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la vie d'un grimpeur
2015-01-01
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[ "michel rouger" ]
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CHAPITRE 1 : LE TEMPS DU SAINTONGEAIS, 1933 - 1955
# Chapitre 1 : Le TEMPS du SAINTONGEAIS, 1933 - 1955 ## 1933 - 1937 \| L'Enfant La conscience d\'exister est survenue très tôt, en décembre 1933, à 5 ans, (naissance le 8/12/28) par la conjugaison de trois faits déterminants: - Une longue indisponibilité de ma mère à la suite de la naissance de mon frère qui a fait que j\'ai été confié à ma tante, institutrice sans enfants, à la rentrée des classes 1933. C\'est elle qui m\'a appris à lire en quelques mois - La maladie de mon grand-père, retraité, qui a accompagné mes progrès en lecture en me familiarisant avec celle de deux journaux de l\'époque, le Matin de Paris et la France de Bordeaux - Une méchante scarlatine - cadeau du Noel 1933, qui imposait à l\'époque la mise en quarantaine à la chambre C\'est ainsi que début 34 j\'ai dévoré les articles sur l\'affaire Stavisky, puis ceux sur les émeutes du 6 février. C'est ainsi que je suis entré dans le fait politique dont le gout de l\'analyse ne m\'a pas quitté depuis 80 ans. Nota : depuis 20 ans je dispose de plus de 1 million de signes d'articles, publiés hors des médias parisiens, selon le choix de silence que je me suis imposé. Cet attrait pour la presse va révéler une situation ignorée, celle d\'une très forte myopie qui n\'altérait pas la lecture mais lui donnait une position qui avait intrigué mes grands-parents. À l\'époque les consultations en ophtalmologie demandaient de très longs délais d\'autant plus que les spécialistes étaient rares. Cette myopie a eu pour effet de m\'interdire tout retour à l\'école maternelle, jusqu\'à ce que les lunettes soient fabriquées, ce qui ne fut pas possible avant les vacances de juillet. La famille a donc décidé de me faire entrer à la grande école en octobre 34. C'est alors que les choses ont mal tourné. L\'administration a refusé mon entrée à l\'école primaire en raison de ce que je n\'avais pas six ans révolus. A mon tour, j'ai refusé le retour à l\'école maternelle, quitte à passer une année d\'attente avec la lecture de mes deux journaux auxquels se sont joints le journal de Mickey paru en octobre 34, et quelques exemplaires de la bibliothèque verte, complétés par Jules Vernes. Heureusement, la politique, a amplifié les mouvements engagés avec l\'affaire Stavisky et les émeutes de 1934. Elle a même gagné la famille qui a commencé à se déchirer sur les sujets que je connaissais, sans avoir droit d'en parler. Mon oncle et ma tante, fonctionnaires, pensaient déjà au fond Front populaire. Les autres oncles, petits commerçants sensibles à leur propagande nationaliste, penchaient vers les organisations fascisantes. Nota, l'histoire est toujours un eternel recommencement Coté distraction j'ai découpé les images de la nouvelle Traction avant, sortie des usines Citroën, en 1934, date de naissance d' une passion pour l\'automobile qui n'a fait que croître et embellir au cours des décennies suivantes. A l'été 1935 ce furent les premières vacances, avec mes grands-parents, à Royan, ville à laquelle je suis resté fidèle malgré sa destruction. A l\'automne, l\'entrée à la grande école, programmée sans avatars, se passe mal. Les instituteurs du cours préparatoire ne veulent pas d\'un élève qui sait déjà lire et écrire couramment et qui n\'hésite pas à parler politique. Ceux du cours élémentaire n\'en veulent pas non plus car ils n\'estiment pas admissible d\'en faire un privilégié bénéficiant d'une scolarité en quatre ans alors que tous les autres en font 5. Cette valse hésitation va durer trois mois. Elle me pénalisera à l'égard des autres élèves. Condamné à vivre ma singularité je cultive le plaisir de la discrétion dans ma relation avec mon environnement scolaire. Nota : 63 ans plus tard, entre 1998 et 2015, j'ai cultivé la même discrétion avec l'environnement médiatique qui avait été si pressant pendant la décennie 90, seul moyen pour éviter de raconter ce qui s'était passé dans les grands dossiers que j'avais eu à gérer à l'époque. Heureusement, pour moi, les circonstances politiques de 1936 provoquent un très fort regain d\'intérêt pour la politique lors des élections qui ont amené le Front populaire au pouvoir. Les déchirements politiques de la famille se sont aggravés entre ceux de ses membres qui défilaient le poing levé et ceux qui les traitaient de bolcheviks. J'écoutais sans rien dire, très surpris que personne, sauf mon père, ne parle de Monsieur Hitler qui avait récupéré la Sarre, pendant que les français ne parlaient que de congés payés. L'année 1937 est heureuse, la dernière avant la tempête. La famille se ressoude autour du mariage de l'ainée des cousines. Elle épouse un extra terrestre, un polytechnicien, le rêve de toutes les belles mères, dans un milieu de petits commerçants de sous préfecture. Au surplus il est très beau garçon. Après quoi, 3 mois de vacances à Royan avec les cousines sont plus occupés par les jeux que par la lecture des journaux. ## 1938 - 1940 \| L'adolescent précoce Tout le reste de la vie s'est jouée au cours de ces 3 années, sous la forme d'un accès très précoce à l'adolescence et à la conscience d'avoir à tout construire sur l'inné, l'intime, l'intérieur, puisque l'acquis universitaire ne serait pas au rendez vous de la vie. Les événements vont s'enchainer comme le font les tragédies dans une courte unité de temps, 3 ans, un lieu, la maison familiale, une action, l'organisation de la survie. Oublions le contexte politique, il est devenu tellement historique par les événements qui se sont accumulés que ma lecture personnelle des journaux alimente, non seulement la base de mes connaissances, mais permet d'intervenir dans les discussions des « grands » dont le trouble est tel qu'ils ne rejettent plus les remarques du « gamin » J'exprime ce que je ressens. La veulerie généralisée de la société française, même si je la comprends après avoir entendu les récits de mon père de ce qu'il a vécu, au front, entre 1916 et 1918, qui lui donne le droit de refuser le combat qui se profile à l'horizon. C'est Munich ! J'en ai conservé ce souvenir intact qui me fait, aujourd\'hui encore, détester cette période quand j'entends, clairement, les chansons des années 35/39 que serinaient les premiers postes de radio grésillants. ### 1938\. L'affaire de camionnage qui fait vivre la famille périclite. Elle ne supporte pas les négligences de mon père liées à son alcoolisme. Pour éviter la faillite les grands parents partagent leurs biens. Aux deux filles les immeubles, au fils l'argent qui permettra de payer les créanciers. L'humiliation s'ajoute aux chicanes. C'est le drame. Mon père quitte la maison après avoir averti la police de son intention de se suicider. Ce qu'il n'a pas fait. Le silence et la réflexion s'imposent. ### 1939\. c'est la bousculade des pépins. Auparavant, les vacances d'été avec les grands parents à Royan ont apporté une pierre à l'édifice de la vie à construire. En face de la villa louée, la gare routière est dotée d'un kiosque où je vais chercher les journaux. Rapidement, les propriétaires me proposent garde de leur kiosque pendant qu\'ils vont déjeuner. Avec les quelques pièces qu'ils me donnent, et la liberté que me laissent mes grands-parents, je prends le petit train du bord de mer, comme un grand. Sous les regards suspicieux des autres voyageurs à raison de mon âge, avec un sentiment de grande autonomie, de contrôle de soi et de responsabilité qui ne m\'a jamais quitté. En septembre, dans le désordre ambiant de la déclaration de la guerre, entrée au collège. A nouveau le passage du primaire au secondaire bute sur l'âge. Les règles d\'entrée à 11 ans révolus sont impératives. La demande de dispense pour passer le certificat d\'études a été rejetée. Le refus est catégorique. Après quelques semaines d'hésitation, j\'arrive à passer par la petite porte, en contournant les obstacles des bureaucrates, grâce à l'intervention de l'oncle secrétaire de la Mairie. En octobre, mon père est mobilisé et aussitôt renvoyé chez lui, réformé. Il est atteint d'une atrophie des poumons détruits par les gaz ypérites. Il n'a jamais rien fait, ni pour le révéler ni pour se soigner. Cette situation explique son alcoolisme et ses abattements. Les années de guerre ont été, pour lui, celles d\'une lente agonie, physique et morale. Il essayait de travailler grâce à l'aide que je lui apportais. J'ai du gérer ma scolarité avec la liberté née de ma propre autonomie et la contrainte de cette aide. En novembre le camion de l'entreprise a été réquisitionné pour l'armée. Il ne restait plus qu'a acheter un cheval et ressortir les vieilles charrettes, ce qui faisait revenir aux durs travaux manuels d'avant le machinisme. ### 1940\. le pays s'effondre, d'abord en vivant l'exode des millions de réfugiés dont les cohortes épuisées se bousculent, devant la maison, sur la route nationale, dans une situation d'angoisse qui m'est étrangère, tant mes lectures l'avaient rendu, hélas , prévisible. Le 20 juin, les Allemands entrent dans la maison en rudoyant mon père pour y réquisitionner une pièce, qu'ils occuperont jusqu'en 1944. C'est le comble de l'humiliation pour lui. De ce jour, il n'a plus existé, ni comme homme ni comme citoyen. Puis, le grand père meurt, mettant un terme à la lecture des journaux qu'il me passait. Conclusion. *J'ai appris qu'il faudrait que je me dirige seul, que je possédais, dans mon inné, une forte capacité d'apaisement, intérieur et extérieur, dans les crises traversées avec et par les autres, que je pouvais gérer, avec sang froid, les paroxysmes par lesquels les conflits se résolvent. Voire, les provoquer en acceptant les risques qu'ils entrainent*. Avoir conscience de cette capacité naturelle, à 11-12 ans, m'a permis d'envisager l'avenir avec ambition au cas, où la nature des choses étant, dorénavant, de mal tourner, il serait impossible d'acquérir les formations du niveau requis pour faire le chemin classique. La vision d'une autre voie, qui passerait par l'exploitation de l'inné, à défaut des acquis, s'est révélée claire et pertinente pendant 70 ans de vie au travail. ## 1941 - 1944 \| La guerre Curieusement, ce furent pour moi des années de très grande liberté à raison de l\'autonomie conquise dans la famille et de la conscience prise de la réalité des choses de la vie. Dans la société de l\'époque, l'enfant de mon âge physique est inoffensif, surtout s'il ajoute un air imbécile à sa vue basse. Cette attitude est le B A BA de la gestion des contraintes, multiples et risquées qui s'imposent à chaque instant de la journée. Jusqu\'à mi 42, l'occupation est présente, ne serait ce que par le couvre feu, mais la guerre ne l'est pas vraiment. Sauf à l'été 41 au cours duquel le brillant polytechnicien entré dans la famille, jeune officier envoyé en Syrie, est tué, bêtement, dans de brefs combats fratricides entre Français Pétainistes et Français Gaullistes. La famille est en deuil et en charpie. Entre temps, courant 1941 je discute souvent avec le jeune aviateur allemand qui occupe la chambre réquisitionnée. Il n'a que 10 ans de plus que moi, il parle parfaitement français. Ses propos remplacent la lecture disparue des journaux du Grand père. Il me passe les magazines de la Wehrmacht, dont le fameux *Signal*, panzers et jolies blondes. On discute politique. Le 8 décembre 1941, jour de mes 13 ans, il me souhaite mon anniversaire. Il a le visage préoccupé. Il m'explique que les Japonais ont attaqué les Américains dans le Pacifique, que Roosevelt les a laissé faire pour pousser l'Amérique dans la guerre, et que l'Allemagne la perdrait, faute d'avoir occupé Moscou avant l'hiver 41/42. Il ajoute qu'il partirait sur le front russe en 42 et que la vraie guerre allait commencer. Bien vu ! il va falloir se préparer. Depuis 2 ans St Jean d'Angély s'était habituée à vivre sans ses jeunes hommes prisonniers, elle commençait à mal supporter le rationnement alimentaire. Il ne fallait pas rater le passage à une vraie économie de guerre, et en tirer profit. Au cours de l'été, Hitler invente le service du travail obligatoire qui expédiera 600. 000 jeunes français dans les usines allemandes. Dans la foulée, il crée le mur de l'atlantique et fait construire les blockaus dont les plages de Royan ne sont toujours pas débarrassées. On se serre dans la maison pour loger un chef de chantier, français, de l'organisation Todt, sa famille, et deux jeunes gens qui ont évité l'Allemagne, les « Réfractaires ». Dans ce capharnaüm, personne ne s'intéresse à ce que je fais. J'entre donc en marché noir, toujours avec l'air bête et la vue basse, dans deux activités lucratives : le trafic de cigarettes et de petit matériel électrique. Les 2 business models sont simples. Avec un copain polack, plus vieux et beau mec, on fait, à vélo, le tour des communes voisines pour convaincre des jeunes femmes dont le mari est prisonnier de prendre leur carte de tabac, soi disant pour envoyer les paquets à leur mari. On les leur achète cash le double du prix. On les revend le quadruple à deux homos qui viennent de Paris chercher 2 pleines valises de cigarettes, 2 fois par mois, avec des paquets réduits à 19 pour assurer notre consommation personnelle. Pour l'électricité, c'est plus acrobatique au propre et au figuré. Avec un autre copain, on repère les maisons occupées par les allemands. A partir de l'automne 42, le turn over des occupants s'est accéléré et les temps de vide allongés. On entre, en général par les toits, on rafle tout, douilles, prises, interrupteurs, fils, que l'on revend à des électriciens amis de la famille. Enfin, en 1944, les allemands qui ne prennent plus le risque de loger en dehors de leurs casernes, ont installé 2 prostituées à la maison. Le capharnaüm devient bordel, et nos 2 hétaïres remplacent, dans le trafic du tabac, les homos parisiens coincés à Paris. Elles payent au sextuple des paquets complets. Tout s'est arrêté fin août quand elles ont été abattues, par des maquisards, devant la maison, juste avant la libération. Encore quelques jours et le dénouement paroxystique approche. Le Père décède le 22 septembre, libéré d'une interminable agonie. Il va falloir entrer dans la vraie vie. Sans appréhension, confiant, ne serait ce que pour apaiser l'angoisse de la Mère et du petit Frère. ## 1945 - 1948 \| L'après-guerre Les 30 mois qui vont de septembre 1944 à avril 1948 - service militaire -- vont imposer de sérieuses corrections aux certitudes forgées au cours des 10 années 1934- 1944. Ces corrections vont enrichir la bio personnelle sur 3 points importants. Le conseil de famille qui se tient, sans moi, l'après midi du 25 septembre 1944, après les obsèques de mon père, pendant que je fais mon 1^er^ camionnage, seul, en déménageant un grainetier, décide de nommer mon oncle, le fonctionnaire, subrogé tuteur, et de me faire passer, dés que j'aurais 16 ans, le concours d'employé de mairie. C'est aussitôt la révolte sous forme d'un paroxysme provoqué. La discussion avec le « Tonton René » tourne à l'orage : « je ne serais jamais fonctionnaire » «  eh bien débrouilles toi avec ta mère ». Suit l'apaisement par la promesse de rester dans le camionnage avec elle pendant 10 ans, jusqu'aux 21 ans du petit frère en février 1954. Ceci dit, le jugement de la tante, « il n'en fait qu'à sa tète », a porté ses fruits, adieu les perspectives d'émancipation à 18 ans. C'est la vraie mise sous tutelle dont je sortirais au retour du service militaire en créant un projet de développement de l'entreprise. Heureusement, ces années 45 - 48 vont favoriser l'acquisition d'une expérience unique, 3 années de travail avec une équipe de prisonniers allemands dont il est facile d'imaginer les conflits paroxystiques qui les agitaient, entre eux et avec la population, et les trésors d'apaisements dont il a fallu faire preuve. D'autant plus qu'aucun adulte du pays ne voulait prendre le risque d'aller les chercher au camp à la sortie de la ville, ni de les y ramener. Risque aggravé, lors du retour, chargé d'émotions, des déportés survivants. Il fallut alors les installer, pour qu'ils y dorment, dans une grange, pas trop loin de la gendarmerie. Auquel cas je fus désigné volontaire à 17 ans pour jouer au Kapo, sur la 24^ème^ lit en bois, au milieu d'hommes plus que perturbés, échelonnés de 19 à 38 ans. Cette expérience s'est révélée plus que déterminante pour la reprise de l'autonomie lorsque le mise sous tutelle serait levée. Celle du service militaire n'a rien apporté, si ce n'est la confirmation des difficultés entrainées quand on sort de la norme. Ma situation de soutien de famille reconnue, je dois faire mon service à la Rochelle dans un régiment de transport qui correspond au fait, plus que rare, que je dispose à 19 ans de tous mes permis. Hélas, il y a incompatibilité entre cette affectation et un service limité à 9 mois ; Expédié à Thionville dans un régiment d'artillerie, je choisis l'école de sous officiers de St Maixent pour me rapprocher de la famille. Ce qui me vaut d'être proposé pour l'école des officiers de réserve en Allemagne. Tout dérape. J'attends 3 mois, entre St Maixent et Oberstein, seul dans une caserne de Béziers vidée de ses troupes qui gardent les mines d'Alés en révolte. A la fin du parcours EOR, en janvier 49, j'exige l'application de la loi sur les soutiens de famille. Seul dans ce cas, je me fais virer, avec une solide engueulade du Général qui commandait l'école et qui me proposait un contrat pour partir en Indochine. Fin de l'adolescence, la bio personnelle se fond, dorénavant, avec la bio professionnelle. ## 1949 \| Année fondatrice C'est la grande année de la création, y compris dans le monde (voir page 111 du livre) Le retour du service militaire signifie, à 20 ans, l\'entrée dans une vie de responsable. Une opportunité se présente pour donner aux transports Rouger un vrai métier. La SNCF envisage de remplacer, par des camions privés, trois de ses lignes, liées à la liaison Niort Saintes, au départ de Saint-Jean-d\'Angély. Le dossier est explosif, suppression de 200 postes de cheminots. Après les grèves insurrectionnelles menées par le parti communiste en 1948, personne ne se présente pour prendre un tel dossier. La SNCF persiste, elle veut mettre l\'opération en route au plus tard pour le 1er janvier 1950\. Elle me propose de la monter avec l'aide, on dirait aujourd'hui le coaching, d'un personnage exceptionnel. C\'est un jeune parisien de 28 ans poliomyélitique depuis l\'âge de trois mois, fils d\'un grand entrepreneur de transport. Plus tard, il présidera la société Calberson - 1963 - puis le PSG en 1971 et combien d'autres dont SOS Amitiés. Avec lui, en six mois, tout est bouclé, les camions achetés avec les crédits de la Caisse des marchés de l\'État, les contrats avec la SNCF, les dépôts des colis hors des gares. L\'apprenti entrepreneur fête ses 21 ans. Trois ans plus tard ce sera l\'impasse. ## 1953 \| La rupture Le gouvernement de droite (dans lequel figure François Mitterrand) envisage de modifier l'âge de la retraite et le statut de la fonction publique. En pleine guerre froide, le parti communiste et la CGT déclenchent une grève générale qui bloque le pays. Le désordre va durer deux mois pendant lesquels il faut payer les chauffeurs et les crédits. À la reprise le système de messagerie SNCF a souffert de la concurrence du transport routier classique qui s\'est organisé pour répondre aux besoins de la population. Conserver cette activité avec les aléas de sa dépendance aux humeurs des cheminots, exigerait une fortune acquise, des réserves de trésorerie, qui ne peuvent exister dans une entreprise - *start up -* qui sort des ruines de la guerre. Il faut rompre le lien avec le secteur public et revenir au transport privé classique avec un seul camion lourd, après s\'être débarrassé de ceux qui servaient aux messageries. Il faudra quitter la famille, et sans doute Saint-Jean-d\'Angély, car une petite entreprise de transport avec un seul camion ne pourra pas faire vivre ces trois membres. Ce sera fait le 1er mars 1954, huit jours après que mon frère ait atteint ses 21 ans, date fixée pour l'échéance de la promesse, faite en 1944, de rester 10 ans en famille. ## 1955 \| Le crédit automobile à Bordeaux C\'est le grand saut dans l\'inconnu. Lors de la précédente opération avec la SNCF j'avais eu le sentiment d\'entrer par la grande porte puis d'en sortir par la petite. Cette fois-ci dans le travail que me propose un jeune agent d\'assurance de Saint-Jean, qui veut se transformer en courtier de crédit automobile, j\'ai le sentiment d\'entrer par la petite porte sans savoir si j\'arriverais à sortir par la grande. Il s\'agit d'un petit boulot d\'employé mal payé. C\'est le prix à payer pour organiser la survie dans ce qui sera la dernière étape du parcours saintongeais. Le quotidien consiste à faire signer des demandes de crédit aux acheteurs de voitures personnelles chez les concessionnaires de la ville. Le mode de distribution du crédit, balbutiant, rend les dossiers d\'une extrême lourdeur avec des chaînes de 12 à 24 traites à faire signer. Après quoi je porte les dossiers à Bordeaux, à la société de crédit, pour étude, puis je vais récupérer les chèques de financement destinés aux concessionnaires. Je fais deux déplacements par semaine, ce qui me laisse le temps de m\'occuper de la famille créée en 52, qui comporte 3 bébés, 2 à nous le 3^ème^ confié par une belle sœur. Rien ne se passe dans ce décor pendant un an. Mon correspondant bordelais est un tout jeune diplômé qui a la confiance de celui qu\'il appelle le Président. C\'est le patron emblématique d'une société parisienne qui a ouvert la filiale bordelaise. 20 ans plus tôt - 1934 - il a écrit le premier ouvrage qui a défini ce qu\'est devenu, après guerre, le crédit automobile, locomotive de la société de consommation. En juin 1955 coup de tonnerre. Le courtier local a réalisé le plus gros dossier jamais financé avec le crédit d\'un poids-lourd de 10 t. À peine avais-je ramené le chèque de financement de Bordeaux que je reçois sur mon bureau un dossier identique à celui que je viens de porter. Je n'y retrouve pas les mêmes caractéristiques des signatures des traites qu\'on a épluchées, une à une, avec mon correspondant bordelais. La secrétaire récupère sèchement le dossier en me disant, il est pour le Crédit Lyonnais ! DEJA Après quelques jours de réflexions je fais part de mes curieux sentiments à mon correspondant bordelais en l'incitant à passer par son président pour tenter de savoir quelles sont les relations entre le Crédit Lyonnais local et le courtier qui m\'emploie. Le pot aux roses est découvert début juillet. De multiples chaînes de traites ont été escomptées au Crédit Lyonnais en doublure de celles réellement souscrites et financées par la société bordelaise. Le courtier s\'enfuit. Je suis dans la situation de celui par qui le scandale est arrivé. Ce sera sans conséquence. Le président, victime de cette escroquerie, qui lui fera perdre son aura et son job, se souvient d\'avoir été prisonnier avec un autre officier devenu le Maire de Saint-Jean-d\'Angély. L\'homme me connaît et m'estime. Il m'ouvrira la confiance de ce dirigeant escroqué. Nous ferons équipe pendant 1 an pour préparer le dossier judiciaire, après quoi il me recasera à Paris, la société bordelaise fermant ses guichets . C'est la sortie par la grande porte. Il falloir quitter la Saintonge.
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la vie d'un grimpeur
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CHAPITRE 2 : LE TEMPS DU FRANCILIEN, 1956 - 1985
# Chapitre 2 : Le TEMPS du FRANCILIEN, 1956 - 1985 ## 1956 \| Le crédit automobile à Paris J\'arrive le 1er août 1956 à Paris avec un contrat qui me conserve une présence en Saintonge. Après trois mois de stage, je dois devenir inspecteur commercial, d'une société, qui vient de changer tous ses dirigeants, pour créer ses réseaux de clientèle dans une vingtaine de départements de l\'Ouest de la France. en résidant à Saint-Jean d'Angély, dans la belle maison qu\'on est en train de faire construire. Pure théorie ! En attendant le jeune patron de mon nouvel employeur, à peine sorti de Sciences Po , je découvre avec le chef comptable, lui aussi nouveau, que la société est submergée par des monceaux de traites impayés. Je sais de quoi il s'agit. Nécessité fait loi, on me demande de proroger au 1er janvier 1957 mon retour vers le commerce et la Charente. Or voila, qu'en novembre, les aventure des armées franco-anglaises qui mettent la main sur le canal de Suez après sa nationalisation par Nasser entraînent une crise pétrolière majeure. La France retrouve les tickets d\'essence de la période noire de la guerre. Autant dire que le commerce de l\'automobile est anéanti et le crédit avec. Puis comme un malheur n\'arrive jamais seul, l\'assureur qui couvrait les impayés dénonce le contrat. « Mon petit Rouger, vous savez faire, aidez nous à nous éviter la faillite ». Il faut tout de suite créer les services qui géreront la marée des impayés. Adieu la Charente, il faut préparer la famille à monter à Paris, oublier la belle maison toute neuve que nous n\'occuperons jamais et envisager une autre vie. La situation est devenue rapidement convulsive. Le groupe financier qui a acheté la petite société de crédit automobile avec celle de financement de l\'équipement ménager déjà connue SOFINCO, tout aussi mal en point, décide de les fusionner. Nous nous retrouvons à 5 dirigeants -- entre 28 et 36 ans - presqu'inconnus les uns des autres. Je suis le plus jeune mais le plus expérimenté dans le business. Patience et sang froid. Parallèlement, l\'arrivée de la famille, en 1957, à Paris, est tout aussi convulsive à raison de l\'extrême crise du logement dénoncée par l\'Abbé Pierre dans tous les postes de radio. Il faudra galérer pendant deux ans dans des conditions de logement qu\'on ne supporte plus aujourd\'hui. Puis attendre juillet 59 pour s\'installer dans un HLM construit à la va-vite par la Caisse des dépôts, à Épinay-sur-Seine, ville symbole politique, dans le grand ensemble d'Orgemont dont j'ai présidé le Conseil des résidents en 1965, transformé 40 ans plus tard en cité de non droit. ## 1960 - 1963 \| Le professionnel et le citoyen se font la courte échelle Evoquant cette période, j\'aborde l\'autre face de l\'action qui me permet de s'installer, de concourir dans les compétitions de l\'argent, du pouvoir, de l'humain et du savoir. La Caisse des dépôts a entrepris de créer, à Epinay sur Seine, plus de 5000 logements destinés à trois catégories sociales différentes de la classe moyenne des familles du baby boom.. Les provinciaux dé ruralisés, les employés des administrations locales, les rapatriés d'Afrique du nord. Ce n'est pas le melting pot mais pas loin. L\'installation dans le grand ensemble a suivi de peu les élections municipales de 1959. Ceux qu\'on appelle les « résidents » n\'ont aucune représentation au sein de la commune. Le poids des femmes et des jeunes enfants dans la population nouvelle est déterminant. Les besoins sociaux sont considérables. Comme les besoins d\'éducation aux nouveaux modes de vie urbaine, au sein d\'une société de déracinés avides de posséder les biens durables destinés à leurs nouveaux ménages chargés d\'enfants. Engagé depuis plusieurs années dans le métier du crédit destiné aux biens de consommation durables, j'avais acquis la conscience forte du lien entre le commercial et le social. Comment le tisser au sein de la population des grands ensembles ? L\'homme qui comprendra cette nécessité a une forte image au sein des milieux politiques. Il est Président de la Caisse des dépôts et consignations. Le personnage est assez facile d\'accès. C\'est avec lui et un de ses directeurs que le projet sera lancé de créer des conseils de résidents sur lesquels il serait possible d\'appuyer les structures sociales offrant aux femmes chargées d\'enfants la découverte de leur nouvelle vie, dans la société de consommation née au cours des années 60. L\'affaire est rapidement réalisée avec un autre grand ensemble qui fait figure de locomotive, celui de Sarcelles. Chacun crée son Conseil de résidents, la Caisse ses centres sociaux et la structure qui les gérera, chaque Conseil fait naitre les associations féminines qui animeront l'ensemble. Spécialiste de la distribution des crédits je deviens animateur social pour l'apprentissage de la gestion des budgets familiaux. Jusqu'au Salon des Arts Ménagers où il faut donner des cours aux vendeurs et aux acheteuses. Voilà pour la micro-économie mais je dois me rendre à une évidence, la lecture des journaux, voire des magazines ne peut pas remplacer un minimum de formation théorique. Vivre dans les crédits, du crédit et dans le crédit, suppose avoir une bonne connaissance théorique de ce que sont les anticipations économiques. Il faut comprendre le Plan, l'ardente obligation qui encadre toutes les activités de l\'État surtout celles qui ont trait au logement et à la production de biens durables. Il faut découvrir les techniques de crédit scoring issues des statistiques et des calculs de probabilités. Tous ces enseignements se trouvent dans un Institut technique créé aux Arts et Métiers. Je vais participer pendant trois ans à ses travaux sans jamais y rechercher le diplôme, convaincu que je suis qu\'il est préférable de n\'en avoir aucun plutôt qu\'un seul de niveau inférieur. ## 1963 - 1965 \| La promotion des ventes à crédit Le changement d\'orientation et de responsabilité sont radicales. Pendant les trois années précédentes j\'avais fait mon travail classique de gestion des risques et du recouvrement au sein de Sofinco. Petit à petit, j\'ai raconté à mes collègues ce qu'était cet engagement social et citoyen que j'avais complété par trois ans de cours du soir. J\'ai expliqué l'utilité d\'aller faire de la formation et de la promotion du crédit dans toutes les manifestations où se réunissaient les acheteurs et les vendeurs. La réponse est venue aussitôt. Vous participez à une réunion de tous nos propres vendeurs, une soixantaine, ils sont trois jours en séminaire pour apprendre les rudiments du dialogue de vente sous la conduite du pape de la caisse enregistreuse, roi des formateurs dans les grandes surfaces de ventes. Me voila en terrain où je n'ai pas ma place. La matinée débute mal. Il faut noter 50 phrases issues des dialogues des nos propres commerciaux, enregistrés in vivo les semaines écoulées. Lecture faite je persiste et je signe il s\'agit d\'un tissu d\'inepties. Je risque à nouveau d'être celui par qui le scandale arrive, tant pis je mets 50 nuls. La dernière journée, le Maître donne ses 50 notes. 50 nuls. Je ne suis plus seul. Ouf ! Il n\'est pas très facile de gérer cette situation. 15 jours plus tard j\'ai quitté mon job pour prendre celui de la promotion des ventes de la société. Je ne peux pas refuser tout en étant conscient que j'ai l'esprit plus porté vers l\'analyse, le réalisme, la critique, et que de ce fait, il ne correspond pas à l\'enthousiasme factice qui doit prévaloir pour entraîner des commerciaux qui doivent d\'abord croire à ce qu\'on leur dit de faire. L\'affaire a duré deux ans avec le sentiment d\'être entré par effraction dans cette fonction promotionnelle, même si j'ai fait quelques pubs mémorables et inventé le *créditmétre.* J\'en ai profité, c\'était indispensable, pour étudier, par la lecture, les phénomènes psychologiques qui s'appliquent à la notion de temps, d'argent, de risque, aux profils caractérologiques, à leurs effets sur la quête du pouvoir. Comme il ne suffisait pas d'appliquer mes conclusions dans la vie courante, je me suis spécialisé dans la formation des commerciaux de nos clients prescripteurs de nos crédits, et dans celle, plus théorique, de la maîtrise des risques qu'on accepte de prendre, ce qui débouchera, plus tard, sur les techniques de gestion des crises. A cette époque, j\'ai fait reconnaître qu\'une formation polyvalente des vendeurs des magasins et des concessions, des récupérateurs de nos impayés, appuyée sur une bonne compréhension des mécanismes du crédit, apportaient à toute la chaîne de vente et de financement, une sécurité créatrice de valeur à tous les stades des opérations Cet acquis a été reconnu pertinent dans toutes les professions d\'argent qui utilisent des intermédiaires. Comme l\'a démontré, à contrario, la catastrophe des crédits subprime. ## 1965 - 1970 \| Fusions acquisitions et conflits Le marché du crédit à la consommation approche de sa consolidation. Deux établissements le dominent, Cételem et Sofinco, toujours présents, 50 ans plus tard, sur les écrans télévisés publicitaires. Pour accompagner ce passage vers cette maturité, le groupe Suez, à l'époque financier, va utiliser la Compagnie la Henin, maison mère de Sofinco, pour regrouper tout ce qu'il possède dans le crédit aux particuliers. 5 opérations de fusions ou de prises de contrôle de sociétés familiales sont menées en province. Leurs systèmes de gestion et de gouvernance sont transférés à Sofinco. Ce mouvement se termine en 1970 par l'absorption d'une banque parisienne. Elle dispose d'un réseau provincial performant d'une vingtaine d'agences, dans un métier le crédit-bail immobilier qu'il faut quitter faute qu'elle ait atteint la dimension critique. Cette situation entraine de sérieuses turbulences au siège de la banque. Une grève durable s'y installe. Les cadres, qui se considèrent comme grands financiers, n'admettent pas d'être soumis à la hiérarchie des « épiciers » de Sofinco. La petite équipe qui a hérité de ces gestions de crise, à Paris et en province est sur sollicitée. Trois sortes de conflits vont survenir, qui vont m\'occuper pendant ces cinq années et me détourner complètement de la fonction promotionnelle des trois années précédentes Une société languedocienne révèle des comptes et des pertes qui vont obliger de sortir la famille devenue minoritaire dans le capital, en la ruinant. Les négociations, dont on m'a chargé, vont durer des mois, dans une forte hostilité locale aux parisiens, accrue par la position de la famille au sein d\'une fédération sportive nationale. Pour arriver au but, il faudra gérer l'alternance entre périodes de paroxysme et d\'apaisement. Le 2^ème^ conflit, né dans une société voisine, bref et violent, se terminera par l\'incarcération de l\'escroc, personnalité de grande famille, dans les convulsions locales. Il avait purement et simplement dupliqué les mêmes opérations que celle qui avait mis par terre le crédit automobile de Bordeaux. L\'expérience des années 55 / 56 à facilité la gestion de l'opération soldée par une perte que personne ne voulait assumer. Le 3^ème^ conflit a résulté des hostilités engagées dés la prise de contrôle par Sofinco de la banque parisienne. J'ai hérité de cette 3^ème^ crise. il a fallu se consacrer à d\'innombrables opérations de dispersion des équipes parisiennes, soit par des licenciements négociés, soit par dés intégrations forcées à l\'intérieur des structures de gestion dominées par Sofinco, puis liquider l'activité au bout de deux ans. Ce fut une bonne école dans une période qui vivait encore les troubles des évènements de 1968. Ce fut aussi un poste clé. J'étais adjoint au directeur commercial. Il gérait les équipes de front office et les fonctions marketing. Je gérais le back office des agences, le réseau provincial et la maîtrise des risques du groupe. L'absence de diplômes est oubliée. ## 1970 - 1976 \| Sofinco change de métier Jusqu\'au début des années 1970, Sofinco a fait un métier simple. Elle achetait de l\'argent en gros pour le revendre au détail à des emprunteurs recrutés par les prescripteurs de la grande distribution de produits et de biens durables. A partir de 1970, le métier a évolué vers un ensemble de prestations de services multiples, offertes aux distributeurs comme à leurs clients emprunteurs par le prêteur. Il va s'agir : De l\'informatique, naissante, pour améliorer les conditions de gestion et de marketing des activités commerciales des distributeurs et plus généralement des prescripteurs qui envoient leurs clients à Sofinco. Des prestations de promotion commerciales pour améliorer les relations commerciales entre les distributeurs et leurs clientèles. Par exemple l\'introduction des cartes de crédit, des systèmes de gestion d\'un nouveau crédit sous une forme dite de revolving. De l\'ouverture d\'une activité de dépôts bancaires classiques pour améliorer les capacités de Sofinco d'obtenir, à meilleur prix, l'argent qu'elle achète en gros, out en fidélisant sa clientèle devenue indépendante des prescripteurs. Au moment où cette fringale de création agite Sofinco, il faut choisir ses d'objectifs et, sans doute jouer perso. Présent, hiérarchiquement, dans les agences au contact de la clientèle, connu chez les distributeurs, auto et produits ménagers, par la formation, il faut étendre la sphère d'influence dans 3 domaines peu convoités par les « banquiers ». La formation en allant vers les organismes professionnels, bancaires et commerciaux, créateurs de la notoriété du dirigeant qui veut être visible dans le microcosme parisien. Les voyages professionnels qui ajouteront des relations commerciales avec de nouvelles clientèles, dont les professions juridiques et judiciaires qui faciliteront, plus tard, l'accession au tribunal de commerce La location longue durée d'automobile, le leasing, auxquels personne ne croit car ils sortent de l'achat vente d'argent, pour passer à l'achat vente de voitures. Ce sera le grand succès des années 80 qui me permettra de quitter Sofinco. En 1976, j'ai laissé de coté les prestations d'informatique et conseil en marketing déjà convoités par les futurs grands spécialistes, je suis installé dans mes 3 niches. ## 1977 - 1982 \| Le triple éclatement de Sofinco Bien m'en a pris d'avoir choisi mon autonomie commerciale en ajoutant mes 3 niches à ma fonction de cadre sup. En 3 temps Sofinco éclate. D'abord la majorité des cadres se jette dans la nouvelle activité bancaire qui mobilisera des investissements, hélas, éphémères. Ensuite le déménagement à Evry casse les équipes. Enfin ce sera la nationalisation qui mettra fin à un demi siècle d'amitiés et de combats communs. Les choses ne seront pas faciles car si l\'équipe qui assure la gouvernance de l\'ensemble reste stable comme elle a réussi à le faire depuis plus de 20 ans, l\'encadrement moyen, les sous officiers, sont beaucoup plus affectés par les départs. Face à cette réalité je me suis trouvé dans une situation complexe. Le président veut me garder et me faire déménager d'Epinay sur seine où j'ai acheté un appartement. Je veux bien, car je ne crois plus à Epinay. Je ne crois pas plus à la pérennité de Sofinco. J'ai envie de prendre mes indemnités et de m'installer dans une profession judiciaire libérale. Il coupe court en me proposant de lui succéder au tribunal de commerce de Paris où Sofinco me gardera un pied à terre. Je déménage. C'est pour moi l'indépendance dans l'interdépendance. J'arrive à Evry le 1^er^ janvier 1979. J'entre au tribunal le 1^er^ janvier. J'installe la famille à coté de Corbeil le 1^er^ janvier 1981. Il suffit d'attendre les élections de 1981 pour se lancer à l'aventure. J'aborde le troisième éclatement né de la nationalisation avec le sentiment de bien dominer le kriegspiel qui se présente. Les cadres m'ont élu au conseil d'administration d'où ont été virés les anciens dirigeants amis. Mes rapports avec la nouvelle présidente, férue de consommation, sont empathiques à raison de mon passé en grand ensemble. Les 3 sociétés de services que je dirige sont sauves. Je suis convaincu que je quitterais Sofinco. Ce n'est plus qu'une question d'opportunité. Je garde en mémoire la discussion avec mon oncle 40 ans auparavant, je ne serais pas fonctionnaire. Plus que jamais jouons perso. ## 1982 - 1985 \| La séparation d'avec Sofinco Lorsque dans le courant de 1980 nous avons préparé le transfert à Evry, avec ma femme, nous avons vendu à la fois notre appartement et notre maison de campagne dans le Val de Loire. Il a été clairement établi, entre nous, que ce serait une situation provisoire et que le pavillon acheté, dans l'Essonne, se transformerait en résidence secondaire. Dès 1983 ce choix fut mis en œuvre. Elle a repris son travail de comptable à Paris où nous nous sommes installés dans le pied-à-terre affecté à l'office du juge. Il a fallu attendre 1984 pour que l'opportunité de quitter Sofinco se fasse jour. L'arrivée de L Fabius à Matignon à ouvert les tractations visant à laisser « respirer » les banques nationalisées, en leur permettant de se défausser des sociétés, restées privées, anciennement rattachées à leur mère nationalisée. Une convulsion paroxystique dans les rapports entre la présidente et son D G au sujet de l'archipel de banques dans lequel Sofinco trouverait sa place future, Suez ou les AGF, à permis de s'échapper par la toute petite porte avec le magot de la société de leasing dont l'étais le D G pour un grand retour à la Compagnie la Hénin. Sans aucune indemnité malgré 28 ans de présence. Comme je l\'avais ressenti bien longtemps auparavant, les Français allaient passer progressivement, surtout les entreprises avec leurs flottes, d\'un modèle de propriété à un modèle d\'usage et de location. En partant, j'ai emmené un parc de 25 000 voitures louées, assurant une rentabilité de haut niveau. L\'activité voyages, portée par une agence spécialisée dont j\'étais le gérant, n'a pas été poursuivie. Je n'avais plus le temps, je l'ai revendue à son personnel. Elle m'avait fait connaitre des milieux judiciaires, Cours et Chancellerie, par l'organisation de grands congrès internationaux dans une dizaine de pays de 1974 à 1985 Il fallait tirer un trait. Quant à la formation, j'ai gardé le centre en sommeil. Je l'ai utilisé pour structurer ma campagne électorale de 1991 pour la présidence du tribunal, puis je lui ai substitué, à Tours, le Centre de formation des juges consulaires. Ce qui s\'est passé entre 1982 et 1985, le passage de la période France à la période Euro Parisienne s\'apparente à la rupture avec la Saintonge entre 1952 et 1955.
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la vie d'un grimpeur
2015-01-01
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CHAPITRE 3 : LE TEMPS DE L'EURO-PARISIEN, DEPUIS 1986
# Chapitre 3 : Le TEMPS de l'EURO-PARISIEN, depuis 1986 ## 1986 - 1991 \| Le chemin vers la présidence du tribunal de commerce L'Euro-Parisien est né fin 85 lorsqu\'a été accomplie la mutation précédente. Presqu'inconnu à Paris, au début de cette nouvelle période, je la terminerai président du tribunal de commerce de Paris, élu en avril 1991. C\'est ce qui a fait dire un avocat que j\'étais le seul individu né à 60 ans Les enchaînements sont intéressants : ## 1984 \| Le business perso Les trois amis qui ont quitté Sofinco et qui ce sont installés à la Compagnie la Hénin, ont adopté une organisation simple. Une société en nom collectif, possède les sociétés transférées avec un DG et un DGA. Le DG est président de la société de crédit de Reims, je suis 2 fois DGA, la holding et l'autre SNC de leasing. Le troisième, président la société de crédit de Clermont-Ferrand. Les sociétés de services d\'informatique et de marketing sont suivies par l\'ancien PDG de Sofinco, viré à la nationalisation. Ce dispositif bien accepté recèle des objectifs totalement différents entre ses membres. Mes collègues cherchent à poursuivre leur vie de cadre dirigeant jusqu\'à leur retraite. J\'ambitionne de m\'installer dans business parisien, dans son organisation judiciaire voire dans l'action politique. Cette divergence dans les objectifs entraînera des tensions fortes au sein de l\'équipe pendant toute la période 1984 - 1991 Après avoir retrouvé celui qui était mon correspondant à Bordeaux 30 ans plutôt, je fais un investissement dans l\'un des deux plus beaux marchés aux puces de Saint-Ouen, dont il assure la direction pour un groupe financier. Cette opération se révélera, à la sortie, sept ans plus tard, particulièrement juteuse. ## 1985 \| Le statut social Je loue un grand appartement à Paris, dans le 16e arrondissement, pour y développer une activité relationnelle professionnelle et j\'achète un appartement à Royan. ## 1986 \| La justice Premier juge à la chambre commerciale du tribunal de commerce de Paris je bénéficie d\'une ouverture sur le grand business. Je la complète vers la Justice en profitant d\'un congrès professionnel pour lequel j\'organise une grande manifestation au Tastevin de Bourgogne qui va rassembler toute la haute magistrature, Garde des Sceaux en tête. ## 1987 \| Le business et la finance Avec deux amis, issus d\'un grand groupe agroalimentaire, nous créons une société de leasing spécialisé dans les flottes de véhicules de direction. Le Groupe Suez en prend 48 % et assure le financement de nos parcs en acceptant cette auto concurrence. ## 1988 \| La rupture de l'équipe ex-Sofinco Alors que les tensions au sein de l\'équipe ont atteint leur paroxysme, à raison de mes actions autonomes, un jeune chef de cabinet de Bercy, qui a été mis dehors après l'élection de Mitterrand II, arrive chez Suez dans le but manifeste de remplacer l\'équipe dirigeante des transfuges de Sofinco. Le danger s'estompe vite pour moi, ce jeune énarque est séduit par les projets automobiles que je développe. Il s'avère que nos parents étaient voisins avant guerre. Néanmoins, par précaution, je regarde du coté politique à Royan ## 1989 \| Le projet automobile chez Suez Ensemble nous formons un important projet qui conduirait le groupe Suez à investir dans le secteur automobile par l\'achat de 50 concessions et de plusieurs sociétés de LLD. On met les sociétés héritées de Sofinco en vente. Je me retire de la politique. ## 1990 \| Marche arrière sur l'automobile La guerre dite du golfe vient tout bouleverser. Elle me conduit à recommander d\'arrêter les projets d\'investissement qui me sont confiés en raison des impacts prévisibles de la situation géopolitique sur les marchés de l\'automobile. C\'est le moment où le Crédit lyonnais achète les sociétés ex Sofinco. Je suis chargé d\'assurer l'après vente. C\'est pendant les six mois de cette opération que j\'ai compris pourquoi le Crédit Lyonnais risquait de finir au tribunal de commerce. ## 1991 \| A fond vers la présidence du tribunal Je n'ai plus d'autre choix, il me faut consacrer le premier trimestre à la campagne électorale visant la présidence du tribunal. Les choses sont très mal engagées, le fait de confier ce grand tribunal à un homme sans aucun diplôme, en chatouille plus d'un. La place est réservée à deux compétiteurs. Un ami de longue date, importateur automobile richissime, soutenu par le past président. Le juriste du groupe Suez, docteur en droit soutenu par le président en exercice. Il faudra contourner les méthodes usuelles des précédentes campagnes électorales, ne pas chercher à faire admirer le candidat par les électeurs, faire du porte à porte, ce qui ne s\'était jamais fait, leur parler de leurs projets, de la situation économique et géopolitique, et de l\'influence qu\'elles exerceraient sur l\'activité des juges. La réussite a été au bout de la démarche inédite. Suivront les 4 années de tension des 3 crises économique, financière et médiatique. ## 1995 - 2015 \| Le Crédit Lyonnais - CDR, le grand business et Michel Rouger Conseil La transition entre le tribunal et la période suivante sera pour l\'essentiel occupée par l\'aventure CDR, tant elle sera déterminante pour me permettre de m\'installer à mon compte début 98, et de développer les activités qui perdurent. En 1994, année où le tribunal connaît l\'apogée de son activité judiciaire économique et médiatique, il me faut penser à l\'avenir. Le président du Sénat et les Garde des Sceaux me proposent une sortie politique aux municipales de 1995. Ce sera la mairie de mon pays, petite sous-préfecture, en débouchant ultérieurement sur le Sénat. La mairie seule ne m'intéresse pas. Je ne crois pas à la promesse du Sénat. J'arrive trop tard dans le jeu local. J\'ai abandonné sèchement ce projet politique début 95. Survient alors la proposition de création du CDR. Je suis informé de cette nomination au téléphone, chez un ami banquier européen de référence. En reprenant ma voiture, j\'y trouve le Monde qui annonce la nomination par le premier ministre à la tête du CDR d'un haut fonctionnaire dont le neveu est à Matignon. Je propose de rendre les clés avant d\'avoir ouvert la porte. Le ministre me confirme, contre la décision du Premier. Les choses ayant ainsi débuté il faudra soigner les performances, rassembler une bonne équipe, recueillir le soutien de la haute administration, qui fut acquis. Il était impossible de bloquer les guéguerres politiques sur le Crédit lyonnais, on a fait avec. Il faudra vite penser à organiser la sortie avec le minimum de dégâts. Je la provoquerais dès le début de 97, une fois accumulées les opérations qui vont alléger le stock transféré au CDR par le Crédit Lyonnais d\'environ la moitié. L'arrivée de la troisième alternance en 4 ans me pousse à sortir. J'attendrai le ministre DSK jusqu'au début 1998. La sortie se fera sans dégâts, dans un silence conservé durant 17 ans, après que la Cour des Comptes a accordé à ma gestion un satisfecit éclairé par les griefs faits aux interventions des politiques dans les opérations. Dès le 1er février 98, au lendemain de mon départ du CDR je vais pouvoir accomplir les projets dont j\'avais rêvé lorsque j\'ai quitté Sofinco. J'installe Michel Rouger conseil avenue de Friedland. Le conseil apporte l\'essentiel de mes activités, administrateur indépendant dans trois groupes du CAC 40 et conseiller des dirigeants français d'une banque internationale. La justice retrouvera rapidement sa place dans le quotidien, sous une forme passionnante, au sein du marché très fermé de l\'arbitrage international La politique active est remplacée par les travaux de 2 think tanks, sur Justice et Société entre 1996 et 2011, sur Droit Economie Justice depuis 2002 avec l'Institut Présaje. Le triptyque est enfin reconstruit avec le Business, la Justice et la Politique réflexion. J'y ajouterai entre 2006 et 2012 une solide expérience sociétale dans la Santé qui me procurera, en 2014, un débouché professionnel original, le plus inattendu de cette liste.
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blog michel rouger
2020-06-01
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À GENOUX LE BON DIEU PASSE
# À genoux le bon Dieu passe Pour le meilleur et pour le Pire. À défaut de détenir la clé universitaire qui permet de s\'exprimer au nom de la pensée respectable, je découpe cette chronique en quatre réflexions construite sur l\'expérience, qui me fournit mon Passe partout. ## Printemps 1935, le Sauveur Commençons par ce personnage typiquement Français, le Sauveur. Avec le temps, j'en ai connu beaucoup, y compris au cours de ce printemps. Pour éviter d\'avoir à me prononcer sur le dernier modèle vers lequel les Français se portent, j\'extrais de ma mémoire et des journaux que je lisais à l\'époque, un personnage, Philibert Besson, le « Héros du Velay », le « Fou qui avait raison ». Déjà ! J\'ai posé la question à l\'ensemble de mon entourage, si instruit soit-il. Personne ne sait qui est Philibert Besson. Je vous le décris. L\'homme était député et il avait inventé la première monnaie européenne qu'il avait baptisé Europa. Il avait fait un bref séjour en asile psychiatrique et publié un pamphlet « Peuple tu es trahi ». Héros anti système, déjà, il s\'est fait sacrer au cours d\'un meeting de 20.000 personnes à Saint-Étienne. Fort de ce succès, il a tenté d\'échapper à des poursuites pénales, qui fragilisent ce genre d\'hommes. Il s\'est caché dans le maquis de sa région, puis en est sorti en accord personnel avec le Président de la République. La Justice a mis le holà et l'a enfermé à la prison de Riom où il est mort en 1941. Voici ce qui m\'avait intéressé en 1935, après Stavisky en 1934 et avant Mermoz en 1936, vivre avec des héros, faux ou vrais. C'était de mon âge. ## Avril 1945, Les Cogneurs En situation de survie, je fais des petits boulots qui vont m\'amener à prêter mes bras pour déplacer les gros meubles chez un assureur. Je suis aidé par un copain, un peu plus âgé que moi, issu de la seule famille musulmane de la ville, les Ben Azzouz. En fin de journée, les gendarmes viennent nous arrêter parce que l\'assureur s\'est plaint du vol d\'une enveloppe de billets de 5000 Frs. de l\'époque. Après une nuit passée au « Gnouf » mon oncle, mon tuteur, est venu me libérer. Le lundi suivant, il m'a informé que c\'était la fille aînée de l\'assureur qui avait pris l\'enveloppe, pour aller passer un week-end avec un beau lieutenant de la deuxième DB, qu\'elle avait connu en allant voir le quartier-maître Jean Moncorgé, alias Jean Gabin, qui avait débarqué à la gare pour aller participer à la libération de Royan. J\'ai lui demandé ce qu\'il était advenu de Ben Azzouz. Il m\'a répondu qu\'il avait pris une solide dérouillée par les gendarmes et qu\'il lui faudrait quelques temps pour se remettre de la casse. Chacun comprendra ce que je ressens aujourd'hui. ## 1985 Le Fleuron national industriel Après le Sauveur, Politique, j\'aborde le Sauveur économique recherché pour faire oublier les aventures politiques qui ont affecté l'économie des années 1980. Classique et répétitif ! Fin 1984, le Président du tribunal de commerce qui m\'a affecté à la première chambre, me demande, en absolue discrétion, d\'étudier comment le tribunal pourrait gérer, ou conseiller, l\'inévitable faillite d\'Air France et de la Régie Renault. La réponse sera simple, on ne peut plus rien faire pour la régie Renault sauf lui donner un vrai Patron. L'État le fera l\'année suivante avant que le pauvre homme, dans la force de l\'âge et de la compétence, soit assassiné pour répondre à l'idéologie ouvriériste de l\'époque. Alors que tous ceux qui travaillaient sur les chaînes de l'île Seguin à Billancourt demandaient simplement qu\'on améliore et garantissent leurs salaires. Pour Air France, il ne s\'agissait pas d\'ouvriers mal payés, mais de pilotes qui apparaissaient surpayés. Il fallait donc attendre de trouver une astuce capitalistique pour en sortir. Ça s\'est passé au tribunal. L\'année suivante lorsque Air France, ce que peu de gens savent, a été absorbée par sa filiale Air Inter. Curieux, mais favorable à une solution de courte durée. 35 ans plus tard, Renault et Air France cherchent une stratégie alors qu\'elles sont l\'une et l\'autre devenues des fleurons industriels menacés de conception originelle française, au premier niveau industriel international. Espérons que Renault, nationalisée comme en 1945, ne s\'orientera pas vers la fabrication de l\'ancienne Trabant de l\'Allemagne de l\'est avec moteur électrique, et qu'Air France n'entraînera pas Airbus vers les prédateurs des deux géants que sont l\'Amérique et la Chine. ## 2020 Le temps des Savants La crise sanitaire, réelle et dangereuse a imposé que les experts auxquels on a eu recours dans toutes les autres crises soient baptisés Savants. Ayant nommé et contrôlé des centaines d\'experts en économie, en finance, en commerce, puis opéré pendant 15 ans avec des savants dans la Santé publique, j'ai quelques observations à faire. Autant le personnel soignant, mal payé et courageux, est méritant, autant la bureaucratie la plus sectaire qui soit, au sein de notre État ne doit pas se cacher derrière les bienfaits des soignants. Elle a réussi à mettre le Pays à genoux. Les savants, comme tous les experts, ont le devoir de l'incertitude et de la division dans leurs propos. C\'est ce qui en fait des savants. Personne n'a le droit de se cacher derrière eux pour échapper à sa responsabilité, que ce soit avant, pendant ou après, soit en les approuvant, soit en les ignorant. Il est plus qu'intéressant de voir ce qui va se passer lorsque la France mise à genoux va se relever face à la deuxième vague économique et sociale. Pour la quatrième fois en 80 ans je vois notre Pays emporté par une spirale mortelle. Il s'est fait injecter une peur terrifiante, justifiée, pour les vieux inactifs, beaucoup moins pour les jeunes, privés de leur Présent, et pour beaucoup de leur Avenir. Cette peur du Présent a installé une Angoisse de l'Avenir dont on ne connait pas encore les points de fixations ni les modes d'action qui conduiront à se débarrasser du passé qui a enclenché ce cycle infernal. C'est ce qui m'a conduit à publier cet Essai sur la vie de nos Républiques qui ont péri dans cet engrenage. Ce n'est qu'un début, continuons le débat.
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2019-11-01
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LES DÉRIVES DE L'ADMINISTRATION ET DE L'ÉTAT
# Les dérives de l'administration et de l'État Dans ma première chronique, j\'ai évoqué l\'apparition au cœur du système financier de l\'État, dans les années 1988 1995, de pratiques de gestion dont j\'ai estimé les conséquences désastreuses. J\'ai mis en évidence le développement, observé au quotidien, d'une évolution qui s\'est installée dans l\'esprit de trop nombreux responsables de la gestion des affaires de l\'État, heureusement minoritaires. Céder aux tentations de l\'argent. Je prendrai le temps prochainement de publier deux livres sur la grande dérive d\'une banque d\'État, la plus grande, dont le coût final fut tel qu'il a affecté les discussions préalables à l\'intégration de la France dans le système monétaire européen. Ma publication sur les années fric portera essentiellement sur les professions originales qu\'elles ont fait naître, dans la Politique, l'Économie, et les Médias. Elles ont marqué non seulement le quotidien des Français mais ont aussi occupé celui des juges. Ces publications comme la série de celle qui figureront sur ce site feront simplement état des expériences vécues. Comment illustrer leur réalité et les conséquences dont à l\'évidence, les Français en payent aujourd\'hui le prix ? Concrètement, il faut que vous compreniez que les dix ans que j'ai passés, dont sept en service bénévole, pour traiter les sinistres de la crise financière et immobilière, puis bancaire, m\'ont permis d'observer ce que je décris, aujourd'hui, après vingt ans de silence. A l'époque, au cœur du secteur financier de l'État, qui avait été amputé par les privatisations opérées entre 1986 et 1988, des hauts responsables ont ressenti l'appel d\'air, qui, malgré le nouveau pouvoir de 1988, les entrainerait vers de nouvelles privatisations. Il leur fallait changer de comportement en attendant la fin du « Ni-Ni ». Il leur fallait conserver l\'apparente rigueur et le sérieux des responsables supérieurs qui administrent l\'État, les fameux grands commis des trente glorieuses. En même temps, il leur fallait éviter de jouer trop tôt les Has been, en montrant qu'ils savaient être des « money Makers » et préférer l'argent qu'on gagne à celui qu'on dépense. Certains n'ont trouvé qu'un seul moyen : confier à d'autres les opérations qu'ils ne voulaient pas faire ou qu'ils ne savaient ni ne pouvaient pas faire parce que leurs devoirs, ou leur éthique les leurs interdisaient. Ce principe a été appliqué à la lettre sans toujours apprécier la capacité des délégataires d'être à la hauteur de ces responsabilités. Je l'ai dénoncé dès mon arrivée au tribunal en 1992. Face à cette dérive, il est évident que les barrières, naturelles chez les hauts responsables respectueux de l\'intérêt de l\'État, n\'avaient plus la même solidité face à l\'attraction que pouvait exercer la séduction du fric. Toutes les spéculations immobilières et financières ont rapidement séduit ces opérateurs et conduit à installer le système simpliste et séducteur qui consistait à tirer le maximum d\'argent de l\'État banquier tout en n'en rendant que le minimum à l\'État percepteur. Le tour fut vite joué. Tout s\'est arrêté entre 1995 et 1998. Chacun sait que je me suis retrouvé dans cette galère à laquelle j\'étais totalement étranger au point qu\'un hebdomadaire satirique m\'a mis à la Une d\'un de ses numéros spéciaux en me qualifiant de Seigneur des Poubelles de l'État. Sans méchanceté. J'ai ri de la caricature, bien différente du caractère infamant de celle imposée à celui qui a eu sa poubelle à son nom, à la manière du sort réservé aux bannis de la ville de Padoue, au XIIIème siècle, installés sur la Pierre de la Honte. Je pense à Bernard TAPIE. J'ai observé, au CDR qu'il avait contribué, à minima, au remplissage de la grande poubelle dans laquelle l\'État, après deux rapports successifs, a accepté de prendre la charge des conséquences des catastrophes qu\'il avait laissées s\'installer en son sein. État qui, pour faire ce qu'il ne devait pas faire, a pris une inscription au registre du commerce que j'ai fait supprimer en arrivant. À ce stade, il faut mettre en évidence une autre conséquence qui tient au fonctionnement interne de ces équipes de soi-disant responsables qui se sont mises à gérer ce que l\'État et ses responsables institutionnels ne voulaient pas ne savaient pas ne pouvaient pas faire. Non seulement elles ont rameuté autour d'elles tous ceux qui étaient séduits par l\'aventure qui visait à tirer le maximum d\'argent de l\'État et à n'en rendre que le minimum à son percepteur. Puis, lorsque les choses ont mal tourné, elles sont allées chercher dans le portefeuille de leurs coopérateurs déchus l\'argent qu\'elles convoitaient. Je pourrais citer de nombreux cas, mais ils resteront à jamais oubliés. Par contre, je ne peux pas éviter malgré mon silence de vingt-cinq ans d\'aborder le cas de Bernard TAPIE. Et ce pour la simple raison que toutes ses ambitions politiques, essentielles, se sont effondrées devant moi. Avant de dire ce que je pense j\'entends respecter la souffrance et le courage d\'un homme avec lequel j\'ai eu de longs entretiens en tête-à-tête lorsqu\'il était sur le podium du pouvoir. Mon respect s\'étend, quel que soient les reproches que la société ait pu faire à l\'intéressé, à la famille qui souffre et lutte à ses côtés. La faillite qui a entraîné son élimination de la sphère politique a été provoquée par le dépôt de bilan début décembre 1994, confié à ses avocats, de la société en nom collectif qu\'il avait constitué avec son épouse. A ce jour, je n'ai pas compris pourquoi il l'avait fait, sauf à vouloir conserver l'immeuble qu'il occupe encore. La loi sur ce type de sociétés oblige les juges. Il a suffi que le Procureur produise la situation fiscale de la société obtenue de Bercy, pour qu'elle soit mise en liquidation, et avec elle, ses associés, directement sanctionnés par la Loi. Je n\'ai rien connu, comme juge, des conflits de Bernard TAPIE avec son banquier. Par contre, j\'ai retrouvé ses affaires dans les dossiers du CDR, au travers de montages compliqués, inaboutis, en particulier au Luxembourg, sans doute à la suite des opérations qui ont entrainé vingt ans de procès entre eux En raison de ma présence dans le jugement de décembre 1994, j\'ai refusé de m\'intéresser à ce dossier et j\'ai adressé, fin 1996, une note « blanche » à Bercy. Il ressortait déjà du dossier que celui qui était qualifié de «  Flambeur » s'était fait rouler par plus malin que lui, grâce à des moyens aux apparences légales. Je l'ai écrit. Le vent politique qui a beaucoup trop soufflé sur les dossiers transmis au CDR était mal orienté pour Bernard. TAPIE. La justice civile lui a donné tort. Puis le vent a tourné, et la justice arbitrale lui a donné raison. Enfin la justice pénale, saisie à la suite d'un nouveau changement de vent politique, lui a donné raison. Que dire de plus sur ce cas concret. Bernard TAPIE a été très adroitement roulé grâce au respect apparent des lois Françaises que permet l'usage astucieux des règles de la finance mondialisée. Le juge commercial a l'habitude et la compétence pour ne pas se laisser guider par ces apparences lorsqu'elles sont utilisées dans des conflits entre personnes privées. C'est impossible lorsque leur créateur est l'État lui-même, et encore plus lorsque la victime est un politicien provisoirement déchu, qui ne pèse plus rien dans la balance de la Justice. Il y a quatre-vingt ans Philibert BESSON a payé de sa vie, en prison, cette volonté de l'État de ne jamais avoir tort. Qu'on se le dise, comme le hurlaient, à l'époque, les crieurs de rue.
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2020-05-01
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DÉCONFITURE ET ÉCROULEMENT
# DÉCONFITURE ET ÉCROULEMENT La déconfiture est une défaite totale qui peut entraîner l\'écroulement de l\'organisation ou de l\'institution qui subira les conséquences de cette défaite. Il se trouve qu\'au terme d\'une très longue vie. Je vois se profiler le risque d\'une grave déconfiture qui provoquerait l\'écroulement auquel le Premier Ministre a fait allusion sans préciser où il se produirait. À ce jour, j\'ai vécu quatre déconfitures. Chacune a engendré l\'écroulement de quatre institutions. La troisième République, l\'État français, la quatrième République, et la cinquième dont il n'est resté, grâce au maintien d'institutions créées pour un Homme d'exception que le Dirigisme monarchiques et centralisateur. Comme tous les Français, je participe, que je le veuille ou non, à la pandémie qui affecte tous les pays du monde et provoque une véritable guerre mondiale contre le virus qui en est responsable. En outre, je vis une bataille spécifique menée par l\'État dirigiste avec l\'aide d\'une sphère sanitaire qui lui apporte non seulement ses moyens mais son courage et son engagement. Dans deux chroniques précédentes, je me suis intéressé à l\'expression sanitaire de cette bataille de France. J\'observe que cette sphère sanitaire, multiforme, a évité tout risque de déconfiture. Grand Merci. Par contre, je suis convaincu que, même sans déconfiture de l\'armée sanitaire qui a tenu son rôle, celle du dirigisme étatique qui n\'a pas tenu le sien provoquera l\'écroulement de nos institutions. Il faudra du temps, car les institutions qui abritent ce dirigisme ont la solidité des Bunkers du mur de l'Atlantique. Souvenez vous, il y a trente ans, lors de l'installation du modèle dirigiste, les Médias évoquaient cette image du Bunker dans lequel le Président vivait confiné. Déjà ! Si je n\'étais pas convaincu, Je n\'aurais pas entrepris l\'analyse sur la mort de tous nos régimes républicains. Sa publication arrivera le 11 mai, jour du déconfinement des idées. ## Les enseignements des déconfitures vécues ### La déconfiture du combat militaire de 1939 La littérature est abondante facilement accessible pour découvrir les deux périodes que chacune des déconfitures étudiées à reproduites. La France a été invitée à vivre avec la guerre entre septembre 1939 et mai 1940. Elle s\'en est satisfaite comme elle a vécu, en 2020, les deux mois d\'épidémie avant le confinement. Puis elle a été brutalement confrontée à la nécessité de vivre pour la guerre. Tout s\'est alors effondré en quelques semaines avec les horreurs cumulées de l\'exode, des privations et de l\'occupation. Je reviendrai plus tard sur les conditions et les conséquences de l\'écroulement provoqué par cette déconfiture militaire vécue. ### La déconfiture du combat totalitaire de 1940 À nouveau, après avoir été écrasée, la France a connu deux périodes. J\'ai eu a les vivre intensément. D\'abord entre juin 1940 et fin novembre 1942, la France a vécu avec l\'occupation et avec la collaboration. Elle conservait une zone libre qui limitait les mesures de confinement, couvre-feu, tickets d\'alimentation, restriction de circulation. Cette vie avec a été admise à part quelque rare, réfractaire, et les dirigeants vichystes soutenus. À partir du début 1943, alors que le vent de la guerre mondiale commençait à tourner, les Français ont été conduits, à vivre pour la collaboration. Dès le mois de janvier 1943, la création des milices et de multiples formes de traque a permis de ficher, pêle-mêle, les juifs qui avaient échappé aux rafles de 1942, les gaullistes qui n\'hésitaient pas à se faire parachuter en France occupée, les communistes qui commençaient à saboter les installations ferroviaires et tous les réfractaires de la déportation négociée baptisée service du travail obligatoire. Ce fut la grande traque. C\'est ce changement de comportement brutal de l\'État qui a amené très rapidement la déconfiture de ces organisations, le développement de la résistance et des Maquis qui ont pris leur part dans l\'écroulement de l\'État français. ### La Déconfiture velléitaire de la colonisation La guerre mondiale qui avait été refroidie par l'arme nucléaire a eu pour effet l\'émergence d\'un tiers-monde constitué de toutes les nations que les deux blocs de la guerre froide se disputaient. Cette situation imposait de mettre fin aux  principaux empires coloniaux, l\'Anglais et le Français. C\'est ainsi qu\'en 1956, après l\'aventure du canal de Suez, Franco-Britannique, les États-Unis et l\'Union soviétique ont menacé ces deux pays de punition nucléaire s\'il n\'arrêtaient pas immédiatement leur action militaire. Les Anglais ont compris. Les Français pas. Ils avaient vécu la quatrième République avec les conflits de la décolonisation au Maroc, en Tunisie et au Vietnam. Ils ont choisi de vivre pour la colonisation lorsque l\'Algérie a voulu se libérer. On connaît la célèbre réponse du ministre de l\'intérieur, c\'est la guerre. À nouveau, les Français ont montré que s\'il savaient vivre avec la colonisation, ils refusaient  pour. Jusqu\'aux bidasses rappelés en Algérie qui ont utilisé leurs transistors pour exprimer leur révolte. La France arrivant au bord de la guerre civile a trouvé l\'homme qui avait compris la situation face à ceux qui ne l\'avait pas comprise. Ce fut l\'écroulement de la  quatrième République. ### La déconfiture idéologique de la soviétisation En 1981, la France a été engagée dans une tentative de collectivisation de ses institutions. Certes, ce n\'était pas la soviétisation stalinienne pour la simple raison que le dictateur était mort depuis trente ans et que ses successeurs se préparaient à abandonner le modèle qui débutait ses déconfitures dans certains pays de son glacis. Pendant une courte période, à peine trois ans, la France a vécu avec cette soviétisation molasse. Elle a refusé de vivre pour lorsque sa liberté a été mise en cause par la guerre de l'école privée. Ce fut la déconfiture du combat révolutionnaire. L'écroulement a été reporté en faisant appel à un type de gouvernance dirigiste qui serait confiée à une dynastie de dirigeants de mouvements politiques adoubés par la Sainte École, comme les Capétiens oints par la Sainte Ampoule. Cette équipe de six dirigeants ont pris successivement possession de l\'Élysée et/ou de Matignon, d\'abord entre 1984 et 2007, puis de 2012 à 2020. Ainsi, ils ont pu appliquer le modèle politique et administratif de dirigisme monarchique et centralisateur. Durant trente et un ans sur les trente-six écoulés. Certes, ils ont rencontré des résistances multiples et de toutes les couleurs de l'ultra violent à l'infrarouge en passant par le jaune. Les Bunkers ont tenu. Bien que la pandémie virale soit venue affecter les rapports qu\'ils avaient avec le peuple qu\'ils dirigeaient, leur modèle technocratique s\'est imposé. On ne sait pas comment il sera jugé. La déconfiture de 1984 a conduit la France à vivre, grâce au institutions gaulliennes, un écroulement différé, à long terme, dont le terme sera fixé par les puissances influentes sur la Géopolitique mondiale. Comme d'habitude. La Pandémie vient ajouter l'angoisse sanitaire à l'incertitude que provoquent la domination technologique monétaire et linguistique des États Unis et la primauté industrielle de la Chine. Pour éveiller la jeunesse Française, si elle le veut, ces Millenials qui porteront les  futurs pouvoirs politiques, il va falloir faire beaucoup de pédagogie, en la construisant sur l'expérience vécue, le goût de la liberté, le sens de la responsabilité. Contre l'opposition des dirigeants en déconfiture qui résisteront dans les Bunkers qu'ils occupent. Vous comprendrez que dorénavant je quitte la guerre sanitaire actuelle. L\'État dirigiste à la française a sur abusé de la peur contre son peuple. C'est la dernière arme dont l'usage a été présent dans les quatre déconfitures que j'ai vécues. Deux fois jusqu'à l'usage de la torture. Je vais donc me consacrer pour le peu de temps qui me reste à analyser le processus de déconfiture de l\'État dirigiste et d\'écroulement des institutions de la cinquième République, en faisant reposer mes réflexions sur la réalité vécue.
