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Londres cherche à réinjecter un peu de concurrence sur le marché bancaire
En invoquant la libre-concurrence et la défense des intérêts du consommateur et en offrant 10 % du marché de la banque de détail à de nouveaux acteurs, Londres veut empêcher la constitution de gigantesques conglomérats financiers attrape-tout.
Symbole par excellence de la crise bancaire, la banque britannique Northern Rock, sauvée de la faillite par sa nationalisation le 17 février 2008, est redevenue une institution financière comme les autres le 4 janvier. Débarrassée de ses actifs toxiques regroupés dans une structure "poubelle", elle a été créditée d'une excellente notation financière par l'agence Standard & Poor's et doit être prochainement mise en vente. Le gouvernement travailliste a toutefois expressément exclu que les grandes banques britanniques de dépôt participent à cette privatisation. Il en est de même d'une partie des actifs que deux établissements partiellement nationalisés, la Royal Bank of Scotland et le Lloyds Banking Group, ont été contraints de céder en vertu du plan gouvernemental annoncé le 3 novembre 2009. En offrant ainsi 10 % du marché de la banque de détail à de nouveaux acteurs, le chancelier de l'Echiquier, Alistair Darling, a délibérément pris le contre-pied du modèle américain. Outre-Atlantique, en effet, le rachat des canards boiteux de la finance par plus grands qu'eux a débouché sur la création de mastodontes. Car la hantise des autorités américaine était d'éviter à tout prix la nationalisation. Londres a suivi la démarche inverse : empêcher la constitution de gigantesques conglomérats financiers attrape-tout. Invoquant la libre-concurrence et la défense des intérêts du consommateur, le Trésor a fait appel à de nouveaux entrants. Ainsi, parmi les candidats potentiels au rachat des actifs bancaires figurent la chaîne de supermarchés Tesco, le conglomérat de loisirs Virgin et des sociétés de capital-risque. S'y ajoutent des banques étrangères désireuses de renforcer leur implantation sur le marché britannique, à l'instar de Santander ou de la National Bank of Australia. Cette ouverture s'est accompagnée d'un serrement de vis du régulateur en vue d'éviter une répétition du séisme d'octobre 2008. Les nouvelles exigences en matière de capitaux propres, l'obligation de limiter l'endettement afin de mieux contrôler les risques systémiques et d'émettre des "testaments du vivant" (living wills - visant à faciliter, en cas de faillite, les procédures de liquidation) ciblent particulièrement les "supermarchés" britanniques de la finance, comme HSBC ou Barclays. Les autorités ont voulu à tout prix éviter un retour à la situation oligopolistique prévalant dans les années 1980, quand les "Big Four" (Barclays, NatWest, Lloyds et Midland) agissaient en cartel pour se partager la banque de détail. Les fusions et acquisitions en cascade de ces vingt dernières années ont donné naissance à des géants diversifiés mais fragiles, comme HBOS, Royal Bank of Scotland ou Northern Rock, qui ont été au coeur de la tourmente financière. Toutefois, Peter Hahn, professeur à la Cass Business School de Londres, relativise cette volonté de maintien d'une libre concurrence bancaire : "Tout en tenant un discours musclé en public, le gouvernement a agi en coulisses auprès de Bruxelles pour éviter de casser les banques sous son contrôle. Car seules les grandes institutions ont les moyens de faire des prêts aux PME, moteur de la relance", remarque-t-il. Nécessitant un service personnalisé et local, cette activité est en effet coûteuse. Et à l'inverse de la gestion de compte courant ou de l'achat d'assurances, l'octroi de prêts aux entreprises n'est pas transférable sur Internet. En dépit des ventes d'actifs, le leadership du Lloyds Banking Group dans les comptes courants et les crédits hypothécaires a d'ailleurs été préservé. Alistair Darling a aussi voulu favoriser l'expansion des banques britanniques à l'étranger. Royal Bank of Scotland a été autorisée à conserver le joyau de sa couronne, la banque régionale américaine Citizens. Et HSBC a été encouragée à délocaliser sa direction à Hongkong, pour mieux exploiter les marchés émergents. Marc Roche et Marc Roche
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/londres-cherche-a-reinjecter-un-peu-de-concurrence-sur-le-marche-bancaire_1289967_3234.html
Les opérations de concentration sous contrôle en France
Depuis 2008, le contrôle des opérations de concentrations a été transféré à l'Autorité de la concurrence, autorité administrative indépendante chargée d'assurer la régulation concurrentielle des marchés. Certaines opérations doivent être notifiées à la Commission européenne et non aux autorités nationales.
Qui est chargé de contrôler les opérations de concentration en France ? Depuis la loi de modernisation de l'économie (LME) du 4 août 2008, le contrôle des opérations de concentrations a été transféré à l'Autorité de la concurrence, autorité administrative indépendante chargée d'assurer la régulation concurrentielle des marchés. Les entreprises doivent lui notifier leurs projets de fusions, qu'elle peut autoriser au terme d'une analyse concurrentielle rapide, ou d'un examen plus approfondi. Auparavant, cette compétence appartenait au ministre chargé de l'économie. Mais le code de commerce permet toujours au ministre de se pencher sur une opération de concentration stratégique, dans un délai de vingt-cinq jours ouvrés à compter de la décision prise par l'Autorité à l'issue de la phase d'examen approfondi. Il ne s'agit alors pas de se prononcer sur la situation concurrentielle mais sur des raisons d'intérêt général : développement industriel, compétitivité des entreprises en cause au regard de la concurrence internationale, maintien de l'emploi etc. Quel est le rôle des autorités européennes? Certaines opérations de dimension communautaire - selon les seuils prévus à l'article 1er du règlement européen n° 139/2004 relatif au contrôle des concentrations entre entreprises - doivent être notifiées à la Commission européenne et non aux autorités nationales. La Commission peut traiter ces affaires conformément aux règles communautaires, mais elle peut aussi décider de les renvoyer aux autorités nationales, en particulier quand elles concernent spécifiquement leur marché. Peut-on taxer les rentes de situation ? Pour l'économiste Jacques Delpla, membre du Conseil d'analyse économique (CAE), "il faut évidemment réfléchir à ces rentes qui font indûment la fortune des banques, aujourd'hui comme avant la crise". L'une des principales ressources des banques est constituée par les dépôts sur les comptes courants, garantis par un Fonds alimenté par leurs contributions. Mais ce fonds ne dispose que de 1,7 milliard d'euros de réserves, pour garantir 1 200 milliards euros de dépôts à vue. C'est donc en réalité l'Etat qui garantit les dépôts bancaires. Pour M. Delpla, il faudrait évaluer le vrai prix de cette assurance des dépôts. Il estime que les banques devraient verser ainsi chaque année à l'Etat une redevance qu'il évalue à 15,6 milliards d'euros.
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/les-operations-de-concentration-sous-controle-en-france_1289968_3234.html
La récession a peu ralenti la concentration dans le secteur minier
Industries extractives : en ce début 2010, tout laisse à penser que de grandes manoeuvres destinées à renforcer les oligopoles en place se préparent avec, en embuscade, une Chine vorace et soucieuse de s'assurer un approvisionnement stable.
Le formidable processus de consolidation à l'oeuvre depuis 2005 dans les industries extractives a été ralenti, mais pas stoppé, par la récession mondiale de septembre 2008 à juin 2009, et pourrait maintenant s'accélérer. En ce début 2010, tout laisse à penser que de grandes manoeuvres destinées à renforcer les oligopoles en place se préparent avec, en embuscade, une Chine vorace et soucieuse de s'assurer un approvisionnement stable. Les estimations des cabinets d'audit (Ernst & Young, Pricewaterhouse Coopers, Dealogic, etc.) permettent de chiffrer à environ 650 milliards de dollars les sommes dépensées de 2005 à 2009 pour des fusions-acquisitions dans le secteur minier mondial. Fer, cuivre, charbon, or, nickel, manganèse : tous les minerais ont été concernés par la frénésie des rachats. Il est moins onéreux, moins long et moins compliqué de racheter un concurrent et ses mines que de mettre en exploitation un nouveau gisement. En effet, ouvrir une mine coûte plusieurs milliards de dollars, prend dix ans et oblige à des négociations serrées avec les populations, les écologistes et les gouvernements concernés. Sans compter qu'entre le moment où une entreprise décide de se lancer dans l'aventure et le moment où le premier minerai sort de terre, les règles du jeu politique et les prix du marché peuvent avoir changé, et le beau bénéfice attendu se change en lourd déficit. En 2008, deux gigantesques rapprochements ont été stoppés par la crise. Le premier mineur mondial, l'australien BHP Billiton a dû renoncer à s'unir à l'anglo-australien Rio Tinto pour 150 milliards de dollars ; et le numéro un mondial du fer, le brésilien Vale, n'a pu convoler avec le suisse Xstrata pour 90 milliards de dollars. Lourdement endettés par des acquisitions antérieures et menacés dans leurs recettes par l'effondrement des cours des matières premières après la chute de la banque américaine Lehman Brothers, ces mastodontes ont renoncé à leur projet... durant quelques mois. Car, dès le mois de juin, BHP et Rio Tinto annonçaient leur alliance dans le minerai de fer (valorisation à hauteur de 58 milliards de dollars) et Xstrata faisait - mais en vain - les yeux doux à Anglo American (40 milliards de dollars), qui ne laissait pas non plus indifférent Vale. Et quand on regarde le montant des fusions-acquisitions engagées en 2009, "année terrible", on constate avec surprise que le recul par rapport à l'année précédente est inférieur à 10 % ! Ajoutées aux motivations d'avant-crise, les raisons de cette étonnante résistance sont la chute des Bourses, la reprise des cours des matières premières, et la Chine. La première a mis à la portée des prédateurs les plus beaux fleurons du secteur. Selon l'édition 2009 de Cyclope, ouvrage de référence sur les matières premières, la capitalisation boursière de Rio Tinto est tombée de 159 milliards de dollars en décembre 2007 à 40 milliards en février 2009, au paroxysme de la récession. Dans le même laps de temps, celle de Xstrata a chuté de 72 milliards à 10 milliards de dollars. De quoi donner des idées aux détenteurs de liquidités. La hausse des prix, elle, a démarré dès le mois de janvier. Les investisseurs sont revenus sur les marchés à terme des produits de base à la fois pour protéger leurs capitaux du recul du dollar et pour placer leurs énormes liquidités dans des secteurs qui ne soient ni immobiliers, ni boursiers, ni monétaires. Enfin, le plan de relance chinois (585 milliards de dollars, soit 407 milliards d'euros) a conduit Pékin et ses importateurs à reconstituer des stocks de produits de base en profitant des prix cassés. La Chine a aussi contribué à la reprise du grand Monopoly minier en cherchant à sécuriser ses approvisionnements et à éviter de se faire imposer des prix par des fournisseurs de plus en plus puissants. Elle a décidé d'entrer au capital de sociétés minières. Après l'échec de l'aciériste chinois Baosteel, empêché de doubler sa participation dans Rio Tinto, Pékin a adopté une démarche moins agressive pour les Occidentaux en ciblant avec succès des entreprises extractives de taille plus modeste, par exemple en Australie. L'arrivée de ce nouveau joueur laisse augurer une poussée des enchères. Alain Faujas
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/la-recession-a-peu-ralenti-la-concentration-dans-le-secteur-minier_1289969_3234.html
"""Depuis la fin du XIXe siècle, les Etats cherchent à contrer le pouvoir des monopoles"""
Pour Jacques Le Cacheux, directeur du département des études de l'OFCE, la législation antitrust a véritablement commencé à exister en 1890, avec le Sherman Anti-Trust Act qui condamne les ententes illicites.
La législation antimonopole n'a cessé de se développer dans la plupart des pays. D'où est née l'idée de légiférer contre les monopoles ? Jacques Le Cacheux: Tout est parti des Etats-Unis, lorsqu'à la fin du XIXe siècle commence la première mondialisation. L'introduction de la vapeur avait considérablement abaissé les coûts de transports terrestres et transatlantiques, et l'avènement du télégraphe avait accéléré les communications, comme c'est le cas aujourd'hui avec la généralisation d'Internet. A partir de 1858, date du premier câble transatlantique, une information de Londres à New York se transmet en quelques minutes contre plusieurs jours auparavant. Apparaissent alors d'énormes entreprises ainsi qu'une formidable expansion des investissements directs étrangers, des flux de capitaux et, déjà, la constitution de multinationales. Les très grandes banques, qui se développent alors en Europe, entre 1870 et 1890, sont des oligopoles financiers, à l'instar du Crédit lyonnais en France. Le monopole pose alors un problème d'excès de pouvoir de certaines entreprises, jugé inacceptable dans une vraie démocratie comme les Etats-Unis. L'Europe, après les Etats-Unis, a développé, dès 1957, une législation favorisant la concurrence. Quelles étapes avaient déjà été franchies ? La législation antitrust a véritablement commencé à exister en 1890, avec le Sherman Anti-Trust Act (qui condamne les ententes illicites). Le sénateur Sherman, auteur de la loi, avait alors des motivations davantage politiques qu'économiques. Le préambule de la loi stipule que la démocratie américaine ne saurait tolérer un pouvoir de type "royal" dans le domaine de la production. Le pouvoir doit y être partagé. Mais cette législation n'a pas limité les concentrations d'entreprises, car elle n'était juridiquement pas contraignante pour les grandes entreprises qui se constituaient en une seule entité juridique. Le monopole pétrolier de Standard Oil a ainsi très bien survécu au Sherman Anti-Trust Act. Le poids politique excessif que pouvaient prendre des entreprises gigantesques par le contrôle quasi total d'un marché préoccupait donc toujours le pouvoir. Les Etats-Unis ont alors adopté, en 1914, le Clayton Anti-Trust Act qui légifère contre les concentrations. Certains économistes, comme Joseph Schumpeter, ont vanté les vertus des monopoles pour l'économie. Le mouvement de concentration des entreprises ne peut-il être favorable à la croissance ? Il peut l'être à condition que les entreprises n'abusent pas de leur position. En effet, si le monopole est néfaste au consommateur à court terme lorsqu'il provoque des hausses de prix, il peut avoir des avantages à plus long terme : l'entreprise en situation de monopole peut investir son surprofit dans l'innovation. On constate d'ailleurs qu'il y a toujours arbitrage entre la lutte des Etats contre les monopoles pour défendre les intérêts du consommateur, et le soutien des ententes pour favoriser la recherche et développement, ou encore les intérêts stratégiques, comme ça a pu être le cas entre Siemens et Areva à une certaine époque ou entre Philips et Thomson pour développer de nouvelles technologies. L'exemple de Microsoft est aussi éloquent. L'entreprise est surveillée, parfois condamnée, mais personne ne cherche ni à la nationaliser ni à la démanteler. Les concentrations engendrées par les crises économiques (1870, 1929, 1971, 2007) créent aussi des conditions favorables - des parts de marché plus grandes, beaucoup moins de concurrents -, permettant aux entreprises qui y survivent d'obtenir des surprofits. Aujourd'hui, ces derniers pourraient être investis dans un mode de croissance plus éthique, plus durable... à condition que la réglementation incite à aller dans cette direction plutôt que vers le pur profit actionnarial. Mais ce n'est pas le cas. On a bien évité la répétition de la crise de 1929, mais à sa suite, en 1933, les Etats-Unis ont adopté le Glass-Steagall Act (qui séparait banques de dépôts et banques d'investissement). En 2009 en revanche, il n'y a pas eu de révision majeure de la réglementation. Les leçons de la Grande Dépression n'ont pas toutes été retenues. Propos recueillis par Anne Rodier
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/depuis-la-fin-du-xixe-siecle-les-etats-cherchent-a-contrer-le-pouvoir-des-monopoles_1289970_3234.html
Les oligopoles sortent gagnants de la crise
La course au gigantisme des entreprises et des banques a repris de plus belle. Des sociétés, fragilisées, disparaissent ou sont rachetées, accélérant les concentrations. Le soutien des Etats a renforcé les positions dominantes dans certains secteurs. Faut-il limiter la puissance des entreprises géantes?
Le gigantisme est de retour. Mercredi 6 janvier, la Commission européenne a annoncé son feu vert au projet de rachat de Cadbury par Kraft, à condition que les activités de chocolat de Cadbury en Pologne et en Roumanie soient cédées. Kraft mène une offre publique d'achat (OPA) hostile qui, si elle aboutit, créera le premier groupe mondial de confiserie, de chocolat et chewing-gum devant Mars-Wrigley. Ce n'est pas une exception. Dans de nombreux secteurs, une fois la stupeur du choc financier passée, les discussions ont repris : alliances, coopérations, acquisitions ? Les sidérurgistes s'inquiètent ainsi de l'opération de fusion, en cours, des activités de minerai de fer des géants anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton, qui contrôleraient ensemble plus d'un tiers des exportations mondiales de minerai de fer, risquant de former un "duopole" avec le leader brésilien Vale (32,8 % du marché), selon l'association Worldsteel. Dans l'automobile, des projets tous azimuts sont évoqués à la suite du rachat de Chrysler par Fiat ou de Vovlo par le chinois Geely : PSA et Mitsubishi, Volkswagen et Suzuki. La vague va du transport aérien (British Airways-Iberia) aux logiciels (Sun-Oracle)... Mais le mouvement de concentration le plus évident, et le plus paradoxal, est celui du secteur bancaire. Les acteurs too big to fail - ceux dont la faillite emporterait tout le système financier - ont été secourus. La garantie des dépôts et l'injection de capitaux par les Etats, le prêt de liquidités quasi gratuites par les banques centrales, les ont sauvés... et leur ont permis de consolider leur position dominante. Alors que la crise a été en partie causée par les effets d'une cartellisation excessive de certaines activités financières, elle a, de fait, renforcé ce phénomène. Lors des trois derniers mois de 2009, les opérations de fusion-acquisition ont atteint 625,4 milliards de dollars (439 milliards d'euros) dans le monde, leur plus haut niveau depuis le troisième trimestre 2008, marqué par la faillite de la banque Lehman Brothers, et la panique qui en a découlé. Et sur la totalité de l'année 2009, plus de 38 000 transactions ont été annoncées, totalisant 2 100 milliards de dollars, soit une baisse de 28,2 % en valeur, mais de 6,6 % en nombre. La crise elle-même a favorisé les regroupements. Certains groupes ont été fragilisés, voire ont disparu, laissant des espaces supplémentaires aux survivants. En les reprenant, parfois à bon compte, leurs concurrents gagnent des parts de marché, voire conquièrent des positions dominantes qui leur permettent de protéger leurs marges. Aux Etats-Unis, plus d'une société sur dix qui a changé de mains était en faillite. En Europe, près d'une opération sur trois a été le fait des pouvoirs publics - sauvetage oblige - qui les revendront plus tard. Au final, à Wall Street, seules Goldman Sachs et Morgan Stanley restent des banques d'affaires à la fois mondiales et indépendantes, alors qu'elles étaient au nombre de cinq voici quelques mois. Dans la banque de détail, Washington Mutual a été reprise par JPMorgan Chase, et le prêteur immobilier Countrywide par Bank of America. En 2009, 139 banques régionales ont été fermées ou reprises outre-Atlantique, resserrant encore le nombre d'acteurs. En Europe, BNP Paribas a repris les activités belges et luxembourgeoises de Fortis. Les Caisses d'épargne et les Banques populaires se sont mariées, tandis que les sociétés de gestion de la Société générale et du Crédit agricole ont fusionné dans une filiale commune, Amundi. "Les économies d'échelle dans l'industrie financière, en termes de systèmes d'information et de diversification des risques, soutiennent une tendance de fond vers la surconcentration du secteur financier. Le souci, c'est que cette tendance aboutit naturellement à l'émergence de banques systémiques", explique Benoît Cougnaud, maître de conférences à l'Essec. La faillite d'Enron en 2001 avait conduit à la disparition du cabinet comptable Arthur Andersen, réduisant le secteur des Big Five ("cinq géants") à quatre. Les agences de notation de dimension internationale sont toujours au nombre de trois, certains experts jugeant même que seules deux, Moody's et Standard & Poors plus que Fitch, peuvent prétendre à ce titre. L'évaluation du risque sur les titres émis par les entreprises, les produits financiers ou les Etats repose toujours principalement sur leur jugement... alors que leur rôle a été critiqué lors de la crise des subprimes comme lors de la crise asiatique. "La banque connaît un indéniable mouvement de concentration actuellement, mais il reste moins fort que pour les agences de notation ou les cabinets d'audit : quatre à cinq acteurs sont encore importants dans chaque pays", analyse Jean-Louis Dufloux, directeur général d'Equinox Consulting. Selon lui, il faut aussi différencier les activités de banque de détail - les services de crédit et d'épargne aux consommateurs et entreprises -, qui restent encore concurrentielles, même entre différentes enseignes d'un même groupe, et les métiers de banques de financement et d'investissement, constitués par une multiplicité de "niches" : dérivés de crédit, de matières premières, etc. "Dix acteurs mondiaux existaient sur certains de ces créneaux avant la crise, et l'on n'en compte plus que quatre ou cinq. Des situations oligopolistiques se sont créées ou ont été renforcées sur les produits financiers très sophistiqués. Cela est aussi le cas pour la gestion d'actifs financiers, où des banques ont mis en commun leurs activités", explique M. Dufloux. Moins nombreuses sur leur marché et bénéficiant, vis-à-vis de leurs clients et de leurs contreparties, de la protection implicite des Etats, ces banques sont en situation plus favorable pour tarifer, à leur avantage, leurs produits et leurs prestations. Face au renforcement de ces positions dominantes, tant dans la finance que dans des secteurs-clés comme les mines, l'automobile ou le transport aérien, les Etats vont-ils user de leur arsenal antitrust, comme cela semble se dessiner en France à l'égard de Google ? Les entreprises ne manquent pas d'arguments pour justifier des regroupements sur des marchés de plus en plus mondialisés. Dans l'automobile, de lourds investissements en recherche et développement peuvent être rentabilisés, et les prix de revient abaissés. Le même argument est avancé pour l'aéronautique, l'énergie, la pharmacie, la banque, les logiciels, etc. La crise ne facilite pas la tâche des autorités de concurrence. Toutefois, assure l'Autorité de la concurrence française, "En matière de concentrations, on peut tenir compte de l'urgence, en permettant aux entreprises en proie à des difficultés compromettant leur survie d'être reprises sans attendre, même si cela ne préjuge évidemment pas de la conclusion à laquelle parviendra l'Autorité au terme de son analyse du dossier. A elle d'envisager les moyens d'autoriser la réalisation de l'opération sans qu'elle compromette à plus long terme l'intérêt des consommateurs", explique-t-elle sur son site Web. Elle peut donc poser des conditions comme la revente de certains actifs. A terme, d'autres possibilités seront peut-être envisagées par les pouvoirs publics. Au Royaume-Uni, des tentatives de scinder certaines activités des banques sont en cours. M. Cougnaud juge aussi que "les nouvelles réglementations (financières) doivent en priorité s'adapter à la taille des établissements pour favoriser l'accès de nouveaux entrants et contrecarrer la propension structurelle du secteur à l'hyperconcentration et donc au risque systémique". Selon certains économistes, taxer les situations de rentes privées pourrait aussi être une réponse à ce mouvement de concentrations. Adrien de Tricornot
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/les-oligopoles-sortent-gagnants-de-la-crise_1289958_3234.html
"""A l'ombre des dictatures. La démocratie en Amérique latine"", d'Alain Rouquié : caudillos contre démocrates"
Le politologue souligne le paradoxe de nations qui ont misé d'emblée sur la légitimité de la démocratie représentative, tout en maintenant l'exclusion sociale et parfois même l'esclavage.
Le propos du nouvel ouvrage du politologue Alain Rouquié est de mettre en perspective les avancées et les faiblesses de la démocratie en Amérique latine. Au lieu de se limiter à la période récente, après le reflux des dictatures militaires sud-américaines et la fin du régime autoritaire mexicain, l'auteur revisite deux cents ans d'histoire, à partir des indépendances. Il souligne ainsi le paradoxe de nations qui ont misé d'emblée sur la légitimité de la démocratie représentative, tout en maintenant l'exclusion sociale et parfois même l'esclavage. Loin d'être une idée neuve, le pouvoir du suffrage remonte à une vieille tradition, certes imparfaite. Sur la longue durée, la démocratie latino-américaine ne succède pas à une phase de régimes d'exception. Ces deux formes de gouvernement apparaissent imbriquées, d'où cette image, qui a frappé Alain Rouquié, d'une transition démocratique au Chili sous le regard vigilant du général Augusto Pinochet. Auteur de deux ouvrages de référence, Amérique latine. Introduction à l'Extrême-Occident (Seuil) et Le Brésil au XXIe siècle. Naissance d'un nouveau grand (Fayard), Alain Rouquié excelle à brasser la géographie et l'histoire du sous-continent latino-américain, sans approximations ni simplifications. Peu d'universitaires sont aussi à l'aise dans le comparatisme, surtout lorsque les contrastes sont importants. Servi par sa plume, il donne la sensation d'avoir tout lu, d'être familier avec les personnages et les paysages qu'il évoque. Une carrière de diplomate l'a amené en Amérique centrale et en Amérique du Sud, complétée par d'autres expériences de terrain et des voyages. Alain Rouquié est néanmoins conscient du danger qui le guette, lorsqu'il évoque "le fatalisme de déterminants historiques et culturels". C'est parfois le sentiment que dégage son analyse de présidents de gauche comme Hugo Chavez ou Evo Morales, qui pratiquent la démocratie plébiscitaire. Au nom de l'alternance sociale, du remplacement des anciennes élites par de nouveaux acteurs sociaux, l'auteur donne l'impression qu'il n'y avait pas d'autre issue. Il semble épouser la maxime d'un homme qu'il connaît bien, le général Juan Peron : "La seule vérité est la réalité." Un regret, tout de même : le peu de place consacrée à Cuba, qui fascine encore une partie substantielle de la gauche, en Amérique latine comme ailleurs. A L'OMBRE DES DICTATURES. LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE LATINE d'Alain Rouquié. Albin Michel, 382 p., 23 euros. Paulo A. Paranagua
11/01/2010
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/01/11/a-l-ombre-des-dictatures-la-democratie-en-amerique-latine-d-alain-rouquie_1290136_3260.html
Le hip-hop de Kader Attou fait son cirque
Le hip-hop est par essence une danse de solitaire basée sur le monologue avec soi-même.
que du cirque, qui se dresse pourtant dans un spectacle de danse hip-hop, Trio, chorégraphié par Kader Attou pour trois hommes et une femme. Avec cette acrobatie qui enchaîne sur une série d'autres, Attou renoue avec son apprentissage originel, celui de la piste. Il élargit aussi le domaine du hip-hop. Ce double mouvement se révèle juste et organique. Le vocabulaire du cirque constitue une extension logique à une écriture chorégraphique fondée sur l'exploit physique, le dépassement des limites. Elle fait non seulement décoller le hip-hop sans le déraciner mais lui dégage un horizon, en particulier du côté du duo. Ce n'est pas rien. Le hip-hop est par essence une danse de solitaire basée sur le monologue avec soi-même. L'apparition d'acrobaties crée de nouveaux liens entre les danseurs et donne des idées. Un homme se retrouve juché sur l'épaule de la femme avant de s'élancer dans un pas de deux. Bourré d'inventivité dans les appuis et les contacts, il arc-boute les corps dans des poses singulières. Suresnes Cités Danse, Théâtre Jean-Vilar, Suresnes (92). Spectacles jusqu'au 14 janvier : "Répulsion" de Hiroaki Umeda et "Elles" de Sylvain Groud. Tél. : 01-46-97-98-10. De 10 à 20 euros. Rosita Boisseau
11/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/11/le-hip-hop-de-kader-attou-fait-son-cirque_1290118_3246.html
"Monteverdi dans le ""neuf-trois"""
"Le Couronnement de Poppée" de Christophe Rauck marie l'épure, Fellini et la bande dessinée.
C'était déjà un beau projet sur le papier : réunir ce 8 janvier autour du dernier opéra de Monteverdi, Le Couronnement de Poppée, les forces vives de l'Arcal (Atelier de recherche et de création pour l'art lyrique) et celles du Théâtre Gérard-Philipe - Centre dramatique national (CDN) de Saint-Denis, pour la première mise en scène d'opéra de son directeur, Christophe Rauck. Une réussite incontestable qui donne raison à l'initiateur, Christian Gangneron (ex-directeur de l'Arcal, auquel a succédé Catherine Kollen), lequel a su convaincre le metteur en scène, a priori récalcitrant. Car, de son propre aveu, Christophe Rauck (47 ans) n'est pas un familier de l'opéra, même si ce transfuge de la culture rock et du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine, ex-directeur du Théâtre du peuple, à Bussang (de 2003 à 2005), a toujours considéré la musique comme une partie intégrante de son travail - en témoigne notamment son spectacle sur Claude Nougaro, L'Araignée de l'éternel, repris au TGP du 11 mars au 4 avril. Face au riche foisonnement du Couronnement de Poppée, oeuvre phare de l'opéra baroque créée à Venise fin 1642 ou début 1643, où la fusion entre texte et musique reste le maître mot, Christophe Rauck dit avoir eu peur "d'être trop bavard". Mais le metteur en scène signe au contraire un travail subtilement dépouillé servi par une remarquable direction d'acteur. Modèle de tact et d'intelligence, la mise en scène évolue sur un mode atemporel, lequel ne renie ni l'illusion baroque (toiles peintes et ciels de nuages, théâtre à machines par le truchement de draperies, masques de carnaval vénitien, travestis) ni l'allusion contemporaine (la scène de drague fellinienne avec Vespa entre page et demoiselle, les golden guards tout droit sortis d'une bande dessinée). Un monde sans morale Quel beau parti que celui de l'épure pour évoquer l'iconoclastie d'un monde sans morale, cette danse de sexe, de pouvoir, de mort et d'iniquité qui élève, via l'immature et tyrannique Néron, la courtisane Poppée au rang d'impératrice - après le meurtre du philosophe Sénèque, la répudiation de l'impératrice Octavie et la trahison de son amant, Othon. Mérite partagé pour la direction musicale souple et raffinée, mais non sans puissance et volubilité, de Jérôme Corréas à la tête de ses (neuf) Paladins. Une foison de couleurs et de phrasés, avec notamment une délicatesse dans la diversification des continuos, le tout au service d'une musique qui se déclame autant qu'elle se joue et se chante. La juvénile aisance d'une distribution scéniquement et musicalement très engagée (Valérie Gabail en Poppée, Maryseult Wieczorek en Néron, Françoise Masset en Octavie) a fait le reste, suscitant un enthousiasme mérité dans cette salle de banlieue parisienne, dont le public, formé en partie par des classes du collège Henri-Barbusse de Saint-Denis, prouve qu'on peut faire de l'opéra dans le "neuf-trois" et construire comme ailleurs l'ici et maintenant de "ce que sera la France demain ou ne sera pas" - Christophe Rauck dixit. Le Couronnement de Poppée, de Monteverdi. Avec Valérie Gabail, Maryseult Wieczorek, Françoise Masset, Jean-François Lombard, Vincent Pavesi, Paulin Bündgen, Dorothée Lorthiois, Christophe Rauck (mise en scène), Aurélie Thomas (scénographie), Leslie Six (dramaturgie), Marion Legrand et Coralie Sanvoisin (costumes), Olivier Oudiou (lumière), Les Paladins, Jérôme Corréas (direction). Théâtre Gérard-Philipe (TGP), 59, bd Jules-Guesde, Saint-Denis (93). Le 8 janvier. Prochaines représentations les 12, 13, 15, 16, 19 et 20 janvier à 19 h 30, le 17 janvier à 16 heures. De 6 € à 24 €. Tél. : 01-48-13-70-00. Sur le Web : theatregerardphilipe.com. Tournée en région parisienne (Vélizy, Nanterre, Beynes, Clamart, Le Vésinet, Guyancourt et Villejuif) et en province (Reims, Besançon, Angoulême, Martigues) jusqu'au 9 avril. Marie-Aude Roux
11/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/11/monteverdi-dans-le-neuf-trois_1290117_3246.html
Isadora Duncan, pieds nus, sans corset ni préjugés
A Paris, une exposition consacrée à la danseuse de la Belle Epoque.
Un seul film de trente secondes témoigne de la danse d'Isadora Duncan (1877- 1927). Réalisé dans un jardin en URSS, il met en scène Duncan, tête en arrière et yeux au ciel, l'une de ses postures familières, en train de tournoyer au milieu d'une ronde de spectateurs. Beaucoup d'hommes dans le public. Beaucoup d'hommes aussi, parmi les admirateurs de la danseuse. Du sculpteur Auguste Rodin au photographe Edward Steichen, en passant par le poète russe Essenine avec lequel elle se maria en 1922, la liste des artistes tombés sous le charme de la Californienne magnétique est longue. Le sculpteur Antoine Bourdelle (1861-1929) fut aussi saisi par sa vitalité : c'était en 1909, lors de la représentation d'Iphigénie en Tauride de Gluck, donné au Théâtre de la Gaîté-Lyrique, à Paris. Dès le lendemain, Bourdelle en tirait cent cinquante dessins à l'encre. Cette série, superbe dans sa façon vive de capter l'élan typique de Duncan, constitue l'une des séquences percutantes de l'exposition "Isadora Duncan, une sculpture vivante", programmée au Musée Bourdelle, à Paris. La singularité de la danseuse aux pieds nus, comme elle avait été baptisée, débarquée à Paris en 1900, y est éclairée par le contexte de la Belle Epoque, les mouvements artistiques du moment, ses motifs d'inspiration (la Grèce), ses revendications sexuelles... La liberté chorégraphique de Duncan - sans corset sous ses robes flottantes, autant dire une révolution pour l'époque, grâce à la complicité du couturier Poiret - se conjuguait avec une absence totale de préjugés et un appétit de vie féroce. Isadora Duncan prônait "l'unité absolue de la forme et du fond" en dansant, unité qui se retrouvait dans la nature, les eaux, les végétaux. Elle avait inventé une danse délibérément lyrique dont l'ondulation était le maître mot. Révolutionnant les codes de la danse classique, Duncan se retrouvait en première ligne auprès d'autres téméraires qui secouaient les tutus au même moment. Loïe Fuller par exemple, Ruth Saint-Denis, également danseuses solistes, mais encore Nijinski qui investit le Théâtre du Châtelet avec la troupe des Ballets russes en 1909, la même année que le triomphe de Duncan à la Gaîté. Tous les deux s'inspirèrent d'ailleurs de la Grèce antique pour en donner une vision totalement différente. Duncan, toute dans la souplesse et la course ; Nijinski dans les aplats et les saccades. Un pan de l'exposition rassemble une sélection de frises sculptées, de vases, de masques, qui soulignent les points communs entre les silhouettes et Duncan. De nombreuses photos signées par Edward la saisissent entre les colonnes monumentales de l'Acropole en 1920. Duncan démarre sa carrière en 1901 dans les salons parisiens avant de donner une première représentation en 1903 au Théâtre Sarah-Bernhardt. Toutes les scènes parisiennes seront investies par la danseuse en solo, choisissant des musiques de Chopin, de Beethoven, de Schubert ou de Brahms pour raffiner sa gestuelle. Presque extatique parfois dans sa façon d'ouvrir le torse en tendant les bras en l'air, elle impose une silhouette sensuelle et tourbillonnante. Le dessinateur Jules Grandjouan traduira les méandres de la spirale Duncan. Ses pastels sur papier aux couleurs rares - bleu, brun, ocre... - en donnent une texture épaisse et fluide à la fois. Un paradoxe qui va bien à la danse grave et enjouée, abandonnée et dynamique de Duncan. Celle qui perdit ses deux enfants - ils se noyèrent dans la Seine en 1913 - conserva sa foi dans la danse comme art d'émancipation et la transmit à de nombreux élèves, ouvrant des écoles à Berlin, à Meudon puis à Moscou. Elle mourut accidentellement en 1927, étranglée par son écharpe lors d'une balade en décapotable. Reste une fièvre rageuse, un goût de la beauté, beaucoup de courage. A Paris, les hauts-reliefs du Théâtre des Champs-Elysées, sculptés par Bourdelle entre 1910 et 1913, la racontent pour toujours. "Isadora Duncan, une sculpture vivante". Musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bourdelle, Paris 15e. Jusqu'au 14 mars. Du mardi au dimanche, de 10 heures à 18 heures. Fermé lundi et jours fériés. Tél. : 01-49-54-73-73. De 4 € à 8 €. Rosita Boisseau
11/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/11/isadora-duncan-pieds-nus-sans-corset-ni-prejuges_1290116_3246.html
Quand l'amour vogue comme une âme en peine
Luca Ronconi met à nouveau en scène "Le Marchand de Venise", de Shakespeare, au Piccolo Teatro de Milan.
Luca Ronconi revient au Marchand de Venise, et sa mise en scène met le coeur à l'envers. Le maître italien, né en 1933, a monté la pièce de Shakespeare une première fois, en 1987, à Paris, au Théâtre de l'Odéon. C'était une production de la Comédie-Française qui réunissait, en tête de distribution, de grands sociétaires aujourd'hui disparus : Christine Fersen, Richard Fontana et Jean-Luc Boutté dans le rôle de Shylock. Aujourd'hui, Luca Ronconi oeuvre dans sa langue et dans son théâtre, le Piccolo Teatro de Milan, mais son point de vue n'a pas changé, en tout cas sur la question de l'antisémitisme, qui fait du Marchand de Venise la pièce la plus controversée de Shakespeare. Depuis sa première apparition sur une scène, en 1605, Shylock a épousé les mouvements de l'histoire de l'Europe d'une manière conflictuelle qui lui a valu, au XXe siècle, d'être la pièce de Shakespeare la plus souvent représentée à la fois dans l'Allemagne nazie et en Israël. Tout est question de regard. Luca Ronconi a choisi son parti. Il n'enferme pas Shylock dans le mot "juif". Il en fait un homme (remarquablement interprété par Fausto Russo Alesi) qui se bat dans une Venise où l'argent dicte sa loi, et où l'or et l'éros sont comme les deux faces d'une médaille. Il y a un tout un pan de comédie dans Le Marchand de Venise. C'est sur ce terrain que la pièce commence. Pour conquérir la belle Portia dont il est amoureux, Bassanio a besoin de six mille ducats, qu'il n'a pas. C'est un jeune homme prodigue qui a accumulé beaucoup de dettes. Son ami Antonio propose de lui avancer l'argent. Mais sa fortune est en mer, sur quatre bateaux remplis de marchandises. Seul Shylock peut avancer la somme, ce Shylock qu'Antonio hait et insulte publiquement parce qu'il prête de l'argent contre intérêts, alors que lui ne le pratique pas. Shylock accepte, mais demande que le dédit, si la somme n'était rendue en temps et en heure, soit une livre de chair à prélever sur la partie qu'il lui plaira du corps de son ennemi. Pendant ce temps, Jessica, la fille de Shylock, prépare sa fuite de la maison familiale. Elle est en amour avec Lorenzo, pour lequel elle est prête à devenir chrétienne. Elle vit seule avec son père, pour qui elle est tout. Elle le quitte en cachette, une nuit, emportant de l'argent et des bijoux. Pour Shylock, le monde s'effondre. Pendant ce temps, les affaires d'Antonio ne s'arrangent pas. L'un après l'autre, ses bateaux font naufrage. Il ne peut honorer sa dette, et Shylock réclame son dû. Il ne l'aura pas. Au procès qui l'oppose à Antonio, un juge fait valoir que, certes, Shylock a le droit de prélever une livre de chair, mais il doit opérer sans qu'aucune goutte de sang ne soit versée. Shylock n'apparaît que dans cinq scènes du Marchand de Venise, et il est absent du cinquième acte, où la comédie reprend son pouvoir. Une comédie de l'amour, placée sous le signe d'un fantastique anxieux. La belle Portia aimée par Bassanio qu'elle aime doit, selon les règles dictées par son père mort, prendre pour mari l'homme qui choisira le bon parmi trois coffrets, d'or, d'argent et de plomb. Ses prétendants viennent de l'Europe entière, attirés par sa beauté et sa fortune, que chacun augmente de ses dons. Bassanio saura faire le bon choix. Il aura la virginité de Portia. De ce point, tout finit bien dans Le Marchand de Venise, avec l'union de trois couples, Portia-Bassanio, Jessica-Lorenzo et Nerissa-Lancelot, la suivante de Portia et le valet d'Antonio. Pour couronner le tout, Antonio récupère sa fortune par miracle. Mais cela ne change rien à l'affaire, qui constitue, dans la vision de Luca Ronconi, le fond du problème. Quelle est cette tristesse étrange qui étreint l'un après l'autre tous les personnages ? D'où vient que nul amour ne résiste à l'habit qu'il se donne, sinon peut-être celui qu'Antonio porte à son ami Bassanio ? Au Piccolo, l'immense plateau est blanc comme un voile mortuaire, sur lequel se détachent les éléments symboliques du décor, coffrets et balances, eux aussi immenses, amarrés au sol ou suspendus dans l'air comme le doigt d'un dieu imposant sa loi aux humains inconnue. Donner le change Personne ne sait où il va et chacun est seul, dans cette mise en scène qui jamais ne s'impose, mais dévoile d'une manière presque subliminale les fêlures de la conscience. Chacun vit dans la volonté de posséder l'autre, mais aucun ne saurait dire vraiment où est son désir. Couverte par la tragédie de l'argent, la comédie de l'amour vogue comme une âme en peine. Elle a la douceur sulfureuse et douloureuse d'une pièce que l'on joue en donnant le change, pour éviter de penser que rien de tout cela ne tient la route, et que l'autre reste inaccessible. Shakespeare le laisse entendre dès la première réplique, celle d'Antonio : "Au vrai, je ne sais pas pourquoi je suis aussi triste." Luca Ronconi le confirme, avec une tendresse magistrale et une distribution, surtout pour sa part masculine, qui atteint le coeur de l'humain. Le Marchand de Venise, de Shakespeare. Mise en scène : Luca Ronconi. Piccolo Teatro, Largo Greppi, Milan. Tél. : 00-39-02-42-41-18-89. Mardi à 9 h 30, mercredi, jeudi et vendredi, à 20 heures ; samedi, à 9 h 30 ; dimanche, à 6 h 30. Durée : 3 h 45. Jusqu'au 31 janvier. Brigitte Salino
11/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/11/quand-l-amour-vogue-comme-une-ame-en-peine_1290115_3246.html
Et maintenant, les chargeurs bling-bling
Désormais, les chargeurs d'alimentation de téléphone portable ont troqué leur apparence triste et fonctionnelle pour devenir des accessoires décoratifs.
e portable ont troqué leur apparence triste et fonctionnelle pour devenir des accessoires décoratifs. Telle est l'ambition de Bless, la plate-forme de création fondée en 1997 par Désirée Heiss et Ines Kaag, un duo de designers allemandes qui a répondu à la commande de Parnasse, le programme haut de gamme développé par Orange, en créant six chargeurs stylisés. La collection, compatible avec les BlackBerry et les iPhone, adopte des styles éclectiques : du sympathique et torsadé BBlack (en bas à droite) au très chic et presque bling-bling iStrass (ci-dessus). On aurait pu penser que les fêtes de Noël avaient épuisé les idées de cadeau. C'était sans compter sur la Saint-Valentin pour laquelle ces chargeurs déco arrivent à point nommé... Joindre l'utile à l'agréable a toutefois un prix : de 99 euros à 350 euros selon les modèles. Disponibles à partir du 25 janvier sur www.parnasse.fre ou à la boutique Bless, 14, rue du Portefoin, Paris-8 . Yann Sternis
11/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/11/et-maintenant-les-chargeurs-bling-bling_1290124_3238.html
Le lycéen soupçonné d'avoir poignardé Hakim a été mis en examen
Le lycéen de 18 ans soupçonné d'avoir poignardé, vendredi 8 janvier, un camarade dans leur établissement scolaire du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), a été mis en examen.
Le lycéen de 18 ans soupçonné d'avoir poignardé, vendredi 8 janvier, un camarade, Hakim, dans leur établissement scolaire du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), a été mis en examen, lundi 11 janvier, pour "homicide volontaire", a-t-on appris de source judiciaire. Le suspect devait être présenté "dans la journée" à un juge des libertés et de la détention en vue de son éventuelle incarcération, a précisé cette source. Le parquet de Créteil a requis son placement en détention provisoire. Décrit comme un jeune "en rupture familiale" mais dépourvu d'antécédents judiciaires, Islam, 18 ans, est accusé d'avoir tué de trois coups de couteau vendredi vers 10 h 40 un camarade du même âge, Hakim, dans un couloir du lycée Darius-Milhaud du Kremlin-Bicêtre. Selon le parquet de Créteil, il encourt jusqu'à trente ans de réclusion criminelle.
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/le-lyceen-soupconne-d-avoir-poignarde-hakim-a-ete-mis-en-examen_1290239_3224.html
"Torshavn, capitale miniature des ""plus belles îles du monde"""
Isolées dans l'Atlantique nord entre Ecosse et Islande, les îles Féroé n'ont jamais droit à l'actualité, sauf quand un avion de l'équipe de France de football peine à y atterrir pour cause de brouillard.
