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À la suite de ce premier échec critique et commercial et de sa rencontre avec Yoko Ono, John Lennon essaie de s'aventurer hors du cadre des Beatles et participe, fin 1968, au Rock and Roll Circus, une émission musicale organisée par les Rolling Stones. Auparavant, il aurait dû s'impliquer, avec le groupe, dans le film animé Yellow Submarine, réalisé par George Dunning. Mais les Beatles, se désintéressant du projet, n'y prêtent même pas leurs voix et s'occupent exclusivement de fournir une poignée de chansons, rassemblées par la suite sur l'album du même nom.
Le dernier film de John avec les Beatles constitue le témoignage de la séparation du groupe. Au début de 1969, le groupe doit faire un dernier film pour honorer son contrat avec United Artists, alors que ses membres n'ont plus la moindre envie de jouer une nouvelle comédie. On décide donc de les filmer en répétition, pour un concert final sur le toit des bureaux d'Apple. Cependant, les tensions sont manifestes pendant le tournage et transparaissent dans le film. Les Beatles attendent un an avant de le laisser sortir, tant ils sont insatisfaits du résultat. Let It Be, réalisé par Michael Lindsay-Hogg, paraît en 1970, peu avant l'album éponyme. Lors de sa sortie, le groupe s'est déjà séparé.
En 1968, quelque temps avant que les Beatles ne se séparent, Yoko Ono initie Lennon à la réalisation de courts films expérimentaux. Le couple en produit plus d'une trentaine jusqu'en 1972. La plupart consistent en des extraits de concerts filmés et de clips, tandis que d'autres ont un concept bien défini, par exemple Self-Portrait qui montre le pénis de John en phase d'érection, et Erection, qui présente, en avance rapide, la construction de l'International Hotel de Londres.
Depuis la mort de Lennon, c'est Yoko Ono qui gère son patrimoine. Elle produit ainsi un grand nombre d'albums posthumes du musicien, à partir d'enregistrements inédits. Lorsque à la fin des années 1990, Paul McCartney demande que Yesterday soit créditée « McCartney/Lennon » plutôt que « Lennon/McCartney », sur la compilation 1, Ono refuse. De même, elle s'implique, avec les Beatles encore en vie et l'épouse de George Harrison, dans la production du jeu The Beatles: Rock Band et, de façon générale, dans le devenir des intérêts du groupe. Ono gère également l'image de son défunt mari, ce qui provoque une polémique, en 2010, lorsque Lennon apparaît dans une publicité pour Citroën,.
Des objets appartenant au chanteur sont également disputés aux enchères. Ainsi, en 2000, le piano sur lequel il a composé Imagine est acheté par George Michael pour plus de deux millions de livres sterling. De même, en 2007, un collectionneur britannique achète une paire de lunettes ayant appartenu à Lennon, pour une somme tenue secrète. En 2010, le manuscrit de paroles de la chanson A Day in the Life est vendu pour 1,2 million de dollars.
En 2006, le magazine Forbes annonce que Lennon est la quatrième des personnalités mortes les plus riches.
Le 11 novembre 2020, Yoko Ono annonce que c'est son fils Sean Lennon qui gère à présent le patrimoine de son père
De nombreuses chansons écrites par Lennon — pour les Beatles comme pour lui-même — ont été reprises, notamment Imagine (reprise notamment par Neil Young lors d'un concert en hommage aux victimes des attentats du World Trade Center le 21 septembre 2001). En 1999, un sondage de la BBC révèle que celle-ci est la chanson préférée des Britanniques. En 2002, un autre sondage de la même BBC le classe parmi en 5e place des « 100 plus grands héros britanniques ». Le magazine américain Rolling Stone classe Lennon en cinquième place des « meilleurs chanteurs de tous les temps » et 38e « plus grand artiste de tous les temps », alors que les Beatles arrivent premiers. Selon ce même magazine, deux de ses albums solo, Imagine et John Lennon/Plastic Ono Band, figurent parmi les 500 plus grands albums de tous les temps. Enfin, Lennon figure depuis 1987 au Songwriters Hall of Fame et, depuis 1994, au Rock and Roll Hall of Fame.
Liam Gallagher, le chanteur du groupe Oasis, considère pour sa part Lennon comme un héros, et a nommé son fils aîné Lennon Gallagher, en hommage au chanteur.
De nombreux artistes ont composé des chansons en son honneur. Par exemple, en 1982, dans l'album Hot Space de Queen, Freddie Mercury lui rend hommage dans la chanson Life Is Real (Song For Lennon). Scarabée, tiré de l'album M et J de Vanessa Paradis rend hommage à la vie de l'artiste. La chanson des Cranberries I Just Shot John Lennon évoque l'assassinat du chanteur, de même, la chanson Gosses en cavale de Patrick Bruel, l'onde de choc qui a suivi l'annonce de sa mort. La chanson Moonlight Shadow écrite par Mike Oldfield aurait également été partiellement inspirée par ce même évènement, du moins à un niveau inconscient.
Les ex-Beatles George Harrison et Paul McCartney ont chacun composé une chanson hommage à leur camarade disparu : le premier avec All Those Years Ago, publié sur son album Somewhere in England sorti en 1981, et le second avec Here Today, sur Tug of War sorti en 1982. McCartney a aussi publié la chanson Early Days en 2013, sur son album New, dans laquelle il raconte ses débuts avec son compagnon.
