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"Les neuf indicateurs principaux sont au rouge". Dans son dernier bilan, l'Observatoire climat-énergie des ONG Réseau Action Climat et CLER n'est pas très optimiste. Malgré une baisse des émissions de gaz à effet de serre en 2018, la France reste loin d'atteindre ses objectifs de réduction, selon ce constat, confirmé par le ministère de la Transition écologique. L'Observatoire, pour la deuxième année consécutive, a comparé les objectifs définis par la stratégie nationale bas carbone (SNBC), adoptée dans le cadre de l'Accord de Paris pour le climat, et ceux de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), qui définit la politique énergétique de la France, avec ses émissions et sa consommation d'énergie réelles en 2018. Les émissions de gaz à effet de serre nationales ont baissé de 4,2% entre 2017 et 2018 après trois années de hausse, grâce à un hiver doux. Le ministère de la Transition écologique a confirmé ce chiffre. Pour autant, elles restent 4,5% plus élevées que les objectifs de la France, selon le RAC. "Le budget carbone 2015-2018 [..] serait dépassé de 3,7% sur l'ensemble de la période", indique pour sa part le ministère. Les deux secteurs les plus mauvais sont ceux des transports et du bâtiment, selon l'analyse de l'Observatoire. Les émissions de gaz à effet de serre du transport sont 12,6% supérieures aux objectifs et le secteur du bâtiment de 14,5%. Les transports représentent à eux seuls 31% des émissions totales et le bâtiment un quart. "Le fret ferroviaire et fluvial sont en train de s'effondrer alors que le fret routier augmente", déplore Anne Bringault, tandis que "pour le bâtiment, nous ne sommes pas du tout sur le rythme des rénovations annoncées". Le gouvernement vise 500 000 rénovations de logement par an, un rythme jamais tenu jusqu'à présent. L'agriculture est aussi dans le rouge, mais dans une bien moindre mesure (+2,5%), tout comme l'industrie (+0,6%). Les chiffres du ministère, similaires ou très proches, confirment que ces secteurs ne sont pas dans les clous. La consommation d'énergie a aussi baissé en 2018, de 1,17% sur un an, après trois années de hausse. Pour autant, elle dépasse de 4,5% les objectifs. La part des énergies renouvelables devrait atteindre 23% en 2020, dans le cadre d'une directive européenne. Avec 16,5% en 2018, "il va être difficile de rattraper le retard", a jugé Anne Bringault. Le Haut conseil pour le climat (HCC) mis en place par Emmanuel Macron a fait un constat similaire en juin, avertissant que les engagements du pays avaient peu de chance d'être tenus au rythme actuel. "La mobilisation des jeunes et des citoyens vendredi et samedi va rappeler que l'attente est extrêmement forte" pour des mesures supplémentaires, espère Anne Bringault, alors que des manifestations sont prévues en France et à l'international.
true
Leader historique du parti vert au Royaume-Uni, directeur des Amis de la Terre (Friends of the Earth), puis du Forum du Futur (Forum for the Future), Jonathon Porritt est devenu l’expert incontournable des débats britanniques médiatiques sur l’environnement. Outre ses activités d’administrateur d’un puissant consortium de distribution d’eau potable, Wesser Water, il développe un important think tank, l’Optimum Population Trust, dédié à l’études problèmes démographiques. Observant les difficultés que rencontre la population mondiale dans son environnement naturel, il n’en conclut pas à une nécessaire remise en cause de la société de consommation, mais à une indispensable réduction de moitié de la population mondiale. Lors de ses dernières interventions, Jonathon Porritt a préconisé la réduction de la population britannique de 61 à 30 millions de personnes. Sans surprise, il entend encourager pour cela le contrôle des naissances, la contraception et l’avortement. Il assure que son plan global est la solution la moins couteuse pour stopper le réchauffement climatique. Jonathan Porritt est le principal conseiller en matière écologique du Prince Charles et du Premier ministre travailliste Gordon Brown. Ses théories reçoivent un bon accueil aussi bien à gauche qu’à droite. Le chef de l’opposition, le conservateur David Cameron, s’y montre ouvert. Cependant, quelques voix s’y opposent, y compris au sein des Verts, notamment celle du journaliste environnementaliste du Guardian, George Monbiot. Ce dernier ne critique pas l’aspect autoritaire d’une politique de réduction démographique (d’autant que sa solution personnelle pour lutter contre le réchauffement climatique est l’institution de tickets de rationnement de CO2), il dénonce une politique qui porterait un coup fatal à la croissance économique et au capitalisme. En définitive, dans ce débat, l’argument du réchauffement climatique est secondaire. Ce dont il s’agit, c’est du renouveau du malthusianisme. Ainsi, Jonathon Porritt préconise —toujours pour réduire la population britannique— d’interdire l’immigration. Ce qui lui a valu le soutien du ministre travailliste de l’immigration, Phil Woolas.
fake
Un groupe d’organisations européennes appellent les députés européens à rejeter une motion déclarant l’« urgence climatique » qui doit être soumise au vote demain 28 novembre 2019. Le Réseau européen climato-réaliste (ECRN) craint que la panique et l’alarme injustifiées ne poussent les députés européens à soutenir des politiques coûteuses et préjudiciables aux ménages et aux entreprises, ainsi qu’à la stabilité et à la compétitivité européennes. La réalité est que, ces 30 dernières années, la planète s’est réchauffée bien moins que ce qu’avait prévu le GIEC ainsi que la plupart des modèles climatiques. Il y a à peine une semaine, une déclaration signée par plus de 700 scientifiques et professionnels a été présentée au Parlement européen, montrant que le réchauffement climatique est réel mais bien plus progressif et bien moins dommageable au bien-être des peuples et des sociétés que ne le prétendent les activistes. Un rejet de la motion d’« urgence climatique » par les députés européens enverrait le message clair que le Parlement européen n’est plus disposé à se conformer unilatéralement à l’affichage de vertu. L’Union européenne a bien d’autres sujets autrement importants à traiter. Contact : European Climate Realist Network ECRteam@ecr.network
fake
A l’occasion de la première journée nationale contre la précarité énergétique ce mercredi 10 novembre, des habitants et habitantes de plusieurs villes de France ont participé à des rassemblements citoyens pour dénoncer la mauvaise qualité énergétique de leur logement et les charges de chauffage qui pèsent lourdement sur leur budget. A Aubervilliers en région parisienne, Villeurbanne (près de Lyon) et Grenoble, ils et elles ont déployé des banderoles géantes sur des façades d’immeuble en présence de responsables associatifs de la Fondation Abbé Pierre, Alliance citoyenne et Greenpeace France afin d’interpeller les pouvoirs publics sur cette situation d’urgence. toutes les photos de la mobilisation à Aubervilliers sont disponibles ici des images de Villeurbanne et Grenoble sont également visibles sur notre compte twitter A l’approche de l’hiver, dans un contexte de hausse des coûts de l’énergie et en pleine conférence pour le Climat à Glasgow (COP 26), la fondation Abbé Pierre, Alliance citoyenne et Greenpeace France apportent leur soutien à cette mobilisation pour exiger que plus de moyens soient alloués à la rénovation énergétique des logements. “Le gouvernement soutient la rénovation par petits gestes plutôt que les rénovations globales, ce qui se traduit par un gaspillage d’argent public, des travaux qui ne permettent pas aux habitants et habitantes des logements de sortir totalement de la précarité et un effet très insuffisant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En 2017, Emmanuel Macron avait promis de rénover la moitié des passoires thermiques d’ici 2022 [1]. Le compte n’y est pas. Cette promesse non tenue est une nouvelle illustration de l’inaction climatique du gouvernement et un nouveau coup porté à la justice sociale sans laquelle la transition écologique est vouée à l’échec”, juge Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique à Greenpeace. Pour Greenpeace France, la rénovation énergétique des logements est un levier essentiel de la lutte contre le changement climatique puisque le secteur résidentiel représente près de 15% des émissions nationales de CO2 [2]. Par ailleurs, dans près de 5 millions de passoires thermiques, environ 12 millions de personnes ont froid chez elles en France et peinent à payer leurs factures d’énergie. Parce qu’elle est une des réponses à la crise climatique et au mal-logement, la rénovation globale des logements devrait être un chantier prioritaire du gouvernement et des candidats à la présidentielle. Contacts presse : Greenpeace France : Guillaumine Lickel – 06 73 89 48 90 – glickel@greenpeace.org Alliance citoyenne – Lolita Hubert – 06 59 06 19 72 – lolita.hubert@alliancecitoyenne.org Fondation Abbé Pierre : Alice Dekker – 06 16 58 21 60 – alice@alicedekker-rp.fr [1] Source : https://en-marche.fr/emmanuel-macron/le-programme/logement [2] Source : Ademe 2018, Chiffres clés « Climat, Air, Énergie ». De plus, le secteur du bâtiment (résidentiel et tertiaire) concentre près de 45% de la consommation énergétique nationale. Source : Ministère de la Transition écologique, 2021.
true
Climat. Le Parlement adopte définitivement le projet de loi Le Parlement a adopté définitivement le projet de loi Climat et Résilience à l’issue d’un parcours chaotique devant les deux chambres et d’une guérilla des défenseurs de l’environnement déçus d’un texte « édulcoré ». Le Parlement a définitivement adopté mardi 20 juillet le projet de loi climat, un « tournant écologique » vanté par le gouvernement, mais vivement critiqué par les ONG et la gauche pour son « manque d’ambition ». 233 voix contre 35 L’Assemblée nationale a largement soutenu le texte par 233 voix contre 35, après un vote à main levée au Sénat. Cette loi s’inspire des travaux des 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat. La loi vise à placer la France sur la trajectoire d’une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 1990), en vertu de l’Accord de Paris sur le climat. Saisi notamment par la commune de Grande-Synthe (Nord), qui dénonce l’inertie des pouvoirs publics, le Conseil d’État a ordonné le 1er juillet au gouvernement de prendre des mesures supplémentaires d’ici au 31 mars 2022 pour atteindre cet objectif. Au nombre des mesures entérinées : la suppression de lignes aériennes intérieures, la lutte contre les « passoires thermiques », avec l’interdiction de leur location d’ici 2028, la suppression progressive de la publicité pour les véhicules polluants, l’instauration de zones urbaines sans véhicules polluants en 2025 ou encore la mise en place de menus végétariens dans les cantines scolaires. Une loi critiquée pour son manque d’ambition Le volet constitutionnel du texte, qui visait à inscrire à l’article Ier de la Constitution la préservation de l’environnement et la lutte contre le dérèglement climatique, a été abandonné faute d’accord avec le Sénat. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a salué dans un communiqué « un texte transformateur » et « la plus grande loi écologique du quinquennat » d’Emmanuel Macron. Pour les écologistes et les ONG environnementales, le compte n’y est pas. « La faiblesse de la loi votée aujourd’hui est un révélateur du manque de courage politique et des multiples renoncements du gouvernement et d’Emmanuel Macron tout au long du quinquennat pour répondre à l’urgence climatique, mais aussi aux besoins de justice sociale », souligne ainsi Greenpeace dans un communiqué.
true
La situation mondiale est préoccupante, peut-on lire dans la première partie du 6ᵉ Rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC), publié en août. L’étendue et l’intensité des changements climatiques, dont les vagues de chaleur, les sécheresses et les ouragans se sont accrus depuis le rapport précédent, publié en 2014. En outre, il est devenu indéniable que ces changements sont attribuables aux activités humaines. Seules des réductions massives d’émissions dans les prochaines décennies peuvent empêcher une augmentation de la température moyenne mondiale de plus de 2 °C. Même si les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada semblent difficiles à atteindre (réduction de 30 % en 2030 et de 80 % en 2050, par rapport à 2005), ils ne sont pas assez ambitieux pour empêcher un réchauffement supérieur à 2 °C et ce, même si les autres pays du globe prenaient des objectifs comparables. Le Canada fait donc face à une pression internationale pour prendre des objectifs plus ambitieux. Les objectifs ne veulent par contre rien dire s’il n’y a pas de moyens qui sont mis de l’avant pour les atteindre. Un moyen qui a fait ses preuves dans plusieurs pays est la tarification du carbone. Il consiste à imposer un coût sur les émissions de GES, qui sont autrement gratuites. Ce coût se répercute sur les biens et services qui génèrent ces GES, incitant les consommateurs à les délaisser au profit d’alternatives plus propres. En tant que professeur au Département des sciences économiques de l’UQAM, j’ai beaucoup étudié les mécanismes de tarification du carbone, surtout dans le contexte canadien particulier où des initiatives provinciales côtoient la réglementation fédérale. À l’aube de l’élection fédérale 2021, les différents partis proposent des stratégies très différentes en matière de tarification du carbone. Chacune de ces propositions aurait des conséquences différentes sur les futures émissions canadiennes et sur les coûts des réductions d’émissions réalisées. À lire aussi : Changements climatiques : à quoi s’attendre pour le sud du Québec ? Les politiques actuelles Depuis 2019, les provinces qui n’ont pas leur propre système de tarification du carbone sont sujettes aux politiques fédérales. Celles-ci se divisent en deux : une taxe sur les émissions issues des combustibles fossiles utilisés par les ménages et les petites et moyennes entreprises ; et un système de tarification fondé sur le rendement pour les grands émetteurs. En 2021, la taxe fédérale sur le carbone s’élève à 40 $/tonne d’équivalent CO2(éqCO2), ce qui représente environ 9 ¢/litre d’essence. Les deux composantes du système fédéral s’appliquent en Ontario, au Manitoba, au Nunavut et au Yukon, alors qu’uniquement la taxe s’applique en Alberta et en Saskatchewan. Les autres provinces et territoires ont leur propre système de tarification, qui doivent être au moins aussi exigeants que le système fédéral. Les chefs de partis fédéraux Yves-Francois Blanchet, Annamie Paul, Justin Trudeau, Jagmeet Singh et Erin O’Toole participent au débat des chefs en anglais, à Gatineau, le 9 septembre. Ils ont exprimé des points de vue divergents sur les questions environnementales. La Presse canadienne/Adrian Wyld Parti libéral : augmenter la taxe fédérale Les libéraux proposent d’augmenter l’objectif de réduction des émissions de GES à l’horizon 2030 de 30 % à une fourchette entre 40 et 45 % sous le niveau de 2005. Pour se faire, ils comptent sur une augmentation annuelle de la taxe fédérale qui atteindrait 170 $/tonne d’éqCO2en 2030, soit environ 38 ¢/litre d’essence. Le remboursement forfaitaire de la taxe carbone continuerait de s’appliquer dans les provinces soumises à la taxe fédérale. À noter que ce remboursement est indépendant de la consommation individuelle, représentant grosso modo le montant moyen payé par les consommateurs de chaque province. En plus d’être efficace, cette façon de retourner les revenus perçus de la taxe carbone bénéficie le plus aux ménages les plus pauvres, qui consomment généralement moins de biens générant des GES que le ménage moyen. Parti conservateur : plafonner le prix sur le carbone Les conservateurs proposent de maintenir l’objectif de réduction actuel du Canada (30 % de réduction en 2030), mais en plafonnant le prix sur le carbone à 50 $/tonne d’éqCO₂ (environ 11 ¢/litre d’essence). Ce niveau apparaît trop bas pour atteindre l’objectif et nécessiterait des politiques complémentaires non tarifaires dont les coûts sur les consommateurs et l’économie pourraient être plus élevés. Un aspect particulier du plan conservateur est la création d’un compte spécifique à chaque contribuable, où ses dépenses en taxe carbone lui seraient remboursées individuellement pour faire des achats verts. Outre la complexité de mettre en place un tel système, cet aspect pourrait diminuer significativement l’efficacité du signal de prix de la taxe. Les consommateurs pourraient en effet anticiper le remboursement individuel égal à leurs dépenses en combustibles fossiles. NPD : réduction de 50 % des émissions en 2030 Les néodémocrates proposent un objectif plus ambitieux de 50 % de réduction des émissions en 2030. Tout en maintenant une tarification du carbone, le NPD propose de resserrer les règles entourant le système basé sur le rendement pour les grands émetteurs. Ce dernier élément, tout en offrant une opportunité de réduction des émissions canadiennes, augmentera les coûts pour atteindre les objectifs et a le potentiel de simplement transférer les émissions vers d’autres pays. Les néodémocrates proposent également des budgets carbone sectoriels et l’élimination de subventions au secteur du pétrole et du gaz. Bien que cela puisse générer certaines réductions à faible coût, l’absence de signal de prix uniforme est inquiétante. Si les budgets carbone ne sont pas fractionnables et échangeables entre les secteurs industriels, comme ils le sont dans le système de marché du carbone au Québec, les réductions risquent d’être insuffisantes et coûteuses. Bloc québécois : fin des subventions aux énergies fossiles Les bloquistes proposent d’insérer les cibles canadiennes de réductions des émissions de GES pour 2030 dans la loi sur la carboneutralité pour les rendre contraignantes. Soutenant la poursuite du marché du carbone québécois, les bloquistes voudraient également la fin des subventions aux énergies fossiles. Ils proposent en outre de remplacer la taxe fédérale actuelle par un système de péréquation verte où seules les provinces ayant des émissions de GES par habitant supérieures à la moyenne canadienne seraient soumises à une taxe carbone, alors que les revenus seraient versés aux provinces sous la moyenne. Parti vert : réduction de 60 % des émissions en 2030 Les verts sont les plus ambitieux en termes de réduction des émissions, avec un objectif de 60 % en 2030. Leur plan mise sur une augmentation annuelle de la taxe carbone de 25 $, culminant à 240 $/tonne éqCO2en 2030 (environ 53 ¢/litre d’essence). Des ajustements tarifaires à la frontière, en fonction du contenu carbone des produits et du prix du carbone en vigueur dans le pays de production sont aussi proposés, mais les niveaux ne sont pas définis. Le Canada doit montrer l’exemple Les propositions qui misent sur peu ou pas de tarification du carbone risquent de manquer les cibles qui sont fixées ou d’engendrer des coûts supérieurs pour les consommateurs et l’économie canadienne. Ainsi, le plan libéral semble le mieux à même d’atteindre efficacement les cibles fixées, alors que les plans néodémocrates et verts, bien que plus ambitieux, n’ont pas de moyens suffisants ou masquent des coûts plus importants. Il faut rappeler que le Canada génère annuellement moins de 2 % des émissions de GES de la planète et que seul, il ne peut espérer affecter significativement le degré de changements climatiques. La responsabilité canadienne est de montrer qu’il est possible, même pour un pays dont une large part de l’économie dépend des combustibles fossiles, de réduire significativement ses émissions à coûts raisonnables. Ce faisant, nous tracerons une voie que d’autres pourront suivre.
true
Environnement. Quand le dérèglement fait tomber tous les records climatiques… Records de sècheresses, de pluies, de froid, de chaleur, de fonte des glaces… Le rapport provisoire sur l’état du climat de la planète rendu public dimanche par l’organisation météorologique mondiale, à l’ouverture de la Cop26, est désastreux. Les sept années écoulées entre 2015 et 2021 sont probablement les plus chaudes, mais aussi les plus extrêmes, jamais enregistrées jusqu’ici. Et 2021, qui n’est pas finie, a été comme une démonstration grandeur nature des effets du dérèglement climatique. C’est l’organisation météorologique mondiale qui l’a affirmé hier en rendant public son rapport provisoire sur l’État du climat de la planète en ouverture de la Cop26. Progression exponentielle des gaz à effets de serre En 2020 les taux de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et de protoxyde d’azote (N20) ont atteint respectivement 149 %, 262 % et 123 % de ce qu’ils étaient lors des temps préindustriels, en 1750. Une hausse qui s’est poursuivie en 2021. Records de chaleur… et de fraîcheur Lytton, en Colombie-Britannique, commune du nord-ouest du Canada, a atteint 49,6 °C le 29 juin, avant d’être dévastée par un puissant incendie. Dans la Vallée de la mort en Californie les températures atteignaient 54,4 °C le 9 juillet. C’était l’été le plus chaud jamais enregistré aux États-Unis et des incendies géants se sont déclenchés. Les chaleurs extrêmes ont aussi touché la zone méditerranéenne : 49,1 °C à Cizre en Turquie le 20 juillet ; 48,8 °C en Sicile le 11 août ; 50,3°C à Kairouan en Tunisie. Là encore, des incendies géants se sont déclenchés en Algérie, en Turquie ou encore en Grèce. À l’inverse, le centre des États-Unis, au Texas notamment, et le nord du Mexique, ont affronté des records de froid à la mi-février. Puis ce fut au tour de l’Europe d’affronter un printemps particulièrement frais. Pluies diluviennes Les pluies qui ont frappé la province du Henan en Chine du 17 au 21 juillet, ont déversé en quelques heures la quantité annuelle de précipitations. 302 personnes ont perdu la vie. En Europe occidentale, quelques jours avant, l’Allemagne occidentale et la Belgique étaient aussi frappées par des inondations aussi soudaines que meurtrières. Le bassin de l’Amazone, ou encore l’Afrique de l’est, au Sud-Soudan, ont aussi souffert d’inondations. Sècheresses records L’Amérique du Sud subtropicale a souffert, elle, de sécheresses qui ont affecté l’agriculture, la production d’électricité et les transports au sud du Brésil, au Paraguay, en Uruguay ou au nord de l’Argentine. La période courant de janvier 2020 à août 2021 a été la plus sèche jamais enregistrées au sud-ouest des États-Unis. Une crise de malnutrition directement liée à la sécheresse affecte aussi Madagascar dans l’océan indien. Températures moyennes inédites Sur les neuf premiers mois de 2021, la température moyenne a gagné environ +1,09 °C par rapport à la période 1850-1900. Il s’agira probablement de la cinquième ou sixième année la plus chaude depuis le début des mesures météorologiques. Au cours des sept dernières années, c’est 2016 qui demeure la plus chaude jamais enregistrée. Vagues de chaleur marine Environ 90 % de la chaleur accumulée sur Terre est stockée dans l’océan. En 2019, probablement également en 2020, les records de température marine ont été dépassés. Le réchauffement océanique accélère depuis deux décennies et des vagues de chaleur marine ont cette année encore touché de nombreux écosystèmes sous-marins dans le monde. Acidification des océans L’océan absorbe 23 % du dioxyde de carbone émis par les humains chaque année. Un phénomène qui contribue à l’acidifier. Le pH de ses eaux de surface a diminué (s’est acidifié) et atteint un niveau inédit. Outre son effet sur les écosystèmes – l’acide fragilise les carapaces calcaires de nombreux organismes -, Cette acidification diminue la capacité d’absorption du CO2 de l’atmosphère. Accélération de la hausse du niveau des mers Le réchauffement climatique agit sur le niveau des mers en dilatant le volume de l’eau, et en contribuant à la fonte des glaces terrestres. Le niveau moyen des mers, tel que mesuré par satellites depuis les années 1990, a augmenté à un rythme de 2,1 mm par an entre 1993 et 2002 puis de 4,1 mm par an de 2013 à 2021. Une accélération principalement liée à la fonte des glaces. Fonte des glaciers Sur la partie glacée du Groenland, les températures et les eaux de fontes ont été bien supérieures à la moyenne en août et il a plu au sommet du glacier le 14 août à 3 216 mètres. Cela n’était jamais arrivé à cet endroit.
true
Les modèles La situation climatique à venir va très probablement être totalement inédite depuis que l’homme a démarré son existence terrestre. Comme il est alors impossible de se tourner vers le passé récent pour avoir une idée de ce qui peut se passer plus tard, les seuls outils dont la communauté scientifique dispose pour tenter de savoir ce qui peut se passer à l’avenir sont des modèles climatiques. Un modèle climatique n’est rien d’autre (nos amis scientifiques trouveront peut-être que ce n’est déjà pas si mal!) qu’un logiciel très complexe, dont le but est de reproduire aussi fidèlement que possible le comportement du climat terrestre. Il s’agit donc d’un gros programme pour ordinateur, construit de la manière suivante : les scientifiques compétents sélectionnent, au sein du système climatique planétaire, et chacun pour la partie qui le concerne, quelques paramètres qui sont considérés comme suffisants pour caractériser le système – ou le sous-système – dans son ensemble de manière satisfaisante pour la question posée (qui est celle de l’évolution de long terme du climat), par exemple la température annuelle moyenne et sa répartition par grande zone, les précipitations saisonnières par grandes zones, la couverture végétale avec le contenu en carbone de chaque type de couverture, etc. on exprime les relations d’un compartiment à un autre par des lois physiques (par exemple on exprime de manière explicite les fonctions qui permettent de passer de la température de surface à l’évaporation, ou encore les équations de la physique auxquelles l’atmosphère doit obéir en permanence, comme la conservation de l’énergie), à ce moment intervient la modélisation informatique proprement dite, c’est à dire que l’on représente, par des lignes de code informatique, les relations de cause à effet et les lois de la physique mentionnées ci-dessus, comme on ne peut pas décrire ce qui se passe absolument partout (cela demanderait de traiter un nombre infini de points, et aucun ordinateur n’aime beaucoup l’infini), on fait un maillage: on recouvre notre planète d’un filet imaginaire dont la maille (comme pour un filet de pêche, la maille est la distance qui sépare deux fils) mesure de l’ordre de quelques centaines de km de côté (cela dépend des modèles et de l’époque), Evolution de la résolution (ou du maillage, c’est pareil) des modèles climatiques globaux au cours du temps. Avant le premier rapport d’évaluation du GIEC (FAR pour First Assessment Report), c’est-à-dire dans la décennie 1980, la taille de la maille était typiquement de 500 km de côté. A cette époque, la France ne comptait que pour 4 mailles dans un modèle ! C’était l’ordre de grandeur dans tous les modèles globaux ; certains modèles dits régionaux utilisaient des mailles plus petites – de l’ordre de 50 km – au-dessus d’une région particulière mais alors les mailles pour le reste du monde pouvaient mesurer jusqu’à 1000 km de côté. Au moment du 2è rapport d’évaluation (SAR pour Second Assessment Report ; 1995) la taille de la maille avait été divisée par 2, et 10 ans plus tard (au moment de l’AR4, pour 4th Assessment Report, publié en 2007) elle a encore été divisée par 2 par rapport à la décennie 1980. Source GIEC, 2007 comme la planète est un système en 3 dimensions, le monde n’est pas découpé en petits rectangles, mais plutôt en « boîtes à chaussures », avec quelques dizaines de niveaux de « boîtes » le long de la verticale, Schéma d’ensemble d’un modèle particulier. Les intitulés (en Anglais, hélas !) indiquent les éléments et interactions pris en compte dans le modèle. Source: Hadley Centre. à chaque « noeud » de ce maillage en trois dimensions (c’est à dire aux sommets de chaque boîte à chaussures), ou au sein de chaque boîte (cela dépend du paramètre considéré), on fixe les conditions de départ en indiquant les valeurs initiales des différents paramètres avec lesquels l’ordinateur va travailler : si on a affaire à une terre émergée ou à de l’eau, éventuellement quel type de végétation l’occupe, quelle est la température moyenne de départ, la pression, l’humidité, la salinité pour l’eau de mer, la couverture nuageuse, le vent, et plus généralement on initialise tous les paramètres utilisés, puis on fait « tourner le modèle », c’est à dire que l’ordinateur se lance et calcule, sur la base des règles qui lui ont été fournies et des valeurs intiales, comment évoluent les paramètres à chaque « nœud » du filet – ou au sein de chaque « boîte » – à intervalles de temps réguliers (en fonction de la puissance informatique dont on dispose, ce sera tous les mois ou toutes les demi-heures !). L’un des avantages de ces modèles est qu’ils peuvent facilement permettre une comparaison « virtuelle » de deux évolutions du monde (ce qui est impossible dans la réalité, puisque l’histoire ne s’écrit qu’une fois). Il est ainsi possible de spéculer sur ce qui se passe « si » (« si » les hommes émettent des gaz à effet de serre, certes, mais les mêmes modèles servent aussi à reconstituer les climats de la préhistoire ou même à comprendre ce qui se passe sur Mars !). Pour prendre en compte une perturbation humaine qui évolue au cours du temps, par exemple l’augmentation de la teneur en gaz à effet de serre, il suffit de rajouter une équation dans la liste, ou d’imposer une valeur donnée à un paramètre donné. La modélisation est une discipline qui ne date pas d’hier : les premiers modèles – purement atmosphériques – datent des années 60 (le premier modèle atmosphérique date même de 1950, et a été testé sur le premier ordinateur existant, l’ENIAC). Ce qui a permis un essor rapide de la discipline est plus l’augmentation de la puissance informatique disponible (et l’avènement des satellites, qui ont fourni pléthore de données d’observation qui ont pu être confrontées aux sorties de modélisation) que des percées majeures en physique, physique qui était déjà assez bien connue il y a quelques dizaines d’années (avec comme conséquence que les premières « alertes » sur le réchauffement climatique datent de la fin des années 1960). Par exemple, le temps de calcul pour simuler un mois d’évolution a été divisé par plus de 100 entre 1980 et nos jours ! Plus la puissance informatique augmente, et plus on peut utiliser des mailles de petite taille. Plus on travaille sur des périodes courtes, et plus on peut aussi diminuer la maille (ce qui augmente la précision des prévisions) : les météorologues, qui ne s’intéressent pas au climat qu’il y aura dans quelques siècles, mais à celui qu’il y aura demain ou dans 3 jours, travaillent sur des modèles atmosphériques identiques à la partie « atmosphère » des modèles de climat globaux, mais avec des mailles de quelques kilomètres de côté seulement. Désignation des modèles Selon la manière dont ils sont construits et ce qu’il prennent en compte, les modèles sont désignés avec des sigles différents. En voici quelques uns : GCM signifie « Global Circulation Model », et donc en Français « Modèle de Circulation Globale ». Il s’agit d’un modèle global, à larges mailles, pour donner des tendances de long terme sur de larges zones. AGCM signifie « Atmospheric Global Circulation Model ». Il s’agit d’une catégorie particulière de GCM, qui ne prennent en compte que l’atmosphère. Cela ne donne des prédictions valables que tant que les autres composantes (sols, océans, glaces) ne bougent pas, et en pratique il s’agit des modèles utilisés pour les prévisions météo. AOGCM signifie « Atmospheric Oceanic Global Circulation Model ». Il s’agit d’une autre catégorie de GCM, qui prennent en compte l’atmosphère et l’océan. On voit parfois aussi « Atmospheric Oceanic Global Coupled Model », car dans ces modèles non seulement l’océan est pris en compte, mais aussi les interactions entre l’océan et l’atmosphère. Ce sont ces modèles qui sont utilisés en climatologie. Il arrive enfin que la lettre R s’intercale quelque part à la place du G : il s’agit alors de modèles régionaux. Combien de modèles ? Il existe actuellement une quinzaine de modèles globaux de par le monde, développés par autant d’équipes pluridisciplinaires (un grand pays en a rarement plus de 2 ou 3), qui regroupent environ 2.000 scientifiques de disciplines variées . Toutefois le nombre total de scientifiques de disciplines différentes qui concourent à la construction ou à l’alimentation des modèles est bien supérieur, au moins d’un facteur 10 : pour « savoir quoi mettre » dans ces modèles il faut faire appel à des travaux déjà effectués par des physiciens, des chimistes, des biologistes, des géologues, des océanographes, des aérologues, des glaciologues, des énergéticiens, des démographes… En France, l’un des pôles de modélisation et d’étude du climat est l’Institut Pierre Simon Laplace (IPSL), rassemblant : le Laboratoire de Météorologie Dynamique du CNRS (unité commune à l’Ecole normale, l’Ecole Polytechnique, et l’Université de Paris VI – Jussieu) le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (unité mixte CEA – CNRS). le Laboratoire d’Océanographie Dynamique et de Climatologie (unité mixte IRD – CNRS – Jussieu). le Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales (unité mixte CNRS – Jussieu – Université de Versailles-Saint Quentin). le Laboratoire de Physique et Chimie Marines Que prennent-ils en compte? Les lois de la physique restent bien entendu les mêmes partout et tout le temps, mais ces modèles sont quand même assez différents les uns des autres : les uns prennent en compte les effets des nuages comme ceci, les autres comme cela, les uns prennent en compte certains phénomènes de la biosphère (la biosphère est l’ensemble des êtres vivants), les autres pas, etc. Ce qui différencie le plus les modèles les uns des autres, cependant, est surtout la date à laquelle ils ont été terminés. Evolution du degré de complexité des modèles depuis leurs débuts. Dans la décennie 1970, les modèles étaient purement atmosphériques, avec prise en compte des précipitations et de la composition de l’atmosphère. Dans les années 1980 on a vu arriver l’occupation de la surface, les nuages, et la glace de mer (non couplée). Au moment du premier rapport d’évaluation du GIEC (FAR pour First Assessment Report), l’océan a été rajouté, mais sans représentation de la circulation à grande échelle. Au moment du 2è rapport d’évaluation (SAR pour Second Assessment Report ; 1995) les modèles ont « accueilli » les aérosols, le volcanisme et la circulation horizontale de l’océan. Au moment du 3è rapport d’évaluation (TAR pour Third Assessment Report ; 2001) ces outils représentaient aussi la circulation océanique profonde, début du cycle du carbone, les rivières. Enfin les modèles utilisés pour l’AR4 (pour 4th Assessment Report, publié en 2007) comprennent pour certains la chimie atmosphérique (c’est-à-dire les processus qui permettent de représenter l’augmentation – ou la diminution – d’une espèce chimique A dans l’atmosphère à partir de la variation d’espèces B + C), et une végétation réagissant de manière dynamique aux conditions climatiques régionales. Ce qui est remarquable, dans tout cela, est que cette complexification progressive des outils utilisés n’a pas invalidé les conclusions des modèles des années 1970, à savoir que nos émissions allaient modifier le climat, en augmentant notamment la température moyenne de quelques degrés si nous doublons la concentration du CO2 en un siècle. Source GIEC, 2007 (4è rapport d’évaluation). Si nous regardons un peu plus dans le détail, voici les principaux items pris en compte dans les modèles utilisés aujourd’hui. Attention ! « Pris en compte » ne veut pas dire que tout est connu sur le point considéré, mais simplement que « on en parle » dans le modèle : les échanges d’énergie, en particulier sous forme de rayonnement électromagnétique, entre la Terre, l’océan, l’atmosphère et l’espace (tous les modèles). les transferts radiatifs dans l’atmosphère, c’est à dire la manière dont le rayonnement solaire et celui émis par la Terre traversent l’atmosphère ou sont absorbés par les divers gaz à effet de serre contenus dans cette dernière, Comme on l’a vu, il n’y a pas un seul mais plusieurs gaz à effet de serre. Ces gaz ne sont pas toujours pris en compte de manière indépendante dans les modèles : on commence par faire la « somme » des différents gaz émis, en les pondérant par leurs pouvoirs de réchauffement respectifs, et c’est cette « somme » que l’on utilise pour représenter les émissions de tous les gaz à effet de serre. Une telle simplification, si elle est appliquée, empêche d’étudier facilement par les résultats de la modélisation les effets d’un début de réchauffement sur les émissions « naturelles » de gaz à effet de serre pris un par un. C’est notamment le cas pour le méthane, dont la vitesse d’élimination dans l’atmosphère dépend significativement de sa concentration. la circulation de l’air dans l’atmosphère (tous les modèles), et donc les transports d’eau qui y sont associés, la circulation océanique (tous les modèles), et les interactions entre l’océan et l’atmosphère, la formation et la fonte de la glace de mer (tous les modèles), les nuages (tous les modèles), mais une modélisation correcte des nuages reste un des points où la marge de progression est très importante, les échanges de carbone entre l’atmosphère et la planète (tous les modèles, mais avec des degrés de sophistication différents), et depuis peu certaines rétroactions du réchauffement sur les émissions « naturelles » de gaz à effet de serre, et notamment le comportement de la végétation (pas tous, et avec des degrés de sophistications différents). Quelles sont leurs faiblesses? Les trois grandes sources d’incertitude des modèles sont les suivantes : Tout d’abord notre système atmosphérique n’est pas entièrement prévisible. C’est bien pour cela qu’il arrive que la météo – qui travaille avec les mêmes équations de la physique, même si leurs modèles sont essentiellement atmosphériques – se trompe, même si, statistiquement, elle a souvent raison (mais on entend surtout parler des fois où elle se trompe, ce qui induit un effet de déformation : il ne faut pas que l’arbre masque la forêt !). Cela entache d’incertitude les transferts d’énergie vers l’espace (et donc la température moyenne de la planète), la répartition régionale du changement climatique, etc. Ensuite il y a d’inévitables simplifications lorsque l’on construit un modèle. Il est cependant légitime et courant de procéder de la sorte : le simple fait que l’on ait fait une simplification n’est pas nécessairement une source d’erreur. Par exemple, le plan de l’architecte ne reproduit pas tous les détails du futur bâtiment mais seulement les « choses les plus importantes » : pour autant, se fera-t-on une mauvaise idée de la facilité avec laquelle on circulera dans le bâtiment ? ils ne représenteront toujours qu’une partie du système (mais heureusement cela suffit à souligner l’existence de risques importants). Parmi les éléments qui doivent être mieux pris en compte, on peut citer: les nuages (car il s’agit d’objets de petite taille relativement à la taille de la maille, donc que l’on est donc obligé de traiter de manière approchée), puits et sources du carbone océanique et continental, et notamment influence de la biosphère, avec une limite qui est que la biosphère est toujours dépendante de conditions locales et que la modification de ces dernières est plus incertaine que la modification des conditions « globales », l’évaporation continentale, qui fait aussi intervenir des processus de petite échelle (c’est à dire de « petite taille » par rapport à la taille de la maille), la circulation océanique profonde (qu’il est difficile de mesurer, donc pour laquelle il est difficile de comparer ce que dit le modèle avec la réalité), le cycle du méthane (le gaz du « pourrissement »), et du protoxyde d’azote, où les sources naturelles ne sont pas quantifiées avec précision, la prise en compte de l’augmentation de l’ozone troposphérique (celui qui est près du sol), car cela dépend d’une chimie atmosphérique complexe, le rôle des aérosols organiques ou minéraux (les poussières). Mais il ne faudrait pas déduire du fait qu’il reste des zones d’ombres que l’on peut ignorer les résultats, ce qui serait jeter le bébé avec l’eau du bain ! En outre, ces outils sont en perpétuelle évolution, et donc en perpétuelle amélioration. Premières conclusions des modèles Un point essentiel est que, même si ils sont construits de manière différente, même si les résultats chiffrés auxquels ils parviennent ne sont pas rigoureusement identiques, tous ces modèles aboutissent à des conclusions de même nature : l’homme modifie le climat dans le sens d’un réchauffement global de la planète. En outre ces modèles indiquent aussi que plus les émissions de gaz à effet de serre sont élevées, et plus le système réagit de manière forte. La température moyenne de la planète va augmenter. Selon le scénario d’émission pris en compte, il est question de 1°C à 6 °C entre 2000 et 2100. Augmentation de température moyenne de l’air au niveau du sol (ce que l’on appelle « la température moyenne de la Terre ») en fonction des années (le 0 correspond à l’an 2000), à raison d’une courbe par modèle. L’axe vertical est gradué en degrés. Tous les modèles ont été alimentés avec la même hypothèse : une concentration en CO2 qui augmente de 1% par an (ce qui est à peu près le rythme d’évolution au début du 21è siècle). Sources : PCMDI/IPSL Les échanges d’eau entre la surface et l’atmosphère vont augmenter (cf. schéma ci-dessous). Cela peut s’expliquer assez simplement (même sans modèle!) : un air globalement plus chaud peut contenir plus de vapeur d’eau, et donc l’évaporation augmentera. Comme la vapeur d’eau ne s’accumule pas dans l’atmosphère, tout ce qui monte doit redescendre, et donc une évaporation accrue engendrera globalement plus de précipitations (et du reste pendant les périodes glaciaires, durant lesquelles le climat est plus froid, il fait beaucoup plus sec). Cela signifiera qu’il va pleuvoir plus souvent, ou…plus fort (avec une augmentation du risque d’inondations dans ce dernier cas) Evolution des précipitations moyennes annuelles par rapport à l’an 2000 (0 des ordonnées) à raison d’une courbe par modèle. L’axe vertical est gradué en millimètres d’eau par jour. Tous les modèles partent de la même hypothèse d’une concentration en CO2 qui augmente de 1% par an. Lorsqu’une courbe franchit la valeur 0,05, par exemple, cela signifie qu’à ce moment là les précipitations moyennes à la surface du globe augmentent de 0,05 mm d’eau par jour, soit un peu plus de 18 mm d’eau par an, soit encore 3,5% des précipitations actuelles (520 mm d’eau par an en moyenne). Toutefois ce surplus de précipitations ne serait pas réparti de manière égale partout : les modèles prévoient de grandes disparités en fonction de la latitude. Sources: PCMDI/IPSL Répartition du surplus (ou du déficit) de précipitations en fonction de la latitude au moment ou la concentration de CO2 dans l’atmosphère aura doublé (entre 2060 et 2080 ans selon les émissions futures), a raison d’une courbe par modèle. L’axe vertical est gradué en mm d’eau par jour, et donne donc la différence de la moyenne journalière de précipitations (pour la terre entière) entre la situation future de la simulation et aujourd’hui. On voit par exemple que à la latitude 60° Nord (Nord de l’Ecosse, Sud de la Norvège, où il pleut déjà pas mal, il pleuvrait encore plus (70 mm d’eau par an en plus en moyenne) alors que vers 30°N (Californie, Sahara, Mongolie, bref des endroits peu arrosés) il pleuvrait autant ou plutôt moins, et que vers 30 °S (Afrique du Sud, Australie, Argentine) il pleuvrait plutôt un peu moins. Sources: PCMDI/IPSL Enfin il y aura un réchauffement plus prononcé : la nuit (par opposition au jour), l’hiver (par opposition à l’été, ce qui n’est pas sans conséquence pour la végétation, voir plus loin), aux pôles (par opposition aux moyennes latitudes), Augmentation de température en fonction de la latitude au moment ou la concentration de CO2 dans l’atmosphère aura doublé (vers 2060 à 2080 ans en « prolongation tendancielle ») à raison d’une courbe par modèle. On voit que les glaces du Pôle Nord (90° de latitude Nord, à gauche sur la figure) sont les premières concernées : à ce moment là, l’augmentation moyenne de température au Pôle Nord pourrait aller jusqu’à 8° C ! Sources: PCMDI/IPSL Les 3 différences mentionnées ci-dessus proviennent peuvent être expliquées avec la même raison: l’effet de serre correspond à l’interception du rayonnement terrestre, lequel ne disparaît pas la nuit ou l’hiver. Cet effet est donc proportionnellement plus important partout où il n’y a pas de soleil. En effet, en l’absence de notre astre du jour, l’effet direct du chauffage solaire n’existe plus (ou est réduit en hiver), pendant que l’effet indirect de chauffage du sol provenant de l’effet de serre décroit moins vite. De ce fait l’effet relatif de son augmentation (de l’effet de serre) est plus sensible quand il n’y a pas de soleil (en hiver et la nuit). Un autre processus va dans le même sens : quand il n’y a pas de soleil, l’air est plus froid, donc plus sec, et l’effet de serre « naturel » du à la vapeur d’eau est plus faible. En conséquence, l’effet de serre additionnel du à l’augmentation du CO2 dans l’air (lequel est réparti de manière homogène et indépendant de la température) est proportionnellement plus élevé là où la température est basse (à l’Equateur, où l’air est déjà saturé en vapeur d’eau, l’augmentation de la concentration en CO2 a un effet bien plus faible sur l’effet de serre qu’aux pôles). Cela explique aussi pour partie de l’augmentation de température plus marquée près des pôles. sur les continents (par opposition aux océans), car l’inertie thermique des grandes masses d’eau est très supérieure à celle du sol; un facteur 1,5 à 2 étant parfaitement possible entre l’augmentation globale et celle au-dessus des continents de l’hémisphère Nord. Cela signifie que pour 3 °C d’augmentation de la température moyenne, qui correspond à un scénario d’émission qui reste compatible avec les ressources fossiles inventoriées, nous pourrions avoir près de 5° C d’augmentation moyenne au-dessus des continents. Et que dire quand on sait que la température moyenne pourrait monter de 8 à 9 °C d’ici à 2 siècles!
true
Le réchauffement de la planète ne constitue pas seulement un danger pour l’environnement, c’est aussi « un multiplicateur de menaces qui renforce les tendances, les tensions et l’instabilité existantes », affirme un rapport publié mardi 11 mars par les services du haut représentant de l’Union européenne, Javier Solana, et de la Commission européenne. Sans surprise, l’énergie figure parmi les secteurs les plus concernés. Selon les auteurs du rapport, « une concurrence accrue pour l’accès aux ressources énergétiques et leur contrôle » risque, à l’avenir, de générer de nouveaux conflits. Par exemple, une partie importante des réserves mondiales d’hydrocarbures se trouve dans des régions particulièrement vulnérables au dérèglement du climat et sujettes à des enjeux socio-économiques et démographiques particulièrement sensibles. Par exemple, la concurrence pour l’appropriation des ressources énergétiques risque de s’exacerber dans les régions polaires, rendues exploitables par la fonte des glaces. La Russie a d’ailleurs déjà donné le ton en plantant son drapeau sous le pôle Nord. Autre menace pour la sécurité internationale : l’énergie nucléaire, que ses promoteurs présentent à tort comme une solution face au défi climatique. L’éventualité d’un recours plus important à l’énergie nucléaire pour la production d’électricité « pourrait susciter de nouvelles inquiétudes en matière de prolifération dans le contexte d’un régime de non prolifération déjà soumis à des pressions », commente le rapport européen. Le rapport évoque également la recrudescence prévisible des conflits liés à la pénurie d’eau, susceptible de provoquer des troubles civils et des pertes économiques substantielles, même dans les économies stables. Ou encore le recul des côtes et la submersion de vastes zones dues à l’élévation du niveau des mers, qui pourraient entraîner des pertes de territoires, et même la disparition de pays entiers… Ce document sera discuté jeudi 13 mars, lors du Conseil de printemps qui réunira les chefs d’État et de gouvernement européens pour discuter du paquet climat/énergie, qui va déterminer la feuille de route de la politique européenne pour les quinze années à venir. « Ce rapport confirme, s’il en était encore besoin, l’urgence à agir pour éviter les pires dangers posés par les changements climatiques, la raréfaction des ressources énergétiques et les mauvaises solutions promues par les industries nucléaires », commente Karine Gavand, chargée de la campagne climat de Greenpeace France. Greenpeace regrette que les auteurs du rapport se contentent de proposer le dialogue, l’observation terrestre ou encore les instruments de gestion des crises comme solutions face à de telles menaces pour la sécurité internationale. « Les auteurs ne mentionnent à aucun moment les seules solutions pérennes, sûres, et rentables qui existent pour faire face aux enjeux énergétiques et climatiques : l’efficacité et les renouvelables. Gageons que les chefs d’État réunis à Bruxelles le 13 mars sauront entendre le message et défendront une politique énergétique européenne à la hauteur des enjeux », conclut Karine Gavand.
true
Ce lundi vers 17 heures, Emmanuel Macron rencontrera les membres de la Convention citoyenne pour le climat afin de rendre ses derniers arbitrages avant le vote de la loi climat qui devrait voir le jour fin janvier. L’échange promet d’être tendu. Depuis l’interview que le président de la République a donnée à Brut, de claires dissensions sont apparues entre les conclusions de la Convention et les ambitions présidentielles. Alors qu’en juin, à la sortie de la crise des Gilets jaunes, Emmanuel Macron promettait d’adopter ou de soumettre à référendum la plupart des propositions de ladite convention, il a aujourd’hui pris ses distances avec certaines d’entre elles, en particulier le moratoire demandé sur la 5G. Les membres de la Convention déplorent le manque d’ambition de l’exécutif face au réchauffement climatique, mais l’exécutif a-t-il eu un jour la volonté réelle de régler son pas sur celui de ses 150 contributeurs ? Le déroulement du calendrier politique du président de la République soulève des interrogations légitimes sur ce qui apparaît comme une opération de communication qui est en train de se retourner contre le parti présidentiel. CONVENTION CLIMAT : UNE LÉGITIMITÉ CONTESTÉE DEPUIS LE DÉBUT La Convention citoyenne pour le climat voit le jour immédiatement après la lourde défaite de LREM aux élections municipales qui se sont tenues entre le 15 mars et le 28 juin. Incapable de s’implanter localement, le parti présidentiel a été sanctionné pour sa gestion chaotique des crises successives qui ont secoué le pays, en particulier celle des Gilets jaunes, où il est apparu comme autoritaire et antipopulaire. Face au parti présidentiel, l’écologie politique connaît un succès d’estime en s’implantant dans quelques grandes villes comme Bordeaux ou Lyon ou en bousculant l’élection à Paris ou Lille. C’est alors qu’apparaît cette convention, qui se présente comme une « expérience démocratique inédite » ayant pour mandat de « définir une série de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale ». Se présentant comme faisant suite à un Grand débat organisé à l’origine contre la pression fiscale verte dirigée contre les classes populaires, elle finit par encore plus de pression fiscale et d’idéologie écologiste. Certaines voix se sont élevées pour dénoncer un travestissement de la démocratie pour asseoir la légitimité des décisions du gouvernement, en particulier en matière de fiscalité verte. Pourquoi inventer un nouvel aéropage d’individus tirés au sort alors qu’existent déjà des instances démocratiques classiques ? L’exécutif cherchait-il à masquer le désaveu de la rue comme des urnes en lançant un contre-feu médiatique qui aujourd’hui lui revient dans la tête comme un boomerang ? DES PROPOSITIONS RADICALES Les propositions de la convention avaient été applaudies par les militants et les ONG pour leur radicalité technosceptique et leur « innovation » fiscale. La tonalité anti-capitaliste générale qui s’en dégageait avait été accueillie avec bienveillance par le gouvernement, elle l’est moins depuis que sa mise en application se profile à l’horizon. Pour certains, la convention n’allait pas assez loin, et la question de l’énergie nucléaire n’était pas posée. Le discours de l’exécutif serait-il en train de changer ? Il semblerait que tout en restant à l’écoute des utopistes écolos, le président de la République ne souhaite pas amorcer la transition énergétique sans s’appuyer sur les outils indispensables de la technologie et du marché. Espérons que ces déclarations ne soient pas, à leur tour, des éléments de communication visant à séduire.
biased
C'est une nouvelle étude montrant que le bruit audible des éoliennes n'a pas d'effets négatifs sur la santé. Les sons de basse fréquence, inaudibles, émis par les éoliennes ne sont pas nuisibles à la santé humaine, selon une étude conduite pendant deux ans à la demande du gouvernement finlandais et publiée ce lundi. Cette étude a analysé les effets des émissions sonores de basse fréquence -ou infrasons- émis par les éoliennes qui ne peuvent être entendues par une oreille humaine. Dans de nombreux pays, beaucoup de personnes ont attribué à ces infrasons des symptômes allant de maux de tête à des acouphènes ou des problèmes cardiovasculaires. Mais les scientifiques affirment que les résultats "ne soutiennent pas l'hypothèse selon laquelle les infrasons (...) causent une gêne". "Il est plus probable que ces symptômes soient déclenchés par d'autres facteurs tels que des symptômes attendus" par les personnes vivant à proximité d'éoliennes, selon eux. Les chercheurs se sont basés sur des interviews, des enregistrements sonores et des tests de laboratoire pour étudier les effets possibles de ces sons sur la santé de ceux vivant à moins de 20 kilomètres de générateurs. En outre, les tests n'ont pas non plus prouvé que les sons des turbines perturbaient le rythme cardiaque, selon cette même étude. L'énergie éolienne s'est largement développée ces dernières années, notamment en Chine, aux États-Unis et au Brésil. Selon une étude de l'association du secteur WindEurope, les éoliennes ont fourni l'an dernier 15 % de l'électricité consommée en Europe.
true
En 1653, Inquiets devant la progression continue du glacier Aletsch, les habitants de Naters « enjoignent » la glace d’arrêter sa course. Les jésuites arrivent en renfort et organisent une procession de « bannissement du glacier » avec deux pères prêchant pendant sept jours d’affilée. Prières, chants, processions organisés jusque au front du glacier pour conjurer le Mal, le tout avec aspersion d’eau bénite. ( Bernard Francou et Christian Vincent, Les glaciers à l’épreuve du climat). Il y a eu des périodes pendant lesquelles les glaciers étaient plus retirés que de nos jours. Ce fut le cas pendant le « Petit Optimum Romain » ainsi qu’au moyen âge. En revanche, pendant le Petit Âge Glaciaire, des avancées spectaculaires se sont produites dans les Alpes et ailleurs. La régression mondiale des glaciers a commencé à partir de 1830 donc avant le début de l’ère industrielle. Les fluctuations des glaciers sont ainsi des marqueurs des changements climatiques naturels. Bien la science n’aie pas démêlé le rôle des différent facteurs naturels à l’œuvre, il semble que l’activité solaire soit le meilleur candidat pour expliquer ces évolutions climatiques qui s’étalent sur des échelles de temps allant jusqu’au millénaire. L’article suivant est un résumé de l’essai Les glaciers à l’épreuve du climat écrit en 2007 par les glaciologues Bernard Francou et Christian Vincent. Il y a eu des périodes pendant lesquelles les glaciers étaient plus retirés qu’aujourd’hui. Ce fut le cas pendant le « Petit Optimum Romain » notamment, une période pendant laquelle les langues glaciaires étaient plus réduites qu’aujourd’hui s’arrêtant 300 mètres plus haut en altitude. Au Moyen Âge, de forts reculs des glaciers dans les Alpes attestent d’un « optimum climatique [1]». Grâce à des indicateurs comme la dendrochronologie ou les dates des vendanges, on sait qu’entre le Xe et le XIIIe siècle, les températures furent proches de celles que connaissons de nos jours. Un climat clément favorable en Europe aux défrichements, à la croissance de la production agricole, et en conséquence à la démographie. En revanche, pendant le Petit Âge Glaciaire (PAG [2]), une période caractérisée par un climat plus froid que l’actuel qui a duré cinq siècles (1350-1850), des avancées spectaculaires se sont produites dans les Alpes et ailleurs. Car, il est établi aujourd’hui que le Petit Âge Glaciaire n’a pas été limité à l’hémisphère nord. Il s’est manifesté partout dans le Monde par des avancées s’échelonnant entre le XIVe et le XIXe siècle suivant les régions, les extensions maximales se situant entre le XVIIe et la fin du XIXe siècle. Â partir de 1830 les glaciers suisses, autrichiens, italiens et français ont entamé leur récession. Le glacier des Bossons amorce à partir de 1835 une lente décrue de 6 mètres par an qui va s’accélérer à partir de 1860 passant à 30 mètres par an en moyenne. La même évolution est perceptible, légèrement décalée, sur les glaciers d’Argentière, de la Mer de Glace et de Grindelwald. Le grand glacier d’Aletsch le plus grand fleuve de glace d’Europe, si on exclut l’Islande et le Svalbard, a entamé son lent recul un peu plus tard, à partir de 1858. Au Nord de l’Europe [3], le retrait des glaciers post PAG est intervenu plus tardivement : les glaciers du nord de l’Europe ont maintenu des « proportions PAG » jusque dans les dernières années du XIXe siècle, voire dans les premières décennies du XXe. Le glacier d’Aletsch, grand témoin de ces variations climatiques Le grand glacier d’Aletsch [4] a été particulièrement bien étudié par les historiens et les glaciologues. Il y a 2 900 ans ce glacier était encore plus réduit que de nos jours. Ce retrait fut suivi d’une avancée qui dura environ 300 ans et qui culmina entre 600 et 500 avant J.-C. Le glacier connut ensuite une forte contraction au tout début de notre ère, à l’apogée de la période romaine, entre 300 avant J.-C. et 150 après J.-C. Vers l’an 250 de notre ère, une nouvelle avancée clôt ce Petit Optimum Romain. Au cours du haut Moyen Âge, Aletsch a connu quatre grandes crues « qui se succèdent pratiquement tous les 200-250 ans » (Holzhauser). Vers 900, cette expansion s’interrompt et le glacier connaîtra une longue période de contraction, qui durera au total près de quatre siècles, de 900 à 1300 environ où il prend les proportions qu’il présente de nos jours. Le climat va se refroidir durablement au début des années 1300. Le glacier Aletsch enregistre au début du XIVe siècle une importante poussée, son front occupant alors des positions comparables à celles qu’il aura plus tard en plein cœur du PAG (1650-1820). Cette grande crue, que l’on retrouve sur la plupart des glaciers de la région, culminera en 1350. Dès la fin du XIVe siècle, le glacier revient sur des positions proches de celles du XXe (années 1930-1940), une tendance qui va se prolonger tout au long du XVe siècle. L’entrée dans la phase principale du PAG (stricto sensu) se situe dans les toutes dernières décennies du XVIe siècle : entre 1590 et 1600, le glacier progresse de 400 mètres (Holzhauser). Alors que beaucoup de glaciers alpins ralentissent [5], voire stoppent leur progression dès 1820, Aletsch va poursuivre la sienne sur plusieurs décennies pour atteindre son maximum en 1850 puis entamer lentement un recul en 1859. Ce mouvement ne va plus s’arrêter jusqu’à nos jours, malgré un petit sursaut en 1892. L’activité solaire, meilleur candidat pour expliquer ces évolutions Bien la science n’aie pas démêlé le rôle des différent facteurs naturels à l’oeuvre dans ces évolutions climatiques (éruptions volcaniques, changements dans la circulation atmosphérique et océanique, variations de l’activité du soleil), il semble que l’activité solaire soit le meilleur candidat. Outre le cycle de 11 ans bien connu, l’activité du soleil connaît des fluctuations périodiques plus longues, séculaires à millénaires. Ces fluctuations coïncident avec les variations du nombre des taches solaires qui augmentent avec l’activité du soleil, et diminue dès lors que l’activité solaire se réduit. L’activité solaire a connu une longue embellie au cours des années 1100-1250 qui furent marquées par le Petit Optimum Médiéval. La période 1300-1900 a connu des baisses significatives de l’intensité solaire, marquée par le minimum de Wolf (1300-1350), le minimum de Spörer (1400-1600), le plus creux du millénaire, et surtout le minimum de Maunder (1645-1715) en plein cœur du PAG. Depuis 1715, la tendance multiséculaire générale est à la hausse, interrompue par quelques creux comme le minimum de Dalton (1790-1820) et une nouvelle diminution, bien que légère, au tournant du XIXe et du XXe siècle. Les valeurs contemporaines de l’activité solaire figurent donc parmi les plus élevées du millénaire écoulé, en particulier celles des décennies 1950-1960 et 1980-2000 (en chiffres ronds). Les scientifiques s’interrogent sur l’influence qu’aura sur le climat le cycle solaire 25 qui vient de démarrer et qui selon la NASA, pourrait être le plus faible depuis 200 ans. Ces variations se traduisent par une modulation d’énergie radiative en apparence faible, de 0,1 % (mesurée) pour le cycle de 11 ans, à 0,2-0,5 %, (estimée) pour le minimum le plus creux des derniers 400 ans, celui de Maunder. La relation existant entre l’activité solaire et le climat n’est pas contestée : la courbe des températures reconstituées par Raymond Bradley et Phil Jones (1993) à partir d’indicateurs indirects (avant 1860) et de données instrumentales (après 1860) suit assez bien celle de l’éclairement solaire entre 1600 et le XXe siècle. Mais les mécanismes physiques en jeu ne sont pas encore bien compris : comment de si petites variations d’éclairement peuvent-elles engendrer des changements de températures significatifs (au point d’influer sur des objets naturels comme les glaciers) fait toujours l’objet de débats. Que conclure pour les glaciers ? Il est tout à fait vraisemblable que les premières crues glaciaires du XIVe siècle, après le Petit Optimum Médiéval, aient été liées à une baisse d’intensité solaire. De même, la fréquence des crues glaciaires au niveau mondial entre le XVIe siècle et le milieu du XVIIIe a pu bénéficier des baisses d’insolation observées durant ces périodes. Inversement, les pics d’intensité solaire ont favorisé des températures d’été élevées et donc le recul des glaciers par augmentation de l’ablation estivale : cela a été le cas lors du Petit Optimum Médiéval, puis au milieu du XVIIIe siècle dans les Alpes (mais pas en Scandinavie) et peut-être pour une part au cours de la décennie 1940 jusqu’au début des années 1950. Cependant, il n’y a pas toujours coïncidence entre les crues (les décrues) glaciaires et les baisses (hausses) d’intensité solaire. Ainsi, le minimum de Maunder (1645-1715), période froide mais plutôt sèche en Europe, ne s’est pas accompagné d’une expansion glaciaire : au contraire, pendant ces sept décennies les glaciers ont soit reculé, soit au mieux stagné sur des positions acquises auparavant : la grande crue a eu lieu avant 1650 dans les Alpes, et plus tard, vers 1750, en Scandinavie [6]. Ces asynchronismes entre éclairement solaire et crues glaciaires pourraient avoir diverses origines. D’abord, les mécanismes physiques par lesquels la baisse de l’éclairement se transmet à la machine climatique sont complexes, car ils mettent en jeu à la fois l’atmosphère, la cryosphère, la biosphère et l’océan, avec des réponses qui ne sont pas linéaires. Ensuite, les bilans de masse glaciaires ne dépendent pas seulement des fluctuations des flux d’énergie, mais aussi d’autres variables comme les précipitations. Enfin, la réponse des glaciers aux forçages climatiques dépendent de leur propre dynamique et les fluctuations des fronts peuvent enregistrer ces forçages avec un retard qui peut atteindre plusieurs décennies. [1] Le paléoclimatologue anglais Hubert Lamb qui, en 1965, a été à l’origine du concept de Medieval Warm Epoch. Les estimations des températures faites par Lamb pour cette période dépassent de 1°C à 2°C la moyenne du XXe siècle, par rapport à la période 1900-1939 prise pour référence qui était plus froide que les 3 décennies. Depuis, de nouveaux indicateurs indirects du climat (anneaux des arbres, carottes de glace, dates de vendanges) ont confirmé qu’entre 1000 et 1200, les températures avaient été très voisines de la moyenne 1961-1990. Même si le « timing » reste imprécis, cet optimum climatique (900-1300 ) a concerné diverses régions du monde : ainsi, sur une grande partie de l’Ouest américain, du Canada à la Californie, il existe de forts indicateurs de sécheresses prolongées entre 900 et 1300. Plus au sud, sur l’Altiplano de Bolivie, les données archéologiques et les glaces de la calotte de Quelccaya témoignent d’une sécheresse sévère et durable dans les années 1100 : le niveau du lac Titicaca s’abaisse alors de façon suffisante pour mettre en péril l’ingénieuse agriculture irriguée mise au point par la civilisation de Tiwanaku. Il est en effet probable que le climat précipita le déclin de cette civilisation andine que des convulsions politiques avaient déjà entamé. [2] L’information historique sur les glaciers est mieux documentée pendant les avancées, que pendant les reculs. Les premières détruisent les habitations, emportent les arbres et laissent une forte empreinte dans l’Histoire. En revanche, les seconds sont souvent plus discrets, pour les raisons opposées. [3] Les Alpes (même si l’on y rajoute les Pyrénées), ne représentent guère plus de 4,5 % des glaciers d’Europe. Les plus grandes masses glaciaires d’Europe ne se trouvent pas dans les Alpes, mais plus au nord : Scandinavie (avec l’île de Jean Mayen), l’Islande et surtout le Svalbard (ou Spitzberg), avec ses 36 600 km2. [4] Avec Aletsch, on dispose d’informations sur plus de 2 500 ans grâce aux datations absolues au 14C obtenues sur des restes végétaux, des troncs d’arbres trouvés dans les moraines, une information suffisamment continue pour tracer une courbe de ses oscillations à partir de l’an 800 de notre ère . Plus près de nous, on peut suivre son évolution grâce aux sources historiques qui font leur apparition à partir de la fin du XVIIe siècle. [5] Parmi les différences, on relève ce maximum du XIXe siècle qui apparaît très tôt à Chamonix, vers les années 1820, et une décrue qui commencera dès 1830. En 1850, maximum pour beaucoup de glaciers suisses, les glaciers savoyards sont déjà en repli [6] Des scientifiques français ont montré que les glaciers alpins et scandinaves ont évolué au XXème siècle en opposition de phase sous l’effet de la NAO (Oscillation Nord Atlantique)
true
La demande de pétrole devrait dépasser le niveau d’avant pandémie d’ici fin 2022 Selon les prévisions de l’AIE (Agence internationale de l’énergie), la demande de pétrole mondiale « va continuer de se reprendre ». Elle devrait dépasser d’ici fin 2022 les niveaux pré-pandémie. La demande mondiale de pétrole, qui s’était effondrée avec la pandémie de Covid-19, devrait dépasser les niveaux d’avant la crise d’ici la fin de 2022, prédit l’Agence internationale de l’énergie (AIE) vendredi 11 juin. Un fort rebond La demande de pétrole mondiale va continuer de se reprendre et d’ici la fin de 2022, la demande devrait surpasser les niveaux d’avant-Covid, écrit-elle dans un rapport contenant ses premières prévisions détaillées pour l’an prochain. Après un déclin record de 8,6 millions de barils (mb/j) en 2020, la demande mondiale devrait rebondir de 5,4 mb/j cette année puis de 3,1 mb/j l’an prochain, pour s’établir à 99,5 mb/j en moyenne. Elle devrait être de 100,6 mb/j au quatrième trimestre de 2022, selon l’AIE. Le pic de la demande mondiale avait été atteint au quatrième trimestre de 2019, juste avant le déclenchement de la crise, à 100,5 mb/j. Répondre à la croissance attendue de la demande ne devrait pas représenter un problème, estime-t-elle, en soulignant notamment les capacités de production supplémentaires de l’Opep et ses alliés. Des problèmes pour atteindre les ambitions de lutte contre le réchauffement climatique En revanche, l’AIE souligne une nouvelle fois les difficultés posées pour mettre le monde sur le chemin de la neutralité carbone et limiter le réchauffement climatique. La demande pétrolière devrait continuer à augmenter, soulignant les énormes efforts nécessaires pour atteindre les ambitions affichées, remarque-t-elle. L’AIE, qui conseille des pays développés sur leur politique énergétique, avait dans un rapport publié en mai souligné les efforts nécessaires pour tenter de garder le réchauffement climatique sous contrôle. Elle préconisait notamment d’oublier dès maintenant tout projet d’exploration pétrolière ou gazière et ne plus vendre de voiture thermique neuve au-delà de 2035.
true
Des déchets électroniques et des couches usagées dans des conteneurs qui devaient acheminer... du papier recyclable. C'est la découverte qu'ont fait les autorités indonésiennes dans un arrivage de déchets venus d'Australie. Comme de nombreux pays d'Asie du Sud-Est qui ne veulent plus servir de décharge aux autres pays du monde, l'Indonésie a annoncé le retour à l'envoyeur de près de 210 tonnes de déchets non conformes. Mi-juin, Jakarta avait déjà renvoyé cinq conteneurs de déchets aux Etats-Unis, se joignant ainsi à plusieurs pays d'Asie du Sud-Est mécontents de servir de dépotoir à l'Occident. 49 autres conteneurs sont en attente dans l'île indonésienne de Batam et doivent être réexpédiés vers les Etats-Unis, l'Australie, de France, l'Allemagne et Hong Kong. La Chine a longtemps accepté les déchets plastiques du monde entier, avant de cesser soudainement l'an passé, au nom de la défense de l'environnement. Les pays d'Asie du sud-est ont pris le relais de ce recyclage mondial avant d'être submergés par les déchets. Fatigués de recevoir des tonnes de déchets mal triés, souillés et donc non recyclables, ils commencent eux aussi à faire marche arrière.
