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Le centre principal de cette activité est le village de Djemâa Saharidj en Grande Kabylie, également connu pour sa production de vannerie.
Les bijoux de Kabylie sont très connus au Maghreb pour leurs couleurs vives et leur raffinement. Constitués d'argent, ils sont ornés de coraux récoltés en Méditerranée et parfois d'émaux,. Les couleurs des émaux sont obtenues par la préparation d'oxydes métalliques : par exemple, l'oxyde de cobalt donne un bleu translucide, l'oxyde de chrome un vert foncé translucide et l'oxyde de cuivre un vert clair opaque.
Typiquement berbère, cet art s'est enrichi des apports des Andalous qui ont fui l'Espagne lors de la Reconquista. La technique de l'émail cloisonné serait ainsi un apport andalou, qui aurait transité par Béjaïa avant de se répandre dans l'arrière-pays pour enrichir les techniques locales.
Il y a plusieurs sortes de bijoux qui correspondent à des usages particuliers : broches de front ou de poitrine (tavrucht) et fibules (tabzimt), qui retenaient les robes en divers points, ceintures (tahzamt), colliers (azrar), bracelets (azevg), bagues (tikhutam) et boucles d'oreilles (talukin).
Les orfèvres kabyles les plus illustres sont les Aït Yenni de Grande Kabylie. Il existe en Petite Kabylie un type de bijou forgé en argent, semblable à ceux des Aurès.
Activité économique, l'artisanat est aussi l'un des modes d'expression de la culture traditionnelle. À travers ses différentes formes se retrouve un ensemble de signes et de symboles également employés dans la décoration murale des maisons et dans les tatouages. Ce répertoire graphique remarquablement stable est constitutif d'une « écriture spécifiquement féminine », à signification ésotérique magique, et qui est peut-être la survivance d'une « écriture-mère » elle-même « à la source des écritures alphabétiques méditerranéennes, de l'Ibérie au Moyen-Orient ».
La culture kabyle appartient à l'ensemble culturel berbère, comme celles des Chaouis, des Touaregs, des Chenouis, des Mozabites, ainsi que des autres berbérophones d'Afrique du Nord. De par l'histoire et la proximité, elle a considérablement influencé la culture urbaine des villes d'Algérie, comme Alger ou Constantine.
Mais elle est par nature variée et diverse, comme l'a écrit Mouloud Mammeri :
Les rapports entretenus par les populations de Kabylie avec leur environnement montagnard se sont traduits par un savoir-faire local agricole, un art de vivre et des rites dont la transmission est remise en cause de nos jours par l'exode rural. Deux arbres sont emblématiques de la région tant au niveau économique que culturel : l'olivier et le figuier. La cueillette des olives constitue encore dans beaucoup de villages kabyles à la fois un rite et un moment de fête où se manifeste la tradition de solidarité appelée tiwizi. Souvent ces coutumes prennent la forme d'une véritable fête de l'olivier.
L'olivier est surtout cultivé pour la production de l'huile d'olive (zzit uzemmur), réputée l'une des meilleures du bassin méditerranéen. Avec une production annuelle de près de 17 millions de litres, soit un tiers de la production nationale, la wilaya de Béjaïa est leader dans la production d’huile d’olive. Les wilayas de Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira et Jijel représentent ensemble 80 % de la production nationale. Il existe différentes variétés, parmi lesquelles celle de Tazmalt, médaillée à l'exposition universelle de Bruxelles en 1910, celle d'Illoula, de couleur verte jade, ou encore celle, rose et orangée, de Seddouk. L'huile était très utilisée dans la médecine traditionnelle, alimentait les lampes et constituait un ingrédient important dans la confection du savon noir (combinée à de la potasse) ou d'autres produits de beauté comme le khôl (tazoult),. Le bois de l'olivier s'emploie comme bois de chauffe pour surmonter les hivers rigoureux et enneigés tandis que le feuillage et les fruits de mauvaise qualité (tout comme ceux des autres cultures) servent à l'alimentation du bétail.
De nos jours, l'olivier constitue encore une source de revenus importante pour beaucoup de familles en hiver, le figuier prenant le relais l'été. Le figuier se décline en plusieurs variétés locales ; la figue, son fruit, se consomme fraîche ou sous une forme séchée appelée tazart, toutes deux accompagnées d'huile d'olive. La plus célèbre est celle de Beni Maouche, sa participation en 1986 à la foire de Cherbourg verra sa reconnaissance par les spécialistes et le premier prix au concours organisé lors de la foire. La figue de barbarie est également présente en Kabylie.
À côté de ces deux arbres emblématiques de la région, les cultures céréalières sont importantes par la place qu'elles tiennent dans la gastronomie locale. C'est principalement le cas du blé et de l'orge qui entrent dans la confection du couscous et d'une variante locale spécifique, le seksou s'timzin, un plat d'orge préparé à l'occasion de festivités. Le blé et l'orge sont moulus dans des meules domestiques (tassirt) afin d'en dégager la semoule et la farine nécessaires.
Les cultures maraîchères bénéficient de la pluviométrie et des abondantes ressources en eau de la région et dans pratiquement chaque village existent des vergers de montagne. On y cultive la grenade, le raisin, l'amande et dans la vallée de la Soummam, l'orange et le citron. Il subsiste encore un savoir-faire pour la confection des colliers en perles de lait d'amande (azrar n skhav). La variété de la pâtisserie locale permet de valoriser des produits comme le zeste de citron et l'eau de fleur d'oranger. La population pratique également la cueillette de plantes aromatiques comme le laurier-rose, qui pousse dans le lit des rivières et évoque dans la poésie kabyle l'amertume.
La région est aussi, au niveau de l'Afrique du Nord, un centre majeur pour l'élevage et la production laitière. L'emploi des feuilles de figuier et des brindilles d'olivier pour l'alimentation des troupeaux permet de préserver les ressources fourragères. À chaque pratique agricole correspond une saison dans le calendrier amazigh, où le jour de Yennayer, le « nouvel an berbère » fêté le 12 janvier, marque le début d'un nouveau cycle de travaux.
La cuisine kabyle emploie comme céréales de base le blé ou l’orge, utilisés notamment pour le couscous qui se définit d'abord comme un plat de semoule roulée (le terme kabyle seksu renvoie à imkeskes : « bien roulé », « arrondi »). Le couscous d’orge (seksou s'timzin), à la viande et avec une sauce de légumes, ou encore l'amakfoul, le « couscous printanier » aux légumes (petits pois, fèves, carottes), sont des spécialités de la région. Le couscous peut aussi se servir avec du lait caillé (ighi).
Les céréales sont aussi utilisées pour faire le pain (aghrum), galette de semoule ou amatlou plus épais. La semoule est employée dans certaines spécialités locales comme le tahboult (omelette en sauce) ou le tiqourbabine (boules de semoule parfumées, épicées aux légumes et à la viande), deux plats préparés pour l'Aïd ou Taachourt.
La cuisine kabyle utilise beaucoup une poudre de piment rouge appelée ifelfel azgwagh, qui sert à relever le goût des plats. Ainsi le couscous se fait avec une sauce d'accompagnement rouge et pimentée, tandis que la chorba s'accompagne de blé vert concassé (frik) et de menthe. Les légumes peuvent être cuits puis écrasés pour donner le ahmiss, une salade de poivron et de tomate à l'huile d'olive, ou bien la chakchouka, avec des oignons notamment. L'olive occupe aussi un grand rôle, pour son huile dont chaque maison kabyle conserve avec soin son propre stock, mais aussi entière dans des plats comme le tajine au poulet.
