topic
stringclasses
469 values
title
stringlengths
3
208
text
stringlengths
789
3.9k
url
stringlengths
32
250
date
stringlengths
10
10
summary
stringlengths
74
853
pixels
Au Salon du livre jeunesse de Montreuil, l’histoire en première ligne
Illustration de Jean-François Martin, Prix ­Bologna Ragazzi 2011 pour son adaptation des ­« Fables », d’Esope (Milan, dès 8 ans). JEAN-FRANÇOIS MARTIN « Nos futurs » : tel est le thème du Salon du livre jeunesse de Montreuil (Seine-Saint-Denis), qui se tient du mercredi 28 novembre au lundi 3 décembre. Pourtant, ce qui frappe le plus dans la production éditoriale, à côté de la profusion des dystopies, est le grand nombre, et la force, des récits pour adolescents ancrés dans le XXe siècle. Derrière ce dynamisme, il ne faut pas seulement voir l’opportunisme éditorial des commémorations – des 50 ans de Mai 68 au centenaire de l’armistice de 1918. Des tsars aux soviets « Il y a toujours eu des romans historiques pour ados, notamment des récits de guerre. Mais on observe un affranchissement progressif des programmes scolaires. On s’éloigne de ce qui se lit pour l’école », estime Laurence Faron, directrice de la maison d’édition Talents Hauts, qui propose, depuis 2016, « Les héroïques », une collection dont les personnages, selon elle, « n’ont pas voix au chapitre dans les manuels d’histoire » – femmes, peuples colonisés, mutins de la Grande Guerre… Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Dans la gueule du loup », la guerre intime de Michael Morpurgo Carole Trébor, romancière mais aussi historienne spécialiste de la Russie, va, elle, puiser son inspiration aussi bien dans l’époque des tsars que dans celle des soviets. « Il est important de rappeler aux adolescents que la France n’est pas le centre du monde, de dévoiler d’autres pans de cette histoire européenne, et de dire qu’il est intéressant de connaître ce passé pour s’engager aujourd’hui », explique l’auteure de Révoltées (Rageot, 2017), l’histoire de jumelles de 17 ans lors de la révolution d’Octobre à Moscou. « Lebensborn » Dans Orphelins 88, Sarah Cohen-Scali poursuit le travail entamé avec son roman Max (Gallimard, 2012) : raconter la seconde guerre mondiale et ses suites côté allemand. Elle se penche ici sur le sort, après 1945, des enfants du programme d’eugénisme nazi « Lebensborn ». « Il s’agit de montrer la fin de la guerre telle qu’on ne se la représente pas forcément en France, au-delà des images de liesse avec les Alliés, les blindés, les femmes qui embrassent les soldats… », explique-t-elle. Si ces romans se vendent souvent moins que les dystopies ou les séries fantastiques, « ils peuvent s’inscrire dans les succès au long cours ». Alice Saint Guilhem, de chez PKJ Après s’être, lui aussi, intéressé à la seconde guerre mondiale, côté français, dans Quand le monstre naîtra (Talents Hauts, 2017), Nicolas Michel s’est penché sur certains acteurs de la Grande Guerre. Son métier de journaliste spécialiste du continent africain lui a permis de découvrir le « drame oublié » qui lui a inspiré Le Chant noir des baleines.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/11/25/litterature-jeunesse-l-histoire-en-premiere-ligne_5388303_4408996.html
25/11/2018
Cette année 2018, synonyme de commémorations, reflète une tendance chez les auteurs à prendre à bras-le-corps le devoir de mémoire.
livres
« Dans la gueule du loup », la guerre intime de Michael Morpurgo
Dans la gueule du loup (In the Mouth of the Wolf), de Michael Morpurgo, traduit de l’anglais par Diane Ménard, illustré par Barroux, Gallimard jeunesse, « Grand format littérature », 192 p., 14,50 €. Dès 9 ans. Son français est précis, ponctué de quelques mots d’anglais. « J’ai appris cette langue car j’étais agacé par ma femme qui la parlait si bien, explique Michael Morpurgo, de passage à Paris à la veille de ses 75 ans. Cela fait cinquante-cinq ans que nous sommes mariés, elle le parle toujours mieux que moi. » Pas très loin de lui, l’épouse sourit et en profite pour corriger une faute de grammaire. Anobli en 2018 par la reine d’Angleterre, l’écrivain britannique est une star outre-Manche. En France, celui qui a été fait chevalier des Arts et des ­Lettres en 2004 a vendu plus de 3 millions d’exemplaires de ses livres, qui sont traduits dans le monde entier. Michael Morpurgo WIKIMEDIA COMMONS Le premier, Cheval de guerre (1982, Gallimard, 1986), a d’emblée obtenu le statut d’ouvrage culte – encore renforcé par son adaptation à l’écran, en 2011, signée Steven Spielberg. A l’image de celui-ci, nombre de ses récits sont peuplés de soldats courageux, d’animaux valeureux victimes de la folie guerrière, de jeunes héros porteurs d’espoir, d’hommes d’honneur… C’est encore le cas dans son nouveau livre, Dans la gueule du loup. Mais, pour la première fois, Michael Morpurgo a travaillé à partir d’un terreau plus intime : il relate ici le destin de ses oncles, Francis et Pieter, pendant la seconde guerre mondiale. Royal Air Force « Ils étaient la légende de la famille. J’ai mis beaucoup de temps à oser écrire leur histoire », confie-t-il. L’un était pacifiste, l’autre s’est engagé dans la Royal Air Force. Mais quand Pieter a été tué, les idéaux de Francis ont été ébranlés. Il a alors décidé de « se jeter dans la gueule du loup » et de servir son pays en entrant dans les services secrets. Le romancier a choisi de se glisser dans la peau de cet oncle, décédé il y a quelques années, pour raconter sa page d’histoire. « La guerre est un sujet que Michael ne cesse d’explorer dans ses romans alors qu’il en a horreur. Il la combat ainsi, il éveille les consciences », résume Christine Baker, son éditrice française chez Gallimard, et son amie. Dans la gueule du loup n’est d’ailleurs pas un récit de guerre mais une histoire d’engagement racontée à hauteur d’homme par un conteur lui-même engagé. Au printemps, l’écrivain a publié une longue tribune dans The Guardian. Il y rapporte combien la conception de ce texte a été chahutée par les débats sur le Brexit. « Aucun politique n’évoquait la fondation européenne, ni ce que l’Europe apportait de positif. Ce livre, dit-il, c’est ma façon de le rappeler à mes lecteurs. »
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/11/25/dans-la-gueule-du-loup-la-guerre-intime-de-michael-morpurgo_5388299_3260.html
25/11/2018
Salon du livre jeunesse de Montreuil. Rencontre à Paris avec la star britannique de la littérature jeunesse, auteur francophile croit au pouvoir de l’éducation par la lecture.
la-matinale
Isabelle Autissier : « La planète peut devenir un gros caillou chauve »
L’ancienne navigatrice, qui fut en 1991 la première femme à effectuer une course autour du monde en solitaire, est devenue romancière et farouche militante écologiste. Elle préside désormais la branche française du WWF. Je ne serais pas arrivée là si… … si je ne m’étais pas inscrite à une mini-transat en solitaire pour petits bateaux de 6,50 mètres. C’était fin 1987, j’étais ingénieure halieute, trentenaire, je naviguais beaucoup, mais ce n’était qu’un hobby. J’ai fait cette incursion dans le monde de la course par curiosité, juste pour découvrir ce qu’était la compétition, et je me suis prise au jeu. Je m’étais énormément préparée, j’avais suivi des cours de météo marine, puis, sur le bateau, j’ai navigué à fond les ballons, avec une énergie folle. Et ça a marché ! Grâce à un « coup » météo, en m’éloignant de la route directe pour trouver des vents favorables, j’ai fini troisième sur cinquante-trois concurrents, moi qui étais « Miss Tartempion », une inconnue sur laquelle personne n’aurait misé. Je me suis dit : « J’adore ça, c’est mon histoire ! » Et je me suis lancée dans la course au large. Cultivait-on cet esprit de compétition dans votre famille ? Non, plutôt le goût de la musique classique ! J’ai passé mon enfance à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), en banlieue parisienne, avec un père architecte auvergnat, une mère savoyarde qui élevait cinq filles (j’étais la quatrième), mes grands-parents paternels, ma grand-mère maternelle, une grand-tante et sa fille. Nous étions douze à table tous les jours. Une tribu ! C’était très joyeux, très riche humainement, on ne s’engueulait jamais. Je suis née en 1956 mais j’ai eu cette chance, rare pour l’époque, de ne jamais m’entendre dire qu’il y avait des choses réservées aux filles, d’autres aux garçons. Le Val-de-Marne, c’est un peu loin de la mer… Comment découvrez-vous la voile ? Elle me tombe dessus à l’âge de 6 ans. Tous les étés, nous passions deux mois dans les Côtes-d’Armor, à Lancieux, près de Saint-Lunaire. Papa aimait naviguer, il avait été initié par des amis, il avait ce côté à la fois rêveur, poète et ingénieur, passé par l’école Centrale. Il avait acheté un Vaurien, un petit dériveur en bois qu’on ponçait et vernissait l’hiver, dans le jardin, et qu’on tractait l’été venu derrière la voiture. Dès le début, la voile m’a parlé, de manière très sensuelle. Le mouvement, le bruit, le vent, ce sentiment d’être libre, de pouvoir partir à l’aventure sur l’île d’en face. Avec les frangines, les copains, puis toute seule, j’ai fait mes armes. J’ai été entraînée hors de la baie de Lancieux par les courants, je me suis fait avoir quand le vent tombait au coucher du soleil, revenant à 23 heures… Mes parents ronchonnaient, mais ils me faisaient une confiance incroyable. « Je ne serais pas arrivée là » non plus sans ces parents intelligents.
https://www.lemonde.fr/la-matinale/article/2018/11/25/isabelle-autissier-la-planete-peut-devenir-un-gros-caillou-chauve_5388273_4866763.html
25/11/2018
L’ancienne navigatrice raconte au « Monde » son amour de la mer et sa grande inquiétude sur l’état de la Terre.
chroniques-de-la-presidence-trump
Président Trump, an II : pas de trêve pour Thanksgiving
La semaine de Thanksgiving aurait pu être l’occasion d’une trêve à Washington, mais Donald Trump n’a épargné pratiquement personne, à part les deux dindons réglementaires présentés au président par la fédération des éleveurs de volatiles… et le prince héritier saoudien. Ce dernier a beau être considéré par le renseignement américain comme l’instigateur probable de l’assassinat et du démembrement d’un journaliste dissident, Jamal Khashoggi, dans une enceinte diplomatique en Turquie, Donald Trump a jugé que les intérêts supérieurs des Etats-Unis commandaient de détourner le regard. L’ancien patron des forces spéciales américaines et le président de la Cour suprême n’ont pas bénéficié de cette magnanimité. Le premier pour avoir écrit trois mois plus tôt une tribune qu’il aurait pu republier après la décision de protéger à tout prix Mohammed Ben Salman, y compris en salissant au passage la mémoire du supplicié. « Vos actions nous ont embarrassés aux yeux de nos enfants, humiliés sur la scène mondiale et, pire encore, nous ont divisés en tant que nation », avait jugé William H. McRaven. Donald Trump a fini par laisser éclater sa rancune en lui reprochant d’avoir tardé à éliminer le fondateur d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden, en 2011, alors que « tout le monde » savait, selon lui, où le trouver. Le second, John Roberts, a essuyé l’ire présidentielle pour avoir défendu l’intégrité et l’indépendance de la justice que Donald Trump divise en deux parties : la bonne qui valide ses décisions, et la mauvaise qui les conteste, indépendamment de considérations aussi ennuyeuses que le droit ou la Constitution. Nul doute que Donald Trump serait plus à son affaire avec une verticale du pouvoir qui emprunterait aux régimes autoritaires dont il ne parvient jamais à critiquer la nature, mais il a été élu aux Etats-Unis. « Le monde est un endroit très dangereux ! » Une bien-pensance environnementale supposée en a pris également pour son grade à la suite du coup de froid qui s’est abattu sur la parade annuelle organisée à New York le jour de Thanksgiving par la grande chaîne de distribution Macy’s. Donald Trump y a vu la preuve que ses interrogations récurrentes sur la nécessité de lutter contre les gaz à effet de serre étaient justifiées. « La vague de froid brutale et prolongée peut battre TOUS LES RECORDS - Qu’est donc devenu le réchauffement climatique ? », s’est finement interrogé le président des Etats-Unis, qui considère comme de la paperasserie inutile les réglementations protégeant l’environnement.
https://www.lemonde.fr/chroniques-de-la-presidence-trump/article/2018/11/25/president-trump-an-ii-pas-de-treve-pour-thanksgiving_5388267_5077160.html
25/11/2018
Déchaîné, le président américain s’en est pris à l’ancien patron des forces spéciales américaines et au président de la Cour suprême… mais a épargné l’héritier saoudien.
m-perso
Les condiments, un permis de jouer en cuisine
CHANGKI-CHUNG POUR LE MONDE Il est très fréquent de tailler en cuisine. Le plus souvent avec un couteau d’office, parfois à l’aide d’une mandoline. Tailler des fruits et des légumes, en rondelles, en lamelles, en brunoise, en julienne, ou des champignons en duxelles. Tailler une bavette et le bout de gras aussi, au propre comme au figuré, ça agrémente joyeusement les préparatifs. Se tailler à l’heure de débarrasser le lave-vaisselle ou de faire la plonge, c’est bien moins utile à la communauté et, pourtant, certains s’en sont fait une spécialité. Mais tailler à table ? Tout juste un costard à un collègue de bureau ou à un voisin pénible. Guère plus, ou alors c’est que la viande servie est vraiment de la semelle ! Il pourrait en être autrement désormais avec une nouvelle ­génération de condiments qui se distinguent par leur présentation. Ainsi, de gros crayons voués à être taillés directement sur les assiettes pour y apporter une petite touche décoiffante. Ces « ocni » (objets ­comestibles non identifiés, c’est le nom de la marque, fabriquée à Alès, dans le Gard) ont été mis au point par un designer en innovation ­alimentaire, Benoît Le Guein. Retour à la maternelle Celui qui aime se définir comme un « savant food » revendique une approche ludique : « On passe à table trois fois par jour, il ­serait dommage de s’interdire de jouer avec la nourriture pour rendre le repas moins banal… » Jouer sans gaspiller, donc, et avec des produits naturels. Les crayons sont constitués de vinaigre de cidre bio, d’agar-agar (algue gélifiante), de sel et d’arômes naturels, déclinés en une ­dizaine de parfums. En ce moment, le cèpe et l’ail noir accompagnent bien les légumes-racines, les veloutés ou les plats à base d’œuf ; aux beaux jours, ce sont plutôt les piments, le citron (vert ou confit) ou le basilic qui s’inviteront dans les assiettes… Retour à la maternelle : en détaillant des copeaux avec le taille-crayon (fourni), chacun renoue avec un geste enfantin tout en donnant une touche originale et ­personnalisée à son plat. C’est avec un même esprit ludique et créatif qu’ont été élaborées de drôles de tablettes, inspirées de celles de chocolat. Conçues par Cocasse, une start-up nantaise, elles sont composées de beurre de ­cacao et de légumes issus de productions déclassées (en clair, moches et non calibrés). Et c’est tout, 100 % bio, avec trois légumes pour commencer : carottes, tomates et betteraves. Ce produit a reçu le Grand Prix de l’innovation, catégorie Espoir, au Salon international de ­l’alimentation de Paris, en octobre. Outre son intéressant aspect ­récup, ce condiment se démarque par son double mode d’utilisation : en finition sous forme râpée (sur une salade, une omelette, une soupe…) ou fondu au bain-marie comme du chocolat, pour obtenir une texture lisse très concentrée en légumes, qui entre dans la composition de préparations salées (cakes, muffins, sauces…).
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/11/25/les-condiments-un-permis-de-jouer-en-cuisine_5388259_4497916.html
25/11/2018
Achards, miso, chutney, relish mais aussi crayons à assaisonner et tablettes de légumes à râper. Il est désormais conseillé de se divertir avec la nourriture.
idees
Iles Kiribati, un avenir flottant
Erwan Fages Vous êtes les îles oubliées du Pacifique lointain, accrochées sur l’équateur à mi-chemin entre l’Australie et Hawaï, un archipel d’une île et de 32 atolls, dont 12 seulement sont habités. Minuscule Etat de Micronésie aux 110 000 âmes, vous êtes des poussières de terre ferme, 726 km2, soit Paris et sa couronne, dispersées sur un immense espace maritime, 3,5 millions de kilomètres carrés d’eaux territoriales, soit l’Inde. Vous vous appelez les Kiribati, votre nom en ­gilbertin, la langue austronésienne parlée par les habitants originaires. A l’exception de l’île Banaba, vos plus hauts reliefs font 3 mètres. Ce mince affleurement en pleine mer vous est aujourd’hui fatal. Car un déluge est annoncé sur vos maisons, qui fait écho au déluge chrétien que les missionnaires vous ont enseigné. En effet, les derniers modèles effectués en 2016 sur la fonte de la calotte antarctique et sa fracturation en énormes icebergs (Nature n° 531, 31 mars 2016) laissent à penser que le niveau des océans du monde pourrait s’élever de 1 mètre à 1,80 m d’ici à 2100. Vos terres seraient alors submergées. Aujourd’hui déjà, sur l’atoll de Tarawa, le plus peuplé, la population a dû dresser des ­digues de fortune et planter des palétuviers pour contenir la mer qui, à chaque tempête, s’infiltre un peu plus, érode vos côtes, salinise vos puits, ruine vos plantations – tant et si bien que la Banque mondiale a dû mettre en place un programme de sauvegarde des eaux douces et de reboisage des mangroves. Drame environnemental Même si certaines expertises reprochent à vos dirigeants d’avoir aggravé votre fragilité à la suite de décisions inopportunes – construction de routes et d’hôtels dégradant le littoral, villages établis sur des atolls instables, digues mal conçues… –, vous êtes devenues le symbole du drame environnemental global, où vous êtes en première ligne. Déjà, les photos de vos maisons submergées ont fait le tour du monde, tant et si mal que votre précédent président, Anote Tong, a racheté à l’Eglise catholique anglicane des îles Fidji une parcelle de 20 km2 pour reloger les Gilbertins qui, déjà, voudraient partir… Vous n’êtes, hélas, pas les seules à redouter les conséquences d’une élévation du niveau des mers, puisque vous avez rejoint, en 1990, l’Alliance of Small Islands States (Aosis), qui compte aujourd’hui 44 nations insulaires et Etats côtiers inquiets et qui se bat avec l’énergie du désespoir pour se faire entendre aux conférences internationales sur le climat.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/25/iles-kiribati-un-avenir-flottant_5388246_3232.html
25/11/2018
Perdu au milieu du Pacifique, l’archipel est particulièrement menacé par la montée des eaux liée au réchauffement climatique. Un petit point sur la carte du monde dont un livre raconte les modes de vie et la culture.
argent
« Un risque financier peut exister pour le contribuable si l’employeur ne prélève pas l’impôt à la source »
Un employeur est passible d’une amende qui peut aller jusqu’à 80 %, en cas de rétention délibérée du prélèvement. Pablo Blasberg/Ikon Images Question à un expert Que se passe-t-il si l’employeur ne prélève pas ou ne reverse pas la retenue à la source prélevée sur le salaire ? Rappelons qu’avec la mise en place du prélèvement à la source (PAS), l’employeur va collecter l’impôt pour le compte du Trésor, et ce, en ponctionnant directement le salaire du collaborateur. Nous devrons nous habituer à recevoir un salaire net de l’impôt sur le revenu. La question est alors, pour le salarié, de savoir s’il devra payer la retenue directement au Trésor si son employeur ne la reverse pas… Autrement dit, quel est le risque financier qui pèse sur lui ? Peut-il être responsable des agissements de son employeur ? La réalité veut que l’employeur soit le débiteur légal de la retenue. A ce titre, il est d’ailleurs passible d’une amende qui peut aller jusqu’à 80 %, en cas de rétention délibérée. Vous le voyez, le salarié est donc considéré comme ayant payé l’impôt et ne devra pas payer une deuxième fois cette charge fiscale. Mais, nous ne pouvons écarter une seconde hypothèse. Celle où l’employeur n’a pas prélevé la retenue à la source. Ce risque pourrait notamment survenir en cas de procédure collective, procédure de sauvegarde ou redressement judiciaire. Dans ce contexte, le salarié a perçu un salaire brut. Il resterait redevable de l’impôt. Il lui incomberait alors de solder le montant fiscal dû pour s’acquitter de sa dette vis-à-vis de l’administration. La vigilance est donc de mise !
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/11/25/un-risque-financier-peut-exister-pour-le-contribuable-si-l-employeur-ne-preleve-pas-l-impot-a-la-source_5388247_1657007.html
25/11/2018
Que se passe t-il si son employeur ne la reverse pas le prélèvement à la source aux impôts s’interroge Olivier Rozenfeld Président de Fidroit dans la chronique pour le Monde.
ameriques
Migrants : imbroglio autour d’un accord entre les Etats-Unis et le Mexique
Elias Lopez, un petit Hondurien de trois ans, joue avec les boucliers de la police mexicaine, le 22 novembre à Tijuana, au Mexique. Rodrigo Abd / AP Le futur gouvernement mexicain a affirmé samedi 24 novembre être parvenu à un accord avec l’administration américaine pour que les demandeurs d’asile restent au Mexique pendant que leur demande est examinée aux Etats-Unis – avant de démentir l’information. « Pour l’instant, nous avons trouvé un accord sur cette politique “Rester au Mexique” », a affirmé au Washington Post Olga Sanchez Cordero, la ministre de l’intérieur du gouvernement du président élu Andres Manuel Lopez Obrador, qui prend ses fonctions le 1er décembre. Citée dans un article du quotidien américain, elle a évoqué une « solution de court terme ». « La solution de moyen et long termes, c’est que les gens cessent de migrer », a-t-elle ajouté. « Le Mexique a les bras ouverts et tout ce qu’il faut, mais imaginez, caravane après caravane après caravane, ce serait aussi un problème pour nous », a-t-elle souligné. Un peu plus tard, son bureau a cependant diffusé un communiqué affirmant qu’il n’y avait « aucun accord de quelque type que ce soit entre le futur gouvernement du Mexique et celui des Etats-Unis ». « Les migrants à la frontière sud ne seront pas autorisés [à entrer] aux Etats-Unis en attendant que leurs demandes soient individuellement approuvées par la justice », avait tweeté dans la soirée Donald Trump semblant confirmer ainsi l’information du Washington Post. Migrants at the Southern Border will not be allowed into the United States until their claims are individually appr… https://t.co/1rhhYBhKvM — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) ....All will stay in Mexico. If for any reason it becomes necessary, we will CLOSE our Southern Border. There is no… https://t.co/1SscdAbmV9 — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Menaces de fermeture Une « caravane » de milliers de migrants, essentiellement des Honduriens qui ont quitté leur pays d’Amérique centrale mi-octobre pour fuir la violence et la pauvreté, a commencé à arriver à la frontière américaine. Donald Trump, qui a massé des milliers de militaires à la frontière avec le Mexique, a menacé de la fermer totalement si la situation devait dégénérer. Il a aussi pris un décret pour rejeter automatiquement les demandes d’asile déposées par des personnes entrées illégalement aux Etats-Unis, mais la justice a pour l’heure bloqué cette mesure, provoquant l’ire du milliardaire républicain.
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/11/25/accord-etats-unis-mexique-pour-que-les-demandeurs-d-asile-restent-cote-mexicain_5388236_3222.html
25/11/2018
Selon le « Washington Post » et des tweets du président américain, les deux pays se sont mis d’accord pour que les demandeurs d’asile restent côté mexicain. Information démentie à Mexico City.
entreprises
La ministre des transports assure qu’aucune décision n’est prise sur la vignette poids lourds
La ministre des transports Elisabeth Borne, le 21 novembre à Paris. ALAIN JOCARD / AFP La ministre des transports, Elisabeth Borne, a indiqué dimanche 25 septembre qu’aucune décision n’avait été prise sur la mise en place d’une vignette poids lourds, projet très critiqué par les transporteurs routiers. La vignette poids lourds « est un sujet sensible sur lequel il est utile de prendre le temps », a-t-elle répondu au Journal du dimanche. « Que les poids lourds étrangers contribuent à l’entretien des routes qu’ils empruntent, cela reste une bonne piste de travail », a-t-elle dit. « Mais en aucun cas nous ne ferons payer les particuliers », a-t-elle ajouté. Au lendemain d’une nouvelle journée de mobilisation des « gilets jaunes », Mme Borne a assuré par ailleurs que le gouvernement n’entendait « pas remettre en question » la taxe carbone : « Mais la transition écologique ne doit pas pénaliser les Français les plus modestes. » Nouvelle ressource La programmation des infrastructures voulue par le gouvernement prévoit de trouver une ressource nouvelle de 500 millions d’euros par an à partir de 2020. L’option d’une vignette poids lourds a été évoquée par le ministre de tutelle de Mme Borne, François de Rugy. Mme Borne doit par ailleurs présenter lundi son projet de loi d’orientation des mobilités (LOM) qui vise à améliorer et rendre moins polluants les déplacements. Dans cet entretien, la ministre a assuré vouloir « mettre le paquet sur les territoires », soulignant que l’objectif de la loi est « d’apporter des réponses concrètes partout » et de sortir de la logique « tout TGV » qui « a poussé au tout-voiture beaucoup de nos concitoyens, laissés sans autre solution pour se déplacer ». Mme Borne a affirmé qu’il y aurait « 50 % de moyens en plus pour remettre en état le réseau ferroviaire ». « L’Etat va aussi investir à hauteur de 2,6 milliards pour augmenter l’offre de trains du quotidien là où il y a le plus de besoins », a-t-elle précisé. La ministre a rappelé le lancement d’un « plan de désenclavement routier de 1 milliard sur dix ans ». « Ce sont des routes promises depuis des décennies, qui n’ont toujours pas vu le jour et qui alimentent le sentiment d’abandon », a-t-elle souligné. Présenté en conseil des ministres lundi, le projet de loi doit être examiné au Parlement en février. La LOM vise à mettre de l’ordre dans les projets non financés laissés par les gouvernements précédents et à fournir aux élus une « boîte à outils » pour faciliter les déplacements et intégrer les nouveaux modèles apportés par la révolution numérique.
https://www.lemonde.fr/entreprises/article/2018/11/25/la-ministre-des-transports-assure-qu-aucune-decision-n-est-prise-sur-la-vignette-poids-lourds_5388231_1656994.html
25/11/2018
Elisabeth Borne explique dans un entretien au « JDD » qu’elle est toujours à la recherche de pistes pour trouver de nouvelles recettes pour financer les infrastructures routières.
politique
Le député LFI de La Réunion brandit un gilet jaune à la tribune de l’Assemblée
GILET JAUNE : VOILA LE DRAPEAU DE LA RÉSISTANCE A LA RÉUNION J'ai décidé de porter la voix de La Réunion.… https://t.co/BXrQQnoOO1 — DeputeRatenon (@Jean-Hugues Ratenon) Dénonçant un « comportement colonial du gouvernement français », le député La France insoumise (LFI) de La Réunion Jean-Hugues Ratenon a brandi, lundi 26 novembre dans la soirée, un gilet jaune à la tribune de l’Assemblée nationale. La séance dédiée à la nouvelle lecture du projet de budget 2019 de la Sécurité sociale a donc été brièvement suspendue. M. Ratenon devait initialement défendre une motion préalable de rejet du projet de budget, qu’il a qualifié de « loi d’insécurité sociale ». Il a saisi l’occasion d’être à la tribune pour dresser un long réquisitoire de la politique menée à La Réunion. Sur l’île, « la notion de liberté-égalité-fraternité est totalement bafouée par l’arrogance du pouvoir, la corruption des élus d’ici ou là-bas, et par votre manque d’humanité, vous, les députés de la majorité », a-t-il lancé sous les protestations des élus visés. A La Réunion, qui traverse une « crise sociale intense », « le gros aide le gros, personne n’aide le petit », a-t-il affirmé. Le droit au travail, le droit de circuler, le droit à l’éducation et encore le droit à la santé, avec notamment l’eau souvent « impropre à la consommation », ne sont pas assurés, a poursuivi le député. Une rencontre avec les « gilets jaunes » à La Réunion prévue Pour les Réunionnais, c’est aussi, selon lui, la « double peine » avec des prix qui « explosent chaque mois » et des revenus peu élevés. « Le peuple réagit » et, « face à cela, votre réponse, c’est la répression », a critiqué le député. « Je dénonce le comportement colonial du gouvernement français », a-t-il martelé devant le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin. Rappelant l’action mercredi dernier de Jean Lassalle (non inscrit), qui avait revêtu un gilet jaune, entraînant là aussi une interruption de séance, M. Ratenon a alors tiré de sa veste ce qu’il a appelé le « drapeau de la résistance », un gilet jaune. Le président de séance, Marc Le Fur (Les Républicains, LR), a alors brièvement interrompu la séance et le député a rangé le gilet jaune. Les députés ont alors repris leurs échanges sur le budget de la Sécurité sociale. La ministre des outre-mer, Annick Girardin, a annoncé qu’elle irait, mercredi, à la rencontre des « gilets jaunes » à La Réunion, où elle fera des annonces notamment sur le coût de la vie, alors que le nombre de barrages sur l’île est reparti nettement à la hausse.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/26/le-depute-lfi-de-la-reunion-brandit-un-gilet-jaune-a-la-tribune-de-l-assemblee_5389010_823448.html
26/11/2018
En plus de ce geste symbolique, Jean-Hugues Ratenon a dressé un réquisitoire de la politique menée sur l’île, fustigeant des droits « bafoués ».
international
Scènes de violence à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis
exique Ils étaient plus de 500 à vouloir passer la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis dimanche 25 novembre. Des hommes, des femmes, des enfants prêts à tout pour mettre le pied sur le sol états-unien. Pendant plusieurs heures, le poste-frontière de la ville de Tijuana au nord du Mexique a été le lieu d’un vaste jeu du chat et de la souris entre les forces de l’ordre et les migrants. Au sprint, la police des frontières a répondu à coups de gaz lacrymogène et de survols en hélicoptère pour traquer d’éventuelles intrusions. Au total : quarante-deux personnes ont été arrêtées et des forces anti-émeutes mexicaines ont été déployées pour éviter tout débordement. Côté américain, Donald Trump a menacé de fermer totalement la frontière si la situation dégénérait. Le président américain a déjà déployé près de 9 000 militaires entre les deux pays. Environ 5 000 migrants sont arrivés cette semaine à Tijuana, après avoir parcouru plus de 4 000 kilomètres en un peu plus d’un mois. La plupart ont fui la violence et la pauvreté au Honduras.
https://www.lemonde.fr/international/video/2018/11/26/scenes-de-violence-a-la-frontiere-entre-le-mexique-et-les-etats-unis_5388986_3210.html
26/11/2018
Quelque 500 migrants, dont des femmes et des enfants, ont tenté de forcer le passage à Tijuana, dans le nord-ouest du Mexique
energies
Dans le Lot-et-Garonne, un projet photovoltaïque géant suscite des doutes
La forêt de pins du Parc naturel régional des Landes de Gascogne, proche de la future centrale électrique solaire. FREDERIC DIDILLON / BIOSPHOTO Des champs de maïs à perte de vue, puis un mur de pins maritimes qui cache la plus grande forêt artificielle d’Europe occidentale, sur plus de 1 million d’hectares. Le massif forestier dit des « Landes de Gascogne » forme un vaste triangle couvrant trois départements. Un paysage baigné tout au long de l’année par 1 900 heures de soleil, soit quasiment autant que le bassin méditerranéen. Dans la partie ouest, et sur cinq communes (Allons, Boussès, Sauméjan, Pompogne et Houeillès), est lancé le projet pharamineux du plus grand parc photovoltaïque d’Europe : 2 000 hectares, 1 milliard d’euros d’investissements, 1 000 emplois espérés, des retombées fiscales inédites, et une production d’électricité à peu près équivalente à une tranche de centrale nucléaire, soit environ 1 gigawatt. « Les communes vont se partager ces panneaux solaires, répartis au total, non sur un parc unique au sol, mais sur neuf fermes dont 1 300 hectares de terres agricoles et 700 hectares de forêt », précise Raymond Girardi, instigateur du projet, président de la communauté de communes des Coteaux et Landes de Gascogne et vice-président du conseil départemental de Lot-et-Garonne. « De l’argent plus simple » Pour l’heure, les cinq opérateurs privés qui vont investir – Valeco, Green Lighthouse, Neoen, Reden Solar et Amarenco Construction – gardent le silence en attendant de finaliser le complexe dossier technique et financier, et de conclure les discussions avec cinq exploitants agricoles concernés. « Pas un seul euro d’argent public engagé », avance l’élu, et, pour les sylviculteurs ou producteurs de maïs, des dédommagements ou une location des terres à des prix annoncés très hauts, entre 2 000 et 3 000 euros l’hectare par an. « On est en phase de discussion, dit l’un des exploitants agricoles, qui souhaite rester anonyme. On n’a plus de visibilité sur notre métier, il y a les problèmes d’eau, le réchauffement, l’interdiction des pesticides… Pour moi, c’est de l’argent plus simple qui va rentrer. » De l’argent qui devrait profiter aux caisses des communes, « jusque-là très modestes », précise M. Girardi. ­Selon lui, les collectivités se partageront environ 8 millions d’euros par an, principalement grâce à l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux. Le plan local d’urbanisme intercommunal sera voté en janvier 2019 et il permettra l’implantation des grands panneaux solaires orientables et de technologies ­innovantes.
https://www.lemonde.fr/energies/article/2018/11/26/dans-le-lot-et-garonne-un-projet-photovoltaique-geant-suscite-des-doutes_5388984_1653054.html
26/11/2018
Sur 2 000 hectares, avec près de 1 milliard d’euros d’investissements, la plus grande centrale électrique solaire d’Europe est en voie de finalisation.
cinema
Le cinéma de Bertolucci en quatre scènes cultes
7 ans. Le réalisateur italien Bernardo Bertolucci est mort ce 26 novembre à l’âge de 77 ans. Fils du poète Attilio Bertolucci, le cinéaste est marqué par le privilège d’être né dans un milieu aisé et intellectuel. Il cherchera sans cesse à se libérer de la figure paternelle. Engagé au Parti communiste, ses films sont clairement imprégnés de son engagement politique, comme Le Conformiste, en 1970, ou sa grande fresque historique, 1900, qui embrasse près d’un siècle de lutte des classes dans la riche plaine du Pô à travers le destin de deux amis d’enfance. Il fait scandale en 1972 avec Le Dernier Tango à Paris. Une scène de sodomie provoque l’interdiction du film en Italie. L’actrice Maria Schneider, âgée de 19 ans au moment du tournage, en avait été profondément marquée, le réalisateur ayant raconté par la suite qu’elle n’avait pas été complètement avertie avant le tournage du contenu de cette scène. Bertolucci triomphe mondialement en 1987 avec Le Dernier Empereur, qui remporte le César du meilleur film étranger et l’Oscar du meilleur réalisateur. Il a reçu la Palme d’or d’honneur à Cannes en 2011 pour l’ensemble de son œuvre.
https://www.lemonde.fr/cinema/video/2018/11/26/le-cinema-de-bertolucci-en-quatre-scenes-cultes_5388950_3476.html
26/11/2018
On lui doit « Le Dernier Tango à Paris », « 1900 », « Le Dernier Empereur » ou encore « Little Buddha ». Le réalisateur italien Bernardo Bertolucci est mort ce 26 novembre à l’âge de 77 ans.