Ou quand des associations de défense des animaux dénoncent l'annuelle chasse au globicéphale noir à laquelle est conviée la population. Ce qui vaut aux autochtones d'être souvent taxés de "Vikings sanguinaires". Eux disent défendre leurs traditions dans une pratique réglementée à but alimentaire. Les connaisseurs de l'archipel se félicitent que cette image d'inaccessibilité et de férocité nuisent à sa promotion. Ils préfèrent garder jalousement leur secret : à les entendre, les Féroé seraient un des derniers paradis terrestres, un éden inouï de verdure (sans que le moindre arbre ne pousse), préservé des deux maux que sont la pollution et l'affluence. Il faut tout de même compter avec celle des moutons (deux fois plus nombreux que les hommes) et des macareux au nord. Fjords et falaises abruptes, colonnes de basalte et ruisseaux alpestres, la destination est un rêve de randonneur. Les dix-huit îles ont été désignées comme les "plus belles du monde" par le National Geographic, devant les Açores. L'autre superlatif concerne Torshavn, la plus petite capitale du monde, en trichant un peu - autonomes, les Féroé dépendent tout de même de la couronne danoise, sans être membre de l'Union européenne. "Le port de Thor", où vit plus d'un Féringien sur trois, compte 17 500 habitants sur l'île de Streymoy. Là, c'est une ambiance de thriller garantie entre L'Ile noire, les brumes de John Carpenter, et Les Oiseaux d'Hitchcock. Tiganes, le quartier moyenâgeux, est un poème nordique avec ses maisons de bois goudronné, au toit de tourbe sur laquelle pousse du gazon - autant de Bercy miniatures. Le Logsting, le Parlement, est une maisonnette, le bureau du premier ministre un cabanon. Ne pas se fier à l'austérité du temple. A l'intérieur, c'est un magasin de modélisme avec ses bateaux suspendus. Le poisson est sur toutes les tables, même le gros. Au son de The Do, le duo franco-finlandais à la mode ici aussi, les moins scrupuleux penseront au capitaine Achab devant un steack de baleine. En se méfiant toutefois des cétacés. Taiseux mais aimable, le Féringien ne l'est plus quand on aborde le sujet qui fâche : le noir globicéphale. Bruno Lesprit
11/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/11/torshavn-capitale-miniature-des-plus-belles-iles-du-monde_1290127_3238.html
Des gélules pas toujours correctement utilisées
Le médicament Alli fait l'objet d'une "utilisation inappropriée" dans 17 % des cas, alerte l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
Le médicament Alli fait l'objet d'une "utilisation inappropriée" dans 17 % des cas, alerte l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Ce taux de mésusage est le plus souvent lié au non-respect de l'indication - Alli est conseillé pour un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 28 kg/m2 - ou à l'existence de contre-indications, souligne l'Afssaps, sans remettre en cause le rapport bénéfice-risque. De nombreuses personnes dont l'IMC est inférieur à 28 kg/m2 ont pourtant utilisé ce médicament. D'autres individus le prennent ponctuellement pour gommer des excès alimentaires. Certains pharmaciens refusent parfois de vendre ce médicament sans ordonnance. Ils doivent en tout cas être vigilants . Les utilisateurs d'Alli sont des femmes à 81 %, âgées de 43,7 ans en moyenne. L'Afssaps met aussi en avant les risques d'interaction avec d'autres médicaments, par exemple la pilule contraceptive, dont l'efficacité diminuerait. Dans tous les cas, l'agence recommande de consulter un médecin avant de commencer un traitement, notamment "pour détecter d'éventuels risques liés aux pathologies associées". Les patients doivent notamment être vigilants en cas de maladie rénale connue. Le risque d'inflammation du pancréas a également été mis en avant. Par ailleurs, l'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments (EMEA) et son homologue américaine ont récemment été conduites à réévaluer les effets indésirables hépatiques rencontrés avec Alli. Pascale Santi
11/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/11/des-gelules-pas-toujours-correctement-utilisees_1290126_3238.html
"Le succès mitigé d'Alli, pilule ""miracle"" anti-obésité"
Huit mois après sa mise sur le marché, l'engouement faiblit pour ce médicament disponible sans ordonnance.
Commercialisée en France depuis le 6 mai 2009 par GlaxoSmithKline (GSK) à grand renfort de publicité, la pilule Alli censée lutter contre le surpoids et l'obésité est devenue en moins d'un an l'une des meilleures ventes des médicaments accessibles sans ordonnance. Disponibles depuis deux ans aux Etats-Unis, ces gélules avaient connu un fort engouement lors de leur lancement dans l'Hexagone, avec plus de 100 000 boîtes vendues les trois semaines suivant leur mise en vente. Aujourd'hui, Alli voit ses ventes se stabiliser au rythme de 8 000 à 10 000 boîtes chaque semaine. Il a généré en 2009 un chiffre d'affaires de plus de 23 millions d'euros pour GSK, indique Vincent Cotard, président de la division santé grand public du laboratoire pharmaceutique GSK. "L'engouement du départ s'est largement tassé, explique Michel Laspougeas, président du conseil régional de l'ordre des pharmaciens du Sud-Ouest, membre du Conseil national de l'ordre des pharmaciens (CNOF). Alli a été présenté comme un produit miracle. Or c'est un produit comme les autres", précise-t-il. "Il doit être prescrit dans un contexte très particulier, à savoir qu'il faut définir quel est l'état d'obésité réel de la personne, car ce médicament ne s'adresse en aucun cas aux personnes qui veulent perdre quelques kilogrammes avant d'aller à la plage", prévient M. Laspougeas. Car la gélule peut engendrer des effets secondaires gênants. Alli est une version allégée (60 mg au lieu de 120 mg) d'un médicament plus ancien, le Xenical (Roche), vendu depuis 1998 sur prescription médicale. Tous deux contiennent de l'Orlistat, qui limite l'absorption des graisses alimentaires dans l'intestin. Les graisses sont alors éliminées dans les selles, ce qui peut exposer le patient à des effets digestifs indésirables (diarrhées, etc.). Autre point faible, le coût de la pilule : de 50 à 60 euros pour un mois, selon les pharmacies. Des précautions s'imposent avant d'utiliser ce médicament en vente libre. Alli est destiné aux personnes en réelle situation de surpoids. Il doit être associé à un régime modérément hypocalorique et pauvre en graisses ; la durée maximale de traitement est limitée à six mois ; il est vivement conseillé de consulter un médecin avant d'opter pour un tel traitement. En d'autres mots, il doit faire l'objet d'un accompagnement. "Alli n'est efficace que si l'apport en graisses est limité et s'il est associé à une activité physique", rappelle Arnaud Basdevant, responsable du pôle nutrition à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Dans ce cas-là, les effets indésirables sont quasiment inexistants et les personnes qui répondent bien au traitement peuvent espérer perdre entre 5 % et 10 % de leur poids sur un an. Chez certains sujets, la prise d'Alli peut avoir un effet psychologique qui incite à suivre un régime. Les Agences française et européenne du médicament restent vigilantes pour identifier d'éventuelles dérives et effets secondaires. "La pilule miracle n'existe pas", rappelle Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d'obèses (CNAO). Certes, "Alli fonctionne pour certaines personnes, mais il faut trouver le bon médecin pour avoir une aide thérapeutique et psychologique car nous récupérons beaucoup de nomades du poids, qui ont fait de nombreux régimes, sans succès", poursuit Mme Joly. "On n'a jamais positionné Alli comme pilule miracle. L'avantage est que ça accélère légèrement la perte de poids en cas de régime et d'activité physique associés", se défend Vincent Cotard. Certains étaient farouchement opposés à sa commercialisation, dont Viviane Gacquière, présidente de l'association Allegro Fortissimo, pour qui " ce médicament n'est pas efficace". Surtout, l'obésité est une question tellement complexe qu'elle ne saurait être réduite à la simple absorption d'une pilule. Le marché de l'amaigrissement a encore de beaux jours devant lui. Pascale Santi
11/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/11/le-succes-mitige-d-alli-pilule-miracle-anti-obesite_1290125_3238.html
CAN : la Côte d'Ivoire et l'Algérie entrent en scène
Les Fennecs défient le Malawi à Luanda avant que les Eléphants ne jouent le Burkina Faso.
Le stade Chiazi de Cabinda est le théâtre aujourd'hui du premier match de la Côte d'Ivoire dans cette CAN 2010. Une fête en soit. Pourtant, les coéquipiers de Dider Drogba s'avancent vers le Burkina Faso la peur au ventre. Quelle peur ? Celle de se faire surprendre par une formation qu'ils ont battue à deux reprises (3-2, 5-0) lors des éliminatoires CAN-Coupe du Monde 2010 ? Pas vraiment. "On ne doit pas se baser sur ce qui a été fait précédemment", prévient tout juste l'entraîneur Vahid Halilhodzic. C'est davantage le traumatisme de l'attaque contre l'équipe du Togo qui pourrait peser sur la partie et le rendement des Eléphants. Vahid Halilhodzic en a conscience. "Moi, mon job des dernières 24 heures est particulier. Je dois préparer un discours spécial sur le plan psychologique, humain, pour préparer au mieux mes joueurs." Sous peine de les voir trébucher sur la souris burkinabé, ce qui constituerait une énorme surprise. Loin de toute cette agitation, à Luanda, l'Algérie attend de pied ferme le Malawi, sparring-partner tout désigné. "Ce qui m'inquiète, ce sont les conditions climatiques. Il va falloir s'adapter à l'humidité et à l'horaire", prévient Rabah Saadane, entraîneur récemment élu homme algérien de l'année après la victoire historique des siens à Khartoum contre l'Egypte le 18 novembre dernier. "Les consignes seront donc de ne pas rendre la balle trop vite, de ne pas courir trop vite derrière. C'est après ce match que je pourrai annoncer vraiment nos objectifs." Réponse sur les coups de 16 h 30...
11/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/11/can-la-cote-d-ivoire-et-l-algerie-entrent-en-scene_1290231_3242.html
Des experts redoutent une pénurie de phosphates d'ici à la fin du siècle
Ce marché, essentiel à la production d'engrais, manque de transparence et les données fiables font défaut.
A Al Jalamid, les travaux vont bon train. Situé dans le nord de l'Arabie saoudite, ce chantier doit permettre l'exploitation, à partir de 2011, d'un immense gisement de phosphore, minerai de base des phosphates, qui sont eux-mêmes une composante centrale de la production d'engrais. Le projet, qui comprend des usines de transformation, n'a rien de simple : dans cette région aride, il faut trouver des ressources en eau et développer les infrastructures électriques et ferroviaires. Les investissements sur ce site s'appuient sur la certitude que les phosphates vont devenir une denrée de plus en plus recherchée. La croissance démographique mondiale et la nécessité de tirer le meilleur parti des terres arables la rendent stratégique. La question de l'assèchement des gisements mondiaux de phosphates, qui pourrait bousculer les équilibres alimentaires dans quelques décennies, faute d'engrais, fait débat parmi les experts, en l'absence de données vraiment fiables sur les réserves de ce minerai. Mais, étant donné son caractère stratégique et les implications géopolitiques, tous reconnaissent l'urgence de mieux en maîtriser la gestion. Les réserves mondiales de phosphates suffiront-elles à satisfaire les besoins d'une agriculture qui en consomme de plus en plus ? Selon l'institut de géophysique américain (USGS), dont les données sont le plus souvent utilisées, les réserves mondiales économiquement exploitables du minerai s'élèveraient à environ 15 milliards de tonnes. Ce chiffre conduit certains observateurs à s'inquiéter d'une possible pénurie dans les décennies à venir, puisque, rapportées à la production annuelle mondiale (près de 165 millions de tonnes en 2008, selon l'USGS), les réserves pourraient satisfaire la demande pendant seulement environ quatre-vingt-dix ans. De plus, la consommation mondiale devrait afficher une croissance de 2 % à 3 % dans les années à venir, selon les estimations de l'Association internationale de l'industrie des engrais (IFA). "Ces données, qui sont soumises volontairement par les pays et les industriels, n'ont pas été remises à jour récemment, et l'USGS sous-estime les réserves", estime Michel Prud'homme, directeur à l'IFA, qui reconnaît cependant que "ces chiffres permettent de prendre conscience du problème posé par la gestion des ressources en phosphates". "Coopération mondiale" Le marché manque de transparence, d'autant qu'il est tenu par quelques pays et un petit nombre d'industriels. "Il faudrait mettre en place un mode de suivi des données du marché moins opaque et une coopération mondiale pour définir des stratégies qui prennent en compte les limites de la ressource et le fait que des pays pauvres n'auront pas les moyens de supporter un renchérissement du prix des engrais", souligne Dana Cordell, de l'université technologique de Sydney. L'augmentation du nombre de pays producteurs - une trentaine aujourd'hui - n'empêche pas le Maroc, les Etats-Unis et la Chine de représenter aujourd'hui, à eux trois, les deux tiers de la production mondiale, et une proportion similaire des réserves. Outre l'Arabie saoudite, des pays tels que l'Algérie, l'Australie, le Pérou ou le Brésil cherchent à développer leur production pour profiter de la hausse de la consommation et des prix. L'USGS estime que les réserves mondiales potentielles, plus ou moins commercialement exploitables, pourraient s'élever à 47 milliards de tonnes. Certains de ces gisements seront plus coûteux à exploiter, "et leur teneur en phosphore sera parfois moindre que celle des grands gisements actuels", note Dana Cordell. Sans compter les produits collatéraux de l'extraction : "L'un des problèmes récurrents de l'exploitation des phosphates est la présence dans les roches de métaux lourds ou de radioactivité", pointe Christian Hocquard, économiste au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Pour assurer leur sécurité d'approvisionnement, certains pays et grands groupes industriels investissent dans les zones les plus riches en minerai, notamment le pourtour méditerranéen. Les Etats-Unis ont ainsi passé avec le Maroc un accord commercial préférentiel, entré en vigueur en 2006. Le géant industriel brésilien Vale s'intéresse au phosphate tunisien. De son côté, l'Union européenne a lancé, mi-2009, une étude sur une utilisation "durable" des ressources en phosphates. Cette chasse aux phosphates passe aussi par une amélioration des techniques d'extraction et de transport du minerai. Sans compter la nécessaire adoption de pratiques agricoles plus "durables" dans l'utilisation d'engrais. "Il faut arriver à une meilleure gestion de cette ressource", note Samia Charadi, conseillère auprès du président de l'Office chérifien des phosphates (OCP), premier producteur mondial. Outre la recherche de nouveaux gisements, il semble nécessaire d'adopter une gestion raisonnée de la ressource, qui passe par le recyclage du phosphore consommé. "C'est le grand défi des années à venir", note Patrick Heffer, de l'IFA. Des projets de récupération du phosphore dans le fumier animal, ou même dans les eaux usées ou les excréments humains, sont à l'étude, en Suède et en Allemagne notamment. Mais ces recherches n'en sont qu'à leurs premiers pas. Bertrand d'Armagnac
11/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/11/des-experts-redoutent-une-penurie-de-phosphates-d-ici-a-la-fin-du-siecle_1290058_3244.html
Slovaquie : un test de sécurité aéroportuaire tourne au fiasco
A l'heure où les autorités européennes tentent de renforcer la sécurité dans les aéroports, la Slovaquie est interrogée par la Commission de Bruxelles sur un étrange exercice auquel elle a procédé il y a quelques jours.
A l'heure où les autorités européennes tentent de renforcer la sécurité dans les aéroports, la Slovaquie est interrogée par la Commission de Bruxelles sur un étrange exercice auquel elle a procédé il y a quelques jours. Une opération destinée à dépister les objets suspects dans les bagages des passagers a, en effet, abouti à ce qu'un Slovaque atterrisse à Dublin, en Irlande, avec une centaine de grammes d'explosifs... L'homme, un électricien de 49 ans, avait passé ses vacances de Noël dans son pays avant de reprendre, samedi 2 janvier, un avion pour l'Irlande, où il travaille. Cinq jours plus tard, une unité antiterroriste a envahi son domicile, au nord de Dublin. Interrogé, le passager a pu démontrer qu'il ignorait tout de ces explosifs, placés à son insu dans sa valise à l'aéroport de Poprad. "Une erreur stupide", a admis le ministre slovaque de l'intérieur, Robert Kalinak, qui a annoncé, jeudi 7 janvier, la démission du chef de la police des frontières, Tibor Mako. Selon le ministre, seule une erreur humaine est en cause et pas le système slovaque de sécurité dans les aéroports. Les services de police avaient décidé de placer huit objets et substances de contrebande dans les valises de passagers, à Poprad et à Bratislava. Sept ont été repérés par les contrôleurs et leurs chiens, ont affirmé les autorités de Bratislava. Celles-ci devront toutefois expliquer pourquoi elles ont tardé à informer Dublin : les officiels irlandais soutiennent que, contrairement à ce qu'affirme le gouvernement slovaque, elles n'ont été averties que tardivement de la bévue. Celle-ci est toutefois prise très au sérieux et un haut responsable de la police irlandaise a été chargé de faire la lumière sur ce qui s'est déroulé en Slovaquie. Et le ministre de l'intérieur, Dermot Ahern, a exprimé ses doutes sur la version fournie par le gouvernement de Bratislava.
11/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/11/slovaquie-un-test-de-securite-aeroportuaire-tourne-au-fiasco_1290069_3214.html
A Belfast, un adultère fragilise la coalition au pouvoir
L'épouse du premier ministre, députée, accusée d'avoir favorisé financièrement son jeune amant.
A sa sortie en 1967, le film de Mike Nichols, Le Lauréat, fit scandale pour avoir montré les amours d'une femme mûre, Mrs Robinson, et d'un jeune homme. Trente-trois ans plus tard, c'est une autre Mrs Robinson, Iris de son prénom, qui défraie la chronique. Mais, cette fois-ci, ses aventures avec son cadet de quarante ans pourraient renverser le gouvernement d'Irlande du Nord et mettre en péril le partage des pouvoirs entre protestants unionistes et catholiques séparatistes durement acquis après trente ans de conflit. Car Mrs Robinson, en plus d'être élue à l'Assemblée régionale d'Irlande du Nord et à Westminster, est aussi l'épouse du premier ministre nord-irlandais, Peter Robinson. Et l'adultère de cette protestante sans concession, homophobe assumée et fervente opposante à l'avortement, s'est accompagné de transactions politico-financières illégales, qui pourraient coûter son poste à son époux. Au nom de l'intérêt public, le leader du Democratic Union Party (DUP) aurait dû dénoncer les irrégularités commises par sa femme. Il affirme aujourd'hui n'en "avoir rien su" et il a diligenté une enquête, vendredi 8 janvier. Mais les appels à sa démission se multiplient dans les rangs unionistes comme séparatistes. Le DUP lui-même apparaît très divisé sur l'avenir de M. Robinson. Samedi, le parti a sacrifié la "first lady" en l'excluant de ses rangs. Le ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord, Shaun Woodward, a mis en garde contre "ce jeu très dangereux" qui pourrait faire tomber le premier ministre. Et surtout mettre à terre l'équilibre précaire qui existe au sein d'un gouvernement que se partagent catholiques et protestants depuis mai 2007, conformément aux accords de paix de 1998. 5 000 livres de commission Si M. Robinson devait démissionner, serait-il possible de trouver un nouvel équilibre entre le Sinn Fein et le DUP, qui s'affrontent depuis plusieurs mois sur les modalités du transfert des pouvoirs de police et de justice de Londres à Belfast ? Le parti unioniste ne serait-il pas tenté de durcir son discours à l'approche des élections générales britanniques ? Trouverait-il un nouveau candidat pour gouverner avec le vice-premier ministre, Martin McGuinness, un ancien commandant de l'IRA ? Après que Mrs Robinson, alors âgée de 59 ans, fut devenue la maîtresse de Kirk McCambley, 19 ans, en juin 2008, le conseil municipal où elle siège a accordé au jeune homme la location d'un lieu pour qu'il y ouvre un restaurant. Ce sont deux de ses connaissances qui ont avancé 50 000 livres (55 500 euros) au jeune entrepreneur, dont un promoteur immobilier qui avait des projets dans la circonscription de Mrs Robinson. Quant aux 5 000 livres de commission qu'elle a demandés à M. McCambley, elles n'ont été déclarées nulle part. Virginie Malingre
11/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/11/a-belfast-un-adultere-fragilise-la-coalition-au-pouvoir_1290071_3214.html
A Rosarno, en Calabre, des bulldozers ont effacé jusqu'à la trace des immigrés
Des tirs contre des journaliers agricoles ont dégénéré en émeutes dans la petite ville italienne.
Dans son lit au premier étage de l'hôpital de Gioia Tauro, près de Rosarno (15 000 habitants) en Calabre, Ayiva Saibou ne peut cacher sa terreur : "C'est du racisme, nous, on n'est pas des criminels", dit-il, la voix cassée. C'est l'agression subie, jeudi soir 7 janvier, par ce travailleur immigré togolais et ses compagnons qui a déchaîné l'enfer à Rosarno. Sur le chemin du retour, après une journée passée dans les champs, ils ont vu une voiture faire demi-tour après les avoir dépassés. Ils ont vite compris que quelque chose n'allait pas. Le passager a baissé la vitre et tiré sur eux avec une carabine à air comprimé. Assez pour les blesser, dit Ayiva Saibou en montrant son jean ensanglanté. Assez aussi pour faire exploser la colère des immigrés. Ce n'est pas la première fois que des journaliers venus ici, dans la plaine de Gioia Tauro, pour la récolte des mandarines, sont agressés. L'an dernier déjà, on leur avait tiré dessus et les abris de fortune dans lesquels ils vivaient avaient été incendiés. Alors, jeudi soir, plus d'une centaine d'entre eux, exaspérés, ont brisé les vitrines, incendiant voitures et poubelles. Le lendemain, les habitants de Rosarno ont répliqué par une véritable "chasse à l'immigré" qui aurait pu se terminer tragiquement. Toute la journée et tard dans la nuit, vendredi, ils ont dressé des barrages et roué de coups les immigrés qui passaient par là. On parle même de bidons d'essence prêts à être utilisés pour "débusquer" ceux qui se cachaient. Des fusils de chasse ont fait leur apparition entre les mains de la population. On comptera une quarantaine de blessés, dont 30 immigrés. Certains n'ont eu la vie sauve que grâce à l'intervention de la police. Lundi matin, la ville a retrouvé son calme et, à part les blessés, il ne reste plus un seul immigré à Rosarno. Plus d'un millier ont été transférés en autobus vers des centres d'hébergement. D'autres sont partis de leur propre initiative. Pour mieux dire, ils se sont enfuis. La preuve : les casseroles encore pleines de pâtes, les chaussures, les vêtements, les valises qui jonchent les taudis où ils vivaient. Et puis les dizaines de vélos restés devant l'une des deux usines désaffectées transformées en logements précaires. Depuis dimanche, des bulldozers sont entrés en action pour les démolir emportant avec eux les dernières traces de vie qui témoignent qu'ici ont tenté de vivre des travailleurs immigrés : comme ce jeu de dames fait de bouchons ou encore ce manuel édité par le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies qui, de toute évidence, n'a pu conjurer la colère des habitants de Rosarno. Quelques-uns sont d'ailleurs là, comme pour s'assurer que le travail de "nettoyage" a été fait jusqu'au bout. "Ils ont eu ce qu'ils méritaient, lâchent-ils. On a dû défendre femmes et enfants. Nous les avons accueillis, nourris, et voilà comment ils nous ont remerciés, en incendiant notre ville." La Calabre s'interroge sur les raisons profondes de ce qui s'est passé. Le parquet a ouvert une enquête sur le rôle qu'a pu jouer dans cette "chasse au Noir" la Ndrangheta, mafia locale qui contrôle aussi le marché du travail. Pourquoi, après des années de "cohabitation", a-t-on voulu se débarrasser de journaliers sans droits, payés 1 euro le cageot de fruits récoltés et soumis à une taxe mafieuse de 5 euros "pour frais de transport" aux champs ? A l'hôpital, des associations caritatives ont apporté linge et bonbons "pour adoucir la situation" et répéter que "la vraie Calabre n'est pas raciste". Mais Ayiva et les autres ne demandent qu'à guérir et partir. Pour eux, Rosarno est une page définitivement tournée. Salvatore Aloïse
11/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/11/a-rosarno-en-calabre-des-bulldozers-ont-efface-jusqu-a-la-trace-des-immigres_1290070_3214.html
Citizen Lebedev
Le milliardaire russe, Alexander Lebedev, qui ne veut pas être assimilé aux hommes d'affaires de son pays, s'est porté au chevet de la presse britannique. Il a acheté le "London Evening Standard" et a des vues sur "The Independent".
Lorsque le négligé est étudié, il faut chercher le message. Voici que, d'un pas sportif, Alexander Lebedev accède au 2e étage de son restaurant japonais favori, situé sur une des artères les plus renommées de Londres, dans le West End. Décor dépouillé, baguettes dans une main pour saisir la chair de homard, BlackBerry dans l'autre : ici, le dress code est classique, costume sur mesure et chaussures fuselées au cuir éclatant. L'homme d'affaires russe, lui, arbore des tennis et un pantalon de treillis militaire. Lorsque le photographe l'interpelle pour la pose, une ombre passe sur le visage du milliardaire, âgé de 50 ans. "Je ne suis pas bien habillé pour la photo !" On a compris le message. Alexander Lebedev ne veut pas être confondu avec les autres milliardaires russes. Pas de vulgarité, de dépenses inconsidérées, de club de football en guise de danseuse. Un homme affable, anticonformiste, avec une conscience. Son engagement récent : acheter des journaux. Pour l'argent ? Personne ne sait, tant le pari semble risqué. En acquérant pour 1 livre sterling, en janvier 2009, l'Evening Standard, une institution de la presse britannique en plein marasme, Alexander Lebedev a surpris. Son calcul consiste à distribuer gratuitement un journal de qualité ; à ne pas se contenter de production médiocre, comme la plupart des titres de cette nature. "C'est une idée révolutionnaire, s'enthousiasme Geordie Greig, le rédacteur en chef recruté par Alexander Lebedev. Nous avons un plan sur trois ans pour parvenir à l'équilibre. Mais nous avons déjà un énorme soutien des annonceurs." Le journal veut profiter de la fermeture de deux autres gratuits, dont le London Lite, pour occuper seul le terrain. Il s'est séparé de 20 journalistes sur 180. "Il y a un an, on tirait à 230 000 exemplaires, dit M. Lebedev. On en est à 600 000. Il en manque sans doute 150 000 pour couvrir tout Londres." On l'interroge sur la viabilité de ce modèle, qui l'a déjà conduit à dépenser 26 millions de livres (28,9 millions d'euros) pour faire face à la crise, en attendant 30 autres, selon ses estimations. "Il est prématuré de faire des prévisions, dit-il. Mon rôle est de financer. Je ne me mêle pas du contenu, tant que c'est impartial et de qualité." Le quotidien The Independent, autre titre historique en pleine crise, se trouve aussi dans sa ligne de mire. Certains spécialistes estiment que son éventuelle transformation en gratuit menacerait la viabilité des autres journaux. Alexander Lebedev et la presse : une histoire ancienne, qui a commencé à Londres, en 1987, lorsqu'il travaillait comme lieutenant-colonel du KGB au sein de l'ambassade soviétique. "J'étais au département extérieur, rien à voir avec le reste du service", insiste-t-il, pour prendre ses distances avec les crimes du passé. Selon l'insipide version officielle, il y aurait passé son temps à lire les journaux britanniques, introuvables en Russie. Sa couverture : conseiller économique. Aujourd'hui, toujours entre deux avions, Alexander Lebedev "défend le droit de dire la vérité". Selon ce fils d'enseignants, appartenant à la Nomenklatura moscovite cultivée, "le journalisme peut être de la vraie littérature". Visiblement, ce n'était pas le cas lorsqu'il dirigeait le Moscovski Korrespondent, qu'il a décidé de fermer en 2008, après un article sulfureux sur une liaison supposée entre Vladimir Poutine et une gymnaste. Mais il est surtout, depuis 1996, le "sponsor" de l'excellent hebdomadaire russe d'investigation Novaïa Gazeta, dont il possède 39 % des parts, où travaillait la journaliste Anna Politkovskaïa, avant d'être assassinée. Il a offert une récompense de 1 million de dollars pour l'arrestation de ses tueurs. "Lebedev est un humaniste éclairé et antistalinien, un Russe européen polyglotte, une espèce rare", résume le directeur de la rédaction, Dmitri Mouratov. Son rapport au pouvoir russe n'en reste pas moins ambigu. "Lebedev a toujours joué sur son image libérale, alors qu'il a été soutenu par des conservateurs, comme Viktor Tchernomyrdine (premier ministre entre 1992 et 1998 après avoir dirigé le géant gazier Gazprom) ", explique un ancien partenaire en affaires. Aujourd'hui, le milliardaire - dont près des deux tiers de la fortune auraient fondu pendant la crise - réserve ses flèches empoisonnées au maire de Moscou, Youri Loujkov. Il le brocarde à coups de notes vengeresses sur son blog. En revanche, face au pouvoir fédéral, Alexander Lebedev se contente de généralités. II critique le "système" des organes de sécurité, "à moitié staliniens", qu'il faut "démembrer", mais ne cite pas leur principal organisateur, Vladimir Poutine. On lui fait la remarque. Ça l'énerve. "J'essaie de convaincre le pouvoir au lieu de m'opposer frontalement", rétorque-t-il. "On se dispute souvent. Parfois, on ne se parle plus pendant deux mois, explique Dmitri Mouratov. On a une divergence majeure. Lui pense que la bureaucratie empêche Poutine de réformer le pays. Nous, nous estimons que Poutine a créé cette bureaucratie." On sait, depuis l'incarcération de l'ancien patron de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, que les milliardaires russes sont priés de se tenir à l'écart de la politique. Alexander Lebedev a tenté d'y goûter. Candidat malheureux à la mairie de Moscou en 2003, puis député à la Douma, il se lance en 2008 dans la course à la mairie de Sotchi, ville balnéaire qui accueillera les Jeux olympiques d'hiver en 2014. On ne l'a même pas laissé concourir. Aujourd'hui, il réfléchit à un autre mode d'action, à la création d'un mouvement civique qu'il animerait avec Mikhaïl Gorbatchev. Le père de la perestroïka "est son modèle et son gourou", résume le journaliste Geordie Greig. Président de la National Reserve Bank (NRB), Alexander Lebedev a fait fortune grâce à la renégociation des dettes extérieures de la Russie, dans les années 1990. Il possède 28 % de la compagnie d'aviation Aeroflot et moins de 1 % de Gazprom. Ses investissements vont du secteur hôtelier en Italie à l'aéronautique en Allemagne. Il revient tout juste du Botswana, où il veut acheter des terres pour y organiser des safaris. Enfin, il n'est pas peu fier de se poser en "plus grand producteur de pommes de terre en Europe", à la tête de 45 000 hectares de champs en Russie et en Ukraine. A Londres, il organise un bal annuel de charité au nom de la Fondation Raïssa-Gorbatchev, qu'il préside. Il a fait construire un centre médical de pointe pour soigner les enfants malades de cancers, à Saint-Pétersbourg. Son fils Evgeni, 29 ans, partenaire en affaires, met à disposition un carnet mondain impressionnant pour mobiliser les donateurs. Beau gosse barbu à la réputation de fêtard, il papillonne entre l'art contemporain, la mode et le théâtre. Alexander Lebedev a aussi créé un centre culturel russe au château des Forgets, à L'Isle-Adam, près de Paris, qu'il a fait entièrement restaurer par le décorateur Jacques Garcia. Il aimerait qu'on lui en soit reconnaissant, côté français, et regrette "le manque d'attention pour le château. J'y ai fait venir le dramaturge Piotr Fiomenko, le violoniste Rostropovitch ou encore Fanny Ardant à l'occasion d'un dîner en l'honneur de Gorbatchev." Pour plus d'écho, il faudrait peut-être acheter un journal français... Piotr Smolar
11/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/11/citizen-lebedev_1290113_3214.html
Jordanie : vidéo-testament de l'auteur de l'attentat-suicide contre la CIA
Humam Al-Balawi, auteur de l'attentat-suicide contre les renseignements américains, le 30 décembre 2009 en Afghanistan, a revendiqué son acte dans une vidéo-testament.
Ce médecin jordanien d'origine palestinienne qui aurait été recruté comme informateur par les services jordaniens y affirme vouloir venger Beitullah Mehsud, chef des talibans pakistanais tué dans un raid américain en août 2009. La vidéo a été diffusée, samedi 9 janvier, sur Al-Jazira, la chaîne satellitaire qatarie. "Venger (Beitullah Mehsud) en Amérique et hors de l'Amérique sera désormais le devoir de tous les émigrés (au Pakistan)", déclare notamment Humam Al-Balawi, en tenue de camouflage. Cette déclaration, et la présence sur la vidéo d'Hakimullah Mehsud, nouveau chef des talibans pakistanais, sont interprétées comme la preuve de leur implication dans l'explosion qui a tué sept agents de la CIA à Khost, ainsi qu'un officier de renseignement jordanien. Cécile Hennion et Cécile Hennion
11/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/11/jordanie-video-testament-de-l-auteur-de-l-attentat-suicide-contre-la-cia_1290064_3216.html
Mystérieuses attaques à l'acide en série à Hongkong
Après une huitième agression, la police reste impuissante, malgré les moyens déployés.
C'est la huitième attaque à l'acide sur des passants, en un peu plus d'un an à Hongkong. Elle porte à plus de cent personnes le nombre de victimes, parmi lesquelles quelques grands blessés, depuis la première attaque en décembre 2008. Samedi soir, vers 21 h 30, la nuit est confortablement fraîche et la foule abonde à l'angle de la rue Nanjing et de la rue du temple Yau Ma Tei, lieu du marché de nuit le plus populaire du territoire. L'ambiance est au marchandage. Les devins de la place du temple, juste à côté, ont fort à faire. Et les gargotes où s'agglutinent touristes et locaux sont pleines. Autant dire que personne n'a vu tomber du ciel les deux bouteilles d'acide qui ont atterri parmi les passants. Les éclaboussures ont blessé une trentaine de personnes, dont un enfant de 7 ans et neuf touristes étrangers - aucun Français. Tous n'ont été que légèrement brûlés et aucun n'a dû rester à l'hôpital. Selon les récits recueillis par la presse locale, les témoins de l'incident ont très vite compris qu'il s'agissait d'une nouvelle attaque à l'acide et ont eu le réflexe, non seulement d'aider les victimes à laver leurs blessures, mais aussi de bloquer toutes les sorties des immeubles alentour, espérant ainsi coincer le coupable sur place. La tactique semble avoir payé puisque la police, complètement bredouille sur les sept précédentes attaques, a interpellé un homme de 39 ans, sur le toit de l'immeuble situé au coin du carrefour de l'attaque, là même où la police a retrouvé les capsules des bouteilles d'acide apparemment jetés sur la foule en contrebas. Tout indiquait alors que le coupable était enfin arrêté et que le cauchemar de ces attaques à répétition, dans des lieux où tout le monde va, était peut-être fini. Pourtant, trente-six heures après l'arrestation, et contre toute attente, la police n'avait toujours pas indiqué qu'elle considérait l'homme comme suspect. Vidéosurveillance Il s'agirait selon certaines informations d'un résident de l'immeuble. Et aucune accusation n'a été formulée à son encontre, ce qui a relancé l'inquiétude et la frustration de la population face à ce qui ressemble de plus en plus à un jeu du chat et de la souris, qui ridiculise la police. D'autant que des grands moyens sont censés avoir été mis en oeuvre. Un nouveau réseau de caméras de vidéosurveillance a été installé dans le quartier de Mongkok, où trois des attaques ont eu lieu. Diverses primes pour des informations menant à l'arrestation du ou des coupables ont été promises. Et des dizaines d'enquêteurs ont été affectés à cette enquête. Mais seul le chef de l'exécutif de Hongkong, Donald Tsang, dont les compétences sont de plus en plus mises en doute, s'est avoué confiant en déclarant que le public ne devait pas s'inquiéter, car ces incidents allaient bientôt cesser. Le lendemain, dimanche soir, à l'endroit même de l'attaque, la vie avait repris d'ailleurs comme si la panique de la veille n'avait jamais eu lieu. Florence de Changy
11/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/11/mysterieuses-attaques-a-l-acide-en-serie-a-hongkong_1290062_3216.html
"Violences anti-chrétiennes en Malaisie à propos de l'usage du nom d'""Allah"""
Des musulmans dénient aux chrétiens le droit d'appeler leur dieu comme le leur et dénoncent une volonté de prosélytisme. La minorité chrétienne s'inquiète d'une islamisation de la société.
Peut-on considérer le mot arabe "Allah" comme une exclusivité musulmane ? Cette question apparemment sémantique suscite, depuis le début de l'année 2010, des tensions interreligieuses en Malaisie, qui ont amené le gouvernement à intervenir dans le débat. Dimanche 10 janvier, quatre églises et un couvent ont été la cible d'attaques et de dégradations. Déjà, dans la nuit de jeudi à vendredi, trois lieux de culte (deux protestants et un catholique) avaient été visés par des bombes incendiaires. Et, à l'issue de la grande prière du vendredi, plusieurs centaines de musulmans avaient manifesté leur opposition à l'utilisation du terme "Allah" par les chrétiens. Ces violences sont liées à la polémique sur l'emploi du mot "Allah" par des non-musulmans. La dispute s'est emballée le 31 décembre 2009, date à laquelle la Haute Cour de Malaisie a autorisé un journal catholique, Herald-The catholic Weekly, édité en quatre langues et tiré à 14 000 exemplaires, à utiliser ce mot pour désigner Dieu. Le journal utilise le terme d'"Allah" dans son édition destinée aux fidèles de langue malaise de l'île de Bornéo. A majorité musulmane et malaise - 60 % de la population -, ce pays de 28 millions d'habitants compte aussi une forte minorité de chrétiens (9 % de la population, dont 850 000 catholiques), de bouddhistes et d'hindouistes, d'origines chinoise et indienne. La Constitution y garantit la liberté de culte. APPEL AU CALME Alors que dans la plupart des pays arabophones le mot "Allah" désigne à la fois le mot "dieu" et le Dieu de l'islam, et est utilisé par les non-musulmans, les musulmans malaisiens ont considéré que l'emploi de ce terme par les chrétiens était susceptible de créer de la confusion et de favoriser le prosélytisme. "Allah n'appartient qu'à nous", scandaient des fidèles à la sortie des mosquées de Kuala Lumpur, vendredi. Face au risque d'embrasement entre communautés, le gouvernement a fait appel de la décision de justice et obtenu, le 6 janvier, la suspension de l'autorisation accordée aux chrétiens par la Haute Juridiction. "Il s'agit d'une affaire relevant de l'intérêt national", a justifié le procureur général pour expliquer cette suspension. Dans son appel, le gouvernement du premier ministre, Najib Razak, au pouvoir depuis avril 2008, s'est référé à une décision du Haut Conseil national de la fatwa de 2008, statuant que le mot "Allah" ne pouvait être utilisé que par des musulmans. Des membres de l'opposition, notamment le Pan-Malaysian Islamic Party, ont accusé le parti au pouvoir, l'Organisation nationale malaise unie (UMNO), de chercher à politiser le sujet. Le premier ministre a condamné les attaques de vendredi contre les Eglises et a annoncé le renforcement de la sécurité autour des lieux de culte chrétiens. Il s'est rendu dans une des églises endommagées, samedi. "L'islam nous interdit d'insulter ou de détruire toutes les autres religions, que ce soit physiquement ou en s'attaquant aux lieux de culte", a-t-il déclaré. Son appel au calme n'a visiblement pas été entendu. Elu avec le plus mauvais score de son histoire en 2008, la coalition est au pouvoir depuis 52 ans. Les minorités ethniques et religieuses dénoncent régulièrement l'islamisation de la société et les discriminations sociales dont elles se disent victimes. Le père Lawrence Andrew, directeur du journal catholique au coeur de cette polémique a jugé, vendredi, que s'il n'y avait "pas de danger immédiat", la situation demeurait "inquiétante". Au Vatican, Mgr Robert Sarah, préfet de la congrégation pour l'évangélisation des peuples, s'est inquiété sur Radio Vatican, vendredi : "Je pense qu'il existe réellement une volonté d'anéantir les chrétiens, de les ignorer, de refuser d'admettre qu'ils ont une foi en Dieu. Le fait qu'il leur soit interdit de prononcer le nom de Dieu revient à les considérer comme des païens qu'il faut donc convertir à l'islam."
11/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/11/violences-anti-chretiennes-en-malaisie-a-propos-de-l-usage-du-nom-d-allah_1290061_3216.html
110 000 Congolais de RDC se sont réfugiés au Congo-Brazzaville
Ils fuient les affrontements ethniques et les violences de l'armée de Kinshasa.
Fuir les violences et, sur des pirogues, traverser l'Oubangui, un affluent imposant du fleuve Congo. Quitter la rive droite et la République démocratique du Congo (RDC), et chercher refuge en face, en République du Congo. Depuis un peu plus de deux mois, prés de 110 000 personnes - essentiellement des femmes et des enfants - ont franchi la frontière entre les deux Congos et se sont éparpillés le long de l'Oubangui sur près de 500 kilomètres. D'autres - 15 000 personnes, selon les institutions des Nations unies - ont préféré chercher refuge plus au nord, en Centrafrique, toujours le long du fleuve Oubangui. D'autres encore - près de 50 000, estime-t-on, sans quitter le nord-ouest de la RDC et la province de l'Equateur, auraient abandonné leurs villages. Difficile de savoir ce qui se passe vraiment en Equateur depuis le début des troubles il y a un peu plus de deux mois. La région, naguère fief de Jean-Pierre Bemba, ancien rebelle incarcéré à La Haye, aux Pays-Bas, dans l'attente d'être jugé par la Cour pénale internationale, est éloignée de tout, difficile d'accès. Et, à Kinshasa, les autorités sont muettes ou presque sur les violences qui ont fait, selon les chiffres officiels, 270 victimes, pour la plupart civiles. A l'origine, il y a cette rivalité ancienne entre deux ethnies pour le contrôle d'étangs poissonneux d'une importance vitale pour les uns et les autres. Le 28 octobre 2009, le contentieux a dégénéré, comme le laissaient redouter des mois d'affrontements sporadiques. Ce jour-là, près d'un millier d'hommes en armes de la tribu Lobola, venus d'Enyelé, s'emparent de la ville de Dongo et tuent des civils et une cinquantaine de policiers. S'ensuit une première vague de réfugiés. La deuxième, massive et mieux organisée, surviendra fin décembre, lorsque Kinshasa, qui entre-temps a repris le contrôle de Dongo, annonce son intention de rétablir l'ordre coûte que coûte. C'est ce que s'efforcent de faire, depuis, plusieurs milliers de gendarmes et de militaires acheminés sur place grâce à l'appui logistique fourni par la Mission des Nations unies en RDC, la Monuc (cette dernière a déployé 500 casques bleus dans la zone). La marine de la RDC est également à pied d'oeuvre et une opération navale serait en préparation, selon des sources diplomatiques. Mais l'armée congolaise, mal encadrée et indisciplinée, payée de façon épisodique, traîne derrière elle une réputation exécrable. "Les réfugiés avec qui nous avons parlé disent qu'ils fuient autant la violence de l'armée régulière que celle liée aux affrontements interethniques", note le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en République du Congo, Stephan Grieb. De l'autre côté de l'Oubangui, la situation humanitaire est délicate, même si les violences ethniques n'ont pas été "exportées" par les réfugiés - accueillis sans difficulté par la population locale désormais minoritaire. "Les gens sont souvent apparentés de part et d'autre du fleuve. Les locaux ont partagé le peu qu'ils avaient", souligne un responsable gouvernemental congolais. La solidarité a permis d'éviter une catastrophe humanitaire majeure. Même si depuis une semaine l'afflux des réfugiés en République du Congo ralentit, leur prise en charge pose de sérieux problèmes. Ce sont des milliers de tonnes de nourriture, de médicaments qu'il faut acheminer dans le nord-est du pays, alors que les barges ne pourront plus naviguer sur l'Oubangui avec l'arrivée prochaine de la saison sèche. Des campagnes de vaccination sont indispensables ainsi que l'enregistrement des réfugiés. "Nous allons lancer dans quelques jours un appel international. On a besoin de fonds, de logistique, de nourriture", résume le représentant du HCR. D'ores et déjà, une poignée de pays occidentaux ont débloqué des crédits d'urgence. La France a été sollicitée pour mettre à la disposition des organisations humanitaires un avion de transport militaire. A Paris, le ministère de la défense hésite pour des raisons budgétaires. De passage à Brazzaville, samedi 9 janvier, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a promis d'intervenir auprès de son collègue de la défense, Hervé Morin. De leur côté, les autorités de Brazzaville redoutent que les réfugiés ne s'installent durablement, au risque de déstabiliser la région. Le président Sassou Nguesso a pris contact avec son homologue de la RDC, Joseph Kabila. Mais sans recevoir d'assurance sur un prochain retour de la paix en Equateur. Jean-Pierre Tuquoi
11/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/11/110-000-congolais-de-rdc-se-sont-refugies-au-congo-brazzaville_1290060_3212.html
Le football africain fragilisé à cinq mois de la Coupe du monde en Afrique du Sud
La fusillade du Cabinda est le deuxième incident majeur en Afrique lors d'une compétition de football. Pour la FIFA, il n'y a pas lieu de dramatiser.
