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"Dans les quartiers, ""le tissu associatif est en train de mourir"""
Patrick Gaubert, président du Haut Conseil à l'intégration, tire le bilan d'une série de débats sur les valeurs de la République qui ont eu lieu dans cinq agglomérations de province.
Le ministre de l'immigration, Eric Besson, a assisté, mardi 12 janvier, à une réunion du collège du Haut Conseil à l'intégration (HCI). Alors que, parallèlement, s'engageait le débat sur l'identité nationale, le HCI, auteur d'un rapport en avril 2009 sur les valeurs de la République, est allé débattre de ce dernier thème dans cinq agglomérations de province (Marseille, Lyon, Strasbourg, Lille, Cergy) avec les associations de terrain – une centaine au total. Patrick Gaubert, son président, explique ce qu'il a retenu de ces rencontres. Qu'est-ce qui est ressorti des débats que vous avez organisés ? Bien plus que de connaissance des valeurs de la République et de leur transmission, les participants nous ont surtout parlé de discriminations, de diversité, du manque de reconnaissance de la part de l'immigration dans l'histoire de France et de son apport à la richesse économique du pays… Plus inquiétant encore, ils ont mis en avant les risques d'un repli identitaire. Ces comportements se justifient, nous ont-ils expliqué, par les difficultés d'intégration, d'insertion dans la société qui entravent le vivre ensemble et par un manque de proximité entre l'Etat et les citoyens. Lors de certains matches de football, "ce n'est pas la France qui est sifflée", selon les associatifs, c'est "l'Etat qui ne tient pas parole". L'absence de réponses satisfaisantes de la puissance publique quant aux discriminations porte, disent-ils, les personnes à se replier sur " le cercle solidaire de la famille et de la communauté d'origine ". Nous ne sommes pas sortis indemnes de ces réunions. Absence de mixité ethnique, sociale, culturelle, manque de reconnaissance, invisibilité de l'Etat : on est loin de la teneur prise par le débat sur l'identité nationale lancé par le ministre de l'immigration. Nos interlocuteurs n'ont jamais abordé la question de l'identité nationale. Ils ont lancé un appel au secours. Car les gens dans les quartiers attendent qu'on leur démontre qu'on ne leur assigne pas que des devoirs : l'Etat a aussi des devoirs. Les inégalités sociales et économiques, les discriminations (particulièrement le contrôle au faciès) sont vécues comme des contradictions fondamentales avec ce qu'ils estiment être des valeurs théoriques de la France républicaine. La multiplication des contrôles de police, leur répétition parfois au cours d'une même journée attise le sentiment de discrimination et aggrave chez les jeunes issus de l'immigration le sentiment d'être des citoyens de seconde zone, voire les renvoie à la condition d'étrangers qu'ont connue leurs parents ou grands-parents. Quand on demande à ces jeunes s'ils se sentent Français, ils vous retournent la question, contestant que le doute ne soit émis que pour eux. Même si, comme tous les jeunes Français, ils ne connaissent pas bien les valeurs, la quasi-totalité les respectent et demandent avant tout que l'on sorte du discours incantatoire. L'accent a aussi été mis, dans la presque-totalité des régions visitées par le HCI, sur le besoin d'instruction des femmes non scolarisées immigrées depuis longtemps en France. Et en particulier de celles qui, abandonnées par leur mari, rencontrent de graves difficultés pour élever leurs enfants. Le rôle des associations, ici en particulier, est essentiel. Mais nombre d'associations se disent aujourd'hui fragilisées. Cette fragilisation nous a clairement été soulignée. Si l'Etat a créé ces dernières années des outils publics d'accueil (avec le contrat d'accueil et d'intégration par exemple), de lutte contre les discriminations (avec la Halde), ou encore de connaissance (avec la CNHI), le rôle essentiel des associations en matière d'insertion dans la société, d'insertion républicaine, a été quelque peu négligé, alors que celles-ci sont le complément nécessaire des structures de l'Etat. Le tissu associatif est en train de mourir. Il faut le revitaliser, lui donner des moyens. Pour cela il faut examiner la possibilité de passer des conventions avec les centres sociaux, les missions locales, les régies de quartier, et les structures associatives qui, sur le terrain, génèrent du lien social. Avez-vous été entendu par le ministre ? L'échange a été constructif. Le ministre ne partage pas notre diagnostic sur les associations, le jugeant trop "radical". Mais il a accepté que le HCI, son ministère et celui de la secrétaire d'Etat à la ville Fadela Amara examinent ensemble cette question. Propos recueillis par Laetitia Van Eeckhout
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/integration-dans-les-quartiers-les-associations-lancent-un-appel-au-secours_1290888_823448.html
Un port américain en alerte après une fuite accidentelle d'un produit explosif
Un grand port de Caroline du Sud a été fermé après que neuf conteneurs d'un "produit hautement explosif", qui serait de la pentrite, ont été accidentellement percés.
Un important port américain situé en Caroline du Nord (sud-est) a été fermé mardi après que neuf conteneurs de "produit hautement explosif" eurent été accidentellement percés, ont indiqué les autorités. L'incident s'est produit tôt mardi dans la ville de Morehead City, sur la Côte est des Etats-Unis. Le produit en question serait de la pentrite, selon le chef de la police locale, cité par une chaîne de télévision. La pentrite est un explosif très puissant, qui peut être activé par un détonateur ou par une très forte chaleur. C'est le même explosif qui avait été utilisé dans la tentative d'attentat visant un avion de ligne entre Amsterdam et Detroit le jour de Noël. "Tout le périmètre est bouclé", a déclaré le maire de la ville, Jerry Jones, sur CNN, ajoutant que les autorités essayaient "d'empêcher les gens de s'approcher". La police a enjoint aux habitants de rester éloignés des portes et fenêtres des habitations et les autorités ont recommandé l'évacuation, à titre de précaution, du centre-ville de Morehead City, qui compte quelque 15 000 habitants.
12/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/12/un-port-americain-en-alerte-apres-une-fuite-accidentelle-de-pentrite_1290886_3222.html
Fortes perturbations du trafic aérien mercredi
En raison des chutes de neige et d'une grève, des perturbations sont à prévoir à Paris, Marseille, Toulouse, Nice et Lyon.
Le trafic aérien sera fortement perturbé mercredi en région parisienne. La direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes d'annuler 30 % à 50 % des vols mercredi à Roissy en raison des chutes de neige et des pluies verglaçantes prévues ainsi que d'un appel à la grève chez les contrôleurs aériens. Sur Orly, le trafic sera réduit de 50 %. "Il y aura à la fois un effet météo et un effet grève, sans qu'il soit possible d'évaluer ce qui relève de l'un ou de l'autre", a déclaré Francis Massé, secrétaire général de la DGAC. Des perturbations sont également à prévoir à Marseille, Toulouse, Nice et Lyon, tandis que des interrogations demeurent pour Beauvais, Brest, Montpellier. La DGAC recommande aux passagers aériens de contacter leur compagnie aérienne. Pour jeudi, le trafic devrait être un peu moins perturbé en raison d'une météo plus clémente, mais 30 à 40 % des vols devraient néanmoins être annulés à Orly et 10 à 15 % à Roissy, selon Francis Massé. Les syndicats CGC-CGT-FO-UNSA/IESSA d'un côté et la CFDT de l'autre ont déposé mi-décembre un préavis de grève de 48 heures pour mercredi et jeudi. Les syndicats qui appellent à la grève dénoncent mardi dans un communiqué "le démantèlement de la DGAC dans deux ans, séparant les fonctions de prestation de service de la navigation aérienne [service rendus aux compagnies aériennes] du reste des services [surveillance, formation, etc.]".
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/fortes-perturbations-du-trafic-aerien-mercredi-a-paris_1290890_3224.html
CAN 2010 : l'Egypte tient le choc contre le Nigeria (3-1)
Les Pharaons ont réussi leur entrée en disposant des Super Eagles, mardi 12 janvier.
Double tenante du titre, l'Egypte a réussi mardi son entrée dans la Coupe d'Afrique des nations en disposant 3-1 du Nigeria, son rival le plus sérieux dans le groupe C. Equipe la plus titrée à la CAN avec six sacres, l'Egypte s'est placée en position idéale pour une qualification en quarts de finale. Les Pharaons, qui se sont montrés plus réalistes que leurs adversaires à Benguela, doivent encore affronter le Mozambique et le Bénin, opposés en soirée. La formation de Hassan Shehata, qui a manqué d'un cheveu sa qualification pour la Coupe du monde en Afrique du Sud, a pourtant effectué un début de match frileux avant de se reprendre. Chinedu Obasi effaçait deux défenseurs avant d'ouvrir la marque à la 12e minute pour le Nigeria d'une splendide frappe du gauche dans le petit filet. Mohamed Zidan n'était ensuite pas loin d'égaliser sur une action similaire. Pressés de toutes parts par les Super Eagles, les Egyptiens trouvaient néanmoins l'ouverture à la 34e minute lorsque Ahmed Hassan trouvait Emad Moteab dans la profondeur. Prise à revers, la défense nigériane laissait filer l'attaquant, qui dribblait Essam Al-Hadari parti à sa rencontre et marquait dans le but vide. Sonnés, les Nigérians peinaient à retrouver leur rythme, même si un coup franc de Taye Taiwo juste avant la pause manquait de faire mouche. Hassan donnait l'avantage aux Pharaons après neuf minutes en seconde période. Bien servi en retrait par Zidan, il décochait une frappe de 20 mètres qui, avec l'aide du dos de Taiwo, allait se ficher dans la lucarne opposée. Pas assez efficaces aux abords de la surface, les Nigérians butaient ensuite sur la défense très compacte de leurs adversaires et encaissaient un dernier but à la 87e quand Mohamed Nagui concluait une contre-attaque avec sang-froid. Les Nigérians, dont les failles collectives ont semblé béantes face à la cohésion égyptienne, n'ont au final pas pu rivaliser. Qualifiés de justesse pour l'Afrique du Sud, ils n'ont pas une équipe aussi puissante que celle de l'âge d'or 1994-98 (Okocha, Amunike, Yekini...), qui avait fait des "Green Eagles" les "Super Eagles". Au contraire, les Pharaons, dévastés par leur absence au Mondial, que l'Egypte n'a plus disputé depuis 1990, ont donc montré qu'ils pouvaient viser un triplé inédit, même sans leur vedette Mohamed Aboutrika, blessé à un pied et absent de la CAN.
12/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/12/can-2010-l-egypte-tient-le-choc-contre-le-nigeria-3-1_1290893_3242.html
Triple forfait pour le XV de France avant le Tournoi des 6 nations
Fabien Barcella, Dimitri Yachvili et Damien Traille, tous blessés à l'épaule gauche, seront indisponibles entre six et huit semaines.
La 18e journée de Top 14 a laissé des traces. Blessés samedi contre le Stade Français, les Biarrots Fabien Barcella, Dimitri Yachvili et Damien Traille sont forfaits pour le début du Tournoi des 6 nations, qui débute le 7 février prochain avec le déplacement de la France en Ecosse, a indiqué le club basque. Le pilier gauche Fabien Barcella, titulaire du poste, souffre d'une rupture du ligament croisé postérieur du genou gauche et sera indisponible huit semaines, ce qui ne lui laisse que peu de chances d'intégrer le groupe avant le Crunch France-Angleterre programmé le 20 mars. Les autres blessés, tous deux victimes d'une rupture partielle du ligament latéral interne... du genou gauche, seront éloignés des terrains pour un minimum de six semaines. Une bien mauvaise nouvelle pour leur employeur comme pour les Bleus. Ces forfaits viennent en effet s'ajouter à celui de Maxime Mermoz, victime d'une subluxation de l'épaule. Le comité de sélection se réunit le 20 janvier pour arrêter la liste des joueurs retenus pour affronter l'Ecosse.
12/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/12/triple-forfait-pour-le-xv-de-france-avant-le-tournoi-des-6-nations_1290878_3242.html
"Darcos : il faudra ""travailler plus longtemps"" pour financer les retraites"
Le ministre du travail a réaffirmé son intention d'aborder "sans faux-semblant" la question de la fonction publique à l'occasion du rendez-vous 2010 des retraites.
Le ministre du travail Xavier Darcos a estimé mardi qu'il n'y avait pas "d'autre solution que de travailler plus longtemps" pour assurer le financement des retraites, lors d'un débat sur ce thème mis sur pied par la commission des affaires sociales du Sénat. M. Darcos a par ailleurs réaffirmé devant les sénateurs son intention d'aborder "sans faux-semblant" la question de la fonction publique à l'occasion du rendez-vous 2010 des retraites, qui devrait s'engager au printemps. "Nous avons aujourd'hui 1,8 cotisant pour un retraité, dans une dizaine d'années nous serons à 1,5 et en 2050, à 1,2 cotisant pour un retraité", a exposé le ministre, indiquant que "dès 2010, une retraite sur dix n'est plus financée". Face à cette situation, M. Darcos a écarté l'idée d'une baisse du montant des pensions et jugé inopportun d'augmenter les cotisations sociales. "Je le dis donc sans ambage : dans un pays où l'espérance de vie s'accroît d'un trimestre chaque année, nous n'avons d'autre solution que de travailler plus longtemps", a-t-il dit. "Travailler plus longtemps" implique pour le ministre d'augmenter l'emploi des seniors et de tenir compte "de la pénibilité propre à certains secteurs particulièrement éprouvants". Xavier Darcos a par ailleurs jugé qu'une réforme des retraites se devait de concerner aussi le régime des fonctionnaires, qui "connaît lui aussi une situation financière délicate". Selon le ministre, l'augmentation depuis 2000 du taux de cotisation de l'Etat employeur pour financer les retraites des fonctionnaires "représente un déficit de près de 10 milliards d'euros, soit autant que celui du régime général" (salariés du privé).
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/darcos-il-faudra-travailler-plus-longtemps-pour-financer-les-retraites_1290884_3224.html
Fillon aurait annoncé son départ de Matignon pour 2012
Dans "La Carpe et le lapin", à paraître jeudi, l'auteur affirme que le premier ministre annonce la date de son départ. Matignon a aussitôt démenti mardi, mais l'auteur de l'ouvrage confirme.
Alors que le monde politique et la presse ne cessent de spéculer sur son avenir, François Fillon affirme qu'il quittera Matignon "pas très longtemps avant les échéances [électorales] de 2012". Dans un livre à paraître jeudi, dont l'express.fr publie mardi des extraits, le premier ministre explique avoir discuté de ce calendrier lors d'un petit déjeuner à l'Elysée avec Nicolas Sarkozy, en mai 2008. "Ce ne sera pas à mi-quinquennat mais après, pas très longtemps avant les échéances de 2012", affirme le premier ministre dans un entretien avec Alix Bouilhaguet, journaliste politique à France 2, qui signe La Carpe et le Lapin, un ouvrage consacré aux relations entre les deux têtes de l'exécutif. Les services du premier ministre ont aussitôt démenti mardi les propos attribués à François Fillon. "Le premier ministre ne s'est jamais exprimé en ces termes", a déclaré sa conseillère en communication Myriam Lévy, qui avait assisté à l'entretien du 28 août 2009 entre François Fillon et la journaliste Alix Bouilhaguet. Interrogé, l'auteur a confirmé les propos qu'elle cite, précisant avoir enregistré la conversation. "ON A FRÔLÉ LE CLASH" Ne cachant pas des relations parfois houleuses avec le chef de l'Etat et son entourage, François Fillon révèle également qu'il a envisagé de démissionner en septembre 2007, quatre mois seulement après sa nomination à Matignon, quand la presse faisait état de fortes divergences entre eux : "Je reconnais qu'à ce moment-là on a frôlé le clash. Vraiment". A l'été 2008, il confirme avoir encore pensé quitter la rue de Varenne, cette fois pour des raisons de santé, lorsqu'il souffrait de sérieux problèmes de dos : "A ce moment-là j'y ai pensé, je me disais que je ne pourrais pas continuer comme ça." Parlant de la visibilité accrue des plus proches conseillers du président, l'une des pommes de discorde entre les deux hommes, François Fillon réaffirme "que c'est une erreur". "Ça n'apporte rien au président de la République. Rien du tout", affirme-t-il. Sur son avenir politique, François Fillon écarte catégoriquement la possibilité de se présenter à la présidentielle de 2012, une nouvelle candidature de Nicolas Sarkozy ne faisant à ses yeux aucun doute. "Je n'ai fait le deuil de rien du tout. Simplement je ne serai jamais candidat contre le président de la République. La question est assez éclaircie pour la prochaine fois", dit-il, sans toutefois exclure quoi que ce soit concernant l'échéance de 2017.
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/fillon-annonce-qu-il-quittera-matignon-en-2012_1290875_823448.html
Les médecins l'avaient condamné, Facebook lui a sauvé la vie
Après une chute de sept étages, Philip Pain a survécu grâce à un appel au don du sang lancé par sa famille sur le réseau social.
Facebook détruit des réputations, mais peut aussi sauver des vies. Philip Pain en a fait récemment l'heureuse expérience. Le 1er janvier, alors qu'il fêtait la nouvelle année dans un hôtel au Mexique, le jeune étudiant britannique, originaire de Southampton, est tombé d'un balcon, se brisant plusieurs vertèbres et les deux jambes. Les médecins le croient condamné : Philip a perdu beaucoup de sang. Il est O négatif, ne peut donc recevoir que du sang O négatif, et l'hôpital manque de donneurs. Faute d'être à ses côtés, sa famille se mobilise. Depuis Bexleyheath, dans le Kent, parents et amis lancent un appel d'urgence sur Facebook. Dans les douze heures qui suivent la création du groupe, six litres de sang sont envoyés à l'hôpital Sharp de Mazatlan depuis la Floride. D'après le Daily Telegraph qui a rapporté l'histoire, quatre litres ont été transmis par des résidents mexicains, et de nouveaux donneurs de groupe sanguin O négatif continuent de s'inscrire. Grâce à ces transfusions, les chirurgiens ont pu opérer l'étudiant et le maintenir en vie. Il doit encore subir plusieurs interventions, dont une de la jambe droite avec une amputation probable du pied, mais ses organes vitaux ne sont plus en danger. Son père Neil, policier retraité, et sa mère Sally, coiffeuse, l'ont rejoint au Mexique. Ils donnent régulièrement des nouvelles de leur fils sur Facebook. Tout est traduit en anglais et en espagnol et le groupe compte aujourd'hui près de 13 000 membres. "IL FAUT QUE LES GENS CONTINUENT À SE DÉPLACER" "Sans ces dons de sang, Phil ne serait pas vivant à l'heure où nous parlons", a déclaré sa sœur Stephanie au Daily Telegraph. "C'est fantastique de voir de parfaits étrangers venir à l'hôpital donner leur sang. (...) Les établissement n'ont pas beaucoup de réserves et il faut que les gens continuent à se déplacer." Pour l'instant, on ignore les circonstances exactes de l'accident du jeune étudiant. Selon les analyses toxicologiques réalisées après sa chute, il n'était pas sous l'emprise de stupéfiants et son sang ne contenait pas un taux d'alcool excessif. Etudiant à l'université de Southampton, Philip Pain était en année d'échange au Mexique. Il devrait bientôt être rapatrié. Elise Barthet
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/les-medecins-l-avaient-condamne-facebook-lui-a-sauve-la-vie_1290819_3224.html
Hortefeux assure vouloir assouplir la preuve de nationalité
Depuis la mise en service des cartes d'identité et passeports sécurisés, le durcissement de la réglementation sur la nationalité suscite de plus en plus de protestations.
Face aux difficultés rencontrées par des Français pour renouveler leurs papiers d'identité, le ministre de l'intérieur a assuré mardi 12 janvier avoir donné des consignes d'assouplissement. Les préfets sont ainsi invités depuis le 2 décembre à faire une "application large" de la preuve par "la possession d'état de Français", a déclaré Brice Hortefeux lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale. En vertu de cette procédure, toute personne ayant été considérée comme française pendant dix ans au moins est dispensée de fournir un certificat de nationalité. 12 % DE REFUS Depuis la mise en service des cartes d'identité et passeports sécurisés, le durcissement de la réglementation sur la nationalité suscite de plus en plus de protestations (lire les témoignages d'abonnés du Monde.fr). Des personnes issues de parents nés à l'étranger, dans les anciennes colonies, ou nées elles-mêmes à l'étranger de parents français sont mises en demeure de prouver par leurs propres moyens que l'administration française ne s'est pas trompée en conférant la nationalité française à ce parent. Selon le journal Libération daté de lundi, 12 % des demandes de certificats de nationalité ont été rejetées en 2007 (contre 5 % en 2002) et certaines personnes ont perdu leur nationalité. Le quotidien cite le cas d'une personne dont les parents et les enfants sont français mais qui s'est vu refuser le renouvellement de son passeport français. Etant née en Grande-Bretagne, elle a finalement eu l'idée de demander un passeport britannique et dit l'avoir obtenu en moins d'une semaine par simple courrier.
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/hortefeux-assure-vouloir-assouplir-la-preuve-de-nationalite_1290867_3224.html
M. Fillon rend un hommage teinté d'anti-sarkosyme à Séguin
Le chef du gouvernement a défendu la vision politique d'un homme "indifférent aux modes, étranger aux familiarités et aux paillettes".
"Philippe Séguin incarne une certaine idée de la politique, faite d'intégrité et de vision. Indifférent aux modes, étranger aux familiarités et aux paillettes qui abaissent le crédit des hommes publics, il opposait à la société du spectacle la culture et le sens de l'Histoire", a déclaré, mardi 12 janvier, le premier ministre François Fillon à l'Assemblée, en rendant hommage à celui qui en fut le président de 1993 à 1997, mort le 7 janvier. Le chef du gouvernement, qui fut un proche du disparu décédé d'une crise cardiaque à l'âge de 66 ans, a salué "l'arbitre de nos différends" qui "ne fut ni l'homme de la droite, ni celui de la gauche mais l'homme de la République". "La République fut le fil de sa vie", a-t-il poursuivi devant les députés debouts, à propos d"'un homme qui pourfendait les inégalités sociales et les communautarismes". "Contre le sectarisme, la laïcité. Contre le cynisme économique, le gaullisme social qui allie les forces de la liberté et celles de la solidarité. Contre le conservatisme, le goût de la modernité industrielle (...). Contre les corporatismes, l'intérêt général. Contre les divisions, l'unité nationale", a ajouté François Fillon. Philippe Séguin, dont les obsèques officielles ont eu lieu lundi aux Invalides, sera inhumé mercredi à Bagnols-en-Forêt, dans le Var, où sa famille s'était installée à son retour de Tunisie où il était né le 21 avril 1943.
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/m-fillon-rend-un-hommage-teinte-d-anti-sarkosyme-a-seguin_1290858_823448.html
Fraude fiscale : la cellule de Bercy aurait rapporté 700 millions d'euros
La cellule mise en place par Bercy pour inciter les fraudeurs ayant des avoirs à l'étranger à régulariser leur situation a permis de récupérer "près de 700 millions d'euros".
La cellule mise en place par Bercy pour inciter les fraudeurs ayant des avoirs à l'étranger à régulariser leur situation a permis de récupérer "près de 700 millions d'euros" pour 3 500 contribuables, indique le ministre du Budget Eric Woerth dans un entretien à l'Express.fr. Cette cellule "a permis de récupérer près de 700 millions d'euros pour 3 500 personnes déclarées. Ces 3 500 personnes représentent 6 milliards d'euros placés à l'étranger et, en moyenne, les fonds sont rapatriés en France à hauteur des deux tiers", affirme M. Woerth sur le site Internet du journal L'Express. La somme collectée représente selon lui "deux fois plus qu'une année entière de contrôles fiscaux". La cellule, créée en avril dernier pour permettre aux détenteurs d'avoirs cachés à l'étranger de régulariser leur situation, a fermé comme prévu le 31 décembre 2009. Mais trois jours plus tard, Eric Woerth avait suscité l'étonnement et la polémique en annonçant son intention de "prolonger cette action autrement" en "donnant à l'administration fiscale les moyens de travailler dans le même état d'esprit" avec "tous les contribuables décidant spontanément de rendre leur situation légale". Interrogé à ce sujet, le ministre a assuré que "les contrôles fiscaux sur les personnes suspectées d'évasion fiscale vont commencer : 1 000 dans un premier temps". Mais "de plus en plus de contribuables voudront donc d'eux-mêmes se mettre en conformité. Nous n'allons pas leur fermer la porte au nez ! Ils pourront le faire, mais paieront évidemment un rappel d'impôts et des pénalités", explique M. Woerth. "Les pénalités peuvent être moindres", précise-t-il, en souhaitant distinguer "ceux qui ont hérité d'un compte à l'étranger et ceux qui ont organisé un dispositif de fuite de capitaux". Le ministre ne donne pas davantage de détails dans son entretien mais les modalités qu'il évoque sont similaires à celles qui étaient en vigueur à la cellule de régularisation. Les repentis échappaient à d'éventuelles poursuites pénales et payaient les impôts dus et intérêts de retard. Ils pouvaient négocier leurs pénalités, modulées en fonction de leur degré de "civisme fiscal" (entre 0 et 80 % du montant des intérêts de retard, selon Bercy).
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/fraude-fiscale-la-cellule-de-bercy-aurait-rapporte-700-millions-d-euros_1290857_823448.html
Les prix des logements anciens en France ont baissé de près de 5 % en 2009
Pour la deuxième année consécutive, les prix des logements anciens ont baissé en France en 2009, a annoncé, mardi 12 janvier, la Fédération nationale de l'immobilier.
Pour la deuxième année consécutive, les prix des logements anciens ont baissé en France en 2009, a annoncé, mardi 12 janvier, la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM), la principale organisation d'agents immobiliers. Cette baisse des prix de 4,9 % en 2009 (après – 3,1 % en 2008 par rapport à 2007) est bien moindre que les – 10 % prévus en début d'année par la FNAIM. "Les tentatives de spéculation à la baisse sont enrayées", s'est félicité René Pallincourt, le président de la FNAIM, lors d'une conférence de presse. Pour le dernier trimestre 2009 (avec une moyenne de 2 421 euros/m2), la FNAIM constate même, par rapport au troisième trimestre, une inflexion de tendance avec une hausse de +0,4 % (+0,3 % pour les appartements et +0,5 % pour les maisons). Pour l'ensemble de l'année 2009, la baisse des prix est plus marquée sur le marché des maisons (– 10,2 %), revenus à leurs prix du 2e trimestre 2005, que sur celui des appartements (– 5,4 %). Le retournement du marché intervenu en 2008, à cause de la crise financière et économique, faisait suite à une dizaine d'années de forte hausse des prix. Les prix avaient ainsi progressé de 13,5 % en 2003, 15,1 % (un record) en 2004, 10,8 % en 2005, 7,2 % en 2006 et 3,7 % en 2007. "Après avoir atteint son point bas au cours de l'automne 2008 (– 10,0 % sur un an), la baisse des prix aura progressivement cédé la place à un mouvement de stabilisation des prix en 2009", souligne la FNAIM. DES PRIX COMPARABLES EN 2010 Pour 2010, la FNAIM table sur des prix comparables à 2009 (avec une marge d'incertitude comprise entre – 3 % et + 3 %). Laurent Vimont, président du réseau d'agences immobilières Century 21, avait estimé, le 5 janvier, que les prix devaient repartir "à la hausse en 2010, entre 1 % et 3 %". Avec des taux d'intérêt favorables aux emprunteurs (3,79 % au 4e trimestre 2009), la FNAIM espère une progression du nombre de transactions à 600 000 sur l'ensemble de l'année 2010 contre 550 000 en 2009, 560 000 en 2008 et 700 000 en 2007. Mais la FNAIM déplore une "pénurie de l'offre et un manque de produits" dans ses agences car de nombreux particuliers ont retiré leurs biens de la vente, à cause de la baisse des prix, et le fait que dans certaines villes particulièrement déshéritées "il n'y ait plus de marché car il n'y a plus d'acheteurs". Ls agences immobilières subissent de plein fouet la crise avec une forte réduction du nombre de commerciaux, non chiffrée, et la fermeture de nombreuses succursales. "En 2009, c'est un total de 500 entreprises sur un total de 13 000 qui ont été placées en redressement ou en liquidation judiciaire, soit le double d'une année normale comme 2007", a indiqué le président de la FNAIM, organisation qui a vu elle-même le nombre de ses adhérents diminuer de 200. Pour redynamiser le marché, la FNAIM propose 20 mesures dont le doublement du prêt à taux zéro (PTZ) pour les ménages modestes acheteurs de logements anciens, une facilité actuellement en vigueur pour les logements neufs. Mais le secrétaire d'Etat au logement Benoist Apparu avait indiqué, dès le 8 décembre dernier, qu'il était "hors de question d'élargir" le doublement du PTZ, en raison de l'état des finances de l'Etat.
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/les-prix-des-logements-anciens-en-france-ont-baisse-de-pres-de-5-en-2009_1290855_3234.html
"Santé : ""La protection est d'autant moins coûteuse qu'elle est universelle"""
Dans un chat sur le Monde.fr, Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé à Science Po Paris, souligne que le système français peut "rester à l'avenir un système de référence, pour autant que la volonté politique soit de le préserver".
Lulu : Le système de santé français est-il en train d'être privatisé à l'américaine ? Didier Tabuteau : A l'américaine, non, car la couverture de base reste la même pour tous. Mais il y a une privatisation progressive des dépenses de soins courants, c'est-à-dire en dehors des affections graves, les affections de longue durée (ALD), et des hospitalisations. Pour ces soins courants, le taux de remboursement paraît s'établir à 55 %, selon nos estimations. Il paraît essentiel que ce taux soit publié officiellement et suivi, car c'est un indicateur majeur pour apprécier la couverture maladie réelle des personnes qui, fort heureusement, n'ont pas de maladie grave, c'est-à-dire de l'immense majorité de la population. Guest : La Sécurité sociale n'a pas un but lucratif, elle est donc forcément déficitaire. Pourquoi est-ce aussi problématique qu'elle soit... déficitaire ? Didier Tabuteau : D'abord, je ne crois pas que parce qu'elle est à but non lucratif elle soit nécessairement déficitaire. Elle a même été excendaire certaines années. Le fait que les dépenses ne soient pas égales aux recettes est assez inévitable, puisque les recettes évoluent comme les revenus et les dépenses en fonction des évolutions épidémiologiques et du progrès médical. En revanche, ce qui n'est pas normal, c'est que ce décalage, qui est souvent un déficit, ne soit pas équilibré immédiatement par le prélèvement nécessaire. jlc : Pourquoi ne pas considérer que l'augmentation des dépenses de santé est une bonne nouvelle (au même titre que la consommation alimentaire ou l'automobile), signe de santé économique du pays ? Et qu'il faut donc l'encourager et non parler de maîtrise des dépenses, ce qui ne veut pas dire grand-chose... Didier Tabuteau : L'augmentation des dépenses de santé est effectivement une bonne nouvelle quand on peut être sûr que ces dépenses sont utilisées du mieux possible. Je suis convaincu que les dépenses de santé continueront à augmenter et qu'elles sont un formidable investissement pour le pays. Et pourtant, il faut, dans le même temps, s'assurer, par une maîtrise drastique des dépenses, que tout est utilisé avec la meilleure efficacité. Le mot d'ordre devrait être de maîtriser les dépenses de santé pour dépenser plus. Cyril : Pourquoi les dépassements d'honoraires se généralisent de plus en plus ? Ne risque-t-on pas d'arriver à une situation, pour les grandes villes, où le patient devra payer plus cher ou avoir une très longue attente pour obtenir un rendez-vous sans dépassement ? Didier Tabuteau : C'est aujourd'hui un risque réel. Les dépassements ont été introduits dans les conventions médicales depuis 1980. Les médecins n'y étaient d'ailleurs pas favorables à l'origine. Mais progressivement, de plus en plus de médecins ont choisi d'exercer dans le secteur à honoraires libres avant qu'il ne soit fermé en 1990. Pourtant, depuis, à plusieurs reprises, de nouveaux espaces de liberté tarifaire ont été ouverts. C'est un choix dangereux, car il paraît alléger le coût pour la Sécurité sociale, mais dans le même temps, il détruit ce qui est sa pierre angulaire, les tarifs opposables. La poursuite des pressions économiques sur l'assurance-maladie explique sans doute ces tendances. Mais c'est également un choix politique, comme le développement des forfaits ou des franchises. padupe : Comment expliquez-vous que la réforme de la santé rend le système plus opaque ? Didier Tabuteau : Je crois qu'il y a de bonnes et de mauvaises raisons à cela. D'une part, on a voulu adapter les tarifications aux situations particulières, par exemple pour prendre en compte l'âge des enfants dans le tarif des consultations, ou les diverses majorations pour les dimanches ou jours fériés, ou la nuit. Tout cela peut être compréhensible, mais produit un maquis tarifaire qui détruit la lisibilité de l'assurance-maladie et peut menacer à terme le consensus social qui l'entoure. Cela peut aussi répondre à la volonté de remettre plus fondamentalement en cause l'opposabilité des tarifs et de progressivement favoriser le développement des assurances complémentaires sur ce secteur. jlc : Selon vous, le problème n'est donc pas le déficit mais surtout la régulation de l'offre de soins ? A ce titre la juxtaposition d'une offre de soins public, privé, à but lucratif ou non, est-ce une bonne chose ou cela complique la régulation? Didier Tabuteau : Je crois en effet que la régulation de l'offre de soins est le levier majeur pour permettre d'équilibrer le système. Ce n'est sans doute pas le seul. Cette juxtaposition de différents types d'offres de soins est, je crois, une bonne chose parce qu'elle diversifie le système, lui donne sans doute plus de souplesse et de réactivité. Mais il est vrai qu'elle complique la régulation. Je crois pourtant qu'il vaut mieux accepter une régulation plus compliquée à faire que de perdre les atouts qui ont pendant longtemps fait la force du système de santé en France. jlc : Pensez-vous que la Sécu doit se concentrer uniquement sur les risques lourds, le reste étant pris en charge par des assurances privées ou pensez-vous que la logique de complémentaire actuelle est efficace ? Didier Tabuteau : Je crois qu'il faut à tout prix éviter que la Sécurité sociale se concentre sur les seuls risques lourds. Bien sûr, ces risques majeurs doivent être parfaitement pris en charge, mais le remboursement des soins courants est le ciment du consensus sur l'assurance-maladie. Or cette assurance-maladie fondée sur la solidarité entre les bien- portants et les malades est la meilleure façon d'offrir une prise en charge la plus égalitaire possible aux personnes touchées par la maladie. Si la Sécurité sociale ne couvrait plus que le "gros risque", je suis convaincu que ce pilier du pacte social serait directement menacé. Les personnes les plus jeunes ou en meilleure santé pourraient être tentées de ne plus être couvertes dans ce système. Et de préférer des assurances privées avec des cotisations plus faibles. Or la tarification en fonction des risques est exactement le contraire de la solidarité sur laquelle repose l'assurance-maladie. Eric : Pourquoi le corps médical (médecins, pharmaciens) semble préservé des efforts qu'on demande aux soignés ? Didier Tabuteau : Cela dépend des périodes. Il y a eu des moments dans l'histoire de l'assurance-maladie où les professions de santé ont été fortement sollicitées pour contribuer à la régulation. C'est moins le cas depuis 2004, où la "responsabilisation" du patient a été mise en avant. Je crois que la régulation du système devrait reposer sur une cogestion de l'assurance-maladie par les pouvoirs publics, les caisses d'assurance-maladie, les professions de santé et les associations de patients. On est loin de cette situation. Jeremie : Fondamentalement, le problème de la Sécu ne vient-il pas qu'il mélange des acteurs privés/publics et associatifs, au lieu d'etre à 100 % public ou privé comme dans d'autres pays (par exemple en Italie) ? Didier Tabuteau : Je crois que la question se poserait si l'on devait construire ex nihilo un système. Mais notre assurance-maladie est bâtie depuis 1928, et surtout depuis 1945, sur une organisation mixte pour les professionnels de santé et institutions hospitalières, ainsi que sur deux niveaux de financement. Je crois que même si cette organisation est complexe, elle a pendant longtemps permis de développer un système de santé accessible, ouvert sur le progrès médical, et relativement égalitaire. Le détruire pour le remplacer par un système complètement différent risquerait d'ouvrir la voie à une privatisation, même involontaire, du dispositif. Je crois que sur ses fondements actuels, il peut être non seulement consolidé, mais préparé à relever les défis des vingt prochaines années en matière de santé. Verley : La richesse des laboratoires et la santé des Français progressent-elles de concert ? Didier Tabuteau : La richesse des laboratoires ne dépend pas que de la santé des Français et de la consommation de médicaments en France... Je crois plus sérieusement que la régulation des dépenses de médicaments doit être aussi rigoureuse que pour les autres postes des dépenses de santé. Il reste incontestablement beaucoup de travail à faire. Anissa: Finalement, le système de Sécurité sociale n'est-il pas désuet aujourd'hui ? Didier Tabuteau : Je crois, au contraire, qu'il est un fondement de plus en plus précieux pour préparer l'avenir. Etre certain que l'assurance-maladie prendra en charge les risques pour notre santé est une des conditions essentielles non seulement de la confiance dans l'avenir pour chacun d'entre nous, mais également du développement de notre activité économique. La Sécurité sociale a d'ailleurs été inventée, dans ses origines bismarckiennes, pour renforcer la santé d'un pays, et pas seulement celle de ses habitants. Et je crois que cette solidarité doit être universelle, c'est-à-dire de tous les bien-portants à l'égard de tous ceux qui sont confrontés à la maladie, pour des raisons d'abord d'égalité de tous devant la santé, mais également pour des raisons d'efficience du système, car cette protection est d'autant moins coûteuse qu'elle est universelle. La concurrence entre les financeurs de la santé n'a jamais fait baisser les coûts. Bénédicte : Les Français ne sont-ils pas les plus gros consommateurs de soins remboursés d'Europe ? Didier Tabuteau : Nous avons une dépense de santé dans la richesse nationale qui est effectivement la plus élevée en Europe, avec 11 % du PIB. En revanche, quand on regarde la dépense par habitant, nous sommes dans une bonne moyenne. Donc notre réputation de forte consommation de soins est collective plus qu'individuelle. Cela dit, il ne faut pas oublier non plus que notre pays a de bons indicateurs de santé, notamment pour l'espérance de vie à la naissance ou à 60 ans. Et les évaluations internationales montrent que la qualité des soins dans les pathologies pour lesquelles des comparaisons ont été faites est également très satisfaisante. Notre faiblesse tient beaucoup plus à la mortalité prématurée, liée notamment aux morts accidentelles en particulier sur la route, au tabagisme ou à l'alcoolisme. Ainsi qu'aux inégalités de santé entre les différentes catégories sociales. Je pense donc que l'effort est plus à faire dans nos politiques de santé publique que dans le niveau de consommation de soins. satazur : Comment se fait-il que les médecins comme autres dentistes refusent les CMU ? Est-ce parce qu'ils ne gagnent pas assez d'argent avec ? Didier Tabuteau : Les enquêtes dont on dispose sur ce sujet montrent tout d'abord qu'il n'y a quasiment pas de refus de soins chez les médecins généralistes. En revanche, le phénomène est marqué et inacceptable dans certaines spécialités, essentiellement pour les praticiens en secteur 2 à honoraires libres. Les raisons invoquées sont multiples, mais il paraît évident que le facteur économique est très important, puisque les médecins à honoraires libres doivent pratiquer les tarifs opposables pour les patients bénéficiaires de la CMU. marie : y a-t-il un pays modèle en matière de protection sociale ? Didier Tabuteau : Il y a des grands pays références, comme la Suède, qui ont réussi à concilier une relative égalité d'accès aux soins et une maîtrise des dépenses de santé. Il faut pourtant se garder de toute tentation de transposer un système dans un autre pays, car en matière de santé, l'approche est profondément ancrée dans nos habitudes, nos comportements, nos particularités socioculturelles, et l'expérience montre que l'importation de mécanismes d'un pays à l'autre est très difficile. Je crois que le système français conserve encore aujourd'hui les ressources nécessaires pour rester à l'avenir un système de référence, pour autant que la volonté politique soit de le préserver. Laure Belot et Cécile Prieur
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/il-y-a-une-privatisation-progressive-des-depenses-de-soins-courant_1290847_3224.html
"La famille Halimi a été déboutée de ses poursuites envers le magazine ""Choc"""
Le tribunal correctionnel de Paris a débouté mardi la famille Halimi, qui demandait la condamnation du magazine "Choc" pour avoir publié en une, en mai 2009, la photo du jeune Ilan alors qu'il était aux mains du gang des Barbares, en janvier 2006.
Le tribunal correctionnel de Paris a débouté, mardi 12 janvier, la famille Halimi, qui demandait la condamnation du magazine Choc pour avoir publié en une, en mai 2009, la photo du jeune Ilan alors qu'il était aux mains du gang des Barbares, en janvier 2006. A l'audience du 17 novembre, le ministère public avait soutenu la partie civile. Il avait stigmatisé une "atteinte à la dignité d'une gravité exceptionnelle" et demandé au tribunal de condamner le mensuel à 5 000 euros d'amende. "C'était mettre de l'huile sur le feu et risquer de provoquer un trouble à l'ordre public. C'était du sensationnalisme, du racolage et non plus de l'information", avait dénoncé la procureure Carole Bochter. Le conseil de Choc, Me Richard Malka, avait lui plaidé "l'irrecevabilité" de ce recours car, en droit français, l'atteinte à la dignité "induit que la victime soit vivante". Une analyse qu'a faite sienne mardi la 17e chambre. "Le délit n'étant susceptible d'être caractérisé que lorsque la victime à la dignité de laquelle il a été porté gravement atteinte est vivante, il y a lieu de" relaxer le magazine, a ainsi jugé le tribunal. Le cliché litigieux, envoyé par les ravisseurs aux parents d'Ilan Halimi afin de leur demander une rançon, représentait la victime avec le visage enrubanné d'adhésif, un pistolet sur la tempe et les poignets entravés. Le jeune juif avait ensuite été torturé à mort. La photo avait été publiée en plein procès du gang des Barbares. Le 10 juillet, le chef présumé, Youssouf Fofana, a été condamné à la prison à perpétuité. De lourdes peines de prison ont été prononcées contre ses complices présumés. Un procès en appel aura lieu à l'automne 2010. En référé, procédure de l'urgence, la mère et les sœurs d'Ilan Halimi avaient obtenu 40 000 euros de dommages et intérêts et l'interdiction du magazine, une sanction rarissime. Une semaine plus tard, la cour d'appel avait atténué la peine, en autorisant le retour du magazine dans les kiosques avec la photo "occultée", une mesure quasi irréalisable qui n'avait pas permis la réapparition de Choc. Parallèlement, le parquet avait engagé des poursuites, aux côtés de la famille, contre le mensuel d'information à destination des 18-25 ans. C'est sur cette procédure que se prononçait mardi le tribunal.
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/la-famille-halimi-a-ete-deboutee-de-ses-poursuites-envers-le-magazine-choc_1290849_3224.html
Deux cents travailleurs sans papiers occupent la direction des impôts de Paris
Ils souhaitent un rendez-vous avec la direction des impôts sur leur situation.
