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Théodore la rassura par ces caresses brûlantes, si persuasives quand on aime. Bientôt, oubliant et les douleurs passées et les chagrins à venir, ils perdirent de nouveau dans les bras l'un de l'autre le sentiment et la vie.
Bref, après que Théodore eut donné à Cécile une demi-douzaine de preuves de sa vigueur, ils se séparèrent, non sans avoir concerté les moyens de se revoir.
Quatre mois se passèrent. La complaisante Florimont que Théodore payait grassement, prêtait toujours sa vertueuse entremise pour favoriser les entrevues des deux amants. Leurs ébats eurent les suites ordinaires; et un jour la désolée Cécile vint annoncer à son bien-aimé qu'elle avait la certitude d'être enceinte. Peignez-vous la joie insensée de Théodore à cette nouvelle. Il allait être père, et par qui ? par le seul objet qui lui fût cher, par sa jolie et intéressante Cécile. Ah c'était plus que le bonheur.
Théodore qui, par un sentiment de jalousie, avait jusqu'à ce moment caché sa conquête à tous les yeux; persuadé que l'état respectable où elle se trouvait devait éteindre les désirs de tout ce qui n'était pas lui, ne fit plus de difficulté d'avouer tout à St.-Firmin, cet ami qu'il avait dans les pages, et à qui il était redevable de la connaissance de Cécile. Il ne fit, dis-je, aucune difficulté de lui tout avouer.
St.-Firmin promit d'être le parrain de l'enfant futur et de donner pour commère à Cécile, la jolie fille d'un hocqueton de la garde avec qui il était en intrigue réglée. Il voulut voir la petite femme de son ami; mais une chose à laquelle Théodore ne s'était pas attendu, c'est que St.-Firmin,
qui avait des principes comme un page, devint amoureux de Cécile.
Il ne trouva pas de moyen plus commode pour se satisfaire, que de mettre la Floricourt dans ses intérêts; ce qu'il fit à l'aide de quelques louis; car cette femme, de la famille des Bazile, ne savait pas résister à des arguments de cette espèce. La Floricourt attira Cécile chez elle, sous prétexte d'une entrevue avec Théodore : à la place de son bien-aimé, elle trouva le sacripant St.-Firmin qui d'un air fort honnête, lui fit des propositions très-malhonnêtes; elle les rejeta avec indignation. Après plusieurs tentatives inutiles, il se jeta sur Cécile; et aidé de la Floricourt, il la viola.
Pendant ce temps, que faisait le pauvre Théodore ? Occupé de son service, il était loin de penser que l'amitié le trahissait d'une manière aussi infâme.
Il repassait dans son imagination la perfection des appâts de sa Cécile, le bonheur constant dont elle serait désormais la source pour lui; enfin les plaisirs toujours nouveaux qu'il avait connus avec elle, et dont il espérait encore le surlendemain moissonner une ample provision.
La veille du jour où il espérait voir la jolie mère de sa progéniture à venir; il fut demandé à sept heures du matin, et un commissionnaire lui remit le billet suivant : » Mon bien-aimé, « Ton amie n'existe plus pour toi; elle a perdu pour jamais le bonheur, et elle espère bientôt perdre la vie. Ah qui m'eût dit que notre union eût été de si courte durée Les barbares... Tâche de te trouver cette après-midi, à quatre heures, chez madame D......y, rue neuve des Petits-Champs. Cette dame est une des pratiques de ma mère, qui veut bien se prêter à une entrevue...
hélas sans doute la dernière » Ton amie fidèle, Cécile de B...
Théodore, étonné de cette missive, ne put imaginer autre chose, sinon que la mère de Cécile avait découvert son intrigue avec sa fille. Il se proposa de rassurer sa jeune amie, et même de s'en emparer totalement pour la soustraire aux mauvais traitements de sa famille. Il se faisait déjà une idée délicieuse de la vie patriarcale qu'il allait mener avec elle.
Il obtint facilement du gouverneur des pages la permission de s'absenter jusqu'au lendemain, et, montant à cheval, il galopa vers Paris.
Arrivé près de Cécile, il apprit avec horreur ce qui s'était passé. Pressé par la soif de la vengeance, il embrasse tendrement Cécile et sort avec un calme apparent pour ne pas effrayer sa bien-aimée, à laquelle il promit d'être bientôt de retour.
Il vole chez la Florimont, l'oblige le pistolet sur la gorge, à écrire un billet à St.-Firmin qui était à Paris, ayant obtenu la permission d'y rester huit jours. St.-Firmin arrive deux heures après. Théodore lui reproche son attentat avec fureur, lui fait mettre l'épée à la main, le blesse mortellement, lâche un coup de pistolet à la Florimont, qui malheureusement ne lui brise que le poignet, et se retire en laissant les deux coupables nageant dans leur sang.