implant-files
Agnès Buzyn : « Depuis des années, les implants médicaux, c’est l’angoisse des ministres de la santé »
Agnès Buzyn, ministre de la santé et des solidarités, à Paris, le 21 novembre. Ed Alcock / M.Y.O.P. pour Le Monde Agnès Buzyn, ministre de la santé, constate une sous-déclaration des effets indésirables des dispositifs médicaux, mais assure travailler avec les médecins et les professionnels pour que ces signalements soient plus systématiques et automatisés. Des chirurgiens alertent depuis plusieurs années sur un lien possible entre prothèses texturées, dont la Biocell d’Allergan, et un cancer rare. L’agence de santé a recommandé, le 21 novembre, de ne plus poser ces implants mammaires. Pourquoi avoir autant attendu ? C’est toujours facile de refaire l’histoire a posteriori. Nous cherchons ce lien depuis plusieurs années sans arriver à le mettre en évidence statistiquement. La difficulté, c’est que la majorité des femmes, en France, portent des implants texturés, et environ une sur trois des Biocell d’Allergan. Toutes ont eu plusieurs prothèses dans leur vie. C’était donc très difficile d’affirmer le lien. On a même cru que les prothèses frelatées PIP étaient en cause, puis on s’est rendu compte qu’on trouvait des lymphomes sur d’autres marques que PIP. Que dites-vous aux femmes qui en portent ? Prendre une décision de police sanitaire est compliqué. En 2011, l’Institut national du cancer [INCa] annonce qu’il ne peut pas conclure à un lien entre les prothèses PIP et le risque de lymphome anaplasique à grandes cellules [LAGC]. L’avis d’experts recommande alors de mieux suivre les femmes et de ne les explanter qu’en cas de signe. Le ministre Xavier Bertrand ne suit pas cet avis et propose une explantation de précaution. A-t-on bien fait ? Entre 15 000 et 20 000 femmes ont été explantées. A la place, on leur a posé de nouvelles prothèses dont on se dit maintenant que ce sont elles qui posent problème. In fine, la décision a été plus toxique que si on avait suivi l’avis de l’INCa. Je redis que le risque reste très faible et que le LAGC est une maladie très rare. Sept ans après l’affaire PIP, il est toujours impossible d’identifier qui porte quel implant en France. Pourquoi le décret de 2006 sur la traçabilité n’est-il toujours pas appliqué ? Depuis des années, les implants médicaux, c’est l’angoisse des ministres de la santé. J’ai toujours entendu Xavier Bertrand et Marisol Touraine dire que leur inquiétude venait des dispositifs médicaux parce que le niveau d’exigence avant la mise sur le marché est bien inférieur à celui du médicament. Tous savent que la réglementation est insuffisamment robuste. Aujourd’hui, les chirurgiens ont l’obligation de donner une carte avec le type de prothèse, son numéro de série. Pour cela, chaque implant doit avoir son code de traçabilité, mais c’est long à mettre en place parce qu’il y a 1 500 000 dispositifs médicaux sur le marché.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/26/agnes-buzyn-depuis-des-annees-les-implants-medicaux-c-est-l-angoisse-des-ministres-de-la-sante_5388926_5385406.html
26/11/2018
« Implant Files ». La ministre concède un niveau d’exigence pour les prothèses inférieur à celui du médicament, mais assure travailler à une meilleure traçabilité.
international
Violents affrontements en mer entre la Russie et l’Ukraine
oscou. Le détroit de Kertch qui délimite les eaux de la mer d’Azov et celles de la mer Noire, a été dimanche le théâtre d’une escalade et d’un face-à-face entre plusieurs navires de guerre russes et ukrainiens. Après des échanges de tirs, trois bateaux ukrainiens ont été interceptés par l’armée russe et n’ont pas pu continuer leur route. Selon Kiev, six de ses marins auraient été blessés et vingt-trois capturés dans ces violences – les plus graves dans cette zone où la tension n’a cessé de monter ces derniers mois. La mer d’Azov, située entre la Crimée, l’Ukraine et la Russie, est une zone de tension depuis l’annexion de la Crimée en 2014 par Moscou. Un accord de 2003 donnait normalement droit aux deux pays de naviguer librement dans le secteur. Mais, dans les faits, Moscou considère le passage des bateaux ukrainiens comme une violation de ses eaux territoriales. De son côté, Kiev ne reconnaît pas ce découpage et s’emploie à renforcer sa présence militaire. Après ces accrochages, des hélicoptères et des avions de combat russes ont survolé le pont de Kertch. La marine ukrainienne a, elle, été placée en état d’alerte. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a demandé au Parlement d’envisager l’introduction de la loi martiale. Une façon de rompre les relations diplomatiques avec la Russie et d’instaurer l’Etat d’urgence. Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) s’est tenue pour parvenir à une désescalade immédiate et la Commission européenne a exhorté les deux pays à faire « preuve de la plus grande retenue ».
https://www.lemonde.fr/international/video/2018/11/26/violents-affrontements-en-mer-entre-la-russie-et-l-ukraine_5388907_3210.html
26/11/2018
La situation diplomatique reste très tendue entre la Russie et l’Ukraine au lendemain d’un incident ayant conduit à la capture de trois navires ukrainiens par Moscou.
implant-files
Implants médicaux : « Je suis une miraculée mais j’ai vécu sept ans de calvaire »
Prothèse mammaire lisse (labo Allergan) YVES SAMUEL POUR LE MONDE Implants mammaires, bandelettes sous urétrale, contraception définitive Essure… Trois femmes témoignent du calvaire qu’elles ont vécu à la suite de la pose d’un dispositif médical. Elles ont été explantées, mais gardent le corps meurtri. Joëlle Manighetti, 62 ans, ancienne cadre de santé, prothèse PIP. « Je me souviens précisément du moment où ma prothèse a commencé à suinter. C’était le jour du mariage de mon frère, fin 2009, en plein dîner. J’ai senti de l’humidité sous le bras. Trois semaines avant, on m’avait retiré le sein gauche après un cancer. A Gustave-Roussy, à Villejuif [Val-de-Marne], le centre de lutte contre le cancer où j’étais suivie depuis l’été, on m’a confirmé que du liquide suintait de la cicatrice. On m’a fait un point et donné rendez-vous après les fêtes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Implant Files » : un filet de mandarines aux origines de l’enquête internationale Début janvier, une coque de stade 3 – sur une échelle de 4 – était déjà formée. Le sein était dur, douloureux, et le chirurgien ne comprenait pas ce qui se passait. On a eu la réponse lorsque l’affaire PIP a éclaté fin mars [le fabricant avait rempli ses prothèses d’un gel de silicone low cost non homologué]. Quand j’ai vu le chirurgien le lendemain, il m’a tout de suite dit qu’il fallait retirer l’implant. Au moment de l’opération, la prothèse avait déjà perdu 10 % de son volume. Du silicone s’était répandu dans le corps. Le chirurgien a tout nettoyé et m’a posé une nouvelle prothèse. Mais les tissus, trop enflammés, n’ont pas pu cicatriser. Il a ouvert de nouveau, nettoyé, et posé un drain pour assainir le tout. Cela n’a pas marché. Mi-juin, il a tout enlevé. A la fin de l’été, quand j’ai appris que je ne pouvais pas avoir recours au Diep [une alternative qui permet de reconstruire le sein sans prothèse en prélevant des tissus et de la graisse sur le ventre], j’étais démoralisée. Il m’a proposé de poser une nouvelle prothèse avec un lambeau dorsal, mais j’ai refusé. Entre-temps, j’avais appris qu’il fallait les changer tous les dix ans et je m’étais documentée sur ces histoires de marquage CE. J’avais beau avoir été cadre de santé, et participé à la recherche clinique sur le sida, j’étais loin de me douter que les implants médicaux échappaient aux procédures de contrôle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Implant files » : « Un stent intracrânien ne doit pas être mis sur le marché comme un réfrigérateur » Finalement, il y a six ans, j’ai eu un lambeau dorsal avec quatre lipomodelages, mais le calvaire continue. J’ai des séances de kiné une fois par semaine, mais rien ne calme la douleur. J’ai la moitié du thorax en permanence dans un étau. Je me sens comprimée même quand je parle. Ce qui me rend dingue, c’est que tout ça n’a pas été causé par mon cancer, mais par cette saloperie de prothèse.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/26/implants-medicaux-je-suis-une-miraculee-mais-j-ai-vecu-sept-ans-de-calvaire_5388905_5385406.html
26/11/2018
Douleurs insupportables, manque de réaction et d’information de la part de médecins, explantation difficile… Trois femmes témoignent des conséquences de la pose d’un dispositif médical dans leur corps.
societe
Violences conjugales : 130 femmes tuées par leur conjoint ou ex-compagnon en 2017
Des manifestants à Paris contre les violences sexistes, le 24 novembre 2018, à la veille de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. - / AFP Cent trente femmes ont été tuées l’an dernier par leur conjoint ou ex-compagnon, soit près d’une tous les trois jours, contre 123 en 2016, a annoncé lundi 26 novembre le gouvernement. Ce chiffre est rendu public à la veille du lancement d’une plateforme de signalement en ligne des violences sexuelles et sexistes. A ces 130 femmes victimes, il faut ajouter seize hommes tués par leur compagne ou ex-conjointe, et 25 enfants tués dans le cadre de violences conjugales, selon des données compilées par la police et la gendarmerie. « En incluant les suicides et les homicides de victimes collatérales, le nombre total de décès résultant de ces violences [conjugales] s’élève à 247 personnes », ont précisé dans un communiqué le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, et la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Un portail pour les victimes Ces chiffres restent « élevés et préoccupants », a encore observé Mme Schiappa, déplorant « une forme de régularité glaçante depuis des années ». Le gouvernement, a-t-elle souligné, met « tout en œuvre pour qu’enfin ces chiffres baissent » mais il « ne pourra pas tout tout seul ». « Quand on est témoin d’un cambriolage, on appelle la police. Il faut que le réflexe soit le même lorsqu’on est témoin de violences envers une femme », a déclaré la secrétaire d’Etat. Avec la garde des sceaux, Nicole Belloubet, et M. Castaner, elle doit présenter mardi matin à Guyancourt, dans les Yvelines, un « portail de signalement en ligne des violences sexuelles et sexistes, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ». Accessible via le site Internet « service-public.fr », celui-ci permettra aux victimes d’entrer en contact par tchat avec des policiers ou des gendarmes spécifiquement formés. Ce dispositif « est le premier des jalons, technique et politique, pour éradiquer » ces violences, a fait valoir dimanche le premier ministre, Edouard Philippe, dans une tribune publiée sur Facebook. La publication de ces données sur les féminicides intervient au lendemain de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, et deux jours après la marche #noustoutes, qui a rassemblé 50 000 personnes, selon les organisatrices, dans une cinquantaine de villes en France, dont 30 000 à Paris (12 000 pour la préfecture de police). Chaque année, près de 220 000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-compagnon. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/26/violences-conjugales-109-femmes-tuees-par-leur-conjoint-ou-ex-compagnon-en-2017_5388901_3224.html
26/11/2018
Les données compilées par la police et la gendarmerie font état de 247 morts, en incluant les suicides et les victimes collatérales.
economie
Tout comprendre à l’affaire Carlos Ghosn, qui ébranle l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi
Carlos Ghosn, le 21 octobre 2009, à Tokyo. YOSHIKAZU TSUNO / AFP Dans la soirée du 19 novembre, sur le tarmac de l’aéroport japonais Haneda, l’homme qui se fait arrêter par les agents du procureur de Tokyo n’est pas n’importe qui. Il s’agit de Carlos Ghosn, le tout-puissant patron du numéro un mondial de l’automobile, Renault-Nissan-Mitsubishi. Son arrestation constitue le point de départ d’un scandale aux lourdes répercussions économiques. Où se trouve Carlos Ghosn actuellement ? En prison, dans le centre de détention de Kosuge, au nord de Tokyo. Présenté à un juge le 21 novembre, M. Ghosn, 64 ans, a été placé sous un régime qui correspond peu ou prou à la garde à vue française. Il ne s’agit pas d’une détention provisoire, dans la mesure où il n’a pour le moment pas été inculpé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Renault-Nissan : les 24 heures qui ont scellé le sort de Carlos Ghosn A l’issue de sa garde à vue – qui peut théoriquement durer jusqu’à vingt-trois jours, mais pourrait être prolongée si d’autres chefs d’inculpation sont retenus à son encontre –, il reviendra au juge de décider d’une éventuelle mise en examen. Si tel était le cas, il pourrait être incarcéré ou libéré sous caution, moyennant quelques restrictions de liberté. En général, les étrangers restent détenus car les autorités japonaises redoutent leur départ du pays. Que lui est-il reproché ? Il y a eu beaucoup de confusion sur les faits qui valent à Carlos Ghosn d’être poursuivi. Contrairement aux premières informations de presse et au communiqué diffusé par le patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, les chefs d’accusation ne concernent pas, pour l’heure du moins, une fraude fiscale ou un abus de bien social. Officiellement, Carlos Ghosn est soupçonné d’avoir certifié, de 2011 à 2015, en tant que PDG de Nissan, des rapports financiers sur l’état de l’entreprise, tout en sachant qu’ils comportaient des inexactitudes concernant ses propres revenus. Il les aurait minimisés d’un milliard de yens par an (7,7 millions d’euros) durant cinq années, selon le bureau du procureur qui n’a pas donné de plus amples informations. Des accusations que rejette en bloc Carlos Ghosn, qui n’a pas fait usage de son droit au silence. Que risque Carlos Ghosn pour ces faits ? Si les soupçons sont avérés, M. Ghosn serait alors pénalement responsable. La peine peut être en théorie sévère. Le procureur général adjoint, Shin Kukimoto, a ainsi déclaré que l’affaire Ghosn était « l’un des types de crime les plus sérieux » compris dans le spectre de la loi financière japonaise de 2006, et que le suspect encourrait jusqu’à dix ans de prison.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/26/tout-comprendre-a-l-affaire-carlos-ghosn-qui-ebranle-l-alliance-automobile-franco-japonaise_5388898_3234.html
26/11/2018
M. Ghosn est détenu depuis le 19 novembre dans une prison près de Tokyo. Son arrestation constitue le point de départ d’un scandale aux lourdes répercussions.
idees
Climat : « C’est à une transformation radicale que les gouvernements et les peuples sont invités, avant qu’il ne soit trop tard »
Tribune. Lors de son interview télévisée, jeudi 22 novembre, Nicolas Hulot a évoqué la fin du monde. Cela mérite sans doute quelques commentaires. Evoquant le Club de Rome, le premier, dans les années 1972, à lancer un cri d’alarme dans les cinq continents, Nicolas Hulot a évoqué à juste titre les faits indiscutables qui menacent les hommes, les femmes et les enfants : vents violents et multiplications des ouragans dévastateurs, incendies favorisés par la sécheresse, fonte des glaciers, inondations qui chassent les habitants de leurs demeures et commerçants de leurs boutiques. A quoi il convient d’ajouter toutes les pollutions dans les airs comme dans la terre, dues aux moyens de transport et à l’usage intensif des énergies fossiles, qui attaquent la santé des enfants comme des adultes. Maux et déplacements Tous ces maux que nous avions annoncés Alexander King et moi dans notre livre The First Global Revolution. A Report of the Council of The Club Rome (Question de Survie. La révolution mondiale a commencé, Calmann-Lévy) en 1991, s’accumulent en nombre et en intensité et mettent en danger la santé et la survie même de populations de plus en plus nombreuses dans le monde, en provoquant des déplacements de ces populations comme on le constate en Amérique Latine, en Afrique, en Europe… Comment ne pas évoquer, à titre d’exemple, la figure d’Elisabeth Mann Borgese (1918-2002), fille de l’écrivain allemand Thomas Mann (1875-1955), et qui fut l’une des premières spécialistes mondiales des océans. Elle fut une conférencière demandée dans le monde entier, plaidant avec passion contre la pollution, pour un usage qu’elle appelait « pacifique » des océans et la préservation de cet héritage commun de l’humanité. Elle fut la première femme membre du Club de Rome. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Climat : comment expliquer une aussi criminelle apathie face au drame annoncé ? Experte reconnue dans le domaine des océans, elle organisa la première conférence internationale à Malte sur la loi de la mer (« Peace in the Oceans »). Elle publia pour le Club de Rome un rapport sur « The Future of The Oceans », puis en 1998, « The Oceanic Circle », plaidant pour une gouvernance mondiale des océans. Cette dernière publication insistait sur la nécessité de s’appuyer sur la loi de la mer afin de développer une gestion, à l’échelle mondiale, des ressources des océans. La fin d’un monde Qu’il y ait urgence, cela ne fait de doute que pour quelques chefs d’Etat, comme Donald Trump, qui nient l’évidence. Mais c’est à une véritable révolution économique et sociale que les nations sont convoquées. C’est à une transformation radicale que les gouvernements et les peuples sont invités avant qu’il ne soit trop tard.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/26/climat-c-est-a-une-transformation-radicale-que-les-gouvernements-et-les-peuples-sont-invites-avant-qu-il-ne-soit-trop-tard_5388893_3232.html
26/11/2018
Seul un plan à l’échelle du plan Marshall permettra de reconstruire des économies adaptées aux exigences climatiques et environnementales estime, dans une tribune au « Monde », Bertrand Schneider, ancien secrétaire général du Club de Rome.
idees
Violences faites aux femmes : « La tolérance sociale, principale alliée du scandale »
Tribune. Triste rendez-vous que ce dimanche 25 novembre, comme chaque année, sur le calendrier, impassible et sinistre, des violences quotidiennes faites aux femmes. Qui jamais ne semble devoir s’interrompre. Dans notre pays, tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint ; toutes les sept minutes, une autre subit un viol ; tous les ans, 200 000 sont victimes de violences physiques et sexuelles. Et si ces chiffres ne suffisent pas à eux seuls à dire la permanence de l’horreur, alors observons un peu plus loin l’imagination sans borne de sociétés violentes, jusqu’à la nausée, à l’égard toujours des mêmes. On savait les mutilations génitales, les mariages précoces, la prostitution, et autre « panoplie » de souffrances imposées aux femmes. On dit moins les pratiques « traditionnelles » sous couvert de « culture » qu’il faut savoir combattre avec la même détermination que nous avons combattu l’excision : ces veuves à qui l’on impose encore de dormir avec le corps du défunt et de boire l’eau avec laquelle on a lavé son corps ; ces jeunes femmes violées contraintes d’épouser leur agresseur ; ces filles à la fertilité testée par des inconnus avant d’être autorisées à se marier… Pas de place pour le relativisme Il n’y a place ni pour le relativisme ni pour la condescendance en la matière. Et si toutes les violences ne se ressemblent pas, la tolérance sociale, principale alliée du scandale, continue d’exister là-bas comme ici. Comme sur une autre planète, il faut entendre depuis plus d’un an certains commentateurs s’émouvoir qu’on « aille trop loin dans le grand déballage #meetoo ». Selon une étude effectuée par IPSOS, un homme français sur cinq, et un homme américain sur trois, pense que les femmes « exagèrent souvent les cas de viol ou violences » qu’elles rapportent Perception spontanée ou impactée par ces propos à l’emporte-pièce ? Voilà que, selon une étude récente effectuée par Ipsos, (« International Women’s Day : Global misperceptions of equality and the need to Press for Progres », voir lien PDF), un homme français sur cinq, et un homme américain sur trois, pense en effet que les femmes « exagèrent souvent les cas de viol ou de violences » qu’elles rapportent. La parole se libère certes, pas toujours les oreilles et les yeux de celles et de ceux qui ne mesurent pas la dureté de cette violence quotidienne et tristement ordinaire. Ni des chaînes d’informations en continu qui, trop occupées à couvrir les faits d’armes de casseurs sur les Champs-Elysées, en oublient purement et simplement d’évoquer une manifestation pourtant massive le même jour pour dénoncer ces violences.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/26/violences-faites-aux-femmes-la-tolerance-sociale-principale-alliee-du-scandale_5388890_3232.html
26/11/2018
Si le mouvement #Meetoo a permis de libérer la parole, elle reste toujours sujette à caution, estime l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem dans une tribune au « Monde ». S’appuyant sur une enquête d’Ipsos, elle montre que le relativisme qui imprègne encore les sociétés occidentales demeure un frein pour éradiquer ce fléau.
m-perso
Sur les routes de France, la guerre des platanes n’aura pas lieu
Sur une départementale entre Nîmes et Uzès, dans le Gard. JOSE NICOLAS / ONLYFRANCE.FR Abattre ou non les arbres qui bordent les routes ? Le ­sujet ne prête pas du tout à la polémique. Mais alors, pas du tout. « Tout le monde aime les arbres. S’il y a une polémique, elle vient de ceux qui veulent les abattre », assure Chantal Pradines, déléguée générale de l’association Allées avenues, qui œuvre « pour la promotion du patrimoine culturel, naturel et paysager que constituent les allées d’arbres ». « Tant qu’il y aura des extrémistes qui considèrent qu’on ne peut pas toucher au moindre arbre, la discussion sera vive », répond ­Jacques Robin, ingénieur routier à la retraite et ancien responsable des routes dans le département du Bas-Rhin. Pas de polémique, donc, sauf si elle vient du camp d’en face. On ne pensait pas que cette histoire d’arbres alignés le long des ­ex-nationales continuait de déclencher, en 2018, des débats aussi vifs. Sur l’échelle des controverses bien françaises, on n’en est certes pas au niveau des « gilets jaunes » ni du vélo en ville, mais pas loin. Deux camps s’affrontent, qui disposent chacun d’arguments trempés dans la science, des ­arguments que l’on retrouve, dans une version schématisée à l’extrême, aux comptoirs des bistrots où l’on voudra bien lancer le sujet, pour voir. « L’alignement est un paysage, un patrimoine ». Chantal Fauché, présidente d’Arbres et routes. Du côté des contre, d’abord. « L’alignement est un paysage, un patrimoine. Les arbres contribuent aux trames vertes et bleues », ces continuités végétale et aquatique inscrites dans la loi depuis le ­Grenelle de l’environnement, affirme Chantal Fauché, présidente d’Arbres et routes. Cette habitante du Gers a créé son association à la fin des années 1990 pour protester contre les « abattages massifs » pratiqués dans son département « à la suite de demandes de familles endeuillées » par les accidents de la route. Car on en revient toujours à ce désaccord de fond : les platanes sont-ils des tueurs ? Pour M. Robin, favorable à un abattage sélectif, cela ne fait aucun doute. « Autour de 300 personnes perdent la vie chaque année en percutant des arbres. Dans le Bas-Rhin, quand un jeune de 25 ans se tuait ainsi, ses copains sciaient l’arbre le lendemain. C’est un message. Quand on conduit, on a droit à l’erreur », estime-t-il. Incitation à ralentir Et puis, les arbres qui poussent le long des routes souffrent. « Les véhicules qui heurtent les arbres, par accident ou en se garant, provoquent des blessures par lesquelles entrent les maladies », affirme-t-il, ajoutant à ces maux le sel répandu l’hiver sur la chaussée, qui pollue l’eau, et les particules fines qui sortent des pots d’échappement ou produits par les pneus et les plaquettes de frein.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/11/26/la-guerre-des-platanes-n-aura-pas-lieu_5388887_4497916.html
26/11/2018
Ces arbres bordant nos routes causent plus de 300 morts par an, opposant pro et anti-abattage. Depuis des lustres.
societe
Habitat indigne à Marseille : un immeuble des quartiers Nord bientôt évacué
A Marseille, la tension pour le relogement des personnes évacuées reste forte. Un nouvel immeuble, dans les quartiers Nord de Marseille, comptant 95 logements, sera prochainement évacué. La mairie de Marseille a délivré un arrêté « d’insécurité imminente » qu’elle a remis vendredi en préfecture et qu’elle a fait paraître, lundi 26 novembre, sur son site Internet. Depuis le drame du 5 novembre, quand deux immeubles de la rue d’Aubagne se sont effondrés, provoquant la mort de huit personnes, 183 immeubles du centre de Marseille ont dû être évacués, certains sous le coup d’arrêtés de péril imminent, d’autres en l’attente de la visite d’un expert. Au total, 1 352 personnes ont dû quitter leur logement, dont la majorité (1 069) est hébergée dans des hôtels par la municipalité. Dans le 13e arrondissement de Marseille, le bâtiment A de la cité du parc Corot souffre de nombreux dysfonctionnements qui pourraient provoquer des départs de feu, notamment des branchements sauvages sur les colonnes de distribution de l’électricité, elles-mêmes en très mauvais état, « avec une absence quasi généralisée de portes qui en condamnent l’accès ». Situation alarmante « La sécurité des occupants est gravement menacée par l’état des équipements de l’immeuble », indique la Ville dans son arrêté de péril, demandant que « les fluides (eau, gaz, électricité) de l’immeuble interdit d’occupation et d’utilisation » soient neutralisés, ainsi que les accès à l’immeuble. La copropriété du parc Corot, qui compte 375 logements, est en partie squattée par des migrants. Elle a été le théâtre de plusieurs faits-divers récemment, notamment des bagarres au couteau. La députée LRM Alexandra Louis, qui alerte depuis plusieurs mois sur la situation alarmante de cette cité, a salué dans un tweet cette décision « bien que trop tardive ». « Je serai attentive aux conditions d’évacuation », a ajouté l’élue. ENFIN ! Suite à mes interpellations, un arrêté de péril vient d’être pris pour le bâtiment A du #ParcCorot. Bien qu… https://t.co/Vw9S5cUrzv — ALouisDeputee13 (@Alexandra Louis) En février, l’évacuation d’une soixantaine de migrants d’un autre immeuble insalubre des quartiers Nord de Marseille, la cité Kalliste, avait demandé une longue préparation aux autorités. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La psychose d’un nouvel effondrement gagne les Marseillais
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/26/habitat-indigne-a-marseille-un-immeuble-des-quartiers-nord-bientot-evacue_5388875_3224.html
26/11/2018
La mairie estime que la sécurité des occupants du bâtiment A de la cité du parc Corot est gravement menacée par l’état des équipements.
international
Une quarantaine de migrants arrêtés du côté américain de la frontière avec le Mexique
Quarante-deux migrants ont été arrêtés du côté américain de la frontière avec le Mexique en tentant de passer en force aux Etats-Unis, a annoncé lundi 26 novembre un responsable américain. « Et, pour être honnête, de nombreuses [autres] personnes ont réussi à traverser la frontière [sans se faire arrêter] », a déclaré sur CNN Rodney Scott, un responsable de la police aux frontières. Côté mexicain, 98 migrants, pour la plupart des Honduriens, ont été arrêtés et renvoyés vers leur pays d’origine, a annoncé le chef du service des migrations (INM), Gerardo Garcia Benavente, à la chaîne Televisa. Plusieurs centaines de personnes venant d’Amérique centrale avaient tenté dimanche de franchir la frontière américaine à Tijuana, dans le nord-ouest du Mexique, malgré les tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc par des agents du service des douanes américains. Caravane de 5 000 migrants Ces Centraméricains, parmi lesquels des femmes et des enfants, participaient à une manifestation pacifique aux abords de la frontière puis se sont dirigés vers la barrière métallique de délimitation et ont tenté d’entrer en force aux Etats-Unis pour y demander l’asile. Les autorités mexicaines ont ensuite annoncé avoir repris le contrôle du poste frontière et qu’environ 500 migrants allaient être déportés. Survolés par des hélicoptères volant à basse altitude, les migrants ont dû se résigner à retourner dans le centre sportif où ils s’entassent depuis une semaine. Leur retour, vêtements déchirés ou couverts de terre après leur tentative, a fortement découragé l’ensemble de la caravane. Environ 5 000 migrants sont arrivés la semaine dernière à Tijuana, après avoir parcouru plus de 4 000 kilomètres en un peu plus d’un mois, fuyant la violence et la pauvreté au Honduras, dans l’espoir d’entrer aux Etats-Unis. Près de 9 000 militaires américains ont été déployés à la frontière avec le Mexique pour empêcher toute intrusion. Le président américain, Donald Trump, a menacé ces derniers jours de fermer totalement la longue frontière entre les Etats-Unis et le Mexique si la situation devait dégénérer. Samedi, le futur gouvernement mexicain a affirmé être parvenu à un accord avec l’administration américaine pour que les demandeurs d’asile restent au Mexique pendant que leur demande est examinée aux Etats-Unis – avant de démentir l’information.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/26/une-quarantaine-de-migrants-arretes-du-cote-americain-de-la-frontiere-avec-le-mexique_5388864_3210.html
26/11/2018
Ces migrants, en majorité des hommes adultes, font partie d’un groupe d’environ 500 personnes ayant tenté de franchir la frontière à Tijuana pour demander l’asile aux Etats-Unis.
international
Le grec Varoufakis candidat aux élections européennes en Allemagne
L’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis sera candidat aux élections européennes de 2019 en Allemagne, a appris l’AFP lundi 26 novembre auprès de son mouvement. Il avait croisé le fer avec ce pays lors de la crise grecque en 2015. Cet économiste iconoclaste de 57 ans mènera le 26 mai la liste Démocratie en Europe, un parti politique allemand qui fait partie de DiEM25, le mouvement transnational et anti-establishment qu’il a largement contribué à lancer début 2016. Cette liste, composée de dix hommes et de dix femmes, vise à promouvoir « un New Deal vert pour l’Europe » frappée par les retombées de la crise économique de 2008. Yanis Varoufakis souhaite notamment s’attaquer « aux paradis fiscaux dans l’UE » et les mettre sur une liste noire, instaurer un nouveau budget européen qui fasse la part belle aux investissements publics tels que des infrastructures protectrices de l’environnement, qui lutte contre la pauvreté et qui favorise l’intégration des réfugiés. Lire aussi Grèce : Yanis Varoufakis lance un nouveau parti politique Contre les plans d’économies exigés par l’UE « Yanis Varoufakis remplit les conditions pour être candidat en Allemagne, il est inscrit en Allemagne où il dispose d’un domicile », a indiqué une porte-parole du mouvement, Claudia Trapp. Elle n’a pas souhaité donner davantage de précisions alors que la loi prévoit qu’il faut être résident depuis au moins six mois en Allemagne pour être candidat dans ce pays aux Européennes. Bête noire de Wolfgang Schäuble, alors ministre allemand des Finances, Yanis Varoufakis s’était élevé contre les plans d’économies drastiques exigés par l’Union européenne, Allemagne en tête, pour accorder de nouvelles aides financières à une Grèce aux abois en 2015. Les relations avec les créanciers de la Grèce étaient restées orageuses pendant les six mois où il avait été ministre des Finances d’Alexis Tsipras, de janvier à juillet 2015. En mars, l’économiste avait également annoncé le lancement à Athènes d’un nouveau parti en vue des législatives prévues l’an prochain en Grèce, MeRA25, « Front de désobéissance réaliste européenne à l’horizon 2025 ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/26/le-grec-varoufakis-candidat-aux-elections-europeennes-en-allemagne_5388861_3210.html
26/11/2018
L’ancien ministre des Finances en Grèce avait croisé le fer avec ce pays lors de la crise dans son pays en 2015.
international
Tensions en mer Noire : la Russie sur la défensive
Des navires des gardes-côtes ukrainiens, à Odessa, le 26 novembre. VOLOKIN YEVGENY / REUTERSre Les réactions inquiètes ou indignées ont eu beau affluer du monde entier, Vladimir Poutine est resté aux abonnés absents. Aucune réunion du Conseil de sécurité russe ni aucun contact avec son homologue ukrainien n’étaient à l’ordre du jour, vingt-quatre heures après les graves incidents qui ont opposé en mer Noire des navires de guerre ukrainiens et russes. Tard, dans la nuit de lundi à mardi 27 novembre, Angela Merkel s’est donc résignée à appeler le chef du Kremlin, après le vote du Parlement ukrainien sur l’instauration d’une loi martiale pendant trente jours dans les zones limitrophes de la Russie. « Tout cela est clairement entrepris dans la perspective de la campagne électorale en Ukraine », lui a répondu le président russe, selon le compte rendu qui a été fait de cet entretien, en rejetant « l’entière responsabilité » de la crise sur Kiev. Son agenda n’a pas été bousculé : imperturbable, M. Poutine a reçu lundi un gouverneur de région pour discuter de la situation de la médecine et des maternelles. Mardi, financement de la science et remise de décorations figurent à son programme. Comme si les deux pays, Russie et Ukraine, n’étaient pas aux prises avec le plus grave affrontement direct armé, officiellement du moins, depuis l’annexion de la Crimée en 2014… « Détourner l’attention » C’est au ministre russe des affaires étrangères qu’est revenue la tâche de contrecarrer les multiples condamnations dont a fait l’objet Moscou. « Lorsque le côté ukrainien a planifié cette provocation, a fustigé Sergueï Lavrov, il a probablement calculé les avantages supplémentaires qu’il pourrait tirer de cette situation, dans l’espoir que les Etats-Unis et l’Europe prendront, comme toujours, le parti des provocateurs. » « Ce sont les nationalistes et les néonazis qui mènent le bal maintenant en Ukraine, ce qui s’est confirmé par l’action hideuse à côté de l’ambassade russe », a-t-il ajouté en référence aux quelques incidents qui ont éclaté à Kiev devant la représentation diplomatique russe. Quant à l’instauration de la loi martiale en Ukraine, Moscou n’y voit que prétexte. « Tout cela visait aussi à détourner l’attention des problèmes de politique intérieure en Ukraine », a affirmé M. Lavrov. Un argument tout à fait semblable à celui, mis en avant à Moscou, par des analystes politiques russes. « Le taux d’approbation de Poutine ce mois-ci est de 66 %, descendant lentement à son plus bas niveau précriméen [avant l’annexion de la Crimée]. Pourquoi ne pas mobiliser un public national en faisant une démonstration de la force militaire en mer ? », relève le politologue Andreï Kolesnikov, du centre de réflexion Carnegie Russie.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/26/tensions-en-mer-noire-vladimir-poutine-reste-aux-abonnes-absents_5388858_3210.html
26/11/2018
Vingt-quatre heures après la saisie de trois navires ukrainiens par les forces russes en mer Noire, le chef du Kremlin expédie les affaires courantes comme si rien n’était.
idees
Netflix, bon géant ou King Kong du cinéma ?
