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Les militants du mouvement écologiste Extinction Rebellion (XR), qui occupent depuis lundi un pont et une place du centre de Paris, ont ajouté ce jeudi la rue de Rivoli à leurs opérations de blocage. "Pour la vie, on prend Rivoli", scandent les quelques dizaines de manifestants qui se sont installés sur la chaussée à plusieurs points d'accès de cet axe majeur de la capitale, désormais privé de voitures sur une partie de sa longueur. "Libérez les cyclistes enfermés dans des voitures" ou "Nous sommes les défenses de l'éléphant", chantent des participants qui ont placé des squelettes en plastique sur un passage piéton pour barrer symboliquement le passage. Quelques centaines d'entre eux occupent déjà depuis lundi la place du Châtelet et le pont au Change sur la Seine, noeud central de la capitale, pour réclamer davantage d'action contre le réchauffement climatique. D'autres militants ont envahi ce jeudi matin l'aéroport de London City, qu'ils souhaitent paralyser et "occuper pacifiquement" pendant trois jours, sans conséquences immédiates sur les vols. "Nous confirmons qu'un certain nombre de manifestants sont arrivés à l'aéroport", a indiqué sur Twitter l'aéroport, vers 09h30 (10h30 heure française) indiquant que celui-ci restait "pleinement ouvert et opérationnel". Plusieurs personnes ont été arrêtées. Les activistes d'Extinction Rebellion avaient annoncé mercredi leur intention de mener une occupation "à la hongkongaise" du terminal en s'asseyant, se couchant ou se collant devant les portes des départs et arrivées de l'aéroport londonien. S'ils ne parviennent pas à mener leur action à l'intérieur de l'aéroport, les militants "le bloqueront depuis l'extérieur", faisant barrage aux navettes ferroviaires et accès routiers, ont-ils averti. Ils jugent incompatible l'extension de l'aéroport avec la crise climatique et "l'urgence écologique" déclarée par le Parlement, ainsi que les engagements du gouvernement d'atteindre en 2050 un bilan carbone neutre. Au Royaume-Uni comme dans d'autres pays, Extinction Rebellion demande que cet objectif soit avancé à 2025. "L'aéroport de London City prévoit de doubler le nombre de ses vols", a dénoncé Rupert Read, l'un des porte-parole du mouvement écologiste, soulignant que l'infrastructure est utilisée "de manière disproportionnée par les jets privés et les financiers". Des cinq aéroports de la capitale britannique, London City, qui compte une piste, est le plus proche du centre-ville. Il a vu passer 4,8 millions de passagers en 2018. La police londonienne a annoncé mercredi soir avoir arrêté 800 personnes depuis le début de la mobilisation londonienne d'Extinction Rebellion lundi. Tout jeune mouvement né il y a un an au Royaume-Uni, XR se mobilise toute cette semaine dans 60 villes du monde.
true
Agir, et agir vite. Ce refrain, répété comme un mantra depuis des années par les experts sur le climat, est à nouveau au coeur du rapport spécial du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), présenté ce lundi. Ses conclusions sont sans appel : il y aurait d'indéniables avantages à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré en 2100 par rapport à la période pré-industrielle, plutôt que 2 degrés. Or, au rythme du réchauffement actuel, ce seuil de 1,5 degré sera atteint entre 2030 et 2052, selon le rapport, réalisé pour la première fois à la demande des États. Il s'appuie sur 6000 études scientifiques. "Du point de vue des lois de la physique et de la chimie, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 ºC est possible, mais il faudrait, pour la réaliser, des changements sans précédent", a déclaré Jim Skea, coprésident du Groupe de travail III du GIEC. Pour atteindre cet objectif, les auteurs du rapport présentent plusieurs scénarios combinant de nombreuses solutions, majoritairement déjà connues, mais qui devraient être déployées rapidement, et à très large échelle. Première étape, toujours incontournable : la réduction de l'émission des gaz à effet de serre (GES), et du dioxyde de carbone (CO2) en tête. D'ici à 2030, les émissions de CO2 devraient ainsi baisser de 45 % par rapport à 2010 pour maintenir le réchauffement dans la limite de 1,5 degré. LIRE AUSSI >> Climat: un demi degré de plus aurait beaucoup d'effet Et il n'est parfois nul besoin de révolution, comme l'explique Roland Séférian, climatologue à Météo France et co-auteur du rapport, à L'Express. Certaines mesures sont applicables par chaque citoyen. Se munir d'une voiture à énergie propre, ou préférer les produits locaux aux produits importés, dont le transport génère énormément d'émissions de gaz à effet de serre, par exemple. "Il y a des gestes encore plus simples et moins coûteux", assure Roland Séférian. "On vous demande de créer des comptes sur Internet pour énormément d'activités aujourd'hui, mais vous ne les utilisez souvent qu'une seule fois. Or, leur stockage demande une énergie folle: Google a lui seul a plus de 900 000 serveurs! En demandant la suppression de ces comptes, vous contribuez à limiter les émissions de CO2." Une telle réduction reste toutefois un véritable défi mondial, d'autant plus que les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté en 2017. Elle suppose des transitions "rapides et de grande envergure" dans les domaines de l'aménagement du territoire, de l'énergie, du bâtiment, du transport, de l'urbanisme, et bien sûr, de l'industrie. LIRE AUSSI >> "Les solutions pour baisser les émissions de méthanes existent" Pour y parvenir, il y a d'abord les solutions dites "de court terme", celles qui existent déjà. Le GIEC propose par exemple la construction de bâtiments aux meilleures performances énergétiques, rapprochement des zones de vie et de travail pour limiter les déplacements, développement des transports en commun... Il insiste également sur l'indispensable sortie des énergies fossiles, à commencer par le charbon. Les solutions sont connues, notamment le recours aux énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique), à l'hydrogène, ou encore l'électrification. En 2050, pour atteindre l'objectif des 1,5 degré, la part des énergies renouvelables pour l'électricité doit passer à 70 %-85 %. LIRE AUSSI >> "Arrêtons cette transition énergétique" Et les réformes économiques et financières sont indispensables, selon les experts du GIEC. Le rapport prévoit un besoin d'investissement de 2 400 milliards de dollars entre 2016 et 2035. Autrement dit, il faut "réorienter 2,5 % de la richesse mondiale vers la lutte contre le réchauffement climatique", précise à L'Express Jean-Charles Hourcade, économiste au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (Cired), et lui aussi parmi les auteur du rapport. "Mais pour détourner les épargnants et les investisseurs des placements classiques, comme la pierre, il faudrait que les gouvernements fournissent des garanties". A long terme, les scénarios du GIEC fixent également comme objectif le "bilan nul" des émissions aux alentours de 2050, ce qui signifie que les émissions restantes devraient être compensées en éliminant du CO2 de l'atmosphère. Il faudrait pour cela recourir à des techniques "d'émissions négatives", encore embryonnaires, voire inexistantes, et dont les conséquences sur les ressources naturelles sont incertaines. Le principe ? "Séquestrer" le CO2 pour l'extraire de l'atmosphère, comme le font les arbres (ce qui rend indispensable la reforestation et la préservation des forêts). Des techniques moins développées de séquestration du CO2 dans les sols sont également envisageables. Il s'agirait de couvrir les sols de "biomasse", c'est-à-dire d'arbres ou de plantes, qui capture le carbone, de la brûler puis de capter le CO2 issu de la combustion pour le stocker dans le sol. Il disparaît ainsi de l'atmosphère. Le problème, c'est que les surfaces cultivables ne sont pas extensibles à l'infini, et que la quantité de terres à utiliser pour que les émissions négatives aient un impact est telle que cela que cela créerait une véritable compétition sur l'utilisation des sols, avec ses conséquences en terme de prix et de souveraineté alimentaire. "Ces techniques sont à développer, et il faut commencer d'urgence", assure à L'Express Henri Waisman, chercheur à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et co-auteur du rapport. Autant de solutions physiquement et techniquement possible, mais économiquement coûteuses, surtout pour les plus pauvres (plus dépendants des énergies fossiles, logés dans des bâtiments plus énergivores etc), et donc politiquement compliquées. "C'est aussi au citoyen d'accepter ce principe de réalité, car les conséquences d'un réchauffement trop important seraient catastrophiques", estime Roland Séférian. "Atténuer la hausse des températures dans la limite de 1,5 degré coûtera cher, c'est certain, mais, à long terme, ce sera beaucoup moins coûteux que de ne rien faire".
true
France 2030. Un volet climatique jugé décevant C’est sur le nucléaire, l’hydrogène, les véhicules et avion propres que repose l’essentiel des mesures contre le réchauffement climatique annoncées hier par Emmanuel Macron. Insuffisant selon plusieurs experts et militants écologistes. Le dernier des divers plans lancés par le président sortant sera-t-il efficace contre le réchauffement climatique ? Non, selon un panel d’experts réuni par la European Climate Foundation. On ne trouve nulle part le financement des technologies déjà existantes contre le réchauffement climatique », déplore Nicolas Berghmans. Andreas Eisl, chercheur à l’Institut Jacques Delors renchérit : À côté du plan hydrogène, très peu de moyens sont accordés à l’éolien, au photovoltaïque, à la capture de CO2, au stockage de l’énergie. Benoît Leguet, directeur de l’Institut de l’économie pour le climat, appelle donc à la création, d’une loi de programmation du financement de la transition énergétique sur dix ans », comme c’est le cas pour la Défense, la Justice ou l’Éducation. Déception en Normandie Priorité assumée d’Emmanuel Macron, le nucléaire cristallise sans surprise des réactions antagonistes. Au même moment que l’allocution présidentielle se déroulait, à Cherbourg, la Journée d’affaires du nucléaire normand. Après des annonces limitées au programme de petits réacteurs modulaires (SMR), Régis Clément, directeur adjoint du parc nucléaire chez EDF, a regretté que l’on attende encore les perspectives autour de l’EPR2 ». D’un type différent de celui de Flamanville, les deux premiers exemplaires doivent être construits à Penly (Seine-Maritime), avec 8 000 emplois durant dix ans à la clé. On espérait une décision très forte. C’est la déception », assure David Margueritte, vice-président (LR) du conseil régional de Normandie. À l’inverse, le Réseau Sortir du nucléaire juge les SMR dangereux, producteurs de déchets ingérables, trop chers et trop tardifs pour réduire nos émissions ». Alors que les énergies renouvelables, plus efficaces et plus rapides à mettre en œuvre ont cruellement besoin de financement »,le Réseau dénonce un gaspillage d’argent public ». Yannick Jadot, candidat écologiste à l’élection présidentielle, fustige, pour sa part, les trois erreurs fondamentales d’Emmanuel Macron : parler systématiquement de nucléaire, jamais de sobriété et vouloir décider seul », lorsqu’il s’agira de commander de nouveaux réacteurs, pourtant absents de la loi de programmation de l’énergie. Jean-François Juillard, directeur de Greenpeace France, évoque, quant à lui, «l’obsession d’Emmanuel Macron pour la croissance au détriment de l’urgence climatique ». À défaut de convaincre chez les écologistes, Emmanuel Macron aura certainement réussi, comme Benoît Leguet l’appelle de ses vœux à ce que l’usage des fonds publics pour financer la transition énergétique s’invite dans la campagne présidentielle ».
true
Cop26. Il fait de plus en plus chaud en Loire-Atlantique et ce n’est pas sans conséquences Alors que la vingt-sixième Conférence des Nations unies sur le climat se déroule à partir de ce lundi 1er novembre 2021, à Glasgow, en Écosse, pour lutter contre le dérèglement climatique, les températures moyennes mesurées à la station météorologique de Nantes Atlantique ont augmenté de près de 1,5 °C. Un réchauffement qui n’est pas sans conséquences : les experts prévoient une accélération de la montée des eaux dans le département, dont les premiers effets pourraient être visibles dès 2030. La vingt-sixième Conférence des Nations unies sur le climat (Cop26) se tient en ce moment et jusqu’au 12 novembre 2021, à Glasgow, en Écosse. La veille, dimanche 31 octobre, les dirigeants du G20 se sont entendus dimanche sur un objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C. Le Président Emmanuel Macron, s’en est félicité dans un tweet. Toutefois, à l’échelle du département de la Loire-Atlantique, les chiffres parlent déjà : entre 1970 et 2010, les températures moyennes mesurées à la station météorologique de Nantes Atlantique ont augmenté de près de 1,5 °C. Il fait donc de plus en plus chaud dans le département. Avec des différences suivant les zones. C’est ce qu’avait déjà révélé l’Auran, l’agence d’urbanisme de la région nantaise, dans une étude sur les îlots de chaleur publiée en juin 2020. Amplitude de 14 °C entre les surfaces les plus chaudes et les plus fraîches Le traitement d’images satellites montre, en été et en journée, une amplitude de 14 °C entre les surfaces les plus chaudes et les surfaces les plus fraîches à l’échelle du département. Les villes ont en moyenne une température supérieure de 2,5 °C par rapport à l’ensemble des surfaces départementales. Le mercure grimpe aussi dans les zones d’activités économiques comme au port de Montoir. À l’inverse, sans surprise, il fait moins chaud dans les espaces naturels : la forêt du Gâvre, le marais de Brière et le lac de Grand-Lieu ont des températures inférieures de près de 4,5 °C par rapport aux moyennes de Loire-Atlantique. À Nantes, des îlots de chaleur Dans l’agglomération nantaise, ces îlots de chaleur sont particulièrement présents. Réalisée à partir de données satellitaires de 2018, une cartographie de ces îlots de l’Auran met en évidence des zones de chaleur, comme l’île de Nantes, le nord de Rezé ou encore le quartier de la Madeleine. L’ouest de l’île de Nantes est plus chaud de 7,1 °C que la moyenne en Loire-Atlantique, par jour de forte chaleur. Lire aussi : « Dans l’agglomération de Nantes, il fait de plus en plus chaud » La ville de Châteaubriant n’échappe pas à ce phénomène. On retrouve d’autres îlots de chaleur éparpillés présentant des écarts de température du même ordre, toujours liés aux activités industrielles. Et cette hausse des températures n’est pas sans conséquences. Territoire côtier traversé par la Loire, le département, devrait, selon les scientifiques, relever des défis majeurs. À commencer par l’accélération de la montée des eaux. Dans une interview accordée à Ouest-France, le 15 octobre 2021, Marc Robin, universitaire à Nantes et responsable de l’Observatoire régional des risques côtiers, déclarait que la montée des eaux était inexorable : « Jusqu’à il y a deux siècles, le niveau de la mer a monté avec sa propre vitesse. Mais les activités humaines et les émissions de gaz à effet de serre contribuent à une légère accélération de la montée, depuis le début de la Révolution industrielle. » Réchauffement, montée des eaux... Les premiers effets pourraient être visibles plus tôt que prévu. Une étude américaine de Climate Centrale, publiée en octobre 2019 dans la réputée revue scientifique Nature, montrait dans une carte les zones qui risqueraient d’être inondées en 2030 en cas de crue annuelle, dans l’agglomération nantaise. Elle correspondrait à la projection « modérée » Selon Climate Central, le nord des communes de Bouguenais, La Montagne et Saint-Jean-de-Boiseau, en bord de Loire donc, seraient directement menacés par la hausse du niveau de l’océan en cas de très fortes marées. Un risque qui vaut aussi pour tout l’ouest de l’île de Nantes, de la place de la République au Hangar à bananes, ainsi que les quais de la Fosse et André-Maurice. La côte Atlantique n’est pas en reste. Des cartes publiées en février 2020, par l’Agence européenne pour l’environnement avaient confirmé la vulnérabilité du port de Saint-Nazaire et de certains quartiers, confirmant la modélisation américaine de Climate Centrale. Le parc de la Brière est tout aussi menacé. 15 millions d’euros de travaux ont été investis pour mieux réguler les marais. Seule véritable solution pour empêcher les scénarios les plus pessimistes de se réaliser : « Accélérer la lutte contre le réchauffement climatique », espère Alok Sharma, Président de la COP26 et membre du Parlement du Royaume-Uni.
true
« Je suis sincèrement désolé. » Tout en assurant qu’il était « vital » de protéger l’accord final, le président de la COP26 Alok Sharma n’a pas su cacher sa déception à la clôture du congrès mondial pour l’environnement à Glasgow. Côté ONG et représentants de la société civile, les réactions sont encore plus amères : Greenpeace France évoque un « petit pas pour les négociateurs [mais] un rendez-vous raté pour l’humanité », quand la branche écossaise de l’organisation Fridays for Future ne cache pas « son exaspération et sa déception ». En cause, notamment, des modifications de dernière minute pour ne plus « sortir » mais seulement « réduire » la production mondiale de charbon, loin de la première version du texte, qui appelait directement à « supprimer progressivement le charbon et les subventions aux combustibles fossiles ». Comment comprendre ces renoncements ? Quel importance symbolique et politique revêt ce texte dans sa globalité ? Le processus des COP est-il quoi qu’il arrive voué à l’échec ? Entretien avec le chercheur François Gemenne, spécialiste des questions climatiques et migratoires, directeur de l’observatoire Hugo, récemment auteur de l’Atlas de l’Anthropocène (avec Aleksandar Rankovic, éditions Presses de Sciences Po) et de Géopolitique du climat (éditions Armand Colin). Usbek & Rica : Le bilan tiré par la plupart des ONG après la clôture de la COP26 est celui d’un accord extrêmement décevant, en décalage total avec l’urgence climatique. En tant que scientifique, partagez-vous cette analyse ? François Gemenne : Je dirais que le bilan est très mauvais… mais qu’il aurait pu être encore pire – on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. L’impression de déception est évidemment renforcée quand on compare le texte final de l’accord avec la première version proposée par la présidence britannique, qui était beaucoup plus ambitieuse et beaucoup plus à la hauteur à bien des égards. Je partage donc le bilan des ONG sur le constat général. Mais en tant que scientifique, je note malgré tout plusieurs choses satisfaisantes. D’abord, le texte final issu de cette COP est le premier à faire mention de l’écart entre les ambitions affichées par la plupart des pays et la réalité. Quelque part, ce gouffre est reconnu sur papier. C’est important, parce que cela prouve que les négociations s’ancrent dans la réalité, qu’elles n’ont pas lieu juste dans une sorte de bulle déconnectée. C’est aussi sur cette notion que pourront s’appuyer les différents mouvements politiques, voire toute une série d’actions en justice à l’international. « Certains pays cherchent à aller plus loin que ce qu’ils pourront obtenir à travers la négociation officielle et consensuelle, et ils ont raison » « Certains pays cherchent à aller plus loin que ce qu’ils pourront obtenir à travers la négociation officielle et consensuelle, et ils ont raison » François Gemenne, spécialiste des questions climatiques et migratoires, directeur de l’observatoire Hugo
true
Il s’agit du plus grand crime contre l’humanité jamais commis. Il est commis sous nos yeux. Et, à quelques exceptions près, nous sommes volontairement conduits comme des moutons à l’abattoir. (Illustration de M. Fish) Les deux millions de morts qui ont résulté de la mauvaise gestion de la pandémie mondiale par les élites dirigeantes seront éclipsés par ce qui va suivre. La catastrophe mondiale qui nous attend, déjà intégrée à l’écosystème par l’incapacité à réduire l’utilisation des combustibles fossiles et de l’agriculture animale, laisse présager de nouvelles pandémies plus mortelles, des migrations massives de milliards de personnes désespérées, l’effondrement des rendements agricoles, des famines massives et l’effondrement des systèmes. La science qui explique cette mort sociale est connue des élites dirigeantes. La science qui nous a prévenus de cette pandémie, et des autres qui suivront, est connue des élites dirigeantes. La science qui montre que l’incapacité à stopper les émissions de carbone entraînera une crise climatique et, à terme, l’extinction de l’espèce humaine et de la plupart des autres espèces, est connue des élites dirigeantes. Elles ne peuvent pas prétendre à l’ignorance. Seulement l’indifférence. Les faits sont incontestables. Chacune des quatre dernières décennies a été plus chaude que la précédente. En 2018, le Groupe international d’experts sur le changement climatique des Nations unies a publié un rapport spécial sur les effets systémiques d’une hausse des températures de 1,5 degré Celsius. La lecture de ce rapport est très sombre. La hausse vertigineuse des températures – nous sommes déjà à 1,2 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels – est déjà intégrée au système, ce qui signifie que même si nous arrêtions toute émission de carbone aujourd’hui, nous risquerions quand même une catastrophe. Toute augmentation de température supérieure à 1,5 degré Celsius rendra la terre inhabitable. On s’attend maintenant à ce que la glace arctique et la calotte glaciaire du Groenland fondent, quelle que soit l’ampleur de la réduction des émissions de carbone. Une élévation du niveau de la mer de 7 mètres est ce qui se produira lorsque la glace aura disparu, ce qui signifie que toutes les villes situées sur une côte au niveau de la mer devront être évacuées. Roger Hallam, cofondateur d’Extinction Rebellion, dont les actes non violents de désobéissance civile de masse offrent la dernière et meilleure chance de nous sauver, l’explique dans cette vidéo : <span data-mce-type="bookmark" style="display: inline-block; width: 0px; overflow: hidden; line-height: 0;" class="mce_SELRES_start"></span> À mesure que la crise climatique s’aggravera, les restrcitions politiques se resserreront, rendant la résistance publique difficile. Nous ne vivons pas encore dans l’État orwellien qui se profile à l’horizon, un État où tous les dissidents subiront le sort de Julian Assange. Mais cet État orwellien n’est pas loin. Il est donc impératif que nous agissions maintenant. Les élites dirigeantes, malgré l’effondrement écologique accéléré et tangible, nous apaisent, soit par des gestes sans importance, soit par le déni. Elles sont les instigatrices du meurtre social. Engels et la condition ouvrière Le meurtre social, comme l’a noté Friedrich Engels dans son livre de 1845 intitulé « La condition de la classe ouvrière en Angleterre », l’un des ouvrages les plus importants de l’histoire sociale, est intégré au système capitaliste. Les élites dirigeantes, écrit Engels, celles qui détiennent « le contrôle social et politique », étaient conscientes que les dures conditions de travail et de vie de la révolution industrielle condamnaient les travailleurs à « une mort précoce et non naturelle : » « Lorsqu’un individu inflige à un autre une blessure corporelle telle qu’il en résulte la mort, nous appelons cet acte homicide involontaire ; lorsque l’agresseur savait d’avance que la blessure serait fatale, nous appelons son acte meurtre. Mais lorsque la société place des centaines de prolétaires dans une situation telle qu’ils connaissent inévitablement une mort trop précoce et non naturelle, une mort tout aussi violente que celle par l’épée ou la balle ; lorsqu’elle prive des milliers de personnes des nécessités de la vie, les place dans des conditions où elles ne peuvent vivre – les oblige, par la force de la loi, à rester dans ces conditions jusqu’à ce que survienne la mort qui en est la conséquence inévitable – sait que ces milliers de victimes doivent périr, et pourtant permet que ces conditions subsistent, son acte est un meurtre aussi sûrement que l’acte de l’individu isolé ; un meurtre déguisé, malveillant, un meurtre contre lequel personne ne peut se défendre, qui n’a pas l’air d’être ce qu’il est, parce que personne ne voit le meurtrier, parce que la mort de la victime semble naturelle, parce que l’infraction est plus une omission qu’une action. Mais le meurtre reste un meurtre. » La classe dirigeante consacre d’énormes ressources pour masquer ce meurtre social. Elle contrôle le récit dans la presse. Elle falsifie la science et les données, comme le fait l’industrie des combustibles fossiles depuis des décennies. Elle crée des comités, des commissions et des organismes internationaux, tels que les sommets des Nations unies sur le climat, pour faire semblant de s’attaquer au problème. Ou bien ils nient l’existence même du problème, malgré les changements spectaculaires des conditions météorologiques. Les scientifiques avertissent depuis longtemps qu’avec la hausse des températures mondiales, l’augmentation des précipitations et des vagues de chaleur dans de nombreuses régions du monde, les maladies infectieuses propagées par les animaux vont affecter les populations tout au long de l’année et s’étendre aux régions nordiques. Des pandémies plus virulentes Le site funéraire de la Covid-19 à Qom, en Iran, le 15 mars 2020. (Mehr News Agency, CC BY 4.0, Wikimedia Commons) Les pandémies telles que le VIH/SIDA, qui a tué environ 36 millions de personnes, la grippe asiatique, qui a tué entre 1 et 4 millions de personnes, et la Covid-19, qui a déjà tué plus de 2,5 millions de personnes, se propageront à travers le monde sous la forme de souches toujours plus virulentes, dont les mutations échappent souvent à notre contrôle. L’utilisation abusive d’antibiotiques dans l’industrie de la viande, qui représente 80 % de l’utilisation totale d’antibiotiques, a produit des souches de bactéries résistantes aux antibiotiques et mortelles. Une version moderne de la peste noire, qui, au XIVe siècle, a tué entre 75 et 200 millions de personnes, anéantissant peut-être la moitié de la population européenne, est probablement inévitable tant que les industries pharmaceutiques et médicales seront configurées pour faire de l’argent plutôt que pour protéger et sauver des vies. Même avec les vaccins, nous ne disposons pas de l’infrastructure nationale nécessaire pour les distribuer efficacement, car le profit prime sur la santé. Et le pays du Sud sont, comme d’habitude, abandonnés, comme si les maladies qui les tuent ne nous atteindront jamais. La décision d’Israël de distribuer les vaccins Covid-19 à pas moins de 19 pays, tout en refusant de vacciner les 5 millions de Palestiniens vivant sous son occupation, est emblématique de l’étonnante myopie de l’élite dirigeante, sans parler de son immoralité. Ce qui se passe n’est pas de la négligence. Ce n’est pas de l’ineptie. Ce n’est pas un échec politique. C’est un meurtre. C’est un meurtre parce qu’il est prémédité. C’est un meurtre parce qu’un choix conscient a été fait par les classes dirigeantes mondiales d’éteindre la vie plutôt que de la protéger. C’est un meurtre parce que le profit, malgré les statistiques, les perturbations climatiques croissantes et la modélisation scientifique, est jugé plus important que la vie et la survie humaines. Les élites prospèrent dans ce système, tant qu’elles servent les dictats de ce que Lewis Mumford appelait la « mégamachine », la convergence de la science, de l’économie, de la technique et du pouvoir politique unifiés en une structure intégrée et bureaucratique dont le seul but est de se perpétuer. Cette structure, note Mumford, est contraire aux « valeurs qui favorisent la vie ». Mais défier la mégamachine, nommer et condamner son désir de mort, c’est être expulsé de son sanctuaire. Il y a, sans aucun doute, certains au sein de la mégamachine qui craignent l’avenir, qui sont peut-être même consternés par le meurtre social, mais ils ne veulent pas perdre leur emploi et leur statut social pour devenir des parias. Folie suicidaire Sur la base commune de Balad, en Irak, des soldats américains montent à bord d’un avion. (U.S. Air Force/Erik Gudmundson) Les ressources massives allouées à l’armée, qui, si l’on ajoute les coûts de l’administration des anciens combattants au budget du ministère de la défense, s’élèvent à 826 milliards de dollars par an, sont l’exemple le plus flagrant de notre folie suicidaire, symptomatique de toutes les civilisations en déclin qui gaspillent des ressources croissantes dans des institutions et des projets qui accélèrent leur déclin. L’armée américaine – qui représente 38 % des dépenses militaires mondiales – est incapable de lutter contre la véritable crise existentielle. Les avions de chasse, les satellites, les porte-avions, les flottes de navires de guerre, les sous-marins nucléaires, les missiles, les chars et les vastes arsenaux d’armement sont inutiles contre les pandémies et la crise climatique. La machine de guerre ne fait rien pour atténuer les souffrances humaines causées par des environnements dégradés qui rendent les populations malades et empoisonnées ou qui rendent la vie insoutenable. La pollution atmosphérique tue déjà environ 200 000 Américains par an, tandis que les enfants des villes délabrées comme Flint, dans le Michigan, sont handicapés à vie par la contamination au plomb de l’eau potable. La poursuite de guerres sans fin et futiles, qui coûtent entre 5 000 et 7 000 milliards de dollars, le maintien de quelque 800 bases militaires dans plus de 70 pays, ainsi que la fraude, le gaspillage et la mauvaise gestion endémiques du Pentagone à un moment où la survie de l’espèce est en jeu sont autodestructeurs. Le Pentagone a dépensé plus de 67 milliards de dollars rien que pour un système de défense contre les missiles balistiques dont peu de gens pensent qu’il fonctionnera réellement, et des milliards de plus pour une série de systèmes d’armes ratés, dont le destroyer Zumwalt de 22 milliards de dollars. Et, pour couronner le tout, l’armée américaine a émis 1,2 milliard de tonnes de carbone entre 2001 et 2017, soit deux fois la production annuelle des véhicules de tourisme du pays. Dans dix ans, nous considérerons la classe dirigeante mondiale actuelle comme la plus criminelle de l’histoire de l’humanité, condamnant délibérément des millions et des millions de personnes à mourir, notamment de cette pandémie, ce qui éclipse les excès meurtriers des tueurs du passé, notamment les Européens qui ont perpétré le génocide des peuples indigènes des Amériques, les nazis qui ont exterminé quelque 12 millions de personnes, les staliniens ou la révolution culturelle de Mao. C’est le plus grand crime contre l’humanité jamais commis. Il se commet sous nos yeux. Et, à quelques exceptions près, nous sommes volontairement conduits comme des moutons à l’abattoir. Ce n’est pas que la plupart des gens ont confiance dans les élites au pouvoir. Ils savent qu’ils sont trahis. Ils se sentent vulnérables et ont peur. Ils comprennent que leur misère est ignorée et sans importance pour les élites mondiales, qui ont concentré des quantités stupéfiantes de richesses et de pouvoir entre les mains d’une petite cabale d’oligarques rapaces. La rage que beaucoup ressentent d’être abandonnés s’exprime souvent par une solidarité empoisonnée. Cette solidarité empoisonnée unit les personnes privées de leurs droits autour des crimes de haine, du racisme, des actes de vengeance inavoués contre des boucs émissaires, du chauvinisme religieux et ethnique et de la violence nihiliste. Elle favorise les cultes de crise, tels que ceux construits par les fascistes chrétiens, et favorise des démagogues tels que Donald Trump. Les divisions sociales profitent à la classe dirigeante, qui a construit des silos médiatiques qui alimentent en haine conditionnée les groupes démographiques concurrents. Plus les antagonismes sociaux sont importants, moins les élites ont à craindre. Si ceux qui sont saisis par une solidarité empoisonnée deviennent numériquement supérieurs – près de la moitié de l’électorat américain rejette la classe dirigeante traditionnelle et embrasse des théories du complot et un démagogue – les élites s’accommoderont de la nouvelle configuration du pouvoir, ce qui accélérera le meurtre social. L’administration Biden ne mènera pas les réformes économiques, politiques, sociales ou environnementales qui nous sauveront. L’industrie des combustibles fossiles continuera à extraire du pétrole. Les guerres ne prendront pas fin. L’inégalité sociale va s’accroître. Le contrôle du gouvernement, avec ses forces de police militarisées d’occupation interne, sa surveillance générale et la perte des libertés civiles, s’étendra. De nouvelles pandémies, ainsi que des sécheresses, des incendies, des ouragans monstrueux, des vagues de chaleur dévastatrices et des inondations, feront des ravages dans le pays, ainsi qu’une population accablée par un système de soins de santé à but lucratif qui n’est ni conçu ni équipé pour faire face à une crise sanitaire nationale. Un mal collectif Janvier 2013 : Graffiti attirant l’attention sur l’expulsion lente et brutale de la Favela do Metrô de Rio de Janeiro en vue des Jeux olympiques de 2016 au Brésil. (Catalytic Communities, Flickr, CC BY-NC-SA 2.0) Le mal qui rend ce meurtre social possible est collectif. Il est perpétré par les bureaucrates et technocrates incolores qui sortent des écoles de commerce, des facultés de droit, des programmes de gestion et des universités d’élite. Ces gestionnaires de systèmes exécutent les tâches incrémentielles qui font fonctionner des systèmes vastes et compliqués d’exploitation et de mort. Ils collectent, stockent et manipulent nos données personnelles pour quelques entreprises numériques et pour l’État de sécurité et de surveillance. Ils graissent les rouages pour ExxonMobil, BP et Goldman Sachs. Ils écrivent les lois adoptées par la classe politique achetée. Ils pilotent les drones aériens qui terrorisent les pauvres en Afghanistan, en Irak, en Syrie et au Pakistan. Ils profitent des guerres sans fin. Ils sont les publicitaires des entreprises, les spécialistes des relations publiques et les experts de la télévision qui inondent les ondes de mensonges. Ils dirigent les banques. Ils supervisent les prisons. Ils émettent les formulaires. Ils traitent les papiers. Ils refusent les bons d’alimentation et la couverture médicale à certains et les allocations de chômage à d’autres. Ils procèdent aux expulsions. Ils appliquent les lois et les règlements. Ils ne posent pas de questions. Ils vivent dans un vide intellectuel, un monde de minuties abrutissantes. Ils sont « les hommes creux », « les hommes empaillés » de T.S. Eliot. « Forme sans forme, ombre sans couleur », écrit le poète. « Force paralysée, geste sans mouvement. » Ces gestionnaires de systèmes ont rendu possibles les génocides du passé, de l’extermination des Amérindiens au massacre des Arméniens par les Turcs, en passant par l’holocauste nazi et les liquidations de Staline. Ils ont fait rouler les trains. Ils ont rempli la paperasse. Ils ont saisi les biens et confisqué les comptes bancaires. Ils ont fait le traitement. Ils rationnaient la nourriture. Ils administraient les camps de concentration et les chambres à gaz. Ils appliquaient la loi. Ils ont fait leur travail. Ces gestionnaires de systèmes, qui n’ont reçu aucune formation autre que leur minuscule spécialité technique, n’ont ni le langage ni l’autonomie morale nécessaires pour remettre en question les hypothèses ou les structures dominantes. Hannah Arendt, dans Eichmann à Jérusalem, écrit qu’Adolf Eichmann était motivé par « une diligence extraordinaire dans la recherche de son avancement personnel. » Il a rejoint le parti nazi parce que c’était un bon choix de carrière. Arendt poursuit : « Le problème avec Eichmann était précisément que tant de personnes étaient comme lui, et que ces personnes n’étaient ni perverses ni sadiques, qu’elles étaient, et sont toujours, terriblement et effroyablement normales. Plus on l’écoutait, plus il était évident que son incapacité à parler était étroitement liée à une incapacité à penser, c’est-à-dire à penser du point de vue de quelqu’un d’autre. Aucune communication n’était possible avec lui, non pas parce qu’il mentait, mais parce qu’il était entouré du plus fiable de tous les remparts contre les mots et la présence d’autrui, et donc contre la réalité en tant que telle. » Le romancier russe Vassili Grossman, dans son livre Forever Flowing, a observé que « le nouvel État n’avait pas besoin de saints apôtres, de bâtisseurs fanatiques et inspirés, de disciples fidèles et dévoués. Le nouvel État n’avait même pas besoin de serviteurs – seulement de commis. » Cette ignorance métaphysique alimente le meurtre social. Nous ne pouvons pas assimiler émotionnellement l’ampleur de la catastrophe imminente et n’agissons donc pas. Dans Shoah, le documentaire de Claude Lanzmann sur l’Holocauste, ce dernier interroge Filip Müller, un Juif tchèque qui a survécu aux liquidations à Auschwitz en tant que membre du « détachement spécial ». « Un jour de 1943, alors que j’étais déjà au crématorium 5, un train en provenance de Bialystok est arrivé. Un prisonnier du détachement spécial a vu dans la salle de déshabillage une femme qui était l’épouse d’un de ses amis. Il est sorti et lui a dit : « Tu vas être exterminée. Dans trois heures, vous serez en cendres. » La femme l’a cru parce qu’elle le connaissait. Elle a couru partout et a prévenu les autres femmes. « On va nous tuer. On va nous gazer. » Les mères portant leurs enfants sur leurs épaules ne voulaient pas entendre ça. Ils ont décidé que la femme était folle. Ils l’ont chassée. Alors, elle est allée voir les hommes. En vain. Non pas qu’ils ne l’aient pas crue. Ils avaient entendu des rumeurs dans le ghetto de Bialystok, ou de Grodno, et ailleurs. Mais qui voulait entendre ça ? Quand elle a vu que personne ne voulait l’écouter, elle s’est griffée tout le visage. Par désespoir. Sous le choc. Et elle a commencé à crier. Comment résistons-nous ? Pourquoi, si ce meurtre social est inévitable, comme je le crois, nous battons-nous même contre lui ? Pourquoi ne pas céder au cynisme et au désespoir ? Pourquoi ne pas nous retirer et passer nos vies à tenter de satisfaire nos besoins et nos désirs personnels ? Nous sommes tous complices, paralysés par la force écrasante de la mégamachine et liés à son énergie destructrice par les créneaux qui nous sont attribués dans sa machinerie massive. Pourtant, ne pas agir, et cela signifie mener des actions massives et soutenues de désobéissance civile non violente pour tenter de briser la mégamachine, c’est la mort spirituelle. C’est succomber au cynisme, à l’hédonisme et à l’engourdissement qui ont transformé les gestionnaires de systèmes et les technocrates qui orchestrent ce meurtre social en rouages humains. C’est renoncer à notre humanité. C’est devenir un complice. Albert Camus écrit que « l’une des seules positions philosophiques cohérentes est la révolte. C’est une confrontation constante entre l’homme et son obscurité. Elle n’est pas une aspiration, car elle est dépourvue d’espoir. Cette révolte est la certitude d’un destin écrasant, sans la résignation qui devrait l’accompagner. » « Un homme vivant peut être asservi et réduit à la condition historique d’objet, prévient Camus. Mais s’il meurt en refusant d’être asservi, il réaffirme l’existence d’un autre type de nature humaine qui refuse d’être classé comme objet. » La capacité d’exercer une autonomie morale, de refuser de coopérer, de détruire la méga-machine, nous offre la seule possibilité qu’il nous reste d’accéder à la liberté personnelle et à une vie qui ait un sens. La rébellion est sa propre justification. Elle érode, même imperceptiblement, les structures de l’oppression. Elle entretient les braises de l’empathie et de la compassion, ainsi que de la justice. Ces braises ne sont pas insignifiantes. Elles maintiennent en vie la capacité d’être humain. Elles maintiennent en vie la possibilité, aussi faible soit-elle, que les forces qui orchestrent notre meurtre social puissent être arrêtées. La rébellion doit être embrassée, enfin, non seulement pour ce qu’elle accomplira, mais pour ce qu’elle nous permettra de devenir. C’est dans ce devenir que nous trouvons l’espoir. Chris Hedges est un journaliste lauréat du prix Pulitzer qui a été correspondant à l’étranger pendant 15 ans pour le New York Times, où il a occupé les postes de correspondant en chef du Moyen-Orient et des Balkans. Il a auparavant travaillé à l’étranger pour le Dallas Morning News, le Christian Science Monitor et NPR. Il est l’hôte de l’émission « On Contact » de RT America, nominée aux Emmy Awards.
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Trois fois plus vite que le reste de la planète. C'est la vitesse à laquelle l'Arctique s'est réchauffé depuis 1971, plus que ce qu'on ne croyait jusqu'à présent, prévient un rapport du Programme de surveillance et d'évaluation de l'Arctique (AMAP) publié ce jeudi. En moins d'un demi-siècle, de 1971 à 2019, la température moyenne annuelle dans cette région septentrionale a grimpé de 3,1°C quand la planète se réchauffait au même moment de 1°C, selon le document actualisé paru jeudi. Chaque fraction de degré compte : les probabilités pour que la banquise disparaisse totalement l'été - avant de se reformer pendant la saison hivernale - sont dix fois plus élevées si la température sur Terre augmente de 2°C plutôt que 1,5°C, les objectifs établis par l'accord de Paris. Ces données alarmantes figurent dans un rapport actualisé de l'AMAP sur le changement climatique dans l'Arctique rendu public à l'occasion d'une réunion ministérielle du Conseil de l'Arctique, qui rassemble cette semaine à Reykjavik les pays riverains de la région. "Une mise à jour importante est que l'augmentation annuelle moyenne à la surface de l'Arctique (terre et océan) entre 1971 et 2019 a été trois fois plus élevée que l'augmentation de la moyenne mondiale pendant la même période. C'est plus qu'indiqué dans les précédentes évaluations de l'AMAP", indiquent les auteurs. La précédente actualisation, parue en 2019, indiquait que le réchauffement dans l'Arctique atteignait "plus du double de la moyenne mondiale", un écart encore accentué en hiver. "Dans la plupart des scénarios d'émissions (de gaz à effet de serre, NDLR), la grande majorité des modèles (...) laisse entrevoir avant 2050 un Arctique pour la première fois quasiment sans banquise en septembre", le mois où elle est généralement à son plus bas, ajoutent ses auteurs. "La probabilité d'un été arctique sans glace (marine) est dix fois plus grande avec le scénario d'un réchauffement planétaire de 2°C qu'avec un scénario de 1,5°C", soulignent-ils. Selon les projections citées par le rapport, les températures moyennes de l'Arctique devraient d'ici la fin du siècle grimper entre 3,3°C et 10°C au-delà de leur moyenne sur la période 1985-2014, le chiffre exact dépendant du volume des futures émissions de gaz à effet de serre. Ce rapport paraît alors que le cercle polaire arctique affiche des températures exceptionnelles. Des records mensuels ont été largement battus mercredi dans le nord-ouest de la Russie, où l'on a enregistré jusqu'à 35 degrés, et l'est de la Finlande. Pendant qu'une partie de l'Europe est confrontée à des températures fraîches et de la pluie, le mercure a atteint les 35 degrés à Tikhvine, 34,2°C à Poudoj et 32 à 33°C dans des territoires situés au niveau du cercle polaire en Russie. D'après le météorologue écossais Scott Duncan, il s'agit de valeurs exceptionnelles pour un mois de mai. Elles représentent des valeurs de 20 à 24 degrés au-dessus des normales de saison. Pour Etienne Kapikian, prévisionniste chez Météo France, il s'agit de "l'un des 30 degrés les plus précoces jamais vus au nord du cercle polaire". Il précise sur Twitter que l'arrivée de la chaleur "a été brutale". En effet, dix à quinze jours plus tôt, "les sols étaient recouverts de neige" comme à Kalevala (Carélie) où 17 centimètres de neige recouvraient le sol le 8 mai au matin, avant un record mensuel de 28,8 degrés le 19 mai. Dans la zone arctique, qui s'étend du pôle Nord au cercle polaire arctique, le développement de la vie y est en temps normal ralenti par des températures très basses pouvant chuter jusqu'à -50°C et par une très faible luminosité une grande partie de l'année (nuits polaires). Seule une maigre végétation parvient à pousser, la toundra. Durant la période hivernale, la banquise se reconstitue pour atteindre, en mars, une surface un peu supérieure à 14 millions de km2. En été, elle fond et se réduit à moins de 5, voire 4 millions de km2 en septembre. Une tendance qui s'accélère avec le réchauffement climatique. Le réchauffement y est au moins deux fois plus rapide qu'ailleurs sur la planète et réduit l'étendue de la banquise, une menace pour des espèces emblématiques comme l'ours polaire et le phoque. En 2019 et 2020, les températures s'étaient déjà établies à des niveaux records. L'an dernier, la banquise d'été a atteint sa deuxième superficie la plus petite jamais enregistrée, après 2012. Autres phénomènes alarmants : l'émergence de grands incendies de forêts dans des zones reculées et la fonte du permafrost, qui libère des quantités importantes de méthane, gaz à effet de serre nettement plus puissant que le CO2.
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C'est une année noire pour les ONG. 2017 est l'année la plus meurtrière pour les défenseurs de l'environnement, selon Global Witness. Le bilan, publié mardi, est sans doute bien en-deçà de la réalité, souligne l'ONG britannique. Et il surpasse celui de 2016 qui, avec au moins 200 morts, était déjà une année record. Leaders autochtones, rangers chargés de protéger la faune sauvage ou "personnes ordinaires" défendant leur terre ou leur rivière, ces victimes ont été recensées dans 22 pays, dont 60% en Amérique latine. Le Brésil a connu la pire année, avec 57 meurtres. Mexique et Pérou ont vu les exactions passer en un an respectivement de 3 à 15 et de 2 à 8. La Colombie en a compté 24. Rapporté à sa population, le Nicaragua est le plus affecté (4 meurtres). LIRE AUSSI >> Les braconniers seront passibles de la peine de mort au Kenya En Afrique, sur 19 meurtres (12 en RDC), 17 étaient liés à du braconnage ou des activités minières illégales. De l'autre côté de la planète, 48 personnes ont été tuées pour les seules Philippines, du jamais vu dans un pays asiatique, selon ce rapport. Au Brésil, des fermiers armés de machettes et fusils ont blessé 22 indiens Gamela, dont ils convoitaient les terres. Certaines victimes ont eu la main tranchée. Au total, un quart des homicides (au moins 46, deux fois plus qu'en 2016) sont liés à l'"agrobusiness". Quarante ont eu lieu sur fond de disputes minières (33 en 2016), 26 en lien avec l'abattage de forêts, et un nombre record de 23 personnes, surtout des rangers africains, ont été tuées en tentant de protéger les animaux des braconniers. Pour Global Witness, "le lien" est clair entre cette violence et nos produits de consommation courante : "Agriculture de masse, mines, braconnage, abattage forestier... alimentent en composants et ingrédients les rayons de nos supermarchés, qu'il s'agisse d'huile de palme pour les shampoings, de soja pour le boeuf ou de bois pour nos meubles". Personne n'a été traduit en justice, "signe d'une culture d'impunité et d'inaction du gouvernement à l'égard des activistes environnementaux", dénonce Global Witness.
true
La COP23, une « petite » COP ? Si la mobilisation autour de cette nouvelle conférence climat – qui se tient à Bonn en Allemagne du 6 au 17 novembre 2017 – semble moins forte que pour d’autres sommets, à l’image de la COP21 de novembre 2015, c’est loin d’être un signal négatif. Dans la dynamique post-COP21, cette moindre mobilisation apparente est annonciatrice d’une bonne nouvelle : les agendas de négociation sur la question du climat s’autonomisent. Ils sont désormais portés dans d’autres cercles, moins étroits – et certainement plus légitimes sur certains sujets – que le cercle des négociateurs internationaux habitués de ces rencontres. Après la COP21 En entérinant un nouveau régime multilatéral sur le climat, l’Accord de Paris, négocié en 2015 lors de la COP21, a impulsé une dynamique inédite, à travers ses objectifs ambitieux : orienter les pays vers des trajectoires de développement bas-carbone et résilientes au changement climatique ; passer à une économie mondiale neutre en émissions de gaz à effet de serre avant la fin du siècle ; canaliser, enfin, les flux financiers ainsi requis pour une reconfiguration profonde des économies. L’essentiel des pays de la planète se sont mis d’accord le 12 décembre 2015, et ont confirmé en signant individuellement l’Accord de Paris dans les mois qui suivaient, permettant ainsi à l’Accord d’entrer en vigueur moins d’un an après – ce qui constitue sans doute un record dans la diplomatie internationale moderne. À quoi servent désormais les conférences des pays (COP) signataires de la Convention-cadre des Nations unies contre les changements climatiques ? Good COP, bad COP Certaines COP ont bénéficié d’une large couverture médiatique, soit avant l’événement du fait de l’enjeu, soit après l’événement du fait du résultat remarquable de la conférence. On se souvient ainsi de quelques conférences marquantes : la conférence de Kyoto (COP3, 1997) qui a vu l’adoption du protocole du même nom ; celle de Montréal (COP11, 2005) qui a vu l’entrée en vigueur dudit protocole ; celle de Copenhague, perçue comme un échec politique (COP15, 2009) ; celle de Paris (COP21, 2015) qui a permis de négocier l’Accord de Paris ; et celle de Marrakech (COP22, 2016), qui s’est ouverte sur l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris, a vu l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, et s’est close sur un Appel des États signataires, rappelant le caractère universel et irréversible de la dynamique enclenchée par l’Accord de Paris. D’autres COP, plus techniques mais non moins importantes, étaient qualifiées par les négociateurs de « COP de respiration ». La COP23, sous présidence fidjienne, prend place dans cette lignée… même si elle s’inscrit dans un calendrier et un contexte particuliers. Les petits États insulaires en première ligne Moins de deux ans après l’adoption de l’Accord de Paris, les COP offrent un moment politique pour conserver la dynamique de l’Accord. Et la présidence fidjienne de cette COP23 porte ici une responsabilité particulière : c’est la première fois qu’un petit État insulaire assume la présidence d’une telle rencontre. Les Îles Fidji devraient notamment mettre l’accent sur l’adaptation au changement climatique et sur l’atteinte de l’objectif – figurant dans l’Accord de Paris – de maintenir l’augmentation du réchauffement planétaire en dessous de 1,5 °C ; pour les petits États insulaires, c’est une question de survie. Par ailleurs, la volonté de l’administration Trump de concrétiser sa sortie de l’Accord de Paris apporte à cette COP23 un piquant particulier. La présidence fidjienne devant à la fois gérer les négociateurs américains – la sortie effective des États-Unis n’intervenant pas avant 2020 – et resserrer les rangs pour éviter que d’autres États ne soient tentés de faire défection. Préparer 2018 et la COP24 Un second enjeu, plus technique, d’une conférence post-COP21 consiste à proposer un cadre multilatéral pour avancer au sujet des instruments indispensables à la mise en œuvre de l’Accord de Paris. L’Accord de 2015 a en effet fixé un objectif de long terme, avec une logique de mise en œuvre se déployant dans le temps, et prévoyant une dynamique collective d’accroissement de l’ambition. Or, deux processus doivent aboutir en 2018. Premier processus : la finalisation du rulebook de l’Accord de Paris, qui doit rendre opérationnels la plupart des éléments de l’Accord, notamment le cadre de transparence, les différents mécanismes de coopération, et la solidarité Nord-Sud – souvent ramenée à la promesse des pays du Nord de mobiliser chaque année à partir de 2020 un minimum de 100 milliards de dollars au bénéfice des pays du Sud. Second processus : le « dialogue de Talanoa » visant à faire un premier bilan « à blanc » des contributions des États dans le cadre de l’Accord de Paris. Sans surprise, la présidence fidjienne a annoncé qu’elle souhaitait que ce dialogue soit notamment alimenté par les conclusions du rapport du GIEC, prévu courant 2018, sur les trajectoires « 1,5 °C », et qu’elle conduirait le dialogue en lien étroit avec la Pologne, pays charbonnier, et future présidente de la COP24. La COP, un rouage de la machine La COP n’est cependant qu’un des rouages de la machine mise en branle par l’Accord de Paris. D’autres processus avancent à leur rythme, en parallèle des négociations, sans être formellement reliées aux COP. L’émergence de tels processus parallèles, prévue dans l’Accord de Paris, vient renforcer la mise en œuvre de l’Accord. La transition vers une économie bas carbone et résiliente aux effets du changement climatique se diffuse ainsi dans différentes sphères qui ont les moyens d’avancer de façon autonome, en s’appuyant sur la vision, les objectifs et les outils communs négociés lors des COP. Citons, par exemple, l’action des villes et des collectivités locales, qui se décline dans une pluralité d’initiatives et d’engagements portés par les élus, et mis en œuvre localement. Le gouverneur de Californie Jerry Brown a ainsi programmé, pour 2018 à San Francisco, un Sommet mondial pour l’action climatique autour des acteurs non étatiques. L’attribution d’un prix au carbone ne se décide pas non plus au niveau mondial lors des COP, mais bien au sein des économies nationales, comme le rappelle le rapport Stern-Stiglitz. Et nombre de pays, développés ou en développement, ont bien compris que la mise en œuvre d’une tarification carbone leur permettait de générer des revenus appréciables. Carte mondiale 2017 des prix du carbone. I4CE, CC BY-NC-ND La finance, la tortue qui devient lièvre Mais le secteur où les progrès sont les plus nets – peut-être parce qu’il est parti après les autres – est celui de la finance. Les acteurs financiers intègrent désormais de façon croissante le climat et la transition énergétique, non pas comme un objet environnemental (par nature extra-financier), mais comme un facteur impactant le couple « rendement/risque », donc intrinsèquement financier. L’intérêt ? Mobiliser au-delà des équipes « environnement » des institutions financières, les équipes en charge de la gestion des risques – souvent plus ou mieux écoutées – et les régulateurs financiers. Parmi les principales avancées, on peut mentionner le rapport du groupe d’experts mandatés par le G20 pour faire des recommandations sur la prise en compte des risques et opportunités liés au changement climatique par les acteurs de la finance ; les travaux du groupe d’experts de haut niveau sur la finance durable convoqué par la Commission européenne ; les initiatives des institutions financières, banques ou investisseurs ; ou les initiatives des places financières pour qui être « vertes » devient un critère différenciant. Rendez-vous le 12 décembre 2017 Le sommet international convoqué à Paris par Emmanuel Macron le 12 décembre 2017, soit deux ans jour pour jour après l’adoption de l’Accord de Paris, permettra de faire un point sur l’avancée de ces différents processus soutenant la mise en œuvre de l’Accord. Ce sommet ouvrira également une fenêtre à certains acteurs pour faire de nouvelles annonces et plusieurs événements se sont d’ores et déjà accolés au sommet organisé par le chef de l’État français. Parmi ceux-ci, deux événements organisés la veille, lundi 11 décembre matin et après-midi, de façon coordonnée, par les acteurs publics et privés de la finance. À suivre !
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SERGE PLANTON, CLIMATOLOGUE AU CENTRE NATIONAL DE RECHERCHES MÉTÉOROLOGIQUES DE MÉTÉO FRANCE ET EXPERT DU GROUPE D’EXPERTS INTERGOUVERNEMENTAL SUR L’ÉVOLUTION DU CLIMAT (GIEC), RÉPOND À CES QUESTIONS : QU’ENTEND-ON PAR PRÉCIPITATIONS INTENSES ? Ce sont des pluies qui apportent sur une courte durée une forte quantité d’eau. Typiquement, les précipitations sont dites intenses lorsqu’elles dépassent en un jour 20 l/m2, soit 20 mm/24h, mais cela dépend aussi des régions [1]. Dans le Sud-Est de la France par exemple, il n’est pas rare d’observer des niveaux de 200 mm d’eau, voire 300 mm en 24 h ! CES PRÉCIPITATIONS INTENSES ONT-ELLES AUGMENTÉ ? La carte de France de l’évolution des précipitations est contrastée. Les précipitations moyennes et intenses ont augmenté à certains endroits et diminué à d’autres, ceci avec des variations saisonnières. Les précipitations moyennes annuelles, neige comprise, ont plutôt augmenté sur les trois quarts nord du pays et diminué sur le quart sud, mais avec une diminution statistiquement significative seulement dans le Sud-Est. On a observé récemment une diminution des jours de pluie avec une augmentation des précipitations sur une heure, plus abondantes sur un temps plus restreint, par exemple autour de la Méditerranée : même avec une diminution des pluies moyennes, on observe une augmentation des intensités, la part de celles tombant sous forme de phénomènes extrêmes augmentant. C’est un signal très fort puisqu’il a potentiellement un impact sur l’importance des crues éclairs. Les évènements extrêmes les plus intenses, quant à eux, le sont en moyenne de plus en plus avec une augmentation de près de 22 % d’entre eux dans le Sud-Est depuis les années 60. Il s’agit cependant d’une période trop brève pour pouvoir attribuer ce changement au réchauffement climatique avec certitude. A QUOI DOIT-ON S’ATTENDRE AVEC L’AUGMENTATION DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ? Plus une atmosphère est chaude, plus elle peut contenir de l’eau. Celle-ci se condense en altitude et retombe sous forme de pluie. Donc là où il pleut déjà, les précipitations survenant avec plus d’intensité devraient augmenter, de quelques pourcents supplémentaires par degré de réchauffement [2]. Avec un réchauffement de 1,5°C en 2050, leur augmentation devrait donc être faible. Mais dans un scénario de réchauffement important, sans politique climatique ni mise en œuvre de l’Accord de Paris, l’accroissement des précipitations intenses serait significative, avec une incertitude sur leur répartition, et serait accompagnée d’une diminution des jours de pluie, nuancée en fonction des régions [3]. La solution est de poursuivre notre avancée vers des modèles climatiques plus précis pour avoir de meilleures prévisions de ces précipitations intenses, permettant de mieux se préparer à leur survenue soudaine. RÉFÉRENCES + [1] Oldenborgh G. J. et al., 2016. Rapid attribution of the May/June 2016 flood-inducing precipitation in France and Germany to climate change. Hydrol. Earth Syst. Sci. Discuss., doi:10.5194/hess-2016-308, 2016
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La France doit quitter le Traité sur la charte de l’énergie, car il est une arme entre les mains des multinationales pour ralentir ou bloquer des politiques climatiques ambitieuses. Longtemps resté dans l’oubli, le Traité de la charte de l’énergie (1), regroupant plus d’une cinquantaine d’États (de l’Europe occidentale au Japon en passant par l’Asie centrale), est aujourd’hui utilisé par les multinationales de l’énergie pour attaquer les pouvoirs publics lorsque ces derniers prennent des mesures en matière de transition énergétique qui contreviennent à leurs intérêts. Ainsi, parmi des dizaines de cas, l’entreprise suédoise Vattenfall poursuit l’Allemagne pour sa décision d’abandonner le nucléaire ; l’entreprise allemande Uniper attaque les Pays-Bas pour leur décision de fermer des centrales à charbon ; l’entreprise britannique Rockhopper s’en prend à l’Italie à la suite de son moratoire sur les forages offshore. De « l’Affaire du siècle » aux mises en demeure de Total, une grande attention a récemment été portée sur les actions entreprises par des ONG, des citoyens ou même des collectivités territoriales pour obtenir devant la justice des décisions favorables concernant le climat : il s’agit de mobiliser les embryons de droit international et national sur les enjeux climatiques pour obliger les entreprises et les États à faire plus en matière de lutte contre les dérèglements climatiques. Une moindre attention est portée aux outils de droit dont disposent les multinationales pour dissuader et sanctionner les États ainsi que les collectivités territoriales.
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Le texte qui suit est la traduction d’un article intitulé « Plausible scenarios for climate change: 2020-2050 » publié le 13 février par Judith Curry (*). Plusieurs scénarios de changement de la température moyenne de la Terre entre 2020 et 2050 sont étudiés dans cet article. La conclusion est que les trois modes de variabilité naturelle du climat, le volcanisme, la variabilité solaire et la variabilité interne devraient agir dans le sens d’un refroidissement au cours de cette période. L’article de Judith Curry a été commenté en France par le professeur Michel de Rougemont. (*) Judith A. Curry est une climatologue américaine, ex-présidente de la School of Earth and Atmospheric Sciences au Georgia Institute of Technology, où elle a enseigné jusqu’à la fin de 2016. Tétanisé par l’angoisse d’un réchauffement d’environ 1,5 o C ou 2,0 o C ou plus, par rapport à une époque mythique où le climat aurait été « stable » et (relativement) non influencé par l’homme, nous perdons de vue le fait que nous avons une meilleure période de référence : « la période actuelle ». L’avantage majeur de l’utilisation de « la période actuelle » comme base de référence pour les changements climatiques futurs est que nous avons de bonnes observations pour décrire le climat de cette période. Alors que la plupart des projections climatiques se concentrent sur 2100, la période 2020-2050 revêt une importance particulière pour plusieurs raisons : Les modèles climatiques sont peu probants sur les échelles de temps décennales. Pour résoudre ce problème, le CMIP5 et le CMIP6 font des simulations à l’échelle décennale mais initialisées sur une période de 35 ans. Bien que je n’aie pas encore vu de résultats décennaux des modèles CMIP6, je lis cette littérature. La bonne nouvelle est qu’ils arrivent assez bien à simuler l’oscillation multi décennale de l’Atlantique (AMO) sur 8 à 10 ans ; en dehors de cela ils ont peu de capacité globale. J’ai précédemment critiqué l’interprétation des simulations CMIP5 en tant que scénarios du changement climatique réel; ces simulations montrent plutôt la sensibilité du climat à différents scénarios d’émissions. Ils négligent les scénarios de la variabilité solaire future, des éruptions volcaniques et l’évaluation correcte du phasage et de l’amplitude de la variabilité multi décennale associée aux circulations océaniques. L’argument pour écarter ces facteurs est qu’il sont plus petits que le forçage des émissions. Or, cumulativement et sur des échelles de temps décennales à multi-décennales, ce n’est pas nécessairement vrai. Et à l’ère du CMIP6, nous avons maintenant suffisamment d’informations et de compréhension pour pouvoir générer des scénarios plausibles de forçage volcanique et solaire pour le 21e siècle; il en est de même pour l’AMO. J’ai développé une approche semi-empirique pour formuler des scénarios de changement climatique du 21° siècle qui ne dépendent qu’indirectement des modèles climatiques. Plusieurs scénarios ont été générés pour chaque facteur de forçage (naturel et anthropique), en mettant l’accent sur des scénarios plausibles (plutôt que sur des scénarios extrêmes même si ces scenarios ne peuvent pas être complètement écartés). Remarque: dans ce qui suit, de nombreuses références sont citées. Je n’ai pas eu le temps de rassembler une bibliographie complète, mais j’ai fourni des hyperliens vers les références clés. Réchauffement climatique d’origine humaine L’approche utilisée ici est d’utiliser autant que possible les nouvelles informations devenues disponibles pour le CMIP6: nouveaux scénarios d’émission, nouvelles considérations concernant la sensibilité du modèle au CO2 . Comme pour le récent rapport SR1.5 du GIEC, aucune tentative n’est faite pour utiliser les sorties du modèle CMIP6. À la suite du GIEC SR1.5, les scénarios de réchauffement climatique sont déterminés par des scénarios d’émissions cumulées. Les scénarios d’émissions cumulatives individuelles entre 2020 et 2050 sont ensuite traduits en une augmentation de la température mondiale en utilisant une plage de valeurs de la Réponse climatique transitoire aux émissions cumulées de dioxyde de carbone (TCRE). Cette approche est illustrée par la figure suivante: Pour le prochain AR6 du GIEC, un nouvel ensemble de scénarios d’émissions (SSP) a été publié. Le rapport sur les perspectives énergétiques mondiales 2019 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) remet en question les projections à court terme du scénario SSP jusqu’en 2040. Ils ont examiné trois scénarios: La figure 2 compare les projections de l’AIE relatives aux émissions de combustibles fossiles aux scénarios utilisés dans le rapport AR6 du GIEC. La figure indique que les émissions CPS de l’AIE se situent entre les scénarios SSP2-RCP4.5 et SSP4-RCP6.0 et que le scénario IEA STPS est légèrement inférieur à SSP2-RCP4.5. Compte tenu de ces considérations, je sélectionne un seul scénario : le SSP2-4.5. Pour l’échelle de temps de cette analyse (2020-2050), il y a peu de différence entre les scénarios 4.5 et 6.0, et nous ne sommes pas actuellement sur la trajectoire 7.0. Cumulative emissions for SSP2-4.5 calculated from 2020 to 2050 are reported in Table 1 for both cumulative CO2 and cumulative C (carbon). Cumulative C is used in calculating the transient climate response to cumulative carbon emissions (TCRE); note that 1000 GtC is the carbon content of 3667 GtCO2. Les émissions cumulées du scénario SSP2-4.5 calculées de 2020 à 2050 sont présentées dans le tableau 1 à la fois pour le CO2 et le (carbone). Le C cumulatif est utilisé pour le calcul de la réponse climatique transitoire aux émissions cumulatives de carbone (TCRE); notez que 1 000 GtC est le contenu en carbone de 3 667 GtCO 2. A titre de comparaison, le rapport SR1.5 du GIEC a évalué que la quantité d’ émissions cumulées supplémentaires de CO2 (50th percentile) par rapport à une période de référence 2006-2015 pour maintenir un réchauffement supplémentaire de moins de 0,5 ° C est de 580 GtCO 2, et de 1500 GtCO 2 pour maintenir un réchauffement supplémentaire de moins de 1,0°C La conversion des scénarios d’émissions en une augmentation de la température mondiale a traditionnellement été réalisée à l’aide des simulations de modèles climatique. Cependant, les simulations CMIP6 utilisant les nouveaux scénarios SSP et leur analyse sont en cours. Le récent rapport SR1.5 du GIEC a choisi d’utiliser les valeurs de la réponse climatique transitoire aux émissions cumulatives de carbone, ou TCRE, pour relier le changement de température mondiale aux émissions cumulatives dans les scénarios SSP. La quantité de réchauffement que le monde devrait subir en raison des émissions est approximativement proportionnelle aux émissions de carbone cumulées (pour un aperçu, voir Matthews et al.2018 ). Cette relation entre les températures et les émissions cumulées est appelée réponse climatique transitoire aux émissions cumulées de carbone, ou TCRE. Pour une valeur donnée de la TCRE, nous pouvons calculer la quantité de réchauffement attendue sur une période future en réponse à des scénarios d’émissions cumulées de carbone. Le rapport AR5 du GIEC a fourni une plage probable pour la TCRE de 0,8 °C à 2,5 °C. Matthews et al. (2018) indiquent que la génération actuelle de modèles les plus complexe présente une plage de valeurs TCRE comprise entre 0,8 et 2,4°C, avec une valeur médiane de 1,6°C. Une estimation de TCRE contrainte par l’observation a donné une plage de confiance de 5% à 95% de 0,7-2,0 ° C, avec une meilleure estimation de 1,35°C (Gillett et al 2013). Une estimation contrainte par observation plus récente fournie par Lewis (2018), a déterminé une meilleure estimation de 1,05°C. Compte tenu de ces évaluations, je sélectionne les valeurs suivantes de TCRE pour les scénarios: 1,0, 1,35, 1,65 et 2,0 ° C comme constituant une plage de valeurs plausibles. Le tableau 2 fournit le calcul du réchauffement entre 2020 et 2050, basés sur le scénario SSP2-4.5 pour quatre valeurs de la TCRE. Comme prévu avec la plage de valeurs TCRE utilisée ici, le réchauffement induit par les émissions attendue pendant la période 2020-2050 varie d’un facteur 2 (0,35-0,70). Projections de la variabilité naturelle du climat Des scénarios de variations futures pendant la période 2030-2050 sont présentées pour les éléments suivants: En ce qui concerne les scénarios solaires pour le 21°siècle, deux problèmes se posent: Selon le rapport AR5 du GIEC, l’influence du Soleil sur notre climat depuis l’époque préindustrielle, en termes de forçage radiatif, est très faible par rapport à la variation du forçage radiatif due aux gaz à effet de serre anthropiques ajoutés: 0,05 W /m 2 versus 2,29 W/m 2 . Le message du GIEC est ainsi que les changements dans l’activité solaire sont presque négligeables par rapport au forçage anthropique. Cette interprétation a été contestée: Comme résumé par Svensmark (2019), les données satellitaires démontrent que la TSI varie de 0,05 à 0,07% au cours d’un cycle solaire. Au sommet de l’atmosphère, cette variation s’élève à environ 1 W/m2 rapportée à une constante solaire d’environ 1361 W/m2. En surface, la variation n’est que de 0,2 W / m2, après prise en compte de la géométrie et de l’albédo. Les simulations et les observations du modèle ont montré une réponse de la température globale de la surface aux variations de la TSI au cours du cycle solaire de 11 ans d’environ 0,1°C (Matthes et al.2017). Le cycle solaire 24 actuel est le plus petit cycle de taches solaires en 100 ans et le troisième dans une tendance à la diminution des cycles de taches solaires. Le Soleil se dirige-t-il actuellement vers un nouveau grand minimum ou tout simplement une période de faible activité solaire? De nombreux physiciens solaires s’attendent à ce que le soleil atteigne un nouveau minimum au cours du 21° siècle: un minimum séculaire, bien que certains prédisent un minimum comparable au minimum Dalton ou même au minimum de Maunder. Dans le modèle CMIP5, les projections climatiques étaient basées sur un scénario soleil- stationnaire, obtenu en répétant simplement le cycle solaire 23, qui s’est déroulé d’avril 1996 à juin 2008, qui est le troisième cycle solaire le plus fort depuis 1850. De toute évidence, un tel scénario stationnaire n’est pas représentatif de la véritable activité solaire, qui présente d’un cycle à l’autre des variations et des tendances. Par conséquent, dans la modélisation CMIP6, des scénarios plus réalistes ont été développés pour l’activité solaire future, montrant une variabilité à toutes les échelles de temps ( Matthes et al.2017 ). Matthes et al. présentent les deux scénarios suivants (figure 3): un scénario de référence et un scénario minimum de Maunder pour la seconde moitié du 21 e siècle. Si un événement de type minimum de Maunder devait se produire au cours du 21° siècle, quel niveau refroidissement cela causerait-il? Comme résumé par Svensmark (2019), la majorité des reconstructions ne trouvent à l’échelle séculaire que de petits changements dans la production radiative solaire: depuis le minimum de Maunder, la TSI aurait augmenté d’environ 1 W/m2, ce qui correspond à 0,18 W/m2 à la surface de la Terre : c’est du même ordre de grandeur que l’amplitude du cycle solaire de 11 ans. En utilisant un modèle climatique simple, Jones et al. (2012) ont estimé que la réduction probable du réchauffement d’ici 2100 provoqué par un événement de type minimum de Maunder se situerait entre 0,06 et 0,1°C. Fuelner et Rahmstorf (2010) ont estimé qu’un autre minimum solaire équivalent aux minima de Dalton et Maunder provoquerait un refroidissement de respectivement 0,09°C et 0,26°. Meehl et al. (2013) ont estimé un refroidissement de type minimum de Maunder à 0,3°C. Ces calculs ignoraient les effets solaires indirects, ce qui augmenterait sans doute ces valeurs d’un facteur de 3 à 7. Shaviv (2008) a utilisé les océans comme calorimètre pour mesurer les variations du forçage radiatif associées au cycle solaire. Shaviv a constaté que l’énergie qui pénètre dans les océans au cours d’un cycle solaire est 5 à 7 fois supérieure à la variation de 0,1% de la TSI, ce qui implique nécessairement l’existence d’un mécanisme d’amplification. Scafetta (2013) a montré que la grande variabilité climatique observée depuis l’époque médiévale ne peut être correctement interprétée que dans la mesure où les effets climatiques de la variabilité solaire sur le climat ont été gravement sous-estimés par les modèles climatiques (d’un facteur de 3 à 6). Svensmark (2019) a fait un raisonnement comparable en utilisant les températures de forage pour la période commençant lors de l’optimum médiéval, et a trouvé une amplification du réchauffement d’un facteur de 5 à 7 lié à la baisse de TSI. Si ce niveau d’amplification est inclus, une diminution de la température de surface liée à un événement de type minimum de Maunder pourrait aller jusqu’à 1°C (ou même plus). Trois scénarios de variabilité solaire sont utilisés ici: Remarque: les valeurs CMIP6 des changements de TSI apparaissent dans la figure 3 (je n’ai pas téléchargé les projections solaires du CMIP6). J’apprécierais grandement d’autres interprétations des valeurs du refroidissement de surface à déduire des scénarios solaires du CMIP6. Les simulations du modèle climatique CMIP5 du 21° siècle n’ont pas inclus de forçage radiatif résultant des futures éruptions volcaniques. Bien que les éruptions volcaniques ne soient pas prévisibles, un scénario de forçage radiatif nul des volcans au 21° siècle est une mauvaise hypothèse. Présumer une répétition du forçage radiatif volcanique du 20° siècle n’est pas davantage une très bonne hypothèse. Au cours de la dernière décennie, il y a eu deux reconstructions paléo climatiques majeures des éruptions volcaniques au cours des derniers millénaires. Gao et al. (2008) ont examiné les enregistrements de carottes de glace et la reconstruction ultérieure des éjections de sulfate produites par les éruptions volcaniques. Une reconstruction plus récente de Sigl et al. (2015) est fournie ci-dessous, présentés en termes de forçage radiatif global des aérosols volcaniques. Ces reconstructions mettent en perspective le niveau relativement faible de l’activité volcanique depuis le milieu du XIX° siècle. Les éruptions volcaniques étant des événements imprévisibles, elles ont généralement été exclues des protocoles de projection climatique du XXIe siècle. Les projections les plus récentes spécifient le futur forçage volcanique à zéro ou à une valeur de fond constante. Bethke et al. (2017) ont exploré l’impact de soixante “futurs volcaniques” possibles, cohérents avec les enregistrements des carottes de glace, sur les projections de variabilité climatique du modèle norvégien du système terrestre (NorESM; ECS = 3.2C) sous RCP4.5. L’occurrence groupée de fortes éruptions tropicales a contribué à des périodes de froid prolongées telles que le petit âge glaciaire, où les impacts climatiques à plus long terme sont convoyées par des anomalies du contenu thermique des océans et des changements de la circulation océanique. Une activité volcanique extrême peut potentiellement provoquer des périodes de froid anormalement prolongées. D’après les résultats de Bethke et al. (2017), trois scénarios volcaniques de refroidissement sont utilisés, liés aux valeurs décennales présentées dans la figure 5: Le tableau 4 montre les scénarios décennaux de refroidissement volcanique, cohérent avec la figure 6. Les variations de la température de surface moyenne mondiale sont également associées à la variabilité interne multi-décennale récurrente associée aux circulations océaniques à grande échelle. Cependant, séparer la variabilité interne de la variabilité forcée n’est pas toujours simple en raison des incertitudes du forçage externe. On a estimé que la variabilité interne multi-décennale (période de 50 à 80 ans) avait une amplitude crête à crête de la température de surface globale pouvant atteindre 0,3-0,4°C (Tung et Zhou, 2012), représentant environ la moitié du réchauffement de la fin du 20° siècle. DelSole et al. (2010) ont estimé un changement de température mondiale de pic à pic de 0,24°C à partir de la variabilité interne. En revanche, Stolpe (2016) a estimé une amplitude maximale crête à crête de 0,16°C. Knutson et al. (2016) ont utilisé le modèle GFDL CM3, qui présente une forte variabilité multidécennale interne, pour identifier plusieurs périodes dépassant 0,5°C pour la température de surface moyenne mondiale, ce qui indique que les enregistrements de données d’environ 160 ans sont trop courts pour un échantillonnage complet de la variabilité climatique interne multi-décennale. La plupart des analyses ont identifié la variabilité multi décennale de l’Atlantique comme ayant l’empreinte dominante sur les températures globales et celles de l’hémisphère Nord. L’identification de l’ENSO en tant que facteur de variation des températures moyennes mondiales ou de signal de réponse reste controversée, avec des résultats contradictoires. Bhaskar et al. (2017) caractérise l’ENSO comme un moteur secondaire des variations de la température moyenne mondiale, représentant 12% de la variabilité au cours du siècle dernier, l’ENSO et la température de surface moyenne mondiale s’influençant mutuellement avec des décalages temporels variés. Le fait de ne pas tenir compte de la variabilité multi-décennale dans les prévisions de réchauffement futur dans divers scénarios de forçage peut entraîner le risque de surestimer le réchauffement des deux à trois prochaines décennies, lorsque l’Oscillation multi-décennale de l’Atlantique (AMO) est susceptible de passer en phase froide. L’analyse des enregistrements historiques et paléoclimatiques suggère qu’une transition vers la phase froide de l’AMO est attendue avant 2050. Enfield et Cid-Serrano (2006) ont utilisé des reconstructions paléo climatiques de l’AMO pour développer une projection probabiliste du prochain changement d’AMO. La figure 7 montre la probabilité d’un changement d’AMO par rapport au nombre d’années depuis le dernier changement de régime. Le précédent changement de régime s’est produit en 1995; ainsi, en 2020 23 années se sont écoulés depuis le dernier changement. La figure 7 indique qu’un passage à la phase froide devrait se produire au cours des 15 prochaines années, avec une probabilité de 50% que ce changement se produise au cours des 6 prochaines années. Le moment où le passage à la phase froide AMO va se produire n’est pas prévisible; cela dépend dans une certaine mesure de la variabilité météorologique imprévisible (Johnstone, 2020). L’analyse de Johnstone montre que les changements à basse fréquence des températures de surface de l’Atlantique Nord depuis 1880 sont objectivement identifiés comme une série de changements de régime alternés avec des transitions abruptes (~ 1 an) datées de 1902, 1926, 1971 et 1995 (figure 8). Dans le récent historique (remontant à 1880), ces changements marqués ponctuent des périodes quasi stables plus longues de 24 ans (1902-1925), 45 ans (1926-1970) et 24 ans (1971-1994), tandis que la dernière, et le régime le plus chaud jamais enregistré a persisté avec peu de changement net de 1995 à 2019 (25 ans). Les précédents passages en phase froide de 1902 et 1971 ont eu des amplitudes similaires (-0,2°C), après de longues périodes de chaleur relative (1880-1901), (1926-1970). Un changement négatif (froid) dans un laps de temps plus court (~ 5 ans) pourrait être possiblement déduit d’une forte baisse de la température de surface SST en 2015 dans l’Atlantique Nord subpolaire, un comportement qui pourrait présager un refroidissement plus large de l’Atlantique Nord basé sur l’apparition précoce du refroidissement de 1971. Guidé par les analyses ci-dessus, trois scénarios de variation de la température globale associée à l’AMO sont présentés dans le tableau 5. Scénarios intégraux de changement de température pour 2050 Le changement de température intégral final est la somme des changements de température entraînés par : Il existe 108 combinaisons différentes possibles de ces scénarios. Le tableau 6 montre les scénarios de réchauffement les plus élevés et les plus faibles, ainsi que les scénarios présentant les valeurs moyennes. Toutes les composantes de la variabilité naturelle indiquent un refroidissement au cours de la période 2020-2050. Individuellement, ces termes ne devraient pas être importants dans les scénarios modérés. Cependant, une fois sommés, leur magnitude s’approche de la magnitude du réchauffement associé aux valeurs modérées de la TCRE (réponse climatique transitoire aux émissions cumulées de carbone) soit – 1,35 et + 1,65°C. Si le refroidissement naturel dépasse la valeur attendue, ou si le TCRE est à l’extrémité inférieure (1,0 à 1,35° C), alors il pourrait y avoir un refroidissement net. La possibilité et la probabilité que des décennies du 21° siècle soient caractérisées par un refroidissement net ont été abordées dans plusieurs articles. Cela dépend de la valeur de l’ECS (equilibrium climate sensitivity) et de l’ampleur de la variabilité naturelle prévue. Knutson et al. (2016) ont utilisé le modèle climatique GFDL (valeur relativement élevée de l’ECS, variabilité interne élevée) pour déterminer que la probabilité d’une tendance à une diminution de la température mondiale pour une période de 20 à 30 ans est de 2%. Bethke et al. (2017) ont utilisé NorESM (ECS = 3.2C) avec RCP4.5. Cet article a examiné la combinaison de scénarios de variabilité interne et d’éruptions volcaniques. Ils ont constaté que les occurrences de décennies avec une tendance GMST négative deviennent plus fréquentes si l’on tient compte du forçage volcanique, la probabilité passant de 10% en NO-VOLC à plus de 16% en VOLC. La probabilité de décennies avec une tendance GMST négative double plus de 4% à 10% si l’analyse se limite à la première moitié du siècle – avant la période de stabilisation du RCP4.5. Le refroidissement induit par les volcans devient de plus en plus important rendant plausibles des tendances de températures neutres ou négatives sur des échelles de temps plus longues, en conjonction avec les effets de la variabilité naturelle interne. En résumé, une ou plusieurs décennies au cours de la période 2020-2050 avec un réchauffement nul ou même un refroidissement ne nous surprendrait pas. Conclusions Trois conclusions principales: Si vous préférez des scénarios “réchauffistes”, vous pouvez inclure des scénarios avec un RCP7.0 et une TCRE de 2,4°C, mais ces valeurs ne changent pas l’hypothèse fondamentale présentée ici. Vous pouvez également ajouter 1,2°C aux valeurs du tableau 6 pour augmenter la valeur des chiffres. Mais si vous voulez des scénarios plausibles, consultez mon tableau 6, qui je pense limite la gamme de résultats plausibles pour la température moyenne de la surface mondiale de 2020-2050. Mais qu’en est-il de la deuxième moitié du 21°siècle et de 2100 ? Les incertitudes concernant les émissions sont beaucoup plus importantes dans la 2° moitié du 21°siècle. Les scénarios solaires CMIP6 (Référence et Maunder) montrent plus de refroidissement dans la seconde moitié du 21°siècle. Les éruptions volcaniques pourraient être plus importantes dans la seconde moitié du 21° siècle (ou non). Après la phase froide projetée de l’AMO, un retour à la phase chaude est prévu, mais il n’y a aucune confiance dans la projection d’une AMO en phase chaude ou froide en 2100. Outre la « joker » des éruptions volcaniques, la grande incertitude concerne les effets indirects solaires. Sur la base de la littérature que j’ai étudiée, les effets des UV solaires sur le climat semblent être au moins aussi importants que les effets des TSI. Un facteur de 2-4 (X TSI) me semble tout à fait plausible, et des arguments sérieux ont été présentés pour des valeurs encore plus élevées. Je note également ici que presque toutes les estimations de l’ECS/TCR à partir des observations ne tiennent pas compte des incertitudes associées aux effets solaires indirects. Scafetta (2013) a inclus les effets solaires indirects dans une estimation de l’ECS et a déterminé une valeur ECS de 1,35°C. Ni les effets de l’AMO ni les effets indirects solaires n’ont été inclus dans les analyses d’attribution du réchauffement depuis 1950. Alors, pourquoi cette analyse est importante ?