La cuisine kabyle varie d’une localité à l’autre, selon les cultures pratiquées et les influences extérieures. Par exemple, dans les localités côtières, le poisson est couramment consommé et utilisé dans les plats comme le couscous d'orge au poisson de Jijel (seksou sel slem), qui nécessite des espèces bien charnues comme le mérou, la bonite ou le rouget de roche.
La consommation de fruits est importante, qu'il s'agisse des figues fraîches, des figues de Barbarie, des raisins, des grenades, des mûres ou, dans la vallée de la Soummam, des oranges. Excepté dans les pâtisseries où les agrumes comme le citron ou l'orange sont utilisés pour leur zeste, les fruits sont assez peu cuisinés et consommés le plus souvent frais ou séché, comme la figue ou le raisin. Les figues séchées (tazart) sont consommées en accompagnement des plats principaux (couscous, chorba) ou bien seules avec de l'huile d'olive, comme petit déjeuner.
La pâtisserie traditionnelle kabyle est elle aussi assez variée. Ouverte aux influences du reste du pays, elle est traditionnellement réservée aux grandes occasions. Une des préparations les plus courantes est sfenj, le beignet local. Le tahboult est consommé en guise de dessert, avec du miel et de l'arôme de fleur d'oranger. Une des pâtisseries les plus connues est le makrout, en forme de losange plat. Diverses pâtisseries aux amandes et à la semoule accompagnent le café ou le thé à la menthe.
La musique kabyle traditionnelle est l'achwiq. On retrouve son influence dans le chaâbi algérien, forme populaire de la musique arabo-andalouse, dont quelques-uns des meilleurs interprètes sont originaires de Kabylie. C'est le cas de Hadj M'hamed El Anka et d'Abdelkader Chaou, qui ont interprété dans le registre andalou des textes en kabyle. D'autres chansons, comme Yal Menfi de Akli Yahyaten, sont des reprises en arabe algérien de chants kabyles anciens.
La région possède des troupes de musiciens traditionnels appelés idheballen, qui se produisent à l'occasion des fêtes de mariage ou pour Yennayer. Il y a deux écoles d'idheballen, celle des Igawawen qui correspond à la Grande Kabylie et celle des Aït Abbas en Petite Kabylie. Ils utilisent plusieurs instruments locaux :
Essentiellement orale encore, la littérature kabyle est principalement représentée par deux genres : la poésie et le conte. L'un et l'autre se transmettent dans un registre de langue sensiblement différent de celui employé dans la vie quotidienne. C'est à la fois un mélange d'archaïsme et d'expressions anciennes, mais aussi de modernité, ce qui lui donne un cachet littéraire sans constituer un obstacle à sa compréhension par tous les Kabyles. Plus consciente et parfois engagée, la poésie semble avoir pris le pas sur le conte qui n'a pas encore débouché sur la prose artistique.
La poésie kabyle traditionnelle relève de la tradition orale berbère et africaine. On y distingue plusieurs genres. Le poème épique est dit taqsit (histoire, geste), le poème lyrique asfrou (élucidation) et la pièce légère, parfois chantée, izli (courant d'eau). Cependant le mot asfrou tend de plus en plus à désigner le poème sans distinction de genre et, au pluriel isfra, la poésie en général. Cette évolution rejoint l'usage que les poètes épiques faisaient déjà du même mot dans leurs exordes, qui débutent parfois par ce vers : « A yikhf iou refd asfrou » (« Ô ma tête, fais jaillir un poème »).
Par ailleurs, le verbe sfrou (élucider, percer l'inconnu), employé sans complément, a le sens exclusif de dire ou réciter des vers, de la poésie, quel qu'en soit le genre. Le poète kabyle traditionnel le plus célèbre est Si Mohand Ou Mhand, qui vécut au XIXe siècle.
Le conte démarre toujours par la formule « Machaho ! Tellem Chao ! ». Les histoires les plus célèbres sont celles de Mohand Ucen (Mohand le chacal) et de Djeha, personnage rusé propre à l'imaginaire nord-africain. Le conte kabyle a fait l'objet de nombreux travaux d'étude et de synthèse comme ceux de Mouloud Mammeri et de Camille Lacoste-Dujardin.
La tradition orale kabyle renferme aussi de nombreux proverbes (inzan). On peut également y intégrer les nombreux chants interprétés par les femmes : ils sont exécutés, accompagnés du bendir, pour les grandes occasions et particulièrement pour les mariages, lors de la cérémonie de l'ourar et du henné.
À l'époque de la régence d'Alger et probablement depuis celle des Hammadides, il existe dans certains villages une tradition écrite entretenue principalement par une élite de lettrés. La bibliothèque du Cheikh El Mouhoub, des Beni Ourtilane, un érudit du XIXe siècle, en est l'exemple le plus connu depuis son exhumation par les chercheurs de l’université de Béjaïa, au milieu des années 1990. Avec plus de 1 000 volumes en provenance de lieux et d'époques variés, de l'Andalousie à l’Extrême-Orient et du IXe siècle au XIXe siècle, elle couvre des domaines divers : astronomie, sciences, médecine, droit coutumier local, savoir religieux (fiqh) et comporte aussi des manuscrits en tamazight transcrit en caractères arabes,. Une partie de ces ouvrages a été détruite durant la période coloniale, l'autre est étudiée à l'université de Béjaïa.
La ville de Béjaïa possède le musée du Borj Moussa, aménagé dans un ancien fort espagnol et où sont présentés des vestiges préhistoriques, romains et de l'époque hafside. Il abrite également une collection d'oiseaux et d'insectes de toute l'Afrique. Sa collection de peintures inclut des toiles d'Émile Aubry et de peintres algériens comme Tabekouch et Farès. Le Musée public national de Sétif est consacré pour sa part aux antiquités des périodes romaine, numide et islamique. Il présente une collection de monnaies en bronze d'époque numide, mais aussi islamique et ottomane. Une salle est consacrée aux mosaïques romaines, une autre à la calligraphie arabe.
La maison de la culture de Tizi Ouzou, inaugurée en 1975, est la première du genre en Algérie. Sa mission est la promotion de la musique, du cinéma et du théâtre local. C'est aussi un lieu de mise en valeur de la culture berbère traditionnelle, avec notamment des expositions consacrées aux arts populaires. La maison de la culture de Béjaïa possède des ateliers culturels de formation, un café-théâtre, un café littéraire et un café-cinéma.
Les institutions culturelles sont ouvertes sur les cultures des autres régions d'Algérie et de toute l'Afrique. Ainsi tous les ans se tient en juillet à Tizi Ouzou le « Festival arabo-africain des danses folkloriques », consacré aux danses traditionnelles du continent, avec la participation de délégations de tous les pays africains. Les manifestations ont lieu dans la rue et animent la ville et ses environs durant plusieurs jours, au rythme des derboukas et des djembés.
Les villages aussi organisent leurs festivals et fêtes traditionnelles : à Lemcella se tient chaque été une « fête de la figue » axée sur la culture millénaire de ce fruit et sur l'écologie ; en hiver se déroule dans divers villages de la région une « fête de l'olivier » qui est l'occasion pour les agriculteurs de proposer à la vente les produits du terroir local comme l'huile d'olive et d'améliorer ainsi leurs revenus. L'artisanat kabyle a chaque été sa « fête de la poterie », à Mâatkas, où sont exposées des créations de toute l'Algérie. En juillet, la « fête du bijou » des Aït Yenni permet aux orfèvres de la région de présenter le résultat de leurs savoir-faire jalousement gardés et de vendre leurs plus belles pièces. Le « festival du tapis » d'Aït Hichem, où des artisans des Aurès et du Mzab exposent leurs créations à côté de celles de Kabylie, est aussi l'occasion d'un concours destiné à récompenser la meilleure tisseuse.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article..
