Text
stringlengths
1.01k
101k
Label
stringclasses
3 values
La mobilisation des lycéens pour le climat au cours des derniers mois l’annonçait. La poussée du vote écologiste lors des élections européennes le confirme : les jeunes montrent une attente très forte à l’égard des responsables politiques pour accélérer la transition écologique. En France, 28 % des 25-34 ans et 25 % des 18-24 ans ont en effet opté pour la liste Europe Écologie Les Verts. De même en Allemagne, 27 % des 25-34 ans et 34 % des 18-24 ans ont jeté leur dévolu sur les Verts. Si cette génération s’adresse prioritairement aux responsables politiques, les acteurs économiques ne peuvent ignorer cette mobilisation plus large. Un nombre croissant d’investisseurs et d’entreprises revoient ainsi leurs modèles économiques, leur stratégie et leur offre de biens ou services afin de tenir compte de ces enjeux. L’enseigne Philips, après avoir réduit son empreinte carbone de 40 % entre 2007 et 2015, s’est engagée à diminuer celle de ses offres à zéro d’ici à 2020. L’entreprise a surtout transformé son modèle commercial, selon les principes de l’économie de la fonctionnalité : celle-ci consiste à remplacer la vente du bien par celle de la vente de l’usage du bien. Ce qui permet de découpler la valeur ajoutée de la consommation d’énergie et de matières premières. De son côté, l’assureur Generali a annoncé en novembre 2018 que l’entreprise excluait dorénavant tout nouvel investissement dans les activités liées au charbon et n’assurerait plus aucun nouveau client, ni aucune nouvelle construction, dans ce secteur. Les écoles de commerce, qui forment les futurs acteurs économiques, doivent se montrer à la hauteur de ces enjeux. Face à des étudiants qui aspirent à devenir acteurs de la transition écologique, les aident-elles à trouver le sens qu’ils recherchent pour leur carrière ? Satisfont-elles, dans tous les secteurs, les besoins des entreprises en quête de leaders capables de conduire ce changement ? Petits pas insuffisants La réponse est malheureusement négative, même si des progrès importants ont été réalisés au cours de la dernière décennie. Dans les écoles de commerce du monde entier, on a vu fleurir quantité de recherches, de cours et de programmes spécialisés sur le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises. Aussi utiles soient-elles, ces initiatives – souvent impulsées par des membres de la faculté, voire des étudiants – sont en général de nature incrémentale : elles démontrent qu’il peut être rentable de prendre en compte d’autres objectifs que la seule performance économique au profit des actionnaires et comment les entreprises peuvent commencer à réduire leurs impacts négatifs sur l’environnement. Mais, sauf rares exceptions, elles ne questionnent pas les fondements des modèles économiques sous-jacents, ni les compétences que les managers doivent développer. Or, face à la crise climatique, une approche plus disruptive est indispensable. Revoir systématiquement le contenu des enseignements La solution n’est pas d’ajouter aux programmes des écoles de commerce des cours, souvent optionnels, sur la responsabilité sociétale de l’entreprise. Il s’agit de revoir de manière systématique les objectifs d’apprentissage de ces programmes et de chacun des cours qui les composent. Et ce afin de s’assurer qu’ils contribuent à respecter – ou mieux, à dépasser – l’objectif défini lors de la COP21 : limiter le réchauffement climatique à 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Ainsi, un cours de stratégie (qui vise à apprendre aux étudiants la manière de construire un avantage concurrentiel) doit nécessairement intégrer cette ambition environnementale à côté du critère de performance économique. De même, un enseignement de management des ressources humaines requiert forcément d’aborder la manière dont le système d’évaluation et de rémunération des managers favorise leur contribution à la performance environnementale. Quelques initiatives en ce sens existent : citons par exemple le cours d’économie du programme « Grande École » d’Audencia Business School qui vient d’être complètement refondu à l’initiative d’un jeune membre de la faculté pour mettre la transition écologique au cœur des modèles théoriques enseignés. Développer des recherches ciblées Dans le domaine de la recherche aussi, il s’agit d’évaluer l’impact des projets et des publications sur la transition écologique, plutôt que de ne considérer que les classements des revues scientifiques. Celles-ci se concentrent en effet sur la reconnaissance par les pairs sans tenir aucun compte de leur utilité pour les entreprises et la société en général. Il est temps que les écoles s’efforcent d’évaluer le contenu des recherches produites par leur faculté, en incitant à développer des solutions innovantes pour que les entreprises et aux autres organisations atteignent les objectifs de la COP21. Exeter Business School a ainsi décidé de ne plus évaluer les membres de la faculté selon le nombre de publications académiques et la qualité des revues, mais selon le contenu des différentes publications et leur contribution au niveau social. Une telle démarche permettrait aussi de convaincre un nombre plus important d’entreprises et d’acteurs publics à financer les recherches des écoles de commerce, alors qu’elles sont souvent considérées comme trop éloignées de leurs préoccupations. Bien entendu, dans un souci de cohérence, il apparaît indispensable que les écoles de commerce revoient également leur propre fonctionnement. Il leur incombe de se montrer exemplaires en matière de transition écologique, qu’il s’agisse de la gestion de leurs bâtiments, de leurs achats ou de leur politique de déplacements. Dépasser les classements Malheureusement, les classements – qui un fort impact sur les stratégies des écoles de commerce – ne valorisent pour l’instant pas l’engagement en faveur de la transition énergétique : ils continuent à mesurer des critères quantitatifs, tels que le salaire de sortie des étudiants, le budget de l’école, le nombre d’articles publiés par la faculté ou la nationalité de celle-ci… sans s’intéresser à leur impact sur la transition énergétique. Or, ces critères peuvent être considérés comme un frein à des changements plus profonds au sein de ces écoles et pourraient amener certains diplômés à ne pas choisir les emplois les mieux rémunérés ; ou certains membres de la faculté à ne pas publier dans les revues scientifiques les mieux classées. On peut à cet égard saluer l’évolution du classement du Figaro qui, pour son édition 2019, intègre plusieurs critères inédits relatifs à la responsabilité sociétale des entreprises. En attendant une évolution d’autres classements, et face à l’urgence climatique, les dirigeants au sein de ces établissements doivent prendre leurs responsabilités et assumer des choix justes, en adéquation avec les attentes des jeunes générations et des entreprises. Les dirigeants des écoles de commerce peuvent pour cela s’inspirer des entreprises qui ont décidé de mettre la transition écologique au cœur de leur modèle et de leur stratégie, abandonnant le cours en bourse comme seul critère de performance. Ainsi, tous les directeurs du Groupe Danone et tous les directeurs généraux des filiales ont depuis 2010 un objectif de réduction d’impact carbone intégré dans leur bonus.
true
"Le chauffage des serres est autorisé". Le comité national de l'agriculture biologique a décidé d'autoriser l'utilisation de serres chauffées en agriculture bio, tout en encadrant leur utilisation, a indiqué ce jeudi le ministère de l'Agriculture. Le règlement européen prévoit que la production biologique doit respecter les "cycles naturels" des saisons et faire une utilisation responsable de l'énergie. Le ministre répondait à une question du sénateur Joël Labbé (RDSE), qui fait partie de la centaine de députés et sénateurs ayant demandé à Didier Guillaume de se prononcer "clairement" sur la question, dans une lettre ouverte parue mardi sur le site du Monde. En effet le ministre, ancien président du premier département bio de France, la Drôme, avait dit le 18 juin son opposition aux serres chauffées "à titre personnel", pour "respecter les rythmes biologiques". Les acteurs historiques de l'agriculture bio sont opposés à la volonté de certains producteurs de fruits et légumes d'"industrialiser" la filière en chauffant les cultures sous serre, alors que ces derniers mettent en avant la demande toujours plus forte du consommateur et le fait que le règlement européen ne ferme pas explicitement la porte au chauffage des serres en agriculture biologique. Signe d'une issue incertaine, les deux camps ont poursuivi leur campagne, ces derniers jours. LIRE AUSSI >> Le bio, victime de son succès Prônant une "tomate bio française dès le printemps", les partisans des serres chauffées, au premier rang desquels la FNSEA, les chambres d'agriculture et les coopératives, font valoir que "78 % de la tomate biologique présente dans les circuits longs de distribution en France est importée". Ils se défendent de vouloir produire des tomates bio en hiver ou de discréditer le label bio mais s'opposent notamment aux "distorsions de concurrence" au sein de l'Europe qui pourraient résulter d'une interprétation de la réglementation européenne interdisant l'usage des serres chauffées. Cette pratique culturale "préventive", font-ils valoir, "permet d'utiliser moins de pesticides, dont le cuivre et d'augmenter l'efficacité du bio contrôle (insectes auxiliaires). Le syndicat des Jeunes Agriculteurs demande ainsi de "maintenir le chauffage en serres bio, qui est un outil indispensable à la résilience des exploitations et à la réduction des produits phytosanitaires", mais "en imposant de respecter la saisonnalité des produits". Outre leur opposition à la production de fruits et légumes hors saison, la Fédération nationale des agriculteurs biologiques (FNAB) pointe aussi le bilan carbone des serres chauffées. "Autoriser la vente de tomates bio dès le premier jour du printemps revient à autoriser de chauffer les serres bio pendant tout l'hiver à plus de 20 degrés, l'équivalent de 200 000 à 250 000 litres de fioul par hectare", a déclaré Jean-Paul Gabillard, producteur maraîcher et secrétaire national légumes à la FNAB.
true
On en est plus à ça près, tout est aberrant en France. Ils sont à des lieues de la vie réelle, bien payés et bichonnés dans leur tour d’ivoire. Ils ne voient rien ou ne veulent rien voir… et cautionnent les couic et les couac de la « pensée complexe » d’un banquier propulsé et vêtu, d’un costume trop grand pour lui. Ce sont ces aberrations continuelles qui paralysent les citoyens, toujours dans l’attente d’une suite un peu plus logique de l’exécutif. Logique qui fait cruellement défaut. C’est le ressenti général. En vérité, la stratégie plus que brouillonne du chaud et du froid, du « en même temps » est payante, puisque bien peu pensent à réagir contre cette politique destructrice, au point de laisser Macron, véritable homme orchestre, tour à tour virologue, épidémiologiste, chef de guerre, ambassadeur très moyen (qui critique son pays hors des frontières), suiveur inconditionnel de la caste financière, décider de nos vies tout seul. Il décide et le parlement valide sans débat. Autant les mettre au chômage, ils ne servent à rien, ne nous représentent pas et… ça fera des économies. Il cumule les « qualités » indispensables qui l’ont fait choisir par ses sponsors et maîtres, l’allégeance, la trahison, la détestation du pays qu’il est censé servir, la soumission, l’arrogance, l’idéologie mondialiste poussée à son paroxysme, le manque d’empathie pour le peuple des « riens ». Vous n’ignorez pas que la haute finance est apatride, seul les profits comptent. Souhaitons que le peuple n’ait pas la mémoire courte. Quant à l’écologie, les promesses rendent les enfants joyeux. Mme Pompili devrait faire l’expérience de vivre comme les citoyens lambda, avec leurs moyens et loin de son travail, ça la ferait atterrir dans la vraie vie et, pas de voiture pour vous déplacer madame !! Puisque vous n’en voulez plus. Ce qui est bon pour les « gueux » doit l’être aussi pour vous, au nom de l’exemplarité. Pour être un bon patron, il faut avoir été bon ouvrier, connaître les difficultés inhérentes au métier et ne pas imposer des solutions technocratiques, qui vont mettre les gens en difficulté sans rien résoudre. On ne lutte pas contre les nuisances, avec un pays en ruine, en déplaçant de l’air et en faisant de la communication anxiogène à la queue leu leu devant les caméras pour ne rien dire, si ce n’est entretenir une peur paralysante (et c’est le but). Bientôt 2022, les français jugeront. Si les élections ont lieu… rien n’est moins sûr avec la dictature en marche.. Source Observateur-Continental Pour ses 72 ans, l’Otan renforce ses forces et les Etats-Unis continuent de mener une politique de domination sur le monde grâce à cet instrument politique. Defender 21, Atlantic Resolve et les opérations associées, comme Inherent Resolve, anti-écologiques par essence, destructrices de l’environnement, de la nature, du vivant, vont de la France jusqu’à la Russie, dans les Balkans, en mer Noire, dans le Caucase, en Syrie en Irak, dans le canal de Suez et même en Afrique, jusqu’à l’océan Indien. Pourtant les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, dénoncent, auprès des populations civiles occupées par l’Otan, le réchauffement climatique, la destruction de l’écologie par la pollution et l’emploi de véhicules et d’avions. D’abord, la France, un pays qui fut un Etat souverain à l’époque du général de Gaulle, sert de port de transit pour l’armée américaine alors que le pays se retrouve confiné. Depuis le début du mois de mars à travers l’ opération Mousquetaire des soldats américains ont débarqué en France par le port de Dunkerque et l’aéroport de Calais-Marck dans le cadre d’ Atlantic Resolve dont le slogan est «une Europe forte», «une Afrique forte». 5 ports et 12 aéroports de pays européens sont occupés par l’armée américaine pour assurer les débarquements de soldats, de véhicules et de l’armement. Cette année, 26 pays participent à cette opération extrêmement polluante qui est Defender Europe: Albanie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Canada, Croatie, Estonie, Géorgie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Italie, Kosovo, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Monténégro, Pays-Bas, Macédoine du Nord, Pologne, Roumanie, Slovénie, Espagne, Turquie, Ukraine, Royaume-Uni, Etats-Unis. Ce déplacement d’engins militaires, d’avions, d’hélicoptères, de voitures blindées, de troupes, est surprenant quand les pays occidentaux mettent en place des mesures écologiques drastiques pour leurs habitants pour limiter leurs déplacements sur l’autel du climat, de l’environnement. Ces déplacements d’engins militaires s’accompagnent d’exercices avec des obus et autres armes de guerre. La loi Climat et Résilience. Le 8 mars 2021, Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, a effectué une déclaration sur l’élaboration et les grandes orientations du projet de loi Climat et Résilience à l’Assemblée nationale. La ministre française parle «d’un processus qui place une hypothèque sérieuse sur l’avenir de nos enfants et de notre propre espèce. Un processus dont nous sommes paradoxalement les principaux acteurs». Son objectif est «réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici 2030 dans un esprit de justice sociale». Barbara Pompili veut «une nouvelle manière d’exister, intégrer les limites de la planète dans un nouveau projet de société» car il y a «l’urgence d’incarner l’écologie au quotidien, dans la vie des Françaises et des Français» car «avec cette loi, demain, l’Ecole de la République formera les éco-citoyens du XXIème siècle» et «chacun aura accès à une information sérieuse pour faire des choix de consommation éclairés», «avec cette loi, demain, notre économie accélérera sa décarbonation». Alors que l’armada américain très polluant avance actuellement sur le globe, Barbara Pompili, explique qu’ «il s’agit d’embarquer 67 millions de Françaises et de Français dans la transition écologique». La ministre de la transition écologique veut placer dans l’article 1 de la Constitution française la loi Climat et Résilience et interdire la vente de voiture essence en 2040 avec en 2030 interdire certaine voiture en créant 45 zones anti-émissions en France car «45 000 personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air». Elle a expliqué à l’Assemblée nationale qu’ «avec cette loi, demain, la transition vers les nouvelles mobilités sera encore plus rapide. Les zones à faibles émissions pour les villes de plus de 150.000 habitants vont enfin mettre un terme au modèle du « tout voiture » au bénéfice d’une bonne articulation entre parkings relais, transports en commun et vélo» et qu’ «avec bons sens nous arrêterons de prendre l’avion lorsqu’il existe une alternative en train en moins de 2h30. Ce sont les objectifs du titre III, Se déplacer». L’Otan, «un élément essentiel de l’ordre mondial». Cette armée américaine en Europe et en Afrique, a célébré le 4 avril le 72e anniversaire de la fondation de l’Otan. Sur sa page Twitter on lit: «12 dirigeants mondiaux se sont engagés en faveur de la paix et de la sécurité transatlantiques. Soixante-dix ans et plus et 18 membres supplémentaires plus tard, l’Otan continue d’être un élément essentiel de l’ordre mondial et de l’engagement envers l’Alliance pour assurer la défense et [pour que] la dissuasion collective reste irréprochable». L’armée américaine peut continuer tranquillement ses exercices militaires dans le cadre de l’Otan sur le globe et détruire l’écologie et l’environnement tout en participant au réchauffement climatique. Barbara Pompili ne dit rien sur ce sujet sensible. D’ailleurs, l’Otan n’évoque pas la question de l’écologie. Olivier Renault Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n’engagent que la responsabilité des auteurs O-C
biased
La situation des oiseaux des campagnes française atteint "un niveau proche de la catastrophe écologique". Dans un communiqué alarmiste publié ce mardi, le CNRS et le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), alertent sur leur disparition "à une vitesse vertigineuse". Le CNRS et le MNHN présentent les résultats de deux études de suivi menées à l'échelle nationale et locale. La première est l'oeuvre du Suivi temporel des Oiseaux Communs (STOC), et la seconde est une étude du CNRS dans les Deux-Sèvres, sur 160 points de mesures de 10 hectares étudiés sans interruption depuis 1994. Les deux organismes mettent en garde contre la "disparition massive" des oiseaux des campagnes françaises. En moyenne, "leurs populations se sont réduites d'un tiers en quinze ans". Et malheureusement, la tendance est "loin de s'infléchir". Les espèces les plus touchées sont l'alouette des champs, la fauvette grisette, et le bruant ortolan, qui ont perdu en moyenne un individu sur trois en quinze ans. Les chercheurs mettent principalement en cause "l'intensification des pratiques agricoles ces 25 dernières années, plus particulièrement depuis 2008-2009". La période de ces dix dernières années correspond "entre autres à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune, à la flambée des cours du blé, à la reprise du sur-amendement au nitrate permettant d'avoir du blé sur-protéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes, insecticides neurotoxiques très persistants", décrit le communiqué. Dans Le Figaro, Vincent Bretagnolle, directeur de recherche au CNRS, confirme que le principal facteur de cette disparition progressive est "la diminution de la ressource alimentaire pour les oiseaux, avec un effondrement du nombre d'insectes". Or, cette disparition est principalement due à l'intensification de l'agriculture qui entraîne une diminution des insectes". L'utilisation accrue des néonicotinoïdes est selon lui un "facteur plausible mais non démontré". Dans leur communiqué, le CNRS et le MNHN appellent donc à "travailler avec tous les acteurs du monde agricole pour accélérer les changements de pratiques et d'abord avec les agriculteurs qui possèdent aujourd'hui les clés pour infléchir la tendance". Reste que la situation n'est pas propre à la France, et les exemples des autres pays n'incitent pas à l'optimisme. "On est dans la continuité d'une tendance lourde qui touche l'ensemble des pays de l'Union européenne", confirme Frédéric Jiguet, professeur de biologie de la conservation au Muséum et coordinateur du réseau d'observation STOC, dans Le Monde. Alors que selon lui, trois pays, les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni, "ont mis en oeuvre des politiques nationales volontaristes pour inverser cette tendance lourde en aménageant à la marge le modèle agricole dominant", le chercheur note "qu'aucun de ces trois pays n'est parvenu à inverser la tendance".
true
Récurrents ces dernières années, de tels évènements pourraient être directement liés au changement climatique Des chercheurs britanniques américains ont récemment annoncé la mesure de la température atmosphérique la plus basse jamais enregistrée dans un monstrueux nuage d’orage : -111,2 °C. Les données ont été recueillies par le satellite NOAA-20 alors qu’il passait au-dessus de l’océan Pacifique en décembre 2018, à plusieurs centaines de kilomètres des côtes de l’île de Nauru (Océanie). Si ces appareils s’appuyant sur des capteurs infrarouges afin de mesurer la température de la Terre et de l’atmosphère enregistrent souvent des relevés très froids lorsqu’ils rencontrent des orages atteignant une haute altitude, cette mesure de -111,2 °C constitue la température la plus froide jamais enregistrée par un satellite ainsi que la plus basse pour un nuage d’orage. Détaillé dans la revue Geophysical Research Letters, un tel relevé s’explique par la puissance incroyable de la tempête tropicale. Habituellement, quand une tempête atteint la limite de la troposphère, elle s’aplatit et prend la forme d’une enclume. Mais son intensité était telle que la partie sommitale du nuage a atteint une altitude de 20,5 km, pénétrant la stratosphère où règnent des températures glaciales. Un type d’évènement connu sous le nom de sommet protubérant. L’observation d’un tel phénomène a été rendue possible par les récents progrès réalisés dans le domaine des capteurs infrarouges, qui permettent aujourd’hui de mesurer les températures à des échelles spatiales de plus en plus détaillées. Bien qu’elles n’aient pas atteint les mêmes planchers, les scientifiques affirment que des températures extrêmement basses ont été détectées ces dernières années, ce qui indique que ces évènements deviennent plus fréquents. « Cette tempête tropicale a atteint une température record, repoussant les limites de ce que les capteurs satellites actuels sont capables de mesurer », explique le Dr Simon Proud, auteur de l’étude. « Nous avons constaté que les orages super-froids semblent devenir plus fréquents – avec le même nombre de températures extrêmement froides recensées ces trois dernières années qu’au cours des treize précédentes. » « C’est important, car les orages avec des nuages plus froids ont tendance à être plus extrêmes, et plus dangereux pour les personnes au sol en raison de la grêle, des éclairs et du vent », poursuit le chercheur. « Nous devons maintenant comprendre si cette augmentation est due au changement climatique ou à des conditions météorologiques exceptionnelles ayant produit des flambées d’orages extrêmes. »
true
Le naturaliste rappelle aux leaders mondiaux, lors du sommet des Nations Unies pour le climat, que le destin de l’humanité est entre leurs mains Damian Carrington, depuis Katowice Lundi 3 décembre 2018 <span data-mce-type="bookmark" style="display: inline-block; width: 0px; overflow: hidden; line-height: 0;" class="mce_SELRES_start"></span> Attenborough annonce aux leaders mondiaux : « Nous avons entre nos mains la survie de notre civilisation » – vidéo Sir David Attenborough a rappelé lors du sommet des Nations Unies sur le changement climatique en Pologne que l’effondrement de la civilisation et de la nature était a l’horizon. Le naturaliste a été choisi pour représenter la population mondiale lorsqu’il s’est adressé aux représentants de près de 200 nations rassemblées à Katowice pour négocier la façon de mettre en pratique les engagements pris lors de l’accord de Paris sur le climat en 2015. Dans le cadre de l’initiative de l’ONU « Une Place pour tous » (The People’s Seat), des messages du monde entier ont été recueillis pour alimenter le discours d’Attenborough de Lundi. « En ce moment, nous sommes confrontés à une catastrophe d’origine humaine d’envergure mondiale, la plus grande menace qui pèse sur nous depuis des milliers d’années : le changement climatique », a-t-il déclaré. « Si nous n’agissons pas, l’effondrement de nos civilisations et l’extinction d’une grande partie du monde naturel est en vue. » « Ne voyez-vous pas ce qui se passe autour de vous ? » demande un jeune homme dans un message vidéo diffusé dans le cadre d’un montage adressé aux représentants. « Nous constatons déjà une augmentation des impacts du changement climatique en Chine », déclare une jeune femme. Debout devant un bâtiment incendié par un feu de forêt, une autre femme dit : « C’était ma maison. » Attenborough a declaré : « Les citoyens du monde entier ont parlé. Le temps presse. Ils veulent que vous, les décideurs, agissiez maintenant. Leaders de ce monde, vous devez montrer la voie. La survie des civilisations et du monde naturel dont nous dépendons est entre vos mains. » Attenborough a exhorté chacun à utiliser le nouveau « chat » ActNow de l’ONU, conçu pour donner aux gens le pouvoir et les connaissances nécessaires pour agir personnellement contre le changement climatique. De récentes études montrent que les 20 années les plus chaudes jamais enregistrées l’ont été au cours des 22 dernières années, et que les quatre années plus chaudes sont les quatre dernières années. L’action climatique doit être multipliée par cinq pour limiter le réchauffement à 1,5°C, selon les scientifiques de l’ONU. António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a également pris la parole lors du sommet COP24. « Le changement climatique est plus rapide que nous et nous devons le rattraper le plus tôt possible avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il déclaré. « Pour beaucoup de gens, de régions et même de pays, c’est déjà une question de vie ou de mort. » António Guterres a déclaré que ce sommet de deux semaines était le plus important depuis celui de Paris et qu’il devait prendre des engagements financiers fermes. « Nous avons la responsabilité collective d’investir pour éviter un chaos climatique mondial », a-t-il dit. Il a souligné les opportunités de l’économie verte : « L’action climatique offre une voie convaincante pour transformer notre monde pour le meilleur. Les gouvernements et les investisseurs doivent parier sur l’économie verte, et non la grise. » Andrzej Duda, le président polonais, s’est exprimé lors de la cérémonie d’ouverture, déclarant qu’utiliser le charbon avec une technologie « efficace » n’était pas en contradiction avec les actions en faveur du climat. La Pologne produit 80% de son électricité à partir du charbon mais a réduit ses émissions de carbone de 30% depuis 1988 grâce à une meilleure efficacité énergétique. Les Amis de la Terre ont déclaré que le parrainage du sommet par une entreprise de charbon polonaise « était un doigt d’honneur au climat ». L’un des principaux objectifs du gouvernement polonais lors de ce sommet est de promouvoir une « transition juste » pour les travailleurs des industries fossiles vers d’autres emplois. « Pour garantir le soutien du public à des réductions d’émissions à long terme, il est crucial de sauvegarder et créer des emplois durables dans des conditions décentes », selon une déclaration soutenue par l’UE qui pourrait être adoptée lors du Sommet. En prélude au Sommet, Donald Trump a nié l’existence du changement climatique, tandis que le nouveau gouvernement brésilien de Jair Bolsonaro s’en prenait au processus de l’ONU. Ricardo Navarro, des Amis de la Terre au Salvador indiquait : « Nous devons construire une alternative pour l’avenir qui soit basée sur une transformation énergétique juste. Nous sommes confrontés à la menace des populistes de droite et des dirigeants climato-sceptiques qui affaiblissent la protection du climat avec leur course effrénée pour exploiter les combustibles fossiles. Nous devons nous y opposer. » Un autre objectif du Sommet est un engagement accru des nations sur la réduction de leurs émissions de carbone ; en l’état actuel, on prend le chemin désastreux d’un réchauffement de 3 degrés. Le Premier ministre fidjien, Frank Bainimarama, qui avait dirigé le Sommet de l’ONU sur le climat de 2017, a déclaré que son pays avait revu ses ambitions a la hausse, déclarant lors du Sommet : « Si nous pouvons le faire, vous aussi en êtes capables. »
true
Requins, raies et dragons de Komodo… 38 500 espèces sont menacées, selon un rapport de l’UICN L’Union internationale de conservation de la nature a rendu publique une actualisation très attendue de sa célèbre « liste rouge ». Le changement climatique et l’activité humaine menacent ainsi 28 % des espèces étudiées par les scientifiques. L’Union nationale de conservation de la nature (UICN) a mis à jour son baromètre du vivant. Sa fameuse liste rouge a été dévoilée à Marseille, ce samedi 4 septembre. Et le constat est sans appel : selon les derniers chiffres, près de 30 % des espèces étudiées par l’organisme sont menacées. Au total, l’UICN a étudié 138 374 espèces, dont 38 543 (quelque 28 %) sont classées dans les différentes catégories menacées, alors que les spécialistes alertent sur un effondrement en cours de la biodiversité, certains évoquant une sixième extinction de masse. Lors de la dernière évaluation en 2014, 24 % des espèces étudiées étaient en danger. « La nature est en danger » Ces évaluations de la Liste rouge démontrent à quel point nos vies et nos moyens d’existence sont étroitement liés à la biodiversité, a souligné le directeur général de l’UICN Bruno Oberle. Mais il a également estimé lors d’une conférence de presse que cette mise à jour démontrait que si les États et d’autres acteurs adoptent les bonnes mesures, il est possible de retourner la situation pour certaines espèces. Pour autant, la nature est en danger, a insisté Jane Smart, directrice de la biodiversité de l’UICN, en souhaitant que la planète toute entière avance vers une gestion soutenable. Le congrès de l’UICN est l’occasion de multiplier les messages sur le lien entre l’effondrement en cours de la biodiversité et les activités et conditions de vie humaines sur une planète également menacées par le changement climatique. Activités humaines et bouleversement du climat Le sort du dragon de Komodo, le plus gros lézard au monde, dont quelques milliers vivent sur un groupe d’îles indonésiennes, illustre le lien entre ces deux processus, de plus en plus souvent souligné par l’UICN. Les conditions de vie de ces géants qui mesurent jusqu’à trois mètres de long pour 90 kilos sont ainsi menacées à la fois par le réchauffement et l’activité humaine. La hausse des températures et donc du niveau de la mer devrait réduire leur habitat d’au moins 30 % dans les 45 prochaines années, prévient l’UICN. Et si les dragons présents dans un parc national sont bien protégés », ceux à l’extérieur « sont menacés d’une perte importante de leur habitat en raison des activités humaines. Autres victimes des hommes, les requins et raies (qui font partie de la même famille), dont une réévaluation globale a montré que 37 % des 1 200 espèces étudiées sont désormais menacées. Toutes les espèces ainsi classées font face à la surpêche, 31 % sont également confrontées à la dégradation ou la perte d’habitat et 10 % à des conséquences du changement climatique, selon l’UICN. «Bien trop de requins et de raies sont tués et les mesures contre la surpêche sont terriblement inadéquates, avec une exploitationsouvent légale même si elle n’est pas soutenable, explique à l’AFP Nick Dulvy, de l’université canadienne Simon Fraser, auteur d’une étude sur laquelle est basée cette réévaluation. De bonnes nouvelles pour certaines espèces de thons A contrario, l’UICN se félicite de voir quatre espèces de thon pêchées commercialement en voie de récupération grâce à la mise en œuvre de quotas régionaux », élaborés par des organisations spécifiques. Sur les sept espèces les plus pêchées, ces quatre ont ainsi vu leur classement redescendre dans la liste. Le thon rouge de l’Atlantique a même effectué un redressement spectaculaire, passant directement de en danger à préoccupation mineure, trois catégories en dessous. Mais l’organisation prévient qu’en dépit d’une amélioration globale, de nombreux stocks régionaux de thon restent appauvris ». Ces évaluations sont la preuve que les approches de pêche durable fonctionnent, avec des bénéfices énormes à long terme pour l’activité économique et la biodiversité, selon Bruce Collette, président du groupe spécialisé sur les thons de l’UICN. Une « crise majeure » menace Bruno Oberle y a vu un encouragement à continuer à exiger de bonnes mesures de protection et de gestion. L’UICN a d’ailleurs présenté aussi son nouveau « Statut vert des espèces », destiné à mesurer la régénération des espèces et connaître l’impact des programmes de conservation. Il compte pour l’instant 181 espèces évaluées, encore loin de la Liste rouge à laquelle il sera par la suite intégré. Mais malgré les succès, la nouvelle Liste rouge montre que nous sommes tout près d’une sixième extinction de masse, insiste Craig Hilton-Taylor, responsable de son élaboration. Si l’augmentation se poursuit à ce rythme, nous serons bientôt confrontés à une crise majeure.
true
Un ours polaire moribond : le poids des mots, le choc des photos Une vidéo postée par le National Geographic Magazine a battu tous les records d’audience sur les réseaux sociaux : elle montre un ours blanc agonisant fouillant dans les poubelles avant d’aller mourir dans la neige. Les images ont été prises par le photographe Paul Nicklen co-fondateur de SeaLegacy, une organisation de défense des océans qui se propose d’utiliser la puissance des images et du récit (story telling) pour sensibiliser l’opinion aux questions environnementales. « C’est une scène déchirante qui me hante encore…la vérité est celle-ci : si la Terre continue de se réchauffer, nous perdrons des ours et des écosystèmes polaires entier » a déclaré Paul Nicklen. La vidéo a été prise en été dans l’île de Baffin, au nord-est du Canada, normalement libre de glaces à cette période de l’année. Selon le biologiste Jeff Higdon l’ours n’était pas affamé à cause de la glace qui aurait soudainement disparu l’empêchant de chasser les phoques mais plus probablement en raison de problèmes de santé. « Il est donc incorrect de considérer que la situation de l’ours puisse être représentative du reste de la population », a t-il indiqué. La population des ours polaires est globalement stable, voire en augmentation notamment sur L’île de Baffin Un article récemment publié sur le site des climato-réalistes montre que les ours polaires se portent plutôt bien avec une population officiellement estimée à 25 000 individus. Selon certains spécialistes leur nombre serait même sous-estimé : ainsi les biologistes Susan Crockford et Mitchell Taylor affirment que les ours polaires sont plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 40 ans. Une étude de 2013 publiée dans la revue Ecologie et évolution a cartographié la localisation des sous-populations canadiennes d’ours polaires qui (sauf dans le bassin de Kane) sont stables ou en croissance, notamment sur L’île de Baffin (BB sur la carte ci-dessous) où a été photographié l’ours affamé. Population des ours polaires au Canada en 2013. Le gouvernement canadien estime que sur l’île de Baffin la population d’ours est globalement stable et a enregistré même une hausse probable sur sa côte sud-est. L’Ours blanc en danger : une prévision issue de modèles informatiques Le « consensus » est que la régression estivale de la banquise serait la principale menace qui pèse sur l’évolution des ours blancs. En effet, l’ours polaire a besoin de la banquise pour chasser les phoques. Il est incapable de saisir un phoque dans l’eau, il faut que les phoques soient au repos sur la glace pour qu’il puisse les approcher. Sans banquise, plus d’ours. A l’aide de modèles informatiques, le PNSG (Polar Bear Specialist Group) a ainsi tenté d’évaluer la réponse potentielle de la population d’ours blanc à la régression prévue de la banquise sur une période de 35-40 ans et conclut sans surprises à une probabilité élevée de réduction de la population d’ours blanc si la perte de la banquise se poursuivait. Le PNSG admet néanmoins une grande incertitude dans les projections d’évolution de la banquise arctique sur une aussi longue période. L’hybridation des ours polaires D’autre part les ours polaires peuvent s’adapter et même évoluer. Jean Claude Pont (membre du comité scientifique de notre association), estime que si les territoires de chasse se réduisent, l’ours polaire peut en changer pour trouver de nouvelles proies ou même s’hybrider en se reproduisant avec des ours bruns. Cette dernière hypothèse est loin d’être farfelue. L’hybridation des ours polaires a été étudiée par le biologiste français Hervé Le Guyader professeur de biologie évolutive à l’Université Pierre-et-Marie-Curie : le génome complet des ours blanc montre que celui-ci descend d’un hybride entre l’ours brun et l’ours blanc (Pizzly), hybridation qui s’est produite lors de la dernière période inter glaciaire il y a plus de 100 000 ans.
true
Un constat alarmant. Malgré des efforts de conservation et de repeuplement des rivières, une espèce de poissons d'eau douce sur cinq est menacée en France, en raison du réchauffement et des activités humaines, selon un état des lieux établi par l'IUCN. "Même quand il y a des efforts sur certains poissons, le fait qu'on soit face à des changements climatiques et à des aménagements empêche certaines espèces de remonter la pente", explique le professeur au Museum national d'Histoire naturelle, Philippe Keith, qui a participé à l'actualisation de la "Liste rouge" de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) présentée ce jeudi. Sur les 80 espèces étudiées, six ont disparu (dont trois qui n'existaient que sur le territoire métropolitain), quatre sont en danger critique d'extinction, six en danger et cinq jugées vulnérables. Certains types d'esturgeons, d'anguilles, de loches, de brochets font partie des 15 espèces de poissons d'eau douce menacées d'extinction. En tout, ce sont 39 % des espèces, contre 30 % en 2013, qui sont considérées comme menacées ou quasi menacées (qui correspond à une tendance à la baisse du nombre d'individus sans assez de données pour confirmer l'inquiétude). En cause, la présence de l'Homme qui construit des digues, érige des barrages (empêchant les migrations), draine les rivières pour l'irrigation, prélève de l'eau, extrait des granulats et altère donc le milieu naturel. Des efforts ont permis d'améliorer la situation de certaines espèces, comme le saumon atlantique, qui vit en mer mais remonte les rivières pour se reproduire en eau douce, et qui est classé quasi menacé. LIRE AUSSI >> Pollinisation, moins de pesticides : ce que nous devons à la biodiversité Le rapport de l'UICN attire l'attention sur "la situation des poissons migrateurs amphihalins [saumons, esturgeons, anguilles, NDLR], déjà préoccupante lors de la première évaluation en 2010", qui se confirme en 2019: "neuf espèces sur treize sont menacées ou quasi menacées et une autre a disparu". L'esturgeon européen, victime de braconnage sur ses oeufs qui servent aux caviars, est particulièrement menacé, tout comme la grande alose, l'anguille européenne et le chabot du Lez, tous classés en "danger critique", c'est-à-dire que leur population est en baisse constante et inquiétante depuis plusieurs années. Autre agression pour les saumons, brochets et beaucoup d'autres poissons, la pollution de l'eau, principalement due aux pesticides utilisés dans les champs, qui rejoignent les eaux douces lorsque la pluie lessive les sols. Point positif de l'année: aucune nouvelle espèce ne vient s'ajouter à la liste des poissons que l'on ne peut plus observer en France métropolitaine (esturgeon noir, aphanius d'Espagne, cyprindonte de Valence) ou nulle part dans le monde (bezoule, corégone fera, corégone gravenche). L'apron du Rhône, poisson allongé, de couleur brun-jaunâtre, parfois grise, arborant trois ou quatre bandes noires horizontales, est passé d'espèce "en danger critique" à "en danger" cette année. Endémique du bassin du Rhône, cette espèce a vu sa population régresser de 90% par rapport au XXe siècle. Des opérations de réintroduction (notamment dans la Drôme), de conservation et de restauration des habitats ont permis d'abaisser l'inquiétude d'un cran. "On est encore sur une ligne rouge, il ne faut pas baisser sa vigilance et continuer les efforts", résume le spécialiste des poissons d'eau douce.
true
Les Amis de la Terre France, en partenariat avec Greenpeace France, publient une note qui interpelle les banques françaises sur le danger pour le climat et la biodiversité de la stratégie de développement de Total dans l’offshore très profond. Cette note intervient alors que s’ouvre la consultation publique sur le projet d’exploration en eaux très profondes de Total au large de la Guyane. Entre 2015 et 2017, BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Natixis ont accordé 502 millions de dollars aux activités pétrolières en offshore très profond de Total [1]. Les banques n’ayant à ce jour aucune politique destinée à restreindre leurs financements aux projets et entreprises du secteur, ces financements sont amenés à croître. Car si le pétrole extrait par Total grâce à cette technique représente moins de 1% de la production totale de pétrole, il en constituera près de 22% en 2035 [2]. La note de presse intitulée « La Total des banques françaises » expose le double discours de Total en matière climatique. Total reconnaît dans son document Intégrer le climat à notre stratégie, que la part du pétrole dans le mix énergétique mondial devrait passer de 31% à 25% d’ici à 2035 d’après le scénario 2°C de l’Agence Internationale de l’Energie. Mais une analyse des données Rystad révèle que le groupe prévoit une augmentation de 26% de sa production totale de pétrole et de 3665% de sa production de pétrole en eaux très profondes entre 2015 et 2035. Lucie Pinson, référente de la campagne Finance privée des Amis de la Terre France, commente : « Ces chiffres donnent le vertige et sont très effrayants. Derrière l’hypocrisie de Total se cache une stratégie business qui nous mène tout droit à un réchauffement de +4°C. Aujourd’hui, aucune des politiques adoptées par les banques sur les énergies fossiles ne couvre l’offshore très profond ni les majors gazières et pétrolières. Alors que notre budget carbone ne permet pas d’ouvrir de nouveaux gisement d’énergies fossiles, il est urgent que les banques montent enfin au créneau face à ces entreprises qui mettent en péril notre avenir » . Florence de Bonnafos, chargée de campagne Finances à Greenpeace France ajoute : « Les banques ne doivent pas êtres dupes. Si Total peint l’offshore très profond comme une “aventure humaine, technologique et industrielle exceptionnelle”, les risques sociaux, environnementaux et économiques de projets tels que Guyane Maritime et Foz do Amazonas au large du Brésil, dépeignent une réalité bien plus sombre du secteurpour les travailleurs, la biodiversité marine et même pour les investisseurs » . Les ONG appellent les banques à adopter une politique excluant tout financement dédié aux activités pétrolières en offshore très profond et à définir une stratégie d’engagement robuste auprès des majors gazières et pétrolières. Total, comme BP, Shell et Statoil, fait partie des entreprises du secteur énergétique concernées par l’initiative d’engagement Climate Action 100+ lancée au One Planet Summit en décembre 2018. Pour les Amis de la Terre France et Greenpeace France, cet engagement doit notamment être conditionné à l’arrêt immédiat de tout nouveau projet de forage en eaux très profondes et à la publication en l’espace de deux ans d’un plan d’action d’alignement avec les objectifs de l’Accord de Paris. Références [1] Les données financières proviennent de Bloomberg Finance L.P., via Rainforest Action Network. [2] Les données Rystad Energy AS concernant l’exposition pétrolière de Total datent de mai 2018 et ont été fournies aux auteurs par Oil Change International. Lire la note détaillée
true
Des scientifiques de l'Université de Southampton ont étudié les effets de matériaux volcaniques sur la chimie des océans à la fin de l'Ordovicien, il y a environ 450 millions d'années, pour tenter d'expliquer l'intense refroidissement de la Terre à cette époque qui aurait entraîné l'extinction de près de 85 % des espèces marines. Bien que les épisodes volcaniques soient généralement associés à des périodes de réchauffement sur le court terme, les chercheurs avancent que des interactions avec les océans pourraient permettre un refroidissement global sur du plus long terme, notamment grâce à l'augmentation du taux de phosphore dans les océans. Deuxième plus grand évènement d'extinction massive, l'extinction Ordovicien-Silurien correspond à la disparition de près de 85 % des espèces de l'époque, il y a environ 450 millions d'années. D'après les divers témoins géologiques de cet épisode, l'extinction aurait été marquée par deux pics distincts de quelques millions d'années : le premier aurait été provoqué par un refroidissement global rapide, tandis que le deuxième serait associé à une hausse rapide du niveau de la mer, combinée à des océans fortement appauvris en oxygène. Les causes initiales de ce refroidissement sont encore assez débattues : quand certains scientifiques évoquent le développement des plantes non vasculaires sur la terre ferme (fixant de grandes quantités de dioxyde de carbone), d'autres suspectent un énorme impact météoritique. Mais, d'après Jack Longman, principal auteur de l'étude publiée dans Nature, d'intenses épisodes de volcanisme pourraient expliquer cette période de glaciation. Son hypothèse est d'ailleurs confortée par l'identification de deux périodes d'intense volcanisme sur l'actuelle Amérique du Nord et la Chine qui coïncideraient étroitement avec l'épisode de glaciation. Seulement, les éruptions volcaniques sont généralement associées au dégazage de dioxyde de carbone, fort gaz à effet de serre tendant à réchauffer la Planète. L'équipe a alors cherché à déterminer un processus secondaire, lié au volcanisme, qui pourrait expliquer les phénomènes de refroidissement observés. Le phosphore comme principal suspect En étudiant les interactions entre les océans et les matériaux volcaniques, les chercheurs ont déterminé que ces derniers subissaient de fortes altérations chimiques, comprenant la libération de phosphore et provoquant un phénomène de « fertilisation » des océans : considéré comme un macronutriment, le phosphore est l'un des éléments clé de la vie, rythmant les capacités photosynthétiques et l'absorption du dioxyde de carbone des algues. Ainsi, d'après l'étude, une augmentation du taux de phosphore dans les océans aurait permis dans un premier temps la prolifération d'algues photosynthétiques ; celles-ci, après leur enfouissement dans les fonds marins, auraient fixé le dioxyde de carbone atmosphérique dans les sédiments marins, faisant baisser la température terrestre globale. L'hypothèse a été vérifiée en étudiant des couches de cendres volcaniques dans des sédiments marins bien plus jeunes afin de comparer les teneurs en phosphore avant et après une interaction avec de l'eau de mer, permettant aux chercheurs de développer un modèle biogéochimique pour comprendre les effets d'un ajout rapide d'une vague de phosphore sur le cycle du carbone. Un effet domino dévastateur Mais ces apports en phosphore auraient pu avoir des conséquences encore plus dévastatrices : les chercheurs de l'étude suspectent en effet qu'ils aient pu contribuer aux phénomènes d'anoxie (faible teneur en oxygène) mesurés dans les océans à cette époque, via des processus d'eutrophisation (accumulation de nutriments dans un milieu donné) : de la même manière qu'observé actuellement à la suite des activités humaines, certaines espèces végétales auraient proliféré aux dépends des autres, consommant tout l'oxygène présent dans l'eau et provoquant la mort des autres espèces. Les scientifiques avancent que ce phénomène d'eutrophisation pourrait expliquer le second pic d'extinction mesuré à la fin de l'Ordovicien. Ils concluent que, si des épisodes volcaniques peuvent générer un épisode de réchauffement sur le court terme par l'action du dioxyde de carbone, ils peuvent également être à l'origine de réchauffements sur plusieurs millions d'années via des processus secondaires.
true
Les évènements climatiques extrêmes (tempêtes, inondations, vagues de chaleur…) ont provoqué la mort de près d’un demi-million de personnes depuis le début du 21e siècle. Sans surprise, les pays en développement ont été les plus durement touchés. 11 000 ÉVÈNEMENTS MÉTÉOROLOGIQUES EXTRÊMES RECENSÉS DEPUIS LE DÉBUT DU SIÈCLE Publié en début de semaine, le dernier rapport de l’ONG Germanwatch a déterminé que les catastrophes naturelles survenues ces vingt dernières années avaient coûté à l’économie mondiale la somme astronomique de 2 108 milliards d’euros. Portant sur plus de 11 000 évènements météorologiques extrêmes, l’analyse réalisée a montré que ces phénomènes avaient causé la mort d’environ 480 000 personnes depuis 2000, et que Porto Rico, la Birmanie et Haïti constituaient les trois nations les plus impactées. Alors que les nations les plus riches ayant ratifié l’accord de Paris sur le climat s’étaient engagées à fournir chaque année 82 milliards d’euros aux États les plus pauvres afin de les aider à faire face aux effets du changement climatique et à limiter la hausse des températures, de récentes recherches ont montré que les fonds actuellement alloués aux pays en développement étaient très nettement inférieurs à ce montant. Selon Germanwatch, la saison des tempêtes s’est révélée particulièrement dévastatrice en 2019, avec des ouragans et des cyclones ayant dévasté certaines parties des Caraïbes, de l’Afrique de l’Est et de l’Asie du Sud. « Les évènements climatiques extrêmes ont un impact considérable sur les pays les plus pauvres », a estimé David Ecsktein, co-auteur du rapport. « Ils ont un besoin urgent d’assistance financière et technique. » DES FONDS ALLOUÉS AUX PAYS LES PLUS VULNÉRABLES LARGEMENT INSUFFISANTS L’adaptation, qui consiste à réduire les retombées au sein des communautés les plus exposées et à accroître leur capacité à faire face aux catastrophes liées au climat telles que les inondations et la sécheresse, constitue l’un des piliers de l’accord de Paris. Si celui-ci prévoit de consacrer une somme annuelle de 41 milliards d’euros dans cette optique, l’ONU estime que le coût de l’adaptation va augmenter de façon spectaculaire au cours des prochaines années. Dans son dernier rapport, le Programme des Nations unies pour l’environnement a déterminé que sur les quelque 57 milliards d’euros dont les pays en développement ont besoin chaque année, seuls 24 milliards leur étaient actuellement alloués. D’après les experts, le coût annuel réel de l’adaptation aux effets du changement climatique pourrait atteindre 247 milliards d’euros d’ici 2030 et 411 milliards à l’horizon 2050. UNE CAPACITÉ D’ADAPTATION PLUS FAIBLE L’analyse de Germanwatch a révélé que huit des dix pays les plus touchés par les évènements climatiques extrêmes possédaient un revenu par habitant bas voire très bas, ce qui n’a rien de surprenant pour Vera Keunzel, sa co-auteure. « Les nations les plus pauvres sont les plus impactées car elles sont plus vulnérables aux effets de ces catastrophes et possèdent une capacité d’adaptation plus faible », a t-elle expliqué. Les pays comme Haïti, les Philippines et le Pakistan étant presque constamment frappés par de tels évènements, ceux-ci disposent de peu de temps pour se remettre complètement d’une catastrophe avant la suivante. Actuellement organisé par les Pays-Bas, le sommet international sur l’adaptation au changement climatique vise à mettre en place des « engagements clairs » et à fournir « de nouveaux efforts concrets » afin de les aider à mieux y faire face.
true
Nos grandes écoles fabriquent-elles du conformisme ? La question n’est pas nouvelle, mais elle m’est apparue avec une singulière acuité la semaine dernière après avoir reçu soixante candidats en oral d’admission. À part quelques heureuses exceptions, j’ai été frappé de l’uniformité de leurs centres d’intérêt autour de la question climatique. Cette uniformité, soit qu’elle représente une simple façade pour les candidats, soit qu’elle soit sincère, pose un véritable risque économique et sociétal. Soixante candidats reçus en entretien. Tous ou presque n’ont qu’un mot à la bouche : sauver le climat. Quand on les interroge sur leur projet professionnel, c’est sur cette question qu’il est centré d’une façon ou d’une autre. Bien sûr, le formatage des candidats n’est pas chose nouvelle. Depuis onze ans que je fais passer des entretiens, j’ai toujours vu des candidats très bien préparés, souvent d’ailleurs pour ceux dont les parents ont de l’argent, avec l’aide d’une boîte spécialisée. Ils réussissent à cocher toutes les cases du candidat parfait : un hobby original, un sport, collectif il va de soi car « le travail en équipe est très important », une expérience humanitaire « très formatrice pour moi » pour montrer le souci des autres, leur soif de réussite personnelle masquée derrière un altruisme de façade car vécue avec mauvaise conscience. Mais au moins jusque-là, les projets et centres d’intérêt variaient considérablement : les candidats voulaient aller qui dans la finance, qui dans le marketing, qui dans l’entrepreneuriat, et malgré le conformisme, les intérêts étaient variés, et chacun assumait une volonté de réussite personnelle. Mais ce qui est vraiment nouveau, c’est cette omniprésence de la question environnementale dans leurs projets. Veulent-ils être entrepreneurs ? C’est pour créer une entreprise « à impact environnemental positif » comme ils disent. Veulent-ils être auditeurs ? Oui, mais auditeur environnemental. Ouvrir un hôtel ? Éco-responsable ! Quel que soit le projet, celui-ci sera positif, local, responsable, désintéressé, inclusif et bienveillant, bien sûr, mais surtout il permettra de sauver le climat. FAKE IT UNTIL YOU MAKE IT Pouvons-nous y voir là une prise de conscience de nos candidats des enjeux actuels de notre planète et s’en féliciter ? Ce serait bien naïf je pense. Ce que je vois, ce sont des candidats qui font tout pour coller à ce qu’ils comprennent de nos attentes, tant la question est mise en avant par toutes les écoles et les entreprises aujourd’hui. Peut-être n’ont-ils en réalité que faire du climat, mais jouent le jeu pour entrer. Si c’est le cas, cela signifie alors que nous leur enseignons que le mensonge paie. Nous avons créé un goulet d’étranglement, un point de passage unique ; nous les forçons à se travestir encore plus qu’ils ne le faisaient par le passé. Ils récitent le couplet climatique attendu, un ave, deux pater, et hop, absolution et entrée au paradis où ils oublieront toutes leurs belles paroles. Et nous pensons changer le monde ainsi ? Mais il est possible aussi qu’ils soient sincères. Et c’est peut-être pire. Nous sommes au milieu de l’une des pires crises économiques des cinquante dernières années, des millions de gens peinent à boucler leurs fins de mois, des milliers d’entreprises sont en difficulté, la pandémie n’en finit pas de finir et de repartir, mais pas un seul – pas un seul – candidat n’a parlé de cela spontanément. Isolés dans leur bulle de classe prépa pendant deux, voire trois ans, nourris aux réponses préparées sur la base de nos brochures publicitaires, conditionnés par le barrage de propagande sociétale actuelle, ils sont devenus des produits parfaitement formatés en amont. Certifié conforme ! Puis, à l’issue de ce processus de sélection basé sur le respect de la conformité, ils arrivent chez nous en septembre et nous leur demandons d’être innovants et de casser les codes ! Parfois, heureusement, il y a quelques bonnes surprises. Des candidats qui sont non conformes, qui parlent de ce qu’ils veulent faire avec courage. J’en ai eu plusieurs : cette jeune femme qui nous dit apprécier la lecture de Marx et qui a convaincu sa famille d’aller visiter le musée du prolétariat à Manchester plutôt que visiter Vienne, cet ancien militant impliqué dans la campagne de François Fillon, ce passionné de mythologie grecque, ou encore ce fils d’immigrés kurdes qui travaille depuis son plus jeune âge sur les chantiers de son père. Aucun d’entre eux ne fait le moindre effort pour faire semblant de se conformer au dogme officiel. Aucun ne s’enferme non plus dans une posture d’opposition de principe. Ils sont simplement eux-mêmes, ils tracent leur route à partir de qui ils sont. Ce sont eux qui ont raison et qui sont notre meilleure chance. Bienvenue à vous messieurs-dames, ne lâchez rien. UNE DIVERSITÉ EN TROMPE-L’ŒIL Nous n’avons de nos jours que le mot diversité à la bouche, mais ce mot est le plus souvent compris de façon très restrictive : diversité hommes/femmes, au mieux, diversité ethnique et raciale parfois, mais cet effort sincère masque un progrès du conformisme des idées et de la façon de penser qui est une menace mortelle pour notre société. Ce que l’histoire nous a appris est que les tournants sont parfois profonds et brutaux, et qu’il n’est jamais bon de n’avoir qu’une seule pensée. La diversité de pensée est notre meilleure assurance pour l’avenir. Elle permet de créer des poches alternatives pour le cas où la pensée officielle se trouverait mise en défaut. J’ai évoqué dans un article précédent comment cette diversité avait sauvé l’armée française en 1914 : au début de la guerre, l’armée est mal préparée. Ses doctrines, ses armements datent de la guerre de 1870. Sa pensée est dépassée. L’entrée en guerre est un désastre. Elle recule sur tous les fronts et ses hommes se font massacrer. Heureusement, depuis des années, elle avait laissé se développer en son sein des expérimentations sur les armes modernes, à l’initiative d’officiers sur le terrain. Ces initiatives se font souvent en opposition aux doctrines officielles, mais elles sont tolérées. Des officiers apprennent à piloter des avions, à utiliser la TSF, à manœuvrer autrement, etc. Elles sont très locales, mais lorsque le choc de la guerre fait s’effondrer la doctrine officielle, 60% des généraux sont limogés, et les promoteurs de ces innovations montent brutalement dans la hiérarchie, ce qui permet de les passer à l’échelle et de transformer l’armée. Avoir toléré la diversité de pensée a sauvé l’armée française, comme cela sauve tout collectif quand l’épreuve survient. FORMER DES CITOYENS, PAS DES MILITANTS On l’aura compris, la nature même de l’exercice fait que nous ne pouvons guère reprocher aux candidats de nous offrir ce qu’ils pensent que nous attendons. Autrement dit, en tant qu’éducateurs nous sommes les principaux responsables de ce jeu de dupes. Nous créons l’enfer que nous regrettons. Nous leur apprenions comment penser, nous voulons maintenant leur dire quoi penser. Nous formions des citoyens, nous voulons maintenant former des militants d’une cause unique. Ça ne peut que mal se terminer. Ça s’est toujours mal terminé. Or il n’est pas vrai que l’ensemble des problèmes de la planète se ramène à la question climatique, si importante soit-elle. Il est important qu’il y ait des entrepreneurs qui entreprennent, des auditeurs qui auditent, des marketeurs qui markettent et se préoccupent d’autre chose que du climat. Notre pays a besoin d’entreprises performantes et innovantes pour son économie, sa richesse, pour son système social, pour son indépendance. Bref pour rester lui-même. Mais surtout nous devons rester fidèles à la tradition humaniste et résister à l’idée que nos étudiants deviennent des moyens au service d’un but, si noble soit-il. Si l’histoire est un guide, cela ne peut se faire qu’en assurant une diversité de pensées, d’objectifs et de philosophies, en empêchant l’étouffement par une finalité unique. C’est désormais un défi central pour les grandes écoles. — Sur le web
biased
Paris, le 5 novembre – Alors que les négociations sur le climat patinent à Barcelone, à moins de 40 jours de la conférence de Copenhague, Greenpeace publie un classement des principaux chefs d’État, qui met en lumière l’échec des dirigeants occidentaux à se montrer à la hauteur des préconisations des scientifiques et le décalage entre leurs beaux discours et la réalité de leurs engagements pour le futur accord international de lutte contre les changements climatiques. Ce classement, mis en scène avec humour sous la forme d’un jeu de fléchettes interactif, est disponible sur https://www.greenpeace.fr/copenhague/leader-ou-loser » (application flash partageable et intégrable sur site web, page Facebook ou blog). Bon point pour le président chinois Hu Jintao, qui crée la surprise La Chine décroche la seconde place, derrière Tuvalu. Elle est suivie de peu par l’Inde. Contrairement aux discours ambiants, les grands émergents contribuent davantage à l’obtention d’un accord pour sauver le climat que l’Union européenne ou les États-Unis. Même si l’Indonésie et le Brésil doivent faire davantage pour stopper la déforestation, et la Chine, pour réduire sa dépendance du charbon. « Les pays en développement font nettement plus d’efforts pour tenter de résoudre cette crise, tandis que les pays industrialisés semblent passer plus de temps à expliquer qu’on a peu de chances d’obtenir un bon accord que de travailler en ce sens », déclare Ailun Yang, de Greenpeace Chine. Bonnet d’âne pour Barack Obama, digne héritier de George W. Bush ? L’administration Obama décroche sans conteste le bonnet d’âne et les États-Unis restent hors jeu, avec de faibles objectifs de réduction de leurs émissions, de lourdes concessions accordées à l’industrie et de nouvelles tentatives pour saborder le processus multilatéral et contraignant du protocole de Kyoto. « Certes, il n’y a pas de champion du climat dans le monde industrialisé, mais Barack Obama est désigné de loin comme le pire des cancres sur le climat, commente Damon Moglen, de Greenpace États-Unis. Le pire est sans doute le fait que le Président Obama tente par tous les moyens d’affaiblir un accord international, en montrant du doigt les pays émergents pour masquer ses propres insuffisances ». Nicolas Sarkozy sous la moyenne, derrière Angela Merkel et Gordon Brown Si aucun leader européen ne décroche une note au dessus de la moyenne, Nicolas Sarkozy tire particulièrement mal son épingle du jeu, contrairement à ce que pourraient laisser penser ses discours enflammés sur Copenhague. En cause : son obstination à ne pas chiffrer le soutien financier de la France aux pays en développement, sa volonté d’utiliser les forêts tropicales pour réduire les efforts de réduction des émissions nécessaires sur le territoire national, une politique énergétique verrouillée par le nucléaire et le silence sur sa venue à Copenhague. « La politique climatique de Nicolas Sarkozy ne résiste pas au filtre d’une analyse poussée au-delà des discours, constate Karine Gavand, de Greenpeace France. Si le président français est le seul à pouvoir sauver Copenhague, dixit son ministre de l’Environnement, il a encore d’énormes de progrès à faire pour être crédible ! » La méthode Greenpeace a évalué la politique et les ambitions de onze chefs d’État et de gouvernement à l’aune des recommandations des scientifiques en matière de lutte contre les changements climatiques. Chaque dirigeant récolte ainsi une note, qui détermine le positionnement de « sa » fléchette par rapport au centre de la cible. Détail des critères et de la méthode, et explication précise de l’évaluation de chaque chef d’État téléchargeables sur https://www.greenpeace.fr/copenhague/leader-ou-loser
true
Sans banquise, les ours polaires meurent de faim. Alors si les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter, le réchauffement pourrait signer la quasi extinction de ces plantigrades emblématiques de l'Arctique d'ici la fin du siècle. Dans une étude publiée lundi dans "Nature Climate Change", des chercheurs se sont penchés sur la plus grande menace qui pèse aujourd'hui sur les ours blancs : la disparition progressive de leur habitat, la banquise, d'où ils attrapent les phoques indispensables à leur alimentation. Le carnivore, qui vit dans les régions arctiques où la température peut descendre jusqu'à -40°C en hiver, peut jeûner pendant des mois, notamment pendant la période estivale où la banquise fond chaque année. Mais avec le réchauffement de la planète, deux fois plus rapide en Arctique, l'absence de glace dure de plus en plus longtemps. Incapables de trouver dans leur environnement une autre alimentation aussi riche que les phoques, de plus en plus d'ours affamés s'aventurent déjà parfois loin de leur territoire, près de zones habitées. LIRE AUSSI >> Sibérie : pourquoi le réchauffement du pergélisol inquiète les experts La fonte de la banquise est un défi en particulier pour les femelles, qui entrent à l'automne dans leur tanière pour mettre bas au milieu de l'hiver et émerger au printemps avec leurs oursons. "Elles doivent alors attraper assez de phoques pour stocker suffisamment de gras et produire suffisamment de lait pour nourrir leurs petits pendant tout le jeûne de l'été", explique Steven Amstrup, un des auteurs de l'étude et scientifique en chef de l'ONG Polar Bears International. "En estimant le poids maximal et minimal des ours, et en modélisant leur dépense énergétique, nous avons calculé le nombre limite de jours de jeûne que peut supporter un ours polaire avant que le taux de survie des adultes et des petits commence à décliner", ajoute Peter Molnar, de l'université de Toronto. Par exemple, un mâle de la sous-population de la Baie d'Hudson d'un poids 20% en dessous de la normale au début du jeûne ne survivrait que 125 jours, contre 200 aujourd'hui. Les quelque 25 000 ours polaires sont répartis en 19 sous-populations distinctes au Canada, en Alaska, en Sibérie, au Svalbard et au Groënland, dont certaines sont mal connues. Selon l'étude publiée ce lundi, ces groupes ne seront pas tous touchés au même rythme. Mais si les émissions de gaz à effet de serre continuent à la même cadence qu'aujourd'hui, "la chute de la reproduction et de la survie va mettre en danger la persistance de presque toutes les sous-populations d'ici 2100", concluent les chercheurs. A l'exception peut-être de l'île de la Reine-Elisabeth, note Steven Amstrup. Et même si le réchauffement était limité à 2,4°C par rapport à l'ère pré-industrielle - près d'un demi-degré au-dessus de l'objectif de l'Accord de Paris -, cela "ne garantirait pas de sauver les ours polaires à long terme", insiste le scientifique. "Si par magie, même avec l'augmentation des températures, la banquise se maintenait, ça irait probablement pour les ours polaires. Mais leur habitat fond littéralement avec la montée des températures". La planète a gagné plus de 1°C depuis l'ère pré-industrielle, entraînant déjà une multiplication des canicules, sécheresses ou inondations. Et alors que les engagements actuels des Etats conduiront à un monde à + 3°C, ces événements météo extrêmes sont appelés à s'aggraver avec chaque demi-degré supplémentaire. Classer l'ours blanc "en danger critique" sur la fameuse liste rouge de l'Union internationale de protection de la nature (IUCN), qui les considère seulement "vulnérables", ne changerait probablement rien au destin funeste du plantigrade arctique. Beaucoup des espèces en danger le sont à cause du braconnage ou de la destruction directe de leur habitat par l'Homme. Mais "on ne peut pas construire une clôture pour protéger les ours polaires de la température qui monte", souligne le scientifique de Polar Bears International. Pour sauver l'espèce, certains évoquent une réintroduction d'animaux élevés en captivité, voire leur déménagement vers l'Antarctique. Infaisable, selon Steven Amstrup. "Il faudra peut-être envisager d'abattre les derniers ours polaires, au lieu de les laisser mourir de faim".