Analyse. Il n’y a guère qu’en France que les films sortent le mercredi. Ailleurs, aux Etats-Unis, entre autres, c’est le vendredi. Dimanche 25 novembre, quelques salles de New York et de Los Angeles ont projeté Roma, d’Alfonso Cuaron. Le 8 septembre, le long-métrage autobiographique du Mexicain a remporté le Lion d’or à la Mostra de Venise. On l’a vu dans les festivals les plus prestigieux, Telluride, Toronto, Saint-Sébastien, Busan, New York, Londres… Il est précédé de critiques dithyrambiques. Il n’empêche : quel que soit son succès (dont la mesure sera tenue secrète), sa carrière s’arrêtera trois semaines plus tard. Le 14 décembre, Roma quittera les salles et sera mis en ligne sur Netflix. Il faudra compter sur la qualité des tablettes ou des téléviseurs pour préserver la splendeur de son noir et blanc (à Venise et à Toronto, Alfonso Cuaron avait demandé à ce que son film, tourné en numérique, soit projeté sur pellicule 35 mm). Ces trois semaines d’exclusivité en salle sont d’abord apparues comme une concession majeure de Netflix au monde du cinéma, voire un début de réconciliation entre deux parties, qui avaient fait le constat de leurs désaccords au moment du Festival de Cannes, dont la plate-forme avait été de fait exclue. Rien n’est moins sûr. Au festival de Telluride, début septembre, Ted Sarandos, le responsable des contenus de la plate-forme, affirmait encore qu’il n’accepterait aucune dérogation au principe du « day-and-date » (qui veut que la date de la sortie en salle coïncide exactement avec celle de la mise en ligne). Depuis, les frères Coen se sont vu accorder une semaine d’exclusivité sur grand écran (désormais expirée) pour The Ballad of Buster Scruggs, et cette faveur a été promise au Mowgli, d’Andy Serkis (en ligne le 7 décembre) ainsi qu’au Bird Box, de Susanne Bier, avec Sandra Bullock (en ligne le 21 décembre). Lire le récit : Netflix s’offre son premier Lion d’or à la Mostra de Venise Tout comme Roma, ces films sont des concurrents sérieux dans la course aux Oscars. Pour qu’un long-métrage y participe, il lui faut avoir été exploité en salle aux Etats-Unis avant le 31 décembre. Si la société dirigée par Reed Hastings et Ted Sarandos convoite aussi passionnément ces objets d’art, c’est qu’ils sont à la fois de formidables publicités à l’endroit du public et d’appétissantes carottes pour les réalisateurs, scénaristes ou acteurs que Netflix veut attirer. La stratégie divise les professionnels du cinéma Le géant du streaming l’avait compris dès 2015. Cette année-là, Beasts of No Nation, de Cary Fukunaga, pouvait être l’occasion d’une nomination à l’Oscar du meilleur acteur pour Idris Elba, qui interprétait un seigneur de guerre libérien. En octobre, le film était confié à un distributeur indépendant, Bleecker Street, qui le sortait dans une trentaine de salles. Avec moins de 100 000 dollars de recettes, l’opération s’est soldée par un échec et l’acteur britannique n’a même pas été nommé.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/26/netflix-bon-geant-ou-king-kong-du-cinema_5388855_3232.html
26/11/2018
Le service de vidéo à la demande qui a notamment produit « Roma », nommé dans dix catégories aux Oscars, contourne les règles du monde du cinéma, rappelle Thomas Sotinel, journaliste au service Culture du « Monde ».
international
A Sao Paulo, « BHL » met en garde la communauté juive contre la tentation Bolsonaro
Le nom de Bolsonaro ne s’est invité qu’aux dernières minutes de la conférence. L’attaque n’en fut pas moins féroce. A Sao Paulo pour un voyage express effectué à l’invitation de la confédération israélite du Brésil (Conib), le philosophe Bernard-Henri Lévy a mis en garde, dimanche 25 novembre, le géant d’Amérique latine contre le danger du populisme incarné par Jair Bolsonaro, président élu le 28 octobre. Face à une assistance qui s’est laissée séduire, en partie, par le représentant de l’extrême droite – parfois qualifiée dans le pays de « nouvelle droite » – l’auteur de L’Esprit du judaïsme (édité au Brésil par la société Tres estrelas) a résumé le chef d’Etat brésilien à « un Trump tropical » de la trempe de notre Marine Le Pen. Un homme prônant la « haine de la pensée », incarnant une « politique vulgaire » et s’opposant aux Lumières. Que Jair Bolsonaro, poussé par les Eglises évangéliques, se rapproche d’Israël en promettant de déménager l’ambassade du Brésil de Tel-Aviv à Jérusalem, ne devrait berner personne. « C’est un baiser de la mort », signale-t-il à la communauté juive avant d’être abondamment applaudi. Lire aussi L’ambassade du Brésil en Israël sera transférée à Jérusalem Phénomène « tragique » Dans un café de Sao Paulo, où il nous a donné rendez-vous peu après l’événement, le philosophe (membre du conseil de surveillance du Monde) vêtu de son éternelle chemise à col ouvert, reconnaît ne pas être à même de décortiquer les causes locales ayant conduit à l’ascension du militaire. Le septuagénaire globe-trotter, « sauveur » de la Bosnie et contempteur du Brexit, n’est pas un familier du Brésil. Mais à ses yeux, il fait peu de doute que la victoire de Bolsonaro participe de ce phénomène « tragique » qui contamine peu à peu les démocraties. « Dans ce club de populistes décomplexés qui est en train de se former avec Trump, Orban etc. Bolsonaro est probablement le plus caricatural de tous », lâche-t-il. Un « club informel de monstres, où l’on retrouve aussi Poutine ou Erdogan, ennemis des peuples qui les ont élus », ajoute-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Bolsonaro élu, l’extrême droite au pouvoir A ces classes moyennes brésiliennes, aux milieux d’affaires et à cette partie de la bourgeoisie éduquée qui, par haine du Parti des travailleurs (PT, gauche) ou par rejet de la corruption, ont soutenu le militaire, il prévient : « Ils seront broyés par la folie Bolsonaro, par l’absurdité de ses décisions économiques et par la logique des marchés qui, tôt ou tard, sanctionneront le Brésil comme les grandes enceintes internationales », pense-t-il. « Bolsonaro peut être mis, si ce n’est au banc, du moins sous l’œil suspicieux de ses pairs », détaille le philosophe.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/26/a-sao-paulo-bhl-met-en-garde-la-communaute-juive-contre-la-tentation-bolsonaro_5388845_3210.html
26/11/2018
Le philosophe français s’est rendu dans la ville à l’invitation de la confédération israélite du Brésil et a mis en garde contre le nouveau président d’extrême droite du pays.
afrique
Diabète : la moitié des diabétiques ne pourront pas se payer d’insuline d’ici à douze ans
Dans un centre de santé de Bamako. Olivier Hébrard Le diabète s’étend dans le monde, mais des dizaines de millions de personnes ne pourront pas recevoir de traitement si l’accès et le coût de l’insuline ne sont pas considérablement améliorés pour permettre de faire face à une demande record, selon une étude publiée mercredi 21 novembre dans la revue Lancet Diabetes & Endocrinology. Le manque est particulièrement criant en Afrique. L’équipe du Dr Sanjay Basu, de l’université de Stanford, l’un des auteurs de l’étude, a estimé que l’offre devrait y être multipliée par sept d’ici douze ans. « Ces estimations suggèrent que les niveaux actuels d’accès à l’insuline sont vraiment inadéquats par rapport aux besoins projetés, en particulier en Afrique et en Asie », a déclaré le Dr Basu. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Diabète : enquête sur un marché très rentable Les trois principaux fournisseurs mondiaux, les groupes pharmaceutiques Novo Nordisk, Sanofi et Eli Lilly, ont développé des programmes pour améliorer l’accès à leurs produits. Mais l’insuline reste coûteuse. Des chaînes d’approvisionnement complexes et les marges bénéficiaires élevées la rendent souvent inabordable pour de nombreux patients, spécialement dans les pays les plus pauvres. Une hausse de la demande de plus de 20 % Le diabète – qui peut entraîner la cécité, l’insuffisance rénale, des problèmes cardiaques, des douleurs neuropathiques et des amputations – touche 9 % des adultes dans le monde, contre 5 % en 1980. La grande majorité des personnes atteintes souffrent de diabète de type 2, lié à l’obésité et au manque d’exercice. Les cas augmentent particulièrement rapidement dans les pays en développement, dont les populations adoptent de plus en plus les modes de vie occidentaux et urbains. Selon les chercheurs, la quantité d’insuline nécessaire pour traiter efficacement ce type de diabète augmentera de plus de 20 % au cours des douze années à venir, mais le médicament sera hors de portée pour la moitié des 79 millions de diabétiques de type 2 qui en auront besoin en 2030. « Malgré l’engagement des Nations unies de traiter les maladies non transmissibles et de garantir un accès universel aux médicaments contre le diabète, dans une grande partie du monde l’insuline est rare et son accès est inutilement difficile pour les patients », pointe le Dr Sanjay Basu. Avec son équipe, il a calculé que la quantité d’insuline nécessaire devrait passer de 526 millions de flacons de 1 000 unités en 2018 à 634 millions d’ici à 2030. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La « lutte contre les maladies non transmissibles », une urgence sanitaire mondiale Leur étude, financée par Helmsley Charitable Trust, s’appuie sur les projections de prévalence du diabète établies par la Fédération internationale du diabète. Dans un commentaire l’accompagnant, le Dr Hertzel Gerstein, de l’université canadienne McMaster, avertit que les prévisions doivent être traitées avec prudence car elles reposent sur des modèles mathématiques. Il souligne cependant l’importance d’estimer et de garantir les approvisionnements en insuline.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/26/il-faut-multiplier-par-sept-la-quantite-d-insuline-disponible-en-afrique-d-ici-a-2030-selon-une-etude_5388804_3212.html
26/11/2018
Selon une étude, il faut, par exemple, multiplier par sept la quantité d’insuline disponible en Afrique d’ici à 2030 pour les diabétiques de type 2.
televisions-radio
Thomas Lilti : « La reconstitution du réel provoque le romanesque et ses grands questionnements »
Le réalisateur Thomas Lilti, lors de la onzième édition du Festival du film francophone d’Angoulême, le 25 août. YOHAN BONNET / AFP Le réalisateur Thomas Lilti, né en 1974, est l’auteur de quatre films de cinéma, dont le deuxième, Hippocrate (2014), a connu un beau succès qui l’a fait connaître du grand public. Après Médecin de campagne (2016) et Première année (2018), Lilti a conçu pour Canal+ une déclinaison en série d’Hippocrate, dont on peut dire qu’elle est une parfaite réussite. Le réalisateur a répondu aux questions du Monde. Comment s’est forgé le projet d’une série déclinée de votre film Hippocrate (2014) qui vous a révélé auprès du public ? Hippocrate, on l’oublie souvent, n’est pas mon premier film. Je comprends qu’on puisse le penser car celui qui le précède, Les Yeux bandés (2007), n’avait été vu que par trois mille personnes seulement. J’ai eu beaucoup de mal, après l’insuccès de ce premier film, à faire aboutir le projet d’Hippocrate. On nous disait : l’univers hospitalier, ce n’est pas pour le cinéma mais pour la télévision. Du coup, dès 2013, mes producteurs et moi avons conçu une série que l’on a proposée à France Télévisions et Canal+, mais qui n’étaient pas intéressées à l’époque par le projet tel qu’il était formulé. On ne voulait pas de nous à la télé, ni au cinéma. Mais, finalement, après beaucoup de difficultés, le film Hippocrate est sorti sur grand écran. Avec un beau succès ! Ce fut un petit miracle. Et, dès la présentation du film à la Semaine de la critique, au Festival de Cannes, j’ai été sollicité par beaucoup de producteurs qui me disaient que j’étais légitime pour en faire… une série télévisée ! Mais le succès d’Hippocrate a permis que je continue à faire des films de cinéma, Médecin de campagne (2016) et Première année (2018), avant que cette idée ne me vienne à nouveau à l’esprit. J’en ai parlé à mes producteurs habituels et nous avons contacté Canal+ qui nous a, cette fois-ci, tout de suite dit oui. C’était un désir réciproque puisque la chaîne, m’a-t-on dit, cherchait à entrer en contact avec nous. Comment avez-vous appréhendé les spécificités du genre de la série ? Tout s’est passé merveilleusement, il n’y a pas eu d’erreur de casting, dans quelque domaine que ce soit, l’équipe de scénaristes est restée la même, nous n’avons pas connu d’impasse. Nous avons, en quelque sorte, appris à fabriquer une série tout en la faisant. Mais je n’imaginais pas l’ampleur de la tâche : être à la fois créateur, showrunner, coscénariste et surtout réalisateur de l’intégralité des six épisodes. Cette dernière part s’ajoutant aux autres a été la plus usante de la fabrication.
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/11/26/thomas-lilti-la-reconstitution-du-reel-provoque-le-romanesque-et-ses-grands-questionnements_5388791_1655027.html
26/11/2018
Entretien avec Thomas Lilti, réalisateur de la série « Hippocrate », dont les premiers épisodes sont diffusés lundi sur Canal+.
campus
A Paris, un lieu expérimental mélange des étudiants de tous les horizons
Pour se rendre au centre Michel-Serres, il faut traverser le campus d’Arts et Métiers-ParisTech, à deux pas de la place d’Italie, à Paris. Là, au fond d’une cour, un peu caché, se trouve ce lieu d’enseignement supérieur d’un nouveau genre porté par Hésam, une communauté universitaire qui rassemble 18 établissements. Au premier étage, dans leur box rouge ouvert sur le couloir, Sarah, étudiante en urbanisme, Claire en école d’architecture, Alexis issu d’un cursus de design, Ophélie en étude de philosophie et Benjamin et Mathilde, en école d’ingénieurs, discutent depuis plusieurs heures. En année de césure, en stage ou en semestre d’études selon les cas, ils ont intégré le centre pour un semestre à la rentrée 2018 afin de se consacrer au projet « berges de Seine et d’Yerres : quels usages innovants pour reconnecter ville et fleuve ? », commandé par l’EPA ORSA (établissement public d’aménagement Orly-Rungis- Seine Amont). Seul impératif : proposer des mesures opérationnelles pour juillet 2019. « Les études nous brident et nous mettent dans des cases. Ici, c’est tout le contraire. » Benjamin, élève ingénieur Après une première phase de diagnostic de plusieurs semaines, ces étudiants doivent aujourd’hui définir l’identité de leur projet. Tri des d échets, installation de foodtrucks, mais aussi mise en valeur de la « poétique du fleuve » situé entre cités et axes routiers… Les idées fusent dans une grande écoute. « Je n’avais pas vu les choses comme ça avant que vous en parliez », lance Benjamin aux autres membres de l’équipe. L’élève ingénieur se dit « heureux de se lever le matin », depuis son arrivée au centre. « Les études nous brident et nous mettent dans des cases. Ici, c’est tout le contraire. Je me sens déjà imprégné par la culture ingénieur où les projet sont très structurés. Au centre, nous n’avons pas de cahier des charges, à nous de définir ce que l’on veut faire. » Benjamin reconnaît que les premières semaines ont été déstabilisantes : « Il a fallu trouver un langage commun et dépasser les stéréotypes des uns et des autres ». Mais les étudiants ont finalement trouvé leurs marques. Tout au long des vingt semaines que dure le projet, ils sont aidés par deux coachs, souvent enseignants ou professionnels dans le domaine du projet. Le tout est complété par des cours de théâtre, d’écriture créative, de prospective et de créativité pour ceux qui sont en semestre d’études.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/11/26/a-paris-un-lieu-experimental-melange-des-etudiants-de-tous-les-horizons_5388789_4401467.html
26/11/2018
A Paris, le centre Michel-Serres fait vivre, à travers des projets en lien avec le monde socio-économique, les principes d’interdisciplinarité chers au philosophe.
climat
Climat : un Haut Conseil pour orienter le gouvernement
Les climatologues Corinne Le Quéré et Valérie Masson-Delmotte, l’ancienne ambassadrice pour le climat Laurence Tubiana ou les économistes Pierre Larrouturou, Alain Grandjean, Céline Guivarch et Katheline Schubert… Treize experts ont intégré le Haut Conseil pour le climat, présidé par Mme Le Quéré, que le chef de l’Etat a installé mardi 27 novembre, avec pour rôle de conseiller le gouvernement en matière de transition écologique, mais aussi de contrôler et d’évaluer les mesures prises par l’exécutif. Une semaine avant la conférence climat COP24 qui se tiendra du 2 au 14 décembre à Katowice (Pologne), l’annonce doit également permettre à Emmanuel Macron de montrer qu’il est toujours engagé dans la lutte contre le changement climatique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Climat : « Le débat sur les financements nous accompagnera à Katowice » Car la France arrive à cette grand-messe onusienne sans avoir respecté ses objectifs climatiques. Dans tous les secteurs clés – énergie, transports, bâtiments, agriculture –, l’Hexagone est en retard. Pire, cet écart se creuse : les émissions nationales de CO 2 sont reparties à la hausse depuis 2015 et ont excédé, en 2017, de 7 % le plafond à ne pas dépasser pour parvenir à la neutralité carbone au milieu du siècle, selon une étude de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) rendue publique mi-octobre. « Nous ratons nos objectifs climatiques » « Cette instance consultative et indépendante portera un regard sur la transition écologique, sur le passé – ce qui a marché ou non – et sur la trajectoire que l’on veut suivre. Elle rendra des avis et des propositions pour informer l’ensemble des acteurs du débat politique, le gouvernement mais aussi les parlementaires et les citoyens », explique Michel Colombier, cofondateur et directeur scientifique de l’IDDRI, qui vient d’être nommé dans la nouvelle instance. « Il ne s’agit pas de la réponse au mouvement des “gilets jaunes”, mais le fruit d’une réflexion entamée il y a un an », assure-t-il. « Le rôle du Haut Conseil sera de voir en amont si l’ensemble des politiques publiques du pays sont compatibles avec l’accord de Paris. Car sinon personne ne réalise cet exercice de cohérence et de transversalité et nous ratons nos objectifs climatiques », complète Pascal Canfin, un autre membre de la nouvelle entité, qui dirige le Fonds mondial pour la nature (WWF) France. Parmi les premiers textes examinés, le Haut Conseil pour le climat se penchera sur le projet de loi de finances pour 2020. Les transports, les bâtiments, l’alimentation et l’agriculture feront également l’objet d’un examen. « Aujourd’hui, le projet de loi mobilité ne mentionne pas l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050, ce qui est une aberration car les transports sont le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre », regrette M. Canfin.
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/11/26/haut-conseil-pour-le-climat-13-experts-pour-conseiller-le-gouvernement_5388786_1652612.html
26/11/2018
L’instance de treize membres, installée mardi par Emmanuel Macron, devra conseiller le gouvernement en matière de transition écologique, au risque de doublonner avec des comités existants.
proche-orient
Syrie : la Russie met la pression sur les rebelles
Après les bombardements russes contre les rebelles, près d’Alep, le 25 novembre. AAREF WATAD / AFP Précaire, le cessez-le-feu en vigueur dans le nord de la Syrie a été brutalement rompu le week-end des 24 et 25 novembre, sur fond d’allégations d’attaques chimiques. La Russie a mené, dimanche, des frappes aériennes contre des positions rebelles au nord-est de la province d’Idlib. Les autorités russes affirmaient réagir à l’utilisation d’armes contenant du chlore, la veille, contre la ville d’Alep, qu’elles imputaient à ces rebelles. « Toutes les cibles rebelles ont été détruites », a annoncé le porte-parole du ministère de la défense russe, Igor Konachenkov. La Turquie, dont des troupes sont déployées dans la province d’Idlib en vertu du processus d’Astana, censé maintenir une désescalade et un cessez-le-feu entre forces rebelles et loyalistes, a au préalable été informée de ces bombardements, a indiqué Igor Konachenkov. Lancé en décembre 2016 dans la capitale kazakhe, le processus d’Astana a permis d’instaurer quatre « zones de désescalade » en Syrie, depuis reconquises par les forces du régime soutenues par leurs parrains russe et iranien, à l’exception de celle d’Idlib. Les bombardements de dimanche sont aussi les premières frappes aériennes menées par les forces russes depuis que Moscou et Ankara ont accepté de créer une zone tampon démilitarisée dans le secteur, au mois de septembre. Lire aussi Russie, Europe et Turquie tentent de pérenniser la trêve en Syrie Samedi, une centaine de cas de suffocation ont été rapportés après ce qui pourrait être une attaque aux « gaz toxiques » à Alep. Citant des « sources médicales », l’agence de presse officielle syrienne SANA a rapporté, dans la nuit de samedi à dimanche, « 107 cas de suffocation », après un premier bilan d’une cinquantaine de blessés. Un photographe de l’Agence France-Presse à Alep a pu voir arriver dans un hôpital des dizaines de civils ayant du mal à respirer, principalement des femmes et des enfants, qui ont été soignés à l’aide de masques à oxygène. « Un prétexte » Le Front national de libération, une coalition de groupes rebelles soutenue par la Turquie, a contesté toute implication. « Nous démentons les allégations mensongères du régime sur une attaque contre Alep qui aurait été menée par les révolutionnaires à l’aide de projectiles, encore plus à l’aide de projectiles contenant du gaz de chlore », a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la coalition rebelle du Front national de libération, Naji Moustapha. Le négociateur en chef de l’opposition syrienne en exil, Nasr Al-Hariri, a quant à lui accusé le régime Assad de fabriquer « un prétexte afin de lancer une opération militaire dans le nord syrien ».
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/11/26/syrie-la-russie-met-la-pression-sur-les-rebelles_5388745_3218.html
26/11/2018
Les bombardements de dimanche sont les premières frappes aériennes menées par les forces russes depuis la création de la zone tampon démilitarisée.
sante
Il n’y a jamais eu autant de consommateurs réguliers de cannabis en France
Après une décennie de hausse, le niveau de consommation de cannabis en France se stabilise à un niveau élevé. En 2017, près d’un adulte de 18 ans à 64 ans sur dix (11 %) et un adulte de 18 ans à 25 ans sur quatre (26,9 %) a fumé de ce produit au moins une fois dans l’année, selon les données du « Baromètre santé 2017 sur les usages de substances psychoactives illicites en France », publié lundi 26 novembre, trois jours après l’adoption par l’Assemblée nationale d’une amende forfaitaire de 200 euros pour sanctionner l’usage illicite de stupéfiants. Si la part de la population adulte consommant au moins une fois dans l’année est globalement la même qu’en 2014, année du précédent « Baromètre », d’autres indicateurs, comme l’usage quotidien, affichent une légère hausse. L’enquête, menée auprès d’un échantillon représentatif de plus de 20 000 personnes âgées de 18 ans à 64 ans, révèle ainsi que c’est désormais 2,2 % de la population adulte qui consomme du cannabis chaque jour, soit, selon les calculs du Monde, plus de 800 000 personnes, contre 1,7 % trois ans plus tôt. Conséquence : les chiffres 2017 « s’avèrent être les plus élevés depuis vingt-cinq ans », soulignent dans un communiqué Santé Publique France (SPF) et l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), les deux organismes chargés de cette étude. Pour comparaison, en 1992, seuls 4,4 % des Français adultes déclaraient consommer du cannabis au moins une fois dans l’année. Notre reportage à Colombes : « Les bourges font tourner le business » Alors que le gouvernement repousse depuis maintenant près de six mois l’annonce du « plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 », censé définir les stratégies à déployer en matière de tabac, d’alcool et de cannabis ces quatre prochaines années, le baromètre 2017 confirme l’échec de l’approche française en matière de cannabis. Signe de l’accessibilité, de la disponibilité et donc de la banalisation de ce produit pourtant illicite : si un Français sur huit (12,7 %) avait tiré sur un joint au moins une fois dans sa vie en 1992, cette proportion est passée à un sur quatre (23,6 %) en 2000 et à près d’un sur deux (44,8 %) en 2017. Marché noir et autoculture Les chiffres 2017 révèlent par ailleurs l’émergence d’un phénomène nouveau : le développement d’une consommation régulière active chez les plus de 25 ans. En 2000, 2,2 % des 26 ans-34 ans et 0,9 % des 35 ans-44 ans fumaient au moins dix fois dans le mois. Dix-sept ans plus tard, ces pourcentages ont pratiquement été multipliés par trois : ils sont respectivement 6,3 % et 3,3 % de ces classes d’âge à consommer à une telle fréquence. Cela « laisse supposer que l’usage de cannabis ne serait plus l’apanage exclusif des jeunes générations et persisterait après l’entrée dans la vie professionnelle », souligne l’étude.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/11/26/cannabis-il-n-y-a-jamais-eu-autant-de-consommateurs-reguliers_5388742_1651302.html
26/11/2018
Les chiffres du « Baromètre santé 2017 » – 2,2 % des adultes consomment du cannabis chaque jour – confirment l’échec des politiques répressives.
afrique
Algérie : une « instance dirigeante » provisoire pour le FLN
Djamel Ould Abbes, secrétaire général du Front de libération nationale, en meeting à Alger le 28 avril 2017, pendant la campagne pour les élections législatives. Ramzi Boudina / REUTERS Le Front de libération nationale (FLN), au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie, a annoncé, dimanche 25 novembre, s’être doté d’une structure dirigeante provisoire, semblant entériner le départ du secrétaire général Djamel Ould Abbes. L’agence d’Etat Algérie Presse Services (APS), traditionnel porte-voix des autorités, avait annoncé le 14 novembre la démission pour raisons de santé de M. Ould Abbes, 84 ans, et son remplacement à la tête de l’ancien parti unique par Mouad Bouchareb, récemment élu président de l’Assemblée populaire nationale (chambre basse du Parlement). Cette démission avait été immédiatement démentie par des membres du bureau politique, qui avaient simplement évoqué un repos consécutif à un malaise de M. Ould Abbes, resté silencieux depuis cette annonce. « Un nouveau départ » Dimanche, le FLN a annoncé dans un communiqué la création, « conformément aux instructions » du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, également président du parti, d’une « instance dirigeante » de la formation, dont Mouad Bouchareb est nommé « coordonnateur ». Le « secrétariat » de cette instance est composé de cinq des quinze membres du bureau politique sortant, auxquels s’ajoute une députée. Cette « instance dirigeante […] du FLN a pour mission » de préparer un « congrès extraordinaire à même de lui garantir un nouveau départ dans le cadre de l’unité, la cohésion et la solidarité », selon le communiqué. « Il sera également mis en place une structure exécutive constituée de cadres du parti, dont le nombre et la composition seront définis ultérieurement », précise le texte. Plusieurs cadres du FLN avaient argué ces derniers jours que la nomination de M. Bouchareb pour remplacer M. Ould Abbes en tant que secrétaire général était contraire aux statuts de la formation. Luttes internes Réputé proche du président Bouteflika dont il s’affichait comme un soutien inconditionnel, M. Ould Abbes ne faisait pas l’unanimité au sein du parti, traditionnellement traversé par des luttes internes. Depuis qu’il en avait pris la tête, en 2016, il avait sans cesse repoussé la convocation du comité central, censé se réunir annuellement. En pointe depuis six mois dans la campagne pour un cinquième mandat du chef de l’Etat, il avait annoncé un peu vite, fin octobre, que celui-ci serait le candidat du FLN lors de la présidentielle d’avril 2019, avant d’admettre que M. Bouteflika n’avait toujours pas fait part de ses intentions. Il s’était également mis à dos une partie de la formation au pouvoir en désavouant publiquement un membre du Comité central, Tayeb Louh, également ministre de la Justice, qui avait critiqué le Premier ministre Ahmed Ouyahia, patron du Rassemblement national démocratique (RND), principal allié du FLN au sein de la majorité présidentielle.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/26/algerie-une-instance-dirigeante-provisoire-pour-le-fln_5388692_3212.html
26/11/2018
Cette structure doit organiser un congrès extraordinaire du parti au pouvoir, après des annonces contradictoires sur une démission de son secrétaire général.
economie
Philanthropie : « Les Français sont parmi les moins généreux au monde, malgré les incitations fiscales »
La campagne des Restos du coeur commence mardi 27 novembre. ADRIEN MORLENT / AFP Ce mardi 27 novembre, à Nantes, Rumilly, Auch, Epernay, Bordeaux, Paris et dans toute la France, Les Restaurants du cœur ouvriront leurs portes à tous ceux qui en ont besoin pour une nouvelle saison. Trente-trois ans après sa création par Coluche, l’association soulage les difficultés de l’existence de presque un million de personnes (860 000 en 2017), chaque hiver, en servant près de 130 millions de repas. Une réussite qui repose sur la générosité de ses mécènes, le succès des concerts des Enfoirés et autres manifestations et, évidemment, sur les dons, soit 90 millions d’euros par an, qui représentent près de la moitié des ressources des Restos. Les Français ouvrent leur cœur et leur portefeuille, comme ils le font avec le Téléthon et les associations en tout genre qui, en cette période de l’année, multiplient les appels à la générosité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La bataille des dons fait rage entre les associations Subsiste cependant un étrange paradoxe : en dépit de ces mobilisations spectaculaires et des centaines de milliers de bénévoles qui s’activent dans l’ombre, les Français sont parmi les moins généreux au monde. Si l’on se réfère aux déclarations fiscales, les seules sources comparables dans ce domaine, les Français donnent 0,3 % de leur revenu quand les Américains sont à 2,5 %, soit huit fois plus. Record du monde de l’abattement fiscal C’est le premier constat étonnant qui émerge du passionnant ouvrage des économistes ­Gabrielle Fack, Camille Landais et Alix Myczkowski (Biens publics, charité privée. Comment l’Etat peut-il réguler le charity business ?, ­cahier Cepremap, éditions Rue d’Ulm, 104 pages, 9 euros). Une manière de s’interroger non seulement sur la mesure de la philanthropie mais aussi sur son rôle et la pertinence de l’Etat à faire financer par le privé des missions d’intérêt général. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Plan pauvreté : le Secours catholique épaule les démunis dans la « toile d’araignée » des aides sociales De Bill Gates à Warren Buffet, en passant par Mark Zuckerberg, nous sommes désormais familiers de ces milliardaires d’outre-Atlantique qui donnent des sommes considérables à des causes aussi diverses que la lutte contre le paludisme ou l’éducation des enfants défavorisés. Les dons des 1 % d’Américains les plus riches représentent chacun en moyenne 80 % du revenu moyen d’un foyer américain. Pourtant, les incitations fiscales y sont moins généreuses qu’en France. Ici, l’Etat a instauré un abattement fiscal ­allant jusqu’à 75 % du don, un record du monde. Faut-il persévérer dans un soutien qui semble si peu efficace ? A l’heure où les finances de l’Etat sont contraintes, la charité privée peut prendre le relais et insuffler une dynamique entrepreneuriale qui fait défaut à l’initiative publique. Sans l’enthousiasme de Coluche puis de sa femme, Les Restos du cœur n’existeraient pas.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/26/en-matiere-de-philanthropie-les-incitations-fiscales-sont-genereuses-mais-les-francais-le-sont-beaucoup-moins_5388686_3234.html
26/11/2018
La campagne des Restos du cœur s’ouvre mardi. Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde », s’intéresse, dans sa chronique, à la politique fiscale française en matière de dons.
economie
Saint-Gobain se lance dans une réorganisation radicale
Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, à Paris, en octobre 2015. THOMAS SAMSON / AFP Saint-Gobain, la plus vénérable des entreprises françaises, s’apprête à vivre une « transformation radicale ». Ce sont les mots choisis par son PDG, Pierre-André de Chalendar, lundi 26 novembre, pour qualifier la réorganisation de la lointaine héritière de la Manufacture des glaces créée par Colbert en 1665. Finie la traditionnelle organisation autour de ses trois grands métiers : le plan « transform and grow », qui entrera en vigueur le 1er janvier 2019, prévoit une rotation accélérée de ses actifs, mais surtout une gestion de ses activités par pays afin d’être « plus agile » et « plus près des marchés ». Cette transformation s’imposait, selon M. de Chalendar, qui a été reconduit en juin pour quatre ans. Le leader mondial du marché de l’habitat (verre, matériaux de construction, distribution) « va bien » et « il a retrouvé un bon rythme de croissance après des années où ses marchés ont été secoués, souligne-t-il dans un entretien au Monde. Mais je ne suis pas satisfait des résultats ni de la valorisation du groupe » (17,5 milliards d’euros). L’action est tombée de 50 à 32 euros en un an. Ce cours ne reflète pas, selon lui, le positionnement de l’entreprise sur des marchés portés par la recherche du confort dans les bâtiments et de l’efficacité énergétique. « On doit et on peut faire mieux : dégager plus de croissance et améliorer notre compétitivité », estime-t-il. M. de Chalendar a annoncé des cessions pour environ 1 milliard d’euros d’ici à fin 2019 : une de ses deux usines de canalisation en Chine ; un réseau de distribution de matériaux de bâtiment en Allemagne, où Saint-Gobain n’a pas la taille critique pour dégager une bonne rentabilité ; et une activité dans le carbure de silicium. Ces opérations portent sur 2,3 milliards de chiffre d’affaires (sur 40,8 milliards au total). Parallèlement, il veut accélérer le rythme des petites acquisitions, qui se chiffrent à dix-sept depuis le début de l’année. Lire aussi Saint-Gobain renonce à prendre le contrôle du suisse Sika Le groupe a eu plus de mal avec les opérations stratégiques. Il n’est pas parvenu à prendre le contrôle du suisse Sika, numéro un mondial de la chimie de la construction. Après trois ans et demi d’une bataille où il s’est retrouvé pris dans un guêpier judiciaire, ses dirigeants ont préféré jeter l’éponge, en mai, pour ne conserver que 11 % du capital de Sika. « On se sort bien du bourbier », confiait alors M. de Chalendar, qui a réalisé une plus-value de plus de 600 millions. Mais il avait envie de passer à autre chose pour amorcer son troisième mandat.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/26/saint-gobain-se-lance-dans-une-transformation-radicale_5388677_3234.html
26/11/2018
Le leader mondial du secteur de l’habitat va réorganiser ses activités afin d’être plus proche de ses marchés.
musiques
Opéra : « Tarare » rend justice à Salieri, éclipsé par Mozart
Christophe Rousset et Les Talens lyriques avec « Tarare » à l’Opéra royal du château de Versailles, le 22 novembre 2018. ERIC LARRAYADIEU Présenté jeudi 22 novembre à l’Opéra royal de Versailles, le rare et enthousiasmant Tarare d’Antonio Salieri (1750-1825) s’inscrit dans le cadre de la riche saison programmée depuis dix ans par Laurent Brunner. Il complète la passionnante résurrection des trois opéras que le compositeur italien écrivit pour la France (créés en français à Paris) et devrait rejoindre, après Les Danaïdes et Les Horaces, l’entreprise discographique menée par Christophe Rousset et ses Talens lyriques sous l’égide musicologique des frères Alexandre et Benoît Dratwicki. Après un premier volet publié en 2015 dans la collection « Opéras français » du Palazzetto Bru Zane, c’est le label Aparté, en collaboration avec les forces versaillaises, qui a pris le relais pour Les Horaces en 2018 et continuera sur sa lancée pour Tarare en 2019. Enthousiasmant donc, car la musique de Salieri conjugue avec science le florilège stylistique d’un opera buffa et les accents parfois mozartiens (on pense notamment à Don Giovanni), la profondeur tragique de Gluck dont il fut le protégé (magistral traitement des chœurs et de l’orchestre), pratiquant aussi ce mix du comique et du sérieux qui caractérise l’opéra-comique français (Grétry). Plus qu’une redécouverte, Tarare couronne donc une réhabilitation pour celui que sa réputation de rival malheureux de Mozart, ce qu’il ne fut pas, a rangé parmi les oubliés de l’histoire. Rappelons que c’est sur la seule foi d’un homme mentalement affaibli au point d’être interné à l’hôpital de Vienne en 1823, déclarant qu’il était responsable de la mort de Mozart, que fut bâtie la légende de l’empoisonnement, « infox » mise en œuvre par la pièce de Pouchkine au XIXe siècle, avant que le XXe ne l’érige en vérité avec le fameux Amadeus de Milos Forman. Gourmandise orchestrale Bien qu’il fût, nous dit-on, très critiqué à l’époque, le livret de Beaumarchais, tiré d’un conte exotique d’Anthony Hamilton (Histoire de Fleur d’épine), dont la toile de fond n’est pas sans rappeler vaguement L’Enlèvement au sérail, est un régal. Fidèle à lui-même, l’auteur du Mariage de Figaro, contempteur de la société de son temps, n’a de cesse de stigmatiser les grands de ce monde (le tyran Atar, son grand prêtre et leurs sbires) pour mieux exalter la valeur personnelle de l’individu, de quelque naissance qu’il soit. Ainsi le soldat Tarare, adulé de tous pour son humilité et son courage, en butte à la jalousie native du despote, se verra-t-il atteint dans son amour conjugal pour sa femme Astasie, enlevée pour les besoins du sérail. On devine que la belle rétive lui sera fidèle jusqu’à la mort – et l’heureux dénouement final.
