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Arte.tv diffuse un web-documentaire consacré à cet athlète algérien, médaillé d’or pour la France aux Jeux d’Amsterdam en 1928, au destin tragique.
« El-Ouafi Boughera, le marathonien de l’histoire » : le champion olympique oublié
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/12/el-ouafi-boughera-le-marathonien-de-l-histoire-le-champion-olympique-oublie_5396192_1655027.html
12/12/2018
televisions-radio
L’athlète français Ahmed Boughera El-Ouafi en 1928. AFP Arte.tv, à la demande, web-documentaire Qui aurait misé quelques francs sur cet inconnu ? Le 5 août 1928, aux Jeux olympiques d’Amsterdam, Ahmed Boughera El-Ouafi, 29 ans, est loin d’être un favori du marathon. Pourtant, ce petit Français d’Algérie, discret et paisible, n’est pas un débutant : il participe à ses deuxièmes JO, après ceux de Paris, quatre ans plus tôt, où il avait terminé septième. Concernant les favoris, les suiveurs de l’athlétisme se sont bien trompés… Le dossard numéro 71 gère sa course et réussit à doubler tous ses adversaires pour passer la ligne d’arrivée en tête, en 2 h 32’57”. Vingt-­huit ans après Michel Théato, El-Ouafi devient le deuxième marathonien à triompher à des Jeux et le troisième champion olympique de l’histoire de l’athlétisme tricolore… L’ouvrier de Renault à Boulogne-Billancourt change de dimension, mais sa médaille d’or va lui porter malchance. Premier athlète tricolore médaillé d’or olympique provenant du continent africain, Boughera El-Ouafi a été malgré cela effacé des mémoires du sport français Après sa victoire, un Américain lui propose de courir pour lui. Et voilà Boughera El-Ouafi en Amérique où il affronte des… animaux. De retour en France, il est exclu de la Fédération française d’athlétisme pour professionnalisme. En effet, à cette époque, les sportifs olympiques n’ont pas le droit de toucher de l’argent quand ils exercent leur discipline. Cruelle décision qui va plonger le marathonien dans une extrême précarité. Le 18 octobre 1959, trois jours après son anniversaire, Boughera El-Ouafi meurt à 61 ans dans une fusillade dans un bar de Saint-Denis, peut-être causée par des membres du FLN algérien. Itinéraire tragique Boughera El-Ouafi a été le premier athlète tricolore médaillé d’or olympique provenant du continent africain. Malgré cela, il a été effacé des mémoires du sport français. C’est à ce marathonien méconnu qu’Arte.tv consacre un web-documentaire en quatre épisodes. De son enfance en Algérie à Ouled Djellal, à son entrée dans l’armée française, sans oublier sa victoire olympique et sa disgrâce, Olivia Laurin, la réalisatrice, a choisi de raconter l’itinéraire tragique d’El-Ouafi à travers des images d’archives, des dessins et une voix off lyrique. Des historiens (comme Benjamin Stora) expliquent les relations entre l’Algérie et la France à son époque, car la vie de Boughera incarne aussi ce contexte. El-Ouafi Boughera, le marathonien de l’histoire, d’Olivia Laurin (France, 2018, 4 × 7 min). www.arte.tv/fr/videos/RC-016873/el-ouafi-bouguera-le-marathonien-de-l-histoire
Plutôt que le patrimoine, mieux vaut viser les successions, juge l’historien Hervé Joly, dans une tribune au « Monde ».
« Ne pas rétablir l’Impôt sur la fortune, un risque politique élevé pour Emmanuel Macron »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/12/isf-macron-a-politiquement-tort-et-economiquement-raison_5396155_3232.html
12/12/2018
idees
Tribune. Supprimer l’impôt de solidarité de la fortune (ISF), ou du moins le réduire à un impôt sur la fortune immobilière (IFI) représentait un risque politique élevé pour le président Macron. Annoncer ne pas le rétablir dans le contexte de crise sociale actuel accentue encore ce risque. Les justifications économiques réitérées dans son allocution télévisée ne seront probablement pas plus entendues par l’opinion publique que les précédentes. L’ISF est l’impôt idéal, puisqu’il est payé par personne ou presque. Le supprimer ne peut pas être populaire. D’une part, le soupçon qu’il s’agit de récompenser des soutiens politiques fortunés est pesant. D’autre part, toute taxation supplémentaire ou tout refus de dépense nouvelle pendant le reste du quinquennat se heurte inévitablement à la critique que, si l’ISF n’avait pas été supprimé, les quelques milliards d’euros manquants ou nécessaires auraient pu y être trouvés… même si, entre-temps, vu le nombre de fois où cet argument est employé (l’insuffisance des mesures sociales annoncées le 10 décembre, le renoncement à la hausse de la taxe carbone, après la baisse des APL, l’augmentation de la CSG, la désindexation des retraites, etc.), on arrive à plusieurs dizaines de milliards d’euros… Supprimer l’ISF offre nécessairement la première année un accroissement indécent de pouvoir d’achat à ceux qui le payaient. Alors que, selon une étude récente de l’Institut des politiques publiques, la politique menée depuis mai 2017 peut revendiquer une certaine justice sociale dans la mesure où les 20 % les plus riches ont vu leur pouvoir d’achat diminuer de 1 % au profit des catégories intermédiaires, celui du centile supérieur a progressé de près de 6 %. Atteinte au droit de propriété L’ancien président Hollande a incontestablement visé juste lorsqu’il a dénoncé une politique favorable, non pas aux riches, mais aux super-riches. Le fait par ailleurs que l’ISF ait été supprimé d’emblée entièrement, alors que d’autres mesures sociales (baisse des cotisations salariales, suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages) n’ont été mises en œuvre que de manière progressive a ajouté au malaise. L’expérience de la suppression du premier impôt sur la fortune par le gouvernement Chirac en 1986, ou celle du bouclier fiscal du président Sarkozy en 2007, aurait pu inciter à plus de prudence. Fallait-il pour autant, comme le soutient l’économiste Thomas Piketty (Le Monde du 10 décembre), rétablir l’ISF pour « sauver le quinquennat » ? Outre l’étonnement que pouvait susciter une telle sollicitude de la part d’un opposant résolu à la politique menée depuis 2017 (et avant au tournant « libéral » de François Hollande), un tel revirement ferait perdre toute crédibilité à la politique gouvernementale auprès des investisseurs.
La sociologue Martine Legris, chercheuse sur les questions de démocratie participative, déplore que le président ait réduit les demandes des « gilets jaunes » à une recherche de solutions immédiates.
« Gilets jaunes » : « Dans son discours, le président est passé à côté du sujet »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/12/martine-legris-dans-son-discours-le-president-est-passe-a-cote-du-sujet_5396156_3232.html
12/12/2018
idees
Entretien. Martine Legris est sociologue, spécialiste des enjeux de gouvernance démocratique à l’université de Lille. Elle est en outre membre de la direction collégiale du groupement d’intérêt scientifique (GIS) « participation du public, décision et démocratie participative » à la Maison des sciences de l’homme de Paris Nord (CNRS). Emmanuel Macron a-t-il selon vous répondu à la demande d’une démocratie plus participative qui a émergé dans les revendications des « gilets jaunes » ? Le président est malheureusement passé à côté du sujet, avec une tendance dans son discours à réduire les demandes des « gilets jaunes » à l’expression d’une volonté de satisfaction immédiate alors même que le mouvement témoigne d’une volonté de réflexion collective sur le système politique en place en France. Son discours n’a pas abordé les questions essentielles soulevées ces dernières semaines concernant la juste répartition des efforts au sein de la population, la protection de l’emploi, l’austérité, ou même la taxation du kérosène et l’isolation des logements. Pensez-vous que l’annonce des mesures sociales et la perspective du débat à venir suffiront pour ouvrir un espace de dialogue avec les « gilets jaunes » ? Il y a une déconnexion entre l’effet d’annonce de « l’état d’urgence économique et social » mentionné par le président de la République et la liste de mesures assez disparates et limitées annoncées. Déjà des rectifications et des ambiguïtés sont apparues, quelques heures après le discours, ce qui donne une impression d’impréparation et d’imprécision, voire pour les plus critiques, de volonté de manipuler l’opinion publique. Les conditions me semblent peu propices à l’ouverture du dialogue. Seule une parole précise et rigoureuse pourrait rétablir une forme de confiance. Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de ne pas « revenir en arrière » sur l’ISF alors que cette mesure fait figure de symbole et de préalable au débat pour de nombreux « gilets jaunes ». Que pensez-vous de ce choix ? Il prend le risque d’une rigidification des positions et envoie un double message. « Je maintiens mes positions » et « je défends les plus riches ». Dans son discours, il a, à mon avis, révélé le fond de sa pensée « revenir en arrière nous affaiblirait ». Il parlait de la France, alors qu’évidemment on peut aussi lire sa propre angoisse. Ce choix s’explique par le fait que M. Macron agit davantage en chef de gouvernement qu’en président de tous les Français. Il défend les options de son gouvernement, en s’appuyant sur les parlementaires LREM et sur ses électeurs. Pourtant il pourrait aussi se positionner de manière plus ouverte et plus rassembleuse.
Cet ami de M. Fillon a également été condamné, dans le cadre de cette procédure de plaider-coupable, à l’amende maximale de 375 000 euros pour abus de biens sociaux.
Affaire Fillon : Ladreit de Lacharrière condamné à huit mois de prison avec sursis
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/12/affaire-fillon-ladreit-de-lacharriere-condamne-a-huit-mois-de-prison-avec-sursis_5396149_823448.html
12/12/2018
politique
L’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, au côté de François Fillon, alors premier ministre, à Paris, le 17 septembre 2009. FRANCK FIFE / AFP L’ami de François Fillon et PDG de Fimalac (pour Financière Marc de Lacharrière), Marc Ladreit de Lacharrière ne veut « pas jouer avec la vérité ». Devant les juges d’instruction chargés de l’enquête sur les soupçons d’emploi fictif de l’épouse de l’ancien premier ministre, il avait assumé son embauche à la Revue des deux mondes dont il est le propriétaire mais en en contestant tout caractère fictif. Devant le tribunal de Paris, où il comparaissait mardi 11 décembre dans le cadre d’une procédure de plaider-coupable, la vérité avec laquelle il a indiqué ne pas vouloir jouer avait pourtant un peu changé. Comme il l’avait précisé dans un courrier adressé le 18 octobre au Parquet national financier (PNF) pour demander une issue transactionnelle à la procédure qui le visait dans le cadre de l’affaire Fillon – permettant d’éviter un long procès public –, il a reconnu avoir rémunéré de manière « excessive » puis « fictive » Penelope Fillon. A l’audience dite d’« homologation », présidée pour l’occasion par le président du tribunal de Paris, Jean-Michel Hayat, M. de Lacharrière a « beaucoup regretté de n’avoir pas suivi suffisamment les travaux de Penelope Fillon » comme conseillère littéraire. « Je me sens responsable de cet aspect des choses », a-t-il dit. « Je confirme que c’est M. Fillon qui m’a fait part du souhait de son épouse de trouver un emploi alors qu’il était à Matignon. » « J’avais d’abord pensé à France-Muséums [agence dont il était alors président du conseil d’administration, chargée du développement du Louvre Abu Dhabi] (…), mais Penelope Fillon n’a pas souhaité poursuivre », a-t-il détaillé. « Elle n’a fourni aucun travail » « De mai à décembre 2012, il n’y a pas eu de contreparties suffisantes à son salaire (…) et elle ne m’a remis aucune note ou rapport. De janvier à décembre 2013, elle n’a fourni aucun travail », a-t-il admis. « Je n’étais pas informé qu’elle travaillait comme assistante parlementaire », a-t-il toutefois tenu à souligner. En amont de cette comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), le PNF avait proposé une peine de huit mois de prison avec sursis et 375 000 euros d’amende – soit le montant maximal possible – que M. de Lacharrière avait acceptée. Après quelques minutes d’une audience très formelle, et après avoir demandé à l’homme d’affaires de confirmer les propos tenus dans son courrier au PNF, M. Hayat a fait savoir que la peine était homologuée, condamnant ainsi M. de Lacharrière pour « abus de bien sociaux ». Hervé Temime et Emmanuel Brochier, ses avocats présents à l’audience, n’ont pas souhaité faire de commentaires.
Theresa May a entamé une tournée des capitales de l’UE et s’est entendue répéter la même chose : pas question de renégocier le traité du divorce.
Brexit : les Européens prêts à des concessions cosmétiques
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/12/brexit-les-europeens-prets-a-des-concessions-cosmetiques_5396146_3210.html
12/12/2018
international
Une portière récalcitrante, une première ministre empêchée de sortir de la berline noire, à l’arrêt, devant Angela Merkel venue l’accueillir au bas de la Chancellerie. La scène n’a duré que quelques secondes, mardi 11 décembre, en début d’après-midi à Berlin, mais les méchants esprits y auront vu une allégorie de l’impasse dans laquelle se trouve Theresa May, qui a entrepris une tournée express des capitales de l’Union européenne, afin de sauver si c’est encore possible le contrat de divorce négocié avec les Vingt-Sept. La Haye, Berlin, Bruxelles mardi avant de rejoindre Bruxelles de nouveau jeudi 13 décembre pour le Conseil européen… Theresa May espérait encore décrocher de nouvelles concessions des Vingt-Sept, dans ce qui a tout d’une tentative désespérée, alors qu’à Londres, les rumeurs d’une motion de censure enflaient. « On veut aider » « Il est clair qu’on veut aider, la question, c’est de savoir comment », a déclaré le président du Conseil européen, Donald Tusk, à l’issue d’une discussion d’une petite heure avec la dirigeante britannique mardi soir. De fait, durant son « tour », Theresa May s’est entendue répéter la même chose : pas question de renégocier le traité du divorce, un pavé de 585 pages produit d’une négociation de presque dix-huit mois avec Bruxelles. Pas question non plus de sacrifier le « filet de sécurité », destiné à éviter le retour d’une frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, qui pose tellement problème aux brexiters, angoissés à l’idée qu’il « coince » le Royaume-Uni indéfiniment dans une union douanière avec l’UE. Compromis « à la néerlandaise » Malgré ces assauts répétés de fermeté, les Vingt-Sept ont commencé à plancher sur les différentes options possibles pour « aider Mme May » : « Aucun d’eux ne souhaite un “no deal” le 28 mars prochain », reconnaît un diplomate bruxellois. Mais à en croire deux sources proches des négociateurs, il ne pourra s’agir que de concessions cosmétiques. Les Vingt-Sept envisagent de souligner, de nouveau, le caractère préventif du « filet de sécurité » irlandais et qu’ils travailleront de bonne foi à la conclusion d’un accord de libre-échange avant la mi-2020 (ce qui permettrait d’éviter d’y avoir recours). Mais impossible, de leur point de vue, de s’engager sur un texte juridiquement contraignant, lui garantissant ce caractère « temporaire » réclamé par Mme May : cela viderait le « filet de sécurité » de son sens, lui qui est censé agir comme une « assurance tous risques », selon les Européens.
Pour faire face au changement de comportement des clients, le numéro un mondial de l’ameublement a annoncé 2,8 milliards d’euros d’investissement et 7 500 suppressions d’emplois.
Le géant suédois Ikea se réinvente
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/12/le-geant-suedois-ikea-se-reinvente_5396139_3234.html
12/12/2018
economie
Dans un magasin Ikea, dans le centre de Stockholm, en Suède, le 2 mai. MIKAEL SJOBERG / BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES Au terme de « restructuration », Ikea préfère celui de « transformation ». Ce vocable n’a pas la même connotation négative. Il permet de se concentrer sur les 11 500 créations de postes annoncées et les innovations actuellement en préparation, plutôt que sur les 7 500 suppressions d’emplois prévues d’ici à 2020. Du jamais-vu chez le numéro un mondial de l’ameublement, déterminé à ne pas manquer le train de la numérisation. Au sein de la direction du groupe, on prend bien soin de souligner que les « perspectives sont bonnes », comme l’assurait encore récemment Torbjörn Lööf, PDG d’Inter Ikea Group, au quotidien économique suédois Dagens Industri. Créé en 1943 à Älmhult, dans le sud de la Suède, par l’entrepreneur Ingvar Kamprad, mort le 27 janvier 2018, le géant du meuble en kit a, depuis, pratiquement décuplé son chiffre d’affaires d’une décennie à l’autre. Lors du dernier exercice, les ventes d’Ingka Holding, la maison mère d’Ikea Group et sa plus grande franchise mondiale, ont crû de 4,5 %, pour atteindre un nouveau record à 406 milliards de couronnes (39,3 milliards d’euros). Au total, 838 millions de personnes, dans trente pays, ont visité les 367 magasins de la marque jaune et bleu, soit une fréquentation en hausse de 3 % en un an, tandis que les ventes en ligne ont bondi de 10 %. De très bons résultats... en apparence. Car le commerce en ligne ne représente toujours qu’une part marginale des ventes (5 %). D’où cette « transformation » annoncée, pour éviter de se retrouver dans une position similaire à celle de H&M, une autre enseigne suédoise, qui peine à négocier le virage du numérique. « Nouvelles façons d’entrer en contact avec les clients » « Depuis quatre ou cinq ans déjà, des projets sont en cours, pour essayer de comprendre comment l’e-commerce affecte le modèle économique d’Ikea, explique Anna Jonsson, professeur d’économie à l’université de Lund, spécialiste de la marque. La difficulté est de conserver le concept de base – offrir au maximum de gens des produits innovants et un bon rapport qualité prix –, tout en trouvant de nouvelles façons d’entrer en contact avec les clients. » Les magasins physiques, en périphérie des villes, restent un lieu essentiel. « On parle de “l’expérience Ikea”, pas seulement pour ses meubles ou la décoration intérieure, mais aussi pour la compétence des vendeurs. Autant de facteurs de compétitivité pour le groupe, précise Anna Jonsson. Le défi est de combiner le commerce physique et celui sur Internet, en misant sur des canaux multiples, pour atteindre le plus de consommateurs possible. »
Devenue la cible du mouvement, la chaîne a donné pour consigne à ses journalistes de ne plus utiliser la bonnette bleue siglée de son logo.
BFM-TV, symbole de la défiance des « gilets jaunes » envers les médias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2018/12/12/bfm-tv-symbole-de-la-defiance-des-gilets-jaunes-envers-les-medias_5396137_3236.html
12/12/2018
actualite-medias
Si la France a pris une teinte jaune, samedi 8 décembre, les micros de BFM-TV, eux, ont été habillés de noir. Les journalistes dépêchés partout en France pour couvrir « l’acte IV » du mouvement des « gilets jaunes » ont reçu la consigne de ne pas utiliser la bonnette bleue siglée du logo de la chaîne. De quoi passer inaperçu et éviter les agressions parfois violentes dont ont été la cible plusieurs de ses équipes depuis le début de la mobilisation. Depuis trois semaines, un climat pesant s’est installé au sein de la chaîne. Car si d’autres médias ont adopté des mesures similaires, BFM-TV est incontestablement dans le collimateur des « gilets jaunes ». En témoignent les insultes que ces derniers lui adressent régulièrement dans les slogans scandés lors des rassemblements. « A chaque manifestation, quelqu’un refuse de répondre à mes questions parce que je suis de BFM-TV », raconte un journaliste. Un reporter de France 2 explique qu’on lui demande régulièrement s’il travaille pour l’antenne du groupe Altice-SFR « avant d’accepter une interview ». Pourquoi cette chaîne suscite-t-elle tant d’hostilité chez les « gilets jaunes » ? « Parce que c’est paradoxalement celle qu’ils regardent le plus, et qu’ils accusent donc de tous les maux », répond d’emblée Céline Pigalle, la directrice de l’information de BFM-TV. Sa chaîne affiche en effet des audiences record. Jason Herbert, un « gilet jaune », est interrogé par la presse, alors qu’il sort d’un rendez-vous avec le premier ministre, le 30 novembre, à Paris. PHILIPPE LOPEZ / AFP Pour le quatrième épisode de mobilisation, elle a attiré jusqu’à 2,3 millions de téléspectateurs. La dernière fois qu’elle avait atteint une telle part d’audience, c’était en avril 2017, lors du débat du premier tour de l’élection présidentielle. Des performances exceptionnelles, à la hauteur du temps d’antenne accordé à cette actualité : depuis le premier jour de manifestation, le 17 novembre, chaque samedi, BFM-TV a consacré vingt heures sur vingt-quatre aux « gilets jaunes ». Des critiques en interne Dès lors, Mme Pigalle se montre agacée lorsqu’on évoque les critiques émises sur la couverture de ces événements : « Quand des pompiers se font agresser pendant une opération, on ne vient pas leur demander s’ils n’y sont pas pour quelque chose. » D’un côté, on accuse la chaîne d’information en continu de surfer sur la contestation pour gonfler son audimat, de l’autre, en particulier au sein des protestataires, « on lui reproche d’inviter volontairement des “gilets jaunes” jugés non représentatifs », souligne Brigitte Sebbah, chercheuse de l’université Paul-Sabatier à Toulouse et co-auteure d’une étude basée sur l’analyse de 37 000 publications sur l’un des groupes Facebook les plus suivis du mouvement (« La France en colère !!! ») et de 2,3 millions de tweets. Selon Mme Sebbah, BFM-TV est aussi accusée « de faire intervenir des experts pro-Macron ou de minimiser le nombre de participants aux manifestations ».
Le film d’Hanna Ladoul et Marco La Via capte la métamorphose imperceptible d’un jeune couple dans la ville californienne.
« Nous les coyotes » : roman d’initiation à Los Angeles
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/12/nous-les-coyotes-roman-d-initiation-a-los-angeles_5396119_3476.html
12/12/2018
cinema
Morgan Saylor et McCaul Lombardi dans « Nous les coyotes », d’Hanna Ladoul et Marco La Via. NOODLES PRODUCTION / NEW STORY L’avis du « Monde » – pourquoi pas Deux jeunes gens, âgés de 20 ans, arrivent à Los Angeles, portés par leur légèreté, leur amour et le sentiment que tout peut y arriver. Confronté à une réalité plus difficile, le couple de tourtereaux va un peu déchanter, tout en se transformant le temps d’un été à l’issue duquel ils ne seront plus tout à fait les mêmes. Nous les coyotes, d’Hanna Ladoul et de Marco La Via, révélé à Cannes dans la section ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), capte avec une certaine grâce ces moments suspendus où le changement opère par mouvements furtifs, sans que l’on y prenne garde. Comme si les réalisateurs avaient réussi à entrer dans le cocon où la chrysalide se prépare à devenir papillon. Ou comme s’ils guettaient sur l’horloge chaque poussée imperceptible de l’aiguille. Lire le bilan : Nouveaux récits à l’ACID à Cannes Caricatures de bourgeois Sur les hauteurs des collines de Los Angeles, les coyotes ont l’habitude de rôder la nuit. Hanna Ladoul et Marco La Via ne confrontent pas leurs personnages, Amanda et Jake (interprétés avec délicatesse par Morgan Saylor et McCaul Lombardi), à des situations glauques ou catastrophiques. Simplement, la mégalopole de la Côte ouest n’est pas vraiment accueillante, ce qui n’est guère étonnant, et les membres de la famille qui devait les héberger se révèlent des caricatures de bourgeois méfiants et conservateurs. Durant la première partie de ce film, les galères s’enchaînent de manière assez mécanique et linéaire C’est un peu ce qui gêne durant la première partie de ce film : les galères s’enchaînent de manière assez mécanique et linéaire, comme dans un film « indépendant » américain qui voudrait dénoncer l’ultralibéralisme et la loi du plus fort. La location de voitures est une arnaque, et l’emploi prétendument de rêve qui attendait la jeune fille un job sous-payé pour jeune diplômée désemparée. Mais Amanda a du caractère, s’avère moins tirée à quatre épingles qu’elle n’en a l’air. Quant à Jake, il n’est pas seulement un garçon cool aux cheveux longs que l’on imaginerait plagiste. C’est dans l’autre moitié du film que chacun des protagonistes, confronté à la réduction de la surface du rêve, et à des révélations plus intimes que nous réserve au compte-gouttes le scénario, va tenter de se redéfinir. En un mot, trouver sa marge de liberté. Film américain d’Hanna Ladoul et de Marco La Via. Avec Morgan Saylor, McCaul Lombardi, Betsy Brandt (1 h 27). Sur le Web : new-story.eu/films/nous-les-coyotes
Alors que le gouvernement cherche à réformer le statut des auteurs, l’écrivain Guilhem Méric décrit, dans une tribune au « Monde », la dégradation des conditions de vie de la majorité d’entre eux.
« Les auteurs aussi ont attrapé la jaunisse »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/12/les-auteurs-aussi-ont-attrape-la-jaunisse_5396109_3232.html
12/12/2018
idees
Tribune. La détresse quotidienne, l’incertitude sur l’avenir, la crispation identitaire, le ras-le-bol fiscal, l’indignation politique, sociale, environnementale… Nous voilà nombreux, aujourd’hui, à vomir notre colère à la face du monde. Parce qu’elle ne peut plus être contenue. Je ne suis qu’un grain de sable. Un auteur de romans, ni plus ni moins, qui tente depuis des années de tirer son marque-page du feu. Comme beaucoup de mes camarades dont le gouvernement, à l’instar de tant d’autres professions, s’évertue à ignorer les revendications, j’essaie de survivre de mon métier. Car l’auteur, en France, est la cinquième roue du carrosse bien huilé de l’édition. Une variable qu’on ajuste selon le bon ou le mauvais temps du marché. On nous a fait l’aumône d’un statut bâtard, quelque part entre travailleur indépendant et profession libérale. Nos revenus tirés des droits d’auteur (entre 5 % et 12 % du prix hors taxe du livre, selon la spécialité et la notoriété de l’auteur) ne donnent droit à aucun congé et quasiment aucun droit au chômage ou à la retraite. Aujourd’hui, on nous invente, sans concertation aucune avec les organismes intéressés, une caisse de retraite censée remplacer l’Agessa, qu’il va falloir remplir en versant l’équivalent d’un salaire qu’aucun auteur ne touche, vu que nous ne sommes pas des salariés. A la différence de tous ceux que notre travail fait vivre dans la grande chaîne du livre, soit environ 80 000 personnes. « Le plaisir que l’on prend à produire une œuvre justifie-t-il le peu de sérieux et de rémunération qu’on nous accorde ? » Bien sûr, nous faisons un travail que nous aimons. Nous vendons du rêve. Des moments d’évasion. Cela fait-il pour autant de nous des travailleurs moins estimables que les autres ? Le plaisir que l’on prend à produire une œuvre justifie-t-il le peu de sérieux et de rémunération qu’on nous accorde ? Cette passion qui nous anime, à mon sens, est aussi respectable que celle d’un spéléologue ou d’un chirurgien dans l’exercice de son travail. Sacrifices sur l’autel de la rentabilité Nous l’aimons tellement, ce travail, que, pour la grande majorité d’entre nous, nous mettons la main à la pâte pour faire connaître nos ouvrages. Parce que, sous le joug d’un marché saturé de nouveautés, où un livre qui ne se voit pas est un livre qui ne se vend pas, il faut communiquer, envahir les réseaux sociaux, inventer des jeux-concours, organiser des rencontres-dédicaces dans les librairies, les médiathèques, s’imposer sur des salons…
Leur dynamisme, leur jeunesse et leur rapide ascension les rapprochaient. Aujourd’hui, le président français est à son tour devenu une cible facile pour les populistes, analyse Victoire Maurel, membre du think tank Volta Italia, dans une tribune au « Monde ».
« On retrouve dans l’opposition à Emmanuel Macron les mêmes mécanismes mis en place contre Matteo Renzi »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/12/on-retrouve-dans-l-opposition-a-emmanuel-macron-les-memes-mecanismes-mis-en-place-contre-matteo-renzi_5396108_3232.html
12/12/2018
idees
Tribune. Emmanuel Macron a souvent été comparé à l’ancien président du conseil italien Matteo Renzi. Jeunes, dynamiques et progressistes, tous deux ont en effet réussi l’exploit d’accéder au pouvoir en « envoyant à la casse » les personnalités en place depuis des années. Pourtant, ce qui unit Emmanuel Macron et Matteo Renzi ne réside pas dans leurs succès électoraux, dans leur jeunesse ou encore dans leurs programmes. Ils ne sont, finalement, que les représentants d’une nouvelle génération plus globale de jeunes hommes politiques démocrates, charismatiques et ambitieux. Ce qui rapproche les deux hommes est en revanche la manière dont, après avoir été adulés, enviés et admirés, leurs cotes de popularité respectives se sont brutalement et dramatiquement effondrées. Passant ainsi du statut d’homme providentiel à celui d’homme à abattre. « L’Italie est le laboratoire politique de l’Europe », voire « la Silicon Valley du populisme », selon l’essayiste Giuliano da Empoli. Les Français n’inventent donc rien de nouveau. On retrouve aujourd’hui, dans l’opposition à Emmanuel Macron, les mêmes mécanismes qui se sont mis en place contre Matteo Renzi en 2016. Malheureusement, nous voyons également se reproduire une histoire dont nous connaissons la fin. En Italie, nous avons assisté à la chute du leader démocrate, à la désintégration des partis modérés et à la victoire des agitateurs et des contestataires les plus virulents et les plus extrêmes. Malgré des résultats économiques et sociaux positifs, Matteo Renzi, accusé de tous les maux du pays et considéré comme « l’ennemi du peuple », est brutalement devenu l’un des hommes politiques les plus haïs d’Italie. Certaines affaires et maladresses, ainsi qu’un style de communication « rentre-dedans », peuvent en partie expliquer la chute de popularité de l’ancien premier ministre italien. Mais rien ne justifie pour autant la haine profonde et les violentes attaques ad hominem dont il a été l’objet. En particulier dans un pays comme l’Italie, qui a été gouverné, pendant dix ans, par un certain Silvio Berlusconi. Une haine irrationnelle et démesurée Dans un contexte économique et social tendu, Matteo Renzi puis Emmanuel Macron sont donc devenus la cible d’une haine irrationnelle et démesurée, encouragée par des partis d’opposition irresponsables et alimentée par les réseaux sociaux, qui laissent le champ libre aux discours extrémistes, aux insultes et aux « fake news », véritables menaces pour nos démocraties. Ajoutons que, en Italie, cette haine s’est muée en violence contre les étrangers et contre ceux qui s’aviseraient de trop critiquer le pays ; en témoignent la fusillade ouverte par un militant fasciste sur des migrants en mars ou encore l’accusation faite contre un correspondant allemand, pendant une émission télévisée, d’être « “l’agitprop” d’Angela Merkel ». Depuis Rome, les violences des « gilets jaunes » ont donc comme un goût de déjà-vu.
Pour combattre le monopole des GAFA, il faut rendre obligatoire l’interopérabilité entre les plates-formes numériques, suggèrent les ingénieurs Paul-Adrien Hyppolite et Antoine Michon dans une tribune au « Monde ».
Numérique : « La portabilité est un vecteur puissant de concurrence »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/12/numerique-la-portabilite-est-un-vecteur-puissant-de-concurrence_5396110_3232.html
12/12/2018
idees
Tribune. Les récentes condamnations des géants américains Google et Qualcomm par la Commission européenne suggèrent qu’une poignée d’entreprises du numérique adoptent des comportements anticoncurrentiels, aux dépens d’éventuels compétiteurs et de l’entrée sur le marché de jeunes firmes innovantes. Dans un contexte où les distorsions de concurrence se font de plus en plus subtiles et s’opèrent à la frontière technologique, les pouvoirs publics gagneraient à compléter la démarche réactive de l’action antitrust par une approche proactive. A cet égard, la « portabilité », vecteur puissant de concurrence dans les industries présentant de forts effets de réseau, apparaît comme une option intéressante. Celle-ci a déjà été mise en place avec un certain succès dans deux secteurs majeurs de l’économie. Dans le domaine des télécommunications, l’Union européenne a imposé en 2002 la portabilité des numéros de téléphone entre opérateurs mobile. En vigueur depuis 2007 en France, le dispositif a indéniablement contribué au fort dynamisme du marché de la téléphonie. Dans la banque de détail, la « loi Macron » a instauré l’« aide à la mobilité bancaire », qui permet à tout client de transférer, sur simple demande, l’ensemble des opérations récurrentes de son compte courant (prélèvements, virements, etc.) d’une banque à une autre. « Le RGPD confère théoriquement à tout utilisateur le droit de récupérer, de transmettre ou de faire transmettre ses données personnelles d’un prestataire numérique à un autre » En réalité, la notion de portabilité dans le numérique n’a rien d’insolite, puisqu’elle a été introduite par l’Union européenne dans le règlement général sur la protection des données (RGPD). En effet, ce dernier confère théoriquement à tout utilisateur le droit de récupérer, de transmettre ou de faire transmettre ses données personnelles d’un prestataire numérique à un autre. Mais la portabilité des données y est limitée aux cas dits « techniquement possibles ». En pratique, l’absence de standards d’interopérabilité entre acteurs de l’économie numérique rend la règle insuffisante, voire inopérante. Les défaillances concurrentielles répétées du secteur appellent une régulation plus ambitieuse. Playlists, cloud et réseaux sociaux Concrètement, à quoi ressemblerait la portabilité dans les nouvelles technologies ? Imaginons pouvoir aisément transférer nos playlists entre plates-formes musicales (Spotify, Deezer, Apple Music, etc.), nos fichiers entre hébergeurs cloud (Google Drive, DropBox, OneDrive…), nos historiques d’achats entre sociétés de commerce en ligne (Amazon, CDiscount, Zalando…) ou encore la cartographie de nos relations sociales entre réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Snapchat…). En réduisant la captivité des utilisateurs de ces plates-formes, de tels dispositifs renforceraient significativement la concurrence sur les segments de marché concernés.
La réponse à la guerre commerciale sino-américaine dépendra de l’évolution de la conjoncture économique américaine, explique le professeur d’économie Barry Eichengreen dans sa chronique au « Monde ».
Commerce mondial : « La Chine et les Etats-Unis défendent des points de vue très différents »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/12/commerce-mondial-la-chine-et-les-etats-unis-defendent-des-points-de-vue-tres-differents_5396107_3232.html
12/12/2018
idees
Chronique « Vu d’ailleurs ». Le 1er décembre, à Buenos Aires, le président américain, Donald Trump, et son homologue chinois, Xi Jinping, sont convenus d’un moratoire sur l’augmentation des droits de douane, afin d’ouvrir une fenêtre de négociations. Cela rappelle une précédente tentative d’apaisement des tensions commerciales. En février 1930, la Société des nations (SDN) réunit une conférence internationale, à Genève, pour répondre à la montée du protectionnisme, cette « arme de guerre économique » qui « fait obstacle au développement d’une production à grande échelle, tout en entravant la reprise européenne ». Les Etats-Unis, qui ne sont pas membre de la SDN, envoient Edward C. Wilson, premier secrétaire de l’ambassade américaine à Paris. Préalablement, le comité économique de la SDN avait rédigé une convention proposant une trêve douanière de deux ans. Mais les délégués n’accepteront pas ce projet. A l’époque, de nouveaux Etats aux grandes ambitions industrielles ne sont pas prêts à renoncer à leurs projets, comparables à l’actuel plan « Made in China 2025 ». Plusieurs pays aux déficits chroniques refusent de ratifier un accord n’imposant pas aux autres d’accepter davantage de leurs exportations. Quatre mois après, les Etats-Unis adoptent la loi douanière Hawley-Smoot, qui multiplie les tarifs douaniers. Les Européens ripostent. On connaît la suite… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Fragile trêve entre les Etats-Unis et la Chine La loi Hawley-Smoot avait été planifiée bien avant la Grande Dépression. Celle-ci a accéléré le processus. Aujourd’hui, à l’heure du ralentissement du marché immobilier et de la hausse des taux, une récession n’est pas impossible aux Etats-Unis. Associée à un déclin du marché boursier, sa menace ferait prendre à Trump des mesures de renforcement de l’économie. Sans doute au détriment de la Chine. Propriété intellectuelle En 1930, les pays défendaient, à Genève, des points de vue très différents. C’est aussi le cas aujourd’hui : tandis que Washington espère des avancées rapides dans la réduction du déficit commercial bilatéral et évoque une fenêtre de négociation de quatre-vingt-dix jours, Pékin parle d’une volonté de réduction « progressive » et ne mentionne aucun calendrier. Alors que la Maison Blanche annonce que la Chine procédera à l’achat de volumes « très significatifs » d’exportations agricoles, énergétiques et industrielles américaines, cette dernière fait savoir qu’elle importera « davantage » de produits américains. Selon la déclaration américaine, la Chine négociera immédiatement les questions de propriété intellectuelle et de transfert technologique forcé. La déclaration chinoise se contente d’affirmer que les deux pays travailleront ensemble. La réforme du régime chinois de propriété intellectuelle est l’objectif américain le plus important. Mais il n’y a aucune chance pour que ce changement s’opère en quatre-vingt-dix jours…
Après les coups de feu, la foule présente dans les allées illuminées de la métropole alsacienne a été évacuée par les forces de l’ordre. Le confinement a été levé à 2 heures.
