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societe
« Farfelu », « geek égaré » ... qui est Benoît Quennedey, le haut fonctionnaire mis en examen pour trahison ?
Le haut fonctionnaire Benoît Quennedey le 16 novembre 2017 à Paris. - / AFP Il répond toujours présent aux invitations à célébrer le Jour du Soleil, fête nationale en l’honneur du « président éternel » Kim Il-sung : Benoît Quennedey est un habitué de la délégation de Corée du Nord à Paris, qui, faute de relations diplomatiques, n’est pas une « ambassade ». Et à Pyongyang, en septembre, son huitième voyage au pays des Kim, cet administrateur du Sénat portait fièrement à sa veste le pin’s à l’effigie du fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et de son fils, Kim Jong-il. Les Nord-Coréens sont obligés de le porter, et on ne le remet qu’aux étrangers de confiance. Cet énarque de 42 ans n’est-il qu’un fervent admirateur d’un des Etats les plus répressifs de la planète ou ses opinions l’ont-elles poussé à se compromettre ? C’est ce que cherchent à établir les enquêteurs. A l’issue de quatre jours de garde à vue dans les locaux de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en mars, M. Quennedey a été mis en examen, jeudi 29 novembre, par un juge d’instruction des chefs de trahison par « livraison d’informations à une puissance étrangère, recueil en vue de livraison d’informations à une puissance étrangère, intelligence avec une puissance étrangère ». Conformément aux réquisitions du parquet, il a été placé sous contrôle judiciaire, un contrôle assorti notamment de l’interdiction de quitter le territoire, d’interdictions de contacts et de l’interdiction d’exercer sa profession. Son appartement, dans le 5e arrondissement de Paris, son bureau au Sénat et le domicile de ses parents, à Dijon, ont été perquisitionnés lundi. Benoît Quennedey a déploré la « diplomatie d’agressivité » de Paris contre la Corée du Nord L’énarque défend publiquement la Corée du Nord. Il n’hésite pas à transmettre aux sénateurs ses communiqués exigeant la levée des sanctions et déplorant la « diplomatie d’agressivité contre la RPDC » d’une France se pliant « aux pires logiques néoconservatrices ». Le haut fonctionnaire passe régulièrement sur le plateau de RT, ex-Russia Today, à chaque fois pour y tenir un discours conciliant à l’égard de Pyongyang. Sa passion pour le pays date de ses années d’études, à Sciences Po, puis à l’ENA, dans les années 1990. Le bloc communiste s’est effondré ; la dynastie des Kim non seulement reste solidement au pouvoir, et ce malgré une terrible famine, mais elle défie les Etats-Unis, notamment en développant sa dissuasion nucléaire. Et il est évident, à ses yeux, qu’elle est, du fait de la propagande américaine, incomprise du monde extérieur.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/30/farfelu-geek-egare-qui-est-benoit-quennedey-le-haut-fonctionnaire-mis-en-examen-pour-trahison_5390721_3224.html
30/11/2018
Soupçonné d’avoir livré des informations à la Corée du Nord, ce haut fonctionnaire du Sénat a été suspendu de ses fonctions.
economie
Automobile : les Allemands prêts à investir aux Etats-Unis
BMW envisage d’implanter une nouvelle usine en Caroline du Nord. NICOLAS ASFOURI / AFP C’est un compliment en forme de menace. Dans un de ses Tweet matinaux, Donald Trump a félicité, jeudi 29 novembre, le constructeur automobile allemand BMW. « Les entreprises investissent en masse aux Etats-Unis, y compris BMW, qui vient d’annoncer une nouvelle grande usine », a-t-il annoncé. L’annonce n’est pas officielle, le projet simplement à l’étude. Il n’empêche, les Allemands se mettent à investir sur le territoire américain, avec deux objectifs. Amadouer le président américain et ainsi échapper aux 25 % de droits de douane sur les importations automobiles qu’il menace d’imposer dès la semaine prochaine. Et si ces droits sont finalement imposés, s’immuniser contre les risques de guerre commerciale, en produisant auprès du consommateur américain en franchise de droits de douanes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au G20 de Buenos Aires, l’heure de vérité entre Pékin et Washington La tension entre les Etats-Unis et les constructeurs américains est au plus fort : le Handelsblatt a révélé que les dirigeants de BMW, Mercedes et Volkswagen sont conviés à la Maison Blanche, peut-être dès mardi prochain, après le sommet du G20 de Buenos Aires. Ils doivent rencontrer le secrétaire au commerce, Wilbur Ross, et le représentant au commerce, Robert Lighthizer. Ce cavalier seul des industriels allemands agace les gouvernements européens et complique la tâche de la commissaire au commerce, Cecilia Malmström, qui est censée mener les négociations. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Commerce : l’Union européenne redoute toujours les taxes américaines sur les importations d’automobiles Le chantage aux sanctions contre ceux qui ne jouent pas le jeu du « Make America great again » (« rendre sa grandeur à l’Amérique ») marche mieux qu’on ne le croit. En janvier, Fiat Chrysler a annoncé qu’il allait rapatrier l’ensemble de sa production mexicaine de pick-up dans ses deux usines de l’Illinois, d’ici à 2020. C’est au tour des Allemands de lâcher du lest. 75 % de composants nord-américains La nouvelle implantation de BMW, si elle est confirmée, l’aiderait aussi à se mettre en conformité avec le nouvel accord de libre-échange signé entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, qui doit encore être ratifié par le Congrès. Pour ne pas être soumis à droit de douane, une automobile devra à l’avenir comprendre 75 % de composants nord-américains, contre 62,5 % actuellement. Las, la plus grande usine du monde de BMW, celle de Spartanburg (Caroline du Sud), dont la capacité va passer de 400 000 à 450 000 véhicules par an, ne satisfait pas à ces nouveaux critères. La construction sur place de moteurs et de systèmes de transmission permettrait de résoudre ce problème. BMW, qui exporte une part de ses modèles assemblés sur le territoire américain vers la Chine, est également particulièrement frappé par la guerre commerciale à laquelle se livrent les deux pays.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/automobile-les-allemands-prets-a-investir-aux-etats-unis_5390718_3234.html
30/11/2018
Face aux menaces de sanctions agitées par Donald Trump, BMW envisage d’implanter une nouvelle usine en Caroline du Nord.
economie
La Deutsche Bank est rattrapée par l’affaire des « Panama Papers »
Jeudi 29 novembre, 170 magistrats, policiers et fonctionnaires allemands ont perquisitionné le siège de la première banque privée d’Allemagne à Francfort. BORIS ROESSLER / AFP Dans la tourmente depuis plusieurs années, pour une succession d’erreurs stratégiques et de manquements aux règles pendant la crise financière de 2008, voilà la Deutsche Bank rattrapée par l’affaire des « Panama Papers » – du nom de l’enquête publiée en avril 2016 par 108 médias, dont Le Monde, avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), sur la dissimulation d’avoirs offshore dans des sociétés écrans au Panama. Jeudi 29 novembre aux aurores, 170 magistrats, policiers et fonctionnaires allemands ont perquisitionné le siège de la première banque privée d’Allemagne à Francfort, ainsi que quatre autres sites du groupe et un domicile privé, dans le cadre d’une enquête ouverte pour des faits de blanchiment d’argent dans la foulée des « Panama Papers ». La justice allemande soupçonne la Deutsche Bank d’avoir aidé ses clients à ouvrir des sociétés et des comptes dans des paradis fiscaux, pour transférer des fonds issus d’activités criminelles, ainsi que l’ont révélé les « Panama Papers ». Selon le bureau du procureur, des documents écrits et électroniques ont été saisis. Installée aux îles Vierges britanniques Le droit allemand n’autorisant pas à poursuivre une entreprise pour blanchiment, les investigations visent précisément « deux salariés de Deutsche Bank (…) et un certain nombre de responsables non identifiés de l’entreprise », précise le parquet de Francfort. Ces salariés auraient manqué à leurs obligations légales en matière de déclaration de soupçons aux autorités antiblanchiment, face à des opérations qu’ils savaient pourtant douteuses. De fait, si les sociétés offshore ne sont pas illégales, explique le parquet, elles permettent « de blanchir de l’argent issu d’infractions pénales ». Les banques doivent dès lors « signaler » aux autorités tout soupçon à leur sujet. Une succursale de la Deutsche Bank se trouve en particulier dans le viseur de la justice. Installée aux îles Vierges britanniques, elle aurait fait affaire avec « plus de 900 clients, représentant un volume d’affaires de 311 millions d’euros », sur la seule année 2016. Après la Société générale, perquisitionnée dès avril 2016 par la justice française, Deutsche Bank est la deuxième grande banque européenne rattrapée par les 11,5 millions de fichiers confidentiels issus du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca. Jeudi, la banque allemande a déclaré qu’elle avait déjà fourni à la justice « toutes les informations pertinentes sur les documents de Panama », mais coopérerait pour « clarifier les faits ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/la-deutsche-bank-est-rattrapee-par-l-affaire-des-panama-papers_5390709_3234.html
30/11/2018
La banque allemande a été perquisitionnée jeudi. La justice la soupçonne d’avoir manqué à l’obligation de déclaration de soupçons, alors que ses clients cachaient de l’argent offshore.
sante
Médicaments à base de valsartan : ruptures de stocks à prévoir après de nouveaux rappels
Le retrait des médicaments à base de valsartan prend une nouvelle ampleur. Après une première vague début juillet, des rappels supplémentaires ont été annoncés jeudi 29 novembre par l’Agence de sécurité nationale du médicament (ANSM), à cause de la présence d’une deuxième substance classée comme probablement cancérogène. Comme le premier, ce nouveau rappel « est mis en œuvre par d’autres Etats européens et au niveau international », selon l’ANSM. Cette mesure de précaution va entraîner des ruptures de stock, a prévenu l’agence du médicament. En effet, le cumul des deux rappels touche les trois quarts de ces médicaments utilisés en cas d’insuffisance cardiaque, d’hypertension artérielle et après un infarctus récent. Entre 1,2 et 1,5 million de patients en France suivent ce traitement. L’agence rappelle qu’il existe de nombreuses alternatives thérapeutiques et recommande aux patients souffrant d’hypertension artérielle de consulter leur médecin ou leur pharmacien pour savoir si le médicament qu’ils prennent est concerné par le rappel. « Le risque d’un arrêt brutal de traitement étant important (poussées hypertensives, décompensations cardiaques, accidents neurologiques), les patients ne doivent en aucun cas interrompre leur traitement sans avis médical », insiste Jean-Michel Race, un des responsables de l’ANSM. Onze laboratoires pharmaceutiques concernés Au total, onze laboratoires pharmaceutiques sont concernés par les deux rappels, qui ne touchent cependant pas forcément tous les médicaments à base de valsartan qu’ils produisent : Arrow Génériques, Biogaran, Cristers, EG Labo, Evolupharm, Mylan, Ranbaxy, Sandoz, Teva, Zentiva et Zydus. Dans le viseur de l’ANSM : des sociétés chinoises. Ce sont elles qui fabriquent le principe actif pour le compte de laboratoires qui produisent ensuite le médicament. On ignore pour l’instant si la deuxième impureté décelée dans les comprimés rappelés jeudi est due aux sociétés chinoises déjà épinglées, ou si de nouveaux sous-traitants sont à leur tour mis en cause. Des investigations sont en cours. Le premier rappel, prononcé au niveau international, avait été motivé par la présence d’une impureté, la N-nitrosodiméthylamine (NDMA), substance classée comme probablement cancérogène chez l’homme. Le deuxième rappel annoncé jeudi a été décidé en raison de « la présence possible d’une autre impureté, la NDEA (N-nitrosodiéthylamine) », selon l’ANSM, substance également « classée comme probablement cancérogène chez l’homme par l’Organisation mondiale de la santé », selon son communiqué. L’ANSM a mis en place en juillet un numéro vert pour répondre aux questions des patients et de leurs proches (0800 97 14 03).
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/11/30/medicaments-a-base-de-valsartan-ruptures-de-stocks-a-prevoir-apres-de-nouveaux-rappels_5390706_1651302.html
30/11/2018
Après une première vague début juillet, des rappels supplémentaires ont été annoncés jeudi à cause de la présence d’une deuxième substance classée comme probablement cancérogène.
international
En Arabie saoudite, la fronde impossible des critiques du prince héritier « MBS »
Mohammed Ben Salman à Riyad, le 22 novembre. BANDAR AL-JALOUD / AFP La longue tournée à l’étranger de Mohammed Ben Salman, qui doit participer, vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre, au sommet du G20, à Buenos Aires, après une semaine d’escales dans le monde arabe (Abou Dhabi, Manama, Le Caire et Tunis), envoie à tous les observateurs du royaume un message clair : le prince héritier n’a pas peur de s’absenter de Riyad et ne redoute donc pas une révolution de palais, qui lui barrerait la route du trône. De fait, en interne, malgré l’affaire Khashoggi, qui a entaché son prestige international, le jeune trentenaire, que l’on surnomme « MBS », ne paraît pas déstabilisé. Depuis l’assassinat, le 2 octobre dans le consulat d’Istanbul, de l’éditorialiste du Washington Post, le fils du roi Salman a conservé toute l’étendue de ses pouvoirs, qui font de lui une sorte de souverain bis. Ce n’est pourtant pas faute de s’être fait des ennemis. Sans qu’ils puissent constituer une opposition visible et organisée. En trois années sur le devant de la scène, MBS a brisé l’échine de plus d’un membre de la famille royale. Lors de la purge anticorruption de novembre 2017, quand deux cents VIP ont été confinés de force dans l’Hôtel Ritz-Carlton de Riyad, Mohammed Ben Salman s’est non seulement attaqué à une dizaine de ses pairs, mais aussi à des hommes d’affaires et à des hauts fonctionnaires, dépouillés de leur honneur et d’une partie de leur fortune. L’intenable MBS a donné en parallèle des coups de boutoir dans les milieux conservateurs et libéraux, arrêtant prédicateurs, intellectuels progressistes et militantes féministes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coups de fouet et chocs électriques pour les féministes saoudiennes emprisonnées De l’intervention militaire au Yémen à la mise en quarantaine du Qatar, en passant par la vraie-fausse démission du premier ministre libanais, Saad Hariri, il a enchaîné les bévues sur la scène internationale. « Parmi les princes, les religieux et les activistes, les gens hostiles au prince héritier sont très nombreux, confie un journaliste saoudien. On a parfois le sentiment qu’il n’a pas d’amis. Et pourtant, personne n’arrive à l’écarter du pouvoir. Les Etats-Unis, les Emirats arabes unis et Israël sont derrière lui et ça semble lui suffire. » « Quelqu’un de plus sûr » Le principal pôle d’opposition larvée au numéro deux du pays se trouve à l’intérieur de la maison des Saoud. Deux sources proches de la famille royale ont confirmé au Monde ce que l’agence Reuters avait révélé il y a dix jours, à savoir l’existence de conciliabules entre princes pour ériger le prince Ahmed Ben Abdelaziz en alternative à MBS. Cet oncle du prince héritier, âgé de 76 ans, occupa le poste de vice-ministre de l’intérieur pendant près de quarante ans. Lui et son frère, le roi Salman, sont les deux derniers survivants des Soudaïri, la branche la plus puissante de la dynastie régnante.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/en-arabie-saoudite-la-fronde-impossible-des-critiques-de-mbs_5390704_3210.html
30/11/2018
Soutenu par Donald Trump et le roi, Mohammed Ben Salman semble inamovible malgré l’affaire Khashoggi et la guerre au Yémen.
pixels
La CNIL lève la mise en demeure visant deux sociétés publicitaires
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a mis un terme, jeudi 29 novembre, à deux mises en demeure pour manquement à la protection des données personnelles, l’une prononcée en juillet contre la société Fidzup et l’autre formulée en octobre contre l’entreprise Singlespot. Lire aussi Des mouchards cachés dans vos applications pour smartphones A l’époque, le gendarme des données personnelles avait estimé que ces sociétés, qui fournissent à des applications mobiles des moyens de cibler de la publicité en fonction de la géolocalisation de leurs utilisateurs, n’informaient pas suffisamment les usagers de la collecte de données personnelles. Concernant Singlespot, il était reproché à l’application de conserver trop longtemps leurs données. Les deux entreprises informent désormais de manière plus transparente ces usagers, et Singlespot a dit avoir mis en place un système de « purge automatique des données », ce qui a convaincu les services de la CNIL. Cette dernière avait levé une mise en demeure voisine visant une autre société du secteur, Teemo, le mois dernier. Une quatrième société similaire, Vectaury, est toujours sous le coup d’une mise en demeure. Cette procédure peut déboucher sur une sanction, sauf si la société visée corrige ces manquements dans les délais prévus par la CNIL.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/11/30/la-cnil-leve-la-mise-en-demeure-visant-deux-societes-publicitaires_5390684_4408996.html
30/11/2018
Les sociétés Fidzup et Singlespot n’étaient pas assez transparentes à propos de ce qu’elles faisaient avec les données personnelles qu’elles récoltaient. La CNIL a estimé qu’elles avaient corrigé leurs pratiques.
campus
Universités : la hausse des droits d’inscription suscite des inquiétudes
AUREL Ce n’est peut-être qu’un frémissement, mais l’opposition se fait entendre dans plusieurs universités ces derniers jours. En cause : l’annonce du premier ministre, le 19 novembre, d’une augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers extra-européens, qui s’élèveront à la rentrée 2019 pour les nouveaux arrivants à 2 770 euros en licence (contre 170 euros actuellement) et 3 770 euros en master et en doctorat (contre respectivement 243 euros et 380 euros). Cette fin de la quasi-gratuité fait partie de la « stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », présentée par Edouard Philippe sous la bannière « Bienvenue en France », visant à attirer quelque 500 000 étudiants internationaux à l’horizon 2027, contre 324 000 actuellement. Mais l’objectif du gouvernement – dégager ainsi une manne financière, non chiffrée à ce stade, afin d’améliorer l’accueil des étudiants internationaux et de financer des bourses – ne convainc pas une partie du monde universitaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Universités : les étudiants étrangers devront payer plus cher Fait rare ces dernières années, un front syndical unanime appelle le gouvernement à reculer, allant des organisations étudiantes – UNEF, FAGE, Solidaires Etudiants… – aux syndicats de personnels de l’enseignement supérieur – Snesup-FSU, SGEN-CFDT, SNPTES… Plusieurs pétitions en ligne circulent, recueillant pour l’une d’elles plus de 240 000 signatures, contre ces nouveaux tarifs déjà affichés comme actés par l’agence officielle Campus France sur son site Internet. « Très choquant » « C’est très choquant, on s’attaque du jour au lendemain à quelque chose qui est l’une des valeurs de la France, la quasi-gratuité de l’éducation », lâche Anaïs, doctorante mexicaine à Sorbonne Université (ex-Paris-IV), qui n’aurait « jamais pu venir » à ce prix. Vendredi 23 novembre, l’étudiante s’est déplacée à l’Ecole normale supérieure de Paris pour assister à la réunion organisée contre cette mesure, dans un amphi de 200 places faisant salle comble. Depuis dix jours, une petite dizaine d’assemblées générales ont été organisées dans les universités, avec souvent au premier rang des présents : les étudiants étrangers actuellement en France. « C’est absurde de dire que cela va attirer des étudiants étrangers, on va au contraire perdre cette diversité et les classes moyennes comme la mienne, il n’y aura plus que l’élite privilégiée qui viendra en France », observe Anaïs, qui pointe des régions qui seront les premières touchées, comme l’Amérique latine, le Maghreb ou l’Afrique.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/11/30/universites-la-hausse-des-droits-d-inscription-suscite-des-inquietudes_5390677_4401467.html
30/11/2018
Des établissements s’opposent à la mesure visant les étudiants étrangers extra-européens. Un appel à manifester est lancé pour le 1er décembre.
musiques
Album : Michel Polnareff livre son Arlésienne
Michel Polnareff à Los Angeles, en janvier 2018. DANYELLAH Est-ce le disque qu’on n’espérait plus ? Ou celui que plus personne, finalement, n’attendait ? En dehors, s’entend, des fans, communauté surnommée les « moussaillons », l’artiste s’étant élevé lui-même au rang d’« Amiral » sans demander l’autorisation à Olivier de Kersauson. Ancienne gloire hexagonale ayant connu un âge d’or de ses débuts, en 1966, à son exil américain, en 1973, présentée en anglais sur son compte Twitter comme une « légende vivante en France, Europe, USA », Michel Polnareff, 74 ans, publie son dixième album studio vendredi 30 novembre. Album ironiquement et fort à propos titré Enfin ! Quoique « M’enfin ! » eût été plus savoureux, tant cette Arlésienne est digne d’un gag récurrent du regretté Franquin. Celui des contrats de l’homme d’affaires Aimé de Mesmaeker, dont la signature est à jamais repoussée. Lire la critique d’un concert en mai 2016 : Michel Polnareff, tout pareil ou presque Enfin ! succède en effet à Kâma-sûtra, publié en février 1990. Soit un délai de plus de vingt-huit ans. Le vertige est spatio-temporel : en ce temps-là, le mur de Berlin venait tout de juste de s’effondrer, et l’apartheid suivrait. Mariah Carey enregistrait son premier album. Polnareff, lui, occupait la suite 743 du Royal Monceau, dont il sortirait après huit cents jours de captivité consentante sans avoir mis le nez dehors entre-temps. Il faudrait attendre 2007 pour qu’il découvre le Palais omnisports de Paris-Bercy, après trente-quatre ans d’absence des scènes françaises. Lire le factuel (en décembre 2015) : Michel Polnareff annonce un album et une tournée Une des pochettes les plus hideuses de l’ère moderne Le coup de Coucou me revoilou, Polnareff l’a fait il y a déjà quarante ans, après avoir échoué à s’imposer en Amérique. C’était le titre d’un album que lui-même ne recommande pas. Enfin ! fait à son tour redouter le pire sous une des pochettes les plus hideuses de l’ère moderne – une clé libérant un cadenas. C’est que, depuis 1996, le génie n’a été en mesure de graver que quatre titres originaux : un instrumental sans queue ni tête (Lee Neddy), l’autoparodique Je rêve d’un monde, le lubrique Ophélie flagrant des lits (avec carton rouge de #metoo pour le refrain : « Ophélie n’est jamais seule dans son lit/Toujours besoin de nouveaux amis/Manquent plus que tous les animaux du zoo/Même le gardien, sa femme et son chien ») et, le dernier en date, L’Homme en rouge (2015), une ­protest song contre le Père Noël. Retrouver ces deux dernières chansons, réorchestrées, au générique d’Enfin ! ne contribue pas à rassurer. La pauvre Ophélie est cette fois accompagnée de cloches et de chœurs enfantins qui évoquent le D.A.N.C.E. du duo électro-rock Justice, avant de prendre la tangente sur un pont tango, puis de s’envoler avec une trompette venue de Penny Lane. L’intérêt d’avoir confectionné un nouveau manteau d’hermine à L’Homme en rouge est, lui, plus discutable.
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/11/30/album-michel-polnareff-livre-son-arlesienne_5390674_1654986.html
30/11/2018
Vingt-huit ans après « Kâma-sûtra », le chanteur publie à 74 ans un nouveau disque, « Enfin ! », perché dans les seventies.
idees
Felwine Sarr, humaniste et coauteur du rapport sur la restitution du patrimoine africain
ERWAN FAGES « Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai par une forêt obscure, car la voie droite était perdue. » Ces vers qui ouvrent La Divine Comédie, de Dante, travaillent l’esprit de Felwine Sarr, l’un des grands intellectuels africains de sa génération. A la ­recherche du temps perdu, on évoque avec lui la route qui l’a mené, à 46 ans, sous les projecteurs des médias français, après la remise au président de la République, le 23 novembre, du rapport rédigé avec Bénédicte Savoy sur le ­patrimoine africain qui plaide pour une large restitution des œuvres spoliées. Lorsqu’il arrive en France pour ses études supérieures, au début des années 1990, après un bac scientifique au Sénégal, choisir est déjà difficile. Excellent en mathématiques, il est tenté par la littérature et la philosophie, et finit par se décider pour l’économie : « Au ­début, cela m’a paru un choix utile, une ­manière de contribuer au développement, puis je me suis pris au jeu. » Entre deux cours, il lit Nietzsche, les philosophes indiens et chinois ainsi que Kundera, Quignard ou Gracq. L’économie devient pour lui un métier, mais aussi « une puissante grille de lecture du monde », selon ses mots. Après avoir soutenu sa thèse de macroéconomie monétaire en 2006, il ­repart au Sénégal l’année suivante. Agrégé d’économie, professeur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis-du-Sénégal, il prend bientôt la direction de la faculté puis du ­laboratoire d’économie. Afrique nouvelle Dans le même temps, il commence à enseigner les sciences sociales du religieux et l’épistémologie et crée au sein de l’université la nouvelle faculté de civilisations, religions, arts et communication, dont il prend la tête. Au cours des années, son orientation intellectuelle devient ainsi de plus en plus hétérodoxe par rapport à sa discipline : « Ce qui m’intéresse désormais, c’est l’anthropologie économique et le développement de nouveaux modèles qui prennent en compte des facteurs comme l’environnement et le bien-être des gens. Et au-delà de l’économie, c’est surtout de réfléchir à l’écriture des sciences sociales et des humanités depuis l’Afrique. » Cette démarche est au cœur de son livre le plus remarqué, Afrotopia (Philippe Rey, 2016). Il y dépeint l’horizon d’une Afrique nouvelle, libérée tant de la tyrannie du modèle classique du développement que de ses propres complexes et travers, éclairant son association à l’historienne d’art Bénédicte Savoy pour la rédaction du rapport.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/felwine-sarr-humaniste-et-coauteur-du-rapport-sur-la-restitution-du-patrimoine-africain_5390659_3232.html
30/11/2018
L’économiste et écrivain sénégalais, qui a coécrit le rapport sur la restitution des œuvres spoliées, croit en la capacité des humains de choisir et de maîtriser leur destin. Et plaide pour un partage des ressources de la planète, qu’elles soient naturelles ou culturelles.
economie
L’Europe passe au moyen de paiement instantané, alternative à Visa ou MasterCard
Voilà un service très concret que l’Europe va désormais proposer aux citoyens et aux entreprises du continent. Vendredi 30 novembre, à midi, la banque française Natixis (groupe Banque populaire, Caisse d’épargne) et l’espagnole CaixaBank vont échanger un paiement instantané en utilisant pour la première fois les gros tuyaux de la Banque centrale européenne (BCE). En quelques secondes à peine, les fonds passeront de compte à compte entre l’une et l’autre. Seulement huit institutions européennes sont aujourd’hui prêtes à émettre ou à recevoir ce nouveau type de règlement en temps réel transfrontière, mais d’autres établissements y travaillent et proposeront cet outil dans les prochains mois. Quel sera le gain pour le particulier, qui dispose déjà d’une carte bancaire, d’un chéquier et d’argent liquide ? L’effet le plus notable concerne les délais de traitement des paiements. Le virement électronique sera effectué en moins de dix secondes (les tests réalisés par la BCE montrent que le temps moyen avoisine en fait une seule seconde), sept jours sur sept, 24 h sur 24. A titre de comparaison, lorsqu’un client utilise sa carte bancaire un vendredi soir, le commerçant ne reçoit généralement les fonds que le mardi matin. Le titulaire d’un compte bancaire pourra progressivement l’utiliser pour payer « de personne à personne », pour régler ses courses en supermarché, payer en ligne chez un e-commerçant ou s’acquitter de ses impôts. Après le paiement, une confirmation immédiate sera envoyée à son auteur, lui confirmant que le bénéficiaire a bien reçu l’argent sur son compte, et rendant la transaction irrévocable (alors qu’une banque peut aujourd’hui rappeler un paiement en cours de traitement). Coût variable selon les banques « Dans un premier temps, pour se payer entre particuliers en temps réel, il faudra se communiquer son IBAN (coordonnées bancaires). Mais, dès le premier semestre 2019, chez BPCE, un numéro de téléphone mobile suffira : il sera associé à un IBAN. A l’échelle de la zone euro, la BCE construit un mécanisme similaire associant numéro de téléphone et compte bancaire, qui sera disponible également en 2019 », indique Dominique Beauchamp, directeur général adjoint de Natixis Payment Solutions. Pour payer en supermarché, différentes solutions sont aujourd’hui à l’étude, comme scanner avec son appli bancaire un QR Code (code-barres en deux dimensions) sur la caisse du magasin. Autre atout : le paiement instantané permettra par ailleurs de régler des sommes plus importantes, avec un plafond de 15 000 euros par opération en France, qui devrait être relevé à l’avenir.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/l-europe-passe-au-moyen-de-paiement-instantane_5390658_3234.html
30/11/2018
Huit banques lancent ce service qui permet d’effectuer un virement électronique en moins de dix secondes, 24 h sur 24.
culture
A Paris, Sigmund Freud se révèle sur le divan
Intitulée « Sigmund Freud. Du regard à l’écoute », l’exposition a lieu à Paris, jusqu’au 10 février 2019, au Musée d’art et d’histoire du judaïsme (mahJ). A travers deux cents pièces – peintures, dessins, gravures, ouvrages et instruments scientifiques –, elle propose au public de porter un regard nouveau « sur le cheminement intellectuel et scientifique de l’inventeur de la psychanalyse ». De L’Interprétation des rêves, écrit en 1900, jusqu’à son dernier essai, Moïse et le monothéisme, paru en 1939, Sigmund Freud – dans ses théories et ses pratiques, ses séances et ses cures – tendra à refuser l’image au profit de l’écoute, des associations de mots et de l’interprétation des rêves. Pourtant, il fut un fervent collectionneur (plus de 3 000 antiques), et ce dès les années 1880. Et même s’il ne semblait pas suivre l’art de son temps, les surréalistes, s’inscrivant dans la lignée du symbolisme de la fin du XIXe siècle, s’inspireront de l’enseignement du grand médecin viennois. Voici un aperçu en images des œuvres et objets qui figurent dans cette exposition. Lire la critique (en édition abonnés) : Sigmund Freud sur le divan
https://www.lemonde.fr/culture/portfolio/2018/11/30/a-paris-sigmund-freud-se-revele-sur-le-divan_5390654_3246.html
30/11/2018
Pour célébrer les 20 ans du Musée d’art et d’histoire du judaïsme, une exposition rend hommage au fondateur de la psychanalyse, qui fut également collectionneur.
economie
« PDG narcissiques : attention danger ! »
Chronique « Ma vie en boîte ». « Si les personnes humbles font de meilleurs dirigeants, pourquoi nomme-t-on tant de personnalités narcissiques ? », s’interrogeait Margarita Mayo, professeure en comportement des organisations, dans un article de la Harvard Business Review du 7 avril 2017. D’autant que ces personnalités décrites comme ayant un fort besoin d’attirer l’attention, d’être admirées, confortées dans leurs décisions, outre qu’elles ne sont donc pas des patrons hors pair, sont aussi, en moyenne, plus malhonnêtes, plus susceptibles de frauder, selon une équipe de chercheurs dirigée par Alex Frino, doyen de la Macquarie Graduate School of Management, école de commerce australienne. A cet égard, Carlos Ghosn ne serait donc pas une exception. Loin de là. Certes, ces dirigeants affichent, durant un certain temps, de bons résultats financiers. Kari Joseph Olsen, actuellement professeur à l’université de l’Utah (Etats-Unis), l’a démontré dans de nombreux travaux de recherche. Plus un dirigeant est narcissique, plus le résultat par action du groupe qu’il dirige augmente, a-t-il ainsi publié en 2011. Pour arriver à cette conclusion, il a examiné les résultats par action des 500 plus grandes entreprises américaines entre 1992 et 2009, le nombre de photos du PDG figurant dans les rapports annuels étant l’instrument utilisé pour quantifier le narcissisme du dirigeant. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Paul Jorion : « La relative impunité des chefs d’entreprise est-elle légitime ? » De nombreux autres chercheurs se sont aussi penchés sur les avantages et inconvénients de ces personnalités étincelantes, en s’appuyant sur d’autres critères pour les qualifier, telle la fréquence de l’utilisation du « je » plutôt que du « nous » dans leurs discours. Susanne Braun, professeur de leadership à l’université de Durham (Royaume-Uni), en a fait la synthèse. Ce type de patron se distingue par le nombre de mesures radicales qu’il n’hésite pas à prendre pour développer rapidement son groupe. Opérations de fusion-acquisition, investissements à l’international, dans les nouvelles technologies, s’enchaînent à vive allure. Des experts en optimisation fiscale « agressive » Certes. Mais, revers de la médaille, plus un dirigeant est narcissique, plus il est susceptible de fraude, comme d’enjoliver ses résultats financiers pour redorer le blason de son entreprise, et par ricochet le sien. Car « un signe typique d’une personnalité narcissique est le constant besoin d’être l’objet d’attention et d’admiration », rappelle Kari Olsen. En outre, qui dit résultats élevés dit aussi impôts élevés, pour le commun des mortels. Pas pour les dirigeants narcissiques. Dans une autre étude publiée en 2016, Kari Olsen prouve que ces dirigeants sont aussi des experts en optimisation fiscale « agressive ». Parce que « les narcissiques ont le sentiment d’être au-dessus des lois. […] L’obtention de récompenses et autres conséquences enviables les motive grandement ; alors que l’éventualité de réactions négatives ne les effraie guère ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/pdg-narcissiques-attention-danger_5390636_3234.html
30/11/2018
Plusieurs études universitaires montrent que les dirigeants les plus chatoyants se révèlent à terme dangereux pour leur entreprise et pour eux-mêmes, explique dans sa chronique, notre journaliste Annie Kahn.
politique
« Gilets jaunes » : l’exécutif fait le pari du dialogue
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, en conversation avec des « gilets jaunes », à Mouguerre (Pyrénées-Atlantiques), le 29 novembre. IROZ GAIZKA / AFP Des paroles à défaut d’actes. Alors que la mobilisation des « gilets jaunes » se poursuit et qu’une nouvelle manifestation est attendue à Paris, samedi 1er décembre, Emmanuel Macron tente de tenir la stratégie qu’il a arrêtée pour sortir de l’impasse : renouer le dialogue avec les contestataires tout en maintenant le cap de ses réformes. De Buenos Aires, où il participe au G20, le président de la République a répété sa ligne : écouter, comprendre mais ne surtout pas renoncer à ses mesures. Jeudi 29 novembre, il a ainsi déclaré entendre « la colère légitime, l’impatience, la souffrance d’une partie du peuple », et annoncé vouloir prendre « des décisions supplémentaires dans les semaines et les mois à venir ». Avant de tout de suite préciser que ces futurs arbitrages « ne seront jamais des reculs ». Une façon d’affirmer encore une fois que la hausse de taxes sur les carburants ne serait pas remise en cause. Lors de son discours à l’Elysée, mardi, le chef de l’Etat avait déjà fait preuve d’empathie. « J’ai vu, comme tous les Français, les difficultés que la situation entraîne auprès de ceux qui roulent beaucoup et qui avaient déjà du mal à finir leurs fins de mois », avait-il déclaré. Mais, avait ajouté le président, cela ne doit pas conduire le gouvernement à modifier sa politique. « Je sais que les habitués de la politique attendent de moi un renoncement, une esquive (…) mais c’est parce que c’est comme cela que nous avons toujours agi que nous nous trouvons aujourd’hui dans une telle situation. » Lire aussi l’éditorial du « Monde » : Les injonctions contradictoires d’Emmanuel Macron sur les « gilets jaunes » « Main tendue » par le premier ministre Pour tenir ce « en même temps » aux allures de grand écart, l’exécutif a fait le choix de mettre en scène son nouveau dialogue avec les « gilets jaunes ». Alors que le mot d’ordre était jusqu’ici de ne pas répondre aux manifestants, le ministre de la transition écologique, François de Rugy, a reçu deux de leurs représentants, mardi. Le lendemain, le ministre chargé des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, et la secrétaire d’Etat à l’écologie, Emmanuelle Wargon, sont venus débattre avec certains d’entre eux sur le plateau de LCI. Vendredi après-midi, Edouard Philippe devait à son tour recevoir une délégation de « gilets jaunes », sans qu’on sache exactement quels seraient leurs représentants, tant le mouvement a du mal à se structurer. L’un des leaders de la contestation, Eric Drouet, a ainsi fait savoir qu’il ne se rendrait pas à Matignon. Le premier ministre s’est également entretenu, jeudi et vendredi matin, avec les membres du Conseil national de la transition écologique (CNTE), l’organe chargé de conseiller le gouvernement, où sont représentés syndicats, associations, élus locaux et parlementaires.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/11/30/gilets-jaunes-l-executif-fait-le-pari-du-dialogue_5390629_823448.html
30/11/2018
Alors que le mot d’ordre était jusqu’ici de ne pas répondre aux manifestants, le premier ministre doit recevoir, vendredi après-midi, des « gilets jaunes »
m-le-mag
Le marbre de Carrare broie du noir
apuanes. C’est une montagne magique. Un géant de pierre, dont les membres s’étendent là, comme sur un crucifix. Cloué entre la chaîne des Apennins et la Méditerranée, au nord-ouest de la Toscane, juste avant qu’elle ne croise la Ligurie. Il se fait appeler Alpes apuanes, culmine à 2 000 mètres d’altitude, porte d’augustes cheveux d’argent. Drapé d’éternité, ce dieu inerte veille sur les villes de Carrare et de Massa, en contrebas ; deux cent mille mortels à ses pieds. Toute la vallée est rivée à l’or blanc qui coule de ses veines – ce marbre d’une finesse extraordinaire, dont la couleur est aussi lunaire que le prix. Loué déjà par Pline l’Ancien En a-t-il jamais été autrement ? Les Anciens, déjà, vénéraient cette divinité minérale. Des carrières qui balafrent ses flancs, ils disaient qu’elles cicatrisent toutes seules. « Ceux qui les exploitent affirment que ces plaies des montagnes se comblent spontanément », prétendait Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle. C’était il y a deux millénaires, quelques années après la naissance de Jésus-Christ ; c’était hier. Aujourd’hui, contre quelques euros, les touristes visitent dévotement les carrières abandonnées, reconverties en musées à ciel ouvert. Plus sûres et moins bruyantes que celles, non loin, encore en activité. Plus propices à la rêverie, aussi. Où que l’on plonge son regard, l’épopée d’un pays entier, l’Italie, s’offre à l’imagination, servie sur un plateau marmoréen. Nul besoin de guide ni de pelle ; il suffit de creuser avec les yeux. Dans les Alpes apuanes, dans le nord-ouest de la Toscane, les sommets portent les stigmates de l’excavation des blocs de marbre et de ses rebuts. LUCA LOCATELLI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE Ces entailles, au faîte de la montagne ? Sans doute la Rome des empereurs. Après tout, ce sont leurs esclaves qui, les premiers, puisèrent ici la matière du Panthéon, du forum de Trajan, de la pyramide de Cestius. Ces stigmates, à même les monts ? Peut-être Michel-Ange. Le sculpteur florentin arracha la chair de son David et de sa Pietà dans les parages. Ces brèches, si haut perchées ? Serait-ce le Vatican, sous l’injonction de qui tant de bondieuseries sortirent des roches alentour ? Un coup des anarchistes, qui, à la fin du XIXe siècle, consolidèrent leur mouvement à l’ombre des carrières ? Ou la trace des fascistes, dont l’architecture monumentale sacralisait ce marbre d’une édifiante pureté ? Quatre millions de tonnes par an En 2017, il a émis un grondement sourd : à la suite d’une varata – opération consistant, pour des raisons de sécurité, à faire sauter à l’explosif un pan de la montagne –, un écroulement de 30 000 tonnes a fait tressaillir Carrare. La plainte a été assimilée par les sismologues à un léger tremblement de terre.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/11/30/le-marbre-de-carrare-broie-du-noir_5390628_4500055.html
30/11/2018
De qualité exceptionnelle, le marbre de Carrare est réputé depuis la Rome antique. Mais son exploitation intensive menace à court terme l’équilibre économique et écologique de la région des Alpes apuanes.
economie
Les théories de la décroissance sont-elles vraiment applicables ?
