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Bernard Kouchner annule l'étape ivoirienne de sa tournée africaine
Le ministre des affaires étrangères a décidé d'annuler, jeudi 7 janvier, la dernière étape de son périple africain qui devait le conduire, dimanche, à Abidjan (après le Rwanda, les deux Congos et le Burkina Faso).
Le ministre des affaires étrangères a décidé d'annuler, jeudi 7 janvier, la dernière étape de son périple africain qui devait le conduire, dimanche, à Abidjan (après le Rwanda, les deux Congos et le Burkina Faso). Annoncée à Paris, la décision a été confirmée par l'entourage du ministre à Kigali (Rwanda) et critiquée par Abidjan. Officiellement, il s'agit d'un "report" dû au nouveau retard mis par les autorités ivoiriennes à établir les listes électorales avant le scrutin présidentiel prévu fin février-début mars 2010. L'existence de centaines de milliers de cas litigieux, alors que le contentieux électoral devait être clos mercredi, fait craindre que le scrutin, six fois repoussé depuis la fin du mandat du président Laurent Gbagbo en 2005, ne le soit une nouvelle fois. Mais une autre raison, liée au déplacement prochain à Abidjan du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant - jamais annoncé officiellement par Paris mais confirmé par les autorités ivoiriennes -, n'est peut-être pas étrangère à la décision de M. Kouchner. Le chef de la diplomatie française et le plus proche collaborateur de Nicolas Sarkozy sont réputés entretenir des relations difficiles. Jean-Pierre Tuquoi
08/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/08/bernard-kouchner-annule-l-etape-ivoirienne-de-sa-tournee-africaine_1289101_3212.html
Le génocide de 1994 : Kigali réitère sa demande d'excuses de la France
Alors que les deux Etats ont décidé de renouer les relations diplomatiques, rompues en novembre 2006, la ministre des affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a estimé que la France et le Rwanda devaient "discuter des pages noires" liées au génocide (800 000 morts).
Que la France présente des excuses au Rwanda pour son attitude lors du génocide des Tutsi et des Hutu modérés en 1994 "serait une bonne chose", a estimé devant quelques journalistes la ministre des affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, jeudi 7 janvier à l'issue de la rencontre à Kigali, la capitale, entre son homologue français, Bernard Kouchner, et le chef de l'Etat rwandais, Paul Kagamé. Alors que les deux Etats ont décidé de renouer les relations diplomatiques, rompues en novembre 2006, Mme Mushikiwabo a estimé que la France et le Rwanda devaient "discuter des pages noires" liées au génocide (800 000 morts). Quelques heures auparavant, M. Kouchner avait évoqué les "heures sombres" de 1994 avant de plaider pour que "les historiens, les ONG, les rescapés" se penchent sur cette période "qu'on ne veut pas cacher". Il y a eu "de notre côté des erreurs d'appréciation, sûrement", a estimé le ministre avant de dire son "enthousiasme" à l'idée de renouer des relations diplomatiques. Jean-Pierre Tuquoi
08/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/08/le-genocide-de-1994-kigali-reitere-sa-demande-d-excuses-de-la-france_1289100_3212.html
Quand Kinshasa crie haro sur le commissaire européen
Le torchon brûle entre la République démocratique du Congo (RDC) et le commissaire européen au développement, le Belge Karel De Gucht.
Le torchon brûle entre la République démocratique du Congo (RDC) et le commissaire européen au développement, le Belge Karel De Gucht. Kinshasa a fait savoir, jeudi 7 janvier, à la Commission européenne qu'elle déclarait M. De Gucht persona non grata. La RDC refuse de lui délivrer le visa nécessaire à un voyage qu'il devait effectuer dans ce pays pour s'informer sur des projets de développement et concrétiser une aide européenne de quelque 280 millions d'euros. Lors d'un débat, mi-décembre 2009 au Parlement européen, le commissaire avait évoqué "l'énorme gâchis" d'un pays dont l'Etat devait, affirmait-il, être "reconstruit". Il s'était interrogé sur l'efficacité de l'aide humanitaire et des programmes visant à rétablir l'Etat de droit en RDC étant donné "l'absence d'interlocuteur approprié dans l'arène politique". En réplique, Kinshasa a accusé M. De Gucht de se prendre pour "un donateur divin". Le porte-parole du gouvernement affirme que les Congolais ne "veulent plus avoir affaire avec ce personnage", sans toutefois remettre en cause les "bons rapports" entre Kinshasa et Bruxelles. Alors qu'il était ministre des affaires étrangères de la Belgique, le commissaire (qui abandonnera ses fonctions à la fin janvier, pour reprendre le portefeuille du commerce) avait déjà dénoncé la corruption du régime. Il avait évoqué le "devoir moral" de son pays à contrôler l'usage de l'aide apportée à son ancienne colonie. L'épisode avait entraîné une quasi-rupture des relations diplomatiques entre les deux Etats. Cette fois, M. De Gucht est soutenu à la fois par la Commission européenne, le Parlement - qui a voté le 17 décembre une résolution appuyant ses propos - et le haut représentant européen pour la politique étrangère. Catherine Ashton a convoqué, la semaine prochaine, l'ambassadeur congolais auprès de l'Union. Elle devrait notamment l'interroger sur les accusations de "racisme" portées, au passage, contre le commissaire européen.
08/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/08/quand-kinshasa-crie-haro-sur-le-commissaire-europeen_1289098_3212.html
"Le conflit du Sud-Soudan pourrait devenir, selon des ONG, ""l'une des plus grosses urgences en Afrique en 2010"""
Exacerbées par la rareté de l'eau et de la terre et par des haines ethniques, dans un contexte de dissémination des armes où les plaies du dernier conflit ne sont pas refermées, les violences ont causé la mort de 2 500 personnes en 2009 et contraint 350 000 autres à se déplacer.
La guerre civile du Darfour, dont l'intensité s'est relativement atténuée, a éclipsé l'autre foyer de tension soudanais, situé au sud de ce pays. Or ce conflit-là reprend de l'ampleur et risque de "devenir l'une des plus grosses urgences en Afrique en 2010", a averti, jeudi 7 janvier, un groupe de dix organisations non gouvernementales (ONG), dont Oxfam et le Secours catholique dans un rapport alarmant. Le Sud-Soudan, aussi vaste que la France, à dominante chrétienne et animiste, est sorti en 2005 de vingt-deux années d'un autre conflit sanglant, qui l'opposait au pouvoir central, musulman, de Khartoum. Mais les ratées du plan de stabilisation mis en place sous l'égide de l'ONU et le retour de la violence menacent de replonger le Sud-Soudan dans "une grande instabilité" à l'approche de deux échéances politiques majeures : les élections législatives d'avril et surtout le référendum d'autodétermination du Sud, prévu pour janvier 2011. Le document des ONG analyse la montée des périls dans une région dont les habitants tardent à bénéficier des "dividendes de la paix". "Aux yeux de la plupart des citoyens ordinaires du Sud-Soudan, (...) aucun développement significatif n'a été constaté à la suite du conflit", constate amèrement le document. Ces derniers mois, les violences se sont multipliées. Exacerbées par la rareté de l'eau et de la terre et par des haines ethniques, dans un contexte de dissémination des armes où les plaies du dernier conflit ne sont pas refermées, elles ont causé la mort de 2 500 personnes en 2009 et contraint 350 000 autres à se déplacer. Accentuée par des précipitations erratiques, cette insécurité a compromis les quelques progrès enregistrés et "considérablement aggravé la situation humanitaire", écrivent les ONG. Augmenter les moyens Mais les difficultés sont aussi d'ordre institutionnel : le gouvernement local semi-autonome est dépassé, la mission des Nations unies peu efficace, des financements sont perdus dans une tuyauterie complexe et des querelles de boutique opposent les agences de l'ONU aux ONG. Le rapport dresse un tableau peu reluisant des actions menées sur le terrain et plaide pour une remobilisation de la communauté internationale. Il exhorte par exemple "les donateurs, le gouvernement (du Sud-Soudan) et la Banque mondiale (à) se coordonner pour garantir que les 350 millions de dollars restant" de l'aide prévue "soient dépensés de sorte à fournir des résultats tangibles pour la population". La Mission des Nations unies au Soudan (Minus) n'est pas épargnée : forte de 3 000 agents, elle "pourrait en faire plus avec les ressources existantes (...) pour contribuer à réduire les risques auxquels sont exposées les commmunautés". Devant pareille situation, le rapport réclame que les autorités soudanaises et la communauté internationale agissent "de façon immédiate et concertée", non seulement pour parer aux urgences, mais pour enclencher des processus de développement dans une région riche en pétrole. Estimant "indispensable d'augmenter les moyens déployés pour fournir les services de base pendant et au-delà de la période du référendum", le document demande que les fonds dégagés soient mis "directement à la disposition des ONG" et invite le gouvernement semi-autonome à "renforcer ses capacités à garantir la sécurité interne". Alors que le renouvellement du mandat de la Minus doit être débattu en avril, le rapport exhorte le Conseil de sécurité à "faire de la protection des civils une priorité" pour sortir le Sud-Soudan du cercle vicieux de la violence et du sous-développement. Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Philippe Bernard
08/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/08/le-conflit-du-sud-soudan-pourrait-devenir-selon-des-ong-l-une-des-plus-grosses-urgences-en-afrique-en-2010_1289103_3212.html
L'économie américaine a supprimé 85 000 emplois en décembre
En décembre, l'économie américaine a, contre toute attente, supprimé 85 000 emplois en décembre. Pour l'ensemble de l'année, 4,2 millions d'emplois ont été détruits, du jamais vu depuis 1949.
En décembre, l'économie américaine a, contre toute attente, supprimé un nombre important d'emplois en décembre, selon des statistiques publiées, vendredi 8 janvier, par le département du travail. Le nombre de suppressions d'emplois a été de 85 000 le mois dernier, alors que le marché tablait sur la fin des destructions d'emplois, avec une prévision à zéro. Par ailleurs, le chiffre de novembre a été fortement révisé à la hausse. L'économie américaine a créé 4 000 emplois, au lieu de 11 000 suppressions en première estimation. Pour l'ensemble de 2009, l'économie américaine a détruit 4,2 millions d'emplois, soit du jamais vu depuis 1949. En valeur absolue, le nombre des emplois détruits pendant l'année (4,6 millions) est le plus élevé dans les annales du département du travail, qui remontent à 1939. Le taux de chômage est en revanche ressorti à 10 %, alors que les analystes interrogés par Reuters prévoyaient un taux de 10,1 %, en légère hausse par rapport à novembre, où il était ressorti à 10 %. Le rapport du ministère a été publié deux jours après que la banque centrale américaine eut redit sa grande inquiétude concernant la situation de l'emploi. Notant une "faiblesse aggravée du marché du travail", la Fed s'inquiétait notamment du fait que le ralentissement de la baisse de l'emploi reflétait surtout un ralentissement du rythme des licenciements et que peu d'entreprises embauchaient.
08/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/08/l-economie-americaine-a-supprime-85-000-emplois-en-decembre_1289330_3222.html
3D, tablettes et retour vers le réel : les tendances électroniques de 2010
20 000 produits doivent être présentés au Consumer Electronic Show de Las Vegas.
Le Consumer Electronics Show (CES) a ouvert ses portes, jeudi 7 janvier, à Las Vegas, aux Etats-Unis. En lançant en grande pompe son téléphone multimédia, Nexus One, deux jours plus tôt, Google ne s'est pas seulement lancé dans la bataille du Smartphone avec Apple et son iPhone. Le géant de l'Internet a aussi volé la vedette à cette grand-messe annuelle de l'électronique grand public. Jusqu'à dimanche 11 janvier, les professionnels du secteur (à l'exception notable de Google et Apple) vont pourtant présenter pas moins de 20 000 produits qui doivent être commercialisés en 2010. Parmi eux se trouvent certainement les produits de l'année. Petite revue de tendances. Des télévisions en 3D et connectées à Internet Les téléviseurs proposant des images en trois dimensions devraient enfin arriver dans les magasins. Panasonic, Sony, Samsung ou encore LG ont présenté chacun leurs modèles avec des technologies différentes mais qui donnent tous l'impression de relief grâce au port de lunettes spéciales. Cette arrivée des télés 3D s'accompagne de matériel spécifique comme une caméra chez Panasonic ou des lecteurs Blu-ray 3D. Après les écrans plats, la haute définition : les constructeurs espèrent aiguiser l'appétit des consommateurs avec cette nouvelle technologie. L'année 2010 devrait aussi consacrer le mariage d'Internet et de la télévision. Nombre de nouveaux modèles sont équipés de connexions Ethernet, la porte d'entrée vers Internet. LG et Orange se sont associés pour proposer des appareils qui permettront de surfer très rapidement sur la Toile. "Ils devraient être disponibles en février", précise Eric Surdej, président de LG France. Panasonic a annoncé l'arrivée de nouveaux services, comme Skype ou Twitter, sur certains de ses téléviseurs. Toshiba met en avant sa "Cell TV" équipée d'un microprocesseur surpuissant et qui se connecte au Web. Ce téléviseur promet de reconstituer des pixels là où ils ne sont pas pour assurer une définition parfaite, assortie d'une technologie d'étouffement des sons périphériques. Mieux encore, il serait capable de convertir en 3D des images classiques... Sharp redécouvre le jaune en l'introduisant dans les pixels des écrans LCD au côté des traditionnels rouge, vert, et bleu, pour des images "plus naturelles, en particulier dans la restitution des couleurs chair et dorées", assure le fabricant japonais. Dans la famille des ordinateurs, la tablette Plus grande qu'un téléphone à écran tactile du type iPhone et plus petite qu'un "Netbook" - mini-ordinateur portable -, la tablette pointe son nez sur les stands du CES. Le patron de Microsoft, Steve Ballmer, a brièvement présenté "un prototype de la prochaine ardoise PC", à mi-chemin entre le livre électronique et l'ordinateur portable. Elle "sera disponible d'ici à la fin de l'année", a promis M. Ballmer. Dès à présent, HP lance une nouvelle génération de "Tablet PC". Lenovo invente un surprenant IdeaPad U1, à la fois tablette et ordinateur portable classique. Tandis qu'Apple, absent comme à l'accoutumée du CES, et qui doit faire des annonces d'ici à la fin janvier, présentera peut-être sa tablette. Quant au livre électronique, il devrait se généraliser. Après le précurseur Sony, Samsung a présenté deux tablettes de lecture spécialement développées pour lire les ouvrages mis en ligne par Google. Des jeux qui prennent pied dans le réel Parrot, une petite société française spécialisée dans les périphériques sans fil, a fait sensation en présentant Parrot AR Drone, un "quadricoptère". Cette machine volante se pilote depuis l'écran de son iPhone, via une connexion Wi-Fi. Elle est équipée d'une caméra capable de reconnaître les formes des objets qu'elle survole. "Ce jouet d'un nouveau type réalise le mariage entre les jeux vidéo et la réalité", s'enthousiasme Henri Seydoux, le patron de Parrot. Le géant Microsoft a annoncé pour sa part qu'un système de reconnaissance gestuelle permettant de jouer sur sa console Xbox à 360 degrés sans accessoire serait disponible pour Noël 2010. Il fonctionnera avec une caméra 3D capable de reconnaître les mouvements humains. 2010 ou la fin du joystick ? Joël Morio et Joël Morio
08/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/08/3d-tablettes-et-retour-vers-le-reel-les-tendances-electroniques-de-2010_1289180_651865.html
La hausse des ventes de musique en ligne ralentit
Les responsables de maisons de disques comptent sur les ventes de musique en ligne pour compenser la déconfiture de ventes de CD : depuis 2002, le marché de la musique enregistrée a en effet été divisé par 2,5.
Les responsables de maisons de disques comptent sur les ventes de musique en ligne pour compenser la déconfiture de ventes de CD : depuis 2002, le marché de la musique enregistrée a en effet été divisé par 2,5. Mais ces ventes sur Internet, si elles restent en hausse d'une année sur l'autre, sont par ailleurs marginales. Des propositions du rapport Zelnik, reprises par Nicolas Sarkozy, visent justement à doper les ventes en ligne. Comme la carte de "musique en ligne", destinée aux 15-24 ans et subventionnée par l'Etat, ou la mise en place d'une gestion collective des droits. Les chiffres de 2009 ne seront connus que le 24 janvier, au salon du Midem, quand seront comptabilisées les ventes de disques durant la période de Noël, cruciales pour le secteur. Mais on sait déjà, selon le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP), que pour les neuf premiers mois de 2009, les ventes de musique en ligne étaient seulement en hausse de 3,5 % par rapport à la même période de 2008. Il s'agit d'un arrêt brutal, une douche froide même : la progression était de 52 % en 2008 et de 26,1 % en 2007. Ces résultats pour l'année 2009 sont d'autant plus inquiétants qu'avec un chiffre d'affaires de 55,3 millions d'euros, les ventes numériques ne représentent que 17 % du marché global du disque. Aussi, tous supports confondus (physiques et numériques), celui-ci a reculé de 9,3 % sur les neuf premiers mois de 2009, par rapport à la même période de 2008, déjà mauvaise. AUX ÉTATS-UNIS AUSSI Le phénomène est similaire aux Etats-Unis. Dans un pays où il est de plus en plus difficile de trouver un magasin de disques, les ventes de CD sont en recul de 12,7 % (373,9 millions d'unités), selon les chiffres de l'institut Nielsen SoundScan, publiés jeudi 7 janvier. En 2008, la baisse était déjà de 14 %. Il s'agit du huitième recul en neuf ans. Le marché a ainsi chuté de 52 % par rapport à 2000. Autre symptôme du marasme, les disques qui arrivent aux trois premières places du classement des ventes ne sont pas des nouveautés. Le marché de la musique numérique est mieux structuré et plus développé aux Etats-Unis qu'en France. Mais là aussi, les chiffres ne sont pas bons. En 2009, les ventes de titres à l'unité, sur Internet, sont en hausse de 8,3 %. Mais cette hausse était de 27 % en 2008 et de 45 % en 2007. Même phénomène pour les ventes d'albums entiers sur Internet : + 16,1 % en 2009 (76,4 millions d'unités), + 32 % en 2008 et + 53 % en 2007. Aux Etats-Unis comme partout, en chiffre d'affaires, les ventes numériques restent modestes par rapport aux ventes physiques. Michel Guerrin
08/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/08/la-hausse-des-ventes-de-musique-en-ligne-ralentit_1289124_651865.html
"""Tout dépend de l'entité qui fournit la prestation en France"""
Stéphane Gelin est avocat associé de CMS Bureau Francis Lefebvre.
Il est reproché à Google de ne pas payer en France des impôts en proportion de son activité sur place. Comment est-ce possible ? Réaliser ses revenus avec des clients français mais ne pas forcément payer d'impôt pour ces bénéfices dans l'Hexagone est une pratique qui peut être complètement légale, et qui est très répandue. Elle est liée au caractère immatériel des prestations de services rendues par les sociétés concernées. Imaginez un cabinet d'avocats, à Neuilly, qui travaille pour un client allemand : pour sa prestation, il paiera des impôts en France et pas en Allemagne. Dans le cas de Google, tout dépend de l'entité, au sein de la multinationale, qui fournit effectivement la prestation sur le territoire français. Si c'est la filiale de Google en France qui facture, par exemple, le groupe de luxe LVMH pour des achats de liens sponsorisés sur ses différents sites Web, son bénéfice sera imposé au niveau français. Mais si la prestation est réalisée au niveau de Google Inc., en Californie, et si la facture à LVMH est envoyée depuis les Etats-Unis, alors, même s'il y a une filiale Google en France, le groupe ne paiera pas d'impôts dans notre pays pour cette prestation réalisée hors de France. Prenons un autre exemple : la société de services informatiques hexagonale Capgemini. Si elle travaille pour le compte d'un client américain, basé aux Etats-Unis, une partie du service rendu sera peut-être réalisée en France, mais le groupe Capgemini payera ses impôts aux Etats-Unis si sa filiale américaine a réalisé une partie de la prestation sur place. Dans le secteur Internet, les questions de territorialité de l'imposition se compliquent encore parce que c'est concrètement très difficile de savoir où exactement la prestation facturée a été réalisée. Faut-il, par exemple, tenir compte de la localisation géographique des serveurs sur lesquels ont tourné les applications nécessaires au service rendu ? Propos recueillis par Cécile Ducourtieux
08/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/08/stephane-gelin-tout-depend-de-l-entite-qui-fournit-la-prestation-en-france_1289123_651865.html
La SNCF va proposer des connexions Internet sur le TGV Est
Sur le modèle du Thalys, précurseur dans ce domaine, le TGV Est sera le premier à être équipé en Wi-Fi (Internet sans fil) avant l'été, grâce à une liaison par satellite, a annoncé la SNCF, jeudi 7 janvier.
Internet va s'inviter dans les rames des TGV. Sur le modèle du Thalys, précurseur dans ce domaine, le TGV Est sera le premier à être équipé en Wi-Fi (Internet sans fil) avant l'été, grâce à une liaison par satellite, a annoncé la SNCF, jeudi 7 janvier. Une offre en partie payante mais dont les modalités de commercialisation sont encore en discussion. Pour ce service, la SNCF a investi entre 60 millions et 70 millions d'euros. En fonction du succès sur la ligne Est, le dispositif sera étendu à l'ensemble du réseau TGV. Parallèlement, la SNCF va lancer une Webradio baptisée "SNCF La Radio", qui donnera toutes les quinze minutes des informations sur le trafic en région, avec vingt et un décrochages. La radio sera accessible par ordinateur ou téléphone portable et les voyageurs pourront l'écouter en gare. La compagnie entend ainsi répondre aux reproches qui lui avaient été adressés à propos de sa communication, notamment lors des grèves de janvier 2009. Enfin, à l'instar de ce qui se fait déjà dans le transport aérien, le billet de train va progressivement disparaître. Testé depuis mars 2009, le "e-billet" va se généraliser. Avec ce type de titre de transport, il n'est plus nécessaire de faire la queue pour retirer son billet ou de le composter : il est désormais possible de l'imprimer chez soi. A terme, la SNCF envisage de mettre en place un système qui permettrait à un téléphone portable de servir de terminal d'enregistrement. Céline Hussonnois
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/la-sncf-va-proposer-des-connexions-internet-sur-le-tgv-est_1289136_3234.html
"Pourquoi les actionnaires de News Corp. préfèrent ""Alvin"" à ""Avatar"""
Les dernières aventures du plus célèbre trio musical de rongeurs du monde ont franchi la barre des 250 millions de dollars de recettes (175 millions d'euros), en dépit de critiques défavorables.
Chez Fox, le studio de News Corp. qui a produit Avatar, on ne parle que du milliard de dollars que le film a déjà récolté. Pourtant, c'est Alvin et les Chipmunks 2, l'autre film que le studio a sorti pour les fêtes aux Etats-Unis, qui a toutes les chances de faire la fortune des actionnaires du groupe de Rupert Murdoch. Pendant qu'Avatar leur en mettait plein la vue en 3D avec son histoire d'humains en guerre contre les Na'vi, habitants de Pandora, pour s'emparer d'un minerai précieux, les dernières aventures du plus célèbre trio musical de rongeurs du monde ont franchi la barre des 250 millions de dollars de recettes (175 millions d'euros), en dépit de critiques défavorables. L'exemple des Chipmunks illustre bien l'intérêt des franchises, ces séries de films à héros récurrents, pour l'industrie du cinéma. Alvin, Simon et Théodore existent depuis 1958. Ils ont inspiré des programmes de télévision, des chansons et deux films de cinéma. Le premier, sorti en 2007, avait récolté 361 millions de dollars ; le deuxième a déjà fait rentrer 255 millions de dollars en douze jours d'exploitation. Les revenus annexes provenant de la vente des DVD et des produits dérivés pourraient faire grimper le chiffre de plusieurs millions. Pour les actionnaires, qui préfèrent que les profits soient durables et le niveau de risque modéré, c'est une véritable mine d'or. Comme Spider-Man, Harry Potter ou Batman, les Chipmunks vont rapporter pendant longtemps. On comprend pourquoi Disney, spécialisé dans les personnages de princesses, de pirates et, grâce à la fusion avec Marvel, de super-héros, affiche un coefficient de capitalisation des bénéfices plus élevé que la plupart de ses concurrents. Bien sûr, il est possible qu'Avatar ait une suite : James Cameron a confié à la chaîne MTV qu'il songeait à créer une trilogie. Il faut cependant garder à l'esprit que le metteur en scène, âgé de 55 ans, a mis quinze ans pour réaliser son nouveau blockbuster, et qu'il n'a pour le moment pas écrit de scénario pour une suite. Par ailleurs, l'immense succès du premier opus pourrait aussi l'inciter à réclamer une part encore plus importante des recettes des films suivants. A combien peut-on estimer la valeur d'Avatar pour Fox ? En tant que succès ponctuel, guère plus que sa contribution de 100 millions de dollars, qui ira s'ajouter aux 4 milliards du résultat opérationnel de News Corp. Côté Chipmunks, il faut multiplier par cinq les 40 millions de noisettes que leur deuxième épopée est censée amasser pour se faire une idée de leur valeur de marque. Le résultat est sans appel : les écureuils quinquagénaires l'emportent haut la main sur les Na'vis. (Traduction de Christine Lahuec.) Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com. Rolfe Winkler
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/pourquoi-les-actionnaires-de-news-corp-preferent-alvin-a-avatar_1289127_3234.html
Comptes piratés : la constitution de partie civile de Sarkozy est jugée recevable
La cour d'appel de Versailles a jugé recevable, vendredi, la constitution de partie civile de Nicolas Sarkozy, victime, parmi d'autres, d'une affaire de piratage bancaire.
La cour d'appel de Versailles a jugé recevable, vendredi 8 janvier, la constitution de partie civile de Nicolas Sarkozy, victime, parmi d'autres, d'une affaire de piratage bancaire. Le parquet de Nanterre avait requis des peines de prison allant de six mois avec sursis à quatre ans fermes à l'encontre de huit personnes qui avaient participé, à des degrés divers, à cette escroquerie. La cour a infirmé le jugement du tribunal correctionnel de Nanterre, qui avait certes déclaré recevable la constitution de partie civile de M. Sarkozy mais avait sursis à statuer sur la demande d'un euro de dommages et intérêts du chef de l'Etat. Les huit prévenus, dont trois comparaissent détenus, étaient poursuivis pour "escroquerie en bande organisée". Ils étaient accusés d'avoir utilisé les coordonnées bancaires d'abonnés à Canal+ et de faux papiers d'identité pour ouvrir des lignes de téléphone en s'assurant la confiance des vendeurs, qui outrepassaient alors les règles. Les téléphones étaient ensuite revendus. La procureure, Marie-Aimée Gaspari, a requis une peine de quatre ans de prison ferme, peine-plancher, à l'encontre du cerveau de l'affaire, Ama M'Bodji, 30 ans. Elle a requis dix-huit mois d'emprisonnement et le maintien en détention à l'encontre d'Abdoul Aziz Thiam, 31 ans, "le lieutenant", selon Mme Gaspari, et deux ans d'emprisonnement et le maintien en détention à l'encontre de Bocar M'Boh, 27 ans, "maillon déterminant". Dix-huit mois de prison, dont douze avec sursis, ont été requis à l'encontre de la concubine du "cerveau", Fatou Diouf, 30 ans, qui était absente lors du procès. La jeune femme avait déjà été interpellée en mai 2008 pour falsification. Douze mois de prison avec sursis ont été requis à l'encontre d'Assane Barry, 32 ans, et six et dix mois de prison avec sursis à l'encontre de deux vendeurs d'une boutique SFR de Mantes-la-Jolie (Yvelines), qui avaient ouvert neuf et vingt-quatre lignes.
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/comptes-pirates-la-constitution-de-partie-civile-de-sarkozy-est-jugee-recevable_1289311_3224.html
Face à l'OPA hostile de Kraft, le confiseur Cadbury joue serré
Le confiseur Cadbury doit rapidement choisir une ligne de défense pour parer à l'offre hostile du géant de l'agroalimentaire américain Kraft Foods, qui avance 10,5 milliards de livres sterling (11,7 milliards d'euros).
Le confiseur Cadbury doit rapidement choisir une ligne de défense pour parer à l'offre hostile du géant de l'agroalimentaire américain Kraft Foods, qui avance 10,5 milliards de livres sterling (11,7 milliards d'euros). Jusqu'au tout début du mois de janvier, la capitalisation boursière du fabricant de douceurs britannique - à la tête des chocolats Dairy Milk ou Poulain - était restée supérieure au montant payable en actions et en numéraire que Kraft propose depuis septembre 2009. Maintenant que le titre Cadbury se négocie autour de 776 pence, l'écart est mince comme une gaufrette. Kraft pourrait porter l'estocade en ajoutant à son offre un supplément d'espèces. Pour Cadbury, l'idéal serait qu'un "chevalier blanc" vole à son secours. Les actionnaires n'auraient guère de mal à se faire convaincre si celui-ci proposait par exemple 820 pence par action, ce qui valoriserait le groupe à 11,2 milliards de livres. Une solution idéale, certes, mais difficile à mettre en oeuvre. Le partenaire amical naturel serait l'américain Hershey, mais ce groupe est de moindre envergure et aurait du mal à trouver le financement nécessaire. Il se dit d'ailleurs que son conseil d'administration est divisé quant à l'opportunité d'un rapprochement avec Cadbury. Si les négociations débouchaient sur un échec, le cours du titre Cadbury en pâtirait, et la position du britannique, qui soutient que l'indépendance est une option parfaitement viable, serait de moins en moins tenable. Les autres tactiques classiques de défense - relever le niveau de rentabilité, vendre des actifs, s'adapter ou renouveler l'équipe de direction - semblent peu pertinentes. Cadbury est déjà bien engagé dans un plan de réduction des coûts et son portefeuille a été restructuré en profondeur. Un ultime délai Il ne reste plus que l'art oratoire. La semaine prochaine, le groupe aura une excellente occasion d'en user, puisque le Takeover Panel, l'autorité britannique qui supervise fusions et acquisitions, lui a accordé un délai supplémentaire : Cadbury va ainsi pouvoir présenter en détail les performances réalisées en 2009. On a vu tout récemment le cours de Kraft augmenter et celui de Cadbury baisser. Certains pensent que c'est là le signe que pour le marché, les chances de réussite de Kraft s'amenuisent depuis que Warren Buffett, premier actionnaire du groupe, a conseillé à la direction de ne pas engager une action de plus dans l'assaut. Cadbury ne devrait pourtant pas se fier à cette analyse. Le groupe doit profiter du temps qui lui est donné pour préparer non seulement la présentation de ses derniers résultats, mais aussi l'exposé minutieux des objectifs qu'il se donne à court terme pour que l'option de l'indépendance ait autant d'intérêt que celle d'une capitulation face à Kraft. (Traduction de Christine Lahuec.) Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com . Christopher Hughes
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/face-a-l-opa-hostile-de-kraft-le-confiseur-cadbury-joue-serre_1289137_3234.html
- 230 000 : le recul de l'emploi intérimaire depuis le début de la crise
Après une année 2008 difficile pour ce secteur de l'emploi, près de 175 000 ont encore été supprimés en 2009.
près une année 2008 difficile pour ce secteur de l'emploi, près de 175 000 ont encore été supprimés en 2009. La reprise qui semblait se dessiner à l'été 2009 n'est pas confirmée par les données de ces derniers mois. Selon François Roux, le délégué général de Prisme (la fédération patronale des agences d'intérim), une baisse de 5,7 % de l'emploi intérimaire a été enregistrée en décembre 2009 par rapport à décembre 2008. Il y a un an, cette baisse était de 23 %. "Il s'agit d'un palier", estime M. Roux, pour qui il est encore trop tôt pour parler de reprise. Rémi Barroux
08/01/2010
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Le stress professionnel aurait coûté 1,9 à 3 milliards d'euros en 2007
Cette évaluation, en hausse de 15 % à 20% par rapport à 2002, n'a retenu que trois des pathologies induites par le "job strain" : les maladies cardiovasculaires, certains troubles musculo-squelettiques et la dépression.
et 3 milliards d'euros, selon une étude de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Soit 14,5 % à 27,3 % du budget de la branche accident du travail/maladies professionnelles de l'Assurance-maladie. Cette évaluation, en hausse de 15 % à 20% par rapport à 2002, n'a retenu que trois des pathologies induites par le "job strain" : les maladies cardiovasculaires, certains troubles musculo-squelettiques et la dépression. Elle inclut le coût des pathologies, de l'absentéisme, des décès prématurés ainsi que des cessations anticipées d'activité (liées à une mise en invalidité ou une dispense de recherche d'emploi). Francine Aizicovici
08/01/2010
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https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/le-stress-professionnel-aurait-coute-1-9-a-3-milliards-d-euros-en-2007_1289142_3234.html
A bord d'un Eurostar en panne, en rase campagne anglaise
Selon la SNCF, l'Eurostar parti de la capitale belge a été victime d'une panne du système de signalisation embarqué, pas de la neige ou du froid.
L'Eurostar quitte à triple galop l'écrin de verre de la gare de Saint-Pancras International à 8 h 55 pétantes, jeudi 7 janvier, malgré les bulletins d'alerte de Mister Météo annonçant neige et verglas dans le Kent. Une demi-heure plus tard, le TGV reliant Londres à Paris prend des allures de tortillard avant de s'arrêter en rase campagne. En raison de la panne d'un train venu de Bruxelles bloqué dans le tunnel, le trafic ferroviaire transManche est momentanément interrompu "pour une raison indépendante de notre volonté". Dans la rame numéro 4, les langues se délient dans une grande pagaille bilingue. "Mon pauvre Monsieur"... "Yes Ma'am". L'immobilisation se prolonge. Les images de la paralysie pendant rois jours, la veille de Noël, des liaisons Eurostar due à la condensation défilent en boucle dans les esprits. Faudra-t-il lancer une nouvelle expédition de secours avec traîneau, saint-bernard et tonnelet du meilleur Glenfiddich ? Pourtant jamais en retard d'un bon mot, le brave chef de train semble avoir soudainement perdu son sifflet. La navette 9012 retourne à Ebbsfleet, la gare Eurostar située à 25 kilomètres de Londres. L'arrivée à la gare du Nord est retardée d'au moins deux heures, prévient le préposé. Le compartiment se transforme en central téléphonique. Accrochée à son portable, une Américaine, qui a pris le train à la suite de l'annulation de son vol EasyJet pour Marseille, désespère. Un homme d'affaires italien doit annuler son rendez-vous au Ritz. Et le groupe de retraités anglais rateront leur déjeuner à la Coupole. L'atmosphère est toutefois bon enfant, mais on sent les voyageurs inquiets, avec ce petit rire contraint au fur et à mesure que l'heure avance. A midi, après avoir parcouru au total 40 kilomètres en trois heures, le TGV rebrousse chemin. Selon la SNCF, l'Eurostar parti de la capitale belge a été victime d'une panne du système de signalisation embarqué, pas de la neige ou du froid. Néanmoins, par précaution en cet hiver britannique meurtrier, le trafic Eurostar sera réduit tout le week-end Marc Roche et Marc Roche
08/01/2010
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https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/a-bord-d-un-eurostar-en-panne-en-rase-campagne-anglaise_1289141_3234.html
Immobilier de bureau : le marché risque de demeurer morose en 2010
Les surfaces louées en 2009 ont reculé de 26 % par rapport à 2008 et les loyers sont à la baisse.
L'année 2009 a été morose pour l'immobilier d'entreprise et 2010 promet de l'être aussi : c'est la conclusion des cabinets de conseil qui ont pris connaissance des chiffres publiés, le jeudi 7 janvier, par la banque de données Immostats et par Cushman & Wakefield (C & W). La location de bureaux a reculé de 26 % en 2009 avec 1,75 million de mètres carrés placés - contre 2,35 millions en 2008 et 2,80 millions en 2006, année record. La France et l'Ile-de-France résistent mieux que les voisins européens, selon C & W. Londres a perdu 35 % et Francfort 30 %. Les loyers sont nettement orientés à la baisse, puisque pour les plus beaux immeubles parisiens, le loyer annuel moyen est de 700 euros le m2 (780 euros il y a un an), sans compter les facilités accordées par les propriétaires qui veulent attirer ou conserver des locataires. "Entre baisse des loyers et attentes des propriétaires, qui exigent désormais un rendement de 5,5 % alors qu'ils se contentaient de 4 % jusqu'en 2008, la valeur des immeubles a mécaniquement chuté de 40 %", calcule Olivier Gérard, président de C & W. Retour des capitaux Les sociétés veulent rationaliser leurs locaux et regrouper leurs équipes, privilégiant le neuf souvent construit en périphérie de Paris, où chaque mètre carré est utile. Elles libèrent au centre des bureaux dits de seconde main qui deviennent difficiles à louer. Le taux de vacance est de 8 % en Ile-de-France et pourrait grimper à 10 % en 2010, selon Magali Marton, directrice des études du cabinet de conseil DTZ. Les loyers commerciaux, que l'on croyait immunisés contre les aléas de la conjoncture, sont aussi touchés par la baisse de la consommation. La baisse des loyers fait l'affaire des locataires, qui négocient âprement leurs quittances. L'Etat compte bien en profiter. Dans un rapport publié en octobre 2009, Nicole Brick, sénatrice (PS) de Seine-et-Marne, a relevé les défaillances de l'Etat locataire, accusé de laisser filer les loyers qu'il paie. Mme Brick a recensé 72 baux, pour un montant annuel de 189,5 millions d'euros de loyer, à des niveaux très au-dessus des prix du marché. Les services du premier ministre, rue Saint-Georges, dans le 9e arrondissement de Paris, payent un loyer annuel de 998,6 euros le mètre carré. La direction des affaires civiles et du sceau du ministère de la justice, boulevard de la Madeleine, acquitte 995 euros et la Cour de cassation, dans le 6e arrondissement, 865,3 euros. France Domaine, l'agence chargée de gérer l'immobilier de l'Etat, a mandaté des cabinets de conseil pour l'aider à renégocier 25 baux. Objectif : économiser 20 %. Seule note claire dans ce sombre tableau : le retour des capitaux vers l'immobilier. Cushman & Wakefield indiquent que les achats ont atteint 7,8 milliards en 2009 (contre 13 milliards en 2008). La baisse de 40 % paraît sévère mais les volumes n'ont pas cessé de grimper trimestre après trimestre. "Nous constatons un véritable emballement des investisseurs, qui reviennent vers l'immobilier", se félicite Mme Marton. Pour M. Gérard, "l'appétit des acquéreurs pourrait permettre de revenir, en 2010, à un niveau de 10 milliards d'euros". Isabelle Rey-Lefebvre
08/01/2010
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https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/immobilier-de-bureau-le-marche-risque-de-demeurer-morose-en-2010_1289139_3234.html
Oleg Deripaska, un milliardaire laminé par la crise
A 42 ans, c'est l'un des plus jeunes oligarques russes, mais sa feuille de route est déjà bien longue.
Devenu en quelques années le "roi de l'aluminium" avec son entreprise Rusal, qui va bientôt être cotée en Bourse, Oleg Deripaska a cependant particulièrement souffert de la crise financière des derniers mois, au point de perdre le titre de l'homme le plus riche de Russie. Il est loin, déjà, le temps béni des privatisations sauvages qui avaient marqué la Russie post-soviétique, au début des années 1990. A l'époque, M. Deripaska acquiert une série d'entreprises à petit prix, avant de créer sa propre holding en 1997. Basic Element - c'est son nom - est alors actif dans une foule de secteurs : énergie, banques, travaux publics, transports et matières premières, dont l'aluminium. L'homme compte parmi les proches de la "Famille", surnom donné à l'entourage du président de l'époque, Boris Eltsine. De fait, il épousera Paulina Ioumachev, petite-fille par alliance de M. Eltsine. L'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, en 2000, ne va pas contrarier ses affaires, comme celles de certains oligarques en froid avec le nouveau président russe. Contrairement au plus célèbre d'entre eux, Mikhaïl Khodorkovski, l'ancien patron de Ioukos, M. Deripaska n'a jamais voulu faire d'ombre au nouveau locataire du Kremlin. "Je ne m'oppose pas à l'Etat. Mes intérêts sont les siens", répétait-il encore au Financial Times en 2007. Mais, en 2008, la crise financière a balayé d'un coup les ambitions du jeune oligarque. Acculés par les dettes contractées à l'étranger avec ses actifs comme garanties, les fleurons de Basic Element ont dû demander l'aide de l'Etat russe pour sortir la tête de l'eau, tandis que la holding procédait à une restructuration d'envergure. Tancé par Poutine En 2008, l'Etat russe attribuait à M. Deripaska 4,5 milliards de dollars à travers la VEB - l'équivalent de la Caisse des dépôts - afin d'éponger un crédit contracté par l'oligarque pour acquérir le quart du géant minier Norilsk Nickel. Fin décembre 2009, l'entreprise annonçait avoir licencié 50 000 personnes dans l'ensemble du groupe depuis le début de la crise. Quant au jeune milliardaire, classé neuvième fortune mondiale en 2008 par Forbes, il voyait son magot passer de 40 à 3,5 milliards de dollars en un an. Ses relations avec le pouvoir ont elles aussi pâti de la crise. L'image a fait le tour de la Russie l'été 2009 : dans une mise en scène soignée, M. Poutine a publiquement tancé M. Deripaska à la télévision lors de sa visite dans une usine du groupe dont les ouvriers étaient en grève. "Pourquoi votre usine est-elle ainsi négligée ? Vous en avez fait une poubelle !", a sermonné le premier ministre devant l'oligarque. Alexandre Billette
08/01/2010
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Hongkong et Paris chipent à Londres l'introduction en Bourse du géant Rusal
Le groupe russe d'aluminium, dirigé par un patron controversé, devrait être coté le 27 janvier.