Phyllobates terribilis est une espèce d'amphibiens de la famille des Dendrobatidae, endémique de la côte pacifique de la Colombie. Cet anoure est assez semblable à certaines autres espèces du même genre, en particulier à Phyllobates bicolor. En français, elle est appelée kokoï de Colombie ou phyllobate terrible.
Phyllobates terribilis est l'une des plus grandes espèces de Dendrobatidae, atteignant 47 mm de moyenne pour les femelles. Elle se rencontre dans les forêts tropicales humides du département de Cauca, à une altitude comprise entre 100 et 200 m, où la température est d'au moins 25 °C et l'humidité relative élevée. À l'état sauvage, Phyllobates terribilis est un animal sociable, vivant en groupes comprenant jusqu'à six individus ; cependant, cette grenouille peut former des groupes plus importants en captivité.
En raison de sa petite taille et de ses couleurs brillantes, cet amphibien est souvent considéré comme inoffensif alors que les spécimens sauvages sont mortellement toxiques, car ils stockent dans les glandes de leur peau de la batrachotoxine. Ainsi, un contact direct avec une grenouille sauvage peut suffire, pour un humain, à causer une sensation de brûlure qui dure plusieurs heures. Son aire de répartition ne cesse d'être en recul, notamment en raison de l'impact des activités de l'Homme sur son habitat naturel et l'Union internationale pour la conservation de la nature la considère comme « espèce en danger ».
Phyllobates terribilis est considérée comme l'une des plus grandes espèces de la famille des Dendrobatidae. Il y a peu de dimorphisme sexuel entre les mâles et les femelles, sauf une légère différence de taille, les femelles étant un peu plus grandes en moyenne. Pour les spécimens adultes, les mâles, dont la longueur moyenne du museau au cloaque est de 45 mm, sont en effet généralement un peu plus petits que les femelles, qui mesurent en moyenne 47 mm.
Comme tous les Dendrobatidae, le corps et les membres du Phyllobates terribilis adulte sont de couleur vive mais n'ont pas les taches sombres présentes sur de nombreuses autres espèces de cette famille. La coloration de cette grenouille est dite aposématique car il s'agit d'une pigmentation de couleur vive alertant ses prédateurs potentiels de sa haute toxicité. Ainsi, la coloration uniforme de leur peau peut être jaune d'or, orange doré ou vert pâle métallique. Le canthus rostralis est arrondi tandis que la partie loréale est verticale et légèrement concave. L'iris des yeux, dont la pupille est horizontale, les narines, le bout des doigts, le bord inférieur des membranes tympaniques et les bordures de la bouche sont noirs. Il en est de même pour les plis de la peau au niveau des aisselles et de l'aine. Phyllobates terribilis a quatre doigts sur les membres antérieurs, le troisième étant le plus grand lorsqu'ils sont mesurés à plat ; suivent ensuite le quatrième, puis le premier et le deuxième qui sont de taille équivalente. Cinq doigts terminent les membres postérieurs, le quatrième étant le plus long. Suivent, du plus grand au plus petit, le troisième, le cinquième, le deuxième puis le premier doigt. De petits disques-ventouses sont présents au bout des doigts qui lui permettent de grimper aux plantes. Les dents sont présentes sur l'arc maxillaire de la bouche de Phyllobates terribilis. Les jeunes grenouilles de cette espèce sont noires avec des rayures dorées sur la face dorsale,.
Les diverses colorations possibles de la peau de Phyllobates terribilis semblent dépendre des variations micro-géographiques. Ainsi, dans la localité de Quebrada Guangui, la plupart des spécimens trouvés sont jaune d'or ou orange doré, les autres étant de couleur vert pâle ou orange intense. Dans une autre localité située à 15 km appelée La Brea, les grenouilles sont plutôt vert pâle métallique. Leur ventre et la partie intérieure de leurs cuisses peuvent parfois tendre vers le bleu-vert. Cependant, quelle que soit la localité où se situent les Phyllobates terribilis, elles ont la même morphologie, aucune différence significative au niveau de la toxicité de la peau n'ayant, par ailleurs, été détectée. Les mâles adultes possèdent un sac vocal peu profond dont la présence est signalée par de petits sillons jugulaires épidermiques dans une zone grisâtre à la base de la gorge. Ils ont également des fentes vocales appairées sur le plancher buccal,.
Phyllobates terribilis ressemble beaucoup à Phyllobates bicolor, espèce également endémique de Colombie mais qui se rencontre seulement de 400 à 1 500 m d'altitude dans les départements de Chocó et de Valle del Cauca. Cette dernière se distingue de Phyllobates terribilis par sa plus petite taille ainsi que par la coloration différente de son ventre et de ses extrémités par rapport à sa face dorsale.
Chez les batraciens, les batrachotoxines ont été seulement détectées sur les grenouilles du genre Phyllobates, ces substances étant parmi les plus toxiques au monde. Phyllobates terribilis est considérée comme la grenouille la plus toxique au monde,. Sécrétés par la peau, ces alcaloïdes stéroïdiens sont stockés dans les glandes de la peau de la grenouille, plus nombreuses au niveau du dos. La batrachotoxine agit en se fixant sur des canaux sodiques qui restent ouverts et empêche les nerfs de transmettre les impulsions électriques, laissant les muscles dans un état de relâchement et pouvant ainsi entraîner une insuffisance cardiaque ou une fibrillation,. Par ailleurs, des sécrétions de la peau de cet amphibien ayant été transférées accidentellement des mains au visage causent une sensation de brûlure prononcée qui dure plusieurs heures. Chez les grenouilles de la famille des Dendrobatidae, ce poison est un mécanisme d'autodéfense et ne sert donc pas à tuer leurs proies. La noranabasamine, alcaloïde de pyridine, ne se rencontre que chez Phyllobates aurotaenia, Phyllobates bicolor et Phyllobates terribilis.
La peau de Phyllobates terribilis, qui affiche des couleurs vives dites aposématiques, recèle entre 700 et 1 900 μg de toxine, ce qui est suffisant pour tuer plus de 10 000 souris ou environ 10 à 20 humains. Ainsi, moins de 200 μg injectés dans le système sanguin d'un être humain peut s'avérer fatal. Les sécrétions de la peau de cette grenouille sont également irritantes pour la peau poreuse, et toxiques si elles sont ingérées.
Contrairement à certaines grenouilles australiennes du genre Pseudophryne de la famille des Myobatrachidae qui peuvent biosynthétiser leur propre alcaloïde (la pseudophrynamine), la forte toxicité de Phyllobates terribilis semble être due à la consommation d'arthropodes, en particulier d'insectes. Certains scientifiques supposent que l'insecte responsable du processus de synthèse qui rend la grenouille toxique est un petit coléoptère du genre Choresine de la famille cosmopolite des Melyridae ; ces insectes recèlent en effet cette toxine à faible dose,. Ce poison extrêmement létal est très rare dans le règne animal. La batrachotoxine, qui est stockée dans les glandes de la peau des grenouilles du genre Phyllobates à des degrés divers (Phyllobates lugubris et Phyllobates vittatus en produisant bien moins que les autres), a également été retrouvée dans les plumes et la peau de cinq oiseaux toxiques de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (le Pitohui bicolore, le Pitohui variable, le Pitohui huppé, le Pitohui noir et l'Ifrita de Kowald). Chez les espèces de grenouilles du genre Dendrobates, qui dépendent de la sous-famille des Dendrobatinae comme Phyllobates terribilis, on retrouve également d'autres toxines telles que l'histrionicotoxine et la pumiliotoxine.