Pour finir en peu de mots cette série de scènes tragiques, St.-Firmin mourut de sa blessure. La Florimont fut quitte de la sienne pour un poignet estropié. Théodore fut obligé de passer dans les pays étrangers. Cécile ne voulut point retourner chez sa mère, et madame D......y qui n'était autre chose qu'une maquerelle déjà passablement fameuse, lui offrit un asile, espérant tirer parti de ses charmes lorsqu'elle serait relevée de couche.
Mais cette espérance fut trompée, car la malheureuse Cécile, après avoir langui pendant quatre mois; mourut en mettant au monde un enfant extrêmement délicat... Cet enfant, c'est moi.
CHAPITRE III.
V oila donc le pauvre enfant du bordel, privé au moment de sa naissance, de celle qui lui donna le jour. Vous croyez peut-être que livré à l'indigence il va grossir la liste trop nombreuse de ces enfants infortunés qui, après avoir passé une jeunesse malheureuse dans d'obscurs hôpitaux, traînent une vie languissante et meurent souvent à la fleur de l'âge, sans avoir connu autre chose que l'infortune.
Détrompez-vous, le ciel me destine à courir une carrière plus brillante; et si elle est semée de beaucoup d'épines, j'y pourrai de temps en temps moissonner quelques roses.
Quoique la mort de ma mère eût détruit les spéculations que madame D...y
avait établies sur ses charmes, elle n'eut pas la pensée de m'abandonner. Au contraire, elle pourvut à tous les besoins de mon enfance; mais comme les quatorze premières années de ma vie ne sont pas très-récréatives, je saute pardessus à pieds joints; je dirai seulement que je reçus une éducation passable, et qu'affublé d'un équipage de jokei fort joli, je me rendis utile dans la maison de ma bienfaitrice. Bref; j'ai quatorze ans, de jolis traits, une figure spirituelle, de grands yeux noirs, qui ne promettent rien moins que la chasteté. Je commence déjà à sentir que je suis bon à quelque chose; les scènes dont j'ai été le témoin jusqu'à ce moment m'ont précocé le tempérament. Seul dans mon lit, je ne me rappelle pas impunément les charmes des prêtresses de Vénus, auxquelles j'ai l'habitude d'obéir, et ma main me procure des jouissances qui me font soupirer après de plus réelles.
De son côté, ma maîtresse paraît ne plus me voir avec la même indifférence.
Elle a trente-six ans, c'est l'âge où l'on commence à aimer les fruits verts; elle est encore très-fraîche; elle voit le feu que la vue de ses charmes fait naître dans mes yeux : aussi, sous mille prétextes, elle offre à ma vue, tantôt un téton encore passablement ferme et d'une extrême blancheur; tantôt une jambe très-bien faite, et la majeure partie d'une cuisse moulée; quelquefois elle change de chemise devant moi; elle se met absolument nue, et ne reprend sa chemise blanche, qu'après avoir donné à mon œil le temps de la parcourir dans tous les sens.
Enfin, un matin, elle résolut d'en passer sa fantaisie; elle me sonne à sept heures du matin. Quoique nous fussions dans les plus beaux jours d'été, toute la maison était encore ensevelie dans un profond sommeil.
J'entre donc chez Mad. D......y; elle était au lit. Approche, Chérubin, me dit-elle, voici une chanson qu'on m'a donnée hier; chante-la-moi. Comme j'avais une fort jolie voix, je ne me fis pas prier. Je vais rapporter cette chanson que l'on pourra chanter sur l'air : Il faut quitter ce que j'adore. ( du Jokei ).
Mainte femme ici-bas demande, Ou la richesse ou la grandeur, Moi, je sens que l'homme qui bande, A seul quelques droits sur mon cœur; Au foutre les grands de la terre, Tout homme est égal à mes yeux, Et le héros que je préfère C'est celui qui me fout le mieux.
Le foutre est mon bonheur suprême, Jouir est ma première loi; Et le vit de l'homme que j'aime Fut toujours un sceptre pour moi; Du ciel avec grand étalage, On vante le bonheur constant; Ce bonheur ne vaut pas, je gage, Celui que je goûte en foutant.
Du Dieu qui gouverne la terre, Si j'avais un instant les droits, Je m'en servirais pour me faire Un vit de chacun de mes doigts; Et pour contenter mon envie, Je voudrais avant de mourir, Foutre mon sang, foutre ma vie, Et foutre mon dernier soupir.
Qu'on juge de mon état pendant que je chantais cette chanson; j'étais rouge, mes artères battaient avec violence. Madame D......y, qui du coin de l'œil calculait les progrès de mon trouble, avait déjà découvert, sous prétexte de la chaleur, cette paire de tétons, dont j'avais tant envié la jouissance; le simple drap qui couvrait son lit, s'était aussi dérangé; Sa jambe et sa cuisse étaient sous mes yeux. Lorsque j'eus fini la chanson, je la posai sur sa table de nuit. Tu chantes comme un ange, me dit-elle, en prenant ma tête dans ses deux mains et en appuyant sa bouche sur la mienne.