La Coupe d'Afrique des Nations (CAN) a commencé à Luanda, en Angola, dimanche 10 janvier, par un match d'ouverture spectaculaire entre le pays hôte et le Mali (4-4). Au même moment, l'équipe du Togo quittait l'enclave du Cabinda. C'est dans ce bout de terre, situé au nord de l'Angola, qu'elle devait, lundi, rencontrer le Ghana pour son premier match. C'est dans cette enclave - un des quatre sites où se déroule la CAN jusqu'au 31 janvier - que des joueurs togolais ont "frôlé la mort". Vendredi, les Eperviers ont été victimes d'une fusillade revendiquée par les Forces de libération de l'Etat du Cabinda-Position militaire (FLEC-PM). Leur bus a été mitraillé lors du franchissement de la frontière entre le Congo-Brazzaville et l'Angola. Bilan : deux morts - le chargé de communication Stanislas Ocloo et l'entraîneur-adjoint Abalo Amelete - et neuf blessés. "ACTE DE TERRORISME" Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football (CAF) - l'organisatrice de la compétition - a fait part de "son profond désarroi (...). Vous (les Togolais) étiez venus pour le sport et c'est la mort que deux de vos frères ont rencontrée". Son porte-parole, Souleiman Habuba, s'étonnait, de ce que le Togo soit la seule équipe à s'être rendue en Angola en bus et non par avion. Antonio Bento Bembe, ministre chargé des affaires du Cabinda, a qualifié la fusillade d'"acte de terrorisme". Immédiatement après la fusillade, la sélection du Togo a affirmé qu'elle quittait la compétition. Le lendemain, les Eperviers ont souhaité revenir sur leur décision. "En mémoire de ses disparus, l'équipe nationale a décidé de participer à la CAN, assure l'attaquant Thomas Dossevi. On a tous très mal au coeur (...), mais nous avons envie de montrer nos couleurs, nos valeurs et que nous sommes des hommes." Mais le gouvernement togolais - qui a décrété trois jours de deuil national - a dépêché un avion, dimanche soir, pour ramener les joueurs. La fusillade du Cabinda est le deuxième incident majeur en Afrique lors d'une compétition de football. Le 14 novembre 2009, le bus de la sélection algérienne avait été caillassé en arrivant au Caire. Le match qualificatif pour la Coupe du monde 2010 avait été maintenu face à l'Egypte malgré des joueurs blessés. Pour la Fédération internationale de football (FIFA) - qui organise dans cinq mois son premier Mondial sur le Continent noir en Afrique du Sud -, il n'y a pas lieu de dramatiser. Elle rappelle qu'elle a organisé trois compétitions majeures en 2009 en Afrique et "que tout s'est bien passé". "Il ne faut pas comparer l'Angola et l'Afrique du Sud, explique le Franco-sénégalais Pape Diouf, ex-président de l'Olympique de Marseille, présent à Luanda. Au Mondial, il faudra redouter la délinquance." A son arrivée, dimanche soir, à Lomé, l'équipe du Togo a fait savoir qu'elle souhaitait toujours concourir. Elle a demandé aux organisateurs un aménagement du calendrier pour permettre une participation dans le groupe qui rassemble, en outre, le Ghana, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire. Mustapha Kessous
11/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/11/le-football-africain-fragilise-a-cinq-mois-de-la-coupe-du-monde-en-afrique-du-sud_1290059_3242.html
Taxer Google ? Une perverse stupidité et un acte défaitiste
Puisqu'ils gagnent, taxons-les ! Le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, vient donc d'ajouter sa voix au choeur des "pleureuses" qui réclamaient de longue date que le géant américain de l'Internet Google soit puni pour sa domination insolente du marché de la publicité en ligne.
Puisqu'ils gagnent, taxons-les ! Le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, vient donc d'ajouter sa voix au choeur des "pleureuses" qui réclamaient de longue date que le géant américain de l'Internet Google soit puni pour sa domination insolente du marché de la publicité en ligne. Le président français veut que Google paie une partie de ses impôts en France - c'est, par parenthèse, déjà le cas. Cette volonté élyséenne fait suite à la proposition du rapport "Création et Internet" commandé par le gouvernement, préconisant une taxe de 1 % à 2 % sur la publicité en ligne qui aiderait à subventionner, notamment, l'industrie de la musique ou d'autres fournisseurs de contenus. Ces idées n'ont pas de sens. Elles pourraient même se retourner contre leurs bénéficiaires présumés. La France a régulièrement cherché à entraîner ses partenaires européens dans une série d'aventures destinées à concurrencer Google, promu au statut de "Grand Satan" de la domination américaine. Ces efforts généreusement subventionnés ont régulièrement échoué, manquant à la fois de technologies incontestables et de marchés solvables. Google semble désormais pour le gouvernement français la cause et le symbole de la crise qui frappe l'industrie des médias, violemment remise en cause par le Net. Comme si cette entreprise était responsable du téléchargement illégal de la musique, ou de la baisse de diffusion des journaux. Comme toujours lorsqu'un choc technologique menace des situations acquises, les responsables français trouvent refuge dans le réflexe pavlovien "taxe et subventionne". Dans ce jeu pervers, tout le monde est complice. Les sites d'information en ligne ont tendu la sébile pour solliciter du gouvernement des subsides équivalents à ceux dont les journaux bénéficient de longue date - et compte tenu de l'avidité naturelle du gouvernement pour se créer des obligés, ils les ont obtenus. La presse écrite, de son côté, demande désormais des aides pour l'aider à mieux négocier le tournant du Net : ne doutons pas qu'elle les obtiendra. Enfin, l'industrie de la musique quémande évidemment de l'aide - lisons : des fonds publics - pour compenser l'insupportable outrage du téléchargement sauvage. Compte tenu de l'ampleur du déficit de son propre budget, le gouvernement doit bien trouver de l'argent quelque part. Mais frapper les Google, Yahoo! et autres Microsoft d'un impôt taillé sur mesure n'est pas seulement une mesure protectionniste. C'est aussi un acte défaitiste. La mutation de la publicité vers le Net doit être encouragée, pas taxée. Et les subsides d'Etat ne font qu'installer les médias dans l'illusion suicidaire que la recherche pourtant cruciale de lecteurs payants peut encore attendre un peu. Pour plus de commentaires, connectez-vous sur . Pierre Briançon
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/taxer-google-une-perverse-stupidite-et-un-acte-defaitiste_1290092_3234.html
La tenue des Jeux de Vancouver divise le monde autochtone
A l'approche des Jeux d'hiver (du 12 au 28 février à Vancouver et Whistler), des défenseurs des droits autochtones unissent leurs forces à des militants anticapitalistes et antiracistes pour dénoncer les JO.
A l'approche des Jeux d'hiver (du 12 au 28 février à Vancouver et Whistler), des défenseurs des droits autochtones unissent leurs forces à des militants anticapitalistes et antiracistes pour dénoncer les JO. Et se font entendre. Le relais de la flamme olympique a été perturbé en décembre par des manifestations dans plusieurs villes canadiennes, dont Toronto, Montréal et Victoria, forçant l'annulation de cérémonies et des changements de trajets. Les opposants - dont le site no2010.com sert de lieu virtuel de ralliement - promettent de poursuivre leurs actions durant les Jeux, avec pour point culminant l'événement parallèle "Convergence 2010", organisé du 10 au 15 février à Vancouver, pour dénoncer pêle-mêle "l'invasion des sponsors, la répression policière et le colonialisme vis-à-vis des autochtones". Certains contestataires critiquent le fait que les compétitions auront lieu sur des terres dont les Amérindiens ont été dépossédés, arguant que leurs revendications territoriales en Colombie-Britannique n'ont pas mené comme ailleurs à des traités reconnaissant leurs droits, par exemple sur les ressources naturelles. Leur slogan "Pas de Jeux olympiques sur des terres volées aux autochtones" fait pendant à celui de "2010 logements, pas de Jeux 2010", scandé par ceux qui s'inquiètent de la répression policière en cours pour "nettoyer" la ville de Vancouver de ses SDF avant les JO. Les militants anticapitalistes sont aussi de la partie, au sein du mouvement "Résistance 2010", critiquant les milliards de dollars de fonds publics investis dans la compétition et un esprit olympique plus mercantile que sportif. La tenue des Jeux divise cependant le monde autochtone. Quatre "Premières Nations" de Colombie-Britannique (Squamish, Lil'wat, Musqueam, Tsleil-Waututh) appuient le comité d'organisation des Jeux de Vancouver, estimant que leur participation sera profitable au développement économique et au rayonnement culturel de leurs communautés. Les opposants accusent au contraire le comité d'avoir "acheté le silence de ces nations" regroupées au sein d'une "Société des quatre Premières Nations hôtes" des JO, qui a obtenu plusieurs millions de dollars de subventions, des emplois pendant les travaux d'infrastructures et la construction d'un centre culturel à Whistler. Un "pavillon autochtone", d'un coût de 6 millions de dollars canadiens (4 millions d'euros), a aussi été inauguré à Vancouver en décembre. "Nous vivons ici. Nous faisons partie du monde et croyons que les Jeux vont avoir des effets bénéfiques pour plusieurs générations", s'est alors défendu le chef de la Nation Squamish, Billy Williams. Anne Pélouas, à Montréal
11/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/11/la-tenue-des-jeux-de-vancouver-divise-le-monde-autochtone_1290130_3242.html
L'Argentine vend l'argenterie pour financer ses excès
Le gouverneur de la Banque centrale, Martin Redrado, a été destitué par la présidente Cristina Kirchner, après avoir tenu tête au gouvernement, qui veut puiser dans les réserves de devises pour rembourser les échéances de la dette publique.
Le feuilleton à rebondissements qui agite l'Argentine est loin de son épilogue. Le gouverneur de la Banque centrale, Martin Redrado, a été destitué par la présidente Cristina Kirchner, après avoir tenu tête au gouvernement, qui veut puiser dans les réserves de devises pour rembourser les échéances de la dette publique. Même si la justice a rétabli M. Redrado dans ses fonctions le 8 janvier, il a peu de chances d'empêcher Mme Kirchner de faire main basse sur les 48 milliards de dollars (33 milliards d'euros) de réserves. Mais il tiendra sa revanche le jour où, tous les fonds ayant été consommés, une nouvelle crise viendra secouer le pays. Bien sûr, cela n'arrivera pas tout de suite. L'état des finances publiques est sérieux mais pas apocalyptique. Buenos Aires a trouvé les moyens de financer son supplément de dépenses de différentes façons, notamment, en 2008, en nationalisant le système de retraite. Le gouvernement a aussi essayé, sans succès, de taxer lourdement les prospères exportateurs de matières premières. Dans un contexte où, depuis les élections de 2009, Mme Kirchner a perdu la majorité au Congrès. Mais pour faire face à des échéances de dette extérieure de 15 milliards de dollars en 2010, il a fallu imaginer d'autres solutions. Le ministre de l'économie, Amado Boudou, a alors inauguré, en décembre 2009, le "Fonds bicentenaire pour la réduction de la dette et la stabilité", lequel se voyait habilité par décret présidentiel à réclamer... 15 milliards de dollars à la Banque centrale. Les réserves de devises de 48 milliards de dollars, accumulées grâce aux cours élevés des matières premières, devaient permettre d'empêcher toute crise jusqu'aux prochaines élections présidentielles, en principe en octobre 2011. M. Redrado a déclaré que seul un décret du Congrès pourrait le faire démissionner, et ce décret, Mme Kirchner aura du mal à l'obtenir. Cela étant, son mandat arrive à échéance en septembre : la présidente n'aura donc pas longtemps à attendre pour avoir les coudées franches. Une fois libérées, les réserves de la Banque centrale couvriront les échéances de 2010, voire celles de 2011. Quant à M. Boudou, il prépare le retour du pays sur les marchés de dette internationaux : tout va donc bien, la fête peut continuer... Il arrivera pourtant un jour où l'Argentine n'aura même plus de bas de laine à vider pour financer son train budgétaire extravagant. Ce jour-là, M. Redrado sera en bonne position pour demander à réintégrer ses fonctions. (Traduction de Christine Lahuec.) Pour plus de commentaires, connectez-vous sur . Martin Hutchinson
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/l-argentine-vend-l-argenterie-pour-financer-ses-exces_1290103_3234.html
Secrets bancaires
Environ 3 000 personnes se sont fait connaître depuis que Bercy a invité les évadés fiscaux à rapatrier leurs économies cachées à l'étranger.
Elle a gardé l'encombrant secret toute sa vie. Mais lorsqu'elle a appris, à 82 ans, que l'Etat allait lancer une grande opération de régularisation fiscale, la vieille dame s'est dit que le moment était venu de parler. A l'avocat qui la reçoit alors dans son élégant cabinet de Neuilly, Emilie S. raconte comment, en 1950, à 24 ans, elle a reçu en héritage, de la part d'un inconnu, 1,3 million de francs de l'époque (200 000 euros actuels), sur un compte en Suisse. L'inconnu avait fait la guerre de 1914 avec son père. Sans famille, il avait décidé de léguer sa fortune, mise à l'abri dans une banque genevoise, à "l'enfant" de l'ami connu dans les tranchées. La "belle histoire" d'Emilie S., difficile à justifier auprès du fisc, même si celle-ci affirme n'avoir jamais, en un demi-siècle, osé toucher à ce drôle de cadeau, est loin d'être unique. Entre avril et décembre 2009, la cellule de régularisation des avoirs cachés à l'étranger par des contribuables français, installée par le ministre du budget, Eric Woerth, a suscité des confessions inattendues. Bien sûr, parmi les 3 000 candidats à la repentance fiscale, figurent des tricheurs patentés. Des contribuables allergiques à l'impôt et à l'Etat qui, après avoir soustrait de l'argent au fisc des années durant, dans un monde bienveillant envers les paradis fiscaux, redoutent à présent d'être poursuivis et sanctionnés. Des fraudeurs attirés par les promesses du gouvernement, la clémence de l'administration fiscale, l'absence de poursuites pénales et, très souvent aussi, la perspective de bénéficier à l'avenir du bouclier fiscal instauré par le gouvernement Villepin en 2006. On trouve dans ce "bottin des 3 000" un riche financier bien connu des milieux d'affaires qui a mis sa retraite (et son carnet d'adresses) à profit pour aider des grands patrons de sa connaissance à mener à bien quelques opérations stratégiques délicates, et dont les commissions perçues en remerciement de ses bons services ont été versées sur un compte au Luxembourg. Ou cet industriel qui, revenant en France après de longues années d'expatriation, fortune faite grâce à un héritage, s'est gardé d'en faire la déclaration auprès de l'administration fiscale française. Il y a aussi cet intellectuel, qui, suivant le conseil de ses banquiers d'affaires, a créé plusieurs sociétés financières offshore, pour y cacher sa fortune personnelle. Mais l'administration fiscale a aussi vu venir à elle des fraudeurs d'un tout autre genre. Des fraudeurs presque "malgré eux", dont l'histoire personnelle raconte l'Histoire de France dans sa période récente. Ainsi, ce vieux juif rescapé des camps, seul survivant d'une famille, qui, pour protéger son patrimoine de la spoliation sous le régime de Vichy, l'avait expatrié en Suisse. "Je vais régulariser ma situation. Je paierai les pénalités qu'on me demande, a-t-il confié à son avocat. Mais j'ai du mal à me considérer comme un fraudeur vis-à-vis de l'Etat français, qui, en 1942, a participé à la déportation de ma famille." "Dans cette affaire, confirme Pierre Dedieu, avocat associé chez CMS bureau Francis Lefebvre à Paris, on tombe sur des cas surprenants. Certains sont émouvants. D'autres amusants. On voit défiler les grandes dates de l'histoire contemporaine et les craintes qu'elles ont suscitées." On croise des familles qui ont pris peur en 1936 au moment du Front populaire, pendant la seconde guerre mondiale, lors de l'écrasement du "printemps de Prague", en 1968, ou encore à l'entrée des communistes au gouvernement français en 1981. "Pour beaucoup d'entre elles, ce sont ces événements, et non des considérations d'ordre fiscal, qui les ont conduites à sécuriser leurs actifs à l'étranger", observe Pierre Dedieu. C'est le cas de ce riche particulier qui a sorti entre 30 et 40 kg d'or de France, en août 1968, après l'entrée des chars russes en Tchécoslovaquie. Pour l'avocat, les témoignages de ces repentis fiscaux ont aussi une portée sociologique. Car, relate-t-il, la plupart des personnes qui ont dissimulé de l'argent à l'étranger, pour le protéger, sont aujourd'hui âgées. Et beaucoup ont conscience que ces pratiques correspondent à une époque révolue. Ils admettent, et constatent, qu'un changement de société s'opère. Au moment d'hériter, leurs enfants et leurs petits-enfants leur demandent des comptes. Ils veulent que tout soit en règle. Pas seulement pour respecter la loi mais aussi, parfois surtout, pour pouvoir jouir librement de leur argent. Leurs aïeuls thésaurisaient. Eux veulent consommer. Ainsi, bon nombre de demandes de régularisation ont été poussées par la nouvelle génération. Celle des héritiers qui veulent pouvoir montrer patte blanche. Jean-Yves Mercier, fiscaliste de renom chez CMS bureau Francis Lefebvre, le confirme : "Dans ces milieux extrêmement aisés, les jeunes générations rompent avec des pratiques qui étaient presque passées dans la culture familiale. Ils ne veulent pas de problème." Si les dossiers se règlent assez facilement dans les familles unies - surtout s'il s'agit d'héritages antérieurs à 2003, pour lesquels les droits de succession sont prescrits -, ils s'avèrent plus délicats à gérer en cas de conflit entre cohéritiers sur l'opportunité de se dénoncer au fisc. Que l'un veuille et l'autre pas, et la procédure devient impossible. Sauf pour l'audacieux qui entamerait la régularisation seul, au risque d'un contrôle fiscal généralisé pour tous les membres d'une famille. Et d'une guerre familiale assurée. Cela s'est produit lors d'une récente affaire de succession. L'administration avait été mise au courant d'une grosse affaire de succession par le plus jeune héritier, qui ne voulait courir aucun risque vis-à-vis du fisc. Ses frères et soeurs ont eu la surprise de voir arriver le même jour, à leur domicile, une lettre des impôts leur annonçant un contrôle. Mais c'est souvent le soulagement qui domine au terme d'une procédure de régularisation. Un avocat parisien cite le cas d'un riche industriel dont la fortune était cachée au Luxembourg depuis plusieurs générations et qui, pour apaiser sa culpabilité, faisait chaque année un gros chèque à une association caritative. Cet autre cadre retraité d'une filiale étrangère d'un groupe industriel français a fait une donation de 200 000 euros à des oeuvres au moment de sa régularisation. "Ceux qui viennent se régulariser vivent mal leur incivisme. Ils ont un poids sur la conscience, atteste Jean-Yves Mercier. C'est étonnant, mais les détenteurs d'avoirs cachés issus d'un héritage sont souvent des contribuables scrupuleux qui acquittent leur impôt sur la fortune !" Au contraire, l'un de ses confrères évoque, amusé, cet homme d'affaires qui, régularisant sa situation auprès du fisc français, lui a demandé à conserver un "petit compte", avec "quelques avoirs", en Belgique. Quel que soit leur degré de culpabilité, les "repentis" partagent tous une même préoccupation de discrétion. Mais ces histoires particulières ne doivent pas faire oublier le vrai visage de l'évasion fiscale. Le bilan de la cellule de régularisation de Bercy reste modeste. Elle n'a attiré dans ses filets qu'une majorité de "fraudeurs passifs", comme les nomme l'administration, même si les montants des capitaux cachés sont parfois spectaculaires : entre 1 et 3 millions d'euros pour un bon nombre de dossiers "haut de gamme" et jusqu'à plusieurs dizaines de millions d'euros pour quelques cas ! Les "vrais" fraudeurs, c'est-à-dire la grande majorité, sont, eux, restés dans l'ombre. La stratégie mise en oeuvre par M. Woerth, qui s'est procuré une liste comportant des milliers de noms de fraudeurs potentiels, pour partie issue d'un vol de données par un ancien employé de la banque HSBC en Suisse, les fera-t-elle sortir du bois ? "Beaucoup ont peur de se retrouver fichés par l'administration fiscale, estime le président du Cercle des fiscalistes, Philippe Bruneau. Les Français ont toujours eu un rapport particulier au fisc. On est passé d'une relation de méfiance après-guerre, à de la défiance dans les années 1990, qui s'est accentuée ces dernières années." Les avocats ne sont pas convaincus de l'efficacité de la méthode Woerth. Ils pensent qu'elle ne fonctionnera pas auprès des fraudeurs "en plein exercice de leur art". Ceux-là, disent-ils, alimentent régulièrement leurs comptes dans les paradis fiscaux et n'ont pas la moindre envie de régulariser leur situation. Ils resteront en Suisse, au Luxembourg ou au Lichtenstein, où ils pourront négocier de manière discrétionnaire d'avantageux forfaits fiscaux. Les derniers ne se dévoileront pas, de peur d'être jugés plus criminels qu'ils ne sont. D'autres, enfin, voudront garder le secret d'une fortune cachée à l'étranger, de peur de susciter la convoitise de leur propre famille. "On ne se fait pas beaucoup d'illusions : les gens qui dissimulent des avoirs dans des paradis fiscaux grâce à des techniques sophistiquées ne vont pas toquer à la porte du ministère des finances, lance Vincent Drezet, du Syndicat national unifié des impôts (SNUI). La seule chose efficace, c'est de dissuader la fraude avec des mesures législatives fortes." Quant à l'argent sale caché à l'étranger, il revient à la justice de le traquer. Car les fonds provenant du crime organisé ou de délits imprescriptibles tels que l'abus de bien social (ABS) ne peuvent évidemment faire l'objet d'une régularisation. Pour se protéger contre tout abus, les avocats exigent d'ailleurs de leurs clients une lettre attestant de leur honnêteté. Qu'ils pourront, le cas échéant, produire devant un juge. Anne Michel
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/secrets-bancaires_1290109_3234.html
La Ligue 1 veut faire évoluer les mentalités avant de passer aux terrains synthétiques
Un tiers des rencontres de 32es de finale de la Coupe de France ont dû être ajournées pour cause de pelouses impraticables après les intempéries.
Nice, qui a été éliminé dimanche 10 janvier de la Coupe de France par les amateurs de Plabennec (2-1) aurait sans doute préféré que son match s'ajoute aux treize rencontres des 32es de finale reportées en raison du froid. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour que ressurgisse le débat autour de la pelouse synthétique, une surface moins sensible aux aléas climatiques que l'herbe. Interdits par la Ligue de football professionnel (LFP) en 2005, les terrains synthétiques ont été autorisés en France, en avril 2008, pour les matchs de Ligue 1, après que Rennes en eut fait la demande. "Historiquement, le football est un sport qui se pratique sur un terrain en herbe", avance Arnaud Rouger, directeur des activités sportives de la LFP pour justifier cet agrément tardif. Autorisées par la Fédération internationale (FIFA) pour les compétitions officielles depuis 2004, les pelouses synthétiques ont déjà investi les stades suisse (Berne), autrichien (Salzbourg), norvégien (Odd Greenland), néerlandais (Polman Stadion) et surtout russe (Moscou), où le climat ne permet pas de maintenir les pelouses en état toute l'année. A Rennes, "on avait un gros problème de qualité de pelouse", justifie Pierre Dréossi, le manageur général du club. Orientée est-ouest, une partie du terrain du stade de Lorient est en permanence à l'ombre des tribunes. Résultat : une pelouse détrempée tout l'hiver. Malgré le feu vert de la LFP, le club breton a pourtant opté pour une nouvelle pelouse 100 % herbe fraîche à la rentrée 2008-2009 ! Côté pile, les dirigeants rennais ont estimé que "le marché en pleine mutation technique n'était pas complément terminé". "On aimerait ce qu'il y a de mieux pour ne pas avoir de rejet des spectateurs et des utilisateurs", explique Pierre Dréossi. Côté face : les mentalités rechignent. Les terrains synthétiques permettraient d'organiser d'autres événements dans les stades (concerts, levées de rideau...) grâce à leur résistance nettement supérieure. Mais les joueurs et les entraîneurs envisagent encore mal de jouer sur du caoutchouc le week-end. Le club du Mans s'est lui aussi résolu à doter sa nouvelle enceinte d'une pelouse naturelle. "Il y a une conviction des entraîneurs qu'on ne pratique pas le foot de la même façon sur du synthétique : le jeu se fait plus au sol qu'en l'air, il y a moins de tacle...", affirme Fabrice Favetto, directeur général du club. "La surface synthétique change tout : la technique, les appuis. Il faut que Frédéric Thiriez (le patron de la LFP) fasse un match sur cette surface pour qu'il voie les douleurs qu'il aura après", s'est plaint Sébastien Grax, attaquant de Guingamp, au retour du Trophée des champions disputé à Montréal, à l'été 2009, sur synthétique. "C'est culturel" Pourtant, de l'avis des instances dirigeantes, le synthétique devrait se généraliser... à terme. "C'est culturel. Il y a encore beaucoup d'appréhension car c'est novateur et les joueurs préfèrent le naturel, pense Pierre Dréossi. J'ai un ou deux joueurs de plus de 30 ans qui n'ont pas envie de jouer sur du synthétique." Mais la nouvelle génération de footballeurs, passée par les centres de formation où les terrains artificiels sont depuis longtemps adoptés en raison des fréquences d'utilisation, pourrait changer la donne. Dans l'attente d'une évolution des mentalités, le grand stade Lille Métropole, prévu pour 2012, sera doté d'une pelouse naturelle, mais " des dispositions techniques sont envisagées pour passer au synthétique si la décision est prise", dévoile Jean-Claude Mutel, directeur de projet à Eiffage travaux public. Avec les nouvelles versions de pelouses synthétiques, les joueurs pourraient oublier "leurs expériences traumatologiques", selon l'expression de Fabrice Favetto. " Il y a vingt ans, il ne fallait pas tomber dessus, mais, aujourd'hui, le gazon est composé d'une fibre dans laquelle il y a du sable et des granulés en caoutchouc qui donnent une sensation de confort, explique Paul Loïc, dirigeant de Sportingsols, fabricant de sols sportifs.Les produits se rapprochent du naturel aussi bien au toucher qu'esthétiquement, et ils ne font pas plus mal qu'un gazon naturel." Candidats à l'organisation de l'Euro 2016, les stades français se concentrent pour l'heure sur le cahier des charges édicté par l'UEFA. Un match serré pour le synthétique, puisque l'instance européenne prévoit, pour sa part, l'utilisation de pelouses naturelles. Lorraine Gublin
11/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/11/la-ligue-1-veut-faire-evoluer-les-mentalites-avant-de-passer-aux-terrains-synthetiques_1290129_3242.html
La fourrure pare à nouveau manteaux et sacs à main
Phénomène de mode ? Cette année, la fourrure est partout : sur les cols, les poignets des manteaux, autour des capuches des doudounes, sur les sacs à main.
Phénomène de mode ? Cette année, la fourrure est partout : sur les cols, les poignets des manteaux, autour des capuches des doudounes, sur les sacs à main... Les adolescents branchés arborent des gilets sans manches en lapin ou des chapkas. Les attaques répétées au fil des années sur la façon dont les bébés phoques ont pu être malmenés ou les sévices infligés à ces animaux à poils longs ou courts n'ont, semble-t-il, plus prise face au raz-de-marée que constitue cette nouvelle mode. Les campagnes de publicité sur les flancs de bus parisiens ont beau arborer cette semaine le slogan "Porter une fourrure, c'est porter la mort", Paul Bévière, le président de la Fédération française des métiers de la fourrure, affirme que le chiffre d'affaires de ce secteur augmente de 10 % par an depuis dix ans. En 1995, il a traversé sa pire année (115 millions d'euros) pour atteindre progressivement 311 millions en 2007. "Cette année, c'est l'explosion, dit-il. Tous les vendeurs de textile en proposent, on en trouve même sur les capuches des jeunes du "9-3"...", dit-il. Pour arriver à cette savante statistique, il utilise depuis des années un moyen de mesure - le seul du marché français - qui pondère divers facteurs comme les importations et les exportations de peaux, tannées, et les fourrures utilisées par les fourreurs et le prêt-à-porter. Aujourd'hui, le vison est l'animal le plus utilisé par les fourreurs, suivi par le renard, qui décline un peu, et le "finn raccoon", un raton laveur de plus en plus demandé. Les noms, dans la fourrure, ont leur importance : "Dans les années 1900, pour éviter de faire fuir les clientes, le raton laveur s'appelait la marmotte. Il n'avait jamais vu les Alpes. De même, le chien viverrin est tout sauf un canidé, c'est aussi un raton laveur", explique M. Bévière. "Le fait que les jeunes femmes se mettent à porter de la fourrure est une chose positive", se réjouit Francine Sprung, chez Sprung Frères, l'une des marques de luxe française, qui fabrique à l'ancienne rue de Paradis (10e arrondissement de Paris). "Ce n'est plus un accessoire de grand-mère ou le manteau sorti pour aller à l'opéra. Les codes évoluent." Toutefois elle regrette que l'on voie aussi dans la rue des femmes avec des "déchets de fourrures", si vilains qu'elle les qualifie avec dédain de "vêtements à poils"... "Des affaires en or" La demande de fourrures profite en effet davantage au prêt-à-porter qu'aux fourreurs. Les grosses sociétés du secteur - Rizal, Sprung Frères ou Yves Salomon - sont diversement concernés. Parfois, elles travaillent pour la mode, mais bien souvent les prix demandés sont beaucoup trop bas. Et l'industrie de la mode préfère, la plupart du temps, se fournir dans des pays où la main-d'oeuvre est bon marché. Pragmatique, M. Bévière assure que "si la température passe sous les - 2 oC à Paris pendant l'hiver, les fourreurs feront des affaires en or". Nathan Sprung, porte-parole de La Fourrure française, l'émanation de l'International Fur Trade Federation, se réjouit que "grâce aux créateurs de mode, la fourrure retrouve enfin ses lettres de noblesse en dépit des attaques dont elle a fait l'objet". Il assure que "les animaux élevés pour leur fourrure sont aujourd'hui mieux surveillés que ceux destinés à la filière alimentaire". Et que les films atroces sur les bébés phoques ne sont plus que des images d'archives. Nicole Vulser
11/01/2010
economie
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Venezuela : pour financer ses dépenses publiques, Hugo Chavez dévalue le bolivar
En vue des élections de septembre, Caracas a instauré un double taux de change face au dollar.
Le président vénézuélien Hugo Chavez a menacé d'expropriation, dimanche 10 janvier, les entreprises qui augmenteraient leurs prix à la suite de la forte dévaluation du bolivar annoncée vendredi. Cette dernière mesure est un sérieux échec pour le chef de l'Etat, qui s'était toujours refusé à envisager un tel recours, que la dégradation continue de la situation économique et financière du Venezuela a rendu inéluctable. En rendant publique cette dévaluation, la première depuis 2005, M. Chavez a annoncé l'instauration d'un double taux de change favorisant les secteurs jugés prioritaires. Le dollar valait jusqu'à présent 2,15 bolivars ; il vaut désormais 2,60 bolivars, soit une dépréciation de 20,9 %, pour les importations des services publics et des biens de première nécessité en matière d'alimentation, de santé, d'équipement ou d'éducation. Le dollar s'échangera à 4, 30 bolivars - soit une dévaluation de 100 % - pour les autres importations jugées non prioritaires : automobiles, télécommunications, produits chimiques et électroniques, vêtements, boissons, tabac, etc. Le gouvernement utilisera ce second taux lors des échanges des dollars provenant de la vente à l'étranger des produits pétroliers, qui rapportent plus de 90 % de ses ressources en devises et financent pour moitié le budget de l'Etat. Cette double dévaluation a, selon M. Chavez, trois objectifs : "Renforcer l'économie, freiner les importations qui ne sont pas strictement nécessaires, stimuler les exportations." Elle résulte de la baisse des rentrées de devises due à la mauvaise tenue en 2009 des cours mondiaux du brut. Selon la Commission économique pour l'Amérique latine (Cepal), le Venezuela a subi en 2009 la plus forte chute en valeur des exportations de la région : - 42 %, contre - 24 % en moyenne. Le gouvernement avait déjà réduit les allocations de devises au cours officiel aux entreprises et aux particuliers. Dans ce pays qui importe la majorité de ce qu'il consomme - et près de 90 % de sa nourriture, selon un chiffre officiel -, deux tiers des produits achetés ces derniers mois ont été payés avec des dollars acquis sur le marché parallèle, jusqu'au triple du taux officiel. Une telle distorsion entre les marchés officiel et parallèle n'était plus tenable. La dépréciation massive du bolivar est un camouflet pour le président Chavez, que les médias progouvernementaux tentent de dissimuler. Ils ignorent le mot "dévaluation", auquel ils préfèrent celui d'"ajustement". "La crise ne touchera pas à un seul de nos cheveux ", clamait le président au début de 2009. Elle a pourtant "décoiffé" toute l'économie. La hausse du coût des produits importés a contracté de plus de 7 % le secteur industriel. Le Venezuela est entré en récession : - 2,9 % en 2009. L'inflation - qui atteint 25,1 % - est restée la plus forte de la région. De l'aveu même du gouvernement, la dévaluation contribuera à la gonfler en 2010. L'Etat est le grand gagnant, si l'on peut dire, de cette opération : il importera à 2, 6 bolivars le dollar, et recevra 4,3 bolivars pour chaque dollar provenant de ses exportations pétrolières. "Il est rare dans le monde d'aujourd'hui de voir un système de change qui privilégie autant le secteur public", relève l'économiste Orlando Ochoa. Cette dévaluation est une décision éminemment politique, en ce début d'année électorale. M. Chavez alloue à l'Etat qu'il contrôle une nouvelle capacité de dépenses en bolivars. Cet argent permettra de continuer à financer les programmes sociaux, qui ont fidélisé son électorat, voire à décréter des augmentations salariales avant les élections législatives du 26 septembre. La majorité des Vénézuéliens sont, eux, les grands perdants. Leurs économies sont amputées de moitié. Pendant le week-end, les habitants de Caracas ont pris d'assaut les magasins pour acheter téléviseurs et ordinateurs, avant que leurs prix n'augmentent. L'économiste José Guerra résume la situation ainsi : "Le gouvernement aura plus d'argent, qu'il prendra dans la poche des gens." Jean-Pierre Langellier
11/01/2010
economie
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Epargne-retraite : la question de l'indemnisation de 400 000 membres de l'AFER est posée
Les fondateurs de l'association ont été définitivement condamnés pour détournement. Des adhérents veulent récupérer au total 250 millions d'euros.
L'accalmie aura été de courte durée. Plongée dans la tourmente depuis la révélation, en 1999, de détournements de fonds massifs par d'anciens dirigeants (128,9 millions d'euros, soit près de 1 % des fonds collectés), l'Association française d'épargne retraite (AFER) avait retrouvé une certaine sérénité depuis 2006, avec la condamnation par la justice des deux auteurs de l'infraction : Gérard Athias et André Le Saux, qui fondèrent l'association en 1976 et la dirigèrent vingt-cinq ans durant. Leur condamnation, par le tribunal correctionnel de Paris, à deux ans de prison avec sursis pour abus de confiance, ainsi qu'à la restitution des sommes détournées entre 1986 et 1997, avait été confirmée en appel le 10 juin 2008. Finalement, donnant à l'affaire son épilogue pénal, la Cour de cassation a rejeté, le 2 décembre 2009, le recours formé par ces ex-dirigeants contre l'arrêt de la cour d'appel de Paris. Or cette dernière décision a l'heur de relancer le dossier. Selon nos informations, l'association SOS Principes AFER - regroupement d'adhérents de l'association qui, s'estimant lésés, avaient porté l'affaire devant la justice - a écrit au conseil d'administration de l'AFER pour lui demander de récupérer toutes les sommes détournées au détriment des épargnants. "Préjudice collectif" De fait, le récent arrêt de la Cour de cassation ouvre la voie à l'indemnisation des épargnants qui ont subi un préjudice financier - en fait, ceux qui ont mis de l'argent sur des contrats d'épargne-retraite AFER pendant les dix ans concernés, entre 1986 et 1997. Selon SOS Principes AFER, "au moins 400 000 personnes" sont concernées. Et sont en droit de récupérer la totalité de l'argent détourné, un montant que l'association de défense des adhérents chiffre non pas à 128,9 millions d'euros, mais à... 250 millions d'euros. Cette somme prend en compte les années écoulées depuis 1997. Elle est indexée sur le rendement du fonds en euros de l'AFER jusqu'au début 2010. SOS Principes AFER précise que la cour d'appel avait validé sa méthode de calcul du préjudice collectif des adhérents. Dans leur lettre au conseil d'administration de l'AFER, Bertrand Gaume et François Nocaudie, respectivement président et fondateur de SOS Principes AFER, exhortent les administrateurs à agir au nom des adhérents. MM. Gaume et Nocaudie leur demandent de les inciter, et de les aider, à se porter partie civile, pour faciliter une procédure de récupération des fonds compliquée. "En ce début d'année, le préjudice collectif des adhérents qui ne se sont pas constitués parties civiles faute d'information suffisante peut être évalué à environ 250 millions d'euros, écrivent-ils. (...) L'AFER dispose des moyens pratiques de combler une bonne partie de cette lacune. Nous lançons un appel au conseil d'administration pour que dans la droite ligne de son objet social, (...) il prévienne les intéressés individuellement et organise à leur profit les actions nécessaires à la récupération de ce qui leur est dû." L'indemnisation des épargnants lésés par ce scandale va poser la question de la solvabilité des ex-dirigeants de l'AFER. Sur les 128,9 millions d'euros détournés, l'Etat en a confisqué 92 millions d'euros. Mais durant l'instruction, la justice a eu du mal à savoir ce qu'était devenu l'argent perçu par ces responsables associatifs. Anne Michel
11/01/2010
economie
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Avis de tempête financière sur le football anglais
Perclus de dettes, les clubs de la Premier League doivent se résoudre à appliquer une politique d'austérité.
Effondrement d'enseignes prestigieuses, évaporation massive de capitaux, explosion d'une bulle spéculative et vacillement d'un système qui avait fait ses preuves depuis une vingtaine d'années. Après la City, c'est au tour de la Premier League, l'équivalent britannique du championnat de France de Ligue 1, de connaître son tsunami financier. Comme l'atteste le maigre mercato de janvier, les clubs anglais, qui tenaient le haut du pavé en Europe, doivent désormais se serrer la ceinture. Portsmouth virtuellement en faillite, incapable de payer ses joueurs et le fisc ? Ce scénario impensable il y a encore trois mois, quand le vainqueur 2008 de la Coupe d'Angleterre avait été racheté par l'entrepreneur saoudien Al-Faraj, est aujourd'hui réalité. Les instances de la Premier League ont interdit tout transfert à "Pompey", actuelle lanterne rouge du championnat. La situation n'est pas plus brillante à West Ham (17e au classement), dont le propriétaire islandais en banqueroute cherche désespérément un acheteur prêt à effacer la dette substantielle du club : 70 millions de livres (près de 78 millions d'euros). Hull City (19e) est également au bord du précipice. Même constat dans la première partie du tableau. A Liverpool, l'heure est au délestage de stars après la prestation décevante de l'équipe, éliminée en Ligue des champions et qui se traîne à la septième place du championnat. Aurait-on imaginé voir un jour Manchester United (2e), la crème des clubs et champion en titre, crouler sous une dette de 699 millions de livres (777 millions d'euros) due aux banques et aux hedge funds ? Si, grâce à leur formidable machine commerciale, les "Red Devils" (les "Diables rouges") peuvent se targuer d'une gestion bénéficiaire, les profits sont absorbés par le service de la dette. En ces temps tumultueux sur le marché obligataire, les frères Glazer envisagent de lancer une émission dont la souscription est loin d'être assurée. Pour sa part, le club londonien d'Arsenal (3e) traîne toujours comme un boulet l'amortissement des frais de construction du prestigieux Emirates Stadium et les difficultés du futur complexe immobilier érigé sur le site de son ancien stade d'Highbury. Certes, tout n'est pas uniformément négatif. Roman Abramovitch, l'oligarque russe propriétaire de Chelsea, actuel leader, a tiré un trait sur l'endettement total de 340 millions de livres (378 millions d'euros). Reste que la remise à zéro du compteur passe là encore par l'interdiction des transferts malgré le vieillissement des effectifs. A Manchester City (5e), Cheikh Mansour Ben Zayed, le membre de la famille régnante d'Abou Dhabi, a réglé de sa poche un déficit budgétaire de 400 millions de livres (environ 445 millions d'euros). Grâce à la bonne tenue du prix du pétrole, l'autre club mancunien reste l'exception, comme le montre le recrutement récent, à prix d'or, de l'ex-capitaine des Bleus Patrick Vieira, en partance de l'Inter Milan. Après des années d'expansion fondées sur les revenus des droits de diffusion, les finances des clubs de l'élite pèsent sur leur avenir. Selon la dernière étude financière annuelle du cabinet Deloitte, publiée en juin 2009, l'endettement total des vingt clubs de première division a atteint 3,1 milliards de livres à la fin de la saison 2007-2008, tandis que les salaires ont augmenté de 23 %, pour atteindre 1,2 milliard de livres. Et le paiement global des intérêts est supérieur à la profitabilité de la première division ! Or le rendement de ces investissements a été très inégal. On ne compte plus le nombre de vedettes - dont la paie peut allègrement dépasser 100 000 livres (plus de 110 000 euros) par semaine - en méforme à se morfondre sur le banc de touche. Le secteur continue également de souffrir du piètre système de formation des joueurs anglais, qui, dans l'ensemble, ne font pas le poids au niveau technique face à la concurrence des footballeurs venus d'ailleurs. Par ailleurs, les manageurs sont mal équipés pour négocier avec des agents très aguerris, déterminés à obtenir un contrat d'airain pour leurs "clients". Enfin, les clubs paient leur mauvaise gestion d'antan au moment où le fisc, à la recherche de revenus supplémentaires, passe les comptes au peigne fin. Pour sortir de la crise, l'heure est à l'austérité. Les responsables de la Premier League refusent le plafonnement des rémunérations qu'aimerait imposer la fédération anglaise. Cette dernière souligne le succès de la formule imposée aux formations de troisième division, dont l'enveloppe salariale totale ne peut pas dépasser 60 % du chiffre d'affaires. Marc Roche et Marc Roche
11/01/2010
sport
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Les patrons des groupes sont encore majoritairement issus des grands corps d'Etat
L'écheveau du CAC 40 est un tout petit monde : au 15 décembre 2009, on comptait près de 500 administrateurs et 95 dirigeants (PDG, présidents du directoire, directeurs généraux, présidents de conseils de surveillance ou d'administration).
L'écheveau du CAC 40 est un tout petit monde : au 15 décembre 2009, on comptait près de 500 administrateurs et 95 dirigeants (PDG, présidents du directoire, directeurs généraux, présidents de conseils de surveillance ou d'administration). Parmi ces 95 hommes, dont l'âge moyen est d'un peu plus de 57 ans, figurent 15 étrangers - chez le groupe d'aéronautique et de défense EADS, le sidérurgiste ArcelorMittal, le laboratoire Sanofi-Aventis, Carrefour ou l'équipementier en télécommunications Alcatel-Lucent. Le CAC 40 reste dominé par ce que François-Xavier Dudouet, sociologue au CNRS et cofondateur avec Eric Grémont de l'Observatoire politico-économique des structures du capitalisme (Opesc), désigne comme les "patrons d'Etat", issus des grands corps - Inspection des finances, Mines, Ponts, Télécoms... - ou des cabinets ministériels. Didier Lombard, PDG de France Télécom, a été directeur de l'industrie. Michel Pébereau, président de la BNP, est un ancien du Trésor, ex-directeur de cabinet de René Monory au ministère de l'industrie. L'arrivée, en mars 2009, de François Pérol, alors secrétaire général adjoint de l'Elysée, à la tête des Caisses d'épargne, ou, en octobre 2009, de Stéphane Richard, venu du cabinet de la ministre de l'économie Christine Lagarde à la direction générale de France Télécom, en témoigne encore aujourd'hui. Ce mode de nomination s'explique, en partie, par l'histoire des banques, les assureurs, du groupe de matériaux Saint-Gobain, de Renault, d'Air France, de France Télécom, de GDF Suez, autrefois nationalisés ou assurant des missions de service public. "Baroque" Un cas flagrant - sobrement jugé "baroque" par Jean-Pierre Jouyet, patron de l'Autorité des marchés financiers - est la nomination très politique à la tête d'EDF, en novembre 2009, d'Henri Proglio, qui cumule cette fonction avec la présidence du groupe de services aux collectivités Veolia Environnement. Pas étonnant, dans ce sérail, que les diplômés de grandes écoles soient majoritaires : sur les 80 dirigeants de nationalité française, 23 sont polytechniciens, 16 énarques et 6 polytechniciens et énarques ; 18 sont diplômés de l'Essec ou de HEC, dont 6 ont ajouté l'ENA à leur parcours. "On voit nettement la montée des écoles de management, notamment HEC, chez ces dirigeants", note toutefois M. Dudouet. Cela se vérifie avec la nouvelle génération de patrons : Bruno Lafont, chez Lafarge, Jean-Pascal Tricoire, chez Schneider, ou Pierre-André de Chalendar, chez Saint-Gobain ont accompli l'essentiel de leur carrière dans le privé. Il y a aussi des exceptions : René Carron, du Crédit agricole, qui a fait des études d'agriculture ; le normalien Philippe Camus d'Alcatel-Lucent, Martin Bouygues, qui n'a que son baccalauréat, et Patrick Ricard, qui a arrêté ses études en troisième, ces deux derniers étant des héritiers. Les années 2008 et 2009 ont vu s'accélérer la valse des patrons : 13 sociétés du CAC 40 ont renouvelé leur équipe de management, notamment des banques (le Crédit agricole, la Société générale, Dexia). Sanofi-Aventis a connu une succession ratée après le départ de Jean-François Dehecq : son successeur Gérard Le Fur, arrivé en 2007, a dû céder sa place en septembre 2008 à l'Allemand Chris Viehbacher ; Christian Streiff n'est resté que deux ans président du directoire de Peugeot (PSA) ; le tandem formé en avril 2006 de Serge Tchuruk et de l'Américaine Pat Russo chez Alcatel-Lucent a démissionné en octobre 2008. La pression des fonds d'investissement se fait aussi sentir. Carrefour a changé de pilote, en 2005 puis en 2009, accueillant le Suédois Lars Olofsson. Le mouvement va se poursuivre en 2010 : chez Accor, ou les fonds Eurazeo et Colony accélèrent les bouleversements, avec la nomination attendue de Jacques Stern. Isabelle Rey-Lefebvre
11/01/2010
economie
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Le capitalisme français reste aux mains d'un club très fermé
Seulement une centaine de personnes détiennent 43 % des droits de vote dans les conseils d'entreprises du CAC 40.