Environ deux cents travailleurs étrangers occupaient, mardi 12 janvier, le hall d'entrée de la direction des impôts de Paris centre, rue de la Banque (2e arrondissement), pour "dénoncer les injustices des sans-papiers au regard de l'impôt". "C'est une occupation pacifique, on laisse passer les gens qui veulent travailler, mais nous resterons là tant que nous n'aurons pas obtenu un rendez-vous avec la direction des impôts sur la situation des travailleurs sans papiers qui déclarent et paient leurs impôts, mais ne bénéficient d'aucun droits", a déclaré l'un des organisateurs, porte-parole de l'association Droits devant, Jean-Claude Amara. Il a réclamé la "régularisation de tous les sans-papiers". Le secrétaire national du Syndicat unifié des impôts, Hervé Mazure, a annoncé qu'il avait demandé à être reçu par le directeur général des finances publiques, à Bercy. "Nous voulons qu'il s'explique sur les ordres illégaux donnés dans certains centres des impôts de détruire ces déclarations de revenus des travailleurs qu'ils suspectent d'être sans papiers", a-t-il dénoncé. Le maire du 2e arrondissement, Jacques Boutault (Verts), a apporté son soutien aux manifestants. "La France doit régulariser les sans-papiers qui travaillent sur notre sol, c'est une question de justice, je suis avec vous, je vous accompagne, je vous accompagnerai jusqu'au bout, continuez la lutte", a t-il dit.
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/deux-cents-travailleurs-sans-papiers-occupent-la-direction-des-impots-de-paris_1290839_3224.html
Suède : des milliers de manifestants pour sauver Saab
Le groupe américain General Motors a décidé, vendredi, de nommer un liquidateur judiciaire pour sa marque suédoise.
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées, mardi 12 janvier, devant l'usine du constructeur automobile Saab en Suède pour réclamer le sauvetage de la marque suédoise, que son propriétaire américain General Motors veut démanteler. Selon un représentant syndical, il y avait "au moins trois mille cinq cents personnes (...), notamment des employés de Saab, des employés d'entreprises voisines et des habitants" de Trollhattan, le fief de la marque suédoise. Les manifestants ont chanté "Sauvez Saab ! Sauvez Saab !" durant une demi-heure devant le site, a-t-il expliqué. Certains d'entre eux portaient des pancartes et des banderoles sur lesquelles était écrit : "M. Obama, sauvez Saab, s'il vous plaît" ou encore "GM - General Mistake" ("erreur générale"). General Motors (GM) a décidé de nommer un liquidateur judiciaire pour Saab vendredi, en dépit de nouvelles offres pour la marque suédoise. Sont sur les rangs le fabricant néerlandais de bolides de luxe Spyker, le fonds d'investissements luxembourgeois Genii, associé au grand argentier de la Formule 1 Bernie Ecclestone, ainsi qu'un groupe suédois mené par l'ancien patron du fabricant de poids lourds MAN et un ex-homme politique. GM a dit qu'il étudierait les offres tout en poursuivant le démantèlement de Saab. L'entreprise emploie trois mille quatre cents personnes en Suède, et sa disparition menace au total huit mille emplois, selon des analystes.
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/suede-des-milliers-de-manifestants-pour-sauver-saab_1290826_3234.html
Renault a rappelé 387 000 véhicules pour un problème de direction assistée
Le constructeur français Renault a indiqué qu'il avait lancé, en octobre, le rappel "à but préventif" de plus de 387 000 voitures dans le monde pour une intervention à effectuer sur la direction assistée.
Le constructeur français Renault a indiqué, mardi 12 janvier, qu'il avait lancé, en octobre, le rappel "à but préventif" de plus de 387 000 voitures dans le monde pour une intervention à effectuer sur la direction assistée. Il s'agit des modèles Scenic, produits entre janvier 2006 et mars 2007, et Kangoo, fabriqués entre 2008 et le 15 janvier 2009, a détaillé un porte-parole du groupe. Au total, 387 399 véhicules sont concernés, selon lui. Ils nécessitent "une reprogrammation du calculateur pour la direction assistée" en raison d'une "calibration inadaptée" qui peut donner l'impression "que la direction est un peu dure", a-t-il ajouté. Cette réparation prend "environ trente minutes et est prise en charge par le constructeur", selon lui. Renault a pris la décision d'organiser ce rappel en envoyant un courrier aux clients des modèles concernés, a indiqué le porte-parole. Dans le détail, 144 000 véhicules environ sont visés en France, et 18 000 en Belgique, d'après la même source. "C'est à but préventif. C'est de l'adoucissement de la fonction direction assistée", a insisté le porte-parole alors que Renault n'a pas l'habitude de beaucoup communiquer sur ses rappels. Les rappels de véhicules, "fréquents" selon le porte-parole, sont "devenus une politique de qualité pour les constructeurs", selon lui. "Ce ne sont pas des défauts, mais plutôt une amélioration de la qualité", a-t-il ajouté.
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/renault-a-rappele-387-000-vehicules-pour-un-probleme-de-direction-assistee_1290829_3234.html
Réforme des collectivités locales : tout reste à faire ?
Le texte "organisant la concomitance des renouvellements des conseils généraux et des conseils régionaux", est discuté sur les bancs de l'Assemblée nationale à partir du mercredi.
Le Sénat a adopté fin décembre le premier des quatre projets de loi composant la très controversée réforme des collectivités territoriales. Le texte "organisant la concomitance des renouvellements des conseils généraux et des conseils régionaux", est discuté sur les bancs de l'Assemblée nationale à partir du mercredi 13 janvier. Il s'agit principalement d'écourter les mandats des conseillers généraux et régionaux pour ouvrir la voie aux conseillers territoriaux qui les remplaceront en 2014. Bien que la Chambre haute ait votée le texte, nombre de sénateurs, socialistes mais aussi centristes, ont mis en doute sa constitutionnalité. C'est principalement le mode d'élection des futurs conseillers territoriaux qui pose problème, uninominal à un tour avec une dose de proportionnelle, qui en outre ne favoriserait ni la diversité ni la parité. Le prochain volet de la réforme territoriale examiné par le Parlement devrait être celui entérinant la création des 3 000 conseillers territoriaux au lieu des 6 000 conseillers généraux et régionaux actuels. Un texte qui devrait faire couler beaucoup d'encre… Réforme des collectivités : tout reste à faire ? C'est le sujet de Ca vous regarde ce soir. Invités : Pierre Mauroy, sénateur Dominique Perben, député UMP Michel Verpeaux, professeur de droit public <a href="http://www.coveritlive.com/mobile.php?option=com_mobile&task=viewaltcast&altcast_code=c550fa9c4e" mce_href="http://www.coveritlive.com/mobile.php?option=com_mobile&task=viewaltcast&altcast_code=c550fa9c4e" >Réforme des collectivités locales : tout reste à faire ?</a>
12/01/2010
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2010/01/12/reforme-des-collectivites-locales-tout-reste-a-faire_1290842_3208.html
Trois Britanniques et un Colombien enlevés dans le sud du Nigeria
Trois Britanniques et un Colombien ont été enlevés, mardi matin, dans le sud du Nigeria, la région pétrolifère du pays, lors d'une attaque ayant fait un mort, a-t-on appris de sources sécuritaire et policière.
Trois Britanniques et un Colombien ont été enlevés, mardi 12 janvier, dans le sud du Nigeria, la région pétrolifère du pays, lors d'une attaque ayant fait un mort, a-t-on appris de sources sécuritaire et policière. Selon les informations transmises, les quatre hommes ont été kidnappés près de la ville de Port-Harcourt, la capitale de l'Etat de Rivers. Selon Rita Abbey, le porte-parole de la police, le policier qui les escortait a été tué dans l'embuscade, et le chauffeur a été blessé. Les trois Britanniques et le Colombien travaillaient sur un chantier de projet gazier opéré par la multinationale Shell. Shell Nigeria a confirmé que les quatre personnes travaillent pour la société Netco Diestman, un sous-traitant, et que leur convoi a été attaqué alors qu'ils se rendaient sur le site d'une centrale électrique du groupe anglo-néerlandais Afam 6. Shell "coopère avec les autorités et la société sous-traitante pour obtenir leur libération". Le dernier enlèvement de travailleurs expatriés dans le sud du Nigeria remonte à juillet 2009. A l'époque, le président nigérian Umaru Yar'Adua avait proposé une amnistie aux groupes armés opérant dans le delta du Niger pour faire cesser les violences et les enlèvements. En octobre 2009, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND), principal groupe armé du sud du Nigeria, avait décrété un cessez-le-feu illimité à partir de ce dimanche pour "encourager le dialogue" avec le gouvernement. Le mouvement, dont les actions depuis 2006 ont fait chuter d'environ un tiers la production pétrolière du Nigeria, expliquait alors avoir pris cette décision en raison de "la volonté exprimée mardi dernier par le gouvernement fédéral d'engager un dialogue sérieux (...), en vue d'arriver à une paix durable dans le delta du Niger". L'absence pour raisons médicales du président depuis un mois et demi risque, selon plusieurs analystes, de relancer à terme la violence dans le delta du Niger, car le processus d'amnistie est actuellement au point mort.
12/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/12/trois-britanniques-et-un-colombien-enleves-dans-le-sud-du-nigeria_1290836_3212.html
Le gouvernement s'insurge contre la délocalisation de la Clio en Turquie
Le ministre de l'industrie, Christian Estrosi, qui s'est dit choqué, a annoncé qu'il allait rencontrer mercredi Patrick Pelata, le directeur général du groupe Renault, dont l'Etat possède 15 % du capital.
La direction de Renault a beau démentir la rumeur, la polémique sur la possible délocalisation en Turquie de la production de la future Clio ne cesse d'enfler. D'après des informations publiées vendredi 8 janvier par le quotidien économique La Tribune, la nouvelle voiture, dont le modèle est aujourd'hui fabriqué à Flins-sur-Seine (Yvelines) et à Bursa, devrait être entièrement construite sur le site turc. Un projet qui suscite de vives réactions, à droite comme à gauche. Le ministre de l'industrie, Christian Estrosi, qui s'est dit "choqué", a annoncé qu'il allait rencontrer mercredi Patrick Pelata, le directeur général du groupe, dont 15 % du capital appartient à l'Etat. "Nous ne pouvons plus accepter ce type de délocalisation ! a-t-il prévenu dans un entretien au Journal du dimanche de samedi. J'ai fait savoir à Renault que, si c'était vraiment leur intention, je n'y étais en rien favorable." Le secrétaire d'Etat à l'emploi, Laurent Wauquiez, a également haussé le ton contre le constructeur. "Il faut que Renault connaisse ce qui est pour nous la ligne rouge absolue (...), elle est simple : aucune fermeture de site, aucun licenciement" en France, a-t-il martelé sur RTL. Le gouvernement avait conclu en janvier un "pacte automobile" avec le secteur, qui représente 10 % de l'emploi dans le pays. Il a notamment accordé des prêts de 6 milliards d'euros à taux réduit aux constructeurs Renault et PSA Peugeot Citroën, en contrepartie d'engagements sur le maintien de la production en France. "LE FUTUR DE FLINS EST ASSURÉ" Pressé de répondre, le groupe a affirmé vendredi n'avoir encore pris aucune décision concernant le lieu de production de sa future Clio, tandis que son partenaire turc dans l'assemblage de véhicules, le groupe Oyak, a indiqué que les discussions sur ce "dossier stratégique" se poursuivaient. La Twingo avait déjà été transférée de Flins vers la Slovénie, à l'occasion du changement de génération de ce modèle. Mais "que la remplaçante de la Clio 3 soit produite à Flins ou non, cela ne produira ni licenciements ni fermeture de l'usine" française, a assuré un porte-parole de l'entreprise. Renault avait officiellement annoncé, en novembre dernier, que Flins, qui emploie trois mille trois cents salariés, accueillerait la voiture citadine Zoe ZE, modèle clé de sa future gamme électrique, et qu'il allait y implanter une usine de production de batteries pour véhicules électriques à partir du second semestre de 2012. "Le futur de Flins est assuré" et la production de la Clio "y sera maintenue tant que la montée en puissance du véhicule électrique ne sera pas complète", avait alors assuré le patron de Renault, Carlos Ghosn. "QUI CROIRE ?" Une promesse à laquelle les salariés de Flins ne se fient qu'à moitié. "Entre ce qui est dit dans les médias et les démentis de la direction, on ne sait pas qui croire. Les salariés craignent pour leur emploi", explique Patrick Barré, du syndicat CGT. "L'électrique est un pari énorme qui ne suffira pas à garantir le plein emploi sur le site", ajoute Dominique Chauvin, délégué du syndicat CFE-CGC, qui s'inquiète d'une "diminution insidieuse des effectifs". Clio reste le cœur de métier en Europe et un emblème du groupe." Le rapatriement, en mars 2009, d'une partie de la production de la Clio 2, rebaptisée Clio 2 Campus, de Slovénie à Flins, avait été salué par le gouvernement comme une relocalisation, mais Renault avait précisé qu'il ne s'agissait que d'un renfort temporaire pour soulager le site slovène, qui ne parvenait pas à faire face à la demande.
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/le-gouvernement-s-insurge-contre-la-delocalisation-de-la-clio-en-turquie_1290803_3234.html
Le sélectionneur du Togo charge les organisateurs de la CAN
Le Français, soutenu par Danny Jordaan, organisateur du Mondial 2010, s'en prend à la Confédération africaine de football (CAF), qu'il accuse d'avoir "tenté de se protéger".
Hubert Velud, sélectionneur du Togo, est revenu sur le mitraillage du convoi togolais, qui a fait deux morts vendredi dans l'enclave du Cabinda. "Au début, on a tenté de minimiser le truc. Ça a ajouté au traumatisme psychologique. La Confédération africaine de football (CAF) a tenté de se protéger. Mais humainement, il y a eu trop de coups durs pour faire comme si de rien n'était. Le plus choquant (...), c'est qu'au début, alors que l'on venait de nous tirer dessus et que nous n'étions pas en sécurité à l'hôpital dans le village, on nous a parlé des problèmes d'accréditation." Il réfute au passage les accusations de désorganisation générale de la Fédération angolaise : "Au niveau de l'organisation, l'équipe n'avait jamais été aussi bien préparée pour une CAN. Avec beaucoup de frustration, je ressens que nous avions un super groupe. On avait beaucoup investi. Pour le transport [il avait été reproché aux Togolais de se déplacer en bus et non par avion, Ndlr], c'est facile à dire ! Quand on accueille comme ça les gens à la frontière, c'est qu'on cautionne leur moyen de transport. (...) Accuser le Togo par rapport à ça, c'est hallucinant", a tancé l'entraîneur des Eperviers depuis le Togo. "C'EST LA RESPONSABILITÉ DU PAYS HÔTE" "Le groupe était déjà très proche avant. On a vu nos amis mourir. Maintenant, nous sommes tous liés pour la vie", a poursuivi Hubert Velud, qui regarde maintenant vers l'avenir. "Hayatou [le président de la CAF, Ndlr] nous a précisé que, pour les CAN suivantes, le Togo ne serait pas pénalisé. Car normalement, en cas de forfait, on ne peut pas faire les deux épreuves à suivre. C'est essentiel, car sinon le football togolais sera rayé de la carte." Par ailleurs, dans le débat sur les responsabilités du drame qui a frappé l'équipe togolaise, Danny Jordaan, organisateur du Mondial 2010 de football en Afrique du Sud, a fortement mis en cause, mardi, les organisateurs angolais. "Depuis combien de temps sait-on qu'il y a des groupes séparatistes en Angola ? Qu'il y a un risque d'attaques terroristes ? On le savait", a déclaré Jordaan en marge d'une conférence de presse à Johannesburg. "C'est pourquoi je dis que c'est la responsabilité du pays hôte de gérer ces questions",a enfoncé l'homme qui avait dirigé en Angola une équipe d'évaluation des préparatifs en vue de la CAN 2010, au nom de la CAF. "Toutes les inquiétudes des membres de la mission avaient été mentionnées dans un rapport remis à la CAF", a-t-il ajouté. Un témoignage qui accable la Confédération africaine de football et l'Angola.
12/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/12/le-selectionneur-du-togo-charge-les-organisateurs-de-la-can_1290782_3242.html
Daniel Bensaïd, un des fondateurs de la LCR, est mort
Daniel Bensaïd, un des fondateurs de la Ligue communiste révolutionnaire, est mort mardi 12 janvier, à 63 ans, des suites d'une longue maladie.
Daniel Bensaïd – un des fondateurs de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui avait également participé activement à la création du NPA d'Olivier Besancenot, en février dernier – est mort mardi 12 janvier, à 63 ans, des suites d'une longue maladie, a indiqué le NPA. M. Bensaïd était un des théoriciens du mouvement trotskiste en France. Militant révolutionnaire depuis l'adolescence, il avait été l'un des fondateurs de la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR) avec Alain Krivine, en 1966, puis l'un des acteurs du mouvement de Mai-68, avant de participer à la création de la Ligue communiste, en avril 1969, devenue LCR en 1973. Longtemps membre de la direction de la LCR et un des principaux dirigeants de la IVe Internationale (organisation communiste trotskiste fondée en 1938), il était engagé dans tous les combats internationalistes. Né le 25 mars 1946 à Toulouse, ce philosophe, enseignant à l'université de Paris-VIII, a publié de très nombreux ouvrages de philosophie ou de débat politique, animé les revues Critique communiste et Contretemps, et participé à la création de la Fondation Louise-Michel. Il avait notamment écrit en collaboration avec M. Besancenot Prenons parti pour un socialisme du XXIe siècle (Editions Mille et une nuits) en janvier 2009, à un mois de la création du NPA. Le parti anticapitaliste indique qu'il organisera une soirée d'hommage militant samedi 23 janvier à Paris.
12/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/12/daniel-bensaid-un-des-fondateurs-de-la-lcr-est-mort_1290812_3382.html
"""Black Dynamite"" : pétard mouillé"
Parodie laborieuse et stérile de quelque chose qui était déjà, en soi, un genre décalé et ironique : le cinéma de blaxploitation, genre né à Hollywood au début des années 1970, mettant en scène des héros noirs et destiné à la communauté noire.
Le film de Scott Sanders est une parodie de ce que l'on a appelé le cinéma de blaxploitation, un cinéma né dans les studios d'Hollywood au début des années 1970, mettant en scène des héros noirs et destiné à la communauté noire. Or ce qui était déjà, non pas parodique, mais en tout cas "décalé", fortement ironique, baigné, de façon consciente, par toute une nouvelle sous-culture (la musique soul, les films asiatiques d'arts martiaux) fait ici l'objet d'une parodie. Il est difficile, dès lors, de ne pas avoir le sentiment d'être face à une redondance stérile qui fait que l'accumulation de gags et de trouvailles n'efface pas une impression de progression laborieuse et stérile. Le déroulement du récit vers des situations de plus en plus délirantes (le héros se bat in fine contre Richard Nixon lui-même) ne parvient pas à réveiller le spectateur. Film américain de Scott Sanders avec Michael Jai White, Arsenio Hall, Salli Richardson-Whitfield. (1 h 20). Jean-François Rauger
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/black-dynamite-petard-mouille_1290272_3476.html
"""Whole Train"" : graffitis et rames"
"Whole Train" semble tiraillé entre l'ambition de la chronique réaliste qui dépeint, caméra à l'épaule, un petit monde à la fois familier et underground, celui des graffiteurs urbains, et un regard stylisé, à coup de rap et de montage heurté. Le récit introduit diverses notations documentaires, mais aussi des retournements mélodramatiques. Et effleure parfois, avec bonheur, le sentiment du temps qui passe et de l'irrémédiable passage à l'âge adulte pour certains des protagonistes.
Quatre graffiteurs forment une équipe qui, régulièrement, s'enfonce dans la nuit pour dessiner des fresques colorées et abstraites sur les wagons du métro, en tentant d'échapper à la police, parfois sans succès. Ils découvrent l'existence d'une équipe de concurrents plus audacieux qu'eux. Piqués au vif, ils vont tenter de relever ce qu'ils ressentent comme un défi. A partir de ce canevas, Whole Train est un film qui semble tiraillé entre deux ambitions, celle de la chronique réaliste, qui dépeint, caméra à l'épaule, un petit monde à la fois familier mais aussi underground, et un regard stylisé, à coup de montage heurté et de musique hip-hop (le réalisateur est aussi l'auteur de la musique) sur une pratique artistique faisant partie d'une nouvelle forme de culture urbaine. Au défi à relever par les héros de cette histoire (faire mieux que l'équipe "d'en face"), le scénario ajoute des parties de cache-cache avec la police, des notations documentaires mais aussi des retournements mélodramatiques masqués mais un peu gros. Et parfois effleure, avec bonheur, le sentiment du temps qui passe et de l'irrémédiable passage à l'âge adulte pour certains des protagonistes. Film allemand de Florian Gaag avec Mike Adler, Florian Renner, Elyas M'Barek. (1 h 25.) Jean-François Rauger
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/whole-train-graffitis-et-rames_1290271_3476.html
"""Une petite zone de turbulences"" : un malade imaginaire sans grande imagination"
La crise existentielle d'un pré-retraité qui prend une poussée d'eczéma pour un cancer est le prétexte à une comédie familiale anodine. Autour de Michel Blanc, Miou-Miou, Mélanie Doutey, Gilles Lellouche se conduisent comme dans une version de luxe d'un épisode d'"Une famille formidable".
En quatre siècles, l'hypocondrie a fait ses preuves comiques. Le talent de Michel Blanc l'y prédispose et on ne s'étonne pas de le retrouver dans la peau de Jean-Pierre. Cette peau présente une lésion au niveau de la hanche, et Jean-Pierre, pré-retraité prospère, ne croit pas son médecin lorsque celui-ci lui dit qu'il ne s'agit que d'un eczéma. Cette petite zone de son épiderme est le foyer d'un cancer, il en est persuadé. A s'en tenir aux symptômes, Jean-Pierre traverse un épisode psychotique. Mais si l'on en croit la mise en scène d'Alfred Lot (qui s'est retrouvé derrière la caméra lorsque Michel Blanc a refusé de réaliser un film qu'il trouvait trop proche d'Embrassez qui vous voudrez, qu'il avait réalisé en 2002), cette bouffée d'angoisse n'est que le prétexte à la mise en branle d'une comédie familiale contemporaine. Autour de Jean-Pierre, s'agitent son épouse Anne (Miou-Miou) qui le trompe avec un ex-collègue, sa fille Cathie (Mélanie Doutey) qui veut refaire sa vie avec Philippe (Gilles Lellouche), un garçon gentil mais de basse extraction pendant que le petit dernier Mathieu (Cyril Descours) hésite à franchir le pas de la vie commune avec Olivier. Adapté du second roman de Mark Haddon, qui avait écrit Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit, un livre étrange, Une petite zone de turbulences évite l'étrangeté avec une espèce d'acharnement. Le film reste obstinément sur les rails d'un chemin de fer qui passe par les salles de cinéma pour aboutir sur une chaîne hertzienne un dimanche soir. Ce jour-là, on se dira sans doute que les dialogues sont un peu plus élaborés que ceux d'un quelconque épisode d'"Une famille formidable", que les acteurs font bien leur travail, et que c'est bien gentil de la part du réalisateur de glisser sur les détails les moins ragoûtants de l'histoire pour mettre en valeur la belle maison de Jean-Pierre et Anne et amener l'histoire à sa conclusion lénifiante. LA BANDE-ANNONCE (avec Preview Networks) Bande-annonce fournie par Filmtrailer.com Film français d'Alfred Lot avec Miou-Miou, Michel Blanc, Mélanie Doutey, Gilles Lellouche. (1 h 48.) Thomas Sotinel
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/une-petite-zone-de-turbulences-un-malade-imaginaire-sans-grande-imagination_1290268_3476.html
"""Mr. Nobody"" : un héros aux abonnés absents"
Réalisateur encensé de "Toto le héros" (1991) et "Le Huitième jour" (1996), Jaco Van Dormael fait son grand retour sur les écrans avec un film ambitieux mais écrasant. Le pari est de faire vivre à son héros, Némo, qui a un jour définitivement refusé de décider de sa vie, toutes les virtualités de son destin en même temps. Ce vertige philosophique qui dissout tout mystère, annule toute responsabilité et réduit les personnages au néant, relève quant à lui bel et bien d'un choix, qui s'avère fatal au film.
Après plus de dix ans d'absence (Le Huitième Jour date de 1996), le réalisateur belge Jaco Van Dormael refait surface avec un projet proprement faramineux. Grosse production internationale en langue anglaise, le film met en scène un héros dénommé Némo, qu'on retrouve tout le long du film à divers âges de son existence, tantôt enfant dont les parents se séparent, tantôt vieillard agonisant et dernier des mortels dans une société qui a trouvé la clé de l'immortalité. Non content de jeter le doute sur le point de vue qui gouverne le film (est-ce l'enfant qui anticipe le vieillard, le vieillard qui se souvient de l'enfant qu'il a été ?), le réalisateur entreprend également de révoquer en doute la question même d'un possible point de vue, en imaginant un personnage qui a refusé de choisir entre les divers chemins que lui proposent le destin, à charge pour le cinéaste de nous montrer toutes les vies possibles de ce personnage, lesquelles découlent de choix qu'il n'a censément pas faits. Ce n'est pas tant l'extravagante confusion, ni même l'esthétique vaguement publicitaire qui en résulte à l'écran qui est gênante que l'ennui incommensurable qui découle de ce parti-pris "philosophique" pour la dramaturgie du film, puisqu'il se vérifie que vouloir tout vivre à la fois équivaut, pour un personnage de cinéma mais aussi bien pour le commun des mortels, à ne rien vivre du tout. L'abolition du choix existentiel signifie la suppression du risque de vivre, l'abandon de la responsabilité, de la beauté, de l'émotion. Ce non choix, faute de pouvoir être celui d'un personnage qui cesse ipso facto d'exister en le prenant, est donc plus sûrement celui d'un cinéaste qui a voulu faire de son film une pure œuvre mentale, une sorte de Nautilus explorant clandestinement les territoires et les potentialités de la création. Jaco Van Dormael s'est finalement pris à son propre piège, oubliant qu'on ne saurait renoncer sans dommages aux principaux termes du contrat avec le spectateur, sous prétexte de sonder l'éther de la créativité. Sur ce terrain, on peut a contrario revoir tous les films de Stanley Kubrick, ou relire L'homme sans qualités de Robert Musil. LA BANDE-ANNONCE (avec Preview Networks) Bande-annonce fournie par Filmtrailer.com Film franco-belge de Jaco Van Dormael avec Jared Leto, Sarah Polley, Diane Kruger. (2 h 18.) Jacques Mandelbaum
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/mr-nobody-un-heros-aux-abonnes-absents_1290264_3476.html
"""Tsar"" : sous l'empire de la folie"
Pavel Lounguine est un cinéaste qui n'a jamais eu froid aux yeux. Son nouveau film, une grosse production, se confronte donc à Ivan le Terrible, archétype historique de la folie autocratique russe, en même temps que mythe cinématographique grâce à Eisenstein. Centré sur la question du dualisme religieux qui oppose le tyran au métropolite Serge, le film n'apporte pour autant rien de très nouveau en matière d'exploration, naturellement tourmentée, de "l'âme russe".
Il faut une certaine dose de courage pour s'attaquer aujourd'hui, en tant que cinéaste russe, à la figure mythique d'Ivan le Terrible. Pour deux raisons. La première est historique. Parangon de la folie autocratique russe, premier tsar autoproclamé et inventeur d'une police secrète semant la terreur, la mise en scène d'Ivan est d'abord prétexte à une critique du pouvoir dont l'actualité permanente est à la mesure d'un pays qui n'a jamais cessé d'être asservi à la volonté des puissants. La seconde est esthétique, dans la mesure où Sergueï Eisenstein, dans le film sombre et flamboyant qu'il lui consacrait, avait pour ainsi dire fixé le personnage dans le marbre du chef-d'oeuvre. Le projet de Lounguine est toutefois un peu différent. Il consacre d'abord son film à une courte période de la vie d'Ivan, et centre son propos sur la confrontation mortelle qui l'oppose au métropolite Serge, les deux hommes incarnant en quelque sorte deux visages antagonistes de la religion orthodoxe sous les auspices respectifs du dévoiement fanatique et du sacrifice pour le prochain. La manière dont le réalisateur choisit d'incarner Ivan se distingue elle aussi, l'acteur Piotr Mamonov (musicien rock de son état) conférant au personnage une trivialité qui a pour avantage de le rapprocher du spectateur et de creuser davantage l'abyme de ses convulsions sanguinaires. Pour le reste, cette grosse production ne fait que conforter une représentation du drame russe fidèle à la tradition dostoïevskienne, le génie en moins, ce qui ne laisse pas non plus d'être inquiétant sur le plan artistique. LA BANDE-ANNONCE (avec Preview Networks ) Bande-annonce fournie par Filmtrailer.com Film russe de Pavel Lounguine avec Piotr Mamonov, Oleg Iankovski. (1 h 56.) Jacques Mandelbaum
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/tsar-sous-l-empire-de-la-folie_1290259_3476.html
"""La Dame de trèfle"" : ...et son frère valet de coeur"
Tourments intérieurs d'un couple immature, à la limite de l'inceste, formé par un frère et une sœur. Leur incapacité à se séparer après la mort de leurs parents grève leur vie sentimentale et les entraîne dans une spirale de meurtres. Belle interprétation.
Deux orphelins s'aimaient d'amour tendre. Seuls dans une grande maison de province, Aurélien et Argine, frère et sœur, vivent un rapport fusionnel à la limite de l'inceste. Lui, livreur chez un fleuriste, se livre à un trafic clandestin de métaux volés et voit surgir Simon, un complice traqué par la police qui exige sa part du butin avant de disparaître. Elle, ado attardée sans principes ni pudeurs, arbore l'insouciance d'une fille libre aimant boire le soir au café du coin où se jalousent ses amants. Lui n'ose pas franchir le pas avec Mme Novitch, une voisine divorcée qui l'émeut et qu'il séduit. Elle n'ose pas rompre avec son frère protecteur ni avec Loïc dont elle est sous la coupe, un type brutal, cynique, impulsif, inquiétant. Nimbé dans la pénombre, les ténèbres de la nuit ("J'aime bien l'obscurité, ça me rassure", dit quelqu'un), le film de Jérôme Bonnell est un faux film noir. La mort y rôde, les cadavres vont s'accumuler, mais ce qui intrigue le cinéaste, ce sont les tourments de son couple immature. Il observe des personnages auxquels leurs activités ont fait perdre l'innocence qu'ils arborent encore sur leur visage. Argine va devoir avorter, Aurélien se débarrasser de ce voleur qui menace de le dénoncer s'il n'obtient pas son magot illico. La fille ne prend rien au tragique mais son frère aîné est sens dessus dessous. Il se met à saigner du nez au service gynécologie de l'hôpital où il accompagne sa sœur, terrasse accidentellement son encombrant visiteur. Les gendarmes, qui ont trouvé le cadavre de Simon dans la campagne, enquêtent. Ils suspectent Loïc qui s'était battu avec lui le soir du crime. Loïc a disparu, va revenir, générer une bagarre dramatique avec coup de couteau mortel. Le sang coule encore. C'est une histoire de frénésie (rock au bistrot), de corps entravés (teint pâle d'Aurélien, bras cassé de Mme Novitch, crâne fracassé de Simon, fœtus, mains qui tremblent...), de désirs refoulés. Le talent de Jérôme Bonnell est avéré. Mais en dépit de la forte présence de ses comédiens, son film elliptique peine à nous empoigner. La Dame de trèfle reste un conte immoral (une relecture d'Hansel et Gretel où Loïc figure l'ogre), un rien désincarné. Hanté par la culpabilité, la quête d'identité, il illustre des idées, plus que des passions. La tension s'y accroît sans que ne l'accompagne le moindre suspense. Un jeune homme y est obligé de passer par des épreuves criminelles pour dénouer le lien qu'il avait noué avec sa sœur, vivre sa vie sans elle, affronter l'existence. Mais de cette tragédie, nous restons spectateurs. Film français de Jérôme Bonnell avec Malik Zidi, Florence Loiret-Caille, Nathalie Boutefeu, Marc Barbé. (1 h 40.) Jean-Luc Douin
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/la-dame-de-trefle-et-son-frere-valet-de-coeur_1290257_3476.html
"""Blindés"" : la dépression dévoie les convoyeurs de fonds"
Le thriller de Nimrod Antal plonge dans un Los Angeles jusqu'ici ignoré par le cinéma.
Les récents exploits de Tony Musulin auront préparé le public français à la situation de départ de Blindés. Une équipe de convoyeurs de fonds décide que deux fourgons n'arriveront pas à destination. Emmenés par des hommes d'âge mur, auxquels on peut d'habitude se fier (Matt Dillon, Jean Reno, Laurence Fishburne), les convoyeurs devraient réussir l'un de ces crimes qui mettent en joie les témoins en ne faisant d'autre victime qu'une banque. Pour son deuxième long métrage, Nimrod Antal (natif de Californie, qui a réalisé son premier film, Kontroll, en Hongrie) a suivi une autre voie, finalement peu fréquentée ces temps-ci. Au contact des liasses de billets, la solidarité prolétarienne vole en éclats et le crime sans victime tourne au combat de rue. Ce n'est pas seulement la convoitise qui alimente les feux de cet affrontement, c'est le différend moral qui oppose le benjamin de l'équipe, un ancien combattant de retour d'Irak, à ses aînés. Comme eux, il est victime des banques. Comme eux, il rêve d'une vie meilleure d'autant plus facile à imaginer que le décor dans lequel évoluent les personnages est extraordinairement déprimant. Avec son directeur de la photo Andrzej Sekula, Nimrod Antal filme des secteurs de Los Angeles généralement ignorés par le cinéma, des zones industrielles à l'abandon, des quartiers pavillonnaires sans grâce ni palmier. Les convoyeurs trouvent refuge dans une fonderie désaffectée qui aurait pu servir aux frères Dardenne. Cette mise en scène de la dépression que traversent les Etats-Unis, donne au film un élan, une épaisseur inattendus. Les affrontements sanglants qui accompagnent la dissolution du groupe ne relèvent pas du voyeurisme sadique et ludique qui faisait le charme frelaté de Reservoir Dogs, mais d'une logique dramatique un peu désuète. On y croit d'autant plus volontiers que les méchants le deviennent à contrecoeur (à ce jeu-là, Matt Dillon est très fort : il est le roi du remords refoulé) et que le gentil ne l'a pas toujours été. La conclusion du film est décevante, comme le furent avant elle celles de centaines de film de série B. C'est presque une loi du genre que de passer soixante-dix minutes à filer à toute allure vers l'inconnu pour consacrer les dix dernières minutes à une remise en ordre morale, qu'on oublie bien plus vite que ce qui a précédé. LA BANDE-ANNONCE (avec Preview Networks) Bande-annonce fournie par Filmtrailer.com Film américain de Nimrod Antal avec Matt Dillon, Jean Reno, Laurence Fishburne, Columbus Short. (1 h 28.) Thomas Sotinel
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/blindes-la-depression-devoie-les-convoyeurs-de-fonds_1290642_3476.html
"""Entre 3 et 8 ans, je ne m'intéressais pas trop aux vivants"""
Depuis son premier court métrage, "Un steak trop cuit" (1960), il a réalisé près de quarante films. Sa filmographie, très variée, se caractérise par une grande modestie de moyens et par l'humour tonique qui la traverse, quel que soit le sérieux de son sujet.
Electron libre, compagnon de route de la Nouvelle Vague, Luc Moullet fit ses premières armes aux Cahiers du cinéma en tant que critique, à la fin des années 1950, une activité qu'il continue d'exercer aujourd'hui. Depuis son premier court métrage, Un steak trop cuit (1960), il a réalisé près de quarante films. Sa filmographie, très variée, se caractérise par une grande modestie de moyens et par l'humour tonique qui la traverse, quel que soit le sérieux de son sujet. Au début de "La Terre de la folie", vous évoquez ces antres que vous avez recherchés pour fuir votre famille. Le cinéma répond-il à ce même désir ? Si on veut. Entre 3 ans et 8 ans, j'avais imaginé un monde parallèle avec des gens pas visibles. Tous les jours, je racontais à mes parents ce que les personnages devenaient. Je ne m'intéressais pas trop aux personnes vivantes. On peut considérer que ce fut un prélude à mon activité de réalisateur de films de fiction. Et après vos 8 ans ? J'ai un peu enterré ces personnages fantômes, non sans mal, parce que je ne voulais pas avoir l'air de me désolidariser du passé. Mais je me rendais compte que ça ne pouvait pas continuer. Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire ce film ? C'était un sujet original à une époque où l'on se plaint de la crise du sujet dans le cinéma français. On n'avait jamais parlé des troubles mentaux dans les Alpes du Sud de façon globale. Diriez-vous que c'est un film scientifique ? Oui, en apparence, avec cette particularité qu'il montre des faits tout en étant très discret sur les causes. Je n'ai pas voulu aller trop loin, pour ne pas entrer dans le subjectif. Il y a certaines théories, mais je les ai à peine esquissées, comme celle sur ce jeune homme qui tue sa mère parce qu'il se rend compte qu'il est un raté et en veut à sa mère de l'avoir créé tel. Faute de se détruire lui-même, il cherche à détruire sa génitrice. Quand on a eu des frères et soeurs, on comprend que la mère est très impliquée dans la naissance, et si l'on n'en a pas eu, on le devine, on le sent. Les pères sont souvent plus distants. La faute provient donc de la mère. Si on n'arrive pas à tuer la mère, on va tuer quelqu'un qui lui ressemble. A propos du père, le vôtre est central ici. Vous évoquez les passions politiques qui l'ont enflammé... Vouliez-vous faire un lien entre celles-ci et la folie des Alpes-de-Haute-Provence ? Le lien me paraît assez évident. Mon père a eu une activité de collabo, qui s'est prolongée par des engouements politiques très divers. C'est la recherche de l'homme-miracle, que l'on retrouve chez pas mal de gens, d'ailleurs. Chez Abel Gance, qui était lui-même assez fou, c'était le mythe du grand homme : Napoléon, de Gaulle, Mao... Cela m'apparaissait comme une bonne introduction au sujet. Partir du proche pour aller vers le général. Vous avez beaucoup tourné dans les Alpes-de-Haute-Provence ("Terres noires" en 1961, "Les Naufragés de la D17" en 2002). Vous avez fait plusieurs films sur des villes : sur Foix ("Foix", 1994), sur Des Moines ("Le Ventre de l'Amérique", 1996). Votre rapport au cinéma est-il d'abord géographique ? J'ai aussi filmé Le Havre, et un peu Paris. Mais j'arrive à faire des films sans référence géographique. Par exemple Anatomie d'un rapport (1975). La géographie, ça a quelque chose de matérialiste, de rationaliste. Toutefois, il faut se méfier des matérialistes et des rationalistes. A l'excès, c'est souvent un signe caractéristique de la folie. Dans le film, vous insérez des plans très drôles, faussement illustratifs des crimes évoqués par les personnes que vous interviewez : un sac-poubelle dans une rivière, un bus qui démarre, une voiture qui fonce... C'est le principe d'illustration, qui fut inauguré en France il y a vingt-cinq ans par Hervé Palud, dans son Mesrine. C'est un procédé que j'appelle le paludisme. Le principe consiste à ne jamais rien montrer du visage des personnages, à toujours montrer des objets, ou des parties secondaires du corps comme les pieds, le dos, une ombre... C'est ce que fait la télé quand il n'y a rien à montrer : le 13 de la rue untel, un bouton de porte, une voiture qui passe, une maison qui ressemble à celle dont on parle... Dans ce style, le Rimbaud de Richard Dindo (1991) était très réussi. Propos recueillis par Isabelle Regnier
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/luc-moullet-entre-3-et-8-ans-je-ne-m-interessais-pas-trop-aux-vivants_1290644_3476.html
"""La Terre de la folie"" : les désordres psychiques de Luc Moullet"
Le cinéaste cerne avec un sépulcral sens de l'absurde les origines régionales d'une folie familiale.