Les têtards de Phyllobates terribilis ne contiennent pas de batrachotoxine ; en revanche, il a été trouvé chez de jeunes grenouilles de 27 mm de longueur museau-cloaque jusqu'à 200 μg de toxine, ce qui signifie que la batrachotoxine est synthétisée ou stockée après leur métamorphose. Les spécimens sauvages mis en captivité depuis un an perdent 50 % de leur toxicité et 60 % sur une période de trois ans. En revanche, les grenouilles nées et élevées en captivité ne contiennent pas de toxines dans leur peau mais peuvent cependant en accumuler si elles font partie de leur alimentation.
Les scientifiques savaient depuis les années 1980 que les muscles et les nerfs de Phyllobates terribilis étaient insensibles à la batrachotoxine. Néanmoins, ce n'est qu'en 2017 qu'une équipe de chercheurs américains de l'université d'État de New York découvre que ce serait grâce à une seule mutation génétique que la grenouille peut produire cette toxine sans s'empoisonner elle-même,. Ainsi, après avoir testé cinq substitutions d'acides aminés naturels trouvées dans le muscle de Phyllobates terribilis, les chercheurs ont observé que la batrachotoxine n'a pas d'effet, ne se fixant plus sur le canal, lorsque le 1 584e acide aminé du canal sodique est la thréonine à la place de l'asparagine,. Cette variation précise, naturellement présente chez Phyllobates terribilis, serait due à la mutation d'un seul nucléotide,.
Phyllobates terribilis est une grenouille diurne qui vit exclusivement sur la terre ferme, bien que certaines aient été retrouvées perchées à quelques centimètres du sol sur des racines d'arbres. Lorsqu'elles sont dérangées, elles sautent en général un peu plus loin, plutôt que d'essayer de se cacher. Leur chant est décrit comme un « long trille mélodieux », l'aspect « trillé » de leur chant étant dû à une succession rapide de notes distinctes émises à un rythme de 13 notes par seconde, avec une fréquence dominante de 1,8 kHz inférieure à celle de Phyllobates aurotaenia, Phyllobates bicolor, Phyllobates lugubris et Phyllobates vittatus,.
Lors de la parade nuptiale, le mâle attire la femelle avec des trilles fort bruyants. Lorsqu'il parvient à attirer la femelle, il la conduit vers un site de ponte approprié qui doit être couvert, propre, lisse et humide tel qu'une feuille ou une pierre. Le potentiel de reproduction, avec 20 œufs par ponte, est plus faible pour la femelle Phyllobates terribilis que chez d'autres anoures, bien qu'elle puisse se reproduire tous les mois. Après que la femelle a pondu les œufs, ceux-ci sont fertilisés par le mâle. Si on exclut la substance gélatineuse qui les entoure, ils mesurent entre 2,4 et 2,6 mm de diamètre. Ils éclosent vers le treizième jour environ et le mâle récupère alors les larves sur son dos. Les têtards sont généralement portés une journée par le mâle, puis sont déposés dans un petit point d'eau afin de pouvoir nager et se développer.
Les têtards, qui sortent de l'eau 55 jours environ après l'éclosion, changent d'apparence tout au long de leur développement. À la naissance, leur corps mesure en moyenne 4,1 mm et leur longueur totale (queue comprise) est de 11,1 mm. Par la suite, ils atteignent une longueur totale de 35,4 mm pour une taille moyenne de corps de 12,6 mm. Leur corps, d'abord gris-noirâtre avec des bandes de couleur bronze pâle sur le dos, devient peu à peu noir avec des bandes dorsales de plus en plus jaune brillant, ses membres antérieurs grandissant dans le même temps. Puis, la couleur noire de la peau disparaît progressivement, laissant place à une couleur uniforme : jaune, orange, vert métallique voire blanc. Le ventre met encore plusieurs semaines avant d'atteindre la même couleur brillante que le reste du corps. Lorsque les jeunes Phyllobates terribilis sont encore noires avec des bandes dorsales jaunes, elles ressemblent quelque peu à Phyllobates aurotaenia adulte mais s'en distinguent par l'absence de couleur bleue ou verte sur le ventre.
Les jeunes grenouilles se nourrissent de petits insectes tels que les drosophiles. Les mâles arrivent à leur maturité sexuelle quand ils atteignent les 37 mm alors que pour les femelles, cette taille est de 40 à 41 mm.
À l'état sauvage, Phyllobates terribilis se nourrit principalement de fourmis du genre Brachymyrmex et Paratrechina ainsi que de nombreux autres petits invertébrés et insectes, tels que les termites et les scarabées, qui se trouvent à même le sol de la forêt. Considérée comme la plus vorace des Dendrobatidae, cette grenouille capture ses proies grâce à sa langue gluante. En captivité, la grenouille est nourrie avec des mouches des fruits, des cochenilles, des grillons Gryllidae, diverses larves d'insectes et autres petits invertébrés vivants. Un spécimen adulte peut manger des aliments beaucoup plus grands par rapport à sa taille que la plupart des autres espèces de la famille des Dendrobatidae.
Phyllobates terribilis n'a qu'un seul prédateur naturel actuellement connu, à savoir le serpent arboricole Erythrolamprus epinephelus qui attaque principalement les jeunes grenouilles, sa mâchoire étant trop petite pour avaler celles de taille adulte. En effet, ce serpent tropical est résistant aux toxines produites par les grenouilles des genres Dendrobates, Phyllobates et Atelopus.
L'Humain est la cause de la réduction des effectifs de cet amphibien. Ce dernier est utilisé dans le cadre de la chasse par les Amérindiens Emberá et Noanamá pour empoisonner leurs flèches de sarbacane, mais la principale menace est la destruction de son habitat par l'Homme.
Cette espèce est endémique de Colombie. Elle se rencontre sur la côte du Pacifique de la Colombie dans le département de Cauca, à une altitude comprise entre 100 et 200 m, au niveau du bassin supérieur du río Saija. Elle vit dans les forêts tropicales humides ayant de forts taux de pluie (5 m ou plus), à une température d'au moins 25 °C et une humidité relative variant de 80 à 90 %. La végétation au sol est principalement composée de jeunes arbres de petite taille, de petits palmiers, de plantes herbacées et de fougères. Généralement, Phyllobates terribilis vit sur la terre ferme dans la forêt, aussi bien sur des crêtes que sur des pentes humides, près des petits cours d'eau plutôt que les abords de plus grands cours d'eau qui ont été défrichés pour l'agriculture.
Des spécimens de cet amphibien ont également été découverts dans le département d'Antioquia.
Phyllobates terribilis est une espèce d'amphibiens de la famille des Dendrobatidae. Alors qu'il travaille au sein du NIH depuis 1958, John William Daly accepte en 1953 d'orienter ses recherches sur les alcaloïdes bioactifs lorsque son chef de laboratoire, Bernhard Witkop, lui propose d'aller travailler à l'ouest de la Colombie sur les toxines des grenouilles venimeuses. Ainsi, les spécimens collectés près du Río San Juan s'avèrent contenir plusieurs batrachotoxines et font l'objet d'un article dans la revue Medical World News. Charles William Myers, alors étudiant diplômé en herpétologie, s'intéresse aux « implications taxonomiques et évolutives des toxines, qui ont également de nouvelles propriétés pharmacologiques ». Il propose à Daly qu'ils collaborent à une étude des grenouilles toxiques du Panama afin de déterminer si leur coloration brillante et leur toxicité sont liées. Finalement, en 1973, avec l'aide de Borys Malkin, ils collectent plusieurs Phyllobates terribilis près du Río Saija, en Colombie. L'étude et la description de ces grenouilles, intitulée « A dangerously toxic new frog (Phyllobates) used by Emberá Indians of Western Colombia, with discussion of blowgun fabrication and dart poisoning » (« Une nouvelle grenouille dangereusement toxique (Phyllobates) utilisée par les Indiens Emberá de l'ouest de la Colombie, avec discussion sur la fabrication de sarbacanes et l'empoisonnement de fléchettes »), paraît pour la première fois en 1978. Quelques années plus tard, John William Daly, qui aurait aimé connaître l'origine des batrachotoxines de Phyllobates terribilis en récupérant de nouveaux spécimens, doit renoncer à son projet car, selon lui, « dorénavant, il est trop difficile d'obtenir un permis de collecte en Colombie ».