Avec 1 141 pages, le prospectus pour l'introduction en Bourse prochaine de Rusal à Hongkong, et son inscription en parallèle sur le marché parisien, n'a rien à envier au plus épais des romans russes. Ce document est censé informer in extenso les investisseurs éventuels, tant sur les risques, obstacles conjoncturels et autres procès en cours du numéro un mondial de l'aluminium, que sur ses atouts et son formidable potentiel. Cette montagne d'informations a-t-elle permis au groupe russe, dirigée par le célèbre oligarque Oleg Deripaska, d'obtenir le feu vert des autorités hongkongaises ? Celles-ci avaient d'abord repoussé ce dossier inhabituel par trois fois, exigeant toujours plus d'informations et surtout plus de garanties, notamment sur la restructuration de la dette abyssale de l'entreprise : 16,7 milliards de dollars (11,7 milliards d'euros). Aussi, l'entrée en Bourse qui pourrait permettre à Rusal de lever jusqu'à 2,6 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros), en plaçant 10 % du capital, doit servir avant tout à amorcer le remboursement de la dette, contractée depuis la crise. Au-delà de ces efforts financiers, Rusal a aussi modifié sa gouvernance. En décembre 2009, la société a, par exemple, nommé à son conseil deux administrateurs indépendants hongkongais, proches du gouvernement, ayant de bonnes relations avec Pékin. Un geste habile. Car la frilosité de la Bourse hongkongaise ne s'explique pas que par la fragilité financière de Rusal mais aussi par la personnalité de son dirigeant, M. Deripaska. Les interdictions de séjour aux Etats-Unis et au Canada de son patron sont d'ailleurs précisées et circonstanciées dans le document de référence. Il est aussi fait mention des spéculations de la presse associant ces interdictions aux liens de l'oligarque avec le crime organisé. Différents journaux ont en effet rappelé les relations de M. Deripaska avec Mikhaïl Tchernoy, suspecté par des services occidentaux de crimes, trafic de drogue et blanchiment d'argent. De quoi ternir la réputation d'une place financière. Dans les coulisses de Rusal, on minimise ce volet du dossier, attribuant cette mauvaise presse à la colère de Londres, "vexée" de ne pas avoir été choisie comme place boursière. L'essentiel des entreprises minières est en effet coté à la City. Et Rusal avait un temps envisagé de s'y introduire. Mais le procès contre M. Deripaska de son ancien associé, M. Tchernoy, en cours à Londres, a sans doute contribué au choix de Hongkong. "Les Britanniques sont verts de rage. C'est une vraie victoire pour Hongkong, mais aussi pour Paris où l'action sera aussi cotée", s'enorgueillit un banquier, reflétant la jubilation générale. Pour BNP Paribas, chef de file du syndicat bancaire avec Credit Suisse, c'est aussi une bonne affaire. Dans un contexte mondial plutôt moribond pour les introductions en Bourse, la rémunération attendue pour les banques, de 380 à 450 millions de dollars, est bonne à prendre. Selon les proches du dossier, cette double cotation répondrait à l'objectif de Rusal de se rapprocher du marché chinois, son premier acheteur, qui plus est, proche de la Sibérie où se situent les usines. Celui d'Euronext - qui gère la Bourse de Paris - s'explique, lui, par la possibilité qu'offre l'opérateur transatlantique d'obtenir une cotation en euros mais aussi en dollars américains, depuis sa fusion avec le NYSE, la place de New York. Une aubaine Mais tant à Paris qu'à Hongkong, les régulateurs ont imposé de strictes précautions. L'Autorité des marchés financiers (AMF) s'est couverte avec le dispositif n'autorisant Rusal à se coter que dans le département dit "professionnels", réservé aux investisseurs les plus avertis. Aucune publicité pour inciter des petits épargnants à acheter des titres Rusal ne sera autorisée. A Hongkong, il a aussi été "interdit" aux petits investisseurs d'acheter de l'action Rusal le jour de la cotation. Seuls ceux pouvant souscrire 1 million de dollars hongkongais (100 000 euros), ou plus, auront le droit d'acheter des titres. Une restriction rare illustrant la nervosité du gouvernement soucieux d'éviter un mauvais placement aux nombreux boursicoteurs locaux. Pour Hongkong, première place au monde pour les entrées en Bourse en 2009, Rusal est donc une aubaine... risquée. Première entreprise russe à venir s'y coter, elle doit inciter d'autres sociétés de Russie et du Kazakhstan à faire de même. La première cotation est prévue le 27 janvier. Florence de Changy (à Hongkong) et Claire Gatinois
08/01/2010
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La solitude de Bradley Birkenfeld face à la lutte contre la fraude fiscale
L'ancien gestionnaire de fortune chez UBS, dont le témoignage a permis de mettre au jour un vaste système d'encouragement à la fraude fiscale pratiqué aux Etats-Unis par le géant bancaire, devait purger, dès vendredi 8 janvier, sa peine de prison.
L'Américain Bradley Birkenfeld se serait bien vu dans la peau d'un "whistleblower" - ces "lanceurs d'alerte" qui bénéficient de la clémence de la justice pour avoir dénoncé un acte délictueux au sein de leur entreprise. Mais l'ancien gestionnaire de fortune chez UBS, dont le témoignage a permis de mettre au jour un vaste système d'encouragement à la fraude fiscale pratiqué aux Etats-Unis par le géant bancaire, devait purger, dès vendredi 8 janvier, sa peine de prison. En août 2009, une cour de Floride l'avait condamné à quarante mois de détention pour complicité de fraude fiscale, estimant qu'il n'avait accepté de collaborer qu'après avoir été dénoncé par l'un de ses clients. Avant de rejoindre sa geôle, M. Birkenfeld, dont les confessions ont obligé UBS à payer aux Etats-Unis une amende de 780 millions de dollars (545 millions d'euros) et poussé 10 000 fraudeurs à se dénoncer, a stigmatisé l'injustice qui lui est faite. Dimanche 3 janvier, dans l'émission "60 minutes" de la chaîne américaine CBS, il s'est offusqué d'être le seul à payer : "Je leur ai livré la plus grosse affaire de fraude fiscale au monde. J'ai dénoncé 19 000 criminels internationaux et je serai le seul à aller en prison pour cela ? Et pas un seul banquier suisse ?" Son avocat, Stephen Kohn, le directeur du National Whistleblowers Center, a déclaré vouloir obtenir pour son client une récompense allant jusqu'à 30 % des sommes récupérées par le fisc américain, soit des dizaines de millions de dollars. Me Kohn expliquait qu'emprisonner l'ex-banquier d'UBS serait "l'une des plus grandes erreurs commises par les Etats-Unis", et que cela dissuaderait les "autres Bradley Birkenfeld" de se manifester. En attendant, la solitude de Bradley Birkenfeld, simple exécutant au sein d'un large système de fraude fiscale, surprend. Aucun membre de la direction d'UBS n'a été inquiété. L'affaire s'est soldée en août 2009 par un arrangement extrajudiciaire obligeant la banque à livrer les noms de 4 450 clients. Le Parti socialiste suisse avait alors déposé une plainte pénale contre les anciens dirigeants d'UBS, Marcel Ospel et Peter Kurer, pour complicité de fraude fiscale. Bradley Birkenfeld se disait prêt à coopérer. En vain : à la mi-décembre 2009, le parquet de Zurich, qui n'a même pas pris la peine d'entendre l'ex-banquier, a renoncé à ouvrir une enquête. Agathe Duparc
08/01/2010
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L'affaire Madoff rattrape UBS et Ernst & Young
UBS et Ernst & Young sont assignés en justice par les liquidateurs de la sicav Luxalpha, qui vendait les produits de l'escroc américain.
En 2010, l'affaire Madoff peut-elle rebondir ? Jusqu'à présent, l'enquête sur la fraude la plus spectaculaire de l'histoire de la finance, une escroquerie à plus de 50 milliards de dollars (34,9 milliards d'euros) avec trois millions de victimes dans le monde, s'était concentrée sur le financier Bernard Madoff lui-même, et son entourage proche. Mais voici que les choses changent. Les banques qui ont géré les produits financiers conçus par M. Madoff, dans lesquels ont investi des épargnants riches ou modestes, voient leur responsabilité mise en cause. Elles sont accusées d'avoir manqué à leur devoir de protection des épargnants. La banque suisse UBS est la première visée. La maison mère d'UBS en Suisse et sa filiale luxembourgeoise ont été assignées en justice, le 18 décembre 2009, par les liquidateurs judiciaires d'une sicav luxembourgeoise baptisée Luxalpha, une information alors révélée par Les Echos. Luxalpha est l'une des principales sicav liées au système frauduleux de M. Madoff. Les liquidateurs reprochent à UBS, censée conserver et gérer les fonds investis dans Luxalpha, d'avoir failli à sa mission. Mais l'assignation n'est pas limitée à UBS. Elle vise au total quinze personnes physiques et morales, dont le cabinet Ernst & Young, auditeur de Luxalpha, et la Commission de surveillance du secteur financier luxembourgeoise (CSSF). Toutes sont accusées d'avoir manqué à leur devoir. Le texte de l'assignation, un document de 136 pages dont Le Monde a eu copie, est particulièrement sévère et argumenté. Les deux liquidateurs, Mes Alain Rukavina et Paul Laplume, nommés par le tribunal d'arrondissement de Luxembourg, évoquent "une véritable complicité entre (...) professionnels". Dans le détail, la filiale d'UBS au Luxembourg était dépositaire de la sicav Luxalpha. C'est-à-dire que la banque était chargée de conserver en dépôt les sommes placées par les épargnants dans Luxalpha. Or, indique le document, "UBS SA a objectivement failli à son obligation fondamentale". Non seulement elle a délégué cette mission de dépositaire à Bernard Madoff Investment Securities (BMIS), un fonds Madoff, mais elle en a aussi délégué la gestion. Or ce cumul de fonctions est interdit par la loi, depuis le 13 février 2004, car il augmente le risque de fraude. En outre, BMIS n'avait pas le statut approprié permettant d'obtenir la sous-délégation de la gestion de la sicav. Plus grave encore, "UBS SA a commis la faute de mettre en place une façade officielle qui cachait la réalité des structures internes", indiquent les liquidateurs. Autrement dit, UBS masquait son vrai fonctionnement à ses clients. "Marionnettes" Pour MM. Rukavina et Laplume, l'établissement ne pouvait ignorer cette faute mais suivait ses intérêts : toucher des commissions de l'ordre de 83,4 millions de dollars versées par Madoff. Les administrateurs de la sicav Luxalpha, censés contrôler son fonctionnement sont, eux, qualifiés sans ménagement de "marionnettes". Le cabinet d'audit Ernst & Young n'échappe pas non plus à de graves accusations. Ce cabinet, parmi les plus réputés de son secteur, aurait contribué à donner aux investisseurs de Luxalpha une "illusion de sérieux". Ernst & Young, indique l'assignation, a dans ce dossier "fait une faute professionnelle grave". Le cabinet n'aurait pas effectué le minimum de vérifications nécessaires, concernant notamment les soldes bancaires. "Vu l'importance de l'actif confié à BMIS, il est impensable et en tout cas impardonnable qu'Ernst & Young n'ait pas demandé de confirmation sur l'existence et l'évaluation de ce poste", mentionne ce document. "D'une manière générale, concluent-ils, Ernst & Young n'a pas tiré la sonnette d'alarme pour avertir la CSSF", le régulateur luxembourgeois. Ce dernier n'est pas oublié. Selon ce texte, la CSSF aurait, elle aussi, manqué de rigueur à son devoir de contrôle de Luxalpha. "Ces accusations sont gravissimes et accablantes pour UBS, autant que pour Ernst & Young. La CSSF est également en cause", estime Isabelle Wekstein, avocate chez Wan, agissant pour le compte d'investisseurs de Luxalpha. Selon elle, l'analyse des liquidateurs, qui a nécessité plusieurs mois de travail, "conforte le bien-fondé des assignations que nous avons introduites à titre individuel pour les investisseurs, afin de faire condamner UBS et Ernst & Young à les indemniser". En outre, "ce que cette assignation révèle comme défaillances peut avoir des incidences sur d'autres banques ayant un modèle comparable à celui de Luxalpha, indique Me Wekstein. La responsabilité de HSBC, dépositaire d'un autre grand fonds, Thema, en Irlande, investi dans des produits Madoff, où une procédure judiciaire est également en cours, pourrait de ce fait être établie avec encore plus de certitude qu'elle ne l'est déjà". Pour les épargnants piégés par le scandale, cette assignation est ainsi, au moins sur le papier, une première victoire. Avec, à la clé, l'espoir de récupérer le montant des sommes investies dans la sicav, soit 1,54 milliard de dollars partis en fumée. Claire Gatinois et Anne Michel
08/01/2010
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Un huissier condamné en appel pour discrimination raciale
La cour d'appel de Versailles a condamné, jeudi 7 janvier, un huissier de justice installé à Orléans (Loiret) à verser à un de ses ex-salariés plus de 32 000 euros d'indemnités.
La cour d'appel de Versailles a condamné, jeudi 7 janvier, un huissier de justice installé à Orléans (Loiret) à verser à un de ses ex-salariés plus de 32 000 euros d'indemnités. Selon un de ses anciens collègues, Abdel Illah Mansory était la cible de propos à "connotation raciste" faisant le lien entre les terroristes arabes et son origine maghrébine. La cour d'appel relève que, "bien qu'ayant réussi l'examen de fin d'études à l'école nationale de procédure, M. Mansory est resté cantonné à la signification des actes". La cour a aussi constaté que M. Mansory avait été "victime de discrimination professionnelle au quotidien, tant dans l'exercice de sa profession que sur le plan racial. [Son] licenciement pour faute grave a constitué l'aboutissement des discriminations prodiguées à son encontre". L'affaire avait été portée devant la justice par la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde). Laetitia Van Eeckhout
08/01/2010
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https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/un-hussier-condamne-en-appel-pour-discrimination-raciale_1289114_3224.html
La France va tester les appareils de détection corporelle
La Direction générale de l'aviation civile a pris les devants sur l'utilisation des scanners corporels.
La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a pris les devants sur l'utilisation des scanners corporels. Elle "expérimentera dans les meilleurs délais ces appareils dans certains aéroports français", notamment à Paris, a-t-elle annoncé, mercredi 6 janvier, dans un communiqué. La DGAC évoque, à cette occasion, des "directives d'un groupe de travail interministériel mis en place à ce sujet". Le même jour, le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, venait en effet d'annoncer la création d'un groupe de travail chargé de définir, dans le délai d'un mois, une position française. Les scanners corporels, qui permettent de distinguer sur un écran une silhouette dévêtue en trois dimensions, continuent de faire débat. La DGAC, elle, semble avoir tranché : "Les premières analyses ont montré la très large supériorité des "body scans" par rapport à la technologie actuellement déployée. Ils permettent une inspection rapide des passagers sans recours à la palpation. L'absence d'impact sur la santé des passagers a été évaluée et confirmée par un organisme indépendant." Comme au Royaume-Uni, les passagers qui refuseraient le scanner seraient soumis à la palpation. L'administration chargée de la sécurité et de la sûreté aérienne prévient que d'autres mesures compléteront le dispositif, comme le "profilage des passagers fondé sur l'analyse du comportement, déjà en expérimentation à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle " ou "la détection des traces d'explosifs". Car derrière ces questions de sûreté aérienne se cache une bataille d'influence et industrielle. Dans cette perspective, la France va doubler, en deux ans, les crédits de la sûreté aérienne. Face aux Etats-Unis, dont les demandes en matière de sûreté se sont renforcées après l'attentat manqué du 25 décembre, Paris souhaiterait davantage de cohésion au niveau européen. Le gouvernement français attend notamment beaucoup de la présidence européenne espagnole pour renégocier un accord de réciprocité sur les informations relatives aux passagers. Jusqu'ici, en effet, seuls les Etats-Unis ont accès, depuis juillet 2007, au coordonnées personnelles des passagers dès la réservation de billets - et non à l'embarquement - pour tous les vols à destination d'une ville américaine. Pour Paris, ce fichier, Passenger name record (PNR), devrait être commun. Le gouvernement s'apprête, sur ce sujet, à mener un important travail de lobbying auprès du parlement européen. Enfin, la liste des pays à risque est étendue. Jusqu'ici au nombre de sept (Yémen, Irak, Pakistan, Syrie, Iran, Algérie et Mauritanie), elle devrait passer à 30. Isabelle Mandraud
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/la-france-va-tester-les-appareils-de-detection-corporelle_1289106_3224.html
Les hommes du président
Bernard Bajolet, Erard Corbin de Mangoux, Bernard Squarcini et Loïc Garnier.
Bernard Bajolet, 60 ans. Coordonnateur national du renseignement (CNR). Diplomate, il a été successivement ambassadeur à Amman, Sarajevo, Bagdad, puis Alger. Le 21 juillet 2008, Nicolas Sarkozy l'a fait venir auprès de lui pour le nommer premier coordonnateur national du renseignement, à l'Elysée. Un décret du 24 décembre 2009 précise ses missions : il conseille le président, prépare, avec le concours du secrétaire général de la défense et de la sécurité, les réunions du Conseil national du renseignement et veille à la mise en oeuvre de ses décisions. Il coordonne l'action et la "bonne coopération" des services spécialisés constituant la communauté française du renseignement. Enfin, il transmet les instructions du chef de l'Etat aux services, qui lui rendent compte de leur activité. Il dirige une équipe restreinte, ses moyens sont cent fois inférieurs à ceux du coordonnateur du renseignement américain. Erard Corbin de Mangoux, 57 ans. Directeur général de la sécurité extérieure (DGSE). Nommé en octobre 2008, cet ancien commissaire de la marine a surtout effectué une carrière dans la préfectorale. Devenu directeur général des services du département des Hauts-de-Seine en 2006, - le fief de Nicolas Sarkozy -, puis conseiller à la présidence en 2007, préfet hors cadre la même année, il bénéficie de la confiance du chef de l'Etat. Son parcours lui a donné une bonne connaissance de l'intérieur. Il dirige aujourd'hui plus de 4 000 personnes à la DGSE, dont un tiers de militaires. Bernard Squarcini, 54 ans. Directeur central du renseignement intérieur (DCRI). Commissaire de police en 1979, il rejoint ensuite les Renseignements généraux dont il devient en 1994, le directeur central adjoint, aux côtés d'Yves Bertrand. Si Bernard Squarcini s'est engagé en faveur de Nicolas Sarkozy, Yves Bertrand est, lui, un fidèle de Jacques Chirac. En 2003, alors que Nicolas Sarkozy est ministre de l'intérieur, M. Squarcini participe à l'arrestation d'Yvan Colonna, traqué en Corse pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998. Promu délégué pour la sécurité et la défense à Marseille en 2004, il remplace, trois ans plus tard, Pierre Bousquet de Florian à la tête de la Direction de la surveillance du territoire (DST). En 2008, il met en oeuvre la réforme du renseignement promise par le président de la République qui aboutit à la fusion de la DST avec une partie des anciens Renseignements généraux pour donner naissance à la Direction centrale du renseignement intérieur (plus de 3 000 fonctionnaires), dont il a pris la tête. Loïc Garnier, 46 ans. Chef de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat). Commissaire divisionnaire de police, il a accompli sa carrière dans la police judiciaire. Il a notamment dirigé la prestigieuse brigade criminelle de la préfecture de police de Paris, avant de prendre la direction de l'Uclat en juin 2009. Cette structure, créée en 1984, assure la coordination de l'ensemble des services chargés de la lutte contre le terrorisme. Elle fait au quotidien l'analyse et la synthèse des informations relatives au terrorisme et travaille avec tous les services spécialisés. L'Uclat veille notamment au partage des informations opérationnelles, et sert d'interlocuteur aux services étrangers. En 2000, Loïc Garnier avait, sous un pseudonyme (Pierre Marcy), signé un livre intitulé Les Enfants perdus de l'islam, des cités au terrorisme (L'Harmattan), dans lequel il décrivait la dérive de certains jeunes des banlieues tentés par un islamisme radical et violent. C'est un proche du directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, lui-même ami de Nicolas Sarkozy. Isabelle Mandraud
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/les-hommes-du-president_1289088_3224.html
Une grande école pour espions
Surveillée de près par l'Elysée, la réorganisation des services de renseignement continue. Prochaine étape : la création d'une "académie".
Espions et agents de l'ombre disposeront bientôt d'une école patentée. Une personnalité, choisie pour ses compétences en dehors du monde du renseignement, va piloter le projet. Il s'agit d'une femme responsable de la formation dans une grande école publique. Son nom sera officiellement divulgué dans quelques jours. Nommée à la tête d'une mission de préfiguration, elle aura pour tâche de mettre sur pied la future "académie du renseignement". Ouverte aux cadres, cette école d'un nouveau genre sera réservée à six services spécialisés civils et militaires : la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) - qui dépend du ministère de l'intérieur -, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), la Direction du renseignement militaire (DRM) et la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD) - qui relèvent du ministère de la défense -, Tracfin - la cellule antiblanchiment de Bercy - et la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED). Cet ensemble, qui emploie plus de 11 200 personnes, désigne la communauté française du renseignement, une notion apparue au début des années 2000, inspirée de l'Intelligence Community, créée en 1981 par le président Ronald Reagan, et qui regroupe 16 services de renseignement aux Etats-Unis. En France, conformément au souhait de Nicolas Sarkozy, qui en a fait un domaine réservé - au détriment de Matignon -, le renseignement poursuit sa mue. En s'appuyant d'abord sur l'univers du ministère de l'intérieur qu'il connaît bien, le président de la République a fait du renseignement l'une de ses priorités. Un domaine qu'il veut d'abord centrer sur la sécurité intérieure. Le 24 décembre 2009, un décret paru au Journal officiel a signé l'acte de naissance du Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN), et de son complément spécialisé, le Conseil national du renseignement (CNR), tous deux présidés par le chef de l'Etat. La veille, au conseil des ministres du 23 décembre, Patrick Calvar, numéro deux de la DCRI, ancien de la DST, a été nommé au poste de directeur de renseignement de la DGSE. Il sera remplacé par Frédéric Veaux, actuel directeur adjoint de la police judiciaire et patron de la sous-direction des affaires criminelles. C'est la troisième fois dans l'histoire de la DGSE, après Jean-Pierre Pochon et Michel Lacarrière, qu'un policier intègre ses rangs à ce niveau. Ce nouveau transfert doit conforter le sentiment d'une communauté rassemblée et décloisonnée. Symboliquement, les principaux acteurs du renseignement s'étaient ainsi affichés côte à côte lors d'une table ronde programmée à l'ouverture, en octobre 2009, des sessions de formation de l'INHES et de l'IHEDN, deux instituts de formation continue de la sécurité et de la défense. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'académie du renseignement qui pourrait s'installer dans les murs de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), sur le site de l'Ecole militaire à Paris. L'idée figurait dans le Livre blanc de la sécurité et de la défense nationale publié le 17 juin 2008 (Odile Jacob). "Des normes communes de gestion des carrières seront définies, s'agissant du recrutement des personnels, de leur mobilité, mais aussi de la formation initiale et continue, était-il écrit dans le chapitre "Connaître et anticiper". Une académie du renseignement développera un programme de formation, véritable "tronc commun" défini entre les services, hébergé par eux et sanctionné par un brevet reconnu par tous." Le principe a été repris dans la loi de programmation militaire adoptée le 29 juillet pour les années 2009-2014. "La gestion sera harmonisée et davantage croisée entre services et entre ministères, notamment dans les domaines du recrutement et de la formation, indiquait le texte. Les parcours de carrière offriront plus de possibilités de mobilité entre les services. Des filières de formation commune seront créées ; la future académie du renseignement y contribuera." Plusieurs rapports ont parachevé l'édifice. Le premier, confié à Bernard Pêcheur, membre du Conseil d'Etat, était consacré aux ressources humaines dans le domaine du renseignement. Remis au mois de juillet, le document écartait la création d'un statut unique, qui aurait mêlé les agents, mais préconisait la mobilité inter-services. Il insistait, dans ses conclusions, sur la multiplication de passerelles afin de "favoriser l'esprit de communauté". Et sur la nécessité de recruter des contractuels de haut niveau. Ces derniers, tout autant concernés par l'académie, sont de plus en plus présents, qu'il s'agisse de linguistes ou d'ingénieurs en informatique. Et de plus en plus "mutualisés" entre les différentes directions du renseignement, autant par souci d'économie que par esprit de rationalité. Un second rapport, rendu à la même date par Florian Blazy, maître des requêtes au Conseil d'Etat, s'attachait, lui, à définir les contours d'une formation commune. Dans le tronc commun, seraient ainsi créés des "modules" de culture générale sur le renseignement, le panorama des menaces, les "règles" du secret, l'encadrement juridique, l'éthique, l'organisation du renseignement et son insertion dans le fonctionnement de l'Etat. La formation s'étendrait sur quelques semaines, à l'issue desquelles les agents des services spécialisés auraient appris à mieux se connaître. L'école du renseignement pourrait devenir un point de passage nécessaire pour évoluer dans sa carrière et obtenir un grade supérieur. Le projet se heurte cependant au problème financier, particulièrement sensible avec la révision générale des politiques publiques (RGPP). Le budget de l'académie sera d'ailleurs l'un des points essentiels que va devoir étudier la mission de préfiguration. Pour cette raison également, mais pas seulement, des choix ont été opérés. A ce stade en effet, la communauté du renseignement exclut les 1 300 policiers de la sous-direction de l'information générale (SDIG), rattachée à la sécurité publique. Créée en septembre 2008 lors de la réforme du renseignement policier, la SDIG est composée d'une bonne partie des effectifs des anciens renseignements généraux, brutalement séparés de leurs collègues qui ont opté pour la DCRI. Les gendarmes, qui tentent de développer leurs missions de renseignement, parfois non sans frictions avec les policiers, et qui possèdent un bureau de liaison antiterroriste, sont également écartés du dispositif. La mission de préfiguration de l'académie du renseignement ne devrait pas achever ses travaux avant six mois. Isabelle Mandraud
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/une-grande-ecole-pour-espions_1289087_3224.html
"Afghanistan : ""Les conditions du retrait ne sont pas réunies"""
Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois justifié le maintien de troupes françaises en Afghanistan, lors de ses vœux aux forces armées devant les soldats du 3e régiment d'infanterie de marine à Vannes.
"Les conditions du retrait ne sont pas réunies. Nous devons continuer à aider les Afghans jusqu'à ce qu'ils soient en mesure d'assumer seuls leur sécurité et leur développement, dans le cadre d'un pays souverain, stable et en paix, acteur du dialogue international", a déclaré M. Sarkozy, vendredi 8 janvier, lors de ses vœux aux forces armées devant les soldats du 3e régiment d'infanterie de marine (RIMa) à Vannes. "C'est pour cela que nos soldats sont présents en Surobi et en Kapisa, aux côtés de l'armée afghane. C'est pour cela que nous venons d'envoyer des gendarmes qui contribueront à la formation de la police afghane", a poursuivi le chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy n'a pas évoqué dans son allocution l'éventualité d'envoyer des renforts sur le théâtre afghan, ainsi que les Etats-Unis l'ont demandé. Il doit annoncer sa décision lors d'une conférence sur l'Afghanistan prévue à Londres le 28 janvier. La France compte quelque 3 700 militaires engagés dans le conflit afghan, dont 3 000 sur le territoire afghan même. "Je n'engage jamais nos forces à la légère, et tous les hommes que j'envoie au combat doivent pouvoir revenir", a aussi souligné le président, "comme chef des armées, j'assume personnellement la responsabilité de votre engagement". "LE RISQUE EXISTE TOUJOURS" "Mais le risque existe toujours, quels que soient nos efforts pour le diminuer. Nous devons l'admettre, sauf à renoncer pour toujours à défendre notre pays et les valeurs qui le fondent." "Ce risque, c'est le prix de l'héroïsme militaire. C'est lui qui fait de votre métier, le métier des armes, un engagement à nul autre pareil, c'est lui qui distingue les faits d'armes des faits divers", a estimé Nicolas Sarkozy en réaction à la polémique suscitée par les plaintes de huit familles de soldats français tués en août 2008 en Afghanistan, lors d'une embuscade tendue par les insurgés talibans dans la vallée d'Uzbin. Ces plaintes contre X..., déposées en novembre auprès du tribunal aux armées de Paris pour "mise en danger de la vie d'autrui", ont suscité le trouble au sein de l'institution militaire, de nombreux officiers estimant que les soldats tués au combat ne pouvaient être considérés comme de simples "victimes". Le président a également rendu hommage aux soldats français tués ou blessés en 2009 en Afghanistan en leur témoignant son "admiration pour leur courage, dans l'action comme dans la souffrance". Avant son allocution, il s'est entretenu avec les familles des cinq soldats du 3e RIMa tués sur le territoire afghan l'an dernier.
08/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/08/afghanistan-les-conditions-du-retrait-ne-sont-pas-reunies_1289282_823448.html
Philippe Séguin laisse une Cour des comptes en pleine mutation
Le successeur de Philippe Séguin à la tête de la Cour des comptes, qui sera nommé par décret du chef de l'Etat pris en conseil des ministres, héritera d'une institution en mutation.
Le successeur de Philippe Séguin à la tête de la Cour des comptes, qui sera nommé par décret du chef de l'Etat pris en conseil des ministres, héritera d'une institution en mutation. Depuis sa prise de fonction, en 2004, M. Séguin s'est efforcé de mettre à profit sa stature et son influence politique pour redonner de l'indépendance, du lustre et de la visibilité à une institution dont il a présidé, en 2007, les cérémonies du bicentenaire. C'est à cette occasion que Nicolas Sarkozy avait exhorté la Cour à devenir un "grand organisme d'audit et d'évaluation des politiques publiques" et demandé à son premier président - qui avait inspiré ce discours - de lui faire des propositions. Les missions de la Cour ont été redéfinies et précisées lors de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008. Selon le nouvel article 47-2 de la Constitution, "la Cour des comptes assiste le Parlement dans le contrôle de l'action du gouvernement. Elle assiste le Parlement et le gouvernement dans le contrôle de l'exécution des lois de finances et de l'application des lois de financement de la sécurité sociale ainsi que dans l'évaluation des politiques publiques. Par ses rapports publics, elle contribue à l'information des citoyens (...)". Une importante réforme des juridictions financières a également été engagée. Elle figure dans un projet de loi qui a été adopté en conseil des ministres le 28 octobre 2009. Son volet le plus controversé concerne les 22 chambres régionales des comptes, appelées à perdre leur autonomie et à se regrouper en quelques chambres interrégionales. Critiquant la "vision très centralisatrice" de cette réforme, les magistrats financiers des chambres régionales ont exprimé leur crainte de voir sacrifier le contrôle budgétaire des collectivités locales. Indépendance de l'institution Au demeurant, c'est le gouvernement qui a eu le plus à pâtir des travaux de la Cour. Après avoir affermi l'indépendance de l'institution qu'il présidait - en obtenant notamment qu'il soit mis fin, en 2006, au rattachement de son budget et de sa gestion au ministère des finances -, Philippe Séguin a entraîné la Cour des comptes dans l'élaboration et la publication de nombreux rapports. Une façon de répondre à la mission d'"information des citoyens" dévolue à la Cour ; mais aussi d'épingler la gestion des finances publiques lorsque nécessaire. Soit assez fréquemment, compte tenu du fait que les recommandations de la Cour ne sont pas toujours suivies d'effet. L'ampleur des déficits publics en général, et de la Sécurité sociale en particulier, a été à plusieurs reprises la cible des magistrats de la Rue Cambon. Ainsi en juin 2008, la Cour des comptes avait-elle coup sur coup adressé de sévères reproches au gouvernement sur sa capacité à réduire les déficits publics, puis refusé de certifier les recettes de la Sécurité sociale en s'interrogeant sur la "sincérité" des comptes qui lui étaient présentés. Certains rapports thématiques ont également fait grand bruit. En juillet 2009, quelques lignes du premier rapport de la Cour sur l'exécution du budget de la présidence de la République, en 2008, avaient mis le feu aux poudres : y étaient dénoncés les "errements" du budget de l'Elysée consacré aux sondages. Trois mois plus tard, le coût du sommet de l'Union pour la Méditerranée eut un fort retentissement. Le dernier rapport publié sous la présidence de Philippe Séguin, le 16 décembre 2009, ne fut pas le moindre. Consacré au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, il jugeait que cette politique impulsée par Nicolas Sarkozy était "dictée par des considérations budgétaires de court terme", et résultait d'une "démarche purement quantitative". Magistrat inamovible chargé d'adresser aux ministres et aux présidents des organismes contrôlés les observations de la juridiction, le premier président de la Cour des comptes incarne son indépendance. La mission convenait au tempérament de Philippe Séguin. A charge pour son successeur d'être à la hauteur. Jean-Baptiste de Montvalon
08/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/08/philippe-seguin-laisse-une-cour-des-comptes-en-pleine-mutation_1289108_823448.html
La Guyane cherche un cadre institutionnel adapté à son développement
La plupart des élus guyanais militent pour le oui à la consultation de dimanche.
"En 2030, la population guyanaise aura doublé, on sera 460 000, souligne Chantal Berthelot, député et première vice-présidente du conseil régional. Si on reste dans le cadre du département, on va droit au mur", prévient -elle. La Guyane, qui connaît un taux de chômage de 22 %, enregistre une croissance démographique record. Son système scolaire peine à former une population composée pour moitié de jeunes de moins de 25 ans. Les élus placent leurs espoirs dans une nouvelle collectivité autonome, fusion de la région et du département, ayant des compétences propres en matière d'éducation, de formation, d'énergie, d'environnement, de mines, ou encore de forêt. "Nous valoriserons les richesses porteuses de plus values", explique Antoine Karam, le président du conseil régional, "notamment celles du sous-sol et des fonds marins avec l'exploitation pétrolière qui devrait devenir réalité". Autre gisement possible : le spatial avec l'instauration "d'une fiscalité plus conséquente sur ce secteur", aujourd'hui exonéré de taxes sur les entrées de satellites et d'éléments de fusées. Les élus comptent aussi négocier avec l'Etat un programme exceptionnel d'investissement. Les partisans de l'article 74 ont créé l'association "Guyane 74", qui fédère huit formations de gauche, trente associations et les quatre parlementaires guyanais, tous de gauche : les députés Christiane Taubira et Chantal Berthelot, les sénateurs Georges Patient et Jean-Etienne Antoinette. "Improvisation" "Nou Poko Paré", "nous ne sommes pas encore prêts", martèlent en créole les opposants au projet. "C'est de l'improvisation, on dirait qu'il y a une aigreur contre l'Etat et donc on se précipite : c'est un saut dans l'inconnu", fustige Rodolphe Alexandre. Le maire de Cayenne est un dissident du Parti socialiste guyanais qui a ravi la préfécture au PSG lors des dernières municipales, en faisant alliance avec les Forces Démocratiques de Guyane (gauche) A trois mois des élections régionales, le quasi consensus exprimé le 2 septembre lors du vote du projet par le congrès de Guyane s'est lézardé, avec des lignes de fracture dans chaque famille politique : le groupe UMP à la région s'est scindé en deux, les Forces Démocratiques de Guyane (gauche) font campagne pour le non, tout comme le président de l'association des maires, Jean-Pierre Roumillac. "On veut exercer telle ou telle compétence, mais on ne dit pas avec quels moyens financiers ni quels objectifs. Nous avons 86 000 foyers fiscaux et à peine 50 % paient l'impôt sur le revenu. Donc qui paiera ?", s'interroge Gil Horth, conseiller régional et chef de file des Forces Démocratiques de Guyane.. Laurent Marot
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/la-guyane-cherche-un-cadre-institutionnel-adapte-a-son-developpement_1289112_3224.html
En Martinique, l'ambiance est morose et les élus sont divisés
Un an après la crise sociale qui, durant plus de quarante jours, a secoué les Antilles, les Martiniquais et les Guyanais ont du mal à se sentir concernés par la consultation.
A Rivière-Pilote, commune de 13 000 habitants, à 30 km de Fort-de-France, la campagne bat son plein, mais la mobilisation n'est pas massive. Un an après la crise sociale qui, durant plus de quarante jours, a secoué les Antilles, les Martiniquais et les Guyanais ont du mal à se sentir concernés par la consultation. Celle ci correspond à une revendication historique des élus locaux. Mais la campagne, sur fond de malaise social, a révélé la profonde division des "héritiers" d'Aimé Césaire, militant historique de l'autonomie, ancien député et maire de Fort-de-France, décédé le 20 avril 2008. A Rivière-Pilote, devant une assistance clairsemée, les dirigeants du Mouvement indépendantiste martiniquais (MIM) tentent de convaincre les indécis dans ce fief du "oui" dirigé, pendant trente ans, par le député Alfred Marie-Jeanne, président du conseil régional. A 73 ans, celui-ci livre une de ses dernières batailles en faveur de la reconnaissance et de l'autonomie de l'île. En cas d'échec, il a annoncé qu'il pourrait abandonner la vie politique. A la tête du Rassemblement démocratique martiniquais (RDM), une autre branche qui se revendique également d'Aimé Césaire, Claude Lise, 69 ans, président du conseil général, sénateur (apparenté PS), mène lui aussi une campagne active pour le oui. Il considère qu'en dépit des incertitudes, le moment est venu de préparer un avenir qui, de toute évidence, ne mènera pas à l'indépendance. "C'est le juste degré de responsabilité dont nous avons besoin", proclame-t-il. En revanche, Serge Letchimy, le leader du Parti progressiste martiniquais (PPM), rejette une autonomie aux contours trop incertains. "On vote d'abord et le contenu de la loi sera connu après", dénonce celui qui a succédé à Aimé Césaire à la mairie de Fort-de-France. Partisan d'une troisième voie, il votera non à l'autonomie le 10 janvier mais oui à l'Assemblée unique le 24 janvier. C'est elle qui sera chargée de négocier avec l'Etat les conditions d'une autonomie clarifiée. Au sein du PS, le débat a été rude. Partisans de l'autonomie, les élus ont été contraints de rejoindre le camp du non, à l'issue d'un vote interne des militants. Quant à la droite, elle est hostile à l'autonomie mais favorable à la fusion des Conseils général et régional. Débats animés Pour les Martiniquais, cette consultation n'est pas une priorité. La crise sociale de février et mars 2009 a creusé le fossé entre les élus et la population. Au grand marché couvert de Fort-de-France, la consultation du 10 janvier suscite des débats animés. "Nous voulons plus de pouvoir d'achat et surtout du travail. La consultation, c'est pour les politiciens", explique Ginette, une marchande d'une soixantaine d'années. Nombre de Martiniquais considèrent que les élus ne sont plus en phase avec leurs attentes. Faute de connaître les contours de la nouvelle organisation, la population a le sentiment d'un manque de clarté. Et s'inquiète de la pérennité des aides et subventions de l'Etat comme des prestations sociales. Soixante ans après la départementalisation, le traitement d'égalité avec la métropole est loin d'être une réalité. Le coût de la vie reste très élevé. Principale production de l'île, la banane est en sursis avec les accords de l'Organisation mondiale du commerce. En 2008, la Martinique comptait 40 000 chômeurs pour 397 732 habitants, soit près de 25 % de la population active, essentiellement parmi les jeunes. Hervé Brival
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/en-martinique-l-ambiance-est-morose-et-les-elus-sont-divises_1289110_3224.html
Autonomie accrue : Martinique et Guyane consultées
Un référendum sur le renforcement des compétences et des responsabilités locales est organisé dimanche.
Les départements et territoires d'outre-mer ont-ils pris le parti de s'affranchir de la tutelle de l'Etat et de la République ? Dimanche 10 janvier, un référendum est organisé en Martinique et en Guyane. La consultation résulte d'une demande exprimée par les élus locaux pour une autonomie accrue, de compétences et de responsabilités renforcées. Si le oui l'emporte, la voie sera ouverte pour une autonomie élargie, selon l'article 74 de la Constitution, dans le cadre d'une assemblée unique. Si c'est le non qui gagne, un second référendum portant uniquement sur la fusion du conseil régional et du conseil général, sera organisé le 24 janvier. En acceptant cette consultation, dont il s'est tenu à l'écart, Nicolas Sarkozy, en a fixé le cadre et les limites. Loi organique Tel qu'il est défini par l'article 74 de la Constitution, ce nouveau statut "qui tient compte des intérêts propres de chaque collectivité au sein de la République" ne saurait, en aucun cas, préfigurer une hypothétique accession à l'indépendance. Le chef de l'Etat a d'ailleurs réitéré son opposition à tout processus de séparation et de désengagement de l'Etat à l'égard de ses anciennes possessions et colonies d'outre-mer. Si le principe en était accepté par une majorité de Martiniquais et de Guyanais, le processus d'autonomie serait loin d'être défini. Deux à trois ans de négociations entre le gouvernement et les pouvoirs locaux seront nécessaires avant l'adoption par le Parlement d'une loi organique fixant les nouvelles règles d'organisation des pouvoirs et de l'administration. Les congrès respectifs de Guyane et de Martinique, qui réunissent les élus actuels des conseils régionaux et généraux, en ont déjà posé les fondements. Ils ont esquissé les contours du partage des pouvoirs entre le futur exécutif et l'assemblée délibérante, fixé sa composition et le mode de scrutin. Ils ont aussi commencé à envisager la nature ainsi que les modalités des compétences transférées. Si le nouveau statut permet aux collectivités concernées d'édicter des normes et des règlements, voire de déroger à la loi, il maintient en revanche les principes régaliens et l'autorité de l'Etat en matière diplomatique, de justice, d'ordre public, de défense ainsi que de la monnaie. Ce processus a été adopté essentiellement en Polynésie, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. En cas de rejet du statut d'autonomie le 10 janvier, la seconde consultation du 24 janvier portera sur la fusion, dans une assemblée unique, des conseils régionaux et généraux, dans le cadre actuel des collectivités défini par l'article 73 de la Constitution qui prévoit des "adaptations tenant aux caractéristiques et contraintes particulières des collectivités". Une loi simple devrait ensuite entériner cette décision qui anticipe la réforme des collectivités territoriales d'ici à 2014. Lors d'une précédente consultation en 2003, cette fusion avait été rejetée à 50,48 % en Martinique et 72,8 % en Guadeloupe, dont les élus ont préféré différer de dix-huit mois toute consultation statutaire. Quelle qu'en soit l'issue, ces scrutins ne modifient en rien le calendrier de renouvellement des assemblées régionales et départementales de 2010 et 2011. Si le non l'emportait lors des deux consultations, la Guyane et la Martinique resteront des départements d'outre-mer à part entière. C'est d'ailleurs le choix adopté par les élus de La Réunion. Michel Delberghe
08/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/08/autonomie-accrue-martinique-et-guyane-consultees_1289109_823448.html
Ski : troisième succès consécutif pour Lindsey Vonn en descente
L'Américaine a remporté, vendredi, la descente d'Haus im Ennstal, comptant pour la Coupe du monde de ski alpin.
Lindsey Vonn a remporté, vendredi 8 janvier, la descente d'Haus im Ennstal, comptant pour la Coupe du monde féminine de ski alpin. La championne du monde de la spécialité et double tenante du globe de cristal réussit un début de saison parfait, avec trois victoires en autant d'épreuves de vitesse. Vendredi, avec un chronomètre de 1 min 38 s 84 , l'Américaine a devancé de 35 centièmes la Suédoise Anja Paerson et de 39 centièmes l'Allemande Maria Riesch. La première Française, Marion Rolland, est 5e, juste devant sa compatriote Marie Marchand-Arvier. Pour les deux skieuses tricolores, il s'agit là de leur meilleure performance cette saison. Vonn prend la tête du classement général et a l'occasion de creuser encore un peu plus l'écart, avec une deuxième descente samedi et un super-G dimanche prévus dans la station autrichienne. En effet, la course de ce jour a été ajoutée au calendrier en remplacement de la descente de Val-d'Isère, qui avait dû être annulée en décembre.