true
Pour rappel, la dernière extinction de masse, survenue au crétacé-tertiaire, serait due, selon la théorie la plus solide actuellement, à un gros caillou (d’une dizaine de kilomètres de diamètre) ayant heurté la Terre au niveau du Mexique. L’humain n’existant pas à l’époque, il n’a pas pu être blâmé pour cette extinction et cette diminution tragiques de la biodiversité, mais rassurez-vous, il n’en va pas de même aujourd’hui. Grâce à la conjonction d’une étude, réalisé à Stanford et qui manipule le conditionnel et les précautions rhétoriques par packs de douze, et à une presse déchaînée qui ne s’embarrasse pas, elle, de ce conditionnel et de ces précautions, on apprend que l’humain est directement responsable de la sixième extinction de masse sur la planète. Vous avez bien lu, on parle en effet d’extinction de masse, rien de moins, et provoquée par l’Humain avec ses petits bras. Enfin, petits, pas tant que ça. D’abord, l’humain a le mauvais goût d’être très nombreux, de péter, de roter et de parler fort quand il est en groupe. Ensuite, il a inventé tout un paquet de machines, toujours plus polluantes, qui amplifient largement sa capacité à faire d’innommables dégâts en plus de ses caquetages insupportables. Enfin, l’humain, au lieu d’assumer sa nature pourtant évidente de parasite mal embouché qui fait trop de bruit, adore se culpabiliser et faire des petits calculs, et a donc décidé d’inventer un concept, la biodiversité, définie de façon aussi peu claire que possible. Parce qu’en effet, il y a biodiversité et biodiversité. S’il est simple d’accoler l’image de multiples races de félins à celle de biodiversité (même si les cougars viennent de disparaître, semble-t-il), s’il semble convenu que la biodiversité englobe bien le fait qu’on trouve plusieurs espèces de moules sur les bouchots ou les canapés, une définition plus précise est délicate à trouver. Ça sent le concept un peu fourre-tout. Ainsi, la récente apparition d’une nouvelle espèce de virus Ebola ne semble absolument pas réjouir nos vaillants défenseurs de Gaïa. Il semble que lutter contre la biodiversité virale ne pose guère de problème. À leur décharge, il faut dire que mourir du virus Ebola, ce n’est pas franchement glamour, et que s’il prenait la fantaisie à nos écolos de combat de sautiller de joie à l’idée d’une prochaine disparition de l’humanité (ne riez pas, ils en sont capables, comme jadis le prince d’Édimbourg souhaitant être réincarné en virus mortel afin de réduire la population terrestre), cela nuirait probablement à leur image de marque, si propre et verte nette par ailleurs. Ceci permet d’affirmer que cette biodiversité n’a pas vraiment besoin d’être définie, et qu’il suffira de simplement en parler avec un air attristé pour que tout le monde (les humains, surtout) comprenne. Moyennant quoi, la conclusion s’impose : non seulement, cela va de mal en pis, mais en plus, c’est de la faute des humains. En effet, la biodiversité (définie par l’humain), qui atteignait jadis la valeur précise mais non discutable de 2733.276 brols (calculée par des humains) est en train de s’effondrer (c’est vérifié par des humains) parce qu’elle n’atteint plus que 1801.123 brols, et c’est mal (disent des humains) parce que c’est l’humain qui est à l’origine de cet effondrement pour 93.74% (à peu près). Et c’est mal parce que, parce que, parce que bon c’est mal. Bon, bien sûr, il y a une petite incertitude sur les valeurs, les mesures et les pourcentages. Et sur les causes. Et sur les effets de l’humain sur la planète, à court, moyen et long terme. Sur le plan géologique, où la centaine de milliers d’années est la norme, peut-être est-il aussi envisageable de se dire que l’humanité n’a pas tout à fait un impact aussi percutant qu’un gros caillou de 11 km de diamètre et 400.000 milliards de tonnes, lancé à 20.000 km/h de plein fouet sur la péninsule du Yucatan. Mais vu depuis les petits papiers subventionnés de certains chercheurs ou dans la presse elle aussi subventionnée et acquise à la cause écologiste, en revanche, l’identité des deux impacts (celui de l’Homme d’un côté, et celui du Gros Caillou de l’autre) est absolument évidente : lâchez sur la planète sept milliards de petits mammifères idiots avec des voitures, des iPhones, des déodorants alcoolisés et une absence chronique de préservatifs solides, et hop, vous avez l’équivalent sur le biotope d’une explosion de plusieurs milliards de bombes atomiques. C’est absolument évident. Il faut donc lutter, pied à pied, contre tout ce que l’humain fait de mal. Et il y en a, des choses que l’humain fait de travers, à commencer par respirer. Ça va, bien sûr, des feux de brousse (même ceux, nombreux, déclenchés par la foudre qui sont en réalité le résultat du réchauffement climatique, lui aussi de la fautàlom) jusqu’aux … ballons lors des événements festifs. Oui oui, les ballons lâchés lors d’événements commémoratifs, festifs ou autres sont autant de marques répugnantes du passage cradingue de l’Homme sur Terre et doivent être ardemment combattus, comme en atteste le récent dépôt de plainte d’une association écologiste contre la très méchante et très polluante mairie de Reims qui a eu l’impudence biochoquante de lâcher 2000 ballons dans le ciel champenois. Deux p*t@1n de milliers de ballons en latex pour commémorer le centenaire de la Première Guerre Mondiale, c’est une véritable offensive contre la Nature, une bastonnade en règle des ours, des dauphins et des tortues qui ont la pénible habitude de mâchouiller de la baudruche lorsqu’ils en trouvent, quitte à s’en étouffer (parce qu’aussi mignons soient-ils, ils ne sont tout de même pas très futés, ces bestiaux). Ces 2000 ballons sont une déclaration de guerre scandaleuse, que dis-je, un tortucide, un dauphicide voire un oursicide éhonté ! Et comme on sent l’association Robin Déboire Des Bois bien chaude dans sa lutte contre les commémorations et le fun coloré des petits ballons tortucidaires, je leur propose d’une part d’attaquer Disney pour incitation à la pollution avec son film d’animation, Là-Haut, qui présente un retraité écophage et pollugène déplaçant sa maison avec — horreur — des milliers de ballons gonflés — horreur des horreurs — à l’hélium, et d’autre part d’étendre leur combat à toutes ces manifestations un peu trop démonstratives et beaucoup trop polluantes qui ajoutent l’outrance et la démesure aux bruits agaçants que cette Humanité qui rote et qui pète n’arrête pas de faire. Il faudrait par exemple déposer une bonne grosse plainte à chaque fois qu’un feu d’artifice municipal est tiré. Non seulement, cela fait un tapage d’enfer, mais cela pollue un maximum, produit une quantité non négligeable de gaz à effet de serre, ne sert absolument à rien et diminue à l’évidence la biodiversité. Il en sera de même pour les raves-parties, les manifestations culturelles diverses et les rassemblements politiques ou syndicaux qui laissent souvent un bien triste paysage, couvert de cochonneries polluantes, après leur passage. De plaintes en plaintes, l’association pourra clairement montrer qu’elle a, elle, œuvré concrètement à la protection de la faune et de la flore que ces études ont montré si menacées. Bien sûr, l’Humanité s’en trouvera nettement moins joyeuse. Mais la sauvegarde des espèces passe par là : sans repentance, nulle biodiversité. —- Sur le web
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Dans Climate Now, notre magazine sur l'état de notre planète, nous nous concentrons sur les pôles Nord et Sud : nous faisons le point sur la faible extension de la banquise dans des régions de l'Arctique et sur la fonte des glaciers au Groenland et en Antarctique et examinons leurs conséquences pour nous tous, en particulier la montée du niveau des océans. Et comme chaque mois, nous commençons par analyser les données du Service Copernicus concernant le changement climatique. +1,6°C par rapport à la moyenne de 1981 à 2010 Dans l'ensemble de l'Europe, le mois d'octobre a été le plus chaud jamais enregistré avec des températures supérieures de 1,6°C par rapport à la moyenne de la période 1981-2010. Plus de pluies dans l'ouest de l'Europe Dans l'ouest de l'Europe, le temps a été davantage pluvieux et perturbé. La tempête Alex a balayé la région et fait des dégâts, des inondations et des victimes. Des conditions que l'on retrouve dans les données climatiques : sur la carte des anomalies de précipitations pour le mois d'octobre, la zone bleue a enregistré plus de pluies que la moyenne le mois dernier. Quand on passe à l'humidité des sols, on peut aussi voir sur la carte correspondante que les régions en bleu ont été plus humides. Dans le même temps, dans le Caucase - en particulier en Ukraine et dans l'ouest de la Russie -, il a fait plus sec. L'extension de la banquise arctique n'a jamais été aussi faible Autre record notable en octobre livré par les données du Service Copernicus : la superficie de la banquise arctique n'a jamais été aussi réduite pour ce mois. Dans cette zone rouge, son extension est particulièrement faible pour la saison : donc, essentiellement, là où de la glace de mer devrait se former, il n'y en a pas. La ligne que l'on voit sur la carte correspond à ce qu'on appelle le passage du Nord-Est - c'est en théorie, une voie maritime entre l'Asie et l'Europe -. Et depuis quatre mois, l'absence de glace permet la navigation. Comment la fonte des glaces de terre fait monter le niveau des océans La glace disparaît dans des régions de l'Arctique et elle fond aussi au Groenland et en Antarctique. Rappelons que la fonte de la banquise en Arctique ne fait pas monter le niveau des eaux puisqu'elle flotte déjà dans l'océan Arctique. C'est la fonte des glaces de terre qui cause cette élévation. Et c'est un phénomène qui s'accélère. D'où la question : comment l'Antarctique et le Groenland réagiront-ils puisque la planète se réchauffe ? Pour en savoir plus, nous avons interrogé plusieurs experts européens. À Potsdam, Anders Levermann de l'Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (PIK) a établi des projections de la montée du niveau des océans à mesure que l'Antarctique fond. "En Antarctique, il y a davantage de glace de terre qui se déverse dans la mer" D'après ses simulations, la hausse d'1 degré à l'échelle mondiale que nous avons déjà se traduira à terme par une élévation de deux mètres et demi. Alors que ce réchauffement augmente, voici comment le professeur de dynamique du système climatique décrit l'évolution de l'Antarctique : "La première chose que l'on voit dans l'Antarctique - et c'est déjà en train de se passer -, c'est que l'Antarctique occidental devient instable et qu'il perd en masse glaciaire. L'étape suivante qui se produit à partir de deux ou trois degrés de réchauffement," ajoute-t-il, "c'est que le bassin de Wilkes dans l'Antarctique oriental perd aussi en stabilité et en glace." Les scientifiques craignent que dans l'Antarctique, l'immense glacier Thwaites ne disparaisse prochainement : ce qui ferait augmenter le niveau des eaux de plus de 60 centimètres. L'organisme public britannique British Antarctic Survey a récemment découvert comment l'eau plus chaude de l'océan fait fondre la glace de terre par en-dessous. Ce qui est problématique. "L'eau chaude passe sous son extension flottante et la fait fondre," explique le géophysicien marin Robert Larter de British Antarctic Survey. "C'est extrêmement important parce que cette partie flottante - cette plateforme glaciaire - limite la fonte de la glace de terre : quand cette plateforme perd de son intégrité, la glace de terre fond plus vite, donc il y en a davantage qui se déverse dans la mer," souligne-t-il. Des phénomènes en accélération au Groenland Au Groenland, la production d'icebergs appelé le vêlage et la fonte de la surface des glaciers se sont accélérées dans les vingt dernières années. Et de nombreux autres changements sont provoqués par des évolutions météo selon Ruth Mottram, météorologue au sein de l'Institut météorologique danois. "En hiver, il y a d'importantes chutes de neige : c'est la norme au Groenland," précise Ruth Mottram avant d'ajouter : "Il y a des années où il neige beaucoup, des années où il neige moins : c'est très variable, mais on voit aussi qu'il y a davantage de pluies." "Même si la quantité totale de neige et de précipitations reste stable, on a davantage de chutes sous forme de pluie que sous forme de neige, donc de nombreux processus entrent en ligne de compte," assure-t-elle. Hausse des océans de plus de 5 mm par an Ces cinq dernières années, le niveau des océans a augmenté de plus de 5 millimètres par an et le rythme s'accélère légèrement alors que les émissions de CO2 se poursuivent. Les projections d'Anders Levermann donnent à réfléchir sur l'avenir des zones habitées côtières. "Si à la fin du siècle, on atteint quatre degrés de hausse de température mondiale - le scénario du statu quo -," alerte le professeur de dynamique du système climatique, "cela se traduira par une élévation du niveau des océans de plus de dix mètres à très long terme. Donc on devra abandonner des villes côtières comme New York, la Nouvelle-Orléans, Rotterdam et Hambourg," insiste-t-il.
true
Rien n’égale la puissance de l’idéologie. Quand certains individus — d’un type assez répandu — ont donné leur aval à une idée ou une théorie, à court terme rien, absolument rien ni personne, ne peut les en détourner. Ainsi le communisme a-t-il bénéficié de l’assentiment de générations d’intellectuels après qu’il eut été réfuté et après qu’il eut causé la mort de millions d’innocents. Prospère de nos jours le climatisme, sans conteste le plus formidable dispositif idéologique de ce début de XXIe siècle. D’une phrase, le climatisme est la théorie selon laquelle l’homme est responsable d’un réchauffement climatique par ses émissions de gaz à effet de serre et que, pour y remédier, nous devons opter massivement pour des énergies renouvelables-intermittentes. L’Accord de Paris repose sur cette idée et prévoit que la charge de la réduction de ces gaz, jusque 2030, reposera intégralement sur l’Occident — la Chine, l’Inde ayant la possibilité de continuer à augmenter leurs émissions. UN SECTEUR ÉCONOMIQUE À FINANCER De plus, l’Occident doit mettre en place un mécanisme de transfert de 100 milliards par an à destination des pays « pauvres » pour favoriser l’essor de ces mêmes énergies renouvelables. C’est le Fonds vert. Le fondement de cette idéologie, ce sont les travaux du groupe intergouvernemental de l’ONU sur le climat, le GIEC. Dès 2010, nous montrions dans un ouvrage publié en français et en anglais (Le GIEC est mort, vive la science) que ce groupe n’a rien de scientifique et qu’il est tout intégralement politique (comme son nom l’indique). Aucun de nos arguments — composition, compétences, fonctionnement du GIEC — n’a jamais été réfuté mais la faribole GIEC=science n’en a pas moins continué à se propager. Or, c’est toute l’idéologie du climatisme qui est construite sur les rapports du GIEC. Un nouveau secteur économique s’est créé, celui des énergies renouvelables-intermittentes. Ce secteur est non rentable économiquement et ne survit, dans l’immensité de son maillage planétaire, que par la grâce de la subvention publique. S’il en allait autrement nous n’aurions besoin ni du GIEC ni de l’Accord de Paris car tous les opérateurs économiques opteraient naturellement pour la source d’énergie la moins onéreuse. Qu’on lui ôte la subvention, le secteur s’effondre. Raison pour laquelle les grands conglomérats actifs dans le domaine de l’énergie sont parmi les plus chauds partisans de l’idéologie du climat et de l’Accord de Paris. C’est la définition même du crony capitalism, ou capitalisme de connivence (entre l’État et certaines entreprises). L’Accord de Paris ajoute un fronton au dispositif, en pénalisant drastiquement l’Occident, tout en laissant libre la bride au reste de la planète — rappelons que la Chine est la première économie mondiale — et prévoyant, en sus, le transfert de sommes sans précédent dans l’histoire universelle. Soit la réinvention de l’idéologie tiersmondiste, mais cette fois au nom de la science ! Comment la haute finance pourrait-elle n’être pas exaltée par cette manne céleste, puisqu’elle servira tout naturellement d’ « interface » entre les contribuables occidentaux et, entre autres, les riches potentats africains ? Nouvelle illustration du capitalisme de connivence. LE CLIMATO-SCEPTICISME AMÉRICAIN Le grain de sable venu gripper cette formidable mécanique d’envergure dantesque n’est pas tant Donald Trump que la démocratie américaine. Car, on l’oublie, le climato-scepticisme ne date pas, aux États-Unis, de Trump. Il était la position officielle du parti républicain avant même que Trump n’annonce, en juin 2015, sa candidature à l’investiture républicaine. Les parlementaires américains ont fait leur travail, auditionnant des « experts » du climat et les mettant publiquement en face de leurs contradictions. Ainsi de l’arrêt du réchauffement — reconnu par le GIEC… — depuis une vingtaine d’années (le « hiatus »), dans le même temps que les émissions de CO2 croissaient de belle manière. Ce qui a miné la confiance du public américain dans la prétendue « science intergouvernementale » — cette contradiction dans les termes — du climat, pour finalement conduire aux conséquences que l’on sait. Que fera l’Europe ? Tout à leur conception moralisatrice de la politique et leur sentiment de supériorité, il est à craindre que les « élites » politiques, aussi bien de l’UE que de la plupart des États membres, ne se cabrent et ne se radicalisent. On annonce déjà un nouveau partenariat entre la Chine et l’UE, qui renforcerait encore les engagements souscrits par l’UE au terme de l’Accord de Paris. Nul doute que les Chinois se montreront enchantés, car ils renforceront le désavantage compétitif de l’Europe, accroîtront leur marché européen pour les énergies renouvelables et matériaux y liés, tout en continuant tranquillement à augmenter leurs émissions de gaz à effet de serre… Un enfant comprendrait le lyrisme environnementaliste chinois. Bien sûr, le conte pour enfants ne s’arrêtera pas là. Car si les États-Unis continuent ce qu’ils ont déjà commencé avec la révolution du fracking, c’est-à-dire diminuer le coût de leur énergie, tandis que l’Europe persiste à obérer le prix de l’énergie pour les entreprises et les ménages, notre continent se videra de sa substance économique. L’UE sera de plus en plus odieuse à ses citoyens, et la révolte finira par se généraliser, probablement sous l’impulsion des pays d’Europe centrale. Car s’il est vrai que les idéologies suscitent des ferveurs inouïes, elles n’ont pas le pouvoir de se soumettre la réalité.
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"Rendez-nous les vers de terre", "Notre maison brûle"... Des centaines de militants du mouvement écologiste Extinction Rebellion avaient décidé de bloquer, ce samedi matin vers 10 heures, la circulation autour de l'Assemblée nationale. Après les sommations d'usage, un peu après 11h30, les forces de l'ordre ont d'abord éloigné les journalistes, sous les cris des manifestants scandant "liberté de la presse". Ils ont ensuite saisi un par un les militants assis sur la chaussée les uns derrière les autres pour rendre l'intervention plus difficile, les portant ou les trainant jusque derrière le cordon de police, sur le pont menant à la place de la Concorde où certains se sont réinstallés. La circulation était rétablie devant l'Assemblée nationale en milieu de journée, mais le pont où se retrouvaient encerclés quelques dizaines de militants était encore fermé. "On n'était pas assez nombreux", a regretté un militant. Auparavant, un peu après 10 heures, des dizaines de participants à cette action, qui s'inscrit dans une semaine mondiale de désobéissance civile pour réclamer des mesures contre le réchauffement climatique, avaient installé meules de foin et gros bidons noirs sur les quais devant l'Assemblée. D'autres, assis sur la chaussée, en position de méditation, ou debout derrière tenant une large banderole "Ici on cultive, assemblée citoyenne", barraient d'autres rues autour du bâtiment où les députés ne siégeaient pas samedi. Après cinq jours d'occupation de la place du Châtelet et du pont au Change dans le coeur de Paris, Extinction Rebellion a levé le camp vendredi soir pour se concentrer sur cette action baptisée "Archipel des nouveaux mondes", la dernière prévue de leur semaine de mobilisation qui avait commencé samedi dernier par l'occupation pendant 17 heures du centre commercial Italie 2. Alors que les forces de l'ordre ont laissé le campement s'installer à Châtelet sans intervenir, à la grande surprise de nombreux militants qui s'attendaient à être délogés rapidement, les CRS étaient bien présents ce samedi autour des manifestants. Boulevard Saint-Germain, les forces de l'ordre enlevaient un par un les manifestants assis par terre pour dégager la route. Ceux-ci s'installaient à nouveau un peu plus loin. "La police n'est pas notre ennemie, nos ennemis ce sont les industriels qui exploitent le vivant et les États qui les laissent faire", a lancé dans un micro un participant, casquette et lunettes de soleil. "Notre combat est juste et non violent et nous nous battrons jusqu'à ce qu'on nous entende", a-t-il ajouté.
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Lors d’un débat télévisé en décembre 2009, le Professeur Vincent Courtillot, sceptique des thèse officielles, s’est vu littéralement attaqué par le ministre de l’environnement de l’époque Jean-Louis Borloo, et accessoirement traité de « négationniste » commettant un « crime contre l’humanité » par Elisabeth Buckler du WWF. Arguant du principe de précaution (dans lequel il inversait cependant les priorités entre problèmes écologiques certains et non certains !), M. Borloo ne supportait pas que l’on puisse contester la position officielle du GIEC. Lors d’un autre débat télévisé en décembre 2009 face à Bernard Deflesselles, en charge du rapport d’information sur le réchauffement climatique (qui présente en 2008 la courbe, discréditée, en forme, terrifiante, de crosse de hockey en expliquant seulement en note n°2 qu’une version plus récente est disponible) et rapport de l’Assemblée à Copenhague, le même traitement m’a été réservé : évoquer le fait qu’il faille laisser opérer le processus critique de la science devant un problème aussi complexe, plutôt que d’y mettre arbitrairement un terme, m’a valu d’être taxé d’ayatollah. J’ai cependant pu m’entendre dire, en « off », que le problème n’était pas que celui du climat, mais aussi de la géostratégie de l’énergie. Nous y voilà. Revenons ici à une interview de M. Sarkozy lors d’un pré-sommet avant Copenhague en 2009. Il a pu déclarer que « le monde va à sa perte si nous continuons à émettre du carbone qui crée un trou dans la couche d’ozone ». Pourtant M. Sarkozy n’est pas n’importe qui en la matière : il émettait à l’époque beaucoup de carbone en voyageant autour du globe pour convaincre ses pairs de la nécessité d’un accord à Copenhague. Il avait deux ans auparavant tenu le Grenelle de l’environnement avec, entre autres, Al Gore. On s’attendait de la part du Président français à une maîtrise plus professionnelle du dossier. À moins que justement ce dossier ne l’intéresse pas, au fond. Ou pas pour la raison qu’il invoque. Quelle pourrait être l’autre raison ? Il est difficile de pas penser à la géostratégie de l’énergie. Notons déjà que lors du Grenelle de l’environnement la Société Française d’Énergie Nucléaire critiquait le manque de stratégie de l’énergie nucléaire – « propre » – dans la lutte contre le réchauffement. La Société fait la promotion des émissions de carbone évitées grâce au nucléaire et ne mâche pas ses mots à l’égard de l’Allemagne, alors sceptique quant à ce genre de solution. Notons qu’en 2008 c’est d’ailleurs le lancement de l’Agence France Nucléaire International que le Premier ministre François Fillon, dans un discours à la centrale du Tricastin en 2009 (quelques mois après un incident majeur), place au cœur d’une « stratégie offensive » de la France sur les marchés internationaux : le nucléaire français, Areva en tête, serait le nœud d’une « nouvelle croissance ». L’Union Pour la Méditerranée de M. Sarkozy mettait aussi l’accent sur la coopération nucléaire. Au delà de l’aspect purement commercial, il faut rappeler qu’une centrale signifie quarante années de coopération en moyenne, durant lesquelles un pays est dépendant des approvisionnement mais aussi des compétences des équipes françaises. Cette relation de dépendance assied un pouvoir géostratégique. L’Europe en sait quelque chose : elle est fortement dépendante de la Russie pour l’énergie. Mais elle est aussi divisée par la même Russie sur la question de l’énergie. L’Allemagne traditionnellement anti-nucléaire, productrice de CO2 de par son industrie et ses cylindrées gourmandes, est aussi proche de l’ours russe. Gerhard Schröder avait d’ailleurs accepté de diriger le projet russe Nortstream, « concurrent de Nabucco », c’est un signe. Si Romano Prodi avait refusé pour le Southstream, on sait que Berlusconi et Poutine sont proches, et que le gaz russe joue un grand rôle dans cette « amitié ». La France avait-elle un « plan » pour tirer la couverture européenne vers elle en matière d’énergie ? La résolution du parlement européen votée en novembre sur le paquet énergie climat, votée aussi par une partie des écologistes, reconnait en tous les cas le rôle du nucléaire dans la lutte contre les émissions de CO2. Il est aussi important de noter que la France a sécurisé ses approvisionnements d’uranium en amont. Elle a soutenu officieusement les victoires de Sassou N’Guesso au Congo Brazzaville et d’Ali Bongo au Gabon l’été 2009, et s’est tenue silencieuse après le coup d’État constitutionnel de Tandja au Niger (après la signature par Areva d’un contrat sur la mine gante d’Imouraren). Connaissant la longue tradition de la « Françafrique », il est difficile d’y voir une coïncidence. D’autant que la France a perdu du terrain en Afrique, avec la montée de la Chine et le retour des USA sur le « pré carré » français : il s’agit de proposer une autre stratégie « gagnant-gagnant » pour contrer celle des chinois. Le sommet de Nice « Afrique-France » de mai-juin 2010 n’en a-t-il pas été l’occasion ? En effet, les mécanismes de compensation carbone discutés lors de Copenhague on été aussi mis sur la table à ce sommet. Une compensation dont les mécanismes paraissent assez peu clairs en vérité, ne voilà-t-il pas une belle occasion de recycler les vieux mécanismes de l’aide, qui ont permis de corrompre allègrement le continent noir depuis une demi-siècle d’indépendances très relatives ? (et de continuer à en empêcher le développement). Il n’est pas illogique de le penser : par ce nouveau mécanisme de dépendance, la France peut indirectement se réapproprier son pré carré. On voit donc qu’il est fort possible que le réchauffement climatique ait été instrumentalisé en France pour faire d’une pierre deux coups … géostratégiques.
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Pas de chance pour les idéologues alarmistes du réchauffement climatique, les procédures judiciaires qu’ils envisagent contre les sceptiques pour les priver de parole pourraient bien avoir un effet boomerang susceptible de leur donner des sueurs… froides. Rendus nerveux par le nombre croissant d’études remettant en cause leurs prédictions apocalyptiques, ils ont en effet pris l’habitude, via des procureurs partisans, de faire la chasse à tous ceux qui remettent en cause leur théorie. Le problème, c’est que la vérité ne se décrète pas par décision de justice, et que des procureurs plus réalistes leur ont fait remarquer qu’à partir du moment où ils attaquaient des gens pour avoir « minimisé » le réchauffement, on devait pouvoir les poursuivre pour « fraude », pour l’avoir exagéré. Voilà ce qu’ont expliqué en substance des procureurs Républicains à leurs confrères Démocrates et aux « réchauffistes » procéduriers. Les idéologues du réchauffement climatique mentent mais poursuivent les sceptiques De fait, les preuves de fraudes commises par les théoriciens subventionnés du réchauffement climatique s’amoncellent. Les révoltants courriels du scandale du « ClimateGate » démontrent que ces idéologues n’hésitent pas à s’entendre pour « occulter le déclin » des températures et violer les lois sur la liberté d’information. Il y a quelques décennies à peine, la plupart des extrémistes du réchauffement d’aujourd’hui, y compris le « tsar scientifique » d’Obama et promoteur de l’avortement John Holdren, prédisaient un refroidissement provoqué par l’homme, qui allait tuer un milliard d’humains. Sans rire.
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LE CADEAU D’ANNIVERSAIRE DE LA FRANCE AU GIEC À l’occasion de la 47e assemblée plénière du GIEC qui s’est tenue du 13 au 16 mars à l’Unesco, la France a organisé une journée de célébration des 30 ans de la création de l’institution. En guise de cadeau d’anniversaire, la France a annoncé sa décision de porter son soutien au GIEC à un million d’euros par an, jusqu’à la livraison du 6e rapport, en 2022, nous dit Le Monde. Mais à quoi va servir ce sixième rapport si, comme on l’entend ici et là (et notamment à France Inter), la science est déjà établie ? Une publication de Nature Climate Change suggère que les rapports du GIEC ne devraient plus traiter de l’attribution des causes mais de solutions au changement climatique. La messe est dite, bonnes gens, alors circulez : il n’y a plus rien à voir… Point d’orgue de ces cérémonies d’anniversaire, l’annonce en grande pompe du pacte Jouzel-Laroutorou qui propose un Plan Marshall pour le climat financé (notamment) par une contribution de 5 % sur les bénéfices des entreprises non réinvestis. Des coûts pour rien commente l’économiste Rémy Prud’homme. Détail intéressant : dans la liste des premiers signataires du pacte, on trouve tout de même le nom de deux anciens Premiers ministres français. CLIMAT : L’ARTICLE 1er DE LA CONSTITUTION, SINON RIEN Ajouter la lutte contre les changements climatiques à l’article 34 de la Constitution, comme le prévoit le projet gouvernemental, ne servirait absolument à rien, hormis l’effet symbole, car l’article 34 ne fait que définir le champ de la loi et nullement son contenu. C’est donc à l’article 1er, au rang des grands principes de notre République, que les enragés du climat veulent hisser le combat contre le réchauffement. La République concourt à la lutte contre le changement climatique, propose le député Mathieu Orphelin. Dominique Bourg va plus loin, et propose d’intégrer « les limites planétaires » dans la Constitution sous forme d’indicateurs chiffrés. « Ces indicateurs de notre passage dans l’ère de l’Anthropocène offrent des seuils chiffrés qui peuvent être transcrits facilement dans les politiques publiques », affirme doctement le professeur de l’université de Lausanne. Qu’il existe déjà depuis 2004 une Charte de l’environnement ayant valeur constitutionnelle ne préoccupe guère ces zélotes : modifier notre texte fondamental, quoi de mieux comme moyen de communication ? PPE : UN DÉBAT PUBLIC POUR ENTÉRINER CE QUI A DÉJÀ ÉTÉ DÉCIDÉ Le Gouvernement ouvre jusqu’au 30 juin un débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Il s’agirait d’associer les citoyens à la mise en œuvre pour la période 2019-2023 de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte promulguée en 2015. Nicolas Hulot (sur France 2) a déjà fait savoir que « l’objectif de la réduction du nucléaire est irrévocable… que tout le monde est d’accord pour réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50%… et que la date de réalisation de cet objectif sortira comme une évidence à la fin de cette consultation ». Si le nucléaire n’est pas dans le débat, que reste t-il à débattre ? N’en déplaise au ministre, tout le monde ne semble pas exactement d’accord avec ses objectifs. Par exemple, Loïk Le Floch-Prigent s’étonne dans Atlantico du « déni de réalité désarmant dans lequel s’enferme la France », expliquant que les pouvoirs publics sont pris dans la nasse d’ objectifs contradictoires impossibles à concilier. Karl Marx a écrit que l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle est capable de résoudre : une pensée frappée au coin du bon sens, sauf que l’humanité marche aujourd’hui sur la tête, voire devient folle comme l’affirmait récemment Carlos Tavares. TOUT ÇA POUR QUOI ? Cette agitation politico-médiatique, ces sommes faramineuses que l’on s’apprête à dépenser (la France s’enorgueillit de contribuer au fond vert à hauteur de 1 milliard de dollars) sont d’autant plus surréalistes que les bases scientifiques qui les justifient sont fragiles. La doxa attribue le léger réchauffement enregistré depuis le début de l’ère industrielle à une cause unique, les émissions de gaz à effet de serre. À supposer que nous soyons capables de mesurer une température mondiale (ce qui est tout sauf certain), que sait-t-on du rôle de l’activité solaire ? de l’influence des rayons cosmiques sur la formation des nuages ? Supposons que la communauté internationale décide de réduire drastiquement ses émissions au prix d’un sabordage de ses capacités industrielles et scientifiques. Nous nous trouverions démunis pour faire face à un nouveau petit âge glaciaire dont le retour n’est pas une hypothèse farfelue comme l’explique cet article. ACTIVITÉS DE L’ASSOCIATION, DE SES MEMBRES ET DE SES SYMPATHISANTS Lettre ouverte de Catherine et Jacques Guyot au député pro éolien de la Vienne Nicolas Turquois La France n’est pas à vendre : oui à l’écologie, non au saccage de nos territoires par l’éolien. À découvrir sur le site de la Fédération Environnement Durable de Jean-Louis Butré. Ubu chez les Allemands, ou les chiffres officiels d’une combinaison perdante Un article de Jean Pierre Riou, publié sur son blog. Éolien, CO2 : une politique énergétique absurde Un article de Jean-Pierre Bardinet dans Contrepoints. PPE : confusion dans le pilotage de la politique énergétique de la France Un article de Michel Gay dans Le monde de l’énergie. DERNIÈRES PUBLICATIONS SUR LE SITE DE L’ASSOCIATION
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À 07h25, l'action cédait 10,37%, à 83,68 euros, dans un marché en baisse de 0,65%. Le procès historique perdu par Monsanto dans l'affaire de son herbicide Roundup pourrait coûter cher à Bayer, qui avait bouclé début juin le rachat de l'Américain, pour 63 milliards de dollars. Un tribunal de San Francisco a condamné vendredi Monsanto à payer 289 millions de dollars d'amende, dont 250 millions de dollars de "dommages punitifs" pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide Roundup, à l'origine du cancer de Dewayne Johnson. C'est une victoire pour ce jardinier américain qui espère un effet boule de neige. Les jurés ont déterminé dans le cas présent que Monsanto avait agi avec "malveillance" et que son herbicide, ainsi que sa version professionnelle RangerPro, avaient "considérablement" contribué à la maladie du plaignant. LIRE AUSSI >> Procès Monsanto: Hulot déclare "la guerre" aux pesticides Monsanto va faire appel de cette décision et espère, comme c'est le cas dans des procès de ce type aux États-Unis, une forte atténuation de l'amende en appel, voire son annulation. Bayer avait de son côté réagi durant le week-end en estimant que "sur la base de preuves scientifiques, d'évaluations réglementaires à l'échelle mondiale et de décennies d'expérience pratique de l'utilisation du glyphosate, [...] le glyphosate est sûr et non cancérogène". Le groupe pharmaceutique n'a pas voulu préciser s'il avait commencé à provisionner ses comptes pour solder les multiples conflits judiciaires auxquels il devrait faire face. Conscient de la mauvaise image portée par Monsanto, parfois surnommé "Monsatan" ou "Mutanto" par ses détracteurs, le groupe allemand avait rapidement fait connaître son intention d'abandonner la marque Monsanto. Herbicide le plus utilisé au monde sous diverses marques, depuis que le brevet détenu par Monsanto est tombé dans le domaine public en 2000, il est aussi accusé d'être néfaste pour l'environnement et de contribuer à la disparition des abeilles, ou encore d'être un perturbateur endocrinien.
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Pour connaître les rouages de l’économie, les prévisions de Vincent Held qui permettent de se préparer à un changement d’envergure. Comment va-t-on gérer la disparition de la monnaie ? Allons nous avoir un revenu de base pour tous ? Au delà, il faut s’attendre à se battre pour notre survie car, en matière d’économie rien n’est fait au hasard et, en regardant les problèmes sociaux que nous avons à affronter, ce n’est pas avec les miettes de l’énorme gâteau concocté par les pâtissiers de la finance pour des « gourmands » égoïstes, que nous y trouverons notre compte. Une transformation radicale de notre modèle de développement économique et sociétal va avoir lieu et, dans notre vieille Europe, il va bien falloir se mettre au diapason. Les temps qui viennent s’annoncent difficiles. Partagez ! Volti ****** Chers toutes et tous, Le nouveau livre de Vincent Held est disponible. Il s’articule autour de quatre thèmes d’actualité, à savoir: Et voici les premières lignes de la postface du professeur Philippe Laurent: « Après lecture de ces chapitres, attendons donc le krach final, puis le renouveau ! On pourrait se croire dans un film à épisodes américain de Netflix, dont on peut prédire les étapes de descente aux enfers avant un dernier rebondissement et une ère de transformation que l’on veut bénéfique pour l’avenir… Sauf que le narrateur et auteur Vincent Held (dans le rôle du héros ou plutôt héraut?), déjà dénonciateur des turpitudes de la Banque nationale suisse dans son précédent opuscule, prend ici une posture d’annonciateur démiurge (voire démoniaque par la manière) du monde qui se prépare sous nos yeux troublés. Que faut-il en retenir et surtout comment pourrait-on y faire face ? Il est vrai que notre nature humaine nous porte à prédire le pire et à espérer le meilleur… Cependant, force est de reconnaître à la lecture de l’ouvrage que de nombreuses convergences plaident en faveur de la fin du monde économique tel que nous le connaissons en Occident. La Suisse, îlot de prospérité depuis septante ans, semble résister avec défiance aux statistiques venues d’ailleurs, mais pour combien de temps ? Pire encore, face à notre passé et notre civilisation, se dresse désormais un nouveau géant multiforme appelé l’Asie, dont le principal bras armé est à coup sûr la nouvelle Chine. Géopolitique oblige, le réalisme veut que nous collaborions – ou parfois nous nous affrontions – au sein de la même arène commerciale, alors que le défi est ailleurs : il s’agit de réussir à s’adapter à d’extraordinaires mutations technologiques et sociétales en préparation ou déjà à l’œuvre. A cet égard, l’ensemble de l’Asie – et particulièrement ce qu’il convient d’appeler le monde chinois (avec un socle culturel commun qui regroupe le Japon, les deux Corée et l’ex-Indochine dont le Vietnam) – a révélé ces dernières décennies des évolutions et aussi des performances enviables. Dans cette zone géographique hyper-dynamique et hyper-connectée, l’automatisation des moyens de production, la robotisation des services, le couplage de l’intelligence artificielle et des capacités humaines, la gestion et l’exploitation du Big Data au quotidien, les technologies financières les plus sophistiquées, les moyens de transport individuels et collectifs les plus innovants, l’écologie du vivant sous toutes ses formes et la lutte contre les impacts climatiques – tous ces éléments sont encore imparfaits, sans doute, mais déjà en place. Et surtout, ils sont déjà familiers à la totalité des populations. Ce qui revient à dire que leur cycle d’adoption est infiniment plus rapide que dans nos contrées, plus rétives au changement – notamment quand il s’agit d’innovations de rupture ! Or, le propos du présent ouvrage est clairement celui d’un changement de paradigme, ou encore d’une transformation radicale de notre modèle de développement économique et sociétal. Certains objecteront – non sans raison – que nous avons déjà vécu plusieurs révolutions d’envergure de ce type et que plaider le changement est plus aisé en Asie, avec un socle de classes moyennes moins ancien et moins large que chez nous. Sauf qu’au cours des quinze dernières années, les classes moyennes, qui préexistaient déjà au Japon et en Corée du Sud, ont progressé de manière exponentielle dans certaines régions – et notamment en Chine (la classe moyenne y vit aujourd’hui mieux que son équivalent italien ou français). Sauf que c’est le rythme du changement qui dicte à ce siècle le tempo des adaptations nécessaires – et à quelle allure ! Sauf que c’est de cette région du monde stratégiquement adossée à une Russie ambitieuse, désormais tournée vers l’Asie – et dont la réputation scientifique n’est plus à faire (une authentique pourvoyeuse de savants et de prix Nobel sur la durée) – que jailliront certaines des sources les plus abondantes en nouvelles technologies de pointe… L’explication est donc ailleurs. (…) » Ce livre est en vente directe sur notre site http://www.reorganisationdumonde.com , ou en passant par votre libraire.
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Communiqué de l’Association des climato-réalistes Paris le 5 juillet 2021 Dans un communiqué du 23 juin 2021, le Programme alimentaire mondial de l’ONU a déclaré que Madagascar était « le premier pays confronté à une famine liée au réchauffement climatique ». Cette déclaration fait suite à un séjour dans le sud de l’île de son directeur, David Beasley qui décrit des scènes dignes d’un « film d’horreur …certains habitants en venant à manger des lanières de cuir ». La presse française (Le Figaro, Le Parisien, France Info, l’OBS …) a unanimement et sans nuance repris cette déclaration. En réalité, le sud de Madagascar connaît des épisodes de sécheresse récurrents qui provoquent la famine (le kéré en malgache). Le premier kéré enregistré officiellement date de 1896. Depuis, le pays a connu seize épisodes de famine, dont le dernier, toujours en cours, a commencé en mai 2020. Paubert Mahatante Tsimanaraoty, enseignant-chercheur à l’université de Tuléar, a expliqué dans une conférence le 10 novembre 2020 que cette « dessication » existe depuis 6000 ans. La position géographique du sud de Madagascar prédispose la région à la sécheresse. Cette vulnérabilité est aggravée par le phénomène naturel El Niño. Le kéré est avant tout un problème politique a déclaré Paubert Mahatante Tsimanaraoty : « le gouvernement savait que ça allait arriver et n’a pas apporté les solutions attendues – tout comme les gouvernements précédents d’ailleurs. » Cette déclaration est en ligne avec les travaux du grand économiste indien Amartya Sen, prix Nobel d’économie, qui ont démontré que les famines sont pratiquement toujours causées, là où elles surviennent, par l’impéritie des dirigeants politiques en place, bien plus que par la météo. Les bonnes solutions à la famine demandent de bons diagnostics préalables. C’est la raison pour laquelle l’Association des climato-réalistes dénonce l’instrumentalisation de la misère humaine en vue de promouvoir la thèse controversée du réchauffement climatique anthropique.
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Mercredi 20 janvier, le gouvernement doit présenter en conseil des ministres le projet de loi référendaire visant à modifier l’article 1 de la Constitution en y ajoutant que “La République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et lutte contre le dérèglement climatique ». Pour Greenpeace France, ce référendum est un chiffon vert brandi pour détourner les regards d’un projet de loi climat par ailleurs vide de mesures structurantes et faire oublier le bilan catastrophique du gouvernement. « Après l’échec des petits pas, Emmanuel Macron tente un tour de passe-passe. Sans garanties sur l’accord des deux Chambres, ce projet de référendum sur la Constitution est avant tout une manœuvre de diversion. Si l’apport d’une telle réforme pose question sur le plan juridique, il est clair qu’elle n’aura aucun impact climatique à court terme, à l’inverse des autres propositions de la Convention citoyenne pour le climat, pourtant enterrées les unes après les autres par le même Emmanuel Macron. La grande cause de ce siècle mérite autre chose que des petits calculs politiciens destinés à semer la zizanie à droite et à gauche », commente Clément Sénéchal, chargé de campagne politiques climatiques pour Greenpeace France En ce qui concerne le besoin de renforcer le droit environnemental dans la Constitution, Greenpeace France insiste sur la nécessité d’y inscrire le principe de non-régression, d’après lequel la protection de l’environnement ne pourrait faire l’objet que d’une amélioration constante. L’organisation rappelle que l’Etat a déjà une obligation de lutte contre le changement climatique, au regard de la Charte de l’environnement, qui fait partie du bloc de constitutionnalité, mais également de nombreux textes internationaux et européens, comme l’accord de Paris, la Convention européenne des droits de l’Homme ou les directives énergie-climat européennes. Un recours administratif contre l’Etat pour “carence fautive” est d’ailleurs toujours en cours d’examen par le tribunal administratif de Paris, dans le cadre de l’Affaire du Siècle, portée par Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France et Oxfam France et soutenue par 2,3 millions de personnes. La décision du tribunal est attendue dans les prochaines semaines.
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Les coraux de l’ouest de l’océan Indien menacés par réchauffement climatique et la pêche Le réchauffement climatique mais aussi la pêche menaceraient les coraux de l’ouest de l’océan Indien, selon une étude. Les récifs pourraient même s’effondrer dans les 50 prochaines années. L’augmentation de la température de l’eau et la surpêche menacent les récifs coralliens de l’ouest de l’océan Indien, qui pourraient s’effondrer dans les 50 prochaines années, selon la toute première étude portant sur ces écosystèmes publiée lundi. Ses conclusions, diffusées dans le journal Nature Sustainability, préviennent que les coraux situés le long de la côte est de l’Afrique font face à un fort risque de disparition si des mesures urgentes ne sont pas prises. Lire aussi : Comment gagner la course contre la dégradation des océans ? Pour la première fois, des chercheurs ont pu évaluer la vulnérabilité de plusieurs récifs à travers l’ouest de l’océan Indien, et identifier les principales menaces à la santé des coraux. « Ces récifs risquent de s’effondrer » Les scientifiques estiment que tous les coraux de cette région font face à un effondrement total de l’écosystème et à des dommages irréversibles dans les décennies à venir. Plusieurs habitats coralliens sont d’ores et déjà en danger critique. Les conclusions sont assez graves. Ces récifs risquent de s’effondrer, a déclaré à l’AFP David Obura, fondateur de l’institut kényan de recherche sur les océans CORDIO East Africa et principal auteur de l’étude. Les récifs ne sont en bonne santé nulle part dans la région. Ils ont tous déjà décliné, et cela va continuer . L’étude, cosignée par l’Union internationale pour la conservation de la nature, a porté sur près de 12 000 km2 de récifs, qui représentent environ 5 % du total mondial. « Une double épreuve » Les récifs proches d’îles comme Maurice, les Seychelles, les Comores et Madagascar – des destinations touristiques populaires pour leurs écosystèmes marins, dont les récifs – sont les plus menacés, disent les chercheurs. Les récifs coralliens ne couvrent qu’une minuscule partie (0,2 %) du plancher océanique, mais abritent au moins un quart de toute la faune et la flore marines. Ils offrent également une protection contre les tempêtes et l’érosion des côtes mais aussi des emplois pour des millions d’humains. Pour David Obura, la santé des récifs est très précieuse et leur perte serait une double épreuve : Pour la biodiversité, mais aussi pour toutes sortes d’activités côtières qui dépendent des récifs. Longues vagues de chaleur marines Le réchauffement climatique représente la pire menace pour la santé des coraux dans l’ouest de l’océan Indien, où les scientifiques affirment que la température de l’eau augmente plus vite qu’ailleurs sur la planète. Les océans absorbent plus de 90 % de l’excès de chaleur des gaz à effet de serre, ce qui aide à refroidir les terres mais génère d’intenses et longues vagues de chaleur marines. Du Kenya à l’Afrique du Sud, la pression venant de la surpêche est également identifiée comme un autre risque. L’étude souligne le besoin de répondre au plus vite à ces deux menaces, globales et locales, dit Obura : Nous devons donner le plus de chance possible à ces coraux. Pour le faire, nous devons réduire ces facteurs, alléger la pression sur les coraux.
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Où ont été enfouis les déchets industriels français les plus toxiques (arsenic, amiante, cyanure, mercure, etc)? Il y en 41 700 tonnes. Ces déchets ont été enfouis sous la plus grande nappe phréatique d’Europe, dans le site de Stocamine une ancienne mine de potasse en Alsace, à quelque 550 m de profondeur. Cette nappe phréatique suivant la vallée du Rhin, se prolonge en Allemagne, aux Pays Bas et fournit la quasi-totalité des besoins en eau potable de la plaine du Rhin (1*). La quantité d’eau stockée, pour sa seule partie alsacienne, est estimée à environ 35 milliards de m3 d’eau. (23*) Il fallait y penser tout de même. Mettre les déchets industriels français les plus toxiques sous la plus grande nappe phréatique d’Europe, sachant que, l’eau potable va, à l’avenir, être une ressource de plus en plus précieuse, voire rare. Certains géopoliticiens et scientifiques envisagent même à l’avenir des pénuries d’eau pouvant causer des « guerres de l’eau ». (2*) Et bien, il y a des fonctionnaires qui sont payés pour avoir ce genre d’idées irresponsables. Concrètement en quoi est-ce un problème de mettre nos déchets les plus toxiques sous la plus grande nappe phréatique d’Europe? Les experts savent déjà avec certitude que dans un avenir proche la mine de Stocamine sera ennoyée (une centaines d’années en moyenne) (16*) et que, dans ce cas, la pollution se répendra, dans un premier temps, dans la nappe phréatique d’Alsace. Et après? Arrive alors une foule de problèmes associés. Mulhouse qui est a 11,5 km de Stocamine pourrait voir son eau du robinet polluée car certains puits de captage d’eau potable de cette ville sont dans la commune voisine de Stocamine. De nombreux autres puits de captage d’eau potable, proches, dans la nappe phréatique d’Alsace pourraient aussi être contaminés par les déchets chimiques de Stocamine. (24*) De plus, il y aurait aussi un risque de contamination des productions agricoles car les agriculteurs prélèvent l’eau de la nappe pour irriguer leurs cultures. Les sols seraient donc pollués et l’assiette du consommateur empoisonnée par des substances cancérigènes et mutagènes. (24*) Etant donné qu’il y a une correspondance entre la nappe phréatique et les plans d’eau en surface (gravières) comme les rivières et le Rhin, il y a nécessairement des risques de pollution et d’atteinte des milieux aquatiques. Mais, c’est aussi les animaux de passages qui peuvent être intoxiqués comme un sanglier, un oiseau migrateur ou un mulot. Alors, c’est toute une chaine alimentaire qui peut être contaminée avec les dangers que ça suppose pour la santé. (24*) Pour finir, le problème devrait aller en s’aggravant, avec les années, à cause du changement climatique. En effet, à cause des canicules et par manque de pluie et de neige, le niveau de la nappe phréatique d’Alsace baisse et ne se recharge déjà plus assez. (24*) (25*) C’est le cadeau empoisonné que nous laissons aux générations futures! Bravo ! Comment en est-on arrivé là? Les pouvoirs publics avaient rassuré la population en leur expliquant que ce projet était « parfait » et « réversible » en cas de problème. (3*) (4*) La réalité a prouvé le contraire. En 2002, après seulement 3 années de stockage de déchets toxiques à Stocamine, un incendie s’est déclenché après que des déchets non autorisés, à odeurs pestilentielles et inflammables aient été descendus en mine sur ordre de la direction de Stocamine. Faute de rentabilité, l’entreprise acceptait n’importe quel déchet spécial. (26*) Des erreurs ont alors été faites pour stopper ce sinistre. Plus de deux mois ont été nécessaire pour venir à bout de cet incendie. Aussi, incroyable que cela puisse paraître, aucune procédure n’avait été prévue en cas d’incendie! (5*) Comment est-il possible qu’aucune procédure en cas d’incendie n’ait été prévue pour un stockage aussi dangereux? Des mesures de sécurité fondamentales ont été violées par l’entreprise en raison de la priorité attribuée à la rentabilité du stockage souterrain. De plus, les autorités de contrôle n’ont pas été à la hauteur de leur mission, explique Marcos Buser géologue et spécialiste des déchets spéciaux (toxique et nucléaire). (6*) Malgré la prétendue réversibilité du projet, le site est resté 16 années sans solutions ! En effet, l’Etat a fait un petit tour de passe-passe pour permettre de laisser les déchets dans les profondeurs de la mine. Comment? En pervertissant la loi. En 2004, le député Michel Sordi, dépose un tout petit amendement à la loi n° 2004‐105 du 3 février 2004 pour qu’il soit possible de prolonger le stockage pour une durée illimitée à Stocamine, alors, qu’avant cette loi, c’était illégal. (7*) Pendant ce temps, les galeries ont rétrécies bien plus vite que prévus par les scientifiques et se sont de plus en plus refermées sur les déchets. (8*)(9*)(10*) En plus de cette convergence horizontale et verticale du sol, des parois et des toits, il y a une déformation des galeries, et des fractures dans les piliers. Quant au conditionnement des déchets, ils se trouvent le plus souvent en vrac dans des colis mous (big bag) facilement éventrables. Déjà 10% de ces big bag auraient subi des déchirements. D’autres déchets sont dans des fûts qui ont parfois subi une corrosion ou un gonflement. Cette situation est aggravée par des parements et des toits en contact, ou en pression sur de nombreux bigs-bags et fûts. Tout ceci alors que cela fait seulement 16 ans que les déchets sont enfouis ! Et, il y a encore bien d’autres problèmes concrets dans Stocamine. La liste est trés longue. Voici, quelques derniers exemples. -Des galeries de stockage ont été creusées à moins 25 m sous la couche de potasse, ce qui a entraîné l’effondrement partiel de certaines galeries. -Des palettes en bois ont cédé sous le poids des big-bags et à cause de mouvements de palettes induits par des mouvements du mur. – Mais surtout: Il y a des entrées d’eau dans les mines. A moyen-terme, elles atteindront le dépôt de déchets. (26*) -Et, le risque sismique a été minimisé, selon les syndicats miniers. (11*) C’est tout simplement une catastrophe. Sur ce, Nicolas Hulot Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire a alors commandé un rapport sur la faisabilité du déstockage au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), pour savoir si les déchets pouvaient être remontés à la surface. Conclusion de ce rapport: bonne nouvelle, le déstockage est possible. « Mauvaise nouvelle: Le BRGM met en place des obstacles au déstockage des déchets », écrit Marcos Buser. (6*) Alors qu’a décidé notre Ministre de la Transition Ecologique François de Rugy? En catimini, unilatéralement et au mépris de l’opposition locale du collectif Destocamine, il a fait diffuser sa décision dans la presse le 21 janvier 2019. Les déchets hautement toxiques resteront définitivement enfouis à Stocamine, principalement à cause du « coût du déstockage ». (12*) (13*) Combien coûterait le destockage selon le BRGM? 440 millions d’Euros maximum. (14*) « Mais les coûts du déstocke avancés par le rapport BRGM sont massivement surestimés et ne reflètent en aucune façon les expériences de déstocke réalisées dans des sites similaires en Allemagne » écrit Marcos Buser. (6*) Et, il ajoute « Saarmontan, l’entreprise allemande ayant travaillée sur le site, maintient qu’un déstockage est faisable à des coûts limités et en termes raisonnables.» (6*) Quand bien même, si on veut vraiment trouver de l’argent pour éviter un drâme écologique à venir, il y a des possibilités. Par exemple, le destockage pourrait être payé en utilisant une partie des 50 milliards d’euros de dividendes distribués cette année par le CAC 40 à leurs actionnaires. (18*) François de Rugy refuse le destockage aussi à cause de « risques de fuites de substances toxiques dans l’environnement ». (15*) Voilà un argument étonnant car « les experts admettent unanimement l’ennoyage de la mine à moyen terme (centaines d’années) » (16*) et tous les experts s’accordent à dire que dans ce cas il y aura inévitablement une pollution de la nappe phréatique si les déchets ne sont pas destokés. (24*) Par exemple, les syndicats miniers « jugent que la saumure polluée par le mercure, le cyanure et l’arsenic remontera inévitablement dans la nappe phréatique. » (17*) Le dernier argument de François de Rugy pour refuser le destockage sont les risques « d’accidents pour les personnes chargées du déstockage ». (15*) Il est vrai qu’avec ces produits stockés hautement dangereux les mineurs peuvent mettre en danger leur vie. Ceci en dit long sur la dangerosité de ces déchets. (19*) De plus, les équipements de protection contre les risques chimiques sont revétus qu’en cas d’urgence car trop lourds à porter. Néanmoins, « l’expérience des mineurs allemands, grands spécialistes des mines de potasse utilisés comme dépôts pour déchets spéciaux » (6*) pourrait pallier aux lourdes difficultées que pose le Destockage de Stocamine. « N’oublions pas finalement la possibilité de faire intervenir des engins et techniques de déstockage télécommandés », souligne Marcos Buser. Ceci a été fait sur les grands chantiers de déconstruction de décharges de déchets spéciaux en Suisse (ex. Bonfol, Kölliken). (26*) De son côté, le Prefet Laurent Touvet a, entre autre, justifié la décision du Ministre en disant que « les risques de pollution de la nappe phréatique sont minimes pour les 3 ou 5 ans à venir ». (12*) 3 ou 5 ans à venir ?! Ces échelles de temps sont absolument grotesques. D’autant plus lorsqu’on sait que ces déchets seront toxiques pour toujours. « Ils ne se dégradent pas. » (6*) Que penseront les générations présentes et futures de ce « cadeau » empoisonné laissé volontairement par une génération au dépourvu de leurs descendants ? Stocamine est un excellent exemple du type d’erreurs qui peut être fait en matière de stockage géologique de déchets toxiques (6*): -des problèmes mal anticipés par les scientifiques comme la convergence et le resserement des parois sur les déchets, -des contenants fragiles (ex: sac éventrés), -l’inexistence d’un protocole en cas d’incendie, -une gestion frauduleuse d’acceptation de déchets inflammables, -une gouvernance catastrophique du projet (ex: loi pervertie), -les promesses de réversibilité non tenues, -et n’oublions pas la décision anti écologique du Ministre de la Transition Ecologique, et les arguments non valables du Préfet. Quand on constate cette belle démonstration d’incompétence à gérer le centre de stockage de Stocamine et la « couverture des responsables » (26*) par les services de l’Etat, on comprend d’autant mieux les fortes craintes des militants de Bure en Meuse où il est prévu d’enfouir les déchets nucléaires les plus dangereux. « Sans démonstration de l’extraction intégrale des déchets de Stocamine, le projet d’enfouissement de déchets hautement radioactifs à Bure doit être fondamentalement mis en question ». (20*) 2 lois n’ont pas été respectées, à savoir: -le principe de précaution inscrit dans notre Constitution. (21*) -et la « Directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil » visant l’assurance d’une gestion des déchets qui ne mette pas en danger la santé humaine et l’environnement. (22*) Et une loi a été pervertie. Le Droit a été utilisé par l’État comme ça l’arrangeait. Au final, avec la fausse promesse de « réversibilité » de l’Etat, voilà un catastrophe écologique supplémentaire en perspective et en toute conscience léguée aux générations futures: eau potable et sous-sol pollués par des produits hautement dangereux, faune et flore sacrifiées. A moins que le recours judiciaire engagé, depuis peu, par Alsace Nature contraigne l’Etat à déstocker Stocamine et à traiter convenablement ces déchets. Le Tribunal Administratif de Strasbourg rendra son verdict le 15 mai prochain. Candice Vacle
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Lunettes rectangulaires et costume couleur crème, Jean-Pascal Van Ypersele, professeur de climatologie à l'Université catholique de Louvain, invité jeudi sur le plateau de la RTBF, lit le premier rapport du GIEC publié en 1990. "L'effet de serre accentuera les deux extrêmes du cycle hydrologique, c'est-à-dire qu'il y aura plus d'épisodes de pluies extrêmement abondantes et plus de sécheresses prononcées." Trente ans plus tard, ces prévisions semblent se réaliser. Vendredi, le bilan des intempéries dévastatrices en Europe a passé samedi la barre des 150 morts, la plupart en Allemagne, où les secours continuent à rechercher de nombreuses personnes portées disparues. "On ne peut pas dire que nous n'avons pas été avertis", soupire le climatologue à la télévision belge. Depuis les années 90, le GIEC alerte sur les dangers liés au réchauffement climatique risquant d'entraîner une alternance d'épisodes de chaleurs intenses avec des épisodes de très fortes précipitations. "Certaines des conséquences de l'évolution du climat, l'élévation du niveau de la mer par exemple, se manifesteront lentement, mais de façon continue, tandis que d'autres, telles que le déplacement des zones climatiques - qui affectera la fréquence de certaines conditions comme les crues, les inondations, les sécheresses et les perturbations violentes - pourraient être tout à fait imprévisibles", estimait le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat il y a 31 ans. "Mais c'est surtout dans le troisième rapport du groupe d'experts mandaté par l'ONU - en 2001 - qu'il est prévu une intensification des événements extrêmes", complète Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du groupe scientifique du GIEC et membre de l'Académie des sciences, contacté par L'Express. Malgré les alertes de la communauté scientifique, les autorités ferment les yeux devant les rapports du GIEC. Outre-Rhin, ces intempéries sont la pire catastrophe naturelle dans ce pays depuis la Seconde Guerre mondiale. De nombreux villages de l'ouest de l'Allemagne présentent une image de désolation. Dans cette vaste zone affectée par les inondations subites causées par des pluies diluviennes, le nombre de victimes a augmenté à au moins 103 morts, selon les autorités locales. "Ce que nous vivons aujourd'hui avait été anticipé. Le fait que les modèles climatiques aient correctement envisagé l'évolution du climat doit nous inciter à les prendre au sérieux", continue Jean Jouzel. En Allemagne et en Belgique, les intempéries ont été provoquées par une masse d'air froid qui se fixe au-dessus d'une zone géographique précise. Le chercheur belge François Gemenne, membre du GIEC et originaire de Liège, fortement touchée par les inondations expliquait dans L'Express : "Il faut d'abord comprendre que le réchauffement climatique amplifie l'intensité des phénomènes existant." En d'autres termes, si l'on ne réduit pas nos émissions de CO2, il fera plus chaud et le climat sera de plus en plus déréglé. "Ce dont on était certains dans le premier rapport du GIEC, c'est que si on continuait à émettre des gaz à effet de serre, les températures augmenteraient au cours du XXIe siècle", reprend Jean Jouzel. Déjà, en 1990, le GIEC prévoyait une hausse maximale de 3°C de la température moyenne du globe à la fin du XXIe siècle. Ces estimations ne cesseront d'augmenter au fil des années. Le deuxième rapport du GIEC atteste d'une augmentation de 3,5°C, puis 3,6 °C en 2001 avant une prévision maximale à 4 °C en 2007. Par ailleurs, les premiers travaux du groupe scientifique établissaient aussi "les émissions dues aux activités humaines accroissent sensiblement la concentration dans l'atmosphère des gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, chlorofluorocarbones (CFC) et oxyde nitreux". Mais à l'époque, le GIEC n'a pas encore les moyens d'affirmer fermement le lien entre les activités humaines et le réchauffement climatique. Si ces travaux ont émergé à une période où l'on parlait encore trop peu du réchauffement climatique, ils ont tout de même permis à l'Assemblée générale des Nations Unies d'élaborer une Convention-cadre sur les changements climatiques (CCNUCC), mise au point en mai 1992, qui a reconnu l'existence du changement climatique d'origine humaine. "Il aurait fallu prendre au sérieux le diagnostic des scientifiques. Notre problème, c'est qu'il y a un décalage entre les causes du réchauffement climatique et les conséquences. J'aimerais bien que les projections de la communauté scientifique faites pour 2050 soient prises au sérieux", conclut Jean Jouzel.
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C’est celui qui dit qui l’est… Partagez Volti ****** Par Anne-Sophie Chazaud pour RT-France Selon Anne-Sophie Chazaud, philosophe et essayiste, plus le temps passe et plus les mesures du pouvoir semblent relever du «fake» tant dénoncé par ses propres prometteurs, du simulacre de démocratie dans la gouvernance de l’extrême centre macronien. Les institutions ont été vidées de leur substance les unes après les autres, le Parlement n’est plus qu’une chambre d’enregistrement, la justice ne veille plus que dans un lointain souvenir à la protection des libertés des citoyens, les contre-pouvoirs n’existent plus et, lorsque c’est le cas, comme par exemple avec les réseaux sociaux ou les médias indépendants, l’on s’empresse d’essayer de les étouffer. C’est à présent au tour du référendum de faire l’objet de sa réduction au statut de simulacre, de gadget masquant à grand-peine la dérive anti-démocratique du régime. Emmanuel Macron a en effet décidé de mettre en place un référendum visant à introduire les notions de biodiversité, d’environnement, de lutte contre le réchauffement climatique dans l’article 1 de la Constitution, sachant que la protection de l’environnement figure déjà dans la Constitution. Outre l’aspect creux et redondant du procédé, et par ailleurs éminemment récupérateur d’une thématique électoraliste en vogue, l’on ne peut que s’étonner de ce que le choix de la consultation directe des citoyens porte sur ce sujet hautement consensuel, quand la gouvernance macronienne se caractérise par tant de sujets de profonde discorde. Un référendum sur la réforme des retraites ? N’y pensez pas ! Un référendum sur l’extension de l’initiative citoyenne dans le processus législatif ? Populistes, Gaulois réfractaires et haineux ! Un référendum sur la submersion migratoire ? Xénophobes ! Un référendum sur l’islamisme ? Islamophobes ! Un référendum sur les lois de bioéthique ? Réactionnaires, ringards ! Un référendum sur l’Europe qui ne serait pas foulé aux pieds dans la minute suivante ? Souverainistes ! Un référendum sur la restriction tous azimuts de nos libertés fondamentales ? Trop démocratique ! Un référendum sur le projet de loi hautement discriminatoire et liberticide visant à pérenniser l’état d’urgence sanitaire et à créer des catégories de citoyens de seconde zone ? N’y pensez même pas ! Ce sera donc, dans la caverne de Platon où tout n’est que simulacre, un référendum pour savoir si l’eau ça mouille et si tout le monde aime les bébés phoques. Nul doute qu’on espère ainsi, comme à chaque fois, occuper la galerie pour pouvoir, ce faisant, continuer de détruire le pays et ce qu’il reste de l’Etat/nation-Providence, comme avec, par exemple, ce projet de livrer EDF à la prédation néo-libérale, comme on tenta de le faire avec ADP (ce qui a échoué non pas grâce à un référendum populaire mais du fait unique de la crise sanitaire et de son impact sur le marché aérien). L’Absurdistan, cache-sexe du Tyrannistan et de la dictature sanitaire en marche, soyons-en certains, n’a pas perdu le (pôle) Nord et n’a pour seul objectif que d’estourbir les citoyens en les faisant prendre part à des mesures gadgets, secondaires, quand le cœur du patrimoine français, qu’il soit culturel, industriel, économique, est livré aux bons amis (donneurs d’ordre de cette gouvernance) ou aux mauvais larrons de passage. La question que l’on est en droit de se poser de plus en plus fréquemment, au rythme où vont les choses dans cette dérive antidémocratique sur fond, pour le moment, de relative apathie citoyenne, est cette interrogation capitale de La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire: «Qui garde le tyran quand il dort ?». Anne-Sophie Chazaud
biased
Mediapart, c’est le site d’Edwy Plenel, donc l’extrême gauche. Mediapart, c’est ce média qui pense qu’Emmanuel Macron mène une politique de casse du service public au nom d’un ultra-néo-libéralisme autoritaire et destructeur. Et Mediapart, c’est aussi cette entreprise de presse florissante qui avait décidé en toute illégalité de s’appliquer une TVA de 2,1 % au lieu des 19,6 % (puis 20 %) prévus pour la presse en ligne tout en pourchassant de sa vindicte tous ces « riches » qui se livrent en toute légalité à une optimisation fiscale a-bo-mi-nable. Quant à François de Rugy, c’est le traître de la pièce. Traître à la gauche de la gauche, naturellement – vu de Mediapart, y a-t-il plus terrible outrage moral ? D’abord écologiste, mais surtout pressé de devenir ministre, il est passé d’EELV au PS en dénonçant au passage la dérive gauchiste des Verts (2016). Puis, candidat à la primaire de gauche en janvier 2017, il piétine son engagement de soutenir le vainqueur – Benoît Hamon, un vrai homme de gauche, lui – et file chez Macron dont il a pourtant expliqué seulement un mois auparavant combien il doutait de sa fibre écologiste et combien sa politique des ralliements lui déplaisait. Non seulement un traître, mais aussi une girouette, un opportuniste et un ambitieux, il est certes tout cela, au point que ses anciens collègues d’EELV voyaient en lui « la caricature du professionnel de la politique »... Et on le découvre maintenant très à l’aise, c’est le moins qu’on puisse dire, dans les ors de la République, ses homards, ses vins millésimés et ses petites opacités pratiques, ainsi que l’a révélé Mediapart dès la semaine dernière, alors qu’il ne fut pas le dernier en tant que député à demander une moralisation de la vie publique : L’ARROSEUR ARROSÉ L’arroseur arrosé, en quelque sorte, exactement comme Jérôme Cahuzac vis-à-vis de la fraude fiscale contre laquelle il voulait lutter. Bref, une proie de choix pour Mediapart. Tout comme Jérôme Cahuzac, François de Rugy n’est pas exactement ce qu’Edwy Plenel appelle un homme de gauche. Le premier avait beau être socialiste de longue date, il n’en était pas moins rocardien, chirurgien et riche. Quant à Rugy, s’il a toujours évolué à gauche, il a rejoint Macron, c’est tout dire. Les gauchistes ont souvent montré au cours de l’histoire qu’ils n’abhorrent rien tant que les socio-démocrates, ces faux socialistes qui ont oublié Marx et Lénine quelque part en chemin pour reconnaître quelques vertus au marché – notamment celle de produire de la richesse qui pourra être impitoyablement taxée, mais c’est une autre histoire1. Est-ce à dire que François de Rugy est l’injuste victime d’une énième tentative de l’extrême gauche d’affaiblir Emmanuel Macron et son gouvernement ? Reconnaissons à Mediapart d’avoir méticuleusement mené son affaire. L’issue politique recherchée – la démission du ministre – n’était pas certaine, mais l’objectif entrepreneurial qui consistait à gonfler les ventes à une période estivale où l’intérêt des lecteurs s’émousse un peu, sur le modèle de l’affaire Benalla pour le journal Le Monde il y a tout juste un an, a sans aucun doute été largement atteint. Admirons également le crescendo soigné : d’abord « la vie de château » à l’Assemblée nationale, puis la rénovation de son logement de ministre, puis les abus concernant le bénéfice d’une HLM pour sa directrice de cabinet – à laquelle François de Rugy a immédiatement demandé de démissionner, puis son propre logement « à vocation sociale » et enfin, cerise sur un gâteau déjà bien chargé qui a précipité la chute finale, les cotisations versées à EELV prises sur son IRFM (Indemnité représentative des frais de mandat des parlementaires) et surtout déduites ensuite de son impôt sur le revenu. PISCINES D’ARGENT PUBLIC Rien de tout cela n’est clairement illégal (sauf peut-être le dernier point), mais tout indique cependant que pour un François de Rugy devenu personnage important de l’État, comme pour tous les Cahuzac, Thévenoud, Fillon, Benalla, etc. l’argent public est une vaste piscine dans laquelle on peut se servir sans retenue. Il y a aura toujours une excellente raison à avancer : je suis député de la France, moi, Monsieur ! Je suis Président de l’Assemblée nationale, je suis ministre, MI-NI-STRE ! Il est assez effarant de penser que les dîners de François de Rugy et son épouse ont eu lieu après l’affaire Fillon, comme si rien, jamais, ne pouvait entamer la bonne conscience de nos politiciens si dévoués à la cause publique et à l’intérêt général. Les entendre expliquer ensuite qu’il s’agissait de « garder le contact avec la réalité » est simplement insupportable alors que toutes les contraintes possibles – taxes sur l’électricité, le gaz et les carburants, limitations de vitesse, fin programmée des véhicules thermiques, pour parler de ce qui concerne le ministère de l’Écologie – s’empilent irréversiblement sur les citoyens. Ainsi que je l’écrivais déjà à l’occasion des affaires précitées, la puissance de l’État concrétisée par ses dépenses publiques équivalentes à 56 % du PIB, ainsi que les postes, les honneurs et les deniers publics afférents se répandent comme « une lèpre » dans tous les recoins de la société, entraînant partout ambition maladive, jalousies pour avoir les bonnes places, corruption rampante et incompétence récurrente, ainsi qu’une adaptation des individus en général au bon vouloir de l’État. Le terreau idéal pour voir fleurir des Fillon et des Rugy, des Benalla et des Cahuzac, ceux qu’on connaît et tous ceux qu’on ignore, mais qui sont bien là, dans l’administration, dans les ministères, dans les collectivités territoriales, au parlement européen, bref partout où il existe une autorité d’État qui vit de l’argent des autres, c’est-à-dire à peu près partout. Un terreau idéal pour que l’État tout-puissant se retrouve régulièrement pris la main dans le sac des manquements et des prébendes de ses trop nombreux protégés, donnant ainsi facilement prise au chantage pour la plus grande satisfaction de tel ou tel opposant à tout changement, comme c’est le cas aujourd’hui avec les homards du ministre de l’Écologie. La France et les Français se trouveront-ils mieux maintenant que François de Rugy a donné sa démission ? Ils auront certes la satisfaction de savoir qu’un indélicat de plus a été renvoyé à ses petites bassesses. Mais attendons-nous à voir arriver un ministre de l’Écologie2 qui aura pour mission de se montrer encore plus déterminé, c’est-à-dire encore plus dirigiste, pour faire baisser la pression politique de l’ultra-gauche, de Ruffin à Barrau et de Vargas à Mediapart. Et n’imaginons surtout pas qu’une énième « loi de transparence de la vie publique » encore plus pointilleuse fera l’affaire. On pourra toujours évincer du système quelques élus véreux, histoire de montrer que l’État se veut vertueux – et bien sûr il faut le faire – mais c’est l’État lui-même, infiltré partout dans des proportions inusitées dans le monde, qu’il faut raccourcir, aussi bien à des fins de prospérité économique qu’à des fins de moralisation de la vie publique et de respect de l’État de droit. — Sur le web
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En entérinant un nouveau régime multilatéral sur le climat, l’Accord de Paris a impulsé une dynamique inédite, à travers ses objectifs ambitieux : orienter les pays vers des trajectoires de développement bas-carbone et résilientes au changement climatique ; passer à une économie mondiale neutre en émissions de gaz à effet de serre avant la fin du siècle ; enfin, canaliser les flux financiers ainsi requis pour une reconfiguration profonde des économies. Une telle ambition suppose faire converger dès maintenant l’ensemble des acteurs vers ces objectifs. La COP22, dite « COP de l’action », peut et doit y contribuer. Sur la lancée de la COP21 L’Accord de Paris apportait un signal fort, et la dynamique de sa ratification a été surprenante par sa rapidité. Qui aurait pu imaginer, le 12 décembre 2015, que ce texte, déjà signé par 97 États responsables de plus des deux-tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, entrerait en vigueur le 4 novembre 2016, juste avant le démarrage de la COP22 ? C’est le traité international le plus rapidement entré en vigueur de l’Histoire. Il fournit avant tout un cadre à long terme pour l’action dans la lutte contre le changement climatique. Mais il convient désormais de le nourrir afin de mobiliser l’action de l’ensemble des États et des acteurs non-étatiques, et cela sans attendre 2020, date de fin de la deuxième période d’engagement du protocole de Kyoto. La climatologue Valérie Masson-Delmotte revient sur l’Accord de Paris (universcience.tv, 2016). Au terme des deux semaines de la COP22, la réussite du sommet pourra se juger à l’aune des avancées sur sept enjeux principaux. Trois de ces enjeux relèvent directement de la responsabilité de la présidence marocaine et des négociateurs mandatés par les différents États. Mais les quatre autres relèvent de la mobilisation des acteurs non-étatiques dans le cadre de l’Agenda mondial de l’action climatique, auquel les deux « championnes de haut niveau » Laurence Tubiana et Hakima El Haite apportent leur contribution. 1. Fixer des objectifs universels Premier enjeu pour les négociateurs, et en particulier la présidence marocaine : maintenir le caractère universel de l’Accord de Paris, qui en fixant les mêmes objectifs à tous les États, développés et en développement, les inclut dans un régime commun, même si celui-ci demeure différencié en fonction des circonstances nationales. La ratification rapide – et inespérée – des États permet à l’Accord de Paris d’entrer en vigueur avant le début de la COP22 et donc la première conférence des Parties à l’Accord de Paris doit se tenir concomitamment, avec pour objectif de déboucher sur un paquet de décisions à adopter en 2018, lors de la COP24. Cela signifie que les États qui n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris (au sein du G20 par exemple, cela concerne l’Australie, le Japon, la Russie et la Turquie) ne peuvent pas participer formellement à la prise de décision dans le cadre de l’Accord, mais qu’ils devront néanmoins être associés aux discussions, afin d’éviter des remises en cause ultérieures. Hakima El Haite, la ministre marocaine de l’Environnement, et Laurence Tubiana, ambassadrice française chargée des négociations sur le changement climatique. UNclimatechange/Flickr, CC BY 2. Concrétiser l’aide aux pays en développement Deuxième enjeu : les détails des moyens promis aux pays en développement, pour les aider à atteindre leurs objectifs dans le cadre de l’Accord de Paris, demandent à être précisés. Il s’agit notamment des outils et moyens visant : au renforcement des capacités de ces pays en développement pour l’atteinte des objectifs ; à la mobilisation de flux financiers internationaux s’élevant au minimum à 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 ; à la mise en œuvre des politiques nationales contenues dans les engagements volontaires des États, maintenant appelés Nationally Determined Contributions ; enfin, à la stimulation des transferts de technologies. 3. Évaluer les avancées Troisième et dernier enjeu de taille pour les négociateurs : entamer les discussions sur la construction du cadre de transparence dans lequel s’inscrivent désormais l’ensemble des acteurs, et qui doit permettre de faire, au fil du temps, un état des lieux des avancées par rapport aux objectifs de l’Accord de Paris. Ce cadre de transparence devra s’appuyer sur des indicateurs pertinents, relatifs évidemment aux inventaires d’émissions de gaz à effet de serre des États, mais aussi aux politiques mises en œuvre et aux transformations sectorielles obtenues. Ce cadre de transparence est essentiel, car il permettra d’informer et de guider l’action des États, mais également celle des acteurs non-étatiques. Cette transparence constitue à la fois le gage du respect des engagements actuels et le principal moteur du renforcement de l’ambition des actions climatiques, qui demeure indispensable pour rester en dessous de 2 °C d’augmentation de la température moyenne. 4. Soutenir les initiatives territoriales Tout au long de la COP22, les initiatives et engagements des acteurs non-étatiques, soutenus le cas échéant par les États, viendront nourrir l’agenda mondial de l’action climatique. Cette mobilisation non-étatique s’articule autour de quatre types d’acteurs. Première mobilisation à confirmer, celle des collectivités territoriales. Fer de lance de la transition vers des économies bas-carbone, aux premières loges pour les questions liées à l’accès à l’énergie ou aux transports, mais aussi à l’adaptation et à la résilience des territoires, les collectivités territoriales – ou pour utiliser la terminologie anglo-saxonne, les acteurs infranationaux – ont vu leur rôle reconnu dans le cadre de l’Accord de Paris. Les réseaux et coalitions de ces acteurs (ICLEI, Cités et Gouvernements locaux unis, C40, Cities Climate Finance Leadership Alliance…) regroupent des collectivités de tailles diverses, allant de quelques milliers d’habitants jusqu’à la Californie, sixième économie du monde. Leur plus petite taille et les projets cohérents « de territoire » qu’ils peuvent construire autour de la transition énergétique leur permet d’amplifier l’action des États. La lutte contre changement climatique est par ailleurs inscrite dans le nouvel agenda urbain adopté à Quito il y a quelques semaines lors de la Conférence Habitat III. 5. Impliquer le secteur financier Deuxième communauté à impliquer : celles des acteurs du secteur financier, qu’ils soient assureurs, investisseurs, gestionnaires d’actifs, banquiers, régulateurs. Peu présents sur ces questions il y a encore cinq ans, ces acteurs ont également vu leur rôle souligné par l’Accord de Paris, avec son objectif « d’alignement des flux financiers » sur les objectifs climatiques. Les coalitions ont également fleuri (Portfolio Decarbonization Coalition, Global Investor Coalition on Climate Change, 5 Voluntary Principles for Climate Mainstreaming…), invitant les institutions signataires à évaluer et publier leur exposition au risque carbone, à réduire l’empreinte carbone de leur portefeuille, à engager un dialogue actionnarial ou encore à « désinvestir » des énergies fossiles. Les événements en amont de la COP (Climate Finance Day, IDFC Climate Finance Forum) ou au cours de celle-ci permettront à ces acteurs de présenter leurs avancées et de renforcer leurs engagements. 6. Instaurer des prix du carbone Troisième mobilisation d’acteurs à conforter, même si elle est plus protéiforme : celle des entreprises mettant en place des prix internes du carbone, afin d’orienter les comportements et les investissements de leurs cadres, chercheurs, salariés, clients, prestataires… Ces prix internes du carbone permettent aux entreprises d’anticiper et parfois de compléter les prix du carbone mis en place par les États. Carte des marchés carbone et autres mécanismes de tarification du carbone existants ou à l’étude dans le monde. I4CE (2016), Author provided Mettre en place des prix du carbone ne constitue pas l’alpha et l’oméga de la transition vers une économie bas-carbone, mais c’en est une condition nécessaire. Cet outil a été popularisé au niveau des entreprises, des collectivités territoriales et des États par un certain nombre d’initiatives menées notamment par les Nations unies ou par la Banque mondiale (Carbon Disclosure Project, Business Leadership on Carbon Pricing, Carbon Pricing Leadership Coalition…). 7. Repenser l’agriculture Quatrième et dernière coalition, stratégiquement importante : celle relative aux engagements et actions autour de l’initiative « Triple A – Adaptation de l’agriculture africaine ». Cette initiative, portée notamment par le pays hôte de la COP22, est doublement intéressante. D’une part, le changement climatique menace particulièrement l’agriculture, souvent fragile, de ce continent. Ensuite, la perspective d’un monde neutre en émissions de gaz à effet de serre ouvre pour l’agriculture, pour les nouvelles pratiques dans l’utilisation des terres et enfin pour les sources d’énergie et matériaux biosourcés un vaste champ de possibilités nouvelles. Ces opportunités doivent être gérées de manière coordonnée et s’appuyer aussi sur l’initiative « 4 pour 1 000 » (augmenter de 4 pour 1 000 la capacité de stockage du carbone dans les sols), présentée par la France l’an dernier à la COP21. Le projet « 4 pour 1000 » (Alim’agri, 2015). Pas de temps pour les temps morts Pour remplir son mandat de « COP de l’action », la Conférence de Marrakech devra donc déboucher sur des progrès significatifs sur ces sept enjeux. Cela afin de renforcer la crédibilité de l’Accord de Paris, tout en amplifiant sa capacité à mobiliser tous les acteurs. Cela pourrait passer, au-delà des engagements individuels des différents acteurs, par un accord à Marrakech sur une feuille de route contribuant dès maintenant à conforter l’agenda mondial de l’action climatique, et permettant aux négociateurs d’arriver à des décisions sur ce terrain au plus tard en 2018. Après le succès de l’Accord de Paris, l’urgence climatique demeure et il ne faut pas de temps mort : la COP de Marrakech doit marquer de nouvelles avancées.