fake
Si le Premier ministre canadien Justin Trudeau souhaite réellement sauver la planète d’un réchauffement dont l’Homme serait responsable, il devrait commencer par dire à tous les Canadiens de ne plus faire d’enfants, de ne plus conduire, de ne plus prendre l’avion, et de ne plus manger de viande. Ce sont les quatre facteurs les plus utiles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre corrélées au changement climatique sur la scène mondiale. DES SOLUTIONS INSIGNIFIANTES À l’inverse, et bien que considérées comme des actions recommandées, sont insignifiantes les solutions encouragées par le gouvernement canadien et autres pédagogues, comme le recyclage et la transition vers des ampoules à basse consommation. Ce point a été souligné par Seth Wynes, doctorant de l’université de la British Columbia et le professeur Kimberly Nicholas de l’université de Lund en Suède, dans leur article The climate mitigation gap: education and government recommendations miss the most effective individual actions publié la semaine dernière dans le journal Environmental Research Letters. L’action la plus utile, et de loin, serait de ne plus faire d’enfants, ou alors le moins possible. Chaque bébé en moins permettrait d’éviter en moyenne l’émission de 58,6 tonnes de dioxyde de carbone par an à une famille canadienne, en comparaison à 0,213 tonne d’émission liées au recyclage. PLUS DE VOITURES Ne plus circuler en voiture épargnerait 2,4 tonnes d’émissions, par rapport à 0,1 tonne gagnée par le remplacement des ampoules incandescentes par celles à économie d’énergie. Éviter un vol transatlantique par an épargne en moyenne 1,6 tonne d’émissions contre 0,247 tonne obtenue en lavant son linge à l’eau froide. Opter pour un régime alimentaire végétarien nous ferait gagner 0,8 tonne d’émissions, comparativement à 0,21 tonne obtenue en faisant sécher son linge dehors plutôt qu’avec un sèche-linge. Malgré ceci, Wynes et Nicholas rapportent : “Nous nous sommes aperçus que 10 manuels scientifiques destinés à des lycées canadiens (couvrant 7 provinces, avec 80% de la population) négligent en grande partie de mentionner ces actions – Elles comptent pour 4% des actions recommandées – préférant mettre l’accent sur les changements progressifs ayant un potentiel de réduction d’émissions plus faible”. Aussi, “Les ressources gouvernementales pour un changement climatique, que ce soit en Europe, aux États-Unis, au Canada ainsi qu’en Australie, mettent l’accent sur des actions à faible potentiel”. PLUS D’ENFANTS Fort heureusement, les scientifiques ne recommandent pas au gouvernement de contraindre les Canadiens à avoir des familles moins nombreuses, bien que cela soit une position courante chez les environnementalistes les plus extrêmes, dont l’amour pour l’Humanité est surpassé seulement par leur haine des gens, excepté eux mêmes, évidemment. Dans ce contexte, considérez la dictature élémentaire en Chine (dont Trudeau est admiratif), qui abandonna en 2015 seulement son immonde politique de l’enfant unique, imposée depuis 1979. Ce qui n’a pas empêché la Chine de se féliciter de cette politique, à l’occasion de rencontres sur le climat, arguant que sa mesure pour l’enfant unique avait permis d’empêcher 300 millions de naissances, l’équivalent de la population américaine, et évité ainsi l’émission de l’équivalent de 1,3 milliard de tonnes de dioxyde de carbone, en se basant sur une moyenne globale de 4,2 tonnes d’émissions par enfant. BOULEVERSER LES MODES DE VIE L’étude rapportée par Wynes & Nicholas est utile car elle rend compte des changements fondamentaux que nous aurions à opérer sur nos modes de vie pour atteindre les objectifs de réductions de gaz à effet de serre fixés par les accords de Paris sur le climat, et pour lesquels Trudeau nous a engagés. Paradoxalement, et même si nous atteignons ces objectifs, ainsi que chaque pays sur Terre, tout ce que cela ferait, c’est entraîner le monde vers un réchauffement climatique catastrophique à la fin du siècle, si on se base sur les sciences climatiques. Voilà dans quel monde fantastique nous vivons lorsqu’on en vient à vouloir lutter contre le changement. Leurs programmes de tarification du carbone ne sont que prélèvements d’argent déguisés en programme environnemental, et destinés à prendre quelques milliards de dollars de nos poches pour permettre au gouvernement de les utiliser comme il l’entend. FAIRE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE L’étude effectuée par Wynes & Nicholas illustre simplement la difficulté à faire face au changement climatique, en débit des discours positifs de nos politiciens déclarant que ce sera simple. Ce n’est PAS simple. C’est compliqué ! Cela demanderait un programme obligatoire de restrictions d’émissions qu’aucun citoyen canadien, ou même de n’importe qu’elle autre pays démocratique (espérons-le) ne pourrait accepter. Il existe des mesures concrètes que nous pourrions prendre pour réduire nos émissions, comme le revenu 100% neutre, les bons carbone ou encore les prix des dividendes du carbone, dont le seul objectif est d’arrêter les émissions, et pas d’augmenter les revenus du gouvernement. Donc évidemment, nos représentants de l’État n’y sont pas favorables. Nous pourrions nous concentrer sur l’amélioration des énergies vertes et renouvelables dont nous disposons, en plus du pouvoir hydraulique qui est avec le nucléaire et le gaz naturel, l’énergie fossile la moins polluante, au lieu de gaspiller notre argent dans l’éolien et l’énergie solaire, lesquels sont à des années de pouvoir répondre efficacement à une puissante et moderne économie industrielle comme la nôtre. Ou, on peut prétendre résoudre le problème en élisant des hommes politiques qui prétendent eux-même le résoudre en nettoyant nos fonds de poches. — Sur le web
biased
Des zones actuellement habitées pourraient devenir inhabitables à cause de la désertification, certains territoires être chassés de ses habitants par l’élévation du niveau de la mer. Des espèces animales et végétales sont menacées d’extinction. Iles et régions côtières menacées Le Giec prévoit une élévation du niveau des océans de quelques dizaines de centimètres. Cette augmentation du niveau de ma mer menace directement de nombreuses îles du Pacifique, dont l’altitude ne dépasse pas les quelques mètres. Catastrophisme malsain ? Pas vraiment, car une île habitée a déjà été rayée de la carte, en 2006 : il s’agit de Lohachara, dans le delta du Gange, en Inde. Une douzaine d’autres îles indiennes seraient aussi sur le point de disparaître d’après l’Université Jadavpur de Calcutta. Les îles Cartets, en Papouasie Nouvelle-Guinée, devraient subir le même sort. Si les îles sont sujettes aux inondations, de nombreux territoires continentaux sont aussi sous la menace. Les Pays-Bas, dont d’immenses superficies sont situées en dessous du niveau de la mer, Venise, le Bangladesh, l’Égypte et bien d’autres observent avec anxiété ces marées qui ne cessent de gagner du terrain. Flux migratoires et conséquences politiques Pour toutes les raisons citées plus haut, certaines populations n’auront pas d’autre choix que de prendre le chemin de l’exil, n’ayant plus les moyens de survivre dans leur environnement. En cas de disparition complète du pays (par exemple les Maldives), où ces « réfugiés climatologiques » iront-ils ? Leur pays existera-t-il encore ? Jamais l’humanité n’a été confrontée à une telle situation. Le changement climatique pourrait provoquer des bouleversements géopolitiques. Conséquence du réchauffement climatique sur l’agriculture Dans un premier temps le Giec estime que le réchauffement climatique pourrait profiter à l’agriculture des pays tempérés, tandis que les zones arides, devenant de plus en plus sèches, devraient faire face à de grosses difficultés. On pourrait citer bien d’autres conséquences, comme la santé (par exemple l’extension des zones à risques pour le paludisme), l’économie, etc. Il est clair que le changement climatique est susceptible de bouleverser nos modes de vie, même s’il est difficile de prédire dans quelle mesure, tellement ses conséquences sont nombreuses et intimement liées les unes aux autres.
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Le gouvernement va instaurer un "malus au poids" sur les véhicules les plus lourds pour lutter contre l'alourdissement du parc et son impact environnemental, a annoncé ce jeudi la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. "Le malus au poids que nous instaurons est un signal fort et nécessaire pour mieux prendre en compte l'empreinte écologique des véhicules les plus lourds", a tweeté la ministre "L'alourdissement du parc automobile, c'est plus de matériaux et d'énergie consommés, plus de pollution, moins d'espace public disponible", a-t-elle justifié. Cette mesure figurait parmi les propositions de la Convention citoyenne sur le climat et fait l'objet d'un arbitrage de Matignon en faveur de la ministre, a-t-on confié dans son entourage. Selon Les Echos qui ont dévoilé l'information, un amendement gouvernemental au projet de loi de finances va instaurer une taxation pour les véhicules de plus de 1800 kilos. Depuis 2010, le poids moyen des voitures diesel a augmenté de 7%, et celui des essences de 14%, soit environ 100 kg par véhicule, explique-t-on dans l'entourage de Barbara Pompili. "Les émissions de CO2 des véhicules ont diminué sans discontinuer entre 2009 et 2016, puis se sont stabilisés entre 2016 et 2019 malgré les évolutions des constructeurs", en raison de ces alourdissements, ajoute-t-on de même source. Il s'agit donc "d'envoyer un signal fort", avance l'entourage de la ministre, pour qui "c'est une incitation à ne pas surconsommer de très gros modèles très lourds, mais aussi une incitation pour que l'ensemble de la filière prenne davantage en compte l'ensemble de l'empreinte écologique de leurs produits, et pas seulement les émissions".
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Paris, le 2 décembre 2009 – Par deux fois aujourd’hui, Greenpeace s’est manifesté à l’Assemblée nationale, pour porter le même message : Copenhague approche, il y a urgence Nicolas Sarkozy doit passer des beaux discours à des engagements concrets et chiffrés en accord avec les recommandations des scientifiques. « En intervenant à l’Assemblée nationale, au cœur de la démocratie, le jour où les représentants du peuple discutent de l’ambition de la France pour Copenhague, Greenpeace a voulu pousser les élus, et en particulier le premier d’entre eux, le président de la République, à passer à l’action, déclare Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. En alertant nos responsables politiques, nous sommes à notre place et dans notre rôle. » Depuis des décennies, Greenpeace porte la question climatique. L’association estime, avec les autres ONG mais aussi les 450 000 citoyens qui ont signé l’Ultimatum climatique, que la France et l’Europe peuvent et doivent changer la donne. Pour le moment, les responsables politiques, qui représenteront la France à Copenhague, tergiversent et font la sourde oreille à l’heure où il faut d’urgence passer à l’action. Les conditions d’un succès à Copenhague L’accord de Copenhague doit être contraignant, juste et ambitieux. Les scientifiques sont unanimes : cet accord doit permettre de maintenir l’augmentation des températures sous la barre de 2°C. Pour ce faire, les pays industrialisés doivent prendre à Copenhague au moins deux engagements : – réduire leurs émissions de 40 % d’ici à 2020 ; – mettre sur la table 110 milliards d’euros par an d’ici à 2020 pour aider les pays en développement à faire face aux changements climatiques. « Copenhague, c’est « cherche leader désespérément », reprend Pascal Husting. La place est à prendre. Pour l’obtenir, Nicolas Sarkozy doit afficher ces deux objectifs : réduire les émissions françaises de 40 % d’ici à 2020 et chiffrer à 4,2 milliards d’euros par an la contribution de la France au soutien accordé aux pays en développement. » Deux actions de Greenpeace menée sur l’Assemblée nationale Vers midi, une dizaine d’activistes de Greenpeace a déployé des banderoles sur le toit de l’Assemblée nationale, qu’ils ont atteint avec l’aide d’un camion et d’une échelle de pompiers, clin d’œil à la célèbre phrase prononcée par Jacques Chirac, en 2002, au somment mondial sur le développement durable de Johannesburg : « La maison brûle et nous regardons ailleurs ». « Une phrase malheureusement plus que jamais d’actualité. Greenpeace joue aujourd’hui les pompiers mais les seuls à pouvoir véritablement éteindre l’incendie sont les chefs d’État et de gouvernement qui signeront l’accord final de Copenhague », poursuit Pascal Husting. L’après-midi, dans l’hémicycle, une dizaine de militants a interrompu la session parlementaire pour déployer des banderoles avec le même message : « Copenhague : aux actes, monsieur le Président ! » Les militants ayant participé à ces actions ont été interpellés, entendus puis libérés. Greenpeace est une organisation non violente Une alerte à la bombe aurait été déclenchée à l’Assemblée nationale en fin de journée. Il est évident que Greenpeace n’a rien avoir avec ce dernier incident. Greenpeace est une organisation de défense de l’environnement dont les valeurs fondatrices sont la non-violence et l’indépendance financière et politique.
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Un glacier, qui recouvre le sommet sud du massif du Kebnekaise en Suède, a perdu son statut de point culminant du pays en raison de températures exceptionnelles. "C'est assez effrayant", a déclaré Gunhild Ninis Rosqvist, professeur de géographie à l'université de Stockholm, à l'AFP. À la tête du centre de recherche de Tarfala situé à proximité du massif dans le cercle Arctique, elle a pu mesurer la hauteur du sommet plusieurs années durant dans le cadre d'un projet de recherche sur le réchauffement climatique. "Ce glacier est un symbole pour l'ensemble des glaciers à travers le monde. Tout cet environnement est en train de fondre, la neige fond, et cela touche tout l'écosystème: les plantes, les animaux, le climat, tout", a averti la spécialiste. "La surface du glacier n'a jamais été aussi basse qu'aujourd'hui. J'ai vu de l'eau de fonte couler sur les versants, je n'avais jamais observé cela auparavant", a raconté Gunhild Ninis Rosqvist. Selon la scientifique, le sommet sud a perdu quatre mètres de neige au cours du seul mois de juillet. Les dernières mesures prises mardi matin montraient que le sommet sud s'élevait à 2 097 mètres au dessus du niveau de la mer et ne dépassait plus que de 20 centimètres le sommet nord (2 096,8 mètres au dessus du niveau de la mer). LIRE AUSSI >> Glaciers grignotés de l'Antarctique Le sommet a perdu 14 centimètres de neige par jour en juillet, un mois pendant lequel la Suède a observé des records de températures qui ont provoqué des feux de forêt, même dans le cercle Arctique. "Nous ne sommes pas montés aujourd'hui pour le mesurer, mais nous avons vérifié la température et il faisait vraiment chaud hier, plus de 20 degrés", a expliqué la chercheuse. Le sommet sud, mesuré depuis 1880, a fondu d'un mètre par an au cours des vingt dernières années, selon l'université de Stockholm. D'après Martin Hedberg, météorologue au Centre suédois de météorologie et d'expertise climatique, "la chaleur extrême est 100 fois plus fréquente aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les années 1950, 1960 et 1970". "Les différences de température entre l'Arctique et la Méditerranée se réduisent", a-t-il indiqué à l'AFP. Gunhild Ninis Rosqvist juge insuffisants les objectifs politiques de lutte contre le changement climatique, y compris l'accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement moyen à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. "Avec ces objectifs, nos glaciers vont disparaître", a-t-elle alerté. Les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées sur Terre.
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Partant du principe que l’on ne comprend que ce que l’on voit, la société Carbon Visuals développe des outils de visualisation de nos émissions de gaz à effet de serre. Des images qui font réfléchir. Des tonnes, des millions de tonnes, des centaines de millions de tonnes, des milliards de tonnes. Lorsque nous évoquons l’empreinte climatique de nos activités, nous nous mettons rapidement à jongler avec des chiffres qui dépassent l’entendement. Et les climatologues, qui s’amusent, eux, avec leurs teragrammes et autres gigagrammes de carbone, ne nous facilitent pas non plus la comprenette. Pourtant, en climatologie, comme en toute chose, un bon dessin vaut mieux qu’un long discours. C’est tout le projet de la société Carbon Visuals. Créée par Antony Turner, son concept est lumineux. Lors d’une récente conférence, l’ingénieur anglais le rappelait simplement : « La raison fondamentale qui explique l’indifférence de la société à la problématique climatique est que les gaz à effet de serre sont invisibles. » Le boulot de l’entreprise britannique consiste donc à montrer au monde ces GES que nous ne voyons pas. Entouré de geeks, de pros de la 3D et de graphistes, Antony Turner met en scène l’invisible, nous révèle enfin l’importance de nos émissions. Son coup de génie marketing a été la mise en ligne sur YouTube, peu de temps avant le passage de l’ouragan Sandy, d’une vidéo visualisant les rejets carbonés de New York. Partant du principe qu’une tonne de gaz carbonique tient dans un gros ballon de 10 mètres de diamètre et que le bilan carbone annuel de la Grosse Pomme est de 54,3 millions de tonnes de dioxyde de carbone, le film d’animation montre l’éclosion, dans les rues new-yorkaises, d’une bulle bleue de CO2 toutes les deux secondes. Au bout d’une journée, une montagne de bulles engloutit les 381 mètres de l’Empire State Building. En un an, Manhattan a totalement disparu sous un massif turquoise que l’on ne peut survoler qu’en avion. Voir la video. Le travail de Carbon Visuals est de concevoir et de produire des outils pédagogiques pour les entreprises, institutions et collectivités qui souhaitent sensibiliser salariés, clients, citoyens et administrés aux effets climatiques de leurs habitudes. Impressionnant de voir que les 1 620 tonnes de CO2 produites par un champ de 200 hectares de pommes de terre (donnant 9 000 tonnes de tubercules) occupent le volume d’un cube de 857 375 mètres cubes, haut de 95 mètres. Un cube sur lequel on peut facilement visualiser les baisses d’émissions en utilisant moins d’intrants ou en optimisant le transport ou le stockage des patates. En couplant modélisation, logiciel Google Earth et performance énergétique, Carbon Visuals produit des images de ville où, à la taille et à la couleur de chaque bâtiment, correspond leur bilan carbone. Son outil le plus étonnant est, peut-être, la trame carbone. Une image de synthèse de la planète est recouverte d’un fin maillage sur lequel on peut visualiser une représentation graphique des émissions d’un pays, d’une région, d’une agglomération voire d’une famille. Très efficace ! C’est maintenant que tout se joue… La communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale et quotidienne dans le traitement de l’actualité. Reporterre est un exemple rare dans le paysage médiatique : totalement indépendant, à but non lucratif, en accès libre, et sans publicité. Le journal emploie une équipe de journalistes professionnels, qui produisent chaque jour des articles, enquêtes et reportages sur les enjeux environnementaux et sociaux. Nous faisons cela car nous pensons que la publication d’informations fiables, transparentes et accessibles à tous sur ces questions est une partie de la solution. Vous comprenez donc pourquoi nous sollicitons votre soutien. Des dizaines de milliers de personnes viennent chaque jour s’informer sur Reporterre, et de plus en plus de lecteurs comme vous soutiennent le journal. Les dons de nos lecteurs représentent plus de 97% de nos ressources. Si toutes les personnes qui lisent et apprécient nos articles contribuent financièrement, le journal sera renforcé. Même pour 1 €, vous pouvez soutenir Reporterre — et cela ne prend qu’une minute. Merci. Soutenir Reporterre 📨 Ne passez plus à côté des infos de l'écologie
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Le Capital est né le 14 septembre 1867 des élucubrations d’un esprit contraire qui à la fois dans la lignée et en totale réaction contre toute une école de pensée de l’époque tenta toute sa vie de prouver qu’il était capable à lui tout seul de reconstruire l’ensemble de la philosophie occidentale (descendant des traditions grecque, romaine et chrétienne et fortement imprégnée de théologie et de symbolique) à partir d’un seul axiome : seule la matière existe. La pensée n’existe pas, le libre arbitre n’existe pas, la conscience, la morale n’existent pas ou plutôt découlent uniquement de la matière. Bref : il n’existe pas de principe supérieur à l’action et à la connaissance que nous pouvons développer : pas de métaphysique, pas de transcendance, pas de dieux, pas de Dieu. Le monde n’est que le déroulement mécanique de lois matérielles qui peuvent toutes s’énoncer et se vérifier scientifiquement. Le destin est déjà fixé, le futur n’est qu’une simple conséquence du passé. La seule option qui resterait aux êtres humains serait de développer un esprit critique afin de découvrir cette vérité précédemment énoncée, de s’en indigner, de propager l’indignation et de créer ainsi une révolte afin de modifier le cours des choses. Cent cinquante ans après, le culte de la dialectique matérialiste de Karl Marx est toujours pieusement enseigné dans les écoles françaises : bien malheureux celui qui oserait remettre en question la pureté de l’enchaînement thèse, antithèse, synthèse ou de parler d’idéalisme ou de sacralité lors des épreuves de français, d’histoire ou de philosophie du baccalauréat. Mais le philosophe barbu est surtout connu pour sa généralisation du matérialisme à l’histoire et à l’économie. Les lois sociales opposent depuis toujours les humains entre eux (la lutte des classes) et ainsi, certains humains (les bourgeois) se sont appropriés les outils de productions (le capital), ce qui leur permet de s’enrichir en exploitant les travailleurs (les prolétaires) et de détenir le pouvoir (l’argent) afin d’imposer un ordre économique et politique (le capitalisme) pour protéger leurs privilèges. LE PROPHÈTE DE L’APOCALYPSE Usant de cette vision déterministe du monde, Karl Marx a défini une classification politique qui reste profondément ancrée dans la culture populaire. L’accaparement des outils de production, érigé en système, voire en idéologie par Marx lui-même, sera baptisé du titre de son œuvre majeure : le capitalisme, ou comment l’État crée et protège une classe dirigeante (riches industriels, financiers, actionnaires…) par l’instauration de la propriété privée. Le chemin du salut consiste donc à renverser le rôle de l’État, voire tout simplement à renverser l’État. De défenseur des privilèges (dont la propriété privée est le principal), celui-ci doit devenir émanation du peuple et propriétaire unique de l’ensemble des moyens de productions. Ce but ultime s’appelle le communisme et son achèvement passe par une phase intermédiaire durant laquelle l’État réduira l’importance du capitalisme en réduisant la propriété privée (par l’impôt, la redistribution, la prise de monopoles publics, etc.) et en étendant son périmètre. Cette transition théorisée par Marx et reprise dans de multiples versions s’appelle le socialisme. Marx est très clair : le capitalisme est à la fois injuste et instable. Il déclenchera inévitablement des révolutions populaires. Il prophétisa ainsi l’effondrement inéluctable des pays les plus avancés dans la protection de la propriété privée, l’activité bancaire, l’industrialisation et le commerce international : c’est-à-dire l’Angleterre et ses anciennes colonies : États-Unis, Canada, Australie… Non seulement l’apocalypse prophétisée par Marx ne s’est pas produite, mais il est apparu au fil du temps que les arguments qu’il avait développés dans son ouvrage n’étaient qu’une accumulation de sophismes et d’artifices rhétoriques surtout destinés à valoriser son parti-pris matérialiste athée et à gonfler son narcissisme exacerbé. Quoi de plus glorifiant pour l’ego que de prétendre sauver le monde d’un destin fatidique qui surviendra si on laisse l’Histoire suivre son chemin en toute liberté ? LE VOCABULAIRE HERMÉTIQUE DU COMPLOT MONDIAL Mais malgré les constants démentis à la philosophie développée par Marx, la peur millénariste de l’asservissement éternel au Capital agite toujours les révolutionnaires de tout poil, ainsi que les intellectuels, activistes, journalistes, hommes politiques et experts en tout genre pour lesquels la dialectique matérialiste et la recherche obsessionnelle de l’injustice sont l’alpha et l’oméga de la pensée raisonnable : si on laisse le système économique actuel (le capitalisme) se développer tout seul ; ou pire, si on favorise son expansion (l’ultralibéralisme), celui-ci envahira toute la planète (la mondialisation) et entraînera le malheur et même à terme l’extinction de l’espèce humaine, en déclenchant moult calamités telles qu’inégalités, réchauffement climatique, délitement moral : racisme, antisémitisme, homophobie, machisme etc. Quand on entend parler de capitalisme, il ne faut pas croire que l’on parle d’un développement économique basé sur la spécialisation, l’échange et l’investissement dans l’outil de production, mais de la conviction que le monde est dirigé par les riches qui n’ont pour seul et unique but que celui de devenir encore plus riches en appauvrissant les pauvres. Quand on entend parler d’ultralibéralisme, il ne faut pas comprendre que l’on fait référence à une philosophie qui chérit la liberté individuelle et repose sur la responsabilité personnelle, mais bien à la thèse que l’enrichissement de cette classe supérieure serait renforcé par la mise en place d’une doctrine visant à empêcher par tous les moyens de juguler les méfaits inhérents du capitalisme « en liberté ». Quand on entend parler de mondialisation ou de globalisation, il ne faut pas non plus penser que l’on fait référence à la capacité moderne de transporter des êtres humains, des informations ou des marchandises partout sur la planète, mais au mythe de la mise en œuvre d’un complot mondial, d’une internationale de la classe dirigeante qui se serait liguée de par le monde pour exploiter les travailleurs. L’ENFERMEMENT DANS LA DIALECTIQUE RÉVOLUTIONNAIRE La rhétorique utilisée pour défendre cette thèse est toujours la même depuis 150 ans : constater un fait, l’éclairer sous la lumière d’une justice sociale sublimée pour s’indigner et projeter ses peurs. Une différence de revenu devient une inégalité sociale qui frappe les plus pauvres, la faillite d’une banque devient une crise qui appauvrit les petits épargnants, un orage devient un dérèglement climatique dont les plus pauvres et les plus vulnérables seront les victimes à l’échelle de la planète entière, etc. Toute cette pensée qui se proclame bonne et juste repose sur l’éclairage moral porté par des gens qui se targuent de faire fi de toute subjectivité… mais qui n’ont pourtant aucun complexe à user et abuser d’arguments totalement subjectifs basés sur le ressenti d’infériorité et d’inégalité. On est toujours le pauvre de quelqu’un, il suffit souvent pour cela d’imaginer la fortune supposée de son voisin. Tout ceci enferme ces autoproclamés défenseurs de la critique et de la raison dans une logique et dans un vocabulaire hermétique qu’ils vénèrent comme des dogmes sacrés. Combien de fois n’avons-nous pas lu ou entendu « mais non, le vrai truc en isme, ce n’est pas ça ! ». L’ARGENT, LA MONNAIE, LA VALEUR ET LA RICHESSE La pensée de Marx est un pur produit de ce XIXe siècle qui découvrait la science et qui pensait que celle-ci remplacerait la métaphysique pour expliquer le monde. On comprend mieux de nos jours les mécanismes de la pensée et l’on sait qu’ils reposent avant tout sur des croyances. Mais au XIXe siècle, on croyait que le monde était soumis à des lois et que la connaissance de ces lois était l’ultime vérité, que l’esprit n’était qu’une illusion et qu’il fallait à tout prix éliminer toute construction mentale de nos réflexions. L’économie décrite par Marx repose uniquement sur la production matérielle. Les services, le travail découlent d’un cycle de transformation de la matière en énergie et de l’usage de cette énergie pour transformer la matière. La monnaie est elle aussi réduite à son aspect matériel. Rien d’étonnant alors que la vision marxiste de la richesse soit réduite à celle d’une enveloppe limitée : celle de la masse monétaire et de ses équivalents, or et argent. Dans cette logique, l’économie et la politique se résument à la simple question du partage de cette matière particulière et par projection, à celle du partage des ressources naturelles. On a depuis compris et constaté que toute cette logique était totalement fausse. LA TYRANNIE ET LE SOCIALISME Historiquement d’abord : avec la datation des premières écritures, on s’est rendu compte que celles-ci portaient sur des éléments de comptabilité. C’est le besoin d’écrire, de consigner dettes et échanges, qui est à l’origine de la notion monétaire (et de l’écriture, d’ailleurs), absolument pas l’invention de jetons en métal précieux frappé à l’effigie du tyran qui n’arriveront que bien plus tard. La lettre de change et la reconnaissance de dette précèdent la monnaie de plusieurs millénaires dans l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas la banque qui a pris le pouvoir sur le souverain, mais bien le souverain qui a régulé la banque et imposé la monnaie pour en faire un instrument de servitude. S’il existe une trame dans l’histoire de l’humanité, ce n’est pas celle de la lutte des classes, du capitalisme et du manque de politique, mais bien celle d’expériences et d’échecs répétés de divers types de socialisme. La monnaie a été inventée pour lever des impôts et payer les troupes, pas pour enrichir les gens, même une minorité. LA RICHESSE PROVIENT DE L’ÉCHANGE ET DES VALEURS Faux également économiquement : il était sans doute très difficile d’imaginer en pleine révolution industrielle que ce n’était pas l’augmentation de la productivité qui permettait l’enrichissement de la population occidentale de l’époque, mais le développement de la capacité commerciale. L’économie repose sur l’échange et la spécialisation, pas sur la production ni sur la consommation. Le secteur tertiaire, quasi inexistant au XIXe siècle, représente près des deux tiers de l’activité mondiale, près de 80 % de l’activité des pays occidentaux. La notion de besoin est totalement relative et paradoxalement totalement universelle. Un chimpanzé n’aura jamais besoin d’un film en 3D, pas plus qu’un habitant de l’Europe du milieu du XIXe siècle. Mais aujourd’hui, l’industrie du cinéma fait vivre des millions de personnes et pour beaucoup d’entre nous, le scénario, la mise en scène et l’interprétation de la série que nous regarderons ce soir à la télé seront aussi importants que ce que nous aurons dans notre assiette. LA MATIÈRE EST UNE CHIMÈRE Tout aussi faux scientifiquement : la notion de matière sur laquelle Marx base l’intégralité de son raisonnement s’est révélée très compliquée à définir au fil des découvertes scientifiques. Est-ce qu’une table est un objet plat et solide ou un ensemble mouvant de particules en perpétuelle réaction et elles-mêmes assimilables à des ondes dont on ne peut que supposer statistiquement la présence ou l’absence, sachant que matière et énergie seraient finalement la même chose ? Non seulement la prétendue stabilité de la matière n’est qu’une vue de l’esprit, mais l’information, ce principe supérieur dont Marx refusait l’existence, est quant à elle stable dans le temps et l’espace, et indépendante du référentiel utilisé, ainsi que le prouvent les ordinateurs et multiples objets numériques qui nous entourent. UN ÉCHEC CUISANT, ET POURTANT… Politiquement enfin, toutes les expériences de communisme et de socialisme se sont terminées par un fiasco total. Mais les faits, même indiscutables, ne peuvent que peu de choses face à l’obscurantisme de fanatiques persuadés détenir la vérité, et ce à juste titre, puisque tout modèle de pensée est en lui-même une vérité. Personne ne pense jamais être le méchant de l’histoire. Il faudra du temps pour que les théoriciens de l’autocritique ne fassent la leur et que l’on efface le paradigme simpliste et illuminé du faux prophète barbu. Peut-être simplement en rétablissant cette autre vision du monde, développée deux siècles avant Marx par Adam Smith, David Ricardo, Jean-Baptiste Say ou encore John Locke qui déclarait en 1690 dans le Traité du Gouvernement Civil que « Dieu, qui a donné la Terre aux hommes en commun, leur a donné pareillement la raison, pour faire de l’un et de l’autre l’usage le plus avantageux à la vie et le plus commode », nous indiquant ainsi que les valeurs portées aux choses sont tout aussi importantes, sinon plus, que les choses elles-mêmes.
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Les campagnes de « nettoyage/propreté » sont inefficaces, puisqu’il faut sans arrêt recommencer. Ça rassure surtout ceux qui s’impliquent. Je ne pense pas que les pollueurs patentés, se sentent coupables eux. En fait c’est cuit, on ne peut pas sauver la planète d’un système marchand, qui nous oblige à la saccager. Il faut aller vers la résilience, ne pas participer à cette gabegie consumériste, qui produit toujours plus de déchets. Et comme le dit Zébulon en commentaire : « C’est cela même l’essence du pouvoir : punir les masses ! On fait de l’écologie punitive ( interdiction des chauffages au fuel en 2025 – interdiction des voitures a moteur thermique dans les villes – interdiction des chauffages sur les terrasses des cafés et que sais-je encore …..) On tape sur les petits, il est facile de surtaxer un particulier. » Partagez ! Volti ****** Charles Sannat pour Insolentiae Mes chères impertinentes, chers impertinents, Il y a quelques jours, dans ma petite ville normande, deux jeunes filles, angoissées climatiques et planétaires, ont décidé de faire une « clean walk » ce qui doit se traduire par une marche du nettoyage… Tout le monde a trouvé cela charmant. Moi je trouve cela con-con, et plus les autres trouvent cela charmant plus je trouve cela con-con. Tout d’abord, nous payons des impôts et des taxes pour l’entretien, ce qui veut dire que le nettoyage n’est pas fait convenablement, mais là n’est pas le plus important. L’essentiel, c’est la culpabilisation environnementale qui pousse certains à ce type d’actions charmantes (sans aucun intérêt à terme, mais qui ne font pas mal non plus), et d’autres carrément à la dépression environnementale puisqu’il n’y a plus d’avenir, on va tous mourir… Merci Greta la dépressive chronique. Culpabilité La culpabilité est une émotion causée par la transgression d’une norme morale. Il s’agit d’une émotion proche du concept du remords. Dans la classification des émotions morales de Jonathan Haidt, la culpabilité fait partie des émotions auto-conscientes, celles permettant aux individus de réguler leurs actions. L’embarras et la honte sont des émotions proches de la culpabilité. La culpabilité s’en distingue car elle entraîne des remords, la volonté de réparer sa faute, s’accompagnant d’empathie envers les victimes. Selon l’anthropologue Ruth Benedict, les cultures peuvent être classées en fonction de l’importance de l’utilisation de la honte ou de la culpabilité pour réguler socialement les activités de leurs membres. Vous êtes victime d’une manipulation psychologique ! C’est cela que vous devez comprendre avant tout débat sérieux sur le climat ou l’écologie. Il faut retirer l’irrationnel, le passionnel de l’équation. Quand on est culpabilisé il est très difficile de raisonner objectivement… Libérez-vous ! Le sort du monde, de la planète et des abeilles n’est pas entre vos mains et ceux qui vous font croire l’inverse le font pour vous culpabiliser, pour vous manipuler, et pour vous soutirer de l’argent. Ce qui tue la planète c’est la mondialisation, avec nos produits fabriqués en Chine sans norme antipollution ou environnementale ce qui fait que ces usines ne pourraient plus fonctionner chez nous. Nous avons délocalisé nos emplois mais aussi notre pollution. S’émouvoir de l’urgence climatique un i-phone à la main, trier ses poubelles jaunes pour que le contenu termine dans l’incinérateur général qui a besoin de combustible sec pour brûler l’humide, bref, tout ceci est une vaste foutaise, un immense mensonge. Il n’est pas grave ce mensonge tant que vous n’êtes pas malheureux. Il le devient lorsque vous devenez des angoissés climatiques, et chez nos jeunes, l’angoisse climatique atteint des niveaux ahurissants. On ne protégera pas la planète avec ce système économique de consommation de masse. La consommation de masse est la négation de toute politique environnementale. Alors si vous voulez vraiment faire quelque chose pour la planète, cessez de consommer à outrance, réparez au maximum, et choisissez la simplicité et la sobriété volontaire. C’est peu, c’est imparfait, mais c’est le bon début ! C’est dans nos actes de consommation que se joue l’essentiel de la protection de l’environnement. Pas dans le recyclage, car si l’on pousse le raisonnement, il n’y a pas à recycler ce qui n’a pas été produit parce que cela n’a pas été acheté ! La cause première de tous les problèmes environnementaux imputables à l’humain, ce n’est pas le mauvais remplissage de votre poubelle jaune, mais le système totalitaire marchand, mondialisé, et basé sur la consommation de masse et la production de masse. Tout le reste n’est qu’écume des choses. Prendre soin de notre maison commune ! Cela n’est pas une raison pour ne pas prendre soin de notre maison commune évidemment. Évidemment qu’il faut trier. Mais au même moment, le camion des poubelles jaunes qui passait deux fois par semaine ne passe plus qu’une fois par semaine, et ma taxe d’ordures ménagères augmente… Je refuse donc d’être culpabilisé. Je paye plus, et on me ramasse moins ma poubelle jaune. Du coup, je vais aller acheter un second bac. Je le ferai bien volontiers, mais sans culpabilité. Je vais même acheter de plus en plus de produits en vrac pour éviter les emballages. Tout faire pour se comporter mieux et réduire notre empreinte est une bonne chose, mais sans culpabilité. Vous ne sauverez pas la planète. Vous ne pouvez pas sauver la planète. Car le système vous impose en réalité de la tuer, de la polluer, de la pourrir pour que ce système puisse tourner ! De l’agriculture intensive à la pétrochimie, de la mondialisation à la pollution des usines en Asie cachées en Inde ou en Chine, des supertankers aux super porte-conteneurs, des millions de poids-lourds chargés de tous ces produits jetables, c’est le système qui pourrit cette planète. Alors, ne soyez pas culpabilisés, vous n’avez aucune chance de sauver la planète. Même en vous suicidant ou en n’ayant pas d’enfant… la planète crèvera du système totalitaire marchand. Avec ou sans vous, ou sans votre descendance. Ne soyez pas naïf. Mais vous pouvez, nous pouvons prendre soin de notre maison commune, en achetant un lopin de terre, une maison à la campagne, en y créant des oasis de biodiversité et en y aimant la vie. Le meilleur remède à l’anxiété écologique, c’est de sortir de la propagande, démonter le mensonge, expliquer que vous ne pouvez pas sauver la planète contre ce que le système impose, et refuser la culpabilité. Le meilleur remède à l’anxiété écologique, c’est aussi l’action. En travaillant votre résilience dans un monde complexe, en réduisant vos besoins, en augmentant votre degré de liberté, vous vous rendez plus fort, plus robuste face aux crises économiques, mais vous protégez aussi notre maison commune. Cela part d’une idée simple. La… simplicité volontaire. La sobriété volontaire. Les jeunes filles qui font des « clean walk » un i-phone à la main, produit en Chine par des enfants sans droits sociaux, me feront toujours marrer… C’est charmant, mais vraiment con-con. Signé un vieux con bougon !!! Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous ! Charles SANNAT « Ceci est un article « presslib » et sans droit voisin, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »
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AID soutient financièrement le très intéressant site « Les-crises.fr » depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne Panneaux électriques à la centrale solaire d’El Bonillo d’Abaste, tandis qu’à l’arrière plan des éoliennes tournent dans un parc éolien. Photographe : Pablo Blazquez Dominguez/Getty Images Europe Alors que nous sommes entrés dans une ère où le changement climatique met à rude épreuve les réserves d’eau, la recherche met en évidence un autre avantage que présentent les énergies renouvelables par rapport aux combustibles fossiles. Une fois que les décideurs commenceront à prendre en compte les vastes volumes d’eau nécessaires pour garder les lumières allumées, les énergies solaires et éoliennes pourraient connaître un nouvel essor. Voilà, telle est la conclusion d’une étude publiée cette semaine par le Centre Commun de Recherche de l’Union Européenne, qui exhorte les dirigeants de l’Union européenne à accorder une plus grande attention à la quantité d’eau utilisée par les centrales traditionnelles au charbon, au gaz naturel et nucléaire. Il faut plus de 1 300 litres d’eau – assez pour remplir quatre baignoires – pour produire l’électricité que chaque résident européen utilise chaque jour. « Pour que l’UE sorte des énergies fossiles et augmente la part des énergies renouvelables dans son approvisionnement énergétique, elle doit élaborer des politiques qui prennent en compte l’utilisation de l’eau par les sources d’énergie », écrivent les chercheurs sur l’eau et l’énergie dirigés par Davy Vanham. Les énergies solaire, éolienne, géothermique et hydroélectrique au fil de l’eau ne représentent qu’une « petite fraction » de l’eau consommée par rapport à celle que consomment les biocarburants et les centrales thermiques traditionnelles, ont-ils indiqué.[L’hydroélectricité au fil de l’eau désigne la production d’électricité par une centrale hydroélectrique qui fonctionne sans retenue d’eau, donc sans possibilité de stocker celle-ci durant les périodes de l’année de hauts débits pour pouvoir déstocker en période de basses eaux NdT] Les conclusions attirent l’attention sur la rivalité croissante entre les ménages, l’industrie et l’agriculture pour les ressources en eau. Cette tension est exacerbée par une série de vagues de chaleur et de faibles niveaux de précipitations qui ont provoqué des arrêts d’exploitation dans les centrales électriques du continent pendant les périodes de pointe. Certains de ces incidents ont été attribués au changement climatique. La même situation a été répliquée aux États-Unis, en Inde et en Chine, ce qui montre à quel point les politiques relatives à l’eau, à l’énergie et a la sécurité alimentaire ont un impact dans les trois sphères d’activité. Empreinte annuelle absolue de la production (a) et de la consommation (b) d’énergie sur l’eau dans l’UE, en km3 pour l’année 2015. IOPscience via Bloomberg Les centrales au charbon, au pétrole et nucléaires consomment environ 30% de l’eau qui est nécessaire pour produire l’électricité que les Européens consomment. En comparaison, la part de toutes les énergies renouvelables combinées, y compris les énergies solaire, éolienne, géothermique et hydroélectrique, s’élève à 1,7 %. Dans le secteur de l’énergie propre, ce sont les réservoirs qui dépendent du pompage de l’eau en amont, ainsi que diverses formes de biomasse, qui dépendent le plus de l’eau. Selon le document revu par des pairs et publié le 15 octobre, « Savoir choisir quelles énergies renouvelables il faut promouvoir est essentiel pour atténuer le stress hydrique et maintenir les écosystèmes et leurs fonctions. Les politiques en matière de futurs investissements énergétiques doivent donc prendre en compte les énergies renouvelables ayant une empreinte à faible valeur unitaire sur l’eau. » Empreinte des centrales nucléaires sur l’eau dans l’UE IOPscience via Bloomberg Les centrales thermiques ont besoin d’eau pour refroidir les réactions et utilisent la vapeur pour actionner des turbines géantes pour produire de l’électricité. Les panneaux solaires et les éoliennes peuvent transformer le soleil et les courants d’air directement en électricité sans produire de chaleur résiduelle. Les chercheurs ont analysé les données relatives à la consommation et à la production d’énergie des 28 pays de l’UE, en les couplant à des informations sur le changement climatique et les ressources en eau. Ils ont identifié des régions de France, de Pologne et d’Espagne où les grandes centrales électriques dépendent de grands volumes d’eau. « Les récents épisodes de sécheresse et les vagues de canicule de l’été, tels que ceux de 2003, 2006, 2015 et 2018, qui ne feront que s’intensifier en raison du changement climatique, ont déjà indiqué que l’eau est une ressource qui va avoir un effet restrictif sur la production énergétique dans l’UE, » ont-elles indiqué. L’article complet est intitulé « The Consumptive Water footprint of the European Union energy sector » et est disponible sur le site Internet de l’IOPscience.
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Tous les passés ne sont pas d’un intérêt équivalent pour deux raisons: tout d’abord le phénomène qui nous intéresse maintenant se situe sur une échelle de temps très courte en regard de l’âge de notre planète : un siècle, cela fait 0,0000025% de l’âge de la Terre! Or si l’on peut avoir une bonne idée des conditions moyennes qui régnaient à la surface de la Terre il y a longtemps, on ne sait pas comment les choses évoluaient sur un siècle à cette époque là. Par exemple, on ne sait pas distinguer ce qui s’est passé entre -60.000.000 ans et -60.000.100 ans (ou entre -60.000.000 ans et -59.999.900 ans). Comme nous nous intéressons essentiellement à la survie et au confort de notre propre espèce (s’intéresser à la survie du reste n’a de sens que si nous sommes toujours là: sur une planète d’où les hommes auraient disparu, le fait de savoir s’il resterait des tigres est une question un peu secondaire!), ce qui s’est passé avant l’apparition de l’homme est moins intéressant que ce qui s’est passé après. Nous avons vu qu’en effectuant des forages dans les glaces polaires, il était possible de « consulter les archives » avec une précision acceptable pour les 400.000 dernières années. Cette période est déjà suffisamment riche en enseignements. Les cycles Durant ces 400.000 dernières années, et pendant toute l’ère quaternaire, la cause première des variations du climat n’a rien à voir avec l’humanité, si l’on excepte le dernier siècle et demi bien sûr. A l’échelle planétaire, le climat a surtout ressenti la variation cyclique de certains paramètres astronomiques de la Terre, qui ont modifié la quantité de rayonnement que notre planète reçoit du soleil. Sur les 400.000 dernières années, ces variations astronomiques ont produit 4 cycles à peu près identiques, d’un peu plus de 100.000 ans chacun, pendant lesquels il a fait assez froid pendant presque 100.000 ans (température moyenne de la planète inférieure de 5° C à maintenant) puis nettement plus chaud (température moyenne de l’ordre de ce que nous connaissons maintenant) pendant 10 à 20.000 ans (figure ci-dessous). Evolution, sur les 400.000 dernières années, de la température moyenne de l’Antarctique. Le 0 de l’axe vertical de gauche correspond à la valeur actuelle. Cette variation de température est légèrement plus élevée que celle de la planète dans son ensemble. Le fait que les oscillations soient plus importantes à droite (donc récemment) tient à la meilleure précision des mesures quand on se rapproche de l’époque contemporaine. Source : LSCE/Petit & al., Nature, Juin 1999 En particulier, sur les 400.000 dernières années, le maximum de la moyenne annuelle de la température est de 1 à 2°C au dessus de la moyenne actuelle (16 à 17 °C au lieu de 15) ; la dernière fois était il y a 130.000 ans. On tire quelques conclusions importantes de ce qui précède : Nous sommes déjà dans une période chaude pour l’histoire « naturelle » de notre climat. En toute bonne logique, nous devrions approcher de la fin d’une période interglaciaire et le climat devrait avoir naturellement tendance à se refroidir. Toutefois un refroidissement ne se fait pas en un siècle, même si la courbe ci-dessus a l’air « pentue » lorsqu’un refroidissement démarre. Le rythme des évolutions les plus rapides sur la courbe ci-dessus est en effet de quelques degrés en…5 à 10.000 ans, alors que les modèles nous prévoient une évolution de…quelques degrés en 1 siècle. C’est 50 à 100 fois plus rapide. Une différence de quelques degrés de température moyenne n’est pas un changement mineur, loin s’en faut: avec 5 °C en moins, le niveau de la mer avait baissé de 100 mètres environ (on passait à pied sec de France en Angleterre) et l’Europe du Nord était recouverte d’un énorme glacier. Comparaison entre âge glaciaire et période actuelle sur l’Atlantique Nord. Il y a 20.000 ans, au maximum glaciaire, lorsque la température moyenne était de 5°c de moins qu’aujourd’hui: Plusieurs kilomètres de glace recouvraient l’Amérique et l’Europe du Nord. La France ressemblait au nord sibérien actuel, L’Europe continentale était plus froide de 10 à 15°c mais l’océan tropical a peu varié, On passait à pied à sec de France en Angleterre, la mer étant plus basse de 120 mètres! A la lumière de la seule expérience grandeur nature que la planète ait connue, il semble probable que 5 °C de hausse du thermostat planétaire en un siècle se traduirait par une modification massive de l’environnement. Source: JC Duplessy & Pierre Morel, Gros temps sur la Planète (document original provenant du programme CLIMAP) Comme on n’a jamais vu 5 °C en plus pendant l’histoire récente, on n’a aucune idée de ce qui peut se passer avec une telle augmentation de température en dehors de ce que racontent les modèles, mais à l’évidence il s’agirait d’une modification majeure de notre environnement, et non d’une promenade de santé. A cause de ce caractère inédit, qui empêche de savoir très à l’avance ce qui pourrait se passer, il est même possible d’affirmer que nous allons avoir essentiellement des surprises, probablement plus souvent mauvaises que bonnes. Et avant ? Après la formation de la terre, l’atmosphère primitive qui est apparue sur notre planète, essentiellement comme conséquence du volcanisme (lui-même conséquence de l’énergie libérée au sein de la planète par la radioactivité naturelle des roches, alors beaucoup plus élevée qu’aujourd’hui), et du bombardement de la terre par des corpuscules riches en eau, comportait essentiellement du CO2 et de la vapeur d’eau. Les planètes du même type que la terre (on parle de planètes telluriques, par opposition aux planètes géantes telles Jupiter et Saturne, qui sont des étoiles avortées), qui ont une atmosphère, mais qui n’ont jamais porté la vie (en l’occurrence il s’agit de Mars et Vénus), ont une composition de leur air qui est toujours très voisine de celle de l’atmosphère terrestre primitive, avec essentiellement du CO2. Avec beaucoup plus de CO2 dans l’atmosphère terrestre il y a quelques milliards d’années, l’effet de serre était donc bien plus important qu’aujourd’hui. Par contre, il y a quelques milliards d’années, le Soleil n’était pas aussi puissant qu’aujourd’hui, de telle sorte que la température terrestre n’était pas trop élevée pour permettre l’apparition de la vie. Le processus remarquable qui a fait que le CO2 a ensuite baissé en même temps que la puissance du soleil augmentait, et donc que la température de surface de la planète est restée dans des limites compatibles avec la vie, c’est justement… la vie elle-même. En effet, l’apparition dans l’océan, il y a presque 4 milliards d’années, d’algues primitives, aptes à faire de la photosynthèse, a permis l’existence d’une vie végétale marine qui a progressivement supprimé une grande part du CO2 de l’atmosphère, qui se retrouve aujourd’hui dans le calcaire, c’est à dire les reste fossiles (les coquilles) de micro-organismes passés (une toute petite partie a aussi donné le pétrole et le gaz, mais c’est ridicule à côté du calcaire). En même temps, cette photosynthèse enrichissait l’atmosphère en oxygène, qui en compose aujourd’hui 20%, et qui ne pourrait rester à un tel niveau sans vie. C’est également la vie qui a permis l’apparition d’azote libre dans l’air que nous respirons aujourd’hui. Si nous revenons à notre problème de température, il n’est bien sûr pas facile de « deviner » ce qu’elle pouvait être à des époques aussi lointaines. La température qui régnait à la surface il y a 3 milliards d’années, par exemple, ne peut pas se déduire de mesures de manière commode, car l’essentiel de ce qui existait alors a depuis été enfoui au moins une fois dans les entrailles de la terre à cause de la tectonique des plaques, ce qui a quelque peu perturbé l’information qui aurait pu être obtenue ! Pour les fonds marins, par exemple, il n’est pas possible d’obtenir des sédiments âgés de plus de 150 millions d’années : passé ce laps de temps, ils ont été enfouis dans la croûte terrestre par les mouvements de cette dernière. Il est cependant possible de regarder comment la température a évolué depuis la disparition des dinosaures, à la fin de l’ère secondaire, il y a 67 millions d’années, et il semble qu’il ait fait généralement plus chaud que maintenant, avec une moyenne qui a pu être jusqu’à 10 °C plus élevée qu’aujourd’hui. Mais la variation ne s’est pas faite sur un siècle! Estimation de la température moyenne de la planète (par rapport à aujourd’hui, le 0 de l’échelle de droite représentant la température moyenne du dernier millier d’années). L’axe horizontal du bas donne l’ancienneté par rapport à aujourd’hui, en millions d’années. Attention! Une graduation de l’axe du bas fait 2 millions d’années, et l’époque est d’autant plus ancienne que l’on va vers la droite. Rappelons que la moyenne planétaire est aujourd’hui de 15 °C, mais que si nous faisons la moyenne sur le dernier million d’années nous obtiendrons quelque chose de plus proche de 11 ou 12 °C, car la terre a été en période glaciaire l’essentiel du dernier million d’années. Cette courbe a été obtenue par l’analyse de sédiments océaniques prélevés dans 40 lieux différents. Source: Zachos et al., Science, 2001 Voici encore un élément qui renforce l’idée qu’une élévation de température dépassant 5°C en un ou deux siècles serait lourde de menaces: au regard des variations de la température planétaire sur des périodes longues, il s’agirait d’une déstabilisation très brutale. Pour en savoir plus sur l’histoire de la Terre Le site (remarquable) de Pierre-André Bourque, professeur à l’Université Laval au Canada.
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La gravité est sur toutes les lèvres. Selon un sondage publié en janvier 2021 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), 64 % des personnes interrogées estiment que le changement climatique est une « urgence mondiale ». Cet échantillon de 1,22 million de personnes donne le ton : il faut agir vite. Pourtant, la transition écologique suppose aussi de marcher sur des œufs, afin de protéger l’emploi, les plus précaires et les régions déjà sinistrées, tout en accélérant les mesures. Une tâche pas si simple, et pourtant vitale afin de ne pas dépasser le palier décisif des 1,5° C. Parce qu’identifier ces enjeux, c’est commencer à les résoudre (en partie), on vous propose de les décrypter en compagnie de Laurence Boone, cheffe économiste à l’OCDE et Thomas-Olivier Léautier, chef économiste d’EDF. 300 milliards de dollars. C’est le montant d’investissements prévus dans les énergies fossiles entre 2031 et 2040. Ces chiffres, publiés par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), sont d’autant plus inquiétants quand on les compare avec les solutions écologiques, alerte Laurence Boone : « Sur la même période, pour les énergies renouvelables, on aboutit à un sous-investissement de 400 milliards de dollars », par rapport à ceux qu’on devrait atteindre afin de respecter l’Accord de Paris sur le climat et décarboner notre énergie. Comment expliquer ce phénomène ? « Les investissements dans la transition écologique génèrent de l’inquiétude car tout ce qui a attrait au climat est incertain. C’est pour cela qu’il faut des incitations économiques pour investir dans ces secteurs », résume la cheffe économiste de l’OCDE. Comme nous l’expliquions dans un article publié en juillet, seulement 2 % des fonds débloqués dans le cadre des plans de soutien et de relance post-pandémie Covid-19 sont dédiés à la transition énergétique, selon l’AIE. « Il est possible de décarboner et de soutenir la croissance économique » « Il est possible de décarboner et de soutenir la croissance économique »
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C’est une initiative originale, que nous avons (re)découverte récemment, à l’occasion d’un post du blog Géographies en mouvement, tenu par les universitaires Manouk Borzakian, Gilles Fumet et Renaud Duterme. Son titre ? « L’été, les glaciers fondent, des militants se recueillent ». Comme l’explique le court texte du trio de chercheurs, en Suisse mais aussi en Islande, diverses associations environnementales organisent depuis quelques années des « commémorations » de glaciers disparus, ou en passe de le devenir. Il faut dire que la situation est particulièrement préoccupante pour ces masses de glace qui se forment grâce au tassement de couches de neige accumulées, historiquement plus nombreuses en hiver. À cause de l’augmentation des températures, « avec l’Alaska et la région arctique, mais aussi la Patagonie, nous perdons 335 milliards de tonnes de glace par an, qui contribuent pour 30 % à l’élévation du rôle des mers – le reste étant dû à la fonte du Groenland et de l’Antarctique », rappelle Géographies en mouvement. En Suisse, où l’on dénombre encore 4 000 glaciers, les deux-tiers du volume de ces derniers sont menacés de disparition. D’où l’organisation de ces « enterrements de glaciers » comme celui du Trient, dans le canton du Valais, organisé en septembre 2020 par une coalition d’associations environnementales réunies sous l’égide de l’Alliance climatique suisse. Pour mieux comprendre cette démarche, nous avons posé trois questions à Yvan Maillard Ardenti, co-organisateur de ces évènements et responsable du dossier justice climatique auprès de l’ONG caritative protestante suisse Pain pour le prochain, membre de l’Alliance climatique suisse. Usbek & Rica : Depuis quand organisez-vous ces « funérailles » pour glaciers ? Comment avez-vous eu cette idée ? Yvan Maillard Ardenti : Nous avons organisé notre première funéraille fin août 2019. L’idée a germé à la fin de l’année 2018, au fil d’une discussion avec un glaciologue membre, lui aussi, d’une organisation faisant partie de l’Alliance climatique suisse. À l’époque, nous avons voulu commémorer la disparition du premier glacier suisse à faire partie d’un réseau de mesure des glaciers, dirigé par l’École polytechnique fédérale de Zurich. Ce glacier, le glacier du Pizol, avait été effacé de ces bases de données puisqu’il n’avait plus une masse de glace suffisante pour être considéré par les scientifiques comme un glacier. Nous avons voulu organiser une cérémonie pour « commémorer » son décès, ou plutôt sa disparition. En Islande, en 2019, une plaque commémorative intitulée « Une lettre pour l’avenir » avait été vissée presque au même moment par des chercheurs sur l’Okjökull, un ancien glacier lui aussi disparu, dans l’ouest de l’île. Nous étions déjà en train de planifier notre propre évènement, et nous ne savions pas du tout que des Islandais allaient faire de même. On s’est fait un peu « voler » la primeur de la « première funéraille pour glacier » dans les médias, mais c’est de bonne guerre. En quoi consistent ces funérailles ? Ça ressemble à une grande marche collective, où l’on cherche à se rapprocher autant que possible du glacier. Pour le glacier du Trient, en septembre 2020, 200 personnes se sont déplacées. On essaye de ne pas être trop nombreux non plus, pour respecter nos préconisations en matière de tourisme doux et de tourisme durable. Différentes prises de parole ont alors lieu pour évoquer la disparition du glacier en question – et des glaciers en général – dans l’arc alpin. On parle des effets du dérèglement climatique, non seulement en Suisse, mais aussi partout dans le monde. La dernière fois, un glaciologue péruvien est venu nous parler de la disparition des glaciers dans la Cordillère des Andes, et un politique suisse d’origine rwandaise des périodes de sécheresse plus longues et des pluies diluviennes de plus en plus imprévisibles dans son pays d’origine. « Les funérailles nous relient à notre spiritualité, c’est une manière de rendre visible le dérèglement climatique » « Les funérailles nous relient à notre spiritualité, c’est une manière de rendre visible le dérèglement climatique » Yvan Maillard Ardenti, responsable du dossier justice climatique auprès de l’ONG suisse Pain pour le prochain
true
Un adhérent de l’association des climato-réalistes s’est vu sanctionné par Facebook pour avoir partagé sur son groupe une publication de notre site portant sur la Déclaration de 500 scientifiques contre l’alarmisme climatique qui a été adressée au Secrétaire Général des Nations unies. Lors du partage, Facebook a qualifié cette publication de fausse information, comme cela apparaît sur l’image suivante : Les conséquences pour le groupe de cet adhérent peuvent être graves : la distribution du contenu trompeur peut être réduite. De plus prévient facebook, un groupe persistant à partager de fausses informations pourrait voir sa diffusion réduite ou être rendu moins visible, voire ne plus être proposé aux visiteurs. Facebook explique que c’est un media de vérification indépendant qui a évalué comme faux ou trompeur le contenu partagé par notre adhérent. Ce media indépendant n’est autre que le journal Le Monde : La phrase tronquée « Pourquoi la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique n’a..» renvoie à un article des décodeurs du Monde dont le titre complet est : « Pourquoi la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique n’a rien d’un « canular », contrairement à ce que soutient Donald Trump ? » On ne voit pas le rapport entre l’information que notre association diffusait dans sa publication ( 500 scientifiques écrivent au secrétaire général des Nations unies pour dénoncer l’alarmisme climatique ), et le fameux tweet de Donald Trump. En préambule de son article, le journaliste décodeur indique que « L’immense majorité des spécialistes du sujet s’accorde sur ce constat, établi dans le dernier rapport GIEC ». Sans doute fait-il allusion à l’assertion selon laquelle 97% des scientifiques sont d’accord sur l’idée que le réchauffement climatique est du aux activités humaines, un consensus dont le caractère mensonger a été maintes fois démontré, notamment dans ce récent article publié sur le site des climato-réalistes. Le journaliste se focalise ensuite sur une déclaration de Patrick Moore sur le site américain Breitbart dans laquelle ce dernier est présenté comme « co-fondateur de Greenpeace ». Le décodeur du Monde poursuit son argumentaire par ce titre comminatoire : Sa démonstration s’articule en trois propositions : 1. Patrick Moore n’est pas un « fondateur » de Greenpeace Selon les décodeurs du journal Le Monde Patrick Moore n’est pas un « fondateur » de l’organisation. Pour preuve, sa lettre de candidature qui date de 1971, alors que Greenpeace a été créée en 1970. On relève d’abord que la lettre de candidature de Patrick Moore était adressée à l’association Don’t Make a Wave Committee qui a précédé Greenpeace. En tout état de cause, que Patrick Moore ait été « fondateur », ou « co-fondateur » de Greenpeace, quelle importance ? Il nous suffit de savoir que selon Wikipedia il a été président de Greenpeace Canada pendant neuf ans puis directeur de Greenpeace International pendant sept ans. Auditionné par la chambre des représentants en mai 2019, lui même se présentait ainsi : « En 1971, alors que j’étais doctorant en écologie, je me suis joint à un groupe d’activistes dans un sous-sol d’église à Vancouver, au Canada, et j’ai traversé le Pacifique à bord d’un petit bateau pour protester contre les essais américains de bombes à hydrogène en Alaska. Nous sommes devenus Greenpeace. Après 15 ans au sein du comité directeur, j’ai dû quitter Greenpeace, qui commençait à adopter des politiques que je ne pouvais accepter d’un point de vue scientifique.» 2. Le réchauffement climatique est une réalité « A l’échelle mondiale, la hausse de température est ainsi de 0,87 °C au cours de la période 2006-2015 par rapport à l’ère préindustrielle, selon le GIEC » nous dit le décodeur du Monde. Qu’il se rassure : personne ne conteste ce réchauffement, même si nous somme fondés à le trouver modeste et témoigner d’une faible sensibilité de la température aux émissions de gaz à effet de serre. 3. La responsabilité de l’homme dans ce bouleversement est étayée par les faits Le décodeur de l’info poursuit son implacable raisonnement : La concentration de CO2 dans l’atmosphère a explosé depuis le XIXe siècle, par l’action humaine ; or ce gaz à effet de serre contribue au changement climatique. Donc le faible réchauffement observé depuis le début de l’ère industrielle est due aux activités humaines, fermez le ban. Exit les facteurs naturels qui selon lui « ne tiennent guère la route ». L’épilogue de cette histoire est plutôt rassurant : une requête auprès de Facebook a suffi pour que l’interdit sur notre article soit levé. L’éditeur du site Science et politique n’a pas bénéficié de la même mansuétude. Censuré pour avoir partagé un article de Dreuz dans lequel il était également question de Patrick Moore, il a obtenu du décodeur de l’info l’explication suivante : >>> « SENECAT, Adrien » 2019-03-25 08:46 >>> Bonjour Christian, Nous avons effectivement publié un article qui explique pourquoi Patrick Moore n’est pas fondateur de Greenpeace, et pourquoi sa négation de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique est contredite par les faits. Facebook tient compte de nos conclusions pour avertir les lecteurs des articles qui relaient cette rumeur. A aucun moment il n’y a « censure » comme vous l’affirmez. Si ce n’est pas de la censure cela y ressemble bougrement. Ce qui est sûr en revanche c’est que Le Monde met à l’index un scientifique reconnu en raison de ses prises de positions climato-réalistes.
