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En 1949, on compte entre 35 000 et 36 000 Juifs dans l’ensemble du pays, 30 000 en Tripolitaine, dont 22 000 à Tripoli et le reste réparti entre 17 bourgades et villages de la côte et des montagnes de l'arrière-pays. Parmi ces Juifs « ruraux », on compte une communauté de 500 Juifs troglodytes vivant au côté des berbères ibadites du djebel Nefoussa. Le reste des Juifs, environ 5 000, vit en Cyrénaïque, très majoritairement à Benghazi, la capitale régionale.
Avant 1943, seuls 500 Juifs libyens ont fait leur Alya. Le mouvement s’accélère après-guerre : entre 1946 et 1948, près de 3 500 Juifs quittent la Libye via des réseaux clandestins mis en place par les émissaires de l'Agence juive ; l’exode en masse a lieu à partir de 1949, 90 % des 36 000 Juifs libyens émigrant en Israël entre cette année et 1952. La fulgurance des départs s'explique par l'effet d'annonce de la levée des restrictions sur l’émigration en Israël exercées par la BMA, par les incertitudes quant au futur d'une Libye indépendante, par l'efficacité de la préparation en amont effectuée par les émissaires sionistes puis israéliens et par l'hostilité croissante de la population musulmane qui se manifeste entre autres durant les pogroms de 1945 et 1948.
Dès mars 1949, l'Agence juive prend directement en charge l'immigration. Elle ouvre une antenne dirigée par Baroukh Douvdevani à Tripoli où la majorité des Juifs s'inscrit. Des luttes intestines existent à cette époque entre les différents départements de l'Agence juive, affiliés à des partis politiques antagonistes. En Libye, les émissaires liés au Mizrahi, un parti sioniste religieux, entravent avec l'aide des Juifs libyens le travail des émissaires du Mapaï dont l'idéologie socialiste et séculière, est réprouvée par les locaux qui restent largement traditionalistes. De ce fait, le Mizrahi obtient un quasi-monopole sur la gestion de l'émigration des Juifs Libyens, cas unique en Afrique du Nord.
En raison des dangers auxquels l'Agence juive estime qu'ils sont exposés et pour faciliter leur émigration, décision est prise de regrouper fin 1949 les Juifs de l'arrière-pays tripolitain et de Cyrénaïque dans des camps à Tripoli. Avant leur départ, les Juifs bénéficient de l'assistance médicale du JOINT et de l'OSE, deux organisations caritatives internationales juives. Beaucoup sont dans un mauvais état de santé, souffrant de trachome, tuberculose ou dermatophytose à un état avancé. Afin que les biens des migrants ne soient pas vendus en dessous de leur valeur à des Libyens, l'Agence juive monte une compagnie, la CABI, chargée d'effectuer des payements en avance aux Juifs et de retarder les ventes. Du fait des difficultés à transférer d'importants fonds à l'étranger, la minorité aisée de la communauté libyenne choisit de rester sur place.
Pour la seule année 1949, plus de 14 000 personnes font leur alya, soit 45 % du total des Juifs libyens. Les communautés de l'intérieur sont liquidées. Les départs qui se font principalement par bateau, s'effectuent dans une atmosphère chargée de mysticisme religieux et d'enthousiasme messianique. Sur les navires qui les emmènent vers le port de Haïfa, les Juifs entonnent souvent le cantique de la mer (Exode 15:1-19).
Après l'indépendance de la Libye, le 24 décembre 1951, les activités de l'Agence juive dans le pays se poursuivent avec des effectifs réduits jusqu'en décembre 1952, date à laquelle les autorités libyennes ferment la représentation israélienne.
Le Royaume de Libye devient indépendant en décembre 1951 sous l'autorité du roi Idris Ier et adhère à la ligue arabe en mars 1953. Bien que le roi se montre lui-même plutôt bienveillant à l'égard de la minorité juive, les forces nationalistes influencées par l'idéologie panarabiste et le contexte des conflits israélo-arabes poussent le gouvernement à prendre des mesures de plus en plus restrictives à l'égard de la population juive.