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Quand la science climatique hoquette Par Rémy Prud’homme, Professeur des universités (émérite) Le 31 octobre 2018, la prestigieuse revue scientifique Nature publiait un important article sur le réchauffement des océans. Cet article était signé d’une demi douzaine de chercheurs d’institutions réputées (Université Princeton, Université Fudan de Shanghai, Centre de recherche sur les océans de Kiel), y compris un Français cumulard, qui se déclare affilié à la fois à l’Ecole Normale Supérieure, à l’Ecole Polytechnique, à l’Université Sorbonne, et au CNRS. Répétons-le : il ne s’agissait pas d’un article publié par un débutant dans une revue de deuxième ordre, à prendre avec prudence, mais de ce qui se fait de plus solide en matière de science climatique. Cet article démontrait que les océans se réchauffent bien plus rapidement qu’on ne le pensait jusqu’alors, et donc que la « sensibilité climatique » – l’augmentation de la température moyenne du globe causée par un doublement de la teneur en CO2 de l’atmosphère – est bien plus élevée que ce que l’on croyait, en bref que nous allons griller encore plus tôt que prévu. Le doute n’était pas permis, la science climatique avait parlé. En réalité, elle avait hoqueté. L’article était bidon. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la science elle-même qui le reconnaît. Nature a demandé aux auteurs de retirer leur article, ils se sont exécutés et ils ont, la queue entre les jambes, publié en septembre 2019 dans Nature une « rétractation ». Ce trébuchement de la science donne à penser. Il ne dit rien ou pas grand chose sur l’avenir de la planète, mais il éclaire trois ou quatre points. Le premier concerne la complexité de la science climatique. Les auteurs sont des océanographes réputés, dont la démonstration repose sur des analyses statistiques. On peut être bon océanographe et mauvais économètre. Le chercheur amateur qui a débusqué le lièvre est peut-être un mauvais océanographe, mais il est un statisticien sérieux, et il trouvé une erreur (au demeurant assez grossière) dans les calculs effectués. Le second se rapporte à la faillibilité du système de publication sur lequel repose la science. La pluralité des auteurs assure en principe la correction des erreurs que tout un chacun peut commettre. Surtout, la relecture à l’aveugle par au moins deux experts indépendants du manuscrit envoyé à la revue, ce qu’on appelle la révision par les pairs, est supposée empêcher la publication des articles indignes. La qualité, la crédibilité, d’une revue dépend de l’efficacité de ce processus. En l’occurrence, il n’a évidemment pas bien fonctionné. Le peer-reviewing a été un pire-reviewing. Si cela arrive avec Nature, cela doit arriver plus souvent encore avec des revues moins prestigieuses. Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l‘eau du bain et de condamner ce procédé. Mais il convient d’être critique, et de pratiquer le doute cartésien : on a besoin de climato-sceptiques. Le fait que les conséquences de l’article allaient dans le sens du réchauffisme (ou de l’écologisme comme dit Bruno Durieux) dominant explique sans doute en partie ce fiasco. Ce fait a pu émousser l’esprit critique des réviseurs. Il explique certainement l’ampleur et la chaleur de l’accueil médiatique de l’article. Des dizaines de « grands journaux » ont titré en première page : « la science prouve que le réchauffement s’accélère ». Gageons qu’ils ne donneront pas la même ampleur à la rétractation intervenue. On notera enfin que le système scientifique a en l’espèce plutôt bien fonctionné. Le David amateur qui a refait les calculs et lancé l’alerte a finalement triomphé des Goliaths patentés qui s’étaient trompés. Nature a eu l’honnêteté de le reconnaître. La science ne s’en sort pas si mal. Comme on voudrait que les médias et les politiques fassent sur ce sujet la moitié du même chemin !
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La Grèce frappée par « la pire canicule » depuis plus de 30 ans La Grèce est frappée par « la pire canicule depuis 1987 », il y a plus de 30 ans, a prévenu le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, alors que le mercure devait atteindre 45 degrés ce lundi 2 août dans certaines régions. Depuis jeudi, la Grèce traverse une période caniculaire qui devrait atteindre un pic ce lundi 2 et mardi 3 août, selon les prévisions météorologiques. Elle avait été touchée par une vague de chaleur similaire en juillet 1987, qui avait surtout touché Athènes et fait plus d’un millier de morts, en raison du manque de climatisation et de la pollution atmosphérique. « Nous faisons face à la pire canicule depuis 1987 » ce qui provoque « une charge du réseau de l’électricité », a déclaré le Premier ministre à l’issue d’une réunion avec des responsables de l’opérateur grec de distribution électrique, Admie. Kyriakos Mitsotakis a assuré que les autorités « faisaient tout ce qu’il était possible pour faire face à la situation » et exhorté les utilisateurs à « limiter leur consommation surtout au début d’après-midi et pendant la nuit ». Des maximales à 45 °C Les services météorologiques ont prévu pour lundi et mardi des températures de 40 à 42 °C sur les îles et de 41 à 43 °C sur le continent, avec des maximales de 44 à 45 °C dans le Péloponnèse et en Thessalie (nord). Lire aussi. EN IMAGES. Turquie, Grèce, Italie, Espagne… Les flammes ravagent le sud de l’Europe À Athènes, le mercure va dépasser les 40 °C, avec des maximales de 43 °C, et des minimales de 31 °C, selon les services météorologiques grecs. Plusieurs incendies se sont déclarés en Grèce le week-end dernier, sans faire de victime, surtout sur l’île de Rhodes et le nord-ouest du Péloponnèse. Ces deux incendies étaient « en récession » lundi mais les pompiers s’efforçaient toujours de les maîtriser. Du changement à la « menace » climatique « En juillet nous avons eu 1 584 feux contre 953 en 2019 », a déclaré le vice-ministre de la protection civile Nikos Hardalias sur Star TV, estimant que « l’on ne parle plus de changement climatique mais de menace climatique ». « Nous sommes dans une phase de dérégulation climatique absolue », a-t-il dit également sur la télévision publique ERT, précisant qu’« au cours des dernières 48 heures, nous avons eu 116 incendies » en Grèce. Selon les scientifiques, les canicules sont un marqueur sans équivoque du réchauffement de la planète et ces vagues de chaleur sont appelées à encore se multiplier, s’allonger et s’intensifier.
true
Par le Minarchiste depuis Montréal, Québec. Les sept questions à se poser concernant le « réchauffement climatique » Premièrement, la terre se réchauffe-t-elle ? La réponse est évidemment oui, et ce depuis plusieurs millénaires. Cependant, cela n’est pas suffisant pour justifier une quelconque politique coercitive. Deuxièmement, la terre se réchauffe-t-elle à un rythme alarmant et exponentiel ? Malgré ce qu’affirme la propagande des médias pro-écolos, il ne semble pas que ce soit le cas. En fait, aucun réchauffement anormal n’a été observé depuis 1998. Ce graphique compare les températures observées aux prévisions du GIEC : On constate que les températures observées sont plus basses que les modèles les plus optimistes ! La capacité de prévision de ces modèles doit clairement être remise en question. La troisième question qui me vient ensuite à l’esprit concerne l’impact de l’humain sur ledit réchauffement. Les modèles du GIEC semblent avoir isolé le CO2 comme grand responsable. Pourtant, d’autres chercheurs ont trouvé des alternatives très plausibles, comme par exemple les rayons cosmiques. Cependant, les propagandistes verts contrôlent les médias, c’est pourquoi nous n’en entendons pas vraiment parler. Le graphique suivant montre pourtant que leur modèle semble tenir la route. La quatrième question concerne évidemment les conséquences du réchauffement, comme par exemple la fameuse hausse du niveau des océans. À cet égard, il est évident qu’on tente de nous faire peur pour rien. Tout d’abord, ce qu’il faut savoir est que le niveau des océans a toujours augmenté et ce depuis la fin de la dernière glaciation. La vraie question est de savoir si l’augmentation a été plus accentuée ces dernières années et, si c’est le cas, quelle différence cela fera. Par ailleurs, les études ne montrent aucune corrélation entre le réchauffement et la fréquence des ouragans, sécheresses et feux de forêts. La peur est un bon moyen de faire vendre (voir ceci). D’où ma cinquième question : qui essaie de nous vendre quoi ? La réponse est multiple : les politiciens veulent nous vendre des votes, les fonctionnaires veulent nous taxer pour continuer de grossir leur empire, les chercheurs scientifiques veulent être publiés et subventionnés, les ONG environnementalistes veulent des dons (pour payer leurs salaires exorbitants, voir le tableau ci-bas), les sociétés d’électricité et d’ingénierie veulent nous vendre des éoliennes et des panneaux solaires, les banques veulent les financer à grands coup de dette. Finalement, on ignore complètement de mentionner que le réchauffement global n’a pas que des conséquences négatives, il engendre aussi des bénéfices. Cela nous amène à ma sixième question : est-ce que le réchauffement global est présentement le problème le plus important de l’humanité, au point tel qu’il faille réduire notre niveau de vie et dépenser des milliards pour le régler ? La réponse à cette question est un NON catégorique ! Cependant, les autres problèmes de l’humanité ne permettent pas une telle convergence entre les intérêts des politiciens, des fonctionnaires, des chercheurs, des ONGs, des corporations et des banques. C’est pourquoi ils sont rapidement balayés sous le tapis. Par ailleurs, de là émerge une septième question : tous ces efforts peuvent-ils vraiment avoir un impact significatif sur le climat et notre qualité de vie future ? Là aussi, les doutes sont élevés. Vaut-il vraiment la peine de réduire notre niveau de vie et de dépenser des milliards pour ne ralentir le réchauffement que de quelques centièmes de degrés après cent ans ? Sinon, cet argent ne serait-il peut-être pas mieux dépensé pour nous adapter au changement plutôt que d’être gaspillé à le combattre en vain ? Des questions ignorées des grands médias Ces questions cruciales sont pourtant complètement ignorées par les grands médias. Pendant ce temps, le simple fait de les poser et de tenter d’y voir clair à travers toute cette propagande et ces débats polarisés fait en sorte de nous stigmatiser et de nous faire traiter de toutes sortes de qualificatifs péjoratifs. Dans son excellent livre Risk, l’auteur Dan Gardner aborde le sujet des biais cognitifs. De nombreux biais sont à l’œuvre lorsqu’il est question des changements climatiques, ce qui contribue à la confusion du grand public à cet égard. Le biais de confirmation est très présent dans la sphère environnementaliste. Tout d’abord, les médias ne présentent que les nouvelles confirmant qu’une catastrophe climatique grave est en cours. Toutes les preuves scientifiques démontrant qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter ou que les choses sont moins pire qu’on ne le dit (et il y en a constamment) sont totalement ignorées par les médias. Le citoyen moyen en conclut forcément qu’il y a unanimité parmi les scientifiques à l’égard du risque élevé que posent les changements climatiques, alors que ce n’est vraiment pas le cas. Les médias ont aussi déclenché l’heuristique de disponibilité (la règle de l’exemple). En placardant leurs bulletins de nouvelles de conséquences potentiellement négatives des changements climatiques, ils ont bien inséré ces choses dans le cerveau des gens, ce qui pousse la population à surestimer la probabilité de ces événements. Par ailleurs, comme les gens accordent généralement plus de crédibilité aux études scientifiques qui démontrent un danger ou un risque, qu’à celles qui démontrent qu’il n’y en a pas, les gens sont très vulnérables à ces scénarios catastrophistes. La polarisation de groupe fait aussi son œuvre dans cette histoire. Il est devenu très mal vu d’être sceptique envers le réchauffement global. En fait, le concept de lutte contre le changement climatique est presque devenu une religion. Impossible de soulever un doute en public sans que le tribunal inquisitoire nous condamne à la mort par lapidation. Cela crée une dynamique dans laquelle l’extrémisme devient la norme. L’analogie avec la religion est d’ailleurs très bonne : l’humain commet des péchés capitaux en bénéficiant d’un niveau de vie « abusif » qui détruit l’environnement, ce qui mènera à un Armageddon écologique ; pour l’éviter nous devons écouter la parole des prophètes verts et suivre les recommandations des messies de Gaïa, en adoptant un mode de vie plus minimaliste, faire autrement est considéré « immoral ». D’autre part, les balises (ou heuristiques d’ajustement) ont été grandement utilisées par les réchauffistes pour manipuler l’opinion publique, à commencer par Al Gore lui-même dans son film de propagande « An Inconvenient Truth ». On nous a décrit des scénarios catastrophiques complètement irréalistes et exagérés, mais cela importe peu car ces exagérations ont mis en place des balises qui ont eu pour effet de biaiser notre perception du risque réel. Un bon exemple de cela concerne la hausse du niveau des océans (voir ceci). Les réchauffistes ont aussi utilisé la « règle des choses typiques » (ou heuristique de narration) en créant des histoires qui semblent plus probables qu’elles ne le sont vraiment à partir d’événements incertains. Par exemple, on nous dit que le réchauffement fera fondre le permafrost, ce qui libérera du méthane, lequel accentuera le réchauffement au point de faire rapidement fondre les glaciers de l’Arctique et de l’Antarctique, ce qui inondera les grandes villes côtières et fera disparaître certaines îles. Cette histoire semble probable et crédible, mais rien de tout cela n’est en train de se produire ; ce ne sont que des hypothèses. On nous présente tout de même ce risque comme étant certain et imminent. Qu’en est-il de l’heuristique d’affect (la règle du bon et du mauvais) ? Environ 95% des gaz à effet de serre sont émis naturellement, mais la nature est une bonne chose, elle ne peut représenter un risque. Beaucoup de GES sont émis par l’agriculture, notamment en ce qui a trait aux flatulences provenant du bétail. Il est cependant beaucoup plus facile pour les réchauffistes de s’attaquer au méchant pétrole polluant des sables bitumineux, tueur d’oiseau, destructeur de forêt et empoisonneur d’eau, que de cibler les agriculteurs, ces bons fermiers qui mettent de la nourriture dans notre assiette, même si les émissions de GES (et la pollution en général) de l’agriculture sont plus élevées que celles des sables bitumineux albertains. Les documentaristes ont aussi contribué à mettre des visages animaliers sur la chose (pensez aux fameux ours polaires). En fait, il existe bien peu de preuves scientifiques démontrant que des animaux soient affectés à ce jour (les études ne montrent aucun impact sur les populations d’ours polaires, voir ceci). Par contre, il est prouvé que les éoliennes charcutent des tas d’oiseaux ! Finalement, les médias et les groupes environnementalistes ont dressé un portrait exclusivement négatif des changements climatiques, en évitant de mentionner les avantages (voir ceci). Tel qu’expliqué par Gardner, le biais d’affect fait en sorte que les choses négatives sont perçues comme étant plus risquées et probables qu’elles ne le sont réellement. Quant au principe de précaution, fortement vilipendé par Gardner dans son livre, les écolos y ont fait allègrement référence. Le raisonnement se résume à ce que puisque nous ne pouvons être certain à 100% que les activités humaines ne sont pas une cause fondamentale des changements climatiques qui mèneront possiblement à des catastrophes pour l’humanité, mieux vaut ne pas prendre de risque et réduire l’activité humaine quand même. Comme c’est souvent le cas, on nous demande de fermer les yeux et d’accepter de subir une baisse certaine de notre niveau de vie, qui créera du chômage et de la pauvreté, pour nous protéger d’un risque hypothétique de réchauffement global. « Ne vous inquiétez pas », nous disent les écolos, « les technologies vertes vont créer des emplois et de la richesse ». C’est totalement faux ; la lutte aux GES fait augmenter les coûts de tout ce que nous consommons, ce qui diminue notre pouvoir d’achat et notre niveau de vie (donc notre richesse). Ces mesures détruisent beaucoup plus d’emplois que les emplois spécifiquement créés dans les technologies vertes, cela est déjà évident. Une convergence d’intérêts Cela nous permet de comprendre pourquoi et comment une telle campagne de peur est menée par autant de gens (notre cinquième question supra). Qui bénéficie de cette manipulation propagandiste ? Tout d’abord, beaucoup de sociétés bénéficient directement des règlementations et des subventions qui accompagnent la lutte aux GES, incluant les entreprises œuvrant dans les énergies vertes, les entreprises d’ingénierie, de construction et, surtout, les banques qui financeront les milliards de dollars de prêts nécessaires au financement de ces investissements. Il y a ensuite les ONGs environnementalistes, qui en faisant peur au public réussissent à obtenir l’attention des gens ainsi que leurs donations. Les chercheurs scientifiques qui en illustrant des scénarios catastrophistes obtiennent des subventions de recherche, des postes important et du prestige médiatique (le GIEC est envahi par ces opportunistes). Les médias quant à eux saisissent une occasion en or de faire du sensationnalisme et de gonfler leurs auditoires en utilisant la peur. Et finalement les politiciens, qui appliquent une stratégie gagnante en politique : faire peur aux gens en exagérant les risques pour ensuite leur promettre de les protéger en échange de leur vote. Ces gens manipulent les données, filtrent l’information, exagèrent les scénarios négatifs et exploitent nos biais cognitifs pour nous faire accepter des mesures destructrices pour l’humanité, mais qui servent leurs intérêts particuliers. C’est le marketing de la peur à son meilleur… Al Gore a aussi bien réussi que Georges W. Bush en ce qui a trait au terrorisme. Combien faudra-t-il de temps aux faits pour rattraper les fariboles réchauffistes ? Concernant l’invasion américaine de l’Irak, il aura fallu beaucoup trop de temps ; le mal était déjà fait… Une polarisation médiatique dommageable Comme je le mentionnais plus haut, ainsi que dans ma revue du livre Climate of Extremes de Patrick J. Michael, les médias ne nous présentent habituellement que les mauvais côtés du réchauffement climatique. Les articles sur les aspects positifs sont introuvables, même si la littérature scientifique est plutôt probante à l’égard du fait qu’il y a certains avantages à une planète plus chaude et à une élévation du taux de CO2. Avant de dépenser des milliards et de forcer les gens à réduire leur niveau de vie pour tenter de réduire les émissions de CO2, il faut bien peser les pours et les contres et il faut évaluer si le jeu en vaut la chandelle ; c’est-à-dire que cet argent serait peut-être mieux utilisé s’il nous aidait à nous adapter aux changements climatiques plutôt qu’à tenter de les contrer. D’ailleurs, est-il vraiment possible de renverser cette tendance ? Si on étudie l’histoire de l’humanité on se rend vite compte d’une chose : les périodes plus froides sont associées à la famine et la maladie alors que les périodes plus chaudes sont associées à la prospérité. Cela devrait vous mettre la puce à l’oreille, non ? Au niveau de l’agriculture, les rendements vont nettement s’améliorer en raison d’une saison de récolte allongée, de l’abondance de CO2 (dont les végétaux raffolent) et d’une plus grande superficie exploitable. La production de nourriture sera donc florissante, ce qui est positif pour l’humanité. La croissance des forêts sera aussi accentuée, alors que la forêt boréale empiètera de plus en plus sur la taïga et la toundra. La croissance des végétaux sera plus forte et plus rapide, ce qui contribuera à éliminer le CO2 de l’air. Plusieurs études démontrent que plus il fait froid, plus les taux de mortalité sont élevés et moins les gens sont en bonne santé. Plusieurs maladies, dont les grippes, bénéficient du froid. L’humain s’adapte mieux à la chaleur qu’au froid. L’ouverture du passage Arctique permet aux navires en provenance de l’Atlantique-Nord en direction de l’Asie d’économiser du carburant. Cela réduit la pollution et les coûts de transport. L’ampleur du déneigement et du chauffage pourrait être réduit dans les régions où les hivers sont froids et enneigés. Cela permettrait d’économiser des coûts et de réduire la pollution, surtout dans les villes denses où il y a du smog. — Annexe : Quelques exemples de prévisions alarmistes Voici quelques-unes des prévisions faites par les scientifiques ayant participé au premier Jour de la Terre en 1970. Plutôt hilarant ! Surtout la première citation… “The world has been chilling sharply for about twenty years. If present trends continue, the world will be about four degrees colder for the global mean temperature in 1990, but eleven degrees colder in the year 2000. This is about twice what it would take to put us into an ice age.” – Kenneth Watt, Ecologist “We have about five more years at the outside to do something.” – Kenneth Watt, ecologist “Civilization will end within 15 or 30 years unless immediate action is taken against problems facing mankind.” – George Wald, Harvard Biologist “We are in an environmental crisis which threatens the survival of this nation, and of the world as a suitable place of human habitation.” – Barry Commoner, Washington University biologist “Man must stop pollution and conserve his resources, not merely to enhance existence but to save the race from intolerable deterioration and possible extinction.” – New York Times editorial, the day after the first Earth Day “Population will inevitably and completely outstrip whatever small increases in food supplies we make. The death rate will increase until at least 100-200 million people per year will be starving to death during the next ten years.” – Paul Ehrlich, Stanford University biologist “By…[1975] some experts feel that food shortages will have escalated the present level of world hunger and starvation into famines of unbelievable proportions. Other experts, more optimistic, think the ultimate food-population collision will not occur until the decade of the 1980s.” – Paul Ehrlich, Stanford University biologist “It is already too late to avoid mass starvation.” – Denis Hayes, chief organizer for Earth Day “Demographers agree almost unanimously on the following grim timetable: by 1975 widespread famines will begin in India; these will spread by 1990 to include all of India, Pakistan, China and the Near East, Africa. By the year 2000, or conceivably sooner, South and Central America will exist under famine conditions….By the year 2000, thirty years from now, the entire world, with the exception of Western Europe, North America, and Australia, will be in famine.” – Peter Gunter, professor, North Texas State University “Scientists have solid experimental and theoretical evidence to support…the following predictions: In a decade, urban dwellers will have to wear gas masks to survive air pollution…by 1985 air pollution will have reduced the amount of sunlight reaching earth by one half….” – Life Magazine, January 1970 “At the present rate of nitrogen buildup, it’s only a matter of time before light will be filtered out of the atmosphere and none of our land will be usable.” – Kenneth Watt, Ecologist “Air pollution…is certainly going to take hundreds of thousands of lives in the next few years alone.” – Paul Ehrlich, Stanford University biologist “We are prospecting for the very last of our resources and using up the nonrenewable things many times faster than we are finding new ones.” – Martin Litton, Sierra Club director “By the year 2000, if present trends continue, we will be using up crude oil at such a rate…that there won’t be any more crude oil. You’ll drive up to the pump and say, `Fill ‘er up, buddy,’ and he’ll say, `I am very sorry, there isn’t any.’” – Kenneth Watt, Ecologist “Dr. S. Dillon Ripley, secretary of the Smithsonian Institute, believes that in 25 years, somewhere between 75 and 80 percent of all the species of living animals will be extinct.” – Sen. Gaylord Nelson
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Si vous voulez agir pour le climat, restez près de votre téléphone. Les 150 participants à la convention citoyenne pour le climat, proposée par Emmanuel Macron à l'issue du grand débat national, sont sélectionnés par téléphone à partir de ce lundi. L'institut Harris Interactive a prévu de joindre 300 000 numéros dans le but de former un groupe représentatif des Français, explique 20 Minutes. La première réunion de cette convention est prévue les 4, 5 et 6 octobre prochains à Paris. Au total, six week-ends de trois jours de travail sont programmés, espacés de trois semaines, avec une journée bilan. En contactant les participants potentiels, dont les numéros seront générés par ordinateur, Harris Interactive devra donc, s'ils sont intéressés, s'assurer de leur disponibilité, sachant qu'il est possible de dire non. Chargés de faire des propositions pour lutter contre le réchauffement climatique, les 150 Français seront défrayés à hauteur de 86 euros environ, précise 20 Minutes. Des critères ont été établis pour que ce groupe de 150 personnes représente au mieux les différents visages des Français. Les organisateurs recherchent 52 % de femmes pour 48 % d'hommes, six tranches d'âge (si possible à partir de 16 ans), différents niveaux de diplômes et une diversité de métiers. Doivent aussi être pris en compte le poids des régions, avec quatre représentants pour les Outre-Mer, et la répartition urbaine entre les pôles urbains, leurs couronnes et les zones rurales. Rapporteur général de la Convention et vice-président du CESE, le Conseil économique, social et environnemental, Julien Blanchet assurait le mois dernier qu'il y aurait des représentants des quartiers populaires et des personnes en "situation de grande pauvreté". L'impact des émissions de gaz à effet de serre lié aux déplacements à Paris des 150 personnes sera compensé. La convention proposera à la fin de ses travaux, prévue en février 2020, des mesures qui seront transmises "sans filtre selon trois modalités : soit le référendum, soit au Parlement soit par éléments réglementaires", expliquait Julien Blanchet. Parmi les sujets proposés aux participants, l'impact des transports ou encore de l'agriculture sur la production de gaz à effet de serre, détaille à 20 Minutes le réalisateur Cyril Dion, l'un des garants de la convention citoyenne.
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Selon le Wall Street Journal, l’entrepreneur milliardaire Peter Thiel a déclaré qu’il prévoyait de quitter la Silicon Valley pour se relocaliser à Los Angeles. Il compte également y redéployer ses investissements et se retirer en partie de l’industrie de la haute technologie, secteur dans lequel il a brillé depuis ces 20 dernières années. Ce n’est pas le manque d’opportunités économiques qui chasse le cofondateur de Paypal de la baie de San Francisco, mais le climat idéologique du milieu de la tech qui, selon lui, est devenu intolérable. Peter Thiel a en effet soutenu la candidature de Donald Trump, et se définit à la fois comme conservateur et libertarien engagé, ce qui apparaît comme une grande originalité dans une région et un secteur d’activité traditionnellement plus à gauche que le reste du pays. LE PARTI UNIQUE DE LA SILICON VALLEY Selon Peter Thiel, qui intervenait à l’université de Stanford le mois dernier, « la Silicon Valley est un parti unique », pointant ici les accointances des géants de la tech avec la gauche politique et culturelle. Ceci apparaît comme un nouvel épisode dans la série des tensions entre la morale de l’élite cognitive américaine et le reste de sa population. Précédemment, Mark Zuckerberg s’était illustré en se rapprochant du parti démocrate, défendant publiquement le revenu universel et la nécessité de combattre les fake news sur les réseaux sociaux, quitte à encourager un certain nettoyage idéologique que certains conservateurs ont jugé partisan. Plus récemment, le licenciement de James Damore par Google pour un rapport jugé sexiste a fait couler beaucoup d’encre. Se basant essentiellement sur des études scientifiques pour expliquer le peu de femmes dans le secteur de la tech, son étude avait été jugée contraire aux principes éthiques favorisant la diversité de l’entreprise. Depuis, Damore a tiré la sonnette d’alarme sur le climat d’intolérance progressiste qui sévissait dans l’entreprise, le tout du point de vue libéral classique. L’ENTREPRENEUR LIBERTARIEN Peter Thiel s’est illustré par son attachement à la pensée libertarienne, qu’il a commencé à connaître en tant qu’étudiant en philosophie sur le campus de Stanford dans les années 1980. Il a participé par la suite à la création du Seasteading Institute, qui a pour objectif de créer des villes flottantes autonomes avec pour ambition de mettre fin au monopole de l’État sur la gouvernance, et de questionner le concept même de citoyenneté. Ces villes déliées de toute emprise étatique, tout comme son engagement dans la net economy, le transhumanisme et la conquête de l’espace, illustrent la même conviction profonde, la nécessité d’échapper au piège et aux limitations de la politique grâce à la technologie. LE CONSERVATEUR ENGAGÉ Peter Thiel n’est cependant pas un libertarien « pur sucre », il est aussi un conservateur de longue date engagé auprès du parti républicain, ce qui l’a conduit à soutenir la candidature de Donald Trump et à lui verser 1,25 million de dollars lors de sa campagne présidentielle. C’est sans doute ce qui l’a mené à être traité en paria par ses pairs de la Silicon Valley. En témoignent ainsi les relations tendues qu’il a désormais avec le pdg de Netflix Reed Hastings au sein du conseil d’administration de Facebook. Hastings a jugé catastrophique l’engagement du milliardaire, ce qui pourrait aussi participer à l’éloignement de ce dernier du fameux réseau social. Si l’engagement de Peter Thiel en faveur du président actuel peut légitimement susciter la critique, en particulier au regard de ses propres positions libertariennes, le rejet du pluralisme politique au nom d’une sorte de morale progressiste qui n’admet pas la contradiction n’est ni bon pour la compétition des idées, ni bon pour le business. La tolérance, qui fut un temps le patrimoine commun de tous les libéraux1, s’applique aussi aux conservateurs.
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L’armée britannique s’attend à un réchauffement de 3,5°C et évalue le fait d’entrer en guerre simplement pour s’assurer de sa capacité à entrer en guerre (en stabilisant l’accès aux ressources critiques). Lorsque nous ne planifions pas et ne préparons pas dans une perspective d’ensemble, nos sociétés ont tendance à répondre aux crises croissantes en se militarisant davantage pour maintenir l’ordre et le contrôle dans un environnement de plus en plus chaotique. L’ironie est que cela ne fait que rendre nos institutions encore plus fragiles, faibles et rigides – incapables de s’attaquer de manière significative aux causes profondes de l’évolution rapide des conditions. C’est pourquoi nous devrions être inquiets de découvrir que le gouvernement britannique prévoit l’inévitabilité d’une hausse catastrophique des températures mondiales de près de 4 degrés Celsius en raison des émissions de carbone du statu quo (business as usual). Cette révélation provient d’une nouvelle recherche commandée par le Ministère de la Défense [MOD: Ministry Of Defense, en anglais, NdT] en novembre 2019 pour éclairer la stratégie du MOD en matière de changement climatique. Notant que les températures mondiales « augmentent à travers le monde depuis les années 1950 », le rapport final du projet du MOD publié en juin affirme que « cette tendance devrait se poursuivre et les températures devraient augmenter de 2,3 à 3,5°C d’ici 2100, malgré les engagements de l’Accord de Paris de 2016 visant à limiter l’augmentation de la température à 1,5°C d’ici 2100 ». Le rapport, intitulé « Un climat qui change : exploration des implications du changement climatique sur la sécurité et la défense du Royaume Uni », utilise ce scénario d’une augmentation potentielle de la température de 3,5°C d’ici la fin du siècle pour prévoir les nouveaux développements majeurs en matière de changement climatique « qui nécessiteront une demande accrue des forces armées afin de répondre à des événements climatiques imprévus ou extrêmes, tant au niveau national qu’international ». Le rapport a été préparé par le Global Strategic Partnership, un consortium universitaire et industriel dirigé par le groupe de réflexion RAND Europe, réuni pour soutenir le Centre de Development, de concepts et de doctrines du MOD, qui étudie les tendances stratégiques pour le gouvernement britannique. Un porte-parole du MOD m’a dit que le rapport avait été commandé « pour comprendre comment la défense peut au mieux s’adapter aux défis du changement climatique, tout en maintenant les ressources critiques de la défense ». Elle a déclaré que le rapport « contribuera à notre examen actuel du changement climatique et de la durabilité et aidera à informer l’examen global et consolidé du gouvernement ». Un scénario catastrophique Une augmentation potentielle de 3,5°C de la température est bien supérieure au niveau de 1,5°C considéré par les scientifiques comme une « limite sure » maximale pour éviter de faire basculer les écosystèmes planétaires dans une ère climatique dangereuse. Mais ce qui est à souligner, c’est que le rapport fait au Ministère de la Défense ne traite pas ce problème comme un simple scénario catastrophe parmi d’autres, aux fins de la planification des mesures d’urgence. Au contraire, il présente sans équivoque le scénario comme un résultat que le gouvernement britannique devrait simplement s’attendre à voir se produire, plutôt que de tenter de l’éviter. Ce niveau d’augmentation de la température, reconnaît-il, inaugurerait une nouvelle ère de catastrophes consistant en de plus fréquents « événements météorologiques extrêmes, tels que des sécheresses, vagues de chaleur, inondations, pluies torrentielles, tempêtes ou ouragans » ; la disparition de la glace en Arctique « avant 2050 » ; « l’élévation du niveau de la mer dans les régions côtières et graves sécheresses dans la région subsaharienne » qui pourraient « déclencher des déplacements de population » ; ainsi que « des pénuries de ressources naturelles et une concurrence à mesure que l’eau potable se raréfie et que les rendements des cultures diminuent, ou que les récoltes sont détruites par des phénomènes météorologiques extrêmes ». 2030 : la tempête parfaite Dans ce scénario de maintien du statu quo, le rapport prévient que dès 2030, le monde serait confronté à une tempête parfaite de crises alimentaires, hydriques et énergétiques. « On estime que la demande en nourriture et en énergie augmentera de 50 % d’ici 2030, tandis que la demande en eau devrait augmenter de 30 % », conclut le rapport : « Dans les régions où les pénuries alimentaires se conjuguent avec une mauvaise gouvernance, le changement climatique pourrait contribuer aux manifestations civiles, aux émeutes et à une probabilité accrue de conflits violents ». Le changement climatique entraînerait également des risques accrus d’épidémies de maladies exotiques, tout en perturbant les réseaux de transport nécessaires au maintien des prestations de soins de santé et des infrastructures nationales essentielles. Le fait que le Ministère de la Défense prenne de plus en plus au sérieux le changement climatique est bien sûr bienvenu. Ce qui n’est pas le bienvenu, c’est l’hypothèse inébranlable selon laquelle les températures moyennes mondiales « auront augmenté de 2,3 à 3,5°C d’ici 2100 ». Malheureusement, cette sombre attente est fondée sur l’analyse de données récentes du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) des Nations Unies. Le GIEC a averti que les ambitions d’atténuations actuelles des gouvernements dans le cadre de l’Accord de Paris vont bien au-delà de l’objectif de 1,5°C et se rapprochent exactement de ce scénario dangereux. En d’autres termes, les mandarins de la Défense du Premier ministre Boris Johnson élaborent leur nouvelle stratégie de lutte face au changement climatique en partant du principe que les approches gouvernementales actuelles (business as usual) ne sont pas sur le point de changer. Ce que le rapport du Ministère de la Défense omet de reconnaître, c’est qu’une augmentation de la température mondiale de 3,5°C représente le niveau de réchauffement que nous observerions si les gouvernements atteignaient les objectifs inadéquats en matière d’émissions auxquels ils ont souscrit dans le cadre de l’Accord de Paris. Mais comme l’a récemment observé une équipe de spécialistes en politique climatique : « Tous les grands pays industrialisés ne respectent pas les engagements qu’ils ont pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ». Cela signifie que le scénario catastrophique prévu par le MOD pourrait encore être conservateur. Le monde économiquement optimal à 3,5°C La réticence constante des gouvernements du monde entier à renforcer leurs engagements en matière de climat pourrait s’expliquer par de vastes raisons idéologiques. Il se trouve que le scénario des 3,5°C a été mis en évidence non pas par le GIEC, mais par le modèle DICE [Dynamic Integrated Climate-Economy: Economie Intégrée Dynamique au Climat, NdT] développé par l’économiste William Nordhaus de l’Université de Yale. Dans ce scénario, le monde atteint 3,5°C vers 2100 et continue à se réchauffer jusqu’à 4°C au cours du siècle prochain. Ce modèle, qui a considérablement influencé la réflexion des gouvernements sur l’atténuation du changement climatique, considère que 3,5°C est un objectif souhaitable pour la politique climatique internationale. Mais plutôt que de viser la sécurité climatique, son objectif est « l’efficacité économique ». L’idée est qu’il est préférable d’assurer la croissance du PIB maintenant, même si cela force un réchauffement dangereux, car cela signifie que les générations futures auront beaucoup plus de richesses et donc une plus grande capacité à réagir à une catastrophe climatique. Ce scénario est également conforme aux attentes de l’administration Trump en matière de changement climatique. Il y a deux ans, la National Highway Traffic Safety Administration [NHTSA: Administration de Sécurité Routière des Autoroutes Nationales, NdT] de l’administration Trump a conclu que les températures mondiales augmenteraient de 4°C d’ici 2100. Pour éviter ce résultat, il faudrait renoncer aux combustibles fossiles, ce qui « n’est actuellement ni technologiquement ni économiquement faisable », affirmait le rapport de la NHTSA, faisant écho à la pensée de M. Nordhaus. Mais Nordhaus avait tort. Comme l’a révélé une nouvelle étude dans Nature Climate Change en juillet, nombre de ses hypothèses fondamentales sont dépassées et dérivent de « lacunes méthodologiques ». La réalité est qu’il est possible de rester dans les limites de l’objectif de 1,5°C pour la sécurité climatique grâce à une transformation rapide de l’énergie, de l’économie, des systèmes d’utilisation des terres, de l’agriculture, de la reforestation et des changements de mode de vie – des changements de politique radicaux que ni le gouvernement américain ni le gouvernement britannique ne poursuivent. L’approche de planification actuelle du MOD est donc développée sur la base de la politique actuelle du gouvernement, qui se trouve correspondre étroitement au scénario que William Nordhaus considère comme « économiquement optimal ». À toutes fins utiles, la sécurité climatique est sacrifiée sur l’autel du PIB. Lorsque le climat s’effondrera, la guerre nous sauvera. Il n’est donc pas surprenant donc qu’ayant accepté l’inévitabilité d’un réchauffement catastrophique, le rapport appelle à un programme massif de nouvelles interventions militaires britanniques en réponse à un scénario d’accélération des crises climatiques dans le monde. Le rapport identifie deux principaux domaines d’intensification de l’activité militaire. Le premier est “Military Aid to the Civil Authorities (MACA)”[Aide Militaire aux Autorités Civiles, NdT] où le soutien de l’armée britannique va de plus en plus vers le soutien des fonctions sociétales dans le pays. Ce domaine « est susceptible de prendre de l’importance à mesure que de plus en plus de catastrophes liées au climat toucheront le Royaume-Uni ». Le second est “Humanitarian Assistance and Disaster Relief (HADR)” [Assistance Humanitaire et Secours en cas de Catastrophe, NdT], que « les Forces Armées peuvent être appelées à fournir… aux agences locales à l’étranger dans le cadre des engagements du Royaume-Uni en matière de secours internationaux en cas de catastrophe ». Un domaine majeur sur lequel l’armée britannique est fortement invitée à se concentrer est « l’Arctique et le Grand Nord », que la hausse des températures rend « plus accessible et transforme… en une nouvelle zone géostratégique d’intérêt ». Selon un rapport de 2018 de la Commission Parlementaire de la Chambre des Communes sur la Défense, l’intérêt principal de l’Arctique est « la possibilité d’exploiter des ressources qui étaient auparavant inaccessibles ou commercialement non viables » en raison de la disparition de glace de mer : « En 2008, l’US Geological Survey (USGS) [Institut d’Etudes Géologiques des Etats-Unis, NdT] a estimé que les ressources techniquement récupérables dans l’Arctique représentent environ 30 % du gaz et 13 % du pétrole non découverts dans le monde… On pense également que la région contient des réserves considérables de métaux et de minéraux rares sur Terre ». Projeter l’influence dans l’Arctique et au-delà Ainsi, le rapport RAND Europe demande au MOD d’assurer un rôle militaire majeur du Royaume-Uni dans l’Arctique afin de « projeter une influence diplomatique dans l’arène de la sécurité stratégique mondiale ». Cette militarisation de la réponse au changement climatique est également un moyen de contrer les grandes puissances rivales du Royaume-Uni : « La préparation du Royaume-Uni à se déployer en réponse à des événements liés au climat pourrait faire partie des messages stratégiques adressés aux adversaires du Royaume-Uni et de l’OTAN… De plus, si les adversaires sont perçus comme étant plus actifs dans la lutte contre le changement climatique ou dans la mise en œuvre de missions expéditionnaires en rapport avec le changement climatique, cela pourrait avoir des implications stratégiques sur la capacité du Royaume-Uni à projeter une influence diplomatique dans l’arène de la sécurité stratégique mondiale ». Ainsi, l’Arctique devrait gagner en importance stratégique à mesure que le changement climatique va provoquer la fonte des glaces pour rendre ses ressources minérales de plus en plus accessibles. « Plus précisément, la préparation des Forces Armées britanniques à opérer et à mener des missions expéditionnaires dans le Grand Nord et les territoires d’outre-mer dans le cadre d’opérations en réponse aux crises liées au climat pourrait devenir plus importante à l’avenir », explique le rapport. « En mettant l’accent sur l’Arctique et le Grand Nord en particulier, l’ouverture de nouvelles régions géostratégiquement importantes pourrait également avoir des implications significatives sur les modèles de transport maritime mondiaux – y compris pour les routes de transport du matériel de défense – en particulier si la présence militaire dans la région est renforcée ». D’autres régions où les interventions militaires britanniques pourraient devenir plus courantes pourraient être en rapport avec les catastrophes liées au climat dans les Caraïbes, en Asie de l’Est et en Afrique subsaharienne. Les forces militaires britanniques pourraient également être appelées à intervenir en cas d’inondations dans les grandes villes. Selon le rapport, cela pourrait devenir une pratique courante étant donné qu’approximativement 50 % de la population mondiale vit dans des régions côtières, la plupart des grandes villes du monde se trouvant sur ou à proximité de la côte. « Pénurie de ressources » Le rapport admet que de telles opérations prétendument humanitaires pourraient également être nécessaires pour pallier les « pénuries de ressources » dues aux impacts complexes du climat: « Le changement climatique peut nécessiter de longues opérations humanitaires et des interventions de secours en cas de catastrophe environnementale, tout en exigeant également la capacité de fournir un soutien réactif et à court terme en réponse aux crises liées au climat. En outre, la pénurie de ressources pourrait entraîner une augmentation des conflits et de l’instabilité, ce qui nécessiterait des opérations militaires supplémentaires ». Les pénuries de ressources pourraient compromettre directement les opérations militaires britanniques en ayant un impact sur les principales chaînes d’approvisionnement en raison des perturbations dues aux « événements climatiques extrêmes ». En d’autres termes, l’armée britannique pourrait avoir besoin d’entrer en guerre simplement pour assurer sa capacité à faire la guerre (en stabilisant l’accès aux ressources critiques). « L’infrastructure de l’industrie de la défense est également susceptible d’être exposée à des événements liés au climat qui pourraient perturber, en partie ou totalement, les chaînes d’approvisionnement, affectant l’approvisionnement en équipements essentiels et les capacités de gagner des batailles », prévient le rapport. La Grande-Bretagne pourrait perdre « l’accès aux intrants de la chaîne d’approvisionnement tels que les minéraux utilisés pour la fabrication d’équipements, de plates-formes et de composants de défense », ou si « un conflit violent a lieu dans les régions d’exploitation minière en raison de la pénurie de ressources ». Une telle perturbation pourrait, à son tour, saper « l’état de préparation des forces ». L’approche actuelle du Ministère de la Défense en matière de planification montre ce qui se passe lorsque les gouvernements continuent à faire comme si de rien n’était face à une catastrophe climatique : l’armée finit par intervenir pour exercer un contrôle. Le problème est que l’on ne peut pas vaincre le changement climatique par une intervention militaire. En réalité, la stratégie climatique du Ministère de la Défense est donc une recette pour perdre le contrôle.
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Vous croyez que l’on connaîtra la raison du « réchauffement climatique » un jour ? Les différentes thèses proposées, ne tiennent pas la route avec des faits aisément vérifiables sur le long terme, d’après Werner Munter. Et les « solutions » envisagées, si elles sont appliquées n’auront pas d’effets notables si, cette situation est due à d’autres paramètres que celui que l’on nous impute à savoir, que c’est de notre seule responsabilité. Encore un avis qui se base sur l’observation et les différentes données connues à ce jour. Sans nier le dérèglement, les raisons resteront à l’appréciation des pour et des contre. Quel est le but de cette bataille d’opinions de tous ces « experts » ? Que cela ne nous empêche pas de protéger notre planète contre les pollutions multiples, en prenant conscience qu’un « déménagement » n’est pas pour demain. Partagez ! Volti ******** Auteur Werner Munter pour ZeJournal.mobi Partagé avec RI, L’échelle de Jabob, Le-savoir-perdu-des-anciens Réchauffement climatique: «La thèse officielle ? Une foutaise !» Spécialiste reconnu des avalanches, le Suisse Werner Munter planche nuit et jour depuis trois ans sur le réchauffement climatique. Et, pour lui, l’homme n’y est pour rien ! Il y a une semaine, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pointait une nouvelle fois d’un doigt accusateur l’homme et le CO2 qu’il produit comme principaux coupables du réchauffement climatique. Pour Werner Munter, spécialiste mondialement reconnu des avalanches, qui se penche compulsivement sur le phénomène depuis trois ans, « ces gens sont des imbéciles qui répètent en boucle des bêtises, le savent et sont payés pour ! » Le Bernois nous a longuement reçus dans son appartement d’Arolla (VS) pour étayer ces accusations entre une tranche de viande séchée et deux verres de Cornalin. Son diagnostic climatosceptique, loin d’être celui d’un hurluberlu, est partagé par d’éminents scientifiques dont deux Prix Nobel. Il nous l’explique. Vous affirmez que l’homme n’a rien à voir avec le réchauffement. Pourquoi ? Précisons tout d’abord que je ne conteste pas le réchauffement lui-même. Je l’ai d’ailleurs constaté en tant que guide de montagne en voyant les glaciers reculer. Celui qui nous fait face par exemple a perdu 100 m depuis que j’ai acheté cet appart en 1989. En 2005, le pilier Bonatti des Drus s’est effondré à cause du réchauffement du permafrost. Ce que je remets en cause, ce sont les causes de ce réchauffement. Elles n’ont rien à voir avec l’homme ou avec le CO2 comme on nous le serine. Je suis arrivé à cette conclusion pour trois raisons. Quelles sont ces raisons ? La première, c’est tout simplement l’analyse des données climatiques reconstituées sur des millions d’années. Rien que dans les 10 000 dernières années, il y a eu cinq pics de températures comparables à celui que nous vivons. Ces optima correspondent à des cycles naturels. Au Moyen Age, il était par exemple possible d’aller en vallée d’Aoste depuis Arolla avec les troupeaux car le glacier n’existait plus. Lors des deux premiers optima, le Sahara était une savane avec des lacs, des arbres et des éléphants. Avant cela, pendant des centaines de milliers d’années, il a fait plus chaud qu’aujourd’hui. Et parfois jusqu’à 7 degrés plus chaud ! Or le GIEC se concentre sur les 150 dernières années. Autant dire qu’il regarde autour de son nombril. Les reconstructions paléoclimatiques montrent aussi que, pendant des centaines de millions d’années, il n’y a pas eu de corrélations entre le CO2 dans l’atmosphère et la température sur terre. Votre second argument ? La concentration de CO2 – qui est soit dit en passant un gaz vital et non pas un poison – dans l’atmosphère est négligeable. Il y en a un peu moins de 0,5‰ dans l’atmosphère, et au maximum 5% de cette quantité est imputable à l’homme. Pour un million de molécules d’air, il y a seulement 20 molécules de CO2 produites par l’homme. Et chaque année, notre industrialisation rajoute 4 molécules de CO2 pour chaque million de molécules d’air, mais la moitié est absorbée par les océans et les plantes. Et on veut nous faire croire que cette infime proportion due à l’homme est une catastrophe ? J’ai beaucoup de peine à le croire (rires). Pourquoi dès lors la thèse officielle fait quasi consensus ? Vos collègues scientifiques ne sont pas tous des imbéciles ! Ces théories visent à nous culpabiliser. Quand des scientifiques comme ceux du GIEC disent qu’ils veulent sauver la planète, je dis qu’ils ne sont pas crédibles. Ils mentent pour préserver des intérêts économiques dont les leurs. Car il y a tout un business derrière la lutte contre le réchauffement. Il y a une volonté de faire peur aux gens par exemple en dramatisant la montée des océans, alors que ceux-ci ne s’élèvent que de 2 à 3 mm par an ! C’est aussi une manipulation intellectuelle de parler de CO2 en tonnes plutôt qu’en proportion. Des tonnes, ça impressionne, mais rappelons que l’atmosphère pèse 5?000?000?000?000?000 tonnes ! Votre dernier argument est que la thèse officielle contredit les lois de la physique. C’est-à-dire ? Celle de la thermodynamique en particulier. Pour faire simple : la terre fait 15° en moyenne. L’atmosphère censément polluée de CO2 est grosso modo à -30° à 10?km d’altitude. Qu’elle réchauffe la Terre qui est bien plus chaude qu’elle est une aberration. La thermodynamique nous dit que la chaleur va toujours vers le froid et jamais dans le sens inverse, ce que correspond à notre expérience quotidienne. Alors au final, comment expliquez-vous ce fichu réchauffement ? Je n’ai pas de réponse car trop de facteurs entrent en jeu.? Par contre, j’ai des hypothèses. Je soupçonne par exemple les variations de l’intensité du rayonnement solaire – qui répondent à des cycles – de jouer un rôle central, tout comme les processus nucléaires complexes et méconnus qui sont à l’œuvre au centre de notre Terre. Quoi qu’il en soit, c’est de l’arrogance de croire qu’en 150 ans d’industrialisation nous avons changé le climat. La nature est bien plus forte que l’homme, nous ne sommes pas les maîtres de la Terre !
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Malgré notre obsession pour le dioxyde de carbone, le méthane pourrait être un précieux allié dans la lutte contre le changement climatique. Quel est le point commun entre une rizière, une vache, un marais et une mine de charbon ? Plusieurs réponses sont possibles, mais une chose est sûre : ils rejettent tous du méthane, un gaz qui n’est pas aussi connu que le dioxyde de carbone, mais tristement célèbre pour sa capacité à piéger la chaleur. Et comme ses émissions sont à la hausse, tout le monde s'y intéresse de plus près. Scientifiques et gouvernements voient dans le méthane un moyen d’obtenir plus rapidement des résultats afin de limiter le changement climatique. Mais pour traiter le problème du méthane, il convient de connaître la quantité exacte rejetée dans l’atmosphère et son origine. Le méthane provient de sources naturelles et liées à l’homme finalement assez peu nombreuses. Environ un tiers des émissions mondiales provient des zones humides, là où d’énormes quantités de matière organique produisent du méthane lorsqu’elles se décomposent. L’agriculture est le premier producteur de méthane lié à l’activité humaine, représentant plus d’un quart des émissions anthropiques, principalement issues du bétail et des cultures dans les parcelles inondées. On retrouve le méthane dans le fumier et les rots des ruminants, mais aussi au niveau des cultures, notamment dans les rizières où les bactéries se décomposent dans l’eau et forment le méthane. Un autre quart des émissions mondiales de méthane provient de l’industrie du gaz et du pétrole, en raison des fuites régulières de gaz à l’origine de la libération de méthane. Parmi les autres sources, citons la combustion de la biomasse ainsi que la fonte du pergélisol. Mais si le méthane est le deuxième gaz responsable du changement climatique, c’est surtout à cause de sa capacité à réchauffer l’atmosphère : il est en effet près de 20 fois plus puissant par unité que le dioxyde de carbone. Autrement dit, 1 kg de méthane rejeté équivaut à l’émission de 84 kg de dioxyde de carbone. Et comme les émissions mondiales de méthane augmentent rapidement, il faut s’attendre à un réchauffement encore plus intense. En 2020, le méthane a atteint ses plus fortes concentrations depuis les débuts des relevés satellites en 2003, d’après les données préliminaires du Service Copernicus sur le changement climatique (C3S). Le Global Carbon Project a constaté une hausse de 9 % en 2017 par rapport à la période 2000-2006 et désigne l’agriculture et la gestion des déchets comme les deux principales activités à l’origine de cette hausse. « Ces dix dernières années, on a remarqué que le méthane progresse très rapidement, et c’est un vrai problème », s’inquiète Drew Shindell, scientifique spécialiste du climat à l’université de Duke qui a dirigé la rédaction de l’Évaluation mondiale du méthane par l’ONU en 2021. Mais les coupables ne sont pas encore tous désignés. « Évidemment, l’activité humaine a un impact important sur cette croissance », explique Ilse Aben, scientifique référente au SRON Netherlands Institute for Space Research et co-chercheuse principale en charge de TROPOMI, un instrument permettant d’observer le méthane à bord du satellite Sentinel-5P de Copernicus. « Mais il est toujours compliqué de distinguer les émissions naturelles des émissions anthropiques. » Si le dioxyde de carbone persiste dans l’air pendant 300 ans – d’où l’urgence d’en réduire les émissions – le méthane n’y reste qu’une bonne dizaine d’années tout au plus. La baisse des émissions de méthane pourrait donc produire des résultats rapides en matière de limitation des effets climatiques. « Nous avons constaté qu’il est intéressant et bénéfique de contrôler le méthane », affirme Drew Shindell à propos de l’évaluation de l’ONU. « Par exemple, si on commence à réduire le méthane cette année, ses concentrations pourraient évoluer dès l’an prochain. » Étant donné que le méthane pollue (mélangé aux fumées de postcombustion à faible altitude, il réagit et crée l’ozone qui est nocif pour nos voies respiratoires), cette réduction pourrait avoir des bienfaits immédiats sur la santé de la population. Le climat, lui, devrait attendre un peu plus d’une dizaine d’années pour en profiter. « Mais c’est encore très rapide par rapport à tout ce qu'on pourrait faire pour lutter contre le changement climatique », poursuit Drew Shindell. Par exemple, une diminution de 45 % des émissions de méthane liées à l’industrie gazière et pétrolière ces quatre prochaines années, ce qui équivaudrait à la fermeture de 1300 centrales à charbon, profiterait au climat pour les 20 prochaines années. À plus grande échelle, réduire de moitié le méthane lié à l’activité humaine dans le monde d’ici 2050 pourrait freiner le réchauffement de 0,2 °C ces 30 prochaines années, d’après la Commission européenne. « Jusqu’ici, les gens n’abordent pas la question dans son ensemble. Mais les avantages sont tellement évidents qu’il ne devrait pas être très compliqué d’obtenir l’adhésion de tout le monde », se projette Drew Shindell. © ESA/ATG medialabPremier satellite de la sentinelle atmosphérique, Sentinel-5 Precursor de Copernicus a été lancé le 13 octobre 2017 pour une mission de sept ans. Affiner les observations pour se rapprocher de la cible Le mouvement en faveur d'une réduction du méthane ne fait que s’amplifier. La stratégie de l’Union européenne pour le méthane entend relever les objectifs de diminution de 35 à 37 % d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 2005) concernant les émissions des principaux gaz à effet de serre autres que le CO2 en Europe. Pour y parvenir, l’UE souhaite améliorer la surveillance et la communication des quantités de méthane rejeté en s’appuyant notamment sur son service dédié à la surveillance de l’atmosphère au sein du programme Copernicus (CAMS). Plus tôt cette année, le département d’État américain a également annoncé que le pays allait investir 35 millions de dollars dans REMEDY, un programme visant à développer des technologies de réduction des émissions de méthane dans l’industrie du gaz, du pétrole et du charbon. À travers le monde, 45 pays représentant environ trois quarts des émissions mondiales de méthane participent à la Global Methane Initiative, qui a elle aussi pour but de limiter les émissions de méthane dans ces secteurs. Mais la réduction du méthane à la source passe par une surveillance précise. Le SRON effectue plusieurs mesures in situ dans le monde entier et ses collaborateurs prélèvent des échantillons d’air pour les analyser, explique Ilse Aben. « Ce réseau de quelque 80 stations est assez performant pour suivre l’évolution générale du méthane à l’échelle du globe. Mais il n’est pas suffisant pour nous permettre de localiser les sources de méthane. » Contrairement au dioxyde de carbone, les émissions de méthane sont plus complexes à percevoir, précise Sergio Noce, chercheur à l’Euro-Mediterranean Center on Climate Change qui participe au Global Carbon Project. « Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat nous indique que cette incertitude est moindre concernant les émissions de CO2, sans doute parce qu’on sait mieux où est produit ce CO2 et que le réseau d’observation est bien plus fourni. Pour le méthane, il n’existe pas de données mondiales précises sur les activités à l’origine de sa production et l’échantillonnage n’est pas aussi bien réparti […]. On recueille beaucoup d’informations pour certains pays, mais très peu voire rien pour d’autres. » « On a vraiment besoin d’une couverture mondiale, et c’est là que les observations par satellite entrent en jeu », insiste Ilse Aben. « Le méthane est difficile à mesurer car une fois émis, il se mélange à l’air et voyage. Donc, à un endroit donné, on ne peut percevoir qu’une concentration moyenne, et le méthane mesuré peut très bien provenir d’ailleurs. On s'intéresse aux variations de ces concentrations à travers le monde, et on essaie de repérer et d’estimer les émissions. » Mais l’instrument de surveillance troposphérique (TROPOMI) est capable de nous fournir une vue bien plus précise des émissions, puisqu'il collecte des données sur des petites zones de 5 km par 7,5 km, fournissant pas moins de 40 millions d’observations chaque jour. « Pour la première fois, on dispose d’une couverture globale complète avec des observations en haute résolution », se réjouit Ilse Aben. © ESA/ATG medialabTROPOMI est un instrument à bord du satellite Sentinel-5 Precursor de Copernicus conçu pour surveiller la pollution atmosphérique de la Terre. Pour limiter les effets du méthane, il est essentiel d’en connaître les principaux émetteurs ou les super émetteurs. Étant donné que les sources naturelles rejettent elles aussi des quantités importantes de méthane dans l’atmosphère, il est encore très compliqué de différencier les émissions naturelles des émissions imputables à l’activité humaine. « Il arrive que des installations gazières et pétrolières soient implantées à proximité de marais, si bien qu'il est difficile de dire quelle quantité de méthane est rejetée par qui », déplore Ilse Aben. Il est donc primordial d’identifier les super émetteurs. C’est justement le rôle de TROPOMI : repérer les sources, comme les mines de charbon ou les fuites liées à l’extraction du gaz et du pétrole. « On essaie de se concentrer sur celles qui sortent vraiment du lot et de les analyser en détail. On cible les sources les plus manifestes », précise Ilse Aben. « On collabore avec d’autres partenaires qui ont des satellites plus petits pour mesurer le méthane à des échelles très précises. » Dès que TROPOMI détecte des émissions à l’échelle mondiale, il indique les emplacements qui se détachent des autres, et les satellites plus petits peuvent zoomer plus précisément sur ces zones pour repérer l’infrastructure responsable. Kayrros, une start-up technologique européenne, exploite les données du satellite Sentinel-5P de Copernicus ainsi que des données in situ et l’intelligence artificielle pour surveiller les émissions mondiales de méthane sur sa plateforme Methane Watch. La société se concentre également sur les super émetteurs et transmet des données aux fournisseurs d’énergie et au secteur public, entre autres. « Les entreprises veulent comprendre leurs émissions afin de se conformer à la réglementation sur la limitation des effets climatiques et les niveaux de méthane », déclare Antoine Rostand, Président fondateur de Kayrros. La start-up travaillera aussi avec le Forum international de l’énergie, la plus grande organisation mondiale consacrée à l’énergie, sur l’élaboration de méthodes de mesure du méthane afin que le secteur puisse géolocaliser plus précisément les lieux de concentration du méthane et définir des objectifs de limitation plus ambitieux dans le cadre de son plan de mise en conformité avec l’Accord de Paris. © Pateforme KayrrosDonnées du tableau de bord de Kayrros sur les fuites de méthane. Capture d’écran de la plateforme de surveillance Methane Watch. L’amélioration des observations par satellite ainsi que la réduction de l’incertitude va favoriser la limitation du méthane, qui n’en est qu’à ses prémices. « Nous devons toujours beaucoup filtrer les données : il ne faut aucune interférence avec les nuages pour pouvoir tirer des conclusions sur les émissions de méthane. Mais avec les nouveaux satellites et les autres plus petits prévus pour affiner la résolution, nous verrons avec le temps que ces instruments vont améliorer leurs relevés », ajoute Ilse Aben. La quantification des émissions de méthane relève toujours du défi Malgré les observations, la hausse des concentrations de méthane en 2020 reste un sujet de débat. « On n’en connaît pas vraiment l’explication », admet Frederic Chevallier, scientifique au Laboratoire des Sciences du climat et de l'Environnement à Gif-sur-Yvette en France, précisant qu’il est difficile d’attribuer la hausse des concentrations à un seul facteur. Il faudra également d’autres recherches pour connaître la réaction des sources naturelles de méthane au changement climatique, notamment si l’évolution des températures et des précipitations peut être à l’origine d’une libération de gaz plus importante. « Certaines études montrent que les marais rejettent plus de méthane avec la hausse des températures », illustre Ilse Aben. Mais si on remonte un peu loin, il ne semble pas que les sources naturelles de méthane aient émis des quantités bien supérieures à la moyenne de la période 2000-2006 à en croire les chiffres du Global Carbon Project. D’un autre côté, les émissions de l’agriculture, favorisées par la consommation de viande rouge, ont bondi d’environ 12 % en 2017, tandis que la contribution des combustibles fossiles aux émissions de méthane s’est envolée de 17 %. © Getty ImagesCratère en feu de Darvaza au Turkménistan. Les géologues y ont délibérément mis le feu pour empêcher la diffusion du méthane ; il semblerait qu’il brûle en continu depuis 1971. Il semble, pour le moment, plus simple de réduire les émissions de méthane dans l’industrie gazière et pétrolière que de convaincre la population de manger moins de viande rouge. Le secteur de l’extraction peut compter sur toute une série de nouvelles technologies pour remplacer les infrastructures vieillissantes, réduire les fuites et récupérer le méthane : reste juste à disposer des données pour savoir où agir. Les responsables des sites de production peuvent se servir des observations par satellite pour identifier et réparer des fuites qu’ils ne soupçonnent peut-être même pas et ainsi économiser de l’argent. « Mais ils restent encore très réticents à prendre des grandes mesures tant que la réglementation sur le méthane ne sera pas plus claire », relativise Antoine Rostand de Kayrros. Mais en ce qui concerne le bétail, la situation est plus compliquée ; les stratégies de limitation envisagent de modifier le régime alimentaire des ruminants et d’améliorer le traitement des déchets agro-industriels. Parmi les solutions envisagées : la digestion anaérobie pour capturer le méthane dans le fumier ou une alimentation à base d’algues pour les vaches qui permettrait, selon les chercheurs, de diminuer de 82 % le méthane qu’elles produisent. Il reste indispensable de mesurer le méthane pour accompagner l’adaptation dans les secteurs qui émettent beaucoup de méthane, notamment lorsqu’on sait que 40 % des émissions pourraient être freinées sans surcoût, selon les estimations de l’Agence internationale de l'énergie. La dernière initiative des Nations Unies et de la Commission européenne est un observatoire international des émissions de méthane visant à améliorer la surveillance du méthane à partir d’une vision plus complète des émissions qui combinerait les comptes rendus des entreprises, les données satellites et les recherches scientifiques. « Les gens réalisent qu'ils peuvent exploiter ces relevés », conclue Ilse Aben. « Ça commence doucement, et ça prendra du temps, mais il est clair que ça va s’accélérer. »
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Greenpeace bloque actuellement des opérations d’exportation de pulpe et de pâte à papier d’APP (la filiale du géant indonésien de la pâte à papier et de l’huile de palme Sinar Mas) en Indonésie. Douze activistes se sont hissés sur d’immenses grues dans un port de la province de Riau (sur l’île de Sumatra) afin d’en entraver le fonctionnement. Ils ont déployé des banderoles sur lesquelles était écrit « Destruction des forêts, vous pouvez stopper ça ! ». Ils appelaient ainsi les leaders mondiaux (et le président indonésien Yudhoyono) à signer au sommet de Copenhague un accord qui prévoit la mise en place d’un fonds mondial pour les forêts et l’arrêt de la déforestation tropicale. A l’heure qu’il est, quatre activistes sont encore enchaînés sur l’une des grues et entendent y rester le plus longtemps possible. Par contre, quatorze autres ont été arrêtés et sont détenus par la police indonésienne. APP et son principal concurrent APRIL comptent parmi les principaux responsables de la destruction des tourbières et des forêts en Indonésie (avec les géants de l’huile de palme évidemment). La province de Riau, et plus précisément la péninsule de Kampar, sont particulièrement touchées par ce phénomène. C’est pour cela que Greenpeace et les communautés locales y ont installé un « camp des défenseurs de la forêt et du climat » le mois dernier. Le 12 novembre, les membres de ce camp avaient bloqué les activités du géant APRIL. Depuis lors, ils ont été victimes d’intimidation par les autorités locales. Des activistes et des journalistes internationaux (un Italien et un Indien) ont été arrêtés et expulsés du pays. Mais cette mobilisation n’a pas été inutile. Le 19 novembre, le ministre indonésien des Forêts a donné raison à Greenpeace en suspendant les permis forestiers d’APRIL dans la zone concernée. Pour rappel, la déforestation est responsable de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Elle participe ainsi aux changements climatiques en cours et a fait de l’Indonésie le troisième pays émetteur de gaz à effet de serre au monde (après la Chine et les Etats-Unis). En savoir plus sur la déforestation en Indonésie et signer notre pétition » Zéro déforestation «
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La Terre emprisonne de plus en plus la chaleur reçue du soleil, selon la Nasa Selon une étude de la Nasa, la différence entre la chaleur reçue par la Terre et celle qu’elle renvoie dans l’espace est deux fois plus importante qu’en 2005, signe que le réchauffement va grandissant. La Terre emprisonne donc de la chaleur, notamment du fait des gaz à effet de serre. La Terre reçoit beaucoup plus d’énergie de la part du soleil qu’elle n’en rejette dans l’espace, notamment du fait des gaz à effet de serre, et la différence va grandissant. C’est la conclusion d’une étude publiée le 15 juillet dans la revue Geophysical Research Letters par la Nasa et la National Oceanic and Atmospheric Administration américaine (NOAA). Ainsi, selon les chiffres publiés par les deux agences, la différence entre l’énergie reçue du soleil et celle renvoyée par la Terre dans l’espace a doublé entre 2005 et 2019, ce qui a une incidence directe sur le climat. « Un équilibre délicat » en train de « changer » « Le climat de la Terre repose sur un équilibre délicat entre l’énergie provenant du Soleil – principalement sous forme de lumière – et rayonnée sous forme de chaleur dans l’espace. À mesure que les émissions humaines de gaz à effet de serre piègent davantage de chaleur dans l’atmosphère terrestre, cet équilibre est en train de changer », indique ainsi l’agence spatiale américaine sur Twitter. « Le réchauffement entraîne d’autres changements, tels que la fonte de la neige et de la glace, ainsi qu’une augmentation de la vapeur d’eau et des changements dans les nuages qui peuvent encore accentuer le réchauffement », poursuit la Nasa sur son site internet. Tous ces facteurs font que la Terre emprisonne donc une quantité « sans précédent » de chaleur, symbolisée par cette balance en énergie de plus en plus excédentaire.