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Réchauffement climatique. Jean Jouzel a répondu à vos questions en direct de la Cop26 La 26e Conférence des Nations unies sur le climat (Cop26), commencée le 31 octobre en Écosse, est dans sa dernière ligne droite. En direct de Glasgow, Jean Jouzel a accepté de répondre à vos questions sur le réchauffement climatique et plus globalement sur l’avenir de notre planète. La Cop26 touche bientôt à sa fin. Le rideau doit tomber vendredi 12 novembre 2021 sur la 26e Conférence des Nations unies sur le climat. Certaines avancées ont été enregistrées. Gouvernements, mais aussi des équipementiers automobiles et organismes de transport routier, ont par exemple annoncé vouloir accélérer la transition vers des voitures et fourgonnettes à zéro émission de CO2 d’ici 2035 et 2040. Mais dans le même temps, ces nouveaux engagements climatiques des États pris à Glasgow depuis l’ouverture de la Cop26 n’ont que marginalement amélioré les chances de l’humanité de freiner le réchauffement de la planète, a regretté l’ONU mardi. Bref le chemin est encore long ! Les promesses de réduction des rejets de CO2 faites en Écosse pourront-elles être tenues et suffiront-elles ? Quel lien entre réchauffement climatique et démographie ? Peut-on décarboner notre énergie à court terme en se passant du nucléaire ? Le climatologue Jean Jouzel a répondu à vos questions en direct de Glasgow.
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La saison des ouragans est lancée. Cuba a été touchée par d'importantes crues et inondations après le passage de la tempête subtropicale Alberto. Celle-ci a provoqué nombreux dégâts selon les autorités qui n'ont pas fait état de victime. AFP La situation est "complexe", a déclaré lundi la présidente du conseil de défense de la province de Cienfuegos (centre), Lydia Esther Brunet Nodarse. Dans cette province, environ 10.000 personnes ont été évacuées en raison de cette tempête subtropicale qui s'était formée vendredi dans les Caraïbes, ouvrant la saison des ouragans dans l'Atlantique avec une semaine d'avance. La raffinerie de pétrole de Cienfuegos a dû être fermée et des résidus de pétrole entraînés vers une plage ont été contenus par un barrage. Une importante autoroute passant par les provinces de Cienfuegos et de Santa Clara a été coupée en plusieurs endroits. Dans la province de Sancti Spiritus (centre), un pont construit en 1984 sur la rivière Zaza s'est effondré, se dérobant quasiment sous les pieds de deux personnes selon des images montrées lundi soir par la télévision d'État. AFP Dans la province de Ciego de Avila (centre), des coopératives agricoles ont été affectées et dans celle de Pinar del Rio (ouest), productrice de tabac, les autorités ont mis en sécurité une récolte de quelque 28.000 tonnes de feuilles. Dans le centre et l'ouest, l'entreprise nationale de cars et de chemins de fer a suspendu ses services. La saison 2018 des ouragans dans l'Atlantique pourrait compter dix à seize tempêtes tropicales cette année, avait annoncé jeudi l'Agence nationale océanique et atmosphérique (NOAA). Parmi elles, cinq à neuf pourraient se transformer en ouragans. Parmi ces derniers, un à quatre pourraient dépasser la catégorie 3 (avec des vents supérieurs à 178 km/h), sur une échelle maximale de 5. Entre août et septembre 2017, les trois puissants ouragans Harvey, Irma et Maria ont tué des centaines de personnes et ont provoqué des milliards de dollars de dégâts dans les Caraïbes et le sud-est des États-Unis.
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Le gouvernement l'a confirmé : les villes de plus de 100 00 habitants pourront bientôt décider librement d'installer des "péages urbains". Le dispositif consiste à faire payer aux automobilistes de ces villes l'entrée dans la zone où le trafic est particulièrement dense pour "limiter la circulation automobile et lutter contre la pollution". La mesure, qui sera discuté au printemps 2019 au Parlement, concernerait des villes comme Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Nantes, ou encore Brest, Angers et Saint-Etienne. Le dispositif a déjà été mis en place dans plusieurs villes européennes, et les impacts sur la circulation sont évidents. A Londres, les automobilistes circulant dans le centre doivent s'acquitter d'un montant de 13 euros par jour. Entre 2005 et 2015, le trafic automobile a diminué de 21%. A Stockholm, où le tarif est de 2 euros, le nombre d'automobilistes entrant dans la zone réglementée a diminué de 22% la première année (2005-2006) et s'est confirmée ensuite. Quand il est mesuré, l'impact sur la baisse des émissions de CO2 est également important, et peut constituer un argument de poids au moment où l'urgence climatique est réaffirmée. Mais en France, les péages urbains n'existent pas (encore) et l'idée a encore du mal à s'imposer dans le débat public, où la contrainte financière prédomine. La possibilité de créer des péages urbains existe pourtant depuis la loi Grenelle 2, en 2010. L'idée a été reprise par le gouvernement Ayrault en 2012, avant d'être abandonnée devant le peu d'empressement des villes à se porter candidates aux tests. La raison principale, selon une déclaration de la ministre des transports Elisabeth Borne aux Echos, serait que la loi ne prévoit ces créations qu'à titre expérimental pour trois ans, "ce qui est trop court au vu des investissements à consentir". Car c'est là l'un des principaux freins à la mise en place de ces péages : son coût. La collectivité qui l'encaisse est a priori économiquement gagnante, puisqu'elle récupère une taxe. Mais il n'en va pas de même pour les usagers, qui pourraient être amenés à payer jusqu'à 2,5 euros par jour pour entrer dans les communes de moins de 500 000 habitants, jusqu'à 5 euros dans les communes plus grandes. En période d'augmentation du prix des carburants, la mesure paraît peu acceptable par les populations. Le maire de Saint-Etienne, ville concernée par la future loi du gouvernement, a ainsi dénoncé ce jeudi sur France bleu un gouvernement "totalement à côté de ses pompes". "Parlez-en aux 80 000 automobilistes qui font la route tous les jours. [...] [Le gouvernement] ferait bien de venir sur le terrain pour voir ce que nous vivons tous les jours notamment pour aller travailler. Et c'est tout de même le premier des droits". Comme l'ont montré les chercheurs Yves Crozet et Aurélie Mercier dans une étude sur l'acceptabilité des péages urbains, ces derniers ne sont acceptés par les populations que si la collectivité leur offre des compensations. Difficile, par exemple, d'imaginer l'instauration d'une barrière à l'entrée d'une agglomération sans envisager de renforcer son réseau de transports en commun. A Londres, dès les premières semaines, le nombre de passagers des transports en commun a augmenté de 5%, et de 6% à Stockholm, selon une étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) datée de 2014. Cela supposerait également la construction de places en "parking relais" pour ceux qui accepteraient de laisser leur voiture à l'entrée de la zone réglementée. LIRE AUSSI >> Freins et pneus, l'autre pollution aux particules fines Le vice-président LREM de la Métropole Aix-Marseille Provence en charge de la mobilité et des transports, Jean-Pierre Serrus, expliquait à La Provence en janvier que la création à court terme d'un tel dispositif était peu réaliste. "Il est indispensable d'avoir un réseau de transports collectifs efficace pour limiter l'utilisation de la voiture et on a un tel retard à rattraper qu'on est loin de proposer une alternative crédible", avait-il déclaré. Au-delà des implications économiques, les élus avancent aussi les conséquences sociales de la création de péages urbains. A Paris, la maire, Anne Hidalgo, s'y était opposée en octobre 2017 en raison du risque de ségrégation entre la capitale et sa banlieue : "Je ne veux pas mettre un péage qui serait strictement une barrière financière, ceux qui peuvent payer pourraient rentrer [dans Paris], ceux qui ne peuvent pas payer ne pourraient pas rentrer". Le maire de Mantes-la-Joly, en région parisienne, s'y est fermement et publiquement opposé en mars pour ces mêmes raisons, tout comme la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. Mais le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, l'a affirmé : les péages urbains ont été "réclamés par les élus locaux dans certaines villes". Certains travaillent déjà à leur instauration, même si la dimension coercitive du péage urbain reste encore peu envisagée. A Lille, la mise en place d'un "péage positif" ou "péage inversé", qui consiste à récompenser financièrement les automobilistes circulant hors des heures de pointe sur les grands axes, est prévue pour la fin de l'année 2018. A Bordeaux, la métropole étudie également cette possibilité depuis plusieurs mois, selon France 3. En contrepartie, la région pourrait créer une "carte unique" autorisant l'accès à tous les transports en commun, ferroviaires ou routiers. Lyon verrait également dans la création d'un "péage de transit" un moyen de fluidifier le trafic en ville. Il s'agirait, selon Lyon Capitale, de dissuader la seule traversée de la ville, en faisant payer ceux qui la traversent, mais non ceux qui y travaillent. Une chose est certaine, les négociations et les études d'impact sont longues, tant les modalités possibles pour la mise en place de ces péages à l'échelle de villes entières sont nombreuses : taxer seulement, ou davantage, les véhicules les plus polluants ; exonérer les véhicules pratiquant le covoiturage ; inclure ou non les commerçants dans le dispositif au risque de pénaliser l'activité, etc. A Paris, Anne Hidalgo n'est désormais plus fermée à cette hypothèse. Mais elle pose ses conditions, comme elle l'a dit jeudi aux Echos. La mesure ne serait envisageable qu'à condition de réfléchir au niveau de la métropole du Grand Paris, et d'instaurer une compensation substantielle, comme la gratuité des transports, idée battue en brèche ces dernières semaines. La maire de la capitale a tout cas estimé qu'aucun consensus ne pourrait se dégager avant 2024-2025. Avec, entre temps, des élections municipales qui risquent de bousculer les majorités politiques locales.
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Paris, 17 octobre 2008 – Les mesures envisagées aujourd’hui par la Commission européenne pour lutter contre la déforestation ne constituent pas une réponse à la hauteur de l’urgence climatique et de la crise que subit la biodiversité mondiale. Si le but de l’Union européenne (UE) est réellement de protéger les forêts pour lutter contre les changements climatiques, le Parlement et le Conseil européen devront nécessairement faire preuve de bien plus d’ambition pour réduire la déforestation qui est responsable de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La Commission européenne vient de présenter le « Paquet forêt » qui comprend : – une proposition de réglementation européenne sur le bois dont l’ambition est de lutter contre le commerce illégal de bois, un des moteurs de la déforestation. – une communication sur les mesures européennes visant à limiter la déforestation et son impact sur les changements climatiques et la biodiversité. « Le Paquet forêt présenté par la Commission européenne, contrairement à ses ambitions initiales, ne permet pas de lutter contre les changements climatiques et d’enrayer l’extinction des espèces. Rien ne permettra d’interdire l’entrée du bois illégal en Europe ni de contribuer de manière efficace à la protection des forêts. Il est donc de la responsabilité du Parlement et du Conseil européen de se montrer exigeants et exemplaires afin que l’Europe se donne effectivement les moyens de lutter contre la déforestation, affirme Grégoire Lejonc, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. Le prix de l’inaction en matière de déforestation coûte à l’économie mondiale entre 2000 et 5000 milliards d’euros par an, soit plus que les pertes accusées par Wall Street depuis le début de la crise financière actuelle », rappelle-t-il (1). Face aux faiblesses et aux lacunes de la proposition de réglementation sur le bois, le Parlement européen et le Conseil européen – les deux instances qui ont maintenant le pouvoir d’amender le texte – doivent donc s’assurer que la future réglementation : – Impose aux opérateurs du secteur de prouver la légalité du bois qu’ils mettent sur le marché européen. – Impose la mise en place d’un système de traçabilité complet afin que le bois vendu dans l’UE respecte des critères de production stricts d’un point de vue environnemental et social. – Mette en place des structures chargées de détecter les infractions, d’enquêter et de poursuivre les contrevenants à la future réglementation. La Commission préconise aussi la création d’un fonds multilatéral pour la protection des forêts sous l’égide de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Mais tout en estimant que 20 milliards d’euros sont nécessaires pour diminuer de moitié la déforestation en 2020, son schéma de financement n’inclut qu’une fraction du montant requis. « L’Union européenne doit mobiliser plus de ressources financières et mener les négociations climatiques mondiales en proposant la création d’un fonds global pour la protection de la forêt basé sur un mécanisme de financement permanent », conclut Grégoire Lejonc. En tant que présidente du Conseil européen, la France emmènera la délégation européenne aux négociations climatiques à Poznan en décembre prochain. « La Commission européenne a exprimé son scepticisme vis-à-vis de l’inclusion des forêts dans le marché carbone et il faut absolument que la France porte haut et fort ces recommandations au niveau international », précise Grégoire Lejonc. « Le gouvernement français a fait de la lutte contre les changements climatiques et de la lutte contre la déforestation une priorité. L’heure des déclarations politiques est passée, la France va maintenant être jugée sur ses positions et cela commence dès lundi prochain au Conseil européen des ministres de l’environnement». (1) Chiffres annoncés par l’économiste Pavan Shudkev dans The Economics of Ecosytems and Biodiversity, 2008.
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De nouvelles simulations suggèrent que les immenses masses de roche identifiée au sein du manteau terrestre constitueraient les restes de Théia, protoplanète entrée en collision avec la Terre il y a des milliards d’années. Faisant partie de structures les plus larges et les plus étranges de la Terre, deux énormes et mystérieuses masses de roche dense se cachent dans les parties les plus basses du manteau terrestre. Connues sous le nom de « grandes provinces à faible vitesse de cisaillement » (LLSVP) et respectivement enfouies sous l’Afrique et l’océan Pacifique, celles-ci se révèlent si massives qu’elles engendrent à leur tour leurs propres perturbations, incluant notamment l’anomalie de l’Atlantique Sud, qui affaiblit actuellement le champ magnétique de notre planète. Les chercheurs ont de nombreuses théories au sujet des évènements à l’origine de l’apparition des LLSVP dans le manteau, mais peu de preuves tangibles. Il est toutefois clair que ces masses géantes existent depuis très longtemps, ce qui suggère que celles-ci aient été incorporées aux entrailles de notre planète à la suite de la collision monstrueuse avec l’hypothétique Théia. De la taille de Mars, on pense que cette protoplanète aurait heurté la Terre il y a environ 4,5 milliards d’années, et qu’un énorme fragment de l’un des objets célestes, voire des deux, aurait fini par former la Lune. Le sort du reste de Théia est quant à lui plus incertain. Alors que certains chercheurs suggèrent qu’il pourrait avoir été détruit lors de l’impact ou s’être évanoui dans l’espace après avoir « ricoché », d’autres suggèrent que les noyaux des deux planètes primordiales ont pu fusionner, et que les échanges chimiques engendrés auraient même permis l’émergence de la vie. Dans le cadre de travaux à paraître dans la revue Geophysical Research Letters, des chercheurs de l’université d’État de l’Arizona ont formulé une nouvelle théorie intégrant les mystérieux LLSVP à l’hypothèse d’une planète hybride Terre/Théia. Selon les modélisations réalisées, les LLSVP pourraient représenter d’anciens fragments du manteau de Théia, riche en fer et très dense, qui se serait profondément enfoncé dans le manteau terrestre lors de la collision cataclysmique des deux mondes en développement et y serait resté pendant des milliards d’années. « L’hypothèse de l’impact géant est l’un des modèles les plus examinés pour la formation de la Lune, mais les preuves directes de l’existence de l’impacteur Théia restent insaisissables », souligne Qian Yuan, premier auteur de l’étude. « Nous avons montré que le manteau de Théia pouvait être intrinsèquement plus dense que le manteau terrestre, ce qui aurait permis aux matériaux de s’enfoncer profondément dans celui-ci et de s’accumuler en piles thermochimiques capables d’engendrer les LLSVP observés sismiquement. » Au-delà de la modélisation du manteau, les résultats sont également cohérents avec des recherches antérieures ayant suggéré que certaines signatures chimiques liées aux LLSVP étaient au moins aussi anciennes que l’impact de Théia.
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Le Professeur Hermann Harde est physicien à l’Université Helmut Schmidt de Hambourg en Allemagne. Il a été Doyen de Faculté puis Vice-Président de son université. Il a publié en juin 2019 dans la revue Earth Sciences un article intitulé « What Humans Contribute to Atmospheric CO2: Comparison of Carbon Cycle Models with Observations ». L’article de H. Harde a été traduite en français par l’un des membres de notre association Emmanuel Vilmin. Cette traduction (disponible en suivant ce lien) a été révisée par Camille Veyres qui l’a enrichie de 23 commentaires (signalés par des « NDT » Note du traducteur). Nous en profitons pour mettre à la disposition de nos lecteurs une note de Camille Veyres et Jean-Claude Maurin intitulée « Quelques rappels de physico-chimie pour évaluer les arguments visant à attribuer aux activités humaines la croissance du CO2 dans l’air » Le texte qui suit est un résumé des principales conclusions de l’article de Herman Harde. Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) postule d’une part que l’augmentation de la concentration atmosphérique de CO2 est presque exclusivement déterminée par les émissions anthropiques, et que d’autre part c’est cette augmentation de la concentration qui est responsable de la hausse des températures depuis le début de l’ère industrielle. Dans cet article Herman Harde et ses collègues comparent les différents modèles de cycle du carbone avec les observations. Ils examinent aussi une thèse alternative selon laquelle le dégazage du CO2 et son absorption naturelle par les puits de carbone (océans, forêts) sont des fonctions de la température dans lesquelles l’absorption est proportionnelle à la concentration de CO2. Ils montrent que cette dernière approche est en accord avec toutes les observations, et que par conséquent ce ne sont donc pas les activités humaines qui sont responsables de la croissance observée du CO2 et de l’augmentation attendue la température, mais tout au contraire c’est la température qui pilote l’essentiel de l’augmentation du CO2. L’article l’élévation des températures observée n’est pas due au CO2 mais à des phénomènes naturels et en particulier la température. Il confirme d’autres travaux, notamment une article d’Edwin Berry publié en juin 2019 dans la revue International Journal of Atmospheric and Oceanic Sciences. Le site Science, climat et énergie propose une analyse approfondie des articles de Herman Harde et d’Edwin Berry.
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Des militants du mouvement écologiste Extinction Rebellion ont mené ce vendredi une action coup de poing contre le Medef à Paris, aspergeant sa façade de faux sang pour dénoncer des "lobbies" qui empêchent selon eux l'application des mesures environnementales. Déguisés en hommes et femmes d'affaires, fumant de gros cigares, une quinzaine de militants se sont regroupés devant le siège du patronat où ils ont parodié "le discours pro-économique et écocidaire" de ce "lobby influent", puis chanté "quel plaisir de polluer!". Ils ont ensuite déployé une banderole proclamant ironiquement "Gloire au Medef", et aspergé la façade du bâtiment de faux sang avec une motopompe. "Nous dénonçons l'influence actuelle qu'ont les lobbies très polluants, que ce soient les lobbies de l'agro-industrie, le Medef, l'industrie du plastique qui, alors que le Covid n'était pas terminé, ont commencé à envoyer des courriers pour demander la suspension des normes environnementales qui sont aujourd'hui nécessaires pour notre survie", a déclaré à l'AFP un membre d'Extinction Rebellion. "On voulait à la fois dénoncer le cynisme et montrer que c'est quelque chose de dramatique. Il y a déjà des morts à cause de la crise climatique, des famines, des épidémies, et donc ces gens-là ont du sang sur les mains, il faut le dire", a-t-il ajouté. Pour Extinction Rebellion, "le vrai coupable, c'est d'abord l'exécutif qui accepte ces relations et cette influence dans ses choix", explique le mouvement dans un communiqué. Les forces de l'ordre sont arrivées après l'action, aucune interpellation n'a eu lieu.
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Usbek et Rica – Vous invitez à relativiser la décision prise par le Conseil d’État, qualifiée pourtant « d’historique » par de nombreux médias, en raison notamment du montant record de l’astreinte infligée à l’Etat. Quels sont vos arguments ? Arnaud Gossement – Il ne s’agit absolument pas de nier l’importance de cette décision mais plutôt de bien la comprendre. La plupart des médias se sont arrêtés sur le côté spectaculaire du montant, mais l’interprétation de la décision du Conseil d’État ne doit pas s’arrêter à cela. Deux points doivent d’ores et déjà être précisés : le juge administratif n’a pas été saisi sur la responsabilité de l’État, il n’est pas question de sanctionner une faute ni de réparer le préjudice lié à cette faute. C’est une première précision fondamentale. L’enjeu, ici, était de savoir si l’État avait pris les mesures qui s’imposaient face à la pollution de l’air et, dans la négative, de le forcer à prendre cette décision. C’est tout le principe de l’astreinte. Une première astreinte avait été prononcée le 10 juillet 2020, condamnant l’État à verser 10 millions d’euros par semestre lorsque les progrès constatés en matière de lutte contre la pollution de l’air étaient insuffisants. « L’État se verse à lui-même cette somme en répartissant ces fonds entre différents établissements publics » « L’État se verse à lui-même cette somme en répartissant ces fonds entre différents établissements publics » Arnaud Gossement
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Officiellement, nous vivons en 2019. Scientifiquement, nous vivons en 11 700. Il y a en effet 11 700 ans que s’est terminé la dernière glaciation qui avait amené la calotte glaciaire jusqu’à Manchester et Cologne et qui avait coupé l’Italie du reste de l’Europe par un immense glacier recouvrant toutes les Alpes. Nous sommes actuellement en l’an 11 700 de l’Holocène. Ou si on se réfère à la durée de la dernière période interglaciaire, nous serions en -2300. Deux mille trois cents ans avant le début présumé de la prochaine glaciation. Considérant les marges d’erreur et les fluctuations précédentes, nous pouvons tout aussi bien être en -1000 avant le prochain hiver glaciaire. Moins mille, ou même – 50, car ce dont on est certain c’est que les précédentes glaciations ont été très soudaines, faisant baisser la température moyenne de plus 10 degrés en quelques siècles. Ce dont on est certain également, c’est que nous sommes dans une période chaude depuis plus de 10 000 ans, plus chaude que la moyenne des 500 milliers d’années précédentes de 5 à 8 degrés. Mais aussi que ces périodes chaudes ne sont que de courtes transitions dans une ère glaciaire qui dure depuis plus de 2 millions d’années. L’hiver arrive, c’est une quasi-certitude. Mais quand ? Cela reste à déterminer. Scientifiquement, c’est à peu près tout ce que l’on sait sur le climat. Le reste, tout le reste, du possible réchauffement climatique aux causes de celui-ci n’est absolument pas scientifique. LA SCIENCE EST UNE MÉTHODE La méthode scientifique dans sa définition actuelle est l’objet d’un quasi-consensus (le bannissement de la certitude faisant partie de cette méthode, il est absurde de parler ici de vérité) : elle consiste à évaluer des cycles successifs où une théorie permet de faire des prédictions, ces prédictions permettent de construire une expérience et l’observation des résultats de l’expérience, si ils sont reproductibles, permet de valider, d’invalider ou de modifier la théorie. Cette méthode nous indique donc une seule chose avec une totale certitude : il est impossible de valider ou d’invalider une théorie sans avoir recueilli les résultats d’une expérience au moins une fois. Si l’on considère que l’ère interglaciaire dans laquelle nous vivons durera aussi longtemps que les ères interglaciaires précédentes (qui sont toutes plus ou moins de la même durée pour les 7 précédentes que les scientifiques ont pu reconstituer) alors il est quasiment certain que l’hiver arrive, et qu’il arrive bientôt. Nous sommes effectivement dans un pic de température global, pic auquel il a toujours succédé depuis un demi-million d’années une période froide bien plus longue, ces cycles étant parfaitement expliqués par l’astrophysique. CAUSES ET EFFETS La méthode scientifique définit également ce en quoi consiste le principe de causalité. Si un événement provoque un autre événement, il y a un sens dans la relation de causalité : la cause précède toujours l’effet qu’elle produit. L’eau bout dans la casserole après qu’on ait allumé le feu sous celle-ci. Or les observations des précédentes périodes glaciaires nous indiquent avec certitude que si le taux de CO2 est bien plus important pendant les périodes chaudes, celui-ci a augmenté dans l’atmosphère en moyenne 800 ans après la fin de chaque période de glaciation. Cette observation nous indique donc que l’augmentation de CO2 est une conséquence des précédents réchauffements climatiques : un effet et non une cause. Un effet ne peut pas être également une cause. Car dans le cas contraire, il se produirait un phénomène d’emballement qui ne s’arrêterait jamais : la cause produisant l’effet qui produit la cause, etc. Chauffer l’eau de la casserole n’attise pas le feu sous celle-ci, car si cela était le cas, la température ne ferait qu’augmenter sans jamais s’arrêter. La théorie la plus raisonnable est donc que l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère ne provoque aucune augmentation de la température globale mais en résulte. ADAPTATION ET PROGRÈS Les colonisations des diverses parties de la planète sont intimement liées aux changements climatiques. Les glaciations, les baisses et hausses du niveau des océans, les créations de déserts etc. changent régulièrement les paysages et entraînent migrations des populations et évolutions génétiques des espèces. Animales, mais aussi humaines. La colonisation de l’Asie puis du reste du monde par Sapiens et le recul des populations précédentes comme Néandertal commencent lors du début de la dernière glaciation il y a 100 000 ans, le passage du détroit de Behring, de la Manche, la colonisation des îles d’Indonésie n’ont été rendu possibles que par la baisse du niveau de la mer, etc. La fin du paléolithique, c’est-à-dire le début de l’histoire, le début de la sédentarisation, de l’agriculture, de la spécialisation des tâches, du commerce, de l’écriture, tout cela se produit à la fin de la dernière période de glaciations, il y a 11 700 ans. Ce sont les changements climatiques qui ont créé l’espèce humaine. La succession de changements climatiques a agi comme un carburant au progrès et a permis l’émergence de l’espèce humaine qui est devenue au fil des ans de plus en plus intelligente. Ce progrès n’est pas nouveau, depuis les âges les plus reculés, l’histoire de la vie va dans le sens de la complexification. Il faut certes du temps, la nature se fourvoie parfois dans des impasses, mais le constat est sans appel : l’évolution choisit implacablement les plus adaptés et les plus adaptables. POURQUOI DONC TANT DE FUREUR ? Pour résumer : si on s’en tient à ce que nous nous constatons sur les deux derniers millions d’années, le climat va bientôt se refroidir et ce refroidissement sera bénéfique. Ce scénario, c’est la thèse réaliste sur le climat, la seule qui soit basée sur une théorie scientifique corroborée par l’expérience. Bien sûr, on a tout à fait le droit, voire même le devoir, d’être sceptique, de penser qu’un autre scénario se produira et de confronter ce scénario aux faits qui viendraient par l’expérience accréditer cette théorie. Mais ce que nous constatons aujourd’hui est un total renversement de sens : le réalisme serait de croire au réchauffement anthropique et le scepticisme de croire à un scénario catastrophe totalement à l’inverse de ce que toutes nos observations nous indiquent. Douter est salutaire, transformer le doute en certitude peut se révéler extrêmement néfaste, bien plus que la catastrophe que l’on prétend prévenir. Il est raisonnable d’évaluer les risques, mais dans ce cas, il faut également évaluer les opportunités ; il faut considérer les faiblesses, mais aussi les forces qui permettraient de profiter d’un tel évènement, car l’un ne va pas sans l’autre. L’ÉCHEC TOTAL DU GIEC Le GIEC a donc été créé en 1988 dans le but de rationaliser ce débat et d’éviter ainsi que celui-ci ne se transforme en hystérie collective : proposer une vision claire et pondérée des possibilités d’évolution du climat. Mais ce n’est absolument pas ce à quoi le travail du GIEC a abouti. Ses conclusions sont uniquement à charge, vont uniquement dans le sens d’un déséquilibre Nord-Sud, n’évaluent que les risques et ne proposent aucune solution pour mitiger ceux-ci et les transformer en opportunités, à part l’arrêt brutal des activités humaines et la diminution drastique de la population. Le GIEC fait exactement le contraire de ce pour quoi il a été créé et a ainsi dépossédé non seulement les décideurs politiques mais tous les citoyens de leur liberté d’évaluer eux-mêmes la réalité. Transformé en amplificateur des revendications politiques et économiques des pays en voie de développement, certes les plus susceptibles d’être impactés négativement par un réchauffement climatique, il a ouvert un boulevard aux mouvements écologistes et à leur utopie totalitaire. Loin de calmer les esprits, il a totalement hystérisé le débat. LE PAYS DES MERVEILLES L’environnement va changer, parce qu’il a toujours changé. S’il ne change pas demain, il changera un jour, si ce n’est à cause du climat, ce sera à cause d’un autre facteur : augmentation ou diminution de la population, abondance ou pénurie de ressources, éruption volcanique, collision avec un astéroïde, épidémie, sans compter les guerres et les risques industriels… Les populations, humaines, animales et végétales vont devoir s’adapter, parce qu’elles n’ont aucun autre choix. Les autorités vont devoir remplir leur rôle et gérer au mieux les crises. Ce mouvement est salutaire, c’est la base même de la vie, de l’évolution, du progrès. Par contre, faire croire que l’on peut arrêter le temps et que l’on peut promettre aux individus un futur radieux en figeant un Âge d’or éternel est totalement mensonger. C’est se bercer d’illusions et gaspiller ses forces dans un combat à la fois perdu d’avance et extrêmement dangereux car il augmente la fragilité face aux risques, sans parler qu’il permet l’émergence de théories fumeuses au contenu moral plus que douteux : la rhétorique a toujours su justifier les pires crimes sous prétexte de nécessité. Hystériser le débat est une faute grave : on n’a jamais résolu aucun problème avec de l’indignation, de la panique et des contritions. Crier tous les jours au loup n’aboutit d’ailleurs qu’à un seul résultat : rendre l’alarme totalement inopérante le jour où le loup arrive. Cette faute est encore plus grave quand elle provient de l’autorité dont le rôle est justement de calmer les passions et de tenir fermement la barre quand une tempête arrive. Elle devient totalement inexcusable quand ce sont des responsables politiques qui la commettent, que ce soit par idéologie, par conviction ou par pur calcul électoraliste.
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Les températures en Antarctique auraient atteint 69,35 degrés Fahrenheit la semaine dernière, quelques jours seulement après avoir établi un nouveau record de 64,9 F. L'Antarctique vient de connaître sa journée la plus chaude jamais enregistrée, atteignant un maximum de 69,35 degrés Fahrenheit (20,75 degrés Celsius) le 9 février, a rapporté une équipe de chercheurs argentins. C’est la première fois que la température sur le continent dépasse 20 degrés C (68 F), ont déclaré les chercheurs au site d’information AFP.com , mais ce n’est pas la première fois que le continent enregistre un nouveau record ce mois-ci. Le 6 février, une station de recherche sur la péninsule Antarctique (la pointe nord-ouest du continent, la plus proche de l’Amérique du Sud) a signalé un maximum de 64,9 F (18,3 C) – dépassant le précédent record de 63,5 F (17,5 C), établi en mars 2015 . Dans le même temps, la perte annuelle de glace de la calotte glaciaire antarctique a plus que sextuplé. Alors que l’océan environnant se réchauffe, d’énormes morceaux de glace se brisent et pénètrent dans la mer, diminuant lentement la côte glacée du continent. Si un glacier recule plus rapidement que de la nouvelle glace ne peut se former pour le remplacer, ce glacier pourrait s’effondrer, déversant potentiellement des milliards de tonnes de glace dans l’eau et contribuant à l’élévation du niveau de la mer. Selon la NASA, les deux glaciers de l’Antarctique qui rétrécissent le plus rapidement – le glacier Pine Island et le glacier Thwaites – contiennent suffisamment de glace vulnérable entre eux pour élever le niveau de la mer de 4 pieds (1,2 mètre). La nouvelle température record s’adapte également au réchauffement climatique tendances du cours de la dernière décennie. Selon l’ONU, 2010 à 2019 a été la seule décennie la plus chaude jamais enregistrée, 2019 se classant comme la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée (la plus chaude étant 2016). La tendance au réchauffement (qui est de cause à majorité naturelle) se poursuit déjà dans la nouvelle année: janvier 2020 a été classé comme le mois de janvier le plus chaud du record climatique de 141 ans. Le « panache du manteau » presque aussi chaud que le supervolcan de Yellowstone fait fondre la calotte glaciaire antarctique
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SONIA SENEVIRATNE, PROFESSEURE ET CHERCHEUSE À L’INSTITUT D’ATMOSPHÈRE ET CLIMAT DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE DE ZURICH (ETHZ, SUISSE), RÉPOND À CES QUESTIONS : COMMENT DÉFINIT-ON UNE SÉCHERESSE ? La définition la plus simple, c’est le manque de ressource en eau. Mais on en distingue différents types. La sécheresse météorologique se traduit par un manque de précipitations, plus basses que la normale sur une période donnée. Une autre forme est celle que l’on appelle hydrologique. Elle consiste en un manque de ruissellement, c’est-à-dire d’eau dans les rivières et les fleuves, soit par manque de précipitations, soit par trop d’irrigation ou d’évaporation. Ensuite il y a la sècheresse agricole où trop peu d’eau est présente dans les sols, alors secs, par manque de précipitations ou par trop d’évapotranspiration, c’est-à-dire d’évaporation de l’eau par le sol ou par la transpiration du couvert végétal. Enfin, il y a la sécheresse socioéconomique, lorsque la demande en eau est plus importante que la ressource. Quant aux seuils de sécheresse, la définition est variable en fonction des endroits. On se base sur la variabilité naturelle dans un endroit donné et on analyse les anomalies par rapport à ce référentiel. Si on a une sécheresse deux ou trois fois plus importante que la variabilité naturelle, on se trouve dans des conditions extrêmement sèches. QUEL EST L’IMPACT DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE SUR LES SÉCHERESSES ? Même sans le réchauffement planétaire, certaines régions seraient affectées de temps en temps par ces différents types de sécheresses. Le changement climatique, dans le contexte de l’augmentation des gaz à effet de serre, peut les amplifier de deux manières : d’une part, ces phases sèches peuvent être augmentées par l’accroissement de la température et du rayonnement. Par ailleurs, lorsque les sols et les plantes s’assèchent, leur manque de contenu en eau empêche son transfert par évaporation qui refroidirait l’atmosphère, ce qui induit localement un réchauffement additionnel de l’air. Celui-ci provoque en retour un assèchement atmosphérique supplémentaire : c’est l’effet boule de neige. Aujourd’hui, il y a certaines régions qui ont des risques plus importants de sécheresse que l’on remarque déjà. C’est le cas par exemple dans tout le pourtour méditerranéen, où l’on détecte clairement une tendance à l’assèchement [1,2]. Dans les projections, une même tendance est aussi identifiée pour l’Afrique du Sud [3]. A l’inverse, en Afrique subsaharienne par exemple, la tendance est moins claire. Il y a effectivement eu une période assez sèche dans le Sahel, mais depuis il y a eu une amélioration des conditions. Encore une fois, il faut se baser sur la variabilité naturelle d’une région donnée. Certaines peuvent montrer des tendances, mais pas assez marquées pour être démontrées de manière statistique. A QUOI S’ATTENDRE EN SUIVANT LA COURBE DU RÉCHAUFFEMENT ? La première solution bien évidemment est de réduire puis stopper nos émissions de gaz à effet de serre. Tout dépendra des décisions qui vont être prises. Si l’on parvient à stabiliser la température à +1,5°C ou +2°C, ce sera évidemment différent que si l’on se laisse aller vers un réchauffement de +3°C ou 4°C d’ici la fin du siècle. Mais il y aura quand même plus de risques que maintenant. C’est très difficile à quantifier, et même entre 1,5 et 2°C, des études ont montré qu’en Méditerranée et en Afrique du Sud les impacts ne seraient pas les mêmes [4]. En Méditerranée, 0,5°C de plus pourrait induire des changements majeurs, en particulier sur la végétation [5]. Limiter le réchauffement global à +1.5°C requiert un budget carbone global neutre d’ici à 2050, c’est-à-dire arrêter les émissions de gaz à effet de serre d’ici là, ce qui requiert de ne plus utiliser de combustibles fossiles tels que le pétrole ou le charbon. Pour toute émission résiduelle, il faudrait procéder à la capture et au stockage du CO2 (par des méthodes technologiques, qui doivent encore être développées, ou par la reforestation). Ensuite, vient la question de la gestion de la sécheresse. Aller vers une irrigation au goutte à goutte, cultiver des espèces plus résistantes aux sécheresses, faire une agriculture de conservation, sans labour, et avec un couvert permanent pour réduire l’évaporation, arrêter d’arroser les jardins quand il y a des risques de sécheresse… En somme, il va falloir changer nos comportements pour réduire la pression exercée sur les ressources en eau. RÉFÉRENCES + [1] Cook, B. I., K. J. Anchukaitis, R. Touchan, D. M. Meko, and E. R. Cook, 2016: Spatiotemporal drought variability in the Mediterranean over the last 900 years. J. Geophys. Res. Atmos., 121, 2060–2074, doi:10.1002/2015JD023929. https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/2015JD023929 [2] Gudmundsson, L., S.I. Seneviratne, and X. Zhang, 2017: Anthropogenic climate change detected in European renewable freshwater resources. Nature Climate Change, 7, 813-816. https://www.nature.com/articles/nclimate3416 [3] Greve, P., L. Gudmundsson, and S.I. Seneviratne 2018: Regional scaling of annual mean precipitation and water availability with global temperature change. Earth Syst. Dynam., 9, 227–240, 2018. https://www.earth-syst-dynam.net/9/227/2018/ [4] Hoegh-Guldberg,O., D.Jacob, M.Taylor, M.Bindi, S.Brown, I.Camilloni, A.Diedhiou, R.Djalante, K.Ebi, F. Engelbrecht, J.Guiot, Y. Hijioka, S. Mehrotra, A. Payne, S.I. Seneviratne, A. Thomas, R. Warren, G. Zhou, 2018, Impacts of 1.5°C Global Warming on Natural and Human Systems. In (chapitre 3) : Global Warming of 1.5°C. An IPCC Special Report on the Impacts of Global Warming of 1.5°C above Pre-Industrial Levels and Related Global Greenhouse Gas Emission Pathways, in the Context of Strengthening the Global Response to the Threat of Climate Change, Sustainable Development, and Efforts to Eradicate Poverty [V. Masson-Delmotte, P. Zhai, H. O. Pörtner, D. Roberts, J. Skea, P.R. Shukla, A. Pirani, W. Moufouma-Okia, C. Péan, R. Pidcock, S. Connors, J. B. R. Matthews, Y. Chen, X. Zhou, M. I. Gomis, E. Lonnoy, T. Maycock, M. Tignor, T. Waterfield (eds.)]. Octobre 2018.
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Il a bon dos le changement climatique, si les pratiques d’agriculture intensive, continuent à puiser, à épuiser, à polluer les sols et l’eau. Les auteurs ont choisi certains lieux, et pas d’autres, ça restreint la vision. Il faut revoir le film « La Guerre des Graines » (2014) qui donne les clés pour comprendre comment des multinationales veulent confisquer le vivant. Un film qui donne envie de se battre pour sauver notre indépendance alimentaire et, avec le changement climatique que l’on ne peut plus nier, il est plus que temps de se préoccuper de cet énorme problème, en changeant avant tout, les pratiques agricoles. Partagez ! Volti ****** Auteur Jean Pierre Tuquoi pour Reporterre Les perspectives ouvertes par le changement climatique pour l’alimentation humaine ne sont pas réjouissantes. C’est le tableau lugubre et déprimant que peignent Wilfried Bommert et Marianne Lanzettel dans « La fin de l’alimentation ». Adieu tomates d’Espagne, adieu pommes de terre nouvelles d’Égypte, adieu oranges du Brésil, adieu olives d’Italie, adieu thé Darjeeling… On pourrait ainsi allonger la liste des produits agricoles promis à disparaître, à échéance plus ou moins longue, de nos assiettes, de l’avis des auteurs du livre. À vrai dire, avec le changement climatique, c’est l’ensemble de notre consommation alimentaire qui va être modifiée, affirment-ils. Avant d’en arriver à ce constat les deux auteurs — elle, une journaliste indépendante, spécialiste de l’agriculture et de l’alimentation, formée à l’école de la BBC et de la presse allemande, lui, également journaliste après des études d’agronomie — ont sillonné le monde (mais ni la Chine ni la Russie) à la rencontre d’éleveurs et d’agriculteurs dont l’activité est menacée par le bouleversement climatique. La structure de l’ouvrage est simple : un lieu, une problématique, un reportage. Le premier nous amène dans la Grande Vallée, en Californie, l’une des régions les plus fertiles de la planète. Ce jardin d’Eden fournit aujourd’hui 80% de la production mondiale d’amandes, la moitié ou plus, selon les années, des légumes consommés aux États-Unis, sans parler de la vigne, qui pousse en abondance, des agrumes, des noix, du riz… Or, le climat de la Grande Vallée se dérègle, les années de sécheresse ont tendance à succéder aux années de sécheresse (avec, parfois, des trombes d’eau inouïes) et l’eau devient un bien aléatoire qu’il faut faire venir de plus en plus loin via des canaux ou pomper de plus en plus profondément. Bref, la Grande Vallée est menacée. « Quand je pense aux vingt-cinq années à venir, si le changement climatique se poursuit au même rythme, s’il neige moins en montagne, je ne suis pas sûr que nous puissions continuer à cultiver [des noix, des pêches, des amandes] », redoute un agriculteur cité dans le reportage. Les perspectives ne sont guère plus réjouissantes au Brésil, le premier producteur mondial de café. Pour répondre aux températures qui augmentent, il faudrait déplacer les plantations de caféiers sur les hauteurs mais, au Brésil (tout comme en Côte d’Ivoire, au Kenya ou en Éthiopie, autres grands pays producteurs), les plants atteignent déjà des sommets. « Le café est en passe de devenir une boisson de luxe, qui ne sera bientôt accessible qu’aux hipsters et aux plus fortunés, et que l’on servira exclusivement, comme jadis, dans de minuscules tasses », en concluent les auteurs. À continuer ainsi, sur les traces des deux enquêteurs, on découvre qu’un moucheron calamiteux pour les vignes (drosophila suzukii), arrivé d’Asie par des routes de la mondialisation encore mal identifiées, est à l’œuvre tandis que la mouche de l’olive, tout aussi dévastatrice, partie du sud de l’Italie, remonte, elle, vers le nord. Dans les deux cas, des hivers moins rigoureux, plus doux, expliquent l’expansion phénoménale des insectes tueurs. On découvre également comment le miracle économique du sud de l’Espagne devenu en quelques années le potager de l’Europe du Nord tourne au cauchemar : à pomper trop d’eau pour faire pousser trop vite les tomates de « la mer de plastique », un vide se crée dans le sous-sol que vient progressivement combler une eau saumâtre venue de la mer Méditerranée. Ce tableau interminable des conséquences du changement climatique sur notre assiette est d’autant plus lugubre et déprimant que les auteurs ne s’étendent guère sur les solutions possibles. Au hasard des pages, ils vantent le modèle de l’exploitation (surmédiatisée) de Charles et Perrine Hervé-Gruyer au Bec Hellouin, en Normandie, mais en définitive se contentent de présenter un catalogue de mesures classiques. Ainsi préconisent-ils d’améliorer la qualité des sols, d’encourager la recherche sur la sélection des semences, de protéger les insectes pollinisateurs, de se tourner vers le numérique et ses applications… Autant dire que le lecteur, si l’on peut dire, reste sur sa faim. Source Reporterre La FNSEA s’inquiète du changement climatique Climat et maladies ont fait chuter l’Empire romain La nature de l’homme : faire la guerre à la nature
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Comprendre ce qui provoque la disparition du récif peut paraître complexe, car les causes sont multiples. Nous décryptons pour vous ici les principales menaces qui pèsent sur la Grande Barrière de corail. Banc de gaterins à bandes jaunes au large du Queensland. 1. L’industrie du charbon L’expansion de l’industrie du charbon, synonyme d’augmentation de la pollution et du nombre de navires nécessaires au transport, menace lourdement l’existence du récif. La bonne santé du corail dépend, entre autres, de la température de l’eau. En raison des changements climatiques, la température de l’eau augmente. Or le charbon est la source d’énergie la plus polluante, avec 30% des émissions de CO2 mondiales, et l’Australie en est le premier exportateur international… Le gouvernement du Queensland, l’État côtier de la Grande Barrière, continue de soutenir l’expansion des ports et des mines de charbon, notamment le projet de la méga-mine de charbon Carmichael, censée devenir la plus grande d’Australie. Cette mine aura une empreinte carbone dix fois supérieure à celle de la ville de Sydney et consommera, toutes les deux heures, l’équivalent en eau d’une piscine olympique. Pour transporter le charbon de Carmichael, les autorités envisagent d’étendre le terminal charbonnier d’Abbot Point, situé tout près de la Grande Barrière. Les routes maritimes les plus rapides vers l’Asie, principal marché de destination du charbon, passent tout près du récif. Pas moins de 1,1 million de mètres cubes de déblais seraient ainsi déversés à proximité, dans des zones humides. Le terminal charbonnier d’Abbot Point, destiné à l’exportation du charbon extrait à Carmichael, Queensland. 2. Le blanchissement du corail Le récif subit à l’heure actuelle le pire épisode de blanchissement de son histoire et les scientifiques sonnent l’alarme : sur les 520 récifs récemment analysés par le Centre australien de recherche sur les récifs coralliens, 516 étaient victimes de blanchissement et pourraient ne pas s’en remettre. La direction du Parc marin de la Grande Barrière de corail (DPMGBC) a émis la plus haute alerte possible au blanchissement concernant la partie nord du récif : « blanchissement régional grave ». Corail blanchi à proximité de Fitzroy Island. Le blanchissement survient lorsque la température des océans se maintient à un niveau plus élevé que le niveau normal, poussant les coraux à expulser les algues (zooxanthelles) avec lesquelles ils vivent en symbiose. La perte de ces algues provoque un stress chez le corail qui devient alors complètement blanc. Bien que le corail puisse récupérer d’un épisode de blanchissement, la gravité et la durée de ce dernier sont déterminants. On estime que jusqu’à 50% des coraux actuellement blanchis pourraient ne pas survivre. Avec l’augmentation continue des températures terrestres et océaniques, les épisodes de blanchissement tels que celui d’aujourd’hui deviendront de plus en plus fréquents et pourraient frapper annuellement dès 2030. 3. L’acidification des océans Entre un quart et un tiers du CO2 lié aux activités humaines est absorbé par les océans chaque année, soit huit milliards de tonnes. En volume, cela équivaut à plus d’un milliard de piscines olympiques. Ce CO2 se dissout dans l’eau pour former un acide, appelé acide carbonique. Avec l’augmentation des concentrations de CO2 dans l’atmosphère, des quantités toujours plus importantes de ce gaz sont dissoutes dans les océans. http://dai.ly/xelc3b En absorbant ce dioxyde de carbone, les océans subissent des transformations chimiques les rendant plus acides. Ce phénomène ralentit le développement du corail. Par endroits, leur érosion est plus rapide que la constitution de nouveaux récifs. Compte tenu que 50 ans environ sont nécessaires pour que les effets de l’acidification s’inversent, il faut dès à présent lutter contre les changements climatiques sous peine de voir le récif disparaître. 4. La mauvaise qualité de l’eau L’eau devient également de plus en plus sale du fait de la pollution et des ruissellements agricoles. Environ 80% du littoral du Queensland abritent des terres agricoles, sources de ruissellements de pesticides, d’engrais et de déchets animaux dans les océans. Les eaux troubles rendent la photosynthèse plus difficile, et les algues dont dépendent si fortement les coraux se font de plus en plus rares. La tortue caouanne, une espèce menacée, au large du Queensland. 5. Les catastrophes naturelles Les cyclones et autres catastrophes naturelles détruisent le corail. De plus, en cas d’inondations ou de crues, des torrents d’eau chargés de sédiments se déversent dans l’océan, balayant les prairies marines. Peu à peu, les dégâts ainsi occasionnés se répercutent sur les populations de dugongs et de tortues. Les changements climatiques ne font qu’augmenter la fréquence de ces catastrophes. En 2011, le cyclone Yasi, avec des rafales jusqu’à 285 km/h, s’est fendu un passage au travers du récif, détruisant environ 13% de sa surface. Dégâts occasionnés par le Cyclone Yasi en 2011. 6. Les couronne d’épines La couronne d’épines (encore appelée acanthaster) est une espèce d’étoile de mer qui consomme quotidiennement l’équivalent d’une grande assiette de corail. Par sa consommation, elle est responsable de 42% du corail disparu. Les couronnes d’épines connaissent régulièrement des pics de population, le dernier en date ayant débuté en 2010. La stratégie à court terme des équipes de contrôle des populations repose sur l’utilisation de divers procédés d’injection, mais sur le long terme l’objectif est une meilleure préparation en amont du prochain pic de population. Une couronne d’épines dans le Pacifique Ouest Que devons-nous faire ? Tout d’abord, le gouvernement australien doit mettre en place un plan de protection plus ambitieux et plus concret que celui proposé à l’heure actuelle. Il devrait en outre interdire le développement de l’industrie du charbon à proximité du récif et mieux prendre en compte les menaces des changements climatiques, plutôt que de censurer les rapports de l’ONU sur les conséquences du réchauffement climatique pour les sites du Patrimoine mondial, comme il l’a fait récemment. La lutte contre les changements climatiques est essentielle puisque nombre des menaces qui pèsent sur le récif sont liées aux émissions de CO2 d’origine anthropique. Nous devons également nous diriger vers des énergies renouvelables vertes et respectueuses de l’environnement, réduire autant que possible notre empreinte environnementale et adopter des réglementations qui nous permettent de réduire nos émissions aux niveaux requis. Pour aller plus loin, vous pouvez : Vous informer sur le site de Greenpeace Australie Signer la pétition de Greenpeace Australie pour protéger la Grande Barrière.
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L’ennui, c’est que, quand leurs prévisions sont erronées, ils n’acceptent pas de remettre en questions leurs modèles, de s’interroger sur la pertinence de leur dogme. Un chiffre à corriger par-ci, un paramètre additionnel à prendre en compte par-là, et après quelques tours de manivelle le modèle repart cahin-caha. LE CHANGEMENT CLIMATIQUE TOUS AZIMUTS Les températures n’augmentent plus depuis 17 ans alors que la hausse devait s’intensifier ? Ah mais pardon, on avait tout simplement oublié les océans. La banquise s’étend alors qu’on pensait que les ours polaires finiraient tous noyés ? Oui mais le vent souffle plus fort, et crée un mur qui encercle les pôles et les protège du réchauffement. Mais avec des océans plus chauds, la banquise s’étend quand même ? … Oui, le mur de vent froid sous-marin, voilà. L’AUSTÉRITÉ, SEULEMENT POUR LE CONTRIBUABLE L’austérité a été annoncée par les gouvernements et tout le monde croit qu’elle a eu lieu, mais l’économie ne repart pas ? Pardon, le multiplicateur était plus élevé que prévu. La confiance ne revient pas, la croissance ne revient pas, alors qu’on injecte des liquidités à gogo dans le système bancaire ? Oui mais le vent polaire, pardon les actifs pourris encore dans le système, tout ça… Et puis, le signe « + » qu’on avait mis, c’était un « – » en réalité. Et puis si on tient compte de la fameuse constante de Strauss-Kahn et des courbes de Blanchard, on arrive bien au bon résultat. UN RAISONNEMENT PSEUDO-SCIENTIFIQUE ET ORIENTÉ Le raisonnement est pseudo-scientifique parce qu’il est invérifiable. La réalité ne colle pas avec les prévisions, mais au lieu de remettre le modèle en cause, on l’ajuste a posteriori, en considérant que la méthode, les principes demeurent vrais, quoi qu’il advienne. Et les recommandations sont, avec ou sans surprise, les mêmes ; quoi qu’on fasse, il faut que l’État évite la catastrophe qui s’annonce. Changement climatique d’un côté, crise majeure de l’autre ; les pseudo-scientifiques keynésiens et réchauffistes (©h16, qui offre des tas d’autres bons mots dans l’excellent Petit dictionnaire politiquement incorrect mais vaillamment illustré) soutiennent systématiquement l’action de l’État. Malgré la croissance incessante de la taille et du poids des États, les problèmes semblent empirer ; il faut donc, selon une implacable logique, plus d’État. Les États vont d’ailleurs maintenir leur action, même à l’encontre des fais : lutter contre le changement climatique, même s’il n’est pas d’origine anthropique, c’est le bien. De la même façon, l’intervention de l’État pour empêcher la crise économique est une bonne chose en soi, que cela fonctionne ou pas : il fallait mettre en place l’austérité ; on ne l’a pas fait, du moins côté État, mais ça n’a pas marché ; donc, arrêtons les frais jamais engagés. POURQUOI TANT DE HAINE DE LA VÉRITÉ ? Les pseudo-scientifiques ont d’ailleurs d’assez belles carrières devant eux. Leurs discours dirigistes leur offrent une place de choix sur la liste des auteurs recommandables de rapports, étrangement similaire à la liste des commissions théodule, associations subventionnées et think-tank qui ne trompent personne sur l’origine et les buts de leur action. Leur situation est étrangement proche de celle des journalistes, qui doivent la survie de leurs journaux médiocres et la qualité de vie qu’offrent leurs niches fiscales à leur capacité à jouer avec les faits et offrir des analyses toujours plus dirigistes, favorables au pouvoir et opposées à la liberté. D’INNOMBRABLES FLEURS ÉCRASÉES SUR LE BORD DE LA ROUTE DE LA SERVITUDE Malheureusement pour le citoyen, qui finance tout ce beau monde, les avis divergents ont du mal à se faire entendre et font rarement passer leurs auteurs pour au mieux des idiots, au pire des mercenaires de la pensée à la solde de lobbies puissants. Le capitalisme de connivence est partout ; les hommes de pouvoir ont aujourd’hui tout loisir de se servir et servir leurs amis. Ils constituent une élite parasite qui s’embarrasse peu de savoir si sa fortune vient d’une réussite économique ou électorale, de la poche d’un client ou d’un contribuable ; les deux ne font qu’un et composent le bas de la pyramide. Mieux, ils votent pour eux, leur offrant avec toujours plus de ferveur la sanction démocratique nécessaire à leurs agissements. Tous ensemble, politiques, pseudo-scientifiques dirigistes et relais médiatiques de la pensée tantôt unique, tantôt inexistante constituent une indéboulonnable élite, mais parviennent à faire passer la liberté pour ennemie du bonheur et le libéralisme comme une vulgaire idéologie pro-riches, où les puissants dominent les faibles. Mais dans le libéralisme, il n’est ni puissants ni faibles. Il y a, sans doute, riches et pauvres ; mais les riches doivent leur succès à leur travail, leur effort et leur intelligence qu’ils mettent au service des autres dans ce magnifique ensemble que constitue le marché ; et les pauvres peuvent de la même façon s’épanouir et connaître le succès en déployant les leurs. Dans un système collectiviste et dirigiste, en revanche, l’individu ne peut pas choisir sa place ; on la choisir pour lui. Il ne peut devenir ni trop riche, ni trop pauvre ; travailler ni trop, ni trop peu ; et obéira toute sa vie à des lois décidées par d’autres et financera leurs projets. Les siens seront oubliés. Son projet d’entreprise ne verra pas le jour faute de moyens, et on financera la conquête spatiale pour impressionner les voisins. La construction de sa maison sera reportée, mais on construira une Silicon Valley à la française. Ses vacances seront écourtées, mais les conseillers régionaux iront développer la coopération au Chili. Et un jour, parfois, on le prendra pour fou ; alors qu’il lui reste de l’herbe, le mouton se révolte, et dans un accès de rage commet l’irréparable. Il s’en prend à lui-même, à ceux qui le maintiennent sous un joug trop pesant ; lève la tête, et décide de reprendre ce dont jamais il n’aurait dû être privé : sa liberté. Pour qui aspire à plus de liberté, trois choix sont possibles : le renoncement, l’exil, ou la lutte. L’homme libre ne peut que mourir, physiquement ou intellectuellement, dans un système collectiviste. Mais la social-démocratie est allée trop loin, elle arrive à bout de souffle ; les dettes souveraines, devenues souveraines dettes, pèsent trop lourd. Sur ses ruines pourra se construire un nouveau système. La révolte s’organise, le ras-le-bol est perceptible ; rejoignez les défenseurs de la liberté, diffusez leurs idées, financez leur propagation ; cessez d’offrir au Léviathan votre énergie sans résister. Le nivellement par le haut, c’est le nivellement par vous. Le meilleur en vous : vous, libres.
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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE l’ASSOCIATION DES CLIMATO-RÉALISTES Lundi 28 mai de 15 heures à 19 heures L’ASIEM 6 rue Albert de Lapparent, 75007 Paris (Métro : Ségur) Le Professeur Richard Lindzen nous fait la joie et l’honneur de venir nous rejoindre. Dans une brève intervention il nous expliquera pourquoi l’augmentation des niveaux de CO2 ne constitue pas une menace pour le climat de la planète. Nous rappelons que seuls les membres à jour de leur cotisation seront admis à participer à l’Assemblée Générale. (Pour envoyer votre cotisation avant l’assemblée, suivez les indications ici ). BONN : LE DÉTRICOTAGE DE L’ACCORD DE PARIS EST EN MARCHE A Bonn après deux semaines de négociations, « les pays se sont mis d’accord pour mettre en œuvre les prochaines étapes en vue d’une plus grande ambition en matière d’action climatique avant 2020 » indique l’UNFCCC dans un superbe exercice de langue de bois. Selon la BBC et le site belge Lecho.be, certains pays dirigés par la Chine cherchent à remettre en cause une des dispositions fondamentales de l’accord de Paris en autorisant les pays du Sud à réduire leurs émissions à leur rythme et selon leurs moyens. ÉNERGIES RENOUVELABLES : L’ADDITION COMMENCE A FAIRE PEUR On l’apprend par connaissancedesenergies.org, le gouvernement français s’apprête à renégocier les tarifs de rachat d’électricité qui sera produite par six parcs éoliens en Manche et en Atlantique. L’État avait accepté de racheter l’électricité de ces futurs parcs à un tarif situé autour de 200 euros le mégawatt heure. Il est temps de mettre fin à cette gabegie : selon un rapport de la Cour des Comptes publié le 18 avril, les moyens financiers mobilisés par l’Etat au bénéfice des énergies renouvelables se sont élevés à 5,3 Md€ en 2016, et pourraient atteindre 7,5 milliards en 2023. La cour relève que la pleine réalisation des appels d’offres de 2011 et 2013 sur l’éolien offshore coûterait aux finances publiques 2 Md€ par an pendant 20 ans (soit 40,7 Md€ en cumulé) pour un volume équivalent à 2 % de la production électrique. LE DÉBAT PUBLIC SUR LA PPE (PROGRAMMATION PLURIANNUELLE DE L’ÉNERGIE) EST BIAISÉ Invité par France 2 pour lancer le débat public sur la PPE, Nicolas Hulot a affirmé que « tout le monde est d’accord pour réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50% ». Supposons qu’un tel niveau d’adhésion soit réel, l’opinion est-elle bien informée des enjeux du nucléaire ? Apparemment non : selon l’enquête annuelle EDF-IPSOS, 75% des personnes qui se déclarent hostiles à l’électricité nucléaire croient que cette énergie contribue « beaucoup » à l’effet de serre. Commentant cette enquête, Sylvestre Huet ne mâche pas ses mots : « le débat public est vérolé par une ignorance criante » s’indigne t-il. Il y a deux façons de sortir du nucléaire : soit abandonner cette filière, soit investir massivement dans la mise au point des centrales de 4ème génération qui nécessiteront moins d’enrichissement et produiront moins de déchets. Cet effort de recherche n’est certainement pas compatible avec la réduction de la part du nucléaire à 50%. La France devrait-elle alors se retirer du Forum International Génération IV qui compte 13 pays membres (dont la Chine, la Russie, le Japon et le Royaume-Uni) ? CONFÉRENCE Samedi 2 Juin 2018 Réchauffement climatique : Fausse Alerte ou vrai problème ? Une conférence organisée dans le cadre des Universités populaires Averroès de Bondy avec Benoît Rittaud, maître de conférences à l’Université Paris 13 et climato-réaliste et Aurélien Vernet, spécialiste du droit de l’environnement. De 10h30 à 13h – Espace Marcel Chauzy – Hôtel de Ville de Bondy – Esplanade Claude Fuzier NOUVELLES PUBLICATIONS SUR LE SITE DE L’ASSOCIATION
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Roger Hallam, a leader in the international struggle against climate change. (Mr. Fish / Truthdig) Si vous ne lisez qu’un seul livre cette année, alors ce doit être celui de Roger Hallam « Common Sense For The 21st Century : Only Nonviolent Rebellion Can Now Stop Climate Breakdown And Social Collapse » [Le sens commun pour le XXIème Siècle : Seule la rébellion non-violente peut mettre fin à la dégradation du climat et à l’effondrement social, NdT] Le livre de Hallam, limpide et concis, qui fait écho à l’ouvrage « Le sens commun » de Thomas Paine, dit ce qu’une grande partie d’entre nous sait maintenant être vrai mais n’exprime jamais : Si nous ne remplaçons pas rapidement les élites dirigeantes, cela en sera fini de nous en tant qu’espèce. C’est un argument convaincant et bien argumenté en faveur de la rébellion mondiale – la seule forme de résistance qui peut nous sauver de l’effondrement des écosystèmes et du génocide dus à l’activité humaine. Il analyse correctement l’incapacité des militants écologistes de groupes comme 350.org à comprendre et affronter le pouvoir mondial des entreprises et avoir ainsi un impact significatif alors que nous nous acheminons vers un écocide. « Le sens commun pour le 21ème siècle » est un manuel de survie pour l’espèce humaine. « Le système corrompu va tous nous tuer si nous ne nous révoltons pas », prévient sans détour Hallam, cofondateur de Extinction Rebellion. Le militantisme, les manifestations, le lobbying, les pétitions, les appels aux Nations Unies et la confiance malencontreuse dans des politiciens « libéraux » tels que Barack Obama et Al Gore, ainsi que le travail de nombreuses ONG, se sont en fait traduits depuis 1990 par une augmentation des émissions mondiales de gaz carbonique de 60%. Les Nations Unies estiment qu’il y aura une augmentation de 40 % des émissions de CO2 au cours des 10 prochaines années. Hallam, qui fait partie depuis longtemps du mouvement environnemental, dit, pour parler de son activisme passé : « Je perdais mon temps ». Selon un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié l’an dernier, nous devons réduire nos émissions de carbone de 40 % au cours des 12 prochaines années pour avoir 50 % de chances d’éviter une catastrophe. Mais les élites au pouvoir, comme on pouvait s’y attendre, ont ignoré l’avertissement ou ont proféré des platitudes vides de sens. Les émissions de CO2 ont augmenté de 1.6 % en 2017 et de 2.7 % en 2018. Les niveaux de dioxyde de carbone ont augmenté de 3,5 parts par million (ppm) l’an dernier, pour atteindre 415 ppm. Il ne nous reste qu’une dizaine d’années avant d’atteindre les 450 ppm, prévient Hallam, ce qui correspond à une augmentation moyenne de 2 degrés Celsius de la température. « Soyons honnêtes à propos de ce que le mot « catastrophe » signifie réellement dans ce contexte », écrit Hallam. « Nous sommes ici face à la lente et atroce souffrance et à la mort de milliards de gens. Voici ce que pourrait être une analyse morale : un récent avis scientifique a déclaré qu’à 5°C au-dessus de la température moyenne préindustrielle, le système écologique sera capable de seulement subvenir aux besoins de 1 milliard de personnes. Cela signifie que 6 à 7 milliards de personnes seront mortes d’ici une ou deux générations. Même si ce chiffre est inexact dans une proportion de 90 %, cela signifie que 600 millions de personnes risquent la famine et la mort au cours des 40 prochaines années. C’est 12 fois pire que le tribut des morts (civils et militaires) de la Seconde Guerre mondiale et plusieurs fois le tribut de chaque génocide connu dans l’histoire. C’est 12 fois pire que l’horreur du nazisme et du fascisme au XXe siècle. C’est ce que nos gouvernements génocidaires dans le monde entier laissent se produire de leur plein gré. Le mot ‘génocide’ peut paraître ici hors contexte. Ce mot est souvent associé au nettoyage ethnique ou à des atrocités majeures comme l’Holocauste. Cependant, la définition du dictionnaire Merriam-Webster est la suivante : « la destruction délibérée et systématique d’un groupe racial, politique ou culturel » ». « Il est temps de devenir adulte et de voir le monde tel qu’il est », écrit Hallam. « Il y a des choses qui sont indéniablement réelles, il y a des choses que nous ne pouvons pas changer, et l’une d’entre elles est la loi de la physique. La glace fond lorsque la température augmente. Les cultures meurent en période de sécheresse. Les arbres brûlent pendant les feux de forêt. Parce que ces choses sont réelles, nous pouvons aussi être certains de ce que l’avenir nous réserve. Nous nous dirigeons maintenant vers une période d’effondrement écologique extrême. La question de savoir si cela conduira ou non à l’extinction de l’espèce humaine dépendra en grande partie des changements révolutionnaires qui se produiront dans nos sociétés au cours de la prochaine décennie. Ce n’est pas une question d’idéologie, mais de mathématiques et de physique ». Hallam souligne que la plupart des prévisions des climatologues se sont révélées extrêmement optimistes. « Les découvertes scientifiques les plus récentes montrent que le permafrost fond 90 ans plus tôt que prévu et que les glaciers de l’Himalaya fondent deux fois plus vite que prévu », écrit-il. « Les effets rétroactifs et le réchauffement qui en découle nous amèneront à plus de 2°C avant même que nous ne prenions en compte les augmentations de température supplémentaires dues aux émissions d’origine humaine au cours des dix prochaines années. » « En bref, on est baisés – la seule question est de combien et dans combien de temps ? » Hallam poursuit : « Acceptons-nous ce destin ? Je suggère que nous ne l’acceptions pas. Beaucoup de gens qui se respectent et qui peuvent surmonter l’incapacité de l’être humain à ne pas croire ce qui lui déplaît, acceptent maintenant ce qui est évident si l’on regarde la science de la nature. Mais ils n’en ont pas encore compris les implications politiques et sociales. » Hallam comprend que même avec les réformistes au pouvoir – et les mutations politiques engendrées par le néolibéralisme n’ont pas favorisé la montée des réformateurs mais plutôt celle de démagogues de droite, tels Donald Trump et Jair Bolssonaro au Brésil, qui accélèrent les écocides – tout changement, quel que soit son rythme sera trop progressif et trop lent pour nous épargner une catastrophe. Extinction Rebellion a pour objectif déclaré de faire tomber les élites dirigeantes. Ce mouvement a organisé la série de manifestations coordonnées du mois dernier dans 60 villes du monde entier. Quelque 1 832 personnes ont été arrêtées rien qu’à Londres. En outre, en avril, plus de 1 000 personnes ont été arrêtées au cours de 11 jours de désobéissance civile dans les rues de Londres. Vous pouvez voir ici, ici et ici les entretiens que j’ai eus avec Hallam. « Ce n’est pas une question de préférence pour tel ou tel parti politique », écrit Hallam. « C’est une question de sociologie structurelle de base. Les institutions, comme les espèces animales, ont des limites quant à la vitesse à laquelle elles peuvent changer. Pour obtenir des changements rapides, elles doivent être remplacées par de nouveaux systèmes sociaux de politique, de pratique et de culture. C’est un terrible et douloureux constat, mais il est temps d’accepter notre réalité. » Ce n’est qu’en jetant des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour perturber et paralyser le fonctionnement de l’état et le capitalisme financier – en bref, une rébellion – que nous pouvons nous en sortir, estime-t-il. Il est conscient du fait que les manifestations doivent être non-violentes et se focaliser sur les gouvernements. « Après une ou deux semaines de mise en œuvre de ce plan, l’histoire montre qu’il est fort probable qu’un régime s’effondre ou qu’il soit contraint d’opérer des changements structurels majeurs », écrit-il. « Cela est dû à une dynamique bien établie du combat politique non-violent. Les autorités sont confrontées à un dilemme impossible. D’une part, ils peuvent permettre à l’occupation quotidienne des rues de la ville de se poursuivre. Cela ne fera qu’encourager une plus grande participation et miner leur autorité. Par contre, s’ils choisissent de réprimer les manifestants, ils risquent un effet de retour de flamme. C’est alors que plus de gens se retrouvent dans la rue en réponse aux sacrifices de ceux que les autorités ont retirés de la rue. Dans les situations de drame politique extrême, les gens oublient leur peur et décident de se porter aux côtés de ceux qui se sacrifient pour le bien commun. » « La seule façon de s’en sortir, c’est de faire en sorte que les négociations aient lieu », écrit-il. « Ce n’est qu’alors qu’une opportunité structurelle s’ouvrira pour la transformation d’urgence de l’économie dont nous avons besoin. Bien sûr, il n’est pas certain que cette proposition fonctionnera, mais elle est en grande partie réalisable. Ce qui est certain, cependant, c’est que les campagnes réformistes et le lobbying échoueront totalement comme c’est le cas depuis des décennies. Le changement structurel dont nous avons actuellement objectivement besoin doit se dérouler trop rapidement pour se satisfaire de quelque stratégie conventionnelle que ce soit. » Aucune rébellion ne réussit, selon Hallam, à moins qu’elle ne séduise un segment de l’élite au pouvoir. Une fois qu’il y a des divisions dans la classe dirigeante, la paralysie s’ensuit et, en fin de compte, des éléments de plus en plus importants de l’élite font défection pour rejoindre ceux qui sont rebelles ou refusent de défendre une classe dominante discréditée. « L’action de masse ne peut se limiter à la non-violence au sens physique du terme, elle doit aussi impliquer un respect effectif de la population et de l’opposition, quelles que soient leurs réactions répressives », note Hallam. Concernant la police, il écrit en particulier : « Une démarche volontariste vers la police est un moyen efficace de faciliter la désobéissance civile de masse dans le contexte actuel. Cela signifie qu’il faut rencontrer les policiers dès leur arrivée sur les lieux et leur dire clairement deux choses : « C’est une action pacifique non violente » et « Nous respectons le fait que vous devez faire votre travail ici ». Nous avons maintes fois démontré que cela calme les policiers et ouvre la voie à des interactions civiles par la suite. Les activités de Extinction Rebellion se sont toujours déroulées poliment vis à vis de la police lorsque nous sommes arrêtés et dans les postes de police, en nous engageant dans de petites discussions et assez souvent dans des discussions politiques et autres sujets où ils ont peut être un point commun avec les militants (inégalités, salaire injuste). Si les policiers se montrent réticents au début, ils peuvent devenir plus ouverts en étant prêts à s’engager avec eux et à les écouter. Cet échange peut commencer avant une action. Souvent, une rencontre en face à face avec la police est efficace, parce que les policiers sont alors en mesure de comprendre que les personnes avec qui ils traitent sont raisonnables et constructives. Rebellion [Extinction Rebellion, NdT] exigera aussi d’enfreindre la loi à maintes reprises. Cela signifiera du temps passé dans les établissements pénitentiaires et les prisons. » « Il serait positif pour Rebellion que les gens soient en détention avant le grand événement de résistance civile pour créer un retentissement national », écrit Hallam, qui a été emprisonné pendant six semaines cet automne à Londres. « La meilleure façon d’y parvenir est que les gens effectuent des actes répétés de désobéissance civile pacifique, puis lisent des déclarations dès qu’ils sont devant le tribunal, en ignorant le juge et le personnel judiciaire. D’une voix forte, ils pourraient dire : « Je suis tenu d’informer cette cour qu’en m’amenant ici, elle est complice du « plus grand de tous les crimes » à savoir, la destruction de notre planète et des enfants en raison de l’inaction perverse du régime au pouvoir aux volontés duquel vous avez choisi de vous soumettre. Je ne respecterai pas les règles de ce tribunal et je vais maintenant expliquer la menace existentielle qui pèse sur toute vie, nos familles, nos communautés et notre nation… » et ensuite commencer un long discours sur la crise écologique. » « Il en découlera probablement un outrage au tribunal et la personne arrêtée sera placée en détention provisoire ou condamnée à une peine d’emprisonnement. Ce sera un dilemme pour les autorités (selon le régime) quant à la durée de la détention provisoire ou de la peine. Si la période d’emprisonnement est courte, les gens seront bientôt libérés et pourront continuer la désobéissance civile pacifique. Si la sentence est longue, cela créera un drame médiatique national qui alimentera la rébellion générale. » Des assemblées populaires devront être constituées pour prendre le pouvoir et assurer une réduction spectaculaire et rapide des émissions de CO2. La science est sans équivoque. L’augmentation de la température doit être maintenue entre 1 degré C et 1,5 degré C au-dessus des niveaux préindustriels, et les niveaux de CO2 doivent être stabilisés à environ 350 ppm. Nous devons trouver des moyens d’éliminer en grande partie les émissions de gaz à effet de serre de toutes sortes engendrées par l’homme d’ici une décennie, deux au plus, et mettre en place des programmes pour refroidir la terre, notamment en plantant des trillions d’arbres pour absorber le CO2. L’un des moyens les plus faciles et les plus significatifs pour un individu de réduire directement son impact environnemental sur la planète est de se nourrir sans produits animaux. L’industrie de l’élevage rivalise avec l’industrie des combustibles fossiles comme l’une des causes multifactorielles les plus importantes de la catastrophe climatique. Le danger, souligne Hallam, est que si nous n’agissons pas rapidement, nous déclencherons des rafales de rétroactions climatiques ou des points de basculement après lesquels aucun effort pour réduire les émissions ne sera fructueux. Les combustibles fossiles doivent être rapidement éliminés de l’économie, notamment par l’interdiction de tout nouvel investissement dans l’exploration et le développement de ces derniers. Les centrales au charbon et au gaz doivent être fermées d’ici dix ans. Ce processus nécessitera une réduction massive de la consommation d’énergie, ce qui pourrait nécessiter un rationnement. Hallam est tout à fait conscient du fait que nous pourrions échouer. Il est peut-être déjà trop tard, admet-il. Mais ne pas résister, c’est être complice de cet acte de génocide. Hallam comprend le pouvoir mondial des entreprises. Il sait comment le combattre. Le reste dépend de nous.