OLIVIER BONHOMME Un monde meilleur. Des villes dont les habitants n’étoufferaient plus sous un nuage de pollution, libres de sortir plus tôt du bureau pour se consacrer à leurs loisirs. Des campagnes où l’agriculture serait respectueuse de l’environnement. Une société, enfin, où les inégalités seraient réduites au minimum et où les politiques publiques ne poursuivraient qu’un but : le bien-être commun, allié à la lutte contre le changement climatique. Sur le papier, les transformations appelées par la mouvance décroissante ont de quoi séduire. Mais leur mise en œuvre soulève une série de questions d’autant plus complexes qu’elles supposent un changement profond des mentalités et des habitudes. Voici ce qu’en disent les partisans d’un monde libéré de la croissance économique, et les limites de leur pensée, eux-mêmes admettant n’avoir pas réponse à tout. Réduire les inégalités sans hausse du PIB Les travaux de l’économiste Thomas Piketty l’ont montré : depuis les années 1980, la croissance ne permet plus de réduire les inégalités en Europe et surtout aux Etats-Unis. « Pire, elle contribue à les creuser, puisque ses fruits sont, depuis trente ans, captés par le pourcentage de la population la plus riche », souligne Tim Jackson, professeur en développement durable à l’université britannique de Surrey. Renoncer à la quête permanente de la croissance serait donc compatible avec une meilleure répartition des richesses, assure-t-il dans son ouvrage Prospérité sans croissance (De Boeck, 2010). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean Pisani-Ferry : « Les bénéfices de la croissance se dissipent avant de parvenir aux individus » Pour ce, deux leviers principaux : la fiscalité et la réglementation. Réduire les inégalités suppose un grand ménage fiscal, expliquent les décroissants : supprimer les niches profitant aux plus aisés, augmenter la progressivité des impôts pour lisser les écarts de revenus ou, encore, imposer plus fortement le capital. « En Espagne, relever la taxation des 10 % les plus riches permettrait de payer un revenu universel pour tous », promet Federico Demaria, économiste à l’Université autonome de Barcelone et cofondateur du réseau de recherche Research & Degrowth. Côté réglementation, certains suggèrent d’accroître la part attribuée aux salaires dans le partage de la richesse générée par les entreprises et de limiter celle dévolue aux profits. Ou d’introduire un revenu maximal, en imposant un seuil aux hauts salaires. Mais comment éviter que les entreprises contournent de telles règles, par exemple, en distribuant des avantages en nature à leurs dirigeants, ou en se délocalisant ? Surtout : augmenter les impôts des plus riches ne risque-t-il pas de déclencher une fuite des capitaux vers des pays à fiscalité plus légère ? « Il faudrait que ces mesures soient appliquées au minimum à l’échelle européenne », reconnaît Steffen Lange, économiste à l’Institut pour la recherche en économie écologique (IOW), à Berlin. Délicat, voire utopique, lorsque l’on sait que les 28 pays membres de l’Union européenne sont déjà incapables de s’entendre sur l’harmonisation de leur fiscalité.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/les-solutions-des-theoriciens-de-la-decroissance-sont-elles-viables_5390612_3234.html
30/11/2018
La décroissance, synonyme – pour ses adeptes – de plus grande qualité de vie, suppose des changements politiques et sociétaux radicaux.
economie
La hausse du pouvoir d’achat passe par celle de la productivité
Chronique « Entreprises ». La faible croissance actuelle du pouvoir d’achat salarial est la conséquence logique de faibles gains de productivité. Seule l’augmentation de ces derniers, induite par le choc encore largement à venir de l’économie numérique, permettra de retrouver une progression significative du pouvoir d’achat et ouvrira pour nos enfants la perspective d’un niveau de vie moyen supérieur au nôtre. Dans tous les pays développés, la croissance de la productivité du travail a diminué au cours des dernières décennies. Elle y connaît désormais de bas niveaux, jamais observés depuis au moins la fin du XIXe siècle, hors les périodes de guerres mondiales. En France, ils sont en moyenne annuelle sensiblement inférieurs à 1 %, alors qu’ils étaient encore supérieurs à 1,5 % pendant la décennie antérieure et de plus de 5,2 % durant l’âge d’or des « trente glorieuses » entre 1945, après la fin de la seconde guerre mondiale, et 1973, au moment du premier choc pétrolier. Or les gains de productivité sont la source première du financement des améliorations du niveau de vie économique moyen et en particulier des gains de pouvoir d’achat des salaires. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mutations du travail : les différents profils de l’intelligence artificielle L’idée d’un partage inéquitable entre salaires et profits des dividendes de la croissance est en revanche démentie par les faits. Ainsi, sur la dernière décennie 2008-2017, les gains de productivité annuels par travailleur ont été d’environ 0,6 %, quand les gains du pouvoir d’achat du salaire moyen par tête étaient de 0,7 %. Pour les années 2001-2007, antérieures à la crise, la croissance annuelle moyenne de ces deux indicateurs était équivalente et d’environ 1,3 %. Dématérialisation des activités financières et bancaires La faiblesse des gains de productivité peut étonner à une époque où les technologies de l’information et de la communication (les TIC) connaissent une large diffusion et où sont souvent évoqués les effets de l’économie numérique. De fait, grâce aux TIC, la baisse des gains de productivité a partout été ralentie pendant les trois dernières décennies. Des travaux récents et maintenant nombreux ont par ailleurs montré que les faibles gains de productivité actuels ne sont pas la conséquence d’artefacts statistiques et d’une prise en compte insuffisante de transformations récentes, comme la généralisation de l’usage d’Internet (voir, par exemple, la synthèse de Martin Feldstein, « Underestimating the Real Growth of GDP, Personal Income and Productivity », Journal of Economic Perspectives, vol. 31, n° 2, 2017).
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/la-hausse-du-pouvoir-d-achat-passe-par-celle-de-la-productivite_5390611_3234.html
30/11/2018
La troisième révolution industrielle, celle de l’économie numérique et de l’intelligence artificielle, est encore dans sa phase initiale mais ses effets sur la productivité se feront sentir dès lors qu’elle se déploiera largement, estime le professeur d’économie dans sa chronique au « Monde ».
planete
CIWF et L214 révèlent la cruauté des conditions d’élevage des poissons
Extrait d’une vidéo tournée en caméra cachée dans des installations du groupe Aqualande, situées en Nouvelle-Aquitaine. SAISIE D'ECRAN / CIWF Ils meurent en silence, suffoquant, gelés, sur les ponts des chalutiers, ou asphyxiés dans des caisses en polystyrène, le corps parfois écrasé dans des sennes trop pleines, les yeux sortis de leurs orbites par la décompression brutale. Dans l’univers de la pêche au large, la souffrance des poissons – et des hommes aussi parfois – a peu de chance d’être entendue. Mais leur sort n’est pas forcément plus enviable dans les élevages. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le calvaire des animaux d’élevage transportés en mer Peu s’en souciaient jusqu’à présent. Mais voilà qu’en ces temps où les humains tendent à changer de regard à l’égard des animaux, des études scientifiques récentes révèlent chez plusieurs espèces une sensibilité et des comportements sociaux plus complexes qu’on ne l’imaginait. Deux associations se saisissent du sujet. L214 rend publique, vendredi 30 novembre, une vidéo sur les conditions d’élevage des truites arc-en-ciel, tournée en caméra cachée dans des installations du groupe Aqualande situées en Nouvelle-Aquitaine. CIWF (Compassion in World Farming) a publié pour sa part, lundi, un film ainsi qu’un rapport sur la façon dont sont abattus les poissons de pisciculture dans l’Union européenne. Leurs images à toutes deux montrent les mêmes silhouettes de poissons morts flottant ventre à l’air au milieu de leurs congénères, à la surface d’eaux troubles, dans des bassins en béton et des cages installées en mer, ou encore fraîchement mis à mort dans un bain rouge sang. L’équipe de tournage britannique de CIWF a notamment fait escale en Bretagne et dans l’Hérault. L’association dénonce l’entassement des poissons, s’émeut des saumons de 75 centimètres de long ne disposant que de l’équivalent d’une baignoire, des grands migratoires condamnés à nager en rond dans leur cage. Mais n’est-ce pas peine perdue que de chercher à sensibiliser le public au sort des daurades, bars, truites, saumons ? « Détrompez-vous, notre campagne a reçu le même accueil en France que les précédentes sur les cochons ou sur la volaille, assure Marion Wintergerst, responsable des campagnes de CIWF. Lors des deux premiers jours, 12 500 personnes ont interpellé le ministre de l’agriculture par mail comme nous les y engageons. » Lire aussi L’association L214 dévoile les coulisses de la fourrure de luxe de lapin La question des conditions de vie dans les piscicultures constitue potentiellement un dossier énorme. Le poisson est l’animal d’élevage le plus répandu après le poulet. L’aquaculture, qui fournissait à peine 7 % de l’offre mondiale en 1974, fait depuis 2014 presque parts égales avec la pêche dans l’alimentation humaine. En 2015, dans le monde, 50 millions de tonnes de poissons provenaient d’élevages (majoritairement de Chine), selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Rien que dans l’Union européenne, en fonction de leur poids moyen, ce sont 500 millions à 1,7 milliard de spécimens qui sont abattus chaque année, rapporte CIWF.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/11/30/haro-sur-la-cruaute-des-conditions-d-elevage-des-poissons_5390607_3244.html
30/11/2018
Les vidéos des deux associations montrent les conditions de vie dans les fermes piscicoles. Le poisson est l’animal d’élevage le plus répandu après le poulet
idees
« Pour la défense de ses revenus, YouTube a sorti le grand jeu »
Capture d’écran du site Savetheinternet.info, qui émane d’un groupe de militants pour la liberté du Web. SAVETHEINTERNETINFO Chronique. Trois cent mille jeunes dans les rues de Paris défilant pour la liberté d’écouter leur musique préférée. 300 000 jeunes mobilisés par les dirigeants d’un média menacé de fermeture par le pouvoir de l’époque (il s’agissait alors d’une histoire d’émetteur trop puissant). C’était il y a trente-quatre ans presque jour pour jour, le 8 décembre 1984. En lutte contre un gouvernement socialiste et une Haute Autorité de la communication audiovisuelle (l’ancêtre du CSA) bien décidés à lui rogner les antennes, NRJ en appelait à ses auditeurs pour battre le pavé et faire plier le régulateur. Message reçu au-delà des espérances. Les époques passent, les bonnes vieilles recettes restent. Aux « sauvez NRJ » de 1984 résonne le #saveyourinternet de 2018. Sauvez votre Internet ? Rien que ça ! Depuis un peu plus d’un mois et l’appel à la mobilisation lancé par Susan Wojcicki, la directrice de YouTube, contre l’article 13 de la directive européenne sur le droit d’auteur – qui prévoit un renforcement de la protection des œuvres sur la Toile –, ce hashtag alarmiste fait un tabac auprès des utilisateurs de la plate-forme de vidéos en ligne de Google. Une pétition, Savetheinternet.info, qui n’émane pas de YouTube mais d’un groupe de militants pour la liberté du Web, a quant à elle déjà recueilli plus de 3,4 millions de signatures virtuelles. Beyourself, Cyprien, Mc Fly… Un vrai succès donc auprès d’un public souvent jeune pour qui le site de la société californienne fait office de télévision, de juke-box et de formidable outil de création. Un public qui ne marche pas vers la Bastille comme celui de 1984 mais qui se fait entendre tout aussi efficacement face caméra. « Si tous les youtubeurs pètent un plomb en ce moment, c’est parce qu’on va être censuré, on ne va plus partager ce qu’on veut, on va devoir réfléchir à tout », s’agace ainsi la youtubeuse Beyourself sur sa chaîne. « La seule chose qu’on pourra faire, c’est se filmer sur un fond unicolore avec des vêtements sans marque… Bref, j’ai pas besoin de parler plus pour vous dire que ces deux articles, c’est de la grosse merde », renchérit son voisin de réseaux Le Justicier. Les stars Cyprien, McFly et Carlito font aussi partie des signataires de la pétition sans pour autant avoir réalisé de vidéos spécifiques sur le sujet. Et au fil des jours, une fois passés les messages les plus énervés, le ton se fait plus explicatif. Vidéos toutes noires Dans la plupart des vidéos mises en ligne, reviennent les mêmes éléments de langage fournis clé en main par le groupe américain : les 400 heures de vidéos publiées chaque minute qu’il serait impossible de contrôler, l’anecdote autour du titre de Luis Fonsi, Despacito, qui n’aurait pu être mis en ligne si une telle législation avait existé, les 800 millions d’euros reversés en 2018 aux ayants droit en Europe…
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/pour-la-defense-de-ses-revenus-youtube-a-sorti-le-grand-jeu_5390595_3232.html
30/11/2018
Contre l’article 13 de la directive européenne sur le droit d’auteur, Susan Wojcicki, la directrice de la plate-forme, a lancé un appel à la mobilisation, #saveyourinternet. Avec une certaine mauvaise foi, relève Guillaume Fraissard, chef du service Culture, dans sa chronique.
international
Donald Trump met sous tension le G20 qui s’ouvre en Argentine
Donald Trump à son arrivée à Buenos Aires jeudi 29 novembre. SAUL LOEB / AFP Donald Trump ne goûte guère les sommets multilatéraux, où les Etats-Unis se retrouvent désormais régulièrement isolés sur les questions liées à l’environnement ou au libre-échange. L’hôte du G20 organisé en Argentine, vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre, le président Mauricio Macri, a d’ailleurs pesé de tout son poids au cours des réunions préparatoires pour écarter toute formulation à même de provoquer l’ire de son homologue américain, avec lequel il est en bons termes. Une énergie qui n’a pas trompé Emmanuel Macron, le président français. Ce dernier a assuré qu’« autour de la table du G20 les doutes sont là, les formes d’agressivité ressortent, les fractures réapparaissent ». Après avoir torpillé le sommet du G7 en juin en retirant son pays du communiqué final, puis boudé les sommets annuels en Asie, en octobre, délégués au vice-président, Mike Pence, le président des Etats-Unis s’était préparé un solide programme de rencontres bilatérales en marge de la grand-messe de Buenos Aires. Une nouvelle occasion manquée avec Vladimir Poutine Mais ce programme a pourtant été immédiatement écorné par sa décision, jeudi 29 novembre, d’annuler ex abrupto la rencontre prévue avec son homologue russe Vladimir Poutine, samedi. Interrogé alors qu’il quittait la Maison Blanche pour se rendre à Buenos Aires, Donald Trump avait pourtant confirmé ce rendez-vous en milieu de matinée. « Je crois que c’est un très bon moment pour l’avoir », avait-il dit, tout en ajoutant qu’il allait se faire une idée des dernières tensions en date entre la Russie et l’Ukraine survenues dans le détroit de Kertch, au cours du voyage vers Buenos Aires. Quelques heures plus tard, alors que l’Air Force One avait déjà quitté le sol américain, le président des Etats-Unis a pris Moscou de court en changeant d’avis. Sur son compte Twitter, Donald Trump a mis en avant le fait que les trois navires militaires ukrainiens saisis de force par la Russie au cours de ces incidents n’avaient pas été rendus, ni leurs équipages libérés, pour justifier une décision jugée préférable « pour toutes les parties concernées ». Le conseiller de presse de Vladimir Poutine a assuré avoir découvert ce revirement sur le réseau social préféré de Donald Trump. Une nouvelle occasion manquée pour les deux hommes. En juillet, la Maison Blanche avait en effet renvoyé à l’année 2019 une visite à Washington du président russe annoncée pour l’automne, arguant de l’enquête en cours consacrée aux interférences prêtées à la Russie par le renseignement américain pendant la présidentielle de 2016, que Moscou nie. Elle avait ensuite écarté la perspective d’une rencontre à l’occasion des commémorations liées au centenaire de la fin de la première guerre mondiale à Paris, le 11 novembre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/donald-trump-met-sous-tension-le-g20-qui-s-ouvre-en-argentine_5390578_3210.html
30/11/2018
Après l’annulation de plusieurs rencontres, le G20 argentin du président américain devrait se résumer à l’entretien prévu samedi avec son homologue chinois, Xi Jinping.
idees
Comment la perte de repères politiques fabrique des « leaders charismatiques » forts
Emmanuel Macron, lors d’un rassemblement de campagne au Paris Event Centerle, le 1er mai 2017. ERIC FEFERBERG / AFP Les démocraties contemporaines connaissent, depuis plus de deux décennies, des transformations d’ampleur historique liées à l’interdépendance des économies et des sociétés. Aucune dimension de la politique n’est épargnée : les clivages politiques, les ­systèmes partisans, les affiliations des électeurs, tout semble bouger dans une accélération du temps qui donne le sentiment d’un grand désordre. Plus grave, règne aujourd’hui une forte défiance. Le sentiment que les élus ont baissé les bras face à l’ampleur du changement, ou pire qu’ils n’ont plus d’empathie pour les citoyens, prédomine. ­Paradoxalement, ces évolutions ont redonné vie au ­mythe de « l’homme providentiel » ou de « l’homme fort » : puisque tant de repères ont sauté, pourquoi ne pas s’en remettre à des leaders qui montrent la voie à suivre ? Si la tendance au leadership politique fort est ancienne, elle s’est néanmoins affirmée récemment : la décennie qui s’achève a montré de nombreux exemples d’émergence de leaders politiques, réussissant là où personne ne les voyait vainqueurs. Les victoires électorales de Recep Tayyip Erdogan (2014), de Donald Trump (2017), de Viktor Orban (2010) ont illustré de manière spectaculaire ce phénomène. Semblant ­parfois se jouer des prédictions, ils ont affiché à la face du monde un leadership plébiscitaire et ­décomplexé, mettant en cause parfois ouvertement les ­bases du consensus politique démocratique. Legs du religieux Différentes personnalités ont décliné, chacune à sa manière, cette tendance lourde à la personnalisation du pouvoir qui n’est pas nécessairement liée au « populisme », comme le montre la diversité des profils : Tony Blair, Silvio Berlusconi, Nicolas Sarkozy, Barack Obama, Luiz Inacio Lula da Silva, Justin Trudeau, Matteo Renzi. Emmanuel Macron les a rejoints depuis 2017, Jair Bolsonaro en 2018. Les différences de contextes politiques et de systèmes partisans dans lesquels leur leadership s’est affirmé sont grandes. Leurs bilans et leurs programmes ne sont pas les ­mêmes. Mais ces affirmations, souvent spectaculaires, de « leadership fort » nous disent des choses importantes sur l’évolution de la démocratie représentative. Le brouillage des repères politiques dans les ­situations de grandes crises ou mutations conduit-il à des formes de « démocratie plébiscitaire » avec à leur tête des « leaders charismatiques » forts ? Pour répondre à cette question, il faut revenir vers la notion de « charisme » et la préciser, afin d’éviter tout abus d’usage. Pour les sciences sociales, cette notion est associée à la sociologie de la domination politique et de la légitimité développée par Max ­Weber (1864-1920). Pour Weber, dont l’œuvre porte notamment sur les rapports entre rationalité et croyances, le charisme est un legs du religieux dans le monde moderne. Il emprunte, en la retravaillant, la notion à la théologie de saint Paul : dans la tradition paulinienne, le « charisma » nomme les différentes grâces accordées par Dieu aux membres d’une communauté de fidèles.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/30/comment-la-perte-de-reperes-politiques-fabrique-des-leaders-charismatiques-forts_5390575_3232.html
30/11/2018
Orban, Erdogan, Trump, Macron… Ces dernières années, les situations de crise ont favorisé la personnalisation du pouvoir. Au risque d’un recul de la démocratie ?
campus
L’art sous toutes les coutures : les formations aux carrières artistiques
Ecole nationale supérieure des beaux-arts (Ensab), Paris. Daniel Thierry / Photononstop / Daniel Thierry / Photononstop Beaux-Arts Les écoles Les 35 écoles françaises des beaux-arts sont réputées et difficiles d’accès. Elles intéresseront trois profils d’étudiants, qui correspondent aux trois branches généralement proposées dans ces cursus : Option design : pour les futurs architectes d’intérieur, designers industriels ou textiles. Option art : elle forme entre autres peintres, sculpteurs et photographes. Option communication : ce cursus donne accès aux métiers d’infographiste, d’illustrateur, de webdesigner ou de directeur artistique. Publiques, ces écoles supérieures d’art délivrent les diplômes du ministère de la culture, avec des frais de scolarité modérés. Leurs cursus sont organisés très classiquement avec une licence (un premier cycle de trois ans) suivi de deux ans de master. Parmi ces écoles, cinq sont devenues leaders : les deux « parisiennes » : l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris (ENSBA) et celle de Versailles, ainsi que Strasbourg, Lyon et Nantes. Quelle que soit l’école, le recrutement se fait sur concours et la sélection à l’entrée est forte. Si, en théorie, seul le baccalauréat est requis, la majorité des reçus sont passés par des classes préparatoires privées. A la sortie, les débouchés sont bien sûr hétérogènes selon les écoles et les options choisies, mais l’insertion professionnelle reste généralement difficile : une grande part des diplômés, faute de pouvoir vivre entièrement de leur art, travaillent dans des secteurs proches. Les arts plastiques à l’université Les licences : premier pas dans une formation en dessin, photographie ou vidéo par exemple, les licences d’arts plastiques délivrées par les universités sont accessibles après le baccalauréat et à travers la plate-forme Parcoursup, à condition, entre autres « attendus », d’être sensibilisé aux pratiques de la discipline artistique visée. Pour s’initier aux arts plastiques, ces cursus proposent, outre un travail sur la création, une réflexion sur la production d’œuvres, l’acquisition de techniques d’expression, de connaissance sur les couleurs ou les matériaux, et d’un bagage plus théorique sur l’histoire de l’art. Les masters: la licence peut être suivie d’un master en arts plastiques, qui peut ouvrir non seulement à une carrière purement artistique mais aussi à des professions annexes, comme celles de critique d’art ou de directeur artistique. Spectacle vivant Les métiers du spectacle vivant – danse, musique, théâtre, cirque, marionnette – sont enseignés dans 33 établissements en France.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/11/30/l-art-sous-toutes-les-coutures-les-formations-aux-carrieres-artistiques_5390574_4401467.html
30/11/2018
De nombreuses formations permettent de préparer une carrière dans le domaine artistique. Un spectre vaste, qui s’étend du spectacle vivant à la publicité en passant par la mode ou le cinéma.
livres
« Empire des chimères », d’Antoine Chainas : Hollywood en cambrousse
Empire des chimères, d’Antoine Chainas, Gallimard, « Série noire », 672 p., 21 €. Un scarabée pique-prune menacé par un chantier. PASCAL GOETGHELUCK / BIOSPHOTO Il y a manifestement quelque chose de pourri à Lensil, « bled perdu » sans indication géographique précise, n’était qu’il est situé dans une province française où la terre est grasse et les forêts profondes. Est-ce parce que, un jour de 1983, une fillette y a brutalement disparu ? Que des ados désœuvrés s’y livrent à des jeux de rôle peuplés de loups et de lombrics ? Ou qu’un géant américain du divertissement mondialisé cherche à y implanter un parc d’attractions avec l’appui d’un haut fonctionnaire peu scrupuleux ? Suspicion Toujours est-il que les maisons, les rues, les murs des appartements se couvrent peu à peu d’une moisissure putride dont les filaments progressent à mesure que le village s’enfonce dans la suspicion. Antoine Chainas en arpente les moindres recoins, emboîtant le pas de son personnage principal, un garde champêtre hanté par la guerre d’Algérie et ses « corvées de bois », chargé de l’enquête sur la fillette volatilisée. Davantage encore que dans ses précédents romans (Versus, Gallimard, 2008 ; Pur, Gallimard, Grand Prix de la littérature policière 2014), l’écrivain et traducteur, figure singulière de la « Série noire », s’écarte des voies classiques du polar pour déployer ses talents de conteur vers d’autres univers. Symbiose Epopée naturaliste (scarabées pique-prune et corneilles animent le bestiaire) teintée de fantastique, roman d’émancipation adolescente, précis d’urbanisme moderne (après les résidences sécurisées du sud de la France, dans Pur, place ici à l’enfer des villes théorisées par Disney), Empire des chimères entrecroise les narrations, les lieux (Lensil, Los Angeles) et les époques dans un récit choral à l’élégante fluidité. Hommes et nature se décomposent, puis renaissent en symbiose au fil de ce jeu grandeur nature où rôde parfois le fantôme de David Lynch. Habile maître de cette partie où réel et fantasmagorie se confondent, Antoine Chainas se fait l’entomologiste d’un petit bout de France vacillant sur ses racines.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/11/30/empire-des-chimeres-d-antoine-chainas-hollywood-en-cambrousse_5390573_3260.html
30/11/2018
Un village perdu, son parc d’attractions en projet, son enfant disparu… L’écrivain, figure singulière de la « Série noire », s’écarte des voies classiques du polar.
international
Un sans-abri dans une poubelle, nouvelle hantise des éboueurs britanniques
En 2016, l’entreprise Biffa, spécialisée dans les déchets industriels a signalé 175 cas de personnes dormant dans ses conteneurs. BIFFA LETTRE DE LONDRES « On a l’habitude de faire attention aux chats errants, maintenant on vérifie s’il n’y a pas des gens endormis. Ce serait terrible s’ils basculaient dans le compacteur et se faisaient écraser », témoigne dans le Times un éboueur du quartier londonien de Westminster. Lors d’une tournée, il a trouvé et sauvé un sans-abri enveloppé dans un sac de couchage humide, qui s’était réfugié dans l’un de ces conteneurs à ordures géants montés sur roulettes. « Cela pourrait être chacun d’entre nous », a-t-il dit pour expliquer son geste salvateur. En janvier, un homme qui passait la nuit dans une benne à déchets à Rochester (Kent) a eu une jambe et le bassin fracturés après avoir été coincé dans le camion de collecte venu les ramasser. Russell Lane est mort à l’hôpital de complications plusieurs semaines plus tard. En dépit des risques évidents, de plus en plus de sans-abri trouvent refuge dans les énormes conteneurs qui servent à ramasser les déchets domestiques ou industriels. À l’approche de l’hiver, la pénurie d’abris et de foyers d’urgence fait craindre une recrudescence de ce phénomène devenu presque banal. L’association des professionnels de l’environnement recense onze personnes mortes après avoir dormi dans un conteneur entre 2010 et 2016. En 2017, Veolia-Royaume-Uni a recensé 32 personnes dormant dans ses conteneurs. L’année précédente, l’entreprise Biffa spécialisée dans les déchets industriels a enregistré 175 cas du même genre. « Peur de tuer quelqu’un » Le phénomène a pris une telle ampleur qu’il inquiète les salariés des sociétés d’enlèvement des déchets, raconte le journal de rue The Big Issue qui pense que les chiffres publiés ne représentent qu’une partie du phénomène. « C’est effrayant pour notre personnel de trouver une personne cachée lors de leurs tournées matinales, ils ont tout le temps peur de tuer quelqu’un. Cela arrive plusieurs fois par semaine, affirme un professionnel du secteur cité par le journal vendu par des personnes en situation de précarité. On ne trouve pas seulement des sans-abri, mais des drogués et aussi des ivrognes qui ont fait une pause en rentrant chez eux. On finit par savoir dans quel conteneur cela peut arriver, mais le vrai danger, c’est quand les gens dorment profondément et qu’ils n’entendent pas le camion. » En 2014, le corps de Matthew Symonds, 34 ans avait été retrouvé dans l’usine d’Avonmouth de la société de gestion de déchets Biffa. Refoulé d’un foyer où il s’était présenté trop tardivement, il s’était résolu à dormir dans un conteneur parqué dans un centre commercial. Biffa assure que ses employés avaient procédé à une vérification avant de vider leur benne.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/un-sans-abri-dans-la-poubelle-nouvelle-hantise-des-eboueurs-britanniques_5390563_3210.html
30/11/2018
Faute de places dans les foyers, des SDF trouvent refuge dans les bennes, au risque de se faire broyer par les camions de collecte.
politique
« Gilets jaunes » : « La question n’est plus la crise écologique. Elle est de sortir au plus vite de la violence »
Voitures incendiées, magasins pillés, Arc de triomphe vandalisé... La manifestation des « gilets jaunes » a dégénéré le 1er décembre à Paris. JULIEN MUGUET POUR LE MONDE Chronique. Cette fois, il est urgent d’en sortir et vite. Les scènes d’émeutes qui se sont déroulées samedi 1er décembre dans les rues de la capitale, en marge de la manifestation des « gilets jaunes », le nombre important de blessés – près de 100 dont un, parmi les manifestants, en urgence absolue –, les exactions commises contre l’Arc de triomphe, l’un des symboles de la République, ont fait entrer le conflit qui agite le pays depuis trois semaines dans une autre dimension. Jusqu’à présent, l’exécutif était confronté à l’impossibilité d’établir le dialogue avec un mouvement spontané, radicalisé, qui peine à faire émerger des représentants capables de porter et de défendre un cahier de revendications précises. A présent, il se trouve confronté à la question du maintien de l’ordre public. Cette prérogative ô combien régalienne a été mise à mal lors de la troisième journée de mobilisation des « gilets jaunes ». A Paris, les forces de l’ordre sont apparues à la remorque de casseurs extrêmement mobiles et dans l’incapacité de protéger des lieux aussi symboliques que la place de l’Etoile, où brille la flamme du soldat inconnu. Les explications du ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, sur TF1, samedi soir, n’ont guère été rassurantes. On en retient que les forces de l’ordre ont été confrontées à des « professionnels du désordre », que pour sécuriser l’Arc de triomphe, il aurait fallu déployer d’autres hommes qui étaient mobilisés en province, que les forces de l’ordre sont sur les dents depuis quinze jours, qu’elles sont fatiguées. « Climat insurrectionnel » On comprend en filigrane que le gouvernement n’est pas totalement assuré de pouvoir maintenir la sécurité et l’ordre si jamais les « gilets jaunes » annoncent un quatrième week-end de mobilisation. Côté policier, le syndicat Alliance (majoritaire, classé à droite) l’affirme sans ambages : « On est dans un climat insurrectionnel. » Du coup, c’est le branle-bas de combat au sein de l’exécutif. Le premier ministre, Edouard Philippe, annule son déplacement en Pologne, où il devait assister, lundi, au sommet sur le climat – tout un symbole –, tandis que le président de la République, de retour d’Argentine, convoque une réunion à l’Elysée ce dimanche qui rassemblera, autour du tandem exécutif, le ministre de l’intérieur et les services compétents. Depuis Buenos Aires, où s’achève le G20, Emmanuel Macron adopte un ton martial : « Aucune cause ne justifie que les forces de l’ordre soient attaquées, que des commerces soient pillés, que des passants ou des journalistes soient menacés, que l’Arc du triomphe soit souillé. » Dans la foulée, le chef de l’Etat promet la plus grande fermeté à l’égard des casseurs qui, dit-il, « ne veulent pas de changement mais le chaos ». Dans la foulée, Christophe Castaner, interrogé sur l’opportunité d’instaurer l’état d’urgence, assure qu’il « n’a pas de tabou ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/01/gilets-jaunes-la-question-n-est-plus-la-crise-ecologique-elle-est-de-sortir-au-plus-vite-de-la-violence_5391449_823448.html
01/12/2018
L’exécutif n’est pas assuré de pouvoir maintenir la sécurité et l’ordre en cas de quatrième week-end de mobilisation, estime l’éditorialiste au « Monde » Françoise Fressoz, au soir d’une journée d’émeutes dans Paris, samedi.