En images : après la fusillade, des Strasbourgeois confinés une partie de la nuit
https://www.lemonde.fr/police-justice/portfolio/2018/12/12/en-images-apres-la-fusillade-des-strasbourgeois-confines-une-partie-de-la-nuit_5396100_1653578.html
12/12/2018
police-justice
2 heures. Sur la place Kléber, habituellement effervescente à deux semaines des fêtes de Noël, un point de regroupement des victimes a été installé, avant d’être levé en milieu de soirée, une fois l’ensemble des victimes évacuées vers les centres hospitaliers. AP Les supporteurs de basket sont restés confinés dans le stade Rhénus, les yeux rivés sur leur téléphone pour suivre l’actualité. JEAN-FRANÇOIS BADIAS / AP A 3 heures mercredi, des employés du Parlement européen, des hauts fonctionnaires et des parlementaires ont pu quitter les lieux, escortés par la police. ALEX PIGMAN / AFP Les forces de l’ordre demandent aux rares passants présents et aux habitants du centre-ville de « se mettre à l’abri ». CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS En l’espace de quelques minutes, la foule présente dans les allées illuminées de la métropole alsacienne a été évacuée. JEAN-FRANÇOIS BADIAS / AP La rue des Grandes-Arcades, où l’attaque s’est en partie passée, était bloquée par des rubalises avec des policiers armés en empêchant l’accès. ABDESSLAM MIRDASS / AFP Etals vides, rues désertes et restaurants vite barricadés… En l’espace de quelques minutes, la fusillade, qui a fait trois morts, dont l’une se trouve en état de mort cérébrale, et treize blessés, mardi 11 décembre au soir sur le marché de Noël de Strasbourg, a plongé le ctentre-ville dans la stupeur et le silence. De rares badauds, ignorant la situation, continuaient à déambuler, stupéfaits par l’arrêt soudain des festivités. Le confinement de l’île centrale de Strasbourg a été levé à partir de 2 heures du matin mercredi, les personnes confinées dans les restaurants et les bâtiments du centre-ville ont commencé à être évacuées. « Le confinement a été levé », a confirmé le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, lors d’une conférence de presse dans la nuit. Dans un tweet, la police du Bas-Rhin a conseillé de quitter le centre historique par le nord et d’éviter le quartier du Neudorf.
Changer notre mode de vie est crucial. Mais imposer cette transformation d’en haut sera difficile, estime la philosophe Lisa Herzog dans une tribune.
Lisa Herzog : « Il faut engager une révolution morale »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/12/lisa-herzog-il-faut-engager-une-revolution-morale_5396095_3232.html
12/12/2018
idees
« Les questions « écologiques » sont des questions politiques, mais aussi des questions individuelles – des questions de mode de vie » Jacques Loic / Photononstop Tribune L’été 2018 a semblé sans fin en Europe. Toutes ces semaines de soleil radieux au cours desquelles le Rhin est descendu à des niveaux historiquement bas soulèvent de brûlantes questions : si c’est cela le changement climatique que l’on nous annonce depuis si longtemps, maintenant qu’il est là, bien concret, devant ma porte, que dois-je faire à mon niveau ? Même si les théories sur la question sont depuis longtemps connues, la chaleur de cet été leur confère une dimension nouvelle aux yeux de chacun d’entre nous. Mais que peut-on, que doit-on faire en tant qu’individu ? Les décisions individuelles aussi peuvent entraîner une réduction considérable des émissions de CO 2 Les questions « écologiques » sont des questions politiques, mais aussi des questions individuelles – des questions de mode de vie. Les décisions politiques, par exemple sur l’utilisation des énergies renouvelables, peuvent changer beaucoup de choses. Mais les décisions individuelles aussi peuvent entraîner une réduction considérable des émissions de CO 2 . Ces décisions concernent, par exemple, l’alimentation, notamment la consommation de viande, ou encore les vacances – est-ce que je prends l’avion pour aller passer quelques jours au loin ou est-ce que je reste près de chez moi ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi La baisse du niveau du Rhin affecte l’économie alsacienne En tant qu’individus aussi, nous avons le devoir moral d’adopter un mode de vie qui nuise le moins possible au climat. Et les arguments qui plaident en faveur de cette idée sont solides. Il ne s’agit pas seulement de quelques menus désagréments que nous infligerions à d’autres par simple inconscience ou mus par le désir obstiné de « se faire plaisir », alors que notre qualité de vie ne s’en ressentirait guère si nous nous comportions autrement. Niveau politique Ce sont de très lourds préjudices que nous sommes en train d’infliger aux générations actuelles, mais avant tout futures. A l’heure actuelle, déjà, des populations de régions côtières sont privées de leur espace de vie ; d’autres populations ne peuvent plus vivre de l’agriculture parce que la pluviométrie change et devient trop irrégulière. On balaie souvent ces arguments d’un revers de main en invoquant cet autre argument selon lequel l’individu seul ne peut rien. On dit que c’est au niveau politique qu’il faut s’engager car c’est la seule façon de parvenir à des changements fondamentaux. Il n’est certainement pas mauvais, lorsqu’on se décide pour tel ou tel parti lors d’élections démocratiques, de prendre en considération son engagement sur les questions climatiques.
Environ 260 policiers nationaux, 160 agents de sécurité privés, 50 policiers municipaux et plusieurs dizaines de militaires de l’opération « Sentinelle » sont mobilisés chaque jour.
Le marché de Noël de Strasbourg, un événement placé sous haute sécurité
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/12/le-marche-de-noel-de-strasbourg-un-evenement-place-sous-haute-securite_5396080_3224.html
12/12/2018
societe
Le marché de Noël de Strasbourg, le 3 décembre. PATRICK HERTZOG / AFP Le marché de Noël de Strasbourg, où trois personnes ont été tuées et treize blessées mardi 11 décembre, par un suspect en fuite, est un événement placé sous très haute sécurité qui accueille environ deux millions de visiteurs venus du monde entier. « La menace terroriste reste très élevée. (…) Les effectifs sont prêts pour sécuriser cet événement important pour Strasbourg et la France avec de nombreux visiteurs étrangers venus du monde entier », avait expliqué le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, lors de l’inauguration, le 23 novembre, de la 449e édition du traditionnel marché de Noël de Strasbourg. Quelque trois cents chalets de bois sont installés dans le centre historique de Strasbourg, entouré par la rivière l’Ill, et un sapin haut de 30 mètres, entièrement illuminé, est dressé sur la place Kléber. Mesures renforcées après les attentats de Paris et Berlin L’événement festif avait fait l’objet d’un projet d’attentat en décembre 2000. Il est depuis régulièrement l’objet de menaces d’attaques. Les mesures de sécurité ont été renforcées après les attentats de Paris en 2015 et l’attentat au camion-bélier sur le marché de Noël de Berlin, en décembre 2016, revendiqué par le groupe Etat islamique et qui avait fait douze morts. Le budget pour la sécurisation de la « Grande Ile », le centre historique, était alors passé de 300 000 euros à 1 million d’euros. Environ 260 policiers nationaux, 160 agents de sécurité privés, 50 policiers municipaux et plusieurs dizaines de militaires de l’opération « Sentinelle » sont mobilisés chaque jour pour sécuriser les accès et les allées du centre-ville jusqu’au 30 décembre. Dans le centre piétonnier, les véhicules motorisés sont soumis à des restrictions drastiques de circulation et de stationnement. Des fosses dans les voies du tramway et des blocs de béton doivent parer le danger d’une attaque au véhicule bélier. Des agents de sécurité sont positionnés sur chaque pont permettant d’accéder à la « Grande Ile » et fouillent les piétons jusqu’à 20 heures du dimanche au jeudi, 21 heures le vendredi et 22 heures le samedi. Le marché fermé mercredi C’est en empruntant le pont du Corbeau aux environs de 20 heures mardi que l’assaillant, âgé de 29 ans, est entré dans le périmètre du marché de Noël. Il a tiré sur les passants, rue des Orfèvres, une rue piétonne commerçante à proximité de la place Kléber, avant de prendre la fuite. Le maire PS de Strasbourg, Roland Ries, a annoncé que le marché de Noël serait fermé mercredi. Avec deux millions de visiteurs, la ville de Strasbourg comptait atteindre 250 millions d’euros de retombées économiques pour la 449e édition. L’an dernier, les hôtels avaient enregistré 110 527 nuitées de touristes étrangers, allemands (16 %), suisses (12 %), belges (12 %), mais aussi américains, italiens, russes, chinois ou japonais, selon l’Agence d’attractivité de l’Alsace.
Le Burundi souhaite rouvrir l’enquête sur les violences des années 1990 et 2000, mais en Afrique nombre d’assassinats de dirigeants ne sont jamais élucidés.
Les fantômes des présidents africains assassinés
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/12/les-fantomes-des-presidents-africains-assassines_5396077_3212.html
12/12/2018
afrique
LETTRE D’AFRIQUE Avec sa barbe sévère, son regard brûlant, le portrait de Melchior Ndadaye accroché au mur des bureaux de la présidence du Burundi, à Bujumbura, a quelque chose d’intense et de poignant. A ses côtés, les autres visages solennels des dirigeants burundais ont tous, aussi, un côté émouvant. Un air de tragédie flotte sur cette galerie. La plupart de ces présidents ont quitté le pouvoir par la force, et pas toujours en vie. Melchior Ndadaye a été assassiné le 21 octobre 1993 par des militaires au terme d’une journée de folie, de traque et de brutalité dans Bujumbura. A l’aube, des soldats avaient attaqué le palais présidentiel – il sera pratiquement détruit – afin de le passer par les armes. Mais il était parvenu à s’enfuir et à se réfugier dans un camp militaire, où il sera toutefois débusqué et assassiné. Arrestations et mandats d’arrêt Il était arrivé au pouvoir quelques mois plus tôt, le 1er juin 1993, au terme d’une élection incontestée, la première depuis des décennies de pouvoir militaire. Il était hutu. Cette journée où le coup d’Etat a eu raison du premier dirigeant hutu, ainsi que de hauts responsables de son nouveau pouvoir, a donné le coup d’envoi à plusieurs phénomènes. D’abord, un ensemble de massacres de Tutsi, en représailles. Puis, une reprise en main par les forces armées à dominante tutsi ; en d’autres termes, des contre-massacres. Enfin, une guerre civile, qui a opposé l’armée à des rébellions hutu, dont celle de l’actuel président, Pierre Nkurunziza. Cette guerre n’a pris fin qu’en 2005. Elle a fait, sans doute, environ 300 000 morts. Qui est à l’origine de ce cataclysme ? Des « exécutants », comme le pouvoir actuel les qualifie, ont été jugés en 1998. Mais le, ou les commanditaire(s), où le(s) trouver ? La question est suspendue depuis un quart de siècle. A présent, le pouvoir dit vouloir en finir et veut interroger des officiers tutsi de cette époque, ainsi que leur supérieur, l’ancien président Pierre Buyoya. Quatre officiers à la retraite ont été arrêtés à la fin de novembre. Puis dix-sept mandats d’arrêt internationaux ont été émis, visant notamment M. Buyoya, actuel représentant de l’Union africaine au Mali. Mais l’affaire déclenche plus de craintes que d’espérance. La réputation de la justice burundaise est au plus bas. Questions non tranchées Pour tout compliquer, le ton monte avec le Rwanda voisin, ouvertement traité d’« ennemi » par le président burundais. Kigali serait, selon la logique ethnique sous-jacente à cette dérive régionale, favorable à M. Buyoya.
Le PDG du pétrolier a fait savoir mardi que « compte tenu des bons résultats de Total en 2018 » une enveloppe avait été décidée pour tous les salariés du groupe en France.
Total propose une hausse des salaires de 3,1 % et une prime de 1 500 euros
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/12/total-annonce-une-hausse-des-salaires-de-3-1-et-une-prime-de-1-500-euros_5396072_3234.html
12/12/2018
economie
Patrick Pouyanné, PDG du groupe Total, à Anvers (Belgique), le 30 novembre 2017. EMMANUEL DUNAND / AFP Le groupe pétrolier français Total a annoncé, mardi 11 décembre au soir, qu’il proposerait une augmentation globale des rémunérations de 3,1 % ainsi qu’une prime exceptionnelle de 1 500 euros à l’ensemble du personnel en France. « Après une journée d’écoute et de débats et compte tenu des bons résultats de Total en 2018, nous proposons à nos organisations syndicales une enveloppe globale d’augmentation de + 3,1 % et une prime exceptionnelle de 1 500 euros pour tous nos salariés en France », a annoncé le président-directeur général, Patrick Pouyanné, dans un tweet. 📈👍🏻 Après une journée d’écoute & de débats et compte tenu des bons résultats de @Total en 2018, nous proposons à no… https://t.co/QaSQrEAXoN — PPouyanne (@Patrick Pouyanné) Une requête d’Emmanuel Macron Plusieurs grands groupes français ont annoncé de même mardi qu’ils verseraient à tout ou partie de leurs employés une prime exceptionnelle ; un geste sur lequel compte le président Emmanuel Macron pour doper le pouvoir d’achat. Soucieux d’apaiser la colère des « gilets jaunes », le chef de l’Etat a prié lundi les employeurs « qui le peuvent » de faire un chèque à leurs salariés, à la charge des entreprises mais exempt d’impôts et de charges.
Le choc, le soutien et l’engagement pour débusquer les terroristes ont prédominé dans les discours européens, après cette nouvelle attaque.
Fusillade à Strasbourg : les voisins européens au chevet de la France
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/12/fusillade-sur-le-marche-de-noel-de-strasbourg-les-voisins-europeens-au-chevet-de-la-france_5396065_1653578.html
12/12/2018
police-justice
La fusillade, qui a fait trois morts mardi 11 décembre sur le marché de Noël de Strasbourg, n’est pas sans rappeler l’attentat au camion bélier revendiqué par le groupe État islamique, en décembre 2016, sur le marché de Noël de Berlin. Cette nouvelle attaque a ému les dirigeants européens. La première ministre britannique Theresa May s’est dit « choquée et attristée par la terrible attaque », tandis que le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a déclaré être « bouleversé par les terribles informations de Strasbourg ». Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a condamné cette fusillade « avec [une] grande fermeté ». « La Commission se tient aux côtés de la France », a-t-il conclu dans son tweet. Mes pensées sont avec les victimes de la fusillade de Strasbourg que je condamne avec grande fermeté. Strasbourg es… https://t.co/6XG1VsQYs0 — JunckerEU (@Jean-Claude Juncker) Le vice-premier ministre italien Matteo Salvini, ancien député européen, a assuré de son engagement total pour que les terroristes soient débusqués, bloqués, éliminés, en Europe et dans le monde, par tous les moyens licites nécessaires. 🔴Morti e feriti ai mercatini di Natale di #Strasburgo. Una preghiera per le vittime da Gerusalemme, dove mi trovo o… https://t.co/HWlO34shej — matteosalvinimi (@Matteo Salvini) Les députés européens refusent « l’intimidation » Les membres du Parlement européen ont été directement impactés par le confinement, dans la nuit de mardi 11 à mercredi 12 décembre. VINCENT KESSLER / REUTERS Situé à trois kilomètres du lieu des coups de feu, le Parlement européen de Strasbourg était confiné dans la nuit de mardi à mercredi après la fusillade. En signe de solidarité, son président Antonio Tajani a tenu à conduire jusqu’au bout la session plénière, dont les débats se sont achevés, comme prévu, à minuit. « Ce Parlement ne se laisse pas intimider par des attaques criminelles ou terroristes. Nous continuons à travailler et réagissons avec la force de la liberté et de la démocratie contre la terreur », a-t-il dit. Le Britannique Charles Tannock, député européen, a écrit sur Twitter : « Je suis à l’abri, mais mes pensées et mes condoléances vont aux victimes de cette atrocité. Vive la France ! » In lockdown in European Parliament in Strasbourg as huge hunt by French security services for fugitive gunman after… https://t.co/SGZbVH0ZZI — CharlesTannock (@Charles Tannock) Cette fusillade intervient alors que la France vit sous une menace terroriste élevée depuis la vague d’attentats djihadistes sans précédent qui a fait 246 tués depuis 2015. Lire aussi Attentat sur le marché de Noël de Strasbourg : soutiens et critiques des responsables politiques
Deuxième de son groupe, Rennes se qualifie pour les seizièmes de finale. Eliminé de longue date, l’OM s’est incliné à domicile contre l’Apollon Limassol (1-3).
Ligue Europa : qualification de Rennes, Marseille humilié, Bordeaux éliminé
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/13/ligue-europa-exploit-de-rennes-marseille-humilie_5397140_1616938.html
13/12/2018
football
Le milieu de terrain sénégalais Ismaïla Sarr célèbre son but avec ses coéquipiers lors du match de la Ligue Europa contre le FC Astana, le 13 décembre 2018. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP Destins croisés pour les clubs français en Ligue Europa. Rennes a assuré sa qualification pour les seizièmes de finale, jeudi 13 décembre, en battant Astana (2-0) ; tandis que l’OM – déjà éliminé – a sombré à domicile face à l’APOEL Limassol (3-1) ; et Bordeaux reste à quai malgré son succès à Copenhague (1-0). L’entraîneur de l’OM Rudi Garcia avait pourtant prévenu : il voulait laver l’honneur d’une équipe à la peine. Mais, son onze remanié n’a tenu que sept minutes. Le temps pour le jeune Boubacar Kamara de récolter un carton rouge certes sévère mais symptomatique de la dynamique olympienne actuelle. Et le but égalisateur de Florian Thauvin (11e) n’aura pas vraiment entretenu l’espoir d’un stade Vélodrome quasi-vide. Résultat, l’OM quitte la compétition, dont il était finaliste l’année dernière, la tête basse avec un seul petit point. Les Olympiens ont même fini à neuf après une nouvelle exclusion, celle de Lucas Ocampos en toute fin de match (90e+4). Rennes, de son côté, peut avoir le sourire. Les Bretons enchaînent un troisième succès 2-0 de rang toutes compétitions confondues. Mieux, ils rattrapent un début de campagne raté et franchissent la phase de poules de la Ligue Europa pour la première fois de leur histoire. Le tout grâce au jeune attaquant sénégalais Ismaïla Sarr (67e, 73e). Pour Bordeaux, en revanche, c’est la soupe à la grimace : les Girondins ont fait leur part du boulot en battant Copenhague (1-0), mais c’était sans compter sur le Slavia Prague qui a surpris le Zénith Saint-Pétersbourg (2-0). 100 % pour l’Espagne Les Espagnols de Villarreal ont également validé leur billet pour le prochain tour après leur succès face au Spartak Moscou (2-0), tout comme leurs compatriotes du Séville FC, vainqueurs de Krasnodar (3-0). Ils rejoignent le Bétis, déjà qualifié pour un carton plein espagnol. Autre qualifié de la soirée : le Celtic FC, battu par le RB Salzbourg (2-0) mais sauvé par Rosenborg qui a accroché le RB Leizpig (1-1) et permis au club de Glasgow de conserver la deuxième place, synonyme de qualification. En revanche, l’AC Milan a été dominé par l’Olympiakos (3-1) et passe à la trappe, au contraire de Malmö, tombeur de Besiktas (1-0), et de Genk, qui a déroulé devant Sarpsborg (4-0). Le tirage au sort des seizièmes de finale de la Ligue Europa aura lieu le 17 décembre. Les matches aller se joueront le 14 février et les matches retour le 21 février.
Les 28 dirigeants européens n’ont pas décidé de nouvelles sanctions pour appuyer leur condamnation de l’incident militaire entre les deux pays en mer d’Azov.
Ukraine : l’Union européenne reconduit les sanctions économiques contre Moscou
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/ukraine-l-union-europeenne-reconduit-les-sanctions-economiques-contre-moscou_5397131_3210.html
13/12/2018
international
C’est la huitième reconduction d’affilée. Les 28 dirigeants de l’Union européenne (UE) ont décidé, jeudi 13 décembre, de prolonger de six mois les sanctions économiques imposées à la Russie depuis 2014. Raison invoquée : l’absence de progrès dans la mise en œuvre par Moscou des accords pour faire cesser les combats dans l’est de l’Ukraine, a précisé le président du Conseil européen, Donald Tusk. La décision de la reconduction des sanctions actuelles a été prise en quelques minutes seulement, du fait de la tension née de l’arraisonnement manu militari par la Russie, le 25 novembre, de trois navires ukrainiens en mer d’Azov. Malgré leur condamnation du rôle joué par Moscou dans cet incident militaire, les membres réunis en sommet à Bruxelles n’ont pas ajouté de nouvelles sanctions. Les Vingt-Huit sont toujours divisés sur ce sujet, alors que de nouvelles sanctions nécessitent l’unanimité. Libération des marins Les dirigeants européens ont toutefois « exigé la libération immédiate des marins ukrainiens [capturés lors de l’opération], la restitution des navires arraisonnés et le libre passage pour tous les navires dans le détroit de Kertch », qui relie la mer Noire à celle d’Azov, au large de la Crimée, a précisé Donald Tusk. L’UE avait adopté plusieurs séries de sanctions diplomatiques et économiques pour protester contre l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie et son soutien aux mouvements séparatistes dans l’est de l’Ukraine. Neuf ressortissants ukrainiens impliqués dans les élections organisées en novembre par les séparatistes soutenus par la Russie dans la région ukrainienne du Donbass ont été ajoutés lundi à la liste noire de l’UE qui interdit de visa et gèle les avoirs de 164 personnes. Parmi eux figure le nouveau « président » de la « république » autoproclamée de Lougansk, Leonid Pasechnik.
Beau livre. Le maître néerlandais libère sa discipline dans un gros manifeste exubérant. Et les parutions cinéma : films noir, « Memories of Murder », films de guerre en mer.
Rem Koolhaas rebâtit l’architecture de fond en comble
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/13/rem-koolhaas-rebatit-l-architecture-de-fond-en-comble_5397129_3260.html
13/12/2018
livres
Rem Koolhaas. Elements of Architecture, sous la direction de Rem Koolhaas, en anglais, Taschen, 2 334 p., 100 €. L’Opéra de Sydney. ­Extrait de « Rem Koolhaas. Elements of Architecture ». TASCHEN Imprimé sur le papier fin et souple que l’industrie pharmaceutique utilise pour les notices de médicaments, un gros pavé de 2 300 pages enveloppé d’une couverture pop bariolée de blocs de texte fluorescents. C’est la forme que Rem Kooslhaas – avec Irma Boom, qui en a assuré le graphisme et la mise en page – a choisie pour présenter ce traité d’architecture d’un genre nouveau, vaste opération de mise à sac de l’histoire de la discipline sous la forme d’un fascinant patchwork de récits et d’images, où l’érudition la plus sophistiquée le dispute à la plus plate trivialité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rem Koolhaas, libre bâtisseur Réalisé par un collectif, Elements of ­Architecture est l’aboutissement du travail de recherche entamé par Koolhaas pour la Biennale de Venise 2014, dont il était le commissaire. Et la dernière manifestation du corps-à-corps épique avec son époque auquel il se livre depuis les années 1970, quand il s’est mis en tête de recomposer l’histoire de la construction de la ville de New York sous la forme d’un collage critique où le mythe, la poésie, le fantasme, la technique, la politique se télescopaient dans une joyeuse collusion. New York Délire (Chêne, 1978 ; rééd. Parenthèses, 2002), le livre qui en est issu, a non seulement marqué des générations d’architectes mais s’est imposé comme un ouvrage de référence. Depuis, l’architecte néerlandais n’a cessé d’étudier et de conceptualiser l’informité proliférante de la ville contemporaine. Vision du monde Dans le contexte actuel, où la numérisation des outils, le développement des objets connectés, la quête d’une optimisation tous azimuts tendent à déposséder l’architecte de son autonomie, l’enjeu de ce livre est de lui faire regagner des degrés de liberté. « Nous avons beau nous poser en génies, nous jouons les rôles qui nous ont été assignés dans l’“überscript” de la modernisation », résume Koolhaas dans un beau texte (en anglais, unique langue du livre) où il s’attarde sur la manière dont des éléments d’architecture (le balcon de l’appartement de ses parents, son « premier Escalator », le sol d’un appartement mansardé qui vibrait sous ses pas…) ont façonné sa vision du monde d’enfant né en 1944, à la fin de la guerre.
Les belligérants doivent se retirer du port d’Hodeïda, par lequel entre l’essentiel de l’aide humanitaire, et de la ville de Taëz, pour ouvrir des corridors humanitaires.
Yémen : un cessez-le-feu négocié dans des régions menacées par la famine
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/yemen-un-cessez-le-feu-negocie-dans-des-regions-menacees-par-la-famine_5397122_3210.html
13/12/2018
international
L’accord a été âprement négocié. Les belligérants au Yémen ont décidé de faire taire les armes provisoirement dans plusieurs régions dévastées, a annoncé le chef de l’Organisation des Nations unies (ONU) jeudi 13 décembre, à l’issue de consultations de paix en Suède. Quatre ans de guerre ont fait quelque dix mille morts dans le pays et menacent jusqu’à vingt millions de personnes de famine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Stockholm, fragile reprise des pourparlers de paix pour le Yémen Les deux camps doivent se revoir fin janvier pour tenter de définir un cadre pour des négociations en vue d’un règlement politique, ont précisé le secrétaire général Antonio Guterres et son envoyé spécial Martin Griffiths, qui ne nourrissaient que de maigres espoirs d’obtenir une percée. En attendant, ces accords vont « améliorer la vie de millions de Yéménites », s’est félicité M. Guterres. « La pire crise humanitaire du monde » Un « cessez-le-feu » doit entrer en vigueur « dans les prochains jours » à Hodeïda, dans l’ouest. C’est par ce port de la mer Rouge qu’entre l’essentiel de l’aide dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, et où sévit « la pire crise humanitaire du monde » selon l’ONU. Les deux parties – forces gouvernementales, soutenues par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite sunnite, d’une part, combattants houthistes appuyés par l’Iran chiite d’autre part – doivent se retirer de la ville et du port. Contrôlé par les insurgés, celui-ci subit les assauts de la coalition progouvernementale. L’ONU jouera un « rôle-clé » dans le contrôle du port, a précisé Antonio Guterres lors d’une cérémonie en présence des deux délégations. Trente observateurs de l’ONU pourraient être déployés dans la ville, rapporte l’Agence France-Presse (AFP). Le ministre des affaires étrangères yéménite, Khaled Al-Yémani, et le négociateur en chef des houthistes, Mohammed Abdelsalam, ont échangé une poignée de main à forte portée symbolique à l’issue de la cérémonie. M. Al-Yémani a toutefois prévenu que l’accord sur le retrait d’Hodeïda restait « hypothétique » jusqu’à sa mise en œuvre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Yémen, guerre d’usure autour d’Hodeïda La ville de Taëz, ravagée par les combats, doit également être soulagée afin d’ouvrir des corridors humanitaires. Mais « il reste des questions en suspens », a averti M. Guterres. Aucun accord n’a en effet été trouvé sur le redressement de l’économie yéménite, en lambeaux, ni sur la réouverture de l’aéroport de la capitale, Sanaa. Contrôlé par les rebelles et fermé depuis trois ans, l’aéroport fait de facto l’objet d’un blocus par la coalition progouvernementale qui reste maître du ciel. Le résultat des pourparlers sera présenté vendredi au Conseil de sécurité à New York.
C’est ce qu’a assuré le premier ministre jeudi lors de sa réponse à la motion de censure de la gauche, contrairement à ce que le gouvernement avait laissé entendre.
Smic : la hausse de 100 euros s’ajoutera aux baisses de cotisation de 2018
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/13/smic-la-hausse-de-100-euros-s-ajoutera-aux-baisses-de-cotisation-de-2018_5397107_823448.html
13/12/2018
politique
« Soyons clairs également, ces 100 euros viennent s’ajouter à la baisse des cotisations mises en œuvre en 2018. Cela veut dire qu’entre janvier 2018 et janvier 2019, la hausse sera plutôt de l’ordre de 125 euros », a indiqué, jeudi, le premier ministre. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS La hausse de 100 euros au niveau du smic promise par l’exécutif face au mouvement des « gilets jaunes » s’ajoutera finalement aux baisses des cotisations, a assuré Edouard Philippe jeudi 13 décembre, contrairement à ce qu’avait laissé entendre le gouvernement. Dans un premier temps, l’Elysée et plusieurs sources gouvernementales avaient évoqué que ces 100 euros incluraient la vingtaine d’euros de baisses de charges, ce qui aurait limité l’annonce d’Emmanuel Macron lundi soir. « Le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur », avait promis le chef de l’État lors de son « adresse à la nation ». « Soyons clairs également, ces 100 euros viennent s’ajouter à la baisse des cotisations mises en œuvre en 2018. Cela veut dire qu’entre janvier 2018 et janvier 2019, la hausse sera plutôt de l’ordre de 125 euros », a indiqué le premier ministre lors de sa réponse à la motion de censure déposée par la gauche à l’Assemblée nationale. « Aller plus loin que le champ couvert par la prime d’activité » Le chef du gouvernement a par ailleurs confirmé que l’exécutif souhaitait aller « plus loin » que « le champ couvert par la prime d’activité », qui va augmenter au 1er janvier mais ne concerne pas la totalité des salariés au niveau du smic. Mais sans détailler le dispositif précis sur lequel travaille actuellement Matignon. « C’est un soutien supplémentaire de très grande ampleur pour ceux qui travaillent et disposent de revenus modestes dans notre pays, ce sont eux qui ont exprimé leur colère ces dernières semaines, c’est à eux que sont destinées ces mesures », a souligné l’ancien maire du Havre. Edouard Philippe a également souligné le gain sur le pouvoir d’achat qu’entraîneront les autres mesures annoncées par Emmanuel Macron, avec par exemple « 360 euros en moyenne » par an pour la défiscalisation des heures supplémentaires. A cela s’ajoute l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros par mois, soit « environ 300 euros » par an qui ne seront finalement pas prélevés. Quant à la prime exceptionnelle de fin d’année, défiscalisée et sans charges sociales, son montant pourra atteindre « jusqu’à 1 000 euros ». Le premier ministre a renvoyé à la semaine prochaine l’annonce de mesures d’économies budgétaires et de nouvelles recettes pour financer les mesures annoncées par l’exécutif face aux « gilets jaunes », dont le coût total avoisine 10 milliards d’euros. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après les annonces de Macron, l’heure est aux travaux pratiques
#UrgenceClimat. L’empreinte carbone de l’équipe de Suède est quatre fois supérieure à la moyenne nationale. Ils ont donc décidé de réagir.
L’équipe suédoise de ski s’engage pour le climat
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/13/les-skieurs-suedois-s-engagent-pour-le-climat_5397102_3244.html
13/12/2018
planete
André Myhrer, en Finlande, en novembre 2018. MARKKU ULANDER / AFP En chaussons gris clair et tablier assorti, le champion olympique de slalom, André Myhrer, 35 ans, fait griller des hamburgers au soja sur son barbecue, derrière sa maison d’Hudiksvall, à l’est de la Suède. Avec lui, le chef Gustav Johansson, auteur du premier blog de recettes véganes du pays. Le clip a été tourné cet été et mis en ligne le 30 octobre sur la page Facebook de l’équipe suédoise de ski alpin par son sponsor, l’électricien Vattenfall. Il fait partie de la campagne « klimatlandslaget » (« équipe nationale pour le climat ») lancée à l’automne 2017. Pour André Myhrer, vingt-sept podiums en coupe du monde, c’est du sérieux. Avec ses camarades, ils sont aux premières loges pour observer les effets du réchauffement climatique. Et le constat est amer. Partout, les glaciers reculent et les skieurs ont de plus en plus de mal à trouver des endroits où s’entraîner. « Il y a quelques mois, j’étais à Sölden, en Autriche, où nous allions nous entraîner avec l’équipe junior, raconte le champion. C’est incroyable à quel point cela a changé en une quinzaine d’années. Et c’est partout pareil. Un hôtelier, dans le col du Stelvio, en Italie, m’a dit que le glacier reculait d’un mètre par an. » « On s’est demandé à quel point nous contribuions nous-mêmes à détruire notre sport. » Kalle Olsson En 2017, les cadres de l’équipe de Suède s’interrogent : « On s’est demandé à quel point nous contribuions nous-mêmes à détruire notre sport », déclare Kalle Olsson, directeur de la communication. Les transports en avion, les déplacements en voiture, les nuits d’hôtel, l’alimentation ultrariche en protéines… le calcul montre que chaque membre de l’équipe émet en moyenne 44 tonnes de CO 2 par an, soit quatre fois plus qu’un Suédois ordinaire. « Nous allons devoir faire de gros changements » Fin 2017, l’équipe se fixe donc un objectif : réduire de 25 % ses émissions d’ici les championnats du monde à Are, au nord du pays, en février 2019, et de moitié d’ici les Jeux olympiques de Pékin en 2022. Des chiffres ambitieux, qui exigent un équilibre : « Nous allons devoir faire de gros changements, mais sans que ce soit au détriment de nos objectifs », explique Kalle Olsson. A savoir : remporter des podiums et gagner des médailles. « Nous savons, par exemple, que nous ne pourrons pas arrêter de prendre l’avion, mais nous pouvons envisager nos déplacements différemment, de façon plus lucide et structurée », précise Tommy Eliasson Winter, directeur de l’équipe. Par exemple, en prolongeant les périodes d’entraînement sur certains sites, au lieu de multiplier les déplacements : « Nous réfléchissons actuellement à la façon d’améliorer la qualité de l’entraînement en voyageant moins. »
Le fondateur du groupe Juste pour rire et ex-juré de l’émission « La France a un incroyable talent » avait été accusé d’agressions sexuelles en octobre 2017. Des accusations qui l’avaient forcé à quitter ses fonctions.