08/01/2010
sport
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"Jean Daniel : ""Une exigence de lucidité poussée à l'extrême"""
Le fondateur du "Nouvel Observateur", éditorialiste et écrivain parle d'Albert Camus dans son dernier livre. L'amitié que les deux hommes partageaient n'a pas résisté à leurs divergences sur l'indépendance de l'Algérie.
Cinquante ans après sa mort, qu'aimeriez-vous transmettre d'Albert Camus aux jeunes ? Ce qu'il préconisait lui-même. Une exigence de lucidité poussée à l'extrême qui ne compromette en rien l'amour de la vie. Entre le soleil et la mort, il y a ce qu'il appelait "la force de vie". Cela dit, les jeunes n'ont besoin de personne pour être fidèles à Camus car ils n'ont jamais cessé de l'être. L'Etranger n'a jamais été autant lu que pendant la période honteuse où la majorité des intellectuels français était partagée entre la condescendance et le mépris. La réparation qu'a constituée, d'abord, le prix Nobel, puis, aujourd'hui, l'idée - même absurde - d'un transfert de ses cendres au Panthéon constitue un phénomène énorme, à vrai dire époustouflant. Et "La Chute" ? C'est un livre terrible que j'admire. Sartre ne s'y est pas trompé. Personne n'en sort indemne. Ni le héros ni l'auteur en tout cas. Cet avocat, qui confesse en se moquant de lui-même qu'il n'a pas tout fait pour sauver une femme qui se noyait, tout en se disant que, de toute façon, il n'aurait pas pu le faire mais que tout de même il n'y a pas songé, transforme son repentir en réquisitoire. Ce "juge pénitent" est supposé dénoncer l'imposture des intellectuels parisiens, mais on ne comprend rien à La Chute si l'on ne voit pas que l'auteur s'implique, s'investit, se roule en lui-même, comme dirait Montaigne. L'imposture est partout y compris en lui-même, c'est celle de la condition humaine. N'oubliez pas que Camus à écrit ce livre après que sa femme a tenté de se suicider. Dans votre nouveau livre, "Les Miens" (Grasset, 352 p., 20 euros), vous insistez sur la maladie... C'est très important. Car c'est la "force de vie". Camus apprivoise une tuberculose tenace dont, toute sa vie, il se sentira convalescent. Je l'ai d'autant mieux compris que c'était mon cas. Depuis ma blessure à Bizerte, en 1961, mais aussi après d'autres maladies. Camus est né solaire, enivré par une mystique à la fois païenne et panthéiste, mais l'agression de la maladie, de la tuberculose qui ne le lâche pas, déclenche un combat qui l'épuise. Il est sans cesse entre le soleil et la mort. Vous avez eu ce compagnonnage avec Camus, mais n'est-ce pas plutôt Gide qui vous a formé ? Au départ, bien sûr. Ma soeur aînée, qui avait vingt-cinq ans de plus que moi - nous étions onze enfants -, était l'intellectuelle de la famille. Le seul numéro de La NRF qui arrivait à Blida était pour elle. Elle avait beaucoup de livres. Un jour, je devais avoir 14 ans, j'ai pris le journal de Gide et j'ai lu cette phrase : "Et s'il me fallait donner ma vie pour assurer la réussite de cette merveilleuse entreprise, celle de l'Union soviétique, je la donnerais à l'instant." Je n'étais pas politisé, je savais à peine où était l'Union soviétique, mais je me suis pris d'intérêt pour le pays qui méritait que l'on dise cela. Je m'en suis vite détourné car j'ai également suivi Gide dans son rejet. Gide était devenu ma référence. Et la découverte des Nourritures terrestres, dont une partie se passe dans ma ville, à Blida, a été très formatrice. C'est, de plus, dans son Voyage au Congo que j'ai puisé mes premiers élans anticolonialistes. Cela dit, je fais partie d'une génération où l'on refusait de choisir entre la littérature et la philosophie, l'engagement politique et le journalisme. Nous avions des héros qui avaient accompli ce triple destin, Hemingway, Dos Passos, Malraux. Toute ma vie, j'ai essayé d'être présent dans ces trois domaines. Lorsque j'ai reçu le prix du Prince des Asturies, il m'a semblé que cette fidélité était reconnue. Mais pourquoi, formé par Gide, avez-vous tellement admiré Camus ? D'abord, ce n'est pas du tout incompatible, au contraire, même si le Corydon, de Gide, est loin du donjuanisme de Camus. Ensuite, les rapports ne sont pas de même nature. Je n'ai jamais eu l'occasion de fréquenter Gide. Tandis qu'avec Camus nous avions des passions plus frivoles, par exemple, nous adorions danser. Et n'oubliez surtout pas l'Algérie, qui a été notre passion et notre maladie commune. Quand je suis venu étudier à Paris, il y avait, aux yeux des jeunes, plusieurs grandes figures, dont Malraux, Sartre et Camus. Camus m'apparut comme quelqu'un de chez moi. Ce séducteur m'a aussitôt ensorcelé. Je retrouvais en lui le sens du sacré et l'incapacité de croire, le sens du tragique et le goût éperdu du bonheur. Il a parrainé une revue que je dirigeais, Caliban, et y a publié trois articles qui ont compté, dont un sur Louis Guilloux et la difficulté d'écrire sur la misère autrement "qu'en connaissance de cause". C'est lui qui m'a poussé à écrire mon premier livre, L'Erreur, qu'il a publié dans la collection que lui-même dirigeait chez Gallimard. J'ai eu avec lui de nombreux moments d'intimité, chaleureux, marquants, entre 1947 et 1957. J'ai contribué à l'intérêt qu'il a pris pour Mendès France, qui a été la seule personnalité politique pour laquelle il a eu de l'indulgence et même de l'admiration. Le fait d'avoir à me séparer de Camus sur la façon de conclure la tragédie algérienne a été pour moi une épreuve douloureuse. Après le prix Nobel, il m'a adressé un petit mot qui se terminait par cette phrase : "L'important est que nous soyons vous et moi déchirés." Votre journal, "Le Nouvel Observateur", a beaucoup défendu Sartre. Comment vous situez-vous dans l'affrontement Sartre-Camus ? L'affrontement, c'était à l'époque de L'Homme révolté, j'étais camusien jusqu'au bout des ongles et le suis toujours resté. Je tente, aujourd'hui, d'appliquer contre les religions transformées en idéologie les thèses qu'il préconisait contre les idéologies transformées en religion. A la mort de Camus, j'étais en reportage en Tunisie, et en ouvrant France-Observateur, l'ancêtre du Nouvel Observateur, je découvre le magnifique hommage funèbre de Sartre. On peut le relire maintenant. Non seulement il est bouleversant, mais il contient une mise en question d'une partie de la philosophie sartrienne : l'ouverture humaniste y est explosive. Si bien que lorsque j'ai fondé la rédaction du Nouvel Observateur, je suis allé voir Sartre et il m'a dit : "Cela me réjouit de reprendre avec vous le dialogue sur la violence que j'ai interrompu avec Camus." J'avais toujours gardé le contact avec Sartre et il est intervenu régulièrement dans le journal, par des articles, des entretiens. N'avez-vous pas regretté d'avoir publié le dernier entretien de Sartre, avec Benny Lévy, qui a suscité une polémique ? Je ne le regrette pas. Sartre était vieilli, diminué et sans doute sous l'influence de Benny Lévy. J'ai reçu un premier texte qui était simplement désastreux dans la forme et dans le fond. Nous n'avons pas hésité à le refuser. Mais, un mois après, est arrivé un autre texte, toujours déconcertant, mais cohérent, c'était du Sartre, selon les sartriens de la rédaction. Simone de Beauvoir m'a appelé, furieuse, m'ordonnant de ne pas publier cet entretien. Puis j'ai reçu un coup de téléphone de Sartre pour m'expliquer avec une voix justement timbrée et intelligemment articulée qu'il était très conscient de ce qu'il faisait et que l'évolution de sa pensée - même dans son aspect judéo-centriste - ne pouvait en rien constituer une trahison de lui-même. Et nous avons publié l'entretien. Quand vous parlez, vous, aujourd'hui, de la vieillesse, vous dites qu'elle est à la fois une exclusion et une liberté... L'exclusion, c'est le moment où l'on parle devant vous, comme si vous n'étiez pas là, de sujets que vous connaissez mieux que ceux qui en parlent. Comme si, soudain, vous étiez devenu autre et que vous aviez perdu une sorte de légitimité. On peut se résigner à cette révoltante exclusion et dire qu'on choisit un autre univers pour trouver la sérénité de la retraite ou simplement du retrait. Je refuse cette attitude. Le fait de vivre intensément chaque moment comme s'il devait être le dernier me procure une liberté qui m'enchante. Le souvenir de François Mauriac rend ces moments savoureux. Propos recueillis par Josyane Savigneau
08/01/2010
idees
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Pour une fiscalité verte progressive sur les énergies non renouvelables, par Yves Martin et Michel Rocard
La taxation du CO2 doit s'étendre à toute l'Europe et remplacer les quotas.
Nous ne maîtriserons le changement de climat à un niveau acceptable que si nous divisons par quatre nos émissions de CO 2 d'ici à 2050. Il nous faut pour cela changer nos comportements, changer les techniques utilisées pour la fabrication de nos équipements et la construction de nos bâtiments, changer l'organisation de nos villes, l'aménagement du territoire et l'organisation du travail. Cette évolution sera ruineuse si elle n'est pas optimisée ; elle ne pourra être optimisée que si l'on renchérit le prix de l'énergie fossile émettrice de CO 2 par une taxe applicable à tous et montrant à chacun le coût du carbone. Notre économie est fondée sur les deux facteurs de production majeurs que sont la main-d'oeuvre et l'énergie fossile : - la main-d'oeuvre est renouvelable, nous n'avons pas besoin de l'importer et sa non-utilisation est génératrice des coûts budgétaires et sociaux du chômage ; - l'énergie fossile n'est pas renouvelable, nous l'importons en totalité et son utilisation est génératrice des coûts du changement de climat. Or 38 % de nos prélèvements obligatoires sont aujourd'hui assis sur les salaires (cotisations sociales, taxe sur les salaires, taxe d'apprentissage, 1 % logement, versement transport...) et 3,5 % seulement sur l'énergie fossile (taxe sur les carburants). A prélèvements obligatoires constants, une taxe sur l'énergie non renouvelable, dont la croissance serait progressive et programmée, permettrait de réduire les prélèvements assis sur les salaires, remplaçant une incitation à économiser la main-d'oeuvre (et donc à créer du chômage) par une incitation à économiser l'énergie non renouvelable avec un résultat doublement bénéfique : maîtriser le climat, au moindre coût, et réduire nos coûteuses importations d'énergie fossile. Ce redéploiement fiscal de grande ampleur, globalement favorable à notre économie, permettrait en outre, s'il est bien conçu, une redistribution des revenus en faveur des ménages modestes sur qui la lutte contre le changement de climat pèserait sans cela d'un poids relatif plus élevé. Ceux qui nous gouvernent ont fait un choix très pertinent en décidant d'instaurer en France une taxation du CO 2 , comme l'ont déjà fait quelques pays européens. Mais cette décision ne pourra être vraiment efficace que si elle devient européenne et se substitue au dispositif actuel des quotas ; avec son marché du CO 2 , siège inévitable d'une grave spéculation, ce dispositif est incapable de donner un signal prix stable et prévisible pour guider l'évolution de nos technologies. Par ailleurs, les entreprises aujourd'hui soumises au dispositif des quotas seraient plus facilement protégées de la concurrence déloyale des pays tiers qui ne feraient pas le même effort que l'Europe : en effet, pour ces entreprises, le coût de la taxe serait beaucoup plus facile à déterminer, que celui d'un marché spéculatif du CO 2 , et pourrait servir de base à un droit de douane compensateur. La coexistence dans notre pays du dispositif des quotas appliqué aux activités industrielles à forte émission de CO 2 (un millier d'installations représentant 30 % des émissions de notre pays) et de la taxe pose de graves problèmes : le taux de la taxe a été fixé à 17 euros par tonne de CO 2 , par référence au cours du marché du CO 2 , mais si les ménages et les entreprises peu émettrices paieront ces 17 euros sur leurs émissions, les assujettis au dispositif des quotas ne paieront ce prix que sur la fraction de leurs émissions qui excédent le quota qui leur aura été attribué, gratuitement, soit le plus souvent moins de 10 %. Ce problème est important pour le matériau bois, dont un usage croissant dans nos bâtiments doit contribuer fortement à la réduction de nos émissions de CO 2 : la forêt française récupère, chaque année, dans le bois qu'elle produit, le tiers du carbone fossile que nous brûlons. Mais cette forêt est aujourd'hui fortement sous-exploitée : nous ne récoltons, chaque année, que la moitié du bois produit par elle, ce qui la fragilise dangereusement face au changement de climat : une forêt trop dense est plus vulnérable aux sécheresses estivales et aux tempêtes. C'est dans les bâtiments que nous devons stocker le bois produit, non dans la forêt : il faut accroître l'usage du bois dans la construction en le substituant aux matériaux énergétiquement coûteux à produire et moins isolants que sont l'acier, l'aluminium, le ciment et les briques ; or la production de ces matériaux concurrents du bois, soumise au dispositif des quotas, paiera le CO 2 émis dix fois moins cher que la filière bois soumise à la taxe. En ne prenant pas de décision sur les modalités d'organisation de la lutte contre le changement de climat, Copenhague nous a offert une bonne occasion de remplacer le dispositif actuel des quotas et le marché du CO 2 par l'institution, dans tous les pays d'Europe, d'une taxe à un taux minimum progressivement croissant, librement compensée par la baisse éventuelle d'autres impôts. On doit regretter que le premier pas fait en France n'ait pas été situé dans la perspective d'un redéploiement fiscal, progressif, programmé et finalement de grande ampleur, abaissant tous les ans le taux des cotisations sociales, salariales et patronales, au rythme de la croissance de la taxe carbone. La CFDT avait pris, il y a plus de deux ans, l'excellente initiative de confier au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (Cired) un travail pour évaluer l'impact d'un tel redéploiement sur le budget des ménages et la compétitivité des entreprises. Ce redéploiement fiscal d'ampleur croissante, globalement favorable à notre économie, permettrait en outre une redistribution des revenus au bénéfice des ménages à revenu modeste. Pour la mise au point d'un dispositif de redéploiement fiscal aussi important, une amélioration de la coopération entre les services du ministère de l'économie et des finances et ceux du ministère de l'énergie et du développement durable est indispensable. Enfin, avant de céder aux demandes des professions qui se disent incapables de supporter cette taxe, il faut en situer l'ampleur par rapport aux fluctuations du prix du pétrole que nous avons tous subies : entre 1973 et 1981, l'augmentation du prix du pétrole a été huit fois plus élevée que les 17 euros par tonne de CO 2 , somme décidée pour 2010 (entre 1999 et 2008, elle le fut même dix fois plus). Il ne faut pas oublier non plus que la réduction de nos émissions ralentira la hausse inéluctable du prix du pétrole, liée à l'épuisement de la ressource, que nous subirons tous. Yves Martin est membre de la commission d'experts sur la contribution climat-énergie ; Michel Rocard est président de la commission d'experts sur la contribution climat-énergie, ancien premier ministre. Yves Martin et Michel Rocard
08/01/2010
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Dernier hommage, par Robert Solé
Que de compliments ! Que d'éloges ! Beaucoup de Français - et ne parlons pas des étrangers - ont brusquement découvert la place immense occupée par Philippe Séguin dans la politique nationale.
Que de compliments ! Que d'éloges ! Beaucoup de Français - et ne parlons pas des étrangers - ont brusquement découvert la place immense occupée par Philippe Séguin dans la politique nationale. Le "dernier hommage" qui lui est rendu semble être le premier. Le défunt premier président de la Cour des comptes aurait certainement aimé entendre de son vivant le quart, voire le dixième, de ces louanges. Même ses vrais amis ou ses admirateurs sincères (car beaucoup de faux-culs se sont manifestés aussi) ont peut-être trouvé ces dithyrambes excessifs. Les commentateurs ne sont pas en reste : un grand serviteur de l'Etat, un homme d'honneur, de courage, de convictions ; un patriote, un combattant ; un sage, une référence, une boussole ; l'étoffe d'un président, d'un Churchill, d'un Clemenceau ; la passion de la France, de la République, du football... Heureusement, on précise que cet homme tendre, doux, attentif, chaleureux, généreux, était aussi un tempérament volcanique, une figure ombrageuse, un personnage bougon et colérique, un violent, jeteur de cendriers et briseur de vitres, "un emmerdeur flamboyant"... Comment peut-on être tout cela à la fois ? Lui-même devait s'y perdre un peu. Robert Solé
08/01/2010
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Les haleurs de luge du Cachemire, par Frédéric Bobin
Gulmarg est la station de ski la plus militarisée du monde. Fusil-mitrailleur en bandoulière, les soldats indiens veillent au pied des pistes.
Un sapin au Cachemire, c'est bien naturel. Les forêts de conifères tapissent à l'infini ce flanc d'Himalaya surplombant l'extrême nord de l'Inde. Mais un petit sapin en plastique, paré de guirlandes et surmonté d'une étoile de berger, trônant dans un salon aux fauteuils de cuir, c'est déjà plus inhabituel dans cette région musulmane troublée. Qu'importe. Le sapin du Noël chrétien égaie l'hôtel de Gulmarg, fameuse station de ski du Cachemire indien, à 40 km à vol d'oiseau de la frontière avec le Pakistan. Ici, on souhaite vivre hors du temps. On feint d'ignorer l'adversité des alentours. On veut oublier que le Cachemire est la principale pomme de discorde entre l'Inde et le Pakistan, les deux puissances nucléaires d'Asie du Sud, qui s'affrontèrent à son sujet à trois reprises depuis leur indépendance, en 1947. Ce sont les vacances de fin d'année. Les touristes - Indiens et Occidentaux - affluent dans les chalets. Les skieurs fendent la poudreuse des sapinières pentues. Le téléphérique balance ses cabines au-dessus des massifs immaculés. On pourrait être dans les Alpes ou dans les Rocheuses. Vraiment ? L'illusion se dissipe rapidement. On ne tarde pas à butter sur les casemates. Gulmarg est la station de ski la plus militarisée du monde. Veste de treillis et bottes blanches, fusil-mitrailleur en bandoulière, les soldats indiens veillent au pied des pistes. Ils se réchauffent autour d'un brasero. Le lieu abrite deux bataillons et une école de guerre en "haute altitude". "Cela rassure les skieurs", disent les hôteliers. Mais le plus insolite à Gulmarg n'est pas là. Il est dans les luges. Ah, les luges de Gulmarg ! Allégorie du Cachemire ? Les planches sont chevauchées par des touristes indiens. Ils sont bien en chair, chaudement vêtus, armés de Caméscope et hurlent de plaisir à la moindre glissade. Mais ils ne marchent jamais. Assis en tailleur sur leur luge, ils sont tirés par des Cachemiris drapés dans leur pheran - tunique de laine en forme de poncho - qui les promènent d'un bout à l'autre de la station et les hisseront au faîte de la bosse. Sur des kilomètres de chemin verglacé, on croise des processions de luges ainsi appareillées. Le tireur et le tiré. L'indigène et le visiteur. Gulmarg ressemble soudain à une gigantesque aire de halage, pathétique spectacle qui trahit une partie de la réalité du Cachemire. "Pourquoi les Indiens marcheraient-ils alors qu'ils ont l'argent pour s'offrir un tireur ?", souffle un local. On voulait éviter la politique et se concentrer sur la poudreuse. Mais comment y échapper ? Farooq, le guide, armé de son sifflet pour effrayer les ours sauvages, qui hantent les sapinières, solide montagnard fleuri d'une barbe poivre et sel, se confie spontanément. Il fut jadis, lui aussi, un tireur, ou plutôt un porteur. Bien avant que le téléphérique ne soit installé - dans les années 1980 -, les skieurs étaient largués sur les cimes par hélicoptère ou, pour ceux qui ne pouvaient se l'offrir, s'y juchaient par trek. Farooq fut une sorte de sherpa local. La fréquentation du tourisme international ne l'a pas éloigné de ses convictions initiales. "Je suis pour l'indépendance du Cachemire, comme l'écrasante majorité des Cachemiris, car l'Inde nous occupe et pille nos ressources", dit-il. Pour autant, il ne voue aucune détestation particulière aux Indiens. "Il y a les bons et les mauvais", précise-t-il. Il apprécie les visiteurs de Bombay et du Gujerat, généreux et ouverts, mais se défie de ceux originaires de New Delhi ou de Calcutta, trop pingres et querelleurs à son goût. Farooq a sa typologie. Le soir, à l'heure de l'apéro, le salon de l'hôtel résonne d'une cacophonie digne de Babel. On y parle cachemiri, anglais, russe, allemand et bien sûr hindi. A côté du poêle à charbon, trois jeunes Indiens ont débouché une bouteille de vodka et trinquent en grignotant des bouchées de poulet tandoori. Ils s'appellent Kommu, Sourya et Kristyn et incarnent la flamboyante classe moyenne qui propulse l'Inde aux avant-postes de la scène mondiale. Ils sont informaticien, banquier et cadre commercial à Bombay et Hyderabad. Ils viennent de prendre les premières leçons de ski de leur vie et rigolent de leurs chutes, nez dans les glaçons. Tandis que tintent les verres de vodka - mâtinée de limonade tout de même -, on refait le monde et l'Inde. Sourya rappelle qu'il a échappé de peu au commando djihadiste qui a semé la terreur à Bombay en novembre 2008. Kommu, lui, est intarissable sur la grosse controverse qui enfièvre en ce moment le pays, à savoir la revendication de la microrégion du Telangana (aujourd'hui affiliée à l'Andhra Pradesh) de se constituer en Etat fédéré distinct. Il y est farouchement hostile. "On ne va pas commencer à satisfaire ces mouvements locaux, s'exclame-t-il, sinon l'Inde va éclater en mille morceaux." Dehors, le nombre de soldats autour de leur brasero rougeoyant a subitement enflé. Le chief minister (premier ministre) de l'Etat du Jammu-et-Cachemire vient d'arriver à Gulmarg pour quelques jours de détente. Il faut assurer sa sécurité. Le Cachemire, le gouvernement de New Delhi l'a juré, est indien et restera indien. L'Inde "n'éclatera pas en mille morceaux". Quoi qu'en pensent Farooq et les tireurs de luge, qui, à cet instant, ont rangé leurs planches dans l'entrepôt. En attendant une prochaine journée de halage au son des gloussements d'émoi des visiteurs du Sud. Courriel : bobin@lemonde.fr. Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) et Frédéric Bobin
08/01/2010
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Le président et le top-modèle, par Caroline Fourest
Le président aurait-il succombé au charme d'un top-modèle français... le "modèle social" ?
L'hommage appuyé qu'il lui a rendu lors de ses voeux pourrait le laisser penser : "Notre pays a été moins éprouvé que beaucoup d'autres. Nous le devons à notre modèle social qui a amorti le choc." En apparence, le ton tranche avec les discours d'un Nicolas Sarkozy élu pour en finir avec les lourdeurs du modèle social et "libérer les énergies" sur le modèle américain. La crise financière, l'idylle ratée avec le président Obama, le goût d'incarner la "touche française" dans le jeu international, ont su transformer un homme en président de son pays et donc de son modèle. Reste à savoir ce que le président entend par "modèle français" ? S'il s'agit de l'Etat-providence, de renforcer l'enseignement public, les services publics, de taxer pour redistribuer, du droit à la retraite, de la sécurité de l'emploi, de laïcité et de séparation des pouvoirs, la ligne du gouvernement ne donne pas toujours le sentiment de vouloir conserver le modèle en question. Dès lors, cette revendication du terme "modèle français" annonce-t-elle un changement de ligne ou un simple changement de ton ? Le discours adressé aux "forces économiques" prononcé à Cholet répond à cette question : il s'agit d'un simple changement de ton et même de définition. Dans l'esprit du président, le "modèle français" désigne l'interventionnisme et le volontarisme d'Etat bien plus que l'Etat-providence. La crise n'a pas changé son objectif initial, bien au contraire. Face aux déficits publics qui se creusent, il paraît justifié de baisser les dépenses courantes de l'Etat pour permettre d'alléger la fiscalité des entreprises. Ce que le président appelle : "rompre avec les fléaux de l'économie française pour mieux faire partie du peloton de tête des nations qui compteront au XXIe siècle", "dans un monde ouvert où les économies et les sociétés sont en compétition". Il n'y voit aucun choix idéologique, mais un simple bon sens économique. Bien entendu, l'enjeu politique existe : il tient à l'ampleur du réglage. Très concrètement : jusqu'où la France est-elle prête à sacrifier ses acquis pour espérer redevenir compétitive dans un marché où la principale concurrence vient d'Inde et de Chine ? C'est là que le "bon sens" devient, comme souvent, une notion éminemment idéologique. Là que des voix s'élèvent des milieux économiques pour nous expliquer combien l'avenir appartient à la Chine (ce qui est vrai), et combien il faudrait songer à renoncer à nos acquis sociaux pour apprendre à travailler jour et nuit comme les Chinois si nous voulons nous en sortir. Ce qui est bien plus discutable. Ces partisans de l'ultracompétitivité feignent d'oublier le prix à payer pour cette insolente croissance. Le modèle chinois n'est possible que dans un pays autoritaire, où la planification est mise au service de l'exploitation capitaliste, où le fait de travailler prime sur le droit au sommeil, sur le droit au temps libre et à une vie privée. Ce "dumping social" asiatique ne durera pas éternellement. Les inégalités effarantes poussent toujours à la révolte. De plus en plus d'ouvriers chinois et indiens se syndiquent et revendiquent. Un jour, ils obtiendront des droits sociaux permettant de faire diminuer la pression de cette concurrence. Dans le même temps, des usines reviennent du mirage asiatique, et relocalisent pour retrouver une main-d'oeuvre de meilleure qualité, malgré l'imposition. Un jour donc, l'échange finira par s'équilibrer. En attendant, la question du réglage du modèle français demeure. Faut-il supprimer ce qui compose notre savoir-faire pour tenter d'être compétitifs, ou préserver nos acquis pour essayer d'incarner une alternative ? De la réponse à cette question dépend l'avenir de la seule qualité que l'on nous envie en Amérique et en Asie : notre qualité de vie. Caroline Fourest
08/01/2010
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Jeu dangereux, par Véronique Maurus
Parmi les 65 questions de ce quiz pour amateurs éclairés, s'étaient malencontreusement glissées trois erreurs que les lecteurs ont décelées sans coup férir - mais non sans reproches !
"Les lecteurs sont formidables !", soupirait, hier, le responsable du jeu-concours organisé pour le 65e anniversaire du journal, le 19 décembre. Formidables en effet, puisque, parmi les 65 questions de ce quiz pour amateurs éclairés, s'étaient malencontreusement glissées trois erreurs qu'ils ont décelées sans coup férir - mais non sans reproches ! Notons d'emblée que, à cet accident près, ledit quiz - comme l'ensemble du supplément spécial - a été bien accueilli. "Instructif et amusant, le dossier anniversaire que vous venez de publier offre une riche matière à discussion", écrit Catherine Rodriguez (Ramonville-Saint-Agne, Haute-Garonne), avant de narrer sa propre découverte du Monde, à l'instar des seize personnalités - et des nombreux lecteurs - qui témoignaient dans ce supplément. "Merci Le Monde, renchérit Francis Geng (Bellême, Orne). C'est à 18 ans que je l'ai découvert. Depuis, pas un jour sans lui... même si, parfois, je n'étais pas d'accord avec certaines de ses options mais ses analyses, sa rigueur, ses débats, ses tribunes, sa diversité - diplomatie, économie, finances, social, sciences, religion, culture, littérature... -, me l'ont fait adopter comme indispensable à mon quotidien." Ce choeur de louanges n'est, bien entendu, pas unanime. Çà et là, des courriers détonnent. Certains s'interrogent sur la réalité de l'"indépendance", réaffirmée à cette occasion. "Si Le Monde n'est pas un journal de parti, ni contrôlé par un groupe financier dominant (comme d'autres quotidiens), son indépendance par rapport aux défenseurs du système économique est relative, note André Ducos (Marmande, Lot-et-Garonne). En effet, nombre de ses journalistes et surtout le groupe directorial soutiennent globalement ce système et la pensée unique (...). De plus, si les informations fournies sont vastes, il est un domaine très important où le journal ne s'implique pas trop, c'est le domaine syndical et revendicatif : les conflits dans les entreprises, leurs évolutions, leurs conclusions - qu'il ignore souvent, au contraire de l'activité des milieux d'affaires et financiers, de la Bourse, des fusions, etc." D'autres critiquent le panel de célébrités qui s'exprimaient dans ce "spécial anniversaire". "Deux femmes parmi... seize personnalités appelées à expliquer ce que le quotidien représente pour elles (sic). On n'attendait pas la parité, mais quand même ! Merci M. Le Monde !", ironise Janine Yvon (Montpellier). En fait, selon le responsable de ces pages, plusieurs femmes sollicitées ont décliné l'invitation. D'autres, enfin, s'agacent de l'"autoglorification habituelle" du quotidien. "La confrontation du premier numéro (reproduit en fac-similé dans le supplément) et des numéros récents est tout à l'avantage du premier, remarque Pierre Merlin (Paris), en énumérant ses griefs (orthographe, erreurs statistiques...) Le numéro coûtait alors 3 anciens francs. Il coûte aujourd'hui 1,40 euro. On serait prêt à dépenser 3 euros pour recevoir un Monde de la qualité du premier numéro." Mais revenons là où le bât blesse : à l'infortuné jeu-concours. Conçu par un historien, Patrick Eveno, relu par un journaliste, Pascal Galinier, et géré par un responsable du service commercial, Hervé Lavergne, ce quiz a reçu plus de 2 000 réponses. Ce nombre témoigne d'un vif intérêt, s'agissant d'un questionnaire aussi dense, épineux, publié de surcroît dans une seule édition - au contraire des jeux d'été qui s'étalent sur plusieurs jours. Il était destiné en priorité aux lecteurs les plus fidèles. Ce sont aussi - doit-on le regretter ? - les plus pointilleux. Parmi eux, nombre de spécialistes très pointus, lesquels "ne laissent rien passer", selon la formule consacrée, maintes fois répétée dans le journal - avec admiration ou/et dépit, selon les cas... Ces vigilants n'ont évidemment pas "laissé passer" les erreurs qui entachaient les questions nos 12, 49 et 57. La question n° 12 attribuait faussement la Palme d'or du Festival de Cannes en 1959 au film de François Truffaut Les 400 Coups, qui n'a obtenu que le Prix de la mise en scène (la Palme revenant à Orfeo Negro, de Marcel Camus). La question n° 49 datait du 5 janvier 1979 la publication d'un portrait de Margaret Thatcher, qui venait d'être nommée premier ministre. Or cet article est paru le 5 mai de la même année. La question n° 57 datait du 26 juin 1974 la visite de Jean-Paul Sartre et Raymond Aron à Valéry Giscard d'Estaing, pour plaider la cause des boat people. Là, c'était bien le 26 juin, mais... en 1979, hélas ! Ces trois questions seront neutralisées pour le concours. Reste le cas de la neuvième "colle". L'énoncé n'était pas erroné (ouf !), mais maladroit, donc contesté. Illustrée par un dessin de Tim, elle portait sur la conférence de presse du général de Gaulle, en 1967, au cours de laquelle, dit le texte, "le chef de l'Etat stigmatise le peuple juif, "sûr de lui et dominateur"". "Il est normal qu'un anniversaire appelle une autocélébration. Elle a des motifs fondés. Il serait mieux que ces motifs ne soient pas contredits par les lignes publiées ce jour-là, remarque Claude Boitard (La Ferté-Macé, Orne). Or je trouve cette contradiction dans le libellé de la question n° 9. La phrase célèbre du général de Gaulle est, comme souvent, amputée. Le président avait dit "un peuple d'élite, sûr de lui..."" "L'emploi du mot "stigmatise", fait de De Gaulle un antisémite, ajoute Alain Leroux (Paris), impression renforcée par le dessin de Tim. Cette interprétation néglige le contexte et ne correspond pas à la pensée profonde de Charles de Gaulle, qui exprimait sa déception au sujet de l'évolution de la politique d'Israël, après l'occupation des territoires palestiniens." "Il est évident qu'on ne peut réduire l'analyse du général de Gaulle à cette phrase, répond Patrick Eveno. Mais la relecture a posteriori ne doit pas cacher l'émotion suscitée à l'époque. En effet, la réaction de Tim traduit le malaise ressenti par une partie des intellectuels, des hommes politiques et des journalistes de 1967." Pour le reste, Patrick Eveno (comme l'ensemble du journal), se "couvre la tête de cendres" et plaide l'étourderie auprès de nos lecteurs, si perspicaces. Espérons que ce mea culpa collectif leur mettra un peu de baume au coeur - et suppléera les rectificatifs réclamés, à juste droit. Courriel : mediateur@lemonde.fr. Véronique Maurus (Médiatrice)
08/01/2010
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https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/08/jeu-dangereux-par-veronique-maurus_1289158_3232.html
Un président très emprunté, par Frédéric Lemaître
Que notre président bling-bling se transforme en abbé Pierre n'est pas pour nous déplaire.
En ces temps de doute, le président de la République montre un optimisme qui fait plaisir à voir. Quelle pêche ! C'en est presque inquiétant. Comment ne pas se remémorer ses confidences faites à l'Elysée en mars 2009 devant les élus UMP réunis sous les ors de la République ? Le chef de l'Etat s'était alors élégamment vanté d'"avoir la banane". "La période est formidable pour nous parce qu'on se tourne vers nous, les politiques", expliquait-il alors. Horrible soupçon : sa bonne humeur actuelle signifierait-elle que la crise est à venir ? A l'époque, le président avait enchaîné sur une autre confidence. Presque un aveu. "La crise nous rend notre liberté car on ne réfléchissait plus avant. La crise nous donne la possibilité de renouveler notre corpus idéologique." Ce n'étaient pas paroles en l'air. De fait, en matière de corpus idéologique, le chef de l'Etat tient ses promesses. Prenez le grand emprunt, qui passera en conseil des ministres le 20 janvier : 35 milliards d'euros pour "préparer l'avenir". Promis juré, ce grand emprunt "ne financera aucune des dépenses courantes, il financera des investissements qui ont vocation à enrichir le pays", avait expliqué le président, s'exprimant devant les journalistes mais cherchant manifestement à convaincre les marchés, notamment les maudites agences de notation. Mais notre président qui juge le PIB dépassé a une notion extensive des fameux investissements. L'accélération du plan Campus destiné à donner aux étudiants "des locaux modernes, des logements universitaires, des bibliothèques complètement accessibles" ? On connaît plus d'un comptable public qui aurait bêtement eu tendance à classer ces travaux de BTP dans les dépenses courantes. Erreur : en comptabilité sarkozyste, c'est un "investissement qui prépare l'avenir". Idem pour le "développement durable". Cinq milliards d'euros y seront consacrés. Vous pensez centrale nucléaire de quatrième génération ? Energies alternatives ? Franchement, vous manquez d'imagination. A côté des 3,5 milliards consacrés à ces deux secteurs, 1,5 milliard le seront - on l'a su presque incidemment le 6 janvier - à l'amélioration de l'habitat, dont 500 millions à la lutte contre la précarité énergétique. En clair, un coup de pouce pour aider les plus pauvres à se chauffer ou à se payer des doubles vitrages. Que notre président bling-bling se transforme en abbé Pierre n'est pas pour nous déplaire, mais il faudra davantage que le talent de Martin Hirsch pour faire passer ces rustines sociales pour le fer de lance de la modernité. Comme Nicolas Sarkozy, malgré Carla, devrait se représenter en 2012, en raison, a-t-il expliqué "d'autres éléments, qui s'appellent la France et l'intérêt de la collectivité", on se demande pourquoi Eric Woerth, - homme à la double casquette - n'a pas préconisé de classer les dépenses de l'Elysée "en investissements qui préparent l'avenir". Ce ne serait là que justice, non ? Courriel : lemaitre@lemonde.fr. Frédéric Lemaître (Pékin, correspondant) et Frédéric Lemaître
08/01/2010
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https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/08/un-president-tres-emprunte-par-frederic-lemaitre_1289085_3232.html
2010, année du Tigre : qui gouvernera le monde ?
Les Chinois n'ont aucune envie de cogérer le monde avec les Américains, encore moins de le changer, pour le moment. Etre une superpuissance crée des attentes et des devoirs. Une superpuissance doit avoir une monnaie convertible. Une superpuissance peut être appelée à devenir le gendarme du monde. Ses priorités sont ailleurs.
Dans une bonne partie du monde, l'année nouvelle ne commencera que le 14 février, jour du Nouvel An chinois. Adieu l'année du Bœuf, bonjour l'année du Tigre. Selon l'astrologie chinoise, ce tigre-là sera de métal. De quoi glacer les sangs de ceux qui, en Occident, au Japon ou en Inde, assistent à l'inexorable ascension du géant chinois sur la scène mondiale, en se demandant où cela va s'arrêter. Pékin vient d'ailleurs d'annoncer une prévision de croissance de son PIB de 9,5 % en 2010. La crise ? Quelle crise ? Ailleurs, le spectre de la Grande Dépression s'est éloigné, mais une crise peut en cacher une autre. La grande secousse financière mondiale, en affaiblissant la légitimité et l'autorité du pays dont elle est partie, les Etats-Unis, a entraîné une crise de la gouvernance mondiale. Qui gouvernera le monde en 2010 ? La question agite autant Pékin que Washington, Tokyo ou Bruxelles, tant 2008 et 2009 ont été, de ce point de vue, dévastatrices. Si la conférence de Copenhague sur le changement climatique, en décembre 2009, est une indication, la reconstruction de l'ordre international ne sera pas un long fleuve tranquille. Copenhague, c'est d'abord l'échec de la gestion de l'ONU, temple du multilatéralisme hérité de la seconde guerre mondiale. Les organisateurs ont été impuissants à concilier les exigences de 193 Etats, dont certains étaient, suivant l'expression de Coluche, plus égaux que les autres. La formule des blocs de pays n'a pas mieux fonctionné. L'Union européenne a été absente. C'est finalement une poignée de dirigeants qui a conclu, a minima, la négociation, non sans quelques péripéties révélatrices. Barack Obama a eu beaucoup de mal à gérer une relation directe avec le premier ministre chinois, Wen Jiabao, qui tantôt lui envoyait ses adjoints, tantôt lui préférait la compagnie des dirigeants des pays émergents. Non seulement M. Obama, pensant s'asseoir seul avec le Chinois, eut-il la surprise de trouver, attablés autour de M. Wen, les présidents brésilien Lula et sud-africain Zuma, ainsi que le premier ministre indien Singh - censé être déjà parti -, mais le chef de l'Etat américain était tellement le bienvenu qu'il dut se trouver lui-même une chaise pour s'asseoir à côté de "my friend Lula - Hey Lula !". Copenhague a aussi sonné le glas du "G2", si tant est qu'il ait jamais existé. Forgée par l'historien de Harvard Niall Ferguson, en 2007, sous le terme de "Chimerica", l'idée d'un tandem sino-américain, alliance du plus gros débiteur mondial et de son principal créditeur, a été popularisée par Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de Jimmy Carter, qui, il y a un an, a avancé le concept d'un G2, "le groupe de deux qui pourrait changer le monde". Les Chinois n'ont aucune envie de cogérer le monde avec les Américains, encore moins de le changer, pour le moment. Wen Jiabao l'a dit, en mai 2009, en dénonçant le concept de G2 comme "mauvais et sans fondement" ; il lui préfère de loin "la multipolarité". On aurait pu imaginer les dirigeants chinois flattés de se voir soudain hissés si haut sur le podium du monde ; c'est mal connaître leurs préoccupations, concentrées sur leur phénoménal effort de croissance et leur stabilité interne. Pour eux, le G2, c'est offrir à la Chine de remplacer l'URSS dans le couple soviéto-américain de la fin de la guerre froide. Loin de revendiquer un statut de superpuissance, la Chine veut être considérée comme un pays en développement, conformément aux statistiques du PIB par habitant : 3 566 dollars pour la Chine, 46 443 pour les Etats-Unis. Le Japon est, à ce jour, la deuxième économie du monde et la Chine ne produit que 7,1 % du PIB mondial. Etre une superpuissance crée des attentes et des devoirs. Une superpuissance doit avoir une monnaie convertible. Une superpuissance peut être appelée à devenir le gendarme du monde. Même si Pékin ne rechigne plus à prêter des casques bleus à l'ONU ni à envoyer des navires de guerre dans le golfe d'Aden, ses priorités sont ailleurs. Les dirigeants chinois savent quelles tensions cette posture générerait en Asie : que ce soit le Japon ou l'Inde, les autres puissances verraient d'un très mauvais oeil Pékin prendre avec Washington les rênes de la gouvernance mondiale - sans parler de la Russie. Qui, alors ? La mondialisation a fait apparaître de nouvelles configurations, du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) au G20, sur les ruines du G8. Copenhague a même inventé le Basic (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine). La crise financière a tout accéléré : le G20 est devenu un sommet de chefs d'Etat, puis en avril 2009 une instance décisive pour sauver la communauté internationale de l'abîme financier, à Londres, où la Chine a fait montre d'une assurance nouvelle. Quel que soit le schéma, la Chine y aura un rôle central, qu'elle-même ne semble pas avoir encore défini. En dépit de leur fragilité financière, les Etats-Unis restent la première économie du monde, les champions de l'innovation technologique et surtout l'unique superpuissance militaire. Ce sont les deux seules certitudes. Comment le monde s'articule, dans et autour de ces deux géants, reste à écrire. Bipolarité, multipolarité, alliances et contre-alliances : sous le signe du Tigre, tout est possible. Sylvie Kauffmann (Rédaction en chef)
08/01/2010
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Une taxe juste
Comment convaincre des consommateurs de musique de payer pour un produit qu'ils peuvent trouver gratuitement ? Lorsque l'on a 20 ans, que l'on a grandi une souris à la main, que le plaisir d'un meilleur son ou d'une belle pochette de disque compte moins, la mission paraît impossible.