idees
« Gilets jaunes » : « Les stations-service de certains territoires ruraux doivent être dispensées de la taxe carbone »
« Cette révolte est tout autant une révolte territoriale qu’une révolte sociale. » (Photo : « gilets jaunes » du Vaucluse avec des musiciens venus mettre l’ambiance au rond-point de l’autoroute Avignon-Nord.) ARNOLD JEROCKI / DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Tribune. L’écueil était prévisible. Conjuguer transition écologique et équilibre économique et social afin que la facture soit et semble équitablement répartie n’est pas si facile. L’annonce faite mardi 27 novembre d’un encadrement de la taxe carbone apparaît comme un renoncement déguisé : à la moindre hausse un peu significative du prix du pétrole, les « gilets jaunes » feront pression sur les députés pour surseoir à l’augmentation des taxes. Finalement, l’opposition entre politique plus écologique et justice fiscale n’a pas été surmontée. L’analyse économique permet pourtant de penser en termes simples l’équation et d’entrevoir des politiques plus imaginatives. Une augmentation de taxe provoque deux effets. D’une part, elle encourage le consommateur à économiser le bien en question et à trouver des substituts. D’autre part, elle diminue le pouvoir d’achat. Le premier effet est désiré dans une politique de transition écologique. Encore faut-il que l’on puisse renoncer facilement à des déplacements, ou que l’on ait à sa disposition des moyens de transport de substitution. En l’occurrence, l’expression de la colère des « gilets jaunes », du moins à l’origine du mouvement, témoigne que dans les zones rurales – ou anciennement rurales, devrait-on dire plus exactement – aucune des deux conditions n’est réunie. Les dindons de la transition écologique Elles sont devenues au fil du temps des espaces vides d’activité économique, mais aussi d’activité commerciale, médicale, etc., si bien que, pour tous les actes de la vie quotidienne – travailler, consommer, se soigner, se former –, il faut se résoudre à se déplacer. Comme ce sont des espaces peu denses, les transports en commun (trains ou cars) sont rares, et le resteront. L’impression d’être piégé par l’augmentation de la taxe carbone et de subir une perte de pouvoir d’achat sans être capable de changer de comportement est une réalité dans ces zones. Ainsi, les manifestants éprouvent le sentiment, juste, qu’ils vont uniquement contribuer davantage au budget de l’Etat, tout en continuant à polluer autant. Ils vont contribuer à ce que les économistes appellent le « second dividende » d’une taxe carbone sans contribuer au premier : leur empreinte carbone va rester aussi élevée, mais les impôts prélevés vont permettre de diminuer par exemple les cotisations sociales ou l’impôt sur les bénéfices, supposés être beaucoup plus nocifs. Le travail mérite d’être encouragé et donc moins taxé. Certes, mais s’il devient plus coûteux de s’y rendre, le double dividende n’est pas assuré.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/01/gilets-jaunes-les-stations-service-de-certains-territoires-ruraux-doivent-etre-dispensees-de-la-taxe-carbone_5391438_3232.html
01/12/2018
Dans une tribune au « Monde », l’économiste Alain Trannoy préconise, en attendant le déploiement d’une véritable alternative électrique sur tout le territoire, de supprimer la taxe dans les zones où la mobilité est contrainte.
livres
« Numbers », roman crûment gay de 1967 signé John Rechy, enfin traduit
Numbers, de John Rechy, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Norbert Naigeon, Laurence Viallet, 256 p., 22,50 €. L’écrivain John Rechy, en 2003. LAWRENCE K. HO / LA TIMES VIA GETTY IMAGES Si Numbers n’est pas exactement autobiographique, John Rechy, l’auteur, et Johnny Rio, son alter ego fictionnel, ont beaucoup de points communs. Des origines à la frontière entre Etats-Unis et Mexique, un teint mat bruni par le soleil californien, une mélancolie diffuse, une capacité universelle de séduction dont ils sont tout à fait conscients. Et, bien sûr, la prostitution masculine, décrite moins comme une nécessité que comme une compulsion. Numbers, paru en 1967 aux Etats-Unis et traduit seulement aujourd’hui, suit l’errance de Rio, qui, après un interlude de trois ans, revient à Los Angeles, sur les traces de son passé de hustler (« prostitué »). En quête de rédemption, il ne trouvera, dans la « cité des Anges perdus », que la répétition cyclique. Précision maniaque Qui sont-ils, les « numéros » qui donnent son titre à un roman obsédé, comme son héros, par les listes ? Ce sont les silhouettes, à peine esquissées, des partenaires sexuels, aussi anonymes que possible, que collectionne Johnny, prisonnier d’un défi qu’il s’est inventé pour éviter la « désintégration totale ». Gratuites, puisque Rio n’a plus besoin d’argent, ces rencontres sont pourtant comptées avec une précision maniaque. Inventoriées comme les voitures croisées sur la route, des séries de musculation ou les graines d’un chapelet, elles constituent la trame du récit, répétitive et envoûtante. Plus ou autant que la sexualité, Numbers raconte les rapports de force, les rivalités et la terreur que suscite chez son héros le risque de la « réciprocité ». Rio, en effet, n’a qu’un désir : être désiré, et vérifier sans cesse l’effet produit par le « spectacle de son corps ». Entre empathie et ironie légère, le narrateur décrit ce moteur étrange qui anime son héros : le narcissisme, le besoin obsessionnel de se voir reflété dans le regard et l’érection d’autrui, et d’y trouver une confirmation précaire. C’est l’un des paradoxes de l’œuvre de Rechy. L’écrivain, né en 1931, auteur de Cité de la nuit (Gallimard, 1965) ou de Rush (Presses de la Renaissance, 1980), a été célébré – et conspué – comme l’un des chantres de la sexualité gay, de la « culture cuir » – Levi’s délavés et bottes Wellington. Ses homosexuels, c’est vrai, n’ont pas bon genre, et les orgies qu’il décrit, de la semi-obscurité des cinémas ouverts toute la nuit aux allées secrètes du Griffith Park, ont fait grincer les dents des lecteurs puritains. Mais rien n’est plus codifié que les débauches de l’écrivain élevé dans le catholicisme, et chez qui la chair n’est pas seulement triste, mais surtout constamment ritualisée.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/01/numbers-roman-crument-gay-de-1967-signe-john-rechy-enfin-traduit_5391397_3260.html
01/12/2018
L’écrivain américain explore la métaphysique d’une sexualité gay débridée dans ce classique ignoré jusque-là en France mais étonnamment actuel.
sciences
« L’étiolement programmé du CNRS est un symptôme du dédain pour la recherche publique »
Tribune. La campagne annuelle de recrutement de chercheurs et chercheuses au CNRS est lancée ce mardi 4 décembre. Le nombre de recrutements proposés est en net recul : 250 postes au lieu de 300 lors des campagnes précédentes. L’année même où l’on entend célébrer les 80 ans du CNRS, c’est un bien funeste signal qui est adressé aux jeunes scientifiques, à la nation et au reste du monde sur l’importance accordée en France, aujourd’hui, à la recherche ; et le traitement réservé par le gouvernement aux universités et autres établissements de recherche n’est pas plus favorable. Cette diminution des recrutements est calibrée, nous dit-on, pour assurer un strict remplacement des départs en retraite prévus. Compte tenu des autres départs permanents de l’organisme (notamment du fait de recrutements par des universités ou d’autres employeurs académiques en France ou à l’étranger), elle conduira à une diminution des effectifs de chercheurs et chercheuses au CNRS de l’ordre de 80 par an, comme l’a d’ailleurs admis Antoine Petit, PDG de l’organisme, lors d’une rencontre récente avec les présidentes et présidents des instances d’évaluation. Chaque année, un quart des départs (80 sur 330 environ) ne seraient donc pas compensés par l’arrivée de nouvelles recrues. Or, depuis dix ans, les effectifs du CNRS ont déjà diminué de plus de 1 200 (– 5 %). Les directions précédentes de l’organisme avaient limité la baisse des effectifs de chercheurs et chercheuses à 350 personnes « seulement » au cours de cette période, mais au détriment des emplois d’accompagnement et d’appui à la recherche (–850 personnes) et des autres domaines d’action de l’organisme : soutien aux laboratoires, programmes de recherche, grands équipements, ou encore financements de thèses et de postdoctorats. Et ce qui est proposé au CNRS, dans ce contexte, c’est de réduire ses effectifs de chercheurs et chercheuses à un rythme deux fois plus rapide. « Le gouvernement prétend considérer la recherche comme un investissement d’avenir. Pourtant, il la traite exclusivement comme une source de dépenses à optimiser » Cette politique désastreuse organise l’étiolement progressif de la recherche publique française. Pire : en pénalisant de manière ciblée les jeunes chercheuses et chercheurs, elle entame d’autant plus fortement la capacité de la communauté scientifique nationale à explorer des domaines de recherche nouveaux, à « dépasser les frontières » des savoirs établis — comme le proclame avec enthousiasme le logo du CNRS ! — et à apporter sa pleine contribution aux défis de connaissance auxquels sont confrontées les sociétés contemporaines en matière technologique, environnementale, politique ou sanitaire… Ajoutons qu’à l’ère de la « post-vérité » et de la prolifération des « faits alternatifs » et autre fake news, le moins que l’on puisse dire est que l’Etat pourrait être mieux inspiré que de persister à affaiblir la recherche publique.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/01/l-etiolement-programme-du-cnrs-est-un-symptome-du-dedain-pour-la-recherche-publique_5391388_1650684.html
01/12/2018
Une tribune adressée au « Monde » dénonce la suppression chaque année de postes de chercheurs, qui va à l’encontre des discours gouvernementaux. Et des intérêts mêmes de la France.
rugby
Les comptes déficitaires de la Fédération française de rugby approuvés
En dépit d’un déficit de 7,35 millions d’euros au terme de l’exercice 2017-2018, les comptes de la Fédération française de rugby (FFR) ont été approuvés à 75 % au cours d’une assemblée générale financière ordinaire, réunissant, samedi 1er décembre à Agen (Lot-et-Garonne) les dirigeants de club de tout le pays. Ce chiffre marque la première année de plein exercice à la présidence de la FFR de Bernard Laporte. Se félicitant d’une « participation record de 2 379 voix exprimées (…), bel exemple de démocratie pour le rugby français », M. Laporte a assuré qu’il « [pouvait] garantir que les finances de la FFR sont et resteront saines et solides ». Il a (re)justifié le montant du déficit par des « événements exceptionnels », citant la décision d’arrêter le projet de Grand Stade voulu par son prédécesseur, Pierre Camou (2,5 millions), le limogeage du sélectionneur Guy Novès et de ses adjoints (2,7 millions de provisions), l’organisation du championnat du monde des moins de 20 ans (1,3 million) et la garantie financière contractée pour la candidature victorieuse à l’organisation de la Coupe du monde 2023 (400 000 euros). « Nécessité d’une gestion beaucoup plus rigoureuse » La lecture faite de ces chiffres est sensiblement différente chez Florian Grill, président de la ligue régionale d’Ile-de-France et opposant déclaré de Bernard Laporte. Sur la participation au vote à l’assemblée générale financière tout d’abord, M. Grill considère que l’« on ne peut pas parler d’une énorme participation » : « Trois cents clubs sur 1 920 étaient présents, donc c’est 16 % des clubs et 26 % des voix », a-t-il rappelé. M. Grill s’est déclaré satisfait des 25 % de votes contre les comptes affichés par la présidence : « On n’avait pas fait d’action particulière et c’était compliqué de faire venir les gens à Agen. Plein de clubs n’ont pas pu se déplacer alors qu’ils avaient l’intention de voter contre, notamment en Ile-de-France. » Quant au déficit enregistré par la FFR, l’opposant à M. Laporte considère qu’il y a « un dérapage de 12 millions d’euros » : « On est sur une année à trois matchs à la maison », explique-t-il, faisant allusion aux matchs du Tournoi des six nations, qui permettent de faire rentrer de l’argent dans les caisses de la Fédération, « donc ça aurait dû faire 5 millions de profits, or on fait 7 millions de pertes ». Fort des 25 % de votes contre, M. Grill considère qu’« il y a un vrai message qui est passé à la Fédé sur la nécessité d’une gestion beaucoup plus rigoureuse ».
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2018/12/01/les-comptes-deficitaires-de-la-federation-francaise-de-rugby-approuves_5391355_1616937.html
01/12/2018
Le déficit de 7,35 millions d’euros affiché par la fédération au terme de l’exercice 2017-2018 a été approuvé à 75 % au cours d’une assemblée générale financière ordinaire, samedi.
football
Football : la FIFA enquête sur des allégations d’abus sexuel à l’encontre de joueuses afghanes
La Fédération internationale de football (FIFA) a annoncé, samedi 1er décembre, « examiner » les allégations d’abus sexuel à l’encontre des joueuses de l’équipe nationale féminine d’Afghanistan. Ces allégations, qui visent des responsables de la fédération afghane de football (AFF), dont son président, Keramudin Karim, ont été révélées, vendredi, par le quotidien britannique The Guardian. « Ces sujets sérieux mentionnés [dans l’article] sont en cours d’examen par la FIFA », a communiqué l’instance dirigeante du football à l’Agence France-Presse (AFP), soulignant avoir « une tolérance zéro » à cet égard. Elle dit « traiter la question afin de ne pas nuire aux victimes » aux côtés d’« entités réputées sur les questions relatives aux droits de l’homme ». L’AFF, pour sa part, « rejette vigoureusement ces fausses accusations ». « Ces histoires sont fausses », a assuré, samedi lors d’une conférence de presse à Kaboul, le secrétaire général de l’AFF, Sayed Alireza Aqazada. « Aucun abus sexuel n’a été commis sur aucune fille de l’équipe nationale. » The Guardian a publié les témoignages d’une ancienne capitaine de la sélection nationale, Khalida Popal, qui a fui le pays en 2016 à la suite à de menaces de mort, de deux joueuses, dont la capitaine Shabnam Mobarez qui évolue dans le championnat féminin danois, et de l’entraîneuse de l’équipe, l’Américaine Kelly Lindsey. Mme Popal a déclaré au quotidien britannique avoir recueilli des témoignages d’abus sexuels, de menaces de mort et de viols qui se seraient déroulés en Afghanistan, notamment dans les locaux de la fédération, ainsi que lors d’un rassemblement de l’équipe en Jordanie. La fédération afghane dit n’avoir « jamais été contactée » afin de pouvoir « enquêter sur ces allégations ». M. Aqazada a également démenti que l’équipementier danois Hummel ait suspendu son partenariat avec l’AFF en raison de ces allégations, comme l’a assuré The Guardian. Contacté, Hummel n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/01/football-la-fifa-enquete-sur-des-allegations-d-abus-sexuel-a-l-encontre-de-joueuses-afghanes_5391349_1616938.html
01/12/2018
Le quotidien britannique « The Guardian » a publié plusieurs témoignages faisant état d’abus sexuels, menaces de mort et viols.
international
North Sentinel : deux missionnaires américains dans le viseur de la police indienne
Au moins deux missionnaires américains auraient encouragé John Chau (sur la photo) à se rendre dans une île isolée, où il a été tué par une tribu coupée du monde, a fait savoir la police indienne le 1er décembre 2018. SOCIAL MEDIA / REUTERS La police indienne a déclaré, samedi 1er décembre, enquêter sur le rôle de deux missionnaires américains qui auraient encouragé John Chau à se rendre dans une île isolée où il a été tué par une tribu coupée du monde, qu’il voulait christianiser. « Nous enquêtons sur le rôle d’au moins deux Américains, un homme et une femme, qui ont rencontré l’homme parti sur l’île », a déclaré Dependra Pathak, chef de la police dans l’archipel indien d’Adaman-et-Nicobar dans le golfe du Bengale. « Ces deux personnes, qui ont depuis quitté le pays, auraient eu des activités évangéliques et l’auraient encouragé à se rendre sur l’île ». La police n’a encore aucune indication concernant le corps de John Chau, a-t-il ajouté. Cet Américain âgé de 26 ans est mort le 17 novembre sous les flèches des Sentinelles, peuplade de chasseurs cueilleurs qui compterait 150 âmes et vit en autarcie sur l’île interdite d’accès de North Sentinel. Sept personnes arrêtées, dont six pêcheurs Le policier n’a pas divulgué l’identité du couple, retrouvé selon lui grâce à des appels sur le téléphone de John Chau depuis « des numéros de portable locaux », ni fourni de détails sur l’organisation à laquelle ils appartiennent. La police a arrêté jusqu’à présent sept personnes, dont six pêcheurs qui avaient aidé John Chau à se rendre sur l’île et ont rapporté sa mort. La police a déjà effectué trois voyages de reconnaissance près de l’île, cherchant notamment à voir si le corps de John Chau pouvait avoir été exhumé et déposé sur la plage où il a été tué, selon le policier. En 2006, deux pêcheurs indiens dont le bateau avait dérivé pendant leur sommeil avaient été tués à North Sentinel et, une semaine après, leurs corps avaient été accrochés à des pieux sur la plage face à la mer. « Maintenant cela fait près de deux semaines après les faits et il me semble guère probable que le corps de l’Américain soit exhumé », a estimé le responsable policier. Des anthropologues et des défenseurs des peuples autochtones ont exhorté l’Inde à ne pas tenter de récupérer la dépouille pour ne pas menacer les Sentinelles en introduisant des agents infectieux.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/01/north-sentinel-deux-missionnaires-americains-dans-le-viseur-de-la-police-indienne_5391347_3210.html
01/12/2018
Au moins deux personnes ayant des activités évangéliques auraient encouragé John Chau à se rendre dans une île isolée, où il a été tué par une tribu coupée du monde.
planete
Incendie en Californie : le nombre de personnes disparues revu largement à la baisse
Une décoration de Noël dans un magasin détruit par l’incendie « Camp Fire » dans la ville de Paradise, en Californie, le 26 novembre 2018. RICH PEDRONCELLI / AP Deux jours après l’arrêt des recherches des victimes du « Camp Fire », qui a ravagé le mois dernier le nord de la Californie, aux Etats-Unis, les autorités ont ramené vendredi 30 novembre à 49 le nombre de personnes portées disparues, contre près de 200 auparavant. Cette réduction s’explique par le fait que des personnes se sont manifestées pour signaler qu’elles étaient bien en vie après avoir constaté qu’elles figuraient sur la liste des disparus. Le bilan des pertes en vies humaines reste inchangé, à 88 morts. Il s’agit de l’incendie le plus meurtrier de l’histoire de la Californie. Près de 18 000 structures, principalement des habitations, ont été détruites dans et autour de Paradise, ville de 27 000 habitants dans le comté de Butte, à 280 km au nord de San Francisco. La ville a été réduite en cendres dès les premières heures du sinistre, qui s’était déclaré le 8 novembre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Frappée par une tuerie et des incendies, la ville californienne de Thousand Oaks tente de revivre
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/01/incendie-en-californie-le-nombre-de-personnes-disparues-revu-largement-a-la-baisse_5391342_3244.html
01/12/2018
Les autorités ont ramené à 49 le nombre de disparus dans l’incendie « Camp Fire », aux Etats-Unis. Le feu a fait 88 morts.
televisions-radio
« American Horror Story » : comme une impression de déjà-vu
Kathy Bates dans la série « American Horror Story ». TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION / FOX AND ITS RELATED ENTITIES / ALL RIGHTS RESERVED Canal+ Séries, à la demande, série Assez politique (avec, comme réalité horrifique première, l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis), la saison 7 d’American Horror Story, Cult, suivait un récit tortueux et plein de chausse-­trapes, mais qui demeurait compréhensible. La suivante, Apocalypse – située dans un futur proche puisqu’un certain « Donald » y est toujours évoqué –, fait passer ses dix épisodes par un cheminement rhizomatique qui pratique des zigzags temporels permanents. De sorte qu’on avouera n’avoir pas compris grand-chose à ce fatras abracadabrantesque. Lire la critique de la saison 7 : « American Horror Story : Cult » Présentée comme un hybride (crossover) des saisons 1, Murder House, et 3, Coven, la saison 8, lancée le 12 septembre aux Etats-Unis et deux jours plus tard en France, ne dépaysera pas les fidèles de cette série anthologique. Ils y retrouveront des lieux, des situations ou des personnages déjà bien connus. Certains rôles, comme celui tenu par Joan Collins, à la présence piquante mais brève, sont nouveaux. Une impression de déjà-vu Il arrive aussi que les scénaristes justifient a posteriori, et un peu laborieusement, l’origine d’un personnage – comme celui, central, joué par l’acteur australien Cody Fern, que Ryan Murphy avait dirigé dans American Crime Story : The Assassination of Gianni Versace, et qui témoigne d’un étonnant registre dramatique. Il n’y a rien de pire pour ces genres horrifiques que de sonner faux et creux. Ce qui est le cas, hélas, d’« Apocalypse » Le plus décevant, dans cette huitième saison, outre l’impression de déjà-vu que génère ce croisement thématique de deux saisons passées, est la sensation assez gênante d’un côté « toc », que l’univers très personnel de Murphy et Falchuk sait en général éviter. On avouera, après la surprise des premiers épisodes, s’être vite lassé. Puis on s’est surpris à s’amuser et même à se moquer de cette atmosphère apocalyptique teintée de satanisme et de sorcellerie, sur un fond très « hémoglobiné », qui pratique à l’occasion les nuances SM et homoérotiques. Le surnaturel et le fantastique n’ont nul besoin d’avoir l’air vraisemblables ; une dose d’humour noir n’est pas non plus contre-indiquée. Mais il n’y a rien de pire pour ces genres que de sonner faux et creux. Ce qui est le cas, hélas, d’Apocalypse. American Horror Story : Apocalypse (EU, 2018, 10 × 52 min). www.mycanal.fr/series
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/01/american-horror-story-comme-une-impression-de-deja-vu_5391334_1655027.html
01/12/2018
La huitième saison de la série anthologique de Ryan Murphy et Brad Falchuk pèche notamment par un récit incompréhensible.
international
Brexit : sixième démission dans le gouvernement de Theresa May, après l’accord négocié avec l’UE
Sam Gyimah, élu à la chambre des communes dans la circonscription de l’East Surrey, au sud du grand Londres, avait pris ses fonctions de ministre des sciences et des universités il y a moins d’un an, le 9 janvier 2018. UK Government Le ministre des sciences et des universités britannique, Sam Gyimah, a démissionné de son poste vendredi 30 novembre pour marquer sa désapprobation à l’égard de l’accord de Brexit négocié par Theresa May avec l’Union européenne. « Après une longue réflexion, je ne peux soutenir l’accord du gouvernement tel qu’il est, j’ai remis ma démission du poste de ministre des sciences et des universités », a annoncé l’intéressé sur sa page Facebook. « Je continuerai de travailler dur pour l’East Surrey [sa circonscription électorale] et à plaider en faveur d’un accord qui conviendra à tout le pays et qui nous aidera tous à prospérer », a-t-il ajouté. Avec l’accord de divorce, conclu après dix-sept mois de négociations difficiles, « nous avons renoncé à notre voix, notre vote et notre droit de veto », affirme le député conservateur, qui avait défendu le maintien dans l’Union européenne lors du référendum de juin 2016. La décision de Theresa May d’abandonner l’idée d’obtenir un accès à Galileo, le système européen de géolocalisation par satellite, a été décisive dans son choix de claquer la porte du gouvernement, explique M. Gyimah. Le Royaume-Uni développera à la place son propre système de navigation par satellite. Theresa May très fragilisée Il est le sixième ministre à quitter ses fonctions depuis que Londres et Bruxelles ont scellé à la mi-novembre l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), provoquant dès lors une crise politique à Londres. Cette démission est un nouveau coup dur pour Theresa May alors que le débat à la Chambre des communes sur l’accord de Brexit doit s’ouvrir la semaine prochaine, avant un vote risqué, prévu le 11 décembre. La première ministre britannique avait déjà perdu mardi le soutien de l’un de ses plus proches alliés au Parlement, Michael Fallon. Mme May a, en revanche, reçu le soutien du secrétaire d’Etat à l’environnement, Michael Gove, l’un des principaux artisans de la campagne du « leave » lors du référendum de 2016. « Il m’est apparu clairement que l’accord proposé n’est pas dans l’intérêt national de la Grande-Bretagne, et que voter en faveur de cet accord nous expose à un fiasco », écrit Sam Gyimah dans un communiqué annonçant sa démission, publié par le Telegraph. S’il concède que l’accord de divorce n’est pas « parfait », « on ne peut pas toujours avoir ce que l’on veut », déclare-t-il au Daily Mail samedi. M. Gyimah appelle les députés conservateurs qui menacent de voter contre le texte à le soutenir, les prévenant que si l’accord de divorce était rejeté au Parlement, cela « menacerait » la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/01/brexit-sixieme-demission-dans-le-gouvernement-de-theresa-may-apres-l-accord-negocie-avec-l-ue_5391296_3210.html
01/12/2018
Sam Gyimah, ministre des sciences et des universités, a démissionné de son poste vendredi, expliquant « ne pas soutenir l’accord du gouvernement ».
sante
Handicap : la pratique de la sexualité demeure taboue
« L’accompagnement sexuel, qui a cours dans plusieurs autres pays, est assimilée en France à de la prostitution. » STEPHANE DE SAKUTIN / AFP C’est une mère qui appelle à l’aide, après avoir été confrontée à de multiples reprises au sexe en érection de son adolescent autiste lors de la douche. Un directeur d’établissement pour adultes handicapés, dans une région frontalière, qui emmène discrètement ses pensionnaires chez une prostituée. Une aide-soignante travaillant dans une structure médico-sociale qui se plaint d’être confrontée quotidiennement à des sollicitations d’ordre sexuel, dépassant le cadre de ses attributions. Ces récits, rapportés par plusieurs sources, ne sont pas nouveaux. Ils illustrent les difficultés que connaissent encore aujourd’hui les personnes avec un handicap pour l’exercice de leur sexualité. Et par extension leurs proches et le personnel qui les entourent. « Le problème se pose principalement pour les personnes qui vivent en institution », considère Pierre Brasseur, sociologue à l’université de Lille et auteur d’une thèse intitulée « L’invention de l’assistance sexuelle ». « Les conditions d’exercice de la sexualité ne sont pas réunies » dans ces lieux de vie collectifs qui ne favorisent pas l’intimité de leurs habitants, pointe-t-il. Comment l’envisager, en effet, pour des gens qui n’ont pas toujours la simple possibilité de fermer leur porte à clé ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Accompagnement sexuel des personnes handicapées : « J’aime la vie, le contact avec les corps » Pratique taboue Conscientes de ces freins, et de l’émergence, ces dernières années, d’une revendication d’un accès à une vie affective et sexuelle, les associations – qui sont aussi bien souvent les gestionnaires d’établissements – tentent d’apporter des réponses, qu’elles reconnaissent imparfaites. A l’Unapei, une fédération de 500 associations de parents de déficients intellectuels, le choix a été fait de « traiter la sexualité sous l’angle de l’accessibilité », comme les autres droits, explique Claire Grisard, chargée de mission. « La prise en compte de cette question remonte à la fin des années 1990 », au pic de l’épidémie de sida, se souvient la responsable. Certains découvrent alors, effarés, que leurs enfants, qui vivent dans des structures médicalisées, ont une activité et des rapports sexuels, passés jusqu’alors sous les radars. La réponse est, dans un premier temps, sanitaire, et préventive, avec une réflexion sur l’éducation à la sexualité. Vingt ans plus tard, « on est passés d’une gestion du risque à une logique d’accompagnement », estime Claire Grisard. Elle prend des formes diverses, plus ou moins structurées, selon les établissements. Certains ont inscrit cette dimension dans leur règlement intérieur, d’autres en sont encore très loin. Concrètement, la prise en compte peut s’incarner de plusieurs manières : par des groupes de parole spécifiques, des ateliers pour apprendre aux résidents à connaître leur corps, à évoquer la notion de consentement… L’Unapei cite à titre d’exemple une structure au sein de laquelle les résidents ont créé un magazine consacré à la sexualité « facile à lire et à comprendre », une méthode permettant une accessibilité des informations aux personnes déficientes intellectuelles.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/01/handicap-la-pratique-de-la-sexualite-demeure-taboue_5391289_1651302.html
01/12/2018
Conscientes de l’émergence d’une revendication des personnes concernées, les associations, comme APF France Handicap, tentent d’apporter des solutions.
climat
Climat : quels sont les enjeux de la COP24 qui s’est ouverte en Pologne ?
Des cheminées de la centrale de chauffage et d’électricité de Bedzin, près de Katowice, en Pologne, le 21 novembre. CZAREK SOKOLOWSKI / AP « Un sommet technique, mais avec un enjeu politique fort. » Voilà comment Laurence Tubiana, l’ancienne négociatrice en chef de la COP21, décrit la 24e conférence mondiale sur le climat (COP24) qui se tient du 2 au 14 décembre à Katowice, en Pologne. Comme chaque année, les 196 Etats membres de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques doivent prendre des décisions pour respecter les objectifs de lutte contre le réchauffement. Cette grand-messe doit à la fois mettre en musique l’accord de Paris conclu en 2015 et lancer la dynamique vers une hausse des engagements des Etats pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Sans oublier de renforcer les financements qui permettront de limiter les rejets carbonés et de s’adapter aux bouleversements du climat. Le guide d’application de l’accord de Paris Dans le jargon onusien, on l’appelle le Rulebook. Il s’agit de l’ensemble des règles qui permettront de rendre réellement opérationnel l’accord de Paris, et notamment son objectif de limiter le réchauffement de la planète sous le seuil des 2 °C. Si l’accord était une loi, le Rulebook en serait les décrets d’application. Une base de négociation de ce recueil a été publiée à la mi-octobre, totalisant encore 230 pages. « On n’a jamais été si proche d’une échéance avec autant d’options sur lesquelles trancher », s’inquiète Lucile Dufour, responsable des négociations internationales au Réseau action climat, qui fédère les ONG actives sur le sujet. Malgré ce retard, ajoute-t-elle, les pays doivent tout mettre en œuvre pour « adopter un corpus de règles solide, équilibré et juste, avec le plus de détails possible. C’est la crédibilité de l’accord de Paris qui est en jeu. » Le premier des nombreux sujets abordés réside dans les « contributions déterminées au niveau national » (en anglais, les NDC), c’est-à-dire les engagements des Etats pour réduire leurs émissions et s’adapter aux effets du réchauffement. Les négociateurs doivent préciser comment les définir – et avec quel niveau d’information –, les planifier et les mettre en œuvre. Vient ensuite la question de la transparence : à partir de quand les Etats devront-ils rendre des comptes sur les progrès accomplis, de quelle façon et y aura-t-il une flexibilité pour les pays en développement ?
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/01/climat-quels-sont-les-enjeux-de-la-cop24-qui-se-tient-en-pologne_5391280_1652612.html
01/12/2018
La 24e conférence mondiale sur le climat doit, du 2 au 14 décembre, encourager une hausse des engagements des Etats pour réduire leurs émissions.
economie
Brexit : quand l’Union européenne fait pression sur la Suisse pour avertir la City
Le sigle « Bourse » remplacé sur la façade de la Bourse de Zurich, le 24 septembre. Arnd Wiegmann / REUTERS Si la City avait besoin d’un aperçu des problèmes qui l’attendent après le Brexit, l’épreuve de force actuelle entre l’Union européenne (UE) et la Suisse vient de lui fournir. En adoptant une attitude intransigeante, Bruxelles envoie un message de fermeté qui vise au moins autant le Royaume-Uni que la Confédération helvétique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Brexit n’a fait perdre que quelques milliers d’emplois à la City L’affaire concerne la Bourse de Zurich. Depuis l’entrée en vigueur d’une nouvelle directive européenne début 2018 (la « MIF 2 », dans le jargon de Bruxelles), les Bourses hors de l’UE doivent obtenir des autorités européennes une « équivalence » pour que les traders européens puissent y avoir accès. Toutes les grandes places internationales (New York, Tokyo…) ont obtenu une équivalence sans limite de temps. A une exception près : celle de Zurich, qui n’en a reçu une que pour un an, arrivant à expiration fin 2018. Pourtant, de l’aveu même des négociateurs, les règles boursières suisses ne sont pas en cause. La véritable raison est politique. L’UE entend faire pression sur le gouvernement helvétique, avec lequel elle est en cours de négociations depuis quatre ans sur des questions institutionnelles. Sérieux revers pour la Bourse de Zurich La Commission européenne souhaite que la Suisse suive de plus près les règles européennes, en échange de son accès au marché unique. Pour obtenir gain de cause, elle a décidé de lier officiellement les deux dossiers, n’acceptant de renouveler l’équivalence de la Bourse de Zurich que si elle juge que des « progrès suffisants » ont été réalisés du côté des discussions institutionnelles. Mercredi 28 novembre, le couperet est tombé. Valdis Dombrovskis, le commissaire européen en charge de la finance, a affirmé qu’il « n’y avait pas de progrès suffisants ». L’équivalence boursière risque d’être perdue dans un mois. La réplique des autorités helvétiques a été aussi sèche : vendredi 30 novembre, celles-ci ont publié une ordonnance qui suspend le droit des plates-formes boursières européennes d’échanger des actions suisses à partir du 1er janvier 2019, sauf si l’équivalence est renouvelée. Pour la Bourse de Zurich, une telle sanction de Bruxelles serait un sérieux revers. De son propre aveu, la « majorité » des échanges des principales actions suisses est réalisée par des courtiers basés dans l’UE (dont l’essentiel à Londres). Potentiellement, ces derniers ne pourront plus continuer ce travail au-delà de 2019. « L’impact pour les Bourses suisses serait considérable », estime Markus Ferber, un député européen allemand qui suit le dossier. La contre-mesure suisse annoncée ce vendredi réduit partiellement la portée de la sanction européenne, mais la liquidité sur les valeurs boursières suisses serait malgré tout en forte baisse.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/01/brexit-quand-l-union-europeenne-fait-pression-sur-la-suisse-pour-avertir-la-city_5391273_3234.html
01/12/2018
Dans un mois, la Bourse de Zurich risque de perdre son équivalence européenne. Un aperçu de ce qui attend Londres après le Brexit.
politique
Castillon, en Gironde, gagné par le racisme et la peur du déclassement
Castillon-la-Bataille (Gironde). Philippe Roy / Aurimages Ils sont une poignée devant le PMU. Soufflant sur leurs mains serrées autour d’un café, en ce froid matin de novembre, ils parlent un peu fort, s’apostrophent… Sur le carrefour central de Castillon-la-Bataille (Gironde), place d’Orus, cinq ou six jeunes traînent. Et d’autres habitants les observent. « Ils mettent le bazar, font des roues arrière sur leur moto », souffle une femme. Ici, au cœur des paisibles vignes du Libournais, le maire a pris un arrêté municipal anti-attroupements pour calmer les peurs et les rancœurs. Ici, comme dans des milliers d’autres villages français, la prospérité s’est étiolé et le déclin économique est lentement apparu. Et les difficultés semblent dresser les habitants les uns contre les autres. Une aubaine pour le Rassemblement national (RN, ex-FN). Peu implantée sur ces terres, il y a encore quelques années, l’extrême droite progresse à chaque élection… Pourtant, au premier regard, Castillon, célèbre pour la victoire des troupes de Charles VII qui mit fin à la guerre de Cent ans, apparaît comme une jolie cité au bord de la Dordogne, agréable à vivre avec son lavoir, ses petites maisons en pierre ocre et son esplanade bordée de platanes. C’est compter sans les peurs qui viennent s’ajouter au déclassement d’une ville ouvrière de 3 100 habitants. Car, derrière les belles façades, on cache sa misère comme dans de nombreux bourgs le long de ce que l’Insee appelle « le couloir de la pauvreté », qui s’étire entre la pointe du Médoc et Agen. Avec un taux de chômage de 27 % (dont près de la moitié sans qualification), et 25 % d’allocataires du RSA, les indicateurs sociaux en font l’une des communes les plus pauvres de la Nouvelle-Aquitaine. La ville comporte 20 % de logements insalubres loués par des marchands de sommeil souvent à des familles immigrées. Bien loin du faste de Saint-Emilion, à 13 kilomètres de là. Dans ce territoire rural, commerces et emplois disparaissent. « Roues arrière » La population vieillissante, pour beaucoup des ouvriers agricoles cassés par le métier à 50 ans, a vu arriver deux vagues d’immigration venues du Maroc. La première amenée par les patrons des grands chais dans les années 1960-1970 ; la seconde poussée par la crise de 2008 en Espagne. Leurs enfants ont grandi dans les écoles du coin mais ne trouvent pas de travail. Ces deux populations qui vivent chichement ne se côtoient guère, la première regardant la seconde avec méfiance. « Les vieux Castillonnais vivent un fort sentiment de déclassement et ne supportent pas les nuisances générées par quelques jeunes fils de Marocains. On voit ici des phénomènes qu’on voit plutôt en banlieue », résume Jacques Breillat, maire Les Républicains (LR).