L'année 2010 sera-t-elle celle des grands changements au sein des conseils d'administration ou des conseils de surveillance des sociétés du CAC 40 ? Pour l'instant, ni la crise ni les recommandations du code de bonnes pratiques du Medef et de l'Association française des entreprises privées (AFEP), édictées fin 2000, n'ont provoqué de modifications majeures : les instances continuent d'être globalement très homogènes et consanguines. Le cumul des mandats demeure une pratique régulière. Une petite centaine de personnes (98 exactement), soit 22 % des administrateurs, détient 43 % des droits de vote des sociétés du CAC 40, selon le cabinet Ernst & Young. Ces conseils - ils comptent en moyenne 14 membres - n'accueillent que 21 % d'étrangers quand ceux-ci détiennent 40 % du capital des groupes du CAC 40 et que l'activité à l'international assure désormais l'essentiel de la croissance de leur chiffre d'affaires. Enfin, les femmes occupent moins de 10 % des sièges d'administrateurs. Nominations croisées Une entreprise, la banque BNP Paribas, illustre cette concentration des pouvoirs au coeur de la gouvernance des entreprises du CAC 40 : quatre personnes - trois dirigeants de la banque et un ex-dirigeant encore influent dans le groupe - sont répartis dans les conseils de douze sociétés de l'indice phare de la Bourse de Paris. Il s'agit du pétrolier Total, du constructeur aéronautique EADS, de l'assureur Axa, du groupe de matériaux Saint-Gobain et du cimentier Lafarge, pour le président de la banque, Michel Pébereau ; du spécialiste des services aux collectivités Veolia et du groupe de distribution et de luxe PPR, pour son directeur général, Baudouin Prot ; du groupe de services aux collectivités Suez Environnement et du distributeur Carrefour, pour Amaury de Sèze - ex-membre du directoire de Paribas, il devrait reprendre, sous peu, ses fonctions de président de PAI, un fonds d'investissement autrefois dans le giron de Paribas - ; du groupe de BTP et de télécommunications Bouygues, du fabricant de turbines et matériaux ferroviaires Alstom et du Groupe Lagardère pour Georges Chodron de Courcel, le directeur général délégué - il siège aussi au conseil de la société Foncière financière et de participations (FFP), holding familiale de la famille Peugeot, détentrice de 22 % de PSA Peugeot-Citroën. Si l'on ajoute que deux d'entre eux - MM. de Sèze et Chodron de Courcel - siègent aussi au conseil du Groupe Bruxelles Lambert (GBL), actionnaire de GDF Suez, de Total, de Lafarge, du groupe de vins et spiritueux Pernod Ricard et de Suez Environnement, on voit qu'indirectement ce ne sont plus douze, mais quinze sociétés du CAC 40 dont les conseils sont sous l'influence du groupe bancaire. "Il n'est pas sain que la BNP soit autant impliquée dans les conseils", juge Frédéric Genevrier, fondateur, avec Olivia Flahault, du cabinet OFG-Recherche. Ces deux spécialistes accordent de l'importance à la composition des conseils d'administration ou de surveillance, dans leurs analyses. Leur base de données, disponible en ligne pour leurs clients, traque les mouvements au sein de ces instances dirigeantes. Et témoigne de leur plus ou moins grand respect des règles de bonne gouvernance. La qualité d'"administrateur indépendant" attribuée à M. Pébereau chez Lafarge fait sourire ces analystes : "BNP est l'une des principales banques de Lafarge !", rappellent-ils. Les nominations croisées témoignent de la consanguinité dénoncée. M. Pébereau siège chez Saint-Gobain, société dont le président, Jean-Louis Beffa, est au conseil de BNP Paribas. M. Beffa siège au conseil de GDF Suez, dont le PDG, Gérard Mestrallet, est au conseil de Saint-Gobain. Claude Bébéar, président d'Axa, est au conseil de BNP Paribas quand M. Pébereau siège à celui d'Axa - ces deux institutions financières ont aussi des participations croisées. Les exemples sont multiples. Moins d'indépendance La consanguinité a donc toujours cours au sein des conseils, au détriment de leur indépendance. Car, et c'est une autre spécificité française, les conseils d'administration des sociétés du CAC 40 ne se sont alignés ni sur "le modèle anglais, où les actionnaires ont des pouvoirs étendus, (ni sur) le modèle des Etats-Unis, pour ne pas citer le modèle allemand, où conseils d'administration et de surveillance sont plus indépendants et conçus comme arbitres des intérêts divergents des parties prenantes", expliquent Xavier Ragot, chercheur au CNRS, et M. Beffa, dans un article cosigné dans l'ouvrage A quoi servent les actionnaires ? (Albin Michel, 2009). De fait, environ 60 % des sociétés du CAC 40 ont un conseil aux mains des dirigeants ; et 40 % aux mains des actionnaires, qu'il s'agisse de fonds d'investissement, d'investisseurs industriels ou de familles. Dans quatre groupes seulement, les salariés ont les moyens de faire entendre leur voix. "La vulnérabilité des sociétés françaises provient de l'absence d'un choix politique clair en termes de pouvoir actionnarial", concluent MM. Beffa et Ragot. Une raison de plus en faveur de nouvelles pratiques. Annie Kahn
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/cac-40-la-consanguinite-des-conseils-d-administration-perdure_1290089_3234.html
La famille de Gustave Eiffel gagne en justice : le constructeur Eiffel devra changer de nom
Les héritiers de Gustave Eiffel, concepteur, financeur et propriétaire de la tour Eiffel, se sont, depuis 1995, regroupés en association pour protéger l'utilisation de leur patronyme.
Le tribunal de grande instance de Bordeaux a interdit, le 7 janvier, au groupe de BTP Eiffage d'utiliser, pour sa filiale de construction métallique, le nom Eiffel, comme l'a révélé le journal Sud-Ouest du 8 janvier. Eiffage en est propriétaire depuis que Fougerolles, son ancien nom, a, en 1992, acquis la Société auxiliaire d'entreprises électriques et de travaux publics (SAE) et ses filiales, dont Eiffel. Ce revers est d'autant plus vexant pour le groupe Eiffage que c'est lui qui a mené cette affaire en justice. Les héritiers de Gustave Eiffel, concepteur, financeur et propriétaire de la tour Eiffel, se sont, depuis 1995, regroupés en association pour protéger l'utilisation de leur patronyme. Philippe Coupérie Eiffel, son arrière-arrière-petit-fils, a, lui, dès 1991, créé des marques à ce nom mondialement connu pour des activités éloignées du bâtiment et des travaux publics. Le groupe Eiffage a, le 14 septembre 2005, cru bien faire, pour protéger le nom de sa filiale, en assignant M. Coupérie Eiffel pour déchéance de marque. Or ce dernier et son avocate, Me Caroline Lampre, ont montré que la filiation de la société Eiffel avec les ateliers Gustave Eiffel n'était pas évidente. Ils ont exhibé un procès-verbal d'un conseil d'administration datant du 1er mars 1893, où le grand ingénieur, alors récemment condamné dans l'affaire du scandale de Panama (la condamnation sera annulée), a voulu, sous la pression des banques, rompre définitivement avec sa compagnie. "Deux légitimités" "Je suis absolument décidé de m'abstenir désormais d'une participation quelconque dans une affaire industrielle, et afin que personne ne puisse s'y tromper et pour marquer de la façon la plus manifeste que j'entends rester désormais absolument étranger à la gestion des établissements qui portent mon nom, je tiens expressément à ce que mon nom disparaisse de la désignation de la société", écrivait-il. Me Lampre précise : "Gustave Eiffel a même pris le soin d'indemniser la société du tort qu'il lui causait, en abandonnant 2 000 des 3 571 actions qu'il possédait. C'est dire la fermeté de sa volonté. Et il s'agit, en outre, de la protection d'un nom de famille, pas d'une marque." La perte de ce nom est, pour Eiffage, un préjudice bien réel, en particulier pour son rayonnement international, même si le groupe peut aussi s'appuyer sur ses autres belles références, comme la structure de la pyramide du Louvre ou, bien sûr, le viaduc de Millau (Aveyron). "Il y a, dans cette affaire, deux légitimités, l'une industrielle et l'autre familiale, et nous avons probablement péché par absolutisme juridique", reconnaît Jean-François Roverato, PDG d'Eiffage, qui n'a pas encore décidé d'un éventuel appel de cette décision. Isabelle Rey-Lefebvre
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/la-famille-de-gustave-eiffel-gagne-en-justice-le-constructeur-eiffel-devra-changer-de-nom_1290088_3234.html
Exportations, automobile : la Chine passe en tête
Les ventes de voitures ont bondi de 44 % en 2009. Le pays devance l'Allemagne comme première puissance commerciale. Les limitations du modèle chinois sont cependant critiquées : c'est la taille de ses exportations qui permet au pays de surpasser l'Allemagne comme premier exportateur mondial, mais "en termes de structure des exportations, d'innovation technologique et de compétitivité industrielle, la Chine est loin de mériter le titre de puissance commerciale !", note Zhao Jinping, chercheur dans un think tank du gouvernement chinois.
Premier exportateur mondial, premier marché automobile de la planète, la Chine accumule les médailles d'or. Ses exportations se sont établies à 1 200 milliards de dollars (830 milliards d'euros) en 2009, selon les statistiques publiées le 10 janvier. Elle dépasse désormais l'Allemagne. Et c'est aux Etats-Unis qu'elle a ravi la place de numéro un sur le marché automobile. Les ventes de voitures en Chine ont bondi de 44 % en 2009 pour atteindre le chiffre record de 13,5 millions d'unités (contre un plongeon de 21 % aux Etats-Unis, à 10,4 millions). Les performances exportatrices de la Chine ont été obtenues en dépit d'une chute de 16 % par rapport à 2008 - une première depuis 1983. Mais l'impact significatif de la chute de la demande mondiale sur l'économie locale a été compensé par l'effort colossal consenti en investissement productif, puisque la contribution à la croissance de ce dernier est estimée à 90 %. Le pays a aussi vu se réduire de 34 % son excédent commercial en 2009 par rapport à 2008. Celui-ci s'établit à 198 milliards de dollars. Quant aux importations, elles se sont mieux maintenues que les exportations, puisqu'elles n'ont chuté que de 11 % en 2009. Le poids de la Chine dans les échanges mondiaux est toutefois à relativiser en termes qualitatifs : les produits électroniques et des industries de l'information, dont ce pays est le premier exportateur mondial et qui constituent 37,5 % de ses exportations, sont par exemple en grande partie issus du "commerce de perfectionnement" (processing trade) - les composants qui ont le plus de valeur marchande, en raison de leur contenu technologique ou de marque, sont fabriqués ou conçus ailleurs, seulement assemblés en Chine. "D'une part, la valeur ajoutée est faible dans la phase d'assemblage dévolue à la Chine et de l'autre, les firmes étrangères assurent 70 % de la production et 85 % des exportations", argumente dans un livre à paraître aux Presses de Science Po, Chine et Japon d'après-crise. Quel leader pour l'Asie, le spécialiste des économies asiatiques Claude Meyer. Ainsi, la majorité des produits Apple vendus dans le monde sont fabriqués en Chine par Foxconn, société taïwanaise. Les limitations du modèle chinois sont d'ailleurs souvent critiquées en Chine même : c'est la taille de ses exportations qui permet au pays de surpasser l'Allemagne comme premier exportateur mondial, mais "en termes de structure des exportations, d'innovation technologique et de compétitivité industrielle, la Chine est loin de mériter le titre de puissance commerciale !", note Zhao Jinping, chercheur dans un think tank du gouvernement chinois, interrogé par l'Agence Chine nouvelle. Le mois de décembre 2009 marque le premier rebond des exportations en glissement annuel après treize mois consécutifs de déclin (en comparaison certes de décembre 2008, au plus fort de la crise financière) : les exportations chinoises ont rebondi de 18 %, et les importations de... 56 %. Essentiellement, pour ces dernières, en raison de livraisons record de minerai de fer et de pétrole. L'appétit dévorant de la Chine pour les matières premières est donc de nouveau d'actualité : les importations de minerai de fer ont bondi de 41,6 % en 2009, et celles de pétrole de 13,9 % sur l'ensemble de l'année 2009. Il s'agit pour les industriels chinois de profiter des tarifs mondiaux encore faibles et de répondre au déluge d'investissements en aéroports, trains à grande vitesse, lignes de métro, nés du plan de relance de 4 trillions de yuans sur deux ans, mis en oeuvre fin 2008. Pékin, qui tente par ailleurs de freiner la formation d'une bulle spéculative dans l'immobilier, a promis que le rythme des investissements publics en provenance du gouvernement central - ils constituent 50 % du plan de relance - se maintiendra en 2010, selon les déclarations récentes du ministre des finances, Xie Xuren. Pour l'instant, la perspective d'une croissance soutenue de l'économe locale, pour déséquilibrée qu'elle soit, empêche que nombre des productions chinoises issues des industries en surcapacité (ciment, aluminium, acier, engrais...), dont une partie s'exporte - l'Europe et les Etats-Unis ont par exemple pris des mesures contre le prétendu dumping de tubes et tuyaux chinois pour l'industrie pétrolière -, ne se déversent encore sur les marchés mondiaux. Elle ne peut toutefois que renforcer la domination de la Chine dans une gamme de plus en plus élargie de produits : forte du premier marché automobile du monde, le pays - la plupart des constructeurs et équipementiers étrangers y sont installés - devient de plus en plus une base pour l'exportation de pièces détachées. En décembre 2009, Pékin a proposé d'intensifier les efforts pour permettre aux exportateurs chinois d'avoir 10 % du commerce mondial des équipements pour l'industrie automobile d'ici à 2020. Quant au marché automobile local, les avantages fiscaux consentis au cours de l'année 2009 ont été reconduits pour 2010, et les experts tablent déjà sur au moins 15 % de croissance des ventes. Brice Pedroletti et Brice Pedroletti
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/exportations-automobile-la-chine-passe-en-tete_1290085_3234.html
Comment Mme Bantsimba apprend à être un parent d'élève
Cette femme célibataire d'origine congolaise a pleine confiance en sa fille.
ollège, sont terminés. Ses livres sont rangés dans le cartable, ses crayons bien taillés. La petite de 11 ans n'a plus qu'une seule idée en tête : dévorer son nouveau roman, nichée dans sa chambre, au deuxième étage d'une barre HLM à deux pas du collège Joliot-Curie, à Pantin (Seine-Saint-Denis), où elle étudie. "Johanna est une élève studieuse", fait remarquer sa mère, Alphonsine Bantsimba. Cette femme célibataire d'origine congolaise a pleine confiance en sa fille. Johanna lui demande rarement de l'aide pour ses devoirs. Tant mieux, car avec un niveau BEP, les compétences de Mme Bantsimba sont un peu limitées : "En français et en langues, je peux suivre, mais en mathématiques, je suis perdue." Aussi, a-t-elle inventé avec sa voisine un système d'entraide pour les devoirs des enfants : "La mère d'Enzo leur donne un coup de main en maths, moi en français." Et puis, Mme Bantsimba estime qu'elle n'est pas là pour "remplacer le professeur : Il y a des gens au collège (assistants pédagogiques, médiateurs de réussite) qui font ça très bien". Son rôle à elle est de vérifier, chaque soir, le cahier de textes de sa fille. Elle doit aussi se rendre au collège pour les réunions parents-professeurs et les remises de bulletin de notes, prendre contact avec Lucie Dimino, représentante des parents d'élèves, pour s'informer du programme scolaire, et par-dessus tout, encourager sa fille sans relâche. La fillette acquiesce. "Ma mère me dit toujours qu'il faut travailler pour avoir un bon métier." Depuis la rentrée de septembre, Alphonsine Bantsimba a trouvé une nouvelle manière de s'impliquer dans l'éducation scolaire de sa fille. Elle participe à la Mallette des parents. Le dispositif, expérimenté depuis 2008 dans 37 collèges de l'académie de Créteil, vise à faciliter les échanges d'expériences entre parents d'élèves lors d'"ateliers débats". Il permet aussi, pour Mme Bantsimba, de faire comprendre aux parents les arcanes de l'institution scolaire : "On juge vite les professeurs. Si, par exemple, un enfant n'a pas compris la leçon, le parent a tendance à reprocher à l'enseignant de ne pas avoir assez expliqué. Mais il ne se demande pas quelle a été l'attitude de l'enfant." "Désemparés" Pour Joël Guignolet, principal adjoint du collège Joliot-Curie, le projet de la Mallette, c'est un peu "l'école aux parents : être parents d'élèves, ça s'apprend, estime-t-il. On nous transfère beaucoup trop de compétences éducatives. Les parents doivent se réapproprier leur rôle". Des parents qui baissent les bras, M. Guignolet en côtoie tous les jours. Dans un établissement où 80 % des enfants sont issus de milieux défavorisés, beaucoup n'ont pas le niveau d'études pour aider aux devoirs, certains parlent à peine français. "Ils viennent nous voir, désemparés, en disant qu'ils ne comprennent rien. Or, ce qu'on leur demande, ce n'est pas de faire l'école après l'école, mais de faire leur travail de père et mère", martèle le principal adjoint. Agent administratif dans un centre social de la ville, Alphonsine Bantsimba comprend les difficultés de ces parents-là. "Que voulez-vous, ils ne connaissent pas le système scolaire", déplore-t-elle. Un des problèmes majeurs à ses yeux, l'autre étant le manque de communication dans les familles. Le dialogue. C'est ce qui a manqué à Mme Bantsimba quand elle était enfant. "A la maison, on ne parlait jamais d'école, se souvient-elle. On ne félicitait pas." C'est pour "ne pas reproduire les mêmes erreurs" qu'elle s'investit autant dans la scolarité de ses trois enfants. L'arrivée de Kevin, son fils aîné, la ramène au présent. Le jour où ce dernier a obtenu son baccalauréat scientifique avec mention, en juin 2009, il lui a, comme elle dit "cloué le bec". Désormais en première année à la faculté de psychologie, le jeune homme en est convaincu : "Je ne serais pas allé si loin si ma mère ne m'avait pas poussé comme elle l'a fait." Aurélie Collas
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/comment-mme-bantsimba-apprend-a-etre-un-parent-d-eleve_1290076_3224.html
"Le dossier ""Johnny"" dans les mains de deux experts"
La juge parisienne Catherine Cosson a demandé, le 28 décembre 2009, à deux experts de procéder à l'examen du dossier médical de Johnny Hallyday.
Ces experts, un infectiologue et un neurochirurgien, ont jusqu'au 15 juillet pour mener leurs investigations et remettre un rapport à la justice, qui appréciera ensuite les responsabilités des uns et des autres. Les questions auxquelles devront répondre les experts sont précisées dans l'ordonnance de la juge. Fallait-il opérer ? L'opération était-elle aussi banale qu'on l'a prétendu ? Le diagnostic était-il bon ? Le geste opératoire pratiqué était-il convenable ? Y a-t-il eu un bon suivi postopératoire et celui-ci a-t-il été pertinent ? Les experts vont travailler à partir du dossier médical de Johnny Hallyday, un document soumis au secret qui leur sera communiqué par un médecin, le docteur Dominique Bondel, désigné par le chanteur. C'est à lui qu'il revient de collecter auprès des établissements hospitaliers et des médecins qui ont eu à soigner Johnny les informations concernant son état. "Avec tous ces éléments on saura, de manière précise, s'il y a eu une infection, comment elle s'est développée et pourquoi", explique Me Claude Lienhard, avocat spécialisé dans les procédures d'expertise et de réparation, appelé à la rescousse par les proches du chanteur, après son hospitalisation à Los Angeles. Mais la mission confiée aux experts s'intéressera également au mode de vie du chanteur. En clair, les deux docteurs désignés par la juge vont également observer ses habitudes alimentaires, son rapport à l'alcool, etc. "Quelle que soit la personne, ce sont des questions que l'on pose chaque fois qu'il y a une expertise ; il n'y a pas lieu de s'en étonner", souligne Me Lienhard. "Aucune décharge" Selon lui, un médecin est responsable de l'état de son patient, dès lors que celui-ci se place entre ses mains. Et si ce patient ne porte qu'une attention distante aux recommandations du praticien, il revient à ce dernier d'être suffisamment convaincant. "A notre connaissance, M. Delajoux n'a produit aucune lettre de réserve concernant le comportement de Johnny Hallyday et ne lui a fait signer aucune décharge", souligne-t-il. Johnny Hallyday a passé seize jours à l'hôpital Cedars-Sinai de Los Angeles. Il en est sorti le 23 décembre, après avoir subi une nouvelle intervention. "J'ai frôlé et côtoyé la mort. C'est pour ça que je veux savoir la vérité", a-t-il indiqué dans un communiqué écrit, lu le 28 décembre dans la salle des pas perdus du tribunal de Paris par son avocate, Me Virginie Lapp. Yves Bordenave
11/01/2010
societe
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Docteur Polémique
Accusé d'avoir "massacré" Johnny Hallyday en l'opérant d'une hernie discale, Stéphane Delajoux s'explique. Du danger d'être un médecin de stars.
La tempête est passée. Dès les premiers jours de janvier, le docteur Stéphane Delajoux a repris le chemin du bloc opératoire et retrouvé ses patients à la clinique du Parc Monceau. Le plus célèbre d'entre eux, Johnny Hallyday, semble tiré d'affaire. On l'a vu faire du shopping au bras de son épouse, Laeticia, dans les rues de Los Angeles, quelques jours après Noël. Loin de la Côte ouest et du clan Hallyday, dans les bureaux de l'un de ses avocats parisiens, Me David Koubbi, chemise blanche, col ouvert, barbe de trois jours, le "chirurgien des stars", comme on l'appelle, affiche une décontraction bien calculée. A l'en croire, celui qui, le 26 novembre 2009, a opéré le rockeur d'une hernie discale ne redoute rien et surtout pas les conclusions de l'expertise ordonnée le 28 décembre 2009 par la justice. "Je n'ai rien à me reprocher. J'ai fait ce qu'il fallait faire", clame-t-il. Soumis à une campagne de dénigrement d'une rare violence - "une chasse à l'homme tout aussi scandaleuse qu'honteuse", dénonce son autre avocat Me Hervé Témime -, Stéphane Delajoux a été victime d'une agression près de son domicile, le 12 décembre 2009. Conséquence des critiques qui se sont abattues sur lui à la suite de l'hospitalisation de Johnny Hallyday au Cedars-Sinai de Los Angeles le 7 décembre ? Le docteur Delajoux et ses avocats n'en doutent pas. Le producteur de Johnny, Jean-Claude Camus, a été le premier à dire tout le mal qu'il pensait du praticien. "Aux Etats-Unis, on dit que son opération a été un massacre", a-t-il déclaré en indiquant que les Américains qualifiaient de "butcher" ("boucher") leur confrère français. La réponse de M. Delajoux n'a pas tardé. Le 24 décembre, il a déposé cinq plaintes contre le producteur devant le tribunal de grande instance de Paris. Mais M. Camus n'est pas seul à viser le chirurgien. Me Olivier Metzner, avocat de l'ordre des médecins, a stigmatisé le docteur Delajoux face aux micros et aux caméras : "Un médecin dont l'ordre souhaiterait qu'il ne soit plus médecin, (...) de l'avis général du milieu médical, un médecin à ne pas consulter." Une intervention que déplore Me Koubbi : "Ces propos qui ont contribué à déclencher la tempête contre mon client sont indignes. Mon confrère Metzner va à l'encontre des règles les plus élémentaires qui fondent la profession d'avocat." Même si l'ordre national des médecins a fait savoir dans un courrier daté du 15 décembre 2009, dont Le Monde a eu connaissance, qu'en "aucune manière Me Metzner n'a pu parler au nom du conseil national de l'ordre, dont il n'est pas le porte-parole", celui-ci maintient ses accusations, arguant qu'il s'exprimait pour le compte du conseil de l'ordre de Paris. Me Metzner le sait, le docteur Delajoux est un personnage controversé qui a eu maille à partir avec la justice et avec son ordre. Victime d'un grave accident de ski en 1997, Stéphane Delajoux a tenté d'escroquer son assurance. Au motif qu'il skiait hors piste, celle-ci a refusé de prendre en charge les frais d'hélicoptère, d'ambulance et d'hospitalisation. Il a alors "organisé" un accident de voiture à Paris avec un ami et rempli une fausse déclaration. L'assureur ne s'est pas laissé duper et M. Delajoux a été condamné à trois ans de prison avec sursis, après avoir fait quarante-cinq jours de détention provisoire à la prison de Fleury-Mérogis. Saisi à la suite de cette condamnation pénale, l'ordre des médecins l'a suspendu d'activité pendant six mois. S'il se repent aujourd'hui de cet épisode, M. Delajoux n'entend pas se laisser diffamer. Escroc ? "J'ai commis une faute, j'ai payé. Mais cela n'a rien à voir avec ma pratique professionnelle", se défend-il. Sur ce chapitre, le neurochirurgien assure qu'il n'a jamais fait l'objet du moindre reproche. Au contraire, insiste-t-il, ses pairs l'ont toujours bien noté. Et de brandir ses diplômes, ses rapports de stage ponctués d'appréciations élogieuses : "excellent", "brillant", "interne de qualité exceptionnelle", ou, au pire, "satisfaisant". Pourtant, ses difficultés ne s'arrêtent pas là. Depuis six ans, une ancienne patiente, Noëlle Guerton, le poursuit devant les tribunaux. "Il m'a ratée", s'est-elle écriée récemment dans une émission de télévision. Les experts judiciaires ont une appréciation différente. "L'aggravation de son état est en rapport avec l'évolution de sa pathologie", ont-ils conclu. Ce qui n'a rien à voir avec l'opération pratiquée par M. Delajoux. Autre controverse : à l'issue de son internat, un professeur refusait de lui délivrer son certificat. Conflit entre mandarins : décision du tribunal administratif à l'appui, M. Delajoux a obtenu gain de cause. A 43 ans, M. Delajoux est un neurochirurgien établi et reconnu. C'est à sa réputation qu'il doit d'avoir été contacté par Jean-Louis Trintignant pour tenter l'opération de la dernière chance sur sa fille Marie, morte le 31 juillet 2003 des suites des blessures que lui avait infligées le chanteur de Noir Désir, Bertrand Cantat. C'est à cette réputation et à son entregent dans le monde du show-biz - il a été pendant cinq ans le compagnon d'Isabelle Adjani - qu'il doit d'être devenu l'un des médecins de Johnny Hallyday. Les deux hommes se connaissent depuis 2008. Cette année-là, une douleur à la jambe ronge le chanteur. Une hernie discale provoque un pincement du nerf sciatique. L'opération se déroule bien et Johnny part tourner un film à Hongkong trois ou quatre jours après. Les mois passent, le chanteur entame son "Tour 66" pour un adieu à ses fans. Les spectacles s'enchaînent et le mal se réveille. Cette fois, la douleur se manifeste sur l'autre jambe et dans le dos. Soutenu par les médicaments, Johnny finit la première partie de sa tournée le 24 novembre 2009, deux jours avant son rendez-vous à la clinique Monceau. La date a été fixée en octobre. Il est opéré le 26. Le 27, il quitte la clinique sans que le docteur Delajoux ait donné son avis. Il n'a pas attendu la visite postopératoire. Johnny Hallyday, qui n'a jamais fait mystère de son mode de vie - en janvier 1998, il avait avoué à l'écrivain Daniel Rondeau, dans un entretien au Monde, ses rapports à la drogue et à l'alcool -, n'est pas un malade ordinaire. Pas du genre à regarder le plafond dans une chambre d'hôpital ni à se reposer chez lui. Convalescent ou pas, il sort. Voit ses copains. Va au restaurant. Puis s'envole à destination de Los Angeles, non sans avoir réalisé des analyses de sang qui se révèlent limpides. Mais une fois arrivé dans la cité des anges, le chanteur voit son état se détériorer. S'ensuit l'épisode qui pendant deux semaines va tenir la France en haleine. "On veut savoir ce qui est arrivé. Il n'est pas normal qu'après une intervention chirurgicale, il se retrouve dans cet état", plaide l'avocate du chanteur, Me Virginie Lapp. La clinique du Parc Monceau a examiné ses comptes rendus d'interventions : le 26 novembre 2009, plus de 40 personnes ont été opérées dans l'établissement, dont 5 par le docteur Delajoux. Aucune n'a déclaré d'infection, sauf Johnny. "Stéphane Delajoux est un professionnel qui doit savoir ce qu'il faut faire avec un patient, célèbre ou pas, et quelle que soit sa façon de vivre", considère Me Lapp, qui répond ainsi à l'avance aux arguments du docteur Delajoux, qui ne manquera pas d'évoquer le mode de vie de Johnny Hallyday. Dans le camp de celui-ci, il n'y a qu'une alternative : soit le chirurgien a commis un impair ; soit l'infection est nosocomiale. Dans les deux cas, le comportement postopératoire de Johnny Hallyday n'intervient pas dans la dégradation soudaine de son état de santé et ses assureurs ne pourront pas se retourner contre lui, ni contre ses intérêts. Car une tournée interrompue, ce sont des dizaines de millions d'euros qu'il faudra honorer. Et c'est surtout de cela qu'il s'agit, bien plus que de la prestation du docteur Delajoux, dont personne à ce jour ne sait rien. Yves Bordenave
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/stephane-delajoux-docteur-polemique_1290050_3224.html
Rixe devant un lycée, un jeune homme légèrement blessé d'un coup de couteau
Un jeune homme a été légèrement blessé à la cuisse par un coup de couteau lundi matin lors d'une rixe devant un lycée de Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), a-t-on appris de source policière.
Un jeune homme a été légèrement blessé à la cuisse par un coup de couteau, lundi 11 janvier dans la matinée, lors d'une rixe devant un lycée de Chennevières-sur-Marne, selon source policière citée par l'AFP. Le jeune homme, dont l'âge et l'identité n'ont pu être précisés, a été légèrement blessé à la cuisse par un autre jeune avec lequel il se disputait, lundi vers 10 h 15, devant le lycée Champlain de Chennevières-sur-Marne. Ses jours ne sont pas en danger, a précisé cette source, en précisant que la victime aurait subi "trois points de suture". L'auteur suspecté des coups de couteau a réussi à prendre la fuite. Il est actuellement recherché par la police, a-t-on ajouté. Cette agression intervient quatre jours après la mort d'un lycéen de 18 ans, Hakim, poignardé vendredi matin par un camarade dans leur établissement scolaire du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). L'auteur présumé des coups devait être mis en examen lundi pour "homicide volontaire", selon une source judiciaire.
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/rixe-devant-un-lycee-un-jeune-homme-legerement-blesse-d-un-coup-de-couteau_1290224_3224.html
L'appel contre le ministère de l'identité nationale s'étend
Supprimer le ministère de l'identité nationale : alors que le débat lancé par le ministre de l'immigration, Eric Besson, s'enlise, l'appel lancé, le 4 décembre 2009, par une vingtaine de chercheurs en sciences humaines s'étend.
Supprimer le ministère de l'identité nationale : alors que le débat lancé par le ministre de l'immigration, Eric Besson, s'enlise, l'appel lancé, le 4 décembre 2009, par une vingtaine de chercheurs en sciences humaines s'étend. "Il est temps aujourd'hui de réaffirmer publiquement, contre ce rapt nationaliste de l'idée de nation, les idéaux universalistes qui sont au fondement de notre République", dit l'appel, lancé notamment par Etienne Balibar, Eric Fassin, Françoise Héritier, Laurent Mucchielli, Pap Ndiaye, Gérard Noiriel et Patrick Weil. Mise en ligne le 7 janvier, la pétition a recueilli plus de 20 000 signatures. Elle est soutenue par une douzaine d'associations dont le Conseil représentatif des associations noires (CRAN), la Ligue des droits de l'homme (LDH), SOS-Racisme et est reprise par l'ensemble des partis de gauche - du NPA jusqu'au PS en passant par le PRG - ainsi que par le MoDem. "La création de ce ministère relève d'une approche qui enferme l'identité nationale dans des critères d'appartenance et donc d'exclusion. L'identité de la France ne doit pas faire l'objet de normes définies par l'Etat : elle se construit tous les jours au sein du corps social. Le débat (...) mis en scène par le gouvernement ne fait qu'amplifier encore le risque d'enfermement identitaire", relève Sandrine Mazetier, en charge de l'immigration au PS. Lors d'une conférence de presse, organisée lundi 11 janvier à l'Assemblée nationale par le collectif de chercheurs, Mme Mazetier devait rappeler l'opposition du PS à la création d'un ministère de le l'immigration et de l'identité nationale dès que Nicolas Sarkozy avait lancé l'idée lors de la campagne présidentielle, en 2007. "Nous avons tous plusieurs identités : européennes, nationales, régionales, culturelles, cultuelles... Avec la création de ce ministère, le gouvernement s'accroche à l'impossible définition d'une identité nationale au singulier, appuie Jean-Luc Benhamias, vice-président du MoDem. Il est indispensable de revenir à une gestion humaniste du droit d'accueil, de l'asile, questions qui n'ont strictement rien à voir avec l'identité nationale." En lançant cet appel, les chercheurs ont voulu renverser la perspective du débat. "Au lieu de débattre sur le contenu de l'identité nationale, il s'agit de prendre à partie la politique menée et remettre en cause l'existence même de ce ministère", explique le sociologue Eric Fassin. "Il ne s'agit pas de nier que des politiques de l'immigration soient nécessaires. Mais de contester le fait que l'immigration, l'intégration, soient rapportées à l'identité nationale et inscrites comme problème pour la France", appuie l'anthropologue Michel Agier. Sur le Web : www.pourlasuppressionduministeredelidentitenationale.org . Laetitia Van Eeckhout
11/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/11/l-appel-contre-le-ministere-de-l-identite-nationale-s-etend_1290082_823448.html
Au PS, seules quelques voix s'élèvent pour réclamer un texte législatif
Contrairement à d'autres épisodes récents, le débat autour de l'adoption d'une loi interdisant le port de la burqa n'a, jusqu'à présent, pas provoqué de vigoureuses empoignades parmi les socialistes.
Contrairement à d'autres épisodes récents, le débat autour de l'adoption d'une loi interdisant le port de la burqa n'a, jusqu'à présent, pas provoqué de vigoureuses empoignades parmi les socialistes. Le clivage entre partisans et opposants d'une solution législative n'en est pas moins manifeste. Ainsi, Manuel Valls, partisan d'une loi, a-t-il estimé, samedi 9 janvier dans un entretien au Parisien, que "la direction du PS manquait de détermination et de clarté". En principe, le PS est opposé à l'adoption d'un texte qui, selon lui, "ne pourrait pas avoir les effets escomptés". La lettre adressée le 6 janvier par Martine Aubry au président de la mission parlementaire, André Gerin, souligne que "le Parti socialiste refusera toute loi de circonstance, inapplicable". Dans ce texte de trois pages, la première secrétaire explique que le PS "préconise une action publique contre le port du voile intégral respectueuse de notre Etat de droit et qui mobilise de façon résolue les principes et les moyens de la République". Cette position de principe, soutenue par l'ensemble de la direction du parti, est majoritairement partagée par les dirigeants socialistes, dont Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. "Inaudibles" En phase avec l'UMP Jean-Pierre Raffarin, François Hollande, ancien premier secrétaire du PS, souhaite que ce principe fasse l'objet d'un accord général entre les différentes forces politiques. "Le consensus est très important, car on ne va tout de même pas faire une division au sein de notre pays, entre la gauche, la droite, au sein de la gauche, au sein de la droite" sur ce sujet, a-t-il indiqué, dimanche 10 janvier, lors du Grand rendez-vous Europe 1/Le Parisien. Un avis partagé par Jean-Paul Huchon, président (PS) du conseil régional d'Ile-de-France. A contrario, Manuel Valls se dit "surpris que le PS renonce à cette idée avant même de mener le combat juridique". "Le port du voile n'est pas une affaire de religion, il est fruit d'une revendication d'extrémistes qui testent la République", estime le député maire d'Evry (Essonne) qui regrette "l'irrépressible penchant du PS pour le "ni-ni" qui nous rend inaudibles." Sa position est partagée par Bernard Poignant. Le maire de Quimper, ancien président du groupe socialiste au Parlement européen, estime que la position du PS constitue "un recul sur les principes de laïcité et de dignité". Enfin, la députée de Moselle Aurélie Filippetti, qui préconise elle aussi le "bannissement" par la loi du port du voile intégral, rappelle que si le bureau national a organisé une discussion, il n'y a pas eu de vote. Ni le bureau national "ni le groupe socialiste à l'Assemblée nationale" n'ont officiellement pris position, insiste-t-elle. Jean-Michel Normand
11/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/11/au-ps-seules-quelques-voix-s-elevent-pour-reclamer-un-texte-legislatif_1290073_823448.html
Outre-mer
Les référendums risquent donc d'accroître confusion et frustrations. La précipitation avec laquelle ces consultations ont été organisées, deux mois avant les élections régionales, leur a donné des allures de manoeuvre politique. Dès lors que l'UMP préconisait le maintien du statu quo institutionnel, la victoire du "non" dans ces deux référendums risque de déstabiliser les élus locaux. L'outre-mer est en droit d'attendre des réponses moins politiciennes à ses problèmes.
Le paradoxe peut paraître déroutant. Il y a un an exactement, s'ouvrait, en Guadeloupe, avant de s'étendre à la Martinique et à la Guyane, une des plus longues crises sociales qu'ait connues l'outre-mer : 44 jours de grève, de blocage et de tensions, ponctués en Guadeloupe par des incidents à l'origine de la mort d'un syndicaliste. Pour apaiser les esprits, Paris avait changé de ministre, ouvert des Etats généraux sur l'avenir de ces territoires lointains de la République et décidé d'organiser des référendums locaux sur le renforcement de leur autonomie statutaire. C'est cette perspective que Guyanais et Martiniquais viennent d'écarter nettement. Lors des deux consultations organisées le 10 janvier, 69,8 % des premiers et 78,9 % des seconds ont répondu non à une plus grande autonomie. La crainte de se voir "largués" par la métropole et de perdre dans une évolution incertaine aides et soutiens nationaux et européens les a conduits à préférer le statu quo. Cette réaction traduit une double défiance. A l'égard de Paris, tout d'abord. Nicolas Sarkozy a certes observé une grande neutralité et il a pris acte de la "réponse claire" des deux consultations, qui "traduit l'attachement à un statut qui soit proche de celui des collectivités de métropole". Il n'empêche : lors de son déplacement aux Antilles, le 26 juin 2009, le président de la République avait vivement encouragé ces consultations, en invoquant la nécessité de changer de statut. A l'égard des élus locaux, ensuite. En Guyane comme en Martinique, les présidents de conseils régionaux et les principaux élus (de gauche) avaient appelé à voter oui au changement de statut, qu'ils appelaient de leurs voeux. Ils n'ont pas été suivis. Pour les populations, à l'évidence, de tels ajustements institutionnels ne répondent pas aux injustices et aux inégalités profondes qui continuent à miner ces territoires ultramarins - la "profitation" dénoncée par le LKP guadeloupéen - et à la crise économique, sociale et identitaire qu'elles nourrissent. Au bout du compte, ces référendums risquent donc d'accroître confusion et frustrations. La précipitation avec laquelle ces consultations ont été organisées, deux mois avant les élections régionales, leur a donné des allures de manoeuvre politique. Dès lors que l'UMP préconisait le maintien du statu quo institutionnel, la victoire du "non" dans ces deux référendums risque de déstabiliser les élus locaux. L'outre-mer est en droit d'attendre des réponses moins politiciennes à ses problèmes.
11/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/11/outre-mer_1290046_3232.html
Martinique et Guyane refusent une autonomie accrue
A près de 70 % en Guyane et 80 % en Martinique, les électeurs souhaitent rester soumis aux mêmes règles juridiques que la métropole.
La Guyane et la Martinique resteront des départements d'outre-mer. A respectivement 69,8 % et 78,9 % des voix, les habitants de ces territoires ont massivement rejeté le statut d'autonomie, selon l'article 74 de la Constitution, qui leur était soumis lors de la consultation organisée dimanche 10 janvier. Ce refus est d'autant plus éclatant que la participation, qui a atteint un taux de 55,27 % en Martinique et de 49,16 % en Guyane, témoigne d'une importante mobilisation de la population. Une seconde consultation sera organisée le 24 janvier. Elle portera, cette fois, sur la fusion en une assemblée unique des conseils régionaux et généraux de ces deux départements, selon l'article 73 de la Constitution. "Ce choix traduit l'attachement des Guyanais et des Martiniquais à un statut qui soit proche de celui des collectivités de la métropole, réaffirmant ainsi le lien étroit qui les unit à la République", a indiqué la présidence la République, dans un communiqué publié lundi. Un an après la crise sociale qui aura duré 35 jours dans leur île en janvier et février 2009, les Martiniquais ont manifesté leur refus de toute évolution politique vers une autonomie accrue et la mise en place de nouvelles institutions. Ils ont aussi exprimé une forme de défiance à l'égard des élus locaux, majoritaires aux conseils régional et général, qui militent de longue date pour l'autonomie au sein de la République. Seule la commune de Rivière-Pilote, le fief du leader du Mouvement indépendantiste martiniquais, Alfred Marie-Jeanne, président du conseil régional, a résisté au rejet du changement statutaire. Reconnaissant sa défaite, ce dernier considère que "cette victoire du non est le salaire de la peur instillée de manière insidieuse et perfide. Pour autant, la marche vers l'émancipation doit rester plus que jamais à l'ordre du jour des revendications martiniquaises." Partisan du oui, Claude Lise, sénateur et président du conseil général, est également convaincu qu'il s'agit d'un vote de panique. "La Martinique comme la Guyane ont manqué un rendez-vous avec leur histoire et sont passées à côté d'une réforme qui aurait pu aider à mieux construire leur avenir", a-t-il indiqué. Parmi les adversaires de l'autonomie proposée, le député Serge Letchimy, successeur d'Aimé Césaire à la tête du Parti progressiste martiniquais et à la mairie de Fort-de-France, a jugé que "le peuple martiniquais a refusé l'article 74, tel qu'il est conçu... Le peuple martiniquais méritait mieux, plus de respect, plus de transparence, plus d'ambition pour sortir ce pays de son marasme, économique et social". La satisfaction est aussi manifeste dans le camp de la droite, hostile à cette évolution. "C'est une réaction sage. La population martiniquaise prend ses précautions, dans un contexte de crise économique et financière à dimension internationale", a commenté Alfred Almont, député (UMP). Au cours de la campagne, M. Marie-Jeanne avait laissé entendre qu'il pourrait se retirer en cas d'échec. A l'issue des résultats, le leader indépendantiste était moins catégorique et, à deux mois des régionales, devrait prochainement annoncer ses intentions. Avec une participation de 48,16 %, moindre qu'en Martinique, les Guyanais ont, eux aussi, nettement rejeté toute transformation de leur département. Dix-neuf communes sur vingt-deux ont voté non, avec des scores qui dépassent 80 %, voire 90 % dans l'ouest et dans l'intérieur de la Guyane, là où la droite obtient traditionnellement ses meilleurs résultats. Toutes les grandes villes ont voté non à plus de 60 % (61 % de non dans la préfecture, Cayenne, et 79 % à Kourou). Ce résultat est un échec pour la classe politique locale - les présidents des conseils régional et général, les quatre parlementaires guyanais, dont la députée Christiane Taubira, et les principaux partis de gauche - qui s'était engagée au sein d'un front commun en faveur d'une autonomie limitée. A deux mois des régionales, l'actuel président, Antoine Karam (Parti socialiste guyanais, PSG) a annoncé son retrait après trois mandats à la tête de la région. Emmené par Rodolphe Alexandre, maire de Cayenne depuis 2008 et dissident du PSG, le camp du non (l'UMP et le parti de gauche Forces démocratiques de Guyane), minoritaire chez les élus, sort renforcé. "La campagne a tourné autour de la peur de perdre les acquis sociaux et du bilan de l'équipe sortante à la région", a déploré Mme Taubira. La ministre de l'outre-mer, Marie-Luce Penchard, considère que "ce vote négatif permet de clore pendant un bon moment la question de l'autonomie qui a parasité le débat sur la question essentielle du développement. Ce n'est pas le statut qui règle les problèmes. La preuve est fournie que lors des crises sociales, il n'y a pas forcément une volonté de rompre le lien avec la métropole." Mme Penchard espère en revanche une réponse positive lors de la consultation du 24 janvier. A deux mois des régionales, la fusion envisagée des assemblées régionales et départementales devrait relancer le débat politique local. Michel Delberghe, Hervé Brival (Fort de France, correspondant) et Laurent Marot
11/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/11/martinique-et-guyane-refusent-une-autonomie-accrue_1290081_823448.html
Ile-de-France : Valérie Pécresse veut imposer le thème de la sécurité dans la campagne
Après la mort d'un lycéen au Kremlin-Bicêtre, Valérie Pécresse, tête de liste UMP, attaque la gauche.