Taxer Google. En prenant position, jeudi 7 janvier, lors de ses voeux à la culture, en faveur d'une fiscalisation des revenus publicitaires en ligne des géants d'Internet, Nicolas Sarkozy fait-il preuve de démagogie ou, au contraire, de cohérence ? Un peu des deux. Il est facile de pointer uniquement le grand méchant loup américain. Les maisons de disques, par exemple, ont longtemps refusé de prendre au sérieux les évolutions technologiques, préférant profiter des revenus considérables qu'elles tiraient du CD. D'un autre côté, la position des moteurs de recherche, Google en tête - l'immense majorité des internautes français entrent sur la Toile avec lui -, devient intenable. Depuis des années, Google profite de contenus qu'il n'a pas créés et qui ne lui appartiennent pas : musiques, films, livres, presse, produits audiovisuels... Google ne paie presque rien et il rend les contenus gratuits. Pire, il capte des pages de publicité, et donc des revenus, qui devraient aller à d'autres. Le résultat est ravageur : hormis le cinéma, qui se porte bien - la magie de la salle opère toujours -, la musique est sinistrée, la presse souffre, le livre est menacé. Comment convaincre des consommateurs de musique de payer pour un produit qu'ils peuvent trouver gratuitement ? Lorsque l'on a 20 ans, que l'on a grandi une souris à la main, que le plaisir d'un meilleur son ou d'une belle pochette de disque compte moins, la mission paraît impossible. Ces dernières années, les gouvernements ont, pour punir les fraudeurs, multiplié les textes de loi et accumulé les maladresses. La filière musicale, elle, a pris beaucoup de retard dans la mise en place d'une offre riche et attractive. Dès lors, les mesures incitatives, préconisées par le rapport de la mission Création et Internet, présidée par l'éditeur Patrick Zelnik, sont justes. Et juste aussi l'idée de financer celles-ci par une taxe sur la publicité en ligne. Le rapport aurait pu aller plus loin en mettant à contribution les autres grands bénéficiaires du système que sont les fournisseurs d'accès. Restent deux difficultés. La faisabilité, d'abord. Dans un monde dématérialisé, évaluer les recettes spécifiquement françaises et contraindre des entreprises étrangères à acquitter leur dû fiscal en France ne sera pas simple. Cela suppose aussi de bouleverser la philosophie d'Internet, réseau créé pour permettre la circulation libre du savoir. Pour les artistes et auteurs, ce serait justice. Pour les utilisateurs, ce sera une révolution culturelle.
08/01/2010
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https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/08/une-taxe-juste_1289082_3232.html
2010 : L'an I du lobbying en France ? par Guillaume Courty
Le Parlement français commence l'année 2010 muni de la première réglementation du lobbying de son histoire. Et pourtant, le Sénat et l'Assemblée nationale n'ont pas la même lecture du lobbying.
Le Parlement français commence l'année 2010 muni de la première réglementation du lobbying de son histoire. Plus de soixante ans après l'entrée en vigueur du Lobbying Act américain, plus de dix ans après la modification du règlement du Parlement européen, l'Assemblée nationale a instauré son dispositif en juillet 2009 et le Sénat s'apprête à mettre le sien en vigueur depuis le 1er janvier. Les deux assemblées ont suivi des procédures à peu près semblables : un vice-président a été chargé de proposer la mise en place d'un dispositif qui, finalement, est en tous points comparable. Concrètement, une inscription sur un registre permet aux représentants d'intérêts d'obtenir un badge pour entrer dans l'enceinte du Parlement, la signature du formulaire impliquant l'acceptation d'un code de bonne conduite élaboré par les assemblées. La réflexion des vice-présidents a, en revanche, suivi des logiques différentes. Depuis 2006, elle avait été menée en amont par des députés sur la question aboutissant au dépôt d'une motion et à la publication d'un Livre bleu. De leur côté les sénateurs ont choisi l'expertise de ceux qu'ils réglementent : deux cabinets de consultants ont travaillé pour le bureau de la Haute Assemblée. Alors que le Sénat s'apprêt à inaugurer sa formule, l'Assemblée a publié son premier bilan : 33 inscrits. En somme, le Parlement gère l'accès de ses bâtiments comme certains hôtels la délivrance de leurs chambres : avec transparence, dit-on désormais ! Tout ça pour ça ? Telle est la première réaction qui sort spontanément de la bouche de l'observateur d'une telle réforme. Le "ça" en question est finalement une très pâle adaptation de réglementations connues ailleurs. Le mot "réglementation" est d'ailleurs inadapté. Le texte n'a pas été débattu en séance et il ne fait pas partie du règlement des assemblées, comme c'est cas au Parlement européen. Il n'est suivi par aucun bureau spécialisé ou aucune agence administrative. C'est une instruction générale qui organise "l'accès et la circulation dans les salles et couloirs". C'est en fait un étrange régime de déclaration simplifiée (nom, adresse, domaine d'intervention et, " le cas échéant", l'identité du client) qui instaure une autorisation (entrer dans les bureaux parlementaires) et cinq interdictions : faire commerce des documents parlementaires, usurper une fonction ou un titre en utilisant les symboles de l'institution, induire les députés en erreur, faire une démarche publicitaire ou commerciale dans les locaux, utiliser le port du badge à des fins publicitaires. Cette liste se garde bien d'ouvrir et de commencer à exhumer tout le contenu de cette épaisse et trouble question : comment agir légitimement en dehors de l'arène parlementaire pour modifier, faire passer ou empêcher de voter une loi ? Pourquoi une telle réglementation ? Les plus cyniques répondront "pour que tout continue comme avant !". A priori, en effet, cette réglementation a peu de chances de changer quoi que ce soit. Les "anti"-lobbying sont toujours dans leur camp (un camp élargi aux 18 associations signataires de l'appel d'octobre 2008 demandant une réglementation) ; ils reprennent les mêmes arguments sur la trahison de la démocratie et, seule nouveauté, émettent des regrets devant le dispositif instauré. Les "pro"-lobbying continuent à travailler dans cette ombre qu'ils ne recherchent pas toujours, tout en tentant de convaincre de passer de plus en plus par eux : ils ne sont guère plus convaincus de la pertinence des dispositifs mis en œuvre, même si certains croient avoir obtenu une reconnaissance de leur existence. Pourquoi alors avoir instauré un tel dispositif ? Des recherches américaines sur les effets des réglementations du lobbying insistent sur cette raison : elles servent aux deux protagonistes du lobbying. Les pouvoirs publics démontrent qu'ils se sont occupé d'un problème "citoyen" en mettant en avant leur volonté de corriger ce biais démocratique qui voit la parole des plus démunis confisquée, étouffée par la débauche de moyens des plus riches (leurs nombreux colloques, fastueux rapports d'activité, abondants communiqués de presse…). Cette moralisation des institutions suscite le soutien des lobbyistes car ils peuvent ainsi suivre l'évolution du marché grâce à ces éclairages sur qui s'inscrit ? combien sont-ils ? sur quels enjeux ? Si le premier effet permet de saisir la timidité avec laquelle les pouvoirs publics français sont intervenus (la question n'a été retenue ni par la commission Balladur, ni lors de la réforme du travail parlementaire), le second a peu de chances de s'observer en 2010. Encore faudrait-il que cet enregistrement soit suivi par les acteurs concernés pour mettre en évidence un marché du lobbying en lieu et place d'un fantasme médiatico-militant. D'autres débats et d'autres questions, peut-être plus en phase avec la vie politique française, devraient-être abordés. Encore faudrait-il, pour pouvoir les mener, que les camps en présence – moralistes, défenseurs ou professionnels du lobbying – acceptent de changer de vocabulaire et de modes de pensée. Or, en l'état, personne ne se donne les moyens de produire quelque chose de nouveau : le mot "lobbying" utilisé en français était flou, incertain, ambigu et polysémique. Avec ce court texte élaboré par le Parlement, il le reste ! Comment parler du lobbying en France ? Avec difficulté, assurément, tant la nouveauté de l'anglicisme fait voler de poussière autour de la théorie politique ! D'aucuns décrivent ce pays comme une terre hostile à ces pratiques américaines. Il en serait immunisé grâce à deux auteurs que l'on fait parler sur des sujets impossibles à penser en ces termes de leur vivant : Rousseau serait le créateur de l'impossible intrusion des intérêts privés (les lobbys) dans la volonté générale (l'Etat), et Le Chapelier aurait scellé cette conception en interdisant les groupes d'intérêt (sic !) par la célèbre loi portant son nom sur les corporations. Depuis les années 1990, la France, pourtant, lit, parle, écrit et bruisse de lobbying, de lobbies et d'autres lobbyistes, déclinant jusqu'à l'essoufflement toutes les combinaisons linguistiques possibles ("lobbier" a fait son apparition depuis peu). Par ces mots, que veulent-ils dire ? Le plus souvent le simple verbe "communiquer" aurait amplement suffi, tel Zidane qui "fait du lobbying" quand il donne son appréciation sur un entraîneur. Dans d'autres cas, il faudrait utiliser les verbes "convaincre", "rencontrer", "informer", "séduire", "gêner", "menacer"... ou saisir un procureur en utilisant son code pénal. Pourquoi ne pas écrire qu'une fédération professionnelle a tenté de convaincre un groupe parlementaire en publiant un Livre blanc ? Est-ce plus clair quand ils ont "fait pression par un lobbying de tous les instants" ? Si le travail sur les verbes est harassant, peut-on faire le lexique des substantifs qui contiennent cette substance : colloque, courrier, e-mail, déjeuner, cadeau, invitations, billets… ? La liste est ouverte depuis longtemps. Pourquoi ne pas la continuer par : marché public, contrats, concession, délégation de service public… ? Pourquoi réduire le périmètre de la réglementation au seul sanctuaire parlementaire ? Pourquoi continuer à faire comme s'il n'y avait qu'en entrant dans les bureaux des élus qu'il était possible de faire passer des informations ? Ces informations déposées suffisent-elles pour élaborer la loi ? Bien sûr, une savoureuse ruse de la raison juridique complète notre incompétence linguistique. D'un côté, ce contrôle de l'accès des représentants d'intérêts montre que le prétendu problème a été pris en compte par les pouvoirs publics. De l'autre, le parler ordinaire des députés et des médias continue à mettre du flou sur le travail parlementaire. Heureux celui qui peut comprendre la fabrique de la loi en tentant d'accommoder ces deux visions ! Avec l'entrée en vigueur de ce premier dispositif, une nouvelle histoire institutionnelle du lobbying en France était censée s'écrire et consacrer une information transparente et pluraliste des parlementaires. Un "plus tard" paraît plus approprié. Un "peut-être" également, quand seront débattues les questions qui fâchent. Quand le financement de la vie politique ne sera plus focalisé sur la question électorale ? Quand les incompatibilités des élus aborderont l'exercice simultané des métiers permettant de plaider des causes et de représenter des intérêts ? Quand les compositions des équipes parlementaires seront publiques ? Quand les modalités de reconversion des élus seront envisagées ? Quand… ? Guillaume Courty est professeur de science politique à Sciences-Po Lille. Son dernier ouvrage s'intitule "Les Groupes d'intérêt" (La Découverte).
08/01/2010
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Le séguinisme, un monde ancien qui ne veut pas mourir
Le non de Philippe Séguin à Maastricht, en 1992, a préfiguré le désenchantement français sur l'Europe
Hommage national lundi 11 janvier aux Invalides en présence du président de la République, voix nouée du premier ministre François Fillon, louange unanime des dirigeants français, la disparition brutale à 66 ans de Philippe Séguin suscite une émotion rare. "Il y a un écho lointain et assourdi de la mort du général de Gaulle", commente l'ancien eurodéputé UDF Jean-Louis Bourlanges. Partisan du non à Maastricht en 1992 ; gaulliste social porteur de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 1995 sur "la fracture sociale" voire de celle de 2007 sur "la France qui souffre" via son disciple Henri Guaino devenu "plume" de Nicolas Sarkozy ; défenseur de l'Etat depuis la présidence de la Cour des comptes, Philippe Seguin laisse un vide. Un vide paradoxal, car la persistance de son héritage est incertaine. "C'est la question : est-ce le dernier représentant d'un monde ancien ou la persistance de quelque chose qui n'est pas prêt de mourir, d'une exception française qui ne veut pas disparaître, même si cela ne fait pas plaisir à certains", s'interroge Henri Guaino Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan exprime dans un communiqué l'impasse de Philippe Séguin, "décalé avec son époque", arrivé "trop tard par rapport à la génération de la Résistance et de la reconstruction, trop tôt face aux défis d'aujourd'hui et de demain". Selon M. Dupont-Aignan, "il souffrait profondément, j'en suis sûr, de ce décalage entre ce qu'il pensait pouvoir apporter à la France et l'absence de marge de manoeuvre politique". Les rares disciples de Philippe Séguin, homme solitaire, n'ont pas créé de courant de pensée : l'économiste Nicolas Baverez s'est transformé en Cassandre libérale dénonçant "la France qui tombe" ; Paul-Marie Coûteaux fut jusqu'en 2009 eurodéputé villiériste ; François Fillon reste un solitaire qui incarne la droite classique et gère l'Etat ; Henri Guaino tente de faire vivre l'héritage, isolé dans la chambre de Murat à l'Elysée. Que reste t-il du séguinisme ? "rien", répondent en coeur le socialiste François Hollande et le l'universitaire barriste Jean-Claude Casanova qui dirige la revue Commentaire. "Henri Guaino", glisse, un brin perfide, Alain Minc, qui revendique d'incarner "la pensée unique" pourfendue par Philippe Séguin. "Ce n'est pas un idéologue, plutôt un sillon politique. Il n'a pas essayé de créer d'idéologie ", note la secrétaire d'Etat Nathalie Kosciusko-Morizet. Ce courant serait mort avec l'intégration du gaullisme dans l'Europe, selon l'eurodéputé UMP, (ex-UDF) Alain Lamassoure : "Il a échoué, car il représentait en France l'équivalent du Old Labour face au New Labour et parce que c'était un homme seul, un caractériel épouvantable", explique M. Lamassoure. "Avec lui, la position souverainiste s'est éteinte. Son rôle ultime à la Cour des comptes a été de vérifier le respect des critères de Maastricht ! C'est emblématique d'un cycle qui n'a pas trouvé de successeur ni de succession", renchérit Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique. "Le marginal représentait plus que lui-même et incarnait une tradition forte de la droite française", nuance Pascal Perrineau, directeur du centre de recherche politique de Sciences-Po. Sur l'Europe, nul ne songe aujourd'hui à abandonner l'euro, principal acquis du traité de Maastricht. "La crise l'a démontré. L'euro a été une protection et pas une faiblesse", commente François Hollande. Le ministre de l'agriculture (UMP) Bruno Le Maire juge que "le problème n'est pas la monnaie unique mais de ne pas avoir pensé la construction politique qui devait suivre". L'ampleur du non au référendum de 2005 peut difficilement être interprétée comme une victoire du séguinisme. "La campagne de Seguin en 1992 portait sur l'abdication de la souveraineté. Ce thème avait disparu en 2005 - l'inquiétude portait sur la perte d'identité - et serait aujourd'hui inaudible", explique Pierre Sellal, ancien représentant de la France à Bruxelles. L'ex-ministre des affaires étrangères Hubert Védrine, juge toutefois que "Philippe Seguin a préfiguré un désenchantement qui s'est exprimé jusqu'en 2005, l'échec des élites françaises à faire de l'européisme une conviction moteur de la politique française". Mais l'échec du fédéralisme n'a pas signé la reprise de pouvoir de la nation, complète Jean-Louis Bourlanges : "Souverainistes et fédéralistes ont perdu ensemble, car ils ont continué de croire en la politique. Ce qui gagne, c'est une espèce de gouvernance mondiale indéterminée". En matière sociale, Philippe Seguin porta la campagne de 1995, même si, note le politologue Pascal Perrineau, le concept de "fracture sociale" est attribué au démographe Emmanuel Todd. Nicolas Sarkozy n'a pu remporter la présidentielle de 2007 qu'en conquérant les classes populaires, avec l'aide de M. Guaino. Mais si la parole séguiniste permet de battre les estrades, elle est suivie de désillusions dans l'action. Elu, Jacques Chirac a nommé Alain Juppé premier ministre et a vite pris le tournant de la rigueur. M. Sarkozy, au plus bas de sa popularité, n'a pas comblé les espérances sur le pouvoir d'achat. "Le retrait de Philippe Séguin de la vie politique en 2004 révèle qu'il avait considéré que le gaullisme tel qu'il le pensait n'avait plus sa place. Il faisait un gaullisme d'Etat, de serviteur de l'Etat", analyse François Hollande. In fine, c'est sa vision de l'Etat, incarnée depuis la Cour des comptes, qui est louée. "Il reste dans ce pays un attachement à l'Etat, aujourd'hui beaucoup plus audible qu'avant la crise", note M. Védrine, qui estime que "Philippe Seguin ne disparaît pas ringard". Pour Pascal Perrineau, "c'est l'homme charismatique qui avait su se retirer à temps, pour prendre sa part de surplomb". Ses détracteurs modèrent les louanges sur le grand Républicain et accusent d'autoritarisme l'auteur d'une biographie de Napoléon III jugée complaisante en matière de politique étrangère. "Le Bonapartisme et la République n'ont jamais été incompatibles, rétorque Henri Guaino. Si la République s'est ancrée dans ce pays, c'est grâce au premier consul et Napoléon 1er". De la Cour des comptes, Philippe Seguin critiquait sans être vraiment suivi. "Il manque peut-être quelque chose entre le libéralisme excité des débuts du sarkozysme et le côté un peu défensif de la Cour des comptes", juge M. Védrine. Arnaud Leparmentier
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/le-seguinisme-un-monde-ancien-qui-ne-veut-pas-mourir_1289107_3224.html
Le poste de procureur de la République de Paris échappe à Philippe Courroye
L'Elysée a renoncé à nommer l'ancien juge d'instruction financier à ce poste-clé du parquet
Philippe Courroye ne sera pas procureur de Paris. Selon nos informations, Nicolas Sarkozy a renoncé à le nommer à la tête du plus important parquet de France. De nombreuses voix dans l'entourage du président de la République l'ont mis en garde depuis plusieurs semaines contre les conséquences de cette nomination sensible (Le Monde du 10 décembre). L'actuel procureur de Paris, Jean-Claude Marin, voit donc son bail prolongé. Il ne devient pas, comme il le souhaitait, procureur général de Paris pour remplacer Laurent Le Mesle qui a été nommé premier avocat général de la Cour de cassation. Le nouveau procureur général de Paris devrait être François Falletti, 60 ans, procureur général d'Aix-en-Provence, ancien membre français d'Eurojust et magistrat apprécié par M. Sarkozy. Le poste procureur de Paris est une des fonctions clés du ministère public. C'est là que sont traitées les affaires pénales les plus sensibles. L'habileté procédurale de M. Marin, réputé proche des chiraquiens, a réussi à vaincre les réticences de M. Sarkozy à son égard. Du procès Clearstream dans lequel il a soutenu l'accusation contre Dominique de Villepin aux réquisitions s'opposant au renvoi de Jacques Chirac devant un tribunal correctionnel, en passant par la conduite de l'enquête préliminaire contre Julien Dray, les décisions du procureur n'ont pas déplu à l'Elysée. Couacs Bien huilé au départ, le mouvement de chaises musicales de la haute magistrature parisienne prévu depuis deux ans a fini par provoquer des couacs. Et l'Elysée a dû revoir son scénario initial de nomination de l'ancien juge d'instruction financier Philippe Courroye au poste de procureur de Paris. La vie mondaine de M. Courroye - dîner avec les Chirac à Saint-Tropez, alors qu'une instruction visant l'ancien président de la République est en cours à Nanterre, déjeuner entre le groupe Casino et le policier en charge d'une enquête sur ce groupe - ont suscité de vives polémiques. Nommé procureur de Nanterre en 2007, contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), M. Courroye risquait un nouvel avis négatif en cas de nomination à Paris. Or, depuis la décision de supprimer le juge d'instruction sans changer le statut du parquet, le gouvernement évite de passer outre les avis du CSM. La cote de M. Courroye a encore baissé avec la polémique qu'il a engagée avec Isabelle Prévost-Desprez, présidente de chambre du tribunal de Nanterre, en mettant en cause son impartialité. L'Union syndicale des magistrats avait écrit au CSM pour dénoncer "la gravité de ces atteintes à l indépendance d un magistrat du siège". Ce mouvement est en résonance avec la réorganisation de la chancellerie par Michèle Alliot-Marie. Le procureur général de Versailles, Jean-Amédée Lathoud, a été nommé directeur de l'administration pénitentiaire, mardi 5 janvier. Véronique Malbec, responsable de la formation continue de l'Ecole nationale de la magistrature, doit être nommée directrice des services judiciaires. La conseillère justice de Matignon, Maryvonne Caillibotte, doit devenir directrice des affaires criminelles et des grâces en remplacement de Jean-Marie Huet, qui devrait être nommé procureur général à Aix-en-Provence. Le poste de procureur général de Versailles devrait revenir à Philippe Ingall-Montagnier, procureur général de Rouen. Alain Salles et Alain Salles
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/le-poste-de-procureur-de-la-republique-de-paris-echappe-a-philippe-courroye_1289113_3224.html
"M. Obama : les Etats-Unis sont ""en guerre"" contre le terrorisme"
Le président américain assume personnellement la responsabilité des défaillances des services de sécurité
La "guerre" mais pas tout à fait celle de George Bush. Pour la deuxième fois en quarante-huit heures, le président américain Barack Obama s'est exprimé, jeudi 7 janvier, au cours d'une conférence de presse sur le terrorisme et les "défaillances" des services de renseignement. Ces services qui, huit ans après les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis, n'ont pas réussi à empêcher le jeune Nigérian Farouk Abdulmutallab de monter à bord d'un avion de ligne avec des explosifs, alors que son propre père avait alerté les officiels américains de sa dérive extrémiste. Soigneusement, Barack Obama a détaché ses mots. "Nous sommes en guerre." L'expression était destinée à tous ceux, républicains en tête, qui lui reprochent de sous-estimer la menace terroriste. Aussitôt après, il a nuancé : "Nous sommes en guerre contre Al-Qaida, un réseau extensif de violence et de haine", une manière de se démarquer de son prédécesseur George Bush et de son concept attrape-tout de "guerre contre le terrorisme " (war on terror) . Enfin, M. Obama n'a blâmé personne pour les défaillances des services de sécurité, sinon lui-même - "quand le système échoue, je suis responsable", a-t-il dit Le président américain a confirmé le renforcement des contrôles mais il a aussi tenté de rassurer ceux qui s'inquiètent d'une dérive sécuritaire. "Nous allons renforcer nos défenses mais nous ne succomberons pas à une mentalité d'assiégés qui sacrifierait la société ouverte et les libertés et valeurs que nous, Américains, chérissons, a-t-il promis. Les grandes et fières nations ne se cachent pas derrière des murailles de suspicion et de défiance." Alors que le Nigeria a protesté contre le fait d'être rangé parmi les pays "préoccupants" pour le transport aérien, ce qui va valoir à tous ses ressortissants de subir - comme ceux de 13 autres pays - des fouilles corporelles systématiques, des associations islamo-américaines ont rapporté plusieurs cas où des passagères ont été aussi singularisées à cause de leur foulard. M. Obama s'est adressé aux musulmans. Il leur a rappelé son discours du Caire, appelant à un "nouveau départ" sur la base du "respect mutuel". Il a souligné qu'une "vaste majorité" des musulmans rejette Al-Qaida mais il s'est inquiété de ce que l'organisation djihadiste recrute désormais des individus isolés, notamment en Afrique, qu'il est plus difficile de repérer. Le conseiller pour la lutte antiterroriste du président, John Brennan, a reconnu que le gouvernement avait été pris de court : le Yémen a été le théâtre de nombreux attentats anti-américains, mais c'est la première fois qu'une tentative contre le sol américain est organisée à partir de ce pays. Le président américain a fixé des objectifs très précis pour chacun des services concernés et laissé entendre que les responsabilités étant désormais clairement définies, il ne sera plus possible à l'avenir de se défausser sur la bureaucratie. Sans se prononcer pour une refonte de la constellation du renseignement (16 agences), il a demandé un réexamen des listes de suspects. Il existe actuellement quatre listes, gérées par des agences différentes. La liste TIDE (Terrorist Identities Datamart Environment) compte plus de 400 000 noms de personnes à risque. Elle est complétée par une Terrorist Screening Database qui recommande une fouille du passager ; puis par une liste plus "sélective" et enfin la plus restrictive, la No Fly List pour les individus interdit de vols (environ 4 000). Le nom de Farouk Abdulmutallab figurait seulement sur la première liste. A la suite d'une erreur d'orthographe, le département d'Etat n'a pas réalisé qu'il avait un visa. Le département de la sécurité intérieure devra installer des centaines de scanners d'imagerie corporelle (300 étaient déjà commandés) et convaincre le reste du monde d'adopter des mesures comparables et notamment la fouille systématique des ressortissants des 14 pays désignés. La responsable de la sécurité intérieure, Janet Napolitano, a dépêché des fonctionnaires sur tous les continents. Elle a indiqué qu'elle rencontrerait ses partenaires européens prochainement à Madrid.
08/01/2010
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2010/01/08/m-obama-les-etats-unis-sont-en-guerre-contre-le-terrorisme_1289094_3210.html
La France brandit l'arme fiscale contre les géants de l'Internet
Nicolas Sarkozy est prêt à étudier l'idée d'une "taxe Google" sur les revenus de la publicité en ligne Le groupe californien peut-il être accusé de position dominante ? L'Autorité de la concurrence va être saisie
Pour Google, c'est un nouveau revers important en France. Mi-décembre, le géant américain de l'Internet perdait un procès contre la maison d'édition La Martinière. Il était reconnu coupable par le tribunal de grande instance de Paris de non-respect des droits d'auteur en matière de numérisation de livres - il a fait appel de cette décision. C'est maintenant l'Elysée qui lui cherche des noises. Jeudi 7 janvier, lors de ses voeux aux représentants du monde culturel, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a retenu, parmi les propositions du rapport Zelnik pour soutenir l'industrie culturelle face à la révolution numérique (document dû à l'éditeur Patrick Zelnik et remis la veille au ministère de la culture), deux suggestions visant expressément à corriger des pratiques du géant américain de l'Internet. D'une part, il a accueilli favorablement la demande de saisine pour avis de l'Autorité de la concurrence sur d'éventuels dysfonctionnements du marché publicitaire sur le Web. Sans reprendre expressément à son compte l'idée d'une "taxe Google" suggérée par le rapport Zelnik, M. Sarkozy a, d'autre part, invité le ministère des finances à "lancer au plus vite une expertise pour appréhender fiscalement les activités publicitaires des grands portails et moteurs de recherche internationaux présents en France". "Pour l'instant, ces entreprises sont taxées dans leur pays siège, alors qu'elles ponctionnent une part importante de notre marché publicitaire", a-t-il expliqué, ajoutant : "Cette fuite de matière fiscale est particulièrement dommageable." Google, qui édite le moteur de recherche homonyme le plus populaire du Web, est directement visé, parce qu'il est de loin le plus gros vendeur d'espaces publicitaires en ligne du monde. Et parce qu'il lui est reproché d'encaisser son chiffre d'affaires réalisé effectivement en France (et évalué à 800 millions d'euros) en Irlande, son siège comptable européen. La filiale française ne touche que des commissions, évaluées à 39,8 millions d'euros en 2008. Du coup, dans l'Hexagone, Google ne paierait pas les charges correspondant à son activité réelle. L'attaque de l'Elysée devrait satisfaire les acteurs français des médias et de la culture, qui reprochent de plus en plus à Google sa position archi-dominante. Ils accusent le géant américain des services en ligne de gagner énormément d'argent grâce à leurs contenus, sans les rémunérer à leur juste valeur. Mais, jusqu'à présent, ils hésitaient à prendre de front le groupe américain, par peur d'éventuelles représailles : ne plus être référencé par le moteur de recherche de Google condamne aujourd'hui à l'anonymat sur Internet. Au-delà de la portée symbolique des déclarations de l'Elysée, le mastodonte Google, 21,8 milliards de dollars (15,2 milliards d'euros) de chiffre d'affaires et 4,2 milliards de profits en 2008, est-il vraiment menacé ? La saisine pour avis de l'Autorité de la concurrence est prise au sérieux par le groupe américain. L'Autorité pourrait conclure au fait que le marché français de la publicité sur Internet ne souffre d'aucune distorsion de concurrence. Et que Google n'enfreint aucune règle. Mais dans le cas contraire, si elle décidait d'ouvrir une procédure contentieuse, l'affaire pourrait mal tourner pour le groupe américain, s'il s'avérait qu'il se livre à des pratiques concurrentielles répréhensibles. Outre le risque d'une lourde amende, il s'exposerait à des mesures correctives pouvant, éventuellement, limiter sa suprématie sur la publicité en ligne. L'affaire pourrait se corser si d'autres autorités de la concurrence en Europe, voire si Bruxelles, s'en mêlaient. L'Autorité de la concurrence italienne enquête déjà sur le sujet depuis août 2009, sur demande des éditeurs de presse. Certes, la Commission européenne a déjà examiné la position de Google sur le marché publicitaire en ligne en 2007, lors de l'acquisition de la régie Internet DoubleClick par le moteur de recherche. Et à l'époque, elle n'avait rien trouvé à redire. Mais depuis, la part de marché de Google dans les moteurs de recherche en ligne n'a cessé de progresser : elle était à 67,5 % au niveau mondial en novembre 2009, selon l'institut ComScore. Et, relève le rapport Zelnik, des éditeurs français de contenus culturels et de presse déplorent aujourd'hui la diminution du prix des espaces publicitaires qu'ils vendent sur leurs sites, revenus censés constituer une part importante de leurs ressources. Ils se demandent si cette baisse ne serait pas le résultat d'éventuels abus de position dominante de la part de Google. Que peut craindre Google d'une révision à la hausse de l'impôt qu'il paie en France, voire d'une éventuelle taxe sur les revenus publicitaires en ligne ? Problèmes de droit Concernant l'impôt payé par Google en France, et le fait qu'il soit calculé sur la base d'un chiffre d'affaires bien moindre que celui réellement réalisé dans l'Hexagone, Google serait difficilement attaquable, expliquent les fiscalistes. En effet, la pratique consistant à réaliser des revenus avec des clients français mais à ne pas payer les impôts correspondants en France est une pratique d'"optimisation" fiscale, courante et légale. Pour les éviter, certains Etats tentent de mettre en place ce que les spécialistes appellent "la retenue à la source" : les entreprises sont contraintes de payer des impôts sur les revenus réalisés avec les clients résidant dans ces Etats. "Mais dans le cas de l'Irlande et de Google, la retenue à la source ne sera pas applicable, car elle ne l'est qu'avec des pays considérés comme "non coopératifs", ce qui n'est pas le cas de l'Irlande", explique Stéphane Gelin, avocat associé du cabinet CMS Bureau Francis Lefebvre. Quant à une éventuelle taxe, sa mise en oeuvre pourrait aussi se révéler compliquée et soulever de sérieux problèmes de droit. Les auteurs du rapport Zelnik, qui la suggèrent dans le but de financer ses autres propositions de soutien à la création sur Internet, le reconnaissent eux-mêmes. Il faudra qu'elle soit compatible avec le droit communautaire ; ils proposent pour cela de s'inspirer des règles de territorialité s'appliquant à la taxe sur les conventions d'assurance... Le but des rapporteurs étant de taxer avant tout Google, mais aussi, dans une moindre mesure, ses concurrents Microsoft, Yahoo ! et Facebook, autres géants des services en ligne, il a aussi été prévu d'exclure de la taxe les petits éditeurs de contenu, qui engrangent de faibles volumes publicitaires. "Il pourrait y avoir des problèmes d'égalité face à l'impôt", soulève Yann Colin, avocat des éditions La Martinière. Chez Yahoo !, on ne cache pas son mécontentement : "Contrairement à d'autres, tous les contenus que nous proposons sur notre portail font l'objet d'accords avec les éditeurs de contenu. Nous ne pouvons pas laisser dire que nous nous enrichissons aux dépens des industries du contenu !" Même son de cloche chez Microsoft : "Nous avons toujours fait le pari des partenariats avec les ayants droit", explique Marc Mossé, le directeur juridique du groupe en France. La mission Zelnik ne cache pas, enfin, que pour que son projet ait une chance d'aboutir, il faudrait qu'il trouve un relais au niveau européen. Sans compter que le montant de la taxe resterait probablement modeste. Le rapport Zelnik suggère de le limiter à 1 % ou 2 % des recettes publicitaires, soit pas plus de 10 à 20 millions d'euros de recettes fiscales supplémentaires par an en tout pour l'Etat français. Pas de quoi ébranler la santé financière de Google ! Cécile Ducourtieux, Laurence Girard et Nathaniel Herzberg
08/01/2010
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2010/01/08/la-france-brandit-l-arme-fiscale-contre-les-geants-de-l-internet_1289077_3208.html
"Vieira à City : ""C'est bien pour les Bleus"" dit Domenech"
Le sélectionneur affirme ce vendredi dans "L'Equipe" que le milieu de terrain est "plus que candidat" à un poste en équipe de France.
Et si Patrick Vieira participait à la prochaine Coupe du Monde ? Raymond Domenech explique ce vendredi dans L'Equipe que le milieu de terrain aux 107 sélections est "plus que candidat" à l'équipe de France après son transfuge de l'Inter à Manchester City. "Dans la mesure où il joue et qu'il est à son niveau, il n'y a aucune raison qu'il n'aille pas [en Afrique du sud]", a commenté le sélectionneur. "Seulement, il est comme tout le monde : il faut qu'il joue. Mais s'il joue, il est plus que candidat". Peu utilisé par José Mourinho à Milan, Patrick Vieira retrouve l'Angleterre au meilleur moment. "Il fallait qu'il rejoue. Peut importe l'endroit, finalement. Mais, là, en plus, il se retrouve dans un très bon club. C'est bien pour lui, c'est bien pour les Bleus", s'est félicité Raymond Domenech. L'éventuel retour de Vieira chez les Bleus pose également la question du leadership au sein du vestiaire, rôle désormais assumé par Thierry Henry. Une nouvelle source de conflit en perspective ? "Ce n'est connaître ni l'un ni l'autre," répond Domenech. "Ils ne jouent pas pour être capitaines. Ils n'ont pas cet ego. Des leaders, c'est comme des talents, on n'en a jamais assez". Patrick Vieira a six mois pour convaincre Raymond Domenech. Le compte à rebours est lancé.
08/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/08/vieira-a-city-c-est-bien-pour-les-bleus-dit-domenech_1289061_3242.html
Le chômage des jeunes fait craindre une « génération perdue » au Royaume-Uni
Outre-Manche, l'expression "génération perdue" fait florès, avec 300 000 nouveaux diplômés qui arrivent sur un marché du travail déjà déprimé.
Il dispose d'un bon diplôme d'informaticien, Slenio Fernandes. Pourtant ce garçon de 25 ans à l'air d'adolescent sage doit se contenter d'un travail temporaire de manutentionnaire, sept heures par semaine, dans un entrepôt d'une chaîne de surgelés de Swindon, ville industrielle de l'ouest de l'Angleterre. "J'ai envoyé une centaine de CV et je n'ai eu que quelques entretiens sans suite. Il est urgent de trouver un emploi. Je ne pensais pas que ce serait si dur", avoue le jeune homme. Depuis le début de la crise, les usines automobiles, les équipementiers et les bureaux de haute technologie de la région auprès desquels il a fait acte de candidature ont gelé tout recrutement ou licencient. Slenio fait partie de la "génération perdue", comme on appelle les jeunes chômeurs britanniques de moins de 25 ans sans espoir de trouver un emploi. "Ils sont pris dans une spirale dangereuse pouvant conduire à la délinquance, à la marginalisation", s'alarme le Prince's Trust, l'organisation caritative du prince Charles. Certains experts estiment que bon nombre d'étudiants quittant l'université risquent de devoir attendre cinq ans avant de trouver un emploi. "Nous avons sauvé les banques, sauvons maintenant la jeune génération, pour notre avenir autant que pour le leur", s'inquiète le quotidien populaire The Sun. A la rentrée, la situation ne va pas s'améliorer. Le marché du travail, déjà totalement déprimé, sera confronté à l'afflux de 700 000 jeunes, dont 300 000 nouveaux diplômés. A n'en pas douter, la "génération perdue" sera l'un des thèmes de l'élection générale qui doit se tenir au plus tard à la mi-juin 2010. En effet, les jeunes sont les premiers touchés par la montée du taux de chômage, au Royaume-Uni, à 7,8 % sur les trois mois achevés en juin, soit le niveau le plus haut depuis 1996. Lacunes de la formation Le nombre des sans-emploi frôle désormais les 2,5 millions et devrait atteindre 3 millions l'an prochain : un jeune Britannique sur cinq entre 16 et 24 ans est au chômage. Et à l'inverse des récessions précédentes, le phénomène ne touche plus seulement les zones industrielles traditionnelles comme les Midlands, le nord de l'Angleterre ou l'Ecosse, mais les pôles technologiques de l'ouest et du sud-est anglais.
08/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/08/le-chomage-des-jeunes-fait-craindre-une-generation-perdue-au-royaume-uni_1288789_3214.html
Malgré la reprise, le chômage devrait rester élevé aux Etats-Unis
L'étude de deux économistes de l'université américaine Rutgers, James Hugues et Joseph Seneca, a plongé les Etats-Unis dans le pessimisme. Les effets de la crise sur le chômage se feraient sentir jusqu'en 2017.
L'étude dévoilée le 29 septembre par deux économistes de l'université américaine Rutgers (New Jersey), James Hugues et Joseph Seneca, a été beaucoup commentée aux Etats-Unis après l'annonce des chiffres du chômage pour le mois de septembre. Question de « timing » : les données sur l'emploi avaient heureusement surpris en août, laissant espérer une amélioration régulière du marché du travail. Patatras : les chiffres de septembre repartent à la baisse (263 000 emplois détruits contre 201 000 le mois précédent) et le taux de chômage a encore augmenté. En atteignant 9,8 %, il laisse peu d'espoirs à ceux qui estimaient que la barre des 10 % de chômeurs ne serait peut-être pas dépassée. De plus, le ministère américain du travail a "révisé" les statistiques de l'emploi depuis le début de la récession. Ce ne sont pas 4,8 millions d'emplois que les Etats-Unis avaient perdus d'avril 2008 à mars 2009, mais 5,6 millions. Ainsi, lorsque l'administration Bush annonçait une moyenne de 49 000 pertes d'emplois mensuelle sur le premier semestre 2008, l'économie américaine en perdait en réalité 146 000 par mois. Ce regain de pessimisme a renforcé la vision qui se dégage de l'étude des chercheurs de Rutgers, "L'arithmétique de l'emploi dans la nouvelle Amérique post-récession". Pour eux, même si la relance économique est au rendez-vous en 2010, il faudra attendre au moins 2017 pour que le marché du travail retrouve son étiage de 2007. Ils montrent que "les Etats-Unis finiront la décennie avec moins d'emplois qu'ils ne l'ont commencé" : le secteur privé emploie aujourd'hui 1,25 million de salariés de moins qu'en décembre 1999 - un chiffre à comparer à ceux des décennies commencées en 1980 et en 1990, qui ont vu l'Amérique créer respectivement 16,2 puis 19,2 millions d'emplois dans le privé. Pessimisme En d'autres termes, la phase d'expansion économique qui a duré de novembre 2001 à décembre 2007 aura été meilleure que les expansions précédentes en termes de produit intérieur brut, mais négative en termes d'emploi. Durant cette phase, les firmes ont créé en moyenne un million d'emplois par an. Les deux chercheurs rappellent qu'entre mars 1991 et mars 2001, il s'ajoutait annuellement 2,15 millions nouveaux emplois aux Etats-Unis. Il en va de même de la période de croissance précédente (2,4 millions de nouveaux emplois par an de novembre 1982 à juillet 1990).
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/malgre-la-reprise-le-chomage-devrait-rester-eleve-aux-etats-unis_1288788_3234.html
L'Espagne noyée sous un flot de 8 000 nouveaux demandeurs d'emploi par jour
La correction est particulièrement brutale en Espagne qui était pourtant parvenue à vaincre un chômage endémique. Le taux de chômage y atteint de nouveau des sommets.
Comment arrêter l'hémorragie ? Le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero semble tétanisé par le flot du chômage qui submerge l'Espagne. Les prévisions les plus pessimistes du Fonds monétaire international (FMI) faisaient état de 4 millions de chômeurs à la fin de 2009 : ce seuil a été dépassé dès le 31 mars. En un an, l'économie espagnole a vu la destruction de 1,8 million d'emplois, soit la moitié du chômage additionnel de toute l'Union européenne. En 2007, elle faisait des envieux pour avoir créé environ 40 % des emplois de la zone euro. Dix-huit mois ont suffi pour voir le taux de chômage passer de 7,9 % à 17,3 %. Un basculement aussi brusque, au rythme de 8 000 nouveaux demandeurs d'emploi par jour, tient à la structure du marché de l'emploi. Un travailleur sur quatre a un contrat à durée déterminée (CDD). La proportion était même d'un sur trois quand l'économie tournait à plein régime. "Sur les 16,6 millions de contrats de travail signés en 2008, 14,6 millions étaient temporaires ; c'est ce qui explique l'ajustement rapide de l'emploi à la crise", rappelle Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire général des Comisiones Obreras (CC OO), l'une des deux principales centrales syndicales. Dans ce contexte, le gouvernement socialiste et les syndicats ont jugé provocatrice la proposition du patronat d'apporter encore plus de flexibilité au marché du travail, en particulier en rendant plus simples et moins coûteuses les procédures de licenciement. Mais si les entreprises espagnoles ont usé et abusé des CDD, c'est à cause de l'extrême rigidité des contrats à durée indéterminée (CDI). Le statut des travailleurs espagnols, élaboré en 1980, a été assoupli par cinq réformes, en 1984, 1994, 1997, 2001 et 2006, mais l'indemnisation des licenciements demeure l'une des plus élevées au monde. Confronté à l'urgence, le gouvernement exclut pour l'instant une réforme en profondeur du marché du travail, pourtant suggérée par de nombreux experts. "Pénaliser les entreprises" Pour Florentino Felgueroso, directeur de la chaire « capital humain et emploi » de la Fondation des études d'économie appliquées (Fedea), "il faut réduire l'écart entre les contrats fixes et temporaires en créant un contrat unique prévoyant une indemnisation de licenciement croissante avec l'ancienneté".
08/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/08/l-espagne-noyee-sous-un-flot-de-8-000-nouveaux-demandeurs-d-emploi-par-jour_1288781_3214.html
L'élève poignardé est sorti du bloc opératoire, mais son état reste incertain
Un lycéen de 18 ans, poignardé par un de ses camarades dans un lycée du Kremlin-Bicêtre, est dans un état incertain. La mairie affirme qu'un tel incident est très rare.