L'origine du nom du genre Phyllobates dérive des termes grecs phyllo qui signifie « feuille » et bates qui veut dire « grimpeur », faisant référence au comportement de certains amphibiens de la famille des Dendrobatidae qui montent aux arbres. L'épithète spécifique terribilis, choisie par Daly et Myers, est un adjectif latin signifiant « terrible » ou « effrayant ». Il fait référence à la toxicité extraordinaire des sécrétions de la peau de ces grenouilles et se rapporte également à la crainte évoquée par les flèches de sarbacane empoisonnées utilisées par des peuples indigènes. « Kokoï », qui est le nom vernaculaire de Phyllobates terribilis, est notamment utilisé par les Noanamá et les Emberá. Ces deux groupes ethniques amérindiens donnent également ce nom à Phyllobates aurotaenia.
L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) considère qu'il s'agit d'une « espèce en danger » (EN), sa zone d’occurrence étant estimée à moins de 5 000 km2, les individus de l'espèce étant par ailleurs localisés dans seulement cinq zones. Enfin, une baisse continue de l'étendue et de la qualité de l'environnement de Phyllobates terribilis dans le département de Cauca a été constatée par cette ONG. Le déclin de la population de Phyllobates terribilis peut être expliqué par plusieurs facteurs tels que le déboisement et les activités liées à l'exploitation du bois, le développement de l'agriculture intensive ainsi que l'emploi de divers engrais, pesticides et produits polluants. Cette grenouille doit également faire face au trafic illégal, étant souvent exportée à l'étranger pour des compagnies pharmaceutiques situées dans des pays industrialisés tels que le Canada ou l'Allemagne qui souhaitent étudier les puissants alcaloïdes stéroïdiens qu'elle contient.
Comme les autres Dendrobatidae, Phyllobates terribilis est touchée par l'explosion mondiale de la chytridiomycose cutanée qui a amené certaines espèces au bord de l'extinction, certains spécimens en captivité étant également atteints par cette maladie.
Phyllobates terribilis figure dans l'annexe II de la CITES depuis le 22 octobre 1987. Fin août 2013, le quota d'exportation s'élève à 240 spécimens vivants et élevés en captivité pour la Colombie. Par ailleurs, dans ce pays, le décret no 39 du 9 juillet 1985 de l'INDERENA (« Instituto nacional de recursos naturales » ou « Institut national des ressources naturelles ») interdit le prélèvement de Phyllobates dans la nature, que ce soit pour les élever ou pour tout autre but.
Phyllobates terribilis a besoin d'un environnement chaud et humide, avec beaucoup de nourriture et agrémenté de cachettes. La température doit rester supérieure à 20 °C, mais avec un maximum d'environ 25 °C, et une humidité de 80 % ou plus. Cette grenouille en captivité s'adapte vite à son environnement, associant très rapidement l'ouverture de son terrarium au fait de recevoir sa nourriture composée notamment de grillons saupoudrés de vitamines et de calcium. À ce régime alimentaire, peuvent notamment s'ajouter des mouches domestiques, des cloportes ou encore des larves d'insectes. Lorsqu'ils se nourrissent, certains spécimens mâles ont un comportement agressif, appuyant la surface supérieure de leurs mains contre le menton de leur adversaire. En captivité, cette espèce de batraciens, qui a une espérance de vie allant jusqu'à 10 ans, peut vivre dans des groupes composés de dix à quinze individus alors qu'elle vit en petits groupes de six maximum dans la nature.
L'élevage de Phyllobates terribilis est réglementé. Par exemple, selon la législation française, l'arrêté du 21 novembre 1997 définit le genre Phyllobates en tant qu'espèce considérée comme dangereuse. À ce titre, son élevage sur le territoire français est soumis à l'obtention d'un certificat de capacité et d'une autorisation d'ouverture d'établissement.
Phyllobates terribilis est la plus toxique de toutes les grenouilles. Ainsi, avec Phyllobates aurotaenia et Phyllobates bicolor, elle est l'une de trois espèces connues pour être utilisées dans le cadre de la chasse par des peuples amérindiens de Colombie. C'est notamment le cas de deux groupes constitutifs du peuple Chocó : les Noanamá et les Emberá qui, pour empoisonner leurs flèches de sarbacane, les frottent au préalable sur la peau de Phyllobates terribilis lorsqu'elle est vivante. Avec ces fléchettes, ils peuvent ainsi tuer des animaux comme des tapirs. La méthode est différente pour les deux autres espèces de grenouilles qui sont moins toxiques. En effet, après les avoir empalé sur une tige de bambou, les Amérindiens chocoes les exposent vivantes au-dessus d'un feu afin que leur corps exsude une sorte d'huile jaune. Ils imprègnent ensuite la pointe de leurs flèches avec le liquide qu'ils ont recueilli en raclant la peau du batracien. Bien que le poison utilisé sur les flèches soit très puissant, les Amérindiens peuvent manger sans risque d'intoxication les animaux qu'ils ont tués durant la chasse. En effet, bien que toutes les toxines ne soient pas thermolabiles, la cuisson de la viande va globalement les détruire.
Outre son utilisation dans le cadre de la chasse, les composants du poison de Phyllobates terribilis sont étudiés par l'industrie pharmaceutique dans le but de créer des médicaments tels que des relaxants musculaires, des analgésiques aussi puissants que la morphine et des stimulants cardiaques.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Le musée Condé est un musée français localisé dans le château de Chantilly, situé à Chantilly (Oise), dans la région des Hauts-de-France, à 40 km au nord de Paris.
Henri d'Orléans, duc d'Aumale, fils du roi Louis-Philippe Ier, lègue en 1897 le château, avec l'ensemble de ses collections, à l'Institut de France. Il comprend des salles aménagées en musée mais aussi les anciens grands appartements et petits appartements aménagés aux XVIIIe et XIXe siècles par les princes de Condé et par le duc d'Aumale lui-même.
Sa collection de peintures anciennes compte sans doute parmi les plus importantes en France. Principalement constituée d'œuvres italiennes et françaises, elle compte, par exemple, trois tableaux de Fra Angelico, trois tableaux de Raphaël, sept peintures de Nicolas Poussin, quatre d'Antoine Watteau ou encore cinq signées Ingres. Le musée abrite un cabinet de 2 500 dessins et une bibliothèque comportant 1 500 manuscrits dont 200 sont enluminés ; le plus célèbre d'entre eux étant Les Très Riches Heures du duc de Berry. S'y ajoutent des collections d'estampes, de portraits miniatures, de sculptures, d'antiquités, de photographies anciennes et d'arts décoratifs, meubles et porcelaine notamment.
L'ensemble de ces collections n'est visible qu'à Chantilly car le legs du duc d'Aumale interdit tout prêt des collections et aucune modification des salles d'exposition n'est par ailleurs possible. La muséographie n'a en conséquence pratiquement pas changé depuis l'ouverture en 1898. Environ 250 000 visiteurs fréquentent le musée Condé chaque année. Des expositions temporaires sont organisées chaque année et permettent de voir notamment une partie des œuvres conservées en réserve habituellement.