biased
Nos océans sont en crise. Pas une semaine ne passe sans qu’une nouvelle étude importante relie la perte de la biodiversité marine à l’activité humaine. Les scientifiques multiplient les avertissements, et soulignent que de nombreux écosystèmes marins approchent à grands pas du point de rupture, et de leur irrévocable dégradation. La prise de conscience est croissante La dégradation des mers et des océans est susceptible d’avoir un impact profond sur nous tous, menaçant la sécurité alimentaire et la survie même de millions de personnes. Face à cette crise, des solutions existent : la création de réserves marines – des zones marines préservées des impacts des activités industrielles telles que la pêche, l’extraction de ressources combustibles en hydrocarbures, mais aussi des pollutions et des impacts des changements climatiques … – permettrait de protéger et restaurer les écosystèmes marins. En outre, en créant des réseaux de réserves marines et la mise en œuvre de gestion durable sur le reste des océans, non seulement nous pourrons préserver les espèces et les habitats marins, mais également garantir l’existence de poissons pour l’avenir. Les réserves marines : une urgence pour la survie des océans Les réserves marines sont le moyen existant le plus puissant pour la conservation marine, la restauration de la biodiversité marine, mais aussi pour la gestion durable des activités humaines en mer ou encore pour lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté. C’est pourquoi Greenpeace publie aujourd’hui son « Emergency Ocean Rescue Plan » (son plan de sauvetage d’urgence des océans – en anglais). Le rapport met l’accent sur un certain nombre de zones prioritaires pour la création des réserves marines, à la fois dans les eaux internationales et territoriales, citant notamment les Baléares, zone cruciale car lieu de reproduction d’espèces menacées, et tout particulièrement du thon rouge. N’abandonnons pas le thon rouge ! Greenpeace s’est mobilisée, depuis 5 ans, dans la bataille pour défendre et protéger cette espèce emblématique qu’est le thon rouge. Aujourd’hui, plus que jamais, l’occasion se présente, pour les gouvernants et les politiques, d’agir : l’Iccat (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique) se réunit à Paris du 17 au 27 novembre prochain et l’un des enjeux majeurs de cette conférence, sera la protection des zones de reproduction du thon rouge en Méditerranée. Greenpeace appelle le gouvernement français, conjointement avec l’Espagne, à se mobiliser dès maintenant pour la sauvegarde du thon rouge et à œuvrer pour l’établissement d’un réseau de réserves marines en Méditerranée, incluant les zones des Baléares et du Golfe du Lyon. Vendredi, le comité scientifique (SCRS) de l’ICCAT rendra son nouveau rapport annuel. Ce rapport fait le point sur l’état des stocks et des captures des espèces de thonidés dont l’ICCAT à la responsabilité, en particulier le thon rouge. Greenpeace sera particulièrement attentive aux travaux des scientifiques qui pèseront sur les décisions politiques qui seront prises à Paris en novembre. L’enjeu est simple. C’est l’avenir du thon rouge. Pour en savoir plus : La page spéciale dernière bataille pour le thon rouge !
true
Par Roy W. Spencer, Ph. D. Les scientifiques du GIEC de l’ONU qui rédigent les rapports qui guident la politique énergétique internationale quant à l’utilisation des combustibles fossiles partent du principe que le système climatique a un état moyen préféré, naturel et constant, et qu’il ne s’écarte de cet état que par l’ingérence des humains. Ils fabriquent leurs « modèles informatiques du climat » de manière à ce que ces programmes de calcul ne trouvent pas de réchauffement ou de refroidissement à moins d’y être forcés par une augmentation d’origine humaine des gaz à effet de serre, des aérosols ou par des éruptions volcaniques. Ce comportement imposé sert à ajuster les dizaines ou centaines de paramètres du programme de calcul ; ces ajustements faits pour que le calcul donne les résultats voulus lors de « galops d’essai », sont nécessaires parce que les divers processus physiques [NdT : en particulier tout ce qui a trait aux nuages et aux précipitations] ne sont pas assez bien connus à partir d’observations ou à partir de principes premiers de la physico-chimie ; les modèles doivent donc être ajustés ou bricolés jusqu’à ce qu’ils soient conformes à “l’hypothèse de référence“, qui dans la vision du monde de ces programmeurs signifie qu’il n’y a pas de réchauffement ni de refroidissement à long terme. Ce que je voudrais discuter ici n’est PAS l’existence d’autres agents “externes” qui produisent du changement climatique, par exemple le soleil. C’est une discussion intéressante, mais pas ici. Je voudrais aborder la question de l’existence, ou de la non-existence d’un état moyen vers lequel le système climatique se réajusterait constamment, même quand le soleil le pousse constamment dans des directions différentes. S’il existait un tel état moyen préféré, le paradigme « forçage et contre-réaction » ou « forcing-feedback » du changement climatique serait valide. Dans ce système de pensée, tout écart de la température moyenne globale par rapport à l’état préféré par la Nature amène une “contre-réaction” (ou feedback) radiative, c’est-à-dire des changements du bilan énergétique radiatif de la Terre en réponse à des conditions ou trop chaudes ou trop froides. Ces changements radiatifs ramèneraient constamment le système à son état de température préféré. Et s’il n’y avait pas qu’un seul état préféré du climat ? Je suis d’avis que le paradigme« forçage et contre réaction » s’applique effectivement aux fluctuations d’une année à l’autre, car les diagrammes de phase des covariations entre la température et le flux radiatif ressemblent exactement à ce que l’on pourrait attendre dans une telle perspective. J’en ai parlé dans le post d’hier.Mais le paradigme forçage et contre réaction pourrait bien être inapplicable dans le contexte des changements climatiques à long terme qui sont le résultat de fluctuations internes. Le chaos dans le système climatique Tout le monde s’accorde à dire que les écoulements de fluides dans l’océan et l’atmosphère forment un système dynamique non linéaire. Le comportement futur de tels systèmes, pourtant déterministes, c’est-à-dire décrits avec des équations physiques connues, est difficile à prédire à cause de la très grande dépendance des solutions des équationspar rapport aux conditions initiales. C’est ce qu’on appelle la “sensibilité par rapports aux conditions initiales“, et c’est pourquoi le temps qu’il fera ne peut être prévu disons plus d’une semaine à l’avance. La raison pour laquelle la plupart des climatologues pensent que cela est sans importance pour les prévisions climatiques est qu’ils s’intéressent à la manière dont le climat futur pourrait différer du climat actuel au sens d’une moyenne sur le temps … non pas en raison de changements dans les conditions initiales, mais de changements dans les “conditions aux limites“, c’est-à-dire l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. Les humains modifient légèrement les règles de fonctionnement du système climatique, avec en raison de l’augmentation du CO2, une diminution de 1% à 2 % du refroidissement du système climatique par rayonnement infrarouge thermique vers l’espace extra-atmosphérique. [NdT : le doublement de la teneur en CO2 est prétendu réduire de 2 W/m² à 3,7 W/m² les quelque 220 W/m² émis vers le cosmos par la surface et la troposphère. Depuis 40 ans, la teneur en CO2 est passée de 335 ppm à 409 ppm ce qui aurait dû réduire le rayonnement vers le cosmos de 1 W/m² (selon la formule usuelle 3,7 ln(409 / 335) / ln(2) ; mais ce rayonnement a,au contraire, selon les observations, crû de 4 W/m² !] Il y a aussi des variations chaotiques dans le système climatique [NdT : le chaos (ou sensibilité aux conditions initiales) est une propriété des équations qui sont dites représenter la dynamique de l’atmosphère ; ces équations décrivent-elles bien la réalité ? ], c’est pourquoi un modèle climatique donné, forcé avec la même quantité croissante de CO2 mais initialisé avec des conditions initiales différentes en 1760, dira une température moyenne mondiale différente par exemple en 2050 ou 2060. Mais si le système climatique avait ses changements propres de longues périodes, disons de 100 ans à 1 000 ans, changements de nature surtout chaotique ? Le GIEC postule que le système climatique n’ pas de changements propres de longues périodes, disons de 100 ans à 1 000 ans Pourtant l’océan a des échelles de temps longues, des décennies à des millénaires. Une quantité inhabituellement importante d’eau froide de fond formée en un siècle à la surface de l’Arctique pourrait mettre des centaines, voire des milliers d’années avant de réapparaître à la surface, sous les tropiques par exemple. Ce genre de retard peut induire dans le système climatique une grande variété de comportements complexes, et est même, à lui tout seul, capable de produire le changement climatique. Même le soleil, que nous considérons comme une boule de gaz qui brûle constamment, a un cycle de 11 ans d’activité de ses taches solaires, et l’amplitude de ce cycle varie fortement sur un siècle ou plusieurs siècles. Il semble que tous les processus de la nature s’auto organisent sur des échelles de temps qui leur sont propres, avec un comportement en partie cyclique. Un tel comportement chaotique du changement climatique impacte et la validité du paradigme « forçage et contre réaction » (forcing-feedback), et notre capacité à déterminer tant les états climatiques futurs que la sensibilité du système climatique à une augmentation du CO2. Si le système climatique présentait des états différents, mais chacun stable et en équilibre énergétique, le changement climatique serait bien trop complexe pour que l’on puisse le prédire avec assez de précision pour que ces prédictions soient utiles. El Niño / La Nina comme exemple de cycle chaotique La plupart des climatologues considèrent les épisodes chauds d’El Niño et les épisodes froids de La Niña comme des écarts par rapport à un état climatique moyen. Mais je crois qu’ils seront plus correctement vus comme une bifurcation d’un système climatique chaotique. En d’autres termes, pendant l’hiver de l’hémisphère Nord, il y a deux états différents (El Niño ou La Niña) vers lesquels le système climatique peut tendre. Chacun de ces deux états a sa propre configuration relativement stable de vents alizés du Pacifique, de régimes de température à la surface de la mer, de nébulosité et de température moyenne mondiale. Ainsi, dans un sens, El Niño et La Niña sont deux états climatiques différents entre lesquels la Terre a, chaque année, du mal à choisir. L’un est un état globalement chaud, l’autre globalement froid. Ce comportement chaotique de “bifurcation” a été décrit dans le contexte de systèmes d’équations non linéaires même extrêmement simples, beaucoup plus simples que les équations décrivant le système climatique réel qui évolue dans le temps. La période médiévale chaude et le petit âge glaciaire La plupart des documents historiques et les données indirectes de marqueurs de la température indiquent que la période médiévale chaude et le petit âge de glace sont des événements historiques réels. Je sais que la plupart des gens tentent d’expliquer ces événements comme la réaction à une sorte de forçage externe, par exemple aux phénomènes solaires qui pilotent aussi l’activité des taches solaires. C’est une tendance humaine naturelle… nous voyons un changement, et nous supposons qu’il doit y avoir une cause externe. Mais un système dynamique non linéaire n’a nul besoin d’un forçage externe pour présenter des changements. Je ne dis pas que la période médiévale chaude (Medieval Warm Period, MWP) et le petit âge de glace (Little Ice Age, LIA) n’ont pas été forcés de l’extérieur ; je dis seulement que leur explication ne nécessite pas nécessairement un forçage externe. Il pourrait y avoir des modes internes de fluctuations chaotiques dans la circulation océanique qui produisent leurs propres états climatiques stables qui diffèrent par exemple de 1 degré Celsius en température moyenne mondiale. Il est possible que ces états aient des répartitions légèrement différentes des températures de la surface des mers ou des vitesses des vents océaniques, d’où des couvertures nuageuses légèrement différentes, des albédos planétaires différents et des valeurs différentes de la quantité de lumière solaire qui anime le système climatique. Ou encore, les systèmes des pluies et précipitations associés à ces états climatiques différents pourraient avoir des efficacités légèrement différentes, ce qui modifierait la quantité moyenne [NdT : et la répartition géographique] de la vapeur d’eau qui est le principal gaz à effet de serre de l’atmosphère. [NdT : la vapeur d’eau et les nuages font presque 200 W/m² sur les 220 W/m² rayonnés vers le cosmos par la troposphère et la surface prises ensemble]. Un changement climatique chaotique et le paradigme forçage et contre réaction (forcing-feedback) Si le système climatique a plusieurs états climatiques stables, chacun avec son ensemble de flux d’énergie légèrement différents qui chacun ont un bilan global en énergie nul [NdT : équilibre entre le solaire absorbé et l’infrarouge thermique rayonné par le globe, essentiellement par les couches supérieures de la vapeur d’’eau au-dessus de 7 km] et des températures relativement constantes (soit plus chaudes soit plus froides), alors le cadre conceptuel forçage et contre réaction (ou ” forcing-feedback framework “FFF, comme aime l’appeler mon ami australien Christopher Game) ne peut pas s’appliquer à ces variations climatiques, car il n’existe aucun état climatique normal et moyen vers lequel le « feedback » ou la contre-réaction ramènerait le système. Ce post vient en partie d’une discussion que j’ai depuis des années avec Christopher, et je veux qu’il sache que je ne suis pas totalement sourd à ses inquiétudes sur le cadre conceptuel « forçage et contre réaction(ou ” forcing-feedback framework “FFF). Comme je l’ai décrit hier, nous observons un comportement de type forçage et contre réaction dans les fluctuations climatiques à court terme, mais je suis bien d’accord que ce paradigme forçage et contre réaction(FFF) pourrait ne pas valoir pour les fluctuations à long terme. En ce sens, je crois que Christopher Game a raison. Le GIEC ne s’occupe que des changements climatiques d’origine humaine Il est clair que le GIEC de l’ONU, de par ses statuts, se concentre sur les changements climatiques d’origine humaine. En raison de l’influence politique (liée au désir d’une réglementation gouvernementale sur la totalité du secteur privé), il n’abordera jamais sérieusement la possibilité que le changement climatique à long terme puisse être naturel. Seuls les scientifiques qui soutiennent une vision anthropocentrée du climat sont autorisés à jouer dans le bac à sable du GIEC. L’importance du comportement chaotique du système climatique injecte une grande incertitude dans toutes les prédictions de changements climatiques futurs, y compris dans notre capacité à déterminer la sensibilité du climat. [NdT : la sensibilité du climat est l’effet en °C de l’augmentation du logarithme de la teneur de l’air en CO2, prétendu être entre 1°C et 7°C pour un doublement de cette teneur ; ces conjectures reposent sur l’idée que la quantité de vapeur d’eau dans la haute troposphère ne peut que croître ou rester constante, alors que les observations montrent qu’elle a, depuis 40 ans décru ce qui explique l’augmentation observée depuis 40 ans du rayonnement du globe vers le cosmos ] . L’importance du comportement chaotique du système climatique réduit la valeur pratique des efforts faits pour modéliser le climat, efforts qui coûtent des milliards de dollars et font la carrière de milliers de chercheurs. Bien que je soutienne généralement la modélisation du climat, je suis sceptique, et à juste titre, quant à la capacité des modèles climatiques actuels à donner des résultats suffisamment fiables pour justifier des décisions extraordinairement onéreuses prises en politique de l’énergie.
fake
Le G7 se réunit ces mercredi 4 et jeudi 5 juin à Bruxelles, pour discuter de la crise ukrainienne. Un vaste et délicat sujet d’équilibrisme diplomatique, qui inclura des discussions sur la « sécurité énergétique européenne ». Et donc des discussions sur la fameuse indépendance énergétique. Action de Greenpeace à la réunion du G7 à Rome mai 2014 L’UE est au pied du mur énergétique L’Union européenne est le plus important consommateur d’énergie au monde. Ses réserves étant réduites, elle doit compter sur des pays tiers pour lui fournir la majeure partie de l’énergie qu’elle consomme. La dépendance de l’UE à l’égard des importations d’énergie est passée de moins de 40 % de la consommation brute d’énergie dans les années 1980 à 45,1 % en 1999 puis à 53,9 % en 2009. Les taux de dépendance énergétique les plus élevés ont été enregistrés pour le pétrole brut (84,1 %) et le gaz naturel (64,2 %). En 2012, l’UE a dépensé 421 milliards d’euros pour acheter 53% de son énergie hors de ses frontières. Aujourd’hui, la France importe 98% de son pétrole, principalement pour les transports. Le nucléaire est le résultat de l’importation de 100% d’uranium, combustible de base des centrales, depuis des pays comme le Niger ou le Kazakhstan. Les dirigeants du G7 ne doivent pas céder au chantage russe . Pour changer de cap en matière de politique énergétique. En réduisant sa dépendance aux importations d’énergies sales, fossiles et fissiles, une fois pour toutes. L’Europe est tout à fait en mesure de se libérer de son addiction aux énergies sales, et être gagnante sur le front de l’économie, du social et pour faire face aux bouleversements climatiques. L’ Europe est tout à fait en mesure de ne pas céder au chantage au gaz de Gazprom, levier de Moscou dans cette crise ukrainienne. Mais cela sera possible si, et seulement si, les leaders politiques européens font preuve de vision, de volontarisme et de courage ! Au cours des dernières semaines , les dirigeants européens se sont une nouvelle fois agités pour mettre en place des mesures d’urgence. Parmi les pistes envisagées, il a été évoqué de remplacer les importations de gaz russe par des hydrocarbures de schiste, du charbon voire de l’énergie nucléaire. Le recours à des combustibles fossiles venus d’ailleurs, comme d’Afrique du Nord ou du Moyen Orient a été discuté. Mais ces options seraient une nouvelle erreur : au lieu de changer de fournisseur, l’Europe doit changer de direction ! Faire le pari de l’indépendance énergétique d’un continent sur d’hypothétiques réserves d’hydrocarbures de schiste, sur des projets d’importations ou sur la prolongation de vie des réacteurs nucléaires n’est pas viable. A-t-on déjà mis en balance les gains financiers de l’indépendance face aux coûts des changements climatiques? L’échec des actions contre les changements climatiques coûte déjà à l’économie mondiale 1,6 % de son PIB, soit 1 200 milliards de dollars par an et ces coûts devraient doubler dans les vingt prochaines, selon un rapport publié en septembre 2012 aux États-Unis, par le DARA and Climate Vulnerable Forum. Faire le choix de l’efficacité énergétique, de la sobriété et des énergies renouvelables serait, pour l’Europe, faire le choix de gagner sur le plan économique, sur le plan climatique et sur le plan humain. Le potentiel des énergies renouvelables est énorme Non seulement elles pourraient répondre à presque la moitié de notre demande d’énergie en 2030, mais avec les bonnes politiques en place, elles pourraient également remplacer l’équivalent du total des importations de gaz actuelles de l’Union Européenne en provenance de Russie . Elles seraient également un symbole : le choix d’une politique énergétique pacifique pour l’Europe, coupant court à toute dépendance aux fossiles et aux fissiles, enjeux de guerres et de conflits depuis des siècles. L’actualité nous prouve que c’est possible : le 28 mai dernier, on apprenait que les énergies renouvelables ont représenté 28 % de la production d’électricité en Europe, devant le charbon et le nucléaire ! Dans une étude d’opinion réalisée par TNS-Emnid entre le 22 et le 27 mai dans les pays du G7, on apprend que près de 3/4 des citoyens sont inquiets de la dépendance de leur pays aux importations d’énergie et pensent que les gouvernements devraient travailler en priorité à l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables pour réduire cette dépendance. Souhaitons que les dirigeants du G7 ouvrent les yeux et les oreilles et fassent preuve du même bon sens que les citoyens européens !
biased
Fin août, Julien Denormandie avait assuré n'avoir qu'un objectif : "la betterave." "La loi ne l'écrit pas comme ça mais je ne peux pas être plus clair. L'objectif de cette loi est uniquement la betterave sucrière. Laissons les parlementaires débattre mais pour moi oui, cela ne concerne que la betterave", promettait le ministre de l'Agriculture sur BFMTV, face aux soupçons entourant le projet de loi polémique autorisant la réintroduction temporaire de néonicotinoïdes dans la culture de betteraves, pour préserver une filière qui emploie 46 000 personnes, dont 25 000 agriculteurs. Le texte a été validé dans la nuit de lundi à mardi à l'Assemblée nationale - le vote solennel sur l'ensemble du projet de loi aura lieu mardi, après les questions au gouvernement - dans un timing inadéquat par rapport au discours d'Emmanuel Macron, qui avait promis de verdir la fin de son quinquennat. Le chef de l'Etat parlait en février 2020 au sujet de l'écologie de "combat du siècle, celui de notre capacité à inventer les nouvelles manières de vivre, d'habiter, de faire durablement". Or la réintroduction de ce type de pesticide a tout du retour en arrière, jusque dans ses symboles qui y invitent, puisque Barbara Pompili, la secrétaire d'Etat qui présentait en 2016 le texte qui les fera interdire, est devenue en 2020 une ministre de l'Ecologie contrainte d'observer son collègue Julien Denormandie porter cette réautorisation ciblée. Fin septembre, quelque 150 personnalités de gauche et écologistes, dont le socialiste Olivier Faure, l'écologiste Julien Bayou et le député LFI Alexis Corbière, avaient pointé dans une tribune au Monde le "recul démocratique majeur" et le "contresens historique" que constitue le projet de loi sur les néonicotinoïdes, conçu selon eux "sous la pression des lobbys de l'agriculture". La réintroduction de semences de betteraves enrobées avec des néonicotinoïdes doit permettre de les protéger d'un puceron vecteur de la "jaunisse de la betterave". Si ces pesticides mobilisent autant contre eux, c'est parce que les néonicotinoïdes sont considérés comme des "tueurs d'abeilles". Ils visent le système nerveux des insectes et désorientent les pollinisateurs, et causent le déclin spectaculaire des colonies. Mais ils permettent aussi de juguler une maladie qui a mis à mal les rendements sucriers cet été. Raison pour laquelle l'exécutif a décidé d'accorder à compter de l'an prochain des dérogations temporaires. "La question est surtout de savoir si, comme le dit le gouvernement, cette disposition est strictement limitée aux producteurs de betteraves pour un temps limité, ou est-ce qu'elle annonce un dérèglement plus généralisé, qui s'étendrait au maïs ou autre, comme le disent les écolos ?", s'interroge Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof. LIRE AUSSI >> Moins de moyens, plus de com' : la contre-attaque des défenseurs des abeilles L'économie contre l'écologie donc, la problématique principale quand il est question d'environnement. "C'est une question de souveraineté", a mis en avant Julien Denormandie, alors que onze autres pays producteurs en Europe ont autorisé les dérogations pour les néonicotinoïdes. Le ministre a prévenu que "nombre de planteurs, en ce moment même, hésitent à replanter des betteraves" et "si les sucreries ferment, c'est toute la filière de la betterave qui peut disparaître en une ou deux saisons".
true
Jeunes, engagé.e.s pour le climat, pas tou.te.s militant.e.s, ils sont en attente de mesures fortes du gouvernement. Six mois après le lancement de l’Affaire du Siècle, Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France et Oxfam France ont interrogé les très nombreux soutiens de leur recours en justice contre l’État pour inaction climatique (1). Qui sont-ils ? Que sont-ils prêts à faire pour le climat ? Qu’attendent-ils du gouvernement ? Plus de 70 000 personnes (2) ont répondu à une étude réalisée durant le mois de mai 2019 par l’institut indépendant Oïbo (3). Une forte représentation des moins de 35 ans Parmi les répondant.e.s, on note une surreprésentation de jeunes, preuve que la question climatique est une cause évidente pour les nouvelles générations : 42 % de moins de 35 ans, 23% de moins de 25 ans, 20 % de lycéen.ne.s ou étudiant.e.s. Il y a également plus de femmes (56 %) que d’hommes (44 %). Des signataires exigeants envers l’État français En signant l’Affaire du Siècle, c’est à l’État que les signataires demandent de prendre ses responsabilités sur le climat. « Je fais des gestes pour le climat à mon niveau mais il faut aussi que l’État agisse » : voici la réponse donnée par 98 % des répondant.e.s, qui précisent que « les petits pas du gouvernement sont insuffisants par rapport à l’urgence ». Les répondant.e.s adhèrent largement à l’idée qu’il faut contraindre les entreprises en priorité. Ils estiment que pour limiter le changement climatique, seule la contrainte législative est efficace pour : obliger les entreprises à moins polluer ou à changer leurs modèles industriels (96 % des répondant.e.s) contraindre les collectivités à agir pour le climat (91 %) obliger les citoyens à changer leurs habitudes de consommation (72 %) Des signataires qui agissent déjà au quotidien Les répondant.e.s déclarent avoir déjà adopté de nombreuses pratiques pour protéger l’environnement à l’échelle individuelle. Sur les dix actions proposées dans l’étude, ils déclarent en réaliser en moyenne plus de quatre « très souvent », et sept « très souvent ou souvent ». Dans le top 3 des actions faites “très souvent” : 70 % recyclent, 58 % privilégient l’achat de produits de saison, 48 % achètent des produits biologiques. Parmi les autres pratiques menées “très souvent ou souvent” : 80 % limitent leur consommation d’énergie à domicile, 70 % limitent leur consommation de viande 69 % limitent les voyages en avion, Dans les autres actions menées très souvent ou souvent au cours des trois dernières années : 82 % ont boycotté une ou plusieurs marques qui ne respectent pas l’environnement, 24 % ont changé de fournisseur d’énergie pour privilégier les énergies renouvelables ou ont investi une partie de leur épargne dans des placements plus responsables. Une sensibilité qui dépasse les cadres militants et/ou écologistes À la question « À combien estimez-vous votre niveau personnel d’engagement en faveur de l’environnement ? », les répondant.e.s se situent à 6,7 sur une échelle de 1 à 10, quand la moyenne nationale est à 6,2. Près de 60 % disent ne pas avoir participé aux marches pour le climat, 91 % sont “prêt.e.s ou tout à fait prêt.e.s” à s’engager davantage pour le climat en faisant plus d’actions individuelles dans leur quotidien, 56 % sont “prêt.e.s ou tout à fait prêt.e.s” à s’engager davantage pour le climat en participant à des actions de désobéissance civile. L’Affaire du Siècle a su convaincre au-delà du cercle écologiste, dépassant les clivages. En effet, si près d’un.e répondant.e sur deux est à gauche ou très à gauche, un sur deux ne l’est pas… soit parce qu’il.elle se dit au centre ou à droite, soit parce qu’il.elle se dit ni à gauche, ni à droite ou ne se retrouve pas dans ces catégories. Un soutien à l’Affaire du Siècle qui se maintient Six mois après le lancement de l’Affaire du Siècle et la vague d’espoir qu’elle a engendrée, les attentes des répondants se confirment : 90 % déclarent que l’Affaire du siècle a suscité « l’espoir que les choses aillent dans le bon sens » et de « la fierté à participer à une cause juste ». 90 % sont prêt.e.s à se mobiliser davantage pour que les pouvoirs publics les entendent. 86 % considèrent qu’il est préférable de continuer d’interagir avec le gouvernement avant les conclusions du procès, afin de l’inciter à prendre des mesures ambitieuses. Pour les quatre organisations requérantes : « Les signataires de l’Affaire du Siècle ne sont pas dupes des discours politiques non suivis d’effets : ils demandent à l’État de prendre ses responsabilités. Cette demande très claire intervient à un moment où le gouvernement et sa majorité multiplient les déclarations sur l’écologie tout en s’opposant dans les faits à une action plus ambitieuse de l’État, ce qui a été souligné à nouveau dans le rapport du Haut Conseil pour le Climat paru le 26 juin. C’est aussi particulièrement visible dans le cadre des débats actuellement à l’Assemblée nationale sur la loi climat-énergie. Cette loi pose de grands objectifs à moyen et long terme mais évacue encore une fois la plupart des interdictions et investissements nécessaires à court terme.» Les résultats de cette large consultation seront pleinement pris en compte par Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France et Oxfam France dans les suites de l’Affaire du Siècle. Les organisations continueront d’agir main dans la main avec tous les soutiens de cette action en justice inédite. Pour consulter plus de détails sur l’étude. (1) Le sondage a été envoyé par email aux signataires de l’Affaire du Siècle qui ont donné leur accord pour être recontacté.e.s. (2) La comparabilité de l’échantillon de répondants avec l’ensemble des signataires de l’Affaire du Siècle souhaitant être recontacté.e.s a été vérifiée. (3) Le sondage a été réalisé par Oïbo, institut d’études indépendant, qui collabore avec Anne-Marie Benoît, juriste et ingénieure de recherche au laboratoire PACTE du CNRS. Le sondage et les réponses anonymisées étaient hébergées par Dynata. L’institut Le Sphynx a collaboré à l’analyse textuelle des réponses.
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On peut d’ailleurs contraster cet étonnant éclair de lucidité de la part d’un président qui n’en a pas fait montre depuis le début de son quinquennat avec la position diamétralement opposée de l’une de ses ex-compagnes, Ségolène Royal, actuellement en charge du ministère de l’Écologie et dont on pourrait attendre (peut-être à tort ?) de bien connaître le dossier. Pour elle, en effet, la COP21 est déjà un succès. Malgré cela, François doute, et, à la suite, la presse qui a bien du se ranger aux déclarations présidentielles et commenter, d’un air grave, le possible (et terrible, forcément terrible) échec de la cruciale conférence de fin d’année. Eh oui : un succès, c’est d’abord – d’après François le calculateur – des « engagements fermes sur les financements » (des sous, donc), et pour rassembler ces fonds, « Un sursaut est nécessaire, et nous devons une fois encore entraîner le monde » ce qui, avec l’historique de la France en matière d’entraînement du monde dans des impasses budgétaires et des démarches stériles, fait quelque peu froid dans le dos. Mais ne soyons pas naïf : le fait que Hollande ait ainsi rappelé qu’un échec était possible s’inscrit en pratique dans une stratégie de communication, pas très fine mais probablement efficace dans les médias traditionnels. Tout comme il aura fallu promettre des catastrophes et prêcher la fin du monde pour attirer l’attention et – surtout ! – les fonds publics sur les programmes et projets réchauffo-compatibles, Hollande utilise ici la même technique qui consiste à prévenir tout le monde d’une possible catastrophe communicationnelle et d’un échec des négociations lors de sa COP21 pour inciter les uns et les autres à redoubler d’efforts afin qu’il n’en soit pas ainsi. La différence essentielle, cependant, c’est que s’il peut suffire d’un paquet de milliards ici ou là pour prétendre s’occuper du problème climatique en cramant l’argent public dans des énergies renouvelables contre-productives ou des programmes et des recherches bidons, prétendre au succès de la COP21 nécessitera plus que ce genre de procédés coûteux mais faciles. En effet, il faut aussi arriver à embarquer un nombre conséquent d’États dans la galère climatique. Or, de moins en moins de populations sont prêtes à sacrifier le progrès et leur sortie de la pauvreté sur l’autel d’une écologie mal comprise, sur des modèles climatiques largement faux et sur des procédés fiscaux, taxatoires et collectivistes qui mènent droit au désastre et à la corruption. L’entraînement dont parle le président François nécessite donc plus que le rappel d’un échec possible. Il faut mobiliser, que dis-je, galvaniser ces foules aux humeurs changeantes, notamment ces gros mollassons de Français dont un méchant quart (en hausse depuis l’année dernière) se dit ouvertement désengagé de ces calembredaines questions climatiques. Bien sûr, il sera facile d’agiter le ridicule épouvantail des migrants et autres réfugiés « climatiques », et tant Hollande que la presse avec lui ne se seront pas fait prier pour le faire. Alors que l’Europe en général et la France en particulier peinent assez lamentablement à s’extirper d’une situation géopolitique bien gluante, Hollande n’a ainsi pas manqué de rappeler qu’à la suite des actuels réfugiés de guerres et autres migrants économiques qui nous arrivent par trouzaines grouillantes, le réchauffement climatique (inéluctable et catastrophique, je vous le rappelle) sera directement responsable d’un prochain tsunami de déplacés météorologiques qui viendront toquer à nos portes et nos campagnes si nous ne faisons rien, si, tous ensemble, nous ne créons pas deux douzaines de taxes et quelques palettes de vexations écologiques. C’est bien évidemment complètement idiot. Depuis le temps qu’on nous promet des déplacés climatiques par millions, on devrait commencer à les observer. Malheureusement, comme je le rappelais dans un précédent article toujours pas démenti, toutes les prédictions de l’ONU en la matière se sont soldées par un échec si cuisant que l’organisation internationale s’est empressée de les retirer de son site pour mettre fin à une humiliation assez rigolote il faut bien l’avouer : non seulement, il n’y a pas eu de millions de réfugiés climatiques, mais si les océans montent, apparemment, ce n’est pas autour des îles pourtant régulièrement destinées à l’inondation fatale, et ce malgré la découverte récente … qu’elles grandissent. L’argument des réfugiés climatiques est donc idiot, mais comme il marche auprès des médias, il est abondamment utilisé. Et s’il ne suffit pas, qu’à cela ne tienne : on va rajouter une grosse louchée de culpabilisation produite maintenant de façon industrielle par des gouvernements aux scrupules nanoscopiques. Et pour cela, on pourra commencer par introduire insidieusement l’idée que certaines pratiques énergivores ou climato-réchauffistes sont… des crimes, rien de moins : à l’occasion de la publication d’un énième brûlot pro-étatiste « Crime climatique stop ! », co-écrit par un archevêque (Tutu), une pontife de l’anticapitalisme (Klein) et un glaciologue tout à fait neutre puisque patron du GIEC (Jouzel), les habituels zélotes de l’interventionnisme climatique sortent toutes leurs plus belles métaphores pour bien faire comprendre l’impérieuse nécessité de poursuivre et condamner lourdement ceux qui auraient l’idée saugrenue de remettre en cause leurs thèses foutraques. Par exemple, Christophe Bonneuil, chargé de recherche au CNRS, n’hésite pas à faire un parallèle avec l’esclavage : « À la fin du XVIIIe siècle, on pensait que l’esclavage était indispensable à la croissance économique et on ne se posait pas la question des conséquences morales. Puis l’esclavage a été dénoncé et puni par le droit. (…) Les émissions incontrôlées de gaz à effet de serre méritent la qualification de crime. Il faut changer de regard pour considérer que brûler des fossiles est immoral. C’est inadmissible que certains fassent des profits sur ce qui apporte de la souffrance .» Dommage, en utilisant la carte « Nazisme », il aurait pleinement gagné son petit Point Godwin, mais on peut admettre que frapper ainsi d’anathème l’utilisation du pétrole (qui a, littéralement, sorti d’une misère noire plusieurs milliards d’êtres humains), c’est suffisamment bourrin pour qu’aucun doute ne soit permis. Bref, il n’existe maintenant plus aucune limite dans la culpabilisation des foules. Tant Hollande que la presse et les habituels propagandistes qui s’affairent autour du GIEC et de la COP21 ont déployé toutes les ficelles, y compris les plus grosses, pour que leur escroquerie continue. Et leur ardeur est d’autant plus forte que les coûts de ces mesures iniques finissent par s’ajouter les uns aux autres, ce qui en temps économiques délicats comme actuellement, provoque des tensions. Parallèlement, le rendement marginal de la culpabilisation décroît : chaque dose toujours plus massive de culpabilisation rapporte un consensus décroissant, voire devient contre-productive. Les populations commencent à voir les factures et les discours moralisateurs s’accumuler, sans aucune amélioration de leur propre sort. Dès lors, la fumisterie climatique s’essouffle, parce qu’elle est trop basée sur des mensonges, des aberrations, un traitement politique inconditionnel et par moment totalitaire de faits scientifiques largement ouverts à débats, et parce qu’elle a fini par perdre pied avec la réalité tangible des populations exposées à cette propagande. Qu’il sera drôle de constater le décalage entre cette dernière, qui louangera Hollande et le succès de la COP21, alors que l’observateur lucide n’y verra qu’un échec misérable ! —- Sur le web
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Même si le monde célébrait un accord climatique à Paris le 11 décembre, ce processus sera à considérer comme un échec. Laissez-moi vous expliquer pourquoi… La raison principale, c’est que l’inégale distribution des émissions de carbone n’est même pas au programme de leur négociation. La responsabilité historique de l’Occident n’est pas sur la table, pas plus qu’une méthode de calcul des émissions prenant en compte la consommation d’un pays au lieu de sa production. Au lieu de cela, ce qui est au programme, ce sont de nouveaux mécanismes plus étendus qui vont permettre aux riches pays occidentaux de continuer à externaliser leurs réductions d’émissions afin de repeindre leur façade en vert. Lorsque les chiffres seront disponibles, 2015 sera probablement l’année la plus chaude jamais enregistrée, et nous venons d’atteindre le 1er degré Celsius d’augmentation de la température mondiale, depuis la révolution industrielle ; nous sommes à mi-chemin du seuil des 2 degrés Celsius, ce seuil considéré consensuellement comme limite supérieure tolérable de réchauffement global. Il s’agit de l’augmentation de la température de surface la plus rapide de l’histoire géologique connue de la planète. Nous entrons aujourd’hui en territoire inconnu. Les dangers du réchauffement climatique sont connus – même par les dirigeants des compagnies pétrolières – au moins depuis le début des années 1980, au minimum. Et pourtant, malgré 25 ans de négociations climatiques dirigées par l’ONU, le monde brûle plus de combustibles fossiles que jamais. Ce n’est pas simplement la faute des grandes économies émergentes comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Non, nous faisons face aujourd’hui à l’échec fondamental du capitalisme néolibéral, le système économique dominant, nous sommes confrontés à sa faim de croissance exponentielle, rendue possible uniquement en raison de la densité énergétique unique des combustibles fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz. Responsabilité historique Un coup d’œil sur l’histoire mondiale révèle le lien étroit entre énergie et croissance économique. Les Pays-Bas furent le premier pays à devenir accro à la croissance industrielle aux 16ème et 17ème siècles – l’empire néerlandais s’était construit sur la disponibilité de tourbe domestique bon marché ainsi que sur l’exploitation du bois des forêts norvégiennes et baltiques. Une des raisons pour lesquelles les Britanniques passèrent devant les Néerlandais comme leaders impériaux, c’était leurs vastes réserves de charbon bon marché, qui a commencé à être brûlé à la fin du 18ème siècle, croissant exponentiellement au 19ème siècle. Puis ce fut le tour du pétrole et du gaz, qui aidèrent les USA à devenir le maitre impérialiste à compter du début du 20ème siècle, et jusqu’à aujourd’hui, encore. Il y a donc plus de 300 ans d’utilisation massive de combustible fossile par l’Occident à prendre en compte. Et alors que cette responsabilité historique a joué un rôle significatif à Kyoto en 1997 – résultant en des réductions d’émissions qui n’étaient juridiquement contraignantes que pour les pays industrialisés – elle a progressivement été mise de côté. Aujourd’hui, à Paris, cela semble Presque oublié. Mais le fait que près de 80% des émissions de carbone historiques doivent être attribuées aux pays développés ne peut pas être écarté d’un revers de main. La hausse rapide des émissions, en particulier en Chine et en Inde, est souvent citée comme une raison pour laquelle ces pays à l’industrialisation rapide doivent eux aussi freiner leurs émissions. Je ne dis pas qu’ils ne devraient pas. Ces deux pays ont clairement leurs propres ambitions impérialistes, qu’ils espèrent accomplir en stimulant une expansion industrielle massive. Mais gardons en tête le fait que les émissions de carbone par tête en Inde sont toujours 10 fois plus basses que celles des USA. Et les émissions en hausse rapide de la Chine sont majoritairement liées aux industries d’exportation, qui produisent des biens de consommation pour les Occidentaux. Mesure créative du carbone En réalité si l’approche basée sur la consommation était utilisée, les émissions de carbone du Royaume-Uni seraient le double de ce qu’elles sont officiellement. Ce serait également le cas pour la plupart des pays d’Europe occidentale, et pour les USA, qui connaissent un important phénomène de désindustrialisation depuis deux décennies, qui entraine non seulement la délocalisation des emplois, mais aussi celle des émissions de carbone. En retour l’Occident reçoit des biens de consommation bon marché sans reconnaitre sa responsabilité vis-à-vis des émissions de carbone qui leurs sont associées. Un forme évidente de colonialisme carboné. Bien sûr, une partie de la croissance exponentielle des émissions de carbone de l’Inde et de la Chine est liée à leur consommation domestique croissante. La Chine possède apparemment la plus large classe moyenne du monde. Cependant, si l’on se base sur le point de vue de la consommation, alors même les émissions de carbone, en Chine et par personne, n’atteindront pas celles des USA avant un certain temps – et l’Inde est loin derrière. Et pourtant les pays riches continuent allègrement à externaliser leurs responsabilités. La compensation carbone va croitre à une vitesse sans précédent dans les années à venir. Les pays comme la Norvège et la Suisse vont continuer à mettre en place des accords bilatéraux avec les pays pauvres qui ont un besoin criant d’argent. Les systèmes d’échanges de quotas d’émissions (ETS) vont offrir aux entreprises une flexibilité maximale quant à leurs externalisations d’émissions. Tous ces mécanismes sont conçus pour maintenir le statu quo. Le système ETS de l’UE n’a entrainé aucun changement significatif sur le principal bloc des émissions de carbone depuis sa conception en 2005, ce qui permet au directeur exécutif de Shell, Ben Van Beurden, de souligner, encore en 2015 ( !), que « la réalité de la croissance de la demande est telle que les combustibles fossiles seront nécessaires pour les décennies qui viennent ». Rien de significatif n’a changé depuis Rio en 1992, ou Kyoto en 1997. Paris 2015 ne fera pas exception. La négociation va continuer jusqu’à ce que l’on réalise que le changement climatique est l’échec d’un système, qui – sur le dos des combustibles fossiles – est axé vers la croissance économique exponentielle. Personne, à la table des négociations de Paris, n’a le mandat ou l’envie de poser les questions systémiques fondamentales sur la logique du système économique dominant et sur la façon dont nous consommons les ressources de cette planète. Steffen Böhm | 30 novembre 2015
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Cette semaine s’est tenu à New York le Sommet sur le climat organisé par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. L’organisation de ce Sommet a été motivée par la nécessité de lancer un round de négociations entre les 120 chefs d’Etat présents, afin d’aboutir à un accord contraignant sur le climat l’année prochaine lors de la Conférence de Paris. L’organisation de négociations internationales est loin d’être suffisante Si aucun accord formel n’était attendu cette semaine à New York, ce sommet aura au moins permis de jauger l’ambition de chaque pays à contribuer à la lutte mondiale contre les changements climatiques. Malheureusement, les propositions soutenues par les dirigeants en présence étaient peu ambitieuses. Rien de très surprenant puisque dans leur immense majorité, ils ne mettent pas en œuvre sur leurs propres territoires des mesures fortes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. On sait depuis l’échec de la Conférence de Copenhague en 2009 que ces négociations internationales ne sont pas la baguette magique qui permettra, seule, de répondre à la crise climatique. Elles sont indispensables mais loin d’être suffisantes. Les vraies avancées reposent sur la détermination des Etats à mettre en œuvre des solutions concrètes sur leur territoires en engageant tous les acteurs (entreprises, citoyens, structures locales, élus de terrain). Des pays tels que le Danemark et, à une moindre échelle, l’Espagne ou l’Allemagne, montrent le chemin à suivre en développant massivement les énergies renouvelables. Ces énergies représentent une grande partie de la solution pour limiter les émissions de CO2 et ont accompli des pas de géants ces dernières années : plus performantes, plus rentables, créatrices de nombreux emplois… C’est vers ce modèle-là que nous devons évoluer. Nous devons arrêter de consommer à outrance des énergies polluantes, telles que le pétrole ou le charbon, héritées du 19e et du 20e siècles. Côté français, rien de nouveau A New York cette semaine, il n’y a eu aucune surprise. Encore moins du côté français. Pourtant, notre pays présidera la Conférence sur le climat en 2015. Conférence qui devra mener à un accord avec tous les pays. A ce titre, elle porte une responsabilité particulière et se doit d’être exemplaire, plus que les autres pays, dans ses engagements, concrets sur son territoire. Seulement, François Hollande, lors de son discours à la tribune de l’ONU n’a pas fait de grandes annonces. Le Président a déclaré que la France contribuera au Fonds Vert pour le climat à hauteur de 1 milliards de dollars dans les prochaines années. Mais on ne sait pas sur combien d’années est engagé cet argent, ni s’il est prêté ou donné, ce qui fait une énorme différence. Ce fonds, mis en place à Copenhague en 2009, doit permettre aux pays les plus vulnérables de faire face aux impacts des changements climatiques et de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Selon les experts ce sont 100 milliards de dollars minimum qui doivent être réunis d’ici 2020 pour faire face à ces immenses défis. A part cela, rien de neuf. François Hollande s’est contenté de répéter les trop faibles engagements de la France sur l’énergie et le climat présents dans la loi sur la transition énergétique en discussion à l’Assemblée Nationale. En effet, tant que la France ne se débarrassera pas du boulet que représente le nucléaire, elle ne pourra pas se lancer dans le développement massif des énergies renouvelables, clé de voûte de la transition énergétique et d’une réduction efficace des émissions de CO2. Pourtant, les bénéfices économiques d’une transition basée sur les énergies renouvelables ne sont plus à démontrer. Et après ? François Hollande aura une autre occasion d’accélérer la transition énergétique en France et en Europe. Fin octobre prochain se tiendra le Sommet des chefs d’Etats européens qui doit décider des engagements des 28 pays sur l’énergie et sur le climat d’ici à 2030. Pour le moment, la France reste prisonnière de son obstination et s’entête à maintenir un nucléaire vieillissant. Elle tire les négociations vers le bas, à la fois sur le développement des ENR et sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Ce n’est pas acceptable. Le 2 novembre, le GIEC remettra son dernier rapport sur l’état du climat. Nous savons déjà que l’urgence de la situation – et a fortiori de l’action – sera confirmée, voire accentuée. Ce rapport sera présenté à Copenhague au Danemark, le premier des pays industrialisés à s’être engagé sur la voie d’une transition énergétique ambitieuse, en souhaitant atteindre 100% d’énergies renouvelables d’ici la moitié du siècle. A l’heure où les scientifiques nous montrent l’étendue du défi, le Danemark montre une partie de la solution. Et elle s’appelle « les renouvelables ».
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La bonne question à se poser n’est pas « Que pense-t-on des conséquences du réchauffement climatique ? » mais bien « Qu’est-ce qui a été prédit par les scientifiques et activistes ces 25 dernières années sur ce que seraient les résultats du réchauffement climatique ? » Grosse différence… OK. Attachez bien votre ceinture ! On nous demandait ailleurs une liste de prédictions climatiques manquées, en voici donc 107. 1. « À cause du réchauffement climatique, les hivers à venir dans les régions environnantes seront bien plus doux. » Stefan Rahmstorf, Institut de Recherche de l’Impact du Climat de Potsdam, University de Potsdam, 8 Février 2006 2. « Des hivers plus doux, des étés plus secs : une étude climatique démontre la nécessité de s’adapter en région Saxe-Anhalt. » Communiqué de presse de l’Institut de Recherche de l’Impact du Climat de Potsdam, 10 Janvier 2010. 3. « Plus de vagues de chaleur, plus de neige en hiver (…) les modèles climatiques (…) près de 20 fois plus précis que les modèles mondiaux du GIEC des Nations Unies. Ils devraient servir de base aux planifications politiques (…) Les températures en hiver seront en hausse (…) Il y aura moins d’air froid venant de l’est en Europe Centrale (…) Dans les Alpes, les hivers seront déjà plus chauds de 2°C entre 2021 et 2050. » Institut de Météorologie Max Planck, Hambourg, 2 Septembre, 2008. 4. « La nouvelle Allemagne sera caractérisée par des étés chauds et secs et des hivers doux et humides. » Wilhelm Gerstengarbe et Peter Werner, Institut de Potsdam, sur la Recherche de l’Impact Climatique (PIK), 2 Mars 2007. 5. « De nettes tendances climatiques peuvent être observées grâce aux simulations par ordinateur. En premier lieu, les mois d’hiver seront plus doux en Allemagne. Les températures pourront augmenter jusqu’à +4°C, et +5°C pour les Alpes, en fonction des émissions de CO2. » Institut de Météorologie Max Planck, Hambourg, 2 Septembre, 2008. 6. « En été sous certaines conditions les scientifiques considèrent une fonte totale de la glace des eaux Arctiques. Pour l’Europe, nous estimons une hausse des étés chauds et secs. Les hivers en revanche seront plus doux et humides. » Erich Roeckner, Institut de Météorologie Max Planck, Hambourg, 29 Sept 2005. 7. « Les températures douces ‘inhabituelles’ de Janvier sont loin d’être ‘un autre phénomène extrême’, ‘un signe avant-coureur des hivers qui nous attendent’. (…) La température mondiale va ‘augmenter chaque année de 0,2°C. » Michael Müller, Social-Démocrate, Secrétaire d’État au Ministère Fédéral de l’Environnement, Die Zeit, 15 Jan 2007. 8. « Des hivers rigoureux se feront plus rares et les précipitations durant cette saison seront plus importantes un peu partout. Cependant, du fait de la douceur des températures, la pluie sera bien plus courante que la neige. » Online-Atlas d’Helmholtz-Gemeinschaft, 2010. 9. « Nous avons principalement vécu des hivers doux durant lesquels seuls quelques mois épars furent froid, comme en Janvier 2009. Cet hiver est une donnée aberrante, mais cela ne change pas le gros du tableau. De façon générale, il fera plus chaud, et en hiver également. » Gerhard Müller-Westermeier, Service Météorologique Allemand (DWD), 26 Jan 2010. 10. « Des hivers composés de fortes périodes de gel et neige comme nous en avons eu il y a 20 ans vont cesser d’exister sous nos latitudes. » Mojib Latif, Institut de Météorologie Max Planck, Hamburg, 1 Avril 2000. 11. « Adieu hiver. Plus jamais de neige ? » Spiegel, 1 April 2000. 12. « Dans la partie nord du continent, il y aura certainement des avantages sous forme de périodes froides écourtées ainsi que de plus importantes récoltes agraires. Mais la hausse continue des températures annulera ces avantages. Dans certaines régions, près de 60% des espèces pourraient disparaitre d’ici à 2080. » 3Sat, 26 Juin 2003. 13. « Même si l’ampleur de la tendance démontre des variations importantes selon les différents modèles, Miller et al. (2006) rapportent qu’aucun des 14 modèles ne présente une tendance vers un indice d’oscillation de l’hémisphère nord en diminution et une pression du niveau de la mer arctique en hausse. » IPCC 2007 4AR, (citation de Georg Hoffmann) 14. « Du fait de la hausse des températures, une baisse des chutes de neige sera à prévoir au niveau des régions. Alors qu’aujourd’hui 1/3 des précipitations dans les Alpes tombent sous forme de neige, elles devraient tomber à un sixième d’ici la fin de siècle. » Germanwatch, Page 7, Février 2007 15. « En admettant qu’il y ait deux fois plus de CO2 dans l’atmosphère, comme estimé d’ici à 2030, les conséquences seraient des étés plus chauds et secs, des hivers plus doux et humides. Un tel réchauffement sera proportionnellement plus important en montant en altitude – et aura surtout un fort impact sur les glaciers des régions Firn. » et « Les régions à ski qui sont clairement des régions neigeuses vont passer de 1200 mètres à 1500 mètres d’altitude d’ici à 2050 ; de par les prévisions climatiques, des hivers doux sont à anticiper. » Scinexx Wissenschaft Magazin, 26 Mars 2002. 16. « La neige, une chose du passé… Comme les températures dans les Alpes grimpent rapidement, il devrait en résulter une hausse des précipitations dans de nombreux endroits. Mais puisqu’il va pleuvoir plus souvent qu’il ne va neiger, mauvaise nouvelle pour les touristes. Pour de nombreuses stations, cela signifie la clé sous la porte. » Daniela Jacob, Institut de Météorologie Max Planck, Hambourg, 8 Aout 2006. 17. « Le printemps commencera en Janvier à partir de 2030. » Die Welt, 30 Sept 2010. 18. « Glace, neige et verglas vont disparaitre, ergo hivers doux »… « Des hivers chauds inhabituels sans neige ni glace sont désormais perçus par beaucoup comme des signes de changement climatique. » Schleswig Holstein NABU, 10 Fév 2007. 19. « Adieu hiver… Dans l’hémisphère nord, les écarts sont bien plus importants selon les calculs de la NOAA, dans certaines zones jusqu’à 5°C. Cela a des conséquences déclare le météorologiste de la DWD, Müller-Westermeier: Lorsque la limite des neiges éternelles s’élève dans des zones étendues, le sol brut est encore plus réchauffé par la lumière du soleil. Cela amplifie le réchauffement climatique. Un processus qui est incontrôlable – et pour cette raison – réveille des peurs d’enfance. Tout d’abord la neige qui disparait, puis l’hiver. » Die Zeit, 16 Mars 2007. 20. « Doux en hiver, sec en été… Les hivers long et rigoureux en Allemagne se font rares : d’ici à 2085, de larges zones des Alpes et dans les montagnes d’Allemagne Centrale seront quasiment dépouillées de neige. Du fait que la montée des températures en hiver sera plus rapide qu’en été, il y aura plus de précipitations. « Cependant, la majorité de celles-ci seront sous forme pluvieuse », selon Daniela Jacob, Institut de météorologie Max Planck. » FOCUS, 24 Mai 2006. 21. « Conséquences et impacts pour les régions agricoles : étés plus chauds, hivers plus courts et plus doux (palmiers !). Agriculture : plus de CO2 dans l’air, températures en hausse, principalement en hiver. » Dr. Michael Schirmer, Université de Bremen, presentation du 2 Février 2007. 22. « Hivers : humides et doux. » Ministère de l’Agriculture Bavarois, présentation du 23 Aout 2007. 23. « Les prévisions du modèle climatique indiquent actuellement que les changements climatiques suivants vont se produire : hausse dans les températures minimales durant l’hiver. » Chambre d’Agriculture de la Basse Saxe, 6 Juillet 2009. 24. « Tant les pronostics sur le développement du climat mondial que le développement climatique de la chaine de montagnes Fichtelgebirge démontrent clairement un réchauffement des températures moyennes, où les mois d’hiver seront particulièrement affectés. » Willi Seifert, Université de Bayreuth, diplôme de thèses, p. 203, 7 Juillet 2004. 25. « Déjà en 2025, les conditions pour les sports d’hiver dans les montagnes de la région Fichtelgebirge se développeront de façon négative, notamment en ce qui concerne les conditions naturelles nécessaires à la neige et les prétendus potentiels de neige. Une opération commerciale liée au ski financièrement viable après l’année 2025 semble sous ces conditions particulièrement improbable. (Seifert, 2004). » Andreas Matzarakis, Institut Météorologique de l’Université de Fribourg, 26 Juillet 2006. 26. « Skier au milieu des palmiers ? … Rien que pour cela, je ne conseillerai à personne dans la région de Berchtesgaden d’investir dans une remontée mécanique. La probabilité de gagner de l’argent avec le réchauffement climatique est de plus en plus faible. » Hartmut Graßl, Director Emeritus, Institut de Météorologie Max Planck, Hambourg, page 3, 4 Mars 2006. 27. « Le réchauffement climatique implique un changement dans la hauteur de la limite des neiges éternelles. Le nombre des futures stations de ski qui attendent un bon niveau de neige se réduit. […] Le changement climatique non seulement mène à des températures plus hautes, mais également des changements dans les taux de précipitation en été comme en hiver. […] En hiver, plus de précipitations sont à prévoir. En revanche, il pleuvra bien plus qu’il ne neigera dans le futur. » Hans Elsasser, Directeur de l’Institut Géographique de l’Université de Zurich, 4 Mars 2006. 28. « Toutes les simulations climatiques – régionales et mondiales – étaient menées à bien par la Deutschen Klimarechenzentrum [Centre de simulation climatique allemand]. […] Durant les mois d’hiver, la hausse des températures passait de 1,5°C à 2°C et s’étendait de la Scandinavie à la Mer Méditerranée. Seules les régions directement influencées par l’Atlantique (Grande Bretagne, Portugal, Espagne) verront une montée des températures hivernales moindre (Fig. 1). » Institut de Météorologie Max Planck, Communiqué de Presse, Décembre 2007/Janvier 2013. 29. « D’ici à 2050… les températures auront augmenté de 1,5°C à 2,5°C en été et 3°C en hiver… En été, les chutes de pluie auront diminué de près de 40% et en hiver auront haussé de 30%. » Département fédéral allemand des autoroutes, 1er Septembre 2010. 30. « Nous sommes désormais au seuil de notre capacité à établir des déclarations fiables concernant le futur. » Daniela Jacob, Max Planck Institut de Météorologie, Hambourg, page 44, 10/2001. 31. « Les scénarios des scientifiques climatiques sont unanimes sur une chose : dans le futur en Allemagne, nous aurons à vivre des étés de plus en plus secs et des hivers beaucoup plus pluvieux. » Gerhard Müller-Westermeier, Deutscher Wetterdienst (DWD) ; service météorologique allemand, 20 Mai 2010. 32. « En période hivernale, les vents proviendront plus de l’ouest et provoqueront des tempêtes en Allemagne. Plus particulièrement dans les régions ouest et sud de l’Allemagne où il y aura des innondations. » FOCUS / Mojib Latif, Leibniz Institut des Sciences Océaniques de l’Université de Kiel, 27 Mai 2006. 33. « Alors que les hausses durant le printemps semblent plutôt modestes, les mois de fin d’été et d’hiver semblent démontrer une tendance particulièrement importante au réchauffement. » Ministère d’État à l’environnement, l’agriculture et la géologie, Saxe, p. 133, Schriftenreihe Heft 25/2009. 34. « Des hivers chauds sont le résultat de l’effet de serre selon des scientifiques de Columbia utilisant les modèles de la NASA… En dépit du fait qu’elle semble être en partie due à un changement naturel du climat, la forte hausse des températures de surface durant l’hiver sur les continents peut donc être attribuable en grande partie aux activités humaines. » Science Daily, Dr. Drew Shindell, 4 Juin 1999. 35. « Dans quelques années, les chutes de neige en hiver seront devenues des événements rares et excitants… Les enfants ne sauront même pas ce qu’est de la neige. » David Viner, Unité de Recherche sur le Climat, Université d’East Anglia, 20 March 2000. 36. « Cette donnée confirme ce que beaucoup de jardiniers soupçonnaient – les hivers ne sont plus aussi rudes que ce qu’ils étaient. (…) Et si les tendances actuelles continuent, un Noël blanc en Pays de Galles deviendra certainement une chose du passé. » BBC, Dr Jeremy Williams, Bangor University, Lecturer in Geomatics, 20 Décembre 2004. 37. « La hausse des températures associée au changement climatique mènent à une baisse générale de la proportion de précipitation tombant sous forme de neige, et une réduction importante de la durée de la tenue de neige dans de nombreuses régions. » Global Environmental Change, Nigel W. Arnell, Géographe, 1er Octobre 1999. 38. « Les modèles numériques prévoient que la hausse des températures continuera dans cette phase d’accélération si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites. Ils prédisent également que le réchauffement se fera particulièrement sentir durant l’hiver. » Star News, William K. Stevens, New York Times, 11 Mars 2000. 39. « Dans un monde plus chaud, les précipitations en hiver tombent moins sous forme de neige et la fonte de ces dernières arrivent plus tôt en hiver. Même sans changements dans l’intensité des précipitations, ces deux effets mènent à des changements dans les niveaux maximum d’écoulement des rivières en hiver et début de printemps, loin des étés et automnes. » Nature, T. P. Barnett et. al., 17 Nov 2005. 40. « Nous commençons à nous rapprocher du type de temps doux que nous devrions avoir en saison hivernale. » Star News, Mike Changery, Centre national de données sur le climat, 11 Mars 2000. 41. « Des températures hivernales plus douces réduiront le nombre de tempêtes de neige mais pourraient causer une hausse des chutes de pluie verglaçante si les températures moyennes quotidiennes fluctuent aux alentours de 0°C. » IPCC Climate Change, 2001. 42. « Le changement climatique mondial a des chances de s’accompagner d’une hausse de vagues de chaleur en intensité ainsi qu’en fréquence, ainsi que des étés plus chauds et des hivers plus doux… 9.4.2. Decreased Mortality Resulting from Milder Winters … Une étude estime une chute de 20.000 cas dans les décès annuels liés au froid au Royaume-Uni d’ici à 2050 (baisse de 25%). » IPCC Climate Change, 2001. 43. « Les températures d’hiver les plus basses vont potentiellement augmenter plus que la température moyenne hivernale dans la partie nord de l’Europe. (…) La durée de la saison neigeuse se réduira vraisemblablement dans toute l’Europe, et la quantité de neige diminuera probablement sur une bonne partie du continent. » IPCC Climate Change, 2007. 44. « La limite des neiges éternelles est de plus en plus haute en altitude et ce à travers le monde. L’idée d’une baisse de la quantité de neige s’accorde en ligne directe avec ce qui est attendu par le réchauffement climatique. » WalesOnline, Sir John Houghton – physicien atmosphérique, 30 Juin 2007. 45. « Au Royaume Uni des hivers plus humides sont attendus qui entraineront des averses de pluies importantes, tandis que les étés seront plus sec. Cependant, il est possible qu’avec le réchauffement climatique il puisse y avoir une augmentation des averses pluvieuses même en période de sécheresse. » Telegraph, Dr. Peter Stoot, Met Office, 24 Juin 2007. 46. « Les hivers ont disparu et nous devrions officiellement ne plus parler que de printemps à la place… Il n’y a plus d’hiver si ce n’est une vague de froid avant Noël. Cela n’a plus rien à voir avec les hivers de mon enfance. Il y a d’ailleurs un problème avec ces hivers printaniers puisque les floraisons apparaissent de plus en plus tôt dans l’année. » Express, Dr Nigel Taylor, Conservateur des Kew Gardens, 8 Février 2008. 47. « Le passé n’est plus, depuis peu, un guide pour le futur. Nous n’avons plus à proprement parler un climat stationnaire (…) » Independent, Dr. Peter Stott, Met Office, 27 Juillet 2007. 48. « C’est cohérent avec le message que le changement climatique nous adresse. C’est exactement vers quoi les hivers vont – plus doux et pluvieux, ainsi que des étés plus chauds et secs – … l’hiver que nous venons juste de vivre est en adéquation avec le type de temps que nous aurons de plus en plus à l’avenir. » Wayne Elliott, Météorologiste à la Met Office, BBC, 27 Février 2007. 49. « Si vos décisions dépendent de ce qui arrive dans un petit rayon de 25 ou 5 km à la ronde, alors vous ne devrez pas prendre de décisions d’investissements irréversibles pour le moment. » Myles Allen, « L’un des principaux modélisateurs climatique du Royaume Uni », Université d’Oxford, 18 Juin 2009. 50. « C’est formidable que le gouvernement ait décidé de rassembler une si robuste analyse scientifique sur le potentiel impact du réchauffement climatique au RU. » Keith Allott, WWF-RU, 18 Juin 2009. 51. « Les données collectées par des experts de l’université de Bangor suggèrent qu’un Noël blanc sur Snowdon – le plus haut sommet d’Angleterre et du Pays de Galle – pourrait un jour devenir rien de plus qu’un simple souvenir. » BBC News, 20 Décembre 2004. 52. « Le printemps arrive plus tôt chaque année compte tenu du changement climatique, ‘une preuve manifeste’ que le réchauffement climatique altère la périodicité des saisons ont annoncé des scientifiques hier. » Guardian, 26 Août 2006. 53. « Étant donné la montée moyenne des températures hivernales, il est évident que le nombre de jours de gels et ceux d’enneigement vont décliner. Pour l’Europe les modèles indiquent que les hivers froids comme ceux de la fin du XXème siècle, qui survenaient avec une moyenne d’une année sur 10, vont graduellement disparaitre au fil des siècles. » (p.19), et » (…) néanmoins il est bien possible que rien ne reste des joies de la neige dans les Hautes Fagnes que l’on peut voir sur d’anciennes photos jaunissantes à cause du changement climatique… de plus, une augmentation des précipitations hivernales gâchera les moments de récréation des plus jeunes. » (p.38) Jean-Pascal van Ypersele et Philippe Marbaix, Greenpeace, 2004. 54. « Le modèle de Shindell prévoit que si les émissions de gaz à effet de serre continuent de s’accroître, l’hiver dans l’hémisphère nord continuera de s’adoucir. « Dans notre modèle, nous observons une élévation des températures et il ne s’agit pas d’un phénomène naturel. Tout porte à croire que les gaz à effet de serre sont responsables de cette situation » prétend-il. » NASA, GISS, 2 Juin 1999. 55. « Nous avons constaté que durant les dernières années et décennies les hivers sont devenus plus cléments qu’avant et qu’il n’y a plus autant de neige. Toutes les simulations montrent que cette tendance risque de se poursuivre dans le futur et que nous subirons un réchauffement dans les Alpes… spécifiquement aux pieds des montagnes, la neige se transformera en pluie et les sports d’hiver ne pourront plus être pratiqués. » Mojib Latif, Institut Océanographique de Leibnitz, Université de Kiel, 17 Février 2005. 56. « Estimation d’un futur moins enneigé : Notre étude nous montre déjà que la situation sera bien plus déplorable dans 20 ans. » Christopher Krull, Association touristique de la forêt noire, Spiegel, 17 Février 2005. 57. « La Rhénanie-Palatinat, ainsi que toute l’Europe centrale, seront affectées par des taux plus élevés qu’à la normale de réchauffement et leurs hivers enneigés s’amenuiseront. » Dr. Hartmut Grassl, « météorologiste de renommé internationale », directeur émérite, Institut Max Planck pour la météorologie, Hambourg, 20 Novembre 2008. 58. « Avec l’avancée du réchauffement climatique, certains experts du changement climatique prévoient que l’industrie du ski écossaise cessera dans les 20 années à venir. » Guardian, 14 Février 2004 [Le 4 Janvier 2013 : « Nevis Range, The Lecht, Cairngorm, Glenshee et Glencoe restèrent toutes fermées à cause des précipitations neigeuses importantes conjuguées à des vents violents. »] 59. « Malheureusement, le temps est tout simplement trop chaud pour le développement de l’industrie du ski écossaise. » David Viner, Unité de Recherche sur le Climat, Université d’East Anglia, 14 Février 2004. 60. « « Pour les phoques annelés de la Baltique, le changement climatique pourrait être fatal » avertit une équipe de scientifiques durant la conférence sur les expériences en Mer Baltique à Goteborg. « Du fait que le réchauffement entraine une fonte plus rapide des glaces dans cette mer d’années en années. » » Spiegel, 3 Juin 2006. 61. « Les prévisions annoncent des hivers plus doux en Europe. » Reuters, 09 Novembre 2012 FRANCFORT – Le temps européen dans les hivers prochains risque d’être plus doux que ce que des études ont stipulé, ainsi que l’annonce le météorologiste allemande Georg Mueller dans un rapport mensuel. « Les dernières estimations sont généralement en faveur d’hivers plus cléments qu’à la normale, spécifiquement dans le Nord de l’Europe. » 62. « Le printemps arrive plus tôt chaque année de par le changement climatique, première ‘preuve concluante’ que le réchauffement mondial altère le changement de saisons » annonçaient les scientifiques hier. » Guardian, 26 Août 2006. 63. « Étant donnée la hausse des températures moyennes en hiver il est évident que les jours de gel et d’enneigement vont décliner. Pour l’Europe les modèles indiquent que les hivers froids comme ceux de la fin du XXème s., qui survenaient sur une moyenne de 1 sur 10 années, vont graduellement disparaître au cour du siècle suivant. » (p.19) « (…) néanmoins il est bien possible que rien ne reste des joies de la neige dans les Hautes Fagnes que l’on peut voir sur d’anciennes photos jaunissantes à cause du changement climatique (…) de plus, une augmentation des précipitations hivernales gâchera les moments de récréation des plus jeunes. » (p38) Jean-Pascal van Ypersele et Philippe Marbaix pour Greenpeace, 2004. 64. « L’année la plus chaude depuis 1659 annonce le destin tragique du monde » Telegraph, 14 Décembre, 2006. 65. « Jay Wynne du Centre Météorologique de la BBC présente des rapports concernant les jours type en 2020, 2050 et 2080 comme prédits par nos expériences. » BBCs Climate Change Experiment. 66. « Les hivers froids s’amenuiseront progressivement. » (p.4) « En Belgique, la neige au sol pourra devenir de plus en plus rare mais les ciels gris et les pluies pourront être de plus en plus présents. » (p.6) Le rapport Greenpeace « Impacts du changement climatique en Belgique » est disponible dans une version abrégée en anglais. Jean-Pascal van Ypersele et Philippe Marbaix pour Greenpeace, 2004. Le climatologue van Ypersele est Vice président du GIEC. 68. « Des hivers plus chauds et humides en Europe et dans l’ouest de l’Amérique du Nord liés à la hausse des gaz à effet de serre. » NASA, 2 Juin 1999. 69. « Les températures globales s’accroîtront chaque année de 0,2°C. » Michael Müller, socialiste, Secrétaire d’État au ministère fédéral allemand de l’environnement, paru dans Die Zeit, 15 Janvier 2007. 70. « Malheureusement, il commence à faire trop chaud pour le secteur du ski écossais. Celui-ci est très vulnérable vis-à-vis du changement climatique ; l’enneigement des stations a toujours été marginal, mais avec les évolutions climatiques actuelles, l’avenir de celles-ci est compromis. » Guardian, David Viner de l’Unité de recherche climatique à l’Université d’East Anglia. 14 Février 2004. 71. « Le changement climatique aura pour effet de repousser les sports d’hiver de plus en plus haut sur les massifs montagneux… » Guardian, Rolf Burki et ses collègues de l’Université de Zurich. 72. « Dans le futur, les perce-neige apparaitront en janvier, suivis des primevères en février, les fleurs de mai et les lilas en avril et des roses sauvages en mai. Les étangs seront gorgés de têtards en mars et un mois plus tard même les chênes seront en fleur. Et si cela n’était pas suffisant, il faut aussi s’attendre à ce que l’automne ne commence probablement pas avant le mois d’Octobre. » Geraint Smith, Correspondant sur les questions de sciences, Standard, 2002. 73. « La Douzième Avenue [qui longe la rivière Hudson] sera sous les eaux. Et il y aura des turbulences à cause du vent ainsi qu’un dépeuplement des oiseaux que l’on pouvait y trouver. Les arbres sur la bande médiane changeront… Il y aura plus de voitures de police… puisque vous savez ce qui arrive au crime lorsque la chaleur monte. » Dr. James Hansen, 1988, au cour d’une interview avec l’auteur Rob Reiss. Reiss demanda comment les gaz à effet de serre pouvaient affecter les bureaux Hansen voisins à New York dans les 20 prochaines années. 74. Le 20 Mars 2000, dans The Independent, selon le Dr David Viner de l’université d’East Anglia à l’unité de recherche sur le climat, les chutes de neige en Angleterre seront « très rares et de ce fait un moment excitant » et « les enfants ne sauront plus ce qu’est de la neige avec le temps ». 75. Arnold Schwarzenegger a signé la loi anti-émission de Californie, « nous devons simplement faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ralentir le réchauffement climatique avant qu’il ne soit trop tard… Les preuves sont tangibles. Le débat autour du réchauffement doit cesser. » Septembre 2006. 76. « À l’aube de l’an 2000 – c’est-à-dire dans une dizaine d’années – le climat terrestre sera plus chaud que durant les derniers 100.000 ans. Si nous ne faisons rien, il y aura d’énormes répercussions en très peu de temps. » Meryl Streep au cour de l’année 1990. 77. Le magnat des médias Ted Tumer à Charlie Rose qui n’était pas favorable au fait d’agir drastiquement pour corriger le changement climatique : « Ne rien faire serait catastrophique. Nous subirons des températures supérieures de 8°C dans dix, pas dix mais trente ou quarante ans et plus rien ne pourra pousser. La plupart des gens mourront et ceux qui resteront deviendront cannibales. » Avril 2008. 78. « Des scientifiques ont des preuves expérimentales et théoriques solides pour soutenir les prévisions suivantes : dans un siècle, les habitants urbains devront porter des masques à gaz pour survivre à la pollution de l’air… en 1985 la pollution atmosphérique réduira de moitié la quantité de rayonnement solaire à la surface de la Terre… » Janvier de l’année 1970, paru dans le Life Magazine. 79. « Au rythme actuel d’accumulation de l’azote, ce n’est qu’une question de temps avant que la lumière soit filtrée hors de l’atmosphère et que plus aucune de nos terres ne soient utilisables. » Durant la « Journée de la Terre », 1970, Kenneth Watt, écologiste. 80. « Le monde s’est refroidi pendant environ 20 ans. Si cette tendance se perpétue, le monde sera de 4°C plus froid en 1990 que les températures moyennes globales normales, et de 11°C en 2000. C’est environ deux fois ce qu’il est nécessaire pour nous entrainer vers un âge de glace. » Durant la « Journée de la Terre », 1970, Kenneth Watt, écologiste. 81. « Il y a des signes menaçants démontrant que le temps terrestre a commencé de changer dramatiquement. (…) Les preuves appuyant ces pronostics commencent à s’entasser de façon si importante que les météorologistes ont des difficultés à gérer leur quantité. (…) Le fait principal est que le climat global semble se refroidir. (…) Si le changement climatique est si profond que certains pessimistes le suggèrent, les famines consécutives pourraient être catastrophiques. » 28 Avril 1975, Newsweek. 82. « Ce refroidissement a déjà tué des centaines de milliers d’individus. S’il continue et que rien n’est fait en conséquence, il causera des famines à l’échelle mondiale, le chaos complet, des guerres sur tout le globe et tout cela pourrait survenir avant l’année 2000. » Lowell Ponte en 1976 dans son livre The Cooling. 83. « Dans les 50 prochaines années les microscopiques particules rejetées par l’homme dans l’atmosphère par la combustion de carburants barrera la route de tellement de rayons solaires que la température moyenne terrestre pourrait chuter de 6 degrés. Des émissions soutenues sur 5 à 10 ans pourraient être suffisantes pour déclencher une aire glaciaire. » 9 Juillet 1971, Washington Post. 84. « Le continuel et rapide refroidissement de la Terre depuis la seconde guerre mondiale est en accord avec la montée de la pollution atmosphérique associée à l’industrialisation, la mécanisation, l’urbanisation et l’explosion démographique. » Nigel Calder dans International Wildlife en Juin 1975. 85. « Des officiels des Nations-Unies s’attendent à des désastres, déclarant que la répercussion des gaz à effet de serre pourrait amener à la disparition de certaines nations – des nations entières pourraient s’éteindre à cause de la montée des eaux si le réchauffement climatique ne cesse de s’accentuer jusqu’aux années 2000. Les inondations côtières et l’absence consécutive de récoltes créeront des exodes d’éco-réfugiés, engendrant de graves troubles politiques », prévient Brown, le directeur du bureau de New York au Programme environnemental des Nations-Unies. Il ajoute que les gouvernements ont un délai opportun de 10 ans pour résoudre le problème des émissions de gaz à effet de serre. » 30 Juin 1989, Associated Press. 86. « New-York ressemblera sans doute à la Floride dans une quinzaine d’année. » 19 Septembre 1989, St Louis Post-Dispatch. 87. « Certaines prédictions pour le futur ne sont pas difficiles à faire… Les Américains vont sans doute voir la migration des années 80 vers les États ensoleillés du Sud inversée quand le réchauffement climatique aura ravivé l’intérêt pour des climats tempérés. » 5 Décembre 1989, Dallas Morning News. 88. « En 1995, l’impact des gaz à effet de serre sera de semer la désolation dans les terres intérieures d’Amérique du Nord et d’Eurasie à cause des périodes de sécheresse critique, causant de mauvaises récoltes et des révoltes alimentaires. (…) En 1996 la rivière Platte du Nebraska sera sèche, tandis qu’un blizzard noir de taille continentale arrêtera le trafic du pays, videra les maisons et arrêtera les ordinateurs. (…) La police mexicaine contrôlera les immigrants illégaux américains qui chercheront à s’établir en Amérique Latine. » Michael Oppenheimer, 1990, du Fonds de défense environnemental.. 89. « Des dunes de sable géantes pourront transformer les plaines en désert – d’immenses dunes de sable s’étendant de l’Est à partir du Colorado Front Range et qui souilleraient les terres arables, transformant les hautes plaines américaines en un désert, comme l’indique des recherches récentes. Les dunes découvertes par les satellites de la NASA devraient émerger au cour des 20 à 50 prochaines années, cela dépendra de la vitesse moyenne d’élévation des températures, qu’on soupçonne causée par les gaz à effet de serre. » 18 Avril 1990, Denver Post. 90. « À l’aube de l’an 2000, le pétrole anglais et américain ne jaillira plus que goutte à goutte. (…) L’appauvrissement en ozone et le réchauffement climatique menacent les réserves alimentaires, mais le Nord riche jouira d’un sursis temporaire en achetant les produits du Sud. Des émeutes parmi les affamés conduiront à l’instabilité politique, qui sera contenue au Nord par la puissance militaire. Un triste avenir donc, inévitable à moins de changer notre façon de vivre… Au niveau d’exploitation actuelle il n’y aura probablement plus de forêts tropicales dans 10 ans. Si des mesures ne sont pas prises dès maintenant, l’effet de serre pourrait être irréversible d’ici 12 à 15 ans. » Edward Goldsmith, 1991, 5000 Jours pour sauver la planète. 91. « Je pense que nous sommes confrontés à un grave dilemme. Quand vous réalisez le peu de temps qu’il nous reste – à peine 10 ans pour sauver les forêts tropicales, et dans de nombreux cas seulement 5 ans. Madagascar disparaitra largement dans 5 ans si rien n’est entrepris. » 22 avril 1990, ABC, The Miracle Planet. 92. « La plupart des grandes batailles environnementales seront soit gagnées soit perdues durant les années 90 et d’ici au siècle prochain, il sera trop tard. » Février 1993, Thomas E. Lovejoy, Institut Smithsonien. 93. « Il apparait que nous aurons de plus en plus de chance de subir des phénomènes climatiques comme El Niño, ils deviendront plus intenses et dans quelques années, ou un siècle, nous aurons un El Niño permanent. Ainsi au lieu d’avoir des périodes d’eau froide durant 1 à 2 années, nous aurons un El Niño suivi d’un autre, et cela deviendra la norme. Au lieu d’un El Niño de 18 mois, celui-ci durera 18 ans. » 7 novembre 1997, BBC. 94. « Les scientifiques nous avertissent qu’une partie des glaciers de l’Himalaya pourrait s’amenuiser sous 10 ans à cause du réchauffement planétaire. Une trop forte concentration de gaz à effet de serre serait responsable de la fonte de ces derniers, ce qui pourrait créer des problèmes de sècheresse et d’inondation et affecter la vie de millions d’individus. » 26 Juillet 1999, The Birmingham Post. 95. « La planète pourrait faire face à ‘une catastrophe écologique et agricole’ d’ici la prochaine décennie si la tendance au réchauffement climatique continue ainsi. » 15 Octobre 1990, Carl Sagan. 96. « Un rapport paru la semaine dernière indiquait que dans une dizaine d’années, la malaria sera courante sur les côtes hispaniques. Les effets du réchauffement climatiques reviennent s’installer dans les pays développés. » 11 Septembre 1999, The Guardian. 97. « Dans dix ans, les atolls de basse terre entourant les neuf iles de Tuvalu dans l’Océan Pacifique Sud seront submergés sous le niveau de la mer qui monte à cause du réchauffement climatique. » 29 Mars 2001, CNN. 98. « Il est maintenant clairement établi que la quantité de CO2 contenue dans l’atmosphère risque d’augmenter de 25% en 2000. Cet accroissement pourrait entrainer une élévation de la température moyenne terrestre de 7 degrés Fahrenheit. Cet événement entrainera à son tour une montée du niveau des mers de 3 mètres. Par conséquent, on pourra dire adieu à New York et Washington. » 1969, Lubos Moti, physiciste tchèque. 99. « Les savants prédisent que 50 millions de personnes seront forcées de se déplacer en 2010 à cause de la montée des eaux, la désertification, l’assèchement des nappes phréatiques, les inondations et d’autres problèmes environnementaux. » 2005, Andrew Simms, Directeur de la politique de la New Economics Foundation. 100. « Les leaders mondiaux ont 50 jours pour sauver la planète d’un réchauffement climatique irréversible. » 20 Octobre 2009, Gordon Brown, Premier ministre britannique (en référence à la conférence mondiale sur le climat de Copenhague). 101. « Vous pourrez potentiellement naviguer, kayaker, ou même nager vers le Pôle Nord à la fin de l’été. Les climatologues disent que la glace arctique est au bord de fondre totalement en 2008. » [Peu après que cette prédiction ait été lancée, un brise glace russe était piégé dans la glace du Passage Nord-Ouest pendant une semaine.] Juin 2008, Ted Alvarez, Backpacker Magazine Blogs. 102. « … le débat parmi les scientifiques est plié. Il n’y a plus de débat. Nous faisons face à une urgence planétaire. Il n’y a plus de débat scientifique parmi les gens sérieux qui prennent la science en considération … Eh bien, je devine que dans quelques trimestres, il y aura toujours un débat sur le fait que le voyage sur la lune était un coup monté filmé en Arizona, ou que la Terre est plate au lieu d’être ronde. » 31 Mai 2006, Al Gore, CBS Early Show. 103. « Mais nul besoin d’être scientifique pour mesurer l’impact d’un hiver sans neige sur les enfants trop jeunes pour se rappeler de la tempête de neige de 1996. Pour eux, les joies des glissades et des batailles de boules de neige sont tout aussi inconcevables que le houla-hop et le plaisir d’un jour d’école buissonnière dû à la neige est inconnu. » Janvier 2000, Dr. Michael Oppenheimer du Fonds de Défense de l’Environnement en commentaire (dans une interview du New-York Times) au sujet des hivers doux à New-York. 104. « Les récents hivers doux que la Grande-Bretagne a vécus sont un signe des changements du climat. » 2008, Dr. James Hansen de l’Institut Goddard Space (NASA) en visite en Grande Bretagne. [Deux hivers particulièrement rigoureux ont suivi. L’hiver 2009-2010 a sans doute été le plus froid vécu par la Grande-Bretagne depuis 1683.] 105. « Hansen avait prédit une hausse des températures mondiales de 2 degrés en 20 ans, « ce qui représenterait la température la plus élevé que la Terre ait connu depuis en 100 000 ans ». » 11 juin 1986, Dr. James Hansen de l’Institut Goddard Space (NASA) témoignant au Congrès (selon le Milwaukee Journal). 106. « Bernt Balchen spécialiste de l’Arctique déclare qu’une tendance générale au réchauffement sur la zone du Pôle Nord fait fondre la calotte glaciaire et pourrait entrainer l’apparition d’un Océan Arctique sans glace d’ici à l’an 2000. » 8 Juin 1972, Christian Science Monitor. 107. « En utilisant les modèles numériques, les chercheurs ont conclu que le réchauffement climatique verrait une hausse des températures moyennes annuelles de deux degrés d’ici à 2010 aux États-Unis. » 15 Mai, 1989, Associated Press. — Sur le Web
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Une catastrophe écologique. Quelque 40 000 litres de pétrole se sont déversés samedi au large du Chili, à la suite d'un incident sur le terminal d'une compagnie minière situé sur une île en Patagonie, ont annoncé les autorités. Le pétrole s'est déversé dans une zone réputée pour ses eaux parmi les plus pures de la planète et pour son riche écosystème marin. L'incident s'est produit lors d'une opération de la compagnie CAP sur le terminal de l'île de Guarello, à 250 kilomètres au nord-ouest de Puerto Natales, dans l'extrême sud du Chili, a indiqué à la marine militaire chilienne CAP, l'un des principaux groupes miniers et sidérurgiques du pays. "Face à cette urgence, la Troisième zone navale a ordonné le déploiement immédiat d'unités sur le site, afin de contrôler et d'atténuer les éventuels dégâts" provoqués par le déversement d'hydrocarbures en mer, a annoncé la marine. Un navire et une patrouille maritime ont été dépêchés sur le site, avec une équipe spécialisée dans la lutte contre la pollution. Les autorités locales ont ordonné l'ouverture d'une enquête pour déterminer les raisons de l'incident et définir les responsabilités.