true
Les eaux souterraines françaises sont de plus en plus sollicitées pour l’eau potable, l’agriculture, l’industrie et les loisirs, au point que la situation devient critique dans certains départements en été et que des préfets recourent à des restrictions d’usage de l’eau (73 départements concernés en août 2020). Manquerons-nous d’eau demain ? Des expériences douloureuses dans le monde montrent à quelle vitesse des régions rurales ou de grandes capitales peuvent frôler l’épuisement de leurs ressources en eau : la ville du Cap a frisé la catastrophe en 2018 quand ses réservoirs, après trois ans de sécheresse, étaient tombés à 11 % de leur capacité. Le retour des pluies et une gestion rigoureuse de la consommation ont permis à la capitale sud-africaine de surmonter la crise en 2020. Comment éviter d’être à la merci de l’apport des pluies ? Des solutions existent pour maintenir l’équilibre fragile entre nos besoins et l’aléa de l’offre naturelle en contexte de changement climatique. On parle de « gestion intégrée de la ressource en eau », qui vise à préserver le niveau des nappes d’eau souterraine, les débits des cours d’eau et à lutter contre les inondations et la salinisation des eaux en milieu côtier. Parmi ces solutions, on trouve la recharge maîtrisée des aquifères à laquelle nous allons nous intéresser. L’eau souterraine, inégalement répartie Les eaux souterraines constituent une ressource invisible contenue dans les « aquifères », terme désignant les formations rocheuses ou sédiments qui contiennent ces eaux ; elles se renouvellent plus ou moins rapidement. Certains aquifères profonds contiennent des eaux de pluies tombées quand l’humanité taillait encore des silex ! D’autres, proches de la surface, contiennent de l’eau qui transite en quelques années. Sous nos latitudes, c’est en hiver, lorsque la végétation prélève moins d’eau, que les précipitations rechargent les aquifères. Ces nappes d’eau souterraines sont très vulnérables aux pollutions et aux variations de précipitation, entrainant parfois ainsi un déficit de la recharge. Le cycle de l’eau et la formation des aquifères (canal9valais/Youtube, 2021). Près de la moitié de cette eau souterraine est saline, impropre à la consommation et à son usage le plus « gourmand », l’irrigation. L’eau souterraine exploitable est ainsi rare et répartie de façon inégale sur la planète. Des pressions très variables Les pressions sur la ressource sont aussi très inégales selon les zones climatiques et le degré de développement. La pression s’exerce surtout sur les ressources dans les métropoles, mégalopoles et leurs zones d’influence en expansion. Les zones littorales dont la densité de population augmente périodiquement avec le tourisme et qui concentrent les activités industrielles et commerciales sollicitent les ressources en eau souvent au-delà de leurs capacités. S’ajoute à cela la menace permanente d’une intrusion saline dans les nappes côtières, exacerbée par le changement global. Pourtant, le bilan global semble positif : à l’échelle planétaire, l’exploitation des eaux souterraines ne représenterait que 8 % de la recharge. C’est donc régionalement et localement que l’équilibre entre la recharge, les prélèvements et les écoulements des eaux souterraines se révèle très fragile. Des besoins en augmentation Les objectifs de développement durable de l’Unesco visent, d’ici à 2030, à « augmenter considérablement l’utilisation rationnelle des ressources en eau dans tous les secteurs et garantir la viabilité des retraits et de l’approvisionnement en eau douce ». Mais les tendances actuelles ne vont pas dans le bon sens. L’action humaine cause des variations de précipitations qui, plus rares ou plus intenses, favorisent le ruissellement par rapport à l’infiltration. Par ailleurs, nos besoins augmentent d’environ 1 % par an à l’échelle mondiale ; et ce mouvement s’accélère. En France, cela se traduit par une baisse du niveau des nappes de 0,5 à 10 mètres selon les aquifères et les scénarios climatiques considérés. Sachant qu’avec le niveau marin qui monte sous l’influence du réchauffement climatique, les nappes littorales seront davantage menacées par des intrusions salines. Des solutions à mettre en œuvre À la question, « Manquerons-nous d’eau demain ? », la réponse est donc : « Nous en manquons déjà, localement et de plus en plus souvent ». Les solutions existent déjà, dans le monde et en France, depuis de nombreuses années. Mais il s’agit de les mettre en œuvre et de les intégrer dans des stratégies cohérentes de gestion des nappes : – caractériser, suivre et prévoir sur la base de modèles fiables l’évolution des ressources et des besoins ; – pratiquer la sobriété ; – diminuer la pression sur la qualité de l’eau en diminuant la quantité de produits chimiques persistants et mobiles ; – améliorer le traitement des eaux usées ; – utiliser et réutiliser des eaux non conventionnelles après traitement ; – retenir l’eau sur les territoires en ralentissant les écoulements et en stockant l’eau dans les milieux naturels. La recharge maîtrisée des aquifères Le concept de la recharge maîtrisée des aquifères consiste à stocker provisoirement, au sein d’un aquifère, de l’eau en excès de provenances diverses pour une utilisation différée. L’expression englobe des méthodes visant à maintenir, améliorer et protéger les eaux souterraines sous pression quantitative et qualitative. En qualité, en freinant ou repoussant une intrusion d’eau salée ou en utilisant la capacité épuratrice du sol, des berges des cours d’eau et de l’aquifère lui-même pour une épuration naturelle de l’eau. En quantité, car ces pratiques participent au rééquilibre des nappes surexploitées et au maintien des zones humides. Système de recharge traditionnel par puits à Delhi (Inde). Wolfram Kloppmann/BRGM Certains de ces systèmes sont utilisés depuis des millénaires, mais la plupart se sont développés au cours des 60 dernières années, avec un succès croissant. Un inventaire de 2018 a déjà listé 1 200 exemples de systèmes MAR dans 62 pays. Derrière ce sigle se cache une multitude de solutions techniques ainsi qu’un large éventail de ressources en eau pour les mettre en œuvre. Traitement d’eaux usées, saumâtres et salines Techniquement, la recharge maîtrisée des aquifères passe par des bassins d’infiltration, des forages d’injection, des chicanes ou bassins de rétention sur des cours d’eau, etc. On peut faire appel à des ressources conventionnelles (eaux superficielles, eaux de crues, eaux pluviales) ou non conventionnelles (eaux usées, saumâtres, salines). Ces dernières, disponibles toute l’année, peuvent constituer un apport indépendant des variations de précipitation. Les ressources en eau utilisées sont, selon leur qualité, épurées préalablement. Selon l’usage de l’aquifère rechargé, la réglementation et la qualité de l’eau, ce prétraitement peut atteindre une qualité d’eau potable. Dans le cas des eaux salines, un dessalement préalable s’impose. Les systèmes de recharge des aquifères peuvent aussi et surtout apporter une amélioration de la qualité des eaux souterraines. Ce « traitement par le sol et l’aquifère » (Soil Aquifer Treatment ou SAT) des eaux de surface contaminées ou des eaux usées constitue une option importante des solutions fondées sur la nature, en complément d’autres traitements. A gauche, système de recharge de l’aquifère dunaire par des eaux usées traitées à Coxyde (Belgique). À droite, système de recharge de l’aquifère côtier par des eaux usées traitées à Shafdan (Israël). Géraldine Picot-Colbeaux/BRGM Un suivi complexe et indispensable En plus de leur capacité de stockage, les aquifères ont donc souvent un rôle d’épuration naturelle. Les deux aspects impliquent que les eaux passent un temps prolongé dans les réservoirs souterrains. Un suivi rigoureux de la qualité des eaux et une analyse des risques sont donc indispensables afin de préserver voire restaurer la qualité environnementale des milieux. Les systèmes en question sont complexes : écoulement à travers la zone non saturée de l’aquifère, changements des conditions chimiques dans la nappe, rôle des micro-organismes, comportement d’éventuels polluants… autant de caractéristiques difficiles à comprendre et à anticiper. En phase d’exploitation des systèmes de recharge maîtrisée, les outils des technologies de l’information et de la communication peuvent contrôler et optimiser les opérations en combinant les données de surveillance (en ligne ou non) et les résultats de modélisation. Ces pratiques en évolution doivent respecter la réglementation en vigueur et la disparité est grande entre les pays sur ce plan. En France, le cadre légal est donné par la loi sur l’eau, mais il n’existe pas de guide méthodologique technique national. Les systèmes de recharge maîtrisée des aquifères nécessitent une demande d’autorisation entérinée par arrêté préfectoral. À l’échelle de notre territoire, les eaux souterraines constituent pour certaines collectivités la ressource principale pour l’alimentation en eau potable. Concilier la préservation de la quantité et de la qualité de cette ressource est pour elles un enjeu majeur. Toutes les ressources en eau et technologies doivent être prises en compte dans la gestion intégrée des ressources en eau. La recharge maîtrisée des aquifères constitue en cela un outil précieux.
true
Le changement climatique est désormais LA préoccupation majeure des populations française et européenne, les mouvements des jeunes pour le climat s’intensifient et 1000 scientifiques appellent à la désobéissance civile face à l’urgence écologique. Pourtant, les responsables politiques continuent de ne rien faire et contribuent, par cette inaction, à aggraver la crise climatique. Voici notre campagne qui dérange Réalisation : agence Strike Stop au blabla des politiques Vous l’aurez compris, le message qui dérange, c’est le suivant : Nous, en tant que citoyens et citoyennes, nous faisons chaque jour notre part de petits gestes pour “sauver la planète”, mais cela ne sera malheureusement pas suffisant et ne doit pas exonérer les responsables politiques de prendre les mesures systémiques qui s’imposent pour venir à bout de la crise climatique ! Ce message semble un peu trop engagé pour différentes régies publicitaires, comme Mediatransports, qui gère la pub du métro parisien, ou certains cinémas qui ont refusé de diffuser la vidéo ou les supports d’affichage de cette campagne. Si notre campagne a été privée de visibilité dans le métro parisien et dans des cinémas, elle sera cependant visible à Bordeaux, Lille, Lyon, Montpellier et Toulouse, à partir du 2 mars. Vous pouvez agir ! Outre les actions individuelles que vous pouvez faire dans votre quotidien pour soulager la planète, il est indispensable d’aller plus loin pour impulser des changements de grande envergure. Pour cela, vous pouvez : Regardez notre vidéo sur les réseaux sociaux pour la partager : SUR FACEBOOK SUR TWITTER SUR INSTAGRAM Téléchargez les visuels de la campagne : JE TÉLÉCHARGE LES VISUELS Vous inscrire sur notre page de mobilisation pour recevoir des infos de décryptage, des propositions pour revoir nos comportements et des actions en ligne ou dans la rue pour demander aux responsables politiques de changer de cap et de préserver notre avenir. JE REJOINS LE MOUVEMENT CLIMAT Dans le cadre des élections municipales, vous pouvez interpeller les candidat·es sur le transport routier, source d’émissions de gaz à effet de serre et de pollution de l’air. JE VEUX RESPIRER Pour que les responsables politiques arrêtent leur blabla et passent aux actes, nous comptons sur vous !
biased
Une évaluation complète du déséquilibre énergétique de la Terre a été publiée par le Système mondial d’observation du climat (GCOS). Dans la revue Earth System Science Data, un groupe de plus de 30 chercheurs d’institutions scientifiques du monde entier a suivi et quantifié le stockage de chaleur global de 1960 à 2018 pour répondre à une question fondamentale : où va la chaleur ? Pour caractériser le réchauffement climatique, deux paramètres sont particulièrement suivis : l’évolution de la concentration de CO2 et la température à la surface de la Terre. Le déséquilibre énergétique de la Terre (DET ou Earth Energy Imbalance en anglais), reçoit moins d’attention mais c’est probablement la meilleure approche pour comprendre l’état climatique de la Terre. Le DET est la différence entre la quantité d’énergie solaire absorbée par la Terre et la quantité d’énergie que la planète rayonne vers l’espace sous forme de chaleur. L’absorption de chaleur par l’océan agit comme un tampon, ralentissant le rythme du réchauffement de surface. Ainsi, la capacité de l’océan à stocker et à redistribuer verticalement de grandes quantités de chaleur sur une dizaine d’années signifie que les tendances de température de surface sont un indicateur peu fiable du réchauffement climatique à ces échelles de temps. Le DET traduit en revanche l’excès de chaleur qui s’accumule dans tout le système terrestre : c’est le véritable moteur du réchauffement climatique. L’inventaire thermique le plus précis et le plus avancé à ce jour a été publié en septembre par le Système mondial d’observation du climat (GCOS), un programme scientifique dédié à l’observation du climat soutenu par l’Organisation météorologique mondiale et les Nations-Unies. Cette mise à jour est le fruit d’une collaboration entre des chercheurs du monde entier, sous la direction d’une éminente spécialiste du bilan énergétique de la Terre, Karina von Schuckmann. Parmi ses 37 co-auteurs, on trouve le fameux James Hansen, ancien directeur du NASA Goddard Institute for Space Studies, et le jeune Lijing Cheng, qui s’est distingué récemment par ses études sur le contenu en chaleur de l’océan. Les scientifiques ont passé en revue un grand nombre de données pour dresser l’inventaire qui se veut le plus exhaustif possible. Toute l’énergie entrant ou quittant le système climatique terrestre le fait sous forme de rayonnement au sommet de l’atmosphère (top of atmosphere ou TOA en anglais). La différence entre le rayonnement solaire entrant et le rayonnement sortant, détermine le flux radiatif. Les changements de ce bilan de rayonnement global déterminent l’évolution temporelle du climat de la Terre : si le déséquilibre est positif (c’est à dire moins d’énergie sortante qu’entrante), l’énergie sous forme de chaleur s’accumule sur Terre, ce qui entraîne un réchauffement climatique. Si le DET est négatif, c’est un refroidissement qui se produit. La nouvelle étude montre que le déséquilibre énergétique de la Terre continue de croître sans relâche et a doublé au cours de la dernière décennie (2010-2018) par rapport à la valeur moyenne de 1971-2018. Le DET est estimé à 0,87 W / m2 sur la période 2010-2018 contre 0,41 W / m2 sur la période 1971-2018. Le flux net au sommet de l’atmosphère dérivé de la télédétection par satellite donne des résultats similaires au bilan du GCOS pour la période 2005-2018. ll faut cependant préciser qu’il est ancré par une estimation du contenu en chaleur de l’océan (et donc pas complètement indépendant pour le DET total). Il faut noter cependant, comme l’indiquait Kevin Trenberth dans une étude de 2014, que le déséquilibre énergétique global n’est pas constant dans le temps. Ceci en raison de la complexité des différents forçages climatiques et également en raison de la variabilité naturelle. Par exemple, les fluctuations ENSO provoquent des changements dans le stockage de chaleur dans l’océan et il y a un mini réchauffement climatique à la fin des événements El Niño, car la chaleur sort de l’océan et est finalement rayonnée vers l’espace Où va prioritairement ce déséquilibre énergétique ? En accord avec les précédentes études sur le sujet, l’océan, avec sa masse et sa capacité thermique élevée, domine très largement l’inventaire, devant les sols, la cryosphère et l’atmosphère. C’est la raison pour laquelle le déséquilbre énergétique peut être le mieux estimé à partir des changements du contenu thermique des océans, complété par des mesures de rayonnement depuis l’espace. Inventaire de la chaleur de la Terre (accumulation d’énergie) en ZJ (1 ZJ = 1021 J) pour les composantes du système climatique terrestre de 1960 à 20. Le flux net à TOA du programme NASA CERES est affiché en rouge. Source : Karina von Schuckmann et al. La plus grande part de la chaleur excessive (89% sur 1970-2018 ; 90% sur 2010-2018) est absorbée par la mer, ce qui peut être estimé par l’évaluation du contenu thermique des océans mesuré de plus en plus précisément grâce aux flotteurs Argo qui couvrent désormais l’ensemble des mers du globe. Sur la période 1971-2018, 52% du gain de chaleur est allée dans les 700 m supérieurs, 28% dans les couches intermédiaires et 9% dans la couche océanique profonde (en dessous de 2000 m de profondeur). Concernant le reste de la répartition, 1% seulement de la chaleur en excès sur la période 1971-2018 réside dans l’atmosphère, un chiffre qui grimpe à 2% sur 2010-2018. Enfin, 6% du gain de chaleur va dans le réchauffement des sols et 4% fait fondre la glace. Bien que le réchauffement des sols représente une faible proportion de chaleur par rapport à l’océan, plusieurs processus pourraient jouer un rôle crucial dans l’évolution future du climat. Entre autres, la stabilité et l’étendue des zones continentales occupées par les sols de pergélisol. Les modifications des conditions thermiques à ces endroits ont le potentiel de libérer du CO2 et du CH4 stockés à long terme. Pour la composante appelée « fonte des glaces », il faut entendre l’absorption d’énergie impliquée dans la fonte de la glace de mer, des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, des glaciers autres que ceux des inlandsis et la neige. Présentation schématique de l’inventaire de la chaleur pour le déséquilibre énergétique au sommet de l’atmosphère. Source : Karina von Schuckmann et al. Tant que la Terre continuera d’absorber plus d’énergie solaire que la planète ne rayonne d’énergie vers l’espace, la température mondiale augmentera. D’après l’étude, la concentration de CO2 dans l’atmosphère devrait être réduite du niveau actuel de plus de 410 ppm à 350 ppm pour ramener la Terre vers l’équilibre énergétique. Ce qui nous ramènerait au niveau de concentration de la fin des années 1980. Une réduction de la concentration de CO2 de 57 ppm est en effet requise pour augmenter la radiation vers l’espace de 0,87 W / m2, ce qui permettrait de retrouver un équilibre énergétique. Ce nouvel équilibre laisserait la température autour de son niveau actuel de +1,2°C au-dessus du niveau préindustriel environ. Il faut bien comprendre que le DET actuel est la partie du forçage qui ne s’est pas encore manifestée. La planète s’est déjà réchauffée en réponse au déséquilibre énergétique. Mais le déséquilibre reste positif et même s’accroit, ce qui signifie qu’il y a un potentiel de réchauffement supplémentaire. Le réchauffement se poursuivra même si les gaz à effet de serre sont stabilisées au niveau actuel. Le déséquilibre énergétique définit donc un réchauffement climatique supplémentaire qui se produira sans changement supplémentaire du forçage. Compte-tenu de l’importance du déséquilibre énergétique dans l’évaluation de l’état climatique de la Terre, les chercheurs impliqués dans l’étude appellent à poursuivre les efforts pour traquer le plus précisément possible l’énergie.
true
Il ne mesure que quelques centimètres mais il a parfois le coeur gros. Un poisson tropical, le cichlidé zébré, éprouve un "chagrin d'amour" lorsque qu'il est séparé de sa moitié, assurent des chercheurs dans une étude publiée ce mercredi dans Proceedings of Royal Society B. Le cichlidé zébré, dont le nom scientifique est Amatitlania siquia, est un petit poisson monogame qui forme des couples stables dans le temps. Les deux partenaires construisent ensemble le nid et s'occupent de façon coordonnée des oeufs et de l'élevage des alevins. "Pour accéder à l'état émotionnel de ces poissons de manière objective sans projeter d'anthropomorphisme dans l'analyse, nous avons recouru au test du biais du jugement", utilisé aussi sur l'homme, explique François-Xavier Dechaume-Moncharmont, enseignant en comportement animal à l'Université de Bourgogne à Dijon. Grâce à ce test, utilisé pour la première fois sur un poisson, les chercheurs sont parvenus à montrer que lorsqu'une femelle était séparée de son partenaire, elle devenait "pessimiste". Il s'agit de "la première démonstration d'un attachement émotionnel à son partenaire chez une espèce autre que l'espèce humaine", selon François-Xavier Dechaume-Moncharmont, co-auteur de l'étude. L'attachement émotionnel chez les oiseaux, qui sont souvent monogames contrairement aux poissons, n'a pas encore été exploré, précise ce chercheur CNRS qui travaille depuis une dizaine d'années sur le cichlidé zébré.
true
Communiqué de l’association des climato-réalistes Paris, le 16 juillet 2021 Alors que le bilan des inondations de ces derniers jours en Allemagne et en Belgique a dépassé les cents morts, divers médias et personnalités ont cru légitime de présenter cet événement météorologique comme relevant des « changements climatiques », affirmant que de tels événements sont appelés à se multiplier à l’avenir. Ces inondations sont dues à un phénomène météorologique dit de « goutte froide » (une dépression isolée associée à de l’air froid en altitude) qui, pour être exceptionnel, n’est pas sans précédents : selon Wikipedia, le débordement de la rivière Ahr avait déjà provoqué 64 décès en 1804, et 57 en 1910, au point que tous les ponts sauf un avaient dû être reconstruits au XXe siècle. Dans son 5e rapport, le GIEC estime avec un degré de confiance élevé « que des inondations plus importantes que celles observées depuis 1900 se sont produites au cours des cinq derniers siècles dans le nord et le centre de l’Europe. » Dans son rapport spécial sur les événements extrêmes, le GIEC confirmait qu’il n’est pas possible d’ « évaluer les changements induits par le climat sur l’ampleur et la fréquence des crues », en raison du manque d’observations et des changements dans l’utilisation des sols. Par ailleurs, une étude de 2017 (G. Hodgkins et al.), plus ciblée sur l’Europe, indique que l’évolution des inondations majeures est « de l’ordre de ce qu’on peut attendre du hasard seul », et qu’elles sont « dominées par la variabilité multi décennale ». L’association des climato-réalistes demande donc que le temps de recueillement dû aux victimes des récentes inondations ne serve pas de prétexte à une communication erronée sur la réalité des catastrophes naturelles. Face à celles-ci, inévitables, la seule réponse valable consiste en une politique rationnelle de gestion des risques.
biased
Greenpeace dénonce l’accord conclu le 1er décembre entre représentants des États membres de l’Union européenne, du Parlement européen et de la Commission, sur la future réglementation européenne visant à obliger les constructeurs automobiles à réduire les émissions de CO2 de leurs voitures neuves. « Avec un tel compromis, les constructeurs automobiles vont être autorisés à émettre plus encore qu’ils ne le font aujourd’hui !, dénonce Anne Valette, en charge de la campagne Climat de Greenpeace France. À l’heure de la crise du secteur automobile, tout le monde s’accorde à dire que l’avenir de cette industrie en Europe réside dans des voitures moins polluantes, les États offrent des milliards aux constructeurs et… l’Union européenne adopte une législation au rabais ! Voilà un signal extrêmement grave envoyé par l’Europe au monde, au lendemain de l’ouverture de la Conférence des Nations unies sur le climat de Poznan. » 130 g au lieu de 120 g, et en 2015 au lieu 2012… Ce compromis prévoit d’étaler sur la période 2012-2015 l’effort demandé aux constructeurs pour ramener la moyenne des émissions de CO2 des voitures à 130 grammes par kilomètre (g/km) pour l’ensemble des véhicules vendus sur le territoire européen en 2015, au lieu des 120 g en 2012 visés au départ par la Commission européenne. Dans la dernière ligne droite des négociations, les États membres de l’UE ont surtout défendu les intérêts de court terme de leurs industries nationales plutôt que s’unir pour relever le défi climatique. Selon un calcul effectué par Greenpeace, si toutes les dérogations réclamées par les uns et les autres sont retenues, la future réglementation risque d’autoriser jusqu’à 164,5 g de CO2/km d’ici à 2012. C’est davantage que la moyenne européenne actuelle (chiffre 2007 : 158 g). « Gouvernements et entreprises ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et défendent leurs intérêts nationaux de court terme plutôt que s’unir pour relever le défi des changements climatiques, déclare Anne Valette. Pourtant, les mesures en faveur de l’environnement constituent aussi des réponses à la crise économique et permettraient entre autre de réduire considérablement la facture énergétique des États et des ménages. » Objectif à 2020 : comment y croire ? Si le texte final retient l’objectif de 95 g de CO2/km pour 2020, rien ne garantit qu’il sera respecté. « À défaut d’avoir sapé l’objectif à 2012, l’Union européenne aurait pu sauver l’objectif de long terme, reprend Anne Valette. Non seulement le compromis ne rend pas cet objectif contraignant, mais, via la mise en place d’une clause de révision, il ouvre la possibilité que cet objectif soit réévalué à la baisse. » Ce que demande Greenpeace Il reste une chance à Nicolas Sarkozy, qui s’est engagé à faire de la lutte contre le dérèglement du climat la priorité de sa présidence de l’UE, de tenir sa parole. L’accord a minima conclu le 1er décembre doit encore obtenir l’aval des ministres de l’Environnement les 4 et 5 décembre, puis du Parlement européen le 17 décembre. D’ici là, Nicolas Sarkozy doit défendre une réglementation qui limite la moyenne des émissions à 120 g de CO2/km d’ici à 2012 pour l’ensemble de la flotte et fixe dès aujourd’hui un objectif de 80 g/km à l’horizon 2020, en excluant toute révision à la baisse de ce chiffre.
biased
Allemagne. Le gouvernement de Merkel adopte une loi climat plus ambitieuse Après la décision de la Cour constitutionnelle de retoquer sa loi climat, le gouvernement allemand a revu sa copie mercredi. La nouvelle version a désormais pour objectif de réduire de 65 % les gaz à effet de serre d’ici 2030 contre 55 % auparavant. Le gouvernement allemand a adopté mercredi 12 mai 2021 le plan d’accélération des ambitions climatiques du pays, qui vise désormais la neutralité carbone dès 2045, après que ses objectifs initiaux ont été retoqués par la Cour constitutionnelle. En plus des juges qui avaient demandé fin avril à Berlin de revoir sa copie, la coalition d’Angela Merkel est sous pression des écologistes, donnés ces dernières semaines en tête des sondages pour les législatives du 26 septembre. Alors que la négociation sur le précédent plan climat adopté fin 2019 avait duré des mois, la nouvelle feuille de route a été décidée en moins de 15 jours, après la censure partielle prononcée par la Cour de Karlsruhe. Objectif : 65 % de gaz à effet de serre en moins d’ici 2030 L’Allemagne prévoit désormais de réduire de 65 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, contre 55 % auparavant, puis de 88 % d’ici 2040, avec la volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2045, cinq ans plus tôt que prévu. Les Verts et les militants du climat jugent ces objectifs encore insuffisants et déplorent l’absence de mesures concrètes. Le plan d’action doit être soumis au Parlement. « Avec cette loi, nous créons plus de justice intergénérationnelle, plus de sécurité en termes de planification et une protection climatique déterminée qui n’étouffe pas l’économie », a assuré mercredi la ministre de l’Environnement social-démocrate Svenja Schulze. La loi détermine la quantité annuelle de dioxyde de carbone (CO2) qui peut être émise par chaque secteur. « Si vous n’atteignez pas l’objectif, comme c’est le cas actuellement pour le secteur du bâtiment, alors vous devez vous rattraper immédiatement », a expliqué Svenja Schulze. Les Verts allemands en demandent plus La candidate des Verts à la chancellerie, Annalena Baerbock, a estimé que la nouvelle loi doit être complétée « de sorte que l’on ne se contente pas de nommer les objectifs, mais les mesures permettant d’atteindre ces objectifs ». Le gouvernement « se garde bien de dire que nous devons, par exemple, doubler les énergies renouvelables », a-t-elle déclaré sur la chaîne ARD, plaidant également pour que 2 % du territoire allemand soit réservé à l’installation d’éoliennes. Les énergies propres représentent actuellement environ la moitié de la production d’électricité du pays. Des activistes du climat ont organisé mercredi plusieurs actions pour demander une loi plus ambitieuse. Des militants de Greenpeace ont projeté sur la Chancellerie une image avec le slogan « Droit à l’avenir – protection du climat maintenant ! ». La fédération de l’industrie allemande estime que les nouveaux objectifs font peser des « risques incalculables » pour l’économie.
true
Reprenons le fil doré de mes 20 ans de chroniques. Le fil conducteur est que l’ère de l’argent gratuit instaurée depuis 1971 est la cause commune de toutes les crises financières qui se succèdent depuis 20 ans – et de celle qui ne tardera pas à se produire. En général, les gens acceptent l’argent gratuit sans sourciller. L’industrie financière en profite puisqu’elle peut prêter de l’argent qui n’existe pas encore. Tous ceux qui profitent des politiques publiques de redistribution, de relance et de pouvoir d’achat en profitent aussi. Les entreprises ne se préoccupent pas de savoir d’où vient l’argent de leurs clients. LE CRÉDITISME NOURRIT LES ZOMBIES Ce système n’a rien à voir avec le capitalisme. Dans le capitalisme, les entreprises vendent à des clients solvables. Les imprudentes qui ont vendu à ceux qui n’avaient pas l’argent font faillite. Quand il y a moins de clients solvables, les entreprises les plus fragiles disparaissent et le système se régule de lui-même. Le capitalisme s’autorégule par la faillite. C’est pour ça que c’est un système cruel. Si vous supprimez la case faillite, ce n’est plus du capitalisme, c’est du constructivisme. Avec ce nouveau système – que j’ai appelé créditisme – la faillite douloureuse est supprimée. Pour sauver les entreprises imprudentes, les gouvernements distribuent toujours plus d’argent gratuit. Peu importe désormais que les clients soient solvables ou non, on prétend toujours qu’ils le seront demain. Pour schématiser, au temps du capitalisme Ford s’efforçait de faire en sorte que ses ouvriers puissent acheter comptant les voitures produites. Avec le créditisme, les gouvernements distribuent des aides pour que les ouvriers puissent acheter à crédit les voitures produites. Ou de l’immobilier, ou des travaux, ou des études, ou n’importe quoi… Le consumérisme est le pur produit du créditisme. Entre 2001 et 2008 le gouvernement fédéral américain a distribué de l’argent gratuit pour que des gens qui ne pouvaient pas acheter de l’immobilier puissent en acquérir. Les aides publiques ne sont pas financées par les impôts car cela retirerait du pouvoir d’achat à ceux qui les payent (et donc de la demande) mais par du déficit. Le déficit se matérialise par de la dette d’État. Or un État ne peut pas faire faillite puisque c’est lui qui émet l’argent factice. Du coup, les entreprises zombies qui produisent pour satisfaire des demandes factices se multiplient. Presque tout est subventionné, administré, taxé, orienté. LA MORT DE L’INFLATION ? En principe, l’argent gratuit crée de l’inflation même dans la vie quotidienne. Au bout d’un moment, les gens finissent par flairer l’entourloupe. C’est ce que l’Histoire tendait à prouver de l’Argentine au Zimbabwe en passant par tous les pays de l’alphabet. Même au temps des monnaies métalliques, des cités grecques, de l’Empire romain, de Philippe le Bel, de John Law… l’inflation finissait toujours par sanctionner la création d’argent gratuit sous une forme ou sous une autre. Mais cette fois, c’est – pour le moment – différent. L’inflation actuelle se cantonne essentiellement aux actifs financiers et à l’immobilier. Certes, elle appauvrit ceux qui n’ont rien mais elle enrichit (au moins sur le papier) ceux qui ont déjà quelque chose. Pourquoi cette absence d’inflation ? Ce n’est pas parce que nous sommes plus intelligents ou à cause d’Internet, des ordinateurs, du changement climatique, des taches solaires, de Donald Trump, d’Emmanuel Macron, du génie des banquiers centraux ou que sais-je encore. C’est différent probablement à cause de la mondialisation. Peu après que le système d’argent gratuit fut mis en place, l’URSS s’est disloquée à partir de 1985 et en novembre 2001 la Chine a fait son entrée dans l’OMC. L’ouverture au monde de l’ancien bloc communiste a créé un gigantesque appel d’air. L’industrialisation de la Chine a en particulier permis aux pays développés vivant sous le régime du créditisme d’importer de la déflation et d’exporter leurs dettes. Les entreprises zombies ont délocalisé leur production dans les pays dits émergents où la main d’œuvre était beaucoup moins coûteuse. Ces pays émergents ont accepté de livrer l’Occident à crédit et ont acheté la dette des pays développés adeptes du créditisme. Plutôt qu’un maillot de corps Petit Bateau fabriqué à grands frais à Roubaix, vous pouvez acheter un t-shirt à 3 euros made in China. La France pouvait enfiler les déficits comme des perles depuis 45 ans et toujours trouver preneur de sa dette souveraine. Pour calmer les chômeurs, on distribue de l’argent gratuit. Mais le temps de la déflation importée pourrait bientôt être révolu, si l’on en croit une récente étude de Natixis1 : “Par rapport au passé, on voit aujourd’hui un changement complet du rôle de la Chine dans l’économie mondiale : Les interactions entre la Chine et le reste de l’économie mondiale sont donc nettement plus faibles que dans le passé”. C’est probablement la note économique la plus importante que j’aie lu depuis très longtemps. Cela pourrait ranimer l’inflation. Car le point le plus important est le troisième : qui va désormais acheter les dettes des pays développés ? Le créditisme risque de perdre son écran de fumée qui assurait une certaine crédibilité à l’argent gratuit. Les banques centrales se remettent à stocker de l’or comme si elles s’y préparaient déjà. Il est vrai que l’or est le seul actif triple A, n’est la dette de personne et se moque des « risques de contrepartie ». Si le créditisme s’effondre comme s’est effondré le communisme, l’or retrouvera un statut monétaire. La Chine, l’Inde et la Russie sont les plus gros acheteurs d’or pour leurs banques centrales. Source : World Gold Council Selon le World Gold Council, cette tendance s’est poursuivie au premier trimestre 2019. Ces banquiers centraux auraient-ils raison, se préparent-ils à la faillite du créditisme dans les pays développés ? Je le pense. L’or est aux zombies ce que l’ail est aux vampires… Pour plus d’informations, c’est ici
fake
Ce n'est pas encore une révolution, mais une vraie tendance. Alors que le marché du véhicule d'entreprise a longtemps été une chasse gardée des moteurs Diesel, les campagnes antipollution et l'alignement progressif de la fiscalité du gazole sur celle de l'essence commencent à faire évoluer les mentalités. "Nos clients se montrent plus ouverts quand nous leur proposons d'adopter de nouvelles motorisations", constate Ferréol Mayoly, directeur général d'Arval France, leader mondial de la location longue durée (LLD). Les constructeurs approuvent : "Les entreprises s'intéressent davantage aux moteurs à essence, aux hybrides et au 100 % électrique, con firme Bertrand Petipa, directeur des ventes sociétés d'Audi France. Nos clients se posent de plus en plus de questions sur ces sujets." En 2017, les immatriculations des véhicules particuliers (VP) et des véhicules utilitaires légers (VUL) diesel sur le marché des sociétés ont reculé de 0,2 % (678 035 unités) selon l'Observatoire du véhicule d'entreprise (OVE). Sur le segment des VP, la baisse a atteint 2,6 % (357 726 unités). L'essence a en revanche progressé de 8,5 % (92 275 unités). La hausse a même dépassé 18 % pour les VP (84 427 unités). Le gazole reste, malgré tout, très majoritaire dans les parcs d'entreprises (84,56 %). GRAPHIQUES >> La lente descente aux enfers des véhicules diesel "Un gros rouleur continuera de privilégier le gazole s'il parcourt plus de 20000 kilomètres par an", note Olivier Dupont, chef des services ventes aux entreprises de Volkswagen France. Certains analystes jugent cette limite trop basse. "On a toujours dit que le diesel était réservé aux automobilistes qui parcouraient 20000 à 25000 kilomètres par an, mais avec la nouvelle fiscalité, il faudrait plutôt fixer une limite basse de 35000 kilomètres", juge Yann Guillaud, un analyste d'Euklead. De nouvelles réglementations pourraient aussi pousser au "basculement des flottes vers l'essence, affirme Emmanuel Nedelec, directeur général pour la France d'Ubeeqo, leader européen de l'autopartage pour les entreprises, comme lorsque la mairie de Paris menace d'interdire le gazole dès 2024." Cet effet de vases communicants est réel. "Les ventes de véhicules essence sont liées à la fiscalité", confirme Hughes de Laage de Meux, directeur de PSA Corporate Sales France. Le carburant sans plomb ne manque pas non plus d'atouts. La France est traditionnellement un marché de petites autos dans les entreprises. Le modèle Audi le plus vendu dans l'Hexagone est l'A3, alors qu'en Allemagne, c'est l'A4. "Les sociétés achètent des voitures de moins en moins grosses, constate François Piot, le président de l'OVE. Dans le passé, un cadre supérieur aurait obtenu une 608 ou un C6, il doit aujourd'hui se contenter d'une 508 ou d'un C5." Cette tendance a un impact direct sur la motorisation des véhicules. "Sur nos segments A et B, qui comprennent Twingo et Clio, 30 % de la demande des entreprises se portent sur des modèles essence, alors que ce chiffre était compris entre 10 et 15 % il y a trois ans", calcule Serge Pietri, directeur des ventes flottes de Renault France. Chez Citroën, la part de marché des C3 et 208 essence auprès de la clientèle professionnelle (BtoB) a, elle aussi, plus que doublé en cinq ans, passant de 15 % à 33 %. Une autre option est l'achat de modèles hybrides. Malgré la disparition des bonus, les ventes en entreprise de ces modèles ont explosé de 23 % en 2017, avec 18 766 unités (VP + VUL). Le segment de l'hybride rechargeable a été le plus dynamique, avec une croissance des immatriculations de 67,2 % (5699 unités) alors que les ventes d'hybrides simples ont seulement progressé de 10,3 %, à 13067 unités. Ce marché est porté par la réussite de Toyota, qui compte cinq modèles dans le classement des dix véhicules hybrides les plus vendus dans les sociétés françaises (Yaris, C-HR, Auris, RAV4 et Prius). Ce sont néanmoins les voitures électriques qui devraient connaître le plus fort succès dans les années à venir. Leur part de marché dans les parcs est encore faible (1,47 %), mais leurs immatriculations ont progressé de 25,1 % en 2017 pour atteindre 11811 unités. "On sent une réelle appétence des entreprises pour ces modèles, se félicite Serge Pietri. L'an dernier, nous avons vendu 4085 Zoé à des flottes. Avec une part de marché de 3,7 % dans le segment B, cette voiture est plus populaire que la Volkswagen Polo, la Ford Fiesta ou la Mini." La Renault Zoé est le modèle le plus populaire de sa catégorie dans les flottes automobiles. Renault PSA a, pour sa part, enregistré l'an dernier un boom de 50 % de ses ventes de véhicules électriques auprès des sociétés grâce, notamment, au Citroën Berlingo et au Peugeot Partner rechargeable. "Nous enregistrons une forte demande auprès des collectivités locales, qui sont tenues de compter des modèles électriques dans leur parc, note Hughes de Laage de Meux. En 2025, 100 % de nos gammes seront électrifiées, c'est-à-dire hybrides ou électriques." Ces automobiles sont déjà idéales pour les trajets urbains, mais la hausse constante de leur autonomie les aidera à séduire de plus en plus de "gros" rouleurs. Leurs tarifs vont également chuter. "Notre objectif est de commercialiser des modèles 100 % électriques au même prix qu'un véhicule diesel ou essence équivalent", révèle Olivier Dupont. Audi a, lui, prévu de déployer 400 bornes de recharge rapide en Europe, dont une quarantaine en France afin d'encourager la vente de sa gamme "e-tron". Constructeurs et loueurs vont toutefois devoir faire preuve de "pédagogie auprès de leurs clients pour les persuader de basculer vers l'électrique", avoue le directeur de PSA Corporate Sales France. Ce qui prendra du temps. "On ne changera pas du jour au lendemain les 38 millions de véhicules circulant en France, prévient François Piot. On va passer du tout-diesel à un assortiment de motorisations avec de l'essence, des hybrides et de l'électrique. Le renouvellement se fera par tranches. Il n'y aura pas de révolution, mais l'évolution aura bien lieu." L'édition 2018 du Salon de l'automobile de Genève, du 8 au 18 mars, a confirmé le coup d'accélérateur donné par les constructeurs au segment de l'électrique. Jaguar a fait sensation en présentant son modèle i-Pace et ses 480 kilomètres d'autonomie. Le coréen Hyundai a, quant à lui, prévu de commercialiser en France son SUV Kona dès l'été prochain. Bien décidé à garder une longueur d'avance sur ses concurrents, Renault a dévoilé en Suisse la nouvelle mouture de la Zoé. Dotée d'un moteur de 80 kilowatts d'environ 110 chevaux, la voiture électrique la plus vendue en Europe offrira une autonomie de 300 kilomètres avec les nouvelles normes.
true
Après Air France, Renault va également bénéficier d’un soutien de l’Etat : cinq milliards d’euros, sous forme de prêts garantis. Ni le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, ni la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, qui seront auditionnés demain après-midi par la Commission développement durable de l’Assemblée sur le soutien de l’État aux entreprises stratégiques et leurs engagements écologiques, n’ont pour l’heure posé la moindre condition environnementale à l’octroi de ce prêt, alors que la transition du secteur automobile devrait être au cœur de la relance. Pour rappel, le gouvernement et sa majorité parlementaire se sont refusés à inscrire dans la loi le fait de conditionner l’aide financière, en cas de recapitalisation d’entreprises polluantes, à un changement en profondeur de leur modèle économique. Pour sauver le climat, moins de voitures « La sortie de crise ne doit pas passer par la relance du secteur à l’identique, avec l’incitation à produire et acheter toujours plus de voitures individuelles et toujours plus de SUV, déclare Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports chez Greenpeace France. Le gouvernement a l’occasion de faire enfin preuve d’ambition sur les questions de mobilité, de remettre à plat notre façon de nous déplacer et de sortir du tout-voiture. On sait à quel point cet enjeu est vital pour lutter contre les changements climatiques, mais aussi contre la pollution de l’air qui rend les populations plus vulnérables face aux épidémies, comme le Covid19 ». Pour Greenpeace France, tout argent public injecté dans le système de transports doit donc à la fois être conditionné à des contraintes de transitions fortes pour les entreprises aidées, comme Renault, et surtout permettre de développer un système plus écologique fondé sur le ferroviaire, les transports publics et le vélo. Aides pour Renault : organiser la fin des véhicules diesel/essence et mettre un coup d’arrêt aux SUV Les cinq milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat doivent donc, pour Renault, s’accompagner de l’obligation, inscrite dans la loi, d’avoir un plan contraignant de transformation compatible avec les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Ce plan doit notamment intégrer : – Une transformation du modèle économique de l’entreprise, dans un contexte où l’enjeu ne doit plus être de produire toujours plus de voitures, électriques ou pas, mais bien au contraire de réduire le nombre de véhicules en circulation au profit des mobilités partagées et d’autres modes de déplacement que la voiture. – Une feuille de route pour mettre fin à la production et à la vente des véhicules fonctionnant avec du diesel ou de l’essence au plus tard à l’horizon 2030. Cette échéance doit en effet être avancée par rapport à la date de 2040 fixée dans la LOM (loi mobilités) pour avoir une chance de respecter l’objectif climat 1,5°C. – Un coup d’arrêt à la logique actuelle de croissance du segment SUV et la priorisation de modèles de voiture plus légers, petits et sobres. « Conditionner les aides au secteur automobile est évidemment indispensable, mais l’Etat a également une énorme responsabilité pour nous sortir de la dépendance aux véhicules polluants, continue Sarah Fayolle. Il lui faut par exemple investir massivement dans le ferroviaire, les transports publics et les mobilités douces ; inscrire dans la loi la fin des véhicules diesel et essence bien avant 2040 ; ou encore mettre fin aux projets routiers et autoroutiers qui seront générateurs de trafic supplémentaire, d’augmentation des émissions et de la pollution ». Montants colossaux contre tout petits engagements pour Air France Le précédent d’Air France n’a rien d’encourageant. La semaine dernière, la compagnie aérienne s’est vu octroyer un soutien de sept milliards d’euros sans aucune contrepartie environnementale contraignante. Les engagements volontaires mis sur la table à ce stade par l’entreprise et le gouvernement restent flous, peu ambitieux, voire carrément problématiques, comme la fausse solution des agrocarburants. Pour Greenpeace France, il est impensable que le gouvernement s’en satisfasse.
biased
C'est une première sur le sol français. La bactérie "tueuse d'oliviers" Xylella fastidiosa a été détectée sur deux oliviers des Alpes-Maritimes, une nouvelle qui représente une "menace sanitaire pour les filières végétales" selon le ministère de l'Agriculture. Dans un communiqué, le ministère assure prendre "très au sérieux" cette alerte sanitaire, la bactérie Xylella étant considérée comme l'une des plus dangereuses pour les végétaux à l'échelle mondiale. La Xylella fastidiosa, transmise par les insectes, s'attaque à plus de 200 espèces de végétaux : oliviers, vignes, arbres fruitiers, frênes, chênes, luzernes, lauriers roses, etc. Jusqu'à présent, elle n'avait jamais été décelée en France sur des oliviers, mais était présente sur d'autres végétaux en Corse, et dans 19 communes du Var et des Alpes-Maritimes, rappelle le ministère. Depuis la première apparition de la bactérie en France en 2015, d'abord sur des feuilles de myrte en Corse, quelque "5.100 échantillons d'oliviers ont été analysés en Paca, mais aucun ne s'était révélé contaminé", a détaillé le ministère. Ce sont deux oliviers d'ornement, l'un à Antibes et à Menton, qui ont été identifiés comme porteurs de la maladie par les services de l'Etat chargés du contrôle des végétaux, précise le ministère. "Conformément à la réglementation, les deux oliviers contaminés qui présentent des symptômes de dessèchement seront arrachés et détruits dans les tout prochains jours afin d'éviter la propagation de la maladie". Un périmètre de lutte a été établi, comprenant l'arrachage des végétaux sensibles à la bactérie, ainsi qu'une surveillance renforcée de tous les végétaux dans un rayon de 5 kilomètres. Le ministère demande la coopération "des propriétaires, particuliers ou professionnels" dans la lutte contre ce fléau, rappelant "la nécessité impérieuse, pour les professionnels mais également les particuliers, de ne pas transporter des plantes lors de voyages en France ou à l'étranger". Le cas de Menton, précise le ministère, est "lié à la même bactérie que celle présente en Italie". Une lutte internationale est organisée contre la maladie en Europe, le rôle de l'Italie dans sa propagation étant pointé du doigt. Jeudi, la justice européenne a donné raison à la Commission européenne, qui estime que l'Italie a manqué à son obligation de mettre en place des mesures pour empêcher la progression de Xylella. Rome est désormais tenue de se conformer à l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) "dans les meilleurs délais", sans quoi Bruxelles pourra introduire un nouveau recours pour réclamer des sanctions pécuniaires. Bruxelles estime que depuis octobre 2013, quand le premier foyer a été notifié, l'Italie n'a "pas complètement respecté" la réglementation de l'UE en matière de quarantaine ou de lutte contre la propagation. Xylella, transmise et véhiculée par des insectes, n'a pas toujours le même impact selon la souche, le végétal et l'écosystème concerné, mais elle peut provoquer la mort des végétaux qu'elle touche. Il n'existe pas de traitement curatif. La bactérie a été détectée à ce jour dans quatre pays européens (Italie, France, Espagne et Allemagne). En avril 2018 en Corse, des tests non-officiels, conduits à la demande d'un syndicat d'oléiculteurs, avaient révélés la présence de la bactérie sur des oliviers. Des tests avaient ensuite été commandés par l'Etat sur les mêmes végétaux, dont les résultats étaient négatifs.
