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Cette aile du château est construite entre 1875 et 1880 pour en faire les appartements de Philippe d'Orléans, comte de Paris, neveu du duc d'Aumale, le Logis comporte chambres, salon et salle à manger. Finalement, le duc fait réaménager les appartements en salles de musée à partir de 1886 par la suppression des portes, des cheminées et des cabinets de toilette,.
La salle Clouet est consacrée à la collection de portraits des XVe et XVIe siècles, issus notamment de l'entourage de Clouet père et fils. Le mur de droite présente la collection du duc d'Aumale, le mur de gauche la donation Poncins-Biencourt, présente au château depuis 1939.
La salle Caroline porte le prénom de la duchesse d'Aumale, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles. Elle présente des portraits de l'école française des XVIIe et XVIIIe siècles signés notamment Greuze et Watteau.
Le salon d'Orléans est l'ancien salon des appartements du comte de Paris. Il comporte de nombreux portraits de famille : statue et tableau de la mère du duc d'Aumale, buste de son père, tableau du duc d'Aumale lui-même. Sa première destination dans le musée était un cabinet de dessins et d'estampes pour lesquels le duc d'Aumale a fait aménager les vitrines encore présentes dans la salle. Les dessins ont depuis été déplacés pour des raisons de conservation. Les vitrines sont occupées depuis 1958 par de la porcelaine de Chantilly, issues en partie du legs Lefébure-Solacroup. Elle présente par ailleurs quelques échantillons de dentelle de Chantilly.
La salle Isabelle porte le prénom de la femme du comte de Paris et nièce du duc d'Aumale, Marie-Isabelle d'Orléans. Outre deux marines hollandaises, elle présente tous les courants de la peinture française du XIXe siècle à l'exception de l'Impressionnisme : le Néoclassicisme avec Ingres, le Romantisme avec Géricault, l'Orientalisme avec une peinture de Delacroix, l'Académisme avec Jean-Léon Gérôme, l'école de Barbizon avec Théodore Rousseau.
Le cabinet du Giotto est consacré à la peinture italienne primitive, accueillant 25 tableaux, soit le quart des collections italiennes. Il présente notamment La Dormition de la Vierge de Maso di Banco, longtemps attribué à Giotto et qui a donné son nom à la pièce. On y trouve aussi La Vierge de miséricorde de la famille Cadard attribué a posteriori à Enguerrand Quarton. La salle a fait l'objet d'une restauration complète en 2003, lui permettant de retrouver ses brocarts cramoisis disparus à l'occasion d'un précédent aménagement datant de 1977. Dans l'entrée, se trouve une vitrine présentant les collections d'Antiques du musée, dont certains issus des fouilles de Pompéi et donnés par le beau-père du duc.
La salle, ou rotonde de la Minerve, logée dans la tour du Connétable, doit son nom à une statuette gallo-romaine en bronze représentant la déesse et acquise à la vente Pourtalès. Elle regroupe des portraits de la famille d'Orléans des XVIIe et XVIIIe siècles dont des portraits signés Nicolas de Largillierre.
La salle de la Smalah était autrefois consacrée aux dessins orientalistes. Là encore, ils en ont été enlevés pour des raisons de conservation à la mort du duc. Elle accueille de nos jours des peintures acquises par les Amis du musée Condé lors de la vente de la collection du comte de Paris en 1996 et données au musée à l'occasion du centenaire de la mort du duc d'Aumale en 1997. Il s'agit de deux portraits du duc et de son épouse peints par Charles Jalabert en 1866, un petit pastel signé Henri Cain représentant le duc en 1893 et un portrait du même un an avant sa mort signé Jean-Joseph Benjamin-Constant.
La bibliothèque du musée comprend une salle accessible en visite libre appelée le Cabinet des livres, situé dans le Petit château. Cette salle est aménagée entre 1876 et 1877 par l'architecte du château Honoré Daumet. Elle comprend sur deux pans de murs des rayonnages métalliques sur deux niveaux auxquels on accède à l'aide d'une galerie. Les ouvrages y sont classés par dimension, par regroupements intellectuels et par type de reliure, jouant ainsi un rôle essentiellement décoratif. Le plafond est décoré de caissons ornés d'écussons des compagnons d'armes du Grand Condé. Le buste de celui-ci, signé Coysevox, est disposé sur la cheminée. On trouve également, posé sur un chevalet, un tableau de Gabriel Ferrier représentant le duc d'Aumale dans sa bibliothèque accompagné d'Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury le conseillant dans ses acquisitions. C'est dans cette salle que se déroulent les expositions temporaires sur la bibliophilie, présentant livres anciens, documents d'archives et reliures rares.
La bibliothèque comprend une autre salle aménagée entre 1888 et 1889 à l'emplacement de l'ancien théâtre des princes de Condé, appelée « Bibliothèque du théâtre », accessible uniquement en visite guidée. Elle contient les 30 000 ouvrages du XIXe siècle et les documents bibliographiques qui servaient d'outils de travail au duc. Les autres pièces, non accessibles à la visite, sont la tour des Chartes, qui conserve les archives du domaine et du duc, ainsi qu'une salle de lecture pouvant accueillir les chercheurs sur rendez-vous.
Situées dans le Petit château, ces pièces conservent en partie les aménagements du château du XVIIIe siècle. Elles furent aménagées comme pièces d'apparat par le duc d'Aumale. Les pièces sont traversantes, nécessitant de passer d'une salle à l'autre pour traverser le château. Les Grands appartements sont ouverts en visite libre, comme les salles de peinture.
Cette pièce est construite au XIXe siècle pour relier le nouveau château à l'ancien petit château. Elle comporte plusieurs objets autrefois placés dans le château des Condé avant la Révolution et plusieurs tableaux dont deux signés Jean-Baptiste Oudry, la pièce la plus précieuse étant le meuble minéralogique donné par le roi Gustave III de Suède au prince Louis V Joseph de Bourbon-Condé en 1774 et qui comportait autrefois une collection de minéraux aujourd'hui conservée au muséum national d'histoire naturelle.
Elle est aussi appelée salle de la mosaïque car elle comporte au-dessus de la cheminée une mosaïque issue des fouilles d'une villa de Stabies, non loin de Pompéi, représentant L'Enlèvement d'Europe par le dieu de l’Olympe Jupiter qui a pris la forme d’un taureau. Elle a servi de seconde antichambre avant la révolution, puis de salle à manger après. Elle a été entièrement réaménagée par Honoré Daumet. Depuis l'ouverture du musée, le mobilier du début du XIXe siècle a été réinstallé et comprend notamment deux consoles en chêne et marbre de style Restauration signées Pierre-Antoine Bellangé (1757-1827). On y trouve deux portraits peints par Antoine van Dyck et trois portraits du Grand Condé dont l'un signé David Teniers le Jeune. Deux vitrines sont consacrées à des souvenirs militaires, ce qui explique le nom donné à la pièce. L'une, consacrée aux Condé, contient des drapeaux de régiments du XVIIIe siècle, un tambour de gardes suisses et des équipements ayant appartenu à l'armée des émigrés des princes de Condé. L'autre, consacrée au duc d'Aumale, conserve des souvenirs des campagnes d'Afrique du nord : canons pris à Mascara en 1835, ainsi que d'autres armes, et tambours.