true
Suite à ce billet sur le climat, je vous propose un court billet en complément permettant de vérifier les ordres de grandeur du réchauffement planétaire, par un calcul assez simple… Rappelons pourtant que la consommation des énergies fossiles représente un équivalent de 37 milliards de litres de pétrole par jour. Soit, pour mieux percevoir, près de 450 000 litres par seconde, soit environ 1 piscine olympique toutes les 6 secondes. Cela finit par beaucoup polluer l’atmosphère. 1 litre de pétrole produit, environ, 2,5 kilos de gaz carbonique CO2. On arrive donc à environ 35 milliards de tonnes de CO2 rejetés par an (soit 35 GigaTonnes ou Gt). On a donc ceci pour les émissions de CO2 (totales depuis 1750, et uniquement pour les énergies fossiles depuis 1960) : Or l’atmosphère pèse environ 5,2 millions de Gt, elle est constituée de 0,0614 % de CO2 en masse (et 0,0405 % en volume) soit 3 200 Gt de CO2 (source). On mesure conventionnellement la concentration des composants de l’atmosphère en « partie par million » ou ppm, soit la millionième partie de l’atmosphère en volume. Des chiffres précédents, on tire qu’une concentration de l’atmosphère en CO2 de 1 ppm correspond à 7,9 Gt de CO2. Les émissions humaines issues des combustibles fossiles étant de 35 milliards de tonnes de CO2 par an, elles augmentent donc la quantité de CO2 dans l’atmosphère de plus de 4 ppm par an. Mais en fait, comme il y a d’autres émissions que celles dues aux seules énergies fossiles (en particulier celles liées aux changements d’utilisation des sols), les émissions sont en fait d’environ 41 Mdt – soit plus de 5 ppm par an. Mais par chance, cette hausse est contrebalancée par captations naturelles : les océans en absorbent environ 9 Mdt et les terres également 10 Mdt. L’augmentation totale de CO2 dans l’atmosphère est donc d’environ 22 Mdt par an, soit un peu moins de 3 ppm par an. C’est exactement ce qu’on constate pour le CO2 dans l’atmosphère (premier graphe, concentration totale ; second graphe : augmentation annuelle) Bref, on sait très bien ce que devient le pétrole qu’on brûle : sans grande surprise, il pollue l’atmosphère, et vu les quantités émises, c’est tout sauf négligeable… (pour ceux qui auraient encore un doute, sachez que les scientifiques savent que le CO2 émis tous les ans vient bien des énergies fossiles, en raison de sa concentration isotopique particulière) Enfin, dernier calcul de coin de table : le CO2 est responsable d’environ 26 % de l’effet de serre de la planète (les autres sont la vapeur d’eau pour 60 % et l’ozone pour 8 % et le méthane pour 6 % – source). Celui-ci permet à la Terre de passer de -18 °C à + 15 °C (source), soit + 32 °C, dont 8 °C environ pour le CO2. Comme l’atmosphère est passée durant le XXe siècle d’une concentration de 300 ppm de CO2 à 400 ppm, il est finalement assez peu surprenant de constater que la température a augmenté d’environ 1,5 °C… Je terminerai par un petit hommage à Svante Arrhenius, qui a proposé la première estimation de l’impact du niveau de dioxyde de carbone sur les températures terrestres en… 1896 (dans cet article): Inquiet des conséquences sur l’atmosphère de l’exploitation du charbon, il a alors prédit qu’un doublement (2.0) de la concentration en CO2 (« carbon acid ») induirait une hausse des températures de 5,7°C à nos latitudes – ce qui n’est qu’assez peu supérieur (de moins d’1°C) aux estimations actuelles… P.S. Comme d’habitude, nous rappelons à tous ceux qui veulent expliquer en commentaire à quel point la grande masse des climatologues a tort, de proposer plutôt un papier scientifique au magazine Science et d’en débattre avec eux après publication – ce n’est pas l’objet de l’espace commentaire de ce blog. (voir aussi ces éléments de discussion à la fin de ce billet), et nous serons forcés de les supprimer… EDIT : 3 graphes de plus : Les températures depuis 2 000 ans (sources et légende ici) :
true
Ce sera peu confortable, mais dans un respect total de l'environnement. À partir d'aujourd'hui, Greta Thunberg commence sa croisière transatlantique. La jeune militante se dit prête à manger des aliments lyophilisés, à l'étroit, et avec un seau pour toilettes : le but est d'utiliser le seul moyen de transport non polluant qui puisse l'amener au sommet sur le climat de l'ONU. "J'ai essayé le voilier hier et c'était très amusant. Ça va être une sacrée aventure", a-t-elle confié à des journalistes à bord du Malizia II, un bateau de course de 18 mètres amarré dans le port de Plymouth, dans le sud du Royaume-Uni. C'était sa première expérience à bord d'un voilier et elle a eu le mal de mer. "Il fallait s'y attendre", commente-t-elle. Pierre Casiraghi, fils de la princesse Caroline de Monaco, a mis gratuitement le bateau à sa disposition pour parcourir les 3000 milles nautiques qui la séparent de New York. Le bateau sera dirigé par le skipper allemand Boris Herrmann. Malizia II, un monocoque de course avec des foils qui le maintiennent hors de l'eau, a été construit en 2015. Il est équipé de panneaux solaires et de turbines sous-marines permettant de générer l'électricité qui alimente les instruments de navigation, le pilote automatique, les dessalinisateurs et un laboratoire pour tester le niveau de CO2 des eaux. L'intérieur est sombre, étroit et fonctionnel. Il a été légèrement modifié pour accueillir Greta, son père Svante et un cinéaste, avec deux couchettes hamac, matelas et rideaux. Un petit réchaud à gaz pour chauffer l'eau nécessaire à la nourriture vegan lyophilisée est le seul consommateur d'énergie fossile. Les toilettes : un seau en plastique bleu avec sac bio dégradable qui peut être jeté par-dessus bord. "C'est comme quand on campe en montagne, un matelas, un sac de couchage, une lampe torche et c'est tout", souligne le skipper. Boris Herrmann reconnaît que ça peut paraître "fou" d'embarquer trois novices pour un voyage aussi ardu, mais assure ne pas craindre pour leur sécurité, seulement pour leur confort. Le skipper a fait trois fois le tour du monde et sera appuyé par une équipe à terre qui suivra les mouvements du voilier et la météo. Le yacht peut aller jusqu'à 35 noeuds, soit 70 kilomètres à l'heure, mais le skipper a l'intention de le mener à 10 noeuds, soit 20 kilomètres à l'heure pendant la traversée. Et il prendra une route un peu plus longue que d'habitude pour éviter les tempêtes. Le Malizia II a été conçu pour la course, mais, avec une quille de 4,5 mètres, il y a peu de risque qu'il se retourne. "La sécurité n'est pas un problème", souligne Herrmann en se livrant aux derniers préparatifs. "C'est surtout quelque chose qui ne s'est jamais produit avant, que quelqu'un sans expérience de la voile traverse l'Atlantique sur un tel bateau". "Cela en dit long sur Greta, elle fait plein de choses qui n'ont jamais été faites avant", ajoute-t-il. La défenseure du climat suédoise, Greta Thunberg, le 13 août 2019 lors d'une interview pour l'AFP sur le Malizia II, bateau de course qui va l'emmener à New York pour le sommet sur le climat de l'ONU afp.com/Ben STANSALL L'intéressée, elle, n'a pas peur, sauf de gêner les autres. "Je crois que je vais beaucoup lire, et contempler l'océan. Et me balader sur le bateau", dit-elle. Le voilier a un gouvernail qui peut être utilisé manuellement mais la technologie de bord rend son maniement plus proche de celui d'un avion. "Une fois l'auto pilote enclenché, le bateau avance, on regarde les prévisions météo, la production et la consommation d'énergie, on vérifie que tout fonctionne, on a l'oeil à tout", explique Herrmann. "Chacun veille à son tour, heure par heure, on alterne pour dormir", ajoute-t-il, en concluant : "L'objectif est d'arriver sains et saufs à New York". Greta Thunberg, de son côté, juge que "les gens commencent à être plus conscients" : un an après avoir initié un mouvement de grève de l'école qui l'a érigée en icône de la lutte en faveur du climat, elle estime en revanche que l'action reste encore trop faible. "Quand on regarde la situation dans son ensemble, il ne se passe presque rien de positif", estime-t-elle. LIRE AUSSI >> Angoisse, dépression... L'éco-anxiété, l'autre effet du réchauffement climatique En août dernier, Greta Thunberg avait entamé seule devant le Parlement suédois sa première "grève de l'école pour le climat". Son action a donné naissance à un mouvement mondial, baptisé "Fridays for Future". Elle a depuis rencontré des décideurs politiques et chefs d'entreprise de différents pays, mais s'est aussi attiré des critiques. En France, des élus l'ont même traitée de "gourou apocalyptique". Pour cette adolescente déterminée, dont les longues tresses la font paraître plus jeune que son âge, ces commentaires négatifs prouvent surtout que son discours pèse. "Je [les] ignore parce que c'est aussi un bon signe qu'ils essaient de nous faire taire, cela signifie que nous avons un impact et qu'ils nous voient comme une menace", explique-t-elle. Mercredi, c'est depuis l'Angleterre qu'elle larguera les amarres pour New York. La Suédoise a en effet refusé de prendre l'avion. VOIR AUSSI >> Greta Thunberg, ses discours chocs "Cela montre bien à quel point il est impossible de vivre de manière durable aujourd'hui : c'est absurde de devoir traverser l'océan Atlantique comme ça, pour arriver à destination sans émissions", s'indigne Greta Thunberg. "Mais je veux saisir cette opportunité puisque je suis l'une des rares personnes au monde à pouvoir le faire". Une fois aux États-Unis, elle n'a pas l'intention de rencontrer le président américain Donald Trump. "Je ne peux rien dire qu'il n'a pas déjà entendu", justifie-t-elle. En un an, Greta Thunberg a pris la parole au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, lors de la 24e conférence de l'ONU sur le climat en Pologne, a fait la une des plus grands journaux et magazines internationaux, du Time Magazine à Vogue. Elle a également reçu plusieurs prix et a été citée pour le Nobel de la Paix 2019. Elle regarde d'un oeil sceptique les invitations qu'elle reçoit. "Beaucoup de gens y voient une occasion de blanchir leur nom, en quelque sorte, en nous invitant nous, les grévistes de l'école", dit-elle. Mais "j'accepte d'y aller car cela a réellement un impact". Pour elle, le moment le plus fort de l'année passée a été de voir des enfants du monde entier rejoindre son mouvement de grève. À New York, elle compte participer à des manifestations pour le climat. Elle a ensuite prévu de voyager au Canada et au Mexique, avant de se rendre à la COP 25 au Chili en décembre. Objectifs : s'assurer "que la crise climatique est prise au sérieux et que les gens commencent vraiment à comprendre", et ainsi "créer un mouvement d'opinion mondial, pour que les gens se rassemblent et fassent pression sur les dirigeants". Greta Thunberg n'aime pas parler d'elle, se qualifiant de simple activiste, mais elle reconnaît le poids particulier de la prise de parole des enfants. "Nous disons les choses comme elles sont, on se moque d'être polis", pointe-t-elle. Une parole brute qui fait "se sentir très coupables" les adultes.
true
Le gouvernement brésilien a créé un fonds pour lutter contre la destruction de la forêt amazonienne et promouvoir des activités forestières durables. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a signé le 1er août un décret créant le Fonds amazonien, un fonds monétaire destiné à financer des solutions pou lutter contre la déforestation dans la région et promouvoir des activités forestières durables. L’objectif annoncé est de récolter 1 milliard de dollars la première année. Une première donation de 100 millions de dollars a d’ores et déjà été promise par la Norvège, une somme qui sera remise en septembre lors de la visite du président norvégien au Brésil. Les sommes versées au Fonds amazonien seront bloquées au BNDES, la Banque brésilienne de Développement. L’utilisation de ces ressources sera décidée par un conseil composé de trois chambres : une du gouvernement fédéral, une composée par les Etats d’Amazonie et la troisième formée de représentants de la société civile dont des membres d’ONG, de peuples indigènes, des travailleurs, des membres de l’industrie et de l’académie. Les décisions du conseil seront adoptées en consensus et chaque chambre n’aura le droit de voter qu’une seule de ces décisions. Le fonds sera alimenté par des contributions nationales et internationales, mais ne pourra recevoir de sommes du gouvernement brésilien, ce qui a pour but de garantir, notamment l’indépendance dans la prise de décision et l’utilisation des ressources allouées. « Enfin, le Brésil va obtenir des ressources significatives pour lutter contre la déforestation en Amazonie et permettre la reconnaissance de la valeur de la forêt », affirme Marcelo Furtado, directeur de Greenpeace Brésil. La décision de créer ce Fonds amazonien s’inspire de l’objectif « zéro déforestation en 2015 » proposé par Greenpeace et d’autres ONG brésiliennes en octobre 2007. La création de ce fonds est aussi cohérente avec la proposition de Greenpeace de créer un mécanisme financier visant à réduire la déforestation tropicale de manière significative et globale. La déforestation est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre, soit davantage que l’ensemble du secteur des transports au niveau mondial. Dans le cadre du Plan brésilien de Lutte contre les Changements Climatiques qui doit être annoncé en septembre, Lula a également transmis un projet de loi au congrès brésilien destiné à générer des ressources de la part des compagnies pétrolières pour financer un fonds de lutte contre les changements climatiques. Le 1er août, Lula a également annoncé la révision du célèbre Protocole Vert par lequel les banques publiques brésiliennes s’engagent à financer des activités durables. Le gouvernement brésilien attend toujours des banques privées qu’elles rejoignent cette initiative.
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Hausse des émissions de la centrale Bailly de la Northern Indiana Public Service Co. sur la rive du lac Michigan, à Chesterton (Indiana) le 7 octobre 2015. Photo : Luke Sharrett/Bloomberg via Getty Image L’ESPÈCE HUMAINE approche-t-elle de sa fin ? La question elle-même peut sembler exagérée – ou encore comme un retour aux images exaltées sur l’apocalypse. Pourtant, il y a lieu de croire que ces craintes ne sont plus si exagérées. La menace du changement climatique oblige des millions de personnes dans le monde entier à faire face de façon réaliste à un avenir dans lequel leur vie, semble à tout le moins radicalement pire qu’elle ne l’est actuellement. Dans le même temps, les technologies émergentes du génie génétique et de l’intelligence artificielle donnent à une petite élite technocratique le pouvoir de modifier radicalement l’homo sapiens à un point tel que cette espèce ne ressemble plus à elle-même. Qu’il s’agisse d’un effondrement écologique ou d’un changement technologique, les êtres humains s’approchent rapidement d’un précipice dangereux. Les menaces auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui ne sont pas exagérées. Elles sont réelles, visibles et potentiellement imminentes. Elles font également l’objet d’un livre récent de Bill McKibben, intitulé « Falter : Has the Human Game Begun to Play Itself Out ? » [livre non traduit en français : Vacillement : Le Jeu de la vie humaine a-t-il commencé à toucher le fond ? NdT] McKibben est écologiste, il est écrivain ainsi que le fondateur de 350.org, une organisation militante qui se mobilise pour réduire les émissions de carbone. Son livre propose une analyse sobre et empirique des raisons pour lesquelles l’espèce humaine est sur le point d’atteindre son âge ultime . Pouvez-vous préciser ce que vous entendez par « le jeu de la vie humaine » ? Je cherchais une phrase qui décrirait l’ensemble de tout ce que nous faisons en tant qu’êtres humains. On pourrait aussi parler de civilisation humaine, ou de dessein humain. Mais « jeu » me semble être un terme plus approprié. Non pas parce qu’ il s’agit d’un jeu trivial, mais parce que, comme tout autre jeu, il n’a pas vraiment de finalité en dehors de lui-même. Le seul objectif est de continuer de jouer et, espérons-le, de bien jouer. Bien jouer le jeu de la vie humaine, c’est vivre dans la dignité et faire en sorte que les autres puissent en faire autant. De très graves menaces pèsent aujourd’hui sur le jeu de la vie humaine. Les questions fondamentales de survie humaine et d’identité sont remises en question de façon pragmatique. Il est devenu clair que le changement climatique est en train de réduire considérablement la taille du plateau sur lequel se joue le jeu. Et en même temps, certaines technologies naissantes menacent l’idée même selon laquelle l’être humain, en tant qu’espèce, sera encore là pour jouer à l’avenir. Pourriez-vous nous décrire brièvement les implications du changement climatique pour l’avenir de la civilisation humaine, telle que nous concevons ce terme dans son acception actuelle ? Le changement climatique est de très loin la plus importante évolution que les humains aient jamais réussi à produire sur cette planète. Il a fondamentalement modifié la chimie de l’atmosphère, augmenté la température de la planète de plus de 1 degré Celsius, fait fondre la moitié de la glace d’été dans l’Arctique et augmenté l’acidité des océans de 30 %. Nous assistons à des incendies de forêt incontrôlables dans le monde entier, ainsi qu’à des niveaux records de sécheresse et d’inondations. Dans certains endroits, les températures moyennes quotidiennes deviennent déjà trop chaudes pour que les êtres humains puissent même seulement travailler pendant la journée. Les gens envisagent de quitter les grandes villes et les zones côtières basses, là où leurs ancêtres ont vécu pendant des milliers d’années. Même dans les pays riches comme les États-Unis, les infrastructures essentielles sont mises à rude épreuve. Nous l’avons vu récemment avec la paralysie de l’alimentation électrique dans une grande partie de la Californie en raison du risque d’incendies de forêts. Voilà ce que nous avons fait avec un réchauffement d’à peine un degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Il devient déjà difficile de vivre dans de grandes parties de la planète. Sur notre courbe actuelle, la trajectoire nous amène à un réchauffement de 3 ou 4 degrés. À ce niveau, nous n’aurons tout simplement pas la même civilisation que celle que nous avons maintenant. Dans la mesure où le principal responsable du changement climatique reste l’industrie énergétique fossile, quelles mesures pratiques peuvent être prises pour que ses activités soient sous contrôle ? Et étant donné que ces gens partagent la même planète avec tous les autres, quel est exactement leur dessein pour un avenir de dystopie climatique ? Nous avons déjà fait des efforts de désinvestissement et d’arrêt de construction d’oléoducs, mais le domaine crucial qui nous attend est celui de la finance : se concentrer sur les banques et les gestionnaires qui leur donnent les moyens de faire ce qu’ils font. Il est devenu très clair que le seul objectif de l’industrie des combustibles fossiles est de protéger à tout prix son modèle économique, même au détriment de la planète. Les grandes compagnies pétrolières comme Exxon étaient bien au fait du lien entre les émissions de carbone et le changement climatique dans les années 1980. Ils savaient ce qui allait arriver et y croyaient. Au lieu de modifier rationnellement leur comportement pour y échapper, ils ont investi des millions dans le lobbying et la désinformation pour s’assurer que le monde ne ferait rien pour les faire changer ou arrêter leurs activités. « Tout comme nous avons longtemps considéré comme acquise la stabilité de la planète, nous avons également considéré comme acquise la stabilité de l’espèce humaine. » Dans la mesure où une quelconque entreprise de combustibles fossiles pense au long terme – et il n’est pas certain qu’il en existe encore – elle sait que ses jours sont comptés. Les coûts de l’énergie renouvelable sont en chute libre, et l’industrie se bat pour survivre pendant encore quelques décennies. Leur objectif est de faire en sorte que nous continuions à brûler beaucoup de pétrole et de gaz pendant 10 ou 20 ans, plutôt que d’essayer de sortir de ce truc aussi vite que possible. L’autre grande menace que vous avez identifiée est celle des technologies comme le génie génétique. Pouvez-vous expliquer la menace que celles-ci représentent pour l’identité et la finalité humaines ? Tout comme nous avons longtemps considéré comme acquise la stabilité de la planète, nous avons également considéré comme acquise la stabilité de l’espèce humaine. Il y a maintenant des technologies naissantes qui remettent en question des postulats très fondamentaux sur ce que signifie le fait d’être un être humain. Prenons, par exemple, les technologies du génie génétique comme le CRISPR [CRISPR-Cas9 est notamment utilisé comme ciseau moléculaire afin d’introduire des modifications locales du génome, NdT] Celles-ci entrent déjà en vigueur, comme nous l’avons vu récemment en Chine, où deux jumeaux seraient nés après avoir subi une modification génétique in utero. Je ne vois aucun problème à utiliser la modification génétique pour aider les personnes existantes atteintes de maladies existantes. Cependant, cela n’a rien à voir avec le génie génétique chez les embryons et avec des modifications spécifiques. Prenons l’exemple d’un couple de futurs parents qui décident de faire en sorte que leur nouvel enfant ait un certain équilibre hormonal visant à améliorer son humeur. Cet enfant pourrait un jour atteindre l’adolescence et se sentir très heureux sans aucune explication particulière. Ou encore, est-ce qu’ils tombent amoureux ? Ou est-ce juste leurs particularités de génie génétique qui s’appliquent ? Les êtres humains pourraient bientôt être conçus avec toute une gamme de nouvelles caractéristiques qui modifient leurs pensées, leurs sentiments et leurs capacités. Je pense qu’une telle perspective – qui n’est pas du tout exagérée aujourd’hui – sera une attaque dévastatrice contre les choses les plus vitales qui font de nous des êtres humains. Cela remettra en question les idées de fond sur qui nous sommes et comment nous nous percevons. Il y a aussi les conséquences de l’accélération du changement technologique dans la technologie du génie génétique. Après avoir modifié leur premier enfant, ces mêmes parents peuvent revenir cinq ans plus tard à la clinique pour apporter des changements à leur deuxième enfant. Entre-temps, la technologie aura progressé et vous pourrez alors bénéficier de toute une série de mises à jour et ajustements. Qu’est-ce que cela signifie pour le premier enfant ? Cela les rend obsolètes : comme un iPhone 6. C’est une idée très nouvelle pour les êtres humains. L’une des caractéristiques standard de la technologie est l’obsolescence. Une situation où vous rendez rapidement les gens eux-mêmes obsolètes me semble malavisée. « Dans l’état actuel des choses, ces technologies coderont l’inégalité économique actuelle dans nos gènes. » Il semble également que la question des inégalités économiques se pose ici, en ce sens que ce sont les personnes disposant de plus de ressources qui se verront offrir ces améliorations génétiques. Dans l’état actuel des choses, ces technologies encoderont dans nos gènes l’inégalité économique qui existe actuellement. Il est tellement évident que cela se produira si nous continuons dans cette voie que personne ne se donne la peine de dire le contraire. Lee Silver, professeur à l’Université de Princeton et l’un des principaux partisans de la modification génétique, a déjà dit qu’à l’avenir, nous aurons deux classes inégales d’êtres humains : « GenRich » et « naturel ». Lui et beaucoup d’autres ont déjà commencé à considérer cet avenir comme acquis. Pensez-vous que l’intelligence artificielle représente une menace similaire pour les êtres humains ? Bon nombre de membres de la première génération de personnes qui ont étudié l’IA en sont revenus avec une grande peur de ses implications potentielles. Il est à craindre que les robots intelligents et les codes de programmation deviennent incontrôlables et finissent par représenter une menace pour les êtres humains. Ces craintes peuvent être réelles ou pas. En fin de compte, ils m’inquiètent moins que l’attaque plus fondamentale contre la signification et la finalité humaines que posent ces technologies. Ils peuvent facilement éliminer la plupart des choix et des activités qui nous ont donné notre sentiment fondamental d’identité en tant qu’êtres humains. Quelle devrait être la priorité des mouvements sociaux qui cherchent à défendre « le jeu de la vie humaine » à l’heure actuelle ? Et avons-nous des raisons d’être optimistes ? Le changement climatique est un problème si immédiat et si préoccupant qu’il devrait faire l’objet de notre attention dès maintenant, car il pourrait rendre tout le reste théorique. J’ai pu observer la montée des mouvements pour le climat pendant de nombreuses années et cela me donne des raisons d’être optimiste. Nous avons récemment été témoins de grèves climatiques massives dans le monde entier. Aux États-Unis, le Parti Démocrate est en train de se dynamiser sur cette question. Ce sont de bons indicateurs. Qu’ils arrivent à temps ou pas, on ne sait pas. Mais l’avènement du génie génétique humain ne reçoit pas l’attention qu’il mérite à l’heure actuelle. Les implications profondes du CRISPR et d’autres technologies en évolution rapide sont des choses auxquelles nous devrions accorder beaucoup plus d’attention. D’un point de vue stratégique, il serait bon que la résistance se manifeste le plus tôt possible. Comme nous l’avons vu avec les combustibles fossiles, une fois qu’il y a une industrie colossale et puissante derrière quelque chose, il devient beaucoup plus difficile de le contrôler. Il semble qu’au fond, il y a une question idéologique qui sous-tend toutes ces menaces auxquelles les êtres humains sont actuellement confrontés. Il est intéressant de constater qu’un grand nombre des fantasmes qui sous-tendent les manifestations les plus extrêmes du génie génétique et de l’IA sont le fait de gens de la Silicon Valley qui partagent un état d’esprit libertarien [Le libertarianisme, aussi appelé libertarisme, est une philosophie politique pour laquelle une société juste est une société dont les institutions respectent et protègent la liberté de chaque individu, NdT]. Ce sont essentiellement des versions branchées des frères Koch. Ils partagent avec l’industrie des combustibles fossiles une philosophie selon laquelle personne ne devrait jamais remettre en question les décisions prises par les puissants et personne ne devrait jamais entraver les affaires et l’innovation technologique. Pendant ce temps, on dit aux gens – et on leur dit depuis longtemps – qu’ils ne sont que des individus et rien de plus que des consommateurs. Cela va à l’encontre de tout ce que nous savons de la nature humaine. Les êtres humains sont heureux lorsqu’ils font partie d’une communauté de travail, et non lorsqu’ils sont seuls en tant qu’individus essayant de prendre le contrôle de l’univers. C’est en quelque sorte l’objet de toutes ces batailles : construire une solidarité humaine contre une élite hyper-individualiste. Nous devons découvrir une fois de plus comment prendre des décisions en tant que société, plutôt que d’avoir un petit groupe de gens hyper riches qui les prennent en privé pour nous. Bill McKibben, d’abord journaliste au New York Times, est essayiste. Il est le fondateur, en 2007, de l’association 350.org, qui mène des actions à l’échelle mondiale en faveur du désinvestissement des énergies fossiles. Aux États-Unis, 350.org a ferraillé contre le projet d’oléoduc Keystone XL.
biased
Par MD. Introduction. L’excellent site de Judith Curry nous apprend qu’il se passe des choses intéressantes au New Jersey. Le titre de sa série d’articles annonce la couleur : « les folies de l’adaptation climatique ». Un peu de géographie. Cet Etat prospère de la côte Est des USA est très peuplé (9 millions d’habitants) malgré sa faible étendue. Le nord est partiellement englobé dans l’agglomération de New-York et l’ouest dans celle de Philadelphie. La partie méridionale constitue une sorte d’île de faible altitude bordée par l’Hudson au nord, l’océan Atlantique à l’est, la baie et le fleuve Delaware au sud et à l’ouest. Cette situation quasi-insulaire la rend particulièrement vulnérable aux phénomènes marins : fortes marées, vagues, tempêtes et ouragans, habituels sur la côte Est. Ces circonstances n’ont pas empêché un développement ancien et spectaculaire du littoral. La ville principale Atlantic City célèbre notamment pour ses casinos, ses lieux de séjour et de détente, ses plages et ses installations portuaires (et le premier « Monopoly »), a été bâtie à grand frais sur du sable et des marais. Elle est directement exposée aux catastrophes météorologiques, avec son « lido » qui longe toute la côte sur 200 km. Les derniers cyclones tropicaux les plus importants ont frappé une quinzaine d’Etats de la côte Est : Ivan en 2004 et surtout Sandy en 2012, qui a fait plus de 50 morts et entraîné plus de 50 milliards de dollars de dégâts. Atlantic City, très éprouvée, a été pratiquement reconstruite sur place. Cette longue introduction était utile pour cadrer ce qui va suivre, concernant spécifiquement la question de l’évolution du niveau de la mer. La carte ci-dessous montre la topographie du secteur et les emplacements des points de mesures. Les données objectives. Niveau de la mer. Il existe sur la côte quatre marégraphes indiqués sur la carte : du nord au sud : Sandy Hook à la pointe nord (depuis 1932), Atlantic City (1911), Cape May à la pointe sud (1966), Lewes en rive droite du Delaware (1919). Le graphique ci-dessous est une superposition des relevés de ces quatre stations à partir de 1965, époque à laquelle les séries sont à peu près complètes. On a indiqué leur moyenne en rouge ainsi que l’équation de sa tendance linéaire sur les 55 années. L’augmentation apparente du niveau de la mer mesurée sur le littoral s’établit en moyenne à 4,5 mm par an. En plus d’Atlantic City, deux autres séries longues existent à New-York (Battery, 1856) et Philadelphie (1900). Le graphique ci-dessous superpose ces trois séries depuis 1910. Niveaux géodésiques. La NASA effectue depuis une vingtaine d’années des mesures altimétriques GPS, malheureusement très lacunaires et comportant des ruptures de séries. On compte cinq stations. A part la station de Sandy Hook, interrompue depuis 2006, il ne semble pas que les niveaux absolus des marégraphes soient l’objet de mesures altimétriques. Le graphique ci-dessous superpose les cinq relevés connus. Sous toutes réserves, il semblerait que dans le secteur littoral, le sol se soit affaissé d’environ 2 mm par an, au moins depuis 25 ans (estimation confirmée par la NASA pour les repères de Dover et New Castle). Les causes de cet affaissement sont diverses : subsidence de la plaque nord-américaine, et localement compaction des sédiments et prélèvements d’eau dans les nappes. Ces deux mouvements marin et terrestre s’additionnent : L’élévation apparente tant de 4,5 mm par an, l’élévation « réelle » du niveau de la mer serait donc d’environ 4,5 – 2 = 2,5 mm par an. Quoiqu’il en soit, depuis plus d’un demi-siècle voire un siècle, le niveau apparent de la mer sur le littoral du New Jersey augmente de 4,5 mm par an, selon une tendance linéaire malgré des irrégularités interannuelles. Si la tendance actuelle se poursuivait, on aboutirait en 2100 à une élévation de 40 cm par rapport au niveau actuel. D’ici là, on a le temps de voir venir, de compléter les observations et les mesures, et de prendre des dispositions conservatoires progressives. On pourrait au moins étudier cette hypothèse ne serait-ce qu’à titre conservatoire. Mais ce serait compter sans les « modèles », cette plaie du siècle. Le rapport Rutgers. Le Department of Environmental Protection (DEP) de l’Etat de New Jersey prépare un document stratégique fixant les nouvelles règles d’urbanisme et d’équipements pour combattre les « menaces climatiques ». Ce document réglementaire devrait être promulgué le 22 avril 2021, jour de l’Earth Day (sic). Pour étayer ses choix, le DEP avait confié une mission d’études à une des grandes universités du New Jersey, Rutgers University. Le rapport de Rutgers, “New Jersey’s Rising Seas and Changing Coastal Storms: Report of the 2019 Science and Technical Advisory Panel” avait été remis fin 2019 aux autorités du NJ. Ce rapport aborde tous les problèmes liés aux phénomènes marins, dont la question de l’élévation du niveau de la mer. Il envisage à ce titre de nombreux scénarios, synthétisés dans le tableau ci-après reproduit tel quel (inches convertis en mètres). La référence zéro est le niveau de l’année 2000. Les projections sont définies selon leurs probabilités d’occurrence. En outre, pour les échéances 2070, 2100 et 2150, il y a trois hypothèses correspondant aux émissions de CO2 et donc aux températures censées en résulter en 2100, soit par rapport à l’époque « préindustrielle » : +2°C (low), +3,5°C (moderate) et +5°C (high). Conséquence : les réglementations envisagées par le DEP. Sur la base du rapport Rutgers, le DEP retient l’hypothèse de température dite « modérée » et la probabilité ayant moins de 17% de chance de se produire (cases en rouge dans le tableau), ce qui donne une prévision de +1,50 m en 2100. Le DEP en tire des conclusions particulièrement brutales voire provocatrices. “We have a section of our strategy right now that talks about moving to safer areas”. “Retreat sounds so immediate”, “We know that we are going to have communities that are impacted by sea-level rise. Some of that will be addressed by civil works projects but there’s not enough money, and some of the areas don’t lend themselves to civil works projects. We’re looking at a gradual movement from fringe areas.” “The people who are taking the risk have to be paying for it’, etc. Si l’on comprend bien, le DEP n’envisage rien de moins qu’un déplacement de population de grande ampleur, portant sur plusieurs dizaines de milliers de personnes et d’emplois, aux frais des intéressés. Et ceci sur la base de pronostics auxquels les spécialistes eux-mêmes n’accordent qu’une faible probabilité d’occurrence. Réalité et projections. Pour fixer les idées, le graphique ci-dessous complète l’évolution mesurée du niveau de la mer de 1965 à 2020 (moyenne précédente des quatre marégraphes littoraux) par les projections Rutgers dans les hypothèses de températures dites « modérées », avec en rouge gras l’hypothèse <17% retenue par le DEP. Pour une meilleure lisibilité, voici le même graphique grossi et limité à 2030. Nous ne sommes qu’en 2020 et la projection excède déjà notablement la courbe réelle, d’environ 10 cm au-dessus de la tendance observée. Pour atteindre en 2100 les +1,50 m retenus, il faudrait que le niveau de la mer se mette à augmenter de plus de 15 à 20 mm par an au lieu des 4,5 mm observés. Bref, les spécialistes ont déjà tout faux. La contestation. Les perspectives envisagées par le DEP ont attiré de violentes contestations, notamment de la part du New Jersey Business & Industry Association (NJBIA). Son président n’y va pas de main morte, comme le montrent ces extraits d’un article paru dans la presse économique : all want public policies to “follow the science.” But what happens if the science is not there, or, perhaps worse, what if the science is weak, wrong or even ideologically driven. The proposals are based on a flawed, non-peer-reviewed Rutgers report, DEP is not following the science. Regulators are relying on a flawed report based on faulty assumptions of climate change and nearly impossible scenarios in order to exaggerate the risk, without considering mitigating factors New Jersey must not rush to impose regulations based on a flawed report just so we can say we did something to address the threats of climate change. Yes, we should “follow the science,” but not when that science is fundamentally flawed. The stakes are too high”. Traduction : le rapport de Rutgers est « flawed » – défectueux pour ne pas dire plus – et les préconisations du DEP sont extravagantes. Par ailleurs, le NJBIA considère que les prévisions à prendre en compte ne devraient pas excéder 30 ans, car les incertitudes sont trop grandes au-delà de cette échéance. Fin 2020, le NJBIA avait confié une contre-expertise à un autre organisme, le CFAN (Climate Forecast Application Network) fondé par Judith Curry. Ce nouveau rapport lui a été remis le 25 février 2021. Le contre-rapport du CFAN. Le rapport du CFAN « assessment of projected sea level rise scenarios for the New Jersey Coast » constitue en lui-même une remarquable synthèse des connaissances et des publications sur l’évolution du niveau de la mer en général, et sur le cas du New Jersey en particulier. Il fait référence à de nombreux documents officiels et articles scientifiques publiés ou en cours d’élaboration. Les rapports du GIEC (IPCC) sont notamment mis à contribution : AR5 de 2013, AR6 à venir, et plus particulièrement le rapport spécial de 2019 « Special Report on Oceans, Cryosphere and Climate Change (SROCC) ». De ce dernier le CFAN reproduit notamment le tableau 2.2 ci-dessous. Les RCP ou « representative concentration pathways » sont des hypothèses d’évolution des émissions de CO2, d’où sont déduites à l’horizon 2100 les concentrations en CO2 et les températures censées en résulter (les chiffres représentent des « forçages » exprimés en W/m2). Projections of global mean sea level rise for 2100 from the IPCC. SROCC (baseline period 1986-2005). Il est couramment admis que le RCP8.5 suppose des hypothèses totalement irréalistes d’augmentation de températures et doit être exclu ; le CFAN remarque qu’il correspond à peu près à l’hypothèse « haute » de Rutgers, ce qui devrait conduire à éliminer celle-ci purement et simplement. Le CFAN est très critique à de nombreux égards sur le rapport Rutgers, qu’il décortique sans concessions. Il met les auteurs face à leurs contradictions, notamment celles du chef de file de Rutgers (Bob Kopp) par ailleurs rédacteur ou inspirateur de différents rapports officiels dont ceux du GIEC. Les propos sont sévères (les passages en gras sont dans le texte) : “The sea level projections provided by the Rutgers Report are substantially higher than those provided by the IPCC, which is generally regarded as the authoritative source for policy making. The sea level rise projections provided in the Rutgers Report, if taken at face value, could lead to premature decisions related to coastal adaptation that are unnecessarily expensive and disruptive” et “the global sea level rise projections underlying the Rutgers projections are substantially higher than those provided by the IPCC − by more than a factor of two”. Pour les échéances 2030 et 2050, le CFAN préconise à tout le moins de retenir les valeurs de probabilité >83% comme un maximum pour 2030 et 2050. “Based upon the recent historical record since 2000, there seems little justification for a 2030 prediction that exceeds the bottom of the likely range (>83% chance exceedance)”. “The bottom of the likely range in the Rutgers Report also seem like a good bet out to 2050”. Pour les échéances plus éloignées, le CFAN recommande de s’en tenir au RCP4.5 du GIEC. En conclusion, le CFAN considère que les pronostics de Rutgers sont au moins deux fois trop élevés et recommande une refonte profonde du rapport. Ce qui évidemment devrait conduire à revoir complètement les dispositions réglementaires envisagées par le DEP. On notera toutefois que le CFAN reste dans la ligne orthodoxe du GIEC sans en contester les principes, peut-être pour des raisons tactiques. Conclusions. On peut penser qu’il est un peu tard pour s’aviser brusquement des risques encourus par le développement séculaire inconsidéré de cette langue de sable et de vase. Au demeurant, le niveau de la mer n’est pas ce qui la menace le plus : Sandy aurait fait les mêmes dégâts, la mer eût-elle été de quelques décimètres plus haute ou plus basse. Enfin, on ne va pas s’apitoyer sur ce temple de l’argent roi ; on laissera de côté le contexte politique et financier qui sous-tend cette affaire, et dont nous savons peu de choses. Mais la situation n’en reste pas moins très intéressante. En effet, on est en présence de la contestation virulente d’un document réglementaire officiel presque finalisé et de son fondement scientifique. Cette contestation n’émane pas de quelques opposants impécunieux dont on peut facilement étouffer la voix. Elle émane de puissants intérêts économiques dotés d’influences et de moyens financiers dont ils ont commencé à faire usage en produisant dans un délai record une contre-expertise de haut niveau. Ce pourrait être un exemple type de la procédure « red team-blue team » souvent préconisée mais peu appliquée. On est curieux de savoir ce que va faire le New Jersey. Va-t-il tuer la poule aux œufs d’or ?
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Greenpeace et le Collectif Anti-Charbon de la Manche (le CAC 50) organisent ce samedi 7 novembre une manifestation pour protester contre le projet de terminal charbonnier à Cherbourg. Il s’agirait de créer un site de stockage et de transbordement de charbon sur le port de Cherbourg. Plus de quatre millions de tonnes de charbon y transiteraient chaque année ! Le charbon est pourtant le premier responsable de la crise climatique actuelle. 30% des émissions mondiales de CO2 lui sont imputables. C’est le symbole d’un modèle énergétique dépassé qu’il faut impérativement abandonner si nous voulons préserver notre planète. Il est inconcevable que la France investisse dans un projet aussi anachronique que le terminal charbonnier de Cherbourg. Ce que nous devons promouvoir, ce sont les énergies renouvelables, la sobriété et l’efficacité énergétiques. Samedi, à Cherbourg, soyons nombreux à manifester notre opposition à ce projet de terminal et notre soutien à un autre modèle énergétique. A un mois du sommet international sur le climat qui aura lieu à Copenhague, ce sera l’occasion de faire entendre la voix des citoyens face à l’urgence climatique et de rappeler aux dirigeants français leur responsabilité dans la lutte contre les changements climatiques. Tous ensemble, nous devons faire échouer ce projet ! Infos pratiques : Rendez-vous le samedi 7 novembre à 14h30, place Napoléon à Cherbourg. Si vous habitez Paris, vous pouvez venir avec nous en car ! C’est le Groupe Local Greenpeace de Paris qui l’affrète. Il est à ouvert à tous ceux qui souhaitent se rendre à la manifestation. Départ le jour même à 6h30, retour à Paris à à 0h30. Les frais de participation s’élèvent à 35 euros. Comment s’inscrire ? Envoyez un mail de confirmation à Pascal Ewig (greenpas@neuf.fr – 06.16.07.50.71) et confirmez votre inscription en envoyant un chèque de 35 euros à l’ordre de » Greenpeace – Groupe local Paris » à l’adresse suivante : Pascal Ewig – Greenpeace – Groupe local de Paris 13 rue d’Enghien 75010 Paris Merci de votre participation ! Plus d’infos sur le terminal charbonnier de Cherbourg Le site du CAC 50
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Avec +0,583°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois de novembre 2020 est le 3e plus chaud des archives NCEP-NCAR. Les réanalyses comme NCEP-NCAR intègrent de multiples observations dans un modèle permettant de suivre quasi quotidiennement l’évolution du climat. Les données sont donc immédiatement publiées, contrairement aux bilans mensuels des stations au sol. Les réanalyses permettent ainsi de se faire une idée des futures annonces des agences comme la NASA et la NOAA qui ne sont pas faites avant le milieu du mois suivant (en l’occurrence à la mi-décembre). Le top 10 des mois de novembre les plus chauds Avec +0,583°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois de novembre 2020 est le 3e plus chaud des annales NCEP-NCAR, derrière 2015 et 2016. L’anomalie de température mondiale est en hausse par rapport à octobre 2020 (+0,48°C). Top 10 des mois de novembre les plus chauds depuis 1948 (anomalies par rapport à 1981-2010). D’après NCEP-NCAR. NCEP-NCAR affiche un biais froid depuis fin 2019. Un bilan global des archives sera présenté sur ce blog à mesure que tomberont les données des autres séries. Les donnés satellitaires UAH pour novembre ont également été publiées. Elles montrent une anomalie de +0,53°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, la 2e plus élevée des archives pour un mois de novembre. UAH est l’archive qui affiche la tendance au réchauffement la moins nette (par rapport à la NASA, NOAA, RSS, ERA5…). D’après le chercheur finlandais Mika Rantanen, un compte-rendu provisoire tiré des données journalières de la réanalyse ERA5 de dernière génération montre que la période du 1er au 25 novembre 2020 est la plus chaude des annales. Etant donné que NCEP et UAH n’affichent pas ces derniers mois les anomalies les plus élevées, on peut supposer, avec ces données préliminaires d’ERA5, que les autres agences (NOAA, NASA, RSS, Berkeley Earth) devraient placer le mois de novembre parmi les plus chauds, si ce n’est le plus chaud des archives. On peut voir ci-dessous l’évolution de la température mondiale en novembre pour NCEP-NCAR avec une tendance de fond au réchauffement depuis 1948. Les mois de novembre se réchauffent au rythme de +0,121°C depuis 1948 avec une accélération à +0,223°C sur les 20 dernières années. Anomalies de température mondiale en novembre par rapport à la moyenne 1981-2010. D’après NCEP-NCAR. L’année 2020 à la quatrième place Dans ce classement provisoire, les onze premiers mois de 2020 sont comparés à des années pleines. 2020 se situe pour le moment à la quatrième place des années les plus chaudes, sachant que le record de 2016 est en partie dû à un El Niño extrême. L’année 2019 a été marquée aussi par un petit El Niño. Top 10 des années les plus chaudes depuis 1948. Anomalies par rapport à la moyenne 1981-2010. D’après NCEP-NCAR. Les anomalies régionales en novembre 2020 Les températures des régions tropicales restent stables par rapport à octobre et les anomalies relevées par NCEP-NCAR sont à nouveau contrastées entre les deux hémisphères. L’hémisphère nord affiche la 2e anomalie des annales avec +0,943°C au-dessus de la période 1981-2010 tandis que l’hémisphère sud affiche +0,221°C, à la 13e place des archives seulement. L’Arctique flirte avec l’anomalie record de 2016 avec +4,28°C. Des conditions La Niña sont actuellement présentes. D’après la NOAA, il y a 95% de chances pour que La Niña persiste au cours janvier-mars et 65% de chances pour qu’elle se maintienne au printemps. Carte d’anomalies pour le mois de novembre 2020. D’après NCEP-NCAR. +1,207°C en novembre 2020 par rapport à l’ère préindustrielle On peut remonter plus loin dans le temps, en utilisant les archives de la NASA, et en retenant comme base la période 1880-1899 (représentative de la période préindustrielle). L’anomalie est de +1,207°C en novembre 2020, sous l’objectif le plus ambitieux de la COP 21 (+1,5°C).
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Un incident a eu lieu ce mercredi sur une cuve de chlore de la station d'épuration d'Ajaccio, entraînant l'intoxication de quinze personnes et la mise en place d'un périmètre de confinement de 500 mètres qui inclut deux écoles, a annoncé la préfecture de Corse-du-Sud. "Il y a eu un mélange chimique entre du chlore et de la javel qui a (provoqué) une réaction chimique d'explosion", a précisé le maire sans étiquette d'Ajaccio Laurent Marcangeli. "Plusieurs agents de Kyrnolia, l'opérateur d'eau et d'assainissement de l'agglomération, ont été affectés. Il s'agit d'inhalations, ils ont été pris en charge par le service des urgences de l'hôpital d'Ajaccio", a ajouté l'édile en évoquant "cinq ou six agents" dont "les jours ne sont pas en danger et qui devraient rester sous surveillance pendant 24 heures". Après cet incident survenu en fin de matinée, huit personnes ont été évacuées par les secours à l'hôpital d'Ajaccio et sept autres s'y sont rendues par leurs propres moyens, selon Guillaume Lericolais, directeur de cabinet de la préfète de Corse : elles souffraient "d'irritations - des yeux qui pleurent, du nez et de la gorge qui piquent - mais pas d'intoxication lourde". "Les choses sont parfaitement sous contrôle", a rassuré la préfète de Corse, Josiane Chevalier, lors d'un point presse sur les lieux, après avoir annoncé une enquête administrative pour faire la lumière sur les causes de l'incident: "La mesure de prévention est le confinement sur un périmètre de 500 mètres, c'est indispensable pour traiter sereinement la suite des événements. Nous pensons que d'ici 2 heures - 2h30, on pourra lever cette mesure de prévention". Sur place des pompiers en combinaison intégrale orange sont entrés dans la station, assistés d'un camion spécialisé dans les "risques technologiques". "Il n'y a pas de dégât matériel dans la station et il n'y a pas eu de rejet de produits chimiques en mer", a assuré le maire de la ville, précisant que "plusieurs plages avaient été fermées à titre préventif" et que "des tests de l'eau de baignade seront réalisés par précaution". Le chlore est un gaz très réactif qui peut affecter le système respiratoire s'il est inhalé. "Les enfants de l'école de la Résidence des îles et les élèves de l'Etablissement régional d'enseignement adapté (EREA) sont également confinés au sein de l'établissement", ajoute la préfecture qui a demandé aux riverains de rester confinés, vitres et portes fermées. L'ensemble des plages sont également fermées de la citadelle d'Ajaccio à la Parata, au bout de la route des Sanguinaires, a annoncé la mairie. France 3 Corse précise que cette station d'épuration, "totalement reconstruite", avait été inaugurée en juillet 2018, en présence de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires.
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"Inciter les villes à agir localement". La secrétaire d'État à la Transition écologique Brune Poirson va présenter ce lundi une charte pour lutter contre les déchets plastiques sur les plages, qui comprend quinze engagements. "Aujourd'hui, 80 % des déchets marins proviennent de la terre et 75 % d'entre eux sont des déchets plastiques", rappelle le ministère de la Transition écologique. "Sacs à usage unique, emballages, mégots sont les déchets les plus répandus dans nos océans", évoque le ministère. La charte que la secrétaire d'État présentera lundi matin à l'occasion d'une visite sur une plage de la Seyne-sur-Mer, dans le Var, se décline en trois paliers, selon le nombre d'engagements - de cinq à quinze - pris par les communes littorales. "Cela peut aller d'un système d'information clair des usagers pour leur indiquer les lieux où ils peuvent jeter leurs déchets sur la plage, à une mobilisation des restaurateurs pour qu'ils ne proposent plus d'ustensiles en plastique." explique notamment la secrétaire d'Etat dans une interview au Parisien. Une idée également : installer des fontaines à eau pour réduire l'utilisation des bouteilles en plastique. Le gouvernement s'est fixé comme objectif "zéro plastique rejeté en mer d'ici 2025", qui paraît très ambitieux alors que la France a rejeté environ 11 200 tonnes de plastique rien qu'en Méditerranée en 2016, selon un rapport de WWF. L'Union européenne a également décidé l'interdiction à partir de 2021 de produits plastiques à usage unique comme les cotons-tiges, pailles, touillettes à café, couverts ou assiettes.
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Par MD. Introduction. Dans un article de début 2019, on avait abordé en détail la question des émissions dites « anthropiques » de CO2 et de leur confrontation avec d’autres paramètres physiques, démographiques et économiques. Deux années ont passé depuis lors, et surtout une année 2020 fertile en bouleversements. Il parait donc utile de faire un état des lieux, même si les données de l’année 2020 ne sont encore que provisoires. On s’appuiera sur les théories et les hypothèses officielles, sans discuter leur validité. Dans ce qui suit, les quantités de CO2 sont exprimées, soit en milliards de tonnes (Gt) de CO2, soit en parties par million en volume (ppmv), l’équivalence étant de 1 ppmv = 7,8 Gt. Les flux : émissions anthropiques annuelles de CO2. L’organisme officiel qui calcule et répertorie les émissions annuelles de CO2 est le Global Carbon Project (GCP). Son dernier rapport (Global Carbon Budget 2020) vient d’être publié. On trouve sur le site ICOS (Integrated carbon observation system) les séries de données de 1959 à 2020 (données provisoires pour 2020). Le GCP distingue deux sources d’émissions : celles qui proviennent de la combustion des ressources fossiles et celles qui résultent de changements dans l’affectation des terres (déforestations, cultures, jachères, etc.). Le graphique ci-dessous retrace l’évolution de ces émissions depuis 1959, exprimées en milliards de tonnes (Gt) de CO2. A titre d’ordre de grandeur, les émissions anthropiques de CO2 sont dans ces dernières années d’environ 42 Gt par an dont 35 Gt pour les émissions fossiles. Le stock : concentrations de CO2 dans l’atmosphère. Les concentrations de CO2 dans l’atmosphère sont mesurées en continu par la NOAA (National oceanic & atmospheric administration) notamment à l’observatoire de Mauna Loa (Hawaï) qui constitue une référence classique. Les concentrations sont exprimées en parties par million en volume (ppmv). Le graphique ci-dessous retrace l’évolution de ce stock depuis 1959, en superposant les valeurs moyennes annuelles et mensuelles (on distingue les cycles saisonniers). En 2020, la concentration moyenne était de 414 ppmv (3 230 Gt) de CO2. Flux et stock : comparaison. Chaque année, les émissions anthropiques calculées par le GCP devraient s’ajouter à la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère et donc augmenter d’autant la concentration. Ce n’est pas ce qui est observé, comme le montre le graphique ci-dessous qui représente l’augmentation annuelle des concentrations mesurées (en quelque sorte la dérivée de la courbe précédente). Les échelles des ordonnées sont graduées respectivement en ppmv et en Gt de CO2. Il est facile de voir que les concentrations mesurées n’ont augmenté chaque année que d’environ la moitié (dite « airborne fraction ») des émissions anthropiques calculées. Par exemple pour les toutes dernières années, l’augmentation est d’environ 2,5 ppmv ou 21 Gt par an, au lieu des 42 Gt émises. Pour réconcilier les calculs avec les observations, la théorie officielle suppose que la fraction manquante des émissions de CO2 est absorbée par des « puits » terrestres ou océaniques. Il s’agit donc d’une variable d’ajustement, sur laquelle on ne s’attardera pas. On observera enfin que l’augmentation annuelle représente actuellement environ 2,5 / 414 (ppmv), soit 0,6% du stock. Données démographiques, économiques et énergétiques. Les données démographiques et économiques proviennent de la Banque mondiale . Les données énergétiques proviennent du rapport annuel de la compagnie BP. Les séries publiées s’arrêtent à l’année 2019. Cependant, on dispose d’ores et déjà d’estimations précoces pour l’année 2020, provenant de divers organismes officiels (ONU, OCDE, etc.) ; ces estimations font généralement état d’une baisse du PIB de – 4,2% et d’une baisse de la consommation d’énergie primaire de – 6%. Les données correspondantes ont donc été intégrées dans les graphiques. Facteurs de Kaya. Les ratios qui suivent sont connus sous le nom de « facteurs de Kaya », du nom d’un économiste japonais. Ils concernent les relations entre le PIB, la consommation d’énergie primaire et les émissions de CO2. On définit ainsi trois facteurs principaux, figurés sur les graphiques ci-après : Ces trois paramètres diminuent progressivement depuis un demi-siècle, malgré quelques ressauts. L’année 2020 ne semble pas avoir apporté de rupture de continuité notable dans les évolutions récentes. Conclusions L’année 2020 a été marquée par une crise sanitaire majeure. Pour l’enrayer ou en atténuer les effets, les gouvernements des Etats ont cru devoir recourir à des restrictions drastiques qui ont mis à mal leurs économies. L’avenir dira si la récession correspondante n’aura été que temporaire ou si elle aura des conséquences durables. Certaines écoles de pensée n’ont pas dissimulé une certaine jubilation, considérant que cet épisode pénible préfigurait un état de société qu’elles appellent ouvertement de leurs vœux en vue de « sauver la planète ». Toutefois, pour des raisons évidentes (voir article récent), l’effet espéré sur les concentrations de CO2 dans l’atmosphère terrestre a été imperceptible. Encore raté.
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Selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) rendu public le 23 novembre 2016, la pollution de l’air provoque près de 500 000 morts prématurées en Europe chaque année. Quelques semaines plus tôt, l’Unicef révélait qu’un enfant sur sept dans le monde (soit 300 millions d’individus) vivait dans un endroit où la pollution excède jusqu’à six fois les normes internationales. La pollution de l’air, et plus généralement la « qualité de l’air », est un enjeu de santé publique très important et des réglementations sur les émissions de gaz et particules nocifs ont été mises en place dans de nombreux pays depuis plusieurs décennies. Ces mesures visent à faire décroître le nombre de pics de pollution autant que les niveaux de fond, les deux ayant un effet néfaste reconnu. L’effet des réglementations et du changement climatique Les principaux polluants à considérer pour la qualité de l’air sont le dioxyde d’azote (NO2), l’ozone (O3), qui se présentent sous forme de gaz, et les particules fines. Les particules fines correspondent à l’ensemble des particules liquides ou solides (hormis les gouttelettes et cristaux d’eau) résidant dans l’atmosphère plusieurs heures au moins. Au regard de la réglementation sur la qualité de l’air, les deux quantités qui importent le plus sont les PM10 et PM2,5 qui correspondent à l’ensemble des particules de toute nature de taille respectivement inférieure à 10 micromètres et 2,5 micromètres (μm) de diamètre. Au-delà de la situation présente, quelle sera la qualité de l’air dans le futur, à 10, 50, 100 ans ? Pour y répondre, deux éléments doivent être pris en compte : l’évolution des réglementations portant sur les émissions de polluants et l’évolution du changement climatique en cours. Ce dernier est principalement dû à l’accroissement des quantités de gaz à effets de serre présents dans l’atmosphère du fait des activités humaines. Ce changement climatique se traduit par une augmentation de la température moyenne de l’atmosphère estimée à ~0,85 °C pour la période 1880-2012. Il induit également des variations des autres paramètres météorologiques tels que le vent, l’humidité, les nuages ou les précipitations. Tous ces paramètres influent sur la qualité de l’air. On sait, par exemple, que les vents, en transportant les gaz et les particules d’un endroit à un autre, les mélangent. Contrôle de la circulation alternée à Paris, en décembre 2016. Jacques Demarthon/AFP Que se passerait-il avec un réchauffement à +2 °C en Europe ? Plusieurs projets de recherche récents financés par la Commission Européenne étudient ces questions, en travaillant sur la base d’un réchauffement global limité à +2 °C par rapport au niveau préindustriel (vers 1850). Parmi ces projets, citons IMPACT2C dont l’objectif est de quantifier une large variété d’impacts d’une augmentation de +2 °C, dont celui sur la qualité de l’air. Ces travaux sur la qualité de l’air ont été menés à partir d’une approche mobilisant quatre modèles numériques de chimie atmosphérique (l’utilisation simultanée de plusieurs modèles permettant d’évaluer les incertitudes des résultats obtenus). Chaque modèle de chimie a eu recours à un modèle numérique de climat qui lui est propre pour déterminer l’évolution des conditions climatiques ; cette étude se basait sur une projection d’augmentation des gaz à effet de serre selon le scénario dit « intermédiaire » – ni très optimiste, ni très pessimiste – utilisé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). L’autre élément essentiel pour simuler numériquement la qualité de l’air dans le futur concerne les projections, ou « scénarios », des émissions de polluants. Ceux-ci ont été fournis par le projet de recherche Éclipse. Deux scénarios ont ainsi été utilisés : le scénario CLE (« Current Legislation ») qui se base sur les réglementations actuellement prévues ; le scénario MFR (« Maximum Feasible Reduction ») qui suppose le maximum de diminution des émissions. Ce que disent les scénarios étudiés Pour les espèces gazeuses, les simulations menées selon le scénario CLE montrent une diminution de 33 % à 51 % (en fonction du modèle adopté et/ou de la saison considérée) pour le dioxyde d’azote. Cette diminution est en grande partie liée aux hypothèses de réductions des émissions de NO2 grâce aux réglementations, et ce tout particulièrement en hiver. L’impact sur l’ozone présente une baisse des concentrations moyennes annuelles (voir la figure ci-dessous), avec une différenciation saisonnière. Pour l’été, les concentrations baissent de 11 % et 16 % par rapport à aujourd’hui, elles augmentent modérément, de 3 % à 13 %, en hiver. Il a été montré que ces résultats étaient significatifs du point de vue statistique sur presque toute l’Europe. Atlas public du projet IMPACT2C., Author provided D’autres simulations numériques – conduites avec le scénario d’émissions de polluants le plus optimiste possible, le scénario MFR – montrent, par rapport au scénario CLE, une réduction supplémentaire en moyenne du dioxyde d’azote d’environ 60 % et de l’ozone (en été) d’environ 15 %. Pour les particules fines, les projections futures avec le scénario CLE donnent une forte réduction des concentrations de PM10 et PM2,5 sur tout le continent européen. Ces résultats sont très robustes du point de vue statistique. La concentration annuelle de PM10 pourrait diminuer de l’ordre de 15 à 20 %. L’effet du climat seul, sans changement de réglementations sur les polluants par rapport à l’actuel, est faible quels que soient les polluants. Pour l’ozone, cet impact est neutre en hiver et de +0 à +3 % en été selon les modèles. Pour les particules fines, l’effet du changement climatique seul est statistiquement significatif seulement sur le sud-ouest de l’Europe, où se produirait une légère augmentation. Le manque de robustesse sur les autres régions d’Europe s’explique par le fait que le changement climatique joue de manière très diverse et complexe sur les particules, ce qui rend les incertitudes sur la modélisation plus importante. À la lumière de ces simulations, on peut donc conclure que même dans un monde futur à +2 °C, il est encore possible d’améliorer significativement la qualité de l’air en Europe par rapport à aujourd’hui. La condition nécessaire est que les réglementations visant à la réduction d’émissions des polluants nocifs, prévues jusqu’à 2050, soient effectivemeappliquées. Vous pourrez retrouver une partie de ces résultats (en anglais) sur le site de l’Atlas public du projet IMPACT2C, dans la rubrique « Health ». Le site met à disposition gratuitement cartes et explications sur l’ozone et les particules fines.