Enhardi par cette marque d'amitié, je lui rendis les baisers qu'elle me prodiguait. Bientôt sa langue s'ouvrit un passage, et fut s'unir à la mienne. Il est impossible de peindre ce que j'éprouvai dans ce moment.
Cependant mes mains tremblantes de désirs, erraient sur la gorge de ma belle maîtresse. Je sentis bientôt une des siennes qui se glissait le long de ma cuisse, et semblait chercher à découvrir si j'étais bon à quelque chose : elle dût être contente, car je bandois...... je bandois..... comme quand on bande pour la première fois. Je hasardai de porter à mon tour mes mains vers le centre des plaisirs. Après les avoir promenés sur un ventre ferme et poli, je les guidai entre les cuisses de ma déesse; j'y rencontrai une épaisse toison, où mes doigts s'égarèrent : elle-même prit mon doigt et le plaça sur une petite éminence charnue. Ce doigt, guidé par la nature, se mit à remuer avec une agilité inconcevable; bientôt mon institutrice tourne les yeux, balbutie quelques mots inintelligibles, roidit ses membres, et fait la plus copieuse décharge que de mémoire de femme on ait faite.
Sa main cependant qui avait déboutonné ma culotte, n'avait pas quitté le dard de l'amour dont la raideur extrême annonçait les besoins. Oh mon Chérubin, me dit-elle, viens dans mes bras, viens sur mon cœur, que je te fasse connaître les plaisirs dont tu viens de m'enivrer.
En peu de secondes je fus dépouillé de tous mes vêtements, et me voilà dans le lit de madame D......y. Peu de secondes après, elle prit la peine de m'initier elle-même dans les plus secrets mystères de l'amour. Elle se chargea de me placer et de m'introduire dans le temple du plaisir; la nature fit le reste, et j'offris mon premier sacrifice à Vénus, à la grande satisfaction de la moderne messaline qui servit d'autel.
Quatre fois je renouvelai mon hommage, et madame D......y ne me fit retirer que lorsqu'elle vit que je n'avais plus que peu de chose à lui dire. Pouvant à peine me soutenir sur mes jambes, je remontai dans ma chambre, et me jetai sur mon lit, et un sommeil réparateur versa à pleines mains ses pavots sur ma tête.
Je dormais depuis à-peu-près une heure, lorsque je fus réveillé. C'était madame D......y qui m'apportait elle-même des restaurants dont elle savait que je devais avoir un grand besoin. Un consommé, une perdrix froide et d'excellent vin de Pomard. Voilà ce qui composait mon modeste déjeuné; je le mangeai en homme qui l'avait bien gagné, c'est-à-dire, en affamé.
Pendant mon repas, madame D......y me prodigua les plus doux propos et les caresses les plus séduisantes : c'est en ce moment qu'elle m'apprit l'histoire de mon origine, la disparition de mon père et la fin de mon infortunée mère. Je donnai quelques larmes à leur souvenir, et un doux sourire à ma bienfaitrice. Je reçus d'elle un tendre baiser; ce baiser fit renaître mes forces; madame D......y fut sensible au pouvoir de ses charmes; mais elle ne voulut pas profiter de ma bonne volonté, et se retira en m'invitant à prendre un repos qui m'était nécessaire.
Pendant quelques jours je fus fidèle à madame D......y mais enfin mon caractère volage l'emporta. Je fis attention à ce qui m'entourait, je vis des figures enchanteresses qui paraissaient me sourire. Mon intrigue avec madame D......y que je croyais un secret impénétrable, était sue de toute la maison : cette intrigue semblait me donner du prix aux yeux de celles qui, jusqu'à ce moment, avaient à peine daigné faire attention à moi. Je m'aperçus enfin que le premier bonheur pour une femme, est d'enlever un amant à sa compagne, et que la désolation d'une rivale est une de ses principales jouissances.
Au milieu de la foule des jolis minois qui m'environnaient, je distinguai particulièrement celui d'une jeune brune de dix-huit ans. Jamais œil plus noir et plus brillant ne para une jolie tête. Enfin je puis dire sans exagération, qu'il était difficile de soutenir l'éclat des yeux de Félicité; grasse, potelée, mais de cet embonpoint qui ne fait que donner plus de volupté à l'ensemble de sa personne; enfin de la tête aux pieds, Félicité étincelait de désirs; c'était la jeune Hébé parée de la ceinture de Vénus.
Félicité était une des plus ardentes à ma poursuite, depuis qu'on avait pénétré ma liaison avec madame D......y, elle trouva plaisant de se donner à moi devant sa rivale, et sans que celle-ci se doutât de rien. Voici comme elle s'y prit pour y parvenir.