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/01/a-castillon-on-se-croirait-dans-les-quartiers_5391254_823448.html
01/12/2018
Dans ce bourg girondin, les difficutés économiques dressent les habitants les uns contre les autres et font le lit du Rassemblement national.
politique
Philippe et Bayrou, la mésentente cordiale
Edouard Philippe et François Bayrou, le 9 septembre 2017, à Pau. Gaizka IROZ/AFP François Bayrou savoure le moment. Dix-huit mois après avoir dû quitter le gouvernement, le Béarnais de 67 ans est revenu au cœur du jeu. Comme il a été doux à ses oreilles ce discours d’Emmanuel Macron, mardi 27 novembre, dans lequel le président de la République a tenté d’apaiser la colère des « gilets jaunes ». Comme il a aimé entendre le chef de l’Etat reprendre à son compte certaines de ses analyses sur l’état du pays mais aussi les propositions pour sortir de la crise qu’il avait formulées cinq jours plus tôt dans Le Figaro. « Ce que j’ai aimé, c’est que le président parle avec des mots de tous les jours », confie François Bayrou au Monde. Un brin cabotin, le maire de Pau et président du MoDem ajoute qu’il a particulièrement apprécié ce passage du discours présidentiel : « Les gens disent leur souffrance. On leur répond chèque énergie. Mais le chèque énergie, les gens ne savent pas ce que c’est. Et moi non plus ! » Le « chèque énergie », c’est ce dispositif dont le chef du gouvernement Edouard Philippe avait justement annoncé la revalorisation sur France 2, le 18 novembre, en espérant calmer la grogne des « gilets jaunes ». François Bayrou s’en cache à peine : en égratignant ainsi le premier ministre, le président lui met du baume au cœur. Si l’on en croit Le Canard enchaîné, cet entretien de François Bayrou au Figaro aurait d’ailleurs plus qu’agacé Edouard Philippe. « L’écho de ce qui se passe dans le pays doit être relayé y compris à l’intérieur de la majorité. (…) Si je suis cette voie, je ne crois pas que ce soit un moins mais un plus », a commenté l’ancien ministre sur Europe 1, vendredi. « La majorité, ce n’est pas un syndicat de défense du pouvoir. (…) On ne peut pas gouverner contre le peuple », a-t-il poursuivi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La République en marche est un mouvement qui se cherche encore » Pour Bayrou, surtout, ne pas se faire oublier Même s’il s’en défend publiquement, « Bayrou ne supporte pas que Philippe ait été nommé à Matignon, il voudrait être à sa place », décrypte un conseiller de l’exécutif. Sans doute. Mais il n’y a pas que cette pomme de discorde entre ces deux hommes que tout oppose. François Bayrou a la colère sanguine tandis qu’Edouard Philippe peut se montrer glacial. Tout en rondeur, le premier aime séduire, quand la raideur du second rappelle souvent celle de son mentor, Alain Juppé. « Je me demande si Juppé n’est pas plus malléable que lui… », cingle un député centriste. Par ailleurs, l’édile de Pau et l’ancien maire du Havre (Seine-Maritime) ne sont pas issus de la même sensibilité politique. « Le premier est plus social que le second, il est beaucoup plus près de l’électeur En marche ! que de l’électeur Juppé », juge un proche de l’Elysée.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/01/philippe-et-bayrou-la-mesentente-cordiale_5391248_823448.html
01/12/2018
Entre le premier ministre et le maire de Pau, piliers du dispositif macronien, les relations se sont envenimées.
economie
La vague de suspicion à l’égard de Huawei gagne la France
« Si Huawei a toujours assuré de son indépendance, la crainte qu’elle entretienne des liens avec le gouvernement chinois persiste. » HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS La France va-t-elle à son tour se ranger dans le groupe des Etats qui refusent de collaborer avec Huawei pour déployer leur réseau 5G ? La question se pose avec une acuité inédite alors que la liste des pays hostiles à l’industriel chinois ne cesse de s’allonger. Les Etats-Unis avaient été les premiers à afficher leur hostilité à l’égard du géant de Shenzhen. Depuis, ils ont convaincu l’Australie d’adopter la même position, et la Nouvelle-Zélande lui a emboîté le pas cette semaine. A Bruxelles, où le lobbying de Huawei est intense, les mêmes inquiétudes se sont exprimées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi 5G : Huawei tente de rassurer les autorités allemandes Des débits beaucoup plus élevés Mais les Etats-Unis, engagés dans un bras de fer commercial avec le concurrent chinois, semblent déterminés à mener la fronde au-delà du cercle de leurs alliés traditionnels en matière de renseignement (Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande). Selon plusieurs journaux européens, Washington ferait pression sur des capitales européennes (Rome, Berlin) pour qu’elles prennent leurs distances avec ce fournisseur. Il faut dire que la 5G est un sujet particulièrement sensible, puisqu’il touche aux réseaux téléphoniques, et donc « à la sécurité nationale », explique la députée (Agir, La droite constructive) d’Eure-et-Loir Laure de la Raudière. Mais cette technologie présente aussi des opportunités de développement économique immenses. Succédant à la 4G, cette nouvelle génération de téléphonie mobile doit offrir aux utilisateurs des débits beaucoup plus élevés. Elle va aussi permettre de déployer le très haut débit dans des zones où la fibre est compliquée à amener. Pour l’instant déployée à titre expérimental, elle devrait commencer à être diffusée de manière industrielle à partir de 2019 dans les pays les plus en pointe, en même temps que les premiers smartphones compatibles à la 5G feront leur entrée sur le marché. Voiture autonome, usines 4.0, ou télémédecine Mais, comme le résume le député (LRM) des Côtes-d’Armor Eric Bothorel, « la 5G, ce n’est pas la 4G + 1 » : cette technologie sera aussi le support d’innovations telles que la voiture autonome, les usines 4.0, ou la télémédecine. Cela nécessite cependant qu’elle soit affinée et la 5G ne devrait pas démontrer toute l’étendue de ses capacités avant 2021 au moins. Une chose est sûre : pour les acteurs des télécoms, à commencer par les fournisseurs d’infrastructures comme Huawei, Ericsson et Nokia, le marché de la 5G va représenter une manne immense, estimée à environ 11 milliards de dollars (9,6 milliards d’euros) en 2022, selon le cabinet IHS Markit.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/01/la-vague-de-suspicion-a-l-egard-de-huawei-gagne-la-france_5391245_3234.html
01/12/2018
Les Etats-Unis ont été les premiers à exclure l’équipementier chinois de leur réseau 5G pour des motifs de sécurité nationale.
implant-files
« Implant files » : l’ICIJ a créé une base de données recensant les dispositifs médicaux défaillants
Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a créé une base de données – en anglais – qui rassemble pour la première fois les informations disponibles dans le monde entier sur les dispositifs médicaux défectueux, dangereux – voire potentiellement mortels. Cette « International Medical Devices Database » (IMDD) recense les produits de plus de 1 100 fabricants ou de leurs filiales, sur une période comprise entre le début des années 1990 et 2018. La base permet de retrouver plus de 70 000 produits rappelés par les fabricants et recense les alertes et les informations des autorités de santé dans plus de 11 pays – des éléments qui ne sont pas accessibles dans la majeure partie du monde, et qui seront enrichis au fur et à mesure du développement de l’enquête. Un même produit peut en effet avoir un nom différent et les numéros des modèles, lorsqu’ils existent, peuvent varier selon les pays, si bien qu’il est difficile de suivre au-delà des frontières les dispositifs défaillants. Les « Implant Files » ont en effet permis de découvrir que moins de 20 % des pays du monde mettaient à disposition du public les alertes et les rappels de produits de dispositifs médicaux. Et les quelque 250 journalistes des 59 médias partenaires de l’ICIJ se sont souvent heurtés à une certaine résistance des autorités sanitaires pour en obtenir la liste – alors que les Etats-Unis ont rappelé à eux seuls plus de 2 100 dispositifs médicaux pour des défauts présentant un « risque probable » de provoquer « de graves problèmes de santé ou un décès ». Au Canada, 347 rappels de ce type ont été enregistrés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Implant Files » : un rapport de l’IGAS souligne les incroyables lacunes de la surveillance de l’autorité sanitaire Développement d’un algorithme L’ICIJ a développé un algorithme d’apprentissage qui a permis de passer au crible des millions de « rapports d’événement indésirable » (« adverse event reports ») transmis à la FDA, la Food and Drug Administration, l’autorité de santé américaine. Près de 500 000 rapports depuis dix ans font état d’une explantation d’un dispositif médical, et les implants défectueux ont été mis en cause dans 82 000 décès et plus de 1,7 million de blessés. Parfois, le lien entre le dispositif et le dommage décrit dans le rapport n’est cependant pas clair. La « conception du dispositif » est la première cause des rappels de ces dix dernières années à la FDA (dans 22 % des cas), suivie des « contrôles de processus » (11,2 %) et des « matériaux ou composants non-conformes » (9,8 %). Les implants en chirurgie orthopédique, gastro-entérologie, urologie et cardiologie sont les plus rappelés aux Etats-Unis.
https://www.lemonde.fr/implant-files/article/2018/12/01/implant-files-l-icij-a-cree-une-base-de-donnees-recensant-les-dispositifs-medicaux-defaillants_5391242_5385406.html
01/12/2018
Le site Internet permet de retrouver plus de 70 000 produits rappelés par les fabricants et recense les alertes et informations des autorités de santé.
football
Le bel automne de Montpellier en Ligue 1
Pour Michel Der Zakarian, l’entraîneur de Montpellier, « on ne peut pas encore dire que la saison est réussie ». PASCAL GUYOT / AFP Avec ses pelouses jonchées de feuilles mortes, le domaine de Grammont s’apparente à un îlot paisible et harmonieux. Une douce allégresse règne dans les allées du quartier général du Montpellier Hérault Sport Club (MHSC), club acquis en 1974 par l’emblématique Louis Nicollin. Patron de l’un des plus grands groupes français de collecte et de traitement de déchets ménagers et industriels, le légendaire « Loulou » est décédé en juin 2017, à 74 ans, après avoir relancé le football dans la cité languedocienne. « Son » équipe traverse actuellement l’une des meilleures périodes de son histoire, sous la présidence de son fils Laurent. Avant un déplacement à Monaco, samedi 1er décembre, lors de la 15e journée de Ligue 1, le MHSC, entraîné par Michel Der Zakarian, occupe la troisième place du classement, à un point du dauphin du Paris-Saint-Germain, l’Olympique lyonnais. Un rang flatteur pour une formation qui cultive sa fibre familiale, voire clanique, et dont le budget (41 millions d’euros) est plus de dix fois inférieur à celui (500 millions) du club parisien. Les dirigeants héraultais n’avaient plus ressenti pareille euphorie depuis l’improbable titre de champion de France, décroché à la barbe du PSG version qatarie en mai 2012. Dans son bureau lumineux, semblable à un petit musée de l’histoire du club, Laurent Nicollin assure pourtant « garder la tête froide » et ne « tire pas de plans sur la comète ». « Pérenniser le club dans les huit premières places » « Ici, il n’y a pas d’excès. Je n’aime pas dire que ça fonctionne, il y a tellement de paramètres inexplicables dans le foot », estime le président du MHSC, 45 ans, « tombé dans le club » depuis sa plus tendre enfance, et patron exécutif au quotidien lors de la dernière décennie du règne du paternel. « Notre objectif, poursuit-il, c’est d’avoir le maintien le plus tôt possible et faire mieux que la 10e place de la saison dernière. Depuis le titre de 2012, on a joué quatre fois le maintien en six saisons. Demain, si j’avais 100 millions de budget, je ne tiendrais pas le même discours. Malheureusement, je ne les aurai jamais. Mon challenge est de pérenniser le club dans les huit premières places. » Hors de question, donc, d’assumer, au grand jour, la moindre ambition européenne. Pas le genre de la maison. « Notre philosophie, c’est de ne pas trop s’enflammer et d’anticiper pour quand les choses iront moins bien, abonde Bruno Carotti, le directeur sportif. On a l’ambition de faire le mieux possible avec les moyens qu’on a. »
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/01/le-bel-automne-de-montpellier-en-ligue-1_5391232_1616938.html
01/12/2018
Surprenant troisième de Ligue 1, le club héraultais, qui affronte Monaco au stade Louis-II ce soir à 20 heures, traverse une bonne passe sous la présidence de Laurent Nicollin.
idees
Restitution d’œuvres d’art africaines : un rapport en forme de plaidoyer
Livre. Voici l’objet du débat. Non pas celui du « délit » (qui consisterait à vouloir « vider » les musées européens) ni même celui du « déni » (de la nature coloniale des captations patrimoniales), mais celui du défi de la restitution du patrimoine africain. L’historienne de l’art Bénédicte Savoy et l’écrivain Felwine Sarr ont décidé de publier rapidement leur « rapport sur la restitution du patrimoine africain », remis à Emmanuel Macron le 23 novembre, afin de porter au grand public les conclusions de leurs travaux. Mais peut-être, surtout, afin de partager l’odyssée de leur recherche, de donner à voir les arcanes de leur démarche et d’exposer la philosophie de leurs recommandations. Car cette mission les a conduits, un an durant, à établir la biographie d’objets spoliés, pillés, volés, achetés souvent au mépris des prix du marché, expliquent-ils. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Restituer des œuvres d’art pour changer le rapport à l’autre » Savoy et Sarr répondent aussi par anticipation à quelques questions qui leur sont désormais posées. Pourquoi le choix de l’Afrique subsaharienne ? Parce que, contrairement à d’autres régions du monde, affirment-ils, « la quasi-totalité du patrimoine matériel des pays d’Afrique situé au sud du Sahara se trouve conservée hors du continent africain ». C’est dans un contexte de « libération de la parole mémorielle », rappellent-ils, notamment marquée par un candidat devenu président – Emmanuel Macron – qui qualifia la colonisation de « crime contre l’humanité », que s’inscrit leur approche de la restitution, entendue comme un « transfert de propriété » qui « rompt le monopole du contrôle de la mobilité des objets par les musées occidentaux ». De Cicéron, qui, à propos des prédations romaines, critiquait déjà le consentement présumé des victimes de spoliations artistiques, à Michel Leiris, écrivain et ethnologue selon qui « on pille les Nègres, sous prétexte d’apprendre aux gens à les connaître et les aimer », jusqu’aux détails des objets du Bénin, Sénégal, Nigeria, Ethiopie, Mali et Cameroun à restituer rapidement afin de « donner des gages de confiance », notamment aux pays engagés dans des démarches de réclamation, Bénédicte Savoy et Felwine Sarr livrent un rapport en forme de plaidoyer éthique et politique. DR
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/01/restitution-d-uvres-d-art-africaines-un-rapport-en-forme-de-plaidoyer_5391229_3232.html
01/12/2018
Le rapport de Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, remis le 23 novembre à Emmanuel Macron, est publié aux éditions Philippe Rey/Seuil.
idees
Héritage colonial : Paris bouscule Berlin
La prudence allemande face à l’audace française. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, en mai 2017, cette grille de lecture s’est imposée outre-Rhin, où l’activisme du président français est volontiers cité en exemple par ceux qui déplorent le manque de volontarisme de la chancelière allemande. C’est tout particulièrement vrai sur le terrain européen, où la réponse tardive et timide du gouvernement fédéral aux propositions formulées par M. Macron dans son discours de la Sorbonne, le 26 septembre 2017, a suscité des commentaires sévères à Berlin. Et c’est dans le même esprit qu’a été ­accueillie, en Allemagne, la décision du président français de restituer,« sans tarder », au ­Bénin, vingt-six œuvres pillées par les troupes coloniales françaises en 1892 et aujourd’hui possédées par le Musée du quai Branly, à Paris. « Macron agit, l’Allemagne discute », résumait ainsi la Süddeutsche Zeitung, vendredi 23 novembre, jour de l’annonce du chef de l’Etat, à qui l’économiste sénégalais Felwine Sarr et l’historienne d’art française Bénédicte Savoy venaient de remettre leur rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain. « La ­politique culturelle de Macron met Berlin sous pression », analysait de son côté le quotidien Tagesspiegel, résumant la situation de la façon suivante : « Le gouvernement fédéral a promis un “travail critique sur la période coloniale”. Jusqu’ici, il ne s’est pas passé grand-chose. Maintenant, Paris montre à Berlin la voie à suivre. » Un immense chantier, en voie d’achèvement, vise à ressusciter l’ancien château des Hohenzollern, où il a été décidé d’installer le Humboldt-Forum, un musée consacré aux cultures extra-européennes Comment comprendre l’impatience suscitée, en Allemagne, par la décision du président de la République ? Pour répondre à cette question, il faut se rendre au cœur de Berlin, entre la célèbre Alexanderplatz et la non moins ­célèbre avenue Unter den Linden, là où se trouvait autrefois le château des Hohenzollern, la dynastie qui régna sur la Prusse puis l’Empire allemand jusqu’à l’abdication de Guillaume II, le 9 novembre 1918. Bombardé pendant la seconde guerre mondiale, l’édifice fut rasé par le gouvernement communiste de la RDA, en 1950, avant que ne soit construit, dans les années 1970, le palais de la République, vitrine architecturale du régime est-allemand, qui en fit à la fois le siège de la Chambre du peuple – le Parlement de la RDA – et un centre culturel. Démoli à son tour entre 2006 et 2008, presque vingt ans après la réunification, le palais de la République a laissé place à un immense chantier, en voie d’achèvement, visant à ressusciter l’ancien château des Hohenzollern, où il a été décidé d’installer le Humboldt-Forum, un musée consacré aux cultures extra-européennes. L’ouverture est prévue fin 2019.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/01/heritage-colonial-paris-bouscule-berlin_5391213_3232.html
01/12/2018
L’annonce par Emmanuel Macron de sa volonté de restituer à l’Afrique ses biens culturels pillés relance le débat en Allemagne. Sans fermer la porte à des restitutions, le pays souhaite d’abord faire un travail critique sur la provenance des œuvres.
international
Un soldat nord-coréen fait défection et réussit à passer au Sud
Des manequins sud-coréens dans un poste de garde ouvert aux visiteurs le long de la zone démilitarisée, sur l’île de Ganghwa, le 24 mai 2018. ED JONES / AFP Un soldat nord-coréen a fait défection samedi et réussit à entrer en la Corée du Sud, en franchissant la frontière lourdement gardée entre les deux pays. « Un soldat nord-coréen a été repéré en train de franchir la ligne de démarcation militaire » par des soldats sud-coréens, a affirmé l’état-major interarmées sud-coréen (JCS) dans un communiqué. « Le soldat est sain et sauf sous notre garde », a-t-il dit, sans plus de précisions. Aucun coup de feu n’a été tiré, contrairement à novembre 2017, lorsqu’un soldat du Nord avait franchi sous une pluie de balles la frontière, dans le village de Panmunjom, dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule. Le transfuge avait été touché par cinq balles, mais a survécu après avoir été transféré par hélicoptère vers un hôpital, à Suwon, et opéré en urgence. Démilitarisation progressive de la frontière Plus de 30 000 Nord-Coréens ont fui leur pays mais il est très rare qu’ils traversent directement la zone démilitarisée. Car en dehors du village frontalier de Panmunjom, la DMZ, large de quatre kilomètres, et longue des 248 km qui séparent les deux pays, est truffée de clôtures de fil de fer barbelé et de champs de mines, ce qui rend toute tentative de traversée extrêmement dangereuse. Celle-ci intervient alors que les deux Corées sont engagées dans un délicat processus de rapprochement. Séoul et Pyongyang ont commencé à démilitariser la frontière, en retirant des mines et détruisant des postes de garde. Destruction d’un poste de garde nord-coréen au sein de la zone démilitarisée, photographiée depuis la Corée du Sud par le ministère de la défense, le 20 novembre 2018. Pyongyang a détruit dix de ces postes de garde le 20 novembre, en accord avec la réconciliation en cours avec son voisin du sud. HANDOUT / AFP
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/01/un-soldat-nord-coreen-fait-defection-et-reussit-a-passer-au-sud_5391201_3210.html
01/12/2018
Un soldat nord-coréen a fait défection samedi pour la Corée du Sud, en franchissant la frontière lourdement gardée entre les deux pays, a annoncé l’armée sud-coréenne.
disparitions
George H. W. Bush, ancien président des Etats-Unis, est mort
L’ex-président américain George H. W. Bush à Washington, le 11 mai 2008. LAWRENCE JACKSON / AP Juillet 1990, l’été est chaud – et va le devenir plus encore. A mi-course d’un mandat paisible, sans grand relief, George H. W. Bush s’apprête à aller golfer dans sa patricienne résidence du Maine, à Kennebunkport. Les sondages sont médiocres, la bataille du budget 1991 est mal engagée, mais cela relève de la routine politique. Tout n’irait pas trop mal pour cet aimable partisan du gouvernement minimum, si l’Irakien Saddam Hussein, enivré de son demi-succès dans la guerre contre l’Iran, puissamment armé par les Russes et les Occidentaux, ne cédait à son désir de domination régionale : le 2 août, les chars irakiens envahissent le Koweït. L’Irak double sa capacité pétrolière ; Saddam Hussein va acquérir les moyens de ses ambitions guerrières. « Nous ne le permettrons pas. » George Bush est catégorique : les Etats-Unis useront de tous les moyens, y compris la force, pour que le Koweït recouvre sa souveraineté. Le reste de l’histoire est connu : ayant dépêché près d’un demi-million d’hommes en Arabie saoudite, brillamment assemblé une coalition hétéroclite de pays arabes et occidentaux, enfin s’étant assurés de la neutralité de l’Union soviétique (URSS), les Etats-Unis boutent Saddam Hussein hors du Koweït lors de l’opération « Tempête du désert » (du 17 janvier au 28 février 1991). George Bush et son épouse Barbara avec des militaires américains, en Arabie saoudite, le 22 novembre 1990. RICK WILKING / REUTERS A l’origine de la détermination de George Bush, il y a, bien sûr, le pétrole (simple producteur de légumes, le Koweït n’aurait pas fait l’objet de tant de sollicitude), le souci de maintenir les équilibres au Proche-Orient, de contenir un Saddam Hussein de plus en plus agressif, etc. Mais, peut-être plus encore, il y a, au sortir de la guerre froide, la volonté de Moscou et de Washington d’empêcher l’éclosion de conflits régionaux nés de la dissolution des zones d’influence des super-grands. Pour George Bush, c’est une préoccupation centrale : le 41e président des Etats-Unis est attaché au statu quo de l’après-guerre. Il n’aime pas le changement. C’est entendu, il fallait repousser l’agression irakienne, mais rien de plus. Quand, dans la foulée de la victoire américaine, les Kurdes et les chiites d’Irak, au départ incités par la CIA, tenteront de faire tomber Saddam Hussein, les Etats-Unis les abandonneront. Ne voulant pas d’un Irak démembré, Washington préfère alors le maintien au pouvoir d’un Saddam Hussein avec lequel l’administration Bush s’était d’ailleurs, avant le malencontreux épisode koweïtien, toujours bien entendue.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/01/george-h-w-bush-ancien-president-des-etats-unis-est-mort_5391194_3382.html
01/12/2018
L’ex-président républicain de 1989 à 1993 est mort vendredi à l’âge de 94 ans. Son mandat a été marqué par la fin de la guerre froide et la réunification de l’Allemagne.
economie
En zone euro, une trop lente hausse des salaires
Lentement, mais sûrement, les séquelles de la crise s’estompent en zone euro. En octobre, le taux de chômage s’est en effet établi à 8,1 % de la population active, selon les chiffres publiés, vendredi 30 novembre, par Eurostat, contre 8,8 % il y a un an. « Il s’agit du plus faible taux enregistré depuis novembre 2008 », souligne l’institut statistique européen. Dans le détail, le chômage est tombé à 3,3 % en Allemagne, désormais au plein-emploi, à 6,7 % au Portugal, ou encore à 8,9 % en France. « Partout, les entreprises commencent à se plaindre de difficultés de recrutement, en particulier de main-d’œuvre qualifiée », observe Carsten Brzeski, économiste chez ING. Résultat : « Face à ces tensions sur le marché de l’emploi, les salaires commencent à augmenter partout en zone euro », observe Charles-Henri Colombier, chez Rexecode. Selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), les salaires mensuels de base tricolores ont progressé de 1,5 % sur un an au troisième trimestre, comme sur les deux trimestres précédents, retrouvant ainsi le rythme de début 2014. La tendance est plus nette encore si l’on considère l’ensemble de l’union monétaire : les salaires négociés dans les branches y ont progressé de 2,15 % entre juillet et septembre, selon les données de la Banque centrale européenne (BCE), contre + 1,5 % en 2017 sur la même période. Une moyenne tirée par la locomotive allemande, où le salaire minimum, passé de 8,50 euros de l’heure à 8,84 euros en 2017, sera revalorisé à 9,19 euros en 2019. « Frémissement » En dépit de ces bonnes nouvelles, nombre d’Européens n’ont pourtant pas le sentiment que leurs fins de mois sont plus faciles qu’il y a deux ou trois ans. Beaucoup sont tenaillés par un sentiment diffus d’angoisse face à la précarisation du marché du travail et au spectre du déclassement. En témoignent, en France, le mouvement des « gilets jaunes » et l’exaspération d’une partie des classes moyennes face à la hausse des prix du carburant. L’Insee a beau promettre que le pouvoir d’achat augmentera tout de même de 1,3 % cette année, beaucoup de citoyens peinent à reconnaître leur quotidien dans cette réalité statistique. Mais ils ne sont pas les seuls à s’interroger. Les économistes aussi, pour d’autres raisons, ressentent un léger malaise lorsqu’ils se penchent sur l’évolution des salaires.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/01/les-salaires-fremissent-en-zone-euro_5391185_3234.html
01/12/2018
Les rémunérations se redressent doucement dans l’Union monétaire. Mais pas aussi vite que ce qu’elles devraient, observent les économistes.
international
Le G20 fait bon accueil à « MBS » malgré l’affaire Khashoggi
Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, et le président russe, Vladimir Poutine, lors du sommet du G 20, à Buenos Aires, le 30 novembre. ALEJANDRO PAGNI / AFP Mohammed Ben Salman a affiché bonne humeur et décontraction chaque fois qu’il en a eu l’occasion à l’ouverture du sommet du G20, à Buenos Aires, vendredi 30 novembre. Le prince héritier saoudien représente son pays dans ce cénacle pour la seconde fois depuis son arrivée aux affaires, en 2015. Fragilisé par les lourdes présomptions qui le présentent comme l’instigateur de la disparition d’un dissident saoudien, le chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi, il compte faire du sommet une étape sur la voie d’une délicate normalisation compte tenu des circonstances qui entourent cet assassinat. Le journaliste a été tué et manifestement démembré au consulat du royaume à Istanbul, en octobre. Lire aussi Le G20 de Buenos Aires, sommet test pour le prince héritier saoudien Lors de la première séance du sommet, le prince héritier, également désigné par l’acronyme formé par ses initiales, « MBS », a pu compter sur la bienveillance du Russe Vladimir Poutine, président d’un Etat sanctionné en août par les Etats-Unis pour la tentative d’assassinat visant, en mars, un ancien agent exilé au Royaume-Uni, Sergueï Skripal. Les deux hommes ont échangé une très joviale poignée de main avant de prendre place côte à côte autour de la vaste table circulaire prévue pour les chefs d’Etat et de gouvernement. « Plaisanteries » échangées Paradoxalement, Mohammed Ben Salman a reçu un accueil plus mesuré de la part de celui dont le soutien a été décisif au cours des dernières semaines : le président des Etats-Unis, Donald Trump. S’il a bien échangé des « plaisanteries » avec MBS au cours de cette session, la Maison Blanche a pris soin d’assurer que le président en avait fait de même « avec à peu près tous les responsables présents ». Interrogé en préambule d’un entretien avec le premier ministre japonais, Shinzo Abe, le républicain a assuré ne pas avoir eu pour l’instant de « discussion » avec le prince héritier au cours de ce sommet, sans exclure pour autant cette éventualité avant la fin du sommet du G20. Convaincu officiellement par les démentis du prince héritier, au nom des intérêts de Washington, Donald Trump résiste pour l’instant à un Congrès désireux de voir ce dernier rendre des comptes. Pas seulement pour l’assassinat de Jamal Khashoggi, mais également pour son rôle dans la guerre au Yémen qui a provoqué l’une des plus graves crises humanitaires de la région. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Donald Trump met sous tension le G20 qui s’ouvre en Argentine « Discussion franche et ferme » Le président français, Emmanuel Macron, s’est entretenu quelques minutes avec Mohammed Ben Salman avant même l’ouverture du sommet, lorsqu’il l’a croisé dans l’espace réservé aux chefs d’Etat, comme l’a montré un enregistrement vidéo. Un conseiller élyséen a expliqué qu’« il a souhaité aller au devant pour avoir une discussion très franche et ferme sur deux points », les mêmes qui préoccupent le Congrès des Etats-Unis.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/01/le-g20-fait-bon-accueil-a-mbs-malgre-l-affaire-khashoggi_5391182_3210.html
01/12/2018
Le sommet, qui se tient en Argentine, marque le grand retour international du prince saoudien de 33 ans après l’assassinat du dissident en Turquie.
international
Au Mexique, « AMLO » face au défi sécuritaire
La police scientifique sur les lieux d’une fusillade où quatre policiers ont trouvé la mort, à Tonala (Mexique), le 3 septembre. ULISES RUIZ / AFP Les coups de feu résonnent encore dans la tête de Luis, vendeur ambulant sur la place Garibaldi, haut lieu touristique du centre de Mexico. Déguisés en mariachis – musiciens traditionnels –, trois tueurs ont tiré en rafale, le 14 septembre, faisant cinq morts et sept blessés, avant de fuir à motos. Depuis, les visages se figent à l’évocation de ce spectaculaire règlement de comptes mafieux dans la capitale, longtemps épargnée par la violence des cartels qui bat des records historiques dans le reste du pays. Le nouveau président, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), investi samedi 1er décembre, appelle à « la paix ». Mais son plan sécuritaire suscite la polémique. Lire aussi Sept choses à savoir sur le nouveau président mexicain, Andrés Manuel López Obrador Spirale infernale de violence « C’était la veille de la fête nationale, raconte le vendeur de Garibaldi, à côté d’un orchestre de vrais mariachis, avec leur grand chapeau et leur tenue d’apparat. Ils ont défouraillé durant dix secondes. » La mégapole de huit millions d’habitants (22 millions avec ses faubourgs) était pourtant une « zone neutre » de la guerre sanguinaire des cartels de la drogue, entre eux et contre le gouvernement. Mais depuis une scission, fin 2017, au sein d’une mafia locale, et l’arrivée du puissant cartel de Jalisco Nouvelle Génération (CJNG), les corps démembrés ou criblés de balles font la « une » des tabloïds à Mexico. Pour pacifier la capitale et le pays, le nouveau président propose un programme nouveau : légalisation des drogues, amnistie des petits narcotrafiquants, emplois et éducation pour les jeunes... Un virage sécuritaire radical face à la stratégie frontale de ses deux prédécesseurs qui ont déployé les militaires, plongeant le pays dans une spirale infernale de violence avec plus de 240 000 victimes et 40 000 disparus depuis douze ans. Durant sa campagne, « AMLO » avait prôné le retour des soldats dans leurs casernes. Mais il a changé son fusil d’épaule, depuis son élection triomphale (53 % des suffrages) le 1er juillet, annonçant la création d’une garde nationale. Ce nouveau corps, chargé de la sécurité, regroupera des militaires et des policiers fédéraux, sous la direction opérationnelle de l’armée ; 50 000 jeunes seront recrutés, d’ici à trois ans, pour atteindre au moins 120 000 membres. Levée de boucliers L’initiative suscite une levée de boucliers des organisations de défense des droits de l’homme qui dénoncent d’une même voix « la militarisation » du pays. « Cette stratégie a déjà échoué, provoquant des drames », s’alarme dans les médias, Tania Reneaum, directrice d’Amnesty International au Mexique. Huit détenus sur dix sont torturés par l’armée, selon une enquête de l’institut mexicain des statistiques.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/01/au-mexique-amlo-face-au-defi-securitaire_5391175_3210.html
01/12/2018
Andres Manuel Lopez Obrador, investi à la présidence du pays samedi, veut rompre avec la stratégie frontale de ses prédécesseurs. Mais son projet de garde nationale suscite la méfiance.
livres
A Blanes, sur les traces de Roberto Bolaño
L’écrivain chilien Roberto Bolaño (1953-2003), en mars 2003. WITI DE TERA / OPALE / LEEMAGE Un fantôme rêveur observe tous les écrivains contemporains depuis le coin de leur page, un sourire mélancolique aux lèvres, une éternelle clope à la main. Roberto Bolaño est mort il y a quinze ans, un jour de juillet 2003 de mauvaise fortune et de chaleur épaisse, après avoir attendu une dizaine d’années une greffe de foie qui jamais n’arriva. La publication des Détectives sauvages (1998 ; Christian Bourgois, 2006) avait offert une vaste renommée à cet écrivain né au Chili en 1953, ayant vécu ses années de jeunesse au Mexique avant d’émigrer vers l’Espagne, Barcelone, Gérone, puis finalement Blanes, petite ville du nord de la Costa Brava où il passa les dix-huit dernières années de sa vie. En 2004 paraissait son chef-d’œuvre posthume, 2666 (Christian Bourgois, 2008), et l’onde de choc Bolaño achevait de se répandre sur le monde entier. Sa place dans la littérature contemporaine n’a dès lors cessé de croître, en même temps que le mythe d’un ultime artiste maudit, qui aurait replacé au centre du jeu la littérature comme risque à prendre. « Garder courage, en sachant au préalable qu’on sera vaincu, et aller au combat : c’est ça, la littérature », disait-il, dans ce qui n’était pas qu’une posture – ses livres le prouvent. Sans se soucier du risque de se perdre Son œuvre, ample, protéiforme (quinze romans, cinq recueils de nouvelles et six de poésie), est un monde unique dans lequel le lecteur est irrémédiablement happé. Y règnent un humour mordant, une insatiable quête de liberté, un souffle romanesque décalé qui ne cesse de naviguer entre les registres et les mondes. Bolaño est un défricheur qui s’est consacré à l’exploration de pistes nouvelles, sans se soucier du risque de se perdre. Il a renouvelé, avec quelques autres, la forme du roman contemporain, principalement dans Les Détectives sauvages et 2666, fabuleux labyrinthes narratifs marqués par la multiplicité des voix et l’hybridité des genres, épousant les mouvements et les ressacs d’une réalité éclatée. Bolaño est, pour nombre d’écrivains d’aujourd’hui, un compagnon de route essentiel. Au premier chef, les jeunes auteurs hispanophones, quel que soit leur pays d’origine, le citent comme une influence majeure. Ainsi du Mexicain Juan Pablo Villalobos (Personne n’est obligé de me croire, Buchet-Chastel, 2018, lire « Le Monde des livres » du 12 octobre), qui note : « Bolaño écrit dans un espagnol qui n’est de nulle part, ni du Chili, ni du Mexique, ni de Catalogne. Il résout le problème de l’expatrié ou de l’immigré sans tomber dans le folklore et en offrant une littérature transnationale. En cela, il dépasse la majorité des écrivains du “boom latino-américain” [des années 1960 et 1970 : Julio Cortazar, Gabriel Garcia ­Marquez, Carlos Fuentes, Mario Vargas Llosa…] qui, tout en vivant à Barcelone, Paris ou New York, ont continué à écrire depuis la nostalgie de leur lieu d’origine. »
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/01/a-blanes-sur-les-traces-de-roberto-bolano_5391165_3260.html
01/12/2018
Le romancier Pierre Ducrozet s’est rendu en Catalogne, là où l’écrivain chilien vécut ses plus productives années, jusqu’à sa mort en 2003. A la recherche, quinze ans plus tard, des raisons de son influence littéraire grandissante.
m-perso
Fabrice Nicolino : « Définitivement, je suis un anarchiste »
Fabrice Nicolino au Baron Rouge, dans le 12e arrondissement de Paris, le 20 novembre. EDOUARD CAUPEIL POUR « LE MONDE » « Tu es dans une autre dimension. Tu entends des cris. “Fils de pute ! Allahou akbar !” Puis plus rien, tu ne sais pas s’ils sont partis. Faire le mort, c’est spécial. Tu fais vraiment le mort. » Il ne tient pas à en parler. Il en parle si on le lui demande. Comme Philippe Lançon – dont Le Lambeau (Gallimard) raconte le lent retour à la vie –, Fabrice Nicolino est un survivant de la tuerie de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. « Une pièce pas plus grande qu’ici, on était pareillement les uns sur les autres », explique-t-il, rétrécissant avec des gestes précis les limites de la salle du café où une foule bruyante trinque à tout-va. « C’était une engueulade homérique. Tignous défendait qu’on n’en avait pas fait assez sur les banlieues. C’est là qu’on entend des coups de feu. Puis je vois la silhouette dans le chambranle de la porte, le flic sortir son flingue, et se faire buter. Tout ça se passe à une vitesse fulgurante. Les gens se lèvent de stupéfaction. Moi peut-être à cause du premier attentat auquel j’ai échappé en 1985, je saute derrière… » Des 67 balles de pistolets-mitrailleurs que les assassins tireront, il en prendra une dans l’abdomen, et une dans chaque jambe. La gauche est la plus touchée. C’est déjà là qu’il avait été blessé, au pied, par l’explosion d’une bombe au cinéma Rivoli-Beaubourg trente ans plus tôt. Cette fois le péroné a disparu, et les nerfs ont fait de la bouillie. « Le pire, ce sont les douleurs neuropathiques contre lesquelles les opiacées ou la morphine ne font rien. » « Quand j’étais enfant, on achetait “à croum” – à crédit – en attendant les allocs » Le Baron Rouge, dans le 12e arrondissement. Un repaire de gauchistes bavards et partageux. Un vieux à notre table demande à son amie : « C’est quoi déjà la chanson où il ne faut pas mourir pour des idées ? Brassens, non ? » Fabrice Nicolino venait ici quand il habitait le quartier. Aujourd’hui, il a quitté Paris. Il ne dit pas pour où. Sans être parano, il faut rester prudent. Et c’est comme ça qu’il débarque de la nuit avec sa béquille et sa grosse valise, commandant illico une bouteille : « Côtes-du-rhône 2016. La tulette. 12°8. » Bio, forcément pour cet écolo de la première heure qui a repris la plume à peine sorti de réanimation. Le 15 janvier 2015, une semaine après l’attentat, il écrivait sur son blog : « Depuis que je suis hospitalisé, et dès que j’ai pu m’adresser à mes soignants, je me suis mis à parler. Ceux qui me connaissent savent qu’il s’agit chez moi d’une maladie chronique. »
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/01/fabrice-nicolino-definitivement-je-suis-un-anarchiste_5391161_4497916.html
01/12/2018
Le journaliste, survivant de la tuerie de « Charlie », raconte son enfance prolétaire, sa tendresse pour les « damnés » et son combat contre les pesticides.
campus
Artiste, rêve singulier, réalités plurielles...