Cette ancienne chambre conserve en partie ses boiseries posées dans les années 1720 sous la conduite de l'ornemaniste Charles Maurissan. En 1820, cinq toiles peintes signées Christophe Huet et datant de 1734-1735, y sont installées, représentant des animaux exotiques et des pagodes orientales. Elle sert alors de salle de billard. Elle est transformée en salon par le duc d'Aumale. La salle comprend plusieurs pièces de mobiliers du XVIIIe siècle : deux commodes dont une signée Jean-Henri Riesener et un bureau. Les autres meubles, un canapé, douze fauteuils et six chaises, ont été commandés par le duc d'Aumale et ornés de tapisseries de Beauvais du XVIIIe siècle,.
Le cabinet des princes a conservé sa fonction jusqu'au duc d'Aumale. Il est décoré de boiseries blanches et or datant de 1720 et ornés de motifs liés à la chasse. Seuls les tableaux de dessus de portes ont été retirés à la Révolution et remplacés à la Restauration par des toiles provenant du palais Bourbon, propriété des princes de Condé et représentant des scènes militaires des XVIIe et XVIIIe siècles. Le mobilier XVIIIe provient de la vente des collections de Louis-Philippe Ier en 1857. Il comprend six fauteuils et six chaises, un canapé à joues et un écran, tous décorés de tapisseries de Beauvais. On trouve aussi un guéridon datant de 1874 en émail cloisonné, réalisé par les ateliers Christofle,.
C'est l'une des plus célèbres pièces du château, comportant un ensemble de décors peints attribués à Christophe Huet en 1737. Cette « singerie » est une représentation de singes imitant les actions de l'homme, et de chinois, alliant à la fois la mode nouvelle des chinoiseries et de la caricature. Chaque panneau est une allégorie des sciences et des arts, représentant la chasse, la guerre, la peinture, la sculpture, la géométrie, la géographie et la chimie. Sur l'un des panneaux, l'un des singes est peintre en porcelaine (Louis IV Henri de Bourbon-Condé, son commanditaire, venait de fonder une manufacture de porcelaine dans la ville, aux décors inspirés de motifs extrême-orientaux). Une toile peinte est présente en fond alors que le même prince a fondé aussi une manufacture produisant ce type de pièces et une presse à billets est placée en partie basse, peut-être une allusion à la fortune du prince constituée dans le cadre du système de Law. Le commanditaire se retrouve ainsi lui-même caricaturé. Le décor contient aussi une évocation des cinq sens et des quatre parties du monde. Le plafond est entièrement consacré à la chasse. Le même peintre a réalisé des décors sur le même thème au château de Champs-sur-Marne et à l'hôtel de Rohan (à Paris).
Le mobilier du salon comprend quatre chaises provenant du cabinet de toilette de Marie-Antoinette à Versailles signées Georges Jacob, une chaise provenant de la chaumière de Rambouillet ainsi qu'un écran de cheminée décoré au XIXe siècle d'une toile de Christophe Huet : La Leçon de lecture des singes.
Cette galerie est conçue par Jules Hardouin-Mansart et achevée par la pose des boiseries lors des travaux de Jean Aubert vers 1718. La salle comprend une série de onze toiles représentant les principales victoires du Grand Condé : les batailles de Rocroi (1643), Fribourg (1644), Nördlingen (1645), Dunkerque (1646), Lens (1648), Le blocus de Paris (1649), La conquête de la Franche-Comté (1668), Le passage du Rhin (1672). Ces toiles occupant trois des murs de la salle, sont commandées par le Grand Condé lui-même en 1686, année de la mort du chef de guerre, à Sauveur Le Conte (1659-1694), élève de Van der Meulen, le peintre des batailles de Louis XIV. Elles sont achevées en 1692. Une peinture supplémentaire est commandée par le fils du Grand Condé, après la mort de celui-ci : Le Repentir. Le peintre Michel Corneille le Jeune représente le Prince empêchant une renommée de publier ses actions de rebelles et invitant une autre renommée à proclamer son repentir, alors que l'histoire, appuyée sur le Temps arrache d'un livre les pages symbolisant les actions que le chef de guerre souhaite faire oublier,.
La pièce abrite le mobilier le plus prestigieux du château, rassemblé par le duc d'Aumale : une table en cep de vigne de 1540 aux armes des Montmorency, une autre table attribuée à André-Charles Boulle, un ensemble de chaises et de fauteuils de Georges Jacob, un bureau et son cartonnier signé Joseph Baumhauer (1757) ainsi qu'un autre signé Jean-François Œben.
Cette pièce forme autrefois le cabinet de curiosités des princes de Condé avec les deux pièces suivantes non ouvertes à la visite, comportant des collections de minéraux, d'espèces animales et autres curiosités naturelles. La pièce, donnant sur le château d'Enghien, présente divers objets en souvenir du duc d'Enghien, fusillé dans les douves du château de Vincennes. Outre son portrait en tenue de chasse, plusieurs de ses effets personnels sont exposés.
Ces pièces, situées au rez-de-chaussée du Petit château, sont les appartements privés du duc d'Aumale, entièrement aménagés depuis qu'il eut décidé de s'installer dans le château hérité de son oncle Louis VI Henri de Bourbon-Condé, peu de temps après son mariage avec sa cousine Marie-Caroline de Bourbon-Siciles. Commencés en 1844 et achevés en 1846, les travaux sont menés par le décorateur Eugène Lami dans le style des arts décoratifs de la Monarchie de Juillet. La plupart des meubles sont créés par les frères Grohé. Cependant, dès septembre 1847, le duc d'Aumale quitte le château pour gagner ses fonctions de gouverneur général de l'Algérie. À la suite de son exil en Angleterre en 1848, il ne regagne ses appartements qu'en 1876 où il réside jusqu'à sa mort en 1897. En 1886, le chauffage central et l'éclairage au gaz y sont installés. Conformément à ses vœux, les lieux n'ont subi aucune modification depuis. Ils sont ouverts au public à l'occasion de visites guidées depuis 1993,.
Cette salle auparavant salon de musique de Bathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon, avait pour nom « salon des Dames », devient le « salon de Guise » en 1872, après la mort du fils du duc, François, duc de Guise, à l'âge de 18 ans. Le salon présente les portraits de ses deux fils, le prince de Condé et le duc de Guise, peints par Charles Jalabert, ainsi que ceux du duc d'Aumale et de son frère Antoine d'Orléans enfants, peints par Joseph-Nicolas Robert-Fleury. Les dessus de portes sont décorés de toiles représentant le château de Chantilly au temps du Grand Condé, le Hameau et la meute sortant des Grandes Écuries. Le mobilier est composé d'une table et d'une armoire-bahut en palissandre et ébène, ornée de bronze,.
L'ancien salon de la duchesse de Bourbon : la pièce est composée d'un lit à baldaquin et de fauteuils de style Louis XV. Elle comprend également un cabinet de toilette. Les murs sont ornés de deux tableaux du duc d'Aumale et de la duchesse lors de leur mariage. Le plafond est peint par Narcisse Díaz de la Peña et représente deux oiseaux en balance sur une guirlande autour des initiales « C » et « A » (Caroline-Auguste, duchesse d'Aumale),.
Cette pièce est aménagée sous une forme ronde dans l'ancienne chambre à coucher de la duchesse de Bourbon. C'est dans cette pièce qu'est né Louis Antoine de Bourbon-Condé en 1772. La pièce était, sous la monarchie de Juillet, décorée de lampas de couleur verte. À son retour en 1876, après la mort de sa femme en 1869, le duc d'Aumale remplace le vert par le violet, couleur du chagrin. Le salon est entièrement restauré et les lampas retissés en 2009.