Un matin que j'étais dans la chambre de madame D......y, à ranger différentes choses, et que cette dame, encore couchée, causait de choses indifférentes, Félicité entra, ferma la porte avec soin, et me fit, sans que madame D......y s'en aperçût, un signe de discrétion, en mettant son doigt sur sa bouche. Elle fut au lit de madame D......y, l'embrassa en lui disant qu'elle avait quelque chose à lui confier. Mad. D......y me dit de sortir.
Non, reprit Félicité, Chérubin peut rester : je vous parlerai bas. Alors tirant les rideaux, elle se plaça de manière que son buste était dans l'alcôve, mais que sa croupe était de mon côté. Par ses soins, les rideaux se croisaient exactement sur ses reins; ensuite, par un mécanisme sans doute préparé d'avance, son unique jupon tomba à ses pieds; elle n'avait point de chemise. Ah quel cul... quel délicieux cul... Le marbre n'est pas plus ferme... L'albâtre n'est pas plus blanc.
Devenu frénétique par cette vue, j'allai doucement m'agenouiller devant ce cul divin, j'y appliquai sans bruit de tendres baisers, j'écartai la superbe toison qui couvrait la grotte de l'amour; j'en écartai les lèvres mignonnes et vermeilles, ma langue libertine y pénétra et fut y pomper le nectar brûlant de la volupté.
Je passai bientôt à des plaisirs plus solides : je dirigeai mon dard dans cet antre charmant; il y pénétra sans peine, grâce à la salive qu'y avait déposé ma langue. De ma vie, je crois n'avoir foutu avec tant de délices; l'espèce de contrainte que j'étais obligé de m'imposer, semblait y ajouter un degré de plus. Je fus cependant assez maître de moi, pour ne pas me trahir; mais il n'en fut pas ainsi de Félicité; elle avait continué à s'entretenir avec madame D......y : à l'instant suprême, elle déraisonna si visiblement, que madame D......y lui demanda en riant, si elle était folle.
Pour toute réponse, Félicité colla sa bouche sur celle de sa rivale, et se mit à la branler pour détourner son attention. Cette dernière qui n'était jamais rebelle à une telle attaque, s'y livra entièrement, et nous arrivâmes tous les trois presque'en même temps, à la fin de la carrière.
À peine fus-je revenu à moi, que je ramassai le jupon de Félicité, et que je le lui rattachai le moins mal-adroitement possible. Elle reprit sa conversation avec madame D......y, que j'entendis la terminer par ces mots : « Ah ma chère, que tu as de tempérament » Félicité rouvrit les rideaux, et sortit en riant comme une folle de la réussite de son extravagante entreprise. Quant à moi, marmottant quelques mots de chanson, j'avais pris un air calme et froid, qui en eût imposé aux yeux les plus exercés.
Je partageai donc mes faveurs entre Félicité et madame D......y, jusqu'à l'événement qui nous sépara, et ce fut cette folle de Félicité qui occasionna notre rupture.
Madame D......y projetait de me donner une nuit toute entière, afin vraisemblablement de se livrer sans contrainte à son caprice amoureux. Mais par une fatalité inconcevable, la chaste Félicité avait aussi résolu de passer la nuit avec moi. Félicité avait une tête, et ce que cette tête avait résolu, était toujours un décret irrévocable qui devait avoir sa pleine et entière exécution. J'eus beau lui remontrer qu'il m'était impossible de me dérober à madame D......y, de qui mon existence dépendait absolument; rien ne put lui faire changer de résolution.
Il y avait vis-à-vis la maison de madame D......y, un payeur de rentes, dont le portier, savetier de profession, était à-peu-près de ma taille, quoiqu'âgé d'environ quarante-cinq ans. Ce laid monsieur, car il était hideux, était un véritable satyre, poursuivant toutes les nymphes potagères du quartier.
Ce fut à cet Adonis de nouvelle fabrique, que l'extravagante Félicité destina les faveurs de madame D......y. Mes remontrances les plus vives ne servirent de rien. Jacquet le savetier, endoctriné par Félicité, promit avec joie de traiter madame D......y en nouvelle mariée. En effet, depuis son premier acte de virilité, le restaurateur des chaussures humaines n'avait pas encore goûté d'une jouissance aussi relevée.
À deux heures du matin, Jacquet bien décrassé, en chemise blanche, fut introduit dans le lit de madame D......y; par qui ? par Félicité elle-même.
Elle voulut même être témoin auriculaire; car tout cela s'était fait sans chandelle : elle voulut, dis-je, être témoin des tendres ébats de ce couple mal assorti.
Ce ne fut qu'au bout d'une heure et demie, et lorsque l'illustre Jacquet en fut à son septième assaut, que ma folle compagne revint prendre place à mes côtés; elle me parodia les tendres discours du couple qu'elle venait de quitter, avec tant d'esprit, tant de gaîté, que je fus obligé d'en rire avec elle; nous nous livrâmes ensuite à notre délire amoureux, non sans remords de ma part, d'avoir contribué par ma faiblesse à jouer un tour aussi sanglant à une femme qui, non-seulement m'avait donné les premières leçons amoureuses; mais encore à qui je devais les douceurs dont mon existence avait été environnée depuis le premier de mes jours.