Elton John et Bernie Taupin, son collaborateur habituel, ont écrit Empty Garden (Hey Hey Johnny) que le chanteur publia en 45 tours et sur son album Jump Up! sorti en 1982. Une pièce instrumentale, écrite par Elton John à la suite de l'assassinat de Lennon, intitulée The Man Who Never Died, a été publiée en 1985 en face B d'un 45 tours couplée à Nikita. Elle sera incluse en piste bonus de la réédition CD de l'album Ice on Fire (en).
Paul Simon, auteur-compositeur-interprète natif de New York, a écrit la chanson The Late Great Johnny Ace qui raconte la mort de Johnny Ace et de John Lennon. Il l'a chantée pour la première fois en 1981 lors du concert à Central Park, à quelques pas du Dakota Building. Bien qu'elle soit présente sur la vidéo du spectacle, elle n'est pas incluse sur l'album live qui en est issu, mais sera réenregistrée pour son disque Hearts and Bones sorti en 1983.
La scène de la première rencontre entre John Lennon et Paul McCartney le 6 juillet est représentée par Yves Sente et André Juillard dans la série de bande dessinée Blake et Mortimer, dans le tome La Machination Voronov, aux pages 54 et 55, où Mortimer demande à Paul où est le prêtre, puis se rend à la scène où John jouait pour le trouver.
Plusieurs films ont été réalisés sur John Lennon après sa mort. Ainsi, un téléfilm, Two of Us, romance une rencontre entre Lennon et McCartney à New York, après la séparation des Beatles. Plusieurs films reprennent également l'assassinat de John Lennon : The Killing of John Lennon (en) et Chapitre 27, tous deux sortis en décembre 2007,. Dans ce dernier film, Lennon est incarné par Mark Lindsay Chapman, homonyme de son assassin. En 2009, les débuts de Lennon au sein des Quarrymen sont relatés dans le film Nowhere Boy, dont la sortie célèbre le 70e anniversaire du chanteur, en octobre 2010.
Des documentaires ont également été réalisés sur le chanteur, tels que Imagine: John Lennon, en 1988, composé d'images d'archives et d'extraits d'interviews et Les U.S.A. contre John Lennon en 2006, qui raconte les tentatives d'expulsion menées par Richard Nixon et son administration dans les années 1970. En 2019, John and Yoko: Above Us Only Sky, réalisé par Micheal Epstein, est diffusé par la chaîne A&E en Amérique et Channel 4 en Angleterre. Ce documentaire explore surtout l'année 1971 et l'enregistrement de l'album Imagine.
Dans la comédie uchronique Yesterday (2019) de Danny Boyle, le héros Jack se réveille dans un monde où les Beatles, entre autres, n'ont jamais existé et devient une star planétaire en interprétant leurs chansons, puisque personne ne croit qu'elles ne sont pas de lui. Dans ce monde parallèle, Jack parvient, à la fin du récit, à retrouver John Lennon, âgé de 78 ans, qui vit paisiblement retiré à la campagne, où il peint.
Depuis le milieu des années 1980, un mur de la ville de Prague continue d'être couvert de graffitis en son hommage et est devenu le mur Lennon.
Un astéroïde découvert en 1983 par l'astronome Brian A. Skiff est baptisé (4147) Lennon en son honneur.
En 1985, le mémorial Strawberry Fields est inauguré au Central Park de New York, à proximité du Dakota Building. Il est le théâtre de rassemblements réguliers pour célébrer les anniversaires de l'artiste.
Le parc John Lennon (en) ou Parque John Lennon est un parc public du district de Vedado de La Havane à Cuba. Sur l'un des bancs du parc se trouve une statue de John Lennon ; celle-ci fut inaugurée le 8 décembre 2000 par le président Fidel Castro. Une inscription près des pieds du banc dit : « Dirás que soy un soñador pero no soy el único, John Lennon », ce qui est une traduction des paroles de la chanson Imagine : « Tu peux dire que je suis un rêveur, mais je ne suis pas le seul ».
En 2002, l'aéroport de Liverpool, rénové, a été rebaptisé John Lennon Liverpool Airport. Une statue de John, en bronze, est installée dans le hall d'enregistrement, tandis que la devise « above us only sky » (tirée des paroles d'Imagine) est peinte au plafond. À l'extérieur, un Yellow Submarine (en) géant accueille les automobilistes.
Des expositions lui ont aussi été consacrées, dont John Lennon Unfinished Music, du 20 octobre au 25 juin 2006 à la Cité de la musique et Imagine, la ballade pour la paix de John & Yoko, une exposition temporaire au Musée des beaux-arts de Montréal, du 2 avril au 21 juin 2009.
En 2007, sur l'île Viðey dans la capitale islandaise Reykjavik, a été inaugurée la Tour Imagine Peace, un monument, conçu par sa veuve Yoko Ono, qui projette un rayon lumineux en direction du ciel, chaque année, entre le 9 octobre, la date de sa naissance, et le 8 décembre, celle de sa mort.