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Au milieu de la vague médiatique qui a déferlé à l’occasion du One Climate Summit jupitérien, faisant défiler tout ce que le pays compte de courtisans écologistes, il y aura eu deux moments climato-réalistes significatifs. Deux coins enfoncés dans l’unanimisme alarmiste. Deux cailloux dans la chaussure des marchands de peur. Deux cailloux c’est peu, mais vu d’où nous partons et ce que nous sommes, c’est un grand succès. L’an passé, après la Contre-COP22 des climato-réalistes, nous avions eu une couverture médiatique appréciable (sans doute l’effet Allègre), mais uniquement à charge. Cette fois-ci, sur deux chaînes de télévisions parmi les plus importantes du pays, des climato-réalistes ont pu donner de la voix pour de bon, permettant à un large public d’entendre nos arguments autrement que par les caricatures qui en sont faites par nos adversaires. La première voix, tout à fait inattendue, a été celle de l’ancien ministre Alain Madelin sur BFMTV. Un moment climato-réaliste de deux minutes – une éternité sur une chaîne de ce genre. Une goutte de réel dans un océan d’alarmisme qu’il convient de déguster en gourmet (à partir de 24’18) : Il est appréciable qu’Alain Madelin ait utilisé le terme de « climato-réaliste », car cela va peut-être aider à faire connaître cette dénomination et susciter la curiosité. Surtout, l’ancien ministre de l’Économie est bien renseigné : il n’a pas raconté d’ânerie à la Trump, et a visiblement travaillé le dossier de façon sérieuse. Le plus curieux est que rien ne l’obligeait à tenir ses propos. Il a visiblement pris de court ses interlocuteurs, et on ne l’arrêtait plus ! Voilà donc un nouveau nom à ajouter à la liste, encore bien courte, des personnalités françaises ayant exercé des responsabilités politiques de premier plan et ouvertement climato-réalistes. Sauf erreur, avant Alain Madelin il n’y avait eu que Claude Allègre et Nicolas Sarkozy. Trois noms ça reste peu, mais une chose console : les deux derniers ont fait leur coming-out de façon récente. Peut-être est-ce le début de quelque chose. Qui sait, peut-être assistera-t-on plus vite qu’on ne pense à cet élan climato-réaliste que j’évoquais au Contre-sommet du 7 décembre qui naîtra le jour où suffisamment de personnes d’influence oseront enfin dire ce qu’elles pensent. L’autre occasion d’entendre une voix climato-réaliste s’est produite sur LCI, où j’ai été invité à participé à un morceau d’émission (à partir de 36’30) : Sur le blog que je tiens, les journalistes en prennent souvent pour leur grade, alors c’est avec d’autant plus de force qu’il faut saisir l’occasion de dire combien ce quart d’heure qui m’a été accordé s’est déroulé de façon digne. David Pujadas a posé des questions à la fois claires et loyales, qui m’ont vraiment permis de lancer mon propos. Il m’a laissé le temps de présenter mes réponses, au point que, pour la première fois peut-être, j’ai eu le sentiment de pouvoir m’exprimer pour de bon sur le climat à la télévision, sans être interrompu toutes les deux minutes par un contradicteur, une incise cornérisante, une coupure publicitaire ou encore l’indispensable reportage sur l’évolution du degré alcoolique du vin de Bordeaux causée par le réch…changem… bouleversement climatique. Peut-être une expérience doucement grandissante des plateaux de télévision explique-t-elle une partie de cette aisance ressentie, mais l’explication la plus probable réside dans la façon dont David Pujadas a géré la séquence. Il a agi en homme d’une parfaite intégrité et d’un professionnalisme extrême. Pénétrer dans la fameuse tour TF1 sur les bords de Seine avait eu un côté intimidant (ce n’est pas tous les jours qu’on entre ainsi dans l’antre du pouvoir médiatique), alors que grâce au maître d’œuvre de l’émission le moment s’est en fait révélé serein. Hors plateau, un employé de la chaîne m’a dit, l’œil complice : « Pourvu que vous ayez raison ! ». Il a fait écho à ce qu’un contradicteur m’avait dit il y a quelques années juste après un autre débat télévisé : « Comme j’aimerais que vous ayez raison ! » Voilà sûrement une piste à creuser pour se faire entendre : insister sur le fait que les climato-réalistes ont une excellente nouvelle à annoncer, à même de soulager considérablement la société. Quantité de courriers me sont parvenus depuis hier. J’espère n’avoir oublié de répondre à personne, en tout cas merci à tous pour vos conseils et vos encouragements. — Sur le web
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Par Andy May (géologue) (article initialement publié an anglais sur le site WUWT) L’évolution de la température des océans et la distribution de l’énergie thermique dans les océans dominent le changement climatique. Les stations météorologiques terrestres sont inestimables pour les prévisions météorologiques, mais elles nous en disent très peu sur le changement climatique. La définition courante du climat est un changement global de température ou de précipitations sur une période de plus de 30 ans. Mais même 30 ans est une courte période, 100 années seraient appropriées car sur cette échelle de temps, les tendances de la température des océans sont plus significatives. Les océans couvrent 71% de la Terre et contiennent 99,93% de l’énergie thermique («chaleur») à la surface. Ici, nous définissons la surface de la Terre comme tout ce qui se trouve entre le fond marin et le sommet de l’atmosphère, soit à peu près 22 km. Pour illustrer l’énorme impact des océans, nous devons considérer que les océans contiennent plus d’énergie thermique qu’il n’en existe à la surface et dans l’atmosphère de Vénus, où la température est de 464°C. En fait, les océans contiennent quatre fois plus d’énergie thermique que l’atmosphère de Vénus, mais ils ont une température moyenne inférieure à 5 °C. Nous n’avons toujours pas d’informations précises sur l’ensemble de l’océan, mais nous en avons beaucoup plus qu’en 2016. Le CSIRO dispose d’un bel ensemble de données sur les températures jusqu’à 5 500 mètres ici (Ridgeway, Dunn et Wilken, 2002). L’Université de Hambourg a des données pluriannuelles jusqu’à 6500 mètres ici. Nous pouvons travailler avec les données CSIRO NetCDF même si elles ne couvrent qu’une période d’un an : la figure 1 montre la courbe de la température moyenne mondiale des océans de la surface à 5 500 mètres. La température chute à un minimum de 1°C à environ 4 250 mètres, puis commence à augmenter. La répartition de la température à 4500 mètres est illustrée à la figure 2. Des signes de circulation thermohaline peuvent être observés à ces températures. On ne sait toujours pas à quelle fréquence l’eau de l’océan se renverse complètement. Par renversement, nous entendons le temps nécessaire pour que les eaux de surface plongeantes en profondeur et reviennent ensuite à la surface. Cette circulation dure probablement au moins 1000 ans. C’est le principal processus d’échange thermique à long terme à la surface de la Terre. Ainsi, lorsque la Terre reçoit plus d’énergie thermique du Soleil, ou du CO 2 ou de tout ce qui cause le réchauffement, il faut mille ans ou plus pour qu’elle circule dans les océans. La figure 3 est une carte montrant les routes empruntées par l’eau à travers l’océan profond. Comme nous pouvons le voir sur la figure 3, les eaux de surface plongent dans les profondeurs océaniques de l’Atlantique Nord et de l’océan Austral. Elles commencent alors à voyager à travers tous les océans. Elles remontent principalement dans l’océan Indien, l’océan Austral et le Pacifique. Parce que les eaux profondes viennent de l’Atlantique, mais surtout remontent dans les autres océans, l’Atlantique a un niveau de la mer légèrement inférieur à celui des autres océans. Voir également (Reid, 1961). Les remontées d’eau profondes sont plus répandues que les descentes d’eau. Cette page Web de la NASA contient une bonne animation de la circulation thermohaline. La figure 2 montre des températures mitigées dans l’Atlantique Sud, à côté de l’Amérique du Sud et de l’Afrique australe, ce qui suggère que des remontées d’eaux pourraient s’y produire. Mais la plupart des remontées d’eau semblent se produire dans les océans Pacifique, Sud et Indien. Malheureusement, les bonnes données sur la température des océans ne remontent qu’à 2004. Les données dont nous disposons suggèrent que les océans se réchauffent à un rythme de 0,4°C par siècle. Cependant, la durée du cycle océanique est de plus de 1000 ans et les données ne portent que sur une période de 15 ans, c’est donc très spéculatif. Cependant, considérant que les océans ne se réchauffent qu’au rythme de 0,4 ° C par siècle, il n’y a pas de raison de penser que le réchauffement de l’atmosphère soit inquiétant. La grille Jamstec (Hosoda, Ohira et Nakamura, 2008), que nous avons utilisée pour la partie la moins profonde (<2 000 m) de notre analyse, nous fournit une estimation de l’erreur spatiale qui peut également être appelée erreur de grille. En d’autres termes, avons-nous suffisamment de données pour faire la carte avec précision ? La figure 4 est une courbe de cette erreur en fonction de l’année et de la profondeur. Comme on peut le voir sur la figure 4, l’erreur en 2001 était assez élevée jusqu’à ce qu’une profondeur d’environ 1400 mètres soit atteinte. En 2004, les profondeurs inférieures à 1 000 mètres étaient acceptables. Comme le montre la figure 1, les profondeurs inférieures à 1 000 mètres sont très variables et des erreurs importantes sont attendues. Ces eaux moins profondes interagissent avec les conditions météorologiques de surface, en particulier dans la soi-disant « couche mixte ». La couche mixte est une zone peu profonde dans laquelle la turbulence donne une température presque constante du haut vers le bas de la couche. L’épaisseur de la couche mixte varie selon la saison et la région, mais elle est en moyenne d’environ 60 mètres. La température de la couche mixte reflète de manière complexe la température de surface des semaines précédentes. À notre avis, les tentatives de déduire l’ampleur et le rythme du réchauffement atmosphérique en utilisant uniquement des mesures de la température de la surface de la mer et de la température atmosphérique n’ont pas de sens et sont vouées à l’échec. Ce sont les océans qui sont les vrais déterminants du changement de température à long terme. Ils régulent les températures de surface grâce à leur énorme capacité thermique. La couche mixte à elle seule a plus de 22 fois la capacité calorifique de toute l’atmosphère à 22 km. La régulation des températures atmosphériques par les océans nous laisse également beaucoup de temps pour déterminer si le réchauffement climatique est vraiment une menace. Actuellement, nous ne disposons que d’une quinzaine d’années de données sur la température des océans, mais dans quinze ans nous aurons des données sur une période « climatique ». Si la tendance au réchauffement des océans en 2035 reste inférieure à un degré par siècle, alors, nous n’avons pas grand-chose à craindre.
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Une nouvelle étude a constaté que les herbicides à base de glyphosate contiennent des métaux lourds toxiques, arsenic, plomb, chrome et nickel. Ceux-ci ne sont pas déclarés et sont normalement interdits du fait de leur toxicité. On sait aussi que ce sont des perturbateurs endocriniens. Des métaux lourds toxiques ont été découverts à des taux bien supérieurs de ce qui est autorisé dans l’eau potable. On en a décelé dans 22 pesticides, dont 11 à base de glyphosate. Les chercheurs ont suggéré que la contamination par les métaux lourds « pourraient expliquer quelques-uns des effets néfastes des pesticides. » La recherche a été publiée dans Toxicology Reports par une équipe dirigée par le professeur Gilles-Éric Séralini à l’université de Caen, en France. Toutes les formules de pesticides testées sauf une contenaient un cocktail de métaux lourds toxiques. Commentant la contamination, les chercheurs ont déclaré: « Ce phénomène… semble être largement répandu dans le monde, car nos échantillons proviennent d’Union européenne et d’Amérique du Nord. » Les chercheurs ont trouvé de grandes quantités d’arsenic dans un herbicide à base de glyphosate au Sri Lanka. Ce pays a interdit les herbicides à base de glyphosate parce qu’ils sont suspectés d’avoir un lien avec la maladie rénale chronique qui touche la population rurale. Les évaluations des organismes de réglementation ignorent délibérément les contaminants Les chercheurs de la nouvelle étude ont conclu qu’il est « incorrect » de calculer des taux soi-disant sûrs de ces pesticides en n’évaluant qu’un seul ingrédient de leur formule. Dans le cas des herbicides à base de glyphosate, lors des évaluations des organismes de réglementation, seul le glyphosate isolé est contrôlé et évalué afin de déterminer son innocuité permanente. Commentant les résultats, le professeur Gilles-Éric Séralini a déclaré : « À cause de ces poisons cachés, les taux admissibles de résidus de glyphosate dans les aliments et les boissons devraient être immédiatement divisés par au moins un facteur 1000. » Les herbicides à base de glyphosate devraient être interdits. Les chercheurs ont aussi examiné la toxicité des produits qui entrent dans la formule des herbicides à base de glyphosate, par rapport à la toxicité du glyphosate seul. Ils ont constaté que testés seuls sur les plantes, les coformulants des herbicides, comme le POEA (polyoxyethylene-alkylamine), étaient toxiques isolés, alors qu’aux dilutions recommandées pour l’agriculture, le glyphosate seul n’était que légèrement toxique pour les plantes. Parmi les formules testées, une de Roundup contenant le tensioactif POEA était la plus toxique, en ce sens qu’elle desséchait plus vite toutes les feuilles de la plante. Les chercheurs ont aussi exposé des cellules humaines aux ingrédients des formules mélangés et seuls. Ils ont conclu que les coformulants, qui sont faits de résidus pétroliers, sont plus perturbateurs endocriniens et plus toxiques que le glyphosate. GM Watch Original : www.gmwatch.org/en/news/archive/2018/18061-glyphosate-herbicides-contain-toxic-heavy-metals-including-arsenic Traduction Petrus Lombard
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La pollution tue deux fois plus qu'on ne le pensait. Une étude parue ce mardi juge la mauvaise qualité de l'air responsable de 8,8 millions de morts par an dans le monde, dont 2,8 millions en Chine et 67 000 en France. De précédents travaux chiffraient le total mondial à 4,5 millions. Entre 40 et 80% de ces décès prématurés sont dus à des maladies cardiovasculaires, estiment les chercheurs, qui publient leurs travaux dans la revue European Heart Journal. Les chercheurs estiment à 790 000 le nombre de morts dus à la pollution de l'air en 2015 dans l'ensemble de l'Europe, dont 659 000 dans les 28 états de l'Union européenne. Cette estimation est nettement supérieure à celle de l'Agence européenne de l'environnement (AEE). Dans son rapport annuel publié en octobre, elle jugeait que la pollution de l'air aux particules très fines (PM 2,5), au dioxyde d'azote (NO2, émis par les moteurs diesel) et à l'ozone (O3) était responsable en 2015 de 518 000 décès prématurés dans 41 pays d'Europe, et 480 000 dans l'UE. "Cela veut dire que la pollution de l'air fait plus de morts chaque année que le tabac, responsable de 7,2 millions de décès en 2015 selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS)", a affirmé l'un des auteurs, le professeur Thomas Münzel, de l'université de Mayence (Allemagne). "On peut éviter de fumer, mais on ne peut pas éviter d'être soumis à un air pollué", a-t-il ajouté. Pour réviser les chiffres avancés par les précédents travaux, les chercheurs allemands ont utilisé un nouvel outil statistique. Ils ont estimé l'exposition aux polluants en se basant sur un modèle simulant la façon dont les gaz atmosphériques interagissent avec les composés chimiques issus de l'activité humaine (production d'énergie, industrie, transports, agriculture...). Ils ont ensuite appliqué ces données à un nouveau modèle statistique combinant les taux de mortalité et l'exposition. LIRE AUSSI >> La pollution de l'air tue 7 millions de personnes par an selon l'OMS "Nous avons utilisé de nouvelles analyses des risques, basées sur des données épidémiologiques beaucoup plus larges qu'auparavant et provenant de 16 pays", a indiqué l'un des scientifiques, Jos Lelieveld. En moyenne, la surmortalité mondiale attribuée à la pollution de l'air par cette étude est de 120 décès par an pour 100 000 habitants. Ce taux est supérieur en Europe (133), bien que les contrôles y soient plus stricts que dans d'autres régions. "Cela s'explique par la combinaison d'une piètre qualité de l'air et d'une forte densité de population, qui aboutit à une exposition parmi les plus élevées du monde", selon le professeur Lelieveld. L'Europe de l'Est est particulièrement touchée, avec 36 000 morts par an pour la Roumanie ou 76.000 pour l'Ukraine, soit des taux supérieurs à 200 décès pour 100 000 habitants. Pour la France, l'estimation est de 67 000 morts, soit un taux de 105 décès pour 100 000 habitants. Les auteurs de l'étude jugent "urgent" de baisser les seuils d'exposition aux particules fines. La limite annuelle moyenne pour les PM 2,5 fixée par l'Union européenne est de 25 microgrammes par mètre cube, soit 2,5 fois plus que les recommandations de l'OMS. "Dans la mesure où la plupart des particules fines et des autres polluants de l'air en Europe proviennent de la combustion des énergies fossiles, il est urgent de passer à d'autres sources d'énergie", a plaidé le Jos Lelieveld. Ces travaux "semblent montrer que le risque cardiovasculaire lié à la pollution de l'air a été sous-estimé, et ce constat me paraît pertinent", a commenté une scientifique qui n'a pas participé à l'étude, le docteur Holly Shiels, de l'Université de Manchester. "Auparavant, on se concentrait sur les risques de cancer liés à la pollution de l'air ou les effets immédiats sur l'appareil respiratoire. Désormais, on comprend mieux le lien avec les problèmes cardiaques, les effets sur le cerveau ou les questions de reproduction", a déclaré le patron de l'AEE, Hans Bruyninckx, dans un entretien indépendant de la publication de l'étude.
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N’importe quelle personne sensée ne peut aujourd’hui nier que les effets du réchauffement climatique s’accroissent partout sur notre planète où ils provoquent bouleversements et catastrophes de toutes sortes : avancée de la désertification, famines, immigration massive de populations, montée du niveau de la mer, fonte des glaciers, fonte du permafrost, disparitions d’espèces naturelles, tempêtes dévastatrices, sècheresses prolongées, manques d’eau, feux de forêts gigantesques, inondations brutales… Face à cette situation, la responsabilité des pays riches dont la France), est accablante. Mais chaque humain est aussi individuellement et collectivement responsable. Cette responsabilité actuelle n’est pas que morale ou économique, car elle dérange déjà et impactera lourdement notre descendance. Nos enfants vont commencer à en payer le prix fort comme le font déjà depuis ces dernières années les pauvres des pays africains en but à la désertification. Il faut de toute urgence réduire notre gaspillage de carburants fossiles (pétrole, charbon, gaz) qui rejette trop de quantités de gaz à effet de dans l’atmosphère. Si pour l’essentiel les solutions du problème sont à réclamer à nos dirigeants politiques, il appartient aussi à chaque personne de chercher à réduire sa propre consommation énergétique.
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Thomas Pesquet photographie depuis l’espace les impressionnants incendies en Grèce Thomas Pesquet a photographié depuis l’espace les panaches de fumées causées par les incendies destructeurs qui sévissent actuellement en Grèce. Pour l’astronaute, il est acté « qu’on ne peut plus continuer à vivre […] comme on l’a fait jusqu’ici ». Il appelle « les décideurs » à prendre des mesures fortes pour lutter contre le réchauffement climatique. La Grèce et notamment l’île d’Eubée font actuellement face à des incendies destructeurs. Des villages sont assiégés par le feu alors que des centaines de pompiers sont mobilisés pour tenter d’arrêter les flammes. Plus de 3 000 personnes ont aussi été évacuées de l’île dont la partie nord s’est embrasée le 3 août en raison de températures caniculaires. Les incendies sont si importants en Grèce que Thomas Pesquet, l’astronaute français actuellement à bord de la Station spatiale internationale, a pu photographier les panaches de fumées depuis l’espace. « Le Péloponnèse il y a quelques jours – en feu. Et ça continue ces jours-ci. Nos pensées depuis la Station à ceux qui souffrent des incendies que ce soit en Californie ou au sud de l’Europe », a écrit Thomas Pesquet en légende des photos publiées sur Instagram, mardi 10 août. Une publication partagée par Thomas Pesquet (@thom_astro) « On ne peut plus continuer à vivre […] comme on l’a fait jusqu’ici » L’astronaute français a ensuite fait référence au dernier rapport très alarmant du Giec, précisant qu'« il n’y a pas mieux comme analyse scientifique de l’état du climat et de ce qui nous attend. Verdict : certains effets du réchauffement climatique (hausse du niveau de la mer, fonte des glaces – entre autres !) ne sont tout simplement plus réversibles… et il est quasiment trop tard pour limiter le réchauffement de la planète de 2°C », a-t-il ajouté. Selon Thomas Pesquet, « il est donc acté qu’on ne peut plus continuer à vivre sur cette planète comme on l’a fait jusqu’ici ». S’il affirme que chacun peut jouer un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’astronaute appelle aussi à une mobilisation des gouvernements du monde entier. « Il faut aussi des mesures fortes, avec une vision à long terme, prises par les décideurs. Rendez-vous à la prochaine COP en novembre à Glasgow… ? » conclut-il. Il y a quelques jours, Thomas Pesquet avait déjà photographié depuis l’espace les incendies qui ravagent la Turquie.
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PRÉVENTION Le réchauffement exise, mais il est à 99,9% naturel, la forte T°C dans cette zone est banale, le record cité n'en est pas un Le réchauffement climatique ne cesse d’augmenter d’année en année, et malgré les efforts de lutte menée par de nombreux pays, l’augmentation des températures ne cesse son évolution. Si les températures en France peuvent plafonner jusqu’à 46 °C en période de canicule, ce n’est rien face à ce qui se passe dans une région de la Californie où les températures ont atteint 54,4 °C cette année. Dans le contexte d’une vague de chaleur étouffante à travers l’ouest des États-Unis, la vallée de la Mort (Death Valley) dans le désert des Mojaves en Californie vient peut-être de gagner le titre d’endroit le plus chaud de la planète depuis près d’un siècle. Cet endroit doté d’une population de moins de 600 personnes a enregistré une température de 54,4 °C. Plus précisément, une station automatisée du service météorologique national des États-Unis à Furnace Creek a enregistré la température extrême à 15h41 le dimanche 16 août dernier.
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La Suède a produit et livré au constructeur automobile Volvo le premier acier sans charbon La sidérurgie amorce une révolution en remplaçant le charbon par de l’hydrogène vert. La Suède a pris une longueur d’avance. La Suède a pris une longueur d’avance dans la décarbonation de l’industrie sidérurgique. Les partenaires du projet Hybrit viennent de livrer leurs premières tôles, laminées dans l’usine pilote de Lulea (nord), au constructeur automobile Volvo. C’est le premier acier produit à 100 % d’hydrogène non fossile au lieu de charbon et de coke, avec de bons résultats, garantit Martin Lindqvist, patron de l’entreprise sidérurgique SSAB, qui s’est associée au producteur d’énergie Vattenfall et au groupe minier LKAB, pour cette révolution verte préparée depuis 2016. Réduction des émissions de CO2 de 10 % Jusqu’ici, transformer une tonne de minerai de fer en bon acier relâchait 2,21 tonnes de CO2 en moyenne dans l’atmosphère. C’est l’une des industries les plus polluantes. La technologie d’Hybrit, lorsqu’elle atteindra une production de masse, prévue en 2026, permettrait à la Suède de réduire ses émissions de CO2 de 10 %. Et de 7 % pour la Finlande, associée au projet. Les Suédois ne sont pas les seuls Européens dans la course à l’acier propre. ArcelorMittal Europe mise aussi sur l’hydrogène à partir d’eau et d’électricité issue des renouvelables. Le groupe veut faire de son usine de Sestao, en Espagne, le premier site de production à grande échelle, avec un objectif de 1,6 million de tonnes d’acier « vert », en 2025. L’Allemand Thyssenkrupp développe sa propre usine d’électrolyse d’hydrogène de 500 MW avec Steag. Dans son dernier rapport, l’Agence internationale de l’énergie prévoyait que l’acier propre ne dépasserait pas les 8 % de la production totale d’ici à, 2050. Cela sera sans doute davantage, selon l’Association mondiale de l’acier, puisque les grands groupes chinois et indiens s’y mettent aussi et progressent vite.
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Lundi 7 décembre 2009 Avion. Eh oui, avion ! Quand on a pris le billet, en juin dernier, l’aéroplane était nettement moins cher que le train. Et vu l’état des finances du journal, l’administration n’a pas hésité. Etrange époque où ce qui est le plus polluant coûte le moins cher. Arrivée. Copenhague, bien riche, dès les couloirs de l’aéroport. Des affiches d’ours blancs et du WWF, qui paraissent pitoyables, à côté de l’enfilade des magasins sinon luxueux du moins très prospères qu’on longe en allant chercher les valises. Attente des bagages. Retrouve une Française très bien informée des affaires climatiques et qui vit à Washington. Etonnée de voir la place que la presse française accorde au Sommet de Copenhague. Aux Etats-Unis, dit-elle, les gens s’en foutent. Je lui dit que cela confirme le fossé entre l’Amérique et l’Europe. En Inde, où j’ai été en reportage il y a un mois, les journaux de Delhi parlaient beaucoup de Copenhague, avec même un logo signalant le sujet, un mois à l’avance ! Elle me dit qu’’elle a lu un très bon article dans le Hindustan Times du 2 décembre, « la meilleure analyse du sujet ». Ah ? Un accord, il y aura ? Mais lequel ? Si tous les chefs d’Etat viennent, c’est bien pour déboucher sur quelque chose, ne serait-ce que pour sauver la face politique. Paradoxalement, dit-elle, c’est Obama qui a le moins à y gagner, un accord pourrait même le desservir sur le front intérieur. Ils sont vraiment grave, nos amis des States ! En revanche, Sarkozy en veut un à tout prix, quel qu’il soit ! Il s’agit de revenir à Paris en sauveur de la planète. Taxi. En gros, on dit « Goday », ça veut dire bonjour, et « Tak », ça veut dire merci. C’est la nuit, je ne vois rien. Hôtel. Petite chambre, genre dix mètres carrés. Mais le wifi fonctionne impeccablement. Comment les journalistes travaillaient-ils il y a dix ans quand il n’y avait pas d’internet facile ni de téléphone portable courant ? Je participe au téléphone à « Face à l’info », l’émission sur la RTBF (radio belge) de Eddy Caekelberghs, avec Pierre Radanne, et un spécialiste de l’énergie dont je n’ai pas noté le nom. Pierre parle de la crise de civilisation, je dis qu’il ne faut pas oublier l’inégalité, et que ce sommet verra émerger la question sociale au coeur de la question climatique. Aller manger un morceau, après avoir consulté les dizaines de courriels d’infos. J’en oublie de regarder l’AFP. Climate Justice Action annonce qu’il bougera le 12 décembre, mais aussi le 16, « à l’extérieur et à l’intérieur ». Voici un extrait de leur communiqué : « 12th ‘System change not climate change’ block on the Climate March ; 16th Reclaim Power ! Push for Climate Justice – On this day several thousands people will disrupt the COP15 sessions, from inside and outside, to set an agenda for climate justice. Therefore we will create the Peoples assembly inside the UN area. » Ouf ! Ca va swinguer, les amis ! (Voir http://www.climate-justice-action.org/) Me perd dans les rues de Copenhague. On dirait que les plaques ne correspondent pas aux noms sur le plan. Mais la ville est calme, des vélos passent, une galerie présente des peintures de Tintin manifestement intéressé par les charmes de femmes nues qu’il serre de près, et je n’arrive pas à trouver le lieu où a lieu une conférence sur l’agriculutre et le changement climatique. Eh bien, tant pis, manger dans un resto, en prenant des notes fulgurantes pour... un prochain livre, tiens ! Mardi 8 décembre Ca y est, la vie de fou a commencé. Il est minuit, et la journée, commencée assez calmement se finit sur les chapeaux de roues. C’est simple : vous réunissez dix à trente mille personnes pas complètement idiotes, au minimum convaincues de l’importance de ce qu’elles font, très souvent passionnées, pour parler, discuter, réfléchir au problème le plus important de l’époque. Il est assez logique que cela produise un tourbillon assez puissant. Quand on est dedans, on est comme une molécule d’eau dans une bouilloire en ébullition... Matin, vais au Centre de conférences (Bella Center) par des rues luxueuses - entre centre ville bourgeois de toute bonne ville de province et rue Saint Honoré à Paris, pour vous donner une idée - jusqu’au métro. Noté ce grand placard : « Helping turn Copenhagen into Hopenhagen by saving millions of tons of C02 with energy efficient building modernization. » Signé : Siemens.com. Me suis demandé si c’était bien, la modernisation. Et puis, Siemens. Je me rappelle que cette multinationale allemande a été plongée dans un scandale de corruption qui a atteint un milliard d’euros. Métro, très bien, on peut monter avec son vélo. D’ailleurs, il y a plein de vélos, à Copenhague. Arrivée au centre. Une queue de plusieurs centaines de mètres pour se faire enregistrer. Je renonce, retourne en ville, vais au Klimaforum, de l’autre côté de la ville, c’est un centre sportif où s’est installé le « sommet alternatif ». Pas grand monde, encore, pas mal de stands, de la bouffe bio. Dans le gymnase, une conférence de presse où je ne comprends rien. C’est la coalition Climate justice now qui explique sa démarche : en résumé, les mouvement sociaux qui ne veulent plus que la négociation climatique soit abordée du seul point de vue environnemental. « Les paysans, les indigènes, les femmes, les pêcheurs ont leur mot à dire », m’explique Dorothy Grace Guerrero, des Philippines. Discuté avec deux Français, l’un me parle de plantations d’arbres sur le lieu où Boudha a connu l’éveil (il me parle aussi de la dette climatique : http://www.reporterre.net/spip.php?...), l’autre comment Veolia devrait changer le contenu de ses contrats de façon à gagner autant en organisant la décroissance des consommation d’eau, de déchets ou d’énergie. Atelier passionnant sur « Tackling capitalism and climate change », « S’empoigner au capitalisme et au changement climatique ». 50 personnes, surtout des jeunes, je suis vraiment triste de ne pas avoir le temps de vous raconter. En gros, c’est dans Le Monde de demain :) File vers le Bella Center. Là, plus trop de queue, me fais enregistrer - après une attente : l’ordinateur me croyait envoyé par une télé danoise. Croise ma collègue Laure Noualhat, qui va voir des nucléaristes, Charlotte Mijeon, du Réseau sortir du nucléaire, bientôt sur Reporterre..., Pierre Radanne qui s’exclame, « Ca démarre mal, tout est planté », vais voir le centre de presse, cours à droite à gauche, prends mes marques, fais une ITV qui apporte une très bonne info, téléphone pour recauser de l’évolution du mouvement social par rapport à la négociation et... tiens, il est déjà huit heures, le moment de partir, pour aller gratter un article, après une pizza. Minuit, article pas écrit, et ce que je vous raconte à toute vitesse est moyennement intéressant, parce que le temps manque pour bien dire tout ce qui se passe vraiment. Je commence à douter de l’intérêt d’un blog. Ecrire ne s’improvise pas. Mercredi 9 décembre On commence à 6 h 30 pour écrire l’article sur le mouvement social et écologiste de plus en plus critique du processus de négociation. Ils parlent de justice sociale, refusent le marché du carbone, et pour les plus avancés (ou radicaux... ce qui pourrait bien être la même chose), pointent le système capitaliste lui-même. Du coup, nombre d’associations écologiques se retrouvent décalées : les Amis de la Terre se partagent, Greenpeace hésite. Très bien : théoriser la rencontre de la question sociale et de la question écologique finit par rencontrer la réalité. Ou plutôt, une bonne théorie aide la réalité, encore indistincte, à se cristalliser. Enfin bref, je ne sais pas comment ça fonctionne, mais c’est en train de se faire. Il restera à voir samedi comment ça se traduit dans la rue. D’ici là, j’espère aller refaire un tour chez les alter de tout poil. Car aujourd’hui, c’était la conférence. Lecture rapide de la masse d’informations à digérer. Noté un article que je me réserve de déguster plus tard : « Cuba, a world climate leader ». Eh oui ! Vous saviez que Cuba était le pays qui avait le meilleur point de rencontre entre le développement humain et l’empreinte écologique ? Ce n’est pas cet article qui le dit, mais le rapport annuel sur l’empreinte écologique dont le concepteur, Wackernagel, n’est pas un gauchiste (je ne sais pas ce qu’il est, d’ailleurs, un écologiste, tout simplement). Ah oui, et les types qui font la grève de la faim jusqu’a la fin de Copenhague. Personne - enfin, les journalistes, me semble-t-il - n’a eu le temps d’aller les voir, et ils jeûnent discrètement. Courage, les gars. A l’accueil de la conférence, grosse présence d’un mouvement végétarien. C’est sûr : moins de viande, c’est bon pour le climat. Ensuite, ben, je ne sais plus trop, dans l’agitation générale. Je tombe sur un camarade du Bangladesh, qui est surtout préoccupé d’aller se faire enregistrer. Je vais m’installer à la salle de presse - un immense hangar où les tables blanches sont alignées, le long desquelles des journalistes studieux planchent devant leur ordinateur. En fait, ça ressemble à une usine. C’est une usine ! Une usine d’informations ! La prolétarisation des journalistes passe d’abord par la normalisation des formes de production. Sauf que... chers amis, on essaye chacun de trouver notre petite musique. Vous allez voir. On est des artisans dans une forme industrielle, en quelque sorte. Une conf de De Boer, le secrétaire de la Conférence ? J’arrive quand il finit. Mais en sortant, je vois Naomi Klein et Amy Goodman. Celle-ci est l’animatrice de Democracy Now, une chaîne de télévision qui est l’équivalent aux Etats-Unis de Politis en France. Elle m’avait interviewé il y a un an, pour la sortie de How the rich are destroying the earth aux USA. Première question qu’elle m’avait posée : « Comment fonctionne la Sécurité sociale en France ? » Ben euh... Et puis l’ITV n’est pas passée, si bien que je ne suis pas devenu le promoteur de la sortie du capitalisme aux USA. Peu importe : les analyses d’Amy Goodman sont très pertinentes (c’est le genre de journaliste qui prend position en dehors de son boulot d’info. C’est possible ? Ben, oui vous voyez.). Elle se fait maquiller pour son émission (« en direct de Copenhague », peut être), je lui dis que j’aimerais bien l’interroger sur Obama, les USA, etc., on s’échange nos téléphones, j’espère qu’on pourra discuter dans les jours qui viennent. Après, euh, quoi ? Ah oui, le plus important. J’ai obtenu hier par une sorte de hasard qui n’en est pas un le texte qu’ont élaboré la Chine, le Brésil, l’Afirique du sud et l’Inde et qui est leur position pour l’accord de Copenhague. Ils le gardent secret, et voilà, j’ai une copie. C’est un scoop, quoi. On le publiera demain, on verra si ça prend... Je cherche à joindre une écolo chinoise pour savoir si le « draft » est bien totalement hors public. Entretemps, Brice Lalonde fait un point presse, c’est utile, j’y vais. Au retour, je vois ma Chinoise, elle n’a pas eu ni vu le draft. Et coup de pot, elle m’informe que l’ambassadeur chinois donne une conférence de presse. La première conférence de presse de la Chine dans toute l’histoire des COP ! On y va. C’est bourré à craquer. Il cause en chinois, un interprète traduit en anglais. Yu Qingtai parle posément, mot à mot, précisément, et repète souvent les mêmes idées, dans une sorte de langue de bois qui me fait penser qu’il n’y a pas si longtemps, nos amis devaient bien être dans la ligne du Parti. Mais c’est intéressant de voir la force sereine de la position de la Chine. J’arrive à lui poser une question sur le texte secret, il me le confirme implicitement. Ensuite, trouver le « business center » pour scanner les photocopies du fax que j’ai, le mettre sur une clé USB, et revenir en salle de presse pour l’envoyer au journal. Puis rédiger un « teasing » - un excitateur - pour lemonde.fr. La rédaction en chef a peur que d’autres l’aient avant notre parution demain jeudi midi, alors ils veulent marquer notre avance en le signalant de suite http://abonnes.lemonde.fr/le-rechau.... Bon sang, il est 19 heures passées. Discuter un peu avec mes collègues de La Croix et du Figaro, partir, récupérer manteau, prendre le métro, manger un morceau, revenir pour écrire le papier. Il est minuit, et je suis en train d’en rajouter en grattant un blog. Faut être dingue ! Bonsoir. Jeudi 10 décembre Une grosse tuile, les amis. Je venais de vous gratter plein de choses intéressantes, et puis, la machine me l’a perdu. Et là, je n’ai vraiment pas le courage de recommencer. Moralité : il faut toujours enregistrer en cours d’écriture ! En attendant, aller voir le "blog live" sur http://www.nouveaux-medias-direct.c..., c’est coopératif et intéressant. Vendredi 11 décembre La fatigue perce. Réveillé à sept heures par le journal (couché la veille à une ou deux heures). « Il y a une phrase que je ne comprend pas, dans ton papier… » « Hmm, oui… ah, oui, voilà… » Je me rendors. Ré-émerge à dix heures. Trop tard pour un café. Courriels, nouvelles, ah oui, il faut se mettre à la chronique, téléphone du journal, « Tu as vu le draft qui vient de sortir, ce que dit l’AFP ? » « Oui, non, hmmm » « Il faut en parler demain » « Heu oui, c’est-à-dire, je prévoyais d’aller voir pour les préparatifs de la manif, ah, et on m’a parlé de ‘Bike Block’, des autonomes qui préparent des actions à vélo » « Bon, je te rappelle ». Courriels, nouvelles, ah oui, la chronique, tiens, je vais poursuivre l’idée d’hier sur la dette et la justice, bon, il faudrait aller se chercher du café. « Allo… Ecoute, le rédacteur en chef adore l’idée des Bike Block, vas-y » « Tu lui as bien dit qu’ils sont contre le capitalisme », je dis pour rire. « On pourrait faire une photo, et il y a aussi le papier sur les négoc’ », elle répond. « Euh, bon, mais tu sais, j’ai la chronique, bon, je ne garantis rien, je vais essayer de les trouver, je te rappelle ». Courriel envoyé au contact des Bike Block – nos amis vont-ils accepter la visite d’un journaliste ? La réponse vient, toute amicale, "pas de problème, voici l’adresse". Coup de fil à Anne Chaon, de l’AFP, c’est elle qui a sorti l’info sur le draft. « Tu peux me l’envoyer par courriel ? je ne peux pas venir au Centre ». Elle l’expédie dans la foulée, merci Anne, tu es toujours la meilleure. Ah, et la chronique ? et le café ? Décision radicale : je vais aller manger un morceau et un café, avec l’ordinateur, et j’écrirai la chronique là-bas. Sitôt dit, sitôt fait, et Blork est là pour me tirer d’un mauvais pas. Retour à ma piaule, courriels, nouvelles, OK pour les Bike Bloks, bon, comment on va dans ce bled ? Carte. En route. Métro : pas si simple, il faut changer, prendre un train, puis un bus. Ouh la la. Taxi ? Dehors, aucun. En revanche, plein de flics partout, des barrières. Ils se préparent à la manif. Au milieu des gens qui font leurs courses, c’est bientôt Noël. Ah bon, et Copenhague, vous vous en foutez ? Mais nous vivons à Copenhague, espèce d’Ostrogoth, et à Noël, à Copenhague, on fait les courses de Noël. Bon sang, mais c’est bien sûr. Enfin bon, pas de taxi. Je redescend au métro. Descend à la station suivante, et là, prend un taxi ! Qui m’amène dans la nuit au repaire des Bike Blocks. Isa m’accueille, gentiment et bien pédagogique. Il y a des vélos partout, des types qui s’agitent, tapent du marteau, jouent de la soudure, retapent les roues, etc. Au mur, sur la planche à outils, une affiche : "Tools for the people" (outils pour le peuple). Isa m’explique que l’idée est partie d’un groupe d’artistes anglais, le Laboratory for insurectionnary resistance, qu’ici on récupère tous les vélos cassés que les gens veulent apporter – il parait qu’il s’en perd 200 000 par an, c’est pas croyable -, et voilà que débarque Karine Plantier, du mouvement de protestation contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, et Guillaume, un faucheur volontaire, on se tombe dans les bras, ils sont venus en bus, alimenté à l’huile de tournesol, mais ce matin la police a saisi leur réserve de 250 litres d’huile ! Ils sont en pétard. Et partent de ce pas mener une action devant le commissariat. On reprend avec Isa, qui me montre les machines étranges que préparent les Bike Blocks pour la manif du 16 décembre, puis me parle de la désobéissance civile, de la sortie du capitalisme, des assemblées du peuple – et hop, une minute, une question, pour que vous puissiez en profiter, dans un ou deux jours. Bon, allez salut, je retourne en ville, tout content : les vélorutionnaires vont être dans la rue ! Direction le Klimaforum, centre alternatif où se retrouve le « mouvement social » à base d’altermondialistes et d’écolos. Bonne ambiance, plein de monde (l’autre jour, ca ne vibrait pas trop). Il y a des gens de partout, venus en train, en bus, du Brésil, d’Asie, de France, ca bouge dans tous les sens, et l’on retrouve végétariens, décroissants anglais (voyez la NEF, New Economic Foundation), paysans de Via Campesina, Bangladeshis, Argentins contre les OGM, boudhistes écolos, adeptes de la permaculture, antinucléaires, indigènes des Etats-Unis, écovillagistes de Norvège, et des gens gentils qui circulent parmi tout ça, entre femme avec bébé sur le ventre et groupes de discussion sur la justice climatique ou l’utilisation des ressources. Je discute avec un étudiant danois qui me dit : "Je vivrai avec moins de consommation que mes parents, je pense plus aux conséquences des produits qu’on achète." Dehors, ca cause, ça bouge, ça mange, ça consulte l’ordinateur, ça réunionne, et voilà mon copain Patrick Piro, de Politis, et des jeunes vus au Camp Action Climat de Notre Dame des landes, et des Brésiliens, et … la tour de Babel, mais une qu’on ne voudrait pas faire s’effondrer. Grande réunion, au sous-sol, dans une salle normalement dédiée au basket ball. On parle anglais. 150 personnes, à peu près, écoutent attentivement une fille qui explique où on en est sur les négociations au Bella Center. Puis une autre explique comment se passera la manif de demain, avant que Jorn Andersen, un Danois qui a contribué à organiser la manif vienne rapidement dire un mot. D’où l’on retient que plus de 500 organisations de 67 pays soutiennent la manifestation de demain. Peu après, je lui demande combien il pense qu’il peut y avoir de monde. « Entre 20 000 et 50 000 » « Il y a en déjà eu autant, au Danemark ? » « Rarement, mais la manif contre la guerre en Irak avait fait plus ». Bravo, les Danois. Bon, il est 20 h00, il faut aller gratter les articles. Je dis au revoir aux copains, et retourne dans la nuit. Un plat de pâtes dans un resto italien sympa, et me voici. Bon, il est trop tard, je dors, j’écrirai les papiers demain, à 6 heures du mat’. Ciao. PS : au fait, allez voir le "blog live" sur http://www.nouveaux-medias-direct.c..., c’est fait par Jade Lindgaard - qui m’a filé le contact des Bike Blocks - et ses copains. Récit du Samedi 12 décembre Lever 5-6 heures. Ecrire article de pré-manif, tout l’art étant de faire en sorte que ça tienne debout alors que le journal, paraissant l’après-midi, sera lu quand la manif sera en cours ou finie. Puis écrire article sur l’état des négociations, après le texte que Michael Zammit Cutajar a écrit et qui est sur la table. J’angle : "Le duel Chine - Etats-Unis commence". Rendormi. 11 h 30. Debout. Je vous mets en ligne deux entretiens, préparés par mon épouse Véronique, que je salue ici :) Eh oui, ia du boulot, dans la machinerie d’un site, on n’imagine pas ! En fait, il faut rentrer photo et son dans l’ordinateur, envoyer par courriel, et à Paris, préparer une fiche sur SPIP, transcrire son et photo par je ne sais quel logiciel, et c’est prêt. Ensuite, il reste à éditer la fiche, et la mettre en ligne. Internet reste un jouet fascinant. Dans l’air, des hélicoptères tournent. 12 h 30. Je pars au Klimaforum retrouver Corinne Morel-Darleux et Christophe Ventura, du Parti de Gauche, et deux de leurs copains, que je prie de me pardonner d’avoir oublié leurs noms. Ils sont venus dans le train des Amis de la terre, dix-huit heures de voyage, puis, a l arrivee, du temps pour aller dormir dans un gymnase ou je ne sais quoi, a 40 km du centre, avant de venir ici. Fatigant, mais il parait que l ambiance etait super dans le train rempli de 800 ecologistes, Amis de la terre, Verts, Reseau sortir du nucleaire, Oxfam, Attac, plein d autres. Discussions, rires, chansons. Avait meme ete installee une radio speciale pour le train. Corinne a fait un debat avec Cecile Duflot, qui etait dans le train - relations un peu froides, Duflot a annule recemment une rencontre avec Melenchon... Les deux partis sont de facto en concurrence electorale - et Europe Ecologie penche vers le Modem, meme si les Verts sont plus a gauche. La politique... On mange un morceau - le cuisinier du Klimaforum est un Francais installe au Danemark, il nous vanne, "Alors, les Francais, c’est bien les vacances ? - Super, on va a la plage, là." En fait, il fait plutot en-dessous de zero, et tout le monde est chaudement couvert. Je raconte aux amis l’etat des negociations, tel que je les comprend, et on y va. La je vous laisse, parce que le clavier est qwerty et c est trop dur. A tout’ 13 15 : la place du Parlement est bourrée de monde. Des gens font des discours de je ne sais où, on entend pas très bien. Patrick Piro me dira plus tard que Mary Robinson, l’ancienne présidente de l’Irlande a fait un beau discours, émouvant, partant du coeur, pas de la tête. Je circule ici et là. En fait, près de la place, serrée par la rivère, la foule est très dense. Et comme pendant tout l’après-midi, colorée, joyeuse, familiale, étonnamment jeune, mêlant écolos, de toutes les nuances, gens, tout simplement, venant là sans affiliatiion mais pour dire... quoi, au fait ? Lisons les pancartes, les banderoles, les drapeaux : "Bla bla bla, Act now" ; "Grow solidarity, no economy" (faites croître la solidarité, non l’économie) - celle-ci collée sur la robe rose et vaporeuse d’un barbu rigolard ; des moines boudhistes chantent Are Krishna ; des jeunes femmes poussent des enfants dans des landeaux ; des cyclistes essayent de se frayer un chemin dans la foule ; pancartes : "Nature doesn’t compromise" (la nature ne fait pas de compromis), "Change the politics, not the climate" (changez la politique, pas le climat), "Climate justice now" (maintenant, justice climatique). Un orchestre de tambours et de caisses passe, les musiciens sont déguisés, colorés, leurs battements donnent de l’énergie. Des drapeaux verts, bleus, rouges, des ballons mauves, des pancartes jaunes. Tiens, un drapeau rouge "Die Linke". Banderole : "Denmark should support Norway’s climate proposal" (Le Danemark devrait soutenir la proposition sur le climat de la Norvège) - là, c’est entre cousins scandinaves, faut connaître. "Capitalism means war" (le capitalisme, c’est la guerre). En Danois : "Grön Kapitalism exiterar int..." ; je demande la traduction à une des jeunes filles qui tiennent la banderole : "le capitalisme vert, ça n’existe pas", me répond-elle en souriant ; l’organisation qui dit ça, c’est Farbundet. La foule a commencé à bouger, à avancer, on passe un pont. Il y d’autres orchestres. Une femme un chien dans les bras. Encore des enfants en poussette. Deux gamines qui tiennent une banderole, ça cause de nature et d’agriculture biologique. Des personnages déguisés en rennes. Un garçon sur une trotinette. Tiens, voilà Tadzio Mueller, il distribue le canard Turbulence - tendance anar intello anticapitaliste, je l’ai pris l’autre jour, pas eu le temps de faire plus que le feuilleter. Il a un stick "TckTckTck" collé sur le front. "On a tiré 30 000 exemplaires, m’explique-t-il d’un ton haché, en donnant le journal aux passants. Il est auto-financé, ça coûte 10 000 euros à peu près, on est un groupe, on le paye, plusieurs, on bosse dans des universités. Le principe, c’est de le distribuer dans les manif’ de masse". Il n’a plus d’exemplaires, "Allez salut". 14 h 30. Je m’arrête sur le pont pour laisser passer le cortège, pour me faire une idée du nombre. Beaucoup, beaucoup. Une charette de Greenpeace sur laquelle des marionnettes de chefs d’Etat font la révérence. Un groupe de jeunes à ma droite qui crient des slogans. Un camion passe, c’est l’organisation SF, avec des grands ballons bleus. Un vieil homme, déguisé en père Noël râpé. Des drapeaux verts des Grünen, qui sont en train de passer, bien nombreux. Une grosse boule représentant la planète. Un orchestre accordéon, violon, tuba. J’ai chopé quelques sons de la manif’, on va le mettre en ligne, ça vous donnera une idée. Un groupe de punks en cuir noir. A tiens, un drapeau rouge avec un drrôle de sigle, tenu par un barbu d’une cinquantaine d’années - et quand je dis barbu, c’est une très belle barbe, Fidel Castro serait jaloux ; d’ailleurs, il porte une casquette cubaine sur la tête, siglée d’un étoile rouge. "C’est quoi, ce signe sur le drapeau ?", l’interrogé-je. "C’est le signe de l’écologie. Sur fond rouge, pour le parti Enhedlisten, qui fait une liste unique de communistes et d’écologistes. On a quatre députés au Parlement." Ah bravo. "’Je peux prendre une photo". Bien sûr. Il prend la pause. A la prochaine. Passe le syndicat CNE, de Belgique, une bonne pêche, derrière une banderole bleue, et de temps à autre, ils se mettent à courir tous ensemble en riant, sur dix mètres. Voici la coordination des ONG de Corée du sud. (Du son pour vous donner une idée de l’ambiance : http://www.reporterre.net/spip.php?...) La foule continue, jeune et joyeuse. J’ai recommencé à marcher. Soudain, derrière moi, une explosion.14 H 50. BANG ! Vraiment fort. Tout le monde est interloqué. On se retourne. A nouveau, BANG. Je reviens en arrière. Le vide s’est fait devant un batiment dont j’apprendrai ensuite que c’est le ministère des Affaires étrangères, quelques camions de police (« Politi ») sont devant, avec des policiers. Confusion. Je me rapproche encore, vois une sorte de fusée partir vers le ministère et taper à peu près au deuxième étage, BANG ! Ouf ! Ils n’y vont pas avec le dos de la petite, cuillère, les Black Blocks. Je branche mon micro. Bruits de foule, une voix dans un haut-parleur, « ... capitalisme... manifestation pacifique... », sirènes de police, brouhaha, je me retrouve près de la délégation du NPA, Nouveau Parti Anticapitaliste, Besancenot est là, blouson, je lui demande, la première question qui me vient à l’esprit, « Vous êtes d’accord avec eux - Les Totos qui se barrent - Vous êtes d’accord avec eux ? » Il est interloqué. « Comment ? » Je répète, « Hervé Kempf, du Monde, vous êtes d’accord avec eux ? - Avec qui ? - Ceux qui viennent de lancer des bombes. - On essaye de structurer le cortège face à eux, vous voyez bien le problème. » Il discute avec ses camarades, « On reste là, on reste là », des sirènes, le haut-parleur, « Eh, les camarades, le cortège il est là, on essaye de regrouper tout le monde, et on va y aller tranquillement. » Un autre : « On reste groupés avec la camionnette là, la camionnette, c’est le point de repère. » « Eh, i ya des copains qui sont restés là-bas ». Des cris, agitation, je vais ailleurs. Au fait, Totos, je crois que ça veut dire Autonomes. (La scène à écouter ici : http://www.reporterre.net/spip.php?...) Des manifestants pacifiques s’éloignent au pas de course, des policiers avancent, les journalistes, d’autres manifestants, qu’est-ce qui se passe, cris, bruits. Soudain, je vois surgir un jeune type habillé tout de noir, il court vers un policier qui est au milieu de la chaussée, près d’un feu de signalisation, sans casque, isolé, il arrive par derrière, vlan, lui colle un coup de poing à l’arrière du crâne, repart en courant et disparaît pendant que le policier roule par terre. Tout bouge, ça se calme, apparemment, les blacks blocks se sont évanouis, la police fait un cordon devant chaque rue transversale, deux types ont été arrêtés, là, assis, rue Standgade, d’ailleurs, ils sont en parkas vert beige. Tiens, il est 15 h 10. Ah, la Brigade des Clowns, de la bonne humeur de nouveau, ils clament leur amour du capitalisme. Bien sûr, je les interroge : « Pourquoi êtes-vous pour le capitalisme ? » En ligne, tout bientôt. Le clown me reconnait ? Quoi ! Je repars en avant, retrouve des camarades journalistes. Une vitrine de banque fissurée par une pierre. Mais voilà que la police bloque le boulevard. On passe la bande tendue en travers de la rue, et l’on comprend : ils sont arrêtés une trentaine de manifestants, blacks et beiges, et les ont fait accroupir le long d’un magasin. Ils vont les embarquer, apparemment. Mais plus loin, il y a un autre barrage de police, leurs véhicules barrant la chaussée, et une ligne de forces de l’ordre casqués et harnachés. Hmm, après avoir humé la situation, on décide de sortir de cette nasse. Parlementer avec la police, montrer les cartes de presse, on s’extrait avec Agnès Sinaï, d’Actu Environnement. On reprend notre marche, discutons, croisons Patrick Piro, la foule se distend un peu, le jour commence à tomber. Avec Agnès, on retrouve Besancenot, et on profite de la marche pour l’interroger sur sa conception de l’écologie. « Pas d’environnement sans social », etc., répond-il dans son élocution fluide et parfaitement carrée. Mais il a du mal à trouver d’autres références à l’écologie que la lutte anti-nucléaire, la lutte anti-OGM, sans les reformuler dans une conception globale. Le NPA ne pourrait-il pas discuter plus ouvertement avec le Parti de Gauche, avec les Verts, avec d’autres, pour essayer d’arriver à trouver les points communs sur la question écologique ? Oui, oui, mais bon... Il cite la Fondation Copernic, comme lieu de références, le travail de Michael Loewy sur l’écosocialisme.... Agnès l’interroge sur la décroissance. Il n’est pas pour la décroissance, qui toucherait les classes populaires. La baisse de la consommation matérielle et d’énergie, alors ? Pas vraiment, non, cette perspective n’est clairement pas la sienne. Il nous parle ensuite de planification démocratique à l’échelle mondiale. A l’échelle mondiale ? Ouh la, comment on ferait ? Discussion intéressante, mais qui nous laisse l’impression, quand on s’éloigne, que le NPA, ou Olivier Besancenot, n’a pas vraiment intégré la problématique écologique à leur analyse politique. Ca sonne encore vieille gauche, qui n’a pas encore quitté sa vieille peau productiviste qui imprègne le marxisme. Quand on aura le temps, on mettra le son sur Reporterre, j’ai enregistré la discussion. C’est la nuit. On gagne les abords du centre de conférence. Le boulevard passe sous la ligne de métro, ici aérienne. Des grillages de police, des policiers. A gauche, beaucoup de monde, des lumières, des musiques, des discours. On décide de rentrer dans le centre, ce qui est possible en montrant nos badges. A l’intérieur, c’est un autre monde, totalement différent, et j’ai l’impression que celui-ci - où dans le hall d’accès, des personnes en costume continuent imperturbablement à visualiser leurs ordinateurs sous des panneaux vantant le marché du carbone ou les voitures électriques - est le faux, que le vrai était dehors, dans l’après-midi. Agnès parle très justement de la « déréalisation » par la « technologie politique » - on met en ligne tout bientôt, vous verrez, c’est bien. Une télé, devant le centre de presse : on voit des jeunes alignés assis par terre, manifestement menottés, les policiers qui passent entre les rangs, parfois les déplacent. C’est la nuit, il y a des projecteurs. On saura ensuite que près de 1000 manifestants ont été ainsi arrêtés, et gardés plusieurs heures sur le macadam, dans le froid. Pas pour des actions invasives ou autres, type Black Block (qui ne sont d’ailleurs pas là), mais, me dit-on, parce qu’ils ont organisé un sit-in devant l’entrée du centre (ceci pas vérifié, donc pas assuré. En revanche, je suis certain qu’il n’y a pas eu d’action violente). Retrouver le centre de presse, les collègues, Pierre Radanne qui explique l’état des discussions : « L’Empire du milieu est bien au milieu », c’est-à-dire, la Chine est au centre du jeu. Plus loin, José Bové : « Seattle marquait la fin du XXe siècle, Copenhague le début du XXIe. C’est aussi la fin de Yalta, d’une forme de domination du monde. Le Sud impose une nouvelle gouvernance mondiale. » Yannick Jadot, autre député Europe Ecologie : « Borloo et la France jouent cavalier seul au lieu d’être avec les Européens. Ils contribuent à abaisser la voix de l’Europe. » Fatigue. On va dîner avec Patrick Piro et Laurence Caramel, ma co-équipière du Monde, qui est arrivée ce matin. Près de la gare centrale. Discussion sur... en gros, l’avenir de la civilisation. Un aspect des choses, qui me frappe : la forte manifestation de cet après-midi était très jeune ; ce qui se passe, aussi, c’est que la jeune génération dit à l’ancienne - la soixante-huitarde -, « Vous avez laissé la crise écologique s’installer, vous gardez tous les postes et tout le fric, ça ne va plus ! » Ce sont eux qui vont changer « le système », pas la génération actuellement au pouvoir. Et pour le changer, il faudra qu’ils bousculent celle-ci. Récit du Dimanche 13 décembre Réveillé à 9 h 30 par Anna, qui assure les relations avec la presse francophone pour le Climate Justice Action. « Vous voulez qu’on se voit tout à l’heure, à 13 H 30 ? - Hmm, ah oui, bien sûr, d’accord. Où ? - Un café, rue Rantzaus. » Bon, pas de repos pour les braves. Ce matin, du thé et du pain. Puis courriels, ordinateur : Reporterre, transférer sons et images d’hier - ça prend du temps, les sites internet, ne pas oublier -, et le Copenhago Blogo - pourquoi me suis-je lancé là-dedans je ne sais pas, ne pas laisser Reporterre et ses quelque 500-600 visiteurs quotidiens sans pitance, et du coup, c’est un fil à la patte, mes amis ! En plus, le blog, c’est pas vraiment mon truc. En fait, c’est la version moderne du « Journal » que les gens écrivaient autrefois. Bien, mais n’est pas James Joyce qui veut. (Ah bon, il tenait son journal, James Joyce ? Aucune idée, je dis ça pour faire le malin, en plus je n’ai jamais lu Ulysse. En revanche, je viens de finir de lire La politique de l’oxymore, de Bertrand Méheust, éd. La Découverte, il y a à boire et à manger, comme on dit, il faudrait en parler un peu plus précisément, mais bon, pas mal d’idées bien frappées, j’aime bien celle-ci, par exemple : "Il y a un hiatus fatal entre la profondeur de champ de l’économie et de la politique, et celle de la cosmologie et de la paléo-anthropologie contemporaines, un hiatus qui condamne notre temps et qui alimente sa schizophrénie profonde. L’homme que dévoilent la cosmologie et la paléo-anthropologie n’est pas un être fixe, mais un processus dont le développement se joue sur des centaines de milliers, voire sur des millions d’années. A cette échelle, l’affaire est ’pliée’, la question de l’avenir de notre société est tranchée, et le problème qui subsiste est de savoir si et comment l’humanité pourra sortir de l’impasse dans laquelle elle s’est fourvoyée. C’est précisément parce qu’il est un être historique, au sens fort et noble du terme, c’est parce que son devoir est de s’envisager dans la très longue durée, que l’être humain doit s’économiser, s’autolimiter. C’est précisément au nom d’une conception élargie de l’histoire et du progrès qu’il faut refuser par tous les moyens la marchandisation du monde." C’est page 160. Je pars pour la rue Rantzaus. Près de la gare centrale, un déflié de voitures électriques. Et peu après, une manifestation d’environ 300 personnes, Friends of the Earth, des anticapitalistes, des clowns qui se fichent de la gueule des policiers d’une façon irréprochable, et cette banderole : « We don’t want just one cake, we want the whole fucking bakery, ABOLISH CAPITALISM » (Nous ne voulons pas seulement un gâteau, nous voulons toute cette foutue boulangerie, ABOLIR LE CAPITALISME). Bus. Discussion avec Anna et Rebecca William sur la philosophie politique et la praxis de Climate Justice Action (CJA). Je vais le raconter dans Le Monde dans deux trois jours, si tout va bien, alors... tous aux kiosques ! Retour sur le centre. Tadzio annule le rendez-vous qu’on s’était fixé, Karine me dit qu’elle m’a trouvé un vélo - elle et ses copains des Désobéissants essayent toujours de récupérer l’huile de tournesol que leur a piqué la police (http://www.reporterre.net/spip.php?...), parfois, on se dit qu’il n’y a même pas besoin de la Brigade des clowns pour nous faire rire, Laurence me dit que Borloo a fait un point presse à 17 h. Borloo ? Ah oui. Encore un qui me paraît totalement ailleurs : la manif d’hier, et tout le mouvement derrière, démodent soudain tout un tas de personnages et d’attitudes. Dont ce ministre. Bon, la Brigade des clowns a pris possession de mon cerveau, on dirait. Repars dans la nuit vers Ragnhildgade, une sorte d’usine désaffectée où logent, vivent et se réunissent bon nombre d’activistes du CJA. Dans la cour, les gens - moyenne d’âge inférieure à trente ans, parkas vertes ou bleues, nattes, bonnets, barbes et cheveux plus ou moins longs, chaussures de marche, enfin, un aspect banal par chacun de ses points mais dont l’ensemble crée une identité au premier coup d’oeil. Avec mes groles de ville et la gueule de mon âge, je ne suis clairement pas de la bande, genre Dupont et Dupond chez les zoulous, mais bon... Donc, les gens, mangent, tout simplement, allant chercher une assiette à une cantine ambulante postée près du mur. Ca discute, c’est tranquille, de bonne humeur. Plus loin, il y a des toilettes. Des bâtiments longs qui ont dû être usines ou entrepôts, et où logent les activistes. Je cherche le lieu où est censé avoir lieu la réunion. Une affichette, « CJA meeting » avec une flèche, j’entre. Il y a une sorte de grande salle à manger bar, aménagée avec des tables et des chaises de récupération, dans un coin, une grande cheminée où flambe un bon feu. Ca discute et boit un coup, des Français sont là, je leur demande où ça peut avoir lieu, « généralement en haut », je monte un escalier, il y a une réunion en cours, une trentaine de jeunes, français ou belges et anglais, chaque prise de parole est suivie de sa traduction dans l’autre langue. Assis par terre en rond, ils discutent de l’action de demain en accompagnement des « No Borders » (qui ne font pas partie de la coalition CJA) : ceux-ci veulent marcher sur le ministère de la Défense pour dénoncer les politiques anti-migrations, alors que le changement climatique causé par les pays du nord crée justement des migrations nouvelles. Là, le groupe - je crois que ce sont des clowns, mais comme ils ne sont pas déguisés et qu’ils parlent tout à fait sérieusement, je n’en suis pas sûr :) - cherche à monter une action à part de la manifestation principale pour investir ou bloquer des ambassades. La discussion se poursuit selon la méthode de « recherche de décision par consensus » (écouter par exemple http://www.reporterre.net/spip.php?...) et http://www.reporterre.net/spip.php?...). On s’écoute, quelqu’un distribue la parole à ceux qui la demandent, on manifeste son accord en agitant les mains en l’air, on signifie sa désapprobation en les agitant vers le bas, les idées apparemment les plus saugrenues sont entendues sans moquerie, la discussion baigne dans une vraie atmosphère de respect. Faut-il investir les ambassades, empêcher ceux qui y travaillent d’y rentrer, les noyer sous les papiers puisqu’elles en sont pleines, barrer la rue en mimant la difficulté de migrer, déguiser des personnages en noir qui marcheraient à quatre pattes au bout d’une laisse pour montrer le sort qu’on réserve aux migrants, partir en petits groupes sur chaque ambassade ou rester unis, faire un escadron de cyclistes pour faire passer l’info d’un groupe à l’autre, ... ? Ah, la grande réunion n’a pas lieu ici, dans un autre bâtiment, et puis c’était à 18 h, me dit un garçon que j’avais rencontré au Camp Action climat de Notre Dame des Landes. Bah, tant pis. Téléphone à José Bové pour lui poser une question apparemment idiote - mais je veux vérifier pour l’article de demain : « Tu étais bien à la manif, hier ? ». Au passage, il me dit que le nombre de délégués d’ONG admis dans le Bella Center va être divisé par trois ou quatre, pour faire de la place aux délégations des gouvernements qui vont arriver mardi. Voir aussi le blog coopératif : http://www.nouveaux-medias-direct.c... Buenas noches, il est minuit. Récit du Lundi 14 décembre Peu dormi. L’excitation, ou l’énervement, produit par cette conférence. Heureusement, j’ai un compagnon d’insomnie avec Mes voyages avec Hérodote, de Ryszard Kapuscinski, un reporter polonais prodigieux. Aujourd’hui décédé, il a parcouru la planète entière, et raconté ce qu’il voyait avec un sens de l’analyse et un talent de conteur extraordinaires. Son Ebène est, à ma connaissance, le meilleur livre qu’un Européen a écrit sur l’Afrique, c’est-à-dire qu’il va à la limite extrême de ce qu’un Européen peut comprendre de l’âme ou de la culture africaine. Quant au Shah, il n’y a pas mieux pour comprendre ce qu’est une dictature - je le range presque au niveau de L’Archipel du Goulag (du moins le premier tome, le seul que j’ai lu). Bref. Laissez tomber ce blog et filez acheter ou emprunter Kapuscinski. Tiens, cette phrase : Tous s’agitent en silence, avec tant de prudence et d’harmonie qu’ils donnent l’impression d’être constamment effarouchés. Pourtant ils s’activent sans nervosité, sans précipitation ni gesticulation, à croire qu’un tigre du Bengale rôde dans les parages et que le seul moyen d’être épargné par le fauve consiste à éviter tout mouvement intempestif. A croire qu’un tigre du Bengale... l’art du conteur, c’est l’image. Fini par dormir, pour être réveillé à 6 h 30. Ecrire article et envoyer au journal. Douche, thé, coups de fil pour caler des rendez-vous, et arranger avec Laurence les articles à faire ce jour. Pour ma part, ce sera Bike Block. Aller à la Poste, dans la gare. Une gare superbe, immense, la gare d’une grande capitale. D’ailleurs, il faudrait parler de la ville Copenhague, de ses bâtiments et de ses avenues si profondément européens, de cet aspect qui donne à toutes les villes du continent, malgré les variations architecturales et ornementales presqu’infinies, une identité commune, de Poznan à Valence ou de Rennes à Naples. L’Europe, par ses villes, marque une culture singulière et incontestable. En même temps, ici, les bâtiments ont une raideur, une froideur, propres aux villes du nord, habituées à affronter les rigueurs de l’hiver. Et quand on s’écarte du centre ville, on trouve - du moins dans deux quartiers où je me suis rendu - des blocs longs et des avenues larges, l’austérité froide et anonyme des villes russes, la prospérité et le soin apporté aux détails en plus. Posté une lettre, donc, après avoir trouvé des timbres. Une lettre, c’est bien mieux qu’un courriel, non ? Traversée de la ville vers le métro - au passage, croisé une petite manifestation de soutien aux peuples indigènes ; il s’agit surtout de Canadiens en lutte contre les sables bitumineux, dont l’exploitation se fait au détriment des peuples qui vivent dans cette région du nord de l’Alberta, par la destruction incroyable du milieu naturel (voir, si vous me pardonnez cette publicité intempestive, le chapitre 2 ou 3 de Pour sauver la planète, sortez du capitalisme). Le métro ne s’arrête pas à la station du Bella center, mais à la station précédente - en raison de la trop grande affluence, explique le panneau électronique. On finit le trajet à pied, environ 500 mètres, ce qui permet de voir un grand ballon qui doit bien faire cinq mètres de diamètre, et sur lequel est écrit : « Ceci est la taille d’une tonne de CO2 ». Ouh ! Impressionnant ! Beaucoup de monde, effectivement, au Bella Center, une longue queue pour se faire enregistrer : on est lundi, il y a encore plein de délégués qui débarquent. Si on a le badge, cela va assez vite. Je galope pour retrouver Tadzio Mueller, du Climate Justice Action (CJA), repéré l’autre jour à l’atelier « Tackling the capitalism » pendant lequel il était intervenu brillamment, et avec qui je veux m’entretenir. Mais quand je finis par le trouver, je m’aperçois que j’ai perdu mon carnet de notes. Aïe ! Ca, c’est une véritable tuile. Il a dû tomber de ma poche sur le chemin depuis l’entrée, mais avec la foule qu’il y a ici, aucune chance de le retrouver. Notes d’interviews, de choses vues, d’idées, téléphones, contacts... Bon, tant pis. Je croise Laurence Caramel, qui me file des pages de son cahier à spirale, et je retrouve le dit Mueller. Il me raconte la naissance du CJA, en septembre 2008, lors de la rencontre d’activistes danois, qui voulaient préparer quelque chose pour le sommet de Copenhague, d’ONG frustrées du rythme pour le moins décevant des négociations sur le climat, d’altermondialistes en recherche d’un rebond, et d’activistes plus radicaux, intervenant notamment dans les réunions G 8 comme à Gênes ou à Evian. 