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2020-11-01
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DUALITÉ HUMAINE. DUPLICITÉ POLITIQUE
# Dualité humaine. Duplicité politique Il y a quelques années j'ai engagé la rédaction du récit de mes 30 années, 1984-2015, de présence et d'action bénévoles, au cœur même de l'État dans la Justice, l'Économie et la Santé. Si j'ajoute trois années, non bénévoles, pour gérer la partie liquidative du plan de sauvetage du Crédit Lyonnais, l'expérience acquise mérite d'être publiée (en 2021) pour mieux comprendre ce que fut cet ancien monde destiné à se voir remplacé par le nouveau au cours des années 2020. ## Le Droit Européen et son homologue français Cette dualité entre le Droit Européen et son homologue français est reconnue par les juristes. Elle a été longtemps déniée, ou négligée, par les politiques, face à l'opinion des Français. Elle apparait, au grand jour. C'est un moment de vérité pour les peuples fondateurs de la communauté Européenne, la France plus que tout autre. La situation des 27 pays qui y adhèrent, révèle des divergences profondes, sur la notion d'État de droit, qui risquent de bloquer le mécanisme de solidarité destiné à relever chaque nation du coût des conséquences financières de la pandémie de 2020. En traitant récemment la question de la loi que le citoyen français entendait faire chez lui, j'ai voulu alerter sur l'urgence de voir reconnaitre, au-delà des seuls juristes, le fait politique de la soumission de chaque pays aux règles de droit des institutions européennes, comme je l'avais fait il y a 20 ans. Réfractaire aux conséquences juridiques et judiciaires de leur adhésion à la communauté, les Anglais ont choisi de la quitter. Les Français peuvent-ils en faire autant. La réponse est NON. Il est temps que nos dirigeants disent la vérité, exigée depuis le vote favorable au traité de Maastricht. En abandonnant leur Franc pour l'Euro les Français sont devenus Franco-Européens. ## Le temps de la Communauté Européenne Ce sera celui des années 2020. Après quoi, il ne sera plus aussi évident que la création de ces grands ensembles à vocation économiques prétendent à leur intégration politique par la monnaie, puis par le Droit. Ce sera aux rapports de forces de décider, le moment venu. D'ici là, les Français auront un besoin vital de la solidarité et de la puissance créatrices de la communauté. ### En raison de leur passé Ils ont signé tous les traités qui ont organisé leur dépendance. S'en retirer, demanderait des années d'efforts considérables ajoutés aux conséquences de la Pandémie de 2020. Restons lucides !. ### En raison de leur présent Il suffit de regarder en face la réalité par laquelle les Français, maltraités physiquement et moralement par la Covid 19, pourront en sortir par la vaccination pour laquelle l'Europe a la maitrise de l'achat et de la distribution de ces vaccins. ### Pour assurer leur proche avenir Les Français vont avoir besoin des années 2020, pour se sortir du marasme que tout le monde déplore, pour panser les plaies médicale et sociale de la Covid19, pour renouveler leur offre politique. Ces 10 années à venir excluent l'entretien de chicanes intra européennes dans un monde de plus en plus turbulent, et une défiance nationale qui a dépassé la ligne de flottaison du bateau France. Ce langage devrait être entendu par les dirigeants et leurs mouvements politiques, pour éviter aux citoyens de retrouver dans le monde à venir, les duplicités et les mensonges du précédent. Est-ce possible, OUI, probable, NON. ## Le Citoyen recto-verso Ces deux concepts, dualité humaine et de duplicité politique sont indissociables. Mais, pour comprendre quels effets ils produisent sur la société française, il est préférable d'écouter le philosophe, voire le psychologue plutôt que le politologue. La duplicité politique se développe chez les êtres humains, attirés par l'exercice du pouvoir et naturellement animés par leur propre dualité. Aucun des quatre Présidents de « l'Ancien monde » n'y a échappé. J'y reviendrais. Ce couple dualité /duplicité a subi une modification génétique irréversible, il y a une quarantaine d'années, lorsque chaque individu a été doté des instruments de communication qui ont transformé la vie en société. Ce fut d'abord le « personal computer », le fameux PC du milieu des années 1980, puis le réseau mondial Internet mi 1990, puis le Smartphone mi 2000, grâce auquel la voix, l'image, et la mémoire ont été mélangées au sein des mêmes « canaux ». Il ne manquait que la bibliothèque mondiale issue des banques de données, associée à celle, instantanée et tout aussi mondial, des Réseaux sociaux pour que la mutation génétique de la dualité et de la duplicité soit réalisée. C'est un fait historique. Dorénavant, chaque être humain pourra être l'auteur de ses histoires, en être le metteur en scène, le réalisateur, l'interprète tout en créant l'image de sa personne et de ses actes, afin d'en être le spectateur. C'est l'Homme, la Femme recto-verso. Un procès de Cour d'assise s'est inscrit dans ce processus, pour démontrer, de manière spectaculaire, la réalité de cette transformation de la vie quotidienne par l'image que chacun peut donner de lui-même. Heureusement, la Justice ne s'est pas laissé abuser. Sa décision a su dire le droit à l'apaisement en évitant l'image de la vengeance. Ensuite, le même jour que celui du prononcé du verdict, sans qu'il n'y ait aucun lien autre que l'étude de dualité humaine, le philosophe Roger Pol Droit a publié une chronique passionnante sur la duplicité des comportements dans l'Art des arts qu'est la politique. Faisant référence à l'humanisme de son collègue Paul Ricoeur, Roger Pol Droit rappelle le lien de quasi filiation du professeur avec son jeune élève de 20 ans, Emmanuel Macron, pour l'élaboration de l'ouvrage « Mémoire, Histoire, Oubli » En même temps, ce jeune élève brillant, travaillait sur un mémoire consacré au réalisme de Machiavel, versus l'humanisme de son maître Ricoeur. Ces réflexions expliquent, à mes yeux, pourquoi la duplicité reste attachée à la démarche politique qui conduit vers le pouvoir ou vers sa conservation. La situation politique actuelle des deux puissances qui s'affrontèrent de la guerre froide le confirme. C'est pourquoi, dans le monde demain comme dans celui d'hier, la duplicité politique restera la règle entre le Prince et l'Humaniste Sauf que les « Réseaux ouverts du nouveau monde » surveilleront les excès plus efficacement que les médias filtrés de l'ancien. Je reviendrai plus tard sur l'ancien monde et la Basse Époque, 1980-2020 qui a suivi la Haute Époque des trente glorieuses.
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2022-06-01
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EMMANUEL 1 EST MORT, VIVE EMMANUEL 2
# Emmanuel 1 est mort, Vive Emmanuel 2 Le titre de cette chronique comporte les mots que la foule amassée le 19 juin 2022 devant le palais de l'Élysée à Paris si la France était restée un royaume. Cela mérite quelques explications. En priorité pour le plus proche des royaumes fréquentés, vice et versa, par les Frenchies qui n'ont que la Manche à traverser, souvent dans l'histoire s'y réfugier, pour rejoindre les vergers du Royaume-Uni. Mon ami David Curry, ancien ministre de sa gracieuse majesté britannique lors de la fin du vingtième siècle, me permet, en évoquant son verger, de franchir le Channel pour y transporter les commentaires que je dédie sur ce que nous appelons, à l'excès, en France, un séisme qui conduit vers un drame. David a toujours parlé de son verger avec enthousiasme, comme de son potager. Je les connais bien l'un et l'autre. Il est fondé à le faire grâce à la qualité qu'il a su leur donner à l'un et à l'autre grâce à son travail. Lui ayant fait partager la vie d'un de mes amis français ministre parlementaire dans une circonscription à population identique, comportant quinze fois plus de communes et de monuments aux morts à visiter j'ai pu vérifier où était la différence en matière de vergers. Chez David, les phénomènes de la pollinisation de l'actuel printemps apportent leur trouble. Il les explique et les commente dans sa lettre 131 plaignants de la pollinisation qui progresse par bouffées printanières. Il a raison, car il me permet de commenter le printemps français et ses bouffées de politisation Plusieurs proches amis ou parents, résidant et travaillant dans plusieurs pays, y compris la Grande Bretagne, sont en train d'installer un « institut de la renaissance de la démocratie et de la citoyenneté », au sein d'une Europe qui rassemble des pays et des peuples qui guerroie entre eux depuis des millénaires. Cette Europe vient d'en remettre une couche le 24 février 2022. Ces chercheurs, souvent formés dans les hautes écoles, praticiens de l'économie mondialisée et de l'évolution de la géopolitique mondiale, connaissent la réalité citoyenne et démocratique française. Les Français laissent aux Britanniques la disposition des caractéristiques du flegmatique, aux Britanniques comme aux autres peuples européens les tendances qui leur sont propres. En politique, surtout en démocratie, l'éloquence tribunitienne du français peut le conduire à certains excès que récemment le politique spectacle à utiliser et développer. L'Image du meilleur et du plus érudit des tribuns français, qui, pour défendre sa cause, hurle avec violence « la république c'est moi » dans le nez d'un juge, collé le long d'une porte, est dans tous les esprits. Elle ne signifie pas pour autant que la France se prépare à de nouvelles journées révolutionnaires telles quelles figurent dans les livres d'histoire au 19^ème^, 20^ème^ voir 21ème siècles. Mais le risque est et reste latent au pays de Cyrano de Bergerac. Il est d'autant plus latent que personne dans l'électorat ne maîtrise l'abstentionnisme. Faire participer l'électeur aux votes collectifs est devenu une gageure dans un pays où les dirigeants centraux manifestent une grande indifférence à l'égard de leur peuple, sauf par le verbe et l'image. Les conséquences de cette situation sur les élections législatives du 19 mai 2022 étaient prévisibles. J'ai produit en juin 2021 sur la perspective de ces législatives une analyse qui prévoyait leurs résultats. Les votes blancs et nuls ajoutés à l'abstention sont comme prévu devenus la première force politique absente de l'assemblée nationale. Si l'électeur s'est abstenu de s'intéresser au mouvement politique, les partis politiques se sont abstenus de s'intéresser à ce qui était prédit. Cette insouciance assez naturelle chez l'électeur français aggrave les situations crées par le goût de l'affrontement et l'insouciance dans l'expression des suffrages. Bien au-delà du cours naturel des latins pour les effets de tribus, telles que relaté plus haut, celui de l'affrontement marque les structures et les comportements des mouvements politiques français. ## Siècle après siècle, deux fronts naissent et renaissent : le national et le populaire Au vingtième siècle, une fois débarrassés du nationalisme et du populaire, lesquels, l\'un et l'autre avait trahi avec le mariage à l'État les héritiers du marxisme et ceux du gaullisme, François Mitterrand et Jacques Chirac ont réussi à faire fonctionner pendant plus de 30ans une république a en dyarchie qui a été renvoyée aux oubliettes par « Emmanuel 1 », qui a bénéficié dans sa 1^ère^ élection de l'abandon de poste de son prédécesseur. Est-ce que le goût de l'affrontement dans le pays a été pour autant apaisé ? Loin de là. Lorsqu'« Emmanuel 2 » a réussi à succéder sans difficulté à « Emmanuel 1 » toutes les forces liées aux besoins affrontements des Français se sont retrouvées conjuguées lors du scrutin législatif en juin 2022. Il n'y avait pas besoin d'être bien malin pour prédire comment « Emmanuel 2 » perdrait les élections législatives résultant du séisme de la politique spectacle qui vient de se produire. ## Aujourd'hui, 1^er^ juillet 2022 personne ne sait vraiment comment s'en sortir ! Ayant prédit dès 2019 ce qui se préparait, 2 principaux scénarios sont envisageables. - Le 1^er^, possible, consisterait à crier dans les rues de Paris « Vive Emmanuel 2 » et de le voir recopier « Emmanuel 1 ». Je n'y crois pas car l'organisation géopolitique mondiale est en train de changer de nature. Peut-être l'accélération des travaux des chercheurs de l'institut de la renaissance démocratique et citoyenne aideront à faire la clarté. - 2ème scénario. C'est celui auquel je pense depuis plusieurs années. Il est construit sur la transformation régulière de la géopolitique européenne et probablement la perte d'influence des États-Unis sur la construction onusienne issue de la guerre froide. Dans cette hypothèse, plausible, le goût français de l'affrontement pourrait conduire vers l'équivalent de ce que fut l'affrontement sanglant entre les forces populaires de la Commune et le Front Nationaliste Versaillais. Certes la 6^ème^ République pourrait naître de ces affrontements apaisés mais à quel prix ! La France entrerait alors dans la période d'excès qui accompagnerait les temps de la soumission ou de la démission. La démission d' \"Emmanuel 2\" dans ce scénario, pourrait apaiser les Français après qu'il eut écrasé la révolte, comme en 1871. J'espère simplement que les hommes politiques vont enfin se réveiller avec vous sans le concours de la mer avec le risque de voir plonger notre société dans les horreurs que j'ai vécues enfant entre 1934 à l'école maternelle et 1949 avec le mur de Berlin. Je commence à croiser les doigts.
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2019-12-01
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ÊTRE FRANÇAIS
# Être Français Il y a pile soixante-quinze ans, Maman m\'a annoncé la mort de mon père en me disant que je devais me débrouiller tout seul en l'aidant à élever mon frère. Ce fut une brutale entrée dans la vie ! Soixante-quinze ans plus tard, j\'ai décidé de m\'adresser à vous pour vous faire part des interrogations que je me pose, pas seul, sur l'avenir de notre société au sein de laquelle j'avais exprimé, il y a vingt ans, mon dédit de rester citoyen Français. La réponse à ces interrogations, oblige à la recherche de cette identité Française, qui est au cœur du débat national actuel, à laquelle je cherche à rattacher ma propre identité. Il m\'a semblé que les débats en cours, entre les citoyens Français, peuvent se nourrir de l\'expérience que je porte en moi après avoir vécu quatre-vingt-cinq années d'une citoyenneté consciente, d'abord dix ans sur la société, puis soixante-quinze sur les réalités de la vie. En laissant chacun apprécier mes réflexions, je précise quel cadre identitaire les inspire. Les hasards d\'une longue vie m\'ont fait prendre quatre identités, trois citoyennes et culturelles, plus une identité familiale composite. Je passe vite sur l\'identité familiale. Elle est le produit du mélange opéré, au cours de soixante-dix années de vie commune, entre la culture saintongeaise, de l'extrême ouest de l'Europe et celle de l'extrême est, la Poméranie polonaise. Mélange fortement brassé au cours de quarante années de voyages, dans quarante pays, aux enseignements plus géopolitiques qu'aux agréments touristiques. Cette nouvelle ouverture vers le monde, après celle de 1934-1944, a permis de comprendre, entre autres, les fondements des guerres et des querelles religieuses, qui ont ensanglanté la France, et la Pologne, où vivent les trois religions du livre. L\'identité familiale, ainsi créée, a conduit à respecter, chez l'autre, sa religion, sa foi, ses engagements politiques ou philosophiques, sans pour autant les partager. Agir autrement aliénerait la chère liberté. ## Les trois identités citoyennes 1. L\'identité rurale à laquelle je rattache mes réflexions s'est construite pendant les années 1930-1950, au sein d\'une petite ville de Saintonge dans laquelle j\'ai appris et vécu, très jeune, une citoyenne consciente. J\'observe que cette identité est largement partagée par mes concitoyens de la ruralité, devenue « Territoires » 2. L'identité des cités banlieusardes du fameux 9-3, vécue pendant les années 1960-1970, identité perdue, tant ces cités, au béton sans âme, ont vu leurs populations, comme leurs cultures, renouvelées. Je me suis éloigné de ces nouvelles identités sans oublier ce qu'elles m'ont apporté. 3. L\'identité Euro métropolitaine, vécue depuis trente-cinq ans à Paris, au sein d\'un creuset culturel dans lequel la citoyenneté est secondaire, derrière la nationalité affirmée par des créations culturelles et intellectuelle de grande valeurs, et des puissances économiques qui classent le pays au 6/7^ème^ rang mondial. Identité citoyenne qui peine à trouver sa place dans l'hyper étatisme de la société de providence. Je parle avec ma langue naturelle, celles des « territoires », ni avec celle de mon passage dans les cités, ni avec ma langue d'adoption, la parisienne. Les Euro métropolitains sont assez grands pour le faire, d'autant qu'ils tiennent les leviers du Pouvoir. Je suis conscient que le tribunal de la nature m\'a accordé, à quatre-vingt-onze ans, le sursis dont je ne sais pas s\'il s\'exprimera en mois ou en années. Je ferai avec ! Je sais que rester Français suppose d'être très impatient quand il s\'agit d\'obtenir satisfaction et très lents pour engager toute évolution. C'est ainsi ! Passons à mon identité et à ses trois composantes. ## Le devoir de liberté Il n\'y a pas de citoyenneté sans liberté. Les expériences que j\'ai faites depuis quatre-vingt-cinq ans, dix ans d\'apprentissage de la vie en société et soixante-quinze ans dans la vie active, bénévole ou professionnelle, m\'ont vu tout le temps, lutter pour la liberté. Dans l'action, pas dans la pétition dénonciatrice ou charitable. Que ceux qui ont connu les temps de guerre et l'occupation se souviennent. Que les jeunes Euros métropolitains, qui ont la charge d\'organiser le pouvoir d'État, veuillent bien imaginer ce que fut la perte de toutes les libertés, en quelques jours lorsque l'État s'est effondré, si fort se soit il cru. Chacun comprendra à quel point les libertés toujours menacées, méritent d\'être défendues, quelles que soient la forme et les motivations des liberticides, présents partout. Chaque citoyen a le devoir de les combattre, grâce à sa culture et à son attachement à la liberté, deux mots détournés de leur expression humaine par le nazi Goebbels « quand j'entends le mot culture je sors mon révolver » et le SS Himmler qui a fait écrire sur le portail du camp d'extermination d'Auschwitz « le travail c'est la liberté ». Conclusion si le citoyen ne se bat pas toute sa vie pour la liberté, il devient un simple sujet, y compris dans le système étatique doucereux qui tend à le transformer en assujetti au règlement qui contraint plus qu'à la Loi qui libère. ## Le devoir de responsabilité C\'est à l\'évidence, l\'effondrement de ce sens du devoir de responsabilité, au sein du régime républicain Français, depuis une quarantaine d\'années, qui a provoqué les dérives accumulées. Le summum a été atteint lorsque le principe de précaution a été monté au niveau de la constitution pour mieux accabler les citoyens décideurs du bas de l\'échelle, au sein des territoires, afin de mieux exonérer de leurs responsabilités, ceux qui étaient installés au-dessus d'eux. Ce fut la grande victoire de l\'État politicien issu de cabinets anonymes, sur les simples citoyens élus du suffrage universel ou bénévoles du monde associatif Tant que le devoir de responsabilité des structures étatiques ne sera pas rétabli, le citoyen ne se réconciliera pas avec l'État et ceux qui l'incarnent. Le moment approche où les citoyens poseront la question de cette juridiction, qui au nom de la raison d'état, permet à l'État de se juger lui-même. ## Le devoir de rétablir un Droit citoyen Il ne sert à rien d\'être un citoyen libre qui respecte ses devoirs de responsabilité, si cette citoyenneté ne peut pas être vécue dans le cadre d\'un État de Droit à l'élaboration duquel elle a participé. J\'aborderai largement cette question par des réflexions et propositions concrètes ultérieures. Comment peut-on considérer vivre l\'équilibre des pouvoirs institutionnels, exécutifs, législatifs et judiciaires, quand l'État politicien, installé il y a quarante-cinq ans, a confisqué le droit pour le remplacer par des torrents de règlements ? Règlements parisiens, ajoutés aux directives bruxelloises, dont l'application a été confiée à des dizaines d'autorités, dites administratives et indépendantes, extérieures au suffrage universel, dont les élus sont, de fait, tenus à l'écart. Un mot sur l'État politicien. J'y reviendrai. Il est né, en 1974, le jour ou un grand administrateur désigné par son diplôme pour administrer l'État, a confondu sa fonction avec celle du Politique choisi par le suffrage universel pour diriger et contrôler l'État. C'était supportable durant un seul septennat. Ce ne l'est plus depuis la création de la dynastie qui entretient la confusion, au point que trois de ces dynastes, sur cinq, auront occupé le poste pendant vingt-deux ans sur les vingt-sept écoulées entre 1995 et 2022. C'est ce qu'on appelle, pudiquement, aujourd'hui, le malaise de la société Français qui a perdu le respect dont elle a besoin, pour éviter que les citoyens méprisent la démocratie. Ce malaise a ouvert les portes de la grande maison citoyenne aux experts de tous poils dont les savoirs juridiques, économiques, sociétaux, culturels, et politiques, permettent de faire vivre, dans les grands médias, les projets de réformes qui ne se réalisent jamais par la faiblesse des pouvoirs politiques gravement minoritaires, vite usés au bout d'un an. Chacun comprendra que je me sois tu pendant vingt ans et que j'utilise, le moment enfin venu, une voix autonome au cours des deux années qui viennent. Y compris pour défendre le Droit auquel j'ai tant apporté d'actions et de réflexions, gratuitement, en trente-cinq ans,1980-2015. Ce deuxième texte sur l'identité personnelle et Française est écrit au lendemain du quarante-cinquième samedi consécutif consacré aux rébellions hebdomadaires. Je plonge dans les notes éditées après la présidentielle de 2002 sur « la France rebelle » pour actualiser mes prochaines réflexions.
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2019-12-01
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L'ÉTAT. DIALOGUE AVEC SON FONDATEUR. MICHEL DE L'HOSPITAL 1507-1573
# L'ÉTAT. Dialogue avec son fondateur. Michel de L'HOSPITAL 1507-1573 - Michel de L'HOSPITAL Je suis bien chez Michel ROUGER, je suis Michel de l\'HOSPITAL, le chancelier statufié face au Pont de la Concorde et à la Place de vos discordes. Je m\'adresse à vous parce que j\'ai le souvenir que vous êtes venu vous recueillir sur ma tombe. C'est bien vous ? - Michel Rouger Oui Mr le Chancelier. What a surprise ! - Michel de L'HOSPITAL Parlez français, je vous en prie ! Que je sache, vous n'êtes pas encore colonie Anglaise. Mais de grâce, faites-le avec l'humour qui permet de rire de nos soucis. La félicité éternelle finit par ennuyer, j\'aimerais bien partager un instant avec vous tous les tracas qui sont le quotidien de ceux qui vivent dans notre beau pays. - Michel Rouger Veuillez excusez ma mauvaise langue. Je croyais que la City avait aussi racheté le Paradis. Préférez-vous le français officiel, la langue de bois ? Je suis à votre écoute, Monsieur le Chancelier. - Michel de L'HOSPITAL Surtout pas ! Je vous pose ma première question. J\'ai rencontré ce matin à la buvette du paradis votre ancien roi Louis XVI, celui qui est arrivé chez nous, en deux morceaux. Il m\'a raconté que votre actuel monarque Républicain venait de se faire élire avec 80 % des suffrages de vos concitoyens. Est-ce possible ? - Michel Rouger Je suis comme vous, Monsieur le chancelier, j\'ai observé, sans pouvoir vous donner d\'explication. Espérons que notre bien élu saura bien gouverner, pas seulement régner et comploter ce qu'ont fait toutes les monarchies. - Michel de L'HOSPITAL Je vous remercie jeune homme. Votre réponse m\'inspire une deuxième question : Comment cette situation est-elle possible alors que tous les échos qui nous sont apportés par les nombreux arrivants en provenance de la France, mettent en avant le grand équilibre né de l\'instauration de l\'État de droit. - Michel Rouger Monsieur le chancelier, ils ont raison. Il suffit d'évoquer votre époque, celle des guerres de religion, et leurs violences sanguinaires et destructrices. Il vous a fallu du courage pour créer un État qui deviendrait un jour État de droit. Deux siècles et demi plus tard, alors que les violences s\'étaient apaisées, un génie politique, du nom de Karl Marx a expliqué que « La religion était l\'opium du peuple », drogue dont, évidemment, il fallait éradiquer l'usage. Je passe sur les détails d'application du message universel du grand homme, pour vous dire que la mise en pratique de la pensée dite marxiste a conduit, insidieusement, à ce que l\'ÉTAT, spécialement en France, devienne, à son tour, l\'opium du peuple. - Michel de L'HOSPITAL Que reste-t-il alors de ce fameux État de droit si vos concitoyens sont revenus deux siècles en arrière. - Michel Rouger C\'est là qu\'est intervenue un autre génie politique, Français, exilé à Londres, comme Marx. À la fin de la guerre de trente ans 1914-1944, il a installé et garanti aux citoyens épuisés, la Paix et la Providence par l'État de droit. Il a construit son projet en créant une super école de super administrateurs, tels que furent les maires du palais, inspirés par la Sainte Ampoule, au temps des Rois fainéants. - Michel de L'HOSPITAL Quel rapport entre ces gentilshommes si compétents et si bien formés soient-ils avec l\'État de droit ? - Michel Rouger Quatre siècles après votre édit de Moulins en 1564. Ce génie politique a régné sur la France et l\'école qu\'il avait créée a commencé à installer ces supers serviteurs. Vous savez les difficultés que vous avez eues en cherchant à confier votre projet d\'État aux élites de la Renaissance. Ni la royauté ni la noblesse ni le clergé, ne vous ont aidé et le tiers a attendu trois siècles pour parler de Droits. - Michel de L'HOSPITAL Avec qui a-t-il pu construire ce type d\'État ? - Michel Rouger Ce n\'est pas compliqué, Monsieur le chancelier. Il a suffi que ces administrateurs estampillés avec ce que nous appelons le label des normes françaises, apparaissent au bon peuple comme étant eux-mêmes l\'État dont la nation a besoin. Il faut que vous compreniez Monsieur le chancelier, que grâce à ce génie politique l\'État dont vous avait rêvé, nous l\'avons fait après avoir remis l\'ouvrage sur le métier pendant quatre siècles. Il y eut d\'abord « l\'État c\'est moi » du monarque absolu. Çà a mal fini. Puis il y a eu « l\'État c\'est nous » des révolutionnaires qui s'est encore plus mal terminé. Enfin, quatre siècles après vos premiers travaux, on peut enfin dire « l\'État c'est eux ». - Michel de L'HOSPITAL Dites-moi, jeune homme, j'apprécie l'humour, et je veux bien admettre que leurs compétences les protègent des aléas se votre vénéré suffrage universel, pratiqué, avec des hauts et des bas, depuis plus de deux siècles, mais pouvez-vous m\'expliquer comment ils réussissent à créer et à gérer tout ce qui permet de faire vivre un État de droit. - Michel Rouger Monsieur chancelier, ces grands administrateurs sont tout à fait capables de créer par leurs réglementations, les conditions d\'existence de l\'État de droit dans la nation. L\'expérience prouve, hélas, qu\'ils ont quelques difficultés pour le faire vivre, car l\'administration de ces réglementations au bon peuple, réputé fautif par son inculture, entraîne quelques zizanies. C\'est pourquoi cette élection inattendue de 2002 a secoué les urnes du second tour avec l\'élection d\'un corrézien, né sur une terre qui vous est familière par sa proximité avec votre château Cantaloup d'Aigueperse. - Michel de L'HOSPITAL Jeune homme, c\'est quand même un vrai miracle, comme à Lourdes, peut-être le prénom de la grande dame y est pour quelque chose ? - Michel Rouger Monsieur le chancelier. Je vous rappelle que depuis quatre-vingt-dix-huit ans la séparation entre l\'Église et l\'État est consommée. Dans sa sacro-sainte laïcité, la République n\'admet que les miraculés, pas les miracles. - Michel de L'HOSPITAL Jeune homme tout cela est bien bel et bon mais pourquoi entend-on dire que trop de droit tue le droit ? - Michel Rouger Parce que plus personne ne maîtrise une production de règlements et de Lois dont le volume est à la mesure de celui de nos organisations étatiques et supers étatiques. - Michel de L'HOSPITAL Une réaction me vient à l\'esprit, comment ces gens qui constituent une caste, excusez-moi si ce n\'est pas le bon mot, sont-ils organisés entre eux ? - Michel Rouger Monsieur le chancelier. Ils sont organisés par un système de Corps selon leurs spécialités. Ils sont réunis une fois par an, pour les vœux, au Château du Président qui s\'appelle l\'Élysée à Paris. Le reste du temps ils vivent la vie de leurs Corps, les corporations ont disparu avec les privilèges. Ils s'accordent pour tout monopoliser. - Michel de L'HOSPITAL Dites-moi jeune homme, cette organisation par grands corps me fait penser qu\'il doit bien y avoir la même réservée au petit commis serviteurs des grands administrateurs. - Michel Rouger Monsieur le chancelier, la chose devient franchement compliquée car l\'État ne peut pas avoir de petits collaborateurs sauf au sein des provinces pour ceux que l'État central « limoge » - Michel de L'HOSPITAL Jeune homme, cela m'inspire une question de fond ? Avec ce système de grands corps ne risquez-vous pas de créer de véritables États dans l'État. - Michel Rouger Question à ne pas poser. La réponse est oui ! pour que ce soit révélé, il faut attendre la défaillance. - Michel de L'HOSPITAL Et alors, que se passe-t-il ? - Michel Rouger Une commission d'enquête est créée qui conclut de deux manières. Soit le pouvoir d'État est bien en place, et la commission dénoncera des dysfonctionnements qui permettront de sanctionner ceux que nous appelons les « sous fifres » qui ont eu tort d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Soit celui qui tenait le pouvoir d'État a été dégagé, et la commission conclut au Scandale d'État. 1958 en a fourni un, historique, pour accablé le « manchot qui touchait des deux mains ». - Michel de L'HOSPITAL Eh bien ! ce que vous me dites sent bon la Monarchie. Dernière question : Votre époque semble faire une grande place aux Femmes, y compris dans l'État. Comment y arrivent-elles ? - Michel Rouger Naturellement, Monsieur le Chancelier. Certaines de nos jeunes femmes ont préféré l\'austère robe noire de la magistrate, la blouse blanche du médecin ou la tenue bleue des gens d'ordre pour gagner leur place dans l'État. D\'autres ont choisi la séduisante tenue de l\'hôtesse de l\'air ou à la garde-robe du top model pour trouver leur place à côté des hommes de pouvoir, voire à prendre le micro baladeur qui les conduira vers les plateaux où sévissent les vedettes qui font trembler les politiques. - Michel de L'HOSPITAL Grand Merci. Bon courage. Faire vivre une République avec deux Chambres, basse et haute, ça me ramène au temps de Chenonceaux lorsque Catherine lorgnait par le trou de son Plancher les ébats de son mari le Roi Henri II avec la belle Diane. C'était le bon temps ! M.R Je vous comprends, Monsieur le Chancelier, j'ai souvent pensé à votre époque quand nous avons failli élire une Reine qui était aussi cocufiée que votre Catherine par son propre mari, futur Roi Républicain. - Michel de L'HOSPITAL Je suis désolé jeune homme, je vais être obligé d\'arrêter. Le Bon Dieu a besoin du téléphone. Au revoir et très grand merci. - Michel Rouger À plus tard Monsieur le Chancelier, le plus tard possible
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2022-05-01
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LA DOCTRINE ET LE MYSTÈRE GUERASSIMOV
# La doctrine et le mystère Guerassimov La Doctrine Guerrassimov est un des livres en pleine résonnance avec l\'actualité récente. Ecrit par une des relations amicales de l'écho des arènes, Patrick de Friberg, l'époux de Véronique Anger, elle-même partenaire du même écho et des dirigeants de Michel Rouger Conseil avec son mouvement « Changer d'Ere » publie régulièrement des romans d'aventures à connotation géopolitique. Il y a quelques mois il a fait connaître au grand public ce qu'était \"la doctrine Guerrassimov\", sous forme de roman policier, celle du chef d'état-major des armées russes qui entendaient rénover la doctrine soviétique du pouvoir dirigé par son ami Vladimir Poutine et les oligarques qui l'entouraient. Pareillement, le général Guerassimov souhaitait orienter la politique nucléaire de la Russie vers un nouveau modèle d'utilisation de la dissuasion tactique dans le cadre de la gestion politique de l'arme nucléaire et des frayeurs qu'elle entraîne. Quelques mois ont passé jusqu'à ce que la guerre du 24 février 2022 entre russes et ukrainiens ait pris la forme de cette opération, dite spéciale, sur le territoire ukrainien contre les populations qui y vivent et qui, bien sûr, ont décidé d'y résister. Le couple Poutine / Guerassimov est alors apparu comme possédant les leviers de commande politiques et militaires. Jusqu'à la disparition récente du militaire. Cette circonstance me fait revivre ce que j'ai vécu à la toute fin du vingtième siècle, il y a vingt-cinq ans, qu'il m'a paru suffisamment intéressant que je vous confie la narration. À l'époque, en 1997, magistrat commercial européen, je prépare l'élection à la présidence de l'union des magistrats commerciaux européens dont le siège a été installé en Autriche, pays d'accueil des présidences qui s'y succèdent. Longtemps les travaux ont été organisés à Kitzbühel, chaque mois d'août puis, lorsque j'ai été élu, contre un candidat français qui ne comprenait rien à l'Europe, j'ai été invité à transférer les travaux du mois d'août au sein des très beaux paysages de la Carinthie. Le dictateur Tito qui régnait sur la Yougoslavie venait de mourir en ouvrant une grande période de violence sur la rive gauche de la mer Adriatique. La concentration entre trois religions a tout de suite pris une allure guerrière destinée à libérer les multiples peuples de cette région confiée à la poigne de fer d'un des grands du Tiers-Monde, lequel à l'époque affirmait son autorité avec l'Égyptien Nasser et l'indien Nehru. Chacun comprendra ce que fut mon devoir de veiller à ce qui était en train de se produire. D'autant plus que la province autrichienne de la Carinthie, où nous siégions, comme organisation européenne était elle-même dirigée par un jeune politicien autoritaire qui ne cachait pas son attirance pour les personnalités fascinantes (y compris française). Enfin, pour ajouter au désordre ambiant, je préparais un ouvrage de droit comparé avec le président de l'université de Constance qui avait la particularité d'être le fils d'un général de la Wehrmacht, époux de la sœur de notre premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Cette configuration m'a conduit à les voir du côté des États-Unis pour apprécier les travaux qu'ils avaient entrepris pour sortir notre Europe de ces conflits qui ont ensanglanté la mer Adriatique. Je fus reçu, brièvement, par Monsieur Cyrus Vance senior, ancien vice-président américain de Jimmy Carter qui m'a décrit les complexités inextricables des hostilités entre les différentes nationalités et religions. Il m'a exprimé, à l'époque, en 1998, l'espoir qu'il avait de voir se terminer, avec beaucoup de patience, les manifestations de véritable haine entre ces différentes communautés. Il m'a fortement conseillé d'aller rapidement en Russie car il craignait que toutes ces haines renaissent, à l'identique, dans des communautés slaves déjà impliquées dans ce que le monde a appelé les guerres de Yougoslavie. C'est pourquoi, nous avons décidé avec ma femme de faire tous les 21 longs voyages en bateau pour visiter les sites religieux et les sites politiques de cette Russie, à la fois passionnant et séduisante, pour un couple franco polonais. Notre première visite, en descendant la Volga nous a conduit dans un site religieux de qualité exceptionnelle telle que le monde slave a su les créer. De retour à Moscou nous avons souffert la misère que nous ont inspiré les Afganski, ces jeunes militaires estropiés et abandonnés par tout le monde, le petit peuple qui montraient les jambes et les bras qui leur manquaient en mendiant les quelques roubles dont ils avaient besoin pour se nourrir. Ce fut un sentiment de honte ! Après l'horreur, le bonheur de voir ses toutes jeunes moscovites d'une vingtaine d'années, modèle de la tennis Woman Anna Kournikova, corps parfait, robe blanche transparente, aisance agilité et séduction dominatrice. La Russie de 1998, c'était ce contraste insupportable, comme aujourd'hui celui des massacres de Marioupol et les parades de Moscou. Une escapade dans les terres lointaines se rapprochait de la Finlande, le final, à nouveau passionnant et politique nous a ramené vers le fleuve la LENA et les merveilles de Saint-Pétersbourg. Nous y avons vécu une escapade à deux dans le restaurant réservé aux oligarques que nous avons retrouvés comme nous les avons vu vivre avec les belles jeunes femmes qui avaient l'âge de leurs filles et toujours la transparence de leur robe. Comme il fallait bien terminer par un final ouvrant sur l'avenir nous avons passé quarante-huit heures à courir les distributeurs de billets de banque avant de quitter un pays qui était en train de faire faillite. Ces années venaient de s'écouler entre la photo que j'avais pris de la porte de Brandebourg à Berlin en 1982, avant de m'échapper en courant, convaincu alors que 1982 entraînerait 1998. De la même manière qu'en quatre-vingt-dix-huit, convaincu que la guerre de 2022 était inévitable dès l'instant où les dirigeants russes avaient eu sous la main les souffre-douleur ukrainiens. Ils en avaient besoin pour entretenir au sein de leur peuple l'exercice d'une vengeance destinée à permettre la relance, conséquence des incuries dont il est régulièrement victime. Doctrine Guerrassimov ou pas, 1982 a entraîné 1998 qui a entraîné à son tour 2022 qui entraînera à son tour une revanche du peuple sur les dirigeants qu'il s'est donné et qu'il a toujours tendance à adorer. Comme certains maris qui croient en l'amour éternel de leurs femmes les dirigeants russes croient à la dévotion perpétuelle de leur peuple à leur égard. STALINE, KHROUCHTCHEV, BREJNEV, ELTSINE, GORBATCHEV, POUTINE.....et GUERASSIMOV y ont tout cru. Ils avaient raison. Ils sont à l'image de leur peuple. Ils font ce qu'ils attendent d'eux. Ensemble, ils restent attardés au dix-neuvième siècle. Aidons-les à en sortir.
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2020-04-01
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LA GENTILLE FÉE, LE MÉCHANT VIRUS ET LE VILAIN RENTIER
# La Gentille Fée, le Méchant Virus et le Vilain Rentier Les temps sont à l\'angoisse et aux affabulations. Le fabuliste y apporte un propos d'apaisement. « Il était une fois, en l\'an de grâce 2019, une gentille Fée, toute jeunette et toute mignonne, à la blondeur diaphane, qui parcourait le monde avec sa baguette magique. Pénétrant dans tous les palais et résidences golfiques des puissants de la planète, accompagnée de la cohorte médiatique dont elle était la mascotte, notre gentille Fée pointait de sa baguette ce qu\'il fallait transformer pour que les êtres humains ne soient pas maltraités, par la nature, à la mesure de leur propre maltraitance. Avec obstination et douceur, sa baguette magique pointait le transport aérien qui empoisonne le ciel, le transport maritime qui transforme les océans et les mers en poubelles, les cheminées d\'usine qui encrassent le ciel et la terre et les pesticides qui altèrent la nourriture et font tousser l'humanité. Force est de constater que ces pérégrinations n\'ont ni ému, ni bousculé les puissants. Quelle qu'ait été la conviction de cette adolescente, elle ne fut reprise, sans effet, que dans les grandes messes où ces puissants priaient à haute voix en choisissant de ne rien faire. Il lui restait à visiter l\'usine du monde. Rendez-vous fut pris pour le 31 décembre à Pékin. À peine posée sur le tarmac de l\'aéroport, notre gentille Fée, baguette à la main, a reçu dans l\'avion la visite de la commissaire à la Magie et aux Miracles, auprès du parti régnant sur son peuple millénaire. Elle a compris qu\'il faisait très froid et qu\'il serait préférable qu\'elle rejoigne la Chine du Sud, sa cohorte médiatique étant, elle-même, dirigée vers des rivages moins glacés que ceux de la Grande muraille. C\'est ainsi qu\'elle s\'est retrouvée dans le sud profond, dans une station thermale ou sa cohorte médiatique n\'a pas su arriver. Elle y a été reçue par un petit homme dont le visage disparaissait sous un énorme masque qui laissait apparaître deux petits yeux bridés. Il avait la surprenante allure d\'un masque avec des pattes. Après congratulations, elle a été conduite dans une salle où figurait une grande mappemonde sur laquelle elle a été invitée à pointer sa baguette sur une ville dont elle n\'avait jamais entendu parler WUHAN. Le petit homme masqué lui a demandé de donner un second coup de baguette pour faire apparaître le fameux marché de Wuhan, fréquenté par cette partie de la population chinoise, dite des minorités populaires, réputées, à tort ou à raison, pour pratiquer une alimentation millénaire, partagée avec de multiples animaux issus des profondeurs de la nature. Ces migrants de l'intérieur, saisonniers affamés, manifestaient la voracité des êtres humains, au risque de subir les multiples infections offertes en cadeau au monde entier. Un troisième coup de baguette a fait apparaître le Virus du Soleil Levant, offert généreusement comme étrennes de nouvel an 2020, qui a exaucé les vœux de la gentille Fée : les avions, les bateaux, les usines, les agricultures du Grand Satan occidental allaient rendre l'âme, la Chine éternelle allait enfin pouvoir polluer à tout va, toute seule en dominant le monde. C\'est alors que le petit homme à fait tourner la mappemonde en demandant à la gentille Fée de pointer sa baguette sur Paris. Il est parti dans une déclaration d\'amour à la France et à Paris qu\'il avait connu à la fin des années 1960, en y terminant ses études de médecine. Il a demandé un deuxième coup de baguette pour faire apparaître Montmartre et la rue Poulbot où il avait vécu en admirant l\'œuvre de ces Républicains communards qui avaient su faire vivre la Commune, après la déclaration de Clémenceau de mars 1871. Puis tel un amoureux déçu, le petit homme est reparti en diatribe contre les Français qui s\'étaient installés dans un système de double rente. Ils ne pensaient plus, selon lui, qu\'à trouver le meilleur argent dormant qui leur éviterait de prendre le moindre risque, et de soutenir leur industrie qu\'ils ont laissé partir sur les rives du Fleuve Jaune. Pire, ils ont installé la rente du diplôme qui permet de sauvegarder les bonnes places, en rejetant au pied de l'ascenseur social brisé, les sans Dents de 2012, anciens sans Culottes, promis à être les sans Masques de 2020. La gentille Fée, excédée, a pointé sa baguette sur la tête masquée pour faire disparaître cet attardé des Mao-spontex de 1968, qui ne représentait pas la Chine du bienveillant Monsieur XI. Moralité : les Européens ne doivent pas confondre la Route de la Soie avec l'Hymne à la Joie. »
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2021-11-01
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LA LOI, LA PUNITION, LA VENGEANCE
# La Loi, la Punition, la Vengeance C'était en l'an 2001, il y a vingt ans ! Et, déjà, la préoccupation de ceux qui craignaient que la vie démocratique à laquelle ils et elles contribuaient ne dépérisse par la dégradation de l'État de Droit. La maltraitance de la loi, l'ignorance de ce qu'elle était, ou de ce qu'elle aurait dû être, l'inexécution des condamnations pénales, l'émergence du droit à la vengeance, autant de sujets qui ont mobilisé, à l'ouverture du XXIème siècle, les esprits des amis Saintais, tous opérateurs dans les cercles parisiens du pouvoir. Dès 1995, les quatre premiers fondateurs, hélas tous disparus, X.de Roux, J.R. Farthouat, B. Delafaye et A. de Pracomtal, ont créé un centre de recherches sociétales, juridiques, économiques et judiciaires. Ils m'en ont confié la présidence et l'organisation. ## Les Entretiens de Saintes Ils ont fait vivre treize colloques\* successifs, entre 1996 et 2008, reçu près de 2000 participants, Avocats, Magistrats, Professeurs, Politiques, pour qu'ils partagent leurs réflexions avec celles de 300 grands « Référents » vivant au sein des structures du pouvoir central et familiers des règles de l'État de droit. Tous furent réunis entre les murs séculaires de l'Abbaye aux Dames de Saintes. *\* Les actes validés par les intervenants sont disponibles, en forme d\'ouvrages à découvrir sur le site de \"l\'Institut Présaje\"* À l'époque, les opinions exprimées sur les trois sujets essentiels pour la démocratie, la Loi, la Justice et l'usage de la Vengeance, ont été très négatives au point de conclure que l'État de Droit pouvait être remis en cause. ## L'État de droit Tout citoyen est fier de vivre au sein d'un État de Droit. C'est pourquoi j'ai choisi de rester Français, au moment de partir à l'étranger où j'avais mes activités. L'État de droit n'est pas un gargarisme pour discours pompeux. Fragile, il ne peut exister que s'il est entretenu par un État du Droit au sein duquel le Pouvoir exécutif fait vivre les lois en respectant ses devoirs à l'égard des citoyens qui lui ont confié cette responsabilité. La loi suprême, la Constitution, la loi nationale, les lois issues des traités, les lois civiles et pénales, les codes qui régissent le vivre ensemble, une fois proclamées, excluent le laisser aller, le laisser faire dans l'administration qui a la charge de les mettre à exécution. Or, il fut déjà évident, en 2000, que les querelles de pouvoirs propres au système bicéphale et dyarchique à deux dirigeants politiquement opposés, imposés depuis quinze ans, pousseraient vers la création d'une *Bureaucrature* qui remplacerait l'administration dévouée à la République. C'est ainsi que depuis quarante ans, l'État a soumis le pouvoir de ses ministres à une multitude d'Agences, de Conseils, d'Autorités, gardiennes du mur anti-vagues qui préserverait l'irresponsabilité des chefs. Hélas, ces sujets de fond n'intéressaient pas les médias qui, seuls, pouvaient les faire remonter à la surface. Ils sont restés enfouis selon la maxime d'Alphonse Allais. Concrètement, les 2000 pages de notes et réflexions compilées au cours de ces treize colloques ne sont pas perdues. Les circonstances évoluent. Elles ressortent en forme de chroniques sur ce blog. Puis, en 2021, elles figureront dans l'ouvrage grand public qui documentera les citoyens et tentera de faire remonter à la surface les problèmes de fond que sont les désordres administratifs qui détruisent notre démocratie. A ce titre, le moment est venu de révéler ce qui s'est passé entre 1984 et 1996, au cours des grandes « Années du FRIC » que j'ai vécues dans la Justice pour tenter d'en limiter les monstrueux dégâts. Enfin, pour compléter la collection, un ouvrage publiera les réflexions et les conclusions accumulées au cours des années 2006-2017, passées à traiter, au cœur de la Santé publique, les trois grands sujets de mortalité : l'alcool ; la drogue, et les maladies chroniques causes de morbidité. Chacun comprendra l'intérêt de ces publications dans la situation dramatique de la pandémie de 2020. ## Les LOIS en 2021 Il s'agit du premier sujet, les deux autres, la Punition et la Vengeance, qui se rejoignent, seront traités dans une seule et même chronique. La méthode qui consiste à utiliser des réflexions d'il y a vingt ans pour expliquer les interrogations d'aujourd'hui peut paraître bizarre. En fait elle ne fait que refléter l'immobilisme qui affecte la société française. Aujourd'hui, on ne fait pas plus la loi chez soi qu'il y a 20 ans, lorsque le colloque de 2001 a répondu non à la question posée aux 150 participants et aux grands référents réunis. Leurs réponses furent claires : *« Si agaçant que ce soit, il faut reconnaître que nous ne dirigeons plus notre maison, que la loi que nul n'est censé ignorer est dorénavant composé de 150.000 textes appliqués chaque jour, et de 7500 lois bavardes et très mal faites.* *Que les lois issues des traités sont supérieures aux lois nationales, qu'elles constituent un corpus juridique, un Droit, dont les juges de chaque pays peuvent aider à créer par leurs jurisprudences. En n'étant plus la « Bouche de leurs lois » comme le croit le Citoyen.* *Que la loi pénale, soumise à la Cour européenne des droits de l'homme, manquera toujours d'harmonie, à raison même des différences de cultures dominantes dans les décisions de cette Institution de caractère fédéral ».* ## Ce qui se relie à la question des lois en 2021 Le respect de la loi, l'application de punition que son irrespect introduit sous forme du droit à la vengeance pratiquée dans les sociétés primitives, sont des principes sur lesquels l'État de Droit doit être intraitable. Le fait qu'il ne le soit plus entraine la société vers une perte de son « vivre ensemble » brutalement dégradé par les effets sociaux de la pandémie de 2020. Ces réalités devraient tempérer le climat d'angoisse qui afflige la société française. Je pense à ceux qui, parmi la génération de nos petits-enfants, ruraux et urbains, non protégés par la situation de leurs parents. Leur avenir semble aussi sombre que celui que j'ai vécu, à leur âge, entre 1934 et 1946. A ces condamnés à subir l'indifférence dans la misère, je dis « Courage ». Vous redresserez la barre, quand les mains qui la tiennent l'auront lâchée. Pensez à vos futures « Trente courageuses » comme nous avons pensé à nos « Trente glorieuses ». N'attendez pas pour vous affirmer ! En attendant de redresser la barre, FERMEZ le BAN
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2020-01-01
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LA RETRAITE DE LA BÉRÉZINA, LA BÉRÉZINA DE LA RETRAITE
# La Retraite de la Bérézina, La Bérézina de la Retraite En terminant mon précédent propos sur la réforme des retraites, j\'ai évoqué la possibilité d\'une solution définitivement provisoire. Cette contradiction entre deux termes associés exprime ma certitude que la réforme de nos retraites, ne sera pas appliquée, en sa forme proposée. En effet, pour que la réforme votée soit appliquée, il est indispensable qu\'elle soit applicable, ce qui suppose une clarification des responsabilités des deux modèles républicains qui s'affrontent. Le *Parlementaire* et le *social* ne peuvent plus passer leur temps à se mépriser ou à se maudire. Il est vraiment injuste de clamer partout que les Français sont ingouvernables pour la seule raison qu\'on n'a pas su les gouverner ou qu\'on n\'a pas eu le courage de le faire, pendant plusieurs décennies. Les Français se sont révoltés parce que la faiblesse du pouvoir d\'État a laissé s'accumuler les dettes publiques depuis plus de quarante ans. Ce ne sont pas eux qui sont ingouvernables, c\'est l\'État, sans contrôle, qui a méprisé quarante rapports critiques de la Cour des comptes qui est responsable de leur déclassement social. Vous allez le comprendre lorsque je vais évoquer ce que j\'ai vécu il y a maintenant quinze ans. ## Les carences du système politique français Nous sommes en 2005. Trois ans plus tôt, le Président a été élu par 80 % des Français alors qu\'il n\'en avait séduits que seulement 20 % au premier tour. En fait c\'est son adversaire qui a été battu au second tour alors qu\'il avait fait jeu égal au premier avec lui. Ce président qui en était à son second mandat, installé dans la politique française depuis presque quarante ans, était énergique et séduisant. Il plaisait aux femmes, savait flatter ses compagnons avec la même dextérité que pour les croupes des vaches. Il entamait la fin de son parcours en ayant raté un référendum inutile dans le seul but de refiler aux électeurs la patate chaude, par lui, dite du « plombier polonais », héritée des engagements pris à Bruxelles. Ce raté a coûté sa place à un premier Ministre, de bonne volonté, tout en rondeurs, au profit d\'un politicien énergique et flamboyant. C\'est dans cet environnement politique que j'ai été invité à un séminaire de sociologie, durant trois jours, organisé pour traiter de la complexité des sociétés humaines, dans le cadre de l\'Association pour la Pensée complexe à laquelle j\'appartenais. Le thème à traiter portait plusieurs sujets. L\'usage des trois temps classiques, Passé, Présent et Avenir, dans l\'action politique et dans l\'exercice de la fonction judiciaire. Je précise que je renvoie tout ce qui concerne la justice à la prochaine chronique. J\'ai repris mes notes. Elles ont très bien vieilli. Je vous les livre à l'état brut. Elles montrent que les politiques qui ont occupé les plus hautes fonctions de l\'État n'ont pas répondu aux besoins du pays, parce ils sont restés accrochés à des institutions qui n'étaient pas faites pour eux. Quelles qu'aient été les invitations de toutes les oligarchies intellectuelles, sociales, économiques ou médiatiques qui ont tenté de faire évoluer ces pouvoirs successifs, elles ont toutes échoué. Le pouvoir exécutif n'a pas su adapter la France au monde moderne; une fois acquis les bienfaits des trente glorieuses, grâce au courage des Citoyens partagé par les \"Grands Commis\", l\'État devenu l\'acteur de l\'action politique a abandonné les pouvoirs publics à sa technocratie. Voilà les trois grands crus de l'État. Classement 2005. Actualisé 2017 ### Le pouvoir missionnaire : 1958-1974 Le pouvoir missionnaire ramène tout à l'être supérieur qu'il entend incarner le temps que durera leur communion. Il règne et gouverne en même temps, par sa seule personne, dans la vision de cette communauté de destins idéalisés dans le temps de l'histoire. Il est rétrospectif et historien, en même temps que prospectif et visionnaire. Il règne dans la lumière, comme il est de nature de le faire, dans la fonction régnante, même à base élective. Il gouverne dans le clair-obscur, pratique naturelle pour rendre possible, dans le présent, ce qui est souhaitable pour l\'avenir. Enfin il laisse aux subalternes le troisième élément du pouvoir, le complot, qui se développe dans une ombre incompatible avec la lumière de son règne. Ce type de pouvoir ne confond pas son temps personnel avec celui de sa communauté. Quand elle se sépare de ses idées ou de ses projets, son éthique de la décision le conduit à partir. ### Le pouvoir égocentrique : 1981-1995, 2007-2012 Il ramène tout à sa personne. Il règne, gouverne et complote, en même temps, par lui-même. Il vit dans le présent, il ne s'intéresse au rétrospectif que pour fustiger les concurrents qui l\'ont précédé dans un pouvoir qu'il fait tout pour ne pas leur rendre. Sa vision est cynique, avec une pointe de références idéologiques qui dissimulent la réalité de ses idées. Il utilise la lumière émise par sa fonction, plus pour éblouir que pour attirer. Il entretient le clair-obscur, avec l'adresse d'un éclairagiste de théâtre, dans sa fonction de gouvernant. Il adore les complots qui sont le régal de ceux qui, n'ayant aucune vision prospective, échappent au lendemain par le mensonge. Cet égocentrique ne s\'intéresse qu\'à son temps biologique personnel, jusqu\'à l\'obsession de sa propre fin, qui lui interdit l'angoisse de la rétrospective. ### Le pouvoir relationnel : 1974-1981, 1995-2007, 2012-2017 Le pouvoir relationnel ramène tout à sa relation du moment. Il ne connaît que le métier de politicien de l'instant. Incrusté dans le présent. Il règne et complote. Gouverner n'est pas son affaire, même s\'il s\'y trouve obligé après avoir démoli ceux de son entourage qu\'il soupçonnait de lui voler sa relation pour tenter de régner à sa place. Ce type de politicien se nourrit d\'une forme de présent éternel, sa pratique rétrospective est de nature passéiste. Le devoir de prospective auquel il est tenu lui échappe naturellement, il ne s'y prête que dans une succession d'attitudes ou d'expressions modernistes qui permettent de confondre le temps de sa personne avec un temps éternel qui l'exonérerait, à jamais, de toutes les conséquences de ses échecs. Ce besoin d'éternité crée des rancunes tout aussi éternelles lorsqu'il est contrarié. Il impose à celui qui le pratique le respect de la pensée d'Alphonse Allais selon laquelle les problèmes de fond ne remontent jamais à la surface. Ils y sont restés durant les vingt-quatre années des trois pouvoirs relationnels. ## Et maintenant C'est le temps du débat et des gilets, y compris les pare balles, enfilés par tous les opérateurs qui se disputent la possession de la Rue, à défaut de pouvoir partager l'élaboration de la Loi. Invoquer la Bérézina, aujourd'hui, n'a de sens que si on sait que les historiens se sont partagés, au fil des siècles, les uns qui ont considéré cette bataille comme une déroute payée au prix de 50.000 morts et prisonniers, les autres comme une victoire marquée par le franchissement du fleuve et le retour de 20.000 grognards à la maison. J'ai utilisé cette référence historique, ce qui en a découlé, pour comprendre les conséquences des guerres sociales qui se développe en janvier 2020. En novembre 1812, l'Empereur a perdu une guerre et gagné une bataille. L'inverse de juin 1940 contre le troisième Reich. En juin 1815 la première République a tout perdu et disparu pour soixante ans. En septembre 1870, la France a tout perdu face à la même coalition mais elle a gagné la bataille de la troisième République pour soixante-dix ans. En juin 1940 la France a perdu une bataille et la troisième République. A chaque fois, Paris a été occupé, son peuple révolté, martyrisé, ses dirigeants exilés ou exécutés. Le drame qui se joue en 2020 développe les mêmes enchaînements. Ils conduiront vers les mêmes issues. Sauf si la République monarchique laisse la place à un modèle démocratique rénové, par ceux qui veulent vivre ensemble. Sinon, la réforme ratée connaîtra sa Bérézina et Paris ses désordres destructeurs. J'expliquerai pourquoi à la sortie du projet de loi de l'Assemblée.
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2023-01-01
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LA RETRAITE, LE RÊVE DE 1945, LE CAUCHEMAR DE 2023
# La retraite, le rêve de 1945, le cauchemar de 2023 Au parlement, les débats sont très ouverts. Dans la rue les poings sont très fermés. Comme en 1871, lorsque le peuple exigeait que le gouvernement se soumette ou se démette. L'histoire a retenu comment cela c'était très mal terminé. La notion débattue de « retraite » issue du fondement d'un pacte de sécurité social sorti de la dernière grande guerre, devait permettre à la nation de solidifier un soutien aux efforts consentis par les anciens, payé par la solidarité des travailleurs plus jeunes. Cette vision altruiste a permis à toute une génération de rêver après 1945, mais devient quelques décennies plus tard, un lourd fardeau cauchemardesque en 2023. J'ai déjà exprimé mes craintes à ce sujet. C'est pour tenter d'éviter que cela se produise que je vous livre les expériences personnelles vécues pour que nos Arènes ne soient pas ensanglantées. Mon expérience la plus marquante sur ce sujet des retraites remonte à 2008 telles qu'elles ont été organisées par le programme du CNR (Conseil National du Résistance). Je suis entré dans la vie au travail le 1er juin 1943 (déjà), au temps des « assurances sociales », les ancêtres de la « SECU ». Lesquelles s'étaient un peu inspirées de la couverture sociale que le chancelier BISMARCK avait offert aux Allemands avant la 2ème guerre mondiale, je parle ici de couvertures maladies. Je n'ai toujours pas arrêté, ni de travailler ni de cotiser sur les revenus que je reçois alors que je viens de dépasser 94 ans. En 2008, mes 80 ans d'âge et mes 65 années d'activité diversifiées, tant en France qu'à l'étranger, intéressent les organisateurs d'une réunion qui durera une semaine à la villa Médicis à Rome. Il s'agissait d'organiser une réflexion collective entre sociologues, économistes et membres du C.O.R - Conseil d\'Orientation des Retraites - pour débattre des conséquences sur le modèle français de « couverture sociale ». 2008, c'est aussi les catastrophes financières survenues et diffusées partout dans le monde par la crise dite des « subprimes » générée par le système financier dominant américain existent, il faut les affronter.\ En France, le quinquennat que préside Sarkozy s'était ouvert dans une ambiance au sein de laquelle le « travailler plus » dominait, afin de faire gagner plus pour les besoins des Français qui subissaient encore un chômage de masse. Les travaux, comme les conclusions tirées par les personnalités réunis à la Villa Médicis ont établi la qualité des réflexions sur l'inquiétude d'une population française, spécialement les femmes et les jeunes, qui ont rejeté les méfaits de leur infortune, face aux bienfaits de la fortune des populations plus âgées qui dominaient le corps électoral courtisé par les politiques. 15 ans plus tard, je ne vois pas ce qui a fondamentalement changé en 2023. Je l'ai constaté très récemment lors d'un classique dîner en famille autour d'une galette des rois. Ce moment convivial a réuni autour de la table deux nonagénaires, un fils sexagénaire s'interrogeant sur cette fameuse retraite qui fait l'objet de tant de débats et pour finir sa fille, trentenaire, très consciente de la réalité des questions abordées en 2008. En 2023, elle reste fortement hostile au projet proposé par le gouvernement. Un bilan s'impose. 3 générations, 3 avis. Nos échanges le montrent, chaque génération a sa propre vision du débat sociétal forgée par son parcours, ses efforts consentis et ses aspirations futures. Ma seconde expérience est un peu plus ancienne. Elle remonte aux années 1990 desquelles je vais vivre différents statuts entre le public et le privé. C'est inutilement compliqué d'avoir à vous l'expliquer. J'ai pris ma retraite début 1991, c'est-à-dire perçu les différentes pensions auxquelles j'avais droit au regard des cotisations versées aux caisses des différents organismes de mes différents métiers. Ces pensions ont permis à ma famille de vivre durant mes quatre années de mandat judiciaire non rémunéré en tant que Président du Tribunal de Commerce de Paris. Lorsqu'en 1995, l'État décide de me confier la gestion du plan de sauvetage du Crédit Lyonnais il m'impose de devenir membre du secteur public comme patron d'une de ces entreprises. Ce fut inconciliable. Ce mélange de statut social entre le privé et le public a été compromis, pour moi, par un détail, la visite médicale à l'embauche. En acceptant de l'avoir supprimé, j'ai sorti notre chère administration d'un imbroglio inextricable. J'ai fait le job pendant trois ans en vivant au quotidien d'un statut social de retraité très informé sur la complexité des multiples modèles de couverture sociale des réformes instaurées en 1947. 30 ans plus tard, les régimes de retraites du public et du privé sont toujours incompatibles. Ma première expérience est beaucoup plus ancienne. Elle remonte à 1960. À l'époque, après avoir quitté la vie artisanale et rurale au sein de la Saintonge de mon enfance j'y revenais régulièrement pour les vacances d'été. Au cours de celles de 1960, ma mère (57ans) s'est ouverte auprès de moi de ses grandes difficultés qu'elle allait rencontrer lorsque se poserait, pour elle, la question de la retraite. Elle avait été privée à l'âge de 41 ans de toutes capacités de reversion de l'éventuelle retraite de son mari décédé en 1944, bien avant les bienfaits des couvertures maladies et retraites de l'après-guerre 39-45. Le sujet à traiter était très compliqué car il concernait un homme, mon père, emporté au cours des semaines très agitées de la libération de notre pays. Les démarches administratives à opérer auprès d'une administration récente, la fameuse « SECU », ainsi qu'auprès des administrations professionnelles des années 1940, celle de mon père, plus ou moins victime des épurations appliquées à la libération et de leurs conséquences sur les dossiers administratifs dont ils avaient la charge. Tout cela a demandé plusieurs années. C'est là que j'ai appris ce qu'était ce fameux « présent éternel » utilisé à l'excès dans le modèle administratif français avec lequel j'ai nourri, au début de 2000, une semaine de colloque entre sociologues. Au bout de quinze années d'efforts familiaux multiples, Maman a pu bénéficier, enfin, de sa retraite et s'installer, chez elle, en Saintonge. Ces expériences de vies relatées m'amènent aujourd'hui en 2023 à cette conclusion. La retraite est un sujet à la fois si collectif, si sociétal mais si personnel qu'il mérite des débats plus construits, collectifs et apaisés. Cependant il en revient une nouvelle fois à l'Etat français, législateur national et ses représentants, réputé « capable » de trouver toutes les bonnes solutions à apporter aux multiples problèmes des Français, de proposer une énième loi sur le pacte sociale des retraites. Il doit arriver à la fois à entretenir le « conte de fées » de 1945 en cherchant à bricoler ce qui est devenu une institution qui a perdu le sens de sa mission par l'excès de la diversification de ses objectifs tout en rassurant les plus ou moins jeunes que ce choix apporterait plus de justice sociale, d'équité et d'égalité. L'équation à plusieurs inconnues d'une telle réforme ambitieuse pour refaire nation devrait nous mobiliser aux débats apaisés, aux exigences citoyennes collectives pour cesser la vision du « émoi, hé moi ! et moi » et refaire vivre le « nous ». Ce sujet va s'entretenir dans les rues et les débats familiaux dans les prochains « mois » le tout alimenté par les très nombreuses agitations médiatiques. Je ne sais pas par quelle chanson finira ce débat comme c'est souvent le cas dans notre beau pays. Mais je suis sûre que l'on va écrire un nouveau couplet, une fois encore, d'ici l'élection présidentielle de 2027.
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2020-04-01
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LA SANTÉ, LA LIBERTÉ ET LA RESPONSABILITÉ
# LA SANTÉ, LA LIBERTÉ ET LA RESPONSABILITÉ Ces réflexions sont la synthèse des débats que provoque la crise sanitaire dans mon entourage familial et amical inquiet. Ce ne sont pas mes réflexions personnelles. Elles vous viendront en mai. Par l\'ouvrage qui traitera de la mort de nos régimes républicains passés, cinquième République comprise. Par la prochaine chronique qui traitera de la défaillance et des responsabilités de notre État. Auparavant, je repasse par la Chine et son virus. ## La Chine Politique, Médicale et Sociétale *La Chine a créé une tempête Géo-sanitaire qui ébranle les bases de la Géo-économie mondiale et transforme celles de la Géo-Politique, qui seront dorénavant construites sur la Raison du plus fort.* *L\'organisation politique* de la Chine est parfaitement identifiée. Communiste et totalitaire. En 2000, à Pékin, devant quarante banquiers, j'ai appris comment ils géraient leur crise financière. vingt ans après, j\'observe que la gestion de la crise sanitaire, a été identique *Motus et bouche cousue.* J'ai découvert *l'organisation médicale* de la Chine il y a quarante et un ans, sous sa forme rustique, moyenâgeuse. La table d\'opération était éclairée par deux ampoules, les liquides évacués par une rigole creusée dans le sol en terre battue. Un monde sépare cette découverte et celle, en 2015, des propos du Ministre de la santé de la Chine, ancien étudiant en France, resté proche d\'un immunologiste français professeur à Shanghai. Les ambitions planétaires des scientifiques rassemblés à Wuhan sont sans mesure. La France s'y est laissé prendre par Sino-béatitude. *L'organisation sociétale* de la Chine existe depuis des millénaires. Elle repose sur une très grande homogénéité ethnique que partagent les Chinois d'outre-mer, porteurs des actions géo Politiques. Ceci dit on peut aimer la Chine avec ses qualités en dénonçant ses défauts, c'est mon cas. ## La France Sociétale, Politique et Médicale J'inverse l'ordre des facteurs. ### *La France sociétale* Autant les Chinois sont homogènes ethniquement, autant les Français sont hétérogènes. Ce n\'est pas un défaut, c'est l'exigence pour l'État de respecter la République et la Liberté. Ce qu'il ne fait plus. ### *La France Politique* À l\'opposé de la Chine tenue par la main de fer du parti, la *France Politique*, telle qu'elle a été dirigée par l'Énarchie politicienne l'a été par des mains tremblantes dans des gants de papiers. C\'est ce qui vaut à nos classes moyennes de subir le déclassement qui a toutes chances de se transformer en déclin aggravé. La raison en est que le virus de la politique a contaminé l\'ÉNA en 1975, et a progressivement détruit la confiance entre l'État et les Citoyens. ### *La France Médicale* Cette part essentielle de la vie des Français est connue sous le nom de Santé Publique. Que dissimule cette énorme organisation étatique ? Pour répondre à une question aussi importante, je me suis engagé bénévolement pendant treize ans, de 2006 à 2019, au cœur du système de santé, pour y traiter de l'alcoolisme cinquante mille morts annuels, de la Toxicomanie les cités de non droit et des maladies chroniques causes de sur morbidité en Pandémie. Aucun intérêt rencontré dans les bureaux pour la Prévention. Seule la médecine scientifique et curative intéresse. Première Conclusion : cette organisation étatique en trois morceaux n'a pas résisté au poids de l'épidémie, ajouté à ceux de la RTT et du principe de Précaution. Car la santé est un lieu d'efforts et de risques à assumer. On le voit tous les jours. Deuxième conclusion la Santé Publique butte sur une difficulté, majeure, d'homogénéité nationale. Cette cassure naît du divorce entre Paris qui veut tout commander et la Province qui doit tout supporter. Concrètement, la gestion de notre Santé à une apparence politique, le Ministère de l\'avenue Duquesne à Paris. En treize ans, j\'y ai vu passer cinq ministres, dont quatre provinciaux. Aucune, aucun de ces Ministres n\'ont eu la durée de vie qui leur aurait permis de contrôler une administration tentaculaire. La technocratie qui a pris possession des corps de l'État a su les dominer. Le second pouvoir, la vénérable SÉCU, pilier de l\'État-Providence, est managée par les partenaires sociaux, qui n'échappent pas à l\'autoritarisme de la technocratie. On en connait le Trou. Bientôt, copiant Cyrano, et passant de Marianne aux Iles Mariannes, on pourra dire « ce n'est pas une Cavité, ce n'est pas un Gouffre, c'est une Fosse ». Le pouvoir réel, naît de la conjonction entre la Pandémie en cours et sa spectacularisation par les techniques de communication du XXIème siècle. C'est là qu'intervient l\'organisme de santé publique qui règne sur la région parisienne, L\'Assistance Publique et Hôpitaux de Paris. L'AP-HP, quarante hôpitaux, cent mille personnes, est un Ministère dans le Ministère. Créée par Louis Philippe en 1838, elle fut chargée de la santé des populations éprouvées par la dureté des conditions de vie de la révolution industrielle. Elle a été inspirée, dans son combat contre la misère et la maladie, par les idées du traité de Karl Marx publié à Paris (1867). Elle est aussi contemporaine de l'écrivain anglais R.L Stevenson dont le roman Dr Jekyll et Mr Hyde a fait le tour du monde. J'y fais référence. Les hôpitaux de Paris, à droite du tiret, rassemblent tous les bons Docteurs Jekyll, ces héros courageux dans leurs salles d'Op, que nous applaudissons tous les soirs, avec les soignants de leurs équipes, et tous les non soignants qui les aident Tous, parce qu'ils le méritent, vraiment. L\'Assistance Publique à gauche du même tiret, qui fait renaître le fantôme du malfaisant Docteur Hyde, bien masqué par la redingote du bon Dr Jekyll. L'AP entretient depuis des décennies, un travers dogmatique Antilibéralisme qui a la forme Asymptomatique du Marxisme Léninisme, lequel a entretenu le dogme de l'Impôt sur les fenêtres, maintenu plus d'un siècle malgré son inutilité. De tels dogmes échappent aux dirigeants qui se succèdent, qui ne peuvent en supporter la responsabilité. Le Virus chinois a réactivé ce dogme antilibéral qui était assoupi, et réveillé les théologiens de la punition divine et les Prédicateurs aux prêches glaçants d'effroi. La machine à faire peur s'est emballée. Le bon soignant Hippocrate, a dû laisser la place au méchant saignant Diafoirus, auréolé de sciences. Les « nouveaux pauvres », les précaires, les miséreux et les nouveaux malades de l'allongement de la vie, sont en surnombre, ils attendront sur un brancard, dans les ÉPHAD, voire chez eux, la fin de la pénurie. Le détournement de la mission originelle est patent, adroitement dissimulé derrière les paravents du salon du bon Docteur Jekyll. À l'opposé, la victoire dans le combat des idées défendues par les Théologiens et les Prédicateurs est incertaine. Tout le monde en est conscient, y compris chez la sœur jumelle, les hôpitaux de Paris. Mais personne ne sait comment arrêter cette dérive. Attendons, ce qui va se produire, qu\'on le veuille ou non, et que l\'actuelle pandémie, dangereuse, soit jugulée et régulée comme elle l'est déjà dans des pays voisins, si déniée soit elle. Sa forme spectaculaire commence à quitter les médias, qui relaient les frayeurs des prochaines vagues. Il est inutile de chercher à faire l\'inventaire des dommages et des souffrances subies. La place n\'est pas encore ouverte à l\'opinion publique et la liste des responsabilités du désastre est à peine engagée. C'est pourquoi il faut expliquer ce qui permettra, le moment venu, d\'aborder enfin les causes de la catastrophe. Lorsque les débats sur les conséquences auront été épuisés. La question n\'est plus de savoir quand les Français réagiront. Ils sauront se retenir, à condition que la raison des plus forts de la nouvelle Géopolitique ne vienne pas souffler sur le feu qui couve. Bon courage aux soignés et aux soignants.