La seule pièce des petits appartements ayant totalement conservé sa décoration du XVIIIe siècle. Un panneau comporte la date de 1735 ; cette décoration est elle aussi attribuée à Christophe Huet. Six panneaux représentent les distractions des dames du château, dans ce qui était le boudoir des princesses de Condé, à travers des personnages de guenons au cours des quatre saisons. Celles-ci participent à la chasse (l'Automne), cueillent des cerises (le Printemps), se baignent (l'Été), jouent au traîneau (l'Hiver). Deux panneaux supplémentaires représentent des singes jouant aux cartes et faisant leur toilette. Le plafond, lourdement restauré, représente à nouveau les allégories des quatre saisons, ainsi que les Fables de La Fontaine sur deux corniches (Le Coq et la Perle, Le Renard et la Cigogne, Le Renard et le Buste, La Poule aux œufs d'or) ainsi que les Cris de Paris sur les deux autres (dont le marchand d'oublies). Enfin, les volets représentent des jeux de plein air (arc, volant, quilles) et un vantail, l'archerie.
Les boiseries datent du XVIIIe siècle, seuls les dessus de portes ont été changés au siècle suivant. C'est l'ancienne chambre du Louis VI Henri de Bourbon-Condé avant la Révolution. Les murs supportent des tableaux et miniatures représentant la famille du duc d'Aumale, dont un portrait de sa mère signé du baron François Gérard. Une vitrine contient le masque mortuaire du duc ainsi que le drapeau tricolore qui couvrait son cercueil lors de son retour de Sicile. Agrémentée de boiseries, la salle de bain attenante comprend tout le confort moderne avec eau courante, chaude et froide, lavabo, baignoire avec robinetterie d'époque,.
La salle est aménagée par Eugène Lami dans le style éclectique avec notamment une imposante cheminée de néo-renaissance. Cette ancienne antichambre, puis salon du duc de Bourbon, est appelée tout d'abord « Salon des Condé » par le duc d'Aumale en raison du grand nombre de portraits d'ancêtres en peinture (Grand Condé par Juste d'Egmont) et en sculpture (Louis-Henri de Bourbon-Condé). Il est rebaptisé « Salon de Condé » en mémoire du fils aîné du duc d'Aumale, mort à 21 ans,.
Ces trois pièces sont entièrement aménagées dans le style néo-renaissance avec boiseries, plafond à caisson, carreaux de pavement et ornements rappelant les décorations de la façade du petit château de Jean Bullant. La chambre de marbre, qui date de 1880, est un cabinet de travail devenu salle à manger privée du duc d'Aumale. Elle contient du mobilier signé Grohé Frères ainsi qu'un buste de Ferdinand-Philippe d'Orléans, frère aîné du duc. La loggia et le débotté ont été aménagés à l'emplacement de l'entrée de l'ancien pont-levis du Petit château, vers 1875. La loggia comprend des décors directement inspirés de ceux du château d'Écouen, en hommage à Anne de Montmorency. Le débotté servait de salle d'accueil des visiteurs du duc, de retour de la chasse.
La galerie Duban est construite en 1846 par l'architecte Félix Duban (1798-1870), prenant la forme d'une extension sur la façade du petit château, côté cour, pour desservir les petits appartements. Elle est dans un premier temps décorée des vitraux de Psyché, aujourd'hui dans la galerie du même nom. Ils sont remplacés par six vitraux héraldiques provenant eux aussi du château d'Écouen et représentant les armes de Guillaume Gouffier de Bonnivet, compagnon d'armes d'Anne de Montmorency, du dauphin, le futur Henri II en 1541, peut-être celles de Philippe de Montmorency, évêque de Limoges et frère d'Anne, armes d'Antoinette de La Marck, femme de Henri Ier de Montmorency, fils d'Anne, armes d'Anne lui-même et de Marie de Montmorency, sœur cadette d'Anne et abbesse de Maubuisson. Les autres vitraux, qui datent du XIXe siècle, portent les armes des Condé et des Orléans. Les vitrines situées dans la galerie exposent différentes armes ainsi qu'un costume de circassien donné au duc d'Aumale par Constantin Nikolaïevitch de Russie. Au fond du couloir, se trouve l'ancien fauteuil roulant utilisé par le duc lors de ses promenades dans le parc du château à la fin de sa vie.
La galerie Daumet construite par l'architecte du même nom en 1885-1886 pour relier le nouveau grand château aux petits appartements est décorée de boiseries et accueille une armoire du XVIIIe siècle décorée de marqueteries contenant des porcelaines de Meissen. Les tableaux sur les murs de la galerie, ayant appartenu au beau-père du duc d'Aumale, représentent des vues de Naples et de ses environs.
Il s'agit de cinq salles situées à proximité des petits appartements, donnant sur le jardin de la Volière, et auxquelles on accède par la galerie Daumet. Aménagées au XIXe siècle, elles servaient au logement de la famille du duc d'Aumale ou de ses invités, bénéficiant d'un système de chauffage central par le sol et de cabinets de toilette indépendants. Elles sont désignées sous le nom de : salon Louis III, chambre Jeanne d’Arc, chambre La Bruyère, chambre de Naples et chambre de la Reine. Elles sont décorées de boiseries, cheminées et leurs garnitures ainsi que de dix-huit tableaux de dessus de porte : un portrait de Lully par Paul Mignard, des copies anciennes d'autres portraits du XVIIe et du début du XVIIIe siècle, des vues de Naples de Joseph Rebell ou encore des vases de fleurs d'Alexis-Joseph Mazerolle provenant de l'hôtel d'Achille Fould à Paris. Une restauration intervenue en 2016-2017 a permis la restitution de sa décoration de la période du duc. Ces salles accueille désormais un cabinet d'arts graphiques, qui expose les collections de dessin, gravure et photographie du musée à l'occasion d'expositions temporaires. Elles se déroulent au rythme de deux à trois par an et peuvent contenir trente à cinquante œuvres à la fois.
Si la collection de peintures anciennes est la plus connue, le musée abrite aussi des collections dans presque tous les domaines de l'art ancien : archéologie, dessin, gravure, sculpture, photographie, arts décoratifs.
Il s'agirait de la deuxième collection de peintures anciennes (avant 1850) de France après le musée du Louvre. 800 peintures sont en effet présentes dans le musée, dont 500 exposées en permanence, réparties dans presque toutes les salles selon le goût et les volontés du duc d'Aumale. Les tableaux sont présentés les uns contre les autres et superposés, comme le voulait l'habitude dans les musées au XIXe siècle.
La collection italienne du musée Condé comporte 98 tableaux, ce qui en fait l'une des mieux représentées. Le duc d'Aumale avait en effet une prédilection pour la Renaissance italienne : 22 tableaux datent du XVe siècle, 38 du XVIe siècle. Parmi les primitifs, on note surtout la présence de Toscans : Sienne avec Sassetta (Le Mariage mystique de saint François d'Assise) et Florence avec Fra Angelico (trois tableaux : Saint Marc, Saint Matthieu et Saint Benoît en extase dans le désert), Filippino Lippi ou Piero di Cosimo (Portrait de Simonetta Vespucci). Le XVIe siècle se concentre sur les trente premières années avec beaucoup de peintres de l'Italie du Nord dont Ludovico Mazzolino ou Bernardino Luini, mais aussi des peintres romains comme Raphaël, le musée Condé étant le seul musée de France, avec le Louvre, à conserver trois de ses tableaux (Les Trois Grâces, La Madone d'Orléans, La Vierge de Lorette), Jacopino del Conte ou Scipione Pulzone. Pour le XVIIe siècle, les deux principaux peintres représentés sont Annibale Carracci et Salvator Rosa avec chacun huit œuvres mais on trouve aussi un Dominiquin et un Guerchin. Les sujets traités sont pour l'essentiel des sujets religieux, à l'exception d'une dizaine de portraits.