Le fatal lendemain arriva; M. Jacquet, à force de donner des preuves de ses prolifiques talents à sa compagne, était tombé avec elle dans un sommeil léthargique; ils furent surpris par le grand jour. Mad. D......y se réveilla la première : « Chérubin, Chérubin », s'écria-t-elle. En disant ces mots, ses yeux se portent sur le malencontreux savetier.... Dieux.... quelle métamorphose..... ce n'est plus le frais, le leste, le joli Chérubin; c'est une vilaine figure noire et grêlée, que décorent deux yeux ronds et bordés de rouge ainsi qu'une bouche meublée de cinq ou six chicots.
La foudre tombée en éclats sur le lit de Mad. D......y l'aurait moins terrifiée que cette étrange apparition. Maître Jacquet de son côté, réveillé par les mouvements de Mad. D......y s'était mis sur son séant, et la regardait de toute la grandeur de ses petits yeux, pour chercher à lire dans les siens, l'effet que produisait sa présence.
Interrogé par Mad. D......y sur ce que signifiait tout cela; le suppôt de St.-Crépin ne crut pas devoir ménager son introductrice; il déclara donc que Mlle. Félicité lui avait proposé de coucher avec Mad. D......y; que cette proposition était trop honorable pour lui, pour qu'il osât s'y refuser; qu'il avait accepté; que Mlle. Félicité l'avait amené elle-même jusque dans le lit de madame, et qu'il avait fait tous ses efforts pour reconnaître une faveur dont il s'avouait indigne.
On juge de la fureur de Mad. D......y, à cette étrange découverte; elle parvint cependant à la maîtriser, ordonna froidement à maître Jacquet de s'habiller, lui mit un louis dans la main, et lui recommanda le silence, sous peine de la vie; ce que Jacquet promit autant par crainte que par nécessité.
Mad. D......y monta ensuite dans ma chambre; ne m'y trouvant pas, elle vint à celle de Félicité, et nous surprit dans les bras l'un de l'autre; c'est alors que sa fureur éclata, elle nous accabla des reproches les plus outrageants, que nous écoutâmes, moi très-déconcerté, Félicité en lui riant au nez. Elle nous signifia que nous ayons à sortir sur-le-champ de chez elle; ce que nous exécutâmes, après avoir fait un paquet exigu de nos effets communs.
Félicité se retira dans une chambre garnie, rue d'Argenteuil; je m'y établis avec elle. Me voilà donc à quatorze ans et demi, le tenant en chef d'une des jolies filles de Paris.
CHAPITRE IV.
Le dessein de Félicité, en s'établissant rue d'Argenteuil, avait été d'y continuer son commerce habitué dès l'enfance, à l'image de la prostitution.
Je ne m'opposai point à ses projets; mais ne voulant pas que l'on vît avec elle un jeune homme dont la tournure était suffisante pour effaroucher les pratiques, Félicité résolut de m'habiller en femme, et de déguiser mon sexe sous l'accoutrement féminin. Ce projet me parut très-plaisant, et je consentis avec joie à la métamorphose; elle sut même si bien me tourner, qu'elle me décida à la seconder dans un commerce, dont j'avais déjà une connaissance approfondie.
Me voilà donc en fourreau de linon rose, chapeau et souliers blancs, et trottant avec elle sous les galeries du Palais-Royal. Mon coup d'essai fut le recrutement d'un vieux chevalier de St.-Louis; nous le conduisîmes chez nous; c'était moi qui avais plu à cet homme; il voulut prendre mes tétons, et parut étonné de ne rien trouver; Félicité lui dit que j'étais trop jeune pour être formée. Le chevalier fut surpris d'une non-formation qui contrastait avec ma taille élancée, et mes membres fortement constitués; il voulut visiter mes appâts les plus secrets; mais Félicité qui était fille de précaution, avait affublé cette partie d'un large bandeau, et arrêta le téméraire, en lui disant que je n'étais pas sûre de ma santé.
Alors le chevalier s'empara de ma compagne, et, malgré ses cinquante ans, l'exploita vigoureusement, au grand mal de cœur du pauvre Chérubin, qui n'était pas du tout satisfait d'une jouissance à laquelle il ne participait pas. Le chevalier se retira, en promettant de venir nous revoir, et laissa deux louis sous le chandelier.
Je ne rapporterai pas les différentes aventures qui nous arrivèrent pendant les trois mois que nous exerçâmes notre chaste commerce; elles se ressemblent trop pour que je me donne la peine de les raconter; je n'en citerai que trois, en comptant celle qui me rendit à mon état naturel; elles sortent du cadre ordinaire des aventures, et leur originalité leur fait seule obtenir la préférence.