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2020-10-01
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LE CITOYEN, LA CITOYENNE ET LES BUREAUCRATES
# Le Citoyen, la Citoyenne et les Bureaucrates La République vit d'une chère Liberté dont ses enfants admettent les limites avec peine. Le Bureaucrate vit des contraintes qu'il doit imposer à la liberté pour faire vivre la République. L'esprit Républicain se charge de réguler les conflits nés de cet antagonisme permanent qui détruit la qualité du Vivre ensemble. Les déconvenues que la société Française accumule depuis une trentaine d'années, du fait de ses excès bureaucratiques, viennent de trouver leur plénitude dans la double crise subie par son système de santé publique, printemps et automne 2020. Il va bien falloir, qu'un jour, l'esprit Républicain domine et contrôle les manifestations nuisibles de l'esprit bureaucratique. Tout le monde s'accorde pour réclamer cette régulation qui permettra l'adaptation de la société Française au XXIème siècle. La situation sanitaire ne le permettra pas. On va « cantonner » comme on l'a fait lors de la crise de notre système de Banque publique, il y a vingt ans. Responsabilité et solidarité républicaines obligent. Jusqu'à ce que la guerre des vaccins de l'automne prochain ranime les conflits entre les bureaucraties, et les citoyens. Après quoi la régulation républicaine s'imposera. D'ici là les Citoyens vont vivre une drôle de guerre, de neuf mois, comme en 1939-1940. Hélas ! Au moment de vivre ces convulsions, l'opinion publique porte un jugement très négatif sur l'état de cette République régulatrice. La Loi et les Institutions, la Justice civile et pénale, la Santé publique et l'Hôpital, voient leurs fonctionnements durement contestés. Je reviendrai sur les Institutions, la Loi et la Justice avant le début 2021. Je ne reviendrai pas sur la Santé publique. La situation est incompréhensible, trop expliquée pour être explicable. Après quoi la boîte de pandore de l'élection présidentielle sera ouverte, de laquelle sortiront, de gré ou de force, les multiples adaptations de la communauté Française à ce XXIème siècle en face duquel elle rechigne pour accorder à sa jeunesse ce qu'elle attend. Le 4^e^ sujet, celui de la place des Femmes, des Mères, dans nos institutions est grand ouvert, il sera au centre des années 2020. Il est temps de prendre en compte le fait historique que les citoyennes Françaises se battent depuis un siècle, génération après génération, pour réussir leur émancipation, avec succès. Elles l'ont d'autant plus méritée que c'est elles qui ont porté la France à bout de bras tout au long du XXème siècle ravagé par les guerres. Cinq générations d'entre elles ont été présentes durant les 90 années de ma vie de Famille. Mes Grands-mères (25 ans), ma Mère et mes Tantes (de 30 à 60 ans) ma Femme (70 ans de vie commune) nos filles (50 à 60 ans) Nos petites Filles (entre 25 et 40 ans).sans oublier la sixième^,^ des six arrière petites filles, qui pointe son bout de nez. Toutes, sauf 2, depuis ma grand-mère, sont nées en province, à la campagne ou dans les banlieues ouvrières. 1. Ma grand-mère a souffert les multiples conséquences de la guerre de 1914 - 1918, elle a perdu deux fils, connu les privations, fréquenté en silence les cimetières et fleuri les monuments aux morts, sans jamais oublier les devoirs d'une citoyenneté qui lui a été promise en 1919, ... et attribuée en 1945. 2. Ma mère et mes tantes ont dû tenir la maison France pendant que les hommes étaient enfermés - cinq ans - en Allemagne. Elles ont subi dans leurs villes, leurs villages, souvent leurs maisons, les servitudes d'une très longue privation de liberté. L'humiliation d'une occupation étrangère dominatrice, de plus en plus brutale pour elles et pour leurs proches. Sans se laisser aller à l'abandon. 3. La génération de ma Femme à retrousser ses manches pour faire vivre les trente glorieuses, malgré la perte de l'Empire colonial dont elles avaient glorifié la puissance à l'école primaire. Elles ont vécu avec les servitudes d'une déruralisation désordonnée, impréparée, négligée par la bureaucratie qui a géré une pénurie inacceptable. Elles ont assumé les conséquences migratoires, brutales, d'une décolonisation conflictuelle. Ces migrations simultanées les ont  fait vivre  dans  des cités sans âme, au sein desquelles il fallait élever les familles nombreuses du Baby-boom. Elles ont eu le courage d'exiger le respect du choix de leur maternité, de supporter les insultes et d'aller au bout de leurs idées dans un monde masculin qui portait encore, sur elles, ce regard d'un autre temps. 4. Nos filles, pas seulement celles nées au cœur de Paris, qui arrivent, au XXIème siècle à l'âge de la retraite, ont radicalement transformé le socle de leurs compétences professionnelles au point qu'elles se sont hissées au niveau, voire au-delà, de celui de leurs compagnons. Peu de gens ont compris que la révolte dite des « gilets jaunes », en 2018, venait des femmes de cette génération. Hélas pour elles, elles manquaient cruellement de toute pratique des combats politiques. Pas plus qu'elles n'avaient la capacité de créer un véritable mouvement d'opinion. Après quoi elles sont rentrées chez elles, laissant à leurs propres filles la charge de mener à bien une action revendicative inachevée. 5. Les Petites Filles, la cinquième génération, ont entre 30 et 40 ans. Elles ont mis, récemment, les pieds dans la chasse gardée des politiciens amis des bureaucrates.  Elles s'y démènent en y montrant des talents qui n'arrivent pas toujours à préserver leur autonomie citoyenne. Elles finiront bien par se faire reconnaître au cours de ces années 2020, comme l'on fait leurs aïeules, un siècle plus tôt. Elles ont dix ans pour y arriver. ## Conclusion provisoire La méthode de réflexion qui s'applique à de longues décennies, soit en rétrospectif soit en prospectif, ne correspond pas du tout au modèle instantané de la politique spectacle, grande conservatrice de l'esprit et du système bureaucratique qu'elle fait semblant de critiquer. Cette conclusion risque de ne jamais remonter à la surface, comme tous les problèmes de fond chers à Alphonse ALLAIS
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2020-03-01
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LE VIRUS ET LE CITOYEN
# Le Virus et le Citoyen « Nous sommes en guerre »  NON, sauf contre nous-mêmes. Nous sommes en danger. Comme tous les êtres humains qui s\'efforcent depuis des millénaires de domestiquer la nature qui leur permet de vivre sur la terre.  Elle se rebiffe de plus en plus fréquemment avec les moyens dont elle dispose. Le feu de ses entrailles, qui produit les séismes qui tuent et qui détruisent. L'eau de sa surface qui submerge les terres occupées par les humains. Le vent de ses tempêtes et ouragans qui détruisent les constructions humaines et attisent les feux qui les ravagent. Les infections naturelles de ses poisons, de ses venins et de tous ses micro-organismes tueurs. Face à ce danger, il n\'y a qu\'une réponse rester confinés là où on est le moins en danger. C\'est la décision de notre couple (180 années au compteur de la vie) depuis le 27 février. ## Comment Quel que soit le réel esprit de famille qui règne au sein d\'une petite communauté de 30 personnes, nous avons coupé les ponts avec les 3 générations qui nous suivent. Ni sorties ni rencontres, la vie matérielle est assurée par une aide qui fait 2 heures de courses par semaine. La totalité des relations est assurée par les moyens du télétravail. Les rendez-vous professionnels d\'une activité conservée depuis 75 ans ont été repoussée au 19 mai. ## Pourquoi faire Pour assurer par des contacts permanents, quoique distants, la solidarité intra familiale en cas de problème. Pour creuser les réflexions sur la transformation, entraînée par l\'épreuve, sur les comportements des Français. Voir la chronique « le printemps Républicain » publiée sur le site WEB TV L'Echo des Arènes. Enfin, la présente réflexion n\'a d\'autre but que d\'alerter sur le danger de l\'épidémie spectacle qui joue à la guéguerre, avec les polémiques qu\'entraîne la lutte d'influence  que mènent au sein de l'opinion, le pouvoir politique et le pouvoir médiatique dans les démocraties modernes. Nous allons vivre au moins 4 quinzaines pendant lesquelles le pouvoir politique et le pouvoir médiatique, chacun sur leur plateau vont faire vivre l\'épidémie spectacle, avec plein de nouvelles vedettes, poudrées et peignées comme les petits Marquis de Mr de Talleyrand au congrès de Vienne en 1815 . Le spectacle réservera ses ovations aux soignants qui feront face à leurs risques et périls. Je passe à la vraie guerre vécue, en 1940, dont personne ne viendra vous parler, si documentaire soit elle, pour ne pas troubler le spectacle. ## La Quatorzaine du 10 au 24 juin 1940 Au cours de ces deux semaines la France s\'est effondrée pour ne plus jamais retrouver la place qu\'elle occupait qui était la fierté des Français. Elle a choisi l'exode et la soumission. Elle a rejeté la résistance face au désastre. Je sais que la génération des petits-enfants qui gouvernent le pays n\'a pas grande conscience de ce qui s'est passé autrement que dans la compassion naturelle de ce qu\'ont vécu leurs grands-parents. J'ai déjà écrit pourquoi. Le lundi 10 juin, à St Jean d'Angély, écoles fermées, je joue à la guerre avec 3 copains, dans les tranchées creusées dans le square voisin sur la route qui voit défiler la France en plein exode. A midi on rentre écouter la radio dans la cuisine. Le jeune sous-officier aviateur qui est logé à la maison vient écouter le « poste ». Les Panzers Allemands qui occupent le quart nord-est de la France repartent pour conquérir le reste en modèle Blitz Krieg. On voit le virus de la 5^ème^ colonne partout  prêt à nous tuer avec les gaz. On réclame des masque. Paris est déclarée ville ouverte . On en voit les voitures  dans l'exode qui défilent devant la maison. A quoi rêvons nous ? la résistance sur la Loire, l\'arrivée des soldats américains, un sursaut FrancoBritannique dans la conférence de Briare ? En réalité, le gouvernement dirigé par celui qui avait affirmé que « nous vaincrions parce que nous étions les plus forts », n'avait plus en dehors de De Gaulle, aucune envie de résister. Ce fut le choix de la soumission actée par l'armistice du 24 juin, qui mettra un terme à cette horrible quatorzaine. Notre écoute a été troublée par une violente altercation entre le jeune mécano aviateur et l\'aîné de mes  copains, germanophile enragé à 15 ans, qui est allé mourir en 1944 sur le front Russe , dans la division Charlemagne  par détestation de son père communiste. Le mécano aviateur qui prônait la résistance à tout prix, est parti sans attendre vers Londres dans l'avion préparé pour cette fuite. Les 2 autres copains, 13 ans en 1940, ont attendu les débarquements de 1944 pour les rejoindre à vélo.  Le premier a été arrêté en Normandie et échappé au peloton d'exécution à 24 heures prés. Le second immédiatement blessé a passé plusieurs mois à l'hôpital. La guerre c'est ça.\ Du danger pour tout le monde qui peut entrainer des paniques.\ Il ne faut pas jouer avec ces mots, même si les solutions apportées ont des similitudes avec celles de l'actuelle épidémie.\ Une Pandémie, c'est un danger limité et variable qui peut générer des grandes peurs.\ Il ne faut pas confondre guerre et Pandémie. Regardons ce qui s'est passé en juin 1940 , sous la dictature Nazie. Les Anglais ont quitté l'Europe continentale pour résister chez eux. Les Français qui les avaient accompagnés sont rentrés chez eux pour se soumettre. Le couvre-feu a confiné les Français chez eux. La circulation des individus a été contrôlée par les Feld Gendarmes. L\'autorisation de déplacement s'est appelée Ausweis. Le rationnement par tickets a contingenté tous les produits raréfiés. Et il a été interdit d'aller sur les plages. Cherchez la différence Certes, l'histoire ne repasse pas les plats mais elle ressert les mêmes menus. Comme il est trop tôt pour savoir ce à quoi il faudra se soumettre et ce contre quoi il faudra résister, il faut attendre les quelques semaines utiles pour apprécier les conséquences de l'épidémie. J\'espère que les prémices de ce printemps républicain auront un effet au cours de l\'été.
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2022-06-01
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LIVERPOOL 1 - PARIS 0
# Liverpool 1 - Paris 0 Deux matchs ont eu lieu au Stade de France à Paris Saint-Denis lors de la Finale de la Coupe de l'UEFA entre le Real de Madrid et Liverpool. - Le premier, qui avait fait le plein de ses 80 000 spectateurs a débuté avec retard, dans l'incertitude du règlement du problème posé par le second. - Le second, provoqué par la tentative de supporters qui revendiquaient la faculté d'entrer légalement dans le stade considéré comme déjà plein par un mélange de vrais et de faux billets, problème insoluble. Il se trouve que j'ai accompagné la naissance et le développement du Stade de France lorsqu'il est apparu livré d'une originalité, celle d'être un stade sans club. Cette originalité a privé les dirigeants de ce stade de l'assistance que leur rapporterait la structure opérationnelle d'un club avec ses instruments de gestion et ces troupes de supporters bénévoles. La Coupe du Monde de Football 1998 une fois organisée, lorsqu'il est apparu qu'aucun club ne rejoindrait le stade, il a fallu se rendre à l'évidence et se mettre autour d'une table pour améliorer les éléments de viabilités exigés dans le fonctionnement par un tel organisateur de spectacles sportifs ou culturels. Ce fut fait il y a une dizaine d'années. Depuis, les choses ont marché. Que s'est-il passé, à la lumière des événements réels dans lesquels des supporters de Liverpool qui sont restés à la porte et ont pu être maltraités par ceux qui les ont empêchés d'entrer ? D'abord la vérité une commission d'enquête parlementaire ne réussira pas à dissimuler que le Stade de France avait fait le plein de spectateurs pour la rencontre Real de Madrid - Liverpool. Malgré cette réalité, des milliers de supporters ont continué à affluer dans l'espoir fallacieux de négocier un titre permettant d'entrer et d'occuper une place alors que c'était impossible. Comme souvent en pareil cas, la tricherie s'est emparée de l'opérateur débordé par les faux billets qui ont permis d'escroquer les futures victimes. L'affaire s'est alors transportée vers les autorités publiques, celles en charge du maintien de l'ordre, qu'il était indispensable de solliciter pour rétablir un semblant d'ordre alors que le stade plein attendait le coup de sifflet initial. C'est là que peut intervenir pour des Anglais de Liverpool la difficulté de comprendre la maltraitance quand ils ont été l'objet selon des motifs propres aux manifestations se déroulant en France, spécialement sur le territoire de la capitale de notre république une et indivisible. D'abord, à première vue, des supporters de Liverpool étaient beaucoup trop nombreux, aussi bien pour espérer entrer que pour n'être pas maltraités. La région parisienne a connu des centaines de manifestations ne serait-ce en cours du quinquennat qui vient de se terminer. Elles ont plutôt, sur la longue durée, affiché 5 000 manifestants au compteur de la préfecture que les 40 000 supporters en déshérence affichées par Liverpool. Pire, ce n'étaient pas des manifestants, rompus à toutes les ruses échangées avec les spécialistes du maintien de l'ordre, c'étaient de simples supporters sportifs transformés en protestataires. Certes, leur protestation était sincère, comme leur indignation faite de l'escroquerie dont ils étaient victimes, mais qui peut croire qu'un responsable du maintien de l'ordre, du bas en haut de la hiérarchie, telle qu'elle fonctionne dans la région parisienne, vitrine du pouvoir en France, a le temps de s'arrêter au sentiment d'indignation. L'année 2018, a vu suffisamment de manifestations et de violences se multiplier pour que chaque français soit édifié. Le manifestant qui fait peur et qui sait s'imposer, est peu nombreux, quelques centaines, il ne cherche pas à avoir le bon droit pour lui, ni apitoyer le téléspectateur impatient en attente de son match de foot. Tout le contraire de ces malheureux supporters égarés comme manifestant dans leur bon droit avec ses faux billets face à un cogneur chargé de la sale besogne. Revenons un instant à la Plaine-Saint-Denis haut lieu des grandes festivités sportives. Ce n'est pas une morne plaine qui ferait penser à une autre : Waterloo Les bâtisseurs de la fin du vingtième siècle ont réussi à y implanter un ensemble de constructions vivantes, vivifiantes, facilitant l'accès de masse en apportant une industrialisation dans les technologies de la communication et des réseaux. Le passage des grands clubs de football, comme ceux de sport en général, de leurs supporters, ne peut pas être une occasion de mettre en route la machine à baston. Comme je parle aux amis anglais, je leur dois de parler de l' « entente cordiale », qui a liée nos 2 peuples depuis 1904. En 1912, la maison de Cognac -- FROMY - dont les futs d'eaux de vies étaient conduits au port de Tonnay-Charente par la famille APERCE avait embauché le footballeur PERHAM, citoyen anglais, pour installer un des premiers clubs français en Charente Maritime. Un footballeur de 18 ans qui deviendra international au sein du petit groupe de grands footballeurs d'avant la guerre de 1914. Ce fut mon père qui courrait le 100m en 11 secondes. 30 ans de guerre et de malheurs ont massacré cette génération. Les malheurs supporters de Liverpool peuvent savourer le bonheur qu'ils sont venus vivre à Paris, quel qu'ait été leurs désagréments. Que les supporters de Liverpool aient conscience de l'essentiel. Ils se sont déplacés librement en traversant la Manche pour leur plaisir et non par devoir et pour certains pour leur malheur il y a 78 ans.
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2021-08-01
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L\'URGENCE, LA NÉCESSITÉ ET L\'AUTORITÉ
# L\'Urgence, la Nécessité et l\'Autorité La 2^e^ semaine de juillet 2021 vient enfin éclairer l'opinion publique sur ces trois modes de relations entre les gouvernants et les gouvernés. Le 8 juillet, le jour de ses 100 ans, le philosophe Edgar Morin, l'homme de la méthode et de la complexité, répond, dans le journal le Monde, à de multiples interrogations personnelles dont celle-ci : « Celui qui choisit l'urgence contre la nécessité oublie l'urgence de la nécessité. » Cette pensée philosophique n'est pas abstraite. Le texte qui suit a pour objet de révéler ce qu'elle signifie dans la vie concrète des citoyens français de ce début du 21^ème^ siècle. Elle est directement confrontée avec celle exprimée 4 jours plus tard le 12 juillet 2021 par le président Macron en sa qualité de dirigeant élu par la nation, gardien des institutions dont il a la charge. « Celui qui rejette l'urgence et la nécessité de la vaccination en opposant l'urgence et la nécessité attachées à sa propre personne en subira les conséquences sociales. » Passés les flonflons du 14 juillet entrons dans l'explication concrète. ## L'État et l'urgence La société française est soumise, quinquennat après septennat, à différentes formes de lois d'état d'urgence, dont l'application est confiée aux pouvoirs administratifs, régaliens ou pas. Ces délégations législatives entrainent une réduction des libertés démocratiques, dans le but de mieux assurer les protections physiques, mentales sociales économiques et juridiques des citoyens. À l'époque des attentats terroristes, 2015, le pouvoir d'État très affaibli n'avait pas le choix\... La pandémie qui s'est abattue sur la planète il y a 18 mois a changé la nature des liens au sein de ce couple anxiété - sécurité. Les Français se sont brutalement installés dans un état d'urgence, cette fois sanitaire en vivant la réalité de 120 000 morts en 18 mois. Le 12 mars 2020, confiné comme tout le monde, j'ai retrouvé les contraintes d'enfermement des 4 années de la guerre de 39/45 et déploré la persistance des faiblesses de la République corrézienne, le laisser-aller, le mensonge et l'infantilisation des français, dénoncés dans les  « rois prodigues ». Je reviendrais sur l'évolution de ces sujets au cours de la compagne électorale qui débute. J'observe simplement qu'un pays, Israël, est présenté comme aussi efficient dans la lutte, contre les multiples terrorismes qui l'entourent, que dans la gestion de l'urgence sanitaire. Imposée par la pandémie. En 1996, Henry Kissinger, lorsqu'il a aidé Benyamin Netanyahu à s'installer au pouvoir en Israël, m'a expliqué, dans le cadre de nos relations privées, quels étaient les effets de ces politiques alternées d'anxiété et de sécurité qui permettent d'assurer la domination du fort sur le faible. Ces politiques alternées, anxiété sécurité, reposent sur 4 piliers administratifs : - Une organisation qui impose son modèle et ses structures aux citoyens « assujettis ». - Une mission qui préserve la mise en cause des responsabilités du pouvoir exécutif. - Des protocoles d'exécution écrits en langage administratif. - Des plannings et agendas à la seule discrétion de l'autorité administrative. L'opinion publique française semble avoir accepté ces règles du jeu en se retirant jusqu'aux 2/3 d'entre elle dans l'abstention lors des consultations du printemps 2021. ## L'État et la nécessité A l'évidence, le pouvoir exécutif, les institutions dont il dispose et dont il est le gardien, les différentes formes des pouvoirs administratif, ont su construire l'état d'urgence dont la pandémie exigeait la mise en œuvre. Le peuple français, celui qui aura pleuré les 120 000 morts sera-t-il convaincu, le moment venu de rendre les comptes, de ce qui a été fait et bien fait pour lui ? Je vais donner mon sentiment sur les 4 piliers de l'Etat d'urgence, comme je l'ai donné il y a 20 ans pour les 4 piliers de l'État afin de mieux comprendre sa situation et sa dégradation. - La tyrannie du guichet vers lequel il faut se rendre, a imposé, nous dit-on, à 20 % des citoyens de plus de 60 ans d'être exclus de l'indispensable vaccination du fait de leur éloignement du fameux guichet vers lequel l'assujetti doit toujours se rendre. - La mission de précaution, détournée de son sens vers l'irresponsabilité a conduit à justifier l'injustifiable par le mensonge sur l'inutilité des objets dilapidés, les masques, en organisant la pénurie de leur indispensable usage. - L'usage des protocoles écrits dans un langage qui oubliait celui de la nécessité, et des nécessiteux, celui du peuple qui connaît trop souvent l'analphabétisme que le système d'éducation nationale a laissé s'installer dans le pays. - Quant à la gestion de l'agenda par les services administratifs de l'État elle a montré les accumulations de reports et de retards qui ont conduit à l'émergence d'une solidarité de suppléance. Tout cela révèle la capacité d'oubli de l'urgence a nécessité évoquée par le philosophe. J'ai vécu il y a 60 ans les mêmes dérives administratives dans le département le plus affecté cette fois-ci celui de la Seine-Saint-Denis. Il ne s'agissait pas de sanitaire. Il s'agissait de services publics auxquels une jeune population migrante, majoritaire dans sa commune, n'avait pas accès, à la mesure de ses besoins. L'État était en situation d'urgence logement sous l'œil politique suspicieux de l'Abbé Pierre. Il était en situation de nécessité par les conséquences de la guerre d'Algérie et du baby-boom. Ce fut une expérience documentaire. ## L'État et l'autorité Emmanuel Macron, fin politicien, a compris que le variant Delta pouvait l'aider à sa réélection. Il a enfoncé le devoir de vaccination dans la tête des Français. C'est sans doute un bon coup double pour eux comme pour lui. Je garde mes commentaires sur E. Macron pour ma chronique de fin septembre. Depuis vingt ans, avec mes amis de l'Institut PRESAJE, nous luttons pour la renaissance du Droit. Voilà une belle occasion de l'affirmer en respectant l'urgence de ne pas oublier toutes les nécessités.
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2021-07-01
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MASCARADE ET DÉMOCRATIE
# Mascarade et Démocratie Au printemps 2018, l'édito sur la crise des Pouvoirs institutionnels, qui a été publié par l'Institut PRESAJE, alors qu'E. MACRON savourait son bonheur et ignorait encore les « Gilets jaunes », annonçait  déjà  « Quatre déséquilibres institutionnels provoquent une situation d'instabilité et de doute à laquelle les réformes entreprises devraient remédier, avec du temps, et beaucoup de pédagogie ». - Le taux d'abstention aux élections, - La présence des partis extrémistes dans les scrutins et les médias, - La personnalisation du pouvoir présidentiel, - La fracture qui sépare Paris des territoires. *Face à cette dérive, les réformes engagées éviteront-elles le divorce Nation-institutions ?* En fait, tous ces ennuis ont été au rendez vous électoral de juin 2021 et les français s'en sont sortis en évitant la séduction des pitres et des jongleurs dénoncés dans la fable sur l'aveugle et les saltimbanques, qui figure dans « Les Rois prodigues » en cours de parution L'acte 2 se jouera en 2022 lors de l'élection du Président qui a perdu sa République, phénomène répétitif depuis 2 siècles. ## Le temps des mascarades Depuis des siècles, les mascarades agitent les frayeurs des Françaises et des Français. La Fontaine y fit allusion en s'adressant aux législateurs et autres ambassadeurs en les invitant à tomber les masques. Depuis 40 ans les mascarades qui orientent l'opinion publique fabriquée par la société du spectacle, se sont multipliées, en prenant soin que les masques utilisés soient suffisamment hideux pour faire vivre les citoyens dans le film « *la* *Cité de la l'indicible peur,* de Jean-Pierre MOCKY* »*. Quand le citoyen électeur a compris, en 2021, que le spectacle politique allait échanger la peur du virus qui l'avait enfermé chez lui par celle du populisme qui l'enfermerait dans un seul choix électoral, le macronisme, il a cessé de participer à la mascarade et renversé la table avec les urnes. C'était prévisible dans un pays attaché à l'esprit républicain, que je partage, en rejetant autant le populisme construit sur les débris du pétainisme, que le gauchisme construit sur ceux du trotskysme. ## Le Président négociant voyageur Ce fut le dur métier des paysans auvergnats chers au Président Chirac. Emmanuel MACRON, jeune, intelligent, cultivé est au tout début d'une carrière internationale qu'il cherche à construire. Ce n'est pas cet avenir qui justifiera quelques mascarades. C'est la fin de sa carrière nationale qui l'y conduit. Il lui faut donc réussir la sortie, se faire réélire quitte à dégager en cours de second mandat, comme l'a fait Patrice de Mac Mahon, en sauvant son avenue vers l'Arc de Triomphe. Il lui faut faire face à ces jeunes concurrents issus de ce mouvement républicain qu'il croyait avoir « oblitéré », en 2017, et qui reste bien vivant comme le canard du fantaisiste Robert Lamoureux, dans les années 50. Plus que jamais il faut séduire en parcourant la France. Ce qu'il a entrepris avec la Reine Brigitte, comme le fit, avec la Reine Catherine, au milieu du 16^ème^ siècle, le Chancelier Michel de l'Hôpital, le créateur de l'Etat à la française. La royauté était en lambeaux, le pays démembré par les guerres entre religions, il fallait oser une création étatique. Le Chancelier en a été récompensé en siégeant à coté de Colbert, devant le Palais Bourbon, sans risquer les tags de la Cancel Culture. Je ne connais pas plus Emmanuel Macron, mais comme il a l'âge de l'ainée de mes petites-filles, je me permets de lui recommander la lecture de mon entretien imaginaire avec le Chancelier de l'époque, diffusé il y a une quinzaine d'années dans l'Echo des arènes (à l'époque journal papier) sur l'état de notre Etat, et, déjà, la situation de ces grands corps que notre Président bouscule. ## Le Citoyen indocile et le Président Au printemps 2022 les citoyens vont élire un président aux pieds nus, privé qu'il serait du confort des solides « godillot », dans une assemblée qui tenterait de reprendre la main sur l'action politique après l'avoir perdue durant 63 ans. Ce sera convulsif. Il faudra expliquer comment le Pays s'est enfermé dans cette impasse pendant si longtemps et comment il pourra en sortir. La bonne pédagogie reposera sur les expériences vécues, à long terme, porteuses de réflexions à moyen terme. Elle est en cours pour être disponible avant les 2 élections du printemps 2022. Trois mots pour terminer. Les masques vont tomber, tant mieux. La liberté revient avec le risque de voir réapparaitre le couteau entre les dents bien plus inquiétant que le masque sur le nez. « L'élection piège à cons » de 1968 est devenue « l'abstention piège à Macron » de 2021. Félicitations aux commentateurs qui déversent des torrents d'explications sur ce que pense l'abstentionniste qui, lui, n'en donne aucune.
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2020-11-01
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MES NUITS AMÉRICAINES
# Mes nuits américaines Il s'agit, bien sûr, de ces nuits passées à attendre le nom du Présidentiel américain destiné à être l'homme le plus puissant du monde. Depuis le 3 novembre, pour la vingtième fois, j'ai partagé, l'attente du monde entier. Jusqu'à l'annonce qui a désigné le bon élu, Joe BIDEN et le méchant battu, Donald TRUMP. La fin hollywoodienne fut respectée. ## Historique des 19 précédents scrutins Ma découverte de ce grand moment électoral fut celle du deuxième mandat F.D, Roosevelt, en 1936, par la lecture de deux journaux, le Matin de Paris et la France de Bordeaux. Elle fut laborieuse et répétée, entre deux « Mickey », afin de tenter de comprendre ce qui ne le fut qu'après de nombreux exemples ultérieurs. J'étais apprenti scolaire, déjà passionné, et déjà confiné dans ma chambre par une quarantaine rigoureuse liée à une méchante Scarlatine. Les 18 élections suivantes se sont situées dans des contextes familiaux et professionnels de plus en plus américanisés. De la deuxième élection de Truman en 1948 à celle de Trump en 2016, je les ai toutes vécues. La 20^e^ élection de mon vivant de citoyen Français, celle de Joe Biden se terminera le 8 décembre 2020. Je remercie le processus électoral américain de m'offrir ce petit cadeau. Ce sera le jour de mon anniversaire. I like ! A l'instant, je me remémore le cadeau de mon treizième anniversaire, en décembre 1941, offert par l'officier allemand qui occupait une chambre réquisitionnée. Nous avons eu une conversation prémonitoire. La veille le Japon avait attaqué Pearl Harbour et l'Amérique entrait en guerre. Il m'a dit : «* l'Allemagne nazie a perdu la guerre, mais elle la fera jusqu'au bout, ce dont les Français se sont révélés incapables en 1940* ». Cette vérité prend tout son sens le 10 novembre 2020 alors que l'on glorifie l'Homme du 18 juin pendant que j'écris cette chronique. ## Les sentiments inspirés par l'élection de 2020 Les sentiments et les réflexions que m'inspirent l'élection 2020 restent fidèles, dans leur expression, à toutes les précédentes. J'observe que depuis presque 90 ans les Démocrates américains ont occupé le pouvoir 48 ans, les Républicains 40 ans. Sauf aléas judiciaires, le président Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris ont une chance d'ajouter, successivement, 12 années aux 48 des précédents présidents démocrates. Cette répartition 60/40, sur un siècle, donne une bonne vision sur l'électorat américain face à l'offre des grands partis politiques. Ceci dit, il faut d'abord mesurer les influences qu'exerceront les phénomènes politiques mondiaux, plus spécialement de l'intérieur du monde occidental, sur le déroulement des années de présidence à venir. Cette question découle du fait indéniable que le corps électoral américain élit trois présidents en même temps. Le président des États-Unis, l'administrateur du monde occidental, le leader de la diplomatie mondiale. Il est probable que ni l'électeurs des Moines (Iowa) ni celui de Buffalo (New Jersey), en aient conscience. Mais c'est la réalité. Ayant eu l'occasion de fréquenter Henry Kissinger au cours des années Clinton j'ai pu vérifier le poids de cette triple responsabilité sur l'action du Président élu. À ce jour, il est évident que la situation des États-Unis est plus déséquilibrée qu'elle ne l'a jamais été. Certes ils disposent d'une prééminence technologie dont l'influence se réduit face à celle revendiquer par le monde chinois. Mais ils doivent faire face aux 3 grands maux que nous connaissons bien en France : - La Division qui s'exprime par la consolidation du vote républicain. (70 millions d'Américains se sont reconnus dans le Trumpisme). - La Défiance que ressentent les oublier du rêve américain qui ne connaissent que le cauchemar financier et industriel du déclassement. - L'Angoisse qui s'est développée avec la crise sanitaire aux effets démesurés. Si l'on ajoute les convulsions démographiques, climatiques et religieuses qui viennent compliquer tous les choix des dirigeants, les années 2020 ne seront pas faciles à gérer, nulle part. Tout dépendra, dans les grandes démocraties occidentales, de la fidélité de leurs bases électorales. Joe Biden et Kamala Harris ont rassemblé 74 millions d'électeurs avec l'espoir de gouverner pendant 12 ans. Avec l'appui inconditionnel des médias, ils ont vaincu un président dont l'expression politicienne construite sur les excès de son caractère, l'exposait à son exclusion du pouvoir. Cette réalité ne l'a pas empêché d'améliorer son score de 2016 en 2020. Il a été battu comme G.w. Bush en 1992 ce qui n'a pas empêché le fils d'être élu en 2000. D.Trump a construit son projet populiste en opposant la réhabilitation du rêve américain face aux cauchemars vécus par des populations qui se sont senties abandonnées par leurs élites. Il est très mode ! Peut il survivre ? La réponse ne pourra être donnée que dans 4 ans lorsque la nouvelle élection présidentielle fera fonction de clause de revoyure à la française. A l'évidence à 74 ans, il va tenter de faire avec son clan familial, s'il reste soudé autour de lui, ce qu'il n'a pas réussi à faire : Briser le plafond de verre imposé par le modèle de la démocratie médiatisée américaine. L'homme, très inattendu, venait du business et du show-biz, pas de la politique, au sens de la carrière de son challenger. Il a réussi à occuper l'espace électoral en se débarrassant de ses adversaires. Une fois élu, il n'a pas réussi à s'installer dans l'espace médiatique occupé par le spectacle politique. Il en avait les compétences. Il a préféré imposer une prestation solitaire et transgressive. Il a voulu jouer « Obélix à la Maison-Blanche ». Il lui a manqué Astérix pour lui éviter d'aller poser son menhir où il n'avait pas sa place. Il s'est trompé. Rendez-vous le 8 décembre, jour de mon anniversaire et le 20 janvier jour de celui de notre fille aînée.
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2019-12-01
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MÉTÉO-PINION
# MÉTÉO-PINION Pour l'opiniologue, amateur, qui rédige ce 86ème commentaire annuel de fin d'année, le premier à être publié, depuis 1934, l\'année 2019 a été banale. Au printemps, les giboulées provoquées par les bourrasques électorales, apportées par les vents des scrutins d\'origines différentes chaque année, furent au rendez-vous. Au cours de l'été, les chaleurs provoquées par le vent des réformes que le pouvoir a fait souffler sur la société ont été jugés caniculaires et fait souffrir les plus faibles. À l\'automne, les tempêtes qui se succèdent, provoquées par les vents de la révolte citoyenne qui ont traverse le pays, dépression après dépression, ont décoiffé les beaux chapeaux et les sévères képis. Jusqu'à ce début décembre qui voit la tempête Martinez secouer Paris comme il y a vingt ans l'ouragan Martin avait secoué la Côte de mon pays Charentais. Chaque saison apportant ainsi les troubles de la maladie d\'amour que subit le pouvoir et ceux de la maladie d\'État que subit la nation. Sans la sécu. Cette réflexion me ramène au temps de Catherine de Médicis et de ses peines d\'amour et de Michel de l\'hôpital de ses difficultés pour créer un État. C\'est pourquoi, à l\'approche de Noël, j\'ai pensé utile et agréable de vous faire le petit cadeau qui suit. Il s\'agit d\'un bref entretien avec Michel de l\'hospital lui-même, au cours duquel nous avons parlé de la maladie d\'État en évoquant avec discrétion la maladie d\'amour de la Reine Catherine. Par la faute de la belle Diane de Poitiers et de son Roi, le volage Henri II plus attiré par la chambre que par la salle à manger qui l'a fait entrer dans la postérité. Ce texte qui s\'affranchit du poids du temps passé, ouvre les deux chroniques de janvier 2020 sur la France rebelle et l\'état de son État.
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2019-10-01
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MILLE MOTS POUR DES MILLIONS DE MAUX
# Mille mots pour des Millions de maux Ce site est consacré à la documentation nécessaire pour aider à comprendre à quel point les Français ont raison de vouloir reconstruire les institutions politiques dont ils ont conscience qu\'elles n\'apporteront plus les solutions à l\'accumulation de leurs problèmes. Cette situation, angoissante pour la plupart d\'entre eux, est née entre 1988 et 1998, au sein du pouvoir d\'État. J'y étais présent, un peu par hasard. J'en ai eu conscience, et ai tout écrit dans un média provincial, discret, entre 1999 et 2012. Vérifications faites, j'ai laissé passer 2012- 2017, puis j'ai préparé ma documentation pour la destiner au grand public. Le moment est venu de décrire la réalité observée, ressentie confusément, par la majorité des Français qui sont ou qui se sentent déclassé. ## La reconstruction des moyens de l'État Il faut débuter par des réflexions constructives qui expliqueront, en fonction des expériences vécues, au cas par cas, comment il conviendrait de traiter toutes les organisations du pouvoir d\'État afin de les remettre au service de ceux qui ont besoin d\'elles. Cette expression citoyenne, ni politique, ni idéologique ni partisane, s\'est construite depuis vingt ans. Elle prendra la forme de communications bimensuelles jusqu\'en 2022, date d\'échéance après laquelle il sera trop tard pour tout renvoyé à plus tard. Chaque communication bimensuelle traitera de l\'État et de ses rouages devenus si complexes que le maquis fiscal qui les fait vivre provoque le rejet, la méfiance et l\'angoisse. Ces textes sont le produit d'une très longue expérience humaine qui vient compléter les parchemins de nos hyper administrateurs de l'état. La seconde documentation plus attachée à l'histoire contemporaine, historique et analytique, mettra en évidence les griefs qui se sont accumulés à l\'égard d\'un pouvoir d\'État en raison des dérives et perversions qui ont dominé les vingt-cinq dernières années du siècle précédent. Cette documentation permettra de comprendre, je l'espère, comment ont été réfléchies et construites les conclusions des expériences vécues, afin de reconstruire et de réorienter, les contributions que les citoyens mettent, par leurs impôts, à la disposition de l'État. Elle prendra la forme de plusieurs ouvrages publiés en 2020 et 2021. ## La défaillance du pouvoir d'État entre 1988 et 1995 Les Français se sont parfaitement rendus compte des conséquences de ce qui ne s\'était pas passé, qui l'aurait dû, au cours de ces années perdues, situation responsable de leur déclassement. Ils ont subi en râlant mais ils ont laissé faire. Au cours de ces années, le pouvoir d\'État qui bénéficiait du modèle monarchique Républicain dans lequel le Règne et le complot dominent, a cessé de gouverner. L\'animateur du site, simple citoyen, sans diplômes, a accédé, juge bénévole, aux grandes fonctions de cet État en crise. Au cours des dix dernières années du XXème siècle, sous deux présidences, cinq élections nationales, six premiers ministres et plus de cent ministres, il a épuisé les charmes d'un pouvoir d'État condamné à faire de grosses bêtises. Il va enfin pouvoir dire ce qu\'il a vécu. Deux orientations majeures ont entraîné les conséquences déplorées aujourd'hui. Le Pouvoir politique occupé à régner et à comploter, tout en gérant la maladie de son suprême titulaire, a laissé s'installer une véritable culture du « fric » dans les rouages qui fonctionnaient, ou faisaient fonctionner la société française. En même temps ce pouvoir, replié sur lui-même, a laissé à la très haute administration, qui ne le demandait pas, à part quelques ambitieux, le soin de gouverner à sa place. Un modèle bizarre s'est mis en place. Des personnalités, qui n'en n\'avaient ni le sens des devoirs ni celui de l'éthique, ont pu décider, à la place des responsables élus, et faire ce qu\'ils ne voulaient pas, ne pouvaient pas ou ne savaient pas faire. Ce choix a été désastreux. Les conséquences ont été chiffrées dans la faillite du système bancaire d\'État victime du sport national engagé dans la compétition des « années fric » qui visait à obtenir le maximum de l\'État banquier tout en ne rendant que le minimum à l\'État percepteur. ## La paralysie du pouvoir d'État. 1995-2017 La catastrophe a été dissimulée pendant une vingtaine d'années par l'excès de dettes souscrites pour cacher la réalité et par le passage d'une Monarchie vers une Dyarchie Républicaine, la cohabitation, organisée adroitement par les deux partis rejetés par leurs électeurs en 2017, tout le monde s\'étant acclimaté à ce principe de laisser faire aux autres ce qu\'on ne voulait pas, ce qu\'on ne pouvait pas, ce qu\'on ne savait pas faire soi-même, trois Présidences ont été consommées, plus qu'assumées. Toutes les remises à niveau des institutions créées quarante ans plus tôt en 1958 par l'homme, visionnaire, qui avait exilé la République à Londres, alors que les Français lui préféraient l'État et la servitude à Vichy, ont été reportées pour les générations futures. Le Président, de 1995, humaniste affirmé, durement secouée en 1997 et 2002 n'a pas voulu faire aux Français de son temps, qu'il aimait trop, le mal que la France future exigeait. Il a choisi de répondre aux contraintes économiques extérieures, tout en refusant les contraintes géopolitiques. Il avait dû faire de lourdes promesses dans une élection réussie malgré les trahisons. Il héritait des conséquences des utopies du règne précédent. Sa forte volonté politique s'est heurtée à sa chaleureuse affectivité. Les alertes ont été très nombreuses après qu'aient été trahies les promesses de réduire les fractures sociales dont l\'élargissement provoque les conséquences observées aujourd\'hui, étendues du Social au Sociétal. Les Institutions européennes ont été souvent recherchées pour venir au secours de ces renoncements que les Français ne comprenaient pas. La Présidence qui a suivi n\'a pas pu. Elle s\'est trouvée enfermée dans une crise économique mondiale liée aux excès d\'une politique financière dont les Américains ont fait supporter les conséquences à leurs « alliés ». La troisième Présidence n'a tellement pas su qu'elle s\'est auto sanctionnée en ne cherchant même pas à renouveler le miracle annoncé d\'enchanter la politique française. ## Maintenant c'est le changement Cette troisième période n'a rien à voir avec le « Changement c\'est maintenant » proclamé cinq ans plus tôt. Pour faire simple, trois éléments récents annoncent un changement du temps politique à la mesure du changement de climat qui a crispé les débats de 2019. La pensée politique française, souvent inspirée par des historiens de grande valeur, semble avoir découvert, ce qu\'a écrit récemment un essayiste convaincant, que les deux grandes idéologies du XXème siècle étaient obsolètes. Le Marxisme soviétique qui vit à l'état endémique en France, comme, d'ailleurs, sa dérive sanguinaire, le nazisme germanique, aux dizaines de millions de morts, seraient, selon lui, obsolètes comme l'est, le capitalisme de Wall Street, générateur de la crise économique et financière qui a saboté les débuts du XXIème siècle. Récemment, plusieurs grands organismes économiques et financiers patronaux dans le monde ont reconnu que le modèle de capitalisme monétaire et financier, installé par les gourous de Wall Street, ne pouvait plus être utile, aux peuples engagés dans l'économie et les technologies du XXIème siècle. Enfin, la jeunesse Française, vaccinée de longue date à la bithérapie État, fonction publique retrouve le goût des valeurs artisanales, de l\'entreprise humaine et de l\'école de la vie qui ont été massacrées pendant le demi-siècle écoulé par la panne organisée de l'ascenseur social. Pour en détourner les cadavres de la vue des citoyens, le pouvoir d\'État a utilisé les guerres idéologiques qu\'il a entretenues, entre l'entrepreneur privé, donc malfaisant et l'État hyper administré donc bienfaisant. Tout cela sent le moisi et suggère le coup de torchon aux plus énervés.
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2020-12-01
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NOEL 1943
# Noel 1943 La dictature militaire règne sur la société française grâce à la bureaucratie de Vichy. Chaque jour, sur radio Paris, Philippe Henriot, fait peur aux Français en expliquant que la dictature militaire va gagner la guerre après avoir écrasé l'Angleterre avec ses fusées V1 et V2. Le premier ministre explique qu'il n'y a pas d'autre choix que celui d'obéir. Ce dont se féliciterons les Français qui auront fait le bon choix. Les cinémas sont fermés pour respecter la volonté de la propaganda staffel dont le dirigeant GOEBELLS « sort son revolver quand il entend le mot culture ». Le seul professeur de maths du collège est pourchassé par la Gestapo qui l'assassinera le 20 janvier 1944 juste avant le couvre-feu. Il n'y a plus de restaurants, sauf pour les occupants, chaque famille essaye de vivre grâce au marché noir. La maison familiale est envahie par celles et ceux auxquels elle doit donner asile. Deux prostituées destinées à servir les soldats occupants qui restent à l'abri dans leur caserne. Un chef de chantier de l'organisation TODT qui construit le mur de l'Atlantique. Deux jeunes gens réfractaires au service du travail obligatoire en Allemagne, cachés et protégés. Les fêtes sont interdites, remplacées à grand risque par les bals clandestins. Les hôpitaux trient les malades, pour réserver des places, aux blessés des bombardements anglais aggravés par le relâchement des Français face aux alertes. Malgré cet ensemble de difficultés de vie, 75 % français soutiennent les contraintes qu'ils subissent. Ils semblent aimer le bon Maréchal qui prend soin d'eux. « Tout va très bien Madame la Marquise, suivie, en avril 1944, de « Yop la Boum » de la libération et de l'épuration. Cherchez la ressemblance ! Si vous ne trouvez pas, attendez 2022.
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2021-12-01
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OPINION PUBLIQUE - OPINION CITOYENNE
# Opinion publique - Opinion citoyenne La France de 2021 vit l'affrontement qui lui est imposé entre ces deux types d'opinion au point de connaître le grand malaise tel que relevé dans le journal le Monde du 23 octobre dernier. ## L'opinion publique Depuis une quarantaine d'années, je cherche en vain sans jamais le trouver ce que signifie l'opinion publique. Je m'y suis trouvé confronté deux fois de suite lorsque cette formule magique a été utilisée pour m'empêcher de décider selon mon devoir. D'abord lorsque j'ai du fermer une chaîne de télévision en faillite, décision qui ne plaisait ni aux actionnaires ni aux journalistes. La mythique opinion publique a été invoquée pour bloquer ma décision. J'ai refusé et l'opinion publique qui menaçait de graves révoltes a disparu. Une seconde fois, quinze ans ans plus tard, elle m'a été violemment opposée pour tenter d'empêcher les décisions urgentes qui s'imposaient après qu'elle eut réussi à tout bloquer pendant trois an  en faisant peur aux politiques qui auraient dû traiter la faillite du Crédit Lyonnais pour en atténuer les conséquences dont j'ai hérité dans le plan de sauvetage de novembre 1995. Ce fut beaucoup plus violent, assorti d'attaques personnelles menaçantes et de dénonciation honteuses toutes fausses évidemment comme l'a révélé le rapport de la Cour des Comptes en dénonçant les multiples interventions politiques faites au nom de la défense de cette mythique opinion publique. Ces deux expériences m'ont conduit à rejoindre l'expression de l'opinion citoyenne dont je me réjouis qu'elle s'est développée par le comportement dynamique plusieurs personnalités. ## L'opinion citoyenne Cette valeur essentielle toute démocratie est assurée par plusieurs personnalités que je suis en train de rejoindre. Bernard Henri Lévy, engagé dans les années soixante-dix dans cette action citoyenne visant d abord à vivre le monde par ses voyage, à comprendre le sens de ce qu'il y a vécu et en faire le récit sous de multiples formes. Il a su inaugurer ce triptyque constitué par ses voyage, les certitudes philosophiques et politiques qu'il a acquises éditées dans différents récits médiatiques ou éditoriaux. Cette contribution mérite notre respect. Vingt ans plus tard les années quatre-vingt-dix est apparue Sylvain Tesson qui a emprunté le même chemin, avec ses voyages, ses réflexions philosophiques et politiques et ses nombreux récits. À l'aube du siècle, début 2000 ces deux grands témoins été rejoints par un grand intellectuel venue de la philosophie qui a évité de multiplier les voyages tout en restant capable de comprendre la société française en y diffusant de très nombreux récits. Il s'agit bien évidemment de Michel Onfray. En 2010, j'ai décidé de rejoindre cette manifestation de l'opinion citoyenne. La raison essentielle a été la pratique d'une citoyenneté active depuis les années trente, passion plus que juvénile qui a anticipait plusieurs dizaines d'années la première manifestation de BHL. J'avais gardé la mémoire fidèle de ce long parcours (presque 90 ans), à laquelle j'ai ajouté l'expérience exceptionnelle de la guerre et de la vie politique dans quatre républiques successives. En outre j'avais parcouru le monde au cours d'une quarantaine de voyages dont j'ai fait le récit en 2018 dans un essai édité. (Non encore publié) Pour la philosophie je suis inspiré par celui qui fut mon maître depuis cinquante ans François Rabelais. Je parles de la philosophie quasi citoyenne porte ce grand ancêtre dont les récits, très nombreux ne doivent pas être réduits aux rigolades provocatrices sur les exploits de Grand gosier et de Gar gamelle. À l'aube du 21ème siècle, j'ai appris à écrire, autrement qu'en faisant des jugements et des rapports, en rédigeant une histoire de ma famille dix-septième au vingtième siècle inclus. Il me restait à créer une activité médias, site Web TV, blog chroniques, essais politiques et sociétaux qui ont permis l'édition d'une trentaine d'ouvrages dans un institut Ce fut fait il y a vingt ans lors de la création des « Entretiens de Saintes » et de  « l'institut PRESAJE » qui ont permis l'édition d'une trentaine de cahiers et d'essais sur les principaux sujets de la société française, soit à Paris (Dalloz) soit à Bruxelles 'L Larcier). L'ensemble de ces recherches et de ces travaux constituera le patrimoine intellectuel de la société Michel Rouger création à partir du 1^er^ janvier 2022. C'est elle qui portera dorénavant tous les messages à destination de l'opinion citoyenne telle que définies ci-dessus. Ces messages seront autant de récits issus des 90 ans d'expérience et de pratique de la société française. La chronique suivante vous apportera l'analyse que fait mon opinion citoyenne sur les deux principales mutations politiques qui agitent notre présent : Le mouvement des insoumis et celui d'Éric Zemmour, l'un et l'autre vers l'élection présidentielle et législative de 2022.
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2021-01-01
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PHÉNOMÈNE BUREAUCRATIQUE ET SANTÉ PUBLIQUE
# Phénomène bureaucratique et Santé publique Tout au cours de mes 87 années de lecture de journaux (1934), j'ai lu beaucoup de critiques sur le phénomène bureaucratique français. Plus récemment, à la fin des trente glorieuses, ce phénomène a fait l'objet d'ouvrages de réflexion. Aujourd'hui, ce vent mauvais souffle en tempête. Sans remonter jusqu'à Labiche ou Courteline, et aux ronds-de-cuir, la domination du bureaucrate et la tyrannie du guichetier ont marqué ma génération. C'est ce qui m'a amené à pester récemment contre la bureaucratie sanitaire qui s'est emparée de la santé publique mise en danger par la Covid19. Cette chronique, construite sur des faits personnels et de longues réflexions, va me permettre de clore le débat sanitaire auquel j'ai participé, après en avoir acquis le droit par plus de 15 années d'expérience vécue sous la tutelle des bureaux du ministère de la Santé. ## Management et organisation sanitaire Au cours des années 1990, les nations européennes et les institutions communautaires ont préconisé l'instauration de méthodes de management moderne dans des structures de Santé publique pour en améliorer le fonctionnement. Les techniques administratives, modernisées et généralisées, devaient être étendues à un monde qui reposait essentiellement sur les médecins avec leur stéthoscope et les pharmaciens avec leurs potions. En France, plus spécialement, en raison de cette prééminence médicale ancestrale, et de l'importance électorale qu'elle avait prise, avec le modèle du scrutin d'arrondissement, il était très incertain que cet accès au management soit réussi. C'est ainsi qu'il a fallu attendre les 10 premières années du XXIème siècle, pour que soit discrètement vérifiée, l'évolution de ces craintes, lorsqu'elles ont commencé à se réaliser dans le milieu très fermé de la santé publique. ## Les dérives bureaucratiques observées et vécues Il s'agit, par ce récit, purement factuel, d'un citoyen bénévole plus curieux que beaucoup d'autres, d'expliquer ce qui s'est passé, qui a été révélé par la pandémie de 2020. En 2005, après avoir réuni le colloque sur le catastrophique principe de précaution, en présence de deux ministres spécialistes de la santé publique, il est apparu que cette pièce essentielle de l'État-providence à la française était en grand danger. Elle ne résisterait pas aux dérives bureaucratiques annoncées et expliquées par des autorités scientifiques et morales que personne n'a voulu entendre. L'une d'entre elles, qui a fait et fait toujours autorité, a clairement dit que « la bureaucratisation en cours affecterait gravement une administration déjà défaillante ». Quand il m'est apparu que le principe de précaution conduirait vers celui d'irresponsabilité, achèverait le malade, j'ai décidé, à 78 ans, de m'engager auprès de ceux qui se battaient pour le sauver. Notre Santé publique avait été dotée d'une solide capacité managériale avec 9 agences d'État, aux pouvoirs multiformes. Cette évolution présentait un caractère pertinent et rassemblait des mesures judicieuses. Certes, les autorités que j'ai citées plus haut, craignaient que cet accès à des méthodes de management très étrangères à la culture administrative française ne soit prétexte à renforcer la bureaucratisation du système. Ce fut vrai. Je suis resté 15 ans dans le circuit, sur trois sujets inquiétants pour la société, l'alcool aux 50.000 morts par an qui entrainait une guerre Santé/viticulture. Je fus nommé Président d'un Conseil qui a rassemblé les autorités utiles (Parlementaires, médecins praticiens et académiciens, professionnels de la viticulture et spiritueux, dirigeants de l'administration) j'y ai découvert et vécu des blocages quasi institutionnels. Après 3 ans au cœur de ce problème majeur de notre santé, je suis allé passer 3 ans de plus pour conseiller le président de la mission de lutte contre les drogues. Enfin, j'ai terminé ce parcours en m'installant, à l'hôpital Saint-Louis à Paris dans le labo d'un ancien prix Nobel, avec une association de recherches sur les maladies chroniques que la pandémie a fait connaître sous le nom de « clause de morbidité ». Tout cela totalement bénévole. En 2008, il m'a paru indispensable d'ajouter à ce parcours au sein des zones de combat, un parcours purement intellectuel sur ce que pourrait devenir la santé publique et son nouveau management. Avec un jeune professeur spécialisé, après avoir recueilli les conseils d'un très haut fonctionnaire ancien directeur de cabinet de ministres de la santé, nous avons produit un ouvrage publié à Bruxelles sous le titre « les nouveaux paradigmes de la santé ». J'en ai fait la conclusion après avoir bénéficié à la fois des conseils et de la préface de ce haut fonctionnaire, toujours respecté par la qualité de ses analyses. ## Le management bureaucratique de la santé publique Les décisions des années 1990 avaient été bien prises, leur réalisation les années suivantes a été défaillante. Je l'ai compris, en 2014, au cours d'un événement organisé au Château de Compiègne, les 30 cm de neige tombée la nuit précédente ayant fait débattre dans une salle vide et glacée. - Je devais présenter que fut la santé publique d'avant-guerre médecin/pharmacien. - Un chercheur du CNRS, la santé d'après-guerre avec les Big listes Pharma, la pénicilline, et les molécules. - Un tout jeune savant qui devait évoquer la santé managériale et scientifique de l'avenir. Que s'est-il passé : Le couple ancestral médecin/pharmacien est resté le seul modèle du traitement de la santé compris et admis par les Français et par la plupart de leurs hommes politiques. Il aurait été indispensable que l'introduction des méthodes de management préconisé dans les années 1990 aient été profondément expliquées à la population française. Pendant une longue période, aucun mouvement politique n'a su en faire une priorité. La place a été laissée à deux absolutismes, celui de la raison d'État par la bureaucratisation, celui de la raison scientifique par la domination. La réalité des besoins de protection de la population, la manière apparente de leur défaut de satisfaction, ont fait hurler à l'absolutisme bureaucratie qui préférait imposer ses visions budgétaires aux besoins sanitaires. L'utilisation des moyens de l'économie spectacle par les scientifiques porteurs de leur absolutisme, a révélé les conditions dans lesquelles les savants pourraient s'opposer au rôle des soignants. J'arrête là, me réservant de reprendre, en le détaillant dans l'ouvrage qui sera publié au printemps prochain.
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2020-01-01
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RÉFORME CONTRE RÉFORME
# Réforme contre Réforme Par principe, je n\'ai pas voulu employer le titre médiatique « reform or not reform » généralement usitée pour titrer les messages des médias. Dans quelle situation la France finit-elle l\'année 2019, qui a vu la grève des conducteurs s\'opposer à la trêve des confiseurs. Un projet a été mis en discussion au mois de septembre. Il va être repris dès les premiers jours de 2020, dans l\'objectif de sortir du parlement en sa forme provisoirement définitive vers le mois de mai. Ce projet de réforme des retraites figurait dans le programme du candidat élu en 2017. Son objet avait été présenté comme répondant à la nécessité de réintroduire la justice que la nation doit à ceux des citoyens qui sont maltraités. Les agriculteurs (trices), les femmes maltraitées par les différences de salaires et de retraites, dans les métiers qui leur sont spécifiques, justice enfin pour les travailleurs soumis à la pénibilité quotidienne, diurne ou nocturne, qui les fait vieillir plus vite. Il faut satisfaire ce besoin de justice pour garder l\'équilibre entre tous les citoyens. Sur ce point, tout le monde est d\'accord, y compris les plus opposants au système proposé. Une question reste à régler. Qui paye ? La majorité du peuple qui se sent concerné veut éviter d\'avoir à en faire les frais. Personne n\'a répondu à ce jour à la question qui paiera. En attente des débats qui vont s\'ouvrir d\'ici le printemps, les médias qui cherchent à exprimer ce que pense la Nation se focalisent sur le prix politique à payer par l'exécutif et ses oppositions. Face à cette drôle de réforme. Je ne peux pas m\'empêcher de penser à la drôle de guerre qui s\'est installée au sein d\'un peuple français qui n\'en voulait pas. Ce que j'ai vécu, dramatiquement, au jour le jour, entre septembre 1939 et mai 1940. Ce rapprochement n\'est ni une comparaison ni un raisonnement. Je le fais simplement pour vérifier le bien-fondé de mes analyses et de mes anticipations. Les événements de l\'été 2020 viendront confirmer ou infirmer la justesse de mes anticipations théoriques. Nous verrons ! Ce que les chroniqueurs ne font jamais. ## La drôle de réforme Comme la drôle de guerre, la drôle de réforme se heurte aux réactions caractérielles et sociétales du peuple Français avec le risque de voir se manifester l'effondrement politique qui donnerait le pouvoir au mouvement politique qui serait conduit à détruire le modèle républicain qu\'il accuserait de tous les maux. ### *Les oppositions politiques* Une coalition est à l\'œuvre entre les trois mouvements politiques présents de longue date au sein de la nation. Chacun d'eux trouve son soutien dans les comportements caractériels et sociétaux présents dans la société française. ### *Le Front Patriotique* Le front patriotique est un mouvement qui s\'identifie à la volonté d\'une partie des citoyens d\'incarner la France dont ils rêvent. Il a rejoint la démocratie pour la présidentielle 2017 Ce front a constitué la base de l\'Assemblée nationale élue après l'effondrement du second Empire, celle qui a choisi la République, de justesse, à une voix. Il a été incarné par le Maréchal de Mac-Mahon qui avait construit sa gloire sur la bataille impériale de Solférino avant de se faire élire président de la troisième République, après avoir liquidé la commune de Paris, dans des conditions suffisamment sanglantes pour que la ville capitale soit dépourvue d\'autonomie politique pendant un siècle Ce front patriotique a été présent aux élections présidentielles de la cinquième République en 2002 et en 2017. ### *Le Front révolutionnaire* Ce n\'est pas évident pour un mouvement politique qui se voudrait révolutionnaire de faire adhérer une majorité suffisante de français à ses objectifs et à son idéologie. La Terreur révolutionnaire de la première République a marqué les esprits. Il reste difficile de défiler derrière l'image de Robespierre. L\'écrasement de la commune de Paris en 1871, les fusillés de Craonne en 1917, la répression des grèves insurrectionnelles par la quatrième République, ont brisé ses tentatives. Sans oublier l'imposture de la révolution maréchal liste de 1940 qui a imposé l'exil des grands leaders qu\'il n\'avait pas réussi à mettre en prison. Sous une forme atténuée, après tant de répressions, ce mouvement révolutionnaire a partagé le pouvoir républicain socialiste de la cinquième République, dans le seul objectif de lui permettre de le conquérir avant de subir la traditionnelle mise à l\'écart. Aujourd\'hui, ce mouvement a retrouvé la parole tribunitienne indispensable pour exister. Suffira-t-elle pour ramener le peuple aux premières années de la première République, comme son tribun en affirme la possibilité. Ce mouvement s\'est retrouvé en troisième position électorale en 2017. Il a sensiblement décliné depuis. ### *Le Front Républicain* Arrive en quatrième position en 2017, le front républicain est le troisième partenaire de la coalition des opposants à la réforme de la retraite. Il exploite l'héritage des deux vainqueurs corréziens de l'élection de 2012. Ils n\'ont pas d\'autre choix que de s\'opposer en espérant que les deux autres membres de la coalition les aideront par leurs erreurs, à retrouver la place qu\'ils ont occupée, en alternance entre 1981 et 2017. ## Les oppositions caractérielles et sociétales Les trois mouvements politiques ci-dessus trouvent la raison de leur existence dans trois spécificités du comportement du peuple. ### *La Rouspétance* La tendance comportementale caractéristique d'un peuple de verbaux à la parole facile s'exprime dans la Rouspétance. Première manifestation humaine exprimant l'opposition, cette notion n\'apparaît dans les dictionnaires qu'au XXème siècle. Il est évident que la surtaxation qui pèse sur les revenus du travail, donc des retraites, reste le motif le plus justifié et le plus pertinent. S\'y ajoutent les conséquences de la mal gouvernance de l\'État par l\'administration, ce qui est un autre sujet que je traiterais prochainement. Cette Rouspétance généralisée prend la forme de rébellion, quand trois conditions soient remplies. ### *La Rébellion* La personnalité de celui qui est l'objet des oppositions doit être clairement identifiable comme justifiant le rejet qu'il inspire. C\'est clairement le cas du jeune président qui introduit l\'idée de réforme avant de la présenter lui-même. Affublé des atours du monarque lointain au service des riches, il a cristallisé la rébellion de 2018 contre sa personne. Ça continue malgré sa discrétion récente sur le projet confié au gouvernement À cette rébellion. Il manquait la mobilisation, laquelle, comme toute mobilisation est décidée et organisée pour orienter vers les objectifs de la rébellion. C'est fait. Les images de cette prise en main qui a fait défaut en 2018 sont claires. On y voit le jeune barbu révolutionnaire s\'opposer avec virulence à l\'élégante blonde parlementaire. C'est pouvoir contre pouvoir Enfin, pour que la rébellion s'installe il faut lui trouver le lieu, l\'endroit l\'installation au sein desquels la rébellion vivra en autonomie. Sans remonter bien loin dans l\'histoire, il suffit de rappeler quel a été le rôle des ronds-points dans la rébellion de 2018 et quel est celui des dépôts et des ateliers dans celle de 2019. ### *La révolte* Le passage de la rébellion vers la révolte se produit lorsqu\'une minorité de rebelles suffisamment déterminés sont prêts à remettre en cause tous les pouvoirs, voir à détruire les lieux qui sont attachées à la mémoire de ceux qu'ils rejettent. Le comportement français accorde un sentiment de soutien aux révoltés, en évitant la prise de risques derrière l'écran protecteur des sondages. Les années 1940 sont suffisamment présentes dans l\'esprit des citoyens, pour que les soutiens à la révolte, sympathiques et naturels, ne conduise pas à la témérité, dont l'absence pendant la guerre a conduit le Général à traiter les Français de veaux. La révolte est en place. Elle inspire le dégagisme. Au-delà des dirigeants français à dégager, il faut voir plus loin que le bout de son nez vers les étrangers qui ont de nombreux intérêts politiques en France. Ce sont eux, coalisés à leur manière, qui ont fait échouer plusieurs révoltes hexagonales. ## Retraite or not retraite Ce sera ma conclusion évidemment provisoire. Le gouvernement veut une retraite pour le peuple, le peuple veut une retraite pour le gouvernement. Le même mot a deux sens, chacun étant éclairé par le vocable américain de « Retired », plus significatif. La retraite oui, la Berezina non
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2020-10-01
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TICKETS D'ALIMENTATION, TICKETS D'HOSPITALISATION
# Tickets d'alimentation, Tickets d'hospitalisation Ce rapprochement inattendu respecte une distanciation de 80 ans. ## *Les Tickets d'alimentation de 1940* Nous sommes début septembre 1940. C'est la rentrée en 6^ème^ au collège de Saint-Jean-d'Angély. Avec les deux copains Pierrot et Bernard, nous découvrons, dans l'ambiance originale de l'occupation Allemande, ce qu'on appelle la grande école, la 5^ème^ après la 6^ème^ d'avant-guerre en 1939. Le professeur chef de classe qui nous accueille nous fait un petit discours aussi sombre que son costume et son visage. Il nous explique que la République, comme la Marseillaise, sont mortes. Cet hymne qu'il nous avait demandés de chanter lors des défilés du cent cinquantenaire, le 14 juillet 1939 est périmé. Il nous fera chanter « Maréchal nous voilà », dès demain ! Tout cela, selon lui, est le résultat de la trahison des élites militaires qui n'ont pas su défendre leur pays après l'avoir trompé dans les brillants discours qu'ils ont partagés avec les élites politiques qui passeront bientôt au Tribunal. L'assaillant, baptisé « Panzer SS » circule dans tout le pays dont il occupe l'essentiel du territoire. Il est facile de le voir, dans la cour du collège, avec ses mitrailleuses pointées sur les cibles d'entraînement collées de chaque côté de la porte de notre classe. Ce n'est rien à côté de ce qui nous attend, du couvre-feu que l'occupant nous impose, pour une durée indéterminée, à la fermeture de nos chers bistros, et des fêtes qu'ils accueillaient. Pire, la pénurie alimentaire va s'installer. La bureaucratie du ravitaillement va répartir ce qu'il restera à manger pour les Français, avec des tickets d'alimentation. Vous avez entre six et douze ans, vous êtes J2 avant d'être J3 jusqu'à 21 ans, en 1949. On a compris qu'il faudrait vivre avec ces carcans, imposés, bureaucratiquement (10 ans), jusqu'en 1949 ### La pénurie sanitaire en 2020 Cette pénurie affecte spécialement l'hôpital public. Elle était déjà présente dans les constatations que faisaient les membres de la famille engagés dans les métiers de Santé publique, qui pronostiquaient, depuis plusieurs années, dans les discussions familiales, l'explosion du système. Cette explosion s'est produite sous l'effet des attaques de la Covid 19, au printemps 2020. Les effets les plus dramatiques ont été conjurés par la qualité du travail des soignants de l'hôpital public, malgré, qu'ils et elles, ne puissent déjà plus répondre à l'accroissement de la demande de soins de la part des populations qui en avaient le plus besoin. Trois phénomènes se sont conjugués pour que cette pénurie s'impose à tout le monde à l'automne 2020, au plus mauvais moment. Depuis des décennies la France rencontre un fort accroissement de sa population vieillissante grâce aux améliorations dont elle a bénéficié de la part de l'ensemble du système de santé, le public, le privé, la médecine générale. Que cette situation se fasse sentir dans les maisons de retraite, dans les EHPAD, ou plus généralement au sein des territoires isolés, oubliés par les autorités centralisatrices, a contribué à ce que ces populations fragiles vieillissantes s'adressent à l'hôpital public. Parallèlement une population jeune fragilisée par la précarité sociale, qui génère la pauvreté dans les cités tout aussi oubliée par la République, est venue augmenter la demande de soins attendus de la part de la santé publique et des établissements qu'elle contrôle. Il faut comprendre que ces deux populations, fragilisées par la pandémie, n'avaient d'autre choix que de faire appel à la santé publique comme l'avaient fait autrefois ceux qu'on appelait les *nécessiteux* qui s'adressaient aux hospices gérés par les ordres religieux. Ces phénomènes, inévitables et respectables, ont été compliqués et aggravés par le sort réservé au modèle ancestral de soins médicaux qui passaient par le médecin de famille (lorsque que la famille pouvait s'en offrir un) devenue progressivement médecin de ville et médecin traitant. Il faudra bien qu'on explique un jour pourquoi la santé publique, largement étatisée, a conduit ces professionnels à s'écarter de leur domaine de vocation, le Soin, des êtres humains. L'expérience faite, par un couple âgé, des rapports avec cet élément essentiel du monde médical, le Médecin, pose la question : pourquoi, au cours des années récentes, nos médecins en ont-ils eu marre de faire le métier qu'ils aimaient, conscients que cette réduction supplémentaire de l'offre de soins aggraverait la pénurie sanitaire devenue inévitable en cas d'épidémie. Nous sommes tous concernés, avec des sentiments exacerbés par le spectacle des débats sanitaires parfois ouverts jusqu'à l'inacceptable, par toutes les dérives de la société du spectacle. Comme on l'a vécu dans les années 1940, avec la pénurie alimentaire il va falloir vivre, dans les années 2020, avec cette pénurie sanitaire administrée par la Bureaucratie de la Santé, 80 ans après celle du ravitaillement. ## *Tickets d'hospitalisation* Je retrouve mon esprit de collégien Nous sommes en septembre 2020, 80 ans plus tard. Le copain Bernard est mort et Pierrot vit reclus dans son EHPAD. À Paris c'est la rentrée pour ceux dont l'activité professionnelle leur permet de travailler en visio-conférence et en télétravail. Ce qui est mon cas. Chacun se renseigne sur ce qui va pouvoir se passer, une fois tirées les conclusions de la réclusion provisoire qui a touché les Français au printemps, et appréciées les conséquences de leur libération provisoire baptisée déconfinement. Le Chef du déconfinement apparaît entouré des caméras qui visent leurs cibles, comme les mitrailleuses en 1940. C'est un méridional à l'accent chantant qui sent bon le Floc de Gascogne prêt à éviter, en jouant local, le Flop parisien centralisateur. Il nous explique comment l'envahisseur qui vient de l'Est baptisé, cette fois, Covid 19, circule partout et présente tous les dangers, d'abord pour le système hospitalier public, ensuite pour ceux qui auraient besoin d'y avoir recours car la pénurie y règne. Il laisse entendre que la tendance naturelle de son bon peuple à faire la fête, surtout pendant les vacances, a entraîné des nouvelles perspectives de pénurie au sein de l'hôpital public et qu'il faut tout faire pour en éviter les conséquences. Classiquement, comme en 1940, il s'inspire des limitations du couvre-feu, de l'ouverture des bistros, et sans jamais le dire des tickets d'hospitalisation qui accompagneront la limitation des capacités de soins qui ne sauraient dépasser 30 % des moyens. La surcharge qui pèserait sur les soignants, dont ni le nombre ni les capacités n'ont été renforcées malgré l'expérience du printemps, serait insupportable. Il est évident que tout citoyen responsable, face à cette description de son prochain avenir, se doit d'entonner ce nouveau crédo « Professeurs nous voilà ». Quelles que soient les querelles auxquelles les codes de l'épidémie spectacle vous offrent de vous prêter. Je suis passé de J2 (6-12 ans) en 1940 à V9 (plus de 75 ans en 2020). Finie la galéjade, que devient la Marseillaise à laquelle mon nom est souvent associé ? Je pense qu'elle devrait changer son 1^er^ couplet : « Allons enfants de la Patrie, les jours de foire sont terminés, contre nous de la tyrannie les brancards sanglants sont avancés » Et le Refrain : Aux Larmes Citoyens, à vos écouvillons, Macron, Macron qu'un sang impur abreuve ses filons.