L'élève de 18 ans poignardé, vendredi 8 janvier, par un camarade dans un lycée du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) est sorti du bloc opératoire. D'après une source policière, "il est en salle de réveil", mais "les médecins ne se prononcent pas pour l'instant". L'élève, scolarisé au lycée Darius-Milhaud, avait été transporté plus tôt dans la journée dans un état grave à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil. "Ses jours sont en danger. On peut être très pessimiste" quant à ses chances de survie, avait alors dit une autre source policière. Selon les premiers éléments de l'enquête, le drame serait survenu vers 10 h 40 à l'intérieur de l'établissement, à la suite d'une dispute entre les deux élèves, tous deux âgés de 18 ans. Selon Bianca-Love, 19 ans, élève de terminale ES, une histoire liée à la sœur de la victime serait à l'origine de la dispute. "Ils se sont pris la tête à cause d'elle, je ne sais pas pourquoi. L'agresseur a alors sorti un couteau, et l'a planté" dans la victime, a-t-elle indiqué, en précisant avoir assisté à la scène. L'auteur des coups de couteau a pris la fuite et est actuellement recherché par la police, a précisé la source. "ON N'EST MÊME PLUS EN SÉCURITÉ À L'INTÉRIEUR DU LYCÉE" Devant les grilles du lycée Darius-Milhaud, fermé pour l'après-midi, les élèves rassemblés faisaient part vendredi midi de leur "surprise" et du "choc" provoqué, au sein de l'établissement, par la nouvelle de l'agression. "La victime était un élève de BEP vente. C'était quelqu'un de calme et de respecté. Ce qui vient de lui arriver, ça fait peur. Ça veut dire qu'on n'est même plus en sécurité à l'intérieur du lycée", a ajouté Jennyfer, 17 ans, élève de BEP sanitaire et social. Le lycée polyvalent Darius-Milhaud accueille 1 500 élèves dans des sections générales et professionnelles. Selon la mairie du Kremlin-Bicêtre, "il n'y a eu aucun incident notable dans cet établissement dans les années précédentes". D'après Jean-Paul Huchon, des caméras de vidéosurveillance ont été installées il y un an et demi dans le lycée. "Il n'y a pas de problèmes de sécurité", a insisté le président du conseil régional, précisant que la région dépensait "100 millions d'euros" tous les ans pour assurer l'entretien et l'équipement des établissements scolaires dont elle a la charge. PORTIQUES, CAMÉRAS ET POLICE Après l'agression au couteau d'une enseignante par un collégien près de Toulouse à l'été 2009, Nicolas Sarkozy avait demandé de "sanctuariser les établissements scolaires". Pour y parvenir étaient évoqués la création d'une force mobile d'agents, l'autorisation des fouilles des cartables et le développement de la vidéosurveillance. "S'il faut mettre des portiques [à l'entrée des écoles], on le fera", avait renchéri François Fillon. Aucun portique n'a été installé à ce jour dans l'académie de Créteil selon le rectorat, interrogé par Le Monde.fr. Par ailleurs, l'idée d'habiliter des responsables d'établissements pour la fouille des cartables, jugée difficile à mettre en œuvre par les chefs d'établissement, a été abandonnée pour le moment. Seules des "équipes mobiles" pour faire de la prévention, apaiser les tensions ou seconder des personnels lors d'une crise ont ensuite été créées dans l'académie. Mais "dans un cas de diférend personnel comme celui du Kremlin-Bicêtre, ce genre de dispositif ne sert à rien", explique un responsable régional.
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/un-lyceen-grievement-blesse-par-un-de-ses-camarades_1289072_3224.html
Nicolas Sarkozy devrait annoncer un plan d'urgence d'un milliard d'euros
Pour répondre au chômage des jeunes, fortement exposés à la crise, le gouvernement a mis en œuvre un plan ciblé sur ceux qui sortent du système scolaire sans qualification.
Alors que le chômage des jeunes a bondi de 32 % en un an, le plan d'urgence que Nicolas Sarkozy présentera, vendredi 24 avril, devrait représenter environ 1 milliard d'euros. L'essentiel du financement sera apporté par l'Etat via le Fonds d'investissement social, crée en février pour accélérer la formation professionnelle. Les régions et les partenaires sociaux seront aussi mis à contribution mais dans des proportions moindres. Le plan concernera tous les jeunes mais sera surtout ciblé sur ceux qui sortent du système scolaire sans qualification. Il utilisera les outils existants et consensuels tels le contrat de professionnalisation ou les contrats aidés. Les mésaventures des précédents gouvernements (Balladur et Villepin) qui avaient cherché à concevoir des contrats spéciaux du type CIP ou CPE ont servi de leçon. Pour ne pas se limiter à des mesures purement conjoncturelles, le gouvernement veut inciter les secteurs qui manquent de main-d'oeuvre à s'engager dans la formation des jeunes, avec l'aide de l'Etat. Un moment évoqué, l'idée que les entreprises puissent rembourser cette aide lorsque la croissance sera revenue a été abandonnée. Le Medef était vent debout contre l'idée que le gouvernement puisse raboter les allégements de charges dont bénéficient les entreprises. Parmi les outils que souhaite valoriser le gouvernement figure le contrat de professionnalisation né en 2004. Ce dispositif permet à un jeune de 16 à 25 ans (et à des demandeurs d'emploi de 26 ans et plus) d'alterner formation pratique en entreprise et formation théorique dans un organisme pour deux ans maximum, un gros avantage par rapport aux contrats aidés classiques, généralement pauvres en formation. Il concerne le plus souvent des jeunes de 18-22 ans qui préparent un bac professionnel ou un BTS. Il concerne 216 000 jeunes. M. Sarkozy a récemment indiqué qu'il souhaitait doubler le nombre de jeunes en alternance, moyennant une aide accrue de l'Etat. Une autre partie du dispositif relèvera davantage du traitement social du chômage. Le gouvernement devrait développer les « contrats initiative emploi » dans le secteur public et privé. Il envisage des formations « éclair », de six à douze mois, très qualifiantes, et des stages intenses afin d'orienter les jeunes vers des secteurs où les forces manquent cruellement. Quant aux jeunes les plus menacés, ceux qui sortiront en juin du système éducatif sans diplôme, ils seront accompagnés le plus vite possible
08/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/08/nicolas-sarkozy-devrait-annoncer-un-plan-d-urgence-d-un-milliard-d-euros_1289067_823448.html
Les cadres seraient surtout menacés par le chômage longue durée d'ici à 2013
Secteur traditionnellement préservé, les cadres sont rattrapés par la crise, avec des perspectives de recrutement qui stagneraient jusqu'en 2013.
Moins 17 % pour les recrutements en 2009, stagnation jusqu'en 2013, les cadres sont rattrapés par la crise. Selon les chiffres publiés par l'Association pour l'emploi des cadres (APEC), jeudi 12 février, le "coup de frein sur le marché de l'emploi des cadres est brutal" et le recrutement dans les années 2010, 2011 et 2012 devrait être comparable à ce qui s'était passé en 2002 après "l'éclatement de la bulle Internet". L'enquête annuelle de l'APEC, « Panel » (effectuée auprès de 11 000 entreprises du secteur privé), laisse entrevoir des prévisions en baisse mais qui restent à un bon niveau : les 200 000 recrutements de cadres de 2008 (sur les huit premiers mois de l'année pour l'essentiel) tomberaient à quelque 165 000 en 2009, un niveau qui se maintiendrait durant trois ans. "Je m'attendais à pire, analyse Jacky Chatelain, le directeur général de l'APEC, le repli est fort, mais le niveau de recrutement reste soutenu, pour un total de 3,2 millions de cadres en activité. Notre pessimisme vient plutôt de la longueur de la période difficile à traverser : quatre années." Les cadres sont plus menacés par un risque de chômage longue durée que par un chômage massif. La rapidité et le taux de retour à l'emploi vont se dégrader pour les cadres au chômage. "Actuellement, explique M. Chatelain, au bout de douze mois de chômage, 28 % des cadres n'ont pas retrouvé d'emploi, un chiffre qui pourrait monter à 35 ou 40 %." RÉSISTANCE RELATIVE Cette résistance relative s'explique par le fait que les premiers touchés par la crise ont été l'intérim et les CDD qui les concernent peu. Surtout, les besoins d'investissement poussent les entreprises à devoir recruter des ingénieurs, des techniciens alors que, bien souvent, leurs effectifs diminuent. "L'emploi des cadres est porté par l'investissement des entreprises, dit encore M. Chatelain. Si elles trouvent des financements, il n'y aura pas trop de problèmes." Pour Patrick Moreau, directeur de l'espace cadre de Pôle emploi à Montpellier, "les cadres savent que ce sera difficile, ils sont plutôt dans l'expectative". Dans cette ville peu industrielle, la crise n'a pas encore produit ses effets. "Mais la baisse des offres d'emploi pour les cadres est sensible, de l'ordre de 10 %, avec une hausse légère du nombre de cadres inscrits au chômage", explique M. Moreau.
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/les-cadres-seraient-surtout-menaces-par-le-chomage-longue-duree-d-ici-a-2013_1288791_3234.html
SOS chômage
Après l'éclatement de la bulle financière, le Bureau international du travail (BIT) a averti que la crise aurait des conséquences catastrophiques sur le chômage dans toutes les économies développées.
Les partenaires sociaux, qui se réunissent à l'Elysée mercredi 18 février pour débattre de l'« agenda social » français, partagent la préoccupation de nombreux Etats en 2009 : "préserver l'emploi". Mais l'impact de la crise à court terme est inévitable. Le Bureau international du travail (BIT) a corrigé, fin janvier, ses chiffres à la hausse, prévoyant entre 210 millions et 240 millions de chômeurs dans le monde fin 2009 soit, au pire, 51 millions de chômeurs de plus qu'en 2007. Les plus fortes hausses sont attendues dans les pays développés et l'Union européenne. L'Espagne, la plus touchée des Vingt-sept, passera de 11,3 % à plus de 16 %. Le BIT annonce aussi 200 millions de travailleurs extrêmement pauvres supplémentaires. Les systèmes de protection sociale actuels pourront-ils résister à un tel afflux de sans-emploi ? Les pays sont affectés par la crise de façon très inégale. Surtout, "personne ne sait aujourd'hui si l'on est dans une grave crise de court terme, ou si l'on s'installe dans une décroissance de long terme, estime l'économiste Michel Husson, de l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Or, la réponse sociale adaptée est très différente dans les deux hypothèses." Dans un scénario de court terme, les taux de chômage annoncés pour 2009 sont en deçà de ce que l'on a connu par le passé : en France, la Commission européenne prévoit 9,8 % pour 2009, contre près de 11 % annuels de 1993 à 1998. Aux Etats-Unis, le chômage avait atteint 25 % en 1933, contre 7,3 % prévus pour cette année. Et l'Espagne affichait un taux de chômage de 24,2 % en 1994. "Les systèmes de protection actuels sont capables, en partie, de répondre à la crise, juge le sociologue Jean-Claude Barbier, du Centre d'économie de la Sorbonne, mais pas pour toutes les catégories et pas dans tous les pays, par exemple, les Roms en Hongrie ou les ouvriers non qualifiés au Royaume-Uni". De 1984 à 2001, le taux d'activité de cette catégorie y avait déjà chuté de 81 % à 44,7 %. Le Danemark, en revanche, est l'un des pays les plus à même de résister au choc.
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/sos-chomage_1288790_3234.html
Des accords pour mieux indemniser le chômage partiel
Pour absorber le choc sur l'emploi, une des réponses à la crise a été le chômage partiel. Des entreprises ont développé des initiatives pour en augmenter la rémunération.
Les initiatives d'entreprises se multiplient pour amortir la baisse des revenus des salariés en chômage partiel. Fin janvier, l'indemnisation minimale légale a été portée à 60 % de la rémunération horaire brut - avec un plancher équivalent au smic horaire net - contre 50 % auparavant. Un nouveau relèvement de ce taux est à l'ordre du jour de la rencontre du 18 février entre les partenaires sociaux et Nicolas Sarkozy, qui a indiqué, le 5 février, vouloir "aller plus loin" que ces 60 %. Sans attendre, des entreprises ont pris des mesures dans ce sens, qui s'appliquent généralement après que les salariés ont utilisé leurs jours de congé ou de réduction du temps de travail (RTT) restants pendant les périodes de chômage partiel prévues. Chez STX (chantiers navals), qui connaîtra 100 000 heures chômées de février à avril pour quelque 800 salariés sur un effectif de 2 700, un projet prévoit le paiement à 100 % des jours de chômage partiel, le surplus par rapport à l'indemnité légale étant remboursé plus tard par les salariés sous forme de temps de travail, avec un abattement de 75 %. "Nous préférons avoir des salariés contents de voir que leur société ne les laisse pas tomber", explique Eric Breux, le directeur des ressources humaines (DRH), qui a fait cette proposition aux syndicats le 12 février, ce qui a mis fin à une grève partielle d'une semaine. Des entreprises ont des accords anciens dans ce domaine. Chez Renault, celui de 1986 - non signé par la CGT - prévoit un fonds alimenté par les salariés, y compris ceux en chômage partiel, qui versent 0,15 % de leur rémunération, et par l'employeur, qui cotise à hauteur de 0,15 % de la masse salariale. Ce dispositif permet d'augmenter de 10 points le taux légal d'indemnisation du chômage partiel, soit 70 % du salaire brut depuis fin janvier. TOUT LE MONDE DOIT ASSUMER "Nous allons renégocier cet accord pour tendre vers une indemnisation à 100 %", indique la CFDT. Un autre accord - non signé par FO et la CGT - invite les salariés à faire don d'une journée de salaire, la société abondant l'équivalent de 110 % du versement. Ce sont 4 200 salariés, soit 10 % de l'effectif total, qui ont fait ce geste, qui a bénéficié à des salariés en chômage partiel. Un dispositif similaire existe chez SNR Roulements (2 700 salariés, filiale de Renault et du japonais NTN), qui fabrique des roulements pour l'automobile. Selon un accord de 1993, révisé fin janvier 2009 et signé par la CGC et la CFDT, l'entreprise alimente un fonds de régularisation des ressources (FFR) jusqu'à atteindre 0,6 % de la masse salariale annuelle brute ; le personnel verse, lui, 0,13 % de sa rémunération brute, jusqu'à un plafond équivalent à 0,4 % de la masse salariale annuelle brute.
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/des-accords-pour-mieux-indemniser-le-chomage-partiel_1288776_3234.html
"Face à la crise, il faut ""une assurance-chômage universelle"""
L'extension de la couverture chômage à 100 000 demandeurs d'emploi supplémentaires apparaît insuffisante compte tenu de l'ampleur de la crise.
Vous êtes l'ancien commissaire au plan et vous présidez l'association Solidarités nouvelles face au chômage. Comment réagissez-vous au projet de convention d'assurance-chômage négocié en décembre et sur lesquels les syndicats doivent bientôt se prononcer ? Je trouve ce projet décevant, faible, pas à la hauteur des défis posé par la situation économique. L'assurance-chômage devrait être plus généreuse et relever le niveau du bouclier social. Elle ne couvre qu'une petite moitié des demandeurs d'emploi inscrits. On pouvait espérer une hausse substantielle du nombre de chômeurs couverts. Or, avec quelque 100 000 demandeurs d'emploi supplémentaires indemnisés, selon les prévisions de l'Unédic, l'extension de la couverture prévue paraît insuffisante par rapport à la situation sociale future. Un certain nombre de chômeurs vont voir leur durée d'indemnisation réduite, notamment ceux qui ont travaillé plus de seize mois. Comme on fait rentrer dans l'indemnisation ceux qui ont travaillé quatre mois - ce qui est une bonne chose -, il s'agit plus d'une forme de redistribution que d'une extension. Le problème des jeunes qui ne bénéficient pas du revenu de solidarité active (RSA) n'est toujours pas réglé. Ils ont souvent du mal à atteindre les contrats de quatre mois requis. Et avoir placé le curseur à six mois pour la deuxième inscription n'est pas très généreux. Vous estimez que les partenaires sociaux n'ont pas suffisamment pris conscience de la crise ? Un tsunami financier s'est abattu sur l'économie. La précarité va s'accroître et beaucoup de personnes vont se retrouver en difficulté. Dans ce contexte, les priorités ne peuvent pas être les mêmes qu'il y a plusieurs mois. Il fallait reporter à plus tard la résorption de la dette de l'Unédic. Et consacrer des sommes plus importantes à l'élargissement de l'accès à l'indemnisation. Solidarités nouvelles face au chômage plaide pour une assurance dite « universelle », où tous ceux qui travaillent cotisent, y compris les agents du secteur public. En retour, tout le monde en bénéficie, travailleurs indépendants, agents contractuels, vacataires, etc. Malheureusement, il n'existe pas de consensus là-dessus.
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/face-a-la-crise-il-faut-une-assurance-chomage-universelle_1288775_3234.html
"""La France ne sait pas accompagner ses chômeurs vers les nouveaux emplois"""
En France, le marché du travail se caractérise par une faible flexibilité compensée par des emplois précaires. Les détenteurs de ces emplois sont les premières victimes du chômage.
L'entrée en récession a provoqué une hausse spectaculaire du chômage. Comment fonctionne le lien entre le niveau de la croissance du produit intérieur brut (PIB), ou de sa décroissance, et celui de l'emploi ? L'activité économique est toujours accompagnée de mouvements massifs de créations et destructions d'emplois. En France, en période normale, l'ordre de grandeur est de 10 000 emplois créés et supprimés par jour ! En récession, l'économie détruit davantage d'emplois - de 10 % à 20 % de plus -, mais surtout elle en crée beaucoup moins de nouveaux. Les médias se focalisent sur les destructions d'emplois, alors qu'elles sont à peine plus importantes qu'en période normale. En mars, les entrées au chômage pour licenciement économique ont été de 23 000 en France alors qu'elles étaient de 27 000 en mars 2005, une période qui ne connaissait pas d'inquiétude particulière. En février et mars 2009, les licenciements économiques ne représentent que 4,4 % des entrées en chômage, et les licenciements pour motif personnel 11,3 %, même si certains peuvent avoir pour origine des motivations économiques. Mais, avant tout, les entreprises ne renouvellent pas les formes précaires d'emploi, comme les contrats à durée déterminée (CDD), dont la fin représente un quart des entrées au chômage, ou les missions d'intérim. En période de récession, les pays qui ont le plus flexibilisé le marché du travail sont-ils davantage confrontés au regain du chômage ? Oui, les destructions d'emplois y sont alors plus fortes, mais la reprise s'accompagne de davantage de créations. Aux Etats-Unis, on a vu le taux de chômage passer de 12 % à 5 % sur des périodes assez courtes, alors qu'en France on constate une inertie à un niveau moyen plus élevé depuis une trentaine d'années. On dit couramment qu'il faut 2 % de croissance pour créer des emplois. Qu'en pensez-vous ? La création d'emplois participe elle-même à la croissance. Ce raisonnement n'a donc pas grand sens. La capacité à créer des emplois dépend de très nombreux facteurs, parmi lesquels le fonctionnement des différents marchés - du travail, du capital, des biens et des services - ou la recherche et l'innovation.
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/la-france-ne-sait-pas-accompagner-ses-chomeurs-vers-les-nouveaux-emplois_1288770_3234.html
Chômage : éviter l'exclusion des plus vulnérables
Dans l'urgence, les Etats renforcent les dispositifs existants Les politiques de l'emploi traditionnelles ne sont pas aptes à affronter une crise longue.
Le « G8 » intersyndical a rassemblé, le 1er mai, les huit confédérations françaises, de la CGT à SUD, unies depuis le début de la crise pour réclamer au gouvernement français d'investir plus massivement dans le social. L'inscription de 63 400 nouveaux chômeurs en mars venait d'être annoncée par le Pôle emploi. "Entre 2007 et 2010, les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] compteront 25 millions de chômeurs de plus. Le taux de chômage pourrait atteindre 10 % dans la moyenne des pays de l'OCDE en 2010, contre 5,6 % en 2007 ", alerte Stefano Scarpetta, chef de la division d'analyse et politique de l'emploi de l'OCDE. Quelles politiques de l'emploi seraient à même d'absorber le choc ? Tout dépendra de l'ampleur avérée de la crise. Les politiques de l'emploi sont conçues pour corriger les déséquilibres du marché, en corrélation avec les systèmes de protection sociale et avec une volonté d'intervention de l'Etat plus ou moins forte selon les pays. Elaborées en réaction à la montée du chômage d'abord conjoncturel dès les années 1930, puis structurel après le premier choc pétrolier de 1973, ces politiques se sont appuyées sur des instruments de plus en plus nombreux qui n'ont cessé d'être évalués, avec des critères redéfinis en permanence. Les instruments utilisés depuis le début de la crise ne sont pas nouveaux. Temps partiel, grands travaux, préretraite, exonération des charges sociales, ils ont permis par le passé de maintenir un flux de créations d'emplois en période de croissance faible. Mais aujourd'hui il faut lutter contre la récession... Que les politiques de l'emploi - souvent réformées, financièrement renforcées depuis la crise - privilégient l'aide à la recherche de l'emploi comme au Royaume-Uni et au Japon, ou une forte indemnisation des chômeurs comme en France ou en Allemagne, aucune n'est prévue pour supporter une dégradation aussi brutale du marché du travail. La Suède en avait fait l'expérience dans les années 1990. Les politiques de subventions et d'emplois publics temporaires s'étaient révélées peu efficaces car trop coûteuses lorsque le taux de chômage a atteint 8,3 % en 1993, indique Christine Erhel, chercheuse au Centre d'économie de la Sorbonne. Elle rappelle que la Suède avait alors, avec succès, mis l'accent sur la formation, les mesures ciblées et une forte coordination avec les partenaires sociaux.
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/chomage-eviter-l-exclusion-des-plus-vulnerables_1288755_3234.html
La Société générale rapatrie la gestion d'actifs toxiques
La banque va centraliser à Paris ses actifs illiquides, qui étaient jusqu'à présent gérés à "New York, Londres et même Sydney".
La Société générale a décidé de centraliser à Paris ses actifs illiquides, qui étaient jusqu'à présent gérés à "New York, Londres et même Sydney", a indiqué vendredi une porte-parole, confirmant partiellement une information parue dans La Tribune. "Nos actifs illiquides sont gérés par une équipe unique depuis plusieurs trimestres afin de diminuer notre profil de risque", a indiqué une porte-parole. "Ils étaient enregistrés sur plusieurs localités. Nous procédons à une centralisation opérationnelle sur Paris de ces actifs au sein d'une structure juridique unique pour réduire notre risque opérationnel", a-t-elle précisé. Selon le quotidien La Tribune, la Société générale s'apprête à regrouper en France dans une structure dédiée, pour une valeur comptable de 35 milliards d'euros hors produits dérivés, l'essentiel de ses actifs dits illiquides, c'est-à-dire pour lesquels il n'existe pas de marché. Cette opération, qui pourrait être achevée en juillet ou en octobre, permettrait à la Société générale de "défalquer les pertes liées aux actifs toxiques de son bénéfice imposable en France", croit savoir le quotidien.
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/la-societe-generale-rapatrie-la-gestion-d-actifs-toxiques_1289001_3234.html
Nicolas Sarkozy souhaite que Google paye plus d’impôts en France
Le chef de l'Etat a demandé au ministère des finances d'étudier l'activité publicitaire des géants de l'Internet.
Pour Google, c'est un nouveau revers important en France. Mi-décembre, le géant américain de l'Internet perdait un procès contre la maison d'édition La Martinière. Il était reconnu coupable par le tribunal de grande instance de Paris de non-respect des droits d'auteur en matière de numérisation de livres – il a fait appel de cette décision. C'est maintenant l'Elysée qui lui cherche des noises. Jeudi 7 janvier, lors de ses vœux aux représentants du monde culturel, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a retenu, parmi les propositions du rapport Zelnik pour soutenir l'industrie culturelle face à la révolution numérique (document dû à l'éditeur Patrick Zelnik et remis la veille au ministère de la culture), deux suggestions visant expressément à corriger des pratiques du géant américain de l'Internet. D'une part, il a accueilli favorablement la demande de saisine pour avis de l'Autorité de la concurrence sur d'éventuels dysfonctionnements du marché publicitaire sur le Web. Sans reprendre expressément à son compte l'idée d'une "taxe Google" suggérée par le rapport Zelnik, M. Sarkozy a, d'autre part, invité le ministère des finances à "lancer au plus vite une expertise pour appréhender fiscalement les activités publicitaires des grands portails et moteurs de recherche internationaux présents en France". "Pour l'instant, ces entreprises sont taxées dans leur pays siège, alors qu'elles ponctionnent une part importante de notre marché publicitaire", a-t-il expliqué, ajoutant : "Cette fuite de matière fiscale est particulièrement dommageable." Google, qui édite le moteur de recherche homonyme le plus populaire du Web, est directement visé, parce qu'il est de loin le plus gros vendeur d'espaces publicitaires en ligne du monde. Et parce qu'il lui est reproché d'encaisser son chiffre d'affaires réalisé effectivement en France (et évalué à 800 millions d'euros) en Irlande, son siège comptable européen. La filiale française ne touche que des commissions, évaluées à 39,8 millions d'euros en 2008. Du coup, dans l'Hexagone, Google ne paierait pas les charges correspondant à son activité réelle. L'attaque de l'Elysée devrait satisfaire les acteurs français des médias et de la culture, qui reprochent de plus en plus à Google sa position archi-dominante. Ils accusent le géant américain des services en ligne de gagner énormément d'argent grâce à leurs contenus, sans les rémunérer à leur juste valeur. Mais, jusqu'à présent, ils hésitaient à prendre de front le groupe américain, par peur d'éventuelles représailles: ne plus être référencé par le moteur de recherche de Google condamne aujourd'hui à l'anonymat sur Internet. Au-delà de la portée symbolique des déclarations de l'Elysée, le mastodonte Google, 21,8 milliards de dollars (15,2 milliards d'euros) de chiffre d'affaires et 4,2 milliards de profits en 2008, est-il vraiment menacé ? La saisine pour avis de l'Autorité de la concurrence est prise au sérieux par le groupe américain. L'Autorité pourrait conclure au fait que le marché français de la publicité sur Internet ne souffre d'aucune distorsion de concurrence. Et que Google n'enfreint aucune règle. L'AFFAIRE POURRAIT SE CORSER Mais dans le cas contraire, si elle décidait d'ouvrir une procédure contentieuse, l'affaire pourrait mal tourner pour le groupe américain, s'il s'avérait qu'il se livre à des pratiques concurrentielles répréhensibles. Outre le risque d'une lourde amende, il s'exposerait à des mesures correctives pouvant, éventuellement, limiter sa suprématie sur la publicité en ligne. L'affaire pourrait se corser si d'autres autorités de la concurrence en Europe, voire si Bruxelles, s'en mêlaient. L'Autorité de la concurrence italienne enquête déjà sur le sujet depuis août2009, sur demande des éditeurs de presse. Certes, la Commission européenne a déjà examiné la position de Google sur le marché publicitaire en ligne en 2007, lors de l'acquisition de la régie Internet DoubleClick par le moteur de recherche. Et à l'époque, elle n'avait rien trouvé à redire. Mais depuis, la part de marché de Google dans les moteurs de recherche en ligne n'a cessé de progresser : elle était à 67,5 % au niveau mondial en novembre2009, selon l'institut ComScore. Et, relève le rapport Zelnik, des éditeurs français de contenus culturels et de presse déplorent aujourd'hui la diminution du prix des espaces publicitaires qu'ils vendent sur leurs sites, revenus censés constituer une part importante de leurs ressources. Ils se demandent si cette baisse ne serait pas le résultat d'éventuels abus de position dominante de la part de Google. Que peut craindre Google d'une révision à la hausse de l'impôt qu'il paie en France, voire d'une éventuelle taxe sur les revenus publicitaires en ligne? Problèmes de droit concernant l'impôt payé par Google en France, et le fait qu'il soit calculé sur la base d'un chiffre d'affaires bien moindre que celui réellement réalisé dans l'Hexagone, Google serait difficilement attaquable, expliquent les fiscalistes. En effet, la pratique consistant à réaliser des revenus avec des clients français mais à ne pas payer les impôts correspondants en France est une pratique d'"optimisation" fiscale, courante et légale. Pour les éviter, certains Etats tentent de mettre en place ce que les spécialistes appellent "la retenue à la source": les entreprises sont contraintes de payer des impôts sur les revenus réalisés avec les clients résidant dans ces Etats. "Mais dans le cas de l'Irlande et de Google, la retenue à la source ne sera pas applicable, car elle ne l'est qu'avec des pays considérés comme “non coopératifs”, ce qui n'est pas le cas de l'Irlande", explique Stéphane Gelin, avocat associé du cabinet CMS Bureau Francis Lefebvre. Quant à une éventuelle taxe, sa mise en œuvre pourrait aussi se révéler compliquée et soulever de sérieux problèmes de droit. Les auteurs du rapport Zelnik, qui la suggèrent dans le but de financer ses autres propositions de soutien à la création sur Internet, le reconnaissent eux-mêmes. Il faudra qu'elle soit compatible avec le droit communautaire; ils proposent pour cela de s'inspirer des règles de territorialité s'appliquant à la taxe sur les conventions d'assurance… Le but des rapporteurs étant de taxer avant tout Google, mais aussi, dans une moindre mesure, ses concurrents Microsoft, Yahoo! et Facebook, autres géants des services en ligne, il a aussi été prévu d'exclure de la taxe les petits éditeurs de contenu, qui engrangent de faibles volumes publicitaires. "Il pourrait y avoir des problèmes d'égalité face à l'impôt", soulève Yann Colin, avocat des éditions La Martinière. Chez Yahoo!, on ne cache pas son mécontentement: "Contrairement à d'autres, tous les contenus que nous proposons sur notre portail font l'objet d'accords avec les éditeurs de contenu. Nous ne pouvons pas laisser dire que nous nous enrichissons aux dépens des industries du contenu!" Même son de cloche chez Microsoft: "Nous avons toujours fait le pari des partenariats avec les ayants droit", explique Marc Mossé, le directeur juridique du groupe en France. La mission Zelnik ne cache pas, enfin, que pour que son projet ait une chance d'aboutir, il faudrait qu'il trouve un relais au niveau européen. Sans compter que le montant de la taxe resterait probablement modeste. Le rapport Zelnik suggère de le limiter à 1% ou 2% des recettes publicitaires, soit pas plus de 10 à 20millions d'euros de recettes fiscales supplémentaires par an en tout pour l'Etat français. Pas de quoi ébranler la santé financière de Google! Cécile Ducourtieux, Laurence Girard et Nathaniel Herzberg
08/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/08/nicolas-sarkozy-souhaite-que-google-paye-plus-d-impots-en-france_1289051_651865.html
La junte birmane condamne à mort deux informateurs
Win Naing Kyaw et Thura Kyaw sont condamnés pour avoir organisé l'an passé la fuite d'informations sur un voyage en Corée du Nord du général Shwe Mann, numéro trois de la junte.
Win Naing Kyaw et Thura Kyaw ont été condamnés à mort en Birmanie pour diffusion d'informations confidentielles. Ils ont écopé de la peine capitale pour avoir organisé l'an passé la fuite d'informations sur un voyage en Corée du Nord du général Shwe Mann, numéro trois de la junte, selon le site d'information birman Irrawaddy, installé à Chiang Maï. Une troisième personne, Pyan Sein, a été condamnée à 15 ans de prison. "Ils ont été condamnés par un tribunal spécial de la prison d'Insein jeudi", a confirmé un responsable birman sous couvert de l'anonymat, confirmant l'identité des accusés et leur condamnation pour diffusion d'informations confidentielles. Les trois hommes, respectivement ex-officier de l'armée et fonctionnaires du ministère des affaires étrangères, "avaient été arrêtés après que des informations et des photos sur le voyage du général Shwe Mann en Corée du Nord avaient fait l'objet de fuites" dans des médias birmans en exil, a précisé Irrawaddy. Selon le site, les deux hommes ont été jugés coupables de diffusion de secrets militaires, citant des sources au sein de la prison d'Insein de Rangoun, où sont détenus des centaines de dissidents. En juin, un groupe de militants en exil avait aussi publié des photos de ce qui était décrit comme un réseau secret de tunnels construit par la Corée du Nord en Birmanie. La télévision installée en Norvège Democratic Voice of Burma avait affirmé que la plupart des tunnels avaient été construits autour de Naypyidaw, nouvelle capitale du pays depuis 2005, érigée de toutes pièces à quelque 400 kilomètres au nord de Rangoun. En juillet, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait exprimé ses inquiétudes sur un possible "transfert de technologie nucléaire" de Corée du Nord vers la Birmanie. Ses craintes avaient été alimentées par des déclarations de responsables américains affirmant qu'un bateau nord-coréen, le Kang Nam 1, était soupçonné de transporter des armes en Birmanie. Le navire avait ensuite rebroussé chemin. Début août, un quotidien australien avait par ailleurs publié des informations émanant d'opposants en exil selon lesquels Pyongyang aidait la junte à se doter d'un réacteur nucléaire et d'une usine d'extraction d'uranium, pour l'aider à s'équiper d'une bombe atomique d'ici à cinq ans.
08/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/08/la-junte-birmane-condamne-a-mort-deux-informateurs_1289014_3216.html
CAN 2010 : l'Angola sort de l'ombre
Le pays organisateur de la CAN 2010 doit son renouveau à son statut de plus grand exploitant pétrolier d'Afrique. Une bénédiction dont tout le monde ne profite pas encore.
Après 27 années de guerre civile (1975-2002), et encore en phase de décompression, l'Angola effectue son grand retour sur le devant de la scène internationale. Pays hôte d'une conférence de l'OPEP en 2009, terre d'accueil de la CAN 2010 du 10 janvier au 31 janvier, l'ancienne colonie portugaise sort petit à petit la tête de l'eau. Depuis 2006 et un boom économique record (20,2 %), le pays se démène pour ne pas retomber dans le marasme continental. Sa chance ? L'or noir. L'Angola caracole en tête des pays producteurs de pétrole brut en Afrique, à parité avec le Nigeria. Ces ressources assurent au pays 95 % de ses recettes à l'exportation et irriguent un flux ininterrompu de capitaux étrangers, notamment chinois, qui viennent financer la reconstruction d'un pays sorti de la guerre en 2002. Et ce sont justement des entreprises chinoises qui ont réalisé les quatre stades nécessaires à la CAN. "MONTRER UNE NOUVELLE IMAGE DU PAYS" Surfant sur cette vague noire, le gouvernement a entrepris de réaménager le territoire. A Luanda, grues et échaffaudages se dressent vers le ciel, et de nouveaux bâtiments semblent sortir de terre chaque jour. Un nouvel aéroport vient ainsi tout juste d'ouvrir ses portes, et la rénovation en cours de la ligne ferroviaire de Benguela (ouest) pourrait ouvrir la voie à une exploitation d'importants gisements de minerais, et notamment d'uranium. Le pays "est engagé sur le chemin de la croissance. Nous allons attirer des touristes avec la CAN et montrer une nouvelle image du pays", assure Noberto Garcia, conseiller économique régional du MPLA, le parti au pouvoir. Au pays, une partie de la population s'est rangée derrière ce gouvernement de la modernité... DEUX DOLLARS PAR JOUR Pourtant, tout n'est pas rose. Le pays figure au 162e rang sur 180 dans le classement des pays les moins corrompus établi par Transparency International. Dans les provinces et les zones délabrées, les citoyens les plus défavorisés estiment que beaucoup d'argent est jeté par les fenêtres, et de nombreux projets soldés par des résultats médiocres. "L'Angola a un revenu par tête d'un pays intermédiaire mais présente les caractéristiques d'un pays sous-développé", résume Septime Martin, de la Banque africaine de développement. Avec 70 % de la population survivant avec seulement deux dollars par jour, l'Angola reste l'un des pays du monde à l'indice de développement humain le plus bas. Un bon parcours des "Antilopes noires", surnom de la sélection angolaise, éclipserait momentanement cette réalité. Mais si les Angolais espèrent un succès de l'événement, dont les retombées économiques favoriseraient un peu plus cette marche en avant, ils restent dubitatifs quant aux chances de voir leurs joueurs triompher.
08/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/08/can-2010-l-angola-sort-de-l-ombre_1288264_3242.html
Le séguinisme, un monde ancien qui ne veut pas mourir
Le non de Philippe Séguin à Maastricht, en 1992, a préfiguré le désenchantement français sur l'Europe.
Hommage national, lundi 11 janvier, aux Invalides, en présence du président de la République, voix nouée du premier ministre François Fillon, louange unanime des dirigeants français, la disparition brutale à 66 ans de Philippe Séguin suscite une émotion rare. "Il y a un écho lointain et assourdi de la mort du général de Gaulle", commente l'ancien eurodéputé UDF Jean-Louis Bourlanges. Partisan du non à Maastricht en 1992; gaulliste social porteur de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 1995 sur "la fracture sociale" voire de celle de 2007 sur "la France qui souffre" via son disciple Henri Guaino devenu "plume" de Nicolas Sarkozy; défenseur de l'Etat depuis la présidence de la Cour des comptes, Philippe Séguin laisse un vide. Un vide paradoxal, car la persistance de son héritage est incertaine. "C'est la question : est-ce le dernier représentant d'un monde ancien ou la persistance de quelque chose qui n'est pas prêt de mourir, d'une exception française qui ne veut pas disparaître, même si cela ne fait pas plaisir à certains", s'interroge Henri Guaino. Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan exprime dans un communiqué l'impasse de Philippe Séguin, "décalé avec son époque", arrivé "trop tard par rapport à la génération de la Résistance et de la reconstruction, trop tôt face aux défis d'aujourd'hui et de demain". Selon M. Dupont-Aignan, "il souffrait profondément, j'en suis sûr, de ce décalage entre ce qu'il pensait pouvoir apporter à la France et l'absence de marge de manœuvre politique". "RIEN" Les rares disciples de Philippe Séguin, homme solitaire, n'ont pas créé de courant de pensée : l'économiste Nicolas Baverez s'est transformé en Cassandre libérale dénonçant "la France qui tombe"; Paul-Marie Coûteaux fut jusqu'en 2009 eurodéputé villiériste; François Fillon reste un solitaire qui incarne la droite classique et gère l'Etat; Henri Guaino tente de faire vivre l'héritage, isolé dans la chambre de Murat à l'Elysée. Que reste t-il du séguinisme ? "Rien", répondent en cœur le socialiste François Hollande et le l'universitaire barriste Jean-Claude Casanova qui dirige la revue Commentaire. "Henri Guaino", glisse, un brin perfide, Alain Minc, qui revendique d'incarner "la pensée unique" pourfendue par Philippe Séguin. "Ce n'est pas un idéologue, plutôt un sillon politique. Il n'a pas essayé de créer d'idéologie", note la secrétaire d'Etat Nathalie Kosciusko-Morizet. Ce courant serait mort avec l'intégration du gaullisme dans l'Europe, selon l'eurodéputé UMP, (ex-UDF) Alain Lamassoure : "Il a échoué, car il représentait en France l'équivalent du Old Labour face au New Labour et parce que c'était un homme seul, un caractériel épouvantable", explique M. Lamassoure. "Avec lui, la position souverainiste s'est éteinte. Son rôle ultime à la Cour des comptes a été de vérifier le respect des critères de Maastricht ! C'est emblématique d'un cycle qui n'a pas trouvé de successeur ni de succession", renchérit Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique. "Le marginal représentait plus que lui-même et incarnait une tradition forte de la droite française", nuance Pascal Perrineau, directeur du centre de recherches politiques de Sciences Po. Sur l'Europe, nul ne songe aujourd'hui à abandonner l'euro, principal acquis du traité de Maastricht. "La crise l'a démontré. L'euro a été une protection et pas une faiblesse", commente François Hollande. Le ministre de l'agriculture (UMP) Bruno Le Maire juge que "le problème n'est pas la monnaie unique mais de ne pas avoir pensé la construction politique qui devait suivre". L'ampleur du non au référendum de 2005 peut difficilement être interprétée comme une victoire du séguinisme. "La campagne de Seguin en 1992 portait sur l'abdication de la souveraineté. Ce thème avait disparu en 2005 – l'inquiétude portait sur la perte d'identité – et serait aujourd'hui inaudible", explique Pierre Sellal, ancien représentant de la France à Bruxelles. L'ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine, juge toutefois que "Philippe Séguin a préfiguré un désenchantement qui s'est exprimé jusqu'en 2005, l'échec des élites françaises à faire de l'européisme une conviction moteur de la politique française". Mais l'échec du fédéralisme n'a pas signé la reprise de pouvoir de la nation, complète Jean-Louis Bourlanges : "Souverainistes et fédéralistes ont perdu ensemble, car ils ont continué de croire en la politique. Ce qui gagne, c'est une espèce de gouvernance mondiale indéterminée". En matière sociale, Philippe Séguin porta la campagne de 1995, même si, note le politologue Pascal Perrineau, le concept de "fracture sociale" est attribué au démographe Emmanuel Todd. Nicolas Sarkozy n'a pu remporter la présidentielle de 2007 qu'en conquérant les classes populaires, avec l'aide de M. Guaino. Mais si la parole séguiniste permet de battre les estrades, elle est suivie de désillusions dans l'action. Elu, Jacques Chirac a nommé Alain Juppé premier ministre et a vite pris le tournant de la rigueur. M. Sarkozy, au plus bas de sa popularité, n'a pas comblé les espérances sur le pouvoir d'achat. "Le retrait de Philippe Séguin de la vie politique en 2004 révèle qu'il avait considéré que le gaullisme tel qu'il le pensait n'avait plus sa place. Il faisait un gaullisme d'Etat, de serviteur de l'Etat", analyse François Hollande. In fine, c'est sa vision de l'Etat, incarnée depuis la Cour des comptes, qui est louée. "Il reste dans ce pays un attachement à l'Etat, aujourd'hui beaucoup plus audible qu'avant la crise", note M.Védrine, qui estime que "Philippe Séguin ne disparaît pas ringard". Pour Pascal Perrineau, "c'est l'homme charismatique qui avait su se retirer à temps, pour prendre sa part de surplomb". Ses détracteurs modèrent les louanges sur le grand Républicain et accusent d'autoritarisme l'auteur d'une biographie de Napoléon III jugée complaisante en matière de politique étrangère. "Le Bonapartisme et la République n'ont jamais été incompatibles, rétorque Henri Guaino. Si la République s'est ancrée dans ce pays, c'est grâce au premier consul et Napoléon 1er". De la Cour des comptes, Philippe Séguin critiquait sans être vraiment suivi. "Il manque peut-être quelque chose entre le libéralisme excité des débuts du sarkozysme et le côté un peu défensif de la Cour des comptes", juge M.Védrine. Arnaud Leparmentier
08/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/08/le-seguinisme-un-monde-ancien-qui-ne-veut-pas-mourir_1289026_823448.html
Un policier visé par une bombe en Irlande du Nord
Un policier a été blessé vendredi matin en Irlande du Nord lors de l'explosion d'une bombe placée sous sa voiture.