En 1954, les liaisons postales avec Israël sont interrompues et les Juifs libyens ne sont plus autorisés à se rendre en Israël alors que ceux qui y ont émigré, sont interdits de séjour en Libye. Les clubs sociaux et sportifs sont fermés. Un boycott des commerces juifs débute en mars 1957. Les Juifs sont harcelés par les autorités qui inspectent leurs logements pour vérifier qu'ils n'entretiennent pas de correspondance avec Israël. L'organisation de la communauté de Tripolitaine est dissoute en 1958, un commissaire musulman étant chargé de gérer les affaires de la communauté. L'école de l'Alliance israélite universelle ouverte depuis 1890 est fermée subitement en 1960. Le début des années 1960 est marqué par l'établissement d'autres mesures restrictives ; un décret dispose que tous ceux qui veulent s'engager dans des transactions commerciales doivent au préalable être munis d'un certificat de nationalité libyenne, document que les musulmans obtiennent sans difficulté mais qui est refusé aux Juifs. Le droit de vote leur est dénié, ils ne peuvent ni servir dans la fonction publique, ni dans l'armée, ne peuvent obtenir de nouvelles propriétés. Le gouvernement s'octroie le droit de saisir certains de leurs biens fonciers. Si un Juif veut partir à l'étranger, il doit le faire avec un document n'indiquant pas son origine libyenne et sans droit de retour. Les autorités du pays font aussi pression sur les compagnies pétrolières qui affluent en Libye à la suite de la découverte d'importantes ressources en hydrocarbures en 1958 pour qu'elles n'emploient pas de Juifs.
En 1964, des citoyens américains servant sur la Wheelus Air Base, une base aérienne établie à la suite d'un accord avec la Libye en 1954, se plaignent de devoir cacher leur judéité afin de ne pas subir le harcèlement des populations arabes locales, ceci avec l'assentiment des autorités militaires américaines qui font pression sur eux pour qu'ils affichent des sapins de Noël devant leurs maisons durant les fêtes de fin d'année afin de ne pas éveiller les soupçons.
Des membres de la communauté, dont un notable âgé de 84 ans qui n'a pas cédé à des tentatives d'extorsion, sont assassinés en 1963. Les autorités refusent de croire que le crime est le fait de musulmans, la victime étant connue pour ses donations à la cause arabe. Elle suspecte en premier lieu un rabbin à cause du sang retrouvé sur ces habits mais il s'avère être en fait un sacrificateur rituel (chohet). Les attaques contre les Juifs continuant, la police libyenne finit par appréhender le gang coupable des exactions composé de 10 Arabes et d'un Maltais qui sont sévèrement punis.
À la veille de la guerre des Six Jours, il reste entre 4 500 et 6 500 Juifs en Libye, la plupart habitent la capitale, Tripoli. Bien que la dégradation de leur situation depuis l'indépendance les ait préparés à l'éventualité d'un départ, le contexte de la guerre de 1967 qui voit la victoire fulgurante des Israéliens face à une coalition de pays arabes, prend de court la communauté. Dans les mois précédent la guerre, les discours enflammés de Gamal Abdel Nasser, le président égyptien qui appelle à la libération de la Palestine, et qui sont retransmis par la Voix des Arabes galvanisent l'opinion publique libyenne. À partir du 2 juin, le Jihad contre les Juifs est prêché dans les mosquées, le gouvernement déclare la semaine du 5 au 12 juin semaine pour la cause palestinienne et les Juifs sont sommés de contribuer à la levée de fonds initiée à cette occasion.