Tout au long de sa vie, Henri d'Orléans, désigné le plus souvent sous son titre de duc d'Aumale, acquiert en Europe des œuvres d'art ayant appartenu à ses ancêtres ou bien ayant été dispersées lors de différentes guerres et autres révolutions. Il profite notamment de son exil en Angleterre (1848-1870) pour collectionner tableaux et ouvrages. De retour en France, il entreprend la reconstruction du château dans sa propriété de Chantilly, pour y accueillir les œuvres rassemblées. Le « grand château » est achevé en 1885.
Les princes de Condé ont constitué progressivement toute une collection de tableaux de maîtres mais également de portraits de membres de leur famille. C'est à partir de 1643 et du Grand Condé que le château de Chantilly sert de lieu d'exposition de tableaux. Outre les portraits du Grand Condé, le château conserve des toiles représentant ses exploits lors des batailles, actuellement conservées dans la galerie des actions de Monsieur le Prince. Lors de la Révolution française, la dispersion des collections entraîne la disparition d'un certain nombre de tableaux. À la Restauration, Louis VI Henri de Bourbon-Condé tente de reconstituer ces collections et parvient à rassembler une centaine de toiles, essentiellement des portraits et des scènes de chasse des écoles françaises, flamandes et hollandaises. En tant que légataire universel du dernier Condé, Henri, duc d'Aumale, en hérite en totalité.
Le duc d'Aumale achète ses premières œuvres d'art à partir de 1844 afin d'embellir les appartements qu'il vient d'aménager dans le petit château de Chantilly pour sa nouvelle épouse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles. Il s'agit de plusieurs portraits du XVIIIe siècle dont des Largillierre et des Joseph Siffrein Duplessis. Mais c'est avec son départ en exil en 1848 qu'il commence véritablement à acquérir une démarche de collectionneur. En 1852, Louis-Napoléon Bonaparte le contraint, lui et toute la famille d'Orléans, à la vente de leurs biens sous séquestre. Il se retrouve donc avec des moyens financiers très importants à disposition immédiate. Dès 1850, il fait l'acquisition — à la vente de la collection de son père, après le décès de celui-ci — du Cheval sortant de l'écurie de Géricault. En 1852, installé dans sa résidence londonienne à Twickenham, il se consacre presque entièrement à la constitution de sa collection, aidé par des conseillers. Deux directions orientent ses choix : les œuvres rappelant ses célèbres ancêtres ou leur ayant appartenu et le souvenir de l'histoire prestigieuse de la France, qui l'a contraint à l'exil.
En 1854, le duc d'Aumale devient propriétaire de la collection de son beau-père Léopold de Bourbon-Siciles, ce qui représente plus de la moitié des peintures italiennes des collections actuellement exposées. Dans le même temps, il fait l'acquisition du Massacre des innocents de Nicolas Poussin. Tout en se spécialisant dans la bibliophilie, le duc d'Aumale achète des manuscrits enluminés du Moyen Âge, le plus célèbre étant Les Très Riches Heures du duc de Berry acheté en Italie en 1856. En 1861, c'est la collection de dessins mis en vente par Frédéric Reiset, conservateur au musée du Louvre, comportant les dessins les plus prestigieux de la collection actuelle : Dürer, Raphaël, Poussin, Le Lorrain. En 1869, c'est la collection du marquis Maison qu'il achète contenant des peintres du XVIIIe et des orientalistes du XIXe siècle. Lors de la vente Delessert en 1869, il réussit l'acquisition de La Madone d'Orléans, de Raphaël, qui avait, comme son surnom l'indique, appartenu à sa famille,.
À son retour en France en 1871, devenu académicien, le duc d'Aumale poursuit ses acquisitions. En 1876, il achète au duc de Sutherland, sa collection de portraits français, constituée par Alexandre Lenoir et jusqu'alors conservée à Stafford House à Londres : Clouet, Corneille de Lyon, Mignard et Philippe de Champaigne. Trois ans plus tard, c'est la collection de peinture de Frédéric Reiset, qui comprend des primitifs italiens, un Poussin ainsi que ses Baron Gérard et ses Ingres. En 1881, c'est au tour de la collection de 311 portraits alors attribués à Clouet de Lord Carlisle provenant de la collection de Catherine de Médicis. Par la suite, les acquisitions deviennent plus ponctuelles : Les Trois Grâces en 1885, Le Concert champêtre de Corot en 1890, les quarante enluminures extraites du Livre d'heures d'Étienne Chevalier de Jean Fouquet en 1891, Esther choisie par Assuérus de Filippino Lippi en 1892.
En 1875, le duc d'Aumale s'accorde avec l'architecte Honoré Daumet (1826-1911) sur un projet de reconstruction du grand château à l'emplacement de la plate-forme laissée vide depuis sa destruction aux lendemains de la Révolution. Dès cette date, il prévoit, en plus de ses propres appartements et salles de réception, des galeries pour accueillir et présenter ses collections accumulées, et notamment une galerie vitrée pour présenter les vitraux du mythe de Psyché, provenant du château d'Écouen. Le gros œuvre est achevé en 1882 et les aménagements intérieurs en 1885. L'architecte privilégie de petits espaces mais agrémentés d'un éclairage zénithal, comme dans le Santuario ou dans la Tribune. Il est fait appel à plusieurs artistes renommés de l'époque pour les décorations intérieures : le peintre Paul Baudry, les sculpteurs Henri Chapu, Laurent Marqueste, Georges Gardet, l'orfèvre Émile Froment-Meurice. Lors de son second exil, entre 1886 et 1889, il fait réaménager le Logis en salles de musée et le théâtre en bibliothèque de travail. Le duc fait régulièrement visiter son château et découvrir ses collections à ses invités à l'occasion de réceptions. L'ensemble des travaux de reconstruction, entre 1872 et 1897, est estimé à la valeur de 5 365 758,17 francs-or.
Dès le mois de mars 1878, le duc d'Aumale décide d'ouvrir son château au public pendant la belle saison, du 1er juin au 1er octobre, les jeudis et dimanches.
Dans son testament du 3 juin 1884, le duc d'Aumale, sans héritier direct, lègue ses collections, avec le reste du domaine de Chantilly, à l'Institut de France. Il est lui-même déjà membre de deux académies dépendant de cette institution : l'Académie française depuis 1871 et l'Académie des beaux-arts depuis 1880. Ce don est pour lui un moyen d'éviter la dispersion des collections. Ce legs aurait été suggéré par Justin de Selves, alors préfet de l'Oise et futur ministre des Affaires étrangères. Avec la loi d'exil du 22 juin 1886, le duc est de nouveau contraint à quitter sa résidence et décide, dès lors, de faire du legs une donation irrévocable de son vivant sous réserve d'usufruit. L'acte est officialisé le 25 octobre 1886. Les conditions du don sont très strictes : la présentation des œuvres ne peut être changée, elles ne peuvent être ni vendues ni même prêtées. L'acte de donation est définitivement accepté par décret présidentiel du 20 décembre 1886. Il précise que la direction est confiée à un collège des conservateurs, composé de trois membres de l'Institut : un membre de l'Académie française, un membre de l'académie des beaux-arts et un autre membre issu d'une autre académie, mais en réalité soit de l'académie des inscriptions et belles-lettres, soit de l'académie des sciences morales et politiques. Un conservateur-adjoint est nommé pour la gestion quotidienne des collections, en la personne de Gustave Macon (1865-1930), jusque-là secrétaire particulier du duc. Les trois conservateurs et le conservateur-adjoint se voient attribuer un logement de fonction dans le château d'Enghien, à l'entrée du parc, même si seul le conservateur-adjoint a pour obligation d'y résider. La donation devient effective à la mort du duc, le 7 mai 1897.