Canada : l’ex-producteur Gilbert Rozon inculpé pour viol
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/canada-l-ex-producteur-gilbert-rozon-inculpe-pour-viol_5397085_3210.html
13/12/2018
international
Gilbert Rozon a été inculpé, mercredi 12 décembre, pour viol et attentat à la pudeur, a annoncé le procureur du Québec. Les faits se seraient produits en 1979, a précisé le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) du Québec dans un communiqué. Dans le sillage de l’affaire Weinstein aux Etats-Unis, l’homme d’affaires et producteur québécois, fondateur en 1983 du festival Juste pour rire à Montréal et juré en France de l’émission de M6 « La France a un incroyable talent », avait démissionné de plusieurs postes d’importance en octobre 2017 après la publication au Québec de témoignages de femmes l’accusant de harcèlement ou d’agression sexuels. La police de Montréal avait recommandé au procureur de déposer des accusations au pénal contre Gilbert Rozon concernant quatorze victimes présumées, mais le magistrat en a décidé autrement après avoir analysé l’ensemble des éléments à charge. A propos de ces « treize autres dossiers pour lesquels il ne dépose pas d’accusations », le DPCP a précisé avoir informé les « victimes qui le désiraient des motifs de ses décisions et a répondu à leurs questions ». « Je vais continuer à me défendre » En droit pénal, « en raison du principe de la présomption d’innocence, la poursuite doit (…) faire une démonstration hors de tout doute raisonnable de la culpabilité de l’accusé devant le tribunal », a motivé le procureur. Le DPCP « ne révélera ni l’identité des (…) victimes ni les faits relatifs aux dossiers », a-t-il ajouté. « J’ai appris ce matin le dépôt d’accusations à mon encontre concernant un dossier présumé datant d’il y a près de quarante ans », a réagi Gilbert Rozon mercredi dans un bref communiqué. « Je vais continuer à me défendre devant la justice et réserve tout commentaire pour cette instance. » Le retentissement de cette affaire avait aussi amené les chaînes françaises de télévision M6 et C8 à déprogrammer des émissions auxquelles Gilbert Rozon était associé. Un collectif de femmes, présumées victimes de l’ancien producteur, a obtenu au printemps de la Cour supérieure du Québec la permission d’entreprendre une action collective en justice au civil contre Gilbert Rozon. Selon ce collectif de femmes appelées Les Courageuses, Gilbert Rozon aurait fait « au moins vingt victimes sur une période de trente-quatre ans, de 1982 à 2016 ». M. Rozon, 64 ans, réfute leurs accusations et a lui-même obtenu l’autorisation d’une instance supérieure de faire appel de la décision autorisant un recours collectif en justice contre lui.
Enseignant polyglote et chercheur exigeant, le prêtre de la Compagnie de Jésus qui fut consulté par Jean-Paul II est décédé le 10 décembre à Paris.
Le jésuite et philosophe Xavier Tilliette est mort
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/13/le-jesuite-et-philosophe-xavier-tilliette-est-mort_5397070_3382.html
13/12/2018
disparitions
Xavier Tilliette, jésuite et philosophe, est mort le 10 décembre à Paris. Archives jésuites de la Province EOF Natif de la Somme, Xavier Tilliette partage avec Georges Bernanos (1888-1948), ami de jeunesse de son père, outre l’amour de la terre artésienne, une foi chrétienne robuste, le plaisir des mots et de la culture, du dialogue avec la société contemporaine. Moins connu que l’auteur du Journal d’un curé de campagne ou qu’un Paul Claudel (1868-1955), référence constante de son œuvre, il fait toutefois partie des grands noms qui ont illustré l’intelligence chrétienne au XXe siècle, qui semble éteinte aujourd’hui en France dans le débat philosophique et médiatique. Xavier Tilliette est mort le 10 décembre à Paris. Né le 23 juillet 1921, il appartient d’abord à la grande tradition des jésuites enseignants. Auprès de théologiens réputés comme Henri de Lubac (1896-1991), Jean Daniélou (1905-1974) ou de Vladimir Jankélévitch (1903-1985), il se forme à la célèbre faculté jésuite de Lyon-Fourvière, alors agitée par les condamnations romaines (affaire Teilhard de Chardin). Ordonné prêtre en 1951, il enseignera la philo à des générations entières d’étudiants, à Saint-Louis de Gonzague et à l’Institut catholique, à Paris, à la Grégorienne de Rome, à Chantilly et au Centre Sèvres, à Paris également. Outre le latin, le grec ancien et l’hébreu biblique, il parle l’anglais, l’italien, l’allemand, l’espagnol, apprend le portugais, le néerlandais et le danois. Invité par les universités étrangères, ses étudiants et auditeurs se souviennent de lui comme d’un professeur capable de donner le même cours en cinq langues différentes. Aussi discret qu’érudit Il se définit surtout comme chercheur en histoire de la philosophie. Un chercheur exigeant, au risque de l’isolement. S’il connaît et apprécie leurs œuvres, il n’appartient pas à la lignée des grands théologiens jésuites comme Henri de Lubac, Karl Rahner (1904-1984), Hans-Urs von Balthasar (1905-1988), qui ont animé les débats dans l’Eglise catholique et la société avant et après le concile Vatican II (1962-1965). Aussi discret qu’érudit, Xavier Tilliette est l’homme des réseaux universitaires plus que des interventions sur la place publique. Il se montre parfois critique des options progressistes d’une grande partie de la Compagnie de Jésus que le pape Jean-Paul II s’emploiera à rectifier. C’est en 1969 qu’il soutient sa thèse monumentale sur le philosophe Friedrich Schelling (1775-1854) et l’idéalisme allemand, dont il deviendra l’un des meilleurs spécialistes au monde. Mais il se consacre aussi aux philosophes contemporains (Merleau-Ponty, Jaspers), à la phénoménologie de Husserl (1859-1938), aux penseurs chrétiens comme Maurice Blondel (1861-1949) et Gabriel Marcel (1889-1973). Il est l’auteur d’une œuvre originale sur la place du Christ dans la philosophie, initiant ce qu’on appelle une « christologie philosophique ». Il étudie ce que le Christ et le christianisme inspirent aux penseurs passés ou contemporains, de Pascal à Leibniz, Kant, Fichte, Hegel, jusqu’à Kierkegaard, Rosmini, Soloviev.
Les fours, téléviseurs et autres appareils dont sont équipés les foyers rejettent, par leur utilisation et leur construction, une grande quantité de gaz à effet de serre. Devinez combien.
Quel est le bilan carbone des objets du quotidien ?
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/13/quel-est-le-bilan-carbone-des-objets-du-quotidien_5397063_1652612.html
13/12/2018
climat
Selon une étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) publiée en septembre, le poids des meubles et équipements d’un foyer français s’établit à 2,5 tonnes en moyenne, dont la construction a mobilisé environ 45 tonnes de matières premières et émit 6 tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, soit l’équivalent de six allers-retours Paris-New York en avion, explique l’agence. Ce quiz vous propose d’évaluer, pour chacun des équipements proposés, combien sa construction, sa distribution et son utilisation sur douze mois émettent de CO 2 dans l’atmosphère. Selon l’Agence, les équipements d’un foyer peuvent représenter jusqu’à 25 % des émissions de dioxyde de carbone (ou gaz carbonique). Bilan carbone de quelques objets électroménagers Emissions de CO2-équivalent par étape du cycle de vie d'une sélection d'objets ménagers. Ademe Source : Pour limiter ces émissions, l’Ademe appelle à « responsabiliser toute la chaîne de consommation » et à lutter à la fois contre l’obsolescence programmée des produits, notamment technologiques, et contre l’« obsolescence culturelle », qui pousse les gens à acquérir de nouveaux biens alors même que les anciens fonctionnent encore.
Dans une vidéo rendue publique jeudi, Alexeï Navalny, le principal opposant du Kremlin, met en avant les concessions obtenues par les « gilets jaunes ».
« Gilets jaunes » : Poutine n’aime pas le « désordre » en France, son opposant Navalny l’envie
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/poutine-n-aime-pas-le-desordre-en-france-son-opposant-navalny-l-envie_5397057_3210.html
13/12/2018
international
L’opposant russe Alexeï Navalny, à la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, le 15 novembre 2018. Jean-Francois Badias / AP Vladimir Poutine ne veut pas de désordre comme en France. Lors d’une réunion du Conseil russe des droits de l’homme rattaché à sa présidence, mardi 11 décembre, le chef du Kremlin avait été interrogé sur le sort de Lev Ponomarev, un défenseur des droits de l’homme de 77 ans, placé en détention seize jours après avoir reposté sur son compte Facebook un appel pour une manifestation non autorisée en faveur de prisonniers. « Nous ne voulons pas d’événements dans notre pays semblables à ceux de Paris où on arrache les pavés et où on brûle tout, et ensuite le pays plonge en état d’urgence », avait-il coupé court. La colère des « gilets jaunes » sème le trouble en Russie Abondamment relayée et amplifiée par les médias pro-Kremlin, la colère des « gilets jaunes » en France sème le trouble en Russie en produisant un curieux effet. Des partisans du pouvoir soutiennent le mouvement sur les réseaux sociaux, en le tenant pour preuve de la déroute morale et sociale de l’Europe. Tout au contraire, il est perçu avec envie du côté de l’opposition comme un témoignage supplémentaire de l’étouffement de la société russe, dans l’incapacité de manifester. « Oui, Vladimir Vladimirovitch, nous voulons la même chose qu’à Paris ! », s’exclame ainsi Alexeï Navalny. Dans une courte vidéo rendue publique jeudi 13 décembre, le principal opposant du Kremlin interpelle le président russe en diffusant ses paroles qu’il juxtapose avec un extrait d’un autre de ses discours, similaire, prononcé exactement un an plus tôt. « Vous voulez que ce soit comme en Ukraine ? Avec des dizaines de Po… excusez-moi… de Saakachvili qui courent dans les rues ? », s’agaçait alors M. Poutine pour qui le nom de l’ancien président de Géorgie, Mikheil Saakachvili est devenu le nom générique des animateurs des « révolutions de couleur ». Quatrième manifestation parisienne des « gilets jaunes », le 8 décembre 2018. Julien Muguet pour « Le Monde » « Vraiment, les Français aiment sortir dans la rue », poursuit Alexeï Navalny sur fond d’images de « gilets jaunes » face faisant face à des cordons de police expurgées des scènes de violence. Certes, l’opposant condamne les actes de vandalisme et de pillage, « il n’y a rien de bien dans cela », mais, ajoute-t-il, « soyons sincères, il ne s’est passé aucune catastrophe en France […] et votre porte-parole Dmitri Peskov ne se précipite pas pour vendre son appartement à Paris contre une maison dans la ville de Voronej très, très stable ».
Le conseil d’administration du constructeur automobile français a jugé ne pas avoir « d’informations » sur la défense de son PDG, mis en examen et incarcéré au Japon.
Malgré la pression de Nissan, Renault soutient toujours Carlos Ghosn
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/13/malgre-la-pression-de-nissan-renault-soutient-toujours-carlos-ghosn_5397042_3234.html
13/12/2018
economie
Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, le 25 avril 2016 à Pékin. Ng Han Guan / AP Surtout, on ne bouge pas et on soutient encore et toujours Carlos Ghosn. Jeudi 13 décembre, le conseil d’administration de Renault s’est réuni pour étudier la situation de 2018 et évaluer le budget 2019. Il devait également aborder une question bien plus épineuse : le sort de son PDG, aujourd’hui mis en examen au Japon et incarcéré pour une infraction à la loi boursière japonaise. Le conseil n’entend pas lâcher son PDG. En tout cas, pas tout de suite. Les administrateurs ont obtenu un premier compte rendu, par le biais des avocats de Renault, des faits reprochés à M. Ghosn par Nissan au Japon. « Le conseil d’administration a demandé aux avocats de Renault de poursuivre leur revue et analyse des informations fournies, en lien avec les avocats de Nissan et de leur faire rapidement un nouveau point sur la situation », indique Renault dans un communiqué. De même, les administrateurs ont indiqué « qu’à ce stade, ils ne disposent pas d’informations portant sur les éléments de défense de Carlos Ghosn ». La procédure judiciaire engagée au Japon, ainsi que l’enquête interne chez Nissan, n’a pas été réalisée, jusqu’à présent, de manière contradictoire. Enfin, le constructeur, qui en avait chargé Claude Baland, conseiller senior éthique et conformité de Renault, et Eric Le Grand, directeur éthique et conformité du groupe, a pris connaissance de « l’état d’avancement de la mission de vérification des éléments de rémunération du PDG de Renault pour la période 2015-2018 dont ils ont été saisis le 23 novembre 2018. Ils ont conclu, de manière préliminaire, à la conformité des éléments de rémunération du PDG de Renault et des conditions de leur approbation au regard des dispositions légales et des recommandations de l’AFEP-Medef ». Suspicion sur Nissan « Quand Nissan a pris six mois d’enquête pour identifier des irrégularités de M. Ghosn, les enquêtes chez Renault ne font que commencer », remarque-t-on au siège à Boulogne-Billancourt. Après ces premières informations, le conseil d’administration de la marque au losange a décidé de maintenir ses décisions prises le 20 novembre. Thierry Bolloré est maintenu directeur général délégué, tandis que Carlos Ghosn, actuellement empêché, est maintenu PDG du groupe. Cette décision n’est pas surprenante. En revanche, elle intervient alors qu’au Japon, les rumeurs enflent autour de Nissan. Selon Bloomberg, le groupe détenu à 43,4 % par Renault chercherait rapidement à rapatrier, de manière exceptionnelle, un milliard de dollars afin de renforcer sa trésorerie en cas d’éventuelle bataille boursière à venir. Le groupe japonais, qui détient 15 % de Renault, sans pour autant détenir de droits de vote, a démenti le caractère exceptionnel de ce rapatriement. La suspicion est actuellement très forte sur le fait que Nissan tente une manœuvre pour forcer Renault à négocier un rééquilibrage industriel et capitalistique de leur partenariat. Selon de nombreux experts japonais, le constructeur nippon vivrait très mal d’être considéré comme une filiale du groupe français, alors que son chiffre d’affaires et ses résultats commerciaux sont bien plus importants que Renault.
La crise des « gilets jaunes » est l’un des symptômes de l’effondrement de la confiance envers les pouvoirs et les experts, observe l’économiste Pierre Dockès dans une tribune au « Monde ».
« Les économistes doivent éclairer les décisions, et non décider des fins »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/les-economistes-doivent-eclairer-les-decisions-et-non-decider-des-fins_5397037_3232.html
13/12/2018
idees
Tribune. Dix ans après la grande récession de 2008, nous connaissons aujourd’hui une crise de confiance tous azimuts dans une société marquée par l’anomie, où s’observent la déconstruction des règles sociales et, pour la grande majorité, l’effondrement des « capabilités » individuelles et collectives, des moyens légaux de peser. La défiance s’exprime à l’égard des corps intermédiaires – églises, syndicats, partis, représentation politique –, de tous les détenteurs de pouvoir, particulièrement les médias. Après le sauvetage – nécessaire – des banques, en partie responsables de la crise, la défiance envers la finance est extrême. L’espérance d’un avenir meilleur pour soi et ses enfants s’est effondrée (sept Français sur dix croient qu’il sera pire). Les combats ne sont que défensifs, éviter que le monde se défasse davantage… La grande vague née avec les Lumières, celle de la croyance au progrès et aux vertus du progrès, pourrait bien s’être retournée. Et l’anticipation du déclin est autoréalisatrice. « Le démantèlement des contre-pouvoirs à la toute-puissance du marché a conduit, non à une soudaine passion pour le lucre, mais à un système de cupidité destructeur du lien social » Cette défiance n’est pas sans fondements. D’un côté, la productivité n’augmente plus. De l’autre, les inégalités de revenus et de fortune, les inégalités territoriales, les inégalités d’accès à l’éducation et à la santé continuent de croître, même en France, en dépit d’une importante redistribution ; la classe moyenne s’appauvrit. Et ces deux phénomènes se renforcent l’un l’autre. Les politiques de l’offre se sont avérées coûteuses, inégalitaires et peu efficaces ; elles ont négligé les effets négatifs d’une faiblesse de la demande sur l’investissement matériel et humain ; elles ont renforcé les fractures sociales. Le démantèlement des contre-pouvoirs à la toute-puissance du marché a conduit, non à une soudaine passion pour le lucre, mais à un système de cupidité destructeur du lien social. La théorie du ruissellement, cette thèse d’Ancien Régime, en est l’expression. La méfiance à l’égard des économistes n’émane pas seulement de la reine d’Angleterre ! Sans doute est-elle en partie irrationnelle et n’est-elle qu’un aspect d’une défiance générale envers les experts, mais les économistes portent leur part de responsabilité. Le carriérisme, l’inutile sophistication des modèles, qui s’apparente souvent à de l’art pour l’art, la segmentation des savoirs, le biais libéral du mainstream, l’impérialisme de la discipline et l’oubli des autres sciences sociales continuent d’avoir des conséquences négatives. Les économistes sont souvent tentés d’outrepasser leur rôle, qui est d’éclairer les décisions et non de décider des fins. Le poids du milieu et des revues scientifiques, le jeu des intérêts, leur font négliger le nécessaire pluralisme, d’où l’importance de lieux de débats comme le Cercle des économistes.
S’ils veulent contribuer efficacement aux débats publics, les économistes doivent être capables de bâtir des solutions alternatives, mais aussi d’en fixer les règles de mise en œuvre, affirment, dans une tribune au « Monde », deux d’entre eux, André Cartapanis et Jean-Hervé Lorenzi.
« Les défis actuels doivent redonner à l’économie son ambition et sa légitimité »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/les-defis-actuels-doivent-redonner-a-l-economie-son-ambition-et-sa-legitimite_5397036_3232.html
13/12/2018
idees
Tribune. Tous les ans, le Cercle des économistes et Le Monde distinguent parmi les nombreux jeunes économistes français celle ou celui qui semble avoir le mieux fait progresser les concepts, les idées et les propositions en matière de politique économique, ou de prise de décision au sein des entreprises. Mais ce prix n’a jamais été la reconnaissance d’une carrière purement académique. Son originalité est de mettre en valeur la capacité des lauréats d’être à l’écoute de la réalité économique d’aujourd’hui et à la recherche permanente des solutions à apporter aux problèmes les plus urgents. Or les économistes n’échappent pas à la défiance dont sont l’objet les experts, en France comme à l’échelle de la planète (vision réductrice de la société, fondamentalisme de marché, modèles purement virtuels…). Ces critiques témoignent d’une méconnaissance des exigences méthodologiques de tout travail de recherche et d’une ignorance des renouvellements apportés par les économistes à leur pratique scientifique, surtout depuis la crise. Mais cela ne signifie pas que les économistes répondent au mieux aux défis que rencontrent aujourd’hui les entreprises ou les Etats. On assiste d’abord à une fuite en avant, celle d’une discipline qui se rêve en science dure quelque peu désincarnée. Non pas qu’il faille oublier tout ce que nous avons appris grâce à la modélisation et aux capacités d’analyse de problèmes particulièrement complexes qu’offre la puissance de l’économétrie. Mais il faut user de ces outils pour relever les défis actuels et comprendre les blocages qui inhibent la sortie de crise et l’émergence d’un nouveau régime de croissance, les causes et les effets des stratégies non-coopératives des gouvernements populistes. Il nous faut attaquer de front ce qui fait le monde de ce début du XXIe siècle : les inégalités excessives de revenus et de patrimoines, l’impact décevant de la révolution numérique, l’émergence d’une économie de services où les gains de productivité s’effondrent, la remise en cause du multilatéralisme, la financiarisation explosive, les effets de long terme du réchauffement climatique, l’impact du vieillissement des populations sur les dépenses publiques et la capacité d’innovation. Voilà un agenda qui doit redonner à notre discipline tout à la fois son ambition et sa légitimité. Une science… et un art Mais nous sommes également responsables de la rigueur des débats sur les réformes à opérer, en France comme sur le plan international. Ce mot de réforme est tellement galvaudé, tellement stigmatisé, tellement associé au recul, qu’on finit par craindre de l’utiliser. Il n’empêche, nous ne pouvons pas laisser prospérer la déferlante de solutions simplistes, de propositions non élaborées, de critiques non étayées. L’économie n’est pas seulement une science de nature à isoler des relations, à comprendre les interdépendances entre les marchés, à simuler les effets d’un choc. C’est aussi un art, qui recouvre des compétences dans l’action, une façon de conduire le changement, de contextualiser les stratégies ou les politiques de réforme, de transposer des principes en mesures d’application, de prendre en compte ex ante les résistances prévisibles
Ces dernières décennies, le monolithisme de la discipline a cédé la place à l’élargissement des préoccupations et au croisement des méthodes et des disciplines, estime la professeure d’université Françoise Benhamou dans une tribune au « Monde ».
« La science économique s’est ouverte »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/la-science-economique-s-est-ouverte_5397035_3232.html
13/12/2018
idees
Tribune. Certains économistes parmi les plus célèbres ont su s’évader des territoires auxquels ils étaient, semble-t-il, assignés. Adam Smith rédigea un essai sur l’imitation dans les arts. Keynes n’hésita pas à s’insurger contre l’importance des réparations réclamées à l’Allemagne, mettant en garde contre le danger d’une nouvelle guerre mondiale. Becker ouvrit la question de la famille à la science économique. Et c’est une politologue américaine, Elinor Ostrom, qui reçut avec Oliver Williamson le prix Nobel d’économie en 2009 « pour son analyse de la gouvernance économique et, en particulier, des biens communs ». Mise en cause pour sa faible capacité de prédiction et pour le caractère monolithique de certaines de ses hypothèses, l’économie s’est ouverte à la faveur d’un quadruple mouvement : élargissement du champ, enrichissement des données, évolution des méthodes, construction d’un dialogue interdisciplinaire de plus en plus divers. Premièrement, le champ de l’analyse économique s’est considérablement élargi et renouvelé, bien au-delà du cœur de la discipline (micro et macroéconomie), vers de nombreuses thématiques sectorielles (économie de la santé, de l’éducation, de la culture) et de nouveaux modèles (économie des secteurs non marchands, économie des biens communs, etc.). Deuxièmement, le big data et l’ouverture des données publiques autorisent des recherches d’ampleur ; on pense ici aux travaux sur les inégalités, la fiscalité, les épidémies… Cela implique de nouvelles compétences, notamment en informatique pour l’extraction et le tri des données. Economie expérimentale Troisièmement, la méthodologie évolue à grands pas. Les recherches témoignent du souci d’intégrer finement la prise en compte de l’ensemble des déterminants des comportements. Dès la fin des années 1940, Herbert Simon introduisait le concept de rationalité limitée, reconnaissant la pauvreté de l’hypothèse, qui prévalait jusqu’alors dans une large partie des travaux économiques, d’un individu informé et doté de capacités cognitives lui permettant d’optimiser ses choix. Une autre voie qui s’est avérée parmi les plus prometteuses est celle de l’économie expérimentale, dans la lignée des travaux de Daniel Kahneman et de Vernon Smith (tous deux prix Nobel en 2002). A la manière d’un physicien, l’économiste teste la validité des résultats des théories économiques par le biais d’expériences de laboratoire, au cours desquelles il lui est possible d’observer et de comprendre les facteurs qui affectent les comportements et la prise de décision.
L’entraîneur français, passé par le Gabon, le Mali et le Sénégal, remplace Faouzi Benzarti, limogé après seulement trois mois.
Football : Alain Giresse nommé sélectionneur de l’équipe de Tunisie
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/13/football-alain-giresse-nomme-selectionneur-de-l-equipe-de-tunisie_5397027_3212.html
13/12/2018
afrique
L’ancien footballeur français Alain Giresse, à Paris, le 3 décembre 2018. FRANCK FIFE / AFP L’entraîneur français Alain Giresse, ancien joueur star des années 1970 et 1980, a été nommé sélectionneur de l’équipe de Tunisie, jeudi 13 décembre, a annoncé la Fédération tunisienne de football. Dans un communiqué publié sur son site officiel, la fédération a précisé que le nouvel entraîneur avait signé un contrat de dix-huit mois renouvelable. L’ancien international français remplace le Tunisien Faouzi Benzarti, limogé fin octobre après seulement trois mois sur le banc. Ses deux assistants, Maher Kanzari et Mourad Okbi, avaient assuré l’intérim. Lire aussi Football : le printemps des sélectionneurs africains Alain Giresse, 66 ans, a longtemps été un pilier des Girondins de Bordeaux et de l’équipe de France (47 sélections). Comme entraîneur, il a successivement dirigé le Gabon (2006-2010), le Mali (2010-2012) et le Sénégal (2013-2015), avant de retourner au Mali entre 2015 et 2017. Il a démissionné en septembre 2017 à la suite des mauvais résultats de la sélection lors des qualifications pour le Mondial 2018 en Russie, auquel elle n’a pas participé. Lire aussi CAN 2019 : le pays hôte sera connu le 9 janvier Les Aigles de Carthage se sont qualifiés pour la Coupe d’Afrique des Nations cet été, dont l’organisateur n’est pas arrêté après le retrait de l’organisation de la compétition au Cameroun. Leur participation à la Coupe du monde en Russie a été jugée décevante par le public tunisien, surtout après une lourde défaite face à la Belgique. L’équipe de Tunisie avait été éliminée au bout de deux matchs, comme le Maroc et l’Egypte.
Les forces politiques calédoniennes sont invitées à Matignon, vendredi, pour tirer le bilan de la consultation qui a donné la majorité aux partisans du maintien dans la France.
Après le référendum, la bataille politique reprend en Nouvelle-Calédonie
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/13/apres-le-referendum-la-bataille-politique-reprend-en-nouvelle-caledonie_5397024_823448.html
13/12/2018
politique
Six semaines après le référendum du 4 novembre sur l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie, qui a donné une large majorité (56,7 %) aux partisans du maintien dans la France, l’ensemble des forces politiques calédoniennes se retrouve à Paris, vendredi 14 décembre, à l’invitation du premier ministre, pour tirer le bilan de cette consultation. Et pour envisager les suites, ce qui ne va pas être simple tant ce scrutin aura été le révélateur des fractures au sein de la société calédonienne. Le paradoxe, à l’issue de cette consultation, est que les vainqueurs sont aux abois et les perdants à l’offensive. Lors du congrès de l’Union calédonienne (UC), composante du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), qui s’est tenu le 1er décembre à Canala, son président, Daniel Goa, a salué « une grande et incontestable victoire ». Certes, le non à l’indépendance l’a nettement emporté, mais bien loin du score annoncé par les sondages et, surtout, de celui dont s’étaient convaincues les formations loyalistes, qui espéraient rassembler plus de 70 % des suffrages. Philippe Gomès, le dirigeant de Calédonie ensemble, la principale formation (droite modérée) du territoire, était persuadé que le référendum du 4 novembre permettrait l’« abandon du grand rêve d’un pays pleinement souverain ». Le résultat l’a au contraire réactivé. « Depuis le 4 novembre, nous sommes partis à la conquête de notre souveraineté et de notre future nationalité », assure Daniel Goa, exhortant le « peuple calédonien » à s’engager dans la « construction du pays ». « Première mi-temps » Pour les indépendantistes, il est hors de question de remettre en question les deuxième et éventuel troisième référendums prévus par l’accord de Nouméa, à la condition qu’un tiers des membres du Congrès en fasse la demande, qui devraient se tenir en 2020 et 2022. « Nous venons de terminer la première mi-temps. Ce n’est pas parce que quelqu’un en est sorti vainqueur qu’il faut arrêter le match », prévient le porte-parole du FLNKS. Les non-indépendantistes, à l’inverse, espèrent infléchir le processus et c’est dans cette optique qu’ils se rendent à Matignon vendredi. Le résultat « décevant », selon leurs propres termes, de la consultation a poussé une partie de la droite loyaliste à resserrer les rangs et à tenter de mettre de côté, au moins provisoirement, la guerre des ego dont elle est si friande. La mise en examen pour « détournement de bien public et favoritisme », révélée fin novembre, du sénateur Pierre Frogier, qui présidait le Rassemblement-Les Républicains depuis 2005, a accéléré les choses. Lors du conseil politique de son parti qui s’est tenu début décembre, il a passé la main à son dauphin, Thierry Santa, qui a pris la présidence par intérim.
Michael Cohen a été condamné à trois ans de prison pour fraude fiscale, infraction aux règles de financement des campagnes électorales et pour avoir menti au Congrès.
Après la condamnation de Michael Cohen, Donald Trump cherche à se dédouaner
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/apres-la-condamnation-de-michael-cohen-donald-trump-cherche-a-se-dedouaner_5397010_3210.html
13/12/2018
international
Michael Cohen à la sortie du tribunal fédéral de Manhattan, le 12 décembre 2018. Craig Ruttle / AP Michael Cohen, l’ancien avocat de Donald Trump, a été condamné mercredi 12 décembre à trois années de prison ferme par un tribunal de Manhattan, à New York, pour une série de délits commis lors de la campagne présidentielle américaine de 2016. Michael Cohen a commis de son propre chef les délits au titre desquels il a déclaré coupable, a déclaré, jeudi, son ancien client, Donald Trump, qui s’est dit étranger à l’ensemble des faits qui ont mené à cette condamnation. « Je n’ai jamais demandé à Michael Cohen de violer la loi. C’était un avocat et il est censé connaître la loi. (…) Un avocat a de grandes responsabilités quand une erreur est commise. C’est pour cela qu’on les paie », a écrit le président américain sur Twitter. « Cohen a été reconnu coupable de beaucoup de faits qui ne m’étaient pas liés », a-t-il ajouté. Les procureurs de New York estiment que Michael Cohen, qui fut pendant dix ans l’homme de confiance du magnat de l’immobilier avant de se retourner contre lui, a violé la loi sur le financement des campagnes électorales et qu’il a agi « sous la direction » de Donald Trump. « Je pensais que c’était mon devoir de couvrir ses sales coups », a expliqué M. Cohen devant la justice mercredi. « Il a plaidé coupable à deux chefs d’accusation de la campagne qui ne relevaient pas du pénal, et dont il n’était probablement pas coupable au civil. Il a accepté ces chefs d’accusation pour mettre le président dans l’embarras et avoir une peine de prison plus légère », a poursuivi M. Trump sur Twitter.
Des centaines de femmes accusent d’agression sexuelle Joao Teixeira de Faria, 76 ans, plus connu sous le pseudonyme Jean de Dieu. Ce « guérisseur spirituel » clame son innocence.
Brésil : Joao de Deus, le médium prédateur sexuel
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/bresil-joao-de-deus-le-medium-predateur-sexuel_5397004_3210.html
13/12/2018
international
Joao de Deus, arrivant à la casa Dom Inacio, l’endroit où il officiait, à Abadiania, au Brésil, le 12 décembre. MARCELO CAMARGO / AP Il est arrivé encerclé de ses fidèles, conspuant ses accusatrices et clamant son innocence. Puis il s’est trouvé mal, incapable de mener, comme à l’accoutumée, ses bénédictions et ses étranges « chirurgies spirituelles » à mains nues, souvent sous l’œil des caméras. Ce mercredi 12 décembre, dans son fief d’Abadiânia, à une centaine de kilomètres de Brasilia, au Brésil, Joao Teixeira de Faria, 76 ans, plus connu sous le nom de Joao de Deus (« Joao de Dieu ») n’est déjà plus cette star internationale, ce médium aux dons célestes recherché par le gratin brésilien et américain depuis 1976, et auquel Oprah Winfrey avait consacré un reportage en 2012. C’en est fini du magicien « soignant » gratuitement cancer, sida, dépression ou paralysie, qui avait reçu dans son « institut », la « casa de Dom Inacio de Loyola », des célébrités telles que l’ancien chef d’Etat Luiz Inacio Lula da Silva ou le mannequin Naomi Campbell. Le septuagénaire apparaît désormais comme un prédateur sexuel profitant de la fragilité de ses proies. Le médium Joao de Deus recevant une patiente à la casa de Dom Inacio de Loyola, dans la ville d’Abadiania, dans l’Etat de Goias, le 4 avril 2012. PEDRO LADEIRA / AFP Le ministère public de l’Etat de Goias, où réside le médium, avait reçu, jeudi soir, plus de 300 témoignages, suscitant l’effroi et la sidération jusqu’aux Etats-Unis : Oprah Winfrey a supprimé de son site Internet l’entretien consacré au gourou, espérant « que justice soit faite ». Attouchements, fellations, pénétrations Le scandale, larvé depuis plusieurs années, a éclaté vendredi 7 décembre. Faisant fi des intimidations et des menaces d’envoûtement, les victimes ont pris la parole, se sentant affranchies après la diffusion de l’émission de la chaîne TV Globo « Conversa com Bial ». Le programme a recueilli les témoignages d’une dizaine de femmes parlant, pour la plupart sous couvert d’anonymat, de leur « cure » à Abadiânia : attouchements, fellations, pénétrations… « Si tu ne collabores pas, ton cancer reviendra », aurait lancé Joao de Deus à l’une de ses « patientes ». L’une des collaboratrices expliquera avoir dû laver la bouche d’une enfant. Le sperme du médium lui avait été présenté comme un « ectoplasme ». Le médium, toujours vêtu de blanc, choisissait ses victimes. Les « élues » n’étaient pas comme ses autres clients soignés en quelques secondes après avoir fait la queue devant son trône. Elles bénéficiaient d’une consultation individuelle dans une salle isolée. C’est dans cette enclave que tout arrivait. Amy Biank, coach spirituelle américaine, chargée de mener des touristes auprès du gourou, le découvrit il y a quelques années.
#UrgenceClimat. « Le Monde » s’interroge toute la semaine sur les manières de lutter contre le dérèglement climatique. Retrouvez les portraits de cinq citoyens qui se mobilisent à travers le monde.
Au Burkina Faso, Yacouba Sawadogo, le cultivateur qui a « repoussé le désert »
https://www.lemonde.fr/climat/visuel/2018/12/13/au-burkina-faso-yacouba-sawadogo-le-cultivateur-qui-a-repousse-le-desert_5396993_1652612.html
13/12/2018
climat
En usant de techniques ancestrales, le lauréat 2018 du « Right Livelihood Award » a rendu fertile une terre réputée incultivable. Il y a quarante-cinq ans, on prenait Yacouba Sawadogo pour un fou. Peut-être fallait-il un certain brin de folie pour croire en l’impossible ? Son rêve ? Faire pousser une forêt verdoyante en plein désert, dans la province du Yatenga, dans le nord du Burkina Faso. A plus de 70 ans, ce cultivateur burkinabé a réussi une prouesse : il a fait pousser près de 90 espèces d’arbres et d’arbustes sur des terres arides, des sols dégradés et stériles réputés incultivables appelés « zipellés ». Un long combat contre la désertification que Yacouba Sawadogo a mené à la force de ses bras, le dos courbé, avec sa petite pioche pour seul outil. Ce qui lui a valu de remporter, en septembre à Stockholm, le Right Livelihood Award, un prix Nobel « alternatif » récompensant ceux qui œuvrent à la mise en place de solutions pratiques pour faire face aux grands défis qui menacent la planète. Yacouba Sawadogo croit aux prophéties. Quand son maître d’une école coranique malienne, où il a étudié jusqu’à ses 16 ans, lui a dit « un jour, tu feras quelque chose de grand », le petit Yacouba, le « cancre » de la classe, l’a pris au mot. « Dieu m’a donné la connaissance de la terre. Pour moi, c’était une évidence, il fallait utiliser les techniques traditionnelles pour rendre au sol sa fertilité et éliminer la famine », explique-t-il en langue moré, dans son long boubou marron.
Si des archéologues venaient à fouiller les vestiges de notre civilisation, ils trouveraient du plastique, du béton, mais aussi des quantités massives d’os de poulets.