Le 12 août 2012, un hommage lui est rendu lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Londres, avec sa chanson emblématique Imagine, interprétée par une jeune chorale, puis par John Lennon lui-même, apparaissant sur les écrans géants du stade olympique.
Le 7 septembre 2018, un timbre postal à l'effigie de John Lennon a été produit par le service postal des États-Unis, basé sur une photo de Bob Gruen datant de 1974.
Dans la première saison d’Epic Rap Battles of History John Lennon affronte le présentateur télévisé de Fox News Bill O’Reilly.
La guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire se déroule du 30 novembre 1947 au 15 mai 1948, pendant les six derniers mois du mandat britannique sur la Palestine.
Dès le lendemain du vote du Plan de partition par l'ONU, la communauté juive et la communauté arabe s'affrontent avec une violence croissante tandis que les Britanniques, qui sont censés y maintenir l'ordre, organisent leur retrait et n'interviennent que ponctuellement.
Cette période constitue la première phase, ou le prélude, de la guerre israélo-arabe de 1948, également dénommée guerre de Palestine de 1948. Il s'agit d'une guerre civile du fait que les deux groupes qu'elle oppose essentiellement, Arabes et Juifs de Palestine, dépendent d'un même pouvoir central. Après le 15 mai, le conflit interpalestinien évolue vers une guerre inter-États entre Israël et plusieurs États arabes. La dénomination de guerre civile est générale parmi les historiens, quelles que soient leurs opinions sur d'autres aspects du conflit [réf. souhaitée]. Benny Morris, dans Victimes, histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, met l'expression entre guillemets.
Depuis 1920, la Palestine est sous contrôle et administration britanniques mais le pays est l'objet d'un conflit entre les nationalismes juif sioniste et arabe palestinien, qui s'opposent l'un à l'autre ainsi qu'à l'occupant britannique.
L'opposition arabe palestinienne culmine avec la Grande Révolte de 1936-1939. Menée par les nationalistes arabes, elle s'oppose à la fois au sionisme, à la présence britannique en Palestine et aux hommes politiques palestiniens se réclamant d'un nationalisme panarabe. À son terme, les nationalistes arabes palestiniens obtiennent toutefois des Britanniques une diminution draconienne de l'immigration juive traduite par le Livre blanc de 1939. Mais les conséquences sont lourdes. Le bilan de la révolte est très élevé (environ 7000 morts et blessés dont 3500 Arabes, 2500 Juifs et 600 Britanniques). Les différentes organisations sionistes paramilitaires se sont renforcées et les Britanniques pratiquent des arrestations massives parmi les Arabes dont le chef du Haut Comité arabe, Hadj Amin al-Husseini qui, après un passage en Irak, se réfugie en Allemagne nazie, où il cherche un soutien à sa cause et rencontre Hitler.
La révolte arabe conduit les Britanniques à promulguer un nouveau Livre blanc qui écarte la perspective d'un État juif, promet l'établissement d'un État palestinien indépendant dans les dix ans et limite strictement l'immigration juive.
Toutefois, les Britanniques ne parviennent pas à concilier les points de vue. Le 18 février 1947, ils annoncent l'abandon de leur mandat sur la région. Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations unies vote un plan de partage de la Palestine avec le soutien des grandes puissances, mais pas celui des Britanniques.
Ce plan prévoit la partition de la Palestine en trois entités, avec la création d’un État juif et d’un État arabe, Jérusalem et sa proche banlieue étant placées sous contrôle international en tant que corpus separatum.
Accepté par les dirigeants de la communauté juive en Palestine, par le biais de l'Agence juive à l'exception de ceux de l'Irgoun, le plan est rejeté par la quasi-totalité des dirigeants de la communauté arabe, y compris par le Haut Comité arabe palestinien, qui est appuyé dans son rejet du plan par les États de la Ligue arabe.
Dès le lendemain de l'adoption du plan de partage par l'ONU, les manifestations de joie de la communauté juive sont contrebalancées par les manifestations d'opposition arabe et les attentats au cours desquelles huit Juifs sont tués et d'autres blessés,. Dès le 1er décembre, le Haut Comité arabe décrète une grève générale de 3 jours. Le lendemain le nouveau centre commercial de Jérusalem est détruit et le 4 décembre, la première attaque d'envergure est lancée contre Ramat Efal, suivie le 8 décembre d'une autre contre HaTikva. La Ligue arabe décide de donner un million de livres égyptiennes ainsi que 10.000 fusils aux milices arabes. La Légion Arabe attaque Ben-Shemen le 14 décembre, suivie par l'armée de libération arabe qui attaque Kfar-Szold le 10 janvier.
Selon le général Ismaïl Safwat, responsable de l'intervention panarabe de la Ligue Arabe, bien que les escarmouches et les batailles aient commencé, les Juifs essayent alors de limiter les combats en espérant que le plan de partage sera accepté par les Arabes.