Un grand jeune homme, d'environ trente-deux ans, vint un jour chez nous; nous fûmes étonnées à l'inspection de ses pièces, de voir qu'elles étaient aussi flétries, aussi usées que celles d'un homme de soixante et dix ans.
Nous employâmes en vain tout notre art pour le ressusciter, car j'étais devenu expert dans celui de procurer des jouissances à autrui. Enfin notre jeune invalide nous avoua que le seul moyen de lui rendre une partie de ses forces, était de l'instrumenter lui-même avec un de ces outils de religieuses, que l'on nomme godemichés.
Félicité qui ne perdait pas une occasion de s'amuser aux dépens des sots qui tombaient dans nos filets, lui fit la confidence que j'étais ce qui lui convenait le mieux, que la nature m'avait fait un double présent, en me donnant les deux sexes, qu'en un mot j'étais hermaphrodite. J'étais resté immobile à cette singulière déclaration; mais notre jeune homme enchanté, me sauta au col, en me disant que j'étais la femme qu'il cherchait inutilement depuis bien long-temps. Il me renversa sur le lit, me troussa, arracha le bandeau préservateur dont j'étais toujours muni, et découvrit l'outil le plus roide et le mieux conditionné.
Il tomba à genoux devant ce superbe morceau, y porta les mains et la bouche, et sans s'amuser à visiter si les deux sexes y étaient effectivement, il me pressa de me servir avec lui de celui qu'il avait sous les yeux.
Il fallut donc bon gré mal gré le contenter. Il se plaça commodément, et pour la première fois, je fis mon entrée triomphante dans la ville de Sodôme. Mais, ô prodige à peine eus-je donné trois ou quatre coups de cul, que la cheville de notre héros commença à prendre de la consistance, et il fallut peu de minutes pour la faire arriver au comble de la gloire. Félicité se plaça sur le pied du lit, mon homme l'embroche, je me remets à l'instrumenter de nouveau, et nous arrivons tous les trois, presque'en même temps, au comble du bonheur.
La seconde aventure est peut-être encore plus originale, quoique la même ruse ait été mise en jeu.
Nous nous promenions un soir au Palais-Royal, lorsque nous fûmes abordés par une très-jolie fille à-peu-près de l'âge de Félicité; elle témoigna une grande joie de la voir, lui demanda son adresse, et promit de lui rendre visite le lendemain matin.
Je demandai à Félicité quelle était cette jeune personne qui, à la richesse de ses vêtements, à l'éclat des bijoux qui la couvraient, et surtout à sa tournure honnête, ne me paraissait pas une fille publique. Elle m'apprit qu'elle en avait fait la connaissance chez Mad. D......y où elle venait souvent, mais avec d'extrêmes précautions, pour n'être pas compromise, et que c'était par une suite de ces précautions que je ne l'avais pas vue pendant mon séjour dans la maison, qu'elle était tribade, que trompée par un amant qu'elle avait adoré; elle détestait les hommes, et se livrait aux femmes avec passion. Laisse-moi faire, continua Félicité; je veux que demain tu t'amuses comme tu ne t'es pas encore amusé.
Effectivement, le lendemain nous entendîmes une voiture s'arrêter à la porte de la maison; peu d'instants après on frappa à celle de notre chambre.
Félicité était encore au lit, j'étais levé, et je fus ouvrir. C'était l'inconnue, elle fut se jeter dans les bras de Félicité, lui donna plusieurs baisers sur la bouche, avec une ardeur qui dénotait la force de sa passion, et celle de son tempérament.
Félicité riposta tendrement à ces vives accolades, et je vis avec étonnement qu'elle prenait goût au jeu. L'inconnue fut bientôt dépouillée de tous ses vêtements; la voilà nue dans les bras de Félicité, à qui elle arrache corset et chemise. Est-ce que cette grande fille ne vient pas avec nous, dit l'étrangère, que je nommerai Julie ? Elle n'est point encore initiée dans nos mystères, reprit Félicité. --- Est-ce faute de goût ? --- Non, c'est faute d'usage. --- Comment, faute d'usage ? --- Oui... Elle n'est pas conformée comme nous; et quoiqu'infiniment plus propre que moi, à notre genre d'exercice, elle y est encore inhabile. --- Expliquez-vous plus clairement ? --- Telle que vous la voyez, elle est douée d'un clitoris à faire honte à la plus belle cheville humaine --- C'est étonnant. --- Figurez-vous, ma bien-aimée, le plaisir que doit goûter une femme que l'on enfile avec un clitoris de six pouces de long, et d'une raisonnable grosseur --- Six pouces de long ?......... --- Six pouces. Ajoutez que la bizarre nature s'est plu à donner à ce clitoris la forme d'un membre viril. --- Vous ne plaisantez pas ? --- Nullement; je vous dis l'exacte vérité. Il faut vérifier cela, dit la curieuse Julie. Viens ici, me dit Félicité. Je m'approche alors d'un air gauche et timide qui fait rire mes deux folles aux éclats. Je suis troussé jusqu'au milieu des reins; mon prétendu clitoris est baisé avec transport par la tribade Julie; elle le met dans sa bouche, et le chatouille amoureusement avec sa langue. Devenu presque frénétique par cette espèce de caresses que je ne connaissais pas encore, je me jetai sur elle, je la plaçai à ma fantaisie, et je me mis à la travailler d'importance.