Le 5 juin, la journée débute normalement pour les familles juives mais à 9 heures du matin, la radio annonce que la guerre a été déclenchée. Les Juifs font alors tout pour se réfugier chez eux. Les manifestations programmées dans le cadre de la semaine pour la Palestine dégénèrent en émeutes antijuives. En quelques heures, les commerces des Juifs et des Italiens situés dans la vieille ville de Tripoli sont détruits par le feu. Les familles juives sont souvent séparées, les émeutes ayant surpris les Juifs sur leurs lieux de travail ou d'étude, et elles le restent parfois plusieurs semaines. La police, à peine équipée de bâtons, se montre incapable de maîtriser la situation ; l'état d'urgence et un couvre-feu sont instaurés. Ce jour-là, 60 % des biens de la communauté sont détruits et on évalue à dix le nombre de Juifs assassinés. Afin de ramener le calme, le gouvernement décide de regrouper les Juifs de Tripoli dans un camp à 4 km de la ville pour les protéger des émeutiers, ils y reçoivent la visite de la Croix-Rouge. À Benghazi, où il ne reste à cette époque plus que 300 Juifs, des mesures similaires sont prises ; pour les protéger des manifestants qui ont mis à feu leurs commerces, ils sont regroupés dans une caserne. Entre le 6 et le 9 juin, les exactions continuent, des synagogues sont détruites et des Juifs sont assassinés ; deux familles sont entièrement massacrées. Le président de la communauté décide de faire appel au mufti de Tripoli afin qu'il envoie des messages d'apaisement et, bien qu'il ne reçoive pas de réponse, les prêches prononcés le vendredi 9 juin ont diminué en violence.
Après consultation des responsables de la communauté, son président Lillo Arbib fait une demande auprès du gouvernement afin que les Juifs puissent être évacués temporairement car leur sécurité ne peut toujours pas être garantie sur place. La proposition est immédiatement acceptée par les autorités que cette demande arrange car elles savent que le départ de la minorité juive est l'unique moyen de pacifier la situation. Le 20 juin, le service des migrations donne une réponse positive après avoir produit au plus vite les documents de voyage nécessaires et la police se rend auprès des Juifs pour distribuer les visas de sortie. Les départs s'effectuent surtout par des vols réguliers ou charters de la compagnie Alitalia mais aussi à bord de navires. En théorie, les Juifs sont autorisés à retourner en Libye une fois les troubles terminés mais en pratique, seuls quelques Juifs évacués parviennent à retourner temporairement en Libye pour évaluer l'étendue de leurs pertes et les biens qui leur restent. L'UNHCR n’accorde le statut de réfugié qu’à quelques dizaines de personnes. L'évacuation a lieu entre le 26 juin et juillet, les déplacés sont accueillis dans deux camps en Italie, l'un à Latina près de Rome et l'autre à Capoue. Certains d'entre eux repartent immédiatement pour Israël.
Lorsque le colonel Kadhafi prend le pouvoir en 1969 après un coup d'État contre le roi Idris Ier, il reste moins de 600 Juifs en Libye. Les conséquences de son arrivée au pouvoir vont se faire rapidement sentir pour le restant de la communauté. On recense plusieurs cas de Juifs battus et jetés en prison sans raison. Tous les biens fonciers des Juifs sont confisqués et on leur promet une compensation illusoire. Les dettes contractées auprès d'eux sont annulées et leur émigration est officiellement interdite. Cependant des Juifs parviennent à s'exfiltrer hors du pays et, en 1974, il n'en reste plus que vingt en Libye.
Le gouvernement de la République arabe libyenne va aussi s'attacher à effacer les traces de la présence juive dans le pays. Le quotidien El-Raid, la voix officielle du nouveau régime indique dès 1969 : « C'est un devoir inévitable pour les conseils municipaux de Tripoli, Benghazi, Misurata, etc., de faire disparaître leurs [ceux des Juifs] cimetières immédiatement, et de jeter les corps de leurs morts, qui même dans le repos éternel souillent notre pays, dans les profondeurs de la mer. Là où leurs corps impurs reposent, ils devraient ériger des édifices, des parcs et des routes. Seulement ainsi, la haine du peuple arabe libyen contre les Juifs peut être apaisée. » Le régime suit cette politique, faisant détruire les quatre cimetières juifs de Tripoli, ceux de Benghazi et de Misurata, sans même prévenir les familles des défunts afin qu'elles aient la possibilité de transporter les corps. Dans la même lancée, 78 synagogues sont transformées en mosquées ou dans le cas de la grande synagogue de Benghazi en église copte.
En 2002, celle que l'on croit être la dernière Juive du pays, Esmeralda Meghnagi, meurt. La même année, on découvre que Rina Debach, une femme octogénaire que sa famille, vivant en Italie, tient pour morte, vit encore dans une maison de retraite libyenne. Son départ marque officiellement la fin de la longue présence juive en Libye,.