Selon Benny Morris, la plupart des combats dans les premiers mois du conflit ont eu lieu dans les grandes villes et leur périphérie et ont été initiés par les Arabes. Des snipers ciblaient les habitations juives, les piétons et les véhicules en circulation. Des bombes et des mines étaient déposées le long des chemins et des routes urbaines et rurales. Morris estime que jusqu’à la fin mars 1948, la communauté juive a déploré environ un millier de morts. Selon Ilan Pappe, en janvier 1948, 400 juifs avaient été tués alors qu'ils tentaient de maintenir le contact avec les implantations juives isolées et 1 500 arabes avaient été tués lors de bombardements par l'armée britannique. Tandis qu'Alec Kirkbride donne des chiffres de 348 Arabes tués au 18 janvier. Selon Yoav Gelber, le nombre de victimes de part et d'autre fut de 2 000 morts et 4 000 blessés.
Dans toutes les zones mixtes où vivent les deux communautés, à Jérusalem et Haïfa en particulier, attaques, représailles et contre-représailles de plus en plus violentes se succèdent. Les tirs isolés évoluent en batailles rangées ; les attaques contre le trafic routier se transforment en embuscades. Des attentats de plus en plus sanglants se produisent, auxquels répondent à leur tour des émeutes, des représailles et d'autres attentats.
Ainsi, le 30 décembre, à Haïfa, des membres de l'Irgoun lancent deux bombes dans une foule d'ouvriers arabes faisant la queue devant une raffinerie, tuant 6 d'entre eux et en blessant 42. La foule en colère tue en représailles 39 Juifs avant que les soldats britanniques ne rétablissent le calme,. Le 31 décembre, des soldats du Palmah et de la brigade Carmel attaquent le village de Balad-al-Sheikh et de Hawassa. Selon différents historiens, ils y font entre 21 et 70 morts.
Le 22 février, à Jérusalem, les hommes d'Hadj Amin al-Husseini organisent à l'aide de déserteurs britanniques un triple attentat à la voiture piégée qui vise les bureaux du journal The Palestine Post, le marché de la rue Ben Yehuda et l'arrière-cour des bureaux de l'Agence juive, faisant respectivement 22, 53 et 13 morts juifs ainsi que des centaines de blessés,. Le 29 février, en représailles, le Lehi mine la voie de chemin de fer Le Caire-Haïfa au nord de Rehovot, provoquant la mort de 28 soldats britanniques et en blessant 35. Il réitère l'opération le 31 mars près de Césarée, provoquant la mort de 40 personnes et en blessant 60, pour la plupart des civils arabes.
Sur la période de décembre 1947 et janvier 1948, on compte près de 1 000 morts et 2 000 blessés. Fin mars, un rapport fait état de plus de 2 000 morts et 4 000 blessés. Ces chiffres correspondent à une moyenne supérieure à 100 morts et 200 blessés chaque semaine (pour une population totale de 2 000 000 d'habitants).
En dehors de la zone côtière, les zones d'implantations du Yichouv en Palestine sont très dispersées. La communication entre la zone centrale la plus développée et les zones périphériques s'effectue par des liaisons routières. Ces liaisons constituent une cible d'autant plus facile que la plupart traversent ou longent des localités arabes, voire parfois des zones entièrement arabes.
Dans cette configuration, l’« isolement » des 100 000 Juifs de Jérusalem et alentours (comme le Gush Etzion, à mi-chemin sur la route stratégique entre Jérusalem et Hébron), celui des 27 villages et implantations du Néguev et celui de ceux du Nord de la Galilée constituent un point faible stratégique pour le Yichouv.
La possibilité d'évacuer ces zones difficilement défendables est envisagée mais à Jérusalem comme dans toute la Palestine, la politique de la Haganah a été fixée par Ben Gourion. Elle est simple. « Ce que tiennent les Juifs doit être conservé. Aucun Juif ne doit abandonner son domicile, sa ferme, son kibboutz ou son travail sans autorisation. Chaque avant-poste, chaque colonie, chaque village, quel qu’en soit l’isolement, doit être occupé comme s’il s’agissait de Tel-Aviv même. » Dans les faits, aucune implantation juive n'a été évacuée avant l'invasion de mai 1948. Seuls une douzaine de kibboutzim de Galilée ainsi que ceux de Gush Etzion envoient femmes et enfants dans les zones plus sûres de l'intérieur.
Ben Gourion donne des instructions pour renforcer les implantations du Néguev en hommes et matériel, notamment dans les kibboutzim de Kfar Darom ou Yad Mordechai (Nord de Gaza), Revivim (sud de Beer-Sheva) et au Gush Etzion. Conscient du danger qui pèse sur le Néguev, le Commandement suprême de la Haganah y assigne un bataillon entier du Palmah.
Le cas de Jérusalem est encore plus critique du fait de l'importance de sa population juive (1/6e du total du Yichouv) et de la grande difficulté d'accès de la ville. La route Tel-Aviv - Jérusalem est longue et escarpée. Elle quitte la zone juive à Houlda puis suit les contreforts de Latroun. Ensuite, le parcours des 28 kilomètres entre Bab-el-Oued et Jérusalem prend pas moins de 3 heures et la route traverse ou approche des villages arabes tels Saris, Qastel, Deir Yassin, ou Qaluniya.
Abd al-Kader al-Husseini arrive à Jérusalem en décembre 1947 avec l’objectif d’« étouffer » la communauté juive de la ville.