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Face à la propagation fulgurante du Covid-19 dans le monde, le discours écologiste tente de s'imposer comme un rempart à la crise. "Il s'agit de démontrer que le coronavirus n'est pas qu'une crise sanitaire, mais qu'il est le nom du dérèglement du monde", a déclaré samedi le secrétaire national d'EELV Julien Bayou, appelant à "reconstruire l'ordre du monde." Un discours porté par les élus du mouvement depuis déjà plusieurs semaines. "Le coronavirus est lié à la disparition des habitats naturels d'un certain nombre d'animaux sauvages qui sont en contact avec les humains (...) C'est notre modèle de développement qu'il faut interroger" soulignait le 9 mars sur Public Sénat le député européen EELV David Cormand. Une semaine plus tard, le candidat écologiste à la mairie de Paris David Belliard affirmait sur Radio Classique que la pandémie était "liée à la déforestation". L'homme est-il donc le principal responsable derrière l'émergence du coronavirus ? L'Express a interrogé les chercheurs. Une chose est sûre, la déforestation joue bien rôle dans l'apparition de nouvelles épidémies. En effet, elle conduit l'homme à empiéter sur des écosystèmes qu'il ne fréquentait pas jusqu'alors. Or cette situation n'est pas sans conséquence. "La plupart des pathologies sont des zoonoses, c'est-à-dire des maladies qui existent chez les animaux, puis peuvent se transmettre à l'homme après un contact", explique à L'Express José Jourdane, directeur de recherche honoraire au CNRS, spécialisé en parasitologie. "La déforestation contribue à favoriser ces contacts entre l'homme et la faune sauvage. De fait, il existe de nombreux exemples montrant le rôle de la déforestation dans l'apparition de nouvelles épidémies", développe le chercheur.
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Samedi, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) a adopté la synthèse du second volet de son cinquième rapport d’évaluation. - Consulter le texte, en anglais, du résumé : Climate Change 2014 : Impacts, Adaptation, and Vulnerability, Summary for policymakers. - Consulter une traduction en français du résumé : Changements climatiques 2014 : impacts, vulnérabilité et adaptation - Communiqué de presse, en français, du GIEC. Il traite des conséquences des changements climatiques et de l’adaptation et de la vulnérabilité de nos sociétés aux phénomènes météorologiques. Depuis octobre, une version préparatoire, très proche de la version finale, nous disent des membres du Giec, circule sur Internet. Conclusion des experts : sécheresses, tempêtes ou inondations vont durablement toucher les sociétés… avec des risques d’instabilité accrus. Le rapport confirme et précise des connaissances antérieures, son principal apport étant de commencer à établir des prévisions par grandes régions du globe, en raison de l’affinage des modèles climatologiques. Mais ces changements commencent déjà à être ressentis dans plusieurs pays. Des agriculteurs de pays du Sud sont venus témoigner à Paris lors de la conférence : « Changements climatiques : la parole aux témoins ». Reporterre était là et les a interrogés. Agricultrice dans les Andes péruviennes, América Castillo Cunyas est inquiète. Dans son village de la Province de Huancayo, niché au cœur du massif andin, plus d’un tiers de la population dépend de l’agriculture. América, qui cultive pommes de terre et quinoa et élève cochons d’inde et vaches, doit déjà s’adapter au changement climatique. Pics de chaleurs, vagues de froids et manque d’eau l’obligent à changer le calendrier de ses cultures : « A présent nous sommes forcés de décaler nos récoltes pendant la saison des pluies et elles baissent en qualité et rendement », explique América. « Du coup, nous avons choisi de semer à nouveau des espèces de pommes de terre typiques de notre région, qui consomment moins d’eau et résistent mieux aux intempéries, » explique-t-elle. Pour faire face à ces bouleversements, ces communautés doivent diversifier leurs revenus, notamment en envoyant temporairement travailler les hommes en ville et en vendant les surplus de pommes de terre sur des marchés. Mais le futur s’annonce bien plus sombre : « Le village de La Chamiseria est très menacé par la sécheresse car il dépend du glacier Huayatapallana pour son approvisionnement en eau. Or, il fond de plus en plus vite et il y a moins de neige pour l’alimenter », constate la paysanne. Selon certaines études scientifiques, l’étendue gelée, qui fournit 40 % des réserves d’eau du sous-bassin de Rio Shullcas, pourrait disparaitre d’ici 2030. Ces problèmes pourraient se renforcer en Amérique du Sud, selon les experts du Giec. Il y a un risque élevé sur « la disponibilité en eau dans les régions semi-arides ou dépendantes de l’eau des glaciers », vers le milieu du siècle. Cela devrait entrainer une « baisse de la production et de la qualité des aliments ». En Afrique, des causes différentes pourraient entrainer des conséquences analogues. « Nous subissons des vagues de chaleurs de plus en plus fortes qui rallongent les périodes de sécheresse. Mais nous sommes aussi victimes de très fortes pluies qui, au lieu de lui bénéficier, emportent la végétation nécessaire pour nourrir notre bétail, » explique Hindou Oumarou Ibrahim, coordinatrice de l’Association des femmes peules autochtones du Tchad. - Hindou Oumarou Ibrahim - Son peuple d’éleveurs nomades doit se déplacer plus souvent et plus loin pour subvenir à ses besoins en eau. Ces migrations à plus grande échelle ne vont pas sans poser de nombreux problèmes. Les animaux les plus forts suivent mais perdent en productivité - ils donnent moins de lait -, tandis que les plus faibles peuvent mourir. Mais cela crée aussi des problèmes politiques : « Pour faire pâturer nos animaux, nous sommes forcés de nous déplacer toujours plus vers le sud, ce qui crée des conflits croissants avec les éleveurs sédentaires, » regrette-t-elle. - Lac Tchad - Et comme « dans les régions sèches, la fréquence des périodes de sécheresse va probablement augmenter d’ici 2100 », ces tensions pourraient se multiplier : « Le changement climatique va accroitre indirectement les risques de conflit violent de type guerre civile, violence interethnique et violentes manifestations en exacerbant les facteurs déjà établis comme la pauvreté et les crises économiques, » estime le Giec. Mais toutes les régions ne vont pas manquer de précipitations, certaines vont les voir se multiplier avec toutes les conséquences que cela implique. - Satkhira, au Bangladesh - « Dans notre région, il y a toujours plus de pluies et de tempêtes, » s’alarme Khatun Khukumoni Shahanara, qui vit à Satkhira, au Bangladesh, l’un des pays les plus pauvres et les plus exposés au changement climatique. Elle vit sur une côte qui est de plus en plus touchée par l’érosion. Mais il y a plus grave. - Khatun Khukumoni Shahanara - « Les infiltrations d’eau salée sur les terres cultivables et dans les nappes phréatiques se multiplient à la suite des typhons », poursuit la Bangladeshie. Paradoxalement, cette communauté manque d’eau potable en pleine saison des pluies. « Les femmes doivent donc marcher plus loin et plus longtemps pour trouver de l’eau. » Selon le Giec, « d’ici 2100, à cause du changement climatique […], des centaines de millions de personnes seront affectées par des submersions côtières et déplacées à cause de pertes de terres. La majorité des gens touchés se trouvent en Asie de l’Est, du Sud et de l’Est. » Une chose est certaine, ce sont les pays les plus pauvres qui seront les plus atteints. A la fois à cause de leur situation géographique et de leur manque de moyen pour s’adapter. Selon, les chercheurs, les « risques d’insécurité alimentaire à cause du réchauffement, de la sécheresse, de la variabilité des précipitations, en particulier pour les populations les plus pauvres, » devraient s’accroitre. Ces pays devront donc être soutenus pour faire face. En 2009, à Copenhague, les pays industrialisés avaient promis de verser dix milliards de dollars par an, pour 2010, 2011 et 2012, au Fonds vert pour le climat. D’ici 2020, l’accord devaient atteindre les 100 milliards de dollars d’aide annuelle aux pays en développement. Mais cet argent n’a pas été versé. C’est maintenant que tout se joue… La communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale et quotidienne dans le traitement de l’actualité. Reporterre est un exemple rare dans le paysage médiatique : totalement indépendant, à but non lucratif, en accès libre, et sans publicité. Le journal emploie une équipe de journalistes professionnels, qui produisent chaque jour des articles, enquêtes et reportages sur les enjeux environnementaux et sociaux. Nous faisons cela car nous pensons que la publication d’informations fiables, transparentes et accessibles à tous sur ces questions est une partie de la solution. Vous comprenez donc pourquoi nous sollicitons votre soutien. Des dizaines de milliers de personnes viennent chaque jour s’informer sur Reporterre, et de plus en plus de lecteurs comme vous soutiennent le journal. Les dons de nos lecteurs représentent plus de 97% de nos ressources. Si toutes les personnes qui lisent et apprécient nos articles contribuent financièrement, le journal sera renforcé. Même pour 1 €, vous pouvez soutenir Reporterre — et cela ne prend qu’une minute. Merci. Soutenir Reporterre 📨 Ne passez plus à côté des infos de l'écologie
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Manuel Valls a annoncé vendredi 28 novembre que la Grande Cause nationale 2015 serait la « lutte contre le dérèglement climatique ». C’est ainsi que, pour la première fois depuis sa création en 1977, le label de Grande Cause nationale peut, et doit, être dénoncé. Jusque-là, le choix des Grandes Causes nationales, qui relève du Premier ministre, s’était toujours porté sur un sujet consensuel, par exemple la lutte contre une maladie grave (le cancer, la maladie d’Alzheimer…), la pauvreté ou encore les mauvais traitements. Des sujets peu médiatisés mais de grande importance ont été Grandes Causes, comme la lutte contre la solitude (2011), l’autisme (2012) ou l’illettrisme (2013). Chacune à sa manière, les Grandes Causes nationales ont tenté de rassembler la communauté nationale, de rappeler son unité ferme et résolue face aux malheurs qui peuvent en frapper les membres. On pouvait ergoter, dire que tel sujet aurait été mieux que tel autre, mais il restait impossible de se déclarer frontalement contre la cause qu’il s’agissait de promouvoir. Cette année, cette impossibilité n’en est plus une. Pour 2015, le Premier ministre a en effet rompu avec cette tradition d’expression consensuelle de solidarité nationale en retenant un thème qui est tout à la fois scientifiquement ridicule, politiquement dérisoire et, plus grave, facteur de division. Ce dernier point fait du thème de cette année l’exact inverse de ce pourquoi les Grandes Causes nationales ont été initiées. La Grande Cause nationale 2015 est tout d’abord scientifiquement ridicule, parce que prétendre lutter contre un « dérèglement climatique » implique l’adhésion au mythe du paradis climatique originel. Quelqu’un aurait-il l’obligeance de nous indiquer à quelle époque situer ces temps bénis de perfection météorologique ? L’hiver 1709, peut-être, au cours duquel, comme le raconte Saint-Simon, « le pain gelait sur la table à mesure qu’on le mangeait » ? Ou les hivers du XIXème siècle dont Zola, entre autres, raconte les terribles conséquences ? Il faut le dire avec force une fois pour toutes : quoi que l’on pense des gaz à effet de serre, il n’y a pas, et il n’y a jamais eu de « climat bien réglé » — je défie quiconque d’en produire une définition scientifiquement reconnue. En institutionnalisant une notion de dérèglement impossible à défendre scientifiquement, le pouvoir exécutif fait de cette croyance archaïque en une nature initialement pure et parfaite un élément officiel de son projet politique. La Grande Cause nationale 2015 est, ensuite, politiquement dérisoire. À notre époque où tant de difficultés frappent nos concitoyens, l’on peine à croire qu’un responsable politique au fait des aspirations collectives puisse porter son choix sur une question aussi décalée. Si le Premier ministre manquait à ce point d’idées, que n’a-t-il pris connaissance de la pétition de la Fédération française des diabétiques, par exemple, à qui le label vient d’être refusé pour la seconde fois consécutive ! Il est vrai que les diabétiques ne sont pas à l’agenda de la grand-messe de décembre 2015 à Paris, cet énième rendez-vous mégalomaniaque où l’ordre du jour sera de sauver la planète en empêchant les cyclones de tourner et la mer de monter. La Grande Cause nationale 2015, enfin, est un facteur de division. Malgré le matraquage médiatique incessant et à sens unique au sujet du climat, nul ne peut ignorer aujourd’hui l’existence des climatosceptiques — le mot est même entré dans le dictionnaire l’an dernier. Ceux-ci, dont je fais partie, doutent de l’importance considérable qui est prêtée aux activités humaines dans les évolutions récentes du climat. Je ne vous demande pas de croire qu’ils ont raison, mais seulement de reconnaître une évidence : ils existent. En août 2013, le commissariat général au développement durable a estimé que 35 % l’étaient parmi nos compatriotes. À en croire cette enquête qui émane du Ministère de l’écologie lui-même, promouvoir comme Grande Cause nationale la lutte contre le « dérèglement climatique » revient donc à faire d’un Français sur trois un paria institutionnel, un criminel par la pensée. C’est indigne de notre République. — Sur le web
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On ne peut nier les changements climatiques qui affectent le monde entier. La problématique va se poser au niveau alimentaire. N’est-il pas trop tard pour intervenir ? Merci Françoise G. Partagez ! Volti ****** Cela ne se produit pas uniquement aux États-Unis. Les phénomènes météorologiques extrêmes sont dévastateurs sur les cultures et touchent le secteur alimentaire dans le monde entier. Australie, Corée du Nord et Argentine, voici les derniers rapports faisant état de pénuries alimentaires dans le monde. L’Australie importe du blé pour la première fois depuis plus de dix ans, après la pire sécheresse en 116 ans L’Australie est normalement le principal exportateur de blé de l’hémisphère sud, mais la sécheresse prolongée a fait frire ses récoltes de céréales ces dernières années. En 2018, la production a chuté de 20% pour atteindre un peu plus de 17 millions de tonnes, le plus bas niveau depuis plus de dix ans, selon le département américain de l’Agriculture. Le 9 mai 2019, le gouvernement australien n’avait d’autre choix que d’importer 60.000 tonnes de blé du Canada. « En raison de la pire sécheresse des 116 dernières années, le blé à haute teneur en protéines fait défaut, ce qui est essentiel pour l’usine de traitement du blé Shoalhaven Starches », a déclaré un porte-parole de l’usine. « La raison pour laquelle cette annonce a suscité tant d’attention est que cela ne s’est jamais produit » a déclaré James Maxwell, analyste chez Australian Crop Forecaster. La cargaison devrait arriver dans les 6 à 8 prochaines semaines et sera traitée à l’usine Shoalhaven Starches du groupe Manildra à NSW. La dernière expédition de ce type remonte à 2007 (minimum solaire du cycle 23). – ABC.net.au Les inondations, la grêle et les intempéries affectent les fruits et les légumes en Italie Selon certaines sources, on estime que plus de 70% les fruits à noyau de Basilicate qui ont été perdus. Des pourcentages alarmants, considérant que le secteur agricole est la pierre angulaire de l’économie de cette région. «Des champs de fruits à noyaux entiers ont été détruits. Les plants de pastèque plantés il y a quelques semaines ont été détruits par la grêle », explique Francesco Musillo, directeur d’Agorà PO, qui ajoute:« Même sur les vignobles couverts, la grêle a alourdi les couvertures et brisé les structures. »– Fresh Plaza Les semis en France ralentis par le froid extrême Les semis de maïs en France ont encore ralenti cette semaine, perdant ainsi leur avance par rapport à l’année dernière, à la suite des froids persistants qui entravent les efforts de plantation du pays d’Europe de l’ouest. La France est le troisième plus grand exportateur de maïs au monde, ce qui signifie qu’une récolte retardée ou de mauvaise qualité aura un impact marqué sur les marchés mondiaux. – ElectroVerse Une grave sécheresse a dévasté les cultures au Yucatan, au Mexique La sécheresse dans l’État mexicain du Yucatan a mis le secteur agraire à rude épreuve. Plus de trois mille producteurs ont été incapables de préserver leurs cultures en raison du manque d’infrastructures d’irrigation. Selon le président de l’Association des horticulteurs du Yucatan, Jose Filomeno Tejero Poot, si la sécheresse dure plus longtemps, une grande partie de la récolte de l’État sera perdue et ils devront apporter de la nourriture d’autres parties du pays pour répondre à la demande de la population du Yucatan. – Fresh Plaza En Corée du Nord, des millions de personnes risquent de mourir de faim dans les années qui viennent La pire sécheresse de la Corée du Nord depuis des décennies est causée par la plus faible pluviométrie du siècle, selon le journal officiel du pays. La Corée du Nord n’a reçu que de 56,3 millimètres (2,21 pouces) de pluie ou de neige de janvier au 15 mai, le plus bas niveau depuis 1917. L’eau s’épuise dans les lacs et les réservoirs du pays, et a expliqué que le manque de précipitations «a un effet important sur la culture du blé, de l’orge, du maïs, des pommes de terre et des haricots. – Newsweek L’arrivée tardive du printemps dans certaines régions des États-Unis a des conséquences catastrophiques pour l’industrie alimentaire : les prix vont exploser ! Dans certaines parties des plaines, dans le Dakota du Sud, le Nebraska et même dans l’Oklahoma, un printemps tardif comme celui de cette année ne se produit qu’une fois tous les 10 ans ou plus. De nombreux champs sont en ruine et ne seront pas replantés cette année. Ailleurs, les semis ont été considérablement retardés. Des fissures apparaissent dans l’édifice de l’agriculture moderne: les revenus du plus gros producteur de céréales d’Australie s’effondrent après d’horribles pertes de récoltes Les inondations ont endommagé 600.000 ha de cultures en Argentine Dans un rapport récemment publié, l’Institut national de technologie agricole a estimé que 600.000 ha de cultures étaient affectés par les fortes pluies et les routes inondées, qui ont interrompu la récolte de soja, de maïs et de luzerne. Dans certaines régions, les cultures étaient dans 40 cm d’eau, les propriétaires ont donc décidé de les abandonner. – Telam La demande alimentaire est toujours présente, mais la production alimentaire diminue d’année en année. Il y a un écart entre la forte demande et la réduction de l’offre, nous allons en payer le prix fort. La pénurie alimentaire dans le monde est devenue une réalité. Les prix vont augmenter. soyez prêts ! Source Vu ici Missouri, ça brasse le mauvais temps. 130 tornades dans les derniers jours, 230 en mai. – Pendant que les feux brûlent en Alberta et menacent une ville. – 40 millions d’Américains étaient sous le coup d’une urgence climatique en fin de semaine. – Oklahoma Arkansas des inondations record. – Des douzaines de tornades. – Un mètre et demi de neige dans les Alpes Italiennes. – Fortes neiges en Californie. – Et dans le Midwest américain.–La dégradation des récoltes se poursuit! – Les semis vont être aussi retardés en France à cause du froid. – Les premières restrictions d’eau en Australie depuis 10 ans. – Voyez la tendance? D’ici peu, la situation va donner prise aux calamités. Le climat va vraiment très mal. Ça ne sera pas long avant de se répercuter avec force dans notre assiette. Nous allons souffrir. Entretenir un petit jardin pourrait être salvateur. PDC Échelle de Jacob
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Le réchauffement climatique a succédé à l’eugénisme au cœur des préoccupations du monde. Dans son roman État d‘urgence, Michael Crichton se livre à une comparaison remarquable entre la façon dont le monde d’aujourd’hui s’est saisi du « réchauffement climatique » sur le plan politique et la façon dont la « science » eugéniste s’est propagée il y a un siècle. Pendant près de cinquante ans à partir de la fin du 19ème siècle, les intellectuels, les dirigeants politiques et les élites médiatiques du monde entier se sont convaincus avec toujours plus de force que la science de l’eugénisme était « établie ». Quelques voix isolées tentaient bien de se faire entendre pour contrer cette science vérolée, mais elles étaient tournées en ridicule ou ignorées. Les partisans de l’eugénisme défendaient l’idée qu’on pouvait améliorer la race humaine en contrôlant la reproduction. Les scientifiques les plus respectés de Yale, Harvard, Princeton et quelques autres bastions de la rigueur intellectuelle firent une retraite sur Long Island en un lieu appelé Cold Spring Harbor, le tout financé par la Fondation Ford, la Fondation Rockefeller et la fortune Harriman, en collaboration étroite avec le ministère de l’Agriculture, le Département d’État (Affaires étrangères) et d’autres agences américaines. Cette « science » ne manquait pas d’adeptes très en vue. Théodore Roosevelt, Winston Churchill et Woodrow Wilson en étaient de fervents partisans. Elle reçut l’approbation de juges de la Cour suprême, de personnalités qualifiées de l’enseignement supérieur et de lauréats de Prix Nobel. La fondatrice du Planning familial, Margaret Sanger, faisait partie des soutiens les plus bruyants. En 1916, elle créa la première clinique du « contrôle de la reproduction ». La théorie stipulait que les « meilleurs » êtres humains n’avaient pas autant d’enfants que les humains « inférieurs », c’est-à-dire les étrangers, les immigrants, les juifs, les noirs, les dégénérés, les handicapés et les « faibles d’esprit ». Margaret Sanger disait que « pourvoir aux besoins du bon à rien aux dépens du bon était d’une extrême cruauté ». Elle parlait du fardeau de s’occuper de « ce poids mort de débris humains ». H. G. Wells se prononça contre « les essaims mal formés de citoyens inférieurs ». Roosevelt déclara que « la société n’a aucune raison de permettre à des dégénérés de se reproduire » et George Bernard Shaw résuma le tout en disant que seul l’eugénisme pouvait sauver l’humanité. Vingt-neuf États des États-Unis adoptèrent des lois autorisant la stérilisation. Au total, 60 000 Américains furent stérilisés, dont quelques-uns légalement. Les Allemands se montrèrent les plus progressistes, ce en quoi ils ne manquèrent pas d’aide : la Fondation Rockefeller finança l’Institut Kaiser Wilhelm et parmi ses principaux chercheurs sur les races, l’un d’entre eux était Josef Mengele. Les « déficients mentaux » d’Allemagne étaient conduits dans des logements construits à cet effet, et où ils étaient interrogés. Ils étaient ensuite transférés dans une pièce isolée où ils étaient gazés. Ce programme allemand fut généralisé en un vaste réseau qui tua au final 10 millions d’indésirables. Après la seconde guerre mondiale, de nombreux soutiens officiels de la pseudo science eugéniste cessèrent de l’évoquer. Les universités supprimèrent les manuels qui lui étaient consacrés et ne l’enseignèrent plus. Mais tout le monde ne ferma pas les yeux. Encore tout récemment, le 24 juillet 2004, le Dr Tony Platt, historien des sciences, témoigna devant le Comité judiciaire du Sénat de Californie à propos de la résolution N° 20 relative à l’eugénisme. Il tomba d’accord pour dire que l’État devrait s’excuser pour ses actions de stérilisation. Dès lors, il est essentiel de se demander comment des chercheurs universitaires ont pu aboutir à des conclusions qui conduisaient à une violence aussi épouvantable à l’égard de la société. Un examen critique de ces travaux mit en évidence que les chercheurs ajustèrent leurs résultats afin de conforter les théories de ses financeurs. Ceci n’a rien d’inhabituel. Il est très facile de croire que la science établie à propos du changement climatique est tout aussi sujette à caution. Elle pourrait fort bien être un exemple supplémentaire de pseudo-science captivante pour l’imagination des politiciens, des élites et des médias majeurs de notre temps qui recherchent désespérément un moyen « scientifique » de nous obliger à changer nos façons de vivre. Selon H. L. Mencken, « le besoin pressant de sauver le monde est presque toujours un faux-semblant pour le diriger. » On nous montre des images de blocs de glace gigantesques qui tombent dans la mer depuis la Péninsule antarctique, celle-ci correspondant à environ 2% du continent antarctique. Peu importe le fait que les 98% restants augmentent de 26,8 gigatonnes de glace par an. On nous dit aujourd’hui que l’activité humaine génère une augmentation dramatique des niveaux de dioxyde de carbone et que cela provoque le « réchauffement climatique ». Alors qu’en janvier 2003 je faisais partie d’une délégation du Congrès américain rendant visite à l’expédition Antarctique, on nous montra les résultats obtenus à partir des carottes de glace de Vostok qui permirent de mesurer les températures et les niveaux de CO2 jusqu’à 400 000 ans en arrière. À cette époque reculée, le niveau de CO2 était de 280 ppm, c’est-à-dire à peu près ce qu’il était il y a 20 ans. Les niveaux de CO2 et les températures ont augmenté et diminué de concert pendant plus de 400 000 ans. « Qui brûlait de l’énergie fossile il y a 400 000 ans ? » ai-je demandé. On m’a regardé comme si j’étais affreusement mal élevé. On sait depuis des années que la plus grande partie du CO2 se dissout dans les océans. On appelle cela la « séquestration du carbone ». Les océans contiennent 60 fois plus de CO2 que l’atmosphère. On sait également que les eaux plus froides dissolvent davantage de CO2 que les eaux plus chaudes. D’après vous, quelle est la cause, quel est l’effet ? Nous avons actuellement des niveaux de dioxyde de carbone de 380 ppm. Une étude récente menée à l’Université de Californie de Davis est parvenue à la conclusion que la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère il y a 300 millions d’années était de l’ordre de 2 000 ppm. Et on nous explique ensuite : « la même augmentation est attendue par les experts d’ici la fin du siècle alors que les dernières réserves d’énergies fossiles seront brûlées. » Si l’on doit considérer comme certain que l’utilisation humaine des énergies fossiles sera la cause d’une augmentation des niveaux de CO2 qui atteindront 2 000 ppm dans 93 ans, ne devrait-on pas nous expliquer d’abord qui brûla de l’énergie fossile il y a 300 millions d’années ? En fait, on nous traite comme devant un tour de passe-passe. Le gaz à effet de serre le plus présent et le plus efficient dans l’atmosphère n’est pas le CO2, c’est la vapeur d’eau, qui compte pour environ 60% tandis que le CO2 représente 26%. Dès lors, pourquoi nous sert-on matin, midi et soir la théorie selon laquelle nous détruisons l’environnement par nos comportements hautement carbonés ? Parce que notre comportement n’a à peu près rien à voir avec la vapeur d’eau. Cette dernière ne peut donc pas intéresser ceux dont l’objectif principal consiste à diriger nos vies. Afin de mieux se concentrer sur vous et sur ce que vous faites pour augmenter le CO2 dans l’atmosphère, ce qui, comme chacun sait, va détruire la planète, personne ne s’intéresse à l’activité des termites. Pourtant, il y a quinze ans, on estimait que la digestion des termites produisait chaque année 50 milliards de tonnes de CO2 et de méthane, soit plus que les émissions mondiales de CO2 dues à l’utilisation des énergies fossiles. On peut ajouter à cela l’énorme production du bétail, des chevaux et des autres ruminants, mais comme nos exigences écologiques les laissent de marbre, leur activité est ignorée. Les termites sont responsables de 11% de la production mondiale de méthane, qui est aussi un gaz à effet de serre, à partir de sources naturelles. 76% proviennent de zones humides qui fournissent un habitat favorable aux bactéries qui produisent 145 millions de tonnes de méthane par an lors de la décomposition de la matière organique. Il est curieux que les plus alarmistes à propos du changement climatique le soient également pour la préservation et l’augmentation des zones humides. Au travers nos lectures, mais aussi des nombreux films documentaires produits par les alarmistes, il apparaît clairement que si les humains ne changent pas leur mode de vie, la planète est vouée à la destruction. Ce n’est pas la première fois que les comportements humains sont soumis à une telle pression. Beaucoup d’entre vous se rappelleront les études « scientifiques » réalisées il y a 30 ans au sujet de la destruction de la couche d’ozone, en particulier aux pôles, qui devait réduire les capacités de l’atmosphère à stopper les rayons infrarouges du soleil [NdlR : il s’agit en fait des rayons ultraviolets]. Nous devions voir apparaître une recrudescence des cancers de la peau et hausse des températures. Selon la théorie de l’époque, ceci résultait de la production accrue de chlorofluorocarbures (CFC) utilisés dans les unités de réfrigération, le fréon par exemple. Lorsque le fréon fut inventé, on le considérait comme un gaz miraculeux. Dans les unités de réfrigération, il remplaçait une combinaison de gaz toxiques véritablement mortels pour l’homme s’ils étaient relâchés dans l’atmosphère. Mais la science établie décréta que l’activité humaine était une menace pour la planète. La production de CFC fut interdite et on déplora la mort de milliers de personnes dans le monde entier à la suite de la consommation d’aliments dégradés par manque de réfrigération. La production mondiale de CFC culmina à 1,1 million de tonnes par an. Si 100% de cette quantité avait été relâchée, cela aurait ajouté 750 000 tonnes de chlore dans l’atmosphère ; anecdotique comparé aux 300 millions de tonnes que les océans produisent annuellement par simple évaporation de l’eau de mer. Mais les activités de la mer ne pouvant être contrôlées, les alarmistes se sont tournés vers nous. De la même façon, l’éruption du Mont Pinatubo en juin 1991 généra certains des niveaux de chlore et de brome parmi les plus élevés dans l’histoire et entraîna les niveaux les plus faibles jamais enregistrés pour la couche d’ozone. Eh bien, figurez-vous que la Terre a survécu. Aujourd’hui, s’il y a une science établie, elle est le fait de climatologistes qui ont observé et étudié le monde pendant des décennies. Nombre d’entre eux sont à la retraite et ne courent pas après les subventions d’État pour poursuivre leurs recherches. Ils ne sont donc nullement enclins à atteindre des résultats politiquement populaires. La plupart ont traversé plus d’un cycle d’alarmisme fatidique. On repense aux prédictions publiées par des scientifiques dans Time magazine sous le titre « Un autre âge de glace ? » (1974) et dans Newsweek sous le titre « Un monde en refroidissement » (1975). Ce dernier article affirmait que les scientifiques « sont presque unanimes pour dire que cette tendance va faire diminuer la productivité de l’agriculture pour le reste du siècle. Si le changement climatique est aussi important que les craintes exprimées par les plus alarmistes, il pourrait en résulter des famines catastrophiques. » Mais les vieux sages à cheveux blancs pensent que nous traversons des cycles de réchauffement et de refroidissement parfaitement normaux, tels que la planète en a connu depuis des centaines de millions d’années en fonction de l’activité du soleil. La terre est réchauffée par le soleil. Le soleil est impacté par des forces magnétiques qui créent des explosions appelées taches solaires et qui augmentent la chaleur qu’il diffuse. Lors de la période la plus froide du Petit âge glaciaire, qui se termina à la fin du 19ème siècle, les taches solaires disparurent presque complètement pendant 70 ans et la terre se refroidit. L’activité des taches solaires est en déclin depuis plusieurs années et on s’attend à ce qu’un déclin de l’ordre de 40% se poursuive pendant encore 10 ans. Le monde est sur le point d’entrer dans une période de refroidissement. Soyez prêts à changer votre mode de vie. — Sur le web. Publié dans le Washington Times, le dimanche 18 février 2007. Source. Traduction par Nathalie MP pour Skyfall.fr
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Envoyer du soufre dans la haute atmosphère pour réduire le rayonnement solaire qui atteint la Terre ? Transformer la chimie les océans du monde pour qu’ils absorbent plus de carbone ? Ces techniques de "géo-ingénierie" sont activement soutenues par les puissants de la planète : ils espèrent qu’elles leur permettront d’éviter la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un réseau de partisans de l’investissement dans un programme majeur de recherche s’est ainsi constitué et gagne en influence. Au cœur de ce réseau se trouve un duo de scientifiques nord-américains très impliqués dans la recherche en géo-ingénierie, composé de David Keith, physicien de l’université Harvard, et Ken Caldeira, spécialiste des sciences de l’atmosphère à l’université Stanford. Cela fait quelques années que David Keith et Ken Caldeira partagent leur expertise sur le changement climatique avec Bill Gates, qu’ils ont convaincu d’engager plusieurs millions de dollars pour financer la recherche en géo-ingénierie (Richard Branson, le patron de Virgin, fait également partie des promoteurs de la géo-ingénierie comme réponse au changement climatique). Bill Gates est actuellement le plus important financeur de la recherche en géo-ingénierie dans le monde. Il a notamment investi dans la société Silver Lining qui travaille sur les techniques d’éclaircissement des nuages marins. Il possède également des parts dans la société Carbon Engineering Ltd, une start-up créée par David Keith pour développer une technique de capture du dioxyde de carbone dans l’air ambiant à l’échelle industrielle. On retrouve encore Bill Gates investisseur dans la société Intellectual Ventures, fondée par d’ex-employés de Microsoft et dirigée par Nathan Myhrvold, ancien directeur de la technologie du géant de l’informatique. Intellectual Ventures a développé une technologie, appelée « StratoShield » (bouclier stratosphérique) , de tuyau suspendu à des ballons dirigeables dans le ciel qui permettrait de disperser des aérosols soufrés. Le dispositif est vendu comme un « moyen pratique et peu coûteux d’inverser le réchauffement catastrophique de l’Arctique, ou de la planète entière ». Les compagnies pétrolières soutiennent la géo-ingénierie Les dernières années ont été marquées par une effervescence sur le front des brevets portant sur des méthodes d’ingénierie du climat. Certains de ces brevets ont une portée si large que s’ils étaient exécutoires, ils placeraient par exemple la possibilité d’ensemencer les océans entre les mains d’une seule et même personne. Nous allons vers une situation où les efforts de la communauté internationale pour protéger l’humanité de la catastrophe climatique pourraient dépendre du bon vouloir d’une société à vendre sa propriété intellectuelle. Anticipant les évolutions politiques futures, les compagnies pétrolières commencent à discrètement soutenir la recherche en géo-ingénierie. La Royal Dutch Shell finance ainsi une étude sur l’ajout de chaux dans les mers. Le directeur scientifique du géant du pétrole BP est à l’origine d’une réunion d’experts qui a abouti en 2009 à un rapport influent sur l’ingénierie du climat comme réponse aux urgences climatiques Alors qu’elle s’est employée pendant de nombreuses années à discréditer les sciences du climat, la société ExxonMobil investit également le domaine de l’ingénierie climatique. Le porte-parole d’ExxonMobil sur la géo-ingénierie est Haroon Kheshgi, qui dirige son programme intitulé Global Climate Change. En 1995, il fut le premier à proposer d’ajouter de la chaux dans les océans pour réduire l’acidification due à l’augmentation rapide des concentrations de carbone dans l’atmosphère. Via Haroon Kheshgi, Exxon a commencé à influencer divers rapports « indépendants » sur la géo-ingénierie, comme celui de la NASA en 2007. Le développement des visées commerciales autour de la géo-ingénierie s’accompagne très clairement de l’émergence d’une base qui a intérêt à ce que la recherche avance, et au final, que les techniques soient déployées. Un tel lobby est par nature enclin à soutenir que les mesures d’adaptation au changement climatique sont « irréalistes » et « politiquement impossibles à mettre en œuvre », et que la raison dicte de faire des recherches en ingénierie du climat. Ainsi, de nombreuses voix s’élèvent déjà pour demander un financement public de la recherche et les gouvernements commencent à manifester leur intérêt. Le gouvernement chinois a ainsi récemment inscrit la géo-ingénierie parmi ses priorités de recherche en géosciences, ce qui constitue un basculement géopolitique important sur la question du changement climatique. Si nous en arrivons au stade du déploiement, on peut prédire sans risque que toute initiative visant à interrompre le programme (par exemple à cause de dommages environnementaux inattendus ou de conflit international) sera combattue par la nouvelle industrie avec des arguments sur la dépréciation des actifs et la destruction d’emplois. Affaiblissement des politiques de réduction des émissions Aujourd’hui, il peut sembler absurde que des considérations de ce type puissent entrer en ligne de compte alors que c’est le sort de la planète qui est en jeu, mais l’histoire des politiques environnementales nous apprend que ce genre de décisions n’est jamais fondé uniquement sur des considérations scientifiques. Tout ceci pointe vers ce qui est peut-être le risque majeur des recherches en géo-ingénierie, à savoir qu’elles vont saper les incitations à réduire les émissions. Dans un contexte politique et économique où la réduction des émissions n’apparaît pas comme une priorité, la géo-ingénierie se présente comme le nouveau grand espoir. Aux Etats-Unis, des think tanks de droite comme l’American Enterprise Institute, qui ont alimenté le climatoscepticisme pendant des années, défendent maintenant la géo-ingénierie comme une alternative à la réduction des émissions. Comment un gouvernement ne serait-il pas séduit par la solution technique qui écrase toutes les autres solutions techniques ? Imaginez simplement : plus besoin de s’attaquer aux puissantes compagnies pétrolières, plus besoin de taxer le pétrole et l’électricité, plus besoin de demander aux consommateurs de changer de mode de vie. Face au réchauffement climatique qui serait la preuve de la faillite de l’homme, la géo-ingénierie constitue la promesse du triomphe de son ingéniosité. Alors que le changement climatique menace de déstabiliser le système, la géo-ingénierie promet de le protéger. Toutefois, la question que cela soulève est immense. Quel genre d’êtres sommes-nous devenus si nous pensons que nous pouvons nous servir de la technique pour manipuler le système climatique de la planète entière pour l’adapter à nos besoins pour les millénaires à venir ? Clive Hamilton publie en octobre Les apprentis sorciers du climat, une enquête approfondie sur la géo-ingénierie. Il participe le 22 octobre à un débat avec la climatologue Valérie Masson Delmotte et l’essayiste Hervé Kempf. 📨 Ne passez plus à côté des infos de l'écologie
biased
Le pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille a ouvert une information judiciaire sur les rejets de l'usine d'alumine Alteo de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, a-t-on appris ce lundi de sources concordantes. Huit personnes avaient déposé plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui afin de faire cesser les rejets de cette usine qui a notamment déversé des "boues rouges" pendant des décennies dans le Parc national des Calanques. L'information, qui porte sur la période du 21 juin 2012 à juillet 2018, a été ouverte, entre autres, pour "infraction à la législation sur les installations classées", a précisé le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, à l'AFP. Depuis fin 2015, Alteo a cessé ses rejets en mer de "boues rouges" solides, ne rejetant plus qu'un effluent liquide. Les rejets solides sont désormais stockés sur un terrain, sur le site de Mange Garri, à Bouc-Bel-Air, près de Gardanne. Les plaignants, parmi lesquels des riverains de la zone de stockage, un pêcheur de La Ciotat, ainsi que l'ONG écologiste ZEA, estiment que les rejets liquides demeurent dangereux pour le milieu marin tout comme les boues stockées à proximité de l'usine et dont les poussières, un jour de fort mistral, avaient recouvert de nombreuses habitations. En 2018, la justice a réduit de deux ans, à fin 2019, le délai accordé à l'usine pour mettre ces rejets liquides en conformité avec les normes environnementales.
true
Under the pole et ses explorateurs sous-marins sensibilisent sur l’état de l’océan Les explorateurs sous-marins d’Under the pole viennent de boucler une campagne d’observation scientifique de quatre ans à bord du Why. Ils reviennent avec des réponses, des constats alarmants mais surtout l’envie de repartir en expédition dans les profondeurs. Depuis 2007 Under the pole multiplie les expéditions scientifiques océaniques. Ghislain Bardout et Emmanuelle Périé-Bardout se sont donnés pour objectif de faire découvrir au grand public le monde sous-marin. « La première vocation de l’ensemble de l’action que l’on mène est d’inspirer, de communiquer nos valeurs et notre passion, mais surtout de faire de la sensibilisation pour préserver l’océan, souligne Ghislain Bardout, cofondateur d’Under the pole. Il faut d’abord faire entendre la voix de la science. Faire remonter l’information scientifique pour la partager avec les décideurs pour vulgariser et distribuer le message. » Le retour du Why, navire d’expédition emblématique d’Under the pole, à Concarneau (Finistère) samedi 18 septembre 2021, boucle un périple scientifique commencé il y a quatre ans qui a mené la goélette de 18 m de long de la banquise Arctique aux récifs de coraux polynésiens. Des avancées scientifiques Quatre années de campagnes sous-marines, avec plus de 1 000 plongées – souvent à plus de 110 m et un record mondial à – 172 m, qui ont permis de constituer la plus grande collection de coraux mésophotiques du monde, avec 1 749 échantillons prélevés au-delà de 30 m. « Nous avons découvert aussi de nouveaux genres et peut-être une nouvelle espèce de corail. » Un périple qui marque aussi un tournant pour les spécialistes de l’exploration sous-marine qui voient plus grand. Avec l’arrivée annoncée fin 2023 d’un nouveau navire, le Why not. Un voilier moderne, au cahier des charges extrêment pointu, entièrement dédié à l’exploration sous-marine et à la recherche. « Au début nous étions tout petits, relate le cofondateur. Pour Under the pole II, nous étions une belle équipe, mais bénévole. Under the pole III, a été le début de la professionnalisation. Aujourd’hui, nous sommes treize à travailler à plein temps à Concarneau . P arfois, nous sommes jusqu’à trente personnes sur le terrain, plus des scientifiques. » Pour Under the pole IV, qui repartira au printemps prochain vers le Spielberg avant de rejoindre les Canaries puis les Caraïbes début 2023, les aventuriers des profondeurs continuent de s’appuyer sur les scientifiques du Centre national de recherche scientifique (CNRS) et du Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe). Avec le programme Deeplife, qui devrait durer dix ans, Under the pole part cette fois à la découverte de la biodiversité des profondeurs, particulièrement celle des forêts sous-marines. « Notre ambition est d’appuyer la science, de développer un modèle de collaboration ou finalement, sans les scientifiques on ne ferait rien et les scientifiques sans nous seraient dans la même situation. Ensemble, on s’appuie sur nos ressources et compétences respectives pour repousser les limites. » Réchauffement climatique : des bouleversements évidents Ghislain Bardout et Emmanuelle sa compagne se sont rencontrés lors des expéditions arctiques de Jean-Louis Étienne. En plus de quinze ans d’explorations, ils ont aussi constaté des bouleversements qui trouvent leurs causes dans le réchauffement climatique. « Nous n’avons pas mené de programme qui permet de comparer ce que l’on a vu hier et ce que l’on constate aujourd’hui, regrettent les explorateurs. Mais nous avons entendu les témoignages des scientifiques ou celui des Inuits du Groenland, qui voient des populations de poissons diminuer ou au contraire d’autres monter toujours plus au Nord. Des évolutions qui changent les modes de vie avec des populations qui se tournent de plus en plus vers la pêche. Elles sont aussi contraintes par la fonte de la glace d’abandonner les déplacements en traîneaux. » Le blanchissement des coraux dans les eaux tropicales a aussi interpellé le couple. Un constat qui résonne avec le dernier rapport du GIEC qui prédit la disparition des coraux de surface pour 2050. D’autant plus de raisons pour les aventuriers de reprendre leurs explorations pour tenter de sensibiliser avant qu’il ne soit trop tard.
true
"Notre maison brûle. Littéralement". Le 22 août dernier, Emmanuel Macron a qualifié en ces termes les violents incendies qui ravagent la forêt amazonienne depuis plusieurs semaines, déplorant même une "crise internationale". Depuis, le président français n'a eu de cesse de montrer sa volonté de stopper ces feux, en annonçant suspendre la signature de l'accord UE-Mercosur [un projet d'accord commercial avec plusieurs pays d'Amérique du Sud], ou en déclarant par exemple que la France était "une puissance amazonienne" durant le sommet du G7. Mais si Emmanuel Macron n'a pas manqué d'exercer une forte pression sur le président brésilien Jair Bolsonaro, la France semble pourtant loin d'être exemplaire en ce qui concerne la protection de cette zone, notamment en Guyane française. Dans une tribune publiée sur franceinfo dimanche, le Grand conseil coutumier des peuples amérindien et bushinengué dénonce même cette hypocrisie du gouvernement français, déclarant être "dans l'étonnement" vis-à-vis du positionnement d'Emmanuel Macron, et déplorant le fait que "le véritable problème est politique et économique, et est soutenu par la majorité des dirigeants au niveau mondial". L'Express a posé trois questions à Marine Calmet, chargée du plaidoyer au sein de l'association Nature Rights, qui défend la préservation des droits de la Nature et des peuples autochtones en Guyane. Elle est aussi porte-parole du collectif "Or de question", qui lutte contre le projet de la "Montagne d'or" dans cette zone et dénonce un "double jeu" de la part du gouvernement français. L'Express. Quelle a été votre réaction face aux incendies qui ravagent la forêt amazonienne ? Marine Calmet. Comme tout le monde, nous avons été très choqués par ces images. Nous avons été atterrés par les propos du président brésilien, Jair Bolsonaro, qui reflètent le peu de considération qu'il a pour la planète et la vie en général. Mais, au-delà des incendies, nous assistons à une destruction de la forêt amazonienne extrêmement inquiétante. En Guyane, nous sommes au premier rang de ce triste spectacle. L'impact lié au changement climatique est visible : il perturbe la floraison des plantes, les cycles des animaux... Mais c'est encore compliqué de savoir quels seront les impacts à long terme sur la forêt. Ce dont nous sommes certains, c'est que les étendues naturelles se meurent, et nous assistons à une déforestation qui menace clairement notre territoire. LIRE AUSSI >> Feux en Amazonie : Bolsonaro pointe de nouveau du doigt les ONG Lorsqu'on survole la Guyane, on voit des grosses balafres dans le sol, où d'énormes flaques de boue ont remplacé les arbres. On voit des bateaux qui raclent le sol à la recherche d'or, ce qui provoque une contamination au mercure, qui empoisonne les peuples autochtones. C'est un spectacle affligeant. En quoi les propos d'Emmanuel Macron peuvent-ils vous sembler hypocrites ? Je pense qu'il y a un double jeu : c'est toujours plus simple d'aller critiquer ce qui se passe chez le voisin plutôt que faire son mea-culpa. Nous assistons à un double discours qui est grave, notamment pour la protection de la forêt primaire. La vérité, c'est qu'il existe encore des permis miniers délivrés aux entreprises en Guyane. Ce gouvernement a permis de délivrer 360 000 hectares de terre à l'industrie minière : contrairement à ce qu'on essaie de nous faire croire, il n'y a pas de frein à cette activité minière. Même si Emmanuel Macron a annoncé que le projet de la "Montagne d'or" ne se ferait pas, rien n'est enterré. La compagnie chargée du projet a même demandé un renouvellement de la concession, donc nous ne sommes pas certains d'être engagés vers une sortie totale de l'industrie minière en Guyane. LIRE AUSSI >> Guyane : qu'est-ce que la controversée "Montagne d'or" ? Et ça ne s'arrête pas là. Nous voyons également de plus en plus de projets de biomasse qui menacent la forêt. Ce mode de production énergétique repose sur la combustion du bois... Concrètement, cela veut dire qu'on met la main sur des hectares de forêt, qui vont ensuite être brûlés pour produire de l'énergie, et rien n'est fait pour lutter contre cela, au contraire. On ne va pas dans le bon sens ! En Guyane, le gouvernement français n'est absolument pas à la hauteur, non plus, pour contrôler l'orpaillage illégal, qui détruit la forêt à petit feu. Les contingents ne sont pas suffisants pour contrôler la forêt, qui ne nous appartient plus : on arrive, sur le territoire, à plus de 10 000 orpailleurs illégaux, et rien n'est fait par le gouvernement français pour les stopper. Quelles solutions doivent être mises en place selon vous ? Les peuples autochtones ont posé de grandes revendications, notamment pour obtenir leur part de décision sur les territoires de Guyane. Il serait temps d'écouter et de faire preuve d'humilité par rapport à l'appel du Grand conseil coutumier des peuples amérindien et bushinengué, et de laisser la gestion de ces territoires aux peuples qui les connaissent le mieux, et qui ont toujours su les protéger. Ce n'est qu'en s'appuyant sur la connaissance de ces peuples que nous pourrons protéger ces étendues. Concernant la décision d'Emmanuel Macron de ne plus soutenir le Mercosur, on ne peut que s'en réjouir. Mais cela permettra-t-il vraiment de bloquer la ratification de ce traité ? On est en droit de s'en inquiéter. Idem pour la proposition d'Annick Girardin de créer un fonds international contre les feux de forêt et le reboisement : l'initiative est intéressante, mais elle ne prend absolument pas la mesure de la responsabilité que nous avons vis-à-vis de ces territoires. À aucun moment, les peuples autochtones concernés n'ont été représentés dans ce genre de décision. Il s'agit maintenant de trouver une voie d'apaisement. Jair Bolsonaro est clairement en train de réaliser une de ses promesses de campagne : raser la forêt amazonienne pour pouvoir installer l'agro-industrie dans le pays. Il a été élu sur l'idée de dire : "Nous n'avons plus de place pour les terres autochtones". Nous nous devons d'empêcher cela. Actuellement, par les relations que nous entretenons avec le Brésil, nous approuvons indirectement leur politique. Aujourd'hui, le gouvernement français doit être plus concret, tant dans la parole que dans l'action, pour démontrer que nous ne cautionnons pas cette politique.
true
La taxe carbone vient sans doute de subir un coup mortel. Fort heureusement pour nous tous. C’est une conséquence de la suspension pour six mois de la hausse du prix de l’essence et du diesel, annoncée par Édouard Philippe le 4 décembre 2018. Le prix fictif du dioxyde de carbone, déterminé par un mécanisme particulièrement confus et obscur, devait passer de 44,6 € la tonne en 2018 à 55 € la tonne au 01/01/2019. Il n’en sera rien. Le moratoire risque fort de se pérenniser. UNE TAXE PIGOUVIENNE La Contribution climat-énergie, dite couramment taxe carbone, est une taxe visant à augmenter artificiellement le prix des produits émetteurs de dioxyde de carbone (CO2). Ce type de taxe avait été préconisé par l’économiste anglais Arthur Cecil Pigou (1877-1959) afin d’incorporer le coût de certaines externalités au prix des produits. Une externalité est un dommage subi et financé par la collectivité entière. Ainsi, la consommation de tabac majorant fortement le risque de cancer ou de maladies cardio-vasculaires, et donc le coût global du système public de santé, ce produit est fortement taxé. Il en va de même pour l’alcool. Les économistes qualifient ces mesures fiscales incitant à la non consommation de taxes pigouviennes. En ce qui concerne la taxe carbone, l’externalité à incorporer dans le prix à la consommation résulte de l’analyse écologiste de l’évolution climatique future. Les émissions de CO2 liées à l’activité humaine conduiraient à terme à un réchauffement climatique induisant de multiples catastrophes (fonte des glaciers et de la banquise, dégel du permafrost, hausse du niveau des océans, désertification, etc.). Il convient donc, selon cette approche, de décourager la consommation des produits émetteurs de gaz à effet de serre (CO2, méthane) par la taxation. COMMENT CALCULER LE COÛT DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ? La taxe carbone est une taxe pigouvienne très particulière. D’abord parce qu’elle a un aspect idéologique. Si le caractère anthropique du réchauffement climatique suscite l’adhésion d’un grand nombre de personnes et de responsables politiques, il n’y a pas du tout unanimité sur ce point. La taxation repose donc sur une hypothèse culpabilisante pour l’humanité : « votre croissance économique excessive conduit au désastre ». Par ailleurs, il est impossible d’estimer le coût du réchauffement climatique. Des calculs purement théoriques se basant sur le coût marginal des dommages induits ou sur l’élasticité-prix de la demande d’énergies fossiles ont été réalisés. Mais tous ces calculs reposant sur des données d’une extrême fragilité, ils n’ont absolument aucune valeur. Le niveau de la taxe est donc totalement arbitraire. Actuellement en France, la taxe carbone est incorporée aux autres taxes sur les produits énergétiques (pétrole, gaz, charbon) sous forme d’une composante carbone. Un prix théorique du CO2 émis par la consommation de l’énergie considérée est fixé puis incorporé au prix de vente au consommateur. Ce prix dépend uniquement de facteurs politiques mais doit, selon le dogme écologiste, augmenter progressivement. Ainsi, en France, le prix de la tonne de CO2 était de 7 € en 2014, de 14,5 € en 2015, de 22 € en 2016, 30,5 € en 2017, 44,6 € en 2018. L’objectif fixé par la loi de transition énergétique de 2015 se situe à 100 € en 2030. Cette trajectoire de hausse progressive devra sans doute être abandonnée puisque le passage à 55 € au 1er janvier 2019 n’a pas été possible du fait de la révolte contre l’ensevelissement de la population française sous des prélèvements obligatoires en augmentation constante depuis un siècle. UNE TAXE INJUSTE ET INEFFICACE La taxe carbone, adoptée sous le quinquennat de François Hollande, est d’une injustice qui aurait dû faire reculer un prétendu socialiste s’il n’avait pas été sous influence idéologique écologiste. Il est bien évident qu’une hausse générale du prix des énergies fossiles représentera peu de choses pour une personne gagnant 15 000 € par mois, mais énormément pour une personne en gagnant 1 200. L’incitation sera quasiment nulle pour les riches et insupportable pour les pauvres. De là à penser que l’objectif réel du gouvernement est de faire rentrer des recettes fiscales et n’a rien d’écologique, il n’y a qu’un pas que certains ont franchi, peut-être à juste titre. Mais cette taxe est également inefficace car si le mécanisme préconisé par l’idéologie écologiste est vraiment appliqué, elle perd tout effet incitatif. En principe, selon le dogme, le produit de la taxe carbone doit être redistribué intégralement, ce qui n’est pas le cas en France. L’effet sur l’équilibre des finances publiques est alors nul. C’est apparemment un point fort du raisonnement. La redistribution doit nécessairement consister en un accompagnement social de la mise en œuvre de la taxe. Dit simplement, les moins favorisés financièrement ne doivent pas subir l’impact de la hausse du prix des énergies fossiles, la neutralisation de la taxe carbone étant réalisée par des mécanismes techniques divers (crédit d’impôt, allocation, etc.). Mais dans un tel cas l’effet incitatif est limité aux catégories sociales supérieures et moyennes supérieures, catégories sur lesquelles cet effet incitatif est précisément assez faible du fait de leur pouvoir d’achat élevé. Les moins favorisés ne verront aucun intérêt à modifier leur comportement de consommation puisqu’ils seront aidés et les plus favorisés pourront supporter sans difficulté l’augmentation du prix. À cela, les écologistes répliquent que la transition énergétique suppose une politique d’ensemble permettant à tous de passer progressivement à des comportements vertueux (véhicules électriques, logements bien isolés thermiquement, etc.). Il faut donc aussi subventionner sur fonds publics toutes ces évolutions. En réalité, l’impact sur les finances publiques est colossal car la taxe carbone à elle seule n’a aucun effet. Elle doit faire partie d’un ensemble interventionniste complexe et d’une lourdeur jamais atteinte qui aboutit nécessairement à terme à un nouveau régime politique : le totalitarisme écologiste.
fake
Après les déclarations musclées d'Emmanuel Macron sur les propositions de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), qui ne sont pas "la Bible ou le Coran" selon le président de la République, le gouvernement dévoile au compte-gouttes le sort qu'il compte réserver aux préconisations des 150 citoyens tirés au sort : transmises "sans filtre" au Parlement, comme le chef de l'Etat s'y était engagé, ou édulcorées ? Après un premier après-midi de réunions lundi avec la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon et son collègue des transports, Jean-Baptiste Djebbari, les portes n'ont pas claqué. Et l'absence de portes, pour cause de visioconférence, n'y est pour rien. "J'en ressors beaucoup moins déçu que prévu, confie Grégoire Fraty, l'un des membres de la CCC. Je retrouve beaucoup de nos propositions, même s'il y a encore des trous dans la raquette." Sa collègue Mélanie Cosnier, qui n'est pas "la plus radicale," comme elle se définit elle-même, abonde : "Certains disent que ce n'est pas assez. D'autres, comme moi, pensent que c'est un bon début. C'est vraiment un premier jet." Si les réactions, et les critiques, sont restées très mesurées, c'est peut-être surtout car le gouvernement est resté vague sur des points essentiels. "Ce sont des perspectives floues et peu encourageantes", regrette Matthieu Sanchez, du groupe de travail "Se déplacer", à propos de l'absence d'engagement ferme sur la création d'une éco-contribution sur les billets d'avion. L'exécutif veut épargner un secteur durement frappé par la crise du coronavirus. Il est aussi déçu par la décision de repousser de 2025, comme souhaité par la CCC, à 2030 l'interdiction de la vente des véhicules les plus polluants. "On aurait pourtant le temps de prendre le virage", poursuit Matthieu Sanchez. Les membres du groupe "Se Loger" restent circonspects après leurs échanges avec Emmanuelle Wargon. Certes, la rénovation énergétique des logements va connaître un grand bond en avant avec l'interdiction de louer une passoire thermique à partir de 2028. En revanche, le gouvernement n'a toujours pas précisé s'il comptait rendre cette rénovation globale obligatoire d'ici 2040 pour tous les propriétaires de logements, comme le préconise la CCC. "Ils n'ont pas voulu aller plus loin dans le détail, regrette William Aucant, l'un des citoyens experts du logement. Or, l'obligation de rénovation, il la faut. On la veut." Tout en se félicitant de nombreuses avancées, Grégoire Fraty alerte sur ce point-là. "C'est un trou terriblement important car l'isolation thermique a un impact très fort sur les émissions de gaz à effet de serre." Le député LREM Jean-Charles Colas-Roy convient qu'il s'agit là d'un "gros morceau". "Cela peut faire l'objet d'avancées dans le cadre du travail parlementaire, mais je préférerais que ce soit mis dans le projet de loi car cela permet d'avoir une étude d'impact complète", dit-il.
true
Quel usage fait-on de notre argent pour combatte le réchauffement climatique ? Si l’on accepte sans trop rechigner le prédicat selon lequel les gaz à effet de serre d’origine anthropique sont la cause principale du dérèglement climatique rapide à l’échelle de la planète, alors les mesures envisagées doivent être à la hauteur des conséquences potentielles, et mises en œuvre par tous les pays. Ainsi, il existe plus de 1200 lois dans 164 pays pour lutter contre le réchauffement climatique. [À noter que l’hiver rigoureux en Europe cette année ne doit pas faire oublier, au même moment, les 25 degrés au-dessus de la moyenne dans la zone polaire nord] La France a, elle aussi, intégré à son dispositif législatif diverses mesures dont la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Au passage, cette loi devait permettre la création de 100 000 emplois en trois ans. Hélas, force est de constater que cet aspect a échoué avec à peine un quart des emplois créés. REVENONS À L’ESSENTIEL : L’UTILISATION DE NOS SOUS ! D’abord nous devons identifier ce dont nous parlons : l’argent qui est mis en œuvre dans le cadre de la loi n° 2015-992, de la lutte contre le réchauffement climatique et de la mise en œuvre de l’accord de Paris est constitué de plusieurs contributions essentiellement laissées à la libre convenance de la chambre des députés. Nous retiendrons les deux principales que sont : La Contribution du Service Public de l’Électricité (CSPE) (5,6 milliards d’euros en 2017, une taxe sur la consommation électrique). Le fonctionnement consiste à faire subventionner les Énergies Renouvelables Intermittentes (ENRI, solaire et éolienne) pour la production d’électricité principalement par EDF qui récupère alors la mise via cette taxe. Toutefois, la CSPE qui est versée à l’État français en premier lieu, n’est pas suffisante pour compenser la différence entre le prix d’achat fixé par contrat et le prix de vente au tarif du marché. L’État doit donc actuellement la modique somme de 5 milliards d’euros à EDF. La Contribution Climat Énergie (CCE) (5,5 milliards d’euros en 2017, estimation : 7 milliards d’euros en 2018, essentiellement une taxe sur les produits fossiles payée par les consommateurs) est elle aussi utilisée principalement pour la production d’électricité par les Énergies Renouvelables Intermittentes. À ceci s’ajoutent des dépenses au budget régulier de l’État et le coût de l’effort demandé aux organismes tels que l’ADEME pour ce même objectif, soit approximativement 2 milliards d’euros annuels supplémentaires. Selon la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) 69 % des dépenses publiques dans le cadre mentionné précédemment vont à l’électrique d’origine éolienne et solaire (ENRI). EST-CE BIEN RAISONNABLE ? La réponse, pour un pays qui dépendrait presque exclusivement des énergies fossiles pour son électricité, serait tout à fait positive… mais pour la France ? La France produit trois quarts (77 %) de son électricité grâce aux réacteurs nucléaires qu’elle a construit suite aux deux chocs pétroliers des années 70 et encore 13 % grâce aux installations hydrauliques, soit 90 % d’électricité dé-carbonée au total (un record mondial). La production d’électricité représente 25 % de notre consommation énergétique totale. Autrement dit, près de 70 % des investissements sont dédiés à 2,5 % de notre consommation totale d’énergie et seulement 30 % au reste (dont 75 % de notre consommation énergétique qui est essentiellement due au chauffage non électrique et au transport et qui est quasiment 100 % fossile). On peut donc, à juste titre, se poser la question de l’adéquation des moyens en fonction des objectifs pour la dé-carbonisation de notre énergie, la réduction des gaz à effet de serre et, plus généralement, pour le climat.
true
Alors que des températures très élevées frappent les villes européennes, dans ce nouvel épisode de Climate Now nous nous intéressons à ce qui peut être fait pour protéger les personnes vulnérables, notamment en Italie. Au niveau mondial, le mois de juillet 2021 a été le troisième le plus chaud jamais enregistré. Et l'Europe a connu son deuxième mois de juillet le plus chaud jamais recensé, avec des températures supérieures de 1,4 degré par rapport à la moyenne de la période 1991-2020. Seul le mois de juillet 2010 a jusque là été encore plus chaud. Si nous regardons la carte des anomalies de température, nous constatons que le tableau est mitigé en Europe. On recense de sérieuses vagues de chaleur de la mer Baltique à la Méditerranée orientale, avec des températures atteignant 42 degrés. La Lituanie a connu la plus longue vague de chaleur de son histoire. Et l'Irlande du Nord a battu son record de chaleur, dépassant les 31 degrés à plusieurs reprises. Mais si vous vous trouviez dans cette bande bleue allant du Portugal à l’Allemagne puis jusqu’au nord-ouest de la Russie, vous vous sentirez peut-être hors sujet, car il a fait, dans ces régions, plus froid que la moyenne. La majeure partie de l'Europe a également été plus humide que la moyenne. Si l'on regarde la carte des anomalies de précipitations, on constate des inondations dévastatrices dans certaines régions de Belgique, d'Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg. Mais là encore, le tableau est mitigé. Si vous regardez les parties orientales du continent, ainsi que l'Espagne et le Portugal, le temps a été plus sec que d'habitude. Alors, comment faire face aux risques sur la santé ? Notre reportage nous emmène en Italie, où nous nous penchons sur les derniers efforts déployés pour mieux gérer les risques sanitaires liés aux canicules. Les températures avoisinent les 30 degrés lorsque nous arrivons à Rome. Le niveau d'alerte canicule a été relevé. Et les habitants, tout comme leurs compagnons à quatre pattes, souffrent de la chaleur. "Ce n'est plus vivable", glisse Laura Grossi, une habitante de la capitale italienne. "Ce n'est plus comme avant, quand on pouvait sortir l'été et faire une agréable promenade l'après-midi, ou bien faire des courses. Maintenant, c'est impossible." Pour certains habitants, les nuits, au cours desquelles les températures baissent peu, posent particulièrement problème. "Je fais de l'hypertension artérielle et je suis fumeur, donc je ressens de la fatigue", souligne Mario Cifariello, habitant de Rome. Pour protéger les plus vulnérables, les autorités locales ont adapté leur système de téléconsultation dédié aux patients Covid-19, désormais utilisé pour prévenir les maladies liées à la chaleur. "Le risque majeur est lié à la déshydratation" La responsable Donatella Biliotti veille à ce que les personnes âgées vivant seules soient régulièrement contactées pour recevoir des conseils, allant de l'adaptation de leurs médicaments à la consommation d'eau."Le risque majeur est lié à la déshydratation", explique-t-elle. "C'est pour cela que la solitude est considérée comme le premier élément de risque pour les personnes âgées." Le scientifique Andrea Cecilia travaille sur un nouveau système d'alerte sanitaire spécifiquement dédié au îlots de chaleur urbain. Il a été démontré que ce phénomène fait grimper la température des centres urbains à des niveaux potentiellement dangereux. "En moyenne, à Rome, l'îlot de chaleur urbain atteint une intensité de 3,4 degrés, ce qui signifie que dans le centre-ville, la nuit, il fait en moyenne 3,4 degrés plus chaud qu'à la campagne", explique Andrea Cecilia, doctorant à l'université Tor Vergata de Rome. "Mais nous avons aussi observé des pics de 6,2 degrés, donc il y a eu des nuits très très chaudes dans la ville." Adapter les systèmes d'alerte à chaque ville Dans toute l'Europe, les gouvernements prennent désormais plus au sérieux les risques sanitaires liés aux canicules, en mettant en place des systèmes d'alerte basés sur les données météorologiques et climatiques. Il n'y a pas de solution miracle et selon cette experte, les alertes à la canicule doivent être adaptées aux populations locales. "Il n'y a pas un niveau universel de température qui serait le plus à risque pour l'ensemble de l'Europe ou du monde", souligne Francesca De'Donato, épidémiologiste au service sanitaire régional de Lazio ASL Roma. "Peut-être que 32 degrés pour Rome est une température normale pour l'été, mais pour le Royaume-Uni ou la Finlande, il fait très, très chaud. Les systèmes d'alerte doivent être adaptés afin de tenir compte de la situation chaque ville."