Les difficultés que j'éprouvai ne firent que m'irriter encore davantage; elle jeta quelques cris que lui arracha la douleur; mais bientôt enivrée elle-même par le plaisir, elle ne fit plus que de seconder, et peu d'instants après, nous tombâmes, sans mouvements, dans les bras l'un de l'autre.
Félicité, qui craignait que notre ruse ne fût découverte, me fit signe de me rajuster promptement, pendant que Julie n'avait pas encore recouvré ses sens.
Je fus bientôt prêt, et telles supplications que me fit Julie pour avoir encore quelques caresses, je tins bon et la refusai absolument.
Félicité la décida, non sans peine, de remettre la partie à une autre fois.
Hélas ce fut le lendemain de ce jour que nous arriva la catastrophe affligeante qui me sépara de Félicité.
Nous traversions tous deux la rue de Richelieu, à huit heures et demie du soir, pour nous rendre à notre domicile, lorsque nous fûmes abordés par deux élégants petits-maîtres qui nous firent des propositions très-séduisantes, que nous acceptâmes. Ils nous offrirent le bras; à peine l'eûmes-nous pris, qu'ils se mirent à tousser. Au même instant, nous fûmes environnés par plusieurs mouches, et par deux escouades du guet qui s'emparèrent de nous.
Félicité était tremblante, moi furieux; et au moment où les deux mauvais sujets qui nous avaient fait arrêter, riaient de notre surprise, je donnai un coup de pied dans le ventre de l'un d'eux, qui le fit tomber sans connaissance au milieu de la rue. Deux gardes se jetèrent sur mes mains; toute la bande délibéra s'il n'était pas nécessaire de me mettre les menottes; cependant, par égard pour mon sexe, on n'en vint point à cette extrémité : les deux plus forts s'emparèrent de moi, et nous fûmes conduits au corps-de-garde de la barrière des Sergens.
Le corps-de-garde était déjà occupé par une douzaine de filles qui avaient été arrêtées comme nous. On nous conduisit à pied à St.-Martin. Le vendredi suivant, nous passâmes à la police; nous fûmes condamnés..... Voilà l'Enfant du Bordel à l'hôpital.
À peine eûmes-nous passé deux jours dans cette maison de douleurs, qu'on procéda à la visite de celles qui étaient malades. Ce moment était redoutable pour moi; je pouvais être reconnu pour un homme, et une détention aussi longue qu'ignominieuse, devait être le fruit de mon travestissement. Eh bien ce fut encore Félicité qui me sauva de ce mauvais pas. Elle subit l'examen une des premières, et me faisant adroitement prendre sa place, elle y passa une seconde fois sous mon nom.
Quelle singulière fille que cette Félicité Elle était au désespoir, maudissait la lumière; ses yeux se tournaient-ils de mon côté, elle oubliait aussitôt sa douleur, et éclatait de rire comme une extravagante.
J'étais déjà depuis huit jours dans cette redoutable maison, lorsque parut au milieu de nous un homme d'environ quarante ans, qui paraissait être homme de condition. Il promena long-temps ses regards sur mes compagnes, ensuite il les arrêta sur moi, et après m'avoir fixé pendant quelques instants : c'est celle-là, dit-il à la sœur qui l'accompagnait. Suivez-nous, mademoiselle, reprit la sœur, et remerciez monsieur le baron de ses bontés pour vous. Je fis une profonde révérence au baron qui y répondit par un léger sourire.
J'embrassai Félicité, en lui disant à l'oreille : si je suis libre, tu le seras bientôt. Je suivis la sœur et le baron, et nous arrivâmes chez la supérieure.
Approchez, mademoiselle, me dit cette supérieure, et rendez grâce à monsieur le baron. Il est dans l'habitude de retirer du vice, pour en faire d'honnêtes femmes, des infortunées dont la figure promet quelque chose.
Remerciez le ciel de ce que son choix est tombé sur vous; allez en paix et ne péchez plus. Après cet éloquent discours, la grave supérieure me fit mettre à genoux, me donna sa bénédiction, et me remit entre les mains de M. le baron, qui sortit d'un pas léger de cette enceinte de douleur, et me fit monter avec lui dans le carrosse de remise qui l'avait amené.
M. le baron de Colincourt jouissait d'une fortune brillante, grâce à un mariage de convenance qu'il avait contracté avec la fille d'un riche financier. Depuis huit ans, il était engagé dans les nœuds du mariage, et n'avait guère de commun avec son épouse, que le logement et la table. Cette épouse était alors une femme de trente ans, parfaitement belle, qui avait commencé par s'affliger de la froideur de son époux, et avait fini par s'en consoler avec des co-adjuteurs aimables.