Illustre représentant d'une tendance comique du cinéma français ignorée du grand public, Luc Moullet n'en poursuit pas moins une oeuvre à la cocasserie méticuleuse. Né en 1937 dans les Alpes du Sud, cet impassible prince de l'absurde tire de ses origines une veine régionaliste qui aimante une part de son cinéma vers les cimes. Une aventure de Billy le Kid (1971), western rossellinien, ou Les Naufragés de la D17 (2002), road movie beckettien, revisitent les genres en question à flanc de montagne. C'est le cas avec La Terre de la folie, à ceci près que sa source d'inspiration tient cette fois d'un curieux mélange : entre la confession du journal intime et le documentaire d'investigation sensationnaliste. Ça commence sur le registre du constat personnel : Moullet, barbe blanche surmontée d'une calvitie, le corps prostré à la limite de l'effondrement, s'adresse à nous face caméra depuis son appartement : "Je ne suis pas quelqu'un de très normal...", nous dit-il avec le plus grand sérieux. Puis enchaîne avec la visite de sa filmothèque, souligne sa propension au retrait et à la solitude, égrène quelques souvenirs filiaux, en évoquant la figure d'un père qui fut successivement partisan de Staline, Hitler, Enver Hodja, Mitterrand et Mao, et qui souffrit, lui aussi, de certains désordres psychiques relatifs à une histoire familiale compliquée. Parti de son cas personnel, Moullet aboutit de fil en aiguille, via la mémoire familiale, à l'origine probablement régionale de ces dysfonctionnements. C'est en tout cas ce qu'il entend prouver. Un simple raccord nous transporte alors dans ces Alpes-de-Haute-Provence dont il est originaire, et dont il entreprend de dresser, témoignages, théories et schémas à l'appui, une cartographie des faits divers sanglants qui s'y sont déroulés avec une fréquence apparemment très supérieure à la moyenne nationale aux dires du réalisateur. Epingles en main, Moullet circonscrit sur la carte un "pentagone de la folie", aux côtés formés par les villages de Montclar, Rosans (qu'on ne trouve sur aucune carte), Sault, Quinson et Castellane, et dont la ville de Digne serait la capitale. Là-dessus, il s'en va recueillir les témoignages d'un grand nombre de bonnes gens filmés in situ (inspecteur de police, infirmier psychiatrique, médecin, buraliste, parents de bourreaux ou de victimes, journaliste...), et nous énumère par le menu une quarantaine de crimes plus atroces les uns que les autres, dont le point commun est de ne répondre à aucune explication "rationnelle" satisfaisante. Les thèses ne manquent pas pourtant, et Moullet se fait un plaisir de les produire. Le mistral soufflant sans interruption sur les plateaux. La malnutrition pourvoyeuse de goitres. Le passage du nuage de Tchernobyl. La rudesse et la pauvreté de ces Préalpes qui ne bénéficient pas de la manne économique des sports d'hiver. Les haines paysannes invétérées. Le repli des grands mafieux marseillais qui ont formé au métier les jeunes locaux. L'isolement démographique qui permettrait à ces crimes de se commettre en toute impunité, créant ainsi une saine émulation entre les autochtones. Cette litanie de lieux communs permet surtout, par son insuffisance et le sérieux sépulcral avec lequel Moullet la débite, d'allier le comique au tragique. Ces explications sont un peu l'équivalent rhétorique des plans, affreusement ringards, de pseudo-reconstitutions dont Moullet émaille son enquête, montrant une fausse poursuite en caméra subjective, ou un sac-poubelle déposé dans un cours d'eau. La Terre de la folie évoque d'une certaine manière Terre sans pain, documentaire à la cruauté surréaliste de Luis Buñuel, revisité en la circonstance par l'art combinatoire de Georges Perec. L'intérêt manifesté pour la folie hermétique des assassins y est finalement une façon de suggérer que la société qui les juge ne tourne pas plus rond qu'eux. Film français de Luc Moullet. (1 h 30.) Jacques Mandelbaum
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/la-terre-de-la-folie-les-desordres-psychiques-de-luc-moullet_1290643_3476.html
Au cinéma, l'apartheid est une affaire anglo-saxonne
Le marché sud-africain du cinéma reste dominé à 90 % par les productions américaines.
e d'Invictus, le 11 décembre : "Qui oubliera jamais la tentative bancale de Danny Glover, qui voulait jouer Madiba (surnom donné à l'ancien président de la République) dans Mandela en 1987, la prestation terne de Sidney Poitier dans Mandelaet De Klerk en 1997, et très récemment, Dennis Haysbert dans Goodbye Bafana en 2007 ?" C'est le critique du Sowetan, quotidien né dans le grand faubourg noir de Johannesburg, qui énumère ces noms d'acteurs hollywoodiens pour ajouter qu'un autre Américain, Morgan Freeman, est venu racheter les fautes de ses prédécesseurs. Mais le fait est là, flagrant : ce sont les industries du cinéma américaine et britannique qui ont produit la légende sud-africaine, alors que le cinéma national peine à émerger, à imposer un regard sud-africain sur l'histoire du pays. Non que l'Afrique du Sud ait été au centre des préoccupations des scénaristes. Dans les années qui suivent l'imposition de l'apartheid, en 1952, Zoltan Korda réalise une adaptation de Pleure, ô pays bien-aimé, d'Alan Paton. Pendant trente ans, le thème n'apparaît que sporadiquement, comme dans Le Vent de la violence, de Ralph Nelson (1975), polar qui met en scène un militant antiapartheid et un ingénieur britannique poursuivis par la police sud-africaine. Les interprètes, Sidney Poitier et Michael Caine, se retrouveront vingt-deux ans plus tard pour tenir les rôles titres du téléfilm Mandela et De Klerk. Diffusion confidentielle Mais il faut attendre la deuxième moitié des années 1980, après la répression sanglante des émeutes de Soweto et l'apparition des premières lézardes dans l'édifice de l'apartheid pour que soient produits une série de films à grand spectacle qui mobilisent, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, d'importants budgets et des stars de première grandeur. Denzel Washington est Steve Biko, le dirigeant du mouvement de la Conscience noire, assassiné en prison en 1977, dans Cry Freedom, de Richard Attenborough, le réalisateur de Gandhi. Le film est présenté au Festival de Berlin en 1988. La même année, à Cannes, on découvre A World Apart, de Chris Menges, écrit par Shawn Slovo. La scénariste est la fille du dirigeant communiste sud-africain Joe Slovo, qui s'est inspirée de ses souvenirs pour raconter la persécution des militants antiapartheid par le pouvoir blanc. Et l'année suivante, la Martiniquaise Euzhan Palcy, auréolée par le succès de Rue Case-Nègres (1983), réalise à Hollywood l'adaptation d'Une saison blanche et sèche, le roman que les massacres de Soweto ont inspiré à André Brink. Le film est interprété par Donald Sutherland et Marlon Brando, qui sort pour l'occasion de sa retraite. Tous ces films ont été tournés au Zimbabwe, pays de la ligne de front, qui accueille volontiers ces productions occidentales destinées à affaiblir le régime du Parti nationaliste. Le démantèlement de l'apartheid ne change pas fondamentalement la donne. L'industrie cinématographique sud-africaine n'est pourtant pas inexistante, comme en témoigne, en 1980, le succès planétaire des Dieux sont tombés sur la tête, distribué sous une fallacieuse étiquette namibienne. Mais les films qui affrontent directement l'histoire récente sont rares et c'est d'Hollywood que viennent Goodbye Bafana et Invictus. Pour l'universitaire Samuel Lelièvre, spécialiste du cinéma sud-africain, "cette approche relève d'une perspective très anglo-saxonne (et très manichéenne) de la situation sud-africaine, qui ignore la culture afrikaans et n'évoque que superficiellement les cultures locales. C'est une approche démodée par des fictions sud-africaines récentes, telles que Promised Land (Jason Xenopoulos, 2002) ou Lettre d'amour zoulou (Ramadan Suleman, 2004)". Ces films d'auteur ont connu un certain succès sur le circuit des festivals, mais une diffusion confidentielle dans leur pays. Le marché sud-africain du cinéma reste dominé à 90 % par les productions américaines. Comme le constate mélancoliquement un autre journaliste du Sowetan, qui évoque John Kani, l'un des acteurs les plus respectés d'Afrique du Sud, interprète des premières pièces d'Athol Fugard : "Croyez-moi, même à Khayelitsha (un township du Cap), les gens préfèrent payer pour aller voir Freeman plutôt que Kani dans le rôle de Mandela." Thomas Sotinel
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/au-cinema-l-apartheid-est-une-affaire-anglo-saxonne_1290641_3476.html
"""Invictus"" : réconciliation raciale sur une pelouse de rugby"
Moins subtil qu'à l'habitude, Clint Eastwood célèbre l'intelligence politique de Nelson Mandela.
Situé en Afrique du Sud, le nouveau film de Clint Eastwood ne nous ramène pas moins à l'une des grandes problématiques de son cinéma : la difficulté à constituer une communauté. Question particulièrement brûlante en Afrique du Sud, où la sortie du régime de l'apartheid, qui l'avait "résolue" par la ségrégation raciale, la pose à nouveaux frais face au défi d'une nécessaire et douloureuse réconciliation. C'est à l'homme qui en fut l'un des principaux artisans, Nelson Mandela, et plus particulièrement à l'un des moyens dont il se servit pour y parvenir, le rugby, qu'est entièrement consacré Invictus. La première séquence du film est à cet égard évocatrice. On y voit, de part et d'autre d'une route, un terrain d'entraînement de rugby, rassemblant de jeunes Blancs sur une pelouse entretenue et verdoyante, et une surface informe et boueuse où de jeunes Noirs jouent au football. Passe alors un cortège officiel, qui n'est autre que celui qui raccompagne Nelson Mandela (Morgan Freeman) chez lui, le jour de sa sortie de prison, le 11 février 1990, après vingt-sept années de réclusion. Acclamé sur sa droite, regardé avec circonspection sur sa gauche. Tout porte logiquement à croire que le jour où il sera en position de choisir son terrain d'élection, Mandela favorisera le football, sport des pauvres et de ses frères martyrisés, plutôt que le rugby, élevé par la communauté blanche au rang de pure religion, et devenu pour cette raison l'un des plus voyants symboles de l'apartheid. Il n'en sera rien. Nous transportant aussitôt quatre ans plus tard, lors de l'investiture de Mandela comme président de la République d'Afrique du Sud, Invictus fait le récit de la bataille menée par l'ex-leader de l'ANC en faveur de l'équipe nationale de rugby, les Springboks, qui doivent recevoir en 1995 l'élite internationale du rugby à l'occasion de la Coupe du monde. Haïe par la population noire, fief idéologique du ségrégationnisme, affaiblie de surcroît par des années de boycott international qui l'ont privée de compétition à haut niveau, l'équipe de l'antilope sauteuse n'a pourtant rien pour plaire, quand bien même un joueur noir, l'ailier Chester Williams, y a désormais été intégré. L'intelligence et la hauteur politiques de Mandela consistent à mesurer son poids symbolique pour la communauté blanche, mieux, à faire de l'enjeu de la Coupe du monde l'occasion de ramener la communauté noire à un sentiment national qui transcende les clivages ethniques. Contre l'avis d'une partie de sa communauté, mais avec cet allié de poids qu'il trouve en la personne du capitaine et troisième-ligne aile du XV sud-africain François Pienaar (Matt Damon), Mandela fera de la préparation de cette Coupe du monde une bataille personnelle, au point de porter le maillot vert et or de l'équipe en ce jour solennel où jamais un match de rugby n'aura eu une aussi grande portée politique. C'est donc sur cette course, dont il ne dévie pas, qu'Eastwood fait progresser l'action jusqu'à la ligne d'essai du film : ce 24 juin de légende au cours duquel les Springboks emportent contre toute attente la finale contre les redoutables All Blacks de Nouvelle-Zélande, en présence d'un Nelson Mandela affublé du maillot vert et or de l'équipe nationale. Adapté d'un livre du journaliste John Carlin publié en 2008 (Playing the Enemy : Nelson Mandela and the Game that Made a Nation), Invictus est un spectacle efficace, honnêtement interprété, et d'une émotion certaine. C'est aussi, hélas ! l'un des rares films où Clint Eastwood donne l'impression de s'être quasiment absenté. Non seulement absenté physiquement, comme il pouvait l'être du magnifique Mystic River, mais bien absenté à lui-même et à son cinéma. Centré sur la figure de Mandela, auquel Morgan Freeman n'apporte rien de plus que son irréprochable professionnalisme, le film sacrifie à peu près tous les personnages, à commencer par celui de Pienaar, au point de confiner à l'hagiographie. Il fait de même avec les intrigues secondaires, qui sont laissées en jachère (la relation de Mandela à sa fille, les rapports de Pienaar à sa famille, l'équipe multiraciale du service de sécurité). Eastwood ne s'intéresse pas davantage au rugby, si ce n'est pour sa dimension métaphorique. Sans quoi il aurait montré cette fameuse finale pour ce qu'elle était sur le plan sportif : un match terne, asphyxié par la défense des Springboks, au détriment du jeu étincelant des All Blacks. Sans doute Eastwood filme-t-il, dans la grande tradition américaine, avant tout la légende. L'ennui, c'est que l'idée de réconciliation que martèle son film, au prix d'un simplisme qui offense parfois l'intelligence, ne dit pas la vérité de la situation réelle, passablement catastrophique quant à elle, de l'Afrique du Sud aujourd'hui. On pressent pourtant bien ce qui a intéressé le cinéaste dans ce sujet : la grandeur et l'intelligence politiques du pardon au nom du bien commun, qui se substitue ici à l'exécution personnelle de la vengeance, omniprésente dans son oeuvre. On voit moins en revanche, si ce n'est l'éloignement de ses propres bases, ce qui a pu le conduire à abdiquer l'essentiel de ce que l'on aime dans son cinéma : l'ambiguïté morale et la complexité du récit. LA BANDE-ANNONCE (avec Preview Networks) Bande-annonce fournie par Filmtrailer.com Film américain de Clint Eastwood avec Morgan Freeman, Matt Damon, Tony Kgoroge, Patrick Mofokeng. (2 h 12.) Jacques Mandelbaum
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/invictus-reconciliation-raciale-sur-une-pelouse-de-rugby_1290640_3476.html
A la City de Londres, un prêtre bénit les portables
Une ancienne tradition chrétienne veut que les travailleurs apportent leur outil de travail pour le faire bénir le premier lundi après Noël.
Des employés de la City, à Londres, ont pu faire bénir leurs ordinateurs et téléphones portables par un prêtre, lundi 11 janvier, au cours d'une cérémonie organisée dans une église du quartier financier de la capitale britannique. Le service spécial en l'église St. Lawrence Jewry, qui date de 1136, a été suivi par quelque quatre-vingts personnes qui ont brandi leurs téléphones pendant la bénédiction, a expliqué le prêtre anglican David Parrott. L'idée de cette bénédiction est venue d'une ancienne tradition chrétienne qui voulait que les travailleurs apportent leur outil de travail, comme leur charrue, pour le faire bénir le premier lundi après Noël. "Nous avons décidé d'organiser ce service en l'adaptant à notre temps ; j'ai prié pour les gens qui utilisent les nouvelles technologies et ceux qui les font fonctionner", a expliqué le prêtre.
12/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/12/a-la-city-de-londres-un-pretre-benit-les-portables_1290798_3214.html
Décès de Miep Gies, protectrice d'Anne Frank
Elle était la dernière survivante de ceux qui avaient aidé la famille Frank à se cacher des nazis pendant la seconde guerre mondiale.
Miep Gies, qui avait aidé l'adolescente juive Anne Frank et sa famille à se cacher des nazis pendant la seconde guerre mondiale, est morte, lundi 11 janvier, à l'âge de 100 ans. Elle était la dernière survivante des ces "justes" qui avaient aidé la famille Frank, et elle avait sauvé de la disparition le journal d'Anne Frank, dans lequel l'adolescente a raconté les deux années passées avec sa famille dans une cache. "Je ne suis pas un héros, affirmait Miep Gies le jour de son centième anniversaire, le 15 février 2009. J'ai seulement fait ce que j'ai pu pour aider." Née en Autriche en 1909, Hermine (Miep) Gies-Santrouschitz avait été envoyée aux Pays-Bas en 1920 dans le cadre d'un programme d'aide aux enfants affaiblis. En 1933, elle avait commencé à travailler pour Otto Frank, le père d'Anne, et s'était liée d'amitié avec lui. Quand, en 1942, il lui demanda de l'aider à se cacher, elle n'hésita pas. "Il y a des échanges de regards qui ne se produisent qu'une ou deux fois dans une vie, c'était un de ceux-là. Je lui ai répondu 'bien sûr'", écrit Miep Gies dans son livre Elle s'appelait Anne Frank, publié en 1987. Pendant deux ans, Miep Gies et trois de ses collègues permirent à la famille de survivre. Mais le 4 août 1944, la famille Frank, dénoncée, fut arrêtée par la Gestapo et déportée. Miep Gies aura eu le temps de récupérer le journal d'Anne et de le cacher. Cette dernière mourut du typhus à Bergen-Belsen, et seul son père survécut. Il revint à Amsterdam en 1945 et s'installa chez Miep Gies et son mari, avec lesquels il vivra pendant plusieurs années.
12/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/12/deces-de-miep-gies-protectrice-d-anne-frank_1290778_3214.html
"""La France et l'Afrique"", d'Yves Gounin : hexagone et continent noir"
Cet ouvrage n'a rien du pamphlet contre une "Françafrique" d'ailleurs largement mythifiée. Pour autant, l'auteur a ce qu'il faut de mauvais esprit, et surtout de culture et d'expérience, pour ne jamais verser dans le conte de fées.
Que fait la France en Afrique ? A la veille de la célébration, en 2010, du cinquantenaire de l'indépendance de quatorze pays anciennement sous administration française, la question mérite des réponses informées, honnêtes, accessibles. On les trouvera largement dans ce livre dont l'auteur, fait rare, n'est pas seulement un observateur mais aussi un acteur de la relation franco-africaine. Jusqu'à ces derniers mois, Yves Gounin, maître des requêtes au Conseil d'Etat, exerçait la fonction de conseiller juridique du président du Sénégal, un poste dont la survivance en dit long sur la pérennité de certaines traditions néocoloniales. Autant dire que l'ouvrage n'a rien du pamphlet contre une "Françafrique" d'ailleurs largement mythifiée. Pour autant, l'auteur a ce qu'il faut de mauvais esprit, et surtout de culture et d'expérience, pour ne jamais verser dans le conte de fées. L'Afrique reste un des rares instruments de puissance dont dispose la France. La gestion de cet héritage historique, rappelle-t-il, a donné lieu à des actes de courage, mais aussi à des faux pas et à de sanglantes manipulations. Plongeant dans l'histoire, scrutant les mémoires, analysant avec clarté l'évolution des structures administratives, Yves Gounin montre que, par un jeu de volontés réciproques, les relations sont restées consanguines longtemps après les indépendances. Il explique comment la fin de la guerre froide, la mondialisation et... le temps, ont changé la donne de façon drastique. Avec clarté, il décrit la perpétuelle lutte d'influence entre afro-conservateurs et réformateurs au sein de l'exécutif français. Un combat qui, sous la présidence Sarkozy comme par le passé, a laissé K.-O. les "modernes". Quasi muet sur les compromissions de Paris avec des régimes criminels ou peu recommandables, sur le financement africain des partis politiques, il est aussi moins convaincant lorsqu'il s'emploie à démontrer que la France maintient ses positions sur le continent en dépit des offensives américaines et chinoises. L'ouvrage, synthétique, rédigé dans un style vif, balisé par de nombreuses références d'actualité, est cependant un véritable outil de référence pour tous ceux qui, étudiants, militants ou simples citoyens, sont convaincus du caractère à la fois déterminant et complexe de la relation France-Afrique, et de la nécessité de rompre, à son sujet, avec une trop ancienne opacité. LA FRANCE ET L'AFRIQUE d'Yves Gounin. De Boeck, coll. "Le Point sur...", 192 p., 12 €. Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Philippe Bernard
12/01/2010
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/01/12/la-france-et-l-afrique-d-yves-gounin_1290658_3260.html
"Une commission se penche sur le ""syndrome du bébé oublié"""
Dans un avis rendu public lundi 11 janvier, la Commission de la sécurité des consommateurs (CSC) tire la sonnette d'alarme après avoir recensé 24 cas d'enfants oubliés dans des véhicules en France entre juin 2007 et août 2009, dont cinq sont morts.
Aux Etats-Unis, une trentaine d'enfants mourraient chaque année de ce phénomène appelé outre-atlantique"syndrome du bébé oublié". La température d'un véhicule peut augmenter de 10o à 15°C par quart d'heure, rappelle la CSC, pour atteindre 40°C au bout d'une demi-heure en plein soleil. Ce qui peut provoquer le décès d'un enfant en moins de deux heures. Pour prévenir ces accidents, la commission appelle les constructeurs automobiles à mettre au point des systèmes d'alerte, et les parents à être particulièrement attentifs aux signes de fatigue et de stress. Elle conseille également de créer des pense-bêtes personnels, en posant par exemple près de l'enfant un objet indispensable à l'adulte : badge d'entrée dans l'entreprise, sac, vêtement... Martine Picouët
12/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/12/une-commission-se-penche-sur-le-syndrome-du-bebe-oublie_1290651_3238.html
Les concierges s'effacent au profit des gardiens
Cette profession, qui cherche à changer son image, a perdu plus de 20 % de ses effectifs en vingt ans.
Après quinze années passées dans une loge du boulevard Barbès, dans le 18e arrondissement de Paris, Nadia, la trentaine, cherche un emploi de concierge "dans un beau quartier". "Ici, c'est devenu trop difficile, parce qu'il faut faire la chasse aux prostitués qui entrent dans l'immeuble et qui font leur affaire dans les parties communes", soupire-t-elle. Jean, son compagnon, confirme : "Nous avons été obligés de prendre un berger allemand, car nous avions peur de nous faire agresser, quand nous leur disions de partir." Nadia est employée à mi-temps pour "s'occuper de la chaufferie, nettoyer les escaliers, sortir les poubelles et surveiller" cet immeuble de douze appartements, afin, notamment, de "limiter les risques de cambriolage". Elle gagne 518 euros net par mois et dispose d'une loge de 37 mètres carrés, dont elle ne paie pas les charges. Mais, elle n'est jamais partie en vacances, car elle n'a pas envie qu'un remplaçant l'occupe en son absence. Elle cherche désormais un emploi à plein temps : "J'aimerais bien travailler dans un immeuble de propriétaires, car les gens y sont plus respectueux des lieux et du gardien", explique-t-elle. Alors que la période des étrennes se termine, elle se plaint qu'aucun de ses douze locataires n'ait "fait un petit geste, bien qu'ils n'hésitent pas à me demander des services en dehors des heures d'ouverture". Nadia et Jean viennent de s'abonner à l'Echo des concierges, une gazette spécialisée qui publie des petites annonces. "Les célibataires, prêts à se satisfaire d'une toute petite loge sans confort, peuvent trouver, en un mois, dans les quartiers haussmanniens", assure la rédactrice en chef, Marie-Louise Carbonnier. "Les WC sont en général dans la cour, et il n'y a pas de salle de bains, précise Philippe Dolci, vice-président du Syndicat national indépendant des gardiens d'immeubles et concierges (Snigic). Si l'on cherche plus grand, il faut attendre plusieurs mois", ajoute-t-il. Ou être "pistonné" : Christina, d'origine portugaise, a dû verser 400 euros à un Lusitanien qui partait à la retraite, pour que celui-ci la recommande à son syndic, qui l'a embauchée. "Certaines loges se "revendent" dans les 5 000 euros", précise-t-elle. Maria, fille de concierge portugaise, a repris la loge de sa mère, venue en France dans les années 1960, et atteinte par la limite d'âge. Pour s'occuper de 70 logements dans le 17e arrondissement, elle dispose d'un emploi à plein temps, "payé plus que le smic", et d'une loge spacieuse, qu'elle n'a pas besoin de céder pendant ses vacances, car son remplaçant dispose d'un autre local. Le nombre des concierges en France ne cesse de diminuer, sous l'effet de la suppression des loges dans le secteur privé. Entre les recensements de 1990 et de 2006, plus de 17 000 concierges ont disparu : en 2006, ils n'étaient plus que 56 680, selon l'Insee, dont 40 000 environ dans le secteur privé (66 % de femmes). C'est à l'occasion de leur départ à la retraite que leur emploi est généralement supprimé. Principale cause de leur disparition, leur coût : 40 000 euros par an, selon l'Association des responsables de copropriété. "Pas plus de 18 000 euros, soit le smic multiplié par treize mois !", s'insurge M. Dolci. Quoi qu'il en soit, c'est le seul poste sur lequel il est possible de faire des économies. "Dans les petites copropriétés, c'est la chute libre, à l'exception des immeubles cossus", regrette M. Dolci. On fait appel à des prestataires de services extérieurs pour le nettoyage et la sortie des poubelles, et les loges sont transformées en garages à vélos et à poussettes. Le cabinet d'études Ambroise Bouteille, qui a fait un rapport au ministère du travail en 2007, constate que les attentes des habitants varient en fonction de leur âge : "Les jeunes et les primo-accédants cherchent à baisser les charges, observe-t-il. Ils travaillent souvent en journée et n'ont parfois que peu de contact avec le gardien. A l'inverse, les personnes âgées sont très sensibles à (sa) présence sécurisante." La concierge rend souvent des services : elle ouvre la porte au plombier, arrose les plantes pendant les vacances, récupère les colis... Pourtant, le silence dans lequel sa profession disparaît laisse penser qu'elle souffre toujours de son image ancienne : au XIXe siècle, "le concierge relevait les loyers pour le propriétaire (...) et cela lui conférait un certain pouvoir paradoxalement associé à son statut de serviteur de très basse condition (...). Dans ce double rôle, méprisé par les propriétaires autant que par les locataires, le concierge (...) était la cible des sarcasmes...", rappellent Philippe Bonnin et Roselyne de Villanova, auteurs de Loges et gardiens (éditions Créaphis, 2006). Aujourd'hui encore, la concierge est souvent considérée comme le "flic" de l'immeuble. Quel amant clandestin n'a jamais craint ses commérages ? Quel locataire aux fins de mois difficiles n'a pas subi son regard réprobateur ? Pour que cette image ne leur soit plus associée, nombre de concierges préfèrent aujourd'hui qu'on les appelle "gardiennes". Rafaële Rivais
12/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/12/les-concierges-s-effacent-au-profit-des-gardiens_1290650_3238.html
Affaiblie, l'ETA envoie des signaux de durcissement
Madrid craint une "action spectaculaire" durant la présidence espagnole de l'Union européenne.
En sommeil depuis l'attentat du 30 juillet 2008, qui avait provoqué la mort de deux gardes civils dans l'île de Majorque (Baléares), l'organisation séparatiste armée basque ETA est-elle sur le point de frapper à nouveau ? La presse espagnole en est convaincue : "L'ETA bouge", a-t-elle titré après les arrestations, samedi 9 janvier, de quatre membres présumés du groupe, au cours de deux opérations policières distinctes en France et au Portugal. Le couple arrêté dans la région de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) appartiendrait à l'appareil logistique militaire de l'ETA. Inaki Irribaren Galbete et Eider Uruburu Zabaleta ont été interpellés alors qu'ils venaient de retirer 2 000 euros et des armes d'une cache située dans la campagne auvergnate, à proximité d'une maison familiale du ministre français de l'intérieur, Brice Hortefeux. Mais ce sont les etarras présumés appréhendés au Portugal qui retiennent surtout l'attention des autorités espagnoles. Selon le quotidien El Pais, les services du ministère de l'intérieur "travaillent sur l'hypothèse selon laquelle l'ETA essaierait d'établir une infrastructure au Portugal pour réaliser des attentats en Espagne". Lors d'un contrôle de routine dans la région de Zamora (Castille-Léon), sur la route menant au Portugal, la Guardia civil a découvert, dans une fourgonnette immatriculée en France, divers explosifs, dont 10 kg de pentrite, du matériel pour confectionner des bombes-ventouses, un fusil à lunette, des armes de poing, des munitions. Son conducteur, Garikoitz Garcia Arrieta, a réussi à s'enfuir avec la voiture de patrouille des gardes civils, n'étant arrêté que 120 kilomètres plus loin, au-delà de la frontière, par la police portugaise. A quelques kilomètres de distance, cette dernière a également interpellé une jeune femme, Iratxe Yanez Ortiz de Barron, figurant sur la liste des etarras les plus recherchés. Pour les enquêteurs, les 10 000 euros retrouvés dans sa voiture, comme le lot de faux papiers et l'ordinateur portable, confirmeraient qu'elle participait à une mission en vue d'établir une tête de pont dans le nord-est du Portugal. La pression de plus en plus forte exercée par la police française aurait convaincu l'organisation de déplacer certains commandos dans ce pays, estiment les spécialistes. Comme en 2007, où plusieurs tentatives d'attentat avaient été effectuées avec des voitures immatriculées au Portugal. Niveau 2 d'alerte Ces événements donnent raison au ministre espagnol de l'intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, que l'opposition de droite avait jugé "inutilement alarmiste" lorsqu'il activa le niveau 2 d'alerte terroriste, fin décembre 2009, dans la crainte d'une "action spectaculaire" de l'ETA pendant le semestre de présidence espagnole de l'Union européenne (UE). "Compte tenu de sa faiblesse et des divisions internes, l'ETA ne se contentera pas d'une action ordinaire", avait-il déclaré, évoquant même "un enlèvement" qui lui assurerait "une couverture médiatique de longue durée". Tandis que les sympathisants de la gauche "abertzale" (patriotique) sont en plein débat sur l'opportunité de se désolidariser de la lutte armée afin de retrouver une représentation politique légale, notamment lors des élections municipales de 2011 au Pays basque, l'ETA multiplie les messages indiquant un durcissement. Dans un communiqué publié début janvier, le Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK), très lié à l'organisation clandestine, a annoncé un mouvement de protestation, en particulier des grèves de la faim, dans les prisons qui accueillent les quelque 750 etarras détenus en Espagne et en France. De surcroît, a été rendue publique l'exclusion de cinq "dissidents" ; des prisonniers qui se sont prononcés pour l'arrêt de la violence. Déjà en septembre 2008, l'ETA avait fait part, dans un communiqué au journal basque Gara, de son intention de continuer à "agir les armes à la main tant que les ennemis du Pays basque opteront pour la répression et le déni". Inscrite sur la liste des organisations terroristes de l'UE comme des Etats-Unis, l'ETA serait responsable de la mort de 828 personnes depuis cinquante ans. Au lendemain des dernières arrestations, M. Perez Rubalcaba a rappelé la détermination du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero "d'en finir avec cela". Jean-Jacques Bozonnet
12/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/12/affaiblie-l-eta-envoie-des-signaux-de-durcissement_1290597_3214.html
Chypriotes grecs et turcs cherchent un compromis sur la réunification
Les dirigeants, modérés, des deux parties de l'île divisée depuis 1974 négocient à Nicosie.
Le temps presse à Chypre. Le président chypriote grec, Demetris Christofias, et le leader chypriote turc, Mehmet Ali Talat, ont entamé, lundi 11 janvier, une session intensive de trois jours de discussion à Nicosie, dans la résidence du chef de mission des Nations unies. Les deux négociateurs vont accélérer le rythme de leurs entrevues au cours du mois de janvier pour tenter de trouver un compromis et mettre fin à la division de l'île, effective depuis 1974, et l'occupation de la partie Nord par l'armée turque. "Il faut vraiment qu'il y ait des progrès en janvier", avait déclaré le représentant spécial de l'ONU, l'Australien Alexander Downer, avant le lancement de ces négociations marathon. En février 2008, l'élection à la présidence chypriote du communiste Demetris Christofias, favorable à une réunification avec la partie chypriote turque, avait relancé l'espoir d'une solution au conflit et permis la réouverture des pourparlers, gelés depuis quatre ans. En seize mois, les deux leaders se sont rencontrés soixante fois, mais sans pour autant parvenir à débloquer la situation. Lundi, les négociations continuaient de buter sur les questions de gouvernance et sur le partage du pouvoir entre les deux communautés. Début janvier, M. Talat a remis à la partie adverse dix propositions, prévoyant l'instauration d'une présidence tournante et d'une forte autonomie politique et judiciaire de la partie turque. Mais le gouvernement chypriote grec, qui représente plus de 70 % de la population de l'île, rejette catégoriquement toute solution confédérale. "Ces propositions sont franchement inacceptables. Elles ne peuvent pas servir de base de discussion", a commenté le porte-parole du gouvernement, Stefanos Stefanou. M. Christofias a toutefois repoussé l'éventualité d'abandonner la table des négociations. En cas d'échec de ces discussions entre les deux leaders modérés, la perspective d'un règlement en 2010, souhaité par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, serait sérieusement compromise. Le mandat de M. Talat expire en avril et sa reconduction paraît de plus en plus improbable. Un sondage effectué fin décembre 2009 donnait le nationaliste Dervis Eroglu largement vainqueur. La période favorable à un accord de paix risque donc de se terminer dans moins de trois mois. 30 000 soldats turcs M. Eroglu, nommé premier ministre à l'issue des législatives de 2009, a abondamment critiqué les concessions faites aux Chypriotes grecs durant les négociations. "Un statu quo serait mieux que ce que Christofias nous offre", assure un responsable de son parti, l'UBP (Parti de l'union nationale). Pour le gouvernement turc, qui soutient les efforts de M. Talat, un échec des pourparlers de paix à Chypre serait embarrassant et éloignerait un peu plus la perspective d'une adhésion à l'Union européenne. Si, malgré tout, un accord était arraché avant le printemps, et soumis à un référendum des deux côtés de l'île, le résultat du vote serait loin d'être acquis. Environ la moitié des Chypriotes turcs voteraient aujourd'hui contre un plan de réunification. Côté grec aussi, le sentiment d'avoir consenti trop de sacrifices domine. La question des propriétés spoliées dans la partie Nord n'est pas réglée. Et la Turquie refuse d'abandonner son statut de "puissance garante", qu'elle partage avec la Grèce et la Grande-Bretagne, et maintient une armée de 30 000 hommes à Chypre. Déjà en 2004, les Chypriotes grecs avaient largement rejeté le plan de paix proposé par le secrétaire général de l'ONU de l'époque, Kofi Annan. Guillaume Perrier (Istanbul, correspondance) et Guillaume Perrier
12/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/12/chypriotes-grecs-et-turcs-cherchent-un-compromis-sur-la-reunification_1290594_3214.html
Les débuts laborieux de Catherine Ashton à la tête de la diplomatie des Vingt-Sept
La haute représentante, auditionnée par le Parlement européen, est restée vague sur les grands dossiers. Elle aura fort à faire pour s'imposer dans la nouvelle architecture européenne.
Non sans mal, Catherine Ashton a réussi son examen de passage devant le Parlement européen, lundi 11 janvier à Bruxelles. Face aux élus, la haute représentante des Vingt-Sept pour les affaires étrangères a tenté de montrer qu'elle avait préparé son grand oral. Mais la Britannique a eu du mal à préciser ses positions sur les principaux dossiers où elle affirme vouloir porter une "parole forte au nom de l'Europe" - le Proche-Orient, l'Iran, l'Afghanistan ou l'Irak. Les élus de la commission des affaires étrangères ont salué ses efforts. Sans débordement. "Elle soutient nos positions, c'est une bonne base pour coopérer, pas pour s'enthousiasmer, car elle manque vraiment de vision", observe Elmar Brok, un eurodéputé conservateur allemand. D'autres trouvent son approche "très britannique". "Comme Londres, Mme Ashton n'entend pas développer le quartier général militaire européen", regrette Arnaud Danjean (UMP), le président de la sous-commission de la défense. Mise sous pression par les eurodéputés, l'ancienne commissaire au commerce n'est pas au bout de ses peines. Elle promet de bâtir au plus vite, d'ici à fin avril, le service commun d'action extérieure, une des grandes innovations du traité de Lisbonne, dont elle aura la tutelle. Mme Ashton s'est même engagée à ce que le Parlement européen, très soucieux de peser sur la diplomatie communautaire, ait un "droit de regard" sur le budget de cette institution inédite. Mais avec sa double casquette de vice-présidente de la Commission et de haute représentante au service des Etats membres, la travailliste a du mal à asseoir son autorité. Très discrète depuis sa nomination surprise en novembre 2009, cette novice en matière internationale a des difficultés à s'imposer face aux ministres des affaires étrangères, dont elle doit présider les réunions mensuelles à Bruxelles. L'un d'eux n'est autre que l'Espagnol Miguel Angel Moratinos, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union ce semestre. Ce dernier, en principe, est privé de tout rôle diplomatique européen, si l'on s'en tient à la lettre du traité de Lisbonne. Mais il n'entend pas rester inactif. "C'est à Mme Ashton de dire ce qu'elle veut faire ; la présidence espagnole ne va pas abandonner ses responsabilités", explique-t-il. Ainsi, M. Moratinos s'est rendu à Moscou, lundi 11 janvier, et devait participer, mardi à Bruxelles, à une réunion sur l'aide aux Palestiniens. Le chef de la diplomatie espagnole aurait été invité à l'initiative du Français Bernard Kouchner, à la grande surprise de la haute représentante. Au sein de la Commission Barroso, Mme Ashton aura également fort à faire pour coordonner le travail de ses trois collègues associés de près ou de loin aux relations extérieures : les titulaires de l'aide au développement, de l'aide humanitaire, et des relations de voisinage avec les pays frontaliers de l'Union. "Tout sera décidé en concertation étroite", a revendiqué le futur responsable du développement, le Letton Andris Piebalgs, lors de sa propre audition lundi (les autres commissaires seront entendus avant la confirmation de la Commission Barroso II d'ici à la fin janvier). Cet éparpillement des tâches inquiète de nombreux eurodéputés. "M. Barroso a divisé pour mieux régner", critique l'écologiste Franziska Brantner. Mme Ashton va, enfin, devoir trouver un modus vivendi avec le président permanent du Conseil européen, Herman Van Rompuy. D'après le traité, ce dernier est censé représenter "à son niveau " les Vingt-Sept sur la scène diplomatique. Au sein de son cabinet, l'ancien premier ministre belge a formé un pôle "relations extérieures", afin de nourrir son dialogue avec Mme Ashton et ses services. M. Van Rompuy présidera les sommets avec les pays tiers. Il entend aussi jouer un rôle dans les négociations climatiques, alors que les Vingt-Sept s'interrogent sur leur stratégie après l'échec de la conférence de Copenhague en décembre. Le président du Conseil a rajouté ce sujet à l'ordre du jour du sommet informel convoqué le 11 février pour parler, à l'origine, de politique économique. Face aux chefs d'Etat et de gouvernement, Mme Ashton sera ce jour-là invitée à plancher sur la stratégie des Européens. Un baptême du feu qui s'annonce redoutable pour elle. Philippe Ricard et Philippe Ricard
12/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/12/les-debuts-laborieux-de-catherine-ashton-a-la-tete-de-la-diplomatie-des-vingt-sept_1290593_3214.html
La révolution numérique selon Frédéric Mitterrand
Le ministre de la culture et de la communication replace l'Etat au centre de la politique de numérisation des livres et des ¿uvres.
Marc Tessier devait remettre, mardi 12 janvier, au ministre de la culture et de la communication, Frédéric Mitterrand, un rapport sur "la numérisation du patrimoine écrit". Ce rapport entend calmer une polémique, au moment où la France pourrait confier des millions de livres à numériser à l'américain Google. M.Tessier préconise trois actions: la numérisation en masse de livres sur le site Gallica par la Bibliothèque nationale de France (BNF); un partenariat rééquilibré avec Google Livres; la relance d'une impulsion en direction de bibliothèques en Europe. Frédéric Mitterrand dit au Monde qu'il va adopter ces propositions. Ce rapport répond-il à vos attentes? Il est formidable. L'accès à la culture par le numérique est une révolution que j'ose comparer à celle des maisons de la culture mises en place par Malraux. Mais nous étions partis sur de mauvaises bases. Quand je suis arrivé, et que l'on a su que la BNF discutait avec Google, des critiques, sur un mode presque romanesque, se sont fait jour: la France livrerait son patrimoine à la société monopolistique mondiale. En demandant ce rapport à la commission Tessier, j'ai fait en sorte que ces passions laissent la place à la réflexion. J'ai aussi rencontré à deux reprises, à Paris, David Drummond, le vice-président de Google. Je lui ai dit que nous ne sommes pas des antiaméricains primaires. La question, ce n'est pas Google, Microsoft ou Yahoo!, mais la façon dont la France doit s'y prendre, avec des partenaires privés, dans la constitution de la plus grande librairie virtuelle au monde à partir de nos collections. Et comment allez-vous faire? La réponse est claire: c'est un enjeu beaucoup trop important pour que l'Etat ne soit pas au centre des processus de régulation. Mais pour dire cela, il faut avoir des cartes en main. En obtenant 750 millions d'euros pour la numérisation, dans le cadre du grand emprunt, nous avons remporté une victoire gigantesque! Le rapport Tessier dénonce les accords passés par Google avec des bibliothèques. Google est entré en Europe en conquérant et beaucoup lui ont ouvert la porte en signant des accords que je trouve inacceptables. Ils reposent sur une confidentialité excessive, des exclusivités impossibles, des clauses désinvoltes, voire léonines au regard du droit d'auteur. Google s'en rend compte et, déjà, je trouve l'entreprise moins conquérante et confiante dans sa communication. Nous allons leur proposer, dans la continuité du rapport Tessier, un tout autre dialogue: un échange de fichiers sans confidentialité ni exclusivité, dans la transparence et le respect des auteurs. Google va-t-il accepter? Je ne sais pas. Je dois rencontrer ses dirigeants en mars, aux Etats-Unis, car je veux voir comment ils fonctionnent. S'ils disent non, c'est que leurs grands principes philanthropiques ne sont que façade. Je ne les vois pas se couper d'un patrimoine français immense, qui les intéresse fortement. D'autant qu'ils rencontrent déjà des difficultés dans d'autres pays. Et si Google refuse? Peut-on se passer d'eux? Je n'ai pas envie de me passer de Google. Mais il existe d'autres opérateurs privés potentiels. Et nous ferons monter en puissance le portail Gallica, de la BNF. Mais le rapport critique fortement ce site Gallica… Oui. Je ne suis pas sûr déjà qu'il faille garder le nom. Il a un côté "Astérix" qui me gêne. C'est un peu nationaliste et archaïque. Il faudrait trouver un nom qui ait la même force, la même ouverture, qu'Erasmus par exemple. Le rapport dit que Gallica manque de visibilité, d'efficacité, que son moteur de recherche doit changer. êtes-vous d'accord? Oui. Mais on peut aussi faire la liste des erreurs que l'on trouve sur Google?… Gallica a fait des progrès et il faut l'améliorer. Car il est appelé à devenir l'équivalent de Google Books. Quoiqu'il arrive, le temps du retard est fini. Grâce au grand emprunt, la France prend de l'avance en Europe sur la numérisation. Gallica a tant de retard sur Google… Les Américains avaient beaucoup de retard sur les Soviétiques dans la conquête spatiale quand ces derniers ont envoyé la chienne Laïka dans l'espace. Et ils les ont dépassés. Faut-il sortir Gallica de la tutelle de la BNF, comme le suggère le rapport Tessier? La BNF peut être la locomotive du train Gallica, ou son wagon-restaurant. Mais il faut savoir que Gallica sans la BNF n'existe pas. Faut-il aller jusqu'à créer un commissariat à la numérisation qui définira les grandes lignes, comme le suggère le rapport? Je suis résolument contre. Il appartient au ministère de la culture de jouer ce rôle. Peut-on reprocher à la BNF de ne pas avoir mieux associé les autres bibliothèques en France? Oui, peut-être. Mais revenir sur le passé n'est pas dans ma philosophie. Regrettez-vous l'accord entre Google et la bibliothèque de Lyon, qui donne 25 ans d'exclusivité aux Américains? C'est une erreur, on ne peut rien y faire, ce n'est pas du ressort du ministère de la culture et de la communication. Cet accord, il faut se remettre dans le contexte de l'époque pour le juger. Il y avait un consensus local autour de Google. Comment vont être distribués ces 750 millions? C'est un levier formidable. Un organisme gérera cette manne. Je préconise qu'il s'agisse d'un groupement d'intérêt public organisé autour de quatre établissements: la BNF, la Réunion des musées nationaux, le Centre national du cinéma, l'Institut national de l'audiovisuel. A eux de l'utiliser, sous le contrôle de l'Etat, pour des projets précis, en partenariat avec le privé. Revoilà donc Google? Ce n'est pas impossible. Mais encore une fois, il peut y en avoir d'autres, y compris que l'on ne connaît pas encore. Comme des PME françaises parfaitement compétentes pour numériser des œuvres. Votre philosophie sera-t-elle entendue à Bruxelles et dans les autres pays européens? Des bibliothèques en Europe ont signé avec Google et Viviane Reding, commissaire européen chargée de l'information et des médias, était au départ proche de Google. Mais je sens que le climat est en train de changer. J'ai même l'impression que notre position est devenue majoritaire. Nous allons soumettre le rapport Tessier à nos partenaires pour voir où nous en sommes. Christine Albanel, l'ancienne ministre de la culture, à qui le premier ministre vient de confier une mission sur le livre numérique, va-t-elle remplacer Bruno Racine à la présidence de la BNF, comme on le dit avec insistance? Je proposerai, en temps utile, mon choix au président de la République. Pensez-vous que vous serez encore ministre de la culture après les élections régionales de mars? J'ai fait des gaffes, et des médiatiques. Mais pas des erreurs. Et pas une seconde je ne doute que la confiance que m'accorde le chef de l'Etat ne soit renouvelée. Propos recueillis par Michel Guerrin et Nathaniel Herzberg
12/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/12/la-revolution-numerique-selon-frederic-mitterrand_1290461_3246.html
"Sarkozy ordonne une mission pour ""refonder"" la médecine libérale"
Nicolas Sarkozy a annoncé, mardi 12 janvier, avoir demandé au président du Conseil national de l'ordre des médecins un "état des lieux" de la médecine libérale.
