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"content": "Mathilde Panot : Non, mais juste quand même, je le dis parce que c'est intéressant de voir des gens qui ont changé 1000 fois d'avis refaire les choses. Il y a une première chose, alors je vais venir sur la pénibilité. S'il vous plaît. Pour quand même qu'on voit le chaos qu'on est en train de créer dans la société. Avec le report de deux ans de l'âge légal de 62 à 64 ans, certains devront aller jusqu'à 67 ans pour ne pas avoir la décote. 50% des maires ruraux qui sont aujourd'hui retraités, dont on ne sait pas s'ils pourront être maires après, c'est 27% des bénévoles associatifs, donc une désorganisation complète de tout l'associatif dans notre pays, c'est 23 millions d'heures de garde de grands-parents pour leurs petits-enfants. Et qu'est-ce qui va se passer quand les grands-parents ne seront plus disponibles? Eh bien, ça s'appelle marchandiser des liens. Et chacun et chacune qui ici est grands-parents passent du temps avec leurs petits-enfants peut comprendre que c'est important dans la construction d'un enfant, d'un individu, de créer du lien, d'avoir ce moment mimétique où on apprend finalement l'humanité d'un être humain. Et que ce n'est pas la même chose lorsque vous êtes obligé de payer quelqu'un qui garde vos petits-enfants. Quand vous pouvez le payer, c'est tout ça que vous êtes en train de détruire avec cette question de la retraite et du vol de deux ans de vie des Français. Et sur la question de la pénibilité, moi je vais vous dire pourquoi je ne crois pas, Monsieur Véran, lorsqu'il me dit, regardez, nous allons faire des mesures extraordinaires d'accompagnement. Sur la pénibilité, nous avons commencé en 2017 avec ce gouvernement qui a décidé de supprimer quatre critères de pénibilité sur dix, dont celui de port de charge lourde, dont celui d'exposition aux agents chimiques, qui est celui aussi qui a supprimé les CHSCT, qui était, je crois, très important dans la question de la santé au travail, et qui est aussi celui qui a continué de détruire la médecine du travail à tel point qu'elle est quasi inexistante dans notre pays. Donc nous ne croyons pas au fait que ce gouvernement prend en compte la pénibilité du travail. C'est faux et cette situation, elle va encore se dégrader avec les mesures que vous prenez. Olivier Véran : Madame Panot, sans faire état de ma vie perso, parce que si on va à ce petit jeu-là, on peut aller tous assez loin. Il se trouve que, comme beaucoup de Français, et je n'en ai ni honte, ni une fierté particulière pour payer mes études de médecine, j'ai exercé un métier qui correspond à tous les critères de pénibilité. Donc je crois savoir de quoi je parle. C'est ça que je veux dire, pas mieux que les autres, je crois savoir de quoi je parle. J'ai été aide soignant en EHPAD de nuit, et je sais que c'est le boulot le plus pénible, le plus dur, le moins socialement reconnu que j'ai fait de tous les boulots que j'ai eu. Je crois savoir de quoi je parle. Même quand on dit que jusqu'ici il fallait 120 nuits par an pour avoir une reconnaissance particulière, et que, désormais, ce sera 100 nuits. 20 nuits par an, ça fait beaucoup. Et sur l'échelle d'une carrière, ça fait 2 ans de vie. Quand vous dites qu'on va casser la pénibilité, je vous assure que c'est pas très crédible. Ensuite, vous avez raison de souligner que dans le mandat précédent, on a supprimé des critères de pénibilité, et on l'a fait pour une raison qui peut s'entendre, même si vous avez le droit de la contester, c'est que ça ne marche pas, c'est qu'il fallait avoir une démarche individuelle, très compliquée. Il fallait cumuler des critères, ça prenait beaucoup de temps à tout le monde, et les gens ne savent ce qu'il n'est pas dedans. Après, cette fois-ci, c'est une reconnaissance tacite, finalement, de la pénibilité, non pas de l'exercice d'une personne, mais d'une branche professionnelle. C'est-à-dire qu'on considère que si vous travaillez, comme je l'ai fait, par exemple, soignant de nuits en EHPAD, ou quand vous devez travailler dans du BTP avec des ports de charge lourdes, on va simplifier la reconnaissance de la pénibilité. Et on va ajouter des critères de pénibilité par rapport à ceux qui préexistaient. Et aussi, on va changer une logique. Si on vous parle, et moi, on me parle aussi. C'est plutôt que d'attendre que la personne soit à l'âge de la retraite pour dire, vous êtes abîmé par votre vie professionnelle, vous pouvez partir, mais c'est un peu tard, on va passer dans une logique de prévention. On va mettre 1 milliard d'euros d'investissement sur 5 ans pour pouvoir prévenir la pénibilité professionnelle. On va mettre en place des consultations médicales, systématiques à 45 à 61 ans, et on va arrêter les gens plus tôt. Et un dernier truc après, j'arrête, mais c'est pour moi un point de la réforme qui est important, on en parle très peu. On va créer un congé de reconversion professionnel. Ça veut dire que quand vous aurez exercé un certain nombre d'années dans une profession avec de la pénibilité, et que vous voulez en changer parce que vous en avez marre et que vous ne voulez pas vous user, non seulement vous allez garder votre salaire le temps de vous former, mais on va vous payer votre formation vers un métier qui n'a pas ces critères de pénibilité. Donc, vous pouvez dire que ça ne va pas assez loin, etc. C'est votre droit, mais ne dites pas qu'on casse le dispositif. On n'a jamais autant fait sur la pénibilité que ce qu'on va faire dans cette réforme. SUMMARY : Dans ce débat, Jordan Bardella, Mathilde Panot, et Olivier Véran discutent de la prise en compte de la pénibilité pour l'âge de départ à la retraite. Mathilde Panot explique qu'une grande partie des maires et des bénévoles associatifs en France sont des retraités, qui représentent aussi les heures de garde de grands parents. Mathilde Panot explique qu'augmenter l'âge de départ à la retraite c'est marchander des liens humain. Mathilde Panot explique qu'elle ne croit pas le gouvernement lorsqu'il prétend créer des mesures d'accompagnements, après qu'ils aient supprimé des critères de pénibilités. Olivier Véran explique que certains des critères de pénibilités ont été rendus plus accessibles, mais que le système de pénibilité ne fonctionne pas pour la prévention." |