1e idée : la COP ne pourrait pas résoudre le changement climatique ; 2e, il faut des changements structurels : laisser les carburants fossiles dans le sol, arrêter le développement du commerce international, etc. La cause du changement climatique, c’est un système qui privilégie la croissance sur tout autre objectif, et l’accumulation des profits - il n’y a pas besoin d’appeler ça capitalisme ; 3e, on ne peut attendre des leaders qu’ils réalisent les changements structurels, il faut que ce soit fait par les mouvements populaires. Et là, Tadzio me parle du rôle du mythe dans la création du mouvement populaire, nécessaire selon Georges Sorel et Durkheim. Ah ? Etrange. Voici ce que dit Wikipedia sur Sorel : Plus que ses réflexions d’ordre métaphysique et religieux ou encore son intérêt pour l’histoire ainsi que pour les sciences mécaniques et physiques, ce qui caractérise le penseur est son interprétation originale du marxisme, qui fut foncièrement antidéterministe, politiquement anti-étatiste, antijacobine, et fondée sur l’action directe des syndicats, sur le rôle mobilisateur du mythe — en particulier celui de la grève générale — et sur la fonction anti-intégratrice et régénératrice de la violence. Eh bien mes amis, plutôt que de passer votre temps à lire des blogs, vous pouvez aller chercher à la librairie Réflexions sur la violence et Les illusions du progrès... Ho, n’oubliez pas Kapuscinski, hein ? Mais aussi, poursuit Tadzio, une alliance avec les mouvements du Sud : « Ils luttent pour la terre ou pour l’eau,même s’ils n’appellent pas forcément ça changement climatique ». Et donc, l’idée était que Copenhague serait le point focal de ce mouvement en convergence, son moment fusionnel et constituant. Et qu’il fallait que les choses se passent dans la rue, pas dans les conférences ; dans l’action, pas seulement dans la discussion. Ce qui conduit à la journée « Reclaim Power », Reprenez le pouvoir, du mercredi 16 décembre. Depuis septembre 2008, il y a eu six réunions de constitution du CJA, réunissant environ 120 personnes venues de nombreux pays. Pour mercredi, le CJA attend cinq à dix mille manifestants, à l’extérieur de la conférence, bien sûr ; mais il essaye aussi d’organiser une sortie des délégués qui rejoindraient « l’assemblée du peuple » organisée sur le parking. Il s’agit de prendre d’assaut le Bella Center. On peut bien sûr présumer que la police souhaitera s’y opposer. La philosophie des activistes (faute d’autre nom, leur philosophie libertaire interdit de les rassembler sous une étiquette qui altérerait leur liberté - c’est simple, pour les journalistes, je vous jure !) est « d’utiliser les outils de la désobéissance non-violente ». L’exemple le meilleur, à mon sens, que n’évoque d’ailleurs pas Tadzio, est celui des Faucheurs volontaires d’OGM. Quant aux décisions, elles ont prises par « la méthode du consensus direct » dont je vous ai parlé hier. Je l’interroge sur les Black Blocks, sujet toujours épineux. « On respecte les différences de tactiques, mais il est très important que l’action soit non violente, et que l’on préserve un espace sûr pour les délégués des pays du Sud qui sortiraient du Bella center pour nous rejoindre. On a eu beaucoup de discussions en face à face avec les Blacks Blocks, on espère que ce travail de discussion en amont portera ses fruits ». On se quitte. Je file dehors, rejoins le métro, repasse à l’hôtel chercher un nouveau carnet, et, vais à Laerkevej, près de la gare Norrebro, à la Candy Factory, où se trouve le Bike Block. Au moment où j’arrive débarque le bus de la Caravane solidaire, avec Karine, Guillaume, et d’autres. Ils sont de bonne humeur, mais n’ont toujours pas récupéré leur huile de tournesol (http://www.reporterre.net/spip.php?...). Le problème, c’est qu’ils en ont besoin... pour rentrer en France. Dans la Candy Factory règne une agitation de bon aloi : les uns mangent à la cuisine collective - prix libre, une assiette recueille les donations, il y a toujours assez d’argent pour couvrir les frais et davantage -, les autres retapent les vélos - il y en a plein, des dizaines, des centaines, récupérés dans la rue où ils sont souvent abandonnés, et dans un sale état, alors ça soude, ça visse, ça frappe, ça redresse, ça rustine, ça pompe, bref, ça bricole d’arrache-pied. Il y a aussi de la musique : une bicyclette sur pied alimente une batterie qui énergise un poste radio ou CD, on pédale et ça produit de la musique - en ce moment, un entrainant Fela Anikulapo Kuti. Tout cela tient de la Cour des miracles, de l’entreprise de feraillage, du camp scout et de l’assemblée révolutionnaire. Mais chacun s’y retrouve, et l’humeur est joyeuse. Bruno, le chauffeur-animateur du bus, me prête le vélo de son frère. De son frère, donc,il faut vraiment ne pas le perdre. Il y a une chaîne, avec le code 2012, comme la catastrophe maya à venir. Il faut regonfler le pneu arrière. Et bien, preuve irrécusable de l’efficacité de l’anarchie, j’en trouve une en deux minutes - et regonfle le pneu, très fier de ma maîtrise d’une technologie d’avenir. Discuté de nouveau avec Isa Michel, qui me raconte plus en détail l’histoire du projet Bike Block, né du Laboratory of insurrectionnary imagination (LII). En deux mots, celui-ci vise à faire se féconder l’imagination des artistes et l’audace des activistes. Le constat, c’est que beaucoup d’artistes sont talentueux, mais peu engagés, tandis que les activistes sont souvent tristounets. La rencontre permet de faire "des choses magiques", comme le Bike Block, si tout se passe bien. Il faut trouver, dit Isa, "des formes d’action qui rendent la résistance désirable". "Autant que le résultat compte la façon dont l’opération est menée". Isa et ses camarades du LII sont des artistes, et elle insiste sur la recherche de cet équilibre : "Il ne faut pas perdre la cohérence politique et écologique au nom de l’esthétique, et inversement". Vers 15 h 00, on part à l’entraînement. Une soixantaine de vélocipédistes, montés sur des machines essouflées, mais vaillantes. La plupart ont dans les vingt-trente ans. On ne va pas loin, un grand terrain dégagé au coin du carrefour de la gare Norrebro. C’est John Jordan, un autre membre de LII, qui anime la séance. Casquette cubaine, barbe, voix forte et amicale, pas très grand, gilet jaune fluo. On se met en cercle, chacun sur son vélo, et on fait le tour des présentations : chacun dit son nom et ce qu’il aime le plus et qui commence par la première lettre de son prénom. La plupart disent des trucs anodins, genre marmelade pour Mark, etc. Rappel des principes : action non violente, personne ne doit être intentionnellement blessé. Il faudra perturber la conférence à l’intérieur du Bella Center. John décrit ensuite les essaims qu’il faut constituer - "on va bouger sans arrêt comme des papillons". Il évoque aussi les bandes d’oiseaux, et l’intelligence collective dont elles font preuve dans leur voyage. Il s’agit de trouver la même intelligence collective dans le comportement de groupe. John nous fait aussi tendre les bras horizontalement, et bouger les doigts : "Regardez sans bouger la tête, vous les voyez ? Cela montre l’extension de votre champ de vision périphérique. Au XXe siècle, on a focalisé la vision", se coupant des autres. Ensuite, on se met tous en ligne, côte à côte. Il ne faut personne derrière, afin que personne ne soit oublié ou négligé. On se forme en groupes de dix, qui vont former les "essaims". On va ensemble toucher le mur - qui représente la barrière du centre - et l’on revient se regrouper. On recommence. Il s’agit de créer une unité de groupe, et de se mouvoir le plus efficacement possible. On tourne aussi dans tous les sens, comme des autos-tamponneuses qui veilleraient à ne pas se rentrer dedans. Ensuite, on joue à la confrontation - la situation à éviter, mais bon... Une partie de la bande reste à vélo, l’autre se met à pied et va jouer les policiers. On va tester la méthode du "cheval" : les cyclistes sont en ligne, serrés les uns contre les autres. La police charge. Les cyclistes lèvent leur vélo sur la roue arrière, et agitent le guidon pour faire tourner la roue, ce qui complique incontestablement la tâche du policier - comme on s’en rend compte quand on échange les rôles. Tiens, eh bien justement, voilà deux camionnettes siglées Politi qui arrivent. Hmm. John parlemente. En fait, on ne fait rien de mal, mais il ne sera pas permis aux vélos sans lumière de rouler, puisque la nuit, les phares sont obligatoires. Après une discussion - on a fait le cercle, examiné les hypothèses, agité les mains pour marquer l’accord -, on pose les vélos et l’on fait une sorte de jeu de chat et de la souris, à pied. Le chat est le policier, bien sûr, mais il ne peut pas attraper deux cibles qui seraient ensemble. Il s’agit en fait de s’habituer à toujours regarder s’il y a des camarades près de soi, pour ne pas rester isolé. Pendant un court moment, un vrai policier se mêle au jeu. "Des choses magiques", avait dit Isa. C’est la nuit, décidément. Les policiers sont partis. On se disperse. Je discute un peu avec John. "Il s’agit d’appliquer la créativité au mouvement social, pas de représenter celui-ci." "Le mouvement social est la matière de l’artiste". Une phrase de Lénine - il n’est pas léniniste, bien sûr, mais cette idée lui plait : "Nous devons considérer l’insurrection comme un art - et l’art comme un moyen de l’insurreciton". Chose étrange, le projet Bike Block avait été retenu par le Centre d’art contemporain de Copenhague pour se produire pendant la Conférence. Pourtant, le LII n’avait pas caché qu’il s’agissait d’organiser la désobéissance civile. Il a fallu arriver au contrat pour que le Centre d’art se rende compte que - eh bien, il y avait un problème. Et le contrat n’a pas été signé. Les artistes du mouvement social se sont débrouillés autrement. Retour avec Rémi, un désobéissant qui est venu avec la Caravane solidaire. La roue arrière de son vélo est crevée. On repasse à la Candy Factory, où John me donne un badge où il est écrit "Postcapitalist" (on a parlé de ça, aussi - je lui ai dit, "il faut dépasser l’anticapitalisme, passer à la suite, au post-capitalisme", on était d’accord). Avec Rémi, on dépose le vélo du frère de Bruno au Ranghilde, où loge Rémi. Il est de la bande des Désobéissants, a obtenu un master 2 d’arts du spectacle, n’a pas d’emploi. Il vit du RSA et de petits boulots. Mais ça va, puisqu’il y a un niveau de consommation qui ne requiert pas beaucoup d’argent - la sobriété volontaire, autrement dit. On prend le bus (du transport public) vers le centre ville. Il s’agit d’aller à Christiana, où il y a une fête-meeting. Mais le téléphone sonne, c’est le journal. Le groupe Afrique a suspendu la séance plénière ce matin, ça secoue dans la conférence, il faut réorienter la page - enfin, je vous passe les détails, c’est le boulot. C’est vrai, on est à Copenhague pour la grande négociation sur le climat ! Récit du Mardi 15 décembre En fait, là, on est mercredi 16, 9 h 30. Fini bosser 1 h 30 du matin, réveillé par la télé qui s’est mise en marche toute seule dans la nuit - pourquoi mettent-ils toujours des télés dans les hôtels ? Et presque jamais de radio ? -, j’ai failli casser l’appareil en cherchant à l’éteindre avant de trouver la prise murale, lever 7 h 00, finir articles. Pause. Flash Back sur hier le 15. Vous vous y retrouvez ? Parce que moi, je ne sais plus très bien, je vérifie tous les matins quel jour on est, ça file trop vite dans le continuum temporel. Hier, bon, la routine de l’exceptionnel. Lever, article, pause, courriels. L’un attire mon attention, venant de la délégation du Brésil. Sans trop réfléchir, j’appelle, demande une interview avec Carlos Minc, le ministre de l’environnement. Voix chantante, amicale, de Maysa Provedello : "On va voir". Discuter avec Laurence des pistes de la journée. Brésil, l’une d’entre elles. Et Lesotho, financement, autres. Equipement pour aller au Bella center : sac à dos, ordinateur, câbles, téléphone, appareil photo, magnétophone, toutes ces choses. 10 h 10 : sur la place de la station de métro, un groupe de gus déguisés et masqués, avec peau de panthère et crinière de lion. Ils dansent et chantent en roulant de gros yeux, et disparaissent dans le métro, comme une apparition ironique, des lutins venus du Swaziland. Métro. Impression que je suis moi-même en pilotage automatique. Avant le Bella center, puisque maintenant on marche, il y a un champ en friche, qui souigne l’horizon sur lequel s’inscrivent les halls du centre, derrière des grues et une éolienne. Au premier plan ont été installés - par qui ? - trois mâts d’une vingtaine de mètres enveloppés de grandes toiles, l’une bleue, l’autre pourpre, la troisième orange. On dirait des sentinelles tibétaines, formes animées par le vent qui donnent un sens sacré à cette scène d’artifices. Encore une foule énorme pour se faire enregistrer, les délégués continuent à arriver - ce sont les entourages des ministres, les élus, les... Il paraît que Ségolène Royal est dans le lot. Des heures d’attente dans le froid. C’est arrivé à Laurent Chemineau, un bon camarade de La Tribune, qui est arrivé lundi : sept heures... Discuté au téléphone avec Pierre Radanne, en passant le contrôle de sécurité : "Les grands émergents ne veulent pas apparaitre comme les méchants. Les Chinois ne veulent pas porter l’échec. Les Etats-Unis ne bougent pas d’un pouce. Il y a eu une réunion du groupe sur le protocole de Kyoto jusqu’à quatre heures du matin." Foule du centre. Pas eu le temps de vous décrire ce lieu, je crois. En tout cas, des milliers de gens qui se croisent et circulent, quasiment tous dans le même état frénétique dont je vous rends témoignage. Téléphone à Karine Gavand, de Greenpeace, amère parce qu’on va virer une bonne partie des ONG pour faire de la place aux délégations présidentielles : "La négociation nous échappe. On ne va plus pouvoir être là, peser, alors qu’un accord au rabais se dessine." Vais à la conférence de presse du Climate Action Network (CAN), le collectif des ONG qui suivent de près la négociation. Il y a notamment Raman Metha, un écologiste indien que j’ai rencontré à New Delhi, toujours très clair et précis. Message général : ce qui se dessine n’est pas brillant. Metha : "Rien n’a été conclu. La discussion ne se poursuit pas dans la bonne foi". Je pose une question : le CAN est-il au courant de l’action organisé le lendemain par Climate Justice Action (CJA) ? Non, répond le porte parole, qui expédie et passe à une autre question. Je suis interloqué. Le reste porte sur la cuisine diplomatique, intéressant, mais bon,... En sortant, je vais ré-interroger Hunter Cutti (je ne garantis pas l’orthographe) : "Vraiment, vous n’êtes pas au courant de l’action de demain ? - Non. - Mais vous connaissez Climate Justice Action ? - Non, non." On poursuit un dialogue de sourds pendant quelques instants, il finit par dire, "Je ne suis pas un expert du CJA", puis il brandit son carton de délégué, pendu au cou (on a tous ça, comme des moutons dans la bergerie, rose quand on est membre d’une délégation officielle, jaune, d’une ONG, orange de la presse, etc.), et s’exclame en colère, "Je suis accrédité, je suis accrédité, et il part furibond ! Ouh la la, cool... Je discute avec Raman, beaucoup plus tranquille. Non, il n’est pas au courant, il me donne un contact de quelqu’un qui fait le contact avec le CJA et CJN (Climate justice now), lui, il se concentre sur la négoc. Et m’explique sereinement son point de vue. Au fait, il a été interviewé par Fox News. Fox News ! Et puis après, c’est la course, qu’il serait fastidieux de raconter en détail, et sans doute de lire. En résumé, j’essaye d’attraper Carlos Minc, je perds mon carnet, des copains le retrouvent et me le font passer par une jolie petite chaine de solidarité, on interviewe l’ambassadeur climatique du Brésil, on tombe sur Minc en train de déjeuner, et il nous cause douze minutes, entre deux coups de fils, et pendant que son assistant travaille sur l’ordinateur, dans le brouhaha de la cocote qui monte à ébullition chaque heure un peu plus, on remet la main dessus dans un couloir deux heures plus tard, et il nous dit au détour d’une phrase que Lula arrive dès demain matin pour entrer directement dans la fournaise - et ça, vous voyez, c’est BINGO ! L’info. Qui fera la page, et si tout va bien, la manchette du journal, genre "Le Brésil veut sauver Copenhague". Achetez Le Monde, plutôt que de lire des blogs bavards... Après ? Continuer à courir dans tous les sens, en ramassant les nouvelles, les potins, les rumeurs, les tendances, aller écouter la conférence de presse du Brésil - Dilma Rousseff, la possible successrice (ça se dit, ça ?) de Lula, tient le micro, sortir, voir Al Gore, tenter l’ITV, non, il ne veut pas, dommage, camarade, je t’aurais demandé : "Quelle comparaison faites-vous entre Copenhague, et Kyoto, où vous étiez ?", et ta réponse géniale t’aurait fait entrer dans l’histoire, attroupement des médias brésiliens autour de Dilma Rousseff, Connie Hedegaard arrive, je l’ITV, c’est magique, ces petits magnétos, "il faut des compromis, sinon on va au casse pipe", enfin, ce n’est pas exactement le mot qu’elle emploie, conférence de presse de Ban ki moon, le secrétaire général de l’ONU, qui se dit "raisonnablement optimiste", ce qui, traduit du langage diplomatique, signifie à peu près, "si on arrive à un accord qui ait un sens quelconque, ce sera vraiment un miracle, foi de Ban". Au fait, j’allais oublier un moment presque désopilant. Point presse avec Chantal Jouanno, qui doit bien être secrétaire d’Etat à l’écologie, et qui vient présenter à la presse française la déclaration commune signée le jour même à Paris par Sarkozy et Zelawi, premier ministre ethiopien qui préside le groupe Afrique. Le message à peinesubliminal, c’est : "Le glorieux président français fait l’union de l’Europe avec l’Afrique et va sauver la conférence". On lit le texte. Mais, euh, il n’y a pas mention du protocole de Kyoto ? Elle cherche. Euh, non. Et le mot "contraignant", il y est ? Elle cherche. Euh, non. Ah. Et, au fait, un objectif pour 2020, c’est quelque part ? Il y a la date de 2020 ? Elle cherche. Euh, non. Hmm, et à propos, il y est fait mention d’un financement additionnel ? Eh bien, euh, c’est-à-dire, enfin, pour la France, on va mettre 420 millions d’euros, mais seuls 130 millions en plus de l’aide déjà engagée. Ah, très bien, madame la secrétaire d’Etat, cocorico. En fait, cette double feuille est carrément et totalement en-dehors des sujets qui font débat dans la négociation de Copenhague. Mais ça peut impressionner le 20 h de TF1, ce qui est le but essentiel. Mauvaise nouvelle : la police a arrêté Tadzio Mueller, saisi des vélos des Bike Blocks, et interpellé, mais ce n’est pas sûr ou pas clair, des Français de la Caravane solidaire. Avec tout ca, il est dans les 19 h, on est sur les genoux - la salle de presse du Centre, impressionnant, à mon avis, la plus grande salle de rédaction du monde, je vais compter demain, mais plusieurs centaines de journalistes réunis dans une seule salle, ça carbure. On part avec Laurence pour gratter nos trucs dans nos hôtels respectifs. Zut, j’ai oublié l’ordinateur dans la salle, faut y retourner. Mon vieux camarade Louis-Gilles Francoeur, le champion du journalisme écologique au Québec - et tiens, en Amérique du nord pendant qu’on y est ! -, m’attend et on va manger "une bouchée" dans une pizzeria. Il me rafraichit la tête en m’expliquant - c’est un bricoleur - comment il a installé un plancher chauffant dans sa "cabane", ce qui lui fait économiser 50 % d’énergie. Et d’un poêle à vent , qui chauffe les maisons, et de la géothermie, et des fenêtres à triple vitrage, et des dispositifs suédois pour économiser l’énergie, et... Un vent d’enthousiasme nous emporte. Mais il est d’aller bosser. Et me voici là, à me dire aussi qu’il faut répondre à Vincent Cheynet, de La Décroissance, qui se demande gravement : "Hervé Kempf est-il devenu objecteur de croissance ?" Mazette, la question. Il faut que je réponde. A vrai dire, c’est simple : OUI, depuis longtemps. Caser une demi-heure pour faire un mot... Ah, et un truc super, mais vraiment bien, pourrait se produire aujourd’hui. Dernière nouvelle : Bové coincé dans le Bella Center. Récit du Mercredi 16 décembre Réveil, thé, article, pause. Route vers le Centre. Aujourd’hui, grosse manif’ Reclaim the power, mais j’ai décidé de suivre les négociations, plutôt. Et puis, je suis parti trop tard : dans les onze heures. En chemin, coup de fil de Christophe, du CJA (Climate Justice Aciton), ah oui, il était au Camp action climat de Notre Dame des Landes, l’été dernier : "Le groupe bleu continue d’avancer, allée Vejlands, il y a eu deux arrestations. La police a tenté de scinder le groupe, mais n’a pas réussi. Il y a eu des arrestations du bloc vert. Pas de nouvelles du Bike Block. Au Bella Center, les ONG accréditées sont poussées dehors, Friends of the earth fait un sit-in." Poursuite du chemin, coup de fil d’Ignacio Ramonet : "Chavez est arrivé, dans l’avion, il a potassé ton livre, il pourrait le citer dans son discours. Il voudrait te voir avec d’autres experts pour parler du changement climatique, tu as des idées pour d’autres ?". Oh ! Chavez ! Ca se fait ? Ca renvoie à une autre histoire au Venezuela, mais... je ne vais pas vous la raconter, c’est un blog ici, pas des Mémoires. Le métro, en arrivant au Bella Center, est aérien. Du coup, on voit d’en haut la manif au contact des policiers. Le métro roule, la vision est fugitive, mais c’est assez... beau, étrange, magique ? cette foule de points colorés mêlés aux points noirs de casques policiers, sur l’avenue, belle image, pfuitt, disparue. Métro, station après, on revient à pied, voitures de polices, une camionnette blindée, des gars harnachés, il fait froid, un grand centre commercial hypermoderne, acier et verre. Aux abords du Centre, c’est une foule sur plusieurs dizaines de mètres. Les délégués qui essayent de rentrer, la police filtre sévèrement. Les manifestants sont à cinquante ou cent mètres, derrière les barrières de béton, rumeurs, brouhaha, ca pousse et tangue, mais les délégués sont très tranquilles. J’essaye de rejoindre Laurence, qui est près de la porte, et ce faisant, m’inscruste dans la masse en court-circuitant l’essentiel de la queue. Au bout d’un moment, ça commence à bouger, on pousse, pour exercer la pression et se faufiler sous l’oeil des policiers qui scrutent les cartons d’accréditation. Après le contrôle de sécurité, un sit-in d’écologistes, sous la surveillance des vigiles. A l’intérieur, la foule, déjà totalement speedée. La plénière a commencé. Ecran télé, Nafie Ai Nafie, le représentant du Soudan, qui préside le G 77 : "Manque de transparence... sérieuses préoccupations sur l’organisation de la session..." : les G 77 sont très remontés contre la présidence danoise, qui s’y prend comme un manche, et veut absolument, mais sans le dire expicitement, pousser une "décision politique" proche de la position américaine. Ca tangue fort, et de plus en plus toute la journée. Zenawi, d’Ethiopie, sur l’écran : "Si la question du changement climatique n’est pas réglée, cela voudra dire que le système économique, bâtie sur des mauvaises bases, s’écroulera." Conférence de presse d’Evo Morales : "Le capitalisme est une culture de la mort.... Il y a eu des trillions de dollars pour la guerre en Irak, mais dix milliards de dollars pour le climat, ce n’est pas juste... Les migrations causées par le changement climatique chez nos frères d’Afrique, on a été envahis et spoliés en tant que peuples indigènes, mais quand les frères viennent chercher du travail aux Etats-Unis ou en Europe, ils sont jetés dehors... On parle du marché libre ; mais il n’y a pas de liberté de mouvement pour les êtres humains... La cause réelle du changement climatique est le système capitalisme. Si vous voulez sauver la planète, il faut en finir.... L’objectif est de limiter le réchauffement global à 1° C, sinon, l’Afrique connaîtra l’holocauste". Morales sort. Foule. José Bové est là. Morales le voit : "Eh, compagnon !" Il le fait venir à lui, le serre dans ses bras, ils font trois pas, parlent un peu. Morales repart, avec la nuée. Discute avec José et Jean-Marc Desfilhes, qui travaille avec lui. Ils me racontent la matinée, comment José s’est joint à Friends of the earth, a failli être expulsé, a été retenu un moment dans une salle. Mais député européen, son passeport l’immunise. Policiers embêtés, ils l’ont relâché. On discute du capitalisme. Bové pense qu’il vaut mieux parler du productivisme, du système technicien. Et puis, si l’on parle du capitalisme, quelle alternative on propose ? Je ne suis pas d’accord avec lui, on discute. Patrick Piro surgit sur ces entrefaites. On décide d’aller tous les quatre manger un sandwich. Chemin faisant, on passe à côté de la salle plénière, qui nous est normalement interdite d’accès. Voilà que des gardes de l’ONU courent derrière nous, rentrent tout agités dans la grande salle. On se faufile à leur suite. Deux manifestants ont réussi à parvenir à la tribune et à crier des slogans. Ils sont emmenés par les gardes de l’ONU, sans brutalité, et ils continuent à crier sous les applaudissements des délégués, qui apprécient. Je file vers eux avec mon magnéto, voir ce qui se passe, quand je suis interpellé : "Eh Hervé !" C’est Maximilien, un conseiller de Chavez. "Reste, il va parler dans un moment". Bové est là. Maximilien propose d’aller saluer Chavez. On y va. Sur sa table (on est dans une salle contenant mille personnes à l’aise, assises en rang derrière des tables, chacun avec un panonceau portant le nom de son pays ; les pays sont alignés par ordre alphabétique). C’est une salle, vous mettriez deux terrains de football. José discute avec Chavez, photo. El presidente a, sur sa table, un exemplaire de Como los ricos destruyen el planeta. Maximilien me présente (tout ça, alors qu’un autre président est en train de parler à la tribune), "c’est l’auteur. - Ah, très bien". Il me serre la main, il serre ferme. "Et comment ça se prononce, votre nom, Kempé ? Et Arve ?" Je lui dis. On retourne à notre place, ça va bientôt être son tour. Ca y est. Il monte à la tribune, ses documents dans la main. Vingt minutes de festival. Tiens, Alain Juppé arrive, va s’assoir. Chavez : "A bas la dictature impériale... il n’y a pas de démocratie... Deux jeunes sont montés à la tribune, je salue tous ceux qui sont dehors [les manifestants], ce sont des jeunes, ils sont préoccupés de l’avenir... Un fantôme rôde parmi nous, dans les couloirs, dans cette salle, personne n’ose le nommer, c’est le capitalisme !... Les manifestants ont deux slogans que je reprends mon compte : ’Changer le système, pas le climat’, et ’Si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé". Applaudissements, comme souvent ensuite, et comme quand les deux jeunes criaient, tout à l’heure. La majorité des délégués viennent de pays du sud, et ils se défoulent. Et puis Chavez dit : « Je recommande le livre de Hervé Kempf, vous pouvez l’avoir en espagnol et en français, en anglais probablement, Como los ricos destruyen el planeta, Hervé – Kempf,- il insiste bien sur les mots, c’est pour cela qu’il voulait vérifier la bonne prononciation, il y a un instant - Como los ricos destruyen el planeta. Le Christ a dit : il est plus facile à un chameau de passer dans le trou d’une aiguille qu’à un riche de rentrer au paradis. Les riches détruisent la planète. Peut-être pensent-ils qu’il y en aura une autre quand ils auront détruit celle-ci, mais je ne peux en voir aucune dans la galaxie pour l’instant. Ignacio Ramonet m’a donné ce livre, il est quelque part dans la salle. Je le regardais, et à la fin de l’introduction, il y a une phrase très importante : Kempf dit ceci : ‘Nous ne pourrons pas réduire la consommation matérielle si nous ne veillons pas à ce que les tout puissants descendent de plusieurs échelons, et si nous ne luttons pas contre les inégalités. … Moins consommer, mieux partager.’ Je crois que c’est un excellent conseil que nous donne cet écrivain français, Hervé Kempf. Ceci dit, Monsieur le président, le changement climatique… » Ouah ! C’est fort, ça ! Le discours se poursuit, je continue à prendre des notes. "... 7 % de la population font 50 % des émissions mondiales, 50 % de la population font 7 % des émissions... le changement climatique n’est pas le seul problème dont souffre l’humanité..." Il cite Leonardo Boff, un théologien de la libération, Simon Bolivar, rappelle qu’en 1999, le Venezuela a connu "la tragédie la plus grave de notre histoire", évoque "le socialisme, autre fantôme qui hante nos salles. Voilà la voie à suivre pour sauver la planète", lève "le drapeau du Christ, de Mahomet, de la paix, de l’amour", cite Fidel Castro, Rosa Luxemburg, et conclut sur le Christ : "Bienheureux les pauvres". (Le discours filmé : http://www.dailymotion.com/video/xb... Applaudissements. Une foule se rassemble autour de Chavez, revenu s’assoir. C’est une star, pas de doute. Je me barre, assez stupéfait de ce qui s’est passé, et retourne à la salle de presse. Où le mieux est de citer un journaliste espagnol, Clemente Alvarez, qui m’a interviewé pour El Pais : « Dans l’énorme salle de presse du Sommet du Climat de Copenhague il y avait hier un journaliste français dont beaucoup de collègues s’approchaient pour lui donner quelques tapes dans le dos et plaisanter avec lui. Il s’agit de Hervé Kempf, un envoyé spécial du journal Le Monde et un vétéran de ces conférences. Il s’était transformé en nouvelle, puisque le président venezuelien Hugo Chávez avait cité en plénière son livre Comment les riches détruisent la planète ». « Transformé en nouvelle » : eh oui, et même cité dans une dépêche AFP. La vie est drôle, parfois (assez souvent, en fait). Ensuite, boulot de discussions à droite à gauche pour comprendre la façon exacte dont cette négociation est plantée, sans qu’elle le soit tout à fait, mais, etc. Ce n’est pas la peine de se fatiguer à chercher le résultat du match quand il est en cours, autant regarder le spectacle. Ceci dit, comme nos papiers doivent tenir 24 h alors que la situation évolue à toute vitesse, il vaut quand même mieux savoir où souffle le vent. A vos journaux, les amis... Discuté au passage avec Yann Arthus-Bertrand venu avec 25 membres de « ma petite ONG ». On n’a pas vraiment les mêmes idées, mais on se parle courtoisement. Je l’ITV pour Reporterre, vous entendrez ça dans quelque jours. Au milieu des rumeurs, discussions de couloirs, conférences de presse, une scène presque surréaliste. Dans le coin où les Etats-Unis ont installé une petite salle de conférences - rideaux bleus profond, drapeaux étoilés, lumières partant du sol - se tient un débat sur la « sécurité nationale et le changement climatique ». J’entre. Deux militaires en uniforme, ornés de décorations. Une question me vient comme ça et je la pose : « Ne vaudrait-il pas mieux utiliser l’argent dépensé à faire la guerre en Afghanistan pour aider les pays pauvres à lutter contre le changement climatique ? ». Réponse - j’enregistre - de Dan Chiu, Deputy assistant secretary of defense for strategy, au Pentagone (on est en videoconférence) : « J’apprécie le commentaire et comprend la préoccupation. Nous faisons de notre mieux pour porter nos engagements au coeur de nos opérations, et veillons à ces problèmes. Cela vient très fortement de cette administration et du ministère de la défense, et on établit le meilleur équilibre possible pour relever ces défis à la fois maintenant et à long terme. » Ah oui, bien sûr, certainement, sans doute... Après ? Tiens, couché avant minuit, c’est cool. Récit du Jeudi 17 décembre Lever tôt, thé, préparation article. Passer un coup de fil à « une source bien informée », comme on disait autrefois, pour vérifier ce qui s’est passé pendant la nuit. Echange avec Laurence Caramel, qui a eu comme convenu une autre source ; on compare, analyse, ajuste. J’écris, soumets à mes camarades (Laurence et Arnaud Leparmentier, arrivé la veille), envoie au journal. Info : après le chaos de la veille, un texte ONU est sur la table pour éviter de faire dérailler la conférence. Après ? Je reste au chaud, blog, courriels, téléphone... Cinq heures à peu près tranquilles, presque du repos. On convient de se partager le boulot : mes camarades suivent la négociation, je travaille sur le mouvement de la justice climatique, afin de donner le bilan de leur action, que Le Monde a bien suivi depuis le début. Pas grand chose à raconter, désolé. Ca vous intéresse de savoir que j’ai mal à une dent ? Pas trop, heureusement, ca devrait tenir quelques jours. Car, miracle presque aussi grand que Chavez promouvant ses lectures à la tribune des Nations unies, j’ai un rendez-vous avec le dentiste mercredi prochain ! Sans importance, hein ? Vous vous rappelez le début du bouquin de Sepulveda, Le vieux qui lisait des histoires d’amour, la description du dentiste dans l’Amazonie ? Arracheur de dents, oui. Il y a une chose que je n’oublie jamais, à propos de la civilisation actuelle, quels que soient ces défauts, c’est qu’en gros, elle sait soigner les dents et ce genre de choses. Du moins, on est bien d’accord, « chez nous » ; parce que je ne sais pas très bien ce qui se passe quand on a une rage de dents dans un village du Niger ou dans un bidonville de Guatemala Ciudad. Il y a des dispensaires, peut-être, parfois. Mon fils Adrien, qui a fait la route du côté de l’Amérique centrale http://guatenama.uniterre.com/, m’a dit qu’il y a des dispensaires très bien, au Honduras, je crois : on se pointe, on ne paye rien, on est soigné. Bon, je m’égare, mais voyez-vous, le cheval sent l’écurie, il se laisse aller, on est vendredi là, quand j’écris, et je pense plus à dimanche qu’à l’accord que vont nous pondre les « chefs d’Etat » à Copenhague. Ou peut-être pas ? Car ils se sont réunis la nuit, mais on ne sait pas encore s’ils ont accouché d’un texte, là, à 10h11, et l’on ne sait pas ensuite s’il sera avalisé par l’assemblée plénière de la conférence. Hier, donc, en fin d’après-midi, je vais prendre la température des alter : coup de fil à CJA, puis aller au Klimaforum. Bon, suis trop fatigué, là, pour raconter. Lisez « Le Monde » de cet après-midi, et puis tiens, ce récit d’une arrestation ordinaire : http://www.reporterre.net/spip.php?.... Ce qui s’est passé autour de ce sommet, l’instauration de pouvoirs policiers temporaires ( ?) hors droit, est glaçant, si on y réfléchit une seconde. Au fait, Tadzio Mueller, que vous connaissez maintenant (voir ci-dessous, le récit du 14 décembre), est toujours en prison, et pourrait y rester encore deux semaines. Une pétition est lancée : http://www.petitiononline.com/Tadzi... Ah, une bonne nouvelle, que m’a donnée Jean de Pena, photographe http://www.jdelsur.org : les Bike Bloc ont réussi leur coup, ils sont même parvenus à bloquer une autoroute, en roulant lentement. Les flics étaient bien emmerdés : s’ils amenaient des camions pour les embarquer, ils auraient encore plus bloqué l’autoroute. Vincent Cheynet m’a envoyé un texte sur Attali. Je le poste avec plaisir (http://www.reporterre.net/spip.php?...), on est sans doute en désaccord sur plusieurs choses, avec Vincent Cheynet, mais je suis infiniment plus proche de lui que d’Attali. A voir, le blog coopératif : http://www.nouveaux-medias-direct.c... Un autre regard sur les Bike bloc, par Laure Noualhat : http://environnement.blogs.liberati... Et pendant qu’on se plaint pour une malheureuse dent de rien du tout, Patrick Piro et Claude-Marie Vadrot se pèlent de froid dans leur camping car dont le chauffage a lâché : http://www.politis.fr/A-Copenhague-.... Il ne vous reste plus qu’à acheter Politis, dossier spécial Copenhague cette semaine, pour qu’ils puissent se racheter du gaz. Ciao. Récit des Vendredi 18 décembre, Samedi 19 et Dimanche 20 Là, c’est dimanche matin, valise faite, chambre vidée, prêt pour le départ. Il y a longtemps, très longtemps, quelque chose s’est passé qui s’appelait "Conférence de Copenhague". Mmmmm, quoi, déjà ? Ah oui, retour sur vendredi matin. Lever, papier, thé, etc. Téléphone : François Capelier, de France Bleue Gard Lozère (je suis une espèce d’enfant adopté du pays ; enfin, adopté, n’anticipons pas : disons que dans deux ou trois générations, les Kempf pourraient se dire vaguement lozériens...). Il m’ITV : "Qu’est-ce ça fait de voir son livre lu par Chavez ?" "Eh bien, un honneur et du plaisir, bien sûr, mais surtout le contentement de voir que les idées sont diffusées, que la nécessité de joindre social et écologie est de plus en plus reconnue". Aller au Bella, pour commencer le marathon final de la négoc. Sur la route, les danseurs habillés en peau de léopard. Je photographie, j’enregistre, je vous les fais entendre dans quelques jours, c’est marrant. Trouvé leur nom : "les panthères de Copenhague". Je n’ai sans doute pas assez décrit le lieu de la conférence elle-même, cette ambiance agitée, frénétique, bruissante de milliers de conversations, cette excitation des télés, journalistes, délégués, ces conciliabules, détours secrets, abattements cachés, traits tirés, stratégies subtiles, brouhaha, affiches, ce tumulte de dix mille voix et cerveaux qui s’agitent autour de la même chose mais en tirant à hue et à dia. Les chefs d’Etat sont derrière un rideau blanc qui coupe depuis deux jours le grand hall central du Bella center, mais le protocole est envolé, on ne serait pas plus étonné que ça de voir passer Gordon Brown ou Lula d’un pas pressé au milieu d’un aréopage de courtisans et conseillers - sauf Obama, bien sûr, empereur inaccessible, tenu à distance de tous par une sécurité obsessionnelle. Tiens, lisez Patrick Piro, une description plus précise de la machinerie de la conférence : http://www.reporterre.net//spip.php... Donc, ce vendredi, tout le monde est comme une boule de flipper qui passe d’un contact à un autre à la recherche de la dernière bribe d’information sur "l’accord de Copenhague". Car pendant toute la journée de vendredi, ça patauge, les "chefs d’Etat et de gouvernement" essaient de pondre un texte à peu près montrable à partir du désordre de mots et de papiers que leur lègue une présidence danoise malhabile et complètement dépassée. On se précipite sur "le troisième" draft de la journée, on commence à analyser les formules, à décoder ce jargon où les signaux sont in fine assez clair, à noter en vrac (et si l’on y pense, avec les heures, genre "13 50, Dupont, notes, 14 00, Martin, notes, 14 05", etc.). C’est un immense Café des sports, où on commenterait passionnément un match en train de se dérouler mais que l’on verrait à peine : "L’Europe n’est pas à 30 %, les Belges bloquent... Le discours d’Obama vise son opinion intérieure... je n’ai jamais pensé qu’on arriverait à l’accord, mais à ce point de désaccord, je n’imaginais pas... Les Chinois n’ont pas besoin de fric... Si on continue les émissions au rythme actuel, on va droit au changement climatique majeur..." Tiens, je compte enfin le nombre de tables et de rangs dans la salle de presse, dont toutes les places sont occupées : 50 par table, multiplié par 6 rangs, multiplié par 5 rangs en profondeur, égale 1500. 1500 journalistes dans la même salle, la plus grande rédaction du monde, je vous dis ! A moins qu’aux Jeux olympiques, peut-être ? Sandwich froid, bon sang, ça me réveille la dent, aïe... Je n’ai pas fini d’avoir mal. Au fait, dans tout ça, on cale les pages de demain avec Laurence Caramel et Arnaud Leparmentier, en discutant avec Paris. Deux pages, cinq papiers, on ouvrira bien sûr sur le résultat de la conférence, en espérant qu’à 9 heures samedi matin heure du bouclage, on l’aura. Conférence de presse de l’ALBA (alliance bolivarienne pour les peuples d’Amérique) : Chavez, Morales, le vice-président cubain, une ministre équatorienne. Morales : "Le capitalisme fait de la Terre-mère une marchandise". Le Cubain : "L’Alliance bolivarienne n’est pas seulement pour les peuples d’Amérique, mais pour les peuples du monde". L’Equatorienne : "On ne peut accepter que les pays en première classe décident pour les autres". Les présidents partent, mais leurs délégués restent. A la sortie, confusion, attroupement, sur la tribune, Amy Goodman, de Democracy Now, est montée avec son cadreur et espère l’interview. Avec quelques autres journalistes, qui vont vite former une petite troupe, on monte et se place derrière elle, débordant la sécurité. Chavez revient vers la caméra. Chavez répond à Goodman, je suis juste derrière elle, je pourrais poser mon bras sur son épaule, bras au bout duquel il y a mon magnéto, qui espère capter Chavez en face, la traductrice à gauche, au milieu de la jungle des micros, caméras, perches de son, appareils photo. Chavez regarde intensément la journaliste, comme si c’était vraiment à elle qu’il parlait, et c’est vraiment à elle qu’il parle, visage carré, fort, un peu en sueur, énergique mais avenant. Je pense que ces personnages – Chavez, Obama, Sarkozy, tous ces gens, quel que soit ce que l’on pense d’eux – sont des piles d’énergie, des miroirs fascinants, des charmeurs envoûtants. S’ils sont là où ils sont, c’est aussi grâce à ce don étrange de capter les regards et l’attention, comme la reine dans la ruche. Je pense à cette remarque lue il y a longtemps à propos de Mick Jagger : quand il parle à quelqu’un, il lui donne vraiment l’impression de lui accorder toute son attention. Leçon retenue : quand on parle à quelqu’un, lui être vraiment attentif. C’est ce que fait Chavez : il parle, et c’est vraiment à son interlocuteur qu’il parle, de ses mots, de son de son cerveau et de son âme. Et c’est par cette attention donnée que, anges ou démons, les types comme lui gagnent. Je n’écoute pas vraiment, je m’imprègne de la situation, observe Chavez à un mètre de moi à peine, entend une question de Goodman : « Aux Etats-Unis, on dit que vous êtes un dictateur ». Il sourit en coin, et plutôt que de s’indigner, il renvoie la balle en parlant de « l’Empire » et de sa guerre en Afghanistan. Décryptage de l’enregistrement, ce dimanche : « Goodman : Quel niveau de réduction des émissions de gaz à effet de serre soutenez-vous ? - Chavez : 100 % ! Il faut un nouveau modèle de vie, changer de système, sortir du capitalisme. - Comment allez-vous vous débarrasser du capitalisme ? - Comme ils ont fait à Cuba. Donner le pouvoir au peuple, l’enlever aux riches. On ne peut le faire que par la révolution. - Comment réagissez-vous au discours d’Obama ? - Obama est pour moi une grande frustration. Il pourrait s’inscrire dans l’histoire, mais il a créé une grande frustration pour ceux qui ont voté pour lui dans l’espoir du changement. Il ne fait que continuer la politique de Bush. - Pouvez-vous donner des exemples ? - La guerre. J’ai vu Obama quand il est venu nous saluer au Sommet des Amériques, on a parlé, je lui ai dit, ‘travaillons ensemble à la paix en Colombie’. Mais il ne s’est absolument rien passé, sinon qu’il a installé sept nouvelles bases militaires en Colombie. Ce n’est qu’un exemple. En Irak et en Afghanistan, la guerre continue. Je suis désolé pour vous, vous devriez avoir un meilleur gouvernement. - Le gouvernement des Etats-Unis vous qualifie de dictateur. Que répondez-vous ? - Merveilleux. Merveilleux. L’empire m’appelle un dictateur (rire). Je suis heureux. » Je ne comprends pas la suite, je vous la dirai quand un ami me l’aura traduit. « Merci, je dois partir, bonne chance ». L’entretien a duré moins de dix minutes, la forêt de micros se dissout, le président quitte la salle entouré d’un essaim d’humains, Goodman, isolée, se détend, ravie de son coup – ce n’est pas si facile que ça d’attraper quelqu’un comme Chavez -, se tourne vers son équipe en souriant : « On l’a eu ! » « C’est bien en boîte », assurent ses équipiers. Je la suis, j’aimerais bien discuter avec elle, mais n’obtient que quelques minutes d’interview, elle est pressée. Elle prend une sorte de pose, c’est une vedette, elle aussi, en deuxième ou troisième division, à moins que son corps se raidisse pour bien réfléchir, bien répondre. Elle a raison : mieux vaut maitriser sa parole face à un micro. Je l’interroge. Dans ses réponses, elle emploie souvent "the people", difficile à traduire, c’est entre "le peuple" et "les gens". Voilà : « Il y a un an, vous disiez qu’Obama avait été élu à 50 % par les corporations (les grandes entreprises), et à 50 % par le peuple. Un an plus tard, qui a le plus d’influence, les corporations ou le peuple ? - Goodman : Les corporations influencent plus Obama que le peuple. Sur chaque problème, que ce soit la guerre en Afghanistan ou la loi sur la santé, quand on voit la quantité d’argent qu’ont déversé les compagnies d’assurance aux lobbyistes, quand on voit ce qui se passe sur le changement climatique ici au sommet, où le pétrole, le charbon, le gaz, déversent beaucoup d’argent pour empêcher un changement de la politique des Etats-Unis sur le changement climatique – les corporations gagnent jusqu’à présent. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont les plus puissants. Le peuple reste plus puissant. Mais Obama a-t-il concrétisé (fulfill) le rêve qu’ont fait ceux qui ont voté pour lui ? Cela ne dépend pas que de lui, mais de chacun." Elle continue : "Pendant des années, les gens avaient l’impression de cogner leur tête contre le mur. Maintenant, ce mur a une porte, la porte est légèrement ouverte, et la question est de savoir si les gens vont l’ouvrir franchement ou si elle va être claquée. Elle se ferme, il n’y a pas de doute. C’est au peuple de faire en sorte qu’elle s’ouvre. (…) Barack Obama était un organisateur de communauté, et l’organisateur en chef est devenu le commandeur en chef. Les gens doivent trouver leurs propres leaders, et se battre comme ils le feraient avec n’importe quel président. (…) - Le peuple aux Etats-Unis est-il vraiment prêt à pousser ? - Il faudrait qu’ils entendent le signal du réveil (wake-up call). Mais il y a aux Etats-Unis un système médiatique qui ne fait pas entendre ceux qui ont des demandes. Le peuple doit se battre contre deux forces : un, le gouvernement et les politiciens, deux, les médias. Mais il y a une passion brûlante pour la justice aux Etats-Unis. - Les Etats-Unis sont-ils encore une démocratie ? - Les gens décident si c’est une démocratie active et vibrante en exigeant le respect de leurs droits, pas seulement en votant tous les deux ou quatre ans, mais en faisant des demandes, en participant au processus démocratique. - Précisez. Vous avez demandé à Chavez s’il était un dictateur. Les Etats-Unis sont-ils une démocratie ? - Je pense qu’il y a le potentiel pour que les gens exercent leurs droits. Une démocratie est une chose active, organique. Il y a certainement un espace (pour s’exprimer). Que les gens voient cet espace en ce moment est la question". Elle arrête là, elle est pressée. Etrange réponse, n’est-ce pas ? Si proche du "Non". Retour à la course à l’info, aux rumeurs. La balle de flipper. L’énervement grandit. Les chefs d’Etat ne sont toujours pas sortis de leurs réunions. Vers 19 h, on annonce une conférence de presse d’Obama. Tous les journalistes se ruent vers la salle de presse, et quand je dis se ruent, c’est qu’ils se ruent. Attroupement, ça pourrait tourner à l’émeute, on annonce que c’est annulé, ou que c’était une rumeur… L’essaim se disperse. 20 55, suspension de la plénière. Elle continuait. Au fait, pour faire quoi ? Boule de flipper. On parle de l’ « accord de Copenhague ». Je ne sais plus à quel moment on a le texte, enfin le texte à cette heure de la soirée. Pas brillant. 22 10 : annonce de conférence de presse de l’Union européenne. Les journalistes se ruent. Ah non, ce n’est pas dans cette salle, c’est dans Asper Gron, de l’autre côté. La meute galope comme si on venait d’annoncer une distribution gratuite de lingots d’or. 23 15 : conférence de presse d’Obama à la télé. Je regarde un peu. Une sorte de langue de bois, "il faut agir", pour recouvrir le néant. Ca m’ennuie, je n’écoute plus, qu’il parle. Je croise Hervé Le Treut. "Si le réchauffement dépasse 2°C, le danger majeur sera la perte de la biodiversité." Sur les marches d’un escalier près du centre de presse, le délégué soudanais, dont le pays préside le G 77. Une meute de micros et de caméras, les journalistes sont avides d’information, la bête médiatique a faim. C’est l’heure de gloire du délégué. Il en rajoute. "La façon dont s’est conduit Obama aujourd’hui ne fait pas de différence avec Bush… Un réchauffement de 2° C entraînera la dévastation de l’Afrique…" Une chose vraie, en tout cas : "Les pays développés n’ont pas encore admis que d’importantes réductions d’émissions sont absolument nécessaires". Minuit et trente minute, on est samedi, la nuit blanche commence. Peu auparavant a eu lieu une mini conférence de presse avec Sarkozy. Je n’y ai pas été, c’est Arnaud qui suit le président français. Qui, à ses dires, a tout fait, tout sauvé, et forcé ce magnifique "accord de Copenhague". Point presse dans une petite salle avec Jean-Louis Borloo. Il est fatigué, les yeux rouges, il n’a pas dû beaucoup dormir depuis deux jours, collant à Sarkozy pour parvenir à "l’accord de Copenhague". On est une dizaine de journalistes. "… Je considère comme acquis le 30 % [la décision par l’Europe de réduire ses émissions de 30 % en 2020], il y avait sept-huit chefs d’Etat dans cette pièce tout à l’heure, le Conseil européen le confirmera formellement." On lui pose des questions sur le texte qu’on n’a pas, enfin, on a une version de 19 h, c’est dépassé, il répond très confusément, affirme qu’il y a des chiffres de réduction d’émissions dans le texte – ce qui se révélera faux. Il essaye de vendre l’accord : "Un accord général de 150-160 pays" – 150, oui, parce qu’il sait qu’une partie des 192 Etats présents vont gueuler : l’écriture de "l’accord de Copenhague" par une vingtaine de pays court-circuite complètement la procédure de l’ONU. "Ils se mettent en mouvement, sous tension". Puis il démolit la procédure de l’ONU, le processus même de la COP – que les Européens ont cherché depuis le début à court-circuiter, en laissant la présidence danoise tenter d’élaborer un texte hors COP et à le négocier plus ou moins discrètement. Cela a été fait avec une subtilité si grande que tous les pays du G 77 se sont braqués, et d’autant plus que les Danois tendent beaucoup vers les positions des Etats-Unis. Vers deux heures du matin, conférence de presse des Européens. Le premier ministre suédois présente l’"Accord de Copenhague". "Ce n’est pas un accord parfait, dit-il, cela ne sauvera pas la planète, mais cela implique les joueurs majeurs, c’est un début." Barroso, le président de la Commission européenne : "C’est clairement en-dessous de notre ambition. C’est un premier pas. Il y aura de nombreux pas dans le futur." La plénière reprend à trois heures du matin. Le président Rasmussen, premier mnistre du Danemark, présente "l’accord de Copenhague", et propose de suspendre la séance pendant soixante minutes pour avoir le temps de l’examiner avant, espère-t-il, de l’endosser. Protestations. Tuvalu rejette. Le Vénézuela parle d’"un coup d’Etat contre la Charte des Nations Unies". La Bolivie affirme que la procédure ne respecte pas "les mécanismes démocratiques, c’est une tentative de nous imposer une décision, les chefs d’Etat non représentés (dans le groupe des vingt-six qui ont négocié l’accord) n’ont pas lu le texte." Cuba – tout l’ALBA monte à l’assaut, c’est une première -, "Ce papier ne contient aucun chiffre de réduction des émissions". Nicaragua : "C’est une dégradation de la forme démocratique internationale". On suspend la séance. Les journalistes sont dans la salle de presse. On commence à écrire les papiers. De temps en temps, la douleur de ma dent remonte, violemment, mes mains tremblent alors que je tâche de finir la transcription de l’interview de Le Treut, Laurence me file de l’aspirine, Louis-Gilles de l’Isobuprène, ça va mieux, tout le monde est fatigué, sandwich mou, la salle se vide au cours de la nuit – restent les agenciers (dans des cabines à part), les radios, les quotidiens qui doivent sortir leur papier ce matin tôt, selon le décalage horaire. Nous, Le Monde, il faut avoir tout fini à 9 heures, dernier carat. Reprise de la plénière après quatre heures du matin. Les pays parlent les uns après les autres, les uns soutiennent, d’autres refusent. Ca dure. On a l’œil sur la télé, on peut écouter ce qui se dit en prenant des écouteurs qui ont été mis à disposition par l’organisation. Je vous passe les détails. Cela va patauger jusqu’après dix heures, au final, l’"accord de Copenhague" n’est pas entériné par la COP, il est annexé comme une note d’information. 08 40 : Je cause dans le poste : http://www.europe1.fr/Radio/ecoute-... On arrive à neuf heures. Tous les articles sont envoyés. On avait laissé quelques lignes ouvertes, au cas où on aurait le résultat définitif des courses. Non, la plénière continue, mais il n’y aura plus de surprise, notre affaire tient la route. Soulagement. Je l’avais plus ou moins décidé et dit depuis quelques mois, mais ma décision est prise : "C’est ma dernière COP". Je couvre la négociation climatique depuis 1998, il est temps de passer la main. Je finis sur une conférence exceptionnelle, vibrante et passionnante, et qui ne se résume pas, loin de là, à ce piteux "accord de Copenhague". C’est la fin d’un cycle, le début d’un autre. D’autres le raconteront... Salut aux amis, discussions ici et là, petit matin glauque, on s’en va, métro, bise, "Salut Laurence, on a bien bossé. - Salut Hervé", rue de Noël, les gens font leurs courses, dormir. Le soir, dîner avec Louis-Gilles. C’est un chasseur, un amoureux de la nature. Un jour, dans la forêt, il voit un couple de loups avec leurs louveteaux. Les parents regardent les enfants jouer. Passe, non loin, une perdrix. Un louveteau va pour la saisir, hop là, la patte du père le rattrape et l’en empêche. La perdrix continue son chemin. Explication de Louis-Gilles : les loups savent conserver les réserves dans leur territoire proche, et vont chasser en-dehors. Comme cela, quand viendra le temps de la disette, ils pourront subsister en exploitant les réserves de proximité. "Les hommes ne savent pas gérer leurs ressources comme les loups", affirme Louis-Gilles. Il neige. A mon poignet, un bracelet de ficelle, accroché d’autorité par une collègue guatemaltèque. Comment refuser à une dame qui s’appelle Vida Amor de Paz - Vie Amour de Paix ? Authentique ! Il fallait faire trois voeux. J’ai fait trois voeux. Dimanche. Aéroport. Une affiche de Greenpeace est restée, elle montre Sarkozy en 2020, vieilli, blanchi : « Vous saviez, et vous n’avez rien fait ». Plus loin, exposées au milieu des boutiques de luxe, deux Porsche. Ecrans télé, dans un des restaurants : un match de football américain se déroule. Vers 1952, Kapuscinski prend l’avion : "A l’époque (c’était bien avant l’explosion démographique), les conditions de voyage étaient confortables, très souvent les avions transportaient peu de passagers." (p. 24 de Mes voyages avec Hérodote, Pocket). 20 décembre 2009 : le Copenhague-Paris est plein comme un oeuf. Il semblerait qu’une statue représentant une petite sirène soit installée dans le port de Copenhague. Je ne peux confirmer cette information. .......................FIN DU COPENHAGO BLOGO.............................. .................................C’était sympa de vous raconter tout cela............ merci de votre attention............................... 📨 Ne passez plus à côté des infos de l'écologie
biased
Inondation par vagues de submersion de l’atoll de Roi-Namur, République des Îles Marshall, où se situe le site d’essai « Ronald Reagan » de défense anti-missiles balistiques de l’armée américaine. (Peter Swarzenski, U.S. Geological Survey) Le Washington Post a eu accès à un document non publié qui révèle que des corrections apportées à un projet de rapport du ministère de la Défense ont minimisé les menaces que le changement climatique fait peser sur les bases et les installations militaires, en atténuant, voire en supprimant les références au changement climatique dans l’Arctique et aux risques potentiels liés à la montée des océans. La version précédente du document, datée de décembre 2016, contient de nombreuses références au « changement climatique » qui ont été supprimées ou transformées en « météo extrême » ou simplement en « climat » dans le rapport final, qui a été soumis au Congrès en janvier 2018. Alors que l’expression « changement climatique » apparaissait 23 fois dans le projet de rapport, la version finale ne l’a utilisée qu’une seule fois. Cette révision et d’autres suggèrent que le Pentagone a adapté son approche du débat public sur le changement climatique sous la présidence de Trump, qui a exprimé des doutes sur la réalité d’un phénomène qui, de l’avis des scientifiques, présente un danger croissant pour la planète. Alors que les chefs militaires ont déclaré qu’ils considèrent le changement climatique comme un facteur d’instabilité dans le monde entier, ils ont également cherché à rester en dehors d’un débat politiquement lourd sur ses causes. Heather Babb, porte-parole du Pentagone, a refusé de commenter l’ébauche du rapport, qui présente les résultats de la toute première enquête du ministère auprès des responsables de différentes installations sur les effets du changement climatique. Le Post n’a pas été en mesure de vérifier qui a apporté les changements contenus dans les deux documents. « Comme le souligne le rapport, les effets du climat sont une question de sécurité nationale avec des impacts potentiels sur les missions, les plans opérationnels et les installation », a déclaré M. Babb dans un communiqué. « La Défense continue de veiller à ce que ses installations et son infrastructure résistent à un large éventail de menaces, y compris le climat. Le Département a fait ses preuves en matière de planification et de préparation à de telles menaces ». Selon John Conger, qui était haut fonctionnaire du Pentagone sous l’administration Obama et qui faisait partie des fonctionnaires à l’origine de l’enquête à bases multiples qui constitue la source du rapport, les employés d’une douzaine de bureaux différents du ministère de la Défense auraient pu apporter des changements au texte au fur et à mesure qu’il traversait le processus d’approbation de la bureaucratie, ce qui donne souvent lieu à des documents au « plus petit dénominateur commun ». Conger, qui est maintenant directeur du Centre pour le climat et la sécurité, a déclaré que les modifications « changent le sentiment d’urgence dans le rapport, mais pas sa conclusion fondamentale – que nos installations militaires subissent clairement des impacts climatiques ». Le document final, un rapport de 32 pages pour le Congrès, a été publié plus d’un an après le projet initial. Comme dans sa version précédente, il constate que sur plus de 3 500 sites militaires dans le monde, 782 ont déclaré avoir été touchés par la sécheresse, 763 par des vents violents et 706 par des inondations, ainsi que d’autres problèmes – des résultats qui ont attiré une attention considérable lorsqu’ils ont été présentés à la fin janvier. Mais le projet de décembre 2016 était beaucoup plus direct dans sa discussion sur le changement climatique et en particulier sur la question de l’élévation du niveau de la mer – un problème bien connu auquel sont confrontés de nombreux sites militaires dans les zones côtières, de l’immense base navale de Norfolk au site d’essai de défense antimissile balistique Ronald Reagan dans les îles Marshall éloignées du Pacifique. Les mers augmentent actuellement d’environ 3,2 millimètres par an et les scientifiques craignent que cette augmentation ne s’accélère dans les décennies à venir. Le document final du Pentagone omet même, dans plusieurs cas, la simple observation que la prise de connaissance de la vulnérabilité des bases à l’élévation du niveau de la mer était au cœur de l’enquête qui fait l’objet du rapport. Cette enquête elle-même demandait à chaque site militaire quelle proportion de sa superficie était située à des altitudes comprises entre 0-3, 0-6, 0-9, 0-9 ou 0-12 pieds [NdT : entre 0 et 4 mètres] au-dessus du niveau de la mer. Avant et après : le comparatif de la façon dont les différentes versions du document du Pentagone décrivent le contenu des questions de l’enquête. (The Washington Post.) Le document final supprime également une carte montrant « les sites qui ont déclaré que des effets possibles pourraient se produire en raison de l’élévation du niveau moyen de la mer entre 0 et 92 centimètres ». (Quelques références à l’élévation du niveau de la mer demeurent dans la version finale du rapport et dans les questions d’enquête elles-mêmes, regroupées en annexe). « Le fait qu’il n’y ait pas le mot « climat », cela ne serait pas un problème pour moi », indique Dennis McGinn, un vice-amiral de la marine à la retraite qui a servi en tant que secrétaire adjoint de la marine pour l’énergie, les installations et l’environnement dans l’administration Obama, lorsque certaines des modifications lui ont été décrites. « Mais écarter les cartes des zones critiques d’inondation, c’est vraiment fondamental. Et l’Arctique, c’est énorme, pour de nombreuses raisons, non seulement pour le ministère de la Défense, mais aussi pour la Garde côtière et les entreprises de navigation commerciale ». Le rapport est le fruit d’un processus entamé par l’administration précédente, alors que les responsables de Washington cherchaient à comprendre comment les phénomènes liés au climat pouvaient affecter les installations militaires qui parsèment le globe. L’accent mis par le président Barack Obama sur les changements climatiques a créé un sentiment d’urgence pour les organismes fédéraux, y compris le ministère de la Défense, afin de se préparer à ses effets. La version publiée supprime une référence à l’évaluation nationale du climat, que le gouvernement américain, par la loi, effectue tous les quatre ans. Il omet également plusieurs références au recul de la glace en mer arctique, un phénomène continu qui a été fortement imputé au changement climatique. L’un de ces cas se trouve être une description des conditions à la station radar du cap Lisburne sur le versant nord de l’Alaska. L’affirmation selon laquelle « les dernières décennies ont vu une baisse tendancielle liée au climat dans l’étendue de la couverture de la glace en mer arctique » n’apparaît pas dans le rapport final, pas plus qu’une description des événements météorologiques extrêmes « rendus plus destructeurs par une réduction de la glace marine et une augmentation des périodes sans glace », car sans glace marine protectrice, de grandes vagues peuvent frapper les côtes arctiques fragiles pendant les tempêtes. Et lorsque le projet de rapport indique que l’érosion des rives sur le site est causée par une « réduction de la couverture de glace de mer », le document final attribue plutôt les dommages aux « fluctuations de la glace sur la mer ». Les versions avant et après d’une analyse sur les effets du changement arctique pour un site du Pentagone en Alaska. (The Washington Post.) Dans une autre section omise, le projet de document traite des mécanismes induits par un changement climatique qui pourraient affecter la capacité à entraîner des troupes. « Le changement climatique pourrait accroître le risque pour les 420 espèces en danger qui vivent sur nos installations, ce qui pourrait entraîner des restrictions en matière de formation et d’exploitation », peut-on lire dans la section omise. « L’augmentation du nombre de jours de chaleur élevée limite les activités de formation et de tests que notre personnel peut effectuer en toute sécurité sans périodes de repos appropriées », poursuit-il. L’enquête au centre du rapport, dans ses différentes versions, posait une batterie de questions détaillées aux installations militaires sur les différents événements extrêmes qui les ont affectés, ainsi que des informations sur la position des installations et leur vulnérabilité à l’élévation du niveau de la mer. Parmi les questions posées, il y avait : Les responsables actuels et anciens ont déclaré que la formulation et le contenu du rapport n’avaient probablement pas d’incidence sur la façon dont les services militaires réagissent – ou ne réagissent pas – au changement climatique. D’une certaine manière, l’armée a été perçue comme proactive dans son attitude face aux questions climatiques, cherchant à protéger les infrastructures dans des endroits comme Norfolk contre les changements climatiques, à produire une solide « feuille de route » du changement climatique et à planifier les changements dans l’Arctique. Par ailleurs, cependant, l’armée n’a pris que des mesures modestes, alors qu’elle exploite un vaste réseau de bases à forte consommation d’énergie ainsi que des flottes aériennes, navales et de véhicules, et fournit de la nourriture et des logements à son personnel dans le monde entier. « Je pense qu’au DOD [NdT : Département of défense], il y a une conviction générale qu’il est plus important de faire ce qu’on fait que de se battre sur la façon d’en parler », a déclaré Jeffrey Marqusee, ancien directeur de la recherche et du développement en matière d’environnement et d’énergie au bureau du secrétariat à la défense. « Ce n’est pas comme s’ils étaient systématiquement dans le déni », a déclaré Sherri Goodman, qui a été sous-secrétaire adjointe à la défense pour la sécurité environnementale au sein de l’administration Clinton. « Ils ont généralement été assez coopératifs ». Chris Mooney couvre les changements climatiques, l’énergie et l’environnement. Il a rendu compte, entre autres, des négociations climatiques de Paris en 2015, du passage du Nord-Ouest et de la calotte glaciaire du Groenland, et a écrit quatre livres sur la science, la politique et le changement climatique. Suivre @chriscmooney Missy Ryan écrit sur le Pentagone, les questions militaires et de sécurité nationale pour le Washington Post. Elle a rejoint The Post en 2014 après avoir travaillé pour Reuters, où elle était reporter sur les questions de sécurité nationale et de politique étrangère des États-Unis. Elle a été reporter sur l’Irak, l’Égypte, la Libye, le Liban, le Yémen, l’Afghanistan, le Pakistan, le Mexique, le Pérou, l’Argentine et le Chili. Suivre @missy_ryan
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Loi climat : les modifications clés votées au Sénat Les sénateurs ont apposé leur griffe au projet de loi adopté ce mardi 29 juin 2021 au terme de quinze jours d’examen. Les uns saluent un texte plus ambitieux, les autres pointent des renoncements. Plus de 2 300 amendements déposés, quarante-quatre présentés par le groupe écologiste adopté… L’examen du projet de loi Climat et résilience issu des travaux de la Convention citoyenne pour le climat s’est achevé ce mardi 29 juin 2021, au Sénat. Le texte a été voté par 193 voix pour cent contre. Aucun des parlementaires n’a contesté « l’urgence à agir » a noté la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, saluant un « énorme progrès ». Un engagement à réduire les gaz à effet de serre Les parlementaires ont jugé indispensable de « relever les ambitions » de la loi et contraindre l’action du gouvernement. Les sénateurs de droite et du centre ont ainsi fait ajouter un article obligeant la France à tenir ses engagements « en matière de réduction de gaz à effet de serre » et à atteindre l’objectif visé : moins 55 % d’ici à 2030. Une obligation que l’Union européenne lui imposait déjà. Aérien, ferroviaire, voitures… Entre souplesse et mesures incitatives Une baisse de la TVA sur les billets de train de 10 à 5,5 % est introduite. Le seuil était fixé à 7 % avant l’augmentation de cet impôt, en 2013. Cette mesure a malgré tout peu de chance d’aboutir, le gouvernement y est farouchement opposé. La majorité de droite a par ailleurs mis le frein sur la création des « zones à faibles émissions », retardant leur extension aux agglomérations de plus de 150 000 habitants de 2025 à 2030. D’ici là, le texte prévoit un prêt à taux zéro pour l’aide à l’achat d’un véhicule plus propre. Ils ont par ailleurs retardé la mise en place d’une écotaxe régionale sur les poids lourds. Végétarien, éolien, nucléaire, publicité, engrais… Un texte largement réécrit. Pas de généralisation de repas végétarien dans les cantines. Droit de veto des maires sur les projets éoliens. Fermeture des centrales nucléaires conditionnée à une l’existence d’une offre équivalente en énergie renouvelable. Interdiction dans l’audiovisuel public de publicités « promouvant des produits ayant un impact négatif sur l’environnement ». Report de l’interdiction à la location des logements classés E à 2040. Plan alternatif d’accompagnement à la redevance envisagée sur les engrais azotés… Une série de mesures ont été votées à l’encontre de l’avis du gouvernement. Le terme d’écocide « d’écocide » a par ailleurs été effacé. Que va devenir ce texte modifié ? Pour être adopté, le projet de loi doit être voté dans les mêmes termes par les deux assemblées. La commission mixte paritaire va entrer en jeu. « Nous avons des désaccords importants », a souligné Barbara Pompili, regrettant à la majorité sénatoriale de droite d’avoir amoindri les « mesures à fort impact ». Même son de cloche dans les rangs de l’opposition. La France « n’atteindra pas ses objectifs », estime le sénateur communiste Fabien Gay. L’écologiste Ronan Dantec pointe, lui, des reculs, jugeant par exemple « contradictoire et absurde le doit de veto accordé aux maires sur l’éolien ». Qu’en disent les associations ? Le WWF France note de « petites avancées » comme la réduction de la TVA sur les billets de train et « l’interdiction de la publicité sur les véhicules polluants dès 2028 » qu’il faudrait « avancer à 2022 », suggère Pierre Cannet. Le directeur du plaidoyer qualifie cependant « d’importants reculs » le retrait de la généralisation des menus végétariens, le report de cinq ans de la mise en place de zones à faibles émissions ou encore « les freins mis au développement des énergies renouvelables. » Même reproches formulés par Greenpeace France. Le projet de loi « passe à côté de l’enjeu de l’accélération de la fin de vente des voitures carburant aux énergies fossiles », estime l’ONG. Elle accuse par ailleurs le Sénat d’avoir « versé dans l’idéologie pro nucléaire radicale », oubliant que « les réacteurs nucléaires sont vieillissants et dégradés, posant des problèmes de sûreté croissants, à la merci d’aléas climatiques ».
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En Europe, en Asie, en Océanie... la mobilisation est globale. Le monde entier se rassemble pour marcher face au dérèglement climatique. Ce samedi, des milliers de personnes ont commencé à descendre dans la rue pour exiger des gouvernements qu'ils agissent enfin sérieusement contre le dérèglement climatique et pour la fin des énergies fossiles. De Melbourne à Manille, en passant par Bangkok, où se tient une réunion de préparation de la COP24, les rassemblements ont débuté en Asie, et devaient ensuite démarrer en Europe, de Paris à Bruxelles, puis aux Etats-Unis. Ce mouvement, baptisé Rise for climate (Debout pour le climat), est organisé à travers une centaine de pays, mais en Asie la mobilisation était faible samedi matin. C'est à Manille que la mobilisation a été la plus forte, avec 800 manifestants. L'un d'eux, habillé en dinosaure, tenait une pancarte "Go Fossil-free" ("Finissons-en avec les énergies fossiles"). Les Philippines sont en effet très dépendantes des centrales à charbon. A Bangkok, près de 200 manifestants se sont réunis devant le siège régional de l'ONU où est organisée jusqu'à dimanche une réunion de préparation du prochain sommet sur le climat, dit COP24, prévu en Pologne dans trois mois. Certains dénonçaient l'arrêt de la contribution des Etats-Unis décidée par Donald Trump, un manifestant portant un masque du président américain. LIRE AUSSI >> Climat: les trois dernières années sont les plus chaudes jamais enregistrées "Nous condamnons le président Trump qui s'est retiré des accords de Paris", a dénoncé parmi les manifestants à Bangkok Lidy Nacpil, représentante de l'Asian People's movement in Debt and Developpement, un mouvement asiatique réclamant plus d'implication des pays riches, notamment de Washington. De Manille à Bangkok, les manifestants dénonçaient aussi la poursuite de l'usage des centrales à charbon. Dans une capitale thaïlandaise confrontée en début d'année à un pic de pollution du niveau de ceux de New Delhi et Pékin, plusieurs dizaines de pêcheurs thaïlandais sont venus dénoncer la menace du réchauffement climatique sur les réserves de poissons, apportant des crabes et crevettes devant le siège de l'ONU. "Je suis venue ici aujourd'hui pour demander au gouvernement de mettre le problème de l'érosion côtière sur son agenda", explique une pêcheuse, Aree Kongklad. La mangrove où elle pêche habituellement des crabes recule sous l'effet de l'érosion. Les manifestants dénonçent plus globalement les lenteurs à Bangkok des négociations sur la mise en oeuvre du pacte de 2015. En France, par ailleurs, alors qu'une "Marche pour le climat" est organisée samedi dans plusieurs villes, 700 scientifiques déplorent que nous soyons "d'ores et déjà pleinement entrés dans le 'futur climatique' (...) Hausse du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans, etc.?: les manifestations concrètes du changement climatique ne cessent de s'accumuler". En Australie, les organisateurs ont fait entrer dans le port de Sydney, face à son emblématique opéra, un bateau portant la bannière Rise for climate. Des centaines de manifestants se sont réunis devant les bureaux du Premier ministre Scott Morrison en l'appelant à "sortir le charbon de la politique". Cette journée d'action est censée culminer avec une grande manifestation à San Francisco, aux Etats-Unis, où se tiendra à partir du 12 septembre le Sommet mondial des villes et entreprises pour le climat, organisé par le gouverneur de Californie en réponse à la politique anti-écologique de Trump.