En 2004, Kadhafi indique que le gouvernement libyen souhaite offrir une compensation aux Juifs dépossédés de leurs biens et forcés de fuir le pays, insistant cependant sur le fait que ceux ayant immigré en Israël ne seraient pas inclus dans ces mesures. Selon certains commentateurs, ce revirement partiel des Libyens est à porter au crédit de Saïf al-Islam Kadhafi, le fils du raïs considéré comme l'un de ses possibles successeurs qui, la même année, invite des Juifs d'origine libyenne en Libye, leur déclarant qu'ils sont libyens et les invitant à « quitter les terres qu'ils ont prises aux Palestiniens ». Le 9 décembre, le président libyen étend l'invitation à Moshe Kahlon, alors président de la Knesset et d'origine libyenne.
À l'occasion de la révolte libyenne de 2011, durant laquelle on assiste à un soulèvement visant à renverser le régime Kadhafi, deux femmes israéliennes d'origine libyenne déclarent être des parentes distantes de Kadhafi précisant que la grand-mère de ce dernier serait une Juive convertie mariée à un Musulman. Une rumeur circulant au sein du mouvement rebelle libyen fait elle aussi état de supposées origines juives, le colonel libyen étant décrit comme le « fils d'une prostituée juive ». Par ailleurs, dans les zones contrôlées par les rebelles, de nombreux graffitis antisémites apparaissent, particulièrement sur les anciens bâtiments officiels, associant le régime Kadhafi aux Juifs et à Israël.
Au total, 36 730 Juifs libyens ont fait leur Alya en Israël, dont 30 972 entre 1948 et 1951. Les derniers y émigrent juste après la guerre des Six Jours en 1967.
Leur Alya s'inscrit dans le cadre plus large de l'arrivée des Juifs des pays arabes en Israël. Ils partagent de nombreuses caractéristiques culturelles et sociologiques avec les autres Juifs orientaux (Juifs marocains, yémenites) qui émigrent en même temps qu'eux. Ils ont une éducation limitée, des familles nombreuses, sont religieux, et attachés à leurs particularismes culturels, autant de traits qui différencient à l'époque ce que l'on appelle plus tard le « second Israël » de la population israélienne d'origine ashkénaze. L'intégration de la petite communauté libyenne va cependant s'opérer dans des conditions assez bonnes, en comparaison avec d'autres communautés originaires des pays arabes. Plusieurs facteurs expliquent ce succès : une éducation sioniste reçue en Libye dès l'époque de la colonisation italienne, le contexte politique de leur départ qui leur fait percevoir leur migration comme une libération et, enfin, le faible niveau socio-économique d'une population composée principalement de petits commerçants et d'artisans, qui leur fait accepter la dureté des conditions d'adaptation.
À leur arrivée, les Juifs libyens sont d'abord regroupés dans des ma’abarot, camps d’accueil supposément transitoires que les migrants finissent souvent par développer en villages ou en villes. Trois de ces camps se trouvent à proximité de Netanya et un autre vers Ashkelon. Le gouvernement, dans une optique d'aménagement du territoire, les encourage par ailleurs à fonder des moshavim (villages collectifs) et des kibboutzim. Quinze moshavim, dont huit sont affiliés au parti sioniste religieux Hapoel Hamizrahi, sont créés pour les migrants libyens qui sont nombreux à le rejoindre. Dans les années 2000, on compte 25 moshavim peuplés majoritairement d'habitants d'origine libyenne.
On estime le nombre de Juifs d'origine libyenne en Israël à 120 000 de nos jours. Ils représentent environ 2 % de la population juive de ce pays. Le taux de mariages intracommunautaires est passé de 80 % pour la première génération à 18 % pour la troisième génération. Les niveaux d'éducation se sont sensiblement rapprochés de ceux de la population israélienne en général, avec une réussite particulièrement remarquable chez les femmes. Bien que l'on compte de nos jours des Juifs d'origine libyenne dans tous les secteurs d'activité du monde du travail, ils sont particulièrement représentés dans les métiers du bâtiment, l'agriculture, l'éducation, la vente en gros et au détail, le transport routier et le sport.