true
Par Pierre-Guy Veer. Quels sont les plus gros mensonges sur le climat relayés par les médias cette année ? L’année 2014 se termine bientôt, et avec elle son lot de mensonges sur le réchauffement/changement/dérèglement climatique. Considérant la partialité des médias francophones sur le sujet, voici en rafale ce que vous pourriez avoir manqué. 1. L’année 2014 est la plus chaude jamais enregistrée Depuis que l’hystérie climatique contrôle le monde, on entend sans cesse que l’année X est la plus chaude jamais enregistrée ; c’est le cas pour 2014. Or, il n’en est (probablement) rien. En effet, les données satellitaires sur les températures ne montrent non seulement aucune hausse des températures depuis 18 ans – les modèles climatiques sont un échec presque total quant à leurs prédictions –, mais 2014 n’est même pas la plus chaude pour cette même période. De plus, si on regarde une image plus large, la période chaude moderne n’est rien comparée à ce qu’il y a eu dans l’Histoire humaine. 2. L’Arctique menace de disparaître Le pape vert par excellence (Al Gore) prédisait un océan Arctique navigable cette année. La NOAA (agence fédérale qui surveille le climat) parle aussi de fonte sans précédent du Pôle Nord. Or, l’Arctique connait présentement sa superficie la plus étendue depuis une décennie et se retrouve dans la déviation normale de la moyenne, calculée depuis 1979. Par ailleurs, il est intéressant que 1979 soit choisie comme année de base. En effet, des images satellites datant de 1964 montrent que la banquise du Nord n’a pas toujours été uniformément gelée. De plus, l’Arctique a déjà été plus chaud bien avant l’arrivée des Hummers. Parallèlement, au Pôle Sud, la banquise bat tous les records de superficie, et cette glace est très épaisse. Cela pourrait expliquer les mésaventures du « Ship of Fools »… 3. Les ours polaires sont en danger L’ours polaire, la mascotte officielle du Grand Nord, est menacé de toute part par l’hystérie climatique. Partout on entend qu’il court un grave danger si les glaces arctiques continuent de « fondre ». Or, si cette année fut difficile pour cet ours c’est parce que la glace était… trop épaisse. Aussi, les affirmations selon lesquelles les ours polaires de la mer de Beaufort sont en fort déclin semblent avoir été triées sur le volet. En effet, des données plus exhaustives montrent que leur population n’est pas en déclin. Au pays, le gouvernement du Nunavut affirme que la population des ours est en très bonne santé. 4. Une augmentation du CO2 amènera famine et misère Le dioxyde de carbone a vraiment mauvaise presse. Parmi ses « méfaits », il y a notamment une diminution des rendements agricoles. Mais comme plusieurs prédictions semblables, celle-ci ne tient pas la route. En effet, une litanie d’études, y compris du gouvernement fédéral aux États-Unis, montrent qu’une augmentation du CO2 augmenterait les rendements. Cela rejoindrait donc les tendances déjà observées pour le maïs, le blé, le soja, le riz… Aussi – l’histoire vient de sortir – l’acidification des océans supposément causée par le CO2 pourrait ne pas être vraie. 5. La sécheresse en Californie est sans précédent La moindre perturbation climatique paraissant anormale est avancée comme « preuve » supplémentaire à l’appui du réchauffement/changement/dérèglement climatique. C’est notamment le cas de cette sécheresse persistante en Californie (l’hystérie climatique serait aussi responsable des pluies diluviennes récemment tombées, mais passons). Or, encore une fois, il n’en est rien. Même la NOAA le dit : la sécheresse californienne n’a rien d’exceptionnelle. Un regard vers le passé montre que les sécheresses ont déjà été nettement plus brutales qu’au XXIe siècle. Bref, ignorez ces fausses mauvaises nouvelles comme vous le faites avec ces autres prédictions d’apocalypse qu’on nous sert depuis Malthus. Elles sont généralement faites par des gens dont le niveau de vie dépend grandement du maintien de l’hystérie climatique. Pierre-Guy Veer est un journaliste indépendant. Tel un enfant, il pose des questions que personne ne semble vouloir poser dans la terre des vaches sacrées, le Québec
fake
Zurich, le 30 juillet – Alors que la communauté internationale prend conscience de l’importance de la préservation des forêts pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la diversité biologique, Greenpeace International publie aujourd’hui un nouveau rapport d’investigation : « Arnaques au Congo ». Ce document montre comment le groupe Danzer, une des plus grandes entreprises forestières de la région, blanchit ses profits à l’étranger pour échapper à la fiscalité locale. Les preuves présentées démontrent comment Danzer, multinationale allemande basée en Suisse, a élaboré un système sophistiqué pour transférer ses profits réalisés en Afrique vers des comptes bancaires étrangers. Greenpeace a calculé que les pertes engendrées par cette évasion fiscale sur les revenus des gouvernements de la République Démocratique du Congo (RDC) et de la République du Congo pourraient se monter à près de 8 millions d’Euros : c’est 50 fois le budget de fonctionnement annuel du Ministère de l’Environnement de RDC. « La RDC est l’un des pays les plus pauvres de la planète et le fait que des entreprises comme Danzer cherchent par tous les moyens à ne pas payer les taxes est tout simplement scandaleux », a déclaré Michelle Medeiros, coordinatrice de la campagne forêts africaines de Greenpeace International, durant une conférence de presse ce matin à Zürich. « Mais le pire, c’est que la communauté internationale dépense des milliards d’Euros pour aider la RDC à se redresser des années de guerre, et reste impassible quand des entreprises comme Danzer continuent de piller les forêts du Congo en pratiquant l’évasion fiscale et la fuite des capitaux. » Greenpeace dénonce également la politique de l’Agence Française de Développement (AFD) qui, sous prétexte de réduire la pauvreté et de protéger la biodiversité, appuie financièrement, depuis des années, le secteur industriel du bois dans le bassin du Congo. En RDC, l’AFD envisage d’accorder un prêt à taux bonifié à la société SIFORCO, filiale Congolaise du Groupe Danzer, coupable d’évasions fiscales. « Il est inacceptable que l’argent des contribuables français serve à financer des exploitants forestiers comme Danzer qui pillent les forêts du Congo. La France doit absolument revoir sa politique de coopération et réellement oeuvrer pour la protection des forêts du Congo, non accélérer leur destruction », déclare Grégoire Lejonc, chargé de campagne forêt à Greenpeace France. Les forêts tropicales d’Afrique Centrale représentent le deuxième plus grand bassin forestier de la planète. Elles sont d’une importance inestimable pour le climat mondial, la biodiversité et pour les millions de personnes qui en dépendent pour leur survie. Le gouvernement de la RDC a initié un processus de révision de la légalité de tous les titres forestiers existants. Greenpeace demande au gouvernement de la RDC d’annuler tous les titres forestiers obtenus illégalement, notamment ceux attribués en violation du moratoire de mai 2002 ou non-conformes au code forestier en vigueur. Greenpeace demande également que ce moratoire sur l’attribution de nouveaux titres forestiers, leur extension ou leur renouvellement, soit maintenu et renforcé. Comme l’illustre le rapport “Arnaques au Congo”, Greenpeace estime que la valeur des forêts du Congo, en tant que réservoir de carbone, par exemple, est bien supérieure au revenu généré par l’industrie forestière. La déforestation représente un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre : substituer à l’industrie forestière de la RDC un système de protection des forêts adossé à un mécanisme international de financement serait non seulement profitable aux habitants de la RDC mais ferait également de ce pays un acteur clé de la lutte contre les changements climatiques. Télécharger le rapport « Arnaques au Congo »
biased
Ce lundi 2 juin à 6 h 30, vingt militants du mouvement altermondialiste basque Bizi ! (Vivre !, en langue basque) ont déversé, à l’aide de deux camions bennes, 1,8 tonne de charbon devant le siège régional de la Société Générale à Bayonne. Ils entendaient ainsi réclamer l’arrêt immédiat du soutien de cette banque française au projet Alpha Coal en Australie, considéré comme le détonateur d’une des quatorze bombes climatiques de la planète (1). Alpha Coal est un projet d’exploitation et d’exportation de charbon qui, s’il se concrétisait, rejetterait dans l’atmosphère au moins 1,8 milliards de tonnes de CO2 -un des gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique - et ouvrirait la voie à l’exploitation de huit autres gisements qui au total représenteraient quasiment les émissions annuelles de l’Allemagne. L’opération qui s’est déroulée en quelques minutes selon un scénario préparé au millimètre près avait été précédée par une série d’actions, dont l’occupation de la même banque le 16 mai dernier. Le mouvement Bizi, connu pour ses actions non-violentes mais déterminées et souvent spectaculaires, avait publiquement annoncé son intention de déverser 1,8 tonnes de charbon devant la direction régionale de Société Générale à Bayonne entre le 20 mai - date de l’assemblée générale de la banque - et le 5 juin, journée internationale de l’environnement, si la banque n’annonçait pas son retrait du projet Alpha Coal dont elle gère les études de faisabilité et les recherches de financement pour le compte de l’entreprise GVK. Bizi ! avait même été jusqu’à lancer une opération de crowdfunding pour recueillir les 3 800 euros que devait coûter cette campagne (location des camions bennes, achat du charbon, édition des affiches, autocollants et tracts etc.). 4 500 euros auront finalement ainsi été récoltés en quinze jours à peine (voir la vidéo de 3 mn présentant la campagne de crowdfunding ici). Selon Jon Palais, un des représentants de Bizi : “L’action d’aujourd’hui n’est qu’un début. La campagne que nous menons aux côtés d’ATTAC-France et des Amis de la Terre va s’amplifier et ne s’arrêtera qu’avec l’arrêt du soutien de Société Générale à ce projet climaticide. Société Générale a beaucoup à perdre en termes d’image si elle s’entête, et pourrait devenir un des objectifs de la mobilisation internationale qui s’organise dans la perspective de la COP21, l’important sommet mondial sur le réchauffement climatique qui se tiendra à Paris fin 2015.”
true
Le 23 juillet 2019, l’Assemblée nationale ratifiait le CETA malgré la contestation de la société civile. Un an plus tard, le texte est toujours en attente de son passage au Sénat. Pour appeler le gouvernement à suspendre le traité commercial transatlantique, des militant·es de Greenpeace, Attac et la Confédération paysanne ont recouvert les permanences parlementaires avec des slogans tels que « Hypocrite du climat » ou « CETA ou climat, vous avez (mal) choisi ». Tôt ce matin, les militant·es de Greenpeace France, Attac et de la Confédération paysanne ont recouvert les permanences des parlementaires ayant ratifié le CETA, pour leur faire entendre raison et demander que soit définitivement abandonné le traité de libre-échange. Partout sur le territoire français, 20 groupes locaux se sont mobilisés pour demander aux sénateur·rices de retoquer le CETA, et aux député·es de revoir leur copie. Toutes les photos de la mobilisation @Jérémie Jung / Greenpeace Il y a un an, la majorité parlementaire votait difficilement le CETA à l’Assemblée nationale, alors que nombre de citoyen·nes protestaient déjà contre cet accord depuis de nombreuses années. Symbole hautement révélateur de l’hypocrisie d’un gouvernement qui se veut pionnier en matière de lutte contre le changement climatique : quelques heures auparavant, l’activiste Greta Thunberg était applaudie à l’Hémicycle après avoir appelé à prendre les responsabilités qui s’imposent face à l’urgence climatique. Le greenwashing en marche Présenté en procédure accélérée, le texte n’a depuis, toujours pas été soumis au vote du Sénat. Mais le CETA reste toujours incompatible avec l’Accord de Paris, comme l’ont démontré plusieurs rapports commandités par le gouvernement lui-même, notamment celui de la commission Schubert [1] qui soulève clairement que l’Accord brille par son absence de prise en compte des enjeux climatiques. Emmanuel Macron semble d’ailleurs avoir rapidement oublié ces conclusions : le 29 juin dernier, il rejette la proposition de la Convention citoyenne pour le climat qui demandait l’abandon du CETA, précise qu’il faut continuer à évaluer le contenu de cet accord, et qu’en cas de non conformité avec la trajectoire de Paris, il serait le premier à l’abandonner. Les Français·es elles et eux, ne s’y sont pas trompé·es : 82 % estiment que la France devrait s’opposer à tout accord de libre-échange avec des pays qui ne réduisent pas suffisamment leurs émissions de gaz à effet de serre [2]. Pour Greenpeace France, la Confédération paysanne et Attac, « Emmanuel Macron persiste dans l’erreur. Il ne s’est manifestement pas laissé convaincre par ses propres promesses, pas plus que par les expertises ou les citoyen·nes. Le CETA est un traité climaticide qui porte gravement atteinte à la démocratie, à la possibilité même d’un avenir écologique. En ce jour anniversaire, nous exhortons les parlementaires de la majorité à sortir de leur torpeur docile et refuser d’assumer les inconséquences de l’Élysée. Le groupe doit taper du poing sur la table et donner suite à la demande de la Convention citoyenne pour le climat : abandonner immédiatement l’application provisoire de ce texte et le remiser définitivement aux oubliettes. » Le CETA participe à alimenter la guerre mondiale des prix agricoles au détriment des droits sociaux, du revenu paysan, de la qualité de l’alimentation et de la préservation de l’environnement. Cet accord de libre-échange tire vers le bas les normes sociales et environnementales au profit des multinationales. À titre d’exemple, farines animales, antibiotiques comme facteurs de croissance et OGM sont autorisés au Canada. Le libre-échange prive donc chacun·e de ses droits sociaux et environnementaux pour obtenir des marchés supplémentaires. [1] Rapport de la commission d’évaluation de l’impact du CETA, septembre 2017 [2] Sondage BVA pour Greenpeace France, juin 2020
biased
Le Tribunal de l'Union européenne (UE) a reconnu ce jeudi la validité des arguments du fabricant britannique d'aspirateurs Dyson dans la bataille sur l'étiquetage énergétique, qu'il estimait défavorable à ses produits. Dyson, qui fabrique des aspirateurs qui fonctionnent sans sac à poussière, estimait que l'étiquetage ne prenait pas en compte les conditions réelles d'utilisation des produits. L'étiquetage, de A à G, reflète le niveau de consommation d'énergie d'un appareil. Or les tests pour calculer la note des aspirateurs étaient effectués sur des appareils dont le sac était vide, ce qui selon Dyson faussait les résultats de performance, car les tests ignoraient de possibles pertes d'aspiration après quelques utilisations. Selon la justice européenne, "la Commission avait l'obligation de retenir une méthode de calcul qui permet de mesurer la performance énergétique des aspirateurs dans des conditions aussi proches que possible des conditions réelles d'utilisation. Cela implique que le réservoir de l'aspirateur est rempli à un certain niveau". La Commission a deux mois pour faire appel de la décision. L'exécutif européen a indiqué jeudi qu'il allait étudier en détail le jugement du tribunal et "évaluer son impact", avant de se prononcer. Une porte-parole de l'institution a souligné que le jugement "ne remet pas en cause l'efficacité de la politique d'efficacité énergétique de l'UE, ni de ses mesures et de la contribution importante qu'elles ont sur les objectifs de l'Union" en matière d'économies d'énergie. Selon Dyson, "si la Commission européenne ne fait pas appel, les fabricants d'aspirateurs ne seront pas contraints d'utiliser l'étiquette, et ceux qui choisiraient de le faire seraient jugés selon les critères de la publicité impartiale" : en cas de performances moindres qu'annoncé, les fabricants pourraient être accusés de tromper les consommateurs.
true
Réunis au sein de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), nombre d’experts tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur l’état de la biodiversité. En mai 2019, ils alertaient ainsi l’opinion publique : « La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère. » Pointant du doigt les « preuves accablantes », ils estiment néanmoins que ce processus pourrait être jugulé par la mise en place de « changements transformateurs. » Si l’IPBES visait explicitement les domaines de l’économie, du social, de la politique et de la technologie, à bien des égards, le droit pourrait se révéler le meilleur vecteur pour amender le regard porté sur le vivant et servir de terreau fertile aux changements tant attendus. Le droit confronté à la sixième extinction Dans la plupart des États, les animaux et les écosystèmes naturels restent généralement soumis au « régime des choses ». Dépourvus de personnalité juridique, ils sont objets de droit, comme un meuble de cuisine ou un téléphone, et non sujets de droit, comme un être humain ou une entreprise. Or cette manière de les appréhender juridiquement constitue un échec, la sixième extinction de masse étant à l’œuvre. À l’ère de l’anthropocène, les humains ne peuvent plus se permettre d’agir comme s’ils étaient les seuls habitants d’une planète aux ressources inépuisables. Une étude pour le Comité économique et social européen pointait même « l’échec du droit de l’environnement » à assurer un niveau de protection suffisant pour la nature. Il en va de même de la réglementation concernant les animaux. Ces réflexions s’inscrivent de manière plus générale dans la question de notre rapport au vivant. Dans ce domaine, le droit peut appréhender le vivant de différentes manières : en se concentrant sur l’homme (anthropocentrisme) ; sur les animaux (zoocentrisme) avec des critères comme la sensibilité, l’intelligence, la conscience ou autres ; ou bien en embrassant le vivant (biocentrisme). En se dégageant de l’anthropocentrisme et en considérant les vivants, ou plus exactement une partie des vivants comme autant de personnes juridiques, une nouvelle relation au monde, plus équilibrée, pourrait s’établir, comme le proposent certains juristes. Faire évoluer la notion de « personnalité juridique » C’est dans cette perspective que s’inscrit la « trilogie sur la personnalité juridique de l’animal », un programme de recherche initié au sein de l’université de Toulon. Cette initiative propose de refondre la catégorie des personnes pour y intégrer les animaux, étant entendu qu’un régime spécifique, différent de celui des personnes humaines, devra être mis en place. Cette proposition doctrinale implique une évolution de la notion de personnalité juridique. Évolution de la notion de « personnalité juridique » telle que proposée par la trilogie sur la personnalité juridique de l’animal. Caroline Regad, CC BY-NC-ND Trois chapitres pour changer notre rapport au vivant Le premier chapitre de la trilogie concerne les animaux de compagnie, le second, les animaux rattachés à un fonds (les animaux de rente, de divertissement, d’expérimentation), le troisième, les animaux sauvages. Cette trilogie personnificatrice a donné lieu, le 29 mars 2019, à la proclamation de la Déclaration de Toulon, envisagée comme une réponse juridique à la Déclaration de Cambridge. Cette dernière affirme que les animaux sont dotés des substrats neurologiques de la conscience. Puisque ce sont des êtres vivants, sensibles, intelligents et conscients, il semble logique que le droit en tire les conséquences. La Déclaration de Toulon affirme alors : « Que tous les animaux doivent être considérés de manière universelle comme des personnes et non des choses ». Ce texte mobilise aujourd’hui tous les acteurs qui souhaitent faire évoluer favorablement le statut juridique de l’animal. Dotés d’une personnalité juridique, les animaux ne seraient plus juridiquement des choses et pourraient être titulaires de certains droits. Après le dernier chapitre consacré à la question de la personnalité juridique des animaux sauvages, la Charte du droit du vivant a été proclamée le 26 mai 2021 en lien avec l’ONU. « Prenant acte du déclin de la nature et de l’extinction de milliers d’espèces induits par l’anthropocène », ladite Charte pose les principes et les clés d’interprétation des textes relatifs aux humains, aux animaux et à la nature. La jurisprudence de la Terre et le juriste du vivant Une approche non anthropocentrée du monde pourrait dès lors être soutenue par le droit. C’est dans ce sillage que se développe la « jurisprudence de la Terre », ensemble de textes juridiques contraignant ou non dont l’objet est de promouvoir des droits pour la nature et les animaux. Le buisson de la vie regroupe toutes les formes de vie existante sur la planète. Author provided Toutefois, le buisson de la vie, qui regroupe toutes les formes de vie existante sur la planète, est vaste et comporte de nombreux éléments. Il faudra donc délimiter les branches qui doivent tomber dans le champ du droit. L’article 6 de la Charte du droit du vivant précise ainsi que : « Chaque ordre juridique doit élargir, en se fondant sur le critère du vivant, la notion de personne physique pour y intégrer les personnes non humaines préalablement désignées. » Le juriste du vivant a désormais un rôle à jouer pour accompagner ce processus, comme le soulignait Maria Mercedes Sanchez, directrice du programme Harmony with Nature de l’ONU, dans une récente allocution : « À travers cette trilogie, une nouvelle figure du juriste émerge : le juriste du vivant. Son champ d’intervention dépasse les frontières et les domaines techniques actuels du droit de l’environnement […] » Ce qui lui permettra de réaliser la transition nécessaire « d’un droit sur le vivant à un droit du vivant » (préambule de la Charte du droit du vivant).
true
Une forêt restée longtemps à l’abri des activités humaines…ou presque La forêt russe de Dvinsky, située dans la région d’Arkhangelsk, au nord ouest de la Russie est unique : elle est restée pratiquement totalement à l’abri des activités humaines. Elle est l’une des plus précieuses forêts intactes, une des dernières grandes zones forestières naturelles restées sauvages en Europe. Pendant les 18 années de négociations portant sur les frontières de la future réserve, des zones importantes de la forêt ont disparu à cause de l’exploitation forestière, y compris au sein des 489 000 hectares que le Plan Forestier officiel de la région d’Arkhangelsk avait prévu de protéger en 2016. Les paysages de forêt boréale qui entourent la région subarctique, également connue sous le nom de forêts du Grand Nord, représentent environ un tiers de la surface forestière qui persiste sur la planète. Il y a urgence à protéger ces paysages forestiers intacts, qui soutiennent l’ensemble de l’écosystème local (y compris les grands prédateurs), stockent de grandes quantités de carbone et résistent mieux que les autres forêts aux changements climatiques. Une victoire d’étape significative Le 19 avril, Greenpeace Russie, le WWF et plusieurs entreprises forestières ont signé un moratoire sur les frontières d’une réserve naturelle dans la zone et sur la procédure visant à la créer. La superficie totale de cette réserve dépasserait les 3000 km². Bien que la zone ne soit pas encore officiellement protégée, un accord sur la procédure permettant d’établir la réserve a aussi été signé par les ONG avec le gouvernement régional. Il s’agit de l’avancée la plus significative sur ce dossier depuis des années. La forêt de #Dvinsky est en danger. D'une importance cruciale pour le climat et la biodiversité, elle pourrait disparaître d'ici 10 ans… pic.twitter.com/cFa1kC2PXw — Greenpeace France (@greenpeacefr) April 21, 2017 Ces deux accords ne sont qu’une victoire d’étape, mais constituent une très bonne nouvelle pour la protection du coeur de la forêt de Dvinsky. La délimitation de ces frontières est le fruit d’un compromis très difficile entre les ONG et les entreprises, obtenu après des années de négociations. Ce que cette saga de la forêt de Dvinsky nous apprend, c’est qu‘il est impossible de protéger les forêts sauvages si les forêts qui les entourent sont exploitées de façon non-durable, ce qui a été le cas pendant des décennies dans cette région. Les #forêts boréales perdent 2,5 millions d’hectares par an. La taïga souffre énormément, notamment en Russie ➡ https://t.co/R9ajQWf9Xa https://t.co/GmDOgjy1uJ — Greenpeace France (@greenpeacefr) September 20, 2017 Il faudra encore beaucoup de travail pour que la forêt soit pleinement protégée et qu’elle devienne une réserve. Greenpeace continuera de travailler avec les communautés locales et les résidents pour avancer dans ce sens. Protégeons les forêts du Grand Nord !
true
"Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", regrettait Jacques Chirac. C'est aussi le message d'ONG environnementales et sociales, de syndicats et de la Confédération paysanne qui ont lancé un appel commun à "une véritable transition énergétique, agricole et industrielle", dans le Journal du dimanche (JDD), appelant à bâtir un projet commun dans les prochains mois. Cette tribune, signée par le directeur général de Greenpeace France Jean-François Julliard, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, la porte-parole d'Attac France Aurélie Trouvé, la directrice générale d'Oxfam France Cécile Duflot, le président des Amis de la Terre Khaled Gaiji, le porte-parole de la Confédération paysanne Nicolas Girod, la porte-parole de l'Union syndicale solidaires Cécile Gondard-Lalanne et le secrétaire général de la FSU Benoit Teste, fait le constat que "la planète brûle". Face à l'"urgence climatique et sociale", ils plaident pour "une véritable transition énergétique, agricole et industrielle, c'est-à-dire une transformation profonde des façons de produire et de consommer", avec "un meilleur partage des richesses". Ils estiment que les réformes menées par Emmanuel Macron sont "sources d'accroissement des inégalités et de destruction des conquêtes sociales", sans prendre "aucune mesure ambitieuse pour faire face au changement climatique et à la destruction de la biodiversité". "Notre initiative n'est pas une fin mais bien le début d'un processus ouvert à tous les acteurs qui comprennent que notre système est à bout de souffle", assurent-ils, appelant à "barrer la route, collectivement" à certains projets du gouvernement qui selon eux ne protègent pas la nature et ne vont pas dans le sens d'une plus grande justice sociale.
true
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOLIDAIRE Lors de la réunion ministérielle sur les finances climatiques à la COP24 (Katowice), Brune Poirson, secrétaire d’Etat, auprès du ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire a annoncé, une hausse des financements apportés par la France aux pays en développement en matière de lutte contre le changement climatique. La France contribuera notamment à deux fonds qui permettent aux pays les plus vulnérables de faire face aux conséquences du changement climatique. "Tenir nos engagements, agir et être cohérent ce sont les trois piliers de notre stratégie de négociation pour le climat. C’est une condition pour créer de la confiance dans notre capacité à mobiliser massivement les financements nécessaires à la lutte contre le changement climatique partout dans le monde" a déclaré la secrétaire d’Etat. Sur le premier pilier, la France prend toute sa part de responsabilité. Elle portera ses financements publics pour le climat de 3 milliards d’euros par an en 2015 à 5 milliards d’euros par an en 2020, soit une hausse de 60% par rapport à 2014. Comme annoncé lors du One Planet Summit, par le président de la République, la part consacrée à l’adaptation au changement climatique passera de 1 à 1,5 milliard d’euros par an. En outre, la France contribuera au fonds d’adaptation au changement climatique destiné aux pays en développement à hauteur de 15 millions d’euros et au fonds pour les pays les moins avancés à hauteur de 20 millions d’euros, deux fonds onusiens qui permettent d’accompagner les pays les plus vulnérables aux conséquences du changement climatique. La France est également pleinement engagée dans le processus de reconstitution du fonds vert pour le climat, afin que celui-ci serve de catalyseur de la finance climat comme le prévoit l’accord de Paris. La France souhaite ainsi apporter une réponse claire aux questions soulevées par les pays en développement dans ces négociations. "Être cohérent c’est aussi faire en sorte de mobiliser la finance publique comme la finance privée. C’est le sens de l’action menée par la France, notamment dans le cadre du One Planet Summit. Nous devons de ce point de vue répondre aux attentes de nos populations." a rappelé Brune Poirson. La France poursuivra ses efforts l’année prochaine notamment à travers sa présidence du G7 et le mandat qui lui a été confié par le Secrétaire général des Nations unies ainsi qu’à la Jamaïque pour réorienter massivement les financements privés vers une économie bonne pour la planète.
biased
Par Rémy Prud’Homme, Professeur des Universités La COP est une conférence internationale qui depuis 24 ans tient chaque année la réunion de la dernière chance pour sauver la planète. Vous croyez peut-être que la planète avait été sauvée lors de la COP21 à Paris. Erreur. Tout reste à faire. C’est ce qui justifie la COP24, qui se tient cette année en Pologne. Le secrétariat de la COP24 publie en ligne la liste de ses participants, sur près de 1100 pages. Plus de 21 000 participants. Sans compter les 1500 journalistes accrédités, qui sont rémunérés par leurs médias, pas par les contribuables. Ces 21 000 participants sont pour 14000 des délégués des gouvernements, et pour 6000 des représentants d’ONGs prétendument intéressées et compétentes. (Le solde est composé de membres d’organisations du système des Nations-Unies). Le coût de la fête est élevé. Les seuls frais de déplacement et de séjour pour cette COP de 15 jours s’élèvent sans doute (sur la base de 10000 € par participant) à plus de 200 millions d’euros. On pourrait y ajouter le coût du temps passé par les participants. S’ils y passent en moyenne une semaine, cela fait 21000 semaines, soit environ 500 personnes-années. A 50000 euros/an, 25 millions d’euros, qui s’ajoutent aux frais de déplacement. C’est de quoi doubler le niveau de vie annuel de 2 ou 3 millions d’enfants au Malawi. Les participants à la COP24 ne sont que la partie émergée de l’iceberg des activistes du climat. Derrière chacun des chefs de service ou des dirigeants d’ONG qui font le voyage de Katowice, combien de fonctionnaires ou de militants, également financés par des contribuables au nom de la lutte pour le climat ? Cela varie beaucoup. Comme on va le voir, certaine ONGs sont bidons, et n’existent guère au-delà des membres en voyage. Si l’on compte en moyenne 10 personnes au « travail » pour un participant, cela fait quelques 200 000 personnes. On ne peut pas accuser la lutte contre le climat de ne pas créer d’emplois. La distribution par pays n’est disponible que pour les représentants des parties, dans un autre document officiel, et seulement pour 8000 personnes. Elle sous-estime donc, en moyenne, le nombre de ces représentants, et les chiffres sont de ce fait à prendre avec précaution. Trois observations s’imposent. Les pays les mieux – ou les plus – représentés sont des pays africains pauvres : La Guinée (404 délégués) et la République Démocratique du Congo (237) viennent en tête du tableau. Dans les vingt plus grosses délégations, on compte 9 pays africains. Cela s’explique sans doute par le fait que la COP15, en 2009, avait promis aux pays pauvres 100 milliards par an. La France (188 délégués) est de loin le pays européen le plus représenté. On a les records que l’on peut. Enfin, pour autant qu’on puisse en juger d’après les fonctions occupées, il n’y a que peu ou pas de scientifiques parmi ces délégués. Des diplomates, des bureaucrates, des activistes, et des touristes. Des touristes, on en trouve également parmi les ONGs. Certaines semblent assez éloignées du climat. On citera par exemple l’Association congolaise d’éducation et de prévention contre les maladies et la drogue (8 participants) qui joue certainement un rôle très respectable dans son domaine ; ou l’association poétiquement appelée « Chant du guépard dans le désert » (3 participants); ou l’association des « femmes Bladi pour le développement et le tourisme » (16 participants – dont 8 hommes). Les gros bataillons sont constitués par les activistes des grands lobbies comme WWF ou le Climate Action Network (plus de 200 représentants chacun). Dans tout cela, peu ou pas de scientifiques. Il y a bien quelques groupes universitaires d’une dizaine de participants (State University de New York, Cadiff, Institut Polytechnique de Grenoble, etc.) mais ce sont des groupes d’étudiants, au mieux encadrés par un jeune maitre de conférence. L’expertise de ces 6000 participants n’est ni technique ni économique : elle est politique et médiatique. Bien entendu, cette grande foire ne peut, ni ne veut, rien faire pour le climat. La très grande majorité de ces 21000 personnes sont réunies pour se congratuler, chanter et danser – aux frais de la princesse. Une poignée de diplomates vont passer de longues heures à négocier des textes vidés de toute substance par les directives contradictoires de leurs gouvernements respectifs. On ne se mettra d’accord que sur la date de la prochaine foire. S’il vous plait, cachez cette note aux gilets jaunes : elle attiserait leur colère.
biased
Le changement climatique en cours, très marqué dans les régions arctiques, entraine le dégel du pergélisol ou permafrost. Le problème ? En se réchauffant, ces sols gelés depuis des millénaires libèrent d’ immenses quantités de gaz à effet de serre, qui eux-mêmes réchauffent la planète. Le risque est-il d’emballer la machine climatique ? Si les « effondristes » et autres « catastrophistes » aiment bien évoquer ce sujet, qu’en pensent les scientifiques ? Nous faisons le point avec Florent Dominé, géophysicien et chercheur CNRS au laboratoire franco-canadien Takuvik, à Québec. Qu’est-ce que le pergélisol ? Le pergélisol est le mot français pour permafrost : c’est un sol perpétuellement gelé, la composante invisible de la cryosphère. Dans ces régions arctiques, quand les températures chutent, le sol gèle en profondeur et la glace qui se forme le rend imperméable. La couche superficielle du sol dégèle chaque été et regèle chaque hiver : c’est la couche active. Elle peut être plus ou moins fine (entre 15 et 250 centimètres). Le pergélisol lui-même peut s’étendre sur plusieurs kilomètres de profondeur ! Légende : Ici, une falaise de 35 mètres de haut sur l’île de Sobo Sise (delta du Lena), Arctique sibérien. On voit la couche, très épaisse, de glace qui s’est formée dans le Pergélisol. ©Alfred-Wegener-Institut / Thomas Opel Une grande partie du pergélisol s’est formé sur les terres libérées par la fonte des calottes glaciaires, il y a 8-12000 ans. Le sol qui n’était plus protégé du froid par ces calottes a gelé. Dans certaines parties de la Sibérie et de l’Alaska, il n’y avait pas de calottes glaciaires : le pergélisol peut dater de plusieurs millions d’années. De vastes étendues de pergélisol ont persisté pendant les périodes interglaciaires plus chaudes, y compris l’Holocène – l’ère géologique actuelle, qui a commencé il y a environ 12 000 ans. Lors de son dégel : La partie du pergélisol qui est sur la côte donne lieu à une érosion côtière, comme sur la photo ci-dessus Dans les terres, la fonte de la glace du pergélisol s’accompagne d’un affaissement du sol. Dans les creux ainsi formés, l’eau s’accumule, donnant naissance à des mares de thermokarst, formant un paysage très aquatique. Légende : mares de thermokarst dans la vallée de la Nastapoka, au nord du Québec, à proximité de la Baie d’Hudson. Des buttes de pergélisol riches en glace, appelées lithalses, dégèlent progressivement, laissant apparaitre des mares à divers stades de formation, depuis une forme de croissant au stade initial de formation, jusqu’à un cercle parfait au stade final. Mares de thermokarst © Florent Domine Le constat Dans le rapport spécial du Giec sur L’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique (SROCC) qui date de 2019, on peut lire « Le réchauffement planétaire a provoqué ces dernières décennies un recul généralisé de la cryosphère, (…) dont l’élévation de la température du pergélisol (degré de confiance très élevé). Les températures du pergélisol ont augmenté et atteint des niveaux record depuis les années 1980 (degré de confiance très élevé), dont notamment la hausse récente de 0,29 °C ± 0,12 °C entre 2007 et 2016 (moyenne mondiale sur les régions polaires et les zones de haute montagne) ». Le dégel du permafrost passé et futur. En bleu avec le scénario RCP 2 .6, en rouge avec le scenario RCP 8.5. Pour mémoire, les experts du GIEC ont défini quatre profils représentatifs d’évolution des concentrations de gaz à effet de serre (GES) pour le XXIème siècle et au-delà. Elles sont nommées RCP (Representative Concentration Pathways), profils représentatifs d’évolution de concentration de GES. Sur cette base, les climatologues décrivent les conditions climatiques et les impacts du changement climatique associés à chacune de ces quatre trajectoires. Le scenario RCP 2.6 correspond à de très faibles émissions avec un point culminant avant 2050. C’est le scénario le plus optimiste. C’est l’inverse dans le scénario RCP 8.5, qui est le pire des scénarios. Où trouve-t-on du pergélisol ? On le trouve essentiellement dans l’hémisphère nord, très peu dans l’hémisphère sud. Sur environ la moitié de la superficie du Canada, soit environ 5 millions kilomètres carrés En Sibérie, soit 7,8 millions de kilomètres carrés En Alaska, 0,5 million de kilomètres carrés Sur le plateau Tibétain Un petit peu sur les côtes du Groenland Un peu en Scandinavie On peut également trouver du pergélisol dans d’autres endroits froids (par exemple, dans les chaînes de montagnes), On aboutit à un total d’environ 15 millions de kilomètres carrés de pergélisol dans l’hémisphère nord, soit 20 à 25 % des terres émergées. Aujourd’hui, on estime entre 3 et 4 millions le nombre de personnes vivant sur ces terres. Et ces régions se réchauffent beaucoup plus rapidement que le reste du globe. A noter qu’il y a du pergélisol également dans les fonds marins, en Sibérie et en Arctique. Ce pergélisol marin représente plusieurs millions de kilomètres carrés. Légende : Carte du pergélisol continental et marin dans l’hémisphère nord source : Overduin et al. 2019 Mais ça, c’est la superficie actuelle …car le GIEC, dans son rapport AR5, nous précise : « D’ici à 2100, le pergélisol de surface (jusqu’à 3 à 4 m de profondeur) devrait perdre 24 ± 16 % (fourchette probable) de sa superficie dans le cas du scénario RCP2.6 et 69 ± 20 % (fourchette probable) selon le RCP8.5. » En quoi le dégel du permafrost est-il un problème ? Le rapport du GIEC SROCC nous explique cela : “Dans l’Arctique et les régions boréales, le pergélisol contient 1 460 à 1 600 Gt de carbone organique, soit près du double du carbone de l’atmosphère (degré de confiance moyen)”. Et oui, sur ce sol gelé depuis parfois plusieurs centaines de milliers, voire de millions d’années, il y a des débris végétaux qui s’accumulent. Sous nos latitudes, ces débris seraient dégradés par les bactéries … mais à cause du gel, le métabolisme de ces dernières est très ralenti. Seulement… si ce pergélisol dégèle, le métabolisme des bactéries va s’accélérer et tous ces composés organiques vont être très rapidement transformés en CO2 ou en méthane (on verra après pourquoi c’est parfois l’un, parfois l’autre), qui sont les deux principaux gaz à effet de serre (GES). À moins d’avoir été isolé dans une grotte ces dernières dizaines de décennies, vous n’êtes pas sans savoir que des gaz à effet de serre, on en a déjà un peu trop ! Et que l’augmentation de leur concentration dans l’atmosphère contribue directement au changement climatique actuel (sinon, on vous l’explique très bien ici). Bref on est en face d’une boucle de rétroaction positive (À toutes fins utiles, on rappelle que le qualificatif de « positif » accolé au mot rétroaction ne veut pas dire que c’est positif pour le climat… c’est même tout l’inverse !) Quels sont les risques liés au dégel du pergélisol ? On estime qu’il y a environ 1400 Gt de carbone dans le pergélisol. Or 1 ppm de CO2 dans l’atmosphère correspond environ à 2 Gt de carbone. Sachant que tout ne reste pas dans l’atmosphère (pour rappel, la moitié est captée par les océans et les sols), dans le pire des scenarios, on peut craindre un accroissement allant jusqu’à 100 ppm (qui correspond à un relargage d’environ 400 Gt de carbone) d’ici 2100. Pour rappel, on est aujourd’hui à 410 parties par million de CO2 dans l’atmosphère. Quant au méthane, il est bien plus délétère que le CO2 (environ de 30 fois plus), mais heureusement pour nous, il n’y en a que 1,9 ppm. Est-ce qu’on saura s’adapter ? Comme toujours avec le changement climatique actuel, le problème ce n’est pas tant l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère que la vitesse d’augmentation. Dans le passé, en général à chaque fois qu’il y a eu des changements climatiques, c’était beaucoup plus lent donc la plupart des écosystèmes avaient le temps de s’adapter. Mais aujourd’hui le changement climatique est beaucoup trop rapide pour les écosystèmes … et pour l’Homme. Le dégel du pergélisol a des tas d’autres conséquences ! Risques naturels Si des sols en pente dégèlent et se transforment en boue, cela provoque des glissements de terrains. Ou si la glace du pergélisol côtier fond, les côtes sont déstabilisées et partent dans la mer. C’est l’érosion côtière, qui augmente les risques de submersion et provoque l’affaiblissement des terres qui soutiennent les habitations. Par ailleurs, le Giec estime que « le recul de l’enneigement et du pergélisol pourrait provoquer un assèchement du sol, avec des conséquences sur la productivité et des perturbations des écosystèmes (degré de confiance moyen). Selon les projections, les feux de forêt augmenteront jusqu’à la fin du siècle dans la plupart des régions de toundra et de taïga ainsi que dans certaines zones montagneuses, tandis que les interactions du climat et des déplacements de la végétation influeront sur l’intensité et la fréquence des incendies (degré de confiance moyen). » Risques industriels (miniers, pétroliers, gaziers etc.) Les infrastructures industrielles qui sont dans ces zones peuvent provoquer de graves dégâts en s’effondrant ! Le Trans-Alaska pipeline, qui fait plus de 1200 kilomètres et assure un débit de plusieurs centaines de milliers de barils de pétrole par jour fait l’objet de beaucoup d’attention. On pense qu’en 2020, à Norilsk, en Sibérie, l’effondrement de la cuve de 20 000 tonnes de diesel serait un effet du dégel du permafrost, pas du tout anticipé du fait de la négligence des responsables de ces infrastructures. Il est en effet impératif de surveiller les sols pergélisolés sur lesquels on a construit des infrastructures. Légende : Vue d’une partie de l’oléoduc trans-Alaska. Pour limiter les risques de réchauffement du pergélisol sous la conduite, 124 300 thermosiphons ont été installés. Un thermosiphon est un système qui augmente le refroidissement du sol en hiver par l’air froid en court-circuitant l’effet isolant de la neige. En été, par contre, le thermosiphon a un impact thermique très faible. © Luca Galuzzi Risques humains Des agglomérations entières ont été bâties, parfois depuis plusieurs siècles, sur des sols qui autrefois étaient gelés en permanence Tout ceci pose de vrais problèmes pour les populations autochtones : il y a des villages qu’on envisage de déplacer complètement : le village alaskien Newtok a vu ses 380 habitants devoir quitter leurs terres. Pareil pour celui de Shishmaref. On a évalué que d’ici vingt à cinquante ans, le village de Salluit, au nord du Québec, ne pourra plus exister à cet endroit précis et on réfléchit à le relocaliser. Le SROCC nous apprend par ailleurs que « Dans certaines zones de haute montagne, la qualité de l’eau a été affectée par des contaminants, en particulier du mercure, relâchés par la fonte des glaciers et le dégel du pergélisol (degré de confiance moyen). On soupçonne également le pergélisol de libérer les polluants qui y sont piégés (émissions industrielles diverses, notamment les retombées radioactives liées à Tchernobyl…). Enfin, on parle souvent du risque de réactivation de certains virus avec les glaces qui en fondant peuvent libérer des virus anciens ou inconnus. Mais cet aspect sort du sujet climatique de cet article. Est-on en présence de ce qu’on appelle un « tipping point »? Les « effondristes » aiment bien ce concept de point de bascule ou d’emballement, et le dégel du pergélisol fait partie de leurs sujets préférés, reprochant aux climatologues de ne pas intégrer les boucles de rétroactions positives dans leurs modèles (on y reviendra) et s’alarmant depuis peu du potentiel dévastateur des clathrates. Dans son rapport spécial 1.5°, le Giec donne sa définition d’un point de bascule : « Degré de changement des propriétés d’un système au-delà duquel le système en question se réorganise, souvent de façon abrupte, et ne retrouve pas son état initial même si les facteurs du changement sont éliminés. En ce qui concerne le système climatique, le point de bascule fait référence à un seuil critique au-delà duquel le climat mondial ou un climat régional passe d’un état stable à un autre état stable. » Étant donné qu’on est en face d’une boucle de rétroaction positive, on peut penser que concernant ce dégel, il y a un point au-delà duquel la machine risque de s’emballer. Mais dans son dernier rapport (AR6 – FAQ 5.2), sur la base des projections, le Giec estime que le dégel du pergélisol se fera sur de longues échelles de temps et « entraînera un certain réchauffement supplémentaire – suffisant pour être important, mais pas assez pour conduire à une situation d'”emballement du réchauffement”, où le dégel du pergélisol entraîne une accélération spectaculaire et auto-renforcée du réchauffement planétaire. » Pour une fois, on est un peu rassurés ! Un cratère géant en Sibérie ? Les potentielles conséquences de la déstabilisation des clathrates ont été récemment médiatisées, notamment l’apparition d’un cratère géant en Sibérie au printemps dernier. Et cela a pu empêcher de dormir les plus avertis d’entre nous ! Les clathrates sont des hydrates de méthane. Ils ne se forment qu’en très grande profondeur. On en trouve : dans les sols (très) profonds du pergélisol très ancien, surtout, dans les fonds sous-marins des plateaux continentaux, notamment en Sibérie orientale (Mer de Laptev) En ce qui concerne les clathrates de l’océan, ce qui pose problème est que ces solides ne sont stables que dans une fenêtre spécifique de basses températures et de hautes pressions. Dans l’océan, tout réchauffement du pergélisol, des eaux et des sédiments océaniques et/ou tout changement de pression pourrait les déstabiliser, libérant leur méthane (CH4) dans l’océan. Lors de libérations plus importantes et plus sporadiques, une fraction de leur méthane pourrait également être dégazée dans l’atmosphère. Mais cette déstabilisation se produit assez lentement. De plus, avant d’atteindre le fond de la mer ou la surface des terres, le méthane diffuse lentement dans les sols, et au cours de ce trajet, il est en général métabolisé par des bactéries qui le transforment en CO2, un gaz à effet de serre qui, on le rappelle, est bien moins nocif que le méthane. En ce qui concerne les clathrates des sols profonds, il y en a dans des zones de pergélisol où la matière organique s’est accumulée depuis des centaines de millions d’années, qu’on appelle le Yedoma. Ces zones sont encore assez mal explorées car il faudrait y faire des forages très profonds (une centaine de mètres !), ce qui est très coûteux et extrêmement complexe. Mais ces phénomènes d’explosion, s’ils peuvent être spectaculaires, sont très localisés et là aussi, le méthane est souvent transformé en CO2 avant son arrivée à la surface. Quoi qu’il en soit, le Giec estime que : Sur les terres émergées, la libération des hydrates est un processus lent, qui prend des décennies, voire des siècles De même, les régions océaniques plus profondes et les sédiments de fond devraient mettre des siècles voire des millénaires à se réchauffer suffisamment pour déstabiliser les hydrates qu’elles contiennent. Les modèles climatiques savent-ils anticiper les effets du dégel du permafrost sur le climat ? On reproche beaucoup aux modèles climatiques de ne pas intégrer le dégel du permafrost. Mais depuis l’AR5, les modèles se sont enrichis et intègrent davantage cette problématique. Cependant, même si les connaissances progressent régulièrement sur le sujet, la complexité des zones et processus en cause génère d’énormes incertitudes : Les mécanismes de dégel du pergélisol sont encore mal connus et dépendent de plusieurs paramètres : Quand le dégel survient, la matière organique que contient le permafrost est soumise à décomposition. Les bactéries, dites alors aérobies, vont assimiler le carbone et rejeter du CO2 dans l’air, mais une partie de cette matière organique n’est pas digérée par elles. Lorsque les mares de thermokarst se forment, de la matière organique est transférée dans ce milieu aquatique. Le fond de ces mares est très appauvri en oxygène. Dans ces conditions, la matière organique est métabolisée par d’autres types de bactéries, dites anaérobies, qui vont la transforment en méthane (CH4). Ainsi, si les terres s’enfoncent et sont inondées par des lacs et des zones humides, on risque d’avoir davantage de méthane. L’estimation même du carbone présent dans le pergélisol est difficile. S’il est possible d’observer le recul des glaces par satellites, pour le pergélisol, il faut aller sur place et faire des forages, ce qui on l’a vu est très coûteux. La nature des sols et les écosystèmes qui se développent sur le pergélisol sont très différents, et chacun réagit à sa manière au changement climatique. On voit que les perturbations du permafrost peuvent être très localisées et très abruptes. En effet, le sol gelé ne fait pas qu’emprisonner le carbone, il maintient physiquement le paysage. Le dégel peut être très lent, mais quand le pergélisol s’effondre soudainement, c’est plusieurs mètres de sol qui peuvent être déstabilisés en quelques jours, exposant leur matière organique à la dégradation bactérienne. Le dégel du pergélisol entraîne le changement de la végétation (on passe d’une toundra glacée à une toundra arbustive) et son expansion (et notre pergélisol fondu devient aussi un puits de carbone (une bonne nouvelle !) Mais une des problématiques les plus complexes est sans doute l’ensemble des processus qui concernent la neige, qui font qu’on n’a pas de réponse globale à l’heure actuelle sur l’impact de la neige. Pergélisol et neige : des interactions complexes Dernier point et non des moindres, les interactions entre neige et pergélisol. Effectivement, on a, au moins, les processus suivants qui se combinent, sans doute différemment en fonction des régions : D’un côté, avec le réchauffement climatique il y a davantage de précipitations et donc de précipitations potentiellement neigeuses… Or, comme on le disait plus haut, la neige forme une couche isolante qui limite le refroidissement du sol en hiver. De plus, la fonte neigeuse plus hâtive expose précocement le sol au réchauffement printanier. Mais intervient également la végétation, dont on a vu qu’elle s’est étendue et métamorphosée : la neige s’accumule désormais dans les branches : cela augmente l’épaisseur de la neige et rend la neige plus isolante. Pour autant, même en Arctique, les branches absorbent tout de même la lumière solaire (au printemps et à l’automne), ce qui fait fondre leur neige. Même si c’est contre-intuitif, le sol se refroidit plus vite (il n’est plus isolé). On estime également qu’il y a des ponts thermiques entre les branches, qui augmentent le refroidissement en hiver … mais augmentent également le réchauffement au printemps. Il y a également des formations de croutes de regel : la neige fond partiellement puis regèle. Ceci donne des neiges dures, à forte connectivité thermique, qui accélèrent le refroidissement du sol. Avec toutes ces incertitudes, on comprendra qu’à l’heure actuelle, les modèles climatiques peinent à intégrer totalement les différents processus influant sur le dégel du permafrost. De surcroit, les modules de neige des modèles climatiques sont dérivés des modèles de neige alpine, qui ne reproduisent pas les processus spécifiques à l’Arctique. Par ailleurs, il y a beaucoup moins de données (les choses qu’on donne à manger aux modèles !) sur les zones arctiques que sur les zones tempérées. Il y a aussi beaucoup moins de scientifiques qui travaillent sur les processus physiques de cette zone que sur ceux des zones tempérées ou équatoriales. Par exemple, dans certaines zones, on arrive à obtenir les flux de gaz à effet de serre mais comme on n’a pas une couverture globale en temps ni en espace, on est de ce fait obligé de faire pas mal d’extrapolations et d’approximations. Dans l’AR6, chapitre 9, les scientifiques estiment qu’il existe une confiance élevée dans le fait que les modèles couplés simulent correctement le signe des changements futurs du pergélisol liés aux changements climatiques de surface, mais seulement une confiance moyenne dans l’amplitude et le moment de la réponse. Le mot de la fin Les principaux points à retenir : Le dégel du pergélisol est un cercle vicieux (ou boucle de rétroaction positive) : le réchauffement climatique provoque le dégel du pergélisol ; lors du dégel, le pergélisol émet des GES, ce qui accélère le réchauffement de la planète. Malgré les discours catastrophistes, le dégazage de ces GES dans l’atmosphère devrait être « suffisant pour être important, mais pas assez pour conduire à une situation d'”emballement du réchauffement” Néanmoins, des populations autochtones (3-4 millions) sont déjà en souffrance, les écosystèmes également Si on veut limiter les dégâts, il faut agir dès aujourd’hui en limitant nos émissions de GES. En savoir plus : ce petit film réalisé par Alfred Wegener Institute (en anglais)
true
Le pionnier britannique de l’énergie met en garde contre un avenir incertain tout en soulignant la probabilité croissante d’une « grande transition ». À la fin de l’année dernière, le Dr Jeremy Leggett – entrepreneur dans le domaine de l’énergie solaire, ancien pétrolier et conseiller du gouvernement – a donné une conférence révélatrice au cours de laquelle, pour la première fois, il a exposé sa vision de deux avenirs possibles pour la société humaine. <span data-mce-type="bookmark" style="display: inline-block; width: 0px; overflow: hidden; line-height: 0;" class="mce_SELRES_start"></span> Jeremy Leggett au 42 Acres à Londres S’exprimant à l’occasion d’un événement organisé par le magazine Resurgence & Ecologist, il a déclaré à un auditoire captivé que le monde s’approchait d’un point de rupture majeur, point où nos choix fermeraient rapidement l’un ou l’autre des avenirs possibles. Un de ces scénario promet une transition réussie vers un nouveau type de civilisation, plus évoluée. L’autre annonce la fin de la société d’abondance, le chaos despotique et le conflit. L’ascension de la civilisation Le scénario positif de Leggett a commencé par l’évaluation des prévisions en matière de transition vers les énergies renouvelables. Jusqu’à présent, a-t-il noté, la production d’énergie solaire a doublé huit fois en 16 ans, en partant de rien. Malgré cette augmentation exponentielle, le solaire ne fournit encore qu’environ 2 % de l’énergie mondiale. Mais selon certains prévisionnistes, si ce rythme d’expansion se poursuit – si nous continuons à doubler encore six fois, en seulement 12 ans « vous fournissez toute l’énergie dont le monde a besoin actuellement. Pas l’électricité, l’énergie ». Une transition aussi rapide pourrait-elle vraiment se produire ? Leggett a fait valoir que ce scénario précis est un fantasme : « Une idée folle – ça n’arrivera pas ». L’énergie solaire, a-t-il souligné, n’est qu’une forme d’énergie propre dans une famille de technologies énergétiques propres. Bon nombre d’entre elles se développent rapidement, d’autres plus lentement. Les efficacités et des capacités d’approvisionnement diffèrent selon les régions. Cela signifie que le solaire seul ne pourra jamais fournir toute l’énergie du monde. La transition consistera plutôt en cette famille de technologies différentes, toutes reliées les unes aux autres et travaillant « de manière intégrée », un processus qui prendra probablement plus de temps. L’une des technologies qui souligne les implications révolutionnaires de cette grande transition est l’intelligence artificielle (IA) – pour reprendre les mots de Leggett, la capacité des machines à imiter les processus cognitifs et l’apprentissage chez l’homme. Grâce à l’intelligence artificielle, aux ordinateurs qui commencent à se parler et à apprendre les uns des autres, la gamme des technologies énergétiques renouvelables, complémentaires les unes des autres, pourra atteindre des rendements de plus en plus impressionnants. Dans ce scénario, alors que la diversification des technologies énergétiques propres et intelligentes bouleverse le monde, la filière des combustibles fossiles est fragilisée – « les nouvelles technologies drainant, d’abord doucement, puis par un effet boule de neige, plus de mille milliards de dollars ». En faisant appel à un cadre systémique, M. Leggett a ensuite expliqué comment une telle transition énergétique réussie pourrait rapidement transformer de nombreux autres secteurs de nos sociétés, de nos économies et même de notre politique et de notre culture. La conjugaison d’une réduction des coûts dans le secteur des énergies renouvelables et de l’explosion de ceux des combustibles fossiles pourrait aboutir à ce que le pétrole, le gaz et le charbon soient « éliminés plus rapidement que prévu ». Ainsi, à mesure que les émissions de gaz à effet de serre diminuent, l’humanité se trouve dans la position inattendue de pouvoir se consacrer à la lutte contre les changements climatiques beaucoup plus rapidement et plus efficacement que ce que l’on aurait pu imaginer. La pollution de l’air, principale cause environnementale de mortalité à l’échelle mondiale, commence à chuter très rapidement, ce qui améliore la santé humaine. Cela efface également le « coût économique de la pollution atmosphérique », évalué à environ un « mille milliards de dollars par an » en dépenses de santé, coûts sociaux, journées de travail perdues, etc. La fin des subventions massives aux carburants fossiles, combinée aux économies en matière de santé environnementale, représente un gain économique important pour les finances publiques. Pour la première fois, les gouvernements retrouvent de la marge de manœuvre budgétaire. Et comme les nouvelles technologies renouvelables, à ce stade, sont désormais nettement moins chères que les combustibles fossiles, d’autres fonds sont mobilisés. Il en résulte que les pouvoirs publics disposent d’une plus grande liberté en matière de dépenses sociales. Et avec une augmentation ciblée des dépenses sociales, a fait valoir Leggett, vous vous retrouvez avec « une amélioration sociétale de la cohésion et du bien-être », car la grande transition énergétique post-carbone libère des fonds publics pour la santé, l’éducation et d’autres services importants pour les communautés. Cela, à son tour, « alimente un sentiment croissant d’appartenance à la communauté. Les gens réalisent que ces nouvelles technologies sont beaucoup plus favorables au vivre ensemble ». Les nouvelles technologies de production d’énergie renouvelable sont, dans leur conception, beaucoup plus déconcentrées. Contrairement aux énergies fossiles, elles ne se prêtent pas à la centralisation, autorisant de plus en plus de ménages, de collectivités et de petites entreprises à devenir des fournisseurs et des producteurs, et non plus seulement des consommateurs d’énergie propre. « En voyant cela, les gens reprennent espoir d’améliorer ce qu’ils pensent essentiel ». La « politique de la demande » revient au goût du jour, tout comme la créativité, avec ce qu’elle induit d’opportunités dans divers domaines. Cela stimule l’innovation par exemple en matière de « techniques de purification de l’eau ; une priorité est donnée à une alimentation via des circuits courts et à des systèmes locaux de production d’eau et d’épuration ». Les hameaux, les villes et les agglomérations produisent localement, bouleversant les modèles énergétiques nationaux. Et c’est ainsi que Leggett a soutenu que nous pouvons mettre fin à l’ère des guerres de l’énergie. « Beaucoup, sinon la plupart des guerres des XXe et XXIe siècles portaient sur la maîtrise des ressources », a-t-il dit. Mais, les nations ne dépendant plus, pour leur approvisionnement, d’importations en pétrole et en gaz depuis de lointaines zones de conflit, des opportunités nouvelles se font jour pour un autre type de politique internationale. Cette nouvelle ère ouvre ainsi la voie à « de nouveaux régimes de sécurité, à une nouvelle génération de traités ». Les gouvernements sont en mesure de négocier des traités plus facilement, ce qui permet d’améliorer encore les relations internationales. Vers la fin du siècle, nous voyons une société mondiale « à laquelle on peut appliquer le mot renaissance, totalement différente du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Peu de tensions liées aux ressources. Un monde plus stable et plus sûr. Appelons cette histoire ascension – l’ascension de la civilisation ». La descente aux enfers sur Terre Certains éléments de cette histoire positive ont commencé à apparaître, mais le deuxième scénario de Leggett révèle que nous serions bien plus avancés sur la voie de la dystopie. Dans la deuxième histoire, Leggett envisageait un avenir sombre dans lequel « la technologie évolue beaucoup plus vite que ce que les gens imaginaient », avec des conséquences incontrôlées et des « inconvénients colossaux ». Tout commence, a-t-il suggéré, « avec la technologie de reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle ». Il sera bientôt possible de faire « des choses étonnantes pour reconnaître les gens qui vont et viennent dans la rue » – un phénomène qui existe déjà en partie et qui est rapidement adopté par des entreprises comme Facebook et d’autres entreprises utilisant la biométrie. « Il n’y a vraiment pas d’échappatoire. Vous pouvez mettre un chapeau, une écharpe, des lunettes noires. L’intelligence artificielle est si performante sur ce qui reste visible qu’elle peut encore vous identifier avec 70-80 % de chances de succès ». Dans cet avenir, même l’intimité et le bien-être de votre propre maison n’offriront aucune protection contre Big Brother. Les « appareils que les sociétés high-tech vous fournissent sont tous équipés de différentes manières pour vous espionner pour gagner plus d’argent ». Avec l’essor de la robotique, il est probable que dans quelques années, on assistera à la prolifération de « types de technologies étonnantes, dont on n’aurait jamais imaginé le potentiel ne serait-ce que quelques années auparavant ». Les robots connectés à l’intelligence artificielle seront en mesure d’assurer un déploiement sans précédent de la capacité d’apprentissage machine. Leggett a concédé qu’il y avait dans ces avancées technologiques « un fort potentiel pour améliorer la société : soulager le fardeau du travail humain, poser des diagnostics médicaux, etc. La liste est longue. Mais bien sûr, elles peuvent aussi bien être utilisées à mauvais escient. Pour la première fois dans l’histoire des technologies, nous avons des travailleurs qui demandent aux décideurs politiques de réglementer ce qu’ils font ». Aujourd’hui, a souligné M. Leggett, les entreprises du secteur technologique mettent au point ces nouveaux outils sans aucun cadre réglementaire. « Ils [les gens] s’inquiètent pour les emplois – nous dépouillerons la classe moyenne, ce qui entraînera de pertes d’emplois massives, nous devons faire face à cela ». Tout en ignorant les questions des syndicats sur le bien-fondé de ces développements, même les organismes de réglementation financière commenceront probablement à utiliser des robots pour des tâches de routine, voire plus complexes, pour remplacer les guichets, voire pour mener des transactions. Poussant plus loin ces tendances, Leggett décrit un scénario dans lequel le développement rapide de l’intelligence artificielle et de la robotique « intervient alors même que l’extrême droite monte en puissance dans un certain nombre de pays. Elle est déjà arrivée aux portes du pouvoir ; bénéficiant dans les urnes, en dernier recours, des mécontentements dans de nombreux pays. Or cette droite sait utiliser ces technologies, y compris l’intelligence artificielle, pour faire avancer sa cause. Sans doute mieux que n’importe qui dans les autres camps de l’échiquier politique ». Que se passe-t-il lorsque ces technologies sont de plus en plus utilisées par des « nations non favorables à la démocratie », qui commencent à « s’immiscer dans le processus démocratique à l’échelle de plusieurs pays ? » La convergence de ces tendances met en évidence le risque de nombreuses incertitudes. Leggett a fait référence au scénario hypothétique suivant, comme exemple de ce que cette voie pourrait signifier pour l’humanité : « Et puis un jour se produit un terrible incident. Une douzaine d’attaques à travers le monde, par des myriades de petits robots, des drones de la taille de la main – ces petits monstres jouent dans une toute autre catégorie – ils attaquent les défenseurs de la démocratie – politiciens, étudiants, activistes, au travers de 12 attentats à travers le monde. Attaques mortelles. Ils utilisent du venin mortel, des toxines et des engins explosifs. Le nombre de morts se mesure en centaines. » Il s’agit d’attaques terroristes multiples dans des pays démocratiques clés, qui affolent tout le monde : « Le temps passe, les jours deviennent des semaines, les semaines des mois. La police et les services de sécurité ne trouvent pas de coupable. On pointe du doigt les terroristes religieux ou politiques, les États voyous et les éléments rebelles au sein des démocraties ». Et le problème, pour M. Leggett, c’est que dans cet avenir, « des millions de ces appareils sont vendus régulièrement. Et pas besoin d’être ingénieur en aéronautique pour en faire des armes mortelles ». Leur prolifération incite les gouvernements à prendre d’importantes mesures de répression – « après cela, la surveillance est généralisée. De nombreuses démocraties organisent encore ce qu’elles continuent à appeler des élections, mais les populations vivent dans les mêmes conditions que sous les dictatures. Toute protestation est bâillonnée, y compris celle des activistes identifiés » qui craignent d’être pris pour cible de la même manière. « Les dernières démocraties glissent, les unes après les autres, pour devenir des États policiers. Certaines gardent un simulacre de vie démocratique, sans toutefois se donner la peine de cacher que les élections sont inopérantes ou truquées. D’autres deviennent des États franchement fascistes : ce sont les fascistes qui remportent les élections. Après quoi ils s’assurent qu’il n’y aura plus d’élections. Cela se termine dans un monde dystopique où les psychopathes se sont hissés au sommet. Le monde est une scène de chaos dans laquelle les psychopathes et leurs monstrueux ego s’affrontent, menaçant chaque semaine de désastres militaires ; pendant ce temps, tous les autres problèmes perdurent – le monde glisse vers la pollution généralisée et l’insécurité, toujours au bord de la guerre apocalyptique entre des États policiers. Appelons cela la descente vers ce qui serait un enfer sur Terre. » Donner un sens à nos avenirs possibles L’exploration par Leggett de ces deux scénarios – l’un merveilleux, plein d’espoir et enthousiasmant, l’autre épouvantable, effrayant et répugnant – démontre clairement ce qui est en jeu pour l’humanité. Dans la pratique, a-t-il expliqué à son auditoire, il est peu probable que nous suivrons exclusivement l’une ou l’autre de ces voies d’une manière simpliste. Nous voyons déjà que certains éléments de chacune des deux prennent forme sous nos yeux. Mais à l’heure actuelle, comment ne pas conclure qu’en tant qu’espèce, à bien des égards, la majeure partie de nos activités a dévié sur la mauvaise pente, celle que Leggett décrit comme « l’enfer sur Terre ». Avec la montée fulgurante de l’extrême droite à travers l’Europe, l’intégration de l’idéologie fasciste dans l’administration Trump, associée à la manipulation du Big Data pour interférer dans les processus démocratiques comme dans le scandale Facebook – Cambridge Analytica, nous voyons clairement que certains éléments de ces avenirs sont déjà présents. En revanche, la crise du secteur des énergies fossiles continue de s’accélérer à un rythme qui a surpris les industriels. Le mois dernier, M. Leggett a noté que d’ici 2020, l’électricité renouvelable sera moins chère, dans le monde entier, que celle produite à partir de combustibles fossiles. Cette chute massive des prix pousse un nombre croissant de grandes multinationales, d’entreprises et de services publics à passer à une production renouvelable et neutre en carbone, plus de 100 grandes villes du monde entier produisant plus de 70 % de leur électricité à partir d’énergies renouvelables, dont 43 sont alimentées à 100 % par des énergies propres. « Chaque semaine le message devient de plus en plus clair, pour ceux qui ont des yeux pour voir », écrit Leggett. La transition énergétique mondiale depuis les combustibles fossiles vers l’énergie propre va, à mon avis, beaucoup plus vite que la plupart des gens ne le pensent. Les observations de Leggett confirment la conclusion selon laquelle l’humanité fait actuellement face à une transition civilisationnelle sans précédent, dans lequel nous assistons à l’implosion lente (et parfois moins lente) de l’ancien paradigme industriel. C’est un paradigme aujourd’hui obsolète, fondé sur une vision du monde dépassée et un système de valeurs qui réduit la vie humaine à l’objectif d’une concurrence individualiste pour maximiser la production et la consommation matérielles sans limites. Alors que ce paradigme s’effondre sous son propre poids, la tâche urgente pour chacun d’entre nous est de faire de notre mieux, chacun dans son environnement, pour contribuer à l’émergence d’un nouveau paradigme émergent de prospérité commune sur une planète que nous partagerions tous. Nafeez Ahmed est un journaliste d’investigation, universitaire en convalescence, à la recherche de la crise de civilisation.