Ces tableaux italiens proviennent principalement de deux achats en bloc de grandes collections : la collection de son beau-père, le prince de Salerne, en 1854 et celle du conservateur du musée du Louvre, Frédéric Reiset, en 1879. La première représente 72 tableaux, soit plus de la moitié des collections italiennes. Le duc a d'ailleurs vendu rapidement 70 toiles pour ne garder pour l'essentiel que des peintures des XVIe et XVIIe siècles. Ces œuvres ont été achetées par Ferdinand Ier des Deux-Siciles, qui tenta entre 1799 et 1805 de récupérer une partie des collections vendues par les grandes familles romaines à l'arrivée des troupes françaises. Frédéric Reiset, pour sa part, a constitué sa collection par des achats successifs tout au long de sa carrière de conservateur au musée du Louvre puis de directeur des musées nationaux. Il vend ses 40 tableaux dont 24 de l'école italienne à son départ en retraite. Les autres tableaux sont des acquisitions ponctuelles réalisées à l'occasion de ventes aux enchères.
La peinture flamande est essentiellement représentée par deux genres : la peinture religieuse et surtout les portraits. Au premier genre, appartient un diptyque anonyme dit de Jeanne de France, sœur de Louis XI, autrefois attribué à Hans Memling mais sans doute réalisé par un peintre de l'entourage de Rogier van der Weyden. Également une Sainte Marie-Madeleine (autrefois désignée sous le nom de Portrait de Marie de Bourgogne) attribuée au Maître de la Légende de sainte Marie-Madeleine. Deux autres tableaux religieux datent du XVIIe siècle, l'un représentant Noli me tangere signé Denis Calvaert et un Ecce homo de Frans II Francken. Un portrait du XVe siècle reste anonyme et représente Antoine, Grand bâtard de Bourgogne. Pour le XVIIe siècle, il s'agit pour la plupart de portraits de la famille Condé et Orléans, réalisés pour certains à l'occasion d'exils en Flandre, transmis au duc d'Aumale par héritage : Portrait de Gaston de France par Antoine van Dyck et deux autres œuvres du portraitiste flamand, ainsi que des portraits du Grand Condé signés David Teniers le Jeune ou Juste d'Egmont.
La collection du musée comprend 16 tableaux de peintres hollandais. En dehors d'un tableau d'Antonio Moro, il s'agit de tableaux datant du siècle d'or : on retrouve un grand nombre de portraits (la moitié), ainsi que des marines, de Jacob van Ruisdael et de Willem Van de Velde le Jeune notamment, des peintures d'histoire avec Mathias Stomer ou des scènes de genre avec Melchior d'Hondecoeter.
Les peintres allemands de la Renaissance sont représentés par Hans Holbein le Jeune, mais aussi Bartholomaeus Bruyn le Vieux et Heinrich Aldegraver. Pour les époques plus récentes, le duc d'Aumale a acquis plusieurs tableaux de paysage allemands et autrichiens du XIXe siècle présents au sein de la collection du duc de Salerne signés Joseph Rebell, Oswald Achenbach ou Jacob Philipp Hackert. Le musée possède, en outre, deux tableaux de Franz Xaver Winterhalter.
Bien que l'attachement de la maison d'Orléans à l'Angleterre remonte avant même la Révolution, les peintures anglaises sont presque absentes des collections. La notable exception est le portrait des Deux Waldegrave de Joshua Reynolds. Le Portrait de Louis-Philippe d'Orléans du même peintre n'est qu'une copie d'un original perdu. Les autres tableaux sont des paysages signés Edward Lear ou Samuel William Reynolds.
La peinture espagnole, outre trois portraits anonymes, se réduit à deux tableaux religieux de Antonio de Pereda et un de Bartolomé Esteban Murillo.
Outre La Vierge de miséricorde de la famille Cadard, attribuée en 1904 à Enguerrand Quarton et Pierre Villate, les peintures des XVe et XVIe siècles comprennent 85 portraits représentant des personnages célèbres de cette période, principalement des rois de France, leur famille et leur entourage. Seuls deux d'entre eux sont attribués à François Clouet lui-même (un Portrait d'Odet de Coligny ainsi qu'un Portrait de Jeanne d'Albret) ; la vingtaine de portraits restant provient de l'atelier ou de l'entourage du peintre de la cour. Trois sont attribués à Corneille de Lyon et six à son atelier, et huit à d'autres peintres portraitistes de la période tels que Jean Decourt, Germain Le Mannier. Au total, 43 tableaux restent anonymes. Un très grand nombre de ces portraits proviennent de la collection d'Alexandre Lenoir et l'autre moitié de la collection d'Armand de Biencourt donnée en 1939.
Les tableaux français de ce siècle, au nombre de 82, sont pour 57 d'entre eux des portraits. Ils proviennent en partie de la collection d'Alexandre Lenoir dont un Philippe de Champaigne (La Mère Angélique Arnaud) et trois Pierre Mignard (Le Cardinal Mazarin, Madame Deshoulières, Molière). D'autres proviennent des collections de Louis-Philippe Ier, le père du duc d'Aumale, et comprennent un Philippe de Champaigne (Le Cardinal Mazarin). La collection de portraits comprend par ailleurs cinq réalisations de Nicolas de Largillierre dont quatre sont des achats précoces du duc. Dans les autres thématiques, domine la peinture de bataille, représentant des victoires du Grand Condé par des élèves de Adam François van der Meulen dont Martin des Batailles. Les tableaux les plus célèbres de cette collection sont sans doute les œuvres de Nicolas Poussin, au nombre de sept, représentant des scènes du Nouveau Testament, dont Le Massacre des innocents, de la mythologie ou des paysages comme Paysage aux deux nymphes. Le caravagisme n'est représenté que par Le Repas d'Emmaüs de Trophime Bigot.
Le musée conserve 137 tableaux de l'école française datant de ce siècle. Pour près de la moitié, il s'agit de portraits, le duc d'Aumale consacrant une bonne partie de sa collection à des représentations de sa famille et des grands noms de l'histoire de France. On trouve parmi les plus célèbres peintres de cette époque : deux œuvres de Jean-Marc Nattier, une de Charles-Joseph Natoire, trois de Joseph Siffrein Duplessis, et quatre de Jean-Baptiste Greuze. À l'inverse, on ne trouve presque aucune peinture religieuse ou d'histoire. La peinture mythologique est uniquement représentée par L'Amour désarmé d'Antoine Watteau. La collection compte au total quatre œuvres de ce dernier. On trouve par ailleurs de nombreuses scènes de chasse dont deux tableaux de Jean-Baptiste Oudry (Hallali du renard, Hallali du loup). Deux pièces majeures sont deux commandes royales concomitantes, en 1735, sur des sujets voisins : Le Déjeuner d'huîtres de Jean-François de Troy et Le Déjeuner de jambon de Nicolas Lancret qui devaient orner la salle à manger des petits appartements du roi Louis XV au château de Versailles. Le château est enfin réputé pour les peintures décoratives de ses appartements, signées Christophe Huet : une grande et une petite singerie, ainsi qu'un ensemble de toiles représentant des paysages et des animaux.