Un policier a été blessé, vendredi matin 8 janvier, en Irlande du Nord, lors de l'explosion d'une bombe placée sous sa voiture. Ce policier venait juste de quitter sa maison pour aller travailler, à Randalstown, dans le comté d'Antrim, au centre de l'Irlande du Nord, quand la bombe a explosé. Dans un message enregistré à l'intention des médias, la police d'Irlande du Nord (PSNI) a précisé avoir été alertée de cette explosion. "A ce moment, nous pensons qu'un engin a explosé sous une voiture. Un homme a été hospitalisé. Son état n'est pas connu à l'heure actuelle", a indiqué la PSNI. Selon l'agence Press Association, le policier serait grièvement blessé. Des attentats portant la marque des groupuscules dissidents républicains opposés au processus de paix et visant en particulier les forces de l'ordre, se sont multipliés ces derniers mois. Ces attaques font craindre une résurgence des violences dans la province britannique semi-autonome, où un gouvernement biconfessionnel, réunissant catholiques séparatistes et protestants unionistes, est en place depuis 2007.
08/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/08/un-policier-vise-par-une-bombe-en-irlande-du-nord_1289046_3214.html
L'histoire ordinaire d'un médecin jordanien qui a décapité la CIA à Khost, en Afghanistan
Certains experts américains pensent que Humam Muhammed Al-Balawi avait prémédité l'attentat. Les Jordaniens pensent qu'il était révolté par les dégâts collatéraux causés par les frappes de drone qu'il contribuait à diriger.
Son épouse est "fière" de lui. D'Istanbul où elle réside, Defne Bayrak a dit toute l'admiration qu'elle portait à cet homme, son mari, qui s'est fait sauter lors d'un attentat-suicide en Afghanistan. "Je l'aime, a-t-elle dit. Il va me manquer." Journaliste, traductrice, auteur d'un ouvrage qui décrit Oussama Ben Laden comme "le Che Guevara de l'Orient", Defne Bayrak a quelques raisons d'être fière. En déclenchant sa ceinture d'explosifs, son mari, le médecin Jordanien Humam Muhammed Al-Balawi, a décapité la station de la CIA à Khost (est de l'Afghanistan), le poste avancé de la traque aux responsables d'Al-Qaida. CONNAISSANCE "ENCYCLOPÉDIQUE" L'attaque a eu lieu le 30 décembre 2009. Parmi les sept morts américains – cinq agents du contre-espionnage, dont deux femmes, et deux contractuels de la firme de sécurité privée Xe, l'ancienne Blackwater – figurait le chef de poste, une femme dont la CIA n'a pas révélé l'identité mais qui suivait déjà Al-Qaida avant le 11 septembre 2001. Elle avait une connaissance "encyclopédique" du mouvement de Ben Laden, ont dit ses anciens collègues. Selon eux, il faudra des mois sinon des années pour reconstituer les connaissances et les réseaux détruits. Les responsables américains sont prolixes sur les "défaillances systémiques" qui ont conduit à l'attentat manqué contre le vol Amsterdam-Detroit le jour de Noël. Ils le sont moins sur l'épisode de Khost, qui témoigne de la guerre de l'ombre qu'ils ont tant de mal à gagner. Et ils sont tout aussi discrets sur les infractions aux règles élémentaires qui ont vu plus de dix agents de la CIA se réunir autour d'un informateur, fut-il de confiance, sans l'avoir fouillé à l'entrée d'une base qui contrôle les tirs de drones contre les zones tribales où se concentre Al-Qaida. Un signe, pensent les spécialistes, de l'intérêt des informations que le Jordanien était censé leur apporter. Humam Al-Balawi avait 32 ans et un parcours typique lié à une région secouée de crises. Né au Koweït, dans une famille de classe moyenne originaire d'Arabie saoudite, il y a vécu jusqu'à la guerre du Golfe en 1991. La famille s'est ensuite installée en Jordanie. Il y effectuera ses études secondaires avant d'aller étudier la médecine en Turquie et de s'y marier en 2001. Le couple a eu deux filles. Humam Muhammed Al-Balawi a travaillé à Zarka, à la clinique de l'UNRWA, l'office des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, dans le fief d'Abou Moussab Al-Zarkaoui, chef d'Al-Qaida en Irak, tué par les Américains en 2006, sur renseignement jordanien. Connu comme radical, intervenant sous divers pseudonymes sur les sites djihadistes, il a fini par être arrêté en mars 2008 par les autorités jordaniennes, pour prosélytisme. Il s'était porté volontaire pour une mission humanitaire à Gaza, après l'intervention israélienne. Les Jordaniens l'ont gardé quelques jours en prison. Après, les interprétations divergent. Les Jordaniens pensent l'avoir "retourné". Pour les Américains, il a joué les agents doubles et n'a jamais renoncé à sa fidélité envers le chef d'Al-Qaida. Quoi qu'il en soit, Humam Muhammed Al-Balawi a envoyé sa famille en Turquie et suffisamment donné satisfaction aux services jordaniens pour être expédié en Afghanistan avec pour missiond'infiltrer les rangs d'Al-Qaida. Sous la direction de son officier traitant jordanien, Sharif Ali Ben Zeid, un cousin éloigné du roi Hussein, tué lui aussi dans l'attentat, il a fourni à la CIA des renseignements qui ont permis d'orienter les tirs de drone grâce auxquels les Américains essaient de frapper l'organisation terroriste. PROFIL IDÉAL Les services américains n'ont pas prêté attention aux écrits de Balawi, qui continuait à appeler au djihad sur les forums Internet. Leur espoir était de remonter grâce à lui la filière d'Al-Qaida jusqu'à Ayman Al-Zawahiri, le numéro deux d'Al-Qaida. Le Jordanien avait le profil idéal : arabe et médecin, donc susceptible de soigner les combattants d'Al-Qaida dans les zones afghanes rebelles. Selon la presse américaine, il était "extrêmement bien payé". Humam Muhammed Al-Balawi n'était pas la première "taupe" recommandée par les services jordaniens, qui, plus qu'ils ne l'admettent, se chargent régulièrement des basses œuvres des services Américains. Lorsqu'il a demandé une réunion d'urgence à la fin décembre 2009, affirmant avoir des informations sur l'Egyptien Zawahiri, les Américains ne se sont pas méfiés. Ils avaient bon espoir d'être sur une piste intéressante et selon Time Magazine, l'annonce de la réunion a été transmise "jusqu'à la Maison Blanche". Le 30 décembre, pas moins de 13 membres de la CIA étaient présents pour le briefing à Camp Chapman, base de haute sécurité qui sert de QG au lancement des drones. Erreur incompréhensible pour des professionnels de l'action clandestine, l'informateur jordanien n'a pas été fouillé à son arrivée. Certains experts américains pensent que Balawi avait prémédité l'attentat et ils y voient un haut degré de sophistication de la part d'une organisation qui semblait en déconfiture. En Jordanie, où l'on a enterré l'officier Sharif Ben Zeid en présence du roi, il semble difficile d'admettre pareille erreur de jugement. Selon la presse américaine, les Jordaniens pensent que Balawi était moins un agent double qu'un homme révolté par les dégâts collatéraux causés par les frappes de drone qu'il contribuait à diriger. A force de voir des civils innocents périr dans les frappes, il serait passé à l'action.
08/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/08/l-histoire-ordinaire-d-un-medecin-jordanien-qui-a-decapite-la-cia-en-afghanistan_1288966_3216.html
Le déficit commercial français atteint des sommets
Le déficit des échanges a atteint en novembre son niveau le plus élevé depuis un an, sous le coup d'une poussée des importations et de ventes décevantes d'Airbus.
Avec 5,304 milliards d'euros, le déficit commercial français a atteint en novembre 2009 son niveau le plus élevé depuis un an, sous le coup d'une poussée des importations et de ventes décevantes d'Airbus, selon des chiffres publiés vendredi par les Douanes. Ce résultat est bien supérieur au déficit de 3,8 milliards attendu et il contraste avec l'excédent meilleur que prévu annoncé au même moment par l'Allemagne, premier partenaire commercial de la France. Les exportations françaises ont augmenté de 2,1 % en novembre, à 28,9 milliards d'euros, mais cette bonne performance relative a été éclipsée par un bond de 4,6 % des importations, à 32,2 milliards. "Les importations enregistrent leur plus forte progression depuis juin 2004 alors que les exportations demeurent inférieures de 20,7 % à leur sommet de février 2008", constate Alexander Law, économiste au cabinet d'études Xerfi, pour qui "la situation est encore loin, très loin, d'être normalisée". Pour autant, la statistique montre des éléments rassurants. Les ventes d'automobiles sont restées fermes, en particulier vers l'Espagne ou l'Italie grâce aux "primes à la casse" encore en vigueur dans ces pays. Les exportations de biens intermédiaires (chimie, métaux, plastique...) se sont accélérées, reflétant sans doute la fin du processus de déstockage à travers l'Europe et le monde. Le redressement est également sensible pour l'équipement mécanique et les matériels électriques et électroniques. Les exportations, à leur plus haut niveau depuis juillet 2009, ont toutefois été handicapées par une contre-performance des livraisons aéronautiques. Airbus n'a vendu que 17 avions sur la période, pour un total de 785 millions d'euros, après 24 en octobre et 22 en septembre.
08/01/2010
la-crise-financiere
https://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2010/01/08/le-deficit-commercial-francais-atteint-des-sommets_1289042_1101386.html
"M. Obama : les Etats-Unis sont ""en guerre"" contre Al-Qaida"
"Nous sommes en guerre" a déclaré, jeudi, le président américain. L'expression était destinée à tous ceux, républicains en tête, qui lui reprochent de sous-estimer la menace terroriste.
La "guerre" mais pas tout à fait celle de George Bush. Pour la deuxième fois en quarante-huit heures, le président américain Barack Obama s'est exprimé, jeudi 7 janvier, au cours d'une conférence de presse sur le terrorisme et les "défaillances" des services de renseignement. Ces services qui, huit ans après les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis, n'ont pas réussi à empêcher le jeune Nigérian Farouk Abdulmutallab de monter à bord d'un avion de ligne avec des explosifs, alors que son propre père avait alerté les officiels américains de sa dérive extrémiste. Soigneusement, Barack Obama a détaché ses mots. "Nous sommes en guerre." L'expression était destinée à tous ceux, républicains en tête, qui lui reprochent de sous-estimer la menace terroriste. Aussitôt après, il a nuancé : "Nous sommes en guerre contre Al-Qaida, un réseau extensif de violence et de haine", une manière de se démarquer de son prédécesseur George Bush et de son concept attrape-tout de "guerre contre le terrorisme" (war on terror). Enfin, M. Obama n'a blâmé personne pour les défaillances des services de sécurité, sinon lui-même –"quand le système échoue, je suis responsable", a-t-il dit "NOUS NE SUCCOMBERONS PAS À UNE MENTALITÉ D'ASSIÉGÉS" Le président américain a confirmé le renforcement des contrôles mais il a aussi tenté de rassurer ceux qui s'inquiètent d'une dérive sécuritaire. "Nous allons renforcer nos défenses mais nous ne succomberons pas à une mentalité d'assiégés qui sacrifierait la société ouverte et les libertés et valeurs que nous, Américains, chérissons, a-t-il promis. Les grandes et fières nations ne se cachent pas derrière des murailles de suspicion et de défiance." Alors que le Nigeria a protesté contre le fait d'être rangé parmi les pays "préoccupants" pour le transport aérien, ce qui va valoir à tous ses ressortissants de subir – comme ceux de 13 autres pays – des fouilles corporelles systématiques, des associations islamo-américaines ont rapporté plusieurs cas où des passagères ont été aussi singularisées à cause de leur foulard. M. Obama s'est adressé aux musulmans. Il leur a rappelé son discours du Caire, appelant à un "nouveau départ" sur la base du "respect mutuel". Il a souligné qu'une "vaste majorité" des musulmans rejette Al-Qaida mais il s'est inquiété de ce que l'organisation djihadiste recrute désormais des individus isolés, notamment en Afrique, qu'il est plus difficile de repérer. Le conseiller pour la lutte antiterroriste du président, John Brennan, a reconnu que le gouvernement avait été pris de court : le Yémen a été le théâtre de nombreux attentats anti-américains, mais c'est la première fois qu'une tentative contre le sol américain est organisée à partir de ce pays. Le président américain a fixé des objectifs très précis pour chacun des services concernés et laissé entendre que les responsabilités étant désormais clairement définies, il ne sera plus possible à l'avenir de se défausser sur la bureaucratie. Sans se prononcer pour une refonte de la constellation du renseignement (16 agences), il a demandé un réexamen des listes de suspects. Il existe actuellement quatre listes, gérées par des agences différentes. La liste TIDE (Terrorist Identities Datamart Environment) compte plus de 400 000 noms de personnes à risque. Elle est complétée par une Terrorist Screening Database qui recommande une fouille du passager; puis par une liste plus "sélective" et enfin la plus restrictive, la No Fly List pour les individus interdit de vols (environ 4000). Le nom de Farouk Abdulmutallab figurait seulement sur la première liste. A la suite d'une erreur d'orthographe, le département d'Etat n'a pas réalisé qu'il avait un visa. Le département de la sécurité intérieure devra installer des centaines de scanners d'imagerie corporelle (300 étaient déjà commandés) et convaincre le reste du monde d'adopter des mesures comparables et notamment la fouille systématique des ressortissants des 14 pays désignés. La responsable de la sécurité intérieure, Janet Napolitano, a dépêché des fonctionnaires sur tous les continents. Elle a indiqué qu'elle rencontrerait ses partenaires européens prochainement à Madrid.
08/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/08/la-guerre-de-barack-obama_1289010_3222.html
Coupe de France : le froid trouble les 32es de finale
5 rencontres des 32es de finale de la Coupe de France ont pour le moment été repoussées à cause du froid et de la neige.
Les clubs de Ligue 1 font leur entrée ce week-end en Coupe de France à l'occasion des 32es de finale. Mais la vague de grand froid qui s'abat sur la France pourrait perturber le déroulement de la journée. Plusieurs rencontres ont d'ores et déjà été repoussées dont des affiches entre clubs de Ligue 1 : Grenoble-Montpellier et Saint-Etienne - Lorient. Auxerre est également concerné ainsi que deux autres rencontres qui opposent des amateurs. En effet, Avranches (CFA2) - Saumur (CFA2) et Quevilly (CFA) - Saint-Quentin (DH) ont été reportés au samedi 16 janvier. La rencontre entre Amiens et Auxerre a, elle, été reportée au lundi 11 janvier (20 h 30), mais la pelouse gelée en profondeur risque de ne pas être praticable. La rencontre pourrait alors se dérouler mercredi 13 au stade de l'AJA, l'Abbé-Deschamps, où la pelouse est chauffée. Malgré les efforts des personnels d'entretien de la ville, la rencontre entre Saint-Etienne et Lorient a été reportée à une date ultérieure non connue pour le moment. Ce sont les importantes chutes de neige qui ont provoqué ce report. La rencontre Grenoble-Montpellier a également été reportée. Dans l'est du pays, malgré le froid, des mesures ont été prises pour éviter les reports. A Strasbourg, le terrain du stade de la Meinau est bâché depuis lundi et est en parfait état pour accueillir Lyon samedi. Le stade d'Illzach, où Saint-Louis Neuweg attend Sochaux, n'étant pas muni d'une bâche, de la main-d'œuvre a été mobilisée pour procéder, si besoin, au déneigement samedi matin. Par ailleurs, le stade sochalien étant chauffé, les dirigeants du club ont proposé d'inverser le lieu de la rencontre, une proposition refusée pour le moment par Saint-Louis. VENDREDI 8 JANVIER : 19 h 30 : Pau (CFA) - Evian Thonon Gaillard (Nat.) SAMEDI 9 JANVIER : 14 h : Chauray (DH) - Agen (CFA2) 14 h 30 : La Grande Motte (PHA) - Villefranche (CFA) 15 h : Ajaccio (L2) - Cannes (Nat.) Saint-Ouen-l'Aumône (DH) - Sedan (L2) Colmar (CFA) - Lille (L1) (Eurosport) 17 h : Seclin (DHR) - Boulogne (L1) 17 h 45 : Compiègne (CFA) - Lens (L1) (Eurosport) 18 h : Saint-Louis Neuweg (CFA2) - Sochaux (L1) Laval (L2) - Vesoul (CFA) Pontivy (CFA) - Brest (L2) Saint-Dizier (CFA2) - Raon-l'Etape (CFA) 18 h 30 : Les Herbiers (CFA) - Toulouse (L1) 19 h : Monaco (L1) - Tours (L2) Vannes (L2) - Troyes (Nat.) Strasbourg (L2) - Lyon (L1) (Eurosport et France 3 Régions) Bordeaux (L1) - Rodez (Nat.) (France 3 Régions) Rennes (L1) - Caen (L2) (France 3 Régions) Le Mans (L1) - Valenciennes (L1) (France 3 Régions) DIMANCHE 10 JANVIER : 14 h : Lattes (DH) - Angers (L2) Thiers (CFA2) - Nancy (L1) Versailles (DSR) - Beauvais (Nat.) 14 h 30 : Marquette (PH) - Mulhouse (CFA) Bompchamp-les-Laval (DH) - Guingamp (L2) 14 h 45 : Plabennec (Nat.) - Nice (L1) (Eurosport) 17 h 30 : Trélissac (CFA2) - Marseille (L1) (Eurosport) 20 h 45 : Paris SG (L1) - Aubervilliers (CFA2) LUNDI 11 JANVIER : 20 h 30 : Amiens (Nat.) - Auxerre (L1) (Eurosport) SAMEDI 16 JANVIER : Quevilly (CFA) - Saint-Quentin (DH) Avranches (CFA2) - Saumur (CFA2) DATE À FIXER : 20 h 45 : Grenoble (L1) - Montpellier (L1) (France 3 Régions) Saint-Etienne (L1) - Lorient (L1) (France 3 Régions)
08/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/08/coupe-de-france-le-froid-trouble-les-32es-de-finale_1288986_3242.html
Le succès de l'iPhone fait entrer le jeu vidéo pour mobiles dans une ère nouvelle
Le téléphone d'Apple est un concurrent de plus en plus sérieux pour les consoles portables
Fin avril, le jeu Assassin's Creed, l'un des plus gros succès récents du français Ubisoft pour les consoles et PC, au scénario et aux décors très soignés, débarquera au prix de 7,99 euros sur le magasin en ligne de l'iPhone, le téléphone d'Apple. Les équipes de Gameloft, la société qui "porte" le jeu pour ce terminal, n'attendent plus que le feu vert du comité de sélection d'Apple, une simple formalité selon eux. Le jeu sortira dans une version allégée, adaptée aux contraintes du mobile (un écran de 7,5 cm sur 5) mais avec une qualité graphique bien supérieure à celle des "casse-briques" un peu primaires qui, il y a encore quelques mois, constituaient l'essentiel de l'offre sur les téléphones. De l'avis des spécialistes, l'iPhone et son AppStore, lancé à l'été 2008, font entrer le jeu pour mobiles dans une nouvelle ère. L'offre de jeux est désormais pléthorique : selon Apple, un quart des 25 000 applications gratuites ou payantes de l'iPhone sont des jeux. Car la société californienne a su convaincre la plupart des éditeurs de travailler pour sa plate-forme, "en leur proposant un canal de distribution très puissant", selon Laurent Geffroy, du cabinet Greenwich Consulting. Il suffit de deux clics aux détenteurs d'un iPhone pour accéder aux jeux alors que, jusqu'à présent, ils devaient d'abord accéder au portail wap de l'éditeur ou d'un opérateur partenaire. LE NOMBRE DE JOUEURS DÉCOLLE Les éditeurs ont aussi été attirés par le nombre de joueurs potentiels (30 millions d'iPhone et de baladeurs iPod Touch vendus). Pour espérer en toucher autant d'un coup, les éditeurs devaient jusqu'à présent "porter" chaque jeu sur plusieurs dizaines de téléphones différents. Chez Gameloft, deuxième éditeur spécialisé sur les mobiles derrière l'américain Electronic Arts, 70 % des 4 000 salariés (chinois et roumains essentiellement) ne travaillent qu'à cela... Apple propose, en outre, un partage des revenus attractif : il ne conserve que 30 % du prix de vente du jeu, contre 70 % pour l'éditeur. Enfin, les caractéristiques techniques de l'iPhone stimulent la créativité des éditeurs. Leurs troupes codent en langage C++, rendant possible des jeux plus riches qu'avec Java, jusqu'alors utilisé pour les mobiles. La présence d'un détecteur d'inclinaison, transformant le téléphone en une pédale de frein ou d'accélération dans le cas des courses de voitures, permet de créer des titres très innovants, comme le jeu d'empilement Topple. Du coup, le nombre de joueurs sur mobiles décolle. Selon l'institut Comscore, 18,6 % des propriétaires d'iPhone ont téléchargé un jeu payant en janvier au Royaume-Uni, contre 2,7 % pour un propriétaire de mobile normal. La multiplication des forfaits de téléphonie avec l'Internet illimité explique aussi cette progression des usages. Cela se voit dans le chiffre d'affaires des éditeurs : en six mois, grâce à l'iPhone, Gameloft a réalisé 5 millions d'euros avec 21 jeux, selon une étude de la société Aurel. Plus impressionnant : le jeu de kart Crash Bandicoot Nitro Kart, téléchargé environ 1 million de fois sur l'AppStore, aurait rapporté, à lui seul, environ 4 millions d'euros, dont 2,8 millions à Vivendi Games Mobile, son éditeur. Le modèle de l'AppStore est en train d'être dupliqué par d'autres constructeurs (Nokia, RIM, le fabricant du Blackberry, etc.). Par ailleurs, beaucoup de fans d'Apple attendent une baisse du prix de l'iPhone. Ce qui pourrait encore accélérer la croissance du marché du jeu sur mobiles. Du coup, une concurrence frontale entre le téléphone et les consoles portables (la DS de Nintendo et la PSP de Sony) paraît probable. "L'expérience de jeu est comparable", selon un développeur de Gameloft. Sans compter que les jeux sur téléphone sont nettement moins chers que sur les consoles portables... Cécile Ducourtieux
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/le-succes-de-l-iphone-fait-entrer-le-jeu-video-pour-mobiles-dans-une-ere-nouvelle_1181985_3234.html
Le poste de procureur de la République de Paris échappe à Philippe Courroye
L'Elysée a renoncé à nommer l'ancien juge d'instruction financier à ce poste-clé du parquet.
Philippe Courroye ne sera pas procureur de Paris. Selon nos informations, Nicolas Sarkozy a renoncé à le nommer à la tête du plus important parquet de France. De nombreuses voix dans l'entourage du président de la République l'ont mis en garde depuis plusieurs semaines contre les conséquences de cette nomination sensible (Le Monde du 10 décembre). L'actuel procureur de Paris, Jean-Claude Marin, voit donc son bail prolongé. Il ne devient pas procureur général de Paris pour remplacer Laurent Le Mesle qui a été nommé premier avocat général de la Cour de cassation. Le nouveau procureur général de Paris devrait être François Falletti, 60 ans, procureur général d'Aix-en-Provence, ancien membre français d'Eurojust et magistrat apprécié par M.Sarkozy. Le poste procureur de Paris est une des fonctions clés du ministère public. C'est là que sont traitées les affaires pénales les plus sensibles. L'habileté procédurale de M.Marin, réputé proche des chiraquiens, a réussi à vaincre les réticences de M.Sarkozy à son égard. Du procès Clearstream , dans lequel il a soutenu l'accusation contre Dominique de Villepin, aux réquisitions s'opposant au renvoi de Jacques Chirac devant un tribunal correctionnel, en passant par la conduite de l'enquête préliminaire contre Julien Dray, les décisions du procureur n'ont pas déplu à l'Elysée. COUACS Bien huilé au départ, le mouvement de chaises musicales de la haute magistrature parisienne prévu depuis deux ans a fini par provoquer des couacs. Et l'Elysée a dû revoir son scénario initial de nomination de l'ancien juge d'instruction financier Philippe Courroye au poste de procureur de Paris. La vie mondaine de M.Courroye –dîner avec les Chirac à Saint-Tropez, alors qu'une instruction visant l'ancien président de la République est en cours à Nanterre, déjeuner entre le groupe Casino et le policier en charge d'une enquête sur ce groupe – ont suscité de vives polémiques. Nommé procureur de Nanterre en 2007, contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), M.Courroye risquait un nouvel avis négatif en cas de nomination à Paris. Or, depuis la décision de supprimer le juge d'instruction sans changer le statut du parquet, le gouvernement évite de passer outre les avis du CSM. La cote de M.Courroye a encore baissé avec la polémique qu'il a engagée avec Isabelle Prévost-Desprez, présidente de chambre du tribunal de Nanterre, en mettant en cause son impartialité. L'Union syndicale des magistrats avait écrit au CSM pour dénoncer "la gravité de ces atteintes à l‘indépendance d‘un magistrat du siège". Ce mouvement est en résonance avec la réorganisation de la chancellerie par Michèle Alliot-Marie. Le procureur général de Versailles, Jean-Amédée Lathoud, a été nommé directeur de l'administration pénitentiaire, mardi 5 janvier. Véronique Malbec, responsable de la formation continue de l'Ecole nationale de la magistrature, doit être nommée directrice des services judiciaires. La conseillère justice de Matignon, Maryvonne Caillibotte, doit devenir directrice des affaires criminelles et des grâces en remplacement de Jean-Marie Huet, qui devrait être nommé procureur général à Aix-en-Provence. Le poste de procureur général de Versailles devrait revenir à Philippe Ingall-Montagnier, procureur général de Rouen. Alain Salles et Alain Salles
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/le-poste-de-procureur-de-la-republique-de-paris-echappe-a-philippe-courroye_1289021_3224.html
"Lutte anti-grippe A : ""Un échec du catastrophisme"""
Pour le chercheur Frédéric Keck, la campagne de vaccination en France a été minée par des erreurs de communication.
Bien que le gouvernement ait massivement communiqué sur la nécessité de se faire immuniser contre la grippe A(H1N1), la France est un des pays d'Europe où la vaccination volontaire a rencontré le moins de succès (moins de 10 % de la population totale) par rapport à l'objectif visé. Anthropologue au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et spécialiste des crises sanitaires dues aux maladies d'origine animale, Frédéric Keck commente ce paradoxe. La campagne de vaccination contre le virus A(H1N1) peut être considérée comme un échec. Comment l'expliquez-vous ? Cet échec peut être imputé à diverses causes, la plus importante étant que ce virus, considéré comme potentiellement dangereux lors de son émergence, s'est finalement révélé peu virulent. A cela s'ajoutent au moins deux singularités de notre politique nationale. La première est d'avoir, en achetant massivement des doses de vaccin, joué à fond la carte du principe de précaution : c'est une conséquence du traumatisme créé par l'affaire du sang contaminé, qui pousse désormais les pouvoirs publics, lors d'une crise sanitaire, à prendre le minimum de risques. La seconde vient de ce que nous sommes un des rares pays à ne pas parler de grippe porcine, mais de grippe A. C'est-à-dire à avoir supprimé dans sa nomination même, en partie sans doute sous la pression des éleveurs qui craignaient une baisse de la consommation de viande de porc, l'origine animale de la maladie. "Porcine" ou "A", est-ce si important ? En termes de communication, c'est essentiel. Tant qu'on employait le mot "porcine", on savait pourquoi ce virus faisait peur: parce qu'il était d'origine animale, nouveau et inconnu. En devenant "A", il s'est mis à ressembler à n'importe quel virus grippal. D'autant plus que, dans le même temps, les politiques comme les médias ont cessé de rappeler qu'il s'agissait d'un nouveau virus, et que c'était pour cela qu'il fallait prendre des mesures de vaccination exceptionnelles. Ils ont communiqué sur le mode de l'action, pas sur celui de la rationalité scientifique. Voyez-vous d'autres raisons aux réticences des Français à se faire vacciner ? Plusieurs. L'absence criante de médiation, tout d'abord. Cette campagne a été menée dans un face-à-face entre l'Etat et l'individu, sans que ce dernier soit aidé par aucun intermédiaire pour prendre une décision. Ni par les médecins généralistes, qui n'ont pas été impliqués et auraient pu recommander la vaccination, ni par les parlementaires, qui auraient pu contrôler l'investissement de l'Etat, ni par les experts, qui auraient pu expliquer pourquoi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait lancé un tel signal d'alarme. L'organisation de la vaccination ensuite. Cette campagne a été menée sur le mode militaire, selon une mobilisation à l'ancienne telle qu'on la concevait au temps de Pasteur : une guerre déclarée contre un virus clairement identifié comme l'ennemi dont il faut se débarrasser. Or, la situation a changé. Du fait de l'intensification des relations entre les humains et les animaux, que les animaux circulent plus vite qu'ils ne l'ont jamais fait, on assiste désormais à l'apparition régulière de nouvelles maladies infectieuses, produites par de nouveaux virus que l'on ne pourra plus éliminer totalement. Dès lors, la vaccination n'apparaît plus comme un moyen de se débarrasser de l'ennemi, mais comme une façon d'instaurer un rapport équilibré avec lui. Mais ce message n'a pas été clairement envoyé à la population. On en revient donc, une fois encore, à un problème de communication ? Quand on dit aux citoyens: "On agit parce que c'est grave, mais rien n'est grave puisqu'on agit", il ne faut pas oublier d'expliquer ce qui est grave. Les enjeux réels de la vaccination, dont tous les experts s'accordaient à dire qu'elle était préférable, compte tenu de l'incertitude inhérente à la nouveauté de ce virus, n'ont pas été assez expliqués. On n'a pas assez fait valoir que se faire vacciner, c'était contribuer à limiter la propagation du virus dans la population humaine –autrement dit, faire acte d'écologie sociale. Du point de vue de la rationalité des experts, tout a parfaitement fonctionné; la seule chose qui a manqué, c'est la mobilisation des citoyens. C'est vraiment un échec de la participation, de la démocratie sanitaire. Dans le cadre de vos recherches, vous avez mené à l'automne plusieurs dizaines d'entretiens avec le personnel d'un centre hospitalier invité à se faire vacciner contre la grippe A(H1N1). Quels enseignements en avez-vous tirés ? Je voulais comprendre la motivation des médecins, infirmiers et aides-soignants qui allaient se faire vacciner avant la population générale. Comprendre comment ces professionnels, qui possédaient a priori la meilleure information sur le virus et ses traitements, aboutissaient à prendre, à un moment donné, une décision pour eux-mêmes. C'est cette délibération que j'ai tenté de retracer. Parmi le personnel médical acceptant la vaccination, j'ai trouvé trois typologies différentes: ceux qui le faisaient pour donner l'exemple, ceux qui le faisaient pour leurs enfants, et ceux qui se considéraient comme des cobayes chargés de vérifier l'innocuité du vaccin. Etrangement, presqu'aucune de ces personnes ne m'a dit s'être fait vacciner pour se protéger elle-même… On m'a en revanche souvent exprimé le sentiment d'être tout petit face aux grands intérêts pharmaceutiques, et une lassitude causée par l'injonction de se vacciner pour maintenir la continuité de l'activité en cas de pandémie. Dans un contexte de réduction des budgets des hôpitaux, la vaccination apparaissait comme une contrainte supplémentaire. La vache folle, la grippe aviaire, maintenant la grippe A : l'échec de cette campagne de vaccination ne témoigne-t-elle pas aussi d'une certaine lassitude des citoyens vis-à-vis de ces menaces sanitaires ? Cet échec, c'est vrai, est aussi un échec du catastrophisme, que l'on peut d'ailleurs comparer avec celui du sommet de Copenhague. Que l'on parle d'une pandémie de grippe d'origine animale ou du réchauffement climatique, de quoi s'agit-il, en effet ?D'une catastrophe possible, sur laquelle un grand nombre d'experts se sont mis d'accord, dans laquelle sont impliquées des instances internationales, mais qui réclame pour être combattue un changement de comportement des citoyens. Changement que les gens n'ont pas forcément envie de faire. Entre la prévision d'une catastrophe complètement virtuelle et la vie quotidienne, faite de routine et d'habitude, il y a une rupture. Et pour combler cette rupture, il faut beaucoup de médiation et de pédagogie. Vous êtes-vous fait vacciner ? Oui. C'est une mesure d'autant plus justifiée à mes yeux, notamment pour les jeunes, que cette vaccination peut protéger du virus A(H1N1) pendant plusieurs années. Et que ce virus, on le sait désormais, sera encore là dans notre avenir proche. Propos recueillis par Catherine Vincent
08/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/08/lutte-anti-grippe-a-un-echec-du-catastrophisme_1288981_3244.html
Un massacre en Haute-Egypte aggrave le désarroi de la communauté copte
Début 2010, la mort de six fidèles venus assister à la messe de Noël accroît les inquiétudes d'une minorité qui se sent marginalisée.
A Nagaa Hamadi, en Haute-Egypte, des heurts ont opposé, le 7 janvier 2010, les forces de l'ordre et la foule venue assister aux funérailles des victimes d'une fusillade survenue la veille, lors du Noël copte. AP/SAEDI PRESS Une fusillade à l'arme automatique visant des coptes devant l'église du village de Nagaa Hammadi, en Haute-Egypte, mercredi 6 janvier, a fait sept morts, dont six parmi les fidèles venus assister à la messe de Noël copte qui suit le rite orthodoxe, et un policier, ainsi qu'une dizaine de blessés. Des affrontements violents, parfois sanglants, opposent de manière récurrente des musulmans à cette minorité chrétienne, en proie à un sentiment croissant d'isolement et de menace. L'intervention erratique des forces de l'ordre, répondant avec grenades lacrymogènes et lances à incendie aux jets de pierres de la foule venue assister aux funérailles des victimes, jeudi, ne risque guère de contribuer à dissiper le profond malaise de la communauté copte qui dénonce régulièrement le "laisser-faire" des autorités égyptiennes censées la protéger. L'Eglise copte d'Egypte prétend rassembler 10 millions de fidèles sur une population de 72 millions, soit quasiment deux fois plus que les statistiques officielles (entre 5 et 6 millions). L'extrême sensibilité de la question copte, perçue comme incompatible avec la sacro-sainte "unité nationale" professée par le régime égyptien depuis la révolution, explique l'absence de données fiables. Un embryon de débat en 2005 autour de la création d'un parti copte a tourné court, une législation interdisant depuis tout parti à référence religieuse. Cette mesure visait surtout à endiguer la montée en puissance des Frères musulmans, principale force d'opposition au pouvoir du président Hosni Moubarak. Mais ni le frein posé par le régime aux prétentions des Frères, ni les tentatives de l'organisation islamique d'intégrer les chrétiens dans leur projet politique ne sont parvenus à rassurer les coptes, marginalisés sur le plan politique et inquiets de l'islamisation visible de la société égyptienne. Objets d'une discrimination officieuse, ils sont écartés des postes clés de l'armée, de la police ou des universités, à l'exception des nominations directes, souvent perçues comme une forme de clientélisme ne bénéficiant pas nécessairement à la communauté. En 2006, M. Moubarak a ainsi nommé un copte à la tête d'un gouvernorat (Qena), pour la première fois en trente ans. PRATIQUE DE LA VENDETTA Malgré les déclarations présidentielles niant toute discrimination à l'égard de cette minorité, seuls deux coptes figuraient sur la liste des 444 candidats du Parti national démocratique (PND, parti de M. Moubarak) présentée lors des dernières élections législatives en 2005. Malgré le soutien électoral apporté par le pape Chenouda III. Le premier, Youssef Boutros Ghali, était (et est resté) ministre des finances. Le second, Maher Khéla, avait renoncé après les émeutes anticoptes qui avaient fait trois morts, en septembre 2005, à Alexandrie. Depuis, les incidents – autour de projets de construction d'églises ou de rumeurs de "conversions forcées" à l'islam – se sont multipliés, provoquant un repli de la communauté chrétienne, son émigration ou sa radicalisation. La Haute-Egypte compte les plus fortes concentrations de coptes, atteignant parfois un tiers de la population, notamment dans le gouvernorat de Qena, où s'est produite la fusillade de mercredi. La région a longtemps abrité les groupes islamistes radicaux qui avaient fait des chrétiens égyptiens leur cible. Ces cellules ont depuis été éradiquées, mais le sud égyptien continue à être endeuillé par la pratique du tha'r, code de l'honneur assimilable à la vendetta, engageant l'ensemble d'un clan. L'implication d'un copte dégénère souvent en affrontement interconfessionnel. Les témoignages recueillis par la presse autour de l'église de Nagaa Hammadi semblent ainsi indiquer que le viol d'une fillette musulmane par un jeune copte dans un village voisin, en novembre 2009, aurait déclenché la vendetta meurtrière de Noël. Cécile Hennion et Cécile Hennion
08/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/08/un-massacre-en-haute-egypte-aggrave-le-desarroi-de-la-communaute-copte_1288951_3218.html
Iran : le véhicule de Mehdi Karoubi visé par des tirs
La voiture de l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi, l'un des chefs de l'opposition, a été la cible de tirs, dans la nuit de jeudi à vendredi, à Qazvin, dans le nord du pays.
La voiture de l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi, l'un des chefs de l'opposition, a été la cible de tirs, dans la nuit de jeudi à vendredi, à Qazvin. Le site Internet de son parti, Sahamnews.org, précise qu'il n'a pas été blessé. Aucune confirmation des faits n'a pu être obtenue dans l'immédiat auprès des autorités. Selon le site, M. Karoubi s'était rendu dans la ville de Qazvin pour participer à une cérémonie de deuil organisée par un ancien député réformateur. "Quelque 500 membres du bassidj (milice islamique) et des habitants des villages environnants ont encerclé le lieu où il se trouvait et ont commencé à attaquer la maison à coups de pierre, cassant des vitres", indique le site. Au bout de quatre heures, les forces anti-émeutes et la police sont intervenues pour faire sortir M. Karoubi de la maison, selon la même source. "Alors que sa voiture blindée quittait les lieux, elle a été attaquée et touchée par balle. Seules les vitres ont été cassées", a affirmé le site, ajoutant que les gardes de M. Karoubi n'avaient pas répliqué. Le site ne donne pas d'autres précisions.
08/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/08/iran-le-vehicule-de-mehdi-karoubi-vise-par-des-tirs_1289022_3218.html
En Azerbaïdjan, le procès en appel de deux blogueurs repoussé
Le procès en appel d'Adnan Hajizade et Emin Milli, deux militants politiques et blogueurs azéris, a été ajourné, ce vendredi matin, par le tribunal de Bakou.
Le procès en appel d'Adnan Hajizade et Emin Milli, deux militants politiques et blogueurs azéris, a été ajourné, ce vendredi matin, par le tribunal de Bakou. En novembre 2009, les deux hommes avaient été condamnés à des peines de deux ans et deux ans et demi de prison ferme pour "hooliganisme". Ils étaient accusés d'avoir provoqué une bagarre dans un restaurant de la capitale de l'Azerbaïdjan en juillet. Mais, pour l'opposition azérie comme pour les associations internationales de défense des droits de l'homme, ils ont surtout été condamnés pour avoir publié des critiques du gouvernement sur leurs blogs personnels. Les conditions de leur interpellation – les deux hommes affirment avoir été passés à tabac – tout comme la légèreté des charges pesant contre eux avaient poussé de nombreux pays et l'Union européenne à condamner le jugement. L'association Amnesty International les considère comme des prisonniers politiques. Leur procès en appel a été ajourné ce vendredi à leur demande, les deux blogueurs s'étant présentés au tribunal pour découvrir que leurs accusateurs étaient absents. Un nouveau procès est prévu le 22 janvier. En attendant, ils restent en prison : la justice a refusé leur demande de mise en liberté conditionelle.
08/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/08/en-azerbaidjan-le-proces-en-appel-de-deux-blogueurs-repousse_1289013_651865.html
Interruption du trafic sur le RER C
Le trafic était interrompu vendredi matin sur la ligne C du RER au sud de Paris après une rupture de caténaire entre Paris et Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), survenue peu avant 8 heures.
Le trafic était interrompu vendredi matin sur la ligne C du RER au sud de Paris après une rupture de caténaire entre Paris et Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), survenue peu avant 8 heures. Le trafic se trouve interrompu dans les deux sens. Selon le site de la RATP, le trafic est interrompu dans les deux sens à Choisy-le-Roi. Les voyageurs sont invités à emprunter le RER D à Juvisy. Dimanche 20 décembre, un train de la ligne C du RER avait déraillé à Choisy-le-Roi en raison de la chute sur la voie d'un bloc de béton, à la suite d'un accident de la circulation causé par un automobiliste sous l'emprise d'alcool et de stupéfiants et circulant sans assurance. Le trafic des RER sur ce tronçon avait alors été perturbé pendant plusieurs jours, en raison des travaux mis en œuvre pour réparer la ligne à hauteur de Choisy-le-Roi. Le trafic est également perturbé sur l'ensemble du RER B, en raison de divers incidents en zone nord, des retards de 20 à 30 minutes sont à prévoir.
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/interruption-du-trafic-sur-le-rer-c_1288997_3224.html
Des scanners corporels bientôt testés sur les vols à destination des Etats-Unis
Le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau, a annoncé vendredi sur Europe 1, que les scanners corporels dans les aéroports français allaient être testés "certainement pour commencer sur les vols Etats-Unis".
Le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau, a annoncé, vendredi 8 janvier, sur Europe 1, que les scanners corporels dans les aéroports français allaient être testés "certainement pour commencer sur les vols Etats-Unis". "On y a travaillé, avec Brice Hortefeux, sous l'autorité du premier ministre cette semaine, on va les tester en France (...), on va en mettre en particulier dans les aéroports parisiens (...) certainement pour commencer sur les vols Etats-Unis et sur les vols les plus sensibles c'est-à-dire peut-être six ou sept dans un premier temps", a déclaré M. Bussereau. Interrogé sur une espèce de scanner permettant de ne pas voir les gens nus, le secrétaire d'Etat a répondu : "On peut bien sûr s'assurer de la réalité de la présence d'explosifs (...) mais on peut en même temps faire en sorte que la pudeur et le respect soient respectés". Mercredi, le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, avait annoncé qu'un groupe de travail sur les scanners corporels dans les aéroports français avait été mis en place et devait "faire des propositions dans un délai rapproché de moins d'un mois". "Il y a d'un côté les scanners corporels qui permettent de voir effectivement beaucoup de choses, il y a aussi des appareils qui détectent les traces de poudres d'explosifs et les chiens [de recherche d'explosifs] qui sont très efficaces", selon le ministre. Des aspects que ce groupe de travail examinera également.
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/des-scanners-corporels-bientot-testes-sur-les-vols-a-destination-des-etats-unis_1288991_3224.html
Tennis : les revenantes belges en finale à Brisbane
Justine Henin s'est qualifiée pour la finale du tournoi de Brisbane où elle affrontera sa compatriote Kim Clijsters.