L'UMP, à la suite de Nicolas Sarkozy, veut faire de la sécurité un thème de campagne pour les élections régionales de mars. Valérie Pécresse a été la première à ouvrir le débat en Ile-de-France, à propos de la mort du lycéen, tué le 8 décembre par un autre élève, dans l'enceinte du lycée Darius-Milhaud au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Mais la droite peine à exploiter ce thème. Patron (PS) de la région, Jean-Paul Huchon prétend faire de la sécurité un des points forts de son bilan. Quant à Cécile Duflot, candidate des Verts, elle déplore la "surenchère" entre l'UMP et le PS sur le sujet, mais n'entend pas "fuir la confrontation" sur cette question. Elle affirme que "la région a un rôle à jouer pour assurer la tranquillité des citoyens". Dès vendredi, Mme Pécresse a attaqué, estimant que le président PS de la région avait eu "un mot malheureux" en affirmant que l'agression du jeune lycéen n'était "pas un problème de sécurité". Et dimanche, la ministre de l'enseignement supérieur a insisté : "Il y a dans nos écoles, dans nos lycées, des jeunes plus violents, plus déstructurés. Gérer la violence de ces jeunes est une question de sécurité." Jean-Paul Huchon, lui, préfère évoquer, "un règlement de comptes, une forme de West Side Story qui a mal tourné et qui n'a aucun rapport avec le dispositif de sécurité parfaitement bien mis en place par la région". La collectivité régionale a néanmoins fait valoir dans un communiqué, le 8 janvier, que 305 000 euros avaient été consentis pour installer notamment un portail de sécurité et deux caméras de vidéosurveillance dans ce lycée. La région a aussi rappelé qu'elle consacre cinq millions d'euros par an pour l'aménagement des parvis, le rehaussement des clôtures, la création de sas, la pose de grillages, l'installation d'alarmes, de caméras, dans les lycées. Le budget global de l'Ile-de-France pour la sécurité - dans les transports et les lycées - s'élève à 100 millions d'euros par an, a-t-elle précisé. "Si Mme Pécresse m'attaque sur la sécurité, elle perd son temps, assure Jean-Paul Huchon. Je ne fais pas partie des angélistes au PS et je ne suis pas suspect de laxisme." Et le président de la région d'enfoncer le clou : "l'Ile-de-France est la seule région à financer la construction de commissariats alors que la sécurité est une prérogative régalienne." L'argument ne convainc pas Valérie Pécresse. "Il y a eu ces derniers mois une montée sensible de l'insécurité dans les lycées, mais aussi dans les transports qui sont deux domaines qui relèvent de la compétence de la région", a contre-attaqué la chef de file UMP en dénonçant une baisse des crédits de la collectivité dans ce domaine. Mme Pécresse suggère à M. Huchon de financer des postes de "surveillants-tuteurs qui prennent en charge les jeunes les plus difficiles dans les lycées". Elle lui conseille d'"utiliser les crédits des emplois-tremplins promis par la région et qu'elle n'a jamais créés". Fin de non-recevoir de son adversaire socialiste : "Mme Pécresse demande à la région de se substituer à l'Etat qui a supprimé 30 000 emplois dans l'éducation nationale en 2009 et 2010, dont des surveillants, alors que la sécurité nécessite avant tout des moyens humains. Ce n'est pas sérieux !", s'exclame M. Huchon. Ce à quoi Mme Pécresse rétorque que "le gouvernement n'a supprimé aucun poste de surveillant et 3 800 emplois de médiateurs de réussite scolaires ont été créés au printemps". En plaçant la sécurité au coeur du débat régional, la droite cherche aussi à diviser le PS et les Verts. "L'argent déboursé pour la vidéoprotection serait bien plus efficacement dépensé s'il servait à renforcer la présence humaine dans les lycées, confiait dimanche Cécile Duflot, tête de liste des Verts en Ile-de-France. Une caméra n'arrêtera jamais le bras d'un lycéen qui dérape." Europe Ecologie et les Verts devraient proposer dans leur programme "la création d'un corps de médiateurs régionaux qui interviendrait dans les lycées et dans les transports", explique-t-elle. Malgré ces divergences avec les Verts sur les réponses à apporter à l'insécurité, M. Huchon se rassure : "Toutes les enquêtes sur les préoccupations des Franciliens montrent que la sécurité arrive loin derrière le chômage et la perte d'emploi. La droite aura du mal à en faire un thème porteur." A l'inverse, après le drame du lycée Darius-Milhaud, Mme Pécresse s'estime confortée dans son choix d'avoir mis dès le départ de sa campagne ce thème au centre de ses préoccupations. "C'est la preuve que la sécurité n'est pas une question politicienne", se justifie-elle. Dans un livre qui sort la semaine prochaine - Et si on parlait de vous ? (L'Archipel) - la candidate UMP évoque l'agression sexuelle dont elle a été victime à 24 ans. "J'ai eu beaucoup de chance mais j'ai longtemps eu peur de traverser les parkings seule. Le droit à la sécurité est devenu depuis, pour moi, une question non négociable", affirme Valérie Pécresse. Béatrice Jérôme
11/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/11/ile-de-france-valerie-pecresse-veut-imposer-le-theme-de-la-securite-dans-la-campagne_1290077_823448.html
Les banques américaines renouent avec les bonus
Goldman Sachs devrait verser en moyenne 595 000 dollars à chacun de ses salariés pour 2009. Chez JPMorgan Chase, les employés de la division de banque d'investissement s'apprêtent à recevoir environ 463 000 dollars.
Les grandes banques américaines renflouées par l'Etat s'apprêtent à verser des bonus à leurs employés, rapporte dimanche le New York Times. "La saison des bonus bancaires, ce rite annuel de l'argent roi et de l'ego plus fort encore, commence véritablement cette semaine, et il semble qu'elle sera l'une des ripailles les plus libérales et les plus controversées jamais vues dans ce secteur", écrit le journal. "Malgré les appels à la retenue de Washington et l'irritation de l'opinion publique, les banques qui ont retrouvé leur essor se préparent à verser des bonus qui rivaliseront avec ceux des années fastes d'avant la crise. Le butin, en liquide et actions, se comptera en nombreux milliards de dollars", ajoute l'article. Citant des dirigeants de banques, le journal écrit que certaines rémunérations pourraient atteindre, "six, sept, voire huit chiffres" pour certaines personnes."La banque d'affaires Goldman Sachs devrait verser en moyenne 595 000 dollars à chacun de ses salariés pour 2009, une des années les plus rentables de son histoire de 141 ans. Chez JPMorgan Chase, les employés de la division de banque d'investissement s'apprêtent à recevoir environ 463 000 dollars en moyenne." JPMorgan et Goldman Sachs ont reçu respectivement 25 et 10 milliards de dollars de l'Etat fédéral américain à l'automne 2008, sommes qu'elles ont depuis remboursées, s'affranchissant ainsi des contraintes en matière de rémunération imposées par Washington en échange de cette aide. Identifié comme un des facteurs ayant conduit à la crise en favorisant la prise de risque à court terme, le versement de bonus faramineux dans la banque scandalise l'opinion publique américaine, et en période de crise d'autant plus, alors que le taux de chômage atteint 10 % et que les banques sont tenues pour responsables de la crise. Lors du sommet de Pittsburgh en octobre, les dirigeants du G20 ont promis de "veiller à ce que [leurs] systèmes de régulation des banques et des autres établissements financiers contiennent les excès qui ont conduit à la crise". La banque centrale américaine a ordonné depuis aux banques du pays de revoir leur politique en matière de prime, mais n'a pas édicté de règle contraignante en la matière.
11/01/2010
la-crise-financiere
https://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2010/01/11/les-banques-americaines-renouent-avec-les-bonus_1290007_1101386.html
Comment peut-on être afghan à Paris ?
Ils sont cent cinquante à peu près. Cinq cents dans tout Paris, à marcher dans des tennis trouées, à tourner, sans trouver où s'arrêter au chaud.
Ils sont jeunes, certains ont à peine 15 ans, aucun plus de 30. Les plus chanceux ont une écharpe et un bonnet. Presque pas un n'a de gants. Le thermomètre pointe zéro. Qu'est-ce que ça change ? De toute façon, ce n'est pas le maigre brasier, deux planches minables, quatre cageots humides qui vont les réchauffer. Ils sont cent cinquante à peu près. Cinq cents dans tout Paris, à marcher dans des tennis trouées, à tourner, sans trouver où s'arrêter au chaud. Ils sont afghans. Ils ont lâché leur vie, leur famille, leurs amis, leur pays. La plupart viennent de régions contrôlées par les talibans. D'autres non. Quelle importance. Des bombes sautent à Kaboul. C'est tout le pays qui s'abandonne à la guerre. La France, c'est-à-dire nous, les poursuit comme des criminels. Menottes, avion : c'est aux barbus qu'on les remet, puisque les intégristes sont les seuls à leur ouvrir les bras. Souvenez-vous de ce temps : on appelait encore un mineur un enfant. Aucun ministre alors ne se serait permis de nous laisser croire qu'il est bon de laisser un enfant l'hiver dans la rue. Même étranger. Etre dignes Et il y a certainement eu une époque où on appelait un immigré un homme. Même s'il était sans papiers. Ces enfants, ces hommes sont venus chez nous portés par l'espoir d'échapper à la violence. D'étudier. De mener une vie paisible. D'être dignes. Ce ne doit pas être trop demander. Ne jetons pas dans les eaux du canal le manteau que saint Martin a partagé avec un pauvre. Atiq Rahimi, écrivain et Prix Goncourt 2009 ; Jean-Charles Blanc, écrivain ; Jacqueline Blanc-Mouchet, consultante ; Jane Birkin, artiste et chanteuse ; Jean-Claude Carrière, écrivain et scénariste ; Jacques Higelin, chanteur ; Daphné Kauffmann, écrivain ; Marjane Satrapi, auteur de bandes dessinées ; Nahal Tajadod, écrivain.
11/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/11/comment-peut-on-etre-afghan-a-paris_1290112_3232.html
Microcrédit, miracle ou désastre ?, par Esther Duflo
Présentée il y a trente ans comme le remède à une pauvreté entretenue par les usuriers, cette forme de prêt vient enfin d'être évaluée. Bilan mitigé.
Le microcrédit est, sans aucun doute, l'innovation qui a fait le plus parler d'elle dans la lutte contre la pauvreté. Il y a un peu plus de trente ans, Mohammed Yunus consentait ses premiers prêts à un groupe de femmes du Bangladesh. Il y a aujourd'hui plus de 150 millions de micro-emprunteurs à travers le monde. Le programme a essaimé jusqu'aux Etats-Unis et en France. La grande majorité de ces clients n'avaient auparavant aucun accès au crédit bancaire et étaient contraints d'avoir recours aux usuriers de village, qui pratiquent des taux faramineux (en Inde, les vendeurs de légumes qui empruntent à la journée paient jusqu'à 5 % par jour, et dans les villages, des taux de 20 % par mois ne sont pas rares). Or, presque tous doivent bien, un jour ou l'autre, avoir recours au crédit : en effet, les pauvres vivent dangereusement... Ils sont très souvent à leur compte : au Pérou, 69 % des ménages urbains les plus pauvres ont leur propre entreprise. En Inde, au Pakistan, au Nicaragua, cette proportion se situe entre 47 % et 52 % (dans les pays de l'OCDE, la proportion d'entrepreneurs n'est que de 12 %). Dans les régions rurales, la part des ménages à leur compte est encore plus importante. Le moindre choc (une mauvaise récolte, une maladie, un vol...) les laisse extrêmement vulnérables. Les filets de sécurité auxquels nous sommes habitués, Sécurité sociale, retraite et même la possibilité de déposer le bilan, n'existent pas. Epargner est difficile et dangereux : les banques ne veulent pas gérer des petites sommes et les économies laissées sous le matelas disparaissent facilement. C'est pourquoi rares sont les pauvres qui n'ont aucune dette. Au Pakistan, 93 % des ménages les plus pauvres sont endettés, souvent à la suite d'un choc, parfois pour financer leur activité ; au Rajasthan, ils sont plus de deux tiers et en Afrique du Sud, un tiers. Alors que ces ménages avaient auparavant forcément recours à l'usurier local ou au propriétaire terrien, ils ont aujourd'hui la possibilité d'emprunter à des institutions de microfinance. Les taux d'intérêt, bien qu'élevés si nous les comparons à ceux qui sont pratiqués dans les pays développés (de 20 % à plus de 100 % par an selon les pays), sont nettement plus faibles que ceux auxquels ils étaient habitués. Cela représente une réussite importante, dans des pays où les services à l'intention des plus pauvres, privés ou publics, brillent par leur absence. Les essais des décennies antérieures pour distribuer des crédits subventionnés par l'intermédiaire des banques nationales se sont écroulés, sous le poids des non-remboursements et de la corruption. Les institutions de microcrédits sont dirigées par des entrepreneurs qui maîtrisent parfaitement la distribution d'un service de qualité à très grande échelle : par leur dynamisme et leur capacité d'innovation, ils ont réussi là où des tentatives bien mieux financées et soutenues par des gouvernements locaux ou étrangers avaient échoué. Mais beaucoup voient dans le microcrédit bien plus qu'un simple instrument financier. Pour eux, le microcrédit devrait favoriser une transformation en profondeur de la vie des plus pauvres. Donner cet outil financier à des familles - et souvent à des femmes, ce qui est sans doute encore plus important - leur assurerait non seulement un moyen de vivre mais une dignité, les conduirait à investir plus pour leur santé ou l'éducation et à réduire la discrimination contre les femmes et les petites filles. Certains sont allés jusqu'à suggérer qu'en accordant aux femmes l'accès à un capital, le microcrédit permettrait de lutter contre le sida... La vision du monde de Mohammed Yunus est profondément optimiste : selon lui, chacun de nous est un entrepreneur en puissance et la seule chose séparant une femme pauvre du Bangladesh d'un directeur d'entreprise serait l'accès au capital (et peut-être à un téléphone pour savoir où vendre ses produits !). La lutte contre la pauvreté n'a pas besoin de charité : il suffit de créer les bonnes opportunités que les pauvres sauront saisir pour faire croître leur entreprise et rembourser emprunts et intérêts. Ce message est très séduisant : il semble dévoiler les clefs d'une richesse humaine cachée qu'un produit financier bien fait débloquerait. Il rejoint les conclusions de l'économiste péruvien Hernando de Soto, pour qui la barrière fondamentale à la réussite des plus pauvres est l'absence de droits de propriété sur leur maison et leurs terrains, les empêchant de capitaliser sur leur richesse. Il trouve un écho important chez les sceptiques de l'aide et du rôle des gouvernements : la clé de la fin de la pauvreté reste le marché. Cet enthousiasme n'est pas sans susciter des retours de bâton. Certains sont sceptiques, voire hostiles. Ils considèrent les banquiers du microcrédit comme de nouveaux usuriers qui exploitent l'incapacité des plus pauvres à résister à la tentation de l'emprunt ; ils soulignent que les taux d'intérêt, souvent présentés de manière obscure, restent très élevés par rapport à ce que paient les plus riches. Ces critiques attribuent même au microcrédit les suicides de paysans surendettés, soumis à une pression indue exercée par les agents de prêts. En effet, ceux-ci, rémunérés en fonction du nombre de clients et de leur taux de remboursement, sont incités à pousser à l'emprunt d'abord, et à forcer au remboursement par tous les moyens ensuite. Ces derniers temps, cette vision négative a gagné du terrain : on la voit s'exprimer dans de nombreux blogs et articles de presse, qui vont jusqu'à accuser le microcrédit de ruiner les économies locales. Le fait que le microcrédit soit souvent présenté comme l'alternative aux programmes de redistribution traditionnels et les profits importants réalisés par certaines des institutions ne sont certainement pas étrangers à ces critiques. Le microcrédit, miracle ou désastre ? Malheureusement, en dépit de l'importance du débat, il n'y avait pas jusqu'à récemment d'étude rigoureuse de part ou d'autre. Partisans et adversaires se battaient à coup d'anecdotes ou d'études difficiles à interpréter, parce qu'elles comparaient des pommes et des oranges (c'est-à-dire des emprunteurs et des non-emprunteurs). Chaque camp avait beau jeu de critiquer les données imparfaites des autres. Mais cela est en train de changer grâce au courage et à la vision de certaines institutions particulièrement novatrices : Spandana en Inde, Al Amana au Maroc, First Macro Bank aux Philippines, Compartamos au Mexique ont permis à des chercheurs (dont j'ai eu la chance de faire partie) d'évaluer rigoureusement l'impact de leurs programmes dans le cadre d'expérimentations : des personnes similaires en tous points, mais dont certaines ont eu la possibilité d'emprunter et d'autres non, sont comparées. Nous avons aujourd'hui les résultats des évaluations réalisées aux Philippines et en Inde. Ces deux programmes sont très différents. Aux Philippines, First Macro Bank propose des emprunts à des entreprises qui existent déjà, sur une base individuelle. En Inde, Spandana utilise le modèle canonique de la Banque Grameen (l'institution créée par Mohammed Yunus): un petit emprunt solidaire, réservé à des femmes. Pourtant, les résultats concordent : dans les deux pays, les emprunteurs acquièrent plus de biens durables (télévision, réfrigérateur, etc.) pour leur foyer. Ceux qui ont une petite entreprise investissent dans celle-ci : ils acquièrent des actifs productifs (bicyclette, machine à coudre) ou augmentent leurs stocks. En Inde, un emprunt sur huit conduit à la création d'une nouvelle activité indépendante (aux Philippines, tous les emprunteurs avaient déjà une entreprise). Ces études semblent donc nous dire que le microcrédit rend exactement les services attendus d'un bon produit financier : il permet à ses clients d'effectuer des achats importants, pour leur activité ou pour leur ménage, qu'ils n'auraient pas pu engager autrement. Mais, dix-huit mois plus tard, on ne constate aucun signe d'une transformation profonde de la vie de ces familles : ni l'une ni l'autre de ces études ne démontre d'impact sur la santé, la scolarisation ou le pouvoir de décision des femmes. En revanche, contrairement aux prédictions pessimistes des sceptiques de la microfinance, on ne constate aucune frénésie de consommation irresponsable provoquée par l'argent facile : au contraire, en Inde, les familles abandonnent certaines des petites tentations de la vie courante (thé, snacks, noix de bétel, tabac) pour rembourser l'emprunt qui leur a permis d'acheter des biens durables. Il ne s'agit bien sûr que d'effets à court terme. L'impact dans trois ans ou plus sera peut-être tout à fait différent. Les revenus supplémentaires de l'activité financeront-ils la scolarisation des enfants ? Ou bien le poids des remboursements hebdomadaires se fera-t-il sentir davantage ? Les données sont en cours de collecte. Le monde rêve d'une recette miracle contre la pauvreté et le microcrédit était un candidat tout à fait plausible. Ces études suggèrent qu'il est temps de revenir à une description plus nuancée de ses avantages possibles. Mais reprocher au microcrédit d'être inutile ou dangereux parce qu'il ne se révèle pas être cette recette miracle n'a pas grand sens. Laisser de côté le discours polémique a aussi l'avantage de nous inciter à dépasser un débat binaire pour remettre en question le modèle canonique du microcrédit et nous demander comment il pourrait encore mieux servir ses emprunteurs. Une des limites du microcrédit est qu'il finance essentiellement des activités à toute petite échelle, de très faible croissance, bien éloignées de l'image d'Epinal d'un Bill Gates démarrant Microsoft dans son garage : dans les rues des villes d'Inde, d'Indonésie ou du Bangladesh, on voit d'innombrables petites épiceries, vendant toute la même chose, dont les bénéfices suffisent à peine à payer un salaire minimal à leur propriétaire, en dépit des dix à douze heures de travail quotidien. Ces micro-entreprises ont beaucoup de mal à passer à la vitesse supérieure : plus de 90 % des entreprises des clients de Spandana que nous avons étudiées n'ont pas d'employé ; aucune n'en a plus de trois. Dans quelle mesure la structure même du microcrédit contribue-t-elle à cet état de chose ? Un premier aspect est la responsabilité solidaire, marque de fabrique du microcrédit. Elle décourage la prise de risque, car les autres femmes du groupe ne veulent pas prendre le risque de devoir rembourser en cas d'échec, alors qu'en cas de succès, elles n'empocheront pas les gains supplémentaires : elles auront donc tendance à empêcher les autres membres de se lancer dans des activités risquées, mais plus rentables. Or une étude récente aux Philippines montre que le prêt solidaire n'est pas essentiel au bon remboursement : les taux de remboursements sont tout aussi élevés dans les succursales traditionnelles que dans celles où les clientes sont seulement responsables de leur propre emprunt. Le remboursement hebdomadaire et immédiat, autre pierre angulaire du microcrédit, a lui aussi ses limites. Au Bengale-Occidental, l'organisation Village Welfare Society a permis à certaines clientes de ne commencer à rembourser que quelques semaines après avoir perçu l'argent du prêt. Cela leur a permis de faire des investissements plus ambitieux et plus rentables : par exemple, celles qui voulaient se lancer dans la vente de vêtements ont acheté une machine à coudre plutôt qu'un stock de saris à revendre. Ce niveau de risque plus élevé a, bien sûr, conduit à plus d'échecs et donc à plus de non-remboursement. Ainsi paradoxalement, le microcrédit, par ses règles actuelles, est plus adapté à financer des activités familiales qui vivotent que de véritables entreprises créant des emplois. Mais le mouvement est en train de se renouveler : certaines institutions de microcrédit (dont Grameen Bank,) ont discrètement abandonné le prêt solidaire. Elles continuent à demander à leurs clientes de se rencontrer chaque semaine, ces réunions créant des liens sociaux forts, facilitant l'entraide en cas de crise. Mais elles ne sanctionnent plus une cliente lorsqu'un membre du groupe ne rembourse pas. Par ailleurs, des organismes comme Accion aident les institutions de microfinance à proposer à leurs meilleurs clients des produits individuels, adaptés au financement d'entreprises un peu plus importantes. D'autres groupes proposent des formations en comptabilité ou en gestion à leurs clients. Mais le financement n'est pas la seule barrière à la croissance des micro-entreprises. Dans de nombreux cas, les clients de la microfinance sont entrepreneurs faute de mieux. A la suite de la crise asiatique par exemple, le nombre d'entreprises familiales a explosé en Thaïlande. Mais contrairement aux périodes antérieures, ces entreprises n'ont pas prospéré. Leurs propriétaires les ont abandonnées dès que la situation économique s'est améliorée et qu'ils ont pu retrouver un emploi salarié. Ces entrepreneurs forcés rêvent, pour eux et pour leurs enfants, d'un emploi stable, qui semble, lui, enclencher une vraie dynamique de transformation : sa sécurité permet d'investir dans la scolarisation des enfants, la santé ou une maison plus accueillante. Cela ne remet bien évidemment pas en cause l'utilité du microcrédit, puisque ces emplois stables n'existent pas ou pas en assez grand nombre. Une activité, même modeste, constitue déjà un revenu essentiel. Toutefois la vision romantique d'un milliard d'entrepreneurs aux pieds nus est probablement une illusion. Savoir distinguer ceux de leurs clients qui ont réellement le goût du risque et de l'entreprise de ceux qui y sont contraints, et offrir à chacun des services adaptés est le nouveau défi de la microfinance. Parallèlement, le développement d'un vrai secteur salarial (industriel ou de service) doit rester une priorité pour une politique économique dans les pays pauvres. Esther Duflo est économiste.
11/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/11/microcredit-miracle-ou-desastre-par-esther-duflo_1290110_3232.html
Parents désarmés, par Robert Solé
La société Taser ne cesse d'améliorer ses pistolets à impulsion électrique, très prisés des forces de l'ordre. Mais loin de se limiter à la répression, elle s'intéresse aussi à la prévention, et même à l'éducation.
La société Taser ne cesse d'améliorer ses pistolets à impulsion électrique, très prisés des forces de l'ordre. Mais loin de se limiter à la répression, elle s'intéresse aussi à la prévention, et même à l'éducation. Au grand Salon électronique de Las Vegas, le fabricant américain vient de présenter Mobile Protector, une application qui permet aux parents de "prendre le contrôle du téléphone portable de leurs enfants". Père et mère seront avertis par une alarme, sur leur propre appareil, de l'appel d'un numéro inconnu. Ils surveilleront textos, photos et vidéos de leur progéniture. Le programme permet aussi d'entendre les conversations, ce qui suppose sans doute de se relayer toutes les douze heures sur table d'écoute. Le plus simple serait, bien sûr, de prohiber le port du téléphone avant un certain âge. Mais les parents en sont incapables. Mieux les armer pour éduquer devient une nécessité. Si Mobile Protector ne suffit pas, ils pourraient toujours recourir au service de base de Taser. A défaut de donner l'exemple, ils donneraient au moins des impulsions à ces drôles de pistolets qu'ils ont enfantés. Robert Solé
11/01/2010
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https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/11/parents-desarmes-par-robert-sole_1290135_3232.html
Viens chez moi, j'habite dans un conteneur
La formule évolue vers du "temporaire permanent" : les caissons, conçus au départ pour durer cinq ans, verront sans doute leur durée de vie doubler.
An De Ridder a 26 ans et de l'enthousiasme à revendre. Cette jeune Flamande a rompu les amarres avec son pays pour étudier l'histoire et l'Europe à Amsterdam. Et elle vit, comme des milliers de ses congénères, dans un logement d'un nouveau type, que les Pays-Bas n'ont aucune honte à exhiber : le conteneur. Houthaven ("le port au bois") est un quartier semi-résidentiel d'Amsterdam situé à dix minutes de la gare centrale. S'il n'y prend garde, le passant ne remarquera même pas cette construction sur trois étages qui regroupe 700 logements. S'il tourne la tête, il se demandera si c'est un complexe scolaire ou un centre pénitentiaire qui a été érigé là. S'il s'engage dans l'une des ruelles du "village" au bord de l'eau, il tombera sur un carré de gazon qui fait office de place centrale et de parking pour les gros vélos des centaines d'occupants. Etonné par le nombre de boîtes aux lettres et de sonnettes à l'entrée de chaque unité, le visiteur comprendra enfin en quoi consiste l'immobilier local : un empilement de caissons dotés d'une fenêtre unique, entourés chacun d'une coque en plastique et surmontés d'un toit métallique. Le studio-conteneur d'An De Ridder fait 23 m2, salle de bains comprise. Elle s'y sent bien. Elle y a posé son lit, ses livres et ses bibelots. Ici, elle apprécie surtout son indépendance, la proximité du centre-ville et le fait de ne plus devoir partager la cuisine et la douche. Avant, elle acquittait 400 euros pour une "piaule" de 8 m2 dans la ville. Aujourd'hui, elle paie 385 euros par mois pour son conteneur. Confrontés à une très forte pénurie, les responsables du logement ont imaginé cette solution il y a quelques années. En 2003, la situation était devenue intenable dans plusieurs villes des Pays-Bas, et tout particulièrement à Amsterdam, qui regroupe deux des quatre plus grandes universités du royaume. La mauvaise humeur grimpait et les prix s'affolaient au fur et à mesure que croissait (de 3 % à 4 % par an, en moyenne) le nombre d'inscrits dans les universités et les écoles supérieures. Les "corporations du logement" ont donc imaginé de recourir à la formule des conteneurs. Ces corporations, parfaites incarnations du défunt "modèle social néerlandais", sont nées au XIXe siècle. Elles avaient, au départ, été instituées pour améliorer le logement des Néerlandais les moins riches. A la fin de la seconde guerre mondiale, elles devaient viser à "l'élévation morale du travailleur". La vague libérale et le désengagement de l'Etat ont toutefois transformé ces structures, devenues progressivement de grosses sociétés immobilières privées des moyens publics et contraintes à trouver de l'argent sur le marché des capitaux. Souvent florissantes, elles détiennent aujourd'hui près de 2,5 millions de logements et se voient reprocher de ne plus se soucier du social : dans 70 % des cas, les logements à bon marché qu'elles rasent sont remplacés par des habitations bien plus coûteuses. Certaines ont toutefois signé des accords avec des municipalités afin de résoudre, notamment, la question de l'hébergement des étudiants. "En 2004, nous avons voulu saisir le problème à bras-le-corps et aller très vite", explique Wim De Waard, responsable du logement étudiant à la corporation De Key. Elle a donc construit les conteneurs d'Houthaven en l'espace de cinq mois. La formule initiale, celle de vrais conteneurs maritimes sommairement aménagés, comme on en voit en d'autres endroits du pays, a été améliorée. L'acoustique, l'isolation, les fondations ont été renforcées. Et une troisième génération de conteneurs est en train de naître : assemblés en Chine et totalement aménagés sur place, ils comporteront jusqu'à des rideaux, censés renforcer l'illusion d'un logement "normal" et gommer la réputation des conteneurs. Beaucoup de Néerlandais les ont, en effet, baptisés "maisons de la dernière chance". Parce que, au départ, les autorités avaient imaginé qu'ils abriteraient pendant quelque temps des personnes souffrant de troubles psychiques ou dépendantes de la drogue, voire des illégaux... Aujourd'hui, les statistiques indiquent que les jeunes Néerlandais font des études de plus en plus longues, que les jeunes d'origine immigrée affluent en masse dans l'enseignement supérieur et que les étudiants étrangers (Allemands, Chinois et Belges, dans l'ordre) sont de plus en plus séduits par un enseignement de qualité, délivré pour une large part en anglais. Aussi, le déficit de logement risque-t-il de perdurer. "Jusqu'en 2020", annonce la société Duwo, elle aussi active dans le secteur du logement-conteneur. Conçue comme temporaire, la formule du conteneur évolue donc vers ce que Wim De Waard nomme, en souriant, le "temporaire permanent". Les caissons, conçus au départ pour durer cinq ans, verront sans doute leur durée de vie doubler. Et les "villages", censés être démontés pour faire place nette à des constructions en dur, devraient, eux aussi, durer plus longtemps que prévu. La crise a refroidi les ardeurs des promoteurs et le coût d'un déplacement des cités est désormais davantage pris en compte. Comme d'autres, comme son compagnon qui vit dans un studio du même genre, An De Ridder se demande seulement, avec un brin de scepticisme, où elle s'installera une fois ses études terminées : à Amsterdam, il faut parfois jusqu'à quinze ans pour décrocher un appartement abordable dans le centre de la ville. Courriel : stroobants@lemonde.fr.
11/01/2010
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https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/11/viens-chez-moi-j-habite-dans-un-conteneur-par-jean-pierre-stroobants_1290134_3232.html
"""Un ours au coeur d'éléphant"", par Franck Nouchi"
Philippe Séguin était cultivé, amateur de bons mots, allergique à la communication...
Le décès brutal de Philippe Séguin aura été l'occasion d'un rare moment d'unanimisme national. A croire que le plus ombrageux des hommes politiques n'avait que des admirateurs. Il appartenait à la catégorie très populaire des grands seconds rôles. S'il avait été acteur, on l'aurait placé au côté de comédiens tels que Jean Rochefort, Jean Carmet ou Jacques Villeret, des "caractères" qui à force d'apparaître à l'écran ont fini par faire partie du patrimoine national. On le pressentait : jamais Philippe Séguin n'aurait le tout premier rôle ; et c'est pourquoi il était tant aimé. Chacun garde en mémoire ce débat qui l'opposa en 1992 à François Mitterrand. Qui d'autre que ce géant à la voix de baryton et au sourire si rieur aurait pu se retrouver face à ce monstre sacré de la politique tenaillé par la maladie ? Il y avait chez Philippe Séguin une tendresse qui faisait qu'on lui pardonnait son emportement et ses erreurs. "Un ours au caractère de cochon et au coeur d'éléphant", écrivait Anne Roumanoff dans le JDD. On l'a dit, les journalistes aimaient Philippe Séguin. Il était le client parfait, cultivé, bretteur, amateur de bons mots, allergique à la communication et aux éléments de langage qui empoisonnent le débat public. Pierre Viansson-Ponté, qui fut un des grands journalistes politiques de la seconde moitié du XXe siècle, écrivit un jour une Lettre ouverte aux hommes politiques (Albin Michel). On était en 1976, et les apostrophés s'appelaient Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Pierre Mendès-France, Michel Debré, etc. De Philippe Séguin, il n'était pas fait mention. Même si les deux hommes sont très différents, c'est dans la lettre que "Viansson" adressa à Michel Rocard que l'on trouve des clés utiles pour comprendre la place singulière que tenait l'ancien président de l'Assemblée nationale sur la scène politique : "Il y a une autre face de votre personnalité qui complique dramatiquement votre tâche et compromet bien plus encore vos chances de réussir (...) : c'est que vous êtes le contraire d'un imbécile. C'est utile, vous savez, d'être un ignorant patenté, un aimable crétin en politique. Ainsi n'éprouve-t-on pas ces pudeurs, ces scrupules, ces réserves qui empêchent trop souvent l'homme intelligent, surtout s'il est doué du sens du ridicule, de s'abandonner à la démagogie la plus outrancière, de changer de cap sur l'heure sans souci de passer pour une girouette, de recourir aux arguments et aux trucs de métier les plus éculés et misérables sans l'ombre d'une hésitation." "Loin de moi, ajoutait l'éditorialiste du Monde, la pensée de faire de la sottise, de l'inculture et de l'absence de caractère la pierre de touche de la réussite en politique. Mais tout de même la compétence, la conviction et l'honnêteté intellectuelle, c'est beaucoup, c'est trop." Une certaine idée de la politique... Franck Nouchi
11/01/2010
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Génération Jospin-Séguin, par Gérard Courtois
Tout dessine de singulières résonances entre le ténor de la droite et le cacique de la gauche.
L'un venait d'achever sa vie. L'autre venait dresser l'inventaire de la sienne. Le hasard a voulu, jeudi 7 janvier au matin, que Lionel Jospin ait été l'un des tout premiers à réagir au décès de Philippe Séguin : il présentait, à la radio, son dernier livre (Lionel raconte Jospin) quand la nouvelle est tombée. "Nous devons le regretter", a-t-il commenté d'une de ces formules corsetées dont il a le secret. Engagements, parcours, styles : tout semble séparer les deux hommes. Le jeune gaulliste Séguin rejoint le cabinet de Georges Pompidou à l'Elysée au moment où le jeune socialiste Jospin entre dans le cercle des collaborateurs directs de François Mitterrand, chef de l'opposition. En 1981, le premier est, à l'Assemblée nationale, l'un des plus talentueux bretteurs de la droite contre les socialistes triomphants, dont le second dirige le parti. Quels que soient ses mérites, Philippe Séguin ne fut jamais ministre que deux ans (entre 1986 et 1988), quand Lionel Jospin gouverna le pays pendant cinq ans, entre 1997 et 2002. En 1992, le premier s'imposa comme le héraut du non à l'Europe de Maastricht ; le second fut l'homme du non au non. Quand l'un, enfin, pouvait se montrer aussi flamboyant qu'imprévisible, l'autre poursuivait sa route avec sérieux et détermination. Tout, pourtant, dessine de singulières résonances entre le ténor de la droite et le cacique de la gauche. Comme si la page se tournait d'une génération politique. Une génération d'enfants de "hussards noirs" (la mère de l'un, le père de l'autre) sélectionnés par la République pour leurs talents, façonnés par le service public et l'ENA de la grande époque. Une génération dont les premières révoltes furent contre la guerre d'Algérie, et les engagements initiaux à l'UNEF (même si Séguin, de quelques années le cadet, faisait le coup de poing à la fac d'Aix-en-Provence quand Jospin s'apprêtait à partir pour les Aurès). Les similitudes ne s'arrêtent pas là. Ni l'un ni l'autre n'ont eu l'échine souple. Ils se sont charpentés dans la passion de l'histoire, la confrontation des idées, la défense d'ambitions collectives plus que personnelles. Pour Séguin, le gaullisme était une forme de résistance aux vieilles démangeaisons d'une droite réactionnaire ou pétainiste. Pour Jospin, le socialisme a été et doit rester le plus solide antidote à la vieille tentation centriste d'une gauche qui aurait renoncé à ses idéaux. Pour l'un et l'autre, la politique n'allait pas sans éthique ni principes. Il n'est pas jusqu'à leurs destins inachevés qui ne les rapprochent. Séguin, qui en avait l'étoffe sinon l'audace, n'a jamais osé sauter le pas d'une candidature à l'élection présidentielle. Jospin, qui en a eu l'occasion, n'a pas su la saisir. "J'éprouvais un sentiment de gâchis", note-t-il sobrement dans son livre à propos de son échec du 21 avril 2002. Sans doute Philippe Séguin a-t-il pu penser la même chose lorsqu'il s'est retiré de la vie politique, au même moment. Courriel : courtois@lemonde.fr. Gérard Courtois
11/01/2010
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Trois fondamentaux du sarkozysme à l'épreuve de 2010, par Jérôme Jaffré
Nicolas Sarkozy pense manifestement que la violence des propos tenus sur sa personne détourne de la mobilisation contre sa politique.
Dans l'impopularité qui touche actuellement le chef de l'Etat, la crise économique et ses effets pèsent bien sûr beaucoup. Mais il s'y ajoute un mécontentement sur la façon de présider le pays. L'un des fondamentaux du sarkozysme est d'avoir un président qui s'expose, assume la politique menée et ouvre en permanence des lignes de front et de clivage. En agissant ainsi, Nicolas Sarkozy délaisse la posture classique des présidents de la Ve République soucieux de rassembler les Français, même s'il y avait une part d'hypocrisie. Il considère qu'il maintient ainsi sa capacité d'action, alors que la recherche de la popularité se payait souvent du prix de l'immobilisme. Et il se juge capable de réactiver à volonté la mobilisation de son électorat. Fort de ses pouvoirs et du soutien de sa majorité, M. Sarkozy estime que, malgré l'impopularité, il peut continuer de réformer. Mieux, il pense manifestement que la violence des propos tenus sur sa personne détourne de la mobilisation contre sa politique, aidé par le sentiment diffus que les réformes menées sont désagréables mais nécessaires. 2010 dira si cette façon de voir reste valable. Le premier risque pour le chef de l'Etat est que le mécontentement sur sa façon de présider dépasse ses adversaires naturels pour toucher une part de la droite qui, pour cette raison, s'abstiendrait aux élections régionales des 14 et 21 mars. Le second risque est d'avoir beaucoup de mal à rebondir en cas de lourde défaite au scrutin de mars. Ses prédécesseurs pouvaient montrer leur écoute des urnes en changeant de premier ministre. Un tel message n'aurait pas aujourd'hui la même force puisque, au vu et au su de tous, le président concentre les pouvoirs. Pire, il pourrait même passer pour une fuite de ses propres responsabilités. Enfin, le rendez-vous de la réforme des retraites dira ce qu'il en est de la capacité d'action intacte. La crise a largement brisé l'une des clés de la victoire de 2007, le fameux "Travailler plus pour gagner plus". Mais elle a aussi offert au président une échappatoire à cette promesse bien difficile à tenir. Pour conserver la cohérence de son quinquennat, M. Sarkozy met en avant un autre de ses fondamentaux : "Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts." Il espère que, d'ici à la fin de son quinquennat, les réformes réalisées et la reprise économique lui permettront de tenir cette ligne. Elle est bien sûr fortement contestée par l'opposition, qui cite comme symboles d'injustice le bouclier fiscal et les taxes préférées à l'impôt progressif. Mais pour M. Sarkozy, un clivage opposant ceux qui veulent augmenter les impôts à lui qui s'y refuse le plus possible a tout son intérêt. Plus préoccupante à ses yeux est l'inquiétude qui s'accroît dans l'électorat de droite devant la montée de la dette et des déficits. Le refus d'endosser les habits de la rigueur, qui appellerait l'équité dans la répartition des efforts, pourrait se révéler contre-productif dans l'opinion si la crise économique, loin de s'estomper comme il semble, s'aggrave. Le 31 décembre 2009, le décalage était saisissant entre M. Sarkozy déclarant qu'en 2010 "les efforts vont porter leurs fruits", et Angela Merkel qui, il est vrai, vient d'être réélue, annonçant aux Allemands une année très difficile. Sur le plan politique, un des fondamentaux de Nicolas Sarkozy consiste à penser qu'une UMP nettement en tête au premier tour des régionales disposera alors d'une dynamique permettant de l'emporter au second. Dans ce raisonnement, le souvenir de l'élection présidentielle victorieuse compte beaucoup : 31 % au premier tour et 53 % au second. A ses yeux, l'autre condition de la victoire, qu'il a explicitée devant le conseil national de l'UMP, réside dans "l'ouverture aux thèmes". Avec le débat sur l'identité nationale, dont la fonction politique trop évidente est de garder les électeurs conquis sur le Front national en 2007. Avec la mise en avant de thèmes écologiques et, mordicus, de la taxe carbone pour, espère-t-il, bénéficier en mars du report au second tour d'une fraction importante de l'électorat écologiste, idéologiquement très hétérogène. Les élections régionales vont mettre à l'épreuve ces raisonnements. Que le Front national, cantonné depuis 2007 entre 4 % et 7 % des voix, dépasse dans le pays la barre des 10 %, et la conclusion évidente sera que le débat sur l'identité nationale lui a redonné de l'élan perdu. Qu'après un premier tour, où elle arrive en tête, l'UMP se trouve incapable de trouver les renforts pour l'emporter au second, et l'idée de dynamique aura du plomb dans l'aile. Des forces centrifuges pourraient alors se développer dans la majorité. Hervé Morin, président du Nouveau Centre, ne vient-il pas de lâcher une phrase assassine sur l'UMP, qualifiée de "RPR d'hier" ? D'autres schémas sont possibles, avec la création d'une force centriste-radicale et d'un parti écologiste proche de la majorité, comme jadis les conseillers de François Mitterrand lancèrent Génération Ecologie, le mouvement de Brice Lalonde et de Jean-Louis Borloo, pour réduire l'impact des Verts. Une lourde défaite aux régionales mettrait en question l'architecture politique du sarkozysme. Courriel : cecop.sondages@wanadoo.fr. Jérôme Jaffré (Editorialiste associé)
11/01/2010
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Deux militaires français tués en Afghanistan
Un sous-officier a été tué lors d'une attaque lundi, et un officier est mort mardi des suites de ses blessures.
Un sous-officier français du service de santé des armées affecté au 402e régiment d'artilleriea été tué, lundi 11 janvier, lors d'une attaque contre des militaires français en Afghanistan, a annoncé la présidence de la République. Un officier qui avait été grièvement blessé lors de cette attaque, survenue dans la vallée d'Alasay, au nord-est de Kaboul, est mort mardi des suites de ses blessures, selon des informations communiquées par le ministère de la défense. Les militaires font partie de la 1re brigade mécanisée et du 402e régiment d'artillerie de Châlons-en-Champagne. C'est le 37e militaire français tué en Afghanistan depuis l'arrivée de troupes françaises en décembre 2001. Au total, six soldats de l'OTAN, dont au moins trois Américains, ont été tués, lundi, dans différentes attaques en Afghanistan. Il s'agit de la journée la plus meurtrière pour les troupes de l'OTAN déployées en Afghanistan depuis deux mois, selon l'OTAN. "RECONNAISSANCE" DE LA FRANCE A cette occasion, le président Sarkozy a réaffirmé en outre "son soutien au peuple afghan et aux autorités afghanes". Condamnant "avec force cette violence aveugle", il a "exprimé la détermination de la France à continuer d'œuvrer au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité". "Cette force, mandatée par l'ONU, a reçu la mission de contribuer au retour de la stabilité, au rétablissement de la paix et au développement en Afghanistan", a-t-il conclu. Hervé Morin, ministre de la défense, a lui aussi, dans un communiqué, exprimé "sa reconnaissance à l'égard du sous-officier du service de santé des armées affecté au 402e régiment d'artillerie qui a donné sa vie pour la paix en Afghanistan, ainsi qu'à son camarade grièvement blessé au cours de cette mission". Quatrième contributeur des forces de l'OTAN en Afghanistan, la France a dépêché près de 3 750 soldats en Afghanistan et dans les pays voisins, dont 3 300 sur le sol afghan.