Bienvenue dans l’ère géologique du poulet en batterie
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2018/12/13/bienvenue-dans-l-ere-geologique-du-poulet-en-batterie_5396973_4832693.html
13/12/2018
big-browser
Des poulets en batterie dans une ferme des Pays-Bas. VINCENT JANNINK / AFP A chaque seconde, on en fait naître et mourir dans le seul but d’alimenter les ventres carnivores de l’humanité ; mais à tout instant, des prés français de la Bresse jusqu’aux titanesques élevages industriels de Chine orientale ou d’Afrique du Sud, il existe sur la surface de la Terre 23 milliards de poulets. La masse de chair, de pattes, de becs et de plumes que représentent ces volatiles est supérieure à la masse combinée de tous les autres oiseaux de la planète, qu’ils soient sauvages ou domestiqués. Le poulet de chair contemporain, omniprésent, est un des marqueurs de l’anthropocène, un terme, popularisé en 1995, désignant la période qui a débuté lorsque les activités anthropiques ont laissé leur empreinte sur l’ensemble de la planète. C’est la thèse que défend notamment un article publié mercredi 12 décembre par la Royal Society Open Science, une revue de l’Académie britannique des sciences, la Société royale de Londres pour l’amélioration des connaissances naturelles. Témoignage technobiologique sur notre époque Si, dans un avenir lointain, des archéologues venaient à fouiller les vestiges de notre civilisation, ils trouveraient du plastique, du béton, ces restes que l’on nomme « technofossiles ». Mais, s’il faut en croire les conclusions de cette étude, ils tomberont aussi, en grattant les sites de nos décharges actuelles, sur des quantités massives d’os de poulets. Au rythme de 65 milliards de poulets consommés chaque année, les os s’accumulent et forment progressivement le principal témoignage technobiologique sur notre époque que nous laissons aux générations futures. Car les os de poulets contemporains portent, jusque dans leur composition chimique, la marque des processus industriels par lesquels ces animaux – voués à une mort en masse – passent l’intégralité de leur courte vie. L’alimentation standardisée donnée aux poulets en batterie a en effet métamorphosé la nature du squelette des volatiles et les besoins de viande ont transformé leur morphologie. A partir des années 1950, la structure de leur squelette a brusquement changé avec l’augmentation de la production de volaille qui s’est traduite par l’accroissement rapide de la masse et de la taille de ces gallinacés. Aussi, les poulets du XXIe siècle n’ont plus grand-chose à voir avec leurs ancêtres du début du XXe siècle. Leur nombre, beaucoup plus élevé, leur dépendance totale à des chaînes industrielles intégrées en font l’espèce animale qui symbolise le mieux la manière dont les besoins humains déterminent l’évolution de la biosphère planétaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quel régime alimentaire devons-nous adopter pour sauver le climat ?
Acteur, metteur en scène et pé­dagogue noir, Assane Timbo est actuellement Chrysalde dans « L’Ecole des femmes », mise en scène par Stéphane Braunschweig à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, à Paris.
Assane Timbo : « Le corps noir charrie tout un tas de clichés et présupposés »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/assane-timbo-le-corps-noir-charrie-tout-un-tas-de-cliches-et-presupposes_5396947_3232.html
13/12/2018
idees
Assane Timbo joue Chrysalde dans « L’Ecole des femmes », de Molière, mise en scène par Stéphane Braunschweig, à l’Odéon-Théâtrede l’Europe, jusqu’au 29 décembre. Agathe Poupeney / Divergence Acteur, metteur en scène et pé­dagogue noir, Assane Timbo est actuellement Chrysalde dans L’Ecole des femmes mise en scène par Stéphane Braunschweig à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, à Paris, puis en tournée en France jusqu’en juin. Il joue ainsi l’oncle de ­Suzanne Aubert, qui interprète Agnès, sans que l’on se pose à aucun moment la question de la vraisemblance. Auparavant, il a joué aussi bien Corneille, Shakespeare ou Tchekhov que des auteurs contemporains. Non sans obstacles. Vous aviez envie d’être acteur dès le début, mais vous ne vous êtes pas dirigé directement vers le théâtre parce que vous pensiez que ce n’était pas pour vous. Pourquoi ? Au début des années 1990, quand j’ai eu mon bac, il n’y avait aucun acteur noir qui me permette de me projeter dans une carrière possible. Dans le paysage culturel français, il y avait juste Michel Leeb qui faisait le nègre à grosses narines. J’ai intériorisé que là n’était pas ma place, et je me suis résolu à étudier autre chose en attendant d’avoir le courage de mon rêve. Vous dites qu’au début la question de la couleur de votre peau ne se posait pas, que vous avez refusé cette question-là, et qu’au fil du temps elle est devenue inévitable. Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsque j’étais enfant, j’étais protégé par mon milieu et la réussite de mes parents. C’est au moment de la puberté, devenant un homme noir, que j’ai compris que j’étais l’Autre. Ou du moins qu’aux yeux de la société blanche dans laquelle je suis né, je n’étais pas un Français comme un autre. La vie a suivi son cours et je suis allé à l’école de théâtre : là-bas, je n’ai jamais été fils, frère, père ou époux, mais valet, Arlequin, figure de tragédie, concept de mise en scène. Jamais un homme, tous les hommes. J’ai découvert qu’au-delà de moi-même, de mon travail, de mon envie, ma peau masquait toute possibilité d’être quelqu’un. Cela m’a aussi permis de comprendre, par le regard innocent et souvent bienveillant de mes professeurs et collègues, que le corps noir charrie tout un tas de clichés et présupposés. J’ai compris que ces représentations sont partagées. Nous les portons tous. Avez-vous eu d’emblée envie de jouer des rôles du répertoire ? Oui. Ma peau ne dit pas qui je suis : je suis français, j’appartiens à la culture occidentale, je n’ai pas été élevé dans la culture africaine. Et j’avais tout autant qu’un autre envie de porter notre répertoire commun, la langue des grands auteurs. Pourquoi n’aurais-je le droit de jouer que des types torse nu, enragés, des délinquants de banlieue et des rappeurs ?
Le secrétaire d’Etat américain plaide pour des mesures punitives et veut monter une coalition de pays pour mettre un coup d’arrêt au programme balistique iranien.
ONU : Mike Pompeo attaque l’Iran sur son programme balistique
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/onu-mike-pompeo-attaque-l-iran-sur-son-programme-balistique_5396944_3210.html
13/12/2018
international
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, lors de la conférence de presse, au siège des Nations unies, à New York, le 12 décembre. Mary Altaffer / AP Deux semaines après un tir de missile de moyenne portée par Téhéran, capable, selon Washington, « de transporter plusieurs ogives » et de « frapper l’Europe et tout le Moyen-Orient », les Etats-Unis sont passés à l’offensive diplomatique contre le programme balistique iranien, faute d’avoir réussi à « déchirer » l’accord sur le nucléaire dont ils se sont retirés unilatéralement en mai dernier. Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a fait le déplacement à New York, mercredi 12 décembre, pour réitérer l’inquiétude de Washington face « à la cadence du régime iranien (…) dans le domaine des missiles balistiques, qui va crescendo », selon lui, depuis la signature de l’accord sur le nucléaire, en 2015. La question des tirs de missiles n’est cependant pas incluse dans l’accord dit « de Vienne », et les Iraniens les ont toujours défendus comme faisant partie de leur « programme défensif ». Prendre la température M. Pompeo a semblé vouloir prendre la température auprès de ses alliés, alors que Londres, Berlin et Paris ont vivement condamné le tir de missile du 1er décembre. Il a ainsi répété à plusieurs reprises la volonté de Washington de « mettre en place une coalition de pays inquiets du programme balistique iranien », sans donner plus de détails sur cette initiative que les Américains entendent diriger. Il a aussi demandé de ne pas lever l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran ayant cours jusqu’en 2020 dans le cadre de l’accord et que le Conseil de sécurité de l’ONU impose des « mesures d’inspection et d’interdiction, dans les ports et en haute mer, afin de dissuader l’Iran de poursuivre ses efforts visant à contourner les restrictions ». Des mesures qui ont peu de chances d’aboutir étant donné l’opposition de la Russie. Lire aussi Iran : le pari hasardeux de Donald Trump A l’approche du troisième anniversaire du Joint Comprehensive Plan of Action, ou plan global d’action conjoint (JCPOA) – entré en vigueur en janvier 2016 et censé garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions internationales – , ces alliés sont apparus extrêmement prudents à la suite des tentatives répétées de Washington de torpiller l’accord. Prenant la parole à quelques minutes du début de la réunion, huit pays européens (Allemagne, France, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Pologne, Suède, Italie) ont rappelé leur « plein engagement » à soutenir le JCPOA, que l’Iran « respecte » totalement. Mais ils se sont aussi dits « très préoccupés » par les activités balistiques de Téhéran.
Le parquet autrichien a ouvert une enquête sur des soupçons de « fraude grave liée au dopage » et d’« usage de substances et méthodes interdites liées au dopage » lors des Mondiaux de février 2017 à Hochfilzen.
Biathlon : l’équipe russe entendue par la justice autrichienne pour des soupçons de dopage
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/12/13/biathlon-l-equipe-russe-entendue-par-la-justice-autrichienne-pour-des-soupcons-de-dopage_5396934_3242.html
13/12/2018
sport
Le biathlon russe n’en a pas fini avec les soupçons de dopage. Ses résultats lors des Mondiaux de février 2017 à Hochfilzen (Tyrol) font l’objet d’une enquête judiciaire en Autriche et l’équipe russe, qui est actuellement présente à Hochfilzen pour une manche de la Coupe du monde, a reçu, mercredi 12 décembre, la visite d’enquêteurs autrichiens. Dix membres de cette équipe, cinq athlètes et cinq personnes de l’encadrement, sont visés par cette enquête ouverte sur des soupçons de « fraude grave liée au dopage » et d’« usage de substances et méthodes interdites liées au dopage », selon un communiqué publié, jeudi, par le parquet anticorruption autrichien. Aucune perquisition n’a été menée, a précisé ce dernier. L’équipe russe de biathlon participera comme prévu aux épreuves de Hochfilzen qui se déroulent jusqu’à dimanche, a déclaré la fédération russe dont le président, Vladimir Dratchev, se rendra sur place. Parmi les dix personnes interrogées, figure notamment Anton Shipulin, 31 ans, le meilleur biathlète russe de ces dernières années (2e et 3e de la Coupe du monde en 2017 et en 2018, une médaille d’or et une médaille de bronze aux championnats du monde 2017 à Hochfilzen). « Je suis extrêmement fâché que la chasse aux sorcières se poursuive. Je n’ai jamais eu recours au dopage de ma vie. Je n’ai jamais violé les règles antidopage. J’ai toujours passé tous les tests de dopage de bonne foi », a réagi ce dernier, cité par le site sports.ru. Des traces de manipulation de ses échantillons aux Jeux olympiques de Sotchi, en 2014, ont pourtant été décelées et ont provoqué sa suspension des JO de Pyeongchang, en février. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a pour sa part dénoncé « des évènements absurdes », assurant que l’intervention de la police à la veille de la compétition créait « une atmosphère étrange, déstabilisatrice et oppressante pour les athlètes ». Premières sanctions A la fin de novembre, juste avant l’ouverture de la saison, l’IBU, la Fédération internationale de biathlon, avait annoncé la suspension pour dopage de quatre biathlètes russes, à la suite d’une enquête menée conjointement avec l’Agence mondiale antidopage (AMA). Il s’agissait des premières suites disciplinaires après l’implosion de l’IBU il y a un peu plus de sept mois. Le 12 avril, des perquisitions menées par les polices autrichienne, allemande et norvégienne avaient visé la fédération (dont le siège est à Salzbourg) et ses deux principaux dirigeants, le Norvégien Anders Besseberg et l’Allemande Nicole Resch. Le Monde avait révélé l’existence d’une enquête de l’AMA sur la corruption présumée de l’IBU par la Russie, qui avait, entre autres, permis de ralentir les poursuites pour dopage contre des biathlètes russes. L’enquête est entre les mains de la police autrichienne. Un nouveau président, le Suédois Olle Dahlin, a été élu à la tête de l’IBU.
Les allocataires des minima sociaux, soit 2,3 millions de personnes, recevront automatiquement une prime versée dans la semaine précédant les fêtes.
Calculette : allez-vous bénéficier de la prime de Noël pour 2018 ?
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/13/calculette-allez-vous-beneficier-de-la-prime-de-noel-pour-2018_5396932_4355770.html
13/12/2018
les-decodeurs
Décoration de Noël dans les rues de Riquewihr, en Alsace. Christophe Dumoulin / Photononstop / Christophe Dumoulin / Photononstop Agnès Buzyn, ministre de la santé et des solidarités, a annoncé lundi 11 décembre la reconduction de la prime de Noël pour les allocataires des minima sociaux. Elle devrait être versée « la semaine précédant Noël ». D’où vient cette prime de Noël ? Après des manifestations de chômeurs, le gouvernement de Lionel Jospin a instauré, en 1998, une prime de Noël de 1 000 francs (150 euros environ), destinée aux allocataires des minima sociaux. Cette prime « exceptionnelle de fin d’année » n’a depuis jamais été remise en cause par aucun gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche. Qui en bénéficie ? La prime est versée aux personnes qui ont touché le revenu de solidarité active socle (RSA) au mois de novembre ou de décembre, mais aussi aux bénéficiaires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ou de l’allocation équivalent retraite (AER). Selon le ministère des solidarités, « plus de 2,3 millions de personnes » sont concernées en 2018. En revanche, ce dispositif ne concerne pas les bénéficiaires de l’allocation chômage classique (aide au retour à l’emploi, ARE), de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ou de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA, ex-minimum vieillesse). Comment est-elle versée ? Il n’y a pas de démarche à effectuer pour recevoir cette prime, qui doit être automatiquement envoyée par la Caisse d’allocations familiales, le Pôle emploi ou la Mutualité sociale agricole à partir du 14 décembre. Attention, les personnes qui ont commencé à percevoir le RSA en décembre ne percevront la prime de Noël qu’au début de janvier. Quel est son montant ? Le montant de 1 000 francs (152,45 euros) décidé en 1998 n’a jamais été revalorisé en vingt ans, excepté en 2008, avec une prime exceptionnelle la portant à 220 euros. Toutefois, le montant s’adapte désormais à la situation familiale des bénéficiaires. Un couple reçoit davantage qu’une personne seule et la somme s’élève en fonction du nombre d’enfants à charge (par exemple, 320,14 euros pour une famille de deux enfants, et jusqu’à 457,35 euros pour une personne seule avec cinq enfants à charge). Notre calculette ci-dessous vous permet de vérifier en trois clics si vous pouvez prétendre à la prime de Noël et, si oui, pour quel montant. En novembre ou décembre 2018, avez-vous perçu le revenu de solidarité active (RSA) ? OUI NON En novembre ou décembre 2018, avez-vous perçu l'allocation de solidarité spécifique (ASS) ou l'allocation équivalent retraite (AER) ? OUI NON Vivez-vous en couple ? OUI NON Combien d’enfants avez-vous dans votre foyer ? 0 1 2 3 4 5 OU + Combien d’enfants avez-vous dans votre foyer ? 0 1 2 3 4 5 OU + Recommencer
Le ministre des affaires étrangères hongrois, Péter Szijjarto, réfute les accusations d’atteintes à l’Etat de droit émises par le Parlement européen.
Péter Szijjarto : « La procédure de sanction européenne est une revanche contre la Hongrie »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/peter-szijjarto-la-procedure-de-sanction-europeenne-est-une-revanche-contre-la-hongrie_5396916_3210.html
13/12/2018
international
Le ministre hongrois des affaires étrangères, Péter Szijjarto, à Genève, le 28 novembre 2018. Salvatore Di Nolfi / AP Entretien. Ministre des affaires étrangères hongrois, Péter Szijjártó est un proche de Viktor Orban. Il défend la politique du premier ministre ultraconservateur, menacé d’une procédure de sanction européenne pour ses atteintes à l’Etat de droit. Ces derniers mois, Viktor Orban et Emmanuel Macron se sont lancés dans un combat politique sur l’avenir de l’Europe. Considérez-vous que le président français est affaibli maintenant qu’il est largement contesté dans la rue ? J’évite toujours de commenter la situation interne des autres pays, et c’est pour ça qu’on attend des autres qu’ils se comportent de la même façon. Nous avons, certes, des opinions différentes sur plusieurs sujets, mais vous seriez surpris du nombre de sujets européens sur lesquels nous avons une approche similaire, notamment sur la PAC, l’énergie nucléaire, l’innovation et la coopération économique. Allez-vous faire campagne avec le soutien de Steve Bannon [ex-conseiller du président Trump] pour les élections européennes ? Quel sera votre programme ? Bannon est une personne importante dans la politique américaine, cela peut être intéressant de parler avec lui, mais nous sommes membres du PPE [Parti populaire européen, qui regroupe les conservateurs]. Nous en sommes même le membre le plus populaire actuellement. La prochaine Commission européenne devra revenir à son statut originel de gardienne des traités et non d’organe politique. Elle devra aussi rétablir la sécurité en Europe et préserver son héritage chrétien fort. Retirer les symboles chrétiens dans l’espace public est inacceptable. Le Parlement européen a voté pour ouvrir une procédure de sanction contre la Hongrie pour vos atteintes répétées à l’Etat de droit. Craignez-vous d’être sanctionné ? Cette procédure est une revanche contre la Hongrie pour ne pas avoir obéi au point de vue dominant sur l’immigration, venu de Bruxelles, qui consiste à dire que l’immigration est bénéfique et inévitable. Par ailleurs, elle est fondée sur des préjugés et non des faits. Nous sommes très ouverts à parler des faits. Le rapport du Parlement européen est très détaillé et contient de nombreux faits… Il contient 69 accusations, dont 13 ont déjà fait l’objet d’un accord entre la Commission et le gouvernement hongrois en 2010 et 2011 et sont réglées. 19 sont des sujets en cours de discussion entre la Commission et la Hongrie. Et 37 sont des mensonges. Il dit que l’antisémitisme est en hausse dans le pays, mais la Confédération des communautés juives de Hongrie a dit que c’était faux ! Pareil sur le manque de liberté dans les médias : la télévision la plus regardée du pays [la chaîne privée RTL, appartenant au groupe de médias allemand Bertelsmann] est très critique du gouvernement, les sites d’information sont hypercritiques !
Après un nouveau mini-séisme, l’entreprise autorisée à explorer les réserves d’hydrocarbure par fracturation hydraulique a dû suspendre sa prospection
Royaume-Uni : les espoirs contrariés du gaz de schiste
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/13/royaume-uni-les-espoirs-vacillants-du-gaz-de-schiste_5396909_3244.html
13/12/2018
planete
Manifestation près du site de Preston New Road, près de Blackpool (Royaume-Uni), le 22 octobre. HANNAH MCKAY/REUTERS Il souffle un étonnant vent d’optimisme chez les manifestants qui se réunissent quotidiennement le long de Preston New Road, une route nationale qui traverse la campagne du nord-ouest de l’Angleterre. Depuis plus de deux ans, quelques dizaines d’entre eux, parfois quelques centaines, battent le pavé devant les grilles du terrain détenu par Cuadrilla, une petite société britannique qui espère exploiter du gaz de schiste. Après une très longue bataille politique et juridique, malgré l’opposition du comté local de Lancashire et le campement de militants à proximité, l’entreprise semblait avoir gagné une bataille majeure. Depuis le 15 octobre, elle procède à de la fracturation hydraulique, pour explorer les réserves d’hydrocarbure présentes dans le sous-sol. Elle est la première au Royaume-Uni depuis sept ans à avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires pour explorer du gaz de schiste, relançant les espoirs de cette industrie dans le pays. Mais rien ne se passe comme prévu pour Cuadrilla. En particulier, ses tentatives de fracturation hydraulique – une injection à haute pression d’eau, de sable et de produits chimiques afin de fracturer la roche – provoque des secousses sismiques à répétition. Le British Geological Survey, l’organisme britannique indépendant qui mesure les tremblements de terre, en compte une quarantaine depuis le 15 octobre. Mardi 11 décembre, l’un d’eux a atteint 1,5 sur l’échelle de Richter, forçant l’entreprise à suspendre temporairement sa prospection. « Aucun d’entre nous n’aurait osé espérer qu’il y en ait autant en si peu de temps, sourit John Hobson, un habitant qui fait régulièrement partie des manifestants. Dans cette bataille de David contre Goliath, il semblerait que David ait réussi à attraper le lance-pierres. » « Le principal danger n’est pas en surface, mais au niveau du puits » Ces tremblements de terre sont extrêmement faibles et ne peuvent pas être ressentis à la surface. Une magnitude de 1,5 sur l’échelle de Richter se produit naturellement 140 fois par an au Royaume-Uni. Mais la question n’est pas là, réplique John Ashton, un ancien diplomate chargé du changement climatique au ministère britannique des affaires étrangères, qui est aujourd’hui proche des manifestants. « Le principal danger n’est pas en surface, mais au niveau du puits. Si son intégrité était mise à mal, cela pourrait provoquer une fuite du liquide de la fracturation hydraulique, risquant de contaminer les nappes phréatiques. »
Alain Weill, le PDG d’Altice Europe, maison mère de l’opérateur au carré rouge, a vivement réagi aux remarques du régulateur sur la qualité de ses services.
Télécoms : SFR se défend face aux critiques de l’Arcep
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/13/telecoms-sfr-se-defend-face-aux-critiques-de-l-arcep_5396902_3234.html
13/12/2018
economie
Alain Weill, PDG d’Altice Europe, maison mère de SFR, à Paris , le 20 mars. ERIC PIERMONT / AFP Friture sur la ligne entre SFR et l’Arcep. L’opérateur de Patrick Drahi a vivement taclé l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, mercredi 12 décembre. Le PDG d’Altice Europe, Alain Weill, a profité d’une audition devant la commission des affaires économiques du Sénat pour répondre aux critiques du régulateur, jugeant son rapport « incomplet » et de « très mauvaise foi ». Le gendarme des télécoms avait épinglé l’opérateur au carré rouge, la veille, à l’occasion du bilan annuel de sa plate-forme J’alerte l’Arcep. Lancée en octobre 2017, cette dernière permet aux abonnés de signaler les problèmes qu’ils rencontrent avec les opérateurs. Dans son rapport, le régulateur observe notamment que SFR est l’opérateur de télécommunications qui a concentré le plus de plaintes sur les 34 000 témoignages reçus au cours de cette première année de fonctionnement. Dans le détail, selon les chiffres dévoilés mardi par l’Arcep, qui extrapole sur 100 000 clients, SFR affiche entre 30 à 35 alertes, devant Free, qui comptabilise 25 à 30 alertes, Bouygues (20 à 25), et Orange (15 à 20). Un rapport jugé « maladroit » En parallèle de ces conclusions, un sondage commandé par le régulateur sur le niveau de satisfaction des abonnés soulignait également l’opérateur comme le mauvais élève de la relation client, SFR affichant une note de 1,7 sur 5 face à Free (2,6), Orange (2,2) et Bouygues Telecom (2,2). Un écart de notation entre les opérateurs « pas si important que cela », a souligné le patron d’Altice. Face aux dysfonctionnements relevés, en particulier ceux concernant des difficultés de résiliation, le gendarme des télécoms a alors annoncé l’ouverture d’une procédure d’instruction à l’égard de SFR, pouvant déboucher sur une mise en demeure et des sanctions financières si l’opérateur ne rectifie pas la situation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Télécoms : après Orange, l’Arcep rappelle à l’ordre SFR sur la qualité de ses services Une décision qui a fait bondir la filiale d’Altice. « D’abord, l’Arcep n’a pas pour mission de jouer les associations de consommateurs, ce n’est pas sa mission, mais, en plus, elle le fait très maladroitement », a précisé M. Weill, devant les sénateurs, estimant que le régulateur sort de son rôle. « Je regrette que certaines de leurs initiatives, trop nombreuses à mon goût, soient de dénoncer le travail ou les difficultés des opérateurs sans les encourager en parallèle », a-t-il encore poursuivi, ajoutant que cette « photographie instantanée sur l’année 2018 ne correspond pas à la réalité » et peut s’avérer « préjudiciable » pour l’entreprise, notamment pour les recrutements.
Dans la circonscription de Theresa May, le soutien à la première ministre est intact, et tous appellent au compromis.
Brexit : à Maidenhead, les Britanniques exaspérés par les batailles intestines des députés conservateurs
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/brexit-a-maidenhead-les-britanniques-exasperes-par-les-batailles-intestines-des-deputes-conservateurs_5396899_3210.html
13/12/2018
international
Theresa May, le 9 décembre à Maidenhead, sa circonscription. DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP Quand la nouvelle de la victoire de Theresa May face aux députés conservateurs rebelles est tombée, mercredi 12 décembre dans la soirée, Stephen Wadham et Alistair MacLean ont levé leur pinte de bière à la santé de la première ministre britannique. Les deux amis ne sont pas de grands amateurs de politique. Le premier a voté pour le Brexit lors du référendum de 2016, le second pour rester dans l’Union européenne. Mais tous les deux partagent aujourd’hui un même désir : tourner enfin la page de ces interminables négociations. « Il y a une telle intransigeance de la part des extrémistes, que ce soit les brexiters ou les “remainers”, alors qu’il est temps de faire des compromis », estime M. Wadham, 56 ans, électeur conservateur. Les deux Britanniques sont attablés au 15 Queen, un élégant pub gastronomique du centre-ville de Maidenhead, la circonscription de Theresa May depuis 1997. Dans ce fief imprenable, où la première ministre a recueilli 64 % des voix aux élections législatives de 2017, personne n’a de mots assez durs pour condamner la tentative de putsch d’une partie des députés conservateurs. « C’était vraiment stupide », condamne M. Wadham. Pour lui, les ego surdimensionnés et les ambitions personnelles des élus conservateurs ont pris le dessus sur la raison : « Boris [Johnson] n’est pas sérieux. C’est un bluffeur. » A quelques kilomètres de là, dans le village cossu de Cookham, qui fait partie de la même circonscription, quelques membres du parti conservateur local sont réunis au Bel & The Dragon, un pub à la cheminée ronflante et aux poutres apparentes. Ce lieu historique, l’un des plus vieux relais de diligences d’Angleterre, respire l’opulence et les préparatifs de Noël. « Il est temps que tout le monde se range derrière Theresa May », estime Simon Dudley, le maire de Maidenhead. Lui qui a fait campagne pour le Brexit, alors que Theresa May était contre avant le référendum de juin 2016, pense que les débats ont trop duré. « La première ministre a dit qu’elle ne mènerait pas le Parti conservateur aux prochaines élections législatives [en 2022]. Son cadeau à la nation est de mener le Brexit à terme. » « Un boulot impossible » Seuls un quart des Britanniques affirment que l’accord de retrait proposé par Theresa May est bon. Mais à Maidenhead, ce bastion conservateur situé à quarante minutes de train de Londres, l’approbation est très majoritaire.
Après neuf ans de relative stabilité, l’indicateur conjoncturel de fécondité est passé en 2015 au-dessous de deux enfants par femme pour s’établir à 1,95.
La fécondité des Françaises baisse et reste stable pour les immigrées
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/13/la-fecondite-des-francaises-baisse-et-reste-stable-pour-les-immigrees_5396894_3224.html
13/12/2018
societe
La fécondité diminue légèrement en France depuis 2015, tout niveau de vie et classe d’âges confondus, à l’exception de celle des femmes immigrées qui reste stable, selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée jeudi 13 décembre. Après neuf ans de relative stabilité, l’indicateur conjoncturel de fécondité est passé en 2015 au-dessous de deux enfants par femme, pour s’établir à 1,95 en 2015 et à 1,92 en 2016, selon l’étude. « La baisse touche toutes les régions, à l’exception de la Guyane et de Mayotte, où la fécondité augmente et de La Réunion, où elle est stable », précise l’Insee. L’âge moyen des femmes à la naissance du 1er enfant recule Concernant l’âge moyen des femmes à la naissance du premier enfant, il poursuit sa progression et augmente de 0,1 an par année, pour atteindre 30,5 ans en 2016. La fécondité des immigrées – personnes résidant en France nées à l’étranger et de nationalité étrangère à leur naissance – est en moyenne plus élevée que celles des non-immigrées. En 2015 et 2016, les femmes immigrées ont eu environ 0,8 enfant de plus par femme que les non immigrées. Leur indicateur conjoncturel de fécondité se maintient autour de 2,7 enfants par femme en 2015 et 2016, niveau comparable à celui des années 2012 à 2014. La contribution des immigrées à la fécondité totale en France reste toutefois limitée, de l’ordre de 0,1 enfant par femme, souligne l’Insee, et n’a quasi pas évolué depuis 2012. Lire notre analyse (en édition abonnés) : Les taux de fécondité européens à la lumière des politiques familiales
Rumeurs sur les migrants, ISF, Macron... Sur le terrain et les réseaux sociaux, les débats électrisent les manifestants qui souvent, s’initient ainsi à la politique.
« Gilets jaunes » : les ronds-points, nouvelle agora ?
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/13/gilets-jaunes-les-ronds-points-nouvelle-agora_5396890_823448.html
13/12/2018
politique
A Saint-Clément, près de Sens (Yonne), au rond-point dit du Jardiland. Benjamin Girette / Hans Lucas pour «Le Monde» A 24 et 29 ans, ni Teddy, ni son frère n’ont jamais voté. « Ça sert à rien, c’est truqué », résume Mickaël, l’aîné, en se réchauffant au feu de palettes du camp des « gilets jaunes » installé sur l’échangeur du Magny, à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). « Cela dit, je commence à m’y intéresser, rectifie son cadet. Je lis de plus en plus d’infos. » Son frère opine. Voilà trois semaines qu’ils se nourrissent des discussions sur le pouvoir d’achat et la démocratie qui animent les ronds-points occupés. Cette agora est une initiation politique accélérée pour beaucoup de « gilets jaunes » dont la plupart n’avaient même jamais manifesté. Le soir, Mickaël interroge « Google ou Wikipédia » pour mieux comprendre les notions entendues dans la journée. « Je ne savais même pas ce que c’était que l’ISF ! Maintenant je sais pourquoi : ça concernait ceux qui touchent plus de 800 000 euros, donc pas moi ! », lance-t-il en riant, désormais précis sur le sujet. Mais est-il si aisé de distinguer sur Internet, information et propagande ? Peu présents sur les ronds-points de France où Le Monde s’est rendu, les militants d’extrême droite ont réussi une offensive d’ampleur sur le Web et les réseaux sociaux. Inexistante dans les discussions entre « gilets jaunes » les premiers temps, la question des migrations y a fait début décembre une spectaculaire apparition. Comme dans les propos de Christian, 48 ans, à Montceau-les-Mines : « On a un président qui va aller signer à Marrakech pour mettre à bosser des migrants à 5 euros ! Et nous ? On va nous virer de la France ! » « Non mais tu entends ce que tu dis ? » Au même moment, à 500 kilomètres, Fabien Tombois se fait interpeller par des camarades « gilets jaunes » de Charleville-Mézières : « T’as vu ce que dit Fly Rider sur le pacte de Marrakech ? » Ce Breton à la casquette en arrière est une des figures du mouvement avec le routier Eric Drouet. Dans leurs Facebook live quasi quotidiens, ils répondent aux questions des internautes sans se rendre compte qu’ils peuvent ainsi être instrumentalisés : le 3 décembre, le routier se fait interpeller cinq fois en quelques minutes sur la question de ce fameux « pacte de Marrakech » dont il ignore tout. « Bon tout le monde m’en parle, va falloir vraiment soulever la question », finit-il par concéder.
Des données personnelles de Français enregistrées sur le service Ariane, qui permet aux voyageurs de se signaler auprès du ministère, ont été dérobées.
Le ministère des affaires étrangères victime d’un piratage
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/12/13/le-ministere-des-affaires-etrangeres-victime-d-un-piratage_5396886_4408996.html
13/12/2018
pixels
Des « données personnelles » enregistrées par des voyageurs sur un site du ministère français des affaires étrangères ont été piratées, a annoncé jeudi 13 décembre le Quai d’Orsay dans un communiqué. Le ministère a mis en place depuis 2010 le service Ariane, permettant aux personnes prévoyant une mission ou un voyage à l’étranger de s’inscrire en ligne afin notamment de recevoir les informations relatives à la sécurité de leur déplacement. « Des données personnelles enregistrées » sur cette plate-forme « ont été dérobées » et « pourraient donner lieu à des utilisations détournées mais limitées dans leur effet puisque les renseignements ne comprennent pas de données sensibles, financières ou susceptibles de dévoiler les destinations des voyages déclarées dans Ariane ». Un email envoyé par le ministère à des victimes de ce piratage précise que les données dérobées sont le « nom », « prénom », « numéro de téléphone mobile » et « adresse courriel ». Risques d’hameçonnage ou de tentatives d’escroquerie « Ces informations ont été renseignées par un proche ou un collègue lorsqu’il s’est inscrit sur le service Ariane. Il vous a déclaré “personne à prévenir” en cas de difficultés lors d’un voyage ou d’une mission à l’étranger », poursuit l’email du ministère. « On ne peut exclure que ces données puissent être utilisées par des tiers à des fins publicitaires (par courriels ou SMS), d’hameçonnage ou de tentatives d’escroquerie. » Il invite donc les victimes à se « montrer vigilant (es) à l’égard des messages de source douteuse, cherchant à usurper l’identité » du ministère ou « d’un proche en déplacement à l’étranger et qui vous inviteraient à préciser des informations personnelles ou des données d’identification, à ouvrir une pièce jointe ou cliquer sur un lien vers un site Internet ». Les données de 540 563 personnes compromises Le Quai d’Orsay, qui précise ne pas pouvoir attribuer cet acte, annonce avoir saisi la justice en France et la Commission nationale de l’informatique et les libertés (CNIL), après avoir pris connaissance de l’attaque le 5 décembre 2018. « Dès que nous avons pris connaissance de cette attaque, nous avons mis en place des mesures, sur le plan technique, pour empêcher toute nouvelle intrusion de ce type. » Les données compromises concernent « uniquement les données des personnes déclarées comme contact », soit 540 563 personnes. Les données concernant les titulaires d’un compte Ariane, ainsi que les mots de passe, dates et détails des destinations des voyages, n’ont pas été dérobées, assure le ministère. « Le service Ariane reste en fonction. Ces incidents ne remettent pas en cause sa fiabilité et son utilité pour la sécurité des déplacements des Français à l’étranger. »
Agé de 29 ans, l’auteur de l’attentat de Strasbourg, délinquant multirécidiviste et radicalisé, était suivi de près par la DGSI depuis plusieurs mois.
Attentat de Strasbourg : Cherif Chekatt, le profil hybride du voyou radicalisé qui hante les services
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/13/cherif-chekatt-un-terroriste-au-profil-hybride-qui-hante-les-services-de-renseignement_5396884_1653578.html
13/12/2018
police-justice
Moitié voyou, moitié pratiquant, pieux mais jamais repéré comme ayant une quelconque envie de djihad, braqueur à ses heures… Quarante-huit-heures après l’attaque de Strasbourg, le 11 décembre au soir, le parcours de Cherif Chekatt, tueur présumé de l’attaque de Strasbourg, apparaît de plus en plus comme emblématique de ces délinquants multirécidivistes radicalisés, un profil hybride qui inquiète aujourd’hui particulièrement les services de renseignement chargés de la lutte contre le terrorisme. Jeudi 13 décembre au matin, cet homme à la peau mate, cheveux courts, barbe rase, faisait toujours l’objet d’une traque intense, avec plus de 720 membres des forces de l’ordre à ses trousses, dont cent officiers de police judiciaire. Son visage a été officiellement dévoilé avec un appel à témoins diffusé par la police nationale, le 12 décembre. Une image où était discrètement reconnaissable, au sommet de son front une petite marque, signe d’une pratique assidue des prières. Chez Cherif Chekatt, les débuts de cet itinéraire chaotique commencent dès l’enfance. A 10 ans, il se fait repérer et tombe dans la délinquance. Comme l’a indiqué le procureur de la République de Paris, Rémi Heitz, Cherif Chekatt cumulait, à la veille de sa dérive meurtrière à Strasbourg, déjà 67 antécédents judiciaires, dont 27 condamnations en France, en Allemagne et en Suisse. Un casier surtout chargé d’outrages, de vols, ou de destructions qui l’amènent à enchaîner les séjours en détention. « Les Chekatt, tu ne les as pas encore défendus ? Ne t’inquiète pas, cela viendra un jour ! » plaisantent depuis longtemps les avocats pénalistes strasbourgeois Cherif Chekatt, né à Strasbourg, est issu d’une fratrie de six frères et sœurs, ainsi que six autres demi-frères et demi-sœurs, soit douze enfants au total. Une famille à problèmes, avec un noyau dur de quatre frères multirécidivistes eux aussi, à propos de laquelle une plaisanterie un peu aigre circule, depuis longtemps, entre avocats pénalistes strasbourgeois : « Les Chekatt, tu ne les as pas encore défendus ? Ne t’inquiète pas, cela viendra un jour ! » Dans cet environnement instable, Cherif Chekatt, mène bon an mal an sa barque. Il arrête l’école à 16 ans, puis navigue entre chômage, voyage, et délinquance, selon un jugement de 2016 du tribunal de Singen (Bade-Wurtemberg), en Allemagne, révélé par le Stuttgarter Zeitung et que Le Monde a pu se procurer. Dans ce contexte, la figure du père, Abdelkrim, alias Ange Gabriel, né en 1947, apparaît aussi écornée. Plusieurs fois marié, il fait l’objet en France d’une longue procédure pour violences conjugales, affaire dans laquelle il a finalement été relaxé, en 2012. Selon un avocat qui a suivi la famille jusqu’en 2010, l’homme est alors toutefois « relativement inséré et discret. Et pas du tout religieux. » A chaque retour d’Algérie, son pays d’origine, il se scandalisait « et ne comprenait pas cette espèce de retour du religieux ». Le 12 décembre, lui comme son épouse, ainsi que deux des frères de Cherif Chekatt, ont été placés en garde à vue.