C'est la finale dont tous rêvaient, entre les deux revenantes du tennis féminin, Kim Clijsters, de retour sur les courts depuis 2009, et Justine Henin, qui revenait pour la première fois à la compétition à Brisbane, après 20 mois d'absence. Henin n'a eu besoin que de 66 minutes pour battre la Serbe Ana Ivanovic, pourtant tête de série numéro 3, sur le score sans appel de 6-3, 6-2. Henin a disputé quatre matches en cinq jours, sorti les têtes de série n° 2 et n° 3 et va maintenant affronter la tête de série n° 1, Kim Clijsters, qui a sorti l'Allemande Andrea Petkovic en deux sets 6-4, 6-2, en demi-finale. "TOUJOURS QUELQUE CHOSE DE PARTICULIER" Henin se réjouit bien sûr de ces résultats positifs. "C'est mon premier tournoi depuis 18 mois. C'est une sensation très agréable", a commenté la Belge. "Affronter Kim constitue toujours quelque chose de particulier", a ajouté Henin au sujet de sa future adversaire. Dans le duel qui oppose les deux joueuses belges, Henin mène par 12 victoires à 10 et la finale de samedi sera leur première confrontation depuis la demi-finale disputée à Wimbledon en 2006. Henin l'avait emporté. Mais, au-delà de l'enjeu de ce tournoi, Henin prouve qu'elle mérite sa place à l'Open d'Australie, où elle bénéficie d'une invitation. Visiblement elle n'ira pas y faire de la figuration. Suivez toute l'actualité du tennis et l'évolution des scores en direct sur les pages tennis du Monde. fr Sport.
08/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/08/tennis-les-revenantes-belges-en-finale-a-brisbane_1288988_3242.html
Ryanair voit l'année 2010 en rose
La compagnie aérienne irlandaise à bas coût devrait transporter autant de passagers qu'Air France-KLM.
La compagnie aérienne irlandaise à bas coût Ryanair a annoncé jeudi dans un communiqué avoir transporté 4,9 millions de passagers en décembre, soit 12 % de plus qu'en décembre 2008, et un total de 65,3 millions de personnes en 2009, une hausse de 13 %. Pour le quotidien économique Les Echos, 2010 sera selon toute probabilité l'année de la consécration pour Ryanair. "Ryanair n'est désormais plus qu'à 6 millions de passagers du score probable d'Air France-KLM pour 2009 (environ 71 millions de passagers toutes destinations confondues)". Pour les Echos, les deux entreprises "n'ont pas vécu la crise de la même façon. Tandis qu'Air France-KLM a vu son trafic reculer de 4 % en moyenne l'an dernier, la compagnie irlandaise est parvenue à maintenir une croissance de 13 %". "En moyenne, Air France-KLM a ainsi perdu quelque 350 000 passagers par mois, alors que, dans le même temps, Ryanair en gagnait 610 000". Le taux de remplissage des appareils de la compagnie était de 81 % en décembre, en hausse de deux points par rapport à décembre 2008, et à 82 % sur douze mois. Ryanair n'hésite pas à se qualifier de "compagnie favorite au monde" et confirme en tout cas le succès du modèle à bas coût sur les distances courtes européennes. La compagnie classique British Airways a ainsi vu son trafic européen (la zone d'activité équivalente à celle de Ryanair) baisser de 4,7 % en décembre, et de 3,6 % depuis le début de l'année financière en avril. S'exprimant jeudi à l'occasion d'une journée d'investisseurs, le directeur général, Michael O'Leary, a estimé que la compagnie "était en forte croissance et restait bien partie pour transporter plus de 66 millions de passagers sur l'actuelle année financière".
08/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/08/ryanair-voit-l-annee-2010-en-rose_1288954_3234.html
L'UMP ouvre en catimini son nouveau site Internet
Ce site communautaire, baptisé Lescreateursdepossibles.com, avait été présenté comme un projet-phare de la stratégie de modernisation du mouvement.
Cela fait plus d'un an que l'UMP parlait de son nouveau site Internet communautaire, façon Facebook, avec gourmandise. Entre-temps, Xavier Bertrand, le secrétaire général de l'UMP, l'a présenté comme un projet-phare de sa stratégie de modernisation du mouvement. Jusqu'à sa présentation en grande pompe lors de l'Université d'été du parti, en septembre 2009, avec l'annonce d'un lancement mi-novembre et le dévoilement d'un nom inspiré du fameux "Yes we can" de Barack Obama : Lescreateursdepossibles.com. Puis… plus rien. Jusqu'à ce jeudi 7 janvier, où le site a été lancé en catimini, sans communiqué de presse. Pourquoi, subitement, une telle discrétion ? "Un site communautaire s'adresse aux familiers de l'Internet, justifie la direction de la communication de l'UMP. On n'a pas besoin de le lancer avec flonflons et trompettes." Mardi, le mouvement a tout de même réuni une dizaine de blogueurs "influents" pour leur dévoiler, deux jours avant le top-départ, sa plate-forme définitive, en compagnie de deux ministres : Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire générale-adjointe de l'UMP, et Benoist Apparu, en charge du numérique au sein du parti. Pourquoi, aussi, un tel retard ? "Nous avons fait des tests auprès d'utilisateurs. Il en ressortait qu'ils étaient séduits par le principe, mais qu'ils n'en comprenaient pas, lors des premières secondes d'utilisation, primordiales, le fonctionnement", explique M. Apparu. La copie rendue par l'agence Isobar, du communicant Christophe Lambert, a donc été revue. Un débat a aussi eu lieu sur la manière de contrôler le site, ouvert à qui veut s'y inscrire. Les contributions des internautes ne seront finalement censurées a priori que sur les critères légaux – des mots-clés interdits seront chassés pour éviter racisme et antisémitisme. "Nous éliminerons bien sûr a posteriori les insultes", prévient M. Apparu. Au total, quinze personnes travailleront à l'UMP sur ce site et son complément, un nouveau site institutionnel qui sera lancé le 17 janvier. Leur création a coûté la bagatelle de 500 000 euros. Pour quel résultat ? "Le principe d'un site où n'importe qui peut lancer une initiative est courageux. Mais dangereux… Cela peut rapidement devenir avant tout le lieu des opposants ! Ce n'est pas un site qui permettra de trouver des adhérents. La moindre réunion organisée peut être noyautée", estime Emery, l'un des blogueurs invités mardi. A suivre. M. Apparu annonçait, jeudi, déjà 60 000 inscrits au site. Largement recrutés, manifestement, avant son lancement… Pierre Jaxel-Truer
08/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/08/l-ump-ouvre-en-catimini-son-nouveau-site-internet_1288959_823448.html
Libération du soldat Shalit : pas de concession supplémentaire au Hamas
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, "est parvenu à la limite extrême des concessions" exigées par le Hamas pour obtenir la libération de son soldat Gilad Shalit en échange de détenus palestiniens.
Israël écarte toute concession supplémentaire au mouvement islamiste Hamas pour obtenir la libération de son soldat Gilad Shalit en échange de détenus palestiniens. Un haut responsable israélien, sous le couvert de l'anonymat, a déclaré au quotidien Yediot Aharonot que le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, "est parvenu à la limite extrême des concessions" exigées par le Hamas qui contrôle la bande de Gaza. "Le chef du gouvernement n'entend pas permettre à des terroristes impliqués dans des attaques sanguinaires de retourner dans leurs foyers au risque de remettre en danger la vie d'Israéliens", affirme ce responsable. Le processus de libération, qui semblait le mois dernier proche du succès, semble désormais devoir prendre plus longtemps que prévu. L'accord proposé pour l'instant prévoit la libération d'un millier de prisonniers palestiniens en échange de Gilad Shalit. Ces derniers jours, Nétanyahou confiait en privé qu'Israël faisait "de gros efforts pour ramener Gilad Shalit à la maison sain et sauf, et [continuerait] encore en longtemps", mais que les impératifs de sécurité du pays ne pourraient être compromis, a rapporté le responsable, qui tenait à rester anonyme. Selon la radio publique, Israël s'oppose également à la demande du Hamas de libérer certains dirigeants palestiniens impliqués dans des attentats meurtriers, en premier lieu Marwan Barghouthi, accusé d'être le cerveau de la deuxième Intifada, le soulèvement palestinien du début des années 2000. De source proche des négociations, on indique également qu'Israël cherche à empêcher les Palestiniens condamnés pour avoir tué des Israéliens de retourner en Cisjordanie, à proximité de foyers de populations juifs. Ils pourraient à la place être envoyés dans la bande de Gaza enclavée ou dans des pays étrangers. Le Hamas a accepté le principe d'un exil pour certains détenus, mais demande que ces derniers puissent en choisir le lieu. Israël et le Hamas mènent des négociations indirectes, parrainées par l'Egypte avec l'aide d'un médiateur allemand, en vue de la libération du tankiste âgé de 23 ans, qui a également la nationalité française. Capturé le 25 juin 2006 à la lisière de la bande de Gaza par un commando palestinien, il est détenu depuis par le Hamas.
08/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/08/liberation-du-soldat-shalit-pas-de-concession-supplementaire-au-hamas_1288968_3218.html
Pronostic vital engagé pour un motard du Dakar
Victime d'une chute, jeudi 7 janvier, durant la 6e étape du Dakar, le motard italien Luca Manca (KTM), a été hospitalisé en soins intensifs.
Victime d'une chute, jeudi 7 janvier, durant la 6e étape du Dakar, le motard italien Luca Manca (KTM) a été hospitalisé en soins intensifs. Son pronostic vital est engagé. Héliporté dans un premier temps à l'hôpital Del Cobre de Calama, il a ensuite été transféré au service de neurochirurgie de la clinique de la Mutual à Santiago. "Il a un traumatisme crânien grave avec des contusions hémorragiques et une petite contusion pulmonaire. Il n'y a pas d'intervention neurochirurgicale à faire. (...) Le cerveau s'est cogné et il a gonflé, comme lorsqu'on se fait un bleu. Il ne faut pas opérer, surtout pas toucher (...) mais contrôler la tension crânienne", a expliqué le Dr Florence Pommerie, le "médecin du Dakar". "On peut avoir une fin très tragique, un œdème cérébral qui reste longtemps et qui va abîmer le pronostic fonctionnel et intellectuel ou un œdème qui ne reste pas très longtemps et qui régresse bien, sans séquelle. Je me garde de tout pronostic", a-t-elle poursuivi. Manca, 29 ans, participait à son premier Dakar, et occupait la neuvième place au classement général au départ de la 6e étape. L'accident s'est produit au km 10 de la spéciale sur une "double bosse", selon David Castera, ancien motard et directeur de course du Dakar 2010. La difficulté était signalée comme danger 2 - sur une échelle de 3 - sur le roadbook . "Quand c'est marqué danger 2, même un bon pilote freine fort", a souligné David Castera. La deuxième édition en Amérique du Sud du Dakar a déjà été endeuillée par la mort d'une spectatrice renversée par un 4x4 qui était sorti de la route au cours de la première étape spéciale, le 2 janvier, en Argentine.
08/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/08/pronostic-vital-engage-pour-un-motard-du-dakar_1288965_3242.html
Rachida Dati va bientôt porter la robe... d'avocat
Magistrate de formation, elle répond à tous les critères qui permettent à un magistrat de devenir avocat, a indiqué le bâtonnier de Paris, Me Castelain.
L'ancienne garde des sceaux Rachida Dati, actuellement députée européenne, va prochainement endosser la robe d'avocate au barreau de Paris où elle devrait prêter serment d'ici à la fin du mois de janvier, a indiqué, jeudi, le bâtonnier de Paris, Jean Castelain. "Rachida Dati a déposé un dossier pour rejoindre la barreau de Paris. Elle est magistrate, elle répond donc à tous les critères qui permettent à un magistrat de devenir avocat", a indiqué Me Castelain, confirmant une information du Figaro.fr. Me Castelain a précisé ignorer quand aurait lieu la prestation de serment de l'ancienne garde des sceaux mais suppose qu'elle devrait intervenir avant la fin janvier. Des journées de prestation de serment se tiennent tous les mercredis du mois, a-t-il ajouté. Les magistrats, comme les fonctionnaires et anciens fonctionnaires de catégorie A, "ou les personnes assimilées aux fonctionnaires de cette catégorie ayant exercé en cette qualité des activités juridiques pendant huit ans au moins, dans une administration ou un service public ou une organisation", font en effet partie des professions dispensées du certificat d'aptitude à la profession d'avocat (CAPA). Pour revêtir la robe, il leur suffit de présenter un dossier au conseil de l'ordre, qui nomme un rapporteur chargé de l'examiner dans un délai compris "entre quelques semaines et deux à trois mois", selon Me Castelain. Beaucoup d'hommes politiques franchissent régulièrement le pas, tels, à droite, Jean-François Copé, Dominique de Villepin, François Baroin, Frédéric Lefebvre, ou, à gauche, le Vert Noël Mamère ou le socialiste Christophe Caresche. Ignorant la période exacte à laquelle Mme Dati a déposé son dossier, le bâtonnier estime vraisemblable que sa demande date de la fin de l'année 2009.
08/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/08/rachida-dati-va-bientot-porter-la-robe-d-avocat_1288950_823448.html
Le trafic Eurostar réduit jusqu'à dimanche
Le trafic Eurostar entre Londres et Paris sera limité dans les trois prochains jours en raison des conditions météorologiques extrêmes qui sévissent actuellement en Grande-Bretagne.
Le trafic Eurostar entre Londres et Paris sera limité dans les trois prochains jours en raison des conditions météorologiques extrêmes qui sévissent actuellement en Grande-Bretagne. Cette annonce de la compagnie ferroviaire intervient après qu'un train de voyageurs est tombé en panne dans le tunnel sous la Manche jeudi. Elle signifie que les liaisons ferroviaires de part et d'autre du Channel seront perturbées une fois de plus après le coup de froid et les chutes de neige qui avaient semé le chaos pour des milliers de voyageurs juste avant Noël. Selon Eurostar, le trafic sera restreint jusqu'au dimanche 10 janvier compris en raison des conditions météorologiques sévères. Par précaution, la compagnie a décidé de ne pas faire circuler les premiers et derniers trains de la journée. L'opérateur a invité ceux qui ne sont pas dans l'obligation de voyager à annuler ou à reporter leur déplacement. Le trafic Eurostar passagers a été interrompu jeudi pendant deux heures, en milieu de matinée, en raison d'une panne sur un train, qui est resté bloqué dans le tunnel sous la Manche. Le trafic des navettes Eurotunnel sur lesquelles sont embarqués les camions ou les voitures s'est, lui, déroulé sans encombre.
08/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/08/le-trafic-eurostar-reduit-jusqu-a-dimanche_1288949_3214.html
Le LKP appelle à la grève générale le 20 janvier en Guadeloupe
C'est par la voix de son leader, Elie Domota, que le LKP, collectif à l'origine de la grève générale ayant paralysé la Guadeloupe 44 jours l'an dernier, appelle à la grève générale.
Le collectif LKP (Liyannaj kont pwofitasyon), à l'origine de la grève générale ayant paralysé la Guadeloupe quarante-quatre jours en 2008, appelle à la grève générale le 20 janvier. C'est ce qu'annonce son leader, Elie Domota, dans un entretien au Parisien/Aujourd'hui en France vendredi. "Nous appelons la population à la grève générale, à partir du 20 janvier, pour une durée indéterminée", déclare-t-il. Elie Domota, qui est également secrétaire général de l'UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe), a appelé à manifester samedi à Pointe-à-Pitre. Interrogé sur un redémarrage du conflit en Guadeloupe, il a répondu par l'affirmative, estimant que "les salariés n'accepteront pas la hausse du carburant et la perte de 200 euros d'augmentation de salaire promis lors de l'accord de mars" 2009. Une réunion, le 30 décembre, de l'Observatoire départemental des prix à l'issue de laquelle le préfet avait augmenté le prix des carburants de 4 centimes s'était accompagnée de l'annonce par le LKP du dépôt d'un préavis de grève générale illimitée sans en préciser la date. Le mouvement de grève de 2008 s'était conclu par un accord dit "Bino" sur une augmentation des salaires de 200 euros et diverses aides.
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/le-lkp-appelle-a-la-greve-generale-le-20-janvier-en-guadeloupe_1288947_3224.html
En France, la neige continue à engendrer des perturbations
Samedi, 28 départements étaient encore placés sous vigilance orange. De fortes chutes de neige ont touché l'ouest du pays.
Météo France a maintenu, samedi 9 janvier, 28 départements sous vigilance orange, contre 29 à la mi-journée, essentiellement dans le centre-est, le sud-ouest, la Bretagne et la Normandie, et des perturbations sont signalées sur le trafic routier et ferroviaire. La vigilance orange a été levée pour le seul département d'Ille-et-Vilaine, et le plan neige a été levé en Rhône-Alpes, même si le Rhône restait en vigilance orange. Météo France a également mis en garde contre un "fort risque" d'avalanches dans plusieurs massifs, dans les Alpes du sud et les Pyrénées. La Préfecture de la zone de défense sud-est confirmait en fin d'après-midi les prévisions "pessimistes de Météo France" qui avait annoncé de nouvelles chutes de neige dans la vallée du Rhône, sur l'agglomération lyonnaise et l'autoroute A 47 Lyon-Saint-Etienne, accompagnées de "fortes rafales de vent" entre Valence et Orange, entraînant la formation de congères. Selon Météo France, sur les départements de l'Ouest de la France, Finistère, Côtes-d'Armor, Morbihan , Manche et Calvados, les chutes de neige vont se poursuivre durant une partie de la nuit de samedi, où 10 à 15 cm de neige sont attendus. Des neiges persistantes vont encore affecter l'est de l'Aquitaine et Midi-Pyrénées, atteignant jusqu'à 10 cm sur le relief du sud-ouest. Sur Rhône-Alpes, Auvergne et Limousin, les averses de neige seront plus intermittentes. Dans ce contexte très enneigé et très froid, elles apporteront 2 à 5 cm supplémentaires, 10 à 15 cm sur le relief, prévoit encore Météo France. DES MILLIERS DE DE FOYERS PRIVÉS D'ÉLECTRICITÉ Dans les Hautes-Pyrénées, le plan intempéries a été levé, mais dans l'Aude, la circulation des poids lourds de plus de 7,5 t a été interdite sur les routes départementales. Dans l'est de la France, le Centre régional d'information et de coordination routière faisait état de "conditions de circulations altérées" sur les réseaux national et départementaux pour cause de "neige au sol". Dans le Rhône, les poids lourds de plus de 7,5 tonnes, interdits de circulation depuis vendredi après-midi, pourront exceptionnellement circuler jusqu'à dimanche 22 heures, sauf aggravation climatique, s'ils sont "affectés au transport de marchandises", a annoncé la préfecture. La circulation s'effectue sur l'ensemble du réseau des Autoroutes du Sud de la France (ASF), mais les conditions "restent très difficiles au sud d'une ligne Bordeaux/Clermont-Ferrand et Lyon", souligne ASF. Par ailleurs, dans l'Allier, trois personnes ont été tuées samedi matin dans une collision frontale entre leur véhicule et un poids lourd près de Moulins, alors que la route était dégagée, et une autre personne a été tuée dans un accident près de Saint-Pourçain-sur-Sioule. La circulation des bus dans l'agglomération lyonnaise devait s'interrompre complètement en fin d'après-midi, "en raison d'un fort enneigement prévisible", selon la société exploitante Keolis. Dans le sud-est, la circulation des trains restait perturbée avec des retards allant jusqu'à trois heures pour les TGV. Toujours dans le sud-est des milliers de de foyers restaient privés d'électricité, samedi en fin d'après-midi. A 15 heures, 4 000 clients étaient toujours privés d'électricité dans les Bouches-du-Rhône, et vers 17 heures, 2 000 clients étaient toujours privés de courant dans le Gard, selon ERDF. Près de 500 techniciens d'ERDF travaillaient au rétablissement des lignes dans ces deux départements et le retour à la normale est prévu en fin de week-end. Pour dimanche, Météo France annonce un temps progressivement plus calme, accompagné toutefois du maintien en vigilance orange de 28 départements dans l'ouest, le centre et le sud du pays.
08/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/08/la-neige-toujours-38-departements-en-vigilance-orange_1288946_3224.html
Raid israélien meurtrier dans la bande de Gaza
Trois personnes ont été tuées et deux autres blessées, tôt vendredi, au cours de frappes israéliennes sur sept cibles dans la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas.
Trois Palestiniens ont été tués et un quatrième blessé, vendredi 8 janvier, lors de frappes israéliennes contre sept cibles dans la bande de Gaza, dont des tunnels à la frontière entre l'Egypte et le territoire contrôlé par le Hamas, ont annoncé les services de secours palestiniens. Ces raids sont intervenus après plus de dix tirs de mortiers et de roquettes de Palestine sur Israël, jeudi, qui n'ont pas fait de victimes, selon l'armée israélienne. L'aviation israélienne a aussi bombardé vendredi trois cibles près de la ville de Gaza et deux près de la ville de Khan Younès, dans le sud de l'enclave palestinienne, selon des témoins et des responsables du Hamas. Ces frappes ont visé des bâtiments vides et des espaces découverts. L'armée israélienne a confirmé quatre raids. Jeudi, l'aviation israélienne avait lâché des milliers de tracts sur le nord de la bande de Gaza et sur la ville de Gaza, avertissant les habitants de pas s'approcher à moins de 300 mètres de la frontière hautement sécurisée avec Israël, après les tirs de mortiers sur Israël par des militants palestiniens. "Quiconque qui s'en approchera plus près que ça sera en danger", prévenaient les tracts rédigés en arabe. Jeudi matin, des combattants palestiniens ont tiré, à partir de la bande de Gaza, plus de cinq obus de mortier, tombés près de Kerem Shalom, en Israël, ne causant ni victimes ni dégâts, selon un porte-parole de l'armée israélienne.
08/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/08/raid-israelien-meurtrier-dans-la-bande-de-gaza_1288945_3218.html
Tennis : Davydenko bat Nadal et s'impose à Doha
Le Russe Nikolay Davydenko a remporté le tournoi de Doha en écartant l'Espagnol en finale, samedi 9 janvier.
Le Russe Nikolay Davydenko, après avoir battu en demi-finales le numéro 1 mondial Roger Federer, a remporté le tournoi de Doha en épinglant en finale le N.2 mondial, Rafael Nadal, 0-6, 7-6, 6-4, samedi. Davydenko a commencé l'année comme il avait terminé la précédente, qui l'avait vu remporter le Masters à Londres fin novembre: par un titre. Le Russe, numéro 6 mondial, a réussi face à Nadal à renverser plusieurs fois le cours d'une rencontre qui a semblé souvent devoir lui échapper. "J'ai pensé que je ne pourrais jamais gagner. Je me suis battu, sur chaque point", a d'ailleurs déclaré l'auteur d'un exploit que seul l'Argentin David Nalbandian avait réussi: battre Federer et Nadal dans un même tournoi deux fois (au Masters, avant Doha). Mené 1 set à 0 après avoir subi un cinglant 6-0, Davydenko a égalisé avec beaucoup de difficulté dans une deuxième manche arrachée 10 points à 8 au jeu décisif, après avoir gaspillé quatre balles de set et sauvé au passage deux balles de match. Dans la troisième manche, Nadal faisait rapidement le break pour mener 3 jeux à 1, puis s'offrait alors l'opportunité d'un double break. Mais Davydenko réussissait à renverser encore la vapeur pour obtenir, à 28 ans, le 20e titre de sa carrière en 25 finales, au bout de 2 h 53 min d'un match atteignant souvent un haut niveau de jeu dans les deuxième et troisième sets. "SIMPLEMENT LE MEILLEUR" Nadal, lui, est toujours à la recherche d'un nouveau titre sur le circuit depuis plus de huit mois et sa victoire sur la terre battue de Rome le 3 mai dernier. "Dans ce tournoi, j'ai rejoué à mon meilleur niveau pour la première fois depuis bien longtemps", se consolait cependant le numéro 2 mondial dont l'année 2009 a été en partie gâchée par des tendinites aux genoux. "La défaite d'aujourd'hui n'est pas très grave. Il a joué à un niveau incroyable, et il était simplement le meilleur", a ajouté l'Espagnol. Après les quarante cinq premières minutes d'un match alors à sens unique, peu auraient pourtant parié sur une victoire du Russe. Pendant cette période, Nadal avait imposé sa puissance et son esprit conquérant, et remporté les sept premiers jeux de la partie sans en concéder un seul. Davydenko se réveillait alors, prenait la balle plus tôt, montait plus souvent au filet, et commençait à ressembler au joueur qui avait battu en demi-finales Federer. Malgré la perte de son engagement alors qu'il servait pour le gain de la deuxième manche à 5-3, sur une double faute après avoir gaspillé trois balles de set, il refusait de baisser les bras. Jusqu'à la victoire.
09/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/09/tennis-davydenko-bat-nadal-et-s-impose-a-doha_1289791_3242.html
Un suspect interpellé après une attaque à l'acide à Hongkong
Trente personnes ont été blessées, samedi à Hongkong, dans une nouvelle attaque à l'acide, la sixième depuis un an.
Un suspect a été interpellé et placé en détention au lendemain d'une nouvelle attaque à l'acide à Hongkong qui a fait trente blessés, a annoncé, dimanche 10 janvier, la police. L'homme, un Chinois d'une trentaine d'années, a été arrêté après avoir été repéré sur le toit d'un immeuble proche du lieu où s'est produite l'attaque. Les enquêteurs ont retrouvé des bouteilles qui contiendraient de l'acide. Une bouteille d'un liquide corrosif a été projetée samedi soir dans le marché nocturne de Temple Street, un quartier commerçant et touristique situé sur la péninsule de Kowloon (au nord de l'île de Hongkong). Parmi les blessés figurent neuf touristes et un enfant de 7 ans. Ils sont tous sortis de l'hôpital où ils avaient été admis samedi. Depuis la fin 2008, cette attaque à l'acide est la sixième. La plupart ont été commises dans des quartiers commerçants. En dépit d'appels à témoins lancés par la police et une récompense de 200 000 dollars, l'enquête n'avait conduit, jusqu'ici, à aucune arrestation.
09/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/09/une-trentaine-de-blesses-dans-une-nouvelle-attaque-a-l-acide-a-hongkong_1289782_3216.html
Attentat à l'engin explosif sans gravité en Grèce
Un attentat à l'engin explosif a été commis samedi vers 20 heures à Athènes devant le Parlement grec, sans faire de victimes.
Un attentat à l'engin explosif a été commis, samedi 9 janvier en début de soirée à Athènes, devant la tombe du soldat inconnu, devant le Parlement grec, en plein centre ville, sans faire de victimes, a indiqué une source policière. Aucun dégât majeur n'était non plus signalé dans l'immédiat après l'explosion, survenue vers 20 heures (19 heures à Paris) et précédée d'un appel téléphonique d'avertissement auprès du quotidien grec Elefthérotypia. Les passants et les membres de la garde présidentielle gardant le monument avaient été évacués par la police. L'explosion s'est produite une dizaine de minutes après l'appel, dans le délai donné par son auteur, qui avait précisé que l'engin était placé dans une poubelle. L'attentat n'a pas été revendiqué.
09/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/09/attentat-a-l-engin-explosif-sans-gravite-en-grece_1289781_3214.html
Top 14 : Castres à l'arrêt, Perpignan relancé
Le leader castrais a pris une petite leçon à Montpellier (15-0), samedi lors de la 18e journée.
Le leader Castres, battu sans inscrire un point à Montpellier (15-0), a connu un coup d'arrêt en tête du Top 14, tandis que le Stade Français s'est relancé dans la course à la phase finale en s'imposant (25-15) sur Biarritz, samedi lors de la 18e journée. Castres, qui restait sur deux succès bonifiés contre Montauban et Albi, peut être rejoint en tête, voire dépassé, par Clermont en cas de succès des Auvergnats à Toulouse dimanche (20h45) lors du choc de clôture de la journée. Le champion de France, Perpignan, qui restait sur deux défaites en Top 14, s'est replacé dans ce peloton de tête grâce à sa victoire bonifiée (31-12) vendredi sur le Racing-Métro, candidat potentiel à la phase finale. Ce résultat, combiné au succès capital du Stade Français face à un autre concurrent, Biarritz, entretient le suspense pour la course aux barrages. Après une défaite à Montpellier et un nul à Montauban, les Parisiens ont recollé à la 7e place, trois points devant les Biarrots mais une longueur derrière Toulon, qui s'est imposé (18-7) sans bonus contre Montauban. Prive a également entretenu ses espoirs de barrages en arrachant la victoire (17-15) dans les dernières minutes à Albi. L'espoir est en revanche en berne à Albi, battu pour la quinzième fois de la saison. La relégation en Pro D2 semble inévitable pour les Tarnais. Le report du "match de la peur" entre le premier relégation, Bayonne, et le premier non-relégation, Bourgoing, en raison de la neige en Isère, a permis aux Montpelliérains de se donner un peu d'air en bas de tableau. Ils comptent provisoirement 12 points d'avance sur les Basques. Montauban, qui n'a pas décroché le bonus défensif, est en position précaire. Les Tarn-et-Garonnais n'ont pris que deux points lors des trois derniers matches.
09/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/09/top-14-castres-a-l-arret-perpignan-relance_1289778_3242.html
Record historique de la consommation de gaz en France
La consommation journalière de gaz naturel a atteint un nouveau record historique vendredi, en raison de la vague de froid.
La consommation journalière de gaz naturel en France a atteint un nouveau record historique vendredi, à 3 053 gigawatt-heures (GWh), en raison de la vague de froid, a annoncé, samedi 9 janvier, le gestionnaire du réseau de gazoducs GRTGaz, filiale du groupe GDF Suez. Le précédent record historique, à 3 013 GWh, avait été établi le 7 janvier 2009, précise GRTGaz, chargé du transport du gaz, dans un communiqué. "Cette forte demande s'explique par la vague de froid observée ces derniers jours", note GRTGaz. "Une baisse de 1°C de la température moyenne journalière entraîne une hausse de 100 GWh de la consommation journalière sur le réseau de GRTGaz. Cette valeur correspond à la consommation journalière hivernale d'une ville comme Lille", poursuit le communiqué. VERS UN RECORD DE CONSOMMATION D'ÉLECTRICITÉ ? "Pour l'instant, les infrastructures sont sollicitées, mais comme régulièrement à cette époque de l'année", a commenté un porte-parole de GRTGaz, soulignant qu'il n'y avait "pas de problème" sur le réseau de distribution. GRTGaz achemine le gaz naturel par gazoducs aux grands consommateurs industriels, aux centrales utilisant le gaz naturel pour la production d'électricité et aux réseaux de distribution pour l'alimentation des ménages, des collectivités et des entreprises. La France pourrait également battre son record de consommation d'électricité en début de semaine prochaine, selon les prévisions du Réseau de Transport d'Electricité (RTE) publiées mercredi. La consommation française d'électricité devrait dépasser les 93 000 mégawatts (MW) lundi, mardi et mercredi à 19 heures, prévoit RTE. Le record historique de consommation d'électricité date du 7 janvier 2009, à 92 400 MW. En hiver, une baisse de 1°C de la température entraîne une augmentation de la consommation d'électricité d'environ 2 100 MW, soit le double de la consommation de la ville de Marseille. La consommation d'électricité est très sensible au froid en raison du fort équipement des Français en chauffages électriques.
09/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/09/record-historique-de-la-consommation-de-gaz-en-france_1289766_3244.html
Coupe de France : des 32es tronqués, la Ligue 1 s'en sort bien
Treize matchs ont été reportés pour cause de conditions climatiques difficiles, samedi 9 janvier. Lyon, Bordeaux, Monaco sont passés.
Les 32e de finale de la Coupe de France ont épargné jusqu'ici les clubs de L1, tels Bordeaux, Lyon, Monaco, ou Toulouse qualifiés pour les 16e, et consacré un premier "petit poucet", Vesoul, club de CFA vainqueur de Laval (L2), dans une compétition tronquée par le froid. Au total, ce sont 13 matches sur 32 qui ont été reportés en raison des conditions climatiques. Sur les terrains qui sont restés praticables, Boulogne (L1), premier de cordée des clubs de l'élite, a fait valoir son rang 4 à 1 contre Seclin, autre formation nordiste, en DHR. Toulouse n'a pas eu autant de marge et a dû se contenter du service minimum 1 à 0 contre les Herbiers (CFA). Et Monaco a dû attendre les tirs au but pour se défaire d'une coriace équipe de Tours (0-0, 4-3 tab). Dans la soirée, pas plus de surprise avec les succès de Bordeaux (1-0 grâce à un penalty de Wendel contre Rodez), Lyon (3-1 à Strasbourg), Rennes (2-0 contre Caen) ou Le Mans, sorti vainqueur du duel de L1 contre Valenciennes (1-0). Les équipes de L2 ont eu plus de fil à retordre et ont parfois mordu la poussière. Laval (L2) a ainsi été surprise par Vesoul (CFA), vainqueur après prolongation (2-1). Vannes (L2) n'est pas tombé, opposé à Troyes (National), mais a dû en venir aux tirs au but (1-1, 8-7 tab) pour se qualifier. Ajaccio (L2) n'a pas tremblé contre Cannes (Nat.), se qualifiant 3 à 0. Mais le match a été marqué par des échauffourées (voir ci après). Strasbourg (L2) - Lyon (L1) et Bordeaux (L1) - Rodez (Nat.) devaient clôturer la soirée samedi. La grande question pour dimanche est : y-aura-t-il encore des matches reportés? Une dernière inspection aura lieu dimanche matin, comme avec Trélissac (CFA2) qui accueille Marseille (L1) à Périgueux. Certains reports dimanche ont déjà fait grincer des dents, comme celui de Compiègne (CFA)-Lens (L1). Gervais Martel, président lensois, a ainsi jugé "incroyable de prendre ce genre de décision à la dernière minute", rappelant qu'un "autre match, qui devait se jouer à quelques kilomètres d'ici (Amiens-Auxerre) avait été reporté il y a déjà plusieurs jours". Le report de tous ces matches va évidemment poser un sérieux problème dans un calendrier déjà chargé, surtout en ce mois de janvier. Ainsi, certains clubs de L1, encore engagés en Coupe de France et Coupe de la Ligue, avaient jusqu'à sept matches programmés en ce mois de janvier. Ce premier mois de l'année 2010 proposait ainsi à certains clubs de l'élite deux tours de Coupe de France (32e et 16e de finale), deux tours de Coupe de la Ligue (8e et quarts) et trois journées de Ligue 1 (21, 22 et 23e). Le casse-tête pour recaser les matches est en vue. Les 32e de finale de la Coupe de France : Vendredi Pau (CFA) - Evian-Thonon-Gaillard (Nat) : 0 - 2 Samedi Chauray (DH) - Agen (CFA2) : 0-1 Ajaccio (L2) - Cannes (Nat.) : 3-0 Vannes (L2) - Troyes (Nat.) : 1-1 (8-7 tab) Seclin (DHR) - Boulogne (L1) : 1-4 Laval (L2) - Vesoul (CFA) : 1-2 Les Herbiers (CFA) - Toulouse (L1) : 0-1 Monaco (L1) - Tours (L2) : 0-0 (4-3 tab) Strasbourg (L2) - Lyon (L1) : 1-3 Bordeaux (L1) - Rodez (Nat.) : 1-0 Rennes (L1) - Caen (L2) : 2-0 Le Mans (L1) - Valenciennes (L1) : 1-0 Dimanche 14h : Lattes (DH) - Angers (L2) ; Versailles (DSR) - Beauvais (Nat.) 14h30 : Bonchamp-les-Laval (DH) - Guingamp (L2) 14h45 : Plabennec (Nat.) - Nice (L1) 17h30 : Trélissac (CFA2) - Marseille (L1) 20h45 : Paris SG (L1) - Aubervilliers (CFA2) Matches reportés à une date ultérieure: Lundi 11 janvier (20h30) : Amiens (Nat.) - Auxerre (L1) Samedi 16 janvier (18h00) : Avranches (CFA) - Saumur (CFA2) ; Quevilly (CFA) - Saint-Quentin (DH) Dates non déterminées : Compiègne (CFA) - Lens (L1) ; Saint-Louis Neuweg (CFA2) - Sochaux (L1) ; Marquette (PH) - Mulhouse (CFA) ; Saint-Ouen l'Aumône (DH) - Sedan (L2) ; Colmar (CFA) - Lille (L1) ; Pontivy (CFA) - Brest (L2) ; La Grande Motte (PHA) - Villefranche-s/-Saône (CFA) ; Saint-Etienne (L1) - Lorient (L1) ; Grenoble (L1) - Montpellier (L1) ; Thiers (CFA2) - Nancy (L1) ; Saint-Dizier (CFA2) - Raon l'Etape (CFA)
09/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/09/la-meteo-seme-la-zizanie-dans-les-32es-de-finale-de-la-coupe-de-france_1289756_3242.html
Grippe A : à quelles conditions l'Etat a-t-il pu résilier ses commandes de vaccins ?
L'Etat s'engagerait à acheter des vaccins aux laboratoires lors de futures épidémies contre un renoncement à des compensations pour les annulations de commandes de vaccins contre la grippe A.
L'Etat français s'engagerait à acheter des vaccins aux laboratoires lors de futures épidémies en échange d'un renoncement à des compensations pour les annulations de commandes de vaccins contre la grippe A (H1N1), selon le Journal du dimanche du samedi 9 janvier. "Avec les laboratoires, un accord serait en passe d'être trouvé" qui convertirait la commande initiale du gouvernement en "un droit de tirage futur auprès des trois laboratoires", selon le quotidien. Interrogés par l'AFP, les services du ministère de la santé n'étaient pas en mesure samedi matin de confirmer cette information. Aucune confirmation n'était non plus disponible dans l'immédiat auprès de Pasteur-Sanofi, GlaxoSmithKline (GSK) et Novartis. Selon le JDD, "l'Etat prendrait l'engagement de commander auprès de ces trois firmes ses prochains vaccins, en versant dès aujourd'hui des arrhes pour des livraisons futures". D'AUTRES PAYS CHERCHENT À SE DÉBARRASSER DE LEURS DOSES Le gouvernement français a annoncé lundi qu'il résiliait les commandes de 50 millions de doses vaccinales sur 94 millions. Seuls 5 millions de Français se sont fait vacciner alors que la maladie paraît moins dangereuse qu'initialement redouté, et bien que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) continue de recommander la vaccination. Selon la ministre de la santé Roselyne Bachelot, cette annulation permettra d'économiser plus de la moitié des 712 millions d'euros que l'Etat aurait payés pour sa commande initiale aux trois fabricants. D'autres pays riches ont également résilié une partie de leur commande de vaccins et cherchent à revendre leurs stocks excédentaires à des pays en développement. Les autorités allemandes ont annoncé avoir obtenu de GSK la possibilité de résilier une partie non précisée des livraisons, et la Belgique cherche à faire de même. Le gouvernement britannique, qui a pris livraison de 29 millions de doses commandées à GSK et à Baxter, cherche à se défaire de ses surplus face à la baisse du nombre de cas de grippe H1N1 au Royaume-Uni.
09/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/09/grippe-a-a-quelles-conditions-l-etat-a-t-il-pu-resilier-ses-commandes-de-vaccins_1289755_3224.html
Une compagnie d'Etat chinoise mise en cause dans la pollution du fleuve Jaune
La rupture d'un oléoduc a provoqué le déversement de 150 000 litres de gazole et menace l'accès à l'eau potable de millions de personnes.
La China National Petroleum Corporation (CNPC), une des plus grandes compagnies pétrolières chinoises, fait figure d'accusée après la rupture d'un de ses oléoducs, le 30 décembre 2009, qui a provoqué le déversement de 150 000 litres de gazole dans deux affluents du fleuve Jaune, le Huang He, qui est le deuxième plus long fleuve de Chine. Une alerte à la pollution a été décrétée par les autorités chinoises. L'incident s'est produit dans le nord de la province du Shaanxi et a touché les rivières Chishui et Wei. Le gouvernement local a précisé qu'un degré de pollution de niveau 5, le plus haut sur l'échelle chinoise, avait été relevé dans ces deux affluents, tout en précisant que la contamination de la rivière Wei, la moins touchée, était désormais "sous contrôle". Un tel niveau de pollution rend l'eau impropre à la consommation, mais encore utilisable pour l'agriculture, ont précisé les autorités. Sept cents ouvriers ont été mobilisés pour réparer la fuite. Le fleuve Jaune est une source d'eau potable pour des dizaines de millions de personnes et la contamination de ses deux affluents affecte les habitants de huit villes. Des traces de pétrole ont notamment été décelées dans le réservoir du barrage de Sanmenxia, dans la province du Henan. Pour éviter que la pollution ne s'étende à Zhengzhou, la capitale provinciale, les responsables ont dû interrompre la production d'électricité de ce barrage. Zhengzhou et Kaifeng, une autre importante cité voisine, totalisent une population de 3,5 millions d'habitants, et 95 % de l'eau courante y provient du fleuve Jaune. L'agence de presse Chine nouvelle précise que, depuis longtemps déjà, en raison de la pollution du fleuve, la plupart des habitants ne pouvaient plus consommer que de l'eau minérale en bouteille. Selon des statistiques officielles, deux cents millions de Chinois n'ont pas accès à une eau propre à la consommation. "POLITIQUE DE L'AUTRUCHE" La CNPC a reconnu que la pollution des deux cours d'eau avait bien pour origine la rupture d'un de ses oléoducs, mais la compagnie d'Etat a rejeté la responsabilité de l'accident sur "des travaux effectués" dans la zone de la fuite par "un troisième acteur" au profil particulièrement flou. Ce qui a provoqué des commentaires inhabituellement acerbes de la part de la Radio nationale de Chine, pour laquelle "la CNPC joue la politique de l'autruche en refusant d'accepter sa pleine responsabilité et en n'ayant pas encore proposé de dédommagements aux victimes de cette pollution". La radio a rappelé qu'un autre incident sérieux avait impliqué cette même compagnie en 2005, quand une fuite de pétrole avait pollué la rivière Songhua, dans la province du Helongjiang, frontalière de la Russie. Cette catastrophe écologique avait provoqué une sérieuse crise diplomatique entre Pékin et Moscou. Le même commentateur de la radio chinoise a précisé que, à l'époque, la CNPC était restée "silencieuse" et qu'à nouveau "on peut mettre en doute le sens de la responsabilité dont fait preuve ce colosse d'Etat". Bruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est) et Bruno Philip
09/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/09/une-compagnie-d-etat-chinoise-mise-en-cause-dans-la-pollution-du-fleuve-jaune_1289583_3244.html
Morgan Freeman, le rôle d'une vie
L'acteur américain personnifie Nelson Mandela dans "Invictus", de Clint Eastwood, qui sort en France le 13 janvier.