11/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/11/un-sous-officier-francais-tue-en-afghanistan_1290039_3216.html
Le Front de gauche part en campagne après des négociations difficiles
Le PCF a finalement accepté de laisser plus de place au Parti de gauche et à la Gauche unitaire sur les listes des régionales
L'accouchement a été long mais cette fois les listes sont bouclées et le Front de gauche est parti en campagne. Après plusieurs semaines de tractations tendues entre le PCF et le Parti de gauche, c'est devant plus de 3 700 personnes que Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon et Christian Picquet ont tenu, dimanche 10 janvier, leur premier meeting pour les régionales. M. Mélenchon glissait qu'il avait été content d'avoir fait l'événement deux fois : "La première en annonçant qu'il était candidat en Ile-de-France, la seconde en disant qu'(il) ne l'était plus". "Chaque individu a son caractère", souriait Mme Buffet, soulagée. C'est Pierre Laurent, comme prévu après l'éviction de Patrick Braouezec, qui sera tête de liste dans cette région cruciale pour le PCF. Mme Buffet tirera, elle, la liste en Seine-Saint-Denis. Pourtant, depuis un mois, les communistes avaient du fil à retordre avec leur turbulent allié. Mécontent des régions et des départements qui étaient laissés à son parti, M. Mélenchon avait menacé de "faire ses valises et de rentrer", paraphrasant Georges Marchais lors de la rupture de l'Union de la gauche en 1977. Comme d'autres partenaires, il estimait que le PCF se taillait une part trop importante dans la répartition des sièges éligibles. La numéro un communiste rétorquait, cinglante : "Il y a ceux qui donnent beaucoup et ceux qui veulent beaucoup". L'ambiance était telle qu'à une semaine du premier meeting, on ne savait plus si le député européen allait y prendre la parole... "La bande du Fouquet's" L'accord a été signé la veille. Sachant que leur salut dépend de leur politique unitaire, les communistes se sont faits plus conciliants. Le Parti de gauche a obtenu deux départements de plus et affichera trois têtes de listes départementales en Ile-de-France. La Gauche unitaire de Christian Picquet, une région et quatre départements et les Alternatifs obtiennent l'Alsace. Le reste sera pour le PCF, soit environ 90 à 95 élus pour 184 sortants. La fin des négociations s'est faite au détriment des autres petites formations comme la Fédération pour une alternative sociale et écologique et des personnalités comme Clémentine Autain ou Leila Chadli, minoritaire "unitaire" du NPA. Mais, promis, tout cela ne compte plus ! Le Front de gauche, élargi aux Alternatifs, au Parti communiste des ouvriers de France et au Mouvement politique d'éducation populaire - qui se présentera aux électeurs sous l'appellation "Ensemble pour des régions à gauche solidaires, écologistes et citoyennes" -, est "dans les starting-blocks", jurent-ils tous. "Le PCF est sorti de sa volonté d'un Front de gauche autour de lui", assure Christian Picquet de la Gauche unitaire. Le lancement de la campagne s'est donc fait dans la bonne humeur volontariste. M. Mélenchon a exhorté les électeurs d'envoyer dans les régions "une gauche de combat à la place d'une gauche routinière". Mais, cette fois, il s'est fait voler la vedette par une Marie-George très en verve. "Notre combat contre la "bande du Fouquet's" n'est pas seulement un combat revendicatif, c'est un combat éthique, un combat de société", a lancé la secrétaire nationale du PCF en appelant "tous ceux qui n'ont pas de Rolex" à voter pour les listes de "la gauche qui relève la tête". Reste à se faire une place dans un match à gauche qui se joue dorénavant entre le PS et Europe Ecologie. S'ils comptent faire plus que les 5 à 7 % donnés par les sondages, tous savent que la tâche ne sera pas facile. Sylvia Zappi
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/le-front-de-gauche-part-en-campagne-apres-des-negociations-difficiles_1290083_3224.html
L'incompréhension entre le collège et les familles n'est pas une fatalité
Une expérience montre que les comportements scolaires peuvent être aisément améliorés
L'incompréhension qui caractérise souvent les relations entre les familles et les établissements scolaires, peut être battue en brèche, au moyen de mesures simples et peu coûteuses. C'est ce qu'affirme un rapport d'évaluation de l'Ecole d'économie de Paris portant sur une expérimentation menée durant l'année scolaire 2008-2009 dans 37 collèges (dont 21 en zone d'éducation prioritaire) de l'académie de Créteil. Environ 5 000 collégiens de classes de 6e ont été concernés. Signé notamment par le sociologue Eric Maurin, ce rapport a été remis vendredi 8 janvier à Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives et à la jeunesse. Cette démonstration fait en effet partie des 167 projets financés par son fonds d'expérimentation. "Oui, il est possible pour les collèges d'accroître très sensiblement l'implication des parents dans les scolarités de leurs enfants, et oui ce surcroît d'implication a vraiment un effet très bénéfique sur le comportement des enfants au collège", affirment les chercheurs. Cette amélioration a été obtenue par des actions d'une simplicité déconcertante. Il s'agit d'abord de trois rencontres-débats organisées entre la mi-novembre et la fin décembre, animées par le principal du collège et un membre de l'équipe pédagogique. Les deux premières portent sur l'aide des parents aux enfants et les relations avec le collège. La troisième, placée après le premier conseil de classe, leur propose de réagir au diagnostic posé. Le coeur du message est que "tous les parents peuvent aider leurs enfants, même ceux qui ne sont pas familiers avec l'école, l'essentiel étant de montrer son intérêt". Des conseils sont dispensés concernant le contrôle de l'usage de la télévision et d'Internet le soir et les jeux vidéo, ainsi que sur la participation aux devoirs... L'ensemble est dénommé Mallette des parentspar l'académie de Créteil, même s'il n'y a pas physiquement de mallette. Les effets positifs, qui s'échelonnent tout au long de l'année, sont patents sur l'implication des parents, au point que "ce surcroît (...) est du même ordre de grandeur que celui que l'on peut constater entre les familles de cadres et les autres familles" ainsi que sur le comportement des élèves. En revanche, bien que perceptible en français, l'impact sur les résultats scolaires reste ténu. Moins d'absentéisme Les vertus de l'implication des parents allant de soi, cette expérimentation pourrait être relativisée du fait qu'elle n'apporte pas de révélations. Reste que la perception empirique, qu'ont de nombreux enseignants et chefs d'établissement, se voit là objectivée par une démarche scientifique et un ensemble de données chiffrées. Les évaluateurs ont distingué de manière rigoureuse, par tirage au sort, des classes tests et des classes témoins dans lesquelles les actions préconisées n'ont pas été menées, de sorte que les différences mesurées à la fin de l'année ne puissent pas être attribuées à d'autres causes que l'expérimentation. Les classes tests ont moins d'absentéisme que les classes témoins (3,6 demi-journées en moyenne, contre 4,3), moins de sanctions (10,9 % contre 13, 4 %), davantage de distinctions (38,6 % contre 34,2 %) ou de très bonnes notes de vie scolaire (37,4 % contre 32,6 %). Le deuxième aspect crucial réside dans les effets induits. L'expérimentation permet d'établir que "l'effet vertueux de ces politiques d'ouverture en direction des parents s'étend au-delà du cercle habituel des familles les plus attentives à la scolarité de leurs enfants pour atteindre, par un effet d'entraînement dans les classes, les familles et les élèves les plus éloignés du système scolaire". "Les classes, observe le rapport, sont de petits univers assez fermés sur eux-mêmes, où l'amélioration du comportement de quelques-uns (...) peut induire des effets importants sur l'ensemble des autres, y compris les plus turbulents." Le troisième point, découlant du respect d'un protocole précis par les établissements, est implicite. Au-delà des "bonnes volontés" d'une équipe, ce qui compte le plus est une politique systématique et suivie d'ouverture aux parents. C'est ce dont Martin Hirsch entend maintenant discuter avec le ministre de l'éducation. Luc Cédelle
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/l-incomprehension-entre-le-college-et-les-familles-n-est-pas-une-fatalite_1290075_3224.html
Ivo Josipovic, le nouveau président croate chargé de conduire le pays vers l'UE
En Croatie, le candidat social-démocrate au second tour de la présidentielle a obtenu plus de 60 % des voix. Il cohabitera avec une majorité parlementaire et un gouvernement de droite
PORTRAIT Les électeurs croates ont porté à la tête de leur Etat, dimanche 10 janvier, un homme qui a fait l'essentiel de sa vie professionnelle, depuis quinze ans, hors des cercles politiques. Le député Ivo Josipovic (52 ans) est professeur de droit international et compositeur de musique. Auteur d'une quarantaine d'oeuvres et de nombreux albums, il a qualifié son élection de "symphonie victorieuse". Selon les résultats (99,62 % des bureaux de vote), il a obtenu 60,29 % des voix au second tour, devançant de loin son adversaire, le maire de Zagreb, Milan Bandic (39,71 %). La victoire deM. Josipovic, qui succédera à Stipe Mesic, 75 ans, au pouvoir depuis 2000, est celle de l'opposition, représentée par le parti social-démocrate (SDP). Son adversaire, Milan Bandic, était lui-même un dissident de cette formation. La qualification de ces deux candidats pour le second tour est un camouflet pour la Communauté démocratique croate (HDZ), parti qui conduisit la Croatie à l'indépendance en 1991, frappé par une succession de scandales financiers. Le premier ministre issu de ses rangs, Ivo Sanader, avait même démissionné en juillet 2009, à la surprise générale. De façon tout aussi surprenante, il a annoncé son retour en politique, début janvier. Le HDZ l'a exclu. Les prérogatives présidentielles d'Ivo Josipovic sont limitées. Chef des armées, il jouera un rôle en matière de politique étrangère, mais l'essentiel des pouvoirs est entre les mains du gouvernement. Le président devra cohabiter avec le premier ministre HDZ, Jadranka Kosor, successeur de M. Sanader. Malgré les scandales impliquant le HDZ, celle-ci est parvenue à émerger comme une personnalité populaire, décidée à faire le ménage. Fraîcheur Les élections législatives sont prévues fin 2011, mais de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer leur tenue anticipée. La Croatie, en effet, n'a pas de temps à perdre pour - comme elle le souhaite - intégrer l'Union européenne (UE) en 2012. Le peu d'appétit au sein de l'UE pour un nouvel élargissement orienté vers les Balkans ne peut être surmonté qu'avec un dossier impeccable présenté par Zagreb. Les premières paroles du nouveau président ont donc porté sur ce sujet : "Je veux une Croatie européenne (...) non seulement par son adhésion à l'UE, mais aussi en partageant les valeurs que nous défendons : celles de la démocratie, de la liberté, des droits de l'homme, du respect des lois, des droits des minorités et de la liberté religieuse", a-t-il déclaré après l'annonce des résultats. "Nous voulons tous vivre dans un pays où le travail est payé et les délits sont punis, un pays de justice et de sécurité sociale", a-t-il ajouté. Ivo Josipovic n'a pas été un acteur politique de premier rang ces dernières années. C'est cette fraîcheur, son profil inhabituel, qui ont convaincu les électeurs, sensibles à l'insistance avec laquelle il a promis, en campagne, de dénoncer la corruption en politique. Malgré son faible charisme et sa tiédeur, il ne faut pas sous-estimer ses compétences. Elu député en 2003 et 2007, membre de plusieurs commissions parlementaires, il a été le représentant de son pays auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) et du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie. Cultivé, ouvert, M. Josipovic est marié à une experte en droit civile. Ancien militant du Parti communiste dans les années 1980, il a participé à sa métamorphose sociale-démocrate. Pendant la campagne, il a défendu l'idée d'un "nouveau patriotisme", loin des excès des années 1990. "Un "bon" ou un "grand" Croate n'est pas celui qui crie plus fort ou qui agite mieux son drapeau. C'est le travailleur faisant consciencieusement son boulot, ou l'entrepreneur créant des emplois, versant des salaires équitables à ses employés et payant ses impôts", déclarait-il, en avril 2009, au magazine Nacional. Un de ses défis sera d'améliorer les relations avec la Serbie. Alors que les deux pays tentaient de refermer les cicatrices de la guerre (1991-1995), leurs relations se sont à nouveau tendues après la reconnaissance par Zagreb de l'indépendance, en 2008, du Kosovo. Piotr Smolar
11/01/2010
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2010/01/11/ivo-josipovic-le-nouveau-president-croate-charge-de-conduire-le-pays-vers-l-ue_1290063_3210.html
Le Medef est favorable à une taxe carbone européenne
Selon Jean-Pierre Clamadieu, chargé du développement durable au patronat, l'échelon continental est préférable
L'annulation par le Conseil constitutionnel, le 29 décembre, de la taxe carbone met le gouvernement en difficulté sur une des mesures phares de sa politique environnementale. Nicolas Sarkozy s'est donné jusqu'au 1er juillet pour introduire dans la fiscalité nationale ce nouvel outil qui doit inciter ménages et entreprises à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce qui était prévu pour les ménages ne sera pas modifié, pas plus, a priori, que les exonérations accordées à l'agriculture, à la pêche et au transport routier. La discussion est en revanche totalement rouverte sur le sort de l'industrie. Le Medef a demandé de reporter toute décision à 2011. Le président de sa commission du développement durable, Jean-Pierre Clamadieu, par ailleurs PDG du groupe chimique Rhodia, estime que, plutôt que de s'obstiner à créer une taxe carbone française, il serait préférable d'y réfléchir à l'échelle européenne. Le Medef reste-il favorable à l'instauration d'une taxe carbone en France ? Oui, mais à deux conditions. Premièrement, que la taxe carbone que devront payer les entreprises donne lieu à une restitution claire, comparable au chèque vert que recevront les ménages. La taxe carbone ne doit pas être une recette nouvelle pour l'Etat. Deuxièmement, il faut trouver une articulation acceptable avec le système européen d'échanges de quotas d'émissions de CO 2 . Une taxe carbone à 17 euros aurait un impact économique insupportable pour le millier de sites industriels qui sont déjà dans ce système. Elle porterait atteinte à l'ossature du tissu industriel français. D'un point de vue économique, superposer une taxe au système européen, qui agit sur les émissions de gaz à effet de serre en réduisant progressivement les quotas accordés aux gros émetteurs de l'industrie, n'a pas de sens. La combinaison des contraintes européennes et des principes posés par le Conseil constitutionnel rend très difficile la recherche d'une solution satisfaisante. Pour le gouvernement, la suppression de la taxe professionnelle, qui allège la charge fiscale des entreprises de plusieurs milliards d'euros, vaut compensation. N'est-ce pas suffisant ? La réforme de la taxe professionnelle, qui est une très bonne décision, ne peut justifier une taxe carbone qui ne serait pas compensée par un mécanisme identifiable. Le lien entre ces deux prélèvements est ténu, et les entreprises qui acquittent le premier ne sont pas forcément celles qui seront les plus concernées par la nouvelle fiscalité écologique. Cette question n'avait pas été examinée d'assez près par la commission d'experts présidée par Michel Rocard, à laquelle j'ai participé. Il faut rouvrir le dossier. Plusieurs solutions existent mais j'observe avec intérêt l'exemple de la Suède, où l'on a choisi de compenser la taxe carbone par une baisse des cotisations sociales. Les entreprises suédoises bénéficient par ailleurs d'un taux de taxe carbone réduit de 80 %, pour préserver leur compétitivité. Michel Rocard propose de remplacer le système européen d'échanges de quotas par une taxe carbone européenne. Qu'en pensez-vous ? Le système des quotas d'émissions est le seul outil existant à l'échelle de l'Europe, et il fonctionne. Il permet d'agir sur un tiers des émissions européennes et a permis à l'Union d'être la seule région du monde à respecter les engagements pris dans le cadre du protocole de Kyoto. Il est en voie d'être copié par les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande... Ce serait une très mauvaise idée de le démanteler. Cela étant, il y a la place, à côté de ce marché qui traite seulement de la situation des gros émetteurs, pour une approche communautaire de la fiscalité des émissions diffuses dans le transport, l'agriculture, le bâtiment... L'Union européenne est-elle le bon échelon pour instaurer la taxe carbone ? Ce serait, bien sûr, la meilleure solution. La conférence de Copenhague sur le climat a-t-elle constitué pour vous un échec total ou a-t-elle permis de faire un pas ? Il faut appeler les choses par leur nom : Copenhague est un échec. Je regrette que l'Europe, qui est la région la plus engagée dans la lutte contre le changement climatique, n'ait pas réussi à entraîner le reste du monde. Nous avons abouti à un accord a minima, dicté par les contraintes politiques des Etats-Unis et de la Chine. Deux scénarios sont maintenant possibles : l'enlisement et le recul de la préoccupation pour le climat sur l'agenda international, ou un sursaut qui passe par l'engagement des grands pays émetteurs dans un plan d'action comportant des objectifs concrets. Nous sommes bien sûr pour la deuxième solution, car la lutte contre le changement climatique demeure pour nous une priorité. Il n'est pas nécessaire d'aboutir à un accord à 190 pays et il faut réfléchir à une enceinte de négociation plus adaptée que les Nations unies, qui ont montré leurs limites. L'Union européenne doit-elle continuer à aller de l'avant et porter son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % à 30 % d'ici à 2020 ? Non. Les conditions ne sont pas réunies pour que l'Europe aille plus loin dans l'objectif de réduction de ses émissions. Il faut avoir une approche pragmatique : l'Europe doit être capable d'exercer son leadership sans sacrifier la compétitivité de son industrie. Elle ne doit pas être naïve. Elle ne peut résoudre seule la question du climat, alors que ses émissions ne représentent que 16 % du total mondial. Si elle est seule à mener le combat, ce sera la double peine : son industrie sera fragilisée et le réchauffement climatique ne sera pas enrayé. M. Sarkozy souhaite protéger l'industrie européenne du dumping environnemental en instaurant une taxe carbone aux frontières. Est-ce une bonne idée ? Conceptuellement oui, mais difficile à mettre en oeuvre. Le risque serait qu'elle déclenche une guerre commerciale dont personne ne sortirait gagnant. La bonne solution, c'est la convergence des politiques dans le cadre d'un accord mondial contraignant. Propos recueillis par Laurence Caramel
11/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/11/le-medef-est-favorable-a-une-taxe-carbone-europeenne_1290053_3244.html
Le capitalisme français reste aux mains d'un club très fermé
Une centaine de personnes représentent 43 % des droits de vote dans les conseils des entreprises du CAC 40 Malgré les recommandations du Medef, notamment, les instances dirigeantes sont très consanguines
Le capitalisme français reste une affaire très oligarchique. Du moins au plus haut niveau, celui du CAC 40, l'indice phare de la Bourse de Paris. En dépit des recommandations du patronat, la consanguinité est toujours le caractère dominant des instances dirigeantes des entreprises du CAC : 98 personnes y détiennent 43 % des droits de vote. Tel est le profil obtenu en combinant - comme l'a fait Le Monde en ce début d'année - les études des cabinets Ernst & Young, OFG-Recherche et celles de l'Observatoire politico-économique des structures du capitalisme. Le cumul des mandats reste une pratique coutumière. Conseils d'administration et conseils de surveillance sont d'autre part dominés par les Français, alors que 21 % d'étrangers détiennent 40 % du capital des entreprises du CAC 40. Ces Français sont de manière prépondérante des hommes âgés de plus de 50 ans - les femmes ont moins de 10 % des sièges d'administrateur -, majoritairement diplômés des grandes écoles, souvent passés par un cabinet ministériel. La rémunération des administrateurs s'élevait en moyenne, en 2008, à 55 000 euros, selon le cabinet Russel Reynolds. La loi autorise une même personne à siéger dans cinq conseils d'administration au maximum. Cette consanguinité est jugée problématique pour l'indépendance des conseils de surveillance et d'administration. En 2000, le Medef, l'organisation patronale, et l'Association française des entreprises privées ont édicté des règles de conduite pour diversifier la physionomie des instances dirigeantes du capitalisme français. En vain. La crise financière de 2008 ne semble pas non plus avoir eu le moindre effet sur la structure des conseils du CAC 40, toujours aussi homogène. Dans un chapitre d'un récent ouvrage collectif, Xavier Ragot, chercheur au CNRS, et Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain, observent que les sociétés du CAC 40 ne se sont alignées sur aucun modèle, pas plus sur le britannique (qui donne aux actionnaires des pouvoirs très étendus) que sur le système allemand (où les conseils arbitrent entre les intérêts divergents de l'entreprise) ou encore américain. Lire page 14
11/01/2010
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2010/01/11/le-capitalisme-francais-reste-aux-mains-d-un-club-tres-ferme_1290042_3208.html
"Sarkozy promet de ""tout faire"" pour la sécurité des écoles"
Le chef de l'Etat s'est déclaré, lundi, "profondément bouleversé" par la mort d'un lycéen du Kremlin-Bicêtre, poignardé par un camarade.
Nicolas Sarkozy s'est déclaré, lundi 11 janvier, "profondément bouleversé" par la mort, vendredi, d'un lycéen du Kremlin-Bicêtre poignardé par un camarade, et a promis de "tout mettre en œuvre pour empêcher que de tels actes se reproduisent". "Comme chacun d'entre vous, cet événement m'a profondément bouleversé. Nous devons penser à la famille d'Hakim, à ses parents, à ses frères et sœur, si douloureusement atteints en ce début d'année. Je veux leur dire que toute l'institution sera à ses côtés pour les soutenir, leur apporter toute l'assistance et l'aide morale que nous pourrons leur donner", a déclaré M. Sarkozy au début de ses vœux à l'éducation et à la recherche. "Je veux dire aussi que cette tragédie est d'autant plus odieuse, d'autant plus inacceptable, qu'elle s'est déroulée au cœur même d'un établissement scolaire. S'il y a bien un lieu qui doit être protégé de toute forme de violence, un lieu qu'entre tous il faut sanctuariser, c'est bien l'école", a poursuivi le chef de l'Etat. "Hélas, on ne pourra jamais se prémunir totalement contre les folies de la nature humaine, mais nous continuerons à tout mettre en œuvre pour empêcher que de tels actes se reproduisent." Le jeune Hakim, 18 ans, a été poignardé vendredi dans son lycée du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) par un camarade du même âge lors d'une rixe.
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/sarkozy-promet-de-tout-faire-pour-la-securite-des-ecoles_1290031_3224.html
La classe politique rend hommage à Philippe Séguin aux Invalides
Pour honorer cette figure du gaullisme social qui a occupé des postes majeurs de la République, c'est l'église Saint-Louis des Invalides, nécropole des gloires militaires, qui a été choisie.
L'ensemble de la classe politique et les plus hautes autorités de l'Etat, à commencer par le président Nicolas Sarkozy, sont venus rendre, lundi 11 janvier, un hommage solennel aux Invalides à Philippe Séguin. Pour honorer cette figure du gaullisme social qui a occupé des postes majeurs de la République, c'est l'église Saint-Louis des Invalides, nécropole des gloires militaires, qui a été choisie. Les obsèques religieuses ont été célébrées par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, dans "l'église des soldats". De nombreuses personnalités de droite comme de gauche sont présentes. Outre le président Sarkozy, sont venus les anciens présidents Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing, le premier ministre François Fillon, dont Philippe Séguin fut le mentor, des anciens premiers ministres, tels Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin et les présidents de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, et du Sénat Gérard Larcher. Ministres et responsables politiques de tous bords sont également au rendez-vous. Après la cérémonie religieuse, le chef de l'Etat doit prononcer un discours d'hommage dont certains passages devraient être inspirés par son conseiller spécial Henri Guaino, qui fut très proche de Philippe Séguin. Philippe Séguin sera inhumé mercredi dans le caveau familial de Bagnols-en-Forêt, un petit village du Var situé au nord de Fréjus Saint-Raphaël, où sont installés des membres de sa famille, dont son demi-frère. Il y sera inhumé aux côtés de sa mère décédée en octobre 2009 et de ses grands-parents. A l'indépendance de la Tunisie, Philippe Séguin, né à Tunis en 1943, et sa mère s'étaient installés dans le Var.
11/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/11/la-classe-politique-rendra-hommage-a-philippe-seguin-aux-invalides_1290013_3382.html
Orange aux couleurs africaines
En retransmettant les trente-deux rencontres de la Coupe d'Afrique des nations, Orange Sport a réussi un joli coup.
En retransmettant les trente-deux rencontres de la Coupe d'Afrique des nations (CAN, du 10 au 31 janvier, en Angola), Orange Sport a réussi un joli coup. "Orange sponsorise toutes les compétitions organisées par la Confédération africaine de football. Pour notre groupe, c'est un événement majeur", souligne Pierre Robert, directeur d'Orange Sport depuis un an. Pour cette CAN, la chaîne a investi d'importants moyens : arrivée de Pape Diouf, ancien président de l'OM, comme consultant, émission quotidienne de 26 minutes programmée à 23 h 15, 14 caméras sur chaque match (18 à partir des demi-finales), sans oublier l'existence depuis novembre 2009 d'un magazine (samedi à 17 h 15) consacré au foot africain. Produit d'appel indispensable mais coûteux, le football se taille une place de choix avec, chaque samedi soir, un match de Ligue 1 commenté par Youri Djorkaeff ou Franck Sauzée, qui prennent l'antenne une heure avant le coup d'envoi. Nouveau venu sur la chaîne, le populaire Luis Fernandez anime chaque vendredi soir une émission interactive ("Le Luis Football Tour"). Christian Karembeu fait également partie de l'équipe des consultants vedettes. Pour chiper une (petite) partie de la Ligue 1 à Canal+, Orange a déboursé 140 millions d'euros pour le match du samedi et 60 millions pour les droits de diffusion sur les autres supports, dont les téléphones portables. Diffuseur exclusif de la Bundesliga, Orange négocie pour en conserver les droits la saison prochaine. "Le foot est important, mais nous souhaitons être une chaîne multisports. Nous avons enrichi notre offre avec le rugby, le basket, le handball, les sports de combat, sans oublier les sports de glisse, afin d'attirer une clientèle plus jeune. Des personnalités comme Joachim Noah ou Sébastien Chabal sont sous contrat avec nous", rappelle Pierre Robert, vigilant sur les nouvelles habitudes des consommateurs. "On anticipe et on s'adapte aux nouveaux usages : aujourd'hui, la télé se consomme n'importe quand et sur plusieurs supports." Alain Constant
11/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/11/orange-aux-couleurs-africaines_1289451_3242.html
M. Sarkozy veut des grandes écoles pour tous mais sans quota
"Je n'accepterai jamais un système où certains candidats seraient reçus à un concours pour la seule raison qu'ils sont boursiers", doit préciser le chef de l'Etat lors de ses voeux au monde de l'éducation et de la recherche.
Nicolas Sarkozy refuse de contraindre les grandes écoles à recruter un quota minimal d'étudiants boursiers lors de leurs concours d'entrée. "La solution n'est évidemment pas l'instauration autoritaire de quotas de boursiers à l'entrée de chaque institution", devait déclarer, lundi 11 janvier en fin de matinée, le chef de l'Etat venu sur le plateau de Saclay (Essonne) sur le campus de l'Ecole supérieure d'électricité (Supélec), présenter ses vœux au monde de l'éducation et de la recherche. "Je n'accepterai jamais un système où certains candidats seraient reçus à un concours pour la seule raison qu'ils sont boursiers – au détriment d'autres candidats plus méritants et plus travailleurs", devait-il préciser selon le texte écrit de son discours. Pierre Tapie, président de la conférence des grandes écoles (CGE), avait contesté, fin décembre, l'idée d'instaurer de tels quotas, invoquant le risque de baisse de niveau. Sa position avait suscité une vive polémique. M. Sarkozy persiste dans son ambition : avoir 30% d'élèves boursiers "dans chaque grande école". Cette précision revient à exiger une diversification, y compris dans les écoles les plus élitistes qui comptent entre 10 % et 15 % d'étudiants boursiers. Pour "élargir la base sociale" de leur recrutement et "les ouvrir à de nouvelles formes de talents", il propose que l'on "diversifie les modes d'accès aux grandes écoles". Il veut "augmenter considérablement le nombre de places pour les bacheliers technologiques dans les écoles d'ingénieurs, dans le cadre d'un concours spécifique. Il faut également développer de façon significative les admissions parallèles – destinées aux étudiants non issus des classes préparatoires". Admissions parallèles et concours spécifiques existent. La manœuvre du président évite d'attribuer un bonus à certains élèves en raison uniquement de leur origine sociale. "Tout doit être mis en œuvre pour faire comprendre à tous les jeunes que les grandes écoles, ce n'est pas réservé à quelques initiés, à quelques enfants de la grande bourgeoisie. Les grandes écoles, c'est pour tout le monde : pourvu que l'on travaille, pourvu que l'on ait du talent !", devait poursuivre M. Sarkozy, avant d'ajouter : "Un pays qui recrute ses élites dans 10 % de sa population, c'est un pays qui se prive de 90 % de son intelligence." Selon lui, l'"idéal d'ascension sociale" de la "méritocratie républicaine" a des rouages "grippés". M. Sarkozy prévoyait de rendre hommage à des grandes écoles qui ont été "pionnières" dans la diversification de leur recrutement, comme Science Po Paris ou l'Essec. L'allusion à l'école de commerce de Cergy-Pontoise vise à calmer la polémique : si son directeur général, Pierre Tapie, est l'homme par qui la controverse est arrivée, c'est aussi lui qui, dans son école, a lancé la campagne pour diversifier le recrutement des classes préparatoires ("une prépa, une grande école, pourquoi pas moi ?"). Le patron de Sciences Po, Richard Descoings, qui a mis en place un autre modèle de diversification sociale l'a vivement critiqué (Le Monde du 5 janvier). Le chef de l'Etat comptait aussi s'exprimer sur la mort du jeune Hakim poignardé à mort, vendredi, dans un lycée du Val-de-Marne. "S'il y a bien un lieu qui doit être protégé de toute forme de violence, un lieu qu'entre tous il faut sanctuariser, c'est l'école", prévoyait-il de dire. Arnaud Leparmentier
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/m-sarkozy-veut-des-grandes-ecoles-pour-tous-mais-sans-quota_1289952_3224.html
Le Medef favorable à une taxe carbone européenne
Selon Jean-Pierre Clamadieu, chargé du développement durable au patronat, l'échelon continental est préférable.
L'annulation par le Conseil constitutionnel, le 29 décembre, de la taxe carbone met le gouvernement en difficulté sur une des mesures phares de sa politique environnementale. Nicolas Sarkozy s'est donné jusqu'au 1er juillet pour introduire dans la fiscalité nationale ce nouvel outil qui doit inciter ménages et entreprises à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce qui était prévu pour les ménages ne sera pas modifié, pas plus, a priori, que les exonérations accordées à l'agriculture, à la pêche et au transport routier. La discussion est en revanche totalement rouverte sur le sort de l'industrie. Le Medef a demandé de reporter toute décision à 2011. Le président de sa commission du développement durable, Jean-Pierre Clamadieu, par ailleurs PDG du groupe chimique Rhodia, estime que, plutôt que de s'obstiner à créer une taxe carbone française, il serait préférable d'y réfléchir à l'échelle européenne. Le Medef reste-il favorable à l'instauration d'une taxe carbone en France ? Oui, mais à deux conditions. Premièrement, que la taxe carbone que devront payer les entreprises donne lieu à une restitution claire, comparable au chèque vert que recevront les ménages. La taxe carbone ne doit pas être une recette nouvelle pour l'Etat. Deuxièmement, il faut trouver une articulation acceptable avec le système européen d'échanges de quotas d'émissions de CO2. Une taxe carbone à 17 euros aurait un impact économique insupportable pour le millier de sites industriels qui sont déjà dans ce système. Elle porterait atteinte à l'ossature du tissu industriel français. D'un point de vue économique, superposer une taxe au système européen, qui agit sur les émissions de gaz à effet de serre en réduisant progressivement les quotas accordés aux gros émetteurs de l'industrie, n'a pas de sens. La combinaison des contraintes européennes et des principes posés par le Conseil constitutionnel rend très difficile la recherche d'une solution satisfaisante. Pour le gouvernement, la suppression de la taxe professionnelle, qui allège la charge fiscale des entreprises de plusieurs milliards d'euros, vaut compensation. N'est-ce pas suffisant ? La réforme de la taxe professionnelle, qui est une très bonne décision, ne peut justifier une taxe carbone qui ne serait pas compensée par un mécanisme identifiable. Le lien entre ces deux prélèvements est ténu, et les entreprises qui acquittent le premier ne sont pas forcément celles qui seront les plus concernées par la nouvelle fiscalité écologique. Cette question n'avait pas été examinée d'assez près par la commission d'experts présidée par Michel Rocard, à laquelle j'ai participé. Il faut rouvrir le dossier. Plusieurs solutions existent mais j'observe avec intérêt l'exemple de la Suède, où l'on a choisi de compenser la taxe carbone par une baisse des cotisations sociales. Les entreprises suédoises bénéficient par ailleurs d'un taux de taxe carbone réduit de 80 %, pour préserver leur compétitivité. Michel Rocard propose de remplacer le système européen d'échanges de quotas par une taxe carbone européenne. Qu'en pensez-vous ? Le système des quotas d'émissions est le seul outil existant à l'échelle de l'Europe, et il fonctionne. Il permet d'agir sur un tiers des émissions européennes et a permis à l'Union d'être la seule région du monde à respecter les engagements pris dans le cadre du protocole de Kyoto. Il est en voie d'être copié par les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande… Ce serait une très mauvaise idée de le démanteler. Cela étant, il y a la place, à côté de ce marché qui traite seulement de la situation des gros émetteurs, pour une approche communautaire de la fiscalité des émissions diffuses dans le transport, l'agriculture, le bâtiment… L'Union européenne est-elle le bon échelon pour instaurer la taxe carbone ? Ce serait, bien sûr, la meilleure solution. La conférence de Copenhague sur le climat a-t-elle constitué pour vous un échec total ou a-t-elle permis de faire un pas ? Il faut appeler les choses par leur nom: Copenhague est un échec. Je regrette que l'Europe, qui est la région la plus engagée dans la lutte contre le changement climatique, n'ait pas réussi à entraîner le reste du monde. Nous avons abouti à un accord a minima, dicté par les contraintes politiques des Etats-Unis et de la Chine. Deux scénarios sont maintenant possibles : l'enlisement et le recul de la préoccupation pour le climat sur l'agenda international, ou un sursaut qui passe par l'engagement des grands pays émetteurs dans un plan d'action comportant des objectifs concrets. Nous sommes bien sûr pour la deuxième solution, car la lutte contre le changement climatique demeure pour nous une priorité. Il n'est pas nécessaire d'aboutir à un accord à 190 pays et il faut réfléchir à une enceinte de négociation plus adaptée que les Nations unies, qui ont montré leurs limites. L'Union européenne doit-elle continuer à aller de l'avant et porter son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % à 30 % d'ici à 2020 ? Non. Les conditions ne sont pas réunies pour que l'Europe aille plus loin dans l'objectif de réduction de ses émissions. Il faut avoir une approche pragmatique : l'Europe doit être capable d'exercer son leadership sans sacrifier la compétitivité de son industrie. Elle ne doit pas être naïve. Elle ne peut résoudre seule la question du climat, alors que ses émissions ne représentent que 16 % du total mondial. Si elle est seule à mener le combat, ce sera la double peine: son industrie sera fragilisée et le réchauffement climatique ne sera pas enrayé. M. Sarkozy souhaite protéger l'industrie européenne du dumping environnemental en instaurant une taxe carbone aux frontières. Est-ce une bonne idée ? Conceptuellement oui, mais difficile à mettre en œuvre. Le risque serait qu'elle déclenche une guerre commerciale dont personne ne sortirait gagnant. La bonne solution, c'est la convergence des politiques dans le cadre d'un accord mondial contraignant. Propos recueillis par Laurence Caramel
11/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/11/le-medef-favorable-a-une-taxe-carbone-europeenne_1289895_3244.html
Tiraillements chez les colons israéliens sur le recours à la violence et à la désobéissance
Un leader des colons en Cisjordanie, Pinhas Wallerstein, a annoncé lundi qu'il démissionnait de ses fonctions, accusant ses collègues de ne pas se dissocier suffisamment des extrémistes.
Une figure centrale de la colonisation juive en Cisjordanie, Pinhas Wallerstein, a annoncé, lundi 11 janvier, qu'il démissionnait de ses fonctions, accusant ses collègues de pas se dissocier suffisamment des extrémistes. M. Wallerstein, 61 ans, numéro deux du Conseil de Yesha, le principal organisme représentatif des colons de Cisjordanie, a adressé lundi une lettre de démission à ses collègues. Pinhas Wallerstein est un des fondateurs du Bloc de la foi, le mouvement nationaliste religieux qui a lancé la colonisation au cœur de la Cisjordanie en 1974. Dans cette lettre obtenue par l'AFP, M. Wallerstein proteste contre le "silence" de ses collègues "lorsque certains de nos propres dirigeants sont pris à partie" par des extrémistes. Il regrette aussi leur passivité face à la politique dite du "prix à payer", à savoir les actions de représailles systématiques de colons contre les Palestiniens. "Notre silence se retournera contre nous", écrit-il. UN GOUVERNEMENT TROP PRUDENT À L'ÉGARD DES EXTRÉMISTES La politique dite du "prix à payer" consiste à s'en prendre à des cibles palestiniennes chaque fois que les autorités israéliennes prennent des mesures qu'ils considèrent comme allant à l'encontre de la colonisation. Ces agressions se sont intensifiées après la décision du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, de décréter un moratoire de dix mois sur les nouvelles constructions dans les implantations de Cisjordanie. "La différence entre [le président du Conseil de Yesha, Dani Dayan] et moi ne vient pas de l'idéologie, mais de la quantité", a déclaré M. Wallerstein sur la radio de l'armée, avant d'ajouter qu'il était "confiant dans la capacité de la direction actuelle à poursuivre avec succès la lutte contre le gel de la colonisation". Pinhas Wallerstein, qui s'est élevé contre le mouvement de soldats colons refusant de participer à des opérations d'évacuation de colonies en Cisjordanie, reproche au gouvernement d'être trop précautionneux à l'égard des colons les plus extrémistes, le soupçonnant de tenter d'"éviter un conflit interne après l"évacuation [du bloc de colonies de Gaza] Gush Katif", en 2005.
11/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/11/tiraillements-chez-les-colons-israeliens-sur-le-recours-a-la-violence-et-a-la-desobeissance_1289986_3218.html
Burqa : l'UMP ajourne l'idée d'une loi générale
Le parti majoritaire propose que le Parlement adopte une résolution condamnant solennellement le port du voile.
L'UMP semble préférer la prudence sur un des sujets de société les plus politisés de ces derniers mois : l'interdiction du port du voile intégral (abusivement appelé burqa) en France. La version quasi-définitive du texte que le parti majoritaire doit remettre, d'ici à la fin de la semaine, à la mission d'information parlementaire travaillant sur le sujet depuis juillet 2009, montre qu'il n'est pas foncièrement opposé à une loi interdisant le port du voile intégral en France, y compris dans l'espace public. Toutefois, face aux risques de "cafouillage dans la mise en œuvre" ou d'une possible censure au nom des libertés publiques, l'UMP a décidé d'appliquer le principe de précaution et "d'assurer l'efficience du dispositif". Elle renonce pour l'heure à défendre une loi d'interdiction générale et permanente. Et s'en remet au président de l'Assemblée afin qu'il soumette le projet d'un tel texte au Conseil d'Etat pour avis, ainsi que l'y autorise l'article 39 de la Constitution. En attendant, l'UMP propose que soit adoptée, si possible à l'unanimité par l'Assemblée et le Sénat, une résolution condamnant "solennellement" le port du voile intégral. LOI SPÉCIFIQUE POUR LES UNIVERSITÉS Selon l'UMP, la voie réglementaire suffira pour que le port du voile intégral soit interdit dans les "services publics et aux sorties d'école", lieux où les agents sont les plus confrontés aux incidents liés à cette tenue. Ces mesures se fonderaient sur les notions "d'ordre public et d'atteintes aux bonnes mœurs". Une loi spécifique est envisagée pour les universités, "comme en Turquie", où est même interdit le simple foulard islamique, et dans les transports publics, au nom "de la sécurité". Enfin, suivant un avis du Conseil d'Etat de 2008, le port du voile intégral devra empêcher l'obtention de la naturalisation "pour défaut d'intégration". Ce texte a été élaboré par Nathalie Kosciusko-Morizet et Marc-Philippe Daubresse, secrétaires généraux adjoints de l'UMP. Il est en contradiction avec la position défendue par le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé qui défend simultanément une résolution "pour expliquer" et une loi d'interdiction totale du voile intégral sur le territoire, "pour agir". L'intégralité de l'article est à lire dans l'édition du "Monde" datée du 12 janvier, qui sera en kiosque et en ligne cette après-midi. Stéphanie Le Bars
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/burqa-l-ump-ajourne-l-idee-d-une-loi-generale_1289907_3224.html
L'enclave de Cabinda, enjeu pétrolier pour l'Angola
Des groupes séparatistes contestent la mainmise de Luanda sur un pétrole qui ne profite pas à la province.
Parce qu'il est l'une des principales zones de production de pétrole du golfe de Guinée, le Cabinda, confetti gorgé d'hydrocarbures de l'Angola, a gagné le surnom de "Koweït africain". Triste Koweït, sans tours ni infrastructures, habituellement sans visiteurs, où sont venus se faire tuer des accompagnateurs des footballeurs de l'équipe nationale togolaise. Dans cette enclave coincée entre les deux Congos (Brazzaville et Kinshasa), ne sont autorisés à entrer que les employés des compagnies pétrolières, qui vivent en reclus sur les plates-formes off shore ou dans des camps protégés par des soldats, important tout. Là, une compagnie chinoise, la Shanghai Urban Construction Group, vient d'achever l'un des quatre stades commandés par l'Angola pour l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations (CAN), dont le coût global pour le pays se monte, selon son gouvernement, à 1 milliard de dollars, alors que les écoles manquent. REPRISE EN MAIN En voulant organiser dans la ville de Cabinda des compétitions de la CAN, le pouvoir de Luanda pensait affirmer symboliquement sa reprise en main de l'enclave après l'effritement des mouvements armés indépendantistes issus du Front de libération de l'enclave de Cabinda (FLEC). La démonstration a échoué. Mais sans le pétrole qu'on y extrait par centaines de milliers de barils chaque jour, sans le poids d'un passé complexe, encore marqué par les affrontements de la guerre froide, il est peu probable que l'équipe togolaise aurait été attaquée dans le nord de l'enclave, vendredi, perdant deux de ses membres et entraînant son retour à Lomé, dimanche soir 10 janvier. Lorsqu'ils sont tombés dans une embuscade sur une petite route, pris pendant près de vingt minutes dans des échanges de tirs, les Eperviers, n'ont pas eu le temps d'apercevoir le groupe d'hommes qui ouvraient le feu. L'attaque a été menée par le commandant "Ça m'étonne" ou "Sametonne" – l'orthographe de ce "nom de guerre" varie –, des Forces de libération de l'Etat du Cabinda-Position militaire (FLEC-PM). Une ou deux douzaines d'hommes, tout au plus, dissimulés dans l'épaisse végétation, et prenant pour cible les trois véhicules, dont deux étaient occupés par l'escorte armée angolaise. Les Eperviers venaient de passer la frontière à Massabi, en provenance de Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville, qui fut longtemps un des bastions de la rébellion cabindaise. Joint par téléphone, Rodrigues Mingas, secrétaire général du FLEC/PM, revendique l'attaque, attestée par un communiqué de sa faction. Il affirme que celle-ci est le fruit du "hasard", mais envisage de continuer les actions armées de cette nature, affirmant avoir averti, à l'avance, la Confédération africaine de football (CAF) du danger des déplacements au Cabinda. "On veut harceler les forces angolaises jusqu'à ce qu'on les jette à la mer. Nous sommes désolés pour les pertes en vies humaines, mais c'est la guerre". Symbole contre symbole, la faction tente ainsi de donner de la visibilité à ses actions militaires, dont l'intensité a augmenté au cours des deux derniers mois. ANOMALIE GÉOGRAPHIQUE Depuis un congrès tenu en août à Ottawa, le FLEC/PM a relancé des opérations militaires dans l'enclave. Cette action n'engage pas l'ensemble des factions indépendantistes. Patrick Pombou, porte-parole de la faction du FLEC du commandant Antonio Luis Lopez, affirme : "C'est une action isolée de la part de cette petite branche politico-militaire. Nous condamnons ce qui s'est passé." D'autres factions adoptent le point de vue inverse, sans qu'il soit possible d'évaluer la portée de ces prises de position. L'enclave du Cabinda, anomalie géographique, est le fruit des partages coloniaux de l'Afrique. Au XIXe siècle, les Britanniques avaient obtenu des autres puissances européennes qu'une fenêtre maritime soit accordée au Congo belge, isolant le Cabinda, alors sous influence portugaise, de l'Angol. Des mouvements indépendantistes sont apparus au Cabinda dès les années 1960. Quelques mois avant l'indépendance de l'Angola, en 1975, les troupes de Luanda avaient pris le contrôle de cette région de moins de 800 km2. Le Cabinda allait se révéler une formidable éponge à pétrole, et un terreau fertile de rébellions sur fond de guerre froide. Le pouvoir angolais, allié de l'Union soviétique, doit faire face, dans l'enclave, à des mouvements armés soutenus par le Zaïre du maréchal Mobutu, des services de renseignement occidentaux et même, pour l'un d'entre eux, par la compagnie pétrolière française El. Le mouvement indépendantiste a éclaté dès les années 1970 en factions diverses, dans une grande variété de sigles et de rivalités. Sortie de la guerre froide, l'enclave est restée vouée à la malédiction pétrolière. Près de 80 % du pétrole angolais était extrait du Cabinda il y a une décennie, essentiellement offshore. Ce chiffre se situe à présent aux environs de 60 % des 1,9 million de barils produits quotidiennement par l'Angola, deuxième producteur de brut africain qui a même dépassé récemment le Nigeria, en proie à des violences dans sa propre région pétrolifère. Une compagnie australienne, ROC, a fait des découvertes de réserves situées sur la terre ferme. Ces champs, non encore exploités, sont prometteurs pour l'avenir de la production de brut, et inquiétantes pour la population de l'enclave. UN SOLDAT POUR DIX CIVILS Luanda maintient un fort contingent de forces de sécurité, dont les effectifs se montent à environ 4 000 hommes pour une population d'à peine 40 000 personnes, soit un soldat pour dix civils. Ce déploiement s'accompagne de multiples entraves aux droits de l'homme, notamment des arrestations arbitraires dénoncées par Human Rights Watch dans un rapport publié en 200. Une seule des factions cabindaises, celle d'Antonio Bento Bembe, a signé un accord avec Luanda en 2006, feignant d'engager le mouvement indépendantiste, mais demeurant marginal. Cet accord a provoqué la reprise des activités des autres groupes cabindais, dont les responsables vivent pour la plupart en exil, notamment en France. La question pétrolière est aussi le thème de tensions entre l'Angola et son voisin, le Congo-Kinshasa ou République démocratique du Congo (RDC). L'Angola s'est institué en parrain régional, permettant d'abord à Denis Sassou Nguesso de gagner la guerre civile au Congo-Brazzaville en 1997, et de ne plus quitter le pouvoir depuis, mais aussi en soutenant le président à Kinshasa, Joseph Kabila. C'est avec ce dernier allié de RDC que des tensions sont apparues au sujet de l'exploitation de champs pétrolifères offshore au large de la RDC que Kinshasa estime lui être volé par l'Angola.
11/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/11/l-enclave-de-cabinda-enjeu-petrolier-pour-l-angola_1289953_3212.html
"Amélis, une association devenue entreprise ""pour grandir"""
Amélis, une association spécialisée dans l'accompagnement des personnes âgées qui prospérait depuis sa création en 2002, a été amenée à adopter le statut d'entreprise pour poursuivre le développement de son action sociale et en améliorer la qualité.