Le sociologue Camille Peugny explique la crise actuelle par les inégalités qui « fracturent » la société française.
« Les classes sociales n’ont jamais disparu. Avec les “gilets jaunes”, elles redeviennent visibles »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/13/les-classes-sociales-n-ont-jamais-disparu_5396874_823448.html
13/12/2018
politique
Manifestation des « gilets jaunes », à Paris, le 8 décembre. Julien Muguet pour « Le Monde » Camille Peugny est sociologue, professeur à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Spécialiste du déclassement et des inégalités sociales, il travaille actuellement sur la polarisation de l’emploi en Europe. Pour lui, le mouvement des « gilets jaunes » signe un retour des clivages de classes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mouvement lycéen : une cartographie inédite De quoi le mouvement des « gilets jaunes » est-il le nom ? Il est difficile de faire une sociologie en temps réel des individus et des groupes qui se mobilisent tant le mouvement est divers. Une chose est certaine : devant nos yeux explose le résultat de vingt ans de politiques néolibérales qui fracturent la société française, créent des nouveaux clivages et font à nouveau exploser les inégalités. Ce n’est pas nouveau : on observe depuis plusieurs années des conflits à bas bruit dans le monde du travail. Les « gilets jaunes » attirent autant l’attention car ils mettent en lumière un malaise beaucoup plus répandu et apparaissent comme incontrôlables. Ce qui est inquiétant, c’est qu’en face, on a des politiques dans l’impuissance, la méconnaissance, voire le mépris. Pourquoi, selon vous, les revendications portent-elles en particulier sur le pouvoir d’achat ? Parce qu’il a cessé de progresser depuis vingt ans pour beaucoup de nos concitoyens. Qui est aujourd’hui capable de se souvenir de la dernière mesure qui a créé du pouvoir d’achat ? Qui peut citer une seule victoire entraînant une amélioration des conditions de vie des salariés dans une période récente ? Il n’y en pas eu au XXIe siècle. Les gouvernements successifs n’ont cessé de répéter qu’il n’y avait pas d’argent, et ont été incapables de s’attaquer aux privilèges de quelques-uns. La seule doctrine qui vaille, c’est le TINA, « There is no alternative » [il n’y a pas d’alternative]. Oser parler de salaire, de protection pour les salariés, c’est passer pour un rêveur déconnecté des réalités économiques. Ce mouvement n’est-il pas aussi l’expression de l’existence de deux France, comme peuvent le développer certains sociologues et politiques ? Il faut se garder des grilles de lecture trop simplistes. L’opposition entre centre et périphérie est insuffisante pour expliquer la crise actuelle. De même, il n’y a pas deux France, avec d’un côté les gagnants de la mondialisation, et de l’autre les perdants. Dans les grands centres urbains, il n’y a pas que des riches aisés, et dans les campagnes, que des pauvres. En revanche, on assiste à une polarisation des destins sociaux qui écartèle complètement la société française depuis vingt ans. Je suis ainsi frappé par la variété des professions qui se mobilisent actuellement : des fonctionnaires de catégorie C, des aides-soignantes, des techniciens du privé, des employés, des aides à domicile, des caissières… Autant de personnes qui partagent ce sentiment que leur avenir est bouché et qu’ils ne sont que des variables d’ajustement condamnées à des vies au salaire minimum.
Réunis en convention les 8 et 9 décembre à Bordeaux, les militants de La France insoumise ont affiché un soutien sans faille au mouvement social.
Face aux « gilets jaunes », les « insoumis » avancent prudemment leurs pions
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/13/face-aux-gilets-jaunes-les-insoumis-avancent-prudemment-leurs-pions_5396868_823448.html
13/12/2018
politique
Jean-Luc Mélenchon en marge de la marche pour le climat, à Bordeaux, le 8 décembre. UGO AMEZ POUR "LE MONDE" « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur. » Cette phrase tirée des Mariés de la tour Eiffel de Jean Cocteau résume parfaitement l’attitude de La France insoumise (LFI) vis-à-vis des « gilets jaunes ». Les « insoumis » en sont persuadés : ce mouvement horizontal et apartisan confirme leurs prédictions et leurs idées autour du changement des institutions, du rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ou encore de l’augmentation des salaires. Il en va aussi de la méthode populiste, qui veut dépasser la gauche pour « fédérer le peuple ». Pour eux, les idées portées par les « gilets jaunes » étaient déjà présentes dans le livre de Jean-Luc Mélenchon L’Ere du peuple (Fayard, 2014) et lors de la campagne présidentielle de 2017. La pensée « insoumise » aurait donc infusé dans la population. « Dans le premier document de revendication, à part la demande de reconduite dans leur pays d’origine des déboutés du droit d’asile, tout le reste correspond aux idées que l’on défend », avance ainsi Manuel Bompard, dirigeant du mouvement. Une situation que Jean-Luc Mélenchon a résumée dans son discours prononcé lors de la convention de LFI, réunie les 8 et 9 décembre à Bordeaux : « Votre mission, c’est d’être dans les mobilisations. Vous ne soutenez pas les “gilets jaunes”. Vous en êtes membres ! Vous en êtes partie prenante ! Ce mouvement est une révolution citoyenne telle que nous la décrivons dans L’Ere du peuple ! » « Le mouvement a son autonomie » Pour autant les « insoumis » avancent avec une prudence de Sioux. Ils savent que toute récupération serait une faute, et pourrait braquer le mouvement contre eux. Ils se contentent donc, pour l’instant, d’un soutien actif et d’une certaine forme de bienveillance à l’égard des « gilets jaunes ». Lundi soir, à l’issue des annonces d’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon a ainsi affirmé « que “l’acte V” de la révolution citoyenne dans notre pays samedi [15 décembre] sera un moment de grande mobilisation » en prenant soin de préciser immédiatement qu’il s’en « [remettait] à la décision qui sera prise par tous ceux qui sont dans l’action ». « Ce serait une erreur d’arriver et de mettre notre nom dessus, estime de son côté M. Bompard. La conscience politique ne s’injecte pas de l’extérieur. Elle se construit par la revendication collective, les assemblées citoyennes sur les barrages. »
Même si l’Europe est l’endroit du monde le moins inégalitaire, sa capacité, dans les dix ans qui viennent, à développer une croissance qui protège ses citoyens est posée, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
« Le modèle social européen pourra-t-il survivre ? »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/13/le-modele-social-europeen-pourra-t-il-survivre_5396866_3234.html
13/12/2018
economie
Chronique. En économie, en moral, comme en météo, tout est affaire de ressenti. Le bonheur et la prospérité se comparent d’abord à ses voisins. Les « gilets jaunes » qui dressent des barrages se moquent bien de savoir que la France est l’un des pays les plus redistributeurs au monde puisque cela ne recoupe pas leur constat quotidien. Pourtant l’Europe dans son ensemble est l’endroit du monde où les gens se sentent le mieux. C’est le constat du très sérieux « World Happiness Report » qui classe tous les ans les pays par leur niveau de bonheur déclaré. Sur les dix premiers du classement, sept sont européens (principalement nordiques). Les Etats-Unis ne figurent qu’en 18e position, et la France, fidèle à sa réputation de pays déprimé, s’inscrit au 23e rang juste devant le Mexique. En dépit de cette exception française, les Européens ont des raisons objectives d’être satisfaits de leur situation. Si la croissance y est inférieure à celle des Etats-Unis, ses fruits en sont bien mieux partagés. Les 20 % les plus riches ont un revenu cinq fois supérieur à celui des 20 % les plus pauvres contre huit fois pour les Américains et chacun des 28 pays de l’Union européenne a des dépenses sociales par habitant supérieures à celle observées outre Atlantique. Mais cette situation enviable cache des tensions. Les inégalités augmentent ainsi que la divergence entre les pays, notamment entre le nord et le sud du continent. Le modèle social européen pourra-t-il y survivre ? Deux scénarios Le centre de recherche du cabinet de conseil McKinsey & Company s’est livré à une étude fouillée de sa solidité et sur la capacité de l’Europe à développer une croissance « inclusive » c’est-à-dire qui profite au maximum d’individus. Il a défini six grandes tendances à l’œuvre qui sont autant de risques pour la stabilité de nos sociétés : le vieillissement de la population, la révolution numérique (intelligence artificielle, automatisation…), l’accroissement de la compétition mondiale, les migrations, le changement climatique et les risques géopolitiques. Chacun interagit avec les autres et la convergence de ces facteurs, à l’horizon 2030 pourrait avoir des effets dévastateurs… ou pas. A cette date, le numérique sera généralisé, les populations auront entamé leur déclin et la température du globe s’acheminera vers les 2 degrés supplémentaires. Les chercheurs ont élaboré deux scénarios selon que les pays se seront attaqués à ces problèmes. Le premier, celui du déni, rendra impossible le maintien du contrat social actuel. Le second scénario implique des politiques volontaristes, en matière de gestion de la population active (âge de la retraite, travail des femmes, intégration des immigrés), de la technologie (régulation, formation, financement de la recherche) et de l’environnement (investissement dans l’économie circulaire). Dans cette vision positive du futur, la croissance moyenne en Europe pourrait atteindre 1,9 % et permettre de financer les dépenses sociales demandées par la population : santé, retraites, chômage, handicap. Ce n’est pas forcément le scénario le plus probable, mais au moins le chemin est tracé.
Un rapport de quatre experts indépendants dénonce la culture et la gestion des cas de harcèlement et ébranle le directeur exécutif, Michel Sidibé.
La direction d’Onusida mise en cause dans des affaires de harcèlement
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/13/la-direction-d-onusida-mise-en-cause-dans-des-affaires-de-harcelement_5396855_3244.html
13/12/2018
planete
Michel Sidibé, directeur exécutif d’Onusida, en juillet. Thibault Camus / AP « Le secrétariat d’Onusida est en crise, une crise qui menace son travail vital. » C’est en ces termes que s’ouvre le rapport d’un comité d’experts indépendants publié vendredi 7 décembre et présenté lors du conseil de coordination du programme Onusida, qui s’est tenu à Genève du 11 au 13 décembre. Cette instance de direction, devant laquelle le secrétariat rend compte, avait mis sur pied, le 20 juillet, le comité d’experts constitué de quatre membres, à la suite de la demande du directeur exécutif de l’Onusida, Michel Sidibé, en février. Les experts devaient évaluer la culture et la politique internes, et proposer à l’organisation onusienne des recommandations destinées à « renforcer la mise en œuvre de sa politique de tolérance zéro à l’égard du harcèlement sexuel ». Leur rapport met sévèrement en cause l’équipe dirigeante de l’institution et appelle à la mise en place d’une nouvelle direction. Le jour où le rapport du comité d’experts a été mis en ligne, le 7 décembre, le secrétariat d’Onusida a simultanément publié sa réponse sous la forme d’un document de 62 pages incluant la mise en place d’un « agenda du changement » destiné à « transformer l’Onusida ». Dans la foulée du rapport des experts indépendants, des voix se sont multipliées pour réclamer la démission de Michel Sidibé : du rédacteur en chef de la revue Lancet, Richard Horton, au gouvernement suédois, qui vient d’annoncer le gel de sa contribution à l’Onusida tant que le directeur exécutif n’aura pas démissionné. Finalement, dans un communiqué publié jeudi 13 décembre à l’issue de ses trois jours de réunion, le conseil de coordination du programme Onusida a appelé à la mise en œuvre immédiate et complète de « l’agenda du changement. » Un groupe de travail est mis en place pour en superviser l’application et une réunion spéciale du conseil de coordination du programme aura lieu d’ici à mars 2019 pour discuter du rapport du comité d’experts indépendants. Souhaitant aller au terme de son mandat, Michel Sidibé à indiqué au comité de coordination que sa session programmée en juin 2019 serait la dernière à laquelle il assisterait. I cessera ses fonctions de directeur exécutif à cette date afin de préparer une transition bien ordonnée. « Nous n’avons pas une minute à perdre pour faire avancer la réponse de notre administration, a-t-il déclaré. Nos actions rendront l’Onusida plus fort et meilleur. Il me tarde de travailler avec tout l’effectif afin de faire de l’Onusida un lieu de travail modèle pour le personnel dans toute sa diversité. »
Au large des côtes du pays lusophone, Total prend des options sur des « blocs » avant d’avoir les techniques d’extraction. Une course vers l’ouest toujours plus dangereuse pour les hommes et la planète.
En Angola, la quête périlleuse du pétrole en haute mer
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/13/en-angola-la-quete-perilleuse-du-petrole-en-haute-mer_5396852_3212.html
13/12/2018
afrique
Le Kaombo Norte, au large de l’Angola, en novembre 2018. Stephen Eisenhammer / REUTERS Cap à l’Ouest, vers les profondeurs de l’océan. Au large des côtes angolaises, Total a inauguré, le 10 novembre, un nouveau champ pétrolier baptisé « Kaombo ». Avec des réserves estimées à 658 millions de barils, le projet, d’un coût de 16 milliards de dollars (14 milliards d’euros), s’annonce particulièrement prometteur pour la « major ». A terme, il se composera de deux unités flottantes de production et de stockage (Floating Production Storage and Offloading, ou FPSO) et exploitera 800 kilomètres carrés de fonds marins. Soit huit fois la surface de Paris. La première FPSO, issue de la conversion d’un navire pétrolier en usine flottante et baptisée « Kaombo Norte », a en réalité démarré sa production fin juillet. Elle devrait atteindre son rythme de croisière de 115 000 barils par jour d’ici quelques semaines. A une vingtaine de kilomètres, elle sera rejointe, à l’été 2019, par « Kaombo Sul », actuellement en cours d’achèvement à Singapour, dont les objectifs de production seront identiques, mais sur des champs différents. « Avec la seconde FPSO, on va entrer en phase de production normale pour une vingtaine d’années, explique André Goffart, directeur technique et du développement chez Total. Dans le domaine de l’exploration, le offshore profond [« deep offshore »], qui représente 20 % de la production de la compagnie, se développe, car il reste des ressources à trouver sur les côtes africaines, comme au Nigeria ou au Congo. » Pour l’Angola, c’est une course contre la montre, l’or noir représentant 95 % de ses exportations. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avec Kaombo, Total parie sur les champs de pétrole en eaux très profondes de l’Angola Entre Total et ce pays situé dans le sud-ouest du continent africain, classé deuxième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne derrière le Nigeria, les liens économiques sont puissants et anciens. La compagnie y a lancé son activité de prospection en 1953. « Total est aujourd’hui un acteur de premier plan, puisqu’il est le premier opérateur pétrolier du pays, se félicite même Olivier Jouny, directeur général de Total en Angola. Nous assurons 40 % de la production du pays, soit environ 15 % du PIB [produit intérieur brut]. » Le pays lusophone, peuplé de 29 millions d’habitants, assure en pétrole 10 % de la production de la compagnie. Dans les eaux angolaises, les prémices de l’exploration et de la production de Total – qui s’appelait alors Elf – remontent à l’orée des années 1980 avec le bloc (gisement) 3, situé à quelques encablures des côtes et à une profondeur d’une centaine de mètres.
« Le Monde » vous recommande les meilleures séries de l’année, si vous souhaitez mettre un coffret sous le sapin.
« Le Bureau des légendes », « Hippocrate » ou « Gomorra »… les séries à offrir pour Noël
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/13/columbo-le-bureau-des-legendes-hippocrate-les-series-tv-en-coffret-dvd-que-le-monde-vous-recommande-pour-noel_5396848_1655027.html
13/12/2018
televisions-radio
Columbo UNIVERSAL PICTURES FRANCE Il est reconnaissable entre tous : une vieille Peugeot 403 cabriolet cabossée ; un imper aussi froissé que son visage est fripé ; un basset hound resté sans nom ; un seul œil vivant (Peter Falk, à 3 ans, ayant perdu l’usage du second) ; une femme invisible, mais constamment citée ; enfin, une intuition et une attention aux détails hors du commun, en dépit d’un comportement apparemment écervelé. En dépit de son demi-siècle d’existence, Columbo reste une série des plus divertissantes à voir et à revoir. Le premier Columbo, adapté d’une pièce de théâtre et intitulé Prescription : Murder (Inculpé de meurtre), apparaît sur NBC en février 1968. Ce téléfilm allume une petite révolution dans le genre bien établi et codifié de la série policière. A peu près tout y est mis à bas : très peu d’action, quasiment aucune violence et un officier de police sans arme. Toute l’attention se porte sur l’intelligence du meurtrier, souvent très riche et chaque fois orfèvre dans l’art du crime parfait, ou presque. Sommet du renversement du genre et du toupet de ses concepteurs, Richard Levinson et William Link, il ne s’agit plus, avec Columbo, de découvrir un meurtrier – on le voit à l’œuvre d’entrée de jeu –, mais de détecter la faille infime qui permettra au lieutenant Columbo de se montrer plus malin que les plus maléfiques. La diffusion de Prescription : Murder est applaudie par la critique et le public. NBC renouvelle l’expérience avec succès avec un nouveau téléfilm, Ransom for a Dead Man (Rançon pour un homme mort), début 1971. Voilà la chaîne convaincue qu’elle tient là un filon. Mais ses créateurs ont suffisamment conscience de la qualité de leur concept pour refuser de le transformer en feuilleton, et Peter Falk estime trop prenante son implication dans une série qui deviendrait hebdomadaire. NBC crée alors une case, « Mystery Movie », dans laquelle Columbo alternera avec d’autres séries : Peter Falk n’aura à endosser son imper fripé que pour six ou huit téléfilms par an. Le troisième Columbo, et premier de la case « Mystery Movie », Murder by the Book (Le Livre témoin), en septembre 1971, est imaginé par rien de moins que Steven Bochco et Steven Spielberg, ce dernier en signant la réalisation. Les fans qui souhaiteraient tout connaître de la suite se référeront au site toujours très actif The Columbophile. Diffusé aux Etats-Unis, entre 1968 et 1978, sur NBC (épisodes 1 à 45), puis de 1989 à 2003 sur ABC (épisodes 46 à 69), Columbo joue toujours d’une tension narrative due à des scénarios à la « David contre Goliath », et doit certainement beaucoup, en France, au doublage subtil assuré par le comédien Serge Sauvion.
Le fonds activiste américain Elliott, qui a dépensé 1 milliard d’euros pour 2,5 % du capital du français, veut une fusion avec un autre grand du secteur. Les noms de Diageo et de LVMH sont évoqués.
Chez Pernod Ricard, les grandes manœuvres commencent
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/13/chez-pernod-ricard-les-grandes-man-uvres-commencent_5396835_3234.html
13/12/2018
economie
Site Pernod Ricard de Vendeville (Nord), près de Lille, en 2011. Stephane Mortagne / PHOTOPQR/VOIX DU NORD La réponse n’a pas tardé à arriver. Celle du berger à la bergère, ou plutôt de l’agneau au loup. Alors que le fonds activiste américain Elliott a dévoilé, mercredi 12 décembre, avoir jeté son dévolu sur Pernod Ricard, l’entreprise française a répliqué, quelques heures plus tard. Pas de doute, la bataille entre le fonds vautour et sa proie du CAC 40, deuxième acteur mondial du marché des spiritueux, est engagée. Les préparatifs ont été brefs. Pernod Ricard aurait reçu le premier courrier d’Elliott, le 7 novembre. Le fonds américain l’informait d’un premier franchissement du seuil de 0,5 % de son capital. Les emplettes de titres en Bourse ont dû commencer fin octobre. D’autres courriers ont suivi, par palier de 0,5 %, jusqu’à indiquer le seuil des 2,5 %. Elliott aurait dépensé près de 1 milliard d’euros pour construire cette position. La demande de rendez-vous avec Alexandre Ricard, PDG du groupe familial, a suivi. Elle s’est déroulée le 22 novembre, le lendemain de l’assemblée générale des actionnaires. Puis un courrier a été adressé, le 26 novembre, aux membres du conseil d’administration. Après cette approche feutrée, Elliott a décidé de lever le rideau de la confidentialité. Une nécessité pour le fonds, qui souhaite rallier des actionnaires à sa cause et est encore loin du seuil des 5 % du capital, qui oblige un investisseur à faire une déclaration publique aux autorités de marché. Le coup de théâtre a pris la forme d’un communiqué, où l’activiste américain a présenté ses griefs. Non sans toutefois souligner en préambule que Pernod Ricard possède un portefeuille exceptionnel de marques internationales de premier plan. Perte de parts de marché ; acquisition décevante du suédois Absolut ; marge opérationnelle de 26 %, inférieure de cinq points à celle de son grand concurrent britannique, le leader mondial des spiritueux Diageo ; gouvernance inadaptée ; culture peu ouverte sur l’extérieur… L’analyse d’Elliott est acide. Lire aussi Les fonds activistes confirment leur intérêt pour la France Le français veut s’inscrire dans une stratégie de long terme Pernod Ricard a choisi de prendre la plume pour répondre à l’attaque publique d’Elliott et réfuter ses arguments. Avec, comme leitmotiv, de rappeler que sa volonté est d’inscrire sa stratégie dans le long terme, une valeur souvent consubstantielle aux entreprises familiales. Le groupe de spiritueux met en exergue la croissance interne du chiffre d’affaires et du résultat opérationnel courant, de respectivement 6 % et de 6,3 %, lors de l’exercice 2017-2018, le niveau historique de free cash flow (« flux de trésorerie disponible ») de 1,4 milliard d’euros, sans oublier ses plans d’économie, l’augmentation, en trois ans, de 37,7 % de sa valeur boursière et une création de valeur de 11 milliards d’euros. Le français souligne également qu’il a procédé, depuis 2015, à trois nouvelles nominations au sein de son conseil d’administration.
Au vu de l’enfer que connaît leur pays natal, où sévit une sévère crise humanitaire, les Vénézuéliens qui résident à Buenos Aires relativisent les déboires de l’Argentine.
En Argentine, une crise anecdotique aux yeux des Vénézuéliens en exil
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/13/en-argentine-une-crise-anecdotique-aux-yeux-des-venezueliens-en-exil_5396832_3234.html
13/12/2018
economie
Des Vénézuéliens de Buenos Aires, en juillet 2017. Marcos Brindicci / REUTERS Une crise ? Quelle crise ? Francisco Paredes et Andres Kuryga échangent un sourire furtif. « Ici, quand tu vas au supermarché, les rayons sont remplis, souligne le premier. Et tu peux aller librement à la banque acheter des dollars. » Les deux jeunes hommes, âgés respectivement de 29 et 24 ans, sont de récents porteños (« ceux du port »), comme l’on surnomme les habitants de Buenos Aires. Une ville où ils ont élu domicile après avoir fui le Venezuela. Comparés à l’enfer vécu par leur pays natal, les déboires actuels de l’Argentine, en pleine récession, leur semblent presque anecdotiques. Comme le dit la célèbre formule : « Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console ». Andres a déménagé en 2016, avide de poursuivre ses études d’ingénierie sans être tourmenté par une insécurité permanente. Professionnel du tourisme, Francisco a décidé, lui, de partir il y a un an, quand la hausse des prix est devenue telle que son salaire mensuel lui permettait uniquement d’acheter une boîte d’œufs. Au Venezuela, les graves pénuries de produits de base et de médicaments minent le quotidien des ménages, tandis que l’inflation devrait atteindre 1 350 000 % en 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI). Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Argentine, le pays où la vie est toujours plus chère « On est loin de l’effondrement » De quoi faire passer pour négligeable le chiffre de 47 % d’inflation prévu cette année en Argentine. « Le pays manque d’investissements, mais il y a des entreprises qui fonctionnent et produisent. On est loin de l’effondrement », estime Andres Kuryga. Tous deux travaillent dans un fast-food, en plein centre de Buenos Aires. Ils font partie des 1,9 million de Vénézuéliens qui ont quitté leur pays depuis 2015 pour fuir la crise humanitaire, d’après les chiffres des Nations unies. Plus de 90 000 sont venus s’installer en Argentine, où des accords anciens facilitent l’obtention de permis de travail et de résidence. Mais, sans doute par un effet de la déprime économique, ces nouveaux venus occupent souvent des emplois peu qualifiés et mal payés. A Buenos Aires, de nombreux Vénézuéliens deviennent serveurs, livreurs ou vendeurs. Francisco distribue des CV depuis huit mois pour exercer dans sa branche, sans succès pour l’instant. Quant à Andres, il espère pouvoir travailler comme programmeur, le métier de son choix. « Mais ce n’est pas simple, car le processus d’embauche requiert beaucoup plus d’exigence et de protocole que chez nous », constate-t-il. Pas question, pour autant, de songer à revenir dans un pays d’où la plupart de ses amis sont partis : « Plus de la moitié de ma génération s’en est allée tenter sa chance à l’étranger. »
A dix jours des élections présidentielle, législatives et provinciales, un incendie s’est déclaré dans un bâtiment où du matériel électoral de la capitale congolaise était gardé.
En RDC, un entrepôt de la commission électorale en proie aux flammes à Kinshasa
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/13/en-rdc-un-entrepot-de-la-commission-electorale-en-proie-aux-flammes-a-kinshasa_5396829_3212.html
13/12/2018
afrique
Les fumées de l’incendie qui a ravagé un entrepôt de la Commission électorale nationale indépendante, à Kinshasa, le 13 décembre 2018. JOHN WESSELS / AFP Un incendie s’est déclaré dans un entrepôt de la commission électorale de la République démocratique du Congo (RDC) à Kinshasa, dans la nuit du mercredi 12 décembre, à dix jours des élections présidentielle, législatives et provinciales, ont indiqué à l’AFP plusieurs sources officielles. « Un incendie s’est déclaré vers 2 heures du matin [1 heure GMT] dans l’un des entrepôts centraux où du matériel électoral de la ville de Kinshasa était gardé », a déclaré le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa. Un épais nuage de fumée noire était encore visible à 5 heures GMT, a constaté l’AFP. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Présidentielle en RDC : une campagne sur fond d’alliances et de trahisons Le matériel électoral comprend entre autres les « machines à voter » très controversées, retenues comme procédure de vote par la CENI. Celle-ci est rejetée par une partie de l’opposition. « Nous sommes en train de faire l’évaluation complète pour voir comment tenir les scrutins du 23 décembre malgré cet incendie », a ajouté le président de la CENI. A l’intérieur d’une vaste enceinte interdite C’est un conseiller du président Joseph Kabila qui a prévenu l’AFP de l’incendie, accusant ceux qui « refusent les élections ». L’incendie s’est déclaré à l’intérieur d’une vaste enceinte dans laquelle il n’était pas possible d’entrer. Au lever du jour, quelques camions de pompiers, la garde présidentielle et la police entraient ou stationnaient devant cette parcelle située dans le centre-ville de Kinshasa. « Il y a eu un incendie qui s’est produit vers 1 heure du matin au dépôt principal de la CENI », a déclaré à l’AFP un témoin sur place, Ami Gaylor. Lire aussi Election présidentielle en RDC : le dauphin de Kabila courtise le Katanga « C’est à ce moment-là qu’on a appelé les autorités compétentes qui sont venues pour s’enquérir de la situation. Jusque-là, nous ne connaissons pas vraiment la cause réelle de cet incendie », a ajouté cet homme de 38 ans, arborant un tee-shirt à l’effigie d’un candidat aux élections législatives du PPRD, le parti au pouvoir.
Après la libération par erreur d’un détenu dans une affaire de terrorisme, la garde des sceaux demande de sécuriser les bonnes pratiques.
Nicole Belloubet veut fiabiliser la justice antiterroriste
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/13/nicole-belloubet-veut-fiabiliser-la-justice-antiterroriste_5396826_1653578.html
13/12/2018
police-justice
Plus jamais ça ! La garde des sceaux, Nicole Belloubet, a écrit à la première présidente de la cour d’appel de Paris, Chantal Arens, et à la procureure générale, Catherine Champrenault, leur demandant de lui remettre sous trois mois des propositions pour « assurer la sécurité juridique des informations judiciaires » en matière d’antiterrorisme. Autrement dit, elle la juge insuffisante. Tout est parti du couac du 3 avril. Oualid Boudissa était libéré de la prison de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne), où il était censé rester en détention provisoire dans l’attente de son procès aux assises de Paris avec la fratrie Bekhaled pour association de malfaiteurs à but terroriste. Le juge d’instruction antiterroriste avait oublié de saisir le juge des libertés et de la détention pour demander la prolongation de sa détention provisoire. Quand l’affaire a éclaté quatre mois plus tard, révélée par Le Canard enchaîné, Mme Belloubet a dit avoir ordonné une enquête de l’inspection générale de la justice avant de se prononcer sur d’éventuelles sanctions. C’est peu de dire que la ministre de la justice a hésité avant de décider des suites à donner à ce rapport d’enquête, sur son bureau depuis deux mois. Selon le porte-parole de la chancellerie, l’inspection a conclu que l’oubli du magistrat « était une négligence grave, mais qu’il s’agissait d’un fait unique dans une carrière exemplaire, ce qui devait être pris en compte ». La date de renouvellement de la détention du prévenu était mal placée dans l’éphéméride sur papier avec laquelle travaille ce cabinet d’instruction. « Une erreur humaine », constate le rapport d’inspection, que le juge n’a jamais cherché à minimiser. La ministre de la justice a ainsi décidé de ne pas saisir le Conseil supérieur de la magistrature d’une procédure de sanction. Lire aussi Soupçonné de terrorisme, un détenu libéré de prison par erreur Pratiques fâcheuses « Je ne connais pas de juge d’instruction à qui ce n’est pas arrivé », relativise Pascal Gastineau, juge d’instruction à Paris et président de l’Association française des magistrats instructeurs. Il faut dire que le contentieux de la détention est complexe avec des délais impératifs différents selon le statut du détenu et la nature de l’infraction. Les juges d’instruction se plaignent d’ailleurs régulièrement d’outils inadaptés et d’une surcharge de dossiers à traiter. Mais l’enquête de l’inspection a révélé des pratiques autrement plus fâcheuses. « Ce juge d’instruction avait purement et simplement abandonné à sa greffière la gestion de la détention », affirme une source proche de l’inspection. Or, les décisions concernant la liberté des individus, fussent-ils mis en examen, sont censées être au cœur de l’office du juge… Il est vrai que, lorsqu’un cabinet d’instruction a dans ses dossiers plusieurs dizaines de personnes placées en détention provisoire, la gestion des renouvellements de mandats de dépôt et du contentieux sur les demandes de mise en liberté, qu’un détenu peut formuler à tout moment et sans limitation, devient vite fastidieuse. « Chaque matin, cela me prend deux heures, avant de pouvoir entamer mon travail d’instruction proprement dit », confie un juge.
Dans une tribune au « Monde », le géographe Julien Brachet considère que le contenu du pacte de Marrakech n’est pas une surprise et qu’il doit être traité en dehors de toute idéologie et politisation sur la question des migrations.
Migrations : « La question des idéologies et de leur légitimation qui est en jeu »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/migrations-la-question-des-ideologies-et-de-leur-legitimation-qui-est-en-jeu_5396824_3232.html
13/12/2018
idees
« Qu’il s’agisse des limites de la solidarité populaire ou de la bien-pensance élitaire, la question des migrations internationales divise. » MOSA’AB ELSHAMY / AP Tribune. L’adoption du pacte de Marrakech par l’Assemblée générale des Nations unies (ONU), lundi 10 décembre, renvoie à bien des égards à l’actualité française. Ces derniers temps, une petite minorité des « gilets jaunes » a réussi à fortement rendre visible son absence de solidarité vis-à-vis de ressortissants étrangers. Tout comme une petite minorité des Etats membres de l’ONU a réussi à occuper l’espace médiatique en refusant d’adopter ce texte. Lire aussi ONU : le pacte controversé sur les migrations adopté à Marrakech Un texte pourtant timoré, consensuel et non contraignant. Le contenu du « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » n’a rien de surprenant. L’idée fondatrice de ce texte est aussi simple que faussement naïve : la bonne « gestion » des frontières et des populations mobiles serait « bénéfique à tous », aux personnes comme aux Etats, à l’économie comme à la culture. S’entendre sur les mots et sur la mesure de la situation présente permettrait sans doute de mieux saisir le sens de cette déclaration d’intention ainsi que ses silences. Pour gérer certains mouvements migratoires, de nombreux Etats ne respectent déjà plus la Convention internationale des droits de l’homme ou le principe de présomption d’innocence, contournent le droit d’asile et le droit maritime, sans parler de l’institutionnalisation des violences aux frontières et dans les multiples lieux d’enfermement des étrangers. Quand des textes officiellement contraignants sont bafoués de manière routinière par des services d’Etats, on peut légitimement douter de la capacité d’un texte non contraignant à faire changer les pratiques. Idéologies au cœur du problème Qu’il s’agisse des limites de la solidarité populaire ou de la bien-pensance élitaire, la question des migrations internationales divise. A toutes les échelles, il semble cependant plus rentable électoralement de pencher vers la fermeture des frontières plutôt que vers leur ouverture. Pour une raison simple, nous dit-on : les politiques nationalistes et xénophobes en matière de migration ne seraient que le reflet des opinions publiques. C’est un peu vite dit. D’autant qu’en l’occurrence les « opinions publiques » ne tombent pas du ciel. La séance d’attribution des prix de l’Académie française, le 6 décembre, vient nous le rappeler. A ce titre, le premier des vingt-trois objectifs du pacte de Marrakech est louable : « Collecter et utiliser des données précises (…) qui serviront à l’élaboration de politiques fondées sur la connaissance des faits. » Louable ou naïf ? Car qui peut croire aujourd’hui que les politiques migratoires des Etats se fondent sur des « connaissances objectives » des faits plus que sur des idéologies politiques ? Et quand bien même, qu’est-ce que cela signifierait ? Les liens entre faits, idéologies et politiques constituent pourtant le cœur du problème – comme celui du pacte. Une récente polémique hexagonale nous le rappelle.
Avec le Royaume-Uni paralysé par le Brexit, la France entravée par la crise des « gilets jaunes » et l’Allemagne empêtrée dans sa sortie du charbon, Bruxelles échoue à accroître ses engagements.