Ce n'est pas que M. le baron fût ennemi du beau sexe, au contraire; mais il ne pouvait se consoler de s'être mésallié, et en dépit de l'aisance dont il jouissait, il conservait pour sa femme une froideur extrême; de simples égards étaient tout ce qu'elle obtenait de lui. Cependant, le baron avait des besoins; il ne voulait point afficher de ses beautés à la mode, sa méthode était différente; il avait obtenu du ministre, la permission de tirer des maisons de force, de jeunes filles entraînées dans le vice, dans un âge sans expérience, afin, disait-il, de les ramener aux mœurs et à l'honnêteté. Il se servait de cette permission pour avoir de jolis minois de fantaisie, dont il se débarrassait ensuite facilement.
À peine le baron fut hors de la vue de l'hôpital, qu'il me détailla ses projets sur moi, et me proposa de demeurer auprès de lui en qualité de jokey. Je lui répondis que j'étais une infortunée que la méchanceté d'un tuteur avait réduite à cet état de misère; que cependant, j'acceptais sa proposition, persuadé qu'il était trop honnête pour abuser du hasard malheureux qui me mettait à sa merci.
Le baron eut l'air de me promettre tout ce que je lui demandai. Il me mena dans une maison tierce, où je fus confinée jusqu'au moment où mon équipage serait prêt; ce que l'on promit pour le lendemain. Il voulut prendre certaines libertés; mais je sus le contenir, et il me remit une lettre que je fus chargé de lui porter aussitôt que mon costume serait prêt. Cette lettre devait être censée celle de recommandation qui me plaçait près de lui.
Je ne manquai pas le lendemain d'aller présenter ma lettre au baron; il la décacheta gravement, me dit que les recommandations, dont j'étais porteur, lui paraissaient suffisantes, et qu'il m'admettait à son service. Je vis un sourire diabolique se peindre sur la figure de quelques domestiques qui étaient présents. Il me parut que la gravité du baron n'en imposait à personne sur le compte du jokey, et que tout le monde était à-peu-près dans la confidence de la métamorphose.
Je fus présenté à madame de Colincourt, par le maître-d'hôtel. Elle me reçut assez dédaigneusement, m'engagea ironiquement à bien contenter mon maître, et me tourna le dos. Jusqu'à ce moment, je n'avais pas été habituée aux dédains des femmes, et je fus très-sensible à l'air de mépris de madame de Colincourt.
Le maître-d'hôtel voulut me conter fleurette en me ramenant, et se permit différents quolibets sur mon déguisement; mais je le reçus si vertement que, craignant que je ne portasse des plaintes à notre maître commun, il finit par me prier de garder un profond silence sur tout cela, et je le lui promis.
Cependant, il m'était plus difficile de me débarrasser des poursuites du baron que de celles de son maître-d'hôtel. Mon lit était dans un petit cabinet à côté de sa chambre à coucher. Après que son valet-de-chambre l'eût mis au lit, je me retirai dans mon cabinet et je me couchai. Il y avait environ une heure que je dormais d'un sommeil paisible, lorsque je fus réveillé par les attouchements d'une main qui s'égarait sur ma poitrine; je la repoussai vertement. Mais, mon enfant, tu n'y penses pas, me dit monsieur de Colincourt, car c'était lui. Je ne veux pas, lui répondis-je. --- Ma toute belle, sois sensible à mon amour, aux obligations que tu m'as. --- Ne souillez point vos bienfaits par une action à laquelle je ne consentirai jamais. --- Je me charge du soin de ta fortune. --- Je ne veux rien que la tranquillité. --- De grâce --- Je suis inflexible, repris-je en élevant la voix. --- Silence, reprit-il tout bas, l'appartement de ma femme est ici près. --- Eh bien retirez-vous chez vous, ou craignez tout de mon ressentiment. --- Mais, ma bonne amie, tu ne songes pas que tu es entièrement à ma disposition, et que rien ne peut m'empêcher de me satisfaire --- Il n'en sera rien. --- C'est ce que nous allons voir.....
Alors, le baron, beaucoup plus fort que moi, s'empare tellement de ma personne, que je vis le moment où mon sexe était découvert. Croyant n'avoir plus rien à ménager, je criai au secours de toutes mes forces. Une porte placée au fond de mon cabinet, s'ouvre brusquement, et madame la baronne, un bougeoir à la main, s'offre à nos regards.
Ah madame, m'écriai-je en l'apercevant; sauvez-moi des attentats de votre époux. Il me paraît, mademoiselle, dit la baronne, que vous êtes plus honnête que je ne l'avais soupçonné d'abord. Passez dans mon appartement, vous y resterez. Soyez certaine que c'est un asile que qui que ce soit n'osera violer.