true
Le « coup de com » d’Emmanuel Macron va-t-il se traduire par des résultats concrets ? Quatre mois après son fameux « Make Our Planet Great Again » lancé à la communauté scientifique américaine le 1er juin, au soir du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat pour l’inciter à venir travailler en France sur les enjeux climatiques, une cinquantaine de chercheurs sont en passe d’être sélectionnés. Après la mise en ligne d’une plateforme, le 8 juin, permettant de recueillir les candidatures, le CNRS s’est vu confier la mission de sélectionner les meilleurs profils. L’organisme public a reçu 255 dossiers complets, représentant 41 nationalités dont 45 % d’Américains, et a opéré une première sélection courant septembre pour ramener à 90 le nombre de candidats. [...] Au total, ce sont donc 50 chercheurs qui obtiendront des fonds compris entre 1 million et 1,5 million d’euros pour des programmes de recherche d’au moins trois ans en France. Sur les 90 candidats toujours en compétition, 42 % sont Américains et 62 % travaillent actuellement aux États-Unis. Quarante d’entre eux ont un profil junior, à savoir moins de 12 ans d’expérience depuis leur thèse, contre 50 qui ont plus de 12 ans d’expérience avec un âge moyen de 45 ans. [...] Olivier Berné [astrophysicien au CNRS] questionne également la volonté réelle de l’Élysée de faire de la recherche sur les questions climatiques, l’une de ses priorités. « L’enveloppe affectée pour faire venir ces chercheurs – 60 millions d’euros – n’est pas conséquente au regard du budget global de la recherche en France qui est de 27 milliards d’euros et, surtout, il ne s’agit pas d’argent frais, souligne-t-il. C’est une enveloppe qui était déjà affectée à la recherche dans le cadre du programme des investissements d’avenir, il n’y a donc pas eu d’effort particulier. » En revanche, symboliquement, allouer cette somme, même relativement faible, pour faire venir des scientifiques étrangers en France passe mal auprès de chercheurs qui se plaignent depuis plusieurs années de manquer de moyens. « On dépense 60 millions d’euros pour une initiative peu pertinente à un moment où cet argent aurait été par exemple mieux dépensé dans l’université, estime Olivier Berné. Pour nous, c’est difficile à avaler, ça ne correspond pas au coup de pouce que l’on attendait. Or, si la France est un pays attractif avec un haut niveau scientifique, c’est notamment parce que notre modèle, avec des postes permanents, offre une certain qualité de vie. Mais ce modèle est aujourd’hui en péril. »
true
L’Antarctique, 14 millions de km2 glacés sous surveillance Le réchauffement du grand continent glacé est sous l’œil permanent des scientifiques depuis un quart de siècle. Chaque année, il perd davantage d’icebergs et de glace de mer. De plus, si les grandes plateformes glaciaires se désagrègent, rien n’arrêtera l’écoulement des glaciers terrestres et sa conséquence : une possible élévation du niveau de la mer d’un mètre. Le réchauffement climatique du continent Antarctique inquiète les scientifiques. La disparition de sa banquise pourrait entraîner un point de bascule majeur dans le climat mondial, notamment la hausse du niveau de la mer d’un mètre d’ici 2100. Merci aussi la science allemande Le Britannique Scott, le Norvégien Amundsen… de grands explorateurs ont associé leur nom à la découverte de l’Antarctique. On oublie souvent celui de l’Allemand Drygalski. À tort. C’est son expédition au début du siècle dernier qui a permis de mieux cartographier ce continent, ses volcans, sa hauteur de 2000 m en moyenne »,rappelle l’historienne de la recherche polaire Cornelia Lüdecke (1), qui cite la devise de Drygalski : : Nous n’avons pas navigué jusqu’en Antarctique pour créer des sensations, mais au profit de la science . Celle-ci a été embrassée par le Comité scientifique international pour la recherche antarctique (Scar), omniprésent depuis 1958 sur ces terres australes gelées, avec une foule de chercheurs répartis sur plus de trente bases actuellement. Et sans compter ceux qui travaillent à distance, spécifiquement sur la modélisation de données climatiques, comme le laboratoire de Climatologie de l’Université de Liège, dirigé par Xavier Fettweis (2). Un continent maintenu au froid La glaciation de ce continent de 14 millions de km2 (en comparaison, le Groenland c’est 2 millions) a commencé il y a environ 15 millions d’années et la glace terrestre tient. Elle est protégée par le courant circumpolaire antarctique qui isole ces terres aussi bien des eaux plus chaudes de l’océan que des courants atmosphériques tempérés. Le froid polaire entretient aussi une banquise protectrice tout autour des terres. Enfin, ça, c’était avant que l’humanité invente des industries polluantes pour se développer. Depuis le changement climatique attaque aussi l’Antarctique, la région la plus froide du globe et « un immense désert polaire sur une majorité de son territoire. Les calottes glaciaires disposent ainsi de peu de précipitations pour se reconstituer, rappelle le climatologue belge Xavier Fettweis. Trois parties en un tout Une très vieille chaîne de montagnes, les monts Antarctiques, sépare le continent en deux, dans une cote mal taillée. La partie orientale – un immense plateau – est considérée comme la plus stable. Le côté Ouest est plus petit et plus découpé, avec les mers de Ross et de Weddell qui entrent profondément dans les terres. Cette partie occidentale se termine par une virgule de 1 300 km, la péninsule antarctique, celle qui se réchauffe le plus et aussi vite que l’Arctique, dans l’Hémisphère Nord. Depuis 1950, sa pointe ouest a gagné plus de 5 °C et affiche désormais des températures positives chaque été, selon une étude britannique de 2016. C’est elle qui libère le plus d’icebergs, ces blocs de glace de mer qui se détachent de la barrière de Larsen et font la une des journaux avant de fondre toujours au même endroit, sous la Géorgie du Sud, les îles britanniques de l’Atlantique du sud. Un continent déstabilisé par le réchauffement Si les effets du réchauffement climatique sont documentés depuis un quart de siècle en Antarctique, la perte de glace du continent fait l’objet de nombreuses incertitudes, en raison de ce que les scientifiques appellent la déstabilisation. Le mot englobe une seule peur, résume Xavier Fettweis : Que les plateformes glaciaires, véritables barrières de glace flottant à la surface de la mer, cèdent. Elles jouent le même rôle que les arcs-boutants des cathédrales. Il n’y aura alors plus rien pour freiner l’écoulement des glaciers terrestres dans l’océan. Cet apport d’eau douce a été estimé : il élèverait le niveau de la mer de 1 m environ d’ici la fin du siècle, si le monde poursuit sur une trajectoire haute du 4 °C de réchauffement. En comparaison, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland ne causerait que 20 cm au plus. Aussi, l’Antarctique est sous haute surveillance, sa perte de glace est considérée comme l’un des points de basculement qui peut modifier de façon abrupte le climat. Un réchauffement plus prégnant à l’Ouest La péninsule antarctique a perdu à elle seule 25 % des glaces du continent ces dernières années. Et elle contient encore suffisamment de glace terrestre pour élever le niveau mondial de la mer d’environ 24 cm, assure Ella Gilbert, de l’université de Reading. Le reste de l’Ouest a perdu 300 gigatonnes de glace au cours des 25 dernières années, selon la recherche polaire britannique, qui a évalué à un total de 3 000 milliards de tonnes perdues depuis 1992. Suivis avec attention, tous les glaciers qui se déversent dans la mer d’Amundsen semblent subir une accélération, à la fois de leur vitesse d’écoulement et de perte de masse, dont Thwaites et Pine Island, les plus gros et menaçants. Sont concernés aussi les glaciers qui portent le nom des principaux sommets sur le climat, dont celui de Glasgow, le dernier nommé au début du mois. La Cop26 ne le méritait sans doute pas ; mais comme le Royaume-Uni est à l’initiative de ces nominations… Plus sérieusement, les glaciologues de la Nasa estiment que les pertes actuelles engendrent déjà une hausse du niveau de la mer de 4 % chaque année. À l’est, de nouvelles études alarmantes Longtemps considérée comme plus stable que sa voisine, l’Antarctique de l’Est montre aussi des signes de faiblesse. Un groupe de glaciers couvrant un huitième de cette côte Est commence à perdre de la glace de façon inquiétante, dont l’immense Totten, qui peut à lui seul augmenter le niveau de la mer de 3,5 m. Dans cette zone, la couche de glace pèse si fort sur les terres qu’elles sont sous le niveau de l’océan. Des eaux plus chaudes s’infiltrent en dessous du glacier comme pour les glaciers Thwaites et Pine Island, ce qui accélère la fonte basale, explique le chercheur belge. En août, une équipe japonaise a mis le doigt sur l’une des causes de ce réchauffement très localisé : des tourbillons anticycloniques semi-stationnaires projettent le long de la côte des eaux plus chaudes qui remontent des profondeurs. Ces nombreuses études récentes ont alimenté le rapport 6 du Groupe d’experts international sur l’évolution du climat (Giec), paru en août. Et si l’on ajoute les volcans… En 2017, des chercheurs d’Edimbourg ont cartographié 91 volcans supplémentaires en Antarctique, dont beaucoup dormaient sous la glace, inaccessibles sans outils d’observation ultramodernes. En ajoutant les 47 déjà connus, l’Antarctique occidental est devenu la zone la plus volcanique du monde. Avec une incertitude : leur activité. Des vulcanologues avancent déjà qu’une fois libérés de la pression de la glace, ils deviendront plus actifs, avance Robert Bingham, l’auteur principal de cette étude écossaise. C’est une théorie qui a été observée en Alaska et en Islande, des régions qui ont récemment perdu leur couverture glacée. (1) L’Allemande Cornelia Lüdecke est l’une des conférencières majeures du Global Antarctic, organisé par le Scar sciences sociales au Japon, ces 18 et 19 novembre. (2) L’équipe de Xavier Fettweis a développé le modèle MAR (Modèle Atmosphérique Régional) et travaillé au projet ISMIP6 (Ice Sheet Model Intercomparison Project) mené par la NASA américaine pour étudier l’impact du réchauffement climatique sur la fonte des calottes glaciaires. Les résultats ont alimenté le Rapport 6 du Giec, paru en août.
true
Plusieurs collectifs et associations contre l’exploitation des hydrocarbures de schiste se sont constitués dans les zones ou des projets de forages sont en cours. Aujourd’hui le débat sur les gaz et pétroles de schistes, arrive en haut de l’agenda politique, il ne faut pas lâcher prise ! Une proposition de loi examinée en urgence L’Assemblée nationale examinera le 10 mai la proposition de loi de Christian Jacob (UMP) visant à interdire l’exploration et l’exploitation des gaz et pétrole de schiste. La décision du gouvernement de permettre l’examen en urgence d’une proposition de loi visant à interdire l’exploitation de ces hydrocarbures non-conventionnels constitue une étape importante. Il convient de rester prudent tant que la loi n’est pas adoptée. Elle peut très bien être vidée de son contenu par d’éventuels amendements, comme on a pu le voir avec le défunt Grenelle de l’Environnement. Elle doit aussi être suivie des décrets d’application ! La vigilance s’impose aussi sur un plus long terme puisque, car même si le Premier ministre se prononce en faveur de l’annulation des autorisations d’exploration déjà données, il laisse néanmoins la porte ouverte à une éventuelle exploitation, si d’aventure un jour on pouvait extraire ces hydrocarbures au moyen d’autres techniques jugés plus propres… Ceci alors qu’on sait qu’il nous faut nous tourner vers des alternatives énergétiques, et stopper notre fuite en avant vers les énergies fossiles, pour éviter les pires conséquences des changements climatiques… Les lobbyistes en embuscade et prêts à tout L’Amicale des Foreurs et des Métiers du Pétrole a en effet publié une « LETTRE OUVERTE AUX DÉPUTÉS, EN PARTICULIER AUX 124 SIGNATAIRES DE LA PROPOSITION DE LOI N° 3301 » dans lequel l’organisation dit « Nous sommes surpris de trouver parmi eux les noms d’un ancien Ministre de l’industrie qui devrait savoir que le film GasLand n’est qu’une vaste imposture, truffée de mensonges et de contre-vérités et celui d’un ancien Ministre du budget dont la connaissance de l’état de nos finances devrait lui interdire de tourner le dos à la manne providentielle qui se présente à notre pays. On peut estimer à une centaine d’années, aux taux actuel de la consommation annuelle française, les réserves de gaz de schiste dont nous disposons ! » Où il faut donc lire que cette manne dont dispose la France est une véritable chance et se doit d’être exploitée, à n’importe quel prix, quelles qu’en soient les conséquences pour les riverains, pour l’environnement, pour l’avenir !! Pour approfondir le discours fleuri et très imagé de l’Amicale des foreurs, lire l’intégralité de la lettre sur leur site. Trois jours de mobilisations contre la prospection et l’exploitation du gaz et de l’huile de schiste La Coordination nationale des collectifs contre la prospection et l’exploitation du gaz et de l’huile de schiste a décidé de faire des journées du 15, 16 et 17 avril 2011 des journées de mobilisation sur tous les territoires concernés par les permis de prospection accordés par le Ministère de l’Écologie. Voir l’ensemble des rendez-vous sur la carte : Afficher 15/16/17 avril : stop aux gaz et pétroles de schiste ! sur une carte plus grande Le weekend prochain, tant que le combat n’est pas gagné, c’est l’occasion de maintenir notre mobilisation contre l’exploration des gaz et pétroles de schiste. Vivement la désintox !
biased
Énonciation du grief Nous exhortons le gouvernement des États-Unis à rejeter l'accord sur le réchauffement climatique qui a été rédigé à Kyoto, au Japon, en décembre 1997 ainsi que toutes autres propositions similaires. Les limites proposées sur les gaz à effet de serre nuiraient à l'environnement, entraveraient le progrès de la science et de la technologie et nuiraient à la santé et au bien-être des hommes. Il n'y a aucune preuve scientifique convaincante que la libération humaine de dioxyde de carbone, de méthane ou d'autres gaz à effet de serre cause ou entraînera, dans un avenir prévisible, un réchauffement catastrophique de l'atmosphère terrestre et une perturbation du climat terrestre. En outre, il existe des preuves scientifiques substantielles que les augmentations du dioxyde de carbone atmosphérique produisent de nombreux effets bénéfiques sur les environnements naturels végétaux et animaux de la terre. But de la pétition Le but du projet de pétition est de démontrer que l'affirmation d'une «science établie» et d'un «consensus» accablant en faveur de l'hypothèse du réchauffement climatique causé par l'homme et des dommages climatologiques qui en découlent est fausse. Aucun consensus ou science établie n'existe. Comme l'indiquent le texte de la pétition et la liste des signataires, un très grand nombre de scientifiques américains rejettent cette hypothèse. Les publicistes des Nations Unies, M. Al Gore, et leurs partisans prétendent souvent qu'il ne reste que quelques «sceptiques», des sceptiques qui ne sont toujours pas convaincus de l'existence d'une urgence catastrophique causée par l'homme et causée par le réchauffement climatique. Il est évident que 31.487 Américains avec des diplômes universitaires en sciences - dont 9.029 doctorats, ne sont pas «quelques-uns». De plus, d'après la déclaration de pétition claire et forte qu'ils ont signée, il est évident que ces 31 487 scientifiques américains ne sont pas des «sceptiques». Ces scientifiques sont plutôt convaincus que l'hypothèse du réchauffement de la planète causée par l'homme est sans validité scientifique et que l'action du gouvernement sur la base de cette hypothèse endommagerait inutilement et contre-productivement la prospérité humaine et l'environnement naturel de la Terre. Source: http://www.petitionproject.org/ -----------------
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400 millions. Voilà le nombre de personnes qui pourraient, d’après le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU), être confrontées à des pénuries d’eau dans les prochaines décennies si le réchauffement moyen des températures planétaires atteint 2° C. Pour rappel, et comme le relevait encore récemment l’Académie des sciences australienne, c’est plutôt un « scénario à + 3° C d’ici 2100 » vers lequel l’humanité se dirige actuellement, du moins « si les politiques climatiques planétaires actuelles se poursuivent ». En théorie, l’Accord de Paris signé en 2015 par les États du monde entier sous l’égide de l’ONU prévoit pourtant de limiter le réchauffement « à un niveau bien inférieur à 2° C, de préférence à 1,5° C, par rapport au niveau préindustriel ». D’où cette alerte lancée par les experts du climat du monde entier, dont se sont fait l’écho beaucoup de grands médias ces derniers jours. Selon le même document du GIEC, à +2° C, 420 millions de personnes de plus seraient également menacées par des canicules extrêmes. Une situation préoccupante quand on sait que, d’après le World Ressource Institute (WRI), 17 pays se trouvent d’ores et déjà dans une situation de stress hydrique « extrêmement élevé » (c’est-à-dire prélevant plus de 80 % de leurs ressources disponibles en eau). Prudence, toutefois : tel qu’il a été divulgué par l’Agence France Presse (AFP) le 22 juin dernier, ce nouveau « rapport du GIEC » ne correspond selon le climatologue François Gemenne qu’à une version « très préliminaire et partielle d’un volume du rapport, qui date de novembre 2020 ». « Le texte sur lequel nous travaillons encore en ce moment même est très différent de cette version, à la fois parce que cette version n’intègre pas les 40 000 commentaires reçus sur ce texte, et aussi parce que cette version n’intègre pas des sections qui sont encore en cours d’écriture » précise sur son compte Facebook François Gemenne, lui-même membre du GIEC. La version définitive – et donc scientifiquement encore plus précise et plus fiable – de ce texte sera quant à elle approuvée en février 2022.
true
C'est une proposition de loi portée par le groupe socialiste et apparenté dans le cadre de sa "niche parlementaire". Elle devait initialement être débattue à l'Assemblée nationale le 5 décembre, avant d'être décalée à ce jeudi en raison de la grève contre la réforme des retraites. La proposition de loi pour la reconnaissance du crime d'écocide vise à sanctionner les crimes les plus graves qui portent atteinte à la santé de la planète de manière grave et durable. Plusieurs responsables politiques, intellectuels et associations de protection de l'environnement appelaient dès mardi dans une tribune parue dans Libération à inscrire le phénomène de criminalité environnementale dans le droit français. C'est notamment le cas du climatologue Jean Jouzel, de l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage ou de la maire de Paris Anne Hidalgo. L'Express fait le point sur cette notion d'écocide qui émerge dans le débat public. Le Larousse définit le terme comme un acte de "destruction totale d'un milieu naturel". Le député socialiste Christophe Bouillon, rapporteur de cette proposition de loi, caractérise cette notion dans un amendement : "Constitue un écocide toute action délibérée tendant à causer directement des dommages étendus, durables, irréversibles ou irréparables à un écosystème ou ayant un impact grave sur le changement climatique (...) commise en connaissance des conséquences qui allaient en résulter et qui ne pouvaient être ignorées". Joint par l'Express, Christophe Bouillon précise que cette définition renvoie ce crime à l'ordre de "l'exceptionnel". Le député PS de Seine-Maritime dit avoir "tiré les leçons" du rejet de la première proposition de loi PS sur le sujet par le Sénat en mai dernier. A l'époque, ce texte porté par le sénateur Jérôme Durain s'était vu reprocher une définition jugée trop floue. La nouvelle définition du groupe PS est désormais "précise voire restrictive", estime le socialiste. "Tout cela reste à l'appréciation du juge qui permet de qualifier un acte. Nous ne sommes pas à l'Académie française, nous ne devons pas écrire une définition pour un dictionnaire", souligne-t-il toutefois. LIRE AUSSI >> Inaction climatique : que peut la Justice face aux Etats ? Christophe Bouillon rappelle que le terme d'écocide, qui signifie littéralement "tuer la maison" a été utilisé pour la première fois à la suite de la guerre du Vietnam avec l'utilisation de l'agent orange, un puissant herbicide. Plus récemment, le 23 août dernier, Emmanuel Macron a également employé ce mot lors des incendies qui ont ravagé l'Amazonie. Le 15 novembre dernier, le Pape François, engagé sur les questions écologiques, a pour sa part qualifié d'écocide "ce crime de contamination massive de l'air, des ressources de la terre et de l'eau, la destruction à grande échelle de la flore et de la faune, et toute action capable de produire un désastre écologique ou de détruire un écosystème", rappelle Reporterre. Les députés socialistes souhaitent que les auteurs d'un crime d'écocide soient passibles d'une peine de vingt ans de réclusion criminelle et de dix millions d'euros d'amende, "ou, dans le cas d'une entreprise, de 20 % du chiffre d'affaires annuel mondial total de l'exercice précédent". "La criminalité environnementale gagne du terrain. Les sanctions sont très peu dissuasives", regrette Bouillon. Pour remédier à ces "peines dérisoires", le groupe socialiste propose d'alourdir les sanctions pénales environnementales, souvent en les multipliant par deux. LIRE AUSSI >> Crimes contre l'environnement : Interpol lance une traque mondiale contre sept fugitifs Actuellement, le déversement de substances nuisibles à la santé, à la faune et à la flore dans les eaux superficielles, souterraines ou les eaux de la mer est un délit puni par une peine de deux ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende selon l'article L216-6 du code de l'environnement. Le groupe PS propose, lui, une peine de cinq ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende. La proposition de loi, soutenue par les députés de gauche, notamment les Insoumis, a peu de chances d'être adoptée. Elle a d'ailleurs été rejetée par la commission des lois le 27 novembre. Certains parlementaires estiment en effet que l'arsenal juridique est déjà suffisant. Faux, selon Bouillon. Le député rappelle que ce qui relève de la protection environnementale est "disséminé dans plusieurs codes", citant le code de l'environnement, le Code civil, le code forestier, le code rural et de la pêche maritime, le code de l'urbanisme, etc. Un éparpillement préjudiciable. D'autres détracteurs estiment qu'il serait plus pertinent d'agir au niveau international. Si Bouillon veut punir le crime d'écocide au niveau international, il estime que la France doit déjà être exemplaire en la matière. "La Guyane est confrontée à des atteintes de son écosystème, notamment le fleuve Maroni. La France est aussi concernée au niveau de la barrière de Corail en Nouvelle-Calédonie et plus largement sur ses côtes maritimes, quand elle est frappée par des marées noires", rétorque-t-il. Le député plaide pour que la notion d'écocide soit inscrite dans le statut de Rome qui régit la cour pénale internationale de la Haye, précisant que les atteintes graves et intentionnelles à l'environnement sont punies en temps de guerre, mais pas en temps de paix.
true
Par MD Le document statistique publié annuellement par la compagnie énergétique BP vient de paraître. On peut télécharger gratuitement la version Excel en cliquant ici. Ce document, toujours très attendu, comporte des séries longues de données énergétiques mises à jour chaque année, donc avec cette fois les données relatives à l’année 2017. Les chiffres des séries ne diffèrent que très légèrement d’une édition à la suivante,les différences concernant essentiellement les années les plus récentes comme il est habituel : cette continuité de l’information constitue une qualité très appréciable. Les lignes et les illustrations qui suivent donnent un aperçudes enseignements que l’on peut tirer de cette nouvelle édition Les nouveautés de l’édition 2018. Principales conclusions Le monde n’est pas à la veille de se passer des énergies fossiles, en dépit des déclarations martiales et des conférences internationales. Ces dernières présentent au moins l’intérêt de rassembler des orateurs plutôt que des combattants. Il y a des cas où le bavardage est préférable à l’empoignade. 1. Consommation d’énergie. Le graphique ci-dessous représente l’évolution de la consommation mondiale d’énergie primaire répartie entre les différentes énergies, et en superposition la courbe des émissions énergétiques de CO2, avec une échelle adaptée. Les unités sont le million de tonne équivalent pétrole (Mtep) et le million de tonnes(Mt) de CO2 [1] Les émissions de CO2 sont calculées par BP à partir des consommations d’énergies fossiles déclarées par les pays. Comme ces énergies sont très prépondérantes dans le « mix énergétique », il y a quasi-coïncidence entre la courbe des émissions de CO2 et le total de la consommation d’énergie (aux échelles près évidemment). Toutefois, un décrochement est observable à partir de 2013, en raison du recours accru aux nouvelles énergies non fossiles, notamment les énergies intermittentes éolienne et solaire. En complément, voici le détail de l’évolution des énergies non fossiles (donc réputées non émettrices de CO2), qui sont utilisées en quasi-totalité pour produire de l’électricité. La répartition entre les différentes énergies s’est progressivement modifiée au fil des années. L’année 1990 étant habituellement considérée comme référence, il est intéressant de comparer la répartition des énergies de 1990 avec celle de 2017. Pendant ces 27 années, la consommation d’énergie est passée de 8 100 Mtep à 13 500 Mtep, elle a donc été multipliée par 1,66. L’augmentation importante de la consommation n’a pas entraîné de bouleversement dans la répartition entre les types d’énergies. La différence entre ces deux graphiques ne saute pas aux yeux :le charbon a conservé sa part de marché et l’ensemble pétrole + gaz n’a perdu que 3 points (de 61% à 58%). Tout se passe comme si les énergies intermittentes avaient surtout grignoté la part de l’hydraulique et du nucléaire. Dans le même temps, les émissions de CO2 sont passées de 21,3 à 33,4 millions de tonnes, elles ont donc été multipliées par 1,57 donc un peu moins que la consommation d’énergie. Voici à ce sujet deux ratios utiles à connaître, concernant les émissions de CO2 (chiffres pour 2017) : En 2017, les énergies fossiles représentent 85,2% du total (les agro-carburants, soient 0,6%, sont comptés dans la rubrique pétrole), les énergies non fossiles classiques (nucléaire, hydraulique, biomasse) 12,2%, et les énergies intermittentes 2,6% (dont 1,9% pour l’éolien et 0,7% pour le solaire). Le graphique ci-dessous illustre l’évolution entre 1990 et 2017 de la répartition de la consommation entre les principaux pays ou grandes régions (les pays restants se trouvent essentiellement en Europe hors UE et en Asie du sud-est). On constate notamment que la Chine, les USA et l’Union européenne totalisent, en 1990 comme en 2017, environ la moitié de la consommation mondiale ; mais la répartition entre ces trois entités a été bouleversée : la Chine occupe désormais le premier rang, avec le quart de la consommation mondiale. L’Inde est encore très loin derrière. 2. Production et échanges d’énergies. La production mondiale d’énergie et celle de chacun des types d’énergie sont par définition égales aux consommations, à quelques écarts statistiques près. Cette disparité entre production et consommation est illustrée par les trois graphiques et le tableau ci-dessous qui donnent un aperçu, à la fois de l’importance des échanges internationaux et des enjeux géostratégiques qui gouvernent le monde de l’énergie, fondamental à beaucoup d’égards. Pays appartenant à l’OCDE et les autres : Continents ou sous-continents : Grands pays (et Union européenne) : Enfin, on a établi une sorte de palmarès des pays excédentaires (chiffres positifs en haut du tableau) et des pays déficitaires (chiffres négatifs au bas du tableau) pour les trois énergies fossiles et leur somme (en millions de tep). Les pays non représentés présentent des valeurs intermédiaires. Chacun pourra analyser ces informations et en tirer les conséquences. Ajoutons que la base de données BP comporte des tableaux à double entrée du commerce extérieur de pays à pays pour le pétrole et le gaz. 3. Réserves de combustibles fossiles BP consacre plusieurs feuilles aux « réserves prouvées », terme consacré qui désigne des gisements repérés avec certitude et dont l’exploitation peut être faite par des méthodes existantes et éprouvées. Pour l’homogénéité avec les consommations et les productions évoquées précédemment, les séries [3] (respectivement barils, tonnes et m3) ont été converties en tonnes-équivalent-pétrole en utilisant les coefficients de conversion classiques. Comme toutes les autres données, les « réserves prouvées » résultent des déclarations des différents pays. Il convient donc de faire la part des approximations voire des évaluations de circonstance, compte tenu des aspects stratégiques de la question. Les évaluations des réserves de charbon, notamment, ont subi des fluctuations notables (données inchangées pendant plusieurs années, ou au contraire écarts inexplicables d’une année à l’autre). Quoiqu’il en soit, voici comment se présentent les réserves recensées en chaque fin d’année depuis fin 1980. Il est facile de constater que, malgré l’exploitation des ressources, croissante année après année, les réserves n’ont cessé d’augmenter. Le miracle évoqué par notre fabuliste n’en est pas un, sauf à considérer comme tel le savoir-faire et l’imagination inépuisables des ingénieurs. Les fameux « pics » annoncés régulièrement ne sont pas encore clairement visibles. Encore faut-il ajouter que BP ne comptabilise pas dans les réserves les sables pétroliers du Canada ni l’ « Orinoco Belt » du Venezuela (environ 50 milliards de tep). Une autre façon d’illustrer la compétition entre les exploitations et les découvertes consiste à l’exprimer par le rapport « R / P », réserves en fin d’année par rapport aux productions de l’année. Le nombre d’années restant à l’exploitation future correspond à l’hypothèse que la production se maintienne au niveau de celle de la dernière année connue. Il resterait donc environ 120 ans de réserves de charbon, et 50 ans de réserves de pétrole et de gaz naturel, et ceci inlassablement depuis des décennies, les nouvelles découvertes compensant donc presque exactement les extractions, et ceci année après année. Encore faut-il ajouter que nombre de continents et de fonds marins n’ont pas été explorés [4]. Comme on sait, les richesses minérales ne sont pas équitablement réparties à la surface du globe, mais résultent des caprices de la géologie. C’est ainsi que pour chacun des trois combustibles, dix à douze pays se partagent environ 80% des ressources, comme l’indique le graphique ci-dessous. Le Moyen-Orient dans son ensemble dispose d’environ 40% des ressources d’hydrocarbures, l’Asie du sud-est et l’Australie d’environ 40% des gisements de charbon. Dans une prochaine chronique, nous aurons l’occasion de développer plus spécialement la production d’électricité, qui représente environ 45% de l’énergie mondiale consommée, et où les énergies intermittentes occupent une place croissante quoi qu’encore très modeste : en paraphrasant Pareto, on pourrait dire que 5% de l’énergie occupe 95% des discours. [1] Certaines autres publications statistiques se réfèrent à la tonne de Carbone C : 1 tonne de Carbone égale 44/12 = 3,67 tonnes de CO2. [2] On ne parle pas ici des échanges internationaux portant sur les équipements : panneaux solaires ou autres. [3] Pour le pétrole et le gaz, BP publie un historique des réserves en fin d’année depuis 1980. Pour le charbon, on peut reconstituer cette série à partir des éditions successives. [4] Certains bons esprits suggèrent même d’interdire purement et simplement la connaissance du sous-sol, afin d’éviter d’y faire de mauvaises rencontres, telles que des gisements de combustibles utiles à l’humanité.
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Le projet de loi sur l’inscription du climat dans la Constitution bientôt de retour à l’Assemblée Issu de la Convention citoyenne sur le climat, le projet de loi voulant inscrire la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution reviendra à l’Assemblée nationale le 21 juin prochain. Le projet de loi visant à inscrire le climat dans la Constitution sera de retour devant l’Assemblée nationale le 21 juin, même si le référendum voulu par Emmanuel Macron sur le sujet reste hypothétique. Suivant les préconisations de la Convention citoyenne sur le climat (CCC), l’exécutif souhaite graver à l’article 1er de la Loi fondamentale que la France « garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et lutte contre le dérèglement climatique ». Le Sénat s’était opposé au terme « garantir » Après la validation de cette formule par les députés une première fois mi-mars, le Sénat dominé par l’opposition de droite a réécrit en mai le projet de loi constitutionnelle, s’opposant au terme « garantir » voulu par le chef d’État, qui instituerait une « quasi obligation de résultat ». Or le texte doit être voté en termes identiques par les deux chambres avant que le président de la République puisse décider de le soumettre à un référendum. Vers un retour à la version originelle du projet de loi Selon toute probabilité, l’Assemblée va rétablir la version originelle du projet de loi lors de sa deuxième lecture. La navette peut se poursuivre au-delà. « Ce dont je suis le garant », c’est qu’« il n’y aura pas d’abandon », avait déclaré en mai Emmanuel Macron. « Ce texte va vivre sa vie parlementaire qui seule permet d’aller au référendum si les sénateurs et les députés s’accordent » sur les mêmes termes, avait-il ajouté.
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À peine arrivée à New York après 15 jours de traversée de l'Atlantique, Greta Thunberg vise Donald Trump. La jeune égérie du climat a déploré, mercredi soir, que le président américain refuse "d'écouter la science". "Mon message pour (Donald Trump) est 'écoutez la science' mais clairement, il ne le fait pas. Comme je dis à chaque fois qu'on me pose cette question, si personne n'a pu le convaincre de l'urgence de la crise climatique, pourquoi pourrais-je y arriver ?", ajoute la Suédoise de 16 ans, peu après avoir débarqué de son voilier après 15 jours de traversée de l'Atlantique. Plus tard, évoquant les attaques répétées du président américain contre les éoliennes, elle glisse en riant : "Je suis assez sûre que les éoliennes ne causent pas le cancer". Elle affiche sa détermination à continuer à se battre pour le climat comme elle le fait depuis un an, au point de devenir une star pour des centaines de milliers de jeunes qui répondent chaque vendredi à son appel de faire l'école buissonnière pour attirer l'attention sur l'urgence climatique. "Greta Thunberg a montré plus de leadership sur le climat en une traversée de l'océan que tout le gouvernement Trump depuis son arrivée au pouvoir", a affirmé le maire dans un tweet juste avant son arrivée à Manhattan. Soulignant avoir entendu parler des incendies qui ravagent l'Amazonie, vitale pour la planète, pendant sa traversée, elle estime que c'est "désastreux" et que c'est un "signe clair qu'il faut arrêter de détruire la nature". La jeune femme a accosté à Manhattan vers 16 heures locales. Son arrivée, accompagnée par une flottille de 17 bateaux de l'ONU, a été saluée par des cris de joie et des applaudissements des plus de 200 personnes qui l'attendaient, parfois depuis plusieurs heures, sur un quai à la pointe sud de Manhattan. L'amarrage du Malizia II marque la fin d'un périple entamé le 14 août à Plymouth, en Grande-Bretagne, pour terminer par un passage devant la Statue de la Liberté et un amarrage près de l'embouchure de la rivière Hudson, à l'ouest de Manhattan. L'adolescente, désormais reconnaissable dans le monde entier à son visage poupin et ses longues tresses, a embarqué avec son père à bord du voilier à zéro émission carbone Malizia II, skippé par Pierre Casiraghi, fils de la princesse Caroline de Monaco, et l'Allemand Boris Herrmann. Si elle abrège la conférence de presse pour aller "se reposer", elle indique au passage qu'elle participera dès vendredi à une marche de jeunes devant l'ONU. Elle prévoit aussi de manifester le vendredi 20 - juste avant le sommet du 23 auquel elle doit assister - et le 27 septembre.
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"Je suis choquée. Outrée." La secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson a annoncé dimanche soir, sur le plateau de l'émission Capital de M6, qu'elle comptait rendre "responsables" les entreprises qui, comme Amazon, jettent des millions de produits neufs invendus. L'émission proposait une enquête où un journaliste a montré comment il avait réussi à se faire embaucher en tant que manutentionnaire dans l'un des entrepôts d'Amazon, à Saran (Loiret), afin d'y filmer notamment de gros conteneurs destinés à la destruction d'objets de toutes sortes : couches, machines à café, téléviseurs, jouets etc. Le journaliste a également dévoilé les clauses contenues dans les contrats entre la plateforme d'Amazon ("marketplace") et les vendeurs tiers qu'elle héberge et dont elle stocke les produits dans ses entrepôts. Ces accords prévoient qu'en cas d'invendus, soit les marchandises sont renvoyées, soit elles sont détruites même neuves, une pratique légale quoique "révoltante", a dénoncé Capital. "Dans les mois à venir, une loi [sur l'Economie circulaire] va passer au Parlement qui va interdire ce type de pratique. Des entreprises, comme par exemple Amazon, ne pourront plus jeter des produits qui sont encore consommables", a déclaré Brune Poirson après la diffusion du reportage dans l'émission. Les entreprises usant de ces pratiques "ne pourront pas non plus rendre impropres à la consommation des produits qui pourraient être encore utilisables : pour cela, elles devront se débrouiller et trouver des solutions", a ajouté la secrétaire d'Etat. Dans le cas contraire, "nous les sanctionnerons". Les textiles sont également concernés. Le ministère de la Transition écologique veut interdire aux marques de "jeter des vêtements qui pourraient être encore consommés" et de "rendre impropre à la consommation des vêtements qui pourraient être encore portés". Elle a également annoncé souhaiter "aller encore plus loin : nous voulons considérer les 'marketplace' telles Amazon comme étant responsables par défaut de la fin de vie des produits qu'elles commercialisent", sans préciser comment.
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La commission indépendante présidée par Alain Grandjean et Pascal Canfin sur les financements innovants a présenté son rapport au Président de la République. Cette initiative soufflée par Nicolas Hulot à François Hollande a pour vocation de faire des propositions visant à mettre la finance au service du climat. Plus concrètement, ce rapport conseille le gouvernement français sur la façon de faire avancer l’agenda des financements innovants dans les différentes enceintes internationales auxquelles il participe (G7, G20, FMI, OCDE…). Il propose une feuille de route pour financer une économie décarbonée. A quelques mois de la COP21, la finance est un des points clefs de la réussite des négociations en vue d’obtenir un accord global sur le climat. Cette feuille de route met en lumière trois grands objectifs clés pour assurer le passage vers une économie mondiale décarbonée : mobiliser les décideurs économiques et financiers, privés ou publics, notamment dans le domaine des infrastructures concrétiser les promesses prises en 2009 à Copenhague de dégager 100 Mds (publics et privés) par an à partir de 2020 pour accompagner les pays en voie de développement et les options possibles permettant de financer cet engagement. accompagner les pays les plus vulnérables, tout particulièrement en matière d’adaptation au changement climatique Alain Grandjean et Pascal Canfin soulignent dans leur rapport les éléments incontournables pour assurer l’atteinte de ces objectifs : fixer un prix du carbone en adoptant un corridor de prix au niveau mondial mobiliser les banques de développement qui doivent se fixer une feuille de route 2°C avant la COP21. favoriser le financement des infrastructures « vertes » intégrer les risques liés au changement climatique dans les investissements privés et publics et évaluer la contribution de ces acteurs à la transition énergétique. Ils font dix propositions précises pour faire en sorte que leurs recommandations s’inscrivent dans l’agenda des instances et des institutions internationales concernées. Le rapport complet est consultable à partir du lien suivant Crédit photo : DR Présidence de la République – Marie Etchegoyen
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[…] Robert Bolognesi est tombé dans la neige tout petit. À 7 ans très exactement. Sa grand-mère lui avait prêté son appareil photo. En villégiature dans les Alpes du Sud, un soir de neige, le gamin s’était promis de l’inaugurer le lendemain matin. Il se souvient du froid, du bleu, de la poudreuse, des arbres chargés. Au retour, il a dit à l’aïeule : « Je veux travailler dans la neige. » Elle lui a répondu : « Tu auras le temps de voir. » C’est tout vu. Quarante ans que Robert Bolognesi, né en 1960, fait parler la neige. Pour savoir si elle augure du meilleur ou du pire, si elle promet le plaisir ou combine le drame. Il ne vous le dira pas comme ça, mais ce scientifique franco-suisse est, à sa façon, un pionnier. Il a inventé un modèle de prévision d’avalanche, il a développé des programmes informatiques et des algorithmes capables non seulement d’analyser mais encore de produire des méta-raisonnements et d’apprendre de leurs erreurs. « Mais pour le moment, j’utilise une version simplifiée de ce programme, car les PC actuels ne sont pas encore suffisamment performants pour traiter assez rapidement ces données », dit-il. En attendant que le progrès technologique ne résolve les énigmes qui l’obsèdent, Robert Bolognesi va, de son pas calme et sûr, arpenter les cimes de nombreuses stations en Suisse et à l’étranger, qui lui confient la charge d’aider à leur salut. Avec, entre autres, deux doctorats (en informatique à l’EPFL et en géographie alpine à l’Université des sciences de Grenoble), à quoi il faut ajouter un brevet d’artificier pour le déclenchement préventif des avalanches ainsi qu’un brevet de pisteur-secouriste, il dirige aujourd’hui son bureau d’études Météorisk à Sion [Suisse]. Assez pour que devant cet homme des neiges, la question nous brûle les lèvres : faut-il profiter de ce jour de ski comme si c’était le dernier ? Avec la menace du réchauffement climatique, beaucoup prédisent la mort du ski. Et lorsque le Conseil fédéral a épargné les stations de la fermeture, que n’a-t-on entendu vouer aux gémonies cette sacro-sainte culture helvétique qu’il faudrait s’empresser d’oublier. Alors, la mort du ski, c’est pour quand ? « On ne peut pas mettre en doute le réchauffement climatique, répond le nivologue. Pourtant, le ski n’est pas menacé à moyen terme, en 2050. Car il y aura pendant longtemps encore passablement de neige dans les domaines situés au-dessus de 1500 mètres. Si les températures estivales sont en nette augmentation et affectent les glaciers, elles ne concernent pas la neige. » Comment le scientifique peut-il être optimiste, alors que les climatologues affirment le contraire ? Sa conclusion, il ne l’a pas formulée en faisant de la sculpture sur cumulus, mais à force d’analyses et de statistiques. Voici : sur la base de données homogénéisées de MétéoSuisse concernant le col du Grand-Saint-Bernard, à 2472 mètres d’altitude, et qui bénéficie de 156 années de relevés, ainsi que Château-d’Oex, à 1028 mètres d’altitude et 120 années de relevés, on constate dans les deux cas un réchauffement hivernal sur plus d’un siècle, mais un refroidissement en janvier et février sur les derniers trente ans. C’est encore plus vrai en haute altitude : « On ne peut donc pas prétendre, sans nuance, qu’il fait plus chaud en hiver, conclut le nivologue. Et comme le réchauffement climatique va entraîner une augmentation des précipitations, les chutes de neige s’accroîtront en janvier et février en haute altitude. » Pourtant, si l’on en croit le rapport sur les scénarios climatiques CH2018 de la Confédération, « les hivers seront nettement plus doux au milieu du siècle. Il y aura certes plus de précipitations, mais surtout sous forme de pluie ». Sur son visage, on lit du scepticisme mêlé de désabusement : « Ces conclusions sont valables pour la plaine et le plateau mais pas pour la haute montagne. Franchement, je ne comprends pas cet alarmisme. Je me demande dans quelle mesure il n’est pas la manifestation d’une forme d’idéologie. Comme si afficher une bonne nouvelle revenait à dire qu’il est permis de polluer. Contentons-nous de dire qu’il ne faut pas polluer, neige ou pas neige ! » Et de tordre le cou au souvenir tronqué des neiges d’antan, celles que la mémoire, parée de l’émotionnel, embellit. Or, les hivers secs ont toujours existé, à preuve ces photos. Verbier, années 1960 : des gens garnissent leurs hottes de neige pour combler les pistes. Années 1980 : un patrouilleur charrie l’or blanc sur son traîneau de secours pour fabriquer une piste étroite. Robert Bolognesi rappelle aussi qu’avec les progrès du canonnage et du damage une éventuelle diminution d’enneigement ne compromet pas nécessairement le ski : « On reçoit du ciel la matière première, puis on fabrique un produit qui s’appelle la piste. » Pourtant, selon les modèles, le réchauffement pourrait atteindre entre 2 et 6 degrés en 2050. Cela fait froncer les sourcils du nivologue : « Un tel écart me paraît scientifiquement problématique. Il faut faire attention avant d’avancer des pronostics aussi flous, car c’est sur eux que les politiques vont fonder leurs décisions. C’est grave et démotivant pour les gens qui vivent en montagne. » […]
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En décembre dernier, la Conférence de Katowice sur les changements climatiques (COP24 pour les intimes) était l’occasion de ressasser les habituelles prises de positions autour de la protection de la planète. Cette rencontre internationale avait pour double ambition de préciser les modalités d’application des Accords de Paris ratifiés en 2015 et de fixer de nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Bien sûr, participants, journalistes, et citoyens ont pu, à cette occasion, se plonger dans le rapport du GIEC publié quelques semaines auparavant. Celui-ci, comme les précédents, implorait les gouvernements de réagir vite et fort pour sauver la planète et éviter une catastrophe climatique « dans le cadre du développement durable et de l’éradication de la pauvreté ». ÉCO-RESPONSABLES ET CLIMATO-SCEPTIQUES CAMPENT SUR LEURS POSITIONS Le traitement politico-médiatique de cette conférence confirme la bipolarisation des débats. D’un côté, le camp des éco-responsables relaie les inquiétudes du GIEC et se soucie de la montée du niveau des mers, des phénomènes climatiques extrêmes, et des hausses de température. Pour eux, ces changements doivent être évités à tout prix. De l’autre, les climato-sceptiques réfutent les effets de l’activité humaine sur le climat, s’appuyant sur les variations de température des millénaires précédents qui représentaient des amplitudes bien plus importantes que la hausse de 3°C que craint le GIEC. Pour eux, limiter l’activité humaine au nom du climat est un non-sens économique et social. Évolution des températures sur Terre depuis la nuit des temps Source Wikicommons Depuis le temps que le sujet revient dans les journaux, les débats parlementaires et les dîners de famille, chacun s’est forgé son avis sur la question et a choisi son camp. En soi, ce mécanisme est tout à fait naturel. L’instinct clanique est profondément ancré dans notre ADN. OM contre PSG, gauche contre droite, Rolling Stones contre Beatles, forces de l’ordre contre Gilets jaunes… dès que deux thèses opposées existent, nous sommes programmés pour choisir une position en fonction de nos habitudes de vie, notre environnement socio-professionnel, et la soutenir mordicus. Eux contre nous : le mécanisme est vieux comme le monde, et les discussions autour du réchauffement climatique ne font pas exception à la règle. Si les prises de position plus conditionnées que réfléchies sont normales, pourquoi les déplorer dans le cas de la lutte contre le changement climatique ? Tout simplement parce que le sujet a pris une importance telle qu’il mériterait de donner lieu à un débat public digne de ce nom. CHANGEMENT CLIMATIQUE : LA QUESTION QUI VALAIT 30 MILLIARDS Les gouvernements des pays occidentaux ont fait de la protection de la planète un sujet majeur. Il est désormais politiquement inconcevable de ne serait-ce que mentionner le mot croissance sans l’affubler des qualificatifs durable ou responsable. L’énergie, moteur de notre économie, est vile sauf si elle est, bien évidemment, renouvelable. N’y voyez pas là de simple tics de langage qui servent à regrouper les populations autour d’une cause commune : la priorité donnée à la lutte contre le changement climatique n’est pas qu’une affaire sémantique, elle mobilise chaque année des milliards d’euros à l’échelle de notre pays. Cette année, la France consacrera 7,3 milliards d’euros au seul financement du développement des énergies solaires et éoliennes. Peu importe que ces sources d’énergie ne soient pas les plus utiles pour lutter contre les émissions de CO2 dans un pays qui tire déjà la majorité de son électricité de centrales nucléaires : ce montant est dans la continuité de nos dépenses passées. Tous secteurs confondus, nous dépensons bon an mal an 30 milliards d’euros par an selon le ministère de l’Action et des comptes publics. Si la valse des milliards vous donne le tournis et que ces montants ne vous disent plus rien, sachez que ce budget représente les coûts cumulés de la Justice et de la Sécurité intérieure (police, gendarmerie, pompiers et sécurité routière). Qui finance ces dépenses orientées vers les actions prioritaires soigneusement choisies par nos élus ? Les contribuables, bien sûr. Ces chiffres, déjà significatifs à l’échelle de l’Hexagone, se retrouvent dans les mêmes ordres de grandeur dans tous les pays occidentaux. La Banque mondiale a annoncé lors de la COP24 débloquer une enveloppe de 200 milliards d’euros pour lutter contre le changement climatique. Avec de telles sommes en jeu, vous êtes en droit d’attendre que l’efficacité des politiques menées soit soigneusement évaluée, et que des plans précis et détaillés soient élaborés en vue d’atteindre des objectifs crédibles et chiffrés… Il n’en est rien. LE MYTHE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’ÉPREUVE DES FAITS Simone Wapler rapportait il y a peu ces chiffres glaçants : en admettant la thèse du GIEC, dépenser 1 500 milliards d’euros permettrait, dans le meilleur des cas, de gagner -0,17°C à horizon 2100. En d’autres termes, les dépenses seront vaines pour lutter contre le réchauffement climatique. Pourquoi ce chiffre ne fait-il pas la Une des journaux, aux côtés des photos de malheureux ours blancs perchés sur leurs glaçons en été ? Tout simplement parce qu’il représente, pour reprendre une expression chère au médiatique éco-responsable Al Gore, une vérité qui dérange. Si les contribuables étaient mis face à cette inadéquation entre moyens mis en œuvre et objectifs revendiqués, ils rechigneraient sans doute à participer à une telle aventure. Il faut le répéter : la lutte contre le changement climatique n’est pas un plan international bien ficelé, mais un acte de foi. Rappelons quelques faits indiscutables. La chimie est formelle : toute combustion d’énergie fossile dégage du CO2. La physique l’est tout autant : le CO2 est un gaz à effet de serre. Enfin, les 150 années passées montrent que le progrès industriel va de pair avec la consommation d’énergies fossiles. Ce dernier point, bien qu’empirique, n’a jamais été mis en défaut, et mérite donc d’être considéré comme une base de réflexion solide. Ces trois faits mis bout à bout font voler en éclats le concept même de développement durable. Jamais l’humanité n’a connu de croissance économique sans augmentation de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. Le maintien même de notre niveau de vie (sans même évoquer la croissance) ne peut se faire qu’au prix d’une consommation constante d’hydrocarbures, c’est-à-dire une augmentation continue de la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Le GIEC lui-même l’admet : pour cesser d’émettre du CO2, et que la température moyenne de la planète se stabilise, il ne faut pas stabiliser notre consommation d’énergie fossile — il faudrait cesser de rejeter la moindre molécule de CO2 dans l’atmosphère. À défaut, tous les efforts de réduction de la consommation d’énergie ne feraient que décaler dans le temps le passage des différents seuils de réchauffement climatique. Seul problème : bouger quelques curseurs (taxes, subventions) ou changer quelques comportements à l’impact marginal (déplacement en bus plutôt qu’en voiture, en véhicule électrique plutôt qu’en diesel) ne changera ni les lois de la physique, ni celles de la chimie, ni celles de l’économie. Souhaiter que l’économie mondiale soit totalement dé-carbonée en 2050 est un bel objectif, mais les moyens pour y parvenir sont encore au stade d’idées, rendant les politiques d’inflexion de courbes aussi inutiles qu’elles sont chères. Dès lors, le débat mériterait de quitter la sphère idéologique pour un peu de pragmatisme. — Pour plus d’informations, c’est ici.
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Nous avons analysé dans la grande série sur le réchauffement climatique la fonte de la banquise polaire dans ce billet. Comme nous l’avons vu ici, la vague de froid en Europe de début février 2012 a correspondu à une vague « de chaleur » au Canada. En Europe centrale, la probabilité d’hivers froids et d’épisodes de fort enneigement augmente lorsque la superficie de la banquise Arctique est moindre durant l’été. Les scientifiques de l’Unité de recherche de Potsdam de l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et océanologique ont étudié le mécanisme par lequel une banquise estivale réduite modifie la pression atmosphérique au dessus de l’Arctique, entrainant des répercussions sur le climat hivernal européen. Alfred Wenger Institute, Université de Postdam, 26 janvier 2012 Lorsque survient une fonte massive de la banquise arctique en été, comme on l’a observé ces dernières années, deux effets importants sont intensifiés. Tout d’abord, le retrait de la glace, découvrant la surface de l’océan, lui permet de se réchauffer durant l’été sous l’effet du rayonnement solaire. Deuxièmement, cette banquise réduite ne peut plus empêcher la chaleur stockée par l’océan d’être restituée dans l’atmosphère (effet de couvercle). Pour cette raison, l’air subit un réchauffement plus fort que la normale, particulièrement en automne et en hiver, car durant cette période l’océan est plus chaud que l’atmosphère. « Cette élévation de température est confirmée par les mesures actuelles effectuées dans la région Arctique », indique Ralf Jaiser, auteur principal de cette publication. Ce réchauffement de l’air en surface produit des mouvements ascendants, et l’atmosphère devient alors moins stable. « Nous avons analysé les processus complexes, non linéaires, à l’oeuvre derrière cette déstabilisation et avons montré comment ces nouvelles conditions régnant dans l’Arctique influencent les régimes de circulation et de pression atmosphérique », explique M. Jaiser. L’un de ces effets concerne la différence de pression atmosphérique régnant entre l’Arctique et les latitudes moyennes, que l’on appelle l’Oscillation Arctique, avec une zone de haute pression sur les Açores et une dépression située sur l’Islande, qui sont souvent cités dans les bulletins météorologiques Lorsque cette différence est élevée, cela se traduit par un fort vent d’ouest, qui entraine durant l’hiver les masses d’air chaudes et humides de l’Atlantique jusque sur l’Europe. En l’absence de ces vents, l’air froid de l’Arctique peut pénétrer à travers l’Europe, comme ce fut le cas durant les deux derniers hivers. Les modélisations montrent que la réduction de la banquise durant l’été réduit la différence de pression pendant l’hiver qui suit, permettant ainsi au froid arctique de descendre vers les latitudes moyennes. Malgré la faible étendue de la banquise à l’été 2011, le début de l’hiver a été doux, mais M. Jaiser précise que « beaucoup d’autres facteurs jouent naturellement un rôle dans le système climatique complexe de notre Terre, et se superposent en partie. Nos résultats expliquent les mécanismes par lesquels les changements régionaux dans la banquise arctique peuvent avoir un impact global, et quels sont leurs effets entre de fin de l’été et la période hivernale. D’autres mécanismes sont liés, comme par exemple la couverture neigeuse en Sibérie ou les influences tropicales. Les interactions entre ces facteurs feront l’objet de futurs travaux de recherche et représentent donc un facteur d’incertitude dans les prévisions ». Les chercheurs de Potsdam espèrent analyser plus finement ces mécanismes, ainsi que d’autres phénomènes, afin de pouvoir représenter correctement le système climatique de la Terre en incorporant ces résultats dans les modèles. « Notre travail contribue à réduire les incertitudes existantes dans le modèle du climat mondial et à développer des scénarios climatiques régionaux plus crédibles – un élément important pour permettre aux gens de s’adapter aux nouvelles conditions », explique le professeur Klaus Dethloff, Directeur de la Section de la circulation atmosphérique à l’Unité de recherche de Potsdam de l’Institut Alfred Wegener. Sur le web : Impact of sea ice cover changes on the Northern Hemisphere atmospheric winter circulation R. Jaiser, K. Dethloff, D. Handorf, A. Rinke, J. Cohen The response of the Arctic atmosphere to low and high sea ice concentration phases based on European Center for Medium-Range Weather Forecast (ECMWF) Re-Analysis Interim (ERA-Interim) atmospheric data and Hadley Centre’s sea ice dataset (HadISST1) from 1989 until 2010 has been studied. Time slices of winter atmospheric circulation with high (1990-2000) and low (2001-2010) sea ice concentration in the preceding August/September have been analysed with respect to tropospheric interactions between planetary and baroclinic waves. It is shown that a changed sea ice concentration over the Arctic Ocean impacts differently the development of synoptic and planetary atmospheric circulation systems. During the low ice phase, stronger heat release to the atmosphere over the Arctic Ocean reduces the atmospheric vertical static stability. This leads to an earlier onset of baroclinic instability that further modulates the non-linear interactions between baroclinic wave energy fluxes on time scales of 2.5-6 d and planetary scales of 10-90 d. Our analysis suggests that Arctic sea ice concentration changes exert a remote impact on the large-scale atmospheric circulation during winter, exhibiting a barotropic structure with similar patterns of pressure anomalies at the surface and in the mid-troposphere. These are connected to pronounced planetary wave train changes notably over the North Pacific.
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REPORTAGE. « L’Ossoue est condamné » : l’un des plus beaux glaciers des Pyrénées se meurt Le plus haut glacier des Pyrénées françaises, victime du réchauffement climatique, fait l’objet d’une surveillance permanente. Pierre René, glaciologue, estime qu’il aura disparu d’ici à vingt ans. Trente hectares de glace dégoulinante exposée au soleil. Et bientôt plus rien… L’Ossoue transpire. L’Ossoue agonise. Le plus surveillé des glaciers pyrénéens fond à vue d’œil. Et de plus en plus vite. Depuis mai, le plateau a perdu deux mètres d’épaisseur. « C’est considérable », mesure Pierre René, glaciologue et accompagnateur de haute montagne, qui l’ausculte depuis 2001. Au pied du Vignemale, point culminant des Pyrénées françaises (3 298 m), le scientifique achève le relevé d’un été 2021 remarquable. Les dernières observations lui permettent d’affirmer qu’à « ce rythme, d’ici à vingt ans, le glacier aura totalement disparu ». Au cœur des discussions du Congrès mondial de la nature, du 3 au 10 septembre à Marseille, le réchauffement climatique , « dont il est un marqueur visible », l’efface du panorama. Sans que rien ne puisse le sauver. « Même si l’on réduit les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère d’ici à 2050, l’inertie climatique rend impossible tout retour en arrière. L’Ossoue est condamné. » Funèbre horizon pour cet emblème du parc régional, dont la surface s’étale de 2 800 m à 3 200 m entre le Petit Vignemale, la pointe Chausenque et le Montferrat. Un alignement de sommets, tous accessibles tant que subsiste ce marchepied naturel. Après lui, l’accès aux cimes par la France deviendra périlleux. Crampons, lunettes noires, crème solaire sur le bout du nez et bob vissé sur la tête, Pierre René effectue, sous un soleil de plomb, sa cinquième et avant-dernière mission annuelle. Au menu de la journée : 1 400 m d’ascension « sportive », en... Il vous reste 70% de cet article à lire. 1re semaine offerte Annulable à tout moment
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Pour échapper à la chape de pollution qui recouvre de nombreuses villes, direction le bout du monde. En Tasmanie, on respire "l'air le plus propre du monde". A tel point que l'île est devenue une référence internationale pour l'air propre. La péninsule du Cap Grim, un coin venteux et isolé de l'île australienne, bénéficie d'une situation exceptionnelle. Vers l'ouest, la masse terrestre la plus proche est l'Argentine. En direction du sud, il n'y a rien à part l'Antarctique. L'isolement de la station en fait le lieu parfait pour collecter ce que beaucoup considèrent comme l'air le plus pur sur Terre, préservé des gaz d'échappement ou de la fumée des plantations de caoutchouc. Depuis 1976, ce bout de terre sauvage et balayé par les vents accueille la station de mesure de la pollution du cap Grim, une infrastructure publique australienne chargée de la tâche à première vue improbable de mettre de l'air en bouteille. "Notre travail, c'est de trouver l'air le plus propre du monde et de mesurer son taux de pollution", explique à l'AFP Sam Cleland, l'officier responsable de la station perchée sur une falaise. LIRE AUSSI >> La pollution de l'air tue 8,8 millions de personnes par an Alors que les villes les plus polluées du monde ont du mal à attirer les talents ou à juguler les maladies chroniques, les habitants de la péninsule du cap Grim font de leur environnement relativement intact un argument de vente. Pour vendre le boeuf local, on met en avant les études scientifiques sur la qualité de l'air. Le nombre croissant de fermes éoliennes et de touristes venus bien respirer montrent que la réputation du lieu se fait petit à petit. "Ça ne marcherait probablement pas sans la station". Alors "oui, on vend du romantisme, mais on a des données sur 43 ans qui montrent que c'est le mélange d'air le plus propre du monde", se réjouit Mike Buckby, "cultivateur de pluie" à la Cape Grim Water Company, qui recueille et commercialise des eaux qui tombent "des ciels les plus purs de la Terre". Malgré tout, le cap n'échappe pas entièrement aux niveaux croissants de pollution. Quand le vent vient du nord, à savoir Melbourne ou Sydney, il est possible de détecter la signature chimique des différentes usines en activité ce jour-là, souligne Sam Cleland. La station a pu mesurer une augmentation des gaz qui appauvrissent la couche d'ozone en provenance d'endroits aussi lointains que la Chine. Même l'air pur venu du sud-ouest change rapidement. ARCHIVE >> Un refuge pour sauver le diable de Tasmanie "On constate que durant les 2000 dernières années, les niveaux de CO2 en particulier sont restés à des niveaux plutôt stables", dit Sam Cleland. Les carottes prélevées dans la glace polaire par les chercheurs montrent que les taux de CO2 dans l'atmosphère ont tourné autour de 275 parties par million (ppm) durant le plus clair du dernier million d'années. "Quand on a commencé à faire les mesures du CO2 ici en 1976, on en était déjà à 330 et aujourd'hui, on en est à 405", constate l'officier. Ce seuil de 400 ppm a été franchi au début des années 2010, signe de l'insuffisance des politiques de protection de l'environnement menées de par le monde. Et les niveaux de dioxyde de carbone trouvés au cap Grim sont désormais similaires à ceux de certaines villes au début de la révolution industrielle, relève Sam Cleland. "Ce qu'on voit aujourd'hui dans l'atmosphère est probablement sans précédent, au moins au cours du dernier million d'années".
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« Il ne s’agit pas d’une vague menace, incertaine et lointaine, mais d’une réalité dont on prendra pleinement la mesure dans la décennie à venir. » Ainsi nous avertissait James Hansen il y a trente ans. Trente ans se décomposant comme suit : dix ans de hausse de la température moyenne globale, puis vingt ans de stagnation. Ces deux décennies, pendant lesquelles, malgré les fluctuations, la température n’a guère augmenté, ont vu s’épanouir le discours scientifico-médiatique sur le devenir du système climatique de notre planète. Il n’y a qu’à écouter les grands médias pour savoir où nous en sommes rendus : l’apocalypse thermocarbonique est là. Et pourtant, nous n’avons encore rien vu… Promise par le pape du réchauffisme, l’apocalypse thermocarbonique est promue en France par l’incoutournable Jean Jouzel, sur tous les plateaux et dans tous les journaux ces derniers jours. Il faut dire que l’actualité météorologique fournit une excellente justification aux discours simplificateurs, afin d’une part de faire une peinture simpliste de la situation présente et, d’autre part, de tirer des plans sur la comète à propos de la péjoration à venir, car oui, cela sera encore pire. Le réchauffement climatique, c’est comme l’Amour : plus qu’hier et moins que demain. Expliquant tout, le réchauffement climatique n’explique en réalité rien. L’hiver, il est convoqué pour justifier aussi bien une grande douceur qu’une franche vague de froid. Il peut aussi expliquer, sur les plateaux télé, un été pourri, à moins que ne soit convoquée la variabilité naturelle, en guise de joker. Les vagues de chaleur estivales sont en revanche du pain bénit. En résumé : On vous l’avait bien dit ! « Mais ce qui se passe aujourd’hui, nous l’avions prévu il y a trente ou quarante ans déjà : une intensification des événements extrêmes et de leur fréquence avec le réchauffement. Année après année, été après été, ils se répètent. Et ce n’est qu’un début. Dans trente ou cinquante ans, ce qui est exceptionnel aujourd’hui sera la norme en Europe, avec des événements encore plus ravageurs et nombreux. » (Jean Jouzel, Le Monde, 27 juillet 2018) Deux postulats permettent à Jean et ses collègues d’argumenter dans ce sens. Premièrement, le dioxyde de carbone est un gaz à effet de serre. Donc plus on en enverra dans l’atmosphère, plus celle-ci se réchauffera. Avec un corollaire semblant frappé au coin du bon sens, mais en réalité assez fragile : plus il fera globalement chaud, plus on aura de chances d’avoir des vagues de chaleur. Le second postulat est que plus d’énergie dans le système climatique (chaleur = énergie) signifie plus d’événements violents. Encore une hypothèse qu’on dirait frappée au coin du bon sens, mais qui est elle aussi fragile [1]. Bon, ils nous l’avaient bien dit, mais que se passe-t-il au juste ? Il fait chaud et sec de manière réellement remarquable en bien des points de l’hémisphère boréal. Dans l’Ouest américain, au Japon, en Europe du Nord, notamment. Ce dernier cas retient particulièrement l’attention, car l’image d’Épinal qui lui est associée est pour nous le froid. Le traitement journalistique nous a habitués à l’existence d’un certain nombre de records, qu’on prend bien la peine de ne pas distinguer les uns des autres. Le premier consiste à dire qu’à tel endroit, il n’a jamais fait aussi chaud tel jour de l’année, et peu importe si le record du lieu est plus élevé et se situe quelques jours avant ou après cette date. Compte tenu du caractère exceptionnel de la vague de chaleur scandinave, les journalistes n’y ont pas eu recours. Il est aussi possible de choisir des stations météorologiques n’ayant qu’un faible recul historique : le record en question perd de sa pertinence, sachant que beaucoup de records sont anciens. Nous reviendrons sur ce point. Il y a bien sûr aussi les records absolus, qui concernent toute une région et s’appuyant sur une base de données ancienne. Jean Jouzel souligne le caractère exceptionnel et symptomatique des fortes températures scandinaves, avec l’exemple de Kvikkjokk, localité suédoise située près du cercle polaire, qui a battu son record avec 32,5 °C. Des températures qu’il nous dit être inédites dans ces régions septentrionnales. Le précédent record était pourtant de 32 °C, enregistré le 1er juillet 1945. Ce même jour, une température de 31,6 °C était enregistrée à la station de Kiruna, à 145 km au nord du cercle arctique, une valeur qui n’a pas été atteinte. Parfois, les journalistes mentionnent simplement une valeur, censée, seule, impressionner. Il a fait à Mourmansk, en Laponie russe, plus de 30 °C, le mercure étant même monté jusqu’à 32,2 °C. Le record n’a pas été battu : 32,9 °C le 9 juillet 1972, au plus fort du refroidissement d’après-guerre, qui ne fut pas que politique. Le 16 juillet, la ville suédoise d’Uppsala a connu sa plus haute température depuis 1975, avec 34,4 °C. Le péquin moyen est censé être impressionné par la distance temporelle. Si l’on bat un record très, très ancien, c’est que c’est un sacré record ! Mais dans un contexte de réchauffement, un record devrait être d’autant plus emblématique que le précédent serait… très récent. Qui plus est, dans le cas présent, il ne s’agit même pas d’un record. Le journaliste nous dit ainsi non seulement que l’on avait déjà connu cela auparavant, mais aussi qu’on a vu pire il y a plus longtemps. Le cas d’Uppsala est intéressant, car il s’agit d’une ville universitaire de renom disposant de séries de températures de très longue durée. Concernant les températures moyennes annuelles depuis 1722, on peut constater qu’il y a bien sûr une vraie hausse depuis la fin des années 1980, et que les températures au XXe siècle ont été plus élevées qu’au XIXe siècle, ce qui est bien normal puisque nous sommes sortis du Petit Âge glaciaire (PAG), ce dont tout esprit sain ne peut que se réjouir. On remarquera toutefois l’existence de fortes valeurs en début de série, lors d’un redoux au sein même du PAG. Entre-temps, l’effet d’îlot de chaleur urbain [2] a nécessairement augmenté de manière considérable, puisque du début de cette série de température à sa fin, la ville est passée de 2 500 habitants à 150 000 (et même 200 000 habitants si l’on considère l’ensemble de l’aire urbaine). Les températures moyennes mensuelles de juillet et août sont globalement plus élevées ces deux dernières décennies qu’il y a 40 à 60 ans, cependant elles sont désormais assez stables. Le record pour cette ville est assez éloigné des valeurs récentes puisqu’il s’élève à 37,4 °C, enregistré le 9 juillet 1933. Le même jour, à Ultuna, à quelques kilomètres au sud d’Uppsala, la température a atteint 38 °C, un record pour l’ensemble de la péninsule scandinave, égalé 14 ans plus tard à Målilla en 1947, et toujours pas dépassé. Ces fortes chaleurs sont associées à un important déficit hydrique : les précipitations ont été rares ces dernières semaines, alors que la saison estivale est dans cette région celle des plus forts cumuls. À Uppsala, le déficit pour ces trois derniers mois s’élève à presque 60 mm (et non 100 mm jusqu’à il y a peu, grâce à de fortes pluies, qui ont d’ailleurs provoqué des inondations). Le déficit est réel et se creuse depuis le printemps. Cependant, sur les 365 jours écoulés, le bilan est plutôt excédentaire, grâce aux précipitations de l’automne et de l’hiver dernier. La situation aurait donc pu être pire, mais cela a été suffisant pour créer les conditions nécessaires à d’importants feux de forêt. Jean Jouzel, le géochimiste spécialiste de l’analyse des bulles d’air contenues dans les carottes de glace, mais qui se laisse qualifier de climatologue, mais aussi de récipiendaire du prix Nobel de la Paix avec le GIEC, alors que le Comité Nobel a bien fait savoir que seule l’institution avait reçu cette distinction, pas ses membres, et qu’on qualifie toujours d’ancien vice-président du GIEC, alors qu’il fut l’un des six vice-présidents du groupe 1, qui comptait deux coprésidents, tandis que le GIEC lui-même avait un président et deux vice-présidents, Jean Jouzel donc, trop occupé à courir les plateaux télé et les salons du monde entier pour les petites sauteries onusiennes, a encore commis quelques erreurs. Comment parler de mensonges chez un si éminent scientifique ? Il a en effet affirmé que « ces pays ne sont pas du tout préparés aux incendies ». Un petit détour par les statistiques officielles de la Suède en la matière semblent plutôt infirmer ses propos. Malgré l’interruption des données pour les années 1980 à 2000 (changement de méthode statistique et donc impossibilité de comparer les résultats), il est patent que les autorités suédoises ne se sont pas retrouvées face à l’inconnu. Et l’on remarque de même qu’il n’y a pas de tendance à l’aggravation de la situation avec le réchauffement climatique. Il n’y aurait d’ailleurs aucune raison qu’il en aille ainsi, puisque les précipitations ont eu tendance à légèrement augmenter dans la région. C’est vrai à l’échelle de l’année, mais aussi pour toutes les saisons, dont on représente ci-dessous le printemps et l’été, saisons les plus arrosées et les plus déterminantes pour les feux de forêt dans la région. Ces données sont une synthèse basée sur l’analyse de 87 stations, réalisée par l’Institut météorologique et hydrologique suédois. Pourtant, pour Jouzel, « on est vraiment dans le contexte du réchauffement climatique lié aux activités humaines, et ces événements – feux de forêts en Europe et décès liés aux canicules - vont se multiplier ». Alors que l’Institut météorologique suédois précise que les modèles, critiquables mais qui ont toute la confiance de Jean habituellement, prévoient une hausse annuelle à l’horizon 2100 de 20 à 60 % par rapport à la période de référence 1961-1990… Les pires prévisions saisonnières montrent peu ou pas d’augmentation des précipitations. La situation exceptionnelle et remarquable que connaît la Scandinavie cet été n’est donc en rien représentative, ni de l’évolution de ces dernières décennies, ni de ce qui est attendu pour les décennies à venir. Dans sa lancée prophétique à la Philippulus, Jean Jouzel sonne le Tocsin. Déjà en 2006, à l’occasion d’un épisode chaud, il avait annoncé qu’« un été sur deux sera comme 2003 à la fin du XXIe siècle, si on ne fait pas attention ». Désormais, la surenchère est de mise. « À la fin de la prochaine décennie, les températures record atteindront les 45 °C. Et après 2050, on pourra arriver à 50 °C, voire 55 °C dans certaines régions. Il sera de plus en plus difficile de vivre dehors, particulièrement dans les grandes agglomérations. » (Jean Jouzel, Le Monde, 27 juillet 2018) « En cas de réchauffement non maîtrisé, il risque d’y avoir d’ici la deuxième moitié du siècle, 50 fois plus de décès liés aux catastrophes climatiques qu’actuellement. Aujourd’hui, on déplore 3 000 décès par an, on risque d’avoir 150 000 décès par an, en Europe, liés essentiellement aux périodes de canicule. » (Jean Jouzel, France Culture, 25 juillet 2018) Des annonces apocalyptiques déjà formulées l’an dernier dans un contexte moins favorable à l’écho médiatique. Le météorologue indépendant Frédéric Decker avait alors réagi en s’insurgeant contre les simplifications et les outrances du GIEC. « Il paraît que Jean Jouzel est climatologue… S’est-il seulement intéressé au climat ? Ces 50 degrés annoncés en France sont-ils sérieux ? Non ! » (Édito – Chaud devant !) Des réactions se sont aussi fait entendre cette année, comme celle du météorologue de La Chaîne météo Régis Crépet. Contre toute attente, un peu de raison a pu poindre. À la question « Doit-on s’attendre à ce que ce type de situation se reproduise dans les années à venir ? », le prévisionniste à Météo-France Patrick Galois répond sobrement : « Chaque année a sa particularité. Aujourd’hui (mardi 24 juillet), on a autour de 31 ou 32 degrés à Paris. L’année dernière, le même jour, on avait 21 degrés. On aura peut-être quelque chose de très différent l’année prochaine. Le climat garde sa variabilité. » Une fausse note vite corrigée par un encadré à la suite de l’entretien. « "On peut absolument lier ce phénomène à la question du réchauffement climatique", explique Jean-Pierre Hameau, également prévisionniste à Météo-France. » Le catastrophisme a besoin d’hypothèses, de supputations. « Et si ? » Robert Vautard, scientifique du climat, se questionne, dans une tribune parue dans Le Monde : « Et si le changement climatique, en plus d’augmenter la probabilité de certains événements météo extrêmes, se manifestait aussi par des phénomènes radicalement nouveaux ? Que pourrait-on dire si la vague de chaleur actuelle en Scandinavie durait encore tout l’été, ou si la France connaissait un épisode caniculaire comme celui d’août 2003, mais deux ou trois degrés plus chaud encore ? » Eh oui ! Si c’était pas pareil, ça pourrait bien être différent. Et, en l’occurrence, pire. D’après nos « climatologues » médiatiques, le réchauffement pourrait bien être responsable. Mais pourquoi, concrètement, une telle situation de sécheresse et de chaleur durables ? La faute à la persistance inhabituelle de hautes pressions plus ou moins centrées sur la péninsule de Kola (Russie). Les vents tournant dans les anticyclones (H) dans les sens des aiguilles d’une montre, de l’air continental chaud et sec se dirige vers l’Europe du Nord, où de plus l’absence de couverture nuageuse et la durée du jour à cette période de l’année favorisent l’échauffement des basses couches atmosphériques. Il s’ensuit donc des températures « anormalement » élevées, c’est-à-dire bien supérieures à la moyenne. En bougeant légèrement, ces centres d’action peuvent envoyer de la fraîcheur là où, auparavant il faisait très chaud. Le nord de la Sibérie occidentale est ainsi passé d’une trentaine de degrés à… -5 °C, avec précipitations neigeuses, ce qui même dans ces régions est exceptionnel. Si Jean Jouzel et ses collègues n’hésitent pas à incriminer le réchauffement, ils n’apportent aucune explication, si ce n’est que c’est ce que prédisent les modèles. En réalité, il n’y a aucun fondement théorique d’avancé, car cette explication ne tient pas la route. La Terre n’est pas une cocotte-minute, dont la pression atmosphérique monterait à mesure que la température augmenterait. Au contraire, il n’y a pas de couvercle atmosphérique et l’air chaud est moins dense que l’air froid. Ces hautes pressions persistantes sont dues à l’alimentation constante d’air polaire relativement plus froid et donc dense, ce qu’un pôle réchauffé ne saurait produire aussi efficacement. Si le mantra d’un pôle plus réchauffé que le reste du globe que Jean Jouzel récite à qui veut l’entendre était vrai, la situation présente ne pourrait avoir lieu. En réalité, si les très hautes latitudes se sont réchauffées, c’est surtout vrai en hiver, ce qui ne peut avoir de lien direct avec l’effet de serre (nuit polaire), mais est dû à des effet dynamiques (cet aspect sera abordé dans un prochain article). Et a contrario, l’été a vu la température du pôle Nord légèrement décroître depuis quelques décennies. L’été 2018 est pour l’instant, d’après ces mêmes données, constamment et assez nettement sous la moyenne 1958-2002. C’est donc à une véritable offensive médiatique que nous assistons. Déclarations péremptoires, dramatisations, science-fiction. Le réchauffement médiatique doit être prégnant pour que les choses bougent. Et elles doivent bouger. Le modélisateur Hervé Le Treut l’a récemment déclaré sur BFM TV, rien n’avance politiquement, parce que tout a lieu à l’échelle nationale. Et d’ajouter qu’une gouvernance mondiale serait la solution. Mais pour cela, il faut bien que chacun en comprenne l’impérieuse nécessité. Quoi de mieux que le caractère inédit de la situation. Il faut donc battre des records. C’est ainsi que, selon Météo-France, reprise par tous les journaux français, le record algérien aurait été battu, avec 51,3 °C à Ouargla, ce qui en ferait aussi le record de l’Afrique, « en tout cas depuis qu’on dispose de relevés fiables ». Une formulation nouvelle, permettant d’ignorer les records toujours reconnus par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). L’ancien record libyen s’élevant à 58 °C et datant de 1922 a été déclassé il y a quelques années. Demeure en revanche celui du sud tunisien, avec 55 °C en 1931. Quant aux États-Unis, « le maximum provisoire de cet épisode a, comme souvent, été observé dans la célèbre “vallée de la Mort” avec 52,9°C à Furnace Creek ce 24 juillet, record égalé pour une fin juillet et à 1,1°C du record mondial fiable [nous soulignons] de chaleur (54°C à Furnace Creek le 30 juin 2013 à égalité avec 54°C à Mitribah, Koweït, le 21 juillet 2016) ». Or, l’OMM reconnaît toujours la valeur de 56,7 °C enregistrée à Furnace Creek en 1913. Le réchauffement sans précédent (et bien sûr anthropique) que nous somme censés vivre ne souffre pas la compétition. Il semble bien que les vieux records soient sur la sellette. Le prévisionniste à Météo-France Jean-Pierre Hameau l’a clairement exprimé : « les records de chaleurs constatés actuellement sont voués à être battus ». Quitte à aider les nouveaux en balayant les anciens ? À ce compte-là, il n’y a plus de doute : le réchauffement est vraiment d’origine humaine.