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/11/26/opera-tarare-rend-justice-a-salieri-eclipse-par-mozart_5388673_1654986.html
26/11/2018
Dirigée par Christophe Rousset, la troisième œuvre que l’Italien écrivit pour la France est reprise à Paris, le 28 novembre.
europe
Brexit : après l’accord, Theresa May a deux semaines pour faire plier le Parlement
Theresa May, à Bruxelles, le 25 novembre. DYLAN MARTINEZ / REUTERS Mission accomplie. Pour une fois, Theresa May paraissait moins sombre que les responsables Européens, dimanche 25 novembre, au moment de sceller le compromis sur le divorce avec l’UE laborieusement négocié depuis dix-sept mois. Pour une fois aussi, le même discours était tenu des deux côtés : « Si les gens pensent qu’une nouvelle négociation doit être menée, ce n’est pas le cas », tranchait la première ministre britannique, à l’unisson de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, pour faire taire la fronde des députés britanniques. Ceux-ci, largement hostiles au texte, continuent de rêver à une autre issue et pourraient jeter aux orties les 585 pages de l’accord lors d’un vote prévu aux Communes durant la semaine du 10 décembre. Theresa May promet depuis plus de deux ans, contre vents et marées, qu’elle va obtenir « un bon accord pour le pays ». Etait-elle triste, après ce premier acte du divorce ? Interrogée en conférence de presse, l’intéressée, jamais à l’aise sur les questions personnelles, a marqué un temps, puis elle s’est lancée : « Non. Mais je constate que certains leaders européens sont tristes et que certaines personnes, chez moi au Royaume-Uni, le sont aussi en ce moment. » C’était l’une des premières fois qu’elle semblait marquer de l’intérêt pour les 48 % de ses compatriotes qui ont voté contre le Brexit (53 % aujourd’hui selon un dernier sondage). May insiste sur ce qu’elle présente comme un triple succès : « Nous reprenons le contrôle de nos frontières, de nos lois et de notre argent » Il ne reste plus à Theresa May que deux semaines pour faire plier Westminster, et elle a décidé de le faire en s’adressant directement aux électeurs : les pro-Brexit qu’elle n’a cessé de cajoler, mais aussi désormais les pro-européens. Sa seule chance d’obtenir une majorité aux Communes passe par le ralliement de députés travaillistes europhiles, pour qui le rejet du texte équivaudrait à un « saut de la falaise », un vide juridique catastrophique pour l’emploi. Dans un véritable régime parlementaire comme celui du Royaume-Uni, il n’est pas courant que le locataire de Downing Street passe par-dessus les députés pour s’adresser à la population. C’est pourtant la voie choisie par Mme May. Dans une lettre aux citoyens publiée samedi soir par de nombreux médias, elle met en avant le « devoir » qu’elle s’est donné « depuis le premier jour » de son accession au pouvoir d’« honorer en votre nom le résultat du référendum ». Theresa May insiste sur ce qu’elle présente comme un triple succès : « Nous reprenons le contrôle de nos frontières, de nos lois et de notre argent. C’est un accord pour un avenir meilleur », en oubliant toutes les questions cruciales que l’accord renvoie à plus tard et le fait que les plus démunis risquent d’être les premières victimes du Brexit.
https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/11/26/brexit-theresa-may-a-deux-semaines-pour-faire-plier-westminster_5388669_3214.html
26/11/2018
La première ministre britannique veut obtenir l’appui des députés pro-européens de Westminster, effrayés par les risques d’un « no deal ».
economie
Jean-Luc Demarty, taulier européen du libre-échange
À Bruxelles, le 15 octobre. Colin Delfosse pour « Le Monde » Gare à vous si vous n’avez pas assez potassé ! Avant de le rencontrer, révisez vos quotas de bœuf et bûchez la nouvelle architecture des tribunaux d’arbitrage. Surtout, méfiance au moment de lancer quelques saillies un peu faciles sur les méfaits du libre-échange : vous risquez de vous faire vertement rabrouer. L’air faussement bonhomme, Jean-Luc Demarty, le patron de la « DG Trade », est du genre rugueux et sûr de lui. Samedi 1er décembre, le Français fête ses huit ans à la tête de cette administration chargée de la politique commerciale européenne, l’une des divisions les plus puissantes de la Commission, à Bruxelles. Un rôle qui lui a donné la haute main sur les négociations les plus délicates de ces dernières années : le très controversé Tafta, le traité de libre-échange avec les Etats-Unis – aujourd’hui « au congélateur », dans le jargon bruxellois –, ou le fameux CETA, avec le Canada, conclu de haute lutte en 2016. Des accords brocardés par une partie de la société civile européenne, qui les accuse d’avoir été conçus pour les élites et les multinationales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’impact d’une guerre commerciale serait « comparable à celui de la grande récession de 2008 » Ces derniers mois, la contestation a baissé d’un cran, mais un autre front s’est ouvert, avec les salves protectionnistes d’un Donald Trump menaçant de taxer les importations d’automobiles européennes. De quoi garantir des journées bien remplies à M. Demarty, jusqu’au mois d’avril 2019, lorsque – retraite oblige – ses fonctions s’achèveront. Cela tombe bien : à 66 ans, ce polytechnicien reste un bosseur acharné, qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts, notes de bas de page incluses. « Avec lui, c’est “travail über alles” [au-dessus de tout] », s’amuse l’un de ses proches. Méthodique et tenace jusque dans ses passions, comme le bridge, qu’il pratique avec un sens aigu de sa propre excellence. Son pouvoir ne se mesure pas à sa notoriété, ce qui lui convient fort bien, M. Demarty ne recherchant guère la lumière des médias. Le visage du libre-échange à l’européenne est avant tout celui de la Suédoise Cecilia Malmström, la commissaire au commerce. Disponible et pédagogue, elle en est la VRP. Lui est le maître d’œuvre ; un artisan opiniâtre et convaincu du bien-fondé de sa mission. « A Bruxelles, on est pragmatique. Penser que le libre-échange est une bonne chose, ce n’est pas une approche idéologique. De tout temps, l’ouverture au commerce a créé de la croissance et de l’emploi », tranche le « DG », dans son vaste bureau d’angle du Charlemagne, l’un des bâtiments de la Commission. Comme bien d’autres Bruxellois, M. Demarty a été surpris par le rejet qu’ont provoqué des accords tels que le Tafta ou le CETA. Soudainement, le grand public s’est mis à réclamer un droit de regard sur des négociations considérées jusque-là comme étant du ressort des spécialistes.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/26/jean-luc-demarty-taulier-europeen-du-libre-echange_5388666_3234.html
26/11/2018
A 66 ans, ce haut fonctionnaire européen dirige depuis 2010 la « DG Trade », l’une des divisions les plus puissantes de la Commission. Un poste au cœur des négociations commerciales de l’Union.
idees
Loïc Charles : « Banksy et le mystère de la valorisation des marchandises au sein des économies capitalistes »
Chronique « Recherches ». A l’issue d’une vente aux enchères organisée par Sotheby’s à Londres, le 5 octobre, une toile de l’artiste contemporain Banksy, La Petite Fille au ballon, qui venait d’être vendue, s’autodétruisait partiellement devant une assistance médusée. Les réseaux sociaux s’affolèrent aussitôt. Certains y ont vu un pied de nez au capitalisme et célébré la victoire de l’artiste sur l’empire de l’argent : en détruisant son œuvre, il venait de réduire à néant le million de livres sterling qui l’avait achetée. D’autres, plus cyniques, remarquaient que cette destruction partielle avait probablement augmenté la valeur de l’œuvre de 50 %, voire 100 %, une analyse validée par l’acheteuse elle-même, qui a déclaré qu’elle possédait désormais son « bout d’histoire de l’art ». On peut aussi concevoir cette performance dans le cadre de la réflexion de l’artiste sur la nature et les fondements de la valeur de l’œuvre d’art et, plus généralement, des marchandises dans une économie capitaliste. En effet, dès 2004, l’artiste anglais s’était fait remarquer en imprimant et en distribuant des imitations de billets de 10 livres sterling à l’effigie de la princesse Diana et signés « Banksy of England ». Certains de ces billets furent ensuite vendus en ligne pour un montant bien plus élevé que leur valeur faciale. Banksy s’inscrit de fait dans une longue tradition d’artistes contemporains qui se distinguent par la place importante accordée à la réflexion sur les fondements de la valeur marchande. Dans L’Economie à l’épreuve de l’art (Les Presses du réel, 304 pages, 26 euros), l’historienne de l’art Sophie Cras évoque la recherche particulièrement sophistiquée du peintre Yves Klein dans ce domaine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Banksy peut-il échapper aux règles du marché ? Le 2 janvier 1957, ce dernier expose, dans une galerie milanaise, onze tableaux monochromes, tous identiques. L’artiste rapporte : « Les acheteurs… choisissent, parmi les onze tableaux exposés, chacun le leur et le paient chacun le prix demandé. Et les prix sont tous différents, bien sûr. » L’anecdote, déjà intéressante par elle-même, devient fascinante lorsque l’on sait qu’elle est apocryphe. En réalité, l’auteur a affiché et vendu les onze œuvres à un prix identique (25 000 lires de l’époque, environ 13 euros). Ces deux récits renvoient donc à deux définitions de la valeur économique des biens. Yves Klein et la bombe La première est celle des économistes d’aujourd’hui. La valeur est définie par une combinaison de désir de la part de l’acheteur – ce que les économistes caractérisent comme « son échelle de préférence » – et ses moyens d’acquérir le bien qui satisfait son besoin – « sa contrainte budgétaire ». Cette valorisation préside notamment à la fixation du prix des monochromes d’Yves Klein dans les ventes publiques : des tableaux de format, de composition et d’aspect identiques sont vendus à des prix différents.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/26/loic-charles-banksy-et-le-mystere-de-la-valorisation-des-marchandises-au-sein-des-economies-capitalistes_5388657_3232.html
26/11/2018
Le plasticien britannique, qui affole le marché, s’inscrit dans une longue tradition d’artistes qui accordent une place importante à la réflexion sur les fondements de la valeur de l’art, détaille l’économiste dans sa chronique.
emploi
Santé mentale au travail : plus d’un travailleur sur cinq en situation de risque
Une femme qui passe plus d’une heure et demie dans les transports, traite énormément d’informations pour son travail, dans un espace organisé en flex-office (bureau non attribué), et qui aide un parent âgé, aurait bien besoin que son manageur veille sur elle, car elle est psychologiquement en danger. C’est ce que révèle une étude épidémiologique de la Fondation Pierre Deniker pour la recherche et la prévention en santé mentale, publiée lundi 26 novembre, qui établit que plus d’une personne en emploi sur cinq (26 % des femmes et 19 % des hommes) présente « une détresse orientant vers un trouble mental ». Cette expression quelque peu absconse signifiant que seul le psychiatre est habilité à valider le trouble mental. Un cinquième de la population active serait donc potentiellement malade ? « En 2018, les études épidémiologiques montrent qu’un Français sur cinq souffre de troubles mentaux. La dépression (de 7 à 10 % de la population), les troubles bipolaires (de 1,2 à 5,5 %, la schizophrénie (1 %) et les troubles du spectre de l’autisme (1 %) constituent les principales pathologies. La majorité d’entre elles font leur apparition entre 15 et 25 ans mais sont insuffisamment dépistées et traitées », confirment les professeurs Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca dans Psychiatrie : l’état d’urgence, paru en septembre chez Fayard. « Au travail, les maladies mentales sont extrêmement fréquentes, mais toujours taboues. Plus on en parle, plus on banalise et facilite l’accès aux soins », souligne Raphaël Gaillard, le psychiatre président de la Fondation Pierre Deniker. Etat des lieux du risque de trouble mental De nombreuses études sortent régulièrement sur l’épuisement professionnel et les risques psychosociaux (RPS). Le 22 novembre encore le cabinet Eleas prenait ainsi le pouls des salariés pour mesurer l’impact des outils numériques qui perturbent l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Mais c’est la première fois qu’une étude a pour objectif de lier les deux grands champs que sont les risques psychosociaux et le trouble mental. L’étude a cerné les facteurs aggravants : la surcharge de travail, l’organisation physique de l’espace de travail, la perte de contrôle du temps et l’accumulation des préoccupations privées et professionnelles Ce n’est pas un diagnostic de la souffrance au travail, mais un état des lieux du risque de trouble mental qui nécessite une prise en charge médicale. Car « au-delà de la photographie du mal-être en entreprise, la question est celle de la nécessité de prendre en charge les salariés malades », explique M. Gaillard. Quarante-quatre facteurs de risques psychosociaux ont été analysés. L’étude « Santé mentale des actifs en France » a été réalisée du 27 février au 6 mars auprès de trois mille deux cents actifs occupés, c’est-à-dire en emploi, qu’ils soient salariés, indépendants, à plein temps ou en activité réduite.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/11/26/la-sante-mentale-des-actifs-au-travail-est-preoccupante_5388652_1698637.html
26/11/2018
Une étude épidémiologique de la Fondation Pierre Deniker révèle que plus d’un actif sur cinq présente « une détresse orientant vers un trouble mental ».
implant-files
« Implant files » : comment se perd la trace des implants médicaux
Sortir son dossier médical du placard, l’ouvrir, et s’apercevoir qu’il est vide. Appeler l’hôpital, demander à consulter son dossier, et n’y trouver « que des devis d’intervention ». Joëlle Manighetti, cadre de la santé à la retraite, auteure d’un blog sur les implants mammaires, se souvient de ces femmes, pendant l’affaire PIP, qui « n’avaient aucun compte rendu opératoire. La seule solution qu’elles avaient pour savoir quel type de prothèse elles portaient était de se faire réopérer ». En France, la loi est pourtant claire. Depuis 2006, les chirurgiens doivent inscrire dans le dossier médical toutes les données relatives à la traçabilité des implants : nom, numéro de lot et série. Mais la consigne est peu respectée. Une enquête menée en 2014 par la direction générale de l’offre de soins (DGOS) montre, par exemple, qu’en Ile-de-France moins d’un établissement sur deux dispose d’un document précis à remettre aux malades à leur sortie. Un constat inquiétant, car ce papier est le seul moyen pour le patient de savoir s’il est concerné en cas de problème sur un implant. Ce qui semble donc possible dans l’agroalimentaire – en cas de contamination accidentelle, chacun est capable de savoir si sa bouteille de lait est concernée – n’est donc toujours pas systématique pour des dispositifs implantés dans le corps. Pour que ces informations soient remises au patient, encore faudrait-il qu’en amont tout soit correctement tracé à l’hôpital. C’est loin d’être le cas. Selon la même enquête, un établissement sur dix ne dispose d’aucune base de données informatique permettant de retrouver rapidement un patient à partir du numéro de lot de l’implant, et inversement. Sans compter les dispositifs médicaux égarés par l’hôpital dont le nombre peut atteindre… 25 %. « La traçabilité des implants coronaires ou des prothèses mammaires n’est clairement pas une priorité pour certains chirurgiens », déplore Pierre Faure, pharmacien à l’hôpital Saint-Louis. L’éparpillement des informations est un autre problème. Rien qu’à l’AP-HP, à Paris, il existe 70 logiciels différents, et aucun système centralisé pour tracer les implants. Quand ce ne sont pas les établissements qui fonctionnent toujours au papier. En cas de rappel, il faut donc aller fouiller dans les cahiers de bloc. « C’est complètement archaïque mais, avec du temps et de la persévérance, vous y arrivez… », poursuit le pharmacien de l’hôpital Saint-Louis. Livraison en catimini Le simple inventaire des implants médicaux est donc un véritable casse-tête. Dans les hôpitaux parisiens, alors que les médicaments sont tous stockés dans un même lieu, à Nanterre, et suivis à la boîte près, les dispositifs médicaux, eux, sont livrés directement par les fabricants. En théorie, ils doivent passer par la pharmacie centrale de l’hôpital. Mais, en pratique, « les industriels gèrent souvent directement les stocks d’implants dans les blocs », constate Patricia Le Gonidec, la pharmacienne qui coordonne les travaux de l’Observatoire du médicament, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique (Omedit).
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/26/implant-files-comment-se-perd-la-trace-des-dispositifs-implantes-aux-malades_5388649_5385406.html
26/11/2018
Malgré la loi, beaucoup de patients ne peuvent pas savoir quels types d’implants ils portent dans leurs corps.
referendum-sur-le-brexit
Brexit : à Liverpool, « les gens sentent qu’ils se sont fait avoir »
Kirsty Hunt, 33 ans, employée de la boulangerie-café coopérative « Homebaked », à Liverpool. « Ce que les gens se disaient dans le quartier, c’est que les étrangers prenaient les boulots qu’on n’avait pas, et qu’il fallait que ça s’arrête. Reprendre les commandes, etc. Excusez-moi, mais c’est des conneries tout ça : on fait se battre des pauvres contre d’autres pauvres, c’est tout. » Phil Hatcher-Moore pour "Le Monde" Dans le quartier d’Anfield de Liverpool, longer une rue, c’est voir défiler, à sa droite comme à sa gauche, des façades qui donnent sur des façades semblables. Une porte bleue, une porte rouge, un grillage repeint, le suivant qui rouille un peu. La nuit, les menues différences s’estompent sous la lumière humide des lampadaires. « Plats chinois et anglais. » Plus loin « Bières, vins, spiritueux » et « Burgers et kebab ». Tout au bout d’Oakfield Road, il y a aussi la silhouette sombre, monumentale, informe, d’un stade, celui du FC Liverpool. Il a pris le nom du quartier, et ses proportions, qui paraissent démesurées, dominent de loin les maisons à deux étages, dont les alignements continus ferment l’horizon. Le pub Sandon est à deux pas. C’est là que le célèbre club de football de la ville britannique a été fondé, à la fin du XIXe siècle. Ce soir-là, la section locale du Labour y a invité ses membres. Une trentaine de personnes – pour trois fois plus de chaises – sont réunies dans une salle annexe du pub, loin des blagues braillardes du comptoir, où l’on regarde d’un œil trouble des courses de chevaux sans fin et où un corpulent pilier de comptoir vante les mérites de Donald Trump et de Saddam Hussein. Anfield, ou plutôt la circonscription de Walton, dans laquelle se trouve le quartier, est un bastion travailliste, et l’un des responsables locaux du parti, Alan Gibbons, la décrit comme une communauté « très défavorisée et très à gauche ». Ici, lors des dernières élections, le candidat du Labour, Dan Carden, une jeune figure de la gauche du parti, a été élu avec 85,7 % des voix. Depuis les années 1960, le siège est considéré comme acquis et le plus sûr de tout le pays pour le Labour. « Les raisons de protester sont toujours là » Or, si Liverpool, où le Parti travailliste est chez lui, a voté dans son ensemble pour rester dans l’Union européenne, en juin 2016, ce n’est pas le cas de Walton. Ici, le « Leave » l’a emporté avec 54 % des voix. Des études parues récemment font de la circonscription celle dont les électeurs auraient, depuis le référendum, le plus massivement changé d’avis de tout le Royaume-Uni ; mais Alan Gibbons en doute. « Les gens de cette circonscription ont simplement voulu protester contre l’establishment, et, entre le chômage, la précarité, l’austérité, les raisons de protester sont toujours là. »
https://www.lemonde.fr/referendum-sur-le-brexit/article/2018/11/26/brexit-dans-le-quartier-d-anfield-a-liverpool-les-gens-sentent-qu-ils-se-sont-fait-avoir_5388631_4872498.html
26/11/2018
Dans le quartier d’Anfield, qui a voté pour la sortie de l’UE, les habitants sentent que le Brexit n’améliorera pas leurs conditions de vie.
idees
« L’armée européenne : un projet prématuré »
Tribune. Si elle le pouvait, l’Allemagne revendiquerait un copyright sur le terme « armée européenne », car cela fait des décennies que ses dirigeants l’utilisent à tout-va. Mais c’est maintenant au tour du président Macron de se l’approprier. La chancelière Merkel s’est donc empressée de le soutenir lors de son discours du 14 novembre devant le Parlement européen. Le plus remarquable dans cette affaire n’est pas tant le renversement des rôles que la réaction allemande. Celle-ci qui révèle deux choses : Français et Allemands ne parlent pas de la même armée européenne, Berlin considère que le timing choisi par Macron est malheureux. Le rappel de l’amitié franco-allemande ne parvient pas à masquer le fait que Berlin et Paris poursuivent en effet des logiques différentes quand ils parlent d’une armée européenne. Mme Merkel s’est prononcée à Strasbourg en faveur d’une telle création. Mais la raison donnée est révélatrice : la guerre entre Européens ne serait ainsi plus possible. Cela fait référence à la conception traditionnelle de l’Allemagne, selon laquelle la sécurité passe par l’intégration politique : Berlin ne cherche pas tant à se doter d’une armée européenne pour mieux défendre l’Europe que pour préserver la « maison européenne ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Trump aura depuis longtemps quitté la Maison Blanche avant qu’une armée européenne ne voie le jour » Au moment où le projet européen est remis en question, du Brexit en passant par l’Italie jusqu’en Pologne, il est d’autant plus important de préserver l’Union européenne (UE). Pour la chancelière allemande, l’armée européenne n’est donc qu’un des moyens pour poursuivre cette intégration. Avec l’armée européenne, Berlin vise l’intégration plus que la défense. L’Allemagne rêve tant d’être le bon Européen Par conséquent, le débat allemand est ponctué de nombreuses manifestations de volonté politique en faveur d’une telle armée, sans qu’elles soient pour autant suivies de grands résultats. Ces professions de foi font suite à l’idée largement répandue, en particulier au ministère des affaires étrangères, que le discours est plus important que les capacités militaires réelles. Et le fait que l’Allemagne perde ainsi en crédibilité et en marge de manœuvre n’a pas encore été compris par certains à Berlin. Il existe une autre clé pour comprendre l’approche allemande : le désir de se fondre dans le cadre politique européen, par rejet du nationalisme. Cela explique également pourquoi tant de questions difficiles deviennent plus faciles à (di)gérer pour l’Allemagne lorsqu’on les fait passer dans l’UE. L’Allemagne rêve tant d’être le bon Européen.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/26/l-armee-europeenne-un-projet-premature_5388586_3232.html
26/11/2018
Vu d’Allemagne, le projet d’une armée européenne est plutôt bien accueilli. Mais l’enthousiasme qu’il soulève est fondé sur une incompréhension entre Paris et Berlin qui augure mal de son avenir, assurent les chercheurs Claudia Major et Christian Mölling dans une tribune au « Monde ».
biodiversite
Des citoyens rendent des terres à la vie sauvage
La grande aigrette est l’une des quelque 180 espèces d’oiseaux observées dans la réserve des Deux lacs. REMI COLLANGE D’abord, le silence. Puis, traversant les frondaisons, le cri rauque d’une grande aigrette, flèche blanche dans le ciel automnal. Devant nous, un plan d’eau bordé de saules et de peupliers scintille de reflets ambrés. Massée sur un îlot, une colonie de cormorans – une centaine au bas mot – bat des ailes en cadence dans le froid mordant. Des hérons cendrés montent la garde. Un martin-pêcheur prend son envol. Bienvenue dans la réserve de vie sauvage des Deux-Lacs, l’une des quatre déjà créées par l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Sa démarche, unique en France : financer l’achat de terres pour les rendre à la nature, si nécessaire en faisant appel au grand public. Ici, dans la petite commune de Châteauneuf-du-Rhône, à la limite de la Drôme et de l’Ardèche, elle est propriétaire, depuis l’été 2013, d’une zone humide de 60 hectares. Un ensemble de deux lacs – d’anciennes gravières remises en eau – planté de landes, d’aulnes, d’aubépines, de roseaux et d’arbustes propres aux milieux aquatiques. Un havre de tranquillité où, peu à peu, la nature reprend ses droits. La réserve de vie sauvage des Deux lacs, dans la Drôme. REMI COLLANGE « Cinq ans, c’est encore trop court pour juger de l’évolution de la faune et de la flore. Mais ce qui me frappe, c’est de voir que, en quelques années seulement, les espèces d’oiseaux présentes se sont beaucoup diversifiées. C’est un très bon signe pour l’avenir », témoigne Béatrice Kremer-Cochet, naturaliste, qui fait découvrir le site. Entre le parc de Miribel-Jonage, près de Lyon, et la Camargue, les Deux-Lacs sont devenus une étape, parfois un refuge et une aire de nidification, pour de nombreux oiseaux migrateurs, aigrettes garzettes, guêpiers d’Europe ou hérons pourprés, qui côtoient sur ces rives, en toute quiétude, foulques macroules, grèbes huppés, sarcelles et bécassines. Les animaux arpentant le sol prennent eux aussi leurs aises, comme le montrent les images dérobées par des caméras dissimulées dans les buissons. On y aperçoit chevreuils, renards, martes, blaireaux, ou encore des genettes, petits carnivores nocturnes. Mais la vedette des lieux est le castor d’Europe. Sur une berge du lac principal, un amoncellement de branches taillées en biseau, percé de conduits d’aération, révèle qu’une famille de rongeurs a construit ici sa hutte. Le castor d’Europe est l’animal emblématique de la réserve drômoise. REMI COLLANGE Créée voilà un peu plus de trente ans et forte de quelque 10 000 adhérents, l’Aspas met un point d’honneur à ne recevoir aucune subvention de l’Etat. En plus des Deux-Lacs, elle a acquis, avec les seuls fonds de ses membres et de donateurs, trois autres domaines, transformés en réserves. L’un, à dominante forestière, dans la Drôme également, un autre dans les Côtes-d’Armor, le dernier dans l’Hérault, pour un total de près de 700 hectares. Elle projette de presque doubler cette superficie, en leur adjoignant 500 hectares de forêts anciennes, de falaises et de ruisseaux, dans le Vercors.
https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/11/26/des-citoyens-rendent-des-terres-a-la-vie-sauvage_5388584_1652692.html
26/11/2018
Une association en appelle au grand public pour financer l’acquisition de réserves où la faune et la flore évoluent en toute liberté. Avec de premiers résultats prometteurs.
emmanuel-macron
« Gilets jaunes » : pourquoi Emmanuel Macron s’est résolu à la concertation
Manifestation au péage de la Gravelle entre Rennes et Paris. Les « gilets jaunes » tiennent le péage ouvert pour le rendre gratuit samedi 24 novembre. VASSILI FEODOROFF POUR LE MONDE Sortir de l’impasse, et vite. Dix jours après les premiers blocages contre la hausse des prix des carburants et alors que de nombreux heurts ont émaillé la manifestation organisée par les « gilets jaunes », samedi 24 novembre, à Paris, Emmanuel Macron a décidé de reprendre la main. Selon son entourage et celui du premier ministre, Edouard Philippe, le chef de l’Etat prépare une série de mesures, qu’il doit annoncer avant son départ pour l’Argentine, mercredi 28 novembre, où il doit assister au sommet du G20 jusqu’à dimanche. Officiellement, la fermeté est toujours de mise. Samedi, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a imputé les dégradations commises à Paris à des « séditieux » de l’ultradroite et a annoncé que 101 personnes avaient été placées en garde à vue. Le président de la République a lui-même rendu hommage aux forces de l’ordre. « Honte à ceux qui les ont agressées. Honte à ceux qui ont violenté d’autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d’intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République », a-t-il tweeté dans la soirée. Un message aux « gilets jaunes » Mais, au-delà des discours de fermeté, Emmanuel Macron semble décidé à bouger. Mardi, le chef de l’Etat prononcera un discours à l’Elysée, lors duquel il présentera sa « stratégie » et sa « méthode » pour « la transition écologique ». L’occasion de tracer un certain nombre de perspectives en matière de production et de consommation d’énergie, dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Mais aussi d’adresser un message aux « gilets jaunes » et de montrer la considération de l’exécutif pour cette France périphérique en colère. « Il y aura de l’argent, des débats et une méthode », fait savoir l’Elysée. Si le chef de l’Etat n’entend pas reculer sur la hausse des taxes pesant sur les carburants – « ce serait renoncer à la transition écologique et à notre crédibilité », plaide-t-on à Matignon –, M. Macron devrait dévoiler « des mesures de court terme et de long terme », assure un conseiller. Outre le renoncement aux péages urbains et l’ajournement de la taxe poids lourds, qui devaient être annoncés lors du conseil des ministres, lundi 26 novembre, plusieurs dispositions devraient être annoncées mardi. La plus emblématique sera la création d’un Haut Conseil pour le climat, comme l’a révélé Le Journal du dimanche. Composé de treize personnalités, parmi lesquelles l’ex-négociatrice de la conférence sur le climat COP21 Laurence Tubiana, le directeur de la filiale française du WWF, Pascal Canfin, la coprésidente du comité scientifique du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Valérie Masson-Delmotte, l’économiste Pierre Larrouturou ou l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, cet organisme sera chargé de conseiller le gouvernement en matière de transition écologique mais aussi d’évaluer et de contrôler les mesures prises par l’exécutif.
https://www.lemonde.fr/emmanuel-macron/article/2018/11/26/gilets-jaunes-emmanuel-macron-se-resout-a-la-concertation_5388574_5008430.html
26/11/2018
Dix jours après les premiers blocages, le chef de l’Etat présentera, mardi, sa « stratégie » et sa « méthode » pour « la transition écologique ».
idees
« Et si le populisme prospérait aussi sur le terreau de l’inculture économique ? »
Manifestation du mouvement citoyen des « gilets jaunes » au centre-ville de Toulouse, le 24 novembre. MATTHIEU RONDEL / HANSLUCAS POUR LE MONDE Chronique. Le mouvement des « gilets jaunes » a réveillé la question, désagréable comme une piqûre de rappel : et si le populisme prospérait aussi sur le terreau de l’« inculture économique » que Michel Rocard prêtait aux Français et à leurs dirigeants ? Et si ces grosses lacunes, que l’ancien premier ministre rendait responsables des difficultés du pays à s’adapter aux mutations mondiales, lui faisaient perdre chaque année un point de croissance, comme l’affirme le lauréat du Nobel d’économie 2006, l’Américain Edmund Phelps ? Que la souffrance sociale des manifestants soit bien réelle et qu’ils soient soutenus par trois Français sur quatre ne consolera pas notre Nobel (2014) Jean Tirole. « La réceptivité aux idées économiques se heurte partout au scepticisme vis-à-vis des économistes, regrettait-il fin 2017 devant l’Académie des sciences morales et politiques. Il est particulièrement fort en ces temps de populismes qui font la promotion d’une économie dénuée de choix difficiles. » Comme la biologie ou la science du climat, sa discipline est victime du syndrome du « peuple contre les experts », avec la circonstance aggravante de n’avoir pas prévu la crise financière de 2008. Pas confiance en l’économie de marché Avec un enseignement obligatoire d’une heure et demie par semaine en classe de seconde, il n’est pas surprenant que les Français n’aient obtenu que 8,3 sur 20 au test réalisé en 2010 par le Conseil pour la diffusion de la culture économique. Et que les solutions prêtes à l’emploi fassent recette, diffusées et « validées » par des réseaux sociaux où bouillonne un sentiment d’injustice fiscale, de déclassement social et d’abandon territorial. Si d’autres pays ont des lacunes en économie, il y a une « exception française ». On en trouve peu où deux citoyens sur trois ne font pas confiance à l’économie de marché. Où 64 % d’entre eux estiment que la lutte des classes reste une réalité (20 % de plus qu’à la veille de mai 1968), selon une étude de France Stratégie de 2016. Où l’argent est si méprisé (en parole) et les ménages si prudents avec leur épargne, placée dans la pierre et l’assurance-vie plutôt que dans les actions d’entreprises. Où l’absence de fonds de pension réduit l’incitation des salariés au succès des entreprises et fait de la France un pays capitaliste sans capital. A cette exception, plusieurs raisons.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/26/et-si-le-populisme-prosperait-aussi-sur-le-terreau-de-l-inculture-economique_5388571_3232.html
26/11/2018
Dans sa chronique au « Monde », Jean-Michel Bezat soutient que si les Français ont un tel sentiment de déclassement, « gilets jaunes » en tête, c’est notamment dû à leurs lacunes en économie.
musiques
Chanson : Patrick Bruel, une fébrilité française
Patrick Bruel à Paris, le 16 novembre. JEAN-FRANÇOIS ROBERT POUR « LE MONDE » On s’en vient prendre des nouvelles de Patrick Bruel. Ce qui revient à s’enquérir de quelque chose qui le dépasse un peu, comme à chaque fois qu’on prend le pouls d’un poids lourd de la variété : une température ambiante, un climat. Les chanteurs populaires ont ceci de singulier qu’ils ne s’appartiennent jamais tout à fait. « T’as pas changé, qu’est-ce que tu d’viens ? », faisait le couplet. Place des grands hommes, 1989. La France, en même temps qu’elle célébrait le bicentenaire de sa Révolution, se berçait d’amicales retrouvailles au pied du Panthéon ; le pays avait les anniversaires joyeux, en ce temps-là. « Et toi, Pascale, continuait le tube, tu t’marres toujours pour rien ? » Et toi, Patrick ? Il donne rendez-vous au Hibou, rue de l’Odéon, à deux pas du monument qu’il chantait il y a trois fois dix ans. Le chanteur est de sortie : un nouvel album à vendre – Ce soir on sort… –, et de l’énergie à revendre. Il aurait aimé qu’on folâtre au jardin du Luxembourg, où il s’ébrouait ado ; qu’on musarde chez un libraire du quartier, où il a ses habitudes ; las, grand froid et petit crachin en décideront autrement. Trois heures à hiberner au Hibou, une matinée d’automne : l’apothéose de la morosité, quelle que soit l’identité de votre compagnon de cappuccino. A moins qu’il ne s’agisse de Bruel. Chouette type, aimant à renverser les situations, comme on retournerait une carte. « Patrick irradie de positivité, confirme le journaliste Claude Askolovitch, qui a publié une longue Conversation avec le chanteur, chez Plon, en 2011. On s’est croisés par hasard, dans la cour de l’hôtel de Matignon, peu après la mort de ma femme. J’étais détruit. Il est venu vers moi. Ecrire ce livre ensemble m’a fait énormément de bien : ce type donne de la vie. » Claude Askolovitch est spécialiste de politique – de ceux qui en croquent le spectacle avec une appétence toute balzacienne. C’est sur ce terrain, du reste, qu’ils se sont trouvés : « Parmi tous les destins possibles de Patrick Bruel – chanteur, acteur, entrepreneur, footballeur, handballeur… –, homme politique ne fût pas le plus improbable, assure son biographe. Il s’est construit politiquement auprès de sa belle-famille niortaise, marquée à gauche, puis en s’engageant dans l’humanitaire, le caritatif. » Centriste et consensuel En entretien, Bruel est intarissable sur la chose publique. S’émeut de la montée des extrêmes. S’alarme de la crise écologique. S’aventure sur la question migratoire, qu’il avoue ne maîtriser qu’à demi : « Ma proposition est sans doute utopiste et ridicule, s’élance-t-il, mais pourquoi ne pas investir massivement, sans ingérence, dans les pays qui souffrent de départs massifs de population ? »
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/11/26/patrick-bruel-une-febrilite-francaise_5388566_1654986.html
26/11/2018
Le chanteur présentera en tournée, en 2019, son nouvel album, « Ce soir on sort… », d’où ressortent ses inquiétudes.
idees
Comment Trump a décidé de quitter l’accord de Paris sur le climat : le récit de Bob Woodward
Bonnes feuilles. Bob Woodward, l’ancien journaliste vedette du Washington Post, a consacré son dernier ouvrage à une chronique féroce du mandat de Donald Trump. Publié en septembre aux Etats-Unis, Fear. Trump in the White House, dont la traduction française, Peur. Trump à la Maison Blanche, sera disponible jeudi 29 novembre (Seuil, 528 pages, 24,50 euros), décrit minutieusement, entre mille scènes drôles ou consternantes, une administration à la dérive. Le Monde publie en exclusivité le chapitre consacré à la décision américaine de quitter l’accord de Paris, annoncée le 1er juin 2017. Pendant que Trump élaborait des plans pour se retirer de l’accord de Paris sur le changement climatique, Priebus [Reince Priebus, alors chef de cabinet de la Maison Blanche] s’occupait d’Ivanka. A 35 ans, la fille du président était haute conseillère à la Maison Blanche, et c’est elle qui avait le pouvoir sur l’aile ouest (West Wing), le centre névralgique de l’exécutif américain. Elle avait lancé ce qui ressemblait à une opération secrète en faveur de cet accord non contraignant conçu pour répondre aux changements climatiques par une réduction des gaz à effet de serre et signé en 2015 par 195 pays. D’ici à 2025, Obama s’était engagé à réduire les émissions de ces gaz de 25 % par rapport au niveau de 2005. Il avait promis d’investir 3 milliards de dollars [2,6 milliards d’euros] dans un Fonds vert pour le climat afin d’aider les pays en voie de développement. Seul un milliard avait été versé, dont la moitié avait été transférée trois jours avant son départ de la Maison Blanche. Ivanka tenait absolument à ce que son père soit fidèle à cet accord en faveur de l’environnement. De temps en temps, Priebus s’entretenait dans son bureau avec une petite équipe de conseillers économiques et de membres du Conseil économique national, et Ivanka se montrait au bout d’un quart d’heure. Elle s’asseyait et en général ne pipait pas un mot. « C’est qui cette fille ?, s’étonnait Priebus. A quoi elle joue ? » « La Maison Blanche version Trump semblait conçue pour bousculer le moindre ordre, la moindre routine » L’aile ouest était de plus en plus difficile à gérer. Il arrivait que la présence d’Ivanka – plusieurs heures par jour, plusieurs jours d’affilée – soit continue. Jared [Jared Kushner, le mari d’Ivanka] bénéficiait de la même autorisation de squatter l’aile ouest. On aurait dit une petite bande de contradicteurs qui rôdaient, surveillaient les autres et agissaient entre eux comme la garde rapprochée familiale du président. Ivanka semait le doute sur la politique menée et transmettait des articles à son père.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/26/comment-trump-a-decide-de-quitter-l-accord-de-paris-le-recit-de-bob-woodward_5388561_3232.html
26/11/2018
Dans « Peur. Trump à la Maison Blanche », qui sort jeudi, l’ancien journaliste du « Washington Post » Bob Woodward chronique le mandat de Donald Trump. « Le Monde » publie en exclusivité le chapitre consacré à la décision américaine de quitter l’accord sur de Paris.