Tous les styles de la peinture du XIXe siècle sont représentés à la notable exception de l'Impressionnisme. Le duc d'Aumale ne fait pas preuve d'avant-gardisme dans l'art qui lui est contemporain et a tendance à suivre de quelques années la mode de l'époque comme le montre le décalage général entre la date d'exécution des œuvres et leur date d'achat. La peinture néoclassique est bien représentée par deux des plus grands peintres du genre : cinq tableaux de Jean-Auguste-Dominique Ingres (dont la Vénus Anadyomène, le Portrait de Madame Duvaucey et un Autoportrait à vingt-quatre ans achetés avec la collection Reiset et La Maladie d'Antiochus) et quatre de François Gérard (dont Les trois âges de la vie et un Portrait de Napoléon Bonaparte). La peinture romantique est représentée notamment par Géricault et son Cheval sortant de l'écurie, trois tableaux d'Eugène Delacroix dont Les deux Foscari ainsi que par cinq portraits d'Ary Scheffer. La peinture académique est présente en grand nombre avec plusieurs toiles de Paul Baudry, pour certaines commandées pour décorer le château, mais aussi Ernest Meissonier, Léon Bonnat, Édouard Detaille. La présence abondante de la peinture orientaliste s'explique par le séjour du duc en Afrique du Nord et son goût pour cette région. Elle est représentée par des œuvres d'Alexandre-Gabriel Decamps, Prosper Marilhat ou Eugène Fromentin. L'école de Barbizon est présente par des œuvres de Théodore Rousseau, Charles-François Daubigny et Jules Dupré. Le réalisme et le naturalisme ne sont véritablement représentés que par une peinture de Rosa Bonheur, Bergers de Pyrénées, commandée en 1864 par le duc d'Aumale. Celui-ci a réalisé par ailleurs plusieurs acquisitions d'œuvres de salons. Ainsi, deux œuvres du salon de 1857 sont présentes dans les collections : Suites d'un bal masqué de Jean-Léon Gérôme qu'il acquiert en 1858, Gérôme étant devenu par la suite l'ami du duc d'Aumale et son collègue à l'académie des beaux-arts, ainsi que Le Concert champêtre de Jean-Baptiste Camille Corot qu'il acquiert en 1890.
Environ 2 500 dessins sont dénombrés dans les collections du musée. Après les premières acquisitions de quelques dessins liées à son histoire ou celle de sa famille, le duc d'Aumale devient véritablement collectionneur de dessins lors de son exil en Angleterre. Il commence par effectuer quelques achats ponctuels, notamment deux dessins de Raphaël (La mise au tombeau et Sainte Cécile et autres saints, et deux Michel-Ange (Le Jugement Dernier et La résurrection de Lazare) en 1860. C'est surtout par l'acquisition de la totalité de la collection de Frédéric Reiset, le conservateur du musée du Louvre en 1861, pour 140 000 francs, qu'il constitue une véritable collection complète. Il s'agit de 381 dessins au total, du XVe siècle au XVIIIe siècle, dont 158 dessins italiens, 17 de Claude Gellée (dont des paysages de Rome et des alentours), une centaine de Nicolas Poussin, ainsi que des Albrecht Dürer (L'Annonciation, Vierge à l'Enfant entourée d'anges et de saints), des études d'Eustache Lesueur et autres esquisses de Léonard de Vinci, Raphaël, Pierre Paul Rubens, Watteau. En 1862, il achète La Mona Vanna, appelée aussi La Joconde nue, attribuée alors à Léonard de Vinci (et depuis réattribuée à son école). En 1866, le duc achète à la vente après-décès d'Eugène Delacroix un des sept albums de voyage au Maroc et en Algérie. À la vente Wellesley, il achète de nouveau quatre dessins du Lorrain et un Canaletto. Avec l'achat de la collection du marquis Maison, il fait rentrer dans ses collections des dessins de Watteau, Greuze, Pierre-Paul Prud'hon,.
En 1876, revenu en France, le duc d'Aumale continue ses achats de l'autre côté de la Manche pour faire revenir des œuvres d'art françaises dans leur pays d'origine. Il achète ainsi la collection de portraits français du XVIe siècle du duc de Sutherland, formée par Alexandre Lenoir pendant la Révolution soit 148 portraits aux crayons de couleur et au pastel. En 1877, pour la somme de 112 500 francs, il achète 450 portraits de Carmontelle auxquels s'ajoutent par la suite 34 autres, ce qui porte à 484 cette série de portraits de personnages célèbres du XVIIIe siècle réalisés par le lecteur de Louis Philippe d'Orléans, l'arrière-grand-père du duc d'Aumale. En juin 1880, il achète 600 portraits de soldats signés Auguste Raffet qui lui rappelle sa carrière de militaire. Il achète ensuite vingt-cinq dessins hollandais (Albert Cuyp, Lambert Doomer, Willem Van de Velde le Jeune) à la vente Visser en 1881. En 1884, le château achevé, le duc d'Aumale fait accrocher aux murs, à demeure, plusieurs de ses dessins, notamment au salon d'Orléans, malgré les conseils des conservateurs de musée craignant pour leur conservation. En 1889, il parachève sa collection par l'acquisition auprès du comte de Carlisle de 363 dessins crayonnés du XVIe siècle alors attribué à Jean et François Clouet, ayant appartenu à Catherine de Médicis. Après la mort du duc, les dessins sont rapidement enlevés des espaces d'exposition permanente et ne ressortent depuis qu'à l'occasion d'expositions temporaires. Ils sont conservés au sein du cabinet des dessins situé, depuis les années 1970, au centre de la bibliothèque du théâtre,. Depuis 2017, ils sont exposés régulièrement au sein du cabinet d'art graphique installé au rez-de-chaussée du Petit Château à l'occasion d'expositions temporaires.
La bibliothèque du musée, parfois aussi appelée « bibliothèque Condé », est mondialement connue pour ses 13 000 livres anciens. Le duc d'Aumale hérite dans un premier temps des collections des Condé, soit 800 manuscrits et seulement deux imprimés. Il commence ses achats d'ouvrages lors de son exil en 1850. La collection est constituée par les achats successifs auprès de libraires ou en vente publique. Quelques collections ont été aussi acquises en bloc dont celle du collectionneur anglais Frank Hall Standish, en 1851, soit 3 504 volumes, dont 250 incunables pour 133 000 francs et celle du bibliophile Armand Cigongne, en 1859, 2 910 ouvrages pour 375 000 francs. Il rachète aussi un certain nombre d'ouvrages ayant appartenu aux collections de son père Louis-Philippe lors de leur vente en 1852. C'est le duc d'Aumale en personne qui a rédigé le premier catalogue des manuscrits de sa collection, publié en 1907. Il acquiert enfin 30 000 ouvrages contemporains pour sa bibliothèque de travail, actuellement conservés dans la bibliothèque du théâtre.
Parmi les ouvrages anciens, on compte environ 1 500 manuscrits. 200 de ces manuscrits sont enluminés ; 300 datent du Moyen Âge dont le plus ancien est une enluminure du Xe siècle tirée du Registrum Gregorii. Il s'agit pour la moitié d'entre eux d'ouvrages religieux — comme le psautier d'Ingeburge — d'histoire, mais aussi de théologie, de littérature (dont l'un des plus anciens manuscrits de l'Enfer de Dante), d'art — comme le recueil de chants du XIVe siècle connu sous le nom de Codex Chantilly — et de science. Parmi les imprimés anciens, sur un total d'environ 10 000, on trouve 700 incunables (imprimés avant 1501) et 2 500 du XVIe siècle et autant du XVIIe siècle.