biased
La ville de Sydney est confrontée à une urgence sanitaire en raison des fumées toxiques liées aux incendies qui enveloppent la plus grande ville australienne depuis des semaines, ont alerté lundi des organisations professionnelles de médecins. Des centaines de feux de forêts, notamment liés au changement climatique, ravagent l'Australie depuis septembre. Plus d'une vingtaine d'organisations professionnelles de médecins, notamment le Royal Australasian College of Physicians - qui réunit 25 000 médecins et stagiaires - ont publié lundi un communiqué commun appelant le gouvernement à s'attaquer à cette pollution atmosphérique toxique. "La pollution de l'air en Nouvelle-Galles du Sud est une urgence de santé publique", a souligné cette Alliance pour le climat et la santé. "La fumée provenant des incendies a entraîné une pollution de l'air jusqu'à onze fois supérieure à un niveau estimé 'dangereux', dans certaines parties de Sydney et de Nouvelle-Galles du Sud", selon le communiqué. Cette fumée "est particulièrement dangereuse en raison de niveaux élevés de particules fines PM 2,5", précise-t-il. Les services de santé de cet Etat ont enregistré une hausse de 48% du nombre de personnes se rendant aux urgences pour des problèmes respiratoires, au cours de la semaine se terminant le 11 décembre, par rapport à une moyenne calculée sur cinq ans. Ce chiffre a atteint les 80% le 10 décembre, jour où la qualité de l'air s'est considérablement détériorée à Sydney. Le lendemain, près de 20 000 personnes ont manifesté dans la ville pour demander au gouvernement de lutter contre le changement climatique. L'Alliance a également appelé le gouvernement à prendre des mesures urgentes afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, affirmant que le changement climatique aggrave ces incendies aux "effets dévastateurs sur la santé humaine". LIRE AUSSI >> VIDÉO. Incendies en Australie : le Premier ministre rejette tout lien avec le climat Fait rare, le Premier ministre australien a reconnu la semaine dernière que le changement climatique était l'un des "facteurs" à l'origine de ces centaines d'incendies dévastateurs. Scott Morrison a cependant défendu le bilan de l'Australie en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et n'a annoncé aucune mesure visant à lutter contre le changement climatique. Plus d'une centaine d'incendies brûlaient toujours lundi toujours en Nouvelle-Galles du Sud, où d'importants moyens ont été déployés afin de contenir un incendie de 400 000 hectares près de Sydney. Une vingtaine de maisons ont été détruites dans la nuit de dimanche à lundi par un contre-feu allumé par les pompiers afin de lutter contre l'incendie le plus important. Près de Perth, dans l'Etat de l'Australie-Occidentale, des feux menacent plusieurs villes. De tels feux se produisent chaque année sur l'immense île-continent pendant le printemps et l'été australs. Mais cette année, la saison des incendies a été particulièrement précoce et violente. Six personnes ont déjà péri alors que 700 maisons et au moins trois millions d'hectares ont été détruits. Ces incendies particulièrement ravageurs sont liés, selon les scientifiques, au changement climatique et à une sécheresse particulièrement prolongée qui a également épuisé les ressources en eau potable dans certaines villes et contraint des agriculteurs à abandonner leurs terres. Le ministre des Finances australien, Josh Frydenberg, a affirmé lundi que ces feux et la sécheresse sont les grands défis que doit relever l'économie australienne. Ainsi, la vague de sécheresse est responsable de la baisse d'un quart de point de pourcentage de la croissance du PIB et a réduit la production agricole "dans des quantités importantes" au cours des deux dernières années, a affirmé à la presse le ministre des Finances. Des données officielles indiquent que 2019 sera l'une des années les plus chaudes et les plus sèches jamais enregistrées en Australie. Cette semaine, le pays pourrait connaître une vague de chaleur qui, selon les prévisionnistes, devrait battre des records de température, rendant le travail des pompiers encore plus difficile.
true
Lors de l’ouverture de la 74e Assemblée générale des Nations Unies, Emmanuel Macron a dénoncé les discours creux sur le climat et invité les responsables politiques à faire preuve de courage. « Du courage, c’est exactement ce que nous demandons à Emmanuel Macron. Le courage, ce serait de mettre enfin en place une taxation du kérosène des avions dans le budget 2020. Le courage, ce serait de revenir sur l’autorisation d’exploitation de la bioraffinerie de Total à la Mède, qui contribue à la destruction de la forêt tropicale indonésienne par ses importations massives d’huile de palme », explique Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat à Greenpeace France. Dans son discours devant les chefs d’Etats, le Président français s’est livré à une critique virulente de nombreux aspects du capitalisme, des traités de libre-échange incompatibles avec l’urgence climatique aux importations génératrices de déforestation. « Greenpeace salue la radicalité rhétorique d’Emmanuel Macron. Signifie-t-elle qu’il va réguler les activités de Total, qui double aujourd’hui les dividendes de ses actionnaires après avoir accumulé plus de 11 milliards d’euros de profit en 2018 sur l’exploitation des énergies fossiles ? Va-t-il renoncer au CETA, un accord qui permet au Canada d’exporter plus de pétrole sale vers l’Union européenne, et qui place les intérêts des multinationales au-dessus des décisions politiques via les tribunaux d’arbitrage ? », interroge Clément Sénéchal. Emmanuel Macron s’est également réaffirmé comme fervent soutien du multilatéralisme, notamment pour avancer dans la lutte contre le changement climatique, tout en mettant en avant les One Planet Summit. Or ces forums précisément affaiblissent les négociations climatiques entre Etats en élaborant une diplomatie parallèle sans lisibilité ni suivi efficace, qui atténue la responsabilité politique en valorisant les engagements non-contraignants d’acteurs privés. Alors qu’un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) sur les océans doit sortir demain, Emmanuel Macron brandit à nouveau la limitation de la vitesse des bateaux comme premier succès pour la préservation des océans. Là encore, le courage demanderait plutôt que la France s’engage pleinement pour tirer vers le haut les négociations actuellement en cours autour d’un traité de la Haute mer. Cela n’a pas été le cas jusqu’à présent. Emmanuel Macron estime que les dirigeants mondiaux “auront des comptes à rendre”, il conjugue le verbe au mauvais temps : c’est bien maintenant qu’ils doivent rendre des comptes. Les effets dramatiques du changement climatique se font déjà sentir tous les jours.
true
Faut-il que nous soyons collectivement privés du plat unanimement le plus apprécié de la planète – j’ai nommé la fameuse pasta italienne – pour que s’enclenche une prise de conscience globale de la catastrophe climatique en cours ? Cela se pourrait bien, à voir l’émoi suscité depuis quelques jours chez tous les foodistas de France par l’annonce d’une éventuelle pénurie de pâtes dans les semaines, voire les mois à venir. Tout est parti d’un communiqué de presse publié conjointement le 16 août dernier par le Sifpaf (syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires) et le CFSI (Comité français de la semoulerie industrielle), alertant sur les risques que fait désormais peser le dérèglement climatique sur le marché des pâtes alimentaires. De fait, les phénomènes climatiques extrêmes survenus cet été ont directement impacté la production de blé dur (élément essentiel à la fabrication des pâtes), notamment au Canada, où se concentrent les deux tiers de la production mondiale de cet aliment. « Les pluies beaucoup trop abondantes en Europe et une sécheresse sans précédent au Canada ont conduit à une pénurie de blé dur » « Les pluies beaucoup trop abondantes en Europe et une sécheresse sans précédent au Canada ont conduit à une pénurie de blé dur » Communiqué conjoint du Sifpaf et du CFSI
true
On en parle beaucoup de cet effondrement, mais personne n’aimant les « Cassandre », on fait comme si ce n’était qu’une alerte de plus, par des gens qui ne sont pas des plus optimistes sur notre futur. Les optimistes béats, diront « on en a vu d’autres, on s’en remettra ! » et les « je m’en foutistes » continueront leurs petites vies, sans changer d’un iota, leur course à la possession de toujours plus. Ce livre proposé, a été écrit par Bertrand Zuindeau alias Jared Diamond en 2006 et il reste brûlant d’actualité. Voici la présentation de cet ouvrage qui devrait interpeler les lecteurs. « Qui devrait » mais le fera t-il ? Partagez ! Volti ************ Partagé avec Liliane Held Khawam via https://journals.openedition.org Jared Diamond, 2006, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Paris, Gallimard, Collection « NRF Essais ». Prix: 13,60 € 1 Le catastrophisme a mauvaise presse. Fréquemment il suscite l’incrédulité et parfois les sarcasmes et l’irritation. Dans ce monde hédoniste qui est le nôtre, on est rétif aux cassandres. Bizarrement, on les juge désespérants et démobilisateurs. Parlant de développement durable, on évoque volontiers le risque d’une diminution du bien-être des générations futures, voire une baisse de leurs revenus. Mais la survie même de l’homme ne paraît pas en cause. Et s’il en est ainsi, c’est que l’homme aurait une capacité d’adaptation qui, certes, ne le mettrait pas à l’abri de crises graves, mais lui permettrait de les surmonter à jamais. En réalité, par le passé, des sociétés ont bel et bien disparu. Non seulement des civilisations se sont progressivement éteintes, mais des sociétés, et les hommes et femmes qui les composaient, se sont effondrés en des laps de temps, parfois courts à l’échelle de l’histoire. 2 Le dernier livre de Jared Diamond – d’abord biologiste de l’évolution et physiologiste, enseignant actuellement la géographie à l’Université de Californie – nous raconte l’histoire de plusieurs de ces effondrements tragiques. Au-delà de l’évidence des mots, qu’entend l’auteur par « effondrement » ? C’est, nous dit-il, « une réduction drastique de la population humaine et/ou de la complexité politique/économique/sociale, sur une zone étendue et une durée importante » (p. 15). Mais le champ de l’auteur est d’emblée restreint. Les cas d’études sélectionnés ont un point commun. Sont concernées les sociétés qui ont disparu pour avoir, notamment, épuisé leur environnement naturel. En déboisant à outrance, en appauvrissant les sols, en ponctionnant drastiquement sur la faune et la flore, les hommes de ces sociétés ont fini par saper les bases mêmes de leurs activités de survie. Et l’ouvrage nous fait ainsi passer des habitants de l’île de Pâques aux Vikings du Groenland, en s’arrêtant aussi à l’empire Maya ou aux Anasazis d’Amérique. 3 L’ensemble, de près de 650 pages, est tout à fait impressionnant. Si toutes ces monographies emportent l’intérêt, certaines sont absolument passionnantes, celle des Vikings par exemple. Vu la somme d’informations contenues et les multiples éléments d’analyse, il est assez difficile de rendre compte de ces différents exposés. Mais un autre intérêt de l’ouvrage, peut-être le principal, est de tenter de dégager des facteurs précis et leurs enchaînements particuliers, plus ou moins à l’œuvre dans les sociétés étudiées. Sont ainsi en cause : des problèmes environnementaux, les effets de changements climatiques, des relations hostiles de voisinage, le déclin de relations d’échange, le type de réponses apportées à ces problèmes par les sociétés. Les problèmes environnementaux font l’objet d’une attention particulière et l’auteur distingue : « les problèmes liés au sol (érosion, salinisation, perte de fertilité) ; la gestion de l’eau ; la chasse excessive ; la pêche excessive ; les conséquences de l’introduction d’espèces allogènes parmi les espèces autochtones ; la croissance démographique et l’augmentation de l’impact humain par habitant » (p. 17). 4 On remarquera que si des problèmes sont à l’origine des effondrements, les réponses aux problèmes peuvent elles-mêmes devenir des problèmes et contribuer à l’accélération de la catastrophe, au lieu de la prévenir. Autrement dit, les expériences examinées confirment l’idée qu’il n’y a pas de catastrophes inévitables et que, dans un même contexte, confrontés aux mêmes facteurs nocifs, les hommes ont une capacité d’action déterminante sur la pérennité de leurs sociétés. L’ouvrage offre ainsi, entre plusieurs illustrations, celle des Vikings et des Inuits au Groenland aux XIVe et XVe siècles. Ensemble confrontés au même environnement difficile, avec en particulier le démarrage du « petit âge glaciaire », les premiers n’ont pu s’adapter, à la différence des seconds. Soucieux de témoigner de leurs origines, les Vikings s’arc-boutèrent sur leurs valeurs ancestrales, privilégiant l’élevage – pourtant responsable d’une érosion accélérée des sols – et méprisant certaines ressources alimentaires autochtones (phoques, baleines et même, aussi surprenant que cela paraisse, le poisson), ou s’attachant à importer d’Europe des articles de prestige plutôt que des biens, pourtant bien plus nécessaires (du fer par exemple). Orgueilleux, ils se refusèrent à copier les Inuits dont ils auraient pu pourtant s’inspirer : ils en périrent, alors que les Inuits sont parvenus à se maintenir. 5 De ces études de cas, il y a évidemment des leçons à retenir pour les hommes d’aujourd’hui, également menacés par d’importants problèmes environnementaux. Diamond relève une douzaine de problèmes (destruction ou perte de ressources naturelles, changements dans l’atmosphère, diffusion accrue de produits chimiques toxiques, démographie trop importante, etc.). Quel(s) serai(en)t le(s) plus important(s) aujourd’hui ? Avec humour, l’auteur répond : « Notre tendance erronée à vouloir identifier le problème le plus important ! ». Et de poursuivre : « (…) [C]hacun de nos douze problèmes, faute de solutions, nous causera un grave dommage et (…) tous interagissent les uns avec les autres. Si nous en résolvions onze, mais pas le douzième, nous serions encore en danger, quel que soit le problème non résolu. Nous devons donc les résoudre tous » (p. 556). De surcroît, les interactions dont il est question sont aussi d’ordre spatial : ce n’est plus un seul pays qui est menacé, encore moins une île d’une centaine de km² (l’île de Pâques), mais la Terre dans son ensemble. Dès lors, avec de tels enjeux globaux, les réponses ne peuvent être que globales. Précisément, quant aux choix à réaliser pour garantir la survie de notre « société mondiale », le lecteur risque de rester sur sa faim. Diamond propose « des plans à long terme et la volonté de reconsidérer les valeurs fondamentales » (p. 579). On vient de voir avec l’exemple des Vikings que, pour partie, leur effondrement au Groenland provenait de leur incapacité à remettre en cause leurs valeurs originelles. Ce serait aussi pour l’homme moderne l’enjeu majeur à dépasser. Mais comment ? La question reste très largement sans réponse… Nous n’en faisons, cependant, nul reproche à l’auteur dont l’objet premier était l’analyse des effondrements passés et qui n’envisage ces recommandations qu’en toute fin d’ouvrage. 6 La qualité de l’analyse, l’accumulation de travaux en amont retranscrits dans des synthèses bien faites, la hardiesse des positions aussi – mettre en avant le poids de la démographie comme l’un des facteurs explicatifs du génocide rwandais risque du susciter la critique indignée –, et bien sûr la portée essentielle du propos – le devenir de l’Homme –, font d’Effondrement un livre important ; l’un des plus importants de ces dernières années, selon nous, dans le domaine de l’environnement. Jared Diamond, 2006, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Paris, Gallimard, Collection « NRF Essais ». Prix: 13,60 € Droits d’auteur Développement Durable et Territoires est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.
biased
Au moment même où se tient la Conférence des Nations Unies sur le climat à Doha (du 26 novembre au 7 décembre), le Président de la République a reçu une délégation de scientifiques français membres du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) conduite par Jean JOUZEL, vice-président du GIEC, et composée de Hervé LE TREUT, Pascale BRACONNOT, Stéphane HALLEGATTE, Catherine JEANDEL, Serge PLANTON, et de Valérie MASSON-DELMOTTE. Les ministres Delphine BATHO et Pascal CANFIN ont participé également à cet entretien. Le Président de la République a salué l’excellence de la recherche française en matière d’études sur le climat, et le rôle essentiel du GIEC au niveau international dans l’avancée et la diffusion des connaissances en la matière. Les résultats des travaux du GIEC sur l’évolution actuelle du climat, les impacts possibles à court et moyen terme, notamment en France, le rôle des océans, les enjeux des négociations climatiques, les politiques à conduire pour faire face au réchauffement climatique, dont l’aide à l’adaptation pour les pays les plus pauvres, ont fait l’objet d’exposés et d’échanges approfondis. La nécessité d’agir plus vite et plus efficacement pour limiter la hausse de la température du globe à 2°C d’ici la fin du siècle a été particulièrement soulignée. Le Président de la République a rappelé que c’est l’un des objectifs majeurs de la transition énergétique dans laquelle il a voulu que la France s’engage, à l’issue d’un large débat débuté le 29 novembre. Il a réaffirmé la volonté résolue de la France, avec l’Union européenne, d’aboutir à un accord ambitieux de l’ensemble des pays de la planète en 2015, et sa disponibilité pour accueillir la conférence des Nations Unies sur le climat cette même année. Le Président de la République a considéré que les politiques à conduire en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation au changement climatique constituaient par ailleurs de formidables opportunités de croissance « verte », qui puissent concilier performance économique, progrès social, et préservation de la planète. 📨 Ne passez plus à côté des infos de l'écologie
true
Alors que les responsables politiques européens sont (de nouveau !) en réunion à Bruxelles pour discuter du futur énergétique de l’Union européenne, Greenpeace publie un rapport prouvant que des engagements forts de l’UE en faveur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique peuvent réduire les besoins d’importation de 45% de plus en 2030. Lire le rapport (en anglais) : A roadmap for Europe – Une feuille de route pour l’Europe Action à Bruxelles lors d’un sommet des chefs d’Etats européens sur l’avenir énergétique de l’UE – 27 juin 2014 Le mythe de l’indépendance énergétique Relire notre billet : G7 : l’indépendance passe par les énergies renouvelables ! Ce nouveau rapport compare l’impact des importations d’énergie de l’UE selon deux scénarios pour atteindre les objectifs climatiques et énergétiques en 2030. La première approche est basée sur la proposition de la Commission de réduire de 40% les émissions carbone nationales par rapport à 1990 et une part de l’énergie renouvelable à 27%, sans aucun objectif spécifique ou contraignant d’économies d’énergie. La seconde approche reflète les demandes de Greenpeace et d’autres organisations environnementales, avec un ensemble de trois objectifs : réduction des émissions de carbone d’au moins 55% (par rapport à 1990), une part d’énergies renouvelables de 45% dans le mix énergétique européen et une réduction de la consommation d’énergie primaire de 40% (par rapport à 2005). En comparant ces deux trajectoires, le rapport montre que, sur la base des propositions de la Commission, même si l’Union européenne exploite la totalité de son propre gaz, de son pétrole et de son charbon, il resterait encore à importer un total de 29 000 pétajoules (PJ) par an de combustibles fossiles d’ici à 2030 ! Plus précisément, les importations annuelles d’environ 90 milliards de m3 de gaz et de 1,3 million de barils de pétrole pourraient être évitées d’ici 2030. Par rapport à la proposition de la Commission, cela représente une réduction de 35% supplémentaires dans les importations de gaz et une coupe de 45% des importations de pétrole en 2030. La crise en cours avec la Russie montre à quel point l’Europe est dépendante des importations d’énergie, en particulier sur le pétrole et le gaz russes. L’UE a dépensé un total de 421 milliards d’euros sur les importations d’énergie en 2012. Faire le pari de l’indépendance énergétique d’un continent sur d’hypothétiques réserves d’hydrocarbures de schiste, sur des projets d’importations ou sur la prolongation de vie des réacteurs nucléaires n’est pas viable. Les dirigeants européens doivent donc mettre l’accent sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables afin de réduire la dépendance de l’Europe et d’améliorer sa sécurité énergétique. Pour réduire le risque de pénurie d’approvisionnement énergétiques, pour réduire les risques posés par les changements climatiques, pour réduire les risques liés au nucléaire vieillissant.
biased
Des étoiles de mer mortes, des moules cuites sur place... C'est un spectacle morbide et inquiétant auquel a assisté Christopher Harley, biologiste marin à l'Université de la Colombie-Britannique qui étudie les effets du changement climatique sur les écosystèmes marins côtiers. Deux semaines après les premiers jours de la vague de chaleur qui a frappé la Colombie-Britannique au Canada et le nord des Etats-Unis, faisant plus de 700 morts, les effets se font toujours sentir sur la biodiversité locale, notamment côtière et marine. Le chercheur s'est ainsi rendu les plages de l'Ouest canadien et a fait une morbide découverte : des moules et des palourdes mortes recouvrant les rochers du nord-ouest du Pacifique, coquilles béantes comme si elles avaient été cuites dans l'eau. "Je pouvais sentir [l'odeur qui émanait de] cette plage avant d'y arriver, car il y avait déjà beaucoup d'animaux morts depuis la veille", raconte à CNN Christopher Harley. Différents médias américains, dont le New York Times, rapportent ainsi que la vague de chaleur extrême a tué des centaines de millions d'animaux marins et continue de menacer d'innombrables espèces d'eau douce, notamment les saumons, selon une estimation préliminaire et des entretiens avec des scientifiques. "C'était une catastrophe, poursuit le biologiste marin. Il y avait un lit de moules très étendu qui recouvrait le rivage. La plupart de ces animaux étaient morts." Christopher Harley a calculé que pour les seules moules, les pertes s'estimaient à des centaines de millions. Si on ajoute à cela les balanes, bernard-l'ermite et autres crustacés, vers et minuscules concombres de mer, le nombre de morts dépasse facilement le milliard, selon le biologiste. Une alarme particulièrement inquiétante alors que les moules constituent une espèce écologiquement importante qui nourrit les étoiles de mer, les canards de mer et crée un habitat pour d'autres animaux. Cette hécatombe pourrait alors mettre à mal les migrations des canards de mer qui doivent faire le plein de moules avant leur grand voyage. Le désastre pourrait être d'autant plus grand si ces vagues de chaleur extrêmes se multiplient et s'intensifient avec les années, comme le prévoit Christopher Harley, car les espèces n'auront pas le temps de s'en remettre.
true
Les véhicules les plus polluants seront interdits de circulation dans la métropole lilloise mardi en raison d'un nouvel épisode de pollution aux particules fines, a annoncé ce lundi la préfecture du Nord, qui avait imposé pour la première fois de telles restrictions fin février. Dans ce périmètre qui couvre une douzaine de communes, seuls les véhicules équipés d'une vignette Crit'air 0, 1, 2 et 3 ou bénéficiant d'une dérogation seront autorisés à circuler entre 6 heures et minuit, a précisé la préfecture dans un communiqué. Les forces de l'ordre procéderont à des contrôles à différentes entrées et à l'intérieur de ce périmètre. Circuler à bord d'un véhicule non autorisé est passible forfaitaire de 68 euros, a rappelé la préfecture, qui insiste sur la nécessité de "limiter ses déplacements" ou de "privilégier le covoiturage et les transports en commun". Face à la mise en place de cette circulation différenciée, la Métropole européenne de Lille (Mel) a ainsi décidé d'activer son "Pass Environnement" comme "solution de déplacement alternative sur l'ensemble de son réseau de transports en commun (métro, bus, tramway et transports sur réservation)". "Cette mesure incitative, permet, en achetant un Pass Environnement au prix d'un ticket unitaire (1,65 euro par jour) de voyager en illimité dans les transports en commun du réseau" toute la journée de mardi, a indiqué la Mel dans un communiqué. De son côté, le Conseil régional des Hauts-de-France a décidé d'activer son dispositif "Titre environnemental", qui propose un tarif incitatif pour les usagers des lignes routières interurbaines entrant et sortant de l'agglomération lilloise. Au troisième jour d'un précédent épisode de pollution aux particules fines, la préfecture du Nord avait déjà décidé d'instaurer la circulation différenciée pour la journée du 27 février dans la métropole, ce qui constituait une première à Lille.
true
Poursuite de la série, pour changer un peu de la crise économique : le désormais classique point météo mensuel… Comme je me suis assoupi et que plusieurs me l’ont réclamé, je reprends l’historique… Bilan mensuel pour juillet 2013, que je commenterai peu, les images parlant d’elles-mêmes… En France Analyse Météo-France pour Juillet 2013 Source : Météo France « • Après un début d’été particulièrement maussade, le mois de juillet a été très chaud et ensoleillé. « • La température moyenne mensuelle sur la France a été supérieure de 1.9 °C à la normale, plaçant juillet 2013 au 3ème rang des mois de juillet les plus chauds depuis 1900. » » « • Juillet 2013 se classe au 3ème rang des mois de juillet les plus chauds depuis 1900 ex-aequo avec 1994, après 2006 et 1983. » « • Le vent a été très discret, notamment sur le littoral méditerranéen, en Corse et dans le Nord. Toutefois, de violentes rafales se sont produites sous les nombreux orages. » « • L’ensoleillement a été très généreux sur l’ensemble du pays et exceptionnel sur le nord et la moitié ouest de l’Hexagone où de nombreux records ont été mesurés. Juillet 2013 est le mois de juillet le plus ensoleillé depuis 1991, devant 2006. » « • Les précipitations, essentiellement orageuses, ont concerné une grande partie du pays durant la deuxième quinzaine de juillet. La pluviométrie est excédentaire dans le Sud-Est et en Corse. En moyenne sur la France, elle est légèrement supérieure à la normale. » La pluviométrie est légèrement supérieure à la normale à l’échelle de la France. MF : « • Le cumul pluviométrique annuel moyen est déjà presque atteint au 1er juillet du sud de l’Aquitaine au sud de Midi-Pyrénées, ainsi que sur la Côte d’Azur. En revanche, à l’échelle de la France, le cumul de ce mois de juin ne présente aucun caractère exceptionnel. » En conséquence, on a au niveau des précipitations efficaces (= eau disponible pour l’écoulement et la recharge des nappes) : « • À l’exception des régions situées sur le nord du Finistère, de l’Aisne au nord de la Lorraine, sur le nord-est de la Corse, et de l’est de la Dordogne au Massif central ainsi que sur le pourtour du golfe du Lion, le cumul des précipitations efficaces depuis le 1er septembre est généralement excédentaire de 50 à 100 %. Il atteint localement 2 à 3 fois la normale de la Vienne à la Sarthe, à l’île-de-France et à l’Aube, près de la mer du Nord, en Provence et dans le sud des Alpes, ainsi qu’au sud de la Garonne avec un cumul de précipitations efficaces toujours compris entre 750 et 1250 mm sur le piémont pyrénéen. Le cumul de précipitations efficaces représente ponctuellement entre 25 à 75 % des normales du Massif central au delta du Rhône et dans le Roussillon. » « • Au 1er août 2013, l’humidité des sols est proche de la normale sur une grande partie du pays. Elle est légèrement déficitaire des Pyrénées-Atlantiques à la Champagne, sur les régions bordant la Manche et dans le Nord-Est. Toutefois, dans le Finistère, la Marne, les Vosges et le Bas-Rhin ainsi qu’en Haute-Vienne, l’humidité des sols est, par endroits, déficitaire et représente moins de 50 % des normales. En revanche, les sols superficiels sont proches de la saturation voire localement saturés dans le nord de la Meurthe-et-Moselle, en Gironde, dans le Poitou, du sud de la Bourgogne à l’est de l’Auvergne, le long du couloir rhodanien, en Provence ainsi que sur le relief corse. » Situation du niveau des nappes : « Le niveau des nappes au 1er août 2013 est hétérogène d’une région à l’autre. La très grande majorité des réservoirs (88%) affiche un niveau normal à supérieur à la normale. Les secteurs où la situation est favorable sont très généralisés sur l’ensemble du territoire. La situation des nappes durant cet été traduit l’excellente recharge du début d’année qui s’est prolongée de manière significative jusqu’en début d’été, ce qui est assez exceptionnel. Les précipitations orageuses de juillet ont participé, dans certains secteurs, à la couverture des besoins de la végétation, non négligeables en cette période de l’année. Ainsi les nappes n’ont pas été sollicitées autant que d’habitude et leurs niveaux restent très hauts pour la saison. » Tendance d’évolution du niveau des nappes : « En cette période d’été, après une très bonne période de recharge 2012 / 2013 qui s’est prolongée en juin, on se situe désormais clairement sur une période de baisse des niveaux avec les trois-quarts (75%) des nappes qui affichent un niveau en baisse. Seuls 16% des niveaux sont encore stables et le pourcentage de niveaux en hausse est désormais très marginal (9%), ce qui est très normal pour la saison. La situation des nappes au 1er aout confirme la tendance observée durant le mois précédent. La période de bascule vers une baisse des niveaux a eu lieu en juillet, très tardivement donc, ce qui traduit une année assez exceptionnelle. La recharge du printemps aura ainsi été très bénéfique jusqu’en été et la baisse, désormais en place, attendue pour cette période de l’année, correspond à une situation très normale. » En Europe Températures moyennes du mois : Anomalies de température du mois = différences par rapport à la moyenne historique : Températures moyennes des 3 derniers mois : Anomalies de température des 3 derniers mois : Précipitations moyennes du mois : Anomalies de précipitations du mois : Précipitations moyennes des 3 derniers mois : Anomalies de précipitations des 3 derniers mois : Aux États-Unis Anomalies de température du mois : NB. : 2°F = 1,1 °C Les évènements marquants ont été les suivants : Au niveau géographique national : Et si on regarde sur les 12 derniers mois : À lire sur le bulletin américain de la NOAA Dans le Monde Tout d’abord, voici une synthèse des évènements du mois, par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration, agence gouvernementale américaine) : Elle est malheureusement en anglais, mais bon, chez Météo-France, on ne trouve presque aucune donnée pertinente accès libre, alors avant qu’ils s’occupent du Monde… A contrario, mention très spéciale à la NOAA et à son National Climatic Data Center, pour l’immense qualité des informations. Le bilan du mois est le suivant : Juin 2013 a donc été le 3e mois de juin le plus chaud sur les terres de la Planète (+ 1,19 °C par rapport à la moyenne) depuis 1880… À lire sur le bulletin global de la NOAA Anomalies de température du mois : On assiste ainsi à un bouleversement des températures sur la planète. Il a fait un peu moins chaud en France (out en étant largement supérieurs aux moyennes), mais beaucoup plus chaud aux États-Unis qui battent des records. Le réchauffement climatique doit s’analyser globalement, pas localement. En effet, il se peut que les modifications induisent refroidissent certaines zones. Par exemple, petit rappel géographique : la France est à la même latitude que le Canada, et Paris est bien plus au Nord que les grandes villes canadiennes : S’il fait bien plus chaud chez nous, c’est grâce au flux de chaleur apporté par le courant maritime du Gulf Stream et par les vents d’Ouest ; s’ils étaient perturbés, il pourrait ainsi y avoir des conséquences pénibles durant certaines saisons ici. Voici la situation de la banquise arctique par rapport aux années précédentes : Anomalies de précipitations du mois (en mm de précipitations) : Anomalies de précipitations du mois (en % par rapport à la moyenne): Météo Solaire Je rappelle que les billets de l’étude approfondie du Soleil et de ses cycles réalisée dans le cadre du dossier sur le Réchauffement Climatique sont disponibles ici : Voici la carte des prévisions du cycle solaire pour les mois à venir : Le pic du cycle 24 est actuellement estimé par la NASA à 66 taches solaires par jour, à l’automne 2013. (rappel : prévision 12/2011 : 96 taches/j en février 2013 ; prévision 02/2012 : 59 taches/j début 2013 ; 08/2012 : 60 taches/j au printemps 2013 ; fin 2012 : 73 taches/j à l’automne 2013) À suivre le mois prochain ! 🙂 P.S. : Les archives de ce point Météo sont ici : point météo mensuel
true
Emissions de gaz à effet de serre, économie, intensité énergétique, population… Il y aurait un lien entre ces diverses grandeurs, que chacun – physiciens, économistes ou politiques, ingénieurs, démographes – aime à utiliser dans son coin ? Une équation, géniale parce que si simple (et, comme on va le voir, si terrible !), et que la rumeur attribue à un professeur japonais dénommé Kaya (ce qui est sûr, c’est que le Professeur Kaya en question est un chercheur connu pour les questions de politique énergétique), permet de relier entre elles ces notions, même si pour la majorité de mes concitoyens « on ne voit pas le rapport avec la choucroute ». Cette équation part du principe, très simple – et dont des générations de collégiens se souviennent sûrement ! – que l’on peut toujours multiplier ou diviser par un même nombre chaque coté d’une égalité. Notre égalité de départ est on ne peut plus évidente. Appelons CO2 les émissions mondiales de gaz carbonique, le principal gaz à effet de serre d’origine humaine, et nous pouvons écrire qu’elles sont égales à elles-mêmes, ce sur quoi on devrait être d’accord : Jusque là, tout le monde devrait suivre ! Appelons maintenant TEP la quantité d’énergie consommée dans le monde (par référence à l’unité « tep », ou « tonne équivalent pétrole », généralement utilisée quand on parle d’énergie). Tout le monde sait que, quand nous avons une égalité, il est possible de multiplier et diviser un des côtés par n’importe quoi de non nul. TEP étant non nul, nous pouvons, de l’un des côtés, à la fois multiplier et diviser CO2 par TEP, ce qui donne : Quel intérêt ? C’est que nous venons juste d’écrire que : Emissions de GES = Contenu en GES de l’energie ×Quantite d’energie consommeeEmissions de GES = Contenu en GES de l’energie ×Quantite d’energie consommée « Contenu en gaz à effet de serre » (en fait essentiellement « contenu en gaz carbonique ») par tonne équivalent pétrole d’énergie finale pour diverses énergies. L’électricité est convertie sur l’équivalence énergie finale (1 TEP = 11,6 MWh). Les points d’interrogation signifient que j’ai une vague idée de l’ordre de grandeur, mais que les chiffres précis varient d’une analyse à l’autre. D’après PNUE, ADEME, EDF. Ce premier graphique permet déjà de voir que, pour une consommation énergétique donnée, les émissions de CO2 dépendront beaucoup de la répartition des diverses sources que nous décidons d’avoir (ou pouvons avoir….). Pour information, l’essentiel de l’énergie que nous consommons actuellement dans le monde émet du CO2 (graphique ci-dessous), et la seule manière de faire baisser le « contenu en gaz carbonique de l’énergie » est de faire croître la part des énergies « sans carbone » (renouvelables et nucléaire) dans le mix. Part de chaque source d’énergie dans l’approvisionnement énergétique « primaire » de la planète en 2012. L’énergie « primaire » est celle qui est à notre disposition dans le monde qui nous entoure (pétrole brut, charbon brut, gaz brut, bois et végétaux, noyaux d’uranium, chutes d’eau, rayons du soleil, chaleur des entrailles de la terre, etc). L’énergie que nous utilisons au quotidien n’est pas de l’énergie primaire, mais « finale » : carburants raffinés, gaz purifié, électricité (qui n’est pas une énergie primaire, et qui est aussi « propre » que l’énergie primaire avec laquelle elle est fabriquée), etc. L’hydrogène, si nous l’utilisons un jour, est aussi une énergie finale, et donc aussi « propre » que l’énergie primaire utilisée pour la fabriquer. Les énergies « sans carbone » représentent environ 20% du total : bois, hydro, nucléaire, autres. Source : BP Statistical Review, 2013 Nous pouvons alors répéter l’exercice consistant à multiplier et diviser par le même nombre. Multiplions et divisons le côté droit par PIB, c’est à dire le produit intérieur brut, autrement dit l’unité qui mesure l’activité économique. Nous avons maintenant écrit : Emissions de GES =Contenu en GES de l’energie ×Intensite energetique de l’economie×PIBEmissions de GES =Contenu en GES de l’energie ×Intensite energetique de l’economie×PIB En effet, la division de l’énergie par le PIB (TEP/PIB) porte le nom de « intensité énergétique de l’économie » : c’est la quantité d’énergie qu’il faut utiliser pour produire un dollar (ou un euro) de biens ou services. L’intensité énergétique de l’économie est sur une pente descendante depuis le début de l’ère industrielle, en première approximation, parce que l’efficacité de l’économie n’a cessé de croître. Quantité d’énergie consommée par dollar constant de PIB en France depuis 1965. Ce que dit cette courbe est que pour produire un euro de PIB en France en 2000 il faut utiliser environ 35% d’énergie en moins qu’en 1970. Calcul de l’auteur sur sources BP Statistical Review, 2013, et World Bank, 2013 Quantité d’énergie consommée par dollar constant de PIB dans le monde depuis 1965. Ce que dit cette courbe est que pour produire un dollar de PIB en 2012 dans le monde il faut utiliser environ 25% d’énergie en moins qu’en 1970.
true
Ce mardi 27 novembre 2018, le Président de la République a présenté la "Programmation pluriannuelle de l'énergie" (PPE) qui fixe la politique énergétique de la France jusqu'en 2028. Pour accompagner cette mission, Emmanuel Macron a officialisé la création d'un Haut conseil pour le climat, composé de treize experts, dont Laurence Tubiana, ex-négociatrice pour la France lors de la COP21, Pascal Canfin, directeur général de WWF France, ainsi que des climatologues et économistes de pointe. À cette occasion, le philosophe Jean-Pierre Dupuy, professeur à Stanford University (Californie), et auteur d'une oeuvre importante consacrée, entre autres, aux risques technologiques et au nucléaire (1) revient en exclusivité pour L'Express sur les liens entre politique, écologie et nucléaire. L'Express : Une démocratie comme la France a-t-elle les moyens politiques de faire face à l'urgence climatique ? Jean-Pierre Dupuy : La démocratie, c'est d'abord nous tous. Non pas que je veuille décharger l'exécutif de ses responsabilités, mais tous les citoyens sont concernés, y compris moi, qui vis entre trois pays, la France, et mes deux pays "adoptifs", la Californie, plutôt que les États-Unis d'ailleurs, où j'enseigne, et le Brésil où résident mes enfants et mes petits-enfants... En ce qui concerne nos dirigeants, pauvre Emmanuel Macron ! Notre président a en effet à faire face à quatre objectifs incompatibles en la matière... Lesquelles ? D'abord conserver, non pas le niveau de vie, mais le mode de vie des Français. Ce qui implique de sauvegarder les conditions mêmes du libéralisme politique : se déplacer, voyager, avoir un logement, un travail. Le pouvoir exécutif doit protéger tout cela. Ensuite préserver la justice sociale, sinon il n'y a pas de société possible. Il lui faut également contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, et, dans le cas français, remplir un quatrième objectif, étant donné la pression actuelle : se passer du nucléaire. Mais c'est impossible à tenir. Si l'on met ces quatre objectifs ensemble, c'est une équation qui n'a pas de solution. Pourquoi ? Dans la mesure où le seul aspect on pourrait éventuellement agir - et qui serait suicidaire pour un gouvernement -, serait le mode de vie des citoyens. en le réformant en profondeur. Mais qui va accepter de s'y contraindre réellement ? Cela fait partie de nos libertés fondamentales. Et en ce qui concerne la justice sociale ? Comme le souligne la mobilisation des gilets jaunes, il existe une incompatibilité totale entre, d'une part, la nécessité de répondre aux revendications de gens qui gagnent moins de 1200 euros par mois, et, d'autre part, la nécessité de faire ce qui devrait l'être en matière de lutte contre le changement climatique. Le prix du baril de pétrole sur le marché de New York est au plus bas depuis un an, à peine 50 dollars aujourd'hui ! D'après les experts, il devrait être aux alentours de 200 dollars le baril. Vous voulez dire que la transition écologique et énergétique impliquerait un prix du pétrole beaucoup plus élevé ? Absolument ! Tout cela est une question de taxes. Moi qui vis aux États-Unis, je peux vous dire que le prix de l'essence y est trois fois moins cher qu'en France. Pourquoi ? Parce qu'ici, et nous l'acceptons de moins en moins, les deux-tiers du prix sont exclusivement composés de taxes. On le voit actuellement pour le gazole, où l'enjeu est de rétablir un équilibre tarifaire par rapport à l'essence. En ce qui concerne le troisième objectif, celui de la lutte contre le changement climatique, ma conviction est simple : elle est plus que nécessaire, mais ce qui est fait demeure très insuffisant. Tant que l'on aura pas triplé ou quadruplé le prix des énergies fossiles, pétrole, gaz naturel et charbon, on ne s'en sortira pas. Et si, en plus, en France, on veut se passer du nucléaire, alors on est fichu. Quel est justement votre point de vue sur le nucléaire ? Le président souhaite une sortie partielle du nucléaire d'ici à 2035... Le nucléaire est extrêmement dangereux. C'est un risque énorme. Certes, la probabilité d'un nouveau Tchernobyl est extrêmement faible, une fois tous les vingt siècles à peu près. Mais si cela se produit, ce sera avec une magnitude d'une importance faramineuse. Vous savez qu'il y a une centrale nucléaire en amont de Paris, à 50 kilomètres de Troyes et à 110 kilomètres environ de Paris, à Nogent-sur-Seine, dans l'Aube. La centrale compte deux unités de production de type réacteurs à eau pressurisée. Si une explosion nucléaire se produisait, toute la vallée de la Seine serait dévastée : des villes comme Paris, Rouen, Le Havre, seraient nucléarisées. La France a pourtant une bonne maîtrise des risques atomiques, non ? Oui, mais cela ne veut pas dire une probabilité d'accident grave égale à zéro ! Loin de là. Pour moi, il n'y a pas de solution démocratique à l'équation que j'ai posée au départ. Nous sommes coincés, et les gilets jaunes le disent à leur façon. Que peut faire alors un Haut conseil pour le climat ? Cette action gouvernementale peut malgré tout s'inscrire dans la réflexion philosophique que je propose, à savoir une métaphysique de la catastrophe : il y a une différence entre une catastrophe qui serait "certaine" - elle ne l'est pas, à mes yeux ! - et une catastrophe "inéluctable" - car elle est inéluctable, mais le plus tard possible ! Pour moi, c'est donc deux choses radicalement différentes. Regardez le dernier rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique) d'octobre 2018 : si on changeait tout, on pourrait limiter les trajectoires d'émission de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Donc, dans le cadre général du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, nous avons les cartes en main pour agir. Mais la condition "Si on change tout" est essentielle. C'est d'ailleurs le titre du dernier livre de la journaliste canadienne Naomi Klein, "Tout peut changer". Le sous-titre est encore plus explicite : "Capitalisme et changement climatique"... Il s'agit aussi, au-delà du cas de la France, d'un changement qui concerne tous les pays de la planète? Oui, y compris mes deux pays "adoptifs", celui du terrible Trump, et du bien pire Bolsonaro, partisan de la dictature militaire. Bien sûr, le Brésil n'a pas la même puissance d'intervention sur le plan international que les États-Unis d'Amérique du Nord. En tout cas, comment imaginer qu'un pays sorte aujourd'hui du capitalisme au nom de la lutte contre le réchauffement climatique ? Cela paraît impensable. Et cela ne changerait rien, de toute façon, si les autres pays restent en l'état. Que signifie concrètement, dans le cas du défi atomique, votre idée forte, celle d'un "catastrophisme éclairé" ? La catastrophe n'est pas certaine. En revanche, il nous faut faire comme si la catastrophe était inéluctable. En quelque sorte donc une fatalité, un destin, si vous voulez. La catastrophe, autrement dit, est inscrite dans l'avenir, mais avec un haut degré d'indétermination. Tout est là. D'accord. Pensez-vous alors que la guerre nucléaire n'aura pas lieu, comme l'indique le titre de votre prochain livre? Tout l'enjeu est de mesurer, anticiper et organiser le rapport catastrophique à l'avenir. J'ai cette formule : il est certain que la catastrophe écologique terminale n'est pas certaine. Les êtres humains doivent-ils se remettre en question ? Dans mon "essai de métaphysique nucléaire", sous-titre de mon prochain livre, j'écris que la guerre nucléaireserait un tel drame pour l'humain qu'elle ne doit tout simplement pas avoir lieu. Vous savez, la guerre nucléaire et la catastrophe climatique sont très liées. Regardez d'ailleurs ce qu'indique la fameuse Horloge de l'Apocalypse, à Chicago, en cette année 2018 : nous sommes à deux minutes de la fin du monde. Chaque année, des scientifiques atomiques très sérieux réajustent cette horloge, créée en 1947 après les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki. Cette horloge est supposée nous indiquer l'imminence d'une catastrophe planétaire - minuit représentant la fin du monde. En 1947, nous étions à 7 minutes ; aujourd'hui, à 2 minutes. Comment expliquer cette réduction des minutes ? Depuis douze ans cette horloge pointe un autre défi que l'arme nucléaire, mis en avant pour expliquer l'approche de la fin du monde. Ce défi, c'est le changement climatique. Ses premiers effets peuvent être des tsunamis, des désertifications, comme en Californie où, devant chez moi, des séquoias géants, qui ont parfois trois mille ans, sont en train de mourir parce qu'ils n'ont plus la vapeur d'eau qui leur permet de se nourrir le matin. Ce n'est qu'un détail, mais il y existe des phénomènes extrêmes climatiques un peu partout. Pourquoi, d'après vous, les humains n'ont-ils pas davantage conscience de cette catastrophe annoncée ? Si nous détruisons la nature, ce n'est pas parce que nous ne l'aimons pas. C'est parce que les hommes se haïssent les uns les autres. Regardez la série de gravures de Goya sur Les désastres de la guerre, ou cet autre tableau, où l'on voit deux hommes qui luttent à mort l'un contre l'autre à coups de bâtons, sans se rendre compte qu'ils sont tous les deux en train de s'enfoncer dans des sables mouvants... Les hommes se livrent une guerre et une concurrence féroces, sans se rendre compte de ce qui se passe et sans prendre en compte le monde autour de nous. La COP24, qui débute la semaine prochaine, peut-elle freiner cet engrenage ? Alors que tous les pays du monde sont engagés les uns par rapport aux autres, la COP21 de Paris n'a débouché sur aucun engagement. John Kerry, dépêché par Barack Obama, avait d'ailleurs dit aux Français que le Congrès américain ne ratifierait aucun engagement ferme. Donc elle n'a servi strictement à rien. Maintenant, avec la COP 24, il s'agit de passer à de vraies interdictions. Elles seront d'autant plus envisageables que les États-Unis ne sont plus dans le coup, bien qu'ils demeurent le premier pollueur du monde avec la Chine ! Tout ce qui va dans le sens de la lutte contre le changement climatique est une bonne chose. Si l'on baisse les bras, alors c'est sûr qu'il n'y a plus rien à espérer. Mais personne ne peut dire de quoi demain sera fait. (1) Citons, entre autres : Pour un catastrophisme éclairé. Quand l'impossible est certain, Seuil, 2004 ; Petite métaphysique des tsunamis, Seuil, 2005 ; Retour de Tchernobyl. Journal d'un homme en colère, Seuil, 2006. En février, il publiera La guerre qui ne peut pas avoir lieu (éd. Desclée de Brouwer),
true
«La Terre est le berceau de l’humanité… mais on ne peut passer sa vie dans un berceau…» Constantin Tsiolkovski (1857-1935, père de l’astronautique russe) De l’eau salée a été repérée sur la planète Mars. Cette découverte relance l’hypothèse d’une forme de vie sur Mars. C’est une avancée significative. La Nasa l’a confirmé le lundi 28 septembre: de l’eau, sous forme liquide, coule encore régulièrement à la surface de la planète rouge. Des coulées sombres ont été observées sur plusieurs centaines de mètres. Elles apparaissent en été et disparaissent en hiver, Mars ne serait donc pas une planète sèche et aride. «Nous savons maintenant que Mars était une planète très semblable à la Terre avec des mers chaudes, salées, avec des lacs d’eau douce, sans doute de la neige aux sommets», explique l’administrateur adjoint de la Nasa, John Grunsfeld. Existe-t-il ailleurs des planètes propices à la vie? L´enquête commence dans notre système solaire, parmi les nombreuses planètes, astéroïdes et comètes qui entourent le Soleil. Parmi ces astres, Mercure, Vénus et Mars sont nées à partir des mêmes ingrédients que la Terre, il y a 4,5 milliards d´années. Elles auraient pu lui ressembler. Certains indices suggèrent même que Vénus et Mars ont connu, au début de leur existence, une période où des rivières et des mers d’eau liquide recouvraient leur surface. A présent, Mars est devenue une planète glacée, et Vénus une fournaise brûlante et sèche. Pourquoi n’ont-elles pas pu garder un climat clément propice à l’eau liquide et à la vie telle que nous la connaissons? Mars était-elle trop petite? Vénus trop près du Soleil? L’existence d’une vie extraterrestre est, depuis toujours, un objet d’interrogation et un terrain privilégié de l’imaginaire. Depuis que les radioastronomes écoutent le ciel, ils n’ont repéré aucun message de civilisation extraterrestre mais ils ont découvert une centaine de molécules différentes dans l’espace interstellaire, en grande majorité organiques et dont l’eau est parmi les plus abondantes. Il n’est, donc, pas déraisonnable de penser que la chimie du carbone, en présence de l’eau, n’est pas limitée à notre système solaire. Il reste à définir ce que c’est que la vie car il n’est pas exclu que d’autres métabolismes n’utilisant pas le carbone ou l’eau puissent exister. C’est le cas dans les abysses océanes où la vie existe en absence de photosynthèse. Sur Terre, l’évolution biologique a permis l’émergence de quelques espèces vivantes dotées d’intelligence. L’espèce humaine n’est pas la seule. D’après les exobiologistes, les scientifiques qui cherchent les formes de vie dans l’espace, les conditions de vie sur les autres planètes, sur le modèle de la vie terrestre, doivent obéir aux contraintes suivantes: en plus d’une distance adéquate du Soleil, la planète doit avoir une atmosphère et une gravité qui permettent à l’eau (obligatoire) des océans de ne pas s’évaporer. De plus, cette planète doit être stabilisée lors de sa rotation(1). Conditions d’émergence de la vie L’eau, c’est avant tout un milieu dans lequel on peut trouver des traces éventuelles de vie. Traces de vie passée, ou de vie microbienne présente, c’est là où il faudrait envoyer des sondes afin de les détecter, si elles existent. «Une question à laquelle nous avons les moyens technologiques de répondre», assure John Grunsfeld, administrateur associé de la Nasa. Pourtant, on a cru, longtemps, que la vie était liée à certaines conditions (température, pression, teneur en oxygène..) et on admet que la vie puisse se développer sur une planète, on admet généralement, comme conditions nécessaires, la présence d’eau liquide, d’azote, de carbone et éventuellement de silicium. Dans les conditions actuelles, la Terre est la seule planète du système solaire à posséder la vie. Cette singularité contraint l’exobiologie à la considérer comme un modèle unique, donc, indispensable. Cependant, la vie a-t-elle jailli, uniquement, sur Terre? L’expérience de Miller en 1953 a permis de simuler l’apparition de la vie sur Terre. Une chimie prébiotique pouvait, fort bien avoir été à l’origine de la vie sur Terre, Dans le même ordre, en analysant les grains de la comète de Halley avance Laurent Clause «les chercheurs ont en effet découvert 143% de carbone organique. Quant aux radioastronomes, ils ont identifié 83 molécules différentes dans le milieu interstellaire. Dans une météorite tombée en Australie, huit acides aminés ont, ainsi, été détectés parmi les vingt qui constituent les protéines connues sur Terre». (2) Une vie extraterrestre La vie existe-t-elle, ailleurs, que sur Terre? Il y a statistiquement des chances très élevées pour que la vie existe ailleurs, sachant qu’il existe plus de 100 milliards d’étoiles dans chaque galaxie et que, dans l’Univers tout entier, on dénombre plus de 100 milliards de galaxies. Les scientifiques commencent à découvrir des planètes telluriques, c’est-à-dire solides et de petite taille, qui ressemblent à la Terre… Quand Frank Drake lista toutes les conditions nécessaires à la communication avec d’autres civilisations: il faut des étoiles, des planètes, avec un écosystème pour que se développent la vie, puis l’intelligence, et la communication. Enfin, il faut que ces civilisations technologiques vivent, suffisamment, longtemps. Cette formule est devenue célèbre sous le nom d’Equation de Drake. Avec une valeur de N comprise entre 18 et 5000.000.000, autant dire que nous ne savons pas avec combien de civilisations nous pourrions communiquer. Plus, récemment encore, en avril 2015, le site Atlantico rapporte l’information suivante: Ellen Stofan, scientifique en chef de la Nasa affirme que la recherche de formes de vies extraterrestres n’était plus qu’une question de temps. Vingt ans au plus.. Olivier Sanguy spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef d’Enjoy Space, à la Cité de l’espace à Toulouse déclare: «: (…) Depuis quelques années, l’étude de notre système solaire avec des sondes ou avec des télescopes a montré, plusieurs endroits susceptibles d’héberger le vivant. Certes, plutôt, sous une forme très simple, comme des microbes, mais ce serait déjà une avancée extraordinaire. De même, on trouve, de plus en plus d’exoplanètes, ces planètes qui tournent autour d’autres soleils que le nôtre, «bien placées» et qui pourraient, en théorie, abriter du vivant si d’autres conditions sont réunies». (3) La Nasa a-t-elle découvert et caché des preuves de vie sur Mars en 1976 et en 2015? Il semble que depuis près d’une quarantaine d’années la Nasa avait des fores présomptions quant à la présence d’eau sur Mars. Les différentes missions dont la dernière avec Curiosity n’auraient fait qu’apporter plus de preuve. Dans une interview sur ce qu’il pense être de la rétention de l’information par la Nasa de la possibilité d’existence d’une vie sur Mars, Gilbert Levin ingénieur à la Nasa, de la Mission Viking déclare: «La sonde Viking 1 est lancée par la Nasa en 1975. Elle doit se poser sur Mars pour y trouver des traces de vie. L’atterrisseur est programmé pour détecter des signes de vie grâce à une solution radioactive déposée sur les échantillons prélevés avec le godet articulé. L’idée était de nourrir d’éventuels micro-organismes. S’ils métabolisaient ce qu’on leur avait donné, le gaz qu’ils expulseraient serait radioactif, ce qui les rendrait faciles à détecter. (…) Et puis brusquement on a obtenu un résultat: des milliers de coups par minute, trahissant la présence d’un gaz radioactif qui émanait de notre échantillon. Pour la Nasa c’est une preuve concluante.» (4) Pour Nick Pope (analyste militaire) la réponse est la même: «C’était une expérience et une mission approuvées par la Nasa. Les résultats étaient nets, il y avait de la vie! C’est peut-être une des découvertes les plus importantes de tous les temps! Alors pourquoi n’en a-t-on pas parlé? Si c’est faux, qu’on le dise. Pourquoi ce silence? La Nasa a, donc, tout fait pour étouffer l’information. Depuis, la Nasa a détecté des grands dépôts de sel à la surface de la planète rouge (en 2008). (…) Une forme bizarre de sel. Une fois qu’on chauffe ce sel, toutes les molécules biologiques qu’il contient se dissolvent. Donc, même s’il y avait bien des formes de vie dans le sol martien salé, elles auraient été détruites… Le sel martien ne fait, peut-être, pas que masquer la présence de la vie… Il pourrait être l’un de ses ingrédients fondamentaux. Sur la Terre, nous savons que certains organismes ont besoin de sel.» (4) L’existence d’une vie extraterrestre et les religions L’exemple de Mars est intéressant, car l’eau liquide a existé à sa surface aux débuts de son histoire, avant de disparaître, assez, rapidement, peut-être même, sous forme d’océans. Mais du fait de la faible taille de Mars, la majeure partie de cette eau s’est enfuie, depuis cette époque. (…) Mais comment se fait-il que la vie n’ait été possible que sur Terre?»(5) L’Objectif de Curiosity est de trouver, aussi, des traces d’une vie ancienne sous forme de molécules organiques. D’où l’intérêt de se poser sur un terrain sédimentaire. Ce sera Gale, un cratère. L’argile et les dépôts de sulfate situés à plusieurs niveaux d’altitude, à l’intérieur du cratère Gale. La Vie a jailli partout dès que les conditions le permettent… Elle essaie, transforme, mute, s’adapte, ou disparaît au profit d’autres formes de vies. Par ailleurs, il a été constaté que les molécules organiques de départ (ARN et ADN), ne peuvent être synthétisées, sans support. Il est possible de faire appel à des surfaces minérales, comme les micas, les argiles qui se trouvent abondamment sur Terre et sont constituées d’un empilement de couches fines. Entre les différentes couches de l’argile peuvent se glisser certaines petites molécules organiques, ce qui permet une absorption importante, première étape vers la réaction de synthèse. «D’après les chercheurs interrogés par Life’s Little Mysteries, si la vie existait sur Mars, il ne serait pas exclu que nous soyons, nous-mêmes, des Martiens. Si la vie n’était apparue qu’une seule fois, cela indiquerait qu’elle est très rare mais si elle était apparue deux fois dans un seul système solaire, alors cela nous dirait que la vie est en fait très commune. (…) Au vu de l’importance d’une telle découverte pour la science, une question se pose: quel impact aurait une telle annonce sur l’humanité? (…) Les conséquences majeures seraient ainsi, davantage, de l’ordre de la religion ou de la philosophie.» (6) Pour Hubert Reeves, la vie serait venue de Mars à travers des météorites. «Imaginons, écrit-il, un caillou avec des bactéries éjecté de Mars à la suite d’un choc, qu’il ait tourné pendant des millions d’années avant de débouler sur notre planète pour l’ensemencer et donner le départ de la vie sur Terre. Pourquoi Mars? Parce que la vie sur Terre apparaît il y a 3,8 milliards d’années au moment où notre planète traverse une mauvaise passe, bombardée encore de tout côté par des météorites….(…) Notre proche voisine aurait pu nous céder facilement un peu de vie. Nous sommes peut-être tous des petits Martiens.» (7) Les grandes religions terriennes ne réprouvent pas l’idée de l’existence d’autres mondes habités dans l’Univers. Beaucoup de textes anciens, y font référence. Et si des extraterrestres avaient été pris pour des Dieux ou Dieu qui est dans le ciel, le très haut? La lecture des premiers chapitres de la Bible fait apparaître de nombreux récits des visites sur Terre de visiteurs venus sur des chariots de feu, porteurs de messages d’une grande sagesse. En décembre 1992, deux mois après la «réhabilitation» de Galilée par Jean-Paul II, à laquelle il avait oeuvré, Coyne avait déclaré: «L´Église n’exclut plus l’existence d’autres êtres intelligents dans l’univers… Dans un texte consacré aux origines de la création, le talmudiste Hervé Elie Bokobza souligne que le Zohar, un des ouvrages majeurs de la Kabbale, fait état de créatures humaines résidant sur des planètes situées «en dessous» de notre Terre». (8) Les grandes religions ne réprouvent pas l´idée de l’existence d’autres mondes habités dans l’Univers. Beaucoup de textes anciens y font référence: les machines volantes décrites par Ezéchiel (La Bible I 4-14 et 15-28), la guerre aérienne du Ramayana, l’épopée de Gilgamesh, les Elohim de la Genèse (La Bible VI 1 -4), les Veilleurs du ciel dont parle Hénoch (Livre des secrets d’Hénoch VI 1-2, 6; VII 1-2; VIII 1-3; X 10). Le Coran fait explicitement mention de la pluralité des mondes dans le sens où ils obéissent à Dieu. Ainsi, les mondes habités sont cités dans neuf sourates. (Coran: Sourate I, verset1; II, 3; V, 109; VI, 101; X, 3; XI 108; XIII, 15; XXI, 16; XXXVI, 36). Pourquoi, en effet, la vie existe uniquement sur une seule planète, la Terre, alors que des centaines d’autres planètes existent dans le système solaire et autour d’autres étoiles, ceci est prouvé également. L’islam va plus loin, en faisant la «prédiction», non seulement de l’existence de la vie extraterrestre, mais d’une rencontre avec les Terriens: «Parmi Ses Preuves est la création des cieux et de la terre et des êtres vivants qu’Il y a disséminés. Il a en outre le pouvoir de les réunir quand Il voudra.» (42, 29) La conquête de Mars On pense à une mission humaine sur Mars aux environs de 2030. On estime à entre 100 et 300 milliards de dollars cette mission. La Nasa en appelle à la collaboration internationale pour aller sur Mars, histoire de partager la note. «Encore faudrait-il être capable d’aller jusqu’à la planète rouge, et d’en revenir. La fusée SLS développée actuellement pourrait être utilisée, mais «il faudrait encore 10-15 ans pour développer un vaisseau», anticipe Jacques Villain.(…) Resteraient la question des radiations, la nécessité de gagner de la vitesse pour réduire la durée du périple, l’impact d’un tel voyage sur les muscles et les os des membres de l’équipage… Sans oublier leur santé mentale, dans une telle promiscuité au cours de ces deux années, quand le record individuel est de 438 jours dans l’Espace. Viendrait également le problème de l’atterrissage, l’étape la plus difficile de ce périple. «L’atmosphère est si ténue et méconnue que le comportement des sondes est difficilement prévisible», commente le président du Cnes. «Et poser une sonde de 200-300 kg, ce n’est pas la même histoire que poser un vaisseau de 10-20 tonnes»»(9) En supposant qu’on y trouve la vie. Comment sera-t-elle? Comment allons-nous l’accepter nous les prédateurs terrestres? Quels sont les modes de vie dans cet astre où la gravité est plus faible? Y a-t-il une forme de spiritualité? Autant de questions qui vont déconstruire la condition humaine telle que nous l’avons connue depuis l’avènement de l’Homme, ce qui, d’une certaine façon, amènerait à relativiser peut-être sa place dans le dessein de la création. Sombre présage! 1. http://chemseddine.over-blog.com/2014/07/sommes-nous-seuls-dans-l-univers-l-eternelle-question-sans-reponse.html 2.Laurent Clause: Les météorites extraterrestres. Sciences & Avenir N° 654 1/8/2001 3. http://www.atlantico.fr/decryptage/rencontre-extra-terrestres-dans-20-ans-ceux-qui-croient-ou-pas-match-astrophysiciens-olivier-sanguy2086724.html#MVptqtK9GdljoAl4.99 4.Miona http://www.agoravox.tv/culture-loisirs/ etonnant/article/la-nasa-a-t-elle-decouvert-et-50651 13 08 2015 5. http//http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/astronomie-1/d/eau-liquide-vie-univers_ 995/c3/221/p9/ 6. http://www.maxisciences.com/rover-curiosity/ et-si-curiosity-trouvait-des-traces-de-vie-sur-mars_art26063.htmlInfo rédaction, publiée le 06 août 2012 7.H. Reeves: la naissance de vie sur Terre. Science et Avenir n°654. 1er aôut 2001 8. http://www.lemondedesreligions.fr/archives/2008/09/01/nos-freres extraterrestres, 9515903. php 9. Marie Simon2030: L’Odyssée vers Mars: film ou réalité? L’Express 29/09/2015 Professeur Chems Eddine Chitour Ecole Polytechnique enp-edu.dz
true
Greta Thunberg et trois autres jeunes militantes écologistes ont lancé ce jeudi un nouvel appel aux dirigeants de l'Union européenne pour "faire face à l'urgence climatique", dans une tribune signée par 150 scientifiques et de très nombreuses célébrités. Dans une lettre envoyée aux 27 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union, qui se retrouvent vendredi et samedi pour un sommet extraordinaire à Bruxelles, l'adolescente suédoise demande l'adoption de mesures immédiates, sept "premiers pas" pour "éviter un désastre climatique et écologique". L'appel demande notamment, "avec effet immédiat", de "cesser les investissements dans l'exploration et extraction d'énergies fossiles, de céder toutes les subventions à ces énergies et de sortir complètement et immédiatement des énergies fossiles". Ou encore d'oeuvrer à faire de l'"écocide" un crime devant la Cour internationale de justice de l'ONU à La Haye. Pour les auteurs, la crise du Covid-19 et la mobilisation qu'elle a engendrée à travers le monde montre "que la crise climatique n'a à aucun moment été traitée comme une crise, ni par les politiciens, les médias, le monde des affaires ou de la finance". Parmi les plus de 3000 premiers signataires venant de 50 pays, on retrouve plusieurs scientifiques du climat de renom, comme Hans Joachim Schnellnhuber, et les professeurs Kevin Anderson et Michael Mann. L'ONG Greenpeace et l'ancien ministre français Nicolas Hulot apparaissent également sur la liste. La pétition a aussi le renfort d'une flopée de stars internationales, comme les acteurs américains Leonardo DiCaprio et Joaquin Phoenix ou encore le Néo-Zélandais Russell Crowe, la Française Juliette Binoche et les musiciens du groupe britannique Coldplay. Greta Thunberg (17 ans), restée chez elle en Suède pendant la crise du Covid-19, cosigne la lettre avec l'Allemande Luisa Neubauer (24 ans), la Belge Anuna de Wever et sa compatriote Adélaïde Charlier, 19 ans toutes deux. Une vidéoconférence est prévue jeudi en fin de journée avec la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, a précisé le porte-parole de cette dernière.