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2020-03-01
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UN PRINTEMPS RÉPUBLICAIN ?
# Un Printemps Républicain ? Il a fallu que le débat ouvert, en grand, sur les confusions entre la vie publique et la vie privée tombe en dessous de la ceinture pour intéresser l\'opinion. Pas longtemps heureusement. Ces conflits d'intérêts, nés des dérives de l'État nuisent à la vie publique depuis trente ans, au seul profit des intérêts privés qui ont accès aux ressources de l'administration. J'y reviendrais. En cet hiver 2019-2020, plusieurs tempêtes médiatiques et judiciaires ont détruit quelques bastions installés ou en cours d'installation. Le printemps arrive qui verra les juges judiciaires, mal aimés des politiques, autant qu'indispensables à la République, sanctionner les vices qui conduisent des élus à profiter du bien commun. Et les médecins, tout aussi mal traités par les choix politiques, afficher leurs dévouements et vertus de leurs engagements auprès des citoyens menacés par une épidémie planétaire. C'est le retour de la conscience Républicaine. Les réflexions livrées dans ce propos reposent sur une conviction, forgée en près d'un siècle d\'observations vécues, au quotidien. ## La conviction Dès la fin des années 1990, j\'ai acquis la conviction que la cinquième République était condamnée à disparaître par la pratique des vices qui affectaient la politique, sans voir comment elle périrait. Ça s'éclaire. Les institutions, politiques et économiques, mises en place pour permettre au pays d'abandonner son Empire colonial, et de construire une communauté Européenne, avaient été établies en deux fois, 1958 et 1962, à la mesure d\'un homme d\'exception. Après qu'il ait démissionné, en 1969, ses successeurs ont estimé que ces institutions feraient d'eux, à leur tour, des hommes d\'exception. Ils les ont conservées, malgré la volonté des électeurs qui ont systématiquement rejeté les sortants, à nouveau candidats au pouvoir exécutif. Qu\'il s\'agisse de l\'Élysée ou de Matignon, les électeurs les ont dégagés huit fois sur dix. Ils ont été épargnés en 2002 et 2007, par à la suite de la modification constitutionnelle qui a raccourci les mandats à cinq ans. Mais après ces deux expériences, le dégagisme s\'est imposé en 2012 et en 2017. Enfin, le développement de la société du spectacle, des écrans individuels, a parachevé la transformation de la société française, dorénavant soumise au césarisme de l'Étatvedette qui a remplacé l\'État de droit, la Loi et la responsabilité personnelle. Depuis dix-huit mois, la cinquième République, fâchée avec la majorité du peuple risque d\'aller rejoindre les précédents régimes républicains créés et disparus au cours des deux siècles précédents. Pour tenter de faire entendre une voix républicaine dans le débat convulsif en cours, j\'ai entrepris le récit des agonies et des obsèques de ces régimes. Cet essai paraîtra au cours du printemps, après l\'actuelle consultation municipale. Il intégrera les conséquences du coup de balai de 2017, en prévision du coup de torchon qui pourrait suivre. ## La conscience républicaine La conscience républicaine repose sur le Droit dont chacun limite l\'exercice de sa jouissance personnelle afin de permettre celle à laquelle l\'autre a droit. Elle impose la responsabilité pour éviter de lui nuire. Sans la responsabilité et le respect du droit, la liberté du citoyen, garantie par l'État de droit, n'existe plus. Cette altération de la conscience du vivre ensemble est attribuable à trois phénomènes. La primauté du *plaisir individuel.* Le dévoiement de la *transparence démocratique.* La pratique de *l\'arrogance technocratique*. Je les passe en revue. ## La Primauté du plaisir individuel La satisfaction *du plaisir individuel,* a été exacerbée par la société de consommation. Ceux qui en ont dénoncé les travers, il y a cinquante ans, ont créé une société du spectacle qui domine tout grâce aux écrans qui dévorent leurs utilisateurs. Cet affichage des vices de la vie privée, associés à ceux de la vie publique, a utilisé les images de deux frères en exhibitions. Benjamin le Parisien et Piotr le Russe. Ça ne vaut pas le tintamarre de l'actualité qui s'est emballée. Mais les débats ouverts devant l'opinion, comme devant plusieurs tribunaux, montrent à que point la conscience républicaine a dépéri en France. ## La transparence démocratique Depuis l'installation du premier régime républicain par les révolutionnaires, la question est posée de la protection de la vie privée des citoyen(ne)s qui s'engagent dans la vie publique. La liste des victimes mortes au champ de déshonneur, de 1793 à nos jours, est suffisante pour mériter un débat. Ce débat s\'est tenu dans les années 1990 au sein du barreau de Paris au palais de justice. Il a opposé, d'une part, la *conscience républicaine*, la tendance au secret qu\'elle manifeste dans la crainte des pulsions régicides évoquées ci-dessous, et d'autre part, la *transparence démocratique* et le besoin de compte rendus, d\'investigations et de révélations. Le défenseur de la transparence démocratique et de l\'investigation révélatrice a évoqué son projet impliquant les médias de la presse écrite et audiovisuelle, C\'était vingt ans avant les GAFAM. J\'ai transporté les animateurs et les arguments, sous différentes formes, dans les manifestations annuelles des célèbres « Entretiens de Saintes » du monde judiciaire. Plusieurs ouvrages sont encore disponibles (Éditions PRÉMICES) sur ces sujets de fond. Je considérais que le poids de l\'argent investi dans les médias d\'opinion et le choc des images de la politique spectacle offraient à la sphère politique les moyens de dominer la conscience républicaine. Ce qu\'il fallait soumettre au débat national. Ce fut fait, hélas sans suite en raison du changement brutal d'époque entraîné, dans le monde entier, par la répartition des activités économiques mondiales (2002) selon un nouveau partage géopolitique, la digitalisation (2006) des échanges et des médias, la dollarisation toxique (2009) des circuits financiers. Aujourd\'hui, en France, la conscience républicaine s\'exprime par les institutions de la démocratie représentative construite sur le suffrage périodique. La transparence démocratique de la vie politique, à laquelle je reste attaché, s\'exprime par les entreprises de la démocratie directe, mises en place par les médias internes, les organismes de sondages permanents et les médias communautaires ouverts par les GAFAM. L'opinion, est fâchée avec la manière de faire la politique, pas avec la République. Elle dénonce les pratiques de la démocratie parlementaire, le clientélisme, le goût des cachotteries, les prébendes et les bagarres de chiffonniers qui tiennent lieu de débats. Le Monarque qui règne et son administration qui gouverne, passent trop de temps à réformer la vie des Français, pas assez à réformer les institutions qui permettent de leur imposer le mode de vie conçu par les « élites ». Ils ont raté le rendez-vous avec le Peuple du XXI^ème^ siècle. ## L'Arrogance technocratique Cette arrogance ne détruit pas nécessairement la conscience républicaine. Elle sait l\'utiliser astucieusement à son profit. C'est l\'arrogance passive qui écarte le Droit et la Responsabilité, les deux fondements de la Liberté. Les directives communautaires y servent d'idiotes utiles. L\'arrogance active, aux effets insupportables, est née de la liaison entre une administration hyper centralisée, auto gérée, et une école qui donne envie aux plus ambitieux de ses diplômés d\'imposer leur science technocratique en passant par la politique. Ils ont réussi à se partager le pouvoir suprême dans les partis politiques, à Matignon et à l'Élysée. Je précise, que, bien qu'averti par un ancien Président, qu'il avait reçu un enseignement marxiste à l'ÉNA, je suis convaincu, sur pièces, que la grande majorité de ses élèves servent bien leur pays. Je me suis même amusé à dire, quand j'allais déjeuner au sein du Saint des Saints, la Salle à manger des directeurs à Bercy, que j'avais créé une association des non diplômés amis de l'ÉNA, mais que je n'avais pas trouvé de trésorier. Les convictions attachées à cette fonction de domination technique et administrative conduisent vers cette arrogance technocratique que le peuple ne pourra jamais supporter. Le seul président, encore vivant, qui n\'est pas sorti de l\'ÉNA, l'a dit. La France est monarchique et régicide. Si besoin, elle saurait se dégager, 2064 ans après un autre 15 mars, de notre forme de césarisme héréditaire à base scolaire. Pour conclure, il faut se féliciter que les citoyennes s'engagent, comme le révèle l\'élection parisienne. Comme les Juges et les Médecins qui remettent leurs pouvoirs et leurs devoirs au centre du jeu, ils et elles ont leur propre conscience républicaine. Le plus dur reste à faire dans les deux ans qui viennent. Faire vivre ce retour d'affection pour la République et ses vertus pour que l'hirondelle de ce printemps ne soit pas chassée par les braconniers. A suivre !
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2020-05-01
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VIVE LA RÉPUBLIQUE. LAQUELLE ?
# VIVE LA RÉPUBLIQUE. LAQUELLE ? L'essai qui va être publié début juin répond à cette question. Le texte est inhabituel. Il mélange les réflexions imposées par tout ouvrage de ce type, avec les récits qui en illustrent les origines. Ces récits sont essentiels pour la bonne compréhension des événements que j'ai vécu depuis 1934. Cette chronique synthétise les réflexions que ces 85 années de vie citoyenne m'ont inspirées. Le Peuple Français est, depuis deux siècles, à la recherche de la République idéale, au risque de se laisser aller vers des dirigeants qui le maltraitent, contre lesquels il se révolte. C'est ainsi que tous les régimes antérieurs à la cinquième République sont morts. J'ai anticipé celle de la cinquième en attendant que le Peuple prenne conscience de sa maltraitance. Nous y sommes ! ## Les relations Parents - Enfants Tout être humain découvre le Pouvoir en regardant vivre ses parents. Qu'ils soient créateurs biologiques ou d'autres origines. Lorsque ce pouvoir parental se délite, l\'enfant qui observe est conduit à s'éloigner, à décrocher. Ce sera la révélation incidente de la réclusion génératrice de conflits imposée au printemps 2020. Après avoir vécu cette situation à la fin des années 1930, suivie de la catastrophe nationale, j\'ai décroché de mes parents et de l\'école en 1943\. Ce décrochage, avant le concept, ne m\'a pas empêché de travailler pendant 77 ans et de vivre un parcours intéressant. Devenu citoyen officiel, votant pour la première fois en 1951, j\'ai vu s'installer les conflits entre les Français, et leur éloignement progressif de la vie démocratique. La situation créée en 2017 annonçait, à mes yeux, l\'évolution évoquée dans le livre et justifiait les évolutions proposées aux débats. Elles demanderont beaucoup de temps, probablement la totalité de la décennie 2020. ## Les relations entre les Peuples Les récits évoqués ci-dessus permettent d'accéder, au sujet déterminant, celui des peuples d\'Europe qui ont partagé, avec le peuple français, les conséquences monstrueuses de la guerre. Le général De Gaulle et François Mitterrand qui étaient deux hommes de cette guerre, dans laquelle je ne fus qu'un jeune citoyen égaré, ont chacun vécu les événements de 1945 dont j\'ai compris le sens. La France sauvée par le général s\'est retrouvée dans le camp des vainqueurs et a réussi à trouver sa place dans les grands organismes qui leurs étaient réservés. Les Français se sont retrouvés dans le camp des vaincus, avec l\'Allemagne, l'État Français qui l'avait soutenu en collaborant avec elle, a été puni comme elle. Pour préparer la guerre froide et ses futurs conflits géo stratégiques, les Russes ont exigé, eu égard à leur énorme sacrifice humain, que le peuple allemand soit amputé d\'une grande partie de son territoire pour élargir le glacis dont l\'Union soviétique avait besoin. Les Français ont été punis en se voyant imposer un modèle soviétiforme d'organisation de son État, au sein de son secteur public. C'était une extension du glacis protecteur, garantissant l'entretien de la foi collectiviste qui dominait le Peuple Russe. Cette punition servirait à bloquer tout risque de conversion des Français au libéralisme. Le général de Gaulle qui rêvait d\'installer son pouvoir sur des Français qu\'il traitait de veaux, a accepté cette punition car, lui-même, et son mouvement de la France libre, reconnaissaient  l\'aide précieuse du mouvement communiste. C\'était justice, le prix payé, par le parti des fusillés, à la défense de l\'honneur des Français. Il aurait fallu l'expliquer plutôt que faire croire aux Français qu'ils avaient gagné la guerre. L'addition arrive, elle devra être payée dans les années 2020. François Mitterrand, qui avait vécu la même histoire, partagée entre Vichy et la Résistance, a cru résoudre le problème d\'insurrection larvée qui existait au sein des services publics depuis les grèves de 1947 liées au début de la guerre froide Russo-Américaine. Il est vrai que l\'objectif de l\'Union Soviétique était de disposer d\'un point de fixation destinée à affaiblir un pays sous influence anglo-saxonne. C'était de bonne guerre ! Sauf pour les Français. Déstabilisé par la maladie, il n\'a pu faire que la moitié du chemin. Il aurait dû modifier les institutions, les missions des services publics et de tous les régimes qui leur étaient attachés. Il s'est contenté du déclassement du mouvement communiste en l'associant au pouvoir, sans voir que le système soviétique allait s'effondrer de lui-même à bref délai. ## Le monarchisme dirigiste et technocratique En 1986, bien installé au pouvoir grâce à la constitution monarchiste dont il avait hérité, François Mitterrand a subi l\'échec électoral de la déconfiture de sa tentative de collectivisation 1982-1984. Il n\'a pas respecté l\'esprit de la constitution, il a conservé le pouvoir. Il s\'est entendu avec les grands administrateurs que son prédécesseur, Valéry Giscard d'Estaing avait installés à la tête des mouvements politiques d\'opposition. Interrogé en 2000, à Pékin, alors que je l'accompagnais en mission, l'intéressé a répondu « Chirac, il a mal digéré l'enseignement marxiste que nous avons reçu à l'ÉNA » Ensemble, ils ont créé ce système de Dyarchie, unique en démocratie, tel que décrit dans le livre, qui confie la direction du pays aux dirigistes d'esprit technocratique, qui fait semblant de satisfaire les besoins en étant incapable de donner les moyens. Les soignants de 2020, et les malades sauvés s'en souviendront. Soit à Matignon soit à l\'Élysée, le système a perduré jusqu\'à nos jours saufs la parenthèse 2007-2012 au cours de laquelle les bastions de l\'État ont échappé à la Sainte École. Ce modèle dirigiste a pour caractéristique de se protéger de toute responsabilité en laissant agir une administration bureaucratique à tendance Courtelinesque. Elle est spécialisée dans l'hyper Normalisation, le Retard, et la Non Réponse, qui permettent de bloquer les décisions qui lui déplaisent. En outre, ce dirigisme a pu abriter ses fidèles serviteurs au sein de centaines d'Agences,  d\'Autorités, d\'Institutions et de Conseils, qui servent de paravents aux décisions que les dirigistes prennent. C'est, à nouveau, le modèle de la Santé ! Ce système exige, pour rester viable, que cette Dyarchie conserve un soutien majoritaire du Peuple. Ce n\'est plus le cas depuis l\'élection présidentielle de 2012. ## L\'autoritarisme Parisien Le phénomène dirigiste a été rapidement accompagné d\'une évolution de la Ville de Paris instituée capitale de la France, avec beaucoup de peine, par la longue dynastie des Capétiens. Après le divorce entre les deux premiers Dyarques de la cinquième République en 1976, Paris  est devenue, autant dans son électorat que dans son administration, le Bastion à partir duquel serait engagée la conquête du territoire Élyséen. Cette dénaturation de la Capitale a imposé une forte concentration, sur Paris, des lieux de décisions du dirigisme, devenu alternatif entre les mouvements politiques balayés en 2017. Le reste de la France a réussi tant bien que mal à conserver une représentation des territoires par le Sénat, lui-même transformé en Bunker résistant. Ces 30 ans de dirigisme technocratique parisien ont appliqué aux Français la punition qui leur avait été infligée en 1945, en jouant avec la terreur qu'inspirait le retour des mouvements politiques issus de la guerre froide, qu'ils discréditaient afin de mieux conserver leurs pouvoirs. Cela a réussi de 1986 à 2020. Alors que le Peuple allemand en avait été libéré en 1990. Il ne faut pas chercher ailleurs l'origine du déclassement qu\'a connu le pays, aggravé par les dérives de l\'État. ## Et maintenant et demain Le livre annoncé a été écrit et confié à l\'éditeur avant la pandémie. Il a été livré le jour du déconfinement, sans rien changer au texte initial. L'écroulement de l'Hôpital public était pronostiqué depuis des années par tous les « sachants ». C'est un miracle qu'il ait tenu dans son délabrement grâce aux soignants qu'on ne remerciera jamais assez, si possible autrement qu'avec des colifichets. Aujourd'hui, on connait les conséquences que par un tsunami de statistiques comme au temps où Staline disait « un mort c'est une tragédie un million de morts une statistique » Tout le sociétal, politique compris reste à venir. Quant aux causes, elles restent à découvrir en agitant les débats politiques et sociétaux des années 2020. ## Restent 4 exigences : - L\'exigence du retour de la démocratie après plus de 30 ans de dirigisme technocratique parisien centralisateur. - L\'exigence d\'offrir aux femmes leur place au plus haut niveau des nouvelles institutions. - L\'exigence de rénovation du rôle de l\'État au sein des institutions. - L\'exigence d\'une restructuration de la capitale de la France, Paris, dont le rôle a été dénaturé après appropriation par la technocratie centralisatrice. Il se trouve que les propositions mises à l\'étude dans le livre correspondaient à ces 4 exigences. Souhaitons qu'elles se traitent dans le débat, pas trop dans les combats. C\'est pour cela que j\'ai fait le choix d\'apporter une voix de sagesse, une somme d\'expériences originales et de très longues réflexions sur le lent déclin de la France. Cette nation, pour laquelle j\'ai décidé de rester Français, il y a 20 ans, s\'y est engagée, depuis le milieu des années 1930, au cours desquelles j\'ai acquis ma conscience citoyenne. Et la mémoire qui éclaire mes 92 années instructives faites de rêves et de cauchemars.
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LA SAINTONGE, LA FRANCE ET L'EUROPE
# LA SAINTONGE, LA FRANCE ET L'EUROPE *Saintongeais je fus,* *Français je reste,* *Euro-parisien je vis.* En trois courtes phrases, voici résumées quelques décennies, les deux tiers du XXème siècle, au cours desquels j'ai vécu deux changements d'appartenance en préservant mon identité - jusqu'à quand ? Car l'expérience faite inspire une profonde réflexion de fin de siècle sur les deux thèmes de l'appartenance et l'identité qui servent de carburant mondial à de multiples révoltes, locales ou régionales. Au point qu'on a l'impression de quitter un XXème siècle fait de communautés éclatées et de guerres globales - il y en a eu deux chaudes et une froide toutes mondiales -, pour entrer dans un XXIème siècle fait d'un monde global enfermé dans la toile du web et les réseaux du commerce et de la finance et de guerres locales éclatées sans cesse renouvelées et contagieuses. Tout cela nous concerne directement. Si L'Echo de nos millénaires arènes me fait une petite place, je développerai ces réflexions à l'intention de ses lecteurs. ## Saintongeais je fus, Né sur les bords de la Boutonne, douzième maillon d'une chaîne d'ancêtres tous reposant entre Charente et Boutonne, j'ai vécu « ma » Saintonge d'avant et d'aussitôt après la guerre de 39-45. Rurale, provinciale, paisible, cultivée et douce à vivre cette communauté de *« calins thi manghant sept foués per jhour »* selon Goulebeneze, m'a donné à la fois le sens du temps et le goût de la réflexion ; pour agir, pas pour rêver. Républicaine, laïque, radicale sans férocité, la vie politique locale marquée par les grandes ambitions du XIXème siècle d'une France impériale, coloniale et égocentrique a façonné ma vision de la chose publique, jusqu'au doute quant au potentiel local d'avenir et d'ambition qui m'a conduit à quitter le « pays » au début des années 50. Pourquoi évoquer ce passé ? Ni par nostalgie car j'ai toujours mes attaches locales, ni par goût du folklore, simplement parce que je me demande sincèrement si la tendance de nos communautés européennes à long terme, n'est pas un retour vers la région et que j'essaie de comprendre comment une petite région faite de quatre anciennes provinces Angoumois, Aunis, Poitou, Saintonge, pourra trouver sa place entre deux bastions le Breton et l'Aquitain, construits autour de quatre grandes métropoles déjà « connectées » sur le monde. ## Français je reste, Comme beaucoup, j'ai rejoint l'Ile de France, région locomotive d'une Nation à laquelle un Général historique imposa la certaine idée qu'il se faisait d'elle. Au cours des trente ans qui nous emmenèrent à la fin de la troisième guerre mondiale du XXème siècle, la froide et la chute de l'empire soviétique, l'effort de chacun dans tout le pays, fut de redonner à la France la place exceptionnelle qu'elle a acquise par rapport à sa population, dans l'unité d'une communauté qui partageait sous la tutelle d'un Etat musclé, le passeport, la carte d'électeur, la feuille d'impôts et la même loi, jusqu'à la cassure du début de la décennie 90, la découverte de la fracture sociale, l'angoisse face aux premiers effets de la globalisation du monde et du glissement de la Nation vers une appartenance européenne aux contraintes perturbatrices. Après quoi la communauté française a commencé à éclater. Du côté riche de la fracture les « délocalisés », ceux qui conservent le passeport et la carte d'électeur, mais échappent à la feuille d'impôts et à la loi commune, du côté pauvre, des communautés identitaires qui ne reconnaissent pas appartenir à la Nation et qui s'enferment dans un millier de zones dites de non droit sans passeport, ni carte d'électeur, ni feuille d'impôts. Avec au milieu la communauté des classes moyennes, qui se déchirent entre ceux qui croient à la Nation et à la République et ceux qui croient à l'Europe et à la démocratie. Tout ceci n'est pas encourageant et reste bien loin des envolées lyriques de la fête bleu blanc rouge, blacks blancs beurs, du Mondial de 1998, hier. Néanmoins français je reste par attachement, préoccupé par l'état de la communauté, je suis confiant dans l'avenir du pays. ## Euro-parisien je vis, Quand je dis euro-parisien, j'entends pas ce néologisme, tous ceux qui ont trouvé leur place dans un ensemble professionnel ou régional à vocation européenne ou mondiale, qu'ils soient euro-toulousain, euro-lyonnais, etc... Conseiller auprès des dirigeants de deux groupes mondiaux, l'un financier, l'autre industriel, je vis au quotidien ce que préparent pour demain les « créateurs de valeurs » qui conduisent l'euro-convoi auquel le wagon France est attelé. Jeunes, déterminés, ambitieux, il vivent leur appartenance à un système au point d'en oublier leur identité d'origine : anglais lu, écrit, parlé au travail, américano, italo, sino, français au resto, germano, nippo, italo, français au volant ! Tout le monde travaille sans état d'âme pour les retraités de Santa-Barbara, de la City ou d'Amsterdam, qui ont acheté les actions de nos sociétés, au retraité de Port d'Envaux, remarié avec la Veuve de Carpentras. A coups de bonus et de stock options, chacun prend ses chances et ses risques. L'attachement à la collectivité nationale est réduit au rapport qualité/prix du mode de vie à l'instant donné. Nouveaux français, ils vivent une euro-France qui n'existe pas encore au milieu d'une communauté qui parle encore de la France comme on a parlé longtemps en anciens francs. Sincèrement euro-philes, ils sont moins sceptiques que l'euro-londonien, moins technocrates que l'euro-bruxellois et tout aussi conquérants que le futur euro-berlinois, ce qui promet pour l'avenir. En euro-parisien, les mots de liberté, d'égalité, de fraternité sont tout aussi respectés qu'en patois saintongeais, mais ils n'ont plus le même sens car la démocratie à l'anglo-saxonne se veut plus adaptée à la réalité euro-mondiale que la République à la Française. Là est le problème, ce sera le prochain sujet, si L'Echo le veut bien. OCTOBRE 1999
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1999-11-01
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REPUBLIQUE, APPARTENANCE, IDENTITE
# REPUBLIQUE, APPARTENANCE, IDENTITE Evoquant il y a un mois l'éclatement progressif de notre communauté nationale, troublée par les conséquences de la fracture historique mondiale de cette fin de siècle, je m'interrogeais sur la capacité de nos institutions d'en maîtriser les effets nuisibles pour les principes fondateurs de notre contrat républicain. L'UNITE qui se dégrade par l'exclusion des pauvres, la délocalisation-émigration des riches et les bouffées de violence qu'elles entraînent. La LAÏCITE qui ne peut plus avoir le même sens maintenant que la 2^ème^ force religieuse du pays reste attachée à la loi que lui dicte sa foi. L'INDIVISIBILITE fortement contestée par les ambitions régionalistes. Système républicain original qui semble appartenir à chaque citoyen depuis l'élection du Chef d'Etat par le suffrage direct de la Nation. Système républicain mixte reposant à la fois sur l'appartenance - les partis politiques - et l'identité - le chef élu -, dans une cohabitation qui n'a jamais vraiment cessé d'être conflictuelle. Avant d'apprécier la capacité de résistance de ce système face aux vents contraires qui se lèvent, il faut une brève rétrospective pour mieux éclairer la perspective. - de 1958 à 1974, le pays a vécu un épisode fortement identitaire, la république gaullienne au point que selon André Malraux il n'y avait plus rien entre l'identité gaulliste et l'identité communiste. - de 1974 à 1986, l'identitaire s'efface devant l'appartenance à un projet euro-démocrate partagé entre le centre droit et le centre gauche de l'échiquier politique ; projet euro-démocrate central autour duquel oscillent ces deux forces politiques dans un échange de manettes baptisé à l'excès d'alternance. Chacun des deux s'efforçant de diminuer les identitaires de son camp, le gaulliste de 1974 à 1981, le communiste de 1981 à 1988. - A partir de 1986, les choses se gâtent pour le projet euro-démocrate par le retour de l'identité gaullo-républicaine en la personne de celui qui est allé reconstruire sa propre identité dans le donjon de l'hôtel de ville de Paris. Avant d'arriver au pouvoir pour la seconde fois en 1986, puis pour gagner le suprême fauteuil en 1995. Encore que, comme en 1974-1976 et en 1986-1988 la Nation ne lui laissera le pouvoir que deux ans. Certes l'électeur se reconnaît volontiers dans la personne de l'actuel Président, « rad-soc. Sympa » qui serre la main en sortant de la messe ou en entrant à la foire aux vins et qui sait dire au bon moment le fameux « je vous ai compris », qu'attendent tour à tour les ennemis du « parti de l'étranger » en 1976, les victimes de la « fracture sociale » en 1995 ou les angoissés de la « mal bouffe » en 1999, à condition que l'homme ne s'installe pas au pouvoir. Il y a dans cette aventure frustrante pour l'intéressé le béguin de la collégienne qui aime son flirt comme l'élu de son cœur, mais en marie un autre. Avec un prix à payer, le bicéphalisme qui commence à montrer ses limites après huit ans de cohabitation bi-partisane. Est-ce que le système va perdurer ? Est-ce que l'institution gaullo-républicaine va poursuivre son chemin identitaire ? Impossible - car les forces politiques du pays sont trop éclatées en trop de pluralités de gauche, comme de droite. Tout président, élu par nature identitaire, ne rassemblera plus, à vues humaines, comme le Général de Gaulle réussit à le faire avec son « Peuple français » et François Mitterrand avec son « Peuple de gauche », pour pouvoir gouverner l'un et l'autre une douzaine d'années chacun. Au train où vont les choses politiques, l'institution gaullo-républicaine vivra sa passion lors de la prochaine élection présidentielle, quelque soit l'élu. Le Gaullisme aura marqué 60 ans dans le XXème siècle, à peu près autant que le Bonapartisme dans le XIXème. Après quoi, le temps fera son œuvre. Cet ajustement interne dont nous devons envisager la perspective n'est ni obligatoire, ni certain. Tout dépendra de l'attitude de l'Etat, c'est-à-dire de la structure technique qui administre le Pays. En y exerçant le pouvoir quasi régalien d'une famille de pensée et de relations héréditaires générées par « l'Ecole » qui a formé tous nos dirigeants actuels. Comment évoluera cet Etat qui tient les manettes ? Les lâchera-t-il au profit de politiques non formés à l'ENA où fera-t-il tout pour les garder ? Ce sera mon prochain propos.
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1999-12-01
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LES QUATRE PILIERS DE L'ETAT
# LES QUATRE PILIERS DE L'ETAT La République a fait sienne l'affirmation de Monarque absolu, l'Etat c'est moi. L'on oublie qu'il y a à peine cent ans - 1897 - à l'avènement de la forme radicale de nos institutions, lorsque notre Etat républicain s'est construit. Il s'agissait à l'époque de donner à la république les moyens de la durée après qu'elle ait été malmenée tout au long du XIXème siècle. Cent ans plus tard l'on peut se demander si l'Etat républicain qui a traversé le XXème siècle, malgré l'éclipse noire des années 40, résisterait à l'éclatement de la communauté associé à l'affaiblissement de nos institutions. C'était la question posée à la fin de mon précédent propos. Y répondre brièvement impose une analyse synthétique des murs porteurs de la construction étatique et de leur niveau d'usure. En débutant par une définition en forme de boutade. L'Etat à la française est une organisation qui tire sa force de l'impôt et la montre dans les défilés de ses troupes. Quand elles défilent armées on les appelle soldats, sans armes on les appelle grévistes. Car le service, militaire ou public, finit toujours par défiler. De l'Etoile à la Concorde comme de la Nation à la République. Revenons aux quatre murs porteurs de la construction : ## 1^er^ mur, l'armée : Populaire grâce au service militaire obligatoire, elle a traversé le siècle en s'adaptant aux pires conditions, celles de l'hécatombe de 1914-1918, celles de la défaite de 1940. Elle est encore respectée, mais elle n'est plus l'armée du peuple qui échappe désormais à l'obligation du service. En outre, elle est divisée en deux organisations techniques : celle de l'extérieur qui ne peut assurer sa fonction de défense seule, qui n'intervient plus qu'intégrée dans une organisation européenne, elle-même subordonnée à la puissance technologique de l'armée américaine. Les deux dernières guerres du siècle Moyen-Orient et Balkans, le révèlent avec éclat. A l'intérieur le bon gendarme rural et populaire a disparu derrière le rugueux CRS urbain et impopulaire. L'armée ainsi transformée serait-elle demain, face à des émeutes graves, ce joker que le Président de la République, en Mai 1968 a trouvé dans son voyage à Baden-Baden ? Certainement pas ; ces temps sont révolus. ## 2ème mur, l'Administration : Pilier de la République qui forme ses serviteurs dans la haute fonction publique d'Etat, l'Administration gère l'Etat quand la Nation vit en paix. L'actualité judiciaire vient à point pour nous rappeler comment la haute administration a mal géré les temps de guerre. Mais elle s'en est toujours sortie par le principe de l'irresponsabilité et de la protection de ses grands serviteurs. Aujourd'hui, ces pratiques sont caduques. Essentiellement par la volonté des juges qui y ont mis fin. Ni l'inspection des finances, ni la préfectorale, ni l'ENA, ne mettent à l'abri de la prison. Affaiblissement considérable qui sème le doute dans les esprits quant à la force de l'Etat ; au point qu'un jeune chroniqueur à la fois raisonnable et talentueux à récemment écrit : « l'obéissance civique, l'autorité de l'Etat, le respect des institutions ont davantage tué que l'appât du gain, la violence des sociétés primitives, la criminalité des sociétés urbaines ». Quelle rupture avec les conceptions politiques des générations au pouvoir durant le XXème siècle. Rupture d'autant plus profonde que l'infanterie de l'administration, la grande foule dite des fonctionnaires d'exécution se voit imposer la réduction de ses moyens et de ses ambitions lorsque la Nation rejette l'excès d'impôt justifié par le « toujours plus » de l'Etat. Quand ont regarde avec lucidité l'évolution de ces deux murs piliers de l'édifice de l'Etat, on ne peut que constater leur affaiblissement structurel interne et durable. La prochaine fois il sera question des deux autres murs piliers de l'Etat, l'Education et la Justice. Le premier fut l'élément stabilisateur de la IIIème République ; le second est l'élément déstabilisateur de la Vème République ; Nous en reparlerons.
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2000-01-01
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[ "michel rouger" ]
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LES QUATRE PILIERS DE L'ETAT (2) : LES HUSSARDS ET LE MAMMOUTH
# LES QUATRE PILIERS DE L'ETAT (2) : LES HUSSARDS ET LE MAMMOUTH Il est très difficile de parler de l'Education Nationale, surtout depuis que son actuel Ministre l'a définie sous les traits d'un pachyderme fossilisé : le mammouth ! Parler *à* l'Education Nationale tient de la gageure tant sont nombreux les Ministres qui s'y sont cassé la voix en trente ans d'innombrables « manifs ». Pourtant elle joue un rôle déterminant dans la vie du pays. A l'évidence encore plus déterminant demain qu'aujourd'hui. Pourquoi ? L'évocation des « hussards noirs de la République », ces maîtres de l'école publique craints et respectés qui ont formé les générations nées entre 1900 et 1940, nous aidera à comprendre. Qu'ont-ils fait de si déterminant qui nous éclaire pour l'avenir et comment l'ont-ils fait. Je l'évoque parce que je les ai moi-même craints et respectés, qu'ils m'ont beaucoup appris et beaucoup donné - sans passéisme, ni nostalgie -. Ces maîtres avaient une mission dans laquelle leur fonction d'enseignant se moulait, se confondait. Ils étaient d'abord au service de la Nation pour y faire vivre la République. Ensuite au service de l'Etat pour y former les futurs citoyens dont la Nation et la République auraient besoin. C'est parce qu'ils ont accompli leur mission que les générations qu'ils ont formées ont pu, lorsqu'elles ont atteint le pouvoir des décideurs, rétablir la France au niveau qui est le sien. Malgré la saignée de la première guerre mondiale, l'effondrement de la seconde et la perte de l'empire colonial dont ces hussards avaient avec leur Maître, Jules Ferry, inspiré l'évolution. On l'oublie parce qu'ils ont disparu dans le chahut soixante-huitard, en toute injustice. Où sont et où vont leurs descendants qui ne sont pas leurs héritiers ? A l'évidence ils n'ont plus de mission claire et ambitieuse pour la Nation. Tout au plus ont-ils gardé une fonction dans l'Etat, laquelle comme toute fonction qui ne s'inscrit plus dans une mission, dans un objectif, se délite dans un développement qui n'est plus maîtrisé. De là l'image du mammouth, mais c'est faire injure à tous ceux qui ont choisi cette fonction dans l'Etat que de les accabler par des reproches à la mode. C'est à la Nation de donner la mission et d'assumer son défaut car ce n'est pas les quelques dizaines de lois ou de plans qui ont cru orienter l'enseignement et les enseignants qui pouvaient en tenir lieu. Je le répète, cela n'est pas la faute des enseignants si l'Education Nationale en est là où l'on dit qu'elle est. Quelle perspective peut-on alors lui donner pour qu'elle y trouve sa mission et qu'elle y retrouve le rôle déterminant que jouèrent naguère nos hussards noirs. Partons de trois faits essentiels qui marquent le tournant du siècle. Après vingt cinq ans de galère dans un chômage irréductible, tous les décideurs ou analystes lucides voient venir l'amélioration. Mieux encore, on voit venir la pénurie de main d'œuvre qualifiée à la proximité immédiate du chômage non qualifié. Seule une formation immédiate et massive de chômeurs non qualifiés pour les rendre aptes à franchir la frontière de la qualification résoudra le problème. Si le « mammouth » admet et comprend l'énoncé et trouve en lui la force pour le résoudre ce sera gagné, sinon le vide sera rempli par d'autres systèmes de formation, par lesquels s'opèreront les dénationalisations scolaires, après celles qui ont largement touché les autres domaines de l'Etat. La globalisation/mondialisation des échanges économiques et financiers est un fait. Elle repose sur l'explosion des techniques de communication, la révolution digitale, le réseau, la toile Internet, la liaison instantanée du « mobile » ou « cellular » personnel, c'est ainsi. La puissance de ce mouvement ne donne pas d'autre choix que l'adhésion ou le retour au tribalisme religieux ou fétichiste - Le marché mondial existe. La globalisation/mondialisation économique et financière née dans les années 80 s'étend dorénavant - on reparlera plus tard de l'effet Seattle -, à l'expression sociale, aux mouvements d'opposition face à la tentative dominatrice des intérêts qui ont affirmé leur puissance en occupant les premiers le territoire mondial. La future citoyenneté est en train de creuser les tranchées de ses premières fondations. Si l'Education Nationale à la française veut tenir compte de cette réalité, elle pourrait en quelques années y trouver la bonne méthode pour préparer les générations futures à cette citoyenneté vers laquelle tendent les peuples. A trois conditions : - Accepter la noblesse de la formation et de l'apprentissage technique qui transforme le chômeur en technicien des activités productives concurrentielles et abandonner la monoculture qui tend à fabriquer par priorité de futurs employés d'Etat qui ne trouvent plus leur place dans les organisations externes au secteur productif concurrentiel. - Accepter la réalité mondiale, à tout le moins européenne, de l'appartenance à l'économie globalisée comme source d'amélioration potentielle des conditions de vie de l'individu grâce au marché, en reconnaissant que des perspectives de développement durables existent comme nouvelle idéologie post/industrielle. - Créer une citoyenneté critique et participative qui sorte du cadre national et identitaire par la langue, par l'ouverture sur le monde, pour mieux contrebalancer, mieux réguler les forces de développement qui perdraient de vue la durée pour ne penser qu'à l'intérêt à court terme. La formation des prochaines générations passera par ces trois impératifs. Si l'Education Nationale s'écartait du parcours, renâclait devant l'effort, elle n'aurait plus d'avenir, ni d'autre fin que celle du mammouth. Pensant avec reconnaissance aux hussards noirs de la République, j'aimerais que mes petits-enfants, lorsqu'ils auront atteint mon âge, pensent la même chose des futurs hussards bleus de la citoyenneté.
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2000-02-01
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[ "michel rouger" ]
1,849
LA JUSTICE PLURIELLE
# LA JUSTICE PLURIELLE Ce propos est un témoignage. Celui d'un bénévole qui s'est mis au service de la justice durant quinze ans dont cinq à plein temps, à la tête d'un des plus grands tribunaux du pays, étant entendu que je n'aborderai pas la réforme en cours, car le sujet a déjà été traité par Xavier de ROUX. Avant d'expliquer le titre sur la justice plurielle, trois réflexions. ## La crise permanente de la justice L'organisation judiciaire, les juges du corps judiciaire, ne sont ni plus ni moins critiqués qu'autrefois ; lisez l'Aurore du 1^er^ Janvier 1900, vous y verrez en première page : *« ce n'est pas de scandale qu'il faut parler, c'est de la faillite de la justice en France ».* Alors, du calme et du sang froid cent ans plus tard. Juger c'est vivre la crise des autres, donc s'y installer en permanence. ## Le pouvoir des juges A ce qu'on dit, les juges seraient partis à la conquête du pouvoir d'Etat en empiétant sur les prérogatives des élus, voire en faisant et défaisant leurs carrières. Comptons dans les assemblées et les gouvernements de la décennie 90, ceux qui sont passés par l'Ecole Nationale d'Administration, ceux qui sont passés par les Ecoles Normales d'Enseignants et ceux qui sont passés par l'Ecole Nationale de la Magistrature. Le « score » ne vérifie pas l'accusation de conquête, bien au contraire. Restons sérieux. ## Le devoir des juges Certes le corps judiciaire s'est mis en tête de faire respecter les lois de la République par ceux qui les font. Les années 80, « les années fric », ont inspiré à juste titre cette réaction salutaire. Tout cela est difficile à digérer. Comme le rire est le propre de l'homme en particulier, les hommes en général ont en propre le plaisir de faire la loi, la jouissance de l'imposer aux autres, en évitant d'avoir à l'appliquer soi-même. Faut-il pour autant hurler au scandale de l'abus de pouvoir des juges, alors que la loi leur impose un excès de devoirs et de sanctions ? Il fallait y penser avant de les voter. Il n'y a pas que les frères Lumière qui aient joué à l'arroseur arrosé. Laissons les juges faire leur devoir quant au principe, mais veillons aux modalités. Le plaisir d'interpréter la loi et d'imposer la responsabilité aux autres en évitant d'avoir à s'y contraindre soi-même n'échappe à aucun des mortels, juge soit-il. Quiconque décide est responsable, juge soit-il. Le décor ainsi planté on peut penser que notre chroniqueur d'il y a cent ans ne parlerait plus de la justice en faillite, mais de la justice en transes, tiraillée par ceux qui se la disputent : - les durs de la justice soumission, - les bavards de la justice communication, - les chicaniers de la justice consommation. ## La justice soumission Elle fut d'application générale dans la République Gaullienne. Son fondateur avait de bonnes raisons. Il aura été le seul Président élu après avoir été condamné à mort par la justice de son pays. Mais il ne fut pas isolé et conserve aujourd'hui bien des supporters dans la classe politique. Entre « le juge esclave du droit », tel que le voyait le constitutionnaliste de 1958 et le fameux « vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire » on voit clairement où fut l'enfermement du juge et de la justice. C'est en cela que la représentation nationale n'a pas hésité il y a dix ans, à imposer aux juges une amnistie qui leur est restée, comme on dit simplement, « en travers de la gorge ». Comment les choses vont-elles évoluer ? Quand on voit se dessiner les terrains d'affrontement entre la conception dure des républicains-souverainistes et la conception plus libérale des euro-démocrates dans les relations entre les élus et les juges, revenons vers une réalité qui fait l'opinion publique. Depuis trente ans, les jeunes générations instruites dans l'exemple de la justice anglo-américaine par des centaines de feuilletons télévisés -- objection votre Honneur - ont consciemment ou inconsciemment admis l'indépendance du juge. Si l'on voulait revenir à un mode soumis, il faudrait vingt ans pour former les futurs élus et les futurs juges du milieu du siècle à nos pratiques anciennes. Je n'y crois pas. L'indépendance naturelle des juges les éloigne de ce que leurs prédécesseurs ont vécu. Je suis convaincu qu'ils feront un meilleur usage de leur indépendance qu'ils l'ont fait de leur dépendance. ## La justice communication Nous voici dans l'actualité des Entretiens de Saintes : Le pilori. La loi du circuit court. Direct de l'accusateur à l'exécuteur. A quand le site WWW.PILORI. Fr. ? Il est vrai que la montée en puissance de la communication grand public dans la justice est spectaculaire. Spectaculaire mais limitée au juge qui enquête car le jugement issu de la collégialité de trois juges échappe au risque du « circuit court ». Au début le juge a senti le besoin de sortir de son enfermement. Les médias lui en offraient les moyens : il suffisait d'invoquer la morale plus facile à comprendre que le droit pour franchir la porte des médias. Juge moi-même dans des affaires hypermédiatisées, je me suis évertué à ne pas trop en faire, mais je n'y ai pas échappé - J'ai fait le service minimum --. Puis rapidement, le système s'est emballé en oubliant la seule garantie que doit la justice à celui qui comparaît devant elle : le respect de la procédure. - A la lettre et dans son esprit -. Là est né le problème. Bien sûr la démocratie d'opinion exige la transparence, l'explication. Evidemment, l'opinion, les victimes, exigent une rapidité de décision publique que la faiblesse des moyens rend utopique. Alors la justice communication apporte la solution. Au lieu du lent chemin d'une accusation justifiée, d'une instruction secrète et d'une condamnation motivée, on prend un raccourci dans un procès accéléré où la dénonciation, d'autant plus tonitruante qu'elle est sans preuve, remplace l'accusation sur preuves. L'investigation-spectacle, largement déléguée à des experts soient-ils du monde de la presse, remplace l'instruction secrète - avec les fuites et les pollutions qu'elle entraîne -.Enfin la punition : la mise en examen, la fuite de documents, les menottes, la garde à vue, le passage par la prison, remplacent la condamnation motivée. C'est à ce prix, celui de la justice sacrificielle dénoncée par un grand juge, que la justice retrouve son lent et discret chemin, après avoir apaisé l'opinion en donnant du chrétien à manger aux lions -- Caricature ? - Non - Phénomène passager ? - Oui - Toute liberté conquise se paie par des excès. La sortie de l'enfermement de la justice n'y échappe pas. Je suis convaincu que la prise de conscience des dérives de la justice sacrificielle ramèneront les esprits à la raison, car le danger vient d'ailleurs et pas seulement du retour dans la vie sociale de la délation qui prospéra aux heures les plus noires de l'occupation nazie. Lorsqu'il s'écoule des années entre la punition et la condamnation à laquelle elle s'est substituée. Dans ce provisoire qui dure, l'opinion en tire une conclusion inquiétante : la démarche vers la justice consommation qui n'est que le prolongement de la justice communication. ## La justice consommation Elle est déjà très en vogue Outre-Atlantique. Elle commence à s'implanter chez nous. L'un de mes amis, grand avocat New-Yorkais, compte parmi ses clients, trois personnes physiques, dont chacune a plus de mille procès en cours. Elles en vivent. Dans un pays frondeur tel que le nôtre, le triptyque dénonciation, investigation, punition propre à la justice communication va progressivement pousser au crime. Le citoyen agressif, jaloux, cupide ou simplement chicanier va prendre goût à consommer de la justice, plus exactement du procès expéditif. Comment exister spectaculairement aujourd'hui si ce n'est dans la peau du David dénonciateur d'un Goliath qui va subir les assauts de l'investigation et l'opprobre de la punition. Pour peu que la « télé » s'en saisisse, c'est l'histoire de la famille qui se nourrit des aventures de son Astérix-Justicier. Caricature encore ? - Non pas -. Demandez leur avis aux élus bénévoles des petites communes aux prises avec leurs soucis quotidiens et la forêt touffue des lois et règlements à appliquer qui eux n'ont pas soufferts de l'ouragan qui a détruit nos arbres. J'imagine avec consternation ce que deviendra le traitement de ce sinistre qui nous touche tous dans la dérive qui nous conduit vers la justice consommation. Comment échapper à ce risque de convulsions autrement qu'en faisant confiance aux juges, confiance au législateur, à l'administration judiciaire et d'aider chacun à reprendre le chemin du bon sens citoyen. Aux juges il faut dire combien il est dangereux d'éveiller par un recours excitant à l'opinion publique les inévitables tendances vers la délation, la loi du pilori et la loi du Talion. Il faut qu'ils comprennent les risques qu'ils font courir à la justice en confondant l'audience du procès et l'audience du magazine télévisé ; en confondant la fonction du juge en son tribunal et celle du présentateur du journal télévisé. L'exhibitionnisme suscite toujours des réactions que la transparence évite. Il est tout juste temps d'en prendre conscience. Il est presque trop tard. Au législateur il faut demander, implorer, qu'il arrête la fabrication incontrôlée de textes superposés, inapplicables et qu'il entreprenne un nettoyage radical de notre droit pénal avant que ses broussailles ne mettent le feu à toute la forêt. Une fois encore il vient d'être établi qu'il y avait dans notre droit 10.000 cas permettant d'envoyer un citoyen au tribunal. Les juges, plus raisonnables qu'on veut bien le dire, n'en utilisent que 500. Alors, que faire du reste ? Nous sommes nombreux à le dire et à le répéter depuis de nombreuses années, en vain. A l'administration de la justice et de ses tribunaux il faut demander de la sérénité et surtout de la responsabilité. Il ne suffit pas d'exiger celle des juges, il faut aussi exiger celle de leur administration. A ce propos, la mise en place d'un organisme de dénonciation des juges est plus que troublante. Certes le droit de maudire son juge appartient à l'histoire des peuples, mais pourquoi lui donner la forme bureaucratique d'une commission des plaintes et des griefs. C'est implicitement reconnaître que la Chancellerie ne sait pas ce qui va mal dans ses tribunaux, alors que sa première responsabilité est de n'en rien ignorer. Pire la porte du bureau des plaintes va s'ouvrir à la délation. Pour peu qu'elle soit couplée avec une communication friande de sensationnel, le juge risque de ravir au politique le rôle de l'accusé. Enfin, cette forme bureaucratique du droit de médire n'améliorera pas le respect dû au juge sans lequel les chances de faire régner la justice disparaissent. Si l'on réfléchit à ce qu'on est en train de faire, on constatera que l'on se rapproche d'une vision consommatrice de la justice - avec son « service consommateur » qui traite les réclamations-. Tout ceci est inquiétant. Lorsqu'une société commence à éclater, à se briser, lorsque ses institutions s'affaiblissent, la justice est le dernier rempart, la dernière porte coupe-feu. Il faut le dire et le répéter.
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2000-03-01
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[ "michel rouger" ]
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ENTRACTE 2000
# ENTRACTE 2000 Année d'entracte. Pas d'élections. Pas de décisions importantes tant que les deux coureurs du trophée 2002 n'auront pas engagé le sprint sur l'anneau de vitesse qui verra le vainqueur bras en V debout sur ses pédales présidentielles. Et pourtant il va se dessiner un nouveau paysage, se mettre en place un nouveau décor dans lequel chacun d'entre nous jouera son rôle s'il participe ou son destin s'il subit. Depuis quelques mois je me suis efforcé de planter le décor qui va être rangé dans le magasin, la réserve de notre théâtre hexagonal. Une foule d'ouvrages, de publications de travaux d'historiens, de philosophes, viennent remplir le creux d'analyses des organisations politiques de notre démocratie parlementaire et donner les nouvelles perspectives. Au point qu'au cours des récents Entretiens de Saintes, un Sénateur qui fait autorité a posé la question « à quoi servent les parlementaires ? ». Heureusement, la question étant hors sujet, il n'y fut pas répondu. Reste une année d'entracte occupée à changer le décor après avoir « évacué » celui du XXème siècle. Quel fut-il ? Comme le temps est au choc de l'image, je choisis celle qui me semble la plus typique de la Nation française du XXème siècle, la cérémonie au Monument aux Morts -. Outre le grand respect dû à ceux qui sont morts pour notre sauvegarde et notre liberté, cet instant de recueillement exprime ce que nous avons vécu à l'abri de nos frontières retrouvées en 1945. Le ciment d'un Etat national rassemblé derrière les drapeaux qui s'inclinent au son du clairon. - L'armée avec ses derniers conscrits, quelques gendarmes et grands-pères anciens combattants, - L'administration avec le Sous-Préfet, le Maire, le Commissaire de Police, le Percepteur et le Directeur de la Poste, - L'éducation nationale avec directeurs d'écoles et proviseurs de lycées, voire quelques élèves, - La justice, son Président de tribunal et son Procureur. Ce sont les gardiens du pacte social modèle XXème siècle. Ils sont là parce que le peuple a besoin d'être « socialisé » dans un rassemblement qui préserve à la fois son identité et son appartenance, tant que le cadre reste national. Or, tout annonce qu'il ne le sera plus à très bref délai par l'effet des éléments dominants qui se développent et s'expriment hors de ce cadre. - L'environnement, qui se moque désormais des micro-climats et qui transporte les ouragans, les maladies, les pollutions, les délires technologiques autour de la planète, pour l'humanité toute entière en oubliant les frontières : Tchernobyl, la vache folle, l'effet de serre, le clonage, etc. etc. - La communication qui se moque des critères identitaires, des langues, des espaces, en reliant chaque individu à tous les autres dans une immense toile, que se disputent déjà des intérêts gigantesques qui se veulent maîtres de tout ce que produit le cerveau humain. - L'économie et la finance qui ont su utiliser à plein les évolutions des techniques de l'information et du transport des valeurs autour du monde, à chaque instant, pour celui qui a le besoin ... et le moyen de produire, d'échanger et de consommer. - La lutte politique elle-même mondialisée, quoique balbutiante, dans les nouvelles organisations qui se substituent aux partis politiques construits à l'intérieur des frontières du XXème siècle, pour s'opposer à la désocialisation des peuples, à leur perte d'influence ou d'identité face à cette triple globalisation de l'environnement, de la communication, de l'économie. A partir de ces réalités chacun doit prendre conscience que ce n'est pas chez nous que se forgera notre destin courant 2000. C'est l'entracte. Tout au plus pouvons-nous espérer que nos dirigeants reliront Platon qui disait que *« l'Etat le plus mal gouverné est celui où les chefs manifestent le plus de zèle à gouverner ! »*. Le destin va se jouer entre les deux pays qui se sont affrontés au cours de la guerre froide pour organiser à leur profit la mondialisation qui allait naître des évolutions techniques prévisibles. L'un a échoué, l'autre a réussi. La mondialisation profane se met en place par opposition à ce que fut jadis la mondialisation religieuse comme l'a si bien dit Mgr. Lustiger. Chacun de ces deux pays va se doter d'un nouveau chef. En attendant de voir, je poursuivrai l'analyse des globalisations qui nous intéressent ; si l'Echo le veut bien.
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2000-04-01
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LES ARBRES, MONSIEUR SYLVESTRE ET LE SUBIOCHON
# Les ARBRES, Monsieur SYLVESTRE et LE SUBIOCHON Ce n'est pas une fable. C'est la rencontre de trois symboles au moment où nous rangeons le décor des années 1900 au placard de l'histoire. Nos arbres ébranlés, couchés, coupés, déracinés par la folie du vent, portent un symbole. Celui de la vie qui naît de la graine, puis de la racine enfouie dans la terre pour lancer vers le ciel la majesté du cèdre, la force du chêne, l'élégance du peuplier. Leur chute rappelle à tous ce qu'il en coûte de perdre ses racines. Monsieur Sylvestre - caricature des guignols de la télévision, le grand patron de la World Company a fait des petits en cette fin de millénaire. En fusionnant empires industriels, commerciaux, financiers, la famille Sylvestre est prête à posséder le globe, comme d'autres ont cru pouvoir le faire avec la religion, les mariages ou les armes. Souvent avec les trois à la fois. Monsieur Sylvestre constatant, au besoin provocant l'évolution des techniques nées du cerveau créatif des hommes, veut les « globaliser » à son profit. C'est de bonne guerre quand personne ne se met en travers. Au prix du déracinement des cultures, des intérêts, des droits de ceux qui subissent cette globalisation d'intérêts, de cultures et de droits qui leur sont étrangers. Au nom d'une mondialisation inévitable dont la force des vents qu'elle entraîne, la puissance destructrice qu'elle porte en elle, l'imagination créatrice qu'elle développe, sont telles que ses effets se font déjà sentir. Reprenant le classement en trois grands domaines, ceux où la mondialisation est en cours d'achèvement, je vais analyser très brièvement nos moyens et nos espoirs, nos chances et nos risques de participer ou de subir selon que nous seront comme l'on dit simplement du bon côté « du manche ». ## L'environnement naturel et urbain Adeptes du bien vivre, consommateurs de « bonne bouffe », très attentifs à notre santé « vive la sécu », propriétaires d'un jardin hexagonal aux dimensions exceptionnelles par rapport à notre nombre, bénéficiaires d'un climat tempéré, nous sommes privilégiés de l'environnement. Au point que nos proches voisins germaniques définissent le bonheur par le proverbe « Vivre comme Dieu en France », ce qui les pousse à venir régulièrement chez nous depuis des temps très reculés. Tout irait bien, sauf que la misère existe dans nos villes et dans nos campagnes, que nous sommes les champions de la pilule pour dormir ou pour rester éveillé et que nos plages, nos forêts, nos banlieues, ne reflètent pas toujours ce grand bonheur. En une phrase nous sommes gâtés par la nature, elle est chez nous comme une jolie femme. Soyons attentif et prévenants à son égard et nos chances dans ce domaine seront réelles. ## La communication Poussé par une technique débridée, voilà l'individu de base au contact de ses 5.999.999.999 congénères ! A chaque instant, partout ! Revenons sur terre ! C'est vrai pour les pauvres des pays riches, pour les riches des pays pauvres. Par contre, les pauvres des pays pauvres - majoritaires - attendront. Chez nous tout va assez bien. Ce qui est curieux dans un pays qui pratique le « pour vivre heureux, vivons caché », qui ne parle sa langue que depuis à peine trois siècles. Ce qui est moins curieux parce que notre hexagone est le premier pays d'accueil des touristes du monde et parce qu'il dispose avec Paris d'une ville mondiale qui n'a pas d'équivalent. Ma conviction est que dans ce domaine nos chances de réussite sont plus élevées que nos risques d'échec. ## L'économie et la finance Dans ce domaine, la messe est dite. J'y reviendrais plus en détail, avec quelques chiffres révélateurs, dans une autre chronique. Monsieur Sylvestre et sa famille ont réussi leur coup. Ceux qui en subissent les effets les ont même aggravés en facilitant l'échec de la conférence de Seattle, donc le renvoi à plus tard de toute tentative de mettre un frein à quelques débordements. Quant à nous, français, avec notre Etat trop coûteux, nos blocages psychologiques, et nos guerres idéologiques gauloises, nous ne sommes pas équipés pour la compétition qui va sélectionner les joueurs de la division 1 mondiale. La présélection sera achevée avant 2005. Il reste encore un étroit créneau. Confiance et courage.
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2000-05-01
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« SI TU AIMES LE MIEL NE CRAINS PAS LES ABEILLES »
# « SI TU AIMES LE MIEL NE CRAINS PAS LES ABEILLES » Ce dicton, *bien de chez nous,* m'aide à extraire de l'actualité ce qui dessine l'avenir. A l'évidence, notre « douce France », pays du bien vivre, premier exportateur de luxe et attraction touristique mondiale aime le miel de la richesse, autant qu'elle craint les abeilles qui le fabriquent. La plus pulpeuse et la plus chatoyante de nos abeilles, notre toute récente Marianne vient d'en faire l'amère expérience. Heureusement, « elle ne nous quitte pas » sinon l'Histoire de France aurait retenu que les ténèbres du tunnel sous la Manche ont permis à « Marie-Anne » ce que ceux de la forêt d'Argonne ont empêché à Marie-Antoinette. Ceci dit, nos relations difficiles avec les abeilles créent de sérieux troubles dans la ruche. Analysons-les. ## LA RUCHE SANS FRONTIERE Chacun sait qu'il n'y a pas de ruche sans reine - Comme dans les communautés humaines - n'est-ce pas Marianne ! Chez les abeilles, les ouvrières qui font « tout le boulot » ont aussi la charge de défendre les reines contre les assauts de vilains bourdons. Dans notre société française fin de siècle, il y a belle lurette que les reines de nos ruches ne sont plus protégées des assauts des affreux bourdons échappés des nombreuses alvéoles des services fiscaux. Effarouchées, ces reines profitent de la liberté ambiante pour partir avec le miel qu'elle mettent à Londres chez les autres, à défaut de pouvoir le mettre à l'ombre chez nous. Tout ceci agace le bourdon et le pousse à exiger toujours plus des abeilles ouvrières, employées et cadres. On sait enfin qui est le fameux « français moyen » : c'est celui qui paie l'impôt pour tout le monde ! ## L'ABEILLE QUI BUTINE POUR LA RUCHE CONCURRENTE La mode fin de siècle est de réduire l'activité butineuse au minimum légal, le politiquement correct doit empêcher l'abeille d'entasser trop de miel en butinant trop. L'abeille jeune et vigoureuse, qui ne compte pas son temps, n'y trouve pas son compte de miel. Alors elle va butiner chez le voisin pour la ruche concurrente où elle retrouve la reine qui a fait passer son miel de l'autre côté de la Manche, du Quiévrain ou de l'Atlantique. L'ennui pour les ruches françaises est double. Les abeilles enrichissent la concurrence, pire, elles prennent goût à ne pas revenir butiner chez nous. L'avantage est qu'elles ne donneront pas le mauvais exemple à celle qui ne butinent que d'une seule patte, à temps limité ; la production de miel posera problème à la longue. ## L'ESSAIM OU LA RUCHE SAUVAGE Avec moins de reines et de bonnes butineuses on a de plus en plus de peine à offrir des ruches à toutes les jeunes abeilles qui vivent dans les blocs de béton qui ont remplacé les vergers qui entouraient nos villes. Alors la nature reprend le dessus. A défaut de ruche, l'essaim se forme, bourdonnant, agressif et piquant ; il attaque dès qu'apparaissent les apiculteurs casqués, gantés et embâtonnés des élevages de la ferme de Monsieur Chevènement. Enfumés au lacrymogène comme d'indésirables guêpes, les essaims se déplacent se forment et se reforment. Leur miel défendu avec l'énergie du désespoir sent parfois le cuir du sac arraché ou la fleur de pavot. Il reste que c'est le seul miel butinable des cités sans fleurs. La suite on la connaît car le destin de l'abeille, c'est de produire du miel. L'essaim trouvera toujours une ruche à occuper. De gré ou de force. Ce n'est qu'une question de temps. LE PAYS DU MIEL IMPORTATEUR DE MIEL Comment ne pas penser à Coluche qui a dit : *« Confiez le Sahara à l'ENA, elle y importera du sable » !* Si curieux que cela puisse paraître, la France est le premier importateur de miel boursier des pays qualifiés de riches. Sait-on que nos quatre vingt plus grosse ruches, nos principales entreprises qui produisent la moitié de notre richesse, appartiennent pour 40 % aux apiculteurs retraités anglo-saxons et que la moitié de la Bourse de Paris, auprès de laquelle nos abeilles butinent est fournie par du miel importé. Ce déséquilibre qui limite notre indépendance en même temps que notre capacité de donneurs de leçons, commence à attirer l'attention. Pas chez nous bien sûr car tout ce miel est bon, mais chez ceux qui nous le confient. Nos troubles de ruches ne passent pas inaperçus. Espérons que nous en aurons conscience avant qu'il ne soit trop tard et que nous nous efforcerons de proposer les solutions qui permettront d'avoir des ruches prospères et gorgées de miel sans exiger des abeilles qu'elles s'en privent. Pas facile. Il faudrait du génie. Comme Albert Einstein qui a rappelé une évidence : on ne résout pas un problème avec ceux qui l'ont créé.
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2000-06-01
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DE L'ECHO DES ARENES AUX ECHOS DES STADES
# DE L'ECHO DES ARENES AUX ECHOS DES STADES Lorsque paraîtra cette chronique nous serons entrés dans l'Euro - celui du foot, pas celui de la banque -. Avec la bonne dose de télé qui ajoutera la fracture conjugale à toutes les autres. Mais aussi avec la joie de partager la réussite - *on a gagné*, sans la peine de partager l'échec *-- ils ont perdu !* Il est facile d'ironiser avec plus ou moins de mépris sur le foot et « les footeux », certains le font, pas moi. Au contraire, je trouve que les échos des stades nous permettent de mieux comprendre avec beaucoup de justesse, l'évolution profonde de notre vie quotidienne. C'est pourquoi j'essaie de « mixer » les deux échos, ceux des stades et ceux des arènes que deux mille ans séparent. En commençant pas deux remarques : ## Du sport britannique au spectacle mondial Le football a tout juste un siècle dans notre Saintonge. Le sporting club angérien qui brilla dans la Coupe de France une fois avant la guerre de 14 fut « managé » par un Anglais qui travaillait pour une marque de cognac angérienne disparue. Je me souviens des années 40-50 et des derbys Saintes - Saint Jean. Le sport était un sport amateur de « clocher » avec une dose de chauvinisme parfois bagarreur. Grâce à la télévision, il est devenu un spectacle. - Entre nous comme la politique -. Mais là n'est pas le problème. Encore que la Finale Calais-Nantes qui fut à mi-chemin entre le foot clocher et le foot spectacle nous rejoue la pièce que nous aimons bien depuis que nos sans culottes ont bousculé les pros étrangers à Valmy le 22 Septembre 1792. Nos pros à nous, nos champions du monde tant fêtés en 1998, nous reviennent. Lorsque ces lignes paraîtront dans l'Echo des Arènes nous connaîtrons l'écho des stades. Nous aurons vérifié si le retour de nos vedettes suffit à nous garder notre place sur le podium ou s'il faudra aller puiser dans les ressources de la France profonde pour préparer les prochains défilés sur les Champs Elysées. En attendant, nous pourrons acclamer notre champion de France, Monaco, ville dont tout le monde sait qu'elle représente notre France moyenne, aussi bien en matière institutionnelle, sociale, que fiscale. Cherchez la différence. ## Le choc des cultures On aurait tort de réduire au foot les conséquences de l'acclimatation dans notre pays d'un mode culturel largement mondialisé grâce à la télévision. La différence entre Calais et Monaco n'est pas seulement géographique, climatique, institutionnelle, sociale ou fiscale. Elle est avant tout culturelle. Elle est une manifestation sportive du choc de deux cultures difficilement conciliables. La française, construite sur le citoyen, la solidarité et la loi. L'anglaise, construite sur l'individu, la compétition et le contrat. Si cette manifestation n'était que sportive dans une forme football, au sein de tous les spectacles sportifs télévisés mondialisés, l'importance en serait réduite. Mais il suffit de bien regarder autour de soi pour comprendre à quel point le mode culturel individu, compétition, contrat, supplante la culture citoyen, solidarité, loi. En tous domaines. Chacune de ces chroniques constituant l'élément d'un puzzle. Je fais de celle-ci une petite pièce après les deux grandes précédentes. Mais je reviendrai sur les trois grands matches des années prochaines : L'individu contre le citoyen, La compétition contre la solidarité, Le contrat contre la loi. En priant celui qui termine cette lecture de noter que la culture de type citoyen, solidarité, loi, correspond au cadre national, alors que l'autre correspond au cadre international. Comme dans le foot. Comme entre amateurs et professionnels. Ce n'est pas la comédie du changement de numéro de République qui débute deux mois à peine après que je l'ai évoqué dans l'Echo, qui y changera quoique ce soit.