« Entre coups de bol et ras-le-bol »… Tel était un titre possible pour l’article d’ouverture de notre supplément consacré aux filières artistiques. Une façon radicale de résumer le parcours du combattant qui attend souvent les étudiants en art à la sortie de leurs écoles. GIULIA D’ANNA LUPO « Un rêve permanent, un statut intermittent »… Nous avons finalement opté pour une accroche plus mesurée. Plus réaliste. Plus proche de cette double inconstance qui guette nos Arlequin en herbe. Entre rêve singulier et réalités plurielles, telle est bien la situation de celui qui se sent, se pense, se vit artiste. Qui bosse dur pour décrocher le Graal – un diplôme tout en haut de l’affiche – et se réveille sur un marché du travail qui ressemble souvent à un marché… sans travail. « Vivre de son art, c’est lointain, constate l’une de ces artistes en devenir, diplômée d’une grande école. Personne ne t’attend, et personne ne t’a préparé à ce qui t’attend. Dans les écoles, c’est un sujet un peu tabou. » Les tabous, comme les chiffres, sont souvent impitoyables. Sont-ils pour autant incontournables ? Si l’on en croit le ministère de la culture, en 2015, pas plus de 10 % des diplômés parvenaient à vivre exclusivement de leur art, trois ans après leur sortie d’une école d’arts plastiques. Une majorité d’entre eux devaient se contenter d’activités « dans le champ artistique » (enseignement, médiation culturelle, communication, artisanat d’art…). La créativité est partout Se contenter ? Mais le champ artistique est vaste ! Il ouvre des horizons parfois inattendus, souvent inespérés, comme on le verra au Start, le Salon des formations artistiques organisé le samedi 1er et le dimanche 2 décembre à Paris. La créativité est devenue un métier. Beaux-arts, design, architecture, cinéma, graphisme, jeux vidéo, mode, arts plastiques, il y a mille et une manières d’être « artiste » comme d’être ingénieur ; mille et un chemins de traverse. Témoins ces compagnons du devoir qui offrent des passerelles méconnues vers l’enseignement supérieur à « des jeunes à qui l’école a souvent dit qu’ils étaient nuls » et qui « découvrent qu’ils sont capables d’acquérir des savoirs, de les transmettre, et intègrent une spirale positive ». Témoin ce jeune ingénieur Arts et Métiers qui a fait son troisième cycle à… l’Opéra de Paris. « Quand je croise des gamins, je leur parle systématiquement de travail, de culture, de curiosité », dit l’actrice Rachida Brakni, rappelant qu’elle n’a « jamais attendu que le téléphone sonne ».
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/12/01/artiste-reve-singulier-realites-plurielles_5391152_4401467.html
01/12/2018
Les étudiants des filières artistiques avaient rendez-vous ce week-end au START, le Salon des formations artistiques. Dans un marché du travail difficile d’accès, il leur faudra persévérer, réinventer sans cesse leur métier, multiplier les contacts, garder ouvert le champ des possibles…
idees
L’activité citoyenne, une alternative aux partis populistes ?
Alexis de Tocqueville (ici, sa statue à Saint-Lô en Normandie). AFP/MYCHELE DANIAU Chronique. Quels sont les facteurs qui conduisent à la montée du populisme ? Les partis populistes s’opposent souvent aux élites dans leurs sociétés au nom du « peuple », mais depuis les analyses d’Alexis de Tocqueville, nous savons qu’il n’y a pas que la masse du peuple qui puisse constituer un contre-pouvoir aux élites. Il y a aussi la société civile – les associations, les ONG, les syndicats… les fameux « corps intermédiaires » – qui crée un espace dans lequel les citoyens peuvent exprimer une identité collective et poursuivre des projets collaboratifs. Jusqu’ici, il a été difficile de savoir dans quelle mesure une société civile vigoureuse est perçue par les électeurs comme une alternative aux partis populistes. Une étude qui vient d’être publiée donne des résultats fort intéressants à ce propos (« Populism and Civil Society », Tito Boeri, Prachi Mishra, Chris Papageorgiou et Antonio Spilimbergo, Centre for Economic Policy Research, Discussion Papers, n° 13306, novembre 2018). Les auteurs se servent de plus de 60 000 réponses des participants à l’European Social Survey (ESS) dans 17 pays sur plusieurs années. Cette enquête pose des questions aux participants sur leurs valeurs, leurs votes aux dernières élections et leur appartenance à des organismes associatifs, hors partis politiques, églises et autres organismes religieux. Symptôme de résistance Pendant la période suivant la crise financière de 2008, les personnes se déclarant adhérentes à des associations ont une probabilité de 3,2 % moins élevée que les non-adhérents de voter pour des partis politiques dits « populistes » (suivant une typologie des partis largement utilisée par les chercheurs en science politique). Cet écart n’est pas négligeable, étant donné que les partis populistes n’ont, pendant cette période, récolté qu’entre 10 et 15 % des voix selon le pays et l’année. L’analyse détaillée montre que l’adhésion à un syndicat est moins associée à un moindre vote pour les partis populistes que l’adhésion à d’autres types d’association. Peut-on en conclure que le fait de s’exprimer et d’agir dans le milieu associatif donne aux électeurs une alternative aux partis populistes ? Pas encore. Il serait possible que les gens qui, par leurs caractéristiques personnelles, sont plus enclins à participer aux organismes associatifs, soient aussi moins enclins à écouter les messages des partis populistes. Leur participation aux associations serait un symptôme de leur résistance au populisme et non pas une cause.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/01/l-activite-citoyenne-une-alternative-aux-partis-populistes_5391153_3232.html
01/12/2018
Une étude parue en novembre s’attache à montrer l’intérêt d’étudier les retombées politiques de l’activité associative en dehors des circuits politiques traditionnels.
idees
Transition écologique : « Quand la redevance incitative sur les ordures ménagères radicalise les usagers mécontents »
Ghislaine et Claube Hubert, de l’Association de défense des usagers du Sictom de Châteauneuf-sur-Loire (Loiret). FREDERIC POTET Chronique. Plus de 130 sites des finances publiques ont été la cible des « gilets jaunes » depuis le 19 novembre, a récemment fait savoir Bercy. Fumier déversé devant les trésoreries, pose de parpaings pour en bloquer l’accès, tags, feux, dégradations… La colère contagieuse conduira-t-elle un jour certains contribuables à ne plus payer leurs impôts et autres taxes ? L’hypothèse n’est pas si farfelue. Dans le Loiret, un collectif regroupant plus d’un millier de personnes a, en quelque sorte, « devancé » ce scénario en refusant de s’acquitter de la redevance liée aux ordures ménagères. Sur fond, là aussi, de transition écologique, l’affaire enflamme la région de Châteauneuf-sur-Loire depuis deux ans. Elle témoigne, également, d’une certaine radicalisation chez les usagers mécontents. « Un véritable racket » Son point de départ est la décision prise par le Syndicat intercommunal de collecte et de traitement des ordures ménagères (Sictom) d’adopter, à partir de janvier 2017, une tarification dite « incitative ». Son principe est celui du « pollueur-payeur » : le montant payé par les usagers est lié à la quantité de déchets qu’ils produisent. Encouragée par l’Etat depuis le Grenelle de l’environnement, cette disposition a pour objectif de réduire les volumes de déchets, et donc la fréquence des collectes. Sa vocation est de se substituer au dispositif ayant cours actuellement dans une large majorité de communes, qui indexe le coût de la taxe d’enlèvement sur la valeur locative, ce qui provoque de grandes disparités tarifaires, selon que l’on habite en ville ou à la campagne, dans un quartier huppé ou défavorisé. Certains usagers se sont retrouvés à payer moins cher qu’avant ; d’autres, à l’inverse, ont vu leur facture augmenter, alors même que les camions-poubelles passent moins souvent Mettre en place la redevance incitative n’est pas simple, comme ont pu le constater les élus des soixante-quatre communes rassemblées au sein du Sictom de Châteauneuf-sur-Loire. Certains usagers se sont en effet retrouvés à payer moins cher qu’avant ; d’autres, à l’inverse, ont vu leur facture augmenter, alors même que les camions-poubelles passent moins souvent. Le cas de Claude Hubert est éloquent. Cet habitant de Lorris, à 25 km de Châteauneuf-sur-Loire, payait auparavant 137 euros en échange d’une levée hebdomadaire, quel que soit son volume de déchets. Il débourse aujourd’hui 227 euros en contrepartie de dix-sept ramassages annuels – le seuil fixé par le Sitcom – pour un bac de 120 litres. Claude Hubert a sorti sa calculette : une levée lui coûtait 3,07 euros auparavant ; elle lui revient aujourd’hui à 11,29 euros, soit 368 % d’augmentation. « Un véritable racket », fulmine-t-il.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/01/transition-ecologique-quand-la-redevance-incitative-sur-les-ordures-menageres-radicalise-les-usagers-mecontents_5391141_3232.html
01/12/2018
Dans le Loiret, plus d’un millier de contribuables refusent de s’acquitter de la redevance liée aux ordures ménagères, taxe emblématique de la transition écologique, raconte Frédéric Potet, journaliste au « Monde », dans sa chronique.
afrique
Terrorisme : Niamey décrète « l’état d’urgence » dans trois départements proches du Burkina Faso
La proximité du Burkina Faso, confronté depuis trois ans à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières, inquiète les autorités nigériennes. Ainsi, l’état d’urgence a été décrété, vendredi 30 novembre, dans trois départements du sud-ouest du pays. « Le conseil des ministres a examiné et adopté le projet de décret portant proclamation de l’Etat d’urgence à Say, Torodi et Téra, dans la région de Tillabéri » souvent victimes d’attaques meurtrières « de groupes terroristes », précise un communiqué du gouvernement, lu à la télévision d’Etat. Cette région du sud-ouest nigérien est toute proche de l’est du Burkina Faso, théâtre d’attaques djihadistes depuis plusieurs mois. A la mi-novembre, deux gendarmes ont été tués et un autre blessé lors de l’attaque par des djihadistes présumés d’un poste de gendarmerie à Makalondi (dans le département de Torodi), à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Niamey. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Burkina Faso, nouveau maillon faible dans la lutte antidjihadiste Un prêtre italien – qui vivait depuis onze ans au Niger – y a notamment été enlevé le 17 septembre par des hommes armés venus sur des motos à son domicile dans cette région proche du Burkina Faso. A la fin d’octobre, l’armée a été « massivement déployée dans cette zone pour chasser des djihadistes qui tentaient de s’y implanter ». Cinq départements de Tillabéri déjà en état urgence Les trois départements nigériens où l’état d’urgence a été décrété « font l’objet d’attaques organisées, perpétrées par des groupes terroristes, mettant en péril l’ordre public et la sécurité des personnes et des biens », a justifié le gouvernement. « Il est nécessaire et urgent » de prendre cette « mesure pour faire face à la situation », assure le communiqué. Lire aussi Niger : six soldats tués dans une attaque à la frontière malienne L’Etat d’urgence accordera notamment des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité sur les théâtres des opérations, dont celui d’ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit, a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) une source sécuritaire. La mesure est en vigueur depuis mars 2017 dans cinq autres départements de Tillabéri, en raison d’incursions meurtrières attribuées à des groupes djihadistes maliens. Lire aussi Attaque meutrière d’une gendarmerie au Niger En 2015, Niamey avait déjà décrété l’Etat d’urgence dans la région de Diffa (sud-est), victime d’incursions meurtrières du groupe islamiste Boko Haram établi dans le nord-est du Nigeria. Malgré des frontières considérées comme poreuses, le Niger apparaît comme l’un des pays les plus stables dans une zone en proie aux troubles.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/01/terrorisme-niamey-decrete-l-etat-d-urgence-dans-trois-departements-proches-du-burkina-faso_5391129_3212.html
01/12/2018
Situés dans le sud-ouest du pays, les trois départements concernés « font l’objet d’attaques organisées, perpétrées par des groupes terroristes », selon le gouvernement.
international
Espagne : l’extrême droite entre en force au Parlement régional d’Andalousie
Les militants du parti d’extrême droite Vox célèbrent le résultat de l’élection régionale andalouse, le 2 décembre, à Séville (Espagne). MARCELO DEL POZO / REUTERS Un petit parti d’extrême droite, Vox, a fait, dimanche 2 décembre, une entrée en force au Parlement d’Andalousie, remportant douze sièges aux élections régionales. Cela met fin à la domination de la gauche dans cette région du sud de l’Espagne gouvernée depuis trente-six ans par le Parti socialiste (PSOE). Après dépouillement de plus de 99 % des bulletins de vote, le PSOE enregistre le pire résultat de son histoire en Andalousie, une région méridionale de 8,4 millions d’habitants. Il tombe de 47 à 33 sièges (sur 109). Son allié naturel, Adelante Andalucia (En avant Andalousie), variante locale de Podemos (gauche radicale), ne remporte que 17 sièges. Cela ne lui suffira pas pour parvenir à la majorité absolue de 55 sièges et donc pour former un gouvernement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Andalousie, test grandeur nature pour Pedro Sanchez C’est la première fois qu’un parti d’extrême droite entre dans un Parlement régional depuis le rétablissement de la démocratie en Espagne après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975. Vox, opposé à l’immigration illégale et à l’indépendantisme catalan, a dépassé les prévisions des sondages qui le créditaient au mieux de cinq sièges. « Les Andalous ont fait l’histoire (…) et se sont débarrassés de trente-six ans de régime socialiste », a lancé son chef Santiago Abascal, en célébrant son « triomphe ». Avant même la publication des premiers résultats, Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national avait adressé dans un tweet « ses vives et chaleureuses félicitations » à ses « amis de Vox ». Aucune alliance exclue à droite A droite, les conservateurs du Parti Populaire (PP) ont remporté 26 sièges, sept de moins qu’aux précédentes régionales en 2015, malgré tous les efforts de leur nouveau chef, Pablo Casado, qui a succédé à l’ancien premier ministre Mariano Rajoy à la tête de la formation cet été. Pablo Casado a réclamé, dimanche soir, la direction du gouvernement régional pour son parti et il a aussi demandé au chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, de convoquer des élections. En revanche le parti libéral Ciudadanos (centre droit) a bondi de 9 à 21 sièges mais sans toutefois parvenir à dépasser le PP. « Le changement l’a emporté aux élections andalouses, s’est écrié son chef, Albert Rivera. Le “sanchisme” en a pris un coup, maintenant il s’agit de le couler dans les urnes. » Mathématiquement, en s’alliant à Vox, les deux partis de droite auraient une majorité de gouvernement avec 59 sièges. Aucun n’a exclu cette alliance sans précédent. La débâcle du PSOE en Andalousie est un camouflet pour Pedro Sanchez qui gouverne l’Espagne depuis six mois à peine avec une minorité de 84 sièges sur 350 à la chambre des députés. Il devrait convoquer des législatives dans l’année qui vient, sans doute après les élections municipales, régionales et européennes de mai 2019.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/02/l-extreme-droite-entre-en-force-au-parlement-regional-d-andalousie_5391746_3210.html
02/12/2018
C’est la première fois qu’un parti d’extrême droite entre dans un Parlement régional depuis le rétablissement de la démocratie en Espagne, après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975.
football
Football : l’UEFA officialise la création d’une troisième coupe d’Europe des clubs
En plus de la Ligue des champions et de la Ligue Europa, les clubs européens pourront bientôt compter sur une troisième coupe d’Europe. L’Union des associations européennes de football (UEFA) a officialisé dimanche 2 décembre la création d’une compétition de 32 clubs destinée aux petites nations et lancée dès la saison 2021-2022. Le vainqueur de la nouvelle compétition, disputée les jeudis comme la C3, sera qualifié pour l’édition suivante de la Ligue Europa, a précisé l’instance du football européen, qui réunissait son comité exécutif à Dublin. Le nom de la compétition, la clé de répartition des primes de participation et la stratégie commerciale, notamment, « seront finalisés au cours de l’année 2019 ». « Cela porte le nombre total de participants dans les compétitions UEFA (Ligue des champions, Ligue Europa, nouvelle compétition) à 96, soit 32 équipes par compétition », a relevé dans un communiqué la puissante Association européenne des clubs (ECA), à l’origine du projet. Une Ligue Europa à 32 équipes Cette réforme implique donc de faire baisser de 48 actuellement à 32 le nombre d’équipes engagées en Ligue Europa. Les finales des trois coupes d’Europe se joueront toutes la même semaine : mercredi pour la nouvelle, jeudi pour la Ligue Europa et samedi pour la prestigieuse Ligues des champions. Sur un plan financier, cette réforme permettra aussi à l’instance de gonfler ses revenus commerciaux (droits télévisuels, marketing), stimulés par ailleurs par l’ouverture en septembre de la Ligue des nations au niveau des équipes nationales. Au terme de l’exercice 2017-2018, l’UEFA avait reversé 1,7 milliard d’euros aux équipes engagées en coupes d’Europe sur les 2,35 milliards d’euros générés par la Ligue des champions et la Ligue Europa. Cette saison, la richissime confédération a estimé à 3,25 milliards d’euros ses recettes commerciales brutes et devrait redistribuer 2,55 milliards d’euros aux clubs participants.
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/02/football-l-uefa-officialise-la-creation-d-une-troisieme-coupe-d-europe-des-clubs_5391743_1616938.html
02/12/2018
Dès 2021, cette nouvelle compétition destinée aux clubs moyens viendra complément de la Ligue des champions et de la Ligue Europa.
idees
« Le bitcoin ne fera pas rôtir la planète »
« Le bitcoin répondant à un besoin majeur et étant là pour durer, il apparaît plus pertinent de tirer avantage de cette demande électrique nouvelle que de se faire peur avec des études catastrophistes. » NYIMAS LAULA / REUTERS Tribune. Deux études publiées dans les revues Nature Climate Change à la fin d’octobre et dans Nature Sustainability le 5 novembre font froid dans le dos. La première nous annonce un réchauffement climatique dû au seul bitcoin. La seconde se contente d’affirmer que le bitcoin produit trois fois plus de CO 2 que l’extraction de l’or. Fort heureusement, ces deux exercices ne résistent pas à un examen approfondi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le bitcoin, gouffre énergétique et péril climatique La première étude fait une extrapolation inappropriée, ridicule pour qui connaît un tant soit peu le fonctionnement du bitcoin. En effet, elle détermine une consommation par transaction à un moment T et estime que si le nombre de ces transactions se multiplie, la consommation électrique du réseau augmentera en proportion. Cela revient à dire que la consommation de l’éclairage d’une route sur laquelle passent 100 voitures par heure va être multipliée par 10 si ce sont 1 000 voitures par heure qui passent demain. L’hypothèse de départ étant erronée, la conclusion de l’étude est fausse, sans surprise. La seconde étude tente de démentir une évidence : l’extraction de l’or consomme 130 térawattheure (TWh), le bitcoin moins de 50 TWh. Et l’extraction de l’or a des conséquences autres que sa seule consommation électrique : acides, mercure, esclavage, guerre, destruction des paysages. Empreinte environnementale Les « études » dénonçant l’empreinte environnementale du bitcoin se sont multipliées depuis 2013, permettant des titres sensationnels comme celui, risible, d’un Newsweek de novembre 2017 : « Bitcoin consommera toute l’énergie mondiale d’ici à 2020 ». A la décharge des relais de ces études biaisées et des lecteurs qui s’indignent de ce gâchis énergétique supposé, il est clair que cette consommation, considérable, peut apparaître comme un gaspillage flagrant si le bitcoin ne sert à rien. Certes, pour nous, la finalité du bitcoin est difficile à appréhender : nous avons des moyens de paiement satisfaisants, des monnaies solides et des institutions démocratiques qui ont notre confiance. Mais nous ne représentons qu’une petite partie de la population mondiale. Pour comprendre l’intérêt du bitcoin, Il faut savoir que près de 40 % des adultes de cette planète n’ont tout simplement pas de banque, pas de moyen de paiement, aucune possibilité d’entrer dans une mondialisation dont ils ne perçoivent que les effets néfastes. Ce chiffre hallucinant met en évidence l’échec de la microfinance et de ses tentatives d’inclusion financière. Il faut savoir aussi que 33 % de la population mondiale vit sous la coupe d’un dictateur et de sa monnaie, manipulable, gonflable à l’infini et surtout, confiscable.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/02/le-bitcoin-ne-fera-pas-rotir-la-planete_5391723_3232.html
02/12/2018
Dans une tribune au « Monde » Sébastien Gouspillou, entrepreneur de blockchain, réfute les accusations de surconsommation d’énergie dont fait l’objet l’industrie du bitcoin.
sport
Le boxeur canadien Adonis Stevenson hospitalisé « en conditions critiques »
Après un combat perdu contre l’Ukrainien Oleksandr Gvozdyk, le boxeur canadien Adonis Stevenson a été hospitalisé en « conditions critiques » dans la nuit de samedi 1er à dimanche 2 décembre, a annoncé son manager, Yvon Michel, à travers un message sur Twitter. AVIS, nouvelles sur la condition d’Adonis La famille de .@AdonisSuperman et les dirigeants de Groupe Yvon Michel s… https://t.co/a3JxGqUZZM — yvonmichelGYM (@Yvon Michel) « L’état d’Adonis est passé de critique à une évolution vers la stabilité d’hier à aujourd’hui ce qui est, dans les circonstances, une bonne nouvelle », a tweeté dimanche après-midi Yvon Michel. « Il reprend ses forces en sédation contrôlée », a-t-il ajouté, notant que le boxeur canadien était entouré par sa famille. La peur d’une commotion cérébrale Le manager avait annoncé dimanche matin que son boxeur était « dans une condition critique aux soins intensifs, à l’hôpital, suite à son combat contre Oleksander Gvozdyk ». « J’ai discuté avec les gens de l’hôpital. Il était confus à son arrivée. On redoute une commotion cérébrale. C’est très inquiétant », avait déclaré son manager lors de la conférence de presse d’après-match à laquelle Stevenson ne s’était pas présenté. Le CHU de Québec a confirmé à l’Agence France-presse (AFP) que le boxeur Canadien d’origine haïtienne « a été admis aux urgences » de l’hôpital, sans plus de précisions. Stevenson, qui ne s’est plus aventuré hors du Canada depuis plus de sept ans, remettait en jeu samedi soir pour la dixième fois son titre WBC des mi-lourds, conquis en juin 2013 face à l’Américain Chad Dawson. Il a été dominé par Gvozdyk, médaillé de bronze des JO-2012 de Londres, et leur duel a été arrêté par l’arbitre à la 11e des 12 reprises.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/02/le-boxeur-canadien-adonis-stevenson-hospitalise-en-conditions-critiques_5391678_3242.html
02/12/2018
Le boxeur a été hospitalisé après un combat perdu samedi soir. Au lendemain, il est dans un état stable, une « bonne nouvelle » après son hospitalisation en « condition critique ».
international
Des dizaines de milliers de Géorgiens contestent dans la rue l’élection de Salomé Zourabichvili
Les partisans de l’opposant Grigol Vashadze applaudissent l’ancien président Mikheil Saakachvili. Shakh Aivazov / AP Des dizaines de milliers de Géorgiens protestaient, dimanche 2 décembre, dans les rues de la capitale Tbilissi contre le résultat de l’élection présidentielle. Mercredi, Salomé Zourabichvili, ex-diplomate française et candidate du pouvoir en place a, en effet, largement remporté l’élection avec 59,52 % des voix : un résultat que les manifestants estiment truqué après un premier tour très serré. L’opposition géorgienne, qui s’était présentée à l’élection relativement unie derrière la candidature de Grigol Vachadzé, a d’ailleurs refusé de reconnaître les résultats. Réclamant des élections législatives anticipées, les manifestants ont afflué sur l’avenue Roustaveli, imposante artère de la capitale géorgienne sur laquelle est notamment situé le Parlement. Lire aussi L’ancienne diplomate française Salomé Zourabichvili élue présidente de Géorgie Un scrutin libre mais des « intimidations » L’ancien président Mikheil Saakachvili, aujourd’hui en exil aux Pays-Bas, a fait une apparition sur un écran géant sous les vivats de ses milliers de partisans. Il était arrivé au pouvoir en 2003 à la faveur d’un soulèvement pacifique, la révolution des Roses. Mais ses presque dix années à la tête du pays ont été chaotiques, certains l’accusant de dérives autoritaires, et il avait finalement perdu la présidence en 2012 au bénéfice de Bidzina Ivanichvili, l’homme le plus riche du pays, dont Mme Zourabichvili est l’héritière politique. Entre les deux tours, M. Ivanichvili, officiellement retiré de la politique, était sorti de son silence pour promettre aux électeurs plus de dépenses sociales et l’annulation des petites dettes bancaires de plus de 600 000 citoyens. Dans le fond, les deux candidats défendent pourtant un programme similaire, faisant du rapprochement avec l’Occident et de l’adhésion de leur pays à l’UE et à l’OTAN un objectif essentiel. Ces deux organisations suivaient d’ailleurs de près la bonne tenue du vote. « Le second tour du scrutin était concurrentiel et les candidats ont pu faire campagne librement », a noté l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans un rapport publié au lendemain du vote, soulignant toutefois « l’utilisation abusive » des ressources de l’Etat ainsi que la « potentielle intimidation » d’électeurs. Salomé Zourabichvili doit être investie à son poste dimanche 16 décembre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Géorgie, tensions et cadeaux électoraux avant la présidentielle
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/02/des-dizaines-de-milliers-de-georgiens-contestent-dans-la-rue-l-election-de-salome-zourabichvili_5391643_3210.html
02/12/2018
Elue présidente – un rôle essentiellement symbolique en Géorgie –, l’ex-diplomate française, candidate du pouvoir, est contestée par l’opposition.
musiques
La Callas contre Hatsune Miku : le match des hologrammes
L’hologramme de la cantatrice Maria Callas, au Lincoln Center, le 14 janvier, à New York (Etats-Unis). BASE HOLOGRAMS La première est un fantôme ; l’autre, une humanoïde. Mais toutes deux font salle comble. Samedi 1er décembre, Sophia Cecilia Anna Maria Kalos, dite Maria Callas, morte le 16 septembre 1977 à Paris, se produisait à Lyon, au Centre de Congrès, après un passage à la Salle Pleyel à Paris. Au même moment, Hatsune Miku, star de la pop culture japonaise – 16 ans, 1,58 m, 42 kg et deux immenses couettes bleues pour l’éternité –, rassemblait 5 000 fans à La Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Deux chanteuses, deux hologrammes, fruits des progrès de l’intelligence artificielle. D’un côté, une image recomposée et commercialisée par les Américains de la société Base Hologram (laquelle annonce déjà des concerts d’Amy Winehouse pour la fin de l’année) ; de l’autre, les Japonais de Crypton Future Media qui, en 2007, ont créé de toutes pièces cette chanteuse à partir du logiciel de synthèse vocale, Vocaloid, de Yamaha. Lire la portrait : Hatsune Miku, trajectoire d'une diva virtuelle « Miku Miku Miku », crie la salle qui attend la star aux 63 millions de vues sur YouTube, en tête des ventes de disques au Japon en 2010, première partie de la tournée de Lady Gaga aux Etats-Unis en 2014, et aujourd’hui mise en avant dans la vitrine de la très officielle opération culturelle Japonismes 2018. Ils sont jeunes, voire très jeunes, fans de mangas et de jeux vidéo, mélange de culture emo et de geeks unigenrés. Filles ou garçons, ils ont tout l’attirail (on dit le « cosplay »), à commencer par la perruque bleue, et agitent avec force leur « glowstick », un bâton lumineux qui change de couleur à la demande – 45 euros pièce, tout le stock a été vendu, les t-shirts et le reste aussi. Le chanteuse Hatsune Miku, star de la pop culture japonaise, a été créée de toutes pièces à partir d’un logiciel de synthèse vocale. LA SEINE MUSICALE Un groupe d’acharnés Dommage pour Doryan qui en voulait un. Pour le concert, il est venu de Lyon. A 21 ans, il travaille dans un magasin Leclerc et s’est fait tatouer le nom de son héroïne sur le bras. Hiyori a 27 ans, elle est illustratrice à Tokyo, et avec un groupe d’acharnés qui se déhanchent à droite de la salle dans des tenues les plus rocambolesques, elle suit la vraie-fausse chanteuse sur toute la tournée. Avouons qu’on est un peu désarmé. Non par la musique – il n’est pas question ici d’émotion mais d’énergie, et on n’a jamais vu autant de Français chanter des paroles en japonais comme autrefois on apprenait l’anglais sur les Beatles –, mais par l’hologramme. L’image est sale, l’écran visible, cela serait un vulgaire film que cela ne changerait rien. On est d’autant plus déçu que l’on a vu, la même semaine, la Callas Salle Pleyel.
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2018/12/02/la-callas-contre-hatsune-miku-le-match-des-hologrammes_5391640_1654986.html
02/12/2018
Alors que l’on découvre « La Voix du siècle » ressuscitée sur scène, la star de la pop japonaise débarque en tournée.
economie
La cyberguerre est déclarée
traîne. L’exposition « Oh ! Future Sensation », en mars 2015 à Sao Paulo (Brésil), a été victime de la cyberattaque NotPetya fin juin 2017. NACHO DOCE /REUTERS L’ambiance du Forum de gouvernance de l’Internet (FGI) était plutôt solennelle ce 12 novembre. Dans la grande salle de l’Unesco à Paris, en présence du secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, le président de la République Emmanuel Macron lançait officiellement l’Appel de Paris. Déjà signée par une soixantaine d’Etats et plusieurs centaines d’entreprises privées et d’organisations, cette déclaration appelle tous les acteurs de l’Internet à élaborer et à partager des principes de sécurisation du cyberespace. Le texte prend acte de l’omniprésence du numérique dans nos existences et alerte sur la multiplication et la gravité des menaces : « Le développement de la cybercriminalité et d’activités malicieuses peut aussi bien mettre en danger nos données privées que certaines infrastructures vitales », affirme-t-il. L’avertissement n’est pas exagéré. L’année 2017 a connu de nombreuses attaques informatiques particulièrement virulentes dont l’objectif n’était pas seulement le vol ou la demande de rançon. Dans son bilan 2017, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) constate l’apparition de deux nouvelles finalités des cyberattaques : la déstabilisation des processus démocratiques, notamment par la perturbation des élections, et la déstabilisation de l’ordre économique ciblant des entreprises précises. L’Anssi constate aussi la prolifération d’outils d’attaques sophistiqués et, plus inquiétant encore, la recrudescence d’attaques aux effets destructeurs. L’agence a traité pas moins de 1 621 événements de sécurité numérique sur 2 435 signalés, dont vingt incidents majeurs, douze opérations de cyberdéfense d’organisations vitales ou sensibles et trois crises publiques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mikko Hyppönen : « On ne peut pas attraper les cybercriminels » Le ton a changé. Il est maintenant question de cyberguerre. Les attaques ne proviennent plus seulement d’officines mafieuses qui utilisent le numérique à des fins économiques (rançons, blanchiment, trafics en tout genre). Désormais, elles menacent la démocratie (élections, infox), l’économie (blocage de l’activité) et la vie humaine (énergie, transports, hôpitaux, système de santé). Et nombre d’entre elles sont menées par des groupes souvent aux ordres de leur gouvernement. Soulignons que la Russie n’a pas signé l’Appel de Paris, ni d’ailleurs les Etats-Unis et la Chine… Infographie Le Monde La Russie soupçonnée d’être à l’origine de l’attaque NotPetya En octobre, les gouvernements du Royaume-Uni, des Etats-Unis et des Pays-Bas ont brisé pour la première fois la loi du silence qui entoure généralement les opérations d’espionnage en dévoilant les noms, mais aussi les photos, des membres du GRU (service de renseignement militaire de la Russie) qui ont mené plusieurs cyberattaques dans leurs pays au cours des dernières années.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/02/la-cyberguerre-est-declaree_5391635_3234.html
02/12/2018
Sensibilisés par les cyberattaques WannaCry et NotPetya en 2017, gouvernements et grandes entreprises ont réagi en créant des instances et des plans de cyberdéfense. Mais les PME restent à la traîne.