societe
Cannabis : « Les bourges font tourner le business »
COLCANOPA La petite vingtaine, tout en cheveux, les mains dans les poches d’un jean qui lui colle aux jambes, des écouteurs vissés aux oreilles, il a été repéré à la sortie de la station de tramway Victor-Basch, au cœur du quartier populaire du Petit Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Pas besoin d’être un pro du business pour comprendre que le garçon a ses habitudes dans le coin. « On les voit venir à vingt bornes les p’tits gars comme lui, y a qu’à voir leurs fringues, commente un habitant. Ici, c’est un quartier cosmopolite et pas riche, ils n’ont aucune raison de venir ici à part acheter de la drogue. » Stanislas (le prénom a été modifié) arrive tout droit de Puteaux et sait manifestement où il va. « Hop hop hop, regardez-le, et voilà… direct vers les Côtes-d’Auty, l’un des plus gros points de vente du coin », se marrent deux copains du quartier, 20 ans, assis sur un banc aux abords de l’arrêt du tramway, en suivant du regard Stanislas. Le département des Hauts-de-Seine figure historiquement parmi les territoires les plus touchés par la consommation et le trafic de stupéfiants. Sa position géographique en fait une terre fertile pour le deal : il longe les quartiers les plus riches de la capitale et abrite plusieurs villes parmi les plus nanties d’Ile-de-France, comme Neuilly-sur-Seine, Boulogne-Billancourt, Levallois-Perret ou encore Issy-les-Moulineaux. Là où se logent les meilleurs clients, comme Stanislas. « Des pauvres des quartiers, il y en a qui achètent, bien sûr, mais le gros du chiffre d’affaires ne vient pas d’eux, tout le monde le sait, commentent les deux copains du Petit Colombes qui jurent – un sourire en coin – ne pas vendre. Les gens passent leur temps à montrer les jeunes de banlieue du doigt, mais ils oublient de rappeler que ce sont les bourges qui font tourner le business ! » Publiée en février 2017, l’enquête sur les « Usages de drogues des adolescents à Paris et en Seine-Saint-Denis », menée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), avait révélé que les jeunes de l’Ouest francilien, Parisiens inclus, étaient bien plus nombreux à consommer des substances psychoactives que ceux résidant en Seine-Saint-Denis et dans le reste de la région. « Coin glauque » Le marché du cannabis, évalué à plus d’un milliard d’euros par l’Insee, se divise en deux segments. Aux plus jeunes et aux plus démunis, l’achat au pied des cités. « On voit beaucoup de mineurs et de plus en plus de filles », observe l’ancien colonel de gendarmerie Alain Faugeras, chargé de la police municipale de Colombes, qui compte 65 agents armés. Parfois, aussi, ils aperçoivent des salariés de la Défense qui s’arrêtent faire leur shopping en rentrant chez eux. La livraison à domicile, en plein essor, s’adresse davantage aux plus âgés et aux plus riches.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/26/cannabis-les-bourges-font-tourner-le-business_5388557_3224.html
26/11/2018
Près des beaux quartiers, les cités des Hauts-de-Seine, comme Petit Colombes, sont une terre fertile pour le trafic de stupéfiants.
idees
« Il faut développer les biens publics européens »
Tribune. Au XXIe siècle, sur notre continent, dans les domaines-clés de l’action publique, l’Etat-nation est largement dépassé. Aucun Etat européen ne peut, seul, satisfaire à ses responsabilités humanitaires à l’égard des réfugiés et garantir la protection des frontières. Il en va de même pour un partenariat de développement réussi avec l’Afrique, pour la politique de sécurité et de défense, pour la protection de l’environnement et pour les infrastructures transfrontalières. Même les plus grands Etats membres, comme l’Allemagne ou la France, ne peuvent plus espérer maîtriser seuls ces défis. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Trump aura depuis longtemps quitté la Maison Blanche avant qu’une armée européenne ne voie le jour » Sur le principe, nous savons tout cela depuis longtemps. Mais, il y a peu de temps encore, nous pensions que la résolution de ces problèmes pouvait se faire au rythme traditionnel des processus de décision européens. Aujourd’hui, nous savons que ces problèmes doivent être résolus plus rapidement. Parce que le monde globalisé est plus chaotique que ce que nous avions prévu. Parce que la confiance dans nos alliés les plus proches est fortement ébranlée par le slogan America First (« L’Amérique d’abord ») de Donald Trump. Et aussi parce que l’Union est menacée en son sein même par la montée des partis populistes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pologne, Hongrie... ces démocraties « illibérales » qui remettent en cause l’Etat de droit La situation est délicate : si l’Etat-nation a déjà vu sa capacité d’action s’éroder dans des domaines politiques majeurs, l’Union européenne n’est cependant pas encore assez développée pour pouvoir intervenir dans les domaines dans lesquels l’Etat-nation n’apporte plus de réponse convaincante. Plus cette situation se prolongera, plus l’insatisfaction augmentera et plus les populistes auront le vent en poupe. La logique des « petits pas » ne suffit pas. Nous avons besoin aujourd’hui de la même audace politique et de la même clairvoyance historique que celles qui avaient présidé en leur temps à la création de l’Union européenne. A cette époque déjà, les sceptiques étaient nombreux ; mais, jusqu’à présent, les résultats sont convaincants. Une véritable opportunité Notre capacité d’action et notre souveraineté, qui se réduisent considérablement au niveau national, doivent enfin être rétablies au niveau européen. C’est pourquoi nous avons instamment besoin d’une initiative commune pour le développement des biens publics européens. Une véritable opportunité se présente aujourd’hui, et ce pour quatre raisons.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/26/il-faut-developper-les-biens-publics-europeens_5388527_3232.html
26/11/2018
Pascal Lamy, ancien commissaire européen, et Jakob von Weizsäcker, l’eurodéputé allemand, appellent dans une tribune au « Monde » les Etats européens à ne plus se contenter d’une politique des petits pas.
campus
Quand les Arts déco et Polytechnique font chaire commune
Grâce à la chaire arts et sciences, Emile de Visscher, étudiant à l’EnsAD, a pu imaginer une soutenance de thèse sous la forme d’une exposition publique au Musée des arts et métiers, le 26 novembre 2018. Hands Studio L’intitulé a de quoi surprendre : en 2017, Polytechnique, l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs (EnsAD) et la fondation Daniel & Nina Carasso créaient la chaire arts et sciences. Si une chaire est normalement une place offerte à un professeur et/ou chercheur de renom pour développer sa discipline, l’ambition de celle-ci est tout autre. « Elle doit embarquer des étudiants, d’autres collègues de différentes disciplines et s’adresser à la société dans son ensemble », explique l’artiste-chercheur à l’EnsAD Samuel Bianchini, qui dirige la chaire avec Jean-Marc Chomaz, artiste-physicien professeur à Polytechnique. Un rôle de sponsor Il s’agit d’un espace de coexpérimentation, de réflexion et de création. Elle soutient des projets développés par des étudiants. Elle a ainsi été l’un des sponsors financiers principaux de la présentation de la vidéo Through The Looking Mist et de l’installation Néphélographe (Impressions de brouillard) à l’occasion de la Nuit blanche, le 6 octobre 2018 à Paris. A l’origine de cette œuvre, une collaboration entre l’artiste Ana Rewakowicz, en résidence à Polytechnique, Camille Duprat, chercheuse au laboratoire d’hydro­dynamique de Polytechnique (LadHyX), et Jean-Marc Chomaz. « L’œuvre d’art est l’expression immédiate de nos recherches », explique l’artiste, dont les conférences Garden the Sky Water organisées en 2019 seront elles aussi financées par la chaire. Cette dernière a également permis à Emile de Visscher, étudiant à l’EnsAD, d’imaginer une soutenance de thèse sous la forme d’une exposition publique au Musée des arts et métiers, le 26 novembre 2018. « La chaire m’a soutenu finan­cièrement et en termes de communication, explique le jeune créateur. Samuel Bianchini et Julie Sauret, en particulier, m’ont aidé à penser le format de soutenance. Toute ma thèse parle des processus de fabrication et de la manière de les socialiser. Je n’aurais pas pu la ­présenter uniquement à mes pairs, sans public, et en dissociant la pratique de la théorie, comme cela se fait généralement. » Un réseau pour les étudiants La chaire lui a ouvert les portes d’un réseau, celui de l’université Paris-Sciences-et-Lettres (PSL) : « J’ai pu aller à l’ESCPI [Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris], au Collège de France, dans des laboratoires. C’est une expérimentation très riche et très intéressante. Elle permet de réfléchir à la collaboration. » Et l’étudiant de poursuivre : « Les arts apportent-ils quelque chose aux sciences en s’appropriant leurs recherches ? »
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/11/26/quand-les-arts-deco-et-polytechnique-font-chaire-commune_5388530_4401467.html
26/11/2018
L’Ecole nationale des Arts décoratifs et Polytechnique ont créé, avec la fondation Daniel & Nina Carasso, une chaire commune « arts et sciences ». Cet espace de coexpérimentation et de réflexion organise des événements et soutient les projets de ses étudiants, à la croisée des disciplines.
idees
PMA pour toutes : « Des peurs souvent irrationnelles et injustifiées »
Tribune. Après l’annonce du report à la fin du printemps 2019 de l’examen du projet de loi sur l’extension de la PMA à toutes les femmes, la confirmation par Emmanuel Macron et Marlène Schiappa que cette promesse de campagne serait honorée rassure sur la fermeté de cet engagement. Il reste que cette question semble – à tort ou à raison – plus inflammable encore que celle des taxes sur le carburant. On a compris que le président souhaitait un « débat apaisé » sur cette réforme sociétale, laissée en suspens par la loi Taubira sur le mariage pour tous – qui n’est pas un « mariage gay », comme on l’a entendu trop souvent. Cette loi, en effet, ne réglait que partiellement et de façon restrictive la question de la filiation au sein d’unions de couples de même sexe, en autorisant l’adoption de l’enfant né d’un des membres du couple par son conjoint. Ce qui contraint le couple à une requête en adoption, longue et coûteuse, en général acceptée par les tribunaux – quoique pas systématiquement, puisqu’on a vu des refus, motivés de façons variées et souvent ubuesques par des magistrats peinant à concevoir une configuration familiale non conforme au modèle classique « papa-maman ». La loi entraînait aussi une rupture d’égalité entre les citoyens, puisque, de fait, les parents (nécessairement mariés) de même sexe et les parents de sexe différent ne se voient pas logés à la même enseigne. Elle induisait en outre une situation d’insécurité quant à leur filiation pour les enfants de ces derniers tant que l’adoption n’était pas effective : quid en cas de décès du parent initialement légitime avant le prononcé de l’adoption ? Situations hypocrites Elle conduisait enfin à des situations de vide juridique passablement hypocrites : « Oui, vous pouvez adopter l’enfant de votre conjoint », dit aujourd’hui la loi française. Mais quant à la manière de procréer ledit enfant – en clair, l’assistance médicale à la procréation, donc pour les couples de femmes l’insémination avec donneur –, eh bien la loi ne vous permet pas d’y avoir recours en France. De même actuellement pour les femmes célibataires, alors que la parenté adoptive est possible en droit français pour des célibataires. Laissons ici de côté la question de la gestation pour autrui, qui n’est de toute façon pas à l’ordre du jour des débats prévus dans la révision de la loi bioéthique en matière d’assistance à la procréation, même si une discussion rationnelle (et non des invectives psycho-apocalyptiques) devrait pouvoir avoir lieu sur cette forme d’assistance à la procréation, reconnue par l’Organisation mondiale de la santé. En commençant par distinguer la pratique en tant que telle de ses conditions d’exercice, fort différentes en Inde ou en Californie.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/26/procreation-medicalement-assistee-des-peurs-souvent-irrationnelles-et-injustifiees_5388512_3232.html
26/11/2018
Dans une tribune au « Monde », la philosophe et psychanalyste Sabine Prokhoris rappelle qu’il est nécessaire de mener à bien un « débat apaisé » sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée à tous les couples.
implant-files
« Implant files » : les incroyables lacunes de la surveillance en France
Pour mener à bien l’enquête internationale des « Implant Files », chacun des médias partenaires devait tenter, dans son pays, d’obtenir des données chiffrées sur les incidents liés aux implants médicaux. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), l’autorité de santé, est censée surveiller les effets indésirables des prothèses de hanche, des implants mammaires ou encore des pacemakers. Cette matériovigilance permet en théorie de détecter les problèmes et de prendre des mesures. Ces données sont publiques mais lorsque Le Monde adresse un mail, le 13 mars, à l’ANSM pour les consulter, c’est un non poli qu’il reçoit en réponse. « Votre demande, telle qu’elle est formulée, ne permet pas à l’agence d’identifier les documents souhaités », écrit Dominique Martin, le directeur de l’ANSM, dans une lettre recommandée du 12 avril. Par ailleurs, elle « nécessite des recherches approfondies », qui représentent une charge de travail excédant ce qui est prévu par la loi qui autorise l’accès aux documents administratifs. Pour la majorité des implants, seules les pharmacies hospitalières disposent de données précises Il est surprenant qu’une simple liste des implants ou des incidents soit considérée comme une tâche insurmontable. Il a fallu d’innombrables relances pour mieux comprendre les « précisions » attendues. « On va vous transmettre ce qui est possible », indique enfin l’ANSM fin mai, sous réserve que la demande corresponde aux champs exacts de la base maison, joliment baptisée « MRVeille ». Encore faut-il connaître son architecture. Après d’autres relances, l’ANSM produit des captures d’écran difficilement exploitables qui nécessiteront un nouveau décryptage. Le 11 juin, la demande « MRveille-compatible » est envoyée. INFOGRAPHIE LE MONDE Article réservé à nos abonnés Lire aussi Implants médicaux : « La base française qui collecte les incidents a ses limites » Pour obtenir des détails sur le nombre d’implants médicaux posés en France et l’argent public dépensé, Le Monde saisit aussi l’Assurance-maladie. Qui regrette « qu’il [lui] soit impossible de répondre à la plupart des demandes » : soit les données « sont absentes des bases », soit elles « nécessitent de réaliser des études et traitements statistiques spécifiques complexes ». Il est certes possible de connaître l’enveloppe globale de dépenses par catégorie (le nombre d’implants mammaires posés dans l’année, par exemple), mais pas de savoir de quel modèle ni de quel fabricant il s’agit. Pour la majorité des implants, seules les pharmacies hospitalières disposent de données précises : c’est vers elles qu’il faut se tourner.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/26/implants-medicaux-les-incroyables-lacunes-de-la-surveillance-en-france_5388513_5385406.html
26/11/2018
De graves déficiences empêchent de détecter les effets indésirables des prothèses de hanche, des implants mammaires ou des pacemakers.
proche-orient
Au Liban, le recyclage des déchets à portée de clic
LETTRE DE BEYROUTH Trop loin, trop cher, trop compliqué. Pour les Libanais à la fibre écolo ou simplement citoyenne, le tri des déchets ménagers a longtemps ressemblé à un casse-tête. Les municipalités n’assurant pas de collecte sélective, il leur fallait prendre leur voiture et conduire jusqu’au centre de tri le plus proche, le sac de détritus recyclables dans le coffre. Ou bien payer 10 ou 20 dollars (9 à 18 euros) à une association, pour qu’elle s’acquitte de la course à leur place. « Ce n’était pas pratique. Même quand on était prêt à mettre cette somme, il était fréquent que les gens censés récupérer vos poubelles ne viennent pas, ou bien arrivent en retard, raconte Georges Bitar, membre de Live Love Lebanon, une ONG de promotion de la culture et de la nature. Je me suis parfois retrouvé avec dix ou vingt sacs de déchets plastiques et papiers entassés dans mon appartement. » Béquille de l’Etat libanais Mais depuis le mois d’avril, les Beyrouthins soucieux de l’environnement ont une solution : un système de ramassage à la demande, à domicile et gratuit, gérable par smartphone. Il suffit de cliquer sur une application créée à cet effet pour être débarrassé en une demi-heure de ses déchets non organiques. La collecte est assurée par des ramasseurs en tuk-tuk ou mobylettes électriques, issus pour la plupart de la communauté syrienne réfugiée au Liban. Le contenu des sacs est ensuite transféré à l’ONG Arcenciel, béquille de l’Etat libanais, spécialisée dans l’aide aux personnes en difficulté, dont l’une des activités phares est le recyclage. « On s’était fixé un objectif modeste, 300 téléchargements de l’application en un mois, se remémore Georges Bitar, l’un des fondateurs du projet. On nous disait que les Libanais n’étaient pas prêts pour le tri. En fait, on a atteint les 300 téléchargements en deux jours et aujourd’hui, on est à 15 000. Le taux de recyclage est encore très très bas au Liban [on l’estime à moins de 10 %, contre 40 % en France et 66 % en Allemagne]. Mais les mentalités commencent à changer. » Le déclic a bien sûr été la crise des poubelles, à l’été 2015 : l’envahissement des rues de Beyrouth par une marée d’ordures, après la fermeture de la principale décharge du pays, totalement saturée. Echaudé par l’incurie du gouvernement, Georges Bitar contacte Uber, le service de location de voitures avec chauffeur, qui lui prête sa technologie. Puis il loue des voitures, recrute des volontaires et improvise, dans l’urgence, un système de collecte des déchets recyclables. Le succès est immédiat, mais l’arrangement avec la start-up californienne s’arrête au bout de deux semaines.
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/11/26/au-liban-le-recyclage-des-dechets-a-portee-de-clic_5388504_3218.html
26/11/2018
Depuis le mois d’avril, les Beyrouthins soucieux de l’environnement bénéficient d’un système de ramassage à la demande, à domicile et gratuit, gérable par smartphone via une application.
international
Attaque chimique en Syrie : Washington demande une enquête
Une femme syrienne est hospitalisée à la suite d’une présumée attaque chimique sur Alep, le 24 novembre. GEORGE OURFALIAN / AFP Le Pentagone a appelé mardi 27 novembre la Russie à permettre une enquête indépendante sur le site de l’attaque chimique présumée de samedi dans la ville syrienne d’Alep, sous contrôle du régime syrien. Le régime du président syrien, Bachar Al-Assad, a accusé des « groupes terroristes » d’avoir mené samedi soir, dans trois quartiers d’Alep, une attaque au « gaz toxique » qui a provoqué une centaine de cas de suffocation et entraîné dimanche des raids de représailles de l’allié russe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Syrie : la Russie met la pression sur les rebelles Eliminer les traces Damas a officiellement demandé à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui siège à La Haye, d’ouvrir une enquête sur l’attaque présumée. Mais le Pentagone craint que le régime tente d’éliminer les traces de l’attaque et s’en serve comme prétexte pour lancer une offensive contre Idlib, ultime bastion insurgé en Syrie, actuellement protégé dans le cadre d’une trêve négociée entre Moscou et Ankara. « Il est essentiel de s’assurer que le régime syrien n’utilise pas de faux prétextes pour fragiliser ce cessez-le-feu et lancer une offensive sur Idlib », a déclaré par voie de communiqué un porte-parole du Pentagone, le capitaine Sean Robertson. « Nous avertissons la Russie qu’elle ne doit pas toucher à un site d’attaque chimique, et nous l’appelons à assurer la sécurité des experts de l’OIAC pour que ces accusations puissent faire l’objet d’une enquête juste et transparente », a-t-il dit, ajoutant : « Nous appelons à une inspection immédiate du site présumé par les inspecteurs internationaux, avec la liberté d’interroger toutes les personnes concernées et de rassembler toutes les preuves sans entrave. » Tout au long du conflit, le régime syrien a été accusé par l’Organisation des Nations unies et les capitales occidentales de faire usage d’armes chimiques ; ce qu’il a toujours démenti. Lire aussi Alep en images : la ville avant et après la guerre En avril, le pouvoir avait été jugé responsable d’une attaque chimique dans la Ghouta orientale, ex-bastion insurgé aux portes de Damas, qui avait fait 40 morts civils, selon les secouristes en zones rebelles. Les Occidentaux avaient mené des frappes de représailles contre le régime d’Assad. Le régime et la Russie, son alliée, avaient alors empêché pendant plusieurs jours les inspecteurs de l’OIAC de s’approcher du site de l’attaque supposée.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/27/attaque-chimique-en-syrie-washington-demande-une-enquete_5389533_3210.html
27/11/2018
Le Pentagone craint que le régime de Bachar Al-Assad tente d’éliminer les traces de l’attaque de samedi sur la ville d’Alep, qui a provoqué des centaines de cas de suffocation.
idees
« L’enjeu central des inégalités sociales et territoriales est celui des mobilités »
« La meilleure clé de compréhension du mouvement réside sans doute dans un croisement des problématiques sociales et territoriales qui traversent profondément notre pays depuis longtemps » (« Gilets jaunes » à Villefranche-sur-Saône, le 24 novembre). JEFF PACHOUD / AFP Tribune. Le démographe Hervé Le Bras, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) a récemment dressé pour l’hebdomadaire L’Obs une cartographie de la mobilisation des « gilets jaunes ». D’après ses observations, les blocages se concentrent en grande partie sur un axe allant des Ardennes aux Pyrénées, parfois appelé la « diagonale du vide ». Il apparaît clairement que ce mouvement des « gilets jaunes », protéiforme et insaisissable, n’est pas réductible à l’expression d’un ras-le-bol fiscal, ni à la seule question du pouvoir d’achat. La meilleure clé de compréhension du mouvement réside sans doute dans un croisement des problématiques sociales et territoriales qui traversent profondément notre pays depuis longtemps, l’espace étant tout à la fois un catalyseur et un révélateur des inégalités sociales dans notre pays. Une France cantonnée aux périphéries Les dynamiques territoriales en France suivent depuis quelques décennies un double mouvement de métropolisation et de régionalisation. Les activités, les savoirs et les richesses se concentrent dans de grandes métropoles et dans les quelques régions les plus attractives. Les deux phénomènes s’alimentent mutuellement : cette concentration est d’autant plus forte quand la métropole se trouve dans une région attractive. Si ce constat admet évidemment beaucoup d’exceptions, le mouvement des « gilets jaunes » est une expression de cette France qui se vit comme cantonnée aux périphéries géographiques, sociales, territoriales, culturelles, symboliques, psychologiques de notre communauté nationale. Comment ne pas entendre dans les revendications des gilets jaunes tout à la fois la frustration de l’assignation à résidence, le sentiment d’abandon par les pouvoirs publics, la perception d’une injustice sociale et spatiale qui perdure ? La réponse aux défis territoriaux qui se présentent à nous est de travailler à l’accès de tous au droit commun par un rééquilibrage des relations entre territoires Dès lors, travailler à la convergence des périphéries et des centres semble être une des réponses à apporter à cette vague de protestation qui devrait durer, tant les causes en sont profondes. Réfléchir au lien « ville-campagne » est justement au cœur du dernier ouvrage du think tank Démocratie vivante (voir lien PDF). Dans ce recueil, universitaires, élus et activistes cherchent à appréhender la question de la relation entre métropoles, villes petites et moyennes, ruralités, dans une démarche actualisée et positive.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/l-enjeu-central-des-inegalites-sociales-et-territoriales-est-celui-des-mobilites_5389524_3232.html
27/11/2018
Face aux revendications des « gilets jaunes », Quentin Jagorel, du think tank Démocratie vivante, propose des contrats de réciprocité pour créer une solidarité entre les territoires.
police-justice
Un homme finalement condamné en appel pour le viol d’une fille de 11 ans
Son acquittement avait nourri le débat sur l’instauration d’un âge minimum de consentement à un acte sexuel : un trentenaire a été condamné, en appel, à sept ans de prison pour le viol d’une fille de 11 ans, a-t-on appris, mardi 27 novembre, de source judiciaire. Un an après l’acquittement prononcé par la cour d’assises de Seine-et-Marne, la cour d’assises de Paris a jugé, le 7 novembre, que cet homme était coupable et a assorti sa peine d’emprisonnement d’une inscription sur le fichier des délinquants sexuels, a précisé cette source. En 2017, la première cour d’assises avait estimé que les éléments constitutifs du viol (contrainte, menace, violence et surprise) n’étaient pas établis. Le ministère public, qui avait requis huit ans d’emprisonnement, avait fait appel. Lire aussi Consentement des mineurs et rapports sexuels : ce que dit la loi « Présomption de non-consentement » Les faits remontaient à août 2009, quand la préadolescente avait suivi l’accusé, 22 ans à l’époque, dans un parc. Sa famille avait eu connaissance des faits en découvrant sa grossesse en 2010. L’enfant avait été placé dans une famille d’accueil. Le jeune homme a toujours soutenu que la relation était consentie. Cet acquittement intervenait alors qu’une affaire similaire, entre un homme de 28 ans et une fille de 11 ans, avait suscité la controverse dans le Val-d’Oise : le parquet de Pontoise avait décidé de le poursuivre pour « atteinte sexuelle » – qualification impliquant le consentement de la mineure – et non pour « viol ». Une information judiciaire pour viol avait été ouverte par la suite. De nombreuses voix s’étaient élevées pour demander d’instaurer une « présomption de non-consentement », qui considérerait comme un viol toute pénétration sur un mineur de moins de 15 ans. Estimant qu’une telle automaticité risquait d’être rejetée par le Conseil constitutionnel, l’exécutif avait finalement abandonné cette idée, suscitant les critiques d’associations et professionnels de la protection de l’enfance. La loi contre les violences sexuelles et sexistes, adoptée cet été, précise que lorsque les faits sont commis sur un mineur, jusqu’à 15 ans, « la contrainte morale ou la surprise sont caractérisées par l’abus de la vulnérabilité de la victime ne disposant pas du discernement nécessaire pour ces actes ».
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/11/27/un-homme-finalement-condamne-en-appel-pour-le-viol-d-une-fille-de-11-ans_5389520_1653578.html
27/11/2018
Cet homme avait été acquitté en première instance, ce qui avait nourri le débat sur l’instauration d’un âge minimum de consentement à un acte sexuel.
disparitions
Stephen Hillenburg, le créateur de « Bob l’éponge », est mort
Stephen Hillenburg, le 31 janvier 2015. Charles Sykes / Charles Sykes/Invision/AP Le créateur du dessin animé Bob l’éponge, Stephen Hillenburg, est mort lundi à 57 ans des suites d’une maladie neurodégénérative, a annoncé mardi 27 novembre la chaîne américaine Nickelodeon, diffuseur de la série d’animation qui a généré des milliards de dollars de revenus. 💛 We are sad to share the news of the passing of Stephen Hillenburg, the creator of SpongeBob SquarePants. Today, w… https://t.co/JcTnbf9bTb — Nickelodeon (@Nickelodeon) Lancé en 1999, Bob l’éponge met en scène un personnage à l’optimisme naïf qui vit au fond de l’océan Pacifique, dans la ville de Bikini Bottom. Diffusé dans plus de 150 pays, le dessin animé a rencontré un immense succès, au point que de nouveaux épisodes continuent d’être produits, quasiment vingt ans après la diffusion des premiers. Bob l’éponge a aussi été adapté au cinéma, avec deux premiers volets (le premier écrit et réalisé par Hillenburg) qui ont rapporté au total plus de 475 millions de dollars dans le monde, selon le site spécialisé Box Office Mojo. Un troisième long-métrage est prévu pour 2020. La gentille éponge, perpétuellement habillée d’un pantalon beige trop court, d’une chemisette blanche et d’une cravate rouge, a également connu les honneurs de Broadway, avec une comédie musicale jouée à New York de décembre 2017 à septembre 2018. Sens de l’humour et innocence En mars 2017, Hillenburg avait annoncé être atteint de sclérose latérale amyotrophique (ALS) ou maladie de Charcot, une maladie neurodégénérative pour laquelle il n’existe pas de traitement. Il avait aussi fait part de son intention de continuer à travailler sur la série, malgré la maladie. « Nous sommes incroyablement tristes », a réagi la chaîne Nickelodeon dans un communiqué. « Steve avait imprégné Bob l’éponge d’un sens de l’humour et d’une innocence uniques qui ont donné de la joie à des générations d’enfants et de familles un peu partout », a poursuivi la chaîne, qui doit ses meilleures audiences à cette éponge jaune aux dents du bonheur. Passionné par les océans, Stephen Hillenburg avait débuté sa carrière professionnelle en 1984 comme professeur de biologie marine à Dana Point, en Californie. Il devait ensuite s’orienter vers l’animation. Dès 1993, il avait créé une première série animée pour Nickelodeon, Rocko’s Modern Life, avant de créer Bob l’éponge.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/11/27/stephen-hillenburg-le-createur-de-bob-l-eponge-est-mort_5389509_3382.html
27/11/2018
Le dessinateur et scénariste est mort à 57 ans des suites d’une maladie neurodégénérative. Lancé en 1999, le dessin animé a rencontré un immense succès.
economie
Bruno Le Maire défend la place de Renault dans l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi
Une semaine après l’arrestation au Japon de Carlos Ghosn, Bruno Le Maire s’est opposé, mardi 27 novembre, à tout changement dans la gouvernance de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et « dans l’équilibre » des pouvoirs. Il estime notamment que le directeur général de Renault « doit rester le président de l’alliance » Renault-Nissan-Mitsubishi. « Dans la gouvernance, il est prévu que le directeur général de Renault soit le président de l’alliance. Cette règle ne doit pas changer », a déclaré le ministre sur LCI, en réponse à une question sur un possible bouleversement des équilibres au sein de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi après l’interpellation du PDG de Renault pour des soupçons de malversations financières. « Le directeur général de Renault [actuellement Thierry Bolloré, directeur exécutif par intérim depuis l’interpellation de M. Ghosn] doit rester le président de l’alliance », a martelé M. Le Maire, alors que M. Ghosn a été déchu de ses fonctions de président de Nissan et Mitsubishi. « Bon équilibre » Interrogé sur le partage des pouvoirs au sein de l’alliance et une éventuelle utilisation par les Japonais des soupçons pesant sur M. Ghosn pour obtenir un rééquilibrage en leur faveur au sein de l’alliance, M. Le Maire a adopté une position ferme. « Il y a aujourd’hui un partage qui me paraît le bon, il y a un équilibre qui est le bon. Il y a des participations croisées entre Renault et Nissan qui ne doivent pas changer », a-t-il déclaré. Renault détient un peu plus de 43 % du capital de Nissan qui possède 15 % du constructeur français. L’Etat français détient le même montant du capital, environ 15 % du capital de la firme au losange. « Je ne souhaite pas qu’il y ait de modification des équilibres de pouvoir entre Renault et Nissan, des niveaux de participations croisées », a insisté le ministre. Réunion à Amsterdam Selon Mitsuhiko Yamashita, vice-président exécutif de Mitsubishi, l’alliance entre Renault, Nissan et Mitsubishi Motors peut survivre à l’affaire Ghosn, car quelle que soit sa forme à l’avenir, les trois groupes automobiles continueront à tirer parti de leur coopération pour développer de nouvelles technologies. Des responsables de l’alliance se retrouveront cette semaine à Amsterdam – à partir de mercredi selon des sources – afin de voir comment protéger leurs activités conjointes des répercussions de ce dossier, alors qu’une lutte d’influence se profile entre Nissan et Renault. L’avenir de Carlos Ghosn à la tête de l’alliance sera aussi discuté, a précisé une source chez Nissan. En détention à Tokyo depuis le 19 novembre, Carlos Ghosn a été démis de ses fonctions de président de Nissan et de Mitsubishi mais est toujours PDG aussi bien de Renault – où un tandem a été choisi pour assurer l’intérim – que de l’alliance. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après Nissan, Carlos Ghosn évincé de Mitsubishi
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/27/bruno-le-maire-defend-la-place-de-renault-dans-l-alliance-renault-nissan-mitsubishi_5389505_3234.html
27/11/2018
Le ministre de l’économie s’exprimait une semaine après l’arrestation de Carlos Ghosn, ex-président de Nissan et Mitsubishi, pour des soupçons de malversations financières.
football
Football : mort d’une joueuse internationale du club de Guingamp
Océane Rogon, qui évoluait en défense à l’En avant de Guingamp en division un féminine, est morte à 20 ans. Club En Avant de Guingamp La joueuse de football Océane Rogon est morte à 20 ans, a annoncé mardi 27 novembre l’En avant de Guingamp dans un communiqué. Elle évoluait en défense dans ce club, en division un féminine. L’internationale française des moins de 19 ans (une sélection) se savait condamnée depuis plusieurs mois après qu’une maladie incurable lui eut été diagnostiquée, a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) une source proche du club. « Repose en paix, Océane », a écrit le club breton, « en deuil » et « profondément bouleversé ». « Le Club présente ses plus sincères condoléances à sa famille, ses proches, ses encadrants et coéquipières », a-t-il ajouté. Le club de football de Guingamp a déjà été endeuillé cette année par le décès brutal dans la nuit du 28 au 29 mars d’un jeune garçon de l’équipe des moins de 12 ans, Baptiste Le Foll.
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/11/27/football-mort-d-une-joueuse-internationale-de-20-ans-du-club-de-guingamp_5389503_1616938.html
27/11/2018
Océane Rogon, 20 ans, évoluait en défense, en division un féminine. Elle se savait condamnée depuis plusieurs mois.
football
Ligue des champions : Neymar et Mbappé titulaires pour le match crucial du PSG contre Liverpool
Les joueurs du PSG Neymar et Kylian Mbappé lors d’un match de Ligue 1 contre l’AS Monaco, le 11 novembre 2018. ERIC GAILLARD / REUTERS C’est une nouvelle rassurante pour les supporteurs du PSG, qui joue mercredi sa survie en Ligue des champions au Parc des Princes. Les deux stars du club, Neymar et Kylian Mbappé, de retour de blessures, sont « en forme » et seront « titulaires » lors du choc contre Liverpool, a annoncé leur entraîneur, Thomas Tuchel, mardi 27 novembre. « Ils ont fait un entraînement complet aujourd’hui et hier. Il n’y a pas de problème pour qu’ils soient titulaires demain. (…) Il n’y a pas de risque », a assuré le technicien allemand en conférence de presse. Risque de « rétrogradation » Neymar souffrait d’une élongation aux adducteurs et Mbappé d’une contusion à l’épaule. Ils étaient sortis en cours de match avec leurs sélections respectives, lors de Brésil-Cameroun et France-Uruguay la semaine passée. Les deux joueurs n’avaient pas participé au match de championnat contre Toulouse samedi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ligue des champions : défaite interdite pour le PSG contre Liverpool Troisième du groupe C, le PSG n’a jamais semblé en aussi fâcheuse posture dans la compétition reine. Les Parisiens pourraient être privés d’une qualification en huitièmes de finale s’ils s’inclinaient. Une sortie de route prématurée en Ligue des champions pourrait par ailleurs être synonyme de « rétrogradation » en Ligue Europa. Une compétition nettement moins lucrative : le vainqueur de l’épreuve recevra 8,5 millions d’euros en prime de résultats.