Il s'installe à Tzurif, un village au sud-ouest de Jérusalem, avec ses hommes, une centaine de combattants qui se sont entraînés en Syrie avant la guerre et qui servent de cadres à son armée, la Jaysh al-Jihad al-Muqaddas. Il est rejoint par une centaine de jeunes villageois et de vétérans de l'armée britannique. La bande armée passe rapidement à plusieurs milliers d'hommes et transfère son quartier général et son centre d'entraînement à Bir Zeit, près de Ramallah. Sa zone d'influence s'étend jusqu'à Lydda et Ramleh où Hassan Salameh, un vétéran de la Grande Révolte de 1936-39 à la tête de 1 000 hommes, coordonne ses actions avec Abdel Kader al-Husseini dans le harcèlement du trafic routier.
Le 10 décembre, la première attaque organisée se produit sur un convoi entre Bethléem et Gush Etzion. Dix passagers et membres de l'escorte sont tués.
Le 14 janvier, Abdel Kader mène personnellement une attaque contre Kfar Etzion dans laquelle 1000 hommes sont impliqués. L'attaque est un échec et il laisse 200 morts derrière lui. Toutefois, une section de 35 hommes du Palmah cherchant à renforcer l'implantation se fait surprendre, puis encercler et massacrer.
Le 25 janvier, une attaque d'envergure a lieu près du village arabe de Qastel. À la suite d'un appel d'Abdel Kader al-Husseini, plusieurs villages du nord-est de Jérusalem vont se joindre à l'attaque. D'autres préfèrent ne pas s'y joindre de peur des représailles ou s'excusent auprès de leurs voisins juifs arguant que l'appel ne concernait pas l'attaque du convoi mais la défense du village voisin de Bet Suriq.
La campagne pour le contrôle des routes prend un caractère militaire croissant et focalise l'effort de guerre arabe. À partir du 22 mars, les convois de ravitaillement vers Jérusalem ne passent plus. Ce jour-là, un convoi d'une trentaine de véhicules est anéanti aux gorges de Bab-el-Oued. Le 27 mars, un important convoi de ravitaillement de retour de Kfar Etzion est pris dans une embuscade au sud de Jérusalem. Encerclés par plusieurs milliers d'Arabes et à court de munitions, ses membres demandent l'assistance des Britanniques après 24 heures de combats. Ils doivent néanmoins abandonner armes et munitions, mais surtout tous les véhicules aux Arabes.
Selon un rapport britannique, la situation de Jérusalem, où un rationnement en nourriture est déjà en application, risque de devenir désespérée après le 15 mai. À la même période, la situation est tout aussi critique pour les Juifs à d'autres endroits du pays. Le 26 mars, les colonies du Néguev sont isolées de par l'impossibilité d'utiliser la route côtière du sud qui passe par des zones denses de population arabe. Le 27 mars, un convoi de ravitaillement destiné aux kibboutzim isolés au nord-ouest de la Galilée est attaqué dans la région de Haïfa. Entre 42 et 47 combattants de la Haganah et une centaine de l'Armée de libération arabe sont tués. Tous les véhicules sont détruits,,.
Le bilan des pertes subies la dernière semaine de mars est lourd pour la Haganah : trois grands convois ont été pris en embuscade, plus de 100 soldats ont été tués et l'essentiel de la flotte de véhicules blindés est détruite.
Globalement, Jérusalem-Ouest « étouffe » petit à petit, les implantations de Galilée ne peuvent plus être atteintes que via la vallée du Jourdain et la route de Nahariya, toutes deux dominées par les villages arabes. Haïfa elle-même ne peut pas être rejointe via Tel-Aviv par la route côtière principale, car une « chaîne » de villages arabes en domine la partie nord. Au sud, près d'Hébron, les quatre colonies du Bloc d'Etzion sont assiégées. La vingtaine d'implantations du Néguev sont isolées et l'aqueduc qui les ravitaille en eau régulièrement saboté.
Cette situation, la nécessité de préparation du Yichouv à l'attaque prévue des États arabes en mai et l'imminence du départ des Britanniques poussent la Haganah à passer à l'offensive et à appliquer le plan Daleth dès avril.
La violence s'intensifie et certaines opérations font intervenir les militaires.
Bien que responsables de l'ordre et de la loi jusqu'à la fin du mandat, les autorités mandataires n'essaient pas de reprendre le contrôle de la situation. Elles sont plus impliquées dans la liquidation de l'administration et l'évacuation de leurs troupes,. Elles estiment également avoir perdu suffisamment d’hommes dans ce conflit.
Les Britanniques ne peuvent pas (ou ne veulent pas) empêcher l'entrée en Palestine de forces étrangères. Suivant un Rapport spécial de la commission sur la Palestine :
Ce sont bien les troupes de l'Armée de libération arabe qui entrent en Palestine entre le 10 janvier et début mars :
Alan Cunningham, le Haut Commissaire britannique en Palestine, proteste vivement auprès du gouvernement transjordanien contre ces incursions avec pour seule réaction de voir Alek Kirkbride se plaindre de « son ton hostile et de ses menaces » au ministre Bevin. « Aucun effort sérieux n'est fait pour empêcher l'incursion. »
Les Britanniques et les services de renseignement du Yichouv s'attendent à une offensive pour le 15 février, qui n'aura finalement pas lieu, semble-t-il parce que les troupes du Mufti ne sont pas encore prêtes.