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2000-07-01
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COMPETITION ET SOLIDARITE
# COMPETITION ET SOLIDARITE En annonçant cette chronique lorsque j'ai parlé de l'Euro, celui du foot, je ne pensais pas être aussi bien servi par l'événement de cette finale historique. Rois de la compétition, héros acclamés à juste titre par la foule de tous âges et de toutes couleurs, nos 22 bleus sont-ils les rois de la solidarité ? Pour l'affective : oui. Comment ne pas être solidaire de ceux dont la propre solidarité de groupe, les efforts individuels et collectifs, la réussite donnent à notre identité française rénovée une image flatteuse et reconnue. Pour la matérielle : non. Sans jouer les grincheux au milieu des enthousiastes, il ne faut quand même pas oublier que 16 de nos 22 vedettes contribuent plus aux recettes de clubs étrangers qu'à celles de nos bonnes vieilles perceptions locales, dont les contributions aident à survivre les exclus qui les applaudissent, lorsqu'ils reviennent en vacances chez nous. Soyons sport. L'argent ne fait pas le bonheur - mais l'usage qu'on en fait n'est pas sans conséquences. A ce sujet, je rapporte une anecdote avant de revenir sur le terrain de foot. Au cours d'un déjeuner auquel j'assistais récemment à Pékin dans une mission économique conduite par l'ancien Président de la République Monsieur Valéry Giscard d'Estaing, un français expatrié l'a taquiné sur le côté « près de leurs sous » des auvergnats. La réponse, immédiate, a remis le questionneur à sa place : *« Cher Monsieur, si les auvergnats sont près de leurs sous c'est pour les épargner après les avoir gagnés ; d'autres préfèrent les dépenser après les avoir reçus ».* Nous revoilà dans le conflit entre compétition et solidarité qui a très brusquement agité les dirigeants du foot, à peine rangés aux vestiaires les maillots qui habillent notre fierté nationale. Qu'en est-il ? Depuis une dizaine d'années lorsque le football français s'est engagé vers la plus haute marche du podium mondial, il a construit sa réussite sur la solidarité entre les clubs. Les clubs riches assuraient le spectacle hexagonal, exemple Monaco, les clubs pauvres, exemple Calais, assuraient le développement des licenciés adeptes de sport et fournissaient les centres de formation. Ils se partageaient le pactole des recettes télé, tout en laissant les plus coûteuses de nos vedettes jouer à l'étranger. Mieux préparées aux grandes compétitions, elles revenaient transmettre leur talent à l'équipe de France, avec le succès que l'on connaît. C'était la chaîne de la solidarité. Depuis fin Juin les clubs riches ont pris en main les destinées du football français. Ils entendent réorienter les recettes vers leurs caisses pour récupérer nos vedettes expatriées et améliorer le spectacle. Au besoin, avec suffisamment d'argent, ils achèteront à l'étranger les joueurs que nos clubs pauvres ne « produiront » plus par manque de moyens. C'est la chaîne de la compétition. Espérons qu'il n'y a pas de boulet au bout.
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2000-09-01
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COUPER LES TETES, COUPER LES PONTS, COUPER LES VIVRES
# COUPER LES TETES, COUPER LES PONTS, COUPER LES VIVRES Lorsque j'ai écrit, à chaud, mon précédent papier sur la Corse, j'ai eu le sentiment d'un pari politique, d'où « la république à quitte ou double ». Le Premier Ministre ayant confirmé trois semaines plus tard je suis obligé de développer mon analyse. ## POLITIQUE ET ADMINISTRATION Il suffit de lire et d'entendre les réactions aux accords de Matignon sur la Corse, pour mesurer l'importance du chantier dont, pour le moment, on n'a pas encore le permis de construire. Il est vrai que nous avons perdu l'habitude des décisions politiques prises par ceux dont le devoir est de gérer au mieux les passions des hommes et de trancher. Depuis 25 ans, de grands commis d'administration qui ont su se faire élire, gèrent des taux : chômage, inflation, abstention etc ... Ils ne prennent pas de décisions, ils prennent des mesures appliquées par d'autres commis. - Quand elles le sont --. Pour ces administrateurs le pari est angoissant, car il peut être perdant, engager la responsabilité, faire perdre « sa place », tout ce qui révulse le « commis ». Pourtant je suis convaincu que le chantier annoncé aboutira « cahin-caha », après avoir « usé » quelques conducteurs de travaux. Pour l'empêcher il faudrait qu'un fort courant d'opinion devienne majoritaire sur le « continent ». Nous en sommes loin. Mon analyse antérieure portait sur trois options - on n'en voit aucune dominer. ## COUPER LES TETES C'est en pensant à l'illustre citoyen de Saintes, le Dr. Guillotin, que l'idée du tranchoir républicain m'est venue à l'esprit. On parle tellement de république depuis quelques semaines, qu'on ne peut oublier celui sans lequel nous serions encore en royauté. Le problème est que depuis les excès verbaux du congrès de Valence en 1981, les coupeurs de têtes se font rares. Certes un courant d'opinion conservateur, égalitariste et étatiste existe et pas seulement au café du commerce, mais l'ambiguïté qui prévaut depuis vingt cinq ans dans la démarche des politiciens en a dispersé les prêcheurs dans différentes chapelles ; si enflammées soient leurs récentes montées en chaire, leurs ouailles restent plus préoccupées par leur pain quotidien, que par une expédition militaire sur l'Ile de Beauté du genre de celle de Bonaparte en 1796. Tout au plus, le « pari » de cet été permettra de peser ce « canal républicain historique » aux prochaines présidentielles. ## COUPER LES PONTS C'est la manière utopiste d'aborder le sujet, comme l'ont fait les théoriciens de la guerre à zéro mort depuis les ponts du Danube, il y a dix huit mois, contre la Serbie. Certes l'utopie, le rêve sont toujours présents dans nos mouvements politiques. Encore aujourd'hui, il existe un courant d'opinion progressiste, égalitaire, individualiste, qui cherche à gérer ces pulsions incompatibles, sans parvenir à les traduire en actions de gouvernement. Face au pari Corse, ce courant est éclaté entre les républicains égalitaires et les universalistes régionalistes. De toute manière, comment peut-on imaginer couper les ponts (virtuels) entre la France et la Corse ? Voit-on pour la Corse le destin de l'Ile Maurice, avec sa langue, son drapeau, sa monnaie et son siège à l'ONU ? Arrêtons de rêver ! ## COUPER LES VIVRES L'excès de dépendance économique a toujours entraîné l'excès dans le besoin d'indépendance politique. - C'est déjà le cas dans une famille -. Au sein d'une communauté nationale c'est la même chose, aggravée par les situations insulaires. Le problème a résoudre est là, pas ailleurs. Faut-il alors, en bon père fouettard, couper les vivres et renoncer au passage à toute autorité de l'Etat qui ne pourrait plus commander puisqu'il ne paierait plus ? inimaginable parce que contraire à la substance même de l'Etat à la française. Sans oublier les réactions des Corses. Quelques soient les affirmations péremptoires, apéritives et sonores du café de l'Hôtel de Ville, elles ne constituent pas un vrai courant politique. Alors, quoi faire ? Dans une premier temps, faire tomber la pression. Puis aménager la loi parce qu'on ne vit pas pareillement sur la Côte de Beauté que dans l'Ile de Beauté, à condition que le « parieur » s'appuie sur un nouveau courant politique progressiste, fraternaliste et régionaliste qui reste à rassembler. On y verra beaucoup plus clair en 2002. Après, il faudra faire le choix, dont je pressens le caractère inévitable depuis ma première chronique il y a un an. L'appartenance à la Nation comporte-t-elle une soumission absolue, indéfectible, à une organisation étatique qui rejette toute expression identitaire ; auquel cas, les insoumis ne seraient qu'aliénés, mafieux ou terroristes. L'identité autorise-t-elle l'insoumission au point de rejeter l'appartenance à la Nation - quitte à tirer un trait sur mille ans d'efforts de création d'une citoyenneté française originale. Ce choix, auquel la France n'échappera pas, méritait mieux qu'un pari ; surtout ce pari qui apparaît déjà perdant-perdant. Avant d'imaginer la formule gagnante j'aimerais savoir où sera la capitale de la Corse rêvée par les « Nationalistes » à Ajaccio, Bastia ou Corte. Avant que la réponse soit donnée, les assemblées auront le temps de discuter du permis de construire évoqué au début.
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2000-11-01
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LA FILLE AINÉE DU CAPITALISME
# La fille ainée du capitalisme Chacun le sait, la France a souvent été présentée comme « la fille aînée de l\'église ». Le petit Père Combes, éminent Saintongeais d\'adoption, a eu quelques démêlés avec elle, lorsqu\'il l\'a séparée de l\'Etat républicain. Depuis un siècle, les choses ont bien changé. Au point que si l\'on regarde attentivement et avec lucidité notre République bicentenaire, on doit reconnaître qu\'elle est devenue la fille aînée du capitalisme. Mais il ne faut pas le lui dire, elle se croit encore la fille aînée du socialisme. Alors ne la réveillons pas et tentons de comprendre cette histoire à dormir debout, qui a endormi deux électeurs sur trois au dernier référendum. ## La famille capitaliste A quelle caractéristique reconnaît-on la famille capitaliste ? - D\'abord à son terroir, à sa résidence d\'origine : la City de Londres. Encore qu\'elle ne soit plus que la résidence secondaire depuis que la famille a installé sa résidence principale, Wall Street, à New York. - Ensuite, à sa langue anglo-américaine, sans laquelle les membres de la famille regardent les « non english speaking » avec l\'étonnement de notre autre Saintongeais, René Caillié, lorsqu\'il découvrit les « indigènes » de Tombouctou l\'interdite. - Enfin, les chiffres, ces fameux « fondamentaux » avec lesquels nos grands décideurs s\'endorment le soir en mettant un doigt de Dow Jones dans la tisane, avant d\'agrémenter le réveil par un bon coup de Nikkei. Pourquoi la France est-elle devenue la fille aînée de cette famille ? - Parce qu\'elle est de plus en plus attirée vers les résidences principales et secondaires de sa famille à New York ou à Londres, dans les coffres desquels elle trouve l\'argent dont elle a besoin pour travailler, quand ce n\'est pas pour mettre le sien à l\'abri. - Parce que désormais, elle parle, mange, boit, fume américain en se gavant de clips de séries télé eux aussi américains. - Parce qu\'elle affiche des « fondamentaux » qui l\'ont installée au niveau du monde capitaliste anglo-américain. Numéro 1 mondial dans l\'efficacité de son secteur productif capitalistique. Numéro 2 dans sa capitalisation boursière rapportée à sa production. A nouveau numéro 1 dans la création d\'épargne, donc d\'accumulation de capital. Voilà pourquoi la France est bien la fille aînée du capitalisme. Il suffit d\'en vérifier la preuve par le grand nombre d\'entreprises qui occupent la première place dans l\'économie mondialisée. ## La famille socialiste Je trouve original de parler de « famille socialiste » alors que j\'avais compris, depuis que j\'entends chanter « L\'Internationale », que socialisme et genre humain ne faisaient qu\'un, bien au-delà de l\'étroitesse de la famille. Quelles en sont les caractéristiques ? - D\'abord une présence universelle qui ne saurait se satisfaire d\'une originè locale, fût-elle principale ou secondaire. Tout au plus la famille socialiste a des « sites » plus ou moins historiques, donc plus ou moins oubliés. La Place Rouge à Moscou, le Palais de la Moneda à Santiago du Chili, la Roche de Solutré, voire un jour Cintegabelle. - Ensuite, pas de langage, mais des mots lourdement porteurs de références consommées universellement et sans modération - gauche, salaire, solidarité, patronat, droits de l\'homme --, dont l\'écho à l\'infini permet de brouiller tous les autres messages. - Enfin, les chiffres, les « fondamentaux » de la famille. La moitié de la production du pays allouée aux ressources des administrations (50,9% exactement, en juin 2000). La réduction réelle du temps de travail des administrations, contre la réduction virtuelle du temps de travail de ceux qui les nourrissent par l'impôt. Le taux maximum pour l'impôt, le taux minimum pour l'épargne. Pourquoi la France reste-t-elle en apparence la fille ainée de cette famille bicentenaire ? Grâce aux mots qui font oublier et les chiffres et le deuil des parents noyés dans le naufrage de la Moskova il y a dix ans. Jusqu'au moment où, à l'euphorie de la croissance économique, succédera l'angoisse des chiffres négatifs de la croissance. Il faudra alors choisir entre ce que nous sommes et ce que nous croyons être.
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2001-01-01
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POUR BIEN BALAYER L'ESCALIER, IL FAUT COMMENCER PAR LE HAUT
# POUR BIEN BALAYER L'ESCALIER, IL FAUT COMMENCER PAR LE HAUT Comme tout le monde, j'ai balayé l'escalier. Pas comme « technicien de surface », mais simplement pour participer aux travaux ménagers, après ceux de la caserne. Que ce soit avec le balai ou l'aspirateur, il faut toujours commencer par le haut ! La justice qui a entrepris un grand chantier de nettoyage dans nos Palais de la République a quelque peine à mettre cette règle élémentaire en pratique. Partant le plus souvent d'en bas, elle pousse sa collecte de petites et de grandes saletés marche après marche en remontant. De temps à autre, le balai se prend dans le tapis rouge de l'escalier ou le fil de l'aspirateur n'est pas assez long pour atteindre le palier. Le plus souvent, la poussière se disperse en retombant d'où elle venait, quand elle ne reste pas suspendue dans l'air, irritant les bronches du balayeur qui devient tout rouge à force de tousser - sans succès --. Bien évidemment, ce rappel caricatural n'a pas de lien avec ce qu'on lit, ce qu'on entend ou ce qu'on voit dans les médias qui sont notre pain quotidien. Encore que ... Pour ceux qui me font le grand honneur de parcourir mes chroniques, je reviens sur ce que j'écrivais à la fin de l'été 1999 : *« ... au train où vont les choses politiques, l'institution gaullo-républicaine vivra sa passion lors de la prochaine élection présidentielle... »* Vivre sa passion c'est faire son chemin de croix avant la crucifixion. A l'évidence le chemin de croix est en cours. Les stations dissolution, référendum et cassette sont dépassées. Il reste à savoir qui mettra le crucifié en croix. Le juge ou l'électeur. A moins que la résurrection précède la crucifixion, ce qui témoignerait une fois encore de l'exception gauloise. Il y a six mois je complétais : *« ... à l'évidence nous entrons dans notre crise habituelle en forme de comédie. Comment en sortirons-nous d'ici deux ou trois ans, par quel paroxysme ? Ce sera la comédie du changement du numéro de République... ».* J'ajoutais : *« ... à moins que l'entracte qui permet ces distractions ne soit abrégé... »*. Nous y voilà, presque, déjà. Pendant ce temps, la vie continue. Tournés vers le passé des années 80, nous ne voyons pas ce qui se prépare. La société France est l'objet d'une amicale offre publique d'échange de ses actions par la société Euro-Germanique qui est son principal client. Elle est aussi l'objet d'une offre publique d'achat moins amicale par la World Company chère aux guignols. Mais comme disait Panglosse tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, celui des petits jeux de la Cour des Rois Elysée V et Matignon XVI. Pourvu que ça dure disait il y a deux siècles Laetitia Bonaparte compatriote de notre actuelle Marianne-Laetitia. On sait ce qu'il en advint
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2000-12-01
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LA CASSETTE ET LA « GÉGÈNE »
# La cassette et la « gégène » Chacun connait la cassette qui fait parler les morts en apprenant, à ceux qui l\'utilisent, ce qui se passait à l\'Hôtel de Ville de Paris, il y a 20 ans, lorsque l\'actuel Président de la République en était le maire. Les anciens savent ce que fut la « gégène », qui faisait parler les vivants en les torturant à l\'électricité, pour que ceux qui l\'utilisaient apprennent ce qui se tramait dans la casbah d\'Alger, il y a 45 ans, lorsque l\'ancien Président de la République était le Ministre de l\'Intérieur. Ministre qui avait clairement fixé l\'orientation du \"maintien de l\'ordre\" face au \"terrorisme local\" : *« une seule réponse, la guerre ».* Et voilà qu\'en cette fin de siècle, la cassette et la gégène se rejoignent dans l\'actualité au sein de laquelle ressurgissent les « événements » d\'Algérie. Comme je le fais souvent, je tire une réflexion de cette actualité en faisant appel à la mémoire, sans laquelle aucun homme ne peut comprendre l\'avenir. ## L\'essentiel et l\'accessoire Je dois à la grande affection d\'une tante institutrice d\'avoir appris à lire lorsque j\'étais à la maternelle. C\'est ainsi qu\'à cinq ans, pendant l\'hiver 1933-1934, cloué au lit pour cause de scarlatine, j\'ai dévoré les journaux de mon grand-père, *Le Matin* et *La France.* Qu\'y-lisait-on à pleines pages ? La fameuse affaire Stavisky, ressortie en librairie récemment, par laquelle un grand escroc, suicidé en janvier 34 dans des conditions étranges, avait éclaboussé de ses délits juges et hommes politiques, au point de déclencher les émeutes de février 34, de doper les mouvements fascisants, les ligues et les agités, qui serviront Vichy, quelques années plus tard, pour le malheur de la France. A cette époque, l\'homme politique incontournable de la 3^ème^ République finissante, Edouard Herriot, féru de gastronomie lyonnaise, fit un bon mot : *« La politique, c\'est comme l\'andouillette ; pour que ce soit bon, il faut que ça sente un peu la merde ».* Pendant ce temps-là, où était l\'essentiel ? Le sinistre Adolf Hitler paradait après avoir pris le pouvoir en Allemagne. Il y faisait le ménage chez les opposants à coups de longs couteaux, en réinstallant le 3^eme^ Reich au coeur de l\'Europe, avant de le réarmer en vue des conquêtes de 1937-1940. Pourquoi est-ce que j\'évoque ce souvenir, qui ne m\'a jamais quitté, d\'une France attirée par l\'accessoire des petites magouilles et non par l\'essentiel des grands dangers ? Parce que souvent, nous entretenons les fantasmes d\'un instant en occultant la réalité de l\'avenir. ## Le fantasme et la réalité Avant de revenir sur ce que nous vivons au tournant du siècle - à ne pas confondre, heureusement, avec les tragédies des années 30-40 - je poursuis sur l\'odeur de la politique. Rapportant le propos d\'Edouard Herriot à un ami américain, honorable correspondant de la CIA, il me fit justement remarquer que la prudence commande de ne jamais jeter de « crotte » sur un ventilateur ! Si drôle soit l\'image, nous y voilà ! Agités par le fantasme du « tous crottés » à défaut du « tous pourris », nous faisons fonctionner le ventilateur à plein régime, et, sauf panne d\'électricité, il va tourner de plus en plus fort, jusqu\'en 2002 ! La réalité attendra, si elle le veut bien. Et pendant ce temps, que se passe-t-il ? Comme je l\'évoquais dans mon précédent propos, la croissance n\'est déjà plus ce qu\'elle était ; on va le vérifier dès l\'année prochaine. Ceux qui en ont profité le vivront mal. Ceux qui n\'en ont pas encore profité, encore plus mal. Comme nous l\'avons oublié depuis que l\'Europe est en paix, les querelles franco-germaniques reprennent, compliquées cette fois par des relations d\'hommes, ce qui ne s\'était jamais produit depuis le couple de Gaulle - Adenauer. Comme cela était prévisible, après avoir réunifié son peuple, avec notre aide, l\'Allemagne réarme son économie en allégeant ses charges afin de mieux nous concurrencer. La réalité est là. On la découvrira plutôt tard, que tôt. Nous sommes habitués aux efforts de rattrapage. Bonne et heureuse année quand même !
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2001-03-01
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LOI SANS FRONTIERES
# Loi sans frontieres Nous sommes habitués au «sans frontières ». Pour de nombreux services d'assistance ou de dépannage, mais aussi pour l'achat Que nous faisons de produits et de services venant de tous les points du globe. Sans oublier le tout nouveau «e.business » qui permet à qui le veut de mettre, de dépenser, ou de gagner son argent ou il le veut. Tout cela est banal sauf que la LOI, à la fois contrainte et protection du citoyen, Ne peut s'appliquer dans quelque cité que ce soit qu'à l'intérieur de frontières. A condition, sauf à être la loi du plus fort, d'avoir été votée par le citoyen. Or il semble bien que la question soit maintenant clairement posée aussi bien de la disparition des frontières que de celle du citoyen qui vote transformé en individu qui adhère. Espérons que les ENTRETIENS de SAINTES éclaireront la réponse. Pour y aider il faut rappeler brièvement comment les Français ont vécu leurs lois et leurs frontières au cours du 20eme siècle. Jusqu'en 1940 la loi est la notre, et sauf la période ou la loi allemande a régné de l'autre coté de «la ligne bleue des Vosges » en Alsace-Lorraine, nos frontières sont celles de l'empire colonial. Après le désastre de 1940 nous n'avons plus fait dutout la loi chez nous ; Quant aux frontières elles sont devenues des lignes de front ou de «démarcation ». Entre 1945 et 1970 la loi est redevenue la notre, dans des frontières hexagonales, après disparition des frontières de l'empire colonial. Depuis 1970 la loi est devenue Franco-Européenne, sauf en Corse qui vit son particularisme puis, progressivement, Européo-Francaise. La prochaine étape nous fera passer à l'Européo-mondial sauf à nous enfermer dans le réduit du Larzac cher à José Bové. Comme nous sommes passés de la frontière de «l'octroi » qui délimitait le territoire de chaque commune en 1940 a la frontière « schengen » qui délimite l'Europe de ce début de siècle. En râlant, mais en suivant le mouvement. Mouvement qui va modifier les quatre éléments fondamentaux de notre identité, ceux que j'évoquais dans la première chronique publiée par l'ECHO. Le passeport qui ne sert plus à rien tant qu'on ne franchit pas « Schengen ». La carte d'électeur qui permet d'agir sur ce qui se passe à Chaniers ou à Taillebourg Mais en rien sur ce qui se passe à Bruxelles, Londres ou Francfort, qui pourtant détermine notre vie quotidienne. La feuille d'impôt qui vit ses derniers instants hexagonaux dans l'attente d'y voir ajouter l'inévitable feuillet Européen. Quant à la LOI, coincée entre les Normes Européennes et nos propres «zones de non-droit » nous la cherchons avec une lanterne comme le faisait un général de la grande époque coloniale qui ne savait plus on étaient ses troupes.
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2001-04-01
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[ "michel rouger" ]
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CAUCHEMAR AU ROYAUME DE CHANTEMERLE SUR LA SOIE
# Cauchemar au royaume de CHANTEMERLE sur la SOIE Quel beau nom, fait de douceur de vie, que celui du village de CHANTEMERLE sur la SOIE, à deux lieues de Saint Jean d'ANGELY. Ma grand-mère y est née. Le chant du merle sur une onde chatoyante comme la soie, comment éviter que cette évocation bucolique me pousse à jouer au fabuliste. Je m'y risque. Il était une fois, au temps de la Saintonge gauloise, le royaume de CHANTEMERLE. Sept familles y vivaient en paix. La plus nombreuse la famille ETATIX régnait sur les autres, de père en fils, présente à chaque instant dans la vie des chaumières. Quand la grogne montait, soit par manque soit par excès de pluie, elle faisait défiler les membres de la famille jusqu'au 18eme cousin dans les sentiers et les ruelles du royaume. Cette manifestation de pouvoir redonnait aux villageois le goût de travailler encore plus durement, d'abord 35 heures pour le roi ETATIX, puis à nouveau 35 heures pour gagner leur propre vie. Ce partage moitié/moitié était la loi du royaume. La famille BOUTIQUUS, les ancêtres de M. BOUCICAUT et de ses célèbres magasins, faisaient commerce d'épices et de cuculles ces capuchons et pèlerines indispensables pour supporter la pluie et le soleil. La famille INDUSTRIX, forgerons et étameurs, avait installé sa forge le plus loin possible en aval de la Soie pour ne pas en polluer les eaux enchanteresses. La famille AGRICOLA, dont les filles avaient épousé bon nombre de jeunes ETATIX, trimait dur en râlant contre le Roi, parfois en lui jetant les invendus au visage lorsqu'il rendait visite à quelque cousin. La famille BETONIX, maçons et puisatiers émigrés d'Ibérie, empierrait chemins et murs du château. La famille POGNONIX, originaire de la lointaine Hélvétie, faisait forger ces monnaies gauloises bien connues, les baiocasses et les namnétes, dont elle faisait commerce le jour du marché à l'enseigne d'un cousin, Crésus AGRICOLIX. La vie ainsi ordonnée s'écoulait comme une petite rivière tranquille. Et lorsque la chicane troublait cette paix la famille JUSTIX était la pour imposer le respect de la Loi à laquelle seule la famille ETATIX échappait. Tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes si les hordes des rois MONDIALIX et LIBERALIX n'avaient pas entrepris de venir entendre chanter le merle en péchant dans la Soie. C'est alors qu'au tournant d'un siècle le malheur vint frapper. L'héritier du trône, longuement généré dans l'urne maternelle, naquit avec deux tètes. Pire, deux tètes cote à cote, la gauche et la droite, qui mettaient fidèles et infidèles dans l'incapacité de savoir qui répondait à leurs questions, ni à qui ils s'adressaient. Chacun comprendra qu'il s'ensuivit un grand désordre. Les BOUTIQUUS se mirent à acheter et vendre n'importe quoi pourvu que ce ne soit pas trop taxé, craignant qu'un roi à deux tètes redouble d'exigences Les INDUSTRIX allèrent planter leur forge sur les bords de la Tamise et de l'Escaut. Les AGRICOLA finirent sur la paille de leurs troupeaux malades qu'ils avaient du brûler. Les BETONIX arrêtèrent de construire tant il redoutaient de devoir payer à chaque tète royale les frais d'obtention des permis et de voir leur mise doublée. Les POGNONIX firent passer leurs monnaies vers l'Helvetie de leur origine. Quant à la famille JUSTIX elle se mit à user de son maillet sans vergogne, frappant aussi bien sur la tète des notables des autres familles que sur celles des princes ETATIX. C'en était trop, il fallait reprendre la main. L'idée fut glissée au Roi de faire entrer les dames du royaume dans les conseils auxquels elles n'avaient pas accès. C'est ainsi qu'aux ides de mars les nouvelles élues vinrent frapper à la porte du roi dont elles ignoraient le visage. Effrayées par le monstre elles le saisirent et le jetèrent dans les eaux de la Soie que d'incessantes pluies avaient transformée en torrent. Au contact de l'eau glacée le Roi se réveilla en sursaut et en sueurs mettant fin au cauchemar qui avait agité sa nuit après une soirée électorale indigeste. Il n'y a pas de morale à cette histoire fabuleuse qui m'a été rapportée par le grand spécialiste de la Gaulistoire, l'éminent professeur Jacquenel-Chispin.
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2001-05-01
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L'ÉLECTION, LA VAGUE, LE PEUPLE ET L'OCÉAN
# L'élection, la vague, le peuple et l'océan Comme beaucoup de gens, je suis attiré par ces lieux sauvages ou se rencontrent la terre et l'océan, tantôt dans une communion apaisée, tantôt dans une violence déchaînée. Mes longues marches au ras des vagues entre le phare de la Coubre et la pointe Espagnole m'ont toujours offert un espace et un temps de réflexions profondes. Devant l'océan qui, dans un mouvement d'éternité, coud et recoud sans cesse l'ourlet d'écume blanche et brillante qui s'accroche à la plage. C'est la que j'ai appris qu'il ne faut jamais confondre la vague et l'océan. Aussi, je ne vous étonnerai pas en vous faisant part de ma grande perplexité quand j'ai entendu, après les récentes élections municipales, les commentaires sur la couleur des «vagues », à la place de ceux, pourtant indispensables, sur les mouvements de l'océan. Je vous livre les miens, en trois vagues descendantes et une montante. ## L'AGONIE du POUVOIR d'en HAUT On connaît ce type de pouvoir sur lequel la 5eme République a été construite. De sexe masculin il trouve son origine dans la caserne et chez le soldat. Il est personnel, il commande à une troupe de compagnons rassemblés, voire à un corps de «godillots » élus et obéissants. Ce qui lui permet de régner et de gouverner en un seul pouvoir souverain. Après avoir perdu le képi que le peuple respectait ce pouvoir a tenu jusqu'en 1986. Depuis, le souverain est réduit à simplement régner en laissant le pouvoir à l'opposant qui gouverne. Pire, en 2001, le régnant et le gouvernant ont été battus tous les deux chacun dans leurs domaine à Paris et en Province. Heureusement il reste encore l'enseigne de la 5eme sur la façade de la boutique dont les co-gerants se contentent de cacher les lézardes, mais la fin continue d'approcher. ## La CASSURE du POUVOIR D'en BAS Le pouvoir d'en bas appartient à l'héritage du 19eme siècle et de la révolution industrielle. Encore de sexe masculin, comme le pouvoir d'en haut qu'il combat, il est collectif et trouve son inspiration dans l'usine et chez l'ouvrier. Il rassemble ses fidèles dans un « parti » historique, et occupe la rue, lieu de pouvoir qui encercle la caserne dans l'espoir de la fraternisation ouvrier-soldat. Pourquoi ce pouvoir d'en bas qui était encore le premier parti de France en 1951 est il passé au dernier rang en 2001 ? Tout simplement parce que les ouvriers du temps de Zola ont été remplacés par les ouvrières du temps d'Arlette et qu'elles n'ont plus la vision de la société qu'ont leurs « hommes » qu'elles voient plus souvent en petits chefs qu'en guides éclairés des masses populaires. D'autant mieux qu'ils sont enfermés dans des manuels d'histoire dépassés. La cassure du pouvoir d'en bas est telle qu'il ne survit que comme appoint d'un partenaire dont l'infidélité est proche. Ce qui permettra de le reconstruire car il est toujours dangereux de l'exclure de la cité. ## La VANITE du POUVOIR d'en FACE De création récente le pouvoir d'en face vit sa crise de puberté. De sexe indéterminé, il parle le langage grosse caisse et cymbales et porte l'habit aux couleurs provocantes ou «tendance » qui permettent de s'imposer à la télé. Le pouvoir d'en face trouve son inspiration dans le cirque et ses acrobates. Je laisse au lecteur le choix du clown, je ne parle que de l'illusionniste et du dompteur. L'illusionniste on le savoure même quand il vous trompe. En élection, Il flatte et séduit comme le renard de la fable qui en veut au fromage de l'électeur dans son fauteuil avachi devant sa télé. Aidé par son complice le sondeur il maîtrise son « score ». Le dompteur on l'applaudit quand il punit la bête malfaisante en empruntant à la justice le glaive qui la tue après l'avoir sortie de sa cage. Médiatisé, le dompteur modernise l'acte sacrificiel qui rassemblait il y a 20 siècles ceux qui venaient voir les chrétiens mangés par les lions de l'empereur dans les arènes romaines ; il y a 2 siècles les aristocrates coupés par la guillotine de la révolution place de Grève ; il y a 55 ans les femmes rasées par les tondeuses de la libération sur le parvis de la mairie. Malgré sa course à « l'audience » le pouvoir d'en face a été malmené par l'électeur 2001, qui a ressuscité sans vergogne ceux que le glaive de la justice avait transpercés, et, qui comble de l'irrespect, a habillé la plus médiatique de nos vedettes politiques d'une veste de Blois sans le col Mao qu'elle fit entrer naguère à l'assemblée nationale. ## La NAISSANCE du POUVOIR d'à COTE On le sentait venir et pas seulement au royaume de Chantemerle sur la Soie. Parce que le vide de désamour créé entre le peuple et ses représentants ne pouvait qu'être comblé. Ce nouveau pouvoir est de sexe féminin. Il trouve son inspiration dans la maison qui abrite et la mère qui protège. Il ne chasse pas en meute comme les compagnons du pouvoir d'en haut. Il est plus porté vers les comportements humains que vers les idéologies chères au pouvoir d'en bas. Il est peu sensible au pouvoir d'en face. Attentif a l'environnement de la communauté et à ce qui peut lui nuire il aime ce qui est naturel, raisonnable, voire modeste. Il est attaché au sentiment, à la relation à la mesure. En fait il est tout ce que n'a pas été le pouvoir modèle 20eme siècle, celui de l'intolérance, de la domination, et du cynisme. Il faut tout le mépris de nos fausses élites pour le qualifier de pouvoir de terrain quant on sait que ce qualificatif n'a d'autre objectif que d'éloigner les « gens d'en bas » de la soi-disant noblesse de l'état-major et de les ramener à leur bac à sable, en attendant de leur dire, au mieux sois belle, au pire tais toi. En s'installant un temps chez nous le pouvoir d'à-côté laissera dans notre histoire la trace d'une belle époque avant que l'océan se remette à gronder et à déchaîner ses vagues destructrices. Je lui souhaite très bonne chance.
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2001-06-01
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FOOTU TEMPS
# FOOTU TEMPS Il n'est pas question de météo, mais d'une réflexion sur le pouvoir politique. C'est la troisième partie, après la fable de Chantemerle et le commentaire sur les municipales. Ceux qui m'ont lu il y a un an, pour l'Euro 2000 de football, ont le souvenir que j'avais évoqué « l'écho des stades » pour expliquer la confrontation, qui a envahi notre vie quotidienne, entre les contraintes de la compétition et les exigences de la solidarité. Les mouvements sociaux de ce printemps confirment ce que le « foot », phénomène social caricatural par ses excès, annonçait il y a un an. ## Le FOOT COMPETITION En résumé, le football Français des années 1990 était inspiré par la pratique d'un sport solidaire entre tous les clubs. Il assumait les coûts élevés de la formation des jeunes, et se gardait d\'engloutir des fortunes dans le spectacle compétition des clubs commerciaux. Le seul inconvénient de ce choix était de provoquer la frustration des supporteurs privés de voir leurs fanions plantés sur les pelouses de Manchester ou de Munich. D'autant plus que nos vedettes, trop chères pour les budgets de notre solidarité interclubs, jouaient et jouent encore pour ces concurrents inaccessibles et jalousés. L'avantage, double, était ailleurs. D'abord dans l'intégration la plus large possible des jeunes talents solidarisés dans une véritable activité sportive, ensuite, celui de l'équipe de France victorieuse, vers laquelle nos grands joueurs reviennent, installée, grâce à eux au top niveau mondial. En simplifiant, les discrets dirigeants de l'époque avaient choisi le foot sport nationalisé en laissant de coté le foot commercial mondialisé et ses trois milliards de télé-spectateurs. Jusqu\'à ce qu'ils soient remplacés, comme je l'avais pressenti, par les acharnés du spectacle compétition. Nous y sommes. Avant d'aller plus loin, je fais deux remarques. Ou sont nos grands prétendants à la super compétition ? Pas dans la finale de la coupe de France qui se joue entre le dernier de la 1^ere^ division et le petit poûcet de la 3eme. Que fait de son super budget, un milliard de francs d'investissements et de coût d'exploitation, le club Français le plus cher ? Il traîne dans le fond du classement et totalise tout juste, pour la saison 2000-2001, quarante buts, soit 25 millions de francs par but marqué, à rapprocher de ce qu'on donne à une sage femme par enfant accouché ! ! ! Quand on veut la compétition du foot business européen il faut avoir le courage d'en assumer les moyens, en face, sans tricher, d'y investir des sommes considérables et de ne rechercher que le résultat du spectacle. Le foot Français le fera t'il ? Rien n'est moins sur car, au-delà du foot sport solidarité et du foot spectacle compétition, nos clubs sont sensibles à un foot du 3eme type. Si vous voulez l'explication ne la cherchez pas ailleurs que dans la conquête du pouvoir. Pour vous y aider, en évitant toute polémique Franco-Française, je quitte la patrie de Marius pour celle de César, l'Italie du foot spectacle passion. ## Le FOOT POLITIQUE Les devoirs de mes responsabilités m'ont fait rencontrer un homme de grande volonté et de grande efficacité qui, probablement, sera Président du conseil des Ministres Italiens quand ce papier paraîtra. C'était lorsque qu'il a décidé de lancer le mouvement politique qui l'a amené au pouvoir une première fois, en 1994. Qu'ai je observé à son contact ? Chez de nombreux dirigeants de clubs, au moins dans les pays latins, le passage du foot à la politique est une voie banale. Mais peu d'entre eux détiennent à la fois la grande fortune, le pouvoir de la télévision et le grand club de foot-spectacle qui fait rêver. C'est en cela que l'expérience Italienne est passionnante. Car elle laisse entrevoir les suites et les conséquences politiques. La première consiste à installer un PUBLIC spectateur du destin du nouveau chef à la place du PEUPLE acteur de son propre destin. Avec la télé, les faiseurs d'audience, et beaucoup d'argent, c'est facile, car le peuple ne s'aperçoit que trop tard qu'il est berné. La seconde consiste à transformer le CITOYEN conscient de ses devoirs en CLIENT exigeant les droits qu'il a acquis en achetant le « produit » politique qu'on lui a vendu. Grâce à la communication moderne qui valorise le résultat sans s'attarder aux moyens, c'est tout aussi facile. Mais il faut beaucoup d'argent pour y arriver. La troisième consiste à remplacer l'ELECTEUR libre de son choix par un SUPPORTEUR lié par sa passion et sa dévotion à l'égard des nouveaux dieux. C'est le rôle du foot et, surtout, de la télé et de ses manipulations perverses. Si ces trois objectifs sont atteints, en Italie, un nouveau type de pouvoir sera né en Europe, omniprésent dans la vie de son public de clients supporteurs. Jusqu'à ce que le peuple de citoyens électeurs se réveille après avoir fermé la télé au lieu de s'endormir après l'avoir ouverte.
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2001-07-01
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EURO'P STORY
# EURO'P STORY Jusqu'à ce que la fièvre électorale de 2002 nous cloue devant la télé en nous obligeant de passer au moins quatre fois à la consultation, chacun de nous, chaque jour, va vivre l'Euro, et l'Europe. Je vais y consacrer quelques chroniques, en tirant quelques réflexions de mes voyages, et de mes rencontres. Encore qu'il me faille toujours être prudent en écrivant un papier un mois avant qu'il paraisse. Car il est plus risqué de prédire l'avenir que le passé. Pour le présent nous savons comment nos deux gouvernants voient l'Europe. Le moins qu'on puisse dire c'est que la vue louche. Au point qu'un ami ophtalmologiste pense que nous sommes entrain d'inventer le strabisme alternatif, tantôt convergent, tantôt divergent, selon des phénomènes politiques que seuls nos grands chefs comprennent. Pour l'Europe, tout a été clair pendant trente ans. Il y avait un couple franco-allemand. On est passé au trio, deux français un allemand. Ce genre d'attelage n'est amusant que dans le théâtre de boulevard. On s'en lasse, surtout quand il faut envisager la future grande Europe, élargie à l'est, et imaginer comment vivre dans cette famille reconstituée. Quelle seront nos relations avec les uns et les autres ? J'essaierai de vous éclairer, par petites touches, avec les impressions recueillies sur place. Avant de commencer par la Pologne je reviens un instant sur L'Italie. Ayant connu Silvio BERLUSCONI, j'étais sur qu'il accéderait au pouvoir d'état en s'appuyant sur son public de clients et de supporters. J'ai expliqué pourquoi dans « l'écho » de mai. Aujourd'hui, je suis tout aussi certain qu'il n'est pas prés d'être notre ami après l'accueil méprisant qui lui a été réservé. Un de moins. Attendons de voir comment il gérera son peuple de citoyens électeurs. Je vous dirai à l'automne après visite sur place. ## La TROMPETTE de L'EGLISE NOTRE DAME DE CRACOVIE La Pologne, principal candidat pour rejoindre notre Europe pourrait être une amie. Il s'agit d'un peuple qui nous fut très proche. Comment cette proximité a t'elle évolué ? Que pouvons nous trouver de mutuellement fructueux dans ce rapprochement ? La place du marché de Cracovie est reconnue comme la plus belle création urbaine du genre, bien au-delà de l'Europe centrale. Elle date du début du 13eme siècle, comme l'église Notre Dame sur son flanc est. Depuis le plus haut clocher, chaque jour, à chaque heure, un (ou une) trompette sonne l'alarme, par quatre notes lancées, successivement, vers les quatre points cardinaux, afin de rappeler aux citoyens l'arrivée des Tatars (les Mongols) en I249. C'est l'alarme du souvenir qui provoque la joie et les applaudissements des badauds amusés. Chez nous, en France, c'est de la place de Saint Germain des prés, à Paris, que nos trompettes sonnent l'alarme, inlassablement, sur quatre notes, toujours les mêmes. « à bas le fascisme, à bas le marché, à bas le racisme, à bas l'Amérique ». C'est l'alarme de la nostalgie plus que celle du souvenir. Nostalgie du bon vieux temps Stalinien, celui qui a fait le malheur de la Pologne. Si on veut s'en faire une amie, il faudra cacher nos Tatars de la rive gauche. En leur laissant le caviar, quand même. ## Les RESTAURANTS de la RUE SLAWSKOWSKA La rue Slawskowska débouche sur la partie ouest de la place du marché. On y trouve deux des meilleurs restaurants de Cracovie, le Jean de la Fontaine et le Cyrano de Bergerac. Vive la culture française, à condition qu'elle soit entretenue, surtout dans une ville qui abrite une université (70.000 étudiants)vieille de plus de six siècles. Hélas, les migrations massives de polonais vers le middle ouest américain il y a un siècle ont permis de nouer des contacts culturels, hors Europe, que seule la France pouvait concurrencer. Ce qu'ont de la peine à faire les récents envahisseurs russes et allemands. Visiblement il reste du travail. En visitant les mines de sel de Wieliczka nous n'étions que deux français au milieu de 2 ou 3OOO visiteurs, avec un guide trop content de parler notre langue qu'il était obligé d'abandonner au profit de l'anglais. Si l'on veut éviter que la Pologne soit une quatrième filiale du monde américain au sein de l'Europe il serait grand temps de s'en préoccuper. ## Le KIOSQUE de L'HOTEL SASKI On y trouve la presse internationale, anglaise, américaine, allemande, et un seul exemplaire du Figaro, de Libé, et du Monde. Le kiosque ouvre à 11 heures, à 11 02 la France a disparu. L'ayant compris j'ai réussi à doubler les prétendants à nos infos, pour les amener à un ami de Varsovie qui n'est pas mieux loti. Pour lire des infos dépassées de 48 heures par celles de la télé Franco-Allemande ARTE. Mais on peut se régaler, si on aime, avec les interminables feuilletons des « affaires » qui permettent au reste de la presse internationale des commentaires humiliants. Pouvons nous nous ressaisir, conforter notre position entamée par la présence allemande en nous rapprochant des nouveaux venus vers l'Europe ? Oui, en évitant de les ignorer, comme cette jeune parisienne, 17 ans, préparant le bac « scotchée » devant Loft Story, qui, à mon retour m'a demandé ou était Varsovie et n'a pas bougé quand je lui ai répondu, pour le fun, en Moselle. La France qui n'est plus le centre de l'Europe pourrait en être la référence. ## La VIERGE NOIRE de CZESTOCHOWA Comment mieux expliquer, par cette dévotion, les retrouvailles d'un peuple avec le destin qui lui a été confisqué pendant prés de deux siècles, soumis qu'il fut à l'empire de ses voisins. Certes l'archevêque de Cracovie, devenu le Pape Jean-Paul II, y a joué un rôle, mais les leçons de l'histoire ont été apprises. Au début du 18eme siècle, la Pologne, avec un million de kilomètres carrés était la première puissance d'Europe centrale. Après quelques décennies d'une régionalisation débridée, et de paralysie du pouvoir central par le système du« liberum veto » la Pologne a disparu pour deux siècles au profit de ses voisins devenus arbitres de ses chicanes internes. A la même époque la France faisait le choix du centralisme jacobin aujourd'hui décrié. Bien sur, les temps ont changé, mais les Polonais, eux, ont compris. Pourtant, dans leur territoire actuel ils sont à 98% polonais d'origine qui n'ont qu'une seule religion. Ce n'est pas notre cas.......... QU'ON SE LE DISE. La prochaine fois je vous parlerai de la Grande Bretagne, après l'élection très probable de Tony BLAIR, et une visite à des amis des deux bords politiques d'outre Manche.
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2001-08-01
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ANGLO-SAXONS ET CELTO-GAULOIS
# ANGLO-SAXONS Et CELTO-GAULOIS La petite histoire relate qu'au cours d'une vive discussion, un Premier Ministre français dit, sur un ton de reproche, à son collègue britannique « oh ! vous les Anglo-Saxons » et se vit répondre, sur un ton de moquerie  « eh ! vous les Celto-Gaulois ». L'essentiel de nos relations avec nos voisins de l'autre bout du tunnel est condensé dans cet échange. Parce que chacun est prisonnier de l'image qu'il a : L'Anglo-saxon exprime la force dominante de l'économie mondiale. Le Celto-gaulois exprime la faiblesse paralysante des querelles tribales. Et dieu sait si nous en rajoutons, chaque jour, avec notre pouvoir à deux têtes. Oublions, positivons, et allons parler de l'Europe en buvant une bière au pub. ## Le pub d'ARKESDEN Ce pub au plafond bas, où les clients jouent aux fléchettes, est au cœur d'un village de la douce campagne de l'Essex qui abrite, dans de belles propriétés aux toits de chaumes, les riches retraités de la City de Londres. Il ressemble aux cafés de nos villages. Comme dans tous les cafés du commerce, on y refait le monde, avec cet enthousiasme que les « autorités » ridiculisent, sauf en périodes électorales, lorsque, appuyées au bar, elles viennent y chercher les voix sans lesquelles leur élection serait perdue. L'ami anglais avec lequel nous « refaisons le monde » a été ministre de Sa Gracieuse Majesté . La cinquantaine dynamique, il vient de se faire réélire à la chambre des communes, dans une circonscription rurale dont l'économie a été ravagée par la fièvre aphteuse. Je reviendrai sur ce sujet dans un mois. Européen convaincu il a entretenu dans son parti conservateur les visions positives de la construction européenne. Mais quelle Europe ? That is the question ! En lui parlant de l'Europ-story que je vous destine, je pensais à un ouvrage remarquable du hollandais Wim Blockmans, paru en 1997 pour le 40eme anniversaire du traité de Rome. Ouvrage scientifique du meilleur spécialiste de l'histoire de l'Europe du moyen age à nos jours, ce livre est construit sur trois bases, les Pouvoirs (les états), les Peuples (leurs cultures), les Marchés (l'économie). Cette classification me paraissant la mieux adaptée à la compréhension des phénomènes qui marquent la vie de chacun d'entre nous, je l'adopte pour une série de trois articles qui feront l'essentiel de mon Europ-story en commençant par les POUVOIRS et les ETATS tels que nous les voyons, dans une vue très divergente, selon que nous sommes Celto-gaulois ou Anglo-saxons. ## Le POUVOIR et les ETATS en Europe Sur ce sujet, soyez en surs, nous ne sommes pas sortis de l'auberge. Ni du pub. A commencer par les mots. Tout sujet de sa majesté est membre du Royaume uni. Tout citoyen de notre République est membre de l'Union européenne. L'Anglais met le Royaume avant l'union (l'adjectif). Le Français met l'Union avant l'Europe (l'adjectif). Ne nous étonnons pas que leur Royaume ne sera jamais sacrifié pour une Union plus ou moins désunie, et comprenons ce que cela signifie en termes de pouvoir et d'états. A ceux qui rêvent des Etats unis d'Europe, l'Anglo-saxon rappelle que ces Etats unis existent, qu'ils s'appellent l'AMERIQUE, fondée et constituée par les migrants européens, grâce à quoi les peuples restés sur le sol européen, ont été sauvés trois fois, en 1917, 1943, et 1949 des griffes des démons générés par leur imbécillité politique. Cette réponse exclut toute idée de pouvoir politique européen. Les rares Français de Londres, qui, avec le Général de Gaulle ont lutté pied à pied pendant quatre ans pour arracher aux alliés Anglo-saxons une place dans la victoire de 1945 ont espéré y arriver, sur le continent, avec les Allemands qui avaient besoin de quelques décennies pour faire oublier leurs crimes. Mais le temps a passé, le couple a vieilli, la fécondité n'est plus la. On se supporte de plus en plus mal,chacun se replie sur luimême. L'hormone de jeunesse, la DHEA n'existe pas pour les peuples. Le parlement européen en est témoin. Les Anglo-saxons le savent. Ils peuvent s'appuyer sur la puissance de cette autre partie de l'Europe qui règne à Washington, et sur son bras armé l'OTAN pour faire triompher leur vision d'une communauté à laquelle ils restent attachés par la géographie. Le rêve de la génération Jean Monnet est entrain de se diluer dans le projet que nos amis de l'autre coté du tunnel n'ont jamais caché, celui d'un grand marché-espace économique, intégrant l'Europe centrale que Churchill voulait, en 1944, conquérir avant que les russes ne l'accaparent, quitte à décaler la libération de l'ouest européen, et de la France. La « vision » était déjà claire. L'utopie tyrannique communiste a retardé l'opération jusqu\'à l'effondrement de 1990 qui permet, enfin, « l'élargissement ». Pendant ce temps, les nations continentales ont suffisamment abandonné leurs pouvoirs, au profit de l'Europe, pour affaiblir leurs Etats respectifs, ce que les Anglais n'ont pas fait. Mais pas assez pour créer un vrai pouvoir Européen continental. Nous nous sommes affaiblis, les Celto-gaulois et les Germains, pour un projet que nous sommes incapables de mener a son terme. Nous sommes en panne au milieu du gué, une fois de plus dans l'attente du dépanneur Anglo-saxon, qui n'attend que ca. Si par bonheur nos hommes politiques voulaient nous dire cette vérité et nous suggérer quelle sera notre place dans cet avenir, ce serait plus utile pour nous tous, et plus urgent que de savoir qui voyage et à quel prix sur les avions de la République. Fin août je traiterais des peuples et de leurs cultures avant de terminer par l'Europe économique à l'anglo-saxonne au moment ou nos prochaines et inévitables convulsions Celto-gauloises nous agiterons...... BONNES VACANCES
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2001-09-01
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EUROP STORY : LA FETE AU VILLAGE GAULOIS
# EUROP STORY : La FETE au VILLAGE GAULOIS Ca fait du bien de revenir dans son village, d'y retrouver ses bonnes et ses mauvaises habitudes, ses copains et les autres, et les bonnes vieilles fêtes tribales qui révèlent la culture profonde d'un peuple. Cette culture, chapitre 3 de mon Europ-story. Me voilà donc scotché devant la télé, pour notre fête nationale, pendant que des trombes d'eau noient les défilés et les lampions républicains de nos villes et villages. Pour y voir qui et quoi ? ## Le 13 JUILLET OLYMPIQUE Ayant eu à étudier, récemment, l'évolution des grandes manifestations sportives mondiales j'avais conclu, début juillet, au transfert progressif des grandes rencontres olympiques, après Athènes 2004, vers le centre économico-médiatique, donc géopolitique, de l'ensemble Asiepacifique. Le 21eme siècle n'y échappera pas. Inutile de vous dire que j'ai soutenu notre projet Paris 2008, et les longs cocoricos qui l'accompagnaient, sans illusion. Souvent, devant tant de certitudes proclamées, m'est revenu à l'esprit le fameux « nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », asséné, en 1940, par le dernier président du conseil de la 3eme république, quelques semaines avant que les panzers allemands atteignent notre bonne Saintonge, presque aussi vite, qu'aujourd'hui les Mercedes caravanes le font vers nos campings de la forêt de la Coubre. Mais, Français d'abord, je voulais voir notre délégation à la télé dans l'espoir du miracle. Comme beaucoup d'entre nous je n'ai pas été déçu ! Tout y était, la parole et la musique, l'émotion et la conviction, le fond et la forme. Alors, pourquoi cette humiliation devant notre Premier ministre en personne. Parce que nous donnons toujours plus d'importance au discours qu'à la réalité. Cette aventure nous y ramène en nous remettant à notre place. Ce n'est pas grave. Ce qu'il l'est beaucoup plus, c'est que la place que nous occupons, aujourd'hui nous la tenons, exclusivement, à la puissance économique que nous avons créée, avec des productifs, travailleurs et courageux, des entrepreneurs imaginatifs et audacieux, et avec l'argent des retraités anglo-saxons, à défaut de pouvoir disposer du notre. Or, cette position, tout indique que nous sommes entrain de l'abandonner. L'entreprise France a de plus en plus d'employés, c'est bon pour le chômage, mais elle produit de moins en moins par habitant par comparaison avec ses concurrents. Toute entreprise qui prend ce chemin sera condamnée, tôt ou tard, à la faillite. Chronique après chronique, j'essaie de faire entendre cette réalité. Il y a un an, je vous alertais sur la crise qui venait pour 2001. On y est. Mais les discours de nos chefs sont tellement beaux, tant pis pour la pénible réalité. Oublions la, sans illusions. Le bon docteur Coué est aux commandes, demandez le programme ! Si seulement le coup de pied au derrière reçu à Moscou pouvait nous réveiller. ## Le 14 JUILLET OLYMPIEN Me revoilà scotché devant la télé, le Président, 9 millions de télé spectateurs, et moi et moi et moi, comme chantait Dutronc. INIMAGINABLE ! Le Président du pays qui se veut donneur de leçons de démocratie et de droits de l'homme réunis, du haut de son Olympe, occupant la moitié de son discours aux Français, pour leur fête nationale, en défendant son innocence suspectée par une escouade de juges, et l'autre moitié en dénonçant l'incompétence du Premier ministre auquel il a donné la place sur un plateau d'argent en 1997, et auquel il la conserve malgré l'incompétence dénoncée, et les reproches accumulés. Mais le discours était tellement musclé, bagarreur, en un mot, Gaulois, qu' il faut vraiment avoir mauvais esprit pour s'intéresser à ce qu'il dissimule. Je vais essayer de vous éclairer en passant par la Corrèze, à la foire de Bort les orgues, en 1974, au congrès des Négociants voyageurs d'Auvergne, au cœur de la Chiraquie A l'époque, notre Président venant d'être nommé Premier ministre, j'ai profité de la science de mon voisin de table pour qu'il m'explique qui était ce brillant jeune homme. «  Chirac a un don. Il sait, au bon moment, exprimer les SENTIMENTS des Français. Pas leurs IDEES, ça lui serait impossible, il en change tellement souvent. Ca lui suffit, les Français se méfient des idéologues, ils l'aimeront, et le suivront Chirac a une force. C'est un conquérant. Il aime régner, pas gouverner, mais il trouvera toujours une équipe pour le suivre vers le pouvoir, malgré les fâches. Pour le moment, ( en 1974), il règne sur la Corrèze, il fera tout pour régner sur la France, le plus longtemps possible, convaincu qu'en aimant les gens plus que les idées Il battra tous ceux qui viendront chercher la bagarre. Ennemis comme amis. Chirac a une sensibilité. C'est un homme de gauche qui s'est installé à droite parce qu'en France la gauche est et sera toujours idéologique. Les fâches avec son camp viendront de cette contradiction, mais il assumera devant « son » peuple. Quitte à se prendre de magistrales gamelles qui le pousseront à recommencer » Ou en sommes nous 27 ans après ce passage par Bort les orgues, quelques conquêtes et autant de gamelles. Manifestement, le conquérant est entré en bataille. Chacun comprendra qu'à défaut d'idées, et de bilan pour cause de cohabitation, ses adversaires sont obligés d'attaquer sa personne. Ce faisant, ils lui fournissent le carburant dont son moteur a besoin. Surtout quand la pioche du démolisseur se cache dans la robe du juge. Second bonheur, au même moment, la gauche redevient fortement idéologique. Celle qui va monter au combat devra avoir une épée dans chaque main pour s'occuper autant de ses amis que de ses ennemis. Pas facile, face au camp qui humera à pleines narines la revanche de 1997. La corrida a commencé, les picadors sont dans l'arène. La France va faire une grossesse nerveuse, à quel prix, jusqu' à l'ouverture des urnes. Après, quand le règne aura été prolongé, il faudra gouverner, oublier les beaux discours et revenir aux réalités. Comme on dit chez nous, ce sera une autre paire de manches.
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2001-09-01
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EUROP STORY : UNE MARIANNE SAINTAISE
# EUROP STORY : UNE MARIANNE SAINTAISE ## En REMONTANT l'AVENUE GAMBETTA Comment mieux parler de notre économie si ce n'est en accompagnant notre Marianne saintaise, remontant les étalages débordants, un jour de foire, par un beau soleil, éblouie par la façade rutilante des banques qui font fructifier son argent, et passant devant le Tribunal qui devrait la débarrasser de ces « sauvageons » qui en veulent à ses sous. En arrivant Cours Reversaux elle a tout vu des symboles de notre temps, le marché, la banque, le Tribunal. Comment en sommes nous arrivés-la ? En 1983, le « peuple de gauche » sous la conduite du plus éminent de nos Charentais contemporains à quitté le chemin inspiré par Karl Marx pour prendre celui ouvert par Margaret Thatcher. Le « CHE » est déjà candidat, en 2002, pour nous le rappeler. Sans trop le dire, et sans complètement le faire, la France a tourné le dos à son système économique construit sur l'Etat, l'impôt, et sa toute puissante administration pour adopter le système économico-financier anglo-américain construit sur l'entreprise, l'épargne et sur le droit arbitré par le juge. ENORME DIFFERENCE ! Ca ne s'est pas trop vu pendant 18 ans parce que nous avons pu profiter de trois conjonctures favorables qui ont amené le facile, avant de nous livrer, maintenant, le difficile, qui provoquera, bientôt, les convulsions que j'évoquais le mois dernier. D'abord, la libération, brutale, des activités financières en 1985, a entraîné la surconsommation jouissive et insouciante des années « fric » jusqu'à ce que nos banques soient mises au bord de la faillite par la folle spéculation immobilière parisienne. Ensuite la prospérité exceptionnelle de la locomotive américaine à laquelle nous avions accroché notre wagon a permis, grâce à l'argent des retraités anglo-saxons qui s'est massivement investi chez nous de régler tous nos problèmes financiers en offrant le grand large à nos principales entreprises, et le sauvetage de nos banques. Enfin l'explosion des nouvelles technologies de la communication et des médias a fourni un 3eme booster à une économie française qui, de fait, n'a connu que le meilleur des conséquences de la décision de 1983 d'accepter, non pas une mondialisation qui, comme l'a si bien dit Xavier De ROUX le mois dernier est dans la nature de la vie sur terre, mais une AMERICANISATION de notre société. Par appartenance non par identité ce qui me ramène au fil rouge de mes chroniques depuis 2 ans. ## En DESCENDANT L'AVENUE GAMBETTA En faisant demi-tour Marianne va constater le changement. Les bons vents ont tourné. Comme nous approchons d'une super année électorale la logique politique serait qu'elle confie le gouvernail de son bateau aux barreurs de gros temps. S'il en existe, après cette très longue période de petit temps pendant laquelle les marins d'eau douce ont laissé le bateau filer en jouant aux interminables parties du poker menteur de la cohabitation. Donc, « Marianne, mure et bien conservée, riche et cultivée, cherche compagnon énergique, courageux, pour vie en commun ». L'agence matrimoniale contactée sur le chemin a quelque peu douché l'enthousiasme de notre esseulée. D'abord, elle voulait mettre dans l'annonce « Enarque s'abstenir » mais c'était trop demander, les 3 seuls prétendants sérieux en étant de brillants sujets. Ensuite, pour elle, il était bien clair que l'heureux élu ne toucherait pas aux petites économies de sa promise, savamment réparties dans les pays qui ont éradiqué la maladie de l'impôt. Par contre il devrait participer au sauvetage de ses malheureuses exploitations agricoles écrasées par le rouleau compresseur de la mondialisation. Pareillement il faudrait qu'il renfloue le petit commerce de parfumerie qui n'arrivait plus à procurer l'argent de poche de sa propriétaire, tant la concurrence des grandes surfaces était féroce. Plus le gros cadeau qui ferait oublier la perte massive sur les actions France-télécom. Enfin il lui faudrait signer un contrat de mariage, 47 pages, en 2 langues, soumis à un arbitre de Bruxelles, jugeant selon le droit anglais. Poliment, le marieur, assura sa cliente de sa plus totale diligence évoquant, néanmoins, la difficulté de trouver un citoyen français, bon républicain, farouche défenseur des acquits sociaux, convaincu des vertus de notre exception française, qui ait le « profil ». Dépitée, Marianne n'eut qu'une réponse, «  A quoi ça me sert, alors, d'être française » Puis, boudeuse, elle alla récupérer sa Volkswagen au parking de l'abbaye aux dames.
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2001-11-01
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LA BOURSE OU LA VIE
# La BOURSE ou la VIE Il y a deux ans, dans ma première chronique, je vous avais expliqué que je vivais au milieu de ces jeunes « créateurs de valeur », analystes et opérateurs du marché financier mondial, les sœurs et les frères de ceux des bureaux des tours jumelles de Manhattan dont le destin tragique marque notre quotidien. J'imagine quel fut leur indicible effroi de se voir, en une seconde, jetés dans les flammes de l'enfer, quelle fut l'horrible agonie de celles et de ceux qui ont vécu enfermés dans leur futur cercueil jusqu'à ce que l'effondrement les fasse disparaître dans le béton et l'acier fondus. Et au -delà le traumatisme irréparable des survivants. Ils étaient tous convaincus que la BOURSE, l'économie financière, commandait la VIE, l'aventure humaine. Ils vont devoir se convaincre que ce sera dorénavant l'inverse, et qu'il faut apprendre à regarder le monde au delà de l'écran de son ordinateur. Dans la chronique suivante, en octobre 1999, j'attirais l'attention sur les grandes fractures du siècle suivant en évoquant les conflits qui agiteraient les sociétés humaines écartelées entre leur désir d'APPARTENANCE à de vastes systèmes « globalisés », sous l'effet des révolutions technologiques, et leur besoin d'affirmer leur IDENTITE contre ces systèmes plus subis que choisis. Je ne pensais pas que ces conflits atteindraient si vite le niveau de folie suicidaire que nous observons, médusés, dans l'opposition que j'évoquais entre la mondialisation profane et la mondialisation religieuse. Nous y sommes, les mini guerres et les micro guerres éclatent brutalement, comme des orages de fin du monde, sous forme de tueries en libre service, répétées en « boucle » par l'amplificateur de terreur télévisuel. Pas de déclaration d'hostilités, pas d'ultimatum, pas d'ennemi affiché, pas de lois, pas d'armée ni d'étendards, pas de généraux en uniforme chamarré, pas de décorations ni de défilés. Décidément un monde s'est écroulé avec les « twin-towers ». Je reviendrais dans le prochain « Echo » sur les trois actes de la tragédie qui se joue. Aujourd'hui, je laisse parler mon ami Albert MERLIN qui a vécu sur place ce matin dramatique du 11 septembre . Un mot pour finir, je reviens d'Italie, j'y ai retrouvé l'Histoire, avec un grand H. La chute du dernier Empereur en 476, la fin de l'Empire romain, a simplement tenu au fait qu'il a été « déposé » par le chef de sa milice, RODOACRE, germain émigré à ROME. Ces migrants que l'histoire a qualifié, un peu vite, de  barbares  concouraient à la puissance de la cité, jusqu'à que leur besoin d'identité soit plus fort que le confort de leur appartenance à un empire qui n'avait pas su les « intégrer ». Il serait bon de s'en souvenir.
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2001-12-01
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LA MAISON BLANCHE, WALL STREET, LE PENTAGONE : POUVOIRS ET TRAGEDIE
# La MAISON BLANCHE, WALL STREET, Le PENTAGONE : POUVOIRS et TRAGEDIE Je reviens sur la tragédie, en trois actes, qui vient de plonger le monde dans la peur après la tentative, sanglante pour deux d'entre eux, de destruction des immeubles qui abritent les trois pouvoirs des Etats unis d'Amérique. En annonçant cet article le mois dernier, je pensais à Henry KISSINGER qui régna sur la politique étrangère des Etats unis pendant les années 70, sans jamais la quitter après qu'elle lui ait valu le Prix NOBEL de la paix. J'ai côtoyé le « dear Henry » au conseil d'une compagnie américaine. C'était pendant le premier mandat de Bill CLINTON, à la belle époque. H. KISSINGER venait d'écrire un phénoménal ouvrage de 850 pages, « DIPLOMACY », un modèle de rétrospective et de visions géopolitiques et géostratégiques, dont il me fit cadeau. J'extrais quelques phrases des 30 pages du chapitre 31 qui expliquent avec clairvoyance le comportement des Américains sous le titre «  le nouvel ordre mondial reconsidéré » : «  L'Amérique devra apprendre à manœuvrer dans un système d'équilibre des forces malgré son peu de sympathie pour cette façon de faire ». A l'évidence, la Maison blanche a oublié cette recommandation, au point qu'elle n'a pas bien compris ses devoirs à l'égard du monde, et de l'occident dont elle a réalisé l'unification. Ce grave manquement est une des origines de la tragédie. ## Acte 1. La MAISON BLANCHE, Le MONDE et L'OCCIDENT Difficilement élu, Georges w BUSH a replié son pouvoir sur la politique intérieure au moment ou il ne fallait pas, en laissant le désordre s'installer autour de la poudrière du moyen orient et de l'Asie centrale. Pire, une fois la crise survenue, dans un même mouvement il a poussé son pays à gérer seul sa vision de l'harmonie du monde. Pourquoi n'a t'il pas lu KISSINGER: « dans le passé la politique étrangère américaine était animée par la recherche de l'harmonie du monde. Cette utopie n'est plus de mise aujourd'hui » encore « l'Amérique affirme une position dominante, mais, paradoxalement sa puissance est devenue plus diffuse de sorte que sa capacité à modeler le reste de la planète a en réalité diminué » enfin « l'Amérique, avec son penchant de pourchasser les « monstres lointains » ne peut pas combattre tous les maux et encore moins le faire seule » ! ! !   Certes la  communication de la Maison blanche tend à faire croire qu'une recherche permanente de consensus est développée au sein de la coalition. Que pensait KISSINGER de ce genre de démarche ? : «  la recherche du consensus moral va à l'encontre du but poursuivi lorsqu'elle détruit l'équilibre des forces ». Tout est dit, il reste à attendre les résultats. Résultats qui nous engageront tous, Français, et Européens qui appartenons à cette vaste région du monde unifiée, tout récemment, dans ce que les autres appellent l'OCCIDENT. Tout au long du 20° siècle les peuples d'OCCIDENT, de l'Oural à l'est, à la cote pacifique de l'Amérique, à l'ouest, ont entraîné le monde entier dans leurs guerres de conquêtes territoriales, coloniales et impériales. Jusqu\'à ce que, l'utilisation de l'arme nucléaire, en Asie, les conduise à se partager leurs territoires en deux blocs dans un total respect des frontières objets des combats antérieurs aux millions de morts. La guerre classique, ayant ainsi perdu, sous peine de suicide thermonucléaire, son but principal, l'annexion des territoires, de leurs richesses et de leurs habitants, il fallait trouver d'autres moyens de conquêtes, d'autant plus que les deux empires coloniaux qui avaient dominé le début du siècle, l'Anglais et le Français, s'étaient effondrés. C'est ce que les Américains ont su trouver, ( que les Russes ont complètement raté), en fabriquant un mode de vie construit sur la production de masse de biens et de services, sur la consommation de masse associée aux symboles de bien être et de liberté, et grâce a leur langue et à la conquête de l'espace, sur la communication de masse et la diffusion d'une mode de culture, de jeux et de loisirs à vocation universelle. Ce modèle, fait de bien être matériel, a unifié les peuples de l'OCCIDENT. Grâce à sa puissance il a sauvé les Etats unis des conséquences du désastre vietnamien, alors que les Russes ont sombré après leur désastre afghan. Il n'a pas de concurrent dans la vieille Europe qui est débarrassée des conflits de frontières ou qui s'en débarrasse énergiquement lorsque le passé revient, comme on l'a vu récemment avec la Serbie. Aux yeux des autres peuples, l'occident matérialiste a fait son unité sous la conduite des Américains. La force de cette union, sa richesse parfois insolente, sa domination parfois arrogante sont des réalités qu'on ne peut évacuer par la question simplette : « pourquoi ne nous aime t'on pas ? ». Elles inspirent jalousie, crainte, hostilité et désir de vengeance ou d'humiliation . Pour tenter de satisfaire ces désirs il faut attaquer la tète, les Etats unis, mais comme personne au monde ne peut imaginer faire la guerre à l'Amérique ni rêver l'envahir, seule une guérilla, elle même mondialisée, peut réaliser ces aspirations à la vengeance et à l'humiliation. C'est, historiquement, ce qui est en cours, l'acte 1 de la tragédie, qui se poursuivra jusqu\'à ce qu'il soit évident que l'AMERIQUE, dans le cadre de l'OCCIDENT auquel elle appartient, aura accepté les devoirs de sa position et aura appris, enfin, quel que soit son aversion naturelle à le faire, à gérer le délicat équilibre des forces qui agitent le monde plutôt qu'à s'employer à les dominer et à les détruire. Il y va de sa survie, de la nôtre en même temps. ## Acte 2. WALL STREET et la MONDIALISATION FINANCIERE La « mondialisation » terme commode et fourre tout empêche de comprendre ce que sont toutes les conséquences de l'accumulation des évolutions technologiques récentes et planétaires. Cette mondialisation a éclaté en de multiples phénomènes qui varient dans l'espace et dans le temps selon la perception qu'en ont les individus et les peuples. Nous vivrons une forme caricaturale de cette réalité dans la France électorale de 2002. Aujourd'hui, la «  mondialisation », accusée de détraquer les sociétés humaines, occupe dans le langage courant la place qu'occupait dans les années 1950 la « bombe atomique » qui était accusée de détraquer le temps. Ce n'est pas plus sérieux. Plus sérieuse est l'analyse des mondialisations économiques et financières qui se sont développées en 20 ans de 1980 ( révolution libérale Reagan Thatcher) à 2001 (attentats de New York). Entre ces deux dates marquées par la chute de l'empire soviétique, 60.000 entreprises multinationales opérant sans frontières, commandant dans 500.000 filiales, faisant vivre plus d'un milliard d'hommes et de femmes, et fonctionnant selon des techniques de gestion d'origine anglo-saxonne ont transformé la vie sur la planète. La puissance de cette mondialisation économique est considérable. Elle réalise un chiffre d'affaires annuel supérieur aussi bien à ce que produisent les Etats unis qu'à ce que produit toute l'Europe. Sauf guerre nucléaire suicide elle subsistera dans sa forme à la fois planétaire et réellement multipolaire. Ni la Maison blanche, ni Wall street, n'ont pu empêcher les conglomérats non américains d'y prendre leur place. Tout au plus subira t'elle les corrections des luttes sociales lorsque les « économiquement mondialisés » auront trouvé les moyens de la corriger. Il en va différemment de la mondialisation financière, qui, bien qu'elle soit le support de la mondialisation économique, a échappé à ceux qui l'ont conçue et fait naître. Pire, elle reste, par le jeu du dollar roi, un instrument totalement américain, donc unipolaire. En chiffres bruts elle représente, PAR JOUR, plus que ce que toute la France produit PAR AN. 10.000 Milliards de Francs de transactions. Il ne faut pas s'étonner que les flots d'un tel déluge charrient toutes sortes de pollutions et génèrent toutes sortes de catastrophes en broyant sur leur passage les sociétés humaines les plus fragiles. A titre indicatif le poids de l'argent sale ou illicite qui s'est astucieusement investi dans ce monstrueux coffre fort est estimé à 3.000 milliards de dollars soit tout ce que produit la FRANCE en DEUX ANS. Si l'OCCIDENT qui a développé le phénomène, sous la conduite de Wall street, n'arrive pas à le canaliser, à le maîtriser, puis à en faire disparaître ses plus graves conséquences, rien, ni personne, ne pourra résister à la force du rejet dont il fera l'objet. Ce système a écrit l'acte 2 de l'actuelle tragédie en donnant au terrorisme le « nerf » de sa guérilla mondiale. A ce sujet, notre pays, chargé d'histoire et d'expérience l'a bien compris, mais sa réaction, propre à une culture d'un autre siècle, proposant taxe et impôt, est sans effet. Par contre, la « mondialisation terroriste », qui ne peut se développer que sur les perversions de la « mondialisation financière », créera, par les peurs engendrées, les conditions de l'indispensable et urgente transformation d'un système suicidaire. Je dis l'OCCIDENT, car Wall street sera incapable de le faire seule. Dans les rapports de force qui vont marquer notre futur les dégâts directs et indirects du terrorisme ne cesseront qu'une fois qu'auront eux même cessé les dégâts directs et indirects de la mondialisation financière. Il faudra du temps et de l'obstination. Acte 3. Le PENTAGONE AMERICAIN et le CROISSANT ARABO MUSULMAN. Le PENTAGONE, qui, depuis la mort, en 1981, de l'égyptien Anouar el SADATE (ses assassins ou leurs commanditaires sont les inspirateurs de l'actuel terrorisme) anime avec le CROISSANT Arabo-Musulman le « théâtre des opérations » des conflits d'après guerre froide, représente l'énorme puissance industrielle et militaire sur laquelle repose la domination des Etats unis et leur position d'unique hyper puissance mondiale. A nouveau je reviens vers KISSINGER, qui fut très impliqué dans le rapprochement entre l'Egypte et Israël et qui, partant pour une tournée de conférences au moyen orient, exposa, au cours du dernier dîner que nous avons eu ensemble, sa vision plus que clairvoyante de la suite. Pour éviter trop de citations je m'inspire de ses commentaires en les recoupant avec ceux de « Diplomacy ». (traduit en français chez Fayard) Pour simplifier les choses, la politique étrangère américaine oscille depuis plus d'un siècle entre le combat pour les valeurs, symbolisé par les fameuses « colombes » et celui pour les réalités symbolisé par les non moins fameux « faucons ». KISSINGER lui -même, juif allemand d'origine, n'est pas très clair sur ce sujet. Au point que vient de sortir aux Etats unis un livre féroce sur les actions qu'il a menées et qui, le moins qu'on puisse dire, n'ont pas toutes été inspirées par les valeurs idéalisées par l'Amérique. Au titre du combat pour les valeurs le PENTAGONE s'est engagé à fond pour le CROISSANT MUSULMAN dans les Balkans, pour la Bosnie et le Kosovo contre les Serbes, comme en Afghanistan en armant Ben LADEN contre les Soviétiques . Peut être était-il inspiré par la profession de foi du premier ministre britannique Lord GLADSTONE, en 1880, que je ne résiste pas au plaisir de citer : «  rappelez vous que le caractère sacré de la vie dans les villages de montagne de l'AFGHANISTAN est aussi inviolable aux yeux de Dieu tout-puissant que la notre ». C'est ce qui vaut aux Afghans d'aujourd'hui de recevoir sur la tête autant de sacs de vivres que de bombes. Et aux dirigeants d'Arabie et d'Egypte la condamnation de leurs systèmes antidémocratiques. L'idéalisme américain survit, au moins pour les médias. 120 plus tard les choses ont bien changé. Selon la formule savoureuse de KISSINGER : «  l'idéalisme traditionnel de l'Amérique doit s'allier à une évaluation attentive des réalités contemporaines pour élaborer une définition exploitable des intérêts américains »,  le PENTAGONE est dans le combat pour la nouvelle réalité créée par le viol de son « sanctuaire ». Dorénavant, les rapports de force passeront avant les valeurs. Les intérêts américains imposent au Pentagone d'occuper directement ou indirectement, par dirigeants locaux, plus affidés qu'alliés, les sources d'énergie pétrolière qui détermineront les futurs équilibres des forces dans le monde. Spécialement en Asie pour répondre au développement de ce continent entraîné par celui de la Chine. Sans oublier le contrôle des pulsions agressives et nucléaires de l'Inde et du Pakistan. A cet effet, la présence américaine en Asie centrale est devenue absolument prioritaire après le départ de la Russie. Tentée une première fois avec les Talibans Afghans elle a été ratée. Il faut leur trouver un successeur. C'est en cours, même si les intéressés ne se laissent pas faire. Car tout s'est compliqué lorsque l'ex ami Ben LADEN et sa légion Arabe ont choisi de construire dans les montagnes de l'Afghanistan leur propre sanctuaire, à l'abri des forces armées classiques du PENTAGONE, pour attaquer celui des Américains comme on l'a vu. Nous vivons en spectateurs largement manipulés l'acte 3 de cette tragédie. KISSINGER avait bien raison lorsqu'il disait, il y a à peine dix ans « qu'on n'imaginait pas la qualité ni le calibre des monstres qui surgiraient dans le monde de l'après guerre froide et que certains exigeraient qu'on les tue ». Hélas ! il n'a pas dit comment.