Le musée Condé ouvre pour la première fois sous l'égide de l'Institut de France le 17 avril 1898, l'année après la mort du duc et reste ouvert alors de la mi-avril à la mi-octobre toujours les jeudis et dimanches après-midi. Dès la première année, 100 000 personnes visitent le château, venant notamment en train depuis Paris. Pendant toute cette période, le conservateur-adjoint Gustave Macon s'attache à conserver la mémoire et le fonctionnement du château tel qu'à l'époque du duc d'Aumale. Cependant, quelques épisodes viennent troubler cette continuité.
Lors de la Première Guerre mondiale, l'évacuation des principales collections du musée est organisée dès le 10 août 1914. Dix-neuf jours plus tard, les Fouquet, les Raphaël, une vingtaine de peintures, les plus beaux manuscrits, les 300 dessins de Clouet et le cabinet des gemmes prennent la direction du musée de Toulouse dans dix-neuf caisses, en compagnie des collections du musée du Louvre. Le reste est stocké dans les caves. Les troupes allemandes occupent les salles du château les 3 et 4 septembre, à l'occasion des combats autour de Senlis. En 1918, avec la nouvelle avancée allemande lors de la seconde bataille de la Marne, la décision est prise d'évacuer le reste des collections ainsi que les archives vers le musée de Dijon, en train ou en camion. L'ensemble des collections revient après le 11 novembre 1918.
En 1926, le musée Condé subit le seul vol de son histoire avec l'enlèvement du diamant rose, le « Grand Condé ». Deux commerçants alsaciens Léon Kaufer et Émile Souter pénètrent par effraction dans le cabinet des gemmes dans la nuit du 11 au 12 octobre 1926 et s'emparent du diamant rose de 9,01 carats — l'objet le plus précieux des collections — ainsi que d'un poignard et une boucle de ceinture ayant appartenu à Abd el-Kader sertis de pierres précieuses et d'autres bijoux, soit soixante-huit pièces au total. À la fin de cette même année, les malfaiteurs sont arrêtés grâce à la suspicion d'un patron d'hôtel envers un de ses clients. Le diamant et quelques autres bijoux sont retrouvés, mais ceux en or et en argent ont été fondus ou jetés à la Seine. Le diamant rose réintègre définitivement les collections du musée le 29 juin 1927,.
Avec la nomination en la personne d'Henri Malo d'un nouveau conservateur-adjoint en 1931, à la suite du décès de Gustave Macon, le musée Condé organise des expositions temporaires afin de présenter les dessins et ouvrages conservés dans les réserves. Seize expositions se succèdent ainsi entre 1930 et 1940. Une collection importante fait l'objet d'une donation effectuée en 1939 et officialisée en 1946. Il s'agit d'un ensemble de cinquante-deux portraits de personnages illustres datant du milieu du XVe siècle au début du XVIIe siècle et conservés par le marquis Armand de Biencourt (1802-1862) dans son château d'Azay-le-Rideau jusqu'en 1905. Celui-ci aurait refusé de céder sa collection au duc d'Aumale. Le don est finalement réalisé en faveur du musée Condé par sa fille, la vicomtesse de Montaigne de Poncins. Ils viennent compléter la collection du musée dans la salle des Clouet située dans le Logis.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les collections sont de nouveau évacuées. Les préparatifs commencent le 26 août 1939. Après avoir envisagé dans un premier temps de tout entreposer dans les anciennes carrières situées sous l'hippodrome de Chantilly, elles sont déplacées dans les sous-sols du château. La majeure partie des collections est finalement évacuée en catastrophe, du 26 au 28 mai 1940, en pleine débâcle. Le voyage s'effectue à l'aide d'une vingtaine de camions, en même temps que les musées nationaux parisiens, et ce, grâce à l'intervention du maréchal Pétain, académicien et à ce titre membre du collège des conservateurs du musée Condé. Elles arrivent finalement au château de Lancosme, à Vendœuvres, dans l'Indre, où elles passent la totalité de la guerre. En décembre 1945, les collections restées au château sont sorties de leur réserve et le reste des collections retourne à Chantilly en mars 1946, le musée rouvrant officiellement le 8 juin de la même année.
Une autre donation importante est effectuée en 1957 par Léon Lefébure et sa femme sous la forme d'une centaine de pièces de porcelaine de Chantilly, dont une grande partie dans le style Imari. Elles sont installées dans les vitrines du salon Orléans du Logis en 1958.
Pendant toute la période et jusqu'à nos jours, la direction du musée est toujours assurée par un conservateur, d'une façon générale issu d'autres musées ou de bibliothèques patrimoniales, le tout suivi par le collège des conservateurs, issus des académies de l'Institut de France. Ce collège est, selon la tradition, présidé par un académicien issu de l'Académie française.
Dans les années 1980, l'Institut de France connaît des problèmes de gestion, qui impliquent des difficultés financières à entretenir le domaine et notamment le musée Condé,. Après l'aide de mécènes américains, le domaine y compris le musée passent, en 2005 et pour une durée de vingt ans, sous la gestion de la Fondation pour la sauvegarde du domaine de Chantilly, une fondation privée financée en grande partie par l'Aga Khan.
La reconstruction du château par Honoré Daumet est pensée dès le départ comme la conception d'un écrin pour les collections du duc d'Aumale. Plusieurs espaces sont ainsi conçus mais le musée Condé lui-même se concentre à l'origine dans les quelques grandes galeries de peinture. Mais dès l'ouverture du château à la visite en 1898, l'ensemble des salles constituent le musée, y compris les grands appartements.
L'entrée du musée se fait par un grand vestibule, décoré de marbres, qui servait d'entrée principale lors des réceptions organisées par le duc d'Aumale au château. Sur les murs, sont fixées deux panneaux de carreaux de faïence de Rouen historiés et réalisés par Masseot Abaquesne en 1542 et 1544 et commandés par Anne de Montmorency pour le château d'Écouen. Ils représentent deux épisodes de l'Histoire romaine de Tite-Live : Marcus Curtius se précipitant dans le gouffre du forum pour apaiser la colère des dieux et Mucius Scaevola étendant la main sur le brasier.
Sur la gauche, se trouve le grand escalier d'honneur qui mène aux petits appartements, copie de l'escalier du Palais-Royal, ancienne résidence des Orléans à Paris. Le plafond de cet escalier est décoré d'une peinture de Diogène Maillart, L'Espérance tenant le drapeau français, commandée à l'artiste en 1892, d'après une esquisse de Jules-Élie Delaunay. Dans le couloir menant à la chapelle, sont placés contre les murs des vêtements liturgiques génois, chasuble et dalmatique faits de draps d'or et datant du XVe siècle. Ils ont été acquis à l'occasion d'une vente aux enchères à Florence en 1880.