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/11/27/ligue-des-champions-neymar-et-mbappe-titulaires-pour-le-match-crucial-du-psg-contre-liverpool_5389500_1616938.html
27/11/2018
Le club de la capitale joue son destin sur la scène européenne. Les deux stars de l’équipe, de retour de blessures, seront bien sur le terrain mercredi.
afrique
Experts de l’ONU tués en RDC : dans les méandres de l’enquête congolaise
Congo. AGATHE DAHYOT / LE MONDE C’est une vidéo macabre. Elle ne dure que six minutes et dix-sept secondes. Mais cela semble interminable aux yeux des journalistes convoqués par les autorités pour la visionner à Kinshasa, lundi 24 avril 2017. Il est 9 h 30 dans le studio de la Radio-Télévision nationale congolaise installé dans les locaux du ministère de la communication, en plein cœur de la fourmillante capitale. Dans la salle, l’atmosphère est pesante. Dans quelques heures, le monde entier aura accès sur les réseaux sociaux aux images de l’assassinat des deux experts des Nations unies (ONU), tués en mars 2017 au centre de la République démocratique du Congo (RDC). Une première dans l’histoire de l’organisation internationale. La scène se déroule à l’ombre d’un bosquet planté dans une plaine, près de Bunkonde, un village-paroisse ceinturé de fosses communes, dans la province du Kasaï-Central. Les victimes sont un Américain de 34 ans, Michael Sharp, une Suédo-Chilienne de 37 ans, Zaida Catalan, leurs trois chauffeurs et leur interprète congolais. Tombés sous les balles tirées à bout portant par des jeunes hommes à la tête ceinte de bandeaux rouges flambant neufs. Investigations poussées et semées d’embûches Les experts enquêtaient pour le compte du Conseil de sécurité de l’ONU sur les violences qui ravagent ces provinces désolées au cœur du plus grand pays d’Afrique francophone. Sept mois, jour pour jour, avant leur assassinat, un chef coutumier, Kamuina Nsapu, qui s’était insurgé contre l’Etat, avait été tué par l’armée. Ses partisans, constitués en milices politico-mystiques dont le rouge est un signe de reconnaissance, avaient alors embrasé le cœur de la RDC, une région jusque-là paisible. Lire aussi Massacre filmé au Kasaï, dans le centre de la RDC Pour le gouvernement congolais, ces Kamuina Nsapu – le nom donné aux fidèles de l’ancien chef – ne sont rien d’autres que des « terroristes ». Et cette vidéo est censée démontrer que, contrairement aux soupçons qui planent déjà, Kinshasa n’est pour rien dans l’assassinat des experts de l’ ONU. Le film « montre très bien leur mise à mort par les Kamuina Nsapu », martèlent à l’unisson le porte-parole du gouvernement et son homologue de la police. Lundi 24 avril 2017, le régime congolais clôture l’enquête. A 10 000 km du Kasaï, au siège des Nations unies, à New York, c’est l’effroi. « Nous ne pensons pas que [cette vidéo] aurait dû être montrée », déclare le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric. En coulisses, des investigations poussées et semées d’embûches ont été menées par la Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation au Congo (Monusco).
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/27/experts-de-l-onu-tues-en-rdc-dans-les-meandres-de-l-enquete-congolaise_5389482_3212.html
27/11/2018
« Congo Files » (1/2). « Le Monde » et plusieurs autres médias ont eu accès à des milliers de pages de documents confidentiels des Nations unies sur le double assassinat en 2017 en République démocratique du Congo.
sciences
L’homéopathie sur la sellette dans plusieurs pays européens
Dans le collimateur du mouvement des Fakemed en France, les médecines complémentaires, et en particulier l’homéopathie, sont aussi sur la sellette ailleurs en Europe. C’est un rapport sévère du Conseil scientifique des académies des sciences européennes (Easac), publié en septembre 2017, qui a poussé plusieurs pays à revoir leur politique en la matière. « Il n’y a aucune preuve solide de l’efficacité des produits homéopathiques pour quelque maladie que ce soit, même s’il y a parfois un effet placebo », jugeait l’Easac, ajoutant que « l’homéopathie peut être nocive en dissuadant le patient de solliciter un traitement médical approprié ». Le 14 novembre, le gouvernement espagnol a annoncé un plan d’action contre les pratiques qualifiées de « pseudo-thérapies », dont l’homéopathie et l’acupuncture. Objectif de ce plan, présenté par le ministère de la santé et celui de la science, de l’innovation et de l’enseignement supérieur et rapporté par l’AFP : « éviter les effets nocifs potentiels » de ces approches « lorsqu’elles sont utilisées de manière alternative ou complémentaire à des traitements » fondés, eux, « sur des preuves et la rigueur scientifique ». Modification de la loi L’Espagne souhaite éliminer ces pratiques des centres de soins publics et privés et s’assurer que tous les soins soient prodigués par des professionnels reconnus. Les fabricants de produits homéopathiques doivent désormais demander un agrément. Sur plus de 2000 dossiers constitués, les laboratoires n’ont finalement choisi d’en soumettre que douze aux tests pour la qualification en médicament, note le correspondant du Figaro. Sont également prévues « des mesures pour éviter l’enseignement des pseudo-sciences dans les universités espagnoles », en développant des alliances avec les doyens, les recteurs ou encore les régions espagnoles pour ne pas décerner des diplômes liés à ces activités. Ces dernières années, plusieurs universités ont déjà supprimé leurs enseignements de l’homéopathie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi #Nofakemed : pourquoi cette croisade de professionnels de santé contre l’homéopathie ? Madrid veut par ailleurs modifier la loi pour « combattre la publicité mensongère » entourant ces « pseudo-thérapies » sur Internet et les réseaux sociaux. « Il est essentiel que la société soit au fait de la connaissance scientifique pour pouvoir prendre de meilleures décisions personnelles et collectives », a souligné le ministre des sciences Pedro Duque sur Twitter. Les médias espagnols s’étaient fait récemment l’écho de personnes décédées après avoir tenté de traiter de sévères pathologies avec des médecines alternatives comme la naturopathie.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/27/l-homeopathie-sur-la-sellette-dans-plusieurs-pays-europeens_5389475_1650684.html
27/11/2018
Un rapport sévère du Conseil scientifique des académies des sciences européennes a poussé plusieurs pays, comme l’Espagne ou l’Angleterre, à revoir leur politique vis-à-vis des médecines complémentaires.
sciences
Nofakemed : « Il y a des enjeux corporatistes dans ce mouvement »
Docteur en philosophie et histoire des sciences, Alexandre Klein est chercheur postdoctoral au département des sciences historiques de l’université Laval (Québec). Ses travaux portent en particulier sur l’histoire de la médecine contemporaine, de la psychologie et de la psychiatrie. Le mouvement #nofakemed est très virulent contre les médecines complémentaires. Y a-t-il des antécédents dans l’histoire de la médecine ? Depuis la Révolution française, à chaque fois que le corps médical a voulu s’affirmer et s’unifier, il s’est trouvé des ennemis qu’il a appelés « charlatans » pour mieux se définir en opposition. A une époque, ce furent les guérisseurs, à d’autres les sages-femmes ou les officiers de santé… Le travail d’exclusion des autres soignants a été particulièrement actif au XIXe siècle, lorsque la médecine a œuvré pour acquérir le monopole de la santé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi #Nofakemed : pourquoi cette croisade de professionnels de santé contre l’homéopathie ? Mais au XXe siècle, un mouvement inverse s’est opéré. Progressivement, la population a pris conscience que la santé, ce n’était pas seulement la médecine. D’ailleurs, en 1946, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a définie plus seulement comme l’absence de maladie mais comme un état de complet bien-être physique, mental et social. Dans le même temps, les médecins, qui s’étaient donné pour mission de guérir, ont vu se multiplier les maladies chroniques, qu’il ne s’agissait plus de guérir mais seulement de gérer. Ils ont alors choisi de déléguer, pour conserver leur cœur de métier, par exemple en créant des associations pour apprendre aux patients à prendre soin d’eux-mêmes. La remise en question du monopole médical sur la santé s’est ensuite accentuée avec le développement d’un marché du bien-être, devenu de plus en plus important. La création de ce mouvement « anticharlatans » ne vous a donc pas surpris ? Non, mais ce qui m’a frappé dans leur première action, une tribune publiée en mars dans Le Figaro, c’est son propos quelque peu désorganisé, pour ne pas dire brouillon. On comprenait que ses auteurs visaient l’homéopathie, mais ils le faisaient en mettant dans le même sac toutes les médecines complémentaires, sans aucune nuance ni distinction. On ne peut pas mettre l’acupuncture et l’homéopathie au même niveau, ni même considérer l’ostéopathie, qui est une discipline enseignée et reconnue dans des pays comme le Canada ou l’Ecosse, simplement comme une pratique charlatanesque. Bien sûr, il est légitime de revendiquer des pratiques fondées sur des données probantes, mais l’idée même d’exclusion me pose question. Il y a des enjeux corporatistes dans ce mouvement, et d’ailleurs, au fond, leur tribune était surtout adressée à l’ordre des médecins.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/27/nofakemed-il-y-a-des-enjeux-corporatistes-dans-ce-mouvement_5389476_1650684.html
27/11/2018
Pour Alexandre Klein, docteur en philosophie et histoire des sciences, la virulence du collectif Fakemed traduit un symptôme du mal-être croissant de certains médecins.
sciences
Mélange des genres
Carte blanche. Depuis octobre, la physique a trois prix Nobel de plus. Cette année le thème récompensé a été sans doute moins commenté que le fait qu’une femme fasse partie des récipiendaires. Car, depuis sa création en 1901, on ne compte que trois femmes (donc 1,5 %) parmi les 209 Prix Nobel de physique : Marie Curie (1903), Maria Goeppert Mayer (1963) et Donna Strickland (2018). Ce chiffre est le point culminant d’un phénomène social dont les causes sont actuellement âprement débattues : à mesure que l’on monte l’échelle du prestige et du pouvoir dans le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, la proportion de femmes diminue drastiquement. Ce « plafond de verre » dans la physique part d’un important déséquilibre originel : seules 30 % des étudiants sont des étudiantes ! Plus loin dans les carrières académiques des physiciennes, leur proportion tombe même à 20 %… Des efforts héroïques ont été entrepris à tous les niveaux (auprès du public, dans les écoles, dans les laboratoires, etc.) depuis une vingtaine d’années pour tenter d’inverser cette tendances. Mais les progrès ne sont que marginaux, peu en rapport avec les efforts entrepris. Moindre intérêt des femmes pour la physique ? Cela mériterait un pas de côté pour considérer un certain nombre de questions que soulève ce constat : l’appropriation de postes d’un champ scientifique jusque-là incarné par des hommes serait-elle beaucoup plus lente qu’espéré ? Les efforts ont-ils été investis dans la bonne direction ? Ou, comme évoqué par certains d’une manière plus provocatrice, n’y aurait-il pas, après tout, une sexuation de la curiosité intellectuelle conduisant en moyenne à un moindre intérêt des femmes pour la physique ? Le problème est que nous semblons incapables de garder la tête froide quand il s’agit de réfléchir à ces questions. L’examen critique des données et leur interprétation sont désormais voués à des affrontements violents, où un débat contradictoire est de plus en plus difficile. L’exemple récent du physicien des particules Alessandro Strumia est un exemple parmi d’autres du caractère hautement inflammable du débat. Il a été banni du CERN pour avoir donné un séminaire où il entendait montrer au moyen d’analyses statistiques que les politiques de discrimination positive envers les femmes en science constituent en réalité une discrimination de fait des collègues masculins. Certaines de ses thèses sont discutables en bien des points, mais, au lieu d’en profiter justement pour ouvrir le débat et en contrer les arguments sur le terrain d’une discussion contradictoire, le CERN publie des excuses, et des pétitions soulignant l’« amoralité » du propos sont signées par des physiciennes et physiciens éminents. De telles réactions ne devraient-elles pas nous faire réfléchir ? Après vingt ans de réels efforts pour ouvrir la communauté plus largement aux femmes, ce sujet a-t-il rejoint la liste des sujets sur lesquels toute tentative de discussion rationnelle est condamnée à l’asphyxie par le politiquement correct ?
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/27/melange-des-genres_5389474_1650684.html
27/11/2018
La troisième femme Nobel de physique, Donna Strickland, va recevoir son prix en décembre. La place des femmes dans cette discipline reste marginale. Les débats nécessaires autour de cette question sont souvent asphyxiés par le politiquement correct, regrettent Wiebke Drenckahn et Jean Farago.
sciences
#Nofakemed : pourquoi cette croisade de professionnels de santé contre l’homéopathie ?
Les médecines complémentaires et en particulier l’homéopathie sont-elles à un tournant de leur histoire en France ? Saisie cet été par le ministère de la santé sur le sujet des produits homéopathiques, la Haute Autorité de santé (HAS) devrait rendre son verdict d’ici à la fin février 2019 sur le bien-fondé de leur remboursement, actuellement pour certains d’entre eux à hauteur de 30 %. Parallèlement, plusieurs universités, comme celle de Lille ou d’Angers, ont décidé, en septembre, de suspendre leurs diplômes universitaires d’homéopathie. La situation est inédite. Jusqu’ici, malgré moult offensives d’une partie du corps médical pointant l’absence de preuves d’efficacité des granules et le statut dérogatoire de leur mise sur le marché, le soufflé était toujours retombé. Un seul ministre de la santé (Jean-François Mattei, en 2003) avait touché au remboursement de ces traitements très populaires, faisant passer la prise en charge de 65 % à 35 %. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Homéopathie : entre les médecins, la guerre est déclarée Le branle-bas de combat actuel est venu de « L’appel de 124 professionnels de la santé contre les “médecines alternatives” », une tribune publiée dans Le Figaro le 19 mars. Parmi eux, aucun soignant médiatique, certains apparaissent même sous leur pseudo Twitter. Mais leur texte, un peu brouillon et au vitriol, va mettre le feu aux poudres. Il est désormais signé par plus de 3 300, dont un tiers de médecins. Dans la foulée s’est constituée une association : le Collectif Fakemed. Très présents sur les réseaux sociaux, dont Twitter, ses membres se sont donné pour objectif de promouvoir « la médecine, les soins et les thérapeutiques fondés sur les preuves scientifiques » et de lutter activement contre les pratiques de soins « non scientifiques, déviantes, délétères, aliénantes ou sectaires ». « On ne va pas lâcher » De l’autre côté, la résistance s’est aussi organisée. Jugeant les propos de la tribune peu confraternels, deux syndicats d’homéopathes ont déjà porté plainte contre soixante de ses signataires devant le Conseil de l’ordre des médecins, pour non-confraternité, principalement. En octobre, le Collectif Safemed, constitué de « patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative », a vu le jour. Et trois industriels du secteur (Boiron, Weleda et Lehning) ont financé un sondage, selon lequel les trois quarts de Français sont opposés à un déremboursement. « On ne va pas lâcher », promet-on chez Boiron, avançant que le désengagement de l’Assurance-maladie coûterait plus de 1 000 emplois. Un quart des généralistes prescrivent de l’homéopathie, un Français sur deux en utilise, assure Valérie Poinsot, directrice générale déléguée du laboratoire.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/27/nofakemed-leur-croisade-contre-l-homeopathie_5389472_1650684.html
27/11/2018
Enquête sur une colère née d’un mouvement informel sur les réseaux sociaux, qui pourrait faire vaciller les médecines alternatives.
police-justice
Mort d’Adama Traoré : les gendarmes entendus pour la première fois par la juge
Les trois gendarmes qui ont procédé à l’interpellation d’Adama Traoré en 2016 sont entendus pour la première fois cette semaine par la juge chargée d’enquêter sur la mort du jeune homme, a-t-on appris mardi 27 novembre de sources proches du dossier. Ces auditions, qui ont commencé mardi et doivent se poursuivre mercredi, marquent une étape importante de l’enquête après une ultime expertise médicale à décharge pour les gendarmes. Adama Traoré a été qualifié de « symbole des violences policières » lors d’une manifestation de ses défenseurs, en novembre 2016 à Paris. Dans leurs conclusions rendues mi-septembre, les experts ont écarté la responsabilité des fonctionnaires dans la mort de ce jeune homme de 24 ans, le 19 juillet 2016 dans le Val-d’Oise, sans convaincre sa famille qui continue d’évoquer un « déni de justice ». Depuis le début de l’affaire, ses proches dénoncent une « bavure » des gendarmes et les accusent de ne pas avoir porté secours au jeune homme, laissé menotté jusqu’à l’arrivée des pompiers. Le décès d’Adama Traoré avait été constaté près de deux heures après son arrestation à Beaumont-sur-Oise par les gendarmes qui l’avaient maintenu au sol sous le poids de leurs corps. Adama Traoré avait eu un malaise dans leur véhicule avant de mourir dans la cour de la gendarmerie de la ville voisine de Persan. Cinq nuits de violence avaient suivi dans ce département situé au nord de Paris.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/11/27/mort-d-adama-traore-les-gendarmes-entendus-pour-la-premiere-fois-par-la-juge_5389463_1653578.html
27/11/2018
Ces auditions marquent une étape importante de l’enquête après une ultime expertise médicale à décharge pour les gendarmes.
football
Football : mises en examen levées pour deux ex-dirigeants de l’OM
Les mises en examen de l’ex-président de l’Olympique de Marseille (OM) Jean-Claude Dassier et de l’ex-directeur général Antoine Veyrat dans l’enquête sur des transferts douteux de joueurs ont été levées, et les deux hommes placés sous le statut de témoin assisté, a-t-on appris mardi auprès d’eux. « Cela a été long pour un dossier vide, mais mieux vaut tard… », a réagi auprès de l’AFP M. Dassier, confirmant une information de L’Equipe. Président du club phocéen de 2009 à 2011, il avait été mis en examen en septembre 2015 pour abus de biens sociaux, association de malfaiteurs, faux et usage de faux, comme M. Veyrat, directeur général du club de 2008 à 2011, mis en examen début octobre 2015. Deux autres annulations La cour d’appel d’Aix-en-Provence avait déjà annulé, en juin, la mise en examen de Pape Diouf, président de l’OM de 2005 à 2009 et placé lui aussi sous le statut de témoin assisté. Il s’était vu reprocher le versement de sommes estimées indues à l’ancien joueur olympien Thomas Deruda et une surévaluation de la commission de l’agent du défenseur Vitorino Hilton, pour un total de 474 000 euros. En mai 2017, la chambre de l’instruction avait aussi annulé la mise en examen de Philippe Perez, ex-directeur général du club, l’une des neuf personnes initialement mises en examen dans ce dossier où la justice s’intéresse à l’intervention éventuelle de membres présumés du banditisme local dans les transferts de joueurs. Une information judiciaire avait été ouverte en juillet 2011 pour « extorsion de fonds, blanchiment et association de malfaiteurs », en marge d’une affaire sur le milieu des boîtes de nuit à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Mais l’enquête s’est ensuite plutôt orientée vers des transferts impliquant le club marseillais, la justice soupçonnant des opérations surévaluées au bénéfice d’agents ou d’intermédiaires officieux et au préjudice de l’actionnaire du club. Parmi les opérations dans le collimateur de la justice figurent celles concernant Ben Arfa, mais aussi Lucho, Mbia, Diawara, Abriel, Niang, Azpilicueta, Rool, Morientes, Kaboré, Rémy, Gignac, Cheyrou ou Heinze. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Olympique de Marseille fait le ménage parmi les agents
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/11/27/football-mises-en-examen-levees-pour-deux-ex-dirigeants-de-l-om_5389449_1616938.html
27/11/2018
L’ex-président et l’ex-directeur général du club de football Jean-Claude Dassier et Antoine Veyrat étaient soupçonnés d’abus de biens sociaux, association de malfaiteurs, faux et usage de faux dans une enquête sur des transferts douteux de joueurs.
idees
« La Banque centrale européenne est mise en difficulté par la montée des populismes »
Le siège de la Banque centrale européenne, à Francfort en juin 2018. YANN SCHREIBER / AFP Tribune. Le paradigme de nos politiques monétaires a longtemps été le principe d’indépendance des banques centrales. Une publication des économistes américains Larry Summers et Alberto Alesina (« Central Bank Independence and Macroeconomic Performance : Some Comparative Evidence », Journal of Money, Credit and Banking n° 25/2, mai 1993), mettant en exergue l’efficacité de banques centrales indépendantes pour juguler l’inflation, avait déjà posé les jalons de vingt-cinq ans de ce que l’on pourrait qualifier d’« âge de la modération technocratique ». Or les errements des politiques d’assouplissement quantitatif, les impérities des sorties des politiques dites non conventionnelles dix ans après la crise ne sont pas les seuls éléments qui ont battu en brèche l’indépendance des banquiers centraux. Ce concept de politiques décidées par des technocrates non élus dotés d’un pouvoir discrétionnaire – loin de la vision des Milton Friedman ou John Taylor, qui militaient pour des règles automatiques reléguant le technocrate au simple rang d’exécutant – n’est pas immuable, car il est incompatible avec la réémergence des masses populaires dans l’équation politique. Un phénomène que d’aucuns appellent le populisme, mais qui n’est que la situation de peuples dépossédés du débat démocratique et réagissant à cette frustration. Par essence, le populisme ne peut qu’entrer en collision avec la technocratie monétaire. Si Donald Trump ne retient plus ses invectives contre Jerome Powell, président de la Réserve fédérale des Etats-Unis – qu’il a pourtant nommé – et contre la remontée des taux centraux aux Etats-Unis, la Banque centrale européenne (BCE) et son président Mario Draghi sont encore plus mis en difficulté par la montée des populismes en Europe. Echec et mat Force est d’abord de constater que la BCE est échec et mat et dans une forme d’aporie monétaire. A ce stade du cycle économique, elle aurait déjà dû remonter ses taux d’au moins 1 % ou 2 %, et ce afin d’avoir de – maigres – munitions lors de la prochaine crise (sachant qu’il faut baisser les taux directeurs d’au moins 2 % ou 3 % pour contrecarrer une récession). Au lieu de quoi, la BCE a lancé trop tardivement son programme d’assouplissement quantitatif et peine à annoncer la fin de son programme d’achats d’actifs pour la fin 2018. Elle aurait pu commencer à remonter ses taux cette année, mais attend désormais la seconde partie ou la fin de 2019.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/la-banque-centrale-europeenne-est-mise-en-difficulte-par-la-montee-des-populismes_5389447_3232.html
27/11/2018
Dans une tribune au « Monde », l’économiste Sébastien Laye estime que la gestion de la politique monétaire par la BCE s’est alignée sur le calendrier politique plutôt que sur les nécessités de la conjoncture économique.
international
La sécheresse pousse des Afghans à « vendre » leurs enfants en mariage, alerte l’ONU
Alors que l’Afghanistan traverse la pire sécheresse depuis des décennies, avec des millions d’individus qui risquent la famine, certains « vendent » leurs filles en mariage pour rembourser une dettes ou acheter de la nourriture, a alerté l’ONU mardi 27 novembre. Au moins 161 enfants, dont six garçons, ont été « vendus » sur une période de quatre mois seulement dans les provinces afghanes de Herat et de Badghis, frappées par la sécheresse, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Ces enfants ont entre un mois et 16 ans, a spécifié une porte-parole de l’Unicef, Alison Parker, lors d’un point de presse à Genève. Certains ne sont que des bébés mais sont déjà fiancés, a-t-elle détaillé. S’exprimant en marge d’une conférence internationale sur les efforts de réforme du gouvernement afghan, qui se tient jusqu’à mercredi au Palais des nations, siège de l’ONU à Genève, Mme Parker a déclaré que les enfants qui avaient été interrogés entre juillet et octobre avaient été « fiancés, mariés ou ... vendus car leurs parents étaient endettés ». « Avant la sécheresse, plus de 80 % des ménages étaient déjà endettés », a-t-elle dit, ajoutant que beaucoup de personnes qui avaient espéré rembourser leur dette après les récoltes ont été incapables de le faire. Mme Parker a expliqué que « la pratique du mariage des enfants est en quelque sorte une norme sociale enracinée en Afghanistan », avec 35 % de la population qui observe cette pratique dans tout le pays, et jusqu’à 80 % dans certains endroits. Urgence alimentaire Présents à Genève pour la Conférence sur l’Afghanistan, des membres de la société civile afghane ont fait part de leur consternation face à ce phénomène de jeunes filles « vendues ». « C’est très, très choquant, a déclaré Suraya Pakzad, qui dirige Voice of Women en Afghanistan. Les gens ont désespérément besoin d’aide. Particulièrement de nourriture ». Selon l’ONU, au moins trois millions d’Afghans sont en situation d’urgence alimentaire absolue et risquent la famine, conséquence de la sécheresse due au manque de pluie et de neige l’hiver dernier. Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a annoncé mardi dans un communiqué avoir mené samedi son premier « pont aérien » dans l’ouest de l’Afghanistan pour acheminer des milliers de tentes pour les personnes déplacées par le conflit et la sécheresse. Le HCR entend effectuer 12 vols au total, depuis le Pakistan. La sécheresse et le conflit ont provoqué le déplacement de plus d’un quart de million d’Afghans dans cette région du pays depuis avril, selon le HCR. Actuellement, quelque 220 000 familles vivent dans des abris de fortune dans les provinces de Herat, Badghis et Ghor, et à l’approche de l’hiver, le HCR indique avoir constaté une augmentation du nombre d’enfants qui meurent. Lire aussi En Afghanistan, deux jours de vote dans le chaos
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/27/la-secheresse-pousse-des-afghans-a-vendre-leurs-enfants-en-mariage-alerte-l-onu_5389422_3210.html
27/11/2018
Au moins 161 enfants ont été « vendus » en quatre mois afin de rembourser une dette ou acheter de la nourriture, selon l’Unicef.
climat
Climat : selon l’ONU, il faudrait tripler les efforts pour ne pas dépasser 2 °C de réchauffement
Un couple se protège contre la pollution de l’air à Pékin, fin novembre. FRED DUFOUR / AFP C’est un coup de semonce, à la veille de la conférence mondiale sur le climat (COP24) qui se tiendra du 2 au 14 décembre à Katowice, en Pologne. Jamais l’écart n’a été aussi important, entre d’un côté les engagements pris par les Etats pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, et de l’autre la baisse qui serait nécessaire pour respecter l’accord de Paris de 2015 – à savoir contenir la hausse de la température « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », si possible sans excéder 1,5 °C. C’est ce que fait apparaître l’« Emissions Gap Report 2018 », présenté mardi 27 novembre par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), sur la base des dernières données compilées par une équipe internationale de scientifiques. Le constat est sans appel : pour ne pas dépasser 2 °C de réchauffement, les pays doivent tripler le niveau de leur effort. Et le multiplier par cinq pour ne pas aller au-delà de 1,5 °C. L’analyse du PNUE s’appuie sur les « contributions déterminées au niveau national », c’est-à-dire sur les engagements annoncés par les 196 pays signataires de l’accord de Paris pour faire décroître leurs émissions à l’horizon 2030. Or, ces contributions, à supposer qu’elles soient intégralement tenues, mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement d’environ 3,2 °C d’ici à la fin du siècle. Hausse des émissions de CO 2 Ce chiffre était déjà connu, mais la situation est chaque année plus alarmante, dans la mesure où la « fenêtre » durant laquelle il est encore possible de réagir se réduit inexorablement. Le plus inquiétant est que les émissions mondiales de gaz à effet de serre, qui s’étaient stabilisées entre 2014 et 2016, sont reparties à la hausse en 2017. Elles ont atteint le record historique de 53,5 milliards de tonnes (gigatonnes ou Gt) équivalent CO 2 , soit 0,7 Gt de plus qu’en 2016. Sur ce total, 49,2 Gt, soit plus de 90 %, sont imputables à la combustion des ressources fossiles (charbon, pétrole et gaz), à l’industrie et aux cimenteries, le reste étant dû aux changements d’utilisation des terres et à la déforestation. Et 2018 devrait connaître la même tendance, avec une hausse attendue des rejets du secteur de l’énergie. Evolution des émissions de gaz à effet de serre des principaux contributeurs, en milliards de tonnes (Gt) équivalent CO2. PNUE Ces émissions sont largement tirées vers le haut par la Chine et, à un moindre degré, par l’Inde. Mais le rapport note que les pays du G20 pris dans leur ensemble, autrement dit les plus grandes puissances mondiales, ne pourront pas respecter leurs engagements pour 2030 s’ils n’infléchissent pas leurs politiques.
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/11/27/climat-selon-l-onu-il-faudrait-tripler-les-efforts-pour-ne-pas-depasser-2-c-de-rechauffement_5389418_1652612.html
27/11/2018
Les engagements des Etats, à supposer qu’ils soient tenus, mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement de 3,2 °C d’ici à la fin du siècle.
idees
« Ne laissons pas tomber l’Afghanistan » !
Tribune. En tant qu’amis de longue date de l’Afghanistan, impliqués dans des actions de solidarité avec ses populations, nous nous inquiétons de l’apparente prise de distance de la diplomatie de la France à l’égard de ce pays, pourtant situé au cœur des crises et des recompositions à l’œuvre dans cette partie du monde. Dit plus brutalement, l’Afghanistan a-t-il disparu des radars français ? La France et l’Afghanistan sont liés par un traité d’amitié et de coopération signé en 2012. Les deux pays entretiennent une relation fidèle bientôt centenaire, portée par « l’esprit » comme l’avait dit le général de Gaulle. L’éducation en a été le socle, et les commémorations de Mai-68 ont permis de rappeler que c’est à cette époque que Georges Pompidou avait posé la première pierre du nouveau bâtiment du prestigieux Lycée Esteqlâl. L’archéologie et ses trouvailles remarquables en ont constitué un autre fondement. Relations au point mort L’exposition qui vient de se tenir au Musée de l’ordre de la Libération autour de Joseph Hackin [« De l’Asie à la France libre. Joseph et Marie Hackin, archéologues et compagnons de la Libération », jusqu’au 16 septembre 2018] a souligné la profondeur de cette démarche culturelle. Les deux peuples se sont aussi rencontrés dans les heures sombres de l’occupation soviétique, avec le travail des « French doctors » qui restent encore aujourd’hui dans la mémoire de la population afghane. Enfin, le sacrifice de quatre-vingt-dix soldats français au service de la paix domine la décennie 2004-2013 de l’engagement militaire de la France. Où en est-on à présent ? Les relations franco-afghanes sont au point mort. Les insurgés en faisant exploser en mai 2017 un camion chargé d’explosifs à proximité des ambassades occidentales ont réussi à réduire la présence française : transfert du service culturel à Paris, délocalisation de la Délégation archéologique française et de l’Agence française de développement, gel de facto du traité d’amitié, division par deux des crédits alloués à la coopération et aux projets de développement, silence des autorités françaises concernant l’Afghanistan. Quant au dialogue politique de haut niveau il paraît bien insuffisant au regard des enjeux : sécurité régionale, lutte contre la radicalisation, consolidation de l’état de droit, protection des biens culturels, réchauffement climatique. L’Afghanistan, décrit il y a peu comme un lieu décisif pour la paix mondiale, semble avoir disparu des préoccupations des dirigeants français. A-t-il disparu aussi du cœur des citoyens français ? Le nombre d’émissions, de publications et de manifestations culturelles qui lui sont consacrées semble prouver le contraire. Et les milliers de jeunes Afghans arrivant en France après avoir perdu tout espoir dans leur pays trouvent chez nous le plus souvent de la solidarité et de l’amitié. Par leur venue, ils témoignent que leur pays a un immense besoin de soutien pour lui permettre d’échapper à l’emprise des démons intérieurs et extérieurs. Comment rester sourds à leur appel ?
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/ne-laissons-pas-tomber-l-afghanistan_5389409_3232.html
27/11/2018
Dans une tribune au « Monde », un collectif, réunissant notamment des membres d’ONG, d’anciens diplomates et des artistes, appelle le gouvernement français à réévaluer sa politique à l’égard de Kaboul et à réaffirmer les liens d’amitié et de coopération qui lient les deux pays.
idees
« Il ne peut pas y avoir de mécénat sans éthique »
Tribune. Depuis des mois, le mécénat fait l’objet d’attaques d’une virulence et d’une régularité inédites. Particulièrement visé : le mécénat culturel, et celui des grandes entreprises, notamment celles ayant créé des fondations d’art contemporain. Les plus anciennes fondations d’art font pourtant partie de notre paysage culturel et n’ont soulevé aucune polémique. Mais plusieurs de ces fondations ont vu le jour récemment, provoquant des réactions généralisées à l’ensemble du mécénat culturel, puis à l’ensemble du mécénat des grandes entreprises, et finalement à l’ensemble du mécénat tout court. Résultat : une remise en question de la loi sur le mécénat, qui pourrait être dramatique pour le monde associatif. Les raisons de ces assauts contre le mécénat sont en complet décalage avec sa réalité de terrain. Les « grandes opérations » culturelles coûteraient trop cher à l’Etat et au contribuable par le biais de la défiscalisation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Que des musées ou opéras soient discrets sur l’argent d’entreprises accusées d’abîmer la planète surprend » C’est oublier un peu vite que de telles opérations font l’objet de concertation préalable entre le public et le privé, d’engagements réciproques, voire de contrats. C’est aussi passer sous silence que la défiscalisation, si elle est importante en pourcentage de la dépense initiale, n’en couvre néanmoins qu’une partie et que le mécène assume seul le complément. Ces opérations ne seraient pas désintéressées et trahiraient l’esprit du mécénat. Soyons clairs : une entreprise qui s’engage dans le mécénat, c’est-à-dire qui assume des dépenses non liées à son objet social, poursuit des objectifs. Le mécénat est un vecteur d’expression des valeurs de l’entreprise, il permet de fédérer autour de projets d’intérêt général, il est un formidable créateur de liens, ces liens qui font si cruellement défaut à notre société d’aujourd’hui. De tels objectifs ne sont pas contraires au désintéressement nécessaire au mécénat : ils permettent aux entreprises de mieux exercer la nouvelle responsabilité sociétale qui leur est de plus en plus demandée. Un moteur d’émulation Quant au bénéfice d’image prêté à la grande entreprise, préoccupation majeure de ses détracteurs, il ne se décrète pas, et n’est répréhensible que s’il est mis au service de sa politique commerciale. Sans oublier que des nombreuses entreprises choisissent délibérément de ne pas communiquer sur leurs démarches de mécénat. De plus, il est fréquent qu’elles redonnent leurs contreparties (entrées offertes par les musées soutenus par exemple) aux associations qu’elles accompagnent.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/il-ne-peut-pas-y-avoir-de-mecenat-sans-ethique_5389404_3232.html
27/11/2018
L’ancien banquier François Debiesse s’inquiète dans une tribune au « Monde » du mauvais procès fait actuellement au mécénat culturel et estime que les nouvelles fondations d’art sont complémentaires des musées nationaux plus que des concurrents.
implant-files
Implants médicaux : autopsie d’un système de conflits d’intérêts généralisé
Cinquante-huit moutons et trente-trois êtres humains. Ce sont les données cliniques de ce « cheptel de patients » qui ont servi à délivrer le certificat de conformité européenne (CE) au premier pacemaker sans fil de l’histoire. Pour faire homologuer son dispositif médical, St. Jude Medical a ajouté à son dossier une centaine de tests en laboratoire, de la paperasse et une « déclaration de conformité », en réalité une simple page où elle indiquait que son Nanostim, « plus petit qu’une pile AAA », est bien conforme aux dispositions de la directive européenne sur les dispositifs médicaux. Puis la firme américaine a payé une société commerciale entre 10 000 et 30 000 euros pour évaluer la conformité du dossier de l’implant utilisé pour les cœurs qui battent trop lentement. Obtenu en août 2013, ce précieux label « CE », qu’on retrouve sur les grille-pain ou les brosses à dents électriques, permet à l’entreprise de commercialiser dans toute l’Europe cet implant médical à haut risque qu’est le Nanostim. Depuis un quart de siècle, les dispositifs médicaux (défibrillateurs, pompes à insuline ou prothèses de hanche) sont censés être contrôlés avant leur implantation. L’enquête des « Implant Files » s’est intéressée à ces « organismes notifiés » (notified bodies), des sociétés commerciales qui délivrent le certificat CE, indispensable à l’accès au marché. Totalement inconnues du public, elles brassent des chiffres d’affaires parfois considérables. Celui de SGS, le leader du secteur, avoisine les 5 milliards d’euros par an. L’industriel n’a pas à démontrer l’efficacité de l’implant En Europe, le système de contrôle des dispositifs médicaux relève d’un conflit d’intérêts institutionnalisé. Non seulement l’entreprise contrôlée paye son contrôleur, mais elle sponsorise aussi les études cliniques effectuées en amont sur ses propres produits et, le plus souvent, rémunère les médecins et ingénieurs qui les réalisent. Pour l’étude Nanostim, réalisée sur des moutons et des humains, le cardiologue consulté était ainsi membre du conseil consultatif de St. Jude Medical, la pathologiste chargée d’examiner l’état du cœur des animaux était payée par la firme et trois des auteurs étaient employés et actionnaires de Nanostim-St. Jude Medical. Si le Nanostim n’avait pas été le premier pacemaker sans fil, mais le deuxième ou le troisième à tenter d’accéder au marché, St. Jude Medical aurait même pu faire l’économie de l’étude clinique. Car, selon la directive européenne en vigueur depuis 1990, le fabricant aurait pu faire état de l’« équivalence » de son produit avec un dispositif déjà homologué. Des résumés d’articles de revues scientifiques auraient suffi. Et dans tous les cas, jamais les employés de l’organisme notifié n’ont l’objet en question entre les mains : ils ne lisent qu’un dossier censé démontrer que le dispositif accomplit « les performances prévues par le fabricant » et qu’il ne « compromet » pas la sécurité des patients. En revanche, l’industriel n’a pas à démontrer son efficacité…
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/27/implants-medicaux-autopsie-d-un-systeme-de-conflits-d-interets-generalise_5389395_5385406.html
27/11/2018
Les défaillances révélées par l’enquête des « Implant Files » sont liées au mode de contrôle. C’est l’entreprise souhaitant faire évaluer son dispositif médical qui paye son contrôleur et sponsorise les études cliniques en amont.
musiques
Concert : Enno Poppe fait du neuf avec ses synthétiseurs d’antan
L’ensemble mozaik avec Enno Poppe (deuxième debout, en partant de la gauche). SANDRA SCHUCK Ecrin privilégié de prestations musicales à caractère intimiste, le Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, se présente sous un jour inhabituel, lundi 26 novembre, pour accueillir un concert du Festival d’automne consacré à une seule œuvre, Rundfunk, de l’Allemand Enno Poppe (né en 1969). Neuf synthétiseurs, reliés à autant d’ordinateurs et de hauts-parleurs, apparentent la scène à un studio de production électro-acoustique. Neuf musiciens vêtus d’orange et de noir – l’ensemble mosaik, le bien nommé, au regard de ses expériences minutieuses et colorées – prennent les commandes de cette chaîne de haute-fidélité d’un nouveau type. Une main sur le clavier, l’autre sur la console informatique. Et nous voilà parti pour 55 minutes d’écartèlement entre hier et aujourd’hui. Les sons proviennent des synthétiseurs des années 1960 – parmi lesquels, le célèbre Minimoog – mais leur agencement dans le temps (structure) et dans l’espace (diffusion) bénéficie de la technologie actuelle et d’un esprit bien ancré dans le XXIe siècle. Lire le récit : Minimoog, mais il fait le maximum Rundfunk rend hommage par son titre (qui signifie « radio » en allemand) aux origines de la musique électronique tant dans les cercles avant-gardistes (Karlheinz Stockhausen au studio de la radio de Cologne) que dans la sphère pop (le groupe berlinois Tangerine Dream) mais son expression n’a rien de nostalgique. Si le timbre est daté – la sonorité caractéristique de la synthèse par modulation de fréquence –, son utilisation par Poppe est insolite (micro-intervalles jusqu’au trente-deuxième de ton !) et décapante (distorsion systématique de toute source indentifiable). Le compositeur procède d’abord avec méthode. Note après note, les neuf synthétiseurs jouent la carte du déphasage. Répétitif comme Phil Glass, mécanique comme Conlon Nancarrow mais caustique comme Mauricio Kagel. On a l’impression d’un accordeur de piano qui, consciencieusement, procède… au « désaccordage » d’un orgue-jouet. Un engagement dans l’instant A une longue séquence de vrille zélée succède une phase de suspension extatique. Les sons enflent et se dégonflent dans une dimension qui suggère l’apesanteur. La musique touche à l’infini. La fusion est totale, avec le lieu aux allures de cathédrale futuriste, comme avec l’auditeur qui, des pieds (fréquences graves qui se répandent au sol) à la tête (bourdonnement des tympans), fait corps avec chaque orbitale de sons. Emmené par le compositeur, au clavier du premier synthétiseur, l’ensemble mosaik prouve visuellement que cette œuvre (donnée en création française, un mois après sa première mondiale lors du Festival de Donaueschingen en Allemagne) n’est pas le résultat d’un stockage informatique mais qu’elle dépend d’un engagement dans l’instant. Concevoir une musique électronique qui soit interprétée comme de la musique de chambre (de chambre d’écho, ici, pour mille raisons techniques) n’est pas le seul mérite d’Enno Poppe. Comme certains de ses aînés (Beethoven, Chopin, Debussy) l’ont réussi avec le piano, il est capable de faire du neuf (partition qui siège dans l’inouï) avec du vieux (instruments attachés à un certain passé).