Amélis, une association spécialisée dans l'accompagnement des personnes âgées qui prospérait depuis sa création en 2002, a été amenée à adopter le statut d'entreprise pour poursuivre le développement de son action sociale et en améliorer la qualité. Née du constat d'un manque de structures spécialisées pour les personnes dépendantes alors que le vieillissement de la population va croissant, l'association avait développé dans le département des Yvelines une offre globale de services pour favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, en assurant la coordination entre les divers besoins (accompagnement du retour à domicile après une hospitalisation, auxiliaire de vie, portage des repas, aide ménagère, soins à domicile, relation avec le médecin traitant, soutien psychologique à la famille, téléalarme) par un interlocuteur unique. Le service à la personne est un secteur porteur qui poursuit son expansion malgré la crise. Plus de 100 000 emplois y sont créés chaque année depuis 2006. En 2009, les particuliers employaient 2 millions de salariés à domicile, tous services confondus, selon l'Agence nationale des services à la personne. Amélis n'échappant pas à cette tendance a fait le choix, en 2005, du "social business" tel que défini par son fondateur Muhammad Yunus : les méthodes d'entreprise doivent devenir le moteur du projet social. Pour améliorer le financement de son action sociale, la développer et la professionnaliser, l'association a décidé de se transformer en SARL dans un premier temps en 2005, puis en société par actions simplifiée en 2009, passant sur cette même période de 50 à plus de 250 auxiliaires de vie au service de 1 500 familles (contre 70 en 2005). Pour faire bénéficier son activité sociale du savoir-faire commercial et des mécanismes de marché, le président-fondateur de l'association, Guillaume Staub, s'est adjoint en 2005 les services d'Amaury de la Serre et de Julien Delcour, qui avaient déjà monté plusieurs entreprises. Amélis avait alors le projet d'ouvrir une seconde agence à Paris et, à moyen terme, de développer un réseau en province. Mais la création d'une seule nouvelle agence nécessitait 250 000 euros d'investissements et, surtout, il fallait créer, pour professionnaliser l'activité, une "tête de réseau", une structure qui déchargerait les équipes du travail administratif afin d'atteindre l'objectif de 70 % du temps consacré aux familles. Le choix du statut d'entreprise plutôt que d'association a ouvert la porte aux capital-risqueurs "qui n'investissent pas dans les associations, mais dans les entreprises", souligne M. Staub. Quant à l'avantage fiscal qui favorisait encore en 2002 les associations du secteur, il avait quasiment disparu avec l'entrée en vigueur de la loi Borloo de 2005 sur la professionnalisation des services à la personne. "A partir de 2008, on avait un modèle qui tournait bien sur les Yvelines. On a mis un an à lever les fonds, car les investisseurs sont encore peu coutumiers de l'économie sociale. On a pu moderniser la structure et développer l'activité - une deuxième plate-forme a été créée à Paris, une troisième ouvrira fin janvier dans les Hauts-de-Seine - et une notoriété d'enseigne commence à émerger : Amélis est aujourd'hui référencée dans les hôpitaux pour le retour à domicile des personnes âgées", indique Amaury de la Serre. Le maintien à domicile des personnes âgées est encore majoritairement assuré par le gré à gré et les associations. "Il est pourtant plus facile pour une entreprise de garantir une qualité de services standardisée que pour un regroupement de petites structures indépendantes", estime M. de la Serre. Anne Rodier
11/01/2010
talents-fr
https://www.lemonde.fr/talents-fr/article/2010/01/11/amelis-une-association-devenue-entreprise-pour-grandir_1289972_3504.html
"Vive le ""social business"" !"
Les excès révélés par la crise conduisent à imaginer des formes d'entreprise dont l'objectif serait de répondre, avec profit, aux besoins de la société.
Le séisme financier de 2008 a eu aussi pour conséquence d'instruire le procès des excès du capitalisme. Tout au long de l'année écoulée, les débats se sont multipliés sur le fonctionnement du système parmi les ultralibéraux comme parmi ses plus farouches adversaires. Il est vrai que le G20 a su jouer les pompiers de service, mais il ne s'est nullement attaqué aux causes, de même que le sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, du 7 au 18 décembre 2009, a plus débattu du sexe des anges que de la façon de vivre mieux (ou aussi bien) en consommant moins. Tout bouge, de plus en plus vite... à l'exception de nos institutions, constate Michel Serres (Temps des crises, Editions Le Pommier, 2009, 78 pages, 10 euros). D'où ce sentiment de désillusion qui ne cesse de gagner l'Occident vieillissant face aux conservatismes des institutions. Alors, plutôt que de désespérer, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui préfèrent agir par eux-mêmes pour changer ce qui est en leur pouvoir de changer. Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006, fondateur de l'institution de microfinance Grameen Bank, a forgé l'expression "social business" pour désigner la performance économique au service de l'intérêt général. Il s'agit de développer une entreprise au fonctionnement classique, dont la finalité est aussi de résoudre une problématique sociale ou sociétale. Il ne s'agit pas d'être en opposition avec le capitalisme, mais de construire une entreprise différente, non pas dans sa forme, mais dans ses buts... L'idée n'est pas neuve. L'économie sociale, avec ses coopératives et ses mutuelles, a voulu, au XIXe siècle, réparer les dégâts sociaux de l'exode rural et de la révolution industrielle. En créant Emmaüs, l'abbé Pierre a défriché le terrain de l'entreprise d'insertion autosuffisante. Aujourd'hui, de grands groupes mondiaux se sont lancés dans la démarche du "social business". Le plus connu est sûrement Danone, qui s'est allié avec la Grameen Bank au Bangladesh pour créer une coentreprise, Grameen Danone Foods, dont la finalité est d'apporter une alimentation saine (en l'occurrence, un yaourt) aux plus pauvres. Comme les critères occidentaux sont inapplicables, Danone a développé un "business model" différent : collecte du lait dans des petites fermes aux environs de micro-usines, avec un processus de production simplifié. Les yaourts sont commercialisés à 0,06 euro en porte-à-porte par les "grameen ladies" rémunérées à la commission. Essilor, pour sa part, observant que plusieurs centaines de millions d'Indiens avaient besoin de lunettes qu'ils ne pouvaient pas acheter, a développé une chaîne de production à très bas coût, un système de distribution par camionnettes et un argumentaire adapté. L'entreprise semble être un succès si l'on en croit l'envie suscitée auprès d'autres partenaires, qui souhaitent soutenir l'opération. Ces initiatives originales bousculent les schémas de pensée traditionnels, mais sont en revanche très porteuses d'innovations. Un des objectifs du "social business" est de trouver des solutions innovantes à des problèmes sociaux. Ashoka, association créée en 1980 en Inde par un Américain, Bill Drayton, ancien consultant du cabinet de conseil McKinsey, la fondation Schwab créée par le fondateur du Forum de Davos, ou l'Agence de valorisation des initiatives socio-économiques (Avise) créée en France et présidée par Hugues Sibille, sont là pour détecter, valider et appuyer - voire accompagner - ces entreprises qui doivent, par leurs revenus, couvrir les coûts de leur activité pour atteindre le point mort qui assure sa pérennité. Ashoka France appuie ainsi 25 projets, dont Siel Bleu, dont l'objet est de prévenir la dépendance et l'exclusion des seniors par une pratique sportive adaptée. Jean-Michel Ricard, son fondateur, a étendu ses activités aux salariés d'entreprises et limite ainsi l'accidentalité, tout en lui permettant de financer son programme seniors. Autre exemple, le groupe SOS, créé par Jean-Marc Borello, est devenu une galaxie employant plus de 2 500 personnes dans les champs du sanitaire et du social : éducation, insertion, logement, développement durable. "L'entrepreneuriat est possible dans le public et dans le privé. Mais dans le social, il reste encore la "Belle au bois dormant"", constate M. Borello, ancien éducateur de rue, devenu haut fonctionnaire puis chef d'entreprise (SOS contre toute attente, entretien avec Jean-Marc Borello, Editions Rue de l'échiquier, collection "Conversations solidaires", 2009). Le mouvement des entrepreneurs sociaux prend de l'ampleur à travers le monde. La crise a révélé une demande de sens chez les salariés. Les grandes écoles de commerce et de management l'ont bien compris en inscrivant le "social business" dans leurs cursus. Reste à définir un statut pour ces entreprises. Il existe, notamment en Grande-Bretagne. Il y a urgence à le construire en France parce que cela permettrait d'encourager l'entrepreneuriat social, estime l'avocat d'affaires Daniel Hurstel dans son ouvrage La Nouvelle Economie sociale. Pour réformer le capitalisme (éditions Odile Jacob, 2009, 216 pages, 21,85 euros). Le besoin de construire un capitalisme plus soucieux de l'homme et de son environnement n'est plus à justifier. La piste du "social business" est là et bien là, en passe de prendre le relais ! Dominique Dambert et Didier Adès "Rue des entrepreneurs", France Inter
11/01/2010
talents-fr
https://www.lemonde.fr/talents-fr/article/2010/01/11/vive-le-social-business_1289971_3504.html
L'incompréhension entre le collège et les familles n’est pas une fatalité
Une expérience montre que les comportements scolaires peuvent être aisément améliorés.
L'incompréhension qui caractérise souvent les relations entre les familles et les établissements scolaires peut être battue en brèche, au moyen de mesures simples et peu coûteuses. C'est ce qu'affirme un rapport d'évaluation de l'Ecole d'économie de Paris portant sur une expérimentation menée durant l'année scolaire 2008-2009 dans 37 collèges (dont 21 en zone d'éducation prioritaire) de l'académie de Créteil. Environ 5000 collégiens de classes de 6e ont été concernés. Signé notamment par le sociologue Eric Maurin, ce rapport a été remis, vendredi 8 janvier, à Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et à la jeunesse. Cette démonstration fait en effet partie des 167 projets financés par son fonds d'expérimentation. "Oui, il est possible pour les collèges d'accroître très sensiblement l'implication des parents dans les scolarités de leurs enfants, et oui ce surcroît d'implication a vraiment un effet très bénéfique sur le comportement des enfants au collège", affirment les chercheurs. Cette amélioration a été obtenue par des actions d'une simplicité déconcertante. Il s'agit d'abord de trois rencontres-débats organisées entre la mi-novembre et la fin décembre, animées par le principal du collège et un membre de l'équipe pédagogique. Les deux premières portent sur l'aide des parents aux enfants et les relations avec le collège. La troisième, placée après le premier conseil de classe, leur propose de réagir au diagnostic posé. Le cœur du message est que "tous les parents peuvent aider leurs enfants, même ceux qui ne sont pas familiers avec l'école, l'essentiel étant de montrer son intérêt". Des conseils sont dispensés concernant le contrôle de l'usage de la télévision et d'Internet le soir et les jeux vidéo, ainsi que sur la participation aux devoirs… L'ensemble est dénommé "Mallette des parents" par l'académie de Créteil, même s'il n'y a pas physiquement de mallette. Les effets positifs, qui s'échelonnent tout au long de l'année, sont patents sur l'implication des parents, au point que "ce surcroît (…) est du même ordre de grandeur que celui que l'on peut constater entre les familles de cadres et les autres familles" ainsi que sur le comportement des élèves. En revanche, bien que perceptible en français, l'impact sur les résultats scolaires reste ténu. MOINS D'ABSENTÉISME Les vertus de l'implication des parents allant de soi, cette expérimentation pourrait être relativisée du fait qu'elle n'apporte pas de révélations. Reste que la perception empirique, qu'ont de nombreux enseignants et chefs d'établissement, se voit là objectivée par une démarche scientifique et un ensemble de données chiffrées. Les évaluateurs ont distingué de manière rigoureuse, par tirage au sort, des classes tests et des classes témoins dans lesquelles les actions préconisées n'ont pas été menées, de sorte que les différences mesurées à la fin de l'année ne puissent pas être attribuées à d'autres causes que l'expérimentation. Les classes tests ont moins d'absentéisme que les classes témoins (3,6 demi-journées en moyenne, contre 4,3), moins de sanctions (10,9 % contre 13,4 %), davantage de distinctions (38,6 % contre 34,2 %) ou de très bonnes notes de vie scolaire (37,4 % contre 32,6 %). Le deuxième aspect crucial réside dans les effets induits. L'expérimentation permet d'établir que "l'effet vertueux de ces politiques d'ouverture en direction des parents s'étend au-delà du cercle habituel des familles les plus attentives à la scolarité de leurs enfants pour atteindre, par un effet d'entraînement dans les classes, les familles et les élèves les plus éloignés du système scolaire". "Les classes, observe le rapport, sont de petits univers assez fermés sur eux-mêmes, où l'amélioration du comportement de quelques-uns (…) peut induire des effets importants sur l'ensemble des autres, y compris les plus turbulents." Le troisième point, découlant du respect d'un protocole précis par les établissements, est implicite. Au-delà des "bonnes volontés" d'une équipe, ce qui compte le plus est une politique systématique et suivie d'ouverture aux parents. C'est ce dont Martin Hirsch entend maintenant discuter avec le ministre de l'éducation. Luc Cédelle
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/l-incomprehension-entre-le-college-et-les-familles-n-est-pas-une-fatalite_1289949_3224.html
Pour le fondateur de Facebook, la protection de la vie privée n'est plus la norme
Mark Zuckerberg estime que la notion de "vie privée" n'a pas du tout le même sens pour les jeunes générations que pour leurs parents.
"Les gens sont désormais à l'aise avec l'idée de partager plus d'informations différentes, de manière plus ouverte et avec plus d'internautes. (...) La norme sociale a évolué." Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, est revenu dimanche, à San Francisco, sur la modification des paramètres de vie privée de son réseau social, et estimé que les 350 millions d'utilisateurs du site n'attachent plus autant d'importance à la protection de leurs données personnelles. Pour le fondateur du plus grand réseau social au monde, cette évolution justifie les modifications des paramètres de vie privée du site, mises en place mi-décembre, et vivement critiquées par les associations de défense de la vie privée. Mark Zuckerberg, qui s'était lui-même fait piéger par le changement de paramètres sur son propre compte personnel, a estimé que cette évolution du site était nécessaire, et reflétait "ce que seraient les normes si nous lancions le site aujourd'hui". "A notre place, beaucoup d'entreprises seraient piégées par les conventions et l'héritage de ce qu'elles ont construit", a-t-il estimé, jugeant qu'il s'agissait d'une preuve de la capacité de Facebook à innover."A notre place, beaucoup d'entreprises seraient piégées par les conventions et l'héritage de ce qu'elles ont construit", Pour Mark Zuckerberg, ce sont principalement les jeunes générations qui ont une notion différente de ce qu'est la vie privée, et de la manière dont elle doit être protégée. "A notre place, beaucoup d'entreprises seraient piégées par les conventions et l'héritage de ce qu'elles ont construit",'vie privée'"A notre place, beaucoup d'entreprises seraient piégées par les conventions et l'héritage de ce qu'elles ont construit",, a-t-il expliqué."A notre place, beaucoup d'entreprises seraient piégées par les conventions et l'héritage de ce qu'elles ont construit", Pour en savoir plus : - La vie privée, un problème de vieux cons ? - Vie privée : le point de vue des "petits cons""A notre place, beaucoup d'entreprises seraient piégées par les conventions et l'héritage de ce qu'elles ont construit",
11/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/11/pour-le-fondateur-de-facebook-la-protection-de-la-vie-privee-n-est-plus-la-norme_1289944_651865.html
La Chine devient premier marché automobile mondial, devant les Etats-Unis
Quelque 13,64 millions de véhicules ont été vendus en 2009 en Chine. Le marché a bénéficié des mesures du gouvernement destinées à stimuler la demande automobile.
Quelque 13,64 millions de véhicules ont été vendus en 2009 en Chine. "La Chine a remplacé les Etats-Unis pour devenir pour la première fois le plus grand marché automobile du monde", peut claironner, lundi, l'agence Chine nouvelle, citant l'Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM). Le marché a bénéficié des mesures du gouvernement destinées à stimuler la demande automobile dans un environnement industriel marqué par le ralentissement au niveau mondial l'an dernier. Cela représente une hausse de 46,2 % par rapport aux ventes de 2008, qui avaient totalisé 9,38 millions d'unités, selon les chiffres précédents de la CAAM. Début 2009, le marché automobile chinois a dépassé celui, sinistré, des Etats-Unis, alors que les ventes en Chine ont progressé vigoureusement l'an dernier grâce à des mesures fiscales d'encouragement à la consommation dans ce secteur. Les ventes de voitures particulières ont bondi de 52,9 % en 2009, à 10,3 millions d'unités. Sur le seul mois de décembre, ces ventes ont augmenté de 88,7 % par rapport à l'an dernier, à 1,1 million de véhicules. En novembre, la croissance des ventes automobiles avait été en rythme annuel de 98,2 %, mais de 49,7 % sur les onze premiers mois de l'année, selon la CAAM.
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/la-chine-devient-premier-marche-automobile-mondial-devant-les-etats-unis_1289946_3234.html
Ivo Josipovic, nouveau président croate chargé de conduire le pays vers l'UE
Le candidat social démocrate au second tour de la présidentielle a obtenu plus de 60 % des voix. Ce professeur de droit international cohabitera avec une majorité parlementaire et un gouvernement de droite.
Les électeurs croates ont porté à la tête de leur Etat, dimanche 10 janvier, un homme qui a fait l'essentiel de sa vie professionnelle, depuis quinze ans, hors des cercles politiques. Le député Ivo Josipovic (52 ans) est professeur de droit international et compositeur de musique. Auteur d'une quarantaine d'oeuvres et de nombreux albums, il a qualifié son élection de "symphonie victorieuse". Selon les résultats (99,62 % des bureaux de vote), il a obtenu 60,29 % des voix au second tour, devançant de loin son adversaire, le maire de Zagreb, Milan Bandic (39,71 %). La victoire de M. Josipovic, qui succédera à Stipe Mesic, 75 ans, au pouvoir depuis 2000, est celle de l'opposition, représentée par le parti social-démocrate (SDP). Son adversaire, Milan Bandic, était lui-même un dissident de cette formation. La qualification de ces deux candidats pour le second tour est un camouflet pour la Communauté démocratique croate (HDZ), parti qui conduisit la Croatie à l'indépendance en 1991, frappé par une succession de scandales financiers. Le premier ministre issu de ses rangs, Ivo Sanader, avait même démissionné en juillet 2009, à la surprise générale. De façon tout aussi surprenante, il a annoncé son retour en politique, début janvier. Le HDZ l'a exclu de ses rangs. Les prérogatives présidentielles d'Ivo Josipovic sont limitées. Chef des armées, il jouera un rôle en matière de politique étrangère, mais l'essentiel des pouvoirs est entre les mains du gouvernement. Le nouveau président devra cohabiter avec le premier ministre HDZ, Jadranka Kosor, successeur de M. Sanader. Malgré les scandales impliquant le HDZ, celle-ci est parvenue à émerger comme une personnalité populaire, décidée à faire le ménage. FRAÎCHEUR Les élections législatives sont prévues fin 2011, mais de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer leur tenue anticipée. La Croatie, en effet, n'a pas de temps à perdre pour – comme elle le souhaite– intégrer l'Union européenne (UE) en 2012. Le peu d'appétit au sein de l'UE pour un nouvel élargissement orienté vers les Balkans ne peut être surmonté qu'avec un dossier impeccable présenté par Zagreb. Les premières paroles du nouveau président ont donc porté sur ce sujet : "Je veux une Croatie européenne (...) non seulement par son adhésion à l'UE, mais aussi en partageant les valeurs que nous défendons : celles de la démocratie, de la liberté, des droits de l'homme, du respect des lois, des droits des minorités et de la liberté religieuse", a-t-il déclaré après l'annonce des résultats. "Nous voulons tous vivre dans un pays où le travail est payé et les délits sont punis, un pays de justice et de sécurité sociale", a-t-il ajouté. Ivo Josipovic n'a pas été un acteur politique de premier rang ces dernières années. C'est cette fraîcheur, son profil inhabituel qui ont convaincu les électeurs, sensibles à l'insistance avec laquelle il a promis, en campagne, de dénoncer la corruption en politique. Malgré son faible charisme et sa tiédeur, il ne faut pas sous-estimer ses compétences. Elu député en 2003 et 2007, membre de plusieurs commissions parlementaires, il a été le représentant de son pays auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) et du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie. Cultivé, ouvert, M. Josipovic est marié à une experte en droit civile. Ancien militant du Parti communiste dans les années 1980, il a participé à sa métamorphose sociale-démocrate. Pendant la campagne, il a défendu l'idée d'un "nouveau patriotisme", loin des excès des années 1990. "Un “bon” ou un “grand” Croate n'est pas celui qui crie plus fort ou qui agite mieux son drapeau. C'est le travailleur faisant consciencieusement son boulot, ou l'entrepreneur créant des emplois, versant des salaires équitables à ses employés et payant ses impôts", déclarait-il, en avril 2009, au magazine Nacional. Un de ses défis sera d'améliorer les relations avec la Serbie. Alors que les deux pays tentaient de refermer les cicatrices de la guerre (1991-1995), leurs relations se sont à nouveau tendues après la reconnaissance par Zagreb de l'indépendance, en 2008, du Kosovo. Piotr Smolar
11/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/11/ivo-josipovic-nouveau-president-croate-charge-de-conduire-le-pays-vers-l-ue_1289902_3214.html
Le Front de gauche part en campagne après des négociations difficiles
Le PCF a finalement accepté de laisser plus de places au Parti de gauche et à la Gauche unitaire sur les listes des régionales.
L'accouchement des listes a été long mais cette fois le Front de gauche est parti en campagne. Après plusieurs semaines de tractations tendues, entre le PCF et le Parti de gauche, c'est devant plus de 3 700 personnes que Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon et Christian Picquet ont tenu, dimanche 10 janvier, leur premier meeting pour les régionales. M. Mélenchon glissait qu'il avait été content d'avoir fait l'événement deux fois : "La première en annonçant qu'[il était] candidat en Ile-de-France, la seconde en disant qu'[il ne l'était] plus". "Chaque individu a son caractère", souriait Mme Buffet, soulagée. C'est Pierre Laurent, comme prévu après l'éviction de Patrick Braouezec, qui sera tête de liste dans cette région cruciale pour le PCF. Mme Buffet tirera, elle, la liste en Seine-Saint-Denis. MENACES DE RUPTURE Pourtant depuis un mois, les communistes avaient du fil à retordre avec leur turbulent allié. Mécontent des régions et départements qui étaient laissés à son parti, M. Mélenchon avait menacé de "rentrer en faisant ses valises", paraphrasant Georges Marchais lors de la rupture de l'Union de la gauche en 1977. Comme d'autres partenaires, il estimait que le PCF se taillait une part trop importante dans la répartition des sièges éligibles. La numéro un communiste avait rétorqué, cinglante : "Il y a ceux qui donnent beaucoup et ceux qui veulent beaucoup". L'ambiance était telle qu'à une semaine du premier meeting, on ne savait plus si le député européen allait y prendre la parole… L'accord a été signé la veille. Sachant que leur salut dépend de leur politique unitaire, les communistes se sont faits plus coulants. Le Parti de gauche a obtenu deux départements de plus et trois têtes de listes départementales en Ile-de-France. La Gauche unitaire de Christian Picquet, une région et quatre départements et les Alternatifs obtiennent l'Alsace. Le reste sera pour le PCF, soit environ 90 à 95 candidats pour 184 sortants. La fin des négociations s'est faite au détriment des autres petites formations comme la Fédération pour une alternative sociale et écologique et des personnalités comme Clémentine Autain ou Leila Chadli, minoritaire "unitaire" du NPA. Mais, promis, tout cela ne compte plus ! Le Front de gauche, élargi aux Alternatifs, au Parti communiste des ouvriers de France et au Mouvement politique d'éducation populaire – qui se présentera aux électeurs sous l'appellation "Ensemble pour des régions à gauche solidaires, écologistes et citoyennes" –, est "dans les starting-blocks", jurent-ils tous. "Le PCF est sorti de sa volonté d'un Front de gauche autour de lui", assure Christian Picquet de la Gauche unitaire. "LA GAUCHE QUI RELÈVE LA TÊTE" Le lancement de la campagne s'est donc fait dans la bonne humeur volontariste. Jean-Luc Mélenchon a abjuré les électeurs d'envoyer dans les régions "une gauche de combat à la place d'une gauche routinière". Mais, cette fois, il s'est fait voler la vedette par une "Marie-George", très en verve. "Notre combat contre la “bande du Fouquet's ” n'est pas seulement un combat revendicatif, c'est un combat éthique, un combat de société", a lancé la secrétaire nationale en appelant "tous ceux qui n'ont pas de Rolex" à voter pour ses listes, celles de "la gauche qui relève la tête". Reste à se faire une place dans un match à gauche qui se joue dorénavant entre le PS et Europe écologie. S'ils comptent faire plus que les 5 % à 7 % donnés par les sondages, tous savent que la tâche ne sera pas facile. Sylvia Zappi
11/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/11/le-front-de-gauche-part-en-campagne-apres-des-negociations-difficiles_1289899_823448.html
PSA annonce des ventes en baisse de 2,2 % en 2009
"2009 a été marquée par une nouvelle baisse des marchés automobiles mondiaux et par des situations extrêmement contrastées", explique le groupe.
PSA Peugeot Citroën a annoncé, lundi 11 janvier, que ses ventes de véhicules et éléments détachés avaient baissé de 2,2 % en 2009, la croissance du marché hors d'Europe restant éclipsée notamment par la faiblesse des utilitaires légers sur le continent. Le deuxième constructeur automobile européen a vendu 3 188 000 véhicules montés et éléments détachés l'an dernier, contre 3 260 000 en 2008. Le marché mondial s'est contracté de 3,5 % sur l'année. "2009 a été marquée par une nouvelle baisse des marchés automobiles mondiaux et par des situations extrêmement contrastées", a expliqué le groupe dans un communiqué, faisant référence notamment à des disparités géographiques. Si, en Europe, la situation s'est améliorée tout au long de l'année grâce aux "primes à la casse", les véhicules utilitaires légers ont enregistré une forte baisse de 29,3 %. Sur ce marché, PSA a cependant renforcé sa position de numéro un européen en portant sa part à 22,2 % en 2009, contre 19,7 % en 2008. HAUSSE DES IMMATRICULATIONS EN FRANCE DE 10,7 % En France, la part de marché du groupe s'établit à 32,2 %, soit un gain de 0,6 point. Les ventes des deux marques du constructeur dans le pays ont augmenté de 7,1 % sur un marché en hausse de 5,3 %. Hors d'Europe, les ventes de PSA ont progressé de 2,4 % pour atteindre 33,1 % des ventes du groupe, contre 31,6 % en 2008. La part de marché mondiale du groupe s'est améliorée l'an dernier à 5,1 %. "En 2010, les marchés devraient montrer des signes de reprise au niveau mondial, sauf en Europe qui connaîtra probablement une nouvelle année de croissance négative compte tenu de la fin des primes à la casse ou de la réduction progressive de leur montant", a ajouté PSA. Le groupe table sur une contraction à un chiffre des marchés européens en 2010, avec une tendance à l'amélioration anticipée sur la deuxième partie de l'année. Jean-Marc Gales, directeur des marques Peugeot et Citroën, avait prévenu vendredi que l'année qui commence resterait difficile pour l'industrie automobile, même si la performance de la fin 2009 pouvait prêter à l'optimisme. La prime à la casse, instaurée en pleine crise automobile, va diminuer progressivement cette année en France, et cette perspective a dopé les ventes dans la dernière ligne droite de 2009. Les immatriculations de voitures neuves, publiées il y a une semaine, ont grimpé l'an dernier de 10,7 % en France. En Allemagne, premier marché automobile européen, où la prime à la casse a disparu dès le mois de septembre, les immatriculations ont baissé de 4,7 % en décembre, un mauvais présage pour 2010 après une année 2009 marquant un record depuis 1992. Renault publiera, quant à lui, ses résultats commerciaux de l'année écoulée jeudi matin.
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/psa-annonce-des-ventes-en-baisse-de-2-2-en-2009_1289939_3234.html
Le gouvernement face à une semaine sociale chargée
La semaine sociale s'annonce chargée pour le président de la République et ses minsitres.
Vendredi, Nicolas Sarkozy doit présenter ses vœux aux partenaires sociaux, pour une année 2010 qui devrait continuer de voir le chômage augmenter alors que se profile un chantier majeur : la réforme des retraites. La ministre de l'économie Christine Lagarde présentera également vendredi ses vœux à la presse, en compagnie des ministres de l'industrie, Christian Estrosi, et du commerce extérieur Anne-Marie Idrac, ainsi que des secrétaires d'Etat à l'emploi Laurent Wauquiez, et au commerce Hervé Novelli. D'ici là, le gouvernement devra faire face à des appels à la grève dans les ports, l'aviation civile et les centres de régulation médicale, la justice devant examiner mercredi l'appel des salariés de Continental Clairoix condamnés pour le saccage d'une sous-préfecture. Lundi, la CGT des ports et docks appelle à une nouvelle journée de grève, après celle du 4 janvier, dans les sept grands ports français pour protester contre la réforme en cours d'application de la manutention qui va désormais relever entièrement du privé. appelle à une nouvelle journée de grève, après celle du 4 janvier, dans les sept grands ports français pour protester contre la réforme en cours d'application de la manutention qui va désormais relever entièrement du privé. Mardi, des salariés des urgences médicales aidant les médecins qui répondent aux appels téléphoniques du "15", en grève symbolique depuis le 28 décembre, participeront à une journée de mobilisation pour exiger l'entrée en vigueur rapide d'un statut plus avantageux. Cette grève, sans conséquences pour les patients, a été lancée par la commission des permanenciers auxiliaires de régulation médicale (Parm) de Samu de France, un syndicat comprenant également des médecins urgentistes, avec le soutien de la CGT-santé (majoritaire dans les hôpitaux) et de Sud-santé. Un accord conclu avec le ministère de la Santé pour améliorer le statut de ces quelque 2.000 fonctionnaires hospitaliers ne sera pas appliqué avant fin 2011, selon Samu de France. Cette amélioration, demandée "depuis 30 ans", permettra notamment une hausse de "quelques centaines d'euros par an", selon le syndicat. aidant les médecins qui répondent aux appels téléphoniques du "15", en grève symbolique depuis le 28 décembre, participeront à une journée de mobilisation pour exiger l'entrée en vigueur rapide d'un statut plus avantageux. Cette grève, sans conséquences pour les patients, a été lancée par la commission des permanenciers auxiliaires de régulation médicale (Parm) de Samu de France, un syndicat comprenant également des médecins urgentistes, avec le soutien de la CGT-santé (majoritaire dans les hôpitaux) et de Sud-santé. Un accord conclu avec le ministère de la Santé pour améliorer le statut de ces quelque 2.000 fonctionnaires hospitaliers ne sera pas appliqué avant fin 2011, selon Samu de France. Cette amélioration, demandée "depuis 30 ans", permettra notamment une hausse de "quelques centaines d'euros par an", selon le syndicat. Mercredi et jeudi, la DGAC (Direction générale de l'aviation civile), en charge de la sécurité et de la gestion du transport aérien, prévoit "des perturbations assez fortes" dans ses services, et donc "des perturbations significatives à prévoir" pour les compagnies aériennes, en raison de préavis de grève nationaux déposés par cinq syndicats. CGC, CGT, FO, Unsa ont déposé un préavis de grève de mercredi matin à vendredi matin pour notamment contester 400 suppressions d'emplois programmées selon eux dans les deux ans par le non-remplacement d'un départ sur deux, ainsi que "des projets de changement statutaire de la DGAC" qui "font peser de lourdes menaces sur l'avenir de ces services et des agents qui y travaillent". La CFDT avait déjà déposé en décembre un préavis pour ces mêmes journées et pour les mêmes motifs. L'intersyndicale CGC-CGT-FO-Unsa doit être reçue lundi matin par le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau. (Direction générale de l'aviation civile), en charge de la sécurité et de la gestion du transport aérien, prévoit "des perturbations assez fortes" dans ses services, et donc "des perturbations significatives à prévoir" pour les compagnies aériennes, en raison de préavis de grève nationaux déposés par cinq syndicats. CGC, CGT, FO, Unsa ont déposé un préavis de grève de mercredi matin à vendredi matin pour notamment contester 400 suppressions d'emplois programmées selon eux dans les deux ans par le non-remplacement d'un départ sur deux, ainsi que "des projets de changement statutaire de la DGAC" qui "font peser de lourdes menaces sur l'avenir de ces services et des agents qui y travaillent". La CFDT avait déjà déposé en décembre un préavis pour ces mêmes journées et pour les mêmes motifs. L'intersyndicale CGC-CGT-FO-Unsa doit être reçue lundi matin par le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau. Mercredi également, la cour d'appel d'Amiens rejugera six salariés de Continental Clairoix (pneus) condamnés en septembre à des peines de trois à cinq mois de prison avec sursis pour le saccage de la sous-préfecture de Compiègne en avril 2009, en pleine lutte pour dénoncer la fermeture du site. Plusieurs partis de gauche et des syndicats ont exprimé leur soutien à leur demande de relaxe, et ont appelé, aux côtés de l'intersyndicale et du comité de lutte des salariés, à une manifestation le jour de l'audience à Amiens.
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/le-gouvernement-face-a-une-semaine-sociale-chargee_1289918_3224.html
La justice iranienne rendra sa décision samedi dans le procès de Clotilde Reiss
La justice iranienne rendra sa "décision finale" après l'audience, samedi 16 janvier, dans le procès de Clotilde Reiss, a annoncé, mardi 12 janvier, le procureur général de Téhéran.
L'universitaire française Clotilde Reiss sera convoquée, samedi 16 janvier, par la justice iranienne pour la dernière audience de son procès, a déclaré lundi son avocat. "Samedi aura lieu la dernière audience du procès de ma cliente et je la représenterai", a déclaré Mohammad Ali Mahdavi-Sabet à l'agence de presse officieuse FARS. "J'espère qu'elle sera innocentée", a-t-il ajouté. La justice iranienne rendra sa "décision finale" après l'audience de samedi, a annoncé mardi le procureur général de Téhéran. La jeune femme, âgée de 24 ans, est accusée d'espionnage par les autorités iraniennes alors qu'elle dit s'être contentée de prendre des photos de manifestations qui ont suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin 2009. Elle est assignée à résidence à l'ambassade de France à Téhéran, après avoir passé un mois et demi en prison durant l'été.
11/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/11/clotilde-reiss-convoquee-une-derniere-fois-par-la-justice-iranienne-samedi_1289927_3218.html
Air France-KLM continue de perdre des passagers
La compagnie aérienne franco-néerlandaise a enregistré, pour le douzième mois d'affilée, une baisse du trafic en décembre.
La compagnie aérienne franco-néerlandaise Air France-KLM, malmenée par la concurrence des compagnies à bas prix en Europe, a enregistré pour le douzième mois d'affilée une baisse du trafic en décembre (- 4,6 %), selon des chiffres publiés lundi 11 janvier. Il s'agit du nombre de passagers kilomètre transporté (PKT). Lors du mois de décembre, le groupe a transporté 5,5 millions de passagers contre 5,8 millions un an plus tôt, soit une baisse de 5,1 %. La compagnie précise avoir fortement réduit ses capacités (- 5,5 %), ce qui a permis d'améliorer le coefficient d'occupation de 0,8 point pour l'établir à 79,7 %, contre 78,9 % en décembre 2008. C'est en Europe que le groupe a enregistré la plus forte baisse du trafic (6,4 %) et du nombre de passagers (- 6,1 %), avec un taux d'occupation de 67,3 % (+ 1,3 point sur un an). "Sur le réseau européen, les capacités sont en recul de 8,3 % sous l'effet combiné des conditions météorologiques et de la restructuration du réseau", explique la compagnie dans un communiqué. HAUSSE DE 12 % DU NOMBRE DE PASSAGERS SUR RYANAIR A l'instar des compagnies allemande Lufthansa et britannique British Airways, Air France-KLM pâtit de la vive concurrence de compagnies aériennes dites "low cost" (à bas coût), Ryanair et easyJet en particulier, qui s'est accentuée avec la crise économique. La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a ainsi annoncé la semaine dernière avoir transporté 4,9 millions de passagers en décembre, soit 12 % de plus qu'en décembre 2008, et un total de 65,3 millions de personnes en 2009, une hausse de 13 %. Air France-KLM avait dévoilé en novembre une nouvelle stratégie pour contrer les "low cost". Elle a ainsi décidé de réduire la plupart des tarifs de ses moyen-courriers à partir du 1er avril et de limiter certaines prestations sur ces vols. En décembre, sur le réseau Amériques, le trafic a baissé de 5,2 % mais le taux d'occupation est de 86,5 % sous l'effet de capacités inférieures.
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/air-france-klm-continue-de-perdre-des-passagers_1289923_3234.html
Le trouble trou de 21 millions d'euros dans la comptabilité du CCE d'Air France
"Le Figaro Economie" révèle lundi que la mauvaise gestion du comité central d'entreprise de la compagnie aérienne laisse un trou béant dans la comptabilité.
Un trou de plus de 20 millions d'euros a été constaté dans les caisses du Comité centrale d'entreprise (CCE) d'Air France, révèle Le Figaro Economie, lundi 11 janvier, avant la publication d'un audit que le quotidien qualifie d'"accablant". Selon Le Figaro, le trou "inexpliqué" dans les caisses est évalué entre "21 et 24 millions d'euros" et imputable à l'équipe en place de mars 2007 au 3 novembre 2009. "95 % de ce trou s'explique par une mauvaise gestion, 5 % par un possible enrichissement personnel", estime un observateur sollicité par Le Figaro. Selon une source proche du dossier interrogée par le journal, "des millions ont été dépensés sans justification", et "depuis plusieurs années, le million d'euros est l'unité de base". L'ensemble de l'audit doit être remis lundi après-midi à la commission économique du CCE, et mardi un CCE extraordinaire doit se tenir chez Air France pour informer l'ensemble des représentants syndicaux de la situation, précise Le Figaro. COMPTABILITÉ DÉTRUITE Le Figaro explique que l'affaire a éclaté en interne cet été lorsque le secrétaire général du CCE a voulu contracter un prêt hypothécaire de 17 millions d'euros pour finir l'année et payer les salaires des mille salariés du CCE. Une demande rejetée par son conseil d'administration. C'est finalement la compagnie aérienne qui a consenti à une avance de trésorerie de 10 millions d'euros en novembre, ce qui vaudra au bureau du CCE d'être démis de ses fonctions. Une nouvelle équipe, dirigée par le pilote de ligne Jean-Yves Quinquenel, découvre alors que la comptabilité d'engagement du CCE, qui comptabilise les recettes et les dépenses dès leur facturation, a été détruite, rapporte Le Figaro. "Nous avons même découvert que des sommes fictives avaient été injectées dans les comptes 2008 pour masquer un résultat négatif", explique au quotidien un membre de la nouvelle équipe dirigeante du CCE. LE GOUVERNEMENT DEMANDE DES EXPLICATIONS Le Figaro cite nombre d'exemples de ces opérations troubles, comme les treize représentations achetées au cirque Pinder en 2008 et dont le produit de la revente des places n'existe nulle part, la location de logements de fonction pour les élus syndicaux de province, ou des débits mensuels allant jusqu'à 3 000 euros sur certaines cartes bancaires pour des achats "de draps de bain et d'écrans de télévision". Le gouvernement a fait savoir, par la voix du secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau, lundi sur France Info, qu'il allait demander des explications. "Naturellement, nous allons regarder ça de très près et demander des explications au président d'Air France", a-t-il déclaré. "C'est le moment où nous souhaitons que le transport aérien reparte, et ce n'est pas le moment de mettre sur la place publique ce genre de choses. S'il y a un problème, il faut qu'il soit réglé rapidement", a ajouté le secrétaire d'Etat. Dominique Bussereau a supposé que la justice pénale serait saisie, et estime que la direction de la société pourra mettre "bon ordre" au problème.
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/le-trouble-trou-de-21-millions-d-euros-dans-la-comptabilite-du-cce-d-air-france_1289916_3234.html
L'ultimatum d'Al-Qaida aux gouvernements français et malien
Al-Qaida au Maghreb islamique menace d'exécuter l'otage français Pierre Camatte si quatre de ses prisonniers au Mali ne sont pas libérés sous 20 jours.
Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) menace d'exécuter l'otage français Pierre Camatte, enlevé le 27 novembre dans un hôtel de Ménaka, si quatre de ses prisonniers au Mali ne sont pas libérés sous 20 jours. Pierre Camatte a été capturé au Mali de même que trois volontaires humanitaires espagnols, enlevés quatre jours plus tard en Mauritanie, pays frontalier du Mali. Les centres américains de surveillance des sites islamistes SITE et Intelcenter ont rendu public ces exigences. "Le groupe a donné aux gouvernements français et malien une période de 20 jours pour relâcher les quatre prisonniers d'Aqmi au Mali, sans quoi Camatte sera exécuté", indique le SITE citant un communiqué datant du 10 janvier et émanant de forums jihadistes. "Que la France et le Mali soient informés, que nous leur donnons 20 jours pour répondre à notre demande, sans quoi les deux gouvernements seront tenus entièrement responsables de la mort de l'otage français", selon Intelcenter. Le ressortissant français, âgé de 61 ans et domicilié dans les Vosges (nord-est de la France), préside "L'Association Gérardmer-Tidarmene". Selon une responsable de l'association, le Français se rend "régulièrement" au Mali et s'implique notamment dans la culture d'une plante thérapeutique contre le paludisme. Une source sécuritaire malienne s'exprimant sous le couvert de l'anonymat avait indiqué début décembre que le français était retenu par des membres de "l'aile dure" d'Al-Qaida au Maghreb islamique". Début décembre, le président malien, Amadou Toumani Touré, déclarait dans une interview au journal français Le Monde privilégier la piste de "petits bandits". "Libérer ce Français, j'en fais une affaire personnelle", a dit le chef de l'Etat qui disait "compter d'abord sur les populations qui sont les premières sources de renseignements sur une personne connue de tout le monde".
11/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/11/l-ultimatum-d-al-qaida-aux-gouvernements-francais-et-malien_1289904_3212.html
"Fadela Amara, le ""Kärcher"" et ""les bourgeois"""
La secrétaire d'Etat à la ville assure qu'"il faut 'nettoyer au Kärcher' cette violence qui tue nos enfants dans les cités", dans un entretien paru dans "Le Progrès".
La secrétaire d'Etat à la ville, Fadela Amara, assure qu'"il faut 'nettoyer au Kärcher' cette violence qui tue nos enfants dans les cités", dans un entretien paru, lundi 11 janvier, dans le quotidien Le Progrès. A l'instar de la sortie de Nicolas Sarkozy, qui avait évoqué cette marque de nettoyant à haute pression pour "nettoyer" la cité qu'il visitait, les propos de Mme Amara ont été vivement critiqués dès leur parution. "Il faut agir, et je suis scandalisée quand j'entends que la sécurité est un discours de droite : l'ordre républicain est émancipateur", a déclaré Fadela Amara, en réaction à la mort d'un enfant de 12 ans lors d'une fusillade en pleine rue, à la suite d'une altercation entre jeunes de quartiers différents, à la mi-décembre à Lyon. "RAPPELEZ-VOUS LE 'KÄRCHER' DE SARKOZY" "Rappelez-vous le 'Kärcher' de Nicolas Sarkozy : on a oublié qu'il a dit cela alors qu'un jeune de 11 ans avait été tué en nettoyant la voiture de son père !", ajoute Mme Amara. "Il existe une vraie insécurité dans certains quartiers populaires, avec des voyous qui prennent en otage les habitants", estime encore la ministre, pour qui "le droit à la sécurité n'est pas réservé aux bourgeois" mais "existe d'abord pour les plus pauvres". Le socialiste Jack Lang dit attendre d'un membre du gouvernement "non pas des paroles verbales mais des actes qui assurent la protection réelle des élèves et des professeurs. Ne pensez-vous pas franchement qu'il faut en finir avec le baratin ministériel lorsque des incidents aussi dramatiques se multiplient ?", a-t-il demandé, en référence à la mort de cet enfant de 12 ans. Par ailleurs, celui qui était en charge de l'éducation a réitéré ses critiques à la politique du gouvernement en la matière. Il a réclamé un moratoire sur "les suppressions de dizaines de milliers de postes d'aides éducateurs, de surveillants, de professeurs". "IL N'Y A PAS DE PLAN BANLIEUES" Interrogé par LePost.fr, le secrétaire national du Parti socialiste en charge des questions de sécurité, Jean-Jacques Urvoas,a déploré le ton employé par Mme Amara. "C'est un discours de président d'association et pas d'un ministre du gouvernement. Car au lieu de parler, elle devrait être dans l'action ! C'est elle qui est au gouvernement !" Il appelle la secrétaire d'Etat à "protester contre le budget de la sécurité qu'a prévu le gouvernement pour 2010. Ce budget prévoit de supprimer quatre mille postes de gendarme et de policier. Et je lui conseille de s'adresser à Brice Hortefeux, chargé d'assurer la sécurité des Français." Le collectif Banlieues Respect exprime pour sa part des doutes quant à la capacité de la secrétaire d'Etat à "apporter des solutions efficaces sur ces questions complexes, lorsque nous voyons que, dans les faits, il n'y a pas de plan banlieues."
11/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/11/fadela-amara-le-karcher-et-les-bourgeois_1289897_823448.html
Les Haïtiens attendent les secours
Aucun bilan officiel n'est encore disponible après le séisme qui a dévasté, mardi soir, Haïti. Alors que les secours s'organisent, le premier ministre haïtien a dit s'attendre à plus de 100 000 morts. Une cinquantaine de Français sont portés disparus.