Nicolas Sarkozy a annoncé, mardi 12 janvier lors de ses vœux au monde de la santé à Perpignan, avoir demandé au président du Conseil national de l'ordre des médecins d'opérer un "état des lieux" de la médecine libérale et de lui faire des propositions à la fin de mars pour la "refonder". "La médecine libérale doit être refondée à l'heure même où les demandes qui lui sont adressées n'ont jamais été aussi nombreuses, a déclaré M. Sarkozy, c'est un enjeu immense." "Je souhaite confier une mission d'état des lieux et de propositions à une personnalité reconnue, le Dr Michel Legman, président du conseil national de l'Ordre des médecins. Il faut inventer un nouveau modèle de soins de premier recours, qui fasse toute sa place à la médecine libérale, un modèle attractif", a jugé le chef de l'Etat. Parmi les "orientations" suggérées au Dr Legman, qui devra rendre ses propositions "fin mars", Nicolas Sarkozy a notamment estimé qu'il fallait "simplifier la vie du praticien", "favoriser l'effort de formation des médecins", autoriser "la possibilité d'exercer dans des maisons de santé, des centres de soins ambulatoires" et "faciliter la mobilité des médecins". Il a aussi insisté sur "la coopération avec les autres professionnels de santé". "Les pharmaciens d'officine, les infirmières libérales sont une composante de l'offre de soins de premier recours. Les médecins généralistes ont intérêt à partager le premier recours avec ces autres professions", a estimé M. Sarkozy. GRIPPE A : "LE GOUVERNEMENT N'EN A PAS TROP FAIT" Le président Nicolas Sarkozy a également de nouveau défendu les mesures prises par le gouvernement français face à l'épidémie de grippe A(H1N1), dont un programme massif de vaccination controversé. Il a estimé que le gouvernement avait fait "ce qu'il fallait" pour protéger la population, malgré les reproches de commentateurs et de responsables politiques, en particulier dans l'opposition. Il a dit assumer les décisions, très critiquées, notamment par l'opposition, de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, qui l'accompagnait et à qui il a renouvelé son soutien. "Le gouvernement a tenu le cap et a fait ce qu'il fallait pour protéger la population." "Il semble que le virus de la grippe A(H1N1) s'avère moins dangereux que ce que tous les experts prévoyaient en septembre : tant mieux", a ajouté le chef de l'Etat, qui a cependant souligné que l'hiver n'était pas fini et demandé qu'aucune conclusion définitive ne soit tirée en la matière. Il a défendu la décision de Roselyne Bachelot d'annuler la commande de 50 millions de doses de vaccins sur les 94 millions initialement commandées. "Le gouvernement n'en a pas trop fait", a déclaré Nicolas Sarkozy, qui a dit avoir une "pensée particulière" pour les deux cent cinquante personnes décédées de la grippe A(H1N1) et leurs familles. "Le gouvernement a pris les décisions qui s'imposaient pour tenir compte du fait que la vaccination nécessite une seule injection" au lieu de deux initialement prévues, a-t-il ajouté. "Que m'auriez-vous dit si nous avions manqué de vaccins ?" Il a rappelé qu'en 2003 le ministre de la santé de l'époque, Jean-François Mattei, avait dû démissionner pour ne pas avoir su anticiper les conséquences de la canicule estivale sur la mortalité des personnes les plus vulnérables. Il a également rappelé la "douloureuse affaire" du sang contaminé par le virus du sida sous le gouvernement socialiste de Laurent Fabius, dans les années 1980, estimant que les bonnes décisions n'avaient pas, alors, été prises au bon moment. "Mon devoir de chef de l'Etat c'est de tenir compte des erreurs qui ont été faites dans le passé pour qu'elles ne se reproduisent pas", a poursuivi Nicolas Sarkozy. "A quoi cela sert-il d'avoir inscrit dans la Constitution, à la demande de mon prédécesseur [Jacques Chirac, Ndlr], le devoir de précaution si on ne prend pas de précautions ?" "On a trop de vaccins ? Eh bien on annule les commandes (...). On revendra ceux qu'on a en trop, mais il n'y a pas un seul Français qui pourra dire à un ministre de la santé : 'Je voulais être vacciné, je n'ai pas pu être vacciné.'" "Voilà la différence entre ceux qui commentent et ceux qui agissent, a-t-il conclu. Et je préfèrerai toujours être trop prudent pour la santé des autres plutôt que pas assez."
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/sarkozy-ordonne-une-mission-pour-refonder-la-medecine-liberale_1290771_823448.html
A Téhéran, le procès des anciens responsables de la communauté religieuse bahaïe devrait s'ouvrir
Ce groupe dissident de l'islam, persécuté en Iran, est accusé d'"espionnage au profit d'Israël".
L'offensive judiciaire du gouvernement iranien à l'encontre de la communauté religieuse des bahaïs pourrait se préciser cette semaine. Deux procès, mettant en cause des membres de cette communauté de 300 000 personnes, régulièrement persécutée par les autorités iraniennes depuis son apparition au XIXe siècle, sont annoncés dans les prochains jours. L'un, maintes fois reporté, devait s'ouvrir mardi 12 janvier, selon la représentante de la communauté bahaïe auprès des Nations unies, Diane Ala'i. Il devrait concerner sept bahaïs, âgés de 37 à 76 ans, emprisonnés depuis vingt mois à la prison d'Evin de Téhéran. L'arrestation de ces responsables bahaïs, en 2008, avait décapité la communauté, dont les structures officielles ont été dissoutes après la révolution de 1979. Réorganisés en "groupes ad hoc" avec l'aval des gouvernements iraniens successifs, les bahaïs ont à nouveau vu leurs structures interdites au début de l'année 2009. Les responsables de ce groupe religieux dissident de l'islam sont accusés d'"espionnage au profit d'Israël" et d'avoir agi "contre l'intérêt national". Cette charge est récurrente à l'encontre de ces fidèles, dont le centre spirituel mondial est situé à Haïfa, au nord d'Israël. Egalement considérés comme "des ennemis de Dieu", ils risquent la peine de mort. L'un de leurs avocats, Abdolfattah Soltani, est le principal animateur du Centre des droits de l'homme de Téhéran fondé par la détentrice du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, et lui-même régulièrement incarcéré par les autorités iraniennes. Selon Amnesty International, les sept accusés sont des "prisonniers d'opinion, détenus uniquement en raison de leurs convictions ou de leurs activités non violentes en faveur de la communauté bahaïe". Si ce procès a lieu, il pourrait être concomitant avec celui de dix autres personnes de la communauté bahaïe, arrêtées plusieurs jours après les affrontements qui ont eu lieu lors de la fête religieuse de l'Achoura le 27 décembre, dans le cadre des manifestations antigouvernementales qui secouent le pays depuis l'élection présidentielle de juin 2009. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées à cette occasion. Boucs émissaires Le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi, avait annoncé, le 9 janvier, que le procès des bahaïs serait organisé "dans la semaine". "Ils n'ont pas été arrêtés parce qu'ils sont bahaïs mais parce qu'ils ont joué un rôle dans l'organisation des récentes manifestations, notamment pour avoir envoyé des images des troubles à l'étranger", a-t-il précisé, ajoutant que "des armes et des munitions avaient été découvertes au domicile de certains d'entre eux". "Nous démentons ces faits, assure Mme Ala'i, les bahaïs n'ont pas le droit de recourir à la violence." "Il s'agit là d'une offensive très forte du gouvernement qui, après avoir rendu les médias étrangers puis les gouvernements étrangers responsables des mécontentements dans le pays, met aujourd'hui la responsabilité sur les bahaïs", ajoute-t-elle. Les bahaïs, qui considèrent Bahaullah, né en 1817, comme le dernier prophète envoyé par Dieu, alors que les musulmans estiment qu'il s'agit de Mahomet, sont, de manière récurrente, pris pour boucs émissaires par les autorités iraniennes. Pour le médecin psychiatre bahaï Fouad Sabeyran, cela avait déjà été le cas au début du XXe siècle, pendant la révolution constitutionnelle, sous les Qadjars, mais aussi au début des années 1930, avec la fermeture de dizaines d'établissements d'enseignement supérieur ouverts par les bahaïs, ainsi que, en 1953, après le coup d'Etat qui renversa le premier ministre nationaliste Mohammad Mossadegh. Aujourd'hui, 48 bahaïs sont emprisonnés en Iran, selon Mme Ala'i. Les dix dernières personnes arrêtées n'ont pas pu avoir de contact avec leur famille ou avec un avocat. Stéphanie Le Bars et Virginie Riva
12/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/12/a-teheran-le-proces-des-anciens-responsables-de-la-communaute-religieuse-bahaie-devrait-s-ouvrir_1290592_3218.html
Le Hamas palestinien, incité à se réconcilier avec le Fatah, réexamine ses alliances
Affaibli par le désenchantement des Gazaouis et la déstabilisation du régime iranien, le mouvement islamiste se tourne vers l'Arabie saoudite.
Depuis sa prise de pouvoir à Gaza en juin 2007, le Hamas n'a jamais été aussi isolé. Sa férule sur la bande de terre n'est pas en cause, les autres partis politiques palestiniens, comme le Fatah et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), en témoignent. De Jabaliya au nord, à Rafah au sud, les drapeaux verts du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), omniprésents, ne laissent que de rares apparitions aux couleurs palestiniennes. Il en est de même des libertés politiques : "Le Hamas, jusqu'à présent, ne nous attaque pas. Nos activités sont libres dans les limites qu'il nous a imposées. Nos militants gardent donc leurs armes chez eux", résume Rabah Mohanna, chef du bureau politique du FPLP. Les nuages ne viennent donc pas du front intérieur, même si les commentaires des Gazaouis tendent à dresser le tableau d'une nette érosion de la popularité du Hamas. Ce qui est en cause, c'est sa stratégie et ses alliances. Le Mouvement de la résistance islamique est en difficulté sur au moins quatre fronts : les négociations piétinent pour un accord avec Israël à propos de la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit, détenu à Gaza depuis 2006, alors qu'il table sur un accord pour affaiblir le Fatah ; contrairement au parti de Mahmoud Abbas, le Hamas refuse toujours de signer le document égyptien devant servir de base à la réconciliation palestinienne. La décision du Caire de construire une barrière métallique souterraine le long du "couloir de Philadelphie", pour lutter contre les tunnels creusés sous la frontière égyptienne, constitue une menace économique vitale ; enfin, l'aggravation de la crise politique en Iran, parrain financier et militaire traditionnel du Hamas, ouvre une période aléatoire. "Israël continuera son blocus tant que le Hamas sera seul au pouvoir à Gaza", estime Ahmed Youssef, conseiller politique d'Ismaïl Haniyeh, premier ministre du gouvernement du Hamas. L'Etat juif, poursuit-il, ne conclura pas d'accord sur Gilad Shalit, "parce que ce serait perdre un argument pour poursuivre le blocus. De toute façon, nous n'accepterons pas l'exil des prisonniers palestiniens (qu'Israël exige pour au moins cent vingt d'entre eux hors de la Cisjordanie), donc je ne pense pas qu'il y aura bientôt un accord sur Shalit." Les négociations palestiniennes représentent, d'autre part, un risque politique pour un Hamas en perte de vitesse. Il y a au moins trois raisons à cette désillusion populaire : le chômage et la pauvreté s'accentuent ; l'aura du Hamas comme seul parti de la résistance à l'"occupant sioniste" est en passe de s'effacer avec la prolongation de la trêve militaire de fait qui se prolonge avec Israël ; enfin, n'ayant pas réussi à muer en parti de gouvernement, le Hamas gère la vie quotidienne de 1,4 million de Gazaouis comme un parti islamique qui a surtout recours au harcèlement policier. "Le Hamas, résume un diplomate européen, ne veut pas signer la "feuille de route" égyptienne, parce qu'il ne souhaite pas affronter les élections palestiniennes en position de faiblesse." Homme d'affaires et éditorialiste, Sami Abdel Chafi constate que, sur ce point, il y a un consensus non avoué : "Les Américains, comme les Israéliens, ne poussent pas en faveur de cette réconciliation, parce qu'ils ne veulent pas d'un gouvernement d'union nationale palestinien qui comprendrait des ministres du Hamas." Le Caire incite-t-il, à sa manière, le Hamas à accepter un compromis avec le Fatah ? Selon cette logique, si le terminal de Rafah, seul point de passage officiel avec l'Egypte, était grand ouvert, le parti islamique serait encore moins enclin au compromis avec le Fatah. De là à resserrer progressivement l'étau sur Gaza, comme le souhaitent les Etats-Unis, il y a une marge. Car si l'"économie des tunnels" périclite, ce n'est pas l'appareil politique du Hamas qui en souffrira, mais plus certainement la population gazaouie. Le Hamas a réagi en appelant à la solidarité arabe. Khaled Mechaal, le chef du bureau politique réfugié à Damas, s'est rendu le 5 janvier, à Riyad, pour rencontrer les dirigeants saoudiens. Ce voyage avait un double but : obtenir du royaume qu'il intervienne auprès du président égyptien Hosni Moubarak, afin que celui-ci renonce à "murer" Gaza ; se rapprocher de l'Arabie saoudite au moment où l'Iran est entré dans un processus politique incertain. "J'ai demandé à Khaled Mechaal si son mouvement se tenait aux côtés des Arabes ou aux côtés d'autres", a indiqué le ministre saoudien des affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, en faisant allusion à l'Iran. L'Arabie saoudite ne refuserait pas de verser une aide financière au Hamas, explique Rabah Mohanna, mais elle y met deux conditions : que le Mouvement de la résistance islamique accepte la réconciliation palestinienne, et qu'il use de son influence supposée au Yémen pour contribuer à désamorcer la rébellion houthiste du nord qui inquiète Riyad. Rien n'indique que Khaled Mechaal ait eu gain de cause. "L'Iran nous apporte un soutien important, financier, moral et politique, ce qui n'est pas le cas de pays arabes, victimes de leur alliance avec les Etats-Unis", rappelle le Ahmed Youssef. Il n'empêche : avec l'Iran victime de convulsions politiques, et l'Egypte qui privilégie son alliance américaine à sa solidarité arabe, l'avenir de Gaza et du Hamas sont incertains. Laurent Zecchini et Laurent Zecchini
12/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/12/le-hamas-palestinien-incite-a-se-reconcilier-avec-le-fatah-reexamine-ses-alliances_1290583_3218.html
Al-Qaida au Maghreb islamique lance un ultimatum à la France
L'organisation qui a enlevé Pierre Camatte au Mali exige la libération de quatre de ses membres.
Sept semaines après l'enlèvement de Pierre Camatte, 61 ans, un retraité français, dans l'est du Mali, les menaces proférées par le groupe islamiste qui affirme le détenir et ses revendications, rendues publiques dimanche 10 janvier par des sites américains de surveillance de la menace terroriste, confirment la volonté de la nébuleuse Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) de transformer la bande sahélo-saharienne en zone d'affrontement avec les Occidentaux. S'adressant à l'opinion publique française, le groupe lui demande de "faire pression sur le gouvernement Sarkozy pour l'empêcher de commettre la même bêtise que Gordon Brown contre ses citoyens britanniques", selon le texte rapporté par le site de l'organisation non gouvernementale Search for International Terrorist Entities. La phrase fait référence à l'assassinat, en juin 2009, par le groupe qui détient Pierre Camatte, d'Edwin Dyer, un touriste britannique, suite au refus de Londres de céder à son chantage. Cette fois, les preneurs d'otages exigent la libération "dans les vingt jours" de quatre islamistes - un Algérien, un Burkinabé et deux Mauritaniens - incarcérés au Mali ainsi que "beaucoup d'argent", selon une source citée par l'AFP. Même si l'authenticité des messages reste difficile à vérifier, la menace est prise au sérieux tant à Paris qu'à Bamako. Officiellement, le silence radio est de mise : "Nous ne commentons pas de telles déclarations", a laconiquement indiqué, lundi, le Quai d' Orsay, en s'affirmant "pleinement mobilisé" par la situation de Pierre Camatte. Mais une autre source française précisait : "La revendication, si elle n'a rien de surprenant, confirme les raisons d'être inquiets. Car on connaît le groupe responsable et ses méthodes." Le fait que l'otage français soit originaire de France, pays stigmatisé comme colonisateur et antimusulman par les islamistes, en fait un symbole particulier. Trois Espagnols et deux Italiens enlevés en Mauritanie en novembre et en décembre sont entre les mains d'autres groupes islamistes. A Bamako, une personnalité proche du pouvoir analyse : "Al-Qaida tente d'entraîner le Mali et les Occidentaux dans le piège de la radicalisation. Ils cherchent à créer un nouveau front pour attirer la présence de forces étrangères qui, elle-même, légitimerait leur action." Pour ne pas tomber dans ce "piège", la difficulté consiste à engager la riposte sans le crier sur les toits. Les autorités maliennes, alarmées par la mauvaise image touristique donnée par ces événements, ont engagé des négociations avec des intermédiaires, via des édiles locaux, pour obtenir la libération de Pierre Camatte, dont le profil - Français et engagé dans l'aide au développement - est emblématique de la tradition d'accueil dont se réclame le pays. En avril 2009, deux prisonniers islamistes avaient été remis en liberté au Mali contre la libération d'otages occidentaux. La France reproche au président malien Mamadou Toumani Touré la fragilité de son armée et sa difficulté à s'engager dans une stratégie claire. Discrètement, Français et Américains coordonnent leur présence militaire dans les pays du Sahel. Pas question officiellement de bases permanentes, mais d'appui logistique, de fourniture de matériels de communication et d'entraînement d'hommes. Le Mali était d'ailleurs l'un des points à l'ordre du jour de la visite, le 6 janvier à Paris, du général américain William Ward, patron du commandement pour l'Afrique (Africom) créé en 2007. Oscillant entre manifestation d'inquiétude à propos des "foyers d'instabilité" en Afrique et souci de rassurer des Africains peu désireux de servir de terrain d'affrontement, il a assuré que les Américains n'étaient pas sur le continent "avec des bataillons de soldats qui se déploieraient un peu partout", mais opéraient "en partenariat" avec les pays pour leur permettre d'"accroître leurs compétences" et d'"affronter les menaces terroristes". Mais les Américains ont dû renoncer à implanter sur le sol africain le quartier général de l'Africom situé à Stuttgart (Allemagne). Les Français ne seraient "pas fâchés" de les voir s'installer à Monrovia (Liberia). Mais les rares pays africains candidats ont jeté l'éponge après avoir subi d'intenses pressions, non seulement de la part de la Libye, mais du Nigeria et de l'Afrique du Sud, qui n'ont aucune intention de laisser l'armée américaine prendre racine sur le continent. Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Philippe Bernard
12/01/2010
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2010/01/12/al-qaida-au-maghreb-islamique-lance-un-ultimatum-a-la-france_1290584_3210.html
Au Brésil, la mémoire des années de plomb revient sur le devant de la scène
La création d'une Commission de la vérité sur les crimes de la dictature militaire divise le gouvernement Lula.
Les années de plomb où sévissait la dictature militaire (1964-1985) se rappellent au souvenir des Brésiliens. Vingt-cinq ans après le retour de la démocratie, la volonté du gouvernement de faire la lumière sur les crimes commis par les agents de l'Etat divise la coalition de centre gauche au pouvoir et provoque une tension sans précédent entre le président Luiz Inacio Lula da Silva et les chefs de l'armée. La crise trouve son origine dans la signature, le 21 décembre 2009, par le chef de l'Etat d'un décret lançant le IIIe Programme national des droits de l'homme. Ce texte est un long catalogue qui préconise l'adoption de quelque 500 mesures et le vote de 27 lois nouvelles touchant à tous les domaines. Il doit être présenté au Congrès au plus tard en avril 2010. Le document contient deux directives que les militaires jugent inacceptables, au moins dans leur formulation : la création d'une Commission de la vérité chargée d'examiner les crimes perpétrés "dans le contexte de la répression politique", une innovation selon eux, "excessivement insultante, agressive et revancharde" ; le dépôt de projets de loi proposant "une révocation des textes contraires aux droits humains adoptés entre 1964 et 1985" et qui restent en vigueur. L'expression "répression politique", souligne l'armée, signifie que seuls les actes commis par les forces de l'ordre seront la cible de cette opération vérité. Ils proposent de la remplacer par le terme "conflit politique", ce qui permettrait d'examiner aussi les actions menées par les militants d'extrême gauche qui avaient choisi de combattre la dictature les armes à la main. Parmi ces activistes des années de plomb figurent, par exemple, la ministre Dilma Rousseff, la dauphine choisie par le président Lula pour briguer sa succession en octobre. Quant à l'annulation de certains textes, l'armée redoute qu'elle vise en priorité la loi d'amnistie votée en août 1979. Elle rappelle que la Constitution de 1988 a consacré l'amnistie et que réviser cette loi, fut-ce partiellement, et de manière rétroactive, serait illégal. Pour bien marquer leur détermination, les chefs des trois armes ont menacé, fin décembre, de démissionner en bloc, imités par le ministre de la défense, Nelson Jobim. Le président Lula, qui n'avait pas lu le détail des textes, leur a promis de les modifier. Rentré de vacances, lundi 11 janvier, il a ordonné à ses ministres de ne plus s'exprimer sur ce sujet. Le chef de l'Etat estime que le sort de la loi d'amnistie doit être tranché par la justice et non par le pouvoir exécutif. La Cour suprême, saisie par l'ordre des avocats du Brésil, devra notamment décider si les tortures peuvent, ou non, être amnistiées. En attendant, le président devra rendre un arbitrage difficile entre l'armée, qu'il a toujours pris soin de ménager, et Paulo Vannuchi, le ministre chargé du secrétariat aux droits de l'homme (SEDH), un ami de trente ans. Ce dernier a menacé lui aussi de démissionner, si le programme qu'il a parrainé était défiguré, pour complaire à l'armée, au point de ressembler à un "laideron politique". "Des ajustements sont possibles, a-t-il ajouté, mais il y a des limites." L'affaire attire l'attention sur l'exception brésilienne, seul pays post-dictatorial d'Amérique du Sud à n'avoir demandé aucun compte à ses anciens oppresseurs. La loi de 1979 avait couvert les militaires, les policiers et les opposants engagés dans la lutte armée. Elle avait entraîné la libération des derniers détenus politiques et le retour de milliers d'exilés. En amnistiant tous ceux qui avaient commis, entre 1961 et 1979, "des crimes politiques et connexes", la loi a profité en même temps aux persécuteurs et aux persécutés, aux prisonniers et à leurs tortionnaires. Elle a permis à ces derniers d'échapper à la justice. Votée six ans avant la fin de la dictature, à la grande satisfaction des opposants de l'époque qui la saluèrent comme une victoire, l'amnistie avait été perçue comme l'annonce du retour progressif à la démocratie. Depuis, le pays n'a jamais vraiment débattu des séquelles de cette période. En Argentine et au Chili, où sévirent à l'époque des dictatures, il est vrai autrement plus féroces, les gouvernements ultérieurs ont considéré comme illégitimes, au nom de la justice, les amnisties décidées par les militaires en les tenant pour des "auto-amnisties". En Argentine, où la loi a été abolie, des militaires auteurs de crimes ont été jugés et condamnés. Au Chili, la loi a survécu mais des criminels ont également comparu devant la justice. Au Brésil, environ 400 opposants à la dictature sont morts ou ont disparu. Leurs familles, pour qui ce passé "ne passe pas", demandent qu'on fasse la lumière sur ces drames au nom du droit à la vérité historique. Ils exigent l'ouverture des archives militaires. L'armée rechigne, en affirmant que celles-ci ont été brûlées ou perdues. Ces familles reprochent au président Lula de n'avoir jamais daigné les recevoir. Leur voix rencontre un écho grandissant. La manière dont cette affaire évoluera, en cette année électorale cruciale pour le pouvoir, montrera si le Brésil est prêt à regarder son passé en face pour renforcer encore plus sa démocratie. Sur le Web : le site du secrétariat aux droits de l'homme (en portugais), www.sedh.gov.br. Jean-Pierre Langellier
12/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/12/au-bresil-la-memoire-des-annees-de-plomb-revient-sur-le-devant-de-la-scene_1290582_3222.html
Une centaine de morts par jour au Brésil
Chaque jour, cent personnes meurent, en moyenne, sur les routes du Brésil.
Selon les chiffres du ministère de la santé, portant sur l'année 2008, et dont la presse s'est fait l'écho mercredi 6 janvier, les accidents de la circulation ont fait 36 666 victimes, soit, précisent les journaux, l'équivalent du nombre de passagers de 90 Boeing 747. Sans oublier le nombre de blessés graves - près de 370 000 - qui ont besoin d'une assistance médicale pendant au moins six mois. Le Brésil est l'un des champions du monde de l'hécatombe routière. Près de deux accidents sur trois ont lieu pendant les week-ends. Deux victimes sur trois meurent sur le coup ou le jour même de l'accident. 95 % des conducteurs responsables d'accidents mortels sont des hommes. Les jeunes, âgés de 20 à 29 ans, paient le plus lourd tribut. Ils représentent 50 % des motocyclistes tués et 37 % de l'ensemble des victimes. Ce triste record résulte en partie de la forte augmentation, dans ce pays de 190 millions d'habitants, du parc automobile et de celui des deux-roues. La hausse du niveau de vie et l'accès de la classe moyenne au crédit ont fait exploser les ventes de voitures. Quatre millions de véhicules en tous genres circulent quotidiennement à Sao Paulo, la plus grande ville du Brésil. Infrastructures à la traîne Les infrastructures sont à la traîne. Le réseau autoroutier manque cruellement de radars et d'équipements de signalisation adéquats. Selon une étude officielle, les virages dangereux, les limitations de vitesse et les interdictions de dépassement sont mal, ou pas du tout, indiqués sur un tiers des routes fédérales. "Il n'existe aucun programme gouvernemental de prévention des accidents", observe Paulo Fleury, expert de l'université de Rio de Janeiro. L'impunité, qui est la règle, aggrave le problème. Selon une autre enquête, la compagnie qui gère le trafic à Sao Paulo ne parvient à réprimer par une amende qu'une infraction sur 17 000. La loi "sèche" qui prohibe depuis juillet 2008 toute consommation d'alcool au volant n'a eu pour l'instant qu'un impact limité. Pour combattre le fléau routier, les experts recommandent quelques mesures de bon sens susceptibles d'améliorer la qualité des voies et de la circulation : boucher les nombreux trous qui défigurent les chaussées, repeindre régulièrement les passages piétonniers, créer des pistes cyclables, améliorer l'éclairage, mettre hors service les véhicules en mauvais état, qui sont à l'origine de la moitié des infractions. Le gouvernement devra aussi lancer une campagne d'éducation, et ce dès le plus jeune âge. Car 98 % des accidents résultent d'une erreur humaine, dont 88 % d'un excès de vitesse. Une statistique que tout un chacun peut vérifier en permanence, notamment dans les grandes villes, où les autobus roulent à tombeau ouvert et où nombre de piétons traversent la chaussée n'importe où dans la plus grande inconscience. Jean-Pierre Langellier
12/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/12/une-centaine-de-morts-par-jour-au-bresil_1290579_3244.html
Le plan de l'ONU pour combattre l'insécurité routière
Un dispositif pour aider les pays pauvres à sauver cinq millions de vies en dix ans devrait être présenté début mars.
Sauver cinq millions de vies en dix ans : c'est l'ambition du plan de lutte contre l'insécurité routière que finalise l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève. Le texte devrait être présenté à l'Assemblée générale des Nations unies début mars. L'ONU pourrait alors décréter, sur la base de ce plan, une "décennie de la sécurité routière", avec pour objectif de diviser par deux le nombre de tués sur les routes. Une motorisation rapide et anarchique a fait de la violence routière un fléau des pays pauvres. 90 % des 1,3 million de personnes tuées chaque année dans des accidents de la circulation sont dans le monde en développement. Si rien n'est fait, la route tuera 2,4 millions de personnes par an en 2030. Pour enrayer l'hécatombe, l'OMS a mis au point un dispositif qui fait le pari risqué de la pédagogie contre des exigences chiffrées et des engagements contraignants. "L'idéal aurait été de fixer directement des objectifs de baisse de la mortalité. Mais dans de nombreux pays, nous n'avons pas d'idée exacte du nombre de décès", observe Etienne Krug, le directeur de la prévention de la violence et des traumatismes à l'OMS. "Nous allons donc définir des objectifs d'amélioration des règles nationales et de leur mise en oeuvre." Beaucoup reste à faire. Selon l'OMS, "peu de pays disposent d'une législation globale et bien appliquée" en matière de limitation de la vitesse en ville à 50 km/h, du taux légal d'alcoolémie à 0,05 gramme par décilitre de sang, de port obligatoire du casque ou de ceintures de sécurité, d'installation de sièges pour enfants. Ces points formeront l'un des cinq piliers du plan préparé pour l'ONU. "Il y a également un volet management, pour s'assurer que quelqu'un est bien responsable de la coordination des questions de sécurité routière et qu'un système de collecte des données existe, ce qui n'est pas encore le cas dans tous les pays", précise M. Krug. S'y ajoutent un pilier consacré à la qualité des infrastructures routières, un autre à celle des véhicules, enfin des exigences concernant la prise en charge des accidentés. Autant de grilles de référence laissées à la bonne volonté des pays. "Ce texte n'aura jamais de pouvoir contraignant : cela demanderait des négociations longues et incertaines, comme on l'a vu sur le climat. Et il n'est pas certain qu'on ait besoin de cette contrainte : la prise de conscience pourrait suffire. Certains pays sont à la traîne. On peut leur faire gagner du temps à la fois en stimulant la volonté politique des gouvernants et en les informant sur les bonnes pratiques." Ce dispositif s'inscrit dans la suite de la première conférence ministérielle mondiale sur le sujet, qui s'est tenue à Moscou, les 19 et 20 novembre 2009. Les représentants de 140 pays y ont reconnu la violence routière non seulement comme un défi de santé publique, mais comme un enjeu majeur de développement. Ces accidents coûtent aux pays pauvres jusqu'à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB). Ils privent les familles des victimes de revenus, pèsent sur des systèmes de santé fragiles. Selon la Banque mondiale, les pertes économiques dues aux accidents de la route dans les pays du Sud sont estimées entre 65 milliards et 100 milliards de dollars (45 à 69 milliards d'euros) - plus que la totalité de l'aide au développement. Face à ce gâchis, l'aide internationale consacrée à la sécurité routière dans les pays pauvres plafonne à 12 millions de dollars par an. Les agences de développement commencent à peine à se préoccuper de la question. "C'est pourtant un investissement très payant,analyse M. Krug. Pour chaque euro investi dans un programme de port du casque ou de la ceinture, on économise entre 10 et 20 euros en dépenses de santé ou d'investigations liées aux accidents." "L'insécurité routière est une crise mondiale sous-financée", déplore Andrew Pearce, le directeur du Partenariat mondial pour la sécurité routière, une alliance créée par la Banque mondiale et la Croix-Rouge pour faire travailler ensemble les représentants des gouvernements, du secteur privé et de la société civile. L'OMS appelle la communauté internationale à mobiliser 300 millions de dollars pour financer les actions de la décennie de la sécurité routière. Une somme qui semble étonnamment modeste. "Ce n'est pas avec ça qu'on va résoudre le problème. Il faudrait 15 milliards de dollars par an, avance M. Pearce, mais ces 300 millions vont permettre de réaliser des opérations exemplaires, de démontrer localement l'efficacité des vaccins que sont le casque, la ceinture, la limitation de vitesse, et de mobiliser beaucoup d'autres financements nationaux, locaux ou privés." Peut-on faire davantage ? Les acteurs de la sécurité routière appellent les banques de développement, qui consacrent plus de 4 milliards de dollars par an à des projets d'infrastructure routière, à réserver 10 % de ces dépenses à la sécurité : faute d'aménagements élémentaires, jusqu'à 80 % des tués sur la route sont des piétons ou des conducteurs de deux-roues. Sept de ces banques ont promis, en novembre 2009, d'accentuer leur effort en la matière. Sans s'engager sur une règle qui mobiliserait 400 millions de dollars chaque année. Grégoire Allix
12/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/12/le-plan-de-l-onu-pour-combattre-l-insecurite-routiere_1290576_3244.html
Stocks de vaccins antigrippe A : le gouvernement sur la sellette
Les revirements gouvernementaux ont suscité questions et critiques dans l'opposition et la majorité.
La gestion de la pandémie grippale, les commandes de 94 millions de doses de vaccin et les conditions de résiliation de 50 millions de ces doses devaient être au menu de la nouvelle audition de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, mardi 12 janvier, par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. Des élus du Parti socialiste, mais aussi du Nouveau Centre, réclament une commission d'enquête parlementaire sur la réponse gouvernementale à la pandémie. Selon des informations publiées samedi 9 par Le Journal du dimanche, "un accord serait en passe d'être trouvé" entre l'Etat et les fabricants de vaccins, transformant la commande initiale du gouvernement en "un droit de tirage futur auprès des trois laboratoires" : GSK, Norvartis et Sanofi-Pasteur. "L'Etat prendrait l'engagement de commander auprès de ces trois firmes, ses prochains vaccins, en versant dès aujourd'hui des arrhes pour des livraisons futures", indiquait l'hebdomadaire. "Problème de légalité" Du côté du ministère de la santé, comme de celui des industriels, on se refuse à commenter les négociations en cours. En revanche, le député socialiste, Gérard Bapt, s'inquiète des conditions dans lesquelles un accord serait réalisé : "Un engagement de l'Etat à acheter ses futurs vaccins à ces trois laboratoires serait catastrophique. Cela poserait un problème de légalité au regard du code des marchés publics et ce serait politiquement désastreux. Ce dispositif conforterait l'idée d'une collusion entre l'Etat et l'industrie pharmaceutique, au moment où l'Agence européenne du médicament continue à ne pas publier les déclarations de conflit d'intérêts de ses experts et que l'Organisation mondiale de la santé ne communique pas la liste de ses experts sur la grippe." Pendant ce temps, comme d'autres gouvernements étrangers, celui de François Fillon tente de revendre ses excédents. Un contrat, portant sur 2 millions de doses du vaccin Panenza (Sanofi-Pasteur), a été signé le 3 janvier avec l'Egypte. Le prix de vente a été fixé à 12 514 050 euros hors taxe, soit un prix unitaire de 6,25 euros. Le prix d'acquisition était de 6,50 euros. Par ailleurs, il se confirme que les contrats signés avec les fabricants de vaccins allaient plus loin dans l'exonération de leur responsabilité, que les dispositions du code de la santé publique en cas de "menaces sanitaires graves" (Le Monde du 2 novembre 2009). M. Bapt indique avoir reçu des indications du ministère de la santé selon lesquelles, "compte tenu des circonstances exceptionnelles", il était "prévu que l'Etat assume la responsabilité des dommages pouvant découler de l'utilisation ou de l'administration du vaccin" sauf si le produit était défectueux. Selon les informations reçues par le député socialise, "cette nouvelle rédaction, si elle instaure un régime de responsabilité exorbitante du droit commun, apparaissait davantage satisfaisante pour l'Etat que les propositions initiales" des quatre laboratoires. Ces derniers auraient souhaité inclure "les défauts de sécurité, de qualité et d'efficacité des produits". Paul Benkimoun
12/01/2010
epidemie-grippe-a
https://www.lemonde.fr/epidemie-grippe-a/article/2010/01/12/stocks-de-vaccins-antigrippe-a-le-gouvernement-sur-la-sellette_1290580_1225408.html
Alcatel-Lucent veut réduire par mille la consommation des réseaux
L'équipementier français Alcatel-Lucent a lancé en grande pompe, lundi 11 janvier, le consortium "Green Touch" visant à trouver, d'ici cinq ans, les technologies capables de réduire d'un facteur 1 000 la consommation énergétique des réseaux de télécommunications.
"De cette manière, avec l'énergie nécessaire à faire fonctionner le réseau Internet actuel pendant une journée, on pourrait tenir trois ans", s'est enthousiasmé Gee Rittenhouse, un des responsables des Bell Labs, les laboratoires de recherche de l'équipementier. C'est la première initiative de cette ampleur pour un secteur jusqu'à présent davantage préoccupé par la course à la performance que par les économies d'énergie. Une dizaine de partenaires se sont d'ores et déjà ralliés au projet d'Alcatel-Lucent : les opérateurs AT & T (Etats-Unis) et China Mobile (Chine), le Massachusetts Institute of Technology (MIT), le laboratoire français Inria, les industriels Samsung et Freescale. Parmi les premiers chantiers du consortium : les réseaux mobiles, beaucoup trop gourmands. "Quelque 90 % de l'énergie servant à les faire fonctionner est gaspillée", estime M. Rittenhouse. Reste à rallier d'autres partenaires de poids. Parmi les grands absents : Intel, le leader mondial des microprocesseurs, ou le moteur de recherches Google, un des plus grands consommateurs d'électricité du secteur, avec lequel aucun contact n'a encore été pris. Cécile Ducourtieux
12/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/12/alcatel-lucent-veut-reduire-par-mille-la-consommation-des-reseaux_1290631_651865.html
La Grèce, premier défi de la nouvelle Commission européenne
L'Union européenne (UE) est-elle en mesure de s'occuper de ses membres ? La Grèce fait subir à la zone euro sa première épreuve sérieuse depuis sa création il y a dix ans.
L'Union européenne (UE) est-elle en mesure de s'occuper de ses membres ? La Grèce fait subir à la zone euro sa première épreuve sérieuse depuis sa création il y a dix ans. Le désordre financier du pays - son déficit et sa dette publique atteignent respectivement 13 % et 125 % du produit intérieur brut - appelle des mesures urgentes et radicales qu'Athènes ne semble pas prêt à prendre, même si une équipe du Fonds monétaire international devait arriver, mardi 12 janvier, pour apporter une "assistance technique" au gouvernement grec. Et alors que les agences de notation menacent de dégrader la dette souveraine grecque d'un cran supplémentaire, le scénario catastrophe - le défaut de paiement - ne peut être écarté tout à fait. L'approche européenne a été jusqu'à présent cafouilleuse. La raison principale en est que l'UE ne peut promettre à la Grèce un sauvetage financier que les traités gouvernant la zone euro interdisent. Tour à tour et dans le désordre, des responsables européens ont donc tenté de renouer avec la vieille routine du bon et du mauvais flic, soufflant le chaud et le froid en espérant que cela suffirait à inciter le gouvernement grec à adopter un programme économique plus sérieux. L'Union doit convaincre la Grèce, qui doit à son tour convaincre les marchés. Mais seule la nouvelle Commission européenne peut dans les faits jouer ce rôle. La Banque centrale européenne (BCE) suit la situation avec attention, mais ne peut pas faire grand-chose. Pire, la BCE pourrait même involontairement jeter de l'huile sur le feu si une nouvelle dégradation de la dette grecque empêche ce pays d'accepter les titres en garantie des aides qu'elle accorde à son guichet de liquidités. Les dirigeants des pays européens ne sont quant à eux pas en mesure de donner des leçons de rigueur budgétaire alors qu'ils gèrent tant bien que mal les déficits béants engendrés par leurs plans de soutien à l'économie. Enfin l'Espagne, qui vient de prendre la présidence de l'Union, est réduite au silence : sa situation financière en fait le prochain pays à problèmes de la zone euro. Le rôle de Père Fouettard La nouvelle Commission, dont le Parlement européen n'a pas encore approuvé la nomination, doit donc assumer le rôle de Père Fouettard. Et il y a deux manières de le faire. La première consisterait à contourner les traités et à offrir à la Grèce une aide financière, ce qui créerait un précédent redoutable et ne peut être envisagé qu'en dernier ressort. La solution la plus simple serait que Bruxelles exerce une pression ferme pour que la Grèce adopte un plan crédible. Si Athènes joue le jeu, le simple "visa" de la Commission à un plan sérieux pourrait être suffisant pour changer le sentiment des marchés. Et l'exécutif européen pourrait d'un coup affirmer à la fois son autorité politique et sa crédibilité. Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com. Pierre Briançon
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/la-grece-premier-defi-de-la-nouvelle-commission-europeenne_1290632_3234.html
"Le ""conquistadores"" Heineken et l'eldorado latino-américain"
Heineken, le groupe néerlandais, a déployé une habileté d'orfèvre pour s'emparer des activés "bière" du groupe mexicain Femsa.
Si sa proposition s'est révélée plus alléchante que celle de son rival britanno-sud-africain SABMiller, elle reste cependant cohérente avec les prix consentis aujourd'hui pour accéder à des marchés sud-américains en plein développement. Comme elle consiste exclusivement en un échange d'actions, elle permet à Heineken de maîtriser son endettement et à la famille des fondateurs de conserver la direction de l'entreprise. La société lorgnait sur les parts de marchés supplémentaires que Femsa pouvait lui procurer dans des pays émergents, mais il était hors de question pour le groupe néerlandais de proposer du numéraire, car le poids des dettes contractées précédemment pour financer d'autres acquisitions était déjà élevé. Les investisseurs craignaient qu'Heineken ne vienne les solliciter pour lever des capitaux frais. En bouclant l'accord avec Femsa, le brasseur évite aussi cette difficulté. Coup double Car Heineken a trouvé une solution astucieuse en achetant Femsa avec des actions de son entité opérationnelle Heineken NV d'une part, de sa holding Heineken Holding d'autre part. Le groupe mexicain aura droit à 20 % des bénéfices et à deux sièges au conseil d'administration du groupe néerlandais. De son côté, la famille Heineken gardera la mainmise sur Heineken NV, puisqu'elle en détiendra encore un peu plus de 50 % des parts. En outre, Femsa étant lié pour cinq ans, la stabilité de l'actionnariat de Heineken est assurée. L'opération va propulser le brasseur néerlandais aux rangs de numéro deux du secteur au Mexique - le quatrième marché de la bière au monde en termes de rentabilité - et de numéro trois au Brésil, qui, en taille suit le marché américain. Heineken a aussi bien l'intention d'en profiter pour augmenter ses exportations vers les Etats-Unis et renforcer ainsi ses positions dans un pays où la consommation de la population latino-américaine est en pleine ascension. Tous ces avantages ont un prix. L'offre de Heineken valorise Femsa à 7,6 milliards de dollars (5,2 milliards d'euros), soit 11,2 fois son excédent brut d'exploitation. Le coefficient est toutefois cohérent avec d'autres rachats conclus dans le secteur, comme l'acquisition du colombien Bavaria par SABMiller en 2005, même si Heineken mettra plus de six ans à récupérer sa mise. Et puis, on ne sait pas encore à combien s'élèvera le coût définitif de la manoeuvre. Heineken doit racheter 29 millions d'actions au cours des cinq prochaines années pour les transférer à Femsa. Si le cours de son titre en Bourse continue de progresser, le total de la facture... fera de même. En fait, cette façon de différer le règlement constitue une garantie pour les actionnaires : le montant final de l'addition dépendra en partie de la capacité du groupe à atteindre les objectifs annoncés. L'aventure sud-américaine n'est donc pas sans risque. (Traduction de Christine Lahuec.) Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com. Alexander Smith
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/le-conquistadores-heineken-et-l-eldorado-latino-americain_1290622_3234.html
Micmac en Sologne
A Salbris, une famille de propriétaires forestiers s'oppose à la création d'une plate-forme logistique. Hobereaux contre prolos ? Au pays de "Raboliot", l'affaire déchaîne les passions.