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/11/27/concert-enno-poppe-fait-du-neuf-avec-ses-synthetiseurs-d-antan_5389393_1654986.html
27/11/2018
Aux Bouffes du Nord, avec « Rundfunk », l’Allemand Enno Poppe rend hommage aux origines de la musique électronique en créant à partir de machines des années 1960.
idees
« L’Etat laïc doit clarifier sa relation avec l’islam en tant que culte »
« L’ensemble des chercheurs sur l’islam de France pourra confirmer que l’immense majorité des mosquées sont surtout financées par les croyants » (Prière à la Grande mosquée, à Paris). Godong/robertharding / Photononstop Tribune. Le président Macron annonce porter un projet de réforme de la gestion du culte musulman, comme l’on fait ceux qui l’ont précédé depuis trente ans. Compris comme un moyen de promouvoir un type d’islam qui correspond aux exigences politiques du moment, aujourd’hui la lutte contre la « radicalisation » des jeunes musulmans, la redondance de ces processus de consultation sur la représentativité et les affaires cultuelles musulmanes contribue à présenter les musulmans comme des citoyens « récents » et désorganisés, pratiquant leur culte de manière souterraine et incompatible avec la laïcité et que seule une politique interventionniste de l’Etat pourrait démocratiser. Pour espérer une quelconque avancée, cette logique d’organisation par le haut doit avant tout clarifier la relation que l’Etat laïc peut entretenir avec l’islam en tant que culte, sans que celle-ci ne marginalise son dialogue nécessaire avec les musulmans en tant que citoyens. Un bénéfice pour les musulmans Parmi les thèmes émergeant du dernier projet de réforme se trouve le financement de l’islam par des pays étrangers et leur influence, présentée de facto comme réelle, sur les musulmans. L’ensemble des chercheurs sur l’islam de France pourra confirmer que l’immense majorité des mosquées sont surtout financées par les croyants. La proposition de faire passer les organisations cultuelles musulmanes actuellement enregistrées sous le statut de la loi de 1901 à celui de 1905 devrait donc avant tout être pensée comme un bénéfice pour les musulmans eux-mêmes à mieux contrôler l’utilisation de leurs dons. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le gouvernement veut réguler l’islam en France De la même façon, les musulmans sont loin d’être rétifs à la possibilité d’une meilleure formation des imams, autre chantier évoqué comme prioritaire, mais celle-ci continue de pâtir des difficultés de l’Etat à garantir la possibilité d’un enseignement théologique sur l’islam pluriel et de qualité. Difficultés qui l’amènent ironiquement à recourir à des imams étrangers, notamment pendant la période du ramadan, dans le cadre de programmes de coopération avec le Maroc et l’Algérie par exemple, solution qui ne saurait être pérenne. Une parole forte de l’exécutif sur les questions d’islamophobie et de valorisation de la culture musulmane dans le patrimoine français est nécessaire La lutte contre la radicalisation qui représente le troisième pôle de la réforme voulue par le président de la République illustre le mieux l’impossibilité de réformer le culte sans les musulmans. L’Etat suit déjà de manière efficace les prêches haineux dans les mosquées (y compris celles réputées être les plus « radicales ») grâce à une collaboration très étroite entre imams, dirigeants d’associations, préfets et services de renseignements généraux et a, à plusieurs reprises, sévi lors de telles dérives.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/l-etat-laic-doit-clarifier-sa-relation-avec-l-islam-en-tant-que-culte_5389382_3232.html
27/11/2018
Au-delà du projet de réforme de la gestion du culte musulman, il importe que l’Etat trouve un juste équilibre entre non-intervention dans l’organisation du culte et le maintien d’un dialogue avec les musulmans, estime, dans une tribune au « Monde », la sociologue Amel Boubekeur.
sciences
Gilles Bloch, le nouveau patron de l’Inserm
Gilles Bloch. Université de Saclay Le 26 novembre en conseil des ministres, sur proposition de la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Gilles Bloch a été nommé président de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), à compter du 2 janvier 2019. L’actuel président de l’université Paris-Saclay obtient donc le poste auquel ­Emmanuel Macron avait annoncé, le 13 novembre, son intention de le nommer pour succéder à Yves Lévy. Regroupant quelque 14 000 chercheurs dans près de 300 laboratoires avec un budget de 908 millions d’euros pour 2018, l’Inserm avait depuis le 13 octobre une présidente par intérim en la personne de sa directrice générale déléguée, Claire Giry. Le président sortant, Yves Lévy, dont le mandat était échu depuis le 11 juin, avait annoncé le 30 juillet le retrait de sa candidature à un second mandat (­sans que ­celle-ci ait été rendue publique). Yves Lévy étant l’époux d’Agnès Buzyn, ministre chargée de la santé, qui assure théoriquement la cotutelle de l’Inserm avec celle du ministère chargé de la recherche, la situation avait conduit à ce qu’Agnès Buzyn se déporte des questions relatives à l’Inserm. Ce déport devient donc caduc. Polytechnicien, docteur en médecine et en biophysique moléculaire, Gilles Bloch est né le 19 juillet 1961 en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre. Une bonne partie de sa ­première carrière tourne autour de l’imagerie par résonance magnétique nucléaire (RMN). Il intègre en 1989 le laboratoire de spectroscopie RMN in vivo du service hospitalier Frédéric-Joliot (SHFJ) au sein du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Après son doctorat et un passage par l’université américaine Yale, il est nommé en 1997 chef de laboratoire au SHFJ, puis, en 2001, directeur adjoint de la direction des sciences du vivant du CEA. Des erreurs de jeunesse S’ouvre ensuite une carrière de conseiller ministériel auprès des ministres de la ­recherche, d’abord Claudie Haigneré, puis François d’Aubert de 2004 à 2005, année où est créée l’Agence nationale de la ­recherche (ANR), dont le rôle est le financement de la recherche publique dans des thématiques prioritaires. Sa direction est confiée à Gilles Bloch. A son lancement, elle a été critiquée par le Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS-FSU) pour avoir opéré « à la va-vite » et sans consulter « aucun conseil scientifique ».« Des erreurs de jeunesse », confiait à l’époque Gilles Bloch en promettant d’y remédier.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/27/gilles-bloch-le-nouveau-patron-de-l-inserm_5389367_1650684.html
27/11/2018
Gilles Bloch a été nommé Président-directeur général de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale pour succéder à Yves Lévy. Il prendra ses fonctions le 2 janvier 2019.
blog-mediateur
« Le Monde des lecteurs » - Parlement : « Le marathon des forçats du budget »
« Ce genre d’article positif décrivant la réalité du travail des membres du Parlement réconcilie avec l’idée démocratique si dénigrée ces temps-ci » Lundi 23 juillet 2018, à l'Assemblée nationale, après la seconde audition, ici dans l'hémicycle. LAURENCE GEAI POUR LE MONDE Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Merci pour le formidable article sur « Le marathon des forçats du budget » (Le Monde du 20 novembre 2018). Je ne sais pas pourquoi il m’a fait un bien fou ! Peut-être parce qu’en dépit des divergences politiques, on y découvre des députés, femmes et hommes, extrêmement compétents qui travaillent ensemble et comme des forçats sur des sujets ultra-complexes. On mesure alors le travail de fond des représentants du peuple loin des images de gesticulations cacophoniques ou des passes d’armes violentes montrées à la TV. Ce genre d’article positif décrivant la réalité du travail des membres du Parlement réconcilie avec l’idée démocratique si dénigrée ces temps-ci. Félicitations à Manon Rescan et Benoît Floc’h et vive reconnaissance à nos députés (ées) qui sacrifient des nuits entières pour le bien commun. Odile Basso, Saint-Georges-des-Sept-Voies (Maine-et-Loire)
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/11/27/le-monde-des-lecteurs-parlement-le-marathon-des-forcats-du-budget_5389356_5334984.html
27/11/2018
Odile Basson trouve que l’article paru dans « Le Monde » sur le travail des parlementaires est un article positif et qui réconcilie avec l’idée démocratique.
blog-mediateur
« Le Monde des lecteurs » - Politique : action de Macron
« Ce président des très riches qui de sa superbe nous réduit à néant petit à petit à force de décisions qui nous vident de tous nos droits, de toute possibilité de pouvoir oser vivre normalement » Emmanuel Macron fait un discours après l’nstallation du Haut-Conseil pour le climat au Palais de l’Elysée à Paris, mardi 27 novembre 2018 - Jean-Claude Coutausse / French-Politics pour «Le Monde» Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Cette semaine dans la presse, une phrase du pape François m’a frappée par sa force de vérité : « le cri des pauvres devient chaque jour plus fort, mais chaque jour moins écouté, dominé par le vacarme de riches, toujours moins nombreux et toujours plus riches » ! Comme il a raison, en quelques mots il a donné toute la mesure des résultats d’une politique gouvernementale désastreuse ! Ce président des très riches qui de sa superbe nous réduit à néant petit à petit à force de décisions qui nous vident de tous nos droits, de toute possibilité de pouvoir oser vivre normalement. Il n’en a que faire de nos ressentis, de notre devenir, il a décidé de nous anéantir de manière insidieuse se moquant royalement de notre épuisement financier et psychologique. De son sourire carnassier, il se prévaut être roi sur notre sol, il a joué des mots pour nous amadouer, mais derrière sa façade de jeune parvenu se cachait un grand calculateur méprisant le Français moyen que nous sommes. Les sondages le placent au plus bas niveau, je le dirai pas loin du caniveau… L’image qu’il donne est loin d’être glorifiante, bien au contraire ! Les médias étrangers doivent se pincer de découvrir dans quelles galères M. Macron nous entraîne impitoyablement et inlassablement. Oser croire en lui est une vraie fourberie, et même si son mandat n’est pas fini, lui l’est du moins aux yeux du peuple ! Il aurait dû depuis quelques mois se remettre en question, il a oublié les valeurs de la France, il ne fait certainement pas honneur aux Français qui aujourd’hui sont dans la rue à le huer, à manifester ! A tant tirer sur la corde, il a réussi un coup de maître, en effaçant son paraître, pour afficher son vrai visage, celui qui tutoie la richesse, qui frime avec des mesures ultra-restrictives, qui lime nos libertés, qui entrave nos vies, celui qui refuse de reconnaître ses erreurs et nous enferme dans la douleur de demains désenchanteurs. Fabienne Croix, Sainte-Croix-Hague (Manche)
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/11/27/le-monde-des-lecteurs-politique-action-de-macron_5389353_5334984.html
27/11/2018
Fabienne Croix condamne de manière définitive l’action du président de la République qui selon elle « entrave nos vies, celui qui refuse de reconnaître ses erreurs et nous enferme dans la douleur de demains désenchanteurs »
politique
Guerre des nerfs entre les syndicats et le gouvernement sur l’accord « égalité » dans la fonction publique
Ils l’ont redit en conférence de presse, mardi 27 novembre : la CGT (premier syndicat représentatif), FO (3e) et Solidaires (6e) ne signeront pas le projet d’accord sur l’égalité professionnelle dans la fonction publique au terme fixé par le gouvernement, vendredi. « Nos équipes n’ont pas eu suffisamment de temps pour mener le débat démocratique » sur le protocole, a justifié Gaëlle Martinez, déléguée générale de Solidaires. L’épreuve de force est donc engagée entre ces syndicats et le gouvernement. Et le mystère demeure sur l’avenir de ce projet ficelé le 24 octobre, au terme d’un long travail de plusieurs mois mené avec les neuf organisations représentatives de la fonction publique. Celles-ci avaient théoriquement jusqu’à lundi pour consulter leur base. Les six autres ont annoncé qu’elles signeraient le texte. Depuis que le gouvernement a lancé, en mars, une vaste concertation sur de multiples sujets relatifs à la fonction publique, c’est la première fois que la machine se grippe. Car les trois organisations réfractaires représentent 51 % des fonctionnaires. Et le gouvernement ne veut pas d’un accord minoritaire. Prévue lundi, la signature du protocole a d’abord été repoussée à mardi, puis à vendredi, « en raison de la présentation du projet de loi d’orientation des mobilités mardi », assure-t-on chez Olivier Dussopt, le secrétaire d’Etat auprès de Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, qui a conduit les négociations. Crispation paradoxale Mais, pour qu’il y ait signature le 30 novembre, il faudra que gouvernement et syndicats surmontent cette crispation d’autant plus paradoxale que le fond ne pose problème à personne, à peu de chose près. Les organisations paraissent globalement satisfaites des « avancées réelles » du texte, « même si elles ne vont pas assez loin », pour reprendre les termes de la CGT-Fonction publique. L’objectif est en effet de « franchir un nouveau cap en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ». Plan d’action, nominations équilibrées, lutte contre les écarts de rémunération entre hommes et femmes, le projet s’appuie « sur des dispositifs obligatoires et contraignants, pouvant donner lieu à des sanctions financières en cas de non-respect des obligations fixées ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment sera contrôlée l’égalité hommes-femmes dans les entreprises ? Les choses paraissent cependant mal engagées. Les trois syndicats rétifs paraissent décidés à attendre que les élections professionnelles soient passées, donc le 6 décembre, pour donner leur accord. « Le décalage de trois jours [accordé par le gouvernement] ne répond pas du tout à la problématique, a déclaré Gaëlle Martinez : prendre le temps du débat démocratique dans les organisations syndicales et non ce temps forcé que nous impose le gouvernement ». Même argument à la CGT-fonction publique : Jean-Marc Canon, secrétaire général, assure être « dans l’incapacité » de savoir ce que ses troupes pensent du projet d’accord, « sauf à prendre par-dessus la jambe un tel enjeu ». « L’enjeu de l’accord est immense, précise-t-il. Nous avons besoin de savoir ce que les salariés en pensent vraiment. »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/27/guerre-des-nerfs-entre-les-syndicats-et-le-gouvernement-sur-l-accord-egalite-dans-la-fonction-publique_5389345_823448.html
27/11/2018
Trois syndicats refusent de signer le projet d’accord bouclé le 24 octobre à la date fixée par le gouvernement, c’est-à-dire ce vendredi.
les-decodeurs
Comment fonctionnera la nouvelle taxe flottante sur le carburant ?
Après des semaines de contestation des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a finalement cédé du terrain sur la taxation des carburants. Mercredi 27 novembre, le président de la République a annoncé l’instauration d’un nouveau mécanisme pour atténuer la pression fiscale en cas de flambée des cours du baril. Explications. Comment le système fonctionne actuellement : Aujourd’hui, le montant des taxes fluctue selon le prix du carburant : elles augmentent mécaniquement en suivant le prix brut de l’essence (avant taxation). Ainsi, le 24 novembre 2017, le litre de gazole coûtait 1,28 euro, dont 76 centimes de taxes (soit 59 % du prix). Un an plus tard, le 23 novembre 2018, le même litre coûtait 1,46 euro, dont 85 centimes de taxes (toujours 59 % du prix). Cette proportionnalité est liée à la TVA, qui représente 20 % du prix au litre. L’autre taxe qui pèse sur le carburant, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TIPCE), ne varie pas en fonction des cours : entre 50 centimes et 69 centimes par litre, selon la région et le type de carburant. Comment fonctionnera le nouveau système : Emmanuel Macron veut créer un système « anti-pic », qui permettrait d’atténuer l’effet des envolées du prix du baril sur les consommateurs. Il ne s’agit pas d’encadrer les prix eux-mêmes (sur lesquels l’Etat n’a pas de prise), mais les taxes. Concrètement, le gouvernement pourra demander tous les trimestres au Parlement d’ajuster le niveau de la taxation du carburant en cas de flambée du cours. Comme la TVA a un taux fixe, il est probable que cet ajustement portera sur le niveau de la TIPCE. Ce système ressemble fort à la « taxe flottante », un dispositif testé entre 2000 et 2002 par le gouvernement Jospin, à la suite d’une contestation similaire à celle des « gilets jaunes », déjà provoquée par une flambée des prix à la pompe. Cet « amortisseur fiscal » permettait d’ajuster automatiquement le niveau de la TIPCE (qui s’appelait à l’époque TIPP) et de la TVA quand les cours variaient de plus de 10 % en six mois. Mais elle s’est révélée peu efficace : elle a fait baisser les prix à la pompe de seulement 2,2 centimes par litre, tout en coûtant 1,3 milliard d’euros à l’Etat, selon la Cour des comptes. François Hollande avait songé à rétablir ce dispositif au début de son quinquennat, avant d’y renoncer, en privilégiant une baisse ponctuelle des taxes. Le nouveau système proposé par Emmanuel Macron est quelque peu différent, puisqu’il n’est pas automatique, mais politique. Le Parlement pourra ajuster l’ampleur des baisses des taxes en fonction de la situation. Techniquement, il aurait donc pu effacer la hausse de taxes de 10 centimes constatée depuis un an sur le gazole. Reste à savoir si la majorité est prête à aller dans cette direction, qui pose deux problèmes : baisser les taxes réduit d’autant les recettes fiscales de l’Etat ; les taxes hautes faisaient jusqu’à présent partie de la stratégie du gouvernement sur la fiscalité environnementale, pour inciter les automobilistes à consommer moins.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/27/comment-fonctionnera-la-nouvelle-taxe-flottante-sur-le-carburant_5389332_4355770.html
27/11/2018
Emmanuel Macron veut éteindre la fronde des automobilistes en réduisant les taxes, en cas de flambée des cours du pétrole.
societe
Pédophilie : nouvelle mise en examen d’un prêtre pour agression sexuelle sur mineur
Un prêtre congolais, en mission dans le diocèse de Nantes, a été mis en examen pour « agression sexuelle sur mineur de 15 ans », après s’être présenté à la police durant le week-end, a-t-on appris, mardi 27 novembre, de sources concordantes. Le père Nshibia, âgé de 40 ans, est prêtre du diocèse de Kinshasa et membre de la Communauté de l’Emmanuel. Il était en mission depuis deux ans dans la paroisse Sainte-Madeleine, à Nantes. « Au cours d’un temps de repos dans une famille, ce prêtre a posé des gestes gravement inappropriés sur une adolescente », a rapporté dans un communiqué l’évêque de Nantes, Mgr Jean-Paul James. « Samedi 24 novembre, il s’est présenté à la police qui l’a entendu », a-t-il précisé. Ce prêtre a été placé en garde à vue durant le week-end, avant d’être mis en examen lundi après-midi, selon le parquet. Expertise psychiatrique « Un juge d’instruction est saisi », a annoncé le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, ajoutant que « ce prêtre a été placé sous contrôle judiciaire ». Il a obligation de quitter la région de Nantes, de cesser toute activité en lien avec des mineurs et de se soumettre à une expertise psychiatrique, a détaillé M. Sennès. « Dans le respect de la procédure judiciaire et par mesure conservatoire, j’ai signifié au prêtre qu’il ne pouvait plus exercer son ministère », a fait savoir de son côté Mgr James. Jeudi 22 novembre, un prêtre niçois de 61 ans soupçonné d’agressions sexuelles sur mineurs avait été mis en examen et placé en détention provisoire. Suspendu par le diocèse, Jean-Marc Schoepff était aumônier dans plusieurs lycées privés de la ville. Il a été au contact de jeunes adolescents pendant plus de trente-cinq ans, notamment lors des camps de vacances et de voyages à l’étranger qu’il organisait pour les jeunes de la paroisse. La veille, à Mulhouse, un prêtre, également âgé d’une soixantaine d’années, était mis en examen et écroué, soupçonné de viols sur plusieurs mineurs dans les années 1980 et 1990. Un « désastre », pour l’archevêque de Strasbourg, qui craint de nombreuses victimes.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/27/pedophilie-nouvelle-mise-en-examen-d-un-pretre-pour-agression-sexuelle-sur-mineur_5389330_3224.html
27/11/2018
Un prêtre congolais, en mission dans le diocèse de Nantes, s’est présenté lui-même à la police durant le week-end.
les-decodeurs
Pendant ce temps, en novembre et décembre, le prix des carburants a baissé
Il atteignait 76 dollars le 3 octobre (soit 67 euros). Depuis, le prix du baril (pétrole brent) a chuté à 48 dollars (soit 53,92 euros) en ce début du mois de janvier 2019. Dans un mouvement similaire, les prix à la pompe ont eux aussi baissé, bien que la fiscalité ait aligné le prix du diesel sur celui de l’essence. Lire aussi Prix des carburants : les principaux arguments du débat vérifiés De ce fait, pour la première fois, les deux courbes se sont rejointes avant de se croiser : le 27 novembre 2018, le litre de diesel était même un tout petit peu plus cher que l’essence (1,455 euro contre 1,453 euro). 2008-2018 : le prix des carburants à leur niveau de 2011 Ce graphique représente les prix de l'essence et du gazole en France depuis dix ans, soit depuis le mois de novembre 2008. A titre de comparaison, nous avons adjoint le prix du baril WTI rapporté par litre (un baril fait 159 litres) Source : ministère de la transition écologique et solidaire Mise à jour du 4 janvier : nous avons actualisé les chiffres jusqu’à la fin du mois de décembre 2018.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/27/pendant-ce-temps-en-novembre-le-prix-des-carburants-a-baisse_5389328_4355770.html
27/11/2018
EN UN GRAPHIQUE - Après avoir atteint un pic à la mi-octobre, prix du baril et prix à la pompe sont à nouveau en baisse.
televisions-radio
« Nanaroscope » : les nanars, ce cinéma où l’art est l’essai
Nanaroscope, une série documentaire réalisée par Régis Brochier. ARTE CREATIVE Arte Créative, à la demande, série documentaire En parodiant la formule de Michel Audiard : « Les cons, ça ose tout ! C’est même à ça qu’on les reconnaît », on peut dire qu’au nanar rien d’impossible : un nanar, ça ose tout ! Pas de scénario, pas d’acteurs, pas d’argent ? Son créateur s’en arrangera, il a des idées. On l’avait découvert avec la formidable première édition de Nanaroscope, une série documentaire de Régis Brochier sur ces films si mal bricolés, si ratés qu’ils en sont devenus des curiosités. ­Confondantes et drôles. Voici que Régis Brochier, cofondateur du site Nanarland, propose une seconde salve. A propos de ces films étranges, tournés au premier degré et involontairement comiques, on peut reprendre la définition qu’en donne François Kahn, auteur de l’Encyclopédie du cinéma ringard ­ (Editions Grancher, 2004), à propos de l’un d’entre eux : « C’est un film bourré d’incohérences, qui échoue à raconter quoi que ce soit, et qui en devient un objet fascinant. » « Remake » du pauvre Surfant sur le succès mondial des blockbusters, ou plongeant à corps perdu dans la vague de films de genre en vogue à une époque donnée, les nanars sont souvent réalisés par des cinéphiles qui tournent à leur tour des versions des œuvres qu’ils ont le plus aimées, et sans vouloir les bâcler, rappellent plusieurs des intervenants de cette série (producteurs, réalisateurs, acteurs, critiques). S’ils prêtent à rire plusieurs dizaines d’années plus tard, s’en émane, pour les nanarophiles, une forme de poésie tant leurs concepteurs y ont mis du leur pour faire fi du manque criant de moyens et faire preuve d’ingéniosité. Régis Brochier excelle ainsi à débusquer les effets très très spéciaux inventés pour créer, à la suite de La Guerre des étoiles, un space opera, sidérant plus que sidéral, à coups de soucoupes volantes en carton et de papier noir percé à l’aiguille pour simuler un ciel étoilé. Il suffit par ailleurs d’une seule image extraite d’un « remake du pauvre » de ET pour vous faire éclater de rire… Ne manquez pas l’épisode 4, sur le remake truqué en Turquie de Superman, condensé drôle et sérieux d’une histoire sociale et cinématographique. Nanaroscope, saison 2. Série documentaire réalisée par Régis Brochier (Fr., 2018, 10 × 7-9 min). Les deux saisons sont disponibles sur le site d’Arte. www.arte.tv/fr
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/11/27/nanaroscope-les-nanars-ce-cinema-ou-l-art-est-l-essai_5389325_1655027.html
27/11/2018
Une saison 2 réussie pour cette série d’Arte qui présente quelques films ratés et hilarants, tournés au premier degré.
economie
Nucléaire, renouvelables... le détail du plan du gouvernement en matière d’énergie
Installation du Haut Conseil pour le climat par Emmanuel Macron, président de la République, au Palais de l’Elysée à Paris, mardi 27 novembre. Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde Emmanuel Macron et François de Rugy ont présenté, mardi 27 novembre, les grandes lignes de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Cette feuille de route voulue par la loi de transition énergétique de 2015 vise deux objectifs : affronter le défi du changement climatique en limitant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, qui sont reparties à la hausse depuis 2015 ; permettre de diversifier le mix électrique, en réduisant la dépendance de la France au nucléaire. Mais le mouvement des gilets jaunes est venu percuter les projets du gouvernement, qui martèle depuis que sa préoccupation est de « penser à la facture énergétique des Français ». Dans ces annonces, il mêle les grandes lignes de la PPE et les réponses de plus court terme au mouvement des gilets jaunes. La PPE présentée mardi n’en est qu’au début de son processus. Elle va être soumise dans les mois qui viennent à plusieurs instances consultatives. Parallèlement, la loi de transition énergétique doit être modifiée en partie pour intégrer l’objectif de réduction du nucléaire à 2035 – contre 2025 auparavant. La PPE devrait connaître sa mouture finale à l’été 2019. Voici les grandes lignes du projet du gouvernement. Nucléaire : entre 4 et 6 fermetures de réacteurs d’ici à 2028 Le gouvernement fixe à 2035 la date de réduction à 50 % du nucléaire dans la production d’électricité, contre 75 % aujourd’hui. Pour ce faire le gouvernement propose de fermer deux réacteurs nucléaires en 2027 et 2028 – en plus des deux réacteurs de la centrale alsacienne de Fessenheim, qui doivent s’arrêter au printemps 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Diminuer la part du nucléaire ? Macron tenté par l’immobilisme Deux autres pourraient fermer sur la période, si le développement des énergies renouvelables se fait à un rythme soutenu. Soit un total de 4 réacteurs. Ce scénario est inférieur à celui évoqué par Nicolas Hulot lors de sa démission. L’ancien ministre défendait la fermeture de 8 réacteurs avant 2028, dont les deux de Fessenheim. L’exécutif confirme par ailleurs sa volonté de fermer les quatre dernières centrales à charbon françaises d’ici la fin du quinquennat. Quatorze fermetures d’ici à 2035 Les fermetures de réacteurs pourraient s’accélérer après 2028, avec six à huit fermetures supplémentaires sur la période. Concrètement, si le plan du gouvernement se déroule comme prévu, cela pourrait conduire à fermer 14 réacteurs entre 2020 et 2035, soit 20 % du parc actuel. Ces décisions devraient concerner certains des plus vieux réacteurs, notamment sur les sites de Bugey (Ain), Tricastin (Drôme), Cruas (Ardèche), Gravelines (Nord) et Dampierre (Loiret), Blayais (Gironde), Chinon et Saint-Laurent. Le gouvernement précise toutefois qu’aucune centrale ne sera complètement fermée pour limiter les conséquences sociales et économiques pour les territoires.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/27/nucleaire-renouvelables-le-detail-du-plann-du-gouvernement-en-matiere-d-energie_5389319_3234.html
27/11/2018
D’ici à 2028, entre quatre et six réacteurs nucléaires devraient être fermés. Le gouvernement promet un plan ambitieux de développement des énergies renouvelables.
police-justice
Disparition d’Estelle Mouzin : des fouilles ont repris chez une ex-femme de Fourniret
Des fouilles ont repris, lundi, chez une ex-femme du tueur en série Michel Fourniret à Clairefontaine (Yvelines), dans l’affaire Estelle Mouzin, disparue à l’âge de 9 ans en 2003 en Seine-et-Marne, a fait savoir, mardi 27 novembre, une source proche de l’enquête. « Une campagne de fouilles a repris dans cette affaire », a précisé la procureure de Meaux, Dominique Laurens ajoutant que des militaires spécialisés en fouilles opérationnelles participaient aux recherches. Le domicile de cette proche de Fourniret avait déjà été fouillé en septembre, sans résultat. « Nous n’avions pas pu tout vérifier et nous n’avions pas cette unité spécialisée à nos côtés, qui nous permet de faire des recherches plus approfondies », a ajouté la procureure. Condamné une première fois à la perpétuité en 2008 pour sept meurtres de jeunes femmes ou d’adolescentes, Michel Fourniret, 76 ans, a reconnu en février avoir tué deux autres jeunes femmes disparues dans les années 1990 dans l’Yonne, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece. Le tueur en série a livré des « aveux en creux » sur son implication dans la disparition d’Estelle Mouzin, avait estimé l’avocate du père d’Estelle Mouzin, demandant que la piste soit de nouveau explorée. Lire aussi Le tueur en série Michel Fourniret avoue deux nouveaux meurtres Fourniret nie tout lien avec l’affaire Depuis la disparition d’Estelle Mouzin, à l’âge de 9 ans, alors qu’elle rentrait de l’école en janvier 2003 à Guermantes, la piste Fourniret a été plusieurs fois été explorée, sans succès. Début 2007, la police avait une première fois mis « l’ogre des Ardennes » hors de cause dans cette affaire. Six ans plus tard, l’expertise de milliers de poils et cheveux prélevés dans sa voiture n’avait pas non plus permis de trouver de trace d’Estelle. L’avocat de Michel Fourniret avait alors rappelé que son client niait tout lien avec l’affaire. Le 16 novembre, le tueur en série a été condamné une deuxième fois à la réclusion criminelle à perpétuité, pour l’assassinat de la femme d’un ex-codétenu, Farida Hammiche, afin de lui dérober le magot du gang des postiches. Lire aussi Michel Fourniret condamné à la perpétuité pour l’assassinat de Farida Hammiche en 1988
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/11/27/disparition-d-estelle-mouzin-des-fouilles-ont-repris-chez-une-ex-femme-de-fourniret_5389306_1653578.html
27/11/2018
Le domicile de cette proche avait déjà été fouillé en septembre, sans résultat. Depuis la disparition d’Estelle Mouzin, la piste de « l’ogre des Ardennes » a été, plusieurs fois, explorée, sans succès.
planete
Déforestation au Brésil : l’équivalent d’un million de terrains de foot perdus en un an
Vue aérienne d’une zone déforestée dans la forêt amazonienne du Brésil, en septembre 2017. CARL DE SOUZA / AFP La déforestation au Brésil, qui compte la plus vaste surface amazonienne du continent américain, s’est accrue de 13,72 % entre août 2017 et juillet 2018, selon des données publiées par l’Institut brésilien d’études géographiques, un organisme gouvernemental. C’est l’équivalent d’un million de terrains de football perdus en une seule année, estime l’organisation écologiste Greenpeace. La surface déboisée sur cette période a atteint 7 900 km2 – ce qui représente 5,2 fois la ville de Sao Paulo, au Brésil. Pour Greenpeace, « c’est plus ou moins un million de terrains de football déforestés en seulement un an », a déclaré le coordinateur des politiques publiques de l’ONG au Brésil, Marcio Astrini. Depuis 1970, elle a perdu 18 % de sa superficie (couvrant actuellement 5,5 millions km²). Situation inimaginable Selon lui, la situation pourrait empirer si le président élu d’extrême droite, Jair Bolsonaro, concrétise ses promesses électorales d’amender certaines réglementations environnementales : « Il a dit qu’il mettrait fin aux aires protégées, aux terres réservées aux Indiens, qu’il réduirait les inspections et les sanctions contre les crimes environnementaux. Tout ce qui pouvait réduire la déforestation auparavant. S’il élimine tout cela, ça peut déclencher une situation inimaginable. »
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/11/27/deforestation-au-bresil-l-equivalent-d-un-million-de-terrains-de-foot-perdus-en-un-an_5389304_3244.html
27/11/2018
Entre août 2017 et juillet 2018, la surface déboisée dans la forêt amazonienne a été de 7 900 km2, soit 5,2 fois la ville de Sao Paulo.