En mars, un détachement irakien de l'Armée de libération arabe vient renforcer les forces palestiniennes de Salameh dans la région de Lydda et Ramleh pour entraîner les recrues tandis qu'à la suite de la présence de Qawuqji en Samarie, Abdel Kader al-Husseini installe son QG à Bir Zeit, à 10 km au nord de Ramallah.
Au même moment, des volontaires nord-africains, principalement libyens, et plusieurs centaines de Frères musulmans entrent en Palestine. En mars, un premier contingent arrive à Gaza et certains s'infiltrent jusqu'à Jaffa.
Ces premières victoires renforcent le moral des combattants arabes.
Le Haut Comité arabe est confiant et décidé à s'opposer à l'accomplissement du plan de partage. Dans un communiqué du 6 février au secrétaire général, il déclare :
Au début de février 1948, le moral des dirigeants juifs n'est pas élevé : « le désarroi et le désespoir ressortent clairement des notes prises lors des réunions du parti Mapai ». « Les attaques contre les colonies et les grandes routes ont pris au dépourvu la direction juive, qui avait sous-évalué l'intensité de la réaction arabe ». La situation des 100 000 Juifs de Jérusalem est précaire et le ravitaillement de la ville risque d'être interrompu.
Malgré les revers sur le terrain, les forces juives et en particulier la Haganah restent supérieures en nombre et en qualité aux forces arabes, tant du Haut Comité arabe que de l'Armée de libération arabe. « La Haganah est restée sur des positions statiques de crainte de voir les Britanniques prendre la défense des Arabes en cas d’offensive sioniste. Il faut attendre que le retrait des Britanniques soit suffisamment important pour que tout risque d’intervention de ces derniers soit écarté ».
Le moral des combattants et des hommes politiques n'est cependant pas partagé par la population palestinienne : la « panique grandit dans les classes aisées arabes et on assiste à un exode régulier de la part de ceux qui peuvent s'offrir de quitter le pays ». De décembre 1947 à janvier 1948, 70 000 Arabes environ fuient les agglomérations. Fin mars, le total des réfugiés se monte à 100 000 environ.
Ces gens constituent la première vague, celle-là principalement volontaire, des réfugiés palestiniens du conflit. Parmi ceux-ci on trouve principalement les membres des classes moyennes et supérieures, dont la plupart des familles des représentants du Haut Comité arabe ou des dirigeants locaux. Partent également les étrangers arabes installés en Palestine. Tous espèrent certainement retourner en Palestine une fois les hostilités terminées.
Plusieurs décisions politiques prises à l'étranger vont avoir une influence importante sur la tournure du conflit.
Les Britanniques ne veulent pas d'un État palestinien dirigé par le mufti. La décision définitive des Britanniques de soutenir l'annexion de la partie arabe de la Palestine par le roi Abdallah est prise officiellement le 7 février 1948.
Lors d'une réunion à Londres entre responsables transjordaniens, Glubb Pacha et Ernest Bevin, les parties se mettent d'accord pour que les Britanniques facilitent l'entrée de la Légion arabe en Palestine le 15 mai et que celle-ci en occupe la partie arabe. Toutefois, elle est tenue de ne pas entrer dans la région de Jérusalem ni dans l'État juif. Cette option ne prévoyait donc pas d'État palestinien arabe. Si les ambitions du roi Abdallah sont connues, rien n'indique dans quelle mesure les autorités du Yichouv, le Haut Comité arabe ou la Ligue arabe sont au courant de cette décision.
À la mi-mars, devant l'extension des troubles et face à une crainte — pourtant jugée infondée[Qui ?] — de voir les États arabes avancer l'arme de l'embargo pétrolier, l'administration américaine annonce le retrait possible de son soutien au plan de partage et à l'envoi d'une force internationale pour en garantir l'application mais suggère de mettre la Palestine sous tutelle onusienne,. Le 1er avril, le Conseil de Sécurité vote la proposition américaine demandant la convocation d'une assemblée spéciale destiné à reconsidérer le problème palestinien. Les Soviétiques s'abstiennent lors du vote.
Ce revirement suscite inquiétudes et débats au sein des autorités du Yichouv. L'inquiétude de devoir affronter les armées arabes sans le soutien des États-Unis après le départ des Britanniques est d'autant plus grande qu'à ce moment-là les forces de Husseini, pourtant de simples milices, ont réussi à isoler Jérusalem et à prendre le pas sur la Haganah.
Dans ce contexte, Elie Sasson, le directeur de la section arabe de l'Agence juive, et plusieurs autres personnalités, finissent par convaincre David Ben Gourion et Golda Meyerson de tenter une initiative diplomatique en direction des Arabes. Ils délèguent à Joshua Palmon, le chef de la section arabe du Da'at, le soin de contacter Fawzi al-Qawuqji en vue de négocier, lui interdisant toutefois d'accepter tout ce qui pourrait limiter la « liberté d'action de la Haganah » mais l'autorisant à déclarer que « les Juifs sont prêts à une trêve ».