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Un peu de CO2 pour commencer Depuis que Denis Papin et James Watt nous ont fait découvrir les joies de la machine à vapeur, la croissance de la production industrielle – qui, en volume, augmente sans discontinuer depuis cette époque, la « dématérialisation » n’étant qu’un terme à la mode – les émissions de CO2 – le principal gaz à effet de serre d’origine humaine – augmentent, et non seulement elles augmentent, mais elles ont même tendance à augmenter de plus en plus vite, comme on peut facilement le constater ci-dessous. Ce constat commence avec les émissions provenant des combustibles fossiles, que nous présentons ci-dessous discriminées par zone d’émission. Evolution constatée des émissions mondiales du seul CO2 provenant des combustibles fossiles, de 1870 à 2000, en millions de tonnes de carbone (rappel : une tonne de carbone = 3,67 tonnes de CO2). Le lien entre développement industriel et émissions de CO2 est manifeste, et fonctionne dans les deux sens : la récession qui a frappé les pays de l’Est après la chute du Mur de Berlin a engendré une baisse massive de leurs émissions (Eastern Europe sur le graphique). Source : Marland, G., TA. Boden, and R. J. Andres, 2003. Global, Regional, and National Fossil Fuel C02 Emissions. In Trends: A Compendium of Data on Global Change. Carbon Dioxide Information Analysis Center, Oak Ridge National Laboratory, U.S. Department of Energy, Oak Ridge, Tenn., United States Mais il n’y a pas que les combustibles fossiles qui contribuent aux émissions de CO2 : c’est aussi le cas de la déforestation et de la production de ciment. Dans le premier ce qui cause les émissions est le fait de couper puis brûler les arbres pour défricher des forêts et les transformer en surfaces agricoles (ce qui provoque l’essentiel de la déforestation), et dans le deuxième le CO2 provient de la réduction du carbonate de calcium (composant essentiel du calcaire), CaCO3, pour le transformer en chaux vive sous l’effet de la chaleur dans de grands fours à environ 1000 °C (le ciment est en effet un composé proche de la chaux vive). Le graphique ci-dessous donne l’ensemble de ces émissions, compilées ou recalculées par votre serviteur, de 1860 à 2008 ; pour le ciment ce qui est représenté est juste les émissions de réduction du calcaire, pas les émissions liées à l’utilisation du combustible pour chauffer le four (ces émissions sont dans les catégories « charbon » ou « pétrole » quand on utilise du coke de pétrole ou du fioul lourd). Evolution constatée des émissions mondiales du seul CO2 de 1860 à 2012, en millions de tonnes. Quelques faits remarquables supplémentaires se constatent sur ce graphique : les émissions dues à la déforestation ont longtemps dominé l’ensemble, jusque vers 1930, et depuis 1960 elles sont à peu près stables (mais il faudrait les faire baisser !). de 2000 à 2012, c’est le charbon qui a engendré la plus forte hausse des émissions, et de très loin. Source : calculs de l’auteur à partir de Shilling et al. 1977 et BP statistical Review 2013 pour les consommations de combustibles fossiles ; CDIAC pour la calcination du calcaire ; Houghton, The Woods Hole Research Center pour le CO2 du à la déforestation (via Global Carbon Budget). Avant de tirer des conclusions forte de ce qui précède, une dernière présentation sera intéressante : ramener toutes les émissions aux quantités par personne, ce qui fait évidemment jouer la population et est le plus représentatif de la consommation de biens, services et ressources naturelles d’un individu. Moyenne mondiale des émissions par personne du seul CO2 de 1880 à 2012, en tonnes de CO2. Ce graphique permet de constater quelques faits supplémentaires : Les émissions par personne dues à la déforestation sont globalement en baisse depuis un siècle, et cette baisse s’accélère fortement au moment des Trente Glorieuses. On peut se demander si la forêt n’a pas été largement épargnée par la mécanisation des cultures et les engrais qui ont permis une hausse des rendements, ce qui pose la question de savoir si cette évolution résistera à la contrainte à venir sur l’approvisionnement en pétrole et en gaz, Les émissions par personne dues au charbon n’ont jamais cessé d’augmenter, et ce « vieux » combustible occupe désormais la première place ! La cause est simple : 2/3 du charbon mondial sert à faire de l’électricité, dont la consommation augmente linéairement avec le PIB (ci-dessous, PIB mondial en fonction de la consommation d’électricité mondiale pour la période 1985-2012 : les deux se répondent presque parfaitement). PIB mondial (en milliards de dollars constants) en 2012 en fonction de l’électricité produite (en TWh). Les émissions par personne dues au pétrole sont à la baisse depuis 1979, année où elles sont probablement passées par un maximum historique. C’est une autre manière de dire que la consommation de pétrole par personne a atteint un maximum historique cette année là et qu’elle va continuer à baisser. Enfin les émissions par personne dues au gaz sont en hausse ininterrompue depuis que nous utilisons cette énergie, et sur le siècle ce sont elles qui croissent le plus vite. En particulier autant la crise de 1979 se voit dans les émissions dues au pétrole (et un peu dans celles dues au charbon), autant elles ne se voit pas dans celles dues au gaz (notamment parce qu’il sert beaucoup au chauffage, et le chauffage passe avant une partie du transport et des achats). Rappelons que le gaz a beau être naturel, il est épuisable et son utilisation engendre des émissions de CO2 ! Source : idem ci-dessus + World bank pour la population Les graphiques ci-dessus permettent de dégager une conclusion forte : la hausse des émissions par personne a accompagné de manière évidente le développement industriel qui a lui-même amené la hausse de la croissance du PIB. Les seules occasions de diminution des émissions de CO2 nous ont été fournies par des événements peu agréables (guerres, récessions…). Une conclusion élémentaire de cette remarque est que, dans un monde fini, avec des émissions qui ne peuvent donc pas croître indéfiniment, si nous ne mettons pas en oeuvre un programme volontaire de décroissance des émissions, c’est la finitude du monde qui s’en chargera à notre place, à travers une ou plusieurs catastrophe(s) qui risquent de nous laisser un souvenir impérissable, mais pas pour de bonnes raisons ! Le lien entre degré « d’avancement » industriel et niveau des émissions est malheureusement très fort ; ainsi, si l’on répartit les émissions mondiales de CO2 entre les pays « développés », qui sont aussi ceux qui ont pris un engagement de réduction au titre du protocole de Kyoto (dans le langage du protocole la liste de ces pays s’appelle l’annexe B), et pays en développement, qui n’en ont pas, il est facile de constater que : l’essentiel des émissions mondiales en 1990 vient des pays industrialisés (qui ne représentent pourtant que 1 milliard d’être humains) les pays en cours d’industrialisation ont cependant des émissions en hausse plus rapide depuis cette époque (et ils ont aussi une croissance économique plus forte), avec pour conséquence qu’ils ont « rattrapé » puis dépassé les pays dits industrialisés en 2005. On notera que dans le même temps les émissions des pays industrialisés n’ont globalement pas énormément augmenté. Emissions de CO2 seul dans le monde, en millions de tonnes d’équivalent carbone. Annex B désigne l’ensemble des pays qui ont pris un engagement de réduction dans le cadre du protocole de Kyoto ; il s’agit des pays développés ou « en transition » (pays de l’Europe de l’Est, essentiellement). Non Annex B désigne les pays signataires du protocole de Kyoto mais qui n’ont pas pris d’engagement de réduction (tous les autres pays du monde, dont la Chine, premier consommateur mondial de charbon). Source : Global Carbon Budget 2012 ; Le Quéré et al. L’examen des sources de CO2 fossile explique facilement cette situation : en effet, ce gaz est émis là où nous brûlons du charbon, du gaz et du pétrole, et cela signifie souvent une application « industrielle », ou du moins de la « civilisation industrielle », car une voiture ou un chauffage central au gaz en font assurément partie. De fait, les sources qui comptent ont soit une chaudière (centrale électrique thermique, chaudière industrielle, chaudière de bâtiment) soit un moteur (transport). Il faut y rajouter la déforestation et tout y est ! Evolution des émissions de CO2 seul par activité depuis 1971. On remarque que la première source mondiale est la production d’électricité (« power »). On comprend alors que, compte tenu des niveaux de réduction qu’il serait souhaitable d’atteindre si l’on veut sérieusement se préoccuper du phénomène, que le combat contre l’effet de serre sera plus facilement gagné si l’on ne refuse pas le recours au nucléaire. Sources : BP statistical Review 2013, CDIAC, the Carbon Budget, Woods Hole Research Center (Houghton et al.). D’autres gaz pour continuer Le CO2 d’origine fossile ne représente pas l’intégralité du problème : une partie de l’effet de serre d’origine humaine vient d’autres gaz, dont la contribution n’est pas totalement marginale. Les émissions des autres gaz concernent : le CO2 lié à la déforestation, souvent rangé dans la catégorie « changement d’utilisation des sols », parce que en pratique le changement d’utilisation des sols qui engendre des émissions de CO2 significatives est la déforestation : la plupart du bois coupé est brûlé (l’exploitation forestière ne représente qu’une petite partie du bois coupé, même si les forestiers créent des chemins qui sont ensuite utilisés par les paysans locaux qui défrichent le reste), ce qui conduit à des émissions de CO2, puis le sol libère du CO2 additionnel lorsqu’il est labouré (le labourage expose l’humus à l’air, ce qui conduit à une oxydation accélérée du carbone du sol), Evolution des émissions mondiales de CO2 du à la déforestation, de 1850 à 2005, en millions de tonnes de carbone. Ce graphique propose aussi quelques enseignements intéressants : lorsque les émissions dues à la déforestation dominaient les émissions mondiales, ce sont les USA qui y contribuaient le plus ! Récemment, c’est l’inverse (mais il reste du chemin avant de compenser les émissions passées) : la forêt américaine gagne en superficie. A un moindre degré, cela est aussi valable pour l’Europe (qui a terminé sa déforestation bien avant celle des USA). L’Amérique du Sud, longtemps à la première place, vient se faire rattraper par l’Asie du Sud Est (Indonésie en tête). La Chine a cessé sa déforestation et voit désormais sa foret regagner (modestement) un peu de terrain Avec l’Amérique du Sud et l’Asie du Sud Est, l’Afrique Tropicale est la troisième grande zone de déforestation dans le monde. Les autres régions du monde contribuent marginalement à ce processus. Source : Houghton, The Woods Hole Research Center Du coup, en ajoutant déforestation et combustibles fossiles, nous obtenons la photo suivante des émissions par zone. Emissions de CO2 par zone, en millions de tonnes, en ajoutant déforestation et combustibles fossiles. Source : BP Statistical Review et Houghton, The Woods Hole Research Center Du méthane et du protoxyde d’azote, qui sont très liés à la production agricole (en croissance, à cause de la croissance démographique d’une part, et de l’augmentation de la part animale dans les rations alimentaires d’autre part, ce qui nécessite plus de surfaces agricoles). Emissions mondiales de méthane par source depuis 1860, en millions de tonnes. Landfill = décharges Livestock = cheptel de ruminants Rice paddies = rizières, gas flaring = torchage du gaz sur les champs de pétrole Gas supply = fuites dans l’exploitation et la distribution du gaz Coal mining = émanations des mines de charbon Biomass burning = combustion incomplète de la biomasse Source: Annual Estimates of Global Anthropogenic Methane Emissions: 1860-1994, David I. Stern* and Robert K. Kaufmann + extrapolation par votre serviteur après 1994. Des halocarbures, dont l’usage est très lié à la chaîne du froid (en croissance) ou à l’industrie des semi-conducteurs (en croissance aussi). Si nous jouons maintenant au petit jeu qui consiste à regarder ce que représente la contribution de chaque gaz, alors la situation, au plan mondial, se présente à peu près comme suit. Emissions mondiales pour les divers gaz à effet de serre en 2010 (excepté les halocarbures, désormais marginaux), en millions de tonnes équivalent CO2. Le CO2 lié à l’usage de l’énergie représente environ 60% du problème. Source : BP statistical Review 2011 pour les consommations de combustibles fossiles ; CDIAC pour la production de ciment ; Houghton, The Woods Hole Research Center pour le CO2 du à la déforestation ; Carbon Budget pour le méthane et le protoxyde d’azote (Nitrous oxide) ; calculs de l’auteur pour la compilation. Si nous faisons une allocation par activité des divers gaz, voici comment ont évolué les émissions hors ozone et gaz fluorés depuis 1971. Evolution des émissions imputées par activité, depuis 1971 (en millions de tonnes de C02 équivalent) Sources : BP statistical Review 2013 pour les consommations de combustibles fossiles ; AIE pour la répartition par activité des combustibles fossiles, CDIAC pour la calcination du calcaire, Houghton, The Woods Hole Research Center pour le CO2 du à la déforestation ; souce ci-dessus pour le méthane, et calculs (et extrapolation après 1994) de l’auteur pour la compilation. En regardant le graphique ci-dessus, nous pouvons êtres tentés de penser que l’essentiel du problème vient « des entreprises » : après tout, ce sont elles qui produisent l’électricité, opèrent les industries, et une partie des moyens de transport. Mais une autre lecture – intéressante, assurément ! – peut être proposée si les émissions liées au raffinage ou à la production électrique sont imputées aux secteurs qui consomment les produits pétroliers ou l’électricité. Répartition par activité des émissions de gaz à effet de serre dans le monde en 2004 en imputant les émissions des industries de l’énergie (dont les centrales électriques bien sûr) au secteur de consommation. Surprise ! les bâtiments font plus que les transports : la consommation d’énergie dans les bâtiments – et en particulier dans les logements – est donc un enjeu majeur pour la lutte contre le changement climatique. Source : BP statistical Review 2009 pour les consommations de combustibles fossiles ; IPCC AR4 WG 3 (2007) pour la production de ciment ; Houghton, The Woods Hole Research Center pour le CO2 du à la déforestation. Tous les pays sont-ils égaux ? Le niveau des émissions de gaz à effet de serre et la répartition par activité de ces émissions est bien sûr très variable d’un pays à l’autre, selon la richesse globale, le mode de production d’électricité, le régime alimentaire, et le stade de l’industrialisation…. Répartition par activité des émissions de CO2 seul en 2007 (hors déforestation) pour un pays développé : les USA (l’électricité est imputée aux secteurs qui la consomment). Le bâtiment est la première source dans le monde (avec l’électricité qui lui correspond, faite pour l’essentiel, dans le monde, avec des combustibles fossiles). Source : CO2 emissions by fuel, AIE, 2009 Répartition par activité des émissions de CO2 seul en 2007 pour un pays en cours d’industrialisation : la Chine (l’électricité est imputée aux secteurs qui la consomment). On note la part prépondérante de l’industrie et la part très mineure des transports. Source : CO2 emissions by fuel, AIE, 2009 Nous pouvons ensuite disposer d’émissions par pays, et si les pays à population importante ont des émissions par tête bien inférieures à ce qu’elles sont pour les pays industrialisés, ils fournissent néanmoins une large partie des émissions mondiales à cause de leur démographie. Emissions de CO2 d’origine fossile, en millions de tonnes, pour une sélection des plus gros émetteurs mondiaux. On remarque que les pays de l’Est ont tous baissé leurs émissions de manière importante, essentiellement à cause…de la récession intervenue dans ces pays. Dans le même temps la forte croissance de certains pays (Chine, Inde, Mexique, Afrique, Brésil, etc) a engendré une forte croissance des émissions. Croissance économique et lutte contre le changement climatique sont-ils compatibles ? Source : AIE, 2009 Cependant les émissions par habitant suivent une hiérarchie fort différente, et s’il est un fait qui ne surprendra personne, à savoir que émissions et développement économique vont plus ou moins de pair, ce classement révèle une surprise : au sein des pays du G7, les émissions par tête varient d’un facteur 3 entre les pays les plus « vertueux » et ceux qui le sont moins. Emissions de CO2 par habitant et par an, en kg, pour quelques pays, pour 1990 et 2007 (classées par ordre d’importance en 2007). On remarque que parmi les pays disposant d’un fort PNB par habitant, les plus « vertueux », outre la France, sont la Suède et la Suisse, qui produisent aussi – comme la France – leur électricité avec essentiellement du nucléaire et de l’hydraulique. Dans le cas de la Suisse se rajoute le fait que son économie est fortement tertiarisée. On remarque aussi que les émissions par habitant en Chine sont quasiment 4 fois plus faibles que celles des USA, mais qu’elles ont plus que doublé quand aux USA il y avait une stabilité. Ce graphique montre à nouveau la forte diminution intervenue dans les anciens pays communistes (ce processus explique pour une large part la diminution pour l’Allemagne ; le programme éolien mené depuis 2000 n’ayant pas produit d’effet majeur sur les émissions par habitant). Source : AIE, 2009. Les « grands affreux » pour le changement climatique sont incontestablement les Américains : non seulement leur pays est le premier émetteur au monde, mais ils sont aussi sur le podium pour les émissions par habitant, et leurs émissions sont en croissance ! Les pays « sous-développés » sont nettement moins émetteurs : en moyenne, l’émission de CO2 fossile par habitant est de l’ordre de 0,4 tonne d’équivalent carbone par an (soit un cinquième d’un Français, et 7% de ce que « fait » un Américain), mais tous les pays hors Annexe B (ceux qui n’ont pas pris d’engagements de réduction) ne sont pas si bas ! Emissions de CO2 seul par habitant pour une large sélection de pays de hors Annexe B (pays n’ayant pas pris d’engagement de réduction à Kyoto), en tonnes équivalent carbone, avec puits. Pour ce seul gaz, la Suisse serait à 1,7 tec/pers./an et les USA à plus de 5. On note les émissions modestes de l’Inde (0,3 tec/pers./an en gros) et les émissions très basses des pays de l’Afrique Noire (le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique, avec plus de 120 millions d’habitants). On note aussi que Israël, Singapour, La Corée du Sud, l’Afrique du Sud, sans parler des pays producteurs de pétrole, qui ont tous des émissions par tête et/ou un niveau de développement voisin de celui des pays de l’OCDE, n’ont pas pris d’engagement de réduction. Source : United Nations Framework Convention on Climate Change – UNFCCC. Et en France ? A cause du fait que nous produisons notre électricité essentiellement avec des procédés qui n’émettent pas de CO2 (nucléaire pour 80%, et hydraulique pour 15%) la répartition chez nous n’est pas la même : pour le seul CO2 ce sont les transports qui arrivent en tête (figure ci-dessous), suivis du poste « résidentiel – tertiaire », qui correspond à l’utilisation d’énergie fossile dans les maisons et bâtiments (chauffage pour l’essentiel, puis eau chaude pour la plus grosse partie du reste ; la climatisation à l’électricité n’est pas prise en compte car la consommation d’électricité ne produit pas de CO2, c’est la production d’électricité qui en produit éventuellement). Répartition par activité des émissions de CO2 seul en France en 2011. Il s’agit des émissions brutes, c’est à dire que les puits ne sont pas pris en compte (cela signifie essentiellement que les bénéfices liés à l’exploitation forestière, qui conduit à de la séquestration de carbone dans les arbres transformés en produits durables, ne sont pas imputés à l’activité agricole, qui comprend aussi la sylviculture). On remarque que la première source en France est représentée par les transports, avec 30% environ. En outre, si l’on imputait aux transports les émissions des raffineries pour produire l’essence (dans le poste « transformation énergie »), celles de l’industrie pour la construction des voitures et des routes, et plus généralement toutes les émissions produites par des activités concourant aux déplacements (assurances, garages, etc) le total serait probablement plus proche de 40%. La nomenclature a son importance ! (*) le transport aérien international n’est pas pris en compte, car aux termes du protocole de Kyoto les émissions découlant du transport international aérien ou maritime ne sont pas affectées aux totaux nationaux. Source : CITEPA, 2012 Le poste « énergie » correspond pour une grosse moitié aux centrales électriques à charbon et à gaz que nous avons aussi, et pour une petite moitié aux raffineries de pétrole (le raffinage du pétrole conduit à une auto-consommation de 8% du pétrole raffiné environ). Incidemment il est intéressant de noter que plus on cherche à avoir un carburant « propre » (exempt de soufre, etc) et plus cela engendre des émissions de CO2 importantes pour le raffinage correspondant. Si nous tenons maintenant compte de tous les gaz à effet de serre pris en compte dans les négociations internationales, et pas seulement du CO2, alors la répartition change : c’est l’agriculture qui arrive en tête ! Répartition par activité des émissions en France pour l’année 2011, tous gaz à effet de serre (sauf ozone) pris en compte. Il s’agit des émissions brutes (je ne sais pas imputer les puits par activité !). On remarque que la deuxième source devient alors l’activité agricole au sens large. Toutefois la même remarque que ci-dessus s’applique : si l’on réintègre les émissions des raffineries, de l’industrie auto, etc, les transports montent probablement à plus de 25%. Cela étant, un raisonnement similaire peut s’appliquer à l’agriculture : si nous rassemblons dans un même sac tout ce qui est émis pour nous fournir de la nourriture (agriculture, mais aussi le transport et la transformation industrielle de la nourriture, y compris la fabrication des emballages que nous jetterons ensuite), alors manger est à l’origine d’un tiers des émissions environ. (*) le transport aérien international n’est pas pris en compte. Source : CITEPA, 2012 En effet, l’agriculture est à l’origine de l’essentiel des émissions des gaz « hors CO2 » : 2/3 du méthane – CH4 – et du protoxyde d’azote – N2O – proviennent des activités agricoles, respectivement dus à l’élevage bovin et à l’utilisation des engrais. Ces gaz « mineurs » représentent un peu plus ou un peu moins d’un quart des émissions globales selon la manière de compter (graphiques ci-dessous). Répartition par gaz des émissions en France pour l’année 2011. HFC, PFC et SF6 sont des gaz industriels appelés halocarbures. A gauche : sans les puits. A droite : en ne comptant que le solde pour le CO2, une fois les puits pris en compte. Source : CITEPA, 2012 Les proportions respectives du CO2, du méthane et du protoxyde d’azote sont variables selon les pays : les pays à économie agraire ont des émissions de méthane proportionnellement plus élevées, voire qui peuvent être dominantes, alors que les pays très industrialisés et qui en plus font leur électricité au charbon ont des émissions de CO2 encore plus dominantes qu’en France. En France, tous les postes évoluent-ils de la même manière ? Non : les évolutions respectives sont assez variables d’un poste à un autre. Les chiffres ci-dessous ne sont bien sur valables que pour la France, mais les évolutions décrites se retrouvent peu ou prou dans bien d’autres pays du monde développé, à l’exception de la baisse des émissions pour l’électricité, qui est une spécificité française. Evolution par activité des émissions de CO2 seul (en France) depuis 1960, en millions de tonnes équivalent CO2. Quatre époques se lisent clairement sur ce graphique : après le choc pétrolier, l’industrie se met à la chasse au gaspi de manière efficace, et électrifie un certain nombre d’usages par ailleurs, et obtient une baisse continue jusqu’au « contre-choc » (en 1985 le pétrole est devenu très bon marché). Pendant la même période le lancement du programme électronucléaire conduit à une diminution rapide – mais avec un décalage de 10 ans, le temps de construire les centrales – des émissions du secteur de l’énergie (c’est cette baisse que l’on ne retrouve pas nécessairement dans d’autres pays), et enfin les particuliers ont aussi effectué des économies chez eux (baisse du poste « résidentiel tertiaire »). Pendant cette période, toutefois, les émissions des transports continuent de croître, quoique moins vite que sur la période 1960-1974. jusqu’au premier choc pétrolier, tous les postes d’émission sont en hausse. Les « Trente Glorieuses » sont allées de pair avec une très forte augmentation des émissions dont la phase finale se voit clairement de 1960 à 1973. depuis le contre-choc de 1985, tous les postes sont plus ou moins stables, exception faite des transports qui poursuivent sur leur lancée et de l’agriculture, qui poursuit sa mécanisation (qui consiste essentiellement à remplacer des individus par du pétrole !). Et… depuis le début des années 2000, c’est-à-dire exactement le moment où la quantité de pétrole disponible pour les européens est passée par un pic, les émissions des transports baissent… tout simplement parce qu’il n’y a pas (ou plus) de plus en plus de carburant à mettre dans les réservoirs ! Cette période, qui a démarré par un pétrole de plus en plus cher puis une récession, a conduit à une baisse des émissions françaises de manière évidente. (*) le transport aérien international n’est pas pris en compte Source : CITEPA, 2012
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Vendredi 25 janvier 2008. Alors que le gouvernement brésilien a tenu Jeudi 24 janvier une réunion d’urgence en réponse à la publication de nouveaux chiffres révélant un redoublement de la déforestation en Amazonie fin 2007, Greenpeace appelle le Président Lula à établir d’urgentes réformes structurelles afin de protéger l’Amazonie des demandes accrues sur les produits agricoles comme que le soja et la viande bovine. Les chiffres délivrés par les autorités brésiliennes font état d’une déforestation estimée à 3235km2 d’août à décembre 2007. Cependant, Greenpeace estime que l’analyse plus en détail des images satellites conduira à un total de 7,000 km2 de forêt tropicale détruite. « Le gouvernement brésilien ne peut pas se dire surpris de cette évolution, déclare Paulo Adario, responsable de la campagne Amazonie à Greenpeace. Nous l’avons prévenu maintes fois qu’en raison de l’augmentation des prix du soja et de la viande bovine, la déforestation allait augmenter. Seules des mesures urgentes, telles que l’accroissement des contrôles de l’Etat et la suspension de l’aide publique aux contrevenants des lois de protection de l’environnement, peuvent inverser la tendance. Si Lula pense sérieusement que le Brésil est le leader mondial en matière de lutte contre la déforestation, il doit s’assurer que l’Amazonie soit pas victime de la seule hausse des prix des matières premières.» Sans action effective du gouvernement, la déforestation continuera d’augmenter en 2008. La situation est encore plus fragile car cette année est une année électorale : les autorités locales sont prêtes à passer outre les autorisations forestières afin de s’assurer des votes. En juillet 2006, après que Greenpeace et les autorités locales de Santarém au Brésil ont révélé la menace que représente l’expansion du Soja en Amazonie, les principales entreprise de négoce de soja se sont accorder sur un moratoire de 2 ans sur l’achat de soja issu des terres récemment déforestées. Greenpeace demande aujourd’hui à ce que l’industrie renforce et rende plus pérenne ce moratoire. Le Brésil est le 4e plus grand contributeur au réchauffement climatique global, et ce, principalement en raison de la déforestation et du défrichage en Amazonie. S’attaquer de front à la déforestation est essentiel dans la lutte contre les changements climatiques.
true
Quatre ans déjà qu’on ne les voit plus au supermarché. Depuis le 1er juillet 2016, les sacs plastiques à usage unique sont interdits en caisse, et depuis le 1er janvier 2017 dans l’ensemble des rayons (fruits et légumes). La confirmation d’un mouvement entamé bien avant cette date puisque le nombre de sacs plastiques à usage unique était déjà passé de 10 milliards à 500 millions entre 2002 et 2014 dans les grandes surfaces du pays. La loi à l’origine de cette interdiction précise plusieurs choses : les sacs plastiques épais (50 µm ou plus) sont toujours autorisés, car réutilisables ; ceux en plastique léger (moins de 50 µm), doivent être biosourcés / compostables. Pour combler le vide créé par cette interdiction – et proposer une alternative aux usagers – les acteurs du plastique biosourcé et biodégradable se sont donc mis en ordre de marche. Leur promesse : produire des sacs légers zéro déchets, dégradables en conditions domestiques. Mais les résultats ne sont pas toujours à la hauteur. Fin 2019, une équipe de scientifiques de l’Université de Plymouth (Royaume-Uni) a déterré des sacs dits « biodégradables » qu’elle avait enterré trois ans plus tôt dans le jardin d’une école. Intacts, les sacs ont pu être réutilisés pour une nouvelle session de courses… Cet échec de certains plastiques biosourcés et biodégradables s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, parce qu’ils contiennent toujours des hydrocarbures. La loi précise ainsi la teneur minimale en matériau biosourcé pour les sacs : « 30 % en janvier 2017, 40 % en janvier 2018, 50 % en janvier 2020, 60 % en janvier 2025. ». Aujourd’hui, les sacs dits biosourcés peuvent donc encore être jusqu’à 50%… « pétro-sourcés ». Ensuite, ils sont rarement biodégradables, du moins pas en milieu domestique. Aujourd’hui, la plupart des sacs sont bien biodégradables mais uniquement en milieu industriel, c’est à dire dans des conditions bien particulières (température, humidité, etc.) difficiles à reproduire en milieu domestique. Les sacs devraient par conséquent être collectés et traités à part, via un circuit dédié. Le système de collecte des collectivités n’est malheureusement pas encore prêt pour ça. Enfin, les termes manquent souvent de lisibilité pour les consommateurs. La confusion entre biosourcé (origine du matériau) et biodégradable (fin de vie du matériau) contribue au flou au débat, tout comme l’ambiguïté du mot « biodégradable », qui n’apporte aucune précision sur le délai à partir duquel le matériau se biodégrade effectivement dans la nature : 2 mois ? 1 an ? 500 ans ? Pour les experts du secteur, cet aveu d’échec partiel n’est pas une grosse surprise. « Il faut savoir que les premiers plastiques qui ont existé – bien avant l’arrivée du pétrole - étaient bio-sourcés, explique Michel Daigney, Responsable sectoriel chimie – environnement chez Bpifrance. Mais quand le pétrole est arrivé, la R&D et les compétences techniques ont été mobilisées pour travailler sur la matière première pétrole ». Ainsi, si les plastiques biosourcés et biodégradables font un retour timide sur le marché depuis une vingtaine d’années, ils restent marginaux, représentant moins de 1% du volume de l’ensemble des plastiques. « Quand la loi de 2016 a ouvert une opportunité de développement pour ces bioplastiques, les industriels se sont précipités sur le sujet et ont mis sur le marché tout types de sacs », ajoute-t-il. Pas étonnant donc que parmi ces produits non matures, les performances soient très variables d’un produit à l’autre. De quoi justifier les études accablantes publiées sur le sujet ? Pour Michel Daigney, le sujet mérite quelques nuances : « Les études visant à tester la dégradation des sacs compostables n’ont précisément pas été réalisées en utilisant des solutions de compostage ». Et d’ajouter qu’enterrer un sac ou le plonger dans l’eau de mer ne suffit pas à savoir si le sac est compostable : « le compostage est un procédé précis, qui opère à 20 ou 30°C minimum, soit une température bien plus élevée que sous terre ». En effet selon l’ADEME, « un matériau est dit biodégradable s’il peut être décomposé sous l’action de micro-organismes (bactéries, champignons, algues…). Le résultat est la formation d’eau, de CO2 et/ou de méthane et éventuellement de sous-produits (résidus, nouvelle biomasse) non toxiques pour l’environnement. ». Assez loin donc d’un simple plongeon dans l’eau de mer. Pour autant, les acteurs de la grande distribution et les professionnels des emballages ne restent pas les bras croisés. On estime que 3,4 millions d’euros sont mobilisés chaque année par les distributeurs français pour améliorer l’impact écologique de leurs emballages. « Chaque année, l’ensemble de ces nouveaux plastiques progresse, et les produits les moins performants sortent du marché », constate Michel Daigney. Les acteurs de l’innovation sont également sur le pont pour produire des plastiques sans la moindre trace de pétrole : au Chili, la société Solubag a ainsi conçu un sac soluble en quelques minutes dans l’eau produit à partir d’un dérivé de roche calcaire et d’alcool polyvinylique (PVA). Une autre société, Polybiom, installée en Seine-et-Marne, a concocté une recette de plastique 100% végétale, cette fois-ci à base de plante miscanthus. Sur le sujet de la décomposition, la collaboration entre la start-up auvergnate Carbiolice et la société biotech danoise Novozymes apporte elle aussi son lot de solutions. En ajoutant une enzyme à la composition de son bioplastique en PLA – une matière plastique 100% d’origine végétale, le plastique devient effectivement 100% biosourcé et 100% biodégradable en 200 jours dans un composteur domestique. « Nous ne sommes qu’au début de la recherche sur les polymères biosourcés, explique Michel Daigney. Il y a de très nombreuses pistes à explorer : certains polyesters biodégradables – les polyhydroxyalcanoates (PHA) – sont déjà produits naturellement par plus de 300 bactéries. On envisage aussi la production de plastique à partir de déchets organiques et d’huiles usagés, mais aussi la synthèse de plastiques directement à partir de CO2 ». Demain, existera-t-il un plastique 100% végétal et 100% compostable, adossé à un système de collecte dédié et performant ? Peut-être. « Certains des verrous qui subsistent peuvent être levés si un volume suffisant de plastiques biodégradables (et pour certains également recyclables) sont mis sur le marché, rendant ainsi possible le développement de filières spécifiques ou l’intégration dans les futures filières de traitement des biodéchets » conclut Michel Daigney. Performants ou pas, les plastiques biodégradables ne sont malheureusement qu’une partie de la solution. « Si on se penche sur la pollution plastique dans les océans, on voit que le vrai problème, c’est lorsque la collecte et le tri des déchets font défaut », observe Michel Daigney. Sur ce point, plusieurs projets sont également en cours de développement. À Banyuls, les chercheurs de Plastic@sea étudient la colonisation, la biodégradabilité et la toxicité des plastiques en mer. Ailleurs, la fondation Tara Océan analyse les fuites de déchets plastiques vers la mer. Sans oublier la perspective d’une filière de collecte de biodéchets. L’Italie a déjà prouvé que c’était possible, tout comme certaines villes françaises. Sur le site du ministère de la Transition écologique, on peut lire ainsi que « la loi prévoit que tous les particuliers disposent d’une solution pratique de tri à la source de leurs biodéchets avant 2025 ». D’ici là, la meilleure solution reste encore de limiter notre recours aux emballages plastiques, notamment via la vente en vrac et en préférant les emballages ou sacs réutilisables et consignés.
true
Voici un argument qui pourrait peser dans l'actuel débat sur la taxe carbone. Dans une étude publiée ce mardi, l'Alliance européenne pour la santé publique (EPHA), ONG des associations et des professionnels de la santé, explique que la pollution automobile en Europe coûte 66,7 milliards d'euros par an en frais de santé pour les maladies respiratoire et cardiovasculaire. Le Monde, qui relaie l'étude, note que "ce sont les très toxiques oxydes d'azote (NOx) rejetés par les moteurs diesel qui en sont les principaux responsables". Les données utilisées ont été récoltées dans neuf pays européens possédant des parcs automobiles plus ou moins importants comme l'Allemagne, la Pologne, l'Espagne et plusieurs pays de l'est. Sur le total de cette facture, les véhicules tournant au diesel représentent 83% de la facture. Un autre modèle de calcul, à savoir le projet TRUE (The Real Urban Emissions Initiative) du Conseil international pour un transport propre, donne un montant encore plus important : 79,8 milliards d'euros. Si les assurances maladie en place dans les pays concernés prennent en charge environ 75% des coûts médicaux, ces derniers pourraient logiquement être réduits grâce à la réduction des énergies fossiles. "D'ici à 2030, ils pourraient chuter d'environ 80 % avec une généralisation des véhicules à faibles émissions." Un objectif très ambitieux, notamment parce que la proportion de véhicules électriques et hybrides à très peu progressé en Europe ces dernières années.
true
Une "demande gonflée". Le syndicat professionnel des agences de voyage et des tour-opérateurs français a estimé ce mardi que les compagnies aériennes doivent compenser le dioxyde de carbone émis par leurs avions, en abondant des fonds oeuvrant en faveur de l'environnement. Les transports aériens de marchandises comme de personnes, à l'international et en France, sont exonérés de taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) par l'article 265 bis du code des douanes, au nom de conventions internationales. Le kérosène des avions n'est pas non plus assujetti à la TVA. Néanmoins, pour Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, qui représente 90 % du secteur [agences de voyages, tour-opérateurs, distributeurs, agences en ligne ou encore spécialistes du voyage d'affaires], "l'idée d'une nouvelle taxation est très mauvaise". "Il faut plutôt que les compagnies aériennes soient obligées de compenser le CO2 qu'elles produisent, en contribuant à un fonds dont l'objectif est d'absorber la production de dioxyde de carbone. Il faudrait que chaque avion atterrissant en France soit tenu de compenser le CO2 émis." "Nous sommes arrivés à un consensus sur ce sujet parmi nos membres. Oui, c'est une demande ambitieuse, gonflée même. On s'attend à recevoir une volée de bois vert de la part des compagnies aériennes. On ne veut pas affaiblir leur modèle économique, on vit nous-mêmes du transport aérien, mais il faut le rendre vertueux", met en avant Jean-Pierre Mas. Fin novembre, le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, s'était déclaré favorable à une taxation des carburants aériens au niveau européen, alors que de nombreux gilets jaunes dénonçaient cette exception. Citant le groupe Voyageurs du Monde, qui compense à 100 % ses voyages en abondant un fonds qui replante notamment de la mangrove en Inde et en Indonésie, "même si tous les tour-opérateurs de France faisaient de même, cela ne représenterait que 5 % des quelque 170 millions de billets émis chaque année dans l'Hexagone", indique Jean-Pierre Mas. Selon un sondage BVA, 36 % des Français ont pris l'avion lors des douze mois écoulés. Parmi ces voyageurs aériens, 20 % affirment avoir déjà "renoncé à l'avion pour un mode de transport moins polluant même si le trajet était plus long".
true
Paris, le 09 octobre – Greenpeace salue la prolongation du moratoire sur l’attribution de nouveaux titres forestier, mais s’inquiète de la poursuite des pratiques destructrices des industriels du bois. Avec deux ans de retard, les résultats de la révision de la légalité des titres forestiers en République Démocratique du Congo (RDC), processus financé par la Banque Mondiale, ont été rendus publics. Lundi dernier, au cours d’une conférence de presse, le ministre de l’environnement, José Endundo, a annoncé que 46 des 156 titres forestiers soumis à la révision étaient éligibles pour la conversion en concessions légales. Pourtant, 33 de ces titres avaient été alloués après l’entrée en vigueur du moratoire de mai 2002, censé bloquer toute délivrance de nouvelle concession. « Le fait que des titres attribués en violation du code forestier soient maintenant légalisés constitue un précédent très dangereux, qui n’incite pas les entreprises à respecter à l’avenir les régulations et les obligations légales. », a déclaré Michelle Medeiros, Coordinatrice Forêts Africaines pour Greenpeace International. Dans un rapport publié aujourd’hui, Greenpeace révèle de grosses défaillances dans le processus de révision des titres et alerte sur le risque de voir redoubler l’exploitation forestière destructrice. Ce rapport dénonce l’absence de critères d’évaluation rigoureux, le déficit d’informations fiables et l’opacité générale du processus, qui risquent d’en faire une véritable opération de blanchiment des titres obtenus illégalement. L’entreprise germano-suisse SIFORCO (filiale du Groupe Danzer) et les filiales du groupe portugais NST, émergent comme les grands gagnants de ce processus de révision. La plupart de leurs titres ont été légalisés, y compris ceux qui ont été obtenus en violation du moratoire de 2002 et du code forestier. Greenpeace a documenté les conflits sociaux, omniprésents, dans les régions où ces entreprises forestières disposent de concessions. La violation des droits des communautés forestières locales y sont la règle plutôt que l’exception. Alors qu’elles se présentent comme aptes à la « certification durable » afin de préserver leur marché à l’export, principalement européen, ces entreprises exploitent en fait des forêts anciennes intactes, riches en biodiversité. Elles en extraient d’importantes quantités d’essences de bois protégées internationalement. M. Endundo a également annoncé l’extension du moratoire actuel sur l’attribution de nouveaux titres forestiers pour trois années supplémentaires. « C’est une annonce inattendue, qui nous permet d’espérer, et donne le temps de trouver des alternatives à l’exploitation forestière industrielle à grande échelle. Greenpeace salue cet engagement, tout particulièrement à l’heure ou la lutte contre les changements climatique est une priorité et que les scientifiques s’accordent à dire qu’il faut protéger les forêts et non les détruire » explique Michelle Medeiros. « Cependant, ce moratoire n’est qu’une première étape. Sans efforts supplémentaires pour faire appliquer la loi et contrôler ce qui se passe sur le terrain, ce moratoire ne fera pas grand chose pour améliorer la gouvernance forestière, qui est indispensable au regard des pratiques actuelles du secteur forestier et du manque d’envergure du récent processus de conversion des titres forestiers ». Consultez l’étude sectorielle sur les exploitations forestières en République Démocratique du Congo.
true
Doutes autour du référendum sur le climat, l’Élysée dit vouloir toujours modifier la Constitution Le Journal du Dimanche affirme qu’Emmanuel Macron a renoncé à organiser le référendum sur la protection du climat. Mais ce matin, L’Élysée assure ne pas avoir renoncé à l’ambition de modifier la Constitution. L’interview d’un député LREM au Journal du Dimanche et les informations de ce journal sur un possible renoncement d’Emmanuel Macron à organiser un référendum sur la protection du climat ont suscité de nombreuses réactions dimanche. Mais l’Élysée assure ne pas avoir renoncé à l’ambition de modifier la Constitution. Les conditions d’un référendum sur le projet inscrivant la protection du climat dans la Constitution ne sont pas réunies, estime dans le JDD le député LREM Pieyre-Alexandre Anglade. Le projet de loi inspiré par la CCC grave à l’article 1er de la Loi fondamentale que la France garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et lutte contre le dérèglement climatique. Or la majorité du Sénat rejette le terme garantit, qui donnerait selon elle à la préservation de l’environnement une forme de priorité sur les autres principes constitutionnels. L’Elysée dément Le Sénat contrôlé par la droite, et qui examine lundi le texte déjà voté par l’Assemblée nationale, a fait le choix de vider de sa substance la proposition de la convention citoyenne pour le climat (CCC), et donc d’empêcher l’accord, accuse le député Anglade. Plusieurs responsables à droite et à gauche ont réagi en rejetant la faute de cet échec sur le président lui-même, avant que l’Élysée, interrogé par l’AFP, n’assure que la modification de l’article premier de la Constitution pour y intégrer la protection du climat n’était en rien enterrée. Le JDD affirme dans un article séparé, citant des sources anonymes dans la majorité et à l’Élysée, que le président Emmanuel Macron a renoncé à organiser le référendum qu’il souhaitait sur cette révision constitutionnelle, qui ne serait possible que si le texte était adopté en termes identiques par l’Assemblée et par le Sénat. Interrogé sur un possible abandon du référendum, le député LREM assure : nous voulons toujours offrir la possibilité aux Français de trancher la proposition des membres de la CCC d’inscrire la lutte pour le climat dans la Constitution. « Manoeuvre », « hypocrisie », « duplicité », réagit l’opposition Emmanuel Macron faisait comme d’habitude une promesse qu’il ne pouvait pas tenir, a réagi sur France Info le secrétaire national d’EELV Julien Bayou. Candidat en tête de liste en Ile-de-France, il s’est adressé aux participants à la marche pour le climat organisée dimanche, pour leur assurer qu’EELV allait traduire en acte dans les régions les propositions de la convention citoyenne sur le climat. La sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie a tweeté de son côté la Une du JDD en accusant Emmanuel Macron de duplicité. Dénonçant un nouvel engagement sur l’écologie renié par Emmanuel Macron et LREM, et sans doute l’un des plus importants, le député écologiste Matthieu Orphelin a jugé pour sa part que le gouvernement manœuvrait pour que le processus n’aille pas au bout, refusant toutes concertations avec le Sénat. À droite, le sénateur Bruno Retailleau estime que la manœuvre et l’hypocrisie seront la marque de cette dernière année de mandat. Selon lui, Macron nous accuse de blocage pour justifier l’annulation d’un référendum dont il ne voulait pas.
true
L'animateur Stéphane Bern a salué vendredi "une belle victoire des défenseurs de l'environnement", après la suspension du contournement routier de Beynac-et-Cazenac, accusant le président du conseil départemental de la Dordogne, Germinal Peiro (PS), de s'être comporté en "potentat". "Les gens ont eu raison de se révolter" contre ce projet, a déclaré Stéphane Bern, rappelant qu'une écrasante majorité des habitants de la région y étaient hostiles. "C'est une belle victoire des défenseurs de l'environnement et aussi des amoureux de la Dordogne", a salué celui que le président Emmanuel Macron a chargé d'une mission pour la sauvegarde du patrimoine. Il a vivement critiqué de nouveau l'attitude de Germinal Peiro : "Ce qui est terrifiant, c'est qu'il a continué à bétonner" entre la recommandation de suspension du rapporteur public et l'arrêt du Conseil d'Etat. "Il s'est discrédité", a-t-il fustigé, l'accusant de s'être comporté en "potentat local qui a fait pression sur les élus locaux". "J'espère qu'on va détricoter tout ce massacre", causé par Germinal Peiro, a-t-il dit. Selon la plus haute juridiction administrative, l'arrêté préfectoral contesté par trois associations avait "pour effet d'autoriser des travaux conduisant à la destruction de l'habitat d'espèces protégées et entraînant des conséquences irréversibles pour les individus de ces espèces". La semaine dernière, le rapporteur public du Conseil d'Etat avait recommandé cette suspension. Le projet consistait en la construction dans l'une des vallées les plus touristiques du Périgord d'une déviation routière de 3,2 km, de deux ponts et d'un pont-rail pour un coût de plus de 30 millions d'euros. Dans son arrêt, le Conseil d'Etat relève que le "bénéfice attendu de cette déviation apparaît limité" eu égard aux travaux d'élargissement des voies déjà réalisés dans la commune et au fait que le trafic estival est essentiellement dû à l'importante fréquentation touristique.
true
Les pêcheurs et les riverains de Saint Brieuc protestent contre l’implantation des éoliennes en mer qui vont tuer leurs poissons et bousiller leurs paysages. Le 7 juillet 2021, M. Carenco, président de la CRE (Commission de Régulation de l’Energie) a déclaré sur une chaîne de télévision : Je suis pour que ceux qui n’en veulent pas [des éoliennes] ils n’aient plus d’électricité, au moins c’est plus simple. On dirait du Michel Audiard faisant parler un truand. Ou du Molière. Mais on aurait tort d’en rire. Il faudrait plutôt en pleurer, car ce charabia en dit long sur ceux qui nous gouvernent. Pour le comprendre, quelques mots sur la CRE, et sur son président. La CRE est le gendarme du marché de l’électricité et du gaz. Elle a une importante fonction technico-économique : gérer les appels d’offre, calculer les subventions aux renouvelables, et contribuer à déterminer le prix auquel ménages et entreprises payent leur énergie. Elle est dirigée par un collège de cinq membres en principe nommés pour leur compétence, avec de gros salaires pour garantir leur indépendance. En fait, un seul d’entre eux a une solide formation d’ingénieur. Les autres ont surtout fait des carrières politiques (Secrétaire d’Etat, cabinet ministériel). C’est notamment le cas du président. M. Carenco, énarque, a été directeur de cabinet d’un ministre, et a terminé sa carrière au prestigieux poste de préfet de l’Ile-de-France. C’est là qu’il a été atteint par la limite d’âge. La pauvre homme allait perdre son logement de fonction, son chauffeur, son cuisinier, et devoir vivre avec une médiocre retraite de préfet : intolérable. La présidence de la CRE – pas de limite d’âge – était à pourvoir. M. Carenco n’avait ni compétence ni expérience en matière de gaz ou d’électricité. Il avait mieux : des « relations ». Il s’y est donc fait nommer, avec un salaire de 200 000 euros par an (en plus de sa retraite, probablement). On peut servir l’Etat, et en même temps savoir s’en servir. Voilà pour le contexte. Revenons au texte. On y trouve à la fois la servilité du chien, la brutalité du rhinocéros, et la morgue du coq. La servilité d’abord. La ministre Pompili veut remplacer le nucléaire par des éoliennes, M. Carenco veut donc remplacer le nucléaire par des éoliennes. Cette soumission aveugle méconnait la nature et la fonction des agences de régulation comme la CRE. Elles ne sont pas une direction de plus du ministère, aux ordres du ministre. Elles sont en principe indépendantes (c’est pourquoi le salaire du président de la CRE est plus élevé que celui de la ministre en charge de l’énergie), chargées de protéger les consommateurs des foucades ou des conflits d’intérêt ministériels. La brutalité ensuite. M. Carenco ne propose rien de moins que le fichage des opposants aux éoliennes, et leur condamnation à vivre sans électricité – une électricité qui est principalement nucléaire, du reste, ce qui ne manque pas de sel. Qui va procéder au fichage ? La CRE ? la police ? une police spécialisée ? M. Carenco ignore-t-il que manifester est un droit, pas un délit ? Le président de la CRE n’a-t-il pas compris que l’accès au réseau électrique est un service public ? Et que dire de son « Au moins c’est plus simple », si ce n’est qu’il s’agit d’un propos totalitaire, dans la bouche d’un « grand serviteur de l’Etat ». La morgue enfin. Cette déclaration de guerre (civile) aux anti-éoliens intervient au moment où l’opposition aux éoliennes enfle et grandit en France. Des centaines d’associations de défense des paysages, des oiseaux, de la biodiversité sont mobilisées. La grande majorité des élus (à l’exception des écologistes et des macroniens) sont contre. L’Académie des Sciences vient de publier un rapport qui explique que c’est seulement le nucléaire, pas l’éolien, qui pourrait permettre de réduire les rejets de CO2 aux niveaux visés. La tirade de M. Carenco montre qu’il est sourd et aveugle à tout cela. Il sait mieux que le peuple et que les savants ce qui est bon pour la France. Ira-t-il jusqu’à couper l’électricité aux académiciens ? Pourquoi pas ? leur liste, en tout cas, sera « plus simple » à établir que celle des manifestants de Saint Brieuc. Cette déclaration comico-tragique n’est-elle qu’une anecdote, une sortie de route individuelle, sans signification ? Hélas non. Elle est la partie émergée de l’iceberg de la France d’en-haut. Un ancien préfet de l’Ile-de-France est nécessairement représentatif du pouvoir politico-administratif, celui qui nous dit : vous ne voulez pas des éoliennes, et bien vous allez en avoir deux ou trois fois plus. Certes, il y a quelque chose d’excessif, et donc de caricatural, dans ce président de la CRE. Mais sa servilité, sa brutalité, et sa morgue sont assez répandues, sous des formes atténuées et/ou cachées bien sûr, mais à peine moins inquiétantes. Les deux-tiers des Français qui refusent de voter le savent, ou le sentent.
biased
Greenpeace demande à la France de renoncer au projet de terminal charbonnier de Cherbourg. A moins de deux mois du sommet de Copenhague sur les changements climatiques, nous renouvelons notre demande auprès des autorités. La France ne peut pas investir dans ce projet incohérent et anachronique. Elle doit envoyer un signal politique fort en abandonnant le charbon, premier responsable de nos dérèglements climatiques avec 30% des émissions mondiales de CO2. Depuis plusieurs mois, nous combattons ce projet de terminal charbonnier à Cherbourg. Au printemps, nous avons manifesté notre opposition durant la première enquête publique. Celle-ci n’a pas pu être achevée. Une deuxième a donc été ouverte le 12 octobre, pour une durée d’un mois. Elle aura lieu dans les dix communes du littoral qui risquent d’être affectées par ce projet. Nous réitérons notre opposition à ce projet. Ce serait une catastrophe écologique, puisque quatre millions de tonnes de charbon passeraient chaque année par ce terminal. Comment la France pourrait-elle investir dans une énergie aussi sale, alors que l’urgence climatique nous appelle à abandonner les énergies fossiles et à promouvoir les énergies renouvelables, la sobriété et l’efficacité énergétiques ? Non seulement, ce projet n’est pas acceptable d’un point de vue environnemental, mais il est également un non-sens économique. Les partisans du terminal le présente comme une plate-forme de transbordement à destination des centrales thermiques anglaises. Mais le 8 octobre dernier a été annoncé l’abandon du plus gros projet en la matière, celui de la centrale à charbon de Kingsnorth. La filiale britannique du groupe allemand EON a décidé de repousser de deux ou trois ans la construction de la centrale. Cette décision porte un coup sévère au projet de terminal charbonnier à Cherbourg. Les investissements dans le charbon sont de toute façon complètement dépassés au regard de la crise climatique actuelle. 30% des émissions mondiales de CO2 sont imputables au charbon. Il est le premier responsable des dérèglements climatiques actuels. C’est pour cette raison que Greenpeace dénonce son usage. Ces dernières semaines, nous avons bloqué un cargo sortant de la mine de Svalbard en Arctique, nous sommes montés sur les cheminées de deux centrales à charbon en Finlande et nous avons bloqué l’arrivée de trois bateaux chargés de charbon dans le port de Rotterdam. Partout dans le monde, Greenpeace réclame l’abandon du charbon et des énergies fossiles, à Cherbourg comme ailleurs !
true
Durant l'été dernier et jusqu'à cet automne, les Grands Lacs d'Amérique du nord ont affiché des températures record. Encore une conséquence du réchauffement climatique anthropique. Et des chercheurs nous précisent aujourd'hui que ce sont tous les lacs de l'hémisphère Nord qui se réchauffent aujourd'hui plus rapidement qu'ils ne l'avaient envisagé. Le lac Supérieur, avec sa superficie de plus de 80.000 kilomètres carrés, est le plus grand lac d'eau douce au monde. Il est aussi, nous apprennent aujourd'hui des chercheurs de l’université York (Canda), l'un des lacs de l'hémisphère Nord qui se réchauffe le plus rapidement. Trois fois plus vite que la moyenne. Depuis le début des enregistrements, en 1857, il a déjà perdu plus de deux mois de couverture de glace. Et son cas n'est pas unique. Globalement, les chercheurs notent que, sous l'effet du réchauffement climatique anthropique, les lacs de notre hémisphère -- ils en ont étudié une soixantaine sur les 100 à 200 ans écoulés -- se sont réchauffés six fois plus vite entre 1992 et 2016 que sur toute autre période de ce dernier siècle. « Beaucoup d'entre eux approchent peut-être de leur point de basculement, avec les nombreuses implications que cela pourrait avoir », souligne Sapna Sharma, chercheur, dans un communiqué. Des conséquences pour les communautés Les lacs gèlent désormais onze jours plus tard qu'avant et dégèlent en moyenne près de sept jours plus tôt. Certains -- des lacs profonds en Suisse ou en Allemagne, par exemple -- connaissent même des hivers sans glace. Or, la phénologie de la glace sur les lacs est considérée comme une sentinelle importante du changement climatique. La conclusion est toujours la même : une réduction de nos émissions de gaz à effet de serre est nécessaire pour contrôler le phénomène. Car, rappelons qu'une augmentation des températures de nos lacs rime avec un taux d'évaporation en augmentation, une qualité des eaux qui se dégrade ou encore la prolifération d'algues toxiques. Les registres historiques montrent aussi que le phénomène pourrait perturber certains loisirs ou impacter des traditions culturelles. Le tout, bien sûr, avec des conséquences économiques pour les populations alentour. D'autant que d'autres travaux montrent un phénomène similaire dans l'hémisphère Sud. Inouï : Futura lance son tout premier Magazine papier ! Une revue de 200 pages, 4 dossiers sur la Science qui marquera 2022. Pour que cette aventure réussisse, Futura a besoin de vous. Rendez-vous sur Ulule pour soutenir le projet et participer à son lancement. Plus que jamais, rendons la Science accessible au plus grand nombre. #LeMagFutura Alors, prêts à embarquer dans le Mag Futura ?
true
Vire presque au drame, ce n’est pas peu dire. Partagez ! Volti ****** Jonathan Paiano pour Trust-My-Science via Nature Une expérience génétique visant à réduire une population de moustiques ne s’est pas déroulée comme prévu, laissant les scientifiques confus quant aux conséquences. Au départ, tout semblait facile : il s’agissait de modifier génétiquement des moustiques mâles en utilisant la technique d’édition génique CRISPR, pour que leur progéniture ne soit pas viable (et décède immédiatement). Ces derniers ont été introduits dans la nature pour que la “maladie” se propage à l’état sauvage (accouplement avec des moustiques non modifiés), avant d’observer le déclin de la population de moustiques. Mais malheureusement, il y a eu un imprévu conséquent. La population de moustiques visée était celle de Jacobina, au Brésil. Selon une étude publiée la semaine dernière dans la revue Nature – Scientific Reports, suite à l’introduction des moustiques génétiquement modifiés et après qu’ils se soient mêlés à la population sauvage, le nombre de moustiques avait bel et bien diminué drastiquement pendant une brève période. Mais selon New Atlas, seulement 18 mois plus tard, la population a immédiatement rebondi, avec la naissance d’hybrides génétiques viables (ce qui n’était pas prévu). Et ce n’est pas tout : les hybrides pourraient être encore plus résistants aux futures tentatives visant à réduire leur nombre… Une problématique de taille, et incertaine Les moustiques capables de transmettre des maladies dangereuses telles que Zika, la dengue et le paludisme se propagent plus que jamais, notamment à cause du changement climatique. Pour les combattre, les scientifiques ont parfois essayé de modifier la génétique des insectes, afin qu’ils ne puissent pas se reproduire. « L’affirmation était que les gènes de la souche modifiée n’entreraient pas dans la population, car la progéniture mourrait », a déclaré à New Atlas Jeffrey Powell, chercheur à l’Université Yale (États-Unis). « Mais ce n’est évidemment pas ce qui s’est passé. D’autres moustiques hybrides sont nés ». Les moustiques sauvages se sont accouplés à la population victime de la modification génétique et ont créé un nouveau type d’hybride génétique, plus robuste que le type sauvage initial, alors que la progéniture était sensée mourrir rapidement. Le problème majeur est que la descendance pourrait à son tour donner lieu à une nouvelle variante inconnue. Bien que les premiers hybrides ne soient pas intrinsèquement dangereux — ou du moins pas davantage, les scientifiques responsables du projet affirment ne pas pouvoir parfaitement prédire ce qui pourrait changer pour les générations futures. « Ce sont les futures retombées imprévues qui sont préoccupantes », a déclaré Powell. Ces résultats soulignent l’importance de la mise en place d’un programme de surveillance génétique pendant ce type d’expérience, afin de prédire et gérer au mieux les retombées imprévues. Voir sur le sujet : Les bébés génétiquement modifiés par CRISPR-Cas9 : 6 questions qui persistent… Mutations et lésions génétiques ; les effets secondaires de la technologie CRISPR-Cas9 Une nouvelle version révolutionnaire de CRISPR permet d’éditer de nombreux gènes simultanément. Le pentagone veut créer une armée d’insectes porteurs de virus génétiquement modifiés afin de protéger les plantations. **Aux FOUS**
fake
Climat. Le réchauffement climatique pourrait réduire de « deux mois l’activité sportive par an » Dans un rapport publié par le WWF mardi 6 juillet sur les conséquences du réchauffement climatique sur la pratique sportive, l’ONG envisage deux scénarios : l’un avec une hausse des températures de 2 °C sur le globe, l’autre à plus 4 °C. Dans les deux cas, la pratique sportive en pâtirait. Que va devenir le sport avec le réchauffement climatique ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre le WWF dans un rapport publié mardi 6 juillet. Et la conclusion est sans appel : « Les Français pourraient perdre jusqu’à 2 mois d’activité sportive par an dans un monde à +4 °C », regrette l’ONG, qui a étudié deux scénarios : l’un avec une hausse des températures de 2 degrés sur le globe, l’autre de 4. Premier constat : des risques accrus pour la santé des sportifs. « Une pratique sportive au-dessus de 32 °C est d’ailleurs déconseillée. Dans ces conditions, le réchauffement climatique pourrait faire perdre jusqu’à 24 jours de pratique sportive dans un monde à +2 °C, et jusqu’à 2 mois dans un monde à +4 °C. » À plus deux degrés, les Français auraient 9 jours de running en moins. À plus quatre, ils perdraient 22 jours de football en moyenne par an. Les infrastructures menacées C’est l’une des conséquences du réchauffement : avec la montée du niveau de la mer, les infrastructures situées sur le littoral pourraient disparaître. Des clubs devraient être relocalisés, jusqu’à un sur trois, dans le pire des scénarios, alerte le rapport. « L’érosion côtière et les inondations accélérées par le changement climatique mettent ainsi en péril les sites d’activités nautiques. Dans un scénario à +4 °C, la relocalisation de presque un quart des clubs situés sur les littoraux français deviendrait potentiellement incontournable d’ici la fin du siècle. Ce chiffre s’élèverait même à un club sur trois, si on ne considère que la façade méditerranéenne. » Même scénario pour les pelouses des stades, très fortement abîmées par les épisodes de sécheresse, de plus en plus courants. « Une hausse de la température moyenne planétaire de +2 °C (1 °C supplémentaire par rapport à aujourd’hui) pourra entraîner 5 à 20 jours de vagues de chaleur supplémentaires pour presque la moitié des stades français », complète encore le rapport. Pour limiter le stress hydrique (quand la demande en eau dépasse les ressources disponibles) des pelouses, des solutions sont possibles, mais pas toujours réalisables : arrosage, ventilation avec brumisation… Mobilisation des sportifs et des instances demandées Pour affronter cette situation quasi inéluctable - la Terre s’est réchauffée de plus de 1 °C depuis la fin du XIXe, et malgré les engagements des pays à limiter cette hausse à 1,5 °C, la pollution marine et atmosphérique, la fonte des glaces, etc. s’accélèrent – la WWF demande aux instances sportives de s’aligner sur les objectifs de l’accord de Paris et d’intégrer les considérations environnementales dans tous les aspects du sport. L’ONG en appelle aussi à la mobilisation des acteurs du sport pour faire évoluer les mentalités : « Les grands événements et organisations sportives peuvent imposer des exigences environnementales à leurs partenaires, leurs fournisseurs et leurs sponsors, mais aussi recommander des comportements vertueux à leurs publics et bannir les sponsors prônant des produits néfastes pour l’environnement », suggère par exemple le rapport. À Doha, pour les mondiaux d’athlétismes en 2019, les marathoniens avaient été nombreux à être victimes de malaise sous la chaleur accablante de la ville qatarie. À l’Open d’Australie, quatre mois plus tard, les incendies monstres qui ravageaient alors le continent avaient fait suffoquer les tenniswomen et tennismen. Des images terrifiantes qui ne laissent rien présager de bon pour la suite.
true
Vague de chaleur de l'Ouest américain et canadien : le changement climatique a dopé le phénomène De nombreux experts s'entendent pour dire que l'ampleur et la sévérité des températures subies ont sans aucun doute été décuplées par le changement climatique. Décryptage. Certes, l'Ouest des États-Unis et du Canada auraient probablement connu ces derniers jours une vague de chaleur même sans le changement climatique. Mais à cause de lui, l'ampleur et la sévérité des températures subies ont sans aucun doute été décuplées, selon de nombreux experts. Que s'est-il passé ? Les États américains de Washington et de l'Oregon, ainsi que la Colombie-Britannique au Canada, ont étouffé cette semaine sous des températures record ayant provoqué des dizaines de morts subites. « Il s'agit de l'une des vagues de chaleur les plus extrêmes que nous ayons vue sur Terre depuis de nombreuses années, en termes de variation par rapport aux conditions habituelles », a déclaré à l'AFP Daniel Swain, spécialiste du climat à l'université UCLA, en parlant d'un phénomène dont la « magnitude et la persistance » sont « sincèrement choquantes ». « C'est très rare de battre des records absolus de plus d'un degré. Ici, les records ont été pulvérisés », ajoute-t-il. Le Canada a enregistré mardi un record de température jamais égalé dans le pays. Dans l'Oregon, des températures plus élevées que la maximale à Las Vegas, au milieu du désert, ont été relevées. Le tout dans une région au climat normalement tempéré à cette époque de l'année. Comment appelle-t-on ce phénomène ? Le phénomène en jeu est appelé « dôme de chaleur ». L'air chaud est emprisonné par de fortes pressions, et en étant repoussé vers le sol, se réchauffe encore. « Un peu comme une pompe à vélo », explique Philip Mote, professeur en sciences atmosphériques à l'Université d'Etat de l'Oregon. « Si vous compressez de l'air dans un pneu de vélo, ça le réchauffe ». Ce modèle empêche en outre la formation de nuages, laissant la voie libre aux radiations du Soleil. En soi, un tel dôme n'est pas inédit. « Le schéma est similaire à la façon dont nous avons nos vagues de chaleur », dit à l'AFP Karin Bumbaco, climatologue à l'université de Washington. « Mais il était bien plus puissant que d'habitude. » Quelle en est la cause ? « Comme pour tous les événements météorologiques, on ne peut pas dire que cela ait été directement causé par le réchauffement climatique », explique à l'AFP Zeke Hausfather, climatologue au Breakthrough Institute. « Un monde sans changement climatique aurait tout de même connu une vague de chaleur dans le Nord-Ouest Pacifique. Mais elle n'aurait pas été aussi extrême. » Le chercheur utilise une image parlante : « Le climat agit comme des stéroïdes sur la météo. » Un sportif qui en prend aura toujours des bons et des mauvais jours, « mais en moyenne, ses performances seront en hausse ». De même, le réchauffement climatique « rend plus probables ce genre d'événements extrêmes. » Ce que l'on appelle des « études d'attribution » seront menées pour déterminer les causes exactes. Mais « on peut dire qu'il y a au moins certaines composantes du réchauffement climatique qui contribuent à cet événement », selon Karin Bumbaco. D'une part, les températures sont plus élevées de façon générale : cette région s'est réchauffée d'environ 3 degrés Fahrenheit en 100 ans, il est donc normal que des records soient peu à peu battus. D'autre part, « il est très possible que le changement climatique ait accru cette vague de chaleur encore davantage », selon Daniel Swain. Via par exemple la sécheresse qui sévit dans la région depuis des semaines. L'énergie des rayons du Soleil n'étant plus dépensée pour évaporer l'eau, elle l'est alors pour réchauffer l'atmosphère. Or, « nous savons que le changement climatique, au moins dans certaines portions du continent nord-américain, accroît la sécheresse », dit le scientifique. « La réponse à la question de savoir si cela se serait produit à cette échelle sans le changement climatique est clairement non », tranche-t-il. Cela va-t-il se reproduire ? Difficile de prédire à quelle fréquence de telles vagues de chaleur pourraient se reproduire. « Cet événement particulier était tellement extrême qu'il restera inhabituel », estime Daniel Swain. « Mais il est passé du domaine de l'impossible à quelque chose que l'on pourrait bien voir de nouveau. » « La mauvaise nouvelle (...) c'est que nous sommes coincés avec le réchauffement que nous avons déjà », résume Zeke Hausfather. « Nous devons donc nous préparer à ce que ce type d'événements soit plus fréquent, quoi qu'il arrive. » Comment lutter contre ce phénomène ? Les experts insistent sur la nécessité de s'adapter à moyen terme : en équipant les populations de climatiseurs (même si ceux-ci libèrent des émissions nocives sur le long terme), en repensant la structure des immeubles pour qu'ils évacuent la chaleur plutôt que de la retenir, en plantant de la végétation. Mais tous sont unanimes : « Sur le long terme, la seule façon d'empêcher les choses de s'aggraver, est de réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial », conclut Philip Mote.
true
Copernicus, l’éditeur de la revue qui a publié récemment l’article de Pascal Richet qui questionne l’influence du CO2 sur la température, vient de suspendre (temporairement, pour l’instant) l’accès à cet article. Les raisons invoquées sont un mélange de gêne et de mauvaise foi. Pascal Richet n’étant pas exactement du genre à se laisser faire, il se pourrait fort qu’un scandale explose à brève échéance. Bientôt un « climategate français » ? La déclaration de l’éditeur justifiant sa décision est disponible ici. « Il a été porté à notre attention » dit-elle, que l’article de Pascal Richet n’aurait pas suivi un processus de relecture par les pairs correct, et qu’il convenait donc de suspendre sa mise en ligne. L’éditeur n’a même pas eu le courage d’informer Pascal Richet de cette décision, que ce dernier n’a découverte que par hasard. Il n’a donc pas eu la possibilité de se défendre, un empêchement qui fleure le procès stalinien et non une procédure éditoriale normale. Des fautes manifestes auraient-elles été identifiées dans l’article ? Non. Pascal Richet a-t-il essayé d’interférer dans le processus de relecture ? Heu… non plus, comme la revue le reconnaît elle-même. Le problème mis en exergue est bel et bien à la qualité, supposée déficiente, du peer-reviewing (c’est-à-dire du processus de relecture par les pairs). Il s’agit d’un scandale scientifique, dont on doit espérer qu’il fera du bruit, nonobstant ce qu’en diront les médias comme Le Monde si l’affaire ne parvenait pas à être étouffée. Le premier motif de scandale, c’est que retirer même « temporairement » un article revenant à infliger une grosse claque à son auteur, ce ne peut pas être une décision prise à la légère, ou sous la pression. Un tel retrait s’accompagne facilement d’une publicité négative (que ne subit pas l’auteur d’un simple article d’emblée refusé pour publication). Le calme et une procédure loyale sont donc requis. Même si Pascal Richet est de ceux qui peuvent se considérer au-dessus d’une telle mauvaise manière, cette attitude porte atteinte à la sérénité de la recherche en général. Pas seulement pour les auteurs de publications scientifiques, d’ailleurs : qui peut accepter sans broncher de relire un article (tâche ingrate s’il en est) pour une revue scientifique s’il doit craindre que son profil soit jeté en pâture sur internet sur la base d’insinuations ? Parce que là, les peer-reviewers en prennent pour leur grade, à l’évidence sans avoir pu davantage se défendre que Pascal Richet : ils auraient bâclé leur boulot, n’y connaîtraient rien et, cerise sur le gâteau, seraient « tous connus pour être en lien avec une industrie qui bénéficie des conclusions du manuscrit« . On aimerait savoir laquelle, d’industrie, d’ailleurs. On suppose qu’il ne s’agit pas du pétrole, bien sûr : puisque tous les pétroliers aujourd’hui clament leur engagement pour le climat, comme Total, par exemple… La déclaration contient une section sur les « aspects académiques », scientifiquement fort limitée mais qui contient la plus belle perle. Celle-ci montre bien jusqu’où un certaine climatologie est en train de sombrer : L’auteur ne dispose pas d’une liste de publications en sciences du climat, géochimie des carottes de glace, ou sciences de l’atmosphère, et aucun lien avec les principaux groupes (français) de recherche (comme l’IPSL ou le CNRM). Outre qu’on apprend avec intérêt que pour publier dans un domaine il faut déjà avoir publié avant. (exercice : à l’aide d’une démonstration par récurrence, démontrer qu’à moyen terme plus aucune publication ne sera possible), il est donc désormais affiché ouvertement qu’un Français qui souhaite publier en climatologie doit préalablement se faire connaître de l’antenne carbocentriste nationale. Certes, ceux qui savent bien que la climatologie carbocentriste n’est qu’une religion n’en seront pas surpris : jadis, pour pouvoir publier, ne fallait-il pas que l’évêque local délivrât son imprimatur ? L’Église de Climatologie n’a rien inventé.