La chapelle Saint-Louis a été conçue par Honoré Daumet de façon à pouvoir abriter les éléments provenant de la chapelle du château d'Écouen : l'autel, portant un bas-relief représentant le sacrifice d'Abraham, sculpté par Jean Goujon, les boiseries et les deux vitraux, représentant du côté gauche les fils du connétable Anne de Montmorency présentés par saint Jean, et du côté droit les filles du connétable et son épouse Madeleine de Savoie, présentées par sainte Agathe. Les murs de la chapelle sont par ailleurs décorés de peintures représentant saint Christophe et saint Jacques ainsi que d'un drapeau d'une milice de la ville d'Augsbourg pris sur le champ de bataille de Rocroi. Au fond du chœur de la chapelle, est installée la chapelle des cœurs des Condé. Il s'agit d'un ancien monument élevé dans l'église Saint-Paul-Saint-Louis à Paris en l'honneur de Henri II de Bourbon-Condé, sculpté par Jacques Sarrazin et qui comportait le cœur du prince. Placé un temps dans l'église paroissiale de Chantilly, il y accueille alors l'ensemble des cœurs des princes de Condé. Le monument est déplacé ici en 1885 par le duc d'Aumale et transformé pour être placé dans cette chapelle de forme ronde installée dans une des tours du château.
Baptisé ainsi en l'honneur du Grand Condé par le duc d'Aumale, il comporte les principales galeries de peintures du musée. Ces salles étaient destinées, dès l'origine, à constituer un musée.
Cette salle doit son nom à une ancienne salle située à cet emplacement, construite par Anne de Montmorency en 1528 et détruite en 1785. Construite entre 1875 et 1880, elle est inaugurée le 11 novembre 1880. C'est une salle à manger avec balcon pour y loger des musiciens à l'époque du duc d'Aumale. Décoré selon la mode du XVIe siècle, le plafond contient des caissons représentant les armes des seigneurs de Chantilly. Tout le reste de la décoration est consacré à la chasse ; différents trophées de chasses sont ainsi exposés : massacres d'animaux, dépouilles de lions, etc. S'y ajoute une série de douze tapisseries intitulée Les Chasses de Maximilien. Il s'agit en fait des reproductions de tapisseries flamandes du XVIe siècle d'après des cartons de Bernard van Orley. Ces copies ont été réalisées par la Manufacture des Gobelins au début du XVIIIe siècle pour Louis Alexandre de Bourbon et elles représentent les étapes d'une chasse à courre dans les forêts environnant Bruxelles à différentes saisons. Une peinture de Paul Baudry est placée au-dessus de la cheminée, représentant La Vision de Saint Hubert (1882). La galerie des cerfs accueille les expositions temporaires de dessins. En dehors des expositions, la grande table centrale présente le grand surtout des chasses, céramiques de Sèvres réalisées au XIXe siècle d'après des dessins de Jean-Baptiste Oudry.
Cette salle à manger est desservie par une galerie d'office : ce couloir, qui mène au Logis, communiquait avec les cuisines situées au rez-de-chaussée par un monte-plats. Les plats ainsi apportés et tenus au chaud dans un chauffe-plats, étaient dressés dans les plats de service avant d'être apportés dans la galerie des cerfs. Cette galerie présente toujours de grandes vitrines et des tiroirs exposant un certain nombre de services de porcelaines, d'orfèvrerie et de cristal ayant appartenu au duc d'Aumale et restés dans leur présentation de 1897. On peut toujours y voir sept services différents de porcelaine de Sèvres et de Paris ayant appartenu au duc (chiffrés de ses initiales « HO » pour Henri d'Orléans) ou à sa famille, un service de table en orfèvrerie Christofle ainsi que d'autres pièces en argent massif ayant appartenu aux Condé, et enfin une collection de verres en cristal de Bohême toujours au chiffre du duc.
C'est la plus grande salle du château. Dotée d'un éclairage zénithal, les murs sont couverts de tentures de couleur rouge pompéien. Les tableaux y sont accrochés côte à côte et les uns au-dessus des autres sans ordre apparent. Il s'agit pour la plupart de tableaux de grand format, exposés auparavant dans la salle du jeu de paume, avant la reconstruction du château. On trouve sur la gauche en entrant, une majorité de tableaux de l'école italienne — Le Guerchin — ou réalisés en Italie — Poussin, Dughet — alors qu'à droite domine l'école française — Philippe de Champaigne, Nattier, Delacroix. On y trouve par ailleurs un grand nombre de peintures orientalistes. Les tableaux présents dans le fond de la salle sont datés essentiellement du XVIIIe siècle.
Au fond de la galerie, on accède par un escalier à la rotonde, aménagée dans la tour de Vineuil. Le duc d'Aumale avait fait le choix d'y exposer des dessins. Pour des raisons de conservations, ils en ont été retirés au profit de plusieurs chefs-d'œuvre du château ici mis plus en valeur, tels que le Portrait de Simonetta Vespucci (Piero di Cosimo) ou La Madone de Lorette (Raphaël). Cette dernière y a pris place en 1979 à la suite de son attribution à Raphaël. Au sol, une mosaïque issue des fouilles de la maison des fleurs à Pompéi représente une scène de chasse.
La galerie de Psyché comporte 44 vitraux représentant le mythe de Psyché réalisés entre 1541 et 1542 pour Anne de Montmorency en son château d'Écouen. C'est dans cette salle, couverte de tentures vertes, que se déroulent les expositions temporaires, parfois étendues au cabinet des gemmes et à la galerie des cerfs.
Le Santuario (« sanctuaire » en Italien) est une petite pièce avec un seul éclairage zénithal aménagée entre 1886 et 1889 et ouvrant sur la galerie de Psyché. À son emplacement se trouvait, à l'époque du duc d'Aumale, un cabinet des estampes. Cette salle présente deux tableaux de Raphaël (Les Trois Grâces, La Madone d'Orléans), un panneau de cassone peint par Filippino Lippi et intitulé Esther et Assuerus et quarante enluminures peintes par Jean Fouquet, extraites du Livre d'heures d'Étienne Chevalier.
Le cabinet des Gemmes présente une collection d'armes et de bijoux. Là est exposé le diamant rose, jusqu'à son vol en compagnie des armes d'Abd el-Kader et d'autres bijoux dans la nuit du 11 au 12 octobre 1926. D'origine inconnue, il aurait été acquis par le Grand Condé, peut-être à la suite d'un don de Louis XIV. Seule sa copie est présentée actuellement. On y trouve aussi une collection de portraits miniatures et des émaux.
Cette salle doit sans doute son nom à la tribune de la Galerie des Offices à Florence, aménagée dans les années 1580 par Bernardo Buontalenti. Elle en possède la même forme hexagonale et les mêmes tentures rouges, ici du velours orné de passementeries d'or. Surplombée d'une verrière permettant là aussi un éclairage zénithal, elle est décorée, dans la partie haute, de huit tableaux commandés au peintre prix de Rome Armand Bernard. Ils illustrent les lieux de vie du duc d'Aumale : le Palais-Royal où il naît, le lycée Henri-IV où il a fait ses études, le château de Villers-Cotterêts, où il a passé une partie de son enfance, les châteaux d'Aumale et de Guise, qui appartenaient à sa famille, la résidence de Twickenham, où il s'est retiré en exil en Angleterre, et enfin le château de Palerme, où il se rendait dans la famille de sa femme.
La salle est, à l'origine, entièrement tapissée de tableaux, jusqu'en haut des murs. Plusieurs d'entre eux ont gagné le Logis lors de son aménagement de 1886. On en dénombrait encore 62 en 1897. Certains sont actuellement dans la Rotonde, d'autres dans la salle Clouet. Deux pans de la salle sont consacrés à la Renaissance italienne et flamande — Le Mariage mystique de saint François d'Assise de Sassetta, le diptyque de Jeanne de France — un autre à la peinture des XVIIe et XVIIIe siècles avec Champaigne et Watteau, un pan à la peinture néo-classique dont quatre tableaux d'Ingres et un dernier pan à la peinture romantique dont un Delacroix. Dans l'entrée de la Tribune, sont placés deux bas-reliefs attribués à Jean Goujon représentant Le Départ et La Chute de Phaéton, provenant du château d'Écouen.