Dans le contexte de l'embargo imposé par les pays occidentaux aux belligérants palestiniens, juifs comme arabes, et dans le contexte du manque important de matériel, le non-respect de l'embargo et le soutien logistique tchécoslovaque décidé par Staline ont joué dans la guerre un rôle d'importance différemment appréciée. Des motivations avancées pour le choix de Staline sont le soutien soviétique au plan de partage et un intérêt à aider financièrement la Tchécoslovaquie pour diminuer sa frustration à devoir renoncer au plan Marshall.
L'ampleur et le rôle concret de ce soutien est controversé. Les chiffres avancés par les historiens varient. Gelber parle de « petites livraisons arrivées par air de Tchécoslovaquie (...) à partir d'avril 1948 ». Les historiens et les commentateurs (pro-)palestiniens y voient un soutien déséquilibré en faveur du Yichouv étant donné que les Arabes palestiniens n'ont pas bénéficié d'un soutien équivalent. Ce à quoi les historiens et commentateurs répondent que cet embargo ne concernait pas les États arabes souverains qui constituaient la plus grande menace pour le Yichouv. Toutefois cet embargo leur est étendu en mai par le Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui leur cause de gros problèmes. En plusieurs circonstances, cet embargo n'est d'ailleurs pas respecté par les Britanniques,.
La Syrie achète en Tchécoslovaquie, auprès du même fabricant que les sionistes, des armes pour l'Armée de libération arabe. Ces armes ne parviennent néanmoins pas aux combattants car des agents juifs font couler le bateau dans le port italien de Bari. Après son renflouage, le bateau partit pour la Syrie en août 1948 mais fut intercepté par la marine israélienne qui en saisit le contenu. Ce point est également abordé dans la section Problème du matériel.
Au contraire de ce que peuvent faire penser leurs déclarations belliqueuses, les leaders arabes « firent tout pour éviter de se trouver directement » impliqués dans le soutien à la cause palestinienne.
Au sommet de la Ligue arabe d'octobre 1947, à Aley, le général irakien Ismail Safwat brosse un portrait réaliste de la situation. Il souligne la meilleure organisation et le plus grand soutien financier dont disposent les Juifs par rapport aux Palestiniens. Il préconise le déploiement immédiat des armées arabes aux frontières de la Palestine, l'envoi d'armes et de munitions aux Palestiniens ainsi qu'une contribution financière à hauteur d'un million de livres. Ses propositions sont rejetées à l'exception du soutien financier qui, toutefois, ne se concrétisera pas. On vote malgré tout la formation d'un comité technico-militaire pour coordonner l'« assistance » aux Palestiniens. Il est basé au Caire et dirigé par Sawfat, secondé par des officiers syriens et libanais et des représentants du Haut Comité arabe. Un délégué transjordanien est également nommé mais il ne participe pas aux réunions.
Au sommet de décembre au Caire, en Égypte, sous la pression de leur opinion publique, les dirigeants arabes décident de créer un commandement militaire unifié rassemblant tous les chefs d'état-major arabes et placent Safwat à sa tête ; mais ils restent sourds à la réitération de ses demandes d'octobre, préférant reporter toute décision pour la fin du Mandat. Ils décident toutefois de la formation de l'Armée de libération arabe qui entre en Palestine dès les semaines suivantes.
En février, au Caire, lors d'une réunion du comité de Safwat, celui-ci répète encore ses demandes mais les gouvernements arabes espèrent que les Palestiniens, aidés par les troupes de l'Armée de libération arabe, parviennent à faire en sorte que la communauté internationale renonce au plan de partition. Le conseil suivant est prévu pour début avril.
De son côté, la Haganah interprète mal les plans arabes. À la suite de l'entrée de l'Armée de libération arabe, elle postule que la date de la réunion du Caire est en fait la date du Jour J de l'offensive des troupes d'al-Qawuqji en Palestine.
Ce refus de s'engager directement fait que les armées arabes ne sont pas préparées à la guerre quand la situation rend leur intervention inévitable.
Si les pays arabes disposent d'armées régulières et de structures étatiques leur garantissant des sources d'approvisionnement en armes, munitions et matériels, ce n'est pas le cas pour les autres protagonistes du conflit. Pour les Arabes palestiniens et les Juifs, la situation est plus délicate car les Britanniques ont toujours interdit la possession d'armes et ont confisqué tout ce qu'ils trouvaient. Les uns et les autres ne disposent donc ni d'armes lourdes, ni des possibilités données à un État reconnu et établi. Leurs forces et leurs moyens doivent rester clandestins.
L'Armée de libération arabe est en théorie financée et équipée par la Ligue arabe. Un budget d'un million de livres a été promis à cet usage à la suite des insistances d'Ismaïl Safwat. Mais dans la pratique l'argent n'arrive pas et seule la Syrie apporte un réel soutien aux volontaires arabes. Sur le terrain, la logistique a été complètement négligée et leur leader Fawzi al-Qawuqji a prévu de faire vivre les troupes aux frais de la population palestinienne.
La situation de la Jaysh al-Jihad al-Muqaddas et des forces palestiniennes est pire. Elles ne peuvent compter sur aucun soutien extérieur et ne disposent pour seuls fonds que ceux rassemblés par Hadj Amin al-Husseini. Leur armement est limité à ce dont les combattants disposent personnellement. Pour pallier cette situation, ceux-ci doivent se contenter d'armes achetées au marché noir et du pillage d'entrepôts britanniques ; ils ne disposent pas de suffisamment d'armes pour mener une guerre.