Une simple histoire de voisinage. S'il fallait résumer en peu de mots l'affaire Prologis qui enflamme la Sologne depuis cinq ans, ceux-ci suffiraient : une simple histoire de voisinage, oui, avec, d'un côté de la route, une friche industrielle promise à la réindustrialisation, de l'autre, une immense propriété privée, dotée d'un château du XVIIe siècle. Ajoutez la perspective d'un millier de camions par jour, de plusieurs centaines d'emplois à la clé, d'un site classé Seveso 2, d'un maire défendant bec et ongles son projet, d'une famille de riverains ne s'en laissant pas conter... Enrobez le tout d'un climat très "lutte des classes". Pimentez, enfin, avec des recherches historiques sur les conditions dans lesquelles le château en question a été acquis sous l'Occupation. S'il était encore en vie, Maurice Genevoix, le père de Raboliot, ferait un roman formidable de cette affaire pas si simple. Laquelle, pour l'heure, se contente d'alimenter la chronique judiciaire à un rythme soutenu. Au tout départ, il y a Giat Industries. Ou plutôt, il y avait. Le groupe d'armement terrestre possédait à Salbris (Loir-et-Cher), en pleine forêt, l'un de ses principaux sites de production d'obus. En 2000, confronté à une situation financière difficile, Giat ferme définitivement l'établissement qui, au pic de l'activité, a fait travailler jusqu'à 800 personnes. Le terrain est alors racheté par le conseil général qui, plus tard, se voit proposer par la délégation interministérielle aux restructurations de défense (DIRD) l'arrivée de Prologis. La société américaine n'est autre que le leader mondial de l'immobilier logistique. Située à deux heures de Paris et non loin de deux autoroutes, Salbris s'avère l'endroit idéal pour le projet : implanter une plate-forme de stockage de 250 000 mètres carrés, la plus grande de ce type en Europe. L'investissement coûtera 150 millions d'euros. Plus de 600 emplois seront créés localement dans un premier temps. Une aubaine pour cette ville de 6 000 habitants saignée à blanc par les aléas de la mono-industrie : en plus de Giat, Salbris a également enregistré les départs de Matra (missiles) et de Thomson (électronique militaire) au cours des années 2000, soit 750 autres emplois de perdus. Soit aussi "1 million d'euros de rentrées fiscales en moins par rapport à 1998", estime aujourd'hui le maire (MoDem) de la ville, Jean-Pierre Albertini. Même s'il n'est pour rien dans la venue de Prologis, celui-ci est aujourd'hui le premier supporteur du projet. L'édile croit possible "la réécriture d'une histoire industrielle complète" à Salbris, qu'il décrit comme une "ville de tradition ouvrière", à l'image de ses voisines, Vierzon et Romorantin-Lanthenay. Seul détail : commune prolétaire en souffrance, Salbris se trouve être - aussi - au coeur de cette Sologne très prisée des amateurs de chasse et autres (riches) propriétaires terriens. En face de la friche Giat vivent ainsi ceux qu'on appelle "les Fages". Derrière ce patronyme (que tous ne détiennent pas) : onze personnes liées entre elles familialement et possédant, sous le régime de l'indivision, un domaine de 800 hectares (avec château) baptisé l'Ecluse. Les Fages ne sont sans doute pas parmi les gens les plus fortunés du coin, comme en témoigne un certain laisser-aller dans l'entretien du lieu, occupé uniquement pendant les vacances scolaires et les week-ends de beau temps. Mais ils tiennent à leur tranquillité. Du temps de Giat, le trafic était "discret à l'extérieur du site", se souviennent-ils. Avec Prologis, un tout autre manège les attend : 1 100 camions par jour, 700 véhicules légers, sans compter le transport et le stockage de produits toxiques de consommation courante (aérosols, désherbants, engrais...), d'où le classement "à risques" du site, selon la directive Seveso. Pendant un certain temps, les Fages ont dénoncé l'aberration environnementale d'un tel projet, qui, pour eux, n'a pas sa place en Sologne, territoire labellisé Natura 2000. "Nous sommes favorables à ce qu'il y ait une activité sur le site. Mais pas celle-ci", ont-ils beau clamer : aucune organisation ni association écologiste ne les ont jamais soutenus dans leur combat. "On a le rôle de méchants dans l'affaire", reconnaît sans peine l'un des membres de la famille. "Nos revendications en faveur de l'environnement pèsent peu face à la promesse de 600 emplois", admet aisément l'autre. Ce constat ne les a pas empêchés d'attaquer le projet en justice, sur le plan purement administratif. Et de gagner la quasi-totalité des recours engagés, comme l'annulation de la déclaration d'utilité publique (DUP) prononcée, en novembre 2009, par la cour administrative d'appel de Nantes sur la base d'arguments essentiellement techniques : insuffisances d'explications de la commission d'enquête publique, non-consultation de la communauté de communes, non-mise en concurrence de la société chargée d'aménager les alentours du site... Autant de vices de forme qui en disent aussi long sur l'approximation avec laquelle le dossier Prologis a été ficelé par les collectivités (Etat compris) que sur les difficultés qu'ont celles-ci à concilier intérêt général et liberté privée dans un contexte de judiciarisation permanente. Sur ce sujet, Jean-Pierre Albertini en connaît un rayon : à chaque fois qu'il monte ou soutient un projet synonyme d'emplois et de retombées économiques, une pluie de contentieux lui tombe sur le dos. Le plus croustillant concerne un village vacances de 700 cottages censé prendre place à proximité de la propriété solognote du député UMP Olivier Dassault (fils et petit-fils de Serge et Marcel Dassault). L'affaire - dans laquelle il est question de vente aux enchères, de préemption, de plan local d'urbanisme... - est, elle aussi, en attente d'un règlement judiciaire, au grand dam du maire de Salbris : "Ici, on ne peut pas bouger le petit doigt", déplore-t-il, en soulignant la spécificité de sa commune composée à 92 % de bois, "tous privés", majoritairement détenus par des propriétaires pouvant s'offrir les services d'avocats parisiens. Ils le font parfois "gratuitement" quand des liens d'amitié les unissent, ce qui est le cas de Frédéric-Pierre Vos, le défenseur d'Olivier Dassault dans cette histoire de cottages : "Ce n'est pas parce que le maire agite le chiffon de l'emploi qu'il peut faire n'importe quoi, appuie l'avocat. A quoi sert le code de l'urbanisme si c'est pour le fouler aux pieds ? M. Albertini a la chance d'avoir des industriels du CAC 40 sur sa commune : au lieu d'en faire des amis, il en a fait des ennemis." Sologne des hobereaux contre Sologne des prolos ? C'est là un peu schématique. Jean-Pierre Albertini affirme ne pas choisir son camp, mais se fait incisif quand on le ramène à l'affaire Prologis : "Les gens qui m'intéressent en priorité sont ceux qui n'ont pas d'emploi. La population ne comprend pas pourquoi cette plate-forme logistique n'a toujours pas vu le jour alors que les premiers bâtiments devraient déjà être sortis de terre. Il y a un ras-le-bol diffus, tout particulièrement chez les jeunes. Certaines personnes, que je croise dans la rue, me disent : "On va faire une manif chez eux (les Fages)." On est loin d'une jacquerie, mais la colère monte." Celle-ci a d'ailleurs franchi un palier supplémentaire depuis que la municipalité a voulu faire la lumière sur l'acquisition de l'Ecluse par un agriculteur du nom de Fernand Plée, le grand-père des Fages, pendant la seconde guerre mondiale. Où l'on découvre que le domaine a d'abord appartenu à l'industriel (juif) Emile Akar, inventeur des automobiles Amilcar, avant d'être acheté par Fernand Plée auprès du commissariat aux questions juives. Spoliation ? C'est ce qu'a voulu démontrer l'avocat de la mairie de Salbris, Camille Mialot, afin d'annuler la "qualité à agir" des Fages devant la justice : n'étant pas "propriétaires", ceux-ci ne pouvaient pas saisir le tribunal administratif - CQFD. Raté : non seulement l'argument n'a pas été retenu par la cour d'appel, mais il n'a fait que durcir un peu plus les relations avec les Fages, qui récusent toute spoliation, expliquant que la vente a été exécutée dans des conditions normales, avec une transaction à la clé... Cette affaire dans l'affaire ne devrait pas en rester là cependant. Philippe Akar, le descendant d'Emile Akar, qui ignorait tout de cette histoire il y a un peu plus d'un an, devrait à son tour engager un recours et réclamer une indemnité financière aux descendants Plée. De quoi alourdir plus encore le dossier sur le plan judiciaire. Mais aussi - qui sait ? - relancer l'idée de négociations à l'amiable entre les différentes parties... Les transactions vont, en effet, bon train à Salbris depuis quelques années. La totalité des riverains associés aux Fages au début de l'affaire ont ainsi retiré leur plainte contre de l'argent, le conseil général ne lésinant pas sur les moyens : quelque 20 millions d'euros en indemnisation et travaux d'aménagement autour du site (desserte routière, parking, réserves d'incendie...) ont déjà été dépensés par la collectivité. Son vice-président, Michel Leroux (divers droite), est en tout cas persuadé, lui, que la friche Giat sera réindustrialisée un jour, quitte à ce que cela prenne dix ans : "Je ne suis pas dans la même échelle de temps que Jean-Pierre Albertini. Lui est plus impatient." Plus inquiet aussi. En retardant l'arrivée des pelleteuses sur place, les procédures en cours ont aussi favorisé le retour de la flore et de la faune sur le site. Jean-Pierre Albertini pose un regard songeur sur l'ancienne usine d'armement. Et s'interroge : si une espèce protégée, de type batracien, venait se mêler à la danse ? Frédéric Potet
12/01/2010
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https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/micmac-en-sologne_1290633_3234.html
Le départ d'un médecin du travail de PSA illustre la difficulté d'exercer ce métier de façon indépendante
Margaret Moreau avait souligné les effets néfastes des nouveaux postes de travail sur la santé.
Coïncidence : alors que la commission de réflexion sur la souffrance au travail mise en place par les groupes UMP et Nouveau Centre de l'Assemblée nationale présentait, mi-décembre 2009, un rapport dont l'une des mesures vise à mieux assurer l'indépendance des 6 500 médecins du travail, l'un d'eux était convoqué à un entretien préalable en vue de son licenciement. Margaret Moreau, médecin du travail depuis vingt ans chez PSA, à Sochaux (Doubs), au secteur montage, ne sera finalement pas licenciée. La direction y a renoncé, le 18 décembre, après qu'une pétition lancée par la CGT et la CFDT de Sochaux a recueilli, en trois jours, près de 4 000 signatures de salariés. "C'est un succès de la mobilisation", se félicite Bruno Lemerle, responsable de la CGT Sochaux. Mais un succès au goût amer car le médecin a quitté l'usine, dans le cadre d'un accord amiable. "Il y avait une rupture de confiance, j'ai préféré partir", explique Mme Moreau. Le motif du licenciement projeté ? La direction du site ne souhaite pas en parler. Selon M. Lemerle, celle-ci aurait fait état de "témoignages contre la manière de manager le service médical" qu'elle dirigeait, mais ni la CGT ni la CFDT n'ont eu accès à ces "témoignages". Méthode d'uniformisation Le médecin est parti, mais "les problèmes de fond qu'elle a soulevés demeurent", estime Jean-Paul Even, secrétaire de la section CFDT de Peugeot Sochaux. Mme Moreau avait notamment mis en évidence les effets néfastes sur la santé des salariés de l'application accélérée du "lean manufacturing ", une méthode d'uniformisation des standards de postes de travail qui, selon un syndicaliste, "ne prend pas en compte les capacités diverses des salariés" (âge, état de santé, etc.). Bref, elle dérangeait. Quand l'accord sur l'évaluation et la prévention des risques psychosociaux chez PSA a été signé en octobre par tous les syndicats sauf la CGT, elle a mis en cause, dans un courrier adressé en interne ainsi qu'à l'inspection du travail, et publié anonymement sur le site Actuel-rh, certaines dispositions du texte, notamment le manque de "confidentialité du questionnaire" du cabinet Stimulus ainsi que sa validité scientifique. Elle-même avait refusé de participer à cette enquête. "A la suite de ses prises de position, la direction de PSA a continué ses manoeuvres d'intimidation en faisant convoquer le docteur Moreau à une visite médicale afin de vérifier son aptitude à sa fonction", dénonce Mireille Chevalier, secrétaire générale du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST), qui voit dans cette tentative de licenciement une "nouvelle atteinte à l'indépendance (du médecin)". D'autres affaires de ce type ont déjà eu lieu. Mais les licenciements ou les déplacements (pour les médecins des services inter-entreprises) restent rares car ils nécessitent l'autorisation de l'inspection du travail. Les employeurs qui veulent faire taire un médecin du travail utilisent d'autres moyens, par exemple en changeant de service inter-entreprises. Ou bien en se plaignant du médecin auprès du conseil de l'ordre. Ce qui est arrivé à Alain Galamand, en poste chez IBM la Défense, que l'ordre a néanmoins soutenu. Autres méthodes : "L'employeur organise une campagne de témoignages de collègues demandant le licenciement du médecin du travail ou bien l'accuse abusivement de harcèlement moral, raconte Mme Chevalier. L'inspecteur du travail fera son enquête, découvrira le montage. Le médecin restera en poste mais l'atmosphère deviendra si invivable qu'il partira de lui-même." L'indépendance du médecin du travail est inscrite dans le code de déontologie médicale, mais, dans la réalité, elle reste à conquérir. Francine Aizicovici
12/01/2010
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https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/le-depart-d-un-medecin-du-travail-de-psa-illustre-la-difficulte-d-exercer-ce-metier-de-facon-independante_1290617_3234.html
Baisse surprise du coût de la construction
Les professionnels mettent en cause la pertinence de cet indicateur calculé par l'Insee.
Le début d'année réserve, même aux professionnels de l'immobilier, une surprise de taille : la baisse de l'indice du coût de la construction (ICC). Il a reculé de 5,77 %, au troisième trimestre 2009, sur un an, selon les chiffres publiés lundi 11 janvier par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Du jamais-vu depuis 1953, année de sa création. L'ICC mesure chaque trimestre l'évolution des prix des bâtiments neufs à usage principal d'habitation. Il s'agit du prix payé par les maîtres d'ouvrage aux entreprises de construction. Les locataires de bureaux, dont les loyers sont révisés selon l'ICC, seront les premiers à en bénéficier, et c'est justice après les hausses à deux chiffres qu'ils ont supportées ces dernières années (+10,46 % au troisième trimestre 2008). Les 600 000 commerçants locataires ont moins de chance et ne bénéficieront que d'une partie de la baisse, puisque, selon l'accord du 15 janvier 2008 qu'ils ont signé avec les propriétaires, leur quittance est, depuis le 1er janvier 2009, révisée sur la base de l'indice des loyers commerciaux (ILC), composé pour moitié de l'indice des prix à la consommation (IPC), pour 25 % de l'ICC et pour 25 % de l'indice du chiffre d'affaires du commerce de détail en valeurs (ICAV). L'ILC est, finalement, arrivé un peu trop tard pour protéger les commerçants de l'exubérance de l'ICC, et un peu trop tôt pour leur faire bénéficier à plein de sa baisse : il ne recule, au troisième trimestre 2009, que de 1,22 %. Quant aux loyers d'habitation, ils ne sont plus, depuis le 9 février 2008, indexés sur l'ICC, mais sur l'indice de référence des loyers (IRL), soit l'indice des prix à la consommation, hors tabacs et loyers, qui, au troisième trimestre, augmente, lui, d'un petit 0,32 %. Les locataires doivent donc s'attendre à une quasi-stabilité de leur quittance. Cette brusque plongée de l'ICC est-elle le signe d'une baisse effective du coût des travaux ? Le chiffre d'affaires des artisans a en effet chuté, en 2009, de 5,5 %, selon la Confédération des artisans et professionnels des entreprises de bâtiment (Capeb), la crise ayant même emporté près de 14 000 entreprises sur 336 000. La concurrence s'intensifie donc et se traduit par une baisse des tarifs. Les entrepreneurs ont également bénéficié d'une baisse du prix des matières premières - acier, cuivre, pétrole - et des matériaux, conséquence d'une activité moindre. Selon la Fédération française du bâtiment (FFB), le compte n'y est pourtant pas. "La baisse du prix des matériaux se limite, selon nos données, à 1 % voire 1,2 % tandis que les salaires continuent de progresser de 2,5 % à 3 %", fait remarquer Patrick Duchâteau, chef du service informatique et statistique de la FFB. "Et nous sommes sceptiques sur cette baisse de l'ICC de près de 5,8 %, telle que calculée par l'Insee, dont le modèle ne fonctionne, à notre avis, pas, car il prend en compte un échantillon trop restreint et des prix de marché trop anciens. L'appareil statistique public se dégrade", diagnostique M. Duchâteau. A l'Insee, on concède un décalage dans le temps mais on défend la méthode, qui va d'ailleurs subir une légère rénovation en avril. Le fait que les loyers abandonnent la référence à l'ICC témoigne, de toute façon, du doute grandissant sur sa pertinence. En pleine crise immobilière, le manque de fiabilité des chiffres de la construction, comme le nombre de mises en chantier de logements neufs, l'évolution des prix de l'immobilier ou le nombre de transactions pénalisent les acteurs de la filière. Sur le Web : www.insee.fr. Isabelle Rey-Lefebvre
12/01/2010
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Les créateurs de parfums ont la Commission européenne dans le nez
Les créateurs de parfums semblent unanimement agacés par la propension de la Commission européenne à réduire, année après année, la liste des ingrédients autorisés pour leur fabrication.
Ce n'est pas encore la rébellion des nez, mais les créateurs de parfums semblent unanimement agacés par la propension de la Commission européenne à réduire, année après année, la liste des ingrédients autorisés pour leur fabrication. Ce qui menace l'existence même de parfums historiques, dont la composition n'est plus conforme aux normes désormais édictées par Bruxelles. Dans le cadre de l'autorégulation de l'industrie européenne de la parfumerie, l'International Fragrance Association (IFRA) fait travailler un panel d'experts, de dermatologues, de médecins, de spécialistes de l'environnement... qui définissent le risque de chaque produit pour les consommateurs. Elle publie chaque année, en juin, une liste de produits dont l'utilisation est interdite, restreinte ou très encadrée. La Commission européenne s'en inspire généralement pour adapter la directive relative aux produits cosmétiques. Depuis longtemps déjà, tous les ingrédients d'origine animale sont bannis - il s'agit du musc, de l'ambre gris, de la civette, du castoréum. Les matières premières potentiellement allergènes sont interdites - comme l'exsudation du baume du Pérou, les dérivés de la coumarine, l'absolu de feuilles de figuier ou l'alcool benzylique. Strictement encadrées ou interdites par l'IFRA, l'essence de géranium, de jasmin, de lavande, l'huile de cade, les extraits de feuilles de thé ne figurent toutefois pas encore sur la liste noire de la directive cosmétique... Quant à l'essence de rose, qu'elle vienne du Maroc, de l'Espagne, de Chine ou de Turquie, la voilà également sur la sellette. "Plus encore que la rose elle-même, les cinq autres ingrédients de cette essence pourraient éventuellement faire l'objet de restrictions", indique-t-on à l'IFRA. "Notre palette de travail se réduit. C'est un peu comme si on disait à un peintre qu'il n'a plus droit d'utiliser du rouge, puis du bleu ou du jaune...", déclare Frédéric Appaire, directeur marketing international de Paco Rabanne. Il faut donc trouver un produit de synthèse, de substitution pour retrouver des notes disparues. "Cela diminue le champ des possibles. Les jus bougent en permanence avec la législation européenne", ajoute le PDG d'Interparfums, Philippe Benacin. "Bruxelles va tuer une partie du métier, on n'arrive pas à tout reconstruire à l'identique", déplore Sylvie Polette, vice-présidente marketing des parfums Jean Paul Gaultier. "Cela va pousser la recherche, mais c'est vécu comme une réelle contrainte", ajoute-t-elle. Carcan Les plus anciennes maisons de parfums sont les plus pénalisées puisqu'elles doivent adapter les formules de leurs fragrances à l'actuelle législation. "Certains parfums ont été développés parce qu'il n'y avait aucune contrainte pénalisante" explique François Demachy, le nez de Dior. Le plus en guerre contre ce carcan n'est autre que Thierry Wasser, le nouveau nez de Guerlain. "Nous vendons des parfums dont le plus vieux a plus de 150 ans. Si un jour, Bruxelles ne veut plus d'essence de rose, comment pourrais-je faire ? Il y a de la rose dans presque tous nos parfums... C'est un patrimoine à défendre." Une histoire familiale aussi, puisque M. Wasser assure, avec une candeur délicieusement proustienne, que "Jean-Paul Guerlain (parfumeur historique de la maison) avait créé "Parure" pour sa maman. On a dû l'arrêter, on ne pouvait plus utiliser les ingrédients nécessaires à sa fabrication", déplore-t-il. "C'est un crève-coeur." Nicole Vulser
12/01/2010
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Au Salon de Detroit, les voitures se font plus petites, plus économes et plus propres
Les nouveaux modèles présentés par les constructeurs entérinent un changement d'époque.
Les modèles exposés sur les stands du Salon de Detroit (Michigan) - il a ouvert ses portes lundi 11 janvier - ne trompent pas sur le changement d'époque qu'est en train de connaître l'industrie automobile américaine. Contrairement aux éditions précédentes où les énormes 4 × 4, les voitures puissantes et les "concept cars" extravagants étaient sous les projecteurs, ce sont les petites voitures qui ont la vedette. "Detroit regarde l'Europe", titrait même le quotidien USA Today, dans son édition du jour. Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants est venue de Washington avec une douzaine de responsables politiques, dont le secrétaire aux transports, Ray Lahood, pour féliciter cette industrie qu'elle avait tant fustigée au plus fort de la crise. "Ce que nous voyons ici aujourd'hui est une renaissance", a-t-elle affirmé. "L'administration (Obama) a pris la bonne décision de sauver General Motors (GM), Chrysler et GMAC (l'ancienne branche de prêts de GM) en injectant environ 80 milliards de dollars (55 milliards d'euros)", a souligné de son côté M. Lahood. Chevrolet (GM) a présenté la Cruze, un concept car baptisé Aveo RS, dont la version définitive est attendue pour 2011, et la Spark, qui sera vendue en 2012. Ces modèles ont rivalisé avec la Fiesta et la nouvelle Ford Focus, conçue et commercialisée à l'échelle mondiale. Des modèles qui consomment environ 6 litres d'essence au 100 kilomètres. Pour un constructeur comme Ford, habitué, aux Etats-Unis, à présenter des grosses cylindrées, c'est un changement notable de stratégie. "La Focus est plus qu'une voiture pour nous, a lancé Alan Mulally, le patron de Ford, tout sourire, lors de la conférence de presse. Elle prouve que nous avons changé." Les constructeurs américains, confrontés à une chute historique de leur part de marché, n'ont qu'une idée en tête : renouer avec une clientèle plus jeune et sensible à l'environnement. "Nous élevons des enfants qui comprennent les défis environnementaux", souligne Michael Bernacchi, professeur de marketing à l'University Mercy de Detroit. Un nouveau paradigme De son côté, GM a dévoilé le Granite, un modèle de camion qui, s'il était mis sur le marché, serait le véhicule le plus petit jamais conçu par le constructeur pour le marché américain. "Il a été conçu par de jeunes designers de GM avec pour cible des conducteurs plus friands d'aller en boîte de nuit que de charrier du bois ou remorquer un bateau le week-end !", dit David Phillips, un journaliste au quotidien local, Detroit News. Chez les étrangers, Mazda a présenté sa nouvelle Mazda2, Honda sa CR-Z et Toyota, un nouveau concept hybride. Et si l'on veut encore plus petit : il faut se rendre sur le stand de Chrysler, où, à défaut de voir de nouveaux modèles, on découvre la Fiat 500 (et même dans une version électrique) que le constructeur italien entend prochainement commercialiser aux Etats-Unis. Mais cela reste une exception. Quand on parle de "petite" pour une voiture aux Etats-Unis, on pense plutôt à des véhicules de la taille d'une Mégane, voire d'une Passat. Le segment des petites voitures et des petits SUV ne représentait que 21 % des ventes dans ce pays en 2003. En 2009, il a grimpé à 32 % et devrait atteindre selon certains analystes les 36 % en 2013. Petit, économique et chic, le nouveau paradigme de certains automobilistes américains ? "Aux Etats-Unis, la mobilité n'a pas la même importance qu'ailleurs. Les gens peuvent passer des heures dans leur véhicule, répond Christian Klingler, membre du directoire du groupe Volkswagen. Il doit être aussi confortable qu'un fauteuil de leur maison. Il est donc peu probable qu'il y ait un basculement radical du marché vers les petits véhicules." Carlos Tavarès, vice-président exécutif de Nissan, estime pour sa part qu'il existe "des gens aux Etats-Unis qui n'ont pas besoin de grosses voitures de façon quotidienne. Il y a dix ou quinze ans, personne n'imaginait en Europe qu'une voiture puisse être à la fois petite mais bien équipée et confortable. Les Américains vont découvrir à leur tour que c'est tout à fait possible aujourd'hui." Enfin, pour définitivement prouver que Detroit change, le Salon s'est doté cette année d'une "Avenue électrique" de 3 500 mètres carrés, dans le hall principal, où une vingtaine de modèles sont censés donner des pistes sur les énergies alternatives au bon vieux moteur thermique. Nathalie Brafman
12/01/2010
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Le procès Vivendi approche de son dénouement
En cas de condamnation, les dédommagements dépendront du nombre de plaignants ralliés à la class action.
L'heure des comptes approche pour Vivendi, Jean-Marie Messier, ex-PDG, et Guillaume Hannezo, ex-directeur financier. En achevant, lundi 11 janvier au matin, à New York, une plaidoirie de trois jours, Arthur Abbey, avocat de l'accusation, a clôturé un procès qui a vu d'anciens actionnaires tenter de prouver que Vivendi et ses deux anciens dirigeants leur avaient causé un dommage financier majeur en dissimulant une crise de liquidité entre le 30 octobre 2000 et le 14 août 2002. Jusqu'à lundi 11 janvier, trois jours durant, Arthur Abbey a récapitulé pour les jurés toutes les "évidences" qui les amèneront - selon lui - à délibérer en faveur des plaignants. La première, celle qui structure toutes les autres, c'est l'opposition qui existe entre ce que "se disaient les responsables à l'intérieur de l'entreprise et le discours qu'ils ont tenu à l'extérieur". Le "Livre des alertes" qui recense l'ensemble des notes et messages angoissés adressés par Guillaume Hannezo à Jean-Marie Messier sur la période est l'un des principaux outils de l'accusation. Chaque note adjure Jean-Marie Messier "de vendre avant d'acheter" et de ne pas accroître inconsidérément la dette du groupe. Ce "Livre des alertes", constitué par M. Hannezo à la demande de Jean-René Fourtou, le successeur de M. Messier à la tête de Vivendi, n'a été rendu public qu'à l'occasion de ce procès. Ces mémos internes, jour après jour, tendent à prouver que le groupe Vivendi aurait par exemple caché aux investisseurs que l'objectif de hausse de 35 % de l'Ebitda - le résultat brut d'exploitation hors frais financiers, provisions et impôts - en 2000 ne pouvait être atteint qu'en utilisant certaines techniques de "magie comptable" permettant notamment de survaloriser un actif dont on venait de faire l'acquisition (purchase accounting). Au moment de la préparation de ce même bilan 2000, l'accusation produit une note de M. Messier qui interdit aux filiales de conserver la moindre trésorerie en prévision de 2001 qui pourrait faire "rater l'objectif de 35 % de hausse de l'Ebitda en 2000". Pourquoi une telle volonté de croissance à marche forcée ? "La volonté de s'enrichir", affirme Arthur Abbey. "Cet homme s'était vu promettre un triplement de son salaire - 1,3 million d'euros -, soit 3,9 millions d'euros supplémentaires s'il atteignait un Ebitda à + 35 %." Selon l'accusation, la dissimulation est au coeur du système. Quand, en décembre 2001, Vivendi cède la branche alcools de Seagram dont il a pris le contrôle, un communiqué indique que cette opération va dégager un cash-flow(flux de trésorerie) de 2 milliards d'euros. Mais, "quelques semaines plus tard, Hannezo écrit à Messier qu'il n'aurait pas dû tenir pareil propos car le free cash-flow sera égal à zéro". En février 2001, une note de Guillaume Hannezo informe Jean-Marie Messier "que les banques commencent à s'angoisser". A l'extérieur, le PDG continue d'affirmer que "Vivendi est à la veille d'un décollage du chiffre d'affaires et du résultat jamais vu". Mais c'est "l'affaire Maroc Telecom" qui incarne le mieux la règle des mensonges par omission, selon Arthur Abbey. Vivendi rachète en mars 2001, pour 2,3 milliards d'euros, une part minoritaire de cette société mais "dissimule aux agences de notation et aux investisseurs une promesse d'achat de 16 % de plus du capital pour plus d'un milliard d'euros". En 2001, Vivendi annonce le paiement d'un dividende de 1 milliard d'euros, mais n'a pas le premier sou en caisse pour financer l'opération. Quand Cegetel, filiale de Vivendi, inquiète des rumeurs de marché, réclame le retour sur ses livres de comptes d'un prêt de trésorerie d'un milliard d'euros, les investisseurs, là encore, ne sont pas informés. Arthur Abbey rappelle qu'Anne Brassens, ex-employée de la direction financière de Vivendi, venue témoigner à New York, a été "renvoyée parce qu'elle avait informéLe Monde qu'un fossé séparait les finances du groupe des déclarations des dirigeants". La consolidation de Telco est un autre exemple de "fraude" affirme M. Abbey. Ce groupe de communication polonais était contrôlé par Vivendi à 51 %, mais pour éviter d'avoir à consolider les dettes de cette filiale, le groupe a organisé un portage de 2 % du capital par une filiale de la Société générale. Quelle sera la conviction des jurés ? Maxime Delespaul, avocat des plaignants français, et Hervé Pisani, avocat français de Vivendi, se disent tous deux "confiants" de la solidité de leur dossier. M. Delespaul pense même "qu'une décision pourrait intervenir rapidement". Si la culpabilité était avérée, le calcul des dommages par personne sera rapide. En revanche, le montant global de la facture sera déterminé par le nombre d'actionnaires ralliés par l'action en nom collectif. Yves Mamou
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/le-proces-vivendi-approche-de-son-denouement_1290610_3234.html
253 645 : le nombre d'adhérents revendiqué par l'UMP
Exactement un an auparavant, le parti présidentiel affichait 277 171 militants "encartés".
Il a donc perdu, selon ces données officielles, annoncées lundi 11 janvier, 8,49 % de ses adhérents. "Nous sommes satisfaits. Nous nous maintenons fermement, dans une période de crise, assure Dominique Paillé, le porte-parole adjoint de l'UMP. Nous ne diminuons pas notre objectif, de 500 000 adhérents en 2012." Selon le mouvement politique, en 2009, 213 596 anciens adhérents ont renouvelé leur cotisation. Les 40 049 restant sont de nouveaux membres. Le total des cotisations encaissées s'est élevé, selon Frédéric Lefebvre, à "5,85 millions d'euros". L'UMP, qui a fait face, ces derniers mois, à une polémique récurrente sur le nombre de ses adhérents, difficilement vérifiable, promet de laisser accès au printemps, en guise de preuve, aux reçus fiscaux qui seront envoyés aux militants. Les données doivent auparavant être avalisées par la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Pierre Jaxel-Truer
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/253-645-le-nombre-d-adherents-revendique-par-l-ump_1290606_823448.html
Rentrée parlementaire à hauts risques pour le gouvernement
Redécoupage électoral, réforme des collectivités territoriales, grand emprunt... : les dossiers s'accumulent à l'approche des régionales.
Nicolas Sarkozy a un souci : pendant deux mois, avant une suspension de trois semaines pour les élections régionales des 14 et 21 mars, le Parlement va recommencer à siéger. "Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir nous arriver comme tuile ?", soupire un conseiller du président de la République. L'année 2009 s'est achevée avec la censure de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel. Deux semaines plus tôt, la "boulette" d'un sénateur centriste a entraîné le rejet du projet de loi sur le redécoupage électoral. Deux coups d'arrêt brutaux qui amplifient le décalage entre le temps des annonces présidentielles et celui de leur mise en oeuvre. L'Elysée s'agace que les choses n'aillent pas assez vite à son goût ; les parlementaires s'irritent de devoir s'emparer dans la précipitation de textes "mal fichus". La sortie de route, dans ces conditions, est quasiment inévitable. Conscient qu'un nouvel impair ferait mauvais effet à quelques jours du scrutin régional, le "patron" des députés UMP, Jean-François Copé, a recommandé de privilégier l'"unité" : "La période commande que l'on soit extrêmement rassemblé", a-t-il insisté en ce début d'année. M. Sarkozy, de son côté, devait formuler ses voeux aux parlementaires, mercredi 13 janvier à l'Elysée. C'est avec le vote définitif du projet de loi réformant le statut de La Poste que vont s'ouvrir, mardi, les travaux au Palais-Bourbon. Pour ce dernier tour de piste, l'opposition a décidé de déposer une motion référendaire, qui n'a toutefois aucune chance d'être adoptée. Dans la foulée, les députés vont se replonger dans le texte de ratification de l'ordonnance redécoupant les circonscriptions électorales. Premier accroc : contre toute attente, un amendement présenté par Marie-Jo Zimmermann (UMP, Moselle), contestant le découpage effectué dans ce département, a été adopté en commission, avec le soutien de l'opposition. Même s'il ne franchira pas le cap de l'examen en séance, il n'en met pas moins en lumière les anomalies d'un redécoupage reposant, qui plus est, sur des données démographiques erronées, ce que le ministère de l'intérieur a dû admettre. Du coup, le chef de file de l'opposition sur ce dossier, Bruno Le Roux (PS, Seine-Saint-Denis), va s'en donner à coeur joie pour peaufiner un argumentaire essentiellement destiné à nourrir le recours que le groupe socialiste prévoit de déposer au Conseil constitutionnel. Préventivement, le gouvernement confie, "off", "espérer pas plus de quatre ou cinq départements censurés". Mais le gros morceau est à venir, dès jeudi, avec la discussion à l'Assemblée du projet de loi organisant la concomitance, en 2014, du renouvellement des conseils généraux et des conseils régionaux, en vue d'instaurer à cette date l'élection de conseillers territoriaux siégeant dans les deux assemblées. Tandis que commencera au Sénat, à partir du 19 janvier, l'examen du projet de réforme des collectivités territoriales. Deux volets d'un même chantier reposant sur pas moins de quatre textes et qui ne s'achèvera au mieux qu'à la fin de la session. Or la nouvelle architecture des collectivités territoriales repose sur la mise en place de ces conseillers territoriaux dont le mode d'élection - qui ne sera examiné qu'en juin - est contesté de toutes parts. Recevant la presse parlementaire, le 17 décembre 2009, le président du Sénat, Gérard Larcher, a admis qu'il n'y avait "pas de majorité" au Palais du Luxembourg pour adopter le mode de scrutin proposé. Le gouvernement, tout en se disant "ouvert à toutes les propositions", veut dissocier ce point des autres textes en cours d'examen. L'opposition, au contraire, entend démontrer qu'ils forment un tout. Aussi, profitant que le "temps programmé" n'a pu être mis sur le texte "concomitance", les députés socialistes - sous la houlette d'une phalange composée de Laurent Fabius, Elisabeth Guigou, Bruno Le Roux, Alain Rousset et Bernard Derosier - s'apprêtent-ils à mener "une bataille frontale" : ils ont déposé pas moins de 5 000 amendements. Enfin, dernier morceau de choix avant les régionales : le projet de loi de finances rectificative destiné à mettre sur les rails le grand emprunt. Le gouvernement a tout à redouter, à la veille des élections, d'un débat sur les finances publiques. Les responsables de la majorité ont pressé le chef de l'Etat de renoncer, comme il en avait manifesté l'intention, à greffer sur ce texte la nouvelle version du projet de taxe carbone. M. Sarkozy a fini par se ranger à leurs arguments. "L'année ne pouvait pas mieux commencer", ironise un responsable de la majorité. Patrick Roger
12/01/2010
politique
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"L'hommage national à Philippe Séguin, le ""Petit Chose"" de la République"
De nombreuses personnalités politiques ont assisté aux obsèques, lundi aux Invalides.
Dans les yeux, un fond d'étonnement narquois et sur les lèvres, un sourire doux et triste à la fois. S'il fallait ne retenir qu'une seule image de la cérémonie de funérailles de Philippe Séguin, ce serait celle-là : dans l'air glacé de cet après-midi du lundi 11 janvier, sous le fronton de l'église des Invalides où avait été tendu un immense portrait en noir et blanc du défunt, tout ce que la République compte de personnalités a affronté ce regard-là : trois présidents de la République, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing, cinq premiers ministres, François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé, Pierre Mauroy, Laurent Fabius - manquaient notamment à l'appel Edouard Balladur, Lionel Jospin et Dominique de Villepin -, les présidents successifs de l'Assemblée nationale et du Sénat, le président du Conseil constitutionnel, le gouvernement au quasi complet et une foultitude de parlementaires et de responsables politiques de tous bords. Après, il y eut l'église et ses pompes pour célébrer le haut dignitaire de l'Etat, emporté par une crise cardiaque à l'âge de 66 ans, jeudi 7 janvier. Sous la nef des Invalides, face au cercueil recouvert du drapeau tricolore et à la robe noire à parement d'hermine qui fut celle du premier président de la Cour des comptes, le cardinal André Vingt-Trois fut solennel et froid. Le père fut ensuite évoqué avec pudeur par ses quatre enfants, Patrick, Catherine, Anne-Laure et Pierre, serrés les uns contre les autres. Leurs intentions de prière sont allées à la mère de Philippe Séguin, morte en octobre 2009, à son père soldat tué pendant la seconde guerre mondiale à l'âge de 23 ans, aux pupilles de la nation dont il était, et aux amis qui, de Tunis, la ville qui l'a vu naître, à Epinal (Vosges), dont il a longtemps été le maire, ont accompagné sa vie. Alors seulement est venu l'hommage de la République à l'un des siens. Ce n'est pas à l'ancien ministre, à l'ancien président de l'Assemblée nationale, ou encore à l'ancien président du RPR que Nicolas Sarkozy s'est adressé. Mais à "Philippe", son "ami", avec des mots familiers et justes. Face à cette assemblée d'hommes et de femmes politiques, a résonné cette question adressée par le premier d'entre eux à celui qui a "occupé tous les postes, toutes les fonctions", mais aussi à celui qui était "parfois si triste". "T'es-tu vraiment senti un homme politique ? L'as-tu jamais été ? Car en entrant dans la vie politique, tu n'avais pas choisi un métier, une carrière. Tu avais cherché à donner un sens à ta vie. Et jusqu'à la fin, au fond de toi, tu resteras cet enfant qui, un 11-Novembre, reçut sur la place de la Résidence à Tunis, la médaille militaire de son père." Un "enfant meurtri" qui, à 12 ans, a dû quitter la Tunisie et qui, selon ses mots, s'est senti "étranger sur sa terre natale et intrus dans son propre pays. Doublement importun". "Tu t'en rappelleras toujours", a poursuivi le chef de l'Etat, en évoquant le "devoir d'orgueil" que Philippe Séguin avait fait sien et qui l'a conduit à "toujours préféré (s')en aller plutôt que d'avoir le sentiment de (se) renier ou de (s')abaisser". "Tu as aimé la France avec passion. Mais tu la voulais grande, généreuse, exemplaire. Parce qu'à toi, le "Petit Chose", comme tu disais parfois, elle avait donné sa chance." Nicolas Sarkozy a évoqué le tribun qui avait placé l'Etat, la nation, la République, au coeur de son engagement politique : "Ces mots, tu ne les as pas seulement réhabilités. Tu les a incarnés. Dans la façon dont tu les prononçais, il y avait une sincérité profonde, émouvante, qui leur donnait une force particulière." Quelques instants plus tard, La Marseillaise éclatait dans la cour d'honneur des Invalides. Parmi les régiments qui lui présentaient les honneurs militaires, figurait celui des tirailleurs d'Epinal, que Philippe Séguin avait recréé en mémoire de son père. Et le long cortège solennel de manteaux noirs s'en est allé, sous ce regard qui semblait dire à la fois la fierté d'être accroché là, tout en haut, face à tous ceux venus lui rendre un dernier hommage, et le sourire de celui qui ne sait pas s'il doit y croire. Pascale Robert-Diard
12/01/2010
politique
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Une institution de plus en plus saisie et dont trois membres vont être renouvelés
Le Conseil constitutionnel n'aura jamais été autant saisi qu'en 2009.
Le recours par les parlementaires de l'opposition étant devenu quasi systématique sur les lois adoptées, l'année dernière aura établi un nouveau record de décisions de conformité à la Constitution. Eclairage sur le fonctionnement de cette institution, au moment où trois nouveaux membres vont être nommés pour remplacer Olivier Dutheillet de Lamothe, Dominique Schnapper et Pierre Joxe dont le mandat s'achève en février. Nomination de ses membres Le Conseil comprend neuf membres, dont le mandat dure neuf ans. Il est renouvelé par tiers tous les trois ans. Trois des membres sont nommés par le président de la République, trois par le président de l'Assemblée , trois par le président du Sénat. La révision constitutionnelle de juillet 2008 prévoit de soumettre les nominations à l'avis des commissions des lois de chaque assemblée, celles-ci pouvant s'y opposer à une majorité des trois cinquièmes. Un "progrès" dont on ne peut mesurer les effets, car la loi organique dont dépend son application n'a toujours pas été présentée. Président du Conseil Malgré l'instauration du quinquennat et la limitation à deux mandats présidentiels, le cas de figure où un président du Conseil constitutionnel aura à juger de la régularité de la réélection de celui qui l'aura nommé pourra toujours se présenter. Sans que cela présage de sa partialité. Tous les présidents du Conseil constitutionnel, depuis son origine, ont été des anciens ministres. Mais tous, à leur arrivée au Palais-Royal, se sont coulés dans leurs nouvelles attributions. S'il dispose d'un pouvoir d'interprétation, le Conseil est contraint par l'impératif juridique. Au demeurant, toutes ses décisions sont accompagnées d'un commentaire et renvoient à un dossier documentaire précisant la jurisprudence sur laquelle elles s'appuient. Procédure contradictoire Depuis la création du Conseil constitutionnel, en 1958, le caractère juridictionnel de l'institution s'est progressivement affirmé. Aussi, comme dans toute juridiction, la procédure contradictoire est la règle. Lorsque le Conseil exerce son contrôle de constitutionnalité de la loi, le gouvernement produit un mémoire rassemblant ses "observations" sur la saisine. Le rapporteur à qui est confiée l'instruction entend le gouvernement au cours d'une "réunion" à laquelle celui-ci est libre de se faire représenter comme il l'entend. Le Conseil constitutionnel ne soulève jamais un moyen d'office sans en avertir le gouvernement, de telle sorte que celui-ci puisse faire valoir ses arguments. Les observations du gouvernement sont jointes à la décision. S'agissant de l'audition des parlementaires, Robert Badinter en avait formulé la proposition en 1986, lorsqu'il présidait le Conseil. Jacques Chaban-Delmas et Alain Poher, qui présidaient alors l'Assemblée nationale et le Sénat, avaient refusé, estimant que le rôle du législateur s'arrêtait après le vote de la loi et qu'il revenait au gouvernement de soutenir la constitutionnalité de son projet. Lors de l'examen du texte portant création de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF), en juillet 2001, les deux coauteurs, Didier Migaud et Alain Lambert, furent toutefois auditionnés par le Conseil. Il est également arrivé à plusieurs reprises que les parlementaires requérants soient entendus à leur demande. Le Conseil s'entoure également de l'avis d'experts, de manière contradictoire. Patrick Roger
12/01/2010
politique
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Lily Boillet, vigie des jungles du Nord
Elle a découvert l'Afrique dans sa région natale de Béthune, dont elle connaît tous les campements de migrants. Présidente de l'association Terre d'errance, elle apporte soutien et réconfort à ces immigrés échoués.