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2002-01-01
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2002 : ON PREND LES MEMES ET ON RECOMMENCE
# 2002 : ON PREND les MEMES et on RECOMMENCE Bonne et heureuse année, bonne santé à tous les lecteurs de l'Echo des arénes, courage et bonne humeur, l'année sera sportive. Après le long et sérieux « papier » du mois dernier je passe de Henry KISSINGER à Gustave NADAUD, que, sans doute, très peu d'entre vous connaissent. Vous êtes tout aussi peu nombreux à savoir que j'ai rang de Ministre de la République de Montmartre, en compagnie d'Alain JUPPE, et de Bertrand DELANOE, entre autres. Ce ministère de l'esprit frondeur me fait aimer les chansonniers, ce que fut Gustave NADAUD, lequel, il doit y avoir environ 130 ans, inventa, dans une de ses chansons, « les 2 gendarmes », le célèbre PANDORE, modèle de discipline et d'obéissance. Un bon siècle et quelques gyrophares plus tard on peut voir à quel point les choses ont changé ! Je n'en dis pas plus par respect pour mon grand-père qui fut un de ces pandores des gendarmeries de Rochefort et de Matha. Mais je n'en pense pas moins. Surtout quand je reviens 2 ans en arrière, dans les colonnes de l'Echo, lorsque j'évoquais la dégradation des 4 piliers de l'état, l'armée, la justice, l'école et l'administration. Je laisse à chacun le soin de se faire son opinion. Elle sera bien utile alors que nous entrons dans une super année électorale, laquelle verra s'affronter deux grandes options de modernité entre deux candidats qui ont, chacun, entre 30 et 40 ans d'action politique à poser sur la table à coté du micro de la télévision. Pour vous aider, je vais vous dire comment je vois les choses, du haut de la « butte », avec l'esprit frondeur dont je vous avais jusqu'à ce jour caché la manifestation. Eponge à lectures de toutes natures, je vois se préparer, dans ce que je lis, un combat, aussi violent que tordu, sur le ring des candidats à la grande ceinture Elyséenne. Selon les analystes les plus avisés, dont je ne fais que rapporter les brillantes conclusions, nous aurions un choix cornélien entre un « non homme d'Etat », l'actuel Président et un « homme du non Etat », l'actuel Premier ministre. Pour vous éviter la migraine j'ai essayé de comprendre pourquoi chacun des deux pensait ainsi de l'autre et le lui envoyait dire par quelques sbires au verbe haut. J'ai trouvé une explication dans le premier engagement de jeunesse des belligérants. Notre président, j'ai évoqué sa personnalité dans «l'Echo », après son dernier discours du 14 juillet, a fait sienne la maxime bien connue : « si on est pas de gauche à 20 ans, c'est qu'on a pas de cœur. Si on n'est pas de droite à 40 ans c'est qu'on a pas de tête ». Il a donc débuté sa carrière comme tout bon politicien français doit le faire pour durer le plus longtemps possible. Partant des frontières des mouvements communisants il a tourné à droite en sortant de son château de Bity. Les Français comprennent parfaitement la démarche. Ils ne sont pas plus surpris de le voir faire sympa et profil bas depuis 5 ans, après l'énorme bourde de la dissolution, et la perte de son bastion parisien. L'homme-Président vit dans le monde de la réalité, la où le doute, l'erreur et l'échec traquent celui qui inscrit son action dans la vie quotidienne des gens qu'il aime. Mais que cette attitude est exaspérante pour son challenger qui a débuté tout autrement, et, qui, dés l'adolescence, s'est installé dans le monde des idées, la où le doute, l'erreur et l'échec seront toujours niés, malgré les évidences de leurs dérives répétées. Notre Premier ministre, tout aussi énarque que le président, a donc débuté en se jetant, sans réflexion politicienne, au service de l'utopie idéologique la plus vaine et la plus fumeuse que le 20eme siècle nous ait apporté pour le malheur de ceux qui y ont cru. Méprisant les fondements et les formes des pouvoirs d'Etat, les Trotskystes se méfient des contraintes qu'impose tout gouvernement des individus et des structures. Certes, ils n'ont jamais trouvé leur place dans aucune démocratie, mais, en France, ils restent fortement présents dans les mouvements d'opinion ou de contestation des systèmes politiques par le combat idéologique. C'est leur vision de la vie en société. Ceci dit, on comprend que détestant toute autorité ils se sentent à l'aise chez nous. Heureusement pour lui, après ces errements qui auraient pu sonner le glas de ses futures ambitions, il est tombé entre les mains de son maître, F. MITTERAND, qui l'a ramené sur terre. Mais l'empreinte originelle est restée. On la sent dans tous les discours. « Mes idées sont, par principe, justes et bonnes, les actions qui en découlent sont tout aussi justes et bonnes. Ceux qui ne partagent pas mes idées sont dans l'erreur. Ceux qui les combattent sont nuisibles inconscients ou malhonnêtes. Le bon combat est de les attaquer durement et personnellement car la justice impose d'éliminer ces inutiles et ces bons à rien . Ou d'ironiser avec condescendance, en reléguant les anciens amis, (Allégre, Chevénement) dans le rôle du vieux camarade nostalgique qui ne comprend rien ». Quant au bon peuple, qui pense que les belles idées ne nourrissent pas assez la famille, inutile de discuter, il ne comprend rien lui non plus. Mais donnons lui tout de suite ce qu'il demande pour que ses braillements ne troublent pas la sérénité des grands penseurs en leurs palais républicains, ni ne les empêchent de pouvoir s'y maintenir. Chacun a pu voir et entendre que, sitôt la probabilité de sa candidature évoquée, le premier échange public a bien eu ce ton d'hostilité personnelle. Les premiers coups de pied ont visé l'homme plutôt que le ballon, l'ancien ami comme l'éternel ennemi. Tout aussitôt la grande distribution d'argent a commencé aux premiers qui se sont présentés, en attendant les autres qui auraient bien tort de ne pas en profiter. On va nous rejouer les MONTAGNARDS contre les GIRO NDINS. La télé tranchera à la place de la guillotine, et les Français paieront l'addition en 2003.
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2002-02-01
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LE ROI, LE CINEASTE ET LE COUTURIER
# Le ROI, le CINEASTE et le COUTURIER Nous sommes le dimanche de l'Epiphanie. j'écoute, distraitement, la radio en attendant les enfants qui viennent déjeuner. Voila, qu'entre deux évasions du mollah Omar, j'entends une haute et tonitruante personnalité de notre bon vieux cinéma gaulois condamner, sans appel, le président français de Vivendi Universal, Jean-Marie Messier, coupable, à ses yeux, de vouloir transformer Canal plus en Canal moins de subventions pour nos toiles hexagonales. Au même moment, se superpose, dans le poste, l'information, toute en retenue et en nostalgie, qui annonce la retraite de notre plus grand couturier Yves Saint Laurent. Ce rapprochement inopiné entre le tonitruant cinéaste et le discret couturier nous en apprend plus que des tonnes de livres sur notre unique et mondiale exception française. Nous vivons depuis 45 ans dans une monarchie sans Roi. Elle se perpétue depuis 30 ans avec la seconde famille régnante qui s'est installée, après celle du Général, dans les palais parisiens, avec ENA 1^er^. A l'évidence, cette dynastie conservera le trône en 2002 . Comme dans toute monarchie il faut une cour au sein de laquelle brillent la culture et le faste. L'une et l'autre valorisent le souverain, quitte à ce qu'il entretienne leurs créateurs. La haute couture et le cinéma en sont les instruments contemporains. Or notre monarque Républicain n'a pas toujours les moyens de payer le faste et la culture. Il n'est donc pas étonnant que la querelle de leur financement soit engagée par ceux qui refusent de l'obtenir par les activités triviales et déshonorantes du « marché » ; Les Américains, qui n'ont connu ni le Roi ni Versailles ne comprennent rien à tout cela. Ils ont créé une industrie mondiale des loisirs populaires (télé, cinéma) dont les produits se vendent bien , y compris chez nous. Ils ne voient que divertissement et rentabilité où nous ne voyons que culture et subventions. C'est en cela qu'ils ont bien rigolé lorsque l'Etat banquier français a entretenu, à grand frais, la fameuse Métro Goldwin Mayer, celle dont le lion a rugi sur tous les écrans du monde. Ayant vécu le cauchemar de « privatiser » cette société pour arrêter l'hémorragie en la rendant aux Californiens, j'ai quelque expérience sur ce qu'est Hollywood. Et sur les cinéastes français tonitruants qui, il y a six ans, voulaient garder la MGM comme d'autres veulent garder le Larzac, sans regarder le coût. Q'en penser aujourd'hui ? La France, à la différence des Anglais, des allemands et des Italiens a bien protégé son marché national qu'elle a contrôlé à 40% cette année. Elle dispose de produits de qualité (télé et cinéma) qui trouvent leur place malgré le handicap de la langue . Donc, il ne faut ni culpabiliser ni douter. On finance le cinéma en faisant payer le divertissement populaire de masse de la télé , comme la haute couture couvre ses pertes par la consommation populaire du prêt à porter. C'est très bien ainsi, et ce n'est pas fini. De temps en temps on se fâche, pour la galerie, en évoquant les grands principes, entre celui qui estime ne pas recevoir assez et celui qui estime trop donner. C'est de bonne guerre, comme au temps du Roi. Mais ça ne vaut pas la peine de tirer à boulets rouges sur Vivendi Universal. Personne ne sait comment Hollywood va acclimater les capitaux et le management français dans sa chasse gardée. Quelque soit notre manie d'auto dénigrement on est en train de se donner des verges pour se faire fouetter, alors qu'on devrait être fiers d'avoir mis la main sur une « major » de l'industrie du divertissement mondial. Les vrais Rois, deux Empereurs, et la 3eme République qui ont fait la France dont a hérité ENA 1^er^ savaient qu'il faut du faste et de la culture chez soi et du commerce juteux chez les autres. Du pain et des jeux disaient les Romains de l'antiquité.
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2002-03-01
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BONAPARTISTE... MAIS DE GAUCHE
# BONAPARTISTE... mais de gauche Lorsque vous lirez ces lignes la campagne pour la Présidentielle aura débuté. Sans passionner les foules tant sont nombreux ceux qui ne se sentent pas concernés par un quasi -choix entre 2 couleurs vestimentaires d'un même haut fonctionnaire, fabriqué par la même école et empaqueté par les mêmes « communicateurs ». Peu importe, car au-delà de ce quasi - choix, le prochain scrutin présidentiel éclairera notre avenir plus qu'aucune élection l'ait fait depuis longtemps. Je m'explique. L'IDENTITE FRANCAISE, la GAUCHE et le BONAPARTISME. J'ai connu, à la fin de sa vie, Clément VILLENEAU, qui a son square à St Jean d'Angély. Avocat saintongeais, patoisant truculent, il avait été élu député au début du siècle dernier en claironnant son bonapartisme «  mais de gauche ». Quand on le taquinait sur ce passé, il affirmait de sa voix de stentor que l'identité française se reconnaissait dans cette option politique, pour la REPUBLIQUE, pour l'AUTORITE, contre la BOURSE et contre les ANGLAIS. Je laisse au lecteur perspicace la charge de trouver parmi les candidats déclarés celui qui correspond à cette identité. Je l'ai trouvé en petit déjeunant avec lui ce matin. Mais j'ai compris que son entrée dans la compétition nous révélerait dans quel état est le quasi -pouvoir à 2 tètes qu'il qualifie (humour noir) de « twin towers ». POUVOIR a PRENDRE ou POUVOIR à RAMASSER. Je me souviens qu'au moment de la convulsion politique et militaire qui précéda le retour du Général De GAULLE en 1958 il avait répondu à la question sur sa manière de prendre le pouvoir ; Le POUVOIR n'est plus à PRENDRE il est à RAMASSER. Vous l'avez lu dans l'Echo, je me suis interrogé, plusieurs fois, sur la réalité du pouvoir à deux tètes qui est sensé nous gouverner. Sans conclure, convaincu que j'étais que la réponse serait donnée au plus tard en 2002-2003, et que nous connaîtrions le vainqueur dans le combat entre l'identité et l'appartenance qui inspire toutes mes chroniques. Nous y sommes. Je vous livre ma conclusion. Si J.P. CHEVENEMENT est éliminé au premier tour, cela signifiera que nous avons changé d'identité, que nous sommes murs pour appartenir à une vaste communauté qui accueillera nos particularismes régionaux, au milieu des autres européens, et que nous aurons moins de République, moins d'autorité, plus de bourse et plus d'Anglais. Si le « CHE » est battu au deuxième tour, cela signifiera que notre identité reste forte, qu'il faudra avoir le courage de l'assumer au sein d'une Europe à laquelle nous appartenons, dans un monde devenu agressif , et que le pouvoir aura tenu le coup. Enfin si le « CHE » est élu cela signifiera que le pouvoir était à ramasser, ce qu'il est préférable de savoir maintenant que d'attendre que des aventuriers le ramassent. A vous de jouer, comme dirait un célèbre animateur distributeur de millions à la télé. C'est votre dernier choix, Marianne.
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2002-04-01
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VAL FOURRE ET COUPS FOURRES
# VAL FOURRE et COUPS FOURRES Les crachats des gamins de la cité du Val fourré sur le candidat Président de la République, ajoutés aux coups fourrés des affaires, et à l'irrespect haineux qui s'installe entre les deux chefs du pays, donnent à la campagne présidentielle une forme détestable. Je n'en suis ni surpris, ni étonné, puisque, dés 1999, dans l'ECHO, j'expliquais que « le temps achèverait son œuvre » au moment de l'élection de 2002, en renvoyant au passé révolu le type de président Gaullo-républicain, modèle 58-62, qui n'a plus la cote . Puisque, grâce à l'ECHO des ARENES, je peux exprimer mon sentiment, et que, par l'indispensable renouvellement des chroniqueurs, je ne commenterais pas l'élection de 2007, j'en profite pour envoyer trois messages. Un à ces messieurs du deuxième tour, un à Lionel, un à Jacques, qui sont en chasse après ma très modeste voix. ## Aux MESSIEURS du DEUXIEME TOUR Je dis à vous, Messieurs, car je ne vois pas qu'ARLETTE, si travailleuse soit elle, tricote assez vite, dans la course de sa lointaine banlieue vers l'Elysée, pour vous rattraper. Donc, Messieurs, je suis sensible au fait que vous ayez fait semblant de vous intéresser au premier tour de l'élection, en descendant dans la piscine, dés le premier jour, comme dans le « loft », pour vous assurer la place en finale, en attendant que les petits candidats à l'élimination laissent la place libre pour les deux seuls candidats à l'élection. Mais ne confondez pas réussite et succès. L'un de vous deux, du fait de l'élimination de l'autre, comme dans le « loft », réussira soit à changer de place au conseil des ministres, soit à changer de premier Ministre. Après quoi le succès sera très loin d'être garanti tant le poste que vous guignez va se transformer rapidement en casse gueule. Certes vous avez l'expérience du job, et depuis bien longtemps, mais ça ne suffira pas. D'abord parce qu'aucun de vous deux ne s'est révélé capable de rassembler tout son camp, ce qui est indispensable pour pouvoir travailler, au moins pendant deux ans. Ensuite parce qu'aucun de vous deux ne disposera du soutien populaire, ni de l'adhésion suffisamment forte qui lui permettrait d'engager les réformes tant retardées, et d'affronter les difficultés que la situation internationale, européenne, nous annoncent. Enfin parce que neuf années d'un pouvoir à deux tètes ont ravagé la fonction de président qui vous fascine, et vous inspire un désir aveugle, qui ignore cette réalité. On verra, aux vendanges, comme on dit chez nous, si je me suis trompé. Bon courage !! ## A LIONEL, le RETAIS S'il vous plait, voulez vous m'expliquer ce que signifie « présider autrement ». Je crois comprendre que vous voulez faire le contraire de celui auquel vous voulez succéder. Après tout, pourquoi pas, mais comme vous jurez qu'il n'a rien fait, je ne vois pas comment faire le contraire de rien, sauf quelque chose, mais quoi ? GOUVERNER, bonne idée, la France commence à en avoir besoin. Avec un gouvernement issue d'une assemblée de « godillots » ?, Le modèle a été cassé en 1986, et 1997 au point, qu'une fois passés les 6 premiers mois , ce sont les copines et les copains de l'ENA, qui confisquent le pouvoir, qui échappe au politique. Allez vous continuer ? GOUVERNER, c'est prévoir disait un de vos illustres modèles. Vous ajoutez avec vérité et sincérité. Très bien. Alors que prévoyez vous de faire si le scrutin de juin vous envoie une assemblée hostile, par un geste farceur comme celui qui vous a mis ou vous êtes. La sincérité vous impose de dire si, dans 3 mois, vous jouerez la crise institutionnelle. GOUVERNER, c'est aussi assumer. La rumeur de campagne dit que vous êtes un homme de bilan sans passif. Possible, puisque les 35 heures, c'est Martine, la justice déglinguée, Elizabeth, et l'insécurité votre passagère naïveté. Très bien, mais une fois au pouvoir il va falloir assumer, au risque de fâcher les amies. En aurez vous le courage ? Je vous dis tout ça, au cas ou je vous rencontrerais à votre « atelier » du 325 rue St Martin en allant dîner avec mes enfants qui habitent au 327. Rendez vous le 5 mai. ## A JACQUES le GAULOIS Un mot d'abord pour votre chantre et ami Denis Tillinac, Chirac le gaulois, je l'ai déjà décrit dans « l'ECHO » de septembre 2001, c'était à la fois plus court, et plus vrai. Parlant de vrai, la réflexion me saute à l'esprit, du chinois LAO TSEU, il y a 25 siècles Selon ce grand penseur, ce qui est agréable n'est pas vrai, et ce qui est vrai, désagréable. Cette évidence interrompt mon propos, « me coince le clavier ». je n'ai plus envie ni de vous dire des choses agréables, ni de vous dire les vraies. Tant pis. Alors je vais me limiter à un sentiment d'amicale solidarité avec les jeunes hommes et femmes politiques de ma famille libérale sociale qui vous soutiennent. Ils ne sont pas du compagnonnage de vos autres conquêtes, qui a connu tant de vicissitudes. Ils pensent que vous êtes le seul capable de les « faire gagner » ! Je croise les doigts pour, qu'après les deux tours de mai ils aient gardé suffisamment de force et de lucidité pour affronter les deux tours, cette fois cruciaux, de juin. Je ne voudrais pas qu'ils soient conduits à venir défiler dans les arénes dont nous portons l'écho, en chantant comme les gladiateurs devant l'empereur de Rome : ## CEUX QUI VONT MOURIR TE SALUENT Entre nous deux, vous n'en avez pas un peu marre de toujours vouloir séduire la France, l'ingrate, qui ne vous a donné que six ans de pouvoir ( 1974-1976. 1986-1988. 1995-1997) en presque 30 ans de bagarre politique au sommet. Si encore vous le faisiez pour préparer la place à un successeur reconnu et accepté, on pourrait comprendre. Mais qui, mais qui, mais qui, comme disait une chanson de votre jeunesse. Allez, rendez vous en juin , 62 ans après le grand appel fondateur du Gaullisme. Cet appel de juin qui a mis cinq ans à faire oublier l'effondrement de mai.
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2002-05-01
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SOPHIE, 18 ANS @ PRÉSIDENTIELLES.FR
# SOPHIE, 18 ans @ Présidentielles.fr ## Bonjour Sophie Tu me demandes de t'aider à comprendre avant de voter le 5 mai , à quoi sert un gouvernement, et pourquoi il faudrait que tu votes.  Je ne suis pas surpris, puisque tu es née justement l'année (1984) qui a vu la haute administration remplacer un gouvernement dont tout le monde a appris a se passer. Donc tu vas voter pour que nous gardions un président et des députés au cas ou un jour on en aurait besoin, ce qui ne va pas tarder. Je t'explique : ## Les FRANÇAIS ONT ILS LE DESIR D'ETRE GOUVERNES ? NON. Jean-Pierre CHEVENEMENT l'a cru, il s'est trompé. En général les Français préfèrent être administrés que gouvernés. Ils supportent mal le « patron » ils préfèrent le « fonctionnaire », d'abord parce que, dans leur majorité, ils rêvent de l'être, ensuite parce qu'ils pensent que ça leur sera plus facile d'obtenir de lui, en cassant quelques vitrines, ce que tout patron, normalement constitué, aurait refusé, enfin parce que la France est le seul pays qui a une école d'administration, et qu'il faut bien donner, à ses brillants diplômés, des beaux bureaux et des voitures-chauffeurs, dans une administration qui ressemble à un gouvernement. Donc, les Français n'ont aucun désir d'être gouvernés, et ils le montrent clairement en dispersant leurs votes sur les 13 candidats à « l'élimination » qui n'ont aucune chance de devenir des gouvernants. Tout le monde râle après elle, mais l'ENA va continuer à nous administrer pour les cinq ans à venir. Sans doute pour la dernière fois. ## Les FRANÇAIS RESSENTENT ILS LE BESOIN d'ETRE GOUVERNES ? NON. Pour le moment, les Français n'ont pas plus de besoin que de désir d'être gouvernés. Regardes la réalité en face. Tout le monde dit que le septennat Chirac a été nul . C'est faux, l'histoire, le confirmera. Ou trouver, depuis un siècle, une période aussi faste ? Pas de guerre qui ajoute des noms aux monuments aux morts, plus de service militaire. Plus de révoltes ni de barricades. Des sportifs et des équipes au top niveau mondial dans les plus grands sports populaires. Plus d'inflation qui ronge les salaires. Des entreprises qui rachètent leurs concurrents aux Etats unis, au Japon, en Angleterre et sont plusieurs dizaines à figurer sur la plus haute marche du podium mondial. l'Euro réussi. la France premier pays touristique et seul pays capable de matcher les Etats unis dans leur marché de la communication de masse. Airbus, le TGV, Ariane , Etc, et j'en oublie. Tout cela serait génial si on avait assuré l'avenir, le tien, ce qui reste à faire. Donc, les Français, qui ont le bonheur de vivre dans un pays jalousé par tout le monde, qui sont parmi les plus riches du monde en travaillant le moins, ne sont pas près de demander qu'on les gouverne. De toute manière l'Europe s'en charge. Ils veulent profiter du bon temps en jouant à la révolution avec ARLETTE et au père fouettard avec Jean Marie Le PEN. Point barre . ## ALORS FAUT IL VOTER, POURQUOI FAIRE ? Le temps viendra où tu ne te posera plus la question quand tu auras compris que la culture et le bulletin de vote sont les deux derniers éléments de la citoyenneté quand tout les autres ont disparu. Aujourd'hui, tout va tellement bien qu'on peut négliger l'essentiel et passer son temps avachis devant « Loft story » en oubliant d'aller voter. Très bien. Mais les bonnes choses ont une fin. Lorsque les bêtises accumulées vont produire leurs effets, il faudra s'habituer au retour des querelles entre les peuples européens, en bagarre depuis des siècles, ficelés dans une organisation dont ils ne pourront sortir, sauf à s'en faire virer, comme dans le « maillon faible ». Comme il vaut mieux éviter cette sortie dramatique, il faudra bien que nous ayons un vrai président et de vrais députés pour résister, avec tout le pays, dans la tourmente qui suivra ces années de belle époque, sans qu'ils nous obligent, par leur incompétence, à remettre les monuments aux morts en activité. C'est pour garder cette chance qu'il faut voter. Même si la tète des candidats ne te branche pas. Pour les 2 qui restent, il y a mieux, mais il y a surtout bien pire.
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2002-06-01
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LA FRANCE D'EN BAS ET LES FRANÇAIS D'EN HAUT
# La FRANCE D'EN BAS et les FRANÇAIS D'EN HAUT Lorsque je me suis rendu compte, il y a quelques années, qu'au fond d'elle-même la société française risquait de se casser, j'ai entrepris un effort de réflexion que je voulais résolument local, dans cette France, dite d'en bas, à laquelle je suis très attaché, natif que je suis d'une Charente qui était, à l'époque, inférieure, et dont l'Echo des arénes est l'expression la plus véritable. J'aurais pu destiner ces réflexions au microcosme parisien auquel j'appartiens, mais je n'ai pas voulu pour tenter, sans succès apparent, de ramener le débat à sa place utile, provinciale, locale. ## Les FRANÇAIS D'EN HAUT CONTRE la FRANCE D'EN BAS Dés ma première chronique, j'ai critiqué l'ENA , et son réseau dominateur de Français d'en haut qui ont mis main basse sur la France d'en bas. Cela mérite une explication. Depuis 20 ans je vis avec des anciens élèves de «  l'école ». je les ai connus comme patrons, comme collègues ou subordonnés. J'affirme que, dans une immense majorité, ils sont compétents, loyaux et dévoués et qu'ils méritent notre estime et notre respect. Par contre, « l'école » a produit un réseau de domination, très minoritaire parmi les anciens élèves, sans chef ni visage, qui s'est imposé, avec beaucoup d'ambition et de méthode. Ce réseau est en grande partie responsable de nos difficultés d'aujourd'hui. L'un des leurs, il y a 25 ans l'avait prédit dans un livre « L'Enarchie » oublié depuis. Ils ont confisqué le pouvoir politique en deux temps. Rassemblés au cours de la deuxième moitié des années 70, ils se sont considérablement installés et développés dans les gouvernements de gauche, arrivés en 1981 sans expérience du pouvoir. Puis, pour éviter de subir la légitimité des élus qui auraient pu contrarier leurs ambitions, ils ont laissé se développer dans la classe politique des phénomènes de passe-droit, voire de corruption, qui l'ont déconsidérée, alors qu'ils auraient pu les enrayer dans les fonctions qu'ils occupaient. En même temps ils ont pris en mains quelques juteuses entreprises nationalisées, et, pour parfaire, pris le contrôle des partis politiques de gouvernement. Ils ont confisqué le savoir politique en éliminant tous ceux qui n'appartenaient pas à leur réseau. Je parle d'expérience vécue. Ils ont caché à la France d'en bas ce qui la menaçait, pour qu'elle ne mette pas le nez dans leurs affaires. Ils n'ont rien dit, ni rien fait, pour traiter les conséquences prévisibles à long terme des immigrations massives, provenant du bassin méditerranéen, que l'Europe de l'ouest avait du accepter pour se reconstruire après la folie destructrice du fascisme. Ils ont laissé l'école de la république, jadis modèle d'intégration, aller à vau l'eau avec les conséquences que l'on vit au quotidien. Ils n'ont rien dit, ni rien fait, lorsque l'effondrement de la Russie, et la réunification de l'Allemagne, ont entraîné l'hégémonie financière et militaire des Etats unis, et l'émigration miséreuse des peuples d'Europe ruinés par le communisme. Enfin, ils ont laissé la société française se morceler en d'innombrables chapelles, corporations, et groupuscules de pression, se contentant de regarder, en rigolant, les défilés et les manifs de tous genres aussi infructueuses que les processions moyennageuses contre la pluie ou la famine. Voilà ce qu'ont fait les membres du réseau des Français d'en haut grâce à la naïveté du parti politique qui a gouverné durant 16 années sur les 20 qui ont leur ont permis de développer leurs nuisances. ## Et MAINTENANT, OU EN EST LA FRANCE D'EN BAS ? Méprisée, oubliée, désinformée, la France d'en bas a failli faire une énorme bêtise le 21 avril en installant en tête des forces politiques du pays un mouvement digne des folies des années 30 et porteur des même catastrophes. Elle a oublié que l'abstention est la porte grande ouverte aux tyrans. Si on ajoute son retour d'affection pour la dictature du prolétariat qui a détruit la Russie éternelle, on peut avoir grande peur de voir 60 % de la France d'en bas, saisie par une telle folie suicidaire, chercher, aujourd'hui, chez les auteurs des tragédies du 20eme siècle, le fascisme le marxisme, ou leurs sous produits, la guérison des maladies que leurs perversités nous ont transmises. Pire encore, parce que plus insidieux, le parti qui a cohabité pendant 16 ans avec le réseau des Français d'en haut, et qui, pour cela, a été sanctionné par son électorat entend revenir au pouvoir, sans prendre le temps de l'examen de conscience, pour continuer comme avant. En plaidant pour une nouvelle cohabitation qui sera l'équivalent de la balle qui tue dans le jeu de la roulette russe. Si seulement le « séisme » de l'élection pouvait ouvrir les yeux de tous nos hommes, et toutes nos femmes politiques ! ! ! ! ! .... Et de leurs électeurs. Je sais que je demande des choses difficiles, aussi pour la réflexion des uns et des autres, je leur destine la fable de L'AVEUGLE et des SALTIMBANQUES. Il était une fois, pour une foire de la Saint Jean, place de l'hôtel de ville à Saint Jean d'Angély, au milieu des manéges, un couple de saltimbanques. Un pitre qui faisait d'horribles grimaces et des ombres chinoises pour faire peur, un jongleur qui faisait virevolter tout ce qui lui tombait sous la main. Ce couple, malin, avait embauché un aveugle, vrai ou faux, qui portait de grosses lunettes noires et jouait de la clarinette pour rassembler les passants. Cet aveugle n'avait pas son pareil pour tendre la corbeille et la faire remplir par les spectateurs apitoyés par son infirmité. Puis une fois la corbeille posée sur son tabouret, le jongleur y piquait le plus gros de la monnaie qu'il partageait avec le pitre, avant de faire trois parts du reste. Au citoyen outré qui leur en fit reproche les deux saltimbanques répondirent d'une seule voix : IL A QU'A PAS ETRE AVEUGLE. Mesdames et Messieurs les Ministres, vous allez fréquenter, au quotidien, les meilleurs de nos pitres qui vous feront miroiter leurs belles images, et les meilleurs de nos jongleurs qui vous éblouiront avec leurs chiffres. De grâce, ne mettez jamais de lunettes opaques, ni pour faire la quête des suffrages, ni pour faire plaisir aux saltimbanques qui attirent le badaud. Ne faites pas mentir mon précédent propos d'avant les présidentielles, quand j'écrivais, dans « l'Echo » à ma petite fille Sophie, qu'on aurait vite besoin de notre Président et de nos députés. La moitié du chemin est faite, il reste la dernière la plus dure. Soyez courageux et prudents.
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2002-07-01
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VAGUE BLEUE, CARTE BLANCHE, CARTON ROUGE
# VAGUE BLEUE, CARTE BLANCHE, CARTON ROUGE Mon député parisien ayant été élu dés le premier tour, je me suis trouvé libre pour rejoindre ma chère Saintonge et y vivre, à Chaniers, la soirée électorale du deuxième tour des législatives en partageant le « petit bonheur » de mon ami Xavier De ROUX. C'est ainsi, qu'en regardant couler l'eau de la plus belle rivière du royaume, me sont venues ces quelques réflexions peintes à nos trois couleurs. ## LA VAGUE BLEUE François MITTERAND a du se retourner dans sa tombe charentaise, lui qui savait si bien qu'on ne fait jamais de bonne politique avec de bons sentiments, en voyant son élève et candidat successeur perdre un pouvoir qu'il tenait à portée de main, en laissant, tout naturellement, la « vague bleue » de la marée du 16 juin remonter la Charente jusqu\'à JARNAC. Car il ne faut pas se tromper sur la réalité. Ce n'est pas le parti socialiste qui s'est effondré comme en 1993, c'est celui qui en était le chef incontesté qui s'est effondré en oubliant les trois éléments essentiels de toute action politique, l'AUTORITE, la RESPONSABILITE, la DIGNITE. Il a perdu toute autorité sur son camp en le laissant partir en débandade, en laissant le pluriel de son électorat exploser au moment ou il aurait fallu l'encadrer avec l'énergie de celui qui subordonne tout à sa victoire, comme a su le faire le camp d'en face, le mien. Il a perdu tout sens de sa responsabilité en laissant tomber son électorat et ses troupes dés la première bataille perdue, comme s'il n'y en avait pas d'autres, et comme si la guerre était elle même perdue. Il a perdu tout sens de la dignité en demandant de voter pour celui contre lequel il avait engagé le combat électoral sur le thème de son indignité pour l'exercice d'une fonction qui lui fut alors confiée dans les conditions que l'on sait, rendant, par la même, totalement incompréhensible le démarche engagée. Avec l'abstention pour réponse. La « vague bleue » est passée par le trou ainsi creusé dans la digue de grés rose. LA CARTE BLANCHE En dehors de la tenue, par un gouvernement intelligemment construit, des promesses du Président élu le 5 mai, sur des sujets qui ne sont que le rattrapage du retard considérable accumulé depuis le blocage du pouvoir par les manifestations de rues en 1995, on ne peut pas dire que le nouveau pouvoir ait une « feuille de route » bien claire. Pourtant, l'électeur a voulu que ce pouvoir soit absolu, à l'exception de Paris qui retrouve la place d'opposant de gauche, comme sous la troisième république de la fin du 19^ème^ siècle qui fit tout pour diminuer l'influence de cette ville turbulente. Alors il faut regarder au delà de l'horizon pour comprendre pourquoi le peuple qui reste le meilleur juge de son avenir a donné une telle « carte blanche » dont j'espère que nos nouveaux élus prendront conscience. Qu'on le veille ou non, nous sommes au début d'un nouveau cycle historique, comme il y a une vingtaine d'années, lorsque nous avons abordé, à reculons, le précèdent marqué par l'effondrement du communisme totalitaire, l'émergence de la domination économique et culturelle anglo-saxonne, et la mondialisation de nombreuses activités humaines. En 1981, comme en 2002, le pouvoir fut absolu, ce qui lui permit de changer de cap dès 1984, en remettant la France à l'endroit dans le mouvement mondial. Aujourd'hui, rebelote, et carte blanche pour remettre tout de suite la France à l'endroit après 5 ans d'idéologie trotsko-technocratique. Et pour la préparer au mauvais temps qui vient avec des générations plus violentes et plus totalitaires, avec le retour des guerres entre «  l'axe du bien et l'axe du mal », le recul de la mondialisation économique et financière au profit d'une continentalisation des pouvoirs en grandes entités et communautés de culture et d'intérêts, et la transformation du modèle étatique qui rend notre pays plus vulnérable que les autres face aux conséquences de ces évolutions. Je dis aux « conscrits de Chirac II », à tous ces nouveaux Ministres et Députés, vous avez une révolution à faire en 5 ans, après il sera trop tard. Vous en avez les moyens, employez les avec autorité, responsabilité et dignité. Et si, à la sortie, vous êtes virés, ce qui n'est pas sur, peu importe, le travail aura été fait. N'oublions jamais qu'après avoir remis la France debout 2 fois le Général a été lui aussi viré 2 deux fois, par plus médiocre que lui, malgré son autorité et sa dignité. ## LE CARTON ROUGE Pour bien confirmer sa volonté de se débarrasser de la contrainte trotsko-technocratique qui rendait le jeu politique incompréhensible, l'électeur arbitre a manié le carton rouge avec une énergique générosité. Les joueurs les plus agressifs, les plus prompts à jouer le bonhomme plutôt que le ballon, les plus méprisants pour le spectateur ou pour leur propre camp par leur statut de vedettes médiatisées ont été réexpédiés, vite fait, dans leurs vestiaires comme d'autres qui sont allés bien loin jouer aux champions du monde au milieu de ceux qui, eux, jouaient au ballon. Quelle leçon tirer de ces expulsions qui visent moins la personnalité, souvent estimable, de ces exclus du jeu, que les postures idéologiques, partisanes ou tout simplement personnelles, prises pour donner des gages aux créanciers qui leur ont prêté tribunes et écrans pour mieux éblouir l'électeur. Ces cartons rouges ont le mérite d'avoir fait découvrir de jeunes talents qui ne doivent rien au pouvoir de la télé. Ils annoncent l'affaiblissement du pouvoir des saltimbanques et des jongleurs que j'évoquais le mois dernier. Au podium l'arbitre.
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2002-08-01
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ANCIENS PAUVRES ET NOUVEAUX RICHES ANCIENS RICHES ET NOUVEAUX PAUVRES
# ANCIENS PAUVRES et NOUVEAUX RICHES ANCIENS RICHES et NOUVEAUX PAUVRES Lorsqu'il y a deux mois j'ai dénoncé dans ma fable « l'aveugle et les saltimbanques » l'ignoble exploitation des infirmes, je ne pensais pas que l'actualité rejoindrait, si vite, un simple propos de mise en garde et de lucidité destiné à nos gouvernants. En rappelant que, dans un pays où les rapports entretenus avec l'argent, entre les riches et les pauvres, ont un caractère passionnel, ce sont toujours les intermédiaires dans le commerce de la charité ou de l'égalité qui s'enrichissent, en argent ou en pouvoir, parfois même en cumulant les deux. Il y a tant d'exemples de cette réalité que je n'insiste pas. Comme le temps est aux vacances, je vais faire moins sérieux en évoquant, sur ce sujet, une ancienne image, très soixante-huitarde, dessinée, il y a bien une trentaine d'année, et que, dans mes souvenirs, j'attribue à WOLINSKY. Selon lui il n'y aurait que trois manières d'organiser la société entre les riches et les pauvres quand il n'y a que 9 parts de gâteau à répartir entre 10 convives. Ce qu'est devenue, statistiquement, la situation de notre beau pays au début du 21^ème^ siècle. La MONARCHIE, dont chacun sait, sans rire, que nous nous en sommes débarrassés. Elle permet au Roi de manger tout le gâteau, et de faire, au moins, un content sur dix. Dans les pays qui ont conservé cette pratique il suffit que le bon docteur KOUCHNER arrive avec son sac de riz pour contenter les neuf affamés, et la prospérité du système est assurée avec des comptes fiscalement paradisiaques pour l'avenir de Roi et des siens. Le COMMUNISME qui impose de découper chacune des neuf parts en dix et de les distribuer de manière parfaitement égalitaire. A condition de créer une administration pour découper chaque part au millimètre, de les distribuer avec des bons et des reçus, en faisant de même avec les miettes que la morale marxiste interdit de garder pour soi. Le seul ennui vient de ce que pour payer le coût de cette noble administration il faut vendre la moitié du gâteau aux riches étrangers, puis redécouper les parts restantes, ce qui fait hurler tout le monde et s'abstenir 40 % des électeurs. Je vous laisse deviner dans quel pays ce système a fonctionné, qui a fait dire, récemment , à un de ses brillants économistes «  comment, en 5 ans a t'on pu prendre autant aux riches et donner aussi peu aux pauvres », lesquels se sont vengés le 21 avril. La DEMOCRATIE qui permet à la majorité élue de garder pour elle 5 des 9 parts et de laisser la minorité se débrouiller avec les 4 restantes pour 5 bouches à nourrir. Théoriquement, c'est le système qui fait le moins de mécontents, mais il est quand même plus prudent d'embaucher quelques policiers et gendarmes de plus. Je laisse au lecteur le soin d'apprécier cette pensée profonde d'un humoriste de la BD avant de dire un mot d'encouragement aux anciens riches actionnaires de VIVENDI. Il y six mois, pressentant que VIVENDI UNIVERSAL risquait de redevenir VIVENDI HEXAGONAL, j'avais alerté, dans l'ECHO, en disant « que nous étions entrain de se donner des verges pour se faire fouetter ». Six moins de plus et J6M en moins, c'est fait. Personne ne pourra plus dire comme dans la publicité destinée aux myopes baptisés mal voyants «  VU j'ai pas vu ». Puis, vu la situation dont ont hérité les nouveaux dirigeants, croisons les doigts pour que les anciens riches de VU ne deviennent des nouveaux pauvres. Ce qui permettrait à HOLLYWOOD d'en faire un film d'horreur, à nos frais. Un mot pour finir. Il n'y a pas que la richesse dans la vie. Il y a aussi la beauté. Avec le grand soleil, la grande bleue et les tous petits vêtements de l'été, notre côte de beauté, si bien nommée, peut nous offrir une cure « d'oubliothérapie » à l'œil, au propre comme au figuré. BONNES VACANCES.
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2002-09-01
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L'EUROPE D'EN BAS UNE MONNAIE, DEUX LANGUES, TROIS DRAPEAUX
# L'EUROPE d'en BAS Une MONNAIE, Deux LANGUES, Trois DRAPEAUX Chacun connaît, ou devine, l'EUROPE d'en HAUT, avec son armée de fonctionnaires qui font hurler de colère agriculteurs, chasseurs, pécheurs, routiers, défenseurs de la langue française, et ...mon ami député voisin de colonne dans l'ECHO Quelques semaines par an, nous rencontrons l EUROPE d'en BAS, dans l'affluence qui se presse sur nos plages et dans nos villages, en espérant le beau temps qui la fera revenir l'année suivante. Mais cette brève rencontre ne permet pas d'apprécier la nature de cette Union européenne qui est devenue si présente dans notre quotidien. Pratiquant volontiers les courtes escapades qui permettent d'aller « tâter le pouls » des proches voisins, j'ai transporté mes réflexions printanières dans une douzaine de villages, tous situés dans des régions de fort caractère. En vous faisant partager ces balades je vous aide à poursuivre vos propres vacances. Ce furent d'abord ces villages chargés d'histoire religieuse, sur la route qui longe le chemin de Compostelle, le périlleux « camino Frances » . Villages qui ont vu, et voient encore, défiler toute l'Europe depuis dix siècles de combats, de luttes, de souffrances et d'efforts pour les pèlerins de St jacques, dont la trace est vivante dans notre Saintonge. Villages espagnols de l'ombrageuse Navarre, de la fière Castille et de la riche Galice. Ensuite les villages de pierre sèche de la Balagne Corse, dont presque chaque nom évoque, le temps d'une actualité violente, l'indomptable et farouche insularité qui prospère dans ces maquis aux odeurs entêtantes, tout en conservant un œil sur la baie de Calvi et son ouverture enrichissante vers le « continent » et au delà, l'Europe. Puis les villages de la province basque française du Labourd, dans le triangle Bayonne, Hasparren, Ascain, modèles conservés de civilisation agro-pastorale vivifiée par le tourisme, entretenue par la volonté toute aussi farouche de maintenir une identité vert, blanc,rouge, que je reconnais puisqu'elle fut celle de mes ascendants maternels. Enfin ces villages de la Flandre occidentale et maritime, pays plat pour les belges, Pays bas pour les Hollandais, villages fondus dans l'eau, un peu comme les cerises dans la pâte des clafoutis de ma Grand mère. Comme ce port de Willemstadt, totalement noyé par la crue de 1953, qui conserve la première église calviniste d'Europe, sans nef ni autel, qui me ramène, en pensée, vers ce village de Fromista, au cœur du plateau desséché et pelé de la Castille, qui conserve un des plus anciennes églises romanes que l'on puisse visiter, avant même notre trésor roman saintongeais d'Aulnay. Voilà l'Europe de proximité, comme on dit maintenant, une Europe d'en bas, à l'abri des agitations des grandes villes. Europe de villages et de petites communautés dans lesquelles s'est implanté, récemment, un mode de vie caractéristique de cette Union de 15 pays ouverts les uns aux autres, mode de vie construit sur trois bases. L'EURO, la monnaie de tous ces villageois est un fait acquis. Elle exprime le partage d'une réelle richesse économique quelques soient les déséquilibres de sa répartition. L'ANGLAIS, deuxième langue dont l'utilisation, à ne pas confondre avec la pratique, en fait une langue d'accueil et d'ouverture pour les transactions de la vie courante qui font se côtoyer, au delà des villes, tous les mono-lingues d'Europe, et d'ailleurs. Face à cette réelle évolution peut on dire, comme dans cette prévision du Centre Britannique pour la réforme de l'Europe, que l'Anglais sera la langue officielle de l'union européenne, en 2008, ce qui conduirait la présidente de la République française (Martine AUBRY selon les prévisionnistes Anglais), à sortir la France de l'Union. Nous n'en sommes pas la. Les villageois européens utilisent l'anglais, ils sont loin d'être prêts à le pratiquer. A la différence des urbains mondialisés, je l'ai déjà dit dans l'Echo. Les TROIS DRAPEAUX, que l'on voit partout, jusqu'à la piscine de foncillon à Royan, et qui expriment des sentiments confus. Comme d'ailleurs nos trois couleurs qui voulurent associer Paris, la royauté, et la révolution, mélange explosif qui n'arrête pas de nous « péter » à la figure depuis 130 ans. Trois drapeaux qui veulent associer la FRATERNITE d'une union à 15 ( ou à 25), à l'EGALITE démocratique qui permet de choisir son destin dans son propre pays, et à la LIBERTE de conserver son identité locale, son A.O.C individuelle. Quel chantier ! ! ! Me voilà revenu à la maison, et trois ans en arrière, lorsque, dans ma première chronique, j'évoquais la phénoménale transformation qui est devant nous.
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2002-10-01
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EPARGNANTS, SALARIES, CONTRIBUABLES A VOS POCHES
# EPARGNANTS, SALARIES, CONTRIBUABLES A VOS POCHES Deux des plus grandes entreprises du pays, VIVENDI Universal et France TELECOM sont en crise, entraînant dans leurs difficultés plusieurs millions d'épargnants, de salariés, et de contribuables. Je mesure les conséquences d' une telle catastrophe financière. En dix ans, j'ai d'abord vécu (1993-1998), en négatif, le sinistre de l'ancien Crédit lyonnais, y compris la folie hollywoodienne. Puis, depuis 1998, cette fois en positif, je vis l'aventure réussie du téléphone mobile chez le seul opérateur français reconnu pour sa prudence et sa clairvoyance. Je livre, ainsi, les réflexions de cette double expérience à tous les lecteurs qui vont payer, sans bien comprendre pourquoi ils y sont obligés. Le système qui produit ces catastrophes résulte du mariage, au début du septennat de François Mitterrand, entre la haute administration financière du pays et les instances dirigeantes du parti politique au pouvoir. De cette liaison est née une fille baptisée « économie mixte ». Roublarde et cynique , elle a fait sa fortune en mélangeant l'argent privé et l'argent public toujours victime de ce mélange. Ce qui se vérifiera dans les prochains déluges dont on aperçoit déjà les cumulo-nimbus, jusqu'à ce qu'un homme politique déterminé réussisse, un jour, à séparer l'Etat des entreprises opérant dans l'économie concurrentielle. Ayant observé ce système de l'intérieur, sous six gouvernements différents, j'ai acquis la conviction que l'Etat était incapable de gérer l'économie concurrentielle car il ne veut rien comprendre, ni au temps de cette économie, ni au pouvoir dans l'entreprise, ni aux obligations qu'il impose aux actionnaires privés et qu'il ne s'applique pas à lui même. L'ETAT et le TEMPS de L'ECONOMIE L'économie, surtout l'industrielle, vit dans le long terme, dans la stabilité qui est indispensable pour mener les projets, les adapter au marché, former et transformer les opérateurs, faire évoluer les techniques, etc.. etc.. dix ans, au minimum. Quand l'Etat est présent dans l'entreprise il y introduit le temps de la politique, le très court terme, 18 mois, le temps qui s'écoule entre la prise en mains qui suit l'élection nationale et le scrutin suivant qui permettra a l'électeur zappeur de la contester. Et encore à condition que de mauvaises humeurs médiatiques et de piètres sondages ne viennent pas raccourcir le délai, ce qui est plus que fréquent. Je ne citerai qu'un exemple, très concrètement. En août 1995, le gouvernement me charge des 200 milliards de francs ( 30 milliards d'euros) d'actifs financiers extraits des comptes du Crédit lyonnais, dont quelques dizaines d'entreprises prises dans le sinistre avec leurs 30.000 salariés. Ce n'est pas rien. En novembre 1995, le parlement fait une loi étalant les opérations sur 20 ans (2014). Nous sommes bien dans le long temps de l'économie En décembre 1995, je découvre dans le journal officiel des communautés européennes que le gouvernement français s'est engagé, sans le dire, à ce que 80% de ces opérations soient terminées avant 5 ans (1999), dans le temps du politique. Cherchez l'erreur ! ! ## L'ETAT et le POUVOIR dans L'ENTREPRISE En France le pouvoir est monarchique, le président, le patron, le chef de bureau sont les cousins du bon dieu, quand ils ne le sont pas lui-même. C'est ainsi, jusqu'à l'excès, quand l'ego de l'intéressé est sur développé, qu'il est entouré par une cour servile, et que sa formation lui a garanti qu'il serait, à jamais le chef des chefs, donc préservé des erreurs, mais pas des complots. Je n'en dis pas plus, cherchez dans l'actualité La seconde circonstance aggravante produite par la présence du politique dans l'économie concurrentielle  réside dans son instabilité. Je donne un nouvel exemple. Lorsqu'il m'a fallu assumer, à la présidence du tribunal de commerce de Paris, la crise économique profonde de 1991 à 1995, j'ai connu, pendant ces 4 ans, pas moins de 5 premiers ministres, autant de ministres de l'économie et de la justice. Pendant les 30 mois suivants vécus au milieu des milliards à gérer, j'ai connu 3 ministres de l'économie. La troisième circonstance aggravante dans nos sinistres tient au comportement de ce que, dans le jargon du système, on appelle la « tutelle ». La « tutelle » ce sont les hauts fonctionnaires du ministère des finances qui ont hérité du bébé de l'économie mixte. Pris entre les contraintes de la réalité et l'instabilité politique, si compétents et si dévoués soient ils, ils préservent leur avenir, évitent tout ce qui gênerait leur passage dans le privé, et se tiennent loin des difficultés. C'est humain. Donc, la « tutelle » reste à une prudente distance de l'entreprise, surtout si elle dirigée par un « monarque » issu de ses propres troupes, ou que le risque est trop élevé. Par exemple, malgré la gravité du sinistre dans lequel je suis intervenu comme pompier intérimaire de 30 mois, je n'ai reçu ni orientation ni objectifs. Sauf par les fuites organisées dans les médias par ce fameux « proche du dossier ». Au cas ou vous considéreriez que je caricature, lisez ce que vient d'écrire un ancien ministre de l'industrie, administrateur démissionnaire de France TELECOM. Il dénonce la même indifférence de la « tutelle » qui oblige le chef de l'entreprise à tout prendre sur lui. ## L'ETAT et L'ARGENT de ses ENTREPRISES Les administrations d'Etat qui sont au service de la nation ne peuvent pas faire autrement que de dépenser et de prélever des impôts sur les contribuables qui ont recours à elles. L'entreprise, elle, qui est au service de ses clients, ne trouvera ses recettes qu'en donnant satisfaction ceux qui ne sont jamais obligés d'acheter. La divergence est telle que ce mélange, entreprise et administration, ne peut qu' exploser. Pour l'Etat, son administration n'a jamais assez d'argent, ses entreprises toujours trop. Que l'on nous raconte tout ce qu'on voudra, la réalité est la. Les entreprises dans lesquelles l'Etat est actionnaire ne recevront jamais à temps l'argent dont elles ont besoin, jusqu'au psychodrame de la défaillance, plus ou moins exploitée politiquement. Certes, le petit actionnaire et le salarié qui mettent leurs économies à la bourse jouent, par périodes, à la roulette russe ( 1 balle sur six), voir VIVENDI. Mais quand ils mélangent leur argent avec celui de l'Etat, ils jouent à la roulette belge (six balles sur six) et sont sur d'être lessivés, comme dans France TELECOM. A ce sujet je fais une remarque inspirée à nouveau par l'expérience. Nos gouvernants vivent dans l'obsession de la défaite électorale, la hantise de la leur, le désir de celle de leur adversaire. C'est un peu comme dans le combat des lutteurs japonais, les sumos si appréciés par notre Président. Il faut virer l'autre du cercle. Cette pratique domine dans l'entreprise d'Etat, dés que le besoin d'argent inquiète. On coupe d'abord la tête , après quoi, avec le temps, on verra quoi faire de l'entreprise, en espérant que, comme le canard à la tête coupée, elle continuera à marcher. Je termine sur le Crédit lyonnais car il est intéressant de voir comment il a été sauvé. D'abord, on lui a donné le temps de l'économie en lui conservant son président depuis bientôt 9 ans. Puis on lui a donné l'argent indispensable pour couvrir les pertes de la précédente gestion, ce qui est du devoir de l'actionnaire qui veut éviter la faillite. Mais c'est dans l'exercice du pouvoir que se sont formés les éléments du succès. Il ne sert à rien d'être monarque, ni super technicien. Il suffit d'avoir la volonté farouche de réussir, à chaque instant, contre tous et dans la douleur. Le président auquel le Crédit lyonnais a été confié l'avait, il a réussi à le reconstruire. Au moment où s'ouvrent les deux chantiers de reconstruction de VIVENDI et de France TELECOM les autorités pourraient s'inspirer de cet exemple, et chercher celui ou celle qui s'engagera pour quelques années de travaux forcés, sans jamais que leur dureté n'affecte la volonté farouche qui, seule, apportera la réussite.
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TERREUR ET SÉCURITÉ
# Terreur et sécurité Qui a dit : « La terreur n'est autre chose que la justice prompte, sévère , inflexible, elle est donc une émanation de la vertu » Oussama Ben Laden ? pas du tout *ou bien :* « pas de liberté pour les ennemis de la sécurité, il faut étouffer les ennemis intérieurs et extérieurs de la République ou périr avec elle » Georges W Bush ? pas du tout *Ces deux phrases ont été prononcées il y a 210 ans par Maximilien Robespierre devant la Convention, ce qui donne à notre beau pays des droits de l'homme une singulière compétence dans les tragédies qui font notre actualité.* *Car ces tragédies s'inscrivent dans une longue évolution historique dont j'avais relevé, dans ma toute première chronique il y a trois ans , l'inévitable accomplissement.* *A l'époque, on pouvait apprécier comment nous vivrions le 21eme siècle, différemment du 20eme, étant précisé que, pour de nombreux historiens le 20eme siècle a débuté en 1914 avec la première guerre mondiale, pour se terminer en 1991 avec la chute de l'empire Soviétique.* *Pendant ces 77 ans le, monde, éclaté en une infinités de communautés plus ou moins attachées à quatre empires successifs , Anglais et Français puis Américain et Russe, vivant chacune sur une culture locale, une information fermée et orientée, a vécu trois guerres globales, deux chaudes et une froide, aux effets limités par l'arme nucléaire.* *Pendant les dix ans qui ont suivi, toutes ces communautés ont vécu la « globalisation » américaine qui les a détachées de leur culture locale, de leur mode de vie et se sont brutalement ouvertes sur le monde des satellites, des paraboles, du WEB et de l'info instantanée. Au cours de la décennie 90 chacun a pu voir ou était le riche, le puissant , le faible, le pauvre, souvent l'humilié. En se rendant compte qu'il fallait trouver d'autres manières de faire la guerre qui reste le seul moyen de redistribuer le pouvoir et les richesses qui paraissent confisquées, sans s'exposer au suicide nucléaire.* *Le terrorisme du début du 21eme siècle essaye d'apporter les moyens de ces objectifs.* *C'est en cela que la tragédie du 11 septembre 2001 a marqué une transition entre la fin de la guerre froide qui a vu Ben Laden allié des Américains contre les Russes à Kaboul ,* *et le début du terrorisme guerrier qui vise à affaiblir le monde occidental, afin de permettre à l'Islam de prendre toute sa place dans la nouvelle distribution des cartes née de l'arrivée de la Chine au cœur des affaires du monde d'ici 20 ans.* *Il ne faut pas rêver, nous allons vivre cette guerre terroriste pendant les années nécessaires pour montrer la capacité de résistance, de transformation, et d'adaptation du mode de vie que nous partageons, Européens et Américains.* *Jusqu'à ce que nous prouvions que nous avons su évoluer sans nous croire obligés de faire aux autres peuples une guerre globale, modèle 20eme siècle, qui ne correspond plus aux années qui sont devant nous. Y a-t-il des gouvernants qui le comprennent ? pas sur.*
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2002-12-01
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FRANCE REBELLE ET FRANCE REELLE FAUSSE IMAGE ET VRAIS MENSONGES
# France REBELLE et France REELLE FAUSSE IMAGE et VRAIS MENSONGES ## Décidemment, nos ministres font un vrai métier de chien Ils sont confrontés, chaque jour, à une opinion publique qui leur préfère les saltimbanques prétentieux ou les gauchistes infantiles. Façonnée par les médias, cette opinion, qui a toujours aimé guignol, fabrique l'image d'une France rebelle, qui n'a pas grand-chose à voir avec la réalité. Image fausse, car elle est construite sur les mirages d'un monde qui n'existe plus, d'une Europe qui n'existera pas, d'une France qui ne peut plus exister. C'est pourquoi elle nous nuit gravement, trois fois : Elle bloque notre vie politique sur le début des années 80, comme une vieille girouette rouillée, alors que tout autour de nous et chez nous a profondément changé. Elle repousse les investisseurs dont nous avons besoin qui nous dégradent à l'excès, en confondant le « look » rebelle que nous nous donnons avec la réalité qu'il occulte, en nous casant à un trentième rang immérité, entre la Hongrie et la Thailande. Elle pousse nos dirigeants à passer plus de temps à gérer cette posture, qui est souvent une imposture, qu'à faire évoluer les réalités, en se croyant obligés, pour ne pas « désespérer » la France rebelle, de multiplier les vrais mensonges sur ce qu'ils savent inévitable. Après quoi elle les vire ( ex : Jospin, Aubry) . La tornade électorale du printemps ayant déblayé le terrain le nouveau pouvoir devrait nous guérir de cette maladie en s'attaquant aux réalités. C'est notre dernière chance. ## La France rebelle et le monde Alors que la guerre froide est terminée depuis l'effondrement soviétique, et que le communisme a été abandonné partout, nous restons le seul pays qui entretient une intelligentsia marxiste qui génère un électorat révolutionnaire type Ché Guévara. Avec un réservoir d'agitateurs anti-tout sous la conduite de notre Astérix Bové, juché sur son tracteur (américain), comme Ben Hur sur son char, la pipe à la place du couteau entre les dents. La tornade électorale du printemps ayant déblayé le terrain le nouveau pouvoir devrait nous guérir de cette maladie en s'attaquant aux réalités. C'est notre dernière chance. ## La France rebelle et le monde Alors que la guerre froide est terminée depuis l'effondrement soviétique, et que le communisme a été abandonné partout, nous restons le seul pays qui entretient une intelligentsia marxiste qui génère un électorat révolutionnaire type Ché Guévara. Avec un réservoir d'agitateurs anti-tout Au moment où le tiers monde est pris en mains par les kamikases de Ben laden qui, eux, ne jouent pas aux vedettes télévisées en défilant à Porto Alégre, à Seattle ou à Florence. Au moment où la Chine prend en mains le destin de l'Asie pour des décennies, où l'Amérique met la main sur le pétrole mondial, où l'Islam à nouveau conquérant se propose avec ses martyrs, d'occuper la place d'une religion universelle entre les deux grandes puissances matérialistes du 21^e^ siècle . Il faut espérer que nous allons nous décoincer la girouette en 2003 lorsque le vent des sables va se lever pour qu'enfin nous abandonnions nos reliques des trois derniers siècles, dont les évocations historiques, plus que romancées, ou carrément enjolivées, contribuent à entretenir cette fausse image, et les vrais mensonges qu'elle impose. ## La France réelle et l'Europe La France rebelle rejetant notre Europe, dans l'attente du retour de Staline, seule la France réelle s'y intéresse, confite dans les bons sentiments, révant de couples unis la main dans la main, de mariage d'amour et de serments politiques éternels. C'est oublier que l'Europe existe déja, au quotidien, pour une jeunesse qui partage, comme je l'ai dit récemment, une monnaie, deux langues et trois drapeaux, qu'elle vit très bien cette association d'intérets, de plus en plus élargie, et qu'elle refusera un mariage politique qui est le meilleur moyen de divorcer après un concubinage réussi. Preuve que la France réelle n'est pas plus réaliste que la France rebelle. Quand allons nous nous rendre compte que le temps de la main dans la main Mitterrand Kohl, est révolu. Quand allons nous accepter l'Europe des mariages de raison ? Ce sera moins lyrique, mais ça conviendra à tout le monde. Je suis sur que si nous abandonnions cette image du grand père donneur de leçons politiques à l' Europe elle nous récompenserait avec une belle présidence qui ajouterait quelques épices à notre savoureuse cuisine électorale nationale. En attendant, il lui suffit de cultiver son économie, de soigner sa sécurité et sa police, et de veiller à ses finances. Après quoi, lorsque le 21^e^ siècle aura redessiné le monde, il sera toujours temps de finir le chantier. ## La France rebelle et la France réelle, sur le banc, au pied du clocher Je termine par notre village, celui où l'on voyait, souvenez vous, le clocher de l'image de la « force tranquille » de 1981. La girouette, en haut du clocher, est coincée sur l'orientation prise à l'époque. La France rebelle voulait couper les tètes, elle n'a réussi qu' à détraquer les cerveaux. La France réelle avait un coup de paresse, elle voulait travailler moins et gagner plus. C'est fait. Mais plus pour longtemps. Comme on disait, naguère, du paysan qui passait plus de temps au bistrot que dans ses champs, on est entrain de « bouffer la ferme », avec délectation. Notre état a presque tout vendu ce qui nous appartenait. Il ne lui reste plus a vendre que les dettes des entreprises qu'il a conservées (ex : France télécom). Dans deux ans, nous ne pourrons plus payer à nos parents retraités ce qu'on leur avait promis quand il nous ont confié la France qu'ils avaient reconstruite, en travaillant bien sur. Puis il faudra se mettre à rembourser les crédits qui ont quadruplé depuis 20 ans, certainement pas avec le travail de ce ceux, de plus en plus nombreux, qui ne produisent plus. Quand nous nous réveillerons, on pourra, toujours, en témoignage de cette vie de cigales, et de notre génie universel, ouvrir un musée de la GAUCHE CAVIAR qu'on pourra faire visiter au monde entier. Et se mettre au travail avec les gouvernants qui auront remis l'image à l'endroit, et renoncé à leurs vrais mensonges pour, enfin, gérer la réalité du pays.
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2002-12-01
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« IL PLEUT SOUS MA TENTE »
# « IL PLEUT SOUS MA TENTE » Pourquoi ce vers que j'attribue à une chanson de notre grand Charles TRENET me revient-il avec une foule d'autres réflexions ? Vous allez le comprendre. Rien à voir avec la dépression qui nous a rincés dans le froid du vent de noroît. Tout à voir avec cette mode des universités dites d'été qui sont pour la Rochelle, en fin de saison, ce que les francofolies sont au début Au passage, avant d'entamer le débat, il faudra qu'on m'explique pourquoi ces universités plantent le plus souvent leurs tentes tout prés d'un plan d'eau, comme les centrales nucléaires. Ça doit être pour refroidir le cœur de l'appareil (politique). J'en viens à l'essentiel. Il y a une dizaine d'années je suis intervenu pour faciliter la séparation entre un très grand patron et son jeune bras droit qui jouait les impatients Comme je demandais à cette homme de grande expérience pourquoi il avait gardé cet impétueux jeune homme auprès de lui , bien longtemps, il me rappela une phrase de Lindon JOHNSON, le successeur du défunt Président KENNEDY. «  je préfère qu'il soit dans ma tente et pisse dehors plutôt que dehors et pisse dedans » A l'époque, en trouvant le propos plein de bon sens politique, j'avais tu une remarque de pareil bon sens, à savoir que cette règle pouvait s'appliquer aux individus males sans difficultés en raison de leur anatomie, mais qu'elle devenait inadaptée à celle de nos charmantes compagnes moins bien armées pour ce genre de délocalisation. Pour ceux qui n'auraient pas compris comment je relie cette anecdote à notre actualité politicienne, j' illustre, sans aller, restons sérieux,, jusqu'à la bande dessinée. Le premier à opérer du dehors, pour délivrer son petit cadeau dans la tente rose de la criée rochelaise, fut le vert NOEL, le bon père MAMERE, et son flot généreux. Mais, à peine avait il, comme on dit, rengainé son boniment que l'amère DOMINIQUE, s'installait au milieu du tipi écolo et se laissait aller dedans avec la délectation tonitruante de celle qui se soulage, une bonne fois, avant de dire adieu à la compagnie. Le pire se produisit, chez nous, lorsque l'amère NOELLE, se précipita dans la tente rose de la nouvelle minorité plurielle pour finir de lâcher, dedans, ce qui avait commencé à lui échapper dehors en sortant de chez son éditeur. Face à de telles catastrophes, il reste un mystère que la médecine devrait éclaircir. Pourquoi la défaite agit-elle sur la vessie des éléphants politiques, verts ou roses, avec autant d'efficacité que la tisane de queux de cerises que me donnait ma grand-mère quand j'avais de la fièvre. Merci à celle ou celui qui m'aidera à comprendre.
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2003-01-01
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SES COMPTES SONT FAUX, SON COMPTE EST BON !