Le plus célèbre des ouvrages est sans conteste Les Très Riches Heures du duc de Berry enluminé par les frères de Limbourg entre 1411 et 1416, date de la mort de son commanditaire Jean Ier de Berry. Il est achevé et complété par d'autres artistes dont peut-être Barthélemy d'Eyck dans les années 1440 et Jean Colombe avant 1485. Le duc d'Aumale l'acquiert en Italie en 1856 auprès du baron Félix Margherita pour la somme de 18 000 francs. Le manuscrit n'a été exposé au grand public qu'une seule fois lors d'une exposition temporaire en 2004. Le duc achète aussi 40 enluminures auprès de la famille allemande Brentano en 1891. Ces feuillets sont extraits d'un ancien Livre d'heures d'Étienne Chevalier peint par Jean Fouquet dans les années 1450 et aujourd'hui démembré. Seules sept autres miniatures de ce manuscrit sont conservées par ailleurs dans d'autres musées et bibliothèques dans le monde. Elles sont exposées en permanence dans des caissons hermétiques dans le Santuario.
Depuis l'ouverture du musée, 15 000 ouvrages ont été acquis. Après la mort du duc d'Aumale, d'autres dons d'importance ont été concédés au musée : la collection de 500 livres anciens de l'architecte Louis Bernier en 1919, la collection de 82 livres anciens sur la famille Montmorency-Luxembourg par Marguerite Montaigne de Poncins (1859-1954) en 1939 au même moment que la collection de portraits, et enfin la collection de 3 000 ouvrages documentaires sur l'histoire de l'Oise par Jean Vergnet-Ruiz (1896-1972), conservateur du musée du château de Compiègne.
Le musée Condé conserve les archives du domaine de Chantilly transmises pour l'essentiel avec la donation. Les documents les plus anciens remontent au XIVe siècle et l'acquisition du domaine par Pierre d'Orgemont. Gustave Macon classe ces documents et les sépare en deux catégories : le cabinet des titres d'un côté et le cabinet des lettres de l'autre. Le premier fonds représente 31 séries réparties en 1 019 cartons et 1 809 registres concernant des propriétés situées dans toute la France. Le second, constitué des correspondances des princes, comprend 16 séries comprenant 663 volumes, soit 80 000 lettres. Ces fonds sont complétés par des acquisitions effectuées par Gustave Macon et ses successeurs. Celles-ci datent d'après 1815 et avaient été exclues de la donation par le duc d'Aumale. Il s'agit des archives personnelles du duc, concernant sa famille et ses domaines, répartis en quatre séries. À ces fonds, s'ajoutent les archives de la famille Montmorency-Luxembourg issues du don Montaigne de Poncins, constituées de 47 cartons datés de 1497 à 1904. Les cartes ont par ailleurs été classées à part, au sein d'un cabinet des cartes, comprenant notamment 3 000 cartes manuscrites des XIVe au XIXe siècles et 5 000 plans du château au XIXe siècle.
Ces documents, en dehors des expositions temporaires, sont accessibles aux chercheurs sur rendez-vous et après autorisation du conservateur. Un certain nombre d'entre eux ont été numérisés et sont consultables sur le site internet de la bibliothèque. Le catalogue est aussi accessible par le biais de la base de données CALAMES, le catalogue des archives et des manuscrits des bibliothèques universitaires françaises, développée par l'Agence bibliographique de l'enseignement supérieur (ABES).
Les collections du musée recensent environ 2 500 estampes. Pour un très grand nombre d'entre elles, il s'agit de portraits gravés de personnages célèbres du XVIe au XIXe siècle. Plusieurs grands graveurs allemands sont tout de même présents avec 33 estampes d'Albrecht Dürer dont les célèbres Melencolia I et Saint Jérôme dans sa cellule ainsi qu'une série de la petite passion du Christ, Martin Schongauer dont Saint Laurent et Le couronnement d'épines, ou encore Albrecht Altdorfer, Heinrich Aldegraver ou Hans Sebald Beham. Plusieurs gravures du XVIIe siècle représentent des vues de Paris ou de divers châteaux et monuments dont Chantilly signées Israël Silvestre, Jean Marot, Nicolas de Fer ou Adam Pérelle.
Le musée conserve environ 1 400 tirages sur papier et contrecollées sur carton datant de la deuxième moitié du XIXe siècle. La collection comprend un certain nombre de pionniers de la photographie parmi les plus célèbres. Le duc d'Aumale s'intéresse en effet très tôt à la photographie en collectionnant quelques daguerréotypes dans les années 1840, aujourd'hui disparus. Cet intérêt pour la photographie s'explique par la volonté du duc de conserver une trace de son pays lors de son exil en Angleterre avec plusieurs vues de Paris dont celles d'Édouard Baldus ou des frères Bisson par exemple ; un intérêt de soldat pour les événements militaires avec les reportages de Roger Fenton lors de la guerre de Crimée ou d'Alexander Gardner lors de la Guerre de Sécession (L'État-Major de l'armée du Potomac) ; un intérêt d'esthète pour les représentations d'œuvres d'arts célèbres (La Joconde par Léonard de Vinci de Gustave Le Gray). Le duc d'Aumale possédait un intérêt propre à l'esthétisme de cet art naissant, collectionnant les célèbres marines de Le Gray ou les vues de glaciers suisses d'Adolphe Braun. La collection comprend enfin de nombreuses représentations du château et du domaine de Chantilly, des photos de famille ainsi que les premières photographies amateurs du neveu du duc, Robert d'Orléans, duc de Chartres. Ces photographies sont présentées à l'occasion d'expositions temporaires.
La collection de sculptures (305 sont recensées dans la base Joconde du ministère de la Culture) est constituée essentiellement de bustes et de statues en pied de personnages célèbres. On trouve aussi des représentations de personnages mythologiques et d'animaux de vénerie dans le style néo-classique et académique. Un certain nombre de ces statues ont été acquises par le duc d'Aumale pour décorer le parc du château. Il s'agit de statues présentes dans le parc au XVIIe siècle et rachetées par le duc ou de créations commandées pour évoquer des personnages importants de l'histoire du château. Parmi les sculpteurs représentés, figurent Guillaume Dupré (buste d'Henri IV), Gilles Guérin (Louis XIV terrassant la Fronde) Antoine Coysevox (buste du Grand Condé) pour le XVIIe siècle, Louis Pierre Deseine, James Pradier, Lorenzo Bartolini, Antoine-Louis Barye, Auguste Cain (pour les chiens de chasse à l'entrée du château), Henri Chapu (Jeanne d'Arc écoutant ses voix), Paul Dubois (buste du duc d'Aumale dans la grande galerie) pour le XIXe siècle.