Il existe de nos jours une forte concentration de Juifs d'origine libyenne à Or Yehuda, non loin de Tel Aviv. Un centre pour le patrimoine du judaïsme libyen y a été ouvert en 2003, il retrace le parcours des migrants marqués par l'influence du sionisme religieux, leur engagement dans l’armée et leur intégration dans de nombreux moshavim. Dans l'un de ces villages a été reconstituée la synagogue Bouchaïf, sur le modèle de l’ancienne synagogue de Zliten qui accueillait les pèlerinages de Souccot et de Lag Ba'omer. La synagogue actuelle remplit les mêmes fonctions, permettant en outre aux jeunes générations de renouer avec leurs racines.
L'exode de 1948 s'effectue presque intégralement en direction d'Israël. En revanche, en 1967, lorsqu'un pont aérien vers l'Italie est organisé pour secourir quelque 5 000 Juifs Libyens, entre 1 500 et 1 800 choisissent de rester dans la péninsule. Ils s'installent principalement à Rome, à Milan, à Livourne. Beaucoup de Juifs n'envisagent tout d'abord leur séjour en Italie que comme une situation temporaire : certains pensent retourner en Libye après les troubles ; un espoir qui est définitivement balayé après la prise de pouvoir du colonel Kadhafi en 1969, d'autres veulent partir s'installer en Israël ou en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis afin de rejoindre leurs proches. À leur arrivée, ils ont le statut de réfugiés et attendent plusieurs années avant d'être naturalisés. Les autorités italiennes craignent en effet qu'ils ne demandent, comme les autres Italiens expulsés de Libye, une compensation à l'Italie pour leurs biens spoliés en Libye.
À Rome, la venue de ces Juifs d'Afrique du Nord revitalise la communauté juive locale, d'implantation ancienne mais démographiquement faible et fortement assimilée. Les « Libyens » fondent trois nouvelles synagogues et portent le nombre de boucheries cachères de une à huit. En 2007, les registres de la communauté de Rome indiquent que 777 de ses membres sont natifs de Libye, et si l'on inclut leurs descendants, ils forment le tiers de la communauté. Au total, on estime qu'il y a en Italie 4 500 Juifs d'origine libyenne en 2006. Ils se sont intégrés à la communauté juive italienne, les mariages « italo-libyens » sont courants et les nouvelles générations ont adopté la langue italienne au détriment de l'arabe. La pratique religieuse reste importante, renforcée par une structure familiale forte et de fréquents voyages des membres de la minorité libyenne en Israël où presque tous ont des parents.
Un amplificateur électronique (ou amplificateur, ou ampli) est un système électronique augmentant la puissance d’un signal électrique. L’énergie nécessaire à l’amplification est tirée de l’alimentation électrique du système. Un amplificateur parfait ne déforme pas le signal d’entrée : sa sortie est une réplique exacte de l’entrée avec une puissance majorée.
C'est donc un quadripôle actif à base d'un ou plusieurs composants actifs, le plus souvent des transistors. Un amplificateur idéal est linéaire sur toute sa plage de fonctionnement.
Les amplificateurs électroniques sont utilisés dans quasiment tous les circuits en électronique analogique : ils permettent d’élever la tension d'un signal électrique vers un niveau exploitable par le reste du système, d'augmenter le courant de sortie d’un capteur pour en permettre la transmission sans interférences, de fournir une puissance maximale suffisante pour alimenter une charge comme une antenne radioélectrique ou une enceinte électroacoustique.
Un amplificateur se définit par généralisation à partir de la perception de sons ou d'images. Lorsqu'on s'éloigne d'une personne qui parle, le son de sa voix est affaibli, mais il conserve son identité. On parle d'affaiblissement ou d'atténuation du signal. Cette notion peut se généraliser à toute sorte de phénomènes. L'amplificateur effectue l'opération inverse : on dit qu'il a du gain.