En ce soir de décembre, Morgan Freeman doit se rendre à Soweto pour assister à la première d'Invictus, le nouveau film de Clint Eastwood, où il incarne Nelson Mandela. Le lendemain, l'acteur déjeunera dans la demeure de l'ancien président de l'Afrique du Sud. Un rituel, depuis ce jour de 1994 où le leader sud-africain, tout juste élu président en avril, le premier à la tête d'un gouvernement non racial dans ce pays, avait estimé, lors d'une conférence de presse, que la vedette de Seven et d'Impitoyable serait l'acteur idéal pour l'incarner à l'écran. Morgan Freeman avait alors cru que le ciel lui tombait sur la tête. Il ne recherchait en aucun cas pareille élection. "C'était une sanction. Si Mandela me voulait, je devais assumer cette responsabilité." En attendant de retrouver Nelson Mandela pour déjeuner, Morgan Freeman réside dans son quartier général habituel, à Johannesburg, au Saxon, là où, après vingt-sept années d'incarcération, le leader politique rédigea en 1990 ses Mémoires, Un long chemin vers la liberté. La demeure a été, depuis, transformée en un impressionnant palace, où l'on aperçoit quelques touristes privilégiés. Freeman ne les voit pas. L'acteur américain ne croise plus personne depuis longtemps au Saxon, si ce n'est l'ombre tutélaire de Mandela. Freeman est devenu la mémoire improbable de ce lieu, capable d'en dresser la topographie abstraite, avant sa rénovation. L'acteur a intégré depuis longtemps sa dimension symbolique. En terminant ici son livre, Mandela racontait plus que l'histoire de sa vie. Il mettait également un point final à l'apartheid. Morgan Freeman avait fixé des préalables auprès de Nelson Mandela avant de travailler avec lui. Il était alors question d'adapter à l'écran Un long chemin vers la liberté. Pendant des années, Freeman a obtenu un accès privilégié auprès du chef d'Etat, le suivant des jours entiers dans l'exercice de ses fonctions, "chose qu'aucun autre leader n'aurait pu m'accorder". Les deux hommes se sont ensuite revus à intervalles réguliers. Dans la maison de Mandela, bien entendu, puis à New York, Washington, Memphis et Monaco. Freeman recherchait des détails physiques. La manière dont Mandela se tient, marche et parle. "Je voulais tenir sa main. Etablir un lien invisible. Interpréter Mandela consistait à l'incarner, pas à l'imiter." Au final, rien ne s'est produit. Un long chemin vers la liberté, récit d'une vie, se révélait un livre trop dense pour se plier aux impératifs de durée d'un long métrage. Morgan Freeman a traversé ces années auprès du président sud-africain comme Fabrice del Dongo à la bataille de Waterloo. Sans rien voir. Sans tout comprendre. A commencer par l'épisode qui servira plus tard de base à Invictus, en l'occurrence la victoire en Afrique du Sud, devant son public, de l'équipe nationale lors de la Coupe du monde de rugby en 1995, transformée par Mandela en triomphe politique. En venant à bout de la Nouvelle-Zélande, les Springboks, emblème de la suprématie blanche du temps de l'apartheid, deviennent l'étendard d'une nation, y compris pour sa majorité noire. Lorsque Mandela termine en 1999 son mandat de président, Freeman prend d'abord la mesure de ce qui le sépare de son modèle. Une enfance tranquille à Charleston, dans le Mississippi, pour l'acteur, dans un quartier noir, où la ségrégation en vigueur dans les années 1940 le préserve de toute manifestation raciste. "Il n'y avait pas de violences, les Noirs ne croisaient tout simplement jamais la route des Blancs." Mandela était, lui, marqué au fer rouge de l'apartheid. Morgan Freeman n'a jamais fait du retour en Afrique un préalable à son épanouissement identitaire. Même lorsqu'il avait réalisé, en 1992 au Zimbabwe, son premier film, Bopha !, censé se dérouler en Afrique du Sud, où il n'avait pu se rendre faute d'obtenir une autorisation de tournage, il imaginait mal comment ce pays pourrait devenir un jour le centre de gravité de son existence. "Je ne veux pas être catalogué comme afro-américain. Je ne suis pas africain. Mon héritage n'a rien à voir avec l'Afrique." Son héritage est américain. Il se résume dans les sept lettres de son nom d'esclave affranchi, ce Freeman qui signifie "homme libre". "C'est mon histoire, martèle l'acteur, et je réclame seulement le droit de l'approfondir." Jamais, peut-être, Morgan Freeman n'avait autant touché au coeur de son identité qu'en interprétant, en 1987, le maquereau de La Rue, de Jerry Schatzberg, le film qui le révélait au grand public, à 50 ans passés. Pauline Kael, l'influente critique du New Yorker, se demandait alors s'il n'était pas le meilleur acteur du monde. Morgan Freeman avait partagé la vie d'un proxénète à Chicago pour préparer son rôle. "La chose la plus importante pour lui était de tout savoir de ses prostituées, et de s'assurer qu'elles ne sachent rien de lui." Pour l'acteur, le maquereau fait partie de l'histoire des Noirs américains, au même titre que la guerre civile. Il incarnait la part maudite de la communauté aux Etats-Unis, qui n'avait pas encore tout à fait tourné la page de l'esclavage. C'est en découvrant, en 2008, le livre d'un journaliste anglais, John Carlin, Déjouer l'ennemi : Nelson Mandela et le jeu qui a sauvé une nation (publié en France par les éditions Ariane), récit détaillé de l'accession de Mandela au pouvoir et de la manière dont il instrumentalisa, avec génie, la victoire de son pays en Coupe du monde, que Morgan Freeman "tient" Mandela. "Un seul coup de pied, le drop du demi d'ouverture Joel Stransky, dans les prolongations contre la Nouvelle-Zélande, modifie les fondamentaux d'un pays. L'enceinte d'un stade concentrait les enjeux du combat politique de Mandela." Freeman achète les droits de l'ouvrage pour le proposer à Clint Eastwood, sous la direction duquel il avait tourné Impitoyable (1992) et Million Dollar Baby (2004). "Lui seul pouvait adapter ce livre. S'il avait dit non, j'aurais laissé tomber et je ne serais jamais devenu Mandela. Je me souvenais du Eastwood d'Un frisson dans la nuit et de Josey Wales hors la loi, qui mettait sa masculinité à l'épreuve, exposait sa vulnérabilité. Je recherchais cette sensibilité pour raconter cette histoire. En outre, un film comme Bird, sa biographie de Charlie Parker, montre qu'au-delà de son goût pour le jazz, Eastwood possède une connaissance profonde de la communauté noire." Surtout, Freeman avait trouvé dans ce personnage la clé qui lui permettrait de lier son histoire à celle de Mandela. Dans ses recherches, Freeman avait pris la mesure du charisme si particulier de Mandela, qui concevait son activisme à la manière d'un acteur. Dans les années 1950, quand il était déjà l'un des visages proéminents du mouvement anti-apartheid, le jeune Mandela était tiré à quatre épingles. Il était le seul Noir dont les costumes étaient confectionnés par le même tailleur que celui de l'homme le plus riche du pays, le magnat de l'or et des pierres précieuses, Harry Oppenheimer. Dans une autre vie, Mandela aurait pu devenir une "matinee idol", un jeune premier hollywoodien. D'autres facteurs objectifs sont entrés en ligne de compte. Mandela s'apprêtait à fêter son 77e anniversaire lorsque l'Afrique du Sud a remporté la Coupe du monde. Freeman avait 72 ans, en 2009, lors du tournage d'Invictus au Cap. La ressemblance physique entre Freeman et Mandela devenait évidente avec le temps. Leur grande taille d'abord, et une même silhouette filiforme. Les cheveux ensuite, naturellement tournés vers l'arrière, plaqués sur le crâne, les tempes apparentes, devenus gris prématurément. Il y avait, enfin, chez Mandela et Freeman, une aptitude pour le sport de haut niveau. La boxe que Mandela, étudiant en droit, pratiquait avec assiduité dans les années 1930. La danse classique et les claquettes chez Morgan Freeman quand il envisageait une carrière de danseur à Broadway. Plus que tout, le goût pour les pompes réunit les deux hommes. Celles que le leader politique s'imposait chaque jour durant les vingt-sept années de son incarcération, entre 1964 et 1990, dans l'île prison de Robben Island, puis dans celle de Pollsmoor, dans la banlieue du Cap, où son obsession pour sa condition physique rendait fous ses compagnons de cellule. Morgan Freeman s'infligeait le même exercice pour parfaire son corps de danseur, "des heures parfois, jusqu'à vomir". Lorsqu'il ne travaille pas, Morgan lit. Des livres d'histoire toujours. Il se penche sur les différents conflits qui ont ensanglanté son pays. La seconde guerre mondiale à laquelle participa son père, au sein de l'US Air Force. La guerre civile qui donna un nom à ses ancêtres. "L'histoire américaine fait l'impasse sur bien des épisodes. Avant de tourner Glory en 1989, personne ne savait que des Noirs avaient combattu pendant la guerre civile." Au fil des ans, Freeman a appris à vivre avec les fantômes d'un conflit qui l'a façonné, participant activement à la production de deux documentaires télévisés dont les titres ont valeur de manifeste : The Civil War (1990) et Slavery and the Making of America (2005). La "guerre civile" et "l'esclavage et la construction de l'Amérique", donc, obsessions d'un homme qui gardera toujours un pied dans le passé. La fréquentation de Mandela a permis à Freeman de prendre la mesure d'une autre réalité. Installer un consensus dans son pays n'a pas permis à cet exceptionnel chef d'Etat d'instaurer la paix chez lui. Invictus est aussi le récit de cet échec personnel. Mandela était un homme seul, séparé de sa femme depuis 1992, hanté par la mort de son fils aîné, en 1969, puis celle de son fils cadet en 2000. Il est devenu le père d'une nation, sans parvenir à devenir un père de famille. Demain, Morgan Freeman retournera chez Nelson Mandela. Invictus et Clint Eastwood figureront au menu de ce déjeuner rituel. Puis les deux hommes reprendront le fil d'une conversation jamais interrompue pour confronter, une fois encore, leurs fantômes respectifs. Samuel Blumenfeld
09/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/09/morgan-freeman-le-role-d-une-vie_1289623_3476.html
Le défi du musée universel
La collection embrassera toute la création, de la préhistoire à l'art actuel, sur tous les continents, de la peinture à la photographie en passant par le mobilier. Aucun autre musée de ce type existe.
Le Louvre Abou Dhabi sera un musée universel. "C'est un pari", dit Laurence des Cars, la responsable du projet. La collection, qui occupera 6 000 m2 - ce n'est pas énorme -, embrassera toute la création, de la préhistoire à l'art actuel, sur tous les continents, de la peinture à la photographie en passant par le mobilier. Aucun autre musée de ce type existe. Ce parcours des collections est constitué de quatre ailes reliées par des sas. D'abord le monde antique. Puis l'art du Ve au XVe siècle, avec les grandes religions. Ensuite, l'art du XVe à la fin XVIIIe siècle avec les découvertes. Enfin le moderne et le contemporain. "Le parcours sera chronologique avec des thématiques, dit Laurence des Cars. Il sera décloisonné, riche en dialogues." Entre art grec, mésopotamien et chinois pour la période antique, par exemple. Les quatre premières années, 300 oeuvres seront prêtées par des musées français, qui seront exposées à côté des achats de France-Muséums. Le balancier s'inversera progressivement : les prêts baisseront à 250 puis 200, et prendront fin dans dix ans. "Les premiers prêts viendront des gros musées parisiens. Puis de musées de province sur la base du volontariat, explique Laurence des Cars. Cela fait un an et demi que j'apaise cette question, mais on n'est pas dans l'hystérie, au contraire ! Le plus complexe est de gérer les rotations. La durée moyenne d'un prêt sera d'un an." Abou Dhabi donne à l'agence 190 millions d'euros sur dix ans afin de rémunérer les musées prêteurs. Belle carotte... Laurence des Cars a déjà une idée de ce qui sera prêté pour l'ouverture, fin 2013. "Dans un an, on aura la liste." Le visiteur aura-t-il le sentiment de se trouver en pays arabe ? Les oeuvres de cette région du monde seront en bonne place, jusqu'à l'art contemporain. La signalétique sera rédigée d'abord en arabe, puis en anglais, enfin en français. Certains ont pu s'inquiéter que les oeuvres ayant pour motif la religion chrétienne et la nudité soient écartées. "Il est impossible de faire ce musée avec des interdits. Et nos confrères émiratis sont surpris que la question soit soulevée", assure Laurence des Cars. Les premiers achats ont pu rassurer, notamment une Vénus au bain de Lagrenée. "L'Origine du monde, de Courbet, on ne l'enverra pas la première année. Mais ce fut impossible aussi de montrer ce tableau dans un musée de Washington ", dit Laurence des Cars. La préoccupation est autre : montrer les oeuvres dans leur contexte. "Il faut éclairer le visiteur", dit Laurence des Cars, notamment le public scolaire, une des cibles principales, auquel sera consacré un "musée des enfants". Ce contexte sera surtout donné par l'image (projections multimédias) dans un pays dominé par le multilinguisme. M. G.
09/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/09/le-defi-du-musee-universel_1289577_3246.html
Les artisans du Louvre Abou Dhabi
Une agence française, installée à Paris, est chargée par la ville-émirat du golfe Persique de créer un musée sans équivalent dans le monde.
Le musée que le Louvre doit livrer à l'émirat d'Abou Dhabi, un des plus attendus au monde, se fabrique dans deux appartements d'un immeuble bourgeois, au coeur de Paris : 900 m2 près du marché Montorgueil où vingt-huit personnes travaillent depuis deux ans. Mobilier épuré, art actuel au mur. Le personnel est jeune, dans le ton. L'agence s'appelle France-Muséums et elle a pour seule mission de mener à bien l'installation des 24 000 m2 de ce musée, logé sur l'île de Saadiyat et qui donnera l'impression de flotter sur l'eau. Elle est de statut français - une société par actions simplifiée, créée en 2007. Ses salariés sont français. Le président du conseil scientifique, Henri Loyrette, le patron du Louvre, est entouré de huit responsables de musées et institutions français. L'architecte est Jean Nouvel. Mais Abou Dhabi paie tout : le nom du Louvre, le musée, les oeuvres qui y seront exposées, les salaires et locaux de France-Muséums. Généreux émirat ! 974 millions d'euros sur trente ans, dont 164 millions, sur vingt ans, pour faire tourner France-Muséums. Dans un monde de l'art toujours plus mondialisé, on n'a jamais vu un pays acheter à ce point l'image et le savoir-faire d'un autre. "Les émirats sont venus nous chercher pour créer un musée original pour le XXIe siècle. Nous travaillons dans un climat de grande confiance", dit Bruno Maquart, le directeur de France-Muséums. Cette agence a quatre missions. Faire en sorte que le musée, dont le chantier démarre en ce début 2010, ouvre fin 2013. Imaginer un projet muséal novateur et cohérent. Acheter des oeuvres de qualité. Attirer le public. Un tiers du personnel est détaché pour trois ans renouvelables de musées français. Dont Laurence des Cars, qui vient d'Orsay et pilote le contenu. D'autres viennent de Guimet, du Louvre, du Quai Branly, du Centre Pompidou... Ils sont bien mieux payés qu'en France - "correctement", disent-ils - mais sans avouer combien. Pourquoi ce bonus ? "C'est quand même un risque pour sa carrière. Le projet a fait parler de lui, il n'est pas classique." Ce projet est en effet contesté. La France braderait ses collections, ses cerveaux parce qu'elle n'a plus les moyens de financer ses musées. Mme des Cars a-t-elle l'impression de trahir ? "Je ne vois pas les choses ainsi. Il y avait des suspicions, mais on a rassuré car ce sera un musée ambitieux. Je travaille pour mon pays, car France-Muséums est le fruit d'un accord entre deux Etats. Et notre action est centrale en termes de formation." Une des missions est de former des personnels émiratis. Elle ajoute que, lorsque des musées américains ont acheté des artistes français, "on les avait traités de cow-boys". M. Maquart précise qu'il "travaille au service non d'un pays mais d'une idée. Et tant mieux si ça rapporte de l'argent à la France ! Il y a des avis contraires ? Tant mieux. Soyons jugés sur le résultat !" Un conflit vient des achats d'oeuvres. France-Muséums dispose d'une cagnotte de 40 millions par an - donnés par l'émirat en plus des 974 millions. Quarante oeuvres ont été achetées en un peu moins d'un an. La première, pour 21,5 millions, est un tableau de Piet Mondrian, de 1922, qui figurait, en février 2009, dans la vente du couturier Yves Saint Laurent. Ont suivi des oeuvres de Cézanne, Bellini, Manet, Murillo, Ingres, un Christ sculpté en bois de tilleul de 1515. Ou un tabouret curule (vers 1920) de Pierre Legrain. De bons achats ? Trop tôt pour juger, d'autant que les montants sont rarement divulgués. "On s'en est pas mal tirés, soutient Mme des Cars, qui voyage beaucoup, à New York, à Londres ou en Suisse. Notre budget est à l'échelle du projet, car on part de zéro ! On n'achète pas à n'importe quel prix." Ces acquisitions doivent être validées par une commission d'acquisition (quatre Emiratis, huit Français, dont Henri Loyrette) présidée par le cheikh Sultan Bin Tahnoon Al-Nahyan, patron de la Tourism Development & Investment Company (TDIC), organisme gouvernemental d'Abou Dhabi. Ce dernier détient un droit de veto. L'a-t-il exercé ? "Ce que mon équipe a proposé a été acheté", répond Mme des Cars. Elle assure que la commission permet d'"éviter tout conflit d'intérêt avec les musées français". Est-ce si sûr ? Abou Dhabi a exposé dix-neuf oeuvres dans un hôtel, en mai 2009. Mais on ne sait rien de la vingtaine d'autres achetées depuis. Des conservateurs pointent un conflit d'intérêts possible. "Que des Français travaillent pour un musée étranger, c'est très bien. Mais alors qu'ils coupent vraiment les ponts. Là, ils ont un pied dans chaque pays. Il y a brouillage", dénonce Didier Rykner, animateur du site Latribunedelart.com. Abou Dhabi pourrait-il obtenir une oeuvre qui aurait pu finir dans un musée en France ? Non, dit-on à France-Muséums, car la France cherche juste à combler des manques, alors qu'Abou Dhabi part de rien. "Ce que l'on propose ne gêne pas les collections françaises." Il y en a au moins un qui est furieux. Daniel Alcouffe dirigeait jusqu'en 2004 le département des objets d'art du Louvre. Il avait essayé d'acheter une fibule (agrafe) en forme d'aigle, du Ve siècle, chef-d'oeuvre de l'art mérovingien. France-Muséums l'a achetée pour Abou Dhabi. "C'est de la haute trahison, cet objet aurait dû entrer au Louvre", s'indigne-t-il. C'est aussi la France qui proposera le nom du directeur du musée. Un million et demi de visiteurs sont attendus chaque année, ce qui est beaucoup, comparé aux 5 millions d'habitants de la fédération des Emirats arabes unis. "Il y a une vraie curiosité", assure M. Maquart, qui s'appuie sur une étude sur les publics potentiels. Des scénarios sont ébauchés pour que le musée soit ouvert le soir et une partie de la nuit, à la fraîche. Pas sûr que l'entrée soit payante. Michel Guerrin
09/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/09/les-artisans-du-louvre-abou-dhabi_1289576_3246.html
"La mode ""éthique"" combat les clichés pour se faire une place dans les rayons"
A la différence de l'alimentation, l'offre d'habillement bio ou équitable reste méconnue des Français, qui l'associent encore au style "baba".
Fini l'époque où style "équitable" rimait avec ponchos péruviens et autres tenues folkloriques. 2010 sera l'année de la mode "verte", qu'on se le dise. Du jean à la robe de mariée en passant par la lingerie, les chaussures ou le jogging, tous les rayons de l'habillement y passent. "La mode éthique est loin des clichés "babas cool" des années 1970. On la trouve aussi bien en couture qu'en prêt-à-porter, sportswear, streetwear, ainsi que dans l'univers du bébé", confirme Isabelle Quéhé, fondatrice de l'Ethical Fashion Show, dont la prochaine édition se tiendra lors de la semaine de la mode à Milan, en février. Si on a longtemps reproché aux vêtements bio leur manque de goût, les créateurs rivalisent désormais d'innovation pour proposer des collections à même de séduire tous les consommateurs. "Chic et éthique ne sont pas incompatibles, au contraire", insiste Franck Zins, PDG de la maison Zins, qui s'est associée à une jeune créatrice de prêt-à-porter d'origine malienne. Ensemble, ils ont créé BaFaro pour Zins, une ligne qui décline vestes sahariennes, pantalons, pulls, T-shirts et bermudas faits de coton biologique et de fibre de lait. " L'idée, c'est qu'on peut être élégant tout en restant cohérent avec ses valeurs de consommateur responsable", précise Franck Zins. Il a même décidé d'apporter une petite touche originale à ses modèles, en doublant les poches d'un tissu anti-ondes. Preuve qu'on peut être respectueux des hommes et de l'environnement, et dans l'air du temps. Autres signes d'évolution : les filières de fabrication se multiplient en France et à l'étranger et les catalogues s'enrichissent. "De plus en plus de marques proposent des collections construites et complètes", constate Evelyne Chaballier, directrice des études économiques et prospectives à l'Institut français de la mode (IFM). Y compris dans le sport, à l'image de la jeune griffe française Sébola, qui a développé une gamme de vêtements alliant éthique, esthétique et technique, confectionnés à base de bois ou de polyester recyclé. MANQUE DE PUBLICITÉ Pourtant, la mode éthique peine à émerger. Selon une récente étude de l'IFM, 35 % des consommateurs ignorent l'existence d'une offre d'habillement bio et/ou équitable. Contrairement à d'autres secteurs, comme l'alimentation ou l'automobile, la mode responsable pêche par son manque de publicité et sa distribution. Résultat : une offre peu visible et encore limitée. Quant aux clichés, ils sont encore bien accrochés aux étiquettes. "Bien souvent, quand on démarche, on doit faire face aux a priori et à l'amalgame entre éthique et ethnique ou hippie, déplore Leticia Amorin, cofondatrice de Pampa & Pop, une ligne féminine, colorée et pétillante venue d'Argentine, qui fait la part belle au cuir en proposant vestes cintrées et sacs à main tendance. On ne veut pas être catégorisé : on est d'abord mode et ensuite on est éthique." Signe encourageant : les Français sont chaque année plus nombreux à acheter des vêtements bio ou éthiques, note l'IFM. Une tendance qui s'accompagne d'une prise de conscience croissante : "Les gens commencent à se poser des questions sur la provenance des produits. Et quand l'impact carbone sera visible sur chaque vêtement (l'affichage carbone obligatoire sur les produits de grande consommation est prévu pour 2011), ça les poussera forcément à modifier leurs critères d'achat", conclut Evelyne Chaballier. Sur le Web Ethicalfashionshow.com Elisabeth Pineau
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/la-mode-ethique-combat-les-cliches-pour-se-faire-une-place-dans-les-rayons_1289650_3238.html
Les incantations blues punk de Jeffrey Lee Pierce
Un CD avec Nick Cave, Debbie Harry, Lydia Lunch et autres complices rend hommage au défunt leader du Gun Club.
Album hommage à Jeffrey Lee Pierce (1958-1996), défunt leader du Gun Club, un des groupes les plus marquants - et méconnus du grand public - de l'histoire du rock américain, We Are Only Riders - The Jeffrey Lee Pierce Sessions Project se démarque de la moyenne des "tribute albums". Le genre commande en général de faire reprendre les plus fameux morceaux d'un artiste par quelques stars ou jeunes gens dans le vent. Conçu par le guitariste londonien Cypress Grove, avec qui Pierce avait enregistré un album, en 1992 (Ramblin' Jeffrey Lee and Cypress Grove With Willie Love), We Are Only Riders ne se compose, à une exception près, que de morceaux inédits joués par des musiciens choisis en priorité pour leur relation personnelle avec cette figure du punk blues de Los Angeles. "Il y a trois ans, se souvient Cypress Grove, j'ai retrouvé une cassette des maquettes très sommaires enregistrées par Jeffrey au moment où nous travaillions sur notre album. Ces morceaux inachevés pouvaient être l'occasion de rassembler des amis et admirateurs pour compléter ce travail et rendre hommage à Jeffrey." Le casting est loin d'être négligeable. Le ténébreux crooner australien Nick Cave ; Debbie Harry, chanteuse de Blondie, groupe dont Pierce fut le président du fan-club, à la fin des années 1970 ; Lydia Lunch, icône trash de l'avant-garde new-yorkaise ; l'inquiétante voix grave de Mark Lanegan ; celle aux aigus fêlés du disciple David Eugene Edwards, ex-16 Horsepower ; le Bad Seeds Mick Harvey... Ils investissent ce répertoire avec une touchante conviction, démontrant leur compréhension des obsessions et du destin d'un chanteur à la noirceur flamboyante, mort fauché, seul, malade. Ces morceaux tardifs de Pierce troquent l'hystérie électrique contre une vision crépusculaire des dérives existentielles. La gravité altière de Nick Cave ou de Lanegan, la mélancolie de Debbie Harry (Lucky Jim, seul titre connu sur lequel on entend la guitare posthume de JLP), le timbre tortueux de Johnny Dowd ou la vitalité des jeunes Danois des Raveonettes rappellent que, malgré les épreuves, l'inspiration de Jeffrey Lee Pierce ne s'était pas tarie Comme le souligne Cypress Grove, "Jeffrey est régulièrement cité comme une influence majeure d'artistes célèbres comme les White Stripes, les Pixies ou REM. Mais peu de gens connaissent l'homme et sa musique". Toutes les occasions sont bonnes, en effet, pour partir à la découverte de l'intensité d'un musicien que le cinéaste Wim Wenders décrivit comme "l'un des plus grands chanteurs de blues de tous les temps", de chansons dont Jack White, le leader des White Stripes, affirme qu'"elles devraient être enseignées à l'école". L'écoute des premiers disques du Gun Club, Fire of Love (1981), Miami (1982), Death Party (1983), The Las Vegas Story (1984) (ces trois derniers viennent d'être réédités, enrichis chacun d'un CD live au son brut de décoffrage) reste une expérience saisissante. A ses débuts, ce Texan aux origines mexicaines a mêlé en précurseur la violence punk à la noirceur du blues rural et du hillbilly. A une époque où la new wave plastifiait ses refrains sous la blancheur des néons, le Gun Club lardait les siens de guitare slide, de rythmes vaudou et d'incantations de prêcheur sorti de La Nuit du chasseur, le film de Charles Laughton (1955). Avec ses allures de Marlon Brando péroxydé et bouffi par l'alcool, le chanteur semblait invoquer les démons de la déchéance. Plus blues dans Fire of Love, plus country dans Miami, plus ambitieux dans les arrangements de The Las Vegas Story, mais trop autodestructeur et caractériel pour construire une carrière, il changera souvent de musiciens et s'essaiera à une carrière solo (l'excellent Wildweed, en 1985). Souvent mieux accueilli en Europe qu'aux Etats-Unis, ce Jim Morrison trash avait une belle cote en France. Grâce aux articles de Philippe Garnier, correspondant à Los Angeles du magazine Rock & Folk, grâce à la maison de disques New Rose et à l'admiration particulière des Français pour les figures maudites du rock. Le groupe Noir Désir devra une bonne part de son incandescence à la furia du Gun Club. C'est aussi un Français, le cinéaste Henri-Jean Debon, qui a filmé Jeffrey Lee Pierce, en 1992, alors que celui-ci vivait à Londres, sans contrat, avec une santé dégradée. Une quinzaine d'années plus tard, il en a tiré un documentaire, Hardtimes - Killin'Floor Blues (récemment sorti en DVD), sans doute un des films les plus tristes et vrais jamais tournés sur la solitude d'un rocker déchu. "Pour moi, retient aujourd'hui le réalisateur, c'était la voix la plus sensuelle et la plus habitée qui soit. Et aussi une des plus colériques. Mais c'était une rage incroyablement lyrique." Dans Hardtimes, on croise Nick Cave et aussi Cypress Grove, qui, à l'époque, taquinait le blues avec l'Américain. "C'était un personnage intense qui avait tendance à tourner cette intensité contre lui-même, insiste le concepteur de We Are Only Riders. A la fin, ses démons ont pris le dessus." "We Are Only Riders - The Jeffrey Lee Pierce Sessions Project", 1 CD Glitter house/Differ-ant. "Miami", de The Gun Club, 2 CD Cooking Vinyl ; "Death Party" et "The Las Vegas Story", de The Gun Club, 2 CD Cooking Vinyl. "Hardtimes - Killin' Floor Blues", d'Henri-Jean Debon, 1 DVD Choses Vues. Stéphane Davet
09/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/09/les-incantations-blues-punk-de-jeffrey-lee-pierce_1289642_3246.html
Trouver les mots pour répondre aux enfants adoptés
La réforme de l'adoption, en préparation, préconise notamment de renforcer l'accompagnement des familles.
Expliquer l'adoption n'est pas toujours chose facile pour les parents adoptifs. Et, pour l'heure, l'accompagnement fait trop souvent défaut. Son renforcement est à l'étude dans le cadre de la réforme de l'adoption, en préparation au secrétariat d'Etat à la famille. C'était l'une des préconisations du rapport sur l'adoption réalisé par Jean-Marie Colombani (ancien directeur du Monde), remis en 2008 au président de la République. Cet accompagnement pourrait être développé dans le cadre des consultations d'orientation et de conseils en adoption (COCA). Très vite, les enfants cherchent à savoir d'où ils viennent. Questionner ses origines, c'est établir les assises de son monde intérieur, structurer son sentiment d'appartenance et se forger un sentiment de sécurité. Il y a quelques décennies, il était possible de cacher à un enfant qu'il était adopté. La révélation qui s'ensuivait était souvent violente et traumatisante. "Tous les psychologues s'accordent à dire qu'il faut que l'enfant ait le sentiment de l'avoir toujours su", assure Cécile Delannoy, mère adoptive et aujourd'hui grand-mère. En France, 80 % des enfants sont adoptés à l'étranger, et 60 % d'entre eux ont plus de 2 ans, ce qui a rendu cette culture du secret obsolète. L'adoption est intégrée dans le discours des parents, et c'est bien souvent une évidence pour les enfants. On dit au bébé : "Comme je suis content(e) de t'avoir ramené à la maison", "Quand on est venus te chercher...", "Quand tu es arrivé..." Mais les choses se compliquent lorsque vient le temps des questionnements, entre 3 ans et 6 ans, quand l'enfant adopté se confronte au regard des autres. "C'est une fausse équation de considérer que maternité égale grossesse, et pourtant elle infiltre tous les esprits", explique la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval. Un enfant peut ainsi revenir bouleversé de l'école parce que l'un de ses camarades lui aura dit que sa mère n'est pas sa vraie maman. "On est dans une biologisation des liens qui fragilise les parents adoptifs, déplore la psychanalyste Sophie Marinopoulos. En ce sens, l'adoption vient nous interpeller sur ce qu'est véritablement la parentalité." Pour répondre avec justesse à son enfant, les parents adoptifs ne doivent pas douter de leur position. "Il faut que les parents puissent respecter la dame qui a donné naissance à leur enfant, et la remercier pour leur avoir fait ce don, considère Mme Delaisi de Parseval. Ce remerciement symbolique est une façon de se libérer en partie de la dette qu'ils ont envers elle." Plus les parents se sentiront légitimes, plus les réponses seront faciles. D'autant que la façon dont les petits formulent leurs interrogations peut les heurter, les blesser. "Les jeunes enfants ne mettent pas de points d'interrogation", poursuit Mme Marinopoulos. Ils procèdent par affirmations. "Tu n'es pas mon vrai papa" signifie ainsi : "qu'est-ce qui fait de toi mon vrai père ?" "Tu n'es pas ma vraie maman" équivaut à : "faut-il que je sois sorti de ton ventre pour que tu sois ma mère ?" "Ce que l'enfant a envie d'entendre, c'est qu'il est à la bonne place. Ce dialogue va permettre la construction du lien familial", analyse Mme Marinopoulos. "Les parents devront répondre aux interrogations de leur enfant qu'ils sont ses vrais et ses seuls parents, quand bien même celui-ci n'est pas issu de leurs corps", explique Mme Delaisi de Parseval. Mais cela ne signifie pas gommer les parents biologiques. "Il est nécessaire, pour se construire son identité narrative, que l'enfant ait, dans la mesure du possible, le maximum d'informations sur ses parents de naissance", poursuit la psychanalyste. Par ailleurs, il importe, pour sa construction psychique et sexuée, que l'enfant sache qu'il est issu d'un homme et d'une femme. Pascale et son mari, comme beaucoup de parents adoptifs, ont composé un album de photos pour Anna, leur petite fille de 10 ans, adoptée dans un pays de l'Est. Ils y ont mis des images du voyage, à l'aéroport, de l'orphelinat, etc. L'enfant s'y plonge régulièrement, le montre à son entourage. La question la plus douloureuse que leur a posée leur fille est celle de savoir pourquoi ses parents biologiques l'avaient abandonnée. "Tes parents n'ont pas pu, n'ont pas su t'élever", lui répondent-ils. La question du pourquoi taraude tous les enfants adoptés. "Il est important d'en parler, explique Françoise Vallée, psychologue clinicienne à l'espace adoption du conseil général de Loire-Atlantique. Il faut que l'enfant donne du sens à cela car, faute de réponses, il risque de penser qu'il n'était pas un bon bébé. Il faut lui donner les raisons dont on dispose dans le dossier, en se mettant à sa portée." Face aux demandes des enfants d'aller dans leur pays d'origine, voire de rencontrer leur mère biologique, la prudence s'impose. "En demandant à aller dans le pays où il est né, l'enfant peut questionner la solidité du lien avec sa famille adoptive. Est-ce que je suis au bon endroit ?", remarque Mme Marinopoulos. Si, malgré la réassurance de ses parents, l'enfant persiste, mieux vaut que cette décision soit accompagnée par des professionnels. "Il faut y réfléchir, en discuter, tester les motivations, explique Mme Vallée. Cela peut prendre six mois, voire un an." Car la déception risque d'être forte. "A l'adolescence, le retour dans le pays d'origine peut aggraver les choses. Il semble plus facile chez les enfants plus jeunes, vers 7-9 ans", analyse Cécile Delannoy, qui soutient des familles dans le cadre d'une association. Dans tous les cas, il faut que l'enfant sache que, là-bas, il sera un étranger. "Au risque de l'adoption", de Cécile Delannoy (La Découverte/Poche, 2008, 280 p., 11 €). "Moïse, Œdipe et Superman ", de Sophie Marinopoulos, Catherine Sellenet et Françoise Vallée (Fayard, 2003, 352 p., 20 €). "Famille à tout prix ", de Geneviève Delaisi de Parseval (Seuil, 2008, 389 p., 22 €). Martine Laronche
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/trouver-les-mots-pour-repondre-aux-enfants-adoptes_1289649_3238.html
Foules et obsession de la mort à Ivry
A "Personnes", au Grand Palais, répond une deuxième exposition simultanée de Christian Boltanski, "Après", au MAC/VAL d'Ivry, du 15 janvier au 28 mars.
Pour cet espace moins singulier - et moins difficile - que la nef du Grand Palais, l'artiste a conçu un dispositif au long duquel le visiteur retrouve plusieurs des figures et formes obsessionnelles de l'artiste : les images de foules confuses dont la projection s'arrête en donnant le sentiment d'isoler un individu, les labyrinthes de cubes noirs, les mannequins géométriques drapés de noir dont s'échappent des voix posant des questions effrayantes : "As-tu souffert en mourant ?", "De quoi es-tu mort ?" "C'est plus fort que moi, dit calmement Boltanski. Quand je regarde une actrice dans un film des années 1940 ou 1950, je ne peux m'empêcher de me demander : comment est-elle morte, de quoi, quand ? Bien sûr, ce sont les questions que chacun se pose à propos de lui-même ou d'autres." Cette façon de poser si directement des questions communes à tous compte pour beaucoup dans la reconnaissance générale dont l'artiste bénéficie aujourd'hui en France. On apprenait ainsi en début de semaine qu'il avait été choisi par Culture France et la délégation aux arts plastiques du ministère de la culture pour occuper le pavillon français lors de la Biennale de Venise, en 2011. Choix judicieux, au regard de la puissance expressive de l'oeuvre et de son rayonnement. Mais choix tardif. Invité à participer à la Documenta de Cassel dès 1972, deux ans après ses premières Vitrines de référence, puis une deuxième fois en 1987 - privilège rare -, il a attendu 1981 pour être exposé au Musée d'art moderne de la Ville de Paris et 1984 pour le Centre Pompidou. Ses travaux ont été largement reconnus en Allemagne, en Suisse et aux Etats-Unis dès les années 1980. "Personnes" sera présenté à l'Armory, à New York, dans une version adaptée au lieu. Philippe Dagen et Philippe Dagen
09/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/09/foules-et-obsession-de-la-mort-a-ivry_1289641_3246.html
Christian Boltanski met la dernière main à sa pyramide
Le plasticien orchestre l'exposition "Personnes" au Grand Palais, avec valises de vêtements, néons crépusculaires et battements de coeur.
A travers les verrières enneigées du Grand Palais passe le soleil, lumière d'aurore légèrement rose. "Vous ne pouviez pas tomber plus mal. C'est la plus mauvaise des lumières", dit en riant Christian Boltanski. Les visiteurs de "Personnes" ne pourront faire cette expérience. L'artiste a décidé que la troisième édition de "Monumenta" n'aurait pas lieu au printemps, comme les précédentes, mais en hiver. A cette saison, les jours sont plus courts. Or l'éclairage joue un rôle essentiel dans "Personnes". Dans la trop douce lumière de neige, il faut imaginer la nef telle qu'elle sera, envahie de pénombre, éclairée seulement par des tubes de néon accrochés bas, à peine plus de 1,60 mètre au-dessus du sol, et par la "douche" de lumière qui descendra des hauteurs sur une pyramide de vêtements de plus de 10 mètres de haut. Pour l'heure, des assistants disposent les vêtements sur les structures en tubes et grillages qui supportent le tas. De temps en temps, un élévateur hisse jusqu'à la plate-forme supérieure un sac de plastique blanc, lourd d'un quintal d'habits récupérés. Pour la pyramide, Boltanski a voulu qu'ils soient de couleurs vives et de toutes sortes : pulls, chemises, tee-shirts. TROP PARFAITE RÉGULARITÉ D'autres assistants extraient d'autres sacs des dizaines de manteaux sombres - bruns et noirs dominent - et les étalent sur le sol de la nef en formant des carrés égaux. Ce travail est minutieusement accompli par d'anciens élèves des Beaux-Arts. Le premier jour du montage, l'artiste en a réalisé trois, comme modèles. En passant, il modifie les rapports entre les tons ou dérange un peu la disposition quand elle est d'une trop parfaite régularité. La division en carrés ordonne la nef sur toute sa longueur. Elle est d'autant plus sensible qu'aux angles de chaque figure sont boulonnées dans le ciment quatre poutres d'acier. Des filins tendus en diagonale soutiennent les tubes de néon, un par carré. Les poutres portent aussi des haut-parleurs. Ils diffuseront le son d'un coeur qui bat, celui d'une personne par carré. Depuis plusieurs années, Boltanski a entrepris en effet de réunir des centaines d'enregistrements de battements pour ses "Archives du coeur". On les entendra dans un demi-jour de crépuscule, tout en marchant entre les carrés de manteaux étendus comme autant de symboles de l'absence. "Du côté des carrés et des battements de coeur, dit Boltanski, on est encore du côté de l'existence. La pyramide, c'est la mise à mort de masse." Sans cesse, une pince montée sur une grue prendra, élèvera et laissera retomber des vêtements sur le haut du tas. On songe à l'oeuvre de 1988, faite elle aussi d'habits récupérés, que Boltanski avait nommé "Réserve Canada", nom donné dans les camps aux baraques où étaient triés et stockés les effets des victimes des chambres à gaz. Il confirme l'interprétation. Et précise : "Les vêtements, c'est un fripier qui les a fournis. Il les reprend après la fin de l'exposition. Beaucoup seront mis en pièces pour fabriquer du feutre d'isolation. Bien sûr, ça m'a fait penser au feutre fait avec les cheveux des morts dans les camps. J'ai vu chez lui une machine terrible qui déchiquette les vêtements. J'ai pensé un moment la mettre ici. Ce serait trop dur pour le visiteur. Mais l'idée demeure." ll ne refuse pas le mot "tragique". "Il faut que le visiteur reçoive une émotion. Pour moi, il était hors de question de proposer une petite niaiserie conceptuelle, genre un verre d'eau tout seul au milieu de la nef vide. J'ai de plus en plus de mal avec ce genre-là. Je veux que ceux qui viendront, et qui ne seront pas forcément des habitués des galeries d'art, aient quelque chose à voir, qu'ils aient des raisons de parcourir l'espace, de s'arrêter, de regarder." Ce principe d'expression fermement établi, Boltanski a cherché quelle forme lui donner dans ce lieu aux dimensions et à l'architecture si spécifiques. "Etre invité à exposer ici, c'est comme l'être à créer un opéra dont la musique serait déjà composée et dont il faut écrire le livret. Bien sûr, j'ai pris dans mon garde-manger d'idées, dans mon vocabulaire d'artiste. Mais il fallait trouver comment faire alliance avec le lieu." Pour la lumière, il a donc trouvé la solution la plus radicale : l'hiver. "Pour la hauteur, j'ai pensé aux mosquées. Leurs coupoles sont très hautes, mais le sol est couvert de tapis et les lustres suspendus très bas. Il m'a paru évident qu'il fallait aller dans le sens de l'horizontale plus que de la verticale. On ne peut se mesurer à des hauteurs pareilles. J'ai fait grandir la pyramide et, maintenant, je m'inquiète de la taille de la grue." Catherine Grenier, commissaire de "Personnes", précise qu'en début de réflexion elle a essayé de calculer combien il faudrait de tapis pour couvrir le sol de la nef. "C'était dément. Des milliers. De toute façon, Christian a vite trouvé son idée définitive." Définitive, mais pas achevée. Tout en discutant, Boltanski regarde son oeuvre se faire. "Je me sens dans la position d'un cinéaste. Son film est écrit, mais il ne sait ce qui va se passer que quand le tournage commence. A l'heure actuelle, tout n'est pas parfait. Il y a un point à partir duquel une exposition bascule du bon côté. Je ne n'ai pas encore atteint ce point. Il faut que je change quelques petites choses, que j'introduise un peu de désordre." "Personnes", Monumenta 2010, du 13 au 21 janvier, au Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris. Entrée 4 €, tarif réduit 2 €. De 10 h à 19 h les lundis et mercredis , de 10 h à 22 h du jeudi au dimanche, fermé le mardi. Philippe Dagen et Philippe Dagen
09/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/09/christian-boltanski-met-la-derniere-main-a-sa-pyramide_1289637_3246.html