culture
« La Traviata » en noir et blanc de Deborah Warner
Vannina Santoni dans le rôle de Violetta dans « La Traviata ». Théâtre des Champs-Elysées/Vincent Pontet Production à hauts risques pour le Théâtre de Champs-Elysées, qui présentait ce 28 novembre une nouvelle Traviata conjuguant les périls. A la vision morbide de la metteuse en scène britannique Deborah Warner s’ajoutait la prise de rôle de la jeune Vannina Santoni et la décision du chef d’orchestre, Jérémie Rhorer, de souscrire à la lettre : retour au diapason qui présida à la création de l’opéra en 1853 (432 Hz au lieu des 440 habituels), exécution de toutes les reprises, et évacuation des notes aigues rajoutées par les us de l’interprétation. Alors que l’« Addio del passato » rétablissait tous ses couplets, le « Sempre libera » interdisait à Vannina Santoni le fameux contre-mi bémol, frustrant un tantinet l’auditeur sans affaiblir pour autant la performance de la soprano, très belle dans une robe rouge éclatante (remake de celle portée par Anna Netrekbo dans la mythique production de Willy Decker à Salzbourg en 2005, qui impressionna si fort Deborah Warner). La chanteuse française manque encore de legato et de souplesse notamment dans les passages « di forza », détimbrant des aigus trop systématiquement allégés. Elle excelle par contre dans la demi-teinte et se couvrira d’éloges dans une scène finale bouleversante accueillie par une ovation méritée du public. A ses côtés, l’Alfredo assez brut de décoffrage de Saimir Pirgu, à son avantage dans la violence ou le désespoir mais peu enclin à l’amour et à la tendresse – banal « De’ miei bollenti spiriti » chanté sans ferveur. Quant au Germont minéral de Laurent Naouri, pourtant moins figure de commandeur que grand dépressif kafkaïen, il paraît sans empathie pour le sacrifice demandé à Violetta, comme si lui-même ployait sous le joug du poids social. Un décor de lit d’hôpital Le reste de la distribution ne pointe aucune faiblesse, de la Flora assurée de Catherine Trottmann au Baron Douphol de Marc Barrard, en passant par le docteur Grenvil de Marc Scoffoni et un Chœur de Radio France à son affaire. Dans la fosse, la baguette d’apprenti sorcier de Jérémie Rhorer semble manier à plaisir les effets de contrastes. L’oreille devra d’abord s’accoutumer à l’absence d’homogénéité d’un orchestre qui privilégie les « coups de gueule dramatiques », non exempt d’une certaine sécheresse que renforce des tempos rapides – le « Di Provenza il mar » de Germont, chanté au galop d’une marée montante. L’oreille devra aussi s’habituer à la baisse du diapason, qui est un peu pour les chanteurs ce qu’est le passage à la limitation à 80 km/heures pour l’automobiliste : certaines intonations un peu hautes devront décélérer subtilement avant le « radar » de l’orchestre.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/02/la-traviata-en-noir-et-blanc-de-deborah-warner_5391622_3246.html
02/12/2018
La nouvelle production du chef-d’oeuvre de Verdi, marquée par la prise de rôle de Vannina Santoni, est jusqu’au 9 décembre au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris
economie
Mikko Hyppönen : « On ne peut pas attraper les cybercriminels »
Mikko Hyppönen lors d’une conférence sur la sécurité informatique, à Budapest, en octobre 2013. ATTILA KISBENEDEK/AFP Pour Mikko Hyppönen, directeur de la recherche de la société finlandaise F-Secure et figure historique du monde de la cybersécurité (il a identifié le premier virus en 1991), les gouvernements utilisent désormais massivement ces nouveaux outils. Vous êtes un acteur de longue date du domaine de la cybersécurité. Qu’est-ce qui, selon vous, a changé au cours des dernières années ? Beaucoup de choses. Nous assistons à une escalade dans tous les domaines. Les attaques sont plus fortes, plus dévastatrices. Les hackeurs n’ont plus peur d’être pris. Les gouvernements non plus ! D’ailleurs, les premiers attaquent souvent pour le compte des seconds. A vous entendre, nous sommes en guerre... Oui, en cyberguerre ! L’offensive menée contre la production d’énergie en Ukraine a touché plus de personnes et de biens qu’une guerre réelle ne l’aurait fait. Ceux qui ont mené cette attaque essayaient bien de détruire la société ukrainienne. Cela dit, il n’y aura pas de cyberguerre à proprement parler entre deux pays, mais les armes cyber seront utilisées dans les prochains conflits à côté des armes aériennes, terrestres, maritimes et spatiales. Et elles ont beaucoup d’avantages sur les armes réelles. Elles sont efficaces, abordables et déniables, vous pouvez dire « C’est pas moi » ! Article réservé à nos abonnés Lire aussi La cyberguerre est déclarée Les gouvernements investissent dans des armes réelles en espérant qu’ils ne s’en serviront pas, c’est de la dissuasion comme les armes nucléaires, par exemple. Mais quand un gouvernement développe des systèmes d’armes cyber, c’est pour les utiliser et ce n’est pas de la dissuasion, car personne ne le sait. Est-ce que la cyberdéfense progresse au même rythme que la cyberattaque ? Oui, les solutions de protection et de sécurisation progressent, mais la course aux armements cyber est totalement injuste. Les attaquants peuvent se procurer les outils de défense qui existent sur le marché et les tester des centaines de fois afin de savoir exactement où ils doivent attaquer et quelles barrières ils devront franchir. Alors que la défense doit réussir une fois et vite sans savoir où et quand elle sera attaquée. C’est pour cette raison que l’on met des capteurs partout sur les réseaux afin de détecter les tentatives, qui sont ensuite analysées par des humains. Pour rester cachés des forces de police et des éditeurs de logiciels de cybersécurité, les attaquants ne doivent pas commettre la moindre erreur. Il y a des cas où une toute petite erreur a permis d’identifier les auteurs d’une attaque et de la contrer.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/02/mikko-hypponen-on-ne-peut-pas-attraper-les-cybercriminels_5391619_3234.html
02/12/2018
Quand un gouvernement développe des systèmes d’armes cyber, c’est pour les utiliser et ce n’est pas de la dissuasion, car personne ne le sait, explique Mikko Hyppönen, figure historique du monde de la cybersécurité.
economie
Cybersécurité : entreprises recherchent talents désespérément
Un taux de chômage égal à zéro, des rémunérations attrayantes, des perspectives d’évolution rapide… Les carrières de la cybersécurité ont tout pour séduire. Pourtant, les entreprises ont des difficultés à pourvoir les postes qu’elles créent en grand nombre pour répondre à leurs besoins croissants. En France, seulement 1 200 des 6 000 postes ouverts en 2017 auraient été pourvus. D’autres chiffres circulent : il manquerait 350 000 spécialistes de cybersécurité en Europe d’ici à 2022 ; plusieurs centaines de milliers de postes seraient ouverts dans la région de New York… Article réservé à nos abonnés Lire aussi La cyberguerre est déclarée Ces chiffres sont difficilement vérifiables. Mais la réalité est là, et les acteurs du domaine s’arrachent les quelques candidats disponibles. Un constat s’impose : la cybersécurité souffre d’un déficit d’image auprès des jeunes, et surtout des jeunes femmes, qui ne représentent que 10 % des effectifs des formations. L’image du « geek » asocial, en sweat-shirt à capuche devant son écran a la peau dure et nuit à l’attrait du secteur. « Nous avons besoin de personnes opérationnelles très vite » Orange Cyberdefense recrute chaque année 250 personnes en CDI et 100 stagiaires, au prix d’efforts soutenus. « Nous participons à un forum par semaine dans une des nombreuses écoles d’ingénieurs dont nous sommes partenaires, mais les formations délivrées sont très théoriques et nous avons besoin de personnes opérationnelles très vite. C’est pourquoi nous nous impliquons dans les cursus et proposons des stages de pré-embauche », explique Ludivine de Lavison, directrice de la filière métier cyber et sécurité d’Orange Cyberdefense. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mikko Hyppönen : « On ne peut pas attraper les cybercriminels » Pour pallier le manque de candidats, les acteurs envisagent différents moyens : formation continue, reconversion de jeunes retraités de l’armée, retour à l’emploi de femmes ou de chômeurs… L’université technologique de Troyes, un pionnier des formations spécialisées, forme 300 personnes chaque année dans différents masters ou diplômes d’université. « De plus en plus d’étudiants sont en formation continue. Nous accueillons des personnes de plusieurs ministères (défense, intérieur, économie) et des salariés d’entreprises, notamment de la banque et de l’assurance », détaille Reza El-Galai, responsable de plusieurs formations dont le mastère spécialisé Expert forensic et cybersécurité.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/02/cybersecurite-entreprises-recherchent-talents-desesperement_5391617_3234.html
02/12/2018
En France, seuls 1 200 des 6 000 postes ouverts en 2017 auraient été pourvus. Et il manquerait 350 000 spécialistes de cybersécurité en Europe d’ici à 2022.
societe
Les « gilets jaunes », des révolutionnaires sans révolution ?
« Les gilets jaunes triompheront », a écrit un manifestant sur l’arc de Triomphe à Paris, samedi 1er décembre. Julien Muguet pour "Le Monde" Si l’histoire ne repasse pas les plats, elle a, du moins, une sacrée dose d’ironie. Il y a pile un an, Emmanuel Macron laissait entendre qu’il souhaitait commémorer les événements de Mai 68. Soutenu par plusieurs figures du mouvement étudiant cinquantenaire, comme Daniel Cohn-Bendit, Romain Goupil ou encore Roland Castro, le chef de l’Etat a longuement hésité à rendre hommage à ces événements fondateurs dans l’histoire sociale française. Pour finalement renoncer. Un an après, la mobilisation des « gilets jaunes » et la journée d’affrontements du samedi 1er décembre en plein Paris font resurgir la possibilité d’une longue et violente contestation du pouvoir, comme il y a un demi-siècle. Les images des violences qui ont émaillé la troisième journée de mobilisation des « gilets jaunes » ont quelque chose de politiquement insaisissable. Comment expliquer que des militants d’extrême droite, d’extrême gauche et non politisés se retrouvent ensemble, alors que tout montre qu’ils sont antagonistes ? Quel peut être le ciment d’une telle « convergence de l’émeute » ? L’entente, d’ailleurs, ne fut pas cordiale : Yvan Benedetti, ancien leader de l’Œuvre française, groupuscule pétainiste et antisémite dissous après la mort de Clément Méric en 2013, s’est fait molester lors de la manifestation. Il faut alors renverser la perspective d’analyse. Ne pas se demander « pour » quoi une telle convergence existe, mais « contre » quoi. La réponse semble évidente : Emmanuel Macron « et son monde », ses réformes, la philosophie politique et économique qui les sous-tend. Des airs de 24 mai 68 Difficile de trouver, dans l’histoire récente, un point de comparaison qui puisse expliquer ce phénomène. Le plus proche pourrait tout de même bien être la nuit du 24 au 25 mai 1968. Une nuit d’émeutes, de violences (qui fit deux morts) où les groupuscules gauchistes et le service d’ordre furent totalement dépassés par des manifestants « enragés », des révolutionnaires sans révolution. D’ailleurs, on remarque souvent, dans les manifestations, des références à Mai 68 mais aussi à 1789, avec les drapeaux tricolores et La Marseillaise. Mais toute comparaison a ses limites : il y a cinquante ans, la société était « conscientisée », le Parti communiste et la CGT organisaient la classe ouvrière, les étudiants étaient pour beaucoup des militants révolutionnaires. Et si quelques néofascistes d’Occident (groupuscule universitaire d’extrême droite) ont pu participer aux événements, c’était à la marge. Par ailleurs, le gouvernement avait des référents, des leaders avec qui discuter et des syndicats avec qui négocier. Aujourd’hui, rien de tel. Et c’est une différence de taille qui n’arrange en rien l’exécutif.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/02/les-gilets-jaunes-des-revolutionnaires-sans-revolution_5391608_3224.html
02/12/2018
Les images des violences ont quelque chose de politiquement insaisissable. Mais elles font penser à des scènes émeutières des anciennes révolutions ou de Mai 68.
societe
« Gilets jaunes » : un troisième mort en marge du mouvement
Un automobiliste est mort dans la nuit de samedi 1er à dimanche 2 décembre à Arles, dans les Bouches-du-Rhône, après avoir percuté un poids lourd à l’arrêt en raison d’un bouchon provoqué par un barrage de « gilets jaunes », fait savoir le procureur de Tarascon. « Cet accident est directement lié à un barrage de “gilets jaunes” qui a provoqué un gigantesque embouteillage de 10 kilomètres (…). Une fourgonnette a percuté de plein fouet un poids lourd, avant d’être, à son tour, percutée par un autre véhicule », a expliqué Patrick Desjardins. Le conducteur de la fourgonnette, un artisan, est décédé, le choc ayant été « très violent ». Le poids lourd qui était devant lui a avancé de « plusieurs mètres » et son chauffeur légèrement blessé a été hospitalisé, a précisé le procureur. « L’embouteillage a duré plusieurs heures et il semblerait que les poids lourds qui attendaient avaient éteint leur feu », a-t-il encore dit. Une enquête confiée à la gendarmerie est en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’accident. Outre les investigations autour de l’organisation de ce barrage, il faudra également comprendre « les raisons pour lesquelles des véhicules ont continué à arriver sur une route engorgée », a-t-il ajouté. Trois morts depuis le début du mouvement Le 17 novembre déjà, premier jour des rassemblements des « gilets jaunes », une manifestante avait été tuée à Pont-de-Beauvoisin (Savoie) après avoir été percutée par une automobiliste prise de panique à un barrage. Le 20 novembre, un motard de 37 ans était décédé des suites de ses blessures, après une collision la veille avec une camionnette qui manœuvrait pour éviter un barrage de « gilets jaunes ». Dimanche, la RN 113 était coupée entre Saint-Martin-de-Crau et Arles. Dans le Sud-Est, la circulation restait « très difficile » dimanche matin sur plusieurs axes routiers, selon Vinci autoroutes, notamment dans l’Hérault sur l’A9, qui reste coupée à Agde et à Sète. Les échangeurs sont inaccessibles entre Béziers et Orange, précise le communiqué. Des perturbations sont également recensées sur l’A7, où les sorties sont interdites à l’échangeur de Montélimar sud et à Bollène. Dans le Var, un blocage était également en cours à La Seyne-sur-Mer, selon la préfecture, et des barrages filtrants mis en place notamment sur l’A50 à hauteur de Bandol ou encore l’A8 aux péages de Brignoles et du Muy.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/02/gilets-jaunes-un-troisieme-mort-en-marge-du-mouvement_5391591_3224.html
02/12/2018
Un automobiliste est mort à Arles après avoir percuté un poids lourd à l’arrêt en raison d’un bouchon provoqué par un barrage de « gilets jaunes ».
idees
La palette politique du jaune
Rassemblement de « gilets jaunes » sur les Champs-Elysées, à Paris, le 24 novembre. Benjamin Girette pour "Le Monde" Impossible à rater : le bien nommé « gilet de haute visibilité », souvent raccourci en « gilet jaune », a envahi ces dernières semaines notre champ visuel. Choisi comme signe distinctif par les manifestants et comme étendard de leur mécontentement, le gilet jaune est devenu en quelques jours une nouvelle pièce du vestiaire contestataire, au même titre que le bonnet rouge ou le K-Way noir des black blocs. Voilà un choix astucieux : très peu cher, obligatoire dans tous les véhicules, il est simple à se procurer. Surtout, il est, de par sa fonction première (signaler un piéton sur le bas-côté de la route), hautement visuel. Le photographe indépendant Benjamin Girette, qui a couvert la mobilisation depuis le 10 novembre, souligne l’importance de cet aspect : « D’ordinaire, un gilet jaune dans le cadre est plutôt une plaie pour le photographe : il ressort si bien qu’il prend le pas sur le sujet principal de l’image. Cette fois-ci, pas de problème ! C’est au moment d’éditer mes images, devant ces quelques centaines de photographies de ­gilets fluorescents, que cela m’a sauté aux yeux : avec ce choix, les manifestants se sont comportés en véritables professionnels de la politique et de la communication. » Couleur des traîtres et des cocus Mais là n’est pas le seul avantage de cet ­accessoire : le jaune, connoté plutôt négativement dans les sociétés occidentales, n’abonde pas dans le champ politique ; aucun parti français d’ampleur ne s’y réfère actuellement. Une aubaine pour des participants qui revendiquent le caractère apolitique de leur mouvement : sa couleur ne renvoie pas à la longue histoire des traditions politiques françaises. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le jaune est utilisé pour se démarquer d’organisations politiques préexistantes. Constitué en opposition aux syndicats « rouges », socialistes ou communistes, le « syndicalisme jaune », favorable au patronat, avait déjà revêtu cette couleur au début du XXe siècle. Le premier « syndicat jaune » naît ainsi après la grève générale des usines du Creusot en 1899 – mais si l’origine du terme est incertaine, elle est à chercher du côté de leurs opposants. Ce sont d’abord les « rouges » qui qualifient de « jaunes », couleur des traîtres et des cocus, les ouvriers et les syndicats s’opposant à la grève et à la lutte, avant que, par un « retournement du stigmate », ceux-ci ne le revendiquent ensuite.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/02/la-palette-politique-du-jaune_5391577_3232.html
02/12/2018
Avant de devenir l’étendard des « gilets jaunes », cette couleur avait été revendiquée par les syndicats briseurs de grève au tout début du XXe siècle pour se démarquer des « rouges » (socialistes) et des « blancs » (monarchistes).
economie
Matières premières : l’ananas n’est plus exotique
Dans une plantation d’ananas en Côte d’Ivoire, en avril 2009. ISSOUF SANOGO / AFP Chronique. L’ananas est une banane. Ne cherchez pas l’analogie dans la couleur du fruit épluché. Même s’ils arborent tous deux une tonalité fort à la mode sur les écrans de l’actualité. Un jaune qui fait voir rouge les autorités. Non. Le point commun est autre. Ananas et banane ont été éjectés de la corbeille de fruits exotiques. Plus question de côtoyer fruit de la passion, mangoustan, pitaya, physalis ou même mangue. Finie, la frime. L’ananas s’est banalisé. Désormais, les Européens croquent toute l’année dans sa chair juteuse. Et l’engouement pour ce fruit ne se dément pas. Bien au contraire. Selon le Centre international de recherche agronomique pour le développement (Cirad), la vente d’ananas frais sur le continent devrait atteindre un record en 2018, dépassant la barre de 1,1 million de tonnes. A comparer aux 400 000 tonnes importées par l’Europe il y a quinze ans. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Patate, vers une flambée des prix ? Les enseignes de distribution ont ouvert grand les portes à ce fruit tropical, considéré comme un produit d’appel pour attirer le chaland. L’ananas est donc aussi une carotte. Le consommateur se laisse séduire, oublieux de sa culpabilité, quand il le glisse dans son panier. Foin des discours sur les circuits courts. Car même s’il arbore un motif en hexagone sur sa robe, ce fruit est un globe-trotteur. Avec son écorce dure, il voyage sans souci à fond de cale, ou plutôt de conteneur. Prix divisés par deux Mais plus la culture s’est industrialisée, plus les flux se sont rationalisés. Le Costa Rica est devenu la plaque tournante de l’ananas. Une domination qui donne le tournis. Ce pays représente 90 % des importations européennes. « L’ananas au Costa Rica est le symbole d’une révolution variétale », souligne Denis Lœillet, du Cirad. Il semble loin le temps où il était synonyme de variété Cayenne et d’origine Côte d’Ivoire. L’américain Del Monte, soucieux d’en industrialiser la culture, a développé l’Extra Sweet. « C’est le hamburger de l’ananas, avec un goût très doux », estime M. Lœillet. Malgré les menaces de Del Monte, désireux de protéger « sa » variété, des concurrents lui ont emboîté le pas, et la machine costaricaine s’est emballée, écrasant les autres origines. Avec le risque inhérent à cet effet moutonnier. « La Formule 1 de l’ananas », comme la qualifie M. Lœillet, connaît de régulières sorties de route. La prochaine est imminente. Face à l’avalanche d’ananas, les prix s’écrasent, quasiment divisés par deux en deux ans. Le cycle de destruction de valeur est enclenché. Avec un risque de casse sociale pour les planteurs costaricains.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/02/matieres-premieres-l-ananas-n-est-plus-exotique_5391571_3234.html
02/12/2018
En quelques années, devenu un produit d’appel pour la grande distribution, l’ananas est sorti de la corbeille des fruits exotiques et s’est banalisé, explique dans sa chronique Laurence Girard, journaliste au « Monde ».
economie
Pour Shell aux Pays-Bas, 13 milliards d’euros de bénéfices et zéro impôt
Une station-service Shell. Le géant pétrolier et gazier Royal Dutch Shell a réalisé 13 milliards d’euros de bénéfices en 2017. CARL COURT / AFP Les révélations du quotidien Trouw, jeudi 29 novembre, sur le traitement fiscal plus que favorable apparemment réservé au géant pétrolier et gazier Shell créent beaucoup de remous aux Pays-Bas. Le journal révélait, en effet, que le groupe ne paie pas d’impôts dans le pays où il est établi alors qu’il réalise des bénéfices colossaux – 13 milliards d’euros en 2017. C’est l’utilisation de toutes les possibilités de déduction et autres ficelles du droit néerlandais qui auraient permis à Royal Dutch Shell de se trouver quasiment exonérée alors qu’au cours de la dernière décennie elle a engrangé, un bénéfice annuel de 2 milliards d’euros lors de sa plus « mauvaise » année, 55 milliards au cours de la meilleure. La multinationale, dont le siège est à La Haye, a constitué une entité fiscale unique qui lui permet, en cumulant les profits et les pertes de ses nombreuses filiales, d’échapper à l’impôt, affirme l’enquête de Trouw, fondée notamment sur un document interne et confidentiel du ministère des finances. Silence total La situation fiscale de la multinationale anglo-néerlandaise apparaît comme un véritable secret d’Etat. Shell se refuse à tout commentaire sur son statut pour ne pas affaiblir sa position à l’égard de ses concurrents. Son PDG, Marjan van Loon, a seulement indiqué que l’administration « sait précisément ce que fait Shell ». Celle-ci est toutefois tenue de respecter un silence total… L’entreprise est autorisée à déduire, aux Pays-Bas, les intérêts de ses emprunts destinés à des investissements à l’étranger, ainsi que les pertes encourues, par exemple, lors d’explorations pétrolières infructueuses. Dans le cadre de l’établissement de régimes fiscaux privilégiés, le royaume a aussi renoncé à taxer les bénéfices des filiales étrangères de multinationales. Jan van de Streek, un professeur de l’université d’Amsterdam, a publié récemment une étude confirmant le statut privilégié de Shell qui a conclu un accord – ruling, ou rescrit fiscal – avec le fisc en 2004 au moment de la fusion des branches néerlandaise et britannique du groupe et de l’implantation de Royal Dutch Shell dans la capitale administrative des Pays-Bas. Ce « deal », sans limite dans le temps, aurait déjà permis à l’entreprise de s’épargner 7 milliards d’impôts. Le gouvernement du libéral Mark Rutte promet des règles plus strictes en matière d’accords fiscaux et de lutte contre l’évasion des capitaux A la suite d’une plainte de l’eurodéputé socialiste Paul Tang, les services de la concurrence de la Commission européenne ont ouvert une enquête dite d’orientation. Elle devra déterminer si ce rescrit, particulièrement favorable constitue, oui ou non, une aide d’Etat.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/02/pour-shell-aux-pays-bas-13-milliards-d-euros-de-benefices-et-zero-impot_5391565_3234.html
02/12/2018
Le géant pétrolier a utilisé toutes les possibilités de déduction et autres ficelles du droit néerlandais pour être quasiment exonéré a révélé le quotidien « Trouw ».
international
Donald Trump veut « mettre fin » à l’Aléna rapidement
De gauche à droite, les chefs d’Etat mexicain (Enrique Pena Nieto, sur le dernier jour de son mandat, Andres Manuel Lopez Obrador ayant été investi ce samedi 1er décembre), américain (Donald Trump) et canadien (Justin Trudeau) après la signature du nouveau traité de libre échange, en marge du G20 à Buenos Aires, le 30 novembre 2018. SAUL LOEB / AFP Le président américain Donald Trump a expliqué samedi vouloir rapidement mettre fin à l’Aléna, l’accord de libre-échange remontant à 1994 avec le Mexique et le Canada, en faveur du nouveau traité qu’il vient de signer avec eux en marge du G20, au risque d’un affrontement potentiel avec le Congrès. A bord de l’avion Air Force One qui le ramenait aux Etats-Unis de retour du sommet du G20 en Argentine, M. Trump a déclaré à des journalistes qu’il allait demander officiellement au Congrès de « mettre fin » à l’Aléna (accord de libre-échange nord-américain, Nafta en anglais) « dans une période de temps relativement courte ». Cette démarche déclencherait un délai de six mois avant que les Etats-Unis quittent cet accord, durant lequel le Congrès se verrait demander d’approuver le nouvel accord signé vendredi, l’accord Etats-Unis-Mexique-Canada (AEUMC, ou USMCA selon le sigle anglais). Obstacles en vue au congrès Lors de sa signature à Buenos Aires, une victoire pour lui après des mois de négociations tendues, M. Trump avait qualifié le nouvel accord de « tellement meilleur que l’Aléna », qu’il juge « désastreux » pour l’économie américaine, l’accusant d’avoir fait perdre des millions d’emplois notamment dans l’automobile. L’AEUMC prévoit pour le secteur automobile des règles incitant à se fournir en matériaux et composants aux Etats-Unis et une clause forçant le Mexique à augmenter les salariés du secteur. « Il sera mis fin (à l’Aléna) et le Congrès aura le choix entre l’AEUMC ou la situation d’avant l’Aléna, qui fonctionnait très bien », a poursuivi le président républicain. Les trois chefs d’Etat d’Amerique du Nord signent le nouveau traité durement négocié ces derniers mois. SAUL LOEB / AFP M. Trump avait estimé la veille qu’il n’aurait pas de difficultés à obtenir l’accord du Congrès mais certains démocrates, qui contrôleront la Chambre des Représentants à partir de janvier, ont affiché leur scepticisme. Le nouvel accord est encore « un travail en cours », a déclaré vendredi la chef des démocrates au Congrès américain, Nancy Pelosi, désignée la semaine dernière comme candidate par son parti pour présider la Chambre et devenir « Speaker », troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président. « Ce qui ne s’y trouve pas encore, ce sont des garanties concernant les travailleurs » et l’environnement, a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse. « Ce n’est pas un bout de papier où nous devrions mettre oui ou non », a dit Mme Pelosi, soulignant que le Mexique ne s’était pas encore doté d’une loi sur les salaires et les conditions de travail. Le nouveau traité doit également être approuvé par les parlements du Canada et du Mexique.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/02/donald-trump-veut-mettre-fin-a-l-alena-rapidement_5391562_3210.html
02/12/2018
Le président américain souhaite voir disparaître l’accord de libre-échange remontant à 1994 avec le Mexique et le Canada, qu’il qualifie régulièrement de « pire accord jamais signé », en faveur du nouveau traité négocié difficilement avec ses voisins nord-américains ces derniers mois.
livres
« Histoire des crétins des Alpes » : Antoine de Baecque entre érudition et goût de l’absurde
Histoire des crétins des Alpes, d’Antoine de Baecque, Vuibert, 288 p., 24,90 €. L’historien Antoine de Baecque, en 2012. MARTIN BUREAU / AFP En juin 1873, une commission d’enquête « sur le goitre et le crétinisme en France » rend au Comité consultatif d’hygiène publique un épais mémoire de 372 pages gorgées de cartes, de tableaux et de chiffres, fruit de plus de huit ans de travail. Sa conclusion précise un phénomène bien connu depuis la fin du siècle précédent : l’existence dans les Alpes d’une endémie qui touche 100 000 personnes atteintes de goitre et 20 000 de crétinisme, ce qui représente jusqu’à 2 % de la population dans certains départements. Cet « état de dégénérescence physique et d’arriération mentale » était une situation dramatique, bien éloignée de nos modernes et faciles invectives : physiquement diminuées, les personnes touchées vivaient le plus souvent dans un état végétatif. Objets de descriptions pittoresques, cibles d’un regard médical souvent déshumanisant, les « crétins des Alpes » ont fait partie, au XIXe siècle, de ces « anormaux » rejetés des sociétés bourgeoises et industrielles, selon le modèle d’analyse proposé par Michel Foucault (1926-1984). Le philosophe les a toutefois oubliés dans son cours du Collège de France consacré à ce grand tri entre « normaux » et « anormaux ». Retard de la médecine Le premier mérite d’Histoire des crétins des Alpes, de l’historien Antoine de Baecque*, consiste à les réintégrer dans ce cadre d’analyse. Leur sort est d’autant plus pathétique que la cause de leur mal – le manque d’iode dans ces régions enclavées – est l’une des hypothèses retenues dès la découverte du phénomène, mais noyée parmi d’autres facteurs possibles, ce qui a empêché d’y apporter une solution. En 1922, quelques semaines ont suffi à la Suisse pour éradiquer l’endémie. Mais on avait longtemps tergiversé. Le principal retard, accuse de Baecque, a finalement été celui de la médecine, qui a laissé grandir trois générations de crétins, entre 1830 et le début du XXe siècle, alors qu’ils auraient pu être préservés de ce handicap. Entre-temps, que de récits de voyage, que d’études scientifiques leur auront été consacrés ! Fin connaisseur de la « crétinomanie » littéraire et de la « science de l’Alpe » du XIXe siècle, l’auteur nous entraîne dans le flot de discours qui a concerné les crétins et analyse les pratiques, parfois éducatives, souvent disciplinaires, qui ont conduit, dans un certain nombre de cas, à leur enfermement.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/02/histoire-des-cretins-des-alpes-antoine-de-baecque-entre-erudition-et-gout-de-l-absurde_5391558_3260.html
02/12/2018
L’historien enquête sur le crétinisme, maladie résultant d’une carence en iode, en fin connaisseur de la « crétinomanie » littéraire et de la « science de l’Alpe » du XIXe siècle.
livres
« Sortir du chaos » : Gilles Kepel en analyste et témoin de la dévastation du Moyen-Orient
Sortir du chaos. Les crises en Méditerranée et au Moyen-Orient, de Gilles Kepel, Gallimard, « Esprits du monde », 528 p., 22 €. Dans l’une des dernières zones rebelles, près d’Alep, en Syrie, le 26 novembre. AAREF WATAD / AFP Moyen-Orient, automne 1973. Du 6 au 26 octobre, Israël ­repousse in extremis l’offensive de ses voisins égyptien et syrien. Le monde ne le sait pas encore, mais bientôt il y aura la paix entre l’Etat hébreu et l’Egypte, et la guerre du Kippour restera comme le dernier des affrontements grand format entre Tsahal et les armées arabes. A ce jour, il n’y en a pas eu d’autres. Le Caire et Damas voulaient recouvrer des territoires perdus lors des précédents conflits avec, en toile de fond, cette ligne de fracture datant de 1948 : le conflit entre Israël et les Palestiniens – la grande cause du monde arabe. Les experts parlaient de la « centralité stratégique » du conflit israélo-palestinien. Il commandait, croyait-on, l’avenir d’une région dont le monde dépendait pour sa ­consommation en pétrole et qui formait un ensemble d’autant plus explosif qu’il était l’un des théâtres de la guerre froide. Moyen-Orient, automne 2018. A Washington comme à Moscou, en Europe et dans le monde arabe, on salue le premier anniversaire de la victoire sur ce proto-Etat djihadiste qu’était l’organisation Etat islamique (EI). Un coup dur, sinon définitif, a été porté à cette mouvance multiforme qui, depuis trop longtemps, ravage le Moyen-Orient et a aussi frappé l’Europe, les Etats-Unis, la Russie et d’autres. Terrain, érudition et passion Au prix d’immenses destructions, EI a été chassée de ses « capitales », Mossoul, en Irak, en juillet 2017, et Rakka, en Syrie, en octobre suivant. Aujourd’hui, la Syrie commence à sortir, détruite, de sept ans de guerres à entrées multiples ; l’Irak émerge de dizaines années de guerres intérieures et extérieures. Le conflit israélo-palestinien a été marginalisé. Une nouvelle ligne de fracture saigne la région : elle épouse la vieille querelle qui divise l’islam entre sunnites (majoritaires) et chiites – avec deux théocraties comme chefs de file, l’Arabie saoudite pour les premiers, l’Iran pour les seconds. Le pétrole du Golfe a perdu en importance. Que s’est-il passé ? Pourquoi le Moyen-Orient de 2018 ne ressemble-t-il plus en rien à celui de 1973 ? Réponse : plus de quarante ans de conflits, d’interventions étrangères et de tragédies intérieures, que Gilles Kepel raconte avec maestria dans son nouveau livre, Sortir du chaos. Il fallait un homme de terrain, d’érudition et de passion pour restituer dans toute sa complexité ces décennies de drames moyen-orientaux. Kepel est ici dans sa « circonscription », ce monde arabo-islamique qu’il sonde depuis quarante ans, justement. Son parcours professionnel se confond avec la séquence des évé­nements qu’il relate – vaste synthèse ­d’histoire contemporaine et d’histoires personnelles.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/02/sortir-du-chaos-gilles-kepel-en-analyste-et-temoin-de-la-devastation-du-moyen-orient_5391557_3260.html
02/12/2018
Le spécialiste de l’islam et du monde arabe brosse le tableau de l’histoire contemporaine d’une région perpétuellement en guerre. Puissant.
international
« AMLO » lance sa transformation du Mexique
Le nouveau président du Mexique, Andres Manuel Lopez Obrador, lors de sa cérémonie d’investiture, au Congrès de Mexico, le 1er décembre 2018. HENRY ROMERO / REUTERS « C’est un changement de régime politique », a annoncé, samedi 1er décembre, Andres Manuel Lopez Obrador, premier président de gauche de l’histoire récente du Mexique, lors de son investiture devant le Congrès. Pas un jour à perdre pour celui que les Mexicains surnomment « AMLO » (ses initiales), qui a lancé, dès le lendemain, les premières mesures de son programme réformateur contre la pauvreté, la corruption et la violence, alors qu’une crise migratoire menace les relations avec le puissant voisin du Nord. Après avoir prêté serment, « AMLO » s’est adressé à une foule énorme, venue célébrer son entrée en fonction sur la place principale de Mexico. Dans les effluves d’encens et le bruit des tambours, le nouveau président s’est vu remettre un bâton de commandement par les représentants des 68 ethnies indiennes du Mexique. « Les peuples indigènes seront notre priorité », a assuré l’ancien maire de Mexico (2000-2005), devant quelque 150 000 personnes. Les 15 millions d’Indiens mexicains, la plus forte concentration indigène du continent, restent les premières victimes de la pauvreté, qui frappe 43 % de la population. Son discours fleuve a listé les engagements de son mandat non renouvelable de six ans : éducation et santé gratuites, hausse du salaire minimum, bourses scolaires et d’apprentissage, retraites augmentées, créations d’emplois… « C’est un honneur d’être avec Obrador », scandait la foule, célébrant à nouveau sa victoire triomphale (53 % des suffrages) lors du scrutin présidentiel et législatif du 1er juillet. Environ 150 000 personnes se sont réunies samedi 1er décembre pour la cérémonie d’investiture d’Andres Manuel Lopez Obrador. Marco Ugarte / AP « Combattre le cancer de la corruption » Au Congrès, « AMLO » a passé l’écharpe présidentielle, aux couleurs du drapeau mexicain, devant les chefs d’Etat et les diplomates étrangers invités. Il a alors détaillé sa « quatrième transformation du Mexique », après l’Indépendance (1810), la Réforme (1858 à 1861, instaurant la laïcité) et la Révolution (1910). Il s’est ensuite engagé à rompre avec « les politiques néolibérales désastreuses » et à « combattre le cancer de la corruption », annonçant la levée de l’immunité des élus, dont la sienne. Le président a salué Ivanka Trump, présente avec le vice-président américain, Mike Pence, alors que Donald Trump était au sommet du G20 en Argentine. Une caravane de milliers de migrants centraméricains, bloquée à la frontière nord du Mexique, pèse sur la « relation respectueuse » entre les deux chefs d’Etat, dont s’est félicité « AMLO ». Dimanche 2 décembre, son ministre des affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a rencontré à Washington son homologue américain, Mike Pompeo.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/02/amlo-lance-sa-transformation-du-mexique_5391543_3210.html
02/12/2018
Education et santé gratuites, hausse du salaire minimum, bourses scolaires : à peine investi, le président Andres Manuel Lopez Obrador a listé les mesures qu’il entend prendre pour redresser le pays
idees
A quel prénom se vouer ?