Les antiques du duc d'Aumale représentent 150 pièces de diverses origines : égyptiennes, étrusques, grecques, mais surtout romaines et gallo-romaines pour plus de la moitié. Certains de ces antiques — bronzes, verreries, céramiques — proviennent des excursions du duc d'Aumale sur le chantier de fouilles de Pompéi et offerts par son hôte, Ferdinand II, roi des Deux-Siciles. En 1854, il rachète les collections de son beau-père Léopold de Bourbon-Siciles, qui comprennent notamment des mosaïques intégrées depuis dans la décoration du château (Mosaïque de la chasse, L'Enlèvement d'Europe), ainsi que de petits marbres. Le duc achète aussi quelques pièces à l'occasion de ventes : des statuettes Tanagra, une amphore grecque à figures rouges de Nola, attribuée au peintre grec Aison, une statuette de Minerve. Quelques pièces sont aussi des découvertes locales, issus de sites gallo-romains, tels que la petite statuette en bronze d'un faune provenant de Buironfosse ou une statuette d'un sanglier gaulois. À noter qu'une dizaine d'objets sont des faux fabriqués au XIXe siècle et vendu au duc à ses dépens,.
Le musée possède une collection de vaisselles en porcelaine autrefois à l'usage des anciens habitants du château mais aussi issues aux collections accumulées par le duc d'Aumale. On retrouve notamment l'une des plus grandes collections de porcelaine de Chantilly, puisque la manufacture fut fondée en 1725, dans un premier temps pour approvisionner les seigneurs de Chantilly. Une centaine de pièces proviennent par ailleurs de la donation Lefébure-Solacroup, effectuée en 1957 et constituée essentiellement de pièces de style dit « Kakiémon », c'est-à-dire imitant la porcelaine japonaise d'Imari. La collection de céramiques est aussi constituée de porcelaine de Sèvres des XVIIIe et XIXe siècles, soit collectionnées par le duc d'Aumale, à une époque où elles sont à la mode en Angleterre, soit commandées par le duc auprès de la manufacture dont un ensemble de surtouts des chasses inspiré des peintures cynégétiques de Jean-Baptiste Oudry. On retrouve par ailleurs des ensembles de porcelaines de Limoges et de Bayeux ainsi que d'autres manufactures françaises et notamment parisiennes des XVIIIe et XIXe siècles. En provenance de l'étranger, les collections comportent des porcelaines de Naples, Vienne, de Meissen et de la manufacture Mintons.
Le musée conserve par ailleurs plusieurs pièces de mobilier exceptionnelles, datant essentiellement des XVIIIe et XIXe siècles. Il s'agit en général de meubles de famille ayant appartenu à la maison de Condé, récupérés sous la Restauration ou acquis à cette époque et légués au duc d'Aumale. Les collections comprennent aussi des meubles issus de collections prestigieuses dont la commode de la chambre de Louis XVI à Versailles ou un bureau et son cartonnier ayant appartenu au duc de Choiseul. Il s'agit de meubles signés notamment André-Charles Boulle, Jean-Henri Riesener, Joseph Baumhauer, Georges Jacob, Pierre-Antoine Bellangé ou Grohé Frères. On trouve aussi un abondant mobilier datant de la Monarchie de Juillet, époque de l'emménagement du duc d'Aumale au château.
Le musée conserve près de 350 portraits miniatures qui constituent une collection à part entière mêlant le dessin, la peinture et les arts décoratifs. Il s'agit de représentations de personnages destinées à marquer un attachement sentimental — familial ou amoureux — entre le modèle et le propriétaire du portrait. Le duc d'Aumale collectionne ces œuvres par des achats de portraits historiques mais surtout par des héritages : la majeure partie par sa mère la reine Marie-Amélie de Bourbon-Siciles à sa mort en 1866, une soixantaine de portraits de famille des Bourbon-Condé, ainsi que des portraits autrichiens et napolitains de sa belle-mère Marie-Clémentine de Habsbourg. D'autres miniatures ont été acquises depuis l'ouverture du musée, par dons, legs ou achats. Ces miniatures prennent des formes très variées : médailles avant tout mais aussi boites ou bijoux. Les plus anciennes remontent aux années 1520, avec l'apparition de ce type d'œuvres. Héritières des enluminures, elles sont réalisées à la gouache ou l'aquarelle sur vélin. Elles sont aussi parfois réalisées en émail, certaines sont signées Léonard Limosin (portraits de Henri d'Albret, Antoine de Bourbon, Catherine de Lorraine, Louis de Bourbon). Les portraits du XVIIe siècle sont réalisés sur des supports plus diversifiés : cuivre, papier et surtout l'émail qui devient prépondérant avec des artistes spécialisés comme Jean Petitot (18 portraits). Les miniatures de la seconde moitié du XVIIIe siècle sont réalisées essentiellement en ivoire, technique venue d'Italie mais installée en France par des artistes comme Pierre Adolphe Hall, d'origine suédoise (portrait du futur Louis-Philippe Ier) ou Jean-Baptiste Isabey (portrait de Marie-Louise d'Autriche). Des miniatures sont exposées en permanence dans le cabinet des gemmes. Une exposition exclusivement consacrée à ces objets, restaurés pour l'occasion, a été organisée en 2007-2008,.
Le musée Condé est considéré comme musée d'une fondation privée, la fondation d'Aumale, créée par la donation du duc et dépendant d'un établissement public, l'Institut de France. Il n'est pas considéré comme un musée national. Il obtient le label Musée de France le 19 février 2020. Sa direction est assurée par un conservateur d'État, mis à disposition par le ministère de la Culture. Il s'agit de Nicole Garnier-Pelle depuis 1998. La conservation de la bibliothèque et des archives est assurée en parallèle par un conservateur d'État mis à disposition par l'Institut de France, en la personne de Marie-Pierre Dion depuis janvier 2019. Le suivi et le contrôle du musée Condé au nom de l'Institut sont toujours assurés par le collège des conservateurs, constitué de trois personnalités désignées parmi les académiciens.
Le personnel d'accueil, de surveillance, d'entretien et de conservation est employé directement par la Fondation pour la sauvegarde du domaine de Chantilly, gestionnaire du domaine depuis 2005. Celle-ci emploie environ 150 personnes. Elle assure par ailleurs l'ensemble de la commercialisation des offres du musée, sa communication ainsi que la maîtrise d'ouvrage des restaurations du bâtiment et des collections.
Même si les statistiques de fréquentation du musée ne sont pas agrégées avec les statistiques des autres musées suivis par le ministère de la Culture, le musée se place au 28e rang des musées français pour sa fréquentation annuelle, tout type de musée confondu et dans les quinze premiers musées de beaux-arts. C'est, par ailleurs, le premier musée de Picardie. On constate une fréquentation en hausse depuis que le domaine est géré par la fondation de l'Aga Khan, cependant, on reste loin des objectifs de 600 000 visiteurs fixés à sa création. Au palmarès des musées établi par Le Journal des Arts, le musée se classe 37e en 2010, mais 3e pour les musées situés dans des villes de moins de 20 000 habitants.
Le musée fait effectuer régulièrement la restauration de ses œuvres ainsi que des salles historiques du château. Il fait pour cela appel à des restaurateurs indépendants. Des mécènes interviennent régulièrement pour aider financièrement la Fondation pour la sauvegarde du domaine à leur réalisation. Au sein du château, plusieurs pièces ont été restaurées telles que, pour les exemples les plus récents, la grande singerie en 2007, avec l'aide financière du Fonds mondial pour les monuments, une fondation privée basée à New York, ou la loggia, le débotté et le salon violet des petits appartements en 2009 avec l'aide des « Amis du musée Condé ». Parmi les collections, les peintures italiennes de la tribune et de la grande galerie ont été restaurées en 2007 ainsi que quelques miniatures du cabinet des gemmes. Les restaurations sont parfois effectuées simultanément à des expositions thématiques telles que huit peintures hollandaises à l'occasion d'une exposition sur ce thème en 2010.