true
"C'est un bon début, mais il faut aller plus loin." La réaction d'Andrew Murphy, responsable du secteur aérien pour l'ONG Transport & Environment résume assez bien la position des défenseurs de l'environnement, après l'annonce par le gouvernement d'une nouvelle taxe sur les billets d'avion. Mardi, la ministre des transports Élisabeth Borne a en effet révélé la mise en place à partir de 2020 d'une "éco-contribution", valable sur les trajets intérieurs comme extérieurs, au départ de la France. Dans le détail, cette taxe sera de 1,5 euro en classe éco et de 9 euros en classe affaires sur les vols intra-européens, et de 3 euros en classe éco contre 18 euros en classe affaires, pour les vols extra-européens. Une annonce qui a fait tousser Air France dont 50% de l'activité est au départ de la France. En Europe, six pays ont déjà mis en place ce type de taxe : le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, la Suède et la Norvège. Et globalement, les niveaux bien sont bien plus élevés qu'en France. Sur la première marche du podium : le Royaume-Uni avec une taxe sur les billets en classe éco de 14 euros pour les vols inférieurs à 3200 kilomètres, et de 86 euros pour les vols supérieurs à 3200 kilomètres. Outre-Rhin, une écotaxe est aussi en vigueur depuis 2012. Celle-ci est de 7 euros pour les vols intérieurs, 23 pour les moyens-courriers et 42 euros pour les longs. "Au Royaume-Uni la taxation rapporte 3,5 milliards d'euros à l'État chaque année, en Allemagne c'est 1 milliard", commente pour L'Express Andrew Murphy. Bien loin, donc, des 182 millions d'euros prévus en France pour 2020. LIRE AUSSI >> "Aviation bashing" : les principaux acteurs du secteur se disent "inquiets" En Suède, où se développe le "Flygskam" (la honte de prendre l'avion), une taxe sur les voyages en avion a également été instaurée en 2018. Quelques mois plus tard, au premier trimestre de l'année 2019, l'Agence suédoise des transports a fait état pour la première fois depuis 10 ans d'une baisse de son trafic passager. Ce dernier a ainsi diminué de près de 4,4 % sur un an, dont - 5,6 % sur les vols intérieurs. "En Suède, la taxe climat sur les billets d'avion est de l'ordre de 6 euros sur un vol national. À l'international il y a un palier à 26 euros puis un autre à 40 euros. Cela a clairement contribué à faire baisser le trafic aérien", juge auprès de L'Express Lorelei Limousin, responsable des politiques Climat-Transports pour l'ONG Réseau Action Climat (RAC). Les bénéfices de l'écotaxe made in France doivent directement servir à financer les "infrastructures de transports", et seront pour "trois-quarts" des "investissements en faveur du transport ferroviaire", a promis Élisabeth Borne mardi. L'objectif : "doubler la capacité des transports régionaux d'ici 2030" afin d'avoir "de véritables RER autour de nos métropoles". "Nous avons intégré l'aspiration des Français à ce que ces prélèvements soient directement affectés à des investissements écologiques", a également assuré le ministre de la Transition écologique, François de Rugy. Mais avec des recettes de 182 millions d'euros, difficile d'imaginer que la taxe sera suffisante. À titre de comparaison, Île-de-France Mobilités et la SNCF ont commandé en 2017 à Alstom et Bombardier, 255 rames pour les RER D et E, pour un total de 3,75 milliards d'euros. Hors matériel roulant, "plus d'un milliard d'euros" sont investis "pour moderniser les lignes A et B du RER sur la période 2016-2020", indiquait en juin 2018 Catherine Guillouard, la présidente directrice générale de la RATP. "L'éco-contribution est une bonne nouvelle, mais le niveau de la taxe reste modeste et est insuffisant pour véritablement réduire les émissions de gaz à effets de serre", souligne Lorelei Limousin. De son côté l'écologiste propose de revenir sur l'exonération de taxe sur le kérosène des avions, dont le coût est estimé à plus de 3,5 milliards d'euros par an pour l'État. Voire plus. "Si le kérosène était taxé comme l'essence, on s'approcherait des 7 milliards d'euros ", termine-t-elle.
true
Réchauffement climatique. « Nous devons changer de direction de façon urgente », exhorte l’ONU Alors que la COP 26 démarrera dans moins de 100 jours, et que la publication d’un rapport très attendu est prévue pour le 9 août, la responsable climat de l’ONU appelle le monde à « changer de direction de façon urgente avant qu’il ne soit trop tard ». Alors que de nombreuses intempéries ont eu lieu partout dans le monde ces derniers jours, une responsable de l’ONU a mis en garde ce 26 juillet contre les effets dévastateurs du réchauffement climatique. « Les six dernières semaines seulement nous ont apporté une série d’événements dévastateurs, chaleur, inondations, incendies, sécheresse et plus […] Depuis des années, nous avions prévenu que c’était possible, que tout ça allait arriver », a souligné la responsable climat de l’ONU, Patricia Espinosa. À moins de 100 jours de la COP26 jugée déterminante pour l’avenir de la planète, « je dis ceci aux décideurs : la science ne permet pas de voir le monde comme on voudrait qu’il soit, elle montre le monde tel qu’il est. Ce n’est pas de la politique, c’est la réalité », a-t-elle ajouté. Et « la réalité est que nous ne sommes pas en bonne voie pour respecter l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C d’ici la fin du siècle. En fait nous sommes sur le chemin opposé, nous nous dirigeons vers plus de +3°C. Nous devons changer de direction de façon urgente avant qu’il ne soit trop tard », a encore insisté Patricia Espinosa. Lire aussi : Nouveau rapport du GIEC. Après des cataclysmes, 195 pays se penchent sur les prévisions climatiques Un rapport « crucial » pour le succès de la Cop 26 attendu pour le 9 août « Le Giec nous a dit ce à quoi l’ambition doit ressembler : que chaque pays dans le monde s’engage à la neutralité carbone et détaille le plan pour y parvenir », a renchéri Joyce Msuya, directrice exécutive adjointe de l’ONU-Environnement. À l’issue de deux semaines de négociations, les 195 États membres du Giec doivent publier le 9 août une évaluation très attendue, la première aussi vaste depuis 2014, mettant notamment à jour les prévisions d’augmentation des températures et de hausse du niveau des océans. Le très attendu rapport des experts climat de l’ONU est « crucial pour le succès » de la conférence climat COP26 en novembre, a insisté lundi le patron de l’Organisation météo mondiale, à l’ouverture des négociations pour l’adoption de ce texte de référence. « Le rapport que vous allez finaliser va être très important dans le monde entier », a déclaré Petteri Taalas par Zoom aux 700 délégués du Giec qui vont adopter ligne par ligne cette évaluation lors de négociations virtuelles.
true
Environ neuf millions d'espèces animales et végétales souffrent des effets du changement climatique dans le monde. Il est devenu primordial de suivre la réaction de la faune et des écosystèmes au changement climatique, afin de concentrer les mesures de conservation dans les régions où la vie est la plus menacée. « Le monde vivant est une merveille unique et spectaculaire », commente David Attenborough de sa voix de baryton, tandis que des images d'animaux sauvages bondissant dans un paysage de savane défilent à l'écran. « Il est encore temps d’agir », ajoute le naturaliste et diffuseur animalier britannique, évoquant la façon dont nous pouvons encore sauver et protéger les animaux et les plantes, que nous avons mis en danger au fil de siècles passés à changer la nature. Les experts estiment que nous risquons de perdre environ 18 % des espèces végétales et 22 % des mammifères mondiaux si la température moyenne mondiale augmente ne serait-ce que de 2 °C d’ici 2100. Le changement climatique émergeant comme l'un des principaux facteurs de perte de la biodiversité, les décideurs à la recherche de solutions de conservation doivent identifier comment les climats futurs affecteront les espèces. Mais nos connaissances scientifiques et nos méthodes actuelles ne nous aident-elles pas déjà à prédire précisément comment les espèces réagiront aux changements d'habitat et de climat demain ? De nombreux scientifiques, laboratoires, start-ups et gouvernements travaillent à distance et sur le terrain pour déchiffrer le comportement des climats mondiaux et locaux, ainsi que leur évolution potentielle d’ici la fin du siècle. Les experts nous préviennent qu’au moins un quart des 8,7 millions d’espèces de la planète pourraient déjà être en mouvement, chassées de leurs habitats par le changement climatique et les activités humaines. Et selon le rapport de l’IPBES, les mêmes facteurs pourraient entraîner l’extinction de près d’un million d’espèces animales et végétales au cours des prochaines décennies. L’étude souligne également que le changement climatique présente des risques croissants pour les espèces, car il n’agit pas seul : ses interactions avec le changement de l’utilisation des sols et la surexploitation des ressources marines amplifient ses incidences négatives sur la vie sauvage. Mais ce ne sont pas seulement les espèces qui sont menacées. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) affirme que, si les services que nous fournit la nature ne correspondent plus à nos besoins, la perte de la biodiversité peut aussi radicalement affecter notre santé. À mesure que les espèces de plantes disparaissent, ce manque de diversité génétique végétale peut rendre les cultures vivrières plus vulnérables aux organismes nuisibles et aux maladies, affaiblissant la sécurité alimentaire aux niveaux mondial et local ; cela signifie aussi que les réserves de plantes médicinales, qui pourraient constituer de nouveaux traitements contre les maladies humaines, risqueraient également de diminuer. © Copernicus Chaque espèce de plante et d’animal ne prospère que dans certaines conditions climatiques, que les scientifiques appellent une « enveloppe climatique ». « Il s’agit d’une zone de confort », explique Samuel Almond, responsable des applications climatiques pour le service changement climatique de Copernicus (C3S). « Prenons l’exemple d’un arbre, si la température ou les précipitations sortent de cette zone, si l’espèce ne parvient pas à s’adapter à ces changements, alors sa croissance et sa reproduction en seront affectées. » Tout changement apporté au climat de leur habitat naturel peut entraver les mécanismes biologiques des animaux et des plantes, et les pousser à migrer vers des endroits aux conditions similaires à leur région d’origine. D’autres espèces parviennent à s’adapter et à survivre dans ces conditions modifiées. D’autres facteurs peuvent également interférer. Selon Mark Urban, professeur agrégé à l’Université du Connecticut, souvent, le changement climatique n’affecte pas la faune directement. « De nombreuses répercussions du changement climatique sur la biodiversité sont le résultat d’interactions entre les espèces. Il est possible qu’une espèce ne soit pas en voie d’extinction parce qu’elle ne peut pas survivre à la chaleur, mais parce que sa nourriture a disparu, ou qu’un nouveau prédateur ou une nouvelle maladie est arrivé avec le changement de température », explique Mark Urban à Euronews. « Il faudrait peut-être concentrer nos efforts sur les espèces essentielles à certains réseaux trophiques, également sensibles aux changements climatiques. Ce sont souvent de grands prédateurs, et de par leur rôle clé au sein de l’écosystème, lorsqu’ils sont affectés par le changement climatique, les effets sur les autres espèces sont gigantesques. » « Nous ignorons si nous disposons des compétences nécessaires pour anticiper les tendances de la biodiversité face aux changements climatiques », confesse Mark Urban. « Nous utilisons actuellement des corrélations ou des statistiques pour prédire l'avenir ; ces statistiques peuvent fonctionner pendant quelque temps pour certaines espèces, mais dès que l’on se penche sur quelque chose de plus compliqué, ces prédictions ont vite fait de s'effondrer. Le défi consiste à améliorer les prévisions, en construisant des modèles basés sur la biologie, plutôt que sur les statistiques », tranche le scientifique. Il affirme qu’inclure les processus naturels relatifs aux espèces (naissance, mort, déplacements, etc.) lors de la modélisation des effets du climat sur la biodiversité offrira un tableau plus complet de ce que sera l'avenir pour des millions d'espèces. Cela aidera également les pays à donner la priorité à la conservation des espèces qui en ont le plus besoin. « Sans savoir quelles espèces peuvent s'adapter et lesquelles ne le peuvent pas, on peut consacrer beaucoup de ressources à celles qui peuvent s'adapter et laisser les autres s’éteindre », conclut Mark Urban. Toutefois, il est de plus en plus facile pour les chercheurs et les décideurs d’accéder à des données climatiques leur permettant de mieux comprendre comment le changement climatique pourrait redistribuer les espèces et leurs habitats. « Nous sommes en train de créer une série d’indicateurs spécialement conçus pour le domaine de la biodiversité, à utiliser dans la modélisation et la surveillance biologiques », déclare Samuel Almond de C3S, au sujet du Service mondial de la biodiversité. Les études de cas se concentrent sur différents enjeux, couvrant des écosystèmes sur trois continents et dans les océans. Source : C3S « Les données du Service mondial de la biodiversité examinent les conditions climatiques attendues dans les décennies à venir », explique le professeur Koen de Ridder de l'Institut flamand pour la recherche technologique (VITO), qui travaille en étroite collaboration avec C3S sur le projet. « L’une des difficultés qui se posent pour relier les indicateurs climatiques aux espèces, est le fait que le climat n'est pas le seul facteur affectant l'abondance des espèces et l’adéquation des habitats. Pourtant, l'IPBES estime que, pour de nombreuses régions et espèces, le climat deviendra un facteur dominant à l'avenir. C'est précisément pour cette raison que notre Service mondial de la biodiversité se projette dans cet avenir climatique ». Koen de Ridder explique que le service aidera les acteurs de la conservation, entre autres, à mieux mesurer les risques climatiques pour les espèces, à inclure les facteurs climatiques dans les projets de conservation et à trouver des solutions aux menaces concrètes, notamment déterminer où déplacer les espèces menacées. Les indicateurs climat-diversité du Service mondial de la biodiversité mesurent les effets de la température, des précipitations et autres variables terrestres, océaniques et atmosphériques, non seulement sur les aires de distribution géographique des espèces, mais aussi sur leur santé et leur reproduction, et sur les services écosystémiques qu’elles fournissent. « Tous les indicateurs sont à l'échelle mondiale, mais nous fournissons également des projections climatiques aux niveaux régional et local », précise Samuel Almond. Selon C3S, les utilisateurs auront accès aux 80 indicateurs et pourront les intégrer à leurs propres modèles. La plateforme peut également fournir des cartes montrant l’évolution des enveloppes climatiques des espèces d’ici 2100 si des données concernant la tolérance environnementale des espèces sont disponibles. « On pourra observer où les espèces seront fragilisées, où elles auront plus de chances de survivre, quels arbres sont sensibles au changement climatique et quelles variétés doivent être plantées pour atténuer les changements climatiques ou s'y adapter », ajoute Almond. Le lancement du service étant prévu pour fin 2020, les scientifiques du C3S ont d’ores et déjà testé les données pour les espèces végétales et animales du monde entier. « Nous avons examiné comment les forêts tropicales d’Afrique centrale s’adapteront à l’évolution des régimes pluviométriques, ou comment les variations de la concentration de la glace influenceront la conservation des phoques dans la mer Baltique », confirme Samuel Almond. Au Brésil, les experts étudient comment les conditions climatiques pourraient affecter l'aire de répartition du tamarin lion à tête dorée, un singe en voie de disparition. « Une analyse, basée sur des indicateurs climatiques adaptés, a démontré que les conditions climatiques futures seront défavorables aux tamarins dans les zones naturelles protégées où ils vivent actuellement », explique Koen de Ridder. « Ces découvertes, associées à d'autres types d'informations, sont utilisées pour élaborer des plans de conservation de l'espèce. » Étudier comment les espèces qui se déplacent régulièrement réagissent au changement climatique est un autre test en cours. Une application explore les liens entre les dates de migration des oiseaux et les variables climatiques à travers toute l'Europe. Elle s’intéresse aux espèces phares, telles que la cigogne blanche ou le Milan noir, en combinant les données provenant de projets scientifiques citoyens et les données d'observation de la Terre de C3S. « Les données collectées dans le cadre d’initiatives comme eBird, associées aux dernières images satellites haute résolution, constituent un outil puissant et rentable pour suivre les oiseaux migrateurs et autres espèces sur le long terme », déclare Juan Arevalo, directeur général de Randbee Consultants, une société fournissant des analyses de données dans le contexte de la politique de protection de l’environnement. Juan Arevalo explique que « détecter les effets du changement climatique sur les espèces bioindicatrices, telles que les oiseaux migrateurs, nous permet de mieux comprendre les répercussions sur les écosystèmes et de prendre des décisions informées pour contribuer à leur conservation » Mark Urban souligne que les changements climatiques interagissent également avec d'autres dangers, rendant indispensable de modéliser les réactions potentielles des espèces face à ces menaces combinées. Quant à rendre les prévisions de la biodiversité plus précises, Mark Urban se montre optimiste, énonçant les nombreux progrès déjà effectués en matière de prédiction du climat. « Les premiers modèles étaient assez médiocres, mais, petit à petit, les climatologues ont collecté des informations, créé un système mondial d’observation et déterminé les mécanismes ainsi que les processus à inclure. Nous avons constaté une amélioration spectaculaire de la précision des prévisions et de la capacité à prévoir le climat. C’est la même chose en biologie, si ce n’est que nous visons à établir des prédictions pour des millions d'espèces. » Déterminer quelles espèces privilégier sur les plateformes de prédiction, comme celles du C3S, pose certains dilemmes. Jusqu'à présent, le service de la biodiversité du C3S s’est basé sur le programme des acteurs de la biodiversité pour choisir les espèces à observer. Mark Urban affirme qu'il est essentiel de se concentrer sur les espèces suspectées en voie de disparition afin de les protéger, mais qu’il ne faut pas perdre de vue les espèces qui pourraient être en péril à l'avenir. « Maintenant que nous comprenons mieux le changement climatique, nous devons déterminer les répercussions concrètes sur la biodiversité et trouver des moyens de les atténuer », déclare Mark Urban. « Tout est vraiment une question de ressources. Nous essayons de faire comprendre au monde entier qu’il s’agit d’un point réellement crucial. Ce serait dommage de laisser le changement climatique nous priver de nombreuses espèces, car celles-ci étroitement liées à notre santé, à notre économie et même à notre culture. »
true
Un article du journaliste Matt Ridley [1], publié le 23 octobre par The Times Un herbicide parfaitement utile pourrait être interdit en Europe à cause d’un réseau inextricable de lobbyistes, d’avocats et de militants. Une mauvaise nouvelle est toujours plus digne d’intérêt qu’une bonne. La conclusion largement médiatisée selon laquelle (en Allemagne) depuis 27 ans, la quantité d’insectes est en baisse de 75 % a été une nouvelle majeure, tandis que, par exemple, la conclusion en mai que l’acidification des Océans est en fait une moindre menace pour les coraux n’a pas produit plus qu’un frémissement médiatique. L’étude, publiée dans la très respectable revue Nature, a constaté que la capacité des coraux pour fabriquer leur structure est « largement indépendante des changements dans la calcification chimique de l’eau de mer et donc de l’acidification des Océans ». Mais une bonne nouvelle n’est pas une nouvelle. Et la mauvaise nouvelle est TOUJOURS une grande nouvelle. L’étude allemande concernant les insectes, dans une publication payante, peut en effet être source d’inquiétude, mais à en croire mes amis biologistes, ses conclusions devraient être traitées avec grande prudence. Cette recherche n’a pas effectivement comparé les mêmes sites au cours de l’étude En effet la plupart des sites ont été échantillonnés seulement une fois et les scientifiques ont utilisé des modèles mathématiques afin de proposer une tendance provisoire à partir d’un échantillonnage sans valeur. Les Verts se sont empressés d’utiliser l’étude « insectes » pour plaider en faveur d’une interdiction du glyphosate, un herbicide largement utilisé, également connu sous le nom de Roundup, en dépit de l’absence d’éléments de preuve mettant en évidence une corrélation. Le Glyphosate est fabriqué par Monsanto et est parfois utilisé en conjonction avec les cultures génétiquement modifiées (OGM). Leur campagne a abouti ce mercredi à Bruxelles, où un Comité d’experts de la Commission Européenne décidera s’il convient d’interdire le glyphosate. Le Parlement européen a déjà voté pour l’interdire, bien que son vote n’ait aucun poids. La Commission remettra probablement sa décision en décembre, excédée par la façon dont les hommes politiques, notamment les Français, exigent en public une interdiction puis argumentent contre elle en privé. Toute l’affaire contre le glyphosate provivient d’une« monographie » issue d’un organisme obscur de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) qui a conclu que le glyphosate pourrait causer le cancer à des doses très élevées. Ila admis qu’à partir des mêmes critères, les saucisses et la sciure de bois devraient aussi être classées comme cancérigènes. En effet, kilo pour kilo, le café est plus cancérigène que l’herbicide, à la grande différence que chacun boit du café tous les jours, et non du glyphosate. Les crèmes glacées de Ben & Jerry se sont récemment avérées contenir du glyphosate à une concentration jusqu’à 1,23 parties par milliard. A ce niveau, un enfant devrait manger plus de trois tonnes de crème glacée tous les jours pour atteindre le niveau de détection d’un effet sur la santé. La conclusion du CIRC est contredite par l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) ainsi que par la plupart les organismes de sécurité alimentaire en Amérique, en Australie et ailleurs. L’Institut Fédéral Allemand d’Evaluation des Risques a examiné plus de 3 000 études et n’a trouvé aucune preuve de risque pour (les êtres humains) l’homme à des doses réalistes : cancérogène, mutagène, neurotoxique, ou de reproduction. Étant donné que le glyphosate est une molécule qui interfère avec un processus métabolique qu’on trouve dans toutes les plantes mais pas chez les animaux, ceci n’est pas bien étonnant. En attendant, le glyphosate a d’énormes avantages environnementaux pour les jardiniers et les agriculteurs. En particulier, c’est une alternative à la pratique destructive du labour pour contrôler les mauvaises herbes. Il permet l’agriculture sans labour, une pratique en plein essor qui préserve la teneur en carbone, l’humidité et (de) la structure du sol, permettant aux insectes et aux vers de terre de se développer, l’amélioration du drainage et la biodiversité tout en permettant une agriculture productive qui est essentiel si l’on veut nourrir l’humanité sans cultiver plus de terres. Les agriculteurs biologiques s’appuient sur des labours fréquents. Comment le rapport du CIRC est-il arrivé à sa conclusion alarmiste ? Eh bien, nous savons maintenant, grâce à l’agence de presse Reuters que Le CIRC a élaboré un rapport provisoire et qu’une personne l’a modifié à dix endroits différents. « Dans chaque cas dans ce texte la conclusion du caractère non-cancérogène du glyphosate (le texte) a été supprimée ou remplacée par une conclusion le décrivant chaque fois comme étant neutre ou cancérogène. » La semaine dernière, The Times a rapporté comment le scientifique qui a conseillé le CIRC pour classer le glyphosate comme cancérogène a reçu US $ 160 000 de cabinets d’avocat poursuivant Monsanto au nom de victimes du cancer. Christopher Portier a commencé à conseiller un de ces cabinets d’avocats environ deux mois avant la décision du CIRCsur le glyphosate. Il a déclaré qu’il avait été embauché pour donner des conseils sur un autre problème et que son contrat de conseiller sur le glyphosate a été daté 9 jours après l’annonce du CIRC en 2015. Le Dr Portier a nié que ses conseils aient été influencés par l’intérêt financier. Il a déclaré au Times qu’il «aurait probablement dû… » déclarer ses liens avec les cabinets d’avocats dans sa lettre ouverte adressée au Commissaire Européen de la Santé pour lui demander de ne pas tenir compte de l’avis de la European Food Safety Authority (EFSA) avant qu’il ne l’accepte. L’Observatoire Européen des Entreprises, qui prétend que c’est leur mission « de révéler le pouvoir des cabinets de lobbying dans l’UE », s’est précipité pour défendre le Dr Portier. Il a soutenu que les opinions rapportées sur ce scientifique devraient être assimilées « à des attaques pures et simples de diffamations pour salir sa réputation » L’Europe interdisant le glyphosate permettrait une aubaine de procès aux États-Unis. Des Cabinets d’avocats-chasseurs de primes sont de connivence avec les ONG environnementales pour leur ramener des affaires en mettant sous pression des entreprises sur la base de la théorie que des doses de produits chimiques à peine détectables pourraient être nocives. Ainsi Johnson & Johnson doit faire face à une plainte relative au caractère cancérigène présumé de sa poudre de talc. La technique, explique David Zaruk de l’Université Saint-Louis de Bruxelles, consiste à « manipuler la perception du public, créer la peur ou l’indignation en coopérant avec les militants, les gourous et les ONG, trouver une grande entreprise comme bouc émissaire et de la poursuivre sans pitié devant les tribunaux ». L’histoire du glyphosate est un scandale, du genre qui serait à la une des journaux si cela avait concerné l’industrie, plutôt qu’une agence de l’OMS. Mais la BBC n’a pas rapporté l’histoire de l’Agence Reuters qui elle-même ne montre aucun signe pour enquêter bien que le Congrès Américain, un bailleur de fonds important du CIRC, commence à s’y intéresser. Cette affaire dévoile l’existence d’un réseau douteux de scientifiques-activistes, d’’ONG et de financiers, sans parler d’hommes politiques-idiots-utiles. Des scientifiques soulèvent une vague de panique, sur cette base des avocats intentent des procès, les bureaucrates se donnent du travail, et tous en profitent. Les victimes du cancer sont volontairement induites en erreur, les consommateurs sont trompés, les agriculteurs ruinés et les avantages environnementaux annulés. Mais qui s’en soucie s’il y a de l’argent à gagner? Remarque : je n’ai jamais été payé par Monsanto ! [1] Matt Ridley est reconnu comme l’un des meilleurs journalistes au monde en matière de science de l’environnement. Auteur de plusieurs ouvrages dont « The Rational Optimist » et longtemps collaborateur de « The Economist » son expérience et sa réputation nous incitent à tenir compte de ses affirmations publiée par un des plus respectable quotidien de la planète.
fake
De nouvelles données montrent que l’on peut maintenir soit le capitalisme, soit l’environnement, mais pour les deux, c’est difficile. Les alertes sur la dégradation écologique sont devenues omniprésentes. Au cours des dernières années, de grands journaux, dont le Guardian et le New York Times, ont publié des articles alarmants sur l’épuisement des sols, la déforestation et l’effondrement des stocks de poissons et des populations d’insectes. Ces périls sont alimentés par la croissance économique mondiale et la consommation qui va avec. Elles détruisent la biosphère terrestre et dépassent les capacités planétaires clés, qu’il est nécessaire de respecter pour éviter de provoquer l’effondrement. De nombreux décideurs politiques ont réagi en préconisant ce que l’on en est venu à appeler la ‘croissance verte’. Tout ce que nous avons à faire, affirment-ils, c’est d’investir dans des moyens plus efficaces et d’introduire des mesures d’incitation appropriées pour réduire notre impact sur le monde naturel, qui est déjà dans un état insoutenable. En pratique, selon la définition de l’ONU, l’objectif est d’arriver à découpler complètement le PIB de la consommation de toute ressource naturelle. Il semble que ce soit une solution élégante à un problème autrement catastrophique. Il y a juste un hic : De nouveaux constats font comprendre que la croissance verte n’est pas la panacée que tout le monde attendait. En fait, la croissance verte n’est même pas possible. La croissance verte est devenue une notion en vogue en 2012, pendant la Conférence des Nations Unies sur le développement durable à Rio de Janeiro. Dans la période précédant la conférence, la Banque mondiale, l’Organisation de coopération et de développement économique et le Programme des Nations Unies pour l’environnement, ont tous produit des rapports faisant la promotion de la croissance verte. Aujourd’hui, cet élément est au centre des objectifs de développement durable des Nations Unies. Mais la promesse de croissance verte s’est avérée reposer plus sur des vœux pieux que sur la réalité. Dans les années qui ont suivi la conférence de Rio, trois études empiriques majeures ont abouti à la même conclusion plutôt troublante : Même dans les meilleures conditions, le découplage absolu du PIB de la consommation des ressources est impossible à l’échelle du monde. Dirigée par la chercheuse allemande Monika Dittrich, une équipe de scientifiques a d’abord émis des doutes en 2012. Elle a mis au point un modèle informatique sophistiqué qui prédisait ce qui arriverait aux ressources mondiales si la croissance économique se poursuivait au rythme actuel de deux à trois pour cent par an. Les scientifiques ont constaté que la consommation humaine de ressources naturelles (y compris le poisson, le bétail, les forêts, les métaux, les minéraux et les combustibles fossiles) passerait de 70 milliards de tonnes par an en 2012, à 180 milliards de tonnes par an d’ici 2050. À titre de référence, la consommation maximum soutenable de ressources se situe aux environs 50 milliards de tonnes par an – limite franchie en 2000. L’équipe a ensuite relancé le modèle pour voir ce qui se passerait si chaque pays de la Terre adoptait immédiatement les meilleures pratiques de consommation efficace des ressources (une hypothèse extrêmement optimiste). Les résultats ont été améliorés ; la consommation de ressources n’atteindrait que 93 milliards de tonnes d’ici 2050. Mais c’est encore bien plus que notre consommation actuelle. Consommer toutes ces ressources ne pourrait guère être décrit comme un découplage absolu ou une croissance verte. En 2016, une deuxième équipe de scientifiques a testé un autre principe : Le cas où les pays du monde entier acceptent tous d’aller bien au-delà des meilleures pratiques actuelles. Dans le meilleur cas de leur scénario, les chercheurs ont supposé une taxe qui ferait passer le prix mondial du carbone de 50 à 236 dollars la tonne, et imaginé des innovations techniques qui doubleraient l’efficacité de la consommation des ressources. Les résultats ont été presque identiques à ceux de l’étude de Dittrich. D’après cette seconde étude, si la croissance économique mondiale se poursuivait au rythme de trois pour cent par an, la consommation de ressources atteindrait encore environ 95 milliards de tonnes d’ici 2050. Résultat : Pas de découplage absolu. Finalement, l’année dernière, le Programme des Nations Unies pour l’environnement, qui était jadis l’un des principaux chefs de file de la théorie de la croissance verte, est intervenu dans le débat. Il a testé un scénario avec le carbone au prix exorbitant de 573 dollars la tonne, taxe frappant l’extraction des ressources et une rapide innovation technologique impulsées par un solide soutien gouvernemental. Résultat ? 132 milliards de tonnes en 2050. Ce résultat est pire que celui des deux études précédentes. Les chercheurs l’expliquent par « l’effet de rebond » : L’amélioration du rendement des ressources faisant baisser les prix et annulant ainsi les gains. La même chose ressort étude après étude. Les scientifiques commencent à réaliser qu’il existe des limites physiques à l’efficacité avec laquelle il nous est possible de consommer les ressources. Nous pourrions certes produire des voitures, des iPhones et des gratte-ciel plus efficacement, mais nous ne pouvons pas les produire à partir de rien. Nous pourrions déplacer l’économie vers des services tels que l’éducation et le yoga, mais même les universités et les salles d’entraînement ont besoin d’intrants matériels. Une fois que les limites de l’efficacité sont atteintes, la poursuite de toute croissance économique stimule la consommation de ressources. Ces problèmes jettent le doute sur l’ensemble du concept de croissance verte et nécessitent un réexamen radical. Rappelez-vous que chacune des trois études comptait sur des hypothèses très optimistes. Nous sommes loin d’imposer aujourd’hui une taxe mondiale sur le carbone, très inférieure à une taxe de 600 dollars la tonne, et l’efficacité des ressources se détériore actuellement au lieu de s’améliorer. Pourtant, les études suggèrent que même si nous faisions tout correctement, le découplage de la croissance économique de la consommation des ressources resterait hors de portée, et nos problèmes environnementaux continueraient de s’aggraver. Éviter ce résultat nécessitera un tout nouveau paradigme. De fortes taxes et de l’innovation technologique seront utiles, mais cela ne suffira pas. Pour éviter l’effondrement écologique, la seule mesure réaliste que pourrait prendre l’humanité serait d’imposer des limites strictes à la consommation de ressources, comme l’a récemment proposé l’économiste Daniel O’Neill. Des plafonds, imposés par les gouvernements nationaux ou par des traités internationaux, pourraient garantir que nous n’extrayons pas plus de la terre et de la mer que ce qu’il est certain que la Terre est capable de régénérer. Nous pourrions aussi abandonner le PIB comme indicateur de réussite économique, et adopter une mesure plus équilibrée, comme l’indicateur de progrès véritable (IPV), qui tient compte de la pollution et de l’épuisement des patrimoines naturels. Le recours à l’IPV nous aiderait à maximiser les résultats socialement positifs tout en minimisant les problèmes écologiques. Mais il n’y a pas d’échappatoire à la conclusion évidente. En fin de compte, ramener notre civilisation dans les limites soutenables par la planète, demandera que nous nous libérions de notre dépendance à la croissance économique – en commençant par les pays riches. Cela peut sembler plus effrayant que ça ne l’est en réalité. Mettre fin à la croissance ne veut pas dire arrêter l’activité économique. Cela implique simplement nous ne devrons pas produire et consommer plus l’année prochaine que cette année. Cela impliquerait aussi la réduction de certains secteurs particulièrement préjudiciables à l’écologie et qui ne sont pas nécessaires à l’épanouissement humain, comme la publicité, les déplacements et les produits à usage unique. Mais mettre fin à la croissance ne signifie pas que le niveau de vie doive en souffrir. La production de notre planète est plus que suffisante pour chacun de nous, le problème étant que ses ressources ne sont pas réparties équitablement. Nous pouvons améliorer la vie des gens en partageant simplement de manière plus équitable ce que nous avons déjà, au lieu de piller la Terre pour en avoir plus. Peut-être que cela signifie de meilleurs services publics. Peut-être que cela signifie un revenu de base. Peut-être que cela signifie une semaine de travail plus courte qui nous permette de réduire la production tout en offrant le plein emploi. Les mesures politiques comme celles-ci – et d’innombrables autres – seront cruciales, non seulement pour survivre au 21ème siècle, mais aussi pour y prospérer. Foreign Policy, Jason Hickel Original : foreignpolicy.com/2018/09/12/why-growth-cant-be-green/ Traduction Petrus Lombard
true
Une victoire historique Deux ans après la mobilisation incroyable qui a porté l’Affaire du Siècle, lancée par Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), Oxfam France et Greenpeace France, nous avons gagné ! La justice vient donc de reconnaître que l’inaction climatique de l’État est illégale, que c’est une faute qui engage sa responsabilité. C’est une victoire historique pour le climat ! Cette victoire n’aurait pas été possible sans les 2,3 millions de citoyens et citoyennes qui ont signé notre pétition pour soutenir l’Affaire du Siècle. Rappelons que cette pétition est devenue en quelques jours la plus signée de l’histoire de France ! Les représentantes et représentants des associations co-requérantes réunis pour fêter la victoire. © Emeric Fohlen / Greenpeace Une victoire de la vérité Cette décision marque aussi une avancée majeure du droit français et une victoire de la vérité : jusqu’ici, l’État niait l’insuffisance de ses politiques climatiques, en dépit de l’accumulation de preuves (dépassement systématique des plafonds carbone, rapports du Haut Conseil pour le Climat, etc.). Ce déni aveugle, teinté de mauvaise foi, n’est plus permis aujourd’hui. Et la suite ? Avec ce jugement, dès aujourd’hui, des victimes directes des changements climatiques en France vont pouvoir demander réparation à la France. L’État va donc faire face à une pression inédite pour enfin agir contre les dérèglements climatiques. Pour autant, la procédure juridique n’est pas terminée. Le tribunal doit maintenant décider s’il ordonne à l’État de prendre des mesures supplémentaires pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et respecter ses engagements pour le climat. Une nouvelle audience aura lieu au printemps. D’ici là, nous allons déposer de nouveaux arguments pour démontrer que les actions prévues par l’État sont insuffisantes et que la justice doit contraindre l’État à lutter efficacement et concrètement contre le dérèglement climatique ! L’État peut également faire appel de ces décisions. VICTOIRE pour le climat dans #LAffaireDuSiecle !!! L'inaction climatique de l'Etat est jugée illégale 🎉 Et nous ne sommes pas les seul·es à nous réjouir ⬇️ pic.twitter.com/yZEXdC8hjM — Greenpeace France (@greenpeacefr) February 3, 2021 Vous pouvez continuer de vous mobiliser en partageant cette nouvelle historique avec vos proches sur Facebook, Twitter, Instagram. Ensemble, aujourd’hui, nous avons remporté une victoire cruciale face à l’urgence climatique. Mais ce n’est pas fini, la mobilisation doit continuer pour contraindre l’État à agir.
true
Avec l’accord « juridiquement contraignant » – comment s’exercera la contrainte ? – sur lequel s’est conclue la COP21, le rideau s’est provisoirement baissé sur La comédie du climat, décrite de manière plaisante dans le livre éponyme d’Olivier Postel-Vinay. En résumé, si l’on en croit les gazettes, les parties de la conférence de Paris se sont entendues pour contenir l’augmentation de la température moyenne globale « en-deçà » de 2°C (depuis le début de l’ère industrielle, nous en serions à + 0,8°C) en « fixant », « aussi rapidement que possible », un pic d’émissions de CO2. Avec ce pic mobile, qui risque fort bien de reculer au fur et à mesure que le temps s’écoulera, on peut dire que le ridicule ne tue pas, heureusement, ou pas… ceux que Molière aurait appelé des précieux. Les sujets qui fâcheraient le Sénat américain ont d’ailleurs été mis précieusement en annexe de l’accord « historique » ; c’est dire qu’ils ont peu de chance de se concrétiser. Il en est ainsi : Un succès, vous dis-je. Historique de surcroît… Comme le montre Olivier Postel-Vinay, rien de moins scientifique que la température moyenne globale, mais c’est un indice qui peut être utile, sous réserves. Car les calculs de cette moyenne sont pour le moins sujets à caution. Pour établir cette mirifique moyenne on se base en effet sur des mesures bancales, effectuées au sol et à la surface des mers, et on ne tient pas compte des mesures effectuées par satellite, qui ont certainement le tort de ne pas démontrer ce que l’on veut démontrer, à savoir une tendance à la hausse… En tout cas ce sont les pays en voie de développement qui vont être contents. Ils vont, peut-être, recevoir des ponts d’or de la part des pays riches, sous prétexte, et c’est le plus beau de l’histoire, de lutter contre une menace qui n’est pas scientifiquement avérée, mais qui est l’aboutissement d’une pensée unique tout ce qu’il y a d’orwellienne. L’intérêt du livre d’Olivier Postel-Vinay repose surtout, par rapport à d’autres livres sur le sujet du climat, et du réchauffement dudit climat, sur la description de la comédie humaine, que joue, devant le théâtre planétaire, la communauté scientifique qui jouit des places et des honneurs et qui entend bien continuer à en jouir. Non mais ! Mais, auparavant, il rappelle qu’en 2007, le film d’Al Gore Une vérité qui dérange, sorti en 2006, devait être projeté au Royaume-Uni dans toutes les écoles publiques. Sur plainte d’un parent d’élève d’une de ces écoles, l’affaire a abouti devant la justice britannique qui, dans un jugement, a souligné le caractère politique de ce film et y a relevé neuf erreurs scientifiques… Dans un chapitre molièresque, Olivier Postel-Vinay revient sur le spectacle affligeant de deux affaires de piratage informatique, celle, en 2009, du site RealClimate, le Climategate, exploitée par le lobby des énergies fossiles, et celle, en 2012, du site du Heartland Institute, soutenu par ledit lobby. L’auteur remarque in fine qu’Ivar Giaver, Prix Nobel de physique 1973, qui ne peut être soupçonné d’avoir un lien quelconque avec le lobby en question, quelques mois avant cette deuxième affaire, a démissionné de la Société américaine de physique pour protester contre l’adhésion sans réserves de celle-ci à la religion climatique. Dans un autre chapitre, l’auteur donne finalement raison aux climato-sceptiques qui s’étaient gaussés en 2013 de l’aventure survenue, à la veille de Noël, à l’Akademik Chokalski, un navire pris dans les glaces de l’Antarctique, avec à son bord des scientifiques mainstream. Il cite en effet le communiqué de la NASA de septembre 2014 : « L’extension de glace de mer entourant l’Antarctique a atteint un nouveau record, couvrant plus de surface océanique que jamais depuis des mesures par satellite à la fin des années 1970.« Dans d’autres chapitres, à partir d’exemples concrets, l’auteur fait des remarques désobligeantes ou se pose des questions iconoclastes ; et ce n’est pas bien : – « Il y a bien des régions où la montée des eaux menace les installations humaines, mais c’est souvent le niveau de la terre ferme ou son mouvement qui est en cause. » – « Puisque le réchauffement médiéval s’est produit sans augmentation des gaz à effet de serre, pourquoi en irait-il différemment pour le réchauffement actuel, qui pour l’instant du moins est du même ordre de grandeur ? » Ce qui est encore moins bien, c’est que l’auteur consacre pas moins de trois chapitres à la fameuse courbe de hockey, établie par Michael Mann, qui illustre les premiers rapports du GIEC et qui, contre toute vraisemblance, est plate jusqu’à la fin du XXe siècle où elle se redresse tout soudain : plus d’optimum médiéval, ni de petit âge glaciaire… Aplatis ! Dans ces chapitres, il s’étonne que les données ayant servi à l’établissement de la hausse des températures au XXe siècle, établie par Mann et par d’autres chercheurs, ne soient pas disponibles ; des soupçons ne pèsent-ils pas lourdement sur leur validité ? Le Climategate n’était-il pas fondé en définitive ? Les institutions britanniques couvrent-elles leurs chercheurs ? En fait, ce petit monde se serre tout simplement les coudes dans l’adversité et se cautionne mutuellement… Dans cet esprit, Olivier Postel-Vinay aborde dans son livre la question des publications dans des revues scientifiques, indispensables à la carrière des chercheurs et à l’obtention par eux de subventions pour leurs recherches. Ce système les conduit à privilégier le court terme au long terme. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que les résultats des études publiées soient souvent biaisés, non répliqués et non reproductibles, et même faux. Et comme les revues par des pairs ne font pas l’objet de vérifications indépendantes… Or ce sont les études scientifiques sur lesquelles se basent les hommes politiques pour prendre des décisions… Quand, de plus, des scientifiques, qui n’en sont pas moins hommes, s’adonnent à l’idéologie, ils quittent définitivement avec eux le domaine scientifique pour le religieux. Nombre de climatologues sont ainsi adeptes de l’environnementalisme, qui, selon Freeman Dyson, « a remplacé le socialisme comme principale religion séculière » : « Il y a une religion séculière mondiale que l’on peut appeler l’environnementalisme, selon laquelle nous sommes des serviteurs de la Terre, que spolier la planète avec les produits à jeter de notre mode de vie luxueux est un péché et que la voie de la morale est de vivre le plus frugalement possible.« Dans son avant-propos, l’auteur écrit que, s’il devait se trouver un qualificatif, il se donnerait celui de climato-agnostique. La thèse selon laquelle « la Terre se réchauffe, du fait des activités humaines » ne peut, selon lui, être ni démontrée, ni infirmée. Dans son épilogue, il demeure bien agnostique en matière de climat et livre à la méditation du lecteur cette pensée qu’il prête à un philosophe chinois fruit de son imagination : « Toute fausse croyance générée au sein de l’esprit démocratique prête le flanc à des tentatives souvent très réussies d’exploitation et d’intoxication, en provenance d’une foule d’acteurs qui y trouvent leur intérêt. » Publication commune avec lesobservateurs.ch — Sur le web
fake
Climat. La députée Rennaise L. Maillart-Méhaignerie à Glasgow pour la Cop 26 Laurence Maillart-Méhaignerie, député LREM de Rennes (Ille-et-Vilaine) et présidente de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire à l’Assemblée nationale conduira une délégation à la COP 26 à Glasgow les 7 et 8 novembre. La présidente de la commission du développement durable et de l’aménagement à l’Assemblée, la député rennaise LREM Laurence Maillart-Méhaignerie, conduira une délégation de parlementaires à la COP 26 à Glasgow les 7 et 8 novembre. Cette délégation est composée de Véronique Riotton (LREM), Marie Silin (LREM), Jean-Marie Sermier (LR), Aude Luquet (Modem), Maïna Sage (Agir ensemble) et Hubert Wulfranc (GDR). La délégation s’entretiendra avec ses homologues des parlements d’Allemagne, d’Argentine, du Danemark et des Pays-Bas pour évaluer les processus législatifs par lesquels ces pays appliquent l’Accord de Paris et luttent contre les gaz à effet de serre. Elle s’entretiendra également avec des ONG comme l’Institut du développement durable et des relations internationales et l’Environment development fund. « La COP 26 a déjà abouti à des engagements sur la réduction des émissions de méthane et sur la lutte contre la déforestation, commente Laurence Maillart-Méhaignerie. Nous devons collectivement redoubler d’efforts pour prendre des mesures d’envergure afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de limiter les conséquences du changement climatique. »
true
Bertrand Alliot Edition l’Artilleur ( disponible chez amazon ) Peut-on vraiment comprendre l’homme à l’aide des seules sciences dites « humaines » ? N’y a-t-il pas un risque de se perdre en concepts trop complexes ?Bertrand Alliot propose d’adopter ici une méthode plus ancienne, celle de l’observation naturaliste. Etudier l’homme comme on étudie la mésange bleue et pour ce faire, se concentrer sur ce qu’il fait plutôt que sur ce qu’il dit. Car l’homme est un oiseau chanteur. Prendre son discours pour la réalité, c’est rentrer dans son jeu. Et le naturaliste va profiter d’un moment unique dans l’histoire humaine, celui d’une modification profonde de son environnement. Si l’on écoute le discours écologique, Homo Sapiens deviendrait un être extraordinaire, capable de répondre par lui-même à un défi gigantesque. Mais, en y regardant de plus près, en matière d’écologie, l’homme parle beaucoup, mais agit très peu. Le chant de l’écologie, si puissant, si répandu, aurait-il donc un autre dessein que celui qu’il prétend servir ?
biased
Si la France n'est plus depuis bien longtemps l'autoproclamé "phare de l'humanité", ses idées parviennent encore à rayonner. Poussé par le président Jacques Chirac, puis porté par ses successeurs, le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières européennes semble enfin sur le point d'aboutir. Il doit être voté ce mercredi au Parlement européen, et devrait être formalisé par la Commission en juin pour une application au 1er janvier 2023. L'objectif de ce nouvel outil ? Imposer les produits issus de pays tiers à la hauteur de leur empreinte carbone afin, notamment, de rétablir une concurrence équitable. L'Europe, en bon élève de la lutte contre le réchauffement climatique, impose en effet des normes environnementales élevées à ses industriels. Ce qui a un coût. Le problème, c'est que nos entreprises se font chahuter par des concurrents beaucoup moins scrupuleux en la matière. Un déséquilibre d'autant plus insupportable qu'il pousse à la "fuite carbone" : certains fabricants du Vieux Continent finissant par délocaliser dans les pays peu regardants sur les émissions polluantes, afin de regagner en compétitivité. "En rééquilibrant le jeu de la concurrence, ce mécanisme peut être un puissant levier de réindustrialisation", s'enthousiasme l'eurodéputé EELV Yannick Jadot, rapporteur au Parlement pour l'ajustement carbone aux frontières. Un instrument qui a également vocation à aider les Vingt-Sept à atteindre leurs objectifs climatiques, alors que "30% de la production domestique de CO2 est issue de produits importés", souligne un rapport récent de l'Institut Jacques-Delors. D'autant que le Conseil européen a revu à la hausse ses ambitions en décembre dernier : les émissions de CO2 doivent désormais décroître "d'au moins 55%" d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, contre un précédent objectif de baisse de 40%.