# SES COMPTES SONT FAUX, SON COMPTE EST BON ! On parle beaucoup des comptes par les temps qui courent. Ca me donne l'occasion de faire mes amicales et chaleureuses félicitations à un de nos amis du conseil d'administration des « Entretiens de Saintes », René RICOL, qui vient de prendre la présidence de la Fédération internationale des experts comptables. Ce qui n'est pas une petite affaire, avec 2 millions de professionnels, dans un métier difficile. 1. LES INFORTUNES DU METIER DE COMPTABLE. Le comptable travaille sur des chiffres, il les fait apparaître, les vérifie et les justifie, dans une période un peu folle, laquelle en 15 ans a connu un Krach boursier et demi (1987 et 2002), plus deux crises  économiques ( 1991 et 2001) plus trois énormes « bulles » spéculatives -- l'immobilier, internet et le téléphonequi ont fait perdre toute notion de valeur. Comment alors accorder les chiffres et les valeurs ? C'est le problème. Allez expliquer pourquoi, en quelques heures, la première banque française achète les actions de sa concurrente 50 % au dessus de leur valeur de la veille, pourquoi d'énormes sociétés ont vu leur valeur baisser de plus des 2/3, puis remonter par rebonds de 20%, pourquoi, en quelques mois, on apprend que les vedettes de notre économie sont en réalité au bord de la faillite et se voient administrer des remèdes de cheval, pour être sauvées. Et pourquoi le monde entier achète le Windows de Microsoft, avec lequel je suis en train de rédiger ma chronique, 6 ou 7 fois ce qu'il a coûté, laissant à une société proche du démantèlement, nous disait on, 85% de marge bénéficiaire. Comment voulez vous que les comptables s'y retrouvent, avec leurs normes et leurs règles ? C'est ce qui m'avait fait dire, à un de leurs congres, il y a quelques années, sous forme de boutade, que les comptables pourraient bien devenir une profession rigoureuse qui donnerait, aux entreprises, le choix entre des comptes faux à bonne date ou des comptes justes trop tard ! Entre nous c'est ce qu' a fait le plus grand comptable mondial, Andersen, avant de disparaître dans le drame de ses aventures américaines. 2. LES INFORTUNES DU METIER DE BANQUIER. Je vous ai servi le hors d'œuvre sur le métier de comptable pour mieux vous faire déguster le plat principal sur celui du banquier. Car l'année 2003, qui approche, va retentir des plaidoiries orageuses sur les comptes d'une grande banque il y a 10-15 ans. ( le temps des juges et des experts). Ayant vécu la tourmente de l'époque, je témoigne. A la fin des années 80, et au tout début de celles de 90, toute personne sensée et un peu informée, comme doit l'être le président du tribunal de commerce de Paris que j'étais, sentait que les comptes de nos banques auraient beaucoup de peine à être justes. On savait pourquoi. Récemment libérées d'un étatisme sclérosant, elles goûtaient la liberté, à pleins crédits, en refusant de voir les trois obstacles qui risquaient de les faire chuter : La crise liée à la guerre du golfe qui dégradait le crédit de leurs clients, les conséquences de la « bulle » immobilière, l'arrivée de règles de prudence internationales qu'elles n'avaient pas eu le temps d'assimiler, à la différence de leurs concurrentes étrangères. Pour être précis, je me souviens d'un congres international de mars 93, au cours duquel je me suis accroché avec un grand banquier américain qui me reprochait de ne pas avoir mis les banques françaises en faillite ce qui lui aurait permis de les racheter à vil prix. Donc, à l'époque, si on devinait pourquoi leurs comptes devaient être faussés, personne ne pouvait savoir comment ils pouvaient l'être. Chacun cachait sa misère comme il le pouvait, afin d'éviter la disparition pure et simple d'un système bancaire national, pour lequel, au passage, les acheteurs étrangers auraient exigé que l'Etat français, vous et moi, lorsqu'il était actionnaire, prenne en charge les dettes antérieures. C'est cette période qui va être jugée, à grand renfort de médias, dans le procès du Crédit lyonnais. On va juger le comment des comptes faux. Avec autant d'interprétations que d'experts, car, en plus des dix ans passés, comment ne pas se perdre dans les analyses en séparant les erreurs de gestion et les pieux, mais délictueux, mensonges, sur les comptes. Je suivrais ce débat judiciaire, de l'extérieur, avec d'autant plus d'attention que le seul témoin de toutes ces convulsions, avec lequel je les ai vécues au jour le jour, le secrétaire général de la commission bancaire qui régnait sur le domaine, n'est plus de ce monde. Ce qui est regrettable pour lui et sa famille, mais plus encore pour la vérité. En attendant, bonne et heureuse année à tous.
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2003-02-01
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471
BAGDAD, BELGRADE ET STALINGRAD
# BAGDAD, BELGRADE et STALINGRAD La récréation est terminée. L'école de guerre passe aux travaux pratiques. Quel sera le « kriegspiel » (jeu de la guerre) qui sera engagé début février ? I. Etant entendu que les « petits voyous » du 21eme siècle n'ont pas le droit de faire mauvais usage des armes dites de destruction massive qui permettent de massacrer en quelques minutes ce qui leur demande des années à la machette africaine, au goulag coréen, à la Kalaschnikov, ou à la bonbonne de gaz . II. Etant entendu que ces armes sont réservées aux gens sérieux qui ont su en faire bon usage au cours du 20eme siècle, et le referont, si besoin, au 21eme . Comment détruire l'arsenal du dictateur de BAGDAD avec des méthodes de gens sérieux ? Comment entrer dans le labyrinthe guerrier en sortant par la bonne porte ? LA PORTE DE BELGRADE, ou le REVE AMERICAIN. Il était une fois un « petit voyou » qui massacrait allègrement dans les Balkans depuis sa forteresse de Belgrade. Il le faisait faire « à la main », en liquidant en quelques mois, de ci de la, autant de gens qu'il en fut tué dans les tours de Manhattan, en une heure. Tout cela donnait suffisamment de motifs pour que l'armée américaine revienne s'installer dans cette partie sud de l'Europe, au cas où le tout proche et moyen orient redeviendrait agité par la convoitise qu'inspire ses trésors pétroliers. L'affaire fut vite expédiée. Quelques frappes massives aux bons endroits, la destruction rapide des structure économiques, financières, sur lesquelles repose la vie des peuples, Quelques promesses d'argent au bon endroit et au bon moment, après quoi le tour fut joué qui permit d'installer des dirigeants « non voyous » à la place de celui qui fut expédié, vite fait, en prison. Ce fut la sortie par la porte triomphale de BELGRADE. LA PORTE DE STALINGRAD, ou le REVE de SADDAM. Saddam Hussein, qui doit avoir un peu lu l'histoire pour réussir à se faire élire par 100% de son peuple, ( 20% sont exilés), se voit déjà, dans son bunker de BAGDAD, galvanisant ses troupes combattant rue par rue, immeuble par immeuble, et après des mois de boucherie sanglante, réservant aux généraux des armées de « croisés et d' infidèles » le sort que connut, à Stalingrad, l'armée de Von Paulus, il y a pile 60 ans le 30 janvier Au prix de 1.800.000 morts ce qui prouve qu'on avait déjà la pratique de la destruction massive, sans les armes du même nom. Ce serait alors, pour celui qui aurait engagé cette guerre la sortie catastrophique par la porte de STALINGRAD. Je pense qu'on découvrira le début de la réponse dans le prochain « Echo ». La récréation, avec nos miss, Star'ac et J.P Foucault, est vraiment terminée.
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2003-03-01
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LA GACHETTE ET LE VISEUR
# LA GACHETTE et le VISEUR Depuis des siècles on a mis sur toutes les armes un viseur pour éviter que les excités de la gachette tirent n'importe où, n'importe quand, sur n'importe qui. Ce qui ne règle pas le problème posé par le tireur qui ne voit pas clair dans le viseur. Nous le vivons en IRAK. LA GACHETTE Son faucon sur le bras, G.W. BUSH a l'index de l'autre main crispé sur la gachette. Comme Saint Georges avait la main crispée sur son épée au moment de terrasser le dragon. Peut etre aura-t-il tiré lorsque paraitra ce papier écrit le 15 février. Je n'y crois pas. Ses soldats de l'ombre sont déjà sur le terrain, multipliant les « coups », à la recherche du premier incident qui permettrait de tirer avec les gros calibres. Il attendra que je puisse rédiger mon prochain article. Quoi qu'il en soit, aussitôt après le premier tir, et sans attendre le dernier après que le dragon Saddam aura été terrassé, la réalité refera surface à savoir qu'il est beaucoup plus facile de tuer que de gérer le cadavre. L'histoire est pleine de ces difficultés. Vu du coté américain de la crosse du fusil on peut penser que les pauvres Irakiens seront trop contents d'etre débarrassés de leur dictateur sanguinaire et accueilleront la 101eme aéroportée comme les Français de Normandie l'ont fait en 1944. Mais, vu du coté du canon qui les vise, les Irakiens peuvent aussi bien préférer un dictateur de chez eux à un démocrate étranger. Auquel cas la crosse et le canon changeront de sens et de cible. Quelle foutue idée a été germer dans la tète du faucon du pentagone, qui n'a pas la sagesse de celui de l'antiquité Egyptienne, d'aller installer l'armée américaine pendant des années au cœur du chaudron du moyen orient. Nos stratèges de la guerre du Vietnam, celle que nous avons perdu avant les Américains, avaient eu l'idée géniale d'installer la « forteresse » de Dien bien phu au cœur du Vietnam du nord, berceau de la révolte contre la France. On sait ce qu'il en advint, en 1954, entrainant, par cette débacle, la fin de la puissance coloniale française, en quelques brèves années, jusqu'au retour des « pieds noirs » en 1962. La seule explication de cette crispation sur la gachette est que l'Amérique veut nous rejouer la conquète du monde, modèle conquéte de l'ouest, ou ruée vers l'or (noir). Dans ce cas il faut lui remettre le viseur dans le bon œil. LE VISEUR L'intéressant de l'histoire c'est que J. CHIRAC et son flamboyant « Zorro », comme il appelle D. de VILLEPIN, ont chacun un œil sur les 2 lunettes du viseur. Encore que, vu du coté américain on ne doit pas apprécier, en termes historiques, que ce viseur français soit appuyé sur un trépied bancal. En effet, quant on invoque la morale et qu'on regarde qui a fait quoi au cours du 20eme siècle, on voit bien que les 3 compères que nous emmenons à la bataille avec nous à l'ONU sont les auteurs des plus grands crimes de ce siècle de barbarie. Les Allemands avec le nazisme et l'holocauste, les Russes avec le stalinisme et le goulag, les Chinois avec le maoisme et la révolution culturelle. On ne peut rien reprocher de pareil aux Américains, tout au plus, peut on penser que ces 3 peuples ont changé en bien, ce qui reste, dans le temps de l'histoire à vérifier, et qu'il vaut mieux éviter aux Américains de changer en mal. Mais, de mon point de vue, nous aurions gagné à partir seuls dans ce juste combat. Car, ce qu'on voit dans le viseur est clair, de prés et dans le lointain. De prés on voit que les inspecteurs de l'ONU travaillent, lentement, comme le myope qui a égaré ses lunettes, mais, ils sont à Bagdad et surveillent Saddam sans qu'il ait été besoin de les faire précéder par une bordée de missiles Tomahawks. Compte tenu de l'age du capitaine Irakien, ça peut marcher, à l'usure. Dans le lointain, c'est aussi clair. Nous, les Européens de la « vieille Europe », nous savons que le retour vers la Palestine des juifs persécutés par nos folies, entretient, depuis 50, ans une guerre régionale horrible qui n'en finit pas. Et nous voyons que ce sera pire avec quelques dizaines de milliers de soldats américains en Irak, alors que le monde Musulman humilié crie vengeance. On voit clairement les conséquences C'est à mi distance que le brouillard est épais. On oublie que les tyrans et leurs criminels sanguinaires ne fonctionnent pas comme des diplomates légalistes et cultivés. Saddam Hussein, que tout le monde accuse des pires crimes, tient, comme on dit « le bon bout ». Il vient d'étre absous par la curieuse visite que lui a faite l'envoyé du Pape. Il est sur de l'impunité que lui accordent « les opinions publiques internationales ». Son problème est simple. Il faut durer jusqu'au moment où le climat du désert bloquera les troupes qui porteraient la guerre chez lui au plus tard en avril. A prés quoi, il virera les inspecteurs de l'ONU et disposera d'une grande année pour embaucher ceux qui porteront l'horreur terroriste chez les « infidèles ». Faisons confiance à nos diplomates légalistes et cultivés. Ils foncent dans ce brouillard, j'espère qu'ils ont le bon GPS qui leur évitera de nous fracasser sur le mur de la honte. Dans ces situations il n' y a que le respect du droit qui vaille. Il faut que les 2 puissances de la région, détentrices de ces fameuses armes de destructions massives, l'Irak et Israel, se voient imposer le respect des décisions de la communauté Onusienne. En donnant à cet instrument du droit les moyens de la force, et vite. Sinon ce « machin », selon de Gaulle, fera faillite dans sa tentative de désarmer l'Irak, comme sa mère la SDN a fait faillite dans sa tentative de bloquer le réarmement de l'Allemagne nazie. Avec les suites que l'on connaît.
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2003-04-01
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537
L\'HOMME QUI VALAIT 100 MILLIARDS DE DOLLARS
# L\'homme qui valait 100 milliards de dollars Comme prévu dans «  l' Echo » de fin février, la deuxième guerre d\'invasion de l\'Irak va débuter pendant le week-end qui séparera celui où j\'écris , de celui où vous me lirez. G.W BUSH va poser 100 milliards de dollars, sur sa table de poker planétaire, sans qu\'on sache exactement pourquoi faire, derrière le prétexte de virer Saddam Hussein. Pour préparer sa réélection pour un deuxième mandat de président ? Trop risqué . Pour engager l\'une de ces grandes guerres de religions qui devraient jalonner le XXIe siècle selon la prophétie d\'André Malraux ? Encore plus risqué Pour devenir l\'empereur du Moyen-Orient, comme tant occidentaux ont cherché à le faire depuis des siècles sans aucun succès ? Probable, mais totalement vaniteux. Pour devenir le roi du pétrole ? certainement, quoi qu'en dise la propagande. La seule réalité connue est celle du coût direct de l'opération, 100 milliards de dollars. A ce propos, de quoi s\'agit-il ? la somme astronomique de 100 milliards de dollars, n\'ayant aucune signification dans la vie courante, je vais tenter de lui en donner une. Avec 100 milliards de dollars (ou d'euros) on pourrait, soit effacer la dette des pays les plus pauvres. soit, offrir un AIRBUS personnel à chacun des 3231 habitants de CHANIERS, soit une Rolls à tous les habitants de la Charente maritime. Dans mon prochain article je tenterais de vous expliquer comment nous en sommes arrivés la, en relisant , dans « l\'Echo » des années précédentes, ce qui annonçait ces confrontations agressives ,en Amérique, en Europe et chez nous. Pour le moment je regarde au-delà de la caricature qui est faite du Président des États-Unis, alcoolique repenti, « leveur de coude » qui s\'est mis à joindre les mains, pour faire la prière du soir avant le boogie woogie comme l'a si bien chanté Eddy Mitchell. Je crois que les motivations et les origines de cette situation sont à chercher ailleurs même si bien évidemment il y va de la responsabilité personnelle de l\'individu lorsqu'il se croit investi de la mission de transformer le monde, ou d'en conquérir les richesses. Aujourd'hui, notre diplomatie donne des leçons aux dirigeants Américains. Nous pourrions aussi balayer devant notre porte. Il y a bien peu de temps, notre précédent gouvernement, avant 2002, les a joués les 100 milliards de dollars, en rêvant de voir l'Etat français devenir le roi du téléphone mondial. Nous avons engagé, dans cette conquête, l'équivalent de 20 jours de travail de tous les Français, sans donner, au général qui mena la bataille, les moyens de la gagner. Certes, la ruine de la bourse n'est pas de même nature que les ruines de la guerre, mais elle les précède souvent . Les Américains, qui n'engagent que l'équivalent de 3 jours de leur travail pour conquérir le pétrole mondial, n'ont pas lésiné sur les moyens donnés à leurs généraux. S'ils échouent, l' Etat américain, le plus endetté du monde, changera de direction, en trouvant le moyen de faire partager la lourde facture finale avec le reste du monde. Quant à France télécom, entreprise la plus endettée du monde, ses actionnaires ne partageront avec personne la facture ruineuse qu'ils ont sur l'estomac.
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2003-05-01
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LA GUEULE DE BOIS
# LA GUEULE DE BOIS Qui n'a pas , un matin de réveil difficile d'après fête, ressenti ce malaise diffus qui vous donne envie de passer la tète sous l'eau pour se remettre les idées en place. Pourtant la fête fut belle. Les Onusiens applaudissant à tout rompre la France lyrique et empanachée s'épuisant au combat, comme jadis D'Artagnan, avec ses trois mousquetaires, cette fois recrutés à Berlin , Moscou et Pékin . Puis, patatras, le vacarme d'une statue qui s'effondre nous réveille, dans une « rue Arabe », qui devait exterminer qui s'en approcherait, et qui, pourtant, a détourné la tète. Manifestement ce qu'on a voulu nous faire avaler était de mauvaise qualité. Il faut donc nous passer la tète sous l'eau pour repartir avec les idées plus claires. M'attendant à cette triste aventure ( l'Echo n° 65), j'ai révisé mes écrits antérieurs pour ne pas m'attarder sur ces malheureuses semaines qui nous ont fait rater une diplomatie, comme en d'autres temps une dissolution. En répondant à deux questions : ## Que veulent faire les Américains ? Les Américains, depuis la chute de l'Empire Soviétique sont devenus les dirigeants de l'occident, avec deux pôles commerciaux, l'Amérique du nord et l' Europe élargie à 25, plus une coalition militaire l'OTAN. Le reste est artifice verbal, voir dans l'Echo n° 46 Cette situation étant, pour eux, acquise et indiscutable, ils sont convaincus que le bloc des « non alignés » du temps de la guerre froide, qui regroupe la plupart des pays musulmans, constituent une zone de « non droit » planétaire dans laquelle prospèrent des tyrans sanguinaires pilleurs des richesse de leurs peuples, des terroristes fanatisés par des religieux irresponsables, et des trafiquants de toute sortes. Il est difficile de dire que c'est faux, surtout dans un pays comme le notre qui accepte d'innombrables zones de non droit dans lesquelles les tyrans ne sont que de petits caïds, les terroristes en puissance de jeunes sauvageons, et les trafiquants des dealers de shit. Donc, quelque soient la critique, et l'hostilité qu'ils inspirent les Américains ne reculeront pas plus en Irak que nos propres policiers qui ont recommencé à investir ces quartiers « sensibles » qui constituent des risque majeurs pour la société. Bien évidemment, il serait préférable que cette remise de la planète aux normes du droit passe par l'ONU. Elle représente la légalité internationale. Mais qui peut croire, un instant, que cette organisation, dans son état actuel, est capable de faire régner l'ordre sans les moyens militaires que seul l'occident, sous tutelle américaine , peut mettre à sa disposition. Une fois encore le droit, sans la force qui en impose le respect, ne sert à rien. Surtout quand les exploiteurs, à leurs profits, de ces peuples tyrannisés, peuvent paralyser l'ONU avec l'aide de ceux que leurs sentiments chevaleresques aveuglent. Le système Onusien est donc bloqué par cette incapacité. Notre diplomatie a rejeté cette réalité, au risque de faire apparaître notre pays comme le protecteur des zones de non droit, et de leurs profiteurs. Lesquels, au son du canon, se sont enfuis en abandonnant le peuple qu'ils ont asservi, à la charge de la communauté internationale. On comprendra que cette situation originale déclenche, chez nous, un malaise diffus. ## Comment pouvons nous réparer les pots cassés ? Pas dans la bouderie et la neutralité de l'action humanitaire. La France n' est pas préparée pour occuper dans l'assistance internationale la place de la Suisse dans la finance mondiale. De plus, il faudrait trouver l'argent chez nos anciens amis riches !!! Pas, non plus, dans le retour au bercail américano-otanien de l'enfant prodigue, au quel cas c'est dommage qu'on arrête le « Concorde » car nous n'aurons pas fini d'aller chercher nos instructions à Washington. On a déjà donné avec les bourgeois de Calais. Encore moins dans le rêve d'un nouvel axe politique, déjà baptisé «  non, nein, niet » par ceux qui savent, à juste titre, qu'il y aura toujours entre les trois compères de Paris Berlin et Moscou, deux qui s'accorderont pour lâcher le troisième. Il reste l'Europe, mais laquelle ? pas la petite, celle d'avant la chute du rideau de fer. L'Europe agrandie et rajeunie dans laquelle nos amis anglais, qui ont joué plus intelligemment que nous, nous aideront dans le grand chantier de la reconstruction des institutions mondiales effondrées avec la statue de Saddam Hussein. C'est dans ce choix que nous retrouverons notre place. En acceptant d'arrêter à jouer à la France rebelle ( Echo n° 62) toujours à la recherche d'une barricade. En nous regardant dans la glace, alors que plus du tiers des Français ont rejeté la démocratie en avril 2002, et choisi le tyran irakien en avril 2003. Enfin, et surtout, en revenant à notre bercail, nous occuper de nos propres affaires. Il y a trop d'orages qui menacent sur les bords de la Seine (Echo n° 50 « l'addition en 2003 »,), pour passer notre temps en jouant au bon samaritain sur les rives du Tigre.
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2003-06-01
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SILENCE ON TOURNE
# SILENCE ON TOURNE Revenant au bercail , comme je souhaitais qu'on le fasse dans ma conclusion de mois dernier, j'y trouve notre festival de Cannes qui s'ouvre en même temps que le festival de Paris, consacré, chaque mois de mai, à la grande fête de la grève. Encore que le festival de la grève, respectant l'esprit décentralisateur de notre premier Ministre, ait largement planté ses banderoles et ses pancartes dans nos belles provinces. En respectant les films cultes dont on ne se lasse jamais, dans la série « luttes sociales » de notre cinémathèque nationale : « SORS SI TU ES UN HOMME » et «  RETENEZ MOI OU JE FAIS UN MALHEUR ». Ce n'est pas du retour saisonnier de ce blocage rhumatismal dont je souhaite parler, en silence, si j'ose dire, sans en rajouter sur nos misères, en faisant confiance au gouvernement le plus pragmatique et le plus courageux depuis celui de G. Pompidou, pour le traitement de cette crise inévitable, qui ne sera pas réglée dans 3 semaines, quand sortira ce « papier », dont les ponts de mai m'obligent à anticiper la rédaction. C'est sur ce côté inévitable que je voudrais attirer votre attention en vous faisant partager quelques réalités que personne ne conteste, dont on ne parle pratiquement jamais « à la télé », et dont il fut discuté, par une assemblée de gens responsables et compétents, le jour de l'ouverture des 2 festivals, celui du cinéma et celui de la grève. COMMENT REUSSIR DURABLEMENT 3% DE CROISSANCE POUR NE PAS NOUS APPAUVRIR DURABLEMENT ? Quelles sont ces réalités incontournables qui entraînent la crise actuelle, telle que je l'avais baptisée dans l'Echo n° 50 , «  l'addition 2003 ». ? En dessous de 3% croissance annuelle et durable de notre activité économique la France et les français vont s'appauvrir, ce qu'apparemment ils rejettent, à juste titre. Cette croissance sera dépendante de notre environnement européen et mondial, et de notre capacité d'y conserver la place que nos concurrents veulent nous faire perdre. Les pays d'Asie avec leur main d'oeuvre bon marché, et leur phénoménal besoin de consommer, nous prendront, inévitablement, nos emplois industriels modèle 20^e^ siècle . Les Etats-Unis, et leur «  coalition » économique et financière, nous prendront nos ingénieurs , nos emplois modèle 21^e^ siècle, nous laissant nos musées et nos restaurants. Nous sommes donc entrés dans vraie guerre économique, qu'on le veuille ou non . Il ne faut donc ni paniquer ni croire que le monde partagera nos rêves, et se mettre au travail, rapidement et sereinement, car nous avons de réelles chances de gagner. Travailler plus, et surtout en plus grand nombre, car nous sommes le peuple développé qui travaille le moins dans le monde. Donner 60.000 heures (base RTT) de travail dans une vie, c'est insuffisant pour faire face au chantier qui nous appelle. Je le dis en pensant à la génération qui a fourni 120 .000 h. pour reconstruire le pays. Il faudra bien faire un effort pour éviter de le détruire. Travailler mieux, en remettant en formation, tous ceux qui ne trouvent pas, dans les activités de services, non exportables, le travail qui les attend, qui s'installent dans l'assistance, et que les migrants des pays pauvres viendront vite remplacer ,chez nous, en nous apportant leur chômage, après avoir emporté nos usines chez eux. Former, massivement, des emplois de haute technologie, qui seront incités à rester chez nous, pour nous apporter la richesse du modèle économique du 21 e siècle, et éviter, qu' elle passe de l'autre côté de la Manche ou de l'Atlantique. Orienter, par priorité, l'épargne dont nous sommes le plus gros producteur mondial, en pourcentage par tète, vers les entreprises et les investissements technologiques auxquels les pays émergents n'ont pas encore accès, en évitant de dépenser cet argent indispensable dans une administration d'Etat sous productive et surdimensionnée. En résumé il nous faut choisir le 21^e^ siècle et abandonner, courageusement, les pratiques du 19^e^ siècle dont notre quotidien de ce mois de mai se nourrit à nouveau. Certes, on peut se laisser glisser, c'est si bon. On saura à l'automne vers où nous avons décidé d'aller, et si, avec notre voisine l'Allemagne de la vieille Europe, nous prenons notre retraite du monde actif, en devenant deux peuples qui exporteront leurs jeunes avec diplômes et les remplaceront par des jeunes sans papiers. Malgré mon pronostic de janvier 2002 sur l'addition de 2003 qui est bien là, je reste confiant sur notre capacité de la payer, pour les retraites, puis pour la sécu, et enfin pour la réduction des dépenses de notre Etat. Car je préfère ne pas penser à la sévère soustraction de 2004, puis à la dramatique division de 2005, si je me trompais.
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2003-07-01
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JOHNNY, MAXIME, VALERY ET LA CHANSONNETTE
# JOHNNY, MAXIME, VALERY et la CHANSONNETTE La fête de la musique, et les vacances, approchant j'aborde un sujet, moins futile qu'on le dit, la chanson. Les ténors qui ont fait l'actualité de la semaine écoulée me l'inspirent. ## JOHNNY le rocker inusable En cette soirée du 15 juin, pendant que je rédige ce que je vous destine, fenêtres grandes ouvertes, je partage la sono assourdissante de la fête de ses 60 ans au parc des princes. Ce qui me ramène, par la pensée, 43 ans plus tôt, dans une auberge de la campagne parisienne qui ne s'appelait pas encore, après bétonnage, la grande banlieue. Deux «  coachs », qui déjeunaient à coté, se félicitaient bruyamment d'avoir trouvé la « Vedette » qui éclipserait Gilbert Bécaud et ses 100.000 volts en important la nouvelle musique américaine qui rénovait le jazz. C'est dire que je suis un vieux fan de Johnny. Pour son talent, évidemment, car il en faut pour entretenir, avec succès, cette posture importée de rebelle tatoué, hurlant à l'Amuuuur, au pays de la ritournelle et de la chanson à boire. Mais aussi, pour sa juste vision de la société française qui admire toujours ceux qui mettent en musique ce qui nous vient d'ailleurs,  en tous domaines. ## MAXIME l'éternel damné de la terre Chanter « L'Internationale » à l'Assemblée nationale, il était difficile de faire plus original, alors que feu l'Union soviétique avait déjà abandonné cet hymne national bien avant de disparaître. A moins qu'il s'agissait d' honorer la mémoire de l'ouvrier français POTTIER, qui en fut le créateur. Toujours est il que ce retour vers la place de la concorde de l'hymne de la place rouge a eu un effet immédiat. Le chahut s'est enflé dans l'hémicycle de l'assemblée au fur et à mesure qu'il décroissait dans la rue. Tout cela me fait penser à cette soirée électorale du printemps de 1978, lorsque le programme commun de la gauche de l'époque, qui avait ses chances au 2^ème^ tour, avait été scié par une apparition à la télé, des dirigeants communistes, sur une tribune, dans la forme stalinienne de la place rouge. Comme on ne peut nier qu'il y ait de vrais damnés de la terre, encore aujourd'hui, ceux qui ne le sont pas n'ont pas à chanter à leur place. ## VALERY, l'inévitable président Notre ancien président ne chante pas, ce qui est dommage car il pourrait s'accompagner à l'accordéon qu'il pratique avec talent, en bon auvergnat. Je fais une suggestion. Maintenant qu'il a réussi, brillamment, la semaine dernière, à constituer cette chorale européenne au sein d'une « convention » qui fut plus que cacophonique, ne faudrait t'il pas s'atteler à la création de ce futur hymne européen que le président serait le premier à entonner avant qu'il soit repris par une foule enfin rassemblée. Bill CLINTON, qui est un bon musicien pourrait inspirer VALERY, comme ELVIS le fit avec JOHNNY et STALINE avec MAXIME. BONNES VACANCES à TOUS.
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2003-08-01
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L'AUBERGE DE LA GIROLATA
# L'auberge de la GIROLATA La CORSE partage avec la Charente maritime la beauté de son littoral. L'île de beauté pour la première, faite d'a pics montagneux inaccessibles , de calanques et de golfes profonds. La côte de beauté pour la seconde, faite d'immensité plate, de pinèdes accueillantes, et de conches paisibles. C'est dire que j'aime l'une autant que l'autre , mais qui est entré, une fois, en bateau, dans le golfe de la Girolata, entre Calvi et Ajaccio, pour y rejoindre l'auberge accessible, de la terre, par un seul chemin de montagne, ne peut oublier le voyage. Je l'ai fait, il y a une vingtaine d'années, venant d'Ajaccio rejoindre un ami parisien, qui venait d'acheter une bergerie en Balagne, et qui projetait d'en faire un palais sans être contraint à la paperasserie d'un plan d'occupation des sols, ou d'un permis de construire, toutes tracasseries réservées au littoral des « continentaux ». Ce qu'il fit. Admirant de la terrasse de l'auberge, pendant que les langoustes grillaient, le majestueux pic nord qui préserve le golfe du mauvais vent, j'ai eu la très grande surprise de voir mon hôte m'annoncer que je venais d'être adjudicataire, auprès du tribunal d'Ajaccio, avec quelques insulaires de ses amis, des 400 hectares qui dominent tout le nord-ouest de l'île en offrant une vue plein ouest à 180 degrés. Mettez vous à ma place, j'ignorais tout de l'opération, elle paraissait traitée à un prix dérisoire. J'ai poliment dit que je ne voulais pas « profiter » de ce cadeau présenté comme une manifestation de la très grande hospitalité locale. L'affaire, pour moi, en est restée là. Mais elle a connu plus tard quelques turbulences, quand un nouvel acquéreur, cette fois « continental » a acheté après une surenchère, avant de se suicider dans le coffre de sa voiture, en ayant pris soin de faire disparaître le pistolet qui l'avait tué. A la fin, comme ce fut le cas pour la forêt qui a brûlé, chez nous en 1976, le conservatoire du littoral a racheté la pointe de la Girolata. Le béton ne s'y est pas installé et l'auberge, comme le golfe, restent un petit coin de paradis. Je vous raconte cette anecdote pour faire suite aux deux réflexions prémonitoires publiées dans « l'Echo » il y a trois ans au sujet de la Corse. J'ai écrit que l'attachement à la nation se mesurait sur la base du rapport qualité / prix de la vie à l'instant du vote . C'est le danger du référendum. La Corse, dans les semaines précédant le scrutin a mal vécu 3 réalités dont l'une, essentielle, me donnait la fin d'un de mes deux articles. Certes, les fonctionnaires locaux, qui selon ce qu'on dit, représentent la moitié des salariés, avaient une bonne occasion, après la bagarre sur les retraites, de faire un « bras d'honneur » au gouvernement. Certes, le Oui des nationalistes, est devenu abstention après l'arrestation d'Yvan Colonna. Mais ce qui a bloqué une évolution, au demeurant légitime, c'est qu'en refondant la Corse dans une seule communauté, on réveillait la rivalité ancestrale, que j'évoquais, entre Bastia et Ajaccio. Ca n'a pas loupé, les Bastiais, ont voulu la « peau » des projets du gouvernement en faisant la différence qui a manqué pour le Oui qu'il défendait. De toute manière l'affaire était ingérable, j'avais qualifié le pari de perdant-perdant. C' est fait, pour l'instant. Car le « bras d'honneur » ne reste jamais longtemps levé, et comme ce gouvernement n'est pas manchot, lui non plus, il suffit qu'il attende les grosses bêtises qui vont être faites aussitôt après le départ des touristes, pour reprendre la main. Re-bonnes vacances, en Corse ou chez nous, la beauté y domine.
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2003-09-01
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LA FEMME EST L' AVENIR DE L'HOMME .... ET DE L' EDUCATION NATIONALE
# LA FEMME EST L' AVENIR DE L'HOMME .... ET DE L' EDUCATION NATIONALE J'avais préparé ce papier, à chaud, pour le précédent « Echo », je l'ai retenu, puis transformé, en lui donnant une base de réflexion élargie. Le « bac » s'est, à la fin, bien passé, y compris dans la famille qui a fêté le succès d'Anne Sophie, le 4 juillet dans la couscousserie « branchée » où elle nous avait invités, au cœur du 3^ème^ arrondissement, l'un des plus cosmopolite de Paris. Dans la salle, une majorité de jeunes femmes, la plus part « beurettes » ou africaines, entre elles, par petits groupes, joyeuses, buvant et fumant, comme des grandes. Les observant, silencieusement, j'imaginais la vie de leurs mères dans leurs cités sensibles, voire de leurs grands mères dans leurs douars ou leur brousse, en pensant à ce que disait Montesquieu il y a presque 3 siècles ; ## « LES FEMMES SERAIENT EGALES SI L'EDUCATION L'ETAIT AUSSI » Me disant, qu'au moins pour celles la « l'ascenseur social » fonctionnait, sans doute pour le temps de leur liberté de célibataires, après quoi mieux valait ne pas trop y penser. Ce qui m'a fait élargir la réflexion ébauchée, un mois avant, avec un proche ami ministre qui reconnaîtra, si son attaché de presse lit « l'Echo », mon propos dérangeant. Depuis deux générations, la majorité des femmes se sont intégrées dans la vie sociale, ajoutant, pour beaucoup, à leur rôle dans le couple, ou la famille, la charge d'une participation active à la vie collective qui leur fut refusée, il y a encore peu de temps. Ce phénomène, profond et heureux, constitue une forme généralisée de promotion sociale, au point que l'équilibre de nos sociétés post industrielles repose sur cette attente féminine justifiée, pas toujours reconnue par des travaux valorisants. Il reste à se donner les moyens, spécialement en France, pour ne pas régresser, pour ne pas enclencher la « réaction », ce qui à l'évidence se produira par les phénomènes conjugués du chômage masculin et de l'éducation dégradée des enfants scolarisés. Comment pouvons nous imaginer que les femmes des milieux les plus simples conserveront leur chances de garder leur activité professionnelle, si, en même temps, elles doivent faire face, à la régression de leurs enfants, socialement sacrifiés dans un système d'éducation collective public, qui fabrique tant d'illettrés, tant d'enseignants démotivés, tant de programmes « sautés ». Certes, les femmes des milieux plus aisés peuvent avoir le recours aux institutions privées, mais il ne faut pas oublier que  «  la Laïque » a été justement faite pour ne pas écarter ces jeunes dont les parents étaient moins dotés, du savoir et de la promotion. Pour moi les choses sont claires. Les indispensables et profondes réformes de notre système « d'instruction publique » comme on disait au temps de Ferry, l'ancien, seront déterminantes pour l'avenir des femmes, pour leur place dans la société de la première moitié du 21^ème^ siècle. Je l'avais évoqué il y a trois ans dans «  le hussard et le mammouth ». Ce qui s'est passé depuis dépasse, de loin, mes pires craintes. Alors pourquoi ne pas confier le ministère de l'éducation nationale à une femme , entourée d'autres femmes, pour s'occuper de l'avenir des enfants, comme en famille. Pourquoi, alors que de nombreuses femmes ont hérité de ministères de premier plan, à commencer par celui de chef de gouvernement, sans oublier celui de la défense, n'a t'on jamais confié ce chantier éducatif à celles qui ont le plus intérêt à ce qu'il réussisse ? La rumeur des informations confidentielles du microcosme parisien commencent à parler de Michèle Alliot Marie. A suivre et bonne rentrée.
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2003-10-01
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QUI TROP FAIT L' ANGE, FAIT LA BETE
# QUI TROP FAIT L' ANGE, FAIT LA BETE Peut être verrons nous un jour cette mise en garde apparaître sur nos écrans de télé pour nous préserver des abus de confiance du spectacle de masse, comme d'autres, inscrites en gras, sur nos bouteilles d'alcool ou nos paquets de cigarettes, pour nous préserver des abus de consommation. Ce ne serait pas inutile , tant le spectacle télé produit des personnages qui jouent à l'ange, en dissimulant, le plus possible, les conséquences des bêtises qu'ils commettent. Quiconque est passé devant la caméra télé, sait à quel point cette industrie de l'image fabrique des apparences de puissance et de pouvoir quasi surnaturels. C'est pourquoi les hommes politiques, pour faire leur métier, pour exister, sont obligés d'y aller, régulièrement, en s'y présentant, ce qui est humain, sous leur meilleur jour. Encore que le monde politique est tellement soumis à la critique, qu'il bénéficie le moins de la télé. Les autres personnages que fabrique la télé, un instant mis en valeur, jusqu'à ce qu'ils soient remplacés par ceux du lendemain, qu'il s'agisse du show biz, ou de l'actualité sociale, (souvenez vous du Tarzan des routiers), perdent vite, devant leur propre image télé, le sens des limites à ne pas franchir. Ce sens de la limite qui différencie l'être humain de l'animal, en le préservant du pire. Ces trois mois d'été nous ont, hélas, apporté, de trop nombreux exemples. Ce furent d'abord les instituteurs et institutrices qui désertèrent leurs écoles pendant des semaines pour aller, à la télé, jouer aux anges farouches défenseurs de leurs rôles d'ingénieurs de l'ascenseur social destiné aux enfants défavorisés. C'était à la fois noble et juste. Jusqu'à ce qu'ils aient dépassé les limites de leur action et se soient transformés en ingénieurs de l'agitation sociale, ce qui leur a fait perdre le combat. En faisant la grosse bêtise d'oublier que ce sont les enfants du primaire, les plus vulnérables, qui paieront plus tard l'addition d'une année scolaire déglinguée. Vinrent alors, dans la comédie des rues, la foule joyeuse et bigarrée des « intermittents » du spectacle, révoltés par les conditions que leurs imposent, pour l'essentiel les chaînes publiques de télé qui utilisent l'argent des Assédic pour payer leur artistes. C'est encore noble et juste de le dénoncer. J'avais abordé ce sujet du financement de la culture début 2002 dans «  le cinéaste et le couturier ». Puis emportés par leurs élans passionnés, ils ont presque tout cassé, faisant la grosse bêtise de détruire les festivals d'été qui font l'originalité et le charme d'une France premier pays touristique du monde. Il fallait la tragédie, elle nous vint du décès d'une de nos plus attachantes artistes, tabassée à mort par son amoureux, lui-même véritable icône au paradis des chanteurs révoltés, hurlant la violence de ses mots, engagé dans les généreux combats qui en faisaient « l'idole des jeunes ». A l'évidence, il a oublié que la frontière est vite franchie qui sépare la fine poésie de l'ange de l'épaisse brutalité de la bête, et qu'un attachant personnage de scène, peut devenir odieux dans une autre scène, celle du ménage. L'apothéose nous est venue de Cancun, ou de Cancon, on ne sait plus très bien, lorsque notre ange exterminateur des ONG et de l'OMC, moustache au vent et pipe au bec, fort de la justesse, réelle, du combat qu'il mène pour les très pauvres agriculteurs des pays les plus pauvres, s'est réjoui d'avoir fait échoué la conférence qui tentait de mettre un peu de bon sens ou il en manque. On mesure l'énormité de la bêtise, à peine 48 h après. L'OMC par terre, le milliard d'êtres humains qui vivent dans les pays riches du nord de la planète continueront à être riches. Les deux milliards d'êtres humains qui vivent dans les trois pays qui se développent rapidement, la Chine l'Inde et le Brésil, vont en profiter pour s'enrichir. Quant aux trois milliards restants, peuples du sud, ils attendront . en regardant l'ange José Bové donner ses leçons à la télé, au monde entier. Un mot pour terminer. Je m'étais habitué depuis des années à voir notre plus belle actrice, l'ange qui a fait exploser les ventes du magazine ELLE lorsqu'elle en a fait la couverture vêtue de sa seule générosité, aller s'attacher aux grilles des églises pour soutenir le combat vital des sans papiers. Je ne l'ai pas vue devant les grilles des hôpitaux, ni le sémillant évêque qui l'accompagne, attirant l'attention sur les vieux qui allaient mourir. Peut être parce que les anges, qui aiment tant la télé, ne sortent pas par temps de canicule ? Surtout quand les caméras ne sont pas au rendez vous.
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2003-11-01
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TERMINATOR, LA VIOLENCE ET LA VENGEANCE
# Terminator, la violence et la vengeance L'acteur de cinéma Arnold Schwarzenegger vient d'être élu gouverneur de la Californie, sixième puissance économique du monde. A ne pas confondre avec sixième puissance politique du monde, heureusement, ni avec la sixième puissance intellectuelle. Sauf à admettre que la série des films «  Terminator » sont du domaine intellectuel. Ce qui parait difficile quand on sait que ces films destinés au grand public du monde entier sont construits sur la violence la plus extrême et la vengeance la plus brutale. Ayant ainsi fait fortune, en argent et en pouvoir, sur l'exploitation de la débilité et sur la destruction de la psychologie des « masses populaires », comme on disait du temps de Staline, cet autre « Exterminator », voila l'Autrichien d'Hollywood capable de transformer son rêve américain en rêve de présidence de l'hyperpuissance qui entend diriger le monde. Et, bien évidemment diriger l'Occident, ce qui nous concerne tous. Si on réfléchit un peu, surtout quand on a fait l'expérience du chaudron californien et des studios où se fabrique la plus gigantesque industrie de communication et de loisirs qui domine les autres sociétés humaines, on peut avoir deux lectures de l'événement. Si on est optimiste on peut considérer que la Californie est un exemple, grandeur nature, de cette « société de marché » que les Anglo-saxons ont créée, type de société qui organise les rapports entre les individus sur la base des contraintes économiques et du développement des parts de marchés dont la conquête a remplacé les bonnes vieilles conquêtes territoriales de nos anciennes guerres européennes. Auquel cas le pouvoir politique, né de la démocratie, n'est que subalterne. Au mieux, il est destiné à gérer, en les maîtrisant, les conflits sociaux qui risqueraient de perturber le marché. Au pire il est destiné à faire survivre, dans l'artifice et la fausse autorité, un pouvoir d'Etat déclinant, remplacé par celui des grands opérateurs économiques et financiers. Dans les deux cas « Terminator » ne présente pas grand risque. Si on est pessimiste ont peut considérer que l'accession de « Terminator » au pouvoir d'Etat marque le glissement de nos société modernes vers une pratique généralisée de le violence et de la vengeance. A ce sujet, force est de constater que la société française a pris ce chemin. Certes, les efforts du plus populaire des ministres du gouvernement ont réduit les manifestations de violence. Mais les appels à la vengeance se font de plus en plus pressants, voire exigeants. La situation ainsi créée mérite, sur le point de la vengeance réclamée par la victime, une grande attention, avant de voir se multiplier les « Terminator » à la française qui ajouteront à la violence d'action de l'agresseur celle de la réaction de la victime. C'est sur ce thème, très actuel, des rapports entre les victimes, le Droit et la justice que se réuniront les Entretiens de Saintes 2004, le 7 février, à l'Abbaye aux Dames....., qui sont les principales victimes de la violence.
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2003-12-01
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A CONSOMMER AVANT JUILLET 2004
# A CONSOMMER AVANT JUILLET 2004 Nous sommes habitués aux dates qui limitent la durée de vie de ce que nous avons choisi, en nous imposant de nous en débarrasser. Notre Premier ministre, qui sait l' estime que je lui porte , voudra bien comprendre, au cas improbable où il me lirait, l'analyse que je fais des risques qu'il encourt de subir cette échéance de juillet 2004, pour des raisons extérieures à ce qu'il est et à ce qu'il fait. Le premier motif tient au fonctionnement de la 5ème République. Entre 1958 et 2003, soit 45 ans, 540 mois, elle a « consommé » 17 premiers ministres. Si l'on écarte de l'analyse statistique les 2 cas particuliers de Raymond Barre et de Lionel Jospin qui ont duré chacun 5 ans (et qui ont raté la présidentielle) les 15 autres, consommés en 35 ans, 420 mois, ont eu une durée moyenne de vie de 28 mois. Il n' y a donc rien d'exceptionnel de voir cette loi, que sans doute il connaissait au départ, s'appliquer à un homme de courage et de fidélité, deux qualités qui ne garantissent pas, loin s'en faut, un grand destin en démocratie des temps de paix. D'ailleurs, Raymond Barre lui-même, tout aussi courageux et fidèle à son président, a risqué la péremption des 28 mois à laquelle il n'a échappé qu'en gagnant les élections de 1978. Pour celles de 2004, la mission parait impossible, pour le second motif. En effet, depuis 25 ans toute élection est mortelle pour le gouvernant en place , de l'instant ou l'urne est devenue l'arme fatale qui sert à se débarrasser de celui qu'on ne veut plus voir. Ce fut même un fusil à 2 coups en 2002, Jospin d'abord, Le Pen ensuite. Il est à craindre que les urnes de 2004 soient déjà piégées. Pourquoi ? Depuis 25 ans la France subit la domination du monde Anglo-saxon, avec la langue anglaise, les lois européennes, la finance américaine. Elle l'admet, en râlant avec ses souverainistes et ses antimondialisation, parce qu'elle y trouve profit. Quitte à râler plus fort ce dimanche matin qui a vu ces « cochons de rosbifs » nous battre au rugby. Mais elle se « ressource » dans les deux abris douillets de son identité, son Etat et sa culture. Hélas ces 2 forteresses subissent, aujourd'hui, le destin de la ligne Maginot, qui n'a pu éviter l'invasion allemande que nos gouvernants de 1940 garantissaient impossible. C'est pourquoi le France est au bord de la crise de nerf, sans que les actuels gouvernants n'aient d'autres responsabilités que celle de tenir le manche au mauvais moment. Notre pauvre Etat, qui a trop voulu être notre maître, alors qu'on ne lui demandait que d'être notre serviteur s'est ruiné à force de promesses inconsidérées et de gestion incompétente. Il finit de vendre ce qui lui reste de patrimoine immobilier et de bijoux de famille, après quoi il ne lui restera plus que des dettes. Il faudrait alors dire la vérité aux citoyens, dire que nos affaires ont été très mal gérées pendant 20 ans, et qu'il faut arrêter de compter sur un Etat devenu insolvable. Au lieu de dire cette vérité au peuple, par peur légitime de ses réactions, on a choisi de le culpabiliser, en lui disant que tout est la faute à ses mauvais penchants : Vous appuyez trop sur le champignon, vous levez trop le coude, vous tirez trop sur la clope. On va vous apprendre à vivre à grands coups de radars, d'alcootests, et d'impôts sur la fumée. On connaît le résultat d'avance. N'en déplaise à tous les pisse--froid, qui dans les bureaux de la France d'en haut font avaliser leurs décisions par nos ministres, la France d'en bas a conservé cette culture Rabelaisienne que le monde entier nous envie faite de joie de vivre, d'impertinence et de tolérance. Elle est aux antipodes de la culture puritaine des Anglo-saxons faite d'ennui distingué, de repentance et de prohibition. Certes il n'est pas de bon ton, tant la pression culpabilisatrice est forte, d'afficher cette identité. Alors ne nous étonnons pas que dans le fameux secret de l'isoloir nombreux seront ceux qui voteront en pensant à Rabelais plutôt qu'aux gouvernants qui ne les comprennent plus. C'est dommage, mais on ne peut pas tout nous enlever, sans réagir. Un Premier Ministre Picto-charentais devrait le comprendre mieux que quiconque.
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2004-01-01
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LE « CHINOIS NOUVEAU » EST ARRIVÉ
# Le « Chinois nouveau » est arrivé Chaque année, le mois de novembre nous apporte le « Beaujolais nouveau ». En 2003, il nous aura apporté le « Chinois nouveau » en nous ouvrant vers ce 21^ème^ siècle qui est à notre porte. Au moment où ce 14 décembre a vu sombrer le navire du rêve de l'Europe politique, en même temps que la fin d'un des derniers dictateurs du 20^ème^ siècle. Le cubain et le Coréen fermant, pour peu de temps, la marche de ces monstres. Donc, 2004 arrive, première des 6 années qui feront basculer notre pays dans le 21^ème^ siècle. Je la souhaite à chacune et à chacun paisible et heureuse, et surtout clairvoyante, ce qui n'est pas évident, tant est grand notre refus de comprendre ce qui nous attend. Certes, notre débat national sur le voile que portent quelques centaines de jeunes filles pour cacher une partie de leur visage est intéressant, surtout dans une société où des centaines de milliers de jeunes femmes montrent tout le reste. Mais le plus dangereux n'est il pas ce voile dont nous nous cachons la face et les yeux pour ne pas voir l'avenir. J'en arrive au  « Chinois nouveau », dont j'emprunte le terme à un de mes amis qui a publié, il y a 3 ans, un livre prémonitoire sur « la victoire de la Chine » qu'il serait beaucoup plus utile de développer dans nos analyses politiques que les états d'âme de tel ou tel de nos dirigeants lorsqu'il se rase le matin. Restant dans le futile, j'évacue, rapidement, ce que la Chine nous a apporté en cet automne finissant. Une jeune chinoise au célèbre « bal des débutantes », ce très haut lieu de la France d'en haut. Le concours de miss Monde au pays de Mao tsé toung. Plus une exposition, pour l'année de la France en Chine, sur le nu dans la peinture française, qui ne fera pas ombrage à aucun de nos concurrents qui courent de Pékin à Canton et à Shanghai pour y vendre leurs projets ou y installer leurs usines. On pourra toujours, d'ici quelques années, organiser une exposition sur le nu dans l'économie française, lorsque nous nous retrouverons complètement «  à poil » après que l'industrie qui nous a fait vivre depuis 40 ans aura quitté notre pays. Car l'enjeu de ces toutes prochaines années est bien la. A l'évidence, même si les Américains qui en sont les inventeurs ne l'ont pas voulu, la dernière des mondialisations, des télécommunications et de la finance, n'aura qu'un seul vrai bénéficiaire, la Chine. C'est cette réalité qui a poussé les Américains à se ruer sur les richesses pétrolières partout dans le monde, de Kaboul à Bagdad, pour maîtriser l'énergie dont la Chine aura tant besoin pour absorber, et gérer, la moitié de l'industrie mondiale d'ici 20 ans. Elle le peut. Elle dispose du plus important réservoir de population du globe, qui accepte de travailler beaucoup pour très peu d'argent. Elle n'aura aucune peine à transformer en déserts industriels les pays dont les populations veulent peu travailler pour beaucoup d'argent. D'autant plus que les mieux formés, les meilleurs techniciens de ces futurs déserts n'hésiteront pas à suivre les usines qu'ils auront vu partir. Vous direz 20 ans c'est long. Erreur, il y a 25 ans j'étais en Chine. Les seuls souvenirs que j'avais pu rapporter pour les enfants consistaient en 4 uniformes verdâtres de l'armée chinoise, avec la casquette et l'étoile rouge qui faisaient la différence avec les « bleus de chauffe » de l'uniforme civil. Mao était mort 18 mois plus tôt, la Chine, en avec guerre le Vietnam, vivait cloîtrée dans sa religion marxiste. Il y a trois ans, j'ai vu, aux mêmes endroits, comment le nouveau Chinois avait écarté l'ancien, et compris pourquoi tout se mettait en place pour ce qui vient de se produire cet automne. Pour la première fois dans l'histoire, la Chine est devenue créditrice dans ses échanges avec les Etats-Unis. La guerre commerciale entre ces 2 superpuissances est engagée, elle a toute chance de se développer sur notre dos avec leurs monnaies faibles. Si l'Europe désunie veut éviter le désastre qui la menace, à court terme, il faudrait que la France et l'Allemagne sortent des utopies du 20^ème^ siècle. Pour les Allemands c'est en train d'être fait. Pour nous, malgré la sonnerie du réveil, le sommeil persiste.
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2004-02-01
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DE L' AUTORITE ET DE LA RESPONSABILITE DES GOUVERNANTS
# DE L' AUTORITE ET DE LA RESPONSABILITE DES GOUVERNANTS Rien ne prouve qu'un gouvernement, fragilisé par une déconvenue électorale, devrait y succomber. C'est ce que pourrait éviter celui de J. P. RAFFARIN, s'il partage l'analyse ci-dessous et la fait partager à une opinion publique qui peut la comprendre. Si on étudie la vie de la 5^ème^ République, depuis 40 ans on voit qu'elle a vécu 3 phases. ## 1^ère^ phase 1962-1981, gouvernements d'autorité et de responsabilité Sous l'impulsion initiale du Général De Gaulle, lui-même et ses 2 successeurs ont assumé leurs fonctions, dans l'autorité que leur donnait leur élection directe, avec un esprit de responsabilité dont le comportement du fondateur de la 5ème République fut l'exemple. ## 2^ème^ phase, 1981-2002, gouvernements sans autorité à responsabilité limitée Cette phase a été marquée par une rupture née de l'élection d'un président issu de la 4^ème^ République qui a réintroduit les pratiques d'instabilité qui la caractérisaient. 9 gouvernements successifs en 20 ans, 6 de gauche, 3 de droite, 12 ans de cohabitation conflictuelle entre le Président et son premier Ministre, de très graves irresponsabilités dans la gestion des affaires publiques, ont entraîné une grave perte de confiance des citoyens dans leur système politique et dans les gouvernants qui en sont issus. Tout cela a très mal fini, au printemps 2002, comme au printemps 1958, avec la réelle menace de l'extrême droite, et le retour vers l'utopie révolutionnaire. ## 3^ème^ phase, 2002 \-\-\-\-\-\-- ? gouvernements de responsabilité à autorité limitée L'actuel gouvernement a hérité de cette situation. Il lui faut gérer une nouvelle rupture qui est marquée par un affaiblissement durable de l'autorité des gouvernants. Trois éléments y concourent : La révision constitutionnelle du quinquennat, motivée par de petites questions politiciennes, a, de fait, donné , à un pouvoir sans contrôle parlementaire réel, un caractère carrément présidentiel, que l'opinion pousse à s'expliquer devant elle dans une campagne électorale permanente, qui l'éloigne de ses devoirs. La perte d'autorité, l' irresponsabilité des 20 années précédentes ont permis aux juges et aux médias de se constituer, de fait, en 3^ème^ et 4^ème^ pouvoirs qui ne sont pas prés d'abandonner cette position occupée au sein de la nouvelle démocratie d'opinion Les institutions européennes ont parachevé, par leur présence tatillonne dans la gestion des affaires du pays la limitation durable de l'autorité de nos gouvernants. Faut il autant qu'il se découragent face à une telle perte d'autorité . Pas du tout, car le pouvoir est tout aussi légitime quand il repose sur l'esprit de responsabilité. A ce sujet, j'ai relu récemment un ouvrage qui date de 1963, année du milieu des trente glorieuses et du gaullisme triomphant. Inspiré par les grands serviteurs de l'Etat qui ont reconstruit la France de l'après guerre, dans l'efficacité et l'honnêteté, j'y ai trouvé : « La reconnaissance des gouvernants tient plus à la plénitude de leurs responsabilités qu'à l'exercice de leur autorité » Quelle leçon, quel exemple et quel réconfort pour nos gouvernants. Qu'ils n'aient pas de complexes liés aux limitations de leur autorité. Qu'ils exercent pleinement leurs responsabilités, qu'ils se détournent des petits jeux politiciens qui amusent les irresponsables, avec le temps le peuple les comprendra, et les reconnaîtra. Il est inutile, qu'ils tapent sur la table, ni qu'ils cognent en dessous. Il suffit qu'ils fassent ce qu'ils ont dit, auquel cas, la 3^ème^ phase engagée en 2002 tournera à leur avantage. Bonne année et bon courage.
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2004-03-01
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LE PEUPLE, LE JUGE ET L'ANDOUILLETTE
# Le peuple, le juge et l'andouillette Édouard Herriot à dominé la politique française pendant un grand demi siècle. Elu maire de Lyon, à 32 ans, en 1905, il a conservé son mandat pendant 52 ans !!! Ayant occupé presque toutes les grandes fonctions de nos institutions sauf la présidence de la république il manifestait une certaine idée de la politique qu\'il résumait en une formule : « la politique c\'est comme l\'andouillette, pour que ce soit bon il faut que ça sente un peu la m..... » L\'année suivant sa mort, en 1958, le général de Gaulle a pris le pouvoir, avec une certaine idée de la France. Le souffle de la grandeur a évacué les mauvaises odeurs accumulées et aéré la maison, pour le temps des années 1960/1970. Puis vint le règne de François Mitterrand, qui avait fait ses débuts au temps d\'Édouard Herriot, et qui avait la caractéristique d\'avoir le nez aussi fin que l\'odorat peu délicat. C\'est ainsi que les années 80 nous ramenèrent une odeur de plus en plus difficile à supporter par le peuple et par les juges, au point de provoquer trois dérives. ## LA PERTE DE SOUVERAINETE DU PEUPLE A la fin des années 80, nos élus, la plupart dévoués et honnêtes, conscients de ces désagréments, ont cru pouvoir changer ce climat délétère par une large amnistie qui est apparue comme un droit à l'impunité. Le coup ayant raté, dans la panique de scrutins ravageurs (1993), les élus de la nation ont passé le « mistigri » aux juges désormais chargé de décider de l'éligibilité des politiques. Le jugement à dorénavant remplacé l'élection, laquelle reste, à l'évidence, le droit premier, inaliénable, du peuple dans toute démocratie qui se respecte. Pire, les juges se sont vus contraints, par différents textes de loi, d\'appliquer une peine automatique, comme si les élus, en ces temps de prohibition et de repentance, voulaient s'auto mutiler pour expier les péchés de certains d'entre eux. Comme si le pianiste qui a commis un délit obligeait le juge à lui couper les deux mains. Il faudra bien un jour sortir de cette aberration qui conduit à franchir le mur qui doit séparer le suffrage et le jugement qui n'ont, ni la même origine, ni la même nature. Le pire est toujours au rendez vous quand on laisse un agent franchir ce qu'on appelle en termes médicaux « la barrière des espèces ». ## LE CHANGEMENT DE FONCTION DU JUGE Il y a cinq ans, les « Entretiens de Saintes 1999 », abordant le thème « au nom du peuple » avaient alerté sur la dérive constatée dans la fonction des juges. Dans toute démocratie, le juge est « la bouche de la Loi » face au peuple. Dans la France contemporaine il tend à devenir  « la bouche du peuple » face à la loi. C'était la conclusion de nos travaux, déjà. Chacun sait que la justice est rendue au nom du peuple, c'est inscrit en lettres majuscules dans tous les jugements. A condition que ce jugement soit motivé au nom de la loi. Or, curieusement, les jugements d'inéligibilité, dont la légitimité reste fragile, sont marqués par cette dérive. Rendus au nom d'une loi que les juges sont obligés d\'appliquer, ils sont motivés au nom du « peuple souverain » comme si le juge était, en l'espèce, délégataire universel des pouvoirs de ce souverain et parlait en son nom . Sur ce sujet aussi il faudra bien, un jour, revenir au bon sens démocratique. ## LA RESPONSABILITE DES GOUVERNANTS J'ai largement évoqué ce thème le mois dernier en rappelant la perte d'autorité des gouvernants qui ne font plus la loi chez eux et en affirmant qu'en y substituant un exercice rigoureux de leurs responsabilités ils arriveraient à réconcilier l'action politique avec le peuple et avec les juges. Erreur funeste dans mon propos quand j'ai dit que la première responsabilité du gouvernant était de faire ce qu'il avait dit qu'il ferait. Je n'avais rien compris, je le confesse, Un mot pour terminer, un des disciples d' Édouard HERRIOT, Edgar FAURE, qui fit une carrière politique aussi longue et aussi brillante que son maître, avait l'habitude de dire qu\'il *« ne pouvait pas s\'empêcher d\'être ministre »* C\'était une boutade. Mais elle exprime tellement bien ce que pensent ceux qui ne peuvent pas « s'empêcher » de nous gouverner et qui n'entendent pas, quoiqu'il arrive, laisser la place, comme le font tous leurs collègues étrangers qui acceptent plusieurs successions pendant que nous nous bagarrons pour en organiser une seule. Attendons de voir qui battra le record d'Edouard HERRIOT, 52 ans dans la mêlée. Il ne reste plus longtemps à attendre.
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2004-04-01
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LE MONARQUE, LES ROBES NOIRES ET LES BLOUSES BLANCHES
# Le monarque, les robes noires et les blouses blanches En ce début de printemps, il ne fait pas bon occuper le trône de notre république devenue monarchique. Comme dans la chanson « tout est au Duc » tous les pépins, toutes les révoltes convergent vers lui, comme s'il n'y avait plus ni barrage, ni déversoir, le protégeant de la vague destructrice du mécontentement. En janvier, les robes noires se saisissent du dauphin pour le priver de son accession programmée à la couronne. En février, les blouses blanches entrent en révolte et l'exposent à la vindicte du peuple et des nobles de la santé. En mars, l'électeur boude les urnes, au risque de lui faire perdre quelques villes bastions indispensables pour le crédit et l\'exercice de son pouvoir quasi royal. Il se trouve qu\'au moment où, comme chacun de vous, je constate ces désagréments qui accablent le pouvoir, je suis plongé, par devoir d'écriture, sur la période charnière du milieu du XIVe siècle, pendant laquelle le Prévôt des marchands de Paris, Etienne Marcel, y mena la révolte, peu avant que Charles V libère la Saintonge des Anglais en 1375. A plus de 600 ans de distance, que de leçons à prendre pour notre quotidien. Un Roi, plutôt sympa, Jean le bon, s'appuyait sur un Etat qui entretenait de très nombreux serviteurs, dans le but d'étendre le rayonnement de son royaume envahi par les Anglais, et réduit , dans ses frontières de l'époque, à autant de provinces que de régions contrôlées, en 2004, par la majorité au pouvoir. Parmi tous ces serviteurs, les gens d'armes, qui assuraient la sécurité mise à mal par les bandes et le terrorisme qu'elles faisaient régner à la ville et à la campagne, bénéficiaient d'une priorité, et d'une autorité reconnue. Les marchands avaient tout loisir de développer leurs affaires sans que le roi ne s'en mêle, sauf pour donner les subsides qui calmaient les plus agités. La noblesse d\'Etat, les juges des parlements, les savants et les hospitaliers exigeaient, avec force, leur part des subsides allégrement distribués à la « roture » marchande aussi méprisable à leurs yeux qu'enrichie sans vergogne. La Cour, qui s'affranchissait de la rigueur austère du grand Saint Louis, goûtait aux plaisirs dispendieux du faste et des fêtes. Quant aux paysans, ils assuraient, par l'impôt, le train de vie d'un Etat de plus en plus « fauché » jusqu'à se révolter dans les « jacqueries » dont la peur remonte jusqu' à nous, lorsque viticulteurs et éleveurs viennent  chatouiller leur Préfet. Il ne manque à ce tableau, pour le rendre très actuel, que deux références : la présence du Pyrénéen Charles de Navarre, dit le mauvais, qui n'arrêtait pas de ferrailler contre Jean Le bon, et sa famille. La bataille de Poitiers au cours de laquelle le Prince noir mit la royauté en difficulté, trahie qu'elle fut, dans le combat, par la défaillance de ses troupes. Que pouvait faire cette royauté, accablée par ses ennemis de l'intérieur et de l'extérieur, écrasée par la ruine de ses caisses, sinon révéler son génie, tout de suite, sans attendre qu'arrive Jeanne d'Arc, 70 ans plus tard. C'est ainsi que le choix fut fait de la décentralisation du pouvoir royal vers les villes fidèles, sans leur donner les moyens, bien sur, soi disant pour éviter le retour vers la féodalité des siècles précédents. Déjà, le Roi voulait bien commander, mais pas payer. Je laisse au lecteur le soin de retenir ce qui lui fait penser à nos jours, aux prénoms prés du « bon » et du « mauvais ». en ajoutant que les historiens considèrent que c'est de la cour royale de l'époque que nous vient l'usage du spectacle pour tenter de rapprocher les gens de cour du bon peuple. La pratique étant, de nos jours, devenue mode de vie grâce à la télé, je ne résiste pas au plaisir d'évoquer le plus brillant de nos gentilshommes de cour. Notre éternel ministre de la culture, auto proclamé, faute de gouvernement, ministre de l'intelligence, a pris les galons du général en chef de la « Jackerie » des intelligents, répondant à la « déclaration de  guerre » du gouvernement. On voit déjà les chars de la « gay pride » descendre les Champs Elysées, accompagnant le vainqueur en son palais, au cœur du triangle de l'intelligence, place des Vosges, du Panthéon et de St Germain des prés, fanfare en tête, portant le grand habit avec la « fraise » gaufrée des mignons d'Henri III. Quelle allure aurait ce passage de la nuit à la lumière, comme notre gentilhomme l'a proclamé en 1981, si la triste réalité n'était, hélas ailleurs, à Madrid, qui vit le drame de la bêtise criminelle humaine et de la vraie guerre, celle qui tue avec les bombes, pas celle des discours de la politique spectacle. L' Histoire, avec un grand H, toujours porteuse de tragédies,  revient en force, elle sera impitoyable pour les comédiens de la politique, et pour ceux qui céderont à leur charme.