Le principal mécène du musée est l'association des « Amis du musée Condé ». Fondée en 1971 et reconnue d'intérêt public en 1988, elle réunit 2 000 membres environs. Cette association contribue à financer les restaurations mais aussi les éventuelles acquisitions du musée. L'association édite une revue annuelle ou bi-annuelle, intitulée Le Musée Condé, destinée à faire connaître les dernières recherches sur les collections et l'actualité des restaurations et acquisitions.
Les nouvelles acquisitions d'œuvres pour le musée se font toujours en lien étroit avec les œuvres déjà présentes dans les collections ou avec l'histoire du château. Un mécène privé aide systématiquement à leur acquisition lorsque celle-ci se fait à titre onéreux. En 2006, une aquarelle d'Adam François van der Meulen représentant le château est achetée pour 175 000 € avec l'aide d'une grande surface des environs de Chantilly. En 2008, le musée a acquis par le biais de la fondation Lefort-Beaumont, un Portrait du Grand Condé signé Juste d'Egmont (le musée possédait déjà deux portraits du même peintre). Les acquisitions peuvent aussi être des dons, tels que la donation de plans et dessins de l'île d'Amour et de l'île des Jeux des jardins du château de l'architecte Claude-Mathieu Delagardette, effectuée en 2010 par ses descendants.
Les expositions du musée Condé ont longtemps été réalisées quasi exclusivement avec les collections du musée, le plus souvent sorties des réserves pour l'occasion. Elles se déroulent alors dans la galerie de Psyché et la galerie des Cerfs. Le cabinet est des gemmes est parfois vidé de ses collections pour abriter une section des plus grandes expositions. Le commissariat de ces expositions est assuré en général par le conservateur du musée. Le cabinet des Livres accueille les expositions de reliures et d'ouvrages dont le commissariat est assuré par le conservateur de la bibliothèque. Voici une liste des expositions organisées par le musée entre 2005 et 2010 :
En 2012, à la suite de la restauration de la salle du Jeu de Paume, celle-ci est utilisée de nouveau pour l'exposition d'œuvres d'art. Une exposition temporaire de grande ampleur y est organisée chaque année. Voici les expositions qui y ont été organisées :
L'entrée au Domaine de Chantilly (Château, parc et Grandes Écuries) se fait au prix de 12 € en 2010 passé à 13 € en 2011 puis 14 € en 2012, 16 € en 2015 et enfin 17 € en 2016 en tarif plein (13,50 € euros en tarif réduit). Les visites guidées coûtent 3 € supplémentaires. Il s'agit d'un des cinq musées aux tarifs d'entrée les plus élevés en France,.
Le musée propose des fiches d'aides à la visite en libre-service ainsi que des audioguides, pour adultes et enfants, en location mais aussi gratuitement téléchargeables sur le site du château. Des visites thématiques sont par ailleurs organisées chaque semaine. Un service éducatif et culturel, commun au musée, au parc et aux Grandes Écuries, propose des activités à destination des scolaires et centres de loisirs. Le musée participe chaque année aux Journées européennes du patrimoine avec des animations spécifiques ce jour-là mais sans pour autant accorder la gratuité d'entrée comme c'est l'habitude lors de cette manifestation.
Le Musée est labellisé tourisme et handicap pour les handicaps visuels, auditifs et mental. Le château abrite un restaurant, « La Capitainerie », et une boutique,. On trouve également un restaurant dans le parc, Aux goûters Champêtres, dans le Hameau.
En avril 2012, quarante-huit œuvres issues des collections du musée et numérisées en haute définition sont ajoutées au Google Art Project,.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Le procédé Thomas ou procédé Thomas-Gilchrist est un procédé historique d'affinage de la fonte brute, dérivé du convertisseur Bessemer. Il porte le nom de ses inventeurs qui le brevettent en 1877 : Sidney Gilchrist Thomas et son cousin Percy Carlyle Gilchrist. En permettant l'exploitation du minerai de fer phosphoreux, le plus abondant, ce procédé permet l'expansion rapide de la sidérurgie hors du Royaume-Uni et des États-Unis.
Le procédé diffère essentiellement de celui de Bessemer par le revêtement réfractaire du convertisseur. Celui-ci, en étant constitué de dolomie cuite avec du goudron, est basique, alors que celui de Bessemer, constitué de sable damé, est acide. Le phosphore, en migrant du fer vers les scories, permet à la fois l'obtention d'un métal de qualité satisfaisante, et de phosphates recherchés comme engrais.
Après avoir notamment favorisé la croissance spectaculaire de la sidérurgie lorraine, le procédé s'efface progressivement devant le convertisseur Siemens-Martin avant de disparaître vers le milieu des années 1960 : avec la mise au point de la liquéfaction des gaz, l'utilisation d'oxygène pur devient économique. Même si les convertisseurs modernes à l'oxygène pur opèrent tous avec un milieu basique, leurs performances comme leur conduite n'ont plus que peu de rapport avec leur ancêtre.
Lorsqu'il annonce la découverte de son procédé à Cheltenham, le 13 août 1856, Henry Bessemer affirme que le brassage simultané du laitier et du métal rend son procédé capable d'ôter « le soufre et toutes les matières volatiles qui s'attachent si intimement au fer ». Cependant, les quelques maîtres de forges qui ont acheté le droit de fabriquer de l'acier Bessemer constatent vite que le fer obtenu est souvent inapte aux applications les plus exigeantes, le qualifiant même de « pourri à chaud et de pourri à froid ». Pour étouffer l’affaire et se donner le temps de déterminer l’origine de cette mauvaise qualité, Bessemer rachète immédiatement les droits de ses associés. Mais les constats d'échec se multiplient et l'affaire s'ébruite jusque dans la presse. Recherchant soigneusement l'origine de la mauvaise qualité du fer obtenu avec certaines fontes, il constate que « la fonte brute britannique contient de façon abondante cet ennemi mortel, le phosphore ».
Le fer, lorsqu’il contient plus de 3 ‰ de phosphore, devient en effet cassant. Alors que le puddlage permet de déphosphorer la fonte, le procédé de Bessemer n’a aucune influence sur cet élément. La recherche d’une amélioration capable d’ôter le phosphore mobilise l’énergie de Bessemer pendant plusieurs années. Mais, après la dépense de plusieurs milliers de livres sterling en expérimentations diverses, il ne trouve pas de solution pour l'éliminer. Les essais d'enrichissement de l'air avec des éléments plus réactifs (avec, entre autres, le monoxyde de carbone et des hydrocarbures) pour rendre le procédé compatible avec les fontes phosphoreuses au coke, échouent tous.
Faute de solution, Bessemer se résout à limiter son procédé à l'affinage de fontes suédoises au charbon de bois et de quelques fontes hématites anglaises, élaborées à partir de minerais sans phosphore. Le procédé reste rentable car son efficacité compense le coût plus élevé des fontes de qualité. Il n'est guère prisé qu'aux États-Unis, en Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, en Suède, les seuls pays dont la production sidérurgique décolle.
À température ambiante, le phosphore s'oxyde pour former, en solution aqueuse, l'acide phosphorique H3PO4. L'anion orthophosphate PO43- se forme au cours de la réaction suivante :
2 P + 5 O + 3 O2-
{\displaystyle \rightleftharpoons }
2 PO43−
Pour favoriser la formation de cet oxyde, il faut donc :
À haute température, la forme anhydre de cet oxyde acide est le pentoxyde de phosphore P2O5, qui se forme au cours de la réaction suivante :
2 P + 5 O