L'amplificateur électronique respecte les lois de l'électricité. L'électricité circule dans des circuits composés d'au moins un générateur et un récepteur. Si l’on considère que l’alimentation d’un amplificateur est indépendante du signal d’entrée et de sortie de l’amplificateur, pour ne représenter que le circuit où circule le signal, l'amplificateur est un quadripôle. Cette « boîte » est le récepteur d'un circuit, et le générateur pour un autre. Puisque c'est un amplificateur, le générateur peut fournir une puissance supérieure à celle qu'absorbe le récepteur, et le rapport entre la puissance que le qudripôle peut fournir et celle absorbée à l'entrée est supérieure à un.
Dans un circuit électrique, le récepteur détermine la puissance qui circule. Il absorbe une puissance égale au produit de deux grandeurs, la tension et l'intensité. Une seule grandeur suffit pour définir un signal. Il y a donc, selon la grandeur qui supporte le signal à l'entrée du quadripôle amplificateur, et celle qui la supporte pour le quadripôle suivant, quatre sortes d'amplificateurs. Dans un amplificateur en tension, le signal est la tension à l'entrée et à la sortie ; dans un amplificateur en courant, c'est le courant, et la tension peut être identique à l'entrée et à la sortie. Les amplificateurs dont la grandeur d'entrée et la grandeur de sortie est différente sont plus rares.
On peut décrire un amplificateur de tension idéal comme un amplificateur opérationnel : un amplificateur différentiel dont la tension de sortie est égale à la différence entre celle de ses deux entrées multipliée par l'infini, et dont le courant d'entrée est nul et le courant de sortie illimité. Ce modèle mathématique permet de constituer le schéma électrique correspondant des fonctions où du gain est nécessaire et de calculer les valeurs de leurs autres composants.
Un amplificateur électronique utilise un ou plusieurs composants actifs (transistor ou tube électronique) afin d’augmenter la puissance électrique du signal présent en entrée. Les composants actifs utilisés dans les amplificateurs électroniques permettent de contrôler leur courant de sortie en fonction d’une grandeur électrique (courant ou tension), image du signal à amplifier. Le courant de sortie des composants actifs est directement tiré de l’alimentation de l’amplificateur. Suivant la façon dont ils sont implantés dans l’amplificateur, les composants actifs permettent ainsi d’augmenter la tension et/ou le courant du signal électrique d’entrée. Le principe de fonctionnement d’un amplificateur est présenté dans le schéma simplifié ci-contre. Ce schéma utilise un transistor bipolaire comme composant amplificateur, mais il peut être remplacé par un MOSFET ou un tube électronique. Le circuit de polarisation assurant le réglage de la tension au repos a été omis pour des raisons de simplification. Dans ce circuit, le courant produit par la tension d’entrée sera amplifié de β (avec β >> 1) par le transistor. Ce courant amplifié traverse alors la résistance de sortie et l’on récupère en sortie la tension
β
.
R
.
i
e
{\displaystyle -\beta .R.i_{e}}
.
Avec
i
e
{\displaystyle i_{e}}
le courant d’entrée et
R
{\displaystyle R}
la valeur de la résistance.
Les amplificateurs peuvent être conçus pour augmenter la tension (amplificateur de tension), le courant (amplificateur suiveur) ou les deux (amplificateur de puissance) d’un signal. Les amplificateurs électroniques peuvent être alimentés par une tension simple (une alimentation positive ou négative, et le zéro) ou une tension symétrique (une alimentation positive, une négative et le zéro). L’alimentation peut aussi porter le nom de « bus » ou « rail ». On parle alors de bus positif ou négatif et de rail de tension positive ou négative.
Les amplificateurs sont souvent composés de plusieurs étages disposés en série afin d’augmenter le gain global. Chaque étage d’amplification est généralement différent des autres afin qu’il corresponde aux besoins spécifiques de l’étage considéré. On peut ainsi tirer avantage des points forts de chaque montage tout en minimisant leurs faiblesses.
Caractéristiques
Le formalisme des quadripôles permet d’obtenir une relation matricielle entre les courants et les tensions d’entrée et de sortie. Il a été introduit dans les années 1920 par le mathématicien allemand Franz Breisig. Dans le cas d’un amplificateur de tension, les grandeurs électriques sont définis par quatre paramètres : l’impédance d’entrée Ze, l’impédance de sortie Zs, le gain de transconductance G et le paramètre de réaction G12. On a alors :
(
V
1
V
2