planete
En Pologne, des militants de Greenpeace escaladent la plus grande centrale à charbon d’Europe
Un activiste de Greenpeace au sommet de la cheminée de la centrale de Belchatow, le 27 novembre 2018. HANDOUT / AFP Neuf militants de Greenpeace ont escaladé, mardi 27 novembre, la cheminée de 180 mètres de la centrale à charbon de Belchatow, dans le centre de la Pologne, pour protester contre le réchauffement climatique avant le sommet sur le climat COP24, a rapporté l’organisation écologiste. « Nous voulons attirer l’attention du monde sur le fait que le changement climatique est un fait réel, que des tragédies humaines ont lieu devant nos yeux et que des actions sont urgentes », a déclaré Katarzyna Guzek, une activiste de l’ONG. La centrale de Belchatow est la plus importante productrice d’électricité de Pologne. Elle est celle qui pollue le plus en Europe et, par ailleurs, l’une des plus grandes centrales au charbon au monde. « De ce fait, c’est le symbole d’un système qui tue la vie sur notre planète », a ajouté Katarzyna Guzek. Finaliser l’accord de Paris L’opération de Greenpeace a été confirmée par un porte-parole du groupe PGE, propriétaire de la centrale, Maciej Szczepaniuk. « Nous surveillons la situation. Cette action n’a pas d’impact sur le bon fonctionnement de la centrale », a-t-il assuré. L’action de Greenpeace se déroule à quelques jours du sommet de l’ONU sur le climat – la COP24 – qui aura lieu du 3 au 14 décembre en Pologne, dans la ville de Katowice, et qui réunira les délégations de 193 pays. Au cours de ce sommet, la communauté internationale devra finaliser l’accord de Paris pour atteindre l’objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C, voire à 1,5 °C par rapport au niveau de la Révolution industrielle. L’accord incite les pays à revoir à la hausse leurs engagements. « Le gouvernement polonais, qui est l’hôte du sommet, contribue beaucoup au réchauffement climatique, déplore l’écologiste de Greenpeace. D’un côté, il organise le sommet, et d’un autre, il annonce son programme énergétique dans lequel le charbon reste un combustible de base jusqu’en 2060. »
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/11/27/en-pologne-des-militants-de-greenpeace-escaladent-la-plus-grande-centrale-a-charbon-d-europe_5389296_3244.html
27/11/2018
A quelques jours du sommet mondial sur le climat COP24, des militants de l’Organisation écologiste entendent protester contre le réchauffement climatique.
economie
« Après la crise de 2008, les ennuis sont de retour pour l’automobile américaine »
Des salariés manifestent contre les suppressions d’emploi chez General Motors, à Oshawa (Canada), le 26 novembre. CARLOS OSORIO / REUTERS Chronique Pertes & profits. Depuis 1953, à Oshawa, une paisible bourgade au bord du lac Ontario, à quelques encablures de Toronto, on roule en Chevrolet, Cadillac ou GMC, toutes produites dans l’usine locale de General Motors (GM). Mais ce lundi 26 novembre, un monde s’est écroulé avec l’annonce par la société américaine de la fermeture de l’usine, qui emploie 2 500 personnes. Le premier ministre, Justin Trudeau, a décroché son téléphone pour appeler Mary Barra, la patronne de GM. Mais elle était déjà en ligne avec le président américain, Donald Trump, qui entendait lui passer un savon. Il faut dire qu’en décidant de la fermeture de six usines en Amérique du Nord et de la suppression de plus de 14 000 postes, soit 15 % de ses effectifs dans la région, la PDG du premier constructeur automobile américain n’y est pas allée de main morte. Après la crise de 2008, qui a contraint l’entreprise à déposer son bilan et à être un temps nationalisée, les ennuis semblent de retour. En langage policé, les Américains préfèrent la métaphore maritime des « vents de face » (headwinds). Et ils prennent de plus en plus de force, s’alimentant les uns les autres. Le premier est la fin du cycle exceptionnel de croissance, qui s’est étalé de 2009, annus horribilis, à 2016, passant de près de 10 millions de voitures vendues à 17,6. Depuis cette date, le marché devrait tomber cette année sous les 17 millions. A cela s’ajoute le basculement vers les 4 × 4 urbains (SUV), plus rentables, mais qui rend obsolètes de vieux sites comme Oshawa, qui produisait notamment des Chevrolet et Cadillac passées de mode. Signal d’alerte Cette situation pousse l’entreprise à réduire la voilure. D’autant que deux facteurs viennent compliquer la donne. Le premier est l’impact de la guerre commerciale lancée par la présidence Trump. En imposant des tarifs douaniers sur l’aluminium et l’acier afin de protéger les producteurs nationaux, la Maison Blanche a enchéri le coût d’approvisionnement pour les industries utilisatrices de ces métaux, et au premier chef l’automobile. Pour GM, la facture s’élève à 1 milliard de dollars (884 millions d’euros). D’autres constructeurs américains et européens ont déjà revu à la baisse leurs perspectives de résultats à la suite des répercussions de la bataille américano-chinoise sur leurs ventes. Elles sont d’autant plus fortes que le marché chinois, premier débouché étranger de GM, est lui aussi en train de ralentir.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/27/apres-la-crise-de-2008-les-ennuis-sont-de-retour-pour-l-automobile-americaine_5389288_3234.html
27/11/2018
Generals Motors a annoncé la fermeture de six usines en Amérique du Nord et la suppression de plus de 14 000 postes, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
economie
L’affaire Ghosn risque d’écorner l’image du Japon auprès des investisseurs
Le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, au siège du constructeur à Yokohama, au Japon, en mai 2017. Toru Hanai / REUTERS « Cette affaire n’est pas bonne pour le Japon. » Pour ce patron occidental d’une entreprise opérant dans le secteur financier, à Tokyo depuis plus de vingt ans, l’affaire Carlos Ghosn pourrait nuire à l’image de l’archipel, car « il n’y a manifestement pas grand-chose dans le dossier, au moins pénalement ». Un sentiment partagé par la communauté d’affaires étrangère, qui tend à voir dans l’affaire un « coup d’Etat » manigancé par Hiroto Saikawa, le directeur général de Nissan. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après Nissan, Carlos Ghosn évincé de Mitsubishi Certains rappellent que des dirigeants nippons, comme ceux de Toshiba reconnus coupables de fraude comptable ou de Tepco, la compagnie d’électricité de Tokyo, en cause dans la catastrophe nucléaire de 2011, n’ont jamais dormi en prison. En garde à vue depuis le 19 novembre, Carlos Ghosn est soupçonné d’avoir validé des rapports annuels remis aux autorités financières entre 2011 et 2015, en sachant qu’ils comportaient des informations minorées sur ses revenus. M. Ghosn a nié. « Nissan sera critiqué pour sa gouvernance » La presse japonaise relate à l’envi des faits, qui émaneraient de fuites de l’enquête interne conduite par Nissan, pouvant constituer des abus de biens sociaux. « La stratégie est de distiller petit à petit les informations, de gagner les opinions japonaises et françaises, pour nuire à M. Ghosn qui ne peut pas se défendre », analyse ce même patron. Comme beaucoup, il rappelle le fonctionnement d’une entreprise, censée prévenir les dérives reprochées à M. Ghosn. « Il y a des comptables, des auditeurs internes et externes. Il y a des administrateurs censés mener des vérifications. » Quant aux allégations sur les logements dont bénéficiait M. Ghosn dans plusieurs pays ou encore sur l’emploi de sa sœur au Brésil, il les juge « moralement discutables. Mais pénalement, rien n’interdit à une entreprise d’acheter un logement pour son dirigeant ni de recruter un membre de sa famille ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hiroto Saikawa, fidèle à Nissan et traître à Carlos Ghosn « J’espère qu’ils ont quelque chose de solide », renchérit un autre patron du secteur industriel, pour qui « Nissan sera nécessairement critiquée pour sa gouvernance ». Il déplore une affaire « grave, car l’alliance Renault-Nissan est un peu le symbole des relations franco-japonaises. Beaucoup de choses ont été bâties à sa suite. » En quête d’explications, il évoque la volonté exprimée en mai par Paris d’un renforcement de l’alliance, qui a pu inquiéter au Japon, notamment, car Nissan est aujourd’hui redressé et bien plus gros que Renault, industriellement et financièrement.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/27/l-affaire-ghosn-risque-d-ecorner-l-image-du-japon-aupres-des-investisseurs_5389285_3234.html
27/11/2018
La communauté d’affaires étrangère voit dans la mise à l’écart de Carlos Ghosn un coup d’Etat manigancé par Nissan.
blog-mediateur
« Le Monde des lecteurs » - Energie : nucléaire en sortir ou pas?
« Il me paraît important de rappeler à chaque fois que cela est nécessaire, que même si la sortie du nucléaire peut être souhaitable pour beaucoup de raisons, cette sortie ne contribuera en rien à la réduction des émissions carbones ». Photo La centrale nucléaire de Three miles island, théatre du plus important accident nucléaire sur le sol américain. Sous licence Public domain via W Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr. Dans Le Monde daté du samedi 24 novembre, un article signé par Pierre Le Hir et Cédric Pietralunga « Nicolas Hulot regrette une crise « évitable » liée à la fiscalité verte » rapporte les propos de Nicolas Hulot sur la fiscalité verte. Cet article, positionné sur la double page consacrée au Gilets Jaunes, évoque notamment la question de la transition énergétique et le fait que Nicolas Hulot assume l’abandon de l’échéance de 2025 pour réduire la part de l’électricité d’origine nucléaire à 50 %. Rapprocher la question des gilets jaunes et donc de la taxation des combustibles fossiles (où le problème est celui la réduction des gaz à effet de serre) de celle de la sortie du nucléaire me paraît problématique. Vous n’êtes pas sans savoir que l’énergie nucléaire, même si sa production comporte des risques importants, ne contribue pas au réchauffement climatique puisque sa production ne dégage pas de gaz à effet de serre. Ainsi que le rappelle votre confrère Sylvestre Huet dans un de ses blogs, il s’agit d’une énergie bas carbone comme le sont les énergies renouvelables « Nucléaire et climat : la grande tromperie ». La confusion du discours sur le nucléaire Ainsi que le rappelle M. Huet dans ce blog, près de 80 % des Français pensent que le nucléaire contribue au réchauffement climatique. Cette confusion, dont l’origine est complexe (parce que le sujet l’est aussi), est néfaste à un engagement efficace des citoyens dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, engagement qui est essentiel pour infléchir la crise climatique qui s’annonce. Un autre article signé par Pierre Le Hir (du 22 novembre) « Une majorité de Français veut une une baisse rapide du nucléaire » rapporte que les Français souhaitent une sortie du nucléaire. Sachant leur perception erronée sur la contribution du nucléaire au réchauffement climatique,il me paraît important de rappeler à chaque fois que cela est nécessaire, que même si la sortie du nucléaire peut être souhaitable pour beaucoup de raisons, cette sortie ne contribuera en rien à la réduction des émissions carbones. Cet effort de pédagogie me paraît indispensable, l’ignorance et la confusion ne sont pas des terreaux fertiles pour que les citoyens prennent conscience de l’urgence climatique et des efforts qu’ils vont devoir concéder pour espérer limiter le réchauffement et ses effets. Anne-Sophie Robilliard, Paris
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/11/27/le-monde-des-lecteurs-energie-nucleaire-en-sortir-ou-pas_5389270_5334984.html
27/11/2018
Anne-Sophie Robilliard demande une plus grande pédagogie sur le nucléaire de la part de tous « l’ignorance et la confusion ne sont pas des terreaux fertiles pour que les citoyens prennent conscience de l’urgence climatique et des efforts qu’ils vont devoir concéder pour espérer limiter le réchauffement et ses effets ».
economie
La nouvelle économie entretient les fractures territoriales
Inauguration de l’incubateur de start-up Station F, à Paris, en juin 2017. L’économie numérique accroît la concentration des entreprises dans les grandes métropoles, selon la fondation Mind the Bridge. BERTRAND GUAY / AFP Comment faire pour que les villes moyennes ne soient pas les parents pauvres de la nouvelle économie ? C’est autour de cette préoccupation commune qu’étaient réunis, en fin de semaine dernière, à Bruxelles, des maires et des représentants de municipalités européennes à l’invitation de la fondation Mind the Bridge. Celle-ci – qui collabore avec la Commission européenne depuis 2014 – en a profité pour dresser un état des lieux des principaux centres de développement de start-up en Europe. Force est de constater que les disparités territoriales sur le continent sont fortes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi BPI lance un site pour recenser des start-up L’étude réalisée par Mind the Bridge s’est concentrée sur le cas spécifique des « scale-up », ces entreprises technologiques ayant réussi à lever plus d’un million de dollars (soit 880 000 euros), ce qui est le cas de 5 596 sociétés réparties dans 42 pays. Or, dans la plupart des Etats, une seule ville attire l’essentiel de ces sociétés à fort potentiel économique. C’est particulièrement vrai des deux principales puissances européennes de l’économie digitale : Londres concentre ainsi 69 % des « scale-up » anglaises quand Paris attire 72 % des champions français (et 80 % du capital qu’elles ont levé). Au total, 27 pays concentrent plus de 70 % de leurs start-up les plus matures dans une seule ville, ne laissant aux autres villes que les miettes de cette manne. A côté de cela, rares sont les pays qui comptent deux « hubs » majeurs. Le rapport en liste six dont l’Espagne (Barcelone et Madrid), le Portugal (Lisbonne et Porto) et la Belgique (Bruxelles et Gand). Mais au final, 70 % des entreprises technologiques prometteuses européennes sont installées dans à peine 48 villes. « La nouvelle économie n’en a rien à faire des Etats » Cette hyperconcentration risque, selon les auteurs, de s’aggraver. « La nouvelle économie n’en a rien à faire des Etats, elle grandit là où il y a le plus de start-up et d’opportunités », explique ainsi Alberto Onetti, coordinateur du rapport et président de Mind the Bridge, qui voit dans cette tendance la source de graves dangers pour l’Europe. « Si on laisse l’économie de marché dicter sa loi et favoriser la concentration des meilleures entreprises autour des mêmes villes, ce sont les pays et l’Europe elle-même qui seront en péril, car beaucoup de villes décrocheront. » M. Onetti n’hésite pas à évoquer des « risques séparatistes », en citant l’exemple des velléités autonomistes de la Catalogne en Espagne.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/27/la-nouvelle-economie-entretient-les-fractures-territoriales_5389267_3234.html
27/11/2018
Une étude produite par la fondation Mind the Bridge pointe l’extrême concentration des start-up les plus prometteuses autour d’un nombre restreint de villes
implant-files
Comment le lobby des implants médicaux a fait plier la Commission européenne
Prothèse de hanche sans ciment retirée d'un patient. Yves Samuel pour Le Monde « J’ai honte et j’ai honte de mes collègues. Cela me met tellement en colère que j’en pleure parfois. » Au fil de ses mandats à Bruxelles, l’eurodéputée Dagmar Roth-Behrendt, 65 ans, en a vu défiler des textes de loi. Les souvenirs d’un seul, cependant, laissent à la socialiste allemande le goût amer d’un « immense échec », et même une « blessure ouverte », comme elle l’a confié à nos partenaires de la chaîne allemande NDR dans l’enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Cette loi concerne les pacemakers, les pompes à insuline, les prothèses de hanche et les défibrillateurs dans l’Union européenne, ce vaste éventail de dispositifs médicaux, les implants. Lancé en 2008, le règlement européen qui les encadre n’a été adopté qu’en avril 2017. Et ce à cause d’une décennie de lobbying sans relâche des industriels du secteur. Mais surtout une décennie de compromis et d’accommodements politiques à la Commission européenne, au Parlement – et des gouvernements. Le Monde et ses partenaires ont épluché pendant plusieurs mois des dizaines de documents internes des administrations européennes, obtenus en toute légalité grâce aux textes sur l’accès du public aux documents de l’UE. L’enquête a permis de reconstituer comment les lobbyistes de l’implant sont parvenus, à l’aide d’arguments trompeurs et de brochures sponsorisées, à convaincre des décideurs européens et à faire passer la santé publique après les intérêts industriels. Il s’agit de la campagne de lobbying la plus « intense » dont Mme Roth-Behrendt a été témoin en vingt-cinq ans à Bruxelles, dit-elle, « à la seule exception de celles des fabricants de tabac ». « Défaillances » du système de contrôle Quand la Commission entreprend la refonte de la législation européenne sur les dispositifs médicaux, son constat est pourtant alarmant. « Le système actuel ne garantit pas le niveau de protection de la santé le plus élevé possible », relève un document de 2008. En raison d’un « manque d’informations de base », l’Europe ignore quels implants « sont sur le marché et dans quelle mesure ils ont été contrôlés ». Or les alertes n’ont pas cessé ces dernières années. Dès 2002, un groupe d’experts spécialisé de la Commission s’inquiétait de « la tendance claire – à savoir une augmentation constante – du nombre » d’incidents liés aux dispositifs médicaux. Les autorités espagnoles signalaient un bond de 20 à 332 incidents entre 1995 et 2000 ; les Pays-Bas de 87 à 467. Une hausse jugée néanmoins « très faible » par rapport à d’autres marchés comparables dans le monde, soulignaient les experts, suspectant une importante sous-estimation : « Il est improbable que les dispositifs médicaux soient plus “sûrs” au sein de l’UE. »
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/11/27/comment-les-legislateurs-europeens-ont-cede-au-lobby-des-implants-medicaux_5389262_5385406.html
27/11/2018
A l’aide de documents internes à la Commission européenne et de sa correspondance avec les industriels, l’enquête des « Implant Files » a pu reconstituer une décennie de lobbying pour affaiblir la réglementation sur les dispositifs médicaux.
economie
Apple poursuivi en justice aux Etats-Unis par des clients de l’App Store
La Cour suprême des Etats-Unis, à Washington, en juin. Erin Schaff / REUTERS Face à la Cour suprême des Etats-Unis, les arguments d’Apple n’ont pas convaincu. Lundi 26 novembre, les juges de la plus haute juridiction américaine se sont montrés favorables à la poursuite d’une class action (« recours en nom collectif ») intentée contre la marque à la pomme, accusée par un groupe de consommateurs d’avoir instauré un monopole illégal sur la vente d’applications mobiles. La décision définitive, qui n’est pas attendue avant juin 2019, pourrait ouvrir la voie à un procès à risques pour l’entreprise. Au cœur de la procédure : l’obligation d’utiliser l’App Store pour installer des applications sur un iPhone. Contrairement au système Android de Google, aucune boutique alternative n’est autorisée par Apple, qui ne souhaite pas laisser filer la commission de 30 % prélevée sur chaque transaction. Ce modèle fermé lui permet de générer d’importantes recettes : autour de 11 milliards de dollars (9,7 milliards d’euros) en 2017. Lire aussi Les Apple Stores, machine à cash du géant américain Pour les plaignants, cela constitue un abus de position dominante, en empêchant toute concurrence sur la distribution d’applications. « Par conséquent, les propriétaires d’iPhone ont payé davantage pour des applications qu’ils ne l’auraient fait sur un marché compétitif », explique leur avocat David Frederick. Selon lui, l’ouverture à la concurrence permettrait d’abaisser les commissions, et donc la facture payée par les consommateurs. Apple n’a jamais été poursuivi par un développeur La Cour suprême ne doit pas se prononcer sur le fond de l’affaire, mais seulement sur la forme. L’entreprise de Cupertino fait, en effet, valoir que le recours des consommateurs n’a aucune base légale, invoquant un précédent qui la mettrait à l’abri de telles poursuites. En 2013, un tribunal californien lui avait d’ailleurs donné raison, estimant la plainte irrecevable. Mais ce jugement avait été cassé, quatre ans plus, en appel. Lundi, les débats se sont concentrés autour d’un jugement rendu en 1977 par la Cour suprême. Dans une affaire opposant l’Etat de l’Illinois à un fabricant de parpaings, celle-ci avait alors limité les poursuites pour pratiques anticoncurrentielles aux parties directement lésées. Selon Apple, ce sont les développeurs qui paient la commission de 30 %, et non les consommateurs. Eux seuls pourraient donc l’attaquer en justice. Plusieurs juges ont remis en cause cet argument. « Quand je vais sur l’App Store, je paie directement Apple à qui j’ai fourni mes informations bancaires », a rétorqué la juge Elena Kagan. D’autres sages ont également questionné la pertinence du jugement de 1977. « Les acheteurs indirects peuvent être mieux placés pour faire respecter les lois sur la concurrence », a estimé le juge Neil Gorsuch. De fait, Apple n’a jamais été poursuivi par un développeur d’applications. « Ils ne peuvent pas prendre le risque d’être retiré de l’App Store », souligne le think tank American Antitrust Institute.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/27/apple-poursuivi-en-justice-aux-etats-unis-par-des-clients-de-l-app-store_5389233_3234.html
27/11/2018
La Cour suprême américaine est favorable à un recours collectif de consommateurs contre le monopole de l’App Store sur les applis pour l’iPhone.
emploi
Comment sera contrôlée l’égalité hommes-femmes dans les entreprises ?
« L’obligation de résultat sera contrôlée par une série d’indicateurs précis, avec un délai de mise en œuvre de trois ans, soit le 1er mars 2022 pour les entreprises de plus de 250 salariés, ou le 1er mars 2023 pour toutes les entreprises de plus de 50 salariés. » Matt Herring/Ikon Images / Photononstop Afin de combattre les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel impose aux entreprises d’au moins cinquante salariés de prendre « en compte un objectif de suppression des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes » (cf. le nouvel article L. 1142-7 issu de cette loi). L’obligation de résultat sera contrôlée par une série d’indicateurs précis, avec un délai de mise en œuvre de trois ans (soit le 1er mars 2022 pour les entreprises de plus de 250 salariés, ou le 1er mars 2023 pour toutes les entreprises de plus de 50 salariés). Chaque année, l’employeur devra publier ses indicateurs pouvant totaliser jusqu’à 100 points, avec un seuil fixé à 75, pour éviter la sanction financière. En effet, à l’expiration du délai de trois ans, tout écart salarial injustifié entre les femmes et les hommes pourra être sanctionné par une pénalité financière égale au maximum à 1 % de la masse salariale, à moins que l’entreprise, compte tenu des difficultés rencontrées et des efforts déployés par elle, se soit vu accorder un délai supplémentaire d’un an pour se mettre en conformité. Retour de congé maternité Un décret à paraître (annoncé pour la mi-décembre) doit encore définir les modalités et la méthodologie à retenir. La ministre du travail en a dévoilé quelques points jeudi 22 novembre en avant-première. Les indicateurs ont ainsi été présentés, d’une part pour les entreprises de plus de 250 salariés et d’autre part pour les entreprises de 50 à 250 salariés, attribuant chacun un nombre de points précis. L’idée est la suivante : plus les entreprises seront performantes sur les indicateurs, plus elles obtiendront de points. Pour les entreprises de plus de 250 salariés, les cinq indicateurs retenus sont les suivants : – La résorption totale de l’écart de rémunération par âge et poste comparable permet d’obtenir 40 points. Des distinctions par âge sont prévues (moins de 30 ans, entre 30 et 40 ans, entre 40 et 50 ans, les plus de 50 ans). Après avis du comité social et économique, pour apprécier le poste comparable, la classification de branche ou celle agréée par le ministère du travail pourra être utilisée ; à défaut, l’entreprise pourra se référer aux quatre catégories socioprofessionnelles : ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise, ingénieurs et cadres. L’indicateur compare les rémunérations moyennes des femmes et des hommes, incluant les primes de performance et les avantages en nature. Pour obtenir 40 points, l’entreprise doit atteindre 0 % d’écart de salaire entre les femmes et les hommes, selon l’âge et le poste.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/11/27/comment-sera-controlee-l-egalite-homme-femme-dans-les-entreprises_5389228_1698637.html
27/11/2018
Pour lutter contre les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, l’obligation de résultat sera contrôlée par une série d’indicateurs dont doivent se saisir les entreprises de plus de cinquante salariés, explique dans sa chronique l’avocate Blandine Allix.
idees
« Aux fractures politiques et sociales se sont ajoutées les fractures territoriales et fiscales »
Rassemblement de gilets jaunes sur les Champs Elysees, le 24 Novembre 2018. BENJAMIN GIRETTE / HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Chronique. Le téléscopage de l’actualité est cruel. Impitoyable même. Durant le week-end des 24 et 25 novembre, le mouvement des « gilets jaunes », déclenché sur les réseaux sociaux, sans chefs ni structures, éruptif et rageur, a continué à secouer le pays. Au-delà des affrontements spectaculaires avec les forces de l’ordre sur les Champs-Elysées – rituel désormais incontournable de toute révolte sociale –, il a continué, sur le terrain ou par procuration, à mobiliser le peuple des « petites gens » contre la hausse du prix de l’essence, le poids des impôts et les fins de mois impossibles à boucler. Mais aussi contre un président et un gouvernement jugés aveugles et sourds à ces difficultés. Pendant ce temps, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le presque centenaire Parti communiste français tenait son 38e congrès. Un jeune lecteur serait sidéré de découvrir les longues et savantes exégèses qui accompagnaient autrefois de tels conclaves, lorsque le PCF surplombait le paysage politique national et dominait celui de la gauche. Rien de tel aujourd’hui. Même la révolution de palais inédite qui l’a conduit à mettre en minorité son secrétaire général, Pierre Laurent, et à le remplacer par le député du Nord Fabien Roussel, n’a guère suscité que l’indifférence. De même l’abandon du symbole de la faucille et du marteau, discrètement remisé au magasin des accessoires désuets. L’impuissance des partis Absent des deux dernières présidentielles, ratiboisé aux législatives de 2017 avec 2,7 % des voix, décimé dans ses anciens bastions municipaux (145 villes de plus de 30 000 habitants en 1977, une quarantaine aujourd’hui), le « parti de la classe ouvrière » se voulait l’avant-garde de la lutte contre la vie chère, l’injustice sociale et le capitalisme. Le voilà réduit à adopter une motion de soutien à la « légitime indignation populaire », dixit Fabien Roussel, qu’expriment les gilets jaunes. Lire aussi Fabien Roussel élu secrétaire national du Parti communiste français Il n’était pourtant pas, en théorie, le plus mal placé pour porter remède à une société française polyfracturée. Il s’y est montré impuissant comme, il est vrai, tous les partis qui ont gouverné durant le dernier quart de siècle, qu’il s’agisse des socialistes ou de la droite républicaine. C’est cela que paye aujourd’hui Emmanuel Macron. Comme Nicolas Sarkozy qui promit en 2007 un « choc de croissance » avant d’admettre huit mois plus tard (et bien avant la crise financière mondiale) que « les caisses [étaient] vides », comme François Hollande en 2012 dont les Français mirent trois mois à comprendre que le « changement » annoncé se soldait par un violent coup de massue fiscal, le voilà accusé de tous les maux du pays, responsable et coupable, déjà sommé de « dégager » par les plus énervés.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/27/aux-fractures-politiques-et-sociales-se-sont-ajoutees-les-fractures-territoriales-et-fiscales_5389223_3232.html
27/11/2018
L’écart croissant entre gouvernants et gouvernés a contribué à nourrir le désenchantement, puis le rejet et, désormais, la sécession démocratique, estime, dans sa chronique, Gérard Courtois, éditorialiste au « Monde ».
societe
Imbroglio après la tentative de suicide d’un mineur étranger isolé à Paris
Trois jours après, on en sait un peu plus sur le profil de la personne qui s’est jetée du quatrième étage du Palais de justice de Paris, vendredi 23 novembre. Hospitalisée, ses jours ne sont pas en danger. D’après les militants associatifs qui l’accompagnent depuis sa tentative de suicide, il s’agit d’un jeune Burkinabé de 15 ans. « Il a sur lui un document qui donne une identité de mineur », confirme une source judiciaire. Alors qu’une enquête en recherche des causes des blessures graves a été ouverte par le parquet de Paris, Agathe Nadimi, militante du collectif Les Midis du MIE, qui vient en aide aux mineurs isolés étrangers à Paris, détaille ce qui a conduit l’adolescent à enjamber le garde-corps vitré du Palais de justice. « Cela faisait quarante-huit heures qu’il demandait de l’aide », résume-t-elle. Le jeune migrant serait arrivé à Paris très récemment. La Mairie confirme qu’il a été mis à l’abri dans un centre d’accueil de nuit les 20 et 22 novembre. D’après Agathe Nadimi, il se serait présenté dans la foulée au dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers de la Croix-Rouge, dans le 11e arrondissement. L’évaluation de la minorité d’âge conditionne la prise en charge des mineurs par l’aide sociale à l’enfance (ASE). A Paris, elle est déléguée à la Croix-Rouge. « En 2015, 1 500 mineurs se sont présentés pour être évalués, rapporte Dominique Versini, adjointe à la Mairie de Paris à l’accueil des réfugiés et à la protection de l’enfance. En 2018, ils sont près de 8 000. 30 % d’entre eux sont reconnus comme mineurs au terme de cette évaluation et pris en charge. » Le nombre de mineurs qui demandent une évaluation a encore augmenté récemment : « En octobre, les présentations de jeunes sont en hausse de 20 %, précise Mme Versini. La Croix-Rouge est saturée. » Aucune trace écrite du refus Le jeune Burkinabé aurait été renvoyé par les équipes de la Croix-Rouge. « Il a eu une évaluation courte, explique Agathe Nadimi. C’est-à-dire qu’il s’est présenté, qu’on lui a posé quelques questions et qu’il a fait l’objet d’un refus. » D’après la Mairie de Paris, si la minorité ou la majorité d’âge apparaissent comme manifestes aux yeux des équipes de la Croix-Rouge, l’évaluation peut ne durer qu’une vingtaine de minutes. « En cas de refus, on demande au jeune de revenir le lendemain pour récupérer le papier de non-admission rédigé par l’ASE », précise Mme Versini. Quoi qu’il en soit, le jeune Burkinabé s’est bien rendu au tribunal de grande instance de Paris, jeudi, dans le but de faire appel de son refus. « Il est allé consulter l’antenne mineurs du barreau de Paris », confirme une source judiciaire. Les personnes qui le reçoivent sont alors confrontées à une difficulté : le jeune n’a aucune trace écrite du refus dont il a fait l’objet.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/27/imbroglio-apres-la-tentative-de-suicide-d-un-mineur-etranger-isole-a-paris_5389219_3224.html
27/11/2018
Un jeune Burkinabé de 15 ans s’est jeté vendredi 23 novembre du 4e étage au tribunal de grande instance de Paris.
police-justice
La gendarmerie a mis en place une brigade numérique
Le lancement du portail de signalement des violences sexuelles et sexistes, mardi 27 novembre, s’inscrit dans une stratégie plus large des forces de l’ordre : celle de la numérisation d’une partie de leurs activités. La gendarmerie a pris une longueur d’avance en lançant, le 27 février, sa « brigade numérique ». Basée à Rennes, cette unité composée de vingt postes répond vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, aux sollicitations des internautes. Accessible par l’intermédiaire du site de la gendarmerie nationale, le dispositif met en contact par le biais d’une bulle de tchat le citoyen et le militaire chargé de répondre. La brigade numérique est destinée à traiter les « sollicitations non urgentes » et n’a pas vocation à remplacer le numéro d’urgence des forces de l’ordre, le 17. « C’est une nouvelle offre de service au public, qui s’adapte à une population connectée », explique Maddy Scheurer, la porte-parole de la gendarmerie nationale, qui décrypte les « trois grandes familles » de question : « Il y a ce qui relève de la sécurité du quotidien de basse intensité, les questions réglementaires notamment ; ça peut servir de plate-forme de recrutement pour les personnes qui souhaitent s’engager ; enfin, il y a les informations de toute nature que les gens souhaiteraient nous donner. » Lire aussi Dans les coulisses du nouveau portail de signalement des violences sexuelles et sexistes Petite révolution numérique Cette nouvelle interface entre la gendarmerie et la population vient compléter d’autres dispositifs numériques comme celui des préplaintes en ligne ou la plate-forme Pharos de signalement des contenus en ligne illicite, géré par la direction centrale de la police judiciaire. En attendant l’ouverture de la possibilité de déposer des plaintes en ligne, prévue dans le projet de loi de réforme de la justice, actuellement débattu à l’Assemblée nationale. Une petite révolution numérique à laquelle les forces de l’ordre tentent de se préparer. Avec quelque 50 000 interactions depuis le lancement en février de la brigade numérique, soit environ 185 par jour, la gendarmerie peut déjà s’appuyer sur une expérience solide. En revanche, depuis que le volet consacré aux violences sexistes et sexuelles a été ouvert en juin, seules 53 sollicitations ont été enregistrées, pour cinq rédactions de procès-verbaux in fine. En communiquant sur ce nouveau portail, les autorités espèrent ouvrir davantage les vannes.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/11/27/a-rennes-la-gendarmerie-a-mis-en-place-une-brigade-numerique_5389202_1653578.html
27/11/2018
Une unité, basée à Rennes, est chargée de traiter les « sollicitations non urgentes » des internautes, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept.
economie
L’Italie fait un geste sur son budget pour amadouer Bruxelles
Luigi Di Maio, Giuseppe Conte et Matteo Salvini à Rome, le 21 novembre. Giuseppe Lami / AP Est-ce une véritable inflexion ou un simple virage tactique ? Il est trop tôt pour le savoir, mais le changement est spectaculaire. Après des semaines de provocations et d’invectives contre la Commission européenne, le gouvernement italien a soudain décidé de baisser d’un ton. Lundi 26 novembre au soir, les dirigeants des deux composantes de la majorité, Luigi Di Maio (Mouvement 5 étoiles, « anti-système ») et Matteo Salvini (Ligue, extrême droite) ont annoncé, au terme d’une rencontre d’une heure avec le président du conseil, Giuseppe Conte, au palais Chigi, leur volonté de « ne pas s’en tenir aux décimales », et de faire un geste vers l’Europe. Cette tentative de se montrer plus conciliants fait suite au dîner entre M. Conte et le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, samedi à Bruxelles, à l’issue duquel un apaisement semblait s’esquisser. Si le geste évoqué par Rome – ramener le déséquilibre à 2,2 % du PIB contre 2,4 % précédemment – n’est pas aussi ample que l’aurait souhaité Bruxelles, il n’est pas négligeable : d’un commun accord, Luigi Di Maio et Matteo Salvini auraient décidé de redimensionner les deux mesures phares de leur budget, le retour sur la réforme des retraites de 2011 (loi Fornero) et l’adoption du « revenu de citoyenneté », dont la mise en œuvre serait reportée à juin 2019. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Inquiétudes autour de la dette italienne Les marges de manœuvre ainsi dégagées seront affectées à des investissements, ou, si Bruxelles se montre inflexible, à la réduction des déficits. Interrogé à la télévision au moment de la rencontre au palais Chigi, le ministre des politiques agricoles, Gian Marco Centinaio (Ligue), fidèle de Matteo Salvini, l’avait annoncé : « Je crois que le déficit baissera. Il faudra renoncer à certaines choses, et les dirigeants politiques décideront des priorités. » « Compromis » La balle est dans le camp de la Commission, qui devra évaluer ces propositions et décider si elles sont de nature à suspendre l’ouverture d’une procédure d’infraction pour dette excessive contre l’Italie, réclamée par plusieurs Etats membres. Après deux mois d’escalade verbale, l’ouverture faite par le gouvernement Conte ressemble fort à une échappatoire. Indice de cette soudaine détente, le spread – différentiel entre les taux des bons du Trésor à dix ans italiens et allemands – a nettement baissé durant toute la journée de lundi, redescendant, à la clôture de la bourse de Milan, sous la barre fatidique des 300 points de base.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/27/l-italie-fait-un-geste-sur-son-budget-pour-amadouer-bruxelles_5389184_3234.html
27/11/2018
Le déficit public serait ramené à 2,2 % du PIB au lieu des 2,4 % initialement prévus. Lundi, le spread Italie-Allemagne a baissé.