De l'Afrique, elle n'a longtemps connu que des images : films animaliers et reportages du JT de 20 heures : massacres, corruption, sida, etc. Normal, quand on habite la région de Béthune, département du Pas-de-Calais. Lily Boillet, âgée de 30 ans, présidente de l'association Terre d'errance, vit ici depuis qu'elle est née : à l'entrée du hameau de Boureq, où ses parents ont racheté une ferme. Dans cet ancien pays minier, "on a eu des Nord-Africains, ils venaient travailler. Mais les Africains, les Noirs, on n'a pas l'habitude", sourit son père, enseignant à la retraite, lui-même fils de mineur. Le temps a passé et les puits ont fermé. Reste une usine, la sucrière, à l'entrée de Lillers, ville dont Yves Boillet, militant communiste, est adjoint au maire. Et puis les champs : betteraves, pommes de terre, maïs, cresson aussi, une spécialité de Norrent-Fontes. Autrefois connue pour ses dentelles, la région du Calaisis l'est désormais pour ses campements de migrants, les fameuses "jungles", que le gouvernement a commencé à démanteler en septembre 2009. Qu'en est-il aujourd'hui ? Une mission internationale, sous l'égide du Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme, va tenter, du 25 au 30 janvier, d'évaluer la situation. Lily Boillet leur servira de guide : elle connaît la région et ses jungles comme sa poche. C'est précisément dans les champs, où la neige n'est pas rare, l'hiver, que les gens du coin ont vu leurs "premiers Noirs", vers la fin 2006. "On leur parlait avec les mains", se souvient Claude Prouvost, fervent chrétien de Mazenghem, qui décide "naturellement" de leur porter secours. Lily Boillet, elle, parle anglais. Suffisamment pour entamer la conversation avec deux de ces étrangers, croisés au café de Saint-Hilaire. De quel pays viennent-ils ? "Ertra", répondent-ils. Elle leur fait répéter. Dans son vieil atlas, figure une province éthiopienne : "Eritrea", en anglais. C'est ainsi que la jeune Française, poussée par la curiosité, fait connaissance avec les exilés d'Erythrée, petit Etat de la Corne de l'Afrique, indépendant depuis 1993, qu'une dictature épuise et qu'une guerre sporadique oppose à l'Ethiopie. Sur le campement de Norrent-Fontes, construit non loin d'une aire d'autoroute, tous les migrants connaissent Lily Boillet. C'est leur intermédiaire avec les autorités locales, aussi bien qu'avec les bénévoles de l'association. "Parmi ces derniers, certains apportent l'eau et le pain. D'autres essayent de comprendre, dénoncent les injustices. On a besoin les uns des autres", souligne l'abbé Michel Delannoy, curé de Norrent-Fontes qui, le premier, a su mobiliser les consciences. Mais pour les rassembler et les faire travailler ensemble, ces consciences, il fallait un sacré tour de main ! Lily Boillet va se révéler virtuose. C'est à son initiative que se crée, en janvier 2008, l'association Terre d'errance, petite nébuleuse résolument hétéroclite : ses membres n'ont pas le même âge, tous ne sont pas croyants, ils ne votent pas pareil et n'habitent pas les mêmes villages. Leur dénominateur commun : être scandalisés à l'idée que des humains puissent dormir dans les fossés. Terre d'errance rassemble "des minoritaires de l'Eglise et des minoritaires de la gauche", s'amuse l'un de ses militants, Thomas Suel, trentenaire comme Lily Boillet, installé à Isbergues. Certains, murmure-t-on, ont voté Nicolas Sarkozy. Mais cela n'a guère d'importance. "Lily tient beaucoup à ce que l'attelage garde tous ses chevaux. Elle n'a pas envie que les urbains ou les intellos prennent la tête. Elle veut que tout le monde reste dans le coup", commente le militant parisien Jean-Pierre Alaux, membre du Groupe d'information et de soutien aux travailleurs immigrés (Gisti). Car elle est connue dans la capitale, Lily Boillet ! Sans parler de Calais, d'Arras ou d'Hazebrouck, avec crochet par Londres et Manchester, où nombre d'Erythréens ont posé leurs bagages. "Cette fille, c'est une battante", commente Marie-Pierre Griffon, membre du collectif Fraternité migrants-bassin minier 62, qui s'occupe, près de Liévin, d'une "jungle" d'exilés vietnamiens. "Nous, on est dans l'aide humanitaire. Lily a une vision plus politique", relève Damien Defrance, président de l'association Terre d'errance de Steenvoorde, fondée sur le modèle de celle de Norrent-Fontes. "C'est grâce à elle qu'a été lancé le "réseau des jungles", réunissant les associations ou les individus qui, à l'échelle de la région, s'occupent des migrants." "Lily réussit à fédérer beaucoup de monde", ajoute-t-il. Dans le milieu associatif, cette grande gueule agace parfois. Mais rares sont ceux qui la connaissent. Licenciée d'histoire à l'âge de 21 ans, la vigie de Norrent-Fontes, ancienne bénévole de l'association Genepi, a longtemps été surveillante d'internat dans les collèges de la région. Aujourd'hui sans emploi, elle cherche encore sa voie. Jouer les Tanguy - elle vit chez ses parents - ne l'amuse pas vraiment. Décrochera-t-elle un job dans le milieu associatif ? Dans le secteur social ? Culturel ? Elle n'en finit pas, en tout cas, d'étonner ses proches. "Moi qui voulais être missionnaire en Afrique ! Lily a découvert l'Afrique à Norrent-Fontes", sourit sa mère, Anne-Marie, enseignante à la retraite. "Lily, c'est une innocente : elle pose les questions basiques, auxquelles les autres ont des réponses toutes faites", dit son amie Nan Suel. "Elle nous tient éveillés. Elle a des idées sur la société, mais n'est pas prisonnière d'une idéologie", note le maire de Norrent-Fontes, Marc Boulnois. Le mécontentement - celui des agriculteurs, notamment, que l'arrivée des exilés dans leurs champs n'a pas réjouis - a disparu en partie. Le campement de Norrent-Fontes, désormais installé sur le bord d'un chemin communal, est à la fois sous protection et sous contrôle. "C'est bon pour les migrants, c'est bon pour la commune", assure Marc Boulnois. L'association a "mis de l'ordre", en organisant la coexistence entre campagnards et migrants, insiste l'abbé Delannoy. A la porte de la mairie, une affichette aux couleurs de l'Europe, confectionnée par Terre d'errance, a été épinglée : "Asile, ici les migrants sont les bienvenus." Au moment où Marine Le Pen, vice-présidente du Front national, fait campagne contre "le cancer d'une immigration clandestine", l'initiative est méritoire. "Plutôt de gauche", Lily Boillet n'a jamais été encartée. "La politique, c'est trop réducteur", explique-t-elle. Mobile, ouverte, à l'image de toute une génération des campagnes, la jeune militante de Bourecq échappe aux étiquettes. Au film sur les réfugiés de Calais, Welcome (qu'elle n'a pas vu), elle préfère mille fois les zombies londoniens de Vingt-Huit jours plus tard, film d'horreur du Britannique Danny Boyle. A l'ouest de la France, il y a décidément du nouveau. Catherine Simon
12/01/2010
societe
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Eric Rohmer, croquis littéraires au temps de l'ORTF
Du "Signe du lion" à "Triple agent", la Cinémathèque française proposait en 2004 de parcourir de bout en bout l'œuvre d'un cinéaste qui ne dédaignait pas de travailler pour la télévision.
EN PRÉSENTANT l'intégrale de l'oeuvre d'Eric Rohmer, la Cinémathèque française doit, bien sûr, projeter tous les films que l'auteur du Genou de Claire a réalisés pour le cinéma. En égrenant les « Contes moraux » ou les « Comédies et proverbes », on discerne sans peine la cohérence d'un parcours dont les jalons avaient été posés dans les écrits du cinéaste. Mais cette rétrospective propose aussi des sujets que Rohmer réalisa pour la télévision scolaire. Et ceux-ci éclairent parfois son cinéma d'un jour inattendu. Ces films courts étaient destinés à être diffusés pendant la journée, dans les années 1960, à l'intention des enseignants assez avant-gardistes pour faire entrer la télévision dans les salles de classe ou des élèves que la maladie gardait chez eux, et qui ne trouvaient rien d'autre sur la chaîne unique. En ce temps-là, Eric Rohmer se trouvait dans une période de latence, entre l'échec commercial du Signe du lion (1959), son premier long métrage, et le succès de Ma nuit chez Maud (1969). La télévision scolaire occupe alors une partie de son temps, mais pas la totalité, puisqu'il réalise La Boulangère de Monceau (1962) et La Carrière de Suzanne (1963), ainsi qu'un film de la série « Cinéastes de notre temps » consacré à Dreyer. Dans un entretien publié sur le site de la Cinémathèque française, le cinéaste précise bien que ces films, qui s'inscrivent dans une collection intitulée « La Littérature de profil », ne sont pas des oeuvres de commande. Si l'on retient l'hypothèse du choix par Eric Rohmer des auteurs évoqués, on découvre une cartographie inattendue, qui va de La Bruyère à Mallarmé en passant par Pascal, Victor Hugo (deux fois, la première en temps qu'auteur des Contemplations, la seconde en tant que dessinateur d'architecture) et Edgar Poe. PASCAL ET EDGAR POE A chaque film, les solutions de mise en scène des textes varient radicalement. La Bruyère est mis en images pour souligner la filiation lointaine qui unit la satire cruelle et le burlesque des premiers comiques cinématographiques. Le film consacré aux Contemplations cherche à débusquer la part de la licence poétique en confrontant le texte des poèmes aux images des lieux évoqués, captées par la caméra de Rohmer.
12/01/2010
cinema
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La magie Rohmer
C'était l'époque de la "Nouvelle vague" et des "Cahiers du cinéma". "Nous étions un groupe de complices", rappelle Jean-Louis Comolli. Où est passé l'esprit du cinéma français des années 1960 ?
(PHOTO CAHIERS DU CINÉMA Michèle Girardon, Jill Olivier (de dos), Jess Hahn, Van Doude (de gauche à droite). C'EST l'année où sortent Hiroshima mon amour, le Beau Serge et les Cousins les 400 coups. 1959. Claude Chabrol et François Truffaut sont en mesure d'aider Jacques Rivette à terminer Paris nous appartient. Chabrol produit les Jeux de l'amour et le Farceur, de Philippe de Broca, son assistant, et le Signe du lion, d'Eric Rohmer. Encore un autre film (réalisé par son monteur, Jacques Gaillard), et il abandonnera la production. Son comptable, devenu gérant, s'est débrouillé à ses dépens. Rohmer tourne tout l'été, à Paris. " Que peut-on devenir à Paris, au mois d'août, sans amis, sans argent, sans métier ? " Tel est, résumé on ne peut mieux par Jean Douchet, le sujet du film. Exceptionnellement, les dialogues sont cosignés par Eric Rohmer et Paul Gégauff. Ce dernier a inspiré le personnage principal, mais il a seulement revu le texte, en une après-midi. Le chef opérateur est Nicolas Hayer, qui a travaillé avec Becker, Clouzot, Cocteau. Il y a aussi sur ce tournage un jeune homme. C'est son premier film comme caméraman. Il a suivi la filière classique de la profession. Il s'appelle Pierre Lhomme. Il sera bientôt, à trente ans, le plus jeune chef opérateur (1). Pour le moment, il déambule dans les rues de Paris, caméra à la main, derrière le héros du Signe du lion, qui se décompose sous la canicule. Comment était-il arrivé là ? Tout naturellement. De par sa formation, il était à cheval sur deux familles. Celle des ainés, avec qui il avait travaillé, Henri Alekan ou Ghislain Cloquet. Et puis les amis, ceux de son âge, ceux des Cahiers du cinéma, de la nouvelle vague. Pas de contradiction, plutôt une filiation, la relève des cinéastes n'ayant pas encore tout à fait entrainé celle des techniciens. " On se rencontrait tout le temps, dans les endroits où l'on voyait les films, et qui n'étaient pas nombreux " : Pierre Lhomme rappelle qu'il n'y avait pas alors le sentiment de solitude que connaissent à présent ceux qui débutent dans le cinéma. Pierre Lhomme garde un trop beau souvenir du Signe du lion pour s'autoriser la moindre anecdote. On ne sait ce qui l'emporte, de l'amitié ou de l'admiration. Les futurs directeurs de la photographie d'Eric Rohmer auront toujours les mêmes mots pour caractériser l'aventure : Nestor Almendros, Renato Berta, et enfin Sophie Maintigneux, qui, à vingt-trois ans, était derrière la caméra du Rayon vert puis des Quatre Aventures de Reinette et Mirabelle.
12/01/2010
cinema
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De l'affaire Dominici au procès Clearstream
Après le volume consacré aux meilleurs grands reportages publiés dans Le Monde, les éditions les Arènes récidivent. En proposant les comptes rendus de 100 procès, elles nous offrent une plongée inédite dans l'histoire contemporaine.
Après le volume consacré aux meilleurs grands reportages publiés dans Le Monde, les éditions les Arènes récidivent. En proposant les comptes rendus de 100 procès, elles nous offrent une plongée inédite dans l'histoire contemporaine. Bien sûr, nous sommes juge et partie dans cette affaire, mais une fois le volume en main, qui pourra contester le plaisir éprouvé à feuilleter ce livre-album ? Qui boudera la lecture du compte rendu d'André Fontaine, en 1950, du procès René Hardy, ce dirigeant de la Résistance accusé à la Libération de trahison et deux fois innocenté ? Ou celui du général Salan, chef de l'OAS, en 1962, par Jean-Marc Théolleyre, qui fut le maître incontesté de la chronique judiciaire ? De page en page, c'est l'histoire qui défile. On assiste comme en direct aux débats. C'est le mérite de ces récits d'audience de capter les dialogues qui auraient été autrement perdus à jamais : les questions des juges, les accusations du procureur, les réponses des accusés, les plaidoiries, tout est là. Tout est à lire ou relire. C'est le maréchal Pétain, Klaus Barbie, Maurice Papon, dont on égrène les fautes et les forfaits. C'est ceux qui ont voulu tuer le général de Gaulle, dans les années 1960, dont on cherche à comprendre les raisons. Ces comptes rendus - illustrés par des photographies de presse de l'époque - offrent aussi un regard sur les tabous d'une société. C'est la question de l'avortement qui fait ainsi irruption au tribunal de Bobigny, en 1972. C'est la vie d'un accusé et le débat sur la peine de mort qui se joue, en 1977 à Troyes, lorsque Pierre Georges nous fait assister à la plaidoirie de Me Robert Badinter. Ce dernier agrippe d'entrée de jeu le jury : "Il n'existe pas de grand procès. On croit que, parce qu'il y a beaucoup de monde, beaucoup de journalistes, c'est un procès différent des autres. Ce n'est pas vrai. Ici, c'est lui, c'est vous et c'est un petit peu moi." On y est. On est immédiatement embarqué dans ce fleuve de passions. Et l'on passe avec gourmandise du récit charpenté sur l'affaire Dominici ou le procès Clearstream au rapide croquis d'audience : la défaillance fiscale de Johnny (1977), l'absence de Françoise Sagan au premier jour de sa comparution pour usage de drogue (1995). Tant il est vrai que de "petits" procès peuvent se révéler "grands". "LES GRANDS PROCÈS, 1944-2010. LE MONDE", éd. Les Arènes en partenariat avec Europe 1, 564 pages, 24,80 euros. L. G.
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/de-l-affaire-dominici-au-proces-clearstream_1290574_3224.html
En direct du prétoire
"Le Monde" a ouvert ses archives aux éditions Les Arènes, qui en ont tiré une anthologie de chroniques judiciaires. Petite histoire d'un genre journalistique.
Qui pousse un jour la porte d'une salle d'audience dans quelque palais de France, sait l'air particulier que l'on y hume, cette atmosphère de papiers, de larmes, d'amour, de haine, d'argent et de sang mêlés. "C'est là qu'ardente, étrange, fanatique ou sceptique, sournoise ou effrénée, palpite et s'agite la moitié de l'histoire intime de la France", écrivait René Benjamin en 1919 dans les premières pages de son livre Le Palais et ses gens de justice, invitation à un voyage amer et drôle dans les chambres et la cour du Palais de justice de Paris. Parmi les hôtes familiers de ces palais, il en est un qui ne porte ni la robe des juges ni celle des avocats : le chroniqueur judiciaire. Drôle de métier qui consiste à être assis et à se taire dans ces lieux de fureur et de paroles. Nul besoin pour lui d'interroger, de chercher, de glisser un pied dans une porte. Tout lui est donné. Le pour et le contre, le vrai et le faux, l'accusation et la défense, le début et la fin de l'histoire. Son banc - le plus souvent inconfortable - dit la place qui est la sienne dans cette enceinte : à mi-chemin du prétoire et du public. Du premier, il connaît le rituel et les acteurs, membres du tribunal ou de la cour, ministère public, avocats qui, parfois, le considèrent comme l'un des leurs. Mais c'est au second qu'il appartient, ce public au nom duquel la justice est rendue et pour lequel, au-delà des quelques places trop comptées les jours de grandes affaires, trop vides le reste du temps, il témoigne. Dans les quotidiens, et cela est encore le cas aujourd'hui au Monde et au Figaro, le ou les journalistes chargés de la chronique judiciaire sont distincts de ceux qui enquêtent sur un fait divers ou sur une affaire dans sa phase d'instruction. Réplique de l'organisation judiciaire où le juge qui instruit ne peut pas appartenir à la formation - tribunal ou cour d'assises - qui va juger, le chroniqueur judiciaire doit poser un regard "neuf" sur l'affaire lorsqu'elle vient à être débattue dans l'enceinte d'un palais. Avec le feuilleton politique, la critique dramatique ou littéraire, la chronique judiciaire s'inscrit dans une longue tradition de la presse écrite depuis la fin du XIXe siècle. La place fluctuante qui lui est accordée est le reflet de celle qu'occupe, à chaque époque, la justice dans la société, comme le montre cette plongée dans soixante-cinq ans de comptes rendus d'audience publiés dans Le Monde (Les Grands Procès, 1944-2010. Le Monde, éd. Les Arènes, 564 pages, 24,80 euros). Que les prétoires soient le lieu où se juge l'histoire, qu'ils résonnent des combats de société ou que viennent devant eux les histoires criminelles les plus retentissantes, et ce sont des pages entières qui lui sont consacrées. Le chroniqueur judiciaire est là pour raconter et surtout retenir les mots qui, sans lui, s'envoleraient. Il devient conteur pour l'instant, et pour l'histoire, de ces dialogues, de ces réquisitoires, de ces plaidoiries que le principe souverain de l'oralité des débats devant une cour d'assises condamne à être éphémères. Où, sinon dans le compte rendu d'audience, entendre encore la voix de l'avocat général Gavalda au procès Salan, les plaidoiries de Tixier-Vignancour, de Floriot ou de Badinter ? Si elle n'a jamais déserté les colonnes, la chronique judiciaire a aussi connu des éclipses. La première, il faut bien le reconnaître, a été liée à l'abolition de la peine de mort en 1981. Comme si la cour d'assises, "ce théâtre de la cruauté qui est l'unique endroit où l'on peut repaître sa curiosité en la justifiant par un prétexte légitime", ainsi que l'écrit l'avocat Thierry Lévy dans son Eloge de la barbarie judiciaire, avait perdu de son attrait après une si longue bataille pour venir à bout du châtiment criminel suprême. Dans les années qui ont suivi, c'est en amont des audiences, vers les cabinets d'instruction, que la curiosité s'est déplacée, là où une poignée de juges exhumaient une à une des affaires mettant en cause des responsables politiques ou économiques dans des dossiers de corruption et/ou de financement politique. S'il est difficile de dater son retour, disons que l'affaire d'Outreau a brutalement ramené la cour d'assises sur le devant de la scène. Le prétoire, ce lieu par excellence du débat contradictoire et surtout public, a permis de faire éclater au grand jour la vérité d'un dossier qu'une instruction à charge et des fuites partielles dans la presse avaient tronqué. Parallèlement, la chronique judiciaire s'est fait l'écho de ces nouveaux dossiers, plus techniques, qui trouvent désormais leur issue devant les tribunaux : en matière de santé publique, comme l'affaire du sang contaminé ou celle de l'hormone de croissance, ou des grandes catastrophes qui engagent la responsabilité non plus seulement de personnes physiques mais de personnes morales, comme le naufrage de l'Erika. Il reste que le procès, "seul théâtre où le premier rôle est confié à un amateur", selon la formule d'un ancien chroniqueur judiciaire du Canard enchaîné Jean-Paul Lacroix, dans son Palais indiscret (Julliard, 1965), suscite toujours la passion tant il raconte l'homme et l'hommerie. De Petiot à Fourniret en passant par le curé d'Uruffe ou Emile Louis, c'est le même mystère criminel que l'on vient interroger. De Gaston Dominici, Richard Roman ou Omar Raddad aux accusés d'Outreau, ce sont les mêmes polémiques sur la culpabilité ou l'innocence qui se déchaînent. Des flagrants délits d'hier aux comparutions immédiates d'aujourd'hui, c'est la même machine judiciaire qui avale les délits et crache des peines à la chaîne. Des petites annonces de Libération poursuivies pour incitation à la débauche en 1979 au procès des caricatures de Mahomet publiées dans Charlie Hebdo en 2007, ce sont les mêmes questions d'une société en quête de ses limites qui se posent et dont le compte rendu d'audience est, à chaque fois, la nécessaire butte témoin. Et ne faut-il pas voir dans le fait que l'actuel président de la République, Nicolas Sarkozy, s'invite régulièrement dans les prétoires, l'un des meilleurs signes de la vitalité de la vie judiciaire et donc de sa chronique ? Pascale Robert-Diard
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/en-direct-du-pretoire_1290573_3224.html
"""Pour les soins courants, il y a déjà privatisation de la protection sociale"""
Responsable de la chaire santé de Sciences Po, Didier Tabuteau est un spécialiste de la protection sociale.
Responsable de la chaire santé de Sciences Po, Didier Tabuteau est un spécialiste de la protection sociale. Il publie en janvier un article dans la revue Droit social, intitulé "La métamorphose silencieuse des assurances-maladie", où il analyse l'évolution des dépenses de santé. Il estime que pour les soins courants, l'assurance-maladie ne rembourse plus qu'"un euro sur deux". Les Français perçoivent une hausse de leurs frais de santé, alors que la part de l'assurance-maladie dans le financement des dépenses reste stable. Comment expliquer ce décalage ? Certes, le taux global de prise en charge par l'assurance-maladie est plutôt stable et très satisfaisant par rapport aux autres pays, mais à 75,5 % en 2008, contre 77 % en 2007, il faut noter qu'il commence à baisser. Surtout, cette stabilité dissimule une double réalité : d'une part, les dépenses d'hospitalisation et d'affections de longue durée (ALD), prises en charge à 90 % et 100 %, augmentent, et d'autre part, les remboursements des soins courants (médecine de ville) baissent. Or ils sont très importants pour la population. Comment gagner en lisibilité ? Je propose la création d'un nouvel indicateur, le taux "apparent" de remboursement, soit le niveau de remboursement des soins, hors hospitalisation et ALD. Alors que nous sommes à un moment charnière, voire de bascule, pour le système de santé, je pense qu'il faut mettre sur la place publique l'ensemble des chiffres nécessaires au débat sur l'avenir de la protection sociale. J'ai d'ailleurs saisi le président du Haut Conseil sur l'avenir de l'assurance-maladie d'une demande de calcul et de publication de ce taux, dont l'analyse rétrospective et le suivi me semblent indispensables. A combien s'élèverait ce taux apparent de remboursement selon vous ? Selon nos estimations, il ne s'afficherait pas autour de 75 %, mais de 55 %, soit 1 euro sur 2 non pris en charge par l'assurance-maladie pour la médecine de ville. Ce qui explique que les Français ont une perception justifiée d'une dépense de santé plus coûteuse, car moins remboursée ou très largement prise en charge par les organismes complémentaires, qui ne garantissent pas l'égalité entre assurés. Cela signifie aussi que pour les soins courants il y a déjà privatisation de la protection sociale. Comment a évolué ce taux ces dernières années ? Il n'y a pas de doute que ce taux a baissé au fur et à mesure des réductions de remboursement des médicaments, de l'apparition de forfaits et franchises, et du développement des dépassements d'honoraires. Et la tendance va se poursuivre, car les dépenses d'ALD vont forcément continuer de progresser. Le recentrage des dépenses sur les maladies lourdes est-il inéluctable ? Il est tendanciel et logique, compte tenu du vieillissement de la population et de l'augmentation des ALD. Mais il n'est pas inéluctable, si l'on choisit d'investir dans la santé comme élément-clé du pacte social. Ce choix d'un niveau de remboursement des soins courants est donc profondément politique. Propos recueillis par Laetitia Clavreul
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/pour-les-soins-courants-il-y-a-deja-privatisation-de-la-protection-sociale_1290598_3224.html
Les Français face à un système de soins devenu illisible
Honoraires, mutuelles, nouvelle vignette... Les tarifs sont devenus illisibles. L'assurance-maladie ne couvrirait plus que 55 % des soins courants.
Combien rembourse l'assurance-maladie pour tel acte médical ou tel type de consultation ? A quoi correspond ce forfait de 1 euro qui apparaît sur les relevés de remboursements ? Quels frais sont pris en charge par les mutuelles ?... Confrontés à un système de soins devenu quasi incompréhensible au fil des années, les particuliers se disent souvent désarmés, notamment quand il s'agit de savoir à quoi correspondent les tarifs de santé. Avec la création, au 1er janvier, d'une nouvelle vignette de remboursement de médicaments, qui sera orange cette fois, et la hausse annoncée des cotisations des mutuelles de 5 %, la tâche ne devrait pas leur être simplifiée en 2010. "Comprendre les tarifs de santé est désormais aussi complexe que comprendre sa facture de téléphone", observe Christian Saout, le président du Collectif interassociatif sur la santé (CISS), qui représente les patients. M. Saout regrette que, contrairement aux télécommunications, il n'existe pas dans le secteur de la santé d'agence de régulation. Pourtant, le système a évolué au point de paraître illisible, notamment en ce qui concerne les tarifs de la médecine de ville (hors hôpital et affections longue durée). La diversification des tarifs remonte aux années 1980. Est alors créé, en sus du secteur 1 (médecins conventionnés par la Sécurité sociale, dont la consultation est au tarif de base), le secteur 2, qui a permis à certains médecins de pratiquer les honoraires libres. Une décision qui a débouché, vingt ans plus tard, sur la généralisation des dépassements d'honoraires, désormais considérés comme l'un des points noirs du système. Mais c'est surtout dans les années 2000 que le système de soins s'est singulièrement complexifié. Prises dans l'optique de responsabiliser des Français gros consommateurs de soins et de réduire le "trou" de la Sécurité sociale, les mesures créées par les pouvoirs publics ont été nombreuses, et souvent compliquées. Comme la franchise médicale de 0,50 euro par boîte de médicaments, entrée en vigueur en 2008 et plafonnée à 50 euros par an, ou, sur le même principe, le forfait de 1 euro par consultation adopté en 2005, qui ne concerne cependant pas les dentistes ou les kinésithérapeutes. Moins connu, un système complexe de majoration des consultations médicales en fonction des situations (urgence, week-end, consultation d'enfant) a été instauré afin de mieux adapter les revenus des médecins à leur pratique. Ainsi, un supplément de 5 euros pour les moins de 2 ans, ou de 3 euros pour les 2 à 6 ans a été instauré chez les généralistes. Plus marquante a été la création du parcours de soins, en 2004 qui aboutit, en cas de non-respect par le patient du passage devant le médecin traitant, à un remboursement moindre de 40 % des tarifs de consultation contre 70 % habituellement. Autant de modifications qui se concrétisent par des lignes et des sigles supplémentaires sur les relevés de remboursement de l'assurance-maladie. Ainsi la franchise sur les médicaments est déduite d'autres remboursements, notamment les consultations, puisque les boîtes sont souvent délivrées sans que l'assuré ait à verser quelque chose en pharmacie. Pour rajouter à la complexité, les complémentaires de santé ne prennent pas forcément tous les déremboursements à leur charge. Ce sera ainsi le cas pour les médicaments qui vont entrer, au printemps, dans la nouvelle catégorie des remboursements "à 15 %". Leur vignette orange s'ajoutera aux bleues et blanches des boîtes déjà remboursées à 35 %, 65 % et 100 %. Devraient y être inscrits des produits bénéficiant jusque-là du taux de 35 %, dont le service médical rendu a été jugé faible ou insuffisant. Une mesure prévue dans le budget 2010 de la Sécurité sociale. La Mutualité française a déjà estimé que s'ils étaient jugés inefficaces, il ne fallait pas les rembourser. Ce qui ne veut pas dire que toutes les mutuelles qu'elle fédère suivront cette recommandation... Cet exemple est la preuve que les offres des complémentaires de santé sont aussi devenues un casse-tête pour les particuliers. En témoignent les nombreux sites de comparaison apparus sur Internet. "Les mutuelles apportent le complément des remboursements de l'assurance-maladie. Dans un système qui s'est complexifié au point de devenir d'une opacité totale, leur intervention ne peut être d'une lisibilité parfaite", justifie Jean-Pierre Davant, le président de la Mutualité française. Alors que ce dernier a annoncé que les cotisations devraient augmenter en moyenne de 5 % en 2010 du fait de la hausse des dépenses de santé, les Français pourraient être nombreux à être tentés de changer de complémentaire. "Le turnover est important pour les assurés en contrats individuels, et les augmentations de prix sont de plus en plus un vecteur de changement", explique Mathias Matallah, président de Jalma, un cabinet de conseil spécialisé dans la santé. Selon lui, à bien y regarder, même si les expressions utilisées diffèrent, les offres des complémentaires ne sont pas si éloignées. Les vraies différences se limitent à trois postes : les soins dentaires et l'optique, dont l'assurance-maladie s'est largement désengagée, ainsi que les dépassements d'honoraires des médecins. Mais encore faut-il comprendre dépliants et devis... Pour permettre aux usagers de choisir en connaissance de cause, le CISS réclame la mise en place d'un contrat de base, à 40 euros pour tous les opérateurs, qui permettrait de comparer ce que les uns et les autres proposent pour ce prix. Aujourd'hui, tous les observateurs du système de santé s'accordent à dire que sa complexité accrue pose problème. Les complémentaires de santé, poussées par les pouvoirs publics, viennent d'engager une réflexion, dont pourrait émerger, d'ici la fin 2010, un glossaire commun ou des montants de remboursements libellés en euros, et non en pourcentage des tarifs de la Sécu que nul ne connaît. L'assurance-maladie aussi réfléchit à comment améliorer la lisibilité. Déjà, sur son site www.ameli.fr, il est possible de se renseigner, entre autres, sur les tarifs de chaque médecin. Depuis 2009, en outre, les professionnels doivent fournir un devis pour tout acte, avec dépassement d'honoraires, supérieur à 70 euros. Mais tous ne s'exécutent pas encore. Laetitia Clavreul
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/quel-est-le-cout-reel-de-la-sante-en-france_1290564_3224.html
Ma Nuit chez Maud, le pari vu par Rohmer
La vingt-sixième minute de Ma nuit chez Maud fait naître un de ces bonheurs de spectateur qui permettent sans coup férir de repérer les grands films.
s. Et, puisqu'il s'agit du cinéma d'Eric Rohmer, de dissiper bien des malentendus. C'est à Jean-Louis Trintignant que nous devons cet instant de grâce. A Maud qui lui demande s'il est « catholique pratiquant » en insistant, étonnée et incisive, sur le second terme de l'expression, le jeune homme répond d'un « Ben oui » qu'accompagne un sourire fugitif et hésitant où l'on peut lire tout à la fois la gêne, la fierté, l'humilité, la gourmandise et le triomphe. Infinie subtilité d'un acteur habité, au service d'une oeuvre qui ne l'est pas moins. Le troisième des six Contes moraux ne saurait ainsi être réduit à l'intellectualisme des débats qu'il propose. Bien sûr, Ma nuit chez Maud, en héritant directement d'un Entretien sur Pascal tourné quatre ans auparavant, peut prétendre au titre - peu disputé - de meilleure oeuvre inspirée par la télévision scolaire. Il est facile de voir dans les contrechamps d'une émission rohmérienne de 1965, qui oppose Brice Parain au Père Dominique Dubarle, la préfiguration des discussions qui séparent Jean-Louis de son camarade Vidal en 1969. Epargnons-nous pourtant la tentation de conclure d'emblée au didactisme envahissant du professeur Rohmer. Le débat originel, en dépit des apparences, était déjà fort peu académique. La fiction dévoile désormais ses aspects subversifs, dénude ses contradictions en leur donnant corps. Le catholique convaincu devient alors le moins pascalien de tous : « Si le christianisme c'est ça, moi je suis athée » ; il s'oppose, coupe de vin aux lèvres, à « la suppression du carême ». Le marxiste noceur se définit quant à lui comme « très puritain » et trouve dans Les Pensées une justification de son credo politique : pourquoi ne pas parier que l'Histoire a un sens ? La présence délicieusement charnelle des femmes, Françoise Fabian et Marie-Christine Barrault, parfaites, accorde une dimension supplémentaire à ce grand chamboule-tout. Maud la brune libertine pratique une « irréligion » qui est « encore une religion ». Son sens de la provocation - « Je dors toujours à poil » - s'accompagne d'une préciosité moralisante trahie par son langage - « Vous pouvez regarder, je ne montre rien que d'honnête ». Le grand amour de Jean-Louis, auquel un coup d'oeil trop rapide voudrait assigner le rôle de petite oie blonde, camoufle pour sa part un passé qui suggère au spectateur perspicace la thématique du chassé-croisé amoureux.
12/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/12/ma-nuit-chez-maud-le-pari-vu-par-rohmer_1290762_3476.html
Le PS va déposer une proposition de loi en faveur du droit de vote des étrangers
Le Parti socialiste va déposer, mardi 12 janvier à l'Assemblée nationale, une proposition de loi pour le droit de vote des étrangers aux élections locales, a annoncé sa première secrétaire, Martine Aubry.
Le Parti socialiste va déposer, mardi 12 janvier à l'Assemblée nationale, une proposition de loi pour le droit de vote des étrangers aux élections locales, a annoncé sa première secrétaire, Martine Aubry. "Dès aujourd'hui, le groupe socialiste de l'Assemblée nationale déposera une proposition de loi sur le droit de vote aux élections locales", a déclaré Mme Aubry, à l'occasion de ses vœux à la presse. "Le président de la République a dit qu'il y était favorable, eh bien qu'il la fasse voter (...) ! Nous dirons que c'est une loi portée par l'ensemble de la République française, nous ne sommes pas chatouilleux sur cela", a-t-elle ajouté. Lors de la campagne présidentielle, en 2007, Nicolas Sarkozy s'était également déclaré en faveur du droit de vote des étrangers aux élections locales, mais n'avait pas retenu cette option dans son programme. Selon la patronne du PS, "ce serait un beau signe à donner" après ces "mois calamiteux où on a essayé de nous expliquer que les immigrés étaient la cause de tous nos maux". "Sortons des discours sur l'intégration des étrangers, c'est un peu comme les discriminations. Maintenant ça suffit, il faut agir", a ajouté Mme Aubry, en faisant notamment allusion au débat sur l'identité nationale, lancé par le gouvernement. Le ministre de l'immigration, Eric Besson, qui a animé ce débat très controversé au sein de la classe politique, s'est déclaré favorable, dimanche, dans les "dix ans à venir", au vote des étrangers, hors Union européenne, aux élections locales en France.
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/le-ps-va-deposer-une-proposition-de-loi-en-faveur-du-droit-de-vote-des-etrangers_1290758_823448.html
La chasse à la burqa est-elle ouverte ?, par Raphaël Liogier
Un arsenal juridique existe déjà, inutile de faire de la surenchère.
Le projet de loi sur l'interdiction du voile intégral, qui devrait être présenté à l'Assemblée nationale en plein débat sur l'identité française alors que les thèmes de l'immigration, de l'"intégration" des populations issues de la "diversité" dominent la scène publique, risque de devenir emblématique d'une grave dérive antirépublicaine. L'idée de République semble en effet se réduire de jour en jour au profit d'une chasse nationale - voire nationaliste - aux boucs émissaires comme on n'en avait plus connu depuis les années 1980, époque de la première affaire du voile, au moment où la France sortait des "trente glorieuses" touchée de plein fouet par les deux chocs pétroliers successifs et un chômage endémique. Quelle différence entre un Etat qui contraint à s'habiller d'une certaine manière dans les lieux publics comme l'Arabie saoudite, et un autre qui interdirait de se vêtir de cette manière ? Toutes proportions gardées, il est néanmoins indéniable que dans les deux cas les droits fondamentaux de la personne sont violés. Rien à voir avec le fait de punir toute personne qui forcerait une femme à porter un voile, ce qui est indéniablement légitime, normal, républicain. Il existe déjà d'ailleurs un attirail juridique, sans qu'on ait besoin de rajouter une loi, interdisant à toute personne de s'imposer ainsi à autrui. Je crois qu'on ne réalise pas, en raison d'une islamophobie véritablement épidermique, les conséquences dramatiques d'une loi qui bafouerait à ce point le principe d'égalité républicaine. Je comprends l'angoisse, la peur de l'autre, et j'ajoute même que je peux parfois moi aussi l'éprouver, et être choqué par ces femmes qui s'obstinent à couvrir totalement leur corps en public, tout simplement parce que ce n'est pas ma culture, pas mon environnement, pas ma vie. Je peux même me sentir agressé, percevant cette attitude comme une provocation, comme si j'étais devant un individu qui refuserait que je le regarde, refusant de me répondre lorsque je lui demande l'heure, bombant le torse et se détournant de moi. C'est pourtant son droit le plus élémentaire tant qu'il ne s'attaque pas à mon intégrité physique (qu'il ne me touche pas) et morale (qu'il ne m'insulte pas). A vrai dire, je ne me sens pas plus agressé par une musulmane voilée de pied en cap que par une personne bardée d'un costume sombre et de lunette noires sortant d'une limousine aux vitres teintées. J'aurais tendance à penser que cet individu est louche avec ses lunettes opaques, que c'est un maffieux, un corrompu, un criminel en puissance ou en acte, un individu en tout cas peu recommandable (alors qu'il n'est peut-être, d'ailleurs, qu'un artiste intimidé par la foule de ses fans !). Je me forcerais, en tout cas, à lui reconnaître malgré mes préjugés, malgré mon dégoût même, le droit d'aller et venir librement dans l'espace public, parce que nous sommes en République, et que c'est là la différence entre une République et un Etat totalitaire, religieux ou non. De la même manière avec les jeunes femmes en burqa, à partir du moment où elles acceptent de se dévoiler pour s'identifier, à partir du moment où elles ne transgressent aucune loi, à partir du moment où elles ne provoquent aucune violence, à partir du moment où il est démontré que ce voile ne leur est pas imposé et qu'elles ne cherchent à l'imposer à personne, à partir de ce moment, je ne me sentirais pas légitime, en tant que législateur républicain, à limiter leur liberté d'aller et venir. Une telle loi serait à ce point inique, et ressentie brutalement ainsi par une partie de la population, qu'elle provoquerait à coup sûr des réactions, soit de refus d'obéissance à ce qui serait perçu à juste titre comme discriminatoire, soit de claustration, poussant nombre de femmes à se confiner dans leur foyer, soit de soumission doublée d'une immense frustration, d'un sentiment d'impuissance face à une République qui rejette une partie de ses enfants. Non content d'être en contradiction avec nos principes, et de devenir la risée des démocraties alors que nous apparaissons souvent comme des donneurs de leçons en matière de droits de l'homme, nous favoriserions du reste, par islamophobie et sans doute même par racisme, le fondamentalisme qui se nourrit essentiellement de ce genre de frustration. Inutile d'ajouter, d'ailleurs, mais ce n'est qu'un dommage collatéral, que la France s'offrirait alors, sans en tirer aucune gloire, comme nouvel espace privilégié d'un terrorisme transnational en quête de cibles symboliquement "justifiables". Raphaël Liogier est professeur des universités, directeur de l'Observatoire du religieux (Sciences Po Aix-en-Provence), auteur d'"Une laïcité légitime" (éd. Entrelacs, 2006).
12/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/12/la-chasse-a-la-burqa-est-elle-ouverte-par-raphael-liogier_1290636_3232.html
Comment le Parlement européen a défendu la démocratie... en France, par Sylvie Goulard et Dany Cohn-Bendit
Paris a été pris en flagrant délit de désinvolture à l'égard des règles de l'UE.