COP24 : l’Union européenne, en proie à des divisions, peine à mener la bataille du climat
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/13/cop24-l-union-europeenne-en-proie-a-des-divisions-peine-a-mener-la-bataille-du-climat_5396815_3244.html
13/12/2018
planete
Sur les lieux de la COP24, à Katowice (Pologne), le 11 décembre. AGENCJA GAZETA / REUTERS Comme souvent quand les attentes sont fortes, la déception n’en est que plus cuisante. Alors que la conférence mondiale sur le climat (COP24) organisée à Katowice (Pologne) s’approche de son terme, vendredi 14 décembre, l’Union européenne, en proie à des divisions, peine à jouer un rôle de leader dans les négociations. Elle a pour l’instant échoué à accroître son effort dans la lutte contre le changement climatique afin d’entraîner les autres pays dans son sillage. « Le rôle de l’Union européenne est très décevant. C’est une COP européenne, donc pourquoi ne prend-elle pas ses responsabilités pour trancher les trop nombreuses options qui restent encore sur la table ? », tempête l’Indien Harjeet Singh, chargé des politiques climatiques à l’ONG ActionAid International. Depuis l’ouverture des négociations, le 2 décembre, Bruxelles consacre l’essentiel de son énergie à réaliser l’un des objectifs de cette conférence : adopter le guide d’application de l’accord de Paris (le rulebook, dans le jargon des négociations) qui permettra de donner vie à ce traité conclu en 2015 pour maintenir l’envolée des températures mondiales sous le seuil de 2 °C. « Adopter un rulebook ambitieux, clair et compréhensif est notre priorité absolue », a rappelé Elisabeth Köstinger, la ministre du développement durable autrichienne, parlant au nom de l’Union lors des interventions des dirigeants lundi. En revanche, les Vingt-Huit sont moins diserts lors des prises de paroles publiques sur les deux autres enjeux cruciaux de la COP24 : les financements climat et, surtout, l’accroissement des efforts des Etats pour lutter contre le dérèglement climatique. Actuellement, les promesses des pays mènent le monde vers un réchauffement de + 3,2 °C, bien loin du seuil de 1,5 °C recommandé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour éviter des conséquences désastreuses. L’action est d’autant plus urgente que les émissions mondiales de CO 2 d’origine fossile sont reparties à la hausse (+ 2,7 % entre 2017 et 2018), tirées par la consommation de charbon. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Climat : selon l’ONU, il faudrait tripler les efforts pour ne pas dépasser 2 °C de réchauffement Coalition pour une haute ambition Alors que le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a estimé que « rater l’opportunité d’agir ne serait pas seulement immoral, mais suicidaire », la question de l’ambition est pour la première fois entrée dans l’agenda européen mercredi. Onze Etats membres (dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni), ainsi que le commissaire européen au climat et à l’énergie, Miguel Arias Cañete, se sont regroupés en une « coalition pour une haute ambition » avec d’autres pays progressistes, tels que des Etats insulaires, le Canada, la Nouvelle-Zélande ou encore le Costa Rica. Ils ont publié un appel dans lequel ils se disent « déterminés à augmenter l’ambition d’ici à 2020, dans le respect de l’accord de Paris », ce qui passera notamment par la révision à la hausse des engagements des pays pour limiter les gaz à effet de serre.
Si la sortie de l’UE est si difficile, c’est parce que depuis deux ans au Royaume-Uni, on prend la mesure des avantages de l’Union, analyse Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».
Brexit : « Pourquoi rien ne se passe comme prévu »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/brexit-pourquoi-rien-ne-se-passe-comme-prevu_5396810_3232.html
13/12/2018
idees
Chronique. Ce devait être une affaire simple et, selon ses promoteurs, une aventure particulièrement « glamour ». Le Royaume-Uni sortait de l’Union européenne (UE), enfer bureaucratique et dictatorial, puis voguait vers le grand large, enfin libre de toute entrave continentale. Ce devait être la saga d’une libération, un coup de trampoline pour permettre l’émergence de cette « Global Britain », version XXIe siècle de celle qui porta les succès de l’ère impériale. Mais rien ne se passe comme prévu. En témoignent cette semaine les malheurs de Theresa May, la première ministre britannique, et l’impossibilité de dégager une majorité à la Chambre des Communes en faveur d’un type de Brexit – mou ou dur, avec ou sans accord, avec ou sans transition, avec ou sans plumes sur le chapeau. Le Brexit ressemble à une mauvaise histoire. Pourquoi ? La campagne d’avant le référendum du 23 juin 2016 n’a jamais porté sur l’Europe ni débattu des relations à venir entre Londres et l’UE D’abord, il y a un gros malentendu. Le Brexit est lancé, pour l’essentiel, par une branche des élites conservatrices du pays, des « internationalistes », familiers de New York, Bruxelles, Paris et la Provence, Athènes et les îles grecques. « Bien nés », souvent riches et surdiplômés. Quelles motivations ? L’ambition de prendre le pouvoir au sein du parti des tories, sans doute. Mais aussi l’ennui existentiel, qui n’est pas tolérable et qu’on aurait combattu il n’y a pas si longtemps en allant tirer le tigre dans quelque garnison des contreforts de l’Hindu Kush. Alors va pour le Brexit, c’est romantique et il faut bien s’occuper ! Seulement, les électeurs qui ont voté Brexit ne vivent pas sur la même planète. Ils sont, comme ailleurs dans les autres démocraties occidentales, des perdants de la mondialisation capitaliste, aux revenus stagnants et aux fins de mois difficiles ; un tantinet perdus dans des quartiers pluriethniques où le service public défaille en ces temps d’austérité budgétaire ; déclassés par la précarité du travail et l’évolution technologique – bref, victimes des maux affectant la plupart des démocraties libérales. Ici, les « gilets jaunes », là des électeurs brexiters, en Italie des fans de Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue et ministre de l’intérieur, et, sur l’autre rive, des « trumpistas ». Le projet « dumping » Malentendu encore : la campagne d’avant le référendum du 23 juin 2016 (51,9 % pour le Brexit) n’a jamais porté sur l’Europe ni débattu des relations à venir entre Londres et l’UE. Elle a été dominée par la question de l’immigration et celle du financement de la santé. Elle a été menée à coups d’énormes mensonges sur ces deux thèmes : on sortait de l’UE mais on en gardait les avantages, promettait le conservateur Boris Johnson.
Exploration en BD de la technique qu’un chercheur chinois a employée pour modifier le génome de deux bébés... et des barrières éthiques qu’il a franchies.
Fabriquer ses bébés transgéniques
http://lavventura.blog.lemonde.fr/2018/12/13/fabriquer-ses-bebes-transgeniques/
13/12/2018
blog
Le 18 décembre « Le cerveau, mode d’emploi » spectacle de Fiamma Luzzati et Andrea Redavid à l’Institut Culturel Italien de Paris : venez nombreux! (c’est gratuit, si jamais ça affiche complet, il y a toujours du monde qui réserve et ne vient pas) Mille mercis à Nicole Le Douarin, biologiste, professeur honoraire au Collège de France, secrétaire perpétuelle de l’Académie des Sciences, médaille d’or du CNRS et ma voisine. La condamnation de M. He Jiankui de la part de la communauté scientifique internationale a été unanime. Je suis un auteur de BD indépendant et pas une journaliste du Monde, si ce blog vous plaît, partagez-le. Vous pouvez me suivre sur Twitter, Facebook , Instagram . La femme qui prenait son mari pour un chapeau est mon dernier livre. POUR ALLER PLUS LOIN Nicole Le Douarin, Dictionnaire amoureux de la vie, Plon, 2017 The Conversation, Que savons-nous de Lulu et Nana, les premiers bébés CRISPR? https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/11/29/la-naissance-des-bebes-crispr-suscite-une-condamnation-universelle_5390251_1650684.html https://www.lemonde.fr/festival/article/2016/07/19/crispr-le-big-bang-de-la-genetique_4971697_4415198.html
Le 23 novembre, l’armée française a annoncé la « mise hors de combat » d’une « trentaine de terroristes ».
Mali : selon AQMI, la mort d’Amadou Koufa est un « mensonge » pour faire oublier les « gilets jaunes »
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/13/mali-selon-aqmi-la-mort-d-amadou-koufa-est-un-mensonge-pour-faire-oublier-les-gilets-jaunes_5396802_3212.html
13/12/2018
afrique
Un hélicoptère de l’armée française dans le centre du Mali, en novembre 2017. DAPHNE BENOIT / AFP Un dirigeant algérien d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Abdelmalek Droukdel, a démenti, mardi 11 décembre, la mort du chef djihadiste malien Amadou Koufa lors d’une opération de la force française « Barkhane », selon un communiqué diffusé par l’agence de presse privée mauritanienne Alakhbar. « Plusieurs médias internationaux ont rapporté que le cheikh Amadou Koufa avait été tué aux côtés de 34 autres dans une opération aéroportée. Toutefois, le cheikh n’était pas sur le site de l’opération et il n’a été ni tué, ni blessé », indique la retranscription, traduite en anglais et diffusée par Alakhbar, d’un enregistrement audio d’Abdelmalek Droukdel. « De même, le nombre de frères [morts en] martyrs n’est pas celui du mensonge du ministère [français], mais il est de seize moudjahidines », poursuit la même source. Abdelmalek Droukdel, également connu sous le nom d’Abou Moussab Abdel Wadud, affirme que l’annonce de la disparition du prédicateur peul radical est une « manœuvre » de Paris pour détourner l’attention de la population française de ce qui se passe « dans la rue », une allusion au mouvement social des « gilets jaunes » auquel ce texte de six pages est largement consacré. « Mort de ses blessures » Le 23 novembre, l’armée française a annoncé avoir mené la nuit précédente une opération dans le centre du Mali, le fief d’Amadou Koufa, qui a permis la « mise hors de combat » d’une « trentaine de terroristes ». La ministre française des armées, Florence Parly, a salué une action « qui a permis de neutraliser un important détachement terroriste au sein duquel se trouvait probablement l’un des principaux adjoints d’Iyad Ag-Ghali, Amadou Koufa, chef de la katiba Macina ». Des sources militaires maliennes se sont montrées formelles sur la mort d’Amadou Koufa, qui était apparu dans une vidéo deux semaines plus tôt aux côtés du Touareg Iyad Ag-Ghali, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), et de Djamel Okacha, dit Yahia Aboul Hammam, autre dirigeant d’AQMI. « Le terroriste Amadou Koufa est mort de ses blessures après l’intervention militaire française, suite aux informations fournies par l’armée malienne », a déclaré le général Abdoulaye Cissé, chef des opérations de l’armée malienne.
Benoît Quennedey, un haut fonctionnaire travaillant au Sénat, aurait livré des informations à la Corée du Nord. Une affaire de trahison à la française qui en rappelle d’autres.
Quand les agents français voient double
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/13/quand-les-agents-francais-voient-double_5396782_4500055.html
13/12/2018
m-le-mag
Benoît Quennedey, le 16 novembre 2017. AFP 2018, pour une Corée réunifiée Administrateur au Sénat, Benoît Quennedey est fasciné par le modèle coréen. Depuis deux ans, il est d’ailleurs à la tête de l’association franco-coréenne pour favoriser la réunification du pays asiatique. Il est soupçonné d’avoir livré des informations sensibles à la Corée du Nord. Mis en examen le 29 novembre pour trahison, il clame son innocence. Martin Bureau/AFP 2017, le grand retournement Deux ex-agents des services extérieurs français sont soupçonnés d’avoir été « retournés » par les services secrets chinois à qui ils auraient livré des informations sur les méthodes de travail des services secrets français. Démasqués par la DGSE, ils sont mis en examen depuis décembre dernier. Francis Temperville a été condamné à neuf ans de prison en 1997. Jean Chesnot/AFP 1997, pétales de rose et dossier épineux Francis Temperville, docteur en physique nucléaire, travaillait au Commissariat à l’énergie atomique. En 1989 et 1990, il vend au KGB des documents secret-défense. Pour prendre rendez-vous, l’officier traitant russe disposait des pétales de roses à un endroit précis sur le trajet domicile-travail de Temperville. Démasqué, le physicien sera condamné à neuf ans de prison en 1997. Bernard Boursicot, lors de son procès, en mai 1986. Philippe Bouchon/AFP 1986, l’effet papillon Bernard Boursicot, comptable à l’ambassade de France à Pékin, collabore avec la Chine après être tombé amoureux d’un chanteur d’opéra qui se faisait passer pour une femme et lui inventa un fils pour l’inciter à trahir. Une histoire qui inspirera une pièce de théâtre à David Henry Hwang et un film à Daniel Cronenberg. « M. Butterfly » est condamné, en 1986, à six ans de prison. Georges Pâques, à droite, en 1962. Philippe Bouchon/AFP 1964, Pâques en prison Georges Pâques, haut fonctionnaire modèle, membre de tous les cabinets ministériels de la IVe République, est arrêté et condamné, en 1964, pour espionnage au profit de l’URSS. Pâques voulait éviter une troisième guerre mondiale en rééquilibrant les forces en présence. En pleine guerre froide, la France découvre qu’elle a été infiltrée par les Soviétiques.
Bien avant les « gilets jaunes », le président français était devenu la cible des journalistes hongrois proches de Viktor Orban.
Emmanuel Macron, l’ennemi genou à terre de la Hongrie
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/emmanuel-macron-l-ennemi-genou-a-terre-de-la-hongrie_5396770_3210.html
13/12/2018
international
Cela ne s’invente pas : la rédaction du Pesti Sracok est installée dans les anciens locaux budapestois des services secrets bulgares. Du temps du communisme, ces derniers étaient chargés du « sale boulot », lorsqu’il fallait – par exemple – faire disparaître quelqu’un sans laisser de traces. Cela fait sourire Gergely Huth, copropriétaire et rédacteur en chef de ce site Internet nationaliste. Depuis quelques semaines, il attaque vertement Emmanuel Macron, dont les ennuis actuels face aux « gilets jaunes » font les gros titres et suscitent autant d’ironie que de mépris. Après le martelage sur les demandeurs d’asile, Bruxelles, l’ONU ou encore l’université d’Europe centrale, fondée par le milliardaire américain George Soros, pas un jour ne passe sans qu’un article soit publié sur les déboires du chef de l’Etat français, sous un angle négatif et conspirationniste. « Son arrivée au pouvoir en France n’émanait pas de la volonté du peuple, affirme ainsi M. Huth. M. Macron était le dernier petit serviteur en date d’un réseau de financiers, encouragé par les médias occidentaux. En vue des élections européennes [en mai 2019], les fronts sont devenus très clairs. On aura le choix entre sa vision du monde et celle de Viktor Orban. » En vérité, la contestation actuelle a pris de cours le pouvoir en Hongrie, qui avait lancé une campagne contre M. Macron et semble sidéré de voir l’adversaire puissant qu’il s’était choisi sombrer tout seul, avant même le début de la bataille. Ainsi, Viktor Orban ne jette pas trop d’huile sur le feu en s’adonnant à des déclarations intempestives. Il appréhende mal les ressorts sociologiques de la mobilisation dans l’Hexagone. Sans doute ne veut-il pas non plus attirer l’attention sur sa propre personne, alors que l’opposition a revêtu des « gilets jaunes », tentant de récupérer le mouvement, lors d’une manifestation récente contre l’augmentation des heures supplémentaires imposées aux salariés dans ce pays d’Europe centrale. « Polarisation » Pour l’instant, ses « chiens de garde » se chargent de régler leur compte au locataire de l’Elysée. Car Gergely Huth l’assume : sa rédaction, financée principalement par les publicités des organismes publics dépendants de l’Etat et donc du parti Fidesz au pouvoir, sert les intérêts de la majorité, comme la plupart des médias du pays, désormais regroupés dans une fondation au service de M. Orban. « Il y a une vraie campagne qui est menée contre le président français par les journalistes proches du régime, estime Peter Kreko, le directeur de l’Institut Political Capital, un think tank atlantiste et libéral. Ils reçoivent directement leurs ordres du bureau du chef du gouvernement. Radio et télévision publiques, sites Internet, journaux : ils disent tous la même chose. Chaque jour, nous avons droit à des sujets qui caricaturent M. Macron, faisant allusion au fait qu’il pourrait être gay ou toxicomane, qu’il est impopulaire, qu’il aime les migrants ou qu’il est mal entouré. Le narratif est de plus en plus diffamatoire et raciste. »
Beaux livres. Les fulgurances de photographes américains, coloristes pionniers, et autres livres, signés Saul Leiter, Sophie Calle, Willy Ronis, Alexandra Catiere…
Tod Papageorge et Joel Meyerowitz portent haut les photos couleurs des Etats-Unis
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/12/13/tod-papageorge-et-joel-meyerowitz-portent-haut-les-photos-couleurs-des-etats-unis_5396760_3260.html
13/12/2018
livres
Dr. Blankman’s New York. Kodachrome 1966-1967, de Tod Papageorge, en anglais, Steidl, 136 p., 40 €. Rétrospection, de Joel Meyerowitz, Textuel, 352 p., 59 €. Photo de Tod Papageorge extraite de « Dr. Blankman’s New York ». TOD PAPAGEORGE Sensualité folle de Papageorge L’Américain Tod Papageorge, né en 1940, n’est pas connu comme coloriste, plutôt comme un adepte de la photo de rue en noir et blanc. Il photographia en particulier la vie nocturne animée du Studio 54, discothèque incontournable des années 1970 à New York. Mais ses photos couleur, qu’on découvre dans un livre soigné, sont un enchantement. Tod Papageorge n’a utilisé le Kodachrome que pendant deux ans, en 1966 et 1967. Jeune photographe débarqué à New York à 25 ans, il espérait qu’un travail en couleurs pourrait convaincre les magazines de lui donner du travail. La tentative n’a rien donné, et il a mis de côté ses diapositives pendant cinquante ans. Peut-être est-ce le temps de pose long imposé par la pellicule peu sensible, ou bien l’excitation liée à la découverte d’une nouvelle ville par un jeune homme plein d’espoir : les images qu’il rapporte des rues de Manhattan, baignant dans une lumière crue les matières et les grains de peau, sont d’une sensualité folle. Plutôt que de viser l’action ou l’anecdote, Tod Papageorge s’arrête sur une coiffure, une robe, une vitrine, joue des couleurs les plus éclatantes, tout en prêtant une attention aux nuances plus subtiles – comme cette pile de cartons qui déroule ses teintes beiges dans le soleil matinal. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Amérique, couleurs locales Mais il sait aussi dépasser l’attraction immédiate des couleurs. Devant un stand de vente de ballons, il laisse les bulles colorées hors champ pour se concentrer sur leurs cordons, que le vendeur tient dans la bouche. Ses images font aussi allusion à l’époque, troublée, entre guerre du Vietnam et mouvements sociaux. On croise une jeune fille qui porte, outre une couronne de fleurs, un badge « Flower Power », un portrait de John Kennedy… Le jeune homme saisit aussi l’appétence de son temps pour les images, en capturant les gens qui se photographient, ceux qui regardent des photos ou son propre reflet, l’appareil à la main. STEIDL Meyerowitz, réflexif Un gros livre, aux éditions ­Textuel, salue parallèlement une figure bien plus connue des coloristes américains des années 1960-1970 : Joel Meyerowitz, né en 1938, passé de la photo de rue au paysage, puis au portrait et enfin à la nature morte. Dans ce Rétrospection, moins livre de photographie que journal illustré, le photographe revient sur son parcours, sur les images et les rencontres (comme Robert Frank) qui ont guidé ses choix.
La concomitance entre la signature du pacte de Marrakech et l’essor du mouvement contestataire permet au parti d’extrême droite d’opposer immigration et pouvoir d’achat.
« Gilets jaunes » : le Rassemblement national fait le pari de l’infusion des idées
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/13/gilets-jaunes-le-rassemblement-national-fait-le-pari-de-l-infusion-des-idees_5396744_3224.html
13/12/2018
societe
Manifestation des « gilets jaunes » sur la promenade des Anglais, à Nice, le 8 décembre. VALERY HACHE / AFP Effet d’aubaine pour l’ex-Front national. Deux actualités se télescopent, permettant au parti d’extrême droite de raccorder les deux pans de son discours habituel en un même argumentaire : l’immigration, avec l’approbation du pacte de Marrakech par la France, lundi 10 décembre ; les problématiques sociales, avivées par le mouvement des « gilets jaunes ». Depuis une dizaine de jours, Marine Le Pen elle-même n’a de cesse de lier immigration et pouvoir d’achat, estimant que le pouvoir « organise » la première au détriment du second. Lors d’une conférence de presse, le 3 décembre, la présidente du désormais Rassemblement national (RN) affirmait même que les « gilets jaunes » seraient « conscients qu’on ne peut pas accueillir des centaines de milliers de personnes supplémentaires, sans que ça ait une influence sur l’équilibre de nos budgets sociaux et de nos territoires ». De fait, début décembre, fausses informations sur le pacte de Marrakech et discours antimigrants se sont mis à irriguer groupes Facebook et ronds-points. Une vague concomitante avec le lancement de la campagne anti-pacte de Marrakech organisée par l’ensemble des satellites nationalistes du paysage politico-médiatique français – du président de la formation souverainiste Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, à l’hebdomadaire Valeurs actuelles, en passant, donc, par le RN. « Ça a cartonné sur les réseaux sociaux » « Gilets jaunes » ou pas, le parti de Marine Le Pen aurait évidemment vilipendé ce texte international non contraignant sur les migrations, tant la charge contre l’immigration est inscrite dans son ADN. Mais le fait que ce débat ait lieu au même moment que le mouvement de contestation français permet à l’extrême droite de tirer la question sociale sous un angle nationaliste. « Le RN est en train de tracer son sillon autour des “gilets jaunes” pour les enserrer dans ses propres problématiques », résume l’historien spécialiste de l’extrême droite, Nicolas Lebourg. A savoir : l’immigration. Un terrain sur lequel n’ira pas La France insoumise, autre parti d’opposition qui semble pouvoir bénéficier politiquement de l’effet « gilets jaunes ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Face aux « gilets jaunes », les « insoumis » avancent prudemment leurs pions Cette opposition immigration/pouvoir d’achat est donc aussi stratégique qu’idéologique pour le RN puisqu’elle lui permet de ne pas laisser la question sociale lui échapper au bénéfice de la gauche. « Ça a cartonné sur les réseaux sociaux, se gargarise ainsi Jordan Bardella, favori pour ravir la tête de liste RN aux élections européennes de mai 2019. C’est bien qu’on a réussi à faire passer le message. »
L’effervescence, partie de la province et des petites villes, ne se structure pas selon les schémas traditionnels de mobilisation de la jeunesse. On parle d’un réveil des enfants des « gilets jaunes ».
Mouvement lycéen : une cartographie inédite
https://www.lemonde.fr/education/article/2018/12/13/mouvement-lyceen-une-cartographie-inedite_5396741_1473685.html
13/12/2018
education
A l’issue de leur « AG », des étudiants de l'université Toulouse - Jean-Jaurès votent pour rejoindre les « gilets jaunes », le 6 décembre. MATTHIEU RONDEL POUR "LE MONDE" Les enseignants l’admettent volontiers : la mobilisation lycéenne qui s’est déployée dans le sillage des « gilets jaunes » les a pris de court. Pas seulement par la contagion rapide d’une académie à l’autre – jusqu’à 470 lycées ont été perturbés sur 4 000 au total, dont 2 500 publics. Pas seulement par son installation dans la durée (deux semaines de blocages) ou par ses excès de violence localisés, d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) à Orléans (Loiret) en passant par Blagnac (Haute-Garonne) ou Mantes-la-Jolie (Yvelines). Ce qui interpelle les observateurs de ce mouvement de jeunesse, qu’ils soient sociologues, proviseurs ou chercheurs, c’est bien sa géographie, alors qu’une nouvelle journée de mobilisation s’annonce ce vendredi. Quelques exemples suffisent à dessiner ses contours inédits. A Paris, les grands lycées de l’Est – ceux du cours de Vincennes dans le 20e arrondissement notamment – n’ont pas joué le rôle moteur qu’ils endossent habituellement, contre la loi travail, la loi Fillon, le lycée Darcos, le contrat première embauche (CPE)… A Rouen, les chemins empruntés par les lycéens sont eux aussi venus rebattre la carte habituelle des mobilisations : plutôt que des établissements « bourgeois » de la rive droite, les premiers défilés sont partis des lycées plus populaires, de la rive gauche. Les « enfants des “gilets jaunes” » ? Les autres exemples avancés se résument, souvent, aux noms de villes de taille moyenne qui, jour après jour, ont vu leur jeunesse faire les gros titres de la presse locale : à Digne-les-Bains, chef-lieu des Alpes-de-Haute-Provence, un millier de lycéens sont descendus dans la rue. A Cambrai (Nord), ils étaient 600 à manifester. A Dijon, en Côte-d’Or, on en a recensé 200 devant le rectorat… Infographie Le Monde Est-ce une mobilisation des « enfants des “gilets jaunes” » ? Le réveil d’une frange de la jeunesse qui partage, avec ses parents, des fins de mois difficiles et un sentiment de déclassement ? C’est l’une des grilles d’analyse retenues. « Sur les ronds-points s’observe une cohésion intergénérationnelle, défend Michelle Zancarini-Fournel, historienne. On voit des jeunes rejoindre des retraités, c’est suffisamment rare pour être souligné. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Lycéens et étudiants rejoignent les « gilets jaunes » dans le rejet de la Macronie Nous l’avons vérifié dans plusieurs académies – dont Lille, Montpellier et Marseille – en épluchant la presse quotidienne régionale, en sollicitant les rectorats, mais aussi, au cas par cas, les personnels des établissements bloqués.
Au festival de Lianzhou, 10 % des 2 000 images exposées ont disparu des murs. Nudité et politique, notamment, sont dans le collimateur des fonctionnaires locaux.
Festival de photographie : en Chine, l’art mystérieux de la censure
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/13/en-chine-la-censure-dans-ses-uvres_5396736_3246.html
13/12/2018
culture
Ce que nous avons vu début décembre à Lianzhou, à trois heures d’autocar de Canton, dans le sud de la Chine, est inimaginable. Et d’une grande violence. Cette ville de 500 000 habitants abrite, jusqu’au 3 janvier 2019, un festival mondialement réputé de photographie et de vidéo, associant artistes chinois et occidentaux. Pareil événement excite le visiteur, mais aussi le censeur. Pas celui qui joue des ciseaux à l’abri des regards, plutôt celui qui officie quasiment sous vos yeux, au moment de l’ouverture, passant d’un lieu d’exposition à un autre – ici, une ancienne usine de chaussures, là, un vieil entrepôt de céréales. Pas moins de 200 photos, sur les 2 000 réparties dans soixante-neuf expositions sur trois sites, ont été décrochées. Quatre artistes ont « disparu » alors que leurs images étaient aux murs. Une salle a été fermée d’un cadenas, une autre est restée ouverte, mais vide. Tel artiste a été « rétréci » de deux photos, un autre d’une vingtaine. Ça se voit : entre deux images accrochées, le visiteur remarque désormais un vide. « Les censeurs sont venus à trois ou quatre reprises », confie, accablé, le Français Jérôme Sother, l’un des organisateurs. Les photographes sont sonnés. Tong Lam, né à Macao, basé au Canada, venu exposer ses images de zones d’exercices militaires aux Etats-Unis et au Kazakhstan, a ressenti un « choc » en découvrant que cinq d’entre elles manquaient à l’appel. Son confrère David De Beyter, qui montre des voitures en flammes, en a désormais six en moins : « J’ai vu deux censeurs. Mes pièces ont été retournées contre le mur. C’est glaçant. » Un autre artiste préfère donner dans l’humour noir : « Lianzhou a deux organisateurs : celui qui a choisi les œuvres et celui qui les a coupées. » Travail de duettistes Les censeurs en question sont des fonctionnaires de la région, venus « travailler » jusqu’à 1 heure du matin la veille de l’ouverture et revenant le lendemain, faisant même retirer une vidéo en plein discours de vernissage. Portant jean et parka, ils opèrent en tandem. L’un tient à la main un gros cahier à couverture jaune mentionnant les images qui, quelques semaines auparavant, ont été « autorisées » par le service de la censure, ce qui signifie que plusieurs centaines d’autres ont été refusées lors d’une première vague de sélection. Celle à laquelle nous assistons est donc la seconde. La mission du tandem : vérifier si des photos exposées ne figurent pas dans le cahier jaune. Il y en a. Alors il y a de la casse…
Depuis le printemps, le peso argentin a perdu la moitié de sa valeur face au dollar, plongeant le pays dans la crise et poussant la population à faire des sacrifices.
L’Argentine, le pays où la vie est toujours plus chère
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/13/en-argentine-la-vie-toujours-plus-chere_5396731_3234.html
13/12/2018
economie
« Nous en avons assez d’avoir faim », peut-on lire sur une pancarte brandie lors d’une manifestation, à Buenos Aires, le 9 juillet. EITAN ABRAMOVICH / AFP Aller à la supérette chinoise du coin de la rue. Comparer avec les offres de l’hypermarché. Faire un détour chez le hard-discounter. Finir dans un magasin de gros… Voilà le circuit fastidieux auquel s’astreint Sol Varde, avant même de songer à remplir son chariot. C’est ainsi, dans une Argentine rongée par la flambée des prix : faire ses courses au quotidien, sans être à découvert dès le 15 du mois, tient à la fois de l’enquête policière et du parcours du combattant. La valse des étiquettes implique aussi des sacrifices. « Je n’achète plus le superflu. Je sors moins souvent boire un verre. J’ai renoncé à voyager les jours de congé », explique cette professeure de danse de Villa del Parque, un quartier de petite classe moyenne de l’ouest de Buenos Aires. Le doux visage de Sol Varde se voile d’une ombre d’amertume, teintée de résignation : « Les prix qui grimpent, on a l’habitude, mais cette année, c’est vraiment dur. » Le peso argentin a brutalement dévissé, depuis le printemps, perdant la moitié de sa valeur face au dollar. Une glissade qui a plongé le pays dans la crise et donné un gros coup de fouet à l’inflation. Les chiffres officiels pour novembre, publiés jeudi 13 décembre, devraient confirmer la tendance : la hausse des prix en 2018 devrait dépasser 47 % – plus de trois fois la cible fixée en début d’année par le président de centre droit, Mauricio Macri. Rien qu’en octobre, le kilo de farine a augmenté de 8,4 %, les citrons de 14,1 %, la laitue de 76,1 %. Le prix du ticket de métro a, lui aussi, explosé, tout comme les factures de gaz et d’électricité, alors que l’actuel gouvernement a raboté les subsides longtemps accordés à l’énergie et aux transports publics. Une économie peu exposée à la concurrence internationale A l’aune des standards argentins, ce dérapage généralisé n’est pourtant pas si exceptionnel. Hormis l’époque de la parité fixe entre le dollar et le peso, dans les années 1990 – une expérience qui vira au désastre financier –, le pays affiche depuis des décennies des taux d’inflation remarquablement élevés. Les causes, multiples, vont de la défiance historique suscitée par le peso au manque de compétitivité d’une économie peu exposée à la concurrence internationale. La folie dépensière, qui marqua la présidence de la péroniste Cristina Kirchner (2007-2015), ne fit qu’aggraver la tendance. L’Argentine est devenue le pays où la vie est toujours plus chère. Longtemps, la population a semblé quasi immunisée. Bien des Argentins vivaient même dans « l’illusion de la richesse », décrit Victoria Giarrizzo, économiste à l’université de Buenos Aires et auteure d’un ouvrage sur l’inflation, Atrapame si puedes (« Attrape-moi si tu peux », non traduit) : gratifiés de solides augmentations salariales négociées par des syndicats puissants, ils donnaient libre cours à leur appétit de consommation.
Les deux usines sidérurgiques sous cocon depuis 2013 devraient être démantelées pour laisser place à d’autres activités. Décision dans quelques semaines.
ArcelorMittal ne veut pas rallumer les hauts-fourneaux de Florange
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/13/arcelormittal-ne-veut-pas-rallumer-les-hauts-fourneaux-de-florange_5396727_3234.html
13/12/2018
economie
Les cheminées des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal à Florange (Moselle), en avril 2013. JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP Les fameux hauts-fourneaux de Florange (Moselle) ne seront jamais rallumés. Contrairement à certains espoirs, il n’est pas question de redémarrer ces deux imposantes usines, arrêtées en 2011, puis placées « sous cocon » en 2013, à l’issue d’un des conflits sociaux français les plus spectaculaires du début du XXIe siècle. Officiellement, la décision n’est pas encore prise, et elle n’interviendra pas avant quelques semaines, affirme ArcelorMittal, le propriétaire du site. En pleine crise des « gilets jaunes », le numéro un mondial de la sidérurgie et le gouvernement ne veulent surtout pas réveiller une polémique autour de ce site symbolique. Mais, à mots couverts, les dirigeants du groupe ne cachent plus que le sort de ces cathédrales d’acier est scellé. Philippe Darmayan, président d’ArcelorMittal France, parle déjà de ce lieu comme d’une « friche » à laquelle il s’agit de trouver le meilleur réemploi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Florange : ArcelorMittal doit tenir tous ses engagements » Depuis le 1er décembre, le sujet est sur la table. Fin 2012, après avoir renoncé à nationaliser Florange, comme le suggérait le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, avait signé un accord dans lequel ArcelorMittal s’engageait à réaliser plusieurs investissements sur le site et à « ne pas démonter » les hauts-fourneaux durant six ans. A l’issue ce délai, échu le 30 novembre, « ArcelorMittal évaluera la possibilité de redémarrer » ces installations, « soit en cas de retour du marché, soit en cas de projet de nouvelle technologie », indiquait l’accord. En pratique, le groupe contrôlé par la famille Mittal « a respecté ses engagements, et même au-delà », constate François Marzorati, le haut fonctionnaire chargé de veiller à l’application de l’accord. Aucun salarié n’a été licencié sur le site, qui fait encore travailler 2 300 personnes. ArcelorMittal a aussi investi 270 millions d’euros sur place, soit bien plus que les 180 millions d’euros promis sur cinq ans, pour en faire une de ses plates-formes majeures, même si elle ne produit plus elle-même l’acier qu’elle transforme. Reste donc à déterminer l’avenir des hauts-fourneaux. En théorie, il est envisageable d’en rallumer un ou deux, puisque les équipements sont restés en place. Telle est la solution préconisée par Edouard Martin, l’ancien leader CFDT de l’acier devenu député socialiste européen. Depuis que la crise de 2008 est finie, la sidérurgie va mieux, ArcelorMittal aussi, et l’Europe est devenue importatrice nette d’acier. Produire sur le continent ces tonnes d’acier venues d’ailleurs nécessiterait « d’ouvrir (ou de rouvrir) l’équivalent de treize Florange », affirme ainsi M. Martin dans une tribune au Monde. Pourquoi ne pas le faire ?
Pour la juriste Isabelle Feng, dans une tribune au « Monde », la révélation de l’appartenance du PDG d’Alibaba au parti communiste démontre la nature réelle des liens entre l’Etat chinois et les entreprises privées.
« Jack Ma, héros communiste et capitaliste à la fois »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/jack-ma-heros-communiste-et-capitaliste-a-la-fois_5396717_3232.html
13/12/2018
idees
Le co-fondateur et président exécutif du groupe Alibaba, Jack Ma, au forum « Trade 2030 » de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève, en Suisse, le 2 octobre. Denis Balibouse / REUTERS Tribune. Par sa presse officielle, le Parti communiste chinois (PCC) a confirmé, le 26 novembre, qu’il compte en son sein Jack Ma, le fondateur du géant de l’e-commerce Alibaba. Applaudie en Chine, la révélation en a étonné ailleurs plus d’un : « Maintenant nous le savons », twittait le Financial Times. Si le Wall Street Journal évoque le dilemme qui se poserait au milliardaire chinois lorsque l’intérêt des actionnaires du groupe coté aux Etats-Unis entre en conflit avec ceux du parti unique, le geste de transparence de Pékin a poussé le New York Times à s’interroger sur le désir des héritiers de Mao de renforcer leur légitimité en ce temps de guerre commerciale avec les Etats Unis. Après avoir rencontré Donald Trump au sommet du G20, le président Xi Jinping pourrait vouloir marquer un point contre son homologue américain en dévoilant la soumission du flamboyant entrepreneur avec qui Donald Trump, à son arrivée à la Maison Blanche, avait projeté de « faire de grandes choses ensemble ». Le très charismatique Jack Ma n’a jamais caché sa sympathie pour le communisme chinois et vante régulièrement les mérites de celui-ci. Mais l’ancien professeur d’anglais, qui a l’habitude de tutoyer les grands de ce monde, a pris un tel soin de garder la distance avec le gouvernement central que certains ont même soupçonné, au lendemain de la divulgation de son adhésion au parti, qu’il s’agissait d’un engagement récent de l’entrepreneur en quête de protection. Camarade Ma Mais, le 3 décembre, le site officiel du PCC a détaillé le long parcours exemplaire du camarade Ma. Ce dernier a pris la carte du parti lorsqu’il était encore étudiant, bien avant qu’il ait ouvert la caverne d’Alibaba. Grâce aux bons soins de son patron et fondateur, Alibaba est doté des cellules du parti les plus structurées en Chine, parmi les entreprises privées, et ce dès le début de sa création. A ce jour, presque 10 % de ses 66 000 employés sont membres du parti. Mais pourquoi Jack Ma est-il resté silencieux jusqu’à présent sur son appartenance au Parti communiste ? Et pourquoi le parti a-t-il rompu cette complicité tacite dont l’intéressé a bénéficié depuis deux décennies, au moment où Jack Ma est célébré comme la copie chinoise de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon ? Il est curieux de constater que l’adhésion au parti semble être un sujet d’embarras. Interviewé par la BBC en 2012, l’ambassadeur de Chine à Londres, M. Liu Xiaoming, avait refusé de répondre à la question « êtes-vous un communiste ? ». La tergiversation de l’homme politique Liu contraste avec l’habileté de l’homme d’affaires Ma qui, savamment faisait planer l’ambigüité en déclarant qu’une entreprise devait garder un lien amoureux avec le gouvernement sans se marier avec celui-ci.