true
Paris, le 22 décembre 2009 – Reçue aujourd’hui avec d’autres ONG à l’Élysée, Greenpeace compte faire part à Nicolas Sarkozy de sa déception et de sa colère. Et pour plaider la cause des 4 militants de l’organisation emprisonnés au Danemark. Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France, sera présent à l’Élysée à partir de 13 heures et joignable au 06 73 89 23 19. « Texte sans aucun objectif chiffré, négocié pour les caméras dans le dos de la grande majorité des Etats membres des Nations unies, aucun mandat pour obtenir un accord contraignant en 2010 : on repart à la case départ, nous sommes aujourd’hui moins avancés qu’il y a deux ans à Bali », déplore Karine Gavand. L’Onu ne doit pas devenir un bouc émissaire À Copenhague, on a assisté à un détournement des processus de négociations officielles onusiennes, avec la création d’un circuit parallèle réunissant les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du sud et quelques pays européens, dont la France. Ces pays, qui ont élaboré un texte pour tenter ensuite de l’imposer aux autres États sont, à peu de choses près, ceux qui composent le Forum des Économies Majeures – processus lancé par George W. Bush pour contourner l’Onu. « Ces États ont tenté de transformer l’Onu en G 20. Si l’Onu a failli à Copenhague, c’est parce qu’une poignée de participants avait décidé de ne pas jouer le jeu, déclare Pascal Husting. Le système onusien est loin d’être parfait. Mais c’est le seul qui offre un cadre de négociations multilatéral et contraignant, c’est le seul où peut et doit s’inscrire la lutte contre les changements climatiques. La France a tort de critiquer le cadre de négociations onusien et de tirer sur l’ambulance. » L’Europe, la France n’ont pas été à la hauteur Le triste match entre les États-Unis et la Chine ne doit pas faire oublier la responsabilité de l’Europe, paralysée, incapable de s’engager de façon ambitieuse et de parler d’une seule voix. Les initiatives isolées de Jean-Louis Borloo et Nicolas Sarkozy n’ont en rien contribué à renforcer une dynamique collective. « Quand on n’est pas capable de s’entendre à 27 pour relever les ambitions, on n’a pas de leçon à donner au reste du monde, affirme Pascal Husting. La France n’a pas joué le jeu des négociations multilatérales et a multiplié les initiatives parallèles. Elle a vidé de sa substance le processus international. » Greenpeace demande la libération de 4 militants Quatre militants de Greenpeace sont emprisonnés au Danemark et mis à l’isolement sans jugement, jusqu’au 7 janvier. Leur « crime » ? Avoir manifesté de façon non violente une opinion largement partagée et brandi des banderoles portant le message « Les politiciens parlent, les leaders agissent ! », le 17 décembre, dans le palais de la Reine du Danemark, lors du dîner de gala organisé pour les chefs d’État. Greenpeace demande au président de la République d’intervenir en faveur de ces activistes et a lancé une pétition adressée à l’ambassade du Danemark en France sur http://energie-climat.greenpeace.fr/quatre-de-nos-activistes-en-prison-a-copenhague À Copenhague, les pays en développement, victimes des changements climatiques, mais aussi la société civile ont progressivement été exclus de la négociation et se trouvent aujourd’hui brimés. Et là aussi, c’est l’un des principes fondamentaux des Nations unies qui est trahi.
biased
La France fut pendant 20 ans (1977 – 1997) la championne mondiale du développement et de l’exploitation de l’énergie nucléaire jusqu’à la décision politique en 1997 de l’abandon de Superphénix qui préfigurait la quatrième génération des réacteurs nucléaires. La Russie, l’Inde et la Chine ont poursuivi leur développement dans ce domaine et sont maintenant en mesure de présenter des réacteurs dits « rapides » qui conduiront le monde vers une énergie nucléaire durable pour des millénaires tout en s’affranchissant de toute dépendance politique dans l’approvisionnement des matières fissiles. La France continuera-t-elle à s’impliquer dans le développement de cette énergie qui, associée à l’hydro-électricité, lui a permis d’être l’un des pays « riches » avec une électricité parmi les moins chères et la moins émettrice de gaz à effet de serre par habitant au monde ? LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE AUGMENTE DANS LE MONDE Consommer moins d’énergie au niveau mondial est un leurre. Les pays en voie de développement (plus de 5 milliards d’habitants) consomment quatre fois moins d’énergie par habitant que les pays de l’OCDE1. Leur développement implique une consommation accrue d’énergie. Et, au-delà de l’élimination du simple gaspillage, diminuer la consommation énergétique des pays développés présente le risque malthusien de s’opposer à la croissance. Si, dans 50 ans, les 10 milliards d’habitants de la planète consomment chacun la moitié de ce que consomment aujourd’hui les citoyens de l’OCDE, alors la consommation mondiale d’énergie aura doublé. Dans la perspective d’épuisement du pétrole et de gaz dans quelques dizaines d’années, et du changement climatique, la recherche de nouvelles sources d’énergies doit donc porter sur celles qui sont à la fois capables de compenser durablement la pénurie prochaine et peu émettrices de CO2. C’est le cas de l’énergie nucléaire dont la ressource est immense et inépuisable à l’échelle humaine. L’humanité est à l’évidence condamnée pour longtemps à trouver des ressources énergétiques toujours plus considérables. Ce n’est sûrement pas demain qu’elle pourra se passer des énergies fossiles… et nucléaire. Même si les énergies renouvelables ont la vertu de ne pas émettre (ou d’émettre peu) de CO2, elles sont diffuses, chères et, pour le vent et le solaire en particulier, intermittentes et aléatoires. De plus, leur « propreté » et leur impact sur les ressources terrestres de matières premières sont relatives. Par exemple, un kWh d’électricité produit par une éolienne exige 40 fois plus de béton et 10 fois plus d’acier qu’un kWh d’électricité nucléaire. Si les exigences économiques devenaient prépondérantes, l’avenir du photovoltaïque et de l’éolien s’assombrirait. Est-il raisonnable que la France déjà performante en matière de faibles émissions de CO2 (presque deux fois moins d’émissions par habitant qu’en l’Allemagne et au Danemark) s’engage vers de lourds investissements dans ces énergies intermittentes et peu écologiques ? Pour tenir les engagements pris lors de la COP21 par la France, notre consommation finale d’énergie devrait être deux fois plus faible en 2050 qu’en 2012…. Miser sur une diminution volontaire, massive et de long terme de la consommation énergétique nationale conduit inéluctablement l’économie et le confort matériel du pays vers une impasse funeste. La prudence impose de conserver toutes les options ouvertes, et notamment celle d’une augmentation de la consommation d’énergie. Dans le secteur électrique une réduction autoritaire de nos moyens de production afin d’atteindre au plus vite 50% de nucléaire serait catastrophique dans une société de plus en plus « électrique ». Elle compromettrait gravement une reprise industrielle… Malgré une croissance du PIB de 1,3% par personne et un chômage de plus de 9% de sa population active, la consommation d’électricité a augmenté et la consommation finale d’énergie est restée quasi stable. Compte tenu des investissements importants réalisés en France ces dernières années dans les économies d’énergie, et dans l’hypothèse d’une amélioration du niveau de vie souhaitée par la quasi-totalité de la population il faut s’attendre à : 1) une augmentation de la consommation d’énergie en France dans les décennies à venir, 2) une augmentation de la consommation d’électricité sur la même période. C’est donc dans la production d’énergie qu’il faut investir. Le gouvernement belge semble l’avoir compris plus précocement que les gouvernements Français en envisageant la construction d’une nouvelle centrale nucléaire. L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE EST TRÈS CONCENTRÉE Les trois quart de l’électricité produite en France proviennent de la fission d’un gramme d’uranium par Français et par an ! Toutefois, le nucléaire actuel n’est pas durable (un ou deux siècles) faute de ressources suffisantes en uranium, même si les ressources ultimes sont loin d’avoir été complètement identifiées. Il ne peut valoriser que l’isotope fissile uranium 235 (U235) de l’uranium naturel dans lequel il n’est présent que pour 0,7%. Le reste (soit 99,3%) est de l’uranium 238 (U238) convertible en un matériau fissile, le plutonium (Pu239), dans des réacteurs à neutrons rapides (RNR). Alors les ressources planétaires se compteront en millénaires, surtout en y ajoutant le thorium réputé trois fois plus abondant que l’uranium naturel. Cette quatrième génération à « neutrons rapides » est révolutionnaire. Son objectif principal est de pérenniser les ressources d’uranium en valorisant l’U238. De plus, ces réacteurs RNR consomment une grande partie de leurs propres déchets en les transformant en énergie. Certains pays (Russie, Inde, Chine) progressent ainsi plus vite que le « peloton » des 11 pays, dont la France, impliqués dans son développement. Mais le déploiement industriel de la 4ème génération doit être anticipé car ces réacteurs nécessitent d’être « allumés » avec du Pu239 fabriqué dans les réacteurs de 2ème et 3ème génération. Il y aura donc inévitablement cohabitation de ces trois générations jusqu’à la fin du présent siècle. LES OBSTACLES En démocratie, une technologie, même merveilleuse, a besoin du soutien populaire pour prospérer et l’accord des sociétés humaines est le principal obstacle au développement de l’énergie nucléaire. Les hommes redoutent les déchets et les accidents. Les déchets nucléaires ont pourtant la vertu de ne pas être éternels comparés aux déchets chimiques dangereux tels que le plomb, le mercure, l’arsenic… qui, eux, sont éternels. Les études conduites par la France dans le cadre de la loi « Bataille » (30/12/1991) ont permis d’approcher la solution (stockage géologique). Mais les peurs instinctives ou qui échappent à la rationalité demeurent un réel problème de société. Sa résolution impliquera une communication intelligente capable de donner à la vérité scientifique la place qui lui revient dans l’esprit du grand public. Les téléphones portables et les objets connectés (wi-fi) ont prospéré malgré les attaques contre la supposée potentielle nocivité des ondes et les tentatives d’effrayer les populations car ils ont l’avantage de faire bénéficier immédiatement leurs utilisateurs de leurs bienfaits. Si je ne l’achète pas, je ne peux pas en profiter… donc je l’achète et j’en profite immédiatement en négligeant les éventuels inconvénients devenus invisibles. Lorsque le bénéfice n’est pas visible immédiatement au regard des dangers potentiels, faire peur est une bonne stratégie pour enrayer un développement sur le long terme. La peur irrationnelle se vend bien, la raison sereine non. La mécanique démocratique ne facilite pas les choses : les médias fabriquent parfois l’opinion qui détermine les résultats des sondages qui inspirent les gouvernants. L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE EST JEUNE ET PLEINE D’AVENIR Le dynamisme nucléaire se situe aujourd’hui en Russie, en Chine et en Inde (40% de la population mondiale à eux trois, et les 2/3 de la croissance énergétique sur les 50 prochaines années). Les obstacles sociétaux au développement de l’énergie nucléaire dans ces trois pays sont moins sévères que dans les pays démocratiques occidentaux où les anti-nucléaires, ces cultivateurs de la peur, exploitent à outrance le mensonge. Leurs discours simplistes mélangeant incompétence et mauvaise foi font des ravages dans l’opinion publique. Pourtant, l’énergie nucléaire est encore jeune (elle n’a que 60 ans), et en plus de l’électricité, elle peut aussi produire : – de la chaleur, – de l’eau douce, – de l’hydrogène : les réacteurs à très haute température permettront de produire de l’hydrogène à bon marché par processus thermochimique. Le bon combat est d’œuvrer pour qu’elle soit durable, encore plus sûre, et rejetant encore moins de déchets. Vouloir sortir du nucléaire est un mauvais combat d’arrière-garde. Le développement du nucléaire de quatrième génération durable permettra à des milliards d’habitants de vivre mieux. Pour succéder aux énergies fossiles, les pays qui voudront être les champions de l’énergie nucléaire, propre, disponible, sans émissions de gaz à effet de serre, et quasiment inépuisable devront d’abord être les champions de l’explication populaire et du courage politique.
true
Ce mercredi 3 février 2021, c’est une victoire qualifiée d’« historique » qui a été acquise par plusieurs ONG de défense du climat : le tribunal administratif de Paris leur a en effet donné raison en condamnant l’État français pour « carences fautives » dans la lutte contre le réchauffement climatique et la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Avec cette décision, l’inaction climatique devient illégale. Depuis 2015, des actions en justice climatique ont fleuri un peu partout dans le monde : du Pakistan aux Philippines, en passant par les Pays-Bas, la Suède, la Suisse, la Belgique ou l’Allemagne. Porter la « cause climatique » devant les juges n’a rien de nouveau. C’est le cas aux États-Unis depuis une dizaine d’années avec des actions remarquables comme Massachusetts v. Environmental Protection Agency (2007) ou American Electric Power v. Connecticut (2011). Ces actions avaient pour principal objectif de faire appliquer la réglementation existante en matière de pollution de l’air et de l’élargir au changement climatique. Mais ces dernières années, la nouveauté consiste à réclamer à l’État de prendre ses responsabilités climatiques. Au nom de ses devoirs de protection des populations, celui-ci doit répondre pour son inaction ou ses actions inefficaces dans le domaine. Si elles sont nouvelles, ces réclamations ne supposent pourtant pas d’inventer de nouveaux droits ; elles s’appuient sur les constitutions et les lois fondamentales de chaque pays. Affaire du siècle : l’État « responsable » de manquements dans la lutte contre le réchauffement. (France24/Youtube, février 2021) Des actions citoyennes La question du dérèglement climatique n’est aujourd’hui plus confinée aux seuls experts scientifiques, ni aux négociations internationales au sein des Nations unies. Elle dépasse également les diverses réglementations nationales sur le climat ou la pollution de l’air. La question climatique est désormais reprise par la société civile : elle sort du cadre onusien et se transfère devant les tribunaux nationaux, devenant une cause citoyenne, susceptible d’intéresser à la fois les juges et les associations. On peut citer à titre d’exemple deux décisions emblématiques où les plaignants ont obtenu gain face à un État jugé responsable. Il y a d’abord l’affaire Léghari, en septembre 2015 au Pakistan, qui a vu un paysan saisir la justice pour demander aux autorités de le protéger, lui et tous les citoyens, des effets du changement climatique. Simultanément, aux Pays-Bas , 900 citoyens se sont unis aux côtés de l’ONG Urgenda pour réclamer à l’État, au nom de son devoir de diligence inscrit dans la constitution néerlandaise, de prendre soin d’eux et de faire le nécessaire pour assurer leur survie. Vers un mouvement global Viennent s’ajouter à ces initiatives d’autres actions menées en 2016 et 2015 qui, si elles n’ont pas toujours abouti, ont lancé un signal fort. Ce fut notamment le cas de ce paysan péruvien ayant entrepris une action devant un tribunal allemand contre RWE, le géant de l’électricité outre-Rhin. Il réclamait à la firme des dommages et intérêts pour avoir dû engager les frais indispensables à son adaptation face à la montée des eaux dans son pays. En Belgique, l’ONG Klimaatzaak a demandé aux juges que les autorités respectent leurs engagements : à savoir la réduction d’ici 2020 de 40 % des émissions de gaz à effet de serre dans le pays. En Nouvelle-Zélande, une étudiante en droit, Sarah Thomson, a réclamé devant le prétoire que le gouvernement assume ses responsabilités du fait de sa politique « déraisonnable et irrationnelle » en matière climatique. Aux États-Unis, c’est la jeunesse qui s’est mobilisée autour de l’ONG Our Children’s Trust, au nom des générations présentes et futures, contre le gouvernement fédéral pour lui réclamer des comptes. Aux Philippines, Greenpeace a annoncé qu’il poursuivrait le gouvernement norvégien pour avoir permis l’extraction offshore de pétrole, soulignant que ces extractions et leurs impacts sur l’environnement violaient les droits inscrits dans la Constitution norvégienne. La même ONG a également encouragé la Commission des Droits de l’Homme de Philippines à adresser une plainte à plusieurs entreprises responsables de pollutions pour leur contribution au dérèglement climatique. Une innovation du point de vue du droit Aller au prétoire au niveau national pour résoudre un problème planétaire non réglé par le droit international, voilà qui est novateur. Et les associations mobilisent pour ce faire des droits jusqu’ici peu ou pas mobilisés pour le climat. Les juges font également preuve d’innovation en acceptant d’entendre ce type d’actions et en estimant qu’elles sont recevables. Sur le plan des arguments mis en avant dans ces affaires, les associations mobilisent des droits qui existent déjà dans les différents pays, que ce soit au niveau de la loi, de la jurisprudence (comme le devoir de diligence, duty of care) ou des constitutions (comme le droit à un environnement sain). Ces différents droits, jamais mobilisés jusqu’ici pour se prémunir des effets du changement climatique, témoignent d’une grande audace et d’une certaine habilité juridique de la part des associations impliquées. Pour une société soutenable On le voit, la société civile a amorcé un mouvement dont le retentissement mondial se propage, des connexions évidentes existant entre les différentes ONG à l’origine de ces actions. Ces dernières s’inscrivent en effet dans un mouvement global qui cherche à améliorer les voies d’action et les stratégies judiciaires, en faisant appel à des avocats militants pour défendre ces affaires. L’avocat néerlandais Roger Cox pour qui la justice peut jouer un rôle déterminant dans la lutte contre les changements climatiques (TEDx Talks, 2014). L’un des arguments les plus innovants et les plus emblématiques utilisés dans l’affaire Urgenda au Pays-Bas – et repris dans d’autres affaires (Kelsey Cascadia et coll. aux États-Unis) – est celui de la construction d’une « société soutenable » à laquelle tout État devrait tendre. Les associations défendent ainsi un intérêt qui dépasse nécessairement les nations (les effets des émissions franchissent les frontières) et qui transcende les générations (la difficulté de s’adapter dans la durée à l’irréversibilité climatique). Cet intérêt à la fois transnational et transgénérationnel de ces actions explique en grande partie la sympathie qu’elles suscitent chez les juges et dans l’opinion publique. Ce mouvement réclamant justice pour le climat auprès de juridictions nationales devrait s’intensifier dans les mois et les années à venir. Et pour cause, les juges semblent particulièrement indulgents dans les exigences de preuves du changement climatique : ils ne bloquent plus les actions en exigeant la preuve d’un lien fort entre la cause et l’effet, entre le phénomène de dégradation climatique et les actions ou inactions des États.
true
Une tribune de David Archibald sur Watts Up With That? La devise de Google est : « Don’t be evil », ne sois pas malveillant. Eh bien, il y a quelques années, Google s’est mis du côté des forces obscures dans la bataille sur le réchauffement climatique, une position qui, au moment du jugement dernier, leur fera gagner une place au fin fond de l’enfer. Reuters nous avait informés en 2011 que « Google avait rassemblé une équipe de 21 chercheurs sur le climat pour améliorer la façon dont la science sur le réchauffement climatique était diffusée dans les nouveaux médias ». Les fantassins de cet effort de propagande, nommés « Science Community Fellows » sont listés ici. Il s’agit d’une liste de 21 âmes qui font de leur mieux pour asservir leurs concitoyens américains dans la servitude d’une taxe carbone. Que certaines des personnes les plus brillantes de la Silicon Valley ne voient pas clair à travers les palabres dignes d’un vendeur de voiture d’occasion sur la grande peur du réchauffement climatique, c’est en soi suffisamment mauvais. Mais ils ont aussi aggravé leur erreur en finançant l’alarmisme au moyen de ressources considérables. Une paire d’années s’est écoulée depuis, et Google semble s’être débarrassé de ses illusions au sujet du réchauffement climatique. Le 11 juillet, Google a organisé un déjeuner de levées de fonds pour le noble sénateur James Inhofe, de l’Oklahoma. Les « fellows » en science de Google l’ont remarqué, l’ont mal pris, et ont rédigé une lettre pour s’en plaindre auprès de l’équipe de direction de Google. Cette lettre remplit une fonction utile en ce qu’elle révèle qu’Apple a recruté Lisa Jackson, ex-chef de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA). L’EPA continue à endommager l’économie américaine à travers la guerre contre le charbon lancée par Mme Jackson. Et nous voilà donc avec un fait supplémentaire à prendre en compte dans notre choix entre Apple et Samsung, en dehors du fait qu’Al Gore s’est déjà fait une trentaine de millions de dollars en ayant été au conseil d’administration d’Apple depuis 10 ans. Le déjeuner Inhofe a bien pu être tel que Google l’a justifié : ils disposent d’un data center en Oklahoma qui est alimenté par des éoliennes. Google a été aussi le plus grand donateur au dîner du Competitive Enterprise Institute en juin, avec un don de 50.000 $. Mais le plus révélateur sur le changement d’avis de Google est peut être ce que sa filiale Youtube est en train de faire. Toujours prêt à aider, Youtube me transmet des suggestions de vidéos susceptibles de m’intéresser. Récemment, Youtube m’a envoyé un lien vers celle-ci : Le canular du réchauffement climatique pour les nuls. L’important dans cette vidéo est qu’elle tourne les réchauffistes en dérision. Le personnage masculin traite le personnage féminin de « poufiasse ignorante » pour avoir cru au réchauffement climatique au milieu d’une bonne explication de la physique impliquée dans l’effet de serre. À la fin, il note qu’il a fallu 40 ans pour que l’intox de l’homme de Piltdown soit révélée comme reposant sur une mâchoire d’orang-outan, et qu’il espère qu’il ne va pas falloir 40 ans pour révéler que l’intox du réchauffement climatique repose sur des mâchoires d’ânes. 50.000 $, ce ne sont que quelques pièces jaunes pour Google, mais les vidéos Youtube sont le zeitgeist, l’esprit de notre temps, et bien plus importantes. La dérision est l’étape finale de l’abandon d’une idée. La promotion de cette vidéo par Youtube est peut-être le signe de la fin de l’alarmisme réchauffiste. Google a encore quelques pas supplémentaires à faire s’il ne veut pas rester consigné au fin fond de l’enfer. Google Earth continue de bloquer les images de la barrière de corail de Scarborough, située à 300 km à l’Ouest de Manila Bay, et occupée par les forces militaires chinoises. Elle bloque aussi les images de tous les autres atolls coralliens où l’armée de libération du peuple a bâti des bases. Bien sûr, la trahison de son propre principe de base est le prix que paie Google pour pouvoir faire de l’argent dans l’Empire du Milieu. Il va se rendre compte, cependant, que ce pour quoi il a vendu son âme va se transformer en poussière.
fake
Incendies, sécheresses, canicules et ouragans : 2019 s'inscrira parmi les trois années les plus chaudes enregistrées depuis 1850 et vient conclure une décennie "de chaleur exceptionnelle", a annoncé ce mardi l'ONU, à l'occasion de la COP25 à Madrid. "L'année 2019 marque la fin d'une décennie de chaleur exceptionnelle, de recul des glaces et d'élévation record du niveau de la mer à l'échelle du globe, en raison des gaz à effet de serre produits par les activités humaines", fait savoir l'Organisation météorologique mondiale (OMM). "2019 devrait se placer au deuxième ou troisième rang des années les plus chaudes jamais enregistrées" depuis 1850, date à laquelle ont débuté les relevés systématiques de températures. "2016, qui a débuté avec un épisode El Niño d'intensité exceptionnellement forte, reste l'année la plus chaude", précise l'OMM, en référence au courant équatorial chaud du Pacifique. LIRE AUSSI >> Météo extrême, cyclones, montée des eaux... Ce que dit le rapport alarmant du Giec Au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu'à 4 ou 5°C d'ici à la fin du siècle. Et même si les États respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C, quand l'Accord de Paris de 2015 prévoit de limiter le réchauffement climatique mondial bien en-dessous de 2°C, voire à 1,5°C. L'élévation du niveau moyen de la mer s'accélère, l'océan devient plus acide, la banquise arctique recule, la calotte glaciaire du Groenland fond. Ce réchauffement s'est aussi accompagné de phénomènes climatiques extrêmes, comme les inondations en Iran, les sécheresses en Australie et en Amérique centrale, les canicules en Europe et en Australie ou les feux de forêt qui ont touché la Sibérie, l'Indonésie et l'Amérique du Sud. LIRE AUSSI >> D'ici 2050, plus de 143 millions de réfugiés climatiques? "Les aléas météorologiques et climatiques ont fait de lourds dégâts", souligne le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas, cité dans un communiqué. Selon l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), plus de 10 millions de personnes ont été déplacées dans leur propre pays au premier semestre, dont sept à cause de catastrophes climatiques. Les inondations en sont la première cause, devant les tempêtes et les sécheresses. Les régions les plus touchées sont l'Asie et le Pacifique. "Le nombre de nouveaux déplacements liés à des phénomènes météorologiques extrêmes pourrait plus que tripler pour atteindre environ 22 millions (de personnes) à la fin de 2019", relève l'OMM. "Les vagues de chaleur et les inondations, qui frappaient jadis 'une fois par siècle', se produisent de plus en plus régulièrement. Des Bahamas au Japon, en passant par le Mozambique, des pays ont subi les effets dévastateurs des cyclones tropicaux. Les feux de forêt ont balayé l'Arctique et l'Australie", rappelle Petteri Taalas. Le secrétaire général de l'OMM insiste aussi sur la "pluviométrie plus irrégulière" qui, combinée à la croissance démographique, "posera des défis considérables en matière de sécurité alimentaire pour les pays vulnérables". Depuis 2018, la faim dans le monde est de nouveau en hausse, avec plus de 820 millions de personnes qui en ont souffert.
true
Lors de la 14e Conférence des Parties de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et leur élimination, l’ONU a décidé d’ajouter les déchets plastiques à la liste des matières réglementées. Cela aura pour conséquences l’arrêt des exportations de déchets de consommation en plastique vers les pays en voie de développement. Expert finlandais en santé publique le Dr Mikko Paunio a salué la décision de l’ONU comme « une victoire majeure pour l’environnement ». Car en effet elle pourrait éviter que ces déchets plastiques exportés ne se retrouvent dans les fleuves et les océans d’Asie. Dans un document intitulé Crise du recyclage des plastiques, Sauvons les océans récemment publié par la Global Warming Policy Foundation, le Dr Paunio expose ses préoccupations sur cette question. Le texte qui suit est la traduction de cet article. Résumé L’ONU vient de décider d’ajouter les déchets plastiques mixtes et contaminés à la liste des matières réglementées par la Convention de Bâle. Cette décision aura des implications majeures. Premièrement, c’est une victoire décisive pour l’environnement car cela empêchera une grande partie des exportations de déchets plastiques vers les pays en développement, déchets qui se retrouvaient dans les océans, de sorte que la décision de l’ONU supprime une des causes majeures de l’accumulation des déchets marins. Cela signifiera d’autre part que la solution du problème du traitement des déchets plastiques reviendra aux pays qui les produisent. Cela sera d’autant plus difficile que l’Union Européenne a mis en place de nouvelles règles strictes sur le recyclage des plastiques qui viendront compliquer la résolution du problème, sans parler des nouvelles règles de mise à la décharge. En conséquence, les pays de l’Union Européenne vont se trouver confrontés à une montagne de déchets plastiques et n’auront à leur disposition que peu de moyens pour y faire face. L’UE s’est toujours montrée profondément opposée à l’incinération des déchets en raison du dogme vert selon lequel le recyclage est vertueux en lui-même et participe à la lutte contre le changement climatique. Même s’ils devaient changer d’avis sur ce point, les problèmes majeurs subsisteraient, car leur capacité d’incinération disponible est loin d’être suffisante. Il faut d’urgence augmenter les capacités d’incinération pour éviter que le problème des déchets plastiques ne se transforme en catastrophe. Introduction Un mois après la publication de mon rapport Save the Oceans: stop Recycling Plastic, le National Audit Office du Royaume-Uni a publié un rapport qui aboutissait à des conclusions similaires aux miennes : . . . le système semble être devenu un moyen confortable pour le gouvernement d’atteindre les objectifs sans faire face aux problèmes de recyclage sous-jacents. . . elle dépend de l’exportation de matériaux vers d’autres parties du monde sans contrôles adéquats pour s’assurer que ce matériau est réellement recyclé, et sans se demander si d’autres pays continueront de l’accepter indéfiniment. Bien cela fasse maintenant 20 ans que le système a été mis en place le Ministère ne sait pas quelle elle est la valeur ajoutée par le système ni son approche de la lutte contre les risques de fraude et d’erreur est proportionnée aux enjeux. Notre sentiment général est que, sur la longue période, le gouvernement a laissé le système aller de l’avant sans se poser les questions importantes. Le rapport a également confirmé que la pollution marine par les plastiques est un sujet important dans le contexte du recyclage des plastiques. En bref, en exportant le plastique et d’autres types produits à recycler, le Royaume-Uni, comme de nombreux autres États, a satisfait aux exigences de l’Union Européenne en matière de recyclage sans prendre en considération la protection de l’environnement, la durabilité à long terme de la politique choisie ou de sa viabilité économique. À la mi-août, le journal The Independent a révélé que des milliers de tonnes de déchets toxiques étaient retournés au Royaume-Uni, sous la désignation de «plastiques recyclables » afin de cacher leur véritable nature. Cela a confirmé une autre préoccupation que j’avais soulevée dans mon rapport, après que l’Association internationale des déchets solides eût noté cela comme une manifestation probable du refus de la Chine d’accepter de nouvelles importations de produits à recycler. À la fin de l’été 2018, les médias britanniques se sont passionnés par les énormes difficultés intrinsèques du recyclage des déchets plastiques mélangés. Au début de l’automne, un gros titre de l’The Independent déclarait : Tout ce qu’on vous dit sur le plastique est faux : la réponse n’est pas le recyclage. Le recyclage est une solution de facilité pour les gouvernements et les grandes entreprises, mais la vérité est que nous devons prendre des mesures très différentes si nous voulons arrêter d’empoisonner irréversiblement la planète. Plus tard, à l’automne, l’Agence de l’Environnement du Royaume Uni a mis sur pied une équipe d’enquêteurs, dont trois policiers à la retraite, afin de traiter les plaintes selon lesquelles des organisations criminelles et des entreprises abusaient du système de gestion des déchets. L’équipe a été chargée entre autres choses d’enquêter sur l’affirmation selon laquelle les déchets plastiques britanniques n’étaient pas recyclés mais rejetés dans les rivières et les océans. Même The Guardian semblant revenir à la raison, titrait : L’industrie britannique du recyclage des plastiques est l’objet d’une enquête pour fraude et corruption Le Guardian semble maintenant accepter que le recyclage des plastiques a lamentablement échoué, que le système est corrompu et qu’il laisse s’écouler dans les rivières et les océans les déchets plastiques. A peu près au même moment, j’étais informé par des représentants de l’industrie du recyclage de la décision de la Chine d’interdire presque toutes les importations de produits à recycler à partir du 1er janvier 2018, et que l’industrie avait commencé à réduire ses exportations de déchets plastiques. Au second semestre, le plastique commençait à s’accumuler rapidement au point qu’à la fin du mois d’octobre 2018, le Daily Telegraph avertissait que d’énormes tas de détritus faisaient leur apparition dans tout le pays et que l’un de ces tas était si grand qu’il pouvait être vu de l’espace. Le plastique devient trop cher à recycler, des councils à travers la Grande-Bretagne préviendront que les efforts des propriétaires pour trier leurs déchets pourraient être vains. L’avertissement du Local Government Association intervient au moment où The Telegraph révèle que des montagnes de déchets plastiques se trouvent sur un aérodrome abandonné parce que le conseil local n’a pas les moyens de l’expédier pour être recyclé. Les quantités toujours croissantes de déchets plastiques accumulés dans les États membres de l’UE a de nombreuses répercussions : des passeurs tentent de les éliminer illégalement; une partie de ces déchets est introduite dans des décharges en Europe de l’Est, et de grandes quantités finissent en Méditerranée. Une leçon du passé Avant de décrire l’effondrement actuel de l’industrie mondiale du recyclage du plastique, il est important d’en décrire les prémices: la fameuse crise des déchets à Naples. La présentation qui en a été faite par les médias grand public était que cette crise résultait de l’implication de la mafia dans l’industrie de la gestion des déchets dans la région de la Campanie. En réalité, la cause réelle en a été la décision des autorités locales d’adopter une politique anti-incinération des déchets à la fin des années 1990. La théorie était que les déchets devraient être séparés mécaniquement en une fraction combustible de déchets mixtes (les granulés de plastique) en vue d’être incinérés avec des combustibles traditionnels, et une autre fraction organique pour le compostage (digestion anaérobie). Cependant, la directive de 2000 sur l’incinération des déchets de l’Union Européenne, avec ses coûteuses exigences réglementaires, a rendu peu économique la co incinération des granulés. En l’absence d’autres procédés pour traiter les matériaux, les autorités se sont retrouvées face à un problème: au fil du temps, toutes les décharges légales se sont trouvées remplies granulés de plastique, puis des décharges illégales ont vu le jour. Mais celles-ci se sont rapidement remplis et, en 2008, la situation était devenue critique. Sept millions de tonnes granulés se sont accumulées et les décharges étant pleines n’acceptaient plus de livraisons. Les transporteurs ont donc commencé à refuser de faire la collecte des déchets des foyers et des entreprises. Dans cette situation, la seule façon de se débarrasser à la source des déchets était de les brûler à l’air libre. En conséquence, la région Campanie est devenue fortement polluée par les dioxines et les furannes et des restrictions ont dû être imposées aux célèbres produits laitiers de Campanie. L’armée italienne a dû être appelée pour aider à calmer une situation devenue chaotique. Un grand incinérateur de déchets a finalement été ouvert à Accurro en 2009. Il pouvait traiter 600 000 tonnes de déchets par an, mais cela ne suffisait pas. Finalement, les granulés de plastique ont dû être expédiées à grands frais vers d’autres pays européens pour incinération, et il a fallu de nombreuses années pour mettre fin complètement à cette situation. La crise globale des déchets La crise de la Campanie est un avertissement clair aux gouvernements des problèmes engendrés par la poursuite aveugle des injonctions de l’idéologie verte. Il est devenu clair qu’une crise beaucoup plus grande pourrait survenir à l’échelle mondiale. L’industrie mondiale du « recyclage » des plastiques est déjà au bord de l’effondrement du fait de l’interdiction des importations par la Chine. Non seulement le plus grand exportateur de déchets plastiques ( l’Union européenne ), mais aussi le reste du monde anglophone, le Japon et même le Brésil voient maintenant se former rapidement des montagnes de déchets plastiques. Dans tous ces pays, les gens qui ont trié de bonne foi trié leurs déchets plastiques en vue de leur recyclage peuvent à juste titre se sentir trahis. Les pays riches ont tenté de faire face à l’interdiction d’importation de la Chine en exportant des déchets vers des pays comme le Bangladesh, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et le Vietnam. Cependant, la gestion des déchets dans ces pays est souvent archaïque provoquant de graves problèmes de pollution marine. Ainsi, même si ces importations génèrent pour ces pays d’appréciables revenus, la situation devient si critique que des barrières législatives ont été élevées pour les empêcher. L’une des manifestations de la gravité de la situation est le conflit diplomatique qui a explosé entre les Philippines et le Canada. Les deux pays d’affrontent à propos d’une importante cargaison de déchets municipaux qui se trouve à Manille depuis son arrivée en 2013. Plus de 100 conteneurs que les Canadiens avaient déclarés contenir du plastique recyclable, se sont révélés être pleins de déchets ménagers, des bouteilles et des sacs en plastique, des journaux et des couches pour adultes usagées. En l’absence de perspective de résolution, le président des Philippines Duterte, a déclaré au Canada la « guerre aux ordures ». Un développement important de cette crise, qui a reçu peu d’attention internationale, est la décision silencieuse de centaines de municipalités des États-Unis de cesser complètement de recycler les déchets solides. Il ne s’agit pas d’ «Oukazes Trumpiens », mais bien de décisions prises par les administrations démocrates et républicaines au niveau local à travers le pays. Changement de politique L’article publié en2015 dans la revue Science par Jambeck et al. qui fait date a défini les principaux systèmes de mesure de la pollution plastique marine bien que, comme indiqué dans mon rapport précédent , il n’ait pas mentionné le rôle important joué par le recyclage dans e problème. Cet article a suscité beaucoup d’intérêt de la part des médias et a propulsé la gestion des déchets à au sommet des agendas politiques, donnant ainsi le coup d’envoi à plusieurs développements internationaux majeurs. Avec sa stratégie pour le plastique, l’Union Européenne a affirmé être à l’avant-garde du recyclage du plastique, bien que à la lecture du dernier paragraphe du document, il semble que la Commission soit vaguement consciente de ses turpitudes. Le document clé sur lequel s’appuie le paquet économie circulaire de 2018 a modifié plusieurs autres directives (par exemple, celles concernant les emballages, les déchets et les décharges) . La stratégie plastique repose beaucoup sur le papier Jambeck, et n’a donc pas directement abordé le problème des déchets plastiques marins. Au lieu de cela, motivé principalement par des préoccupations liées au changement climatique, elle exige que d’ici 2030, 55% des emballages en plastique soient recyclés, ce qui est de nature à augmenter les déchets plastiques marins plutôt qu’à les réduire. De plus, le niveau de recyclage requis est si élevé qu’il sera presque certainement impossible à atteindre. Il en résultera probablement des troubles sociaux et un gaspillage d’argent substantiel, avec des impacts environnementaux négatifs. En avril 2019, l’Union Européenne a interdit les articles en plastique à usage unique tels que pailles, tiges à ballon, fourchettes, couteaux, baguettes et assiettes. La directive s’est inspirée d’une enquête menée sur les plages européennes. En d’autres termes, la législation de l’Union Européenne vise les déchets qui jonchent les plages; elle n’aborde pas le problème majeurs des déchets plastiques marins, dont l’Union Européenne est une cause majeure. Le principe du «pollueur-payeur» ne s’applique pas à l’UE elle-même. L’interdiction entrera en vigueur à partir de 2021, mais quand la panique et des agendas aussi stricts qu’arbitraires inspirent une législation, les résultats finaux sont généralement loin d’être bons. Nombreux sont ceux qui prévoient déjà le chaos et même la perturbation du libre-échange, qui est censé être l’une des raisons d’être de l’Union. La convention de Bâle est le traité qui réglemente le commerce des déchets dangereux. En juin 2018, la Norvège a proposé un amendement au traité qui ajouterait les déchets plastiques mélangés et contaminés à la liste des matières couvertes par la convention. Et parce que l’UE a interdit les exportations de déchets dangereux ou de déchets nécessitant une attention particulière, cet amendement pourrait efficacement empêcher une grande partie des exportations européennes de déchets plastiques. La position confuse de l’Union Européenne sur l’incinération Ainsi la réponse politique de l’Union Européenne au problème des déchets plastiques marins a donc été d’adopter des politiques qui non seulement ne contribueront guère à réduire les déchets plastiques mais qui de plus aggraveront probablement le problème. L’exemple de la crise de la Campanie, qui n’a été résolue que par un usage intensif de l’incinération, pourrait donc avoir valeur d’exemple. L’incinération est une option supérieure à toutes les autres pour la gestion des déchets notamment en termes d’atténuation du changement climatique: elle évite en effet le lancement de projets complexes et consommateurs de ressources comme par exemple, la transformation des déchets en diesel ou autres produits. En même temps, l’incinération réduit directement l’usage du charbon pour produire de la chaleur et de l’électricité. Le recyclage est aussi la pire solution sur d’autres fronts, du fait notamment que les usines de recyclage libèrent des micro plastiques dans leurs flux d’eaux usées tout en ne délivrant que des matériaux recyclés de qualité médiocre impropres à leur utilisation dans des applications importantes comme les emballages alimentaires. La Commission ne s’est que très rarement montrée favorable à l’incinération. Dans un document intitulé « Une planète propre pour tous », publié avant la COP 25 à Katowice, elle a plaidé pour une économie neutre en carbone alimentée par la biomasse, tout en ayant du mal à expliquer d’où cette biomasse pourrait provenir. La réponse se trouve dans un document d’accompagnement, qui explique qu’il s’agira en fait de déchets brûlés et suggère que la capacité d’incinération des déchets devrait atteindre 100 millions de tonnes en 2050. Cependant la plupart du temps la Commission s’est montrée fortement opposée à l’idée. Par exemple se référant à la proposition sur l’économie circulaire, elle a déclaré que parmi les approches possibles de la gestion des déchets, le recyclage devait être privilégié, apparemment pour des raisons d’atténuation du changement climatique, bien qu’elle n’ait présenté aucune preuve à l’appui de cette affirmation. Elle a également déclaré que le retraitement des déchets en carburant ne constituait pas du recyclage, mais tout comme l’incinération des déchets, une « récupération des matériaux ». En conséquence, elle a déclaré que son nouveau fonds de cohésion ne financera pas les usines d’incinération des déchets. La Commission est parfois allée encore plus loin dans son opposition. En 2018, le commissaire au budget, Gunther Öttiger, a proposé une taxe d’incinération des déchets. Cela aurait apporté 40 milliards d’euros supplémentaires dans les coffres de l’UE, un coup de pouce bienvenu avec la perte de la contribution britannique qui se profile à la suite du Brexit. Cette taxe aurait également tué l’industrie de l’incinération des déchets en Europe. Dans une situation où des montagnes de plastique se développent et où l’Europe pollue les océans avec ses déchets plastiques, cela aurait transformé une crise en catastrophe. Heureusement, la proposition a été rapidement tuée par deux professeurs hollandais qui ont fait observer qu’une famille devrait recycler le plastique pendant 60 ans pour compenser l’équivalent carbone du voyage d’un passager d’Amsterdam à Los Angeles. Ils ont également noté que l’atténuation du changement climatique par le recyclage du plastique est encore moins efficace et plus coûteuse que par les énergies renouvelables. Les déchets : un tsunami à venir Récemment cependant, il est apparu que l’ONU s’est emparé de cette question en l’arrachant des mains de l’UE. Le 10 mai 2019, la 14e Conférence des Parties à la Convention de Bâle a pris la décision historique d’accepter la proposition norvégienne de répertorier les déchets plastiques contaminés, les soumettant ainsi à une réglementation beaucoup plus stricte. Comme indiqué ci-dessus, cela devrait mettre effectivement un terme à l’exportations d’un volume important de déchets plastiques par l’Europe vers les pays en voie de développement (et finalement vers les fleuves et les océans d’Asie). Il s’agit d’une victoire importante pour l’environnement, et en particulier pour les océans, qui au moins ne seront plus remplis par des déchets européens. Il va sans dire que la majeure partie de l’industrie du recyclage s’est opposée avec véhémence à la proposition norvégienne et que les États-Unis, un grand recycleur de déchets plastiques, s’y sont également opposés, bien qu’ils ne soient pas parties à la Convention de Bâle. La Chine pourrait bien avoir soutenu l’initiative, car elle n’importe plus de produits recyclés. La Finlande et certains autres États membres de l’UE ont fait de même. Les ONG vertes y étaient favorables, bien qu’elles soient des acteurs discrets du processus, craignant sans doute que les problèmes créés par le recyclage des plastiques ne soient portés à la connaissance du public. Cependant, du fait même de cette nouvelle réglementation des déchets plastiques, ces problème feront de toutes façons la une. L’incapacité dans laquelle se trouve l’Union Européenne d’exporter tous ses déchets, à l’exception des plus propres d’entre eux, ajoute aux problèmes rencontrés par l’industrie du recyclage, qui a déjà du mal à faire face à la perte du marché d’exportation chinois et au durcissement incessant des restrictions sur la mise en décharge. De plus elle manque déjà (dans des proportions considérables) des capacités d’incinération nécessaires pour traiter les niveaux actuels de déchets, sans parler des volumes supplémentaires qui résulteront des exigences strictes du paquet Economie Circulaire et de la décision de la Convention de Bâle. Cela placera l’industrie du recyclage, les écologistes et leurs partisans dans les médias mainstream dans une position très difficile. L’industrie du traitement des déchets ne pourra plus à la fois déverser les déchets dans les pays pauvres et prétendre qu’ils « recyclent ». Le coût du recyclage de dizaines de millions de tonnes de déchets plastiques sales produit par l’Europe sera astronomique, tout en produisant toujours en grande quantité de déchets en sous-produits qui devront de toute façon être incinérés. Les politiciens et les médias pourraient bien être forcés d’avouer le mauvais sort qu’ils ont fait subir aux contribuables pendant si longtemps Quoi qu’il en soit, les États membres de l’Union Européenne vont devoir augmenter rapidement leur capacité d’incinération. S’ils ne le font pas, ils provoqueront une catastrophe environnementale qui fera ressembler la crise de la Campanie à une promenade de santé dans un parc. Références
fake
En France, le matraquage climatique semble entrer dans une nouvelle phase ascendante. Un esprit qui voit le mal partout y repérera une connivence entre le médiatique et le politique, où le premier s’empresse de relayer le message du second (et notamment de celui qui, de l’Élysée, tâche d’utiliser le climat comme un moyen commode de s’acheter une conscience et de montrer ses muscles face au méchant Trump). Complotisme qu’une telle insinuation, bien sûr, l’étanche séparation entre le monde journalistique et les sphères du pouvoir n’ayant jamais été aussi flagrante qu’aujourd’hui. LE RETOUR DE LA PROPAGANDE Toujours est-il que cette résurgence de la propagande climatique l’information médiatique écoconsciente sur le climat apparaît suffisante pour justifier le retour du Climathon, dont l’édition 2015 avait permis de promouvoir les plus belles pièces de désinformations préparatoires à la COP21. Les quelques belles réalisations de 2017 marquent le retour du très haut niveau atteint lors de l’hystérie pré-Accord de Paris, réalisations que l’on doit aussi bien à de nouvelles recrues (Emmanuel Macron, la « Marche des sciences »…) qu’à des compétiteurs chevronnés, dont certains se sont même dotés d’une véritable équipe dédiée à la gagne. LES CONDITIONS DU CONCOURS Voici comment se déroulera la nouvelle édition du Climathon. Le jury du Climathon 2017-2018 désignera un lauréat mensuel, de septembre 2017 à mai 2018 (inclus). Le lauréat de chaque mois sera annoncé au début du mois suivant. Des accessits seront également attribués pour les compétiteurs méritants. Tout le monde peut proposer un lauréat (ou un accessit), à tout moment. Les critères de sélection sont les mêmes qu’en 2015 : est éligible au Climathon toute réalisation dans le mois en cours disposant d’un certain rayonnement et participant à la communication climatique francophone, écoresponsablement orientée comme il se doit. Il peut s’agir d’une prise de position, d’une décision politique, d’une œuvre d’art ou de toute autre initiative promouvant le sauvetage de la planète contre le vilain CO2. PROPAGANDE SANS LIMITE Les critères permettant de désigner le vainqueur sont : l’outrance, le n’importe quoi pseudo-scientifique, les rapprochements gratuits (avec le terrorisme, le nazisme…), le ridicule assumé, l’ineptie, le wishful thinking, les menaces contre les climatoréalistes, voire la violence verbale ou, mieux, physique… La liste ne saurait être limitative, tant l’imagination des compétiteurs s’est montrée débridée lors de l’édition 2015, pour ne pas dire sans limite. Tous les trois mois se tiendra une élection au suffrage universel direct uninominal à un tour pour désigner les champions d’automne, d’hiver et de printemps. Ces trois champions seront départagés en juin 2018 lors d’un ultime vote qui élira le champion de l’année 2017-2018. Ceux qui souhaitent faire partie du jury sont invités à m’envoyer un mail ayant pour sujet « Équipe Climathon ». Le mois de septembre est commencé, les compétiteurs sont dans les starting-blocks : comme en 2015, on va rire… — Sur le web
fake
Depuis vendredi 2 octobre, les activistes de Greenpeace perturbent l’activité du site charbonnier de l’archipel de Svalbard, en Arctique. Ces actions visent à dénoncer l’usage du charbon, la source d’énergie la plus productrice de CO2 au monde. Lundi 5 octobre, nos activistes étaient à bord de zodiacs pour manifester contre le départ d’un cargo chargé de charbon à destination du Portugal. Certains d’entre eux, déguisés en ours polaires, ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire : » Le charbon fait fondre l’Arctique « . Le vendredi précédent, ils avaient déployé une banderole semblable en haut d’une grue, tandis que d’autres s’étaient enfermés dans le local électrique et la salle de contrôle du site. Pourquoi ces actions ? L’expédition que nous avons menée ces dernières semaines dans la région prouve que les glaces arctiques disparaissent plus vite que prévu. Le charbon est le principal responsable de cette catastrophe. 30% des émissions mondiales de CO2 lui sont imputables et ces émissions entraînent le réchauffement de l’air mais aussi celui des eaux profondes. Au final, les glaciers arctiques fondent et menacent la planète d’une élévation générale du niveau des mers et des océans. Il est donc impératif que les pays européens, dont la France, qui s’approvisionnent en charbon dans l’archipel de Svalbard renoncent au charbon en Arctique comme ailleurs. Si nous restons sans rien faire, la pollution au CO2 augmentera de 60% d’ici 2030. Les conséquences pour la planète seraient catastrophiques. C’est pour cela que Greenpeace mène le combat contre le charbon partout dans le monde, en Arctique mais aussi en France (en dénonçant le projet de terminal charbonnier de Cherbourg). A Copenhague, dans deux mois, les chefs d’Etat et de gouvernement se réuniront pour lutter contre les changements climatiques. Nous exigeons que les pays industrialisés s’y engagent à réduire de 40% leurs émissions de gaz à effet de serre et qu’ils renoncent au charbon. Ils doivent se prononcer en faveur de la « révolution énergétique » que nous proposons : abandon des énergies fossiles, développement des énergies renouvelables, sobriété et efficacité énergétiques. Greenpeace demande que d’ici à 2050 le charbon soit progressivement abandonné pour ne plus menacer notre planète.
true
L’urgence écologique ne fait (presque) plus débat à Nantes Le désordre climatique est là, sous nos yeux. Les élus nantais l’admettent, toute sensibilité confondue. Un désaccord persiste, bien au-delà du nucléaire : l’écologie est-elle politique ? Ce petit point sur la carte du monde, celui de la ville de Nantes, a-t-il un rôle à jouer pour enrayer le désordre climatique ? N’est-il pas vain que la municipalité nantaise tente de limiter les émissions de gaz à effet de serre sur son territoire ? Que pèsent, au fond, les 300 000 Nantais face à huit milliards d’êtres humains qui polluent, plus ou moins, la planète ? Ces questions, les élus nantais ne se les posent plus. Ils veulent prendre leur part de responsabilité. Une évidence pour eux, qu’ils soient de droite, de gauche, du centre. En ce vendredi 15 octobre, au conseil municipal, tous, ou presque, écoutent religieusement la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte présenter les travaux du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. C’est au pire terrifiant, au mieux très inquiétant. Nul ne moufte. Nul, à l’issue, ne joue au climatosceptique. « Il n’y a plus débat. C’est admis », assure, en aparté, la chercheuse nantaise Géraldine Molina, appelée à parler du changement climatique dans les villes. Seul le chemin et les objectifs diffèrent, ajoute cette géographe. Devant les élus, elle a parlé de ces îlots de chaleur urbains, qu’il faudrait réussir à supprimer, ou à rafraîchir. Pas des grands mots, du concret. Elle a mis en scène un homme, Cyprien, qui dîne avec Lucie, un soir d’août 2011, du côté de la gare de l’Est, à Paris. Il fait chaud, très chaud. Ils rentrent vers le parc des Buttes-Chaumont, à deux kilomètres à vol d’oiseau. Où il fait quatre degrés de moins. Ce n’est pas de la fiction. Ce sont des données de Météo France. « Un risque de désertification urbaine » Un réchauffement climatique, martèle Géraldine Molina, qui a des conséquences sur la santé physique et mentale de tous, pauvres et riches : « Nous sommes tous dans le même bateau. Même si nous n’avons pas tous le même gilet de sauvetage. » Elle pense notamment à ceux qui possèdent une résidence secondaire à la campagne, où la température est plus clémente. Il existe, prévient-elle, « un risque de désertification urbaine », à terme. Alors, que faire, quand on dirige la ville de Nantes ? « Désormais, toutes les délibérations, tous les investissements sont visés par la Direction de la transition énergétique », indique Johanna Rolland, la maire PS de Nantes. Avant de rappeler que la métropole nantaise est la première à s’être dotée d’un outil pour évaluer ces émissions de gaz à effet de serre. « Des résultats, pas de la communication » « Entre 2003 et 2018, elles ont baissé de 24 % par habitant, précise sa première adjointe Europe écologie les verts, Julie Laernoes. C’est dix points de mieux que l’objectif européen. » Grâce notamment au changement de portes, fenêtres et chaudières dans l’habitat collectif. We are the champions, même si ce n’est pas folichon ailleurs ? Ça s’arrose ? Bah, non… Douche froide donnée par le conseiller municipal et sénateur écologiste Ronan Dantec : « L’Europe a fixé l’objectif de réduction à 50 % d’ici à 2030. » Et si l’on en croit Julie Laernoes, « on a fait le plus facile ». Les marches qu’ils restent sont hautes, très hautes, certifie-t-elle. Valérie Oppelt, après avoir défendu le bilan d’Emmanuel Macron dans le domaine, épingle la majorité municipale : « Le nouveau quartier de l’île de Nantes est catastrophique sur ces sujets. Nous soutenons une écologie de résultat et non de communication. » « L’écologie est politique » Guillaume Richard (LR), lui aussi, voit trop de com de la part de Johanna Rolland et ses alliés en la matière. Il dénonce la bétonisation de certains quartiers, comme Malakoff ou Saint-Joseph-de-Porterie. Il a un autre reproche à formuler à la maire de Nantes : « En alliant le social à l’écologie, vous prenez en otage un engagement écologique qui appartient à tout le monde ! » Johanna Rolland lui répond et ne tourne pas autour du pot : « Tous nos partis ont progressé sur ce sujet. Et c’est heureux. Mais je suis en désaccord total avec l’idée selon laquelle l’écologie ne serait pas politique. Je crois qu’il est absolument incompatible de poursuivre un modèle néolibéral et être à la hauteur des enjeux climatiques. »
true
Gâtine. Les élus communautaires se mobilisent autour de la hausse prévisible des températures Selon certaines études, la température va augmenter d’au moins 4° en moyenne en Gâtine d’ici à 2050. De quoi motiver les élus des trois communautés de communes du secteur à trouver des solutions pour diminuer la consommation d’énergie et donc les émissions à effet de serre. C’était mercredi dernier, au domaine des Loges de Parthenay. Des représentants, élus et techniciens des trois communautés de communes de Parthenay Gâtine, L’Airvaudais et Val de Gâtine ont planché tout un après-midi sur des actions qui pourraient être conduites dans l’avenir pour diminuer les émissions à effet de serre notamment. Soixante personnes y ont participé. À la tête de ce plan climat air énergie territorial (mutualisé pour les trois intercos) : Nathalie Brescia. Elle est aussi maire d’Amailloux. Quel est l’objectif de cette grande messe ? Nathalie Brescia : « L’objectif est de mettre en valeur les actions qui existent déjà sur le territoire et alimenter la démarche à venir de co-construction de la stratégie et des plans d’actions avec l’ensemble des acteurs et partenaires qui auront été identifiés au cours de ce temps de travail. » L’idée c’est donc de trouver des pistes pour diminuer les effets de serre en Gâtine ? « Le plan climat air énergie territorial a pour objectif de favoriser le développement des énergies renouvelables sur les territoires des trois communautés de communes de la Gâtine, et de contribuer à la lutte contre la hausse des températures. Une récente étude affirme que la température va augmenter de 4° en moyenne en Gâtine d’ici à 2050. C’est énorme. Les enjeux sont nombreux sur l’activité économique, l’habitat… Tout notre quotidien est concerné : les loisirs, la mobilité… » Ce mercredi, c’est donc la première pierre de ce grand plan climat souhaité pour le secteur ? « Ce travail a commencé il y a deux ans, mais il a été interrompu avec la crise sanitaire. Notre objectif est d’arriver à mettre en place, dans notre territoire, des actions qui visent à atténuer l’impact de l’activité humaine sur le climat. Localement, nous avons décidé d’unir nos trois intercommunalités qui peuvent avoir des problématiques communes, mais également différentes. Ce travail de diagnostic est important. Nous avons la chance que nos trois intercommunalités sont déjà représentées au sein du Pays de Gâtine qui est associée à notre travail. » Vous parlez de co-construction… Mais pas seulement… « Ce travail doit être aussi collaboratif. Les habitants de la Gâtine sont tous concernés par ce travail entrepris depuis 2019. Dès la fin de l’année, nous demanderons l’avis des citoyens. Il est très important qu’ils participent à l’élaboration de ce plan. » Élus et techniciens des interco sont-ils seuls dans ce travail ? « Non. Nous avons fait appel aux services de deux cabinets d’études. Ils ne nous disent pas quoi faire ni penser, mais ils nous aident à travailler la stratégie, à définir les grands enjeux du territoire. » À quel horizon pensez-vous publier les premiers éléments de votre plan climat énergie ? « Cela devrait aller assez vite. Tous les élus sont mobilisés pour recenser ce qui est fait dans le domaine qui nous intéresse. Nous voulons aussi savoir ce que les élus veulent ou ne veulent pas sur leur territoire en fonction des spécificités de chacun. Avec la consultation citoyenne qui sera mise en place d’ici à la fin de l’année et en 2022, on peut espérer les premières conclusions pour l’été 2022. »
true
Les marches écologistes des plus jeunes reprennent : de Paris à Stockholm, berceau du mouvement, en passant par Vienne et Berlin, des milliers d'enfants et adolescents ont bravé l'épidémie de Covid-19 et se sont mobilisés ces vendredi 25 et samedi 26 septembre pour le climat, à l'appel de "Fridays for future". Retour en images. Collage d'affiches, quelques défilés et occupations... En pleine résurgence de l'épidémie de Covid-19, la mobilisation des jeunes Français est restée modeste vendredi. Le mouvement Fridays for Future de la Suédoise Greta Thunberg appelait ce jour-là à une nouvelle "grève" mondiale pour le climat, après plusieurs éditions qui avaient mobilisé des centaines de milliers de personnes à travers le monde. Mais en France, le mouvement n'a jamais pris l'ampleur constatée en Allemagne ou en Belgique. Le mouvement Youth For Climate France a placé cette journée sous le signe de la "justice écologique et sociale" et de la lutte contre les "grands projets inutiles et imposés". Par exemple, pour s'opposer à l'élargissement de la rocade de Grenoble et à la construction d'un grand centre commercial, une quarantaine de militants masqués, essentiellement lycéens et étudiants, ont occupé dans le calme le hall d'entrée de la Métropole Grenoble Alpes dont ils ont dénoncé "les agissements irresponsables". A Rennes, Nantes ou Toulouse, des marches étaient organisées, alliant revendications locales et plus générales. L'affluence était réduite. "Malgré l'urgence de la crise climatique, les gouvernements ne réagissent toujours pas (...) Actuellement, nous sommes en crise sanitaire mais la crise climatique est aussi bien réelle et elle doit être prise avec le même sérieux que la crise sanitaire", a déclaré Juliette, 18 ans, qui participait au rassemblement de Rennes. Portant des pancartes "Nous avons déjà tué 70% du vivant" ou "Non assistance à planète en danger", plus de 200 jeunes ont participé à ce défilé. Quelques dizaines d'autres se sont rassemblés à Nantes et à Toulouse. Ce samedi, à l'initiative de Youth for climate Île-de-France qui avait annoncé une opération surprise, des manifestants ont occupé la place Sainte-Marthe, dans le 10e arrondissement de Paris, pour y installer un "camp climat". A Stockholm, les manifestants se sont rassemblés devant le parlement, là même où la jeune militante Greta Thunberg a entamé sa mobilisation il y a tout juste deux ans. Entourée d'une dizaine de militants, l'adolescente de 17 ans a appelé à "renforcer la pression sur les personnes au pouvoir". Greta Thunberg le 25 septembre 2020 à Stockholm JONATHAN NACKSTRAND / AFP "Nous devons traiter la crise climatique comme une crise, c'est aussi simple que cela", a-t-elle martelé, sa fameuse pancarte "Grève scolaire pour le climat" en main et masque sanitaire sur le visage. Depuis son retour en Suède après une année sabbatique pour défendre la cause climatique à travers le monde, Greta Thunberg a repris l'habitude chaque vendredi matin de s'installer aux abords du parlement. En Suède, quelque 250 événements étaient prévus mais ne pouvaient pas rassembler plus de 50 personnes chacun, selon les restrictions sanitaires en vigueur dans le royaume. LIRE AUSSI >> Pour Greta Thunberg, le monde a passé un "point de basculement social" L'ONG Greenpeace a apporté sa pierre à l'édifice en publiant vendredi des photos de Mya-Rose Craig - une ornithologue de 18 ans connue sous le nom de "birdgirl" - prises le 20 septembre dans l'Arctique. Sur les clichés, la jeune femme apparaît sur un morceau de banquise dans l'archipel norvégien du Svalbard, situé sur la ligne de front du changement climatique, une pancarte "Youth Strike for Climate" ("La jeunesse en grève pour le climat") à la main. LIRE AUSSI >> Arctique : la banquise d'été a massivement fondu en 2020 De l'Islande à l'Australie en passant par la Jamaïque, le Brésil, la Pologne ou encore l'Espagne, plus de 3000 actions se déroulaient vendredi à travers le monde. A Vienne, 6000 manifestants selon les organisateurs, 2500 selon la police, ont manifesté malgré les intempéries. "Nous ne savons pas quand la pandémie sera terminée mais nous savons que la crise climatique s'aggrave chaque jour et met en danger les droits de l'homme", a déclaré Klara Butz, une militante basée à Vienne. "Qui va faire valoir notre droit à un avenir vivable, si ce n'est nous ?" a-t-elle demandé. Des manifestants de Youth for Climate-Fridays For Future à Madrid, en Espagne, le 25 septembre 2020 Oscar Gonzalez / NurPhoto / NurPhoto via AFP Les restrictions sanitaires et la reprise de l'épidémie en Allemagne n'ont pas empêché des milliers de jeunes de manifester dans de nombreuses villes du pays. A Berlin, le nombre de 10 000 manifestants a pratiquement été atteint, selon la police, les organisateurs évoquant eux 21 000 participants. Masqués pour la plupart, les jeunes manifestants ont bravé la pluie pour se rassembler devant l'emblématique Porte de Brandebourg. Plusieurs défilés à vélo venus de plusieurs quartiers de la capitale allemande ont notamment convergé vers le lieu de rassemblement. Les organisateurs ont à plusieurs reprises appelé les participants à respecter les distances physiques. Deux jeunes manifestantes pour le climat à Cologne, en Allemagne, le 25 septembre 2020 Ying Tang / NurPhoto / NurPhoto via AFP "La protection du climat ne peut plus attendre", "Il n'y a pas de planète B" ou encore "Ne brûlez pas mon avenir", disaient certaines pancartes brandies par les manifestants berlinois. Les organisateurs ont dénoncé, lors de prises de parole sur une scène installée porte de Brandebourg, la politique du gouvernement d'Angela Merkel, notamment la poursuite jusqu'en 2038 de l'exploitation de mines de charbon. Ils étaient aussi plus de 6000 à Hambourg à participer à cette première mobilisation pour le climat depuis plusieurs mois, selon la police locale, ou encore 7000 à Cologne, 6000 à Fribourg ou encore 3000 à Bonn selon des décomptes de la police. Les autorités locales avaient pourtant limité le nombre de participants dans plusieurs villes en raison de l'épidémie de Covid-19. A Munich, la manifestation d'ampleur qui était prévue a finalement été annulée en raison des taux d'infection élevés dans la capitale bavaroise et remplacée par un rassemblement de 500 participants. Plus de 400 rassemblements étaient prévus vendredi dans la seule Allemagne, selon "Fridays for future".