C'est l'arroseur arrosé : alors même que, si souvent, dans les capitales nationales, l'Union européenne est caricaturée pour ses prétendues carences démocratiques, voilà qu'une tentative de coup de force vient d'être déjouée, en France, par le Parlement européen. Il est bon que les citoyens le sachent. Comme souvent en matière européenne, l'affaire semble compliquée, mais la question de fond est simple : l'article 14.3 du traité sur l'UE selon lequel "les membres du Parlement européen sont élus au suffrage universel direct" a-t-il un sens ? Ou les chefs d'Etat et de gouvernement peuvent-ils décréter que des élus nationaux font aussi bien l'affaire pour être députés européens ? Récapitulons. Dans la négociation du traité de Lisbonne, la représentation parlementaire de plusieurs pays a été revue pour des raisons démographiques : l'Allemagne perd par exemple trois députés, l'Espagne en gagne quatre, etc. La France obtient deux élus de plus, le nombre total des députés européens de notre pays passant de 72 à 74. Quand il est apparu que le traité de Lisbonne n'entrerait pas en vigueur avant les élections de juin 2009, le Conseil européen de décembre 2008, sous présidence française, a prévu "des mesures transitoires". Afin de ne pas retarder de cinq ans l'augmentation du nombre des élus, un statut d'observateur leur serait donné en attendant une révision des traités en bonne et due forme. Les 18 et 19 juin 2009 (après les élections européennes), le Conseil européen a précisé que les députés supplémentaires pourraient être choisis "soit par une élection ad hoc, soit par référence aux résultats des élections européennes, soit par désignation par leur Parlement national". La "référence aux élections européennes" devenait ainsi facultative ! Une élection législative antérieure vaudrait élection pour le Parlement européen. Qu'importe si, à l'époque, l'électeur ignorait qu'il choisissait son représentant à Strasbourg : dans l'esprit des chefs d'Etat et de gouvernement, cette "onction" nationale devenait suffisante ! C'est du moins l'option que la France s'apprêtait à retenir. Dans une lettre singulière en date du 30 novembre 2009, le premier ministre, François Fillon, demandait au président de l'Assemblée nationale de "désigner" deux députés nationaux "conservant à titre transitoire leur mandat national", qui siégeraient comme observateurs au Parlement européen. Ce choix marquait à l'évidence une régression, le Parlement européen étant, depuis 1979, élu au suffrage universel direct et non plus composé, comme auparavant, de députés nationaux. Les Parlements nationaux ont obtenu, dans le traité de Lisbonne, un rôle accru dans l'UE. C'est heureux, mais cela ne suffit pas à rendre le suffrage universel direct interchangeable ni malléable. Car notre premier ministre demandait aussi au président de l'Assemblée nationale, "pour éviter toute polémique inutile", de retenir des modalités de désignation permettant la désignation d'observateurs appartenant, l'un à un groupe de la majorité, l'autre à un groupe de l'opposition. Le fait du prince fixait le résultat de l'élection comme il choisissait la procédure ! Il aurait pourtant suffi que les autorités françaises, comme d'autres Etats membres l'ont fait, et comme l'avait proposé Gérard Onesta, alors vice-président (Vert) du Parlement européen, prennent, avant les élections de juin 2009, un texte précisant dans quelle région les élus supplémentaires seraient le cas échéant choisis. La règle connue à l'avance, le cadre électoral européen respecté, la désignation a posteriori aurait été moins discutable. Mais rien n'a été prévu en France au motif, nous dit-on, que cela posait un problème juridique. La belle affaire ! Comme si cette "promotion" de députés nationaux ne violait pas les traités communautaires ! On aurait pu songer à attribuer ex post les deux sièges sur la base du scrutin de juin 2009, en retenant un critère aussi objectif que possible comme l'équité dans la représentation démographique. La volonté exprimée par les électeurs aurait au moins été prise en compte, ce qui n'est pas le cas avec le recours aux élus nationaux. L'obligation de réviser les traités donnait au Parlement européen un droit de regard. C'est grâce à la réaction vigoureuse de députés de plusieurs groupes du Parlement européen, dont Andrew Duff (ALDE - RU), rapporteur de ce dossier, et au refus du Parti socialiste français de se prêter à cette mascarade, que le gouvernement français a renoncé à faire "désigner" les députés le 13 janvier, comme il l'avait prévu. Cette affaire est très révélatrice. Primo, elle démontre qu'en dépit de la "légende dorée" de la présidence française, les dirigeants français actuels se désintéressent de l'UE et ne la respectent guère. S'ils voulaient définitivement dégoûter les Français d'aller voter à l'élection européenne, ils ne pouvaient pas s'y prendre mieux ! Secundo, elle en dit long sur leur capacité à gaspiller notre influence et nos intérêts : deux députés français ont été perdus - jusqu'à nouvel ordre - par impréparation puis entêtement dans des solutions "monarchiques". Bravo ! Le président de la République et le premier ministre n'ignorent pourtant pas que le traité de Lisbonne, négocié par eux en 2007 confère au Parlement européen des pouvoirs décisifs. Celui-ci décide désormais sur un pied d'égalité avec le conseil des ministres, de la politique agricole commune, des futurs développements dans les négociations climatiques ou de la supervision financière européenne. Dans ce contexte, affaiblir la représentation parlementaire, c'est entraver la marche de l'UE. Décidément, si "déficit démocratique" il y a, comme disent les eurosceptiques, c'est plus à Paris et dans certaines capitales désinvoltes envers le droit, qu'à Bruxelles. La semaine où le Parlement européen procède aux auditions des futurs commissaires, soumettant les responsables exécutifs à un contrôle qui n'existe dans aucun Etat membre, le contraste est saisissant ! Les adversaires du maintien du siège du Parlement à Strasbourg vont en faire leurs choux gras. Alors que le siège alsacien est contesté, que le symbole de la réconciliation franco-allemande a perdu de sa force, les autorités françaises devraient faire preuve d'un plus grand respect pour le Parlement européen et pour la démocratie en général. Sylvie Goulard est députée européenne (ALDE-MoDem) ; Dany Cohn-Bendit est député européen, coprésident du groupe des Verts.
12/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/12/comment-le-parlement-europeen-a-defendu-la-democratie-en-france-par-sylvie-goulard-et-dany-cohn-bendit_1290635_3232.html
Après les fermetures en Europe, AOL licencie aux Etats-Unis
Après l'annonce de la fermeture de ses bureaux en France, en Allemagne, en Espagne et dans la quasi-totalité des pays d'Europe, AOL a indiqué lundi qu'il passait aux licenciements aux Etats-Unis.
Après l'annonce de la fermeture de ses bureaux en France, en Allemagne, en Espagne et dans la quasi-totalité des pays d'Europe, le groupe Internet américain AOL a indiqué lundi qu'il passait aux licenciements aux Etats-Unis, par manque de volontaires après un plan de départ mondial. Le groupe avait été un pionner du développement du Web et s'est séparé, en décembre, du géant des médias Time Warner. Un plan de restructuration de 200 millions de dollars, incluant la suppression d'environ un tiers de ses effectifs dans le monde (soit 2 500 emplois), avait alors été annoncé. Seules 1 100 personnes ont accepté de participer au plan de départs volontaires, a annoncé le groupe, qui a donc décidé de procéder à 1 400 licenciements. "Des réunions se sont tenues au Royaume-Uni, en Allemagne et en France, et nous avons annoncé des projets de fermer beaucoup de nos bureaux en Europe, en démarrant par l'Espagne et la Suède", a annoncé un porte-parole du groupe. AOL, qui comptait encore 19 000 employés en 2006, n'en aura plus que 4 400 à l'issue de cette restructuration, qui doit lui permettre de se concentrer sur l'activité de site Internet d'information et de programmes développés en propre. L'entreprise a peu a peu revendu toutes ses activités de fournisseur d'accès à Internet, espérant se recentrer sur la vente de publicités sur ses portails. La mauvaise conjoncture publicitaire en 2009 a cependant plombé encore un peu plus les résultats du groupe. L'action a gagné 1,13 % lundi à la Bourse de New York, à 25,97 dollars.
12/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/12/apres-les-fermetures-en-europe-aol-licencie-aux-etats-unis_1290562_651865.html
Béni soit-il !, par Robert Solé
Cérémonie inédite, lundi, dans une église anglicane de la City de Londres : quelque 80 personnes ont brandi leur téléphone portable pour le faire bénir, tandis que le prêtre prononçait une prière adaptée aux outils de travail.
Cérémonie inédite, lundi, dans une église anglicane de la City de Londres : quelque 80 personnes ont brandi leur téléphone portable pour le faire bénir, tandis que le prêtre prononçait une prière adaptée aux outils de travail. Les appareils étaient exceptionnellement allumés pendant ce service religieux, mais placés sur le mode silencieux. Bénissez-nous, Seigneur, bénissez ce téléphone, ceux qui l'ont fabriqué et toutes les conversations inutiles qu'il va engendrer ! Le portable était déjà une bénédiction. S'il faut, en plus, appeler sur lui les bienfaits du ciel, urbi et orbi, communications locales et internationales, en forfait illimité... Dans son poème "Bénédiction", Baudelaire écrivait en 1857, avec une étrange prémonition : Je ferai rejaillir ta haine qui m'accable Sur l'instrument maudit de tes méchancetés, Et je tordrai si bien cet arbre misérable, Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés ! Né trop tôt, le poète n'a même pas connu le 22 à Asnières, mais il avait déjà la tonalité. Robert Solé
12/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/12/beni-soit-il-par-robert-sole_1290657_3232.html
Les banquiers et la Jarretière, par Marc Roche
Pour la deuxième année consécutive, aucun des membres de la finance n'a été fait chevalier, irremplaçable insigne de respectabilité.
Des militaires en costume d'apparat, l'orchestre des gardes royaux, un peloton de redoutables Gurkhas népalais, des hallebardiers en costume Tudor et la salle de bal de Buckingham Palace dominée par son orgue monumental : la royauté britannique déploie tous ses fastes à l'occasion de la remise de décorations. Or, cette année, parmi les récipiendaires qui s'immobilisent dans un garde-à-vous martial devant Elizabeth II, c'est en vain que l'on cherchera un représentant de la haute finance en queue-de-pie. Le petit monde de la banque en frissonne encore. Pour la deuxième année consécutive, aucun de ses membres n'a été fait chevalier, irremplaçable insigne de respectabilité. Même le lord-maire sortant de la City, Ian Luder, a dû se contenter d'un ordre inférieur, celui de commandeur de l'Empire britannique. Dyfrig John, l'ex-directeur-général d'HSBC pour le Royaume-Uni, a reçu le même hochet. Cette absence contraste avec la pléthore de hauts fonctionnaires, dirigeants de mouvements associatifs, stars de la chanson ou du sport royalement récompensés. "Les critères d'attribution changent. Une fonction ne donne plus nécessairement droit à un honneur spécifique" : la City of London Corporation, organisme de gestion de la première place financière européenne, a fait contre mauvaise fortune bon coeur. Après tout, reflétant la même humeur anti-establishment du public exaspéré par le scandale de leurs notes de frais, les parlementaires ont été également exclus de cette liste. Pour paraphraser Oscar Wilde, fin connaisseur de l'ascension sociale, empêcher les seigneurs de l'argent de faire précéder leur prénom d'un "Sir" peut être regardé comme un malheur. Mais c'est faire preuve de négligence que de priver Madame d'accéder automatiquement au titre de Lady. Malgré cette omission qui leur fait mal, les hiérarques de la finance, en bons royalistes, refusent de s'en prendre à Sa Majesté, qui passe pour Gracieuse. En effet, les titres nobiliaires et les décorations sont octroyés par le 10 Downing Street, la résidence du premier ministre, sans demander l'avis du Palais. Gordon Brown a frappé fort. Le premier ministre a voulu faire payer à nouveau aux banquiers leur rôle dans le déclenchement de la pire récession que connaît le royaume depuis 1947. "Cette absence marque la fin de la longue lune de miel entre le New Labour et la City." Comme le rappelle le Times, le gouvernement travailliste s'est aussi vengé des attaques des financiers de renom contre sa politique de taxation des bonus. Ces représailles sont également une réponse aux menaces de délocalisation brandies par certaines banques comme Goldman Sachs ou JPMorgan. A l'évidence, en cette année électorale - le scrutin législatif doit se tenir au plus tard à la mi-juin -, Brown, à la traîne des sondages, entend réitérer son thème porteur de la "lutte des classes". On l'a vu ainsi accuser l'opposition conservatrice d'être "le parti des riches" en raison de ses liens avec la City. Le chef de la majorité a, par exemple, déclaré que la politique fiscale des tories avait été "inventée sur les pelouses d'Eton", allusion au pensionnat aristocratique fréquenté par le leader de la droite, David Cameron. Premier ministre entre 1997 et 2007, Tony Blair, pur produit de l'enseignement privé et d'Oxford, a toujours été fasciné par l'argent. Les liens étroits tissés avec la City, qui figurait parmi ses plus grands donateurs, l'attestent. Gordon Brown, qui fut son ministre des finances tout au long de cette période, n'a cessé de courtiser les milieux d'affaires. La chute de Lehman Brothers, en septembre 2008, a toutefois bouleversé la donne. Fils de pasteur presbytérien moulé à l'école publique, l'austère Brown ne partage pas la fascination de son prédécesseur pour les gens riches. Par ailleurs, le scandale des prêts faits secrètement en 2005 aux travaillistes par des bienfaiteurs multimillionnaires en échange de la promesse d'un siège à la Chambre des lords, avait précipité la sortie de M. Blair. De surcroît, Gordon Brown n'a plus rien à attendre de financiers qui, dans leur grande majorité, soutiennent désormais ouvertement la droite. Les dons à titre individuel des dirigeants d'institutions financières prestigieuses affluent dans les caisses des tories. A leurs yeux, s'il remporte le scrutin, David Cameron ne peut que combler les milieux d'affaires, en conformité avec le programme présenté aux électeurs. Car comme l'indique le politologue Byron Criddle, coauteur de The Almanac of British Politics, "quelle que soit l'ampleur de la victoire conservatrice, la nouvelle Chambre des communes va rétablir la prééminence des députés issus du secteur privé, en particulier de la City, sur ceux venus du secteur public". Revenons à la malheureuse souveraine dont la fortune personnelle, essentiellement constituée d'un portefeuille d'actions et d'investissements immobiliers, a été durement affectée par la crise. Malgré l'embellie, le Palais a récemment demandé un relèvement de la liste civile perçue par la reine et son époux. S'il est élu, David Cameron devrait accepter cette requête. Jambes parallèles, poids du corps distribué de manière égale, Elizabeth II épinglera alors sans ciller quelques banquiers méritants. En un tournemain, force de l'expérience... Courriel : roche@lemonde.fr. Marc Roche et Marc Roche
12/01/2010
idees
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Jour de soldes, par Franck Nouchi
Selon Marie-José Mondzain, la mode serait "un discours silencieux sur l'ordre qui doit régner et sur la définition obligatoire du bonheur".
C'était jour de soldes samedi après-midi au Bon Marché, dans le 7e arrondissement de Paris. Au rayon chaussures pour hommes, la tension était vive. Plusieurs dizaines d'assaillants tentaient de se frayer un passage vers les deux tables où étaient présentés les objets tant convoités. "Des affaires !" : dans une incroyable bousculade, le mot revenait sans cesse. Pensez : des mocassins de marque anglaise à 345 euros. Une paille ! 25 % d'économie. Une cliente en convenait : "J'achète des trucs dont je n'ai absolument pas besoin." A peine ces paroles de bon sens énoncées, elle fonçait à nouveau dans la mêlée. Les soldes, les marques. Dans La Mode (Bayard), un petit livre à la fois pédagogique et enlevé, la spécialiste de la question de l'image, Marie-José Mondzain, rapporte ce qu'elle a lu sur le blog d'un garçon de 14 ans : "Mon style, c'est un style assez neutre que j'adopte, c'est plus ou moins le style skater, biker. Niveau marque ça y va avec du Quicksilver, du Rip Curl et autres, en général avec une veste. Au niveau des pompes, le biker choisira des baskets avec des coussins d'air, et certains choisiront les Converse, puis les skaters porteront des espèces de grosses godasses genre Vans." Suivaient un tas d'autres considérations vestimentaro-esthétiques. Au total, cette description pour le moins codée correspondait à un budget de plus de 1 000 euros. En ces temps de frénésie consommatrice, cet ouvrage tombe à pic. Au lieu de suivre la mode, suggère Marie-José Mondzain, il faudrait pouvoir se dire : et si c'était moi qui la faisais ? Elle ajoute : "Peut-être faut-il prendre conscience du fait que le marché de la mode nous prive silencieusement de tous les pouvoirs du regard, du rêve, de la reconnaissance. Nous pourrions décider que la beauté des autres, et aussi la nôtre, ne dépend pas de la fréquentation d'une boutique, de la possession d'un signe ayant coûté de l'argent. Nous sortirions alors de cette grande violence que nous imposons aux exclus, qui sont obligés de suivre la mode pour avoir droit à notre regard." Voeux pieux ? A l'évidence, de telles paroles, qui plus est exprimées dans "le" pays de l'industrie du luxe, relèvent d'une forme de militantisme. On retrouve là, exprimées de manière volontairement simple, quelques idées détaillées par Roland Barthes dans le très savant Système de la mode (Seuil). Conçu comme un véritable système d'"aliénation" tendant à se mondialiser de plus en plus, la mode produirait les signes de la mythologie du monde moderne. Elle serait, dit Mme Mondzain, "un discours silencieux sur l'ordre qui doit régner et sur la définition obligatoire du bonheur". Bigre ! Nous voilà bien loin des préoccupations des amateurs de soldes. Mais, tant qu'à acheter, souvenons-nous de ceci : si la mode relève du goût, ce qui est beau ne se démode pas. Franck Nouchi
12/01/2010
idees
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Les prismes de Daniel Caux, par Francis Marmande
Pensées limpides sur des objets non identifiés, des inconnus, des extraterrestres musicaux.
Voici le livre le plus nécessaire dans un temps vide : Le Silence, les couleurs du prisme & la mécanique du temps qui passe, de Daniel Caux (Editions de l'Eclat, 400 p., 36 euros). Montage formidablement tonique de ses textes publiés par L'Art vivant, Le Monde, Jazz Hot, etc. Daniel Caux (1945-2008), défricheur, intrépide activiste musical, petit bonhomme toujours pressé, toujours en retard, sauf sur son temps et sur son rire. Son livre est présenté par Jacqueline Caux, l'inséparable aux yeux clairs, auteure d'un film à voir impérativement sur les sons d'une ville, Detroit, du blues à la techno : Detroit, The Cycle of the Mental Machine. "Ensemble, nous avons contacté John Cage - alors constamment critiqué. Et mené avec lui, en français, un entretien qui figure aux premières pages de ce livre. Cette même année 1970, Daniel fit venir, pour la première fois en France, aux Nuits de la Fondation Maeght, La Monte Young, Terry Riley, l'Intergalactic Research Arkestra de Sun Ra et le saxophoniste free Albert Ayler." Daniel et Jacqueline Caux, on les rencontrait à tout bout de champ, partout où il ne fallait pas, sans compter que, le plus souvent, de Festival d'automne en célébration des musiques arabes accueillie par Patrice Chéreau et Catherine Tasca à Nanterre, c'étaient eux qui avaient monté le coup. Peter Sellars leur dit un moment : "Je crois que c'est toujours une crise qui force une société, qui force un art à se renouveler." Or, la crise que nous commençons de vivre, car elle ne fait que commencer, ne suscite rien, ni création ni renouvellement. Grande première. Cette crise suscite et génère des peurs, de la peur, même pas de l'angoisse, toujours grande pourvoyeuse des philosophies et des arts, non, de la peur, la bonne vieille peur des campagnes. Tout cela pour dire que ce joyau des Caux, Le Silence, les couleurs du prisme & la mécanique du temps qui passe, aligne des textes qui feraient un bien fou s'ils étaient publiés demain. Pensées limpides sur des objets non identifiés, des inconnus, des extraterrestres musicaux et des "connus" qui, à l'époque des textes, étaient de parfaits inconnus. Impubliable aujourd'hui. Ajoutez à cela un CD Daniel Caux de A à Z (Atelier de création radiophonique de France Culture), vous avez l'abécédaire le plus éblouissant de ce qu'une époque aurait pu rater sans Daniel Caux. Pas un des noms qu'il célèbre avant tout le monde (Ayler, Charlemagne Palestine, Terry Riley, Cornelius Cardew, Milford Graves, Conlon Nancarrow) qui figurerait aujourd'hui, en temps réel, dans le top ceci, le top cela, tope ci, tope là, qui fleurissent partout, très révélatrice manie, pour tuer les dix premières années du siècle. "Mammifère, ma mère l'était, il faut m'y faire" (Leiris) : nous méprisons la Star'ac, mais (ou parce que) nos choix culturels fonctionnent sur son moule, farce en moins, pulsion de mort en plus. Daniel, reviens, ils sont devenus sages ! Courriel : marmande@lemonde.fr. Francis Marmande
12/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/12/les-prismes-de-daniel-caux-par-francis-marmande_1290571_3232.html
Les gauches d'Amérique latine confrontées à la corruption, par Paulo A. Paranagua
Ces gouvernements de centre gauche ou de gauche sont en train de perdre la bataille de l'éthique.
Fin décembre 2009, la justice argentine a renoncé à poursuivre l'enquête sur les soupçons d'enrichissement illicite qui pèsent sur la présidente péroniste Cristina Kirchner et son mari et prédécesseur à la tête de l'Etat, Nestor Kirchner (2003-2007). Selon la déclaration patrimoniale du couple, leur fortune s'élève à 12 millions de dollars en 2009, alors qu'elle était de moins de 5 millions de dollars l'année précédente. Depuis 2003, leur patrimoine a été multiplié par six, sans compter leurs proches ou leur entourage. Le gouvernement explique ces bonds fantastiques par l'évolution du marché immobilier dans la province de Santa Cruz (Patagonie), où les Kirchner ont commencé leur carrière politique, lui comme gouverneur, elle comme sénatrice. Ils ont acheté des terres publiques à bas prix, qui ont été revendues à une valeur très supérieure. Ainsi, un terrain de 20 000 mètres carrés, acquis en 2006 pour moins de 35 000 dollars, a été cédé à une entreprise chilienne pour plus de 1,6 million. L'opposition qualifie l'opération de "trafic d'influence". D'autres y verraient au moins un conflit d'intérêts. Mais pour la justice de Buenos Aires, il n'y a rien à redire. Avant d'arriver à la présidence, Nestor Kirchner traînait une affaire de 500 millions de dollars. Gouverneur de Santa Cruz, sa province natale, lors de l'effondrement financier de l'Argentine (2001), il avait cru bon de placer à l'étranger des royalties du pétrole. La justification était d'éviter une éventuelle faillite bancaire dans le pays. Le problème est que le circuit parcouru par les 500 millions et les produits financiers qui en ont résulté n'ont jamais été clarifiés, alors qu'ils ont mis des années à rentrer à Santa Cruz. L'Argentine figure dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International (TI) parmi des Etats déliquescents ou des pays en guerre, comme la Somalie, l'Afghanistan, le Soudan ou l'Irak. L'organisation non gouvernementale classe à une place encore plus compromettante plusieurs pays d'Amérique latine - Haïti, Venezuela, Paraguay, Equateur, Nicaragua, Honduras et Bolivie. Selon le classement de TI, seuls l'Uruguay et le Chili voisinent avec la France et d'autres pays européens plus vertueux. En 1998, lorsque le lieutenant-colonel Hugo Chavez briguait la présidence du Venezuela pour la première fois, il le faisait au nom de la lutte contre la corruption. Depuis, il s'est affranchi de tous les contrôles, tandis que le prix du baril de brut et les ressources de l'Etat étaient multipliés par vingt. Si le Venezuela a toujours été corrompu, les sommes détournées se comptaient en millions, alors qu'aujourd'hui elles se chiffrent en milliards. L'argent public est dépensé de manière discrétionnaire et opaque. Son utilisation partisane et l'enrichissement illicite coexistent en toute impunité. Dans une certaine mesure, l'abus politique "couvre" les malversations individuelles. En 2007, pendant la campagne électorale de Cristina Kirchner, une valise contenant 800 000 pétrodollars en provenance de Caracas a été interceptée à la douane de Buenos Aires. Le porteur de valise, Guido Antonini Wilson, était au siège de la présidence argentine pendant la réception en hommage au chef d'Etat vénézuélien, Hugo Chavez. Qu'en dit la justice ? Circulez, il n'y a rien à voir ! La gauche qui a accédé au pouvoir en Amérique latine depuis une décennie y est arrivée en chevalier blanc, convaincue de sa supériorité morale sur les anciennes élites. Or, à l'exception du Chili et de l'Uruguay, ces gouvernements de centre gauche ou de gauche sont en train de perdre la bataille de l'éthique. En Bolivie, la nationalisation des hydrocarbures (2006) a été entachée par la corruption à la tête de l'entreprise publique Yacimientos Petroliferos Fiscales Bolivianos (2009). Au Brésil, au scandale du "mensalao" (2005) - ces mensualités versées à des parlementaires alliés du président Luiz Inacio Lula da Silva - est venu s'ajouter, en 2009, l'affaire du président du Sénat, José Sarney, pris la main dans le sac dans des cas de népotisme, d'emplois fictifs et d'autres indélicatesses. Ancien leader du groupe parlementaire gouvernemental sous la dictature militaire (1964-1985), puis premier président civil à la suite du décès de Tancredo Neves avant son investiture, José Sarney est à la tête d'une véritable mafia familiale au Maranhao (nord-est). Le président Lula l'a sauvegardé au nom de la cohésion de la coalition gouvernementale, alors qu'il représente ce qu'il y a de pire dans la classe politique. "Dans un pays pétrolier, chacun s'estime en droit de prendre sa part", explique le social-démocrate Teodoro Petkoff à propos de la relative indifférence des Vénézuéliens à l'égard des malversations. "La lutte contre la corruption nécessite un contrôle fort des Parlements, un appareil judiciaire efficace, des organismes d'audit et de lutte contre la corruption indépendants et disposant de ressources suffisantes, une application vigoureuse de la loi, une transparence dans les budgets publics, un apport d'aides et de finances, ainsi que de la place laissée à une presse indépendante et une société civile énergique", souligne Huguette Labelle, présidente de TI. La vertu n'est pas juste affaire de décence, mais de respect des institutions. Courriel : paranagua@lemonde.fr. Paulo A. Paranagua (Service International)
12/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/12/les-gauches-d-amerique-latine-confrontees-a-la-corruption-par-paulo-a-paranagua_1290570_3232.html
En Europe...
De retour aux affaires après un mois d'absence, le président du conseil, Silvio Berlusconi, n'a pas cru bon, lundi 11 janvier, de prendre la parole pour exprimer son opinion sur les affrontements de Rosarno - ces violences dont ont été victimes des immigrés, pour la plupart clandestins et africains, les 9 et 10 janvier, de la part de la police et des habitants de cette petite ville de Calabre, dans le sud de l'Italie.
De retour aux affaires après un mois d'absence, le président du conseil, Silvio Berlusconi, n'a pas cru bon, lundi 11 janvier, de prendre la parole pour exprimer son opinion sur les affrontements de Rosarno - ces violences dont ont été victimes des immigrés, pour la plupart clandestins et africains, les 9 et 10 janvier, de la part de la police et des habitants de cette petite ville de Calabre, dans le sud de l'Italie. Pourtant, ces événements mettent en lumière un des problèmes majeurs que l'Italie partage avec ses voisins européens : l'accueil et l'intégration des immigrés. Pour le ministre de l'intérieur, les violences de Rosarno ne sont qu'une question d'ordre public et d'effectifs de policiers supplémentaires. Passé en vingt ans de pays d'émigration a pays d'immigration, l'Italie n'a pas su, ou pas voulu, aborder le problème autrement que sous l'angle de la répression, cherchant par un arsenal de mesures à décourager les candidats au voyage vers la Péninsule. Elle a en partie réussi. Le flux migratoire à travers la Méditerranée a été pratiquement tari depuis la signature d'un accord avec la Libye. Cet accord a permis à l'Italie de refouler les clandestins avant même qu'ils n'abordent les côtes italiennes pour faire valoir un éventuel droit d'asile. Il reste que 4 millions d'étrangers, et près de 600 000 clandestins, vivent désormais en Italie sans qu'aucune réflexion sérieuse et apaisée ne voie le jour quant à leur intégration. L'idée de raccourcir de dix à cinq ans le délai d'obtention de la nationalité italienne a été balayée par la droite, qui a préféré instituer la mise en place d'un plafond de 30 % d'élèves étrangers dans les classes pour la rentrée scolaire 2010. Principal allié de Silvio Berlusconi, le parti anti-immigrés de la Ligue du Nord multiplie les provocations à l'égard des nouveaux entrants en Italie - et plus particulièrement les Africains - sans que personne, ou presque, ne s'émeuve. Dans la presse de droite, les Noirs sont appelés "Négres" ou bien "Bingo-Bongo". Ce racisme tranquille et assumé a fini par gangrener la société italienne, du nord au sud. L'absence de véritable condamnation du pouvoir a fait le reste. Aujourd'hui, les pelleteuses ont rasé les baraquements dans lesquels les immigrés de Calabre avaient trouvé un indigne refuge, faisant par là même disparaître la trace de leurs habitants. Et avec elle l'occasion d'une réflexion sur une société multiethnique et multiculturelle à l'italienne.
12/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/12/en-europe_1290568_3232.html
Les accords entre labos pharmaceutiques dans le collimateur de Bruxelles
Les laboratoires sont soupçonnés par la Commission européenne de freiner l'arrivée sur le marché de copies "génériques".
La Commission européenne s'est attaquée, mardi, aux accords amiables sur les brevets passés entre les laboratoires pharmaceutiques, en demandant à "un certain nombre" d'entre eux des copies de ces documents. La Commission, gardienne de la concurrence en Europe, soupçonne les laboratoires de freiner l'arrivée sur le marché de copies "génériques" moins chères de certains médicaments, et de porter ainsi "préjudice au consommateur européen en le privant d'un choix plus large de médicaments moins chers", selon un communiqué. "Les règlements amiables relatifs à des brevets posent problème, notamment lorsqu'un laboratoire [ayant créé un médicament] rémunère un fabricant concurrent de produits génériques en contrepartie d'un report de l'entrée d'un médicament générique sur le marché", a expliqué la commissaire à la concurrence Neelie Kroes. La Commission n'indique pas l'identité ni la nationalité des sociétés concernées. Les accords qu'elle veut examiner sont ceux conclus entre le 1er juillet 2008 et le 31 décembre 2009.
12/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/12/les-accords-entre-labos-pharmaceutiques-dans-le-collimateur-de-bruxelles_1290498_3214.html
Attentat : l'Iran accuse les Etats-Unis et Israël
Le gouvernement iranien a accusé les Etats-Unis, Israël et "leurs mercenaires" d'être impliqués dans l'attentat qui a coûté la vie à un scientifique nucléaire iranien.
Le gouvernement iranien a accusé les Etats-Unis, Israël et "leurs mercenaires" d'être impliqués dans l'attentat qui a coûté la vie, mardi matin à Téhéran, à un scientifique nucléaire iranien de renom, Massoud Ali Mohammadi. "Les premiers éléments de l'enquête montrent des signes de l'action maléfique du triangle Etats-Unis, régime sioniste et leurs mercenaires dans cet attentat terroriste", a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, cité par le site Internet de la télévision d'Etat iranienne. "Ces actions terroristes et l'élimination de savants nucléaires du pays n'empêcheront certainement pas le programme nucléaire de l'Iran, mais vont l'accélérer, bien au contraire."
12/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/12/attentat-l-iran-accuse-les-etats-unis-et-israel_1290554_3218.html
Voile intégral : Copé revendique l'appui de Fillon
Selon lui, l'interdiction du port du voile intégral doit "passer par une résolution suffisamment ferme pour fixer les principes ainsi que des textes législatifs pour les appliquer".
Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, a revendiqué, mardi 12 janvier, le soutien de François Fillon à son projet de résolution et de proposition de loi interdisant en France le port de la burqa. Rédigé par le groupe de travail interne du groupe UMP de l'Assemblée, le texte dévoilé vise "à interdire le port de tenues ou d'accessoires ayant pour effet de dissimuler le visage dans les lieux ouverts au public et sur la voie publique". "Le premier ministre, et nous en avons été tous très heureux, a confirmé ce matin qu'il était tout à fait en phase avec notre ligne, à savoir une résolution et une loi", a déclaré Jean-François Copé, qui a été accusé de jouer une carte personnelle alors que ce sujet divise la majorité. Nicolas Sarkozy se serait prononcé contre une loi sur ce sujet, selon des participants à une réunion récente entre le chef de l'Etat et des responsables de l'UMP. Les textes seront prochainement déposés afin d'être examinés en séance publique fin mars, a précisé Jean-François Copé en rendant compte de la réunion hebdomadaire des députés UMP. "C'est un élément pour nous important d'avoir la parole du premier ministre sur ce point", a-t-il ajouté, "parce que certains ministres ont tenu des propos qui étaient très durs à l'égard d'un certain nombre de députés". Des membres du gouvernement ont accusé le patron des députés UMP de faire cavalier seul, en poussant l'idée d'une loi sans attendre les conclusions de la mission d'information de l'Assemblée nationale, qui rendra ses conclusions en janvier. "Essayons d'avoir une position qui dépasse les clivages politiques et puis surtout que personne ne fasse d'opération d'autopromotion personnelle", a déclaré sur RTL Laurent Wauquiez, le secrétaire d'Etat à l'emploi. Dominique Paillé a abondé dans le même sens sur Radio classique. A la question de savoir si Jean-François Copé jouait "perso", le porte-parole adjoint de l'UMP a répondu : "La réponse est oui. C'est une évidence aujourd'hui." DIVISION AU SEIN DE L'UMP La question du voile intégral divise l'UMP. C'est pour tenter de mettre fin à la cacophonie que François Fillon avait tenté, mardi 12 janvier, de mettre de l'ordre au sein de sa majorité. "La position du gouvernement a été exprimée par le président de la République lors du Congrès à Versailles [en juin dernier] : la burqa n'est pas la bienvenue en France. L'objectif, c'est de faire en sorte que la burqa n'ait pas sa place en France", a déclaré le premier ministre lors de la réunion hebdomadaire, à huis clos, du groupe UMP à l'Assemblée, selon plusieurs témoins. Plus tôt dans la journée, Bernard Accoyer, le président UMP de l'Assemblée nationale, a mis en garde contre une mesure générale. "Je pense que, ce qui est important, c'est de construire une loi qui soit solide, qui ne puisse pas être annulée soit par le Conseil constitutionnel, soit par la Cour européenne des droits de l'homme", a déclaré M. Accoyer sur LCI. "Il faut faire attention. Une mesure générale serait, à mon avis, une mesure fragile", a estimé le président de l'Assemblée. Dans une interview au quotidien Le Parisien-Aujourd'hui en France parue le même jour, le président de l'Assemblée plaide pour "la solution la plus consensuelle possible" et juge "prématurée" la proposition de loi de M. Copé. La secrétaire d'Etat à l'économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet estimait, dans la matinée, sur RMC, qu'il vaut mieux "une résolution adoptée à l'unanimité" contre le port du voile intégral, qu'une loi précipitée risquant de "tomber sous le coup d'une annulation du Conseil constitutionnel". Cette question "n'est pas un sujet partisan, c'est un sujet sur lequel on a besoin d'être fort, on a besoin que ce soit la République dans son ensemble qui dise non à la burqa. Et, pour ça, l'idéal c'est qu'il y ait un projet de résolution qui soit issu de la mission parlementaire, actuellement en cours, qui puisse être voté à l'unanimité", a déclaré Mme Kosciusko-Morizet. Christian Estrosi, ministre de l'industrie, préconise lui de procéder par "étapes" sur le voile intégral. Interrogé sur la burqa par France 2, le maire UMP de Nice a répondu : "Je pense que la meilleure formule, c'est d'abord une résolution législative qui permette un rappel à l'ordre constitutionnel parce que c'est le moyen de fédérer tous les partis politiques. Je pense qu'il peut y avoir l'unanimité autour de cela." "Nous devons aider toutes ces femmes qui se sentent quelque part prisonnières, là où nous sommes un pays de liberté de la femme, à pouvoir vivre à visage découvert" ", a expliqué le ministre. " "Si malheureusement, cette résolution ne permettait pas d'obtenir les résultats escomptés, alors nous pourrions envisager d'en passer au stade de la légifération" ", a poursuivi M. Estrosi." "Je pense qu'il faut savoir franchir les étapes les unes après les autres pour montrer que c'est le compromis, que c'est le débat, et que c'est comme cela que nous ferons avancer cette grande idée républicaine." "
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/accoyer-une-proposition-de-loi-sur-le-voile-serait-prematuree_1290470_823448.html
"Louis Gallois : ""Pour EADS, l'incertitude autour de l'A400M est insupportable"""
Le patron du groupe franco-allemand appelle les Etats européens à trancher très vite la question des surcoûts de l'avion militaire. Il reconnaît aussi que l'A380 coûte plus cher que prévu à fabriquer
ENTRETIEN Louis Gallois, président exécutif du groupe d'aéronautique et de défense EADS, a esquissé, mardi 12 janvier à Séville, les perspectives du groupe pour 2010, dans un contexte de crise du transport aérien. En 2009, sa filiale Airbus a pourtant établi un record en livrant 498 avions, restant numéro un devant l'américain Boeing. Dix ans après sa création, le groupe franco-allemand doit gérer des problèmes autour de grands programmes comme l'A380 ou l'avion de transport militaire A400M. Sur ce dossier, la France, l'Allemagne, l'Espagne, le Royaume-Uni, la Turquie, la Belgique et le Luxembourg - qui ont commandé 180 A400M pour 20 milliards d'euros - refusent de prendre en charge les surcoûts liés aux retards de l'appareil. EADS refuse également d'assumer seul ces charges estimées à au moins 5 milliards d'euros. L'A400M est votre priorité actuelle. Où en sont les discussions avec les Etats sur les surcoûts ? Les négociations financières n'ont pas débuté et il est impératif de les engager rapidement, car les enjeux sont importants. L'avion vole, ses performances sont remarquables, son prix - même réévalué - est très compétitif et il a un fort potentiel à l'export. Ce programme mobilise déjà près de 10 000 personnes et devrait créer 40 000 emplois en Europe. Mais nous devons connaître la charge que EADS supportera. Cette incertitude est une vraie épée de Damoclès. Il faut la lever. Pourquoi EADS n'assume pas les dérives, vu sa responsabilité dans les retards ? Quand on s'engage dans des projets de très haute technologie, à la limite de ce que l'on sait faire, il y a souvent des surcoûts, même si j'assume nos responsabilités. Signer un contrat à prix fixe sans partage du risque a été une erreur - nos compétiteurs américains n'y sont pas soumis. L'A400M est un programme à responsabilité partagée. La répartition industrielle entre pays et le choix du moteur européen ont été impulsés - sinon imposés - par les pays clients. Je peux le comprendre au nom d'une politique industrielle européenne, mais cela implique un partage des risques. Il ne faut pas qu'un tel programme déstabilise EADS. Iriez-vous jusqu'à un abandon du programme faute d'accord, comme l'évoque Tom Enders, le patron d'Airbus ? Nous avons jusqu'au 31 janvier pour négocier. C'est suffisant, mais nous ne pourrons pas aller au-delà. Il est temps de conclure. Nous dépensons 100 à 150 millions d'euros par mois. L'incertitude est insupportable et nous devons arrêter nos comptes 2009. En tout cas, nous prendrons nos décisions en fonction des intérêts et des capacités de l'entreprise. Sur l'A380, vous perdez de l'argent : on parle de 50 millions par avion vendu 220 millions d'euros. Vous en livrez aussi moins que prévu. Est-ce un échec ? Certainement pas ! L'A380 a déjà reçu 200 commandes. C'est l'avion le plus économique en carburant et les passagers le plébiscitent. Je suis sûr que, la crise passée, les commandes reprendront. Mais il nous coûte plus cher que prévu à fabriquer. La priorité d'Airbus est de le ramener "dans les clous" en termes de coûts. Il en est de même du rythme des livraisons. Les progrès sont réels mais trop lents. Nous avons accepté que les compagnies "dessinent" leur cabine. Le "sur-mesure" ralentit le processus industriel. Mais 12 ou 10 avions livrés en 2009 parce que 2 avions glissent de décembre à janvier, c'est un épiphénomène. Quel est l'impact de la crise ? Airbus ne prévoit pas actuellement de changer son rythme de production - c'est un bon signe -, même s'il s'en réserve la possibilité en fonction de la situation du marché à la fin de l'hiver. Eurocopter souffre plus sur les hélicoptères civils. Mais 2010 sera marquée par une nouvelle dégradation du niveau de nos couvertures de change - d'où une charge supplémentaire de un milliard d'euros ! Nous subissons cette charge à un moment où nous investissons massivement, notamment sur notre futur long courrier A350. Que faire pour parer cette chute du dollar ? Quand le dollar décroche du yen, le Japon demande immédiatement que cette question soit évoquée au G7. La Chine elle-même a réagi. Nicolas Sarkozy a été parfaitement clair à Cholet (où le président de la République a indiqué, le 6 janvier, que les "disparités monétaires" étaient un problème "considérable"). Mais je n'ai rien entendu du côté de l'Europe, même si le patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a regretté les mouvements trop brusques du dollar. C'est l'avenir de l'industrie européenne exportatrice qui est en jeu. Nous avons besoin d'une politique industrielle européenne : les problèmes de change en font partie. Les prochains G7 et G20 doivent se concentrer sur les parités monétaires. Même l'industrie allemande au-delà de l'aéronautique commence à le dire. La décision de l'Autorité des marchés financiers (AMF) disculpant des dirigeants d'EADS de délits d'initiés est mal perçue. Qu'en pensez-vous ? L'AMF a répondu à une question précise : y a-t-il eu ou non un délit d'initié sur l'A380 ? Elle a répondu "non" en droit. Elle n'a pas jugé le système des stock-options en tant que tel. Nous avons remplacé les stock-options depuis deux ans par des actions gratuites cessibles à des dates fixées à l'avance. Cela évite tout soupçon. Vous arrivez à mi-mandat. Quelle sera votre action jusqu'en 2012 ? En l'espace de dix ans, EADS est devenu le seul concurrent global de l'industrie aéronautique et de défense américaine. L'ambition est d'être, en 2020, le leader mondial - pas le plus gros mais le plus performant. Ma responsabilité est de mettre EADS sur cette trajectoire. EADS sera une entreprise plus globale pour accéder à ses marchés et limiter l'impact monétaire. Mais elle conservera ses racines en Europe. Je ne crois pas à des entreprises sans racine ou à une Europe sans usine. Mais pour cela aussi, je le redis, il faut une politique industrielle européenne. Propos recueillis par Dominique Gallois
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/louis-gallois-pour-eads-l-incertitude-autour-de-l-a400m-est-insupportable_1290615_3234.html
A mi-quinquennat, la défiance fait son retour en politique
67 % des Français n'ont confiance "ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner"
La "parenthèse" de l'élection présidentielle de 2007 est bel et bien refermée. L'engouement suscité par les campagnes de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou, ainsi que le fort taux de participation, qui avait été enregistré lors de ce scrutin, avaient été interprétés comme le signe d'une réconciliation entre les Français et la politique. Las ! La première édition du baromètre de la confiance politique, lancé par le Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof) - en partenariat avec l'agence Edelman et l'Institut Pierre-Mendès-France -, confirme qu'il ne s'est agi que d'un feu de paille. Selon cette enquête, réalisée par la Sofres du 9 au 19 décembre 2009 auprès d'un échantillon de 1 500 personnes, et dont les résultats ont été rendus publics lundi 11 janvier, les deux tiers des Français (67 %) n'ont désormais confiance "ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays" ; un niveau comparable à ce qui était mesuré en 2006, un an avant le scrutin présidentiel. On réalise encore mieux l'ampleur du désenchantement en observant les réponses apportées à la question suivante : "A votre avis, est-ce que les responsables politiques, en général, se préoccupent beaucoup, assez, peu ou pas du tout de ce que pensent les gens comme vous ?" 78 % des sondés ont répondu par la négative (44 % "peu", 34 % "pas du tout") contre 22 % (2 % "beaucoup", 20 % "assez"). La confiance qui, comme l'a rappelé le directeur du Cevipof, Pascal Perrineau, était "un enjeu essentiel de la présidentielle de 2007", est donc de nouveau en lambeaux. Avec ce paradoxe : l'actuelle majorité suscite sensiblement moins de défiance dans son camp que l'opposition dans le sien. La gauche ne recueille "la confiance pour gouverner" que d'un de ses électeurs sur trois (49 % des électeurs du PS), alors que la droite a la confiance de 51 % des électeurs qui s'en disent proches (66 % des électeurs de l'UMP). "Jeu de massacre" Dans ce "jeu de massacre", selon l'expression de M. Perrineau, les institutions locales sont les seules à tirer leur épingle du jeu. Conseils municipal, général et régional conservent la confiance des deux tiers des Français, alors qu'une proportion identique exprime de la défiance vis-à-vis de l'institution présidentielle et du gouvernement. On note que François Fillon est la seule personnalité politique à inspirer sensiblement plus de confiance (40 %) que la fonction qu'il occupe (31 % pour le gouvernement). Seule consolation : cette nouvelle illustration de la crise de la démocratie représentative montre des rouages grippés et des outils en panne, sans que - pour l'instant ? - le modèle soit remis en cause : une courte majorité des personnes interrogées (51 %) estiment, en effet, qu'en France, la démocratie fonctionne bien, contre 49 % qui pensent le contraire. La première vague de ce baromètre de la confiance, réalisée alors que les effets de la crise sont loin de s'être estompés, signe le retour de l'Etat régalien et/ou providence. Les hôpitaux (86 %), l'école (83 %), l'armée (75 %), la police (71 %) et - dans une moindre mesure - les grandes entreprises publiques, ainsi que la justice (60 %), figurent parmi les institutions ou organisations en lesquelles les Français ont le plus confiance. Dans la seconde moitié du tableau, les syndicats (47 %) devancent les grandes entreprises privées (43 %) et les banques (37 %). En queue de peloton de la confiance viennent... les médias (27 %), qui sont à peine mieux considérés que les partis politiques (23 %). Jean-Baptiste de Montvalon
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/a-mi-quinquennat-la-defiance-fait-son-retour-en-politique_1290600_3224.html
"M. Devedjian : ""Je souhaite que le Conseil constitutionnel soit à l'abri des soupçons"""
Après l'annulation de la taxe carbone, le ministre de la relance s'en prend à Jean-Louis Debré
ENTRETIEN Après la décision du Conseil constitutionnel d'annuler la taxe carbone, le 29 décembre 2009, Nicolas Sarkozy avait fait part en conseil des ministres de ses griefs contre la censure des "sages". "On avale, on ne dit rien parce que c'est le Conseil, mais cela représente près de 1 milliard de pertes de recettes pour l'Etat", avait déploré le président de la République, regrettant de ne pas avoir été prévenu de la décision. Le ministre de la relance et avocat de formation Patrick Devedjian prolonge la vindicte présidentielle sans ménager Jean-Louis Debré. Il juge en effet que, quand "le président du Conseil constitutionnel est un homme politique qui s'est vivement opposé au président en exercice, cela nuit à l'autorité de la décision prise par l'institution". Après l'annulation de la taxe carbone, certains dans la majorité ont critiqué le fonctionnement du Conseil constitutionnel. Etes-vous favorable à des modifications ? Quand le Conseil constitutionnel examine une loi, il devrait permettre au Parlement et même au gouvernement de venir défendre leur texte et d'en discuter de manière contradictoire. Aujourd'hui, il n'y a pas d'échange réel et direct. Le Conseil pourrait auditionner les rapporteurs parlementaires et le ministre en charge de la loi. Cet échange pourrait même être public. J'ajoute que, lorsque la question à traiter a un caractère technique, comme pour la taxe carbone, il serait utile que le Conseil puisse, toujours de manière contradictoire, s'entourer de l'avis d'experts. Les enjeux deviendraient ainsi clairs pour tout le monde et la décision gagnerait en autorité. On peut également se demander si le fait d'avoir au Conseil constitutionnel des administrateurs issus du Conseil d'Etat ne pose pas un problème. Car le Conseil d'Etat donne son avis sur le projet de texte et, bien souvent, le rédige en partie. Par ailleurs, dans beaucoup de pays, le membre de la Cour suprême qui n'est pas de l'avis de la majorité est autorisé à publier une opinion juridique dissidente. Je crois que nous pourrions adopter une telle procédure. Faut-il modifier le mode de nomination des membres ? Avant l'instauration du quinquennat, il y avait une anomalie : un président réélu, François Mitterrand ou Jacques Chirac, se trouvait avoir pour juge de son élection un président du Conseil constitutionnel qu'il avait lui-même nommé... Il y avait là un problème de principe, qui a été résolu par le quinquennat et sa limitation à deux mandats. Cela dit, et a contrario, quand le président du Conseil constitutionnel est un homme politique qui s'est vivement opposé au président en exercice, cela nuit à l'autorité de la décision prise par l'institution, et c'est dommage. Actuellement, la compétence juridique des membres du Conseil constitutionnel n'est plus en cause. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Dans l'avenir, ils seront obligés de subir, avant leur nomination, une audition avec droit de veto par les commissions parlementaires : c'est certainement un progrès dont on n'a pas encore mesuré les effets. Jugez-vous les décisions trop politiques ? Certaines le sont. Je souhaite que le Conseil constitutionnel soit toujours à l'abri du soupçon. Il faut dire que, depuis qu'il peut s'appuyer sur le préambule de la Constitution de 1946, il peut justifier des choses contradictoires en raison du caractère très général du texte. En fait, le Conseil constitutionnel a de plus en plus tendance à vouloir faire la loi en lieu et place du Parlement. A quoi pensez-vous ? Sa jurisprudence sur l'annulation des "cavaliers" (amendements prétendus sans liens avec le texte de loi) a atteint des sommets. Elle est devenue systématique depuis 2006, alors que rien dans les articles 39 et 44 de la Constitution ne conduit réellement à une telle interprétation. Un exemple : en 2008 et en 2009, les producteurs de vins de Bordeaux se sont trouvés en grande difficulté financière parce que le classement de leurs vins avait été annulé pour des raisons formelles par le tribunal administratif. Les acheteurs du monde entier leur demandaient de reprendre leurs livraisons, qui ne bénéficiaient plus de la garantie de classement. Un amendement parlementaire au projet de la loi de relance de 2009 prévoyait d'adopter le classement invalidé. Conscients de la crise, persuadés que la loi de relance économique avait pour but de soutenir la vente de produits français, l'Assemblée nationale puis le Sénat ont adopté l'amendement à l'unanimité, avec le soutien du gouvernement. Il n'y a eu aucun recours au Conseil constitutionnel contre l'amendement, et pourtant, le Conseil constitutionnel l'a annulé à l'occasion d'un examen sur une autre question, et cela au seul motif qu'il n'y avait pas de lien avec le texte... Votre nom est évoqué dans la liste des personnalités susceptibles d'être nommées cette année au Conseil constitutionnel. Etes-vous candidat ? Ce n'est qu'une rumeur. Personne ne m'a rien proposé et je ne suis pas candidat. Je suis très engagé dans la vie politique et souhaite le rester. Propos recueillis par Sophie Landrin
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/m-devedjian-je-souhaite-que-le-conseil-constitutionnel-soit-a-l-abri-des-soupcons_1290601_3224.html
Un ministre, Patrick Devedjian, s'en prend vivement au Conseil constitutionnel
Il dénonce une "tendance à vouloir faire la loi en lieu et place du Parlement"
Avaler ? Tousser ? Le président de la République avait choisi la première solution, après l'annulation par le Conseil constitutionnel, le 29 décembre 2009, de la taxe carbone, telle que la prévoyait la loi de finances. Patrick Devedjian, ministre de la relance, paraît avoir opté pour la seconde. "En fait, le Conseil constitutionnel a de plus en plus tendance à vouloir faire la loi en lieu et place du Parlement", déclare cet avocat de formation dans un entretien accordé au Monde. Reproches juridiques et critiques politiques alternent, du reste, dans ses propos. "Quand le président du Conseil constitutionnel est un homme politique qui s'est vivement opposé au président (de la République) en exercice, cela nuit à l'autorité de la décision prise par l'institution, et c'est dommage", estime ainsi M. Devedjian. Une flèche destinée à Jean-Louis Debré, nommé à ce poste en février 2007 par l'ancien chef de l'Etat, Jacques Chirac, dont il est proche. M. Devedjian estime encore que la procédure devant le Conseil constitutionnel souffre d'une insuffisance de discussion contradictoire : "Il n'y a pas d'échange direct et réel" avec le Parlement, "et même" avec le gouvernement. Il prête au Conseil la possibilité de "justifier des choses contradictoires" en s'appuyant sur le Préambule de la Constitution de 1946, un élément de ce que les juristes désignent sous le nom de "bloc de constitutionnalité", un texte de caractère "très général", selon le ministre de la relance. Pour l'heure, c'est à la relance d'une polémique qu'il apporte sa contribution, à quelques semaines du remplacement de trois membres du Conseil constitutionnel parvenus au terme de leur mandat. Lire page 10
12/01/2010
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2010/01/12/un-ministre-patrick-devedjian-s-en-prend-vivement-au-conseil-constitutionnel_1290565_3208.html
Il pirate le réseau informatique de son collège pour modifier ses notes
Pourtant bon élève, le collégien a été exclu pour deux jours.