La situation des Juifs est un peu meilleure en ce sens qu'ils disposent de plusieurs installations clandestines de fabrication d'armes légères et de munitions ainsi que de réseaux qui en permettent l'acheminement clandestin en Palestine, mais elle reste loin de l'approvisionnement nécessaire pour mener une guerre : en novembre, seul un combattant sur trois est armé et cette proportion monte à deux sur trois au sein du Palmah.
Toutefois, pour David Ben Gourion, le problème n'est pas de mener une guerre mais bien de construire une armée digne d'un État. L'importance qu'il y accorde est illustrée par une pratique qu'il inaugure et qui sera suivie par plusieurs de ses successeurs : cumuler les postes de Premier ministre et de ministre de la Défense. Pour armer mais aussi équiper cette armée, il envoie des agents en Europe et aux États-Unis. Ces derniers y obtiennent le soutien nécessaire : armes légères et munitions commencent à arriver début avril. Les armes lourdes sont opérationnelles à partir de juin.
Jusqu'en mars, la Haganah combat donc la Jaysh al-Jihad al-Muqaddas avec le même manque de matériel que cette dernière et reste en infériorité par rapport à l'Armée de libération arabe. À partir d'avril, elle dispose d'un armement supérieur aux Palestiniens. Après le 15 mai, lors des premières semaines de combats entre Israël et les États arabes, l'avantage en matériel penche en faveur des États arabes. À partir de juin, et en particulier après la première trêve, l'avantage en matériel penche nettement en faveur des Israéliens. Cette évolution de la situation est la conséquence des contacts pris dès ou avant novembre 1947.
Ainsi, les agents du Yichouv obtiennent de la Tchécoslovaquie la fourniture de chasseurs Avia (anciens Messerschmitt) et plus tard Supermarine (Spitfires), mais également de canons, mitrailleuses et munitions. Dans les stocks de la Seconde Guerre mondiale, ils se procurent tout le matériel indispensable à l'équipement d'une armée ainsi que les véhicules nécessaires au transport et à la logistique. En France, ils se procurent des blindés malgré l'embargo. Les agents juifs achètent également des machines pour la fabrication d'armes et de munitions qui seront la base de l'industrie d'armement israélienne. Aux États-Unis, ils achètent quelques bombardiers et avions de transport qui doivent permettre l'acheminement des armes achetées en Europe. L'opération Balak destinée à acheminer ce matériel débute fin mars. Des navires sont également affrétés dans différents ports d'Europe pour que le matériel puisse être acheminé pour le 15 mai. Pour financer tout cela, Golda Meir est parvenue fin décembre à récolter 25 000 000 dollars lors d'une campagne de rassemblement de fonds menée auprès des sympathisants américains de la cause sioniste. De manière générale, sur les 129 000 000 dollars récoltés entre octobre 1947 et mars 1949 pour la cause sioniste, plus de 78 000 000 sont consacrés à l'armement.
Avec le fait d'avoir « amené les Juifs, de Palestine et d'ailleurs, à tout faire personnellement et financièrement pour aider le Yishouv », le second grand succès de Ben Gourion est de transformer la Haganah, organisation paramilitaire clandestine, en véritable armée.
Ben Gourion nomme Israël Galili à la tête du Conseil du Haut Commandement de la Haganah et scinde celle-ci en six brigades d'infanterie - numérotées de 1 à 6 - qui se voient attribuer un théâtre d'opération précis. Yaakov Dori est nommé chef d'état-major mais c'est Yigal Yadin qui en assume la responsabilité sur le terrain en tant que chef des Opérations. Le Palmah commandé par Yigal Allon est scindé en trois brigades d'élites numérotées de 10 à 12 et constitue la force mobile de la Haganah,.
Le 19 novembre 1947, la conscription obligatoire est promulguée pour les hommes et les femmes entre 17 et 25 ans. Fin mars, 21 000 conscrits ont reçu un entraînement militaire,. Le 30 mars, l'appel est étendu aux hommes et aux femmes célibataires âgés de 26 à 35 ans. Cinq jours plus tard, l'ordre de mobilisation générale est lancé pour tous les hommes de moins de 40 ans.
Fin novembre, l'unité tactique est la compagnie et l'unité opérationnelle la section. Vers mars-avril, l'unité tactique passe au niveau de la brigade. Ces unités opèrent au niveau opérationnel à partir d'avril-mai lors de la 2e phase de la guerre mais restent sous-équipées. Dès avril, la Haganah mène des opérations au niveau de la brigade. À partir de juillet, elle mènera des opérations coordonnées regroupant plusieurs brigades et à partir d'octobre, opérera au niveau de la division avec des offensives sur plusieurs fronts simultanément.
Le plan Daleth est finalisé le 10 mars 1948 sous la direction de Yigal Yadin. Ce plan de 75 pages établit les règles et les objectifs qui sont suivis par la Haganah lors de la deuxième phase de la guerre. Son objectif principal est de garantir la continuité territoriale du Yichouv, notamment en réponse à la guerre des routes menée par Abdel Kader al-Husseini et en prévision de l'entrée en guerre annoncée des pays arabes.