Les conditions du redémarrage de Florange, stipulées par l’article 5 de l’accord signé fin 2012 entre le groupe sidérurgique et le gouvernement, sont aujourd’hui réunies, affirment Edouard Martin et Joël Decaillon.
« Florange : ArcelorMittal doit tenir tous ses engagements »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/florange-arcelormittal-doit-tenir-tous-ses-engagements_5396716_3232.html
13/12/2018
idees
Tribune. Fin 2012, l’accord signé entre ArcelorMittal et le gouvernement français actait que seul le site de Florange (Moselle) serait concerné par une baisse temporaire de la demande d’aciers à l’exclusion des deux sites de Fos et de Dunkerque : d’où l’engagement d’accompagner socialement la reconversion des salariés de Florange concernés et de procéder à des investissements dans la recherche pour la consolidation des activités industrielles restant sur le site. L’accord précisait également le maintien de la présence stratégique de Flat Carbone Europe (FCE) à Florange et 180 millions d’euros d’investissements : sur ces différents aspects, les engagements ont été tenus. Mais cet accord contenait une autre clause. Son article 5 stipulait qu’ArcelorMittal évaluerait la possibilité de redémarrer une activité des hauts-fourneaux sur le site de Florange, soit « en cas de retour du marché », soit « en cas de projet de nouvelle technologie ». Cette option nécessitait la « mise sous cocon » des deux fourneaux de Florange et de l’aciérie : la fermeture était temporaire et non définitive. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Deux usines ArcelorMittal sur la sellette dans l’Hexagone L’économie européenne s’est redressée. Plusieurs secteurs industriels, notamment la construction automobile, ont profité de l’amélioration de la conjoncture qui a tiré la production d’acier. Mieux encore, il ne s’agit pas seulement d’une amélioration conjoncturelle : au-delà de la reprise de la demande, ce redressement est une conséquence directe de la mise en place des mesures de protection commerciale prises par l’Union européenne pour endiguer le dumping et le déferlement des surcapacités de la sidérurgie chinoise. Notre continent est devenu importateur net d’acier Depuis, les producteurs d’acier européens ont réussi à reconstituer leurs marges. Ainsi, ArcelorMittal est sur un rythme de résultats opérationnels européens supérieurs à 2 milliards d’euros par an depuis l’entrée en vigueur des mesures de protection. « Ce sont environ 37 millions de tonnes par an que l’Europe importe, dont 29 millions de tonnes d’aciers plats qui, pour être produits en Europe, nécessiteraient d’ouvrir (ou de rouvrir) l’équivalent de treize Florange ! » Ces mesures sont le fruit d’actions conjointes des organisations syndicales et patronales, soutenues par le Parlement européen, qui a refusé d’accorder le statut d’économie de marché à la Chine. Elles ont institué une nouvelle dimension structurelle de l’économie de l’acier, en France comme en Europe. Ce succès donne des perspectives d’activité et de nouveaux moyens pour moderniser les outils industriels qui ont souffert depuis de nombreuses années de désinvestissements.
Le nombre de bénéficiaires du dispositif cumul emploi-retraite a presque triplé depuis 2011, passant de près de 4 500 à 12 100 médecins libéraux, selon une étude de la Drees.
Un médecin libéral sur dix cumule emploi et retraite
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/13/un-medecin-liberal-sur-dix-cumule-emploi-et-retraite_5396697_1651302.html
13/12/2018
sante
Un médecin libéral sur dix cumule emploi et retraite, selon une étude publiée par la Drees le 13 décembre. ALEX PROIMOS / CC BY-SA 2.0 Près d’un médecin libéral en activité sur dix (9,7 %) cumule emploi et retraite, un chiffre en forte hausse depuis 2011 où la proportion n’était que de 3,5 %, selon une étude publiée jeudi 13 décembre par la Drees, le service statistique des ministères sociaux. Le nombre de bénéficiaires du dispositif cumul emploi-retraite a presque triplé, passant de près de 4 500 médecins libéraux en 2011 à 12 100 en 2018. Au total, il y a 125 000 médecins exerçant en libéral en France, un nombre plutôt stable depuis sept ans. Les généralistes en dessous de la moyenne « La part des médecins en cumul emploi-retraite est très variable selon la spécialité », indique la Drees. Ainsi, près du quart des psychiatres et près de 15 % des gynécologues en exercice sont en cumul emploi-retraite, contre 6 % des anesthésistes ou des chirurgiens. Les généralistes (8,3 %) sont en dessous de la moyenne de l’ensemble des médecins cumulants. Ils « reculent ou diffèrent » leur départ à la retraite « dans les zones très peu denses, là où ils savent que leurs patients auront des difficultés à retrouver un médecin traitant », assure le service statistique. En outre, les médecins exerçant à Paris prolongent en moyenne leur activité « nettement plus longtemps qu’ailleurs » : un médecin libéral sur cinq y cumule emploi et retraite. Lire aussi La France n’a jamais compté autant de médecins en activité
Les nouvelles spécialités prévues dans le cadre du bac 2021 ne seront pas accessibles à tous, faute d’un nombre suffisant d’enseignants, relève dans sa chronique le chercheur Philippe Askenazy. Cela va à l’encontre de l’égalité des chances promise lors de la campagne du président Macron.
Bac : « L’Education nationale ne pourra pas assurer une offre raisonnable sur tout le territoire »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/bac-l-education-nationale-ne-pourra-pas-assurer-une-offre-raisonnable-sur-tout-le-territoire_5396688_3232.html
13/12/2018
idees
Le gouvernement construit sa politique industrielle à coups de financements publics massifs autour de deux priorités : le véhicule autonome et, depuis le rapport Villani, l’intelligence artificielle (IA). Dans le sillage, l’ENA a même ouvert un nouveau concours réservé aux docteurs en sciences, certes à dose homéopathique : trois places en 2019… Avant l’été, la réforme du bac apparaissait comme un pas bien plus significatif. Douze spécialités proposées en première pour le bac général étaient annoncées. Parmi elles, les sciences de l’ingénieur (SI), jusqu’alors accessible aux seules premières S, et, nouveauté, une spécialité « numérique et sciences informatiques » (NSI). Les spécialités de la voie générale sont censées être en cohérence avec les attendus que les universités ou classes préparatoires exigeront dans Parcoursup. Dès l’année prochaine, les élèves actuellement en seconde devront en choisir trois, puis seulement deux des trois en arrivant en terminale. Elles seront donc déterminantes pour leurs études supérieures. On peut critiquer l’idée que le destin d’un jeune se forge par ses choix au printemps de la seconde, mais la réforme avait le mérite de la cohérence. Inter Hélas, les détails du déploiement du bac 2021 dévoilés après l’été montrent la domination d’une étrange forme d’IA, l’intelligence agenouillée… Sur le fond, de nombreuses tribunes, notamment dans le Monde, ont déjà dénoncé des programmes d’histoire repliés sur la France ou des programmes de sciences économiques et sociales désincarnés ; toutefois, on peut encore compter sur la liberté pédagogique des enseignants pour maintenir une certaine ouverture. En revanche, ces derniers seront impuissants face à la distribution de l’offre des spécialités sur le territoire. La note de service n° 2018-109 précise que seules sept spécialités qualifiées de « plus classiques » doivent pouvoir être accessibles pour chaque lycéen de la voie générale, non pas dans son lycée, mais dans un périmètre « raisonnable ». Mais ni SI ni NSI ne figurent parmi ces « classiques ». Qualifiées de « plus spécifiques », elles « feront l’objet d’une carte académique, voire nationale », comme si la connaissance du numérique ne pouvait pas être aujourd’hui utile dans la plupart des formations supérieures, y compris littéraires, et des métiers. Hors des zones bénéficiant d’un réseau dense d’établissements, les jeunes n’ont donc aucune garantie d’accès. Combien de jeunes se verront ainsi barrer des études supérieures en informatique ou dans une classe préparatoire scientifique car habitant dans des « territoires périphériques », pour reprendre la terminologie condescendante qui s’est récemment imposée ?
Paraplégique après un accident de ski, le tennisman raconte dans un livre comment le sport de haut niveau l’a sorti de son enveloppe de personne handicapée.
Le tennisman Michaël Jeremiasz, symbole handisport, plaide pour se surpasser au quotidien
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/12/13/michael-jeremiasz-symbole-handisport_5396686_1650684.html
13/12/2018
sciences
Dix mille pas et plus. Le sport de haut niveau est « un outil de reconstruction et d’autonomie hors norme », assure Michaël Jeremiasz. Devenir champion de tennis l’a sorti de son « enveloppe de personne handi­capée », écrit-il dans une autobiographie éclairante et inspirante, Ma vie, un sport de combat (éditions Marabout, 218 pages, 18,90 euros). Une fois n’est pas coutume, cette chronique ne sera donc pas centrée sur des données d’enquêtes ou d’études scientifiques, mais sur l’histoire de cet athlète au parcours impressionnant, qui met toute son énergie au service de la promotion du sport, du handisport et plus généralement de l’inclusion des personnes avec handicap dans la société. Enfant et adolescent bouillonnant d’énergie, féru de tennis et de sports extrêmes qui l’« attirent par-dessus tout », Michaël Jeremiasz est stoppé en plein vol, à 18 ans, le 7 février 2000 par un saut à skis périlleux, lors d’un défi en famille. Paraplégique, il perd 20 kg et toute autonomie. Pas pour longtemps. Accompagné par son entourage et par l’équipe d’un centre de réadaptation, il entame un nouveau parcours. « Je reprends les 20 kg perdus. Je développe d’autres compétences, j’ose la récupération, la confiance en moi. (…) La musculation, c’est une reconquête du corps », souligne-t-il. Mais c’est avec le tennis qu’il va se forger une « nouvelle identité ». Avant son accident, le jeune Michaël était un bon joueur, classé 5/6, « un niveau tout à fait correct mais bien éloigné des champions mondiaux ». Avec le tennis en fauteuil, son ascension va être fulgurante. En simple mais aussi en double, notamment avec Stéphane Houdet, son partenaire pendant plusieurs années, il enchaîne les victoires en tournois du Grand Chelem, aux Jeux paralympiques… L’un des plus beaux palmarès En quinze ans de carrière (2001 à 2016), Michaël ­Jeremiasz a gagné en double les quatre tournois du Grand Chelem (Roland Garros, Wimbledon, US Open et Open d’Australie), et il a été trois fois champion du monde par équipes, ce qui est l’un des plus beaux palmarès pour un joueur français. De plus, il a contribué à donner ses lettres de noblesse à ce sport. « J’ai été l’un des tout premiers à professionnaliser au niveau international le mouvement handisport, le premier à m’entourer d’un préparateur physique, d’une vraie cellule sportive de haut niveau et à gagner ma vie uniquement avec mes gains liés aux tournois et au sponsoring », ­témoigne Michaël Jeremiasz dans son livre.
Dans les Pays de la Loire et surtout en Bretagne, plus de 120 start-up et PME travaillent à des molécules nouvelles, grâce à la recherche scientifique.
Cosmétique, pharmacie... L’essor des biotechnologies marines dans l’Ouest de la France
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/13/dans-l-ouest-l-essor-des-biotechnologies-marines_5396682_3244.html
13/12/2018
planete
Champ de macroalgues (espèce « Laminaria digitata ») émergé à marée basse dans les environs de Roscoff (Finistère). WILFRIED THOMAS / CNRS Se soigner, prendre soin de son corps, entretenir sa mémoire, mais aussi fertiliser ou dépolluer les sols, produire du diesel, créer de nouveaux matériaux… Les hommes misent aujourd’hui beaucoup sur les richesses de l’océan, après avoir exploité jusqu’à l’excès celles de la terre. Le partage des ressources génétiques marines constitue l’un des quatre piliers du futur traité international sur la haute mer, en négociation sous l’égide de l’Organisation des nations unies (ONU). Certains ne l’ont pas attendu pour se lancer dans la quête et l’exploitation de nouvelles molécules. Dans l’ouest de la France, le centre d’innovation technologique Capbiotek de Rennes a recensé plus de 120 start-up et PME dans le secteur des biotechnologies marines, installées dans les Pays de la Loire et surtout en Bretagne, leader en la matière. Les 2 700 kilomètres de littoral de la région et sa filière de récolte d’algues comptent certainement dans sa vocation, mais celle-ci est aussi liée à la présence fournie de laboratoires universitaires et d’instituts de recherche sur son territoire. C’est là que naissent la plupart de ces innovations. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les ressources génétiques marines, très prometteuses tant socialement que financièrement » A la station biologique de Roscoff (CNRS-Sorbonne Université), dans le Finistère, plusieurs centaines de scientifiques et de techniciens explorent la biodiversité marine : phytoplancton, bactéries, invertébrés, algues, de l’échelle moléculaire aux écosystèmes complexes. Des collections de plus de 5 000 souches de micro- et de macro-organismes y sont conservées. Dans des bassins d’eau de mer glougloutant d’oxygène sont élevés toutes sortes d’occupants, comme ces ascidies, êtres étranges entre vertébrés et végétaux. Ici, l’animal de laboratoire n’est pas la souris, mais la roussette femelle et ses œufs transparents, dont on peut aisément suivre l’évolution. Des oursins granuleux – mâles et femelles, soigneusement séparés –, servent eux aussi d’objets d’étude : leur division cellulaire après fécondation est étudiée dans le cadre des recherches contre le cancer. Alternatives aux antibiotiques Les algues constituent un pilier important des travaux menés à Roscoff. A elle seule, la baie de Morlaix, qui s’étend au pied de la station fondée au XIXe siècle, en abrite 700 à 800 espèces. Les découvertes dans ce domaine débouchent régulièrement sur des applications prisées de l’aquaculture et de l’agriculture. Elles ont permis, par exemple, de mettre au point des produits de biocontrôle, à partir d’un polysaccharide extrait de l’algue brune Laminaria digitata, qui stimulent les défenses naturelles des plantes et limitent donc l’usage des pesticides chimiques. Ces substances sont commercialisées, entre autres, par Goëmar, une société de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), qui développe aussi des alternatives aux antibiotiques utilisés comme facteur de croissance chez les animaux.
En 2012, les photos de rongeurs déformés par des tumeurs avaient provoqué l’émoi et la controverse. Une étude d’ampleur prouve finalement l’innocuité des maïs transgéniques.
OGM : six ans après l’« affaire Séralini », une étude conclut à l’absence de toxicité sur les rats
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/13/toxicite-des-mais-transgeniques-une-etude-d-ampleur-conclut-a-l-absence-d-effets-sur-les-rats_5396681_3244.html
13/12/2018
planete
Culture de maïs, au nord de la France, en 2012. PHILIPPE HUGUEN / AFP C’est l’épilogue de l’« affaire Séralini ». En septembre 2012, le biologiste Gilles-Eric Séralini (université de Caen) et son équipe publiaient, dans la revue Food and Chemical Toxicology, une étude prétendant montrer des effets délétères, sur le rat, de la consommation d’un maïs transgénique, dit NK603, pourvu d’un trait de résistance au glyphosate – l’herbicide le plus utilisé au monde. Porté par les photos de rongeurs déformés par d’énormes tumeurs, l’émoi fut considérable. La controverse ne le fut pas moins, de nombreuses critiques scientifiques soulignant le caractère biaisé et non concluant de l’étude du biologiste français. Ainsi que la communication tapageuse ayant accompagné sa publication. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’affaire Séralini ou l’histoire secrète d’un torpillage Le risque était-il réel ? La question est désormais tranchée avec la publication, lundi 10 décembre, dans la revue Toxicological Sciences, d’une étude d’ampleur, la première à explorer aussi minutieusement les conséquences sanitaires potentielles de la consommation de deux maïs génétiquement modifiés : le NK603 (utilisé en 2012 par M. Séralini et ses coauteurs), et le MON810, une variété pourvue d’un trait de résistance à des insectes ravageurs. Résultat saillant ? Ces deux plantes n’ont eu aucun effet biologique significatif sur les rats de laboratoire qui les ont consommées pendant six mois. Pilotée par le toxicologue Bernard Salles (université Paul-Sabatier à Toulouse, INRA) et baptisée « GMO90 + », l’étude a été conduite sur fonds publics et a rassemblé un consortium d’une trentaine d’auteurs issus des grandes institutions de recherche et d’expertise françaises, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), en passant par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Méthodes d’analyse récentes et sophistiquées Les chercheurs ont soumis leurs rats à huit régimes alimentaires distincts. Les deux premiers à base des deux variétés de maïs conventionnel les plus proches des MON810 et NK603. Les six autres faisant varier la quantité de l’un ou l’autre des deux maïs transgéniques, cultivés ou non avec du glyphosate. Pour évaluer les effets de chacun des huit régimes testés, les auteurs ont utilisé les méthodes de la toxicologie classique : mesure du poids des animaux, examen de leurs organes après sacrifice, biochimie du sang, etc. Ils ont complété cet examen avec les méthodes d’analyse les plus récentes et sophistiquées. La première (dite « métabolomique ») permet de détecter de subtiles variations du métabolisme des animaux en évaluant dans leur circulation sanguine ou leur urine la présence de centaines de petites molécules issues de la « combustion » des nutriments par l’organisme. La seconde (dite « transcriptomique ») permet d’évaluer le niveau d’expression des gènes dans certains organes. Dans le cas présent, les chercheurs ont cherché les variations possibles d’expression des gènes dans les reins et le foie des animaux, les deux organes susceptibles d’être les plus affectés par la présence de toxiques dans l’alimentation.
L’avocat Bruno Blanquer dans une tribune au « Monde » propose un moyen de concilier la transition écologique et l’équité entre les citoyens.
« Gilets jaunes » : « Créer une Agence de la transition écologique qui recevrait le produit des taxes et impôts verts »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/gilets-jaunes-creer-une-agence-de-la-transition-ecologique-qui-recevrait-le-produit-des-taxes-et-impots-verts_5396673_3232.html
13/12/2018
idees
« Il serait plus payant politiquement d’isoler la fiscalité verte et la gestion de ses produits dans une entité tierce, telle que la Sécurité sociale en matière de santé. » D.R Tribune. Le gouvernement avait imaginé que les majorations présentes et à venir des taxes sur les carburants ne poseraient pas de problèmes au motif qu’il s’agissait d’une fiscalité verte, mise en place au nom de la transition écologique. Fort justement les « gilets jaunes » ont demandé quelle en était l’utilisation et il est apparu que les recettes correspondantes étaient noyées dans le budget général de l’Etat. Comme elles étaient d’un montant équivalent à celui dont s’est privé l’Etat en remplaçant l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), quatre milliards d’euros environ, le lien entre l’un et l’autre a été fait, entraînant la demande de rétablissement de cet impôt moins de six mois après sa modification. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En France, la finance verte en est toujours à ses balbutiements Cela pose la question de l’avenir du consentement des contribuables à une fiscalité verte. Les contribuables sont-ils encore prêts à accepter de payer des impôts supplémentaires pour financer la transition écologique après avoir regretté le départ du gouvernement de son champion, Nicolas Hulot, ou est-ce le triomphe de l’idéologie Trump, hostile à toute hausse du prix de l’énergie et des impôts. Ce dont on est sûr, c’est que l’on ne peut plus continuer à affirmer mettre en place une fiscalité au nom de la transition écologique et être dans l’impossibilité de démontrer son utilité pour le financement de ladite transition. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : la fiscalité écologique, variable d’ajustement des gouvernements Pourtant les grands principes du droit budgétaire qui interdisent l’affectation d’une recette à une dépense déterminée justifiaient la façon de procéder de nos gouvernants. Le fait que toutes les recettes doivent être versées dans une caisse unique où l’origine des fonds est indéterminée permet, en théorie, à l’autorité budgétaire de conserver son pouvoir de décision et de gérer les fonds publics en respectant les notions de solidarité et d’unité nationale. Sauf que là nous avons atteint la limite de ces principes qui doivent dès lors être dépassés. Isoler la fiscalité verte L’Etat va devoir avoir recours aux dérogations possibles à la règle de non-affectation pour pouvoir isoler la totalité de la fiscalité verte et l’ensemble de ses utilisations (nécessairement vertes), afin de pouvoir répondre aux pertinentes objections des « gilets jaunes » quant à la sincérité des motivations écologiques proclamées lors de la mise en place ou de l’augmentation d’une taxe ou d’un impôt. Ces mécanismes, budgets annexes ou comptes d’affectations spéciales, sont des concepts peu explicables, de sorte qu’il serait plus payant politiquement d’isoler la fiscalité verte et la gestion de ses produits dans une entité tierce, telle que la Sécurité sociale en matière de santé et de retraite ou Pôle emploi pour les demandeurs d’emploi.
Les Sud-Coréennes se mobilisent pour mettre fin au sexisme et au harcèlement quotidiens dont elles sont victimes. Un mouvement qui ne plaît pas à tout le monde.
#metoo, « molka » et féminisme au cœur des débats en Corée du Sud
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/13/metoo-molka-et-feminisme-au-c-ur-des-debats-en-coree-du-sud_5396661_3210.html
13/12/2018
international
LETTRE DE TOKYO La Corée du Sud a vécu 2018 au féminin ; l’année a été ponctuée de différents mouvements en faveur des droits et du respect des femmes, qui ont poussé les autorités à réagir. Ainsi un nouveau service de taxis doit être expérimenté en décembre à Séoul. Proposé par la société Tago Solution, WayGo Lady mobilise une vingtaine de véhicules, tous conduits par des femmes et réservés aux femmes. Cette initiative vise à réduire les fréquentes agressions sexuelles dont elles sont victimes. « La ville tente d’adapter ses services et ses politiques en fonction de l’évolution des tendances sociales », a expliqué Park Byung-sung, un responsable de la mairie qui soutient la mesure. Preuve que les questions liées aux femmes ont dominé l’année, les mots-clefs les plus utilisés sur Twitter en 2018 place « school #metoo », « feminist » et « molka » – un mot qui désigne les vidéos de femmes prises sans leur accord dans les transports, les toilettes, voire par des proches pendant leur sommeil, puis diffusées sur des sites spécialisés – aux trois premières places. Le mot-clef associé au sommet intercoréen, qui a pourtant dominé l’actualité internationale de la péninsule, est renvoyé en septième position. Un classement qui révèle un mal-être mais aussi une volonté de ne plus se taire dans une société où la femme reste socialement en retrait. Attouchements à l’école « School #metoo » a été lancé le 7 septembre par une élève du collège pour filles Chungbuk de Cheongju (centre) qui voulait protester après la diffusion d’une vidéo prise à l’insu d’une de ses camarades. Il s’est vite propagé, amorçant une vaste campagne de révélations sur les problèmes de harcèlement et d’agressions sexuelles dans les collèges et les lycées. Des collégiennes de Gwangju (sud-ouest) ont surfé sur cette vague pour remettre, début décembre, un rapport traitant de ce sujet au bureau local de l’éducation. Elles révélaient que certains enseignants de la ville avaient « commis des attouchements » sur des élèves et auraient proféré à leur encontre des « propos dégradants. » La police a ouvert une enquête. En novembre, quatre enseignants d’un lycée pour filles d’Incheon (ouest de Séoul) ont été démis à la suite d’allégations de harcèlement sexuel. Le mouvement a pris une telle ampleur que la ministre de l’égalité des genres et de la famille, Jin Sun-mee, a promis le 30 novembre sur Twitter que son administration répondrait « toujours à la voix des jeunes et sera toujours aux côtés de ceux qui sont marginalisés ».
Cet homme de 45 ans est la première des quatre victimes du tireur de Strasbourg à avoir été inhumée.
Kamal Naghchband, réfugié afghan tombé sous les balles de Cherif Chekatt
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/14/kamal-refugie-afghan-tombe-sous-les-balles-de-cherif-chekkat_5397883_1653578.html
14/12/2018
police-justice
Le cercueil de Kamal Naghchband, tué par Cherif Chekkat, porté dans la mosquée Eyyûb Sultan, à Strasbourg, le 14 décembre. PATRICK HERTZOG / AFP « On a beau lui faire du mal, lui ne faisait que du bien » : Kamal Naghchband, mort deux jours après l’attentat du marché de Noël de Strasbourg dans la soirée du mardi 11 décembre, est la première victime de Cherif Chekatt à avoir été inhumée. Une émotion contenue mais forte imprégnait, jeudi 13 décembre, la cour de la mosquée Eyyûb Sultan, dans le quartier de la Meinau à Strasbourg. Les communautés turque et afghane, ainsi que plusieurs représentants de la municipalité, étaient venues rendre un dernier hommage à Kamal Naghchband, abattu par Cherif Chekatt, rue des Grandes-Arcades. Homme de bien, toujours souriant, Kamal Naghchband était apprécié de tous. Depuis 2016, il tenait un garage automobile à proximité de la mosquée Eyyûb Sultan, qui lui louait l’espace. « Il avait besoin d’un local donc il est venu ici, comme il fréquentait régulièrement la mosquée », affirme Eyup Sahin, président régional de l’association islamique Milli Görüs, qui gère le lieu de culte. De son voisin, il retient son sourire : « C’était une personne très, très sympathique, très serviable. Quelqu’un qui voulait toujours faire du bien aux autres. Moi-même, quand je passais à côté de son garage pour aller à mon bureau, il me demandait toujours si j’avais quelque chose à réparer dans ma voiture. Il était toujours là en train de vouloir faire du bien. On le connaissait comme ça. » Chagrin et incompréhension Cet Afghan de 45 ans était arrivé en France il y a une vingtaine d’années, avec sa famille. Originaire de la capitale, Kaboul, il avait fait ses études à Mazar-e-Sharif, dans le nord du pays, précisait-il sur son compte Facebook, avant de fuir la guerre pour trouver refuge d’abord à Paris, puis à Strasbourg. C’est aussi en Alsace qu’il s’était marié et que sont nés ses trois enfants, âgés aujourd’hui de 3, 6 et 8 ans. Après avoir travaillé de nombreuses années dans un garage à proximité de la ville, il avait ouvert sa propre affaire il y a deux ans. « Sa clientèle, ce n’était pas que des Afghans, témoigne un fidèle de la mosquée. Il y avait de tout ; cela prouve qu’il était accueillant avec tout le monde. Les gens venaient dans son garage même sans avoir de voiture à faire réparer, simplement pour prendre un café. Avec lui, on ne parlait jamais de l’actualité ; il faisait plutôt des blagues. Il était tellement souriant qu’on n’avait pas le temps de parler tristesse. » Un ami proche raconte : « Kamal était mon meilleur ami. Nous nous connaissions depuis de nombreuses années et étions très proches. C’était quelqu’un de serviable et de gentil. Il avait fui l’Afghanistan, avant de trouver refuge à Strasbourg. Ce qui lui est arrivé est totalement injuste. » Il n’en dira pas plus, effondré par le chagrin et l’incompréhension.
Portant le n° 1 et offert par Proust à Lucien Daudet, ce livre qui établit un nouveau record de vente provenait de la bibliothèque de Pierre Bergé dispersée aux enchères.
« Du côté de chez Swann » : une édition originale vendue 1,5 million d’euros
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/14/une-edition-originale-de-proust-vendue-1-51-million-d-euros_5397874_3246.html
14/12/2018
culture
Une édition originale de « Du côté de chez Swann » vendue aux enchères chez Sotheby’s, cliché du 28 septembre 2017. THOMAS SAMSON / AFP C’est un record mondial pour une œuvre en français. L’édition originale de Du côté de chez Swann, de Marcel Proust est partie pour 1,51 million d’euros, a annoncé vendredi 14 décembre la maison Sotheby’s. Rarissime, cet exemplaire portant le no 1 et offert par Proust à Lucien Daudet était estimé entre 600 000 et 800 000 euros. Il provenait de la bibliothèque de Pierre Bergé dispersée aux enchères chez Drouot à Paris. Le précédent record était détenu depuis 2009 par une édition originale des Fleurs du mal, de Baudelaire, adjugée 775 000 euros. Plus de 8 millions d’euros La quatrième vente de la bibliothèque de Pierre Bergé a rapporté 8,10 millions d’euros, le double de l’estimation basse. Outre Du côté de chez Swann, une édition originale des Essais, de Montaigne, a été vendue 682 000 euros. L’une des toutes premières traductions en français des Vies parallèles, de Plutarque, un des livres de chevet de la Renaissance, a été vendue 671 780 euros. Ce manuscrit sur parchemin illustré de 54 peintures en pleine page était estimé entre 400 000 et 600 000 euros. Chef-d’œuvre de la Renaissance, considéré comme le livre fondateur de la botanique moderne, De Historia Stirpium (« De l’histoire des plantes », 1542), de Leonhart Fuchs, a été vendu 425 000 euros. Illustré de 512 planches gravées sur bois, entièrement peintes à l’époque, l’herbier de Fuchs constitue la véritable apparition du dessin scientifique en botanique.
Depuis son rachat en 2011, la maison de champagne rémoise a opéré un repositionnement qui lui a permis de retrouver son panache.
Charles Heidsieck redore son blason
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14/12/2018
m-gastronomie
Cyril Brun, chef de cave chez Charles Heidsieck, à Reims (Marne). Charles Heidsieck La maison Charles Heidsieck confirme qu’elle a retrouvé tout son panache. Quand on appelle le chef de cave Cyril Brun, arrivé en 2015 après quinze années passées chez Veuve Clicquot, il est content : « On a retrouvé un rythme de croisière. Pour moi, ce champagne, c’était celui qu’on buvait le dimanche en famille. J’ai toujours aimé sa patine et son âme. » Désormais, il contribue, avec Stephen Leroux, le directeur général de la maison depuis 2013, à en redorer le blason. Le réveil a eu lieu il y a sept ans, en 2011, quand la famille Descours (propriétaire du Groupe EPI, avec entre autres marques Weston et Bonpoint, mais aussi deux autres domaines viticoles en Provence et en Italie) a acheté la maison Charles Heidsieck au groupe Rémy Cointreau, qui la possédait depuis 1985. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La famille Descours est prête à s'offrir Piper-Heidsieck Elle a immédiatement compris qu’elle était le fleuron de la sphère Heidsieck. Fondée à Reims au milieu du XIXe siècle par Charles Heidsieck, voyageur sans frontières et neveu du fondateur de Piper-Heidsieck, la maison champenoise est à son image : ambitieuse. Bulles racées Ce caractère, on le ressent dans ses bulles racées, charpentées et boostées d’une élégance boisée, adaptée au goût du marché visé à l’époque : les Etats-Unis. Il est rare de retrouver à ce point dans le verre l’intention de son créateur. Ce dernier avait compris qu’il fallait dépasser les cours européennes, saturées de champagne, et viser d’autres marchés. D’où son surnom de « Champagne Charlie ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand le champagne parlait allemand Aujourd’hui, Cyril Brun concocte ces bulles à partir des raisins maison, issus d’un vignoble d’une soixantaine d’hectares, répartis entre la Marne et l’Aube. La maison produit environ un million de bouteilles, soit trois fois plus qu’au moment de son rachat par le Groupe EPI, dont les deux tiers s’envolent toujours à travers le monde, et notamment au ­Japon qui en est devenu un grand consommateur, alors qu’il y a six ans la marque en était absente. « Grâce à cette production, nous pouvons à nouveau nous permettre d’exister sur le marché », explique Cyril Brun. En effet, les champagnes Charles Heidsieck ont été totalement repositionnés, avec notamment un ajustement des prix et d’un réseau de distribution plus sélectif. Lire aussi Notre sélection de champagnes pour les fêtes
Depuis huit ans, Sophie Milesi, 30 ans, travaille dans l’exploitation familiale à Louvois, dans la Marne. Et compte bien lui imprimer sa marque.
Les champagnes Guy Méa vers une nouvelle identité
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14/12/2018
m-gastronomie
Sophie Milesi, viticultrice dans l’entreprise familiale Guy Méa. Maison Guy Méa Aujourd’hui, c’est Sophie Milesi qui préside aux destinées de la maison Guy Méa. Du haut de ses 30 ans, celle qui disait, enfant, vouloir être « champagneuse » construit une nouvelle identité à l’entreprise familiale, vieille d’un siècle, mais dont l’essor remonte aux années 1950. Depuis huit ans, Sophie Milesi travaille sur l’exploitation familiale, à une vingtaine de kilomètres au nord-est d’Epernay, à Louvois – la « voie des loups », car, au Moyen Age, ils rôdaient par ici –, et sa première cuvée, la « Belle de blancs », un superbe chardonnay 100 %, réalisée sans « pépé », lui ressemble : fraîche, mais complexe. « Chaque génération met sa patte sur les vins, je veux trouver mon identité », dit la jeune femme. « Un côté de “reviens-y” » Pour autant, Sophie Milesi est très famille. Et le grand-père, Guy, 87 ans, n’est jamais loin, toquant quotidiennement à la fenêtre pour proposer de goûter une bonne bouteille… ou distiller quelques conseils sur les assemblages. Les parents, Evelyne Méa et Jean-Louis Milesi, comptent aussi beaucoup dans l’histoire du domaine. Mais le plus important, pour la jeune femme, reste, avec son mari, Franck Moussié, venu du monde viticole bordelais, ses deux jeunes fils, Léonard, 3 ans, et Valentin, né en février. Son adrénaline pour réussir, dit-elle, de beaux champagnes. « La viticulture, c’est du bon sens. On est les premiers consommateurs, les voisins de nos vignes. On ne va pas traiter si ce n’est pas nécessaire. » Sophie Milesi « Je veux des champagnes faciles, avec de jolies bulles et une belle matière, comme dans notre brut tradition : des fruits, de la noisette et un côté de “reviens-y” », énonce Sophie Milesi. Ses pinots noirs et chardonnays, à la base de ses cuvées, viennent exclusivement de ses 9,5 ha de vignes, en grand cru et en premier cru. Si la jeune vigneronne n’est pas certifiée bio, elle revendique une année 2018 sans aucun traitement, grâce aux excellentes conditions climatiques. « La viticulture, c’est du bon sens. On est les premiers consommateurs, les voisins de nos vignes. On ne va pas traiter si ce n’est pas nécessaire », affirme celle qui réclame l’interdiction immédiate du glyphosate et la mise en place d’aides pour que les viticulteurs puissent désherber mécaniquement. « On en a les moyens en Champagne ; si on ne le fait pas ici, qui le fera ? », insiste la vigneronne, investie dans la commission technique et environnement du syndicat des Vignerons indépendants. Lire aussi : Notre sélection de champagnes Sophie Milesi est aussi ambassadrice des champagnes, avec six autres vigneronnes, au sein des Fa’Bulleuses, une association de « femmes de cœur », créée en 2014. « On s’entraide, on parle de nos métiers, on a toutes des petits en bas âge et on échange sur comment concilier vie professionnelle et familiale », explique Sophie Milesi. Trait commun entre ces dames de la Champagne, l’audace et la passion.
Au domaine Mouzon-Leroux, depuis 2008, une véritable révolution a eu lieu. Passé en biodynamie, le vignoble donne un champagne plus cristallin et plus digeste.