true
ENTRETIEN. En baie de Saint-Brieuc, « des zones représentent un aléa fort d’inondations » Ce vendredi 5 novembre 2021, une réunion informera les habitants du fond de baie de Saint-Brieuc sur la prévention des inondations. Denis Hamayon, vice-président en charge du grand cycle de l’eau et des risques majeurs à l’agglomération de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), fait le point. Maire d’Yffiniac, Denis Hamayon est également le vice-président en charge du grand cycle de l’eau et des risques majeurs à l’Agglomération de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Il fait le point sur la prévention des inondations dans les communes du fond de baie de Saint-Brieuc, à Hillion, Yffiniac, et Langueux. >> LIRE AUSSI : De Langueux à Yffiniac, vivre en bord de baie pourrait devenir risqué Pourquoi l’agglomération de Saint-Brieuc organise-t-elle une réunion publique sur la prévention des inondations ? L’objectif est que tous les habitants concernés par d’éventuelles inondations aient une connaissance des risques et de la stratégie locale pour y faire face. L’Agglomération est compétente depuis 2018 en matière de Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (Gemapi), et sa stratégie n’a été actée qu’en avril 2021. Nous devons maintenant définir les enjeux en matière d’inondations sur ce secteur du fond de baie de Saint-Brieuc, à Yffiniac, Hillion et Langueux. Cette inquiétude existe chez des habitants depuis trente à quarante ans Avec le réchauffement climatique et la montée des eaux, ce secteur est-il particulièrement à risques ? Nous avons des cartes des aléas à l’horizon 2100, et certaines zones représentent en effet un aléa très fort d’inondations et de submersion marine. Le fond de baie est particulièrement concerné, par les risques de submersion, les débordements des rivières et ruisseaux. Mais cette inquiétude existe chez des habitants depuis trente à quarante ans. À l’époque, bon nombre de citoyens savaient déjà qu’ils construisaient en zones inondables, des terrains aujourd’hui classés en zones rouges où on ne peut plus bâtir. Entre-temps, la tempête Xynthia et le drame de La Faute-sur-Mer (en Vendée) sont passés par là. À chaque fois qu’il y a une alerte météo, certaines personnes vivent un traumatisme, même si le risque d’inondation est faible. Il y a le rationnel, mais aussi de l’émotionnel quand c’est votre patrimoine, votre vie, qui sont en jeu. Quelles actions vont être menées par l’Agglomération face à ces risques ? Avant de décider des moyens de lutte contre les inondations, qui ne sortent pas du chapeau d’un magicien, nous allons lancer un certain nombre d’études. C’est notamment cela qu’on veut communiquer à la population. Pendant environ deux ans, nous allons mener des études hydrographiques, des études sur les digues et étangs qui existent déjà et qui peuvent ralentir les inondations. L’objectif est de voir ce qu’on peut conforter, de savoir ce qu’on peut imaginer en amont du secteur de fond de baie, sur les cours d’eau, pour temporiser d’éventuels débordements, etc. Nous voulons également avoir des données météorologiques plus poussées sur l’agglomération, afin d’avoir des outils d’alerte plus précis. Même si le risque zéro n’existe jamais, la nature est bien plus forte. Avant les résultats de ces études, des actions sont-elles déjà en cours ? La gestion des digues fait partie des actions menées. Aujourd’hui, nous savons que certaines d’entre elles sont creusées par les ragondins et nous devons lutter contre la prolifération de cette espèce. Des digues sont des gruyères et laissent passer l’eau à fort coefficient de marée. Vendredi 5 novembre 2021, de 18 h 30 à 20 h 30, une réunion publique sur la prévention des inondations se tiendra salle des fêtes de Yffiniac à l’initiative de la direction de l’eau et de l’assainissement de Saint-Brieuc Armor agglomération.
true
Dans la nuit du 12 au 13 mars 2015, un puissant cyclone tropical a touché la République du Vanuatu, archipel de l’ouest du Pacifique Sud, à 540 km au nord-est de la Nouvelle-Calédonie. Sur un air désormais bien connu, le monde scientifico-médiatico-politique s’est empressé de faire de cet événement météorologique dévastateur une nouvelle preuve du réchauffement climatique en cours. Il est vrai que, dorénavant, en toute occasion, on parle de « catastrophe climatique », expression qui n’a aucun sens puisque le climat se définit dans la durée, mais fort opportune pour faire accroire que chaque aléa météorologique est attribuable au prétendu « dérèglement » du climat. Le cyclone Pam ne déroge pas à la règle : il a commencé à se faire remarquer sous la forme d’une dépression tropicale, le 6 mars. Deux jours plus tard, celle-ci se transforme en tempête tropicale, puis passe au stade de cyclone le 9 mars, évoluant rapidement, à mesure qu’il se rapproche de l’archipel de Tuvalu, jusqu’à la cinquième et dernière catégorie. Les dégâts ont été considérables, car non seulement le cyclone a été remarquablement puissant, mais de plus le centre du cyclone a touché l’ouest de Tuvalu, et ce au moment où il était le plus destructeur. Le bilan humain est de 16 morts. Cela n’a pas tardé. Chacun y est allé de sa déclaration à l’emporte-pièce, oubliant tout sens de la mesure. Pour l’Unicef, le cyclone Pam pourrait être « l’un des pires de l’histoire du Pacifique », tandis que le directeur de l’ONG Save the Children estime, avec un certain manque de décence, que les conditions sur place sont pires qu’après le cyclone Haiyan, qui avait touché les Philippines en 2013, faisant 7 350 morts. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré le 14 mars à Sendai, au Japon, lors de la troisième Conférence mondiale des Nations unies sur la réduction des risques de catastrophe : « Aujourd’hui, on estime en effet que plus de 70 % des catastrophes dites naturelles sont liées au dérèglement climatique. » Ce qui est déjà bien audacieux. Puis, deux jours plus tard, croyant sans doute au caractère performatif de sa parole, il s’exprimait en ces termes sur le cyclone Pam : « On sait que 70 % des catastrophes dites naturelles sont liées au dérèglement climatique. Le cyclone Pam constitue un nouveau cri d’alarme pour que la communauté internationale prenne ses responsabilités. » Le président vanuatais Baldwin Lonsdale n’a pas dit autre chose en déclarant que le changement climatique avait accentué la puissance dévastatrice du cyclone. Message reçu 5/5 par François Hollande, qui a fait savoir que « les autorités françaises répondront aux demandes d’assistance du Vanuatu », avant d’ajouter que « cette tragédie démontre, une fois de plus, l’urgence de lutter contre les dérèglements climatiques et d’aider les pays les plus vulnérables à y faire face ». La conférence sur le climat devant se tenir à Paris en fin d’année, notre gouvernement est très impliqué sur le sujet. Du côté du protocole de Kyoto, qui a lamentablement échoué à faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre, puisqu’elles ont au contraire considérablement augmenté, on cherche un nouvel accord encore plus ambitieux. Du côté de la diplomatie française, à défaut de sauver la face, on tente de sauver la Planète. La presse, fameux contre-pouvoir, a rapidement emboîté le pas des politiques, quand elle ne les a pas précédés. La palme revient assez probablement à BFMTV qui a relayé la déclaration de l’OXFAM (confédération d’ONG humanitaires) selon laquelle le cyclone Pam serait le plus puissant jamais enregistré. L’un des paramètres souvent mis en avant est la vitesse du vent en rafale, au centre de la dépression. Il n’y a visiblement rien de certain, puisque les journalistes échelonnent cette vitesse « instantanée » entre 320 et 350 km/h. C’est bien sûr considérable, mais ni un record mondial, ni un critère retenu par le monde scientifique. Pour bien insister sur le caractère totalement hors du commun de cet événement, le journal Le Monde revient sur le supertyphon [1] Haiyan, lui aussi de grande intensité, qui a ravagé une partie des Philippines il y a seulement seize mois. « Signe des temps, le caractère hors du commun de Haiyan avait conduit certains scientifiques à s’interroger sur la nécessité d’ajouter un sixième niveau à l’échelle de Saffir-Simpson qui indexe la puissance des cyclones tropicaux de un à cinq. (…) Avec des rafales excédant 350 km/h, Pam pourrait relancer ce débat. » Et d’ajouter qu’avec le changement climatique, la proportion de cyclones destructeurs devrait augmenter, ce qui s’observe déjà sur le bassin Atlantique. « La destruction du Vanuatu vient de remettre en lumière la réalité de cette tendance », qui devrait donc concerner également le Pacifique Sud... De son côté, le JDD donne la parole à deux experts de Météo-France. Dominique Raspaud, chargée de la communication avec les médias, reste factuelle et précise : Pam est l’un des cyclones les « plus puissants de tous ceux que l’on a connus dans cette région, et en tout cas, le plus fort qui ait jamais traversé le Vanuatu ». Comme l’incontournable Jean Jouzel dans Libération, Serge Planchon, responsable du groupe de recherches climatiques à Météo-France, explique lui que, d’après le GIEC, le nombre de cyclones ne devrait pas augmenter, mais que leur intensité devrait croître « après 2050 ». Et de prendre l’exemple du cyclone Monica, qui a touché le nord de l’Australie en avril 2006, « avec des vents en rafale dépassant les 360 km/h pour une pression atmosphérique en son centre de 879 hectopascals, l’une des plus basses jamais mesurées ! » Il est rare qu’un cyclone ait l’obligeance de faire passer son centre dépressionnaire à proximité d’une station météorologique, si bien que les valeurs de pression atmosphérique et de vitesse des vents ne sont pas toujours connues avec précision. Des estimations grâce aux satellites sont possibles, mais incertaines. Lorsqu’une donnée est disponible (éventuellement par extrapolation) et pas l’autre, on a recours à des constructions mathématiques reliant les deux variables. Mais chaque scientifique y allant de sa proposition de modèle, les résultats sont variés et discutés. C’est ainsi que pour le cyclone Monica, la première estimation de la pression minimale, en plein ouragan, fut de 905 hPa, avant d’être remontée à 916 hPa par les mêmes scientifiques. Puis vinrent les propositions sensationnalistes : 905 hPa, puis 879 hPa et enfin 868,5 hPa, record battu ! En 2010, la NASA indiqua que la valeur de pression se situait probablement entre 900 et 920 hPa et affirma avec force que Monica n’était pas le plus puissant cyclone tropical observé avec les outils modernes. Le choix de Serge Planchon d’évoquer le cyclone Pam en choisissant volontairement une valeur basse de pression estimée montre la volonté d’orienter le propos dans le sens du catastrophisme, en oubliant pour cela l’obligation de rigueur et d’honnêteté qui devrait caractériser toute entreprise scientifique. Quant à la technique du Monde pour décrire l’actuelle évolution des cyclones dans le contexte du réchauffement climatique, elle illustre parfaitement une façon de faire très en vogue : le cherry picking, autrement dit « la cueillette des cerises ». Il s’agit de choisir soigneusement les données qui vont dans le sens souhaité et d’ignorer celles qui dérangent. Les auteurs d’un livre sorti en 2007 aux éditions Odile Jacob, Comprendre le réchauffement climatique, avaient procédé exactement de la même manière. Abordant la question des cyclones, ils avaient, pour leur exposé, retenu le seul cas du bassin Atlantique, où la tendance était à la hausse, tant en intensité qu’en nombre. Rien n’était dit sur les autres bassins océaniques, mais le lecteur confiant était naturellement amené à penser que le cas exposé était emblématique. Le problème, c’est que l’exemple pris ne représentait que 20 % des cyclones, qu’il était le seul présentant une telle tendance, qu’il n’y avait aucune tendance générale, ni dans un sens, ni dans l’autre ; il y avait même des bassins où cette tendance était à la baisse. Ce que rapportait un bilan très officiel émanant de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) de cette même année 2007. Le journal Le Monde ne s’est donc pas trompé en choisissant le seul exemple allant dans le sens donné par les modélisateurs pour le futur, mais a tout de même poussé le bouchon un peu trop loin. Car si le cyclone Pam dévastant le Vanuatu était réellement, lui aussi, un reflet de cette tendance, que les journalistes souhaitent vainement générale, les données disponibles pour le Pacifique Sud en feraient état, même timidement. C’est pourtant tout le contraire : Cet histogramme montre l’évolution du nombre de cyclones dans le Pacifique Sud sur plus de quarante ans, jusqu’à la saison 2012/2013, par catégorie. Il est manifeste qu’il n’y a d’augmentation ni du nombre total de cyclones chaque année, ni des plus puissants d’entre eux. Grâce à un matraquage incessant, les médias ont sans peine orienté la représentation du réel de ceux qui les écoutent encore, et même de ceux qui ne les écoutent plus guère. Il n’y a qu’à entendre ce qui se dit et lire ce qui s’écrit dès qu’il pleut plus qu’habituellement ou que le vent souffle plus fort que d’ordinaire en France pour mesurer la perte de familiarité de beaucoup avec le monde dans lequel nous vivons. Les écrans, qui auraient pu tant apporter, portent donc bien leur nom. Pour prendre un peu de distance avec les présentations peu honnêtes des journalistes mainstream, un retour au réel peut aider, par la médiation de quelques cartes et graphiques n’ayant rien à cacher. La carte ci-dessous présente les trajectoires des cyclones tropicaux dans le monde entre 1945 et 2006. Le code couleur indique l’intensité de chacun d’entre eux aux différents stades de leur développement et permet donc de différencier clairement les zones où ils sont les plus destructeurs. Le Pacifique Sud est à l’image du reste de l’hémisphère austral : beaucoup moins concerné que les bassins océaniques de l’hémisphère nord. Peu fréquents, les cyclones des catégories les plus élevées n’y sont cependant pas inexistants. C’est en 2002 que fut observé le plus puissant de la région, le cyclone Zoe, qui passant à environ 500 km à l’est du Vanuatu, sans toucher de masse continentale, ni de grandes îles : il n’y eut aucun mort et des dégâts minimes, bien que localement importants. Le Vanuatu est concerné par deux cyclones par an en moyenne. Cyclones peu destructeurs touchant parfois l’archipel ou cyclones de forte intensité ayant jusqu’à présent gardé leur distance. Le caractère exceptionnel de la situation actuelle pour le Vanuatu tient à la réunion de deux facteurs aggravants : la survenue d’un cyclone d’intensité peu fréquente mais ne relevant pas du jamais vu et une trajectoire particulièrement défavorable. Les phénomènes très peu fréquents, pour exceptionnels qu’ils soient, n’en sont pas pour autant nécessairement anormaux. Le secteur ouest du Pacifique Nord est celui qui connaît à la fois les cyclones les plus nombreux et les plus violents. Il est donc particulièrement intéressant de regarder l’évolution des quatre dernières décennies pour cette région. Le nombre de tempêtes tropicales (tropical storms) et de cyclones (hurricanes) n’y connaît aucune tendance à la hausse : L’indice ACE (Accumulated Cyclone Energy) est communément utilisé pour évaluer l’intensité tant d’un cyclone pris isolément que d’une saison cyclonique. Son évolution pour l’ouest du Pacifique Nord ne montre là non plus aucune tendance à la hausse : Regarder ces évolutions au niveau mondial conduit précisément aux mêmes conclusions : À la lecture de ces graphiques, on comprend aisément pourquoi les médias font constamment référence aux prévisions des modèles, plutôt qu’à ce qui se passe réellement. Ils auraient beaucoup plus de mal à vendre de la peur ! En annonçant le pire et en isolant du passé des phénomènes météorologiques qui ont pourtant une histoire, ils tentent de nous faire accroire qu’aujourd’hui, c’est déjà demain. L’ennui pour les Cassandre, c’est que, certes, il y aura des cyclones destructeurs à l’avenir, mais ils furent par le passé bien pires que ceux que nous connaissons depuis l’ère des satellites. Un cyclone tropical est d’autant plus puissant que la dépression est creuse, autrement dit que la pression atmosphérique en son centre est faible. On se sert donc communément de cette valeur pour les classer. La pression moyenne sur Terre au niveau de la mer est de 1013 hPa. En France, le record de basse pression date de 1821 (947 hPa). Au niveau mondial, c’est près du centre du typhon Tip que le record a été enregistré : 870 hPa ! Ce cyclone est à ce jour le plus puissant qui soit documenté, le plus vaste aussi, avec un diamètre excédant 2 000 km. Lui non plus n’est pas très récent, puisqu’il date de 1979. Le tableau suivant montre que de très intenses cyclones ont eu lieu avant les années 1980, atteignant des valeurs jamais retrouvées depuis. Il faut noter toutefois que le Joint Typhoon Warning Center, qui dépend de l’armée américaine, a attribué à plusieurs cyclones du Pacifique Nord-ouest au cours de années 1990 des valeurs de pression reconstituées de 872 hPa, très en deçà de ce qui a été retenu par la suite (valeurs supérieures ou égales à 900hPa), mais que l’on trouve néanmoins fréquemment citées lorsque l’on fait des recherches sur le sujet. N’en déplaise aux journalistes et aux scientifiques dont la notoriété vient de leur posture de sonneurs d’alerte, les plus forts cyclones que la Terre ait connu ces dernières décennies ne doivent rien au réchauffement climatique, puisqu’ils sont survenus au contraire lors d’une période plus fraîche. En prenant encore plus de recul grâce à des reconstitutions paléoenvironnementales dans le bassin Atlantique [2], on parvient à une conclusion similaire. Les cyclones les plus violents ont en effet diminué de fréquence des années 1760 au début des années 1990, l’activité des décennies 1970 et 1980 apparaissant comme exceptionnellement basse. La hausse temporaire du début des années 1990 n’est donc qu’un retour à une situation plus normale. De même, si l’on se penche sur les plus puissants cyclones ayant touché les côtes nord-américaines, l’on constate que le petit âge glaciaire a été une période pourvoyeuse de puissants cyclones jusqu’à 1893, sans que cela ait été revu depuis. Des faits en totale contradiction avec la théorie admise au sein du GIEC, selon laquelle la température de l’océan où ces cyclones se forment doit être d’au moins 26-27 °C sur une épaisseur de plus de 50 mètres, conditions de l’apport en énergie au sein du système. En bonne logique, la situation actuelle est donc plus propice que le passé récent à des cyclones puissants, et le passé récent plus que le passé ancien, ce qui jusque-là est contredit par les faits. Il est donc légitime de douter des projections du GIEC qui, prolongeant la tendance au réchauffement de la fin des années 1970 à celle des années 1990, annoncent pour les décennies à venir un renforcement de la puissance des cyclones grâce à de plus chaudes eaux équatoriales en surface. C’est certes là où les eaux sont les plus chaudes que s’amorce, pour une autre raison, le tourbillon qui pourra devenir tempête tropicale, puis par la suite cyclone, mais celles-ci ne fournissent qu’une infime partie de son énergie, l’essentiel provenant de latitudes plus élevées, grâce à la circulation des alizés se chargeant de chaleur et d’humidité au-dessus des régions tropicales. Et c’est justement durant les périodes plus fraîches que cette circulation est la plus intense, donc l’alimentation en énergie la plus performante [3]. Alors que le GIEC s’enfermait, au sujet des cyclones, dans un catastrophisme difficilement justifiable, le spécialiste de renommée mondiale Christopher Landsea s’est retiré en 2005 du processus d’élaboration du quatrième rapport. Il a longuement expliqué son départ dans une lettre adressée à la communauté des chercheurs, espérant un sursaut de leur part. Selon lui, le comité chargé d’examiner l’influence du réchauffement sur l’activité cyclonique n’avait pas la neutralité requise, souhaitant absolument mettre à jour un lien entre ces deux phénomènes avec des données ne le permettant pas. Après de vifs débats, l’OMM a publié en 2007 le rapport dont il était question plus haut, infiniment moins catastrophiste, comme finalement le GIEC dans son rapport de la même année. Puisque nos journalistes pensent avoir là une vérité révélée inattaquable bien que potentiellement amenée à évoluer, renvoyons-les vers le Rapport spécial du GIEC sur les phénomènes extrêmes, paru en 2012 : « L’attribution à une influence humaine de tout changement décelable dans l’activité des cyclones tropicaux ne bénéficie que d’un faible degré de confiance, pour diverses raisons : incertitudes qui entachent les relevés historiques, compréhension imparfaite des mécanismes physiques qui lient les paramètres des cyclones tropicaux au changement climatique et degré de variabilité de l’activité cyclonique. » Il est vrai que, dans ces conditions, l’habituelle pirouette que sait si bien exécuter Jean Jouzel, qui consiste à affirmer que « tel événement destructeur n’est pas directement attribuable au réchauffement climatique, mais que c’est néanmoins ce à quoi nous devons nous attendre à l’avenir », ne devrait alors pas être possible. Les journalistes ne se privent pourtant pas. Ils ont suffisamment façonné la perception qu’ont leurs concitoyens de la réalité dans le sens de leurs propos, qu’ils peuvent désormais mentir sans vergogne. C’est le contraire qui choquerait.
fake
Le Croisic. En première ligne face aux assauts de la mer Au bout de la Presqu’île, Le Croisic est vulnérable au réchauffement climatique. Tempêtes, montée de l’eau... Alors que la Cop 26 cherche des solutions à Glasgow, comment ce couple voit-il les changements, sur le terrain. Paradisiaque… C’est une très jolie villa du XIXe siècle, les pieds dans l’eau claire. Depuis la terrasse, quelques marches descendent directement sur la petite plage de Saint-Goustan, sur la partie nord de la côte sauvage du Croisic, à deux pas de l’Océarium. Un décor paradisiaque. « C’est ce que les gens voient quand ils entrent chez nous. La vue. Cette maison est emblématique du Croisic », convient ce couple de Nantais. … Mais en première ligne Cette résidence secondaire, les grands-parents de Patrick l’ont achetée dans les années 1930. Elle avait été bâtie en 1890 « par un officier de la marine marchande qui voulait prendre sa retraite ici ». Au-delà de la carte postale, la demeure est désormais « en première ligne » face au désordre climatique, constate le couple. « Ça demande beaucoup d’entretien. On n’est pas assez calés pour savoir si c’est lié au réchauffement, disent-ils, alors que la Cop 26 à Glasgow tente de limiter les dégâts pour les générations futures. Mais nous, ce qu’on voit, ce sont les conséquences. » La montée des eaux, concrètement Les études se multiplient pour mesurer la montée du niveau de l’océan, différente selon les endroits de la planète. Ici, c’est au doigt mouillé que ça se vérifie. Patrick fait remonter l’accélération des changements au début des années 2000. « Quand j’étais petit, se souvient-il, la mer touchait le mur de la maison lors des grandes marées d’Equinoxe. Aujourd’hui, c’est dès que le coefficient dépasse les 80. » Récemment, il a fallu construire deux marches supplémentaires pour descendre à la plage, plus basse. « Le sable s’en va. Et contrairement à d’autres endroits, il ne revient pas. » Un jour, le couple a découvert un véritable gouffre au milieu de sa terrasse. Le sable s’était englouti soudainement sous la dalle de béton de l’extension, datant des années 1960. Des travaux pour conforter Comment se prémunir ? Dans cette bande côtière où on ne construit plus rien depuis longtemps et où il est interdit d’agrandir, les règles sont strictes. « On n’a pas le droit de se protéger », se résolvent-ils. Alors sans rien demander, ils colmatent. Construire des marches, combler l’énorme trou, consolider les fondation par des pans de béton. Avec la Ville, ils ont conforté la petite dune au pied de leur bâtisse. « Trente tonnes de gros cailloux ont été amenées. Et régulièrement, du sable est reversé. » Ils pensent qu’un petit épi s’enfonçant dans la mer les aiderait. « Chacun est chargé de protéger sa propriété, rappelle cependant le directeur de l’urbanisme de la commune, Laurent Delpire. Mais il nous arrive de participer. Au Croisic, où les constructions ont été rapidement interdites si près de l’eau, seule cinq maisons se trouvent de ce côté de la route, sur la plage.» L’attaque des tempêtes Que s’est-il passé ici à Xynthia en février 2010, cette tempête qui a ravagé l’Ouest et causé la mort de 29 personnes à La Faute-sur-Mer, en Vendée ? « Des gens de notre famille ont perdu leur maison dans la cuvette de la mort. Mais nous, ici, on a été épargnés. » En revanche, le couple voit bien se multiplier les gros coups de tabac. Les vents dominants d’Ouest cognent à plein sur cette façade nord-ouest. « Quand ça souffle, et c’est beaucoup plus souvent, impossible de dormir dans le grenier qu’on a fait aménager. » Ce qui restait des anciens bassins viviers, et ne servait plus que de plongeoir, s’est récemment écroulé sous les assauts des vagues. «L’érosion marine est réelle, confirme Laurent Delpire. Mais désormais, la doctrine de l’Etat, ce n’est plus de chercher à se défendre, par exemple avec des digues. Plutôt de laisser faire la nature.»
true
L’incendie Thomas qui s’est déclenché en Californie le 4 décembre sera le plus important depuis celui de 1932. Il a ravagé 110.641 hectares, soit davantage que le précédent record établi par l’incendie Cedar en 2003. « Ce qui est important, c’est que ces incendies vont devenir très fréquents, c’est ce que la science nous dit » a déclaré le gouverneur de l’Etat Jerry Brown lors du sommet de Paris. Or la science dit autre chose affirmant qu’il n’est pas possible d’établir un lien entre les feux de forêt et le réchauffement climatique, comme le rappelait Le Los Angeles Times dès 2015. Un lien ne peut être établi entre la sécheresse et réchauffement climatique La Californie a un climat très variable : les hivers peuvent y être très humides, permettant ainsi à l’herbe et à divers combustibles de pousser, puis les étés y sont longs et très secs, et ces herbes s’assèchent. Après un hiver 2016 très humide il y a eu des records de chaleur pendant l’été qui a suivi. Puis des vents forts et secs ont traversé des zones habitées où les feux sont accidentellement déclenchés (par des « cigarettes ou des lignes électriques cassées » explique Le Monde). Un rapport de la NOAA intitulé « Causes et prévisibilité de la sécheresse Californienne 2011-2014 », attribue la période de sécheresse intense qu’a connu la Californie depuis 2011 à des causes naturelles. Le diagramme ci-dessous extrait du rapport montre par exemple que l’hiver le plus sec a été celui de 1976 à 1977, qu’une période de sécheresse prolongée a été observée dans les années 1920 et 1930. Il y a également eu des périodes humides prolongées, dont une au milieu des années 1990. Cependant, sur les 120 années d’enregistrement, il n’y a pas de tendance claire vers des conditions plus humides ou plus sèches. Anomalies de précipitations (en mm/jour) entre 1895 et 2014 (en violet courbe lissée sur une période de 7 ans) Source California Precipitation Anomaly Les deux principales conclusions du rapport de la NOAA sont les suivantes : Les sécheresses sont des catastrophes récurrentes en Amérique du Nord Il est intéressant de mettre en perspective la sécheresse actuelle en Californie par rapport aux sécheresses affectant de façon récurrente l’Ouest des Etats Unis depuis plusieurs centaines d’années. Une reconstruction dendro chronologique des périodes de sécheresse en Amérique du Nord sur une période de plus 1000 années révèle l’existence de périodes de « méga sécheresses » (notamment pendant une période de 400 ans entre 900 et 1300) qui ont excédé en intensité et en durée les sécheresses des années postérieures à 1850,comme le montre le graphe ci-dessous : La sécheresse en Californie a déjà fait l’objet d’un article sur ce site. C’est le titre d’un article du National Geographic qui commente le dernier livre (Between two fires) de Stephen Pyn, ancien pompier aujourd’hui historien et professeur à l’Université d’État de l’Arizona dans lequel il défend dans son l’idée que des feux d’intensité relativement faibles mais fréquents et maîtrisés réduiraient le risque des grands incendies catastrophiques. Faute de quoi, il y a accumulation du bois sec, de feuilles et autres matériaux qui rendent les incendies plus graves avec des conséquences dévastatrices. Le rétablissement d’un cycle naturel des feux (inspiré de celui que pratiquait les amérindiens) avait été envisagé dès 1910, après un incendie majeur appelé le Big Blowup, ou le Big Burn qui a sévi sur les Rocheuses du Nord brûlant plus 1,2 millions d’hectares et tuant 78 pompiers en un après-midi. Ce projet n’a pas eu de suite. Selon Stephen Pyn, ce sont des décennies de mauvaises pratiques de lutte contre les incendies qui expliquent la recrudescence des feux de forêt à laquelle nous assistons aujourd’hui.
fake
C'est une proposition phare de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), reprise par Emmanuel Macron: le groupe des députés Ecologie Démocratie Solidarité a annoncé ce mercredi déposer une proposition de loi pour inscrire la protection de l'environnement à l'article 1er de la Constitution. "Devant l'urgence climatique, nous ne pouvons pas attendre", plaident ces députés emmenés par Matthieu Orphelin, ex-LREM proche de Nicolas Hulot. "Nous appelons (le gouvernement) à se saisir dès maintenant de cette proposition de loi constitutionnelle, et à programmer son examen à l'Assemblée nationale puis au Sénat, préalable nécessaire pour ensuite respecter l'engagement du président de la République d'organiser un référendum portant sur cette question", soulignent-ils dans un communiqué. Le 14 juillet, Emmanuel Macron a souhaité inscrire "le plus vite possible" la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution, afin "d'aider à transformer notre pays". Fin juin, il s'était dit "prêt" à des référendums dès 2021. "La République garantit la préservation de la biodiversité, de l'environnement et lutte contre le dérèglement climatique, son action ne pouvant faire l'objet que d'une amélioration constante", stipule la proposition de loi constitutionnelle du groupe EDS, qui a ajouté au texte de la CCC le principe de non-régression du droit environnemental. "Garantir la protection de l'environnement à l'article 1er de la Constitution permettra d'adopter des lois plus ambitieuses en élevant cet enjeu au même rang que celui d'autres principes constitutionnels, tels que la liberté d'entreprendre ou le droit de propriété", expliquent les députés. Des représentants de la Convention citoyenne sur le climat doivent rencontrer mercredi plusieurs membres du gouvernement dont la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, pour préparer un projet de loi à l'automne reprenant une série d'autres propositions de la CCC.
true
Les données sur la concentration atmosphérique en CO2 mises à jour par l’observatoire de Mauna Loa pour mai 2020 continuent à ne montrer aucune diminution. Même en admettant une inertie du système climatique qui expliquerait que la réduction des émissions ne se retrouveront qu’avec retard dans la concentration, ces données ont de quoi nous laisser perplexes. Dans un article du 15 mai, le Dr Roy Spencer expliquait pourquoi le ralentissement ne suffirait pas pour affecter les niveaux mesurés de CO2 atmosphérique compte tenu des variations naturelles des sources et des puits mondiaux de carbone. Dans un nouvel article du 5 juin, Roy Spencer a calculé que la réduction des émissions de CO2 ( estimée par l’agence américaine US Energy Information Administration à 11% en 2020) aurait due être quatre fois plus importante pour stopper l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère (toutes choses égales par ailleurs, en supposant qu’aucune variation naturelle substantielle des sources et des puits de CO2 n’intervienne). Le graphique suivant, publié sur le site Research News de l’agence américaine NOAA montre de façon plus explicite les variations saisonnières. Une étude publiée dans Nature le 19 mai 2020 par Le Queré & al a calculé que la baisse mondiale des émissions en année pleine sera comprise entre 4,2% et 7,5 % en 2020. Cette baisse, nous dit Madame Le Quéré, est comparable au taux annuel de diminution qu’il faudrait maintenir pendant les prochaines décennies pour limiter le changement climatique à 1,5 °C. Ces chiffres mettent en perspective à la fois la forte croissance des émissions mondiales observée au cours des 14 dernières années et l’ampleur du défi auquel nous devons faire face pour limiter le changement climatique conformément à l’Accord de Paris sur le climat. Curieusement l’étude de Madame Le Quéré (qui est aussi présidente du Haut Conseil pour le Climat) ne porte que sur les émissions. Elle n’aborde pas le fait que la baisse des émissions ne se retrouve pas dans les niveaux de concentration.
true
Montréal, 10 avril 2008 – Un rapport international publié aujourd’hui par Greenpeace démontre que l‘exploitation de la forêt boréale a un effet direct sur les changements climatiques. On y apprend qu’en plus de dégrader les écosystèmes, l’exploitation forestière est une importante source d’émissions de gaz à effet de serre (GES); qu’un cercle vicieux faisant grimper la température est créé par la conjugaison du réchauffement et de l’absence de protection du territoire et que cela risque de libérer des GES massivement et rapidement dans l’atmosphère. Dans cette étude intitulée Une forêt chauffée à blanc, on y souligne le rôle essentiel de la protection de grands territoires intacts de forêt boréale pour atténuer les effets du réchauffement planétaire. « Les gouvernements ne pourront plus ignorer très longtemps le rôle des forêts intactes pour contrer les changements climatiques », lance Mélissa Filion, responsable de la campagne forêt boréale de Greenpeace. Parmi les plus importantes conclusions de ce rapport, notons entre autres que les coupes à blanc entraînent une augmentation des émissions de carbone, une réduction de la capacité de stockage de la forêt et une accélération de la fonte du pergélisol. Elles réduisent également la résilience de la forêt aux conséquences des changements climatiques. De telle sorte qu’à son tour, la forêt engendre de nouvelles émissions de GES, ce qui finit par créer un cercle vicieux où le réchauffement dégrade la forêt qui, une fois dégradée, augmente le réchauffement. Enfin, notons qu’en plus de mieux récupérer et résister aux changements climatiques, les grandes zones de forêt boréale intacte permettent également de préserver d’importants réservoirs de carbone. Ainsi, selon les auteurs, pour mettre un frein au cercle vicieux et éviter une hausse dramatique des émissions de GES, communément appelée « bombe de carbone », il faut non seulement réduire les GES provenant de combustibles fossiles, mais placer également de grandes zones de forêt boréale intacte à l’abri de la coupe et d’autres activités industrielles. Ceci est particulièrement important dans le cas des forêts du sud, puisque ces secteurs sont biologiquement très riches. Pour réaliser cette étude, une revue exhaustive de la littérature scientifique a entre autres été conduite par des chercheurs de l’Université de Toronto. « Près des deux tiers du carbone présent en forêt boréale est emmagasiné dans le sol », explique Elizabeth Nelson, chercheuse et coauteure du rapport. « Une fois le couvert forestier rasé, la décomposition du sol s’effectue plus rapidement ce qui entraîne une augmentation des émissions de GES dans les mois et les années qui suivent. Cela peut durer toute une décennie. » « Nous savions déjà que l’exploitation de la forêt boréale mettait en péril des espèces importantes comme le caribou forestier. Maintenant, nous savons que cette exploitation peut aussi avoir un impact majeur sur les changements climatiques à l’échelle mondiale », ajoute Jay Malcom, professeur agrégé à la faculté de foresterie de l’Université de Toronto et un des réviseurs de ce rapport. Pour Greenpeace, les gouvernements et les entreprises doivent prendre acte de l’état de la situation. « Dans la grande politique forestière qu’il est en train de préparer, le gouvernement du Québec doit à tout prix considérer le rôle des forêts intactes dans la lutte aux changements climatiques », conclut Mélissa Filion. Pour consulter le rapport, cliquez ici.
true
Nous avons récemment publié sur ce site la traduction de la première partie du « didacticiel » climatique fourni au juge fédéral W. Alsup par William Happer, S. Koonin, Richard Lindzen dans le cadre d’une action en justice lancée par deux villes de Californie contre cinq compagnies pétrolières. Cette synthèse comporte une deuxième partie intitulée « Réponses à des questions particulières » qui comprend huit questions. Nous fournissons ici la traduction de la réponse aux deux premières questions et publierons ultérieurement la traduction des six questions restantes (l’original du document est accessible en suivant ce lien) : Question 1 : Qu’est-ce qui a provoqué les divers « âges de glace » (dont le « petit âge de glace » et des périodes froides prolongées) et qu’est-ce qui a fait fondre les glaces ? Lorsqu’elles ont fondu, de combien le niveau des mers est-il monté ? La discussion des grandes périodes glaciaires des derniers 700 mille ans est distincte de la discussion du « petit âge de glace ». Les périodes glaciaires renvoient à la croissance de calottes de glace massives (épaisses de 1 km à 3 km) là où ont eu lieu des périodes de très forte accumulation de glaces, durant environ quatre-vingts mille ans ; elles ont été suivies d’interglaciaires chauds de durée vingt mille ans environ. Le « petit âge de glace » a été une période relativement brève (quatre cents ans environ) aux températures relativement fraîches avec, sur une grande partie du globe, la croissance des glaciers de type alpin. Alors que se multipliaient les preuves du cycle de cent mille ans des grandes glaciations, l’astrophysicien serbe Milutin Milankovitch (livre de 1941) a noté que s’il y avait toujours de la neige en Arctique en hiver, la croissance des glaciers dépendait de la persistance de cette neige pendant l’été. Il a suggéré que cette persistance était déterminée par l’intensité du flux solaire estival en Arctique, et que cette quantité changeait beaucoup selon les paramètres orbitaux de la Terre, surtout l’obliquité (cycle de 40 mille ans environ), la précession des équinoxes (cycle de 20 mille ans mais modulé par l’excentricité), et l’excentricité (cycle de 100 mille ans environ). L’insolation estivale de l’Arctique est couramment appelée paramètre de Milankovitch. Quand on a disposé de séries temporelles pour le paramètre de Milankovitch et pour le volume des glaces [1], on a noté que le spectre temporel du volume des glaces présentait des pics aux fréquences des cycles des variations orbitales (Imbrie, 1984). Mais des doutes sur cette théorie ont été émis parce que la corrélation entre le paramètre de Milankovitch et le volume des glaces n’était pas bien bonne. Cette difficulté a été résolue indépendamment par Edvardsson et al. (2002) et par Roe (2006), qui tous deux ont noté que ce n’était pas le volume des glaces mais le changement du volume des glaces (c’est à dire, la dérivée par rapport au temps du volume des glaces) qui était à rapprocher du paramètre de Milankovitch. Le changement du volume des glaces par unité de temps est remarquablement bien corrélé avec le paramètre de Milankovitch. Voir la figure II-1 qui compare l’anomalie de l’insolation en juin (en vert) à la variation du volume des glaces par unité de temps (en noir). Notons que le paramètre de Milankovitch varie sur une plage d’environ 100 W/m², du même ordre de grandeur que les flux d’énergie dans le système climatique. Edvardsson et al. (2002) a montré que ces variations suffisaient à expliquer la fonte des glaciers continentaux. Rappelons que le changement du forçage radiatif associé aux changements des teneurs en CO2 suit dans le temps les changements de température des grands cycles glaciaires et est d’environ 2 W/m². La dernière glaciation s’est terminée de façon un peu irrégulière. Le maximum d’extension des inlandsis a eu lieu vers dix-huit mille ans avant le présent. Une fonte a eu lieu entre vingt mille ans et treize mille ans, puis il y a eu un épisode froid (le Dryas récent) qui s’est terminé il y a environ 11 700 ans. De vingt mille ans à six mille ans avant le présent le niveau des mers est monté de 120 mètres, avec, depuis six mille ans, une montée beaucoup plus lente. Depuis la fin du « petit âge de glace » la montée a été de 15 cm par siècle. Nous n’avons pas de certitudes pour expliquer le « petit âge de glace ». Un long « hiatus » dans l’activité solaire peut avoir joué un rôle, mais à ces échelles de temps courtes [2] nous ne pouvons exclure un effet de la variabilité naturelle interne du système climatique. Soulignons que la surface du globe n’est jamais en équilibre avec le rayonnement solaire incident net parce que les océans emportent et apportent en permanence de la chaleur de la surface et vers la surface, et les mouvements de ce système ont des échelles de temps qui vont de quelques années (par exemple le phénomène El Niño Southern Oscillation, ENSO qui se produit tous les trois à cinq ans) à des millénaires. Reste la question intéressante de ce qui se passait il y a plus de 800 000 ans. Des épisodes glaciaires ont commencé il a 6 million d’années (Bender, 2013) mais leur rythme semble avoir été gouverné par celui de l’obliquité (40 000 ans) [3]. Les causes du phénomène n’ont pas encore été complètement étudiées, mais il semble que le cycle actuel met en jeu la croissance et le déclin de la glace permanente, alors que les précédents cycles ont connu des périodes complètement libres de glace arctique. L’allégation que la variabilité des paramètres de l’orbite doit, pour le pilotage des glaciations, être complétée par un « coup de pouce » du CO2 vient de l’idée non plausible que ce qui importerait est la variation de l’insolation totale moyenne sur l’année (variation qui est fort petite) et non pas de la variation, elle considérable, du paramètre de Milankovitch. Cette situation des cycles glaciaires et interglaciaires est fort différente de celle du réchauffement récent et très modeste, où la variabilité naturelle rend bien plus difficile la détermination du rôle du CO2. Question 2 : Quelle différence de structure fait que les molécules de CO2 absorbent du rayonnement infrarouge alors que ni l’oxygène ni l’azote ne le font ? Du rayonnement est émis ou absorbé par des densités variables dans le temps de charge électrique ou de courant qui présentent une symétrie spatiale adéquate. Du rayonnement infrarouge thermique peut être absorbé ou émis par une molécule si les vibrations et les rotations de la molécule se font à des fréquences infrarouges ET si les vibrations et rotations des molécules produisent, dans ces molécules, des moments électriques dipolaires variables dans le temps. Comme montré à la figure II-2 ci-dessus les deux atomes O aux extrémités de la molécule linéaire CO2 sont chargés négativement et le carbone C au centre est chargé positivement. La charge de l’atome C est, en gros, la moitié de la charge positive d’un proton. La flexion de la molécule de CO2 produit un moment dipolaire électrique parce que le centre des charges négatives est déplacé par rapport à la charge positive. Des moments dipolaires électriques variables dans le temps absorbent et émettent très efficacement du rayonnement. Comme le montre la figure, une molécule de CO2 fléchie vibre un peu comme la barre d’un xylophone et produit un dipôle électrique vibrant qui va du point milieu des deux atomes d’oxygène vers le noyau du carbone. Ce moment dipolaire absorbe et émet du rayonnement à sa fréquence de vibration. La rotation simultanée de la molécule de CO2 étale la plage des fréquences absorbées ou émises par ces vibrations de flexion. Les molécules de CO2 ont aussi des modes où les atomes vibrent en restant alignés. Ces modes sont dits modes d’élongation symétrique et asymétrique et ils sont étiquetés par les fréquences ν1 et ν3 sur la figure II-2. Les fréquences du mode asymétrique d’élongation sont supérieures aux fréquences de la plupart des rayonnements thermiques et donc ce mode asymétrique absorbe et émet du rayonnement thermique bien moins efficacement que le mode de flexion. Le mode symétrique d’élongation n’a pas de moment dipolaire électrique et n’est donc qu’un très mauvais émetteur et absorbeur du rayonnement. Les charges négatives de deux atomes O aux bouts de la molécule de CO2 viennent d’électrons qui ont été « volés » à l’atome de carbone au centre. Ce qui laisse une charge positive sur cet atome de carbone. En haut et à droite de la figure nous montrons une molécule d’oxygène et une molécule d’azote, les deux principaux gaz de l’air. Les deux atomes aux extrémités de la molécule O2 n’ont pas de charge puisqu’ils ont la même affinité pour les électrons. Pour les mêmes raisons les deux atomes N d’une molécule d’azote n’ont pas de charge électrique. Les molécules O2 et N2 ont des vibrations d’élongation comparables aux vibrations d’élongation symétriques des molécules de CO2. Les molécules O2 et N2 peuvent aussi tourner. Les fréquences combinées des vibrations et des rotations sont bien dans la gamme des fréquences de l’infrarouge thermique, mais les molécules N2 et O2 n’absorbent ni n’émettent de rayonnement efficacement car elles sont dépourvues de moment dipolaire électrique variable. N2 et O2 ont des moments quadripolaires électriques qui varient avec les vibrations et les rotations, mais ces moments quadripolaires absorbent et émettent du rayonnement un million de fois moins efficacement que les moments dipolaires variables. Les molécules diatomiques comme NO ou CO qui ne sont pas symétriques comme O2 et N2 ont des moments électriques dipolaires et peuvent donc émettre ou absorber efficacement du rayonnement thermique à leurs fréquences de vibration, quoique n’ayant que deux atomes. Des molécules comme CO2, H2O, CO ou NO sont dites molécules de gaz à effet de serre parce qu’elles absorbent ou émettent efficacement du rayonnement tout en étant presque transparentes à la lumière du soleil. Des molécules comme O2 et N2 sont presque transparentes à la lumière du soleil mais comme elles n’absorbent ni n’émettent de rayonnement infrarouge thermique ce ne sont pas des gaz à effet de serre. Le gaz à effet de serre le plus important est, de très loin, la vapeur d’eau. Les molécules d’eau, H2O, présentent une flexion permanente et ont des forts moments électriques dipolaires. [1] NdT : déduit d’observations du niveau des mers [2] NdT : des dates communément admises sont 1300 – 1860 ; l’extension des langues de glace des glaciers alpins a été maximale en 1860. [3] NdT angle variable entre l’axe de rotation de la Terre et le plan de l’orbite de la Terre
true
La ministre espagnole de l'Environnement, Teresa Ribera, a dénoncé ce jeudi la volonté de certains Etats de "freiner" délibérément l'action climatique, à la veille de la fin officielle de la COP25 à Madrid, accusation soutenue par les petits États insulaires. La ministre espagnole, dont le pays accueille cette conférence climat de l'ONU à la place du Chili, a souligné devant la presse deux visions qui s'opposent. D'un côté, "il y a plusieurs parties qui disent que ce n'est pas suffisant, qu'il faut que nous avancions plus vite, que nous devons avoir plus d'ambition, renforcer le rôle de la science dans tous les domaines", a-t-elle indiqué. De l'autre, ceux qui préfèrent une "politique des petits pas, répétant exclusivement ce qui a été dit à Paris il y a quatre ans" alors que les récentes preuves scientifiques soulignent la nécessité d'agir plus vite et plus fort. "Les deux visions sont très claires, entre ceux qui veulent aller plus vite et ceux qui veulent se retrancher derrière ce qui ne fonctionne pas, afin de ne pas avancer", a constaté Teresa Ribera, qui fait partie des quelques ministres désignés pour "faciliter" les négociations qui, théoriquement, doivent se terminer vendredi soir. Certaines "grandes économies" dont les dirigeants "ne sont pas convaincus de l'importance d'agir en matière de climat (...) font de la résistance quand il s'agit d'avancer", a-t-elle noté. Alors les États les plus vulnérables "voient avec désespoir cet effort de faire traîner l'action climatique et de la rendre beaucoup plus lente ou beaucoup plus désordonnée". Les représentants du groupe Aosis, qui compte 44 Etats insulaires particulièrement vulnérables à la montée du niveau de la mer, ont eux aussi dénoncé "le manque d'ambition" de certains Etats, nommant certains d'entre eux. "Nous sommes très inquiets, en fait consternés par l'état d'avancement des négociations", a déclaré lors d'une conférence de presse Omar Figueroa Figueroa, ministre de l'Environnement de Belize, qui préside le groupe. "L'ambition est plus qu'un souhait, c'est tangible, et elle doit être financée. Mais où est l'ambition?," a renchéri le ministre fidjien de l'Economie, Aiyaz Sayed Khaiyum. Il a particulièrement dénoncé le fait que la promesse des pays du Nord de porter à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 leurs assistances aux pays du Sud ne sera "pas tenue", pointant du doigt en particulier les Etats-Unis, le Canada, l'UE, le Japon et l'Australie. Selon le dernier rapport l'OCDE, ces chiffres sont en hausse, avec 71,2 milliards en 2017. "Cette inaction coûte des vies dans nos populations", a insisté de son côté Simon Steil, ministre de l'Environnement de l'île de Grenade.
true
Le bassin du Congo : un écosystème inestimable La forêt du bassin du Congo constitue l’un des plus grands paysages forestiers intacts au monde (Intact Forest Landscapes – IFL). Les IFL sont de vastes zones forestières non perturbées par les activités humaines, à l’exception de certaines parcelles historiquement dédiées à la culture et au pâturage à petite échelle. © Greenpeace / John Novis Des forêts intactes qui disparaissent trop vite Quelques jours avant le début de l’assemblée générale du FSC (Forest Stewardship Council) à Vancouver, Greenpeace a publié un rapport soulignant combien il est important pour le FSC de maintenir son engagement pour la protection de paysages forestier intacts (IFL). Le FSC est aujourd’hui la certification la plus rigoureuse en matière de traçabilité du bois récolté et de responsabilité environnementale des entreprises du secteur – même si de nombreux progrès restent à faire. En effet, le rapport démontre une perte dramatique de paysages forestiers intacts dans la région du bassin du Congo, y compris par les entreprises certifiées FSC qui y opèrent. Il souligne même les manoeuvres effectuées par certaines de ces entreprises pour saper les efforts effectués au sein du FSC pour reconnaître l’importance des paysages forestiers intacts et la nécessité de les protéger. © Greenpeace / John Novis Si rien n’est fait pour stopper la perte des paysages forestiers intacts, non seulement la faune sauvage souffrira de la fragmentation accrue des forêts, mais le stockage du carbone sera réduit. De même, la fréquence des incendies de forêt risque d’augmenter et la résilience de ces écosystème cruciaux aux changements climatiques sera durablement endommagée. La perte des paysages forestiers intacts peut également conduire au déplacement des populations qui vivent dans ces régions depuis des milliers d’années. La certification FSC doit s’engager pour les forêts intactes En 2014, le FSC a pris la décision de protéger la « grande majorité » des IFL dans les concessions certifiées FSC, se positionnant ainsi comme un leader mondial dans la conservation des forêts. Cependant, certaines entreprises opérant dans le bassin du Congo, telles que Danzer, Precious Woods et OLAM, déploient tous leurs efforts pour pouvoir exploiter ces paysages forestiers intacts, notamment en essayant de saper cette décision fondamentale au sein du FSC, lors des débats internes à cette instance. D’ores et déjà, ce sont 1,3 million d’hectares d’IFL qui ont été perdus dans des concessions FSC actuellement homologuées, et plus d’un million de plus pourrait être perdu si le FSC n’empêche les exploitants d’accéder à ce qui reste de ces forêts clés. De 2000 à 2013, au sein de la forêt du bassin du Congo, il y a eu plus de pertes de paysages forestiers intacts dans les concessions certifiées FSC que dans les concessions non certifiées par le FSC ! Il est grand temps de redresser la barre. © Marizilda Cruppe / Greenpeace L’Esperanza soutient la mobilisation pour la forêt en Afrique A travers toute l’Afrique centrale, face aux menaces qui pèsent sur la forêt du bassin du Congo, de nombreuses personnes se mobilisent pour la protection des forêts et le droit de préserver leur habitat, leur culture et leur avenir en mains. Pour soutenir ce mouvement, le navire Esperanza, le plus grand de toute la flotte de Greenpeace, naviguera le long de la côte de l’Afrique centrale du 13 octobre au 10 novembre 2017 pour relier les communautés entre elles dans un mouvement de résistance à la destruction des forêts.
true
Le courant circumpolaire antarctique (ACC) est le plus puissant des courants océaniques au monde. Et grâce à de nouvelles données, des chercheurs établissent aujourd'hui qu'il a tendance à s'accélérer... sous l'effet de l'augmentation de la température de la mer. Le courant circumpolaire antarctique (ACC) est apparu il y a environ 30 millions d'années. Il fait aujourd'hui le lien entre les océans Indien, Pacifique et Atlantique. Il est d'ailleurs tout simplement le courant océanique le plus puissant sur notre Planète. Il transporte ainsi autour de l'Antarctique, plus de 165 millions de mètres cubes d'eau par seconde. Pas moins de cent fois le débit de toutes les rivières du monde. Et une équipe internationale de chercheurs nous apprend aujourd'hui que l'ACC s'accélère. Une découverte basée sur des mesures satellites et des données recueillies par le réseau mondial de flotteurs océaniques Argo. En cause, vous l'aurez deviné : le réchauffement climatique anthropique. Plus précisément, le réchauffement des eaux. Les chercheurs assurent en effet que, malgré le fait que ce courant soit réputé être principalement entraîné par le vent, l'accélération des vents d'ouest dominants sous l'effet de l'augmentation de la température de l'air aurait, ici, plutôt tendance à dynamiser les tourbillons océaniques qui vont à l'encontre des courants principaux. Et ça pourrait accélérer le réchauffement climatique Ce courant circumpolaire antarctique est comme une démarcation entre les eaux chaudes subtropicales et les eaux plus froides de l'Antarctique. Or la partie la plus chaude de l'océan Austral absorbe une grande partie de la chaleur générée par les activités humaines. D'où l'importance de mieux comprendre sa dynamique. Pour le rôle essentiel que l'ACC joue sur la régulation de notre climat. Comme l'accélération de l'ACC semble étroitement liée au gradient de température qui règne dans la région, les chercheurs s'attendent désormais à ce que sa vitesse augmente de plus en plus au fur et à mesure que l'océan Austral continuera d'absorber de la chaleur. De quoi favoriser la remontée vers la surface d'eaux profondes chargées en CO2. Et diminuer finalement, la capacité de l'océan à réguler le réchauffement.