Les Haïtiens ont entamé mercredi soir une deuxième nuit de cauchemar au milieu des décombres après le violent séisme qui a frappé l'ile, transformant des quartiers entiers en cimetières à ciel ouvert. A Port-au-Prince, ce sont des centaines de milliers de personnes qui devaient passer une nuit à la belle étoile, dans l'obscurité totale, faute de courant. Des habitants qui ont tout perdu, leur maison, leur vie d'avant, se sont entassés dans le centre-ville transformé en immense camp de réfugiés. Ils réclament désespérément de l'eau, de la nourriture et des médicaments. Avec les heures qui passent, la température qui augmente, la situation empire. Certains en viennent à boire l'eau insalubre des fontaines publiques. Au lendemain du séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter qui a ravagé Haïti, mardi à 16 h 53 (22 h 53 à Paris), aucun bilan officiel n'était encore disponible. Des corps sans vie ou blessés jonchaient les rues de la capitale, Port-au-Prince, en partie détruite (voir la vidéo). Le gouvernement haïtien a dit redouter un bilan humain supérieur à 100 000 morts. Un bilan humain terrible. Selon le premier ministre Jean-Max Bellerive, le séisme pourrait avoir fait plus de 100 000 morts, sur une population de près de 10 millions d'habitants.(Lire les témoignages d'internautes à Port-au-Prince). Le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, a néanmoins tenu à nuancer ces projections, rappelant que les premiers chiffres cités dans des catastrophes d'une telle ampleur sont généralement supérieurs au bilan définitif. Des membres du gouvernement portés disparus.La catastrophe a porté un coup dur à la tête de l'Etat haïtien : des ministres étaient toujours disparus près de vingt-quatre heures après le séisme, et le président du Parlement, Kelly Bastien, se trouverait dans les décombres de l'Assemblée. Jocelerme Privert, un ancien ministre, a également confirmé la mort de l'archevêque de Port-au-Prince, Mgr Joseph Serge Miot. La mission de l'ONU durement touchée. Le siège de la mission de l'ONU s'est effondré, faisant "entre 115 et 200" disparus parmi son personnel, selon l'ONU. Quatorze morts et 56 autres ont été confirmés. Le président haïtien René Préval a assuré que le représentant spécial de l'ONU, le Tunisien Hedi Annabi, avait été tué dans l'effondrement du bâtiment. Une information que s'est refusé de confirmer l'ONU, qui se contente de signaler que M. Annabi et son adjoint étaient portés disparus. Une cinquantaine de Français recherchés. Selon Bernard Kouchner, une cinquantaine de Français sont recherchés "activement" par les services de l'ambassade de France à Port-au-Prince parce qu'ils se trouvaient, au moment du séisme, dans des zones particulièrement "détruites". Par ailleurs, deux cents Français ont été regroupés à l'ambassade et à la résidence de l'ambassadeur. Le ministère des affaires étrangères a ouvert une cellule de crise et mis en place un numéro d'urgence : 01 45 50 34 60. Des dégâts considérables. Une grande partie de la capitale est entièrement détruite (voir le portfolio). Le Palais national s'est en partie effondré. Plusieurs ministères, le Parlement, des églises, des hôpitaux, des hôtels, des écoles et de nombreux établissements universitaires ont été détruits. Le président haïtien, René Préval, s'exprimant dans le Miami Herald, a qualifié les scènes dont il a été témoin d'"inimaginables". Les photos publiées, notamment via Twitter, témoignent de l'importance des dégâts. La secousse a très fortement perturbé les communications dans un pays aux infrastructures déjà très rudimentaires, rendant quasiment impossible l'acheminement de blessés dans les centres hospitaliers encore debout. Les lignes téléphoniques sont coupées, et le seul moyen de communication encore viable est Internet. La prison principale de Port-au-Prince s'est elle aussi effondrée, permettant à "quelques détenus" de fuir. Des pillards ont été vus à l'œuvre dans un supermarché (Revivez l'évolution de la situation au fil de la journée). L'ambassadeur de France en Haïti, Didier Le Bret, a parlé d'une situation "épouvantable" à Port-au-Prince."Il va falloir reloger (...) deux millions de personnes", a-t-il déclaré sur France 2. L'aide internationale s'organise. La Croix-Rouge, qui se prépare à venir en aide "à un maximum de 3 millions de personnes", estime que la catastrophe "nécessite une opération d'aide internationale massive". Haïti, l'un des pays les plus pauvres du monde, a déjà été mis à l'épreuve en 2008 par une série de cyclones qui avaient fait plusieurs centaines de morts et des dégâts matériels représentant près de 15 % de la richesse nationale. La Banque mondiale a annoncé qu'elle allait débloquer 100 millions de dollars supplémentaires d'aide. Les Nations unies vont lancer un appel international pour les victimes. Le FMI a annoncé qu'il étudiait "toutes les possibilités" pour aider Haïti. Les Etats-Unis et la France se sont entendus mercredi pour coordonner leurs efforts. D'énormes moyens militaires ont commencé à arriver en milieu de journée dans la capitale haïtienne, dont l'aéroport, rouvert vers 15 h 30 (à Paris), a vite saturé, forçant notamment un gros-porteur français à retarder son départ de l'île de Martinique. Alors que le président américain Barack Obama promettait dans une intervention solennelle que l'intervention des Etats-Unis en Haïti serait "rapide, coordonnée et énergique", un bâtiment des gardes-côtes américains est arrivé dans la baie de Port-au-Prince, suivi par un second bâtiment. Le Canada a, pour sa part, annoncé l'envoi immédiat d'une aide humanitaire d'urgence. Des sauveteurs vénézuéliens ou encore chiliens, accompagnés de chiens et de tonnes de matériel d'urgence, étaient attendus dans l'après-midi. Côté français, un total de 130 sapeurs-pompiers ou sauveteurs et 6 chiens auront rejoint la capitale haïtienne Port-au-Prince "au plus tard dans les vingt-quatre heures", selon la Sécurité civile. Un second détachement comptant 65 hommes a décollé de la base d'Istres (Bouches-du-Rhône) mercredi en début de soirée dans un avion affrété par le Quai d'Orsay. La Communauté urbaine de Lille a, quant à elle, décidé de débloquer une aide d'urgence de 60 000 euros. Les ONG, qui tentaient d'évaluer l'ampleur des besoins, se mobilisaient elles aussi pour envoyer des moyens sur place, et lançaient des appels aux dons. Parmi elles, Médecins sans frontières, qui a déjà accueilli 600 blessés dans ses centres de soins à Port-au-Prince, va envoyer dans la soirée un hôpital gonflable d'une capacité de cent lits. Pour le Secours catholique, les fonds levés grâce à son appel aux dons permettront de "financer les premières aides aux sinistrés, puis dans un second temps la nécessaire reconstruction". D'autres répliques sont possibles. La secousse, qui s'est produite à seulement 15 kilomètres de la capitale (voir la carte de situation), a été suivie d'une trentaine de répliques très violentes, allant jusqu'à une magnitude de 5,9, selon l'Institut géologique américain (USGS). Haïti n'avait pas connu une secousse d'une telle violence depuis deux siècles. Selon Yann Klinger, tectonicien de l'Institut de physique du globe à Paris, d'autres "grosses répliques" de magnitude 5,5 à 6 peuvent survenir dans les prochains jours et toucher les bâtiments déjà déstabilisés par les premières secousses. Le tremblement de terre de mardi pourrait aussi déclencher d'autres séismes dans les semaines ou les années suivantes. "Une petite portion de la faille a cassé", ce qui signifie qu'"un autre tronçon de la même faille est susceptible de rompre" car "la faille, il faut qu'elle bouge dans son ensemble", a expliqué Yann Klinger.
12/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/12/haiti-frappe-par-un-puissant-seisme_1290922_3222.html
Grippe A : Roselyne Bachelot face aux critiques des députés
La ministre de la santé a reconnu que l'Etat pourrait devoir payer des indemnités après l'annulation des commandes portant sur 50 millions de doses.
La ministre de la santé Roselyne Bachelot a fait face mardi 12 janvier à l'Assemblée aux vives critiques de l'opposition visant sa gestion de la pandémie de grippe A (H1N1). Dans une séance de questions à la commission des affaires sociales dans la nuit, la ministre a tenté de répliquer en mettant en cause les sceptiques, selon elle en partie responsables du médiocre succès de la campagne. "Je pourrais m'adresser un reproche, non pas celui d'en avoir trop fait pour protéger nos concitoyens [...] mais celui peut-être de n'en avoir pas fait assez pour les protéger de l'irresponsabilité de certaines personnalités publiques et de la désinformation qu'elles ont organisée", a-t-elle dit. L'EGYPTE NE VEUT PLUS DE VACCINS FRANÇAIS Elle a cependant confirmé en partie les problèmes qui font l'objet des critiques, laissant notamment entrevoir la possibilité que l'Etat verse des indemnisations à l'industrie pharmaceutique après l'annonce de son intention de résilier des commandes portant sur 50 millions de doses, sur 94 millions initialement commandées. "Il peut y avoir des indemnisations, les négociations sont en cours", a-t-elle concédé. Par ailleurs, l'option de la revente est de plus en plus incertaine. Deux contrats ont été passés avec le Qatar pour la revente de 300 000 doses et avec Monaco pour 80 000 doses, mais l'Egypte a "rompu unilatéralement" le contrat signé avec la France, a annoncé la ministre. Des négociations sont en cours avec notamment l'Ukraine et le Mexique, mais Roselyne Bachelot a dit douter que les ventes soient importantes, car les laboratoires sont désormais en concurrence avec la France. LES VACCINS EN PHARMACIE L'opposition s'est demandée pourquoi les contrats initiaux passés avec l'industrie pharmaceutique ne prévoyaient pas d'option de repli. Elle a aussi fait remarquer que le choix d'une vaccination exclusivement en centres rendait mathématiquement impossible l'utilisation en temps utile des 94 millions de doses. La ministre a répondu que le gouvernement pourrait décider de fermer certains centres de vaccination en février, mais que la campagne se poursuivrait jusqu'en septembre. Un nouveau problème est cependant apparu lors de cette audience, alors que les médecins généralistes sont autorisés depuis cette semaine à vacciner. Les doses ne sont en effet mises à disposition que dans les centres et non dans les pharmacies, et ils sont par ailleurs conditionnés en flacons multi-doses, ce qui provoque des pertes. Roselyne Bachelot a annoncé aux députés qu'elle avait demandé un possible passage des médecins par les pharmacies et assuré qu'elle disposait depuis fin décembre de vaccins conditionnés en doses uniques. Il reste un autre problème important pour la ministre : les stocks très importants de masques et d'antiviraux acquis par le gouvernement.
12/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/12/grippe-a-roselyne-bachelot-face-aux-critiques-des-deputes_1290920_3244.html
"Sale temps pour les croisières de ""cougars"""
Aux Etats-Unis, les "cougars", des femmes d'âge mûr attirées par de jeunes hommes, sont un véritable phénomène de société.
Un paquebot de six étages, trois piscines, d'innombrables jacuzzis, plusieurs discothèques en soute et de jeunes mousses en pagaille sur le pont... Bienvenue à bord de "L'International Cougar Cruise". Cette première croisière pour "cougars" (littéralement pumas) – surnom donné aux femmes d'âge mûr intéressées par les hommes plus jeunes qu'elles – a connu un succès retentissant pour sa première édition en décembre. Quelque trois cents femmes ayant passé la quarantaine ont fait la traversée de San Diego (Californie) à Ensenada, au Mexique, durant trois nuits à bord du Carnival Elation en compagnie de jeunes hommes intéressés, et qu'on appelle pour cette raison les "cubs" (ou lionceaux). L'événement avait été organisé par une agence spécialisée, CougarEvents.com. "Cela a marché au-delà de nos rêves les plus fous. Je n'ai jamais vu autant d'enthousiasme pour ce concept réunissant jeunes hommes célibataires et femmes plus âgées", s'est enthousiasmé le responsable de l'agence, Rich Goss. Las. La compagnie Carnival Cruise Lines, qui avait loué le paquebot à CougarEvents, a annoncé qu'elle refusait désormais que ses navires transportent des "cougars" sur les mers du globe. "Nous n'avons pas eu de problème" avec la précédente croisière, admet la porte-parole de Carnival Cruise dans les colonnes du Miami Herald. "Mais nous avons pris la décision commerciale de ne plus faire de voyages sur ce thème", a-t-elle annoncé sans plus d'explications. Selon un analyste du marché, Stewart Chiron, cité par le journal, cette niche de croisière pour célibataires ne colle guère avec l'image familiale de la compagnie Carnival. Malgré ce revers, les "cougars" et les "cubs" ont le vent en poupe aux Etats-Unis où ce thème est devenu un véritable phénomène de société. ABC-TV fait ainsi la promotion de son sitcom Cougar Town, qui a débuté en septembre, avec des T-shirts barrés d'un slogan : "40 is the new 20'' (la quarantaine est la nouvelle vingtaine). La star des New York Yankees Alex Rodriguez, 34 ans, a eu une liaison avec Madonna, qui en a 51, et l'acteur Ashton Kutcher a épousé Demi Moore en 2005 : il avait 27 ans, elle 42. Le cinéma s'empare lui aussi du thème : dans Ocean's Thirteen, le personnage joué par Matt Damon est ainsi courtisé par une "cougar", incarnée par Ellen Barkin. Et que les "cougars" qui ont le pied marin se rassurent. Une deuxième croisière est prévue en mai sur la Riviera mexicaine sur un autre navire, et CougarEvent est en train de réserver à bord du Norwegian Sky pour une virée de trois jours entre Miami et les Bahamas en décembre.
12/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/12/sale-temps-pour-les-croisieres-de-cougars_1290889_3222.html
CAN : le Bénin et le Mozambique se neutralisent
Après leur match nul (2-2), les deux équipes occupent la 2e place du groupe C, derrière l'Egypte, vainqueur du Nigeria (3-1).
Le Bénin a dû se contenter d'un match nul (2-2) contre le Mozambique pour son premier match de la CAN 2010, mardi à Benguela, et ne peut s'en prendre qu'à lui-même après avoir proposé deux visages, l'un dominateur, l'autre fébrile et maladroit. En se neutralisant, Bénin et Mozambique occupent la 2e place du groupe C, derrière l'Egypte, vainqueur du Nigeria (3-1) plus tôt dans la soirée. Les Béninois ont pourtant semblé largement en mesure de l'emporter, face à un adversaire techniquement en dessous. Mais au lieu de gérer un avantage vite acquis, les Ecureuils ont peu à peu perdu leur jeu. Transversales ratées, tacles dangereux, tirs finissant en touche... Toute la palette du médiocre a été passée en revue des deux côtés, la palme revenant aux gardiens. Les Ecureuils ont ainsi bénéficié de la sortie ratée de Kapango qui a alors accroché Omotoyossi. Ce dernier s'est chargé de transformer le penalty (1-0, 14e). Quatre minutes plus tard, le joueur du Paris SG Stéphane Sessègnon, auteur de quelques fulgurances, a forcé Khan à dégager dans son propre but (2-0). Pour donner la réplique à son homologue, le portier béninois Djidonou a entrepris une sortie aérienne aussi esthétique qu'inefficace, car, se trouant complètement, il a permis à Lobo de reprendre de la tête et de remettre le Mozambique dans le match (2-1, 29e). Dans une seconde période terne où les formations ont pris soin d'étaler davantage leurs carences, le Bénin a vu son adversaire, porté par la grosse activité de son capitaine Tico-Tico, revenir au score. Djidanou, en randonnée en dehors de sa surface pour dégager en touche, s'est trouvé pris de court quand le ballon, vite joué et traversant une défense désorganisée, a atterri dans les pieds de Fumo qui n'eut plus qu'à marquer (2-2, 55e).
12/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/12/can-match-nul-2-2-entre-le-benin-et-le-mozambique_1290918_3242.html
Ski : 20e victoire en slalom pour Marlies Schild
L'Autrichienne a remporté mardi le slalom de Flachau devant l'Allemande Maria Riesch et l'Autrichienne Kathrin Zettel.
L'Autrichienne Marlies Schild a remporté mardi le slalom de Flachau, sa 22e victoire en Coupe du monde et sa 20e en slalom, devant l'Allemande Maria Riesch et l'Autrichienne Kathrin Zettel. Fidèle à son style généreux, la skieuse de Saalfelden, 5e sur le premier tracé, a réalisé le meilleur temps sur le second pour remporter son deuxième slalom de la saison. Elle devance Maria Riesch de 34/100 et Zettel de 42/100. Maria Riesch, deuxième sur le premier tracé, a commis un faute dans le milieu de la 2e manche et n'a pu profiter de la sortie de sa sœur cadette Susanne, en tête au terme du premier acte de ce slalom. La grande Bavaroise reprend néanmoins le maillot rouge de leader du classement du slalom à la Française Sandrine Aubert, disqualifiée sur le premier tracé après avoir raté une porte. Elle réduit également son retard au général sur l'Américaine Lindsey Vonn, qui a chuté en première manche. Réagissant sur RMC à sa contre-performance, Aubert a voulu en réduire la portée : "C'est dommage parce que c'était une belle opportunité et je suis passée à côté. Ce sont des choses qui arrivent. (...) Je ne pense franchement pas que le dossard rouge a pesé. Au départ, tu n'as qu'une envie, c'est de gagner la course. Il n'y a pas plus de réflexion que ça. Quand ça se passe comme ça, c'est une fois. On pose les valises en bas de la piste et on se dit qu'on va rentrer à l'hôtel que ça n'arrivera pas deux fois."
12/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/12/ski-20e-victoire-en-slalom-pour-marlies-schild_1290915_3242.html
Coupe de la Ligue : le match Le Mans-Bordeaux reporté à cause de la neige
Ce huitième de finale de Coupe de la Ligue a été reporté en raison de la neige tombant sur le stade Léon-Bollée.
Le huitième de finale de Coupe de la Ligue entre Le Mans et Bordeaux, prévu mardi 12 janvier au soir, a été reporté en raison de la neige tombant sur le stade Léon-Bollée, a annoncé la Ligue de football professionnel sur son site Internet. "Il n'y a pas de solution. Le terrain ce soir est injouable, la décision ce soir est la bonne", a commenté Laurent Blanc, l'entraîneur bordelais. "Notre intérêt, c'est de jouer. Ce soir c'est impossible. Demain, j'ai des doutes", a-t-il ajouté à l'antenne d'Europe 1. Une décision sera prise mercredi matin sur l'éventuelle tenue de la rencontre mercredi après-midi. D'autres rencontres de la Coupe de la Ligue prévues mercredi pourraient être menacées car Météo France prévoit des pluies verglaçantes et des chutes de neige dans de nombreux départements. Le froid et la neige ont déjà entraîné le report de douze matches de Coupe de France le week-end dernier.
12/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/12/coupe-de-la-ligue-le-match-le-mans-bordeaux-reporte-a-cause-de-la-neige_1290912_3242.html
Un préfet interdit à une entreprise qui a licencié de recruter à l'étranger
Le préfet de la Vienne a refusé à l'entreprise suédoise Autoliv-Isodelta de faire venir des ouvriers tunisiens un an après avoir licencié près de cent personnes.
Le préfet de la Vienne a refusé à l'entreprise Autoliv-Isodelta, groupe suédois qui produit des volants, de faire venir dans la Vienne des ouvriers tunisiens, a-t-on appris mardi auprès de la préfecture. Il y a à peine un an, l'entreprise avait fait le choix de se délocaliser en Tunisie et avait licencié une centaine d'employés. Or la production de son usine tunisienne d'El Nadhour est arrêtée depuis un incendie qui a ravagé les bâtiments au lendemain de Noël. Autoliv souhaitait en profiter pour faire venir sur son site de Chiré-en-Montreuil (Vienne) une trentaine d'ouvriers de cette usine. "Dès que le préfet, Bernard Tomasini, a lu ça dans la presse, il m'a demandé d'appeler le consulat de France en Tunisie pour stopper la délivrance des visas", a expliqué à la presse le secrétaire général de la préfecture Jean-Philippe Setbon. "L'argument est simple. Il y a un an, Isodelta a licencié une centaine de personnes. Ils ont fait le choix de délocaliser en Tunisie. Très bien. Mais qu'ils l'assument et qu'ils ne fassent pas venir ici des travailleurs tunisiens", a ajouté le secrétaire général. "Nous sommes opposés à la venue d'employés tunisiens puisque ici, il y a des gens compétents qui ont besoin de travail", a déclaré pour sa part Patrice Gonnet, délégué CFDT. Le groupe suédois Autoliv est propriétaire depuis cinq ans de la chaîne de production de volants, Autoliv-Isodelta à Chiré-en-Montreuil et emploie 680 personnes. L'usine d'El Nadhour emploie environ 700 personnes. Le site a été ravagé par un incendie alors que deux personnes réalisaient des travaux de soudure sur le toit.
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/un-prefet-interdit-a-une-entreprise-qui-a-licencie-de-recruter-a-l-etranger_1290911_3224.html
"La France s'intéresse au modèle des ""prisons sans barreaux"""
Ces établissements ouverts permettent à des détenus, soigneusement sélectionnés, de travailler la journée avant de regagner un centre fermé le soir.
Le secrétaire d'Etat français à la justice Jean-Marie Bockel a visité mardi 12 janvier deux établissements dits "prisons sans barreaux" dans les environs de Vienne dans l'idée de développer ce système de vie carcérale alternatif en France. Il était accompagné de l'expert Paul-Roger Gontard qu'il a chargé d'une mission d'évaluation de ce type de modèle carcéral en Europe. Une étude sur ce type d'établissements ouverts est attendue pour février. Le premier des deux établissements autrichiens visités près de Vienne, celui de Muenchendorf, existe depuis 1974 et permet aux détenus, soigneusement sélectionnés, de travailler la journée dans l'agriculture (culture céréalière et élevage bovin et porcin) avant de regagner un centre fermé le soir. Le second établissement à Simmering permet aux condamnés de choisir entre six formations professionnelles dans l'artisanat (maçon, peintre, menuisier ou cuisinier, entre autres) couronnées d'un diplôme en vue de faciliter leur réinsertion dans la société. Rappelant qu'au Danemark, en Belgique et Suède notamment, le taux d'incarcération dans ces "prisons sans barreaux" a déjà atteint 10 %, M. Bockel a souligné que ses efforts entraient dans le cadre de la réforme pénitentiaire lancée fin 2008. "Je connais mon pays et je ne dirai pas qu'il faut un gosplan sur dix ans mais si on réfléchit déjà dans chaque établissement comment développer des nouveaux concepts, ce serait déjà pas mal", a-t-il ajouté.Seul un établissement de ce type existe en France. Il a été ouvert à Casabianda en Corse il y a près de soixante ans.
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/la-france-s-interesse-au-modele-des-prisons-sans-barreaux_1290907_3224.html
Arrestation d'un des trafiquants de drogues les plus recherchés
El Teo, considéré comme l'un des chefs du cartel de Tijuana, a été arrêté au Mexique.
Teodoro Garcia Simental, alias "El Teo", un des barons de la drogue les plus recherchés du Mexique, a été arrêté mardi 12 janvier à l'aube avec un de ses frères dans le nord-ouest du pays, près de la frontière américaine de la Californie, a-t-on appris auprès de la police. El Teo est officiellement considéré comme l'un des chefs du cartel de Tijuana, ville-frontière située face à San Diego en Californie américaine, mais il se serait séparé récemment de l'organisation, selon la presse mexicaine. "Teodoro Garcia Simental 'El Teo' a été arrêté. Cela s'est passé à La Paz, dans l'Etat de Basse-Californie du Sud. Un de ses frères, surnommé 'El Torito' [le petit taureau] a été arrêté avec lui, selon nos informations", a déclaré un policier fédéral sous couvert de l'anonymat. Le gouvernement mexicain avait offert l'équivalent de 2,3 millions de dollars (1,4 million d'euros) en mars dernier pour l'aide à la capture de Teodoro Garcia Simental, qui figurait dans les premiers noms d'une liste de vingt-quatre responsables des cartels de la drogue les plus recherchés.
12/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/12/arrestation-d-un-des-trafiquants-de-drogues-les-plus-recherches_1290896_3222.html
Le Parlement adopte la réforme du statut de La Poste
Les députés réunis en commission mixte paritaire ont adopté, mardi, la loi relative au changement de statut de La Poste.
Le Parlement a définitivement adopté, mardi 12 janvier, le texte sur le changement de statut de La Poste. Le Sénat s'était prononcé en faveur du texte le 23 décembre.Ce texte, présenté par Christian Estrosi, ministre de l'industrie, transformera dès le 1er mars, LaPoste en société anonyme à capitaux publics. Le changement de statut permettra un apport en fonds propres de 2,7 milliards d'euros – 1,2 milliard à la charge de l'Etat, 1,5 milliard venant de la Caisse des dépôts. Le but est de "moderniser et adapter" l'entreprise à l'ouverture totale de la concurrence le 1er janvier 2011. Par un vote à mains levées, les députés ont adopté le texte de la commission mixte paritaire. L'UMP et le Nouveau Centre ont voté pour tandis que les groupes SRC (PS et apparentés) et GDR (PCF et Verts) ont voté contre. Christian Estrosi s'est réjoui de l'adoption de ce texte : "C'est un projet de réforme et d'avenir pour La Poste", a-t-il déclaré, précisant que La Porte conservait "son identité et son caractère 100% public". Du côté de l'opposition, le communiste Daniel Paul a regretté qu'il s'agisse d'une "étape lourde sur la voie de la privatisation de La Poste". Le socialiste François Brotte a, lui, contesté le "bien-fondé d'un changement de statut menant fatalement à une privatisation". Jusqu'au bout, l'opposition s'est dressée contre ce changement de statut. Le groupe SRC a défendu, en vain, une motion référendaire dont l'objet, si elle avait été adoptée, était de soumettre le projet à référendum. Les socialistes ont annoncé qu'ils saisiraient le Conseil constitutionnel. L'opposition, tant à l'Assemblée qu'au Sénat, a défendu en vain dans ce dossier toutes les motions de procédure et déposé de nombreux amendements. Mais le débat a tourné court au Palais-Bourbon, le nouveau règlement de l'Assemblée limitant drastiquement le temps de parole des groupes.
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/le-parlement-adopte-la-reforme-du-statut-de-la-poste_1290909_3234.html
UMP, PS : deux réseaux sociaux, deux philosophies différentes
Baptisés respectivement Créateurs de possibles et Coopol, les nouveaux outils des deux plus grands partis français reflètent des approches et des traditions militantes différentes.
Le Parti socialiste a officiellement lancé ce mardi son réseau social, baptisé Coopol. Ouvert depuis plusieurs semaines en test aux militants de certaines régions, le site est désormais accessible à tous, militants comme sympathisants. L'UMP avait ouvert la semaine dernière son propre réseau, Les Créateurs de possibles. Malgré quelques points communs, les deux réseaux révèlent en filigrane des philosophies assez différentes. Comparaison. La genèse Les deux sites sont nés d'un même constat et d'une même méthode. Impressionnés par les outils en ligne mis en place par Barack Obama lors de sa campagne, l'UMP et le PS ont commencé à étudier les possibilités offertes par le Web, et en particulier les réseaux sociaux, aux partis politiques. Ils ont tous les deux lancé une "étude de marché". Mais tandis que le PS consultait ses cadres et ses militants pour savoir ce qu'ils attendaient d'un tel réseau, l'UMP tentait de cerner la présence des partis politiques en ligne. Résultat des courses : le PS a pu cerner plus précisément de quels types d'outils en ligne ses militants avaient besoin, tandis que l'UMP constatait que les partis étaient sous-représentés sur le Web. "Le plus présent, c'est la CDU allemande, dont le site compte environ 600 000 visiteurs par mois, soit 10 % de ce que représente le site du Figaro, par exemple ; en France, l'UMP et le PS plafonnent à 125 000 et 135 000", explique Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au logement et responsable du projet des Créateurs de possibles. "Notre conclusion, c'est que les partis sont totalement sous-représentés, notamment parce que leur discours n'est plus adapté au Web : les sites "vitrine", très institutionnels, ne sont plus suffisants aujourd'hui." Organisation La Coopol est un site à plusieurs niveaux. Les militants qui s'y inscrivent sont invités à la fois à rejoindre leur section "physique", mais aussi les groupes thématiques qui leur sont chers. "Nous avions plusieurs objectifs", explique Benoît Thieulin, responsable du projet. "Nous voulions tout d'abord donner des outils efficaces aux secrétaires de section pour organiser la vie militante ; ils font un travail de terrain remarquable, mais jusqu'à présent on ne leur proposait pas de moyens adaptés pour organiser une distribution de tracts, contacter les militants... Et nous voulions aussi permettre aux militants et sympathisants de se retrouver autour de thématiques nationales qui leur sont chères." L'importance des secrétaires de section se reflète jusque dans la modération du site : sur leurs espaces dédiés, ce sont eux qui sont responsables de ce qui se dit. Les Créateurs de possibles, en revanche, sont organisés autour d'un niveau unique : "l'initiative", semblable aux groupes du réseau social Facebook, censés rassembler les internautes autour d'une même proposition concrète, par exemple "Faire venir le TGV en Auvergne" ou "Créer un label vert pour les collectivités locales". Les internautes peuvent apporter leur témoignage ou s'organiser pour mener le projet à bien. "Nous l'avons conçu comme un réseau social qui fait de la politique, au sens "action" du terme", précise Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au logement et responsable du projet. "En parallèle, nous allons lancer une nouvelle version du site de l'UMP, le 17 janvier, qui sera centrée sur le débat ; mais avec les Créateurs de possible, nous voulions vraiment lancer un réseau d'action, citoyen." "Pour moi, c'est plutôt un site de remontée des problèmes de terrain et de mobilisation autour de pétitions", juge Benoît Thieulin. "C'est une bonne idée, mais c'est ce qu'on attend d'un site de mairie, pas d'un site national." Ouverture Les deux sites sont ouverts aux non-militants, mais restent des sites engagés. La charte de la Coopol demande par exemple aux participants de s'abstenir d'écrire des propos "dirigés contre des formations de gauche, des responsables politiques du PS ou d'autres formations de gauche". "Nous ne voulons pas empêcher le débat", justifie Benoît Thieulin, "mais la Coopol n'est pas faite pour que les militants UMP puissent venir y "casser de la gauche" ; ce n'est pas non plus un espace pour verser dans l'auto-dénigrement, c'est une plate-forme engagée où l'on essaye de faire bouger les choses." Pour Benoist Apparu, il existe tout de même une différence de taille entre les deux réseaux : "Pour nous, le site du PS est plutôt dans une logique "d'intranet", au sens où c'est un site conçu avant tout pour un usage interne au parti, pour les militants. Créateurs de possibles, en revanche, est sa propre marque, a son propre logo : c'est un site lancé par l'UMP, mais ce n'est pas le site de l'UMP." Règles et modération Entre les deux sites, le ton, les règles de modération sont assez différentes. L'équipe de modération de la Coopol est pour l'instant plus chatouilleuse que celle de l'UMP. Un groupe nommé "Changez le nom du PS parce qu'il n'est pas socialiste" a, par exemple, été supprimé de la Coopol ; en revanche, un groupe parodique intitulé "Pour que Frédéric Lefebvre soit nommé à l'Académie française" est en ligne sur Créateurs de possible depuis une semaine. "C'est un parti pris", explique Benoist Apparu. "Nous avons fait le choix de l'ouverture, contrairement au PS dont le réseau est centré sur ses militants. Nous ne supprimons que ce qui est contraire à la loi : racisme, homophobie... Nous avons fait le pari que nous nous ferions taper dessus pendant deux à trois mois, mais qu'ensuite le réseau prendrait son essor et s'autorégulerait lui-même." Benoît Thieulin, lui, ne croit pas que le site lancé par l'UMP puisse "prendre son essor" : "Objectivement, ce n'est pas vraiment un réseau social, il n'est pas construit autour des individus : il n'y a notamment pas de fil d'activité pour suivre ce que font les autres membres. Surtout, il est beaucoup plus simple de créer un réseau social autour d'une communauté existante que de lancer un site en espérant créer une communauté autour, comme le fait l'UMP." Comme pour tous les réseaux sociaux, c'est la création – ou l'absence – d'une communauté stable qui fera le succès ou l'échec de la Coopol et des Créateurs de possibles. Les réseaux sociaux sont particulièrement sensibles à la loi de Metcalfe : "L’utilité d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre de ses utilisateurs." En clair, plus il y a d'utilisateurs d'un réseau (téléphone, Facebook...) plus ce réseau est utile. Pour l'instant, les Créateurs de possibles revendiquent environ 2 000 inscrits. La Coopol annonçait de son côté "200 inscriptions par heure" sur la journée de mardi. Loin, pour l'instant, des millions d'utilisateurs du réseau Facebook en France. Damien Leloup
12/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/12/ump-ps-deux-reseaux-sociaux-deux-philosophies-differentes_1290846_651865.html
Sur les routes : de la neige, de la glace... et du sel
Un million de tonnes de sel sont déversées sur les routes de France lors des hivers rigoureux. Mais son utilisation n'est pas sans effets sur l'environnement.
Lors des hivers rigoureux, jusqu'à un million de tonnes sont utilisées. Pourtant, cette technique n'est pas toujours efficace, ni totalement neutre pour l'environnement. L'eau se change en glace en dessous de zéro degré. L'eau salée, elle, ne se solidifie que plusieurs degrés en dessous du zéro, à une température qui dépend de sa concentration dans l'eau. C'est précisément pour cela que l'on déverse du sel, appelé en l'occurrence un fondant, de manière préventive ou curative. Dans le premier cas, le sel empêchera l'eau de geler ; dans le second elle l'aidera à fondre, avec le soutien des premiers automobilistes téméraires qui brasseront ce mélange de glace et de sel. En effet : le sel ne peut pas faire grand-chose s'il n'y a pas d'eau liquide. Les roues des voitures font fondre une fine couche de glace et amorcent ainsi la génération d'une saumure, c'est-à-dire une solution d'eau très concentrée en sel. C'est d'ailleurs pour la même raison que les services de l'équipement déversent, par temps sec, directement des mélanges de saumure. SEL DE CUISINE Le fondant appliqué sur les routes françaises est, dans l'immense majorité, du chlorure de sodium (NaCl) qui n'est autre que du sel de cuisine, dont la pureté dépend de son origine. Mais d'autres sels, comme le chlorure de calcium (CaCl 2 ), permettent d'abaisser la température de fusion jusqu'à soixante degrés en dessous de zéro. Mais, explique Mario Marchetti, chargé de recherches au laboratoire régional des Ponts et Chaussées (LRPC) de Nancy, "le CaCl 2 est vingt fois plus cher que le chlorure de sodium". Et son utilisation ne se justifie pas dans un pays comme la France où les températures inférieures à – 20° C sont extrêmement rares. Le sel – NaCl – provient soit des mines soit de la mer. Bien qu'il s'agisse d'un produit naturel, son utilisation à une échelle importante n'est pas sans conséquence sur l'environnement. "Le fondant va s'écouler, s'infiltrer, puis va se retrouver dans les cours d'eau, les nappes phréatiques et va impacter la faune et la flore", explique M. Marchetti, dont le laboratoire est un centre de ressources en "viabilité hivernale". Dans un entretien à l'Agence France-Presse, Jean-Stéphane Devisse, directeur de la conservation au sein de l'association de défense de l'environnement WWF, confirme : "Ce n'est pas le salage lui-même qui pose problème mais le ruissellement de la neige fondue une fois que l'épisode de froid est passé. L'arrivée brutale des eaux de fonte chargées d'une concentration forte en sel peut avoir un impact fort sur la biodiversité, en particulier dans les cours d'eau." SALMONIDÉS ET BATRACIENS Mais quel impact ? "Les conséquences des fondants sont étudiées au LRPC", affirme M. Marchetti. Pourtant, la nature exacte de ces dégâts est difficile à déterminer. "Nous ne connaissons pas l'état zéro de la faune et la flore que nous étudions, c'est-à-dire l'état dans lequel elles étaient avant le salage. Nous sommes dans des situations à incidences multiples, le sel n'étant pas le seul facteur qui agit sur la faune et la flore", explique-t-il. Certains animaux comme les salmonidés ou les batraciens sont affectés par les variations de salinité. Ainsi, une étude scientifique canadienne, publiée en 2005, a montré que le salage des routes nuisait aux larves de certaines grenouilles. Quelles sont alors les alternatives au salage des routes ? "Le sablage permet d'augmenter l'adhérence, mais cela ne fait pas fondre la neige", avance M. Dauvisse. Le déversement de sable, ou sablage, est une technique très utilisée dans les pays nordiques, où les températures ne repassent que rarement en positif une fois qu'elles sont descendues en dessous de zéro. "Le sable déversé est pris à la surface de la glace et recrée une structure abrasive" à laquelle les pneus adhéreront, décrit M. Marchetti. Mais la technique n'est pas non plus sans risques pour l'environnement. "Il faudra un moment pour que la nature 'digère' la silice appliquée sur les routes", prévient-il. L'association WWF, elle, appelle à un "usage plus ciblé et plus circonstancié du salage. Quand on cherche à modérer l'usage du sel, on a un double bénéfice: à la fois sur l'environnement et les finances publiques." Jonathan Parienté
12/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/12/sur-les-routes-de-la-neige-de-la-glace-et-du-sel_1290877_3244.html
Une série d'attentats visant des ministères aurait été déjouée à Bagdad
La capitale irakienne a été paralysée pendant plusieurs heures mardi. Vingt-cinq personnes soupçonnées de planifier des attaques ont été arrêtées.
Une vaste série d'attentats a été déjouée mardi à Bagdad, selon les autorité irakiennes et l'armée américaine. Vingt-cinq personnes soupçonnées de planifier des attaques ont été arrêtées par les forces de sécurité qui ont saisi de grandes quantités d'explosifs et bouclé de larges portions de la capitale, selon des sources officielles. Selon le New York Times, les attentats visaient, entre autres cibles, des ministères. Entre 3 heures et 9 heures (1 heure et 7 heures à Paris), les entrées de la capitale ont été fermées, les grands axes bouclés et des raids menés dans plusieurs quartiers après des renseignements sur l'imminence d'attaques à la voiture piégée contre des bâtiments et lieux publics. Le centre-ville a été paralysé et plusieurs hélicoptères ont survolé le ciel de Bagdad. Face à ces mesures exceptionnelles qui ont surpris les habitants de Bagdad au réveil, la rumeur d'un coup d'Etat de l'armée irakienne s'est propagée dans la capitale et les autorités ont dû publier un démenti officiel. Au total, 400 kg d'explosifs et 250 kg de nitrate d'ammonium ont été saisis, a affirmé un adjoint du porte-parole du commandement militaire de Bagdad, Qassem Atta. Affaiblis, les insurgés et le réseau Al-Qaida ont récemment changé de stratégie et décidé de viser les symboles du pouvoir plutôt que d'attaquer les communautés du pays et tenter de relancer une guerre confessionnelle. "Selon des rapports des renseignements, les combattants d'Al-Qaida à Bagdad continuent de planifier des attaques pour tenter de faire dérailler le processus politique en Irak", a affirmé l'armée américaine dans un communiqué. Les 19 août, 25 octobre et 8 décembre, des voitures piégées souvent conduites par des kamikazes ont explosé devant les ministères des affaires étrangères, des finances, de la justice, le gouvernorat de Bagdad et un grand tribunal, faisant au moins 386 tués et 1 500 blessés. Après ces attaques, le gouvernement a décidé de renforcer la sécurité en réinstallant des dizaines de barrages à des points stratégiques et bloquant de nombreuses rues.
12/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/12/une-serie-d-attentats-visant-des-ministeres-aurait-ete-dejouee-a-bagdad_1290900_3218.html
Londres interdit une organisation islamiste
Le gouvernement britannique interdit l'association Islam4UK, qui avait notamment projeté une marche controversée contre la guerre en Afghanistan.
Le gouvernement britannique va interdire l'association extrémiste islamiste Islam4UK, qui avait notamment projeté une marche controversée contre la guerre en Afghanistan, a annoncé mardi le ministre de l'intérieur Alan Johnson. A partir de jeudi, être membre de "Islam4UK" (Islam pour le Royaume-Uni) sera passible d'une peine allant jusqu'à dix ans de prison. Islam4UK se définit elle-même comme une plateforme pour Al-Muhajiroun, un groupe radical aujourd'hui dissous, dirigé par le prêcheur islamiste Omar Bakri, interdit de séjour en Grande-Bretagne. Mais le chef de l'organisation, Anjem Choudary, nie que des membres de son organisation aient été impliqués dans des actions violentes. "DIEU SAIT CE QUI VA SE PASSER" "Le terrorisme a été défini dans le dictionnaire comme l'utilisation de la violence contre une communauté ou une partie d'une communauté, et j'ai fait campagne pour dire que c'est précisément ce que le gouvernement britannique a fait en Irak et en Afghanistan et même sur le plan national, et nous sommes maintenant [devenus] une organisation extrémiste juste pour avoir dit cela", a-t-il déclaré. Le fondateur de Al-Muhajiroun, Omar Bakri, a estimé sur BBC Four depuis le Liban que l'interdiction du groupe pourrait avoir des conséquences négatives. "Si vous nous interdisez, je pense que cela va causer des problèmes et Dieu sait ce qui va se passer. Je ne veux pas voir une répétition [des attentats] de juillet 2007 au Royaume-Uni, mais si l'interdiction continue comme cela, ça sera très étrange", a déclaré l'imam radical, considéré jusqu'en 2005 comme un des leaders du mouvement islamiste britannique. Le porte-parole du Conseil des musulmans de Grande-Bretagne Inayat Bunglawala a souligné que "la grande majorité des musulmans britanniques" jugeaient que les provocations de Al-Muhajiroun "créaient des divisions et étaient franchement haïssables". Mais il s'est aussi demandé si "dans une démocratie", on ne devrait pas "interdire les individus qui violent la loi plutôt que des organisations".
12/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/12/londres-interdit-une-organisation-islamiste_1290880_3214.html
A Rio, les plages prises d'assaut avec une chaleur dépassant 40°C
La forte chaleur devrait se poursuivre jusqu'à l'arrivée d'un front froid, accompagné de fortes pluies, en fin de semaine.
Loin des trottoirs gelés de France, une vague de chaleur s'est abattue sur Rio en ce début d'été austral où les thermomètres affichent plus de 40 degrés dans les rues du centre-ville désertées par les Cariocas qui prennent d'assaut les plages. Selon l'Institut national de météorologie (Inmet), cette température équivaut, du fait de l'humidité, à une sensation thermique – chaleur réellement ressentie par le corps – de 50 degrés. Le record de chaleur a été enregistré dimanche : 40,4 degrés à 22 heures à la Praça Maua, au centre-ville. Lundi, les thermomètres affichaient encore 40,1 degrés, la température la plus élevée de tout le pays. Mardi, la forte chaleur continuait et elle devait se poursuivre jusqu'à l'arrivée d'un front froid, accompagné de fortes pluies, en fin de semaine. L'absence de vents et la présence d'une zone de haute pression faisant "couvercle" sur la ville empêchent la chaleur accumulée au cours de la journée de vraiment baisser pendant la nuit, a expliqué le météorologiste Marcelo Pinheiro.
12/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/12/a-rio-les-plages-prises-d-assaut-avec-une-chaleur-depassant-40_1290895_3222.html
L'hôpital public supprime des emplois... depuis 2008
1 800 postes ont été supprimés en 2008, et au moins 10 000 devraient l'être d'ici à 2012.
Les hôpitaux publics connaissent une baisse historique de leurs effectifs. Les Echos du mardi 12 janvier annoncent que 1 800 postes ont été supprimés, après 100 000 créations ces dix dernières années. Pour Cédric Lussiez, directeur de la communication de la Fédération hospitalière de France, ces suppressions de postes ont même eu lieu dès 2008, et non en 2009. Il se réfère à la statistique annuelle des établissements du ministère de la santé. "Le chiffre agrégé sur lequel le gouvernement communique montre toujours une hausse parce qu'il prend en compte les salariés des maisons de retraites publiques, mais il y a bel et bien eu un retournement de tendance du côté des hôpitaux", souligne-t-il. Et ce, après une décennie marquée par de nombreuses créations de postes, principalement sous l'effet des 35 heures. Ce n'est que le début des baisses d'effectifs, s'inquiètent directeurs d'hôpitaux et médecins, qui ont déjà dû réduire leur recours aux CDD et à l'intérim ces dernières années. Les établissements hospitaliers ont commencé à mettre en œuvre les suppressions d'emplois prévues d'ici à 2012, dans le cadre des plans de retour à l'équilibre des comptes. Plus de 10 000 suppressions de postes ont d'ores et déjà été annoncées, mais 15 000 pourraient s'avérer nécessaires. "ON NOUS DEMANDE DE SOIGNER PLUS AVEC MOINS DE PERSONNELS" Ces mesures d'économie ont été demandées par le gouvernement après un creusement des déficits des hôpitaux entre 2006 et 2008, pour atteindre 700 millions d'euros (sur un budget total de l'ordre de 55 milliards). Des déficits qui résultent du "sous-financement" accordé par l'Etat, dénonce Bruno Devergie, vice-président de la Confédération des praticiens des hôpitaux. "Le passage à la tarification à l'activité en 2005 était censé apporter des moyens supplémentaires. Mais il n'a pas permis de financer la croissance des besoins des établissements, notamment liées au vieillissement de la population", estime-t-il. "Le budget global accordé ne progresse plus que de 3 % par an, contre 4 % auparavant", explique de son côté Cédric Lussiez. Nicolas Sarkozy n'a pas étendu aux hôpitaux la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, mais les personnels se considèrent comme les principales futures victimes de la rigueur demandée, dans la mesure où les salaires pèsent pour 70 % dans les budgets des hôpitaux. "On nous demande de soigner plus et mieux avec moins de personnels. Mais à force de supprimer, on ne pourra pas maintenir la qualité des soins", prévient Bruno Devergie. Claire Ané
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/l-hopital-public-supprime-des-emplois-depuis-2008_1290876_3224.html