Chronique « Résonances ». Il paraît que les grands esprits se rencontrent. Ils ne sont visiblement pas les seuls, puisque Marine Le Pen vient de relancer la polémique sur les prénoms, lancée par Eric Zemmour, en rejoignant Julien Aubert, député LR du Vaucluse, autour de l’idée d’ajouter un prénom « français » à ceux des personnes naturalisées. Cette possibilité existe déjà grâce à des ­formulaires de demande de « francisation ». Au-delà de ces polémiques, l’inconscient administratif estime donc également qu’il existe des prénoms français et d’autres qui ne le sont pas. Glosant ses attaques contre Hapsatou Sy, Eric Zemmour en a donné sa définition : il s’agit d’un prénom issu du calendrier des saints chrétiens (« Votre prénom est une insulte à la France », avait déclaré Eric Zemmour à l’encontre de la chroniqueuse sur le plateau de « Salut les Terriens ! », sur C8, le 16 septembre 2018). Le 31 mai 2016, sur RTL, il fustigeait déjà dans un même mouvement les parents qui appelaient leurs enfants ­Mohamed ou Sue-Ellen, considérant que ces prénoms, étrangers à l’histoire de France, représentaient le choix d’une « autoségrégation ». Les prénoms germaniques seraient en revanche à ses yeux de bons prénoms français, car ils furent portés par des populations en qui il voit l’origine de la France. Eric Zemmour pouvait en effet difficilement les exclure, car ils étaient largement majoritaires au haut Moyen Age, à une époque où les régions qui allaient former plus tard la France étaient déjà chrétiennes, mais où la pratique ­consistant à donner un nom de saint à ses enfants était ultraminoritaire. La plupart des noms étaient alors ­construits à partir d’éléments issus de ceux des parents. Pour les femmes, on choisissait aussi souvent des noms renvoyant à des qualités : Douce, Bonne, etc., pratique qui se poursuivit bien au-delà des XIe et XIIe siècles, quand on commença progressivement à utiliser les noms des saints du calendrier. Calendriers chrétiens Faut-il alors rappeler que ces noms étaient d’abord ceux des personnages de la Bible, puis des martyrs morts en témoignant de leur foi, lorsque le christianisme n’était pas encore autorisé dans l’Empire romain ? La plupart des premiers saints sont ainsi morts à des milliers de kilomètres de la France, à une époque où elle n’existait pas. Mais la religion chrétienne, qui visait à l’universalité, ne s’en préoccupait pas, et les calendriers chrétiens agrégèrent sans difficulté des noms venus de toutes les régions touchées par le christianisme, en Occident comme en Orient, et donc d’abord des noms hébreux, latins et grecs. L’idée d’« un » calendrier chrétien aurait d’ailleurs fait sourire un clerc médiéval, car ces derniers étaient confrontés à un très grand nombre de martyrologes, ces listes des martyrs et des saints que l’on fêtait au jour anniversaire de leur mort, qui ne concordaient ni pour les noms qu’ils contenaient ni pour les dates ­anniversaires. Ces listes étaient en perpétuelle ­transformation, notamment par ajout de nouveaux saints, dont beaucoup n’avaient pas plus à voir avec la France que leurs prédécesseurs.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/02/a-quel-prenom-se-vouer_5391538_3232.html
02/12/2018
La dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen vient de relancer la polémique sur les prénoms, lancée par Eric Zemmour, en rejoignant Julien Aubert, député LR du Vaucluse, autour de l’idée d’ajouter un prénom « français » à ceux des personnes naturalisées.
sport
Boxe : nul entre Tyson Fury et Deontay Wilder pour le titre WBC des poids lourds
Cette rencontre n’aura pas réussi à départager les deux boxeurs invaincus. ANDREW COULDRIDGE / Action Images via Reuters Le choc très attendu entre l’Américain Deontay Wilder, champion WBC des poids lourds de boxe, et le Britannique Tyson Fury s’est soldé par un nul, samedi 1er décembre à Los Angeles (Californie). Wilder, 33 ans, a sauvé son titre et a obtenu le nul en envoyant au tapis son adversaire lors de la 12e et dernière reprise. Il croyait avoir fait la décision avec un violent enchaînement gauche-droite au visage de Fury, mais à la stupéfaction des 18 000 spectateurs du Staples Center et de Wilder lui-même, le Britannique, compté jusqu’à neuf, s’est relevé et a fini le combat sans être mis en difficulté. Tyson Fury est resté au sol de longues secondes après avoir reçu un enchaînement de coups de Deontay Wilder, lors du 12e round, mais s’est finalement relevé à la 9e seconde pour reprendre le match comme si de rien n’était. Mark J. Terrill / AP Un nul historique Fury, de retour en 2018 sur les rings après avoir sombré dans la dépression et avoir été miné par des addictions, dominait jusque-là les pointages. Le Britannique, âgé de 30 ans, a usé Wilder en avançant constamment et en le décourageant avec sa défense et ses provocations, tandis que l’Américain, champion WBC de la catégorie reine depuis juin 2015, a semblé fatigué dès la 8e reprise. Un juge-arbitre a donné la victoire à Wilder (115-111), un deuxième a vu Fury s’imposer (115-110) et le troisième n’a pas pu les départager (113-113) Ils étaient tous deux invaincus avant ce combat très attendu avec 40 victoires pour Wilder, 27 pour Fury. Sans surprise, Wilder et Fury ont, l’un et l’autre, estimé qu’ils méritaient la victoire et se sont donné rendez-vous pour une revanche en 2019. Deontay Wilder (à gauche) et Tyson Fury (à droite) se saluent après le match très attendu qui n’a, finalement, pas réussi à les départager, le 1er décembre 2018, à Los Angeles. ANDREW COULDRIDGE / Action Images via Reuters
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/02/boxe-nul-entre-tyson-fury-et-deontay-wilder-pour-le-titre-wbc-des-poids-lourds_5391536_3242.html
02/12/2018
C’est un combat entre deux boxeurs invaincus qui a eu lieu samedi soir au Staples Center de Los Angeles.
culture
Zoé Valdés : « Je voulais à tout prix offrir à ma fille la liberté »
a France. La romancière cubaine Zoé Valdés, éxilée en France depuis 1995, ici en juin 2018. PATRICK GAILLARDIN / HANS LUCAS Romancière cubaine exilée en France depuis 1995, Zoé Valdés, auteure notamment du Néant quotidien (Actes Sud, 1999) et de La Douleur du dollar (Actes Sud, 1999), vient de publier Désirée Fe. Je ne serais pas arrivée là si… … Si je n’avais pas eu la force de continuer à écrire. C’était en 1993, je vivais à Cuba, j’étais enceinte de ma fille et dans la détresse. J’avais peur pour moi, pour l’avenir de mon enfant, pour l’avenir de mon pays. Je ne voulais pas pour ma fille la vie que j’avais vécue. J’avais parfois tellement faim que je voulais dormir pour oublier. Je faisais des cauchemars dans lesquels je me voyais en train d’empêcher mon bébé de sortir de moi. A La Havane, vous avez grandi parmi des femmes. Quelle éducation avez-vous reçue ? J’ai été élevée par ma grand-mère, ma mère et ma tante. Ce sont les femmes de ma vie. Après le divorce de mes parents, on ne savait pas où aller avec ma mère. Ma grand-mère nous a sauvées en nous accueillant chez elle, dans une petite chambre du quartier de la vieille Havane. C’était trois femmes un peu folles. Ma grand-mère, née en Irlande, avait tout plaqué, son mari chinois, ses enfants pour devenir comédienne. Pour elle, la vie c’était le théâtre. J’étais sa complice. Elle me donnait des textes et répétait avec moi. Ma mère, désespérée d’avoir été abandonnée par mon père, était serveuse et ne lisait qu’un seul livre : Don Quichotte illustré par Gustave Doré. Elle était possédée par ce livre qu’elle emportait partout avec elle. Quant à ma tante, elle ne lisait que des romans à l’eau de rose. J’ai reçu une éducation très libre. Ma mère me laissait la clé de la chambre : « Débrouille-toi, nous devons travailler. » Soit, je m’enfermais et je lisais des histoires, soit, pour avoir de l’espace, je sortais dans la rue pour jouer. Puis vous avez été hébergée dans un cinéma… La maison dans laquelle nous vivions était très délabrée. Un jour, les autorités du quartier nous ont dit que nous devions partir. Nous sommes allées dans un foyer où il y avait un étage pour les hommes et un pour les femmes et les enfants. La nuit, il y avait régulièrement des problèmes et de la violence. Ma grand-mère ne voulait pas que l’on reste là. Comme parfois nous allions aux Actualidades, le cinéma d’en face, elle a parlé avec la vendeuse de tickets pour lui demander si on pouvait s’y réfugier. Elle a accepté. Nous dormions sur les chaises et nous nous lavions dans les toilettes du cinéma où l’on regardait beaucoup de films soviétiques.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/02/zoe-valdes-je-voulais-a-tout-prix-offrir-a-ma-fille-la-liberte_5391527_3246.html
02/12/2018
Je ne serais pas arrivée là si... « Le Monde » interroge une personnalité en partant d’un moment décisif de son existence. Cette semaine, la romancière évoque son itinéraire entre Cuba et la France.
planete
Dennis Meadows : « La démocratie a échoué à traiter le problème environnemental »
Le physicien américain Dennis Meadows, à Paris, en 2012. BRUNO CHAROY / PASCO Le physicien américain Dennis Meadows, 76 ans, est l’un des auteurs des « Limites de la croissance », un rapport de référence commandé par le Club de Rome qui, en 1972, alerta sur les dangers de l’expansion démographique et économique pour l’environnement. Votre rapport est paru il y a quarante-cinq ans. Quels changements avez-vous observé depuis ? Le produit intérieur brut [PIB] mondial a continué de progresser. Jusqu’aux années 1990, lorsque les énergies fossiles étaient bon marché, cette croissance était génératrice de bien-être et permettait de réduire les écarts de revenus entre les riches et les pauvres. Ce n’est plus le cas, car désormais, la progression du PIB est en grande partie tirée par les dépenses engendrées par la pollution et le changement climatique, comme les travaux de réparations liés aux inondations ou à la montée des eaux. A quoi ressemblera le monde dans quarante ans si l’on ne fait rien ? Le prédire avec précision est impossible, mais une chose est sûre : le changement climatique accélère. Dans quelques décennies, les océans seront plus hauts à cause de la fonte des glaces, il y aura davantage de tempêtes, les régions autour de la Méditerranée seront plus sèches et les tensions liées aux inégalités plus intenses. Notre mode de vie, gourmand en biens matériels et en énergies fossiles, n’est donc pas tenable. Ajoutons que le rythme auquel la population mondiale progresse aujourd’hui n’est pas soutenable, du fait de la limitation des ressources naturelles et des énergies fossiles. Il devra donc ralentir d’une façon ou d’une autre. Suggérez-vous d’instaurer un contrôle des naissances ? La réponse ne relève pas de mon champ d’expertise mais, à moins de trouver comment envoyer des gens sur la Lune, il n’y aura pas de solution miracle. Soit les naissances se stabiliseront d’une façon ou d’une autre, soit la mortalité augmentera. Comment adapter nos modes de vie aux contraintes écologiques ? Il était plus facile d’envisager des changements fondamentaux avant les années 1990, lorsque nous pouvions nous concentrer sur autre chose que les dommages liés à la multiplication des crises financières et climatiques. Aujourd’hui, je vois mal comment les gens pourraient accepter de vivre avec moins. Nous ne choisirons donc pas le changement : il nous sera imposé, plus ou moins brutalement, par la hausse du prix des énergies fossiles et la limitation des ressources. Si elle n’augmente plus le bien-être, pourquoi sommes-nous toujours accros à la hausse du PIB ?
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/02/dennis-meadows-la-democratie-a-echoue-a-traiter-le-probleme-environnemental_5391524_3244.html
02/12/2018
Le physicien américain juge que « notre mode de vie gourmand en biens matériels et en énergies fossiles n’est pas soutenable ».
societe
« Gilets jaunes » : à Paris, des destructions, des violences et un mot d’ordre, « Macron démission »
Sur un mur de l’avenue Kléber, dans le 16e arrondissement de Paris, une main a peint comme un avertissement : « Babylone brûle ». La rue est jonchée de débris, une demi-douzaine de voitures ont été incendiées sur la chaussée et l’on aperçoit, aux fenêtres du Peninsula et du Raphael, les deux hôtels cinq étoiles illuminés de décorations de Noël, des silhouettes contemplant l’incroyable spectacle. Tout à l’heure, cinq jeunes garçons sont passés devant les palaces, insultant les trois portiers en retrait derrière de lourdes grilles. « Salauds ! Bâtards ! Corrompus ! Vous êtes des corrompus ! » Et maintenant, ça cavale dans tous les sens, petits groupes pressés d’en découdre mêlés aux badauds, devant les CRS tirant leurs grenades lacrymogènes. Il est 20 heures, et la place de l’Etoile, à deux pas, paraît comme groggy, sous cette fumée qui brûle les yeux et la gorge. Les manifestants en gilet jaune qui chantaient La Marseillaise, en début d’après-midi autour de la tombe du Soldat inconnu, sous l’Arc de triomphe, ont presque tous battu en retraite. Il ne reste que quelques petits attroupements épars, picolant discrètement des bières parce que les policiers font maintenant la chasse à l’alcool, confisquant les bouteilles avant de les briser sur le trottoir. Et, vision surréaliste au milieu des pavés et des boulons qui jonchent la chaussée, une jeune femme qui s’évertue à tourner autour de la place en brandissant un grand drapeau multicolore où est inscrit le mot « Paix ». Au beau milieu, les pierres blondes de l’Arc de triomphe sont maculées de graffitis. « Les gilets jaunes triompheront », « Justice pour Adama » (Traoré, un jeune homme mort lors de son interpellation en 2016 dans le Val-d’Oise), « L’ultradroite perdra », « La France est à nous », « Macron, tu l’as dans le cul », « Anarchie », témoignages de cet après-midi chaotique qui a vu dégénérer la manifestation des « gilets jaunes ». La nuit et la tension tombées, des dizaines de manifestants occupent encore la place de l’Etoile, à Paris, le 1er décembre. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Etendards à têtes de Maure Sur son compte Twitter, Philippe Bélaval, le président du Centre des monuments nationaux, diffuse les images du musée de l’Arc de triomphe saccagé. A l’intérieur du monument, des statues ont été brisées, la boutique de souvenirs pillée, les distributeurs de pièces éventrés. Les images de manifestants, grimpés dès la fin de la matinée sur le toit de l’Arc de triomphe et se prenant en photo, ont fait le tour du monde. A côté des drapeaux français, flottent aussi des drapeaux bretons et des étendards à têtes de Maure. Mais à la nuit tombée, un homme ayant épinglé ses décorations militaires sur le revers de son gilet fluorescent surveillait encore la tombe du Soldat inconnu pour empêcher qu’on la profane.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/02/gilets-jaunes-a-paris-des-destructions-des-violences-et-un-mot-d-ordre-macron-demission_5391510_3224.html
02/12/2018
Les premiers heurts ont débuté samedi dans la matinée à l’Arc de triomphe et se sont étendus aux quartiers chics de l’ouest de la capitale jusqu’au soir. Banques, boutiques et voitures de luxe, épiceries ont été ciblées par de petits groupes d’émeutiers.
m-perso
Sauternes, accords et désaccords
« A l’heure du light et du detox, le sauternes n’est plus vraiment à la mode. Et puis il est cher. Voilà deux vrais problèmes. » CHANGKI-CHUNG POUR LE MONDE Faisons un test : avec un foie gras, quel vin boit-on ? Tous ceux qui ont répondu sauternes ont, soit bien lu le titre (donc la plupart d’entre vous, espérons-le), soit une connaissance classique des accords mets-vin. L’accord est évident, on nous l’a si souvent répété. Au restaurant, dans les livres, chez les producteurs. La communication a été parfaitement menée. Revenons à notre test. Je m’interroge sur les autres réponses données. Emergeaient-elles de lecteurs paumés ou étaient-elles l’aboutissement d’une fine réflexion ? Brisons le suspense : c’est mon cas. Je ne bois pas de sauternes avec un foie gras. Je trouve l’accord trop riche. Le sucre et la puissance aromatique de ce sublime liquoreux piétinent la finesse du foie gras. Et quand le vin n’a pas l’acidité nécessaire, il dégouline et vient empâter la bouche, déjà beurrée du foie. Tout cela est épuisant. Les papilles sont en plein naufrage. Penser à lui différemment C’est le fruit d’une longue expérience. Dans la demeure familiale, ma chère mère prépare tous les ans, depuis que Noël existe, un foie gras. D’oie, souvent. Et tous les ans, depuis au moins aussi longtemps, mon cher père se fait fort de trouver le meilleur accord. Un nombre incalculable de sauternes y sont passés. Jusqu’à ce que mon cher frère se fâche (oui, nous sommes le genre de famille à nous ­mettre en colère sur un accord mets-vin). Puis les jurançons, les tokays. Pour le moment, on est plutôt sur des rieslings vendanges tardives. Ça se passe mieux. Alors que faire de son sauternes, arrêter de l’acheter ? Par la barbe du Père Noël, bien sûr que non. Mais penser à lui différemment. Si l’on tient absolument à sa présence face au foie gras, et c’est respectable, le prendre jeune, encore nerveux. Choisir l’appellation barsac, qui fait partie du Sauternais et qui est souvent plus vive en bouche. Sinon, sortir le sauternes pour d’autres plats. Dégringolade Il y a tant de cuisines qui lui conviennent ! Il faut juste oser. Parce que c’est bon, et parce qu’il y a urgence. Le sauternes est connu dans le monde entier, mais il est en pleine crise : les surfaces consacrées aux liquoreux bordelais ont diminué de plus d’un tiers en vingt ans, chutant à 3 000 hectares ; dans le même temps, le volume de vin produit a été divisé par deux. Cette dégringolade s’explique à deux niveaux, au moins. A l’heure du light et du detox, le sauternes n’est plus vraiment à la mode. Et puis il est cher. Voilà deux vrais problèmes.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/12/02/sauternes-accords-et-desaccords_5391501_4497916.html
02/12/2018
On oublie l’association avec le foie gras et on mise sur le magret, le tajine, le roquefort. On peut aussi le préférer sec – les plus grands s’y sont lancés. Ou le déguster sur son canapé.
argent
Prélèvement à la source : « La prise en compte de votre départ en retraite ne sera pas immédiate »
Question à un expert Prélèvement à la source : que se passe-t-il si j’ai pris ma retraite en 2018 ? Les rémunérations que vous avez perçues en tant que salarié en 2018, de même que vos pensions de retraite consécutives à la liquidation de vos droits et versées cette même année, ne donneront pas lieu à perception effective de l’impôt sur le revenu. Vous devrez bien les déclarer dans les conditions habituelles en mai 2019, mais l’impôt théorique correspondant sera couvert par le crédit d’impôt modernisation du recouvrement (CIMR). Rappelons toutefois que ce crédit ne couvre pas les indemnités de départ ou tout autre revenu considéré comme exceptionnel. Lire aussi Tout ce qu’il faut savoir sur le prélèvement à la source A partir du 1er janvier 2019 vos organismes de retraite procéderont eux-mêmes à une retenue au profit des impôts lors du versement de vos pensions. Son taux a déjà été calculé en fonction de vos derniers revenus déclarés (ceux de l’année 2017) et de l’impôt lié. Vous avez pu en avoir connaissance et opter pour son individualisation si cela s’avère opportun au regard de la situation de votre conjoint. Si vos revenus 2017 étaient plus élevés que ceux de 2018, de même que ceux prévus pour 2019, ce taux sera inadapté et vous aurez intérêt à en solliciter la modulation. Toutefois, cette demande ne sera pas prise en compte par le service des impôts avant le 1er janvier 2019. Délais d’information nécessaires La prise en compte effective de ce changement au niveau des organismes prestataires ne sera donc pas forcément immédiate compte tenu des délais d’information nécessaires. En tout état de cause il faudra veiller à ce que votre calcul soit le plus juste possible pour ne pas vous exposer à un risque de pénalité en cas de sous-estimation. Enfin, si vous disposez de revenus fonciers, BIC (Bénéfices industriels et commerciaux), BNC (Bénéfices non commerciaux) ou BA (Bénéfices agricoles), un acompte dit « contemporain », calculé sur la base de vos derniers revenus déclarés dans ces catégories sera également prélevé sur vos comptes bancaires parallèlement aux retenues opérées sur vos pensions. Si de telles activités n’ont débuté qu’en 2018, ces acomptes, ne seront dus qu’à compter de septembre 2019, au titre des revenus 2019, sur la base des informations que vous communiquerez dans votre prochaine déclaration de revenus. Christophe Frionnet (Avocat associé, CMS Francis Lefebvre Avocats) et Christophe Frionnet (Avocat associé, CMS Francis Lefebvre Avocats)
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/12/02/prelevement-a-la-source-la-prise-en-compte-de-votre-depart-en-retraite-ne-sera-pas-immediate_5391489_1657007.html
02/12/2018
Si vous partez à la retraite en 2018, vous aurez intérêt à solliciter la modulation du taux de prélèvement dès que possible, explique au « Monde » Christophe Frionnet, avocat associé, CMS Francis Lefebvre Avocats.
campus
Devenir compositeur à l’ère des nouvelles technologies
Alors que les formations du spectacle – citons les treize écoles supérieures d’art dramatique, les pôles supérieurs d’enseignement artistique ou l’important réseau de conservatoires – ont traditionnellement vocation à former des interprètes et des techniciens, les cursus dévolus à l’écriture ou à la composition s’affirment en France. Une façon de donner toute sa place au créateur au sein des réseaux professionnels et de promouvoir le répertoire de demain, en adéquation avec les enjeux sociétaux et l’essor de nouveaux outils numériques. Lire aussi : Former les auteurs dramatiques de demain La preuve au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP). « Est-ce qu’on peut réécouter la voix de ­Donald Trump, mais avec le piano ? » En quelques clics, l’auteur du morceau, Samuel Taylor, s’exécute et diffuse dans la salle de classe le premier mouvement de sa nouvelle création musicale. Son enseignant, le compositeur Frédéric Durieux, écoute avec attention l’extrait d’un discours du président américain, mêlé à des notes de piano qui pastichent avec ironie les intonations de sa voix. Le maître et l’élève observent simultanément la partition numérique du morceau, conçue par Samuel grâce à un logiciel spécialisé. « Nous avons beaucoup d’occasions de faire des concerts pour nous faire connaître au cours de notre scolarité. » Samuel Taylor, élève au CNSMDP L’œuvre de Samuel Taylor, mêlant supports numériques et musique instrumentale jouée en direct, sera présentée en mars au Conservatoire. Trois mois de travail acharné, pour une dizaine de minutes de concert. « J’avais envie de faire rire les gens en soulignant l’absurdité des propos de Donald Trump par la musique », explique l’apprenti compositeur de 26 ans. Ce jeune Australien a commencé par les musiques actuelles et le jazz avant de passer le concours du département de composition du CNSMDP. « Ce cursus est très réputé à l’international, révèle-t-il. Debussy et Ravel sont passés par là et nous avons beaucoup d’occasions de faire des concerts pour nous faire connaître au cours de notre scolarité . » Accompagnement personnalisé par des professionnels Atteindre la notoriété d’un Hector Berlioz ou d’un Pierre Boulez et voir ses œuvres jouées aux quatre coins du monde, voici donc ce qui anime la trentaine de compositeurs présents sur les bancs du CNSMDP, de la licence au master. Ils bénéficient durant leur cursus d’un accompagnement personnalisé par des professionnels de la composition et d’une solide formation autant en culture générale qu’en maîtrise des supports numériques. Un diplôme de composition de musique pour l’image a également été créé en 2012.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/12/02/devenir-compositeur-a-l-ere-des-nouvelles-technologies_5391488_4401467.html
02/12/2018
Les cursus dédiés à la composition musicale se transforment, en adéquation avec les immenses possibilités qu’offrent les outils numériques. Des cursus de composition de musique pour l’image se développent.
argent
Tout ce qu’il faut savoir sur le prélèvement à la source
Paris, 12e arrondissement, quartier de Bercy, ministère des finances. Yves Talensac / Photononstop Le 1er janvier le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu est entré en vigueur. Cette mesure longtemps attendue est supposée adapter le recouvrement de l’impôt au titre d’une année à la situation réelle de l’usager. En théorie, ce prélèvement pour objectif de supprimer le décalage d’un an entre la perception des revenus et le paiement de l’impôt sur ces sommes. Il doit évoluer en fonction de ces revenus, des événements qui interviennent dans la vie du contribuable (chômage, retraite, changement de situation familiale…). Dans la pratique la mise en place de ce prélèvement sera plus complexe. Voici les articles récents que nous avons publiés sur le sujet. Lire aussi L’an 1 du prélèvement à la source Lire aussi Impôt sur le revenu : une année particulière en cas de décès Lire aussi Prélèvement à la source : la philanthropie fragilisée Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment va se passer le prélèvement à la source pour les non-salariés ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Derniers ajustements avant le prélèvement à la source
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/12/02/tout-ce-qu-il-faut-savoir-sur-le-prelevement-a-la-source_5391485_1657007.html
02/12/2018
Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu entre vigueur le 1er janvier. Comment s’y retrouver.
culture
Pass culture : l’expérimentation débutera le 1er février 2019 auprès de plus de 10 000 jeunes
Le ministre de la culture, Franck Riester, a présenté au « JDD » le dispositif du Pass culture. ALAIN JOCARD / AFP Initialement prévu pour être testé cet automne, le pass culture le sera finalement dans deux mois. Le ministre de la culture, Franck Riester, a annoncé au Journal du dimanche (JDD) du 2 décembre que « la première vague d’expérimentation » du Pass culture débutera le 1er février 2019, précédant une deuxième avant l’été. Cela concerne « les cinq départements initialement définis », soit le Bas-Rhin, l’Hérault, le Finistère, la Guyane et la Seine-Saint-Denis, a rappelé le ministre, ajoutant que « plus de 10 000 jeunes volontaires ont été identifiés ». « Avant l’été, une deuxième vague permettra à d’autres territoires et collectivités d’entrer dans le dispositif. Cette deuxième vague devrait concerner 50 000 jeunes qui utiliseront cette première version », a-t-il poursuivi. Promesse du candidat Emmanuel Macron, le Pass culture est un « passeport » de 500 euros qui doit permettre aux jeunes de 18 ans (soit un public de 800 000 personnes) d’avoir accès à des activités et des offres culturelles. Interrogé sur le budget de ces deux phases de test en 2019, Franck Riester l’a estimé à « une trentaine de millions d’euros », un montant « parfaitement adapté à l’expérimentation », sachant que son ministère fera « aussi appel au mécénat public et privé ». Favoriser l’accès à la presse d’information générale Si plusieurs autres vagues de l’expérimentation sont à prévoir, le ministre s’est gardé de fixer une date quant à la généralisation du Pass culture à tous les jeunes de 18 ans. « Nous évaluerons le dispositif vers l’automne 2019, et dès que nous serons prêts, nous le généraliserons », a-t-il dit à propos de ce dispositif, dont le montant est évalué à 400 millions d’euros annuels. Les 800 000 jeunes concernés par ce Pass culture auront accès à un « panel d’offres larges : des spectacles, des produits culturels, des cours de musique ou de danse, une offre numérique musicale, audiovisuelle et cinématographique », a rappelé le ministre, qui souhaite, en outre, favoriser l’accès à la presse d’information générale. « On doit faire en sorte qu’ils n’utilisent pas le pass seulement pour s’abonner à des offres en ligne qu’ils connaîtraient déjà… Nous allons aussi éditorialiser les contenus, par exemple en valorisant les films d’auteur », a-t-il développé.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/02/pass-culture-l-experimentation-debutera-le-1er-fevrier-2019-aupres-de-plus-de-10-000-jeunes_5391467_3246.html
02/12/2018
Une deuxième phase d’expérimentation aura lieu avant l’été 2019. Ces deux tests sont estimés à une trentaine de millions d’euros sur l’année, selon Franck Riester.
politique
Au G20 à Buenos Aires, Emmanuel Macron rattrapé par les « gilets jaunes »
Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse de clôture du G20, le 1er décembre, à Buenos Aires. LUDOVIC MARIN / AFP Ce sont deux mots qu’Emmanuel Macron est parvenu, trois jours durant, à ne jamais prononcer : « gilets jaunes ». Le sujet n’a eu pourtant de cesse de le rattraper, à Buenos Aires, à plus de 11 000 kilomètres de la France, où il se trouvait jusqu’à samedi 1er décembre au soir, en visite officielle puis au sommet du G20. Et ce, dès son arrivée, mercredi, de la façon la plus insolite : alors que la délégation officielle argentine n’était pas encore sur place à sa descente d’avion, le président français a été accueilli par un agent portuaire vêtu… d’un gilet jaune réfléchissant. Il aura fallu les images de chaos urbain venues de France, samedi, pour le pousser à sortir de sa réserve, lors de sa conférence de presse de clôture du sommet. Condamnant des actions qui n’ont « rien à voir avec l’expression pacifique d’une colère légitime » et dénonçant les « coupables de ces violences » qui « veulent le chaos », il a assuré que ceux-là seraient « clairement identifiés » et « tenus pour responsables de leurs actes ». Pressés de question, y compris par la presse internationale, le chef de l’Etat s’est ensuite refusé à tout autre commentaire. Las, Emmanuel Macron semblait vouloir profiter de son escapade en Argentine pour s’extraire un temps du climat de protestations régnant en France. Allant jusqu’à parler, jeudi, lors d’une visite de la traditionnelle librairie El Ateneo, de « parenthèse enchantée ». « Assez présent au sommet » Lors du G20, vendredi et samedi, M. Macron s’est montré avant tout soucieux de faire avancer les travaux au sein d’une enceinte menacée par l’isolationnisme de Donald Trump. « Il était sûrement très préoccupé, mais il s’est montré étrangement assez présent au sommet, constate un participant européen de cette grand-messe internationale. Il était à la table des discussions, au travail. » Pour autant, le chef de l’Etat a fait savoir qu’il restait connecté aux préoccupations de ses concitoyens. « Travailler sur les règles du commerce mondial, quand il passe un message à MBS [le prince saoudien Mohammed Ben Salmane] sur les prix des carburants, quand on veut négocier un accord ambitieux sur le climat, cela peut avoir un impact sur les Français », faisait valoir son entourage au cours du sommet. « Il n’y a pas deux planètes et deux mondes, a aussi décrété M. Macron avant de s’en aller reprendre son avion. Défendre les intérêts des Français, c’est être présent et combatif partout. »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/02/au-g20-a-buenos-aires-emmanuel-macron-rattrape-par-les-gilets-jaunes_5391464_823448.html
02/12/2018
Le chef de l’Etat semblait vouloir profiter du sommet pour s’extraire un temps du climat de protestations régnant en France. Face aux violences de samedi, il a dû sortir de sa réserve.
economie
Valérie Pécresse vise la disparition du ticket de métro « fin 2021 »
La station Arts-et-Métiers, sur les lignes 11 et 3 à Paris. Gonzalo Fuentes / REUTERS A Paris, le ticket de métro devrait disparaître d’ici la fin 2021. C’est l’objectif de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains), qui va lancer dès 2019 le « Smart Navigo », annonce-t-elle dans un entretien au Journal du dimanche publié le 2 décembre. « L’an prochain démarre le “Navigo Easy”, carte magnétique anonyme sur laquelle vous chargerez vos tickets +. Ce sera un porte-monnaie électronique pour les voyageurs occasionnels qui, contrairement au ticket, ne se démagnétisera pas », explique Mme Pécresse, dans un entretien sur les projets du conseil régional pour 2019. Pour les voyageurs plus réguliers, « le “Navigo Liberté” permettra d’être débité à la fin du mois du montant des trajets effectués ». Enfin, l’expérimentation du passe Navigo rechargeable sur smartphone Android avec Orange, va se poursuivre. « Nous sommes en négociations avec SFR, Bouygues et Apple. Nous espérons déployer ce système universel à partir de l’été 2019 », souligne-t-elle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Valérie Pécresse, le temps de l’ambition 28 000 places en parking relais gratuites en 2021 Mme Pécresse annonce également qu’elle fera voter, au prochain budget d’Ile-de-France Mobilités (ex-syndicat des transports d’Ile-de-France), « la gratuité totale des parkings relais en dehors de Paris pour tous les détenteurs du passe Navigo ». Au total, à l’horizon 2021, 28 000 places « seront gratuites, alors que le tarif moyen s’élève aujourd’hui à 40 euros par mois. C’est une économie d’environ 500 euros par an pour chaque usager », promet-elle. La présidente de région ajoute que l’Ile-de-France testera l’an prochain « des véhicules sans conducteur sur les autoroutes franciliennes, et même sur le périphérique ». Lire aussi Métro du Grand Paris : Valérie Pécresse entend dissuader le gouvernement de renoncer à desservir les Yvelines Enfin, en matière de santé, la région lancera l’année prochaine « avec Action Logement, la construction de 10 000 logements pour les infirmiers et les aides-soignants », a-t-elle expliqué. « Le but est de les retenir, car nous sommes en pénurie, et ils ont, en moyenne, trois heures de transport par jour », précise Mme Pécresse.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/02/valerie-pecresse-vise-la-disparition-du-ticket-de-metro-fin-2021_5391460_3234.html
02/12/2018
Pour remplacer les tickets, la carte magnétique Navigo Easy sera lancée dès 2019. La présidente d’Ile-de-France a également annoncé des tests de véhicules sans conducteur.
international
Au G20 de Buenos Aires, un compromis pour sauver les apparences
Les dirigeants des 20 premières puissances mondiales posent pour une photo de famille le 30 novembre, à Buenos Aires. RICARDO MAZALAN / AP Pour le G20, à Buenos Aires, le pire a été évité de justesse. Samedi 1er décembre, au terme de laborieuses négociations, les dirigeants des principales puissances économiques de la planète ont fini par s’entendre sur un compromis, actant leurs divergences sur le climat mais appelant ensemble à une « réforme de l’Organisation mondiale du commerce [OMC] ». Jusqu’au bout du sommet auquel participait un Donald Trump peu enclin au multilatéralisme et qui semblait bien plus accaparé par les avancées de l’enquête « russe » aux Etats-Unis, le doute a plané sur la capacité des participants à s’entendre sur un communiqué commun. Ce résultat, pour modeste qu’il soit, permet donc de sauver les apparences. Les Européens ont fait bloc pour tenter d’éviter toute reculade sur la question de la lutte contre le réchauffement climatique par rapport à ce qui avait été acté lors du sommet de Hambourg (Allemagne), en juillet 2017. Lire aussi Au G20, un compromis malgré une somme de désaccords et de tensions Dans la déclaration finale, la quasi-totalité des membres du G20 rappelle ainsi l’irréversibilité de l’Accord de Paris. A l’exception des Etats-Unis, qui, sans surprise, confirment leur retrait et disent s’engager en faveur de « la croissance économique, l’accès à l’énergie et la sécurité, en utilisant toutes les technologies et les sources énergétiques disponibles ». « Un monde dangereux et compliqué » Un haut responsable de l’administration américaine a présenté comme un succès l’ajout de ce paragraphe concernant un accord présenté à nouveau comme « tueur d’emplois ». Ce même responsable a mis en avant des dissensions sur ce point entre les autres délégations, assurant voir « la coalition s’effilocher », en mentionnant notamment la Turquie, l’Arabie saoudite et la Russie. Sur le commerce, les dirigeants se sont abstenus de condamner le protectionnisme, comme le G20 s’y attachait autrefois. Malgré cette concession à Washington, les Européens se réjouissent de l’appel commun lancé à moderniser l’OMC, Donald Trump ayant menacé ces derniers mois d’en claquer la porte. La délégation américaine a elle-même affiché sa satisfaction, assurant que le communiqué répond « aux plus grands objectifs » américains, en revendiquant cette demande de réforme de l’OMC. Que vaut cette déclaration finale ? « Aucun recul n’est advenu pendant ce G20 », s’est félicité Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse à Buenos Aires, ajoutant que le sommet avait « permis des échanges intenses et acté des résultats concrets ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/02/au-g20-de-buenos-aires-un-compromis-pour-sauver-les-apparences_5391456_3210.html
02/12/2018
Les dirigeants se sont entendus a minima sur le commerce et le climat. « Aucun recul n’est advenu », s’est cependant félicité le président français Emmanuel Macron.
sciences
La Lune, nouveau Graal de Roscosmos ?