true
Le 08/12/07 – À l’issue de la première semaine de la 13e conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la plupart des points de blocage n’ont pas été levés. Il reste beaucoup à faire pour que Bali déboucher sur des décisions ambitieuses. La timidité de la France Cette semaine : pour le moins, la délégation française ne s’est pas montrée pas pro-active au sein de l’Union européenne (UE). Une attitude qui déçoit, après les ambitions affichées par la France fin octobre, à l’issue du Grenelle de l’environnement. Pour la suite : au minimum, la France doit réaffirmer sa volonté d’atteindre le facteur 4. Elle doit donc s’engager à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30 % d’ici à 2020. Pourquoi ne pas profiter de la conférence de Bali pour annoncer cet engagement ? L’Union européenne dans un entre-deux Cette semaine : pour l’instant, l’UE passe son temps à tenter de concilier les positions très divergentes des pays membres du G 77 d’une part, et celles des pays dit de l’Ombrelle, c’est-à-dire le Japon, le Canada et les États-Unis. Pour la suite : l’UE doit sortir de ce seul rôle de médiateur et afficher son leadership, en réaffirmant l’engagement pris à Vienne en août : l’objectif de rester sous la barre des +2°C et l’engagement pour les pays industrialisés de réduire de 25 à 40 % leurs émissions de GES d’ici à 2020. Les États-Unis aussi nuls que prévu Cette semaine : Comme prévu, les USA persévèrent leurs efforts pour faire dérailler le système multilatéral de Kyoto. Ils s’entêtent à promouvoir le Major Economies Meeting (MEM) lancé par le Président Bush à Washington fin septembre. Pour la suite : l’UE doit résister à cette tentative de sabotage de Kyoto et refuser de s’engager sur des processus parallèles. G 77 : une main tendue… qu’il va falloir saisir Cette semaine : certains pays en développement ont manifesté un réel esprit d’ouverture. Ainsi la Chine a proposé que les pays en développement s’engagent davantage dans la lutte contre les changements climatiques à partir de 2012, à condition que les pays industrialisés leur fournissent une aide financière et technologique. Pour la suite : ces derniers, UE en tête, doivent répondre à cet appel et s’engager à transférer les technologies propres aux pays en développement et à financer une croissance sobre en carbone de ces économies. Le nucléaire et le captage et stockage de carbone – technique que la Chine et l’Inde refusent de voir figurer dans la liste des mécanisme de développement propre – ne constituent pas des technologies respectueuses de l’environnement. Adaptation : le chantier progresse Cette semaine : L’accord sur l’entité chargée de gouverner le Fonds pour l’adaptation (FA) progresse mais les règles de procédure restent à définir. L’important est qu’une décision soit adoptée à Bali pour que ce fonds soit opérationnel le plus rapidement possible. Pour la suite : Il faut également mettre au point d’autres mécanismes innovants pour augmenter considérablement les financements pour couvrir l’ensemble des besoins des pays en développement, notamment les plus vulnérables. Déforestation : une chance historique Cette semaine : La prise en compte des réductions des émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts n’est plus remise en question. Mais jusqu’à présent, on a surtout parlé d’argent, et pas assez de la protection des forêts ni d‘objectifs de réduction d’émissions équitables. Pour la suite : la conférence de Bali, qui se tient dans le 3e pays émetteur de CO2 à cause de la déforestation, doit déboucher sur l’intégration, dans l’architecture de Kyoto 2, de la réduction des émissions de GES dues à la déforestation et la dégradation des forêts. Ces questions doivent impérativement être étudiées à l’échelle nationale et non par projet.
true
La date butoir survient de plus en plus tôt chaque année. En 2018, l'humanité aura consommé dès le 1er août l'ensemble des ressources que la nature peut renouveler en un an et vivra symboliquement "à crédit" pendant cinq mois, selon l'ONG Global Footprint Network. Le 1er août est "la date à laquelle nous aurons utilisé plus d'arbres, d'eau, de sols fertiles et de poissons que ce que la Terre peut nous fournir en un an pour nous alimenter, nous loger et nous déplacer et émis plus de carbone que les océans et les forêts peuvent absorber", explique Valérie Gramond de WWF, partenaire du Global Footprint Network. "Il nous faudrait aujourd'hui l'équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à nos besoins", souligne WWF dans un communiqué. Cette date est la plus précoce jamais enregistrée depuis le lancement du "jour du dépassement" au début des années 1970, où la date retenue était celle du 29 décembre. En 2017, il était intervenu le 3 août. Le mouvement "s'est accéléré à cause de la surconsommation et du gaspillage", explique Valérie Gramond, qui rappelle que dans le monde, environ un tiers des aliments finissent à la poubelle. "On met à mal la capacité de la planète à se régénérer", en puisant par exemple dans les stocks de poissons, ajoute-t-elle. La situation diffère fortement selon les pays. "Nous avons des responsabilités différentes : des petits pays avec peu de population, comme le Qatar et le Luxembourg, ont une empreinte écologique extrêmement forte", souligne Pierre Cannet de WWF. Si l'ensemble de l'humanité vivait comme eux, le "jour du dépassement" interviendrait dès les 9 et 19 février. À l'inverse, dans un pays comme le Vietnam, la date retenue est celle du 21 décembre. "On doit passer du cri d'alarme à l'action", estime Pierre Cannet, qui s'inquiète de la reprise des émissions de CO2 au niveau mondial en 2017 après trois années de stabilisation. Sur le site internet du "jour du dépassement" sont présentées différentes solutions pour inverser la tendance : revoir la façon dont sont pensées les villes, développer et privilégier les énergies vertes, lutter contre le gaspillage alimentaire et la surconsommation de viande, limiter l'expansion démographique. Chacun peut calculer son empreinte écologique sur www.footprintcalculator.org
true
L'objectif : "obliger les grands pollueurs du climat à agir sur les champs de leurs responsabilités", résume à L'Express Florence Denier-Pasquier, vice-présidente de France Nature Environnement (FNE) au côté des associations engagées dans cette procédure, comme Notre Affaire à Tous, Sherpa, Les Eco Maires, et ZEA, ainsi qu'une dizaine de communes françaises et la région Centre-Val de Loire. Total est visé car, selon l'ONG Carbon Disclosure Project, l'entreprise occupe la 19e place des 100 sociétés les plus polluantes de la planète et est le premier pollueur français. Selon Me Sébastien Mabile, il faudra attendre entre 18 et 24 mois avant la date du procès. Si le tribunal donne tort à Total en première instance, l'entreprise fera vraisemblablement appel de la décision. L'avocat qui défend ce collectif hétérogène s'appuie sur différents fondements juridiques pour justifier ce recours : le premier est issu du premier article de la constitution où a été inscrit le terme "environnement", ainsi que l'article 2 qui stipule que "toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l'amélioration de l'environnement". D'autre part, la loi de mars 2017 relative "au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre" oblige les entreprises d'une certaine taille (plus de 5000 salariés) à appliquer un "plan de vigilance" pour prévenir les risques en la matière. Une loi qui n'existe qu'en France. LIRE AUSSI >> Carbone : le business de la bonne conscience Enfin, le conseiller s'appuie sur l'article 1252 du Code civil selon lequel une entreprise peut être mise en demeure s'il y a un retard dans l'exécution demandée après des dommages causés. "Par sa contribution au changement climatique, Total cause des dommages importants pour l'environnement", explique Me Sébastien Mabile. Il s'appuie sur des chiffres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) selon lesquels, afin de limiter le réchauffement climatique, il faut une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Avec son actuel plan de vigilance, Total "n'a pas suffisamment identifié les risques climatiques, indiquent les défenseurs du climat. Ils demandent alors une meilleure adaptation de ce plan à la gravité du risque climatique, en se servant notamment de l'Accord de Paris et du rapport spécial du Giec", explique à L'Express Marta Torre-Schaub, directrice de recherche au CNRS et spécialiste du droit du changement climatique. "Les demandeurs considèrent que les acteurs privés aussi doivent être visés par cet accord universel", ajoute-t-elle. Ainsi, le recours déposé "n'est pas seulement un coup médiatique", promet la vice-présidente de France Nature Environnement Florence Denier-Pasquier. Elle estime aussi qu'en cas de condamnation, l'astreinte financière qui lui serait imposée en cas de défaite au tribunal serait "proportionnelle à la taille de l'entreprise" et pourrait ainsi devenir réellement pénible pour Total. "Refaire ce plan va les forcer à terme à changer leur modèle économique car il existe une obligation légale de mettre en oeuvre ce plan de vigilance", argumente encore Me Sébastien Mabile qui ajoute que cette action leur permettra, à l'avenir, de vérifier d'année en année la mise en oeuvre effective du plan. Pour l'avocat, leur recours est par ailleurs pris au sérieux par la société pétrolière, puisqu'elle a engagé un cabinet d'avocat très reconnu. "Si elle perd, ça impliquerait des changements majeurs de son modèle", espère-t-il. "Si on gagne, ce qui serait une première mondiale, on rendrait l'objectif de l'Accord de Paris opposable aux entreprises privées par la jurisprudence", ajoute le conseiller. Le but est alors de mettre la lumière sur Total, plus gros pollueur, pour un effet domino. D'autant que certaines entreprises n'ont pas attendu d'être traduites en justice pour agir. Selon Me Sébastien Mabile, plusieurs grands acteurs du secteur s'engagent déjà "sous la pression des actionnaires" comme l'Espagnol Repsol, ou le Norvégien Equinor. Selon un rapport du Grantham Research Institut de la London School of Economics, plus de 1300 procédures judiciaires mettant en cause le changement climatique ont été lancées depuis 1990, dont 1023 aux Etats-Unis. "2019 est l'année la plus active en matière de recours juridiques de ce type", soutient de son côté la directrice de recherche au CNRS, Marta Torre-Schaub. Mais pour Florence Denier-Pasquier, "ce n'est qu'une arme parmi d'autres". "On a besoin des citoyens et des marches pour le climat afin de démontrer que l'action juridique est un combat pour l'intérêt général, argumente-t-elle. Quand les citoyens sont prêts, les autorités appliquent plus vite les solutions". D'autant qu'elles aussi sont parfois visées. Cette année, certaines ONG ont attaqué l'Etat français pour "inaction climatique".
true
Maine-et-Loire. Changement climatique : un expert livre ses conseils pour le jardin Les jardiniers redoutent les effets du changement climatique sur les cultures potagères et ornementales. L’expert angevin Jérôme Jullien signe un guide pour adapter les pratiques. Le dernier livre de Jérôme Jullien « Adapter son jardin au changement climatique - État des lieux et solutions », édité en avril 2021, ne pouvait pas mieux coller à l’actualité : gel tardif, canicule, violents orages et averses de grêle, mini-tornades… ont émaillé ce printemps 2021. Ce guide pratique appliqué à la France métropolitaine fait écho au projet de rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), annonçant que les impacts du dérèglement climatique vont s’accélérer. Quelles sont les conséquences du changement climatique au jardin ? Jérôme Jullien : « L’augmentation moyenne de 1,5° d’ici à 2050 est très préoccupante. On a franchi le seuil de tolérance. Cela se traduit par des hivers moins froids, plus humides et une modification de la répartition des pluies. Cela pose des difficultés pour l’entretien des végétaux, l’arrosage en particulier. Le démarrage de la végétation et des floraisons est plus précoce de deux à trois semaines. Le deuxième phénomène est une sécheresse prolongée de la fin du printemps à l’automne, avec de plus en plus de journées caniculaires ». À quoi les végétaux doivent-ils s’adapter ? « Un excès d’eau en hiver,... Il vous reste 80% de cet article à lire. 1re semaine offerte Annulable à tout moment
true
Des feux dévastateurs en Sibérie orientale, pic de CO2 dans l’atmosphère De juin à septembre, il y a eu plus de forêts brûlées dans l’Extrême-Orient russe que dans le reste de l’hémisphère nord. Grèce, Turquie, Italie, Algérie, Canada, États-Unis… Alors que les records absolus de température et de sécheresse tombaient les uns après les autres, cet été, les incendies se sont relayés sans interruption à la une des journaux et des télés. Le Dixie Fire , l’un des plus violents de l’histoire de la Californie, a particulièrement frappé les esprits : allumé mi-juillet, et tout juste maîtrisé, il a dévasté une superficie supérieure au Rhode Island, petit État de la côte atlantique des États-Unis. Paradoxalement, les incendies les plus dévastateurs sont presque passés sous le radar : ceux qui ont ravagé la république de Sakha et le district autonome de Chukotka, dans l’Extrême-Orient russe. Mi-août, près de deux cents foyers grillaient la forêt boréale de ces territoires lointains et peu peuplés. Selon les relevés d’un expert de Greenpeace Russie, il y avait alors plus de forêts brûlées en Sibérie que dans le reste de l’hémisphère nord. Plus de CO2 que l’Allemagne en un an En cause ? La combinaison de températures très élevées – et très précoces – au nord du cercle polaire (47,7 °C en juin à Verkhoïansk), de vents desséchants, des impacts de foudre… et le laisser faire des pouvoirs régionaux. Les fumées de Sakha et Chukotka ont atteint le pôle Nord (une première selon la Nasa) et se sont propagées jusqu’au Groenland. Selon un rapport publié le 21 septembre par Copernicus, le service européen d’observation de l’atmosphère, les incendies de l’Extrême-Orient russe ont à eux seuls relâché 806 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère entre juin et septembre, soit bien plus que toute l’activité de l’Allemagne, quatrième économie mondiale, en 2020.
true
Diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre (GES), d’ici 2050, c’est ce à quoi s’était engagée la France en 2005. Un objectif baptisé « facteur 4 » qui correspond à la part « équitable » du pays à l’effort de lutte contre le changement climatique. Un peu plus de sept ans plus tard, le pays semble en bonne voie pour respecter cet engagement. Semble seulement, selon le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), une émanation du ministère de l’Ecologie, qui vient de rendre public un rapport très critique sur le bilan de la France dans ce domaine. Pour ce dernier, c’est essentiellement la crise qui explique les bons résultats français. Ainsi le rapport attribue les diminutions, bien réelles, d’émissions de gaz à effet de serre dans l’Hexagone à deux facteurs : la stagnation économique et la délocalisation d’activités industrielles fortement émettrices. De quoi donner l’illusion d’une France fidèle à ses engagements internationaux, alors même que la part française dans les émissions de GES au niveau mondial est en fait en augmentation. « La France respecte formellement ses engagements au titre du protocole de Kyoto, mais il s’agit d’un résultat en trompe l’oeil : l’empreinte carbone par habitant des Français a augmenté de 15 % en 20 ans si on prend en compte le solde des échanges extérieurs de GES », explique le CGEDD, qui plaide pour la prise en compte des importations dans le bilan des émissions de gaz à effet de serre. Entre autres faiblesses, le rapport note que le faible coût de l’électricité hexagonale empêche l’émergence de nouvelles sources d’énergie « décarbonée » hors nucléaire. Avec un coût de deux fois plus élevé outre-Rhin, « l’électricité éolienne terrestre est pleinement compétitive sur le marché allemand » affirme le CGEDD, qui ajoute que « pour atteindre le facteur 4 en 2050, tous les experts s’accordent sur la nécessité urgente de donner une valeur au carbone ». Sur ce point, le rapport propose plusieurs pistes, afin de renchérir le prix des énergies fossiles : par la fiscalité, par le système de quotas d’émission carbone ou encore par de nouvelles règlementations. Pas sûr qu’il soit entendu, dans un contexte économique et social tendu. La taxe carbone reste toujours taboue. Quant au marché du carbone, il vient de subir un sérieux coup d’arrêt au Parlement européen. Si le CGEDD n’est pas tendre avec la France, il n’épargne pas pour autant l’Union européenne : « Le paquet climat-énergie européen, sur lequel la plupart des pays européens fondent leur programmation, reporte de manière injustifiée les efforts à plus tard. Il prévoit un rythme de diminution relative des émissions faible entre 1990 et 2020 (20 % en 30 ans soit 0,7 % par an) puis un rythme croissant de diminution de décennie en décennie pour imposer à nos successeurs des années 2040 à 2050 un rythme de 6% par an. Insoutenable, sauf miracle technologique. Rien ne justifie une telle préférence pour le présent. » Au final, loin d’atteindre son but, la France pourrait revoir fortement à la baisse ses ambitions : « la plupart des exercices de prospective fondés sur des hypothèses raisonnablement optimistes aboutissent à un facteur de réduction des émissions de GES de 2 à 2,5 plutôt que 4 entre 1990 et 2050 », précise le rapport, sur un ton résolument pessimiste. Pourtant l’Etat aurait tout intérêt à ne pas laisser tomber cet objectif, ne serait-ce que par patriotisme : « Dans un pays qui doute de lui-même, renoncer à un engagement que tout justifie serait une atteinte malvenue à l’image qu’il se construit de lui-même » conclut le CGEDD. 📨 Ne passez plus à côté des infos de l'écologie
true
Rebondissement dans le feuilleton judiciaire de la piétonnisation des voies sur berges. Cette mesure phare et polémique de la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, est annulée en appel par la cour administrative. Dans un arrêt rendu ce lundi, la cour d'appel confirme l'annulation de la délibération votée en septembre 2016 en Conseil de Paris. Mais la cour annule également - et contrairement à la décision de première instance - l'arrêté pris par la maire en octobre de la même année, prévoyant la piétonnisation d'une partie des quais de Seine dans le centre de la capitale. C'est une victoire pour les opposants (plusieurs collectivités d'Ile-de-France, associations et riverains) qui, mécontents, avaient demandé en 2016 l'annulation de l'arrêté. Mais la décision est inattendue pour la mairie de Paris, alors que, début octobre, le rapporteur public se situait plutôt du côté de la Ville dans ses conclusions. Il avait conclu à l'annulation du jugement du Tribunal administratif de Paris et au rejet des requêtes présentées par les opposants. LIRE AUSSI >> Voies sur berges : un an après, les embouteillages se sont aggravés La cour d'appel administrative n'a donc pas suivi son avis et décidé d'annuler à la fois la délibération et l'arrêté de la maire de Paris. Dans son avis, la Cour estime que "l'étude d'impact [préalable obligatoire à la fermeture des voies sur berge] a délibérément occulté" une partie notable des conséquences du projet sur la pollution et les nuisances sonores. Elle reproche notamment à la mairie d'avoir limité "l'analyse de la pollution atmosphérique à une bande étroite, autour des berges" et non sur des axes plus étendus. Le dossier n'est pour autant pas clos : pour maintenir la piétonnisation de ces quais, la maire avait pris un nouvel arrêté, cette fois au nom de la défense du patrimoine - les berges étant classées à l'Unesco. Le tribunal administratif doit rendre sa décision sur ce point dans les prochains jours. "Nous sommes beaucoup plus confiants sur le deuxième arrêté, car nous savions que nous avions pris un risque en étant innovants sur le premier", a réagi l'entourage d'Anne Hidalgo auprès du Monde. En mars, la mairie de Paris avait décompté 1,5 million de visiteurs depuis le début de la piétonnisation. Selon elle, ces voies constituent pour les visiteurs "un vrai espace de respiration et de liberté, pour se promener, se détendre, faire du sport, ou encore pour aller travailler à vélo".
true
La sécurité d'approvisionnement électrique de la France doit faire l'objet d'une "vigilance" en 2022-2023, en raison notamment de l'arrêt programmé des centrales à charbon, a prévenu mercredi le gestionnaire du réseau à haute tension, préconisant un sursis pour celle de Cordemais (Loire-Atlantique). Dans l'immédiat, pour l'hiver 2019-2020, l'approvisionnement en électricité "devrait être assuré", sur la base de températures de saison, sachant que les mois de janvier et février 2020 s'annoncent plus favorables du point de vue de l'approvisionnement que cette année, a précisé mercredi RTE dans ses prévisions. En effet, la France bénéficie actuellement d'un stock hydraulique important, malgré des épisodes de sécheresse, et le parc nucléaire devrait être plus disponible cet hiver que le précédent. Le risque de tension sur le système électrique est ainsi moindre "même en cas de vague de froid", a souligné RTE dans des documents révélés mercredi. La centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) doit fermer en 2020 tandis que le gouvernement a annoncé l'arrêt d'ici à 2022 des quatre dernières centrales à charbon pour des raisons environnementales. Cette promesse du président Emmanuel Macron a été reprise dans la récente loi énergie-climat. D'ici à 2022, ces pertes doivent être compensées par le développement de nouveaux moyens de production, avec une future centrale à gaz à Landivisiau en Bretagne, l'essor des énergies renouvelables et de nouvelles interconnexions avec les pays voisins. LIRE AUSSI >> Charbon, gaz, pétrole : une production trop importante en 2030 pour tenir l'objectif 2°C Toutefois, RTE identifie un point de "vigilance" en 2022-2023 au moment de l'arrêt des dernières centrales à charbon. Le parc nucléaire devrait aussi être moins disponible à cette période en raison de nombreuses visites de maintenance et de sûreté. "Si le développement des énergies renouvelables se poursuit durant cette période, en l'absence de mise en service de l'EPR de Flamanville, il ne suffit pas à compenser les fermetures réalisées", met en garde RTE. L'EPR en construction dans la Manche est en effet en retard à la suite de divers problèmes, dernièrement des difficultés avec des soudures qui doivent être reprises, et EDF ne pourra pas le démarrer avant fin 2022. Pour faire face à cette difficulté, le gestionnaire du réseau prône la maîtrise de la consommation et "l'optimisation" des arrêts de réacteurs nucléaires pour maintenance. RTE demande également "le maintien en disponibilité ou la conversion à la biomasse" (bois, végétaux, déchets agricoles) de la moitié de la centrale à charbon EDF de Cordemais (Loire-Atlantique) tant que l'EPR n'est pas mis en service. "Il y a bien une situation spécifique sur l'ouest", a souligné Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et prospective de RTE, lors d'une conférence de presse. L'ouest de la France - plus spécifiquement la Bretagne - est en effet une région particulièrement fragile car elle représente géographiquement un "cul-de-sac" électrique et ne dispose d'aucune centrale nucléaire. Le maintien au moins partiel de Cordemais au-delà du 1er janvier 2022, s'il apparaît en contradiction avec la volonté de l'exécutif, est compatible avec la loi, souligne RTE. Celle-ci prévoit en effet un plafond annuel d'émissions, ce qui permet à une centrale de fonctionner quelques centaines d'heures par an. A l'horizon 2023-2025, la sécurité d'approvisionnement devrait ensuite "s'améliorer" avec la montée en puissance des renouvelables - notamment les parcs éoliens en mer - et la mise en service attendue de Flamanville, selon RTE. "Il est à peu près certain que la situation s'améliorera même si l'EPR de Flamanville est repoussé de manière plus lointaine", assure d'ailleurs Thomas Veyrenc.
true
Un article d’Audace Institut Afrique. Le temps d’une journée, jeudi 17 juillet 2014, la capitale ivoirienne accueillait le président français François Hollande. L’enjeu de la visite était essentiellement d’ordre économique : non moins de 50 hommes d’affaires français ont accompagné M. Hollande en Côte d’Ivoire ! Cette visite massive de grands patrons et d’entrepreneurs étrangers soulève quelques questions : la Côte d’Ivoire est-elle aujourd’hui un territoire d’investissement ? Le climat des affaires qui règne actuellement sur le pays le permet-il ? En 2013, la Banque Mondiale, dans son rapport Doing Business, a classé la Côte d’Ivoire 167ème sur un total de 189 pays. Le mauvais climat des affaires ivoirien résulte en grande partie de l’instabilité politique que connait le pays depuis la fin des années 90. En effet, entre 1996 et 2010, le recul de la stabilité politique en Côte d’Ivoire est allé de pair avec une dégradation de 30%1 de la performance du secteur privé ivoirien. Ce dernier, qui contribue pour 2/3 à la formation du PIB national, est donc aujourd’hui en situation de sous-performance, notamment lorsqu’on le compare avec celui des 5 pays les plus productifs d’Afrique (à savoir l’Ile Maurice, l’Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana et le Ghana.) Cette sous-performance du secteur privé est en partie liée au le climat des affaires peu favorable qui caractérise la Côte d’Ivoire. Concrètement, le climat des affaires ivoirien est aujourd’hui pénalisé par quatre éléments majeurs : un système juridique défaillant, un facteur travail insuffisamment productif, un manque d’infrastructures de soutien aux entreprises et une fiscalité mal maîtrisée. Le système juridique ivoirien pose problème en cela qu’il peine à protéger efficacement les droits de propriété, qui sont pourtant à la base de la prospérité des affaires : le Doing Business 2014 classe la Côte d’Ivoire seulement 153ème sur 189 pays en ce qui concerne la protection des investisseurs. Il présente également des difficultés à lutter contre la corruption, la Côte d’Ivoire étant classée 41ème pays le plus corrompu dans le monde selon une étude deTransparency International (2013.) Or, ce phénomène décourage les investisseurs et les entrepreneurs potentiels. Deuxième problème : le facteur travail est trop peu productif en Côte d’Ivoire quand on le compare avec celui d’autres pays d’Afrique. Il a notamment perdu 54,61%2 de son efficacité en à peine quinze ans ! Cette faible productivité du travail s’explique en partie par la valorisation scolaire moindre du capital humain ivoirien : un citoyen ivoirien est scolarisé en moyenne deux fois moins longtemps qu’un citoyen botswanéen (2,94 contre 7,97 années3.) L’administration ivoirienne souffre aussi de ce déficit de scolarisation, en se révélant moins efficace que la moyenne des administrations africaines. Troisième problème majeur pour le climat des affaires ivoirien : la défaillance des infrastructures publiques. Le bon déroulement des affaires en Côte d’Ivoire est en effet clairement entravé par le mauvais entretien des routes, la partialité du réseau électrique (le Doing Business 2014 classe la Côte d’Ivoire 153ème en termes de raccordement à l’électricité) et l’instabilité de la téléphonie mobile et des réseaux internet. L’activité entrepreneuriale souffre également de l’insuffisance de structures de soutien direct aux entreprises : 53,69% des entreprises ivoiriennes se plaignent de leurs difficultés à contracter un crédit4, et leDoing Business 2014 classe le pays seulement 130ème en termes d’obtention de prêts. Et pour cause : la Côte d’Ivoire compte 4 fois moins5 d’organismes de microcrédits accrédités qu’un pays comme le Sénégal. Si certaines mesures facilitent aujourd’hui la création d’entreprise, comme le guichet unique mis en place en 2012 par le CEPICI, aucun effort n’a été fait pour accompagner ces entreprises après leur création. On ne dispose d’ailleurs d’aucune statistique permettant d’évaluer leur taux de survie. Dernière entrave aux affaires, et pas des moindres : la fiscalité ivoirienne. L’État ivoirien est l’un des moins aptes au monde à s’assurer du paiement des impôts par ses entreprises. C’est en partie le résultat d’une fiscalité trop pesante, notamment la taxation du commerce transfrontalier. L’État ivoirien ne doit en effet pas se reposer sur cette surtaxation du commerce extérieur pour assurer son financement. Non seulement l’instabilité politique ivoirienne ne favorise pas la résorption de toutes ces défaillances (car elle incite à mener des politiques à court terme, en témoigne la taxation excessive des importations et des exportations) ; mais elle dessert de surcroît l’image de la Côte d’Ivoire auprès des investisseurs étrangers, présentant le pays comme risqué. Il est donc urgent pour la Côte d’Ivoire de retrouver un climat des affaires sain si elle veut favoriser la croissance de ses entreprises. Cela doit passer tant par une amélioration de l’environnement sécuritaire du pays que par l’application de mesures concrètes et ciblées. Une première nécessité est de séparer la sphère juridique et la sphère politique en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, il convient d’optimiser l’attribution des crédits en créant par exemple un bureau de crédit répertoriant les mauvais emprunteurs, afin de réduire l’asymétrie d’information et donc la prime de risque exigée par les banques. Plus globalement, le système bancaire ivoirien gagnerait à être totalement libéralisé car cela stimulerait la concurrence et permettrait une baisse des taux d’intérêt. En outre, il est nécessaire de simplifier et d’accompagner la création d’entreprise : un progrès non négligeable a d’ailleurs déjà été atteint dans ce sens avec le Guichet Unique. Désormais, il convient de mettre en place un suivi de ces nouvelles entreprises pour s’assurer de leur viabilité et de leur développement. On sait en effet que les deux premières années qui suivent la création sont une période critique. Il conviendrait donc de mettre en place des services de conseils pour aider les nouveaux entrepreneurs à appréhender les difficultés administratives qu’ils rencontrent. Enfin, il semble clair que l’activité des entreprises serait facilitée par l’amélioration des infrastructures. À ce titre, l’État a tout intérêt à développer des partenariats publics-privés et à faire jouer la concurrence, car cela lui permettrait d’entretenir et de développer les infrastructures publiques avec le meilleur rapport qualité-prix possible. La stabilité politique que la Côte d’Ivoire tente de retrouver depuis 2 ans implique des réformes concrètes sur le plan économique, c’est-à-dire des réformes allant dans le sens de la facilitation des échanges et donc dans le sens de la liberté économique (l’institut Fraser ne classe pour l’instant la Côte d’Ivoire que 129ème sur 152 pays en termes de liberté économique.) De telles réformes doivent être non seulement décidées, mais appliquées. Un premier pas positif a été franchi grâce au Guichet Unique facilitant la création d’entreprises. Un Tribunal de Commerce a également été mis sur pieds afin de régler plus efficacement les litiges liés au droit des affaires. Quant à la revalorisation du facteur travail, elle a été entreprise par la réouverture des universités publiques après deux années blanches. Ces efforts ont sans doute favorisé l’attribution récente d’une note B1 à la Côte d’Ivoire par l’agence de notation Moody’s. Mais il reste encore de nombreux efforts à réaliser pour achever l’instauration de la liberté économique en Côte d’Ivoire, et pour qu’un climat des affaires réellement sain y émerge. Il suffit pour cela de passer des discours à l’action. [*] Gaspard Le Roux est étudiant à Sciences Po Lille — Sur le web
fake
Maires, gouverneurs, élus et patrons du monde entier... Ils se retrouvent ce mercredi pour le Sommet mondial pour l'action climatique à San Francisco, en Californie, afin d'interpeller les dirigeants mondiaux sur la faiblesse de leurs engagements contre les gaz à effet de serre. Voire leur abdication dans le cas de Donald Trump, qui a retiré les États-Unis des accords de Paris l'an dernier. Paris, Bonn, Pékin, Le Cap, Mexico, Tokyo : de multiples villes et/ou régions seront représentées pendant les trois jours du sommet. Ils seront aux côtés de patrons de multinationales, comme le milliardaire Michael Bloomberg, désireux d'annoncer de nouveaux engagements "verts" : passer à l'électricité "propre", développer les voitures électriques, mieux isoler les bâtiments, encourager le recyclage, limiter la déforestation... "Depuis l'accord de Paris, il y a beaucoup de recul", déplore Ségolène Royal, ex-ministre de l'Environnement et représentante de la France. Elle pointe du doigt par exemple l'Australie et l'Allemagne, mais aussi le "ralentissement de la dynamique de transition écologique" en France. Le monde continue à rejeter dans l'atmosphère beaucoup trop de gaz à effet de serre pour limiter à 2 degrés l'augmentation moyenne de la température du globe par rapport à la période précédant la révolution industrielle de la fin du 19e siècle, ce qui est l'objectif de l'accord de Paris signé fin 2015. La Terre est déjà plus chaude de 1 degré environ et, à ce rythme, la hausse atteindra +3,2 degrés à la fin du siècle. Les États-Unis et l'Union européenne réduisent certes leurs émissions, mais pas assez vite. Le premier pollueur terrestre, la Chine, en rejette de plus en plus, tout comme l'Asie en général qui se repose encore très majoritairement sur le charbon, le pétrole et le gaz naturel. Ces pays sont censés revoir à la hausse leurs engagements en 2020, point d'étape prévu par l'accord de Paris. Mais les gouvernements peinent à s'accorder ne serait-ce que sur la méthode, comme en témoigne l'impasse des réunions de la semaine dernière à Bangkok. "Si nous ne changeons pas d'orientation d'ici 2020, nous risquons (...) des conséquences désastreuses", a lancé lundi dans un discours alarmiste le patron de l'ONU, Antonio Guterres.
true
Les faits sont indéniables : de plus en plus de personnes dans le monde sont forcées de quitter leur foyer à cause du bouleversement climatique. Si, la plupart du temps, ce phénomène n’est pas l’unique facteur responsable des déplacements de populations, il les amplifie dans les pays où la situation est déjà difficile. Cette situation doit plus que jamais être prise en compte car le temps presse. Nous ne pouvons plus continuer à nous voiler la face sur cette catastrophe qui touche le monde entier. Une étude de Greenpeace Allemagne fait le point sur cette problématique. Image montrant l’étendue des dégâts causés par les typhons qui ont touché les Philippines en 2009. Cette photo fait partie d’une exposition ayant eu lieu dans trois pays du d’Asie du Sud-Est pour souligner l’urgence d’agir en matière de climat. © Veejay Villafranca / Greenpeace Les changements climatiques : un facteur de risques On sait aujourd’hui que le réchauffement planétaire augmente le risque de migration due à des catastrophes naturelles et que ce risque est à présent 60 % supérieur à ce qu’il était il y a 40 ans. En effet, les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les fortes précipitations, les tempêtes et les inondations sont plus intenses et plus fréquents qu’auparavant. Par ailleurs, les périodes de forte chaleur et de sécheresse participent à la perte des surfaces agricoles, déjà fortement sollicitées ou surexploitées en raison du pillage des ressources naturelles. De plus en plus de personnes sont ainsi contraintes de quitter la campagne pour s’installer dans des zones urbaines, la plupart du temps dans des bidonvilles, un phénomène susceptible de générer des problèmes supplémentaires et de participer à l’apparition de nouveaux conflits. Enfin, la montée du niveau de la mer constitue une autre menace avec un risque accru d’inondation des littoraux et d’infiltration d’eau salée dans les nappes phréatiques. Aux Philippines, en 2010, des campements d’urgence sont mis en place par différentes ONG. Glissements de terrains et inondations laissent des milliers de personnes sans logement. L’exemple des Philippines montre à quel point il est urgent de relever le défi climatique. © Veejay Villafranca / Greenpeace Des déplacés climatiques de plus en plus nombreux Le nombre de personnes chassées de chez elles par des catastrophes d’origine météorologique ou climatique est absolument effrayant. D’après l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), les catastrophes naturelles ont contraint 24,2 millions de personnes à se déplacer à l’intérieur de leur pays rien qu’en 2016, et 97% de ces déplacements étaient dus à des phénomènes d’origine climatique ou météorologique. Toujours selon l’IDMC, « les catastrophes ont contraint trois fois plus de personnes à fuir que les conflits« . Les pays à faible revenu, qui ont le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre et donc au dérèglement climatique, sont les plus touchés. L’Asie orientale et les petits Etats insulaires du Pacifique paient ainsi un tribut disproportionné en termes de déplacement de populations. Les déplacés climatiques restent en premier lieu à l’intérieur de leur pays Si les catastrophes soudaines poussent souvent des groupes entiers de population hors de chez eux, ceux-ci se déplacent la plupart du temps à l’intérieur de leurs frontières, restant parfois même à proximité de la région qu’ils ont dû quitter. La majeure partie de ces déplacés retournent d’ailleurs chez eux dès que possible pour participer aux travaux de reconstruction. Mais ces travaux représentent un coût élevé et lorsque les pouvoirs publics ne participent pas à leur financement, un cercle vicieux s’installe. C’est notamment le cas dans les pays en développement, où chaque catastrophe appauvrit encore un peu plus les populations et amoindrit chaque fois davantage leurs capacités à mettre en œuvre des mesures préventives pour lutter contre les prochains épisodes de sécheresse ou d’inondation. Suite aux catastrophes naturelles qui ont touché les Philippines en 2009, les évacués se retrouvent dans un gymnase de la ville de Pasig. © Veejay Villafranca / Greenpeace L’Europe comme dernier refuge Seule une infime partie des personnes déplacées dans le monde quittent leur pays ou fuient vers l’Europe. Elles ont pour la plupart été poussées à l’exil par des catastrophes naturelles, des violences et/ou des conflits bien des années auparavant. Et c’est uniquement lorsqu’elles ne trouvent plus aucune aide et n’ont plus aucun espoir qu’elles décident de finalement gagner l’étranger, un périple loin d’être sans danger. Ne l’oublions pas : certains grands pollueurs, notamment européens, sont en partie responsables de cette tragédie, car ils sont à l’origine des émissions de gaz à effet de serre. Parmi eux, on retrouve sans surprise des entreprises françaises comme Total ou Lafarge. Ces entreprises doivent rendre des comptes pour leur contribution au dérèglement climatique. Quelles sont les mesures à prendre ? Il est grand temps de prendre enfin le problème des migrations climatiques au sérieux. Cela suppose en premier lieu de donner un véritable statut à ces réfugiés en leur garantissant des droits et une protection internationale quand ils sont contraints de quitter leur pays. Ensuite, les pays industrialisés – qui sont à ’l’origine des changements climatiques – doivent soutenir financièrement les efforts entrepris en matière d’adaptation par les pays les plus menacés et les plus vulnérables. . Enfin, la communauté internationale dans son ensemble doit continuer à tout mettre en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Que fait la France ? En France, les coupes budgétaires faites par le gouvernement d’Emmanuel Macron dans la lutte contre la pauvreté et l’aide au développement sont de très mauvais signaux envoyés dans la lutte contre les changements climatiques. Les solutions sont pourtant connues, et à notre portée. Emmanuel Macron et son premier ministre Edouard Philippe n’ont pas tenu leur promesse sur la taxe sur les transactions financières (TTF). En se montrant plus sensibles aux besoins de la finance qu’à ceux des populations les plus pauvres et les plus vulnérables aux changements climatiques, ils nous privent d’un outil qui aurait pourtant permis de financer efficacement la solidarité internationale en matière de climat. #Climat : @VincentVerzat nous rappelle les 5 domaines où la France doit être exemplaire ! ?? #MakeFranceGreenAgain ?https://t.co/ViC7Bxcf1A — Greenpeace France (@greenpeacefr) July 18, 2017 De la même façon, le rabotage de 5% de l’aide publique au développement annoncé en juillet ne va pas dans le sens de ses discours sur la solidarité et le climat. Si le président Macron veut se montrer à la hauteur de ses “coups de com’”, il doit d’urgence changer de cap !
biased
Paris, le 17 avril 2009 – Hier, Daniel Beltrà a reçu à Cannes le prix PRP « Prince’s Rainforests Project ». Cette distinction récompense ses reportages pour Greenpeace sur la déforestation en Amazonie. Photographe reconnu pour son engagement en faveur de l’environnement, Daniel Beltrà travaille aux côtés de Greenpeace depuis presque 20 ans. « Stopper la destruction des forêts tropicales est un des moyens les plus efficaces de lutter contre les gaz à effet de serre et le réchauffement climatique. J’espère qu’à travers mes photos transpire l’urgence d’agir pour préserver les forêts tropicales. » a déclaré Daniel Beltrà lors de la remise des prix. Fondée par le Prince Charles, l’association Prince’s Rainforests Project a pour but de sensibiliser et d’informer le public sur l’impact de la déforestation sur les changements climatiques. « Les photos nous racontent une histoire et mettent en évidence l’urgence de la situation, elles nous montrent que si nous perdons le combat contre la déforestation tropicale, alors nous perdrons le combat contre les changements climatiques. » a indiqué quant à lui le Prince Charles.
true
Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de rendre public le premier rapport du sixième cycle d’évaluation, le premier des trois attendus d’ici 2022. Ce volume de près de 4000 pages couvre l’ensemble des observations du climat en évolution au cours des 150 dernières années ainsi que des projections climatiques jusqu’à la fin du présent siècle. Il est publié 31 années après le premier et huit ans après le cinquième. Globalement, ce dernier rapport n’apporte pas de nouvelles révélations sur l’évolution du climat et l’impact de l’activité humaine sur ce dernier. Il permet toutefois de raffiner la compréhension du rôle humain sur le climat et de restreindre l’incertitude sur les impacts futurs anticipés. Le raffinement des méthodes d’observations et de la précision des modèles climatiques permettent donc de mieux cadrer les impacts futurs sur le sud du Québec. Et ils seront costauds. Nous sommes professeurs en génie de la construction et membres du groupe de recherche HC3 – Hydrologie Climat & Changements Climatiques à l’École de technologie supérieure de Montréal. Ce groupe se spécialise notamment dans l’étude de l’hydrologie, du climat et de l’impact des changements climatiques sur les ressources en eau. À lire aussi : Climat : le rapport du GIEC est bouleversant. Il est maintenant temps d’agir Le sud du Québec se réchauffe deux fois plus vite que la planète À l’échelle globale, l’augmentation actuelle de la température par rapport à l’ère préindustrielle est de 1,1 C. En ne prenant pas en compte le scénario d’émissions de gaz à effet de serre le plus pessimiste (maintenant considéré comme improbable par la majorité des experts), les projections climatiques indiquent une augmentation de température qui devrait varier entre 2 et 3,5 C d’ici la fin du présent siècle. Par contre, ce réchauffement n’est pas spatialement uniforme. De manière générale, le sud du Québec se réchauffe deux fois plus vite que la planète (trois fois plus vite pour le nord du Québec), principalement à cause de la rétroaction positive liée à la perte progressive du couvert neigeux. Cette rétroaction fera en sorte, entre autres, que le rayonnement solaire, qui est normalement réfléchi par la neige, sera plutôt absorbé. Un réchauffement annuel moyen de 3 à 6 C doit donc être anticipé sur le sud du Québec d’ici à la fin du siècle. Des baigneurs s’agitent dans la piscine à vagues pour du Super Aqua Club de Pointe-Calumet. La région de Montréal a connu son mois d’août le plus chaud jamais enregistré. La Presse Canadienne/Ryan Remiorz Le réchauffement n’est pas distribué également au travers des saisons, l’hiver se réchauffant significativement plus que l’été. Ceci signifie des hivers futurs de 4,5 à 8 C plus chaud, avec une baisse potentiellement importante du couvert neigeux et des inondations printanières liées à la fonte de ce dernier. Des événements extrêmes en changement L’augmentation des températures a plusieurs autres effets pervers, notamment en ce qui concerne les changements dans les événements extrêmes. Les preuves qu’ils sont dus à l’activité humaine se sont renforcées depuis le cinquième rapport. Il est maintenant bien établi que les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ont entraîné, globalement, une augmentation de la fréquence et/ou de l’intensité de certains phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes depuis l’ère préindustrielle. Les projections futures, à l’échelle globale, suivent cette tendance. À l’échelle régionale, l’ampleur des changements varie en raison notamment de l’effet local de facteurs liés aux changements d’occupation du territoire (urbanisation, augmentation des superficies occupées par les terres agricoles, par exemple), aux émissions d’aérosols dans l’atmosphère (via l’activité industrielle) et à des mécanismes de rétroaction tels que celui mentionné précédemment. À lire aussi : Cinq points à surveiller dans le rapport du GIEC sur le climat Peu de détails à l’échelle régionale sont donnés dans le rapport en ce qui a trait aux vagues de chaleur. Ceci dit, pour l’Amérique du Nord, une augmentation de leur fréquence et de leur intensité est prévue d’ici la fin du siècle. Toutes les régions nord-américaines connaîtront également augmentation de l’intensité et de la fréquence des extrêmes chauds ainsi qu’une diminution de la fréquence et de l’intensité des extrêmes froids. Pluies et inondations En ce qui concerne les extrêmes de pluie, les augmentations prévues dépendent de différents facteurs, dont la durée des événements de pluie et leur rareté. Le consensus qui se dégage est que les extrêmes de pluie de courte durée et de récurrence faible (ceux qui se produisent tous les 10 ans ou plus) vont augmenter très fortement comparativement aux pluies journalières fréquentes. De nombreuses infrastructures de gestion de l’eau sont basées sur de telles quantités de pluie. Ces infrastructures ont une longue durée de vie et seront mal adaptées à ces augmentations. Cela pourrait être un des impacts les plus importants d’un climat plus chaud. On peut donc prévoir que les inondations liées à la fonte printanière de la neige seront en baisse, en raison de la baisse du couvert neigeux. Mais il y aura une augmentation potentiellement forte des inondations causées par les pluies extrêmes d’été et d’automne (‘flash floods’). Ces dernières sont particulièrement susceptibles d’affecter les petits bassins ruraux de même que les zones urbanisées. Des pompiers se frayent un chemin dans une rue inondée, le 3 mai 2019, à Ste-Marthe-sur-la-Lac. Avec les changements climatiques, il y aura une augmentation potentiellement forte des inondations causées par les pluies extrêmes d’été et d’automne. La Presse Canadienne/Ryan Remiorz D’autres indicateurs d’impacts, aussi analysés par le GIEC, s’intéressent notamment aux chaleurs extrêmes, aux sécheresses et aux conditions hivernales. Avec ces indicateurs, on peut tirer un certain nombre de conclusions pour le sud du Québec. D’ici la fin du siècle, la température journalière maximale pourrait dépasser les 35 C de façon régulière (près de sept jours) au cours des mois d’été. En ce qui a trait aux sécheresses, seul le scénario le plus pessimiste, en matière d’augmentation des températures, pointe vers une augmentation de leur sévérité. Pour les autres scénarios, aucun signal clair n’émerge, et des études plus poussées seront visiblement nécessaires. Par ailleurs, la durée de la saison avec neige au sol (plus de 100 millimètres d’équivalent en eau) devrait connaître une diminution de l’ordre de sept à 15 jours d’ici la fin du siècle par rapport à la période récente de 1995-2014. Par conséquent, une diminution de la durée de la saison de gel est aussi prévue. S’adapter aux changements climatiques Le Québec se réchauffe et n’échappe pas aux effets du changement climatique d’origine anthropique. Bien qu’il faille poursuivre les efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il est essentiel que des démarches d’adaptation soient au cœur des actions de la société québécoise. Ce premier volume du sixième rapport du GIEC mentionne le renforcement des services climatiques depuis le précédent rapport, ce qui est encourageant. Ces services sont assurés par des organisations diversifiées un peu partout dans le monde. Ils visent à fournir de l’information climatique dans le but d’aider à la prise de décision en faisant le lien entre, d’une part, la science et la production de données et, d’autre part, leur communication et leur application par les citoyens et les preneurs de décision. Plus de détails à ce sujet seront fournis dans le second volume du rapport.
true
Radiohead, Pretenders, Decca Records... Des dizaines d'artistes et labels de musique britanniques ont lancé ce vendredi le mouvement "Music Declares Emergency" ("La musique déclare l'état d'urgence") pour militer en faveur de la cause écologique. Parmi les membres du mouvement figurent également les légendaires studios d'Abbey Road, les maisons de disque Universal Music UK, Sony Music UK, Warner Music UK, le DJ Bonobo ou le groupe The Cinematic Orchestra. "Il n'a jamais été aussi important de comprendre la gravité de la crise climatique", souligne le mouvement dans un communiqué. "Music Declares Emergency a été créé pour permettre au secteur de la musique du Royaume-Uni de déclarer l'état d'urgence climatique et écologique [...] et demander au gouvernement" d'y répondre, ajoute-t-il. Le mouvement réclame notamment que le Royaume-Uni atteigne la neutralité carbone dès 2030, soit 20 ans plus tôt que l'objectif fixé en juin par l'exécutif britannique. Il reconnaît également "l'impact environnemental des pratiques de l'industrie musicale et s'engage à "prendre des mesures urgentes" pour y remédier. "Music declares emergency" dit avoir été inspiré par le mouvement Extinction Rebellion, (XR), qui prône la désobéissance civile non violente contre l'inaction climatique et a mené en avril une série d'actions de blocages dans la capitale britannique.
true
A l’issue de discussions houleuses, les chefs d’Etat européens rassemblés à Bruxelles ont à nouveau échoué à s’engager à l’unanimité sur une neutralité carbone de l’Union européenne en 2050. Pour Greenpeace France, ce Conseil européen est un fiasco. Au lendemain de la présentation du Green Deal, en pleine COP25, l’Union européenne se montre incapable d’être unanime sur l’objectif pourtant bien peu ambitieux de neutralité carbone en 2050. De plus en plus imaginative pour dissimuler son impuissance, elle prétend avoir atteint un accord sans… la Pologne, soit un accord sans accord. Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat à Greenpeace France : « Cela signifie que l’Union européenne arrivera sans doute les mains vides à Glasgow, pour la COP 26, qui doit voir la mise en application de l’Accord de Paris. Emmanuel Macron porte une lourde responsabilité dans cet échec diplomatique. Son alliance de circonstance avec la Pologne et la République tchèque pour marchander le nucléaire en échange de la neutralité carbone a fragilisé la recherche d’un consensus solide entre les 27. Avec ce sinistre chantage, c’est cette fois au niveau européen que la duplicité d’Emmanuel Macron sur la question climatique éclate au grand jour. Alors que la COP25 attendait un signal fort de l’Union européenne, ce sommet confirme que les intérêts industriels passent avant l’intérêt général. Emmanuel Macron et les dirigeants européens sont ce matin les fossoyeurs d’un monde vivable et les ennemis de leur jeunesse ». Hier, des militants de Greenpeace ont transformé la façade du bâtiment où se tient le Conseil européen avec des banderoles de flammes géantes, un immense message “Climate Emergency” (Urgence climatique), des nuages de fumée et des signaux de détresse pour exhorter les chefs d’Etat européens à des actions immédiates pour répondre à l’urgence climatique. Des images sont disponibles ici. Greenpeace France a également lancé jeudi matin une vidéo sur le thème de Star Wars qui met en scène l’inaction des dirigeants politiques qui, depuis des décennies, n’ont jamais voulu prendre les mesures nécessaires pour lutter contre les changements climatiques.
biased
Allons-nous devoir renoncer au café à un prix accessible ? Le chocolat deviendra-t-il un produit de luxe ? Les huîtres ne seront-elles bientôt plus qu'un vieux souvenir ? Pour prendre la mesure des effets du changement climatique sur notre alimentation, deux enquêteurs allemands, Wilfried Bommert, agronome, et Marianne Landzettel, journaliste indépendante, sont allés à la rencontre d'agriculteurs ou d'éleveurs dont l'activité est dépendante des désordres environnementaux (inondations, pollution, sécheresses, parasites destructeurs ou acidification des océans). Ils en tirent aujourd'hui un livre, "La fin de l'alimentation. Comment le changement climatique va bouleverser ce que nous mangeons (Ed. La librairie Vuibert)", publié en France mardi 5 février. Entretien. L'Express : Vous estimez qu'en raison du changement climatique, des aliments vont, à plus ou moins long terme, disparaître de nos assiettes ? Lesquels ? Marianne Landzettel : Nous donnons des exemples dans notre livre, il s'agit des tomates d'Espagne, des pommes de terre nouvelles d'Egypte, des oranges du Brésil, de l'huile d'olive d'Italie, du raisin en Allemagne. Mais en réalité, tout ce que nous mangeons va être modifié par le changement climatique, qu'il s'agisse des carottes, du chou-fleur, des cerises. Nous ne pourrons plus faire pousser ni récolter nos fruits et légumes de la même façon. Ce phénomène concerne potentiellement tous les arbres fruitiers, les pommiers, les pêchers, les abricotiers, les amandiers et les noisetiers. En temps normal, après une période de repos hivernal, au printemps, quand l'air se réchauffe et que les jours rallongent, les arbres sont programmés pour bourgeonner. Or, avec le changement climatique et les hivers souvent plus doux, les arbres omettent d''hiberner et donc ils ne fleurissent pas. Résultat : pas de fleur, pas de fruit, ni de noix. Le changement climatique modifie notre assiette. Quelles sont les manifestations concrètes du changement climatique qui vont bouleverser nos habitudes alimentaires ? Elles sont de trois sortes. Tout d'abord, les problèmes liés à l'eau, qu'il s'agisse de sécheresses ou d'inondations. Ensuite le réchauffement du climat en général. Et puis, on constate ce phénomène que les Anglo-Saxons appellent le 'global weirding', du mot 'weird' qui veut dire 'bizarre'. Concrètement les phénomènes météorologiques, tels que nous les connaissons, sont en train de s'emballer et de devenir difficiles à prédire. Par exemple, on peut avoir un mois de mars très chaud, suivi d'un mois de mai extrêmement froid. Ces trois problèmes sont intimement liés. Dans la nature, tout est parfaitement réglé et circulaire. Si l'on modifie quelque chose, même à la marge, tout se détraque très vite. Sur terre comme en mer. Avec le réchauffement climatique, on constate une acidification des océans, qui est nocive pour les huîtres par exemple. Elles sont victimes des bactéries qui se développent dans les eaux trop chaudes. En raison de ces bouleversements, le thé Darjeeling en Inde pourrait se raréfier... Certains endroits souffrent de sécheresse, d'autres d'inondations. Pour le thé Darjeeling [une région du Bengale réputée pour ses thés noirs], nous avons une combinaison des deux. Dans les montagnes du nord-est de l'Inde, où est produit ce thé, l'eau tombe traditionnellement pendant la mousson en juillet, août et un peu en septembre. Or, depuis environ dix ans, la pluie qui tombait en un mois se déverse désormais en seulement quelques jours. Cette grande quantité d'eau entraîne alors des glissements de terrain qui détruisent les cultures et la végétation. Autre changement, il ne pleut quasiment plus l'hiver, et l'on voit désormais des camions-citernes livrer de l'eau à la population. Tout cela contribue à détruire les plants de thé Darjeeling. Vous estimez que bientôt le café et le chocolat deviendront des aliments de luxe, pourquoi ? Ces plantes poussent dans certaines conditions climatiques, pour la plupart le long de l'équateur. Si la température augmente, les plants sont "stressés", ils doivent dépenser de l'énergie pour se refroidir. Ils sont alors plus sensibles aux bactéries, aux champignons, et ce, d'autant plus qu'ils sont souvent cultivés en monoculture. La moindre infection se développe comme une traînée de poudre dans toute la plantation. Ils vont se raréfier, donc devenir plus chers qu'aujourd'hui. Le problème continuera tant que l'on fera ce type de monoculture à l'échelle industrielle afin d'approvisionner les consommateurs en nourriture très bon marché. Pour améliorer la situation, il faudrait repenser le mode de culture. On pourrait notamment planter des cacaoyers à l'ombre d'arbres, ce qui permettrait de réguler la chaleur. Mais bien sûr, on aurait alors moins de cacaoyers sur la même surface, et donc une moindre récolte. Cela entraînera la hausse des prix de ces produits. Si des produits risquent de disparaître dans certaines parties du globe, d'autres apparaissent-ils ? Oui, par exemple dans le sud de l'Angleterre, comme il fait plus chaud, on développe depuis des vignes depuis une quinzaine d'années. Par ailleurs, j'ai découvert qu'au nord de l'Inde, on cultive désormais des pommes à 3000 mètres d'altitude dans l'Himalaya alors qu'avant elles poussaient au pied de la montagne.
true
Sept associations environnementales ont porté plainte avec constitution de partie civile mi-décembre afin qu'un juge enquête sur la fuite d'hydrocarbures survenue sur un pipeline en février dans les Yvelines, annonce ce samedi leur avocat, Marc Pitti-Ferrandi. Ces associations, dont Sauvons les Yvelines et France nature environnement (FNE), ont déposé plainte contre X pour pollution des eaux, information confirmée par le parquet de Versailles. Le 24 février, une faille détectée sur le pipeline Ile-de-France (PLIF) reliant Le Havre (Seine-Maritime) à Grandpuits (Seine-et-Marne) avait provoqué la fuite de 900 m3 de pétrole brut sur la commune d'Autouillet. Une zone de huit hectares avait été touchée par la pollution, dont plusieurs rus et un ruisseau. Deux agriculteurs avaient vu l'ensemble de leurs récoltes détruit. Les associations avaient porté plainte une première fois en avril et une enquête préliminaire avait été ouverte. Estimant que cette enquête n'avance pas, les associations ont décidé de porter à nouveau plainte afin qu'un juge d'instruction soit saisi. Mi-juillet, après des "contrôles" et des "réparations", la préfecture des Yvelines a autorisé une remise en service temporaire, puis, le 28 novembre, une poursuite de l'exploitation. Une expertise a imputé la fuite à "un mécanisme de corrosion fissurante". Le pipeline Ile-de-France, qui mesure 262 km et a été construit en 1966, avait déjà connu une fuite d'environ 500 m3 le 26 mai 2014, en Seine-Maritime. "L'exploitant du pipeline n'a manifestement pas pris les mesures qui s'imposaient à la suite de cette fuite pour éviter une nouvelle catastrophe environnementale", écrivent les associations dans leur plainte. "Les mesures de contrôle de l'état du pipeline (...) sont demeurées particulièrement insuffisantes", estiment-elles, critiquant aussi les carences des "moyens de détection" et de "réaction" pour limiter l'ampleur de la fuite. Interrogé par l'AFP, Total n'a pas souhaité commenter cette plainte, dont le groupe dit ne pas avoir connaissance. L'entreprise rappelle qu'elle a "adapté" ses "conditions d'opération" et s'est engagée à "réduire significativement les contraintes sur la canalisation" notamment en "abaissant la pression opératoire à 50 bars", ainsi qu'à "passer plus fréquemment des robots racleurs pour analyser l'état du pipeline en utilisant de nouvelles technologies". Sur place, la remise en état se poursuit, avec notamment l'excavation des terres polluées. "Le chantier de remblayage avec des terres neuves", qui a débuté, "va être suspendu pendant l'hiver et reprendra au printemps 2020", indique Total.
true