L'histoire semble issue tout droit du film Wargames : un collégien âgé de quinze ans a été convoqué devant un juge des enfants après avoir piraté le système informatique de son collège d'Arras pour modifier ses notes dans l'ordinateur de l'établissement. Brièvement placé en garde à vue le 5 octobre, l'adolescent, élève de 3e du collège privé Saint-Joseph, a reconnu les faits. L'adolescent, pourtant bon élève, a tenté de s'introduire dans le système de gestion des notes pour améliorer encore ses résultats, sans succès. Il a alors utilisé le serveur du collège pour envoyer 40 000 emails non sollicités, provoquant une panne du système informatique qui a duré pendant quatre jours à la fin septembre. Dans l'ordinateur de l'adolescent, identifié grâce à son adresse IP (Internet Protocol), les enquêteurs de la gendarmerie ont trouvé des logiciels permettant de pirater des systèmes informatiques. Le collégien a été exclu pour deux jours, a été réintégré et prépare son brevet. "Le péché doit être traité, et le pécheur accompagné. Nous avons eu plus de peur que de mal", a expliqué Dominique Devos, le directeur du collège, qui avait porté plainte. M. Devos réclame à la famille du jeune homme 500 euros de dommages et intérêts pour couvrir les frais d'installation d'un nouveau serveur informatique, dont l'achat (environ 5 000 euros) a été pris en charge par le collège.
12/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/12/il-pirate-le-reseau-informatique-de-son-college-pour-modifier-ses-notes_1290475_651865.html
Exclusivité de distribution de l'iPhone : un accord à l'amiable mais limité
L'Autorité de la concurrence a accepté, lundi 11 janvier, les propositions formulées par Orange et Apple pour mettre un terme à l'exclusivité de distribution de l'iPhone, le téléphone mobile d'Apple, en France.
L'Autorité de la concurrence a accepté, lundi 11 janvier, les propositions formulées par Orange et Apple pour mettre un terme à l'exclusivité de distribution de l'iPhone, le téléphone mobile d'Apple, en France. Le gendarme de la concurrence avait été saisi par les autres opérateurs, qui estimaient que l'accord de distribution exclusive consenti à Orange par Apple créait une distorsion de marché. Fin 2008, l'Autorité de la concurrence avait décidé, à titre conservatoire, de suspendre cette exclusivité en attendant une décision sur le fond, ce qui avait permis à SFR et Bouygues Telecom de proposer à leur tour le smartphone d'Apple. Fin décembre, Apple et Orange avaient transmis à l'Autorité des propositions d'engagement écrites, qui viennent donc d'être validées. L'exclusivité sur les modèles actuels d'iPhone étant de fait terminée, ces engagements portent principalement sur les futures versions du téléphone. Apple s'est engagé à ne pas conclure d'accord d'exclusivité en France sur ses futurs modèles pour une durée supérieure à trois mois ; Orange prend le même engagement. La portée de ces engagements reste toutefois limitée, les autres produits Apple, comme la future tablette tactile, étant exclus du champ de l'accord. La marque à la pomme doit annoncer d'ici à la fin du mois le lancement d'un mini-ordinateur sans clavier capable de se connecter à Internet. Ce nouveau produit, qui pourra accéder aux réseaux 3G, pourra également servir de téléphone mobile, voire de visiophone grâce à une caméra intégrée, a révélé lundi matin Stéphane Richard, le numéro un d'Orange, avant de faire machine arrière.
12/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/12/exclusivite-de-distribution-de-l-iphone-un-accord-a-l-amiable-mais-limite_1290460_651865.html
Rachida Dati se prend les pieds dans sa robe d'avocate
L'ancienne garde des sceaux, Rachida Dati, députée européenne, prêtera finalement son serment d'avocate le 27 janvier, a-t-on appris lundi auprès du parquet général de Paris.
Mme Dati avait déposé il y a plusieurs semaines un dossier pour rejoindre le barreau de Paris. Celui-ci a reçu l'aval du conseil de l'ordre des avocats et du parquet général. Encore faut-il être en disponibilié. "Un magistrat qui souhaite exercer une autre profession, comme celle d'avocat, doit faire au CSM (Conseil supérieur de la magistrature) une demande de mise en disponibilité", explique un magistrat au Parisien, soulignant que la maire du 7e arrondissement ne l'avait pas fait, avant de réparer son erreur. Le CSM indique avoir été saisi, poursuit Le Parisien. Ancienne magistrate, Mme Dati bénéficie, comme les anciens juristes, hauts fonctionnaires et certains parlementaires, de la possibilité d'accéder directement à la fonction d'avocat, sans passer le certificat d'aptitude à la profession d'avocat.
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/rachida-dati-se-prend-les-pieds-dans-sa-robe-d-avocate_1290452_3224.html
"Pour M. Sarkozy, l'épidémie de grippe A a été ""bien gérée"""
Le gouvernement a "fait ce qu'il fallait faire pour protéger la population", assure le chef de l'Etat qui présentait, mardi 12 janvier, ses vœux aux personnels de santé lors d'une visite au nouvel hôpital de Perpignan.
"Tout a été bien géré". En visite au nouvel hôpital de Perpignan, pour présenter ses vœux aux personnels de santé, Nicolas Sarkozy devait défendre, mardi 12 janvier à la mi-journée, la gestion gouvernementale de l'épidémie de grippe A (H1N1) aux côtés de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot. Cette dernière devait être auditionnée dans la soirée par la commission des affaires sociales de l'Assemblée. Il lui est reproché d'avoir mis en place un dispositif disproportionné. Pour le président de la République, "le gouvernement a pris les bonnes décisions et n'en a pas trop fait", selon le texte de son discours. "Les commentateurs, certains responsables politiques, ont reproché tout et son contraire au gouvernement. Mais celui-ci a tenu le cap et fait ce qu'il fallait faire pour protéger la population." L'exécutif habille désormais la campagne de vaccination confiée aux préfectures en une répétition grandeur nature d'une catastrophe majeure. "Nous devons nous préparer à la survenue de risques sanitaires insoupçonnés. L'épidémie de grippe A (H1N1) nous aura permis de développer nos capacités d'adaptation à des crises d'un type nouveau", affirme-t-il. "NOUVEAU MODÈLE DE SOINS DE PREMIER RECOURS" Le chef de l'Etat s'adresse aussi aux médecins libéraux, écartés, jusqu'à ce mardi, de la campagne de vaccination. "Ils ont pu se sentir oubliés", concède M. Sarkozy, notant que "l'exercice libéral a perdu de son attractivité". Sur dix inscriptions nouvelles à l'ordre des médecins, une seule a lieu en libéral. M. Sarkozy devrait donc confier au président du Conseil national de l'ordre des médecins, Michel Legman, une mission pour "inventer un nouveau modèle de soins de premier recours". Il devra faire des propositions fin mars. A cet effet, M. Sarkozy insiste sur la nécessaire "coopération" des médecins avec les autres professionnels de santé. "Il faut accepter l'idée que les soins de premiers recours sont dispensés majoritairement mais pas exclusivement par les médecins généralistes", explique le président, en citant les pharmaciens d'officine libérale et les infirmières libérales. "Les médecins généralistes ont intérêt à partager le premier recours avec ces autres professions et à se recentrer sur des consultations de cas plus difficiles. C'est à cette condition que leur métier trouvera sa juste valorisation." Le président insiste aussi sur la revalorisation du métier d'infirmière. Leur rôle "éminent" sera consacré par la réforme de leur diplôme qui sera une licence pour les promotions sortant en 2012. Les infirmières en fonction pourront passer en catégorie A et auront "à terme, 2 000 euros nets en plus par an". L'effort budgétaire serait supérieur à 500 millions d'euros. Alors que la grogne monte parmi les médecins hospitaliers et notamment à l'AP-HP où 1 000 postes pourraient être supprimés en 2010, M. Sarkozy estime que "la performance n'est pas un gros mot" à l'hôpital. Il devrait demander que les décrets d'application de la loi Hôpital, patients, santé, territoire, adoptée en jullet 2009 soient publiés avant juillet 2010, en rappelant l'objectif que "les déficits des hôpitaux soient ramenés à zéro d'ici 2012". Il devrait annoncer que la conférence sur les déficits publics se tiendra le 21 janvier. La croissance des dépenses de l'assurance-maladie est fixée à 3 % en 2010. Arnaud Leparmentier
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/pour-m-sarkozy-l-epidemie-de-grippe-a-a-ete-bien-geree_1290447_823448.html
Mark McGwire, ancienne vedette du baseball, avoue s'être dopé
Pour le patron de la Ligue professionnelle américaine de baseball, "les aveux de Mark constituent un pas dans la bonne direction".
Pour le patron de la Ligue professionnelle américaine de baseball (MLB), c'est un pas en avant dans la lutte anti-dopage, pour les fans du jeu, c'est une trahison. Star du baseball nord-américain dans les années 90, Mark Mcgwire - joueur des Athletics d'Oakland de 1986 à 1997 puis des Cardinals de Saint-Louis de 1997 à 2001 - a avoué lundi dans un communiqué envoyé à la presse avoir fait usage de stéroïdes durant sa carrière, confirmant les forts soupçons qui pesaient sur lui depuis plusieurs années. "Le moment est venu de parler du passé. J'ai pris des stéroïdes durant ma carrière. J'aurais aimé ne jamais y avoir touché, c'était idiot et c'était une erreur. Je suis sincèrement désolé et je m'excuse. J'aurais aimé ne jamais avoir joué dans l'ère des stéroïdes", a déclaré l'ancienne vedette des Saint-Louis Cardinals, ajoutant "si nous avions eu des contrôles antidopage à mon époque, nous ne serions pas en train d'avoir cette discussion". A la fin des années 90 et au début des années 2000, l'usage de produits dopants était en effet monnaie courante dans le baseball, comme l'a révélé en 2007 un rapport du Congrès US. Au cours de sa carrière, McGwire avait inscrit le record de homeruns frappés en une saison (70 en 1998), battu depuis par Barry Bonds (73 en 2001). Alertée par l'inflation de records, les changements morphologiques des joueurs et les soupçons naissants du public, la MLB avait fini par mettre en place une politique antidopage contraignante en 2004. DEUXIÈME CHANCE "Je suis satisfait du fait que Mark McGwire ait mis les choses au clair, a indiqué le patron de la MLB, Bud Selig. Je crois que notre programme antidopage est le plus efficace des sports professionnels (nord-américains) et que la prétendue "ère des stéroïdes" appartient clairement au passé. Les aveux de Mark constituent un pas dans la bonne direction." Depuis le milieu des années 2000, beaucoup de joueurs renommés ont eux aussi avoué leur passé de dopé, à l'image d'Alex Rodriguez (NY Yankees) en 2009. D'autres, comme Bonds ou Roger Clemens, refusent toujours d'aborder le sujet malgré les soupçons. Mark McGwire, 46 ans, va désormais entamer une nouvelle carrière au sein du staff des Saint-Louis Cardinals dans les prochaines semaines. "Ce que je demande, c'est une deuxième chance, a-t-il déclaré. On dit que la vérité rend libre, on va voir si c'est vrai."
12/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/12/mark-mcgwire-ancienne-vedette-du-baseball-nord-americain-avoue-s-etre-dope_1290428_3242.html
"Patrick Devedjian : ""Je souhaite que le Conseil constitutionnel soit à l'abri des soupçons"""
Après l'annulation de la taxe carbone, le ministre de la relance s'en prend à Jean-Louis Debré. Il juge que, quand "le président du Conseil constitutionnel est un homme politique qui s'est vivement opposé au président en exercice, cela nuit à l'autorité de la décision prise par l'institution".
Après la décision du Conseil constitutionnel d'annuler la taxe carbone, le 29 décembre 2009, Nicolas Sarkozy avait fait part en conseil des ministres de ses griefs contre la censure des "sages". "On avale, on ne dit rien parce que c'est le Conseil, mais cela représente près de 1 milliard de pertes de recettes pour l'Etat", avait déploré le président de la République, regrettant de ne pas avoir été prévenu de la décision. Le ministre de la relance et avocat de formation Patrick Devedjian prolonge la vindicte présidentielle sans ménager Jean-Louis Debré. Il juge en effet que, quand "le président du Conseil constitutionnel est un homme politique qui s'est vivement opposé au président en exercice, cela nuit à l'autorité de la décision prise par l'institution". Après l'annulation de la taxe carbone, certains dans la majorité ont critiqué le fonctionnement du Conseil constitutionnel. Etes-vous favorable à des modifications ? Quand le Conseil constitutionnel examine une loi, il devrait permettre au Parlement et même au gouvernement de venir défendre leur texte et d'en discuter de manière contradictoire. Aujourd'hui, il n'y a pas d'échange réel et direct. Le Conseil pourrait auditionner les rapporteurs parlementaires et le ministre en charge de la loi. Cet échange pourrait même être public. J'ajoute que, lorsque la question à traiter a un caractère technique, comme pour la taxe carbone, il serait utile que le Conseil puisse, toujours de manière contradictoire, s'entourer de l'avis d'experts. Les enjeux deviendraient ainsi clairs pour tout le monde et la décision gagnerait en autorité. On peut également se demander si le fait d'avoir au Conseil constitutionnel des administrateurs issus du Conseil d'Etat ne pose pas un problème. Car le Conseil d'Etat donne son avis sur le projet de texte et, bien souvent, le rédige en partie. Par ailleurs, dans beaucoup de pays, le membre de la Cour suprême qui n'est pas de l'avis de la majorité est autorisé à publier une opinion juridique dissidente. Je crois que nous pourrions adopter une telle procédure. Faut-il modifier le mode de nomination des membres ? Avant l'instauration du quinquennat, il y avait une anomalie : un président réélu, François Mitterrand ou Jacques Chirac, se trouvait avoir pour juge de son élection un président du Conseil constitutionnel qu'il avait lui-même nommé... Il y avait là un problème de principe, qui a été résolu par le quinquennat et sa limitation à deux mandats. Cela dit, et a contrario, quand le président du Conseil constitutionnel est un homme politique qui s'est vivement opposé au président en exercice, cela nuit à l'autorité de la décision prise par l'institution, et c'est dommage. Actuellement, la compétence juridique des membres du Conseil constitutionnel n'est plus en cause. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Dans l'avenir, ils seront obligés de subir, avant leur nomination, une audition avec droit de veto par les commissions parlementaires : c'est certainement un progrès dont on n'a pas encore mesuré les effets. Jugez-vous les décisions trop politiques ? Certaines le sont. Je souhaite que le Conseil constitutionnel soit toujours à l'abri du soupçon. Il faut dire que, depuis qu'il peut s'appuyer sur le préambule de la Constitution de 1946, il peut justifier des choses contradictoires en raison du caractère très général du texte. En fait, le Conseil constitutionnel a de plus en plus tendance à vouloir faire la loi en lieu et place du Parlement. A quoi pensez-vous ? Sa jurisprudence sur l'annulation des "cavaliers" (amendements prétendus sans liens avec le texte de loi) a atteint des sommets. Elle est devenue systématique depuis 2006, alors que rien dans les articles 39 et 44 de la Constitution ne conduit réellement à une telle interprétation. Un exemple : en 2008 et en 2009, les producteurs de vins de Bordeaux se sont trouvés en grande difficulté financière parce que le classement de leurs vins avait été annulé pour des raisons formelles par le tribunal administratif. Les acheteurs du monde entier leur demandaient de reprendre leurs livraisons, qui ne bénéficiaient plus de la garantie de classement. Un amendement parlementaire au projet de la loi de relance de 2009 prévoyait d'adopter le classement invalidé. Conscients de la crise, persuadés que la loi de relance économique avait pour but de soutenir la vente de produits français, l'Assemblée nationale puis le Sénat ont adopté l'amendement à l'unanimité, avec le soutien du gouvernement. Il n'y a eu aucun recours au Conseil constitutionnel contre l'amendement, et pourtant, le Conseil constitutionnel l'a annulé à l'occasion d'un examen sur une autre question, et cela au seul motif qu'il n'y avait pas de lien avec le texte... Votre nom est évoqué dans la liste des personnalités susceptibles d'être nommées cette année au Conseil constitutionnel. Etes-vous candidat ? Ce n'est qu'une rumeur. Personne ne m'a rien proposé et je ne suis pas candidat. Je suis très engagé dans la vie politique et souhaite le rester. Propos recueillis par Sophie Landrin
12/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/12/m-devedjian-je-souhaite-que-le-conseil-constitutionnel-soit-a-l-abri-des-soupcons_1290457_823448.html
"Louis Gallois : ""Pour EADS, l'incertitude autour de l'A400M est insupportable"""
Le patron du groupe franco-allemand, Louis Gallois, appelait début janvier les Etats européens à trancher très vite la question des surcoûts de l'avion militaire. Il reconnaît aussi que l'A380 coûte plus cher que prévu à fabriquer.
Louis Gallois, président exécutif du groupe d'aéronautique et de défense EADS, a esquissé, mardi 12 janvier à Séville, les perspectives du groupe pour 2010, dans un contexte de crise du transport aérien. En 2009, sa filiale Airbus a pourtant établi un record en livrant 498 avions, restant numéro un devant l'américain Boeing. Dix ans après sa création, le groupe franco-allemand doit gérer des problèmes autour de grands programmes comme l'A380 ou l'avion de transport militaire A400M. Sur ce dossier, la France, l'Allemagne, l'Espagne, le Royaume-Uni, la Turquie, la Belgique et le Luxembourg – qui ont commandé 180 A400M pour 20 milliards d'euros – refusent de prendre en charge les surcoûts liés aux retards de l'appareil. EADS refuse également d'assumer seul ces charges estimées à au moins 5 milliards d'euros. L'A400M est votre priorité actuelle. Où en sont les discussions avec les Etats sur les surcoûts ? Les négociations financières n'ont pas débuté et il est impératif de les engager rapidement, car les enjeux sont importants. L'avion vole, ses performances sont remarquables, son prix – même réévalué– est très compétitif et il a un fort potentiel à l'export. Ce programme mobilise déjà près de 10000personnes et devrait créer 40 000 emplois en Europe. Mais nous devons connaître la charge que EADS supportera. Cette incertitude est une vraie épée de Damoclès. Il faut la lever. Pourquoi EADS n'assume-t-il pas les dérives, vu sa responsabilité dans les retards ? Quand on s'engage dans des projets de très haute technologie, à la limite de ce que l'on sait faire, il y a souvent des surcoûts, même si j'assume nos responsabilités. Signer un contrat à prix fixe sans partage du risque a été une erreur – nos compétiteurs américains n'y sont pas soumis. L'A400M est un programme à responsabilité partagée. La répartition industrielle entre pays et le choix du moteur européen ont été impulsés – sinon imposés – par les pays clients. Je peux le comprendre au nom d'une politique industrielle européenne, mais cela implique un partage des risques. Il ne faut pas qu'un tel programme déstabilise EADS. Iriez-vous jusqu'à un abandon du programme faute d'accord, comme l'évoque Tom Enders, le patron d'Airbus ? Nous avons jusqu'au 31 janvier pour négocier. C'est suffisant, mais nous ne pourrons pas aller au-delà. Il est temps de conclure. Nous dépensons 100 à 150 millions d'euros par mois. L'incertitude est insupportable et nous devons arrêter nos comptes 2009. En tout cas, nous prendrons nos décisions en fonction des intérêts et des capacités de l'entreprise. Sur l'A380, vous perdez de l'argent : on parle de 50 millions par avion vendu 220 millions d'euros. Vous en livrez aussi moins que prévu. Est-ce un échec ? Certainement pas! L'A380 a déjà reçu 200 commandes. C'est l'avion le plus économique en carburantet les passagers le plébiscitent. Je suis sûr que, la crise passée, les commandes reprendront. Mais il nous coûte plus cher que prévu à fabriquer. La priorité d'Airbus est de le ramener "dans les clous" en termes de coûts. Il en est de même du rythme des livraisons. Les progrès sont réels mais trop lents. Nous avons accepté que les compagnies dessinent leur cabine. Le sur-mesure ralentit le processus industriel. Mais 12 ou 10 avions livrés en 2009 parce que 2 avions glissent de décembre à janvier, c'est un épiphénomène. Quel est l'impact de la crise ? Airbus ne prévoit pas actuellement de changer son rythme de production – c'est un bon signe –, même s'il s'en réserve la possibilité en fonction de la situation du marché à la fin de l'hiver. Eurocopter souffre plus sur les hélicoptères civils. Mais 2010 sera marquée par une nouvelle dégradation du niveau de nos couvertures de change – d'où une charge supplémentaire de unmilliard d'euros ! Nous subissons cette charge à un moment où nous investissons massivement, notamment sur notre futur long courrier A350. Que faire pour parer cette chute du dollar ? Quand le dollar décroche du yen, le Japon demande immédiatement que cette question soit évoquée au G7. La Chine elle-même a réagi. Nicolas Sarkozy a été parfaitement clair à Cholet [où le président de la République a indiqué, le 6 janvier, que les "disparités monétaires" étaient un problème "considérable"]. Mais je n'ai rien entendu du côté de l'Europe, même si le patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a regretté les mouvements trop brusques du dollar. C'est l'avenir de l'industrie européenne exportatrice qui est en jeu. Nous avons besoin d'une politique industrielle européenne: les problèmes de change en font partie. Les prochains G7 et G20 doivent se concentrer sur les parités monétaires. Même l'industrie allemande au-delà de l'aéronautique commence à le dire. La décision de l'Autorité des marchés financiers (AMF) disculpant des dirigeants d'EADS de délits d'initiés est mal perçue. Qu'en pensez-vous ? L'AMF a répondu à une question précise : y a-t-il eu ou non un délit d'initié sur l'A380 ? Elle a répondu "non" en droit. Elle n'a pas jugé le système des stock-options en tant que tel. Nous avons remplacé les stock-options depuis deux ans par des actions gratuites cessibles à des dates fixées à l'avance. Cela évite tout soupçon. Vous arrivez à mi-mandat. Quelle sera votre action jusqu'en 2012 ? En l'espace de dix ans, EADS est devenu le seul concurrent global de l'industrie aéronautique et de défense américaine. L'ambition est d'être, en 2020, le leader mondial – pas le plus gros mais le plus performant. Ma responsabilité est de mettre EADS sur cette trajectoire. EADS sera une entreprise plus globale pour accéder à ses marchés et limiter l'impact monétaire. Mais elle conservera ses racines en Europe. Je ne crois pas à des entreprises sans racine ou à une Europe sans usine. Mais pour cela aussi, je le redis, il faut une politique industrielle européenne. Propos recueillis par Dominique Gallois
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/louis-gallois-pour-eads-l-incertitude-autour-de-l-a400m-est-insupportable_1290404_3234.html
La production industrielle indienne bondit
La production industrielle indienne est en hausse de 11,7 % en novembre, le chiffre le plus élevé enregistré depuis deux ans, une tendance qui pourrait s'estomper.
La production industrielle indienne a bondi de 11,7 % en novembre, le chiffre le plus élevé enregistré depuis deux ans, montrent les statistiques officielles publiées mardi 12 janvier. Les économistes et analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur une augmentation de 10 % après celle de 10,3 % annoncée pour octobre. En hausse pour le onzième mois consécutif, la production industrielle de l'Inde a dépassé celle de la Corée du Sud, mais sa croissance reste loin du bond de 19,2 % enregistré par la Chine en novembre. Selon les analystes, la tendance actuelle pourrait s'estomper lorsque le gouvernement indien commencera à retirer ses mesures de soutien à l'économie, d'autant que les bases de comparaison seront bien moins favorables à partir de juin. "CE POURRAIT ÊTRE LA DERNIÈRE CROISSANCE À DEUX CHIFFRES" "Le chiffre [de la production industrielle] est bien meilleur qu'attendu, mais ce pourrait être la dernière croissance à deux chiffres pour l'exercice en cours", estime un économiste chez ABN Amro Bank. L'économie indienne a crû de 7,9 % en rythme annuel sur la période juillet-septembre, l'expansion la plus soutenue enregistrée en dix-huit mois, ce qui a conduit le ministère des finances à relever d'un point sa prévision de croissance pour l'exercice budgétaire à fin mars, désormais fixée à 8 %.
12/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/12/la-production-industrielle-indienne-bondit_1290455_3216.html
"La ""cyber-armée iranienne"" s'attaque au chinois Baidu"
Après Twitter fin décembre, c'est le principal moteur de recherche chinois qui a été victime d'un détournement.
Le moteur de recherche chinois Baidu a été rendu indisponible pendant plus de trois heures, mardi matin, après une attaque informatique semblant provenir d'un groupe qui se fait appeler "Cyber-armée iranienne", qui prétend défendre le gouvernement iranien. La page d'accueil du site renvoyait soit vers une page d'erreur, soit vers un message de revendication. Baidu est le numéro un des moteurs de recherche en Chine. La "cyber-armée iranienne" était un groupe inconnu jusqu'à fin décembre, lorsqu'il s'est attaqué au site de socialisation Twitter. La page d'accueil du site avait été remplacée par un message expliquant que la "cyber-armée iranienne" avait décidé de punir Twitter pour son rôle durant les manifestations qui avaient suivi la réélection, contestée par l'opposition, de Mahmoud Ahmadinedjad. Les manifestants avaient notamment utilisé Twitter pour diffuser des informations et des images. La méthode utilisée pour attaquer Baidu.com est similaire à celle employée contre Twitter. Le ou les intrus se sont attaqués aux domain name servers, les ordinateurs qui font la correspondance entre une adresse Web, une adresse IP (Internet Protocol) et un fichier. Ce n'est pas le site lui-même qui a été modifié : en revanche, les internautes tentant de se connecter à Baidu étaient redirigés vers une autre page choisie par les pirates. Si la motivation politique était relativement simple dans l'attaque contre Twitter, elle apparaît bien moins claire en ce qui concerne Baidu. Le moteur de recherche, proche du gouvernement chinois, n'a en effet pas particulièrement servi de relais à l'opposition iranienne.
12/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/12/la-cyber-armee-iranienne-s-attaque-au-moteur-de-recherche-chinois-baidu_1290437_651865.html
Numérisation des livres : les préconisations du rapport Tessier
Marc Tessier a remis ce matin au ministre de la culture un rapport dans lequel il préconise notamment un changement d'échelle dans la numérisation des livres du site Gallica par la BNF.
Le rapport Tessier sur "la numérisation du patrimoine écrit", remis mardi 12 janvier au ministre de la culture, répond à plusieurs urgences. Après les polémiques nées de l'annonce de discussions entre la Bibliothèque nationale de France (BNF) et le moteur de recherche américain Google sur la numérisation des livres, il s'agissait de trouver des solutions. Mais aussi de rendre plus visible le patrimoine écrit français sur la Toile dans un monde dominé par l'anglais, et d'organiser la filière numérique du livre pour éviter la catastrophe vécue par le secteur musical. Le rapport dresse d'abord un état des lieux des bibliothèques numériques. Avec des moteurs de recherche et des référencements inégaux: d'un côté, Google a scanné 10 millions de livres, de l'autre, Gallica donne accès à 900 000 documents dont 145 000 livres. Les rapporteurs constatent ainsi que la seule version du Rouge et le Noir de Stendhal aisément consultable provient du géant américain. Quant à la bibliothèque numérique Europeana, elle n'est aujourd'hui qu'un "portail de consultation". Du côté des éditeurs français, enfin, on ne dispose que de 40 000 titres numérisés. Dans ces conditions, comment faire face à la numérisation de masse qui s'annonce ? Le rapport liste les accords de numérisation signés par Google avec sept bibliothèques européennes, dont celle de Lyon, et estime qu'ils sont inadaptés par rapport aux missions des bibliothèques, tant du point de vue de la conservation du patrimoine que de l'accessibilité par le grand public. Le rapport juge notamment excessif "la durée des clauses d'exclusivité" qui lient les bibliothèques avec Google – 25 ans à Lyon. NÉGOCIER AVEC GOOGLE Du côté des solutions, le rapport propose trois pistes d'action. D'abord, partir de Gallica, l'outil de la BNF, qui dispose d'"un savoir-faire reconnu en matière de numérisation de masse" mais l'améliorer "en réformant profondément son pilotage et ses fonctionnalités". Ensuite, le rapport se prononce en faveur de partenariats public-privé et propose d'ouvrir des négociations avec Google, l'acteur dominant du marché. Il réclame "une autre forme de partenariat, fondé sur l'échange équilibré de fichiers numérisés, sans clause d'exclusivité". Un accord "pourrait viser, non pas à faire prendre en charge l'effort de numérisation mais à le partager, en échangeant des fichiers de qualité équivalente et de formats compatibles". Chaque partenaire resterait libre de disposer des fichiers obtenus par l'échange. Ainsi les livres français seraient référencés dans Google Livres, mais la plate-forme nationale serait enrichie par les ouvrages numérisés par Google. Contactés par téléphone, les responsables de Google France n'ont à ce stade pas souhaité réagir. La troisième piste est la relance d'une dynamique européenne, en lien avec les autres bibliothèques et un renforcement d'Europeana. Enfin, pour aider les éditeurs à s'adapter au numérique, le rapport préconise aussi la création d'"une entité coopérative réunissant les bibliothèques publiques patrimoniales et les éditeurs". Elle permettrait la mise en place d'une plate-forme commune où les internautes auraient accès à l'ensemble des livres numérisés. Pour bénéficier des aides de l'Etat à la numérisation, chaque éditeur devra y déposer ses fichiers, autoriser leur indexation et leur consultation par le public, mais les éditeurs pourront garder la maîtrise des conditions d'exploitation commerciale des fichiers. Alain Beuve-Méry
12/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/12/numerisation-des-livres-les-preconisations-du-rapport-tessier_1290400_3246.html
Déficit budgétaire plus que doublé en un an
Le déficit du budget de l'Etat sera inférieur à 140 milliards sur l'ensemble de 2009 contre 56,6 milliards en 2008, selon le ministère du budget.
Le déficit du budget de l'Etat a atteint un nouveau record de 143,3 milliards d'euros en novembre contre 66,6 milliards un an plus, tôt mais il sera inférieur à 140 milliards sur l'ensemble de 2009, estime, mardi 12 janvier, le ministère du budget. L'écart de 76,8 milliards d'une année sur l'autre "s'explique essentiellement par l'incidence de la conjoncture économique sur l'évolution des recettes et, à hauteur de 34 milliards, par l'effet des mesures du plan de relance", précise le ministère dans un communiqué. "Le déficit budgétaire attendu sur l'ensemble de l'exercice devrait être légèrement inférieur à 140 milliards, du fait, en particulier, de rentrées fiscales enregistrées au mois de décembre légèrement moins dégradées qu'initialement prévu et de la bonne tenue des dépenses", ajoute le communiqué, confirmant des propos tenus la semaine dernière par le ministre du budget, Eric Woerth. En 2008, le déficit budgétaire s'était élevé à 56,6 milliards. Au 30 novembre, les dépenses totales (budget général et prélèvements sur recettes) atteignaient 329,7 milliards d'euros contre 315,8 milliards un an plus tôt, soit une augmentation de 4,4 %, selon le ministère. Hors plan de relance, les dépenses du budget général ont augmenté de 0,85 milliard d'euros mais, hors prélèvement sur recettes au profit de l'Union européenne, elles ont baissé de 2,1 milliards, reflétant la diminution de la charge de la dette. LE DÉFICIT PUBLIC POURRAIT ÊTRE REVU À LA BAISSE Les recettes du budget général (nettes des remboursements et dégrèvements et hors prélèvements sur recettes) s'établissaient, quant à elles, à 203 milliards d'euros à fin novembre contre 256,7 milliards à la même date en 2008, soit une baisse de 20,9 %. Le produit des recettes fiscales nettes s'élève à 186,1 milliards, en baisse de 49,5 milliards par rapport à fin novembre 2008. "Cette baisse marquée est imputable à la dégradation de la conjoncture économique et, à hauteur de 14,7 milliards, aux mesures fiscales mises en œuvre dans le cadre du plan de relance", précise le ministère. Hors plan de relance, le produit des recettes fiscales est en baisse de 34,8 milliards par rapport à 2008 (- 33,5 milliards à périmètre constant), sous l'effet essentiellement de la diminution des recettes de TVA (- 6,2 milliards) et des recettes de l'impôt sur les sociétés (- 20,5 milliards). "Les recettes enregistrées au mois de décembre traduisent une amélioration des rentrées fiscales par rapport aux prévisions retenues dans la loi de finances rectificative votée en fin d'année (+ 1,8 milliard de recettes [d'impôt sur les sociétés] notamment)", souligne le communiqué. Les dépenses étant par ailleurs inférieures de deux milliards aux prévisions sur l'année, le déficit public – qui comprend également les comptes de la Sécurité sociale et des administrations locales – pourrait du coup être revu en baisse et représenter "8 % au maximum" du PIB, au lieu de 8,2 % prévu jusqu'à présent, avait assuré Eric Woerth la semaine dernière. Les prévisions de croissance et de déficit public de la France en 2010 seront révisées dans le collectif budgétaire présenté le 20 janvier en conseil des ministres.
12/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/12/deficit-budgetaire-plus-que-double-en-un-an_1290417_3234.html
41 départements en vigilance orange à la neige et au verglas
Météo France a annoncé, mardi, un début de suivi pour trente-huit départements en vigilance orange, et le maintien sur trois autres en raison d'"un nouvel épisode hivernal".
Météo France a annoncé, mardi 12 janvier, un début de suivi pour trente-huit départements en vigilance orange, et le maintien sur trois autres en raisond'"un nouvel épisode hivernal". Dans son bulletin émis à 6 heures, Météo France précise qu'il s'agit des régions Basse-Normandie, Centre, Ile-de-France, Limousin, Pays-de-Loire, Poitou-Charentes et des départements de l'Allier, de l'Aveyron, du Cantal, de la Dordogne, de l'Ille-et-Vilaine, du Lot, de la Nièvre, du Puy-de-Dôme et de l'Yonne. Météo France prévoit également un maintien de suivi pour les Côtes-d'Armor, le Finistère et le Morbihan. "La perturbation qui va circuler sur la France se situe actuellement sur le proche Atlantique, aux portes du Finistère", prévoit Météo France. "Elle est associée à un épisode significatif de pluies verglaçantes qui débutera sur l'intérieur du Finistère ce matin, puis gagnera le reste de la Bretagne, les Pays de Loire et le Poitou-Charentes en cours de matinée ou début d'après-midi, plus à l'est et au nord ensuite", précise le bulletin. "Ces pluies verglaçantes seront précédées ou suivies de chutes de neige lourde et collante en quantité faible, mais pouvant s'accumuler sous l'effet du vent de sud-est, qui est soutenu en journée", poursuit Météo France. Le redoux devrait s'amorcer sur les côtes du Finistère et du littoral atlantique en fin de journée ou au début de nuit prochaine. Il sera plus tardif dans l'intérieur du pays. En cours de journée, la vigilance orange devrait être étendue à d'autres départements situés plus à l'est et au nord.
12/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/12/41-departements-en-vigilance-orange-a-la-neige-et-au-verglas_1290419_3224.html