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Alors que la cause animale prend de l'ampleur dans la société, pourquoi pas un référendum sur les droits des animaux ? Ce projet de référendum d'initiative partagée (RIP) a été lancé début juillet par le journaliste Hugo Clément, qui a réuni plusieurs grands patrons, en proposant aux citoyens six mesures phare, dont la fin de l'élevage en cage. Le site, où figurent les propositions, compte déjà plus de 400 000 inscrits. Guère étonnant car l'idée, ayant le soutien d'une vingtaine d'associations engagées pour le bien-être animal, trouve un écho important dans la société. Près des trois quarts (73%) des personnes interrogées sont en effet favorables à un référendum, selon un sondage Ifop pour le site d'information sur les chiens Caniprof, publié ce mardi. Certaines mesures, selon le sondage, sont massivement plébiscitées. Dans l'ordre : l'obligation de garantir aux animaux la possibilité d'un accès quotidien au plein air (87% d'avis favorables), l'interdiction du recours à l'expérimentation sur des animaux lorsque des alternatives existent (75%), l'interdiction de l'élevage d'animaux en cage (73%), l'interdiction des élevages d'animaux à fourrure (68%). Vient ensuite l'interdiction de la chasse à courre, et du déterrage des renards et des blaireaux (67%). L'interdiction des spectacles avec des animaux sauvages divise plus, même si la majorité des sondés est favorable (57%). Plusieurs mesures sont plébiscitées selon le sondage Ifop. Sondage Ifop pour Caniprof Si le référendum avait lieu, un Français sur deux (49%) déclare qu'il irait voter. "En comparaison, des sujets plus discutés et médiatiques comme la réforme des retraites ou le rétablissement de l'Impôt Sur la Fortune déplaceraient moins d'électeurs (respectivement 48% et 46%)", souligne l'étude. De plus, près de neuf électeurs sur dix déclarent qu'ils voteraient pour. Le référendum d'initiative partagée permet de soumettre une proposition de loi au référendum si elle est soutenue par au moins un cinquième des membres du Parlement (185 parlementaires) et 10% des personnes inscrites sur les listes électorales (soit 4,7 millions).
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C’est une décision de la Grande Chambre de Recours de l’Office Européen des Brevets datée du 25 mars 2015 qui a permis de faire avancer « la cause » des multinationales sur le brevetage du vivant A la question « si l’on découvre un lien entre une séquence génétique existant naturellement dans une plante cultivée et un caractère particulier de cette plante, peut-on devenir propriétaire de toutes les plantes qui expriment ce caractère » , la Grande Chambre de Recours de l’Office Européen des Brevets a répondu … »oui ». La décision de l’Office européen des brevets (OEB) d’accorder un brevet pour une tomate et un autre pour un brocoli, fait donc réagir de nombreux acteurs de l’écologie, comme du secteur semencier et agro-alimentaire. Cette décision d’accorder des brevets pour des plantes non modifiées génétiquement était crainte et attendue : près de mille demandes de brevets de la part des industriels du secteur ont été effectuées en quelques années. Toutes ces demandes le sont pour des plantes dites « classiques ». Christine Noiville, présidente du Haut Conseil des biotechnologies, docteur en droit et directrice de recherche au CNRS confirme la propriété temporaire qu’obtient l’entreprise sur la plante : » Par cette décision, la Grande Chambre de Recours de l’Office Européen des Brevets confirme que l’entreprise peut bien obtenir un monopole temporaire sur le brocoli dit « anti cancer » et, au-delà, sur le caractère « anti cancer » lui même, tel qu’il pourrait être intégré dans n’importe quel autre type de plante. Donc les sélectionneurs, voire les agriculteurs, qui produiraient des plantes possédant ce caractère breveté seraient astreints à payer une redevance à l’entreprise détentrice du brevet. « Jusqu’alors, en Europe, seul le Certificat d’obtention végétal (COV), lui-même déjà contesté par une partie des agriculteurs, pouvait être utilisé pour protéger la « propriété intellectuelle » de certaines semences issues des sélections naturelles. L’inscription obligatoire au catalogue officiel [des semences] n’est pas toujours appréciée des agriculteurs, comme les redevances qu’ils doivent payer, mais dans l’absolu, l’échange de semences est toléré. Le COV semble un « moindre mal » comparé aux brevets, pour les agriculteurs. Pour la présidente du HCB, le basculement du COV vers les brevets est très important : « Le principe qui consiste à accepter que des plantes issues de procédés essentiellement biologiques, donc les produits de sélections essentiellement conventionnelles, soient protégées par des brevets, est une étape supplémentaire très importante dans l’évolution qu’ont connue les droits de propriété intellectuelle dans la sélection végétale ces 20 dernières années.« Est-il acceptable de breveter — et donc de privatiser — le patrimoine naturel que sont les plantes ? C’est cette question qui est posée aujourd’hui, avec la possibilité en Europe, pour une entreprise, de breveter le « caractère » d’une plante. C’est sur cette nuance très fine que s’est basé l’accord de l’OEB validé par la Grande Chambre de Recours de l’Office Européen des Brevets. Corinne Lepage, avocate, ancienne députée européenne écologiste-centriste, estime, pour sa part, que « cette décision de l’OEB est extrêmement contestable, et apparaît contraire au droit communautaire de refus de brevetabilité du vivant et qui confond allègrement la découverte et l’invention.« Le principe de la brevetabilité est effectif — selon l’OEB — dans le cas de « l’obtention d’une plante avec un caractère précis qui ne relève pas d’une variété à proprement parler« . Plant Bioscience, la firme qui a croisé un brocoli sauvage avec un brocoli cultivé, est donc devenue propriétaire de ce « nouveau caractère » de brocoli (par croisement naturel), et ce, pour 20 ans. Quiconque utilisera les semences de ce brocoli devra donc avoir l’accord de Plant Bioscience et payer une redevance à Plant Bioscience, et tous ceux qui ne le feront pas, seront sous le coup des lois contre la contrefaçon. Une graine de brocoli de la firme Plant Bisocience tombe d’un camion dans un champ d’agriculteur et pousse sans que l’agriculteur ne soit au courant ? Plant Bioscience pourra attaquer en justice l’agriculteur, comme ce fut le cas avec Percy Schmeiser dont l’un de ses champs a été contaminé par un camion de graines de Colza OGM Monsanto, et qui a fait faillite après que la firme l’a traîné en justice. Le Réseau semences paysannes, en pointe dans la dénonciation de ces pratiques, résume sur son site de façon très claire les problèmes engendrés par cette nouvelle « possibilité commerciale » : Les sociétés multinationales disposant des moyens technologiques de décoder les séquences génétiques des plantes cultivées et des animaux d’élevage vont ainsi pouvoir s’approprier tout ce que nous mangeons. Les paysans ne pourront plus semer ou faire naître des animaux sans d’abord obtenir l’autorisation de la part du détenteur du brevet contre monnaie sonnante et trébuchante. « C’est un bond en arrière de trois siècles qui rétablit la dîme versée par les paysans aux seigneurs du moyen-âge et la porte ouverte à une biopiraterie généralisée » dénonce Michel Metz, administrateur du Réseau Semences Paysannes. Les brevets vont plus loin que la seule protection financière de leurs détenteurs et le paiement de redevances. Le brevet sur un légume, qui utiliserait un caractère [génétique] issu d’une banque, même libre et gratuite, permet d’attaquer quiconque utilisera ce caractère. Les conséquences sont simples : une utilisation libre, dans le cadre de recherches par exemple, sur des types de matériels génétiques n’est plus possible, si un matériel génétique est contenu dans le brevet d’une plante ! A moins d’une autorisation de l’entreprise détentrice du brevet, avec ou sans paiement de redevance, au choix de celle-ci. L’article 3.2 de la directive européenne 98/44 sur la brevetabilité stipule qu’ »une matière biologique isolée de son environnement naturel ou produite à l’aide d’un procédé technique peut être l’objet d’une invention, même lorsqu’elle préexistait à l’état naturel« . C’est grâce à cet article de loi très vague que les multinationales ont pu obtenir le droit à breveter les caractères des plantes. Pour Ch. Noiville qui s’appuie sur les travaux du HCB, il y a certainement matière à réfléchir et mieux légiférer : « La ligne de partage entre les deux droits, le COV [européen, ndlr] et le brevet, devient progressivement assez floue. Petit à petit, le brevet grignote ce qu’on croyait être le champ du COV. C’est un constat dont il faut évaluer les conséquences avant que les politiques ne décident de s’emparer du sujet pour éventuellement clarifier le droit, aujourd’hui suffisamment flou pour que des décisions comme celle de l’OEB puissent être adoptées. On peut même se demander si la Grande Chambre de Recours de l’Office européen des brevets n’appelle pas elle-même à ouvrir le débat, obligeant en quelque sorte la sphère politique, notamment la Commission, à s’emparer du sujet ». Les brevets sur les plantes arrivent en Europe. Tout le problème est désormais de savoir quelles volontés politiques s’exerceront à leur égard. Ce que Corinne Lepage résume en une phrase : « De toutes les façons, ça ne peut pas en rester là, ce n’est pas l’Office des brevets qui fait la loi dans l’Union européenne ! »
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Naomi Klein est une journaliste-militante canadienne connue mondialement pour ses livres Shock Doctrine et No Logo. Il y a 5 ans, elle publiait ce qui est désormais un best-seller sur les changements climatiques. Le livre ne traite aucunement de la science des changements climatiques. L’auteur prend pour acquis que le réchauffement est substantiel et incontrôlable et qu’il en résultera une augmentation des désastres naturels, le déplacement de populations dont le milieu de vie sera submergé et l’extinction de nombreuses espèces animales et végétales. Pour elle, c’est de loin le principal problème de l’humanité et il faut y remédier radicalement le plus rapidement possible. De son propre aveu, Klein ne s’était jamais vraiment préoccupée des questions environnementales, ni des changement climatiques, laissant ces choses aux environnementalistes. Mais tout a changé il y a quelques années lorsqu’elle a réalisé que la lutte contre le changement climatique pourrait impliquer un recul du capitalisme et de la mondialisation. C’est de là que provient le titre du livre : ça change tout. Ce qu’elle veut dire est que la société doit changer radicalement pour s’adapter aux changements climatiques et que ce changement doit se faire vers la gauche et l’étatisme : taxes, nationalisations, redistribution, confiscations, interdictions, etc. Klein est transparente à cet égard : la baisse nécessaire des émissions de GES pour contrer le réchauffement sera impossible sans une augmentation considérable de l’intervention gouvernementale dans l’économie. KLEIN N’EST PAS UNE PASTÈQUE, C’EST UNE TOMATE BIEN MÛRE… Klein affirme que si les dirigeants politiques ont accepté les règles du capitalisme et octroyer des milliards de dollars d’argent des contribuables à des banques suite à la crise financière de 2008, ils pourraient très bien le faire encore pour la lutte contre les changements climatiques. Cette affirmation est risible quand on comprend que le sauvetage des banques était inutile et même indésirable. Le capitalisme n’avait pas besoin d’être sauvé, au contraire il fallait plutôt le laisser faire son œuvre. Klein compare les changements sociétaux nécessaires dans la lutte contre les changements climatiques au mouvement visant l’abolition de l’esclavage et l’indépendance des colonies car ils aboutiront à la destruction de richesse des élites et des pays riches. Klein se trompe lorsqu’elle affirme que cette lutte menace particulièrement une minorité ayant des intérêts dans les énergies fossiles. Une hausse des coûts de l’énergie affecterait toutes les strates de la société et probablement davantage les pauvres et la classe moyenne que les riches ; parlez-en aux Gilets Jaunes. L’auteur vante le Danemark, qui est l’un des pays ayant le plus d’électricité renouvelable, mais elle néglige de mentionner que les prix de l’électricité y ont fortement augmenté. Selon Klein, l’énergie nucléaire n’est pas une solution viable, mais elle n’explique pas vraiment pourquoi. Elle semble penser qu’il faudrait tellement de temps pour construire un bon nombre de nouvelles centrales nucléaires qu’il sera déjà trop tard pour limiter le réchauffement. Mais c’est surtout qu’elle préfère les petites solutions locales à de grosses centrales opérées par de grandes corporations. Et elle souhaiterait aussi remplacer le charbon par… rien, c’est-à-dire la décroissance. Évidemment, selon elle, nous sommes tous malheureux car tout ce qui nous stimule est la consommation de « gadgets inutiles fabriqués en Chine » pour lesquels nous devons travailler de trop nombreuses heures plutôt que de profiter de la vie… Donc la décroissance serait « bonne pour nous ». Klein explique qu’avec la mondialisation du commerce, un bon nombre d’objets que nous achetons sont maintenant produits dans les pays émergents. Les émissions de GES engendrées par la production d’un téléviseur acheté au Canada n’apparaissent donc pas sur le bilan de GES du Canada, ni les émissions générées par le cargo porte-conteneur qui l’a acheminé (qui apparemment ne sont pas comptabilisées). Les pays industrialisés ont donc, en quelque sorte, exporté leurs émissions de GES vers les pays émergents à travers le commerce international, ce qui donne l’impression que la croissance des émissions provient plutôt de la Chine et de l’Inde, où l’électricité est davantage produite à partir du charbon. Klein explique que le programme de l’Ontario pour les énergies renouvelables a été fortement critiqué car il incluait une provision favorisant le contenu local équivalente à une mesure protectionniste ne respectant pas les règles de l’OMC. En revanche, des entrepreneurs ont indiqué avec raison que peu importe où les turbines et panneaux solaires sont produits, il faut que le coût soit le plus bas possible de manière à réduire l’impact sur les consommateurs. Klein n’adhère pas à cette façon de voir les choses car elle s’oppose à la mondialisation. Elle préfèrerait que les composants soient davantage fabriqués localement, de manière à raviver le secteur manufacturier, même si cela coûterait beaucoup plus cher. Selon elle, pour que la transition vers l’électricité renouvelable se fasse plus rapidement, il faut que l’État nationalise les réseaux de distribution électrique… comme c’est déjà le cas au Québec. Klein explique que si ces énergies doivent être disponibles de manière abordable pour tous, il n’y aura pas suffisamment de marge de profit pour intéresser les investisseurs privés. Elle cite l’exemple du transport en commun. Là-dessus, elle se trompe royalement. Des infrastructures peuvent très bien être privatisées et générer du profit, tout en rencontrant les normes exigées par les consommateurs, y compris l’accessibilité. Dans les pays nordiques les infrastructures de transport en commun sont privatisées et semblent très bien fonctionner. Bien entendu, beaucoup de privatisations ne sont pas aussi bien exécutées, engendrant ainsi des problèmes, comme je l’expliquais dans mon article sur la privatisation de l’eau. Klein mentionne que les 5 plus grandes compagnies pétrolières ont réalisé des profits de 900 milliards de dollars entre 2001 et 2010. Selon elle, ces entreprises ont été en quelque sorte subventionnées car on leur a permis d’émettre des GES dans l’atmosphère sans en supporter le coût. Pourtant l’essence est probablement l’un des produits les plus taxés. Au Québec, les taxes représentent près de la moitié du prix à la pompe, inclus une taxe verte. Il semble que la société est donc déjà bien compensée pour les émissions de GES provenant de l’essence. Klein aborde abondamment les cas de Chevron-Texaco en Équateur et de la tragédie BP dans le golfe du Mexique. Dans le cas de Texaco, il s’agissait d’un partenariat entre cette entreprise et la compagnie gouvernementale de l’Équateur Petroecuador. Lorsque Chevron a acquis Texaco, elle a procédé à sa part du nettoyage des territoires touchés et a vendu sa part du partenariat à Petroecuador, après quoi le gouvernement l’a libérée de toute obligation environnementale. De son côté, Petroecuador a continué à exploiter la ressource et à accroitre les opérations sans procéder à sa part du nettoyage. Ensuite, les populations locales ont monté une poursuite bidon contre Chevron, menée par un avocat américain corrompu. Un tribunal américain a d’ailleurs statué que la plainte était irrecevable et qu’il s’agissait d’une tentative de fraude et d’extorsion. En fait, c’est plutôt le gouvernement qui est responsable de la pollution ! On peut donc en conclure que madame Klein perd beaucoup de crédibilité en citant ce cas… Klein remarque que l’armée américaine est le plus gros consommateur de pétrole au monde. Une réduction de l’interventionnisme militaire américain dans le monde permettrait donc de réduire significativement les GES sans affecter le niveau de vie de la population, et de plus, cela coûterait moins cher. Là-dessus, beaucoup de libertariens seront d’accord avec elle… Quant à l’utilisation du gaz naturel comme énergie de transition pour remplacer le charbon, Klein cite une étude de l’Université Cornell qui prétend que le gaz produit par fracturation (fracking), en y intégrant les fuites de méthane (un GES beaucoup plus puissant que le CO2 à court terme), cette forme d’énergie a le même impact sur le climat que le charbon. Néanmoins, elle néglige de mentionner qu’il suffirait qu’une règle incite les producteurs à utiliser des technologies existantes pour capturer ce méthane afin de corriger la situation. D’ailleurs, l’étude de Cornell ne fait pas consensus sur l’impact sur le climat du méthane provenant de la fracturation (voir ceci et ceci). Klein surenchérit en citant le film Gasland, qui montre que la fracturation aurait des impacts sur les nappes phréatiques. On sait maintenant que ce film est mensonger : dans ces régions l’eau du robinet contenait déjà du méthane bien avant la fracturation et elle pouvait même prendre feu. Mais le réalisateur de ce film a tenté de faire croire que la fracturation était la responsable. Puis elle passe une bonne partie du livre à déblatérer contre les sables bitumineux canadiens, qu’elle nomme faussement tar sands (sables goudronneux), car ce terme est inexact. Elle fait cela en vertu d’une directive des environnementalistes, le terme tar sands ayant une connotation plus négative et sale que le terme sables pétrolifères ou sables bitumineux. Ce procédé est très hypocrite car cette source de pétrole est loin d’être la plus irresponsable qui soit, bien au contraire. La plus grosse bourde de Klein est de vanter la réduction de la pauvreté engendrée par des gouvernements gauchistes comme Lula et Rousseff au Brésil, Chavez au Venezuela, Correa en Équateur, Kirchner en Argentine et Morales en Bolivie. Pourtant, l’économie de ces pays s’est écroulée avant, pendant et après la publication du livre, faisant nettement reculer les conditions de vie des ménages, résultats prévisibles du socialisme. Ce sont pourtant les politiques utilisées par ces dirigeants que Klein a en tête pour redéfinir les sociétés occidentales en fonction de la lutte contre le réchauffement… CONCLUSION Peu importe l’ampleur du réchauffement global et ses conséquences pour l’humanité, il faut concéder que ce phénomène est problématique pour les capitalistes-libéraux. D’ailleurs, les sites libertariens américains comme FEE et le magazine Reason font presque silence-radio sur le sujet, ce qui est malheureux car cela laisse le champ libre aux hurluberlus comme le Heartland Institute qui s’entêtent à prétendre que le réchauffement est un mythe. Normalement, dans une logique capitaliste, les émissions polluantes sont considérées comme une externalité pouvant justifier une compensation de la part du pollueur envers les autres parties dont la propriété privée est affectée, mais on ne peut pas procéder ainsi dans le cas des GES et du réchauffement. Les émissions de GES sont en hausse de 57 % depuis la Convention sur le Climat de l’ONU signée en 1992. Une bonne partie de ces émissions provient de pays émergents car ils produisent dorénavant les biens que nous consommons dans les pays riches et rattrapent le niveau de vie de ces pays. Klein a raison lorsqu’elle affirme que les pays riches ont atteint leur niveau de vie actuel en brûlant une quantité massive de combustibles fossiles, émettant la grande majorité des GES présentement dans l’atmosphère. Il est donc injuste d’exiger d’un pays comme la Chine de ne pas accroître ses émissions de GES car ce pays a bien peu contribué à la masse de GES déjà présente dans l’atmosphère et émet encore aujourd’hui beaucoup moins de GES par habitant que les pays riches. Par contre, les politiciens des pays riches favorisent les intérêts de la population qui les réélira, et non ceux des populations qui voteront dans 100 ans, et cela implique de ne pas réduire le niveau de vie actuel. C’est pourquoi les Trump de ce monde refusent de participer aux accords sur le climat et exigent plutôt que la Chine et l’Inde cessent d’accroître leurs émissions. Le monde est donc coincé dans un immense bourbier géopolitique sur la question du climat et le capitalisme ne comporte pas de mécanisme intrinsèque permettant de s’en sortir. Selon Klein, les pays riches devraient par exemple payer une rente à l’Équateur en échange de la non exploitation de ses réserves de pétrole, ce qui l’aiderait à se sortir de la pauvreté. Cette rente serait financée par des taxes sur tout ce qui émet des GES. Cela inciterait les pays riches à réduire leurs émissions et permettrait aux pays pauvres de se développer sans trop utiliser les énergies fossiles. Par ailleurs, j’anticipe que si les démocrates prennent le pouvoir aux États-Unis, ils imposeront des tarifs douaniers sur les biens importés, lesquels seront modulés en fonction de l’empreinte GES de chaque produit. Donc un produit provenant du Danemark ne sera pas ou moins taxé, mais un produit chinois le sera fortement. Il s’agirait donc d’une forme de protectionnisme vert. Les démocrates comme Alexandria Ocasio-Cortez évoquent aussi un Green New Deal, en vertu duquel le gouvernement fédéral investirait des dizaines de billions de dollars pour complètement éliminer les énergies fossiles du pays, tout en créant des emplois manufacturiers. Ce dispendieux programme serait financé par des taxes et de la création de monnaie par la Federal Reserve (une mascarade intitulée Modern Monetary Theory, qui n’est rien d’autre que de la monétisation de déficit par la banque centrale). En ce sens, les politiciens démocrates qui se présenteront aux élections de 2020 se sont largement alignés avec les positions exprimées par Naomi Klein dans ce livre. En conclusion, Klein avoue candidement qu’elle prend tellement l’avion que son médecin a cru que son exposition aux radiations aurait pu la rendre infertile ! Toutes ces émissions de GES uniquement pour documenter un livre si peu intéressant, c’est tout de même ironique… This Changes Everything, par Naomi Klein, 2014. — Sur le web
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La véritable doctrine libérale est une grande méconnue, au point que même d’éminents contributeurs de Sociétal n’en ont qu’une idée imparfaite. Le présent article a pour but d’en rappeler les fondements, tels qu’ils ont été établis et enseignés par les grands auteurs, et de dissiper les erreurs les plus courantes, par exemple : De nombreux auteurs ont relevé qu’il existe de nombreuses formes de libéralisme[1]. Mais toutes ces variantes ont en commun une préconisation forte qui en forme le noyau dur : limiter de façon stricte l’intervention de l’Etat, seules les justes limites à lui fixer différant selon les écoles. Cette position est l’aboutissement commun de plusieurs courants de pensée. En schématisant, il existe d’une part une approche « conséquentialiste » ou utilitariste, dans laquelle le libéralisme est justifié par les résultats auxquels il conduit, et une approche déontologique, dans laquelle le libéralisme repose sur des principes philosophiques universels. Cette distinction s’accompagne d’une autre : pour les conséquentialistes, il est légitime de considérer séparément des doctrines libérales dans chaque domaine : moral, religieux, politique, économique etc. Pour les déontologistes au contraire, il existe une seule doctrine libérale qui s’applique uniformément dans tous ces domaines. LES VERSIONS CONSÉQUENTIALISTES DU LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE Tordons d’abord le cou à la variante la plus connue de l’approche conséquentialiste : sa prétendue justification par la théorie néoclassique de l’équilibre général. On sait que Léon Walras a montré que, sous certaines conditions, le libre jeu des forces économiques conduit à un équilibre général et que son disciple Vilfredo Pareto a montré que cet équilibre est un optimum dans la mesure où il est impossible d’améliorer la situation d’un agent sans dégrader au moins autant celle d’un autre. Conclusion : il faut laisser jouer librement les forces économiques, car cela conduit automatiquement à l’optimum. On aurait ainsi « démontré mathématiquement la supériorité du libéralisme [2]». Comme l’ont relevé d’innombrables auteurs célèbres ou obscurs[3], cette position ne résiste pas à l’examen. L’équilibre économique et les hypothèses sur lesquelles il repose, l’agent économique rationnel (le trop célèbre homo economicus) et la concurrence « pure et parfaite » (qui est la négation de la concurrence réelle), ne sont en aucune façon des phénomènes réels ou réalisables, mais des constructions intellectuelles destinées à aider à la réflexion. Il en va de même de l’optimum de Pareto, dont rien ne permet de penser qu’il soit une situation particulièrement désirable. Le seul débat pertinent à leur sujet est de nature méthodologique : dans quelle mesure ces constructions imaginaires sont-elles utiles à la compréhension de la réalité [4]? Loin d’atteindre le sommet de la science économique, Arrow et Debreu, en explicitant toutes les hypothèses qui doivent être vérifiées pour que les équations de l’équilibre général admettent une solution, ont au contraire démontré que ce modèle n’est pas autre chose qu’une curiosité mathématique à des années-lumière de la réalité. La rigueur scientifique commanderait de le remiser, et avec lui toutes ses hypothèses constitutives et ses développements ultérieurs, au placard des gadgets inutiles. La discipline économique aurait alors une chance de sortir enfin de l’impasse cognitive où ses gros bataillons se sont enfermés depuis le début du vingtième siècle. Il est donc vain de faire reposer une prétendue démonstration de la supériorité du libéralisme sur la théorie de l’équilibre général ; mais pour la même raison il est tout aussi vain de prétendre réfuter le libéralisme en réfutant cette théorie, ou de justifier l’intervention de l’Etat en montrant que le libre jeu du marché ne conduit pas à l’optimum. Certains auteurs (Barone, Lange, Lerner) ont d’ailleurs utilisé aussi bien la théorie de l’équilibre général pour justifier la planification centralisée. De toute façon, le libéralisme n’a pas attendu Walras, et cette même condamnation de la théorie néo-classique est exprimée de façon encore plus radicale par des auteurs réputés « ultra-libéraux » comme ceux de l’école dite « autrichienne ». La critique des mythes néoclassiques laisse intact un raisonnement conséquentialiste beaucoup plus ancien, où l’intervention de l’Etat dans l’économie est condamnée pour ses effets, ainsi qu’un raisonnement « déontologiste » tout aussi ancien, où le libéralisme économique n’est que l’application au domaine économique de principes philosophiques a priori. LA VERSION CONSÉQUENTIALISTE DU LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE Le conséquentialisme invite à juger chaque action possible à ses résultats, notamment celles de l’Etat. Cette approche analytique aboutit à un continuum disparate de positions plus ou moins libérales sur une infinie variété de sujets, mais qui reposent quand même sur deux idées fondatrices du libéralisme : La première, celle que l’Etat n’a pas a priori tous les pouvoirs, mais seulement ceux que les citoyens lui confient librement. Un gouvernement, disait Herbert Spencer, n’est qu’un agent employé en commun par un certain nombre d’individus pour obtenir certains services. La deuxième, que la décision de confier ou non tel ou tel rôle à l’Etat doit se faire au cas par cas en fonction de l’efficacité de l’Etat comparée à celle de l’initiative privée. De là à dire que l’Etat ne doit en aucun cas s’arroger le monopole des actions qui lui sont confiées, et doit être systématiquement mis en concurrence afin que sa supériorité soit vérifiée en permanence, il n’y a qu’un pas. On arrive ainsi à une critique plus générale de toute intervention de l’Etat, pas limitée au domaine de l’économie. Toute action est nécessairement guidée par une prévision de ses résultats, qui fait partie de la « théorie du monde » de l’agent qui l’entreprend. Or cette théorie est par définition subjective et nécessairement imparfaite. Mais si un individu agit selon une théorie fausse, les conséquences de son erreur sont limitées (ce qui est d’ailleurs une justification conséquentialiste de la propriété privée). Et quand il comprend qu’il s’est trompé, son souci de son propre intérêt le poussera à modifier sa théorie jusqu’à ce qu’elle devienne plus exacte. Dans un marché libre, les agents dont la théorie du monde se révèle erronée sont vite amenés à en changer et à découvrir progressivement « les vraies lois de l’économie ». L’Etat fonctionne différemment. Sa caractéristique distinctive est l’usage de la contrainte, ce que Max Weber a appelé « le monopole de la violence légitime » et qu’il serait plus correct d’appeler le monopole légal de la violence (légitime ou non, comme nous le voyons hélas tous les jours). Ce monopole lui donne le privilège de pouvoir s’obstiner dans l’application de théories fausses et dans des actions dont les résultats vont à l’encontre même du but qu’elles visent, et de s’enfoncer dans l’erreur en tentant de corriger les effets de ses erreurs passées par de nouvelles erreurs encore plus funestes. De plus, il prétend agir non dans son propre intérêt, mais dans un « intérêt général » mal défini et qu’il n’a aucun moyen de mesurer. En soustrayant ses actions au verdict permanent du marché, l’Etat se prive à la fois des moyens de vérifier que son offre reste adaptée à la demande et que ses méthodes sont bien les plus efficaces, ainsi que de la motivation pour les améliorer sans cesse. Quelle que soit la bonne volonté et la compétence de ses agents, on peut donc s’attendre à ce que l’Etat agisse moins efficacement que des entreprises en concurrence. C’est ce qu’exprimait déjà Turgot en 1759 : « L’intérêt particulier abandonné à lui-même produira plus sûrement le bien général que les opérations du gouvernement, toujours fautives et nécessairement dirigées par une théorie vague et incertaine »[5]. Même si personne ne peut savoir ce que serait un hypothétique « optimum économique », on peut affirmer que l’Etat ne peut pas mieux s’en approcher que le libre jeu des intérêts particuliers. De ces deux justifications conséquentialistes, on peut oublier celle qui repose sur l’équilibre général néoclassique. Elle ne mérite d’être mentionnée que parce qu’elle est la plus connue et la cible de tous les antilibéraux. Nombreux sont en effet les auteurs qui croient pouvoir régler définitivement son compte au libéralisme en réfutant la position néo-classique, ou plus généralement en lui opposant des arguments de nature strictement économique. Mais ceux-là perdent leur temps : leurs arguments sont hors sujet et n’effleurent même pas la véritable doctrine libérale. LES FONDEMENTS DÉONTOLOGIQUES DU LIBÉRALISME Le véritable libéralisme est de nature déontologique. Il affirme des principes qui doivent être respectés par tous, en toutes circonstances et quelles qu’en soient les conséquences. Son dogme fondateur est « tous les hommes sont libres et égaux en droits », ou comme disait Diderot : « aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres[6] ». Cette idée qu’aucun être humain n’a le droit d’exercer une contrainte sur un autre être humain est au cœur de la pensée chrétienne, de l’humanisme de la Renaissance et de la philosophie des Lumières. Elle se traduit entre autres par la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789. Notons bien que ce n’est pas de « l’Homme » abstrait que parle cette philosophie, mais de chaque être humain individuel concret. Elle ne se contente pas de dire in abstracto : « l’Homme est libre » ; le Principe de Liberté qu’elle énonce est : « chaque être humain est libre d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités. » Elle ne parle pas non plus de liberté dans un quelconque sens métaphysique absolu, mais comme de la faculté pour chaque être humain particulier de choisir entre plusieurs actions possibles dans une situation donnée. Chacun de nos choix est soumis à des contraintes, mais il serait absurde de dire que les lois physico-chimiques qui gouvernent les phénomènes du monde sensible sont des obstacles à notre liberté. Un homme seul au monde serait aussi totalement libre qu’il est possible de l’être, et pourtant il resterait soumis aux lois de la nature. Le mot même de liberté n’a de sens que relativement aux entraves que pourraient lui opposer les autres êtres humains. Le même principe de liberté peut donc s’énoncer sous forme négative : « aucun être humain n’a le droit de priver un autre être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités ». Ainsi formulé, ce principe d’égale liberté prend un sens opérationnel, celui d’une éthique de l’action qui reste valable même si, comme l’enseigne Spinoza, notre liberté n’était qu’une illusion[7]. Sous ses deux formes, positive et négative, le principe libéral a valeur de dogme. Comme dit la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis : « nous tenons ces vérités pour évidentes ». Le propre du libéralisme est d’aller jusqu’au bout des conséquences de ce principe. Si les libéraux sont souvent taxés de dogmatisme, c’est parce qu’en effet, pour eux, on ne transige pas avec la liberté. Au niveau individuel, le principe libéral ne prescrit aucun comportement particulier, pas plus l’égoïsme que l’altruisme, le matérialisme que l’idéalisme, l’athéisme que la religion. Il se borne à interdire l’usage de la contrainte en matière religieuse ou morale, comme dans toutes les autres matières. Dans l’ensemble de règles que chacun de nous suit dans son comportement individuel, le libéralisme n’en introduit qu’une seule : tu n’exerceras aucune contrainte envers autrui. C’est en quelque sorte une morale minimale de tolérance qui permet à chacun de choisir librement les autres règles qu’il veut suivre, une simple éthique de l’action qui dit qu’un certain moyen, la contrainte sur les autres, est inacceptable, mais qui laisse chacun totalement libre de choisir ses fins et les autres moyens de les atteindre. C’est une version généralisée du principe de laïcité. Il s’ensuit que toutes les controverses sur les différentes règles morales ou les différents comportements individuels sont sans incidence sur la règle libérale elle-même. Dire « il faut se comporter de telle façon » n’autorise personne à y contraindre quiconque, quel que soit le bien-fondé de ce précepte et le nombre de ceux qui y adhèrent. La règle libérale est ainsi compatible avec toutes les autres règles, qu’elles soient éthiques, philosophiques ou religieuses, tant qu’elles ne commandent pas d’exercer une contrainte sur d’autres êtres humains, quel que soit le prétexte donné pour cela. Elle transcende les autres règles et leur est indifférente en les admettant toutes. Par rapport aux principes libéraux, les controverses éthiques (comme d’ailleurs les controverses économiques) sont hors sujet. Appliquer rigoureusement le principe libéral : « aucun être humain n’a le droit de priver un autre être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend », conduit à refuser non seulement le gouvernement par une minorité, mais aussi la règle majoritaire sur laquelle les gouvernements démocratiques prétendent fonder leur autorité. Puisqu’un être humain ne peut avoir de droits sur un autre que si ce dernier y consent librement, un chef n’a d’autorité légitime que sur ceux qui ont librement choisi de lui obéir. Il en va de même des dirigeants politiques. Même s’ils sont démocratiquement élus, leur autorité ne s’étend qu’à ceux qui ont voté pour eux. De la même façon qu’il doit être interdit à un plus fort d’imposer sa volonté à un plus faible, il doit être interdit à un plus grand nombre d’individus d’imposer leur volonté à un plus petit nombre. Les décisions d’une majorité ne s’appliquent qu’aux membres de cette majorité, qui ne peut en aucune façon les imposer aux autres, même si c’est par l’entremise d’une organisation ad hoc appelée Etat. La vraie démocratie, ce n’est pas faire régner la loi de la majorité, mais au contraire protéger la liberté des individus et des minorités contre les plus forts et les plus nombreux. Pour les plus libéraux, il n’y a pas de différence sur ce point entre ceux qui se réclament du service de l’Etat et les autres. Une action est morale ou immorale, légitime ou illégitime, indépendamment de la personne ou du groupe qui l’entreprend. Les hommes de l’Etat n’ont pas plus le droit que les autres d’exercer la contrainte sur leurs congénères ; l’Etat ne peut pas plus que toute autre organisation humaine recourir à la violence contre les citoyens, quel qu’en soit le prétexte, intérêt général, « régulation », « justice sociale » ou autre. Cette logique difficilement réfutable conduit à contester toute légitimité à l’Etat, dans la mesure où celui-ci se caractérise justement par l’usage de la contrainte sur toute une population, consentante ou non. C’est la position dite « libertarienne » proposée par Gustave de Molinari[8] et développée par des auteurs comme Lysander Spooner et Murray Rothbard. Quelque choquante qu’elle soit pour nos esprits formés depuis des siècles à accepter l’Etat comme une donnée de fait, cette position n’en est pas moins la position la plus simple. Est-il permis de dire, en suivant Guillaume d’Occam : « et donc la plus satisfaisante » ? LE LIBÉRALISME CLASSIQUE Au contraire, les libéraux classiques, à la suite de Locke, Montesquieu et Benjamin Constant, admettent la nécessité d’un Etat. Ils reconnaissent que le monde n’est pas un éden où tout le monde serait beau et gentil. Les hommes sont ce qu’ils sont : tantôt ils s’entraident, tantôt ils se combattent. Il y a parmi eux des philanthropes et des voleurs, des redresseurs de torts et des assassins, des saints et des monstres. Chacun d’entre nous agit tantôt de façon égoïste, tantôt de façon altruiste. Il y a dans les sociétés humaines assez de tendance à la coopération pour qu’on fasse confiance, mais aussi assez de tendance à la violence pour qu’on cherche à s’en préserver. Qu’est-ce qui peut arrêter la violence ? Fondamentalement le droit de légitime défense, considéré comme un droit naturel de tout être humain. Mais alors les faibles resteraient à la merci des plus forts, et un petit groupe d’honnêtes gens resterait à la merci d’une troupe de brigands plus nombreuse et mieux armée. Seule peut arrêter la violence une force plus puissante que celle de la troupe la plus nombreuse et la plus forte, qui ne peut être que la force de la société toute entière, matérialisée par une organisation qu’on appelle l’Etat. Chacun doit renoncer à utiliser la violence et confier à l’Etat le monopole de l’exercice de la force, au service de la protection de chacun contre tous les autres. Mais cet Etat est une organisation humaine comme les autres. Et puisque cette organisation a le monopole de la violence, le risque que les hommes qui la composent en abusent est permanent. L’Etat est à la fois dans la théorie le garant des libertés et dans la réalité la plus grave menace pour ces mêmes libertés qu’il est censé garantir. L’histoire comme la simple observation du monde contemporain montrent hélas amplement que les gouvernements oppriment et affament leurs peuples infiniment plus souvent qu’ils ne les protègent ou ne les servent. Par conséquent, l’action de l’Etat doit être strictement limitée à la défense des libertés individuelles qui est sa raison d’être. Lui accorder le monopole de la violence légitime a pour contrepartie nécessaire de limiter son domaine d’action de façon rigoureuse, en l’enfermant dans des limites étroites par des institutions appropriées comme la démocratie et la séparation des pouvoirs. Si on laisse aux hommes de l’Etat la possibilité de décider où et quand ils doivent intervenir, ils finiront par intervenir toujours et partout, non parce qu’ils sont nécessairement plus mauvais que les autres, mais parce qu’ils ont le pouvoir d’imposer leur intervention, souvent avec la conviction de bien faire. Et l’approbation de la majorité ne fait qu’aggraver le danger. Selon cette thèse, le seul rôle légitime de l’Etat est de permettre aux humains de vivre ensemble, même s’ils ne sont d’accord sur rien d’autre que cette volonté de vivre ensemble. L’Etat doit être neutre, sans opinion et sans projet autre que celui de faire régner un ordre impersonnel permettant à chacun d’exercer sa liberté au maximum et de vivre conformément à ses préférences, et non imposer à tous des options qui ne sont jamais que celles de quelques-uns, même s’ils sont en majorité. Précisément parce que les citoyens confient à l’Etat des pouvoirs exorbitants dans certains domaines, il doit lui être interdit d’utiliser ces pouvoirs dans d’autres domaines, par exemple la vie privée, la morale, la religion, et … l’économie. Cette philosophie politique pourrait se résumer en trois citations : Montaigne : « Les princes me donnent prou s’ils ne m’ôtent rien, et me font assez de bien quand ils ne me font point de mal ; c’est tout ce que j’en demande »[9] ; Jean-Baptiste Say : « A la tête d’un gouvernement, c’est déjà faire beaucoup de bien que ne pas faire de mal »[10] ; Frédéric Bastiat : « N’attendre de l’Etat que deux choses : liberté, sécurité. Et bien voir que l’on ne saurait, au risque de les perdre toutes deux, en demander une troisième »[11]. LE VÉRITABLE LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE Bien que le libéralisme économique soit le principal accusé dans le discours ambiant, sa défense pourrait s’arrêter là. Les actes économiques, pour autant qu’on puisse les distinguer des autres, doivent se conformer aux mêmes préceptes. Le libéralisme économique n’est pas autre chose que l’application du libéralisme philosophique et politique aux actes économiques. L’économie n’est qu’un des domaines de l’activité humaine où l’Etat ne doit pas intervenir. Les véritables fondements du libéralisme économique sont contemporains du libéralisme politique et se trouvent chez les économistes français du dix-huitième siècle, principalement Condillac, Turgot et Say. Cette tradition a été occultée par les classiques anglais (Smith, Ricardo) et leurs lointains émules les marxistes, puis par le scientisme walrasien et la macro-économie des enfants de Keynes, mais a été maintenue vivace, encore que sous le boisseau, par l’école « autrichienne » de Menger, Mises et Hayek. Les philosophes libéraux qui ont abordé le terrain de l’économie, comme Locke, Hume, Condillac, Montesquieu ou Benjamin Constant, y ont développé des positions libérales comme conséquence directe de leurs positions philosophiques, en présentant leur libéralisme en économie comme un simple cas particulier de la limitation du pouvoir de l’Etat. Quant à ceux qui sont plutôt économistes, comme Say, Bastiat, Mises ou Hayek, ils ne se sont pas contentés de raisonnements conséquentialistes, mais ils ont pris le soin de rattacher leurs positions économiques à des racines philosophiques déontologiques. Les liens historiques et logiques entre les deux sont tels qu’il est impossible et absurde de distinguer un « libéralisme économique » d’un « libéralisme philosophique », et a fortiori de les opposer. Cette tradition économique « classico-autrichienne » s’oppose radicalement à la tradition néoclassique issue de Walras. Elle ne s’autorise pas à inventer son propre modèle de l’homme, mais prend les êtres humains tels qu’ils sont dans leur diversité, leur complexité, leurs limitations et la variété de leurs motivations. « L’économie étudie les actions réelles d’hommes réels. Ses théorèmes ne se réfèrent ni à l’homme idéal ni à des hommes parfaits, et pas davantage au mythique homme économique (homo œconomicus)[12] ». Elle ne s’intéresse pas non plus à d’imaginaires équilibres, mais aux processus concrets qui modèlent la réalité économique. Du libéralisme philosophique, les économistes classiques retiennent l’idée que chaque être humain est le meilleur juge de son propre bien-être. Il en découle que la valeur que nous accordons aux choses, qui exprime le désir que nous éprouvons pour elles, est purement subjective. Et puisque ni le désir ni la satisfaction ne sont mesurables, la valeur qui en est l’expression n’est pas une grandeur mesurable. On ne peut ni comparer ni additionner les valeurs que deux individus différents attachent à un bien, ni les satisfactions qu’ils en retirent. Il n’existe pas de mesure du bien-être d’un individu ou d’un groupe, et la notion d’optimum économique est vide de sens. Tout raisonnement qui fait référence à un état « optimum » est sans objet. Loin de résumer l’homme à ses instincts matériels égoïstes comme on l’en accuse, le libéralisme constate que les motivations des humains sont trop diverses – utilitaires ou idéalistes, égoïstes ou altruistes, matérielles ou spirituelles – et les circonstances dans lesquelles ils sont placés sont trop variées pour qu’un quelconque modèle mathématique puisse résumer leurs choix. Le seul moyen d’intégrer les décisions des acteurs, c’est l’ensemble de leurs interactions effectives, qu’on appelle le marché. Aucun raisonnement ne peut remplacer les libres décisions des êtres humains réels. Toute tentative de planification centralisée est donc vouée à l’échec. Mais contrairement à la légende, ces libéraux ne prétendent nullement que le libre fonctionnement du marché conduit à un optimum. Ils savent qu’il n’existe pas d’organisation sociale, réelle ou imaginaire, socialiste ou libérale, qui puisse donner intégralement satisfaction à chacun des êtres humains. Non seulement il existe des contraintes physiques, géographiques ou climatiques dont aucune action humaine ne peut s’affranchir, mais le marché libre, qui n’est rien d’autre que l’ensemble des interactions spontanées des êtres humains, et qui définit simultanément la contribution de chacun à la production et ses droits sur cette production, ne donne pas nécessairement satisfaction à tous. Tout comme la notion d’optimum économique, les notions de marché « parfait », et par conséquent d’« imperfections du marché » sont vides de sens. Mais toutes les tentatives de justifier l’intervention de l’Etat par les défauts des mécanismes économiques sont sans valeur. Les hommes de l’Etat ne sont ni meilleurs ni plus compétents ni mieux informés que les autres, et n’ont aucune qualité pour imposer à l’ensemble de la société leurs préférences personnelles ou celles de la majorité. S’en remettre au pouvoir de l’Etat pour remédier à ce que les économistes néoclassiques appellent les « défaillances du marché » est pire que le mal : les défaillances de l’Etat sont généralement bien pires ! Ceux qui veulent que l’Etat intervienne partout où le marché est jugé défaillant commettent la même erreur que cet empereur romain qui devait choisir un chanteur et qui, devant les couacs du premier candidat, engagea le second sans prendre la peine de l’écouter… En plus de ces positions qu’on peut qualifier d’ontologiques, les économistes libéraux constatent quelques évidences. D’abord que production et échanges sont indissociables : tout ce qui est consommé doit d’abord avoir été produit. Ils ne gobent pas l’ânerie popularisée par Keynes[13] selon laquelle nous serions définitivement entrés dans l’ère de l’abondance, où tous les problèmes de production étant résolus, la seule question restante serait celle de la répartition des richesses. Les désirs des hommes sont illimités ; dès qu’un de leurs besoins est satisfait, ils s’en découvrent un autre, et le libéral s’interdit de décréter qu’il existe des « vrais besoins » et des « faux besoins ». Il laisse les moralistes et les philosophes dire aux gens comment ils devraient se conduire, et se contente d’enregistrer leur comportement effectif. La deuxième évidence, c’est qu’il n’existe pas d’autres moyens pour l’humanité d’améliorer sa condition que de mieux s’organiser et de perfectionner ses outils. Il faut donc que ceux qui ont l’idée de nouvelles façons de servir leurs congénères – les entrepreneurs au vrai sens du mot, ce qui inclut les entrepreneurs politiques – aient la liberté de mettre ces idées en œuvre et de les proposer à leurs contemporains, mais pas celle de leur imposer. Comme personne ne peut savoir à l’avance si telle ou telle proposition sera acceptée, ils doivent laisser les autres en décider, et accepter d’abandonner les offres dont personne ne veut. C’est ce qui s’appelle la concurrence. L’ajustement des activités des uns aux désirs des autres ne peut s’effectuer que par tâtonnements incessants. Dans ces tâtonnements, l’entrepreneur est le moteur, et le consommateur le juge suprême. Le marché est l’ensemble des dispositifs institutionnels concrets par lesquels les initiatives et les intérêts des uns et des autres se confrontent et s’intègrent. Mais comment savoir si ces tâtonnements vont dans le bon sens ? C’est là qu’intervient la troisième évidence : tout accord librement consenti augmente la satisfaction des deux parties ; s’il en était autrement, celui des deux qui se sentirait lésé refuserait cet accord et l’échange n’aurait pas lieu[14]. Plus généralement, tout ensemble de transactions librement consenties améliore la situation de tous ceux qui y ont participé. Contrairement à la conception néoclassique, qui voit la liberté des échanges comme un simple moyen d’arriver à un optimum économique défini par ailleurs, la conception classico-autrichienne y voit la garantie que la situation qui en résulte est jugée préférable à la situation de départ par ceux qui ont participé aux échanges. Autrement dit, la liberté des échanges est à la fois un cas particulier du principe philosophique de liberté, donc un impératif éthique qui s’impose indépendamment de ses conséquences, et (fort heureusement) le moyen qui conduit le plus probablement à la plus grande satisfaction générale. Mais la tradition autrichienne est plus moraliste qu’utilitariste : son attachement à la liberté des échanges procède plus du respect d’un principe général que d’une recherche d’efficacité. S’il devait y avoir conflit, les libéraux authentiques placeraient l’exigence éthique de liberté au-dessus du souci d’efficacité économique. Que le marché ait besoin de règles, les libéraux ne le nient absolument pas, mais ils veulent que ces règles soient librement établies entre les intéressés, et que la seule sanction pour ceux qui ne les-respectent pas soit le jugement en actes de ceux dans l’intérêt desquels les règles sont établies, c’est à dire les êtres humains dans leur rôle de consommateurs. La régulation doit être volontaire et ne pas faire appel à la contrainte, donc pas à l’Etat. On peut toujours juger insatisfaisante telle ou telle situation et penser qu’il faut agir pour la corriger. Mais il faut alors revenir à l’éthique libérale de l’action pour se demander qui doit le faire et comment, et quels sont les risques d’abus et d’effets pervers selon l’acteur qui intervient. Le bon sens et la prudence répondent que le meilleur intervenant n’est pas toujours l’Etat. Le libéralisme modéré dit que c’est rarement l’Etat, et le libertarianisme que ce n’est jamais l’Etat. Bref, le libéralisme n’est pas, comme on l’en accuse souvent, une confiance aveugle dans le marché ; c’est une méfiance lucide et raisonnée envers l’Etat. Ce libéralisme économique déontologiste est parfaitement cohérent avec la position conséquentialiste de Turgot et des économistes de l’école autrichienne. Les deux reposent sur le constat que l’être humain est profondément social et que les possibilités de son esprit sont limitées, et non comme l’équilibre général sur la fiction d’un homo economicus asocial mais omniscient. Cette forme de libéralisme est une tradition philosophique humaniste ancienne et solide, dont l’aspect proprement économique est un volet indissociable, où les considérations conséquentialistes ne sont qu’accessoires, et qu’on ne peut réfuter sans s’attaquer aux droits de l’homme les plus fondamentaux et à notre conception même de la nature humaine. LA SOCIÉTÉ LIBÉRALE A quoi pourrait ressembler une société libérale, où l’Etat serait soit inexistant, soit cantonné dans son rôle de protection de chacun contre tous les autres ? Le libéralisme en tant que tel ne prescrit rien à ce sujet : la société doit être ce que les hommes, par leurs actions quotidiennes, décident librement qu’elle sera. Cependant, le pronostic des auteurs libéraux est à l’opposé des clichés qu’inventent leurs adversaires. Les libéraux reconnaissent que les hommes sont infiniment divers, mais ils savent que, dans leur immense majorité ils cherchent à résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés et tirent les enseignements de leurs erreurs. Il en résulte que la conjonction de leurs actions spontanées tendra vraisemblablement à améliorer la condition de l’humanité, mieux que ne saurait le faire un seul, ou un petit groupe qui imposerait sa volonté aux autres. De plus, l’homme est un animal profondément social. Chacun naît dans un environnement socialement structuré et est totalement dépendant de cet environnement pour survivre. A part des cas ultra-minoritaires, chacun sait que la société de ses semblables est le moyen par excellence de sa propre survie et de sa propre satisfaction. Réciproquement, il est naturellement attentif aux sentiments et au bien-être de ses semblables et leur vient spontanément en aide. Le genre humain ne serait pas devenu ce qu’il est si le comportement spontané des êtres humains et de leurs lointains prédécesseurs, même si on peut choisir de l’appeler égoïste, n’était pas le plus souvent cohérent avec l’intérêt du groupe social. Adam Smith l’avait déjà noté dans son Traité des sentiments moraux. Ludwig von Mises, l’un des plus libéraux parmi les libéraux, a écrit : « L’action humaine tend par elle-même vers la coopération et l’association ; l’homme devient un être social non pas en sacrifiant ses propres intérêts à ceux d’un Moloch mythique appelé la Société, mais en visant à améliorer son propre bien-être[15] ». Par-dessus trois siècles, il rejoint Montesquieu : « Il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller à ses intérêts particuliers »[16] Pour atteindre des objectifs qu’ils ne peuvent pas atteindre seuls, il est donc probable que les humains s’associeront pour agir ensemble dans le sens qu’ils jugent approprié, sans qu’il soit besoin de les y contraindre. Les projets de quelque importance trouveront un ou des promoteurs qui en prendront l’initiative, puis d’autres y adhèreront et rassembleront assez de partisans pour que le projet soit mis en œuvre. Tout ce que fait l’Etat, des associations volontaires ne recourant pas à la contrainte sont capables de le faire, et mieux, qu’il s’agisse d’associations « égoïstes » qui ne visent que l’intérêt de leurs membres ou d’associations « altruistes » qui se mettent au service de tiers, voire de la société tout entière. A l’inverse, chaque projet particulier ne doit pas nécessairement recueillir l’adhésion de la majorité, mais seulement d’un nombre suffisant pour être mené à bien. Si un projet ne peut être réalisé que sous la contrainte, en particulier celle de l’Etat, c’est que le nombre d’hommes qui adhèrent à ce projet n’est pas suffisant pour qu’il puisse être mis en œuvre, ce qui suffit à prouver que, dans leur ensemble, les hommes préfèrent se consacrer à autre chose. Au total, la société libérale ne serait pas, comme le prétendent ses détracteurs, une juxtaposition d’individus égoïstes étrangers les uns aux autres, mais plutôt un enchevêtrement d’associations volontaires de toutes natures[17] à travers lesquelles chacun pourrait travailler aux fins qu’il se donne, en coopérant avec ceux qui partagent tel ou tel de ses idéaux, et en s’abstenant de participer aux actions qu’il désapprouve. Bien entendu, le principe libéral « nul n’a le droit de priver un être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités », s’applique à la fois aux relations entre chaque association et ses membres, entre associations distinctes et entre une association et ceux qui n’en font pas partie. Une association n’a pas le droit d’imposer quoi que ce soit, autrement que par l’exemple, la persuasion et le contrat librement consenti. A cette restriction près, toutes les actions collectives sont possibles, et chaque association, tout comme chaque être humain à titre individuel, peut se donner les règles de juste conduite qu’elle estime nécessaires, dans la mesure où elles sont librement acceptées par ses membres. La doctrine libérale ne dit pas que « la solidarité doit être rejetée de ce monde ». Chacun a le droit (l’économiste ne dit pas le devoir, mais l’être humain qu’il est peut le penser) d’aider ses semblables dans le besoin. Elle dit seulement que ce n’est pas l’affaire des Etats, de même que dire que l’Etat n’a pas à ouvrir des garages ou des boulangeries ne signifie pas qu’il faut cesser de réparer les voitures ou de faire du pain. On oppose souvent à la détestable société marchande une société idéale où tous les échanges prendraient la forme de dons réciproques. Les libéraux n’ont rien contre le don. La vraie question est : un tel comportement altruiste et désintéressé est-il suffisamment répandu pour être le fondement de l’ordre social ? Il est (hélas) bien clair que non. Si les êtres humains résolvaient spontanément tous leurs problèmes par le don, les libéraux ne pourraient qu’applaudir ! Mais si quelqu’un voulait imposer un système social où toutes les relations entre êtres humains prenaient la forme de dons, il ne pourrait le faire que par une intolérable tyrannie, et le système échouerait dans la misère généralisée et la guerre de tous contre tous. C’est une grave erreur de croire que les libéraux prêchent l’égoïsme, le repli sur soi ou l’effacement des liens sociaux, et refusent toute forme d’action collective. Ce qu’ils refusent, c’est la violence et la contrainte dans les relations sociales. Et puisque la différence entre l’Etat et toutes les autres formes d’association est justement que l’Etat peut recourir à la violence, ils préfèrent ces autres formes à l’intervention de l’Etat. Ce que les libéraux refusent aussi, c’est le constructivisme : l’idée selon laquelle il serait légitime pour certains hommes investis d’un pouvoir particulier d’imposer des règles sociales qu’ils auraient préalablement définies par le raisonnement. Pour un libéral, tout acte social, quelque élémentaire qu’il soit, doit être soumis aux autres membres de la société, qui peuvent individuellement s’y associer ou le refuser. Les structures sociales ne peuvent légitimement résulter que d’un « ordre spontané » où toutes les initiatives sont possibles, mais doivent être validées en permanence par les libres actions de l’ensemble des individus qui forment la société. EN RÉSUMÉ Au total, le libéralisme n’est rien d’autre que la mise en application rigoureuse, à tous les êtres humains, dans tous leurs domaines d’activité et dans toutes les circonstances, de la première phrase de l’article premier de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Il en déduit son seul impératif moral : « nul n’a le droit de priver un autre être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités ». En appliquant ce principe à tous les humains y compris à ceux qui exercent un pouvoir, quels que soient leur étiquette et leur mode de désignation, il se décline en libéralisme politique. En l’appliquant à tous les domaines d’action, il se décline notamment en un volet économique, qu’il complète par une conviction de nature utilitariste : c’est quand les hommes agissent librement qu’ils ont les plus grandes chances d’atteindre le mieux les objectifs qu’ils se proposent, aussi bien collectivement qu’individuellement. Le libéralisme admet tous les débats et toutes les positions substantielles quant aux fins visées et aux moyens à mettre en œuvre. Mais quelle que soit la forme, l’ampleur et la durée des réflexions et des débats, il est exclu qu’on arrive à l’unanimité. De plus, il ne suffit pas de dire quels états de la société seraient préférables à tels autres. Il faut s’interroger sur les actions qui pourraient les faire advenir. Sont-elles possibles ? Sont-elles acceptables du point de vue moral ? Quels peuvent en être les auteurs ? Quels effets, voulus ou non, peuvent-elles entraîner ? Sur chaque sujet, il y aura toujours des minorités et des dissidents. Comment les traite-t-on ? Quelles règles méritent d’être imposées à tous, au besoin par la contrainte ? Sur ces questions, la règle libérale intervient en tant qu’éthique de l’action : je m’interdis de te contraindre à agir comme je crois que tu devrais le faire, quelles que soient mes raisons de le croire. Je m’interdis aussi de t’empêcher par la force d’agir comme tu crois devoir le faire, que ce soit directement ou en demandant l’intervention d’un tiers (par exemple l’Etat), et j’estime que tu as les mêmes obligations envers moi. La règle libérale bannit la violence et la contrainte des moyens acceptables, quelles que soient les fins visées et les intermédiaires éventuellement utilisés. En refusant de faire une distinction entre les citoyens ordinaires et d’autres qui échapperaient à cette interdiction sous un quelconque prétexte – force supérieure, droit divin ou onction majoritaire – le libéralisme n’accorde à l’Etat qu’une place aussi limitée que possible, lui demande et en attend le moins possible, et ce dans tous les domaines. Pour cette raison, il est évidement honni par les politiques de tous bords, dont le pouvoir est la raison d’être quelle que soit l’idéologie dont ils se réclament, et par ceux, économistes ou autres, qui font profession de les conseiller. L’essence même du libéralisme étant de contester le pouvoir de l’Etat, les libéraux authentiques ne cherchent pas à exercer ce pouvoir. C’est pourquoi ils sont si peu nombreux parmi les politiques. Quelques uns ont tenté d’accéder au pouvoir dans le but de le détruire de l’intérieur, mais ils s’y sont trop souvent laissé engluer. A contrario, les antilibéraux de tous bords sont souvent des aspirants dictateurs, convaincus qu’ils sont que l’action libre des êtres humains conduirait à la catastrophe et que la société doit être fermement « gouvernée », par eux-mêmes et leurs amis bien entendu. Mais alors que tous les autres devraient en bonne logique partager l’amour de la liberté et la méfiance envers le pouvoir qui caractérisent le libéralisme, ses adversaires trouvent un soutien dans la foule de ceux qui ont conservé le besoin puéril de croire à une autorité transcendante et bienveillante qui aurait la volonté et le pouvoir de résoudre tous nos problèmes. Pour le plus grand nombre, l’Etat a remplacé nos parents, puis Dieu dans ce rôle ; la simple existence d’un problème est prise comme une justification de l’action de l’Etat, dont il faudrait encore accroître l’emprise pour le résoudre. La moindre évocation d’un léger mouvement en sens inverse dans le sens d’une libération de l’activité économique est stigmatisée comme une manifestation d’« ultralibéralisme ». Comme nous l’avons vu, les attaques habituelles contre le libéralisme sont hors sujet. Réfuter la théorie de l’équilibre général n’entame en rien le raisonnement libéral. Juger qu’une situation est préférable à une autre n’autorise pas à utiliser n’importe quel moyen pour tenter d’y parvenir. Constater qu’une activité de l’Etat est utile ne répond ni à la question utilitariste – l’Etat peut-il l’assurer de façon plus efficace que l’initiative privée ? – ni à la question déontologique – est-il légitime d’utiliser la contrainte dans sa réalisation ? Or il est impossible de condamner le libéralisme sans condamner en même temps le principe d’égale liberté dont il est l’expression. C’est pourquoi tant de gens qui aspirent à gouverner le monde s’évertuent à en fabriquer d’odieuses caricatures qui n’ont guère de commun avec lui que le nom et ne signifient que leur propre ignorance. Espérons que cet article aura contribué à restituer son sens véritable au beau mot de libéralisme. —
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Dans ce rapport, Greenpeace France dresse le constat de l’inadéquation du modèle économique néolibéral et du capitalisme financier avec les objectifs de l’Accord de Paris. Greenpeace France pointe en particulier le rôle crucial des multinationales et des marchés financiers dans les émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’origine du dérèglement climatique. Malgré la ratification par la France de l’Accord de Paris, qui invite les États à prendre des dispositions à l’échelle de leur économie nationale pour atténuer drastiquement les émissions de GES, les législations initiées jusque-là par des gouvernements soucieux de ne pas nuire aux intérêts des marchés ont largement dérogé à cette nécessité de plus en plus criante : réguler le secteur privé par des lois coercitives. Si bien qu’il n’existe aujourd’hui aucun dispositif légal qui oblige réellement les entreprises à réduire leurs émissions de GES. Tant qu’il en sera ainsi, la France échouera à atteindre les objectifs climatiques qu’elle s’est fixés. L’urgence politique consiste à soumettre les entreprises à l’Accord de Paris. LIRE LE RAPPORT
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Dix ans d'espérance de vie en moins pour être né dans la mauvaise ville. À New Delhi, capitale de l'Inde, c'est le risque qu'encourent les habitants à cause de la suffocante pollution de l'air, révèle une étude de l'institut de politique énergétique de l'université de Chicago (EPIC), publiée cette semaine. EN IMAGES >> Un brouillard toxique de pollution étouffe l'Inde et le Pakistan Selon les travaux des chercheurs, la concentration annuelle de particules fines de moins de 2,5 micromètres de diamètre (PM2,5) est la cause de ces morts prématurées. Sur la base des taux relevés en 2016, de 113 microgrammes par mètre cube d'air, ils ont calculé que les habitants de la mégalopole avaient une espérance de vie réduite d'exactement 10,2 années, par rapport à une personne exposée au niveau de particules fines recommandé par l'Organisation mondiale pour la santé, qui est de 10 microgrammes en concentration annuelle. Pour calculer la réduction d'espérance de vie, l'enquête américaine se fonde sur de précédentes études réalisées en Chine à propos des effets nocifs de la pollution sur des personnes qui y sont fortement exposées au long cours. Pour l'année 2016, il a été estimé que la concentration de particules fines coûtait à un habitant de Pékin 5,7 ans de vie en moins. Cette pollution, qui découle surtout de combustibles fossiles, est notablement élevée en Asie du Sud et de l'Est. Mais alors qu'elle a baissé en Chine ces dernières années, grâce à des politiques publiques volontaristes, elle s'est aggravée en Inde, note l'étude. D'un diamètre égal au trentième de celui d'un cheveu humain, les particules fines en suspension peuvent s'infiltrer dans le sang à travers les poumons. Une exposition à long terme aux PM2,5 accentue les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer des poumons. "À travers le monde aujourd'hui, les gens respirent un air qui pose un grave risque à leur santé", a déclaré le professeur Michael Greenstone, directeur de l'EPIC, dans un communiqué de presse. Au niveau mondial, l'étude américaine estime que la pollution atmosphérique relevée en 2016 réduit l'espérance de vie de 1,8 an en moyenne. Ce chiffre la place comme le principal danger à la santé de l'homme, devant le tabac, qui réduit l'espérance de vie de 1,6 an, l'alcool et les drogues, qui la réduisent de 11 mois et très loin devant des guerres et du terrorisme, dont l'impact sur l'espérance de vie est estimé à 22 jours.
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Manger de la viande une seule fois par semaine, privilégier les protéines végétales, choisir des produits de saison... Au-delà du régime vegan, nombreuses sont les habitudes alimentaires qui peuvent aider à limiter le réchauffement climatique, selon une étude qui évalue l'impact de neuf régimes alimentaires dans 140 pays. Dans la foulée d'un rapport des experts climat de l'ONU qui soulignait en août la nécessité de changer nos habitudes alimentaires pour lutter contre le réchauffement climatique, des chercheurs de la Johns Hopkins University ont modélisé les impacts de ces neuf régimes, allant de vegan (sans aucune protéine animale) à un jour par semaine sans viande, sur 140 pays. Selon leur étude, publiée mardi dans la revue Global Environmental Change, "un mouvement vers des régimes tournés vers les végétaux est essentiel pour atteindre les objectifs" en matière de réchauffement climatique. En effet, si les 140 pays étudiés adoptaient au contraire un régime alimentaire comparable à ceux des pays développés de l'OCDE, augmentant donc sensiblement leur consommation de viande et produits laitiers, l'empreinte carbone par tête augmenterait de 135% et l'empreinte hydrique de 47%. En revanche, l'adoption d'un régime vegan réduirait de 70% l'empreinte carbone moyenne par habitant et serait le moins émetteur de gaz à effet de serre dans 97% des pays étudiés. LIRE AUSSI >> "Le changement climatique modifie notre assiette" Mais les régimes alimentaires incorporant la consommation d'animaux du bas de la chaîne alimentaire (petits poissons comme sardines ou harengs, mollusques ou insectes) présentent une plus grande flexibilité et des apports en protéines pouvant être nécessaires à certaines populations, notamment dans les pays connaissant des problèmes de malnutrition, avec des bénéfices environnementaux comparables. Suivent dans l'ordre le régime deux-tiers vegan (soit un repas sur trois), puis végétarien (avec oeufs et produits laitiers), pescetarien (poisson comme seule protéine animale), sans viande rouge, sans produits laitiers, faible en viande rouge et avec un jour sans viande par semaine. Sur les neuf régimes étudiés, les sept premiers feraient diminuer l'empreinte carbone et hydrique mondiale si les 140 pays les adoptaient, mais les deux derniers les feraient augmenter. L'étude avertit que les objectifs de nutrition auront un impact global, puisque 49% des pays étudiés n'atteignent pas le niveau recommandé d'apports en protéines, 36% en calories. La mise à niveau peut réduire, et parfois annuler les gains environnementaux d'une modification des régimes alimentaires. Elle recommande donc une approche pays par pays, les pays développés aux régimes alimentaires riches devant plus modifier leurs habitudes et les autres adapter leur développement. Concernant les apports alimentaires, c'est sans surprise la viande issue de ruminants qui a la plus forte empreinte carbone : en moyenne et par portion 316 fois plus que les légumineuses, 125 fois plus que les noix et graines et même 40 fois plus que le soja.
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La réponse le plus souvent entendue face au défi énergétique est : « il suffit de faire quelques petits gestes pour sauver la planète et yaka développer les nouvelles énergies renouvelables ». Mais la réponse des scénarios climatiques, l’outil de base pour ces questions, est que les énergies renouvelables ne suffisent pas. Le GIEC, l’IEA, etc., rapportent évidemment cette réponse et nous alertent : on ne peut éviter le réchauffement climatique sans utiliser aussi l’énergie nucléaire. (GIEC – Changements climatiques 2014 Rapport de synthèse) (IEA – Energy Technology Perspectives 2017) (Lettre ouverte à ceux qui influencent la politique environnementale mais sont opposés au nucléaire – 2013 – Limitons le réchauffement climatique grâce au nucléaire, proposent quatre scientifiques américains – une Traduction française) Il faut donc développer les énergies renouvelables, mais aussi l’énergie nucléaire. Les nouvelles énergies renouvelables, éolien, photovoltaïque, sont intermittentes, soumises aux caprices du vent et du soleil. Elles doivent être secourues par des centrales pilotables, dont on peut moduler la puissance à la demande à tout moment ; ces centrales sont essentiellement des centrales fossiles. Un pays qui possède déjà beaucoup de centrales fossiles peut donc développer les nouvelles énergies renouvelables, mais en prenant soin de conserver les centrales fossiles existantes. C’est le cas de l’Allemagne. Un pays qui possède peu de centrales à combustibles fossiles peut développer les nouvelles énergies renouvelables, mais en prenant soin, de construire parallèlement des centrales fossiles de secours. C’est le cas de la France où la construction massive d’éoliennes entraînerait nécessairement la construction de centrales thermiques. Le résultat global serait des émissions accrues de CO2. Nous sommes avertis de cette situation : (« Avis sur la transition énergétique – dans le cadre du débat sur le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte » – Académie des Sciences française, 2015) (Lettre d’un groupe international d’experts au Président Macron – 3 juillet 2017) Tout cela est connu. Et pourtant, la COP 21 a ignoré les rapports des chercheurs, du GIEC, de l’IEA, a fait l’impasse sur la question du nucléaire, aboutissant ainsi à des accords qui ne prennent en compte qu’une partie de la réalité, et seront donc inefficaces. On le sait déjà : (Journal Sud Ouest ; à propos du rapport du PNUD octobre 2017) (WEO 2016 Presentation) Le problème est illustré par ce diagramme (WEO 2016 Presentation) : Les accords de la COP21 sont enthousiasmants, comme étaient les résolutions du parti communiste de l’ex URSS… et ils sont tout aussi irréalistes. On peut se demander comment il se fait que de telles réunions – Grenelle de l’environnement, COP21, congrès communiste, ou autre – avec tant de participants, accouchent d’engagements irréalistes. Il est possible d’y voir la conséquence des a priori et de l’enthousiasme des participants, à qui le désir ardent de faire au mieux de leurs rêves fait oublier la réalité, les contraintes techniques et humaines. Peut-être sommes-nous trop influencés par le lobbying militant qui ne se préoccupe pas du réalisme de ses choix, de leur faisabilité et de leurs conséquences. Les conséquences du refus du nucléaire sont à comparer avec un risque éventuel, local, de l’énergie nucléaire. Si la planète brûle, à quoi aura servi de sortir du nucléaire ?
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