Décollage de la fusée Soyouz MS-11 depuis Baïkounour (Kazakhstan), le 3 décembre, avec trois personnes à son bord. KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP Le patron de Roscosmos, l’agence spatiale russe, caresse un rêve, celui d’envoyer des ­ astronautes russes laver l’affront de 1969, quand Neil Amstrong a posé pour la première fois le pied sur la Lune, « visitée » par la suite par onze autres astronautes, tous Américains, dans le cadre du programme Apollo. « On s’est fixé pour objectif de vérifier s’ils y sont allés ou pas », ironisait ­Dmitri Rogozine en faisant visiter son agence au président moldave, Igor Dodon, le 24 novembre. Quatre jours plus tard, le conseil scientifique et technique de Roscosmos se réunissait avec des membres de l’Académie des sciences de Russie sur ce thème. Après avoir annoncé qu’elle allait collaborer avec les Américains sur un projet de station orbitale autour de la Lune, l’agence russe envisage d’y envoyer ses premiers ­astronautes à l’horizon 2030 pour y installer un observatoire avec des robots. « Nos ressources sont limitées, il est donc important de bien choisir notre stratégie », a prévenu le président de l’Académie des sciences, Alexandre Sergueïev, tout en soutenant le projet. Série noire Dans l’esprit du bouillonnant Dmitri Rogozine, ex-vice-premier ministre, très nationaliste, du gouvernement de Russie, l’objectif Lune est d’abord une façon de redonner tout son lustre – et de mobiliser des crédits – pour une activité spatiale qui, ces derniers temps, a souffert de ­ sévères déconvenues. La réussite, le ­3 décembre, du lancement du Soyouz MS-11 avec à son bord le Russe Oleg Kononenko, le Québécois David Saint-Jacques et l’Américaine Anne McClain, partis rejoindre la Station spatiale internationale (ISS), masque mal, en effet, une véritable série noire pour ce fleuron russe. Il y eut d’abord l’affaire du « trou », un petit trou découvert le 30 août, sur le vaisseau Soyouz amarré à l’ISS, à l’origine d’une fuite d’oxygène. Aucune conclusion n’a encore été avancée mais, selon les résultats d’une enquête préliminaire, M. Rogozine a de nouveau évoqué, le 1er octobre, ­l’hypothèse d’un « acte intentionnel », en excluant tout défaut de fabrication. Le patron de Roscosmos n’a pas lui-même explicitement mis en cause les Etats-Unis, mais d’autres, en revanche, ne s’en sont pas privés. Il y eut ensuite l’atterrissage d’urgence de deux équipiers russe et américain juste après le lancement d’un vol vers l’ISS, le 11 octobre, le plus important revers jamais essuyé depuis 1975, alors même que la Station spatiale, symbole d’une coopération ­internationale épargnée jusqu’ici par les tensions géopolitiques, s’apprêtait à fêter ses 20 ans d’existence.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/03/l-agence-spatiale-russe-montre-la-lune_5392179_1650684.html
03/12/2018
Après des déconvenues, dont un vol avorté vers la station internationale, l’agence spatiale russe respire avec le lancement réussi, le 3 décembre, d’un nouvel équipage vers l’ISS.
politique
Le collectif « gilets jaunes libres » n’ira pas à Matignon mardi
Benjamin Cauchy (au centre), porte-parole des « gilets jaunes » en Haute-Garonne. PASCAL PAVANI / AFP Les représentants du collectif « gilets jaunes libres », qui ont appelé dimanche à une « sortie de crise », n’iront pas discuter à Matignon mardi, notamment pour des « raisons de sécurité », ont annoncé, lundi 3 décembre, deux de ses membres à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information du Monde. « Nous n’irons pas pour trois raisons, a expliqué au Monde Benjamin Cauchy, l’un des signataires de la tribune appelant à renouer le dialogue avec le gouvernement dans Le Journal du dimanche. D’abord, nous avions demandé un geste fort avant d’y aller : le gel des hausses des taxes sur les carburants. Nous ne l’obtiendrons pas. Ensuite, nous ne souhaitons pas être des marionnettes d’hommes politiques qui vont nous faire encore de la pédagogie. Et c’est ce qu’annoncent tous les éléments de langage des députés LRM entendus dans les médias depuis ce matin. » « Enfin, les membres de notre délégation sont victimes de menaces sur les réseaux sociaux », a ajouté le « gilet jaune », originaire d’Occitanie. « Certains ont prévu de faire un cordon autour de Matignon pour nous empêcher d’y aller. Ce n’est pas tolérable. » Menaces et intimidations Une autre de ces signataires, membre bretonne de la dizaine de « gilets jaunes » de ce collectif, Jacline Mouraud, a également déclaré à l’AFP qu’elle ne se rendrait pas à Matignon car elle avait reçu « trop de menaces » après la parution de cette tribune. « Tous les signataires de la tribune du JDD ont reçu des menaces et intimidations qui ne garantissent pas leur sécurité. Certains “gilets jaunes” ont fait savoir qu’ils les empêcheraient d’y aller », a confirmé M. Cauchy. L’exécutif avait annoncé ce week-end un cycle de consultations lundi et mardi à Matignon avec les représentants des partis politiques et des « gilets jaunes » pour tenter de dénouer la crise née de la contestation par ces derniers de la hausse des taxes sur le carburant.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/03/le-collectif-gilets-jaunes-libres-n-ira-pas-a-matignon-mardi_5392173_823448.html
03/12/2018
Les membres de ce collectif, signataires d’une tribune dans « Le Journal du dimanche » appelant à renouer le dialogue avec le gouvernement, se disent victimes de menaces de la part d’autres « gilets jaunes ».
societe
« Gilets jaunes » : tabassé par des policiers, un jeune homme témoigne
ciers. Mise à jour mardi 4 décembre : D’autres images, révélées par CheckNews, un site de Libération, conduisent aujourd’hui à douter du lien direct entre la vidéo des violences policières et les violences subies par Mehdi K. Nous avons donc temporairement retiré la vidéo de notre site dans l’attente de vérifications supplémentaires. ------ Les images des violences commises pendant les rassemblements de « gilets jaunes », samedi 1er décembre à Paris, se sont multipliées sur Internet. L’une d’entre elles a particulièrement attiré l’attention : tournée la veille par un riverain en marge des manifestations, puis relayée par le journaliste Nicolas Grégoire, elle montre un jeune homme se faire passer à tabac par plusieurs policiers. Non datée au départ et non sourcée - on ne connaît d’ailleurs toujours pas l’auteur du film -, la vidéo ne permet pas d’identifier avec certitude la personne rouée de coups mais elle a conduit le parquet de Paris a ouvrir, lundi, une enquête du chef de violences par personne dépositaire de l’autorité publique, confiée à l’Inspection générale de la police nationale. S’agit-il sur ces images de Mehdi K., un jeune homme de 21 ans que Le Monde a retrouvé ? Libération, qui a pu visionner d’autres vidéos de la scène, affirme, en s’appuyant sur plusieurs témoins présents samedi rue de Berri, qu’il pourrait s’agir d’une autre personne. Mehdi K. dit ne pas se reconnaître sur ces autres vidéos, même s’il assure avoir été frappé par des policiers. Son avocat a d’ailleurs déposé plainte contre X. Hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, le jeune homme a le visage extrêmement tuméfié et souffre d’une fracture du plancher de l’orbite gauche. Il affirme n’avoir commis aucune violence samedi et dénonce le comportement des policiers. Le parquet de Paris a ouvert lundi une enquête du chef de violences par personne dépositaire de l’autorité publique. Cette enquête a été confiée à l’IGPN, a appris Le Monde d’une source judiciaire.
https://www.lemonde.fr/societe/video/2018/12/03/gilets-jaunes-tabasse-par-des-policiers-un-jeune-homme-temoigne_5392150_3224.html
03/12/2018
Hospitalisé à Paris, le jeune homme souffre d’une fracture du plancher de l’orbite gauche. Il affirme n’avoir commis aucune violence samedi et dénonce le comportement des policiers.
sante
Agnès Buzyn annonce le dégel de 415 millions d’euros pour l’hôpital
La ministre de la santé, Agnes Buzyn, à l’Assemblée nationale le 2 octobre. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS Les établissements de santé récupéreront en décembre l’intégralité des 415 millions d’euros mis en réserve cette année dans le budget de l’Assurance-maladie, a annoncé, lundi 3 décembre, la ministre de la santé, Agnès Buzyn. Les « 415 millions de mises en réserve vont être réalloués aux établissements de santé en une fois, en fin d’année, a expliqué Mme Buzyn. C’est la première fois que nous rendons tout (…) en une fois », a-t-elle insisté. Depuis 2013, des crédits destinés au financement des hôpitaux sont gelés chaque année par le gouvernement, qui peut décider de les annuler ou, au contraire, de les restituer si les objectifs budgétaires sont respectés. « Nous pensons que l’Ondam [objectif national de dépenses d’assurance maladie] est respecté » pour 2018 et « que chacun a fait les efforts » nécessaires, a expliqué Mme Buzyn. « Un signal très fort » Début novembre, les quatre fédérations hospitalières du privé, du public et du privé à but non lucratif s’étaient unies pour réclamer le dégel complet des sommes mises en réserve et une hausse des tarifs. « Nous avons été entendus. C’est une très bonne nouvelle ! Bien méritée pour l’hôpital », a réagi, de son côté, Antoine Perrin, président de la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs). Nous demandions depuis des semaines le dégel total des 415 M€ de réserve prudentielle du fait de la bonne tenue de… https://t.co/HwMbubqo2y — DG_Fehap (@Antoine Perrin) Le geste concédé par le gouvernement « ne répare pas tous les dysfonctionnements hospitaliers », a reconnu Mme Buzyn, citant notamment le cas des hôpitaux dont les déficits structurels sont « liés à des masses salariales trop importantes par rapport à leur activité ». Mais c’est « un signal très fort pour les établissements de santé du respect qu’on leur porte et de l’accompagnement qu’on met en place », a-t-elle insisté. En 2017, le gouvernement avait gelé 432 millions d’euros de crédits hospitaliers, avant d’en reverser 166 millions fin décembre, puis 250 millions début mars 2018.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/03/agnes-buzyn-annonce-le-degel-de-415-millions-d-euros-pour-l-hopital_5392137_1651302.html
03/12/2018
Les établissements de santé récupéreront en décembre l’intégralité des crédits mis en réserve cette année dans le budget de l’Assurance-maladie.
international
Brexit : une pétition pour un second référendum remise à Downing Street
Les députés Caroline Lucas, Chuka Umunna et Justine Greening présentent une pétition demandant un second référendum sur le Brexit devant le 10 Downing Street, à Londres, le 3 décembre 2018. REUTERS/Henry Nicholls HENRY NICHOLLS / REUTERS Des militants en faveur d’un second référendum sur le Brexit, parmi lesquels des députés de tous bords politiques, ont remis, lundi 3 décembre, une pétition de plus d’un million de signatures au 10 Downing Street, la résidence de la première ministre britannique. La campagne pour un second référendum a rallié ces derniers mois des partisans de droite comme de gauche. Lundi, le chef des libéraux-démocrates, Vince Cable, la codirigeante des Verts, Caroline Lucas, le député travailliste Chuka Umunna et Justine Greening, députée du Parti conservateur, ont remis ensemble la pétition. « Nous voulons être sûrs que les Britanniques aient leur mot à dire sur les options qui se présentent désormais à nous », a expliqué Justine Greening. Hostilité des brexiters comme des europhiles Le parti conservateur exclut l’option d’un second référendum – la dirigeante du parti et cheffe du gouvernement, Theresa May, défendant bec et ongles l’accord de divorce âprement négocié pendant des mois avec l’Union européenne. Cet accord doit être présenté le 11 décembre au Parlement, mais le texte suscite l’hostilité tant des brexiters, redoutant un amarrage illimité du Royaume-Uni à l’Union européenne (UE), que des europhiles, qui voient peu d’intérêt à sortir du club européen. « Que vous ayez voté “Leave” or “Remain” [pour quitter ou rester dans l’UE lors du référendum de juin 2016 sur le Brexit, ndlr], personne n’a voté pour cette pagaille », a tweeté Chuka Umunna. Just delivered the #PeoplesVote #FinalSay petition with over 1 million signatures to No 10 with the ⁦… https://t.co/UwgU0fYri5 — ChukaUmunna (@Chuka Umunna) Une centaine de militants anti-Brexit s’étaient aussi rassemblés à proximité du 10 Downing Street. C’était le cas de Glenys Rampley, 74 ans : « Je suis là pour mes petits-enfants. C’est injuste que les jeunes gens de ce pays soient privés des opportunités qu’offre l’Union européenne », a déclaré la septuagénaire, qui manifeste tous les samedis depuis des mois. Au même moment, près du Parlement, des eurosceptiques du groupe Leave means leave manifestaient à quelques pas de militants anti-Brexit qui agitaient des drapeaux européens. Les députés « doivent entendre les voix des 17,5 millions de gens qui ont voté pour quitter l’UE », a déclaré Harry Todd, de Leave means Leave. « Ils essaient de nous vendre un Brexit qui n’est pas un Brexit », a-t-il déploré, plaidant pour une rupture franche avec l’UE. Six ministres ont quitté leurs fonctions depuis que Londres et Bruxelles ont scellé, à la mi-novembre, l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’UE, provoquant dès lors une crise politique à Londres.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/03/brexit-une-petition-pour-un-second-referendum-remise-a-downing-street_5392128_3210.html
03/12/2018
La campagne pour un second référendum sur le Brexit a rallié ces derniers mois des partisans de droite comme de gauche.
idees
Bertrand Piccard : « Grâce aux technologies, la lutte contre le réchauffement n’est plus une contrainte »
« Dans la moitié des pays du monde, l’énergie solaire et éolienne produit déjà de l’électricité jusqu’à trois fois moins chère que le gaz, le charbon et le pétrole » (Bertrand Piccard Aéronaute suisse, photographié sur les toits de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne où se trouvent les bureaux de Solar Impulse, août 2016). David Wagnieres Tribune. Du 3 au 14 décembre, la COP24 réunit les représentants de 196 pays dans l’ancienne ville minière de Katowice, en Silésie polonaise. Alors même que l’enjeu est immense – le dernier rapport du Groupe d’experts international d’experts sur le climat nous l’a gravement rappelé –, les négociations sur l’application de l’accord de Paris semblent difficilement pouvoir sortir de l’impasse. Le choix qui s’offre aux négociateurs est clair, entre stagnation et progrès, entre timidité et audace. Mais un tel choix leur semble plus que jamais impossible à faire s’il implique des sacrifices pour leurs pays, leurs populations ou leurs économies. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Climat : quels sont les enjeux de la COP24 qui s’est ouverte en Pologne ? Or, ce n’est pas forcément le cas. Grâce aux progrès technologiques, la lutte contre le réchauffement climatique n’est plus une contrainte. Bien au contraire : c’est aujourd’hui une énorme opportunité, comme on peut le constater jour après jour. Depuis le succès du premier tour du monde en avion solaire, j’ai rencontré, à travers la Fondation Solar Impulse, des centaines d’entrepreneurs et d’innovateurs proposant des solutions dans les domaines de l’eau, de l’énergie, de la mobilité, de l’urbanisme, de l’agriculture et de l’industrie. Et si les nouveaux systèmes, produits et technologies sur lesquels sont fondées ces solutions n’étaient pas financièrement viables il y a dix ans, ils le sont aujourd’hui. C’est ainsi que, dans les pays les plus pauvres comme dans les plus riches, nous pouvons créer des emplois et de la richesse, réduire les inégalités, accroître la stabilité sociale et stimuler la croissance tout en protégeant l’environnement. Plastique biodégradable et protéines de lait En d’autres termes, nous pouvons parvenir à une croissance propre et qualitative, clairement préférable au statu quo actuel. Le remplacement d’infrastructures dépassées et polluantes par des infrastructures modernes et performantes est au XXIe siècle la plus grande opportunité du secteur industriel. Saviez-vous que les bâtiments peuvent maintenant être si bien isolés qu’ils sont neutres sur le plan énergétique ? Ou que l’énergie nécessaire au chauffage peut être divisée par quatre et celle nécessaire à l’éclairage public et privé par dix ? Nous sommes même capables aujourd’hui de dessaler l’eau de mer avec l’énergie solaire. Des systèmes de contrôle intelligents peuvent être installés pour équilibrer la production, le stockage et la consommation d’énergie au point de réduire de moitié la consommation d’une population.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/03/bertrand-piccard-grace-aux-technologies-la-lutte-contre-le-rechauffement-n-est-plus-une-contrainte_5392113_3232.html
03/12/2018
Pour Bertrand Piccard, pionnier de l’avion solaire, le progrès technique permettra de surmonter le blocage de la décision politique sur le climat.
culture
Robert Morris, artiste inclassable, est mort
Robert Morris au Musée d’art contemporain de Lyon, novembre 2008. Blaise Adilon L’artiste américain Robert Morris est mort le 28 novembre, à Kingston (Etat de New York), d’une pneumonie, à l’âge de 87 ans. L’un des créateurs les plus polymorphes de la seconde moitié du XXe siècle, il échappe à toute définition en termes de mouvements, les ayant à peu près tous traversés, détournés et changés. Il serait également juste et également faux de le qualifier de minimaliste, de conceptuel, de praticien du land art ou de la performance, de sculpteur et de peintre. Il a été tout cela. Il naît le 9 février 1931 à Kansas City, dans le Missouri, où son père travaille dans un élevage. Si ses dons pour le dessin sont remarqués dès son enfance, au point qu’il est chargé de peintures murales dans son école primaire, il passe plus de temps à aider son père dans les parcs à bestiaux et à jouer au base-ball – il songe un temps à devenir joueur professionnel. Il entre cependant à l’Institut d’art de Kansas City en 1948, puis aux Beaux-Arts de San Francisco en 1950 et encore au Reed College de Portland en 1953, où il se consacre à la philosophie tout en continuant à peindre dans le style de l’expressionnisme abstrait, alors dominant. Entre-temps, il y a eu deux ans de service militaire en Corée pendant la guerre et l’apprentissage des techniques de topographie, savoir qui reviendra plus tard. Les expressions des gestes et du corps En 1956, à Portland, il épouse la danseuse et chorégraphe Simone Forti et, grâce à elle, s’ouvre aux expressions des gestes et du corps : ouverture décisive, qui le conduit à se détacher de la peinture et, en 1960, à quitter l’ouest pour New York. Danse avec Simone Forti et Anna Halprin, concerts et performances avec La Monte Young et John Cage (1912-1992), rencontre avec les membres du groupe Fluxus, dont Yoko Ono et Nam June Paik (1932-2006) : il accomplit une révolution radicale. De 1961 datent ses premières créations, froides et anti-spectaculaires. Il s’enferme dans une boîte de bois aux dimensions de son corps, le moule par fragments, construit de simples formes géométriques de contreplaqué gris, procède à sa « déclaration de l’annulation de l’esthétique » sous forme d’un texte enregistré devant notaire en 1963. Ainsi annonce-t-il ce qui sera nommé un peu plus tard minimalisme et art conceptuel. Sa première exposition personnelle à la Green Gallery en octobre 1963 et sa présence dans de nombreuses manifestations collectives – expositions, performances, chorégraphies – font de lui en peu de temps l’un des créateurs les plus observés de la scène new-yorkaise, celui qui a « le chic pour stimuler la curiosité, puis vous faire perdre la tête », selon le New York Times, en 1963.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/03/robert-morris-artiste-inclassable-est-mort_5392110_3246.html
03/12/2018
L’un des créateurs les plus polymorphes du XXe siècle, auteur de la « Déclaration de l’annulation de l’esthétique », s’est éteint, à New York, à l’âge de 87 ans.
m-le-mag
Elsa Faucillon, la contre-ténor du PCF
Elsa Faucillon, 37 ans, milite au sein du PCF pour un rapprochement avec La France insoumise. Thomas Padilla/MAXPPP La députée PCF des Hauts-de-Seine œuvre pour un parti communiste plus ouvert, symbole d’un rassemblement des gauches. Une communiste fâchée Elle n’a même pas assisté au discours de Fabien Roussel, nouveau chef du PCF. Le 25 novembre, alors qu’il clôturait le 38e congrès du Parti, Elsa Faucillon a préféré boire un verre de rouge à la buvette : « Pas envie de participer à la photo d’unité de façade. » La députée de 37 ans ne le soutient pas plus que son prédécesseur, Pierre Laurent. Et, cette fois, elle ne fera pas partie de la nouvelle direction. Une jeunesse politisée Née à Amiens de parents engagés, tous deux permanents de la CGT, Elsa Faucillon milite en 2005 pour le « non » au référendum européen. Puis en 2006, étudiante à Paris-I, elle manifeste contre le contrat première embauche et adhère au PCF. Autant de moments qui rendent la députée des Hauts-de-Seine nostalgique d’une gauche moins éclatée qu’aujourd’hui. Lire aussi Le PCF s’apprête à tourner la page Pierre Laurent Une volonté de rassembler Ce que veut Faucillon, c’est un front commun avec La France insoumise et « les forces antilibérales ». Elle aimerait rejouer la séquence du Front de gauche, créé pour les européennes de 2009. Le 6 octobre, jour où le texte de l’ex-direction du PCF a été mis en minorité – fait inédit –, elle a défendu un « printemps du communisme ». Mais sa motion n’a obtenu que 11,95 % des voix. Une envie d’ouverture Il en est une avec qui elle partage « une grande proximité de pensée » : Clémentine Autain, de La France insoumise, qui codirige avec elle la revue Regards. Le 30 novembre, Faucillon participera à une réunion avec « des personnes de la gauche radicale, associative, intello… ». Autain sera là. Le début d’un mouvement ? « Pour le moment, on n’est pas sur l’idée de fonder, juste de sonder. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les communistes sous tension avant leur congrès
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/03/elsa-faucillon-la-contre-tenor-du-pcf_5392107_4500055.html
03/12/2018
Elle pousse à un rapprochement avec la France insoumise. En élisant Fabien Roussel à sa tête, le PCF en a décidé autrement. La députée se campera donc en opposante au sein de son propre parti.
idees
« Le principe d’indépendance d’un Etat ne pourra s’affirmer dans le cyberespace qu’au prix d’un Internet repensé »
Tribune. La numérisation du monde modifie les rapports de force entre les nations et impacte, tout autant que le contrat social entre l’Etat et ses citoyens, la stratégie de sécurité nationale. La donnée en masse est devenue un outil de puissance et d’influence ; le cyberespace est devenu la nouvelle scène de la politique mondiale. A l’Internet libéré, salué en 1996 lors du Forum de Davos par la déclaration d’indépendance du cyberespace, succède une défiance symbolisée par la formule « vie privée contre renseignement d’Etat ». Le chiffrement de l’information solutionne en partie le premier terme de cet adage ; mais la vigilance, en raison des vulnérabilités avérées des technologies, conduit au second par la mise en place d’un contrôle, voire d’une censure d’Etat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Numérique : « Il faut un écosystème de partage des données soutenable sur le long terme » Assiste-t-on à la fin de l’Etat de droit souverain, ou bien à l’émergence d’un Etat de surveillance de masse, nourrie de données pour parer à toute attaque ou menace sur les intérêts essentiels d’une nation ? Avec la révolution numérique, les frontières traditionnelles se sont effacées. Les Etats, n’ayant pas anticipé le phénomène, peinent à y opposer leur souveraineté. La protection des informations sensibles faiblit face aux intrusions des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) américains, et désormais des BATX (Baitu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) chinois. Plus significative encore est la cyberguerre mondiale qui, dans l’anonymat des auteurs d’attaques, capte des actifs informationnels pour nuire aux intérêts essentiels d’un acteur privé ou d’un Etat. Les cibles ? Les installations vitales, les start-up, les centres de recherche, les industries, mais aussi le politique et son écosystème d’influence, les lobbyistes. Adapter le bouclier et le glaive à l’ère numérique Pour l’Union européenne, Internet reste un espace neutre et sans frontières, alors qu’il est géré par l’ICANN américain et que l’une des premières décisions de l’administration Trump aura été d’abolir la neutralité du Net, en juin 2018. Le cyberespace a un parti pris essentiellement américain. Aux Etats-Unis, 24 agences de renseignements (sur 26 !) sont consacrées à l’intelligence économique, autrement dit à l’espionnage industriel – une orientation prise par la National Security Strategy dès 1990 – et disposent des outils de la communauté du renseignement intérieur et extérieur, civil et militaire, et d’un arsenal juridique souverain à capacité extraterritoriale. Cette politique change le concept de sécurité nationale qui est à revoir, en Europe comme en France, dernier des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (ONU) à ne pas avoir doté son arsenal politique d’outils comparables.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/03/le-principe-d-independance-d-un-etat-ne-pourra-s-affirmer-dans-le-cyberespace-qu-au-prix-d-un-internet-repense_5392064_3232.html
03/12/2018
Entre protection des donnés personnelles et lutte contre les cybermenaces, les Etats peinent à définir des stratégies d’équilibre, analysent Frans Imbert-Vier et Philippe Muller Feuga, spécialistes de la sécurité des données, dans une tribune au « Monde ».
idees
Numérique : « Il faut un écosystème de partage des données soutenable sur le long terme »
Tribune. La question du partage des données, comme l’une des conditions du développement de l’intelligence artificielle, s’est imposée dans les agendas politiques européens comme nationaux comme dans les rendez-vous professionnels tels le Paris Open Source Summit qui a lieu cette année les 5 et 6 décembre. L’ouverture des données est identifiée comme un levier majeur de compétitivité dans la mesure où l’intelligence artificielle s’appuie sur des quantités considérables de données d’apprentissage. Cette question s’inscrit dans un cadre juridique lancé dès 1978 qui contraint, dans un esprit de transparence, les opérateurs publics ou délégataires de service public à donner aux citoyens l’accès à des informations. Dans les années 2010, le mouvement de l’open data promeut, au-delà du simple accès, de véritables stratégies de réutilisation des données afin de proposer des services innovants. Une nouvelle notion, celle de « données d’intérêt général », introduite en 2016 dans la loi République numérique, organise l’ouverture de certaines données détenues par des opérateurs privés. Le rapport du député LREM Cédric Villani sur l’intelligence artificielle, remis en mars, promeut l’extension de cette notion. Pour autant, on peut s’interroger sur les raisons qui, dans une économie de marché, justifient d’inciter, voire de contraindre, des opérateurs privés à partager des ressources dont on affirme par ailleurs qu’elles sont le moteur de l’économie numérique. Le droit de la concurrence, au travers du concept de facilités essentielles, impose déjà à certaines entreprises d’ouvrir à d’autres des ressources dont l’accès est indispensable à l’exercice de leur activité. Mais l’application de ce concept s’effectue dans des conditions volontairement restrictives, puisqu’il s’agit d’imposer au propriétaire de la ressource de la partager avec ses concurrents. Au-delà, peut-on envisager la constitution d’un patrimoine commun de la donnée, et si oui dans quelles conditions ? Les « communs », la troisième voie L’économie de la data est en effet pleine de paradoxes. Premièrement, il n’existe actuellement pas de droits de propriété sur les données, et c’est plutôt une bonne nouvelle. Une donnée a en effet rarement une valeur économique en soi ; la valeur se crée par l’agrégation et la contextualisation de millions de données. Introduire de nouvelles enclosures sur chaque donnée irait à l’encontre de la philosophie de partage promue par ailleurs. Deuxièmement, les données ne sont en rien une ressource limitée ; bien que « non rivales » (ce qui signifie que leur partage n’en dépossède pas leur titulaire initial), elles font néanmoins l’objet d’exclusivités comme le droit de propriété intellectuelle spécifique aux bases de données. Ce dernier reste nécessaire afin de préserver les incitations à investir dans la constitution de telles bases. Partager les données sans discernement ruinerait donc les gains de compétitivité attendus.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/03/numerique-il-faut-un-ecosysteme-de-partage-des-donnees-soutenable-sur-le-long-terme_5392062_3232.html
03/12/2018
L’économiste Joëlle Farchy estime, dans une tribune au « Monde », que les données numériques, à la fois privées et d’intérêt général, doivent être gérées sous le régime des « biens communs », défini par l’économiste américaine Elinor Ostrom.
police-justice
Mort d’une octogénaire blessée samedi par une grenade à Marseille
Sur le Vieux-Port à Marseille, samedi 1er décembre. CLEMENT MAHOUDEAU / AFP Une femme de 80 ans est morte, dimanche 2 décembre, lors d’une opération chirurgicale après avoir été blessée la veille chez elle par des éléments d’une grenade lacrymogène, tirée pendant des heurts en marge de manifestations à Marseille. L’autopsie, réalisée lundi, montre toutefois que le « choc facial n’est pas la cause du décès », selon le parquet. La vieille dame, née en juillet 1938 et de nationalité algérienne, se trouvait chez elle samedi, au quatrième étage d’un immeuble proche de la Canebière. Elle fermait les volets de son appartement lorsqu’un projectile l’a heurtée au visage. Transportée à l’hôpital de la Timone puis à l’hôpital de la Conception, elle a été opérée mais est décédée dimanche soir d’un « choc opératoire », a rapporté le procureur de la République à Marseille, Xavier Tarabeux. Plots d’une grenade chez la victime L’octogénaire a été victime d’« un arrêt cardiaque sur la table d’opération », a précisé M. Tarabeux, ajoutant que l’autopsie avait révélé que le « choc facial n’était pas la cause du décès ». Des plots de caoutchouc d’une grenade utilisée par les forces de police avaient été retrouvés chez la victime. Des incidents violents avaient éclaté samedi en fin de journée sur le Vieux-Port, puis sur la Canebière, après une journée marquée par plusieurs manifestations dans la cité phocéenne, à l’appel des « gilets jaunes », de la CGT, mais aussi d’un collectif né après la mort de huit personnes dans l’effondrement de deux immeubles début novembre dans le centre-ville. Vingt-six personnes ont été interpellées ce week-end à Marseille en marge des échauffourées entre casseurs et forces de l’ordre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En région, les « gilets jaunes » toujours mobilisés
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/03/l-igpn-saisie-apres-le-deces-d-une-octogenaire-en-marge-des-incidents-samedi-a-marseille_5392058_1653578.html
03/12/2018
L’autopsie a révélé que le « choc facial n’était pas la cause du décès », selon le procureur de Marseille.
international
Donald Trump veut mettre fin à la course aux armements
Le président Trump a annoncé fin octobre le retrait des Etats-Unis du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), bannissant les missiles nucléaires d’une portée allant de 500 à 5 000 kilomètres, conclu avec la Russie en 1987. JONATHAN ERNST / REUTERS Le président américain Donald Trump a affiché, lundi, sa volonté de travailler avec ses homologues chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine pour mettre fin à une course aux armements. « Je suis certain que, à l’avenir, le président Xi et moi-même, avec le président Poutine, nous commencerons à parler d’une pause significative dans ce qui est devenu une course aux armements majeure et incontrôlable », a tweeté M. Trump. « Les Etats-Unis ont dépensé 716 milliards de dollars cette année. Fou ! », a-t-il ajouté. C’est plus que ce que la Chine et la Russie consacrent à elles deux à leur défense. Ce tweet présidentiel, qui ne donne aucune indication sur un éventuel calendrier comme sur la portée exacte des discussions envisagées, intervient dans une période de vives tensions entre Washington et Moscou sur ce dossier. Le président Trump a annoncé fin octobre le retrait des Etats-Unis du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), bannissant les missiles nucléaires d’une portée allant de 500 à 5 000 kilomètres, conclu avec la Russie en 1987. M. Poutine a immédiatement averti qu’un tel retrait pourrait avoir des conséquences dangereuses. Les Etats-Unis ne sont pas soutenus par leurs alliés européens dans le nouveau bras de fer engagé avec Moscou. Difficile de se « battre sur deux fronts ou plus » Le 14 novembre, le rapport de la commission parlementaire sur la stratégie de défense nationale relevait que les Etats-Unis font face à une crise militaire et pourraient perdre une guerre contre la Chine ou la Russie. « La supériorité militaire des Etats-Unis – colonne vertébrale de son influence mondiale et de sa sécurité nationale – s’est érodée à un niveau dangereux », relève ce rapport. Les Etats-Unis seraient particulièrement vulnérables si leurs troupes étaient « contraintes de se battre simultanément sur deux fronts ou plus », ajoute la douzaine d’anciens hauts responsables démocrates et républicains chargés de passer en revue les capacités militaires américaines. Ils pointent des « décisions et dysfonctionnements politiques de la part des deux principaux partis politiques », qui ont conduit à « une crise de sécurité nationale pour les Etats-Unis ». Les auteurs du texte estiment que budget reste « clairement insuffisante » pour atteindre les objectifs fixés par la stratégie de défense nationale de l’administration Trump. La commission parlementaire fait dans son rapport une série de recommandations, dont une augmentation annuelle de 3 à 5 % du budget de la défense.
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/03/donald-trump-veut-mettre-fin-a-la-course-aux-armements_5392055_3210.html
03/12/2018
Le président ne donne pas de calendrier ni d’indication sur la portée des discussions, alors que la tension avec Moscou perdure.
idees
« L’Europe doit récupérer sa souveraineté fiscale »
« Le meilleur moyen pour accélérer les discussions au niveau international, c’est une initiative européenne qui garantit que les entreprises numériques paient, dès aujourd’hui, leur juste part d’impôts. » Siège de la Commission européenne à Bruxelles Wilfried Wirth/Westend61 / Photononstop Tribune. Le temps presse ! Les ministres des finances européens qui se réunissent, mardi 4 décembre, à Bruxelles doivent adopter sans délai la taxe sur les services numériques, un impôt sur le chiffre d’affaires des multinationales du numérique telles que Google, Apple, Facebook, Amazon, Booking ou Spotify. Une telle taxe pourrait générer jusqu’à dix milliards d’euros de recettes publiques par an, indispensables pour une croissance économique durable, la création d’emplois et le financement des services publics. La Commission européenne a révélé que le secteur du numérique payait 9,5 % d’impôts sur les sociétés Alors que les citoyens et les petites entreprises paient leurs impôts là où ils vivent et travaillent, les géants du numérique y échappent presque entièrement. En mars, la Commission européenne a révélé que le secteur du numérique payait 9,5 % d’impôts sur les sociétés, soit moins de la moitié que les secteurs « traditionnels », avec 23 % en moyenne. Rien qu’en 2017, Amazon a généré environ 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires en Europe mais a réussi à payer un impôt quasi nul. Système fiscal dépassé par la mondialisation Notre système fiscal est aujourd’hui dépassé par la mondialisation et la transition numérique. Conçues au début du XXe siècle pour une économie traditionnelle basée sur les échanges de biens et services physiques, les règles actuelles ne fonctionnent plus dans une économie de plus en plus virtuelle. A cela s’ajoute des règles fiscales nationales divergentes, des niches et autres failles qui font de l’évasion et de la fraude fiscales un jeu d’enfant pour les multinationales. Les révélations des « Paradise papers » ont montré comment celles-ci tirent parti de cette cacophonie réglementaire en employant des constructions fiscales sophistiquées pour transférer leurs profits vers des paradis fiscaux. Les entreprises du numérique sont expertes dans l’exploitation de cette situation. Elles bénéficient d’une faible présence physique en Europe et peuvent donc choisir de rapatrier leurs bénéfices vers le pays aux règles fiscales les plus avantageuses. Ce faisant, elles stimulent la concurrence entre les Etats membres et mènent un nivellement par le bas en matière de fiscalité des entreprises. A moins que l’on ne change les règles du jeu, nous continuerons d’assister à une chute sans fin du montant des impôts payés par les entreprises. Les réformes pour combattre ce système injuste nécessitent du temps, mais surtout du leadership politique ; et dans ce cas, d’un leadership européen.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/03/l-europe-doit-recuperer-sa-souverainete-fiscale_5392051_3232.html
03/12/2018
Trois députés européens estiment dans une tribune au « Monde » que les ministres des finances européens doivent adopter sans délai la taxe sur les services numériques et imposer les GAFA sur leurs chiffres d’affaires.
sciences
Chez les abeilles, deux pères pour une fille
Abeille jaune. IVAR LEIDU /CC BY-SA 4.0 Zoologie. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler, pour ceux de nos lecteurs qui jouaient au tarot en cours de sciences naturelles, ce qui détermine le sexe d’un enfant à naître chez Homo sapiens. Après quelques gesticulations sur lesquelles on ne s’étendra pas ici, un spermatozoïde – fabriqué par le père et vecteur soit du chromosome sexuel X, soit d’un Y – finit par pénétrer dans un ovule – produit par la mère et porteur d’un X. Si le ­résultat final est XX, le bébé sera du sexe ­féminin et s’appellera Claude. Et si la combinaison est XY, il sera du sexe masculin et s’appellera Claude. Pour résumer, c’est le chromosome sexuel véhiculé par le spermatozoïde qui décide du sexe. Les choses se passent différemment chez les hyménoptères, ordre d’insectes qui recouvre abeilles, fourmis, guêpes et frelons. Prenons le cas d’une abeille reine. Comme l’explique Pierre-Henri Gouyon, professeur au ­Muséum national d’histoire naturelle et ­co-auteur de plusieurs ouvrages sur le sexe, « cette femelle stocke le sperme des mâles avec lesquels elle s’est accouplée dans une spermathèque ». Il faut en effet savoir que le spermatozoïde de ces bestioles est bien plus résistant que le nôtre et peut rester en vie des années. Un œdipe très compliqué « Quand la femelle pond un ovule, poursuit Pierre-Henri Gouyon, elle a le choix entre le fertiliser avec du sperme ou non. Si elle le ­fertilise, il deviendra diploïde (c’est-à-dire porteur de deux jeux de gènes, celui de la mère et celui du père), et ce sera une femelle. S’il n’est pas fertilisé, il sera haploïde (c’est-à-dire porteur d’un seul jeu de gènes, celui de la mère) et se transformera en mâle. » Chez les abeilles, ce n’est donc pas un chromosome en particulier qui va enclencher la fabrication de tel ou tel sexe, mais le nombre de jeux de chromosomes. Avec pour conséquence, souligne avec malice le chercheur du Muséum, « que les mâles n’ont pas de père et qu’ils sont les clones des ovules de leur mère. Leur œdipe doit être très compliqué… » Mais il y a encore plus compliqué, comme le rapporte un article australien publié mercredi 28 novembre dans Biology Letters. Ses auteurs, qui travaillent à l’université de Sydney, ont étudié des abeilles « mosaïques », qui montrent des caractéristiques physiques mâles et femelles en même temps. Ce phénomène est rendu possible par le fait que plus d’un spermatozoïde peut, chez ces animaux, entrer dans un ovule, ce qui provoque une sorte de chamboule-tout génétique.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/03/chez-les-abeilles-deux-peres-pour-une-fille_5392041_1650684.html
03/12/2018
Des chercheurs ont observé une femelle abeille qui ne possédait aucun gène de sa mère mais bien ceux de deux pères biologiques.