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2004-05-01
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LE PLAN VIGIE FAILLITE
# LE PLAN VIGIE FAILLITE Après le plan vigie pirate, voila le temps venu du plan vigie faillite, qui concerne nos finances publiques, c\'est-à-dire notre argent de contribuables. J'ai suffisamment insisté, à plusieurs reprises, dans l'Echo, en parlant de l'addition de 2003 et de la soustraction de 2004, pour limiter mon propos à l'essentiel. Notre situation est simple. Il faut trouver 100 milliards d'Euros pour ramener nos dettes à un niveau supportable, plus 15 autres milliards de diminution du déficit annuel avec lequel nous vivons comme avec une drogue. Il reste alors à vendre le patrimoine de l'Etat pour nous « désendetter ». Très bien, mais faisons les comptes. Ce que possède encore l'Etat représente, grosso modo, 50 milliards d'Euros ( 330 milliards de francs). Même si nous avons tout vendu le 31 décembre 2004, tout cet argent récupéré permettra tout juste de payer une année des intérêts des sept mille milliards de francs que nous avons empruntés (1.100. 000.000.000 d'Euros). Quand on met tous les zéros on y voit plus clair. Notre Etat s'est mis, depuis plus de 20 ans, à force de promesses et d'illusions, dans la situation d'une famille qui serait obligée de vendre maison et voiture pour seulement payer une année d'agios de ces crédits. On attend le nouveau ministre, magicien des finances, aux prises avec vigie faillite, au coin de la rue de Bercy...... qui est toute proche du chemin de fer de la grande ceinture. Heureusement, il n'est pas le seul en charge d'autres plans vigie faillite tout aussi inévitables. Le nouveau pouvoir des présidents de région peut aussi déclencher son propre plan . Chacun le sait, je l'ai rappelé le mois dernier, avant les élections, l'Etat ne pourra, ni ne voudra faire à l'égard des régions passées dans l'opposition, le moindre transfert d'argent. Tout au plus gardera t'il l'argent et le pouvoir d'avant la décentralisation, auquel cas, le nouveau pouvoir régional de 2004 sera en faillite politique, car il n'aura réussi à exister que très marginalement. Si on va plus loin dans l'analyse, le rêve super gauchiste qui agite à nouveau la classe politique risque tout autant de faire une retentissante faillite. Pour redistribuer les richesses selon le vieux principe « à chacun selon ses besoins, de chacun selon ses moyens », il faudrait que le peuple reprenne en mains la totalité de l'économie et de la finance, n'est ce pas Arlette. Pour y arriver le choix serait simple. Soit l'Etat paierait, mais avec quel argent, des sommes encore beaucoup plus astronomiques que celles ci dessus. Soit il spolierait une bonne partie des épargnants occidentaux, comme le fit autrefois le colonel Nasser avec le canal de Suez. Il est préférable de ne pas penser aux conséquences dramatiques pour le pays dans le monde actuel. Mais les endroits où il est le plus intéressant de voir comment le plan vigie faillite va se développer, sont au sièges respectifs de l'UMP et du Parti SOCIALISTE. Dans trois ans la messe sera dite. A l'UMP il aura fallu fabriquer un successeur à J CHIRAC. Trois ans c'est court. D'autant que les candidats crédibles ne courent pas les rues, même s'ils battent les estrades. Celui qui tient la « pole position » N. SARKOZY devra avoir gagné trois épreuves, d'abord réussir à Bercy dans une situation intenable, puis résister à l'hostilité impitoyable de celui auquel il prétendra succéder, enfin battre le candidat successeur validé par l'Elysée. Ca fait beaucoup, mais à 50 ans il peut jouer 2012 voir 2017, quand tous les actuels  sexagénaires formés sous F. MITTERAND et J. CHIRAC auront été mis à la retraite. Le second dans la course D. de VILLEPIN, arrive à point nommé. Noble porteur d'un panache poétique enflammé, ferrailleur digne des mousquetaires d' A. DUMAS, il va faire ses classes au ministère de l'intérieur qui connaît tout de la France profonde et électorale. Il a du coffre et tout ce qu'il faut pour trancher sur le style bonhomme de J.P RAFFARIN qui repoussera sans doute à l'automne le départ normalement prévu en juillet. (l'Echo N° ). Quant au P.S. les choses ne vont pas aller toutes seules. Les trois ans a passer vont faire oublier la grande joie des retrouvailles avec l'électeur. D'abord il faudra qu'il ait le pied très léger sur la pédale qui actionne les grandes manifestations de rues qui amusent autant les bons citoyens qu'ils les fatiguent, à la longue. Ensuite il faudra gérer les déconvenues de ce pouvoir régional dont la télé des soirs d'élections a sur estimé la puissance au risque de déclencher les frustrations d'un électorat friand des éliminations de Star-ac ou du maillon faible. Enfin il faudra gérer l'attelage des huit prétendants à la course présidentielle, trois femmes et cinq hommes qui se disputent déjà la présence devant les caméras de peur de passer après les sept autres. Comme on le voit la politique spectacle n'a pas fini de nous occuper, sauf si l'échec des différents plans vigie faillite nous ramène vers la réalité
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2004-06-01
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LE DÎNER DE (NÉO)-CONS\
# Le dîner de (néo)-cons\*   Dîner, hier soir, chez un ami autour d\'un \"Faucon\" du Pentagone. Comme il y a peu de chance que vous trouviez un résumé aussi percutant dans votre quotidien ou périodique favoris je vous en fais profiter. L\'homme, aussi passionné que passionnant, est né il y a 52 ans en Europe centrale. Ses études en France, en participant à mai 1968, lui donnent une solide culture, et la pratique de huit langues. Puis il part aux Etats-Unis comme journaliste et collabore avec une Fondation politique (ça devient la mode chez nous), qui a construit la base idéologique du parti néo-conservateur de G.W. Bush , en abrégé les néo-cons. En 2000, il intègre la branche politique du Pentagone (Ministère de la Défense) comme conseiller du principal adjoint du secrétaire d\'état à la Défense (D. Rumsfeld). Passons aux questions et réponses, les moins dures. Et attachez vos ceintures !!   ## Pourquoi cette guerre imbécile en Irak ? En 1945 l\'Amérique a fait une erreur tragique. Elle a considéré le Moyen-orient arabo-musulman comme une station service d\'essence. Elle a laissé à des dirigeants d\'un autre siècle la conduite de peuples abandonnés dans une démographie galopante incontrôlée, dans une pauvreté catastrophique, face à des religieux d\'avant le moyen-âge. Le résultat est que ces peuples en veulent au monde entier d\'avoir raté ce que les asiatiques qui étaient beaucoup plus pauvres qu\'eux sont en train de réussir, le développement économique, comme la Chine, l\'Inde et les \"dragons\" du sud est. Devenus enragés, entretenus par leurs dirigeants dans leur hostilité féroce contre tout ce qui n\'est pas l\'Islam, ils constituent un danger majeur pour le monde. C\'est pourquoi nous avons décidé de mettre un terme à cette situation, avec le temps qu\'il faudra, 10 ans, 20 ans , 30 ans en occupant, d\'abord, Kaboul, puis Bagdad. ## Mais vous êtes en train de perdre la guerre, avec les horreurs de la torture Ce qui s\'est passé est abject. C\'est un mauvais moment à endurer. Nous le surmonterons. De toute manière, vous les Français, vous n\'avez pas de leçons à nous donner. Vous avez torturé pendant des années en Algérie sans qu\'aucun de vos responsables vienne présenter ses excuses à la télévision, comme D. Rumsfeld l\'a fait. Vous avez même mis 50 ans avant de reconnaître votre part dans les persécutions des Juifs par les Nazis avec lesquels vous avez collaboré. ## Vous détestez la France à ce point ? Non, nous aimons la France, nous nous sommes battus deux fois pour elle en 30 ans. Nous ne comprenons pas l\'hostilité de l\'intelligentsia française à notre égard et la mode qui consiste toujours à nous critiquer ou à nous considérer comme des demeurés. A dire vrai, on s\'en fout, parce que vos intellectuels se sont toujours trompés. Quand on voit votre mode de vie, nous ne sommes pas inquiets. Vous mettez en prison ceux qui cassent les Mc Do, et vous avez vendu la moitié de votre économie à nos retraités. ## Vous avez inventé cette tromperie des armes de destructions massives que personne n\'a jamais trouvées Je vous l\'ai dit, il fallait faire face au danger, pour le monde, de la situation du Moyen-orient arabo-musulman. S. Hussein était le plus fragile, on a commencé par lui. Je sais qu\'il était l\'ami de vos dirigeants, comme il l\'était de l\'ONU. Après sa défaite de 1991, il a su remonter la pente en séduisant ceux qui sont sensibles à la corruption qui règne dans ces pays pétroliers et qui permet d\' acheter les bonnes consciences, et en mettant de son coté les pleurnichards, qui sont toujours prêts à excuser les dictateurs. Les armes existaient, tous les services spéciaux, même les Français, le savaient, elles étaient biologiques, donc faciles à faire disparaître, avant qu\'on arrive. L\'ONU leur a laissé le temps. Elles n\'étaient pas atomiques puisque les Israéliens avaient détruit l\'usine que la France avait fournie à Saddam Hussein pour lui permettre d\'en disposer. ## Pourquoi ne dites-vous pas la vérité ? Vous mettez la main sur le pétrole parce que vous avez peur du développement industriel de la Chine, votre futur concurrent Oui, la Chine dominera le monde industriel dans 50 ans. Entre nous l\'Europe en souffrira beaucoup plus que nous. D\'ici là, nous allons tout faire pour développer d\'autres sources pétrolières moins fragiles que celles de l\'Arabie, et surtout d\'autres types d\'énergie que nous sommes les seuls à domestiquer. ## A votre avis G. Bush peut il être réélu ? Normalement oui. G. Bush est dans la même lignée que Roosevelt pour lutter contre le couple Japon-Allemagne, Truman pour bloquer la Chine en Corée, et Reagan pour gagner la guerre froide contre les Soviets. Il mène un combat de morale et de responsabilité politique à long terme, les Américains le comprennent. Il veille à ce que la situation économique soit bonne. Entre nous il y réussit mieux que l\'Europe, laquelle ne fait pas de gros efforts pour nous aider dans la défense de notre civilisation commune. Je reste confiant, nous sommes lucides et courageux. Chaque lecteur comprendra que je n\'approuve pas les termes de cet échange que je vous livre \"brut de fonderie\". Il est toujours utile de savoir ce que pensent, au fond d\'eux-mêmes, ceux qui influent sur notre avenir. Après quoi chacun fait son jugement. Néanmoins, une constatation s\'impose : l\'Amérique est en guerre. Pour combien de temps, pour quelles victoires ou pour quelles défaites ? Personne ne peut le dire. Même pas ses actuels dirigeants, pour la plupart, marqués par la culture de la \"real politik\", avec la brutalité et le cynisme qui ont fait tant de ravages dans la \"vieille Europe\". Une \"info\" pour terminer. La capture de Ben Laden est programmée pour l\'automne, juste avant l\'élection de novembre, en espérant que la neige ne bouchera pas l\'entrée de sa grotte. On peut se demander où les Américains ont pris l\'idée de monter à l\'assaut d\'une grotte juste avant une élection présidentielle ? Je vous le donne en mille (988). \* néo-cons : membres du parti néo-conservateur de G.W. Bush
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2004-07-01
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EUROP STORY 2004
# Europ Story 2004   Le 13 juin, nous avons voté pour envoyer nos représentants faire les lois et les règlements européens qui constituent 70% des obligations que nous devons respecter, bon gré mal gré. Tout le monde s\'accorde pour dire que les explications préalables ont plus que manqué, au point de décourager prés de 60% des électeurs, et que, comme dans l\'auberge espagnole du bon vieux temps, chacune des 25 familles qui y sont invitées trouvera dans l\'auberge européenne ce qu\'elle y apportera, dans le plus grand désordre.   Donc, soyez en surs, nous ne sommes pas sortis de l\'auberge. Ni du pub. A commencer par les mots. Tout Britannique est membre du Royaume-Uni. Tout citoyen de notre République est membre de l\'Union européenne. L\' Anglais met son Royaume avant le mot uni (l\'adjectif). Le Français met le mot Union avant le mot européen (l\'adjectif). Ne nous étonnons pas que leur Royaume ne sera jamais sacrifié pour une Union plus ou moins désunie, et comprenons ce que cela signifie en termes de pouvoir et d\'états. A ceux qui rêvent des Etats unis d\'Europe, l\'Anglo-saxon rappelle que ces Etats unis existent, qu\'ils s\'appellent l\'Amérique, fondée et constituée par les migrants européens, grâce à quoi les peuples restés sur le sol européen, ont été sauvés trois fois, en 1917, 1943, et 1949 des griffes des démons générés par leur imbécillité politique. Cette réponse exclut toute idée de pouvoir politique européen. Les rares Français de Londres, qui, avec le Général de Gaulle ont lutté pied à pied pendant quatre ans pour arracher aux alliés Anglo-saxons une place dans la victoire de 1945 (1) ont espéré y arriver, sur le continent, avec les Allemands qui avaient besoin de quelques décennies pour faire oublier leurs crimes. Mais le temps a passé, le couple a vieilli, la fécondité n\'est plus là. On se supporte de plus en plus mal,chacun se replie sur luimême.(2) Les Anglo-saxons le savent. Ils peuvent s\'appuyer sur la puissance de cette autre partie de l\'Europe qui règne à Washington, et sur son bras armé l\'OTAN (3) pour faire triompher, avec le temps, leur vision d\'une Europe à laquelle ils restent attachés par la géographie. Le rêve de la génération Jean Monnet est en train de se diluer dans le projet que nos amis de l\'autre coté du tunnel n\'ont jamais caché, celui d\'un grand marché-espace économique, intégrant l\'Europe centrale que Churchill voulait, en 1944, conquérir avant que les Russes ne l\'accaparent, quitte à décaler la libération de l\'ouest européen et de la France. La \"vision\" était déjà claire. L\'utopie tyrannique communiste a retardé l\'opération jusqu\'à l\'effondrement de 1990 qui permet, enfin, \"l\'élargissement\".(4) Pendant ce temps, les nations continentales ont suffisamment abandonné leurs pouvoirs, au profit de l\'Europe, pour affaiblir leurs Etats respectifs, ce que les Anglais n\'ont pas fait. Mais pas assez pour créer un vrai pouvoir européen continental.(5) Nous nous sommes affaiblis, les Français et les Allemands, pour un projet que nous sommes incapables de mener à son terme. Nous sommes en panne au milieu du gué, une fois de plus dans l\'attente du dépanneur Anglo-saxon, qui n\'attend que ça. Si par bonheur nos hommes politiques voulaient nous dire cette vérité et nous suggérer quelle sera notre place dans cet avenir, ce serait plus utile pour nous tous.(6) Tout ce que vous venez de lire, en italique, a été écrit dans L\'Echo des Arènes de fin juillet 2001, un mois avant la tragédie du 11 septembre. Juste quelques renvois pour voir où nous en sommes trois ans après : 1. En 2004, les cérémonies du débarquement de 1944 ont plus que confirmé le peu de considération accordée par les Etats-Unis à la France quand elle n\'est pas dans leur camp. Sans la détermination farouche du général De Gaulle, la France aurait connu, en 1944, l\'occupation par l\'armée américaine (comme l\'Irak de 2004), avec une monnaie et un pouvoir intérimaire contrôlé par l\'Amérique, et, sans doute, une pénible guerre civile destructrice, générée par cette occupation succédant à celle de l\'armée allemande. 2. Les embrassades spectaculaires du 6 juin, entre J. Chirac et G. Schroeder, ont été vite occultées par la catastrophe électorale que chacun a subi dans son pays, huit jours après, par le fait de citoyens insensibles à ces démonstrations. Un ami qui vient de passer huit jours dans une grande université allemande a été stupéfait de voir l\'éloignement qui s\'accroît entre les modes de formation de nos deux jeunesses. 3. On apprend hier que l\'OTAN, à la demande des américains, serait d\'accord pour envoyer ses troupes en Irak pour aider le nouveau pouvoir à rétablir la démocratie. 4. L\'élargissement de l\'Europe à 25 est en place, comme le voulaient les Etats-Unis. 5. La constitution \"Giscard\" a été mise au placard comme l\'espéraient les U.S.A. 6. On a voté sans trop savoir pour qui, encore moins pourquoi, alors qu\'on apprend aujourd\'hui que notre conseil constitutionnel a clairement consacré la primauté du Droit communautaire sur notre Droit national. Comment ne pas penser à un énorme risque de perte de notre identité dont nos enfants et petits enfants souffriront au sein d\'une société française éclatée en communautés plus ou moins hostiles entre elles. Sauf à faire ce que le très sérieux \"Centre pour la réforme de l\'Europe\", basé à Londres, prévoyait pour 2008 dans son rapport de 2000, à savoir que dans un grand élan suicidaire nous quitterions l\'Union Européenne pour nous enfermer, avec notre Astérix moustachu, dans notre village gaulois. Tout cela aurait mérité un débat plus utile que celui sur les mariés de Bègles.  
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2004-08-01
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DEVOIRS DE VACANCES
# Devoirs de vacances L'oisiveté étant la mère de tous les vices, je vous propose de faire trois devoirs de vacances ## Devoir de calcul élémentaire Un grand pays développé, surtout par ses administrations, emploie des millions de salariés. Il s\'est engagé à leur payer une retraite dont la durée ne cesse de s\'allonger. Fin 2004, la dette qui pèse sur cet Etat représentera environ 850 milliards\* d\'euros dont le paiement sera étalé sur la durée moyenne qui court entre le départ à la retraite qui se fait de plus en plus tôt et le décès des bénéficiaires qui survient, heureusement pour eux, de plus en plus tard. \*Pour les retraités qui parlent encore en anciens francs : 561 000 000 000 000 , cinq cent soixante et un mille milliards. Sachant : - que la charge de cet engagement représente, chaque année, l'équivalant de ce que l'Etat perçoit des contribuables personnes physiques, sous la forme de l'impôt sur le revenu. - qu\'il n\'est pas possible de faire payer les non contribuables, un Français sur deux. - qu\'il n\'est pas possible de surtaxer les entreprises déjà fragilisées par les délocalisations. - Que l'Etat, déjà surendetté, qui dépense 25% de plus qu'il gagne, ne trouvera pas de nouveaux crédits. question :pendant combien d\'années faudra-t-il doubler les impôts pour éponger cette dette. Dix, douze, ou quinze ans ? ## devoir d\'éducation civique Deux cousins, qui ont chacun 75 ans, fêtent cet anniversaire au milieu de leur famille. Le premier cousin a commencé à travailler à 15 ans comme salarié dans le privé. Après 45 ans de services il a pris sa retraite, à 60 ans, et s'est mis à son compte pour rester utile et former des jeunes. Il le fait depuis quinze ans au cours desquels il a payé plus d'impôts qu\'il a reçu de pensions de retraite. Le jour de cet anniversaire il a totalisé environ 180 000 heures de travail dans sa vie de labeur. Le second cousin est entré, à 18 ans, au service de l\'Etat . Il a travaillé pendant trente-sept ans et a pris sa retraite à cinquante-cinq ans. Il vit de ses loisirs depuis vingt ans, pensant bien arriver à 92 ans pour montrer qu\'on est capable d\'être plus longtemps en retraite qu'au travail. Pendant sa vie il a totalisé environ 60 000 heures au service de la collectivité. question Combien faudra-t-il mobiliser de « bosseurs » acharnés qui produirons 180 000 heures de travail pour payer les loisirs de ceux qui se mobilisent pour travailler moins de 60 000 heures dans leur vie ? ## devoir d\'histoire de France Au cours du XVIIIe et XIXe siècle, la langue française était parlée par toutes les élites européennes, Cours royales, savants, écrivains, diplomates et juristes. Pendant cette même période la langue religieuse était le latin. Le peuple parlait ses langues régionales, ses dialectes, souvent déformés et mélangés au français sous forme de patois. Au cours du XXe siècle, la langue des marchands et des financiers, l'anglais, à remplacé le français dans le langage des élites européennes. Le latin a disparu des églises avec une bonne partie des curés. La seule langue religieuse qui subsiste dorénavant est l' Arabe des imams et des mosquées. Enfin, alors que, grâce à Jules Ferry et aux hussards noirs de la république, le français était devenu la langue du peuple, on a vu s'ajouter au retour récent des langues et dialectes régionaux, le patois médiatique des vedettes, puis le sabir pratiqué par les jeunes, bien au delà des cités sensibles. question Dans quel délai , le français que je m'efforce de pratiquer dans « l'Echo », sera-t-il enseigné dans nos écoles comme première langue morte ou seconde langue vivante. 40,50 ,60 ans ? Réflexion faite je vous demande de ne pas répondre ces questions. Il faut trop de science politique. A ce propos, un de mes amis est l'auteur d' une définition qui devrait se révéler très juste au cours des trois années pendant lesquelles nous ne devrions pas voter, sauf aventure. Je vous l'offre. « la science politique regroupe l' ensemble des techniques qui permettent à des gouvernants dépourvus de toute vision de diriger des gouvernés dépourvus de toute mémoire » Vive le présent, et bonnes vacances.
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2004-08-01
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LE MENSONGE, ARME DE DESTRUCTION MASSIVE EN VENTE LIBRE
# LE MENSONGE, ARME DE DESTRUCTION MASSIVE EN VENTE LIBRE Le mensonge vit à l'état naturel dans toute collectivité humaine. Du faux cul aux fausses vérités, du faux témoin au faux semblant, du faux frère aux fausses promesses, chacun a appris à vivre avec. Heureusement, si l'on peut dire, ce mensonge banal, privé, naturel, se développe dans un cercle restreint de relations. Il séduit plus qu'il ne détruit, sauf quand il ridiculise le joyeux cocu, le vrai gogo ou le pauvre couillon, qui n'ont pas le talent du menteur. Car il faut beaucoup de talent pour bien mentir. Avec le modèle supérieur, le mensonge qui est mis au service des grandes perversités, on approche de l'arme qui détruit tout ce qui bouge autour du menteur. L'affaire d'Outreau, et ses violeurs menteurs, l'affaire Dutroux et ses violeurs assassins, tout aussi menteurs, ont détruit à force de mensonges, la crédibilité de toutes les institutions auxquelles la société en a confié le traitement. Les enquêteurs, experts et juges ont tous été le jouet de ces menteurs. On peut s'attendre au pire dans l'affaire du « bûcheron des Ardennes » qui est présumé cumuler le vol, le viol et le meurtre en série, capable de mettre les pires mensonges au service de la perversion destructrice dont il est accusé. Mais au-delà de ces menteurs talentueux ou pervers, il faut mettre le mensonge génial sur la plus haute marche du podium. Car il a fallu du génie à cette jeune Marie, et a son compagnon menuisier, pour nous ramener 2000 ans en arrière, prendre la posture martyre, et faire son chemin de torture entre les stations Villiers le bel et Sarcelles, poussant le symbole jusqu'à porter une croix sur le ventre. Heureusement tout était faux, entraînant la chute fracassante, comme un vulgaire terminal de Roissy, du monument de pitié, de compassion et de révolte construit à la hâte, par les médias et les institutions, brutalement enfouies sous les décombres. Tout cela ravive un lointain souvenir, inspiré par le « besoin d'amour » invoqué par la menteuse pour justifier son mensonge. Souvenir presque cinquantenaire, qui fait référence à l'attentat dont un homme politique s'est dit, jadis, victime, alors que malgré les coups de feu, la fuite éperdue, la cache dans un bosquet, tout était « bidonné ». Certes, la quête d'amour de l'élu qui a perdu ses électeurs peut susciter quelques égarements, que ne ferait on pour obtenir l'amour de son peuple ?, mais quand même ! Eh bien, le peuple a vite oublié et, à quelques année de la, a confié son destin à la fausse victime devenue vrai monarque. Après quoi, ce génial menteur a repris de plus belle sa production, en mentant effrontément, aussi bien sur son action quotidienne, que sur sa santé, sur sa vie familiale et ses relations politiques douteuses passées. Bonne âme, son peuple indulgent, l'a accompagné, recueilli, vers sa dernière demeure au bord de la plus belle rivière de son royaume, et a repris ses occupations, sans se rendre compte qu'il était devenu « accroc » aux mensonges. Parce que ce génial menteur, qui a fait tant d'émules, avait massivement détruit le simple goût de la vérité, et avec elle, celui de l'effort et de la confiance en soi.
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2004-09-01
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DE LA POLITIQUE ET DU CATCH
# De la politique et du catch Sacrée soirée comme aurait dit, naguère, Jean-Pierre Foucault. Il pleut, il fait froid, il n\'y a pas d\'autre choix que de regarder la télévision Je tombe sur la chaîne parlementaire où s\'affrontent notre premier ministre Jean-Pierre Raffarin et le premier secrétaire du parti socialiste François Hollande. Le débat apparaît tellement convenu et cent fois répété que je zappe, pour tomber sur un spectacle de catch. J'en étais resté à Claude Darget et Roger Couderc dont les empoignades, faisaient la joie du « petit écran » noir et blanc, quelle pitrerie ! Le match étant, comme le débat politique, tellement « téléphoné », ce second spectacle a réussi où le premier avait échoué, je me suis endormi. Est-ce le mélange des deux émissions ? je plonge dans un rêve étrange. Je vous le rapporte sans en assumer la responsabilité, chacun sachant, politiques compris, qu\'on n'est jamais engagé par ses rêves. Un personnage dynamique, grand, souriant et bronzé, vient de sauter sur le ring devant lequel je suis assis. Il fait avec ses bras le V de la victoire en regardant sa fille au premier rang, qui tient sa serviette sur ses genoux. C'est un ancien catcheur bien connu, le « Phénix de l\'Élysée » , reconverti arbitre en 2002. Il fait l'annonce de façon enthousiaste : « Mesdames et Messieurs, chers amies et amis, vous allez assister au championnat de France de catch qui se trouve délocalisé, cette année, dans votre belle province de Poitou-Charentes au coeur du marais vendéen qui mélange l'eau et la terre. Les deux challengers qui vont s'opposer avec fougue sont : A ma gauche, le « flamand rose batave », qui a su vaincre, depuis 2 ans, tous ceux de son équipe qui avaient, avec lui, partagé la défaite de 2002, au point de pouvoir prétendre à la couronne suprême. Ce catcheur, habillé de rose, à collerette rouge et parement vert, est agile, dur à cuire, et doté d\'un bec tellement pointu et acéré qu\'il est capable de transpercer les plus puissantes cuirasses. Ses attaches régionales lui apportent une belle équipe de supporteurs. (hourras dans la salle). A ma droite, le cuirassé insubmersible, l'Hippopotame du Poitou , régional de la compétition. Doté d'une carapace capable de résister à toutes attaques, il devrait donner du fil à retordre au bec acéré de son adversaire. Habillé de bleu de la tète aux pieds, il a une revanche à prendre depuis le mois de mars. Messieurs, le gong. Au combat. » A peine les deux catcheurs avaient-ils échangé les premières « manchettes », qu'un maillot bleu blanc rouge, avec un grand S sur la poitrine, surgit sur le ring, et d' un coup de savate aussi brutal qu'inattendu, met l'arbitre au tapis. Face à l'explosion de la salle en huées et en hourras partagés, l'arbitre, relevé, renvoie les combattants dans leur coin, avant d'attraper la « terreur de Neuilly » pour le mettre hors du ring. Il lui rappelle que sa place est à la tête des supporteurs de son camp, s\'il est capable de la prendre, et qu'il est trop tôt pour s\'installer à celle de l\'arbitre, même s'il en rêve en se rasant tous les matins. La reprise du second round à peine engagée, re-voila notre « terreur » sur le ring, distribuant des gnons appuyés aux belligérants, sans modération ni discernement. Heureusement, une ovation des supporters du « Flamand rose » annonce l'arrivée de la championne des catcheuses, la « panthère des 2 Sèvres » qui a vaincu la « lionne des Flandres » handicapée par son accident de mai 2002. L'arbitre en profite pour interrompre le combat, accueillir sportivement « son amie Ségolène » et ré-expédier le trublion, mélange de Spiderman et de Superman, dans la salle, poursuivre la discussion avec la nouvelle arrivante. Il le fait descendre du ring, en demandant au sergent Villepin, chef de la sécurité, de veiller à ce que pareils troubles ne viennent plus déranger le déroulement de la soirée. C'est à ce moment, crucial dans la poursuite du rêve, que mon épouse, qui en avait marre du catch, a pris la télé commande et appuyé, par erreur, sur le volume du son. Réveillé, je n'ai pas connu la suite. Je suis désolé pour ceux qui s\'attendaient à trouver un papier sérieux annonçant la rentrée. Je n'ai pas pu résister au désir de « rigoler » un dernier coup avant les tristes jours de l'automne. Profitez en, et bonne rentrée.
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2004-10-01
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ALLO, MAMAN, BOBO !!!
# Allo, Maman, Bobo !!! Bonjour Docteur, je m\'appelle Marianne. Depuis la rentrée c\'est la déprime ! la constitution européenne me donne la migraine, on me dit que mon bureau de poste et mon usine vont fermer, j\'ai lu \"Bonjour paresse\" je n\'ai plus envie de travailler, est-ce grave ? Arrêtez de flipper, Marianne, regardez la vérité en face, je vais vous expliquer, détendez vous et vous irez mieux. L\'Europe, nous l\'avons créée, il y a presque 50 ans, avec les deux grands vaincus de la dernière guerre, l\'Allemagne et l\'Italie. Ils étaient tellement déglingués qu\'il a été facile de leur imposer notre \"vision\", celle d\'une société où la politique doit faire le bonheur du citoyen, où le social passe avant le rentable grâce à l\'impôt, après quoi, comme disait le Général, l\'intendance (l\'économie) suit. Cette Europe de la reconstruction et de la guerre froide, romano-germanique comme notre droit, est allée se perdre dans les brumes de la Mer du nord et de la Baltique, elle est morte, comme d\'Artagnan, à Maastricht, en 1992. Elle a été absorbée par l\'Europe élargie de la mondialisation. Elle est dirigée par des gens qui ne pensent pas comme nous, qui croient que c\'est au marché et à l\'économie rentable de faire le bonheur des peuples, le politique passe après, avec l\'impôt et le social. On a cru, nous Français, qu\'il fallait corriger cette vision qui nous gène en ajoutant un peu de politique par la fameuse constitution. Ils n\'ont pas voulu nous contrarier, ils nous connaissent. Ils n\'oublient pas que notre \"gauche caviar\" dirigeante, a fait sienne les propos de l\'évêque du Massachusetts (1892) - la vertu va de pair avec la richesse - et ils savent que nous serons toujours tentés de casser le jouet réclamé avec tant d\'insistance. C\'est en route. En 2005, vous choisirez, entre l\'avenir et le passé, entre le petit marché gaulois et le grand bazar européen. J\'espère que vous saurez de quel côté votre tartine sera beurrée, par qui, et pour combien de temps. Et mon usine et mon bureau de poste ? C\'est vrai, votre usine risque de partir vers des pays qui prennent moins d\'impôts que chez nous. Pour la garder, il suffit de faire comme eux, ce qui ne nous fera pas de mal. On a suffisamment engraissé notre Etat obèse, pour le priver des sucreries de l\'impôt dont il se gave. La lutte anti-obésité, est plus que jamais, une cause nationale. Votre bureau de poste, c\'est autre chose. Vous savez bien que le courrier passe de plus en plus par les ordinateurs ou les téléphones portables. L\'écran est devenu le robinet des échanges. Lorsque le robinet de l\'eau courante est apparu, les puits, les fontaines, et les porteurs d\'eau ont disparu. Avec le temps, les bureaux de poste et leurs gentilles préposées, subiront le même sort. Il faut en avoir conscience et aider ceux que cet inévitable progrès perturbe. A nouveau, c\'est le choix entre le passé et l\' avenir. Et ma déprime au travail ? C\'est autre chose. Comme beaucoup de Français vous avez attrapé un virus découvert par le docteur Marx, au XIXème siècle, qui a dit : \"La vraie raison d\'être du travail n\'est plus l\'homme mais l\'argent\". Ce virus tue le goût au travail, à tel point que les sociétés qui ont été victimes de l\'épidémie, l\'empire soviétique par exemple, se sont toutes effondrées. Certes les gens ne travaillaient plus pour engraisser les anciens nobles et châtelains, mais ils faisaient la fortune d\'une nouvelle caste, encore plus avide. J\'ai lu \"Bonjour paresse\". C\'est intéressant, car l\'auteur est tout sauf paresseuse. Elle a écrit ce qu\'elle appelle une farce, qui est devenu un succès grâce au virus de Marx. Soyez positive, le travail, pour soi ou pour les autres, reste une valeur dans la vie. Sinon, pourquoi ceux qui en sont privés, demandent ils avec tant de légitime insistance qu\'on leur en donne. Un rappel pour finir. En Grande-Bretagne, pays de l\'économie marchande mondialisée qui nous donne des boutons, il y a deux fois moins de chômeurs que chez nous.  
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2004-11-01
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ANNIVERSAIRES OUBLIÉS
# Anniversaires oubliés   Les belles journées du printemps et de l\'été favorisent le déroulement des grandes manifestations d\'anniversaire. Nous en avons largement profité en juin et août, oubliant ce qui s\'est passé il y a tout juste 50 ans, qui, pourtant, est très instructif pour notre présent. Evidemment personne n\'en parlera, mais comme \"L\'Echo\" n\'aime pas le mensonge, y compris par omission, allons-y ! Le 30 août 1954, la France rejetait le traité de communauté européenne de défense, enterrant avec ce traité le projet américain de faire participer les peuples d\'Europe, Allemagne comprise, à leur défense face aux menaces de l\'empire soviétique. Le 23 octobre, l\'Allemagne retrouvait la souveraineté qu\'elle avait perdue en 1944, entrait dans l\'OTAN, et devenait pour 50 ans le partenaire européen continental privilégié des Américains. Le 1er novembre, l\'Algérie entrait en révolte, pour la Toussaint rouge, et sonnait le glas de notre empire colonial, gravement ébranlé en Indochine six mois plus tôt. Le 13 novembre, le colonel Nasser prenait le pouvoir en Egypte, nationalisait le canal de Suez, et déclenchait la guerre que la France a engagée deux ans plus tard. En quelques brèves semaines, tout était \"plié\" comme on dit maintenant. Nous avions fait bande à part, en oubliant, hélas, d\'en mesurer les conséquences. D\'abord, nous sommes entrés en conflit violent avec les Américains, qui, en novembre 1956, sous la menace d\'utiliser leurs bombes atomiques contre nous, ont obligé notre gouvernement socialiste de l\'époque à retirer nos soldats d\'Egypte, dans une retraite précipitée et déshonorante. Ensuite, face à cette défaite piteuse, qui confirmait celle d\'Indochine, en 1954, l\'ensemble du Maghreb, Tunisie, Maroc, Algérie s\'est soulevé pour se débarrasser de notre présence. Enfin, les partis politiques, qui alternaient leurs pouvoirs dans l\'Etat, divisés et affaiblis par les conséquences de leurs décisions, ont perdu la maîtrise de la situation, et disparu. Tout cela a entraîné la chute de notre quatrième république, le général de Gaulle étant remis au pouvoir en 1958 pour nous éviter la guerre civile qui aurait permis à nos \"amis\" américains de nous imposer leur ordre. Projet que De Gaulle avait fait avorter en 1944 en poussant Leclerc à foncer pour libérer Paris avant qu\'il ne soit trop tard. Il est vrai qu\'il n\'est pas politiquement correct de rappeler ces évènements. Mais l\'odeur et l\'ambiance de cet automne 2004 rappellent tellement celles de 1954, qu\'il le faut. Nous avons une énorme envie de faire, à nouveau, bande à part, dans cette famille occidentale au sein de laquelle les américains nous empêchent de nous mêler, nous les petits Français, de ce qu\'ils considèrent de leur domaine. Si on veut jouer ce \"coup\", OK, calculons nos forces, nos faiblesses, et expliquons au bon peuple, sur lequel tout reposera, les efforts à faire pour redevenir le patron chez nous, et, ce qui n\'est plus, y refaire la loi, la nôtre. Notre armée, toujours utile en cas de malheur, a été sacrifiée au tout nucléaire, conformément à la doctrine qui veut qu\'on prépare toujours la guerre d\'hier. Elle dépend de l\'OTAN pour faire la guerre d\'aujourd\'hui. Notre économie, brillante dans les hautes technologies, est totalement dépendante des clients et des capitaux étrangers. Dans l\'industrie et le commerce classiques, elle est victime de la langueur d\'une perte du goût au travail et du poids excessif des dépenses de l\'Etat, qui la font reculer au profit de ses concurrents plus dynamiques. Notre politique, totalement dépendante du court terme électoral et télévisuel, n\'a plus généré, parmi les grands commis qui l\'ont envahie, d\'hommes d\'Etat reconnus et respectés. Le recours, en dernier ressort, au sauveur, modèle de Gaulle, indispensable pour nous sortir de la panade dans laquelle notre bras d\'honneur modèle Astérix, nous a déjà mis, il y a 50 ans, ne trouverait pas, aujourd\'hui, d\'abonné au numéro demandé. On voudrait qu\'on nous dise comment contourner ces trois obstacles, avant de se fracasser la tête sur eux. Il y a dans tout cela un air de démon de midi, chanté par des hommes, et quelques femmes, qui ont atteint l\'âge de ces fantaisies. On aimerait bien savoir vers quelle nouvelle Marianne ils nous emmènent, et le coût de l\'aventure pour notre héritage. Le mois prochain, je vous donnerai le verso constructif de ce recto critique.
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2004-12-01
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POUR LA FRANCE
# Pour la France   Il y a dans le film \"Un long dimanche de fiançailles\" - à voir absolument -, une scène plus que véridique sur la boucherie humaine de la guerre de 14-18. Un jeune lieutenant décide de faire sortir ses \"poilus\" de la tranchée qui les abrite des mitrailleuses allemandes. Partant à l\'assaut le premier, pour donner l\'exemple, il hurle \"Pour la France\", entraînant tous ses hommes vers une mort quasi immédiate, déchiquetés par les projectiles contre lesquels ils n\'ont plus que leurs poitrines à offrir. L\'insupportable cruauté de ce sacrifice inutile est une leçon. Quand on se croit tenu de faire partager un acte héroïque à ceux dont on est responsable, mieux vaut ne pas surestimer ses forces ni sous-estimer celles de l\'adversaire. C\'est ce qui se passe aujourd\'hui dans l\'affrontement, pour ne pas dire la guerre de tranchées, qui enflamme nos partis politiques, \"Pour la France\" évidemment, dans le combat pour ou contre la constitution européenne ou la future entrée de la Turquie dans notre union. Il se trouve que j\'ai deux amis, commentateurs politiques reconnus et pertinents, qui s\'engagent carrément sur ces sujets dans leurs multiples écrits. Ils convergent vers la même analyse et divergent sur la réponse. L\'un est aussi radicalement pour le NON que l\'autre est pour le OUI. Comme je vous ai promis le mois dernier d\'être constructif je vais vous donner ma propre réponse. Sur l\'analyse (1) je suis d\'accord : Le XXème siècle est bien fini, et avec lui les grands blocs idéologiques. Sauf pour notre pays qui continue à raisonner comme dans les années 70, celles de la création des deux grands partis politiques, dont les chefs continuent à nous diriger, en alternance. Les trois grands blocs idéologiques de l\'époque, l\'Occident capitaliste, l\'empire soviétique communiste, le tiers-monde appartiennent dorénavant au passé. L\'empire communiste s\'est effondré le premier. Le tiers-monde a éclaté en de multiples pouvoirs et autant de zones de guérilla. Seules la Chine et l\'Inde, dont tout le monde reconnaît la réussite et les ambitions, sont en marche vers le XXIème siècle des grands blocs économiques, pour y rejoindre l\'Occident et le Japon. L\'Occident connaît une évolution, toute récente, inattendue. L\'Amérique, déçue par l\'attitude de la \"vieille Europe\" dans sa campagne anti-terroristes, va, dorénavant, sous la présidence d\'un George Bush confirmé, jouer solo. Devenue un pays planète, qui rassemble les populations issues des cinq continents, elle constitue le premier bloc économique, technologique et financier dominant. Pour se développer elle va attirer les cerveaux du monde entier dans ses supers écoles. Avec un dollar affaibli, elle va pomper l\'argent des épargnants asiatiques après avoir ramassé celui des épargnants européens. Elle n\'a plus besoin des pays de l\'ouest européen qui lui ont fourni ses premiers émigrés. Dans cette situation, l\'Europe, qui reste un bloc économique et culturel de premier plan perdra du terrain. l\'Amérique lui prendra ses élites en l\'empêchant de devenir ce bloc de connaissances décidé à Lisbonne il y a cinq ans. L\'Asie lui prendra ses clients, ses industries, ses ouvriers et ses cadres. Elle doit impérativement réagir, et très vite, avant que les classes moyennes raisonnables, vous et moi, qui garantissent une paix politique et civile, soient gravement appauvries et laissent la place aux extrémistes. Ce sera fait avant dix ans. Les grands bénéficiaires des conquêtes sociales des 30 glorieuses (1944-1974) ne résisteront pas à la prise en tenaille par ces deux blocs d\'économie de marché, l\'américain, capitaliste technologique et financier, le chinois capitaliste industriel à très bas salaires. L\'Europe de l\'Ouest sera alors mûre pour de nouvelles convulsions, aggravées par la présence d\'immigrés, sans formation, qu\'on ne pourra plus intégrer. L\'Europe de l\'Est, frustrée de son échec idéologique actuel, y trouvera sa revanche, pour notre malheur. C\'est ainsi, tout le reste n\'est que rêverie et bavardage. La priorité des priorités est de se consacrer à la reconstruction de notre bloc économique, de lui conserver sa haute technologie, les cerveaux et l\'enseignement qui vont avec, de valoriser notre immense culture, et de cimenter l\'union de peuples qui se sont tant battus entre eux, pour qu\'ils se battent ensemble contre nos deux grands concurrents. Une fois cette analyse faite, la décision est simple. Il faut voter cette constitution européenne, arrêter nos discussions politiques byzantines, et se mettre au travail pour retrouver compétence et compétitivité. Cette constitution je l\'ai lue attentivement. C\'est long, un peu fastidieux, comme un contrat d\'assurance-vie, qui, de toute façon, ne profitera qu\'aux héritiers, à condition qu\'on soit assez riche pour payer les primes, et qu\'on ne se suicide pas bêtement, comme le lieutenant héroïque du début de cette chronique. Par les temps qui vont courir on a vraiment intérêt à avoir une assurance-vie, en écartant les fins juristes qui discutent et rediscutent le contrat, sans se rendre compte qu\'on sera mort avant qu\'ils se soient décidés à le signer. Quant à la Turquie, compte tenu du travail qui nous attend, elle ne sera pas de trop en apportant une contribution bien utile, plus que celle de notre \"amie\" la Côte d\'Ivoire. Je ne sais pas si je serais béni, mais je suis oui-oui. (1) Après avoir vu le film, vous pouvez lire \"Ce monde qui vient\" (A. Minc, éd. Grasset)
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2005-01-01
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L\'AMÉRIQUE, LE COW-BOY ET LA POLITIQUE FEUILLETON
# L\'Amérique, le cow-boy et la politique feuilleton *Dis-moi grand père, pourquoi M. BUSH s\'appelle-t-il Walker comme le Texas ranger dans le feuilleton du dimanche ? Est-ce la même famille que celle qui habite à la Maison blanche ?* A première vue, c'est non, encore que , toute enfantine soit elle, la question mérite d'être creusée. *D'abord parce que la famille BUSH a été actionnaire du célèbre club de basket les Texas rangers, ensuite parce que G.W. BUSH a fait son service dans les rangers du Texas pour ne pas aller au Vietnam.* Enfin parce que Chuck Norris le ranger Walker, avec sa dégaine de cow boy, c'est Georges W Bush avec la barbe en plus, la belle juge qui est toujours à ses cotés, c'est Laura Bush en blonde. Mieux encore, le second ranger c'est Condoleeza Rice en homme. Même le ranger retraité, c'est Dick Chéney avec la moustache du grand père. C'est à se demander si toutes ces ressemblances n'expliquent pas pourquoi la politique étrangère de la Maison-Blanche, depuis 20 ans, a l\'allure d\'un feuilleton dans lequel le bon cow-boy est toujours prêt à aller cogner sur les mauvais méchants avant de les éliminer. Et pourquoi les quatre opérations de police musclées, Irak 1991, Balkans 1992, Afghanistan 2002, re-Irak 2003 laissent un sentiment de gâchis, la réparation des dégâts étant laissée aux autre pays, emmenés dans ces galères, plus ou moins sous couvert de l'ONU . *Si tu as raison, quels sont les prochains épisodes du feuilleton ?* *Normalement ce devrait être la Corée du Nord, l'Iran, et peut-être l'Ukraine. Mais ce n'est pas sur. Si ton père a gardé l\'Echo des arènes de décembre 2001 tu y liras ce que disait Kissinger, le plus expérimenté des américains, dans son livre «  diplomatie », il y a plus de dix ans, qui se confirme aujourd'hui.* « L'Amérique affirme une position dominante , mais, paradoxalement sa puissance est devenue plus diffuse de sorte que sa capacité à modeler le reste de la planète a diminué. Avec son penchant à pourchasser les monstres lointains, elle ne peut pas combattre tous les maux, encore moins le faire seule » Tu vas le constater en 2005. En Corée du Nord ce sont les Chinois et les Japonais --Pékin et Tokyoqui sont en train de régler le problème de ce dictateur fou en le vidant de ses forces, par l'intérieur. Ils viennent d'aider la moitié de ses généraux à s'enfuir. L'armée nord coréenne est décapitée plus sûrement qu'avec les raids nocturnes devant les caméras de la télé. En Iran ce sont les Européens, France Allemagne et Russie qui sont en train de régler avec les Ayatollas le problème délicat de leur armement nucléaire avant que les Américains refassent le coup des armes de destruction massive pour les envahir, comme en Irak. Pour l\'explosion ukrainienne, toute récente, provoquée par les services américains au sein d'un peuple exaspéré par le mépris et le cynisme de ses dirigeants, c'est la diplomatie de l\'Union européenne qui a aidé à gérer la crise, ce qu' elle n'avait jamais pu faire, à ce jour. C\'est pourquoi il n\'est pas sur que l\'Amérique tourne de nouveaux épisodes de sa politique feuilleton, dont la répétition finirait par nuire aux objectifs de sa véritable puissance. *La guerre coûte très cher, même limitée à des opérations policières, que la télé fait ressembler à la victoire, à condition de cacher les images les plus choquantes. Or l'Amérique finance ses aventures à crédit avec l'argent des Européens,  des Chinois et des Japonais. Sa dette explose, et rien ne prouve que ses prêteurs se contenteront d'un remboursement avec des dollars dévalués, comme elle l'espère.* *Donc, plus que jamais, développons notre propre force, économique et politique, Européenne , comme la Chine, l'Inde sont en train de le faire chez eux. Gardons nos savants, nos techniques, et notre argent, en Europe. C'est ce que notre bon peuple, qui sait qu'on ne peut plus faire seuls, commence à comprendre.* *Pourvu que ça dure, comme disait la mère de Bonaparte, en voyant son fils couronné Empereur, il y a pile 200 ans . Bonne et heureuse année 2005.*
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2005-02-01
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LE PRINCIPE DE PRECAUTION A CHANTEMERLE SUR LA SOIE
# Le PRINCIPE DE PRECAUTION A CHANTEMERLE sur la SOIE Il était une fois, dans ce village bien connu des lecteurs et des lectrices de l' ECHO, un saintongeais courageux qui avait créé une petite entreprise, très prospère, qui affinait et conditionnait des escargots, nos chères « cagouilles », expédiées aux quatre coins de l'Euroland pour le régal des fins gourmets, et le bien être de ses employés. A l'autre bout du village, un éminent professeur britannique, grand écologiste, avait choisi de venir y finir ses jours, attiré par la douceur de la vie, mais aussi pour honorer le seul pays au monde qui avait inscrit le principe de précaution dans sa constitution. Or, voila que les deux chiens du maître, un labrador noir et un setter fauve, furent emportés par un mal aussi expéditif qu'inconnu. Un expert en incertitudes fut requis qui conclut à la probabilité d'une infection bactérienne, provoquée par une baignade des deux chiens dans la SOIE, modeste rivière sans doute polluée, en amont, par « l'usine à cagouilles » laquelle mettait les populations en risques graves, jusqu'à la mer, au moins. Face à de telles menaces catastrophiques, notre britannique, qui au passage avait confondu cagouille et grenouille, victime de la réaction génétique hostile des insulaires à l'égard des mangeurs de grenouille, exigea sur le champ la fermeture de l'entreprise, en vertu du principe de précaution. Les conseillers municipaux, qui gardaient en mémoire la bataille héroïque de Taillebourg, en 1242, contre les Anglais, envoyèrent le révolté se faire cuire les deux œufs qui font le breakfast favori des sujets de sa gracieuse majesté. Le juge fut alors saisi pour sanctionner l'autorité publique défaillante. Découvrant ce domaine innovant du droit, il désigna un expert, en certitudes, cette fois, évidemment, pour respecter le principe du contradictoire sur lequel repose toute juridiction. Rapidement, , le nouvel expert conclut , en l'état des connaissances auxquelles le juge avait fait appel, qu'il était certain que la municipalité avait eu tort de mettre en doute les incertitudes évoquées par le premier expert. Sollicité pour expliquer les méandres de sa pensée entre la certitude le doute et l'incertitude, l'expert rajouta une bonne dose de perplexité à la complexité ambiante. Il indiqua avoir eu connaissance d'une affaire identique, dans un village bourguignon bien connu, Clochemerle, à la différence prés, que le « corps du délit » avait pour objet ces gros escargots dont les coquilles sont à celles de nos délicates cagouilles, ce que le lourd scaphandre est à le transparente nuisette. Soucieux de la bonne administration de la justice, les deux juges, le saintongeais et le bourguignon se téléphonèrent longuement, échangèrent de longs courriels, en vain. Sagement, ils prirent une décision avant de  dire le droit. Ils s'inscrivirent au grand colloque annuel des « Entretiens de Saintes » qui justement, le 5 février 2005, traitait de la pénible aventure qui les mettait à l'épreuve : LE JUGE SAISI PAR LE PRINCIPE DE PRECAUTION
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2005-03-01
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UNE LECON A 600 MILLIONS DE DOLLARS
# UNE LECON A 600 MILLIONS DE DOLLARS L' Etat français, vient de « solder » la seconde aventure américaine de l'ancien Crédit Lyonnais., le rachat de la compagnie d'assurances Californienne « Exécutive life ». Le coût à nous partager, 600 millions de dollars, justifie quelques leçons utiles. Je n' ai jamais été impliqué dans cette affaire d'assurances, mais j'ai eu à gérer la première aventure dans le cinéma , la fameuse MGM. Même Californie, même risque - entre 2 et 4 milliards de dollarsmême procureur tourmenteur, et surtout mêmes pratiques des américains à l'égard des français qui veulent jouer à l'argent avec eux. Rien ne nous empêche de le faire, même avec succès, à condition de tenir compte de quatre réalités. I. Tout français qui veut aller jouer au poker financier aux Etats-Unis sera toujours suspecté de tricherie par ses adversaires, voire anciens partenaires locaux. S'il a beaucoup perdu (MGM), c'est un tricheur imbécile, s'il a beaucoup gagné, (Exécutive life) c'est un tricheur diabolique. Dans les deux cas il sera l'objet de tentative d'arnaque (l'imbécile) ou de racket ( le diabolique). Et si par bonheur pour les bons tricheurs américains, ils tombent sur la « poche profonde » de l'Etat français, ce sera le pactole. II. Plus le négociateur classique américain évoque haut et fort les grands principes pour culpabiliser et affaiblir l'adversaire, plus vite il s'assoit dessus, pour exécuter l' opposant groggy, en lui soutirant un maximum d'argent, par l'arnaque ou par le racket III. Le négociateur classique français, surtout s'il gère la « poche profonde » de l' Etat, est ligoté par ses principes, il ne peut s'asseoir dessus. Mal à l'aise dans le marchandage , il ne lui reste qu'à s'asseoir sur l'argent et le temps perdus à discuter principes avec une machine qui ne pense qu' intérêts. IV. III\. Le juge économique américain n'a pas « l'inspiration divine » de l'esprit judiciaire français. Il connaît ses « clients ». Ils n'a pas la mission de répartir ceux qui viennent se faire juger entre l'enfer, le purgatoire, ou le paradis. Il sait, qu'en fait, tous méritent l'enfer, mais comme il ne se prend pas pour le bon dieu il les met dans la salle d'attente, avant l'audience, pour à les aider à vite trouver une bonne transaction commerciale qui les tirera du mauvais pas où ils se sont mis. V. L'esprit français est ailleurs. Il aime le procès moralisateur, le jugement dernier, rejette le compromis commercial, la solution par l'argent. Les juges, les avocats, américains excellent à utiliser, contre nous, ce qui est la plus pénalisante de nos « exceptions » comportementales, dans le monde économique où nous avons choisi de vivre. VI. IV\. Quand les américains se battent dans un conflit, dont ils ont, en général, fabriqué le scénario, ils le font derrière un seul chef, avec un seul juge de chez eux. Plus quelques auxiliaires coalisés, bien recrutés et bien payés pour saboter les défenses adverses. Quand les français se battent, ils sont toujours dispersés, du fait de leurs querelles permanentes de pouvoir, liées à une culture étatique qui fabrique plus de preneurs de postures, que de preneurs de risques et de responsabilités. A nouveau les américains en jouent avec une efficacité redoutable. Ces réalités prises en compte, que s'est il passé en 1996 pour solder, rapidement l'aventure cinéma. A Paris, on avait les coudées franches. Peu de preneurs de responsabilités étaient attirés par la catastrophe du Crédit Lyonnais. Quelques preneurs de postures venaient se faire voir dans le dossier pour y délivrer leur « message », comme on le fait aujourd'hui chez Ardisson, Drucker ou Fogiel. Ils ont été fermement écartés. On a perdu de la tranquillité à Paris, mais on a gagné en efficacité à Los Angelés, qui n'est vraiment pas la cité des anges, et ou les choses se gâtaient gravement. L'américain qui s'était débarrassé de sa MGM grâce à l'argent du Crédit Lyonnais - 1,3 milliards de dollarslui réclamait 700.000 millions de dollars pour achever la ruine de ces imbéciles de français venus perdre tant d'argent pour jouer à Hollywood. Pire, la MGM s'effondrait pour la troisième fois en sept ans et annonçait 600 millions de dollars de pertes pour le seul exercice 1996. L'addition donnait le tournis, au global, prés de 4 milliards de dollars. Très bien conseillés par des financiers et des avocats américano-français, on a pris le dossier à bras le corps sous la conduite énergique d'un juge médiateur. L'ancien propriétaire a été amené à la table de discussion, on lui a rendu la MGM, il nous a rendu l'argent qu'il avait reçu, il a retiré son procès, et pris à sa charge les pertes de 1996. Le contribuable français a été ainsi soulagé, dans le bon sens du terme, du risque d'une perte énorme, ce qui a été reconnu par les autorités qui ont «privatisé » la MGM, société du domaine de l'Etat français. Les américains , qui ont du participer à cette procédure de privatisation à la française hésitaient entre la stupeur et la rigolade. Tout cela s'est vite passé, malgré quelques ultimes peaux de banane, et bâtons dans les roues de ceux qui avaient été évincés de l'opération. Cette expérience des conflits d'argent avec les américains m' a confirmé, de façon éclatante la maxime bien connue, « Père, garde moi de mes amis ( à Paris) mes ennemis ( aux USA), je m'en occupe ». Pourquoi, aujourd'hui, livrer ces réflexions sur les aventures françaises aux USA, à « l'Echo ». Je l'ai déjà fait une fois, il y a 5 ans, lorsque j'ai exprimé mes doutes sur la pérennité de la 3^ème^ aventure française en Amérique, Vivendi Universal, sur les mêmes bases d'analyses que je viens de développer. On connaît la suite, je n'insiste pas par respect pour tous ceux qui paient la différence entre la valeur de leurs actions à l'époque et aujourd'hui . Et puis le passé est mort. Mon intervention vise la 4^ème^ aventure française en Amérique, actuelle, dont on ne nous parle pas, pour peu de temps, avant qu'un nouveau conflit d'argent nous oppose avec nos amis d'outre atlantique. Nos plus grandes entreprises, celles qui ont rejoint en quelques brèves années le concert mondial de la grande économie capitaliste, présentent des volumes de bénéfices auquels notre pays n'a jamais été habitué, plus accoutumé qu'il était a voir les montagnes de pertes des fleurons de notre économie administrée. Certes, cet argent a été gagné grâce à la très grande productivité des salariés de ces entreprises privées, de plus en plus souvent à l'étranger, ou sont créés les emplois que les choix sociaux que nous avons fait nous empêchent de créer chez nous . Mais il est aussi le fruit des apports massifs en capitaux des grands fonds américains, sans lesquels les modernisations indispensables n'auraient pu être engagées. Ces fonds détiennent grosso modo la moitié de ces grandes sociétés. Actionnaires exigeants, ils veulent le « rendement » qu'ils sont venus chercher, et vont entrer en compétition conflictuelle partout où la revendication sociale, , qui a sa propre légitimité, face à celle du capital, va se développer rapidement pour nos salariés nationaux. Sommes nous armés pour sortir avec le minimum de casse de cette 4^ème^ aventure francoaméricaine d'utilisation de l'argent de leurs fonds de pensions . N'oublions pas que le plus gros d'entre eux regroupe les retraités de Californie. Ce que j'ai vécu et analysé de nos rapports d'argent avec les américains ne me pousse pas à l'optimisme, si nous restons dans le confort douillet de nos principes et de nos fausse certitudes.
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2005-04-01
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LES SOMNAMBULES, LEURS RÊVES ET LEURS CAUCHEMARS
# Les somnambules, leurs rêves et leurs cauchemars Les temps sont au somnambulisme, on vit nos rêves en marchant, voire en chantant, en attendant de déchanter. Rêves de pouvoir ou d'argent. Il y a un mois, un jeune prince ministre, a rêvé du grand pouvoir, dans son super duplex, sans se rendre compte que son loyer mensuel, payé par la République, représentait plus d\'argent que les ressources annuelles de quelques millions de retraités, de smicards, de éremistes, de fin de droits etc. etc.. Son rêve s'est transformé en cauchemar lorsque ceux qui ont craint qu\'il mette le feu à la maison ont décidé de le réveiller brutalement. La semaine dernière, les fonctionnaires de notre Etat, et les employés de nos services publics, inquiets à juste titre de leurs salaires et de leur avenir, ont rêvé du bon vieux temps où la poche profonde de la république s'ouvrait à chaque mobilisation de la rue. . On peut comprendre leurs rêves de plus d'argent et de moins de travail. Mais où la trouver ? Certainement plus dans les caisses vides de leur patron. Depuis 20 ans, quelque soit sa couleur, le pouvoir politique, pris par les contraintes des transformations politiques, économiques, financières et technologiques du monde, n'a pas eu d'autres choix que celui de réduire les dépenses de l'Etat et de vendre les entreprises qu'il avait si mal gérées. Dés le mois d'octobre il a recours à l'emprunt pour finir l'année et payer son personnel. Il est obligé, seul Etat au monde dans ce cas , de proposer à ses créanciers étrangers 50 ans de crédit, en tirant des traites sur des enfants qui ne sont pas encore nés. Il voit passer sous son nez les bénéfices de ses anciennes sociétés mieux gérées. Pour bien comprendre cette réalité je reviens sur ma leçon à 600 millions de dollars du mois dernier. Cette somme perdue dans les aventures de la banque fétiche de l'Etat des années 80, représente 0,75 % d'augmentation des salaires des fonctionnaires sur 2005. Ca donne la mesure des conséquences cauchemardesques que nous vivons, tous ensemble, 20 ans après. La poche des contribuables français est tout aussi « raclée », dans un pays qui est déjà champion du taux de prélèvements , et qui s'est durablement installé dans la zone où « l'impôt tue l'impôt ». Ceux qui rêvent y mettre la main y trouveront un oursin. Reste la poche des étrangers qui nous font crédit. Les intérêts que nous devons payer pour nos 1.100 Milliards d'euros de dettes absorbent déjà les 2/3 des impôts que nous payons sur nos revenus. Il y aurait grand danger à en rajouter. La prochaine et inévitable remontée des taux finira d'absorber nos contributions.. On peut rêver à la poche des retraités américains actionnaires de nos entreprises, je l'ai évoqué il y a deux mois. Ce serait l'aventure. Alors, pour sauver la face des uns et des autres, on va trouver un peu d'argent, négocier, expliquer, le temps de réveiller le somnambule, doucement, avant qu'il ait mis le feu à la maison. La paix sociale vaut bien une petite rallonge aux déficits. En faisant ce « papier » il me revient une réflexion d'il y a cent ans, 1905, lorsque l'Angleterre et la France, inquiètes de la puissance militaire allemande qui a entraînera la guerre de 14/18, se sont rapprochées, avant de devenir alliées. On disait à l'époque «  l'Allemagne est un pays de factionnaires\*, l'Angleterre un pays d'actionnaires, la France un pays de fonctionnaires » Deux guerres et 60 millions de morts plus tard, l'Allemagne a changé, la France un peu, l'Angleterre pas du tout. Quand on comprend cette réalité, on sait que ce n'est pas le moment de casser cette évolution, largement provoquée par l'union des pays d'Europe, qui nous a garanti 60 ans de paix. Même si notre histoire montre que nous tenons rarement plus de 60 ans entre deux catastrophes majeures nées de nos rêves. Nous approchons de la zone de danger (1945-2005). Espérons, qu'après un vote de sagesse le 29 mai, nous nous verrons attribuer les J.O. de 2012, ce qui nous permettrait de continuer à rêver en travaillant à leur succès. \* Factionnaire : soldat de garde, sentinelle en guerre.
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2005-05-01
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LA FRANCE, SON NOM, SON NON ET L'EUROPE
# La France, son nom, son non et l'Europe On s'est piégés tour seuls. Pourtant on le savait. Quand dans une association qui marche bien on commence à écrire ce sur quoi on est d'accord, la simple lecture des mots provoque les conflits qui font se fâcher les meilleurs amis de la veille. Nous, qui sommes des maniaques du droit écrit, nous avons mélangé les constitutions de 25 Etats pour en fabriquer une de 850 pages. Ne nous étonnons pas que le bon peuple s'y perde et n'y comprenne rien. Alors, jusqu'au 29 mai on va parler de l'Europe vue de chez nous, puis, le 30 mai on commencera à parler de nous vus de l'Europe. Les franco-sceptiques vont ouvrir le feu en tirant à boulets rouges sur nos penchants, selon eux, pour les mouvements politiques totalitaires et anti-démocratiques. Ils dénonceront la puissance du mouvement national populiste qui est toujours en embuscade pour  pour « tuer la gueuse républicaine » comme il l'a fait de 1940 à 1945 en s'alliant au mouvement national-socialiste hitlérien dont il apparaît comme un sous produit. Ils dénonceront pareillement nos penchants pour le communisme révolutionnaire en évoquent Jules Michelet, dont la pensée continue d'inspirer nos manuels scolaires : *Par devant l'Europe, la France, sachez le, n\'aura jamais qu\'un seul nom qui est son vrai nom éternel, la Révolution.* Tout cela ne servira qu'à justifier notre mise en quarantaine, comme ça nous est arrivé plusieurs fois dans l'histoire de l'Europe. Hélas ils y seront aidés par les 2 courants politiques qui vont se disputer le bénéfice de la victoire du non, jusqu'à semer le désordre pendant les 2 ans de la campagne présidentielle 2007. Et pourtant la vérité est ailleurs. Les partis totalitaires,anti-démocratiques et anti-européens, dont on ne peut nier la réalité chez nous, n'ont pas gagné en adhésion. C'est l'adhésion au oui des électeurs démocrates qui a diminué d'un bon tiers en 6 mois. Un non de protection est venu s'ajouter au non idéologique. J'en comprends l'origine, bien que je reste partisan d'un oui de progression des institutions européennes. L'attachement à l'économie de marché reste très majoritaire, chez nous comme chez nos 24 partenaires. Nous savons qu'elle a donné la paix et la richesse à l'Europe. Mais elle a progressivement dérivé vers une hyper compétition qui commence à créer plus de pauvreté que de bien être. Il n'est pas anormal que la question soit posée, au-delà des imprécations et des excommunications de nos « amis » franco-sceptiques. De toute façon, quoi qu'il arrive, victoire ric-rac du oui ou du non, Nos hommes politiques vont devoir faire preuve de beaucoup de lucidité, d'humilité, et, surtout de courage, pour faire comprendre, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, qu'il y a dans la question posée par le non de protection encore plus de pertinence que dans la réponse qu'il y apporte, provisoirement. Plus que jamais il va falloir que le citoyen se mêle de ses affaires autrement qu'en regardant la télé. Il reste à peine 2 ans pour éviter le pire.
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2005-06-01
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450 MILLIONS D\'EUROPÉENS ET MOI ET MOI !!!
# 450 millions d\'Européens et moi et moi !!! Depuis plusieurs années je vous parle de l' Europe, grâce aux gens que je rencontre dans les pays voisins qui ont joué un rôle dans son histoire. Je préfère cette approche à celle qui passe par les institutions. L'esprit Romano-germanique a tellement fabriqué de traités depuis celui de Verdun en 843, jusqu'à celui Nice en 2000, en passant par celui de Blois en 1505, annulé 2 mois plus tard, qu'on s'y perd. Le dernier traité, celui pour lequel les Oui et les Non se disputent est différent. Il apporte une constitution, il serait dommage de le faire avorter avant de savoir comment les européens se seraient servis de cette innovation. Je reviens donc vers eux pour répondre à trois questions qui s'enchaînent. ## Qu\'est-ce que l\'Europe ? Pour moi, l\'Europe ce sont les populations qui vivent sur ce qu\'on appelle le vieux continent et dont les ancêtres ont migré vers l\'Amérique du Nord pour y créer et développer les Etats unis. C\'est la répartition de cette même famille des 2 cotés de l'océan qui fait que l'Europe est devenue Atlantique au 20^ème^ siècle. Les Irlandais, les Gallois, les Ecossais, les Anglais, les Polonais, les Tchèques, les Allemands y compris les Autrichiens, les Italiens et les Espagnols appartiennent tous à cette Europe atlantique. Ils y sont plus que majoritaires. Les Français sont à part pour deux raisons essentielles. En dehors de l\'implantation au Québec voisin, nous n\'avons pas fait souche aux Etats-Unis, car, lorsque nous avons traversé l\'Atlantique nous le faisions plutôt contre les Anglais que pour les futurs américains. En outre la constitution de notre empire colonial nous a installé dans une Europe de nature méditerranéenne qui fut le centre du 19ème siècle, comme le Pacifique sera le centre géopolitique du 21ème siècle . Tout cela est plus que banal, sauf que nous, les Français, qui avons dominé le 19ème siècle avec nos trois empires, les deux Napoléoniens et le colonial, et malgré leurs effondrements successifs, nous refusons de quitter l'Europe méditerranéenne qui a disparu des lieux de pouvoirs. La fracture entre les européens atlantistes et nous est en train de devenir dramatique, quelque soient nos rêves d'une collaboration privilégiée avec l'Allemagne, à laquelle je ne crois pas, tant elle rappelle de mauvais souvenirs à nos voisins dés qu'elle s'écarte du simple domaine économique, et encore !. j'y reviendrais. ## Ou est la place de la France dans cette Europe ? Si l\'on veut conserver un regard lucide sur les deux ou trois prochaines décennies, la place de la France dans cette Europe atlantique,conduira nos petits-enfants à vivre, dans notre beau pays de l\'est atlantique, ce que les Québécois vivent dans leur « belle province » de l'ouest atlantique. A condition de ne pas faire de trop grosses bêtises, ce qui va être difficile, on conservera néanmoins nos chances d'avoir une réelle influence dans un monde qui reconnaît déjà notre puissance économique et technologique . Je sais que cette évocation est inacceptable pour les français nostalgiques du 19ème siècle qui restent profondément attachés aux valeurs conquérantes de nos empires et de nos idées révolutionnaires. On peut toujours rêver, mais nous n\'avons plus, depuis longtemps, les moyens d'aller convertir nos voisins par la conquête. Quant à fomenter la révolution chez eux, ils savent que, sortis du Larzac, du quartier latin, ou des plateaux de télé, nos révolutionnaires perdent vite la combativité indispensable pour changer l'histoire. Le fiasco de 1968 en témoigne. S'ils ont besoin, et envie, ils feront sans nous. Ce sont ces réflexions qui m'ont conduit à débuter mes chroniques dans l' ECHO, convaincu que j'étais que nous devrions rapidement faire un choix cornélien entre l\'appartenance à l'Europe atlantique, dans laquelle nous pèserons entre 10 et 15 % de l\'ensemble, et notre identité, ou ce qu'on nous dit qu'elle est. Cela ne veut pas dire que nous sommes condamnés à la perdre, pas du tout, mais simplement à faire évoluer celle qui s'est forgée au 19^ème^ siècle, qui n'est plus adaptée à notre situation. Notre pays, bien au-delà de ses valeurs conquérantes et révolutionnaires, dispose, en plus de sa puissance économique, d\'une énorme culture humaniste sans laquelle nous ne serions pas le premier pays touristique du monde, ni celui qui attire tant d\'immigrés de toute nature et de toute pauvreté matérielle comme de toute richesse intellectuelle. Rien ne nous empêche de jouer un rôle essentiel au début d'un 21^ème^ siècle de plus en plus déshumanisé par la technique. Peu importe que nous soyons obligés, pour survivre, d'appartenir à un ensemble économique, voire politique, différent de nous. L'important, c'est de retenir et d'attirer les futures élites de la connaissance et de la culture sans lesquelles nous perdrons, à la fois, notre appartenance et notre identité. C'est ce que l'européen moyen attend d'un humanisme dont nous avons les moyens. ## Au fait, comment cet européen moyen voit-il la France ? Pour faire simple il la voit comme le français moyen voit la Corse. C'est un très beau pays, qu'on DOIT VISITER, qu'on PEUT HABITER, dont il ne faut PAS IMITER le comportement excessif . Au delà, quand les voisins nous accueillent, ils le font bien parce que nous sommes européens. Ce qui leur permet de rappeler au vieux français qui sommeille en nous, au détour des plus beaux monuments de leurs villes, les pillages et les destructions semées chez eux avant qu'ils nous poussent dehors. Sauf à Londres où nous n'avons jamais réussi à mettre les pieds autrement que comme réfugiés à la recherche de liberté politique ou économique. En terminant l' article de mai, j\'ai dit qu' il nous restait deux ans pour éviter le pire. Je voulais exprimer ma conviction selon laquelle il ne nous reste que ce peu de temps pour faire comprendre ces réalités à un peuple français qui est déboussolé, qui a perdu confiance en lui, qui refuse de reconnaître sa très grande richesse, pour ne plus vivre que dans ses peurs attisées par des apprentis sorciers. Vaste programme aurait dit le Général De Gaulle, qui créa le sursaut et évita à la France de sombrer dans l\'ignominie de la « révolution nationale » de Vichy par laquelle les derniers défenseurs du bunker dans lequel Hitler s'est suicidé, il y a 60 ans, étaient des SS français. Nos voisins s'en souviennent .
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2005-07-01
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TREMBLEMENT DE TERRE À PARIS QUATRE MORTS, SIX BLESSÉS ET DEUX DISPARUS
# Tremblement de terre à Paris Quatre morts, six blessés et deux disparus Un séisme de magnitude 5,5 sur l\'échelle de Richter a affecté la capitale\*, plus spécialement certains palais de la rive gauche de la Seine. Ce séisme a été ressenti jusqu\'à Bruxelles Apparemment, le grand palais construit rive droite, l'Elysée, n\'a pas été affecté. Notre reporter s\'est rendu sur place et a constaté que tout était resté en l\'état comme s\'il ne s\'était rien passé. Par contre deux immeubles bien connus ont subi des effondrements partiels , celui de l\'hôtel Matignon rue de Varenne , où siège l\'actuel gouvernement et l'Hôtel Solférino où étaient réfugiés les membres d\'un précédent gouvernement, en attendant leur retour au pouvoir. A l\'hôtel Matignon il y a eu quatre morts et trois blessés. Deux morts ont été dégagés des décombres, un couple franco-allemand qui s\'apprêtait à fêter, en 2007, ces cinquante ans de mariage . La date de leurs obsèques n\'a pas été communiquée. Il faudra attendre le prochain conseil de famille pour la connaître . Les autorités ont décidé de laisser les deux autres victimes ensevelies sous les gravats, il s\'agit d\'un vieux monsieur, du nom de Référendum, qui avait récemment pris en charge un bébé de quelques mois, baptisé Constitution, qui lui avait été confié par son père. Le dégagement de ces deux victimes n\'a pas semblé intéresser les responsables. Ils craignaient que le temps passé dans ces travaux retarde l'occupation immédiate de la partie de l\'immeuble restée intacte. Ils redoutaient qu'il soit squatté par un collectif d' ambitieux sans scrupules, pire encore, de non énarques . Il faudra attendre la reconstruction future de l\'hôtel Matignon pour savoir si les deux corps seront dégagés des décombres. On déplore également trois blessés. Un très léger, J. P. Raffarin, qui n\'a que quelques ecchymoses. Au moment du séisme il avait la main sur la poignée de la porte de sortie. Deux personnes, installées au coeur de l\'immeuble, ont été plus gravement blessées, messieurs Fillon et Barnier qui sont en cours de traitement dans 2 centres de soins de la Sarthe et de la Savoie. A l\'hôtel Solférino, l\'ambiance est différente, comme a pu le constater notre reporter. Les trois blessés les plus graves, Messieurs Hollande, Lang et Strauss-Kahn n\'ont pas voulu quitter l\'immeuble préférant être soignés sur place. Estimant qu\'ils avaient été mis en danger par un autre occupant ils ont déposé une plainte pour non-assistance à personne en danger contre un sieur Fabius. On peut rassurer nos amis saintongeais de Saint-Georges de Didonne. Leur ancien maire, D. Bussereau, a été épargné, malgré la grande proximité entre son immeuble et l\'hôtel Matignon. Ni lui ni son palais n'ont subi de dégâts. Pour être complet, il faut signaler deux disparitions de personnalités dont on ignore ce qu'elles sont devenues, faute de les avoir entendues depuis. L'inquiétude est grande dans le « microcosme ». L\'ancien premier ministre M. Jospin, qui avait quitté l\'île de Ré pour une émission de télé à Paris juste avant la catastrophe. Plus inquiétante est la disparition du père de la jeune constitution M. Giscard d\'Estaing. Les spécialistes craignent que le choc affectif de cette mort subite, sans mise en bière, lui ait fait perdre la parole. Les autorités, qui découvrent peu à peu les conséquences du drame, ont décidé la mise en place d'une cellule de soutien psychologique. Ils l'ont confiée, pour une période de cent jours, aux professeurs Villepin et Sarkozy, lesquels ont aussitôt engagé les discussions pour s'accorder sur leurs méthodes respectives de traitement. \du bureau parisien de l'Echo*