fake
Face à la progression des incendies, l’ouest du Canada déclare l’état d’urgence provincial Mike Farnworth, le ministre de la Sécurité publique de Colombie-Britannique, a annoncé mardi 20 juillet l’état d’urgence provincial pour l’ouest du Canada où les flammes ont déjà ravagé 3 000 km2 de terres. La province de l’ouest du Canada a décrété l’état d’urgence mardi en raison de la progression des incendies qui devraient encore prendre de l’ampleur dans les jours à venir à cause de la chaleur et des vents. « Nous avons atteint un point critique », a annoncé Mike Farnworth, le ministre de la Sécurité publique de Colombie-Britannique, lors d’un point presse. « Sur la base des conseils des responsables de la gestion des urgences et des incendies de forêt, et de la détérioration des conditions météorologiques, je déclare l’état d’urgence provincial », a-t-il ajouté. Une décision qui permet d’envisager une évacuation massive des habitants de la région et qui fournit au gouvernement les moyens d’assurer l’hébergement pour les personnes évacuées, précise encore le ministre. Plus de 5 700 personnes étaient visées mardi 20 juillet par un ordre d’évacuation dans la province, soit plus du double de la veille, et plus de 32 000 personnes sous le coup d’une alerte d’évacuation, sans obligation pour l’incendie. 3 000 km2 partis en fumée « S’il vous plaît, préparez un plan d’évacuation pour votre famille », a demandé Cliff Chapman, le chef des opérations contre les incendies en Colombie-Britannique, qui a précisé que 3 000 km2 de terres étaient déjà parties en fumée. Selon lui, c’est déjà trois fois plus que la moyenne des dix dernières années. La région compte près de 300 feux de forêts actifs et le temps chaud et sec va se prolonger avec davantage de vent dans les jours qui viennent, notamment dans l’intérieur et le sud-ouest de la province à la frontière avec les États-Unis. Plus de 3 180 pompiers et personnels sont actuellement à pied d’œuvre dans la province. Ces feux ravagent l’ouest canadien depuis plusieurs semaines maintenant après un épisode de chaleur très intense fin juin, conséquence du réchauffement climatique pour les experts. De l’autre côté de la frontière, 83 gros incendies ravagent les États-Unis, certains si dangereux que les pompiers les comparent à des « monstres ». Bootleg fire Le « Bootleg Fire », dans l’Oregon est de loin le plus impressionnant. Déjà plus grand que la ville de Los Angeles, il ne cesse de grossir, attisé par des vents et une importante sécheresse. Même New York, à l’autre bout du pays, a été couverte mardi d’un voile gris au goût de fumée, causé par ces incendies, qui a obligé la ville à émettre une alerte à la qualité de l’air. « C’est un marathon, pas un sprint » a assuré Rob Allen, en charge de la gestion des feux de la zone. Quelque 2 250 pompiers se relayent nuit et jour pour tenter d’éteindre le brasier. « Nous serons là aussi longtemps qu’il faudra pour contenir ce monstre en toute sécurité », a-t-il promis.
true
C'est une annonce qui n'en n'est pas vraiment une. Ce jeudi 12 février, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne, a détaillé plusieurs propositions du Conseil de défense écologique alors que le président de la République veut afficher un tournant "vert" dans son quinquennat. Parmi les mesures prises en faveur du climat de l'écologique et de la biodiversité : l'extension des aires protégées sur le territoire français, passant à 30%. Cette promesse, Emmanuel Macron l'avait déjà prise en mai dernier à la suite du rapport alarmant du groupe d'expert international sur la biodiversité (IPBES). Selon les chiffres du ministère, tous statuts confondus, les aires protégées françaises couvrent environ 29,5 % des terres et 23,5 % des eaux françaises. En juin dernier, la secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon avait dévoilé le plan d'action du gouvernement pour arriver à 30% d'aires marines et terrestres protégées du territoire d'ici à 2022. Les déclarations d'Élisabeth Borne ce mercredi ne font que confirmer les mesures annoncées par Emmanuelle Wargon en juin reconnait-on dans l'entourage de la secrétaire d'Etat, qui ajoute que "ce sont les jalons nécessaires pour accélérer la protection de la biodiversité". Parmi les mesures alors dévoilées figuraient notamment l'augmentation des zones marines protégées dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) de 550 000 km², mais aussi neuf projets de création de réserves naturelles nationales, et 18 projets d'extension de réserves existantes. Depuis, un nouveau parc national a été certifié en novembre 2019, le parc national de forêts, qui se situe sur les départements de la Côte-d'Or et de la Haute-Marne. "On est plutôt ravis d'entendre que les parcs naturels régionaux soient reconnus" se réjouit Mickaël Weber, le président de la fédération des parcs naturels régionaux de France (PNR), qui représente 17% du territoire protégé. Pour Mickaël Weber le constat est fait : les PNR permettent de "recréer des îlots de biodiversités, par la réimplantation de haies, des arbres fruitiers" par exemple. Les parcs nationaux ont également joué un rôle important dans la réintroduction de certaines espèces comme les bouquetins alpins, les vautours, ou encore le lamantin dans les eaux du Grand Cul-de-sac marin au sein du Parc national de la Guadeloupe. LIRE AUSSI >> Face au dérèglement climatique, l'ONU veut protéger 30% de la planète d'ici 2030 Sur le papier la création d'aires protégées est la meilleure manière de préserver, voire de faire renaître la biodiversité. Et les scientifiques s'accordent sur l'efficacité de telles zones, à condition toutefois que ces dernières soient très restrictives et surtout que les moyens humains soient alloués à la maîtrise de ces aires. L'exemple des aires marines protégées (les AMP, qui ne couvrent que 4% de la surface des océans dans le monde) est parlant. En voulant développer plus de 500 000 km2 dans les TAAF, le gouvernement souhaite montrer son engagement, au risque de faire parfois des "aires marines de papier". "Il y a neuf types d'aires marines protégées avec des objectifs différents. Cela va de la réserve intégrale [interdite au public] à ce que l'on appelle les aires marines de papier, c'est-à-dire sans contraintes qui ont plus un rôle d'inventaire", explique Émeline Pettex chercheuse en écologie marine à La Rochelle Université, dont les travaux ont participé à la création d'aires marines protégées notamment. "C'est le niveau de protection qui est le paramètre essentiel dans la préservation de la biodiversité", détaille la chercheuse qui assure que "ce sont seulement les aires contraignantes et les plus protégées qui ont des effets notables". C'est pour cela que la réserve intégrale est considérée comme le meilleur des cas pour favoriser le développement ou le retour à la biodiversité. En France seul 2% des AMP font l'objet d'une protection forte, avec des interdictions de pêche notamment. Lorsque ces aires sont correctement surveillées et suffisamment protégées les effets sont particulièrement efficaces. Pour les AMP protégeant des espèces de poissons ciblées par la pêche "les effets positifs peuvent être une augmentation du nombre de poissons, mais aussi une augmentation de la taille des individus et des capacités de reproduction". En meilleure santé ces espèces regroupées dans les AMP sont également plus résistantes aux menaces comme au changement climatique. Pour Arnaud Shwartz, secrétaire nationale de l'association environnementaliste France Nature environnement, l'élargissement des zones protégées est une bonne nouvelle "si on se donne les moyens de faire respecter les restrictions". Pour un retour à la biodiversité il rappelle l'importance de pouvoir relier les aires protégées les unes entre les autres : "Augmenter la surface c'est bien à condition que l'on fasse le travail de relier ces aires entre elles. Une espèce vivante a besoin de se déplacer d'une aire protégée à une autre", souligne-t-il. Pour cet écologiste c'est "une politique à 360 degrés qu'il faut mettre en place" évoquant notamment la question des pesticides à l'origine d'une partie de l'effondrement de la biodiversité. Mais écologistes, gestionnaires de parcs, et scientifiques s'accordent sur un point : seule la mise en place de moyens humains sur ces aires protégées pourra favoriser la protection de la biodiversité.
true
La NOAA vient de publier son « Arctic Report Card 2019 » qui rapporte les nombreux changements survenus dans la région polaire. Voici quelques points importants du rapport compilé par 81 scientifiques venus de 12 nations : Les températures de l’Arctique Selon le Bulletin 2019 de la NOAA, la température à la surface des terres de l’Arctique entre octobre 2018 et septembre 2019 a été la deuxième plus élevée des annales. Le constat a été établi pour les régions situées au nord de 60°N à partir des stations météorologiques terrestres. La moyenne sur 12 mois se classe derrière 2015-16 sur une archive remontant à 1900. Anomalies moyennes annuelles de température de surface de l’air (en ° C) pour l’Arctique (stations terrestres au nord de 60 ° N; ligne bleue) et au niveau global (ligne rouge) pour la période 1900-2019 par rapport à la valeur moyenne 1981-2010. Source : ensemble de données CRUTEM4. Les températures de l’Arctique au cours des six dernières années (2014-19) ont toutes dépassé les records précédents. Sur octobre 2018-septembre 2019, l’anomalie a atteint +1,9°C au-dessus de la moyenne 1981-2010. La température annuelle de l’air dans l’Arctique continue d’augmenter à un rythme deux fois plus rapide que le reste de la planète depuis le milieu des années 1990, un phénomène connu sous le nom d’Amplification arctique. Bien qu’il n’y ait pas de consensus sur les raisons de l’Amplification arctique, les mécanismes suspectés en priorité sont la réduction de l’albédo lié à la perte de glace de mer et de couverture de neige, l’augmentation de la vapeur d’eau et des nuages dans l’atmosphère arctique, la rétroaction du gradient thermique adiabatique (diminution de la température troposphérique avec l’altitude), et les contrastes de pollution atmosphérique. L’Alaska a connu des températures de l’air plus chaudes que la normale tout au long de l’année, en particulier en hiver, associées à des vents du sud inhabituels. Anomalies de températures pour la période d’octobre 2019 à septembre 2019. Source : climate.gov. Des températures de l’air localisées particulièrement chaudes au printemps et en été dans l’ouest du Groenland ont favorisé de nombreux épisodes de fonte de la calotte glaciaire et une fonte des neiges régionales précoce. Malgré la variabilité naturelle, l’ampleur, la persistance et les tendances à l’échelle de l’Arctique des récentes augmentations de température sont des indicateurs du changement climatique mondial résultant de l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre atmosphériques, d’après les auteurs de l’étude. Les températures à la surface de la mer Les températures moyennes à la surface de la mer (SST) en août 2019 ont été de 1 à 7°C plus élevées que la moyenne 1982-2010 dans les mers de Beaufort, Tchouktches, Laptev et Baffin. Une exception marquée en août est le nord de la mer de Barents. Les températures de surface de la mer (SST) entre août 1982 et août 2019 montrent une tendance au réchauffement sur une grande partie de l’océan Arctique. La région de la mer des Tchouktches continue de se réchauffer de manière significative, avec des SST moyennes en août 2019 au deuxième niveau le plus élevé jamais enregistré. La glace de mer La couverture de glace de mer de l’Arctique poursuit la tendance à la baisse. En 2019, l’étendue à la fin de l’été a été la 2e plus réduite des archives avec 4,15 million km2. C’est 33% de moins que la moyenne 1981-2010. Les 13 plus faibles étendues ont été observées au cours des 13 dernières années (2007-19). Etendue de la glace de mer. Source : NSIDC. La mer des Tchouktches a connu un début de fonte très précoce et une perte de glace rapide au printemps 2019 et, à la fin de l’été 2019, a atteint l’une des plus basses étendues de glace du record satellite de la région. L’étendue de fin d’hiver a été moins impressionnante en 2019 puisqu’elle n’a été que la 7e plus réduite des relevés satellites (1979-2019). L’âge de la glace de mer est également un élément clé. Une glace plus ancienne a tendance à être plus épaisse et donc plus résistante aux forçages atmosphérique et océanique par rapport à une glace plus jeune. La glace la plus ancienne (> 4 ans), qui dominait autrefois dans l’océan Arctique, ne représente désormais qu’une petite fraction de la banquise en mars, lorsque la couverture de glace de mer est à son maximum. En 1985, 33% de la banquise était de la glace de plus de 4 ans mais en mars 2019, cette glace ancienne ne représentait plus que 1,2% de la banquise dans l’océan Arctique. Pourcentage d’âge de la glace de mer dans la région de l’océan Arctique. Source : NSIDC (Tschudi et al.2019a, b). La glace de première année domine désormais, représentant environ 70% de la banquise en mars 2019, contre environ 35 à 50% dans les années 1980. Etant donné que la vieille glace a tendance à être plus épaisse, la couverture de glace de mer est passée d’une masse de glace forte et épaisse dans les années 1980 à une masse de glace plus jeune, plus fragile et plus mince ces dernières années. La glace de première année est donc plus vulnérable à la fonte en été, augmentant ainsi la probabilité d’une extension minimale des glaces. Carte de la glace de mer en fonction de l’âge pour les mois de mars 1985 et 2019. Source : climate.gov Un mot sur la répartition de l’âge glaciaire en mars 2019 par rapport à l’année précédente. Les changements les plus importants ont été une diminution de la couverture de glace de deuxième année (1-2 ans), de 21,4% en mars 2018 à 12,8% en mars 2019, et une augmentation de la glace de 3-4 ans de 1,3% à 6,3%. Cela pourrait reconstituer la catégorie des glaces de plus de 4 ans, mais ces dernières années, la glace a tendance à se perdre soit par fonte, soit par déplacement hors de l’Arctique. Le Groenland Les observations directes de la calotte glaciaire de l’automne 2018 à 2019 confirment le changement rapide et continu au Groenland. Ce changement se manifeste dans les observations de l’aire de fonte de surface, de la perte totale de glace, de l’albédo de surface, et du mouvement et des pertes des glaciers. La fonte en surface a concerné près de 95% de la calotte glaciaire du Groenland au cours de l’ensemble de l’été 2019. La fonte de surface a commencé au début de 2019, vers la mi-avril, de 6 à 8 semaines avant la moyenne à long terme (1981-2010). Des conditions similaires se sont produites en 2012, l’année record, au cours de laquelle la fonte avait également commencé début avril. Sur 1981-2010, il n’y avait que 64% de la calotte qui connaissait une fonte de surface en été. On peut voir ci-dessous un graphique détaillé avec les pourcentages jour après jour (attention on ne peut comparer les pourcentages du graphe ci-dessous aux chiffres mentionnés précédemment qui sont valables pour l’été dans son ensemble). (a) Aire de fonte dérivée de SSMIS en pourcentage de la surface de la calotte glaciaire en 2019 (rouge) et 2012 (violet), en plus de la médiane 1981-2010 (bleu en pointillés) et des plages interdéciles et interquartiles (ombrées). (b) Anomalie de fonte de l’été 2019 (en nombre de jours) par rapport à la période 1981-2010, estimée à partir des observations à micro-ondes passives spatiales. Source : NOAA. Venons-en maintenant au bilan de masse du Groenland, sans doute le paramètre le plus important. Les missions satellites GRACE (2002-17) puis GRACE Follow-On ont révolutionné la surveillance de la perte de glace en fournissant des estimations des changements mensuels de la masse totale des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. GRACE mesure avec précision la distance entre deux satellites pour détecter les changements du champ de gravité terrestre causés par les mouvements de masse sur la planète. A noter que la nouvelle mission GRACE-FO a été lancée le 22 mai 2018, si bien qu’il n’y a pas eu de mesures entre octobre 2017, date de fin de GRACE et mai 2018, date d’entrée en service de GRACE-FO. Variation de masse totale (en gigatonnes, Gt) de la calotte glaciaire du Groenland entre avril 2002 et avril 2019, estimée à partir de GRACE (2002-17) et GRACE-FO (2018/19). Source : NOAA. La tendance actualisée de la perte de masse totale de glace pour la période GRACE (mai 2002-octobre 2017) a été de -282 Gt/an. La tendance pour la période GRACE-FO (mai 2018-mai 2019) est de -166Gt/an-1. Bien que cela soit une baisse significative, il y a donc une réduction du taux de perte de masse au cours des 11 premiers mois GRACE-FO, par rapport à l’ensemble des données GRACE mais cette période n’inclut pas l’été 2019, lorsque les pertes se produisent. La tendance de perte de masse mise à jour pour les périodes combinées GRACE et GRACE-FO (mai 2002-mai 2019) est de -267 Gt/an, ce qui équivaut à environ 0,7 mm/an d’élévation du niveau moyen de la mer. Ces pertes de masse au Groenland sur 2002-2019 dépassent tout ce que l’on a pu voir lors des périodes précédentes : +47 Gt/an sur 1972-80, – 51 Gt/an sur 1980-90, – 41 Gt /an sur 1990-2000.
true
Pour se prémunir contre le réchauffement climatique, lutter contre les effets catastrophiques de la pollution et sortir des dangers insupportables du nucléaire, la France doit promouvoir les énergies renouvelables. D’ici à 2020, la France devra avoir au moins doublé la part des énergies renouvelables dans sa consommation d’énergie pour répondre aux exigences du « paquet Énergie-Climat » adopté par l’Union européenne en 2008. Ce texte prévoit que d’ici à 2020, au moins 20 % de l’énergie consommée par les pays de l’UE devra avoir été produite par les énergies renouvelables. Pour la France, cela signifie qu’il faut passer de 13 % (en 2013) à 23 % d’énergies renouvelables en 2020. C’est écologiquement indispensable, techniquement possible et économiquement rentable. Les énergies renouvelables : écologiquement indispensables Les changements climatiques en cours le prouvent : notre planète n’est plus en capacité d’absorber les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l’activité humaine. Il est urgent de recourir à des énergies qui n’émettent pas (ou très peu) de GES. C’est le cas des énergies renouvelables. L’éolien, le solaire et l’hydraulique émettent peu de GES. Qu’en est-il du bois ? Dans certaines conditions de récoltes (origine locale, usage multiple du bois, préservation de la biodiversité et du volume de la biomasse, protection des forêts primaire et des écosystème fragiles) et d’utilisation pour produire de l’énergie (foyer fermé, chaudière efficace, réseau de chaleur…) le bilan carbone du bois est quasiment neutre. Les centrales géothermiques émettent en moyenne 55 g d’équivalent CO2 par kWh, soit 10 à 20 fois moins que le gaz, le charbon ou le pétrole (de 500 à 1000 g eq CO2/Kwh). Les énergies renouvelables sont donc des énergies très faiblement émettrices de GES. Comme le nucléaire, diront certains. Mais à la différence du nucléaire, elles sont inépuisables, ne produisent que très peu de déchets et le risque de catastrophe est incomparable. Elles ne mettent pas en danger l’environnement et la santé humaine. Par ailleurs, aujourd’hui les énergies renouvelables les plus compétitives telles que les parcs éoliens ou les grandes centrales solaires produisent une électricité moins chère que le nucléaire. Les énergies renouvelables permettent en plus de produire de façon plus décentralisée, parfois au plus petit niveau, celui de l’habitation, et directement du producteur au consommateur. Cela évite les pertes dues aux transports d’énergie, contrairement au système actuel, fortement centralisé, qui manque de souplesse et entraîne de considérables pertes d’énergie et d’argent. Les énergies renouvelables : techniquement réalisables Les énergies renouvelables sont pratiquement inépuisables et accessibles partout. À l’heure actuelle en France, le recours à la biomasse (c’est-à-dire l’ensemble des sources énergétiques provenant de la matière organique) et l’énergie hydraulique fournissent une très grande partie de l’énergie d’origine renouvelable. Il est possible de faire plus et mieux avec l’ensemble des technologies renouvelables disponibles et une meilleure efficacité technologique. La France possède le deuxième potentiel éolien d’Europe et le cinquième en matière d’énergie solaire. La ressource française en bois et le potentiel géothermique sont importants. Si nous nous donnons les moyens financiers et administratifs de développer les énergies renouvelables, elles peuvent produire 100 % de notre énergie d’ici à 2050. Les énergies renouvelables : économiquement rentables Le développement des énergies renouvelables représente bien entendu un coût. Mais cet investissement est rentable pour plusieurs raisons : Ces énergies sont inépuisables, elles ne nous feront jamais défaut (ce n’est pas le cas avec les énergies fossiles). Elles n’imposent aucun achat à la source et nécessitent peu de traitement de déchets après usage : c’est moins de frais aux deux bouts de la chaîne. Leur rendement est performant (60 à 90 % pour la petite hydraulique contre 30 à 35 % seulement pour le nucléaire) : il n’y a que peu de pertes. Jusqu’à 80 % du déficit de la balance commerciale de la France correspond à l’achat de pétrole, de gaz, et de charbon ! Ces énergies sont réparties sur tout le territoire et fortement créatrices d’emplois (+684 000 emplois d’ici à 2050, si on veut réduire nos émissions de GES de 30 %) Elles font appel à une main d’œuvre de proximité. Alors que le recours aux énergies fossiles et au nucléaire est extrêmement coûteux, dangereux et sans avenir, le développement des énergies renouvelables assure un futur stable et respectueux de l’environnement.
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par David Wojick. David Wojick (Ph.D) est un analyste américain indépendant qui travaille au croisement de la science, de la technologie et de la politique. Le texte qui suit est la traduction d’un article qu’il a publié sur le site de CFACT. Il reste moins de 60 jours d’ici la COP26 de Glasgow. On peut s’attendre à un déluge d’histoires climatiques horrifiques, mais il y aura aussi quelques discussions sur les sujets à traiter. Voici un petit démontage des quatre plus importants d’entre eux. Il faut savoir que les alarmistes vivent une sorte de guerre intestine, qui oppose ceux que j’appellerai les modérés aux radicaux. Les modérés sont dans le coup depuis plus de 30 ans, et les radicaux en ont marre. Les modérés ont actuellement un objectif de zéro émissions nettes pour 2050, là où les radicaux veulent 2030, ce qui fait une sacrée différence. Les deux dernières COP ont été en partie paralysées par cette opposition, notamment la COP25. Cet affrontement sera un enjeu majeur à Glasgow. Les deux premiers gros sujets sont de vieilles affaires, et plus exactement des affaires d’argent. Évidemment, tout tourne toujours autour de l’argent, mais ces deux sujets-là concernent plus précisément les aspects commerciaux et financiers. Les quotas d’émissions Le premier gros sujet économique va consister à finaliser et à lancer le schéma d’échanges d’émissions. Cela s’inscrit dans le « programme de travail de l’Accord de Paris » (Paris rulebook), qui était censé être terminé il y a bien longtemps. Les pays développés doivent se soumettre à l’achat d’indulgences pour leurs émissions, que les pays en développement sont impatients de leur vendre. Voila pour le « nettes » de « zéro émissions nettes ». De plus, certains pays disposent encore d’indulgences qui datent du désormais défunt protocole de Kyoto. Ces pays souhaitent que ces reliquats soient inclus dans le nouveau schéma. Certains modérés s’y opposent. Le gros souci, c’est que les radicaux n’aiment pas les schémas d’émissions. Ils veulent que chaque pays stoppe ses propres émissions intérieures. C’est ainsi que leur objectif est davantage celui de zéro émissions brutes, même si certains s’accommoderaient de compensations nationales. Ce sujet n’a pas encore émergé pour de bon, mais cette bataille autour des schémas d’émissions avait gelé la COP25. Les 100 milliards de dollars promis aux pays en développement La deuxième question d’argent est financière. Il s’agit des 100 milliards de dollars par an que les pays développés étaient censés payer aux pays en développement. Le robinet devait être ouvert en 2020 mais ne l’a pas été. Il ne le sera pas davantage à Glasgow, la grosse question est donc de savoir comment les pays en développement vont réagir. L’Accord de Paris pourrait aller jusqu’à s’effondrer, même si c’est tout de même peu probable. L’OCDE a mitonné des chiffres rigolos pour pouvoir prétendre que nous donnions déjà 80 milliards chaque année, mais les pays développés ne sont pas dupes. Selon eux, il s’agit pour l’essentiel d’anciens flux d’aides internationales repeintes en vert, et d’investissements privés qui auraient été faits de toute façon. Pire : une grande partie de la soi-disant « aide » est constituée de prêts ! Les pays en développement voudraient, eux, que de vrais gros billets soient déposés pour de bon dans la caisse du Fond vert pour le climat des Nations unies. Alors que rien ne vient ni ne viendra, le « Fonds vert » est en train de se ratatiner. Les radicaux ne semblent pas s’intéresser beaucoup à cette question, probablement parce que pour eux l’argent n’est pas quelque chose de très réel. Certains en ont appelé à un effort à l’échelle de celui mené pour la Seconde Guerre mondiale, soit 60% du PIB — une paille. Par ailleurs, les dépenses liées au covid ont fait monter les enchères. L’Afrique demanderait désormais, paraît-il, 700 milliards de dollars par an, ou un montant délirant de ce genre. Des ambitions affichées qui n’en sont pas réellement Le troisième gros morceau a pour nom de code « ambition ». L’Accord de Paris fonctionne dans un style soviétique de plans quinquennaux, et une nouvelle série de plans nationaux est attendue. Ils sont supposés être significativement plus ambitieux que ceux qui les précèdent, et dont certains arrivent à échéance. Les gros émetteurs (c’est-à-dire les principales économies mondiales) ne montrent pas beaucoup d’intérêt là-dedans. Beaucoup de petits pays en développement, eux, ont proposé des plans plus importants, avec un sérieux bémol : ces plans sont conditionnés à l’obtention d’un bon gros morceau des 100 milliards par an du Fonds Vert. D’une certaine manière, donc, les grandes ambitions affichées n’en sont pas réellement, tant que les finances ne suivent pas — ce qui pourrait durer pour l’éternité. Bien sûr, les radicaux veulent des ambitions radicales : chaque pays doit tendre vers zéro émissions nettes (ou, mieux, brutes), et le plus vite possible. Certains veulent même fixer le délai délirant de 2024… Comme il n’y a aucune chance pour que les radicaux soient satisfaits de ce qui adviendra, on peut d’ores et déjà compter sur eux pour qualifier la COP26 de désastre. À suivre. L’objectif « zéro émissions nettes » La quatrième grosse affaire va consister à faire en sorte que chaque pays adopte une loi contraignante pour atteindre zéro émissions nettes d’ici 2050 ou plus tôt. On peut y voir la main des modérés qui tâchent de se couvrir politiquement en continuant d’en faire très peu à court terme. Mais on peut aussi imaginer qu’il s’agit d’une brèche ouvrant la voie à des avancées plus rapides. Des actions en justice ont été menées qui suggèrent que c’est là l’explication, au moins dans les pays assez idiots pour avoir déjà adopté ce genre de lois. Je ne vois pas venir une vague de lois de ce genre adoptées à temps pour la COP26, donc là aussi l’échec semble en vue. Voilà donc les quatre sujets, la résolution de chacun se montrant incertaine. L’agenda de la COP26 est peut-être bien une route vers l’échec, mais comme il s’agit de politique, il faut s’attendre à beaucoup d’écrans de fumée et de rhétorique. D’ici-là, il va y avoir de plus en plus d’appels enflammés à l’action pour Glasgow. (Afflueront aussi, bien sûr, les scénarios horrifiques et les nouvelles études sur le climat pour entretenir la flamme. Le rapport risible du GIEC a déjà bien initié le mouvement.) Quand vous en entendrez parler, gardez à l’esprit ces quatre sujets trapus qui sont au menu.
fake
Au moment où les États membres des Nations unies sont réunis à New York pour élaborer un traité mondial sur la haute mer, Greenpeace publie une étude inédite, en collaboration avec une équipe de biologistes marins. Celle-ci montre comment il est possible de protéger plus d’un tiers de nos océans d’ici à 2030 – un objectif qui, d’après la communauté scientifique internationale [1], est indispensable pour préserver la vie marine et contribuer à atténuer les impacts des changements climatiques. Le rapport 30×30 : feuille de route pour la protection des océans, (voir le résumé en français ou le rapport intégral en anglais) est l’aboutissement d’une année de collaboration entre des scientifiques des universités de York et d’Oxford et Greenpeace [2]. Pour mener à bien cette étude, l’une des plus vastes jamais conduites sur ce sujet, les chercheurs et chercheuses ont divisé la haute mer (qui recouvre près de la moitié de la surface de la planète) en 25 000 “carrés” de 100 km de côté, puis cartographié la répartition de 458 critères de conservation [3] (espèces, habitats, caractéristiques océanographiques, etc.), générant ainsi des centaines de scénarios possibles pour la création d’un réseau mondial de réserves marines, au sein duquel les activités humaines destructrices seraient interdites. « Nous n’étions pas préparés à voir disparaître à vitesse grand V certaines espèces les plus emblématiques de la haute mer, explique le professeur Callum Roberts, biologiste de la conservation marine à l’université de York. La disparition d’oiseaux de mer, de tortues, de requins et de mammifères marins est le signe que notre système de gouvernance des océans est défaillant. Les États membres des Nations unies doivent le réformer de toute urgence. Cette étude démontre qu’il est possible de créer des réserves marines à travers l’ensemble des eaux internationales, pour former un réseau de protection qui permettra de sauver des espèces menacées d’extinction et de les aider à faire face aux évolutions brutales de notre planète. » Les négociations onusiennes qui ont lieu en ce moment même visent à établir un traité mondial pour la protection de la “haute mer”, c’est-à-dire les eaux internationales, qui s’étend au-delà des juridictions des pays côtiers et recouvre 230 millions de km2. « Alors que les Nations unies négocient un traité sur la haute mer, cette étude constitue une feuille de route concrète pour mettre en œuvre un réseau de réserves marines dans les eaux internationales qui protège la biodiversité des océans et les espèces menacées d’extinction. Des changements climatiques à l’acidification des océans, en passant par la surpêche et la pollution, nos océans sont plus que jamais menacés. Nous devons protéger de toute urgence au moins un tiers de nos océans d’ici à 2030, et ces recherches montrent qu’il est tout à fait possible de concevoir un réseau mondial de réserves marines d’un bout à l’autre de la planète, explique Edina Ifticène, chargée de campagne Océan pour Greenpeace France. Il ne s’agit pas seulement de traits tirés sur une carte, mais d’un réseau de protection cohérent qui engloberait des hauts lieux de biodiversité, des couloirs de migration et des écosystèmes critiques. Cette feuille de route pour la protection des océans permettrait de renforcer la résilience des écosystèmes marins face au changement climatique. » Les négociations qui se déroulent à l’ONU sont cruciales et la France, qui possède le deuxième domaine maritime mondial, a un rôle majeur à jouer. Ce traité est l’occasion concrète d’affirmer l’engagement de la France dans la protection des océans et d’afficher sa volonté politique de garantir des solutions ambitieuses pour protéger 30% des océans d’ici à 2030. Notes [1] https://portals.iucn.org/library/node/46563 [2] Le rapport 30×30: feuille de route pour la protection des océans repose sur les analyses scientifiques d’une équipe de spécialistes dirigée par le professeur Callum Roberts de l’université de York, et montre comment il est possible de créer un réseau d’aires marines protégées en haute mer. L’équipe de recherche était constituée de scientifiques des universités de York, d’Oxford, d’Edimbourg et de Salford. Elle a été financée par la fondation allemande Umweltstiftung Greenpeace, qui soutient des projets de protection de la nature et des recherches sur la paix menés par Greenpeace et d’autres organisations de défense de l’environnement partout dans le monde. [3] Carte interactive: www.greenpeace.org/30×30 Résumé (en français) Rapport intégral (en anglais) : www.greenpeace.org/30x30blueprint Pour en savoir plus sur les réserves marines. Contact presse : Mélanie Veillaux 06 42 64 83 76
true
La Ville de Paris a voté ce vendredi soir la fin dès 2020 de la délivrance d'"autorisations d'occupation de terrain" pour les cirques qui présenteront des spectacles avec animaux sauvages, et enjoint le gouvernement à lui emboîter le pas. "Nous pouvons collectivement nous féliciter de cette décision qui correspond à une avancée sociétale souhaitée par tous les Français", s'est réjoui Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris chargée de la nature en ville. La Ville de Paris a officialisé, lors du Conseil de Paris, l'arrêt de délivrance d'"autorisation d'utilisation du domaine public à tout cirque présentant des spectacles avec animaux sauvages". Cette décision survient alors que la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne a promis récemment "des annonces fortes dans les prochaines semaines". Pénélope Komitès, ancienne dirigeante de Greenpeace France, a espéré que "l'Etat se positionnera enfin sur ce sujet, et permettra financièrement aux circassiens de se reconvertir" après l'arrêt des spectacles avec "animaux sauvages". A Paris, la mesure qui était en discussion depuis deux ans, ne s'appliquera toutefois pas aux cirques Bouglione ou Gruss. Le premier, étant propriétaire de son domaine (le Cirque d'Hiver), ne peut se voir imposer en l'état cette interdiction. Quant au second, il devra signer la convention d'interdiction d'animaux sauvages lorsque son contrat d'occupation de terrain arrivera à terme en 2020, s'il veut poursuivre dans le domaine public son activité. Saluée par les associations, l'interdiction d'animaux sauvages ulcère certains circassiens. "Enlever les animaux, c'est comme enlever les clowns. Après il ne restera plus que des spectacles comme le Cirque du Soleil pour les intellos et les ados", s'est ainsi indigné cette semaine William Kerwich du Cirque Royal, qui voit dans cette décision "un enjeu politique". La décision s'accompagnera d'une aide d'"environ 50 000 euros sur trois ans" à chaque cirque signataire en vue d'une reconversion, selon Pénélope Komitès. L'élue de La France insoumise, Danielle Simonnet, a plaidé elle pour qu'un "soutien financier soit apporté aux structures françaises sans but lucratif qui soignent et prennent en charge totalement les animaux sauvages". Elle a été entendue par l'exécutif parisien, qui s'est engagé à financer ces refuges. Les Français s'opposent pour les deux tiers à la présence d'animaux sauvages dans les cirques, selon une enquête Opinion Way réalisée début octobre. A fin 2018, une quarantaine de pays dans le monde, dont 28 en Europe, avaient proscrit partiellement ou totalement les cirques avec ménagerie.
true
Si l’on est assez habitué à entendre parler d’énergie « verte » ou « propre », voire « d’énergie noire » pour les passionnés de cosmologie, on entend beaucoup moins parler « d’énergie grise » (« embodied energy » en anglais). En effet, les factures d’électricité, ou de gaz, ou l’ordinateur de bord des voitures, nous donnent une idée de l’énergie consommée directement. Il est en revanche beaucoup plus difficile de se rendre compte de la quantité d’énergie nécessaire pour fabriquer les objets qui nous entourent – quantité largement supérieure à notre utilisation directe. De quoi faire dire notamment dire à Nate Hagens, professeur à l’Université du Minnesota, que nous sommes « des aveugles énergétiques ». L’énergie grise, késako ? L’énergie grise désigne toute l’énergie nécessaire lors du cycle de vie d’un produit ou d’un matériau, c’est-à-dire l’énergie nécessaire pour l’extraction, la transformation, la fabrication, le transport… à l’exception de l’utilisation finale. Elle apparaît dans le bilan énergétique des entreprises impliquées dans la fabrication des objets mais demeure relativement « cachée » pour le consommateur. En 2020, la consommation d’énergie primaire par habitant dans le monde était de 71GJ/hab/an, soit l’équivalent énergétique de 11,6 barils de pétrole par an et par personne. Ce chiffre masque de très fortes disparités puisque la France est à 133GJ/hab/an, la Chine à 100 (donc au-dessus de la moyenne mondiale), les États-Unis à 265 et le Qatar à la valeur stratosphérique de 594 GJ/hab/an ! A l’autre extrême, la moyenne pour le continent africain est de 13 GJ/hab/an, soit 45 fois moins… Une partie non-négligeable de l’énergie consommée par l’humanité l’est pour l’élaboration des métaux et matériaux que nous utilisons en abondance. Les principaux matériaux utilisés sont, par quantité décroissante : le ciment, l’acier, le papier, le plastique (au sens large), l’aluminium et le cuivre. La production mondiale d’acier en 2019 était d’environ 1,9 milliards de tonnes, et comptait pour environ 7–8 % de la consommation d’énergie primaire mondiale La production mondiale d’acier en 2019 était d’environ 1,9 milliards de tonnes, et comptait pour environ 7–8 % de la consommation d’énergie primaire mondiale
true
Météo. Il va faire beau et chaud ces prochains mois, mais ce n’est pas forcément une bonne nouvelle Les mois de mai, juin et juillet devraient être plus chauds et plus secs que d’habitude. Si cette météo clémente est une bonne nouvelle pour les vacanciers et les touristes, elle pourrait néanmoins favoriser un épisode de sécheresse déjà en germe. Ah, le déconfinement… Ses terrasses qui rouvrent, ses virées à la plage ou à la campagne à nouveau possibles… et ses températures clémentes. Comme l’an passé, la levée progressive des restrictions sanitaires va en effet coïncider avec l’arrivée des beaux jours. Et si l’on en croit les prévisions trimestrielles de Météo France, rendues publiques vendredi 30 avril, ceux-ci devraient même être très beaux. Selon l’institut météorologique, les prochains mois devraient effectivement être plus chauds et plus secs que la normale. « Pour le trimestre mai-juin-juillet 2021, un scénario avec une température moyenne sur le trimestre supérieure aux normales devrait dominer sur la majorité de la France. Pour les précipitations, des conditions plus sèches que la normale sont les plus probables sur notre pays », indique ainsi Météo France. Pourtant, cela n’est pas franchement une bonne nouvelle, ou du moins pas pour tout le monde. Pourquoi ? Parce que ces conditions météorologiques sont à même de favoriser un épisode de sécheresse. Or, celle-ci guette déjà. Lire aussi : Des températures supérieures à la normale : Météo France prévoit un début d’été chaud et sec Manque de pluie Dans une note publiée mardi 27 avril, Météo France notait en effet que « sur les mois de mars et avril, les cumuls [de précipitations] sont déficitaires sur pratiquement l’ensemble du pays, particulièrement sur une vaste partie sud-ouest ». À titre d’exemple, Météo France indiquait que le déficit de précipitations par rapport à la normale atteignait 90 % dans certains villages d’Ardèche, 83 % à La Rochelle, 82 % à Tours, 77 % à Orléans, 73 % à Toulouse… Les averses qui ont pu tomber sur certaines parties de la France ces derniers jours ont comblé une partie de ces déficits. Mais ceux-ci étaient si importants que ce récent épisode pluvieux ne pourra pas suffire à retrouver un niveau de précipitation acceptable. Des nappes phréatiques à des niveaux déjà bas Un manque de pluie d’autant plus problématique que de nombreuses nappes phréatiques sont déjà à des niveaux relativement bas, si l’on en croit le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui réalise un audit de ces nappes tous les mois. Ainsi, au 1er avril, date à laquelle s’intéressait le dernier bulletin publié, 10 nappes phréatiques situées dans le Sud, l’Est et en Bretagne avaient un niveau jugé bas ou modérément bas, contre seulement 4 dans cet état l’an passé. Et depuis la parution de ce bulletin, la situation a donc dû empirer, du fait du manque de pluie déjà évoqué… L’année 2021 pourrait connaître la même situation qu’en 2019 qui avait été particulièrement rude pour le niveau des nappes phréatiques. Des premières restrictions Cette situation délicate a déjà poussé de nombreux préfets à restreindre certains usages de l’eau dans tout ou partie du territoire qu’ils administrent. C’est notamment le cas en Loire-Atlantique, dans les Deux-Sèvres, en Vendée, dans les départements charentais, dans le Rhône ou dans le Lot. De quoi essayer de limiter ou retarder une éventuelle sécheresse qui inquiète fortement le secteur agricole, dont une partie a déjà été fortement éprouvée par les épisodes de gel qui ont touché certaines cultures au début du mois d’avril.
true
Une vague de chaleur pourrait conduire à des températures proches des records historiques en France et dans plusieurs villes européennes à la fin de ce mois de juin 2019. On parle d’une vague de chaleur importante pour la saison mais aussi dans l’absolu. Les modèles de prévision européens et américains s’accordent fortement sur le développement d’un blocage anticyclonique sur l’Europe occidentale. Si des valeurs record pourraient être enregistrées, les prévisions exactes de températures restent des prévisions et les chiffres ne peuvent être annoncés avec certitude. Quoi qu’il en soit, une dépression positionnée sur l’Atlantique Est et un anticyclone sur l’Europe de l’ouest devraient conduire à un afflux d’air chaud sur la France. C’est la configuration qui est en train de se mettre en place, d’après Météo France : « Ce week-end, des conditions anticycloniques avec de hautes pressions reviennent sur le pays à l’avant d’une dépression sur l’Atlantique. Un flux de sud s’installe entre les deux systèmes et fait remonter une masse d’air très chaud sur le pays en provenance du Maghreb et de l’Espagne ». Températures à 850 millibars pour le jeudi 27 juin 2019. Cette prévision est basée sur le modèle GFS du jeudi 20 juin. Source : tropicaltidbits.com. La chaleur a commencé à s’installer sur l’hexagone ce dimanche 23 juin. Météo France s’attend ensuite à une élévation des températures pour atteindre de 35°C à 40°C sur une grande partie de la France. A Carpentras, le thermomètre pourrait grimper à 43°C vendredi, d’après Météo France. Les températures minimales baisseront peu la nuit, le mercure ne descendra pas sous la barre des 20°C dans la plupart des régions. Le pic des températures est attendu entre mercredi et la fin de semaine. La Chaîne Météo a placé 51 départements en alerte canicule. A Paris, la préfecture a déclenché dimanche le niveau 3 (sur 4) du plan canicule. Les vagues de chaleur se produisent généralement entre début juillet et mi-août. Mais ces dernières années, la France a connu des épisodes de fortes chaleurs en juin (2017) et fin août (2016). Il faut dire que la température n’est pas le seul paramètre à surveiller par temps de canicule. Une humidité élevée accroît encore la sensation de chaleur. Le corps humain se refroidit alors plus difficilement. L’humidex est un indice qui combine la température et l’humidité, ce qui est censé mieux refléter la température perçue. Un humidex de 40 avec, par exemple, une température de 30 degrés signifie que la sensation de chaleur dans l’air humide à 30 degrés serait plus ou moins la même que dans de l’air sec à 40 degrés. Tableau de l’indice Humidex. Source : Environnement Canada. A Paris Montsouris, l’humidex le plus élevé recensé remonte à la canicule de 2003, avec un Humidex de 43,8. Le 21 juin 2016, ce niveau a de nouveau été presque atteint avec 43,5. Du jamais vu pour un mois de juin depuis 2000 (faute de données suffisantes, il n’a pas été possible de prendre en compte les années précédentes). Les humidex les plus élevés ne sont pas forcément relevés les jours où la température est la plus importante. Par exemple, en 2003, une journée a atteint 39,2°C mais avec une humidité de 22%, l’humidex fut « seulement » de 41,8. Au-delà de 39, il y a une réelle sensation d’inconfort. Il est rare de voir ce niveau atteint à Paris en été. La zone de danger commence à 45, un niveau que l’on ne trouve pas à Paris, même lors des canicules. On a quand même pu voir en 2003 que plusieurs jours avec un humidex supérieur à 40 avaient affaibli les organismes. Des indices humidex de 45 et au-delà sont relevés dans certains pays plus chauds et humides que la France. Nous allons voir maintenant que les prévisions de chaleur et d’humidité pour la fin du mois de juin 2019 sont assez étonnantes. Pour le jeudi 27 juin, The Weather Channel annonce 37°C à Paris en fin d’après-midi, avec une humidité de 36%. Une combinaison qui donnerait un Humidex de 44, donc plus élevé que celui de Paris Montsouris lors de la canicule de 2003. Mais rappelons-le, il s’agit de prévisions, et cela vaut pour les températures comme pour l’humidité.
true
Par Roy W. Spencer, Ph.D. (publié en anglais sur le site de Roy W.Spencer) Ceux qui défendent les modèles de prévision climatique produisent souvent des graphiques de la température de surface observée par rapport aux modèles qui montrent un très bon accord. Laissant de côté le débat sur les ajustements permanents des relevés de température de surface, qui produisent des tendances au réchauffement toujours plus croissantes, regardons comment les modèles les plus récents (CMIP6) se comportent par rapport à la dernière version des observations (aussi bonnes soient elles). Tout d’abord, je voudrais expliquer comment certains auteurs parviennent à un aussi bon accord entre les modèles et les observations. Voici les deux «techniques» qu’ils utilisent et qui me gênent le plus. 1. Ils regardent de longues périodes, disons les 100 dernières années et plus. Cela améliore l’accord apparent, car la majeure partie de cette période est antérieure au forçage substantiel du système climatique par augmentation du CO2. 2. Ils pointent des anomalies sur une période de référence commune, mais ne montrent pas de lignes de tendance. Ou, s’ils affichent des lignes de tendance, ils ne les démarrent pas du même point au début de l’enregistrement. Lorsque vous effectuez cette opération, l’écart entre les modèles et les observations est divisé par deux, l’écart dans la dernière moitié de l’enregistrement ayant le signe opposé de l’écart dans la partie précédente de l’enregistrement. Ils disent: «Tu vois? Les températures observées au cours des dernières décennies correspondent presque aux modèles! » Dans le tracé suivant (qui sera inclus dans un rapport que je fais pour la Global Warming Policy Foundation), j’évite ces deux problèmes. Pendant la période de forçage la plus forte en gaz à effet de serre (depuis 1979), les derniers modèles CMIP6 montrent un réchauffement de surface net entre 1979 et avril 2020 (+1,08°C), supérieur de 50% aux observations (+0,72°C). Remarquez que j’ai fait la supposition que les tendances étaient quelque peu non linéaires, en utilisant un ajustement polynomial de second ordre pour les trois “time series”. Ensuite, j’ai calé verticalement les “time series” CMIP de sorte que leurs lignes d’ajustement polynomiales correspondent aux observations de 1979. Je pense que c’est la façon la plus honnête et la plus significative de comparer les tendances de réchauffement des différents ensembles de données. Comme d’autres l’ont remarqué, il semble que les modèles CMIP6 produisent encore plus de réchauffement que les modèles CMIP5. Toutefois, le site Web KNMI Climate Explorer (à partir duquel toutes les données ont été téléchargées) ne dispose que de 13 modèles à ce jour.
biased
Forte urbanisation, déclin des zones humides, pratiques agricoles... La nature est encore plus fragile en Île-de-France, signe flagrant de l'influence de la ville et des hommes sur les espèces sauvages, dont beaucoup sont menacées, selon un rapport publié ce jeudi. Faisant écho au constat alarmant récemment dressé par les experts de l'ONU au niveau mondial, le "panorama de la biodiversité francilienne" passe en revue les multiples attaques contre la nature et leurs conséquences sur la faune et la flore d'une région de 12 millions d'habitants. Résultat, "dans la plupart des cas, les proportions d'espèces menacées et éteintes régionalement sont un peu plus élevées que dans les régions adjacentes, mettant en évidence l'influence de la métropole sur l'état de la biodiversité, qui tend à s'améliorer à mesure que l'on s'en éloigne", écrit l'Agence régionale de la biodiversité (ARB IdF). Les listes rouges de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN) faites sur l'Île-de-France révèlent que 31 % des 1600 espèces de fougères et plantes à fleurs sont menacées, 27 % des papillons de jour, 30 % des chauves-souris, ou encore 39 % des oiseaux nicheurs. Au-delà d'un risque de disparition, certaines populations "encore abondantes il y a peu" ont subi une chute vertigineuse, comme certaines espèces de chauve-souris (pipistrelles communes et noctules communes) ou d'oiseaux, notamment les hirondelles et le moineau domestique qui a perdu 73 % de ses effectifs parisiens entre 2004 et 2017. De l'urbanisation à l'agriculture en passant par les conséquences du réchauffement climatique, le responsable de ce constat sombre est parfaitement identifié : l'Homme. Les villes couvrent 22 % du territoire de l'Île-de-France, région "la plus artificialisée", note l'ARB IdF. Cet étalement urbain, même s'il a ralenti depuis le milieu des années 2000, est "l'une des principales menaces" pour les habitats naturels. Mais la ville agit aussi "comme un filtre pour les espèces les plus vulnérables" aux diverses pollutions (eau, air, sols, lumière, bruit...), remplacées par d'autres qui s'adaptent mieux. Au risque d'une uniformisation entre Paris, New York ou Tokyo. LIRE AUSSI >> Les insectes sont en danger d'extinction Pesticides, labours profonds, abandon du pâturage... L'agriculture, qui occupe 48 % du territoire, est également pointée du doigt. Avec une forte présence de grandes cultures céréalières, la densité de haies est "très réduite" : 5 mètres linéaire par hectare, loin des 70 m estimés nécessaires au nichage des oiseaux. La population d'espèces d'oiseaux ne vivant qu'en milieu agricole s'est d'ailleurs "effondrée" de 44 % entre 2004 et 2017, "plus encore qu'au niveau national (-33 %)". Même s'il n'existe pas de données locales pour les insectes, l'Agence est persuadée que la région subit la même chute libre que celle décrite en Europe par les scientifiques. Pour preuve, les effets en cascade déjà observés : déclin de nombreuses espèces insectivores et meilleur maintien des plantes ne dépendant pas des pollinisateurs. Les forêts, principaux "réservoirs de biodiversité" de la région qui couvrent 24 % du territoire, sont, elles, perturbées par le réseau routier qui fragmente ces habitats accueillant de nombreux mammifères, du mulot sylvestre aux cerfs et aux sangliers. "Le portrait n'est pas bon [...] mais il y a toujours de l'espoir", a déclaré le président de l'ARB IdF Bruno Milienne. "Partout où on a agi pour la restauration de la biodiversité, tant qu'une espèce n'est pas éteinte, elle est susceptible de revenir au galop", a insisté le député des Yvelines, plaidant notamment pour la création de tourbières ou autres zones humides. Au titre des succès des défenseurs de la nature, le castor est revenu le long de l'Essonne en 2016, 100 000 batraciens sont sauvés chaque année des roues des voitures grâce à des "crapauducs" (mini-tunnels passant sous la chaussée), et la flore des trottoirs et des interstices a explosé grâce à l'interdiction des produits phytosanitaires pour l'entretien de la voirie. Le chat sauvage est, lui, régulièrement observé du côté de Fontainebleau. Et "le loup ne manquera pas de faire une apparition prochaine dans la région, au moins en exploration", s'enthousiasme l'Agence. Une perspective qui risque de ne pas faire l'unanimité...
true
Un petit répit pour nos côtes. Selon la préfecture maritime de l'Atlantique, une arrivée sur le littoral français de pollution consécutive au naufrage du navire italien Grande America "semble très peu probable avant 10 jours". "A ce stade, compte tenu des conditions environnementales (...), de la distance à la côte et des résultats des modèles fournis par le comité de dérive, une arrivée sur le littoral français d'amas de fioul lourd semble très peu probable avant 10 jours", affirme le communiqué diffusé ce mardi. "A la verticale de l'épave, une irisation de surface parsemée d'amas de fioul lourd est visible. La pollution initiale (...) a dérivé. Elle est constituée de petits amas de fioul disséminés" d'"une dimension moyenne comprise entre 50 et 100 cm", indique la préfecture maritime. Par ailleurs, l'amélioration des conditions météorologiques, nettement meilleures que les jours précédents, a permis mardi "la mise en oeuvre d'un dispositif complet de lutte anti-pollution" dans la zone du naufrage du Grande America, dans le golfe de Gascogne. "Des barrages hauturiers ont été déployés avec la technique du chalutage en boeuf pour confiner (concentrer) le polluant et le pomper ensuite à bord des navires de lutte anti-pollution", selon le communiqué. Plusieurs navires français et espagnols sont présents sur zone. "Les opérations ont été menées de manière simultanée", à la fois "à la verticale de l'épave où une irisation de surface parsemée de fioul lourd est toujours visible", de même que "sur la pollution initiale émise" par le navire lors de son naufrage. L'amélioration de l'état de la mer a également permis de "réaliser une meilleure observation aérienne de la pollution". "Les vols réalisés ont permis la relocalisation de cinq conteneurs et deux radeaux pneumatiques". Un containeur de "matière non dangereuse" a été amené au port de la Rochelle où il est arrivé ce mardi midi. Selon le préfet de Charente-Maritime, Fabrice Rigoulet-Roze, le conteneur de ce bateau qui allait de Hambourg à Casablanca "contient des chips", six tonnes précisément. Enfin, "des prélèvements d'échantillon en mer ont été réalisés" mardi matin "sur le front avant de la pollution" et transférés à terre pour analyses, précise le communiqué. Le Grande America a sombré le 12 mars à 333 km à l'ouest de La Rochelle par 4.600 mètres de fond après un violent incendie. Il avait à son bord 365 conteneurs, dont 45 répertoriés comme contenant des matières dangereuses, plus de 2.000 véhicules, ainsi que 2200 tonnes de fioul lourd dans ses soutes. Ses 27 occupants ont été secourus et ramenés à Brest, où une enquête pour pollution accidentelle a été ouverte.
true
Une année sous le signe du climat. En 2019, l'environnement est devenu la préoccupation principale en France et en Europe. A l'heure du bilan, ces douze mois auront été ceux de l'urgence climatique, mise au-devant des scènes politique, météorologique, citoyenne, scientifique... Alors que les symptômes se sentent encore en cette fin d'année en Australie où les températures atteignent les 49,8°C et les feux de forêt ont ravagé l'équivalent de la Belgique depuis septembre, les populations du monde entier réclament des changements pour lutter contre le réchauffement climatique. Selon une étude Ipsos-EDF sur 24 000 personnes de 30 pays différents, publiée par le JDD en novembre, 70% des personnes attendent des actions des gouvernements pour protéger la planète. Ils sont, d'autre part, 53% à estimer qu'il va falloir passer par un bouleversement de nos modes de vie, un score qui monte à 64% en France. Plus de la moitié des personnes interrogées affirment également avoir déjà changé leur façon de vivre et de consommer, en passant par le tri de déchets, l'achat de fruits et légumes de saison ou encore moins utiliser la climatisation et le chauffage. LIRE AUSSI >> "Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme sous les Trente Glorieuses" D'autres sondages mettent en lumière cette prise de conscience citoyenne qui s'est développée un peu partout dans le monde. Ainsi, le changement climatique représente également le premier défi à relever pour 47% des Européens selon un sondage BVA commandé par la Banque européenne d'investissement (BEI), révélé par La Croix en novembre. Des réponses qui montrent l'importance qu'a prise la question écologique au fil des années. En France, pour la première fois depuis le début des enquêtes Ipsos sur les préoccupations des Français, le climat est à la première place pour 42% d'entre eux en 2019, devant le pouvoir d'achat, le système de santé et l'emploi. La création de la Convention citoyenne pour le climat créée en octobre 2019 par Emmanuel Macron illustre ainsi l'engagement citoyen pour la cause climatique. Il faut dire que l'année a particulièrement été touchée par des phénomènes climatiques extrêmes. Elle serait même "l'année de tous les records" selon les rapports scientifiques de l'Organisation météorologique mondiale et du programme européen Copernicus. Cet été est le troisième le plus chaud jamais enregistré depuis le début des relevés de températures en 1850, et le mois de juillet détient la place du mois le plus chaud jamais enregistré dans le monde. En Europe, la canicule a été particulièrement précoce et violente. La température maximale a été battue dans plusieurs villes, dont 46°C relevés à Vérargues, dans l'Hérault. Au pôle Nord, il a fait jusqu'à 21°C. "Juillet a réécrit l'histoire du climat, avec des dizaines de records de températures au niveau local, national, ou mondial", souligne le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) Petteri Taalas dans le rapport. Des températures élevées qui ont causé des records de fonte de glace, selon lui. En une journée, 11 milliards de tonnes de glace ont fondu. L'élévation de la mer atteint aussi un niveau record. LIRE AUSSI >> Il n'a jamais fait aussi chaud sur Terre depuis 2000 ans "L'année 2019 marque la fin d'une décennie de chaleur exceptionnelle, de recul des glaces et d'élévation record du niveau de la mer à l'échelle du globe, en raison des gaz à effet de serre produits par les activités humaines" alerte alors l'OMM. Pour les populations, cela se traduit par des sécheresses intenses, comme en Australie ou en Inde, des feux de forêts en Sibérie, des inondations en Iran... Plus de 7 millions de personnes ont dû fuir leur foyer à cause de ces phénomènes climatiques qui "se produisent de plus en plus régulièrement", selon Petteri Taalas. La décennie qui se termine pourrait alors devenir la plus chaude jamais relevée. S'ajoutent à ces ressentis extrêmes qui rendent réels les enjeux du réchauffement de la planète, les rapports scientifiques de plus en plus alarmants. Ainsi, cette année, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié un rapport en septembre dernier dénonçant des impacts "irréversibles". LIRE AUSSI >> COP 25 : doit-on manipuler l'océan pour sauver le climat? Le réchauffement des mers, plus acides et moins salées, qui détruit la barrière de corail et favorise le déplacement des espèces marines, un rythme de d'élévation de la mer qui pourrait être 100 fois plus rapide au siècle prochain, la fonte des glaciers (source d'eau potable) et du permafrost, ou encore la multiplication des phénomènes extrêmes comme El Niño de 2016. Les cyclones, ouragans ou typhons vont, eux, devenir plus puissants. En mai dernier, une autre étude, portée sur la biodiversité, faisait largement réagir. Le rapport IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) alertait ainsi sur la probable disparition d'un million d'espèces animales et végétales de la surface de la Terre d'ici les prochaines décennies. "Le tissu vivant de la Terre, essentiel et interconnecté, se réduit et s'effiloche de plus en plus", résume dans l'étude le professeur Josef Settele, coprésident de l'évaluation. La jeunesse européenne et d'Amérique du Nord est celle qui se mobilise le plus et qui se dit la plus inquiète par le futur de la planète, selon l'enquête Ipsos-EDF. Une donnée qui s'ajoute aux 65% des 15-29 ans qui pensent devoir déménager dans le futur à cause des bouleversements climatiques, selon le sondage BVA commandé par la BEI. LIRE AUSSI >> Eco-anxiété: sommes-nous en train de rendre nos enfants dépressifs ? Cette prise de conscience de la jeunesse est incarnée par Greta Thunberg. Si la jeune militante suédoise est apparue sur le devant de la scène dès août 2018 au parlement européen, elle a multiplié les déplacements et discours engagés dans les différents lieux où s'exerce le pouvoir : à l'ONU pour la COP 24 en décembre dernier, à l'Assemblée nationale en France, elle est aussi récompensée par un prix suédois pour son engagement, et a été récemment désignée personnalité de l'année par le magazine Time. À l'origine des manifestations lycéennes, elle est devenue l'égérie de toute une génération engagée pour la défense de la planète. Des jeunes manifestants, avec Greta Thunberg, pendant une marche pour le climat à Montréal au Canada, le 27 septembre 2019. REUTERS C'est ainsi que 2019 a vu les premières manifestations internationales lycéennes réveiller les générations précédentes réclamant des mesures drastiques pour leur assurer un avenir vivable sur la planète. Le 15 mars 2019, le site Fridaysforfuture.org recense 2705 événements dans 137 pays, sur tous les continents, y compris l'Antarctique, et 2,2 millions de personnes rassemblées dans le monde. Des mois plus tard, pour la semaine pour le climat en septembre, l'organisation compte 8859 événements dans 183 pays et 7,3 millions de participants. Avec ces rassemblements, des actions pacifiques de désobéissance civile sont aussi organisées. En Europe, l'ONG Extinction Rebellion s'est illustrée plusieurs fois en 2019 à travers des actions de blocages, à Londres ou encore à Paris. D'autres organisations les imitent ou les rejoignent dans leurs démonstrations, comme Youth for climate, mais aussi, en France, Action non-violente COP21 dont les membres sont réputés pour avoir décroché des portraits d'Emmanuel Macron dans les mairies. Cette année, quatre ONG ont également mené une action en justice contre l'action climatique de l'État, soutenues par de nombreuses célébrités comme Marion Cotillard. Cette prise de conscience générale, pas seulement pour la jeunesse, a trouvé un écho dans les urnes. Lors des élections européennes, la "vague verte" a surpris l'Europe. Les partis écologistes en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, mais aussi en Autriche, aux Pays-Bas, en Irlande ou en Scandinavie ont fait des scores plus élevés qu'attendu, ce qui a contribué à la constitution d'un parlement européen plus vert que le précédent. Les écologistes sont passés de 52 à 70 sièges. LIRE AUSSI >> Un Parlement européen plus libéral et plus écolo Au niveau des décisions politiques, cette prise de conscience se dessine à travers différentes mesures. En mars dernier, par exemple, le parlement européen a entériné la fin de l'usage des produits en plastique à usage unique dans l'Union européenne. En France, la loi antigaspillage non-alimentaire a été votée le 20 décembre dernier par l'Assemblée. En revanche, d'autres décisions ont été largement critiquées, accusées d'être néfastes à l'environnement. C'est le cas des traités de libre-échange comme le Ceta ou le Mercosur, "antinomiques" avec la lutte contre le dérèglement climatique, selon Nicolas Hulot, ancien ministre de la Transition écologique d'Emmanuel Macron. La volonté politique est donc insuffisante pour les militants. Ils dénoncent une inaction politique, qui s'est illustrée lors de la dernière COP25 à Madrid. Après deux semaines de négociations difficiles, alors que l'urgence climatique semble plus que jamais réelle, la commission a finalement accouché d'un accord a minima qui n'a pas trouvé de consensus sur les règles des marchés carbone internationaux. Certains pays ont été pointés du doigt et accusés d'avoir bloqué les discussions, comme la Chine, l'Inde ou les Etats-Unis - importants émetteurs de pollution - qui n'ont pris aucun engagement pour rehausser leurs efforts pour lutter contre l'émission de CO2. LIRE AUSSI >> Carbone : le business de la bonne conscience L'Europe est par ailleurs le meilleur élève d'une classe de cancres en termes de lutte contre le réchauffement climatique selon l'étude "La vérité derrière les promesses climatiques", publiée en novembre. Toutefois, plusieurs pays, comme l'Allemagne ou la Pologne, dépendent toujours d'énergies fossiles tel que le charbon pour alimenter leur réseau électrique. L'Allemagne est d'ailleurs le plus gros émetteur de CO2 de l'UE. Classement des pays en fonction de leurs promesses de réduction d'émission de gaz à effet de serre. Vert : suffisant, supérieur ou égal à 40%Jaune : partiellement suffisant, 20 à 40% Orange : partiellement insuffisant, moins de 20%, et jusqu'à 50% de réductions conditionnellesRouge : insuffisante, soit à cause d'un manque de promesses, soit parce que plus de 50% sont conditionnellesNoir : pas de promesse The Truth Behind The Climate Pledge/Universal Ecological Fund L'inaction industrielle est elle aussi critiquée, notamment par le président de la Banque européenne d'investissement (BEI). Dans un média allemand, Werner Hoyer a notamment affirmé dimanche que les constructeurs automobiles avaient mis trop de temps à passer du moteur à combustion polluant à des voitures électriques propres. Si 2019 a été marquée par de nombreux bouleversements climatiques et une prise de conscience historique de la question environnementale, 2020 ne devrait pas voir les mobilisations se tarir. Des progrès drastiques restent à faire dans bien des domaines. De son côté, Greta Thunberg a déjà prévenu : la rue maintiendra la pression et les militants "n'abandonneront pas" le combat.
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À Bonn, les États doivent se donner les moyens de leurs ambitions climatiques A Paris fin 2015, les États ont convenu qu’il fallait limiter la hausse des températures bien en-deçà de 2°C et au plus près de 1,5°C pour éviter une emballement catastrophique du climat. Mais les engagements que les pays ont mis sur la table jusqu’à présent nous conduisent à un réchauffement de 3°C… Ce fossé entre les engagements et les besoins a été dénoncé par le Programme des Nations unies pour l’Environnement dans son dernier rapport : Ce rapport révèle que « les engagements pris par les pays au niveau national ne représentent qu’un tiers des réductions d’émissions nécessaires à l’horizon 2030 pour respecter les objectifs relatifs à la lutte contre les changements climatiques. Les mesures prises par le secteur privé et les mesures à l’échelle infranationales ne se multiplient pas à un rythme qui permettrait de combler cet écart inquiétant. » L’Organisation météorologique mondiale, dans son dernier Bulletin sur les gaz à effet de serre, affirme que les « concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2) ont augmenté à un rythme record en 2016 », une hausse qui risque de « déclencher une modification sans précédent des systèmes climatiques et d’entraîner ainsi de «graves bouleversements écologiques et économiques ». Pour être cohérents, il faut donc que les États renforcent les mesures prises ou envisagées de façon à les mettre en adéquation avec l’objectif de 1,5°C. Accusés, levez-vous ! Cette incohérence des États ne passe plus inaperçue. Elle est désormais dénoncée jusque devant les tribunaux. Ces dernières années, les actions en justice se sont multipliées à l’encontre des gouvernements mais aussi des entreprises polluantes : enquête de la Commission des droits de l’homme aux Philippines, action des grands-mères pour le climat en Suisse, condamnation des Pays-Bas pour qu’ils réduisent leurs émissions de CO2… Bientôt, ce sera au gouvernement norvégien de rendre des comptes sur ses contradictions climatiques. Quelques mois après avoir signé l’accord de Paris, il attribuait des autorisations de forage pétrolier dans la mer de Barents, en Arctique. Greenpeace et une autre ONG ont porté plainte contre le gouvernement norvégien. L’audience est prévue pour le 14 novembre. En savoir plus sur la justice climatique : https://www.greenpeace.fr/justice-climatique-pollueurs-rendent-comptes/ Tout le monde est concerné Il n’y a pas de temps à perdre. Des millions de personnes souffrent déjà de l’injustice des changements climatiques. Les gouvernements réunis à Bonn doivent agir en solidarité avec celles et ceux dont la vie est affectée, d’autant plus que cette COP est présidée par les îles Fidji, petit État insulaire qui, comme d’autres, est touché de plein fouet par les conséquences du dérèglement climatique. L’année 2017, particulièrement dévastatrice avec ses ouragans comme Harvey ou Irma, nous a cependant rappelé qu’aucun pays, industrialisé ou en développement, n’est épargné par les ravages des changements climatiques. Les habitants de Tacloban, ville des Philippines ravagée par le super-typhon Haiyan en 2013, montrent l’exemple en matière de solidarité climatique : https://www.greenpeace.fr/solidarite-climatique-philippines-montrent-lexemple/ C’est possible Relever le défi climatique, c’est possible. Dans le monde, le secteur des énergies renouvelables emploie désormais plus de 9,8 millions de personnes et se déploie à une vitesse exponentielle. Tous les ans, les installations de nouvelles capacités d’énergies renouvelables battent de nouveaux records. Même aux États-Unis, n’en déplaise à D. Trump, ce rythme de développement des renouvelables est 12 fois plus rapide que l’ensemble des autres secteurs. La décision de Donald Trump de se retirer de l’Accord de Paris ne pourra pas stopper la dynamique internationale de lutte contre les dérèglements climatiques impulsée par les citoyens et la société civile, les communautés, les villes et certains acteurs privés. Il n’y a pas de retour en arrière possible. Par ailleurs, les décideurs internationaux doivent rester clairs sur le fait qu’aucune tentative de de renégociation ou d’affaiblissement de l’Accord de Paris ne sera tolérée. « Écoutez les citoyens, pas les pollueurs ! » Manifestation de Greenpeace lors de la COP17, Durban, décembre 2011. © Shayne Robinson / Greenpeace Les demandes de Greenpeace pour la COP23 Les gouvernements réunis à Bonn doivent avancer dans la définition de règles de mise en œuvre équitables et solides pour l’Accord de Paris, afin qu’elles soient finalisées d’ici à 2018 comme convenu par les États lors de la COP22. Ces règles doivent permettre de rendre l’ensemble des pays redevables de leurs actions et de rendre l’accord de Paris transparent. Elles doivent également permettre de définir des cycles d’ambition de cinq ans, dans le cadre desquels les États seraient amenés régulièrement à faire le bilan de leur action et à mettre à niveau l’ambition de leurs politiques climatiques au regard de l’horizon 1,5°C/2°C. Par ailleurs, la COP23 doit organiser le “dialogue de facilitation” prévu tout au long de l’année 2018 et censé faire un premier bilan des actions des pays dans la lutte contre les changements climatiques. Dans un contexte où les contributions mises sur la table par les pays à l’occasion de la COP21 fixent la trajectoire de réchauffement global à plus de 3°C, ce “dialogue de facilitation” ne peut pas être juste un moment de bilan. Les États doivent aborder l’année 2018 avec un objectif clair : annoncer une révision à la hausse de leurs contributions nationales sans attendre 2020. Enfin, la question de la solidarité avec les pays et les populations les plus vulnérables et les plus durement affectées reste centrale et demande une grande vigilance, au vu du manque de volonté politique des pays industrialisés. L’Union européenne et la France ont une responsabilité particulière dans ce contexte, non seulement dans l’avancée des négociations internationales, mais également dans la mise en œuvre de politiques régionales et nationales cohérentes. Que doit-on attendre de la France ? La France, qui n’a cessé de célébrer « l’esprit de Paris », endosse une responsabilité particulière pour faire avancer l’action climatique. Elle doit cesser de freiner les ambitions de l’Union européenne en termes de développement des énergies renouvelables. Ces dernières sont en effet indispensables pour permettre la sortie du charbon au niveau européen. Et sur le plan national, la France doit faire preuve d’une réelle politique de transition énergétique. Emmanuel Macron ne peut plus se permettre une déconnexion totale entre les grands discours à l’international et l’inaction gouvernementale. Sur la transition énergétique, la France est très en retard. Le développement des énergies renouvelables est complètement bloqué par la prépondérance du nucléaire dans la production d’électricité. Il faut sortir de l’incohérence française sur la politique énergétique et enclencher la fermeture de réacteurs nucléaires. Mais ce n’est pas la seule incohérence du gouvernement. On observe actuellement une incapacité à engager la transition du modèle agricole vers plus de local et de durable, ce qui est pourtant indispensable pour répondre aux enjeux climatiques – des termes absents du discours d’Emmanuel Macron lors de la clôture de la première phase des Etats généraux de l’alimentation. Et, quelques mois après l’élection d’Emmanuel Macron, nous avons déjà été confrontés aux premiers renoncements du gouvernement comme le recul sur le projet de loi sur la recherche et l’exploration des hydrocarbures ou encore l’ obstination à soutenir le CETA dans un contexte où les conséquences nuisibles pour le climat ont été confirmées par une commission d’experts nommée par le gouvernement.
