaîne de télévision nationale NOS. « La NS a obéi aux ordres des Allemands de mettre des trains à leur disposition. Les Allemands ont payé pour cela, et la NS devait s’assurer que les trains soient à l’heure », a expliqué à la NOS Dirk Mulder, du Centre pour la mémoire de Westerbork. Période sombre Quelque 107 000 des 140 000 juifs habitant alors aux Pays-Bas ont été acheminés à Westerbork avant d’être envoyés vers des camps de la mort, comme Auschwitz, Sobibor (Pologne) et Bergen-Belsen (Allemagne). Anne Frank, adolescente juive connue pour son journal intime, a notamment été conduite à Westerbork au début d’août 1944 après avoir été dénoncée puis arrêtée par la Gestapo. Lire aussi Pour le rôle de la SNCF dans la Shoah, Paris va verser 100 000 euros à chaque déporté américain L’entreprise s’est officiellement excusée en 2005 pour ses actes pendant la seconde guerre mondiale, mais aucune indemnité n’a été versée jusqu’à maintenant. « C’était une période sombre de l’histoire de notre pays et aussi de notre compagnie. C’est un passé que nous ne pouvons ignorer », a déclaré la NS.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/la-societe-de-chemin-de-fer-des-pays-bas-va-indemniser-les-proches-de-juifs-deportes_5389543_3210.html
28/11/2018
Au service des nazis après l’invasion du pays par l’Allemagne en 1940, la NS a gagné des millions d’euros en transportant des familles juives.
sante
Affaire Lactalis : le groupe conteste la présence de salmonelle dans la tour n° 2
L’usine productrice de la poudre de lait infantile, propriété du groupe Lactalis, le 4 décembre 2017, à Craon (Mayenne). DAMIEN MEYER / AFP Mis en cause dans l’affaire du lait contaminé, le groupe Lactalis a annoncé, vendredi 30 novembre, contester « fermement » des documents de la direction générale de la santé (DGS) affirmant que des autocontrôles avaient mis en évidence que « des produits de la tour no 2 étaient également contaminés ». La DGS elle-même soutient l’entreprise. Vendredi en fin d’après-midi, elle a reconnu une « erreur d’interprétation des propos tenus en séance » dans le compte rendu de ses propres services. Elle décrit des « autocontrôles environnementaux, n’impliquant pas la tour elle-même, mais l’environnement de production ». Selon ces comptes rendus de réunions hebdomadaires de sécurité sanitaire organisées entre le 6 décembre 2017 et le 7 février 2018, Lactalis a étendu le 20 décembre 2017 son retrait-rappel « à l’ensemble des produits fabriqués sur le site de Craon depuis le 15 février 2017 à la suite de la mise en évidence de Salmonella mbandaka et Salmonella agona dans des produits fabriqués par la tour no 2 lors d’autocontrôles environnementaux en novembre ». « Cacophonie » L’usine Lactalis de Craon, en Mayenne, était l’épicentre l’an dernier d’un scandale de contamination de dizaines d’enfants à la salmonelle. « S’il y a bien eu des autocontrôles positifs dans l’environnement de la tour no 2, en aucun cas il n’y a eu mise en évidence de salmonelle “dans les produits fabriqués par la tour no 2” » de l’usine de Craon « avant le déclenchement de la crise début décembre », assure Lactalis. Le groupe laitier estime avoir été mis en cause dans une information tirée d’« une phrase inexacte d’un compte rendu de la DGS du 27 décembre 2017 », et regrette la reprise d’une « information erronée (…), qui lui porte préjudice ». « La mascarade doit cesser », a réagi vendredi soir dans un communiqué l’Association des familles victimes du lait contaminé (AFVLCS), qui demande « face à la cacophonie » à être reçue par les trois ministres concernés par cette affaire : « La réécriture des faits et cette remise en cause permanente de propos précédemment tenus et de documents communiqués aux familles doit être stoppée. » Son président, Quentin Guillemain, affirmait jeudi que « cette tour no 2 est un élément majeur nouveau, dans la mesure où Lactalis a toujours assuré que le phénomène de contamination était limité à la tour no 1 ». Celle-ci a été fermée en décembre 2017, tandis que la tour no 2 a repris sa production en juillet. Lire aussi Affaire Lactalis : les députés préconisent la réorganisation des services de surveillance des crises sanitaires
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/11/29/affaire-lactalis-des-produits-de-la-tour-n-2-egalement-contamines_5390538_1651302.html
29/11/2018
La tour n° 1 est fermée depuis le scandale de la poudre de lait infantile contaminée à la salmonelle, mais la production a repris dans la deuxième tour en juillet.