Les champagnes Mouzon-Leroux ou la métamorphose de la vigne et du vin
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14/12/2018
m-gastronomie
En héritant de Mouzon-Leroux, Sébastien Mouzon a fait sa révolution sur le domaine de Verzy (Marne). Anaïs GUERCHOVITCH Ce champagne, on l’a croisé sur de belles tables, chez des cavistes spécialisés en effervescents ou entre amateurs de fines bulles. Très reconnaissable, une étiquette beige minimaliste, un nom qui percute : « L’Atavique ». On l’a dégusté et, à chaque fois, on l’a adoré. Beaucoup de personnalité, de l’ampleur, de la longueur. Un champagne qui marque. Son nom, c’est en fait le nom d’une cuvée, produite par le domaine Mouzon-Leroux – qui est indiqué sur la collerette mais pas sur l’étiquette. Or ce domaine, on l’avait déjà goûté, mais dans un style assez éloigné, tant sur le visuel qu’au goût. « Je suis passé en biodynamie par éthique et aussi par conscience économique, pour ne pas cautionner le libéralisme et l’industrie pétrochimique, plus que pour l’environnement. » Sébastien Mouzon L’explication, c’est Sébastien Mouzon. Fils de Pascale et Philippe, il a repris le domaine. Et tout a changé. Après ses études, en 2002, il fait d’abord comme ses parents. Jusqu’en 2008, où il passe en biodynamie et fait vivre une révolution au vignoble de 7,5 hectares, situé essentiellement à Verzy. Pourquoi ? « C’est un livre de géopolitique, Le Dessous des cartes [éd. Tallandier], qui m’a fait prendre conscience que les produits que j’utilisais pour nos vignes venaient de grosses firmes pétrochimiques, explique Sébastien Mouzon. Je suis donc passé en biodynamie par éthique et aussi par conscience économique, pour ne pas cautionner le libéralisme et l’industrie pétrochimique, plus que pour l’environnement. » Mais pour ne pas s’opposer à sa famille, il ne fonce pas tout seul : « Mes parents, je les ai travaillés au corps sur cette question. J’ai fait un an de recherche pour croiser les informations, et j’ai rédigé un dossier de 100 pages pour leur expliquer ma démarche. Ils m’ont suivi. » Vins naturels et sans soufre ajouté Le vigneron, qui tient à souligner que, en plus de sa famille, il peut compter sur une équipe bienveillante et précieuse, ajoute que son travail n’est pas du « bio cool » mais du « bio géré » : « Je n’ai pas plus de maladies que les voisins. Pour notre réputation, je ne pouvais pas me permettre de me planter. Il fallait être très rigoureux. Ensemble, nous avons vu les vins changer, devenir plus purs, plus cristallins, plus digestes. » Lire aussi Notre sélection de champagnes pour les fêtes Aujourd’hui, les champagnes Mouzon-Leroux s’inscrivent dans la mouvance des vins naturels, certifiés bio et sans ajout de soufre. Autour de « L’Atavique » (baptisée ainsi car Sébastien incarne la 9e génération de vigneron dans la famille), la plus répandue, sept autres cuvées coexistent avec des noms comme « L’Incandescent », « L’Angélique », « L’Ineffable », selon leur personnalité. En bouleversant le domaine, Sébastien Mouzon a dû se refaire une toute nouvelle clientèle. Au vu de ce qu’on a goûté, on prédit à ses champagnes un destin superbe.
Dans la vallée de l’Ardre, excentrée par rapport à l’axe Reims-Epernay, Paul-Vincent Ariston conjugue modernité et tradition pour créer des champagnes façon « instantanés de l’année ».
Aspasie, un champagne au plus près de la nature
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14/12/2018
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Paul-Vincent Ariston, vigneron propriétaire du domaine Aspasie, à Brouillet (Marne). Olivier Toussaint/Aspasie En se rendant à Brouillet, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Reims, le visiteur aperçoit essentiellement des champs de céréales. Avant de découvrir, en descendant vers ce village d’à peine une centaine d’habitants, des vignes. On est loin, ici, des vastes coteaux champenois, mais la vallée de l’Ardre est aussi une terre pourvoyeuse de vin. C’est là que, depuis plus de deux siècles, la famille cultive. Pour être précis, il faut dire que, dès 1794, l’ancêtre, qui s’appelait Aspasie (de son prénom) Ancien, agricultrice, avait des vignes. La maison des champagnes Aspasie est, elle, née en 1855. Aujourd’hui, Paul-Vincent Ariston et son épouse, Caroline, sont à la manœuvre. Mais l’histoire familiale, la mémoire sont cultivées ici comme le raisin. Pour preuve, la belle structure en bois et métal d’un vieux pressoir ­Morgen qui trône dans la cour de la demeure. Sans sulfites ni pesticides Après avoir vinifié avec son père, Remi, Paul-Vincent a pris en 2011 les commandes des 12 hectares, répartis en trois tiers pour le pinot noir, le pinot meunier et le chardonnay, et quelques ares réservés aux autres cépages champenois – arbane, fromentot et pinot gris. Pour produire huit cuvées, 100 000 flacons au total chaque année, dont 40 % partent à l’export. Paul-Vincent Ariston aimerait que les champagnes de sa contrée, un peu excentrée par rapport à l’axe Reims-Epernay, soient mieux connus. Et milite pour conjuguer modernité et tradition. « J’essaie de vendre la vallée de l’Ardre. On est aux contreforts de la montagne de Reims, mais le flux touristique s’est tari. Les gens restent à Reims et Epernay, et on a perdu les Britanniques et les Belges qui passaient par ici, avant la crise de 2008 », regrette le jovial vigneron de 46 ans. S’il n’est pas en bio, Paul-Vincent porte néanmoins un grand soin à sa vigne. « Je suis HVE [haute valeur environnementale, le plus haut des trois niveaux de la certification environnementale des exploitations agricoles], pas loin du bio. Mais je n’aime pas le cuivre utilisé en bio. Je connais les ravages que ça fait. Et je trouve certaines molécules de synthèse moins dangereuses », affirme le viticulteur, adepte aussi de la technique de la confusion sexuelle, qui permet d’éloigner certains prédateurs de la vigne. Lire aussi Notre sélection de champagnes pour les fêtes Soucieux de « rendre aux consommateurs ce que la nature donne », il dit avoir « une truffe de labrador » et ne pas supporter les sulfites et les pesticides. Résultat, ces cuvées sont fraîches et tendues et, s’agissant des millésimes, Paul-Vincent Ariston veut qu’elles soient des « Polaroid », des photographies instantanées de l’année.
#UrgenceClimat. Un collectif de 70 chercheurs internationaux a évalué les solutions déjà mises en œuvre sur la planète et établi une liste des 80 moyens d’action pouvant avoir le plus d’impact.
Connaissez-vous les solutions les plus efficaces pour agir contre le réchauffement climatique ?
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/14/connaissez-vous-les-solutions-les-plus-efficaces-pour-agir-contre-le-rechauffement-climatique_5397828_1652612.html
14/12/2018
climat
Savons-nous ce qu’il faut faire, concrètement, pour lutter contre le dérèglement climatique ? C’est pour répondre à cette question que l’Américain Paul Hawken, spécialiste du climat, a réuni autour de lui soixante-dix chercheurs – scientifiques, économistes, responsables de politiques publiques, etc. – de vingt-deux pays : ensemble, ils ont évalué, de manière objective, les solutions déjà mises en œuvre à travers le monde, puis établi celles pouvant avoir le plus d’impact. Aidés par un comité consultatif de 120 membres, ils ont rassemblé les études portant sur ces solutions et conçu des modèles climatiques et financiers. Dans Drawdown. Comment inverser le cours du réchauffement planétaire (Actes Sud, mai 2018), ces chercheurs mettent en avant les quatre-vingts solutions les plus efficaces pour lutter contre le dérèglement climatique. Un ouvrage qui se veut une « feuille de route vers un monde plus écoresponsable » et entend montrer qu’il existe bien des moyens d’action concrets à portée de main. Et vous, avez-vous une idée des solutions les plus efficaces pour « inverser la tendance » ? Faites le test.
Cette maison de négoce sans vignoble, fondée en 2013 à Reims par Victor Duntze, élabore des vins harmonieux grâce à des vignerons partenaires.
Les débuts prometteurs des champagnes G.F. Duntze
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2018/12/14/les-debuts-prometteurs-des-champagnes-g-f-duntze_5397818_4497540.html
14/12/2018
m-gastronomie
Victor Duntze, 42 ans, a fondé la maison de ­négoce G.F. Duntze à Reims (Marne), en 2013. G.F. DUNTZE Née en 2013, cette nouvelle maison de négoce rémoise fait déjà parler d’elle. Dégustés à l’aveugle, ses champagnes se sont fait remarquer comme des vins harmonieux, qui filent droit et qui sentent bon le vrai. Comment est-ce possible ? C’est que l’authenticité du goût est préservée par une élaboration juste, qui ne vient rien ajouter de superflu. C’est Victor Duntze, 42 ans, rémois lui aussi, qui en est à l’origine. Il a créé cette entreprise seul après une carrière riche. D’abord, au sein de sa maison familiale Montaudon, vendue en 2008 à LVMH, il était responsable des 50 hectares de vigne en propriété ainsi que des achats de raisins. Puis, avec son père, il a été courtier en champagne. Autant dire qu’il connaît par cœur le réseau fermé du vignoble de la région. Encépagement local D’où sa facilité à trouver des vignerons partenaires, pour cette nouvelle maison sans vignoble. « Mon idée est de partir des différents secteurs champenois pour en tirer un profil “terroir” dans chacune de mes cuvées », explique-t-il. Son arrière-grand-père, Georges Frédéric Duntze, avait déjà créé cent ans auparavant, en 1913, une maison de négoce selon une idée encore plus précise du terroir, avec des cuvées en mono-village. Mais cette maison s’est peu à peu éteinte avec les aléas de l’histoire. « J’ai choisi un vigneron par secteur. Avec chacun d’eux, je travaille dès la vinification. Nous dégustons et assemblons ensemble. » Victor Duntze C’est une sorte d’hommage que lui rend donc Victor qui s’en tient pour le moment à 50 000 bouteilles par an. Il crée autant de cuvées qu’il existe de secteurs de production en Champagne : la vallée de la Marne, la côte des Bar, la montagne de Reims et la côte des Blancs. Il faut y ajouter un rosé au profil aromatique déjà très défini. « Chaque cuvée reflète l’encépagement local. J’ai choisi un vigneron par secteur. Avec chacun d’eux, je travaille dès la vinification. Nous dégustons et assemblons ensemble », précise Victor Duntze, qui pense n’en être qu’au début : « Sur une échelle de 1 à 10, je n’en suis qu’à 5 de mes objectifs. » Lire aussi Notre sélection de champagnes pour les fêtes Il a installé ses bureaux à Reims ; c’est là que les vins sont également élevés et conditionnés. Aidé de son cousin Pierre Besserat pour le marketing, il s’est mis à la commercialisation, un métier qu’il n’avait pas encore pratiqué. Avec succès, il faut l’avouer, car il exporte 40 % de ses champagnes, notamment aux Etats-Unis. Une histoire qui a du sens et à laquelle on souhaite longue vie. Parce que c’est sacrément bon et prometteur.
La maison familiale de Cramant, dans la Marne, possède un vignoble très morcelé, travaillé en culture raisonnée depuis sa reprise par l’arrière-petit-fils, Gilles Lancelot, en 2005.
Champagnes Lancelot-Pienne, des blancs de blancs aromatiques
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2018/12/14/champagnes-lancelot-pienne-des-blancs-de-blancs-aromatiques_5397819_4497540.html
14/12/2018
m-gastronomie
Gilles Lancelot et ses fils, Julien et Barthélemy, au domaine Lancelot-Pienne, à Cramant. Lancelot-Pienne Quand Gilles Lancelot fait ses assemblages, il réfléchit seul. En bon vigneron, il fait ses essais, goûte, regoûte et, une fois qu’il a trouvé la bonne formule, montre le résultat aux siens. Les siens, ce sont sa femme Céline (née Perceval ! Ça valait bien le nom d’une cuvée…), avec laquelle il travaille au domaine, et ses quatre enfants, qui adorent déguster et donner leur avis. Lire aussi Notre sélection de champagnes pour les fêtes L’un d’eux, Julien, est d’ailleurs en train de se former à la viticulture pour rejoindre son père dans cinq ou six ans. Il a le temps puisque Gilles n’a que 50 ans. Lui-même a œuvré aux côtés de son père pendant quinze ans avant de prendre la tête de l’exploitation en 2005. Ici, l’histoire a commencé il y a plus de cent vingt ans, et elle continue paisiblement, avec constance. Notes crayeuses Au cœur du village de Cramant, la grosse maison familiale domine le vignoble à perte de vue. L’arrière-grand-père Jean-Baptiste Lancelot était vigneron pour la maison Mumm, avec quelques arpents de vignes. C’est lui qui a commencé à sortir les premières bouteilles siglées Lancelot. Lorsque, à la fin des années 1960, son fils épouse une fille de vignerons, de la famille Pienne, le vignoble s’accroît. Aujourd’hui, Gilles exploite 9 hectares répartis sur 70 parcelles, entre la côte des Blancs et la vallée de la Marne, pour une production moyenne annuelle de 70 000 bouteilles. Autant dire que le vignoble est très morcelé. Il le travaille en culture raisonnée, en prenant garde à être juste. Par exemple, il travaille ses sols, ce qui évite l’emploi d’herbicides. Lire aussi Notre sélection de champagnes pour les fêtes Sa notoriété, il l’a surtout acquise avec ses blancs de blancs aromatiques, accessibles dans leur jeunesse, avec des notes crayeuses très identitaires. Mais sa cuvée de trois cépages avec pinot meunier en majorité, pinot noir et chardonnay plus minoritaires, est bien ancrée aussi dans des saveurs spécifiques, axées sur des notes d’épices gourmandes. Que son fils vienne prendre la relève dans quelques années l’encourage à investir. « Autant le faire maintenant pour que j’en profite un peu », s’amuse-t-il. « Rester indépendant est très important. Et la famille est une force pour ça », ajoute-t-il. Parole de vigneron !
Mardi 11 décembre, deux cosmonautes ont effectué une sortie hors de la Station spatiale internationale pour inspecter un mystérieux trou.
D’où vient le trou dans la Station spatiale internationale ?
https://www.lemonde.fr/international/video/2018/12/14/d-ou-vient-le-trou-dans-la-station-spatiale-internationale_5397813_3210.html
14/12/2018
international
trou. Mardi 11 décembre, deux cosmonautes ont effectué une sortie hors de la Station spatiale internationale (ISS) pour inspecter un mystérieux trou. Large de 2 millimètres de diamètre, il se situe sur la coque d’un Soyouz, un vaisseau spatial russe, arrimé à l’ISS. Le 29 août 2018, les instruments de la Station spatiale internationale détectent une légère chute de la pression de l’air à bord. Lorsque les membres de l’équipage partent à la recherche de la fuite, ils découvrent alors ce trou parfaitement rond. Une enquête est lancée par l’agence spatiale russe, Roscosmos. Les enquêteurs pensent d’abord qu’un micrométéoroïde, une petite particule de matière qui se déplace très vite dans l’espace, a percé la coque du vaisseau. Très vite les Russes découvrent que le trou a été percé… de l’intérieur. Le trou a-t-il été percé sur Terre ou dans l’espace, au cours d’un acte potentiellement délibéré ? Récit en vidéo.
Plusieurs centaines d’entreprises étaient en grève et des sites industriels bloqués, vendredi, contre une série de mesures gouvernementales.
Grèves en Belgique : les syndicats tentent de récupérer les « gilets jaunes »
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/14/greves-en-belgique-les-syndicats-tentent-de-recuperer-les-gilets-jaunes_5397811_3210.html
14/12/2018
international
Plusieurs centaines d’entreprises étaient en grève, des sites industriels bloqués et une partie des transports en commun affectés, vendredi 14 décembre en Belgique, en raison d’un mouvement de grève. Des barrages bloquants et filtrants ont été mis en place, principalement dans le Hainaut et à divers postes-frontières avec la France. Le mouvement touchait surtout des provinces de Wallonie, même si les transports en commun subissaient des perturbations en Flandre. Les organisations syndicales, titillées par un mouvement de « gilets jaunes » qui s’est déclenché principalement en Wallonie, dans la foulée de ce qui se déroulait en France, veulent accroître la pression sur les patrons et le gouvernement fédéral, dirigé par le libéral Charles Michel. Puissantes, adeptes de la concertation mais voyant désormais une partie des revendications sociales leur échapper, les organisations syndicales évoquent de nouveaux modes d’action, plus durs, face à un pouvoir qui oppose à leurs demandes son programme de réformes, qui, affirme-t-il, a créé des dizaines de milliers d’emplois. Les syndicats protestent – en vain depuis quatre ans – contre une série de mesures gouvernementales, dont une réforme des retraites, et réclament une prise en compte des questions de pouvoir d’achat. Ils souhaitent mobiliser alors que doivent commencer prochainement des discussions sur un accord interprofessionnel. Celles-ci doivent fixer une norme salariale pour deux ans. Hausse des taxes sur le carburant suspendue Jusqu’ici, le gouvernement n’a fait que suspendre une augmentation des taxes sur le carburant, prévue pour janvier, et affirme vouloir déposer des propositions sur le pouvoir d’achat dans les semaines à venir. Cette tentative, destinée notamment à amadouer l’opposition socialiste, se heurte toutefois au fait que la coalition au pouvoir est affaiblie par le départ des nationalistes flamands de la N-VA (Nieuw-Vlaamse Alliant, Nouvelle Alliance flamande, en français), sa principale composante. Le parti d’extrême droite ne semble pas prêt à faire de cadeau à M. Michel, il pourrait même précipiter sa chute dans les prochains jours en votant une motion de défiance ou en refusant le projet de budget fédéral. Même s’il ne présentait pas sa démission, M. Michel ne serait plus en mesure de prendre des décisions censées infléchir sa politique dans un sens plus social : réduit à une gestion des affaires courantes, il ne pourrait que préparer les élections, prévues pour le 26 mai. Vendredi, des délégués des trois grands syndicats (chrétien, libéral et socialiste) ont notamment manifesté devant la Fédération des entreprises de Belgique, où une délégation a été reçue. Aucune avancée n’a été enregistrée, mais le patronat s’est montré « à l’écoute », communiquaient les syndicalistes. Ceux-ci tentent aussi de fédérer les revendications de leurs affiliés et celles des « gilets jaunes », sans véritables attaches politiques, parfois tentés par les extrêmes ou la violence. Les manifestants qui bloquent encore quelques carrefours ou les routes menant aux grandes surfaces semblent toutefois douter, comme en France, de la capacité des organisations syndicales à écouter leurs revendications – par ailleurs assez flou – d’exigences.
Le champagne du domaine Diebolt-Vallois, pourtant régulièrement distingué lors des dégustations, est plus connu à l’étranger qu’en France. Nul n’est prophète en son pays…
Champagnes Diebolt-Vallois : une excellence qui gagne à être connue
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2018/12/14/champagnes-diebolt-vallois-une-excellence-qui-gagne-a-etre-connue_5397808_4497540.html
14/12/2018
m-gastronomie
Autour de Jacques Diebolt, Arnaud et Isabelle, ses enfants, et, derrière, Ophélie, sa petite-fille, au domaine Diebolt-Vallois, à Cramant (Marne). JEAN-CHARLES GUTNER/SIPA Dans le vignoble champenois, on entend parfois que Jacques Diebolt aurait pu devenir, par l’excellence de ses vins, la locomotive des vignerons de la région. D’ailleurs, les guides et revues spécialisés distinguent régulièrement son domaine parmi les 20 ou 30 meilleurs champagnes de vigneron. Pourtant, ses vins sont très discrets en France. Quand on lui demande pourquoi, le doyen du domaine Diebolt-Vallois reconnaît qu’il n’a jamais développé les ventes dans le pays : « En 1992, le Gault & Millau nous a décerné le titre de meilleur vigneron de la Champagne. Ce qui n’est pas vrai parce que, des meilleurs, il y en a plein. Mais il n’empêche qu’on a reçu des coups de fil de partout, pour savoir s’il y avait des importateurs à Prague, Helsinki ou New York. Mais en France, rien. Nos ventes se sont développées ainsi. Nous préférions nous consacrer à notre champagne plutôt qu’à démarcher des clients. » Le domaine Diebolt-Vallois vend donc 80 % de sa production à l’étranger. Pas de présence sur les salons de vin, peu de cavistes, quelques restaurants (mais pas des moindres : ceux du Bristol et du George V, par exemple). Quel dommage pour les palais français ! D’autant que les excellentes cuvées d’entrée de gamme sont accessibles pour une vingtaine d’euros. Savoureux et élancé La qualité rare de ses champagnes commence par le sol. Il figure parmi les meilleurs, dans la côte des Blancs. A l’origine, la moitié des vignes sont plantées à Cramant (où la maison est établie), amenées par Jacques Diebolt, l’autre à Cuis, le village voisin, par sa femme Nadia Vallois. Une commune classée grand cru, l’autre en premier cru. Depuis, ils ont réussi à racheter quelques parcelles, notamment à Chouilly, à Oger et au Mesnil-sur-Oger. La maison réunit désormais 14 hectares. Et maîtrise le terroir sur le bout des doigts : « Les raisins de Cuis sont très différents selon qu’ils regardent vers le nord ou le sud. Le bon Cramant, lui, regarde le sud sud-est. » Cette précision se ressent dans le verre, avec un champagne savoureux et élancé. Lire aussi Notre sélection de champagnes pour les fêtes Jacques Diebolt et Nadia Vallois ont depuis longtemps laissé les commandes à leurs enfants, Arnaud et ­Isabelle. Mais restent sur place pour aider en cas de besoin – « il faut s’occuper pendant la retraite », confesse le fondateur du domaine. Leur petite-fille, Ophélie, a également rejoint l’entreprise. Le domaine est résolument familial : « Tout le monde déguste, redéguste et donne son avis. Il y a une harmonie familiale, note Jacques Diebolt, qui insiste sur ce point. Parce que chacun fait ce qu’il doit faire. Personne ne repasse derrière. On se fait confiance. »
L’ampleur de la mobilisation est semblable à celle de la veille, selon le ministère, avec une soixantaine d’établissements touchés dans l’après-midi.
Blocage des lycées : quelques dizaines d’établissements perturbés
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14/12/2018
education
Les blocages de lycées ont touché vendredi 14 décembre une soixantaine d’établissements l’après-midi, selon le ministère de l’éducation. Le mouvement de contestation de lycéens a rejoint en cette fin de semaine les manifestations de la Confédération généralke du travail (CGT) et de syndicats d’enseignants. Douze lycées ont été entièrement bloqués dans l’après-midi, contre une trentaine en matinée. Les académies de Versailles, Créteil, Montpellier et Marseille ont été les plus touchées. L’ampleur de la mobilisation est semblable à celle de la veille, selon le ministère. Au plus fort du mouvement, la semaine dernière, on comptait jusqu’à 450 établissements perturbés (sur 4 000 lycées en France, dont 2 600 publics). Des incidents limités Des lycéens ont participé à des manifestations organisées à l’appel de la CGT, Solidaires et de la Fédération syndicale unitaire (FSU), notamment au Puy-en-Velay et à Grenoble, ont communiqué les préfectures locales. Quelques rassemblements devant des établissements et de brefs incidents ont eu lieu à Lyon, ainsi qu’à Valence, mais sans commune mesure avec la semaine dernière, selon la police. En Seine-Saint-Denis, le rectorat a signalé 21 lycées perturbés, soit trois fois moins qu’en début de semaine. La police a noté quelques feux de poubelles mais pas de voiture brûlée ou renversée. A Caen, les élèves du lycée professionnel Camille-Claudel ont été confinés pendant une heure, à la suite de l’intrusion de quatre personnes dans l’établissement, dont une semblait armée, selon le rectorat. Mais les intrus avaient quitté l’établissement à l’arrivée des forces de l’ordre. Le mot d’ordre des manifestations : « Tous mobilisés pour le libre accès à l’éducation, l’emploi, les salaires, les services publics, la retraite par répartition ». Né il y a deux semaines dans le sillage de la colère protéiforme des « gilets jaunes », le mouvement lycéen proteste notamment contre la réforme du bac, qui introduit une part de contrôle continu dans les notes de l’examen, contre la plate-forme d’accès à l’enseignement supérieur Parcoursup et le service national universel (SNU). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mouvement lycéen : une cartographie inédite
En France comme en Europe, les artistes se sont emparés du vin pétillant pour composer des tableaux aussi sacrés que profanes, l’inscrivant ainsi dans une certaine histoire des mœurs.
Ivres de champagne et de peinture
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14/12/2018
m-gastronomie
En France comme en Europe, les artistes se sont emparés du vin pétillant pour composer des tableaux aussi sacrés que profanes, l’inscrivant ainsi dans une certaine histoire des mœurs « Le Déjeuner d’huîtres », de Jean-François de Troy, 1735. Pour comprendre ce tableau, il faut regarder en haut, suivre le regard ravi des valets comme des aristocrates, à gauche, qui ­lèvent les yeux au ciel : le bouchon vient de sauter de la bouteille. Ce tableau a été peint la même année que « Le Déjeuner de jambon », de Nicolas Lancret, dont il est le pendant. Mais sur celui-ci, pour la première fois en peinture, le champagne est montré comme un effervescent ! Il acquiert alors son caractère festif. Avec élégance, car il accompagne tout de même un repas d’huîtres, et on l’apprécie alors comme vin de table à part entière. A noter que, déjà, la température de service a toute son importance : sur le devant du tableau, un petit meuble plein de glace, dans lequel les bouteilles sont plongées, fait office de refroidisseur. De même, les convives tiennent leur verre par le pied pour ne pas réchauffer le liquide. Fait étonnant, aucune femme n’est présente, ce qui semble indiquer un déjeuner de retour de chasse. RMN-GRAND PALAIS (DOMAINE DE CHANTILLY) / RENÉ-GABRIEL OJÉDA
La Champagne viticole est formée de centaines de terroirs bien différents avec ses 319 crus répartis dans cinq départements. Une mosaïque géologique qui ne fait pas tout, chaque maison ayant à cœur d’imprimer son style.
La Champagne, un vignoble façon puzzle
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14/12/2018
m-gastronomie
A Verzenay (Marne), « cru » situé sur le versant nord de la montagne de Reims, l’essentiel des 416 hectares sont plantés en pinot noir et chardonnay. Emeric Fohlen/Hans Lucas Que l’on visite la forêt de Verzy et ses envoûtants faux, des hêtres tortillards dont on ne connaît toujours pas l’origine, la fascinante basilique Saint-Remi, chef-d’œuvre de l’art roman de Reims ou l’impressionnant lac du Der, le plus grand réservoir artificiel d’Europe, avec ses 300 espèces d’oiseaux dont les grues et les hérons cendrés, on baigne dans le vignoble champenois. A l’instar de ses nombreux attraits touristiques, la Champagne viticole est formée de centaines de terroirs bien différents. Ce n’est pas un hasard si les communes y sont appelées « crus ». La région en compte 319, répartis dans cinq départements : 60 % dans la Marne, 23 % dans l’Aube, 10 % dans l’Aisne, le reste se trouvant dans la Haute-Marne et la Seine-et-Marne. Soit 34 000 hectares de vignes, que soignent quelque 15 800 vignerons. En 2000, l’appellation champagne ne comptait que 30 000 hectares, 24 000 hectares vingt ans plus tôt et 10 500 hectares en 1950. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Reims ou Epernay : quelle ville est la capitale du champagne ? Une AOC née en 1936, mais accouchée dans la douleur. Petit rappel historique. A la suite d’une saison catastrophique, la révolte des vignerons éclate en Champagne, fin 1910 et en 1911. Les Marnais, inquiets de voir la suppression de la délimitation d’appellation, se révoltent, et quelques grandes maisons d’Epernay et d’Ay sont incendiées. Les dragons sont envoyés contre les émeutiers. Ce mouvement a pour conséquence le rattachement de l’Aube à la région viticole champenoise, jusque-là limitée à la Marne. Dès 1927, une loi détermine les cépages autorisés : le pinot noir (38,3 % de l’encépagement en 2016), le pinot meunier (31,1 %) – la quasi totalité du meunier de la planète est en Champagne – et le chardonnay (30,3 %). Auxquels, il faut ajouter l’arbane, le petit meslier et les pinots blanc et gris représentant moins de 0,3 %. Patchwork géologique et climatique Quand l’amateur se tourne vers ce vin de fête, à l’effervescence contagieuse, il n’en connaît que rarement la réalité complexe. Tout au plus, distingue-t-il ce que signifient les initiales « NM », négociant manipulateur, désignant les maisons qui achètent une partie de leur raisin, et « RM », récoltant manipulateur, nommant les vignerons qui élaborent leurs cuvées à partir de leur raisin. Si la notion de terroir prend aujourd’hui de l’importance dans le choix des amateurs de vins, elle est encore méconnue pour le champagne. Les grands noms des maisons de négoce, comme autant d’enseignes prestigieuses, masquent souvent la réalité viticole.
Après les actes de vandalisme perpétrés par des casseurs, les commerçants redoutent de nouveaux débordements samedi. Retour sur les boutiques dégradées de la capitale par le photographe Vassili Feodoroff.
« Gilets jaunes » : l’angoisse des commerçants parisiens
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14/12/2018
societe
Les commerçants dont les boutiques ont été pillées ou vandalisées chiffrent les dégâts. A Paris, le bilan est lourd. Go Sport évalue à plus de 200 000 euros les « dégâts matériels, vols de marchandises et pertes d’exploitation » à la suite du pillage de son magasin de la place de la République. LVMH chiffre à près de 1 million d’euros le montant des dégâts et du vol de bijoux lors du casse de sa boutique Dior Joaillerie, avenue Montaigne, le 24 novembre. Jacques Creyssel, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), estime que « le manque à gagner approchera les 2 milliards d’euros » pour le commerce de détail. Partage Partager sur Facebook Partager sur Facebook Envoyer par e-mail Envoyer par e-mail Partager sur Messenger Partager sur Messenger Partager sur Whatsapp Partager sur Whatsapp Plus d’options Plus d’options Plus d’options Twitter Linkedin Copier le lien
La nouvelle création de la mère et la fille, « Bells and Spells », va faire les beaux soirs du Théâtre des Célestins, à Lyon, jusqu’au 31 décembre.
Spectacle : les sortilèges enchanteurs de Victoria Chaplin et Aurélia Thierrée
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/14/spectacle-les-sortileges-enchanteurs-de-victoria-chaplin-et-aurelia-thierree_5397732_3246.html
14/12/2018
culture
« Bells and Spells », de Victoria Thierrée-Chaplin, avec Aurélia Thierrée. LUCIE JANSCH Quel bonheur d’oublier la réalité le temps d’un soir, de la froisser comme un mouchoir au fond d’une poche, de l’escamoter derrière l’étoffe des rêves. C’est bien ce que font Victoria Chaplin et sa fille, Aurélia Thierrée, dans cette nouvelle création, Bells and Spells, qui va faire les beaux soirs du Théâtre des Célestins, à Lyon, jusqu’au 31 décembre. Dans la constellation Chaplin-Thierrée, Victoria, petite-fille de Charlie Chaplin, est la compagne de Jean-Baptiste Thierrée, avec qui elle a fondé le Cirque invisible, et la mère de James et Aurélia Thierrée, enfants de la balle. Sa spécialité, ce sont les décors et les costumes, qui chez elle sont bien plus que cela. Son art est plus proche de celui d’une marionnettiste, qui anime une matière morte pour engendrer des créatures fantastiques, lesquelles, chez Victoria Chaplin, tiennent de la chimère, au sens le plus fort du terme. Aurélia Thierrée traverse ce cabaret des illusions en jeune femme kleptomane, raflant tout ce qu’elle trouve sur son passage Et non seulement il y en a, des chimères, des monstres à la fois inquiétants et perdus, qui se fabriquent à vue sur le plateau comme par magie, dans ce Bells and Spells, mais c’est tout le spectacle qui semble répondre à cette définition. Tout s’hybride, se métamorphose et se recompose sans cesse, dans ce spectacle qui n’a d’autre justification que les mille et un sortilèges qu’il crée et fait s’évanouir devant vos yeux, et produit l’effet bienheureux d’une coupe de champagne – un champagne qui, subitement, se transformerait en sable et vous filerait entre les doigts. « Bells and Spells », de Victoria Thierrée-Chaplin, avec Aurélia Thierrée. LUCIE JANSCH La ligne narrative n’est qu’un prétexte, même si elle est tenue avec grâce par Aurélia Thierrée, qui traverse ce cabaret des illusions en jeune femme kleptomane, raflant tout ce qu’elle trouve sur son passage pour mieux se réinventer indéfiniment, en de jolis clins d’œil aux transformistes des fêtes foraines d’antan. C’est aussi une belle métaphore du travail de Victoria Chaplin, chez qui le moindre bout de tissu ou accessoire récupéré fera l’objet d’une recréation enchanteresse. Un trio de pantins sévères Les spectacles que créent ensemble la mère et la fille semblent toujours taillés à même le rideau du théâtre et l’étoffe du temps. Dans Bells and Spells, les person­nages se fondent – littéralement – dans le décor, ou se mettent dans de beaux draps qui les avalent et les dissolvent… Une rangée de fauteuils de théâtre devient un trio de pantins sévères qui semblent gronder la fantasque Aurélia pour ses frasques ; Aurélia qui alors entre dans un tableau de bataille de la Renaissance et en devient un des personnages.
« Le dialogue ne se fait pas par l’occupation du domaine public et des violences », a déclaré Emmanuel Macron à l’issue du sommet européen, vendredi.
« Gilets jaunes » : pour Emmanuel Macron, la France « a besoin de retrouver un fonctionnement normal »
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/14/gilets-jaunes-la-france-a-besoin-de-retrouver-un-fonctionnement-normal_5397723_823448.html
14/12/2018
politique
A la veille d’une nouvelle journée de mobilisation des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a déclaré, vendredi 14 décembre, à Bruxelles, que la France avait « besoin de calme, d’ordre, et de retrouver un fonctionnement normal ». « J’ai apporté une réponse » aux demandes des « gilets jaunes », a dit le chef de l’Etat, ajoutant : « Le dialogue (...) ne se fait pas par l’occupation du domaine public et par des violences. » Après quatre samedis de mobilisation, dont trois émaillés de spectaculaires violences et dégradations, certains « gilets jaunes » appellent à un « acte V » samedi, tandis que d’autres prônent l’apaisement après l’attentat du marché de Noël de Strasbourg mardi soir. « Je pense que le sens de l’intérêt général conduira chacun à s’incrire dans un débat national, et échanger avec leur maire, pour formuler des propositions politiques et sincères », a ajouté Emmanuel Macron. Il a répété avoir annoncé lundi, lors de son allocution aux Français, « des mesures fortes pour répondre aux demandes légitimes et sincères sur le pouvoir d’achat des travailleurs ». Parmi ces mesures figurent notamment une hausse de 100 euros des revenus au niveau du salaire minimum (smic) et une exemption de la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités touchant moins de 2 000 euros par mois. Elles s’ajoutent aux mesures annoncées précédemment par le gouvernement en réponse à la crise des « gilets jaunes ». Emmanuel Macron a appelé les Français à s’exprimer dans les urnes aux élections européennes de mai 2019 et aux suivantes. Mais « en aucun cas ce qui s’est passé ne doit conduire à remettre en cause l’élection démocratique qui s’est tenue il y a dix-huit mois », selon lui. Le chef de l’Etat a par ailleurs déclaré qu’il n’y avait « pas eu d’inquiétude » exprimée par les partenaires européens au cours du sommet de Bruxelles sur ces annonces sociales. Ces dernières « se traduisent par une stratégie de réforme qui est maintenue et reconfirmée, et par une stratégie budgétaire qui est adaptée à ce choix d’accélération », a-t-il souligné.