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Paris, le 9 octobre 2013 – Ce matin, 21ème jour de détention pour les membres d’équipage de l’Arctic Sunrise, à 8h30 au 68 avenue des Champs-Elysées, siège de Gazprom en France, 8 militants de Greenpeace ont déployé une bannière depuis le toit de l’immeuble sur laquelle on peut lire « Gazprom. Free the Arctic 30 ». Plus bas, une autre bannière avec les portraits des militants détenus en prison est mise en place. 28 de nos militants, un caméraman et un photographe freelance sont toujours incarcérés en Russie et inculpés pour piraterie. Ils risquent jusqu’à 15 ans de prison. Parmi ces détenus, un militant français, Francesco Pisanu, vit lui aussi des heures difficiles dans une prison russe. Leur crime ? Avoir défendu le climat en interpellant Gazprom sur le danger d’exploiter les ressources de l’Arctique. « Nous sommes ici parce que nos militants ont eu raison d’agir pacifiquement sur la plateforme pétrolière du géant russe de l’énergie. Gazprom doit changer d’attitude et annuler ses projets en Arctique, explique Sébastien Blavier, chargé de campagne énergie pour Greenpeace France. Plus personne ne conteste l’urgence climatique à laquelle le monde fait face. Le GIEC l’a encore rappelé récemment. Défendre le climat est une nécessité. Les militants engagés dans cette course contre la montre ne sont pas des criminels. Ce sont des héros. » Greenpeace demande la libération immédiate des membres d’équipage de l’Arctic Sunrise emprisonnés en Russie. Gazprom doit changer de cap A l’heure où il n’est plus que jamais urgent d’agir sur les dérèglements climatiques, Gazprom semble s’entêter dans une voix sans issue. Assez cyniquement le géant russe a même choisi de profiter de la fonte de l’Arctique liée aux dérèglements climatiques pour aller y forer du pétrole. Cela ne peut être la bonne stratégie. « En France, Gazprom n’est présente qu’à travers la fourniture de gaz. L’entreprise devrait choisir la voie de la transition énergétique et des énergies renouvelables. Son acharnement pour les énergies fossiles ne pourra pas perdurer face à l’urgence climatique. » poursuit Sébastien Blavier. La France pour l’heure silencieuse Greenpeace France s’est adressée, comme les bureaux de Greenpeace des 18 nationalités des personnes incarcérées, au chef de l’Etat pour qu’il prenne position en faveur des militants emprisonnés, qu’il réaffirme le droit à la protestation non-violente, au nom de la liberté d’expression, qu’il dénonce l’illégalité de l’incarcération des 28 militants et des deux journalistes. La France est doublement concernée par cette situation. Un des militants est français. Le capitaine de l’Arctic Sunrise, enfermé lui aussi, n’est autre que Peter Willcox qui était le capitaine du Rainbow Warrior en 1985 au moment où les services secrets français ont orchestré un attentat sur le navire qui a coûté la vie à un photographe, Fernando Pereira. « François Hollande doit prendre position au plus tôt en faveur des 28 militants et des deux journalistes emprisonnés. Pour l’instant la lettre que nous lui avons adressée est restée sans réponse. Entre autres raisons, il se doit d’agir au nom de la lutte contre les changements climatiques, puisque la France se veut exemplaire sur ce sujet crucial comme l’atteste sa volonté de recevoir en 2015 la conférence de l’ONU sur le climat. Voici une occasion pour le Président français d’allier discours et actes. » conclut Sébastien Blavier. Des responsables politiques se sont déjà engagés en faveur de libération de l’équipage de l’Arctic Sunrise : http://act.gp/1e6DpI3
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La police belge a fait évacuer ce jeudi le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles occupé par une trentaine de militants de Greenpeace arrivés en camion de pompiers avant l'ouverture du sommet européen largement consacré au "Pacte vert" sur le climat. "Le sommet est maintenu, mais en fonction de la situation, il pourrait être organisé dans le bâtiment du Justus Lipsus" qui est attenant au bâtiment Europa (où se trouvaient les militants) avait indiqué peu avant la fin de l'action des militants, un responsable de la présidence du Conseil. La police belge a lancé une opération pour déloger 28 militants de Greenpeace arrivés à bord d'un vieux camion de pompier réformé pour tromper la sécurité. Ils ont escaladé l'architecture métallique du bâtiment Europe, le nouveau siège du Conseil, et ont déployé une banderole pour alerter sur "l'urgence climatique". L'image donne l'impression que le bâtiment est en flammes. L'action qui avait commencé tôt le matin a pris fin vers 10h30. Le sommet européen doit débuter ce jeudi à 15 heures. Le Président du Conseil européen Charles Michel a plusieurs rencontres bilatérales prévues avec des dirigeants européens avant l'ouverture du sommet et elles ont été déplacées au Justus Lipsus, le bâtiment attenant relié par une passerelle au nouveau siège. Les pompiers bruxellois ont déployé deux grandes échelles pour permettre aux policiers de grimper dans la structure et interpeller les activistes. La police a confirmé une vingtaine d'arrestations. Selon Greenpeace, les interpellés sont français, belges et allemands. Greenpeace s'est félicité de l'opération. "On a fait notre devoir", a déclaré Laura Ullmann une porte-parole de l'ONG. Greenepace avait déjà déjoué la sécurité du Conseil européen il y a dix ans, en décembre 2009, pour réclamer des actions de l'UE au Sommet sur le climat organisé à Copenhague quelques jours plus tard. Les militants, munis de faux badges, s'étaient alors fait passer pour une délégation officielle. Leurs limousines de location s'étaient insérées entre deux cortèges officiels et étaient arrivées devant l'entrée du Conseil où ils avaient déployé des banderoles. Lors du sommet de jeudi et vendredi, les dirigeants européens vont tenter de trouver un accord sur l'objectif d'une neutralité carbone d'ici 2050, qui est au coeur du Pacte vert d'Ursula von der Leyen et qui bute sur les réticences de trois pays de l'Est.
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C'est un bloc de glace de 113 km2. Conséquence directe du réchauffement climatique, une immense plateforme de glace s'est séparée du glacier 79 N, situé au nord-est du territoire arctique. Un morcellement confirmé par les images satellites diffusées par l'institut géologique du Danemark et du Groenland (GEUS), montrant de vastes surfaces de glace, désormais séparées de ce gigantesque glacier. Dans la région, les températures ont augmenté d'environ 3° depuis 1980 et se sont établies à des niveaux records en 2019 et 2020. Depuis 1999, la calotte de glace du glacier 79 N a perdu 160 km2, soit une superficie presque deux fois plus importante que celle de l'île de Manhattan. La fonte de la calotte glaciaire du Groenland a entraîné une hausse du niveau des océans d'1,1 centimètre entre 1992 et 2018, avaient calculé les auteurs d'une étude parue en décembre dernier dans la revue Nature. La diminution des surfaces gelées au Groenland devrait contribuer à hauteur de 10 à 12 cm à la hausse du niveau des mers d'ici 2100.
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La déclaration finale de la Conférence sur la sécurité alimentaire mondiale, le changement climatique et la bio-énergie, qui s’est tenu à Rome du 3 au 5 juin sous l’égide de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation), n’apporte guère d’enseignements sur la façon dont les gouvernements envisagent de réagir à la hausse des prix des denrées alimentaires et ses conséquences environnementales. Une évolution radicale des pratiques agricoles et des modalités des échanges mondiaux de matières premières est pourtant nécessaire. Une nourriture en quantité plus importante et de meilleure qualité peut être produite sans pour cela détruire les économies rurales et les ressources naturelles. A l’échelle locale, des méthodes socialement et écologiquement responsables sont la solution. Il est regrettable que la déclaration finale ne fasse aucune référence aux conclusions du récent rapport publié par le IAASTD (Comité international d’évaluation des sciences et technologies agricoles pour le développement), qui vont dans ce sens. Ce rapport, rédigé par plus de 400 scientifiques et approuvé par plus de 60 pays, conclut qu’il y a un besoin urgent d’abandonner une agriculture industrielle destructive et polluante pour adopter des pratiques agricoles modernes et écologiques, préservant la biodiversité et bénéficiant aux communautés locales. Le rapport conclut également que des techniques telles que l’ingénierie génétique (OGM) ne sont pas une solution à l’explosion des prix alimentaires, la pauvreté, la perte de biodiversité et le changement climatique. « Nous devons travailler avec la nature et non contre elle, affirme Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêts de Greenpeace France. Les gouvernements doivent rejeter les systèmes très coûteux dépendant des énergies fossiles, produits chimiques toxiques et génie génétique. Les pratiques agricoles susceptibles de réduire les prix alimentaires tout en augmentant la productivité sont écologiques et se concentrent sur des petites exploitations. Le « business as usual » n’est pas une option. » Une inflexion radicale des politiques concernant les agrocarburants est également nécessaire. « En premier lieu, il est urgent de mettre un terme aux politiques d’incitations tous azimuts, avec l’arrêt des subventions gouvernementales et l’abandon des objectifs irréalistes et dangereux d’incorporation d’agrocarburants », poursuit Jérôme Frignet. Si la prise de conscience est réelle, les progrès concrets sont lents. A la récente conférence des Nations-Unies sur la Diversité Biologique, le Brésil s’est ainsi opposé, avec succès, à la mise en place de mesures visant à empêcher la destruction de forêts tropicales au profit de plantations d’agrocarburants. Les Etats se sont tout juste accordés sur la nécessité de discuter de critères de développement durable… à l’avenir. D’ici là, les pays européens peuvent continuer à utiliser des agrocarburants d’origine non durable. NOTES (1)Le IAASTD est une collaboration originale, mise en place par la banque mondiale en partenariat avec plusieurs organisations intervenantes telles que la FAO, le PNUD, l’Organisation Mondiale de la Santé, des représentants des gouvernements, des sociétés civiles, du secteur privé et des institutions scientifiques du monde entier. (2)Les rapports finaux du IAASTD, 7-15 Avril 2008, Johannesburg, sont disponibles sur le site de l’IAASTD
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Vente en vrac : « La France est largement en avance sur ses voisins européens » En France, le marché du vrac a représenté 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2019, un chiffre en augmentation de 41 % sur un an. Longtemps réservé aux fruits secs et aux graines, il s’étend désormais aux produits cosmétiques, aux détergents et même à certains produits vendus en pharmacie. Au point d’en faire une alternative durable au suremballage ? On fait le point avec Célia Rennesson, la directrice de Réseau Vrac, une association interprofessionnelle pour le développement de la vente en vrac. Les artistes peuvent-ils faire rayonner la low-tech ? Malgré la richesse des projets qu’elle recouvre, l’approche low-tech est le plus souvent représentée sous son aspect le plus technique et utilitaire, éclipsant la dimension culturelle et sociale qui pourrait favoriser son rayonnement. Voici donc un coup de projecteur sur plusieurs projets d’artistes dont les projets low-tech « donnent envie ». Espèces invasives et nouveaux virus, un combo « de plus en plus fréquent » Nous nous sommes penchés sur les espèces invasives qui profitent de l’explosion des échanges et du réchauffement climatique pour coloniser de nouveaux territoires, dont la France. On fait le point sur le sujet avec Didier Fontenille, chercheur à l’université de Montpellier et directeur du laboratoire d’entomologie médicale à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). « Aller photographier toutes ces espèces au bout du monde : est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? » Rencontre avec Vincent Munier. Dans sa ferme des Vosges, le photographe animalier, dont la parole dans les médias est très rare, s’est confié sur la façon dont le réchauffement climatique le pousse à réinterroger la façon dont il exerce son métier. À 44 ans, après de nombreux périples autour du globe, celui qui montre une sensibilité hors norme au vivant se voit rattraper par ses questions existentielles : les voyages, l’empreinte carbone, les spots reculés mis en lumière et bientôt envahis par les photographes et les touristes… Le coronavirus va-t-il mettre fin au tourisme de masse ? Emplois menacés, réduction du nombre de vols aériens, collections des musées en libre accès en ligne… La crise sanitaire liée au Covid-19, qui frappe avec plus ou moins d’intensité les quatre coins du globe, a déjà des conséquences très concrètes sur l’industrie touristique. Sonnera-t-elle pour autant le glas du tourisme de masse… et de la lourde empreinte écologique qui l’accompagne ? Pas si simple. « Les agriculteurs qui travaillent à échelle humaine sont le socle de la société du futur » Nous avons discuté avec Stéphanie Maubé qui élève des moutons dans le Cotentin depuis près de 10 ans et qui a co-écrit Il était une bergère (éd. Le Rouergue, 2020), un livre-témoignage, mais aussi une réflexion sur une agriculture à taille humaine. Elle nous a expliqué pourquoi berger, c’est un métier du futur. Covid-19 : « C’est tout le système alimentaire qu’il faut réimplanter sur le territoire » Arthur Grimonpont et Félix Lallemand, des Greniers d’abondance, une association dédiée aux questions de résilience alimentaire, appellent à construire un système alimentaire résilient face aux multiples crises à venir. « Quand on travaille dans la mode, on n’arrive plus à faire les magasins » Comment les futurs professionnels de la florissante industrie de la mode, ces millennials scrutés – et souvent fantasmés – vivent-ils les mutations en cours du secteur ? Étudiants achevant leur master, stagiaires chez de grandes enseignes du luxe ou jeunes employés déjà en fonction, plusieurs d’entre eux nous ont confié leurs espoirs et leurs craintes. Marre de prendre l’avion ? Voyagez en avatar ! La compagnie aérienne ANA s’apprête à ouvrir un service inédit : la possibilité de visiter le Japon par avatar interposé, via un robot mobile piloté à distance par un « voyageur » qui ne se déplace pas. À terme, la volonté affichée est de dessiner un nouveau modèle de société hautement robotisée. Alors y a-t-il un pilote dans le cockpit virtuel ?
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Les négationnistes du changement climatique accusent souvent les scientifiques d’exagérer les menaces liées à la crise climatique, mais si tant est que cela soit, ils sont cependant encore souvent trop réservés en la matière Mer de glace sur l’océan autour de l’Antarctique. Photographie : Ted Scambos/AP Bien que les résultats de la recherche sur le climat soient concordants depuis des décennies, les climatologues se sont efforcés de faire comprendre la gravité de la situation aux profanes en dehors de leur domaine. Ce n’est que récemment que le grand public semble s’être éveillé à la menace de la crise climatique. Pourquoi ? Dans notre dernier livre, « Discerning Experts : The Practices of Scientific Assessment for Environmental Policy » [Des spécialistes exigeants : Les Pratiques d’évaluation scientifique pour les politiques environnementales, ouvrage non traduit, NdT], nous avons tenté d’expliquer la façon dont les scientifiques fondent leurs jugements. En particulier, nous voulions savoir comment les scientifiques réagissent aux pressions, tantôt subtiles, tantôt manifestes, qui se font jour lorsqu’ils savent que leurs conclusions seront diffusées à l’extérieur du milieu des chercheurs – bref, comment les scientifiques se sentent influencés quand ils se savent sous les regards extérieurs. Nous nous sommes penchés sur ces questions en ce qui concerne plus particulièrement le domaine des pluies acides, de l’appauvrissement de la couche d’ozone et des prévisions de l’élévation du niveau de la mer à partir de la calotte glaciaire occidentale de l’Antarctique. Alors que les climato-sceptiques et les négationnistes accusent souvent les scientifiques d’exagérer les menaces associées à la crise climatique, les preuves disponibles suggèrent le contraire. Dans l’ensemble, les scientifiques ont soit eu raison dans leurs évaluations, soit se sont montrés trop timorés. Nous avons constaté une tendance claire à sous-estimer certains indicateurs climatiques clés et, par conséquent, à sous-estimer la menace du bouleversement climatique. Lorsque de nouvelles observations du système climatique ont fourni davantage de données ou de meilleures données, ou nous ont permis de réévaluer des conclusions antérieures, les résultats concernant la fonte des glaces, la hausse du niveau de la mer et la température des océans ont généralement été pires que ceux prévus initialement. L’un des facteurs qui semblent contribuer à cette tendance à la sous-estimation est la recherche apparente d’un consensus, ou ce que nous appelons « univocité » : le besoin éprouvé de parler d’une seule voix. Nombre de scientifiques craignent que s’ils exposent publiquement leur désaccord, les responsables gouvernementaux ne prennent leurs divergences d’opinion pour de l’ignorance et ne s’en servent pour justifier leur inaction. D’autres craignent que, même si les décideurs politiques souhaitaient agir, il leur serait difficile de le faire si les scientifiques ne parviennent pas à envoyer un message sans ambiguïté. Par conséquent, les scientifiques cherchent résolument à trouver un terrain d’entente et à se concentrer sur ces points d’accord. Dans certains cas, lorsqu’il existe des divergences d’opinion inconciliables, les scientifiques peuvent choisir de se taire, donnant l’impression erronée que l’on ne sait rien. Comment la pression en faveur d’une position univoque peut-elle conduire à une sous-estimation ? Prenons un cas où la plupart des scientifiques pensent que la bonne réponse à une question se situe entre 1 et 10, mais certains pensent qu’elle pourrait atteindre 100. Dans ce cas, tout le monde sera d’accord pour dire qu’il y en a au moins un à 10, mais tout le monde ne sera pas d’accord pour dire qu’il pourrait y en avoir jusqu’à 100. Par conséquent, le domaine d’accord est de un à 10, et cela sera rapporté comme étant le point de vue consensuel. Chaque fois qu’il y a une gamme de résultats possibles qui comprend une longue suite de probabilité dans la fourchette haute, la zone de chevauchement se situe à l’extrémité inférieure ou près de celle-ci. Nous ne sommes pas en train de dire que chaque exemple de sous-estimation est dû aux facteurs que nous avons observés dans notre travail, ni que la recherche de consensus entraîne toujours une sous-estimation. Mais nous avons constaté que cette tendance se produisait dans tous les cas que nous avons étudiés. Nous avons également constaté que les aspects institutionnels de l’évaluation, y compris l’identité des auteurs et la façon dont ils sont choisis, la façon dont la question est divisée en chapitres et les directives mettant l’accent sur le consensus, penchent aussi généralement en faveur du conservatisme scientifique. Une fois cela établi, que faisons-nous ? Aux scientifiques, nous suggérons que de ne pas considérer la recherche de consensus comme un objectif. Le consensus est une propriété émergente, quelque chose qui peut survenir à la suite de travaux scientifiques, de discussions et de débats. Lorsque cela se produit, il est important de formuler le consensus aussi clairement et précisément que possible. Mais lorsqu’il existe des divergences d’opinion importantes, il convient de les reconnaître et d’en expliquer les raisons. Les communautés scientifiques devraient également être ouvertes à l’expérimentation de modèles alternatifs pour formuler et exprimer des jugements de groupe, et pour en apprendre davantage sur la façon dont les décideurs interprètent réellement les conclusions qui en résultent. De telles approches peuvent contribuer à faire que les évaluations soient des outils plus utiles face à la réalité de l’adaptation à la crise climatique et aux perturbations qui en résulteront. Pour les dirigeants politiques et les hommes d’affaires, nous pensons qu’il est important de savoir qu’il est extrêmement improbable que les scientifiques exagèrent la menace de la crise climatique. Il est beaucoup plus probable que les choses soient pires que ce que les scientifiques ont dit. Nous avons déjà vu que les effets de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère se manifestent plus rapidement que les scientifiques ne l’avaient prévu. Il est fort probable que les effets continueront de s’accélérer, et que les estimations du GIEC – selon lesquelles les émissions doivent être réduites rapidement, voire entièrement éliminées, d’ici 2050 – pourraient bien être optimistes. Le fait que cette conclusion soit difficile à avaler n’en fait pas une déclaration mensongère. Et pour les citoyens ordinaires, il est important de reconnaître que les scientifiques ont fait leur travail. C’est maintenant à nous de forcer nos dirigeants à agir d’après ce que nous savons, avant qu’il ne soit trop tard. Dale Jamieson, Michael Oppenheimer et Naomi Oreskes sont les auteurs du livre « Discerning Experts : The Practices of Scientific Assessment for Environmental Policy ». Cet article est en grande partie extrait de ce livre
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Du bon vieux rock, un texte engagé et ça plaît à beaucoup. Il a le sens de la communication et plusieurs cordes à son arc François Ruffin. À votre avis ? Partagez ! Volti ****** A l’occasion du 14 juillet, le groupe punk la Horde m’a demandé de revisiter la Marseillaise. J’ai dit “oui”, parce que “j’ai fantaisie de mettre dans ma vie un petit brin de fantaisie”. F.R Les paroles Allons enfants de mon pays Le jour d’espoir est arrivé Contre nous de la tyrannie Tout un peuple doit se lever. Entendez-vous à l’Assemblée, Ces ministres, ces députés, Qui viennent partout nous répéter Il faut qu’on libère la croissance, Pas de croissance sans confiance, La confiance dans la concurrence, La concurrence notre seule chance Il faut affronter le marché Le grand marché mondialisé Et ça réclame des sacrifices On n’peut plus vivre comme jadis Faut accepter faut s’adapter Dans les retraites il faut tailler Et la santé doit rapporter Les autoroutes qu’il faut brader Allons enfants de mon pays Le jour d’espoir est arrivé Contre nous de la tyrannie Tout un peuple doit se lever. Les voyez-vous à la télé, Ces milliardaires, ces PDG, Tout juste bons à radoter : Travailler plus pour gagner plus Consommer plus et produire plus Il faut bien vendre pour acheter Et exporter pour importer Même si bien sûr l’environn’ment L’environn’ment c’est important On jure à Davos tous les ans Que le réchauff’ment climatique Que la mer pleine de plastique Ca nous inquiète fortement Ca nous angoisse pour nos enfants Et c’est promis pour deux mille trente Ou bien alors deux mille cinquante On va enl’ver de nos patates Dix-sept pour cents de glyphosate, Monsanto sera très fâché Mais nous on va leur résister Résistance ! Résistance ! Allons enfants de mon pays Le jour d’espoir est arrivé Contre nous de la tyrannie Tout un peuple doit se lever. Qu’on obéisse à nos bons maîtres, Et la planète fait place nette, Plus d’hirondelles, plus de moineaux, Plus de sauterelles, et plus d’oiseaux. Ils nous envoient droit dans le mur, Qu’éclabouss’ra notre sang impur. Alors, y a plus le choix les copains, Aux âmes, aux âmes, les citoyens ! Et les copines, les citoyennes, Les mi-toyens, les mi-toyennes, Marchons, marchons vers leurs palais, Oui mais même pas pour les chasser, Qu’on les enferme à double tour, Et que la vie reprenne son cours, Et que surtout entre nos mains On reprenne notre destin, L’air qu’on respire, l’eau que l’on boit, Les paysages que l’on voit, Les mots qu’on dit, démocratie, Et pas seulement pour faire joli. Allons enfants de mon pays Le jour d’espoir est arrivé Contre nous de la tyrannie Tout un peuple doit se lever.
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Les États ont protégé leurs intérêts industriels, plutôt que le climat. Cette COP devait pourtant servir de marche-pied pour préparer au mieux la COP26, en novembre 2020 à Glasgow, qui sera elle cruciale. On explique tout. Une année de mobilisation avait préparé le terrain Grèves pour le climat, “Fridays for Future” avec Greta Thunberg… l’année 2019 n’est pas terminée, mais ces derniers mois ont vu la mobilisation monter dans tous les pays. Les événements climatiques extrêmes se sont eux aussi faits plus fréquents : incendies en Amazonie et Australie, vagues de chaleur en Europe, inondations en Asie… Quant à la France, elle a été classée comme le 15ème pays le plus à risque face aux catastrophes climatiques. L’urgence est criante, et les populations l’ont bien compris. D’ailleurs vendredi 6 décembre, à mi-parcours des négociations, une gigantesque marche climat a animé les rues de Madrid : ‼️ El planeta está en llamas y nadie lo apaga. 🔥 #COP25 #COPForFuture #6DPorElClima #FridaysForFuture #ClimateStrike #CumbreSocialClima #LosPueblosPorElClima @greenpeace_esp pic.twitter.com/wdx7eccu33 — Greenpeace Madrid (@greenpeace_madr) December 6, 2019 La COP25, dernier rendez-vous avant la mise en œuvre de l’Accord de Paris Chaque année, cette COP est un moment précieux pour que les pays en développement, qui subissent de plein fouet les effets dévastateurs du changement climatique, fassent entendre leur voix. Mais au lieu de se montrer responsables et solidaires, les pays développés leur tournent le dos, préservant leurs intérêts industriels et leur modèle économique consumériste plutôt que de jouer la solidarité internationale avec les populations les plus vulnérables. Lors de la COP21 à Paris en 2015, les États se sont engagés à revoir leurs objectifs climatiques à la hausse d’ici mars 2020. L’urgence climatique est telle que la COP25 devait être l’occasion pour les dirigeant·es de s’engager à soumettre de nouvelles feuilles de route en vue de la COP26 à Glasgow, fondées sur les dernières données scientifiques disponibles et compatibles avec les objectifs de l’accord de Paris. Car à l’heure actuelle, les engagements mis sur la table nous conduisent vers une augmentation de 3,2°C au minimum, soit plus du double des 1,5°C à ne pas dépasser pour préserver une planète à peu près vivable. [PRESSE] La #COP25 se termine dans la douleur à Madrid. 🚩Les États ont choisi de protéger leurs intérêts industriels, plutôt que le #climat 🚩 La France largement désengagée des négociations Notre réaction complète ici ➡️https://t.co/uTGBJcCQHA — Greenpeace France (@greenpeacefr) December 15, 2019 La France sourde face à l’urgence climatique Lors de cette COP25, la France aurait pu provoquer un sursaut de la diplomatie climatique, sursaut appelé de ses vœux par Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui a exhorté les dirigeants politiques à mettre un terme à “la guerre contre la nature”. Mais non : Emmanuel Macron ne s’est pas rendu à la COP. Son absence est symbolique du manque d’ambition française pour lutter contre le dérèglement climatique. Pire, la France s’est félicitée le 11 décembre du “Green Deal”, un pacte vert bien insuffisant, puis le lendemain d’un faux accord du Conseil Européen pour atteindre la neutralité carbone… en 2050, au lieu de 2040. Cette séquence climatique est tout simplement déconcertante. Sans parler de l’exclusion de 200 représentant·es d’associations, mercredi, qui, après une action pacifique pour exiger des actions à la hauteur de la menace climatique, se sont vu retirer leur badge d’accès au centre de négociations et raccompagnés vers la sortie sous escorte policière : 🔴 Après une action non-violente pour exiger une #COP25 à la hauteur de l'urgence climatique, 200 représentant-es d'ONG ont été mis-es à la porte #COP25Madrid https://t.co/rJEx41tR84 — Greenpeace France (@greenpeacefr) December 11, 2019 L’appel à rejoindre la résistance Alors que le divorce entre les faits scientifiques et les beaux discours du gouvernement est clairement consommé, nous ne pouvons pas laisser plus longtemps l’inaction de nos dirigeants nous mettre tous et toutes en danger. Nous lançons un appel : nous pouvons encore empêcher la destruction de notre planète, à condition d’unir nos forces, pour lutter contre “le côté obscur de nos dirigeants”. Rejoignez la résistance climatique ! C'EST PARTI !
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Jamais le Canada n'avait eu aussi chaud. La vague de chaleur continue d'entraîner des records de température en Amérique du Nord, avec des conséquences dramatiques. Des dizaines de personnes sont mortes subitement ces derniers jours dans la région de Vancouver, dans l'ouest du Canada, une surmortalité directement attribuée par les autorités aux températures caniculaires qui ont atteint 49,5 degrés mardi, un record absolu pour le pays. La Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) et la police de la ville de Vancouver ont annoncé séparément qu'au moins 134 personnes sont décédées subitement depuis vendredi dans la région de la métropole canadienne de la côte du Pacifique, aux prises avec une canicule historique, à l'instar de l'ouest des Etats-Unis. "Vancouver n'a jamais connu une telle chaleur et, malheureusement, des dizaines de personnes en sont décédées", a déclaré un porte-parole de la police de Vancouver, Steve Addison, dans un communiqué. De leur côté, les services du médecin-légiste de la province ont indiqué avoir "enregistré une augmentation importante du nombre de morts signalées" depuis la fin de semaine dernière "où la chaleur extrême a joué un rôle". Ces services ont reçu 233 signalements de décès dans la province entre vendredi et lundi, contre environ 130 en moyenne pour la même période en temps normal, ont-ils indiqué dans un communiqué. "Nous pensons que la chaleur a contribué à la majorité des décès", a aussi précisé la police fédérale, ajoutant que la majeure partie des victimes sont des personnes âgées. "Ce temps peut être mortel pour les membres vulnérables de notre communauté, en particulier les personnes âgées et celles qui ont des problèmes de santé sous-jacents", a déclaré un porte-parole de la GRC, Mike Kalanj, en exhortant la population à "vérifier si leurs proches et leurs voisins vont bien". Un message aussitôt repris par le Premier ministre de Colombie-Britannique, John Horgan : "Nous vivons la semaine la plus chaude que les Britanno-Colombiens aient jamais connue", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Et il y a des conséquences à cela, des conséquences désastreuses pour les familles et les communautés, mais encore une fois, la façon de traverser cette période extraordinaire est de se serrer les coudes, de vérifier (l'état de santé) des personnes que nous savons à risque", a ajouté John Horgan. Le mercure a encore facilement franchi la barre des 30 degrés mardi à Vancouver, bien au-dessus de la normale de 21 degrés en cette saison, pendant qu'à l'intérieur des terres, la température était insupportable. Pour un troisième jour consécutif, le village de Lytton, à quelque 260 km au nord-est de Vancouver, a établi un nouveau record de chaleur absolu pour le Canada, avec 49,5 degrés, selon le service météorologique canadien. Le mercure a également atteint les 42 degrés dans la station de ski de Whistler, au nord de Vancouver, selon ce service. Selon le météorologue Scott Duncan sur Twitter, les températures pourraient atteindre les 50 degrés à Lytton ce mercredi. "La durée de cette canicule est inquiétante car il y a peu de répit la nuit (...). Cette vague de chaleur record fera augmenter le risque de maladies liées à la chaleur", a averti le ministère canadien de l'Environnement sur son site météo. Outre la Colombie-Britannique, des avertissements de canicule ont aussi été lancés pour les provinces plus à l'est de l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba, ainsi que pour une partie des territoires du Yukon et du Nord-Ouest, au nord du Canada. Dans la région, les climatiseurs et ventilateurs sont en rupture de stock. Des villes ont ouvert des centres de rafraîchissement. Des campagnes de vaccination contre le Covid-19 ont été annulées, et des écoles fermées. La canicule frappe également les villes américaines au sud de Vancouver, comme Portland (Oregon) et Seattle (Etat de Washington), également connues pour leur climat tempéré et humide, et où la température a atteint des records inégalés depuis le début des archives, en 1940. Il avait fait 46,1 degrés Celsius à l'aéroport de Portland lundi après-midi et 41,6 degrés à celui de Seattle, selon les relevés effectués par le service météorologique américain (NWS). Cette vague de chaleur, à l'origine de plusieurs incendies de forêts de part et d'autre de la frontière canado-américaine, s'explique par un phénomène appelé "dôme de chaleur" : de hautes pressions emprisonnent l'air chaud dans la région. "Les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes et intenses car les concentrations de gaz à effet de serre entraînent une hausse des températures mondiales. Elles commencent plus tôt et se terminent plus tard et prélèvent un coût croissant sur la santé humaine et les systèmes de santé", a averti mardi l'organisation météorologique mondiale, basée à Genève.
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Donald Trump paraît, d’ores et déjà, englué dans la bureaucratie américaine, cerné par de multiples contre-pouvoirs, à commencer par son propre parti, le Parti républicain. Sur l’immigration illégale, l’assurance de santé publique (Obamacare), les sanctions contre les importations chinoises, chaque jour il nuance son propos allant jusqu’à demander conseil à Barack Obama. En un éclair, Trump a pris conscience de l’écart béant entre sa chanson primitive aux électeurs et sa traduction pratique. On verra : à tout moment, le personnage flamboyant et imprévisible peut resurgir et bouleverser l’ordre – relatif – de l’économie et des institutions internationales. L’APPLICATION DU TRAITÉ DE PARIS Mais sur un point saillant de la campagne qui correspond à ses convictions, à celles de ses électeurs, de son Parti et d’une majorité d’Américains, il ne cédera pas : le « changement » ou « réchauffement » climatique. Il est certain que, par quelque subterfuge juridique ou par mauvaise volonté, le prochain gouvernement américain n’appliquera pas le tout récent Traité de Paris, qui oblige les signataires à réduire, d’année en année, leur production de dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre. Trump, sur ce point, dispose d’une majorité parlementaire et populaire : les protestations seront dispersées, les scientifiques américains étant eux-mêmes divisés sur le sujet plus que ne le sont leurs collègues européens. Les gouvernements chinois et indiens, pour lesquels le développement industriel l’emporte sur les précautions écologiques, seront trop heureux de se réclamer des États-Unis pour ne pas appliquer de restrictions à leurs centrales à charbon. Je ne vois guère qu’Obama, écologiste convaincu, pour prendre la tête d’un vaste mouvement de « sauvetage » de la planète. Le démantèlement des accords internationaux sur le changement climatique aura-t-il des conséquences dramatiques sur l’humanité ? Essayons de démêler le certain, le probable et l’improbable dans cette controverse où la science tricote avec l’idéologie. Tout d’abord, ne pas croire du tout au changement climatique est une posture intenable : le climat change tout le temps par définition et l’histoire moderne, depuis l’époque romaine, illustre ces changements par l’évolution des cultures, tels l’avancée et le recul de la vigne en Europe. PROGRESSION DES MALADIES TROPICALES Il est indéniable qu’actuellement, nous sommes dans une phase de réchauffement comme en témoigne – plus persuasive que les ours blancs désorientés sur la banquise, très photogéniques – la progression des maladies tropicales dans des zones naguère tempérées et en altitude, propagées par les moustiques, malaria, chikungunya, zyka. On sait aussi de manière certaine que le dioxyde de carbone, propagé par les énergies au carbone, contribue au réchauffement ; à quel degré on ne sait pas. D’autres facteurs sont certainement à l’œuvre, comme le méthane et des événements solaires que l’on ne maîtrise pas. À ce seuil, la science bascule dans la croyance et rend impossible tout débat calme. Les gouvernements occidentaux, confortés par les mouvements écologistes, dont les voix sont utiles, le lobby du nucléaire hostile au charbon, au pétrole et au gaz, a adopté une attitude intransigeante désignant le dioxyde de carbone comme coupable et eux-mêmes comme sauveurs. Il n’est pas innocent que la passion pour la climatologie, science balbutiante et incertaine, coïncide avec l’affaiblissement de la capacité politique d’intervenir sur le cours de l’histoire en raison de la mondialisation et du discrédit général des idéologies qui promettaient des lendemains enchanteurs : le Vert a pris le relais du Rouge. Si les grands pollueurs, à la suite des États-Unis, renoncent à leurs engagements climatiques, l’atmosphère se réchauffera-t-elle jusqu’à rendre la planète invivable ? Seuls nos enfants et petits-enfants s’en apercevront, tant les évolutions climatiques sont lentes. MÉTHODES PLUS MODESTES Par ailleurs, il n’est pas certain que le Traité de Paris aurait eu le moindre effet, ni sur l’émission de dioxyde de carbone ni sur le climat ; il existe un consensus entre économistes du monde entier pour recommander plutôt une taxe sur le carbone, plus efficace que les engagements gouvernementaux d’en limiter l’usage. Mais c’eut été une méthode économique, trop libérale et moins glorieuse pour les politiciens qui, tel Zorro, tiennent à nous sauver. Il n’en reste pas moins que le réchauffement actuel provoque, nous l’avons souligné d’emblée, des pandémies redoutables. On saurait dès maintenant les contenir, un peu en éradiquant les moustiques comme on le fit il y a un siècle à peine dans le Sud de l’Europe et des États-Unis. De même, là où existent des risques écologiques liés à la montée des eaux, il serait possible d’interdire les constructions en zone inondable (construire n’importe où est aujourd’hui la principale cause des catastrophes naturelles, plus que le climat). Lutter contre les conséquences du réchauffement est à notre portée, plus immédiatement efficace que lutter contre le réchauffement, mais évidemment moins glorieux, moins prophétique. Si Trump, sur ce sujet, conduit au pragmatisme, le reste, peut-être, pourra lui être pardonné. — Sur le web
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L’alarmisme climatique est « la plus grande fraude dans le domaine de la science » et la revendication de consensus à 97% est absurde, a dit Walter Cunningham astronaute d’Apollo 7 à MRCTV dans une interview exclusive en avant-première de sa présentation à la prochaine conférence sur le climat du Heartland Institute, du 7 au 9 juillet. « Depuis l’an 2000 environ, j’ai de plus en plus approfondi ce domaine, et je n’ai pas trouvé une seule des revendications alarmistes qui ait une base solide en quoi que ce soit. Et c’était un peu comme une évidence d’arriver à cette conclusion. » Cunningham rejette la notion de climat anthropique, non seulement comme un fait – mais aussi d’avoir même à la qualifier de vraie « théorie » : « Dans les médias, elle est appelée théorie. Évidemment, ils ne savent pas ce qu’une théorie signifie vraiment », dit Cunningham qui a un BS en physique (Bachelor of science, avec les honneurs) de l’Université de Californie à Los Angeles et un MS (Master of science) avec distinction à l’Institut de Géophysique et des Sciences Planétaires, pour ses travaux de doctorat en physique. « Si nous revenons à l’hypothèse réchauffiste – pas une théorie, mais une hypothèse –, depuis le début ils ont dit que les niveaux de CO2 sont anormalement élevés et que des niveaux élevés de dioxyde de carbone sont mauvais pour les humains ; ils ont pensé que des températures plus chaudes sont mauvaises pour notre monde, et que nous étions en mesure de remplacer les forces naturelles pour le contrôle de la température de la terre. Alors, j’ai approfondi ces assertions, et le problème que j’ai découvert – parce que je n’ai pas trouvé qu’elles étaient correctes – c’est que ce ne sont certainement pas des théories, mais juste des propositions de ce qu’ils aimeraient bien trouver dans les données qu’ils étudient. » Cunningham exhorte les Américains à regarder les données et à décider pour eux-mêmes, au lieu de prendre pour mot ce qu’en dit quelqu’un d’autre : « Sortez et jetez un coup d’œil et vous trouverez que beaucoup sont de pures absurdités et des vœux pieux de la part d’alarmistes qui recherchent de plus en plus d’argent à faire tomber entre leurs mains. « Ne croyez pas tout, simplement parce que le professeur l’a dit. » Vous devez aller y jeter un coup d’œil. Revenez en arrière et regarder l’histoire de la température et du CO2. Regardez la valeur de dioxyde de carbone, et quels en sont les avantages aujourd’hui. » Cunningham note que les alarmistes craignent que l’atmosphère contienne actuellement 400 parties par million (ppm) de CO2, alors que ce n’est seulement qu’un dixième du niveau que son vaisseau spatial devait atteindre avant d’être une source de préoccupation. Dans son vaisseau Apollo, une alarme ne se déclenchait que si le CO2 atteignait 4000 ppm et, dans la navette spatiale d’aujourd’hui, le signal est mis à 5000 ppm. Dans les sous-marins où les membres d’équipage peuvent avoir des missions de trois mois, le CO2 doit atteindre 8000 ppm avant que l’alarme ne soit activée. « D’un sujet à l’autre, nous trouvons ces gens trop préoccupés, d’abord par un danger qu’ils essaient de nous mettre sur le dos, puis par l’affirmation que nous pouvons d’une façon ou d’une autre, contrôler la température de la terre » dit Cunningham. « Je ne peux pas dire que nous n’avons pas d’impact du tout, mais il serait si minuscule et si insignifiant, qu’il ne vaudrait pas le moindre effort. » La température de la Terre est donc dictée par quoi ? Cunningham dit qu’il est bien établi que les « principes contrôleurs » sont des forces naturelles comme le soleil, la température des océans, et même l’activité volcanique. Ainsi, il appelle l’alarmisme climatique « la plus grande fraude du domaine scientifique » : « Pour moi, il est vraiment risible de trouver quelqu’un qui prétend être un scientifique sérieux et qui y croirait. Donc, je me pose vraiment des questions sur quelqu’un qui prétend être un scientifique et entre dans ce jeu. Alors, ce qu’ils font est d’essayer d’en contrôler la sémantique, le verbiage. Pour moi, et c’est presque risible, c’est la plus grande fraude du domaine de la science, du moins au cours de ma vie, et peut-être la plus grande de tous les siècles. » « Si vous revenez en arrière et regardez les données qui ont été bien documentées au fil des ans, vous pouvez voir, par exemple, qu’en ce moment, à la fois le CO2 et la température sont simultanément à l’un des niveaux les plus bas au moins des derniers 600 à 800 millions d’années. La dernière fois qu’ils étaient tous deux ensemble à ce bas niveau, c’était il y a plus ou moins 300 millions d’années, et si vous revenez 500 à 600 millions d’années en arrière, le CO2 était 15 fois plus élevé que ce qu’il est maintenant. Donc, ce que je veux dire, c’est que l’histoire vous montre que presque tout ce réchauffement climatique anthropique d’aujourd’hui est tout simplement absurde. » « Et, le plus étonnant pour des personnes comme moi … est qu’il y ait des gens qui croient à ces absurdités dont on les gave. » « Les médias sont en grande partie à blâmer pour ces idées fausses – non pas parce qu’ils trompent intentionnellement le public, mais parce qu’ils ne veulent pas prendre le temps et la peine de chercher. S’ils cherchent et regardent par eux-mêmes, ils deviennent beaucoup plus neutres dans leur présentation. » Le pire de tout, dit Cunningham, est que les médias font la promotion de la revendication « absurde » qu’il y aurait un consensus scientifique à accepter l’hypothèse du climat modifié par l’homme : « Quand ils évoquent ces soi-disant 97% de scientifiques qui croient que les hommes contrôlent la température – je dis que c’est le chiffre le plus absurde et le plus stupide du monde – et que tout ce qu’ils ont à faire est une petite recherche sur Google. Je ne vais pas le faire pour eux – allez jeter un œil et vous trouverez que c’est une déclaration ridicule que font les gens – y compris le président. » « Si vous procédez à une enquête totalement anonyme de vrais scientifiques impliqués dans ce domaine, je peux presque vous garantir que vous allez trouver une majorité qui ne sera pas d’accord avec les alarmistes. » « Je peux seulement vous dire que, même au temps d’Apollo, nous n’avons pas eu à faire face à ce genre de bêtises », conclut Cunningham.
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Qui n’a rencontré un scientifique qui lui dise, « le réchauffement – changement, dérèglement, etc. – climatique, je n’y croirai plus le jour où je lirai un article dans une revue scientifique qui démontre que c’est du pipeau ! » ? L’urgence climatique est un leurre, le livre de François Gervais, physicien et expert reviewer du rapport AR5 du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), professeur émérite de l’université de Tours et ancien directeur d’un laboratoire du CNRS, contient des dizaines de références aux travaux, déclarations, articles dans des revues scientifiques à comité de lecture de spécialistes du climat qui démontrent que la propagande climatique est la fumisterie la plus éhontée et la plus dispendieuse de l’histoire de l’Humanité. Le CO2, ce polluant, a été déclaré coupable des pires maux de la Terre : la disparition de la banquise (en retard de quelques années – décennies ? siècles ? millénaires ? Qu’importe ! – sur les prédictions qu’Al Gore a proférées en 2008), la hausse du niveau des mers, les sécheresses, les inondations, les canicules, les blizzards, les séismes, les tsunamis, certaines maladies… Qu’en est-il ? PANIQUE SUR LE CO2 En fait, relève François Gervais, la combustion des ressources fossiles a entraîné une augmentation du taux de CO2 dans l’air de 0,03 % à 0,04 % en volume, c’est-à-dire que, « parmi 10 000 molécules d’air sec, on compte à peu près 7808 molécules d’azote, 2096 molécules d’oxygène, 92 atomes d’argon, gaz qualifié de rare, et seulement 4 molécules de gaz carbonique. » Le fait de passer de 3 à 4 molécules de CO2, une molécule supplémentaire parmi 10 000 molécules d’air sec ou 10 500 molécules d’air humide justifie-t-il un tel émoi ? Outre que l’effet prétendument néfaste de cette molécule supplémentaire est indiscernable, François Gervais rappelle que le carbone n’est nullement un polluant, bien au contraire. Il est irremplaçable pour notre organisme, indispensable pour la faune et pour la flore. Lutter contre ce fertilisant gratuit pour la végétation et la chaîne marine se ferait au détriment des 70 % de la population mondiale qui vivent dans des zones rurales ou côtières. Depuis la fin du siècle dernier, le réchauffement du climat s’est avéré moindre (jusqu’à dix fois !) que les modèles ne le prévoyaient et de nombreuses observations font valoir que le Soleil exerce dans les variations du climat une influence beaucoup plus déterminante que l’Homme. Selon certains travaux, nous pourrions même être à la veille d’une période de refroidissement climatique. Non seulement il n’y a pas de quoi nous taxer tant et plus pour éviter un quelconque réchauffement, mais encore cela devrait-il nous inciter à préserver nos sources d’énergie abondante à coûts réduits et à nous méfier de la précarité des sources intermittentes afin de nous prémunir contre le froid, car ce dernier tue beaucoup plus sûrement que la chaleur. François Gervais constate : « Dans l’histoire de la planète des concentrations de CO2 très supérieures à la valeur actuelle n’ont pas empêché des glaciations. » BAISSE DES TEMPÉRATURES Antero Ollila, de l’École de science et de technologie de l’Université d’Aalto (Finlande), est parvenu à construire un modèle combinant variabilité naturelle du climat depuis le dernier Petit Âge glaciaire de 1630 à 2015 et contribution anthropique. Ce modèle reproduit l’évolution passée du climat à 0,09° C près, bien plus fidèlement que ne le permettent les modèles utilisés par le GIEC. Envisageant une augmentation du CO2 dans l’atmosphère supérieure à la moyenne des observations et différents scénarios d’irradiance solaire, le professeur finlandais arrive à la conclusion que dans tous les scénarios la température de la planète baisserait de quelques dixièmes de degrés à partir de 2020 ! Cette étude qui est l’une des plus complètes sur l’avenir climatique de la planète n’a rien d’alarmiste. François Gervais conclut, dans son livre remarquable de limpidité, à lire de toute urgence (climatique) : « Gageons qu’à ce titre, il est à craindre que cette étude n’intéresse pas les médias. Taxer le Soleil, les planètes, les nuages ? Sans doute nos dirigeants trouveront-ils plus commode et plus rentable de continuer à taxer le carbone. » « Alors, avant de voter, réfléchissez quand même un peu ! », pourrions-nous donc ajouter, en cette veille d’élections européennes, fédérales et régionales en Belgique, comme l’avait lancé une polémiste sur une chaîne de télévision belge à forte audience lors d’un débat qui lui a coûté son job. L’urgence climatique est un leurre, François Gervais, 304 pages, Éditions du Toucan, L’Artilleur. — Sur le web
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Un livre en ligne de Jacques-Marie Moranne et Camille Veyres, préfacé par François Gervais. Préface du professeur François Gervais (*) À la base de ce qu’il est convenu d’appeler l’effet de serre atmosphérique, sont incontournables l’absorption et l’émission d’un rayonnement thermique par les vibrations d’une molécule gazeuse. Dans le cadre d’une description quantique, on parlera de l’absorption et de l’émission d’un photon. Ces phénomènes relèvent de la Physique. Les molécules de l’air comportant au moins deux atomes différents, par exemple oxygène et hydrogène dans le cas de la molécule de vapeur d’eau, carbone et oxygène dans le cas de la molécule de dioxyde de carbone CO2, carbone et hydrogène dans le cas du méthane, sont ainsi le siège de vibrations atomiques capables d’absorber et d’émettre un rayonnement thermique. Ces vibrations s’observent dans la gamme infrarouge du spectre électromagnétique. Cet ouvrage décrit en détail ces mécanismes, essentiels pour comprendre la physique de l’atmosphère et ses implications dans le climat. A l’inverse et fort étrangement, on ne trouve pas trace de spectre infrarouge de l’atmosphère dans les quelque 1500 pages du dernier rapport AR5 du GIEC… De ce point de vue, cet ouvrage pallie une grave lacune. La climatologie devrait-elle rester réservée aux climatologues comme l’insinuent certains media qui ont trop souvent tendance à la monter en épingle dans le cadre d’un débat non plus scientifique mais largement politisé ? Le mot-clé « climatologie » est l’un des 55 qui définissent le champ d’application des enseignements et des recherches dans le cadre de la section 23 « Géographie physique, humaine, économique et régionale » du Conseil National des Universités. Autant les universités savent définir pour éventuellement le recruter les compétences d’un mathématicien, d’un physicien, d’un chimiste, d’un biologiste, d’un géographe, autant la climatologie apparaît-elle ainsi à sa vraie place, une sous-discipline de la Géographie parmi 54 autres. Combien d’auteurs des rapports du GIEC, le Groupe d’Experts (traduction un peu pompeuse du titre anglais « Panel ») Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, justifient-ils d’une thèse en climatologie ? En tous cas, ni son Président actuel, ni le précédent. Les auteurs du GIEC ont généralement fait leur thèse dans d’autres disciplines et ont pris en marche le train du climat, devenu très politisé, promesse de crédits, de budgets, de contrats, de voyages, d’honneurs et de promotions. Arrhenius, lauréat du Prix Nobel de Chimie en 1903, à qui l’on attribue généralement la paternité de l’effet de serre atmosphérique, était-il « climatologue » ? On reconnait la griffe de Camille Veyres dans certaines portions de ce texte et certaines figures. J’ai rencontré Camille en 2014 pour réaliser que, sans se concerter, l’un comme l’autre avions développé une recherche parallèle aux conclusions assez similaires. Cette rencontre dans un café près du Palais Brongniart à l’invitation du Groupement HEC Alumni Géostratégies préludera à la formation du groupe des « Grogniarts du CO2 », aujourd’hui considérablement élargi et devenu l’Association des climato-réalistes. J’ai pour ma part publié ces conclusions dans l’International Journal of Modern Physics puis dans Earth Science Reviews. Cet ouvrage, plus détaillé et plus pédagogique que le caractère parfois un peu abscons d’articles scientifiques en anglais, est ainsi le bienvenu. Il devrait intéresser ceux qui savent lire une courbe, un graphique, une équation, donc encore beaucoup de monde, et fort heureusement. Espérons en ce sens qu’il contribuera à combattre une désaffection grandissante et dommageable pour la Culture scientifique. L’éclosion du printemps est un ravissement. Dans notre hémisphère, durant les saisons printanière et estivale, il s’accompagne d’une chute de quelque 55 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, nourrissant une végétation en pleine croissance. C’est l’oscillation saisonnière de Keeling, mesurée précisément par spectrométrie infrarouge. L’amplitude de cette chute s’accroît plus vite à La Jolla en Californie que le taux de CO2 dans l’air, témoignant d’une végétation encore sous-alimentée. Aussi indispensable à la végétation qu’irremplaçable, le CO2 est tout le contraire d’un polluant, c’est un fertilisant. Ignorant ou occultant ce bénéfice, les marchands de peur vivent au dépend des anxieux qui les écoutent. Un matraquage médiatique devenu proprement insupportable amplifie cette inquiétude insidieusement entretenue. Comment résister à une telle propagande ? Comment se prémunir contre une peur devenue instrument de pouvoir ? Un excellent remède est de s’informer sur la Physique du climat grâce à cet ouvrage. Son tour de force est de toujours rester accessible sans pour autant tomber dans le travers d’une vulgarisation exagérément simplifiée, au point qu’elle pourrait en devenir trompeuse. On ne peut qu’encourager le lecteur à la petite gymnastique intellectuelle consistant à se plonger dans cette présentation, puis, si comme nous l’espérons il en a tiré le bénéfice souhaité, à la faire connaître et à la diffuser. (*) François Gervais est Professeur émérite à l’Université de Tours, Ancien Directeur de Recherche CNRS au Centre de Recherche sur la Physique des Hautes Températures, Orléans, Ancien Directeur de l’UMR CNRS 6157, et Expert Reviewer du rapport AR5 du GIEC
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Début avril 2019, la ville de Durham en Caroline du Nord (États-Unis) a été submergée par un nuage de pollen. Les images sont impressionnantes, au point que le terme « pollenpocalypse » a été employé pour décrire l’événement. L’émission de pollen dans l’atmosphère, c’est la vie (végétale) qui cherche à se reproduire : aussi spectaculaires que soient ces images de nuages jaunes, il est surprenant de parler d’apocalypse ! Le fait est que certains pollens transportés par le vent contiennent des protéines reconnues par le système immunitaire comme étant des allergènes et, qu’à ce titre, ils peuvent déclencher une réaction allergique chez certains sujets sensibilisés. Cette profusion de pollen dans l’atmosphère devient alors une épreuve pour les personnes allergiques, d’où l’emploi du terme « pollenpocalypse » – faisant écho aux forts épisodes de pollution de l’air baptisés « airpocalypse ». Par ses symptômes, l’allergie au pollen entraîne en effet une vraie difficulté quotidienne pour les personnes touchées, allant jusqu’à provoquer asthme et allergies alimentaires dites « croisées » (un allergique au pollen de bouleau peut par exemple développer une allergie alimentaire aux pommes). Plus de 10 % de la population française est allergique au pollen, et le nombre de personnes atteintes aurait quasiment doublé au cours de ces dernières décennies. Présentation du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) et de l’allergie au pollen (pollens.fr). Le changement climatique responsable ? Au vu de cette augmentation manifeste, peut-on dire aujourd’hui que le changement climatique est un facteur aggravant des allergies au pollen ? Ces nuages de pollen sont-ils les premiers signaux d’une adaptation des plantes aux conditions atmosphériques et climatiques en évolution ? Les allergies au pollen vont-elles continuer leur progression au sein de la population ? Répondre à ces questions implique de faire appel à plusieurs disciplines scientifiques : l’aérobiologie (pour étudier la présence des allergènes dans l’atmosphère), la biologie végétale (pour déterminer les effets du changement climatique sur les plantes et leur reproduction), les sciences climatiques (pour émettre des hypothèses sur le climat des prochaines décennies), la chimie atmosphérique (pour analyser les effets des polluants sur le pollen) et enfin, la recherche médicale (pour préciser les liens entre exposition et sensibilisation au pollen d’une part, et symptômes allergiques d’autre part). La complexité du sujet exige une approche résolument transdisciplinaire, personne ne pouvant prétendre être spécialiste dans tous ces domaines et posséder une compréhension générale des systèmes en interconnexion. À la lumière des connaissances actuelles dans ces différentes disciplines, et même si l’on peine encore aujourd’hui à expliquer les raisons de l’explosion des allergies – et que, dans ce contexte, toute prévision d’une situation future demeure incertaine –, un certain pessimisme est de mise : il semble bien possible que les allergies au pollen continuent de croître au cours du siècle. En effet, l’une des conséquences de l’augmentation des températures moyennes est de stimuler certains végétaux, et notamment d’accroître les quantités de pollen produit ainsi que les quantités d’allergènes qui y sont présents. Cette augmentation des quantités de pollen et d’allergènes peut faciliter la sensibilisation et aggraver les symptômes, même si les liens entre quantités d’allergènes et gravité des symptômes ne sont cependant pas encore complètement élucidés. L’ambroisie, une plante invasive originaire d’Amérique du Nord, se développe dans toute la France. Son pollen, émis en fin d’été, provoque de fortes réactions allergiques. Mala Iryna/Shutterstock, CC BY-NC-ND Des périodes allergisantes plus longues En outre, le début de la saison pollinique est déterminé par les conditions météorologiques. Or, du fait de l’élévation des températures moyennes, la date d’apparition des premiers pollens tend à être de plus en plus précoce pour certaines espèces végétales. Cette modification de la date du démarrage de la pollinisation n’aurait que peu de conséquences sanitaires si elle n’engendrait qu’un décalage dans la période de pollinisation ; mais le problème est que la date de fin de pollinisation reste globalement la même, entraînant de fait une augmentation de la durée de la période de pollinisation et donc une augmentation de la durée d’exposition aux pollens allergisants. Il faut préciser toutefois que cette tendance n’est pas vraie pour toutes les espèces, et que pour certaines d’entre elles les émissions de pollen tendent même à décroître depuis ces dernières décennies Les conditions climatiques influencent aussi directement sur la répartition géographique des plantes. À propos de l’ambroisie, une plante invasive dont le pollen est particulièrement allergisant, des travaux prédisent ainsi une extension future des zones favorables à sa présence, ce qui pourrait concourir à la multiplication par quatre des concentrations atmosphériques de pollen d’ambroisie d’ici à 2050 en Europe. Par ailleurs, le changement climatique, parce qu’il entraîne des quantités plus importantes de pollen dans l’atmosphère ainsi que la survenue d’orages plus intenses, pourrait également déboucher sur une fréquence accrue d’épisodes d’asthme d’orage. Ces événements, favorisant une forte dispersion des allergènes du pollen, sont caractérisés par un afflux de consultations dans les services d’urgences pour crise d’asthme dans les heures qui précèdent un orage. En novembre 2016 à Melbourne, s’est ainsi produit le plus violent épisode d’asthme d’orage jamais enregistré : ce sont des milliers de personnes qui ont consulté en urgence pour asthme, dont neuf ont succombé. L’exposition de la population aux pollens constitue un enjeu de santé publique ; il faut à la fois détecter et agir pour diminuer les risques. Africa Studio/Shutterstock, CC BY-NC-ND Des liens avec le taux de CO2 et de polluants En plus des effets directs du changement climatique, l’augmentation des concentrations atmosphériques en dioxyde de carbone (CO2) est susceptible d’amplifier la tendance à l’augmentation de la production de pollen. Une étude a par exemple montré que les concentrations en CO2 attendues à la fin du siècle (720 ppm contre 410 ppm aujourd’hui) pourraient amener à multiplier par treize la production de pollen du chêne. Une autre étude a pu encore montrer qu’en ce qui concerne l’ambroisie, la quantité d’allergènes par grain de pollen est corrélée à la concentration atmosphérique en CO2. Grains de pollen d’ambroisie vus au microscope électronique à balayage, avec sur la gauche, un grain de pollen de fléole (une graminée). Tous deux contiennent des protéines allergisantes. Marie Choël/Université de Lille, Author provided Enfin, les polluants atmosphériques peuvent, en plus d’agir directement sur le système respiratoire, moduler le caractère allergisant des pollens. Les protéines allergisantes sont par exemple modifiées en qualité et en quantité par certains polluants comme le dioxyde d’azote et l’ozone. De plus, le pollen pollué, fragilisé, est plus à même de délivrer ses allergènes, qui peuvent alors pénétrer au cœur du système respiratoire et favoriser les crises d’asthme. Comme on le voit, un faisceau de données scientifiques incite à prévoir une augmentation probable des quantités de pollen et d’allergènes dans l’atmosphère, du moins pour certaines espèces végétales. Les effets sur la part d’allergiques dans la population future ou sur la sévérité des symptômes sont quant à eux incertains. Par prudence, il paraît néanmoins important pour la santé publique de prendre en compte les possibles modifications à venir de l’exposition aux pollens allergisants. Ainsi, la lutte contre les plantes invasives, en particulier l’ambroisie, doit être une priorité affirmée. Et, si nous avons besoin dans nos villes de plus de végétation, pour notre bien-être, la biodiversité et atténuer les îlots de chaleur urbaine, la prise en compte du risque d’allergie doit devenir un réflexe dans la gestion des espaces verts urbains.
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Bon ça commence à être inquiétant là, non? La NASA tire à nouveau la sonnette d’alarme: le mois d’avril 2016 est le plus chaud jamais enregistré, dépassant de plus d’un degré le record précédent! C’est le septième mois d’affilée à battre un record de températures, et le troisième mois de suite à le faire dans de telles proportions… 2016 est donc bien partie pour être l’année la plus chaude jamais enregistrée. Si on en croit la NASA, le mois d’avril est donc le troisième mois consécutif à battre de plus d’un degré la température moyenne enregistrée entre 1951 et 1980. Lorsque ce triste record a débuté, en février, les spécialistes parlaient d’une situation urgente pour le climat. On est en avril, et ce phénomène ne semble pas prendre fin. El Niño comme facteur aggravant Cette masse d’air chaud qui englobe la planète est stimulé par un courant marin d’eau chaude qui répond au doux nom d’El Niño. Il s’agit en fait d’une anomalie climatique qui empêche l’eau froide de remonter vers les côtes sud-américaines. Mais ce n’est pas tout: El Niño a également la force de repousser des zones de précipitations et de sécheresse ou même de dévier des cyclones. Cela dit, il ne s’agit pas du plus gros phénomène El Niño enregistré à ce jour. Et il ne peut expliquer à lui seul un tel pic des températures. Mais son influence s’inscrit dans une période de réchauffement global. Ce qui pousse les températures vers des records jamais atteints. « La chose intéressante est l’ampleur avec laquelle nous brisons ces records », a déclaré Andy Pitman, un climatologue australien. Mais il n’est pas surpris non plus par le phénomène: « les experts climatiques n’ont de cesse de le répéter depuis les années 80. Et vu que la situation est encore plus claire depuis les années 2000, je me demande vraiment où est la surprise? » Source: The Gardian Source : News Monkey, 16-05-2016 Avril 2016 : records de températures battus à l’échelle de la planète Source : Météo City, Jean-baptiste Giraud, 18-05-2016 Le mois d’avril 2016 est donc le nouveau détenteur du record de température, à l’échelle de la planète, depuis que les statistiques météo existent, soit un peu moins de deux siècles. Il bat de 0,24 degré celsius le précédent record (2010), pour un mois d’avril. Mais il est surtout supérieur de 1,11 degré celsius à la température moyenne enregistrée, sur terre et en mer, entre 1951 et 1980… Pour les météorologues, l’année 2016 risque de prendre la première place, en matière de records de température. Tous les mois, depuis le début de l’année, ont en effet déjà battu des records de douceur ! Mais pour une fois, le réchauffement climatique global ne serait pas le seul responsable de cette succession de records. C’est El Nino, très actif depuis quelques mois, qui adoucit les températures dans l’hémisphère Nord, et par conséquent, augmente la moyenne à l’échelle planétaire. Néammoins, nombre de climatologues affirment que l’espoir de contenir à 1,5 degré celsius l’augmentation globale de la température sur la planète, au XXIe siècle, soit définitivement impossible à tenir. Désormais, la limite basse, pour eux, est de 2 degrés. À condition que l’on bouge vraiment pour contenir les émissions de gaz à effet de serre, notamment, ce qui n’est pas gagné… En savoir plus sur http://www.meteocity.com/magazine/actualites/record-temperature-avril-2016_3598/#eHscsaw1Qzok4gGh.99 Source : Météo City, Jean-baptiste Giraud, 18-05-2016 Chaleur record en mars pour le 11e mois consécutif, du jamais vu depuis 137 ans Source : Sud-Ouest, 19/04/2016 Le mois de mars est le onzième consécutif à battre un record de chaleur. © AFP DENIS CHARLET La température moyenne mondiale à la surface de la planète en mars 2016 a été « la plus élevée pour un mois de mars dans les annales Le mois dernier a été le mois de mars le plus chaud jamais enregistré et le onzième mois consécutif au cours duquel un tel record a été battu, une série inédite en 137 ans de relevés. La température moyenne mondiale à la surface de la planète en mars 2016 a été « la plus élevée pour un mois de mars dans les annales des statistiques sur la température mondiale de la NOAA« , l’Agence américaine océanique et atmosphérique. Celle-ci effectue des relevés depuis 1880. La température moyenne sur la Terre en mars a été de 12,7 degrés Celsius, soit 1,22°C supérieure à la moyenne du XXe siècle. « Cela a dépassé le précédent record établi en (mars) 2015 de 0,32°C », a ajouté la NOAA, précisant que cet écart de 1,22°C en fait la plus importante anomalie par rapport à la moyenne des plus de 1 600 mois mesurés depuis 1880. Ces derniers records de température illustrent la poursuite de l’accélération du réchauffement planétaire. Le mercure a ainsi battu, et de loin, un nouveau record pour l’année 2015, surpassant celui de 2014, un phénomène que la plupart des climatologues attribuent à l’accumulation dans l’atmosphère des gaz à effet de serre provenant de la combustion du pétrole et du charbon. Depuis 1997, première année depuis 1880 à avoir connu une montée record du thermomètre sur la planète, 16 des 18 années qui ont suivi ont été plus chaudes, selon la NOAA. « En tout, les neuf mois avec les anomalies de températures les plus importantes par rapport à la moyenne du XXe siècle sont tous intervenus ces neuf derniers mois« , constate encore l’agence américaine. Source : Sud-Ouest, 19/04/2016 Record de chaleur en Inde: 51°C Source : La Presse, Annie Banerji, 20-05-2016 Les services météo ont lancé une alerte en raison de la persistance de cette «forte vague de chaleur» pendant le week-end sur le nord et l’ouest de l’Inde, en particulier à New Delhi où la température a atteint 47 °C cette semaine. PHOTO ROBERTO SCHMIDT, AFP Le nord de l’Inde affronte une sévère vague de chaleur, le thermomètre ayant atteint un record de 51 °C dans une ville de l’État désertique du Rajasthan, qui complique le quotidien d’un pays où centaines de personnes meurent chaque année de la chaleur. Ce record a été enregistré jeudi à Phalodi, à environ 600 km à l’ouest de New Delhi. Le précédent record remontait à 1956, avec une température enregistrée de 50,6 °C dans ce même État du Rajasthan. «Hier a été enregistrée la température la plus chaude jamais connue dans le pays, 51 °C à Phalodi», a dit B.P. Yadav, haut responsable de l’India Meteorological Department, à l’AFP. Des centaines de personnes meurent chaque année de la chaleur en Inde. Les températures dépassent régulièrement les 40 °C dans le nord du pays en mai et juin, mois les plus chauds de l’année. Les services météo ont lancé une alerte en raison de la persistance de cette «forte vague de chaleur» pendant le week-end sur le nord et l’ouest de l’Inde, en particulier à New Delhi où la température a atteint 47 °C cette semaine. Les animaux du zoo de la capitale ont pris des bains froids et ont reçu des solutés contre la déshydratation. La consommation d’électricité a atteint jeudi un nouveau record dans cette mégapole de 17 millions d’habitants, sous l’effet du fonctionnement à plein régime des appareils de climatisation. Les policiers en poste aux carrefours ont aussi reçu des liquides anti-déshydratation et des «écharpes rafraichissantes» spéciales contenant des cristaux pour abaisser la température corporelle, selon la presse locale. Les hôpitaux de la capitale ont enregistré un pic de visites pour des coups de chaleur et des gastroentérites tandis que plusieurs États ont anticipé le début des vacances d’été en raison de la chaleur. Les plus pauvres sont les plus touchés par la chaleur. «Les sans-abri souffrent le plus de la chaleur. Les hébergements d’urgence sont insuffisants et inadaptés» à Delhi, explique Sunil Kumar Aldelia, directeur du Centre For Holistic Development (CHD), spécialisé dans l’hébergement des sans-abri. «Une centaine de ces centres sont en tôle, inadaptés aux fortes chaleurs. Et ces centres manquent d’approvisionnement en eau potable, de ventilateurs et de sanitaires», ajoute-t-il à l’AFP, réclamant la mise en oeuvre d’un plan d’urgence. Pénurie d’eau Une alerte «vague de chaleur» est lancée quand les températures maximales atteignent 45 °C, ou dépassent de 5 °C la moyenne des années précédentes sur la même zone. Au Gujarat (ouest), la principale ville Ahmedabad a enregistré sa température la plus élevée depuis 100 ans jeudi à 48 °C. Cette vague de chaleur survient au moment où l’Inde doit affronter une sévère sécheresse depuis plusieurs mois. Quelque 330 millions de personnes, soit un quart de la population est affectée par le manque d’eau après deux années de faible mousson. Des pénuries d’eau potable touchent plusieurs États et la faiblesse des précipitations a contraint à des mesures extrêmes, comme la surveillance des retenues d’eau par des gardes armés ou l’envoi de trains pour approvisionner en eau les régions les plus affectées. Les services météo prévoient une mousson supérieure à la moyenne cette année, offrant un rayon d’espoir au secteur agricole qui fait vivre 60 % de la population. Nombre d’agriculteurs ont été forcés de prendre le chemin des villes cette année pour travailler comme ouvrier journalier. Mais elle ne devrait toucher le Kerala (sud) que le 7 juin, six jours plus tard que la moyenne, avant de s’étendre au reste du pays. La sécheresse a alimenté la propagation des feux de forêt dans les monts de l’Uttarakhand (nord) et certaines parties de l’Himachal Pradesh (nord), destinations appréciées de dizaines de milliers de touristes à cette époque de l’année. La chaleur avait tué plus de 2400 personnes l’an dernier en Inde, l’une des vagues les plus meurtrières de son histoire récente.
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Beaucoup de gens sont pessimistes quant à l’état de l’environnement. Mais beaucoup ont aussi une vision plus optimiste, estimant que l’ingéniosité humaine peut aider à préserver l’environnement. Ce dernier point de vue est parfois appelé « écomodernisme » ou « écologisme éclairé ». Jesse H. Ausubel, professeur à l’Université Rockefeller et membre du conseil consultatif de HumanProgress, a joué un rôle essentiel dans la mise en place de la première conférence mondiale sur le changement climatique à Genève en 1979. Il a montré comment le progrès technologique permet à la nature de rebondir. Par exemple, en augmentant le rendement des cultures pour produire plus d’aliments avec moins de terres, nous pouvons réduire l’impact environnemental de l’agriculture. En fait, si les agriculteurs du monde entier pouvaient atteindre le niveau de productivité actuel de l’agriculteur américain moyen, l’humanité pourrait rendre à la nature une surface terrestre de la taille de l’Inde. Ausubel prévoit qu’à l’avenir l’humanité sera de moins en moins dépendante des ressources naturelles. LE PROGRÈS, SOURCE D’ÉCOLOGIE Outre le progrès technologique, le développement économique peut aussi contribuer à la protection de la planète. À mesure que les gens échappent à l’extrême pauvreté et consacrent moins de temps et d’énergie à la satisfaction de leurs besoins physiologiques, ils en viennent souvent à se soucier davantage de la protection de l’environnement. Par exemple, le déclin incroyable de la pauvreté en Chine, stimulé par la libéralisation économique, a coïncidé avec une meilleure préservation des forêts. En 2015, année la plus récente pour laquelle la Banque mondiale dispose de données, la Chine comptait 511 807 kilomètres carrés de forêt de plus qu’en 1990. S’il est vrai que la superficie forestière mondiale diminue lentement, le taux annuel de déforestation a baissé de plus de moitié depuis les années 1990, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. En effet, tandis que la superficie forestière continue de décliner dans les régions les plus pauvres du monde, la superficie forestière augmente par ailleurs en Asie de l’Est ainsi qu’en Europe et en Amérique du Nord. Alors que l’état de l’environnement d’un pays peut se dégrader au cours des premières étapes du développement économique, lorsqu’un pays atteint un PIB par habitant d’environ 4 000 euros, la surface forestière commence à se redresser. C’est ce qu’on appelle la « transition forestière » ou, plus généralement, la « courbe de Kuznets environnementale ». Les défis environnementaux doivent être pris au sérieux, mais ils ne sont pas une raison de perdre espoir. Comme pour tant d’autres problèmes auxquels l’humanité a été confrontée, les problèmes environnementaux devraient pouvoir être résolus si l’on dispose de la bonne technologie et si l’on répand la prospérité. — Sur le web. Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.
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Sur l'archipel norvégien du Svalbard, dans l'Arctique, des scientifiques ont retrouvé plus de 200 cadavres de cervidés, morts de faim au cours de l'hiver passé. Un nombre inhabituellement élevé, qui s'explique par les changements climatiques dans la région, a indiqué lundi l'Institut polaire norvégien. Cheffe du projet de recensement, Åshild Ønvik Pedersen voit dans ce "très haut degré de mortalité" une conséquence du réchauffement climatique. "Le changement climatique fait qu'il pleut beaucoup plus. La pluie tombe sur la neige et forme une couche de glace sur la toundra, ce qui fait que les conditions de pâture pour les animaux sont très mauvaises", explique-t-elle. Les rennes se nourrissent généralement de lichen qu'ils dénichent l'hiver à travers la neige grâce à leurs sabots. Les alternances de gel et de redoux peuvent cependant former une ou plusieurs couches de glace impénétrables qui les privent de nourriture. Selon Mme Ønvik Pedersen, un degré comparable de mortalité n'a été enregistré qu'une fois, à l'issue de l'hiver 2007-2008, depuis que la population des rennes du Svalbard a commencé à faire l'objet d'un suivi (il y a 40 ans). Cette mortalité élevée est aussi due à une nette augmentation sur l'archipel norvégien du nombre de rennes qui entrent ainsi en compétition pour les mêmes zones de pâture, a précisé la chercheuse. Selon l'Institut polaire norvégien, le nombre de rennes au Svalbard, territoire grand comme deux fois la Belgique, a doublé depuis les années 1980 pour atteindre aujourd'hui environ 22 000 têtes.
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